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+ L'Everest, en tibétain : ཇོ་མོ་གླང་མ, Wylie : jo mo glang ma, THL : jomo lang ma parfois translitterré Chomolungma, en népalais : सगरमाथा, Sagarmāthā, aussi appelé mont Everest, est une montagne située dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal (province no 1) et la Chine (région autonome du Tibet).
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+ Il est aperçu par des Européens pour la première fois en 1847 puis, après quelques années d'observations et de calculs, son altitude est établie à 8 848 mètres et il est identifié comme le plus haut sommet du monde. Cette caractéristique lui vaut d'être baptisé de son nom actuel par les Occidentaux en 1865 en l'honneur de George Everest, arpenteur général des Indes orientales de 1830 à 1843, et, dès les années 1920, de lui attirer l'intérêt des alpinistes qui se lancent à l'assaut de ses pentes. Plusieurs expéditions, en particulier britanniques, se succèdent depuis le versant nord au Tibet. Toutefois, les conditions climatiques extrêmes font leurs premières victimes, parmi lesquelles George Mallory et Andrew Irvine, en 1924, dont on ne saura probablement jamais avec certitude s'ils ont atteint le sommet. En 1950, le Népal autorise l'accès à la montagne depuis le sud offrant des possibilités d'ascension par l'arête Sud-Est, moins périlleuse. Finalement, trois ans plus tard, Edmund Hillary et Tensing Norgay deviennent les premiers hommes à atteindre le sommet de l'Everest. Dès lors, les exploits en tous genres s'enchaînent, alimentant les fantasmes populaires ; mais, en 1996, une série d'accidents mortels vient rappeler les dangers liés à la montagne, portant de nos jours à plus de 200 le nombre de victimes. Pourtant, le tourisme de masse se popularise, fragilisant le milieu naturel malgré les créations du parc national de Sagarmatha en 1976 et de la réserve naturelle du Qomolangma en 1988. Ainsi, plus de 14 000 alpinistes ont tenté l'ascension depuis 1922 et plus de 4 000 l'ont réussie, bien aidés, pour la majorité d'entre eux, par les porteurs sherpas.
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+ Identifié comme « pic B » à partir de 1847 (car le Kangchenjunga était considéré à cette époque comme le plus haut sommet du monde) puis appelé « pic XV » en 1849 (numération romaine de Michael Hennessy, arpenteur général britannique, nommant les sommets de la chaîne de l'Himalaya d'est en ouest)[2], la montagne acquiert en 1865 son nom anglais qui lui est donné par Andrew Waugh, alors arpenteur général britannique des Indes orientales[3]. Généralement, le nom local est respecté, à l'instar du Kangchenjunga et du Dhaulagiri, mais le Népal et le Tibet étant fermés aux voyageurs étrangers, il écrit :
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+ « Mon respecté chef et prédécesseur le colonel Sir George Everest m'a enseigné à désigner tout objet géographique par son véritable nom local ou indigène. Mais voici une montagne, probablement la plus haute au monde, dont nous n'avons pu trouver aucun nom local. L'appellation indigène, si elle en a une, ne sera très probablement pas découverte avant que nous soyons autorisés à pénétrer au Népal. En attendant il m'incombe le privilège comme le devoir d'assigner… un nom, par lequel cette montagne puisse être connue des citoyens et des géographes et devenir un mot d'usage courant dans les nations civilisées. »
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+ — Andrew Waugh, Proceedings of the Royal Geographical Society of London[4]
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+ Pourtant, de nombreux noms locaux existent, le plus connu étant probablement depuis plusieurs siècles l'appellation tibétaine Chomolungma figurant même sur une carte de 1733 publiée à Paris par le géographe français Jean-Baptiste Bourguignon d'Anville. Quoi qu'il en soit, Waugh prétexte qu'avec la pléthore de noms locaux, il aurait été difficile d'en favoriser un plus répandu parmi les autres[3],[5]. Il décide alors de le baptiser d'après son prédécesseur de 1830 à 1843, d'abord en utilisant l'orthographe Mont Everest puis Mount Everest. Pourtant, celui-ci objecte en 1857 que le nom est impossible à écrire en hindi ou à prononcer par les « natifs de l'Inde ». Malgré cela, la Royal Geographical Society l'entérine officiellement en 1865, soit un an avant la mort de George Everest[3]. La prononciation anglaise moderne d'Everest (API : [ˈɛvərɪst] ou [ˈɛvrɪst])[6] est d'ailleurs différente de la prononciation du nom de famille qui était [ˈiːvrɪst][7]. La prononciation française, quant à elle, diffère encore de l'original, puisque l'on dit [ˈevrɛst].
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+ Le nom tibétain est donc Chomolungma ou Qomolangma (ཇོ་མོ་གླིང་མ) signifiant la « Déesse (Chomo) mère (suffixe ma) des vents (lung) » et la translittération en chinois est Zhūmùlǎngmǎ Fēng (chinois simplifié : 珠穆朗玛峰, chinois traditionnel : 珠穆朗瑪峰) ou Shèngmǔ Fēng (聖母峰) signifiant « déesse de l'univers » tandis que la traduction littérale donne Shèngmǔ Fēng (chinois simplifié : 圣母峰, chinois traditionnel : 聖母峰). En ancien sanskrit, la montagne a pour nom Devgiri, en français « la montagne sainte », et Devadurga, prononcé en anglais deodungha au XIXe siècle[8]. Au début des années 1960, le gouvernement népalais prend conscience que l'Everest n'a aucun nom népalais. Ce manque est dû au fait que la montagne n'était pas connue et n'avait donc pas de nom au Népal ethnique, c'est-à-dire, la vallée de Katmandou et ses abords. Le gouvernement se décide alors à trouver un nom pour la montagne. Chomolangma, pourtant utilisé par les Sherpas, n'est pas acceptable car il aurait été contraire à l'idée d'unification du pays (« népalisation »). Aussi, un nouveau nom est inventé par Baburam Acharya : Sagarmāthā (सगरमाथा), en français la « tête du ciel »[9].
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+ En 2002, le journal chinois Le Quotidien du Peuple édite un article alléguant un point de droit contre l'utilisation continue du nom anglais dans le monde occidental, insistant sur le fait que la montagne devrait être mentionnée par son nom tibétain. Le journal se justifie par le fait que le nom local précédait chronologiquement le nom anglais : le mont Qomolangma aurait été repéré selon eux sur une carte chinoise il y a plus de 280 ans[10]. Dans le même ordre d'idées, une campagne menée entre autres par l'ancien Premier ministre de l'Inde, Atal Bihari Vajpayee, a tenté de convaincre l'opinion que la montagne devrait être renommée d'après Radhanath Sikdar, l'auteur des calculs établissant l'altitude du sommet en 1852, mais la montagne n'étant pas en territoire indien, la dénomination a été rejetée[11].
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+ L'Everest s'élève à la frontière entre la ville-préfecture de Shigatsé dans la région autonome du Tibet en Chine et le district de Solukhumbu dans la province no 1 au Népal. Il culmine à 8 848 mètres d'altitude dans le Mahalangur Himal, un massif de l'Himalaya, ce qui en fait le point culminant de l'Asie et le plus haut des sept sommets. Il se situe à 160 kilomètres à l'est-nord-est de Katmandou, 260 kilomètres à l'ouest-nord-ouest de Thimphou, 450 kilomètres à l'ouest-sud-ouest de Lhassa et environ 600 kilomètres au nord de Calcutta et du golfe du Bengale. Les sommets de plus de 8 000 mètres les plus proches sont le Lhotse, avec 8 516 mètres d'altitude à trois kilomètres à vol d'oiseau au sud, le Makalu, avec 8 463 mètres d'altitude à vingt kilomètres à vol d'oiseau au sud-est, et le Cho Oyu, avec 8 201 mètres d'altitude à vingt-huit kilomètres à vol d'oiseau au nord-ouest.
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+ L'Everest est un pic pyramidal. Il a été modelé par l'érosion, en particulier glaciaire. Il possède trois faces, la sud-ouest, la nord et l'est, séparées par autant d'arêtes quasi-rectilignes, l'ouest, la nord-est et la sud. Un glacier s'épanche de chacun des versants : respectivement le glacier du Khumbu au travers de la Western Cwm aussi appelée « vallée du Silence », le glacier du Rongbuk et le glacier de Kangshung. La face nord est la plus difficile d'accès car moins enneigée et plus rocheuse que la face sud-ouest. Elle abrite le couloir Hornbein et le Grand couloir appelé aussi couloir Norton. Les arêtes ouest et sud-est délimitent la frontière entre la République populaire de Chine et le Népal. L'arête nord-est relie le Changtse, culminant à 7 543 mètres d'altitude, via le col Nord situé à 7 020 mètres d'altitude. L'arête sud-est relie le Lhotse, culminant à 8 516 mètres d'altitude, via le sommet secondaire de l'Everest simplement appelé sommet Sud, culminant à 8 751 mètres d'altitude, et le col Sud situé à 7 904 mètres d'altitude tandis que l'arête ouest relie le Khumbutse, culminant à 6 636 mètres d'altitude, via l'Épaule occidentale et le col Lho-La situé à 6 026 mètres d'altitude.
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+ En 1856, Andrew Waugh, l'arpenteur général des Indes orientales depuis 1843, annonce après plusieurs années de mesures menées dans le cadre du « grand projet de topographie trigonométrique » que le « pic XV » a été mesuré officiellement à 8 840 mètres d'altitude[3],[12].
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+ En 1955, une étude indienne aboutit pour la première fois à la valeur de 8 848 mètres d'altitude. Comme l'équipe de Waugh, ils ont réalisé leurs mesures au moyen de théodolites mais ils ont eu l'avantage de pouvoir s'approcher beaucoup plus près de l'Everest[12]. Cette altitude est confirmée en 1975 par une étude chinoise. Dans les deux cas, c'est le manteau neigeux qui a été pris en considération[13].
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+ En mai 1999, une expédition américaine menée par Bradford Washburn enfouit une balise GPS dans la roche. Acceptée par la National Geographic Society, elle permet de déterminer à 8 849,87 mètres d'altitude le sommet rocheux et à un mètre l'épaisseur de la couverture de glace et de neige[14]. Le 9 octobre 2005, après plusieurs mois de mesures et de calculs, le bureau national de topographie et de cartographie de la République populaire de Chine annonce officiellement que l'altitude de l'Everest est de 8 844,43 mètres ± 0,21 mètres. Les autorités proclament qu'il s'agit de la mesure la plus précise jamais effectuée[15]. Les résultats de Bian Qiantao, chercheur à l'Institut de géologie et de géophysique de l'Académie chinoise des sciences suggèrent que l'Himalaya et le plateau Tibétain ne continueront pas à s'élever indéfiniment[16]. Pourtant, cette nouvelle valeur ajoutée aux 3,5 mètres d'épaisseur de glace et de neige rencontrée par l'équipe chinoise[13] est en accord avec l'altitude de 8 848 mètres que continue de reconnaître le gouvernement népalais[17].
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+ Toutefois, l'épaisseur du manteau neigeux varie en fonction du temps ce qui rend la mesure de l'altitude durablement impossible avec la précision énoncée en 1999 et 2005. Pour autant, l'altitude du sommet rocheux est tout aussi incertaine en raison de la forme du géoïde et des ondulations de la croûte terrestre. De plus, à moindre échelle, des mouvements tectoniques sont à l'origine d'une augmentation de l'altitude de quatre millimètres par an ainsi que d'un déplacement latéral de l'ordre de trois à six millimètres par an en direction du nord-est[14],[18], voire de vingt-sept millimètres selon une autre source[19].
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+ Une carte photogrammétrique détaillée à l'échelle 1:50000e de la région de Khumbu incluant le versant sud de l'Everest a été réalisée dans le cadre de l'expédition internationale en Himalaya de 1955 par Erwin Schneider qui en a profité pour tenter l'ascension du Lhotse. Une carte topographique de l'Everest encore plus détaillée a été produite à la fin des années 1980 sous la direction de Bradford Washburn, à l'aide de photographies aériennes[20].
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+ L'Everest est le plus haut sommet du monde depuis le niveau de la mer. Toutefois, d'autres montagnes peuvent prétendre au titre de plus haute montagne de la Terre suivant les critères utilisés.
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+ On considère par exemple que le Mauna Kea sur l'île de Hawaï est la plus haute montagne à partir de sa base[Note 1]. En effet, même si elle ne dépasse que de 4 205 mètres le niveau de la mer, elle s'élève à 10 200 mètres au-dessus du plancher océanique[21],[22].
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+ Par la même mesure de la base au sommet, le Denali situé en Alaska est aussi plus haut que l'Everest. Malgré son altitude de 6 190 mètres, il s'élève au-dessus d'un plateau de 300 à 900 mètres d'altitude, ce qui lui confère une élévation verticale par rapport à sa base de 5 300 à 5 900 mètres[23]. Par comparaison l'Everest s'élève de 3 650 à 4 650 mètres au-dessus du plateau Tibétain[20].
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+ De son côté, le Chimborazo, culminant à 6 268 mètres d'altitude en Équateur à un peu plus d'un degré de latitude Sud, est le sommet le plus éloigné du centre de la Terre : il en est distant de 6 384,4 kilomètres contre 6 382,3 kilomètres en ce qui concerne l'Everest, soit une différence de 2 168 mètres due au renflement de la sphère terrestre au niveau de l'équateur[21],[22],[24].
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+ Quoi qu'il en soit, l'Everest est loin d'être le relief possédant l'altitude la plus élevée dans le système solaire : sur Vénus, les Maxwell Montes culminent à environ 11 000 mètres[25] alors que le record absolu est détenu par l'Olympus Mons sur Mars avec 21 229 mètres d'altitude[26].
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+ L'Everest s'est formé, comme l'ensemble de l'Himalaya, au cours de l'orogenèse alpine. La convergence de la plaque indienne vers la plaque eurasienne a contribué à la fermeture de la Téthys à partir de l'Éocène, il y a environ 50 millions d'années, et s'est soldée par la collision des masses continentales du sous-continent indien avec le reste du continent asiatique. La plaque indienne, plus petite et plus légère, continue de plonger sous la plaque eurasienne au rythme de trois centimètres par an et ainsi la croûte continentale pousse et soulève la chaîne himalayenne de quelques millimètres par an. La pression a créé un métamorphisme des roches en profondeur.
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+ Les roches de l'Everest sont divisées en trois formations géologiques. Ces unités sont séparées par des failles normales de détachement le long desquelles elles coulissent. Du sommet à la base, il s'agit des formations de Qomolangma, du Col Nord et de Rongbuk[27],[28].
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+ La formation de Qomolangma s'étend du sommet jusqu'à l'altitude de 8 600 mètres. Elle est également connue sous les noms de formation de l'Everest ou de Jolmo Lungama. Elle consiste en une alternance de couches calcaires et de dolomies recristallisées parallèles de couleur gris foncé, grisâtres ou blanches avec des traces d'argiles et de siltites. La présence de fragments microscopiques de crinoïdes a été découverte à l'intérieur de ces calcaires[29]. Plus tard, des analyses pétrographiques d'échantillons de calcaires datant de l'Ordovicien prélevés près du sommet ont mis en évidence une composition à base de grains carbonatés et de fragments de trilobites, de crinoïdes et d'ostracodes. D'autres échantillons se sont révélés trop altérés et recristallisés pour que leur composition d'origine puisse être reconstituée. La formation de Qomolangma est fractionnée par plusieurs failles inverses qui se terminent au niveau de la faille normale dite du « détachement de Qomolangma ». La partie inférieure de cette formation, en contact avec la zone de détachement, est fortement déformée sur une épaisseur moyenne de cinq mètres[27],[28].
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+ La formation du Col Nord est divisée en deux ou trois parties. Entre 8 600 et 8 200 mètres d'altitude, la Yellow Band, littéralement « bande jaune » en français, consiste en une séquence de strates de marbres à base de diopside-épidote d'un brun-jaune bien distinctif, intercalées avec des phyllites à base de muscovite-biotite, et des semischistes. L'étude pétrographique des marbres collectés à 8 300 mètres d'altitude a mis en évidence que les débris fossiles calcaires à entroques recristallisés constituent au moins 5 % de la roche. La partie supérieure de la Yellow Band en contact avec la zone de détachement de Qomolangma est elle aussi fortement déformée sur une épaisseur de cinq mètres. Une faille en brèche de cinq à quarante centimètres de largeur la sépare de la formation de Qomolangma[27],[28]. Entre 8 200 et 7 600 mètres d'altitude, la formation du Col Nord est constituée d'une alternance de phyllites à base de biotite-quartz et de chlorite-biotite et dans une moindre mesure de micaschistes à base de biotite-séricite-quartz ; entre 7 600 et 7 000 mètres d'altitude, elle est composée de micaschistes à base de biotite-quartz, d'épidote-quartz et de biotite-calcite-quartz, et de fines strates de marbres à quartzose. Ces roches métamorphiques sont le résultat d'un métamorphisme dans une mer profonde de flyschs composés de sédiments de mudstone, de schiste, de grès argileux, de grès calcaires, de grauwacke et de sables calcaires. La faille normale qui délimite la partie inférieure de la formation du Col Nord est une zone de détachement régionale appelée « détachement du Lhotse »[27],[28].
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+ La formation de Rongbuk, en dessous de 7 000 mètres d'altitude, forme la base de l'Everest. Elle est constituée de micaschistes à orthose-sillimanite et de gneiss avec de nombreuses intrusions sous forme de sill et de dyke à base de leucogranite dont l'épaisseur varie d'un centimètre à 1 500 mètres[28],[30].
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+ Les conditions climatiques sur l'Everest sont extrêmes. En janvier, mois le plus froid, la température au sommet est en moyenne de −36 °C et le ressenti peut être de −60 °C. En juillet, mois le plus chaud, la température moyenne est de −19 °C et il gèle en permanence[31].
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+ De juin à septembre, l'Everest subit la mousson. Le vent et les précipitations proviennent de l'océan Indien au sud. Des masses de nuages et des violentes tempêtes de neige s'abattent fréquemment à cette époque de l'année. De novembre-décembre à février-mars, les courant-jets à dominante sud-ouest redescendent depuis le nord. Des vents violents balayent le sommet à plus de 285 km/h. Durant les saisons intermédiaires, habituellement plus sèches et propices à l'ascension du sommet, des tempêtes peuvent toutefois se produire et surprendre les alpinistes avec des vents chargés de sable ou parfois des chutes de trois mètres de neige en vingt-quatre heures. Ainsi, à la fin de l'hiver et au cours du printemps, les vents d'ouest sont dominants. Un air chargé d'humidité s'élève le long des versants méridionaux de l'Himalaya et se condense en formant un nuage blanc et effilé en direction de l'est. Lorsque le vent souffle à 80 km/h environ, le nuage est à hauteur du sommet ; en dessous de cette vitesse, il s'élève tandis que si le vent souffle plus fort, le nuage est plus bas[31].
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+ Le camp de base du versant Sud, aux alentours de 5 300 mètres d'altitude, reçoit en moyenne 450 millimètres de précipitations par an[31].
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+ Les pentes inférieures de l'Everest sont couvertes de manière éparse de touffes d'herbes et de buissons nains adaptés à l'étage alpin. Au-delà de 5 000 mètres d'altitude, Rhododendron nivale est le seul buisson capable de survivre aux conditions extrêmes. Dans les hautes vallées poussent également Hippophae tibetana, Ephedra gerardiana, Juniperus indica, Dasiphora fruticosa, Gentiana ornata, Leontopodium jacotianum et Meconopsis horridula[32]. En 1924, des membres de l'expédition britannique récoltent des lichens entre 4 600 et 5 500 mètres d'altitude, ce qui permet l'année suivante à R. Paulson d'identifier trente espèces différentes[33]. Ces lichens, ainsi que des mousses et deux espèces de plantes à fleurs, Arenaria polytrichoides et Tanacetum gossypinum, sont présents jusqu'à 5 750 mètres[32]. Euophrys omnisuperstes, une minuscule espèce d'araignée sauteuse noire, a été trouvée en 1924 par R.W.G. Hingston à 6 700 mètres d'altitude. Cela en fait l'organisme non-microscopique permanent confirmé le plus haut sur Terre[34]. Elle vit au fond des crevasses et il a été démontré en 1954 qu'elle se nourrit d'insectes gelés transportés sur place par le vent ainsi que de collemboles vivant jusqu'à 6 000 mètres d'altitude et se nourrissant de champignons et de lichens[35]. Au-delà de 6 700 mètres d'altitude, seules des espèces microscopiques peuvent survivre durablement.
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+ En 2020, des chercheurs de l'université d'Exeter publient une étude sur l'écosystème végétal du massif en comparant les images prises entre 1993 et 2018 par les satellites Landsat. Ils constatent une extension faible mais significative de la superficie végétale subnivale entre 4 150 et 6 000 mètres d'altitude, et en particulier entre 5 000 et 5 500 m[36],[37].
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+ Des oiseaux tels que l'Oie à tête barrée (Anser indicus) ont été aperçus volant à hauteur du sommet tandis que des Chocards à bec jaune (Pyrrhocorax graculus), communément appelés gorak en népalais, se nourrissent parfois de déchets, de charognes voire de cadavres humains au col Sud[38], voire plus haut puisque le corps de George Mallory a été retrouvé à 8 160 mètres d'altitude avec les joues dévorées[39].
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+ En 1808, les Britanniques lancent le « grand projet de topographie trigonométrique » des Indes orientales afin de déterminer la localisation et nommer les plus hauts sommets du monde. L'étude commence au sud du pays et se déplace progressivement vers le nord en utilisant douze porteurs pour le transport de chacun des théodolites. Ces appareils pèsent plus de 500 kilogrammes et permettent de mesurer avec précision la hauteur des montagnes. Elle atteint le pied de l'Himalaya dans les années 1830 mais le Népal refuse l'accès de son territoire aux Britanniques, craignant des heurts politiques et une possible annexion. Plusieurs requêtes sont envoyées par les scientifiques mais toutes sont rejetées. Ils sont contraints de poursuivre leurs observations depuis le Teraï, une région parallèle au Népal et à l'Himalaya. Les pluies torrentielles rendent les observations difficiles. Le paludisme provoque la mort de trois experts et impose l'évacuation de deux autres[3].
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+ Néanmoins, en 1847, les Britanniques persévèrent et commencent des études détaillées des sommets de l'Himalaya depuis des postes d'observation situés à plus de 240 kilomètres de distance. Les conditions climatiques restreignent la durée de travail à trois mois dans l'année. En novembre 1847, Andrew Waugh, l'arpenteur général des Indes, réalise de nombreuses observations depuis le poste de Sawajpore situé à l'extrémité orientale de la chaîne. À cette époque, le Kangchenjunga, mesuré depuis à 8 586 mètres d'altitude ce qui le place en troisième position, est alors considéré depuis une dizaine d'années comme étant le plus haut sommet sur Terre. Il note avec intérêt l'existence d'un sommet à 230 kilomètres en arrière de celui-ci. John Armstrong, un des fonctionnaires de Waugh, l'aperçoit également depuis une position un peu plus occidentale et l'identifie trivialement comme le « pic B ». Plus tard, Waugh admettra que les mesures effectuées sur le pic B le désignaient comme plus élevé que le Kangchenjunga mais qu'étant donné la distance importante, des observations rapprochées étaient nécessaires pour s'en assurer. Pour ce faire, l'année suivante, Waugh renvoie un géomètre dans la région du Teraï, mais des nuages empêchent toute mesure[3].
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+ En 1849, Waugh affecte James Nicolson à cette région. Ce dernier réussit à faire des observations à 190 kilomètres de distance depuis Jirol. Il emporte avec lui le plus gros des théodolites et se dirige vers l'est en réalisant trente mesures depuis cinq positions différentes, la plus proche à 175 kilomètres du sommet. Il se retire à Patna, sur le Gange, pour effectuer les calculs nécessaires. Ses relevés lui fournissent une altitude moyenne de 9 200 mètres mais ils ne tiennent pas compte de la réfraction qui distord les mesures. La valeur a cependant l'avantage de donner une indication sur l'altitude du pic B comparée à celle du Kangchenjunga. Malheureusement, Nicolson est affaibli par le paludisme et doit quitter les Indes sans terminer ses calculs. Michael Hennessy, un des assistants de Waugh, qui a commencé à désigner les sommets avec des chiffres romains, renomme le Kangchenjunga « pic IX » et le pic B « pic XV »[3].
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+ En 1852, Radhanath Sikdar, mathématicien et géomètre indien originaire du Bengale, stationne sur le site principal des géomètres à Dehradun. Il est le premier à reconnaître dans le sommet le point culminant de l'Himalaya en faisant appel à des calculs trigonométriques basés sur les relevés de Nicolson[40]. L'annonce officielle est repoussée durant plusieurs années, le temps que les calculs soient inlassablement répétés. En 1854, Waugh reprend lui-même le travail laissé par Nicolson et, avec son équipe, passe près de deux ans à résoudre les problèmes de réfraction, de pression atmosphérique et de température qui se posent sur de telles distances. Finalement, en mars 1856, il révèle sa découverte dans une lettre à son adjoint à Calcutta. Le pic IX est estimé à 28 156 pieds soit 8 582 mètres d'altitude et le pic XV à 29 002 pieds soit 8 840 mètres. Waugh conclut que le pic XV est « plus que probablement le plus haut du monde »[3]. En réalité, le pic XV a été mesuré à exactement 29 000 pieds soit 8 839 mètres mais deux pieds ont été arbitrairement rajoutés afin d'éviter l'impression que la mesure était une estimation grossièrement arrondie[41].
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+ La première personne à évoquer la possibilité d'une ascension de l'Everest est Clinton Thomas Dent, président de l’Alpine Club, en 1885 dans Above the Snow Line[42].
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+ En 1904, l'expédition militaire britannique menée par Francis Younghusband parvient à négocier le passage des frontières du Tibet. À cette occasion, J. Claude White réalise la première photographie de la face Est depuis Kampa Dzong à une distance de 150 kilomètres. Mais il faut attendre 1921 pour que la Royal Geographical Society obtienne l'autorisation de véritablement explorer la montagne. La première expédition est financée par le Mount Everest Committee, dirigée par le colonel Charles Howard-Bury, et composée de Harold Raeburn, George Mallory, Brian Donahue, Guy Bullock et Edward Oliver Wheeler. Sa mission est seulement de cartographier la montagne et de repérer l'itinéraire le plus facile vers le sommet. La santé de Raeburn l'oblige toutefois à abandonner ses compagnons et Mallory assume le rôle de chef d'expédition. Bien qu'ils ne soient pas équipés pour atteindre le sommet, ils parviennent au col Nord avant d'être forcés de faire demi-tour, surpris par la mousson. L'expérience de Mallory lui permet d'affirmer que l'itinéraire vers le sommet paraît long mais envisageable pour une expédition bien préparée[43].
76
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+ La seconde expédition de 1922, menée par Charles Granville Bruce, est composée d'Edward Lisle Strutt, George Mallory, George Ingle Finch, Edward F. Norton, Henry T. Morshead, Howard Somervell, Arthur Wakefield, John Noel, Tom George Longstaff, Geoffrey Bruce, John Morris, Colin G. Crawford, et jusqu'à 160 porteurs[44],[45]. Ces deux derniers atteignent la North Ridge et l'altitude de 8 320 mètres lors d'une deuxième tentative avec assistance respiratoire, ce qui constitue un record mondial[46]. Mais une avalanche fait les premières victimes d'une ascension en tuant sept Sherpas et met un terme à la troisième et dernière tentative de l'expédition[47].
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+ La troisième expédition en 1924, menée à nouveau par Charles Granville Bruce mais qui renonce, atteint du paludisme, puis par Edward F. Norton, est composée de George Mallory, Bentley Beetham, Geoffrey Bruce, John de Vars Hazard, R.W.G. Hingston, Andrew Irvine, John Noel, Noel Odell, E.O. Shebbeare et Howard Somervell. Norton réussit à établir, lors d'une deuxième tentative, un nouveau record d'altitude avec 8 570 mètres qui tiendra jusqu'en 1952[43]. Lors d'une troisième tentative, Mallory et Irvine disparaissent alors qu'ils sont aperçus par Odell en route pour le sommet[45]. L'énigme demeure quant à savoir s'ils ont atteint le sommet alors qu'aucune preuve concluante ne permet de l'affirmer de manière certaine malgré la découverte du corps de Mallory en 1999[45].
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+ Lors d'un entretien accordé le 18 mars 1923 à un journaliste du New York Times qui lui demandait pourquoi il souhaitait à ce point escalader l'Everest, George Mallory avait simplement répondu par la phrase devenue probablement la plus connue de l'alpinisme :
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+ « Because it’s there (Parce qu'il est là)[48] »
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+ — George Mallory, The New York Times
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+ Dans les années 1930, plusieurs autres expéditions britanniques sont tentées, sans succès. La plus importante est celle de 1933 menée par Hugh Ruttledge qui voit Lawrence Wager avec Percy Wyn-Harris et Eric Shipton avec Frank Smythe successivement échouer dans leur tentative d'atteindre le sommet[43]. En 1935, Tensing Norgay sert pour la première fois de porteur auprès de Shipton et de ses compagnons Bill Tilman, C.B.M. Warren, E.G.H. Kempson, L.V. Bryant, and E.H.L. Wigram[43]. Au total, sept missions britanniques se lanceront à l'assaut de la face Nord de l'Everest[49]. La Seconde Guerre mondiale puis la prise de contrôle du Tibet par les autorités chinoises en 1950 mettent un terme aux ascensions pour une longue période, à l'exception d'une tentative illégale réalisée en mars 1947 par le Canadien Earl Denman accompagné de Tensing Norgay et Ang Dawa Sherpa. Il faudra attendre une expédition chinoise pour que la voie Nord-Est soit enfin vaincue le 25 mars 1960, bien que des controverses subsistent.
88
+
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+ La fermeture du Tibet à cause de l'invasion chinoise oblige les expéditions à se tourner vers le Népal qui s'ouvre aux étrangers en 1950. C'est Bill Tilman accompagné de Charles Houston, Oscar Houston et Betsy Cowles qui, cette année-là, réalise la première approche de l'Everest par le sud[49]. Cette ouverture est à l'origine de l'expression « conférence au sommet » inventée par Winston Churchill[50].
90
+
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+ En 1951, une expédition soutenue par l’Alpine Club et la Royal Geographical Society est une nouvelle fois menée par Eric Shipton avec Tom Bourdillon, Michael Ward, W.H. Murray et les Néo-zélandais Edmund Hillary et H. Riddiford. Ils franchissent pour la première fois la cascade de glace de Khumbu, s'aventurent dans la vallée du Silence et jusque sur les pentes du Pumori pour constater que la face Sud offre au moins une possibilité d'ascension[49].
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+ En 1952, la Swiss Foundation for Alpine Research lance des expéditions à l'assaut du sommet. Au printemps, Édouard Wyss-Dunant, Gabriel Chevalley, Raymond Lambert, René Dittert, L. Flory, R. Aubert, A. Roch, J. Asper, E. Hofstetter et Tensing Norgay installent le camp VI au col Sud et le camp VII à 8 380 mètres d'altitude sur l'arête Sud-Est. Lambert et Norgay atteignent l'altitude de 8 595 mètres. En dépit de l'excellente ambiance entre Suisses et Sherpas, des problèmes de logistique et des appareils d'assistance respiratoire les contraignent à renoncer. Jamais une expédition n'avait eu autant de chances de réussite, mais l'expérience acquise par Norgay se révélera déterminante l'année suivante[49]. À l'automne, une nouvelle tentative est entreprise par G. Chevalley, R. Lambert, E. Reiss, J. Buzio, A. Spohel, G. Gross, N.G. Dyhrenfurth et T. Norgay en escaladant le Lhotse. Cet itinéraire est aujourd'hui la voie normale. Deux accidents, dont un qui fait la première victime depuis vingt ans, obligent l'expédition à rebrousser chemin[49].
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+ En 1953, une nouvelle expédition est lancée. Elle est dirigée par le Britannique John Hunt. Il est accompagné des alpinistes Charles Evans, G. Band, T. Bourdillon, A. Gregory, Edmund Hillary, W.G. Lowe, C. Noyce, Michael Ward, M. Westmacott, C.G. Wylie et du Sherpa Tensing Norgay. Le 22 avril, l'expédition atteint la cascade de glace. Le camp VI est installé vers 7 000 mètres d'altitude au pied du Lhotse. Le col Sud est atteint par la voie ouverte à l'automne précédent. Ils bénéficient même des vivres et des réserves d'oxygène laissés par les Suisses. Le 26 mai, la première tentative d'atteindre le sommet est réalisée par Evans et Bourdillon mais ils font demi-tour après avoir atteint le sommet Sud situé à 8 751 mètres d'altitude[51]. Ils laissent toutefois des réserves d'oxygène pour la paire suivante. Le même jour, des Sherpas montent, à la demande de Hunt, le camp IX sur l'arête Sud-Est, à 8 500 mètres d'altitude. Finalement, le 29 mai, une seconde tentative permet à Edmund Hillary et Tensing Norgay de poser le pied au sommet. Partis du camp IX à 6 h 30, ils franchissent le sommet Sud à 9 h 0 et atteignent leur objectif à 11 h 30[49]. Norgay admettra deux années plus tard que Hillary l'a devancé au sommet[52]. Là, ils prennent plusieurs photographies et ensevelissent quelques sucreries ainsi qu'une petite croix. De retour au col Sud, ils sont accueillis par Lowe. Hillary s'exclame alors :
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+ « Well, George, we knocked the bastard off! (Et bien, George, on se l'est fait le salaud !)[49] »
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+ — Edmund Hillary
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+ Les nouvelles du succès de l'expédition parviennent rapidement à Londres le matin du 2 juin 1953, jour du couronnement de la reine Élisabeth II. De retour à Katmandou, quelques jours plus tard, Hunt, citoyen britannique, et Hillary, sujet de la reine souveraine de la Nouvelle-Zélande au sein du royaume du Commonwealth, découvrent qu'ils ont été faits chevaliers de l'ordre de l'Empire britannique[53]. Le Népalais Tensing Norgay reçoit la George Medal[52].
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+ En avril 1933, Lucy Houston, une ancienne danseuse de cabaret britannique devenue millionnaire, fonde le Houston Everest Flight of 1933 afin de survoler pour la première fois le sommet. La formation aérienne décolle de Purnia, à 250 kilomètres au sud, en Inde. Elle est menée par le marquis Douglas Douglas-Hamilton, futur duc de Hamilton, aux commandes de Westland Wallace. Les avions tournent près de quinze minutes autour du sommet pour réaliser des photographies[69],[70],[71].
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+ Le 21 octobre 1991, deux montgolfières s'envolent vers l'Everest. L'une d'elles survole le sommet à près de 10 300 mètres d'altitude[72]. Le 24 mai 2004, un Britannique, Richard Meredith-Hardy, accomplit le premier survol de l'Everest en ULM ; il y avait eu jusque-là trois tentatives infructueuses[73].
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+ Le 14 mai 2005, un Eurocopter AS-350 Écureuil atterrit pour la première fois au sommet et recommence le lendemain. Ce record est validé par la Fédération aéronautique internationale[74].
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+ Le 1er février 2014, un planeur Stemme piloté par Klaus Ohlmann survole pour la première fois le sommet[75].
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+ Le 10 mai 1996 est la journée la plus noire de l'histoire de l'ascension de l'Everest, jusqu'à l'avalanche de 2014. Des alpinistes amateurs entament la montée avec des guides chevronnés, Scott Fischer et Rob Hall, tous deux travaillant pour des agences différentes mais choisissant de faire l'ascension ensemble. Ils négligent les conditions météorologiques qui se dégradent[76] et parviennent au sommet entre 13 h 0[77] et 15 h 45. Ce retard est imputable à l'amateurisme des « touristes »[78]. Au sommet, une violente tempête de neige s'abat. Un des clients de Rob Hall s'écroule et le guide reste avec lui. L'alpiniste meurt rapidement et, isolé, Rob Hall ne peut résister au froid et s'engourdit : disposant d'une radio, il communiquera avec son épouse enceinte, jusqu'à sa mort. Scott Fischer succombe pendant la descente, en proie à un sévère mal aigu des montagnes entraînant un œdème cérébral ; aucun de ses compagnons, trop épuisés, n'a pu lui porter secours. Les touristes sont éparpillés dans la nuit sans pouvoir trouver les tentes, pourtant à quelques mètres d'eux. Un alpiniste kazakh chevronné, Anatoli Boukreev, s'élance dans l'obscurité malgré les températures avoisinant −40 °C et ramène un à un les égarés, sauf deux agonisants[Note 2], la Japonaise Yasuko Namba, sans doute déjà morte, et l'Américain Beck Weathers, inconscient et en difficulté respiratoire. La surprise est pourtant grande quand le lendemain arrive au camp Beck Weathers, réveillé de son coma, membres et visage gelés. Toutefois, huit personnes périssent ce jour-là, toutes expéditions confondues, portant le bilan à quinze victimes pour l'année 1996[79].
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+ Une analyse scientifique rendue publique dans New Scientist en mai 2004 a révélé que des conditions météorologiques particulières ont pu provoquer une chute du taux d'oxygène dans l'air de 6 % qui se traduit pour l'organisme par 14 % d'oxygène en moins dans le sang[80].
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+ Jon Krakauer, membre de l'expédition, délégué par le magazine américain Outside, a rapporté avec précision ce drame dans Tragédie à l'Everest[81]. Une polémique a éclaté avec Anatoli Boukreev sur la façon dont Krakauer a relaté les événements ce qui vaudra au Kazakh de publier sa version des faits[82]. Plusieurs autres survivants ont également fait connaître la façon dont ils ont vécu cette journée. Quoi qu'il en soit, cette tragédie a eu un vaste retentissement et a suscité de nombreuses questions sur la commercialisation de l'Everest.
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+ La République populaire de Chine a élargi la piste de 100 kilomètres de long menant au camp de base tibétain à 5 154 mètres d'altitude, au pied du glacier du Rongbuk, dans le but de faciliter l'acheminement du nombre croissant de touristes. Les travaux ont commencé le 18 juin 2007 et se sont achevés en avril suivant pour un budget évalué à 150 millions de yuans soit environ 15 millions d'euros. Ces aménagements ont été réalisés malgré les protestations concernant la dégradation écologique. En outre, une antenne-relais de China Telecom pour la téléphonie mobile a été installée à 1 500 mètres du camp de base pour couvrir le sommet avec un réseau et un confortable hôtel a été construit à une heure de marche en aval[83].
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+ À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin, la flamme a été acheminée le 8 mai, avec deux semaines de retard, au sommet de l'Everest par dix-neuf alpinistes chinois, dont une majorité de Tibétains, et une équipe de tournage de huit personnes[84]. La montée, télévisée, tout comme la descente se sont déroulées par le col Nord. La flamme — en fait une réplique pendant que l'originale continuait son parcours — a dû être protégée du manque d'oxygène et du vent par une lampe de mineur spéciale[85]. Au sommet, les alpinistes d'origine han se sont exclamés « Nous avons réussi ! » et « Pékin vous accueille[86]. »
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+ La région de l'Everest est la terre des Sherpas, groupe ethnique qui a migré du Tibet à 2 000 kilomètres de leur habitat actuel au nord-est du Népal il y a 500 ans environ. Ils occupent désormais principalement les deux régions de Solu et de Khumbu. Douze clans distincts peuplent cette dernière. Les Sherpas sont notamment 2 500 à vivre au sein du parc national de Sagarmatha. Ils parlent un dialecte tibétain et pratiquent très majoritairement un bouddhisme tibétain empli de superstitions, de croyances et de cérémonies issues d'un mélange de traditions animistes et de religion Bön. Ce sont traditionnellement des agriculteurs, des pasteurs et des commerçants adaptés à la vie en haute altitude et qui se déplacent souvent à l'aide d'animaux tels que des yaks et des dzos. Depuis plusieurs décennies, ils profitent du tourisme et se sont spécialisés comme porteurs lors des expéditions au sommet des plus hautes montagnes, l'Everest en tête. Ils sont reconnus comme des hommes forts, endurants et courageux. Ils sont toutefois régulièrement remplacés par des Rai, des Tamang ou des Gurung[32],[87].
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+ L'Everest est une montagne sacrée pour les Sherpas. Ils pensent qu'elle abrite des esprits, des démons mais aussi des arbres[88]. Elle serait également le siège de Jomo Miyo Sangma Lang, l'une des « cinq sœurs de la longue vie » qui fournissent de la nourriture aux habitants du haut des cinq plus hauts sommets himalayens[89]. Le maître bouddhiste Padmasambhava aurait organisé une course jusqu'au sommet de l'Everest. Après quelque temps de méditation et de combat contre les démons, il aurait défié un des lamas de la religion Bön afin de déterminer qui était le plus puissant. Padmasambhava aurait été transporté vers le sommet par un rayon de lumière et le lama, vaincu, y aurait laissé son tambour. Depuis, chaque fois qu'une avalanche se produit jusque dans la vallée, les Sherpas jouent du tambour pour chasser les esprits.
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+ Avant toute ascension, les Sherpas pratiquent la pūjā, une cérémonie pour vénérer les victimes de la montagne, apaiser leurs pensées, tranquilliser leur âme et demander la clémence aux esprits de la montagne. Entre Dingboche et le Lobuche, sur le chemin du camp de base, un cimetière a été construit en l'hommage aux victimes des ascensions. Chacune est représentée par un cairn. Des stûpas, des moulins et drapeaux de prières, ainsi que des mantras sont présents au pied de l'Everest pour pratiquer les cérémonies.
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+ L'Everest a deux voies d'ascension principales, l'arête Sud-Est par le Népal et l'arête Nord-Est par le Tibet, ainsi que beaucoup d'autres itinéraires. Des deux itinéraires principaux, l'arête du Sud-Est est techniquement plus facile et est par conséquent l'itinéraire le plus fréquenté. Ce fut l'itinéraire emprunté par Edmund Hillary et Tensing Norgay en 1953 et le premier à avoir été reconnu parmi les quinze itinéraires[90] identifiés en 1996. Cependant, la décision d'emprunter cette première voie est due à des raisons géopolitiques et non à des choix techniques puisque la frontière chinoise était fermée aux étrangers depuis 1949. Le 20 août 1980, l'Italien Reinhold Messner est le premier à atteindre le sommet en solitaire et sans assistance respiratoire ni autre appui supplémentaire. Il emprunte l'itinéraire plus difficile du nord-ouest via le col Nord de la face Nord et le Grand couloir. Il réalise toute l'ascension seul pendant trois jours depuis son camp de base à 6 500 mètres d'altitude. Cet itinéraire est reconnu comme le huitième itinéraire permettant d'atteindre le sommet.
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+ La plupart des tentatives sont effectuées aux mois d'avril et mai avant la mousson d'été. À ce moment de l'année, un changement du courant-jet réduit les vitesses moyennes de vent en haute altitude. D'autres tentatives sont réalisées après la mousson aux mois de septembre et octobre mais la neige tombée pendant la mousson et des conditions météorologiques plus instables rendent l'ascension plus difficile.
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+ Les pionniers laissent désormais la place à un business lucratif. Des dizaines d'opérateurs proposent des expéditions jusqu'au sommet moyennant des sommes pouvant approcher les 50 000 à 70 000 dollars[91]. Ces expéditions commerciales traditionnelles durent environ deux mois, transformant les camps de base en véritables villes. La démocratisation des technologies permettant une acclimatation à domicile, grâce notamment à des tentes hypoxiques, tend à réduire cette durée.
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+ L'ascension par l'arête Sud-Est commence par un trek jusqu'au camp de base situé à 5 380 mètres d'altitude sur le versant Sud de l'Everest, au Népal. Les expéditions voyagent habituellement par les airs de Katmandou jusqu'à Lukla situé à 2 860 mètres d'altitude et passent par Namche Bazar. De là, les grimpeurs montent jusqu'au camp de base. Cette marche d'approche prend habituellement de six à huit jours, servant ainsi de voyage d'acclimatation en altitude afin d'éviter le mal aigu des montagnes. L'équipement et l'approvisionnement sont acheminés par des yaks, des dzos (croisement entre un yak et une vache) ou des porteurs jusqu'au camp de base sur le glacier du Khumbu. Quand Hillary et Tensing ont réalisé l'ascension de l'Everest en 1953, ils sont partis directement de la vallée de Katmandou car, à l'époque, aucune route n'allait plus loin.
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+ Les grimpeurs passent en général deux semaines au camp de base afin de s'acclimater à l'altitude. Pendant ce temps, les Sherpas et quelques membres de l'expédition installent des cordes fixes et des échelles dans la dangereuse cascade de glace de Khumbu. Séracs, crevasses et blocs de glace font de ce passage l'un des plus dangereux de l'ascension. Beaucoup de grimpeurs et de Sherpas ont été tués dans cette section. Pour réduire le risque, les grimpeurs commencent habituellement leur montée bien avant l'aube quand les températures encore basses maintiennent par le gel la plupart des blocs de glace en place. Au-dessus de la cascade de glace se situe le camp I à 6 065 mètres d'altitude[92].
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+ À partir du camp I, les grimpeurs remontent la « combe Ouest », en anglais Western Cwm, au pied du Lhotse, où le camp II ou camp de base avancé (Advanced Base Camp ou ABC) est établi à 6 500 mètres d'altitude. Cette vallée glaciaire qui s'élève doucement est entravée d'énormes crevasses en son centre qui empêchent l'accès aux parties supérieures du glacier. Les grimpeurs sont obligés de passer sur le côté droit, près du pied du Nuptse, le long d'un passage étroit connu sous le nom de Nuptse corner. Cette vallée est également appelée « vallée du silence » du fait de la topographie qui protège du vent. À cause de l'altitude élevée, par un jour clair et sans vent, la chaleur peut devenir difficilement supportable pour des grimpeurs[92].
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+ Du camp II, les grimpeurs montent sur les pentes du Lhotse à l'aide de cordes fixes jusqu'au camp III, situé sur un petit plateau à 7 470 mètres d'altitude. De là, il reste encore 500 mètres de dénivelé à gravir pour atteindre le col Sud où se trouve le camp IV à 7 920 mètres d'altitude. Du camp III au camp IV, les grimpeurs sont confrontés à deux difficultés majeures : l'« éperon des Genevois » et la « Bande jaune ». L'éperon des Genevois est une nervure formée par une enclume de roche noire surnommée ainsi par une expédition suisse en 1952. La Bande jaune est une section de marbres qui nécessite généralement une centaine de mètres de cordes fixes pour la traverser[92].
140
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+ À partir du camp IV au col Sud, les grimpeurs entrent dans la « zone de la mort » : en raison de l'altitude, le fonctionnement des organes se détériore inexorablement et le temps passé dans cette zone doit être réduit au minimum nécessaire. Les grimpeurs commencent généralement l'assaut final autour de minuit. Il leur reste encore plus de 900 mètres de dénivelé qu'il est raisonnable de réaliser en dix à douze heures à cette altitude. Les grimpeurs atteindront d'abord le « balcon » à 8 400 mètres d'altitude, une petite plate-forme où ils peuvent se reposer et contempler les crêtes au sud et à l'est dans les premières lueurs de l'aube. Continuant leur ascension de l'arête, ils sont alors confrontés à une série de marches rocheuses qui les incitent souvent à traverser vers l'est dans un profond manteau de neige où le risque d'avalanche est élevé. À 8 750 mètres d'altitude, un petit dôme de glace et de neige marque le sommet Sud[92].
142
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+ Du sommet Sud, les grimpeurs suivent l'arête Sud-Est, arête très effilée le long de ce qui est connu sous le nom de la « traversée de la corniche ». C'est la section la plus exposée de l'ascension car un faux pas vers la gauche enverrait le grimpeur 2 400 mètres en contrebas au pied de la face Sud, tandis qu'un faux pas vers la droite et le grimpeur dévalerait les 3 050 mètres de la face du Kangshung sur le versant septentrional, côté tibétain. À la fin de cette traversée, c'est la dernière difficulté : le « ressaut Hillary », un mur de roche de douze mètres de haut à 8 760 mètres d'altitude. Hillary et Tensing furent les premiers à surmonter cet obstacle et ils l'ont fait avec l'équipement de l'époque et sans cordes fixes. De nos jours, la plupart des grimpeurs traversent ce passage en utilisant des cordes fixes que des Sherpas auront installées auparavant. À partir de là, l'ascension jusqu'au sommet, relativement aisée, traverse des pentes douces mais particulièrement exposées. Toutefois, les grimpeurs doivent également traverser un passage rocheux où s'entremêlent de vieilles cordes fixes et qui peut devenir un calvaire en cas de mauvais temps[92].
144
+
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+ Les grimpeurs passent en général moins d'une demi-heure sur le toit du monde car ils doivent redescendre au camp IV avant la nuit. Ils doivent aussi faire attention aux conditions météorologiques qui se dégradent souvent dans l'après-midi ainsi qu'à leurs réserves d'oxygène[92].
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+ L'ascension de l'arête Nord-Est de l'Everest commence par la face Nord du côté tibétain en Chine. Le camp de base situé à 5 180 mètres d'altitude sur la moraine du glacier du Rongbuk est accessible après un trek. Pour atteindre le camp II, les grimpeurs empruntent la moraine du glacier oriental de Rongbuk jusqu'au pied du Changtse à environ 6 100 mètres d'altitude. Le camp III (ABC — camp de base avancé) est situé sous le col Nord à 6 500 mètres d'altitude. Pour atteindre le camp IV au col Nord à 7 010 mètres d'altitude, les grimpeurs montent le glacier au pied du col où des cordes fixes sont généralement installées. Du col Nord, les grimpeurs montent l'arête rocheuse Nord jusqu'au camp V à environ 7 775 mètres d'altitude. L'itinéraire emprunte la face Nord avant d'atteindre l'emplacement du camp VI à 8 230 mètres d'altitude. Du camp VI, les grimpeurs entament l'assaut final du sommet[93].
148
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149
+ Les grimpeurs doivent d'abord parcourir leur itinéraire via trois bandes rocheuses connues sous les noms de « premier ressaut » de 8 500 à 8 534 mètres d'altitude, « deuxième ressaut » de 8 577 à 8 626 mètres d'altitude et « troisième ressaut » de 8 690 à 8 800 mètres d'altitude. Au-dessus, la voie emprunte les pentes sommitales entre 50 et 60 degrés[93].
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151
+ Un autre itinéraire moins fréquenté et plus dangereux passe par la face est de l'Everest. Cette face rocheuse fait 3 350 mètres de dénivelé[20]. La première sur cette voie est accomplie en 1983 par une équipe américaine.
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+ L'ascension commence par une longue marche d'approche par le glacier de Kangshung. Arrivé au pied de la face Est, le grimpeur doit se préparer à plus de 3 000 mètres de dénivelé de parois verglacées, exposées aux avalanches. L'isolement de cette face fait qu'une retraite est difficile et dangereuse. George Mallory avait d'ailleurs noté dans son carnet d'expédition : « D'autres hommes, moins sages, pourraient tenter cette face, mais clairement, ce n'est pas pour nous »[94].
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+ Entre 1921 et 2006, plus de 14 000 alpinistes ont participé à des expéditions sur l'Everest, dont un peu plus de 6 000 Sherpas[95]. Au 31 décembre 2011, 5 654 personnes[96] sont parvenues au sommet depuis l'exploit d'Edmund Hillary et Tensing Norgay, dont 286 femmes. Le Népal est en tête du « palmarès » puisqu'il comptabilise 2 264 alpinistes au sommet ; il est suivi des États-Unis avec 536, de la Chine avec 299, du Royaume-Uni avec 264 et du Japon avec 169[97]. 59 % des ascensions réussies ont lieu par le col Sud et l'arête Sud-Est contre 39 % par le col Nord et l'arête Nord-Est[98]. Seuls 142 alpinistes sont parvenus au sommet sans assistance respiratoire[99]. Cependant, 219 alpinistes sont décédés depuis 1922[100].
156
+
157
+ Le record de vitesse absolu d'une ascension, avec assistance respiratoire, est de 8 heures et 10 minutes détenu depuis le 21 mai 2004 par le Sherpa Pemba Dorjie[101]. La plus jeune personne au sommet est un Américain de 13 ans, Jordan Romero, qui fit l'ascension en 2010 avec son père[102] suivi d'une Népalaise âgée de 15 ans. Depuis 2008, le Japonais Yūichirō Miura est officiellement reconnu comme la personne la plus âgée à avoir atteint le toit du monde, à l'âge de 76 ans, malgré deux opérations du cœur, alors que le Népalais Min Bahadur Sherchan, arrivé deux jours avant lui au sommet, n'a pas pu prouver être âgé de 77 ans[103]. Yūichirō Miura renouvelle son record 5 ans plus tard, en atteignant le sommet le 23 mai 2013 à l'âge de 80 ans[104]. Tamae Watanabe devient, en mai 2002, la femme la plus âgée à gravir l'Everest, à l'âge de 63 ans. Dix ans plus tard, elle bat à nouveau ce record en gravissant l'Everest à l'âge de 73 ans[105].
158
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159
+ Point de passage obligé de l'itinéraire classique vers le sommet, le col Sud est devenu une véritable décharge. Les expéditions y abandonnent matériel et déchets qui réapparaissent quand fondent les plaques de neige. Mandatée par le gouvernement népalais et l'UNESCO, une équipe dirigée par l'alpiniste Pierre Royer a commencé son grand nettoyage au printemps 1993. Au mois de mai, l'expédition, avec une vingtaine de Sherpas, a redescendu huit tonnes de déchets (bouteilles d'oxygène, plastiques, verres, toiles, etc.)[106].
160
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+ Le gouvernement népalais essaye de lutter contre ces déchets. Il impose ainsi à chaque expédition la nécessité de prouver qu'elle n'a pas abandonné son matériel, sous peine de perdre une caution de 4 000 dollars. En mars 2014, il annonce qu'à partir du mois suivant, tout alpiniste doit redescendre huit kilogrammes de déchets en plus de son propre matériel, sous peine de poursuites[107],[108].
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+ Green Boots est le surnom donné au cadavre non identifié d'un alpiniste devenu un repère pour les expéditions s'attaquant à l'Everest. Il s'agit d'un homme mort probablement lors de la tempête de 1996 ou au début des années 2000. Il est devenu le symbole du manque de solidarité qui sévit parfois en alpinisme.
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+ En 2006, David Sharp meurt lors de l'ascension de l'Everest. Alors qu'il est en difficulté, il est ignoré par une quarantaine d'autres grimpeurs qui choisissent de poursuivre leur ascension, ce qui provoque une polémique sur l'éthique des grimpeurs, qui continue en 2012, les alpinistes progressant au milieu de cadavres des expéditions précédentes ou d'alpinistes mourants[109]. L'abandon de David Sharp est critiqué par Edmund Hillary. Environ 150 cadavres parsèment les pentes du sommet de l'Everest, la plupart sur les voies d'accès, et selon Mike Dillon, un cinéaste australien, toutes les personnes ayant atteint le sommet par la voie nord en 2006 ont déclaré en avoir vu[110]. En 2010, quand a lieu une expédition d'enlèvement des cadavres, l'organisateur commente l'abandon de Sharp comme « allant à l'encontre de toutes les valeurs de l'alpinisme »[111].
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+ En 2012, victime de son succès et des systèmes de routage météo qui permettent d'anticiper les créneaux de beau temps plusieurs jours à l'avance, l'ascension de l'Everest est parfois la scène de jusqu'à 200 alpinistes faisant la queue pendant des heures pour pouvoir gravir la dernière section jusqu'au sommet, ce qui a été fatal à plusieurs alpinistes dans la « zone de mort ». L'État népalais impose à tout étranger, pour escalader chaque haute montagne, une « autorisation de sommet », sorte de permis d'ascension coûtant 18 000 euros en 2014[112] et autorise une trentaine d'expéditions, soit plus de 700 personnes[113]. Les prix pour l'ascension vont jusqu'à 200 000 dollars avec des grimpeurs de moins en moins expérimentés. Les alpinistes doivent toujours enjamber des corps lors de l'ascension[114]. En 2013, les cadavres sont décrits comme « balisant » le sentier le plus utilisé[115]. Fin mai 2019, le nombre de grimpeurs essayant d’atteindre le sommet au cours de la même journée crée un bouchon qui provoque la mort de plusieurs alpinistes[116].
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+ En 2014, au moins 13 sherpas meurent dans le plus grand accident ayant lieu sur l'Everest depuis la saison d'alpinisme 1996 sur l'Everest. Les avalanches provoquées par le séisme du 25 avril 2015 font à nouveau de nombreuses victimes parmi les alpinistes étrangers et les sherpas.
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+ Le versant népalais de l'Everest est classé depuis le 19 juillet 1976 au sein du parc national de Sagarmatha qui s'étend sur 114 800 hectares, recouvrant une grande partie de la région de Khumbu, au nord-est du pays. 69 % de la superficie du parc se situe au-dessus de 5 000 mètres d'altitude et s'avère pratiquement stérile. Le reste est constitué de 28 % de prairies d'altitude et de 3 % de forêts, constituant six des onze biotopes identifiés au Népal. Le parc a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979[32].
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+ La réserve naturelle du Qomolangma est une réserve de biosphère située en Chine sur la partie septentrionale de l'Everest[117]. L'once ou léopard des neiges est l'emblème de la réserve naturelle du Qomolangma[118].
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+ Dans une chanson titrée simplement Everest, Ani DiFranco oppose la profondeur du Pacifique à la hauteur de la montagne et Cliff Richard affirme dans Climbing Up Mount Everest que l'escalader est comme de ramper inconscient jusqu'à Memphis ou de creuser un trou jusqu'en Chine pour découvrir que l'être aimé ne vous aime plus. L'auteur-compositeur-interprète Fabien Martin a sorti en 2003 un album et une chanson intitulés Ever Everest.
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+ Pour le cœur le visage
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+ Parfois j'envisage
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+ Un paysage
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+ Ever Everest
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+ Rien n' s'efface
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+ Les nuits passent
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+ Et les rêves restent
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+ Le groupe de musique belge Girls in Hawaii a publié en 2013 un album qui s'intitule Everest et dans lequel se trouve Mallory's height, une chanson évoquant l'histoire de George Mallory.
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+ L'aventure funeste de George Mallory et Andrew Irvine a inspiré plusieurs œuvres (Mallory & Irvine - À la recherche des fantômes de l'Everest), certaines plus romancées. Ainsi, dans la fiction, Le Sommet des dieux est un manga qui raconte la découverte, par un photographe et alpiniste japonais, puis le vol de l'appareil photographique de Mallory censé aider à résoudre l'énigme concernant l'ascension de 1924 avec Andrew Irvine[119]. L'ascension qui a vaincu le sommet en 1953 a également fait l'objet d'un livre d'Edmund Hillary, Au sommet de l'Everest : Il y a 50 ans l'Everest, l'expédition qui a vaincu le toit du monde, ainsi qu'un documentaire titré La Conquête de l'Everest sorti en 1954. D'autres alpinistes ont depuis livré leur propre expérience. La tragédie de 1996 a motivé plusieurs récits de la part des rescapés et a inspiré de nombreuses adaptations bibliographiques et cinématographiques, souvent adaptées de ces témoignages. Mort sur le toit du monde et Everest sont, par exemple, tirés de Tragédie à l'Everest de Jon Krakauer. Les Enfants de l'Everest, de National Geographic, fait un tour d'horizon des exploits accomplis vers le sommet.
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+ Everest Ascent est un jeu vidéo d'aventure sorti en 1983 dont le but était d'atteindre le sommet en moins de vingt jours en gérant correctement ses ressources pour conserver ses Sherpas[120].
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+ Il apparaît aussi dans le film 2012. Les arches manquent d'entrer en collision avec sa face Nord.
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+ Le film Everest relate les faits de la saison d'alpinisme 1996 sur l'Everest.
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+ Le Kilimandjaro ou Kilimanjaro est une montagne située dans le Nord-Est de la Tanzanie et composée de trois volcans : le Shira à l'ouest, culminant à 3 962 mètres d'altitude, le Mawenzi à l'est, s'élevant à 5 149 mètres d'altitude, et le Kibo, le plus récent géologiquement, situé entre les deux autres et dont le pic Uhuru à 5 891,8 mètres d'altitude constitue le point culminant de l'Afrique. Outre cette caractéristique, le Kilimandjaro est connu pour sa calotte glaciaire sommitale en phase de retrait accéléré depuis le début du XXe siècle et qui devrait disparaître totalement d'ici 2030 à 2050. La baisse des précipitations neigeuses qui en est responsable est souvent attribuée au réchauffement climatique mais la déforestation est également un facteur majeur. Ainsi, malgré la création du parc national en 1973 et alors même qu'elle joue un rôle essentiel dans la régulation bioclimatique du cycle de l'eau, la ceinture forestière continue à se resserrer. En effet, la montagne est notamment le berceau des pasteurs maasaï au nord et à l'ouest, qui ont besoin de prairies d'altitude pour faire paître leurs troupeaux, et des cultivateurs wachagga au sud et à l'est, qui cultivent des parcelles toujours plus étendues sur les piémonts, malgré une prise de conscience depuis le début du XXIe siècle.
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+ Après la surprise engendrée dans le milieu scientifique avec sa découverte pour les Européens par Johannes Rebmann en 1848, le Kilimandjaro a éveillé l'intérêt des explorateurs comme Hans Meyer et Ludwig Purtscheller qui parviennent au sommet en 1889 accompagnés de leur guide Yohanas Kinyala Lauwo. Par la suite, il a constitué une terre d'évangélisation que se sont disputée catholiques et protestants. Enfin, après plusieurs années de colonisation allemande puis britannique, il a vu l'émergence d'une élite chagga qui a été un pilier dans la naissance d'une identité nationale avec comme point d'orgue l'indépendance du Tanganyika en 1961.
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+ Depuis, le Kilimandjaro est devenu une montagne emblématique, évoquée ou représentée dans les arts et symbolisée sur de nombreux produits à vocation commerciale. Elle est très prisée par les milliers de randonneurs qui réalisent son ascension tout en profitant de la grande diversité de sa faune et de sa flore.
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+ Le nom utilisé pour désigner la montagne dans son ensemble est orthographié « Kilimandjaro » en français et Kilimanjaro en anglais. Elle est aussi appelée Ol Doinyo Oibor en maa, soit « Montagne blanche » ou « Montagne étincelante »[2]. Son nom a été adopté en 1860 et viendrait du swahili Kilima Njaro[3]. « Kilimandjaro » a tôt fait l'objet d'études toponymiques, Johann Ludwig Krapf y voyant la « Montagne de la splendeur » sans toutefois plus d'explications[4]. En 1884, Gustav Adolf Fischer affirme que Njaro est un démon du froid, idée reprise par Hans Meyer lors de son ascension en 1889, mais Njaro n'est connu que des habitants de la côte et non de ceux vivant à l'intérieur des terres, qui par ailleurs ne croyaient qu'en des esprits bienfaiteurs[4]. Joseph Thomson est le premier à supposer, en 1885, qu'il signifie « Montagne étincelante ». Si le diminutif kilima signifie « colline », « petite montagne », cette théorie n'explique pas pourquoi le mot mlima n'est pas utilisé pour désigner de manière moins impropre la « montagne » si ce n'est pour des raisons affectives ou par déformation. Njaro désignerait la blancheur, l'éclat en swahili[4] mais cette entrée est absente des dictionnaires anciens ou contemporains de kiswahili et pourrait ne pas être employée dans la langue standard. Par ailleurs, en maa, ngaro ou ngare désigne l'eau ou les sources[4]. Mais jaro peut aussi désigner une caravane en kichagga et une théorie alternative propose les termes kilmanare/kilemanjaare, kilelemanjaare ou encore kileajao/kilemanyaro dont le sens est respectivement « qui vainc l'oiseau » ou « le léopard » ou « la caravane ». Cependant, ce nom n'aurait été importé qu'au milieu du XIXe siècle chez les Wachagga qui avaient pour seule habitude de nommer séparément chacun des sommets connus par eux, rendant cette explication anachronique[4].
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+ Le Kilimandjaro est formé de trois sommets principaux qui sont le Shira, le Mawenzi (en kichagga Kimawenze ou Mavenge signifiant « sommet fendu », cette apparence faisant l'objet d'une légende locale[4],[5]) et le Kibo (en kichagga Kipoo ou Kiboo signifiant « tacheté » en raison d'un rocher sombre qui dépasse des neiges éternelles[4], aussi appelé Kyamwi, « le lumineux »[5]). Ce dernier abrite le point culminant de l'ensemble, le pic Uhuru (terme swahili signifiant « liberté »). Il avait été baptisé Kaiser-Wilhelm-Spitze de 1889 à 1918 en l'honneur de Guillaume II d'Allemagne à la suite de la colonisation de l'Afrique orientale allemande par signature de traités entre Carl Peters et des chefs locaux, jusqu'au passage du Tanganyika sous administration britannique[6].
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+ Le Kilimandjaro s'élève dans le Nord-Est de la Tanzanie à 5 891,8 mètres d'altitude selon des mesures réalisées en 2008 par positionnement GPS et gravimétrie, remplaçant la précédente valeur de 5 892 mètres obtenue en 1952 par une équipe britannique[1]. Son altitude, qui a fait l'objet de mesures depuis 1889 avec des résultats variant de plus de cent mètres[7], en fait le point culminant de l'Afrique et donc un des sept sommets. Il se situe non loin de la frontière avec le Kenya qui passe au pied des versants nord et est de la montagne. Il émerge de manière solitaire de la savane qui l'entoure, la surplombant d'un dénivelé de 4 800 à 5 200 mètres, ce qui en fait la montagne isolée la plus haute du monde[8],[9]. Il couvre une superficie de 388 500 hectares[10]. La montagne est un complexe volcanique de forme ovale de 70 kilomètres du nord-ouest au sud-est par cinquante kilomètres du nord-est au sud-ouest, à 340 kilomètres au sud de l'équateur[11]. Le mont Méru se trouve à 75 kilomètres au sud-ouest et le mont Kenya, deuxième sommet d'Afrique par l'altitude, à 300 kilomètres au nord. La ville la plus proche, Moshi, est située en Tanzanie, au sud de la montagne, et constitue le principal point de départ de son ascension. L'aéroport international du Kilimandjaro dessert depuis 1971, à cinquante kilomètres au sud-ouest du sommet, toute la région et ses parcs. Dodoma, la capitale, et Dar es Salam se trouvent respectivement à 380 kilomètres au sud-ouest et 450 kilomètres au sud-est alors que Nairobi n'est qu'à 200 kilomètres au nord-nord-ouest. La côte de l'océan Indien est à 270 kilomètres. Administrativement, le Kilimandjaro se trouve dans la région de Kilimandjaro, à cheval sur les districts de Hai, Moshi Rural et Rombo où se trouve le point culminant et la majeure partie de la montagne. Il est intégralement inclus dans le parc national du Kilimandjaro.
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+ Le Kilimandjaro est un stratovolcan de forme globalement conique. Il est composé de trois sommets principaux qui sont autant de volcans : le Shira à l'ouest avec 3 962 mètres d'altitude, le Kibo avec 5 891,8 mètres d'altitude au centre et le Mawenzi avec 5 149 mètres d'altitude à l'est. Le Kibo est couronné à son sommet d'une caldeira elliptique large de 2,4 kilomètres et longue de 3,6 kilomètres, renfermant un cratère appelée Reusch Crater de 900 mètres de diamètre au milieu duquel s'élève un cône de cendre de 200 mètres de diamètre nommé Ash Pit[8],[12]. Le pic principal, sur le bord méridional de sa caldeira externe, s'appelle pic Uhuru, les autres points remarquables du Kibo étant Inner Cone à 5 835 mètres d'altitude, Hans Meyer Point, Gilman's Point, Leopard Point et Yohanas' Notch, une brèche nommée en l'honneur du guide qui accompagna la première ascension de la montagne. Au sud-ouest du sommet, un grand glissement de terrain a donné naissance, il y a 100 000 ans, à Western Breach qui domine la Barranco Valley[9]. Le Mawenzi est parfois considéré comme le troisième plus haut sommet du continent après le mont Kenya[12]. Il est fortement érodé et a désormais l'apparence d'un dyke dont se détachent Hans Meyer Peak, Purtscheller Peak, South Peak et le Nordecke. À leur base, plusieurs gorges partent en direction de l'est, en particulier Great Barranco et Lesser Barranco. The Saddle, en français « la selle », est un plateau de 3 600 hectares entre le Mawenzi et le Kibo. Le Shira, duquel se détache Johnsell Point, est constitué par un demi-cratère égueulé dont il ne reste que les rebords sud et ouest. Au nord-est de celui-ci, sur 6 200 hectares, la montagne présente une autre surface en forme de plateau. Environ 250 cônes satellites sont présents de part et d'autre de ces trois sommets sur un axe nord-ouest/sud-est[10].
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17
+ La calotte locale du Kilimandjaro est confinée au Kibo. Elle couvrait en 2003 une surface cumulée de 2 km2. Elle est constituée par le glacier Furtwängler sur la partie sommitale, des glaciers Drygalski, Great Penck, Little Penck, Pengalski, Lörtscher Notch et Credner au niveau du champ de glace Nord (en anglais Northern Icefield), des glaciers Barranco (ou Little et Big Breach), Arrow et Uhlig à l'ouest, des glaciers Balletto, Diamond, Heim, Kersten, Decken, Rebmann et Ratzel au niveau du champ de glace Sud (en anglais Southern Icefield) et enfin du champ de glace Est (en anglais Eastern Icefield). La variabilité géographique des précipitations et de l'ensoleillement explique la différence de taille entre les différents champs de glace[13].
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19
+ Cette calotte était autrefois clairement visible mais elle est désormais en phase de retrait rapide[14]. Elle couvrait une superficie de 12,1 km2 en 1912, 6,7 km2 en 1953, 4,2 km2 en 1976 et 3,3 km2 en 1996. Au cours du XXe siècle, elle a perdu 82 % de sa superficie[13]. Elle a perdu en moyenne 17 mètres d'épaisseur entre 1962 et 2000[15]. Elle est de plus en plus ténue, en particulier sur le versant septentrional, où le retrait est plus prononcé, avec environ 30 % de perte en volume et en surface depuis le début du siècle, si bien que le glacier Credner s'est totalement détaché du champ de glace Nord en 2012 et devrait disparaître en 2030[16], suivi entre 2040 et 2045, au rythme actuel, par les autres glaciers septentrionaux et sommitaux[16],[17]. La glace sur le versant méridional pourrait perdurer quelques années supplémentaires en raison de conditions climatiques locales différentes[17]. La situation actuelle serait comparable à celle présente il y a 11 000 ans d'après des carottages de glace[15].
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+ La calotte du Kilimandjaro diminue depuis 1850 environ, en raison d'une baisse naturelle des précipitations de l'ordre de 150 millimètres, mais cette tendance s'est sensiblement accélérée au cours du XXe siècle. Le réchauffement climatique actuel est le plus souvent mis en cause dans cette rapide disparition[18], le glacier ayant résisté il y a 4 000 ans à une sécheresse longue de 300 ans[19],[15]. Ainsi, la température moyenne journalière aurait augmenté de 3 °C au cours des trente dernières années à Lyamungu, à 1 230 mètres d'altitude sur le versant méridional[20]. Toutefois, la température restant constamment inférieure à 0 °C à l'altitude où se situent les glaciers, Georg Kaser de l'université d'Innsbruck et Philip Mote de l'université de Washington ont montré que la forte régression du glacier est surtout due à une baisse des précipitations[21],[22]. Celle-ci pourrait être liée à une évolution locale provoquée par la déforestation qui se traduit par un resserrement de la couverture végétale épaisse et une diminution de l'humidité atmosphérique. Un parallèle est mis en évidence entre la diminution de la calotte glaciaire et le taux de recul de la forêt, surtout intense au début du XXe siècle et en voie de stabilisation[13],[20]. Quoi qu'il en soit, ainsi que le témoigne la forme acérée caractéristique des glaces, le glacier est sublimé par le rayonnement solaire, après quelques décennies humides au XIXe siècle. Ce phénomène est vraisemblablement accéléré par une faible diminution de l'albédo au cours du XXe siècle, particulièrement dans les années 1920 et 1930[14]. L'autre phénomène qui entraîne la diminution des glaciers est causé par l'absorption de chaleur au niveau de la roche volcanique sombre et sa diffusion à la base des glaciers. Ceux-ci fondent, deviennent instables et se fracturent, augmentant la surface exposée au rayonnement solaire[23].
22
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23
+ Les cours d'eau issus de la fonte des glaces alimentent significativement deux rivières de la région mais 90 % des précipitations sont capturées par la forêt. La disparition des glaciers ne devrait donc pas avoir un impact direct durable sur l'hydrologie locale, contrairement à la déforestation et à la pression anthropique qui se traduit par une multiplication par quatre des détournements d'eau pour l'irrigation depuis quarante ans. Les forêts du Kilimandjaro recevraient 1,6 milliard de mètres cubes d'eau par an, dont 5 % par précipitations néphéléniques (par contact des nuages de brouillard avec la forêt). Deux tiers retournent vers l'atmosphère par évapotranspiration. La forêt joue donc un triple rôle de réservoir : dans le sol, dans la biomasse et dans l'air. Depuis 1976, les précipitations néphéléniques ont diminué en moyenne de vingt millions de mètres cubes par an, soit le volume de la calotte actuelle tous les trois ans environ et 25 % de moins en trente ans, ce qui équivaut à la consommation annuelle en eau potable d'un million de Wachagga[18].
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25
+ Au cours du Jurassique et du Crétacé, une érosion se met en place au niveau de la région correspondant à l'actuel Kilimandjaro. C'est alors un plateau composé de gneiss et de granulite datant du Précambrien. Le relief est progressivement aplani : des plaines se forment au nord et à l'est, des inselbergs apparaissent au nord-ouest et au sud-est, les alluvions cristallines sont évacuées vers le sud à partir du Paléocène[24].
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27
+ La vallée du grand rift qui parcourt l'Afrique de l'Est du nord au sud naît au Miocène avec le début de scission de la plaque somalienne à partir de la plaque africaine. Dans la région correspondant à une branche orientale de ce rift, des failles apparaissent au Pliocène et les alluvions s'entassent, recouvrant la plupart des inselbergs. Les failles favorisent l'ouverture de grabens et la remontée de magma. Le Kilimandjaro comme le mont Méru émergent au niveau d'un graben qui prend une orientation ouest-nord-ouest—est-sud-est, formant le seuil d'Amboseli[24].
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29
+ Le volcanisme du Kilimandjaro débute au cours du Pliocène ; la construction de son édifice se serait déroulée en quatre grandes phases, durant lesquelles ont été émis 5 000 km3 de roches volcaniques[24]. Les trois dernières ont formé les stratovolcans imbriqués qui constituent le Shira, le Kibo et le Mawenzi. Le rift orienté ouest-nord-ouest—est-sud-est qui les traverse a également donné naissance à de nombreux cônes satellites, répartis en approximativement huit zones. Quelques bouches éruptives situées au sommet semblent avoir été actives pendant l'Holocène[8].
30
+
31
+ Cette phase, probablement antérieure à 2,5 millions d'années, est très mal connue en raison du faible nombre de datations radiométriques effectuées sur le volcan et de l'enfouissement des coulées sous d'autres plus récentes. Trois indices géomorphologiques viennent pourtant soutenir son existence[24].
32
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33
+ Des strates en inversion de relief sont présentes au niveau des dorsales de Kilema au sud, Kibongoto au sud-ouest et Ol Molog au nord-ouest. La modélisation de l'édifice qui en serait responsable permet de déterminer que les coulées sont issues de rifts et ont comblé les failles principales du graben[24].
34
+
35
+ À l'ouest, entre les dorsales d'Ol Molog et de Kibongoto, le relief particulier en forme de caldeira ouverte ou de cirque naturel a accueilli le Shira qui l'a rempli en partie. Le produit de l'érosion a été évacué vers l'ouest puis recouvert par le mont Méru. Il est responsable de la singularité d'orientation du rift dans la région[24].
36
+
37
+ Un relief relativement similaire marqué par la dépression de Rau est présent au sud, entre les dorsales de Kibongoto et de Kilema. Il est en partie comblé par les produits du Kibo, situé à son extrémité septentrionale. Toutefois, plus au sud, sur les rives du lac Nyumba ya Mungu, des dépôts volcaniques pourraient confirmer l'hypothèse d'un éventrement du versant méridional du paléo-volcan[24].
38
+
39
+ Au total, le volume émis par ce paléo-volcan pourrait représenter près des deux tiers du volume actuel[13].
40
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41
+ Le début de cet événement remonte à entre 2,5 et 2 millions d'années[12]. Il est caractérisé par d'importantes émissions volcaniques à la jonction et le long des dorsales d'Ol Molog (ou Shira Nord) et de Kibongoto, orientées grossièrement nord / sud. Un volcan bouclier basaltique (trachy-basaltes, ultramafites, néphéline) relativement allongé se met en place à partir de pyroclastites, de tufs et de laves. Parallèlement, des coupes de terrain mettent en évidence une inclinaison accentuée des coulées, montrant par là que l'édifice prend de la hauteur[24].
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43
+ Le Shira est caractérisé par une caldeira ouverte vers le nord-est mais dont les remparts sont encore fortement marqués à l'ouest et au sud. Une centaine de dykes, témoins d'une ultime activité du Shira, s'élèvent en son centre. Elle a peut-être été doublée par une caldeira externe dont il reste peu de traces. L'érosion, principalement glaciaire, puis les émissions du Kibo ont fortement modelé le relief du Shira[24].
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+ Le début de cet événement remonte à entre 1,1 et 0,7 million d'années. Il résulte de la migration vers l'est[12], au niveau de l'ancienne dorsale de Kilema, de l'activité volcanique. Celle-ci s'avère relativement faible mais continue et se déroule en deux étapes principales. Dans un premier temps, le Mawenzi connaît des intrusions basaltiques dont la structure est appelée Neumann Tower ainsi que des extrusions fines de trachy-basaltes et de trachy-andésite qui forment des cônes et des necks érodés : South Peak, Pinnacle Col et Purtscheller Peak. L'érosion post-volcanique est très importante et, en raison de la finesse des matériaux (tufs, cendres), le relief prend un aspect chaotique, très déchiqueté, laissant émerger des sills. Dans un second temps, vers 0,6 à 0,5 million d'années avant notre ère, une ou plusieurs nuées ardentes éventrent le rebord nord-est de la caldeira de 65 kilomètres de diamètre. Un volcanisme de type péléen se met en place avec des émissions de pyroclastites et des lahars dont on retrouve les traces jusqu'au Kenya. À la fin de ces éruptions, le Mawenzi est soumis à une seconde érosion du fait de l'englacement de la montagne[24].
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47
+ Cet événement remonte à entre 0,6 et 0,55 million d'années et demeure le mieux connu. Cinq étapes ont été identifiées jusqu'à nos jours. Jusqu'à 0,4 million d'années avant notre ère, un stratovolcan de forme conique se forme, comparable au Mawenzi, probablement au-dessus de la dorsale de Kibongoto. Les éruptions sont irrégulières et favorisent une érosion et des dépôts morainiques engendrés par la première période de glaciation. Elles sont constituées de trachytes, de trachy-andésites à oligoclases, de trachy-basaltes et de basaltes à olivine, avec présence de phénocristaux de feldspaths. Elles se concluent par un événement explosif appelé Weru Weru, à base de pyroclastites et de lahars, au sud et sud-ouest de la caldeira, ainsi que par les premières irruptions de cônes secondaires dans la zone d'Ol Molog. Entre 0,4 et 0,25 million d'années avant notre ère, un nouveau dôme de trachytes et de phonolites se forme à 1,6 kilomètre au nord-est. Il émet des coulées de lave à porphyre (Rhomb) qui provoquent l'effondrement de l'édifice et l'apparition d'intrusions de syénites. La deuxième période de glaciation provoque une nouvelle érosion. Un lac se forme comme en atteste la présence de pillow lavas. Entre 0,25 et 0,1 million d'années avant notre ère, des explosions de type plinien se succèdent. Des retombées se produisent jusqu'au Kenya. L'érosion causée par la troisième période de glaciation entraîne un effondrement partiel et la vidange de la caldeira elliptique de 1,9 × 2,3 kilomètres, notamment par des lahars et des nuées ardentes. Entre 100 000 et 18 000 ans, la caldeira et le dôme actuels se forment à l'intérieur des restes de la précédente. Les traces d'éruptions phréatiques et d'érosion valident l'existence des quatrième et cinquième glaciations, entrecoupées d'épisodes plus humides avec existence d'aquifères à l'Holocène. Enfin, entre 18 000 et 5 000 ans, le Kibo accueille un lac de lave. Sa vidange crée le Pit Crater en couvrant le sommet de scories[24] et le versant nord de coulées de lave[12].
48
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+ Alors que sa dernière éruption sommitale remonte à plus de 500 ans, le Kilimandjaro connaît encore des secousses sismiques et émet parfois des fumerolles à base de dioxyde de carbone, de dioxyde de soufre et d'acide chlorhydrique au fond du cratère Reusch, dont la température en surface atteint 78 °C[24]. Des scientifiques ont conclu en 2003 que du magma était présent à 400 mètres de profondeur sous le sommet[25]. Du reste, plusieurs effondrements et glissements de terrain ont eu lieu dans le passé, l'un d'entre eux créant la Western Breach (« brèche occidentale »). Les dernières éruptions se sont déroulées le long de la dorsale de Rombo et au maar du lac Chala mesurant 3,2 kilomètres de diamètre, plus de 90 mètres de profondeur et situé au sud-est du volcan. Elles sont soit de type strombolien, soit vulcanien, soit hawaïen, soit quelquefois successivement l'une ou l'autre ou les trois. Ceci témoigne de la complexité des cycles d'ouverture du rift et de migration au niveau des dorsales du volcan et de différenciation du magma[24]. Ces éruptions ont créé des cônes satellites d'une centaine de mètres de hauteur[12].
50
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+ Les sols bruns du Paléocène en altitude attestent de la variation de la couverture forestière. Ainsi, le Kilimandjaro a connu des périodes favorables au développement de la végétation entre -30 000 et -40 000 et entre -6 000 et -8 000. Les périodes froides défavorables entraînent au contraire une forte érosion, notamment par solifluxion. On trouve encore de tels phénomènes en marge des glaciers actuels. L'étude des sols met également en évidence une plus forte saisonnalité qu'au Pliocène[13].
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53
+ Le climat passé est déterminé en utilisant plusieurs méthodes dont l'étude des niveaux des lacs, le débit des rivières, les systèmes de dunes, l'extension des glaciers ou encore les pollens[26]. Plus on recule dans le temps, plus les signaux deviennent approximatifs. Alors que le climat peut être inféré pour un endroit spécifique il y a 20 000 ans[27], il faut considérer le climat de quasiment tout le continent africain et ajuster les résultats en utilisant des analogies pour retracer ce qu'il était il y a cinq millions d'années. Les difficultés liées à remonter sur une aussi longue période comprennent une inégalité de la répartition des enregistrements et un manque de végétation fossile dû à des conditions défavorables[26].
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+ Sur de grandes échelles de temps, le climat est régi par les cycles de Milanković changeant la quantité de rayonnement solaire qui atteint la Terre. L'affaiblissement ou le renforcement de la mousson joue également un rôle important. F. Sirocho et son équipe suggèrent que la force de la mousson est en lien avec l'albédo dans l'Himalaya. Des températures plus froides dans l'hiver de l'hémisphère nord entraînent une plus grande réflexion des rayons sur la neige et la glace, des moussons d'été plus faibles et finalement un climat plus sec en Afrique de l'Est[28]. La force de la mousson est liée aux cycles de Milanković avec un décalage d'environ 8 000 ans. Généralement, le maximum de la mousson survient 2 500 ans après un minimum glaciaire et correspond à un minimum des températures de la surface océanique[29].
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+ Depuis le début du Quaternaire, l'hémisphère nord a subi vingt-et-un âges glaciaires majeurs ressentis jusqu'en Afrique de l'Est[26]. Les traces de ces refroidissements climatiques en Afrique de l'Est sont observées au Kilimandjaro, au mont Kenya, dans la chaîne du Rwenzori et au mont Elgon. Ce sont toutes des poches isolées d'écosystèmes alpins similaires avec une faune et une flore identiques. Cela signifie que cet écosystème a dû être plus étendu, à faible altitude, et recouvrir chacune de ces montagnes[30]. Cependant, des poches de l'écosystème actuel des plaines ont dû subsister, sans quoi les espèces animales de ce milieu seraient éteintes[31]. Une explication alternative suggère que sur cette échelle de temps de plusieurs millions d'années, la probabilité que des tornades aient transporté la flore et la faune entre les montagnes est forte[32].
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+ Au début de la formation du volcan, il y a 2,5 millions d'années, survient le premier des vingt-et-un âges glaciaires majeurs du Quaternaire dans l'hémisphère nord. L'Afrique tropicale subit des températures plus basses qu'à présent. Une période d'un million d'années, plus sèche, s'ensuit, une tendance qui se poursuit globalement aujourd'hui[26].
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+ Il y a 150 000 ans se produit le maximum de la glaciation de Riss, l'avant-dernière glaciation majeure, la plus étendue du Pléistocène. Elle est suivie par l'interglaciation de Eem, plus humide et plus chaude que l'époque actuelle[33]. Ensuite, une phase aride de −100 000 à −90 000 est responsable de la formation de dunes jusqu'en Afrique australe[34] remplacée par une courte mais intense phase froide de −75 000 à −58 000. Vers la fin de cette période, le premier des évènements de Heinrich (H6) survient, relâchant une grande quantité de glace dans l'Atlantique Nord[35], entraînant des températures plus froides dans l'hémisphère nord et une diminution de l'intensité de la mousson[34],[33]. D'autres évènements de Heinrich se succèdent avec un assèchement associé du climat est-africain à -50, -35, -30, -24, -16 et finalement -12 milliers d'années, au Dryas récent. Selon des données collectées dans le bassin du Congo, la période de −31 000 à −21 000 est sèche et froide, avec l'étagement végétal qui s'abaisse. Les espèces forestières présentes en haute montagne sont de plus en plus des espèces de basse montagne, très répandues à faible altitude[26]. Cependant, Lowe et Walker suggèrent que l'Afrique de l'Est était plus humide qu'actuellement. Ce désaccord peut s'expliquer par la difficulté d'associer différents lieux géographiques donnés avec les dates[35].
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+ Le dernier maximum glaciaire se déroule de −23 000 à −14 000 avec une phase très aride en Afrique, avec des déserts s'étendant des centaines de kilomètres plus au sud que de nos jours[36]. La mousson d'été est très faible[37], les températures sont de 5 à 6 °C inférieures aux températures actuelles et un retrait général de la forêt humide se produit[26],[27]. Les moraines datant de la fin du dernier maximum glaciaire en Afrique de l'Est montrent que la mousson de sud-est de l'époque est plus sèche que la mousson de nord-est actuelle, déjà relativement peu humide. Les stratus ont pu avoir de larges conséquences dans cette tendance froide et peu pluvieuse[26].
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+ Il y a 13 800 ans, le climat redevient humide et les forêts de montagne s'étendent de nouveau[35]. La mousson se renforce[37], le niveau des lacs et le débit des rivières en Afrique de l'Est augmentent[35],[26]. La végétation alpine est limitée par les températures et non plus par la sécheresse[37]. Avant le Dryas récent, les températures atteignent leurs valeurs actuelles mais la couverture forestière reste incomplète, et lorsque cette période commence, la mousson s'affaiblit et le niveau des lacs d'Afrique de l'Est diminue[35]. Finalement, les forêts atteignent leur couverture et leur densité actuelles après le Dryas récent, lorsque le climat redevient humide[28]. Pendant les 5 000 ans suivants, la tendance hygrométrique se poursuit globalement malgré de nouvelles oscillations[26],[36],[38]. Au cours des 5 000 dernières années et jusqu'à aujourd'hui, la mousson faiblit progressivement[38]. Un minimum des températures survient voici 3,7 à 2,5 milliers d'années puis durant le petit âge glaciaire, ressenti entre 1300 et 1900, alors qu'un pergélisol subsiste sur les montagnes.
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+ Les glaciations en Afrique de l'Est sont associées à un climat plus froid et plus sec avec des précipitations plus faibles qui subsistent sous forme de neige. Les stratus qui auraient dominé durant ces glaciations ont pu avoir de larges conséquences dans cette tendance froide et peu pluvieuse[26].
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+ La datation des glaciations du Kilimandjaro est possible grâce à l'étude de sa géomorphologie : moraines, vallées glaciaires, cirques, lacs glaciaires. Ainsi, cinq glaciations ont été mises en évidence sur le Kibo. La plus ancienne remonte à 500 000 ans et a été attestée au pied du site appelé Lava Tower, à l'ouest du sommet. La deuxième glaciation date de 300 000 ans et s'avère clairement visible en particulier à Bastion Stream, près du site précédent, et un peu partout sur le volcan où elle a créé des vallées en auge, en particulier sur le versant méridional. La troisième glaciation remonte à 150 000 ans et demeure sans doute une des plus importantes de l'histoire du volcan. Elle est suivie par la quatrième glaciation entre -70 000 -50000 qui voit une forte avancée dans la South East Valley. La cinquième glaciation, il y a 18 000 ans environ, est datée au niveau du cratère sommital[13]. Un cycle plus chaud se prolonge depuis 11 700 ans[15] même si d'ultimes séries d'avancées glaciaires mineures se produisent probablement au petit âge glaciaire et laissent des moraines au bas des glaciers actuels. Seules les trois dernières glaciations sont visibles au Mawenzi et uniquement la troisième sur le Shira bien que des indices de glaciations plus anciennes sont présents[13].
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+ Les conditions climatiques varient en fonction des versants du Kilimandjaro. Ainsi, sur le versant méridional, il tomberait 850 millimètres de précipitations par an à Moshi à 800 mètres d'altitude, 992 millimètres à Kikafu à 960 mètres d'altitude, 1 663 millimètres à Lyamungu à 1 230 mètres d'altitude et 2 184 millimètres à Kibosho à 1 479 mètres d'altitude tandis que sur le versant oriental, il tomberait 1 484 millimètres à Mkuu à 1 433 mètres d'altitude ; ces données sont toutefois à prendre avec précaution en raison des différentes méthodes utilisées. Le pic altitudinal de précipitations se situerait entre 2 400 et 2 500 mètres d'altitude sur le versant méridional et n'est pas encore déterminé sur les autres versants. Au-delà, le modèle pluviométrique se complexifie avec l'apparition de précipitations par contact, qualifiées de « néphéléniques », au niveau des forêts puis une très nette diminution[20] avec 1 300 millimètres au refuge Mandara à 2 740 mètres d'altitude, 525 millimètres au refuge Horombo à 3 718 mètres d'altitude et moins de 200 millimètres par an au refuge Kibo au-dessus de 4 630 mètres d'altitude[39]. Les échanges par convection qui constituent le cycle de l'eau entre les différents étages de végétation du Kilimandjaro sont très importants sur le plan bioclimatique[20].
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+ Au pied du Kilimandjaro, la température annuelle moyenne est de 23,4 °C alors qu'elle est de 5 °C à 4 000 mètres d'altitude et de −7,1 °C au sommet du Kibo. En conséquence, son gradient thermique adiabatique est d'environ 0,6 °C tous les cent mètres[18].
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+ Entre 4 000 et 5 000 mètres d'altitude, des écarts thermiques relatifs de 40 °C peuvent se produire entre la nuit et le jour[40],[41],[42].
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+ Durant les deux saisons humides, le Kilimandjaro est presque constamment entouré de nuages et des précipitations peuvent tomber à toute heure de la journée. En revanche, durant les deux saisons sèches, la montagne subit des variations météorologiques journalières qui suivent un modèle régulier. Le matin est clair et frais avec peu d'humidité. La montagne est éclairée directement par les rayons du soleil et les températures augmentent rapidement jusqu'à un pic entre sept heures et dix heures. La différence est maximale vers 2 800 mètres d'altitude. Dans le même temps, les pressions atteignent leur maximum généralement à dix heures. À basse altitude, des nuages commencent à se former. Les vents anabatiques causés par l'air chaud ascensionnel entraînent progressivement ces nuages vers le sommet en début d'après-midi, causant une chute progressive des températures à moyenne altitude. Entre dix heures et quinze heures, l'humidité est au maximum entre 4 000 et 5 000 mètres d'altitude et le rayonnement solaire au sol est le moins intense. À seize heures, la pression atteint un creux. Les nuages poursuivant leur ascension, atteignent finalement les courants d'air sec de l'est, laissant place à un temps dégagé à partir de dix-huit heures. Un autre pic de température a alors lieu entre 3 200 et 3 600 mètres d'altitude[43].
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+ Le Kilimandjaro est soumis à un climat tropical de savane. Il se caractérise par une saison sèche prononcée de mi-mai à mi-octobre avec des températures tempérées puis une courte saison des pluies de mi-octobre à fin novembre connue sous le nom de short rains, en français « courtes pluies », suivie d'une période chaude et sèche de début décembre à fin février et enfin une longue saison des pluies de début mars à mi-mai, les long rains, en français « longues pluies »[44].
80
+
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+ La ceinture de basse pression autour de l'équateur, connue sous le nom de zone de convergence intertropicale (ZCIT) est responsable de l'alternance des saisons sèches et humides[45]. Durant les deux saisons sèches, la ZCIT se situe au-dessus de la péninsule Arabique au mois de juillet, puis entre le sud de la Tanzanie et le nord de la Zambie en mars. Lorsque les basses pressions passent d'un extremum à l'autre, la région connaît une saison humide. La quantité de précipitation varie d'une année à l'autre et dépend de la température de surface de la mer sur l'océan Atlantique et l'océan Indien ainsi que du phénomène El Niño[46]. Des eaux chaudes et un El Niño fort entraînent des précipitations abondantes[47].
82
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+ Tout au long de l'année, excepté en janvier, une basse pression située au-dessus du Tibet entraîne des vents en forme de fer à cheval depuis l'océan Indien, au-dessus de l'Afrique de l'Est puis jusqu'en Inde. Localement, sur le Kilimandjaro, l'effet donne des vents prédominants de sud-est. En janvier, une inversion se produit avec des vents de nord-est[46]. Le Kilimandjaro, qui s'élève abruptement, devient un obstacle majeur à ces vents dominants. Durant la saison humide, la mousson de l'océan Indien apporte de l'air saturé en eau, parfaitement stratifié et nuageux. Il est la plupart du temps dévié autour des flancs de la montagne pour finalement l'encercler, en particulier de juin à octobre.
84
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+ La différence majeure entre le modèle saisonnal ressenti traditionnellement par les Wachagga et la vision moderne est l'existence d'une cinquième saison appelée « saison des nuages », déduite de leur connaissance de la frange altitudinale basse à moyenne sur les versants sud et est du Kilimandjaro. Cette saison joue un rôle majeur pour eux dans les cycles agricoles. En effet, les fortes précipitations néphéléniques dans les forêts de nuage et de brouillard contribuent non seulement à régénérer la végétation mais également les cours d'eau qui alimentent les canaux d'irrigation en contrebas. Sur le versant oriental, le long de la dorsale de Rombo, entre Tarakea et Mwika, cette cinquième saison est limitée de début juillet à mi-août, dépourvue de nuages et soumise à un fort vent d'est. Cette particularité se ressent sur la végétation[20].
86
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+ Les autochtones ressentent les changements bioclimatiques au travers de l'assèchement durable, depuis la fin des années 1960, des rivières présentes dans le passé de manière quasi continue sur le versant oriental. Ce constat est probablement lié à la baisse des précipitations causée par la déforestation, au recul des glaciers et à leurs propres aménagements pour accaparer le peu d'eau qui coule encore une à deux semaines par an[20]. Ces changements provoquent également une baisse du potentiel hydroélectrique, de la pêche, de la culture du riz et de la production de canne à sucre dans les régions alentour[18].
88
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+ Les lowlands, associées approximativement à des plaines entourant le Kilimandjaro, se situent entre 800 et 600 mètres d'altitude. Le climat y est très chaud et sec. C'est un milieu ouvert où le feu, souvent déclenché et maîtrisé par les pasteurs maasaï, joue un rôle primordial. La végétation est principalement composée de savanes constituées de nombreuses espèces d'herbacées (Hyparrhenia dichroa, Hyparrhenia rufa, Pennisetum mezianum, Pennisetum clandestinum), de plantes à fleurs (Trifolium semipilosum, Trifolium usambarense, Parochetus communis, Streptocarpus glandulosissimus, Coleus kilimandschari, Clematis hirsuta, Pterolobium stellatum, Erlangea tomentosa, Caesalpinia decapetala), du baobab africain (Adansonia digitata), d'arbustes (Commiphora acuminata, Stereospermum kunthianum, Sansevieria ehrenbergii) et d'épineux (Acacia mellifera, Acacia tortilis, Commiphora neglecta) que l'on trouve en dessous de 1 400 mètres d'altitude à l'ouest et 1 000 mètres d'altitude à l'est. Ces arbres et arbustes sont utilisés par les populations locales à des fins domestiques (alimentation, médecine, chauffage, fourrage, confection de clôtures, etc.) ou artisanales (fabrication d'œuvres d'art) ; les parcelles défrichées sont largement transformées en champs à culture pluviale : maraîchage et cultures céréalières (pois d'Angole, haricot, tournesol, éleusine, maïs, etc.), bananiers, caféiers, avocatiers, eucalyptus[20],[40].
90
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+ La végétation des plaines abrite de nombreux oiseaux parmi lesquels le Bulbul des jardins (Pycnonotus barbatus), Cossyphe de Heuglin (Cossypha heuglini), le Coliou rayé (Colius striatus), le Souimanga bronzé (Nectarinia kilimensis) et des mammifères dont Otolemur monteiri, Rhabdomys pumilio, l'Oryctérope du Cap (Orycteropus afer), le dik-dik de Kirk (Madoqua kirki), le sitatunga (Tragelaphus spekeii), le Galago à queue touffue (Otolemur crassicaudatus) et le Daman des arbres (Dendrohyrax arboreus) lui-même chassé par la genette (Genetta genetta)[40],[48].
92
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93
+ La forêt tropicale, approximativement située entre 1 600 et 2 700 mètres d'altitude, est découpée en quatre zones distinctes. Celles-ci sont fragilisées par l'activité humaine (déboisement au niveau de la limite inférieure, incendies volontaires sur la limite supérieure) et la ceinture qu'elles constituent est de taille très inégale ; elle est ainsi très réduite au nord et à l'ouest[20]. Le morcèlement de la forêt est responsable d'une extinction sensible des espèces de grands mammifères[49].
94
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+ La forêt abrite les espèces de primates du Cercopithèque à diadème (Cercopithecus mitis), des Guérezas d'Angola (Colobus angolensis) et du Kilimandjaro (Colobus guereza) ainsi que du Babouin olive (Papio anubis). Parmi les autres mammifères, le léopard (Panthera pardus pardus), la Mangouste rayée (Mungos mungo), le serval (Leptailurus serval), Potamochoerus porcus, le ratel (Mellivora capensis), le Porc-épic à crête (Hystrix cristata) sont difficiles à observer bien qu'ils s'aventurent fréquemment dans la savane[48]. Le Calao à joues argent (Bycanistes brevis), le Touraco de Hartlaub (Tauraco hartlaubi), le Touraco de Schalow (Tauraco schalowi), le Touraco violet (Musophaga violacea), le Tchitrec bleu (Elminia longicauda), le Tchitrec d'Afrique (Terpsiphone viridis), le Coliou rayé (Colius striatus) et le Cossyphe de Rüppell (Cossypha semirufa) sont des espèces d'oiseaux bien adaptées à la vie dans l'épaisse canopée[50],[48].
96
+
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+ Elle est rendue fragile par ses longues phases de repos végétatif et n'existe en réalité plus qu'à l'état de vestige ; elle a été presque intégralement remplacée par des cultures de piémont irriguées. Les espèces qui la composaient sont Terminalia brownii, Stereospermum kunthianum et du genre Combretum[20].
98
+
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+ Elle est présente au sud et à l'est du volcan, sur un vaste croissant de Sanya Juu à Tarakea. Elle est fortement soumise aux précipitations néphéléniques mais tolérante à des périodes plus sèches. Elle reçoit en moyenne 2 300 millimètres de précipitations par an. Sa flore varie en fonction des quantités d'eau reçues et de l'altitude. On y trouve le Genévrier d'Afrique (Juniperus procera), Olea europaea subsp. cuspidata, Olea welwitschii, Albizia schimperiana, Terminalia brownii, Ilex mitis, Ocotea usambarensis, Euclea divinorum, Prunus africana, le Bois de rempart (Agauria salicifolia), Croton macrostachyus, Croton megalocarpus, Macaranga kilimandscharica, Impatiens kilimanjari, Viola eminii, Impatiens pseudoviola ainsi que des espèces des genres Combretum, Pittosporum, Tabernaemontana ou encore Rauvolfia. Cette forêt subit une forte pression démographique, en particulier au sud où nombre de plantations ont été intégrées au sein des espèces sauvages. Certaines parcelles sont exploitées pour la sylviculture et des essences introduites comme le cyprès du Portugal (Cupressus lusitanica), lui-même menacé par l'apparition d'une espèce de puceron du genre Aphis. Alors que des coupes sélectives sont cicatrisées rapidement, des coupes a blanc mettent cinquante ans avant de voir une diversité végétale réapparaître. Cette progression de la limite agro-forestière supérieure est stabilisée par le classement en réserve de la forêt et par la prise de conscience des cultivateurs locaux du problème de pénuries d'eau et d'acidification des sols. Ces deux facteurs sont parfois responsables de la remontée parallèle de la limite inférieure des plantations qui sont remplacées par la savane. La situation n'est pas uniforme : des plans de recolonisation favorisés par la bonne connaissance bioclimatique des Wachagga permettent de trouver des équilibres biologiques avec des espèces arborées[20],[51],[52].
100
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101
+ La forêt de Njoro, au sud de Moshi, est une forêt sacrée depuis plusieurs siècles et bénéficie de surcroît d'un statut de protection. Ce sont sans doute les raisons pour lesquelles elle est la dernière forêt pluviale à subsister en plaine, même si elle subit un lent recul. Elle est notamment composée de Newtonia buchananii[20].
102
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+ Le mont Méru vu en arrière-plan à travers la végétation composant la forêt pluviale.
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+ Le Mawenzi depuis des plantations de bananiers mêlées à des espèces de la forêt pluviale. Cette pratique a l'avantage de diminuer les besoins en eau des espèces introduites grâce à l'ombrage.
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+ Un couple de Rufipenne morio (Onychognathus morio).
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+ Colobe du Kilimandjaro.
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+ Elle est caractérisée par la présence de l'espèce Podocarpus milanjianus et de nombreux épiphytes comprenant mousses et ptéridophytes qui recouvrent environ 80 % des arbres. Cette forêt est présente sur le versant méridional entre 2 300 et 2 500 mètres d'altitude. L'eau est apportée presque uniquement par une circulation de l'humidité générée par l'évapotranspiration de la forêt pluviale, qui crée de fréquents brouillards. La saison sèche y est très courte mais le captage de l'eau en suspension quasi nul[20].
112
+
113
+ On y retrouve le Genévrier d'Afrique mais également Afrocarpus gracilior, Hagenia abyssinica, la Bruyère arborescente (Erica arborea, principalement dans son stade de développement jeune) et quelques mousses et lichens (Usnea articulata). Cette forêt est présente dans les escarpements à l'ouest, au nord et au nord-est, typiquement entre 2 500 et 2 700 mètres d'altitude. Contrairement à la forêt de brouillard, elle connaît une longue saison sèche et l'humidité n'y circule pas par convection mais par des précipitations néphéléniques apportées par de forts vents d'est sous forme de stratus qui peuvent constituer 60 % de l'apport en eau pour les plantes. Une bonne structuration horizontale et verticale de la forêt est donc nécessaire pour lui permettre de bien filtrer les particules d'eau en suspension[20].
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+ Rivière Naremoru s'écoulant dans la forêt de nuage.
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+ Chute d'eau dans la forêt de brouillard : le recouvrement épiphyte est important.
118
+
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+ Ils se trouvent entre 2 800 et 4 000 mètres d'altitude et reçoivent entre 500 et 1 300 millimètres de précipitations par an. Ils présentent une végétation composée de bruyères dont la forme arborescente d’Erica arborea est la plus caractéristique aux côtés de Erica rossii. Ces deux espèces sont pyrophytes, c'est-à-dire qu'elles colonisent les terrains incendiés, précédemment occupés par la forêt de nuage. Elles ont ainsi vu leur limite basse descendre de 700 à 900 mètres d'altitude selon les zones sous l'effet de l'anthropisation pastorale du peuple ongamo depuis 200 à 400 ans en fonction des versants. Lorsque la fréquence des feux augmente, seules des herbes des genres Hyparrhenia et Festuca arrive à se renouveler. On trouve également des plantes à fleurs comme Protea caffra subsp. kilimandscharica et Kniphofia thomsonii. Dans certaines zones plus abritées, de nouvelles essences naturelles comme Pinus patula arrivent à se développer, ce qui fragilise l'équilibre du milieu (baisse de la biodiversité, appauvrissement des sols), phénomène accentué de par leur nature inflammable. La volonté des autorités du parc de lutter contre les incendies en contraignant les pasteurs et les apiculteurs a un effet pervers : le milieu entre la limite supérieure de la forêt et les landes n'est plus géré de manière harmonieuse et les feux ne sont plus contrôlés alors même qu'ils sont nécessaires à la survie de certaines espèces[20],[52]. Ainsi, entre 1976 et 2005, la superficie de la forêt d’Erica arborea est passée de 187 à 32 km2, ce qui équivaut à une diminution de 15 % du couvert végétal total de la montagne[18].
120
+
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+ De nombreuses espèces de nectariniidés aux couleurs vives peuplent la limite supérieure de la forêt : Souimanga du Kilimandjaro (Nectarinia mediocris), Souimanga olivâtre (Nectarinia olivacea), Souimanga à tête verte (Nectarinia verticalis), Souimanga à gorge verte (Nectarinia rubescens), Souimanga améthyste (Nectarinia amethystina), Souimanga à poitrine rouge (Nectarinia senegalensis), Souimanga malachite (Nectarinia famosa), Souimanga de Fraser (Anthreptes fraseri), Souimanga bronzé (Nectarinia kilimensis), Souimanga tacazze (Nectarinia tacazze) et Souïmanga à ailes dorées (Drepanorhynchus reichenowi). Il en est de même pour l'Aigle huppard (Lophaetus occipitalis)[50]. Rhabdomys pumilio, aussi bien présente dans la savane, constitue une de ses proies, tout comme Lophuromys aquilus, Dendromus melanotis et le Rat-taupe nu (Heterocephalus glaber). Par ailleurs, des buffles, des lions, des léopards, des éléphants, des élands, des céphalophes et des hyènes transitent parfois à cette altitude pour relier un point à un autre de la plaine[48].
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+ Au premier plan, un spécimen en fleur de Protea caffra subsp. kilimandscharica ; juste derrière, une bruyère arborescente (Erica arborea).
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+ Mêmes espèces que sur la photo précédente, avec en plus Helichrysum newii au premier plan, au creux du rocher et Erica rossii (arbuste avec le long tronc).
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+ L'itinéraire Mweka serpentant au milieu de la végétation des landes et maquis.
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+ Bruyères sur le Shira.
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+ Souimanga malachite femelle sur une fleur de Protea caffra subsp. kilimandscharica.
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+ Souimanga malachite mâle.
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+ Ses limites inférieures et supérieures ne sont pas marquées de façon très nettes mais on le situe généralement entre 4 000 et 5 000 mètres d'altitude. Il se caractérise par une atmosphère sèche, avec en moyenne 200 millimètres de précipitations reçus par an, et d'importants écarts de températures. Les espèces qui y vivent sont parfaitement adaptées au climat rude et certaines sont endémiques[52]. Ainsi, on trouve Lobelia deckenii, la seule espèce alpine de Lobelia à vivre sur le Kilimandjaro[53]. Le Séneçon géant (Dendrosenecio kilimanjari) pousse principalement dans le Barranco, plus humide et abrité que le reste de la montagne à altitude égale. Une autre espèce d'astéracée est l'immortelle Helichrysum kilimanjari[52]. Quelques herbes à tussack parsèment les quelques prairies humides : Pentaschistis borussica et des espèces des genres Koeleria et Colpodium[54].
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+ Seules quelques espèces de rapaces sont capables d'aller à cette altitude : la Buse rounoir (Buteo rufofuscus), l'Aigle des steppes (Aquila nipalensis), l'Élanion blac (Elanus caeruleus)[50], le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) et l'Aigle couronné (Stephanoaetus coronatus)[48] ; ainsi que deux espèces de passereaux : le Traquet afroalpin (Cercomela sordida) et le Bruant cannelle (Emberiza tahapisi)[50].
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+ Un Traquet afroalpin (Cercomela sordida) au Kilimandjaro.
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+ La végétation au niveau de l'étage afro-alpin se fait pauvre et éparse.
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+ Séneçons géants (Dendrosenecio kilimanjari) dans le Barranco, au sud du Kibo.
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+ Lobelia deckenii vers 4 000 mètres d'altitude.
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+ Au-dessus de 5 000 mètres d'altitude, presque rien ne vit. Le peu de précipitations qui tombent s'infiltre quasiment immédiatement dans le sol ou s'accumulent sur les glaciers. Toutefois, Helichrysum newii a été trouvé près d'une fumerolle du cratère Reusch. Des lichens à croissance très lente comme Xanthoria elegans peuvent également vivre plusieurs centaines d'années jusqu'au sommet[52]. Le seul animal découvert à ce jour au Kibo est une espèce d'araignée[48].
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+ Le Kilimandjaro a probablement été le berceau des pasteurs maasaï au début de l'Holocène, à une époque où les piémonts étaient humides et infestés par les mouches tsé-tsé et où les prairies et les cours d'eau d'altitude pouvaient constituer un milieu sain pour les troupeaux[13]. Les premières traces archéologiques de sédentarisation autour de la montagne sont datées vers 1000 av. J.-C. avec la découverte de bols en pierre. Les hommes qui les ont façonnés, chasseurs-cueilleurs, ont pu y trouver un avantage avec la présence d'eau fraîche et de nombreux matériaux de base[55]. Le véritable peuplement des versants remonterait aux premiers siècles de notre ère mais aucun témoignage oral ne vient le confirmer[5]. Les populations maasaï n'ont définitivement migré dans la région qu'à partir du XVIe siècle. Elles sont sans doute la raison principale qui a poussé les Ongamo à se replier vers le nord-est alors qu'ils occupent, selon leurs récits, le versant septentrional de la montagne depuis quarante-quatre générations[5].
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+ Les Wachagga ont également délaissé le nord du Kilimandjaro. Leur présence est avérée au sud depuis le début du XVIIIe siècle, bien que la naissance de leur peuple remonte entre les VIIe et VIIIe siècles. Leurs traditions évoquent pour certaines une terre inoccupée et pour d'autres une rencontre avec des « petits hommes » appelés Vakoningo ou Vatarimba. Ceux-ci pourraient s'être retirés dans des grottes au milieu de la forêt ou auraient été assimilés avec leur bétail et leur bananeraies en formant le clan Swai à Kimbushi. La distinction est clairement faite avec les Vasi ou Mwasi, un peuple de chasseurs connu en Afrique de l'Est au travers des récits bantous et historiquement attesté sous le nom de Dorobbo. Il existait une unité très limitée entre les Wachagga ; ainsi, pour désigner leur ensemble ils employaient le terme wandu wa mdenyi (les « gens des bananeraies »). Ceci est probablement lié à leurs origines diverses : Wakamba, Taitas (Dawida), Maasaï (Parakuyo, Kisongo). Leur unité sociale de base était le clan patrilinéaire dont les limites géographiques étaient généralement constituées par des ravins ou des cours d'eau. Plusieurs centaines ont pu être recensés. Les clans ont été progressivement rattachés à des chefferies (uruka ou oruka) qui ont vu leur importance augmenter avec l'émergence de conflits, probablement liés au commerce de l'ivoire et des esclaves[5],[51],[56].
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+ Durant l'Antiquité, quelques rares chroniqueurs comme le marchand et explorateur grec Diogène vers 50 dans Voyage en Afrique orientale ou comme le géographe égyptien Ptolémée au milieu du IIe siècle sur une carte où il fait figurer les « monts de la Lune », selon des informations qu'il a eues de Marinos de Tyr, mentionnent l'existence d'une « montagne blanche » ou « neigeuse » au cœur de l'Afrique[57],[58],[59].
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+ Par la suite, bien qu'elle ait pu servir de repère aux caravanes des marchands arabes, aucune référence n'est faite à la montagne pendant plusieurs siècles. Ce n'est qu'à la fin du XIIIe siècle que le géographe arabe Aboul Féda évoque de manière assez vague une montagne de l'intérieur de « couleur blanche ». À la même période, un chroniqueur chinois écrit que le pays à l'ouest de Zanzibar « s'étend jusqu'à une grande montagne »[60]. En 1519, le navigateur et géographe espagnol Martín Fernández de Enciso pourrait avoir été le premier dans Suma de Geografia à véritablement évoquer le Kilimandjaro : « À l'ouest [de Mombasa] se trouve l'Olympe d'Éthiopie qui est très haut, et plus loin encore se trouvent les monts de la Lune où sont les sources du Nil. Dans toute cette région se trouve une grande quantité d'or et des animaux sauvages »[61],[58]. En 1845, le géographe britannique William Cooley, renseigné quelques années auparavant par des émissaires arabes à Londres, assure que la montagne la plus connue d'Afrique de l'Est, appelée Kirimanjara, est recouverte de corail rouge[57],[62].
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+ En 1840, la Church Missionary Society décide d'entreprendre l'évangélisation de l'Afrique de l'Est. C'est ainsi que Johannes Rebmann, un missionnaire allemand formé à Bâle, est envoyé à Mombasa en 1846 dans le but de soutenir Johann Ludwig Krapf, atteint de malaria. Le 27 avril 1848, il part, accompagné de Bwana Kheri et de huit autochtones, à la découverte du royaume chagga de Kilema dont Krapf et lui ont entendu parler sur la côte et que seuls des esclavagistes arabes ont pénétré[57],[63]. Il découvre alors sans s'y attendre, le 11 mai, à seulement 28 ans, cette montagne formée d'un dôme blanc :
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+ « Vers 10 heures, je vis quelque chose de remarquablement blanc au sommet d'une haute montagne et crus d'abord qu'il s'agissait de nuages, mais mon guide me dit que c'était du froid, alors je reconnus avec délice cette vieille compagne des Européens qu'on appelle la neige. »
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+ — Johannes Rebmann, Church Missionary Intelligencer
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+ Son attention est entièrement portée sur la présence de neige dont il s'étonne lui-même à cette latitude. Il s'avère que sa nature inconnue est l'objet de nombreuses croyances et attribuée de la part des indigènes à des esprits[57],[63]. Il retourne au Kilimandjaro en novembre et y rencontre des conditions climatiques plus favorables à l'observation. Il décrit alors deux sommets principaux, l'un conique et l'autre plus élevé formé d'un dôme, qui s'élèvent au-dessus d'une base commune de 25 milles (40 km) de long et séparés par une dépression en forme de « selle » de 8 à 10 miles[64]. Sa découverte, rapportée à Londres en avril 1849, est toutefois contestée[65]. Personne ne veut croire qu'il y a, à cet endroit d'Afrique, ces neiges éternelles malgré la confirmation six mois plus tard par Krapf qui a entre-temps découvert le mont Kenya. De virulentes contradictions opposent Cooley à Rebmann[57].
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+ En 1856, le Kilimandjaro est représenté pour la première fois sur la « carte limace » tracée par Rebmann et Erhardt. La controverse alimente la curiosité des géographes et plusieurs expéditions s'enchaînent dont celle de John Hanning Speke et Richard Francis Burton en 1858. Ce dernier affirme qu'il faut chercher les sources du Nil dans les environs de la montagne[58]. Henry Morton Stanley confirme même leur découverte par Speke en 1862. Finalement, c'est l'expédition du baron allemand Karl Klaus von der Decken accompagné du jeune botaniste britannique Richard Thornton, en 1861, qui permet de confirmer par une observation à 2 460 mètres d'altitude l'existence des neiges sur le sommet. Decken en profite l'année suivante pour grimper à 4 260 mètres d'altitude et réaliser les premières cartes topographiques et hydrographiques du sommet. Elles sont très approximatives mais permettent pour la première fois de confirmer la nature volcanique du Kilimandjaro[57],[66].
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+ Toutefois, pendant plusieurs décennies, l'accès au Kilimandjaro reste difficile. Le chemin de la côte à la montagne est long et semé d'embûches : animaux sauvages, pillards, rudesse du climat. De plus, les caravanes rechignent à monter en raison de la peur qu'inspirent les guerriers maasaï[58] et les guerres incessantes entre Wachagga génèrent de l'insécurité comme en témoigne la blessure mortelle causée à Charles New, un missionnaire anglais mandaté par Decken[66].
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+ Le scientifique et explorateur écossais Joseph Thomson observe en 1883 le versant septentrional depuis le territoire maasaï et s'attaque à l'ascension du sommet mais ne dépasse pas 2 700 mètres d'altitude[66]. Il est suivi du comte hongrois Sámuel Teleki avec l'Autrichien Ludwig von Höhnel en 1887 mais ils ne dépassent pas 5 300 mètres d'altitude en raison d'une douleur au tympan ressentie par Teleki. Le 18 novembre 1888, Otto Ehrenfried Ehlers arrive à 5 740 mètres d'altitude bien qu'il ait prétendu atteindre 5 904 mètres d'altitude (soit plus que l'altitude réelle du sommet)[57],[67].
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+ Le géologue allemand Hans Meyer, bien que conseillé par Teleki, échoue en 1887 dans sa première tentative à 5 400 mètres d'altitude. Il recommence l'année suivante, accompagné du géographe autrichien Oscar Baumann, mais les deux hommes sont faits prisonniers au cours de la révolte d'Abushiri et doivent verser une rançon de 10 000 roupies. Après ces deux échecs, Meyer décide de se faire accompagner de son ami Ludwig Purtscheller, un alpiniste autrichien, ainsi que de Yohanas Kinyala Lauwodu, un soldat wachagga de l'armée à Marangu. L'expédition est hébergée avant son départ par W.L. Abbott, un naturaliste qui a déjà bien étudié la montagne. Bien préparés et soumis à une discipline très stricte, ils atteignent enfin le cratère du Kibo à 5 860 mètres d'altitude le 3 octobre. L'expérience de Meyer est déterminante dans le choix d'établir des camps approvisionnés par les porteurs tout au long du parcours afin de pallier le manque de nourriture en cas de tentatives répétées. Les hommes constatent que, pour escalader le Kaiser-Wilhelm-Spitze (l'actuel pic Uhuru), il leur faut contourner la crête rocheuse. Ils parviennent au sommet le 6 octobre 1889 après avoir passé plusieurs heures à tailler au piolet des marches dans la glace les jours précédents. Ils entreprennent ensuite l'ascension du Mawenzi et passent au total seize jours à plus de 4 000 mètres d'altitude en étant confrontés à des températures proches de −14 °C. L'ascension du pic Uhuru n'est reproduite que vingt années plus tard par M. Lange[57],[67].
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+ À l'aube du XXe siècle, les Allemands se mettent à construire des refuges sur la montagne. Parmi ceux-ci, le refuge Bismarck à 2 550 mètres d'altitude et le refuge Peters à 3 450 mètres[67]. Le refuge Kibo est construit en 1932[68].
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+ Le Mawenzi n'est grimpé avec succès que le 29 juillet 1912 par les Allemands Fritz Klute et Eduard Oehler[67]. La fragilité de sa roche le rend très difficile à escalader[12]. Les deux hommes en profitent pour réaliser la troisi��me ascension du pic Uhuru, la première par le versant occidental. Quelques semaines plus tard, Walter Furtwängler et Siegfried König redescendent le Kibo en skis. Frau von Ruckteschell devient la première femme à atteindre Gilmann's Point[67].
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+ La Première Guerre mondiale met en suspens les ascensions. En 1926, le pasteur Richard Reusch découvre au bord de la caldeira du Kibo un léopard gelé dont il prélève une oreille comme preuve, ce qui inspire une nouvelle à Ernest Hemingway. L'année suivante, il descend au fond du cratère qui porte ensuite son nom. Il réalise au total une quarantaine d'ascensions[57]. En 1927, un trio britannique enchaîne le Mawenzi et le Kibo, ce qui fait de Sheila MacDonald la première femme à gravir le pic Uhuru[67].
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+ L'évangélisation commence à la fin du XIXe siècle dans un contexte de luttes claniques perpétuelles et de colonisation. Les catholiques et les protestants s'évertuent à explorer, entamer des pourparlers, acquérir des terres, enseigner les langues, installer des écoles, des dispensaires et des orphelinats, cultiver la terre et construire des lieux de culte. Les Wachagga semblent friands de lecture et d'écriture. Malgré cela, les missionnaires des deux religions subissent des pertes humaines et matérielles au gré des fluctuations des tensions politiques avec les autorités traditionnelles et coloniales[57].
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+ En 1885, le premier poste protestant est ouvert à Moshi. Mandara, le roi de Moshi, reçoit à sa demande des enseignements chrétiens de la part de l'évêque Hannington de la Church Missionary Society et du Révérend Fitch. Il décide l'année suivante d'autoriser la construction d'une école pour garçons. Cependant, les choses se compliquent pour les missionnaires britanniques, placés entre les autochtones et les forces coloniales allemandes, et ils sont remplacés en 1892 par des luthériens de Leipzig qui deviennent actifs sous le protectorat. Des émeutes en 1893 provoquent l'incendie du poste de Moshi et des pasteurs s'installent tour à tour à Machame, Mamba, Mwika, Old Moshi et finalement Masama en 1906. En 1908, dix ans après les premiers baptêmes, 53 Wachagga ont adopté la religion protestante. Durant la Première Guerre mondiale, les missionnaires allemands sont confinés puis expulsés. Le premier pasteur chagga entre en fonction en 1932[57],[51].
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+ Les protestants ont quelques rivalités avec les Spiritains, venus de La Réunion et installés de part et d'autre à l'est et à l'ouest de la montagne, mais entretiennent avec eux des relations respectueuses. Ces derniers ont peu à peu raison, auprès du Saint-Siège, des Comboniens installés dans la région du Soudan le long du Nil ainsi que des Bénédictins bavarois qui arguaient pourtant de leur adaptation au milieu montagnard[57]. Ceux-ci réalisent d'ailleurs de magnifiques gravures représentant le Kilimandjaro qu'ils publient dans le Nassauer Bote et dans le calendrier de Sainte Odile[69]. Les Spiritains se voient d'abord attribuer la préfecture apostolique du Zanguebar en juin 1863 et s'installent à Bagamoyo en 1868. Après plusieurs tentatives infructueuses, ils s'enfoncent à partir du 1877 en direction des plateaux de l'ouest, poussés par la propagande puis appelés par le baron von Eltz établit à Moshi qui souhaite fonder au Kilimandjaro une colonie de Polonais catholiques et requiert les services d'un prêtre. Il s'adresse à Mgr de Courmont qui entame avec les Pères Auguste Gommenginger et Le Roy un voyage d'étude considéré comme déterminant dans la connaissance de la montagne et comme marquant dans l'implantation de l'Église catholique. Ce dernier écrira en 1893 Au Kilima-Ndjaro[57]. Courmont réalise de nombreuses esquisses, chaque fois que le temps s'éclaircit, et écrit le 1er mars puis le 1er décembre 1890 :
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+ « Depuis deux ans nous projetions une fondation au Kili. Mais comment y arriver par une région où régnaient toujours les hostilités ? D'autre part, les immenses et fertiles plaines de Tana nous étaient ouvertes [...] Le R.P. Leroy [est] notre principal entremetteur auprès des indigènes dont il parle très bien la langue. »
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+ « Ainsi sur le Tana insuccès ; déception sur le Sobaki. Restait le Kilima Ndjaro.Je résolus d'en faire l'exploration, en compagnie de deux de nos Pères. Elle fut rapidement menée et les circonstances ont voulu que la mission pût être, sans plus de retard, commencée au mois de septembre.Ce pays […] est formé d'un magnifique massif de montagnes, dominé de deux pics, le Kibo haut de 6 000 mètres et le Kima de 5 300. Il est fertile, sain et très populeux.Les Washaga, ou noirs indigènes de la région montagneuse, sont intelligents, industrieux, désireux de s'instruire. Leurs enfants nombreux s'empressent autour du missionnaire, sans trop révéler cette nature sauvage qui, après une première curiosité satisfaite, les disperse [...] Nous pouvons donc augurer beaucoup de bien de cette mission, surtout si le Kilima Ndjaro devient, comme il en a été question, un pays d'émigration pour une population laborieuse de paysans catholiques allemands.Toutefois, l'éloignement de ce point qui rend difficiles l'organisation et l'expédition de caravanes fait aussi de cette fondation une œuvre qui demandera plus de peines, d'ennuis, de tribulations de toute nature et des dépenses plus considérables. Mais nous avons confiance en Dieu, et c'est pour cela que nous allons quand même de l'avant. »
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+ — Mgr de Courmont, Annales apostoliques[70]
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+ En 1891, la première mission catholique est créée à Notre-Dame de Lourdes à Kilema, au pied du Kibo dont la grâce est plusieurs fois évoquée dans les correspondances. Peu à peu, un réseau de paroisses se met en place sur les flancs du volcan avec une majorité de missionnaires alsaciens dans un premier temps. Des communautés à part entière naissent autour de chaque mission, où l'éducation et le commerce — en particulier celui du café — sont encouragés. Une deuxième mission est implantée à Notre-Dame de la Délivrance de Kibosho, en 1893, sur un site convoité par les protestants, affirmant plus encore leur domination jusqu'au cœur de la montagne. Au début du XXe siècle, Kibosho accueille régulièrement 3 000 enfants au sein de 22 écoles. En 1898, la mission de Rombo (Fisherstadt) naît à son tour, suivie non loin de là de Notre-Dame des Neiges à Huruma en 1931. Plusieurs annexes sont érigées en missions indépendantes : Uru en 1912 puis Umbwe, confiée aux prêtres africains, Narumu et Kishimundu (elle-même filiale d'Uru) en 1947 se séparent de Kibosho ; tout comme, à cette même date, Kirua, Marangu et Maua, la « mission la plus élevée du Kilimandjaro », auparavant rattachées à Kilema ; Mashati devient indépendante de Rombo en 1912 (malgré une fermeture entre 1922 et 1926) et Mengwe en 1950[57].
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+ Le 13 septembre 1910, une nouvelle organisation se met en place. La propagande, sur demande de Monseigneur Vogt, érige le nord du vicariat de Bagamoyo en un nouveau vicariat et lui donne le nom de vicariat apostolique du Kilima-Ndjaro[69].
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+ En 1998, parmi les 80 prêtres spiritains tanzaniens formés à Moshi, aucun n'est demeuré sur place. Les anciennes missions ont toutes été cédées mais les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame du Kilimandjaro, fondée à Huruma, continuent d'y entretenir une vie religieuse intense. Parmi les protestants, près de 200 pasteurs nationaux officient encore dans le diocèse de Moshi. Au début du XXe siècle, des planteurs grecs orthodoxes se sont installés près de la montagne et ont construit des lieux de culte, mais leur présence a été temporaire et leur prosélytisme limité. Leurs installations ont été cédées et l'église orthodoxe de Moshi a été vendue aux Baptistes avec autorisation pour un pope d'y exercer des offices[57].
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+ La présence de toutes ces communautés confessionnelles a laissé de nombreux ouvrages anciens décrivant le Kilimandjaro et a largement contribué à l'alphabétisation de la région. En 1914, seulement 5 % des écoles étaient laïques et cinquante ans plus tard, lors de l'indépendance, 75 % des écoles primaires et 50 % des écoles secondaires avaient été fondées par des missions[57],[51].
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+ Les découvertes de Johannes Rebmann et Johann Ludwig Krapf attisent l'intérêt de l'Empire allemand pour l'Afrique de l'Est, tout comme celui de l'Empire britannique en 1883 : le naturaliste Harry Johnston est officiellement chargé par la Royal Geographical Society d'escalader le Kilimandjaro et de détailler sa flore et sa faune ; officieusement il travaille pour les services secrets britanniques[66]. Une rivalité se met en place, opposant d'abord la Deutsch-Ostafrikanische Gesellschaft (« Compagnie de l'Afrique orientale allemande ») de Carl Peters et l'Imperial British East Africa Company (« Compagnie britannique impériale d'Afrique de l'Est »). Des alliances s'organisent non sans difficulté avec les chefs locaux, constamment en guerre et approvisionnés en armes par les marchands arabes. Dans les années 1880, les principautés de Kibosho sous le règne de Sina et de Moshi sous celui de Rindi, Mandara puis Meli s'affrontent violemment. Les enjeux impliquent progressivement les États de manière plus directe avec la conférence de Berlin en 1884 et la signature l'année suivante d'une lettre impériale de protection de la main d'Otto von Bismarck garantissant les possessions allemandes à l'ouest de Dar es Salam. Le Kilimandjaro leur échoit par le jeu des allégeances et les Britanniques sont repoussés au nord. Ils obtiennent Mombasa « en compensation » le 1er novembre 1886 et la frontière résulte en deux segments qui se raccordent en contournant ostensiblement la base du versant septentrional du volcan. La colonisation devient officielle à partir du 1er janvier 1891, date de création d'un protectorat allemand[57]. L'Afrique orientale allemande perdure jusqu'au 25 novembre 1918 où elle passe sous contrôle britannique. Elle est scindée sept mois plus tard, à la suite du traité de Versailles, et renommée protectorat du Tanganyika qui acquiert le statut de mandat de la Société des Nations en 1922[71].
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+ Le 9 décembre 1961, l'indépendance du Tanganyika est proclamée. Le même jour, comme pour répondre à l'acte similaire de Hans Meyer en 1889 qui signait le début de la domination allemande sur ce territoire, le drapeau du nouvel État est planté avec une torche[68] au sommet et celui-ci est rebaptisé pic Uhuru, le « pic de la liberté ». Ce symbole, voulu par le premier ministre et futur président Julius Nyerere, est censé marquer la fin des inégalités raciales et la réappropriation de cette figure de l'Afrique. Politiquement, il est en toile de fond de la déclaration d'Arusha proclamée à ses pieds le 5 février 1967 par le parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Tanganyika, et qui définit les grandes lignes de l'Ujamaa. Économiquement, il devient une figure du tourisme national et est représenté sur de nombreux produits fabriqués dans le pays. Mais cette image de marque est mal gérée et les devises échappent aux Tanzaniens : les guides et porteurs sont mal payés, les séjours sont organisés depuis le pays de départ par des entreprises étrangères, la clientèle est relativement peu fortunée, les prestations ne sont pas à la hauteur des attentes. Historiquement, la région est tournée vers la côte et le Kilimandjaro est « oublié » au profit des plages de sable fin et des grandes plaines plus faciles d'accès. Le parc national du Kilimandjaro, créé en 1973, a davantage vocation à protéger la forêt et les ressources hydrologiques que de promouvoir le tourisme. Les autorités voient cette manne s'échapper vers le Kenya auquel les catalogues touristiques attribuent fréquemment la possession du volcan. La rivalité avec ce voisin plus prospère conduit en 1977 à la fermeture des frontières et à la dissolution de la Communauté d'Afrique de l'Est[57].
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203
+ Les Wachagga sont répartis sur les versants au sud et à l'est du Kilimandjaro. Les premières chefferies sont apparues à la fin du XVIIIe siècle sous la coupe d'hommes influents, en armant de jeunes classes d'âge. Une des premières grandes chefferies qui conquiert tout le versant oriental grâce aux alliances avec les Wakamba est celle d'Orombo, un Wachagga de Keni, mais elle s'écroule à la mort de son leader. Les chefferies de Kilema et Machame, sur le versant méridional, profitent quant à elles respectivement du commerce avec les Européens et d'une alliance avec les Maasaï. Kibosho atteint son apogée en 1870 sous le règne du roi Sina qui commerce avec les Swahilis. Moshi, au début du XXe siècle trouve l'appui des missionnaires. Ces alliances et ces conquêtes successives ont permis aux Wachagga de se mélanger. Pourtant, l'unité des chefferies a mis longtemps à se réaliser. Ce n'est que dans les années 1950, avec le développement économique collectif et la nomination pour la première fois de leur histoire d'un chef unique, qu'elle devient une réalité. Le catalyseur de cette prise de conscience est sans doute à chercher dans le regard posé par les Occidentaux sur « cette tribu ». Administrativement, les limites des villages (kijiji) sont en partie le reflet des anciens clans et chefferies. Ils sont regroupés en districts (mtaa ou mitaa)[51].
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205
+ Les Ongamo qui se concentrent actuellement dans la région de Rombo, au nord-est, sont en voie d'assimilation parmi les Wachagga. Ils conservent une tradition apicole et pastorale en lisière supérieure de la forêt. Les Maasaï occupent les piémonts au nord et à l'ouest de la montagne[5]. Leur mode de vie est de plus en plus influencé par celui des peuples environnants et ils abandonnent progressivement leurs traditions : sédentarisation, accès à la propriété, christianisation. Il en résulte une marginalisation des groupes d'agropasteurs ou d'agriculteurs[72].
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+ Le kichagga est en réalité divisé en trois langues, le chagga occidental, le chagga central et le chagga oriental ou rombo, comprenant elles-mêmes plusieurs dialectes. Ils sont plus ou moins homogènes entre eux, à tel point que des locuteurs parlant deux dialectes du chagga occidental différents auront des difficultés à communiquer et feront face à une incompréhension presque totale avec des locuteurs du chagga oriental. Le chagga occidental est subdivisé en dialectes siha (à Kibong'oto), rwa (mont Méru, versant ouest du Kilimandjaro), machami (à Machame) et kiwoso (à Kibosho) ; le chagga central en dialectes uru, mochi (à Old Moshi, Mbokomu), wunjo (à Kilema, Kirua, Marangu, Mamba) ; le chagga oriental en dialectes nord-rombo (Mashati, Usseri) et sud-rombo (Keni, Mamsera, Mkuu). Par ailleurs, les tribus chaggas réparties au sud et à l'est du Kilimandjaro ont des contacts avec des populations à langues bantoues (Pare, Wataita, Wakamba) et nilotiques (Ongamo, Maasaï), ainsi que par le passé couchitiques[5].
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+ Les missions religieuses ont largement participé à l'alphabétisation des Wachagga et à leur modernisation. Dans le même temps, un grand nombre d'entre eux ont adopté le christianisme. Ainsi, la seule Église catholique peut aujourd'hui revendiquer près de 570 000 fidèles dans 39 paroisses et 72 succursales. La première école pour garçons a ouvert en 1894 à Machame. Dix ans plus tard, il existe trente établissements luthériens qui rassemblent 3 000 élèves, puis 5 817 en 1909 et 8 583 en 1914 dans une centaine d'écoles. Du côté catholique, 2 300 enfants des deux sexes fréquentent 22 écoles en 1909 et deux ans après plus de 7 000 rien qu'à Kibosho et Rombo. L'hostilité des propriétaires terriens occidentaux, la concurrence entre les confessions, l'arrivée de l'islam ainsi que la Première Guerre mondiale ralentissent le développement des écoles. Dans les années 1920, des écoles laïques ouvrent alors leurs portes avec une élite chagga à leur tête. En 1944, le nouveau conseil chagga instaure un impôt pour financer leur multiplication. L'élection de Julius Nyerere, lui-même ancien instituteur, à la présidence du pays nouvellement indépendant ne fait qu'accélérer la tendance[51],[56].
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+ Bien que le christianisme soit désormais la religion dominante, un fond de croyances ancestrales demeure dans les zones les plus rurales. Les anciens chagga croient en l'existence des sorcières (wusari) ayant la capacité de faire pleuvoir. Ils voient dans les rêves des présages. Ils adorent leurs défunts en pensant qu'ils ont une influence sur leur destin. Leur dieu s'appelle Ruwa et leur mythologie a de nombreux points communs avec la Bible. Ils reconnaissent le concept de péché et pratiquent un genre de confession accompagnée de décoctions pour écarter le mauvais sort de la victime. C'est le guérisseur qui est chargé de cet acte, en plus de ses fonctions médicinales. Dans les anciennes traditions, seuls les individus mariés sont attachés en position repliée puis inhumés face au Kibo. Les jeunes et morts-nés sont enroulés dans des feuilles de bananiers et souvent déposés au pied d'un arbre. Des sacrifices d'animaux ont lieu durant les neuf jours qui suivent l'enterrement afin d'accompagner l'âme du défunt. Il existait un rite de passage relativement violent appelé ngasi pour marquer le passage des garçons à l'âge adulte (mbora). Les mariages étaient arrangés par les familles[73].
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+ La propriété chagga typique est constituée par une concession (muri ou mri) au centre de laquelle se trouve la case (mmba), dépourvue de murs et dont le toit à base de perches de bois, de branchages d'épineux et de chaume repose directement sur le sol. Elle est de forme haute et conique à l'est entre Rombo et Moshi, basse et voûtée à l'ouest. L'espace du côté aval est partagé avec les animaux (chèvres, bovins) ; au fond, le côté amont est réservé aux humains pour prendre les repas, recevoir les visiteurs, dormir et ranger les ustensiles domestiques. La couche est faite à base de feuilles de bananier recouvertes par une peau de bête. Les deux espaces sont séparés par des piquets et par le foyer (iriko) au-dessus duquel sèchent les fruits et le bois de chauffe. Ces cases traditionnelles ont été remplacées par des maisons rectangulaires (nshelu, mtshalo ou mshalo) en briques ou parpaings, crépies et peintes, aux fenêtres vitrées et au toit recouvert de tôle. La concession est entourée par une haie (ndaala ou waatha) de Dracaena steudneri pour en assurer la sécurité. Deux cours entourent l'habitat : une cour extérieure (mboo ou nja) à laquelle on accède par un portail (ngiri, kichumi ou ksingoni) permet aux enfants de s'amuser ; une cour intérieure (kari, kadi, mbelyamba ou kandeni) à l'arrière permet d'extraire les graines de toutes sortes (céréales, café). Des annexes peuvent être construites sur la concession : grenier, auvent à bière ou hutte. Cette dernière servait à abriter le mari après de longues années de vie commune mais la pratique a disparu[5],[51],[74].
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+ Du point de vue ancien des Wachagga, les zones cultivées se situent entre la savane (kasa, nuka, mwai) aride, malsaine, vecteur de fièvres et arpentée par les guerriers maasaï d'une part et la forêt de montagne (nturu, mtsudu, msuthu) d'autre part. L'agriculture est dès la période pré-coloniale marquée par un système productif relativement intensif, caractérisé par l'épandage du fumier issu de l'élevage sur des sols déjà fertiles. Parmi les productions figurent en premier lieu les bananiers introduits depuis l'Asie du Sud-Est probablement par les commerçants arabes vers le VIIIe siècle. En plus des fruits appelés iruu ou irubu, les feuilles et les fibres trouvent de nombreux usages. La banane existe sous sa forme à manger « sur l'arbre », à cuire ou à bière, chacune ayant un qualificatif propre montrant par là toute son importance. L'arbre et le fruit sont au cœur de nombreuses traditions et jalonnent les événements tels que mariages, grossesses, naissances et décès. La bananeraie se transmet par héritage de père en fils. Les tubercules comme l'igname (kikwa pour l'espèce locale issue de croisements de Dioscorea cayenensis, Dioscorea abyssinica et Dioscorea alata), le taro (espèce commune Colocasia esculenta appelée iruma, duma ou ithuma) et plus récemment la patate douce (Ipomoea batatas connue sous le nom de kisoiya) ont également un rôle essentiel dans l'alimentation chagga. Enfin, deux céréales sont cultivées : l'éleusine (vumbi ou mbeke) est originaire d'une région entre l'Ouganda et l'Éthiopie ; le maïs (maimba ou mahemba, termes d'abord associés dans d'autres langues au sorgho) a d'abord été introduit par les Portugais depuis les Antilles puis remplacé par une variété d'Afrique du Sud au début du XXe siècle et voit sa consommation augmenter alors qu'il a longtemps été absent de l'alimentation chagga. Les parcelles où sont cultivées les céréales et la plupart des tubercules sont irriguées par de véritables réseaux de canaux (mfongo) puis laissées en jachère généralement au bout de deux ou trois ans. L'outil de base pour travailler le sol est la houe mais la hache pour défricher et la faucille notamment sont également nécessaires. Au sud, l'agriculture s'est modernisée (engrais, tracteurs, emploi de main-d'œuvre) alors qu'elle est restée plus traditionnelle et principalement féminine à l'est. Le calendrier est dicté par les saisons auxquelles est soumis le Kilimandjaro. L'exploitation d'un espace de cueillette en amont des zones habitées, à la lisière supérieure de la forêt, a disparu[5],[51].
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+ L'introduction de la culture du café date de la toute fin du XIXe siècle mais son essor n'a lieu qu'à partir des années 1920. Le nombre de cultivateurs, au nombre de 600 en 1922, est multiplié par vingt en l'espace de dix ans sous l'impulsion d'une coopérative de petits producteurs locaux. Dans les années 1950, la hausse du prix du café leur permet de s'enrichir, d'investir notamment dans la construction de nouvelles infrastructures et de prendre plus de poids politique. Ces paysans seront un des piliers de l'indépendance du Tanganyika et en subiront paradoxalement le contrecoup dans l'effort de mise à niveau de l'économie du pays[51].
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+ L'élevage est également essentiel pour les Wachagga. Le bétail, comprenant bovins (des zébus appelés génériquement ng'umbe), caprins (mburu) et ovins (yaanri, ichondi ou irohima) fournit viande, lait et sang frais. Les volailles ont longtemps été culturellement ignorées en Afrique de l'Est[5].
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+ La protection environnementale du Kilimandjaro s'est faite en plusieurs étapes. Une réserve de chasse est d'abord créée par les autorités allemandes en 1910. En 1921, elle est transformée en réserve forestière. En 1973, la zone au-dessus de 2 700 mètres d'altitude est classée au sein du parc national du Kilimandjaro. Il est ouvert au public quatre ans plus tard. En 1987, la limite du parc est abaissée jusqu'à 1 830 mètres d'altitude et il atteint 75 353 hectares[75]. Il est finalement inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO[76] avec comme justification que « le Kilimandjaro, avec sa cime enneigée qui surplombe la plaine de près de 5 000 m, est le plus grand massif montagneux isolé qui soit » et que son parc abrite « une grande diversité d'espèces animales et végétales rares ou endémiques ». La réserve forestière qui l'entoure est progressivement passée de 89 000[77] à 92 906 puis 107 828 hectares[75]. L'ensemble protège 3 000 espèces végétales[18].
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+ En parallèle de l'action du parc national, différents projets ont été mis en place à petite échelle dans le but d'améliorer la gestion de la forêt avec l'aide des populations locales et d'initier des programmes de reboisement. Mais les images satellites montrent que le morcèlement continue en raison du manque d'expérience des exploitants sylvicoles et du peu de moyens investis dans la lutte contre les incendies[18].
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+ Un corridor biologique de huit kilomètres de large a été maintenu au nord-ouest du Kilimandjaro, en territoire maasaï, afin de relier son parc avec celui d'Amboseli, de l'autre côté de la frontière avec le Kenya, afin d'aider à la circulation des vingt espèces communes de grands mammifères sur les vingt-cinq présentes dans les forêts de montagne[49].
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+ L'ascension du Kilimandjaro est très prisée par de nombreux randonneurs, notamment par ceux qui se lancent à l'assaut des sept sommets. Environ 20 000 personnes franchissent l'entrée du parc national du Kilimandjaro et tentent l'ascension chaque année avec un taux d'échec d'un tiers[78]. La meilleure période est de juillet à octobre ou en janvier et février afin d'éviter les saisons des pluies. La règlementation du parc impose les sentiers de randonnées, les moyens à mettre en œuvre pour faire l'ascension (garde…) et récolte les droits d'entrée. Il est conseillé d'être suivi de porteurs, éventuellement d'un cuisinier mais la loi oblige à être accompagné d'un guide homologué. Toutes ces ascensions nécessitent une bonne condition physique, notamment pour se prémunir du mal aigu des montagnes. Si les risques sont faibles, quelques touristes ont cependant perdu la vie lors de cette ascension, par accident ou par manque de préparation. Il convient donc de rester prudent et de s'entraîner avant de la tenter puisque seulement 40 % des ascensions sont couronnées de succès[79],[80]. Des gardes sont stationnés sur la montagne pour permettre une évacuation rapide en cas d'urgence.
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+ Il faut compter entre six et dix jours pour parvenir au sommet et en revenir. Les sentiers pour le sommet du Kilimandjaro empruntent pour la plupart le versant méridional du volcan ; certains sont très fréquentés. Les itinéraires sur le versant septentrional sont réservés aux alpinistes chevronnés. Il existe sept points de départ (gate) autour de la montagne et plusieurs variantes :
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+ Le 28 septembre 2010, Kílian Jornet Burgada bat le double record de l'ascension la plus rapide en 5 h 23 min 50 s, par la voie Great Western Breach, et celui de l'aller-retour en 7 heures et 14 minutes en descendant du sommet par une voie différente de la montée[94]. Ce second temps est amélioré par le Suisso-Équatorien Karl Egloff le 15 août 2014[95] en 6 heures 42 minutes et 24 secondes[96]. Précédemment, les records étaient détenus respectivement par l'Italien Brunod qui a établi le temps de 5 h 38 min 40 s, par la Marangu Route, en 2001, et par le Tanzanien Simon Mtuy qui détenait depuis le 26 décembre 2004 le record de l'aller-retour le plus rapide en 8 h 27 min en étant monté par Umbwe Route et redescendu par Mweka Route. Ce dernier a également réalisé le temps le plus rapide sans assistance alimentaire en 9 h 19 min le 22 février 2006. Chez les femmes, la Britannique Rebecca Rees-Evans a vaincu le sommet en 13 h 16 min 37 s par le même itinéraire.
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+ Les plus jeunes personnes à avoir atteint le pic Uhuru sont les Américains Keats Boyd, le 21 janvier 2008, et Cash Callahan, en 2018, tous deux à l'âge de sept ans, alors qu'il est normalement interdit de le faire en dessous de l'âge de dix ans[97]. Le 16 mars 2018, l'Américaine Montannah Kenney du Texas est devenue la plus jeune fille au sommet, seulement plus vieille de quelques jours que Cash Callahan[97],[98]. La personne la plus âgée à atteindre le pic Uhuru est, à 88 ans le 20 juillet 2017, l'Américain Fred Distelhorst[97] ; chez les femmes, la plus âgée, à 86 ans et 267 jours en 2015, est Angela Vorobeva[97],[99].
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+ La roche du Kilimandjaro n'est généralement pas très propice pour l'escalade. Toutefois, les pics du Mawenzi offrent quelques bonnes voies et le recul des glaciers du Kibo contribue à l'apparition de quelques parois verticales ou passages vertigineux sur certains tronçons de l'itinéraire Umbwe en particulier. Des autorisations spéciales et des décharges sont nécessaires pour les emprunter.
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+ Les itinéraires sont équipés de refuges de montagne de manière inégale. Marangu Route dispose des plus confortables (literie, eau, douches, électricité, cuisines). Autrement, il existe des camps à la fin de chaque journée de marche. Plusieurs de ces camps se situent à l'abri de grottes. Il est interdit de bivouaquer en dehors de ces zones pour des questions de sécurité. Certains camps portent le qualificatif de hut signifiant « refuge » (Machame Hut, Barranco Hut) mais sont tout juste équipés de quelques commodités sans toutefois offrir de possibilité pour se restaurer ou dormir[87].
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+ Le statut du Kilimandjaro a évolué d'une dimension mythique jusqu'au milieu du XIXe siècle, en raison des récits oniriques de l'Antiquité, des fantasmes d'Eldorado de la Renaissance, des récits sacrés et finalement de la présence supposée de neige à son sommet, à emblématique au fur et à mesure que les missionnaires et les explorateurs sont venus prouver l'existence de glaciers et étudier la géographie de la montagne. Il demeure pourtant dans l'imaginaire iconographique et textuel un lieu évoquant les récits bibliques (grands animaux, image du « bon sauvage ») et le berceau de l'Humanité (découvertes archéologiques). De là, il n'y a qu'un pas pour que le randonneur ait l'impression d'effectuer un pèlerinage vers le « toit de l'Afrique » en puisant dans ses ressources physiques comme mentales[58].
240
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241
+ La littérature évoque l'aspect fantastique du Kilimandjaro :
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243
+ « Ensuite, ils commencèrent à prendre de l’altitude en direction de l’est, semblait-il ; après quoi, cela s’obscurcit et ils se trouvèrent en pleine tempête, la pluie tellement drue qu’on eût cru voler à travers une cascade, et puis ils en sortirent et Compie tourna la tête et sourit en montrant quelque chose du doigt et là, devant eux, tout ce qu’il pouvait voir, vaste comme le monde, immense, haut et incroyablement blanc dans le soleil, c’était le sommet carré du Kilimandjaro. Et alors il comprit que c’était là qu’il allait. »
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+
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+ — Ernest Hemingway, Les Neiges du Kilimandjaro (1936)
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+ Dans Le Lion de Joseph Kessel (1958), alors que le narrateur et sa fille Patricia séjournent dans une réserve du Kenya parmi les Maasaï, la montagne est en toile de fond. Ses dimensions imposantes sont rappelées tout au long du roman et ses neiges souvent évoquées : « les derniers feux du soleil sur la neige du Kilimandjaro ». Il en est également question par exemple dans Cinq semaines en ballon de Jules Verne (1863).
248
+
249
+ En chanson, Pascal Danel sort en 1966 Kilimandjaro dont les paroles semblent inspirées de la nouvelle de Hemingway ; c'est un succès international qu'il adapte en six langues différentes et qui sera repris dans plus de 180 versions :
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+
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+ Il n'ira pas beaucoup plus loin
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+ La nuit viendra bientôt
253
+ Il voit là-bas dans le lointain
254
+ Les neiges du Kilimandjaro
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+ [...]
256
+ Voilà sans doute à quoi il pense
257
+ Il va mourir bientôt
258
+ Elles n'ont jamais été si blanches
259
+ Les neiges du Kilimandjaro
260
+
261
+ Jean Ferrat évoque en ces mots le Kilimandjaro, dans un texte du même titre, en 1985 :
262
+
263
+ Que la vie c'est du terre à terre
264
+ Qu'on peut pas être himalayen
265
+ Sept jours sur sept et qu'il s'avère
266
+ Qu'il faut savoir être moyen
267
+ Tu comprends pas c'est ça qu'est triste
268
+ Que j'aimerais vivre moins haut
269
+ Être un amoureux plus simpliste
270
+ Avoir l'altitude à zéro
271
+
272
+ Pour sa part, Pierre Perret console son ami en l'emmenant « faire un pique-nique en haut du Kilimandjaro » (Mon p'tit loup) tandis que Michel Sardou fait rimer « le toit du Kilimandjaro et la montagne Eldorado » (Dans ma mémoire, elle était bleue). En 1981, Carlos Santana écrit un morceau instrumental titré Tales of Kilimanjaro.
273
+
274
+ Au cinéma, Mino Guerrini réalise en 1986 Les mines du Kilimandjaro, un film italien qui raconte l'histoire d'un lycéen américain recherchant des diamants près de la montagne dans les années 1930. Il doit affronter les Nazis, des gangsters chinois et des tribus locales. Dans un autre registre, le volcan apparaît dans Le Roi lion 2.
275
+
276
+ L'évolution de l'image du Kilimandjaro dans l'imaginaire collectif accompagnée du succès que la montagne acquiert dans les arts à la suite du siècle des Lumières puis du développement du tourisme est sans doute responsable de l'engouement dont il bénéficie au fur et à mesure que les supports se diversifient : tissus (batiks), estampes, lithographie, gravure sur cuivre et acier, photographie, etc. Pourtant, ses dimensions et les carcans posés par les pratiques artistiques ont longtemps été un frein à la diversification de sa représentation. Il figure souvent en toile de fond de vues composées avec des animaux sauvages, une flore exotique ou des guerriers maasaï en premier-plan. Ces représentations sont principalement le reflet des préjugés culturels et des stéréotypes occidentaux sur l'Afrique. Les premiers temps, elles ont un aspect inquiétant ; puis elles se font plus romantiques. Une constante est de l'entourer de nuages, d'abord pour évoquer son côté mystérieux, puis sa dimension spirituelle et enfin sa hauteur. Monseigneur Le Roy est un de ceux qui ont produit le plus de gravures sur le Kilimandjaro (une œuvre remarquable est Le Kilima-Njaro, vue prise du Matchamé, en 1893). Il est aussi un des premiers, avec J. Chanel, à prendre des photographies de la montagne dans les années 1890. La fragilité des premières pellicules cause des problèmes de surexposition. Ainsi, les difficultés inhérentes à cette technique pourtant plus authentique constituent longtemps une de ses faiblesses, mais elle va permettre de diversifier les vues du sommet. La publicité s'empare du symbole ; il devient le logotype de marques d'eau minérale, de bière[101], de café, de thé, de cigarettes, d'agences touristiques ou encore de chaînes hôtelières, et est repris dans des slogans : « Air Tanzania, les ailes du Kilimandjaro » ou « la Tanzanie, terre du Kilimandjaro et de Zanzibar » (State Travel Service). Il est partagé par les tanzaniens et les kenyans selon que le couple Kibo-Mawenzi est représenté dans un sens ou dans l'autre. Il n'échappe pas non plus aux pièces de monnaies et aux timbres. Enfin, avec le tourisme de masse, la carte postale semble retrouver le conformisme attendu des premières représentations artistiques à deux plans : elle doit dresser les richesses naturelles et l'identité de la région[102],[103].
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+ L’Oural ou les monts Oural, en russe Ура́льские го́ры, en kazakh Орал тауы, est une chaîne de montagnes hercynienne située en Russie. Elle s’étire sur plus de 2 000 km, de la mer de Kara au nord jusqu'aux steppes du Kazakhstan au sud. L’Oural marque traditionnellement la limite géographique entre l’Europe et l’Asie, depuis que le tsar Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, a souhaité rapprocher son empire des royaumes européens[réf. nécessaire]. Les reliefs souvent fortement érodés culminent à une altitude de 1 894 mètres. Le massif se décompose du nord au sud en plusieurs sous-ensembles aux caractéristiques (vigueur du relief, flore, climat) contrastées qui parfois relèvent de la haute montagne malgré l’ancienneté du massif. Dotée d'une grande richesse en minerais en particulier de fer, elle est devenue au XVIIIe siècle le foyer d'une puissante industrie métallurgique : de nombreux centres urbains ont été créés au pied du massif par les Russes venus de l’ouest. L’industrie s’est fortement développée dans la partie sud-est au cours du XXe siècle mais aujourd’hui avec l’épuisement des gisements de fer les plus riches, la région est à la recherche de relais de croissance.
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+ Oural pourrait provenir du finno-ougrien ourala (« sommet ») dérivé de l'ancien radical our (« montagne »)[1].
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+ L'Oural est une chaîne de montagnes très ancienne dont l'orogénèse (la création) s'est produite il y a 250 à 300 millions d'années (fin du Carbonifère et au Permien). Les différents continents qui existaient à cette époque se sont rapprochés pour former une masse émergée unique appelée Pangée.
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+ Au cours de ce processus, il y a environ 260 millions d’années, les paléocontinents de Sibérie et Kazakhstania sont entrés en collision avec le supercontinent Laurussia (qui comprenait ce qui correspond aujourd’hui à l’Europe du Nord et l’Amérique du Nord) sur son bord oriental, fermant l'océan Ouralien et élevant la chaîne de l’Oural[2].
12
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13
+ Un immense gisement de sel gemme (50 % des réserves mondiales) situé près de Perm s’est constitué à cette époque par évaporation de l’eau des lagunes qui subsistaient (l'Oural était situé sous les tropiques et soumis à un climat continental et sec).
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+ Au cours du tertiaire, le massif est soumis à des mouvements verticaux qui ont fragmenté les épaisses couches sédimentaires en créant des failles selon un axe nord-sud parsemées de massifs intrusifs. L’érosion fluviale au sud et glaciaire au nord modèle un relief de type appalachien avec des formations karstiques au sud.
16
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+ Cette genèse a fait apparaître du nord au sud le long de la bordure orientale de l’Oural une dizaine de milliers de gisements métallifères (fer, cuivre, platine, or, aluminium, argent, nickel, manganèse…) particulièrement riches dont l’exploitation a été le moteur de la colonisation russe du massif et du vigoureux développement de la région au XXe siècle. Les roches métamorphiques renferment également de nombreux gisements de pierres semi-précieuses de tout type (cristal de roche, serpentine, malachite, jaspe, onyx, etc.).
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+ Les montagnes de l’Oural sont situées entre, à l’ouest, la plaine d'Europe orientale et, à l’est, la plaine de Sibérie occidentale. La chaine de montagnes commence au nord sur les rives de la mer de Kara (mer bordière de l'océan Arctique) suit d'abord une direction sud-ouest sur 500 km, puis prend une direction plein sud ; elle atteint sa plus grande largeur au niveau de Iekaterinbourg et s’achève 1 600 km plus au sud sur la rive du fleuve Oural entre Orenbourg et Orsk le long de la frontière avec le Kazakhstan. Sa largeur n’excède jamais 250 km.
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+ Le climat est continental avec des différences importantes selon la latitude et le versant. Les conditions climatiques ont fortement conditionné l’occupation et la nature des activités humaines. Dans le nord du massif, la température moyenne en juillet est de 6 à 8 °C alors qu’elle est de 22 °C dans la partie la plus méridionale. Les masses d’air humides proviennent pour l’essentiel de l’océan Atlantique : le versant occidental du massif reçoit en moyenne de 100 à 150 mm de précipitations de plus que le versant oriental[3]. L’Oural pré-polaire et polaire est sous l’influence des vents soufflant depuis l’océan Arctique.
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+ De nombreux fleuves russes ont leur source sur les versants orientaux et occidentaux de l’Oural : des affluents de l’Ob (Sosva, Isset, Toura, Sosva du Nord, …), des affluents de la Volga (Kama, Belaïa, Oufa), l’Oural, la Petchora…
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+ L’Oural est traditionnellement subdivisé en cinq parties.
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+ L'Oural méridional est la partie du massif située entre les latitudes 51 °N et 55 °N.
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29
+ Le fleuve Oural le délimite au nord et à l’est. Les crêtes sont organisées en trois chaînes parallèles de direction nord-sud dont la plus à l’est, peu élevée, culmine à 850 mètres, tandis que les deux autres (dont l'Ouraltaou culminant à 1 068 mètres) comprennent quelques sommets qui culminent au mont Iamantaou (1 640 m). Toute la région est couverte de pâturages et de forêts à feuilles caduques. La région comporte de nombreux lacs dont celui de Tourgoïak près de Miass. On y trouve plusieurs gisements miniers de cuivre, zinc et fer. L’Oural méridional occupe une superficie de 488 234 km2 répartis entre le Tatarstan (7 %), l’oblast d’Orenbourg (17 %), la république de Bachkirie (24 %), l’oblast de Tcheliabinsk (14 %) et l’oblast de Kourgan (2 %)[4]. La réserve naturelle de l'Oural du Sud couvre un territoire de 252 800 hectares.
30
+
31
+ L'Oural central est compris entre les latitudes 56° N et 59° N.
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+ C'est un plateau bas, très boisé et riche en matières premières (pétrole, fer, bauxite, cuivre, amiante, chrome, platine et or), ce qui en fait une région industrielle importante, depuis le XVIIIe siècle. On y produit actuellement environ 1/3 de l’acier russe. L’absence de relief vigoureux en a fait le point de passage des principales voies de communication est-ouest de la Russie : Transsibérien, routes. La végétation est constituée de forêts de résineux et les sols sont généralement riches. L’Oural central occupe une superficie de 230 532 km2 répartis entre l’oblast de Perm (17 %), la république de Bachkirie (12 %), l’oblast de Tcheliabinsk (8 %), l’oblast de Sverdlovsk (40 %), l’oblast de Kourgan (19 %) et l’oblast de Tioumen (4 %)[5].
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+
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+ L'Oural septentrional est compris entre les latitudes 59° et 64°.
36
+
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+ Dans cette partie le massif montagneux est étroit mais caractérisé par des sommets élevés culminant au mont Konzhakovski (en) (1 569 m). L’Oural septentrional occupe une superficie de 337 910 km2 répartis entre la république des Komis (2 %), le district autonome des Khanty-Mansi (43 %), l’oblast de Sverdlovsk (30 %), l’oblast de Perm (17 %) et l’oblast de Tioumen (8 %)[6].
38
+
39
+ Le massif est très étroit et particulièrement accidenté est compris entre les latitudes 64° et 65° 30'.
40
+
41
+ C’est là que se trouve le plus haut sommet de l’Oural : le mont Narodnaïa (1 894 m). La végétation est constituée d’une toundra dépourvue d’arbres. La région est pratiquement inhabitée. L’Oural pré-polaire occupe une superficie de 336 050 km2 répartis entre les la république des Komis (28 %), le district autonome de Iamalo-Nénetsie (55 %) et celui des Khanty-Mansi (18 %)[7].
42
+
43
+ Au-delà de 64° de latitude commence l'Oural polaire.
44
+
45
+ Le massif étroit est constitué de montagnes basses morcelées avec un diverticule à l'ouest : les monts Paï-Khoï (en). La végétation est constituée d’une toundra dépourvue d’arbres. La région est pratiquement inhabitée. L’Oural polaire occupe une superficie de 72 544 km2 répartie entre la république des Komis (24 %), le district autonome de Iamalo-Nénetsie (4 %) et celui des Nenets (72 %)[8]. Il est prolongé au nord par les îles de la Nouvelle-Zemble.
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+ L'Oural était occupé à la fin de la préhistoire par des peuples aux pratiques variées (nomades, semi-nomades, métallurgistes, éleveurs) et aux origines ethniques diverses. Une étude publiée initialement en 2007[9] a fait le point sur le rôle de diffusion de la technologie du bronze que certaines populations, comme l'ensemble de Seima-Turbino et de la culture d'Andronovo ainsi que, dans la plaine de l'Ouest de la Sibérie, la culture du Karassouk[10]. Tous ont eu un rôle essentiel dans la dissémination de la technologie du bronze jusqu'à la Chine au cours du second millénaire avant l'ère commune[11]. En particulier dans l'Ouest de la Chine : la culture de Qijia (2200-1600) (essentiellement au Gansu), celle de Siba (1900-1500) (corridor du Hexi) et au nord, Ordos : Culture de Zhukaigou, v. 2000-1400 ainsi que sur le site de Tianshanbeilu (2000-1550) dans l'Est du Xinjiang. Les contacts ont été multiples et attestés par la présence sur tous ces sites des débuts de l'âge du bronze de couteaux de bronze, formes et technologie venues de la région de l'Oural et, au-delà, du Kazakhstan, à lame courbe dont le manche est muni d'un anneau, souvent servi par les cornes enroulées d'un capridé, permettant de le suspendre aisément. Ces technologies du bronze semblent avoir été appropriées par certains petits ateliers locaux en Chine. Et l'usage massif du bronze a suivi, selon une autre technologie, bien plus spectaculaire à multiples moules, pour des objets de culte dans les cultures d'Erlitou, au cours de la période d'Erligang, puis dans la culture de la dynastie Shang.
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+ Les témoignages écrits anciens sur l'Oural sont peu nombreux et vagues. Hérodote mentionne l’existence du massif. Au Xe siècle, les voyageurs et marchands arabes avaient connaissance d’un pays nordique appelé Ougra.
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+ C'est la république de Novgorod qui au XIe siècle effectue la première une exploration systématique de l'Oural et entre en relation régulière avec les populations finno-ougriennes.
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+ La Russie commence à s'intéresser à l'Oural après la chute du khanat de Kazan conquis par Ivan le Terrible en 1552. La disparition du khanat donne accès aux immenses territoires situés à l'est de la Russie : le cours moyen et inférieur de la Volga, l'Oural et enfin la Sibérie. Ivan IV concède en 1558 à une famille d'entrepreneurs venue du nord de la Russie, les Stroganov, le soin de mettre en exploitation le versant oriental de l’Oural, plus précisément le bassin supérieur de la Kama à condition d’assurer la défense de la région contre les attaques des peuplades locales et surtout des Tatars retranchés à l’est de l’Oural dans l’éphémère khanat de Sibir[12]. Les immenses gisements de sel situés dans la région de Perm sont mis en exploitation. Des gisements d’étain sont découverts et les premières fonderies sont créées. Parallèlement, la famille Stroganov finance des expéditions contre le khanat de Sibir, qui s’effondre en 1600.
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+ La partie méridionale du massif montagneux et ses piémonts commencent à cette époque à être colonisés de manière assez lâche. Au début du XVIIIe siècle, des usines métallurgiques sont installées près des gisements de fer découverts dans le massif sous l'impulsion de Pierre le Grand qui veut créer une industrie de l'armement pour faire de la Russie une puissance militaire.
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+ Les Bachkirs, peuple nomade vivant de part et d’autre de l'Oural méridional avaient accueilli sans hostilité l'arrivée des Russes et accepter de payer l’impôt que l’empire prélevait sur les populations autochtones : le yassak. Un siècle plus tard, l'arrivée de colons russes cherchant à s’approprier des terres déclenche une révolte qui dure de manière sporadique de 1705 à 1710. Ils se soulèvent une nouvelle fois en 1735 à la suite de réquisitions massives de chevaux effectués par l’armée dans le cadre du conflit russo-turc[13].
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+ Le minéralogiste Ernst Karlovitch Hofman (1801-1871) de l'université de Saint-Pétersbourg est le premier scientifique à effectuer une étude systématique des ressources de l'Oural. Ses recherches qui commencèrent en 1828 et lui firent parcourir des milliers de kilomètres dans le massif, lui permirent de rassembler une vaste collection de minéraux.
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+ Au XIXe siècle, l’industrie métallurgique de l'Oural, qui utilise toujours des forges catalanes dans lesquels travaillent souvent des serfs, est concurrencée par les installations plus récentes du Donbass. Ce n’est qu'après la révolution d’Octobre que les investissements sont relancés. Le second plan quinquennal (1933-1937) qui donne la priorité à l'industrie lourde entraine la création de puissants centres industriels sur le versant oriental de l'Oural, à Tcheliabinsk et Magnitogorsk. Très rapidement, l'Oural, sa partie centrale et méridionale, devient la troisième région industrielle du pays.
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, les industries de l'Oural, qui sont loin du front, fournissent la majorité de leur armement lourd aux troupes russes. Après la guerre, l'industrie nucléaire soviétique s’implante sur le versant occidental de l'Oural et est à l’origine de pollutions particulièrement graves restées à l'époque secrètes.
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+ En 2016, l’Oural représente 15 % de la production industrielle de la Russie[réf. nécessaire]. Mais elle doit faire face à l’épuisement de ses gisements sur lesquels reposent l’industrie métallurgique et mécanique. Les gisements de fer à forte teneur (40 à 60 %) — mont Visokaïa (en) près de Nijni Taguil, mont Magnitnaïa près de Magnitogorsk — sont épuisés et celui-ci doit être tiré de mines plus pauvre ou importés.
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+ Les mines du versant oriental produisent, en 2005, 14 millions de tonnes de minerai de fer (soit 15 % de la production russe contre 29 % en 1985) et l’industrie métallurgique produit 25 millions de tonnes d’acier (45 % de l’acier russe contre 51 % en 2005)[14]. La sidérurgie est concentrée dans quatre ensembles industriels qui s’échelonnent du nord au sud sur le versant oriental : Nijni Taguil, Tcheliabinsk, Magnitogorsk et Orsk.
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+ Le secteur de l’énergie est aujourd’hui[Quand ?] le premier secteur industriel de la région. Sur le versant occidental, près de Perm, on exploite des gisements de pétrole (mais la production décline) depuis la Seconde Guerre mondiale et depuis les années 1960 des gisements de gaz dans les environs d’Orenbourg.
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+ Le gisement de sel de Perm a permis la constitution d’une industrie chimique qui fournit des engrais à toute la Russie. Le soufre, dont le gaz extrait à Orenbourg est particulièrement riche, est également utilisé pour la chimie.
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+ La réduction des commandes de l’état russe à l’industrie de l’armement, particulièrement bien implantée dans la région, pèse fortement sur l’activité de la région.
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+ Les parties centrales et méridionales de l’Oural et ses contreforts sont quadrillés de villes de grandes tailles. Ce sont les villes millionnaires de Iekaterinbourg, Tcheliabinsk sur le versant oriental, de Perm et Oufa sur le versant occidental. Cet ensemble est complété par des villes de plusieurs centaines de milliers d’habitants : Orsk et Orenbourg dans le sud du massif, Magnitogorsk et Nijni Taguil sur le versant oriental, Sterlitamak et Solikamsk sur le versant occidental.
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+ Avant l’arrivée des russes plusieurs populations vivaient dans le massif ou sur ses confins :
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+ Montréal /ˈmɔ̃ˌʁeal/[3] Écouter (en anglais : Montreal, prononcé : /ˌmʌn.tɹiːˈɒl/, et en mohawk Tio'tia:ke) est la plus importante ville du Québec et la deuxième ville la plus peuplée du Canada, après Toronto et avant Vancouver. Elle se situe principalement sur l’île fluviale de Montréal, sur le fleuve Saint-Laurent (entre Québec et le lac Ontario) dans le Sud du Québec, dont elle est la métropole[4].
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+ En 2016, la ville comptait 1 704 694 habitants[1] et son aire urbaine, appelée la Région métropolitaine de Montréal, plus de 4 millions, soit environ la moitié de la population du Québec[5]. Montréal est ainsi la 19e agglomération la plus peuplée d'Amérique du Nord[6] et la 122e ville la plus peuplée du monde[7].
6
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7
+ Ville francophone la plus peuplée d'Amérique[8], Montréal est considérée comme ayant la deuxième population francophone au monde après Paris[Note 1],[9],[10]. D'après le recensement de 2016, 53,4 % de la population de Montréal était de langue maternelle française, 15,1 % était de langue anglaise et 36,8 % était de langues tierces[11], ce qui fait d'elle l'une des villes les plus cosmopolites du monde[12].
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+ Montréal est le 3e plus grand centre financier d'Amérique du Nord[13] et le 12e au monde[14]. Cœur économique du Québec, Montréal est aussi la seconde place financière du Canada et possède une économie fortement diversifiée[15] par le commerce, l’éducation, les technologies de l'information et les industries aérospatiale, pharmaceutique, du tourisme et du cinéma. La ville est la 3e en importance dans l'industrie mondiale du jeu vidéo[16].
10
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11
+ Classée ville mondiale en 2012, Montréal est la deuxième ville consulaire d'Amérique du Nord, abrite le siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale et est le siège de plus de 65 organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales[17], ce qui fait d'elle la 3e ville en importance en Amérique du Nord pour ce qui est du nombre de sièges sociaux d'organisations internationales, derrière New York et Washington[18]. De plus, la ville est la première d'Amérique du Nord pour le nombre de congrès internationaux[19]. En 2017, Montréal est consacrée « meilleure ville étudiante » au monde[20] et est considérée comme la « Métropole universitaire du Canada, avec six universités et 450 centres de recherche »[21].
12
+
13
+ Montréal a accueilli plusieurs événements internationaux d'envergure, dont l'Exposition universelle de 1967 et les Jeux olympiques d'été de 1976. Hôte du Grand Prix de Formule 1 du Canada, elle accueille annuellement de nombreux festivals, tels le Festival international de jazz de Montréal, les FrancoFolies et le festival Juste pour rire. Le club de hockey des Canadiens de Montréal y a élu domicile dès sa création en 1909.
14
+
15
+ Montréal est prononcé [mɔ̃ʁeal]écouter en français standard, [mɒ̃ʁeal]écouter[Note 2] en français québécois et [ˌmʌntriːˈɒl]écouter en anglais canadien. Les Kanien'kehá:ka (Mohawks) désignent Montréal sous le nom de Tio'tia:ke qui signifie « là où les courants se rencontrent »[22] ou « l’île entre les deux rapides »[23].
16
+
17
+ C'est l'explorateur français Jacques Cartier, lors de son second voyage en Amérique en 1535, qui baptise la montagne qui surplombe la ville. Dans son récit de voyage, il raconte : « Et parmi ces campagnes est située et assise la ville de Hochelaga près d'une montagne aux alentours labourés et fort fertiles et sur laquelle on voit fort loin. Nous nommâmes cette montagne le mont Royal. »[trad 1],[24] Le choix de ce nom pourrait être attribuable à celui qui accompagnait Jacques Cartier le jour du débarquement sur cette île, Claude de Pontbriand, fils du seigneur de Montréal (province d'Aquitaine, royaume de France). C'est l'avis des historiens Henry Percival Biggar et Ægidius Fauteux[25]. De la seigneurie de Montréal en Aquitaine, il subsiste le château[Note 3].
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19
+ La forme du toponyme Montréal (au lieu d'un *Montroyal attendu) est attestée dès 1575 chez François de Belleforest, gentilhomme originaire du Sud de la France. En effet, le type toponymique Montréal, commun dans le Midi de la France, est principalement caractéristique de la langue d'oc, parlée dans la plus grande partie de cette région, alors qu'il est rare dans le domaine d'oïl (exemples isolés). Le terme mont en français (et en langue d'oc) est issu du gallo-roman MONTE (lui-même de l'accusatif montem, du latin mons « montagne »), il avait également le sens de « hauteur, élévation, colline » en ancien français[26]. Réal représente généralement la forme d'oc francisée (occitan moderne reial, reiau, « royal ») correspondant à l'ancien français central royal qui est attesté sous cette forme dès le Moyen Âge et issu des plus anciens reiel/roial, dont la forme primitive regiel est attestée dans la Séquence de sainte Eulalie vers l'an 880, mais dont la finale -el a été refaite en -al conformément à l'étymologie latine regalis. Cette forme alternative real se retrouve dans certains textes en ancien français comme dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes, datant du XIIe siècle[27]. L'occitan conserve généralement la forme -al du latin, parfois mutée en -au (cf. nadal / nadau correspondant du français noël).
20
+
21
+ Bien que le premier établissement français sur l'île de Montréal porte le nom de Ville-Marie, c'est le nom Montréal qui devient l'appellation de facto de la ville à partir du XVIIe siècle ; plusieurs cartes en témoignent[28]. Cette désignation deviendra officielle le 31 mars 1831, date d'incorporation de la « ville de Montréal »[29].
22
+
23
+ Montréal se trouve à 165 km à l'est d'Ottawa, à 232 km au sud-ouest de Québec et à 3 686 km à l'est-nord-est de Vancouver.
24
+ La cité est située à 45° 31′ de latitude nord et à 73° 39′ de longitude ouest dans le Sud du Québec, au Canada, à proximité de la province de l'Ontario et de l'État de New York aux États-Unis[30],[31]. La ville occupe 74,5 % des 482,8 km2 de l'île de Montréal, la plus vaste île fluviale de l'archipel d'Hochelaga, à la confluence du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. L’île de Montréal est délimitée sur sa rive sud, d'ouest en est, par le lac Saint-Louis, les rapides de Lachine, le bassin de la Prairie et le fleuve Saint-Laurent proprement dit. Sur sa rive nord elle est baignée par le lac des Deux Montagnes puis par la rivière des Prairies. La ville s’étend en outre sur l'île Bizard, l'île des Sœurs, l'île Sainte-Hélène et l'île Notre-Dame.
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28
+ Montréal fait partie de l'écorégion des basses-terres du Saint-Laurent, une vaste vallée entre les montagnes Appalaches et Laurentides, s'étendant le long du fleuve du même nom. Le point le plus élevé de l'île, le mont Royal, l'une des collines Montérégiennes, toise le centre-ville de ses 234 mètres. Le zonage municipal fait en sorte qu'aucune construction ne dépasse cette hauteur pour des raisons esthétiques[réf. souhaitée]. Le centre historique de la ville, aussi appelé le Vieux-Montréal, se situe sur les rives du fleuve Saint-Laurent, à quelques kilomètres en aval des rapides de Lachine. L'hypercentre, avec ses gratte-ciel, est situé tout près, sur une terrasse entre le fleuve et le versant sud du mont Royal.
29
+
30
+ Le territoire de la municipalité de Montréal s'étend sur 365,65 km2 ; il enclave les villes de Montréal-Est, Mont-Royal, Hampstead, Côte-Saint-Luc, Montréal-Ouest et Westmount et partage des frontières terrestres dans l'Ouest de l’île avec Beaconsfield, Baie-d'Urfé, Dorval, Dollard-Des Ormeaux, Kirkland, Pointe-Claire, Sainte-Anne-de-Bellevue et Senneville.
31
+
32
+ La région de Montréal possède un climat continental humide à forte amplitude thermique[Note 4]. De 1971 à 2000, la température moyenne annuelle s'est élevée à 6,2 °C[32]. Le mois le plus chaud est juillet, avec une température moyenne de 20,9 °C, et le plus froid est janvier avec une moyenne de −10,2 °C[32]. On y compte en moyenne chaque année 8 jours au-dessus de 30 °C et 17 jours en dessous de −20 °C. La température la plus basse jamais enregistrée a été −37,8 °C, le 15 janvier 1957 ; la température la plus élevée a été 37,6 °C, le 1er août 1975[32]. L'indice humidex le plus élevé a été de 46,8 le 1er août 1975 et le refroidissement éolien le plus bas, de -49,1 le 23 janvier 1976[33]. Selon une étude publiée le 5 décembre 2005 par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec, l'Ouest du Québec méridional se serait réchauffé de 1 à 1,25 °C de 1960 à 2003[34].
33
+
34
+ D'après la classification de Köppen : la température moyenne du mois le plus froid est inférieure à 0 °C (janvier avec −9,7 °C) et celle du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (juillet avec 21,2 °C) donc c'est un climat continental. Les précipitations sont stables, donc il s'agit d'un climat continental froid sans saison sèche. L'été est tempéré car la température moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 22 °C (juillet avec 21,2 °C) et les températures moyennes des 4 mois les plus chauds sont supérieures à 10 °C (juin à septembre avec respectivement 18,6 °C, 21,2 °C, 20,1 °C et 15,5 °C).
35
+
36
+ Donc le climat de Montréal est classé comme Dfb[35],[36] dans la classification de Köppen, soit un climat continental humide avec été tempéré.
37
+
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+ Dans la période de 1971 à 2000, Montréal a reçu environ 2 979 mm de précipitations par an, 764 mm sous forme de pluie et 2 180 mm sous forme de neige[32]. La date médiane de la première neige se situe du 1er au 15 décembre et celle de la fonte de la couverture de neige continue du 1er au 15 avril ; soit un total environ 4 mois de couverture neigeuse[37],[38]. Le jour le plus pluvieux a été le 8 novembre 1996, avec 94 mm enregistrés en une seule journée[32]. La chute de neige la plus volumineuse jamais enregistrée en une seule journée a eu lieu le 27 décembre 2012 avec une précipitation de 45 cm[39], alors que sur une période de 24 heures le record a été établi du 4 au 5 mars 1971, avec une précipitation de 47 cm lors de la désormais célèbre « tempête du siècle[40] ». Les 26 et 27 décembre 1969, la métropole du Québec a vu sa plus forte tempête avec plus de 70 cm en 48 heures. La plus grande couverture neigeuse a été mesurée le 12 mars 1971 avec 102 cm[32].
39
+
40
+ À l'image des conditions climatiques, la faune et la flore de l'île de Montréal font partie de l'écosystème de la forêt mixte. Les milieux naturels de l'île renferment plusieurs essences de feuillus comme l'érable à sucre, le hêtre à grandes feuilles, le tilleul, le bouleau jaune, le noyer cendré, le chêne blanc et des conifères, comme la pruche du Canada, le thuya occidental, le pin blanc et le pin rouge. Les espèces animales les plus communes sont le raton laveur, la mouffette rayée, l'écureuil gris et ses variétés mélaniques noir-jais et brun-noir, la marmotte commune, le lapin à queue blanche, le cerf de Virginie, l'engoulevent d'Amérique, le geai bleu, le grand pic et l'oriole de Baltimore[42]. Le coyote est une espèce de plus en plus présente à Montréal[43],[44].
41
+
42
+ Montréal compte également une importante faune commensale. En plus des chats, des chiens et autres animaux domestiques, les pigeons, goélands et rats vivent en milieu urbanisé.
43
+
44
+ Montréal subit les conséquences environnementales de sa forte densité de population, son urbanisation étendue, sa motorisation élevée et son activité industrielle.
45
+
46
+ Cœur industriel du Canada pendant près d'un siècle, la ville compte à l'heure actuelle près de 1 500 terrains contaminés sur son territoire[45]. Parmi les exemples de réhabilitation des sols les plus importants, on peut citer le parc d’entreprises de la Pointe-Saint-Charles[46], le parc Frédéric-Back, le parc Maisonneuve et le parc Félix-Leclerc, d'anciens lieux d'enfouissement[47].
47
+
48
+ En 2011, selon l'Organisation mondiale de la santé, Montréal possède l'une des pires qualités de l'air au Canada (après Sarnia en Ontario)[48]. Toutefois, depuis plusieurs années, la qualité de l'air s'améliore sur l'île. En effet, les moyennes en μg/m3 des concentrations annuelles de particules fines mesurées à Montréal sont passées de 11,4 μg/m3 en 2009, à 7,0 μg/m3 en 2016 alors que la norme fixée par l’Organisation mondiale de la Santé est de 10 μg/m3[49].
49
+
50
+ La qualité de l'air à Montréal est surveillée par le Réseau de surveillance de la qualité de l'air (RSQA), qui compte 14 stations sur l'île de Montréal. En 2010, l'organisme avait observé 65 jours où l'air était mauvais, dont 24 jours de smog[50].
51
+
52
+ Santé Canada estime à 1 540 le nombre de décès prématurés attribuables à la pollution de l'air à Montréal chaque année[51]. La pollution automobile serait responsable de plus de 6 000 cas de bronchites infantiles par an[52][source insuffisante],[53]. Les habitants vivant le long des autoroutes connaissent des taux d'hospitalisation 20 % plus élevés que le reste de la population[52].
53
+
54
+ La qualité de l'eau à Montréal est surveillée par le Réseau de suivi du milieu aquatique (RSMA) qui analyse les cours d'eau, les ruisseaux, les lacs intérieurs et les égouts pluviaux à l'aide de 116 stations. C'est la rivière des Prairies, au nord de l'île, qui affiche la pollution de l'eau la plus élevée ; en 2010, la moitié des stations affichaient des taux bactériologiques trop élevés pour la baignade[54].
55
+
56
+ La disponibilité de l'eau autour de Montréal en rend la potabilisation et l’assainissement très peu coûteux, moins de 40 ¢ le mètre cube[55]. De plus, la municipalité ne facture pas son eau par volume de consommation mais par lieu via la taxe foncière. Ce faisant, les Montréalais sont parmi les plus gros consommateurs d'eau sur la planète (1 104 litres/personne/jour). Plus que le faible coût de l'eau, cet excès s'explique principalement par les importantes pertes (35 %) des aqueducs vétustes du sous-sol. Ainsi le quart des eaux usées sont en fait de l'eau potable s'infiltrant directement dans les égouts[56].
57
+
58
+ Les arrondissements limitrophes et situés au-dessous du corridor aérien de l'aéroport Montréal-Trudeau, dont Ahuntsic-Cartierville et Saint-Laurent, sont particulièrement victimes de la pollution sonore. Les habitants dénoncent régulièrement le non-respect du couvre-feu aérien entre 23 h et 7 h[57],[58][source insuffisante]. Par ailleurs les règlements sur le bruit peuvent être relativement différents selon les arrondissements[59],[60],[61],[62].
59
+
60
+ Si la municipalité de Montréal a le plus faible taux de motorisation des villes canadiennes et américaines[63], l'automobile demeure le moyen de transport dominant dans la région métropolitaine. En 2006, 70 % des personnes actives de la région métropolitaine se rendaient à leur travail en automobile comme conducteur ou passager[64] ; cette proportion tombe à 53,2 % chez les habitants de la ville[65], un nombre grandement inférieur à la proportion québécoise qui avoisine les 78 %[64].
61
+
62
+ Montréal est construite sur un archipel d'îles fluviales qui n'est pas directement accessible du reste du continent. Comme la plupart des grandes villes, elle est confrontée au problème de congestion automobile qui n'est qu'aggravé par sa situation insulaire. Il faut en moyenne 31 minutes à l'automobiliste de la région de Montréal pour se rendre à son travail ; le quart des automobilistes mettant plus de 45 minutes[66]. À cause de sa forte urbanisation, Montréal connaît aussi des heures de pointe le samedi et le dimanche.
63
+
64
+ Montréal est le centre nerveux d'un réseau de 1 770 kilomètres d'autoroutes construit principalement entre la fin des années 1950 et le milieu des années 1970 dans sa périphérie[67]. 17 ponts routiers et un tunnel permettent la traversée des cours d'eau qui encerclent la ville. On compte parmi eux le pont Samuel-De Champlain, le pont le plus achalandé du Canada[68].
65
+
66
+ L’île de Montréal comporte de nombreux axes rapides dont le principal est l'autoroute 40, la seule à la traverser d'ouest en est. Segment de la route transcanadienne, elle est la plus achalandée de la métropole et sa section métropolitaine, en partie surélevée, en est la plus congestionnée, et ce depuis sa création. Perpendiculaire à l'A-40, l'autoroute 15, qui s’étend des Laurentides à la frontière Américaine, passe par une tranchée au centre de l’île appelée autoroute Décarie, du nom du boulevard qu'elle longe.
67
+
68
+ Le transport collectif sur l'île de Montréal est l'un des plus efficaces, rapides et ponctuels en Amérique du Nord ; la Société de transport de Montréal (STM) qui l'administre a été nommée, en 2010, meilleure société de transport en Amérique du Nord par l’American Public Transportation Association[69]. À Montréal, 35 % des actifs se rendent au travail en transport en commun[65] ; cette proportion atteignant 49 % pour les nouveaux arrivants[70]. Au total, la STM enregistre 413,3 millions de déplacements par année mais affiche une croissance annuelle de fréquentation quasi nulle[71].
69
+
70
+ Le métro de Montréal constitue l'épine dorsale du système métropolitain de transport en commun avec environ 1,2 million de passagers par jour[72]. Le métro compte 68 stations réparties en quatre lignes qui s'étendent sur 71 kilomètres[73]. Conçu sur le modèle du métro parisien, le réseau montréalais a pour particularité d’être entièrement souterrain et ses rames d’être dotés d'un système de roulement sur pneumatiques. Chaque station possède une architecture particulière et des œuvres d'art public sont réparties dans la plupart d'entre elles[74].
71
+
72
+ En surface, les tramways ont été remplacés depuis 1959 par 192 lignes d'autobus et 8 500 arrêts, desservis par un total de 1 600 autobus et 93 minibus de transport adapté[75]. La ligne d'autobus la plus fréquentée est la 67 Saint-Michel avec une moyenne de 43 000 déplacements par jour de semaine[76]. On compte moins d'un million de passagers par jour ouvrable à bord des autobus de la STM[72].
73
+
74
+ La périphérie de Montréal est desservie, aux heures de pointe, par le train de banlieue administré par le réseau de transport exo. Six lignes aboutissent au centre-ville de Montréal à la gare Lucien-L'Allier et à la Gare centrale. On compte environ 80 000 passagers par jour ouvrables à bord des trains de l'AMT[77]. Le 22 avril 2016, la Caisse de dépôt et placement du Québec a dévoilé le projet de réseau électrique métropolitain, un métro léger automatisé pour la banlieue proche, qui devrait être opérationnel d'ici 2021[78].
75
+
76
+ Montréal compte quatre principaux terminaux de transports de passagers :
77
+
78
+ Montréal est fréquemment citée parmi les dix plus importantes villes cyclistes au monde[84]. De mai à décembre, 22 % des Montréalais utilisent le vélo comme principal moyen de transport, soit le double de la moyenne québécoise[85]. L'arrondissement où l'on compte la plus forte proportion de déplacements à vélo est le Plateau-Mont-Royal, où près du dixième de tous les déplacements sont faits à bicyclette[86]. On dénombre quotidiennement, hormis l'hiver, de 14 000 à 17 500 cyclistes dans le centre-ville[87].
79
+
80
+ Montréal possède un réseau de 650 kilomètres de pistes cyclables en constant développement[88]. La Route verte compte 80 kilomètres à Montréal ; les sections les plus notables sont celles longeant les rives du canal Lachine, du Vieux-Port à LaSalle ainsi que le circuit Gilles-Villeneuve[89].
81
+
82
+ La ville de Montréal peut compter sur l'un des plus importants réseaux de vélos en libre-service, le BIXI. Depuis sa création en 2009, le système s'est exporté dans plus d'une vingtaine de villes à travers le monde, notamment Londres, Melbourne et New York[90]. BIXI Montréal compte 5 120 vélos répartis dans plus de 450 stations, principalement dans les arrondissements centraux de la ville[91]. En 2010, 3,3 millions de déplacements en BIXI étaient enregistrés[92] et le réseau comptait plus de 30 000 abonnés[93].
83
+
84
+ « Accroupie au centre de la plaine comme l'araignée au centre de sa toile, Montréal l'écrase de sa masse[94] »
85
+
86
+ — Raoul Blanchard, géographe, à propos de Montréal.
87
+
88
+ La banlieue de Montréal est composée de 82 municipalités locales regroupées au sein de la Communauté métropolitaine de Montréal[95]. Ensemble, en incluant Montréal, ces municipalités couvrent une superficie de 4 360 km2 et réunissent 4,1 millions d'habitants soit près de la moitié de la population du Québec[96]. Ils forment la 15e plus importante aire urbaine d'Amérique du Nord[97] et la 77e mondialement. Les principales villes de la banlieue de Montréal sont Laval (422 933 hab.), Longueuil (239 700 hab.), Terrebonne (111 575 hab.), Brossard (85 721 hab.) et Repentigny (84 285 hab.).
89
+
90
+ Au cours des dernières années, à l'instar des grandes villes nord-américaines, l'étalement urbain en périphérie de Montréal s'effectue à basse densité (moins de 500 personnes par km2)[98]. Cette tendance entraîne de forts coûts au niveau des infrastructures de voirie, aqueducs, égouts, électricité, communications, et des frais de transport. Elle favorise l'urbanisation au détriment de terres agricoles et d'habitats naturels[99].
91
+
92
+ L'aménagement des voies à Montréal est le résultat de la superposition d'un découpage en damier, très répandu dans les grandes villes nord-américaines, à un découpage plus ancien, composé de côtes et de rangs, établi lors du régime seigneurial français[100].
93
+
94
+ À la fin du XVIIe siècle, Montréal est une petite ville fortifiée ; son territoire correspond au Vieux-Montréal actuel. Le sulpicien François Dollier de Casson planifie le tracé des rues à l'intérieur des fortifications en 1672[100]. Au XVIIIe siècle, la croissance de la population entraine la création des premiers faubourgs aux portes de la ville ; le faubourg des Récollets à la porte ouest, le faubourg Saint-Laurent à la porte nord et le faubourg Québec à la porte est.
95
+
96
+ Au XIXe siècle, le faubourg Saint-Laurent connaît une forte croissance, au-delà l'escarpement de la rue Sherbrooke, grâce au tramway. En son cœur, le boulevard Saint-Laurent, une montée perpendiculaire au fleuve Saint-Laurent, qui traverse l'île de Montréal, devient la première artère « nord-sud » de la ville, orienté en réalité nord-ouest/sud-est. En effet, par convention, on entend par orientation est/ouest ce qui est parallèle au fleuve Saint-Laurent, partout au Québec. La plus grande partie du développement s'effectuera à partir de cet axe, aussi appelé la « Main »[101].
97
+
98
+ La majorité des lotissements de Montréal sont érigés avant la seconde moitié du XXe siècle. La grille des rues forme des pâtés de maisons étroits et profonds établis en rangs perpendiculaires au fleuve Saint-Laurent. Densément peuplés, ils sont souvent entrecoupés sur la longueur par une ruelle qui dessert l'arrière des bâtiments[102].
99
+
100
+
101
+
102
+ Si les archéologues datent les premières présences humaines dans les basses-terres du Saint-Laurent du IVe millénaire av. J.-C.[103], les plus anciens artefacts retrouvés sur l'île de Montréal ne datent que de quelques siècles avant l'arrivée des premiers explorateurs européens[104].
103
+
104
+ Jacques Cartier est considéré comme le premier de ces explorateurs à avoir visité l'île de Montréal. Le 2 octobre 1535, selon le récit de son deuxième voyage en Amérique, il débarque sur l'île et se rend au village iroquoien fortifié de Hochelaga, construit au pied d'une colline qu'il nomme Mons realis (mont Royal en latin). Il estime la population de ce village à « plus de mille personnes »[105].
105
+
106
+ Quand Samuel de Champlain explore à son tour le fleuve en 1603, près de 70 ans plus tard, il rapporte que les Iroquoiens n'occupent plus l'île de Montréal ni les basses-terres du Saint-Laurent. Cela serait dû à l'émigration, aux épidémies de maladies européennes importées et aux guerres tribales[105],[106]. Hochelaga, le village décrit par Cartier, a disparu. Les indices archéologiques suggèrent fortement qu'il y a eu des guerres avec les tribus iroquoises et huronnes dans le but de contrôler les routes commerciales avec les Européens.
107
+
108
+ En 1611, Champlain établit un poste de traite saisonnier sur l'île de Montréal, dans un lieu qu'il nomme place Royale à la confluence de la Petite Rivière et du fleuve Saint-Laurent (aujourd'hui Pointe-à-Callière)[107]. Il doit cependant se résoudre à l'abandonner puisqu'il ne peut la défendre contre les guerriers mohawks[108].
109
+
110
+ En 1640, Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière, obtient la possession de l'île de Montréal au nom de la Société Notre-Dame de Montréal et se prépare à partir pour le Nouveau Monde.
111
+
112
+ La colonisation française de Montréal s'amorce vraiment avec l'établissement de la Société Notre-Dame de Montréal, une colonie missionnaire mise sur pied pour évangéliser les Amérindiens[109].
113
+
114
+ La société compte à sa tête Jérôme Le Royer de La Dauversière, Jean-Jacques Olier, Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance, une missionnaire qui fonde une chapelle et l'hôpital Hôtel-Dieu de Montréal[110].
115
+
116
+ Le 8 août 1641, Jeanne Mance arrive à Québec. Le 14 octobre, Maisonneuve prend possession de Montréal. Il retourne à Québec, où, sous les hospices de Pierre de Puiseaux, il hivernera avec 44 colons, dont quatre femmes. Le 15 octobre, Maisonneuve est nommé gouverneur de Montréal. Ville-Marie est fondée le 17 mai 1642.
117
+
118
+ « Il est de mon honneur d'accomplir ma mission, tous les arbres de l'île de Montréal devraient-ils se changer en autant d'Iroquois. »
119
+
120
+ — Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, dans une lettre adressée au gouverneur de la Nouvelle-France.
121
+
122
+ La colonie connaît des débuts précaires. Face aux fréquentes incursions iroquoises faisant prisonniers et tués, la cinquantaine de colons « montréalistes » sont souvent retranchés dans le fort Ville-Marie. Cette situation rend l'agriculture difficile à pratiquer. De plus, la Société Notre-Dame de Montréal n'arrive pas à convertir suffisamment d'Amérindiens pour assurer la croissance démographique[111]. Maisonneuve est contraint de retourner en France pour recruter d'autres colons en 1653 et en 1659 ; ces efforts en amènent près de 200, parmi lesquels sœur Marguerite Bourgeoys, la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal en 1659[112]. Ces nouveaux arrivants permettent le développement de l'agriculture, assurant la survie et le développement de Ville-Marie.
123
+
124
+ En 1663, la Nouvelle-France devient une province royale. Elle est placée sous le commandement du Conseil souverain de la Nouvelle-France qui relève de l'autorité directe de Louis XIV. La Société Notre-Dame est dissoute la même année et Maisonneuve est renvoyé en France par le gouverneur Prouville de Tracy[112]. La seigneurie de Montréal est cédée au séminaire Saint-Sulpice de Paris en 1665. Les sulpiciens influenceront de manière significative le développement de Montréal[112]. La traite des fourrures devient, à partir de 1665, grâce à des interventions militaires françaises, une part principale de l'économie montréalaise[113]. Les pelleteries en provenance de la rivière des Outaouais transitent à Ville-Marie qui compte plus de 600 habitants à cette époque[114],[115],[116]. Les sulpiciens font borner les rues en 1672 puis la ville est fortifiée d'une palissade de pieux en 1687[117].
125
+
126
+ Pendant que Ville-Marie se développe, d'autres secteurs de peuplement apparaissent sur l'île. En amont des rapides du Sault-Saint-Louis sur le Saint-Laurent, un fief est concédé à l'explorateur René-Robert Cavelier de La Salle, qui fonde Lachine en 1669. Au Sault-au-Récollet, au nord de l'île, sur la rivière des Prairies, une mission est fondée par les sulpiciens en 1696. Malgré quelques périodes de tranquillité, les guerres franco-iroquoises font de plus en plus de ravages dans la colonie à la fin du XVIIe siècle. On compte parmi les événements sanglants le massacre de Lachine du 5 août 1689.
127
+
128
+ En août 1701, le traité de la Grande Paix de Montréal met fin aux hostilités. 1 200 Amérindiens d'une quarantaine de nations de la région des Grands Lacs et plusieurs notables de la Nouvelle-France, dont le gouverneur Hector de Callières, se rassemblent à Montréal pour la signature du traité[118]. L'expansion de Montréal se poursuit durant la première moitié du XVIIIe siècle ; les premiers faubourgs apparaissent durant les années 1730 alors que la ville compte autour de 3 000 habitants[119]. En plus de la traite des fourrures, elle devient le point central d'un territoire agricole en pleine croissance.
129
+
130
+ Commencée un peu avant la guerre de Sept Ans, la guerre de la Conquête oppose les Français et les Britanniques en Amérique du Nord à partir de 1754. En plus de la citadelle de Montréal, les Français comptent à cette époque de nombreux forts sur l'île de Montréal tel que le fort Lorette, le fort de la Montagne, le fort de Pointe-aux-Trembles et le fort Senneville.
131
+
132
+ La bataille des plaines d'Abraham, victoire britannique à Québec, le 13 septembre 1759, annonce la fin du régime français sur le territoire. Malgré une dernière tentative de reprendre la ville lors de la bataille de Sainte-Foy le 28 avril 1760, le duc de Lévis est contraint de replier ses troupes à Montréal. Le 8 septembre 1760, les troupes françaises de Montréal[120], commandées par Pierre de Cavagnal, marquis de Vaudreuil, se rendent sans combat à l'armée britannique commandée par Lord Jeffery Amherst[121]. Le traité de Paris de 1763 marque la fin de la période française.
133
+
134
+ Avec le nouveau régime le commerce devient exclusivement tourné vers l'Empire britannique. Montréal, alors le centre d'un vaste arrière-pays, développe une solide bourgeoisie commerciale, principalement d'origine écossaise et anglaise. Après la guerre d'indépendance des États-Unis et l’arrivée de loyalistes américains dans la province de Québec, la région de Montréal devient un tampon où se rencontrent deux peuples, l'un anglophone et protestant, l'autre francophone et catholique.
135
+
136
+ Bien que les Canadiens (descendants des premiers colons français) soient majoritaires, leur sous-représentation politique et le déni de leur langue crée une situation de tension culminant avec la rébellion des Patriotes de 1837-1838. Montréal est le lieu d’émeutes de part et d'autre de la population. Le Parlement du Canada-Uni, installé à Montréal entre 1843 et 1849, est ainsi incendié par des émeutiers anti-unioniste, appelés aux armes par un article haineux de The Gazette. Le feu se propageant également jusqu'à la bibliothèque nationale, il détruit d'innombrables archives de la Nouvelle-France[122]. Ces incidents incitèrent les députés du Canada-Uni à transférer la capitale en alternance à Toronto et à Québec, puis à choisir Ottawa à partir de 1866[123].
137
+
138
+ Sur le plan économique, le début du XIXe siècle marque une importante transition dans l'activité commerciale de Montréal. Sa position géographique liée aux réseaux de communication naturels faisait déjà de la ville un centre important de la traite des fourrures vers l'Europe. Le début de la colonisation anglaise du Haut-Canada par les loyalistes transforme Montréal en plaque tournante de l'approvisionnement et du peuplement de la région des Grands Lacs. L'industrie de la traite des fourrures — qui a dominé l'activité économique pendant plus d'un siècle — perd en importance par rapport au négoce et aux activités de transport[124]. La croissance de la ville s’accélère par la construction en 1824 du canal de Lachine, permettant aux navires de franchir les rapides de Lachine et facilitant les communications entre l'Atlantique et les Grands Lacs.
139
+
140
+ La seconde moitié du XIXe siècle amène le rapide développement du chemin de fer, la création d'une première ligne ferroviaire de 23 km entre Laprairie et Saint-Jean-sur-Richelieu en 1836, et celle du canal de Chambly, inauguré en 1843[125]. Les deux infrastructures améliorent les communications avec New York, via le lac Champlain ou sa rive et la vallée du fleuve Hudson. La construction des lignes du Grand Tronc vers Toronto et les provinces maritimes dans les années 1850, et celle du pont Victoria, en 1860, consolident la vocation de la ville. La compagnie ferroviaire du Canadien Pacifique y installe son siège social en 1880, faisant définitivement de Montréal le nœud ferroviaire du Canada. Parallèlement l'industrie artisanale cède sa place à l'industrialisation.
141
+
142
+ La ville subit plusieurs épidémies durant le XIXe siècle, la plus importante étant l'épidémie de variole de 1885 qui tua 3164 personnes (en très grande majorité des francophones) soit 1,89% de sa population estimée alors à 168 000 habitants[126].
143
+
144
+ Entre les épidémies et les grands incendies l’élite commerciale, devenue industrielle, commence à s’établir dans le Mile carré doré. En 1860, Montréal est devenue la plus importante municipalité de l'Amérique du Nord britannique et le centre économique et culturel du Canada.
145
+
146
+
147
+
148
+ Entre la fin du XIXe siècle et le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Montréal connaît l'une des plus fortes périodes de croissance de son histoire. Le développement des banques et autres institutions financières avec l'industrie donne l'élan lui permettant de devenir le centre financier canadien durant toute la première moitié du XXe siècle.
149
+
150
+ Après guerre, la ville se modernise et développe une réputation de ville festive. La prohibition aux États-Unis en fait une destination prisée par les Américains. L'essor des débits de boisson, des cabarets, des maisons de jeu, des réseaux de paris, l'accès facile aux drogues, le foisonnement des bordels, la hausse du tourisme sexuel, combinés à une influence croissante de la pègre, de même qu'une certaine connivence des forces policières sont à l'origine du qualificatif de «ville ouverte»
151
+ [127],[128].
152
+
153
+ Malgré la croissance de Montréal, le chômage y perdure et est exacerbé par le krach de 1929. Durant la grande dépression, la ville aide les chômeurs et entreprend une politique de grands travaux qui touche durement ses finances au point qu'elle est placée sous tutelle du gouvernement provincial de 1940 à 1944. Pendant cette période, l'effort de guerre amène le plein emploi et inaugure une nouvelle ère de prospérité.
154
+
155
+ En 1951, la population montréalaise dépasse le million. Pourtant la croissance de Toronto a déjà commencé à contester à la métropole québécoise son statut de capitale économique du Canada. En effet, depuis les années 1940 le volume d'actions échangées à la bourse de Toronto est devenu supérieur à celui de la bourse de Montréal. Les années 1950 et 1960 sont marquées par une croissance soutenue, que symbolise la tenue de l'Exposition universelle de 1967[129], la construction des plus hautes tours du Commonwealth, du réseau autoroutier et du métro de Montréal. Pourtant l'économie montréalaise, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, est en pleine mutation. Un vaste mouvement des industries vers le Midwest et le Sud de l'Ontario, combiné à des changements technologiques, comme l'essor du camionnage et la mise en service de la voie maritime du Saint-Laurent en 1959, réduisent progressivement l'importance de Montréal comme centre de transbordement des marchandises[130].
156
+
157
+ Les années 1970 se révélèrent être une période de vastes changements sociaux et politiques, émanant d'une majorité francophone achevant sa Révolution tranquille face à la domination traditionnelle du monde des affaires par une minorité anglophone érodée par le lent déclin de leur ville[131]. La crise d'octobre 1970, qui voit l'armée déployée dans les rues[132], puis l'élection en 1976 du Parti québécois, partisan de la souveraineté, favorisent le départ de grandes entreprises[133] (Sun Life, RBC…) et de nombreuses personnes de la ville, accélérant encore le renversement de la hiérarchie des métropoles canadiennes au profit de Toronto[134]. Cela n'empêche cependant pas Montréal, dirigée d'une main de fer par le maire Jean Drapeau, d'assurer son statut international en devenant ville olympique en cette même année 1976. La métropole est alors à son apogée, au prix d'une dette importante[135].
158
+
159
+ Jusqu'au milieu des années 1990, l'économie de Montréal, frappée durement par les récessions de 1981-1982 et 1990-1992, se développe plus lentement que beaucoup de villes canadiennes. Une importante restructuration industrielle et un développement des industries culturelles donneront un second souffle à la ville[136]. Montréal célèbre avec éclat son 350e anniversaire en 1992.
160
+
161
+ La ville est frappée en décembre 1989 par le premier féminicide de masse. Un homme déclarant détester les « féministes » abat quatorze jeunes femmes à l'École polytechnique[137].
162
+
163
+ Le 1er janvier 2002, Montréal est fusionnée avec 27 municipalités avoisinantes, créant une ville unifiée couvrant l'entièreté de l'île de Montréal. Cependant les banlieues anglophones[contexte nécessaire] perçoivent cette fusion comme imposée par le Parti québécois et, après l'élection d'un gouvernement libéral à Québec, plusieurs municipalités votent pour quitter la ville unifiée via des référendums en juin 2004. La dé-fusion partielle a lieu le 1er janvier 2006, laissant 15 municipalités sur l'île, incluant Montréal. Les fusions de 2002 ne furent pas les premières de l'histoire de la ville. En effet, Montréal annexa auparavant 27 autres villes et villages, en commençant par Hochelaga en 1883, jusqu'à Pointe-aux-Trembles en 1982.
164
+
165
+ Le XXIe siècle amène le renouveau du paysage économique et culturel de la ville et de ses infrastructures. La construction de gratte-ciel résidentiels, de deux super-hôpitaux, du quartier des Spectacles, la gentrification de Griffintown, l'expansion de l'aéroport Montréal-Trudeau, le remplacement du pont Champlain par le pont Samuel-De Champlain, la reconstruction de l'échangeur Turcot et le projet de Réseau express métropolitain, sont autant de réalisations qui font que Montréal continue de grandir.
166
+
167
+ Montréal est une municipalité de ville régie par une charte indépendante. Son administration municipale est répartie sur trois niveaux : la ville, les arrondissements et l'agglomération.
168
+
169
+ Montréal possède officiellement huit partis politiques selon les données officielles d'Élections Québec[138] :
170
+
171
+ Le conseil municipal de Montréal est l'organe décisionnel principal de la ville. Il est composé de 65 membres : le maire, les 19 maires d'arrondissement et 46 conseillers de ville. Les maires d'arrondissement sont élus au suffrage universel parmi la population de leur arrondissement et les conseillers de ville sont élus au scrutin majoritaire à un tour dans les différents districts électoraux de la ville (chaque arrondissement est divisé entre 0 et 4 districts électoraux).
172
+
173
+ Le maire est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour tous les 4 ans. Il incarne le pouvoir exécutif au sein de l'administration municipale de la ville ; en plus du conseil municipal, il siège au conseil d'agglomération et au comité exécutif de Montréal. Il est également maire de l'arrondissement Ville-Marie.
174
+
175
+ Onze commissions permanentes du conseil[142] s'occupent des consultations publiques et de la réception des commentaires et des critiques liés à leurs domaines respectifs. Elles sont avant tout des organes de consultation, donc non décisionnels, contrairement au comité exécutif. Leur mission consiste à bien informer et éclairer le choix des membres du conseil municipal et à favoriser la participation des citoyens dans les débats publics.
176
+
177
+ « La composition des commissions permanentes varie entre elles. Chacune est composée d’un nombre de 7 à 12 élus selon le cas. L’un d’entre eux est désigné pour agir comme président et au moins deux autres agissent à titre de vice-présidents. À l’exception de la Commission de la présidence du conseil qui fait des recommandations strictement au conseil municipal, deux membres de chaque commission sont choisis parmi les membres des conseils des municipalités liées pour occuper notamment l’une des vice-présidences (volet agglomération).
178
+ Quant à la durée du mandat des membres siégeant au sein des commissions permanentes, elle est déterminée par le conseil municipal et le conseil d’agglomération.Seule la durée du mandat de la personne représentant le gouvernement du Québec au sein de la Commission de la sécurité publique est déterminée par le gouvernement du Québec. Finalement, une personne accompagne les travaux de chacune des commissions permanentes à titre de secrétaire recherchiste. »
179
+
180
+ — Guide d'information (janvier 2017) : les commissions permanentes du conseil municipal et d'agglomération[143]
181
+
182
+
183
+
184
+ La ville de Montréal compte 19 arrondissements[144]. Plusieurs d'entre eux étant d'anciennes villes fusionnées à Montréal. Les arrondissements sont dirigés par le conseil d'arrondissement composé du maire de l'arrondissement, des conseillers de ville de l'arrondissement et des conseillers d'arrondissement, s'il y a lieu (les arrondissements élisent entre 0 et 3 conseillers d'arrondissements)[145]. Au total, les 19 arrondissements comprennent 39 conseillers d'arrondissement. Ils sont responsables, localement, de l'urbanisme, de l'enlèvement des matières résiduelles, de la culture, des loisirs, du développement communautaire, des parcs, de la voirie, de l'habitation, du personnel, de la prévention des incendies, de la gestion financière et des tarifications non fiscales[146].
185
+
186
+ Sur l’île de Montréal, la ville de Montréal et les 15 municipalités « dé-fusionnées » depuis 2006 se retrouvent au sein du conseil d'agglomération de Montréal. Ce conseil gère les compétences d'agglomération sur l'ensemble du territoire de l'île de Montréal, dont la sécurité publique, l'évaluation foncière, la distribution de l'eau potable, le traitement des eaux usées et des matières résiduelles, la voirie et le transport collectif[réf. souhaitée]. Il est composé du maire de Montréal, de 15 conseillers de Montréal et de 14 maires et 1 représentant des villes reconstituées de l'île de Montréal.[réf. souhaitée] Les villes « dé-fusionnées » conservent les compétences de proximité (loisirs, travaux publics, etc.).
187
+
188
+ Au niveau provincial, la représentation à l'Assemblée nationale du Québec se fait par des députés élus dans des circonscriptions. Vingt-sept circonscriptions sont situées à Montréal (bien que certaines d'entre elles chevauchent Montréal et d'autres villes).
189
+
190
+ Au niveau fédéral, la représentation à la Chambre des communes du Canada se fait par des députés élus dans des circonscriptions. Dix-huit circonscriptions sont situées à Montréal (bien que certaines d'entre elles chevauchent Montréal et d'autres villes).
191
+
192
+ Le représentation au Sénat du Canada, quant à elle, se fait par des sénateurs nommés dans des divisions. Trois divisions sénatoriales sont situées à Montréal (bien que certaines d'entre elles chevauchent Montréal et d'autres villes)[148].
193
+
194
+ Le gentilé Montréalais, Montréalaise est employé pour désigner les habitants de Montréal. Cette dénomination française a été officialisée au printemps 2015[158]. Selon un linguiste québécois, le gentilé Montréalais a pour équivalent Montrealer en anglais, مونتريالي en arabe, Montrealés, montrealesa en espagnol, Montrealese en italien et 蒙特利尔人 en chinois[159].
195
+
196
+ Montréal est la ville la plus peuplée du Québec, la deuxième ville la plus peuplée du Canada et le centre d'une agglomération de près de 4 millions d'habitants[160],[Note 5]. En 2016, on compte 1 704 694 Montréalais[161]. La densité moyenne de population dans la ville est 4 662 hab./km2. Elle atteint 13 096 hab./km2 dans le Plateau-Mont-Royal et 18 802 hab./km2 dans le quartier Parc-Extension.
197
+
198
+ L'immigration est le principal moteur de la croissance démographique montréalaise. Entre 2008 et 2009, l'île de Montréal accueille 40 005 nouveaux immigrants internationaux. Pour la même période, l'accroissement naturel amène 8 235 nouveaux Montréalais[162].
199
+
200
+ La population de la ville est relativement jeune : en 2006, selon Statistique Canada, le pourcentage d'habitants âgés de moins de 35 ans est 44 %[163], soit 2 points de plus que la moyenne québécoise, qui est 41,8 %[163]. L'âge médian y est 38,8 ans[163], soit un peu moins que la moyenne provinciale (41 ans).
201
+
202
+ La population de la ville de Montréal a connu sa principale période de croissance au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle. Durant cette période, la population de la ville, sans compter la banlieue, passe d'un peu moins de 60 000 habitants à plus d'un million d'habitants ; Montréal est la ville la plus peuplée du Canada jusque dans les années 1950.
203
+
204
+ En plus de l'immigration irlandaise au cours du XIXe siècle, l'industrialisation est le principal facteur de la croissance de la ville. Les habitants des campagnes environnantes migrent vers la ville pour y travailler dans les usines. La plupart des arrivants sont des Canadiens français et des Canadiens anglais provenant des milieux ruraux du Québec, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick[166].
205
+
206
+ La population d'origine européenne est en vaste majorité d'ascendance française, irlandaise, anglaise et italienne, toujours selon Statistique Canada[167]. Les quatre groupes ethniques en importance sur l'île de Montréal étaient, en 2001, les Canadiens (population établie au Canada depuis plusieurs générations) à 55,7 % (1 885 085), les Français à 26,6 % (900 485), les Italiens à 6,6 % (224 460) et les Irlandais à 4,7 % (161 235)[167].
207
+
208
+ Dans la ville de Montréal, toujours en 2001, les descendants de francophones ou anglophones canadiens d'identité ancestrale française et britannique étaient majoritaires. Ceux identifiés en tant que Canadiens d'identité dite ancestrale, selon la loi sur les langues officielles du Canada, sont en effet majoritairement de descendance française, irlandaise, anglaise et écossaise, ou leurs familles ayant élu domicile sur le territoire depuis plusieurs générations.
209
+
210
+ En 2016, les principales minorités visibles étaient, en ordre d'importance, les Afro-Canadiens qui comptaient pour 9,5 % de la population totale et les Arabes pour 6,9 %[168], une augmentation de 17 % par rapport à 2011[169][réf. non conforme].
211
+
212
+ La répartition des communautés culturelles montréalaises varie grandement en fonction des arrondissements[170]. Plus de 200 communautés sont présentes, ayant créé leur quartier dès le XVIIe siècle, ou jusqu'aussi récemment qu'au XXIe siècle[171].
213
+
214
+ Selon les données du recensement de 2006, la majorité des habitants de la communauté métropolitaine de Montréal (environ 65 %) a le français pour langue maternelle, une part non négligeable (23 %) de la population est néo-canadienne, n'ayant ni le français ni l'anglais comme langue d'origine, tandis qu'environ 12 % se déclarent anglophones[172].
215
+
216
+ Selon la même source, sur l'ensemble de l'île de Montréal, le constat change alors qu'environ 50 % de la population se déclare francophone, 34 % allophone et 16 % anglophone. Cependant, la majorité des citoyens ont à tout le moins une connaissance pratique de la langue majoritaire et la plupart des allophones ont le français ou l'anglais comme langue seconde[173]. Près de 53 % des Montréalais sont bilingues français et anglais, 29 % des gens parlent uniquement le français et 13 % des Montréalais parlent seulement l'anglais (surtout concentrés dans l'Ouest de l'île de Montréal).
217
+
218
+ Certaines personnes ne sont capables de communiquer ni en français ni en anglais. Cependant, la tendance qu'ont les nouveaux immigrants à apprendre la langue majoritaire s'est accélérée depuis l'introduction de la Charte de la langue française durant les années 1970. L'italien, le portugais, l'espagnol et le roumain sont les autres langues romanes utilisées à Montréal ; l'allemand, le grec, le yiddish mais aussi le berbère (kabyle), l'arabe, le mandarin, le cantonais, le vietnamien, le créole haïtien et le hindi sont également des langues utilisées à Montréal (due à l'immigration). L'usage du français à la maison, en général, a progressé dans la communauté métropolitaine de Montréal[174]. La population anglophone a continué de diminuer de 1996 à 2001. Sa proportion est passée de 13,7 % en 1996 à 12,8 % en 2001 puis 11,8 % en 2011[réf. souhaitée]. La proportion de francophones s'est légèrement accrue durant cette période quinquennale, passant de 67,9 % à 69,1 %[réf. souhaitée], puis 85,7 % de personnes sachant parler français en 2011[174].
219
+
220
+ Par ailleurs, les statistiques de 2006 affichent un renversement de la tendance. En effet, tous les arrondissements de la ville ont vu leur proportion de locuteurs francophones diminuer depuis 2001. En cinq ans, cette variation est d'une amplitude variable selon les districts, allant d'une hausse de 1 % dans Loyola (arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce) à une baisse de 29 % dans Sainte-Geneviève (arrondissement de L'Île-Bizard―Sainte-Geneviève)[175]. La régression du français dans la ville de Montréal est un sujet récurrent dans les médias francophones québécois. Elle doit cependant être nuancée dans la mesure où cette baisse en pourcentage ne se fait pas au profit d'une langue unique mais d'une multitude de langues, conséquence de l'accueil d'un grand nombre d'immigrants de langue maternelle autre que le français et l'anglais. D'autre part, le français reste la langue de travail majoritaire (66,5 % des réponses uniques au recensement de 2006)[176].
221
+
222
+ Capitale canadienne du trilinguisme
223
+
224
+ Capitale canadienne du bilinguisme depuis longtemps, Montréal est maintenant reconnue capitale du trilinguisme au Canada grâce à la présence d'immigrants polyglottes. Les néo-Montréalais sont trilingues à plus de 44 % alors que les natifs de Montréal, francophones et anglophones, ne le sont qu'à 3 %[177]. La métropole québécoise est donc la capitale canadienne du trilinguisme grâce à ses nouveaux citoyens et sa réalité linguistique est en pleine mutation. Le phénomène va d'ailleurs s’accélérer au fil des années à venir avec une immigration qui vise à pallier un faible indice de fécondité.
225
+
226
+ Officiellement, l'arabe est la troisième langue parlée dans l'Île de Montréal après le français et l'anglais. Les locuteurs de l’arabe à la maison seraient 160 000 pour 140 000 hispanophones[178][réf. non conforme]. Toutefois, ces chiffres ne tiennent pas compte de l’attrait qu'exerce l'espagnol sur les Montréalais natifs qui voyagent ou apprennent la langue de Cervantes. Selon le sociologue Victor Armony (2017), l’espagnol serait déjà la troisième langue la plus parlée au Québec avec 350 000 locuteurs se disant capable de maintenir une conversation en espagnol contre 210 000 pour l’arabe. D'ailleurs, le recensement de 2016 stipule que 280 000 Montréalais ont déclaré avoir une certaine connaissance de l’espagnol contre seulement 241 000 pour l’arabe[179].
227
+
228
+ Selon les récentes projections de Statistiques Canada (2017), le trilinguisme de Montréal ne constitue pas une menace pour le fait français dans l’ancienne Ville-Marie en raison de la sélection favorisant la connaissance du français chez les immigrants au Québec. Selon ces données, « … les deux tiers de la population de l’île tendraient à s’orienter principalement vers le français en 2036 en dépit du fait que la population de langue maternelle française pourrait n’y représenter que 41 % à 43 %[180][réf. non conforme]. » Le poids démographique de la population de langue maternelle française chuterait même en-dessous de celui de la population de langue maternelle tierce qui grimperait à 45 %.
229
+
230
+ Selon les données de Statistique Canada de 2011, Montréal est une ville majoritairement catholique ; 53 % de la population adhère à cette confession chrétienne[181]. Les Montréalais sans appartenance religieuse sont le second groupe en importance, représentant 18 % de la population[181]. Les trois autres groupes importants sont les musulmans, les orthodoxes et les protestants[181]. Montréal accueille également de plus petites communautés bouddhistes, sikhs, bahá'íes, témoins de Jéhovah et hindoues.
231
+
232
+ De passage dans la ville en 1881, l'écrivain américain Mark Twain baptise Montréal la « ville aux cent clochers[182] ». Cela illustre la grande quantité d'églises catholiques romaines et protestantes que comptait la ville. À lui seul, l'archidiocèse de Montréal compte d'ailleurs plus de 200 paroisses actives actuellement[Quand ?][183].
233
+
234
+ Les chrétiens catholiques de la métropole font partie de l'archidiocèse de Montréal[184][réf. non conforme], dont l'archevêque est rattaché à la basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde. La ville compte plusieurs autres lieux de culte catholiques importants tels que l'oratoire Saint-Joseph, le lieu de pèlerinage le plus important dédié à saint Joseph[185], la basilique Notre-Dame et la basilique Saint-Patrick. Traditionnellement catholique, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, situé sur le flanc nord du mont Royal, est le plus grand cimetière au Canada[186]. L'Église catholique trouve la majorité de ses fidèles au sein de la majorité canadienne-française et des communautés d'origine irlandaise, italienne, portugaise, polonaise et haïtienne. On retrouve aussi plusieurs communautés catholiques orientales, proches des orthodoxes.
235
+
236
+ Historiquement associés aux Anglo-Québécois, les protestants montréalais sont principalement anglicans[187]. Ces derniers font partie du Diocèse anglican de Montréal, dont le siège se trouve à la cathédrale Christ Church[188][réf. non conforme]. L'Église Unie du Canada, la plus importante dénomination protestante au pays, possède comme lieu de culte notable l'église unie Saint-James. Du côté évangélique, la première église baptiste est établie dans la ville en 1831 par John Gilmour, un pasteur anglais[189]. Fondée en 1916, l'Evangel Pentecostal Church est la première église pentecôtiste de Montréal et du Québec[190]. Le cimetière Mont-Royal dessert traditionnellement la communauté protestante.
237
+
238
+ Le christianisme orthodoxe trouve la majorité de ses membres auprès des communautés grecques, russes, roumaines et arabes. On compte, par exemple, l'église orthodoxe antiochienne Saint-Georges, classée lieu historique national du Canada[191].
239
+
240
+ Christian Lépine est l'archevêque catholique de Montréal.
241
+
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+ La cathédrale Christ Church est le siège du Diocèse anglican de Montréal.
243
+
244
+ Le bâtiment de l'Evangel Pentecostal Church au centre-ville.
245
+
246
+ L'église orthodoxe antiochienne Saint-Georges.
247
+
248
+ Presque absent avant la seconde moitié du XXe siècle, l'islam a connu une forte progression au Québec depuis l'élimination de la discrimination racialiste dans les politiques d'immigration canadiennes en 1962[192],[193]. On compte aujourd'hui[Quand ?] plus de pratiquants musulmans que de pratiquants catholiques à Montréal[194]. Entre 2001 et 2011, la population musulmane a presque doublé dans la ville, passant de 81 000 à 155 000 croyants en l'espace de 10 ans[181]. Cette tendance est principalement due à l'immigration en provenance de l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie et du Liban[192]. Contrairement à la France, l'Allemagne ou au Royaume-Uni, il n'y a pas de domination d'un groupe ethnique musulman particulier à Montréal[195] ; 70 % des musulmans sont sunnites et 30 % sont chiites[196]. Un peu plus d'une cinquantaine de lieux de culte musulmans existent dans la grande région de Montréal[195].
249
+
250
+ La communauté juive (Juifs laïcs et Juifs pratiquants) de Montréal, établie surtout depuis le début du XXe siècle, est principalement concentrée dans les arrondissements d'Outremont, de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Saint-Laurent ; autour des villes enclavées de Côte-Saint-Luc et Hampstead, où les Juifs sont majoritaires[197]. On compte 80 000 Juifs dans la ville de Montréal et plus de 120 000 sur l'île[197].
251
+
252
+ Géographiquement proche de Montréal se trouve la communauté juive hassidique Kiryas Tosh de Boisbriand.
253
+
254
+ Avec son quartier gai, le Village, le plus grand quartier gai en Amérique du Nord et l'un des plus grands au monde, Montréal est l'un des pôles de la vie gaie et lesbienne au Canada. Montréal a été choisie, entre 1999 et 2000, afin de faire partie du groupe sélect de capitales gaies mondiales, comprenant, en 1999, les villes de Montréal, Paris, Munich, Manchester, Sydney et, en 2000, Amsterdam, Berlin, Manchester. En 2006, elle a accueilli les premiers Outgames mondiaux (Jeux olympiques LGBT)[198].
255
+
256
+ Les Montréalais pratiquent plusieurs types d'activités sportives sur une base récréative grâce à la présence de nombreux clubs sportifs amateurs et associations sportives locales. La popularité des sports y est aussi favorisée par l'existence d'un réseau de terrains extérieurs et d'installations intérieures (aréna, gymnase, terrain intérieur de soccer)[199]. L'hiver, des anneaux de glace et des patinoires sont aménagés à l'extérieur[200]. Le lac aux Castors[201],[202] sur le mont Royal et l'anneau de glace dans le vieux-port[203] permettent aux Montréalais de renouer avec la pratique du patinage dans une ambiance familiale. Le ski de fond est également une activité populaire et plusieurs centaines de kilomètres de sentiers balisés sont entretenus par la ville dans les parcs[204].
257
+
258
+ Au cours de son histoire, Montréal a été l'hôte de plusieurs événements sportifs majeurs, dont les Jeux olympiques d'été de 1976, les championnats mondiaux d'escrime en 1967, de cyclisme sur piste et de cyclisme sur route en 1974, d'aviron en 1984, de natation en 2005, la coupe Rogers de tennis, le Grand Prix du Canada de Formule 1.
259
+
260
+ Jeux olympiques :
261
+
262
+ Course automobile :
263
+
264
+ Cyclisme :
265
+
266
+ Golf :
267
+
268
+ Marathon :
269
+
270
+ Natation :
271
+
272
+ Soccer[216] :
273
+
274
+ Tennis :
275
+
276
+ Jeux du Québec :
277
+
278
+ Outgames mondiaux :
279
+
280
+ Le sport professionnel à Montréal constitue une dimension essentielle de l'intégration de Montréal au continent nord-américain. Montréal possède plusieurs équipes sportives professionnelles qui sont des franchises de grandes ligues continentales.
281
+
282
+ Franchises sportives majeures actuelles :
283
+
284
+ Franchises majeures passées :
285
+
286
+
287
+
288
+ Le réseau montréalais de la santé et des services sociaux compte 10 établissements : 5 centres intégrés universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) et 5 établissements non fusionnés.
289
+
290
+ Comme leurs noms l'indique, les CIUSSS sont des organismes publics chargés de prodiguer soins et services sociaux dans une région donnée. Outre des centres hospitaliers, ils regroupent des centres d’hébergement et de soins de longue durée, des centres locaux de services communautaires, des centres de protection de l’enfance et de la jeunesse et des centres de réadaptation.
291
+
292
+ Fondé en 1997 de la fusion de plusieurs hôpitaux bilingues, le CUSM emploie 1 587 médecins, dentistes et pharmaciens, 2 715 chercheurs et enseignants et reçois plus de 700 000 patients chaque année[221]. Les installations principales se trouvent au sein du super-hôpital du site Glen, construit en 2015.
293
+
294
+ Le CHUM emploie 881 médecins, 1 300 chercheurs et enseignants et reçois plus de 500 000 patients en hospitalisation chaque année. Depuis 1995, il regroupe les hôpitaux à dominante francophone suivants :
295
+
296
+ Montréal est constamment en tête de file des meilleures villes étudiantes au monde. Ainsi en 2013, selon The Economist, Montréal se classe au premier rang mondial comme destination pour des études à l'étranger, devant Londres[222]. Selon le palmarès 2017 de QS Best Student Cities, la métropole québécoise serait la meilleure ville au monde où étudier[20]. Avec plus de 170 000 étudiants, la ville est au deuxième rang des métropoles nord-américaines quant au nombre d'étudiants universitaires par habitant[223]. En 2011, plus de 60 % de la population montréalaise détenait un certificat, diplôme ou grade de niveau post-secondaire[224].
297
+
298
+ Dès 1658 est fondée, par Marguerite Bourgeoys, une première école catholique, sur l'actuelle rue Saint-Dizier dans le Vieux-Montréal.
299
+
300
+ La ville compte environ[Quand ?] 250 000 élèves (80 % dans le système francophone) dans un total de 268 écoles primaires (233 francophones et 35 anglophones), 75 écoles secondaires (58 francophones, 16 anglophones et 1 bilingue), 26 centres d'éducation aux adultes (14 francophones et 12 anglophones) ainsi que 37 écoles spécialisées[225],[226]. L'administration de ces établissements d'enseignement est partagée par cinq commissions scolaires dont trois sont francophones (f) et deux anglophones (a) :
301
+
302
+ Avec quatre universités, sept institutions supérieures et 12 cégeps dans un rayon de 8 kilomètres, Montréal aurait la plus importante concentration d'étudiants post-secondaires parmi les grandes villes d'Amérique du Nord (4,38 étudiants pour 100 habitants en 1996, suivie par Boston avec 4,37)[227].
303
+
304
+ Le système éducatif du Québec est différent des autres systèmes nord-américains. Après le secondaire (qui s'achève à la onzième année) les étudiants peuvent poursuivre dans les collèges d'enseignement général et professionnel (cégeps), offrant des programmes pré-universitaires (2 ans) et techniques (3 ans). À Montréal, 17 cégeps offrent des cours en français et 5 en anglais. En plus de ces établissements publics, Montréal possède neuf collèges privés et deux établissements de niveau collégial de formation professionnelle.
305
+
306
+ Seconde métropole du Canada, Montréal est un centre culturel, industriel, commercial et financier important, dont la prospérité repose « sur des échanges soutenus de biens avec des marchés régionaux et internationaux »[231].
307
+
308
+ La ville et sa région immédiate possèdent l'économie la plus diversifiée au Canada[15]. Les industries montréalaises incluent les télécommunications, l'aéronautique, la pharmaceutique, les hautes technologies, les études supérieures, les jeux vidéo, le textile, la mode, l'électronique, le matériel de transport, le tabac et l'imprimerie. Parmi les compagnies importantes ou particulièrement connues de la région montréalaise, on peut citer Bombardier, Hydro-Québec, BCE, Power Corporation, le Canadien National, la Banque nationale du Canada, Air Canada, Rio Tinto Alcan, SNC-Lavalin, Saputo, CGI, Québecor, Domtar, Air Transat, Transcontinental et Métro Richelieu.
309
+
310
+ Avec l’étalement urbain, les terres arables ont disparu de Montréal, sauf à l’extrême ouest de l’île où est conservé un parc agricole de 191 ha[232]. L'agriculture en serre sur les toits de la ville se développe avec des initiatives citoyennes ou commerciales comme les Fermes Lufa depuis 2011[233]. Jusque dans les années 1930, Montréal comptait plusieurs carrières de pierre calcaire. Celles qui n'ont pas été remblayées ont été converties en sites d'enfouissement ou en dépôt à neige[234],[235]. Seule la carrière de granulat Lafarge de Montréal-Est, datant de 1910, est encore en activité[236]. De l'une des carrières devenues décharges puis parcs urbains, du biogaz est extrait qui permet la production d'électricité.
311
+
312
+ Montréal est une importante ville portuaire, à l'embouchure de la voie maritime du Saint-Laurent qui la relie aux centres industriels des Grands Lacs. En tant que port le plus important de l'Est du Canada, c'est un point de transbordement pour les céréales, les produits pétroliers, la machinerie et les produits manufacturés. Premier port du pays en termes de trafic de conteneurs, le trafic y totalisait près de 26 millions de tonnes métriques de marchandises[237]. Pour cette raison, la ville fait partie de l'axe principal des chemins de fer canadiens et demeure une ville ferroviaire majeure[238].
313
+
314
+ L'industrie pétrochimique, très présente à l'est de l'île, formait jusqu’à la fermeture de la raffinerie Shell en 2010 le plus grand centre de raffinage de la province. Depuis, les raffineries de Suncor et Gulf Oil conservent une capacité combinée de 225 000 barils par jour. Le pétrole et les produits distillés y sont transportés par quatre oléoducs, par trains, bateaux et camions. Les carburants n'y sont cependant pas la seule production, les usines de Parachem, Indorama PTA et Selenis forment par exemple une chaîne complète de synthèse du polyester[239].
315
+
316
+ L'industrie aéronautique emploie environ 40 000 personnes dans la région montréalaise[240]. Cette industrie, qui comprend des maîtres d’œuvre, dont Bombardier Aéronautique et Bell Helicopter sont les plus importants, des équipementiers (Honeywell, Lokheed Martin, Thales) et des sous-traitants, produit la principale exportation montréalaise.
317
+
318
+ Montréal possède un marché boursier avec la bourse de Montréal. Depuis le 7 décembre 2005, cette dernière s'est unie au Chicago Climate Exchange afin de créer le marché climatique de Montréal, un marché de produits environnementaux[241].
319
+
320
+ L'industrie vidéoludique a connu une explosion depuis 1997 et l'ouverture d'Ubisoft Montreal. Plus récemment[Quand ?], la ville a attiré des studios de renommée mondiale tels que Electronic Arts, Eidos Interactive, BioWare, THQ et Gameloft. Grâce à une main d'œuvre locale spécialisée et des crédits d'impôts aux entreprises, Montréal est devenu l'un des cinq pôles mondiaux de développement de médias numériques interactifs avec 85 entreprises et 5 300 emplois[242].
321
+
322
+ En 2012, l'agglomération de Montréal a accueilli presque 8 millions de touristes, en hausse de 6,5 % depuis 2008[243]. Traveler's Digest et askmen.com ont classé Montréal parmi les « 29 villes à visiter » dans le monde[244].
323
+
324
+ Deuxième ville onusienne et deuxième ville consulaire d'Amérique du Nord, après New York[245], Montréal possède près de 72 sièges d'organisations internationales, dont 67 organisations non gouvernementales (ONG)[246]. Parmi celles-ci, se trouvent notamment :
325
+
326
+ De plus, plusieurs organisations travaillent au rayonnement économique de l’agglomération : la Chambre de commerce du Montréal métropolitain au niveau de la concertation des gens d'affaires, Montréal International pour attirer organismes internationaux et investisseurs étrangers ainsi que Tourisme Montréal pour faire la promotion du tourisme vers la métropole québécoise. En 2011, l'Union des associations internationales classe Montréal au premier rang en Amérique des villes accueillant des évènements associatifs internationaux. En 2012, le palais des congrès de Montréal est finaliste pour le prix APEX du meilleur centre de congrès au monde[247],[248].
327
+
328
+ Montréal générait, au 4e trimestre 2015, un produit intérieur brut (PIB) de 169 milliards de dollars canadiens de 2002, représentant 53 % du PIB du Québec et 10 % du PIB du Canada[249].
329
+
330
+ Les secteurs d'activités de la population montréalaise sont[250] :
331
+
332
+ En février 2019, le taux de chômage était de 7,3 % sur l'île de Montréal[251], avec un taux de faible revenus de 14,7 % dans la ville en 2014[252]. Les taux les plus élevés se rencontrent dans les arrondissements de Ville-Marie, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Verdun, Sud-Ouest, Lasalle et Montréal-Nord[250].
333
+
334
+ Selon un rapport du Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion, depuis 1997 la pauvreté avait reculé partout au Québec sauf à Montréal[253][réf. non conforme]. Selon un rapport fédéral, il y aurait 30 000 itinérants dans la ville[254][réf. non conforme].
335
+
336
+ En 2010, Montréal était classée au 19e rang mondial pour sa qualité de vie selon le magazine britannique Monocle[255].
337
+
338
+ Montréal est dotée d'une quantité appréciable d'espaces verts ; ses 17 grands parcs urbains occupent 6 % du territoire de la ville, soit une superficie d'environ 20 km2.
339
+
340
+ Parmi ceux-ci, les plus connus[Par qui ?] et fréquentés[réf. nécessaire] sont :
341
+
342
+ Le Parc olympique[256] est situé dans l'arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve[257]. On retrouve notamment sur le site le Biodôme, l'Insectarium, le Jardin botanique, ainsi que le Planétarium, qui ensemble forment l'Espace pour la vie, un complexe muséal qui se veut « repenser le lien qui unit l'être humain à la nature[258] ».
343
+
344
+ Pendant plus d'un siècle et demi Montréal a été le centre financier et industriel du Canada. Il en résulte un héritage architectural offrant une grande variété de constructions à vocation industrielle ou commerciale, incluant usines, minoteries, hangars et autres raffineries qui présentent aujourd'hui un aperçu de l'histoire de la ville, particulièrement au niveau du centre-ville et du Vieux-Port. Il y a 50 lieux historiques nationaux à Montréal, plus qu'aucune autre ville canadienne.
345
+
346
+ Dans le Sud de l'île, le Vieux-Montréal, déclaré arrondissement historique en 1964[259], offre de nombreux centres d'intérêt, notamment le Vieux-Port, la place Jacques-Cartier, l'hôtel de ville, la place d'Armes, et la basilique Notre-Dame.
347
+
348
+ Les plus vieux édifices de la ville toujours debout datent de la fin du XVIIe siècle, début du XVIIIe siècle. La plupart sont regroupés dans l'aire du Vieux-Montréal, tel le séminaire des Sulpiciens datant de 1687 et le château Ramezay, construit en 1705 et successivement demeure, quartier général, cour de justice, établissement d'éducation et finalement musée.
349
+
350
+ Les premiers bâtiments sont caractérisés par leur influence française unique et leur construction en pierre grise. L'époque des explorateurs français est commémorée par la préservation de deux de leurs maisons dans le Vieux-Montréal, soit celle d'Antoine Laumet de La Mothe, sieur de Cadillac, fondateur de la ville de Détroit aux ��tats-Unis, à l'angle des rues Notre-Dame et Saint-Laurent, et celle de René-Robert Cavelier de La Salle, explorateur de la région du Mississippi, à l'angle des rues Saint-Paul et Saint-Pierre[260].
351
+
352
+ Sur la rue Saint-Jacques pavoisent les impressionnants sièges, construits au XIXe siècle, de toutes les grandes banques canadiennes.
353
+
354
+ L'architecture du XXe siècle n'est pas en reste avec le pavillon principal art déco de l'Université de Montréal d'Ernest Cormier, l'emblématique stade olympique et sa tour inclinée (la plus haute du monde) conçus par l'architecte français Roger Taillibert, ou encore les legs de l'Expo 67 que sont le dôme géodésique de Buckminster Fuller et l'Habitat 67 de Moshe Safdie.
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+ Parmi les gratte-ciel de Montréal, seulement sept dépassent hors antenne les 150 mètres de hauteur, et un seul les 200 mètres[261]. Les bâtiments les plus élevés, que sont le 1000 de La Gauchetière, le 1250 René-Lévesque, la tour CIBC et la tour de la Bourse, ont tous été bâtis au début des années 1960 et 1990. C'est en 1928 qu'un bâtiment dépassait pour la première fois les 100 mètres (l'édifice de la Banque Royale, 121 m, 22 étages), record battu d'un mètre par l'édifice Sun Life trois ans plus tard[262][source insuffisante]. Le premier gratte-ciel inaugurant le « style international » à Montréal, tout en dépassant cette hauteur, est la tour Telus (1962)[263]. La plus célèbre tour de la ville est la place Ville-Marie (1962). Conçue par l'architecte Ieoh Ming Pei, il fut le premier gratte-ciel à dépasser les 150 mètres (43 étages, 188 m), sa construction coïncidant avec le déplacement du centre-ville en son site actuel. Cette tour cruciforme est sise au-dessus d'un centre commercial souterrain qui constitue la plaque tournante de la ville souterraine.
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+ Montréal a un passé religieux riche et complexe. La religion catholique fut la raison même de la fondation de la ville, soit l'établissement d'une colonie missionnaire selon l'intention du groupe fondateur, la Société Notre-Dame de Montréal. La ville est en effet renommée pour sa richesse en églises et temples de toutes dénominations, qui lui ont valu au XIXe siècle le surnom de « ville aux cent clochers ».
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+ Parmi les édifices les plus importants du point de vue de l'histoire, on trouve l'oratoire Saint-Joseph, la plus grande église dédiée à ce saint dans le monde, la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, première chapelle de pierre de Montréal, ainsi que la basilique Notre-Dame, la deuxième plus grande église en Amérique[réf. souhaitée]. La Pietà, datant de 1855 et située dans le Mausolée la Pietà du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, est une reproduction grandeur nature de la sculpture de Michel-Ange de la basilique Saint-Pierre au Vatican.
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+ Le Montréal souterrain (RÉSO), ou ville intérieure, est une alternative urbaine populaire aux extrêmes climatiques de l'hiver froid et de l'été humide. Montréal possède plus de 30 km de passages piétonniers souterrains donnant accès à des centaines de commerces, restaurants, bureaux et boutiques intérieures, ainsi qu'au réseau de métro, aux terminus de transport et aux principaux attraits et bâtiments du centre-ville (de la station de métro Lucien-L'Allier jusqu'au Complexe des sciences de l'UQAM) sans jamais s'exposer aux intempéries. Il constituerait le plus grand réseau urbain souterrain au monde.
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+ L'art public de la ville se réfère principalement à l'une ou l'autre de ses cultures, la francophone ou l'anglophone. La Société Notre-Dame de Montréal qui a fondé Ville-Marie est commémorée par le monument aux pionniers sous la forme d'un obélisque situé à la place d'Youville et son principal fondateur, Paul Chomedey de Maisonneuve, par une statue, le monument à Maisonneuve, au centre de la place d'Armes.
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+ Le passage au régime britannique est commémoré par la colonne Nelson, un des monuments les plus controversés de la ville, situé sur la place Jacques-Cartier et représentant pour certains les visées impérialistes britanniques, ainsi que la statue de la reine Victoria, au square Victoria. Un rappel du Canadien de jadis se trouve sur la Maison du Patriote, rue Saint-Paul dans le Vieux-Montréal. Un monument à sir George-Étienne Cartier, un des pères de la Confédération canadienne, trône à l'entrée du parc du Mont-Royal (le monument à George-Étienne Cartier).
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+ La ville possède de nombreux musées dont la plupart sont regroupés au sein de la société des directeurs des musées montréalais qui a comme objectif de faire leur promotion et de participer à leur développement[264],[265]. Ces musées présentent tout autant des expositions sur les sciences, l'histoire, les beaux-arts et le patrimoine culturel[266]. Parmi ces musées, deux institutions ont pour thématique l'art, le musée des beaux-arts de Montréal et le musée d'art contemporain de Montréal. Le thème de l'histoire est au centre des expositions de Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, du musée Stewart ou du château Ramezay. Le patrimoine est abordé par plusieurs musées dont le musée Marguerite-Bourgeoys, la maison Saint-Gabriel et le musée des maîtres et artisans du Québec. La thématique des sciences est au cœur des expositions du Centre des sciences de Montréal, de la Biosphère de Montréal et de quatre musées à vocation scientifique administrés par la ville de Montréal, soit le Biodôme, l'Insectarium, le Jardin botanique, ainsi que le Planétarium, regroupés au sein de l'Espace pour la vie[267].
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+ La Grande Bibliothèque est sise à Montréal, comprenant la collection de la Bibliothèque nationale du Québec. Elle comprend les plus vastes collections littéraires au Québec et est, avec plus de 2,9 millions d'entrées, la bibliothèque la plus fréquentée de la francophonie[268]. La Grande Bibliothèque est située au centre-ville (arrondissement Ville-Marie), au nord du quartier latin. Ouverte depuis le 3 mai 2005, elle remplace l'ancienne bibliothèque centrale située sur la rue Sherbrooke. Elle contient notamment la collection Saint-Sulpice, construite à partir de l'année 1844 ; ces ouvrages anciens, à caractère patrimonial, ne sont consultables que sur place. La bibliothèque s'est enrichie au fil des ans de collections privées, telles celles de Louis-Joseph Papineau et de Louis-Hippolyte La Fontaine.
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+ La Ville de Montréal possède également un vaste réseau de bibliothèques publiques, composé de 45 bibliothèques de quartier et d'un bibliobus, qui ont pour mission de démocratiser l'accès à l'information, la connaissance, la culture et le savoir. Montréal a porté le titre de capitale mondiale du livre du 23 avril 2005 au 22 avril 2006[269],[270]. À cette occasion, elle a créé le prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal, qu'elle remet annuellement depuis.
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+ Montréal est un important centre de la culture québécoise, internationalement reconnu pour son effervescence culturelle. Le complexe culturel de la place des Arts abrite le musée d'art contemporain et plusieurs théâtres. Il est le siège de l'Opéra de Montréal. L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) loge tout près depuis le 7 septembre 2011, dans une salle de concert qui lui est propre, la Maison symphonique de Montréal, construite au coin nord-est du complexe de la Place des Arts.
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+ Montréal est un lieu incontournable du cirque contemporain et du cirque nouveau ; il existe de nombreux lieux de diffusion et d'enseignement des arts du cirque, notamment la Tohu, où on retrouve une salle de spectacle circulaire, le siège social du Cirque du Soleil, les bureaux de l'association En Piste ainsi que l'École nationale de cirque.
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+ Montréal a aussi de nombreux théâtres, dont le théâtre Saint-Denis, le théâtre du Rideau Vert et le théâtre du Nouveau Monde, fondé en 1951. Montréal est aussi un important centre de création et de diffusion de la danse. Parmi les lieux les plus importants en danse contemporaine de Montréal, notons l'Agora de la danse.
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+ Inspiré par le concept français de Maison de la Culture, les 12 maisons de la culture de Montréal offrent depuis plus de 25 ans des événements, spectacles et expositions dont l'entrée est souvent gratuite.
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+ Depuis 2002, ce réseau s'est agrandi ; il comporte maintenant[Quand ?] 24 diffuseurs (dont 2 diffuseurs métropolitains : la chapelle historique du Bon-Pasteur et le théâtre de Verdure) dans les 19 arrondissements de Montréal. Il porte le nom de réseau Accès culture. Ses membres sont entre autres : le théâtre Outremont, la salle Jean-Grimaldi, l'Entrepôt, le Centre culturel de Verdun.
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+ De nombreux festivals ont lieu chaque année à Montréal[271]. Compte tenu de l'hiver peu clément, la majorité de ceux-ci ont lieu durant la période estivale, tels le Festival international de jazz de Montréal qui a lieu depuis plus de trente ans[272], les FrancoFolies de Montréal, le Festival International Nuits d'Afrique, le festival LGBTQ+ Fierté Montréal et le festival Juste pour rire[271]. Cependant, quelques festivals ont lieu pendant la période hivernale, en particulier le Festival Montréal en lumière[273] et Art souterrain.
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+ À l'occasion du Festival de jazz, de grandes sections des rues du centre-ville sont fermées pour laisser place à des scènes extérieures, lieux de spectacles gratuits, et à la circulation piétonnière. La ville compte également de nombreux festivals musicaux et cinématographiques. De plus, chaque dimanche d'été ensoleillé, un certain nombre de gens se réunissent pour les Tam-tams du mont Royal, rendez-vous interculturel et musical très populaire, notamment auprès des jeunes. Le centre du rassemblement est le monument à Sir George-Étienne Cartier, au parc du Mont-Royal.
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+ Du 1er au 8 août 2020, la ville de Montréal devait accueillir le congrès mondial d'espéranto, mais celui-ci a été reporté à 2022 en raison de la pandémie de Covid-19.
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+ Le 15 avril 2019, la ville de Montréal s'est autoproclâmée « ville d’excellence mondiale en matière de musique métal »[274]. Pour l'évènement qui vise à reconnaître la qualité de la production musicale métal locale à l'internationale, la mairesse Valérie Plante a invité le groupe Necrotic Mutation à l'hôtel de ville de Montréal, afin de souligner cet héritage qui, pour la mairie, est exceptionnel[274].
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+ Cette décision municipale, qui fait largement consensus, fait dire à la chroniqueuse métal Christine Fortier que « Montréal est réellement la plaque tournante du métal au Québec, et probablement au Canada, nous a-t-elle indiqué. Les groupes qui passent ici le disent, le public est toujours au rendez-vous, Montréal a vraiment un solide noyau d'amateurs de métal », tandis que le bassiste de Megadeth, David Ellefson, pour qui les métalleux montréalais sont « les plus fidèles et les plus irréductibles de la planète » a pour sa part affirmé au site Metal Voice « que le groupe a pu ensuite jouer sur les plus grandes scènes et les plus grands festivals ailleurs dans le monde » grâce au public montréalais[274].
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+ De nombreuses personnalités sont issues de l'agglomération de Montréal. Parmi elles, on peut citer :
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+ Artistes : dans le monde de la musique, les jazzmen Oscar Peterson, Oliver Jones, Maynard Ferguson, des chanteurs tels que Leonard Cohen, Michel Rivard, Lucien Francoeur, Robert Charlebois, Shawn Drover, Claude Dubois, Diane Dufresne, Kate et Anna McGarrigle, Rufus Wainwright, Martha Wainwright, Béatrice Martin (Cœur de Pirate), Mylène Farmer qui y a peu vécu, Isabelle Boulay (Sainte-Félicité, Gaspésie), DJ Daniel Desnoyers, DJ Champion, Aut'Chose, le DJ A-Trak (Duck Sauce), Sam Roberts, Voivod et Céline Dion (née à Charlemagne, mais associée à Montréal sur la scène internationale). Des groupes musicaux montréalais comme Mahogany Rush, Simple Plan et Arcade Fire qui ont atteint une notoriété mondiale. L'actrice Jessalyn Gilsig et un des acteurs de la série Star Trek William Shatner. La journaliste et romancière Denise Bombardier. Le poète Émile Nelligan, le romancier Hubert Aquin, l'écrivain et homme politique Jacques Hébert ou encore l'écrivain Saul Bellow, prix Nobel de littérature, la poétesse yiddish Rachel Korn, originaire de Galicie, installée à Montréal de 1948 jusqu'à sa mort en 1982.
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+ Sportifs : les joueuses de tennis Mary Pierce et Eugenie Bouchard, le joueur de hockey Maurice Richard (le Rocket), le joueur de baseball Russell Martin.
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+ Scientifiques : l'astrophysicien et écologiste Hubert Reeves, Sidney Altman, lauréat du prix Nobel de chimie, et Ralph Steinman, lauréat du prix Nobel de médecine. Durant neuf années à McGill, Ernest Rutherford effectue des travaux sur la radioactivité, qui sont couronnés par le prix Nobel de chimie.
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+ Personnalités politiques : l'ancien Premier ministre du Québec Jacques Parizeau, l'ancien Premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau, l'auteure et militante altermondialiste Naomi Klein et le héros canadien de la révolution chinoise Norman Bethune.
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+ Des documentaires comme Métropole (1947), À Saint-Henri le cinq septembre (1962), Les amoureux de Montréal (1992) et La Mémoire des anges (2008) font voir la vie de Montréal sous plusieurs angles[275]. D'autres documentaires, tels que La P’tite Bourgogne (1968), The Rise and Fall of English Montreal (1993), The Street: A Film with the Homeless (1997), Maxime, McDuff & McDo (2002), Confrontation at Concordia (2003), Hommes à louer (2008) et L'Est pour toujours[276] (2011), abordent des sujets plus polémiques[Pour qui ?] de l'histoire et de la société montréalaise.
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+ En 1998, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal ont été créées. L'organisation propose, depuis 2004, un programme de deux jours de conférences, d'ateliers et de rencontres d'affaires[277].
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+ De nombreux films ont été tournés à Montréal, certains entièrement en studio comme 300 (2007) ou Riddick (2013), d'autres aussi en extérieur, tirant parti de la diversité architecturale de la ville[278], notamment :
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+ Parmi les films dont l'histoire se déroule au moins en partie à Montréal, on peut citer : La nouvelle vie de Paul Sneijder (2016), Les Amours imaginaires (2010), Fatal (2010), The Trotsky (2010), Mesrine : L'Instinct de mort (2008)[285], Mon voisin le tueur (2000), Jésus de Montréal (1989)[284], Un zoo la nuit (1987), Le Matou (1985), 21-87 (1963), L'Odyssée de Pi (2012).
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+ De nombreuses chansons sont dédiées à Montréal, entre autres Je reviendrai à Montréal de Robert Charlebois, Montréal −40 °C de Malajube, Montréal d'Ariane Moffatt, À Montréal de Grand Corps Malade, Montréal de The Weeknd ou encore Montréal de Beau Dommage. Le groupe les Cowboys fringants fait souvent référence à Montréal dans ses chansons.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Un navire de la Marine royale canadienne porte le nom de NCSM Montréal (FFH 336)
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+ Montréal /ˈmɔ̃ˌʁeal/[3] Écouter (en anglais : Montreal, prononcé : /ˌmʌn.tɹiːˈɒl/, et en mohawk Tio'tia:ke) est la plus importante ville du Québec et la deuxième ville la plus peuplée du Canada, après Toronto et avant Vancouver. Elle se situe principalement sur l’île fluviale de Montréal, sur le fleuve Saint-Laurent (entre Québec et le lac Ontario) dans le Sud du Québec, dont elle est la métropole[4].
4
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+ En 2016, la ville comptait 1 704 694 habitants[1] et son aire urbaine, appelée la Région métropolitaine de Montréal, plus de 4 millions, soit environ la moitié de la population du Québec[5]. Montréal est ainsi la 19e agglomération la plus peuplée d'Amérique du Nord[6] et la 122e ville la plus peuplée du monde[7].
6
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+ Ville francophone la plus peuplée d'Amérique[8], Montréal est considérée comme ayant la deuxième population francophone au monde après Paris[Note 1],[9],[10]. D'après le recensement de 2016, 53,4 % de la population de Montréal était de langue maternelle française, 15,1 % était de langue anglaise et 36,8 % était de langues tierces[11], ce qui fait d'elle l'une des villes les plus cosmopolites du monde[12].
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+ Montréal est le 3e plus grand centre financier d'Amérique du Nord[13] et le 12e au monde[14]. Cœur économique du Québec, Montréal est aussi la seconde place financière du Canada et possède une économie fortement diversifiée[15] par le commerce, l’éducation, les technologies de l'information et les industries aérospatiale, pharmaceutique, du tourisme et du cinéma. La ville est la 3e en importance dans l'industrie mondiale du jeu vidéo[16].
10
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11
+ Classée ville mondiale en 2012, Montréal est la deuxième ville consulaire d'Amérique du Nord, abrite le siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale et est le siège de plus de 65 organisations internationales gouvernementales et non gouvernementales[17], ce qui fait d'elle la 3e ville en importance en Amérique du Nord pour ce qui est du nombre de sièges sociaux d'organisations internationales, derrière New York et Washington[18]. De plus, la ville est la première d'Amérique du Nord pour le nombre de congrès internationaux[19]. En 2017, Montréal est consacrée « meilleure ville étudiante » au monde[20] et est considérée comme la « Métropole universitaire du Canada, avec six universités et 450 centres de recherche »[21].
12
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13
+ Montréal a accueilli plusieurs événements internationaux d'envergure, dont l'Exposition universelle de 1967 et les Jeux olympiques d'été de 1976. Hôte du Grand Prix de Formule 1 du Canada, elle accueille annuellement de nombreux festivals, tels le Festival international de jazz de Montréal, les FrancoFolies et le festival Juste pour rire. Le club de hockey des Canadiens de Montréal y a élu domicile dès sa création en 1909.
14
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15
+ Montréal est prononcé [mɔ̃ʁeal]écouter en français standard, [mɒ̃ʁeal]écouter[Note 2] en français québécois et [ˌmʌntriːˈɒl]écouter en anglais canadien. Les Kanien'kehá:ka (Mohawks) désignent Montréal sous le nom de Tio'tia:ke qui signifie « là où les courants se rencontrent »[22] ou « l’île entre les deux rapides »[23].
16
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17
+ C'est l'explorateur français Jacques Cartier, lors de son second voyage en Amérique en 1535, qui baptise la montagne qui surplombe la ville. Dans son récit de voyage, il raconte : « Et parmi ces campagnes est située et assise la ville de Hochelaga près d'une montagne aux alentours labourés et fort fertiles et sur laquelle on voit fort loin. Nous nommâmes cette montagne le mont Royal. »[trad 1],[24] Le choix de ce nom pourrait être attribuable à celui qui accompagnait Jacques Cartier le jour du débarquement sur cette île, Claude de Pontbriand, fils du seigneur de Montréal (province d'Aquitaine, royaume de France). C'est l'avis des historiens Henry Percival Biggar et Ægidius Fauteux[25]. De la seigneurie de Montréal en Aquitaine, il subsiste le château[Note 3].
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+ La forme du toponyme Montréal (au lieu d'un *Montroyal attendu) est attestée dès 1575 chez François de Belleforest, gentilhomme originaire du Sud de la France. En effet, le type toponymique Montréal, commun dans le Midi de la France, est principalement caractéristique de la langue d'oc, parlée dans la plus grande partie de cette région, alors qu'il est rare dans le domaine d'oïl (exemples isolés). Le terme mont en français (et en langue d'oc) est issu du gallo-roman MONTE (lui-même de l'accusatif montem, du latin mons « montagne »), il avait également le sens de « hauteur, élévation, colline » en ancien français[26]. Réal représente généralement la forme d'oc francisée (occitan moderne reial, reiau, « royal ») correspondant à l'ancien français central royal qui est attesté sous cette forme dès le Moyen Âge et issu des plus anciens reiel/roial, dont la forme primitive regiel est attestée dans la Séquence de sainte Eulalie vers l'an 880, mais dont la finale -el a été refaite en -al conformément à l'étymologie latine regalis. Cette forme alternative real se retrouve dans certains textes en ancien français comme dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes, datant du XIIe siècle[27]. L'occitan conserve généralement la forme -al du latin, parfois mutée en -au (cf. nadal / nadau correspondant du français noël).
20
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21
+ Bien que le premier établissement français sur l'île de Montréal porte le nom de Ville-Marie, c'est le nom Montréal qui devient l'appellation de facto de la ville à partir du XVIIe siècle ; plusieurs cartes en témoignent[28]. Cette désignation deviendra officielle le 31 mars 1831, date d'incorporation de la « ville de Montréal »[29].
22
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+ Montréal se trouve à 165 km à l'est d'Ottawa, à 232 km au sud-ouest de Québec et à 3 686 km à l'est-nord-est de Vancouver.
24
+ La cité est située à 45° 31′ de latitude nord et à 73° 39′ de longitude ouest dans le Sud du Québec, au Canada, à proximité de la province de l'Ontario et de l'État de New York aux États-Unis[30],[31]. La ville occupe 74,5 % des 482,8 km2 de l'île de Montréal, la plus vaste île fluviale de l'archipel d'Hochelaga, à la confluence du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. L’île de Montréal est délimitée sur sa rive sud, d'ouest en est, par le lac Saint-Louis, les rapides de Lachine, le bassin de la Prairie et le fleuve Saint-Laurent proprement dit. Sur sa rive nord elle est baignée par le lac des Deux Montagnes puis par la rivière des Prairies. La ville s’étend en outre sur l'île Bizard, l'île des Sœurs, l'île Sainte-Hélène et l'île Notre-Dame.
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+ Montréal fait partie de l'écorégion des basses-terres du Saint-Laurent, une vaste vallée entre les montagnes Appalaches et Laurentides, s'étendant le long du fleuve du même nom. Le point le plus élevé de l'île, le mont Royal, l'une des collines Montérégiennes, toise le centre-ville de ses 234 mètres. Le zonage municipal fait en sorte qu'aucune construction ne dépasse cette hauteur pour des raisons esthétiques[réf. souhaitée]. Le centre historique de la ville, aussi appelé le Vieux-Montréal, se situe sur les rives du fleuve Saint-Laurent, à quelques kilomètres en aval des rapides de Lachine. L'hypercentre, avec ses gratte-ciel, est situé tout près, sur une terrasse entre le fleuve et le versant sud du mont Royal.
29
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+ Le territoire de la municipalité de Montréal s'étend sur 365,65 km2 ; il enclave les villes de Montréal-Est, Mont-Royal, Hampstead, Côte-Saint-Luc, Montréal-Ouest et Westmount et partage des frontières terrestres dans l'Ouest de l’île avec Beaconsfield, Baie-d'Urfé, Dorval, Dollard-Des Ormeaux, Kirkland, Pointe-Claire, Sainte-Anne-de-Bellevue et Senneville.
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+ La région de Montréal possède un climat continental humide à forte amplitude thermique[Note 4]. De 1971 à 2000, la température moyenne annuelle s'est élevée à 6,2 °C[32]. Le mois le plus chaud est juillet, avec une température moyenne de 20,9 °C, et le plus froid est janvier avec une moyenne de −10,2 °C[32]. On y compte en moyenne chaque année 8 jours au-dessus de 30 °C et 17 jours en dessous de −20 °C. La température la plus basse jamais enregistrée a été −37,8 °C, le 15 janvier 1957 ; la température la plus élevée a été 37,6 °C, le 1er août 1975[32]. L'indice humidex le plus élevé a été de 46,8 le 1er août 1975 et le refroidissement éolien le plus bas, de -49,1 le 23 janvier 1976[33]. Selon une étude publiée le 5 décembre 2005 par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec, l'Ouest du Québec méridional se serait réchauffé de 1 à 1,25 °C de 1960 à 2003[34].
33
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+ D'après la classification de Köppen : la température moyenne du mois le plus froid est inférieure à 0 °C (janvier avec −9,7 °C) et celle du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (juillet avec 21,2 °C) donc c'est un climat continental. Les précipitations sont stables, donc il s'agit d'un climat continental froid sans saison sèche. L'été est tempéré car la température moyenne du mois le plus chaud est inférieure à 22 °C (juillet avec 21,2 °C) et les températures moyennes des 4 mois les plus chauds sont supérieures à 10 °C (juin à septembre avec respectivement 18,6 °C, 21,2 °C, 20,1 °C et 15,5 °C).
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+ Donc le climat de Montréal est classé comme Dfb[35],[36] dans la classification de Köppen, soit un climat continental humide avec été tempéré.
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+
38
+ Dans la période de 1971 à 2000, Montréal a reçu environ 2 979 mm de précipitations par an, 764 mm sous forme de pluie et 2 180 mm sous forme de neige[32]. La date médiane de la première neige se situe du 1er au 15 décembre et celle de la fonte de la couverture de neige continue du 1er au 15 avril ; soit un total environ 4 mois de couverture neigeuse[37],[38]. Le jour le plus pluvieux a été le 8 novembre 1996, avec 94 mm enregistrés en une seule journée[32]. La chute de neige la plus volumineuse jamais enregistrée en une seule journée a eu lieu le 27 décembre 2012 avec une précipitation de 45 cm[39], alors que sur une période de 24 heures le record a été établi du 4 au 5 mars 1971, avec une précipitation de 47 cm lors de la désormais célèbre « tempête du siècle[40] ». Les 26 et 27 décembre 1969, la métropole du Québec a vu sa plus forte tempête avec plus de 70 cm en 48 heures. La plus grande couverture neigeuse a été mesurée le 12 mars 1971 avec 102 cm[32].
39
+
40
+ À l'image des conditions climatiques, la faune et la flore de l'île de Montréal font partie de l'écosystème de la forêt mixte. Les milieux naturels de l'île renferment plusieurs essences de feuillus comme l'érable à sucre, le hêtre à grandes feuilles, le tilleul, le bouleau jaune, le noyer cendré, le chêne blanc et des conifères, comme la pruche du Canada, le thuya occidental, le pin blanc et le pin rouge. Les espèces animales les plus communes sont le raton laveur, la mouffette rayée, l'écureuil gris et ses variétés mélaniques noir-jais et brun-noir, la marmotte commune, le lapin à queue blanche, le cerf de Virginie, l'engoulevent d'Amérique, le geai bleu, le grand pic et l'oriole de Baltimore[42]. Le coyote est une espèce de plus en plus présente à Montréal[43],[44].
41
+
42
+ Montréal compte également une importante faune commensale. En plus des chats, des chiens et autres animaux domestiques, les pigeons, goélands et rats vivent en milieu urbanisé.
43
+
44
+ Montréal subit les conséquences environnementales de sa forte densité de population, son urbanisation étendue, sa motorisation élevée et son activité industrielle.
45
+
46
+ Cœur industriel du Canada pendant près d'un siècle, la ville compte à l'heure actuelle près de 1 500 terrains contaminés sur son territoire[45]. Parmi les exemples de réhabilitation des sols les plus importants, on peut citer le parc d’entreprises de la Pointe-Saint-Charles[46], le parc Frédéric-Back, le parc Maisonneuve et le parc Félix-Leclerc, d'anciens lieux d'enfouissement[47].
47
+
48
+ En 2011, selon l'Organisation mondiale de la santé, Montréal possède l'une des pires qualités de l'air au Canada (après Sarnia en Ontario)[48]. Toutefois, depuis plusieurs années, la qualité de l'air s'améliore sur l'île. En effet, les moyennes en μg/m3 des concentrations annuelles de particules fines mesurées à Montréal sont passées de 11,4 μg/m3 en 2009, à 7,0 μg/m3 en 2016 alors que la norme fixée par l’Organisation mondiale de la Santé est de 10 μg/m3[49].
49
+
50
+ La qualité de l'air à Montréal est surveillée par le Réseau de surveillance de la qualité de l'air (RSQA), qui compte 14 stations sur l'île de Montréal. En 2010, l'organisme avait observé 65 jours où l'air était mauvais, dont 24 jours de smog[50].
51
+
52
+ Santé Canada estime à 1 540 le nombre de décès prématurés attribuables à la pollution de l'air à Montréal chaque année[51]. La pollution automobile serait responsable de plus de 6 000 cas de bronchites infantiles par an[52][source insuffisante],[53]. Les habitants vivant le long des autoroutes connaissent des taux d'hospitalisation 20 % plus élevés que le reste de la population[52].
53
+
54
+ La qualité de l'eau à Montréal est surveillée par le Réseau de suivi du milieu aquatique (RSMA) qui analyse les cours d'eau, les ruisseaux, les lacs intérieurs et les égouts pluviaux à l'aide de 116 stations. C'est la rivière des Prairies, au nord de l'île, qui affiche la pollution de l'eau la plus élevée ; en 2010, la moitié des stations affichaient des taux bactériologiques trop élevés pour la baignade[54].
55
+
56
+ La disponibilité de l'eau autour de Montréal en rend la potabilisation et l’assainissement très peu coûteux, moins de 40 ¢ le mètre cube[55]. De plus, la municipalité ne facture pas son eau par volume de consommation mais par lieu via la taxe foncière. Ce faisant, les Montréalais sont parmi les plus gros consommateurs d'eau sur la planète (1 104 litres/personne/jour). Plus que le faible coût de l'eau, cet excès s'explique principalement par les importantes pertes (35 %) des aqueducs vétustes du sous-sol. Ainsi le quart des eaux usées sont en fait de l'eau potable s'infiltrant directement dans les égouts[56].
57
+
58
+ Les arrondissements limitrophes et situés au-dessous du corridor aérien de l'aéroport Montréal-Trudeau, dont Ahuntsic-Cartierville et Saint-Laurent, sont particulièrement victimes de la pollution sonore. Les habitants dénoncent régulièrement le non-respect du couvre-feu aérien entre 23 h et 7 h[57],[58][source insuffisante]. Par ailleurs les règlements sur le bruit peuvent être relativement différents selon les arrondissements[59],[60],[61],[62].
59
+
60
+ Si la municipalité de Montréal a le plus faible taux de motorisation des villes canadiennes et américaines[63], l'automobile demeure le moyen de transport dominant dans la région métropolitaine. En 2006, 70 % des personnes actives de la région métropolitaine se rendaient à leur travail en automobile comme conducteur ou passager[64] ; cette proportion tombe à 53,2 % chez les habitants de la ville[65], un nombre grandement inférieur à la proportion québécoise qui avoisine les 78 %[64].
61
+
62
+ Montréal est construite sur un archipel d'îles fluviales qui n'est pas directement accessible du reste du continent. Comme la plupart des grandes villes, elle est confrontée au problème de congestion automobile qui n'est qu'aggravé par sa situation insulaire. Il faut en moyenne 31 minutes à l'automobiliste de la région de Montréal pour se rendre à son travail ; le quart des automobilistes mettant plus de 45 minutes[66]. À cause de sa forte urbanisation, Montréal connaît aussi des heures de pointe le samedi et le dimanche.
63
+
64
+ Montréal est le centre nerveux d'un réseau de 1 770 kilomètres d'autoroutes construit principalement entre la fin des années 1950 et le milieu des années 1970 dans sa périphérie[67]. 17 ponts routiers et un tunnel permettent la traversée des cours d'eau qui encerclent la ville. On compte parmi eux le pont Samuel-De Champlain, le pont le plus achalandé du Canada[68].
65
+
66
+ L’île de Montréal comporte de nombreux axes rapides dont le principal est l'autoroute 40, la seule à la traverser d'ouest en est. Segment de la route transcanadienne, elle est la plus achalandée de la métropole et sa section métropolitaine, en partie surélevée, en est la plus congestionnée, et ce depuis sa création. Perpendiculaire à l'A-40, l'autoroute 15, qui s’étend des Laurentides à la frontière Américaine, passe par une tranchée au centre de l’île appelée autoroute Décarie, du nom du boulevard qu'elle longe.
67
+
68
+ Le transport collectif sur l'île de Montréal est l'un des plus efficaces, rapides et ponctuels en Amérique du Nord ; la Société de transport de Montréal (STM) qui l'administre a été nommée, en 2010, meilleure société de transport en Amérique du Nord par l’American Public Transportation Association[69]. À Montréal, 35 % des actifs se rendent au travail en transport en commun[65] ; cette proportion atteignant 49 % pour les nouveaux arrivants[70]. Au total, la STM enregistre 413,3 millions de déplacements par année mais affiche une croissance annuelle de fréquentation quasi nulle[71].
69
+
70
+ Le métro de Montréal constitue l'épine dorsale du système métropolitain de transport en commun avec environ 1,2 million de passagers par jour[72]. Le métro compte 68 stations réparties en quatre lignes qui s'étendent sur 71 kilomètres[73]. Conçu sur le modèle du métro parisien, le réseau montréalais a pour particularité d’être entièrement souterrain et ses rames d’être dotés d'un système de roulement sur pneumatiques. Chaque station possède une architecture particulière et des œuvres d'art public sont réparties dans la plupart d'entre elles[74].
71
+
72
+ En surface, les tramways ont été remplacés depuis 1959 par 192 lignes d'autobus et 8 500 arrêts, desservis par un total de 1 600 autobus et 93 minibus de transport adapté[75]. La ligne d'autobus la plus fréquentée est la 67 Saint-Michel avec une moyenne de 43 000 déplacements par jour de semaine[76]. On compte moins d'un million de passagers par jour ouvrable à bord des autobus de la STM[72].
73
+
74
+ La périphérie de Montréal est desservie, aux heures de pointe, par le train de banlieue administré par le réseau de transport exo. Six lignes aboutissent au centre-ville de Montréal à la gare Lucien-L'Allier et à la Gare centrale. On compte environ 80 000 passagers par jour ouvrables à bord des trains de l'AMT[77]. Le 22 avril 2016, la Caisse de dépôt et placement du Québec a dévoilé le projet de réseau électrique métropolitain, un métro léger automatisé pour la banlieue proche, qui devrait être opérationnel d'ici 2021[78].
75
+
76
+ Montréal compte quatre principaux terminaux de transports de passagers :
77
+
78
+ Montréal est fréquemment citée parmi les dix plus importantes villes cyclistes au monde[84]. De mai à décembre, 22 % des Montréalais utilisent le vélo comme principal moyen de transport, soit le double de la moyenne québécoise[85]. L'arrondissement où l'on compte la plus forte proportion de déplacements à vélo est le Plateau-Mont-Royal, où près du dixième de tous les déplacements sont faits à bicyclette[86]. On dénombre quotidiennement, hormis l'hiver, de 14 000 à 17 500 cyclistes dans le centre-ville[87].
79
+
80
+ Montréal possède un réseau de 650 kilomètres de pistes cyclables en constant développement[88]. La Route verte compte 80 kilomètres à Montréal ; les sections les plus notables sont celles longeant les rives du canal Lachine, du Vieux-Port à LaSalle ainsi que le circuit Gilles-Villeneuve[89].
81
+
82
+ La ville de Montréal peut compter sur l'un des plus importants réseaux de vélos en libre-service, le BIXI. Depuis sa création en 2009, le système s'est exporté dans plus d'une vingtaine de villes à travers le monde, notamment Londres, Melbourne et New York[90]. BIXI Montréal compte 5 120 vélos répartis dans plus de 450 stations, principalement dans les arrondissements centraux de la ville[91]. En 2010, 3,3 millions de déplacements en BIXI étaient enregistrés[92] et le réseau comptait plus de 30 000 abonnés[93].
83
+
84
+ « Accroupie au centre de la plaine comme l'araignée au centre de sa toile, Montréal l'écrase de sa masse[94] »
85
+
86
+ — Raoul Blanchard, géographe, à propos de Montréal.
87
+
88
+ La banlieue de Montréal est composée de 82 municipalités locales regroupées au sein de la Communauté métropolitaine de Montréal[95]. Ensemble, en incluant Montréal, ces municipalités couvrent une superficie de 4 360 km2 et réunissent 4,1 millions d'habitants soit près de la moitié de la population du Québec[96]. Ils forment la 15e plus importante aire urbaine d'Amérique du Nord[97] et la 77e mondialement. Les principales villes de la banlieue de Montréal sont Laval (422 933 hab.), Longueuil (239 700 hab.), Terrebonne (111 575 hab.), Brossard (85 721 hab.) et Repentigny (84 285 hab.).
89
+
90
+ Au cours des dernières années, à l'instar des grandes villes nord-américaines, l'étalement urbain en périphérie de Montréal s'effectue à basse densité (moins de 500 personnes par km2)[98]. Cette tendance entraîne de forts coûts au niveau des infrastructures de voirie, aqueducs, égouts, électricité, communications, et des frais de transport. Elle favorise l'urbanisation au détriment de terres agricoles et d'habitats naturels[99].
91
+
92
+ L'aménagement des voies à Montréal est le résultat de la superposition d'un découpage en damier, très répandu dans les grandes villes nord-américaines, à un découpage plus ancien, composé de côtes et de rangs, établi lors du régime seigneurial français[100].
93
+
94
+ À la fin du XVIIe siècle, Montréal est une petite ville fortifiée ; son territoire correspond au Vieux-Montréal actuel. Le sulpicien François Dollier de Casson planifie le tracé des rues à l'intérieur des fortifications en 1672[100]. Au XVIIIe siècle, la croissance de la population entraine la création des premiers faubourgs aux portes de la ville ; le faubourg des Récollets à la porte ouest, le faubourg Saint-Laurent à la porte nord et le faubourg Québec à la porte est.
95
+
96
+ Au XIXe siècle, le faubourg Saint-Laurent connaît une forte croissance, au-delà l'escarpement de la rue Sherbrooke, grâce au tramway. En son cœur, le boulevard Saint-Laurent, une montée perpendiculaire au fleuve Saint-Laurent, qui traverse l'île de Montréal, devient la première artère « nord-sud » de la ville, orienté en réalité nord-ouest/sud-est. En effet, par convention, on entend par orientation est/ouest ce qui est parallèle au fleuve Saint-Laurent, partout au Québec. La plus grande partie du développement s'effectuera à partir de cet axe, aussi appelé la « Main »[101].
97
+
98
+ La majorité des lotissements de Montréal sont érigés avant la seconde moitié du XXe siècle. La grille des rues forme des pâtés de maisons étroits et profonds établis en rangs perpendiculaires au fleuve Saint-Laurent. Densément peuplés, ils sont souvent entrecoupés sur la longueur par une ruelle qui dessert l'arrière des bâtiments[102].
99
+
100
+
101
+
102
+ Si les archéologues datent les premières présences humaines dans les basses-terres du Saint-Laurent du IVe millénaire av. J.-C.[103], les plus anciens artefacts retrouvés sur l'île de Montréal ne datent que de quelques siècles avant l'arrivée des premiers explorateurs européens[104].
103
+
104
+ Jacques Cartier est considéré comme le premier de ces explorateurs à avoir visité l'île de Montréal. Le 2 octobre 1535, selon le récit de son deuxième voyage en Amérique, il débarque sur l'île et se rend au village iroquoien fortifié de Hochelaga, construit au pied d'une colline qu'il nomme Mons realis (mont Royal en latin). Il estime la population de ce village à « plus de mille personnes »[105].
105
+
106
+ Quand Samuel de Champlain explore à son tour le fleuve en 1603, près de 70 ans plus tard, il rapporte que les Iroquoiens n'occupent plus l'île de Montréal ni les basses-terres du Saint-Laurent. Cela serait dû à l'émigration, aux épidémies de maladies européennes importées et aux guerres tribales[105],[106]. Hochelaga, le village décrit par Cartier, a disparu. Les indices archéologiques suggèrent fortement qu'il y a eu des guerres avec les tribus iroquoises et huronnes dans le but de contrôler les routes commerciales avec les Européens.
107
+
108
+ En 1611, Champlain établit un poste de traite saisonnier sur l'île de Montréal, dans un lieu qu'il nomme place Royale à la confluence de la Petite Rivière et du fleuve Saint-Laurent (aujourd'hui Pointe-à-Callière)[107]. Il doit cependant se résoudre à l'abandonner puisqu'il ne peut la défendre contre les guerriers mohawks[108].
109
+
110
+ En 1640, Jérôme Le Royer, sieur de La Dauversière, obtient la possession de l'île de Montréal au nom de la Société Notre-Dame de Montréal et se prépare à partir pour le Nouveau Monde.
111
+
112
+ La colonisation française de Montréal s'amorce vraiment avec l'établissement de la Société Notre-Dame de Montréal, une colonie missionnaire mise sur pied pour évangéliser les Amérindiens[109].
113
+
114
+ La société compte à sa tête Jérôme Le Royer de La Dauversière, Jean-Jacques Olier, Paul Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance, une missionnaire qui fonde une chapelle et l'hôpital Hôtel-Dieu de Montréal[110].
115
+
116
+ Le 8 août 1641, Jeanne Mance arrive à Québec. Le 14 octobre, Maisonneuve prend possession de Montréal. Il retourne à Québec, où, sous les hospices de Pierre de Puiseaux, il hivernera avec 44 colons, dont quatre femmes. Le 15 octobre, Maisonneuve est nommé gouverneur de Montréal. Ville-Marie est fondée le 17 mai 1642.
117
+
118
+ « Il est de mon honneur d'accomplir ma mission, tous les arbres de l'île de Montréal devraient-ils se changer en autant d'Iroquois. »
119
+
120
+ — Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, dans une lettre adressée au gouverneur de la Nouvelle-France.
121
+
122
+ La colonie connaît des débuts précaires. Face aux fréquentes incursions iroquoises faisant prisonniers et tués, la cinquantaine de colons « montréalistes » sont souvent retranchés dans le fort Ville-Marie. Cette situation rend l'agriculture difficile à pratiquer. De plus, la Société Notre-Dame de Montréal n'arrive pas à convertir suffisamment d'Amérindiens pour assurer la croissance démographique[111]. Maisonneuve est contraint de retourner en France pour recruter d'autres colons en 1653 et en 1659 ; ces efforts en amènent près de 200, parmi lesquels sœur Marguerite Bourgeoys, la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal en 1659[112]. Ces nouveaux arrivants permettent le développement de l'agriculture, assurant la survie et le développement de Ville-Marie.
123
+
124
+ En 1663, la Nouvelle-France devient une province royale. Elle est placée sous le commandement du Conseil souverain de la Nouvelle-France qui relève de l'autorité directe de Louis XIV. La Société Notre-Dame est dissoute la même année et Maisonneuve est renvoyé en France par le gouverneur Prouville de Tracy[112]. La seigneurie de Montréal est cédée au séminaire Saint-Sulpice de Paris en 1665. Les sulpiciens influenceront de manière significative le développement de Montréal[112]. La traite des fourrures devient, à partir de 1665, grâce à des interventions militaires françaises, une part principale de l'économie montréalaise[113]. Les pelleteries en provenance de la rivière des Outaouais transitent à Ville-Marie qui compte plus de 600 habitants à cette époque[114],[115],[116]. Les sulpiciens font borner les rues en 1672 puis la ville est fortifiée d'une palissade de pieux en 1687[117].
125
+
126
+ Pendant que Ville-Marie se développe, d'autres secteurs de peuplement apparaissent sur l'île. En amont des rapides du Sault-Saint-Louis sur le Saint-Laurent, un fief est concédé à l'explorateur René-Robert Cavelier de La Salle, qui fonde Lachine en 1669. Au Sault-au-Récollet, au nord de l'île, sur la rivière des Prairies, une mission est fondée par les sulpiciens en 1696. Malgré quelques périodes de tranquillité, les guerres franco-iroquoises font de plus en plus de ravages dans la colonie à la fin du XVIIe siècle. On compte parmi les événements sanglants le massacre de Lachine du 5 août 1689.
127
+
128
+ En août 1701, le traité de la Grande Paix de Montréal met fin aux hostilités. 1 200 Amérindiens d'une quarantaine de nations de la région des Grands Lacs et plusieurs notables de la Nouvelle-France, dont le gouverneur Hector de Callières, se rassemblent à Montréal pour la signature du traité[118]. L'expansion de Montréal se poursuit durant la première moitié du XVIIIe siècle ; les premiers faubourgs apparaissent durant les années 1730 alors que la ville compte autour de 3 000 habitants[119]. En plus de la traite des fourrures, elle devient le point central d'un territoire agricole en pleine croissance.
129
+
130
+ Commencée un peu avant la guerre de Sept Ans, la guerre de la Conquête oppose les Français et les Britanniques en Amérique du Nord à partir de 1754. En plus de la citadelle de Montréal, les Français comptent à cette époque de nombreux forts sur l'île de Montréal tel que le fort Lorette, le fort de la Montagne, le fort de Pointe-aux-Trembles et le fort Senneville.
131
+
132
+ La bataille des plaines d'Abraham, victoire britannique à Québec, le 13 septembre 1759, annonce la fin du régime français sur le territoire. Malgré une dernière tentative de reprendre la ville lors de la bataille de Sainte-Foy le 28 avril 1760, le duc de Lévis est contraint de replier ses troupes à Montréal. Le 8 septembre 1760, les troupes françaises de Montréal[120], commandées par Pierre de Cavagnal, marquis de Vaudreuil, se rendent sans combat à l'armée britannique commandée par Lord Jeffery Amherst[121]. Le traité de Paris de 1763 marque la fin de la période française.
133
+
134
+ Avec le nouveau régime le commerce devient exclusivement tourné vers l'Empire britannique. Montréal, alors le centre d'un vaste arrière-pays, développe une solide bourgeoisie commerciale, principalement d'origine écossaise et anglaise. Après la guerre d'indépendance des États-Unis et l’arrivée de loyalistes américains dans la province de Québec, la région de Montréal devient un tampon où se rencontrent deux peuples, l'un anglophone et protestant, l'autre francophone et catholique.
135
+
136
+ Bien que les Canadiens (descendants des premiers colons français) soient majoritaires, leur sous-représentation politique et le déni de leur langue crée une situation de tension culminant avec la rébellion des Patriotes de 1837-1838. Montréal est le lieu d’émeutes de part et d'autre de la population. Le Parlement du Canada-Uni, installé à Montréal entre 1843 et 1849, est ainsi incendié par des émeutiers anti-unioniste, appelés aux armes par un article haineux de The Gazette. Le feu se propageant également jusqu'à la bibliothèque nationale, il détruit d'innombrables archives de la Nouvelle-France[122]. Ces incidents incitèrent les députés du Canada-Uni à transférer la capitale en alternance à Toronto et à Québec, puis à choisir Ottawa à partir de 1866[123].
137
+
138
+ Sur le plan économique, le début du XIXe siècle marque une importante transition dans l'activité commerciale de Montréal. Sa position géographique liée aux réseaux de communication naturels faisait déjà de la ville un centre important de la traite des fourrures vers l'Europe. Le début de la colonisation anglaise du Haut-Canada par les loyalistes transforme Montréal en plaque tournante de l'approvisionnement et du peuplement de la région des Grands Lacs. L'industrie de la traite des fourrures — qui a dominé l'activité économique pendant plus d'un siècle — perd en importance par rapport au négoce et aux activités de transport[124]. La croissance de la ville s’accélère par la construction en 1824 du canal de Lachine, permettant aux navires de franchir les rapides de Lachine et facilitant les communications entre l'Atlantique et les Grands Lacs.
139
+
140
+ La seconde moitié du XIXe siècle amène le rapide développement du chemin de fer, la création d'une première ligne ferroviaire de 23 km entre Laprairie et Saint-Jean-sur-Richelieu en 1836, et celle du canal de Chambly, inauguré en 1843[125]. Les deux infrastructures améliorent les communications avec New York, via le lac Champlain ou sa rive et la vallée du fleuve Hudson. La construction des lignes du Grand Tronc vers Toronto et les provinces maritimes dans les années 1850, et celle du pont Victoria, en 1860, consolident la vocation de la ville. La compagnie ferroviaire du Canadien Pacifique y installe son siège social en 1880, faisant définitivement de Montréal le nœud ferroviaire du Canada. Parallèlement l'industrie artisanale cède sa place à l'industrialisation.
141
+
142
+ La ville subit plusieurs épidémies durant le XIXe siècle, la plus importante étant l'épidémie de variole de 1885 qui tua 3164 personnes (en très grande majorité des francophones) soit 1,89% de sa population estimée alors à 168 000 habitants[126].
143
+
144
+ Entre les épidémies et les grands incendies l’élite commerciale, devenue industrielle, commence à s’établir dans le Mile carré doré. En 1860, Montréal est devenue la plus importante municipalité de l'Amérique du Nord britannique et le centre économique et culturel du Canada.
145
+
146
+
147
+
148
+ Entre la fin du XIXe siècle et le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Montréal connaît l'une des plus fortes périodes de croissance de son histoire. Le développement des banques et autres institutions financières avec l'industrie donne l'élan lui permettant de devenir le centre financier canadien durant toute la première moitié du XXe siècle.
149
+
150
+ Après guerre, la ville se modernise et développe une réputation de ville festive. La prohibition aux États-Unis en fait une destination prisée par les Américains. L'essor des débits de boisson, des cabarets, des maisons de jeu, des réseaux de paris, l'accès facile aux drogues, le foisonnement des bordels, la hausse du tourisme sexuel, combinés à une influence croissante de la pègre, de même qu'une certaine connivence des forces policières sont à l'origine du qualificatif de «ville ouverte»
151
+ [127],[128].
152
+
153
+ Malgré la croissance de Montréal, le chômage y perdure et est exacerbé par le krach de 1929. Durant la grande dépression, la ville aide les chômeurs et entreprend une politique de grands travaux qui touche durement ses finances au point qu'elle est placée sous tutelle du gouvernement provincial de 1940 à 1944. Pendant cette période, l'effort de guerre amène le plein emploi et inaugure une nouvelle ère de prospérité.
154
+
155
+ En 1951, la population montréalaise dépasse le million. Pourtant la croissance de Toronto a déjà commencé à contester à la métropole québécoise son statut de capitale économique du Canada. En effet, depuis les années 1940 le volume d'actions échangées à la bourse de Toronto est devenu supérieur à celui de la bourse de Montréal. Les années 1950 et 1960 sont marquées par une croissance soutenue, que symbolise la tenue de l'Exposition universelle de 1967[129], la construction des plus hautes tours du Commonwealth, du réseau autoroutier et du métro de Montréal. Pourtant l'économie montréalaise, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, est en pleine mutation. Un vaste mouvement des industries vers le Midwest et le Sud de l'Ontario, combiné à des changements technologiques, comme l'essor du camionnage et la mise en service de la voie maritime du Saint-Laurent en 1959, réduisent progressivement l'importance de Montréal comme centre de transbordement des marchandises[130].
156
+
157
+ Les années 1970 se révélèrent être une période de vastes changements sociaux et politiques, émanant d'une majorité francophone achevant sa Révolution tranquille face à la domination traditionnelle du monde des affaires par une minorité anglophone érodée par le lent déclin de leur ville[131]. La crise d'octobre 1970, qui voit l'armée déployée dans les rues[132], puis l'élection en 1976 du Parti québécois, partisan de la souveraineté, favorisent le départ de grandes entreprises[133] (Sun Life, RBC…) et de nombreuses personnes de la ville, accélérant encore le renversement de la hiérarchie des métropoles canadiennes au profit de Toronto[134]. Cela n'empêche cependant pas Montréal, dirigée d'une main de fer par le maire Jean Drapeau, d'assurer son statut international en devenant ville olympique en cette même année 1976. La métropole est alors à son apogée, au prix d'une dette importante[135].
158
+
159
+ Jusqu'au milieu des années 1990, l'économie de Montréal, frappée durement par les récessions de 1981-1982 et 1990-1992, se développe plus lentement que beaucoup de villes canadiennes. Une importante restructuration industrielle et un développement des industries culturelles donneront un second souffle à la ville[136]. Montréal célèbre avec éclat son 350e anniversaire en 1992.
160
+
161
+ La ville est frappée en décembre 1989 par le premier féminicide de masse. Un homme déclarant détester les « féministes » abat quatorze jeunes femmes à l'École polytechnique[137].
162
+
163
+ Le 1er janvier 2002, Montréal est fusionnée avec 27 municipalités avoisinantes, créant une ville unifiée couvrant l'entièreté de l'île de Montréal. Cependant les banlieues anglophones[contexte nécessaire] perçoivent cette fusion comme imposée par le Parti québécois et, après l'élection d'un gouvernement libéral à Québec, plusieurs municipalités votent pour quitter la ville unifiée via des référendums en juin 2004. La dé-fusion partielle a lieu le 1er janvier 2006, laissant 15 municipalités sur l'île, incluant Montréal. Les fusions de 2002 ne furent pas les premières de l'histoire de la ville. En effet, Montréal annexa auparavant 27 autres villes et villages, en commençant par Hochelaga en 1883, jusqu'à Pointe-aux-Trembles en 1982.
164
+
165
+ Le XXIe siècle amène le renouveau du paysage économique et culturel de la ville et de ses infrastructures. La construction de gratte-ciel résidentiels, de deux super-hôpitaux, du quartier des Spectacles, la gentrification de Griffintown, l'expansion de l'aéroport Montréal-Trudeau, le remplacement du pont Champlain par le pont Samuel-De Champlain, la reconstruction de l'échangeur Turcot et le projet de Réseau express métropolitain, sont autant de réalisations qui font que Montréal continue de grandir.
166
+
167
+ Montréal est une municipalité de ville régie par une charte indépendante. Son administration municipale est répartie sur trois niveaux : la ville, les arrondissements et l'agglomération.
168
+
169
+ Montréal possède officiellement huit partis politiques selon les données officielles d'Élections Québec[138] :
170
+
171
+ Le conseil municipal de Montréal est l'organe décisionnel principal de la ville. Il est composé de 65 membres : le maire, les 19 maires d'arrondissement et 46 conseillers de ville. Les maires d'arrondissement sont élus au suffrage universel parmi la population de leur arrondissement et les conseillers de ville sont élus au scrutin majoritaire à un tour dans les différents districts électoraux de la ville (chaque arrondissement est divisé entre 0 et 4 districts électoraux).
172
+
173
+ Le maire est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour tous les 4 ans. Il incarne le pouvoir exécutif au sein de l'administration municipale de la ville ; en plus du conseil municipal, il siège au conseil d'agglomération et au comité exécutif de Montréal. Il est également maire de l'arrondissement Ville-Marie.
174
+
175
+ Onze commissions permanentes du conseil[142] s'occupent des consultations publiques et de la réception des commentaires et des critiques liés à leurs domaines respectifs. Elles sont avant tout des organes de consultation, donc non décisionnels, contrairement au comité exécutif. Leur mission consiste à bien informer et éclairer le choix des membres du conseil municipal et à favoriser la participation des citoyens dans les débats publics.
176
+
177
+ « La composition des commissions permanentes varie entre elles. Chacune est composée d’un nombre de 7 à 12 élus selon le cas. L’un d’entre eux est désigné pour agir comme président et au moins deux autres agissent à titre de vice-présidents. À l’exception de la Commission de la présidence du conseil qui fait des recommandations strictement au conseil municipal, deux membres de chaque commission sont choisis parmi les membres des conseils des municipalités liées pour occuper notamment l’une des vice-présidences (volet agglomération).
178
+ Quant à la durée du mandat des membres siégeant au sein des commissions permanentes, elle est déterminée par le conseil municipal et le conseil d’agglomération.Seule la durée du mandat de la personne représentant le gouvernement du Québec au sein de la Commission de la sécurité publique est déterminée par le gouvernement du Québec. Finalement, une personne accompagne les travaux de chacune des commissions permanentes à titre de secrétaire recherchiste. »
179
+
180
+ — Guide d'information (janvier 2017) : les commissions permanentes du conseil municipal et d'agglomération[143]
181
+
182
+
183
+
184
+ La ville de Montréal compte 19 arrondissements[144]. Plusieurs d'entre eux étant d'anciennes villes fusionnées à Montréal. Les arrondissements sont dirigés par le conseil d'arrondissement composé du maire de l'arrondissement, des conseillers de ville de l'arrondissement et des conseillers d'arrondissement, s'il y a lieu (les arrondissements élisent entre 0 et 3 conseillers d'arrondissements)[145]. Au total, les 19 arrondissements comprennent 39 conseillers d'arrondissement. Ils sont responsables, localement, de l'urbanisme, de l'enlèvement des matières résiduelles, de la culture, des loisirs, du développement communautaire, des parcs, de la voirie, de l'habitation, du personnel, de la prévention des incendies, de la gestion financière et des tarifications non fiscales[146].
185
+
186
+ Sur l’île de Montréal, la ville de Montréal et les 15 municipalités « dé-fusionnées » depuis 2006 se retrouvent au sein du conseil d'agglomération de Montréal. Ce conseil gère les compétences d'agglomération sur l'ensemble du territoire de l'île de Montréal, dont la sécurité publique, l'évaluation foncière, la distribution de l'eau potable, le traitement des eaux usées et des matières résiduelles, la voirie et le transport collectif[réf. souhaitée]. Il est composé du maire de Montréal, de 15 conseillers de Montréal et de 14 maires et 1 représentant des villes reconstituées de l'île de Montréal.[réf. souhaitée] Les villes « dé-fusionnées » conservent les compétences de proximité (loisirs, travaux publics, etc.).
187
+
188
+ Au niveau provincial, la représentation à l'Assemblée nationale du Québec se fait par des députés élus dans des circonscriptions. Vingt-sept circonscriptions sont situées à Montréal (bien que certaines d'entre elles chevauchent Montréal et d'autres villes).
189
+
190
+ Au niveau fédéral, la représentation à la Chambre des communes du Canada se fait par des députés élus dans des circonscriptions. Dix-huit circonscriptions sont situées à Montréal (bien que certaines d'entre elles chevauchent Montréal et d'autres villes).
191
+
192
+ Le représentation au Sénat du Canada, quant à elle, se fait par des sénateurs nommés dans des divisions. Trois divisions sénatoriales sont situées à Montréal (bien que certaines d'entre elles chevauchent Montréal et d'autres villes)[148].
193
+
194
+ Le gentilé Montréalais, Montréalaise est employé pour désigner les habitants de Montréal. Cette dénomination française a été officialisée au printemps 2015[158]. Selon un linguiste québécois, le gentilé Montréalais a pour équivalent Montrealer en anglais, مونتريالي en arabe, Montrealés, montrealesa en espagnol, Montrealese en italien et 蒙特利尔人 en chinois[159].
195
+
196
+ Montréal est la ville la plus peuplée du Québec, la deuxième ville la plus peuplée du Canada et le centre d'une agglomération de près de 4 millions d'habitants[160],[Note 5]. En 2016, on compte 1 704 694 Montréalais[161]. La densité moyenne de population dans la ville est 4 662 hab./km2. Elle atteint 13 096 hab./km2 dans le Plateau-Mont-Royal et 18 802 hab./km2 dans le quartier Parc-Extension.
197
+
198
+ L'immigration est le principal moteur de la croissance démographique montréalaise. Entre 2008 et 2009, l'île de Montréal accueille 40 005 nouveaux immigrants internationaux. Pour la même période, l'accroissement naturel amène 8 235 nouveaux Montréalais[162].
199
+
200
+ La population de la ville est relativement jeune : en 2006, selon Statistique Canada, le pourcentage d'habitants âgés de moins de 35 ans est 44 %[163], soit 2 points de plus que la moyenne québécoise, qui est 41,8 %[163]. L'âge médian y est 38,8 ans[163], soit un peu moins que la moyenne provinciale (41 ans).
201
+
202
+ La population de la ville de Montréal a connu sa principale période de croissance au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et durant la première moitié du XXe siècle. Durant cette période, la population de la ville, sans compter la banlieue, passe d'un peu moins de 60 000 habitants à plus d'un million d'habitants ; Montréal est la ville la plus peuplée du Canada jusque dans les années 1950.
203
+
204
+ En plus de l'immigration irlandaise au cours du XIXe siècle, l'industrialisation est le principal facteur de la croissance de la ville. Les habitants des campagnes environnantes migrent vers la ville pour y travailler dans les usines. La plupart des arrivants sont des Canadiens français et des Canadiens anglais provenant des milieux ruraux du Québec, de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick[166].
205
+
206
+ La population d'origine européenne est en vaste majorité d'ascendance française, irlandaise, anglaise et italienne, toujours selon Statistique Canada[167]. Les quatre groupes ethniques en importance sur l'île de Montréal étaient, en 2001, les Canadiens (population établie au Canada depuis plusieurs générations) à 55,7 % (1 885 085), les Français à 26,6 % (900 485), les Italiens à 6,6 % (224 460) et les Irlandais à 4,7 % (161 235)[167].
207
+
208
+ Dans la ville de Montréal, toujours en 2001, les descendants de francophones ou anglophones canadiens d'identité ancestrale française et britannique étaient majoritaires. Ceux identifiés en tant que Canadiens d'identité dite ancestrale, selon la loi sur les langues officielles du Canada, sont en effet majoritairement de descendance française, irlandaise, anglaise et écossaise, ou leurs familles ayant élu domicile sur le territoire depuis plusieurs générations.
209
+
210
+ En 2016, les principales minorités visibles étaient, en ordre d'importance, les Afro-Canadiens qui comptaient pour 9,5 % de la population totale et les Arabes pour 6,9 %[168], une augmentation de 17 % par rapport à 2011[169][réf. non conforme].
211
+
212
+ La répartition des communautés culturelles montréalaises varie grandement en fonction des arrondissements[170]. Plus de 200 communautés sont présentes, ayant créé leur quartier dès le XVIIe siècle, ou jusqu'aussi récemment qu'au XXIe siècle[171].
213
+
214
+ Selon les données du recensement de 2006, la majorité des habitants de la communauté métropolitaine de Montréal (environ 65 %) a le français pour langue maternelle, une part non négligeable (23 %) de la population est néo-canadienne, n'ayant ni le français ni l'anglais comme langue d'origine, tandis qu'environ 12 % se déclarent anglophones[172].
215
+
216
+ Selon la même source, sur l'ensemble de l'île de Montréal, le constat change alors qu'environ 50 % de la population se déclare francophone, 34 % allophone et 16 % anglophone. Cependant, la majorité des citoyens ont à tout le moins une connaissance pratique de la langue majoritaire et la plupart des allophones ont le français ou l'anglais comme langue seconde[173]. Près de 53 % des Montréalais sont bilingues français et anglais, 29 % des gens parlent uniquement le français et 13 % des Montréalais parlent seulement l'anglais (surtout concentrés dans l'Ouest de l'île de Montréal).
217
+
218
+ Certaines personnes ne sont capables de communiquer ni en français ni en anglais. Cependant, la tendance qu'ont les nouveaux immigrants à apprendre la langue majoritaire s'est accélérée depuis l'introduction de la Charte de la langue française durant les années 1970. L'italien, le portugais, l'espagnol et le roumain sont les autres langues romanes utilisées à Montréal ; l'allemand, le grec, le yiddish mais aussi le berbère (kabyle), l'arabe, le mandarin, le cantonais, le vietnamien, le créole haïtien et le hindi sont également des langues utilisées à Montréal (due à l'immigration). L'usage du français à la maison, en général, a progressé dans la communauté métropolitaine de Montréal[174]. La population anglophone a continué de diminuer de 1996 à 2001. Sa proportion est passée de 13,7 % en 1996 à 12,8 % en 2001 puis 11,8 % en 2011[réf. souhaitée]. La proportion de francophones s'est légèrement accrue durant cette période quinquennale, passant de 67,9 % à 69,1 %[réf. souhaitée], puis 85,7 % de personnes sachant parler français en 2011[174].
219
+
220
+ Par ailleurs, les statistiques de 2006 affichent un renversement de la tendance. En effet, tous les arrondissements de la ville ont vu leur proportion de locuteurs francophones diminuer depuis 2001. En cinq ans, cette variation est d'une amplitude variable selon les districts, allant d'une hausse de 1 % dans Loyola (arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce) à une baisse de 29 % dans Sainte-Geneviève (arrondissement de L'Île-Bizard―Sainte-Geneviève)[175]. La régression du français dans la ville de Montréal est un sujet récurrent dans les médias francophones québécois. Elle doit cependant être nuancée dans la mesure où cette baisse en pourcentage ne se fait pas au profit d'une langue unique mais d'une multitude de langues, conséquence de l'accueil d'un grand nombre d'immigrants de langue maternelle autre que le français et l'anglais. D'autre part, le français reste la langue de travail majoritaire (66,5 % des réponses uniques au recensement de 2006)[176].
221
+
222
+ Capitale canadienne du trilinguisme
223
+
224
+ Capitale canadienne du bilinguisme depuis longtemps, Montréal est maintenant reconnue capitale du trilinguisme au Canada grâce à la présence d'immigrants polyglottes. Les néo-Montréalais sont trilingues à plus de 44 % alors que les natifs de Montréal, francophones et anglophones, ne le sont qu'à 3 %[177]. La métropole québécoise est donc la capitale canadienne du trilinguisme grâce à ses nouveaux citoyens et sa réalité linguistique est en pleine mutation. Le phénomène va d'ailleurs s’accélérer au fil des années à venir avec une immigration qui vise à pallier un faible indice de fécondité.
225
+
226
+ Officiellement, l'arabe est la troisième langue parlée dans l'Île de Montréal après le français et l'anglais. Les locuteurs de l’arabe à la maison seraient 160 000 pour 140 000 hispanophones[178][réf. non conforme]. Toutefois, ces chiffres ne tiennent pas compte de l’attrait qu'exerce l'espagnol sur les Montréalais natifs qui voyagent ou apprennent la langue de Cervantes. Selon le sociologue Victor Armony (2017), l’espagnol serait déjà la troisième langue la plus parlée au Québec avec 350 000 locuteurs se disant capable de maintenir une conversation en espagnol contre 210 000 pour l’arabe. D'ailleurs, le recensement de 2016 stipule que 280 000 Montréalais ont déclaré avoir une certaine connaissance de l’espagnol contre seulement 241 000 pour l’arabe[179].
227
+
228
+ Selon les récentes projections de Statistiques Canada (2017), le trilinguisme de Montréal ne constitue pas une menace pour le fait français dans l’ancienne Ville-Marie en raison de la sélection favorisant la connaissance du français chez les immigrants au Québec. Selon ces données, « … les deux tiers de la population de l’île tendraient à s’orienter principalement vers le français en 2036 en dépit du fait que la population de langue maternelle française pourrait n’y représenter que 41 % à 43 %[180][réf. non conforme]. » Le poids démographique de la population de langue maternelle française chuterait même en-dessous de celui de la population de langue maternelle tierce qui grimperait à 45 %.
229
+
230
+ Selon les données de Statistique Canada de 2011, Montréal est une ville majoritairement catholique ; 53 % de la population adhère à cette confession chrétienne[181]. Les Montréalais sans appartenance religieuse sont le second groupe en importance, représentant 18 % de la population[181]. Les trois autres groupes importants sont les musulmans, les orthodoxes et les protestants[181]. Montréal accueille également de plus petites communautés bouddhistes, sikhs, bahá'íes, témoins de Jéhovah et hindoues.
231
+
232
+ De passage dans la ville en 1881, l'écrivain américain Mark Twain baptise Montréal la « ville aux cent clochers[182] ». Cela illustre la grande quantité d'églises catholiques romaines et protestantes que comptait la ville. À lui seul, l'archidiocèse de Montréal compte d'ailleurs plus de 200 paroisses actives actuellement[Quand ?][183].
233
+
234
+ Les chrétiens catholiques de la métropole font partie de l'archidiocèse de Montréal[184][réf. non conforme], dont l'archevêque est rattaché à la basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde. La ville compte plusieurs autres lieux de culte catholiques importants tels que l'oratoire Saint-Joseph, le lieu de pèlerinage le plus important dédié à saint Joseph[185], la basilique Notre-Dame et la basilique Saint-Patrick. Traditionnellement catholique, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges, situé sur le flanc nord du mont Royal, est le plus grand cimetière au Canada[186]. L'Église catholique trouve la majorité de ses fidèles au sein de la majorité canadienne-française et des communautés d'origine irlandaise, italienne, portugaise, polonaise et haïtienne. On retrouve aussi plusieurs communautés catholiques orientales, proches des orthodoxes.
235
+
236
+ Historiquement associés aux Anglo-Québécois, les protestants montréalais sont principalement anglicans[187]. Ces derniers font partie du Diocèse anglican de Montréal, dont le siège se trouve à la cathédrale Christ Church[188][réf. non conforme]. L'Église Unie du Canada, la plus importante dénomination protestante au pays, possède comme lieu de culte notable l'église unie Saint-James. Du côté évangélique, la première église baptiste est établie dans la ville en 1831 par John Gilmour, un pasteur anglais[189]. Fondée en 1916, l'Evangel Pentecostal Church est la première église pentecôtiste de Montréal et du Québec[190]. Le cimetière Mont-Royal dessert traditionnellement la communauté protestante.
237
+
238
+ Le christianisme orthodoxe trouve la majorité de ses membres auprès des communautés grecques, russes, roumaines et arabes. On compte, par exemple, l'église orthodoxe antiochienne Saint-Georges, classée lieu historique national du Canada[191].
239
+
240
+ Christian Lépine est l'archevêque catholique de Montréal.
241
+
242
+ La cathédrale Christ Church est le siège du Diocèse anglican de Montréal.
243
+
244
+ Le bâtiment de l'Evangel Pentecostal Church au centre-ville.
245
+
246
+ L'église orthodoxe antiochienne Saint-Georges.
247
+
248
+ Presque absent avant la seconde moitié du XXe siècle, l'islam a connu une forte progression au Québec depuis l'élimination de la discrimination racialiste dans les politiques d'immigration canadiennes en 1962[192],[193]. On compte aujourd'hui[Quand ?] plus de pratiquants musulmans que de pratiquants catholiques à Montréal[194]. Entre 2001 et 2011, la population musulmane a presque doublé dans la ville, passant de 81 000 à 155 000 croyants en l'espace de 10 ans[181]. Cette tendance est principalement due à l'immigration en provenance de l'Algérie, du Maroc, de la Tunisie et du Liban[192]. Contrairement à la France, l'Allemagne ou au Royaume-Uni, il n'y a pas de domination d'un groupe ethnique musulman particulier à Montréal[195] ; 70 % des musulmans sont sunnites et 30 % sont chiites[196]. Un peu plus d'une cinquantaine de lieux de culte musulmans existent dans la grande région de Montréal[195].
249
+
250
+ La communauté juive (Juifs laïcs et Juifs pratiquants) de Montréal, établie surtout depuis le début du XXe siècle, est principalement concentrée dans les arrondissements d'Outremont, de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce et de Saint-Laurent ; autour des villes enclavées de Côte-Saint-Luc et Hampstead, où les Juifs sont majoritaires[197]. On compte 80 000 Juifs dans la ville de Montréal et plus de 120 000 sur l'île[197].
251
+
252
+ Géographiquement proche de Montréal se trouve la communauté juive hassidique Kiryas Tosh de Boisbriand.
253
+
254
+ Avec son quartier gai, le Village, le plus grand quartier gai en Amérique du Nord et l'un des plus grands au monde, Montréal est l'un des pôles de la vie gaie et lesbienne au Canada. Montréal a été choisie, entre 1999 et 2000, afin de faire partie du groupe sélect de capitales gaies mondiales, comprenant, en 1999, les villes de Montréal, Paris, Munich, Manchester, Sydney et, en 2000, Amsterdam, Berlin, Manchester. En 2006, elle a accueilli les premiers Outgames mondiaux (Jeux olympiques LGBT)[198].
255
+
256
+ Les Montréalais pratiquent plusieurs types d'activités sportives sur une base récréative grâce à la présence de nombreux clubs sportifs amateurs et associations sportives locales. La popularité des sports y est aussi favorisée par l'existence d'un réseau de terrains extérieurs et d'installations intérieures (aréna, gymnase, terrain intérieur de soccer)[199]. L'hiver, des anneaux de glace et des patinoires sont aménagés à l'extérieur[200]. Le lac aux Castors[201],[202] sur le mont Royal et l'anneau de glace dans le vieux-port[203] permettent aux Montréalais de renouer avec la pratique du patinage dans une ambiance familiale. Le ski de fond est également une activité populaire et plusieurs centaines de kilomètres de sentiers balisés sont entretenus par la ville dans les parcs[204].
257
+
258
+ Au cours de son histoire, Montréal a été l'hôte de plusieurs événements sportifs majeurs, dont les Jeux olympiques d'été de 1976, les championnats mondiaux d'escrime en 1967, de cyclisme sur piste et de cyclisme sur route en 1974, d'aviron en 1984, de natation en 2005, la coupe Rogers de tennis, le Grand Prix du Canada de Formule 1.
259
+
260
+ Jeux olympiques :
261
+
262
+ Course automobile :
263
+
264
+ Cyclisme :
265
+
266
+ Golf :
267
+
268
+ Marathon :
269
+
270
+ Natation :
271
+
272
+ Soccer[216] :
273
+
274
+ Tennis :
275
+
276
+ Jeux du Québec :
277
+
278
+ Outgames mondiaux :
279
+
280
+ Le sport professionnel à Montréal constitue une dimension essentielle de l'intégration de Montréal au continent nord-américain. Montréal possède plusieurs équipes sportives professionnelles qui sont des franchises de grandes ligues continentales.
281
+
282
+ Franchises sportives majeures actuelles :
283
+
284
+ Franchises majeures passées :
285
+
286
+
287
+
288
+ Le réseau montréalais de la santé et des services sociaux compte 10 établissements : 5 centres intégrés universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) et 5 établissements non fusionnés.
289
+
290
+ Comme leurs noms l'indique, les CIUSSS sont des organismes publics chargés de prodiguer soins et services sociaux dans une région donnée. Outre des centres hospitaliers, ils regroupent des centres d’hébergement et de soins de longue durée, des centres locaux de services communautaires, des centres de protection de l’enfance et de la jeunesse et des centres de réadaptation.
291
+
292
+ Fondé en 1997 de la fusion de plusieurs hôpitaux bilingues, le CUSM emploie 1 587 médecins, dentistes et pharmaciens, 2 715 chercheurs et enseignants et reçois plus de 700 000 patients chaque année[221]. Les installations principales se trouvent au sein du super-hôpital du site Glen, construit en 2015.
293
+
294
+ Le CHUM emploie 881 médecins, 1 300 chercheurs et enseignants et reçois plus de 500 000 patients en hospitalisation chaque année. Depuis 1995, il regroupe les hôpitaux à dominante francophone suivants :
295
+
296
+ Montréal est constamment en tête de file des meilleures villes étudiantes au monde. Ainsi en 2013, selon The Economist, Montréal se classe au premier rang mondial comme destination pour des études à l'étranger, devant Londres[222]. Selon le palmarès 2017 de QS Best Student Cities, la métropole québécoise serait la meilleure ville au monde où étudier[20]. Avec plus de 170 000 étudiants, la ville est au deuxième rang des métropoles nord-américaines quant au nombre d'étudiants universitaires par habitant[223]. En 2011, plus de 60 % de la population montréalaise détenait un certificat, diplôme ou grade de niveau post-secondaire[224].
297
+
298
+ Dès 1658 est fondée, par Marguerite Bourgeoys, une première école catholique, sur l'actuelle rue Saint-Dizier dans le Vieux-Montréal.
299
+
300
+ La ville compte environ[Quand ?] 250 000 élèves (80 % dans le système francophone) dans un total de 268 écoles primaires (233 francophones et 35 anglophones), 75 écoles secondaires (58 francophones, 16 anglophones et 1 bilingue), 26 centres d'éducation aux adultes (14 francophones et 12 anglophones) ainsi que 37 écoles spécialisées[225],[226]. L'administration de ces établissements d'enseignement est partagée par cinq commissions scolaires dont trois sont francophones (f) et deux anglophones (a) :
301
+
302
+ Avec quatre universités, sept institutions supérieures et 12 cégeps dans un rayon de 8 kilomètres, Montréal aurait la plus importante concentration d'étudiants post-secondaires parmi les grandes villes d'Amérique du Nord (4,38 étudiants pour 100 habitants en 1996, suivie par Boston avec 4,37)[227].
303
+
304
+ Le système éducatif du Québec est différent des autres systèmes nord-américains. Après le secondaire (qui s'achève à la onzième année) les étudiants peuvent poursuivre dans les collèges d'enseignement général et professionnel (cégeps), offrant des programmes pré-universitaires (2 ans) et techniques (3 ans). À Montréal, 17 cégeps offrent des cours en français et 5 en anglais. En plus de ces établissements publics, Montréal possède neuf collèges privés et deux établissements de niveau collégial de formation professionnelle.
305
+
306
+ Seconde métropole du Canada, Montréal est un centre culturel, industriel, commercial et financier important, dont la prospérité repose « sur des échanges soutenus de biens avec des marchés régionaux et internationaux »[231].
307
+
308
+ La ville et sa région immédiate possèdent l'économie la plus diversifiée au Canada[15]. Les industries montréalaises incluent les télécommunications, l'aéronautique, la pharmaceutique, les hautes technologies, les études supérieures, les jeux vidéo, le textile, la mode, l'électronique, le matériel de transport, le tabac et l'imprimerie. Parmi les compagnies importantes ou particulièrement connues de la région montréalaise, on peut citer Bombardier, Hydro-Québec, BCE, Power Corporation, le Canadien National, la Banque nationale du Canada, Air Canada, Rio Tinto Alcan, SNC-Lavalin, Saputo, CGI, Québecor, Domtar, Air Transat, Transcontinental et Métro Richelieu.
309
+
310
+ Avec l’étalement urbain, les terres arables ont disparu de Montréal, sauf à l’extrême ouest de l’île où est conservé un parc agricole de 191 ha[232]. L'agriculture en serre sur les toits de la ville se développe avec des initiatives citoyennes ou commerciales comme les Fermes Lufa depuis 2011[233]. Jusque dans les années 1930, Montréal comptait plusieurs carrières de pierre calcaire. Celles qui n'ont pas été remblayées ont été converties en sites d'enfouissement ou en dépôt à neige[234],[235]. Seule la carrière de granulat Lafarge de Montréal-Est, datant de 1910, est encore en activité[236]. De l'une des carrières devenues décharges puis parcs urbains, du biogaz est extrait qui permet la production d'électricité.
311
+
312
+ Montréal est une importante ville portuaire, à l'embouchure de la voie maritime du Saint-Laurent qui la relie aux centres industriels des Grands Lacs. En tant que port le plus important de l'Est du Canada, c'est un point de transbordement pour les céréales, les produits pétroliers, la machinerie et les produits manufacturés. Premier port du pays en termes de trafic de conteneurs, le trafic y totalisait près de 26 millions de tonnes métriques de marchandises[237]. Pour cette raison, la ville fait partie de l'axe principal des chemins de fer canadiens et demeure une ville ferroviaire majeure[238].
313
+
314
+ L'industrie pétrochimique, très présente à l'est de l'île, formait jusqu’à la fermeture de la raffinerie Shell en 2010 le plus grand centre de raffinage de la province. Depuis, les raffineries de Suncor et Gulf Oil conservent une capacité combinée de 225 000 barils par jour. Le pétrole et les produits distillés y sont transportés par quatre oléoducs, par trains, bateaux et camions. Les carburants n'y sont cependant pas la seule production, les usines de Parachem, Indorama PTA et Selenis forment par exemple une chaîne complète de synthèse du polyester[239].
315
+
316
+ L'industrie aéronautique emploie environ 40 000 personnes dans la région montréalaise[240]. Cette industrie, qui comprend des maîtres d’œuvre, dont Bombardier Aéronautique et Bell Helicopter sont les plus importants, des équipementiers (Honeywell, Lokheed Martin, Thales) et des sous-traitants, produit la principale exportation montréalaise.
317
+
318
+ Montréal possède un marché boursier avec la bourse de Montréal. Depuis le 7 décembre 2005, cette dernière s'est unie au Chicago Climate Exchange afin de créer le marché climatique de Montréal, un marché de produits environnementaux[241].
319
+
320
+ L'industrie vidéoludique a connu une explosion depuis 1997 et l'ouverture d'Ubisoft Montreal. Plus récemment[Quand ?], la ville a attiré des studios de renommée mondiale tels que Electronic Arts, Eidos Interactive, BioWare, THQ et Gameloft. Grâce à une main d'œuvre locale spécialisée et des crédits d'impôts aux entreprises, Montréal est devenu l'un des cinq pôles mondiaux de développement de médias numériques interactifs avec 85 entreprises et 5 300 emplois[242].
321
+
322
+ En 2012, l'agglomération de Montréal a accueilli presque 8 millions de touristes, en hausse de 6,5 % depuis 2008[243]. Traveler's Digest et askmen.com ont classé Montréal parmi les « 29 villes à visiter » dans le monde[244].
323
+
324
+ Deuxième ville onusienne et deuxième ville consulaire d'Amérique du Nord, après New York[245], Montréal possède près de 72 sièges d'organisations internationales, dont 67 organisations non gouvernementales (ONG)[246]. Parmi celles-ci, se trouvent notamment :
325
+
326
+ De plus, plusieurs organisations travaillent au rayonnement économique de l’agglomération : la Chambre de commerce du Montréal métropolitain au niveau de la concertation des gens d'affaires, Montréal International pour attirer organismes internationaux et investisseurs étrangers ainsi que Tourisme Montréal pour faire la promotion du tourisme vers la métropole québécoise. En 2011, l'Union des associations internationales classe Montréal au premier rang en Amérique des villes accueillant des évènements associatifs internationaux. En 2012, le palais des congrès de Montréal est finaliste pour le prix APEX du meilleur centre de congrès au monde[247],[248].
327
+
328
+ Montréal générait, au 4e trimestre 2015, un produit intérieur brut (PIB) de 169 milliards de dollars canadiens de 2002, représentant 53 % du PIB du Québec et 10 % du PIB du Canada[249].
329
+
330
+ Les secteurs d'activités de la population montréalaise sont[250] :
331
+
332
+ En février 2019, le taux de chômage était de 7,3 % sur l'île de Montréal[251], avec un taux de faible revenus de 14,7 % dans la ville en 2014[252]. Les taux les plus élevés se rencontrent dans les arrondissements de Ville-Marie, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Verdun, Sud-Ouest, Lasalle et Montréal-Nord[250].
333
+
334
+ Selon un rapport du Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion, depuis 1997 la pauvreté avait reculé partout au Québec sauf à Montréal[253][réf. non conforme]. Selon un rapport fédéral, il y aurait 30 000 itinérants dans la ville[254][réf. non conforme].
335
+
336
+ En 2010, Montréal était classée au 19e rang mondial pour sa qualité de vie selon le magazine britannique Monocle[255].
337
+
338
+ Montréal est dotée d'une quantité appréciable d'espaces verts ; ses 17 grands parcs urbains occupent 6 % du territoire de la ville, soit une superficie d'environ 20 km2.
339
+
340
+ Parmi ceux-ci, les plus connus[Par qui ?] et fréquentés[réf. nécessaire] sont :
341
+
342
+ Le Parc olympique[256] est situé dans l'arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve[257]. On retrouve notamment sur le site le Biodôme, l'Insectarium, le Jardin botanique, ainsi que le Planétarium, qui ensemble forment l'Espace pour la vie, un complexe muséal qui se veut « repenser le lien qui unit l'être humain à la nature[258] ».
343
+
344
+ Pendant plus d'un siècle et demi Montréal a été le centre financier et industriel du Canada. Il en résulte un héritage architectural offrant une grande variété de constructions à vocation industrielle ou commerciale, incluant usines, minoteries, hangars et autres raffineries qui présentent aujourd'hui un aperçu de l'histoire de la ville, particulièrement au niveau du centre-ville et du Vieux-Port. Il y a 50 lieux historiques nationaux à Montréal, plus qu'aucune autre ville canadienne.
345
+
346
+ Dans le Sud de l'île, le Vieux-Montréal, déclaré arrondissement historique en 1964[259], offre de nombreux centres d'intérêt, notamment le Vieux-Port, la place Jacques-Cartier, l'hôtel de ville, la place d'Armes, et la basilique Notre-Dame.
347
+
348
+ Les plus vieux édifices de la ville toujours debout datent de la fin du XVIIe siècle, début du XVIIIe siècle. La plupart sont regroupés dans l'aire du Vieux-Montréal, tel le séminaire des Sulpiciens datant de 1687 et le château Ramezay, construit en 1705 et successivement demeure, quartier général, cour de justice, établissement d'éducation et finalement musée.
349
+
350
+ Les premiers bâtiments sont caractérisés par leur influence française unique et leur construction en pierre grise. L'époque des explorateurs français est commémorée par la préservation de deux de leurs maisons dans le Vieux-Montréal, soit celle d'Antoine Laumet de La Mothe, sieur de Cadillac, fondateur de la ville de Détroit aux ��tats-Unis, à l'angle des rues Notre-Dame et Saint-Laurent, et celle de René-Robert Cavelier de La Salle, explorateur de la région du Mississippi, à l'angle des rues Saint-Paul et Saint-Pierre[260].
351
+
352
+ Sur la rue Saint-Jacques pavoisent les impressionnants sièges, construits au XIXe siècle, de toutes les grandes banques canadiennes.
353
+
354
+ L'architecture du XXe siècle n'est pas en reste avec le pavillon principal art déco de l'Université de Montréal d'Ernest Cormier, l'emblématique stade olympique et sa tour inclinée (la plus haute du monde) conçus par l'architecte français Roger Taillibert, ou encore les legs de l'Expo 67 que sont le dôme géodésique de Buckminster Fuller et l'Habitat 67 de Moshe Safdie.
355
+
356
+ Parmi les gratte-ciel de Montréal, seulement sept dépassent hors antenne les 150 mètres de hauteur, et un seul les 200 mètres[261]. Les bâtiments les plus élevés, que sont le 1000 de La Gauchetière, le 1250 René-Lévesque, la tour CIBC et la tour de la Bourse, ont tous été bâtis au début des années 1960 et 1990. C'est en 1928 qu'un bâtiment dépassait pour la première fois les 100 mètres (l'édifice de la Banque Royale, 121 m, 22 étages), record battu d'un mètre par l'édifice Sun Life trois ans plus tard[262][source insuffisante]. Le premier gratte-ciel inaugurant le « style international » à Montréal, tout en dépassant cette hauteur, est la tour Telus (1962)[263]. La plus célèbre tour de la ville est la place Ville-Marie (1962). Conçue par l'architecte Ieoh Ming Pei, il fut le premier gratte-ciel à dépasser les 150 mètres (43 étages, 188 m), sa construction coïncidant avec le déplacement du centre-ville en son site actuel. Cette tour cruciforme est sise au-dessus d'un centre commercial souterrain qui constitue la plaque tournante de la ville souterraine.
357
+
358
+ Montréal a un passé religieux riche et complexe. La religion catholique fut la raison même de la fondation de la ville, soit l'établissement d'une colonie missionnaire selon l'intention du groupe fondateur, la Société Notre-Dame de Montréal. La ville est en effet renommée pour sa richesse en églises et temples de toutes dénominations, qui lui ont valu au XIXe siècle le surnom de « ville aux cent clochers ».
359
+
360
+ Parmi les édifices les plus importants du point de vue de l'histoire, on trouve l'oratoire Saint-Joseph, la plus grande église dédiée à ce saint dans le monde, la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, première chapelle de pierre de Montréal, ainsi que la basilique Notre-Dame, la deuxième plus grande église en Amérique[réf. souhaitée]. La Pietà, datant de 1855 et située dans le Mausolée la Pietà du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, est une reproduction grandeur nature de la sculpture de Michel-Ange de la basilique Saint-Pierre au Vatican.
361
+
362
+ Le Montréal souterrain (RÉSO), ou ville intérieure, est une alternative urbaine populaire aux extrêmes climatiques de l'hiver froid et de l'été humide. Montréal possède plus de 30 km de passages piétonniers souterrains donnant accès à des centaines de commerces, restaurants, bureaux et boutiques intérieures, ainsi qu'au réseau de métro, aux terminus de transport et aux principaux attraits et bâtiments du centre-ville (de la station de métro Lucien-L'Allier jusqu'au Complexe des sciences de l'UQAM) sans jamais s'exposer aux intempéries. Il constituerait le plus grand réseau urbain souterrain au monde.
363
+
364
+ L'art public de la ville se réfère principalement à l'une ou l'autre de ses cultures, la francophone ou l'anglophone. La Société Notre-Dame de Montréal qui a fondé Ville-Marie est commémorée par le monument aux pionniers sous la forme d'un obélisque situé à la place d'Youville et son principal fondateur, Paul Chomedey de Maisonneuve, par une statue, le monument à Maisonneuve, au centre de la place d'Armes.
365
+
366
+ Le passage au régime britannique est commémoré par la colonne Nelson, un des monuments les plus controversés de la ville, situé sur la place Jacques-Cartier et représentant pour certains les visées impérialistes britanniques, ainsi que la statue de la reine Victoria, au square Victoria. Un rappel du Canadien de jadis se trouve sur la Maison du Patriote, rue Saint-Paul dans le Vieux-Montréal. Un monument à sir George-Étienne Cartier, un des pères de la Confédération canadienne, trône à l'entrée du parc du Mont-Royal (le monument à George-Étienne Cartier).
367
+
368
+ La ville possède de nombreux musées dont la plupart sont regroupés au sein de la société des directeurs des musées montréalais qui a comme objectif de faire leur promotion et de participer à leur développement[264],[265]. Ces musées présentent tout autant des expositions sur les sciences, l'histoire, les beaux-arts et le patrimoine culturel[266]. Parmi ces musées, deux institutions ont pour thématique l'art, le musée des beaux-arts de Montréal et le musée d'art contemporain de Montréal. Le thème de l'histoire est au centre des expositions de Pointe-à-Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, du musée Stewart ou du château Ramezay. Le patrimoine est abordé par plusieurs musées dont le musée Marguerite-Bourgeoys, la maison Saint-Gabriel et le musée des maîtres et artisans du Québec. La thématique des sciences est au cœur des expositions du Centre des sciences de Montréal, de la Biosphère de Montréal et de quatre musées à vocation scientifique administrés par la ville de Montréal, soit le Biodôme, l'Insectarium, le Jardin botanique, ainsi que le Planétarium, regroupés au sein de l'Espace pour la vie[267].
369
+
370
+ La Grande Bibliothèque est sise à Montréal, comprenant la collection de la Bibliothèque nationale du Québec. Elle comprend les plus vastes collections littéraires au Québec et est, avec plus de 2,9 millions d'entrées, la bibliothèque la plus fréquentée de la francophonie[268]. La Grande Bibliothèque est située au centre-ville (arrondissement Ville-Marie), au nord du quartier latin. Ouverte depuis le 3 mai 2005, elle remplace l'ancienne bibliothèque centrale située sur la rue Sherbrooke. Elle contient notamment la collection Saint-Sulpice, construite à partir de l'année 1844 ; ces ouvrages anciens, à caractère patrimonial, ne sont consultables que sur place. La bibliothèque s'est enrichie au fil des ans de collections privées, telles celles de Louis-Joseph Papineau et de Louis-Hippolyte La Fontaine.
371
+
372
+ La Ville de Montréal possède également un vaste réseau de bibliothèques publiques, composé de 45 bibliothèques de quartier et d'un bibliobus, qui ont pour mission de démocratiser l'accès à l'information, la connaissance, la culture et le savoir. Montréal a porté le titre de capitale mondiale du livre du 23 avril 2005 au 22 avril 2006[269],[270]. À cette occasion, elle a créé le prix du livre jeunesse des bibliothèques de Montréal, qu'elle remet annuellement depuis.
373
+
374
+ Montréal est un important centre de la culture québécoise, internationalement reconnu pour son effervescence culturelle. Le complexe culturel de la place des Arts abrite le musée d'art contemporain et plusieurs théâtres. Il est le siège de l'Opéra de Montréal. L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) loge tout près depuis le 7 septembre 2011, dans une salle de concert qui lui est propre, la Maison symphonique de Montréal, construite au coin nord-est du complexe de la Place des Arts.
375
+
376
+ Montréal est un lieu incontournable du cirque contemporain et du cirque nouveau ; il existe de nombreux lieux de diffusion et d'enseignement des arts du cirque, notamment la Tohu, où on retrouve une salle de spectacle circulaire, le siège social du Cirque du Soleil, les bureaux de l'association En Piste ainsi que l'École nationale de cirque.
377
+
378
+ Montréal a aussi de nombreux théâtres, dont le théâtre Saint-Denis, le théâtre du Rideau Vert et le théâtre du Nouveau Monde, fondé en 1951. Montréal est aussi un important centre de création et de diffusion de la danse. Parmi les lieux les plus importants en danse contemporaine de Montréal, notons l'Agora de la danse.
379
+
380
+ Inspiré par le concept français de Maison de la Culture, les 12 maisons de la culture de Montréal offrent depuis plus de 25 ans des événements, spectacles et expositions dont l'entrée est souvent gratuite.
381
+
382
+ Depuis 2002, ce réseau s'est agrandi ; il comporte maintenant[Quand ?] 24 diffuseurs (dont 2 diffuseurs métropolitains : la chapelle historique du Bon-Pasteur et le théâtre de Verdure) dans les 19 arrondissements de Montréal. Il porte le nom de réseau Accès culture. Ses membres sont entre autres : le théâtre Outremont, la salle Jean-Grimaldi, l'Entrepôt, le Centre culturel de Verdun.
383
+
384
+ De nombreux festivals ont lieu chaque année à Montréal[271]. Compte tenu de l'hiver peu clément, la majorité de ceux-ci ont lieu durant la période estivale, tels le Festival international de jazz de Montréal qui a lieu depuis plus de trente ans[272], les FrancoFolies de Montréal, le Festival International Nuits d'Afrique, le festival LGBTQ+ Fierté Montréal et le festival Juste pour rire[271]. Cependant, quelques festivals ont lieu pendant la période hivernale, en particulier le Festival Montréal en lumière[273] et Art souterrain.
385
+
386
+ À l'occasion du Festival de jazz, de grandes sections des rues du centre-ville sont fermées pour laisser place à des scènes extérieures, lieux de spectacles gratuits, et à la circulation piétonnière. La ville compte également de nombreux festivals musicaux et cinématographiques. De plus, chaque dimanche d'été ensoleillé, un certain nombre de gens se réunissent pour les Tam-tams du mont Royal, rendez-vous interculturel et musical très populaire, notamment auprès des jeunes. Le centre du rassemblement est le monument à Sir George-Étienne Cartier, au parc du Mont-Royal.
387
+
388
+ Du 1er au 8 août 2020, la ville de Montréal devait accueillir le congrès mondial d'espéranto, mais celui-ci a été reporté à 2022 en raison de la pandémie de Covid-19.
389
+
390
+ Le 15 avril 2019, la ville de Montréal s'est autoproclâmée « ville d’excellence mondiale en matière de musique métal »[274]. Pour l'évènement qui vise à reconnaître la qualité de la production musicale métal locale à l'internationale, la mairesse Valérie Plante a invité le groupe Necrotic Mutation à l'hôtel de ville de Montréal, afin de souligner cet héritage qui, pour la mairie, est exceptionnel[274].
391
+
392
+ Cette décision municipale, qui fait largement consensus, fait dire à la chroniqueuse métal Christine Fortier que « Montréal est réellement la plaque tournante du métal au Québec, et probablement au Canada, nous a-t-elle indiqué. Les groupes qui passent ici le disent, le public est toujours au rendez-vous, Montréal a vraiment un solide noyau d'amateurs de métal », tandis que le bassiste de Megadeth, David Ellefson, pour qui les métalleux montréalais sont « les plus fidèles et les plus irréductibles de la planète » a pour sa part affirmé au site Metal Voice « que le groupe a pu ensuite jouer sur les plus grandes scènes et les plus grands festivals ailleurs dans le monde » grâce au public montréalais[274].
393
+
394
+ De nombreuses personnalités sont issues de l'agglomération de Montréal. Parmi elles, on peut citer :
395
+
396
+ Artistes : dans le monde de la musique, les jazzmen Oscar Peterson, Oliver Jones, Maynard Ferguson, des chanteurs tels que Leonard Cohen, Michel Rivard, Lucien Francoeur, Robert Charlebois, Shawn Drover, Claude Dubois, Diane Dufresne, Kate et Anna McGarrigle, Rufus Wainwright, Martha Wainwright, Béatrice Martin (Cœur de Pirate), Mylène Farmer qui y a peu vécu, Isabelle Boulay (Sainte-Félicité, Gaspésie), DJ Daniel Desnoyers, DJ Champion, Aut'Chose, le DJ A-Trak (Duck Sauce), Sam Roberts, Voivod et Céline Dion (née à Charlemagne, mais associée à Montréal sur la scène internationale). Des groupes musicaux montréalais comme Mahogany Rush, Simple Plan et Arcade Fire qui ont atteint une notoriété mondiale. L'actrice Jessalyn Gilsig et un des acteurs de la série Star Trek William Shatner. La journaliste et romancière Denise Bombardier. Le poète Émile Nelligan, le romancier Hubert Aquin, l'écrivain et homme politique Jacques Hébert ou encore l'écrivain Saul Bellow, prix Nobel de littérature, la poétesse yiddish Rachel Korn, originaire de Galicie, installée à Montréal de 1948 jusqu'à sa mort en 1982.
397
+
398
+ Sportifs : les joueuses de tennis Mary Pierce et Eugenie Bouchard, le joueur de hockey Maurice Richard (le Rocket), le joueur de baseball Russell Martin.
399
+
400
+ Scientifiques : l'astrophysicien et écologiste Hubert Reeves, Sidney Altman, lauréat du prix Nobel de chimie, et Ralph Steinman, lauréat du prix Nobel de médecine. Durant neuf années à McGill, Ernest Rutherford effectue des travaux sur la radioactivité, qui sont couronnés par le prix Nobel de chimie.
401
+
402
+ Personnalités politiques : l'ancien Premier ministre du Québec Jacques Parizeau, l'ancien Premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau, l'auteure et militante altermondialiste Naomi Klein et le héros canadien de la révolution chinoise Norman Bethune.
403
+
404
+ Des documentaires comme Métropole (1947), À Saint-Henri le cinq septembre (1962), Les amoureux de Montréal (1992) et La Mémoire des anges (2008) font voir la vie de Montréal sous plusieurs angles[275]. D'autres documentaires, tels que La P’tite Bourgogne (1968), The Rise and Fall of English Montreal (1993), The Street: A Film with the Homeless (1997), Maxime, McDuff & McDo (2002), Confrontation at Concordia (2003), Hommes à louer (2008) et L'Est pour toujours[276] (2011), abordent des sujets plus polémiques[Pour qui ?] de l'histoire et de la société montréalaise.
405
+
406
+ En 1998, les Rencontres internationales du documentaire de Montréal ont été créées. L'organisation propose, depuis 2004, un programme de deux jours de conférences, d'ateliers et de rencontres d'affaires[277].
407
+
408
+ De nombreux films ont été tournés à Montréal, certains entièrement en studio comme 300 (2007) ou Riddick (2013), d'autres aussi en extérieur, tirant parti de la diversité architecturale de la ville[278], notamment :
409
+
410
+ Parmi les films dont l'histoire se déroule au moins en partie à Montréal, on peut citer : La nouvelle vie de Paul Sneijder (2016), Les Amours imaginaires (2010), Fatal (2010), The Trotsky (2010), Mesrine : L'Instinct de mort (2008)[285], Mon voisin le tueur (2000), Jésus de Montréal (1989)[284], Un zoo la nuit (1987), Le Matou (1985), 21-87 (1963), L'Odyssée de Pi (2012).
411
+
412
+ De nombreuses chansons sont dédiées à Montréal, entre autres Je reviendrai à Montréal de Robert Charlebois, Montréal −40 °C de Malajube, Montréal d'Ariane Moffatt, À Montréal de Grand Corps Malade, Montréal de The Weeknd ou encore Montréal de Beau Dommage. Le groupe les Cowboys fringants fait souvent référence à Montréal dans ses chansons.
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+
414
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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416
+ Un navire de la Marine royale canadienne porte le nom de NCSM Montréal (FFH 336)
fr/3947.html.txt ADDED
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5
+ Montsoreau est une commune française située dans le département de Maine-et-Loire, en région Pays de la Loire, dans le Val de Loire classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO. Montsoreau est classé parmi Les Plus Beaux Villages de France et a concouru lors de l'édition 2012 de l'émission de télévision française présentée par Stéphane Bern : Le Village préféré des Français.
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+ Commune du Nord-Est du Saumurois, Montsoreau est un petit village du val de Loire, en Anjou, situé sur la rive gauche de la Loire[1], à 11 km au sud-est de Saumur et à 15 km au nord-ouest de Chinon. Elle se trouve à la limite du département de Maine-et-Loire, jouxtant la commune de Candes-Saint-Martin se trouvant dans le département d'Indre-et-Loire à 1 km de celle-ci[2].
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+
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+ Outre la ville de Montsoreau, la commune comporte aussi le lieu-dit l'île au Than, situé face au château de Montsoreau, sur la rive opposée (rive droite) de la Loire. L'île au Than, comporte, comme le village, une frontière administrative avec l'Indre-et-Loire.
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+
11
+ Le village de Montsoreau est situé au cœur du val de Loire, directement en bords de Loire, au confluent de la Loire et de la Vienne. Il fait la frontière entre les départements d'Indre-et-Loire et de Maine-et-Loire, mais aussi des régions Pays de la Loire et Centre-Val de Loire. La ville se répartit entre deux pôles d'activité, le quartier de l'ancien port historique des mariniers de Loire, et le quartier du Château, abritant aujourd'hui la Collection Philippe Méaille. Le village ayant été un point important de l'extraction du tuffeau, une grande partie des carrières a été réaffectée en habitations troglodytiques.
12
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13
+ Le village de Montsoreau n'est traversé par aucune route d'importance. La départementale 7 ayant permis de délester le trafic des bords de Loire et la traversée du village. Il est ainsi le passage d'un des tronçons de la route de la Loire à vélo, depuis Candes-Saint-Martin jusqu'au Thoureil. La particularité des bords de Loire de ne pas être privés a en effet permis de constituer un itinéraire vélos longeant la Loire sur près de 800 kilomètres, au cœur de deux régions riches du patrimoine culturel et naturel d'Europe.
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+ Montsoreau est situé à 250 km de Paris, point zéro des routes de France.
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+
17
+ Les villes notables les plus proches :
18
+
19
+ Communes limitrophes :
20
+
21
+ Le climat de Montsoreau, est marqué par l'ensoleillement élevé du val de Loire, région propice à la vigne et à la culture des fruits. À cette particularité s'ajoute des influences océaniques importantes, et la proximité de la Loire, qui procurent au village une douceur ligérienne. Les été sont chauds et secs et les hivers, doux et humides. Les précipitations sont faibles à moyennes pendant les intersaisons. Le vent est caractéristique du couloir ligérien, moyen et relativement constant.
22
+
23
+ Montsoreau est accessible en voiture par l'autoroute A85, avec la sortie « Saumur », puis la RD952 des bords de Loire sur 10 km jusqu'à Montsoreau par le pont de Varennes-Montsoreau.
24
+
25
+ Il est aussi accessible par Tours, en suivant les bords de Loire sur 60 km jusqu'à Montsoreau, 20 km après Langeais.
26
+
27
+ En train, les trois gares de Saumur (12 km), Angers (55 km), Tours (65 km), sont desservies par les TGV, intercités, TER Pays de la Loire et Centre-Val de Loire.
28
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29
+ Le réseau de l'agglomération de Saumur-Val de Loire permet de relier Montsoreau à Fontevraud, Turquant, Parnay, Souzay-Champigny, et Saumur.
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+ Les aéroports internationaux d'envergure les plus proches sont l'aéroport de Tours-Val de Loire (70 km) et l'aéroport de Nantes-Atlantique (159 km). Les liaisons nationales peuvent s'effectuer par les aéroports de Angers-Loire (59 km), Poitiers-Biard (80 km).
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33
+ Des navettes fluviales relient Saumur à Montsoreau.
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+ Le village de Montsoreau est découpé en quatre quartiers, le vieux port où se concentre la majeure partie de l'activité commerciale et artistique, le vieux village historique, autour du château, le vignoble en haut du coteau, et l'île au Than, située sur la rive opposée de la Loire, et qui est exclusivement résidentielle.
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37
+ Montsoreau est concerné par six risques majeurs[15] : l'inondation, la sismicité (risque faible)[16], le retrait-gonflement des argiles (risque faible)[17], le risque nucléaire[18], le risque de mouvement de terrain[19] et la tempête.
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+
39
+ Le nombre de logements à Montsoreau évolue peu, alors qu'il y avait 359 logements en 2010, il y en a 362 en 2015[20]. 60.5 % de ces logements sont des résidences principales, 20.7 % des résidences secondaires et 16.9 % sont des logements vacants.
40
+ En 2015, plus de la moitié des ménages (57.1 %) ont emménagé dans leur résidence principale il y a dix ans ou plus[21].
41
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42
+ Le nom Mont Soreau (Castrum Monte Sorello ou Mons Sorello), apparait sous sa forme latine, pour la première fois, en 1086 dans un cartulaire[22]. Mons ou Monte désigne le promontoire rocheux, situé à même le lit de la Loire, et sur lequel a été construit la forteresse de Montsoreau. Aucune interprétation n'a été donnée du nom Sorello, que l'on rencontre sous plusieurs formes latinisées : Sorello, Sorel, Sorelli.
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+ C’est au VIe siècle que les premiers textes font mention du domaine de Restis[23]. En 990 le comte de Blois Eudes Ier le transforme en place forte, 10 ans avant que le comte d'Anjou, Foulques Nerra, ne le rattache à l'Anjou[24]. On trouve une mention de Montsoreau en 1086 sous sa forme latinisée [Castrum] Monte Sorello[22]. La place forte appartenait alors à Guillaume II de Montsoreau, vassal des comtes d’Anjou et mari d'Hersende de Champagné. C'est elle qui convaincra son beau-fils, Gautier Ier de Montsoreau, de donner à Robert d'Arbrissel, la terre qui lui servira à fonder l'Abbaye de Fontevraud[25]. Les formes Castellum Montsorelli, Mons Sorelli et enfin Mons Sorel (Montsoreau, Monts Soreaux, Mont Soreau), sont des latinisations récurrentes que l'on rencontre dans les chartes, cartulaires et autres documents rédigés en latin médiéval. Le château passe aux mains de la famille Savary en 1213, (Renaud Savary 1325-1368, seigneur de Montbazon (Indre-et-Loire), Villandry (Indre-et-Loire)), Savonnières (Indre-et-Loire), Montsoreau (Maine-et-Loire) et Moncontour (Vienne), puis aux Craon vicomtes de Châteaudun en 1374[26]. Il appartient ensuite à la famille Chabot de La Grève et devient la propriété de Jean II de Chambes lors de son mariage avec l’héritière en 1445[27]. C’est ce dernier qui rase la forteresse et fait construire l'actuel château de Montsoreau en 1450, dans le style Renaissance[28].
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+ Au Moyen Âge, le village était divisé en deux parties : Rest et le Mont Soreau (Monte Sorello). Rest correspondait au quartier aujourd’hui aggloméré autour du port et de l’église paroissiale actuelle, alors que le Mont Soreau correspondait au castrum fortifié par Foulques Nerra. Au XIXe siècle, le château de Montsoreau devint un entrepôt où les blés du Loudunais, les vins du Chinonais et ceux du Poitou étaient amenés. Des marchés importants s'y tenaient grâce à son port très actif[29].
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+ Montsoreau fut, jusqu'au XVIIe siècle, un centre de juridiction et la seigneurie de Montsoreau s'étendait de la Loire au nord, jusqu'à Seuilly-l'Abbaye et au château du Coudray au sud[30].
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+ Sa population d'artisans, de pêcheurs et de petits vignerons n'avait jamais dépassé 600 habitants. Puis un essor dans l'exploitation d'une pierre à bâtir, le tuffeau, fit passer brutalement ce nombre à plus de 1 000 habitants, maintenu pendant le premier quart du XIXe siècle. Cette pierre, facile à travailler, s'épuisa peu à peu, et les travailleurs de la pierre quittèrent la région. La population diminua ainsi pour se stabiliser de nouveau aux environs de 600 personnes[31].
51
+
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+ Cependant, les galeries ouvertes pour l’exploitation du tuffeau permirent ensuite d’abriter des cultures de champignons, dits "de Paris"[32].
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+
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+ Avec la construction de la route de Saumur à Candes-Saint-Martin au XIXe siècle, l’allure du village de Montsoreau fut modifiée[33],[34]. Plusieurs maisons de tuffeau blanc, issu des carrières des coteaux, furent construites à Rest et dans la vieille ville.
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+ La commune est membre de la communauté d'agglomération Saumur Val de Loire.
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+ L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[39]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[40].
59
+
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+ En 2017, la commune comptait 446 habitants[Note 1], en diminution de 4,09 % par rapport à 2012 (Maine-et-Loire : +2,25 %, France hors Mayotte : +2,36 %).
61
+
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+ La population de la commune est relativement âgée. Le taux de personnes d'un âge supérieur à 60 ans (30,2 %) est en effet supérieur au taux national (21,8 %) et au taux départemental (21,4 %).
63
+ À l'instar des répartitions nationale et départementale, la population féminine de la commune est supérieure à la population masculine. Le taux (52,5 %) est du même ordre de grandeur que le taux national (51,9 %).
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+ La répartition de la population de la commune par tranches d'âge est, en 2008, la suivante :
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+ Montsoreau est un Village Fleuri ayant obtenu trois fleurs au palmarès 2012 du concours des villes et villages fleuris. Ses ruelles dominant la Loire bordent des habitations troglodytiques, typiques des bords de Loire. Anciennes carrières de tuffeau, elles servent aujourd'hui à la culture de champignons ou à la conservation du vin.
68
+
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+ Montsoreau est le seul village de Maine-et-Loire classé parmi les plus beaux villages de France. La commune fait aussi partie des petites cités de caractère du département.
70
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+ Le château de Montsoreau abrite une collection d'art contemporain fondée par Philippe Méaille. Il s'agit du plus important fonds mondial d’œuvres du mouvement Art & Language. Il accueille une à deux expositions temporaires par an, ainsi que des conférences[45].
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+
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+ Tous les deuxièmes dimanches du mois depuis 1990, les Puces de Montsoreau réunissent plus de 80 professionnels (brocanteurs, antiquaires) et accueillent régulièrement 10 000 visiteurs par manifestation[46],[47].
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+ Le village accueille enfin un festival de musique classique durant l'été.
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+ Sur 66 établissements présents sur la commune à fin 2010, 18 % relevaient du secteur de l'agriculture (pour une moyenne de 17 % sur le département), 6 % du secteur de l'industrie, 6 % du secteur de la construction, 56 % de celui du commerce et des services et 14 % du secteur de l'administration et de la santé[48].
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+ Montsoreau depuis le château.
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+ Le château, la Loire et le village.
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+ Coucher de soleil sur la Loire.
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+ Le château et le village au XVIIe siècle.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Basilique et colline de Vézelay (1979) · Cathédrale de Chartres (1979) · Mont-Saint-Michel et sa baie (1979) · Palais et parc de Versailles (1979) · Sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère (1979) · Abbaye cistercienne de Fontenay (1981) · Arles, monuments romains et romans (1981) · Cathédrale d'Amiens (1981) · Palais et parc de Fontainebleau (1981) · Théâtre antique et ses abords et « Arc de Triomphe » d'Orange (1981) · De la grande saline de Salins-les-Bains à la saline royale d'Arc-et-Senans, la production du sel ignigène (1982) · Abbatiale de Saint-Savin sur Gartempe (1983) · Places Stanislas, de la Carrière et d'Alliance à Nancy (1983) · Pont du Gard (1985) · Strasbourg : de la Grande-île à la Neustadt, une scène urbaine européenne (1988, 2017) · Cathédrale Notre-Dame, ancienne abbaye Saint-Remi et palais du Tau, Reims (1991) · Paris, rives de la Seine (1991) · Cathédrale de Bourges (1992) · Centre historique d'Avignon : Palais des papes, ensemble épiscopal et Pont d'Avignon (1995) · Canal du Midi (1996) · Ville fortifiée historique de Carcassonne (1997) · Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France (1998) · Site historique de Lyon (1998) · Beffrois de Belgique et de France (avec la Belgique) (1999 et 2005) · Juridiction de Saint-Émilion (1999) · Val de Loire entre Sully-sur-Loire et Chalonnes (2000) · Provins, ville de foire médiévale (2001) · Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret (2005) · Bordeaux, Port de la Lune (2007) · Fortifications de Vauban (2008) · Cité épiscopale d'Albi (2010) · Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen (2011) · Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (avec cinq autres pays) (2011) · Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (2012) · Grotte ornée du Pont-d'Arc, dite Grotte Chauvet-Pont-d'Arc (2014) · Climats du vignoble de Bourgogne — Coteaux, maisons et caves de Champagne (2015) · L'œuvre architecturale de Le Corbusier (avec six autres pays) (2016) · Taputapuātea (2017)
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+ Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola (1983) · Lagons de Nouvelle-Calédonie : diversité récifale et écosystèmes associés (2008) · Pitons, cirques et remparts de l'île de La Réunion (2010) · Haut lieu tectonique Chaîne des Puys – faille de Limagne (2018) · Terres et mers australes françaises (2019)
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+ Pyrénées-Mont Perdu (avec l'Espagne) (1997)
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+ L’Oural ou les monts Oural, en russe Ура́льские го́ры, en kazakh Орал тауы, est une chaîne de montagnes hercynienne située en Russie. Elle s’étire sur plus de 2 000 km, de la mer de Kara au nord jusqu'aux steppes du Kazakhstan au sud. L’Oural marque traditionnellement la limite géographique entre l’Europe et l’Asie, depuis que le tsar Pierre le Grand, au début du XVIIIe siècle, a souhaité rapprocher son empire des royaumes européens[réf. nécessaire]. Les reliefs souvent fortement érodés culminent à une altitude de 1 894 mètres. Le massif se décompose du nord au sud en plusieurs sous-ensembles aux caractéristiques (vigueur du relief, flore, climat) contrastées qui parfois relèvent de la haute montagne malgré l’ancienneté du massif. Dotée d'une grande richesse en minerais en particulier de fer, elle est devenue au XVIIIe siècle le foyer d'une puissante industrie métallurgique : de nombreux centres urbains ont été créés au pied du massif par les Russes venus de l’ouest. L’industrie s’est fortement développée dans la partie sud-est au cours du XXe siècle mais aujourd’hui avec l’épuisement des gisements de fer les plus riches, la région est à la recherche de relais de croissance.
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+ Oural pourrait provenir du finno-ougrien ourala (« sommet ») dérivé de l'ancien radical our (« montagne »)[1].
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+ L'Oural est une chaîne de montagnes très ancienne dont l'orogénèse (la création) s'est produite il y a 250 à 300 millions d'années (fin du Carbonifère et au Permien). Les différents continents qui existaient à cette époque se sont rapprochés pour former une masse émergée unique appelée Pangée.
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+ Au cours de ce processus, il y a environ 260 millions d’années, les paléocontinents de Sibérie et Kazakhstania sont entrés en collision avec le supercontinent Laurussia (qui comprenait ce qui correspond aujourd’hui à l’Europe du Nord et l’Amérique du Nord) sur son bord oriental, fermant l'océan Ouralien et élevant la chaîne de l’Oural[2].
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+
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+ Un immense gisement de sel gemme (50 % des réserves mondiales) situé près de Perm s’est constitué à cette époque par évaporation de l’eau des lagunes qui subsistaient (l'Oural était situé sous les tropiques et soumis à un climat continental et sec).
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+
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+ Au cours du tertiaire, le massif est soumis à des mouvements verticaux qui ont fragmenté les épaisses couches sédimentaires en créant des failles selon un axe nord-sud parsemées de massifs intrusifs. L’érosion fluviale au sud et glaciaire au nord modèle un relief de type appalachien avec des formations karstiques au sud.
16
+
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+ Cette genèse a fait apparaître du nord au sud le long de la bordure orientale de l’Oural une dizaine de milliers de gisements métallifères (fer, cuivre, platine, or, aluminium, argent, nickel, manganèse…) particulièrement riches dont l’exploitation a été le moteur de la colonisation russe du massif et du vigoureux développement de la région au XXe siècle. Les roches métamorphiques renferment également de nombreux gisements de pierres semi-précieuses de tout type (cristal de roche, serpentine, malachite, jaspe, onyx, etc.).
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+ Les montagnes de l’Oural sont situées entre, à l’ouest, la plaine d'Europe orientale et, à l’est, la plaine de Sibérie occidentale. La chaine de montagnes commence au nord sur les rives de la mer de Kara (mer bordière de l'océan Arctique) suit d'abord une direction sud-ouest sur 500 km, puis prend une direction plein sud ; elle atteint sa plus grande largeur au niveau de Iekaterinbourg et s’achève 1 600 km plus au sud sur la rive du fleuve Oural entre Orenbourg et Orsk le long de la frontière avec le Kazakhstan. Sa largeur n’excède jamais 250 km.
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+
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+ Le climat est continental avec des différences importantes selon la latitude et le versant. Les conditions climatiques ont fortement conditionné l’occupation et la nature des activités humaines. Dans le nord du massif, la température moyenne en juillet est de 6 à 8 °C alors qu’elle est de 22 °C dans la partie la plus méridionale. Les masses d’air humides proviennent pour l’essentiel de l’océan Atlantique : le versant occidental du massif reçoit en moyenne de 100 à 150 mm de précipitations de plus que le versant oriental[3]. L’Oural pré-polaire et polaire est sous l’influence des vents soufflant depuis l’océan Arctique.
22
+
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+ De nombreux fleuves russes ont leur source sur les versants orientaux et occidentaux de l’Oural : des affluents de l’Ob (Sosva, Isset, Toura, Sosva du Nord, …), des affluents de la Volga (Kama, Belaïa, Oufa), l’Oural, la Petchora…
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+ L’Oural est traditionnellement subdivisé en cinq parties.
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+ L'Oural méridional est la partie du massif située entre les latitudes 51 °N et 55 °N.
28
+
29
+ Le fleuve Oural le délimite au nord et à l’est. Les crêtes sont organisées en trois chaînes parallèles de direction nord-sud dont la plus à l’est, peu élevée, culmine à 850 mètres, tandis que les deux autres (dont l'Ouraltaou culminant à 1 068 mètres) comprennent quelques sommets qui culminent au mont Iamantaou (1 640 m). Toute la région est couverte de pâturages et de forêts à feuilles caduques. La région comporte de nombreux lacs dont celui de Tourgoïak près de Miass. On y trouve plusieurs gisements miniers de cuivre, zinc et fer. L’Oural méridional occupe une superficie de 488 234 km2 répartis entre le Tatarstan (7 %), l’oblast d’Orenbourg (17 %), la république de Bachkirie (24 %), l’oblast de Tcheliabinsk (14 %) et l’oblast de Kourgan (2 %)[4]. La réserve naturelle de l'Oural du Sud couvre un territoire de 252 800 hectares.
30
+
31
+ L'Oural central est compris entre les latitudes 56° N et 59° N.
32
+
33
+ C'est un plateau bas, très boisé et riche en matières premières (pétrole, fer, bauxite, cuivre, amiante, chrome, platine et or), ce qui en fait une région industrielle importante, depuis le XVIIIe siècle. On y produit actuellement environ 1/3 de l’acier russe. L’absence de relief vigoureux en a fait le point de passage des principales voies de communication est-ouest de la Russie : Transsibérien, routes. La végétation est constituée de forêts de résineux et les sols sont généralement riches. L’Oural central occupe une superficie de 230 532 km2 répartis entre l’oblast de Perm (17 %), la république de Bachkirie (12 %), l’oblast de Tcheliabinsk (8 %), l’oblast de Sverdlovsk (40 %), l’oblast de Kourgan (19 %) et l’oblast de Tioumen (4 %)[5].
34
+
35
+ L'Oural septentrional est compris entre les latitudes 59° et 64°.
36
+
37
+ Dans cette partie le massif montagneux est étroit mais caractérisé par des sommets élevés culminant au mont Konzhakovski (en) (1 569 m). L’Oural septentrional occupe une superficie de 337 910 km2 répartis entre la république des Komis (2 %), le district autonome des Khanty-Mansi (43 %), l’oblast de Sverdlovsk (30 %), l’oblast de Perm (17 %) et l’oblast de Tioumen (8 %)[6].
38
+
39
+ Le massif est très étroit et particulièrement accidenté est compris entre les latitudes 64° et 65° 30'.
40
+
41
+ C’est là que se trouve le plus haut sommet de l’Oural : le mont Narodnaïa (1 894 m). La végétation est constituée d’une toundra dépourvue d’arbres. La région est pratiquement inhabitée. L’Oural pré-polaire occupe une superficie de 336 050 km2 répartis entre les la république des Komis (28 %), le district autonome de Iamalo-Nénetsie (55 %) et celui des Khanty-Mansi (18 %)[7].
42
+
43
+ Au-delà de 64° de latitude commence l'Oural polaire.
44
+
45
+ Le massif étroit est constitué de montagnes basses morcelées avec un diverticule à l'ouest : les monts Paï-Khoï (en). La végétation est constituée d’une toundra dépourvue d’arbres. La région est pratiquement inhabitée. L’Oural polaire occupe une superficie de 72 544 km2 répartie entre la république des Komis (24 %), le district autonome de Iamalo-Nénetsie (4 %) et celui des Nenets (72 %)[8]. Il est prolongé au nord par les îles de la Nouvelle-Zemble.
46
+
47
+ L'Oural était occupé à la fin de la préhistoire par des peuples aux pratiques variées (nomades, semi-nomades, métallurgistes, éleveurs) et aux origines ethniques diverses. Une étude publiée initialement en 2007[9] a fait le point sur le rôle de diffusion de la technologie du bronze que certaines populations, comme l'ensemble de Seima-Turbino et de la culture d'Andronovo ainsi que, dans la plaine de l'Ouest de la Sibérie, la culture du Karassouk[10]. Tous ont eu un rôle essentiel dans la dissémination de la technologie du bronze jusqu'à la Chine au cours du second millénaire avant l'ère commune[11]. En particulier dans l'Ouest de la Chine : la culture de Qijia (2200-1600) (essentiellement au Gansu), celle de Siba (1900-1500) (corridor du Hexi) et au nord, Ordos : Culture de Zhukaigou, v. 2000-1400 ainsi que sur le site de Tianshanbeilu (2000-1550) dans l'Est du Xinjiang. Les contacts ont été multiples et attestés par la présence sur tous ces sites des débuts de l'âge du bronze de couteaux de bronze, formes et technologie venues de la région de l'Oural et, au-delà, du Kazakhstan, à lame courbe dont le manche est muni d'un anneau, souvent servi par les cornes enroulées d'un capridé, permettant de le suspendre aisément. Ces technologies du bronze semblent avoir été appropriées par certains petits ateliers locaux en Chine. Et l'usage massif du bronze a suivi, selon une autre technologie, bien plus spectaculaire à multiples moules, pour des objets de culte dans les cultures d'Erlitou, au cours de la période d'Erligang, puis dans la culture de la dynastie Shang.
48
+
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+ Les témoignages écrits anciens sur l'Oural sont peu nombreux et vagues. Hérodote mentionne l’existence du massif. Au Xe siècle, les voyageurs et marchands arabes avaient connaissance d’un pays nordique appelé Ougra.
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+ C'est la république de Novgorod qui au XIe siècle effectue la première une exploration systématique de l'Oural et entre en relation régulière avec les populations finno-ougriennes.
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+ La Russie commence à s'intéresser à l'Oural après la chute du khanat de Kazan conquis par Ivan le Terrible en 1552. La disparition du khanat donne accès aux immenses territoires situés à l'est de la Russie : le cours moyen et inférieur de la Volga, l'Oural et enfin la Sibérie. Ivan IV concède en 1558 à une famille d'entrepreneurs venue du nord de la Russie, les Stroganov, le soin de mettre en exploitation le versant oriental de l’Oural, plus précisément le bassin supérieur de la Kama à condition d’assurer la défense de la région contre les attaques des peuplades locales et surtout des Tatars retranchés à l’est de l’Oural dans l’éphémère khanat de Sibir[12]. Les immenses gisements de sel situés dans la région de Perm sont mis en exploitation. Des gisements d’étain sont découverts et les premières fonderies sont créées. Parallèlement, la famille Stroganov finance des expéditions contre le khanat de Sibir, qui s’effondre en 1600.
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+ La partie méridionale du massif montagneux et ses piémonts commencent à cette époque à être colonisés de manière assez lâche. Au début du XVIIIe siècle, des usines métallurgiques sont installées près des gisements de fer découverts dans le massif sous l'impulsion de Pierre le Grand qui veut créer une industrie de l'armement pour faire de la Russie une puissance militaire.
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+ Les Bachkirs, peuple nomade vivant de part et d’autre de l'Oural méridional avaient accueilli sans hostilité l'arrivée des Russes et accepter de payer l’impôt que l’empire prélevait sur les populations autochtones : le yassak. Un siècle plus tard, l'arrivée de colons russes cherchant à s’approprier des terres déclenche une révolte qui dure de manière sporadique de 1705 à 1710. Ils se soulèvent une nouvelle fois en 1735 à la suite de réquisitions massives de chevaux effectués par l’armée dans le cadre du conflit russo-turc[13].
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+ Le minéralogiste Ernst Karlovitch Hofman (1801-1871) de l'université de Saint-Pétersbourg est le premier scientifique à effectuer une étude systématique des ressources de l'Oural. Ses recherches qui commencèrent en 1828 et lui firent parcourir des milliers de kilomètres dans le massif, lui permirent de rassembler une vaste collection de minéraux.
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+ Au XIXe siècle, l’industrie métallurgique de l'Oural, qui utilise toujours des forges catalanes dans lesquels travaillent souvent des serfs, est concurrencée par les installations plus récentes du Donbass. Ce n’est qu'après la révolution d’Octobre que les investissements sont relancés. Le second plan quinquennal (1933-1937) qui donne la priorité à l'industrie lourde entraine la création de puissants centres industriels sur le versant oriental de l'Oural, à Tcheliabinsk et Magnitogorsk. Très rapidement, l'Oural, sa partie centrale et méridionale, devient la troisième région industrielle du pays.
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, les industries de l'Oural, qui sont loin du front, fournissent la majorité de leur armement lourd aux troupes russes. Après la guerre, l'industrie nucléaire soviétique s’implante sur le versant occidental de l'Oural et est à l’origine de pollutions particulièrement graves restées à l'époque secrètes.
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+ En 2016, l’Oural représente 15 % de la production industrielle de la Russie[réf. nécessaire]. Mais elle doit faire face à l’épuisement de ses gisements sur lesquels reposent l’industrie métallurgique et mécanique. Les gisements de fer à forte teneur (40 à 60 %) — mont Visokaïa (en) près de Nijni Taguil, mont Magnitnaïa près de Magnitogorsk — sont épuisés et celui-ci doit être tiré de mines plus pauvre ou importés.
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+
67
+ Les mines du versant oriental produisent, en 2005, 14 millions de tonnes de minerai de fer (soit 15 % de la production russe contre 29 % en 1985) et l’industrie métallurgique produit 25 millions de tonnes d’acier (45 % de l’acier russe contre 51 % en 2005)[14]. La sidérurgie est concentrée dans quatre ensembles industriels qui s’échelonnent du nord au sud sur le versant oriental : Nijni Taguil, Tcheliabinsk, Magnitogorsk et Orsk.
68
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+ Le secteur de l’énergie est aujourd’hui[Quand ?] le premier secteur industriel de la région. Sur le versant occidental, près de Perm, on exploite des gisements de pétrole (mais la production décline) depuis la Seconde Guerre mondiale et depuis les années 1960 des gisements de gaz dans les environs d’Orenbourg.
70
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+ Le gisement de sel de Perm a permis la constitution d’une industrie chimique qui fournit des engrais à toute la Russie. Le soufre, dont le gaz extrait à Orenbourg est particulièrement riche, est également utilisé pour la chimie.
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+ La réduction des commandes de l’état russe à l’industrie de l’armement, particulièrement bien implantée dans la région, pèse fortement sur l’activité de la région.
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+ Les parties centrales et méridionales de l’Oural et ses contreforts sont quadrillés de villes de grandes tailles. Ce sont les villes millionnaires de Iekaterinbourg, Tcheliabinsk sur le versant oriental, de Perm et Oufa sur le versant occidental. Cet ensemble est complété par des villes de plusieurs centaines de milliers d’habitants : Orsk et Orenbourg dans le sud du massif, Magnitogorsk et Nijni Taguil sur le versant oriental, Sterlitamak et Solikamsk sur le versant occidental.
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+ Avant l’arrivée des russes plusieurs populations vivaient dans le massif ou sur ses confins :
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+ Un monument (du latin monumentum, dérivé du verbe moneō « se remémorer ») désigne à l'origine une sculpture ou ouvrage architectural permettant de rappeler un événement ou une personne, d'où sa signification première de « tombeau ». Mais par analogie, et beaucoup plus largement, ce terme qualifie depuis tout objet qui atteste l'existence, la réalité de quelque chose et qui peut servir de témoignage[1], comme une langue, une peinture ou une montagne .
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+ Dans un sens commun, le terme « monument » désigne plutôt un édifice ou une structure ayant une valeur historique et culturelle.
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+ Pour Aloïs Riegl[2], un monument est, au sens ancien du terme, une œuvre créée de la main de l’homme et édifiée dans le but précis de conserver toujours présent et vivant dans la conscience des générations futures le souvenir de telle action ou de telle destinée.
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+
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+ Pour Françoise Choay, dans l’Allégorie du Patrimoine, le monument travaille et mobilise la mémoire par « la médiation de l’affectivité », de façon à rappeler le passé en le faisant vibrer à la manière du présent. Ce passé contribue à maintenir et à préserver l’identité d’une communauté ethnique, culturelle ou politique[3]. Le monument assure, rassure, tranquillise en conjurant l’être du présent.
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+
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+ Quelquefois sont appelés « monuments » des constructions dont tout d'abord, le but était différent, par exemple la Tour Eiffel construite en 1889 à Paris. Ces œuvres sont devenues l'emblème d'une ville ou d'un peuple. Parfois, leur destruction possède une valeur symbolique, par exemple le déboulonnage des statues de telle ou telle personnalité, notamment politique, qui fait souvent office de dictateur, comme ce fut le cas par exemple de Staline en URSS ou plus récemment de Saddam Hussein en Iraq.
12
+
13
+ En France, la qualité de monument historique est apparue en 1830, a été consacrée par une loi de 1887 et a été confirmée par le législateur à travers la loi du 31 décembre 1913. Elle peut être indistinctement conférée par l’administration à n’importe quel bien corporel, mobilier ou immobilier, dès lors que sa conservation ou sa préservation peut en fonction de certains critères être considérée comme d’intérêt général.
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+
15
+ Il faut attendre 1887 pour que le législateur intervienne dans le domaine des Monuments historiques. La loi du 30 mars 1887, dont la portée était limitée puisqu'elle restreignait le classement aux seuls monuments appartenant à des personnes publiques et présentant un intérêt pour l'histoire et l’art national, entraîna de vives protestations. En particulier, nombreuses furent les communes qui n'admirent pas que les travaux de restauration qu'elles conduisaient soient soumis à l’approbation de l’Administration centrale.
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+
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+ C'est après les lois de Séparation qui mettaient en péril de nombreuses églises rurales, privées désormais des subventions du ministère des Cultes, que furent préparées la loi de 1913 et une mesure nouvelle, l’inscription à l’Inventaire supplémentaire. Cette loi entérine l’intérêt grandissant pour d’autres époques que le Moyen Âge, notamment pour l’architecture classique : l’adjectif national disparaissait dans sa rédaction qui ne retenait plus que l’intérêt historique ou artistique. Elle est complétée par la loi du 2 mai 1930 relative aux sites et modifiée en 1943 afin de prévoir la protection des abords des Monuments historiques.
18
+
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+ Prenant acte du rôle de l’État dans la protection des monuments historiques, la loi de 1913 a posé le principe selon lequel il existe un intérêt public s’attachant à la conservation des monuments historiques qui justifie que l’État puisse porter atteinte en son nom au droit de propriété.
20
+
21
+ Elle est marquée par l’autorité unilatérale de l’État, qui n’a guère été modifié depuis en dépit de l’élargissement des critères de classement, des difficultés budgétaires, de la décentralisation et de la volonté de nos concitoyens de participer plus activement à la défense de leur patrimoine[4].
22
+
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+ Les premiers monuments datent de la préhistoire, dans les lieux de cultes où les tombes et les tumulus signalés par des mégalithes tels que les menhirs et les dolmens de Carnac et Stonehenge possédaient une très grande importance.
24
+
25
+ De plus, l'Égypte est l'un des meilleurs exemples avec ses pyramides, statues et obélisques.
26
+
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+ À l'époque gréco-romaine, les principaux types de monuments modernes s'affirment : les monuments funéraires de grandes dimensions, les mausolées et bien sûr les temples.
28
+
29
+ Le christianisme condamne les cultes antiques, et provoque donc un abandon des monuments antiques, au profit de la construction d'églises et de nouvelles basiliques à fonction religieuse. Certains édifices antiques sont transformés, par exemple le Panthéon de Rome.
30
+
31
+ Début du retour du style néoclassique comme le Panthéon de Paris dont le projet de construction date de 1755[5].
32
+
33
+ Le style néoclassique s'impose et réintroduit les formes gréco-romaines, par exemple la statue de Napoléon 1er réalisée par Antonio Canova. L'arc de triomphe de l'Étoile à Paris, construit en 1836, s'inspire de l'arc de Titus à Rome.
34
+
35
+ Les œuvres symboliques et allégoriques ou au contraire réalistes sont plus prisées. La Statue de la Liberté est réalisée par le sculpteur français Frédéric Auguste Bartholdi et l'ingénieur Gustave Eiffel entre 1875 et 1884. Celle-ci commémore l'indépendance des États-Unis.
36
+
37
+ Le monument entre dans une grave crise. Celui-ci veut gagner une autonomie propre et devenir une œuvre d'art indépendante, sans lien avec le lieu où il se situe. Il est parfois réalisé avec des matériaux inhabituels.[réf. nécessaire]
38
+
39
+ L’idée qu'un monument puisse représenter une pérennité culturelle n’est pas neuve. Au milieu du XIIe siècle, l’abbé Suger rencontra de vives résistances quand il voulut détruire la basilique fondée par Saint- Denis pour construire sa nouvelle abbatiale. Il lui a fallu un coup de force avec l’appui du pouvoir royal pour imposer sa modernité au détriment de la mémoire sacrée incarnée dans un édifice immémorial. Il a ainsi inauguré un processus que les hommes de toutes les époques ont trouvé détestable parce qu’il dérangeait leur sérénité : il a remplacé au lieu d’accumuler.
40
+
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+ L’abbé Grégoire, inventeur du terme vandalisme, déclarait en 1794[6] que les barbares et les esclaves détestent les sciences et détruisent les monuments des arts, les hommes libres les aiment et les conservent.
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+ Depuis la naissance de l’urbanité et des sociétés organisées en civilisations et non plus en tribus, les villes ont bâti leur fonctionnement, leur réputation, leur rayonnement sur l’accumulation de monuments bien plus que sur une programmation d’urbanisme. Chaque génération a ajouté sa strate d’édifices et de statues qui témoignaient de l’ancienneté et donc de la réussite de la cité. Une ville neuve en général ne prend pas rapidement, il faut le temps de l’accumulation, et ce n’est pas un hasard si les métropoles les plus importantes sont précisément celles qui ont la plus haute antiquité. Il faut attendre les utopistes de notre époque pour trouver des villes sorties du néant ; ils prétendent faire le bonheur des hommes malgré eux, leur imposer sans concertation, notamment architecturale et urbanistique, une vision purement théorique dans laquelle ils n’y trouvent pas leur équilibre.[réf. nécessaire]
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+ Arthropoda
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+
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+ Embranchement
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+ Sous-embranchements de rang inférieur
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+
7
+ Classification phylogénétique
8
+
9
+ Les Arthropodes (Arthropoda[1]) — du grec arthron « articulation » et podos « pied », aussi appelés « articulés » — sont un embranchement d'animaux protostomiens dont le plan d'organisation est caractérisé par un corps segmenté. Ils sont formés de métamères hétéronomes munis chacun d'une paire d'appendices articulés et recouvert d'une cuticule ou d'une carapace rigide, qui constitue leur exosquelette, dans la plupart des cas constitué de chitine. Leur mue permet, en changeant périodiquement leur squelette externe, de grandir en taille (mue de croissance) ou d'acquérir de nouveaux organes, voire de changer de forme (mue de métamorphose). Ils seraient apparus il y a 543 millions d'années (543 Ma).
10
+
11
+ L'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal et des eucaryotes (80 % des espèces connues), tels les myriapodes, crustacés, arachnides, insectes, etc. On compte plus d'un million et demi d'espèces actuelles d'arthropodes qui présentent des modes de vie (guildes écologiques) les plus variés possibles grâce notamment à leur tagmatisation. Les membres de ce taxon sont aussi extrêmement nombreux : ils sont principalement représentés par les insectes dont 1019 (10 milliards de milliards) d'individus seraient vivants en même temps à un instant donné selon des estimations[2]. Les arthropodes forment un groupe cosmopolite qui s'est adapté dans des environnements naturels (déserts, forêts, abysses, montagnes, etc.) ou d’origine anthropique (habitations, puits de pétrole, etc.) et sont parmi les premiers animaux à avoir colonisé la terre ferme[3].
12
+
13
+ Leur nombre diminue toutefois considérablement. À l'échelle de trois régions allemandes, la biomasse d’arthropodes a ainsi chuté de 67 % au cours de la décennie 2010[4].
14
+
15
+ Les micro-arthropodes (arthropodes de la microfaune) sont les plus petits d'entre eux, de taille inférieure à 0,2 mm. Bien que discrets, ceux d'entre eux qui sont des décomposeurs jouent un rôle essentiel dans les réseaux trophiques en assurant le recyclage de la nécromasse, notamment dans le sol où avec les champignons décomposeurs, ils contribuent à produire l'humus.
16
+
17
+ Les arthropodes ou articulés sont :
18
+
19
+ Les articulations sont rendues nécessaires par la présence de chitine, matière coriace, à la surface de la peau. Les appendices articulés s'adaptent aux plus diverses fonctions.
20
+
21
+ La cavité générale est réduite à un ensemble de lacunes où circule l'hémolymphe.
22
+
23
+ Le système nerveux est ganglionnaire.
24
+
25
+ Au cours du développement se produisent des mues, et très souvent des métamorphoses.
26
+
27
+ La chitine (du grec chiton χιτών signifiant « tunique ») est une substance azotée sécrétée par l'ectoderme. D'abord mince et flexible, elle s'épaissit en une carapace résistante, qui revêt non seulement l'extérieur du corps, mais aussi les parties antérieures et postérieures du tube digestif.
28
+
29
+ On considère la chitine comme le caractère des arthropodes dominant auquel sont subordonnés les caractères suivants:
30
+
31
+ Les appendices se composent typiquement d'une base, ou protopodite, formée de deux segments qui portent chacun deux segments latéraux.
32
+
33
+ Ces diverses parties ne restent simples que chez les crustacés inférieurs. Chez tous les autres arthropodes, elles se complexifient et s'adaptent à diverses fonctions. Il en résulte des appendices sensoriels (antennules, antennes), masticateurs (mandibules, maxillule, maxille, certains maxillipèdes (ou pattes-mâchoires), certains pédipalpes), préhenseurs (certains maxillipèdes (ou pattes-mâchoires), certains pédipalpes, pinces), locomoteurs (pattes à partir des 5 premières paires d'appendices, nageoires à partir des paires 11 jusqu'aux paires 16), reproducteurs (organes d'accouplement) à partir de la 11e paire d'appendices chez le mâle, etc.
34
+
35
+ Par contre, les ailes ne sont pas des appendices d'un point de vue morphologique puisqu'elles ne disposent pas de ces deux segments.
36
+
37
+ L'appareil circulatoire est un ensemble de lacunes. Il n'y a ni capillaires, ni veines. Les artères sont elles-mêmes réduites. Les vésicules cœlomiques métamérisées ont fusionné avec le blastocœle embryonnaire (par disparition des dissépiments, les parois entre deux segments) pour former l’hémocœle dans lequel circule l'hémolymphe, liquide circulatoire dont le rôle est analogue au sang et au liquide interstitiel chez les vertébrés[5].
38
+
39
+ Le cœur, situé dorsalement, est formé d'une ou de plusieurs poches en série linéaire et percées chacune d'une paire d'orifices ou ostioles. À chaque dilatation, le sang est aspiré à travers les ostioles. À chaque contraction, il est chassé dans les artères.
40
+
41
+ Le sang est incolore ou bleuté (hémocyanine), et contient seulement des globules blancs.
42
+
43
+ L'appareil excréteur est très variable selon les groupes. Il est formé de quelques glandes qui dérivent peut-être de néphridies.
44
+
45
+ Le système nerveux est ganglionnaire et ventral.
46
+
47
+ Il y a toujours une paire de ganglions cérébroïdes et une paire de ganglions sous-œsophagiens reliés par un collier périphagien. Le reste du système nerveux est en « échelle de corde » ou « corde à nœuds ».
48
+
49
+ Les ganglions de chaque paire sont unis par une commissure. Les paires successives sont unies par des connectifs.
50
+
51
+ Chez les types supérieurs, les ganglions tendent à fusionner en une ou plusieurs grosses masses.
52
+
53
+ Les yeux sont simples (ocelles) ou composés (yeux à facettes). Un œil composé peut être formé de plusieurs centaines d'ommatidies. Chaque ommatidie comprend:
54
+
55
+ Les ommatidies sont séparées les unes des autres par des cellules noires.
56
+
57
+ Il est probable que les yeux composés donnent à leur possesseur une vue panoramique (large champ visuel), mais très imprécise.
58
+
59
+ Les arthropodes se dirigent surtout par le toucher et par l'odorat, qui ont leur siège dans des poils sensoriels. Ceux-ci sont creux et contiennent le prolongement d'un neurone sensitif.
60
+
61
+ Il peut aussi y avoir des organes auditifs et des organes d'équilibre.
62
+
63
+ Pour se protéger, quelques espèces d'arthropodes utilisent le mimétisme, voire le Myrmécomorphisme.
64
+
65
+ Les sexes sont généralement séparés. Les œufs, assez chargés de vitellus (œufs centrolécithe), ont une segmentation partielle ou inégale.
66
+
67
+ À l'occasion des mues se produisent souvent, au cours du développement, des changements brusques de forme, autrement dit des métamorphoses.
68
+
69
+ Beaucoup d'arthropodes parasites, piqueurs ou suceurs sont vecteurs de maladies[6].. En matière de responsabilité au regard de l'importance épidémiologique mondiale pour l'homme, les moustiques sont considérés comme le premier groupe de vecteurs, le second groupe étant celui des arthropodes hématophages (ex : acariens : tiques, insectes : puces), qui ont leur pendant chez les végétaux (ex : puceron, punaises).
70
+
71
+ Nombre d'arthropodes vecteurs de maladies semblent héberger durablement des bactéries intracellulaires, ayant des effets variés sur leurs hôtes et transmises verticalement. Il s'agit d'interactions durables et peut-être parfois, voire souvent de véritables symbioses, certaines bactéries étant bénéfiques voire nécessaires, par exemple pour fournir à leur hôte des acides aminés essentiels, des vitamines ou un rôle fonctionnel vital (on parle alors de symbiote primaire et pour l'exemple cité de symbiose nutritionnelle). Les bactéries utiles à l'hôte, mais facultatives sont dites symbiotes secondaires pour leur hôte ; elles leur apportent par exemple un complément métabolique indispensable chez les espèces vivant sur des milieux pauvres (certains arthropodes hématophages) par exemple. Il est fréquent qu'un arthropode véhicule un symbiote primaire et plusieurs symbiotes secondaires, chez le puceron, le charançon, la mouche tsé-tsé par exemple, ou chez de nombreux aleurodes.
72
+
73
+ La bactérie symbiote peut fortement modifier le comportement de son hôte (et même le sexe-ratio dans certains cas). Il semble parfois exister une triple symbiose ou au moins une relation triangulaire ; des insectes phytophages étant par exemple vecteurs de virus qui infectent plus facilement leur plante hôte en présence de la bactérie symbiotique. Du point de vue épidémiologique global et des interactions « hôte-parasite », les arthropodes piqueurs-suceurs pourraient jouer un rôle important pour l'immunité de leurs hôtes et/ou de leurs populations, permettant une coévolution moins brutale des espèces avec la plupart de leurs parasites et pathogènes.
74
+
75
+ Sur la formule générale des vers, dont ils conservent d'ailleurs souvent l'aspect à l'état larvaire, les arthropodes ont superposé plusieurs innovations :
76
+
77
+ Cette formule gagnante correspond à la forme générale des mille-pattes. Elle a été immédiatement à l'origine d'une nouvelle explosion radiative, qui a exploré différentes formules pour transformer tel ou tel groupe de pattes en mâchoires, antennes, pattes spécialisées, ou les laisser régresser dans la queue. La variable qui semble avoir structuré sa répartition est le nombre de pattes.
78
+
79
+ Les trilobites ont été les rois du monde marin, mais à l'ère paléozoïque. C'est un groupe à présent éteint.
80
+
81
+ Les trilobites sont bien connus car ils sont l'un des groupes fossiles les plus répandus. Par ailleurs, ils ont donné les fossiles les plus diversifiés : on recense entre neuf et quinze mille espèces. La plupart d'entre elles étaient des animaux marins simples et petits, qui filtraient la vase pour s'alimenter.
82
+
83
+ Les trilobites variaient en taille, d'un millimètre à plus de soixante-dix centimètres, avec une moyenne entre deux et sept centimètres. Le plus grand trilobite connu, Isotelus rex, mesurait 72 cm de long, et fut retrouvé en 1998 par des scientifiques canadiens sur les rivages de la baie d'Hudson.
84
+
85
+ Les zoologistes ont répertorié environ 55 000 espèces de crustacés.
86
+
87
+ Les plus connus sont les crabes, crevettes, homards et autres langoustes, tous sont des crustacés décapodes (à dix pattes). Le nombre de pattes est cependant très variable parmi les crustacés.
88
+
89
+ Le plus grand crustacé terrestre est le crabe de cocotier.
90
+
91
+ Le cloporte est également un crustacé, un isopode.
92
+
93
+ Pendant l'ère paléozoïque, au Cambrien, il y a de cela environ 540 millions d'années, alors que la mer grouillait de trilobites et que les frontières des forêts primitives étaient peuplées de géants rampants (des mille-pattes de 1,50 m), apparurent les premiers arthropodes à pinces du sous-phylum des chélicérés, dont la plupart s'adaptèrent ensuite à la vie terrestre.
94
+
95
+ C'est à cette époque que l'on rencontre les premiers arachnides possédant des chélicères. Plus tard, dès le Silurien supérieur, nous découvrons des espèces de scorpions et d'araignées fort semblables à ceux et celles que nous pouvons trouver à l'heure actuelle.
96
+
97
+ On a recensé à ce jour environ 80 000 espèces d'arachnides, dont plus de 1500 espèces de scorpions et 50 000 espèces d'araignées vivant dans tous les biotopes existants, des régions tropicales aux régions polaires. La plupart des arachnides sont cependant terrestres.
98
+
99
+ Les autres chélicérés sont très marginaux, les plus connus sont les tiques et les limules.
100
+
101
+ Les ptérygotes sont les porteurs d'une évolution majeure : les ailes. Elles leur permettent de conquérir les airs, et alliées à la simplification qu'apporte l'animation de seulement six pattes pour se déplacer, ont été à l'origine d'une troisième explosion radiative.
102
+
103
+ C'est par la superposition de ces trois explosions radiatives (vermiformes, arthropodes, insectes) que les insectes dominent le monde par leur variété : ils représentent aujourd'hui près de 80 % des espèces animales décrites.
104
+
105
+ L'embranchement fossile des Lobopodia (en), rattaché aux onychophores, contient des animaux qui ressemblent à un ver mince au corps mou et possédant des paires de robustes appendices articulés et épineux, formant ainsi un exosquelette, défense originale contre les prédateurs. Ainsi Diania cactiformis (en), surnommé le « cactus ambulant », est une espèce lobopodienne qui possède 10 paires. Daté de 520 millions d'années, les chercheurs suggèrent que cet organisme serait le plus proche parent connu des arthropodes modernes, même s'il n'est pas leur ancêtre commun[7].
106
+
107
+ La classification traditionnelle définissait comme arthropodes tous les métazoaires à squelette externe, ou cuticule, à corps en segments articulés-porteurs d'appendices eux-mêmes articulés, et une croissance par mues).
108
+
109
+ Cette classification les distinguait principalement en opposant les Chélicérés (Xiphosures, Arachnides…) aux mandibulés (ou antennates) ; avec parmi ces derniers, 3 classes :
110
+
111
+ La classification moderne intègre les progrès apportés par les analyses génétiques et biomoléculaires, qui ont montré que les Insectes (Hexapoda) sont un groupe-frère des Malacostracés, ce qui les réunit à l'ensemble des Crustacés en un gigantesque taxon qu'on a appelé Pancrustacea[8].
112
+
113
+ D'après World Register of Marine Species (9 mai 2016.)[9] :
114
+
115
+ embranchement Arthropoda
116
+
117
+
118
+
119
+ Arachnide (Argiope bruennichi)
120
+
121
+ Limule (Limulus polyphemus)
122
+
123
+ Pycnogonide (Ascorhynchus compactus)
124
+
125
+ Branchiopode (Triops longicaudatus)
126
+
127
+ Ichthyostracé (Argulus coregoni)
128
+
129
+ Malacostracé (Cancer pagurus)
130
+
131
+ Maxillopode (Lepas anatifera)
132
+
133
+ Ostracode
134
+
135
+ Rémipède (Speleonectes tanumekes)
136
+
137
+ Entognathe (Acerentomon sp.)
138
+
139
+ Insecte (Morpho didius)
140
+
141
+ Chilopode (Lithobius forficatus)
142
+
143
+ Diplopode (Narceus americanus)
144
+
145
+ Pauropode
146
+
147
+ Symphyle
148
+
149
+ Trilobite
150
+
151
+ Avec les vers Nématodes et quelques autres groupes, ils constituent les Ecdysozoaires, clade qui rend obsolète l'ancienne notion d'articulés (en), classification de Georges Cuvier en 1817 qui regroupait les arthropodes et les annélides[10].
152
+
153
+ Les arthropodes sont un groupe qui réunit à la fois des taxons vivants et fossiles.
154
+ Pour des raisons de difficultés de classification de la plupart de ces espèces fossiles, que certains paléontologues placent parmi les arthropodes et d'autre dans des phylums différents, les Arthropodes actuels sont réunis dans le taxon monophylétique des Euarthropodes, inclus dans le taxon des Arthropodes au sens général, lui-même placé dans le clade plus vaste des Panarthropodes qui réunit aussi les Tardigrades et les Onychophores.
155
+
156
+ Les arthropodes sont en grande partie des décomposeurs ou de petits prédateurs dépendant de ces décomposeurs ou d'autres décomposeurs (champignons notamment). Ils jouent un rôle très important dans les forêts[11]. Au moins 79 % des arthropodes terrestres prédateurs consomment des proies relativement grandes en transformant leur cuticule épaisse par digestion extra-orale (exodigestion grâce à l'injection d'enzymes hydrolytiques)[12].
157
+
158
+ Ils sont vulnérables à certains polluants (pesticides notamment). Ils sont sensibles à l'humidité du sol[13], vulnérables aux longues inondations et très vulnérables aux sécheresses ; des stress hydriques importants sur les arbres sont associés à une régression de la communauté entière d’arthropodes vivant sous les arbres (ainsi d'ailleurs que de la communauté mycorhizienne)[11].
159
+ Par exemple, sous des pins (Pinus edulis) étudiés dans une zone présentant un gradient dans la gravité d'une sécheresse intense, l'intensité des symptômes en ce qui concerne le retard de croissance et le dépérissement était associée à la gravité du recul des communautés d'arthropodes. Les modèles tirés de l'observation confirment pour différentes espèces fondatrices de la forêt (ici du sud-ouest des États-Unis) que la sévérité des sécheresses correspond à une sévérité des impacts sur les communautés des arbres avec un effondrement de la richesse en espèces et de l'abondance des arthropodes (huit à dix fois moins d'arthropodes dans les lieux qui ont le plus souffert). Remarque : dans ce cas, l'épaisseur des cernes et l'état du feuillage correspondait à la qualité et quantité des populations d'arthropodes[11].
160
+ Les espèces ont répondu différemment au stress de la plante, mais la plupart ont été affectés négativement. Ces résultats laissent craindre que des sécheresses récurrentes affectant les espèces fondatrices d'arbres sont susceptibles de fortement diminuer la diversité multi-trophique et la composition des communautés d'arthropodes, avec de possibles effets en cascade sur d'autres taxons, la qualité et la résilience écologique des sols[11].
161
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La mort est l'état irréversible d'un organisme biologique ayant cessé de vivre. Cet état se caractérise par une rupture définitive dans la cohérence des processus vitaux (nutrition, respiration…) de l'organisme considéré.
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+ Au niveau cellulaire, la mort désigne l’arrêt des fonctions de base d’une cellule. Au sein de communautés pluricellulaires, cette mort peut être accidentelle (nécrose) ou régulée, voire programmée (apoptose).
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+ Chez l'être humain, le fait que le cœur puisse arrêter de battre pendant un moment avant d’être réanimé pose la question de la limite, ou de la transition entre vie et mort. Face à cette question, l’Organisation mondiale de la santé animale considère la mort comme « la disparition irréversible de l’activité cérébrale mise en évidence par la perte des réflexes du tronc cérébral »[2] : elle adopte ainsi une définition de la mort en tant que mort cérébrale, par distinction avec un simple arrêt cardiorespiratoire, état qualifié de « mort clinique ».
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+ D'un point de vue médico-légal la mort d'un être humain est le moment où le corps commence à se décomposer, à partir de l'instant où toutes les fonctions vitales sont suspendues : arrêt du cœur, de la respiration, du flux sanguin, des activités cérébrales, etc. Médicalement, certains états mènent irrémédiablement à la mort, alors même que les cellules et certains organes continuent à remplir leurs fonctions. C’est le cas de la mort cérébrale constatée dans certains cas de coma.
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+ Cette définition légale est importante, car c’est elle qui va permettre des actes tels que le prélèvement d'organes pour la transplantation : la mort légale précède en ce cas la mort physiologique. On maintient ainsi des personnes en état de mort cérébrale sous respiration artificielle, lorsque le cœur continue à battre spontanément : cela permet de maintenir les organes en bon état en vue d’un prélèvement. Certains pays autorisent le prélèvement d'organes à cœur arrêté. Cette pratique est controversée.
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+ Dans la plupart des cas, le décès est constaté par un médecin par des signes cliniques caractérisant un arrêt cardiorespiratoire prolongé. Cela peut être un échec des tentatives de réanimation cardiopulmonaire par une équipe médicale, ou bien la constatation par un médecin généraliste à domicile pour une personne que l’on sait en fin de vie (personne âgée ou bien souffrant d’une maladie diagnostiquée).
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+ La mort biologique résulte de l’incapacité permanente d’un organisme à résister aux modifications imposées par son environnement[réf. nécessaire]. Cette définition permet de définir en miroir aussi ce qu’est la vie (dans sa définition la plus large) : la capacité à maintenir son intégrité malgré la pression de l’environnement (homéostasie)[réf. nécessaire].
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+ En termes d’entropie (niveau de désorganisation), il s’agit pour l’organisme de maintenir localement une entropie basse. Or l’entropie d'un système fermé ne peut qu’être stable ou augmenter d’après les principes de la thermodynamique. L’organisme doit donc puiser dans son environnement, d’où la nécessité de respirer, etc. La mort intervient quand l’organisme ne peut plus puiser et maintenir son entropie basse. La principale source d’énergie sur Terre est la lumière du soleil qui permet la photosynthèse.
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+ Certains animaux, sociaux et coloniaux notamment ont des comportements particuliers à l'égard des cadavres de leurs homologues (ex : nécrophorèse observée chez les fourmis, guêpes, abeilles coloniales).
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+ On ne peut se contenter de la définition donnée plus haut pour les organismes unicellulaires, tels que les bactéries, levures, les champignons unicellulaires. En effet, ces organismes possèdent une forme de résistance aux variations de conditions extérieures : la spore. Pour ces organismes, le critère de la vie devient le suivant : la membrane cellulaire est intègre et sépare un milieu intérieur de composition différente du milieu extérieur. La mort est donc causée par la rupture de la membrane. La présence de cette forme de résistance explique la différence entre la pasteurisation et la stérilisation, seul ce dernier traitement tuant les spores.
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+ Les organismes unicellulaires meurent aussi de « vieillesse ». Cela est assez bien documenté dans le cas des levures saccharomyces sp. Une cellule mère donne par division deux cellules filles. On a toujours pensé que ces cellules filles sont identiques entre elles. Ce n’est pas le cas. Il existe en effet sur l’une des cellules une cicatrice visible sur la membrane et reflet de la division qui vient de se produire. Au-delà d’un certain nombre de ces cicatrices, la cellule ne peut plus se diviser : elle mourra de « vieillesse ».
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+ Les virus se situent dans l’inerte. Ainsi, la question de la catégorisation d’un virus parmi les organismes vivants n’étant pas tranchée de manière satisfaisante, il est impossible de se prononcer sur la mort d’un virus en général, car il a besoin d'un autre être vivant pour survivre.
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+ Cela dit, il existe différents types de virus, se situant plus ou moins du côté du vivant ou de celui de l’inerte. Les virus sont souvent résumés à une séquence génétique encapsulée par une membrane biologique ayant la propriété de se fondre avec celle des cellules infectées. Ces virus peuvent être comparés à des livres que les cellules sont capables de lire et retranscrire, le texte étant le code génétique. Ils seraient donc, d’un point de vue biologique, plutôt du côté de l’inerte. Par contre, le virus ATV (Acidianus Two-tailed Virus) quand il sort de la cellule qui l’a produit, a une forme de citron et deux bras lui poussent à chaque extrémité. C’est un processus actif, ce qui fait que ce virus est plus du côté du vivant que de l’inerte[3]. Quant au virus mimivirus, il contient un code génétique plus important que certaines bactéries, et en même temps de l’ADN et de l’ARN.
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+ Les médicaments antiviraux se contentent d’empêcher les virus de se multiplier, par interférence avec la réplication du matériel génétique, formation de la capside ou prévention de la formation de virus complets. La prévention de l’encapsidation du code génétique du virus, ARN ou ADN, dans la capside virale est donc une manière d’inactiver un virus. Dès que les conditions sont à nouveau réunies (présence d’une cellule hôte, absence d’antiviraux), le virus se multipliera à nouveau. Le problème se complique par la présence d’une forme silencieuse du virus au cours de laquelle le code génétique du virus s’intègre dans celui de l’hôte parasité. La destruction totale du virus implique la destruction de ce code.
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+ Les virus peuvent néanmoins être « détruits », c'est-à-dire que l'information génétique qu'ils contiennent peut être dégradée par des agents physiques (chaleur) ou chimiques. Ces procédés sont utilisés avant d'inoculer un virus (vaccin). Dans ce cas, ce dernier se retrouve complément inactivé et peut être considéré comme « mort ».
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+ En paléontologie, la découverte de rites funéraires est un élément important pour déterminer le degré d’éveil social d’un hominidé.
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+ Cette conscience de la mort est un moteur de cohésion sociale (s’unir pour résister aux calamités, aux ennemis) et d’action (réaliser quelque chose pour laisser une trace). Elle est un élément important de la réflexion métaphysique. C’est aussi ce qui donne la puissance symbolique à des actes tels que l’homicide et le suicide.
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+ La philosophie des Lumières en Europe, incitant à la maîtrise de la nature, suggère l’avènement d’une domination de la dégradation du corps de l’Homme.
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+ D'après le Phédon de Platon, la mort est la séparation de l’âme et du Corps. Enfin délivrée de sa prison charnelle, l'Âme immortelle peut librement rejoindre le ciel des Idées, L'Éternité, le domaine des philosophes.
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+ Selon Épicure, la mort n'est rien puisque « tant que nous existons la mort n'est pas, et que quand la mort est là nous ne sommes plus. La mort n'a, par conséquent, aucun rapport ni avec les vivants ni avec les morts, étant donnée qu'elle n'est plus rien pour les premiers et que les derniers ne sont plus. » (Lettre à Ménécée).
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+ Jankélévitch, dans La Mort, propose quant à lui une réflexion sur la mort d'un point de vue grammatical : « la mort en troisième personne est la mort-en-général, la mort abstraite et anonyme » (c'est la mort du « on »), « la première personne est assurément source d'angoisse [...] En première personne, la mort est un mystère qui me concerne intimement et dans mon tout, c'est-à-dire dans mon néant » (la mort du « je »), « il y a le cas intermédiaire et privilégié de la deuxième personne ; entre la mort d'autrui, qui est lointaine et indifférente, et la mort-propre, qui est à même notre être, il y a proximité de la mort du proche » (c'est la mort du « tu »).
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+ La mort est un sujet qui fascine toutes les sociétés et depuis toujours, qui donne lieu à de nombreuses recherches anthropologiques, au point d'en faire un sous-champ distinct. Pour tenter de répondre à de grandes questions qu'elle soulève, elles ont très souvent recours à l'imaginaire. Yanis Papadaniel[Qui ?] explique que la conception de la « bonne » mort est variable entre chaque société et chaque époque, pouvant prendre différentes formes, à la manière d'un soldat qui meurt au combat, d'un individu pieux qui reçoit un jugement divin positif le faisant entrer au paradis, etc[4].
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+ En plus des conceptions idéelles, c'est-à-dire des idées que l'on se fait de la mort, l'anthropologie étudie les pratiques humaines qui l'entourent. Cela peut prendre la forme de l'étude des rites funéraires, comme la manière dont on dispose du corps, des recueillements familiaux ou de la manière dont le deuil est étalé dans le temps. Les recherches anthropologiques sur la mort peuvent également avoir une perspective religieuse, et soulignent un rapport à la mort de plus en plus éloigné des ritualités, voire aseptisé, comme le rapportent Louis-Vincent Thomas[5] ou Philippe Ariès[6].
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+ Cet énoncé soulève des débats et des spécialistes comme Jean-Hugues Déchaux[Qui ?][7], Allan Kellehear[Qui ?][8], Tony Walter[Qui ?][9] et C. Seal[Qui ?][10] énoncent plutôt que le rapport à la mort n'est pas plus faible, seulement plus intime en raison de la sécularisation grandissante observée en Occident.
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+ Yanis Papadaniel tire pour point commun de ces arguments l'idée suivante : « l’absence d’un code commun en matière de mort ne signifie pas que ces codes n’existent pas à une échelle individuelle et intime »[4]. Plutôt, les familles et individus ont des pratiques funéraires avec un niveau de syncrétisme variable entre différentes traditions religieuses et spirituelles.
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+ Thomas Edison projeta la création d'un appareil qui serait censé pouvoir permettre de communiquer avec les morts, en enregistrant leur voix et leurs sons, dénommé nécrophone ou appareil nécrophonique en français[11] (spirit phone en anglais[12]), mais l'appareil resta à l'idée de projet.
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+ Dans l'animisme, la mort est perçue comme une continuité, au point que l'on puisse dire qu'il n'y a pas vraiment de mort dans le langage animiste et que le dialogue des « morts » et des vivants se poursuit sans interruption notamment par l'intermédiaire des rêves.
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+ Un célèbre poème de Birago Diop intitulé Souffles[13] résume cette perception :
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+ « Ceux qui sont morts ne sont jamais partis/ Ils sont dans l’Ombre (…) / Les morts ne sont pas sous la Terre:/ Ils sont dans le Bois (…) / dans l’Eau (…) / dans la Foule (…) / Les Morts ne sont pas morts. »
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63
+ Pour les Batammariba du Koutammakou (nord du Togo et du Bénin), un être humain doit sa vie au souffle ou âme d'un ancêtre qui a désiré sa naissance. Cet ancêtre lui donne ses "affaires de destin" ou aptitudes. Dès sa venue au monde, les parents ont comme devoir de déceler ces "affaires" afin que, par la suite, l'enfant réalise au mieux ses potentialités. À condition qu'un ancien (ou ancienne) ait été initié au rituel initiatique de la jeunesse - difwani pour les jeunes garçons, dikuntri pour les jeunes filles - les membres du clan célèbrent à son décès le grandiose rite funéraire du tibènti. Au cours de ce rite, le souffle du mort gagne la force de "former" de nouveaux enfants. Pour peu que les parents aient identifié auprès des devins le souffle de l'ancêtre qui a "formé" un nouveau-né, ce souffle veillera sur l'enfant tout au long de sa vie. Cependant, une personne ne devra jamais connaître le nom de cet ancêtre. Autant dire comme Birago Diop "qu'un mort n'est jamais mort". (Source : Le Souffle du mort - La tragédie de la mort chez les Batammariba (Togo, Bénin), Dominique Sewane, collection Terre Humaine, Plon, 2020)
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+
65
+ Pour les athées la mort ne recèle aucun mystère métaphysique : elle n'est pas plus difficile à appréhender que ne l'est le sommeil profond, et il n'existe pas plus de vie après la mort qu'avant la naissance.
66
+
67
+ Selon le philosophe grec Épicure, cité par Montaigne :
68
+
69
+ « Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas[14]. »
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+
71
+ « La mort est moins à craindre que rien, s'il y avait quelque chose de moins,
72
+ Elle ne vous concerne ni mort ni vif : vif, parce que vous êtes : mort, par ce que vous n'êtes plus[15]. »
73
+
74
+ Selon Wittgenstein, dans le même esprit, mais deux millénaires plus tard :
75
+
76
+ « La mort n'est pas un événement de la vie. On ne vit pas la mort. Si l'on entend par éternité non la durée infinie mais l'intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans le présent. Notre vie n'a pas de fin, comme notre champ de vision est sans frontière[16]. »
77
+
78
+ La mort n’est qu’un passage d’une vie à l’autre dans le bouddhisme qui ne reconnait ni les concepts de dieu, ni d'âme. Anatta :
79
+
80
+ « Il y a deux idées, psychologiquement enracinées dans l'individu : protection de soi et conservation de soi. Pour la protection de soi, l'homme a créé Dieu duquel il dépend pour sa propre protection, sauvegarde et sécurité, de même qu'un enfant dépend de ses parents. Pour la conservation de soi, l'homme a conçu l'idée d'une âme immortelle ou Ātman qui vivra éternellement. Dans son ignorance, sa faiblesse, sa crainte et son désir, l'homme a besoin de ces deux choses pour se rassurer et se consoler ; c'est pourquoi il s'y cramponne avec fanatisme et acharnement[17]. »
81
+
82
+ Le Bardo Thödol (Livre des morts tibétain) décrit les différentes étapes de ce passage d’une vie à une autre vie et constitue une sorte de guide fournissant divers conseils (abandon de l’ego, etc.) pour réussir cette transition.
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+
84
+ Pour un être éveillé, la mort n’est pas un passage d’une vie à une autre : c'est la fin du conditionnement, donc la fin de toute existence possible (parinirvâna). Le Bouddha refusait de parler de ce qu'il pouvait advenir après la mort. Les croyances respectées par le Bouddhisme permirent d'accepter des croyances diverses. Le Bouddha s'attachait à ce qui était réel, dite vérité ultime et à l'expérimentation, bases de notre libre choix. Conclusion : Si vous voulez savoir ce qui se passe après la mort, demandez le à un mort. Il ne vous répondra pas. Conclusion la mort c'est l'extinction du vivant conséquence de l'impermanence dans un éternel existant.
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+
86
+ La conséquence de la mort physique est la séparation du corps avec l'âme qui est immortelle[18]. Le corps, quant à lui, doit ressusciter pour se joindre de nouveau à l'âme soit à la Fin des Temps qui est le retour du Christ (résurrection de ceux qui sont morts en Christ, les Bienheureux), soit à la Fin du monde, résurrection de ceux qui sont morts sans Christ (les Damnés) pour le jugement dernier qui est le triomphe final de Dieu et de la vie.
87
+
88
+ Au moment de la mort physique, l'âme du défunt subit un jugement particulier. À la lumière de la vérité de Dieu, elle accepte ou non son amour en pleine liberté. Elle dit oui à la grâce sanctifiante qui lui est offerte par le Christ, ou elle la refuse et se coupe ainsi de la communion avec Dieu et se damne éternellement.[réf. nécessaire] Le purgatoire ne doit pas être compris comme une troisième voie mais bien comme un instrument du salut[19], une « purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel »[20].
89
+
90
+ Les âmes qui vont au Purgatoire sont privées de la vision de Dieu (la « vision béatifique ») et ressentent le regret de ne pas avoir fait tout le bien possible. Une fois purifiées, ces âmes quittent le Purgatoire pour le Paradis et peuvent enfin « voir Dieu » (les damnés eux ne verront jamais Dieu). Seules les personnes parfaitement pures peuvent entrer directement au Paradis : Jésus, Marie par exemple.
91
+
92
+ Les Protestants ne croient pas à l'existence du Purgatoire. Pour eux, en effet, l'homme choisit de vivre ou non en conformité avec la volonté divine, en reconnaissant Jésus comme son sauveur et Seigneur, et ce avant de passer en jugement ou de voir Dieu face à face :
93
+
94
+ « En effet, Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui met sa confiance en Lui n'est pas condamné, mais celui qui n'a pas foi en Lui est déjà condamné... »
95
+
96
+ — Jean 3v17[21]
97
+
98
+ L’eschatologie chrétienne a réfléchi sur le sens de la mort et des fins dernières. Il y a un jugement immédiat de l’âme et un jugement dernier collectif afin que les mérites de chacun soient connus de tous[22].
99
+
100
+ L’hindou croit en une vie après la mort — le corps n’étant qu’une enveloppe matérielle temporaire. Lorsque survient le moment de quitter la vie, il est dit que toutes les facultés d'action et de sensations se replient dans le mental (manas), puis le mental se replie dans le souffle (prana) puis le souffle dans l’âme individuelle ou Jivatman et enfin cette dernière retourne au Brahman et atteint la libération ou moksha[23].
101
+
102
+ Cependant, si son karma a accumulé le fruit de trop d’actes négatifs (les mauvaises actions), l’âtman s’incarne dans un nouveau corps sur une planète comme la terre (ou inférieure qui compose l’enfer), afin d’y subir le poids de ses mauvaises actions. Si son karma est positif, il ira vivre comme un dieu, sur l’une des planètes célestes (supérieures à la terre, ou paradis). Une fois épuisé son karma, l’âme retournera sur terre dans un autre corps d'être vivant. Ce cycle est appelé « samsara ». Pour briser ce cycle perpétuel, l’hindou doit vivre de manière que son karma ne soit ni négatif, ni positif, ainsi :
103
+
104
+ « Le Seigneur Bienheureux dit : "Bien que tu tiennes de savants discours, tu t’affliges sans raison. Ni les vivants, ni les morts, le sage ne les pleure." (2.12) "Jamais ne fut le temps où nous n’existions, Moi, toi et tous ces rois ; et jamais aucun de nous ne cessera d’être." »
105
+
106
+ — Bhagavad-Gîtâ (II.11 & II. 12)[24]
107
+
108
+ Au moment de la mort l’esprit est séparé du corps. Le non-initié sera alors pris d’une irrésistible envie d’en retrouver un, ce qu’il fera. Par contre, l’initié saura trouver la porte de la libération.
109
+
110
+ Dans l'islam, la conséquence de la mort du corps est la séparation de celui-ci avec l'âme (c'est l'ange de la mort, nommé Malak Al Mawt, qui est chargé de cette tâche). Le corps, quant à lui, doit ressusciter pour se joindre de nouveau à l'âme à la fin des temps lors du Jugement Dernier. Le Coran décrit en détail et mentionne de nombreuses fois la résurrection et le Jugement Dernier.
111
+
112
+ Selon l'Islam, tous les êtres sont destinés à mourir, comme il est indiqué dans la Sourate 3 AL-IMRAN La famille d'Imran, verset 185 : « Toute âme goûtera la mort ». Y compris l'ange de la mort lui-même, qui sera le dernier à mourir, mais à l'exception de Dieu, qui est éternel.
113
+
114
+ Du point de vue du rituel, quand un musulman est au seuil de la mort, il doit prononcer une dernière fois la chahada, le témoignage de Foi. Ceux qui l'assistent dans l'agonie doivent l'inciter à la répéter et lire la sourate 36 YA-SIN au chevet du mourant, car elle incite l'âme à ne pas être tentée par le Diable dans les affres de la mort. Après la mort, le corps est lavé et enveloppé dans des pièces de tissu blanc (Al Kafn), le linceul, par la suite les musulmans font la prière funéraire Salat Al Janaza, de préférence à la mosquée, à la suite de quoi on procède à l’enterrement le plus tôt possible. Le corps est enterré le visage tourné vers La Mecque ou, s'il est dans un cercueil, il est positionné de telle façon que La Mecque se trouve à sa droite. Le rite funéraire consiste à jeter de la terre sur le linceul (s'il n’y pas de cercueil), tandis que les personnes présentes prient et invoquent Dieu pour qu'Il aide le défunt à bien répondre aux questions de Monkir et Nekir, les deux anges qui questionnent les morts dans leur tombe.
115
+
116
+ Dans le jaïnisme, comme dans l'hindouisme, l'âme est soumise au cycle des naissances et des morts. L'âme y est donc une entité distincte qui voyage par-delà les limites et la disparition du corps[25].
117
+
118
+ Dans la religion juive, on considère que la mort est l'arrêt irréversible du battement cardiaque (ou bien la mort cérébrale, selon certains).
119
+
120
+ Lorsqu'une personne meurt, on doit l'enterrer le jour même si possible. Un homme ou une femme (bénévole d'une association, la Hevra Kaddisha, la « confrérie sainte » en français) qui ne connaît pas le défunt, nettoie le corps, soigne les blessures (si le défunt en avait), l’habille d'une robe blanche et couvre la tête du défunt.
121
+
122
+ Ensuite, la levée du corps se déroule en une heure. Le corps du défunt, (couvert des pieds à la tête), est exposé dans un cercueil dans sa maison où à l'hôpital. Seule la famille est autorisée à rester autour du cercueil. À ce moment-là, la personne qui a nettoyé le corps lit les tehillim. Enfin, a lieu l'enterrement. Les amis et la famille se rendent au cimetière, un discours en hommage du défunt est prononcé et des bénédictions sont récitées avant la mise en terre. Lorsque l'on enterre le cercueil, les endeuillés (fils, frères et parents du défunt) jettent de la terre sur le cercueil avant de l'ensevelir. Les endeuillés déchirent alors leur vêtement en signe de deuil et récitent enfin le Kaddish.
123
+
124
+ La religion juive accorde une importance extrême et un profond respect au défunt. On récitera alors le Kaddish au moins une fois par jour pendant un an à partir de l'enterrement, dans le but de sanctifier le nom divin.
125
+
126
+ Les spirites considèrent que chaque individu existe avant sa naissance et s'incarne sur la Terre pour progresser et vivre une expérience éducative. L'incarnation provoquant une perte temporaire du souvenir des vies antérieures. La mort du corps matériel libère l'esprit éternel de l'homme, qui retourne ensuite dans une « dimension spirituelle » correspondant à son niveau d'avancement[26].
127
+
128
+ Les Témoins de Jéhovah, croient que lors de la mort le corps retourne à la poussière (Ecclésiaste 3:20). La mort pour les Témoins de Jéhovah est donc le contraire de la vie. Les morts n'ont donc aucune activité et ne se rendent compte de rien (Ecclésiaste 9:5,10).
129
+
130
+ L'espérance des Témoins de Jéhovah pour les morts réside en la croyance de la résurrection. Cette résurrection doit avoir lieu sur la terre, lorsque Dieu aura rétabli les conditions originelles (un Paradis). Toute personne, « juste » ou « injuste » doit être ressuscité selon Jean 5:28,29 et Actes 24:15. La résurrection de « jugement » pour les « injustes » sera l'occasion pour eux de démontrer leur volonté de reconnaître Dieu et sa souveraineté.
131
+
132
+ Quelques hommes, les « membres oints » (au nombre de 144 000) iront aux côtés de Jésus Christ afin « d'administrer » les humains et le paradis. Ils rejoindront le milieu spirituel.
133
+
134
+ Pour les saints des derniers jours (mormonisme), la préexistence, vie avant la naissance en présence de Dieu, la vie sur terre, temps de mise à l’épreuve et d’expériences, et la vie après la mort font partie du plan de salut.
135
+
136
+ Après la mort, le monde des esprits est l’endroit où attend l’esprit de l’homme entre la mort et la résurrection. Il comporte deux parties distinctes : la prison des esprits où sont reçus ceux qui n'ont pas obéi à l'Évangile ou qui ne l'ont pas accepté pendant qu'ils étaient sur la terre ou qui n'ont pas eu l'occasion de l'entendre, et le paradis.
137
+
138
+ L'Évangile est enseigné dans la prison des esprits et ceux qui acceptent le sacrement du baptême célébré en leur faveur dans les temples vont dans le paradis. Chaque être humain ressuscitera (réunion du corps et de l’esprit) avant d’être amené devant Dieu pour le jugement dernier où sera tenu compte de la globalité de la personne jugée (connaissance, actes, paroles, pensées, désirs, repentance). Selon ces critères, l’un des trois degrés de gloire, téleste, terrestre ou céleste (en présence de Dieu) lui sera attribué.
139
+
140
+ La haute teneur symbolique de la mort et la forte charge affective liée au décès d’êtres humains ont façonné l’imaginaire des Hommes qui ont créé un personnage, la Mort, qui vient chercher les gens au terme de leur vie.
141
+
142
+ Deux représentations symboliques se démarquent : la douce et l’austère. La première se réfère à la douce mort qui libère des souffrances infinies auxquelles la vie nous oblige. La deuxième vient souligner le côté cruel, froid et irrémédiable qu’elle peut prendre lorsque les proches du défunt le pleurent.
143
+
144
+ Les statistiques modernes de mortalité humaine ne concernent que les personnes ayant été vivantes, ne serait-ce que quelques secondes, à l'exclusion des statistiques de mortinatalité. Cependant, dans le passé, plusieurs pays incluaient dans la mortinatalité une partie des décès peu après la naissance, et les excluaient donc des statistiques de mortalité, ce qui pose des problèmes de comparabilité des données dans le temps et dans l'espace (entre pays)[réf. nécessaire].
145
+
146
+ Les causes de mortalité sont un élément important de l’épidémiologie. En France, elles sont suivies par un laboratoire de l’INSERM, le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) ; centre collaborateur OMS) qui alimente une base de données depuis 1968 : près de 18 millions de données, issues des « certificats de décès » (établis par les médecins lors du constat de décès) et des « bulletins de décès » faits par l’officier d’état civil en mairie[27].
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+ Dans la plupart des pays développés, le médecin remplit alors un certificat de décès comportant la date et l’heure de la constatation de la mort, l’identité de la personne décédée, les causes suspectées, l’absence de contre-indication à une inhumation ou à une crémation. L'état de mort légale entraîne la perte des droits de la personnalité : la personne décédée n'est plus considérée, en tant que personne au sens juridique du terme. Cependant, en France, le droit du défunt au respect est assuré par la loi « Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence »[28].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Moscou (en russe : Москва, Moskva, [mɐˈskva][1] Écouter) est la capitale de la Russie et compte environ douze millions six cent mille habitants intra muros (2017) sur une superficie de 2 510 km2 ce qui en fait la ville la plus peuplée à la fois du pays et d'Europe. Sur le plan administratif Moscou fait partie du district fédéral central et a le statut de ville d'importance fédérale qui lui donne le même niveau d'autonomie que les autres sujets de la Russie. Elle est quasiment enclavée dans l'oblast de Moscou, mais en est administrativement indépendante. Ses habitants sont les Moscovites. Moscou se situe dans la partie européenne de la Russie au milieu d'une région de plaine. Sa latitude élevée lui vaut un climat froid et continental. Le Kremlin, son cœur historique, est édifié sur une colline qui domine la rive gauche de la rivière Moskova.
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+ Moscou a joué un rôle central dans l'histoire de la Russie. Petit point d'appui militaire créé vers 1150 dans le nord de la Rus' de Kiev, elle prend progressivement le relais de Kiev, après la décomposition politique de cet État et les invasions mongoles du XIIIe siècle. Elle devient la capitale du Grand-duché de Moscou puis de l'Empire russe qui étend progressivement son territoire jusqu'à la frontière avec la Pologne à l'ouest, la Crimée au sud et l'océan Pacifique à l'est. Elle perd son rôle de capitale au profit de Saint-Pétersbourg lorsque Pierre le Grand au début du XVIIIe siècle décide de moderniser son pays à marche forcée. Néanmoins, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, Moscou devient un centre industriel majeur et le cœur du réseau de communications ferré et routier d'un pays qui compte désormais parmi les grandes puissances européennes. La Révolution d'Octobre en 1917 redonne le rôle de capitale à Moscou et met en place un régime communiste qui accélère en deux décennies l'industrialisation de la ville et quadruple la population qui passe de un à quatre millions habitants. Ayant échappé de peu à l'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale, la ville renoue avec une croissance économique et démographique effrénée à l'issue de celle-ci. Elle devient la capitale d'une des deux superpuissances mondiales. L'effondrement du régime communiste en 1991 entraine une profonde transformation de la ville qui abandonne presque complètement son rôle de centre industriel au profit d'une position de pôle tertiaire complètement converti à l'économie de marché. La construction du Centre de commerce international de Moscou est le symbole de cette transformation.
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+ Moscou concentre une part particulièrement importante de la richesse économique du pays : elle produit 25 % du PIB de la Russie. La ville est le siège de nombreuses institutions universitaires et culturelles du pays. Mais cette mutation ne s'est pas faite sans poser de problèmes. Les écarts socio-économiques étant devenus considérables : une part de la population s'est fortement enrichie, tandis que l'augmentation du coût de la vie a aggravé les conditions de vie des plus modestes. Moscou a du mal à adapter ses structures routières à l'explosion du parc des véhicules des particuliers et à une croissance démographique qui se poursuit dans un contexte national pourtant déprimé sur ce plan.
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+ Moscou dispose d'un important patrimoine artistique et architectural dont trois ensembles inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco. Ce sont notamment le Kremlin avec ses palais et églises, la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux sur la place Rouge, la Galerie Tretiakov, le couvent de Novodievitchi, l'église de Kolomenskoïe ainsi que les sept gratte-ciel staliniens.
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+ Moscou se trouve à 893 km à l'est-sud-est d'Helsinki, à 1 151 km à l'est-nord-est de Varsovie, à 1 569 km au nord-est de Budapest, à 1 649 km au nord-nord-ouest de Tbilissi, à 2 273 km à l'ouest-nord-ouest de Noursoultan et à 4 635 km au nord-ouest d'Oulan Bator.
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+ Moscou est située au milieu de la plaine d'Europe orientale, une immense région couvrant la majeure partie de l'est de l'Europe caractérisée par des reliefs peu accentués et parcourue par de nombreux fleuves. Lors de la dernière période glaciaire, qui s'est achevée il y a 10 000 ans, la région de Moscou se situait à la limite de l’inlandsis (glacier continental) qui occupait le nord-ouest de la Russie. Ce glacier a largement façonné les reliefs et les sols. Au nord-est de Moscou le plateau de Russie, un ensemble de collines et de plateaux culminant à 300 mètres, est formé par les moraines laissées par le glacier. À l'est de Moscou se trouve la Mechtchera une région marécageuse couverte de lacs et comprenant des tourbières. Celle-ci constituait la plaine d'épandage des eaux s'écoulant devant le front du glacier (sandur). Dans la région le socle rocheux est profondément enfoui sous les dépôts morainiques : la rareté de la pierre explique la prédominance du bois dans l'habitat traditionnel y compris dans les villes. La région est couverte en grande partie d'une forêt mixte[2].
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+ Le cœur de la capitale a été construit sur les berges de la rivière Moskova qui la traverse de part en part du nord-est au sud-ouest en formant de nombreux méandres. Cette rivière, a formé successivement au cours du temps trois terrasses, la plus ancienne dominant le lit actuel d'une trentaine de mètres. Le Kremlin est construit sur une avancée de cette troisième terrasse (dite Khodynka ou Borovaïa) qui surplombe la rive gauche de la rivière et en fait un site défensif naturel. Les quartiers de Taganski et de Loublino situés à l'est du Kremlin sont construits sur la deuxième terrasse dite Mnevnikovska qui domine d'une vingtaine de mètres le lit de la rivière. Enfin la première terrasse, la plus récente, se situe à une hauteur intermédiaire entre le lit et la deuxième terrasse[3].
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+ La Moskova est un affluent de l'Oka, qui coule plus au sud avant de se jeter dans la Volga principal fleuve de la Russie européenne. La Moskova a un débit moyen de 120 m3/s dont 60% sont apportées par le canal de Moscou long de 128 kilomètres qui partant de la capitale la relie à la Volga. Ce canal a son point de départ sur la Moskova en amont du centre-ville et se dirige vers le nord après avoir traversé une série de lacs artificiels qui constituent autant de zones de loisirs pour les moscovites. Deux petites affluents d'une quarantaine de kilomètres de long, la Setoun (rive droite) et la Iaouza (rive gauche), ont leur source à l'extérieur de la rocade MKAD et se jettent dans la Moskova respectivement en amont et en aval du cœur de la cité. La Neglinnaïa, un petit affluent de 7 km prenant sa source au nord du centre-ville, arrosait autrefois les douves du kremlin mais circule aujourd'hui dans des tunnels enfouis sous le sol.
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+ Moscou, dont l'altitude est comprise entre 120 et 200 mètres, ne comporte pas de reliefs marqués. Le point haut le plus remarquable est la colline des moineaux qui s'élève sur la rive droite de la Moskova à 60-70 mètres au-dessus du niveau du fleuve.
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+ Moscou s'est développé en occupant des cercles concentriques de diamètre croissant. Contrairement à Paris la ville a incorporé ses banlieues et occupe une superficie de 1 100 km2 (en excluant les villes satellites peu denses situées à l'extérieur de la rocade routière MKAD mais rattachées à la ville qui représentent une population de 300 000 habitats sur 1 420 km2). On peut comparer cette superficie aux 814 km2 de la Métropole du Grand Paris. Avec douze millions habitants dans cette partie de la ville (2017), la densité est de 10 900 hab./km2 supérieure à celle de la petite couronne parisienne (9 000 hab./km2) malgré la présence importante de forêts et de parcs[4].
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+ Au cœur de la ville et pratiquement à son centre géométrique, se trouve le Kremlin (du russe kreml, fortin), une forteresse de forme triangulaire de 500 mètres de côté érigée sur la colline Borovitski dominant la rive gauche de la Moskova. Le Kremlin est entouré par une muraille en briques rouges de 2 230 mètres de long comprenant 19 tours. Elle abrite la présidence de la République, des services administratifs, plusieurs palais et musées ainsi que des parcs. Une première muraille entourait autrefois le Kremlin et le quartier de Kitaï Gorod, noyau initial de la capitale situé immédiatement à l'est du kremlin et de la Place Rouge. Sur son emplacement se trouve aujourd'hui un large cours bordé d'édifices publics tels que les théâtres du Bolchoï et le Maly, le parlement fédéral (la Douma), la Grande Bibliothèque, le Manège, plusieurs grands hôtels, le musée d'Histoire et le siège des services secrets russes (FSB) (ex KGB). L'anneau des boulevards (Koltso), un boulevard circulaire planté d'arbres occupe l'emplacement de la deuxième muraille édifiée au 16e siècle et longue de sept kilomètres qui délimitait Bely Gorod (la ville blanche). Il n'est pas complet car il reste cantonné à la rive gauche de la Moskova[5].
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+ La troisième ceinture, la Sadoïava (Anneau des Jardins), est constituée par un boulevard à grande circulation long de 15,6 kilomètres formant un cercle complet de 2,5 kilomètres de rayon franchissant la Moskova. Elle est située à l'emplacement d'une muraille de terre édifiée à la fin du XVIe siècle et délimitant les faubourgs (la ville de terre ou Zemly Gorod). L'anneau des Jardins délimite le centre historique de la ville. Celui-ci présente une architecture peu homogène car la conservation du patrimoine historique est une préoccupation récente. On y trouve les principales administrations et les sièges sociaux de grandes entreprises. Cette partie de Moscou comprend de nombreux commerces. À l'intérieur de cette zone de Moscou, la densité de la population, chassée par l'afflux des commerces et des entreprises, est relativement basse. Le troisième anneau routier de Moscou long de 35 kilomètres de long situé à cinq kilomètres du centre a été construit entre 1960 et 2003. Il englobe la ville du XIXe siècle et en particulier la plupart des gares ferroviaires terminus. C'est dans cette partie de la ville urbanisée entre le XVIIIe siècle et 1917, que se sont édifiés les quartiers industriels, désormais souvent abandonnés ou reconvertis sous l'impulsion de la mairie. Celle-ci a pour objectif de créer des centres secondaires regroupant des commerces et des services pour alléger la fréquentation du centre. C'est là qu'a été édifié au cours de la décennie 2010 Moskva-city un ensemble de gratte-ciel accueillant de grandes entreprises du secteur tertiaire[6]. Le dernier anneau routier, le MKAD, de 16 kilomètres de rayon et 109 kilomètres de circonférence, est formé par une autoroute de 2 × 5 voies inaugurée au début des années 1960 qui englobe la ville du XXe siècle[7],[8].
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+ Plan simplifié de Moscou montrant les zones construites (beige), les parcs et forêts (vert) et les principales avenues : K : Kremlin - M : Moskova - C : Canal de Moscou - 1 : Anneau des boulevards - 2 : Anneau des Jardins (limite extérieure du Moscou historique) - 3 : Troisième anneau routier de Moscou - 4 : Rocade MKAD.
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+ La partie de Moscou entourée par la rocade MKAD et qui comprend la majeure partie de la population de la capitale (12 millions habitants) est comparée à l'ensemble formé par Paris et sa petite couronne (7 millions habitants). Le cercle intérieur en pointillé le plus petit correspond à l'Anneau des Jardins qui délimite le Moscou historique.
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+ L'énorme espace compris entre l'ancienne muraille de terre et la rocade MKAD a été progressivement occupé dans le cadre d'une gigantesque plan d'expansion de Moscou lancé par Staline dans les années 1930 mais dont la réalisation n'a véritablement démarré qu'au début des années 1960. D'anciens villages ont été remplacés par des quartiers d'immeubles collectifs initialement relativement bas (quatre à cinq étages) pour ne pas avoir à installer d’ascenseurs. Aujourd'hui ces cités sont constituées de barres de 12 à 18 étages et longues de plusieurs centaines de mètres comportant des établissements scolaires mais souvent mal desservis dans le domaine des transports et des commerces. Cette partie de Moscou accueille la plus grande partie de la population moscovite. De nombreuses zones naturelles, constituées de parcs, lacs et forêts ont été préservés entre les différents ensembles et constituent une des caractéristiques les plus frappantes de Moscou. Le développement de la circulation automobile dans les années 1990 a conduit à la construction de grands centres commerciaux au niveau des échangeurs situés aux intersections entre le MKAD et les grands axes routiers rayonnant depuis le centre de la capitale. L'urbanisation s'est étendue au-delà de cette rocade dès les années 1970[7].
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+ Moscou est relié aux régions voisines par ce réseau de routes radiales (prospekt) qui coupent les différentes rocades construites au fur et à mesure du développement de la capitale. Dans le centre ces artères radiales sont souvent des rues à la fois prestigieuses et animées comme la rue Tverskaïa (rue de Tver). Leur intersection avec les rocades circulaires est souvent dédié au commerce et aux communications comme la place Pouchkine et la place Soukharev. La population aisée est installée principalement dans les quartiers occidentaux du centre-ville comme le vieux quartier de l'Arbat. Celui-ci se prolonge à l'ouest par des quartiers plus récents tels que Kountsévo et Sérébriany Bor habités par l'ancienne Nomenklatura remplacée par la nouvelle classe possédante et qui sont aménagés autour des plans d'eau de la plaine de la Moskova[7].
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+ Moscou se situe à une latitude relativement élevée, à peu près au même niveau que la capitale du Danemark, Copenhague (55,5°N), mais étant plus éloignée des océans la ville subit un climat plus continental caractérisé par de fortes variations de température entre l'été et l'hiver. Compte tenu de sa latitude, la température annuelle moyenne est basse (6,7 °C) et l'hiver est long et froid avec une température hivernale qui se maintient en moyenne en dessous de 0 °C entre le 10 novembre et le 20 mars. Le mois le plus froid de l'année est février (température moyenne −6,7 °C). Le printemps et l'automne sont brefs et peuvent connaître de fortes variations de température sur quelques jours. Les étés sont chauds avec une température moyenne supérieure à 17 °C entre juin et aout et une température maximale moyenne de 25 °C en aout. La plus forte température enregistrée a été de 38,2 °C le 31 juillet 2010[9] et la plus faible de −42,2 °C en janvier 1940. Les précipitations (707 mm par an et 142 jours de pluie par an) sont réparties tout au long de l'année mais avec des quantités plus élevées l'été que l'hiver. La neige recouvre le sol en moyenne 138 jours par an de la mi-novembre à la fin mars. La hauteur de neige peut atteindre jusqu'à 80 cm au milieu de l'hiver. Le nombre d'heures d'ensoleillement est de 1731 heures (1 900 heures sur la décennie 2000) avec un déséquilibre très important entre l'hiver et l'été. Les brouillards (15 jours par an) et les orages (29 jours par an) sont des phénomènes fréquents. Moscou connait parfois des phénomènes météorologiques violents comme des tornades et des précipitations très violentes.
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+ En Europe de l'Est émerge en 862 la Rus de Kiev, un état fondé par des princes vikings régnant sur des peuplades slaves. Sa richesse et son pouvoir résultent de sa position sur la route commerciale qui relie la mer Baltique et la mer Noire. Sa capitale est Kiev. Ses souverains adoptent au tournant du millénaire la foi orthodoxe. Au XIe siècle, les rivalités entre les descendants des dirigeants amènent à un morcèlement de l'état. Il se crée une cinquantaine de principautés quasi indépendantes comme Novgorod et Vladimir-Souzdal. Moscou est mentionné pour la première fois en 1147, sous le nom de Moskov, dans un écrit relatant la rencontre de Iouri Dolgorouki prince de Vladimir-Souzdal et du prince Sviatoslav Olgovitch de Novgorod-Severski sur ce territoire appartenant aux Souzdal[10]. En 1156 Iouri Dolgorouki y édifie un simple fortin de bois sur une petite éminence qui domine de 30 mètres la rive gauche de la rivière Moskova. La forteresse est située au confluent de la Moskova et la Neglinnaïa, petit cours d'eau dont les eaux sont utilisées pour remplir les douves[11]. Un pont permet de passer sur la rive droite basse et marécageuse qui reste inoccupée. Le site est brulé à plusieurs reprises. La superficie totale de ce bourg ne dépasse pas les cinq hectares aux XIe et XIIe siècles. La ville poursuit son expansion durant les siècles suivants essentiellement sur la rive gauche car la rive droite est occupée par des prairies inondées au moment de la débâcle et est ouverte aux invasions venues du sud[12].
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+ Au XIIIe siècle, Moscou devient le bien patrimonial des fils cadets de la dynastie des princes de Souzdal. Une résidence princière est édifiée ainsi que trois églises en bois dont la plus ancienne, Saint-Jean-Baptiste, s’élève sur l'emplacement d'un temple païen. En 1223, débute l'invasion de la Rus' par les tribus nomades venues de Mongolie qui va bouleverser pour des siècles l'histoire de la région. Sous la direction du khan Batu, les envahisseurs défont en 1238 tous les princes russes en laissant derrière eux un sillage de destruction et de mort. C'est la fin de la puissance dominante locale, la Rus de Kiev. Durant ce conflit Moscou est détruite. Toutes les principautés russes doivent se soumettre et désormais payer tribu aux mongols. Ceux-ci s'installent définitivement sur la basse-Volga d'où ils font et défont les dirigeants russes. Ils y créent un état la Horde d'or qui s'étend sur plusieurs millions de km2.
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+ Jusque là Moscou n'était qu'une simple bourgade, mais sa position à l'orée de la forêt lui offre une certaine sécurité contre les attaques mongoles, tout en étant située sur les routes commerciales menant aux bassins de la Volga, de la Neva et du Don. Alexandre Nevski en fait une principauté indépendante qu'il confie à son fils Daniel de Moscou (1272-1303). Celui-ci élargit le territoire avec la ville de Pereslavl-Zalesski et la forteresse de Kolomna à l'est[13].
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+ Vladimir-Souzdal, dont la capitale est la ville de Vladimir, est à cette époque la principauté russe dominante qui est chargée de lever le tribu pour le compte des mongols. Mais les dirigeants des principautés vassales, en particulier Tver et Moscou, se disputent le pouvoir. Michel III le Saint Vladimirski, prince de Tver est le titulaire du trône de la principauté de Vladimir-Souzdal qui a été adoubé par les mongols. Mais le prince de Moscou Iouri III Moskovski, utilisant les liens matrimoniaux forgés avec la sœur du khan des mongols, obtient sa déposition (1317) et sa mort. Son triomphe est bref car il est assassiné par le fils de Michael III. Le frère de Iouri Ivan Ier, avec l'accord du khan des mongols, prend à son tour le titre de prince de Vladimir-Souzdal. Il profite d'une révolte de Tver contre les Mongols en 1327 pour se joindre à ceux-ci et dévaster les terres de Tver. Les Mongols lui accordent le titre de Grand Prince de Moscou. Ivan devient l'intermédiaire principal entre les seigneurs mongols et les principautés russes, qui versent par ailleurs un supplément de tribut aux dirigeants de Moscou. Moscou prospère et bénéficie, en tant que principal collaborateur, d'une protection contre les bandes Mongols qui ravagent périodiquement les autres principautés. Cette sécurité relative attire les nobles et leurs serviteurs qui viennent s'installer sur les terres contrôlées par Moscou[14]. Les services rendus aux mongols lui permettent d'obtenir certains privilèges notamment de transmettre le contrôle de la principauté à l'aîné et non de la diviser entre tous les enfants. Par ailleurs le Khan renforce le rôle de Moscou en autorisant le transfert du siège de l'église orthodoxe de Vladimir à Moscou. Sous le règne d'Ivan la superficie du territoire double passant de 20 000 à 40 000 km2[15].
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+ Le Kremlin et sa palissade de bois sous Ivan Ier.
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+ Le Kremlin et ses remparts de pierres blanches sous Dimitri Donskoï.
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+ Le Kremlin et Moscou au XVIIe siècle.
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+ Au cours de la seconde moitié du XIVe siècle, les princes moscovites prennent la tête de la lutte contre le joug des Mongols. C'est à cette époque (1366-1368) que Dimitri Donskoï remplace la palissade en bois qui entourait le Kremlin de Moscou par une enceinte en pierre blanche. Les Mongols sont écrasés en 1380 à Koulikovo par les troupes russes emmenées par Dimitri. Néanmoins deux ans plus tard Moscou est prise et brulée par le khan Tokhtamych. Dimitri doit se soumettre. La lutte se poursuit au cours des décennies suivantes contre la Horde d'or mais également contre les autres princes russes hostiles à la politique expansionniste menée par les dirigeants moscovites. Ivan III annexe les principautés voisines, dont Novgorod, et contraint les Tatars à renoncer à leur tribut. Par son mariage avec Zoé Paléologue, nièce du dernier empereur byzantin, Constantin XI, tué lors de la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, Ivan III revendique pour Moscou le rôle de « Troisième Rome ». Moscou devient la capitale du plus grand pays de l'Europe orientale. Pour matérialiser ce changement de statut, Ivan III fait construire entre 1475 et 1509 à l'intérieur de l'enceinte de la ville plusieurs édifices qui deviendront des symboles de la capitale : des artisans russes dirigés par des architectes italiens édifient la cathédrale de la Dormition qui accueillera pas la suite le couronnement des tsars, la cathédrale de l'Archange où sont enterrés les tsars jusqu'à Pierre le Grand et l'Église de la Déposition. La ville s'entoure d'une couronne de monastères fortifiés destinée à repousser les raids mongols : Simonov, Andronikov, Novospasski, Danilov. C'est également à cette époque que sont édifiés les monastères de Novodievitchi et Donskoï. Ces constructions attirent des peintres d'icône qui viennent décorer ces édifices, dont le plus célèbre est Andreï Roublev. L'enceinte du kremlin de Moscou est reconstruite en brique par les architectes italiens Marco Ruffo et Pietro Antonio Solari qui s'inspirent du château des Sforza à Milan. Les remparts crénelés à l'italienne sont flanqués de vingt tours auxquelles viendront s'ajouter par la suite quelques tours supplémentaires[12]. Moscou sous la menace permanente d'un assaut, est à l'époque une ville dont le rôle est essentiellement militaire. Ses artisans sont spécialisés dans la fabrication d'armures, de canons, de poudre et d'équipements de cuir (pour les chevaux)[16]. Sous le règne d'Ivan III, la superficie de la Russie est passée de 430 000 à 2 millions de kilomètres carrés[15].
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+ Au cours du siècle précédant le règne d'Ivan le Terrible, le vaste territoire occupé par les mongols de la Horde d'or au sud de Moscou s'est morcelé en plusieurs khanats rivaux. Ivan, qui est le premier souverain russe à se donner le titre de Tsar (César), fait la conquête du khanat de Kazan en 1552 et du khanat d'Astrakhan en 1556. La conquête de la Sibérie est également engagée sous règne et à sa mort la superficie du territoire de la Russie atteint cinq millions de kilomètres carrés[15]. Mais la tyrannie d'Ivan le Terrible et des souverains russes suivants conduit à un affaiblissement de l'État russe. En 1571, les Tatars de Crimée de l'Empire ottoman prennent d'assaut Moscou et brûlent la ville. C'est après cet épisode qu'est édifiée entre 1580 et 1590 la deuxième enceinte de Moscou, longue de 7,5 kilomètres, qui entoure la ville blanche (Bely Gorod). Une deuxième enceinte extérieure, constituée par une levée de terre, formant un cercle complet de 2,5 kilomètres de rayon franchissant la Moskova, est également édifiée à cette époque. Durant le temps des troubles (1598), le pouvoir à Moscou change à cinq reprises de main. L'un des prétendants demande le soutien de la Pologne et entre 1610 et 1612 des troupes polonaises occupent Moscou. Cependant l'armée polonaise n'est que partiellement soutenue par l'aristocratie polonaise et son équivalent russe mené par le prince Pojarski obtient l'élection de Michel Romanov fondant la dynastie des Romanov qui va régner sur la Russie jusqu'en 1917.
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+ Vers 1700 Moscou compte 200 000 habitants. Mais le tsar Pierre le Grand choisit, dans le cadre d'une modernisation à marche forcée de son pays, de construire une nouvelle capitale à Saint-Pétersbourg. Celle-ci remplace en 1703 Moscou qui devient une simple ville provinciale. Le départ du gouvernement et de la Cour entraine une chute de la population qui ne reviendra à son niveau antérieur qu'un siècle plus tard. En 1708 Pierre le Grand crée une nouvelle subdivision administrative, le gouvernement à la tête de laquelle est placée un gouverneur chargé d'administrer l'entité. La Russie, dont la superficie atteint à l'époque 17 millions de kilomètres carrés pour une population d'environ 15 millions d'habitants[15] est divisée en huit gouvernements dont le gouvernement de Moscou. Malgré la disparition de son rôle politique, Moscou continue de se développer sur le plan économique. L'industrie textile est dominante. En 1725 la ville compte 23 manufactures qui travaillent la laine, le lin et la soie dont la cour des Draps qui emploie 1 500 ouvriers. En 1755 la première université de Russie est fondée à Moscou sous l’impulsion du plus grand des scientifiques russes de l’époque, Mikhaïl Lomonossov. Elle occupe initialement une partie du bâtiment devenu depuis le Musée historique d'État de Moscou donnant sur la Place Rouge. L'activité théâtrale se développe. Une classe bourgeoise se constitue et une organisation municipale est mise en place en 1785 avec un maire élu par un suffrage censitaire très sélectif. La noblesse qui n'a plus l'obligation de servir l'État à compter de 1762 et donc de résider à Saint-Pétersbourg, se fait construire des résidences à Moscou et dans les environs comme les châteaux de Kouskovo, d'Ostankino et d'Arkhangelskoe. De nombreuses églises sont édifiées à cette époque et une première ébauche de plan d'urbanisme est établie en 1739. Néanmoins Moscou est encore fortement marquée par la vie rurale. À la fin du XVIIIe siècle, sur ses 175 000 habitants, 115 000 sont des paysans exerçant éventuellement une deuxième activité[16].
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+ Le 14 septembre 1812, quand Napoléon Ier envahit Moscou à la tête d'une partie de la Grande armée (moins de 100 000 hommes sur 400 000), la ville est incendiée par le gouverneur Rostoptchine en application de la politique de la terre brûlée adoptée depuis l'entrée des troupes françaises sur le territoire russe. L'empereur Alexandre Ier refuse toute négociation et Napoléon Ier quitte Moscou le 19 octobre. La retraite des troupes françaises se transforme en déroute. À Moscou seuls les bâtiments construits en maçonnerie, Kremlin, monastères, églises et palais subsistent. Mais 10 ans plus tard, la ville est reconstruite et connaît un essor économique durant la décennie 1820-1840. En 1848 la ville compte 350 000 habitants. Le rôle économique de Moscou s'affirme à cette époque. Les manufactures se multiplient : le nombre d'ouvriers passe de 23 000 (1817) à 46 000 (1853) travaillant à 80 % dans l'industrie du textile. Moscou est au cœur d'un réseau de routes qui la relie à Saint-Pétersbourg (première route de Russie empierrée en 1830), Iaroslavl, Nijni-Novgorod, Kharkov, Kiev, Varsovie et la Sibérie via Perm et Iekaterinbourg[17]. La première ligne de chemin de fer russe, qui relie Moscou à Saint-Pétersbourg, est inaugurée en 1851. La ville est connectée par la voie ferrée à Kharkov, important centre industriel, en 1896, à Minsk et Varsovie en 1871. Le réseau en étoile s'étend à l'ensemble de la Russie européenne puis, avec la création du Transsibérien, dessert la Sibérie. La suppression du servage en 1861, qui entraîne un exode rural vers les villes, ainsi que la présence d'un réseau ferroviaire centré sur Moscou accélèrent la croissance démographique et économique de la ville. La population double en 1882 (753 000 habitants) et dépasse le million en 1897. Vers la fin du XIXe siècle sont construites les premières entreprises métallurgiques qui utilisent le charbon et le fer venus du Donbass et de l'Oural et les transforme en produits finis. La forte croissance industrielle des années 1890 puis une crise économique au début du XXe siècle déclenche une concentration des entreprises qui emploient désormais parfois plusieurs milliers d'ouvriers[12],[16].
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+ Au début du XXe siècle, Moscou conserve encore un caractère semi-rural. Seul le centre est construit en pierre. Dans cette partie de la ville la plupart des maisons sont récentes et construites dans un style néo-russe (ou pseudo-russe) ancien. Comportant plusieurs étages leur façade sobre fait contraste avec les constructions officielles et quelques résidences de charme. Les quartiers périphériques sont souvent constitués de maisons en bois ne comportant parfois un étage unique. La croissance économique crée une bourgeoisie d'affaires prospère dont le train de vie creuse un écart de plus en plus profond avec les habitants des quartiers ouvriers décrits dans la pièce de théâtre de Maxime Gorki Les Bas-Fonds. Les conditions sont réunies pour que débute une lutte des classes. En 1905, un soviet ouvrier édifie des barricades dans les rues et tient la ville durant dix jours. La répression est sévère et l'opposition entre dans la clandestinité.
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+ Des mouvements de grève rassemblant des dizaines de milliers d'ouvriers ont néanmoins ont lieu entre 1912 et 1914. Ces mouvements de grève se poursuivent en 1915 et 1916 alors que la Russie est entrée en guerre avec l'Allemagne[16].
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+ Les événements qui aboutissent au renversement du régime tsariste puis à la prise du pouvoir par les communistes en octobre 1917 se d��roulent principalement dans la capitale de l'époque Saint-Pétersbourg. Les forces bolchéviques prennent Moscou début novembre 1917 à l'issue de combats acharnés qui les opposent aux monarchistes et aux Socialistes Révolutionnaires (S-R)[18].
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+ Les dirigeants bolchéviques, qui se sont engagés sur la voie d'une dictature en dissolvant l'assemblée constituante, qui avait été élue pour déterminer les nouveaux principes de fonctionnement de l'État, choisissent en janvier 1918 de faire de Moscou la capitale du pays dans la crainte d'un soulèvement des quartiers ouvriers de Saint-Pétersbourg contre le nouveau régime. La guerre civile qui oppose entre 1918 et 1923 les forces bolcheviks à différents mouvements d'oppositions et armées étrangères épargne Moscou. Mais la capitale perd momentanément la moitié de sa population qui se réfugie dans la campagne car le ravitaillement ne parvient plus dans les villes.
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+ À l'issue de la guerre civile, les années 1920 sont marquées par une explosion culturelle. L'avant-garde intellectuelle promeut un art de gauche en accord avec l'utopie d'une société future idéale que le nouveau régime communiste annonce vouloir mettre en place. En architecture, la traduction de ce mouvement est le constructivisme. Les architectes soviétiques adhérents à ce mouvement mettent en avant l'abstraction, les formes élémentaires mais également un mode de vie collectif dans lequel certaines fonctions seraient pratiquées en commun : laveries, cantines. Mais cette vision n'est partagée ni par les habitants de la ville, souvent d'origine rurale et aux goûts conservateurs, ni par la nouvelle bureaucratie qui se met en place. Elle ne se traduit que par quelques réalisations comme le Centrosoyouz de Le Corbusier et le club ouvrier des frères Vesnine. Le premier plan quinquennal sonne le glas de ce mouvement moderniste dont le caractère froid, bourgeois, décadent et étranger au patrimoine russe est dénoncé en 1929 par les instances dirigeantes soviétiques. Ce début de l'ère stalinienne est caractérisé par une répression brutale qui touche toutes les professions intellectuelles et par la volonté du nouveau régime à la fois de marquer les esprits et de s'inscrire dans la continuité de l'histoire nationale. Ces principes donnent naissance à l'architecture stalinienne, un style néoclassique monumental dans lesquels les figures et les symboles du régime sont mis en évidence de manière outrancière et qui présente beaucoup de traits communs avec les choix architecturaux des régimes fascistes qui se mettent en place à la même époque en Italie et en Allemagne[19].
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+ La crise du logement à Moscou atteint un pic à partir de 1934 (qui durera jusqu'en 1955) avec une surface de logement moyenne par habitant de 4 m2 du fait du quasi doublement de la population entre 1925 et 1935 (3,6 millions habitants). Pourtant durant les quinze premières années du régime la priorité est donnée à la construction de logements durant les quartiers périphérique. En 1935 un plan général de reconstruction de Moscou est adopté dont l'objectif est de faire de Moscou une capitale moderne à la hauteur de son nouveau rôle en tant que capitale du socialisme. Le plan s'attaque à la réorganisation du centre-ville resté peu modifié depuis le début de la Révolution. Il maintient le principe d'une ville dense au schéma radio-concentrique avec percement de nouvelles voies radiales et concentriques et élargissements des voies existantes. Le centre de gravité de la ville doit être le palais des Soviets, un immeuble monumental de 400 mètres de haut qui doit édifié à l'ouest du Kremlin à l'emplacement de la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou dynamitée en 1932. La taille de chaque îlot doit être portée à 10/15 hectares contre trois en moyenne dans le centre historique. Hauts de 6 à 7 étages les immeubles encadrent un grand square central accueillant des équipements de proximité. Les usines doivent être expulsées du centre au profit des logements. Une ceinture verte de 50 kilomètres est prévue autour de la ville. Ce plan débouchera effectivement sur l'élargissement et le percement de certaines avenues accompagnés de la destruction de plusieurs monuments et immeubles historiques. Mais la réalisation des îlots prévus ne sera mise en œuvre que 20 ans plus tard dans les quartiers sud-ouest de Moscou autour de l'université Lomonossov[20],[21].
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+ La construction du métro de Moscou est lancée en 1931. À ses débuts, ce chantier ne bénéficie d'aucune attention architecturale particulière. Mais dès la deuxième phase des travaux qui débutent en 1935 après l'inauguration de la première ligne, le métro devient un enjeu politique et bénéficie d'un budget considérable. Le style stalinien, spectaculaire et monumental, est utilisé en particulier dans des stations comme Maïakovskaïa (1938), Elektrozavodskaïa et Partizanskaïa (1944). La politique industrielle volontariste des nouveaux dirigeants entraîne un accroissement énorme de la population qui passe entre 1917 et 1939 de 1,8 millions à 4,6 millions habitants. La ville connait une crise aiguë du logement malgré la construction d'immeubles collectifs à l'extérieur de la Sadoïava.
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+ Les années 1930 voient la mise en place d'une dictature particulièrement sanglante en Union soviétique au cours desquels la capitale joue un rôle de premier plan. C'est la période des procès de Moscou (1936-1938) qui permettent à Joseph Staline d'éliminer tous les dirigeants historiques du parti communiste. Ces parodies de justice se produisent alors qu'en toile de fond les purges staliniennes font régner la terreur dans le pays en aboutissent au cours des années 1930 à l'élimination physique au minimum de plus de 600 000 personnes et à la déportation au Goulag de plus d'un million de personnes. La Loubianka, immeuble situé au cœur de Moscou, devient un centre de tortures où le NKVD exécute sans procès ou à l'issue de procès truqués des milliers de personnes.
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+ Le 22 juin 1941, les troupes allemandes envahissent l'Union soviétique dans le cadre de l'opération Barbarossa. La Wehrmacht progresse de manière foudroyante anéantissant les unes après les autres les armées soviétiques. Les troupes allemandes arrivent aux portes de Moscou fin septembre 1941 et une offensive est lancée pour prendre en tenaille les forces qui défendent la capitale. Le 2 octobre 1941 la ville est bombardée par l'aviation allemande. La ville est en partie évacuée et les civils sont appelés en renfort pour construire les lignes de défense anti-tanks et renforcer les troupes. Au cours de la bataille de Moscou qui se déroule entre octobre 1941 et janvier 1942, les forces allemandes parviennent jusqu'à 23 km du Kremlin, mais malgré leur supériorité numérique, elles sont arrêtées pour la première fois depuis leur entrée sur le territoire soviétique[Note 1]. L'ennemi est repoussé mais le front reste proche et la menace ne disparaît qu'en octobre 1943 lorsque la ville de Smolensk est reprise.
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+ DCA sur le toit de l'hôtel de Moscou (août 1941).
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+ Troupes soviétiques montant au front (novembre 1941).
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+ Des femmes et des vieillards édifient un fossé anti-char pour défendre la capitale (octobre-novembre 1941).
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+ Malgré les énormes destructions de la Seconde Guerre mondiale qui ont frappé toutes les régions occupées par les allemands et le déficit de logements criant notamment à Moscou, les projets de prestige reprennent dans la capitale immédiatement après la fin du conflit. La construction du métro de Moscou, seul chantier resté en activité durant la guerre, s'accélère. Les stations de métro construites en 1944, toujours aussi monumentales, constituent les premiers mémoriaux permanents de la Grande guerre patriotique. Les travaux sur le canal Don-Volga à grand gabarit long de 101 kilomètres qui avaient été interrompus par la Seconde Guerre mondiale sont repris en 1948. La construction est réalisée en partie par des prisonniers de guerre allemands et des prisonniers du Goulag. Le canal permet au fret fluvial du bassin de la Volga d'atteindre Moscou et alimente en eau la Moskova et la population moscovite. Sept gratte-ciel, représentants particulièrement spectaculaires de l'architecture stalinienne, sont édifiés entre 1952 et 1955. Le plus haut des ces bâtiments, le bâtiment principal de l'université d'État de Moscou, culmine à 240 mètres et reste longtemps le plus haut édifice d'Europe.
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+ À la mort de Staline, la plupart des habitants de Moscou, s'entassent encore dans des appartements communautaires surpeuplés ou habitent des maisons en bois. Dans les années 1950, beaucoup de districts du Moscou contemporain sont encore occupés par des villages constituées d'isbas. Pour combler le déficit de logement et faire face à l'accroissement de la population qui passe de 4,6 à 8,4 millions d'habitants entre 1939 et 1979 des grands ensembles sont construits en masse dans les espaces restés ruraux jusque là. Ces immeubles d'un style uniforme sont baptisés ironiquement du nom du secrétaire du parti communiste au pouvoir à l'époque de leur édification (khrouchtchevkas)[22]. Comprenant 4 à 5 étages pour éviter l'installation d'un ascenseur (on les baptise également « Cinq étages ») ils sont réalisés à partir de plaques de béton fabriquées en usine et assemblées sur place. Utilisant des matériaux de mauvaise qualité, exigus, souffrant de problèmes d'isolation et d'étanchéité, dépourvus de tout confort et sans cave, ils sont censés constituer un habitat provisoire en attendant l'avènement du communisme mais 50 ans plus tard, ils sont toujours occupés. En 1980, Moscou accueille les Jeux olympiques d'été de 1980. Le déroulement est marqué par le boycott d'une cinquantaine de nations (dont les États-Unis, le Canada, le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne de l'Ouest) à la suite de l'invasion de l'Afghanistan par l'Union Soviétique qui a débuté en 1979. Un certain nombre d'infrastructures sportives sont construites à Moscou pour accueillir les épreuves[23].
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+ Moscou est au cœur des événements qui accompagnent l'éclatement de l'Union soviétique et l'effondrement du régime communiste ainsi que des soubresauts qui lui succèdent. Le 19 août 1991, veille de la signature du traité qui concrétise l'autonomie acquise par les républiques constituant l'URSS, les tenants de la ligne dure du parti communiste tentent d'effectuer un coup d'état avec l'appui de quelques unités militaires. Mais, faute de soutien, le putsch échoue et accélère la déclaration d'indépendance des différents états[Note 2] qui constituaient jusque là l'Union soviétique. Moscou est désormais la capitale de la Russie, un pays dont la taille et la population sont nettement plus réduites. Le président de la Russie Boris Eltsine déclenche immédiatement un train de réformes économiques qui visent à insérer le pays dans le mouvement de mondialisation. Mais cette adhésion à l'économie de marché appliquée brutalement se traduit par une hyperinflation et un effondrement de l'activité économique. Par ailleurs l’exécutif devenu libéral par nécessité se heurte au corps législatif resté sur des positions beaucoup plus conservatrices. En octobre 1993 le programme du président est bloqué par l'opposition du Congrès des députés du peuple ce qui déclenche une grave crise constitutionnelle. Eltsine décide de dissoudre le Congrès mais certains de ses membres refusent de plier. Eltsine fait alors intervenir des unités militaires qui bombardent la Maison blanche, siège du Congrès. Près de 200 personnes périssent durant ces affrontements. Cette intervention vient à bout de la résistance parlementaire. Le parti communiste et les partis nationalistes qui avaient pris parti contre le président sont bannis et le nouveau parlement élu à la suite de ces événements accepte d'appuyer les réformes entreprises par Eltsine.
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+ Les conséquences pratiques de ces réformes sur la capitale et ses habitants durant la décennie qui suit sont énormes. Moscou perd la position sur la scène internationale que lui conférait son rôle de capitale de l'URSS, un état de dimension comparable pour la population aux États-Unis, et plus généralement du camp socialiste. Le Comecon et le pacte de Varsovie, qui avaient leur siège à Moscou, disparaissent avec l'effondrement du régime. Toutefois Moscou reste la capitale d'un état peuplé dont le caractère centralisé n'est pas remis en cause. Aussi toutes les grandes entreprises russes, qui se constituent à partir des débris des ministères de branches soviétiques, telles que Gazprom ou Lukoil, installent leur siège à Moscou. De nombreuses entreprises étrangères créent des filiales en Russie pour profiter des opportunités engendrées par le changement de régime. Elles choisissent d'implanter le siège à Moscou lieu de pouvoir et également cœur du système de communications et du réseau de transports du pays. Le phénomène de concentration des richesses s'accroit au point qu'en 2001 un tiers du chiffre d'affaires du commerce de détail en Russie est réalisé à Moscou qui ne rassemble pourtant que 8% de la population du pays[25].
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+ Le secteur du service, quasi inexistant durant l'ère soviétique, explose : les petits commerces se multiplient, les services de proximité (garages, cordonniers...) se développent. Le secteur financier, (banque et assurance) embryonnaire jusque là, accompagne l'envol du commerce et l'apparition d'un marché de l'immobilier pour les particuliers et les entreprises. Le phénomène est général en Russie mais la spécificité moscovite est le développement des services aux entreprises : services bancaires aux entreprises, bourse, sociétés de conseil. Des boutiques de luxe se multiplient et s'installent dans les anciens passages et dans les galeries du Goum. Cette grande surface de détail à l'ère soviétique est colonisée par les grandes marques internationales. Contrepoint de ces développements le secteur industriel, qui était déjà en régression dans les années 1980, se contracte violemment en passant de 1,1 million à 600 000 emplois entre 1990 et 1994 victime de plusieurs facteurs : crise économique, transition difficile vers l'économie de marché, apparition de contraintes de rentabilité, ouverture du marché à la concurrence étrangère proposant des produits de meilleure qualité[25].
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+ Iouri Loujkov, maire de Moscou entre 1992 et 2010, nommé initialement par Boris Eltsine, joue un rôle central dans la transformation de Moscou. Sous sa législature, la ville est profondément restructurée par les programmes immobiliers. La mairie, qui dispose des pleins pouvoirs en matière d'urbanisme, pratique une politique dirigiste tout en privilégiant la rapidité d’exécution. Dans un pays marqué de tous temps par la corruption, cette stratégie encourage les collusions entre décideurs et milieux d'affaires au bénéficie des deux parties[Note 3]. La municipalité est propriétaire d'une grande partie du patrimoine foncier de la ville. Dans un premier temps le maire refuse de brader celui-ci et accorde des baux de 47 ans qui procurent des rentrées importantes dans les caisses de la ville. Ces fonds peuvent être investis dans les projets moscovites. De manière délibérée, le centre de Moscou, à l'intérieur de la ceinture des Jardins, qui abritait des populations diverses, est désormais réservé aux entreprises et aux nouvelles élites sans aucune mixité sociale. Toutefois la municipalité pratique en parallèle une politique sociale qui se traduit par la reconstruction dans les quartiers résidentiels des immeubles collectifs (les « 5 étages ») de très mauvaise qualité dans lesquels logent encore la majorité de la population et qui dataient de l'ère socialiste. Ceux-ci sont remplacés par des immeubles d'un standing correct comportant beaucoup plus d'étages qui contribuent toutefois à accentuer la sévérité du paysage urbain de Moscou[25].
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+ D'un point de vue architectural, jusqu'à l'éclatement de l'Union soviétique, les dirigeants voulaient faire du centre de Moscou la vitrine du monde socialiste en gommant les spécificités russes. Avec le changement de régime, les objectifs s'inversent. Il s'agit désormais de montrer combien Moscou est russe (slogan repris à l'époque « Moscou au cœur de la Russie »). Le nouveau quartier d'affaires Moskva-City, ensemble constitué des gratte-ciel les plus hauts d'Europe, est une concession relativement isolée au mondialisme. De manière convergente avec le pouvoir et l'église orthodoxe, la mairie encourage les réalisations ancrées dans le passé telles que la reconstruction de la cathédrale Saint-Sauveur, des portes de la Résurrection et de l'église de Notre-Dame de Kazan[25]. De nombreuses églises orthodoxes sont également édifiées dans le cadre du programme-200 lancé en 2010 par le patriarcat de Moscou visant à construire 200 églises orthodoxes à Moscou. Les lieux visés sont en particulier les cités dortoirs des quartiers périphériques qui, édifiées durant l'ère socialiste, en sont souvent dépourvues[26],[Note 4]. Il s'agit sans doute moins sur le fond de ramener la population vers la religion que de russifier la ville. Par ailleurs la Russie profonde est évoquée par des constructions en bois dans les parcs (chapelles, mobilier urbain, parc de jeux pour enfants). Les façades historiques sont restaurées parfois de manière un peu criarde. Ces entreprises de recréation du passé se font toutefois sans beaucoup de respect du patrimoine. Il s'agit plus souvent de pastiches, de façadisme. Mais le résultat donne au centre ville une physionomie pimpante[25].
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+ Le réseau routier, qui fait face à une explosion du parc des véhicules de particuliers, est renforcé (construction du Troisième anneau routier de Moscou) ou amélioré (MKAD). Le réseau de transports en commun est étendu mais son évolution peine à suivre la croissance démographique qui fait passer la population de la ville de 9 à 11,5 millions habitants entre 1991 et 2010. Durant cette période, la ceinture verte qui entourait Moscou est progressivement mitée par la multiplication des datchas. L'agglomération déborde de la rocade du MKAD et la population des villes satellites, qui entourent Moscou, croit. Les limites administratives de la ville sont étendues. En 1991 la ville nouvelle de Zelenograd située 37 kilomètres au nord-est du Kremlin, est rattachée à Moscou. En 2012, la ville s'accroit de 1 500 km2 et 230 000 habitants en absorbant les districts de Novomoskovski et Troïtski tous deux situés au sud-est de la ville.
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+ Fin 2013, la mairie de Moscou présente ses objectifs de développement pour les années à venir. Le principal besoin identifié concerne les systèmes de transport. La population intra muros est de 12 millions habitants, mais le nombre de personnes effectivement présentes au quotidien est comprise entre 15 et 20 millions lorsque sont pris en compte les migrants non enregistrés, les travailleurs habitant dans les cités périphériques et les touristes. Par ailleurs la population de Moscou continue de croitre (126 000 nouveaux arrivants officiels pour la seule année 2010). D'ici 2035, il est prévu que quatre millions de nouveaux habitants s'installent à Moscou et que le nombre de déplacements double de volume. Le trafic automobile est une préoccupation particulièrement grave car le parc automobile a doublé entre 2000 et 2012 passant de 2,6 à 4,5 millions de véhicules. Par ailleurs la séparation beaucoup plus nette que par le passé entre les zones d'emplois et les quartiers résidentiels a engendré une forte augmentation des déplacements. Pour traiter ces besoins, la mairie a prévu d'investir 329 milliards de roubles dans les transports en commun et l'infrastructure routière. En 2013, 60 % des déplacements dans les transports en commun sont assurés par le métro de Moscou dont le trafic devrait augmenter de trois millions de passagers par jour. Aussi la mairie prévoit d'accélérer le rythme d'extension de ce réseau en construisant 73 stations d'ici à 2020. La mairie prévoit également d'améliorer les services sociaux par des mesures directes ou indirectes : accès gratuits aux services de santé, assistance aux personnes à faible revenu, âgées ou souffrant de handicaps physiques[27].
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+ Il reste, en 2017, 8 000 immeubles à cinq étages datant de l'époque socialiste et logeant 1,6 millions de Moscovites. La mairie annonce à cette date que ces immeubles vont être démolis et ses habitants relogés dans des immeubles plus confortables. Toutefois les propriétaires des lieux s'inquiètent d'un projet dont le coût (environ 60 milliards d'euros) représente deux années du budget de la mairie et dont l'objectif réel est sans doute la récupération des terrains situés près du centre de Moscou[28].
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+ Moscou n'est pas à l'abri des événements qui secouent la nation et le monde. La ville est secouée au tournant des années 2000 par une vague d'attentats. En septembre 2000, deux immeubles d'habitations sont détruits entraînant la mort de plus de 200 personnes. La ville subit sporadiquement au cours des années suivantes d'autres actes de violence dont la prise d'otages dans un théâtre faisant environ 170 victimes en 2002, des attentats dans le métro en 2004 et 2010 et un attentat-suicide en 2011 à l'aéroport Domodedovo. En 2018, Moscou est l’une des onze villes russes à accueillir la Coupe du Monde de football. Dans la perspective de cet événement plusieurs sites sportifs et d’infrastructure ont été construits dans la ville.
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+ Moscou, « Москва », le nom de la ville, vient de la Moskova[Note 5], la rivière qui la traverse. De nombreuses étymologies ont été proposées, mais le nom est probablement d'origine slave ou balte, et signifierait « humide » ou « détrempé par la neige »[29]. Pierre Lorrain note que les règles de formation des toponymes étant différentes en français et en russe, Moscou est masculin en français, mais féminin en russe. Cette différence de genre grammatical confère à la ville un côté viril - et l'associe à des personnages terribles (comme Ivan le Terrible ou Staline) pour le francophone et féminin et maternel (Матушка Москва, « Maman Moscou »)[Note 6],[30] pour le russophone.
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+ Moscou est une des trois villes d'importance fédérale de Russie. Elle constitue un des 85 sujets de la Fédération de Russie disposant en propre d'un parlement et d'un exécutif élus ainsi que d'une cour constitutionnelle. Elle fait partie du district fédéral central qui comprend également 17 oblasts formant le cœur de la Russie historique et abritant 39 millions habitants.
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+ Le pouvoir législatif, qui élabore les lois et contrôle l'action du pouvoir exécutif, est exercé par une assemblée, la Douma de Moscou, qui comprend 45 membres élus pour une durée de cinq ans. Depuis la création de la Fédération de Russie, le mode d'élection à Moscou a oscillé entre scrutin uninominal et plurinominal. Ce dernier est en vigueur depuis 2014. La Douma élue en 2014 est composée de 28 députés du parti au pouvoir Russie unie, cinq députés du Parti communiste, un député du Rodina (ultra-nationaliste), un député du Parti libéral-démocrate de Russie (ultra-nationaliste libéral) et de dix députés de la liste « Mon Moscou »[31]. Le maire de Moscou est le responsable de l’exécutif de la ville. Il joue le rôle du gouverneur ou du président dans les autres types de sujet. Il est à la tête du gouvernement de Moscou constitué par des maires adjoints et des responsables de département qui sont tous choisis par lui. Le maire de Moscou est élu pour une période de cinq ans par les habitants de la ville. En 2004, la législation avait été modifiée à la demande de Vladimir Poutine pour que les responsables des sujets (dont le maire de Moscou) soient choisis par le chef de l'État mais à la suite de manifestations, Poutine avait renoncé à ce mode de désignation en 2013. Depuis 2010, le maire de Moscou est Sergueï Sobianine. Celui-ci après avoir été choisi par Dmitri Medvedev, a été réélu en 2014 avec une large majorité[32]. La ville de Moscou est divisée en 12 districts administratifs et 125 districts municipaux (rayons).
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+ Selon le recensement de 2010, la population de la ville était de 11 514 330 personnes. Cependant, ce chiffre ne tient compte que des résidents légaux et non pas des immigrés illégaux vivant dans la ville. Les principaux viennent du Caucase (Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie), de l'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan), ainsi que d'Ukraine et de Moldavie. On constate également une augmentation des flux de pays qui n'ont pas appartenu à l'ex-URSS comme de Chine, du Vietnam ou de Corée.
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+ La ville de Moscou est une des rares villes de la Fédération de Russie à connaître une croissance démographique positive, la natalité en 2014 était de 11,4 pour mille, et la mortalité de 9,7 pour mille. L'écart entre les décès et les naissances a été négatif à Moscou entre 1987 et 2010. La natalité est également en hausse rapide et constante : on enregistre 94 271 naissances en 2006 contre environ 70 000 au début des années 2000. Dès 2010, on enregistre plus de 123 142 naissances, grâce, entre autres, à la politique nataliste lancée par le gouvernement. La mortalité a également considérablement baissé et l'espérance de vie est de six ans plus élevée que la moyenne nationale, elle était de 72,96 ans pour les hommes et de 80,36 ans pour les femmes, en 2015, pour une moyenne de 76,77 ans alors que la moyenne nationale au cours de la même année était de 71,39 ans[34].
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+ Le taux de natalité de 11,4 pour mille en 2014 (contre 11,3 pour mille en 2013) est supérieur au taux de mortalité qui était de 9,7 pour mille (contre 9,7 pour mille l'année précédente). Entre janvier-juin 2014, il y eut 65 702 naissances (contre seulement 65 256 l'année précédente) et 58 829 décès (contre 58 809 décès l'année précédente).
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+ La composition sociale de la population de Moscou selon le recensement de 1989 était constituée à 99,6 % d'ouvriers et d'employés[35].
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+ Cinquante religions sont officiellement enregistrées dans la ville mais la population est majoritairement orthodoxe. Les orthodoxes moscovites représentent 500 organisations, plus de 700 édifices religieux (dont 645 en fonction), quatre monastères masculins et cinq monastères féminins. La ville compte aussi une communauté de Vieux Croyants ayant à disposition une douzaine d'églises.
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+ Les Juifs russes, d'environ 80 000 personnes, ont beaucoup souffert de la vague d'émigration vers Israël dans les années 1990 et disposent dans le centre d'une synagogue chorale. La ville comporte également une communauté musulmane constituant entre 10 % et 15 % de la population totale, essentiellement des immigrants originaires de l'ex-URSS. Bien que plus de 80 % d'entre eux n'aient pas la nationalité russe, Moscou compte six mosquées et une vingtaine d'organisations. Il existe plusieurs communautés protestantes, particulièrement dynamiques (notamment les baptistes) avec une quarantaine de lieux de prières. L'Église catholique comporte trois paroisses, dont l'église Saint-Louis-des-Français, construite au début du XIXe siècle.
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+ Comme partout ailleurs en Russie l'appartenance et la pratique religieuse ont énormément augmenté durant la dernière décennie et les chantiers (plus d'une quarantaine à ce jour) de construction d'églises à Moscou sont devenus fréquents, en particulier dans les périphéries, l'exemple le plus marquant étant la reconstruction de la cathédrale du Christ-Sauveur pendant les années 1990.
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+ L'immigration reste un sujet sensible comme partout ailleurs en Russie. L'ancien maire de Moscou, Iouri Loujkov, ayant annoncé pendant son mandat qu'il réduirait le nombre de permis de travail de 800 000 à 500 000. Les expulsions de clandestins devraient par ailleurs se poursuivre. Ce climat agité autour de l'immigration se démontre également par les assassinats et les agressions à caractère raciste toujours plus courants dans la capitale. Moscou comporte également un système de passeport interne qui interdit aux non-résidents de rester dans la capitale plus de 90 jours sans enregistrement auprès des autorités. L'augmentation de la xénophobie dans toutes les couches de la société est avérée par de multiples enquêtes et sondages, ainsi que l'orientation politique vers l'extrême droite d'un nombre croissant de résidents.
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+ Selon le recensement de la population de Moscou effectué en 2010[37], les personnes ayant accepté de déclarer une appartenance ethnique se sont déclarés à 94,6 % Russes 10 530 410 (94,6 %) et pour 5,4% (668 409 ont déclaré une appartenance ethnique différente.
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+ Le secteur des services et de la distribution, stimulé par l'existence d'une importante classe moyenne et supérieure est le plus gros employeur. Moscou est le principal centre financier de la Russie. Les directions et services centraux des grandes banques et des compagnies d'assurance russes sont installées dans la capitale. Moscou était un important centre industriel, mais le recul général du secteur a été renforcé par une décentralisation de certaines industries. Moscou occupe encore une place majeure dans les secteurs de l'aérospatiale, de la défense, de l'électronique et de l'informatique. La ville accueille les bureaux d'études mais les établissements industriels sont souvent installés dans des villes situées immédiatement à la périphérie comme Khimki (Energomach, Lavotchkine, MKB Fakel), Korolev (RKK Energia, Kompozit) ou Dzerjinski. Il n'existe plus, en 2018, qu'une seule usine d'assemblage de véhicules civils détenue par Renault (ex constructeur Moskovitch). Enfin la ville accueille un grand nombre de centres de recherche et de bureaux d'études. Une raffinerie d'une capacité de dix millions de tonnes est implantée à Kapotnia dans la partie sud-est de Moscou.
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+ Galerie marchande du Goum.
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+ Raffinerie à Kapotnia dans la partie sud-est de Moscou.
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+ Escaliers à l'hôtel national à Moscou. Septembre 2018.
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+ Moscou et sa région concentrent près du tiers de l'activité russe, contre environ 10 % de la population. La ville bénéficie de la majorité des investissements étrangers et la croissance y est plus forte qu'au niveau national. Moscou concentre la forte majorité des filiales d'entreprises étrangères établies dans le pays. La quasi-totalité des grandes entreprises y ont leur siège social Un fossé sépare également la ville du reste du pays : le salaire moyen est plus de 3 fois plus élevé à Moscou qu'ailleurs dans le pays. Le chômage y est inexistant et la grande pauvreté faible. Les classes moyennes et aisées sont largement sur-représentées dans la capitale.
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+ Durant l'époque soviétique, les appartements étaient « assignés » aux familles, qui n'en étaient ni propriétaire ni locataire (pas de loyer mais juste des taxes sur les fluides). Chaque famille devait idéalement disposer d'un nombre fixé de mètres carrés par personne (avec quelques régimes de faveur pour certains artistes, scientifiques, héros communistes, etc.), et les appartements étaient assignés en conséquence, ce qui imposait, ou permettait, de changer d'appartement au gré de la taille de la famille. La propriété privée était limitée aux datchas. Depuis 1990 et la chute de l'URSS, les habitants ont eu la possibilité de « privatiser » l'appartement où ils habitaient pour une somme symbolique : sont ainsi apparus des propriétaires et, plus lentement, des locataires. Ceci explique une réalité qui peut être difficile à comprendre en Occident : les propriétaires ne constituent pas forcément une classe plus aisée que les locataires, les premiers ayant pu privatiser leur appartement à peu de frais tandis que les seconds doivent être capables de payer des loyers assez élevés.
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+ L'ancien régime est cependant toujours en vigueur : certaines familles n'ont toujours pas privatisé leur appartement, que ce soit parce que cette privatisation s'accompagne de nouveaux impôts locaux que la frange la plus fragile de la population n'est pas à même de payer, ou bien parce que la nécessité d'obtenir l'accord de toutes les personnes « enregistrées » dans un appartement (c'est-à-dire l'habitant officiellement) pour le privatiser entraîne des conflits. L'État russe fixe assez régulièrement des ultimatums pour forcer à privatiser ces derniers appartements, ultimatums pour l'instant toujours ajournés. Ces prix ont compliqué la vie de beaucoup de Moscovites souhaitant changer de résidence pour déménager dans une autre résidence plus confortable ou simplement plus grande. Cependant la hausse des prix fléchit, notamment en raison du nombre élevé de nouvelles constructions.
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+ En 2006, près de 8,5 millions de Moscovites sont actifs. 1,73 million sont employés par l'État, 4,42 millions par des compagnies privées et deux millions par des petites et moyennes entreprises. Le taux de chômage dans la ville varie, selon les estimations, entre 0,5 % et 1,2 % de la population active. Sur les 74 400 chômeurs recensés en 2006, près de la moitié étaient éligibles pour des indemnités.
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+ Depuis 2006, Moscou est classée comme étant la ville la plus chère au monde pour les expatriés principalement à cause du prix de l'immobilier. La rareté de l'immobilier surtout l'immobilier de standing, le renforcement du rouble et la présence importante des nouveaux millionnaires russes expliquent en partie pourquoi Moscou occupe cette première place. De plus, certains prix sont beaucoup plus élevés pour les étrangers que pour les habitants. Les habitants occupent souvent de petits appartements qui leur ont été donnés gratuitement ou vendus à des prix symboliques durant la période soviétique ou au début des années 1990, ceci s'ajoutant aux prix très faibles des services publics et de l'énergie et à un impôt sur le revenu de seulement 13 %, qui permettent de fortement diminuer le coût global de la vie pour les habitants de la capitale. Ce faible impôt sur le revenu et ces bas coûts du logement et de l'énergie (électricité et gaz) ont comme conséquence principale de faire que la part du revenu pouvant être mis dans la consommation est beaucoup plus élevée qu'en Europe occidentale.
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+ La chute du rouble depuis 2014, sous l'effet de la chute des cours des matières premières, des sanctions européennes et dans une moindre mesure américaines, le ralentissement de la croissance chinoise (surtout en 2014 avec environ 4 % d'augmentation réelle) ont fait baisser les prix, à l'exception de ceux de beaucoup de produits alimentaires qui, eux, ont beaucoup crû en raison de l'embargo russe sur les produits alimentaires européens depuis 2014.
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+ Moscou dispose d'un système de transports et d'un ensemble de voies de communications qui doit faire face aux mouvements d'une quinzaine de millions de résidents auxquels il faut ajouter les travailleurs migrants venus des villes satellites ou de plus loin et les touristes. Capitale d'un état très centralisé, Moscou est la plaque tournante des liaisons ferroviaires (neuf gares terminus) et aériennes (quatre aéroports internationaux, 89 millions de passagers, la moitié du trafic aérien domestique). La desserte de la ville est assurée principalement par le réseau du métro de Moscou (348 km, 206 stations et neuf millions de passagers en jour ouvré), les trains de banlieue (1,4 million de passagers par jour) et une combinaison de lignes de bus, de tramways et de trolleybus (six millions de passagers). Le réseau de transports en commun est en cours d'extension avec l'inauguration d'une ligne ferroviaire circulaire en 2016 et la construction d'une deuxième ligne de métro en rocade (ligne 11) qui devrait s'achever en 2022. L'explosion du nombre de voitures de particuliers postérieure au changement de régime a porté à la saturation le réseau routier malgré la construction de nombreuses routes et rocades[38].
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+ Moscou dispose de neuf gares terminus qui sont chacune dédiées à la desserte de certaines des régions de la Russie et des pays limitrophes. Elles sont implantées près du centre non loin de la ceinture des Jardins qui constituait la limite de la ville à l'époque de leur création (deuxième moitié du XIXe siècle). Leur nom évoque généralement leur destination principale. La gare de Kiev dessert l'Ukraine occidentale et l'Europe du au sud-est tandis que la gare de Koursk dessert l'Ukraine orientale, la Russie du sud, le Caucase et la Crimée. La gare de Leningrad dessert Saint-Pétersbourg au nord, l'Estonie et la Finlande. La Kazan dessert l'Oural et le sud de la Sibérie occidentale. La gare de Paveliets dessert l'Oural et le sud (Samara) tandis que la gare de Iaroslavl dessert la Sibérie, l'extrême orient russe, la Chine et la Mongolie. La Gare de Biélorussie dessert Minsk et les pays d'Europe (Varsovie, Vienne, Berlin, Paris). La gare de Saviolovone dessert que la banlieue. La gare de Riga est la plus petite des gares terminus ne desservant que la banlieue et Riga[39]. De ces gares partent des trains grandes lignes (dalnij) comme le célèbre Transsibérien), des trains de banlieue (prigorodnij) et des lignes desservant des aéroports. Le réseau et les trains sont généralement gérés par la compagnie des chemins de fer russes (RJD) sauf les lignes desservant les aéroports assurées par des sociétés privées. Les banlieues sont desservies par des automotrices électriques de type Elektrichka qui transportent chaque jour 1,7 million de passagers[38].
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+ Le métro de Moscou, dont la première ligne fonctionne depuis 1935, comporte aujourd'hui quatorze lignes et 224 stations, desservant assez uniformément à peu près toute la ville avec une distance moyenne entre stations de 1,79 kilomètre atteignant parfois quatre ou cinq kilomètres. Avec quelque huit à neuf millions de passagers transportés quotidiennement c'est un des métros les plus fréquentés du monde après Tokyo, Pékin, Séoul et Shanghaï. Le réseau long de 364,1 kilomètres comprend onze lignes radiales qui se croisent au centre de la capitale et sont en correspondance avec une ligne circulaire (ligne 5 Koltsevaïa) réalisée au niveau de la Ceinture des Jardins et qui relie entre elles certaines des sept des gares terminus de Moscou. Le métro de Moscou est célèbre pour la décoration de ses stations, dont certaines sont de véritables œuvres d'art (peintures murales, mosaïques, lustres, vitraux, marbres). Les lignes sont généralement souterraines sauf la ligne 7 dont la partie aérienne est plus longue que la partie souterraine. Hormis les lignes 4 et 12 les stations ont une longueur de 162 mètres de long et permettent d'accueillir des rames comprenant huit voitures de longueur standard (19 mètres de long). Les rames circulent sur des voies à écartement large (1 520 mm) et sont alimentées par troisième rail[40].
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+ La construction d'une seconde ligne circulaire à l'extérieur de la ligne 5 est un projet ancien dont les travaux n'ont débuté que dans les années 2010. La ligne Bolchaïa Koltsevaïa (ligne 11 baptisée Grande ligne circulaire) constitue un premier tronçon long de 13,5 km, inauguré en février 2018. L'achèvement de la ligne complète qui comprendra 69 kilomètres et 31 stations dont 18 en correspondance avec l'ensemble des lignes radiales était prévu en 2018 vers 2022. En 2016, a été inaugurée la Ceinture centrale de Moscou (ligne 14), une troisième ligne circulaire réalisée en surface en réutilisant l'infrastructure ferroviaire de l'ancienne petite ligne circulaire ferroviaire de Moscou. Son tracé est parfois intérieur, parfois extérieur à celui de la ligne 11. Longue de 54 kilomètres et comprenant 31 stations elle comprend plusieurs correspondances avec des lignes de banlieue et des lignes de métro. La fréquence de desserte est comprise entre six et quinze minutes[41]. La ville dispose également d'une ligne de monorail de 4,7 kilomètres inaugurée en 2004 desservant un quartier situé au nord dont le démantèlement pour des raisons financières et d'efficacité est envisagé.
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+
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+ Le réseau de tramway de Moscou, ouvert le 7 juillet 1899 a joué un rôle majeur jusqu'à la construction du métro de Moscou puis les lignes ont été progressivement fermées et remplacées par des bus et des trolleybus. En 1934, alors que la population de la ville atteignait quatre millions d'habitants, il transportait quotidiennement, sur un réseau de près de 280 kilomètres, 2,6 millions de personnes. Aujourd'hui le réseau est long d'environ 180 kilomètres. En 2011, il transportait chaque jour environ 214 000 passagers. Le réseau est principalement situé à l'est du centre ville et au nord ouest. Les rames circulent sur des voies à écartement large de 1 524 mm et sont alimentées par caténaire en 550 Volts. Le parc mélange des rames modernes comportant plusieurs voitures et des rames plus anciennes à une seule voiture. Le nombre total de voitures est environ de 900. Le réseau de tramways est géré par Mosgortrans, un établissement public responsable du réseau de bus, de tramways et de trolleybus de Moscou et de la région de Moscou.
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+ Le réseau de surface, desservi par des bus et trolleybus (bus dont les moteurs électriques sont alimentés par caténaire), est très développé et couvre bien la ville. Il comprend 800 lignes (en incluant le tramway) et 12 000 arrêts. Certaines lignes fonctionnent 24 heures sur 24[42]. Il y a également plusieurs gares routières permettant de relier la proche banlieue ou des villes distantes.
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+ En 2017 environ 89 millions de passagers ont transité par les aéroports de Moscou. La capitale dispose de trois aéroports internationaux.
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+ L'aéroport de Cheremetievo situé à une trentaine de kilomètres au nord de Moscou a vu passer quarante millions de passagers en 2017 et se classe au premier rang au niveau national. Il a été inauguré en 1964.
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+ L'aéroport de Domodedovo situé à environ 40 kilomètres au sud-sud-est de Moscou a vu passer 30,7 millions de passagers en 2017.
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+ L'aéroport de Vnoukovo situé à 28 kilomètres au sud-ouest de Moscou a été emprunté en 2017 par dix-huit millions de passagers.
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+ Les trois aéroports sont tous reliés au centre-ville par des trains rapides qui arrivent respectivement aux gares Bielorusskaïa, Paveletskaïa et Kievskaïa.
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+ Un quatrième aéroport, l'aéroport de Moscou-Ramenskoïé/Jukovski situé au sud-est de Moscou non loin de l'ancien aéroport de Bykovo fermé depuis le début des années 2010 d'une capacité théorique de quatre millions de passagers, a été inauguré en 2016.
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+
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+ Le réseau routier est constitué de trois anneaux de périphérique. Le périphérique le plus extérieur, l'autoroute MKAD, a une longueur de 109 km). Des grandes artères radiales souvent très larges (jusqu'à 16 voies) forment un réseau assez peu dense au moins hors du centre. En effet la ville sortie du centre la ville est formée de grands îlots assez verts parsemés de grandes tours d'habitation.
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176
+ Le trafic automobile a connu une explosion spectaculaire depuis la fin des années 1990, créant quotidiennement des bouchons gigantesques. Les autorités de la ville construisent de nouvelles routes pour fluidifier le trafic et réaménagent les grandes artères, comme l'avenue Leninski[43]. Parmi les métropoles mondiales, Moscou était classé en 2018 au deuxième rang après Los Angeles pour le temps passé par ses conducteurs dans les bouchons[44].
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+
178
+ Le canal de Moscou dont l'extrémité sud se trouve à Moscou sur la Moskova permet à des navires de grand gabarit de relier Moscou à la Volga artère fluviale principale de la Russie d'Europe ce qui vaut à la capitale la dénomination de port des cinq mers. Les écluses sur ce canal font toutes 290 mètres de long pour 30 mètres de largeur et permettent d'accueillir des navires ayant 5 mètres de tirant d'eau. En raison du gel hivernal des eaux du canal, la voie n'est navigable que la moitié de l'année. Le canal était autrefois utilisé pour le transport de passagers par des lignes régulières utilisant des hydroptères rapides mais cette activité non rentable a été arrêtée. Désormais le canal est emprunté par des navires d'excursions qui peuvent emmener leurs passagers pour des croisières de plusieurs jours et par des péniches qui transportent des matériaux utilisés sur les chantiers, des containers... À Moscou il y a une gare passagers active, le terminal nord du port de Moscou et deux ports pour la manutention du fret (sud et nord) qui traitent environ 3 millions tonnes par an.
179
+
180
+ Le programme de vélos en libre-service nommé Velobike (3000 vélos sur 300 stations) a été lancé le 1er juin 2013. Il est compatible avec le système de transport public Troika et accessible également aux utilisateurs occasionnels[45]. Moscou dispose également d'un système de voitures en libre-service.
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+
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+ Terminal nord du port de Moscou.
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+ Train à grande vitesse reliant Moscou à Saint-Pétersbourg
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+ Trolleybus
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+ Pendant longtemps, la vue de la ville est dominée par de nombreuses églises orthodoxes. L'aspect de la ville change énormément durant l'époque soviétique, notamment sous l'action de Joseph Staline qui décide de mettre en place une politique de modernisation de la ville à grande échelle. Il fait percer de larges avenues, certaines contenant jusqu'à dix voies et n'hésite pas à détruire un grand nombre d'ouvrages architecturaux d'importance historique, comme la cathédrale de Kazan et la cathédrale du Christ-Sauveur, ces deux cathédrales ayant été reconstruites à l'identique durant les années 2000.
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+ L'architecte Vladimir Choukhov est l'auteur de nombreux bâtiments moscovites durant les premières années de la Russie soviétique. La tour Choukhov est l'une des tours hyperboloïdes qu'il a fait construire entre 1919 et 1922, comme tour de transmission pour la compagnie russe de retransmission. Choukhov a également laissé un héritage à l'architecture constructiviste de la Russie soviétique. Il crée de spacieuses galeries commerciales, et réaménage le Goum sur la place Rouge, à l'architecture raffinée. À l'époque communiste, l'on assista à la construction massive d'ensembles résidentiels collectifs à la périphérie de la ville, comme partout ailleurs en Europe de l’Est.
191
+
192
+ Les gratte-ciel staliniens sont des éléments importants du paysage et un signe distinctif de la ville, ainsi que des témoins de l'urbanisme du temps du communisme triomphant. L'hôtel Moskva offre une façade asymétrique : deux projets différents auraient été proposés sur une même feuille à Staline et celui-ci aurait signé le document sans préciser lequel il préférait. Par crainte, le bâtiment aurait été construit en reprenant la moitié de chaque projet. Seule la façade du nouveau bâtiment donnant sur la place des Théâtres changera d'aspect.
193
+
194
+ Les églises orthodoxes ont cependant bien résisté à la vague de destruction du communisme et sont toujours visibles aujourd'hui et parsèment le cœur historique de la ville. De plus, de nouvelles églises ont été construites après la chute du communisme ou sont encore aujourd'hui en chantier. Le quartier de l'ancien Arbat et les ruelles de la rue Tverskaïa sont des exemples d'architectures impériale ou bourgeoise. Moscou comporte également nombre de palais de l'aristocratie impériale qui sont aujourd'hui rénovés et ouverts à la visite. Ils attirent de nombreux touristes, moscovites et étrangers. La rénovation de l'architecture pré-communiste est un élément important de la politique urbaine d'aujourd'hui, afin de redonner tout son éclat au centre historique de la ville.
195
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+ La rue Tverskaïa est l'avenue principale de la ville.
197
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198
+ Le Kremlin de Moscou, situé au centre géographique et historique de Moscou, est la partie la plus ancienne de la ville qui forme avec la Place Rouge un ensemble architectural remarquable inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1990. A compter du XIIIe le Kremlin est la résidence officielle du pouvoir suprême, le centre de la vie séculaire et spirituelle de l’État russe. Les murs en pierre et les tours érigés entre 1485 et 1516 et conservées jusqu'à aujourd'hui en font une des plus importantes fortifications d’Europe à cette époque. Le Kremlin comprend un ensemble de monuments religieux de grande qualité qui sont regroupées sur la place des Cathédrales et qui ont été presque toute conçues par des architectes italiens invités, comme le révèle clairement le style architectural[46] :
199
+
200
+ Parmi les plus anciens édifices du Kremlin de Moscou figurent également plusieurs édifices civils. Le Palais à Facettes (1487–1491) est le plus remarquable. Les architectes italiens Marco Ruffo et Pietro Antonio Solari le construisirent comme un grand hall pour la tenue de cérémonies et des célébrations d’État et pour la réception des ambassadeurs étrangers. La construction civile la plus notable du XVIIe siècle construite par des maîtres russes est le Palais des Térems[46].
201
+
202
+ La Place Rouge, étroitement liée au Kremlin, s’étend au pied de son mur est. À l’extrémité sud se trouve la cathédrale Pokrovski (cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux), un des monuments les plus magnifiques de l’architecture russe traditionnelle. Elle a été érigée entre 1555 et 1560 pour commémorer la victoire d’Ivan le Terrible sur la Khanat de Kazan. Au XVIIe siècle, la cathédrale prend son apparence actuelle avec le revêtement décoratif de ses dômes et les peintures qui ornent l’intérieur et l’extérieur de la cathédrale. La construction de la place Rouge fut achevée au XIXe siècle avec l’érection du Musée historique impérial (aujourd’hui Musée historique d’État) ; les Galeries marchandes supérieures (GOUM) et les Moyennes galeries commerciales. En 1929 fut achevé le Mausolée de Lénine, conçu par Alexeï Chtchoussev, exemple remarquable de l’architecture monumentale soviétique[46].
203
+
204
+ Deux autres monuments de Moscou sont inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco. L'ensemble du couvent Novodievitchi faisait partie d’un ensemble monastique s’inscrivant dans le système de défense de la ville. Le couvent a été directement associé à l’histoire politique, culturelle et religieuse de la Russie, et plus étroitement encore au Kremlin de Moscou. Il était fréquenté par des femmes de la famille du tsar et de l’aristocratie. Des membres de la famille et de l’entourage du tsar reposent dans son cimetière. Le couvent offre un des exemples les plus brillants de l’architecture russe, avec ses intérieurs richement ornés et une vaste collection de peintures et d’objets précieux[47]. L'Église de l'Ascension à Kolomenskoïe construite en 1532 dans le domaine impérial de Kolomenskoïe, à proximité de Moscou, pour célébrer la naissance de celui qui devait devenir Ivan le Terrible. C'est l'un des premiers exemples d'églises traditionnelles à toits en pavillon sur une structure de pierre et de brique et elle a eu une grande influence sur le développement de l'architecture religieuse russe[48].
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206
+ La Moskova gelée devant le Kremlin.
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208
+ Le couvent de Novodievitchi en été.
209
+
210
+ Le palais du Kremlin photographié de nuit
211
+
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+ Intérieur de l'église Notre-Dame de l'icône d'Iveron à Vspolie à Moscou, août 2018.
213
+
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+ Il y a 96 parcs et 18 jardins à Moscou, dont quatre jardins botaniques. Au total, les espaces verts représentent 450 km2, sans compter plus de 100 km2 de forêt. Si on la compare aux villes de même taille d'Europe de l’Ouest ou d'Amérique, Moscou est une ville relativement riche en verdure. Chaque Moscovite dispose en moyenne de 27 m2, contre 6 à Paris, 8,6 à New York et 7,5 à Londres. On trouve souvent dans les parcs de Moscou des statues de personnalités du pays : Nicolas Gogol et Alexandre Pouchkine font ainsi partie des nombreuses personnes immortalisées dans les espaces verts de Moscou. La quasi-totalité des statues de personnalités de l'ère soviétique ont disparu. Beaucoup ont été regroupées dans le parc des Statues sur les bords de la Moskova, non loin du centre.
215
+
216
+ Le zoo de Moscou est le domicile de presque un millier d'espèces et de plus de 6 500 spécimens. C'est une attraction très prisée qui accueille chaque année plus de 1,2 million de visiteurs adultes.
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218
+ Porte principale du parc Gorki.
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220
+ Bâtiment principal du Jardin botanique de Moscou.
221
+
222
+ Moskva City est le quartier d'affaires de la ville. Il est situé hors du centre historique, dans le district de Presnenski. La zone de Moskva City connaît un développement intense. Le projet fut initialement conçu en 1992 et vise à développer une zone économique et un nouveau quartier d'habitations. La taille de la zone est d'un kilomètre carré. Cette zone est la seule pouvant accueillir un tel projet de grande échelle, car elle n'abritait que des usines et de vieux complexes industriels. La tour de la Fédération achevée en 2017 et qui est la plus haute tour d'Europe (373 mètres). Elle devait être dépassée par la tour de Russie, dont la hauteur devait atteindre pratiquement 650 mètres, mais la construction de cette tour s'est arrêtée le 6 avril 2009, à cause de la crise économique. Le complexe inclut également de nombreux autres gratte-ciel de verre, des centres commerciaux, un centre aquatique ainsi que d'autres centres récréatifs. Le centre abrite également l'immeuble de l'administration de Moscou, ainsi que des tours résidentielles de haut standing. Quatre nouvelles stations de métro relient ce quartier au reste de la ville. Il est prévu d'en construire d'autres, ainsi qu'une ligne directe jusqu'à l'aéroport international Cheremetievo.
223
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224
+ Dans l'oblast de Moscou, une part toujours plus importante de logements neufs est occupée par les maisons individuelles (très rares à Moscou) qui fleurissent dans des zones autrefois boisées et des complexes d'appartements dans les limites de la ville même. Les grues sont visibles partout dans la ville et l'on construit, en plus des logements, toujours plus de centres commerciaux, complexes sportifs et récréatifs et des bureaux. La rénovation est également un phénomène qui touche toutes les parties de la ville : dans la périphérie l'on rénove toujours plus de quartiers datant de l'ère communiste.
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226
+ La ville de Moscou abrite de nombreuses universités et instituts d'études supérieures et près d'un million d'étudiants y suivent des cours[49].
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+ Parmi les autres établissements supérieurs remarquables figure l'École des hautes études en sciences économiques créée en 1992 qui est la plus reconnue des institutions apparues après le changement de régime dans le but de former des cadres adaptés à l'économie de marché. La Première Université de médecine Ivan Setchenov de Moscou est la principale faculté de médecine de la ville. L'université russe de l'Amitié des Peuples (URAP) est une université créée en 1960 pour former des cadres des pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine dans le contexte de la décolonisation et de la lutte d'influence avec les États-Unis avec en toile de fond la Guerre froide. L'Académie militaire des forces armées de la Fédération de Russie est l'école de formation des officiers supérieurs de l'armée russe.
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230
+ Moscou concentre de nombreux institutions et établissements tournés vers la recherche d'envergure nationale. La ville héberge notamment l'Académie des sciences de Russie, l'Institut Kourtchatov (équivalent du CEA français), l'Institut de physique théorique et expérimentale, l'Institut de mathématiques Steklov et l'Institut de recherche spatiale de l'Académie des sciences de Russie. La ville dispose d'un réseau de plusieurs centaines de bibliothèques publiques. La Bibliothèque d'État de Russie, créée en 1862, héberge les œuvres fournies au titre du dépôt légal. Elle conserve 17,5 millions de volumes et 25 millions articles de différentes natures (magazines, journaux, estampes et photographies, microfiches, thèses…
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+
232
+ Moscou est une ville dynamique où la culture occupe une place privilégiée. La ville offre ainsi de nombreux spectacles, ballets et pièces de théâtre ainsi que plusieurs musées mondialement connus comme la galerie Tretiakov (art russe), le musée Pouchkine (beaux-arts), le Bolchoï ou encore le palais des Armures (arts décoratifs).
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+ Les musées et galeries moscovites mondialement reconnus ainsi que leurs collections, font partie des plus grands et importants musées du monde. Les expositions artistiques, qu'il s'agisse de l'art classique ou moderne, y sont très fréquentes, comme à l'époque ayant précédé la période révolutionnaire. Elles regroupent toutes les branches artistiques : la peinture, la photographie, la sculpture…
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+ L'un des musées les plus célèbres de Moscou est la Galerie Tretiakov (Государственная Третьяковская галерея), fondée par Pavel Mikhaïlovitch Tretiakov, un riche philanthrope qui fit don de son importante collection personnelle à la ville. La Galerie Tretiakov est actuellement scindée en deux bâtiments : l'Ancien Tretiakov, la galerie originelle située dans le quartier Tretiakovskaïa, sur la rive sud de la Moskova, abrite les ouvrages traditionnels russes. On peut y trouver les travaux de célèbres peintres pré-révolutionnaires, comme Ilia Répine, ainsi que des icônes de l'ancienne Russie. Les visiteurs peuvent même y voir de précieux originaux de l'iconographe du XVe siècle Andreï Roublev. Le Nouveau Tretiakov, créé durant la période soviétique, contient principalement des œuvres d'artistes soviétiques, ainsi que celles de quelques artistes contemporains, mais la chronologie des deux galeries se chevauche au début du XXe siècle. La nouvelle galerie inclut une reconstitution du célèbre Monument à la Troisième Internationale de Vladimir Tatline et un mélange de travaux d'artistes d'avant-garde tels que Kasimir Malevitch et Wassily Kandinsky. Des éléments du réalisme socialiste peuvent également être aperçus dans cette nouvelle galerie.
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+ Un autre musée moscovite important est le musée des beaux-arts Pouchkine (Государственный музей изобразительных искусств имени А. С. Пушкина), qui fut fondé entre autres par le père de la poétesse Marina Tsvetaeva. Le Musée Pouchkine ressemble au British Museum de Londres dans la mesure où ses salles sont un croisement des civilisations du monde, riches de nombreuses fontes de plâtre d'anciennes sculptures. Cependant, il abrite également des peintures célèbres de toutes les ères de l'art occidental et on y trouve aussi bien des œuvres de Claude Monet ou Paul Cézanne que celles de Pablo Picasso. Les musées du palais de Tsaritsyno ont ouvert en 2007 et le grand palais de Tsaritsyno a pour objectif de devenir un grand musée d'art international.
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+ Le Musée historique d'État de Russie (Государственный Исторический музей) est un musée d'histoire russe situé entre la Place Rouge et la Place du Manège à Moscou. Ses expositions sont de nature variable, des reliques de tribus préhistoriques ayant vécu dans la Russie actuelle à des dessins d'une valeur inestimable acquis par les membres de la dynastie des Romanov. Le nombre total d'objets appartenant à la collection du musée est de l'ordre de plusieurs millions.
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+ Le Musée Polytechnique (Политехнический музей) fondé en 1872 est le plus grand musée technique de Russie, et expose une vaste étendue d'inventions historiques et technologiques, incluant des automates humanoïdes du XVIIIe siècle et les premiers ordinateurs soviétiques. Il contient plus de 160 000 objets. Le Musée mémorial de l'astronautique est consacré au programme spatial russe et soviétique qui dominé le début de l'ère spatiale avec des sections consacrés aux programmes spatiaux des autres nations. Il est installé dans le socle du monument des Conquérants de l'Espace.
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+ Le Musée-Panorama Borodino, situé sur l'avenue Koutouzov permet aux visiteurs de vivre l'expérience d'un champ de bataille grâce à un diorama de 360°. Il fait partie de l'immense mémorial historique commémorant la victoire de la Guerre Patriotique de 1812 face à l'armée napoléonienne, qui inclut également l'Arc de Triomphe érigé en 1827.
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+ Les arts du spectacle sont bien représentés à Moscou. La ville est réputées pour ses représentations de ballet, ses concerts de musique symphonique et sa vie théâtrale. La ville dispose de 93 théâtres, 132 salles de cinémas et 24 salles de concert.
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+ Parmi les nombreux théâtres et ballets moscovites, on trouve notamment le Théâtre Bolchoï (en russe, Grand Théâtre) et le Théâtre Maly (Petit Théâtre), ainsi que le théâtre Vakhtangov et le Théâtre d'art de Moscou (Московский Художественный Академический Театр). Les répertoires d'une saison typique à Moscou couvrent un large spectre musical et les interprétations modernes d'œuvres classiques, qu'il s'agisse d'opéra ou de théâtre, sont fréquemment à l'affiche. La Salle de concert Rossiya (Государственный центральный концертный зал « Россия »), connue pour ses ballets et ses représentations, était un lieu de concerts fréquents de pop-stars comme Alla Pougatcheva et se trouvait à l'hôtel Rossiya, le plus grand hôtel d'Europe, aujourd'hui démoli. Une nouvelle salle de concert doit être inaugurée au même emplacement mais au milieu du Parc Zariadié.
249
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+ Moscou possède plusieurs orchestres symphoniques de renom, au premier rang desquels l'Orchestre philharmonique de Moscou et l'Orchestre national de Russie. On peut également citer l'Orchestre symphonique Tchaïkovski de la Radio de Moscou, l'Orchestre symphonique de la fédération de Russie et l'Orchestre symphonique Capella de l'État de Russie. Le Centre International des Arts du Spectacle de Moscou, ouvert en 2003, aussi connu sous le nom de Maison Internationale de la Musique de Moscou (Московский международный Дом музыки), est réputé pour ses spectacles de musique classique. Il possède également le plus grand orgue de Russie, installé dans la salle Svetlanov.
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252
+ La ville de Moscou comporte également deux grands cirques dont les artistes sont connus sur la scène internationale sous l'appellation cirque de Moscou : il s'agit du Grand cirque d’État de Moscou et du Cirque Nikouline, le plus ancien, qui comportait dans ses rangs le célèbre acteur et clown Youri Nikouline.
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254
+ L'industrie du cinéma soviétique fait partie intégrante de l'histoire du film et le studio Mosfilm a produit de nombreux films classiques soviétiques artistiques ou d'une veine plus populaire. Toutefois, malgré la présence continue et la réputation de cinéastes russes reconnus sur le plan international, les studios autrefois prolifiques se sont faits plus discrets. Les films historiques rares sont projetés au cinéma Salut (films de la collection du Musée du Cinéma).
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+ La ville dispose de quatre grands stades principalement utilisés pour les compétitions de football. Le stade Loujniki est le plus grand stade du pays. Sa capacité est de 81 000 spectateurs. Il dispose de 102 loges pour les spectateurs VIP, 2 000 places pour la presse et 300 places pour les personnes handicapées. La reconstruction du stade a couté 24 milliards roubles[51]. Le stade Spartak (Otkrytie Arena), inauguré en 2017; compte 45 360 places et constitue le stade à domicile du club de football FK Spartak Moscou. Il a été construit dans le cadre d’un projet urbain de développement sur l'emplacement de l’ancien aéroport de Touchino qui comprend également des sites commerciaux et publics d’affaires, des centres de culture physique et de santé, des courts de tennis, des palais des sports aquatiques et des sports de glace, des jardins d’enfants et écoles, des polycliniques et aussi des de création[52]. La ville comprend deux autres grands stades : Stade Lokomotiv et Stade Dynamo.
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+ La ville compte plusieurs des grandes équipes de sport collectif du pays.
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+ Clubs de football : CSKA Moscou, FK Dynamo Moscou, Lokomotiv Moscou, FK Spartak Moscou, FK Moscou, Torpedo Moscou.
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+
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+ Clubs de volley-ball : CSKA Moscou (volley-ball masculin), Dynamo Moscou (volley-ball masculin), MGTU Moscou (volley-ball masculin), Dynamo Moscou (volley-ball féminin), CSKA Moscou (volley-ball féminin).
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+
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+ Clubs de basket-ball : CSKA Moscou (basket-ball), MBK Dynamo Moscou, ŽBK Dynamo Moscou.
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+
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+ Clubs de hockey sur glace : CSKA Moscou (hockey sur glace), Dynamo Moscou (hockey sur glace), HC Spartak Moscou.
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+
268
+ Palais des sports Krylatskoïe stade à domicile des équipes féminine et masculine de basketball du MBK Dynamo Moscou.
269
+
270
+ RZD Arena stade à domicile de l'équipe de football Lokomotiv Moscou.
271
+
272
+ En 1980, Moscou a accueilli les Jeux olympiques d'été, mais les régates ont lieu à Tallinn. En 2018, la ville accueille 12 matchs de la Coupe du Monde de football de 2018 dont la finale au Stade Loujniki. L'Otkrytie Arena a également accueilli 5 matchs de la compétition[53].
273
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274
+ Moscou est jumelée[réf. nécessaire] avec :
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+ Alexandre Pouchkine Poète et romancier (1799-1837).
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+ Fiodor Dostoïevsky Romancier (1821-1881).
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280
+ Pierre le Grand.
281
+
282
+ Alexandre Souvorov Militaire (1730-1800).
283
+
284
+ Mikhail Lermontov Poète et romancier (1814-1841.
285
+
286
+ Ivan III de Russie Tsar.
287
+
288
+ Dmitri Donskoï Grand prince de Moscou (1350-1389).
289
+
290
+ Anne de Russie Tsarine.
291
+
292
+ Michel Ier Tsar.
293
+
294
+ Alexandre II Tsar.
295
+
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+ Constantin Stanislavski Comédien et professeur d'art dramatique (1863-1938).
297
+
298
+ Vladimir Vyssotski Chanteur (1938-1980).
299
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300
+ Sofia Kovalevskaïa Mathématicienne (1850-1891).
301
+
302
+ Boris Pasternak Écrivain (1890-1960).
303
+
304
+ Marina Tsvetaeva Poétesse (1892-1941).
305
+
306
+ Alexandre Herzen Essayiste (1812-1870).
307
+
308
+ Vera Menchik Joueuse d'échecs (1906-1944).
309
+
310
+ Andreï Mironov Acteur (1941-1987).
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+
312
+ Alla Pougatcheva Chanteuse (1949-).
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+
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+ Vitaly Ginzburg Physicien (1916 - 2009).
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+
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+ Sergey Brin (1973-) Cofondateur de Google.
317
+
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+ Maïa Plissetskaïa Ballerine (1925-2015).
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+
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+ Lev Yashin Joueur de football (1929-1990).
321
+
322
+ Andrei Sakharov Physicien (1921-1989).
323
+
324
+ Serguei Lavrov Homme politique (1950-).
325
+
326
+ Marat Safine Joueur de tennis (1980-).
327
+
328
+ Vassili Kandinsky Peintre (1866-1944).
329
+
330
+ Alexandre Scriabine Pianiste et compositeur (1871-1915).
331
+
332
+ Alexandre Alekhine Joueur d'échecs (1892-1946).
333
+
334
+ Serguei Mikhalkov Poète et écrivain (1913-2009).
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+
336
+ Boulat Okoudjava auteur-compositeur-interprète (1924-1997).
337
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338
+ Evgueni Leonov Acteur (1926-1994).
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+ Lioudmila Zykina Chanteuse (1929-2009).
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+ La Moselle (prononcé /mo.zɛl/ Écouter) est un département français de la région Grand Est ; il fait historiquement et culturellement partie de la Lorraine ; l'Insee et La Poste lui attribuent le code 57.
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+ Ce territoire doit son nom à la rivière de la Moselle, un affluent du Rhin, qui le traverse dans sa partie ouest et arrose Metz, son chef-lieu. Situé en Europe rhénane, il est frontalier avec le Luxembourg et l'Allemagne avec qui il entretient plusieurs liens au sein de la Grande Région. C'est le 23e département le plus peuplé de France en 2017 avec ses 1 043 522 habitants, appelés les Mosellans, qui sont répartis dans 725 communes.
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+ Créé en 1790 à partir de la principauté épiscopale de Metz et des provinces de Lorraine et de Bar[n 1], ce département a une histoire complexe due aux diverses modifications de sa frontière nord entre 1790 et 1829[n 2], ainsi qu'à cause de ses deux annexions à l'Allemagne[n 3]. La première annexion est à l'origine d'un énième changement de son territoire[n 4] et de plusieurs particularismes sociaux, culturels et législatifs[n 5] qui sont toujours en vigueur au XXIe siècle.
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+ Le territoire de la Moselle est délimité à l'ouest et au sud par le département de Meurthe-et-Moselle, ainsi qu'à l'est par celui du Bas-Rhin. Au nord, le département est délimité par le Grand-duché de Luxembourg et par la République Fédérale d'Allemagne (Länder de Sarre et de Rhénanie-Palatinat).
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+ Le département mosellan est fortement marqué par sa géographie frontalière, entièrement tournée vers le bassin rhénan. Voisine du Luxembourg et de l'Allemagne, la Moselle figure parmi les quatre départements de France métropolitaine qui cumulent une frontière avec deux pays étrangers (à l'instar de la Haute-Savoie, de la Meurthe-et-Moselle et du Haut-Rhin). Concernant les régions étrangères, la Moselle fait limite avec le Land de Sarre (2/3 des frontières mosellanes) ainsi qu'avec le Land de Rheinland-Pfalz. Elle constitue également les quatre cinquièmes de la frontière franco-luxembourgeoise. La Moselle représentait à elle seule les trois quarts des frontières extérieures de l'ancienne région de Lorraine. Au niveau européen, la Moselle fait partie de la Grande Région et de l'Eurodistrict SaarMoselle (pour une partie du département).
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+ Par ailleurs, la grande majorité de la population mosellane se trouve à moins de 50 kilomètres des frontières (distance à l'intérieur de laquelle une population est généralement qualifiée de « frontalière »). Le cas du village franco-allemand de Leiding/Leidingen est particulier : les limites entre les deux états-nations passent au milieu de la rue. Enfin, les frontières mosellanes ont une dimension culturelle spécifique : elles se font avec deux langues, le luxembourgeois et l'Allemand, dont les variétés dialectales sont historiquement présentes dans environ la moitié du département. Cette particularité renvoie au bilinguisme historique complexe qui existe en Moselle depuis une quinzaine de siècles.
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+ La région, couloir d'invasion depuis l'Antiquité, est longtemps restée une marche, entre Alsace et Nord, relativement pauvre jusqu'au XIXe siècle, et donc peu urbanisée et peu peuplée.
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+ Dans sa partie occidentale, le paysage est celui d'un plateau avec un mélange de terres agricoles et de collines boisées de faible altitude. Dans la partie orientale, le paysage est progressivement marqué par la forêt et un caractère plus montagnard, en tant que partie mosellane du massif des Vosges et des Vosges du Nord. Le point culminant de la Moselle est le Grossmann (986 m)
18
+
19
+ L'environnement y a d'abord souffert de l'industrialisation lourde liée aux gisements de fer de Lorraine, qui a artificialisé les vallées et bords de cours d'eau. Les industriels ont créé dans les vallées de vastes emprises foncières en achetant des terres aux agriculteurs et en profitant d'un droit d'eau qui était en France avantageux pour les riverains.
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+ Les questions de dégradation de l'environnement sont devenues politiques dès la fin du XIXe siècle. Elles ont ensuite fait l'objet d'une sorte de consensus (la pollution étant une sorte de rançon acceptée de l'acier, gage de prospérité locale jusque dans les années 1960 avec la fragilisation de l'industrie métallurgique), selon R. Garcier[2].
22
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23
+ Le climat en Moselle est océanique dégradé ou atténué à influence semi-continentale. Les saisons sont contrastées et bien marquées mais en fonction des vents dominants peuvent se succéder du jour au lendemain des périodes de précipitations (influence océanique) ou de forte amplitude thermique (influence continentale).
24
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25
+ Intégralement situé sur le bassin versant du Rhin, le département est géographiquement organisé autour des vallées de la Moselle et de la Sarre. Cependant, l’extrême est du département, c'est-à-dire le pays de Phalsbourg et la haute vallée de la Zorn, ainsi que l'est du pays de Bitche sont directement reliés au Rhin, donc sans lien avec le bassin Sarre-Moselle.
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+ Cours d'eau principaux : la Moselle, la Sarre, la Seille, la Nied (dont l'allemande et la française), l'Orne, la Fensch, la Canner, le Conroy, la Zinsel du Nord, la Zorn.
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+ La Moselle est l'un des 83 départements conçus à la Révolution française, le 4 mars 1790 en application de la loi du 22 décembre 1789, à partir notamment de la partie nord de la province de Lorraine et d'une partie de la province du Barrois, ainsi que de la principauté épiscopale de Metz. L'un de ses premiers préfets est le comte de Vaublanc, de 1805 à 1814. Le département est alors divisé en quatre arrondissements : Metz (chef-lieu du département), Briey, Sarreguemines et Thionville.
30
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31
+ Il connaît plusieurs rectifications de frontière jusqu'à la convention d'octobre 1829. D'autre part, trois de ses communes sont rattachées au Bas-Rhin : Bouquenom[3] et Sarrewerden[4] en novembre 1793[n 6], ainsi qu'Obersteinbach en 1833[5].
32
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33
+ Conformément au traité de Paris de 1814, la Moselle perd au profit de la Prusse le canton de Tholey ainsi que sept communes du canton de Sierck-les-Bains[6]. L'année suivante, dans le cadre d'un autre traité de Paris, les cantons de Relling et de Sarrelouis sont partiellement cédés aux Prussiens ; certains des villages et hameaux concernés redeviennent français en 1829[7].
34
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35
+ Le 10 mai 1871, ce département est rayé de la carte à la suite du traité de Francfort, celui-ci ayant pour origine une défaite militaire contre les Allemands. À la suite de cette défaite, la création de l'Empire allemand fut proclamé le 18 janvier précédent, dans la galerie des glaces du château de Versailles. La nouvelle Allemagne annexe la plus grande partie du département, ainsi qu'une part du département de la Meurthe et des Vosges[8]. Seul l'extrême-ouest de la Moselle, correspondant à l'actuel arrondissement de Briey, reste français et forme avec les arrondissements du département de la Meurthe restés français, le nouveau département de Meurthe-et-Moselle. Les territoires devenus alors allemands comprennent non seulement la partie germanophone de la Lorraine[n 7], territoire dans lequel les habitants parlent le francique lorrain, ou Platt, mais aussi des régions où l'on parle français, comme le Pays messin et la majeure partie du Saulnois. Les arrondissements existants depuis 1800 sont redécoupés[n 8], et l'on crée le Bezirk Lothringen, ou district de Lorraine, correspondant à l'actuel département de la Moselle. Il forme alors, avec l'Alsace, le Reichsland Elsaß-Lothringen, avec Strasbourg pour chef-lieu.
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+ De là est né le mythe des « provinces perdues », correspondant en fait à cette nouvelle terre d’Empire, ou Reichsgebiet, dont les traces subsistent dans le statut particulier de l'Alsace-Moselle. L'esprit de revanche, que nourrissait la perte de la Lorraine et de l'Alsace au sein de la population française et de sa classe politique, exalte en France un sentiment profondément germanophobe[9], propice aux velléités guerrières de la France. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, les Mosellans sont incorporés dans les troupes allemandes. Entre 1914 et 1918, si 18 000 Alsaciens et Mosellans s'engagent dans l'Armée française, 380 000 Alsaciens-Lorrains, soit plus de 95 % des conscrits, nés Allemands se battent pour l'Empire allemand jusqu’à la fin de la guerre. Pour éviter les désertions, la plupart sont envoyés sur le front Russe.[10]. Leurs tombes sont aujourd'hui entretenues par le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge. Ceci explique la spécificité des monuments aux morts du département, qui ne portent souvent que l'inscription lapidaire « À nos morts », en lieu et place du traditionnel « Morts pour la France ».
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+ Entre l'armistice du 11 novembre 1918 et la promulgation du traité de Versailles le 10 janvier 1920, la Moselle est, juridiquement, un territoire sous occupation de l'armée française. Quand en 1919, le traité de Versailles rend à la France les territoires lorrains perdus, on ne reconstitue pas les anciens départements, mais le « Bezirk Lothringen » devient le « Département de la Moselle », conservant les anciens arrondissements de Boulay-Moselle, Forbach, Metz, Sarreguemines et Thionville et ceux de Château-Salins et Sarrebourg, qui avant 1871, appartenaient à la Meurthe. Le département de Meurthe-et-Moselle reste de ce fait inchangé, conservant l'arrondissement « mosellan » de Briey.
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+ Dans l'entre-deux-guerres, la Moselle reste traumatisée par les déchirures de la guerre et les dommages collatéraux des nationalismes.
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+ Les intellectuels mosellans réagissent diversement au rattachement de la Moselle à la France. L'avocat Robert Schuman se montre conciliateur et recherche une synthèse entre le sentiment d'appartenance à la nation et les nombreuses spécificités alsaciennes-mosellanes. Il sera notamment l'un des architectes du Droit Local d'Alsace et de Moselle. D'autres par contre s’engagent sur la voie d’un nationalisme pro-français, revanchard et cocardier. D’autres s’engagent sur la voie antagoniste d’un nationalisme pro-allemand, tout aussi vindicatif et belliqueux. D’autres enfin, comme Adrienne Thomas[11], Polly Maria Höfler (1907-1952), Ernst Mungenast ou Alfred Pellon[12], hésitent entre un pacifisme sincère, mais naïf, et un régionalisme culturel identitaire[13]. Ces mouvements, plus ou moins autonomistes, seront ensuite largement exploités par les nazis[14]. Ce combat identitaire, souvent mené par des intellectuels idéalistes, qui s’inscrit parmi des courants de sensibilité à l’œuvre dans l’Europe entière, traduit aussi une crise d’identité propre à l’ensemble des Alsaciens-Lorrains[15].
44
+
45
+ La Moselle est touchée par la Seconde Guerre mondiale, dès la déclaration de guerre le 3 septembre 1939 : près de 30 % du territoire de la Moselle se trouve entre la Ligne Maginot et la frontière franco-allemande[16]. 302 732 personnes, soit 45 % de la population du département, sont évacuées pendant le mois de septembre 1939 vers des départements du Centre et de l'Ouest de la France, essentiellement la Charente, la Charente inférieure, la Vienne, la Haute-Vienne et enfin la Haute-Loire qui accueillent les mineurs[17]. L'ordre d'évacuation pour les villages frontaliers comme Oberdorff a été donné dès le 1er septembre[18]. Parmi les quelque 300 000 évacués, 200 000 reviendront après la défaite[19].
46
+
47
+ Au cours de la Seconde Guerre mondiale, malgré l'armistice du 22 juin 1940, la Moselle est à nouveau annexée, en juillet de la même année, par l'Allemagne nazie. Elle n'est pas réunie à l'Alsace, qui subit le même sort, mais intégrée au Gau Westmark, la "Marche de l'Ouest", comprenant aussi la Sarre et le Palatinat, Sarrebruck en était le chef-lieu. L'importance de la population francophone en Moselle, ou tout simplement francophile, amène le Gauleiter Bürckel à procéder à des expulsions massives vers la France. L'évêque de Metz, Joseph-Jean Heintz, expulsé dès le mois d'août, en est un bon exemple. Moins bien traités que les Alsaciens, les Lorrains expulsés se félicitèrent bientôt de leur destin quand, en 1942, les jeunes Mosellans restés ou retournés au pays furent soumis à l'incorporation de force dans les armées allemandes.
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+ Comme dans le reste de la France, plusieurs types de résistance à l'annexion virent le jour, prenant parfois la forme de groupes organisés et structurés, comme le Groupe Mario, animé par Jean Burger, ou le Groupe Derhan. Au cours de ces années noires, plus de dix mille Mosellans furent déportés dans des camps, notamment dans les Sudètes, pour s'être opposés publiquement à l'annexion en janvier 1943[20]. Si des villages lorrains furent libérés dès le début de septembre 1944, au début de la Bataille de Metz, la ville elle-même ne fut libérée que le 21 novembre et il fallut attendre le mois de mars 1945 pour voir les combats cesser dans le nord-est du département.
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+ Le bilan matériel de la guerre est très lourd en Moselle. À partir du printemps 1944, les bombardiers américains se sont succédé par vagues au-dessus de la Moselle, faisant d’énormes dégâts collatéraux. Si les populations civiles furent durement touchées, les dégâts matériels furent plus grands encore[n 9]. Les dévastations sont généralisées dans la vallée de la Seille, entre Dieuze et Metz, et au nord d'une ligne Forbach-Bitche. 23 % des communes de la Moselle furent détruites à plus de 50 %, et 8 % des communes le furent à plus de 75 %[21]. Dans la seule journée du 9 novembre 1944, un total de 1 299 bombardiers lourds B-17 et B-24 déversèrent 3 753 tonnes de bombes, de 1 000 à 2 000 livres, sur les ouvrages fortifiés de la Moselstellung et les points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée[22]. Ce funeste ballet aérien ne prendra fin, au-dessus de la Moselle, qu’en mars 1945, lorsque le département sera entièrement libéré.
52
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+ À l'instar du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, le département de la Moselle dispose depuis 1919 d'un droit local spécifique : le droit local Alsacien-Mosellan. Héritier à la fois de lois napoléoniennes et de lois allemandes de l'époque du Reichsland Elsaß-Lothringen, ce dernier concerne notamment les cultes (concordat Alsacien-Mosellan), le remboursement des dépenses de santé, l'aide sociale, l'organisation de la justice, le notariat, le livre foncier, le droit communal, l'apprentissage, le droit du travail, des associations et de la chasse ; il donne également droit à deux jours fériés supplémentaires.
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+ À la suite d'un vote à l'unanimité par ses membres le 9 mai 2019, le conseil départemental mosellan s'engage dans la voie de transformer la Moselle en un « Eurodépartement » bénéficiant de compétences élargies. Ce projet peut se concrétiser si une révision constitutionnelle créant un « droit à la différenciation » est mis en place[23], ou bien si l'État reprend la voie suivie pour l'instauration de la collectivité européenne d'Alsace qui doit voir le jour en 2021.
56
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57
+ Pour d��velopper l’économie locale, la Chambre de commerce et d'industrie de la Moselle a mis en place le site « Achat-Moselle »[24] dans les années 2000. Achat-Moselle est une réponse concrète de la CCI de la Moselle, adaptée aux enjeux du commerce électronique pour le commerce de proximité. Ce dispositif leur permet aux professionnels du commerce du département de créer un site internet pour être visible sur ce canal et développer leur activité. Un projet labellisé « Meilleure pratique européenne » par la Commission européenne.
58
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59
+ Les habitants de la Moselle sont les Mosellans.
60
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+ En 2017, le département comptait 1 043 522 habitants[Note 1], en diminution de 0,28 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
62
+
63
+ Son chef-lieu est sa commune la plus peuplée, Metz (116 429 habitants en 2017), sa commune la moins peuplée est Molring (5 habitants en 2017).
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+
65
+ La Moselle est un département densément peuplé, dont le développement industriel a fait apparaître de nombreuses villes moyennes. Hormis Metz, principale ville possédant une très longue histoire, et dont l'agglomération s'étend de plus en plus loin le long de la Moselle, les autres grandes agglomérations sont Thionville et Forbach, qui doivent leur importance à la sidérurgie et à la houille. C'est ce qui explique aussi le recul de ces villes à partir des années 1970, avec la désindustrialisation. Thionville semble avoir réussi sa reconversion et retrouvé la croissance (la ville, ancienne possession luxembourgeoise, bénéficie de la proximité du Grand-Duché de Luxembourg, grand pourvoyeur d'emplois). L'ouest de son agglomération ainsi que l'agglomération de Forbach sont encore en déclin relatif.
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+
67
+ Entre ces grandes agglomérations s'est développé un réseau de villes secondaires, surtout dans le nord (Sarreguemines, Saint-Avold). Le sud du département, notamment le Saulnois, (qui fit autrefois partie de la Meurthe), est resté plus rural. La seule ville importante y est Sarrebourg.
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+
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+ Environ 50 000 Mosellans quittèrent leur département entre 1825 et 1850. Cela principalement pour migrer vers les États-Unis et Paris[28].
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+ Après avoir connu une très forte croissance de sa population dans les années 1950 et 1960, passant de 622 145 habitants en 1946 à 971 314 en 1968, la Moselle a connu un solde migratoire négatif, même si l'excédent naturel l'a compensé, de sorte que la population totale a continué à augmenter légèrement mais régulièrement, dépassant désormais le million d'habitants.
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+ Plusieurs langues sont utilisées en Moselle.
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+ Les principales sont :
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+ Historique :
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+ Le département de la Moselle ne constitue ainsi pas un ensemble culturel homogène, car à cheval sur ces deux régions linguistiques et culturelles qui composent la Lorraine administrative : la Lorraine thioise de langue francique lorraine ou Lorraine allemande, dite plus communément germanophone ou « de dialecte germanique », et la Lorraine francophone, dite « latine ou romane » et « de patois roman[32] ». Une frontière linguistique coupe le département en deux parties quasi égales au XXe siècle :
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+ Metz et les « pays » de Moselle francophone se reconnaissent dans leurs confrères meurthe-et-mosellans et meusiens par la culture, l'architecture (excepté l'épisode marquant de l'annexion de Metz à l'Allemagne) et le patois (le patois de Nancy étant de la même famille que le patois messin, tous les deux étant des patois romans). La pseudo-frontière "culturelle" qui séparerait la Moselle romane de la Meurthe-et-Moselle n'est donc qu'un leurre issu de l'annexion de 1871. Les ethnologues et historiens tracent cette frontière linguistique à 25 km à l'est de Metz. La Moselle est ainsi un territoire administratif partagé entre deux cultures et traditions : l'une romane (avec un particularisme à Metz) et l'autre germanique ou autrement dit francique.
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+ On notera cependant les ravages de l'histoire : Nancy doit sa prospérité et notamment son université à l'annexion de Metz et de Strasbourg à l'Allemagne en 1871. Quatre fois, en l'espace de 75 ans, Metz perdit son élite et ses habitants les plus dynamiques. Cela eut un effet très négatif sur son développement. Un antagonisme virulent oppose encore les deux villes lorraines (cf les discussions sur la gare de Lorraine TGV). Il se trouve encore des Nancéiens pour traiter les Messins de « Boches » à cause de l'annexion, et des Messins pour traiter les Nancéiens de « Polonais » à cause du roi Stanislas Leszczynski.
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+ Les pays de Thionville, de Sarrebourg, de Boulay, de Saint-Avold, de Forbach, de Sarreguemines et de Bitche, quant à eux, ont une culture lorraine fortement influencée par les cultures, architectures et dialectes germaniques et partagent une proximité culturelle avec leurs voisins du Luxembourg, de la Sarre, du Palatinat et de l'Alsace.
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+ La frontière linguistique séparant les deux Moselles et les deux Lorraines, à l'Est, est très nette. Ainsi, à l'Est de Courcelles-Chaussy, la commune de Raville[33] est considérée comme dernier village de Moselle romane avant la Moselle germanophone. Puis on passe à Fouligny (anciennement Fullinga et Filling[7]) , commune signalée comme étant toujours germanophone dans les années 1990[33], ainsi qu'en 2012 où il persiste encore des habitants germanophones[34]. Ensuite le prochain village est Marange-Zondrange, puis Zimming et enfin Bambiderstroff. Le changement de toponyme est radical. D'autre part, l'architecture du pays messin, marquée par des façades de pierre ocre (pierre de Jaumont) et de toit à pente relativement faible et propre au reste de la Lorraine romane, contraste très vite avec une architecture plus germanique. Les accents changent d'un village à l'autre. Ainsi les habitants de Servigny-lès-Raville ou de Herny, villages où l'on parlait le patois messin, n'ont pas l'accent germanique des habitants de Bambiderstroff et Mainvillers (Maiwilla), villages de dialecte francique (germanique) situé seulement quelques kilomètres plus loin.
88
+ L'expression des anciens de Courcelles-Chaussy (pays messin) Après Fouligny, révise ton allemand ! traduit bien la ténacité de cette frontière linguistique. Mais en réalité les communes situées le long de cette frontière étaient plus ou moins bilingues, comme Fouligny. Car les habitants de chaque côté de la frontière étaient plus ou moins amenés à avoir certaines relations communes, chose qui se remarque dans le vocabulaire des dialectes locaux.
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+
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+ Au nord de Metz, la frontière linguistique est floue et a aujourd'hui, quasiment disparu pour se cantonner au niveau d'Algrange, qui est la commune la plus au sud-ouest de la zone germanophone de Thionville. il y a également les localités de Rédange, Russange et Nondkeil qui étaient germanophones a minima jusque dans les années 1980.
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+
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+ Cette diversité reste un atout majeur pour ce département situé au cœur de l'Europe occidentale. Les vicissitudes de l'histoire et des affrontements divers ont, dans la modernité, abouti à une forme d'identité mosellane commune. Celle-ci fait aujourd'hui la part belle à la biculturalité, à un consensus autour d'une situation interculturelle très originale, entre deux grandes civilisations européennes.
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+
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+ Dans cette partie de la Moselle appelée la Moselle thioise ou allemande les suffixes -ingen des villages lorrains furent, au fil des siècles et par l'influence de la proximité avec le Royaume de France, francisé en -ange. Ainsi Morchingen devint Morhange[7] et Hagendingen[35] devint Hagondange. Ce phénomène s'observe également en Meurthe-et-Moselle (Bezange-la-Grande, Godbrange et Herserange), dans les Vosges (Relanges), en Belgique, au sud du Luxembourg, ainsi que dans quelques localités de Moselle germanophone proche de la frontière linguistique (alentours de la commune de Boulay-Moselle par exemple).
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+
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+ Même chose pour les toponymes en -viller qui sont restés orthographiés -willer (parfois -weiller), jusqu'à la fin du XIXe siècle dans les Bulletin des lois de la république et les dictionnaires.
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+ Voir :
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+ La vie culturelle mosellane est bien représentée dans le département par des festivals, parfois aussi bien issu du folklore local que d'une culture d'immigration dans les pays miniers.La Moselle-Est conserve de nombreuses traditions locales comme les fêtes de la Kirb, célébrées en début octobre dans les milieux ruraux par des fêtes foraines et des repas festifs, ou la cavalcade de Sarreguemines le jour du Mardi gras. Du côté de Metz, le festival emblématique reste celui des fêtes de la Mirabelle fin août, mais se déroulent également des événements autour des arts et du spectacle, notamment durant l'été avec "HopHopHop" et la "journée Extra-Large", de plus en automne les scènes messines des Trinitaires et depuis 2014 de la BAM produisent deux séries de concerts à savoir "Musiques volantes" et "Metz en fête". Dans l'ancien bassin minier, a lieu chaque année le festival du film arabe de Fameck en raison de l'importante communauté immigrée au XXe siècle.
101
+
102
+ C'est en Moselle par ailleurs que se trouve le plus ancien théâtre de France, encore en activité. L'opéra-théâtre de Metz date en effet du XVIIIe siècle et a depuis toujours gardé sa vocation d'origine. Outre l'opéra-théâtre, Metz est dotée d'une importante salle de spectacle, l'Arsenal où se représentent de nombreux artistes nationaux et internationaux de divers genres : aussi bien des humoristes que des orchestres symphoniques. La ville de Thionville quant à elle est dotée de l'organisme du NEST (Nord-Est Théâtre) qui regroupe le grand théâtre de la ville et un petit théâtre en bois et propose des productions théâtrales très diverses et souvent peu communes.
103
+
104
+ Depuis plus de vingt ans le Conseil départemental de la Moselle a engagé une véritable politique de développement touristique dans le département. La réalisation de zones de loisirs, de structures d’hébergement (hôtels, gîtes…), ainsi que divers équipements touristiques et l’ouverture de sentiers de randonnée et de pistes cyclables ont permis d’accroître sensiblement la fréquentation touristique en Moselle.
105
+
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+ Aux côtés du Conseil départemental, l'Agence de développement et de réservation touristiques de la Moselle (Moselle Tourisme) est chargée de mettre en œuvre certaines actions de promotion, de commercialisation. Moselle Tourisme est membre du Réseau national des destinations départementales De nombreux autres partenariats sont activés, en particulier avec les collectivités locales et les professionnels du tourisme. Moselle Tourisme est copropriétaire du Système d'information touristique - Lorraine (SITLOR), dont les objectifs sont la collecte de l'offre touristique régionale et sa diffusion auprès du grand public.
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+
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+ Selon le recensement général de la population du 1er janvier 2008, 1,8 % des logements disponibles dans le département étaient des résidences secondaires.
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+ Ce tableau indique les principales communes de la Moselle dont les résidences secondaires et occasionnelles dépassent 10 % des logements totaux.
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+
112
+ Sources :
113
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+ Les télévisions locales sont historiquement importantes en Moselle. On peut l'expliquer par la présence de la chaîne RTL TV dans les années 1990, dont la principale cible était la Lorraine, mais également par le fait que le département dispose d'un réseau câblé développé. Par conséquent, de nombreuses communes disposent d'un canal local. Il y a deux chaînes locales à rayonnement départemental, à savoir viàMirabelle et France 3 Lorraine (édition locale de Metz, Mosaïk-Cristal qui diffuse sur l'arrondissement de Sarreguemines et TV8 Moselle-Est sur les secteurs de Forbach et Freyming-Merlebach. De nombreuses communes de plus petite taille disposent également d'un canal local, par exemple :
115
+
116
+ Le CSA a lancé le 19 septembre 2007 une consultation auprès des acteurs publics et privés concernés afin de recueillir leurs remarques en vue de la diffusion hertzienne en mode numérique de télévisions locales (TNT).
117
+
118
+ Cette consultation avait également pour objet, dans le cadre de la préparation des futurs appels aux candidatures et de la planification en cours pour l'extension de la couverture de la TNT, de connaître les projets de télévisions locales existants ou en cours d'élaboration, en précisant la ou les zones concernées. Les contributions étaient attendues pour le 30 novembre 2007.
119
+ Ont répondu : TV8 Moselle, Communauté d'agglomération Forbach Porte de France, département de la Moselle, Canal local Mosaïk, TV2M, canal local TV Cristal à Bitche, canal local à Bischwiller, Communauté de communes Freyming-Merlebach.
120
+
121
+ Au deuxième trimestre 2008, le CSA lancera un appel à candidature auquel devront répondre les intéressés.
122
+
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+ Une seule et même chaîne, Mirabelle TV, existe sur le canal local TNT réservé sur le R1.
124
+
125
+ Cette même chaine doit diffuser sur les émetteurs : Forbach, Longwy, Metz et Verdun (en Meuse) et couvre le département de la Moselle, le nord de la Meuse, le sud du Luxembourg, l'ouest de L'Allemagne[37].
126
+
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+ Diffuser sur quatre émetteurs TNT plus les réémetteurs a un coût élevé, qui représente la totalité du budget d'une chaine locale existante.
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+
129
+ Les chaînes locales existantes produisent, diffusent et rediffusent en moyenne 30 minutes de programmes quotidiens.
130
+
131
+ Cependant une syndicalisation des programmes permet l'échange entre chaînes de leurs émissions et de leurs reportages.
132
+ Ainsi, les chaînes accroissent leur programmation mais les sujets échangés ne correspondent plus au bassin de population visé.
133
+
134
+ Au XXIe siècle en Moselle, les cultes catholique, israélite[38],[39], protestant luthérien (ÉPCAAL) et protestant réformé (ÉPRAL)[40] sont toujours officiellement reconnus et financés par l'état (application du droit local)[41]
135
+
136
+ Le culte de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, financièrement autonome, est représenté en Moselle avec deux paroisses : la paroisse de Metz et la paroisse de Forbach.
137
+
138
+ L'enquête de l’INSEE de 1962 constate que la Moselle comptait 4,1 % de protestants pour 85,5 % de catholiques (avec une forte proportion de « non déclarés »).
139
+
140
+ Avec 650 instruments répartis sur tout son territoire, la Moselle est le second département en France qui possède le plus grand nombre d’orgues. Trois facteurs d'orgues œuvraient déjà en terre mosellane au XVIe siècle mais c'est au courant du XIXe siècle que la Moselle compta jusqu'à 17 facteurs d'orgues différents qui bâtirent de précieux instruments sur son territoire. De nos jours, cinq facteurs d'orgues encore en activité continuent d'enrichir le département en instruments de qualité. L'orgue le plus ancien du département est celui de la cathédrale Saint-Étienne de Metz qui date de 1537. Les grandes orgues les plus importantes du département (et qui figurent aussi parmi les grandes orgues rurales les plus importantes de France) sont celles d'Hayange. Elles comportent 53 jeux. On note aussi des instruments plus modestes et historiques comme l'orgue personnel d'Albert Schweitzer qui est conservé à L'Hôpital au sein de la paroisse protestante.
141
+
142
+ Afin de conserver ce patrimoine unique, le Conseil départemental de la Moselle a lancé un programme intitulé la « Route des Orgues » qui vise à restaurer, promouvoir et valoriser ces nombreux instruments souvent méconnus.
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+
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+ Au Moyen Âge, il existe de nombreux châteaux, fermes et églises fortifiées en pays messin.
145
+
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+ Les grandes demeures féodales disparaissent avec la politique d’expansion territoriale vers l’est de Louis XIII et Louis XIV qui appliquent une politique de démantèlement et de destruction des édifices. La guerre de Trente Ans ruine une partie de la noblesse dont les possessions, vendues ou confisquées, sont attribuées à de nouveaux venus ou de récents anoblis[42]. Le château du Schossberg, le château de Turquestein ou celui de Faulquemont sont rasés en 1634 sur ordre de Richelieu, les deux châteaux d’Audun-le-Tiche en 1675, de même pour Lixheim, Sarralbe, Sarrebourg et Sarreguemines. Après la guerre de Trente Ans, disparaissent dans l’indifférence générale : le château du Falkenstein, ruiné par les troupes de Mansfeld en 1623, celui de Thicourt, incendié en 1635, le château des évêques d’Albestroff, le château de Créhange et celui de Fontoy, détruit en 1643. Le château de Raville est reconstruit fin XVIIe puis détruit à la Révolution. Le château de La Grange est reconstruit en 1731. À Hombourg-Haut, le château des évêques de Metz puis des ducs de Lorraine est entièrement détruit vers 1735. Le château de Château-Voué est partiellement détruit à partir de 1795. Le château médiéval d’Ottange, en partie détruit en 1671, fut entièrement démoli en 1734. Disparaissent également les châteaux d’Hingsange et de Guermange. Certains sont vendus comme bien nationaux à la Révolution : le château d’Imling en 1795, il est détruit peu après et sert de carrière de pierres ; le château de Frescaty à Moulins-lès-Metz, construit pour l’évêque de Metz, détruit en 1944, il sert aujourd’hui de terrain d’aviation à la ville de Metz. Certains châteaux du pays messin sont transformés en fermes comme à Ancerville ou le château-ferme de Prayelles à Augny[43].
147
+
148
+ Les troubles des périodes de guerre retardent, à de rares exceptions près, l’apparition du classicisme en Moselle au XVIIIe siècle, période de paix durant laquelle de nombreuses demeures sont remaniées ou reconstruites, en particulier par des officiers ou par des conseillers au parlement de Metz. À la fin de l’Ancien régime, dans les 250 maisons nobles — châteaux, maisons-fortes et manoirs —, existent en Moselle dont la moitié subsiste aujourd’hui[42].
149
+
150
+ Les guerres de l’époque contemporaine détruiront les châteaux de Colombey, incendié après la guerre de 1870, de Lorry-Mardigny (une partie subsiste), Sailly-Achâtel, Albestroff, Louvigny, Amanvillers, Lorry-lès-Metz, Arry, Coin-sur-Seille, Corny, Sillegny, Verny, Maizières victimes de la Seconde Guerre mondiale. Après les conflits, certains propriétaires préfèrent démolir plutôt que financer une réhabilitation ; les bâtiments abandonnés sont victimes du vandalisme. Le château d’Hayange, symbole de la famille de Wendel, est en partie démoli en 1935. Le château de Montois-la-Montagne est rasé vers 1950 au profit d’une cantine ouvrière. Le château de Reinange est rasé vers 1958-1960. Les châteaux de Florange, Francaltroff et Distroff sont aussi en ruine.
151
+
152
+ Certains chefs-d’œuvre du patrimoine architectural en péril sont restaurés à grand frais par les collectivités : le château de Malbrouck (originellement Schloss Meinsberg) ou le château de Courcelles. D’autres sont fidèlement entretenus par des familles respectueuses de la demeure ancestrale comme au château de Pange ou par une noblesse de cœur ayant envie de redonner une âme à ces monuments : Pouilly, Les Étangs, Mardigny ou le château de Landonvillers. Plusieurs sites sont en cours de sauvetage, par des associations ou autres initiatives, comme le château Saint-Sixte en restauration depuis 2007[44]. Le parc du château de Mercy sert de terrain pour la construction du nouvel hôpital au sud-est de Metz prévu pour 2012[43]. Plusieurs châteaux et ruines subsistent dans le Pays de Sarrebourg : une partie des fortifications médiévales de Sarrebourg, le château de Lutzelbourg et le château de Turquestein dans le massif des Vosges, le château de Fénétrange, le château de Geroldseck à Niederstinzel, le château du Sarreck à Oberstinzel ou encore le château de Réchicourt.
153
+
154
+ Inauguré le 12 mai 2010, ce bâtiment situé dans le centre-ville de Metz attire de nombreux visiteurs. Il accueille des expositions artistiques. Il est composé de 3 galeries superposées en forme de pavés sortant de son toit blanc aux formes rondes, d'où dépasse un mât.
155
+
156
+ Ouvert au public en 2007, le Haut Fourneau U4 de Uckange devient un espace dédié à la mémoire du passé sidérurgique de la France. Dès 2010, le Jardin des Traces s'étend sur 4 hectares au pied des infrastructures et par différents espaces à thèmes, il rend hommage aux installations et aux hommes et femmes qui les ont fait vivre pendant les 100 ans qu'a duré l'exploitation. Fondée en 1890, l'usine cesse sa production de fonte le 17 décembre 1991. Un lieu atypique proposant visites libres ou guidées ainsi que de nombreuses animations.
157
+
158
+ Dans l'antiquité, le poète latin Ausone célèbre souvent la table et surtout, le vin, le vin de Bordeaux dont le château Ausone prendra le nom, mais aussi les vins de Moselle. Jacques Brel chantera également bien plus tard le vin de Moselle dans la chanson Jef. La Moselle fut très longtemps une terre de vignobles (cf. Vignoble de Lorraine).
159
+
160
+ L’irruption du phylloxéra à la fin du XIXe siècle, puis la signature de l’Armistice de 1918 qui sonna le glas des débouchés sur le marché allemand, ont provoqué un déclin certain de la vigne en terre mosellane. Néanmoins les coteaux mosellans continuent de produire un vin de qualité. Depuis 2010, le moselle est un AOC.
161
+
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+ Le conseil départemental de la Moselle a adopté, le 14 décembre 1948, un blason complexe, retraçant la formation du département :
163
+
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+ Durant le Second Empire, le département de la Moselle portait : « écartelé, au 1er : parti d'argent et de sable (Metz) ; au 2e : d'or à trois pals alésés et fichés de gueules (Briey) ; au 3e : d'or à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent (Sarreguemines au XIXe siècle) et au 4e : d'azur au château donjonné de trois tourelles d'or, celle du milieu plus haute, le tout maçonné de sable (Thionville) ».
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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3
+ La mosquée-cathédrale de Cordoue, également connue sous son ancien nom de grande mosquée de Cordoue (Mezquita de Córdoba) et sous son nom ecclésiastique officiel de cathédrale Notre-Dame de l'Assomption (Catedral de Nuestra Señora de la Asunción), est un ancien temple romain qui devint église puis mosquée, et dans laquelle fut ensuite érigée une cathédrale. C'est un monument majeur de l'architecture islamique, témoin de la présence musulmane en Espagne du VIIIe au XVe siècle. Il s'agit du monument le plus accompli de l'art des Omeyyades de Cordoue. Convertie en église au XIIIe siècle après la Reconquista par le roi Ferdinand III de Castille, elle est depuis lors la cathédrale du diocèse de Cordoue en Espagne.
4
+
5
+ La mosquée-cathédrale de Cordoue a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1984.
6
+
7
+ Cordoue étant capitale d'une province romaine, la Bétique, un temple de Janus y fut érigé[1].
8
+
9
+ En 572, la ville est prise par les Wisigoths. Abandonnant l'arianisme pour le catholicisme, ils construisent en 584, sur l'emplacement du temple, l'église Saint Vincent Martyr consacrée à Vincent de Saragosse[2].
10
+
11
+ Par sa situation dans la ville, l’édifice finit par devenir la principale église de la cité, et résidence épiscopale. Un monastère y fut aussi édifié[3].
12
+
13
+ Les restes en furent retrouvés lors de fouilles archéologiques dans les années 1930[4].
14
+
15
+ Les premières traces de l'histoire de la mosquée de Cordoue apparaissent dans les écrits transmis par Rhazès qui rapporte qu'à l'origine les musulmans passèrent en 714 un accord avec les Wisigoths de Cordoue pour exproprier la moitié de leur plus grande église située à l'intérieur de la ville[5],[6]. C'est l'église Saint-Vincent qui est choisie, non loin du Guadalquivir, qui avait été construite en 584[7],[8] par les Wisigoths sur le site d'un temple romain dédié à Janus. Par la suite, toutes les églises hormis celle attenant à la mosquée seront détruites[6]. La construction de la mosquée de Cordoue débute près de trente ans après l'arrivée d'Abd al-Rahman Ier sur la péninsule, qui, fuyant Damas et la vengeance meurtrière des Abbassides parviendra à arracher ce bout de terre aux confins du monde musulman. Selon Ibn Idhari, Abd Al-Rahman ordonna la destruction de la partie chrétienne afin de faire du bâtiment uniquement une mosquée mais permet temporairement en contrepartie aux chrétiens de construire de nouveau des églises[8]. Le bâtiment est entièrement transformé en mosquée un an plus tard. Les ruines des églises et du temple furent réutilisées comme matériau de construction[9]. Des aspects architecturaux importants passèrent ainsi à l'architecture omeyyade tels l'arc outrepassé et l'alternance de brique et pierre, qui proviennent de l'architecture romaine tardive et paléochrétienne (mérovingienne et wisigothe) et étaient probablement des éléments qui caractérisaient déjà l'ancienne église mais avec un plan et un agencement différent (plan basilical),[10].
16
+
17
+ La mosquée fut agrandie trois fois de suite par les successeurs d'Abd-Al-Rahman Ier, pour finir par couvrir 23 000 m2 (soit 2,3 ha), et devenir ainsi la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque. Cette mosquée n'est pas orientée par rapport à la Mecque[11]. Elle se présente aujourd'hui sous la forme d'un vaste quadrilatère d'environ 180 m de long sur 130 m de large, comptant dix-neuf nefs et plus de 850 colonnes de réemploi (spolia) surmontées par des chapiteaux antiques et paléochrétiens de styles différents qui forment un ensemble hétéroclite.
18
+
19
+ L'édifice initial, commencé en 786 par Abd-Al-Rahman Ier comprenait une cour carrée, le patio de los naranjos ou cour des orangers entourée d'un mur d'enceinte et sur laquelle s'ouvrait complètement la salle de prières, de forme rectangulaire, composée de onze nefs, chacune ayant douze travées, disposées face à la cour. Ces nefs étaient séparées par de fines colonnes de marbre provenant d'édifices romains ou wisigoths. Accolé au mur d'enceinte à l'opposé de la salle de prière, se trouve le minaret. Hicham Ier fit réaliser plusieurs aménagements intérieurs, comme des galeries destinées aux femmes qui venaient prier et un bassin d'ablutions.
20
+
21
+ La longueur des travées fut à peu près doublée par Abd al-Rahman II en 833 et allongée une dernière fois par Al-Hakam II en 961. À chaque fois, le mihrab, placé au fond de l'allée principale dut être reconstruit. L'actuel mihrab, a été créé avec l'aide d'artistes byzantins envoyés à Cordoue par l'empereur de Byzance Nicéphore II à la demande du calife, ils ont aussi réalisé la coupole formée d'arcs entrecroisés et coiffée d'une coupole monolithique côtelée en marbre blanc superbement décorée de mosaïques inspirées de l'art byzantin.
22
+
23
+ En 987, Al Mansour voulut augmenter encore la surface de la salle, mais la proximité du fleuve empêcha de poursuivre l'allongement des onze travées initiales dans la même direction : on ajouta donc vers l'est, sur toute la longueur de l'édifice, huit travées supplémentaires qui en doublèrent presque la surface et mirent le mihrab dans une position excentrée.
24
+
25
+ La mosquée possédait alors 600 colonnes en marbre sur lesquelles reposent des arcades doubles en brique et pierre blanche (superposées l'une à l'autre avec un espacement intermédiaire) qui permettent d'avoir un plafond haut, et donnent à l'édifice une impression plus légère.
26
+
27
+ Quand Cordoue fut reprise aux Musulmans par le roi Ferdinand III de Castille en 1236, les Castillans en firent à nouveau une église, comme à l'origine, puis une cathédrale. Ils murèrent l'ouverture entre la cour et la salle de prière, ne conservant qu'une seule porte d'entrée (Puerta de Las Palmas). Ils abattirent quelques rangées de colonnes pour dégager la place de la Chapelle Royale décorée de stucs mudéjars, où furent enterrés Alphonse XI de Castille et Ferdinand IV de Castille en 1371. Ils divisèrent également la dernière travée d'Almanzor, à l'est, pour y délimiter des chapelles.
28
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29
+ Au XVIe siècle, les chanoines du chapitre décidèrent de doter leur cité d'un édifice beaucoup plus somptueux et dans le goût du jour. Ils firent démolir une partie importante du centre de l'édifice pour y édifier une cathédrale qui apparaît comme incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la forêt de colonnes et offrant un contraste entre celle-ci et la blancheur du chœur inondé de lumière[12]. Ce monument allie les styles gothique, Renaissance et baroque et est magnifiquement décoré. Charles Quint, qui avait préservé le chef-d'œuvre d'architecture musulmane qu'est l'Alhambra, regretta la transformation de cet édifice : « Vous avez détruit ce qui était unique pour faire la même chose que l’on voit partout. » Pour l’architecte David Trottin, toutefois, cette cathédrale est « un sommet de sophistication baroque lové dans les arches de la mosquée » : « Intervenir sur de l’existant permet de révéler l’architecture tout en créant des tensions intéressantes. Et ici c’est vraiment brillamment fait. Il y a une forme d’évidence dans la tension entre ces deux architectures qui ne s’étaient pas prévues l’une l’autre[12]. »
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+ Depuis 1236, la mosquée-cathédrale de Cordoue est officiellement une église, un lieu de culte catholique romain et est propriété de l'Église catholique. Elle a de plus le titre de cathédrale[13].
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+ Cette cathédrale fait l'objet de revendications de la part de musulmans. Alors que la pratique du culte musulman y est formellement interdite, la Commission islamique d'Espagne, « soutenue par le parti socialiste espagnol », réclame en 2004 l'autorisation d'y prier. En 2007, la Ligue arabe fait de même à l'OSCE et la Commission Islamique d'Espagne lance un appel en ce sens en 2008 à l'UNESCO[14]. Une demande rejetée par l'évêque de Cordoue en février 2010[15]. Certains essayent d'y prier sans autorisation. Ainsi, en 2010, plusieurs jeunes musulmans autrichiens y prièrent avant d’être expulsés et d'agresser gardes et policiers[14]. Pour Mansur Escudero, les tentatives de prières musulmanes dans le bâtiment sont nombreuses[16].
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+ La propriété de l'Église catholique est contestée par un « groupe de pression » qui souhaite une gestion publique du bâtiment et garantir la conservation du nom de mosquée[17]. Pour l'historien Christophe Barret, si « bien des militants de l'islam politique (...) se sont joints aux pétitionnaires », elle illustre le courant espagnol de gauche luttant pour une séparation de l'Église et de l'Etat et contre la loi permettant à l'Église de devenir propriétaire de ses lieux de culte[18].
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+ La mosquée-cathédrale de Cordoue fait l’objet d’un classement en Espagne au titre de bien d'intérêt culturel depuis le 21 novembre 1882[19] puis d'un classement au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1984.
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+ Fresque de l'église primitive.
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+ Intérieur.
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+ Intérieur.
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+ Le dôme devant le mihrab, créé au Xe siècle par des artisans byzantins.
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+ Colonnes.
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+ Mur extérieur.
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+ Mur extérieur.
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+ Patio des orangers.
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+ Vue de la tour de la mosquée-cathédrale depuis le patio.
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+ Intégration de la cathédrale dans la mosquée.
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+ La croisée de la cathédrale, sous le dôme.
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+ Le chœur de la cathédrale avec les stalles.
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+ Retable de la chapelle majeure.
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+ La mosquée-cathédrale de Cordoue, également connue sous son ancien nom de grande mosquée de Cordoue (Mezquita de Córdoba) et sous son nom ecclésiastique officiel de cathédrale Notre-Dame de l'Assomption (Catedral de Nuestra Señora de la Asunción), est un ancien temple romain qui devint église puis mosquée, et dans laquelle fut ensuite érigée une cathédrale. C'est un monument majeur de l'architecture islamique, témoin de la présence musulmane en Espagne du VIIIe au XVe siècle. Il s'agit du monument le plus accompli de l'art des Omeyyades de Cordoue. Convertie en église au XIIIe siècle après la Reconquista par le roi Ferdinand III de Castille, elle est depuis lors la cathédrale du diocèse de Cordoue en Espagne.
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+ La mosquée-cathédrale de Cordoue a été classée au patrimoine mondial de l'Unesco en 1984.
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+ Cordoue étant capitale d'une province romaine, la Bétique, un temple de Janus y fut érigé[1].
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+ En 572, la ville est prise par les Wisigoths. Abandonnant l'arianisme pour le catholicisme, ils construisent en 584, sur l'emplacement du temple, l'église Saint Vincent Martyr consacrée à Vincent de Saragosse[2].
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+ Par sa situation dans la ville, l’édifice finit par devenir la principale église de la cité, et résidence épiscopale. Un monastère y fut aussi édifié[3].
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+ Les restes en furent retrouvés lors de fouilles archéologiques dans les années 1930[4].
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+ Les premières traces de l'histoire de la mosquée de Cordoue apparaissent dans les écrits transmis par Rhazès qui rapporte qu'à l'origine les musulmans passèrent en 714 un accord avec les Wisigoths de Cordoue pour exproprier la moitié de leur plus grande église située à l'intérieur de la ville[5],[6]. C'est l'église Saint-Vincent qui est choisie, non loin du Guadalquivir, qui avait été construite en 584[7],[8] par les Wisigoths sur le site d'un temple romain dédié à Janus. Par la suite, toutes les églises hormis celle attenant à la mosquée seront détruites[6]. La construction de la mosquée de Cordoue débute près de trente ans après l'arrivée d'Abd al-Rahman Ier sur la péninsule, qui, fuyant Damas et la vengeance meurtrière des Abbassides parviendra à arracher ce bout de terre aux confins du monde musulman. Selon Ibn Idhari, Abd Al-Rahman ordonna la destruction de la partie chrétienne afin de faire du bâtiment uniquement une mosquée mais permet temporairement en contrepartie aux chrétiens de construire de nouveau des églises[8]. Le bâtiment est entièrement transformé en mosquée un an plus tard. Les ruines des églises et du temple furent réutilisées comme matériau de construction[9]. Des aspects architecturaux importants passèrent ainsi à l'architecture omeyyade tels l'arc outrepassé et l'alternance de brique et pierre, qui proviennent de l'architecture romaine tardive et paléochrétienne (mérovingienne et wisigothe) et étaient probablement des éléments qui caractérisaient déjà l'ancienne église mais avec un plan et un agencement différent (plan basilical),[10].
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+ La mosquée fut agrandie trois fois de suite par les successeurs d'Abd-Al-Rahman Ier, pour finir par couvrir 23 000 m2 (soit 2,3 ha), et devenir ainsi la plus grande mosquée du monde après celle de La Mecque. Cette mosquée n'est pas orientée par rapport à la Mecque[11]. Elle se présente aujourd'hui sous la forme d'un vaste quadrilatère d'environ 180 m de long sur 130 m de large, comptant dix-neuf nefs et plus de 850 colonnes de réemploi (spolia) surmontées par des chapiteaux antiques et paléochrétiens de styles différents qui forment un ensemble hétéroclite.
18
+
19
+ L'édifice initial, commencé en 786 par Abd-Al-Rahman Ier comprenait une cour carrée, le patio de los naranjos ou cour des orangers entourée d'un mur d'enceinte et sur laquelle s'ouvrait complètement la salle de prières, de forme rectangulaire, composée de onze nefs, chacune ayant douze travées, disposées face à la cour. Ces nefs étaient séparées par de fines colonnes de marbre provenant d'édifices romains ou wisigoths. Accolé au mur d'enceinte à l'opposé de la salle de prière, se trouve le minaret. Hicham Ier fit réaliser plusieurs aménagements intérieurs, comme des galeries destinées aux femmes qui venaient prier et un bassin d'ablutions.
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+ La longueur des travées fut à peu près doublée par Abd al-Rahman II en 833 et allongée une dernière fois par Al-Hakam II en 961. À chaque fois, le mihrab, placé au fond de l'allée principale dut être reconstruit. L'actuel mihrab, a été créé avec l'aide d'artistes byzantins envoyés à Cordoue par l'empereur de Byzance Nicéphore II à la demande du calife, ils ont aussi réalisé la coupole formée d'arcs entrecroisés et coiffée d'une coupole monolithique côtelée en marbre blanc superbement décorée de mosaïques inspirées de l'art byzantin.
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+ En 987, Al Mansour voulut augmenter encore la surface de la salle, mais la proximité du fleuve empêcha de poursuivre l'allongement des onze travées initiales dans la même direction : on ajouta donc vers l'est, sur toute la longueur de l'édifice, huit travées supplémentaires qui en doublèrent presque la surface et mirent le mihrab dans une position excentrée.
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+ La mosquée possédait alors 600 colonnes en marbre sur lesquelles reposent des arcades doubles en brique et pierre blanche (superposées l'une à l'autre avec un espacement intermédiaire) qui permettent d'avoir un plafond haut, et donnent à l'édifice une impression plus légère.
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+ Quand Cordoue fut reprise aux Musulmans par le roi Ferdinand III de Castille en 1236, les Castillans en firent à nouveau une église, comme à l'origine, puis une cathédrale. Ils murèrent l'ouverture entre la cour et la salle de prière, ne conservant qu'une seule porte d'entrée (Puerta de Las Palmas). Ils abattirent quelques rangées de colonnes pour dégager la place de la Chapelle Royale décorée de stucs mudéjars, où furent enterrés Alphonse XI de Castille et Ferdinand IV de Castille en 1371. Ils divisèrent également la dernière travée d'Almanzor, à l'est, pour y délimiter des chapelles.
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+ Au XVIe siècle, les chanoines du chapitre décidèrent de doter leur cité d'un édifice beaucoup plus somptueux et dans le goût du jour. Ils firent démolir une partie importante du centre de l'édifice pour y édifier une cathédrale qui apparaît comme incrustée dans la mosquée, rompant les perspectives de la forêt de colonnes et offrant un contraste entre celle-ci et la blancheur du chœur inondé de lumière[12]. Ce monument allie les styles gothique, Renaissance et baroque et est magnifiquement décoré. Charles Quint, qui avait préservé le chef-d'œuvre d'architecture musulmane qu'est l'Alhambra, regretta la transformation de cet édifice : « Vous avez détruit ce qui était unique pour faire la même chose que l’on voit partout. » Pour l’architecte David Trottin, toutefois, cette cathédrale est « un sommet de sophistication baroque lové dans les arches de la mosquée » : « Intervenir sur de l’existant permet de révéler l’architecture tout en créant des tensions intéressantes. Et ici c’est vraiment brillamment fait. Il y a une forme d’évidence dans la tension entre ces deux architectures qui ne s’étaient pas prévues l’une l’autre[12]. »
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+ Depuis 1236, la mosquée-cathédrale de Cordoue est officiellement une église, un lieu de culte catholique romain et est propriété de l'Église catholique. Elle a de plus le titre de cathédrale[13].
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+ Cette cathédrale fait l'objet de revendications de la part de musulmans. Alors que la pratique du culte musulman y est formellement interdite, la Commission islamique d'Espagne, « soutenue par le parti socialiste espagnol », réclame en 2004 l'autorisation d'y prier. En 2007, la Ligue arabe fait de même à l'OSCE et la Commission Islamique d'Espagne lance un appel en ce sens en 2008 à l'UNESCO[14]. Une demande rejetée par l'évêque de Cordoue en février 2010[15]. Certains essayent d'y prier sans autorisation. Ainsi, en 2010, plusieurs jeunes musulmans autrichiens y prièrent avant d’être expulsés et d'agresser gardes et policiers[14]. Pour Mansur Escudero, les tentatives de prières musulmanes dans le bâtiment sont nombreuses[16].
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+ La propriété de l'Église catholique est contestée par un « groupe de pression » qui souhaite une gestion publique du bâtiment et garantir la conservation du nom de mosquée[17]. Pour l'historien Christophe Barret, si « bien des militants de l'islam politique (...) se sont joints aux pétitionnaires », elle illustre le courant espagnol de gauche luttant pour une séparation de l'Église et de l'Etat et contre la loi permettant à l'Église de devenir propriétaire de ses lieux de culte[18].
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+ La mosquée-cathédrale de Cordoue fait l’objet d’un classement en Espagne au titre de bien d'intérêt culturel depuis le 21 novembre 1882[19] puis d'un classement au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1984.
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+ Fresque de l'église primitive.
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+ Le dôme devant le mihrab, créé au Xe siècle par des artisans byzantins.
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+ Vue de la tour de la mosquée-cathédrale depuis le patio.
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+ Intégration de la cathédrale dans la mosquée.
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+ Une mosquée est un lieu de culte où se rassemblent les musulmans pour les prières communes.
2
+ L’ensemble architectural est le plus souvent entouré d’une ou plusieurs tours, ou minarets, dont le nombre n'est pas limité. Le toit est souvent en forme de dôme. C’est du haut d’un des minarets que le muezzin (mouadh-dhan) appelle à la prière au cours de l’adhan. Une mosquée est plus qu’un lieu de culte ; elle sert d'institution sociale et éducative : elle peut, ainsi, être accompagnée d’une madrassa, d'une bibliothèque, d’un centre de formation, voire d’une université. Elle sert aussi de lieu de rencontres et d’échanges sociaux.
3
+
4
+ Le nom commun féminin mosquée, attesté en 1550 dans la langue française[1], est un emprunt, par l'intermédiaire de l’italien moschea[2], altération de moscheta[2], à l'espagnol mezquita[2], venant lui-même de l’arabe مسجد / masjid, lui-même emprunté à l'araméen masged[3]. Il dérive d’une racine proto-sémitique signifiant « poser le front au sol » et rappelle qu’il s’agit d’un lieu de prosternation.
5
+
6
+ Le mot arabe masjid signifie l’endroit du culte et dérive du verbe sajada (racine « s-j-d, » signifiant « se mettre à genoux ») en référence aux gestes exécutés pendant les prières. Le mot « m-s-g-d » est apparu en araméen dès le Ve siècle, et le même mot est trouvé plus tard chez les Nabatéens avec la signification « endroit du culte ». Apparemment, ce mot araméen aurait à l’origine signifié « stèle » ou « pilier sacré »[4].
7
+
8
+ Les précurseurs du mot « mosquée » apparus pendant les XVe, XVIe, et XVIIe siècles (« moseak », « muskey », « moschy », et « mos’keh ») ont été également utilisés jusqu’à ce qu’on ait décidé que « mosquée » qu’on trouve dans l’espagnol, le moyen français, l'italien ou l'anglais deviendrait la norme. Au XVIIIe siècle, l’épellation moderne est devenue la plus populaire et la plus standard du mot.
9
+
10
+ Dans le contexte européen, le terme de mosquée a tendance à céder la place au terme « centre », (markaz), en fonction des activités qui y sont proposées. Si la majorité des gens s’y rend pour prier, cela reste une mosquée. Si la plupart y vient pour d’autres activités, on parlera plutôt d’un centre (markaz)[1].
11
+
12
+ Selon une parole attribuée à Mahomet, « toute la terre est une mosquée sauf les cimetières et les lieux d’aisance »[5]. Une autre parole affirme que « la terre m’a été rendue lieu de prière et pure. Quiconque parmi les hommes de ma communauté atteindra l’heure de la prière aura un lieu de prière et de pureté »[6]. Selon la croyance islamique, la première mosquée au monde était masjid al-Haram connue également sous le nom de Kaaba à La Mecque, qui aurait été édifiée par Adam, puis reconstruite par Abraham et son premier fils Ismaël sur un ordre de Dieu. La deuxième mosquée la plus ancienne est la mosquée al-Aqsa. Selon la tradition musulmane, elle aurait été construite 40 ans plus tard par Abraham ; lors du voyage nocturne de Mahomet, celui-ci aurait été conduit d’abord de la mosquée sacrée de La Mecque jusqu’à celle d'al-Aqsa de Jérusalem[7]. Elle était également la première direction de la qibla[8].
13
+
14
+ La première construite pendant le règne de l’islam serait la mosquée de Quba à Médine. Elle aurait été édifiée lors de l’hégire, migration de Mahomet et ses compagnons de la Mecque à Médine. Quelques jours après avoir commencé sa construction, Mahomet aurait entamé la construction d’une deuxième mosquée à Médine, connue aujourd’hui sous le nom de masjid al-Nabawi, ou « mosquée du prophète ». D'après la tradition, son emplacement serait celui de la première prière de vendredi effectuée à Médine[9]. Selon cette tradition, prié par les habitants de Médine d’accepter plusieurs terrains, Mahomet, pour ne froisser personne, laissa à sa monture, Qoçoua, le soin de déterminer le lieu d’arrivée en lui relâchant la bride. C’est ainsi qu’après nombre de détours elle s’arrêta enfin sur un large terrain vide et s’agenouilla. C’est sur ce terrain que la mosquée de Médine aurait été bâtie[10].
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+
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+ Durant son séjour à La Mecque, Mahomet effectue devant la Kaaba les cinq prières quotidiennes avec les disciples de l’islam alors même que des Arabes non musulmans y effectuent également leurs rituels. La tribu de Quraych, chef de La Mecque, qui est responsable de la Kaaba, essaie d’exclure les disciples de Mahomet du sanctuaire. Quand celui-ci revient à la Mecque en 630, il brise les idoles du temple et convertit la Kaaba en mosquée. Elle est depuis connue en tant que masjid al-Haram, ou « mosquée sacrée ».
17
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18
+ Masjid Al-Haram a été sensiblement agrandie au cours des siècles pour faciliter le hajj, le pèlerinage que tout musulman se doit d’effectuer s’il en a la capacité. Sa première extension fut réalisée à l’époque islamique sous le règne du calife Omar et elle a acquis sa forme actuelle en 1577 pendant le règne du sultan Selim II. Des extensions modernes sont réalisées sous le règne de la famille royale saoudienne Al-Saoud[11].
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20
+ Des mosquées ont été construites en dehors de la péninsule d'Arabie au fur et à mesure du déplacement des musulmans, à travers les conquêtes, le commerce et les flux migratoires.
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+ Au Maghreb, la première mosquée est la Mosquée Al-Naqah[13] de Tripoli, en Libye, fondée vers 643 par le compagnon et général du Amr Ibn Aa-as lors de la conquête de l'Égypte, Cyrénaïque et Tripolitaine, sous le Califat des Rachidoune d'Omar[14].
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+
24
+ Fondée vers 670, la Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie) est l'un des plus anciens et le plus prestigieux sanctuaire de l'Occident musulman[15]. Par son plan et ses caractéristiques architecturales, la Grande Mosquée de Kairouan servit de modèle à de nombreuses mosquées dans divers pays du Maghreb, en Andalousie et jusqu'à l'Égypte de la période Fatimide[15].
25
+
26
+ La première mosquée connue de Chine a été construite sous la dynastie Tang pendant le VIIIe siècle, à Xi'an. La mosquée de Xi'an, à l'instar de celles de l'est du pays, suit l’architecture chinoise traditionnelle en forme de pagodes, et ne contient pas certains des éléments propres à celles du reste du monde, y compris celles de Chine occidentale.
27
+
28
+ Leur large diffusion en Inde remonte au règne de l’Empire moghol, aux XVIe et XVIIe siècles. Les Moghols ont apporté leur propre style d’architecture, en particulier les dômes aigus avec une forme étirée, comme la Jama Masjid de New Delhi[16]. Mais la première mosquée construite en Inde fut la mosquée Qûtb Minâr en 1193[17]
29
+
30
+ Les premières mosquées dans l’Empire ottoman, comme la Hagia Sophia d'Istanbul, étaient à l’origine des églises ou des cathédrales de l’Empire byzantin. Les Ottomans ont par la suite introduit une nouvelle architecture des mosquées. De grands dômes centraux sont ajoutés, avec des minarets multiples et des façades ouvertes. Les architectes ottomans ont raffiné la conception des colonnes, les plafonds sont devenus plus hauts, tout en incorporant les éléments traditionnels, tels que le mihrab[18]. On trouve jusqu’à nos jours en Turquie des mosquées qui témoignent du modèle ottoman.
31
+
32
+ Des mosquées ont commencé à être construites en Europe avec l’arrivée des Arabes en Espagne (VIIIe siècle), puis avec l’expansion de l’Empire ottoman dans les Balkans, à compter du XIVe siècle. Mais la croissance la plus rapide de leur nombre s’est produite récemment, avec la montée des flux migratoires provenant des pays à majorité musulmane. Les principales villes européennes, telles que Rome, Londres et Munich, accueillent des mosquées dotées de dômes et de minarets traditionnels. Elles sont localisées dans les centres urbains et y servent de centres sociaux, religieux et communautaires pour les musulmans maintenant assez nombreux qui y vivent. Dans les régions suburbaines et rurales d'Europe où il y a moins de musulmans, on en trouve de plus petites[19]. La plus ancienne située dans un département français est la mosquée Noor-e-Islam, qui se trouve à Saint-Denis de La Réunion : elle fut inaugurée en 1905[20], suivie par la Grande Mosquée de Paris en 1922. En Belgique, les premières mosquées sont construites en 1975[1].
33
+
34
+ Aux États-Unis, les mosquées sont apparues au début du XXe siècle en commençant par celle de Cedar Rapids à la fin des années 1920. Seulement 2 % des mosquées aux États-Unis ont été érigées avant 1950, 87 % après 1970 et 50 % après 1980[21].
35
+
36
+ Plusieurs exemples de lieux de culte étant passés d'une religion à une autre existent, certains concernent l’islam.
37
+
38
+ La Kaaba était avant l'islam un lieu de culte païen, on y trouvait 360 idoles[22] que Mahomet fit détruire lorsqu'il effectua la circumambulation autour de la Kaaba futur principal lieu saint de l'islam. Quant à la mosquée Al-Aqsa désignée comme le troisième lieu saint de l'islam, elle fut érigée sur le mont du Temple là où se situait le Second Temple de Jérusalem et qui est aujourd'hui encore perçu par les Juifs comme le lieu le plus saint du judaïsme.
39
+
40
+ En 1453, lors de la prise de Constantinople, les Ottomans transformèrent presque toutes les églises, monastères, et chapelles de la ville y compris la basilique Sainte-Sophie (Hagia Sophia), badigeonnant les mosaïques contraires à l'interdit de la représentation dans l'islam et lui adjoignirent quatre minarets, Sinan architecte turc fut influencé par l'architecture de Sainte-Sophie dans ses réalisations ultérieures. En 1528 le souverain moghol Babur fit construire une mosquée à Ayodhya en Inde. Les Hindous et des historiens considèrent qu'elle fut construite sur le lieu où se trouvait le temple du dieu hindou Rāma, démoli par le pouvoir islamique, en conséquence de quoi un groupe de 75 000 personnes menés par des hommes politiques indiens ont démoli cette mosquée lors d'émeutes en 1992[23]. Inversement des mosquées ont également été converties, notamment en Espagne après la Reconquista comme en témoigne l'actuelle cathédrale de Séville située à l'emplacement d'une ancienne mosquée almohade dont le minaret a été conservé et transformé en clocher[24] ou la Mezquita de Cordoue. On observe également ce phénomène en Europe du Sud-Est et Inde à la fin de leur occupation musulmane.
41
+
42
+ La salat (arabe : صلاة) est l’un des cinq piliers de l’islam, et stipule que les musulmans doivent effectuer cinq prières quotidiennes obligatoires : avant le lever du soleil (arabe : فجر fajr), quand le soleil dépasse le point central du ciel (arabe : ظهر dhuhr), l’après-midi (arabe : عصر asr), après le coucher du soleil (arabe : مغرب maghrib), et en soirée (arabe : عشاء isha’a). Bien que les plus petites salles de prière n'offrent la possibilité d’en effectuer que quelques-unes, la plupart des mosquées accueillent les cinq.
43
+
44
+ Tandis que les prières quotidiennes peuvent être exécutées à n’importe quel endroit, l'islam demande que tous les hommes assistent à la prière du vendredi à la mosquée : ce jour-là, elle accueille la prière du jumah, ou « prière du vendredi », qui se tient au moment de la deuxième quotidienne, celle de midi (dhuhr).
45
+
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+ Dans le calendrier musulman, il y a deux Aïds : Aïd el-Adha (arabe : عيد الأضحى ou Aïd el-Khabir arabe : عيد الكبير Grande Fête), Aïd el-Fitr (arabe : عيد الفطر ou Aïd es-Seghir arabe : عيد الصغير « Petite Fête »). Pendant le premier jour de ces deux événements, une prière spéciale est tenue le matin dans les mosquées : Salat el Aïd (« Prière de la Fête »). Les prières d’Aïd sont habituellement effectuées en grands groupes. De ce fait, seules les plus grandes mosquées accueillent normalement la prière d’Aïd. Parfois, celle-ci a lieu sur de vastes places en plein air, en raison de l'affluence.
47
+
48
+ Salat al-janazah (arabe : صلاة الجنازة) est également tenue lors de la mort d’un musulman.
49
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50
+ Lors de l’éclipse du soleil, les mosquées accueillent une autre prière spéciale appelée salat al-koussouf (arabe : صلاة الكسوف)[25].
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52
+ Le ramadan (arabe : رمضان), le mois le plus saint de l’islam, est célébré par plusieurs événements. Comme les musulmans doivent jeûner (arabe : صوم) les journées du ramadan, les mosquées accueillent les repas du soir (iftar) après le coucher du soleil et la quatrième prière du jour, maghrib. La nourriture est fournie, au moins en partie, par des membres de la communauté. Quelques mosquées tiennent également des repas du sohour, le dernier repas avant la reprise du jeûne à l’aube. En Occident certains politiciens assistent parfois à des tables d’iftar, dans le cadre de leurs campagnes électorales ou pour essayer de se concilier la communauté musulmane[26].
53
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54
+ Pendant le ramadan, les musulmans effectuent une prière spécifique, méritoire, le tarawih (arabe : تراويح). Elle a lieu après la cinquième et dernière prière, l’isha, sauf chez les chiites qui ne la pratiquent pas. Pendant le tarawih, l’imam récite de mémoire, en entier et au moins une fois l’intégralité du Coran, voire deux fois s’il veut faire comme Mahomet. Certains imams ne récitent pas tout le Coran, notamment dans les petites mosquées où la prière est relativement courte. Il est également possible de le lire s’il n’est pas mémorisé.
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+ Des conférences sont également organisées pendant ce mois.
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+ Enfin, pendant les dix derniers jours du ramadan, certaines mosquées accueillent l'i’tikaf, une pratique à laquelle participe au moins un musulman de la communauté pour réciter le coran, vénérer Dieu et étudier l’islam.
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+ Le troisième pilier de l’islam stipule que les musulmans doivent effectuer la zakat (arabe : زكاة charité). Elle correspond à 2,5 % (ou 1/40) de l’épargne du musulman, si cette épargne dépasse un certain montant, évalué actuellement en Europe à environ 870 euros, et réévaluée annuellement[27]. Pour les musulmans, le Coran prescrit : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez Allah, car Allah est, certes, dur en punition ! »[28].
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+ Pendant le mois de Ramadan, la zakat se fait davantage par la confection et la distribution de repas individuels. Des tables de charité sont organisées dans les mosquées ou des tentes de charité.
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64
+ À son arrivée à Médine, Mahomet fit bâtir un lieu de rencontre pour la Communauté, une sorte de « quartier général » où seraient traités tous les points touchant la Communauté, un centre de vie et de rassemblement. Beaucoup de gouverneurs musulmans après la mort du prophète de l’islam, ont donc établi leurs domaines autour d’une mosquée. De la même manière que La Mecque est construite autour de Masjid al-Haram et Médine autour de Masjid al-Nabawi, Karbala, en Irak actuel, a été construite autour du tombeau de Husayn, petit-fils de Mahomet. En général, les centres-villes des régions musulmanes sont marqués par la présence de mosquées.
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+ La place de la mosquée en Iran est notable à plusieurs titres. La mosquée, en plus d'un sanctuaire religieux, est aussi un lieu public où n'importe qui peut pénétrer. De plus, elle offre un véritable service public en mettant à disposition de l'eau courante et des toilettes[29]. La mosquée participe à la vie sociale d'un quartier. Elle fournit un lieu de prière et de repos à certaines catégories d'habitants ou de travailleurs du quartier, et est également un maillon essentiel entre les « sources d'imitation » (marja-e taqlid) et les populations religieuses.
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+ Les mosquées construites récemment, particulièrement dans les pays non musulmans, tendent par contre à s’éloigner du centre-ville. Aux États-Unis, la croissance du nombre de mosquées et des membres des congrégations dans les banlieues est beaucoup plus importante que dans les zones très peuplées et proches du centre ville. Néanmoins, même une mosquée dans une zone qui n’est pas très peuplée pousse souvent des musulmans à rapprocher leurs habitations et leurs entreprises de la mosquée. Ainsi, les lieux de culte forment les points focaux des communautés musulmanes, même si elles ne forment pas le centre de la communauté tout entière.
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70
+ Dans certaines villes de Turquie la pratique d’activités sportives a été rendue possible, comme activité de loisir en complément des enseignements religieux destinés aux jeunes. Après une convention entre le Diyanet (ministère des cultes relevant du Premier ministre) et la direction locale de la jeunesse et des sports, il était possible, dans une mosquée du district de Milas de 2012 à juillet 2013, de jouer au badminton[30], une mosquée de la province d'Antalya a hébergé des cours de tennis[31] et une mosquée de Seyhan a mis en place des sessions de karaté pour des enfants, dans les salles de prières[32],[33].
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+ L’éducation est une mission considérée comme noble, et l’islam insiste sur l’éducation et sur le savoir, que celui-ci soit religieux, scientifique ou littéraire. Les premiers versets révélés au prophète Mahomet disent : « Lis ! Au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Plus Noble, qui a enseigné par la plume (le calame), a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. » (Sourate 96). Le prophète indique : « Le meilleur d’entre vous est celui qui a appris le Coran et l’aura fait apprendre ». Dans un hadith, Mahomet affirme : « Mettez-vous à la recherche du savoir, jusqu'en Chine s'il le faut ». La mosquée se veut donc l’école de toutes les sciences, où vont se former les savants. Plus qu’un lieu de culte, la mosquée a donc été dans les temps de rayonnement de la civilisation musulmane un haut lieu d’éducation pour les fidèles de tous âges et de divers horizons. Abou Saïd Al-Khoudry rapporte que les femmes dirent à Mahomet : « Les hommes sont les seuls à profiter de tes exhortations. Consacre-nous donc un jour pour écouter tes enseignements. »[34]. Il leur désigna ainsi un jour où il les rencontrerait et leur offrait ses exhortations et ses recommandations.
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+ L’apprentissage du Coran, de l'arabe et des pratiques religieuses est effectué dans les pays où la langue n’est pas largement parlée. Des cours y sont donnés sur l’islam et son histoire aux nouveaux musulmans, particulièrement en Europe et aux États-Unis.
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+ Les madrasas sont parfois intégrées à des mosquées comme le cas autrefois d'Al-Azhar en Égypte et la Zitouna en Tunisie. Mais la tendance actuelle est de se diriger vers la séparation entre la mosquée et son ancienne vocation universitaire. En effet, si la simple éducation islamique peut être effectuée dans tout centre où existe un mu’allim (qui peut être l’imam) capable d’assumer ce rôle de première formation, les étapes suivantes nécessitent des structures plus développées d’enseignement, des maîtres plus qualifiés et surtout des moyens qui, dans le cas des enseignements supérieurs, sont de la seule portée des États.
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+ Les mosquées dans certaines régions du monde accueillent des événements et des dîners pour collecter de l’argent, pour financer des activités culturelles ou de charité, ou simplement pour réunir la communauté. Une illustration intéressante de cette participation de la communauté est celle de la Grande mosquée de Djenné au Mali où, pendant un festival annuel, la communauté participe à la réapplication du plâtre à l’extérieur du bâtiment de brique de boue.
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+ Aux États-Unis, les jeunes sont aussi attirés par les mosquées qui ont des équipements de sports tels que les terrains de basket-ball, de football ou de football américain.
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+ Les mosquées accueillent également des mariages. D'après la Sunna, le prophète avait instauré la proclamation du mariage au sein de la mosquée, lieu où doivent se nouer les liens sacrés dans une ambiance islamique, et où les musulmans en témoigneront dans la foi. D’après Aïcha, femme de Mahomet, ce dernier a dit : « Annoncez le mariage dans les mosquées et faites battre les tambours »[35].
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+ La vente et toute activité commerciale sont interdites dans la mosquée. Selon la parole de Mahomet : « Si vous voyez quelqu’un qui achète ou vend dans la mosquée, dites-lui : « Qu’Allah rende ton commerce perdant »[6], car cela risque de transformer la mosquée en un lieu de commerce. Cet épisode n'est pas sans rappeler celui de Jésus chassant les marchands du temple.
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+ En Iran, les fidèles sont redevables de deux taxes sur la richesse : non seulement la zakat, mais aussi le khoms correspondant à un cinquième des revenus. La moitié du khoms, appelée « part de l'Imam » (sahm-e emâm), est généralement collectée par le réseau des mosquées et centralisée par les « sources d'imitation » (marja-e taqlid). Le khoms est destiné à l'entretien matériel des membres du clergé[29]. On assiste aujourd'hui à la constitution d'un espace public confessionnel en Iran, constitution qui se confond avec les processus de privatisation et de marchandisation de la société. Ce processus touche l'ensemble des pratiques religieuses des croyants. On assiste donc à la tarification des services offerts par la mosquée[29]. Les cérémonies ayant lieu à la mosquée, comme les funérailles, les commémorations et les rituels de retour du hadj, par exemple, donnent lieu à des prestations de service tarifées et très détaillées[36].
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+ La fin du XXe siècle a été marquée par une augmentation du nombre de mosquées prenant et véhiculant des positions politiques. Certaines sont peu polémiques. Ainsi, aujourd’hui, la participation civique (en particulier le vote) est généralement encouragée par les mosquées du monde occidental.
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+ D'autres actions politiques sont plus contestées. Le fondamentalisme islamique, et les mouvements terroristes, ou tout du moins violents, s'y rattachant, se diffusent ainsi dans un nombre restreint de mosquées à travers le globe. À l'inverse, dans d'autres mosquées sont régulièrement faits des prêches en faveur de la coexistence paisible avec les autres tendances musulmanes et avec les non-musulmans, surtout en période de tensions.
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+ Au cours de la révolution iranienne, la mosquée en Iran a servi de base pour les réunions et l'organisation des manifestations[37]. Les « Comités pour l'accueil de l'imam Khomeiny », puis les « Conseils islamiques de quartier » après la révolution ont aussi siégé dans les mosquées[37]. Ces comités, qui s'occupaient de problèmes quotidiens des habitants du quartier, ou de questions politiques pendant la révolution, ont utilisé les lieux de culte musulmans pour des activités séculières.
93
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94
+ C'est pendant la guerre Iran-Irak que l'État iranien, au cours de la mobilisation révolutionnaire et nationale de cette période, mélange discours révolutionnaire et légitimité religieuse afin d'occuper l'espace public. La prière du vendredi, par exemple, possède deux parties : le premier sermon est religieux, et le deuxième est explicitement politique ou social. Il est même devenu courant que ces prêches soient précédés de l'intervention d'un ministre ou d'un technocrate qui explique son action[29]. C'est également au cours de la période de guerre contre l'Irak que les mosquées ont commencé à avoir un rôle dans le recrutement et le soutien aux volontaires candidats au martyr[38]. La levée des Bassidji s'est en effet effectuée par groupes de voisins ou d'amis, ou d'actions collectives organisées par les mosquées[39].
95
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96
+ En Turquie, État officiellement laïque existe une fondation (waqf) religieuse étatique (Türk Diyanet Vakfi) qui s'occupe de la formation et de la rétribution des imams et dicte leurs prêches. Selon Le Soir cet organisme gère 77 000 mosquées et 80 000 fonctionnaires en Turquie, mais aussi à l'étranger, par exemple en Belgique où elle gère 62 lieux de culte[40].
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+ En Indonésie, le manque de liberté politique des années Suharto a contribué au renouveau islamique. En 1990, un intellectuel musulman déclarait que « la mosquée demeure un sanctuaire pour l'expression des frustrations et du mécontentement »[41].
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+ Dans les pays où les musulmans ne sont pas majoritaires, les mosquées sont utilisées pour favoriser la participation civique. Les mosquées américaines accueillent ainsi l’enregistrement d’électeurs. Les mosquées permettent aux musulmans de rester au courant des questions concernant la communauté musulmane. En Belgique, les élections du corps exécutif Conseil provisoire de sages (installé par un arrêté royal), qui ont eu lieu le 13 décembre 1998, se sont déroulées dans 124 bureaux de vote dont 104 avaient été installés dans des mosquées et 20 dans des lieux publics[1]. Les fidèles de certaines mosquées participent à des protestations, signent des pétitions et s’impliquent dans la politique. Pendant la crise des caricatures en février 2006, les chefs des mosquées ont déterminé la réaction des fidèles. Tandis que quelques responsables, en Asie du Sud et au Moyen-Orient réclamaient des réactions plus violentes aux dessins, d’autres ont demandé aux fidèles de retenir leur colère et d'agir pacifiquement ; dans les deux situations, les fidèles ont réagi en conséquence du discours adopté[42].
101
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102
+ À la fin du XXe siècle, un nombre restreint de mosquées sont également devenues les plateformes d'imams extrémistes préconisant la violence politique et les idées islamistes extrémistes. La mosquée de Finsbury Park à Londres est un exemple de mosquée qui a été employée dans ce but. Cette dernière a été liée à plusieurs personnes condamnées ou suspectées dans le cadre de la lutte anti-terroriste, comme Zacarias Moussaoui et Richard Reid[43]. En Espagne, il existe un certain nombre de mosquées clandestines installées dans des garages ou dans des appartements, considérées par les autorités espagnoles comme des espaces propices au prosélytisme radical. De nombreux islamistes ont été arrêtés et la surveillance des mosquées est de plus en plus accentuée, car les autorités craignent à la fois la radicalisation des jeunes immigrants de la deuxième génération, et la présence de groupes radicaux islamistes chargés de recruter de futurs combattants. Cette surveillance est particulièrement active depuis les attentats du 11 mars à Madrid[44]. Certains pays comme le Qatar et les Émirats arabes unis procèdent à l’expulsion des imams étrangers qui tiennent des discours extrémistes.
103
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104
+ Le mardi 20 novembre 1979, la grande mosquée de la Mecque a été prise d'assaut par un groupe d'extrémistes religieux pendant plusieurs semaines[45]. Dans la matinée, cependant, le roi Khaled avait réuni les grands oulémas du royaume pour obtenir d'eux une fatwa autorisant l'assaut, mais les soldats ne progressaient cependant que très lentement. Le 23 novembre, trois gendarmes français du GIGN arrivés à La Mecque se « convertirent à l'islam » pour pouvoir pénétrer dans le Haram. Dans la nuit du 4 au 5 décembre, environ 170 personnes se rendirent[46].
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+ En Irak, dans le cadre de l’affrontement entre chiites et sunnites, des mosquées chiites et sunnites sont régulièrement attaquées par des groupes armés. Un bombardement mené par Al-Qaïda en février 2006 a sérieusement endommagé la mosquée Al-Askari à Samarra[47]. Cette mosquée étant sainte pour les chiites, l'attentat a aggravé les tensions qui existent entre les musulmans sunnites et chiites. Dans la religion musulmane, il est formellement interdit de s’attaquer à n’importe quelle maison de prière ou temple. Toujours en Irak, des mosquées ont essuyé le feu de l’armée américaine[48] qui affirme que des combattants se cachent dans ces mosquées.
107
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108
+ En 2007, la tension entre les autorités pakistanaises et certains militants talibans éclate brutalement lors de l'assaut de la Mosquée rouge de 2007[49]. Des islamistes extrémistes armés occupent la Mosquée et l'armée mène une attaque pour en reprendre le contrôle. L'événement cause la mort de plus de cent personnes et relance le conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan.
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110
+ En Occident, ces attaques sont des faits isolés et sont plutôt reliées à un contexte politique. Aux États-Unis par exemple, le nombre d’attaques visant les mosquées a augmenté depuis le 11 septembre. Aux Pays-Bas, le nombre d’attaques s'est également accru après l’Assassinat de Theo van Gogh, qui avait tourné un film hostile à l’islam basé sur l’expérience personnelle de Ayaan Hirsi Ali[50]. Les mosquées du Royaume-Uni, ont connu des attaques similaires après les attentats du 7 juillet 2005. Certaines mosquées ont été incendiées ou parfois vandalisées. On retrouve souvent des inscriptions néo-nazies sur les édifices. D'autres mosquées sont également parfois visées dans le reste de la France comme la mosquée de Paris qui a subi plusieurs actes de vandalisme[51]. Certaines attaques entraînent des affrontements interreligieux comme lors de la destruction de la mosquée Barbari en Inde en décembre 1992[52] qui a entraîné des violences entre musulmans et hindous en 1992 et 2002[53].
111
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112
+ Dans les pays musulmans, les mosquées sont gérées par le ministère des Affaires islamiques. Celui-ci finance la construction, la formation des imams (en coopération avec le ministère de culture) et leurs affectations aux mosquées. Parfois, certains pays appellent des imams venant d’autres pays s’il n’y a pas assez d’imams locaux pour les différentes mosquées. Il existe des mosquées construites par des particuliers, mais c’est l’État qui prend en main leur direction.
113
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114
+ En Indonésie (premier pays musulman du monde par son nombre de pratiquants), à travers le ministère des religions, l'État prend en charge la construction de mosquées, le pèlerinage à la Mecque et l'enseignement religieux[54].
115
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116
+ En France, avec la loi de 1905 dite de séparation des Églises et de l’État, qui dispose dans son article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », les mosquées sont financées par des fonds étrangers et par les dons des fidèles et les collectes, surtout pendant le mois de Ramadan[55]. En France, les imams sont souvent bénévoles, mais certains, par exemple ceux qui dépendent de la mosquée de Paris, sont rémunérés par l’État algérien[1]. Néanmoins, l’État impose une limite de 15 % à la part de financement en provenance de pays étrangers (notamment le Maroc et l’Arabie saoudite). Depuis le 11 septembre, il y a une certaine méfiance à l'égard des financements saoudiens[56]. À Nice, une demande de mosquée, déposée en 2006 et financée par l’Arabie saoudite, a été refusée. Les autorités françaises veulent limiter la construction des mosquées à financement étranger[57].
117
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118
+ En Belgique, la région de Bruxelles est chargée du financement des travaux liés aux mosquées (construction et entretien) de la région, de la prise en charge du déficit des mosquées, et doit se charger du logement de l’imam qui a le rang le plus haut.
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120
+ Après la chute de Saddam Hussein, l'Iran a financé la construction et la rénovation de plusieurs mosquées et sanctuaires chiites notamment à Karbala et Najaf[58]. À travers le Hezbollah dont son leader Hassan Nasrallah a étudié à Qom, l'Iran finance la construction de mosquées chiites et d'écoles[59].
121
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122
+ L’implication saoudienne dans la construction des mosquées remonte aux années 1960, lors de la fondation de la Ligue islamique mondiale par la famille royale. Ce n’est qu’au début des années 1980, c’est-à-dire après la Révolution islamique en Iran que l’Arabie saoudite a commencé à devenir influente dans le financement et la construction des mosquées hors du pays.
123
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124
+ Le royaume aurait dépensé plus de 45 milliards de dollars pour financer la construction de mosquées et de centres islamiques. Le journal saoudien Ain al-Yaqeen estime que les Saoudiens ont financé la construction de plus de 1 500 mosquées et plus de 2 000 centres islamiques, principalement dans les pays où les musulmans sont une minorité[60]. La construction du centre islamique de Rome a été financée principalement par le roi Fahd, lequel a payé 50 millions de dollars, soit 70 % du coût total de la construction[61].
125
+
126
+ Des citoyens saoudiens contribuent également d’une manière significative, particulièrement dans les pays où des musulmans sont pauvres ou opprimés. Après la chute de l’Union soviétique, des mosquées d'Afghanistan ont reçu des aides importantes de la part de citoyens saoudiens. À la suite de la guerre du Kosovo pendant laquelle beaucoup d'édifices religieux ont été détruits ou endommagés, les Saoudiens ont financé la restauration de mosquées en opposition avec leur style originel ottoman riche en fresques aux thèmes figuratifs[62].
127
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128
+ Après les attentats du 11 septembre 2001, certains pays ont prêté plus d’attention aux centres et aux mosquées financés par les Saoudiens. En effet, l’Arabie saoudite adhère au courant wahabbite, qui est une forme rigoureuse de l’islam sunnite. Cette nouvelle méfiance a parfois freiné ces financements.
129
+
130
+ Au-delà des sommes engagées dans la construction, l'Arabie saoudite forme également des prédicateurs salafistes à travers le monde, dont plus de 30 aux États-Unis[63].
131
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132
+ Très diverses dans leur taille et leur style architectural, les mosquées peuvent être de simples masjid servant au culte quotidien, mais aussi des jami' (grandes mosquées), où les fidèles se rassemblent pour la prière du vendredi. Les éléments caractéristiques de la mosquée sont apparus dès l’aube de l’islam. Au fur et à mesure de l’expansion de l’islam, les mosquées ont intégré de plus en plus d’éléments issus de l’architecture des territoires conquis. Chaque région connaît donc une architecture de mosquée qui lui est propre.
133
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134
+ C’est le premier plan conçu. Il se base sur un modèle plus ou moins mythique : la maison du prophète à Médine, qui serait actuellement située sous la grande mosquée de Médine. Le plan arabe, ou plan hypostyle, est un plan à forme carrée ou rectangulaire qui se compose d’une cour à portique et d’une salle de prière à colonnes, les nefs étant dirigées parallèlement ou perpendiculairement (pour le Maghreb et certaines exceptions) à la qibla. On le trouve dans tout le monde islamique, depuis la Syrie (Grande mosquée des Omeyyades de Damas, par exemple) jusqu’au Maghreb (exemple la Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie), à l’Espagne et à l’Irak. Les mosquées de plan arabe ont été construites notamment sous le règne des Abbassides et Omeyyades.
135
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136
+ Comme son nom l’indique, ce plan se retrouve quasiment exclusivement dans le Grand Iran, c’est-à-dire dans une région comprenant l’Iran, une partie de l’Afghanistan et du Pakistan et une partie de l’Irak. C'était également le plan utilisé en Inde avant la dynastie moghole. Il apparaît au Xe siècle avec la dynastie seldjoukide et se caractérise par l’emploi d’iwans, d’un pishtak et d'une salle de prière sous coupole. Généralement, les cours des mosquées en comportent quatre disposés en croix. Un pishtak est un portail formant une avancée, souvent surmonté de deux minarets et ouvert par un grand arc. La mosquée du Shah à Ispahan est l’un des plus beaux exemples de plan iranien connus.
137
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138
+ Ce plan se trouve en Turquie (actuelle) principalement, et fut mis au point après la Prise de Constantinople en 1453 par l’architecte Sinan, le plus grand bâtisseur de mosquées turques à qui on attribue plus de 300 édifices, dont la mosquée Süleymaniye à Istanbul. Cependant, on en trouve des prémices depuis le XIIIe siècle dans le premier art ottoman. Il se compose d’une salle de prière sous une immense coupole cantonnée de demi-coupoles et de coupolettes.
139
+
140
+ On trouve également en plus de la coupole centrale des coupoles souvent plus petites dans tout le reste de la mosquée, même où la prière n’est pas effectuée. Souvent, les mosquées de type ottoman font partie de grands complexes. On peut déceler une influence byzantine (de Sainte-Sophie notamment).
141
+
142
+ Ce plan se trouve essentiellement dans l'aire indienne à partir du XVIe siècle, et il est influencé par le plan iranien. Il se caractérise par une immense cour à quatre iwans, dont un ouvre sur une salle de prière étroite et rectangulaire, couronnée par trois ou cinq coupoles bulbeuses. Par exemple, dans l'Inde actuelle, les grandes mosquées de Delhi, de Fathepur-Sikri et de Bîdâr utilisent ce type de plan,ou encore celle de Lahore, aujourd'hui au Pakistan.
143
+
144
+ Les mosquées d’Afrique subsaharienne sont marquées par l’architecture de terre. Elles sont souvent construites en terre crue. Les grandes mosquées de Tombouctou et de Djenné qui témoignent de cet art sont dotées de contreforts et de nombreux pinacles. La grande mosquée d’Agadès (au Niger), érigée au XVIe siècle, possède un minaret sahélien traditionnel construit avec de la terre et des étais de bois.
145
+
146
+ En Chine orientale, le minaret est séparé du reste de la mosquée et il est situé à son entrée. Les mosquées ressemblent plutôt à des pagodes, tandis qu’en Chine occidentale, les mosquées sont moins marquées par l’architecture chinoise traditionnelle.
147
+
148
+ En Pologne, la communauté musulmane d'origine tatare s'élève à 5 000 âmes. Une mosquée en bois est visible à Kruszyniany non loin de la frontière biélorusse dans la voïvodie de Podlachie, une autre mosquée en bois est également visible dans la région à Bohoniki. Une mosquée existe également à Gdańsk, à Varsovie et à Białystok.
149
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150
+ Le minaret (مئذنة) est généralement une tour élevée dépassant tous les autres bâtiments. Son but était autrefois de fournir un point élevé au muezzin (مؤذن) pour l’appel à la prière (أذان adhan). Aujourd’hui des haut-parleurs sont souvent placés en haut du minaret et le muezzin fait alors l’appel de l’intérieur de la mosquée.
151
+
152
+ Dans les mosquées qui n’ont pas de minarets, l’adhan se fait de l’intérieur de la mosquée, avec ou sans haut-parleurs. Dans certains pays où les musulmans sont minoritaires, l’appel à la prière n'est pas autorisé. L’iqama (إقامة), qui est semblable à l’adhan, est dite juste avant le début de la prière et n’est habituellement pas annoncé du minaret.
153
+
154
+ Qu’ils soient à fût cylindrique, carrés, en spirale ou octogonaux, petits et massifs ou bien hauts et élancés, les minarets sont une constante de presque toutes les mosquées. Les premières mosquées qui ont été construites n’avaient cependant pas de minaret, et des courants comme le salafisme trouvent encore que la construction de ceux-ci est inutile.
155
+
156
+ Les premiers minarets furent édifiés au lendemain de l’hégire, et le plus ancien en date semble être celui élevé en 665 à Bassorah par le premier calife omeyyades Muawiya Ier. Ce dernier a encouragé la construction des minarets, car ils permettaient aux mosquées d’avoir le même aspect grandiose que les églises chrétiennes avec leurs clochers. Avant l’apparition des minarets, l’appel à la prière était lancé depuis le toit de la mosquée par le muezzin.
157
+
158
+ Le minaret de la Grande Mosquée de Kairouan (à Kairouan en Tunisie) est considéré comme le plus ancien minaret encore existant au monde[64],[65] ; sa construction, probablement commencée au cours de la première moitié du VIIIe siècle, date essentiellement de l'an 836[66]. Constitué de trois niveaux de largeurs décroissantes, il apparaît comme le prototype des minarets de l’Occident musulman[66].
159
+
160
+ Le plus haut minaret du monde est celui de la Mosquée Hassan II à Casablanca, avec une hauteur d’environ 210 mètres[67]. À Téhéran, en Iran, deux minarets d’une hauteur de 230 mètres sont en cours de construction.
161
+
162
+ Le minaret est généralement solitaire, mais il existe des exceptions. Ainsi, les Timourides introduisirent un portail monumental, accompagné de minarets jumeaux, un de chaque côté, comme à Samarcande, dans l'actuel Ouzbékistan[68].
163
+
164
+ Le dôme provient des voûtes sphériques perses. Il est utilisé dans l'architecture islamique depuis le VIIe siècle. Les dômes sont souvent placés directement au-dessus de la salle principale de prière.
165
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166
+ Au cours du temps, la taille des dômes augmente. Après avoir occupé un petit espace près du minaret, ils occupent aujourd’hui presque la totalité de la surface du toit de la salle de prières.
167
+
168
+ À partir de la fin du XIe siècle, avec le règne des Seldjoukides, de petites coupoles apparaissent au-dessus du mihrab et de l’iwan, en plus du grand dôme principal qui se trouve au centre[68]. Bien que les dômes aient normalement la forme d’un hémisphère, les Moghols ont popularisé les dômes avec une forme plus étirée, notamment en Inde.
169
+
170
+ Les formes arrondies en forme de coupole sont symbole de perfection.
171
+
172
+ Une coupole est un mode de couverture hémisphérique, qui repose sur une zone de transition octogonale (le plus souvent), elle-même posée sur quatre piliers. La zone de transition est le grand problème des architectes islamiques. Ils peuvent se servir de pendentifs, c’est-à-dire de triangles convexes posés sur la pointe, comme dans l’Empire byzantin, ou de trompes, à savoir des petites niches, ce qui proviendrait du monde iranien.
173
+
174
+ Les nervures et les muqarnas qui remplissent souvent les coupoles dans le monde islamique n’ont en général pas de véritable fonction architectonique.
175
+
176
+ On appelle dôme l’extérieur d’une coupole. À partir du XVe siècle, les coupoles sont très souvent doubles, c’est-à-dire qu’il existe un espace plus ou moins important entre la coque interne et la coque externe. Cette technique permet de réaliser des monuments plus hauts.
177
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+ Les salles de prière ne doivent pas abriter des statues, des figures spirituelles, des images d’animaux ou d’êtres humains. Les fidèles prient dans des rangées parallèles au mur de la qibla. Pour la prière, les hommes se placent devant et les femmes derrière ; néanmoins, dans de nombreux pays, les hommes et les femmes sont séparés. L’intérieur est sobre et ne comporte généralement aucune image figurative : des calligraphies, généralement des versets du Coran ou la chahada, ornent l’édifice et les tapis sont utilisés pour couvrir le sol et les motifs dont ils se parent sont orientés en direction de La Mecque. La salle de prière est précédée d’une vaste cour centrale bordée de portiques et parfois ornée d’une fontaine (قبلة).
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+ Généralement, en face de l’entrée à la salle, se trouve le mihrab (محراب) qui est une niche, souvent décoré avec deux colonnes et une arcature, qui indique la qibla, c’est-à-dire la direction de la Kaaba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière. Il est souvent au milieu du mur de la qibla. C’est probablement dans la mosquée de Médine qu’on trouve le premier mihrab (705-706).
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+ Le minbar, un siège ou un pupitre duquel on présente des sermons, est situé à la droite du mihrab, en haut d’une série de marches. Il est notamment utilisé lors de la prière du vendredi. Le premier minbar fut construit par le prophète en l'an 7 de l'hégire, sous forme d'une chaire de bois depuis laquelle il pouvait s'adresser aux fidèles[69]. Le minbar de la Grande Mosquée de Kairouan est le plus ancien minbar du monde musulman toujours conservé in situ ; il date du IXe siècle (vers 862)[70],[71]. Aujourd’hui, le minbar est intégré au mur de la qibla lors de la construction. Le plancher de la mosquée, à l’endroit où la congrégation se réunit pour le culte, est couvert de tapis. Il n’y a ni siège ni banc. D’après une étude réalisée à Marseille, Montpellier, Alsace-Moselle et Île-de-France, les lieux de culte musulmans en France sont globalement des espaces discrets de taille modeste dont on peine au premier abord à imaginer la destination cultuelle. Cette discrétion peut s’expliquer par les coûts financiers importants pour l’achat de grands bâtiments ou du foncier. Il y a également le rôle dissuasif joué par certaines municipalités qui ont pour premier réflexe celui de la résistance de principe[72]. Dans les pays musulmans, on peut trouver des salles de prière dans les lieux de travail, les grands centres commerciaux voire dans les écoles. Certains aéroports comme celui de Doha, d'Abou Dabi ou encore de Riyad sont également équipés de salles de prière.
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+ Zaouïa (زاوية) est un centre spirituel soufi. Le mot zaouïa a pour sens premier angle, cette définition induit donc l’"isolement" propice au recueillement. En effet, ce terme va désigner dans un premier temps un emplacement ou un local réservé à l’intérieur d’une structure plus vaste où les mystiques pouvaient se retirer comme le laisse entendre le sens de la racine du mot arabe. Par la suite, le mot va désigner un complexe religieux comportant une mosquée, des salles réservées à l’étude et à la méditation et une auberge pour y recevoir les indigents. Zaouïa est un établissement religieux érigé autour d’une relique, un wali, et est voué essentiellement à l’enseignement du Coran et des pratiques spirituelles. On y enterre souvent les saints fondateurs des Confréries soufies qui l’occupent.
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+ On ne trouve les zaouïas que dans certaines mosquées du Maghreb. Selon certaines pensées populaires locales, les zaouïas ont une panoplie de pouvoirs surnaturels ; on les dit capables d’intercéder auprès de Dieu[73]. Certaines ont un rayonnement éducatif, intellectuel et culturel important, car elles contiennent des manuscrits et des ouvrages de mathématiques, d’astrologie, d’astronomie et de pharmacopée[74].
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+ Les iwans sont nés dans le monde iranien bien avant l’arrivée de l’islam, sans doute sous la dynastie sassanide. Il s’agit d’un hall voûté avec une façade rectangulaire ouverte par un grand arc. L’iwan combiné avec le plan carré des palais achéménides a donné le modèle du plan de mosquée dit « iranien » (quatre iwans disposés en croix et s’ouvrant sur une cour appelée sahn (en persan : صحن). Au centre de la cour, on trouve parfois des fontaines à ablutions.
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+ Ce sont les Abbassides qui introduisent l'iwan dans l'architecture islamique. On retrouve par la suite les iwans dans le plan moghol influencé par le plan iranien[68].
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+ Les madrasas, dont le type est né en Iran, utilisent aussi cet élément, et ont permis sa diffusion (faible) en Syrie, en Égypte et au Maghreb. Les iwans servent de pièces de séjour et permettent à l’habitant soit de chercher le soleil, soit de s’en mettre à l’abri selon les besoins des saisons et des heures du jour. L’hiver, on s’installe dans l’iwan du nord pour recevoir les rayons du soleil situés au sud, et l’été dans l’iwan du sud pour ne pas être atteint par eux[75].
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+ Les monuments islamiques figurant sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO sont :
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+ Parce que les mosquées sont des endroits de culte, les personnes qui s'y trouvent sont tenues de respecter ceux en train d’y prier. Il est ainsi interdit de parler dans la mosquée à voix haute, ou de discuter de sujets considérés comme irrespectueux. Applaudir est uniquement toléré pour les femmes lorsque l’imam fait une erreur. La raison est que selon une parole de Mahomet : « (…) celui qui veut signaler une chose pendant la prière formule le tasbih (dire : soubhan-Allah « gloire à Allah »). [et] (…) taper les mains, est [une manière de le signaler] pour les femmes »[6]. Il est blâmable de cracher dans la mosquée et surtout au cours de la prière. Selon Abd Allah ibn Umar : L'« Envoyé d’Allah s’ayant aperçu d’un crachat sur le mur de la Qibla, il le frotta, puis se tourna vers les fidèles en disant : Lorsque l’un de vous fait sa prière, qu’il ne crache pas devant lui, car Allah se trouve en face de celui qui prie. »[83]. Il est également interdit à celui qui a mangé de l’ail, de l’oignon ou du poireau d’aller à la mosquée à cause des odeurs désagréables qui peuvent gêner les personnes en train de prier[84]. Il est interdit à l’homme en état de grande impureté de rester dans la mosquée alors qu’il connaît son état jusqu’à ce qu’il se purifie. Il en est de même pour les femmes lors des menstrues et des lochies[6].
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+ Les hommes et les femmes ne sont généralement pas mêlés (la salle de prière pour femmes étant souvent séparée de celle des hommes soit par un mur, soit par un rideau). Il existe même parfois des mosquées complètement séparées, surtout en Chine. Selon la sounna, les rangs des femmes doivent être derrière ceux des hommes, pour des raisons liées à la génuflexion[85]. Dans un des ouvrages de référence[86], on trouve un hadith où Anas ibn Mâlik dit : « Le prophète a prié dans la maison d’Oum Souleym. Il m’a souri lorsque je me suis placé derrière lui, j’ai prié derrière lui et Oum Souleym derrière nous ». Il est mentionné dans beaucoup de hadiths authentiques et transmis d’une manière récurrente que les femmes priaient avec Mahomet derrière les rangs des hommes. Il existe toutefois quelques rares mosquées pour femmes[87] dans le monde.
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200
+ Les fidèles doivent enlever leurs chaussures à l’entrée de la mosquée afin de respecter la pureté du lieu de prière. En effet, le Coran précise que la prière n'est valable que si le corps, les vêtements et le lieu sont exempts d'impuretés. Une autre raison est aussi pour que le musulman puisse faire ses ablutions rituelles, qui comprennent les pieds.
201
+ Les habits de fête et le parfum sont recommandés pour la prière du vendredi afin de suivre cette recommandation : « Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de salat portez votre parure (vos habits) »[88]. L’orant doit purifier son corps par des ablutions et ses habits doivent être propres. Il ne peut pas, par exemple, prier avec des habits souillés par de l’urine. La femme doit être habillée d’un habit large et non transparent qui ne montrera pas ses atours. Elle ne doit pas porter de parfums ni autre chose qui pourrait attirer l’attention sur elle et distraire les hommes de la prière. Les habits moyen-orientaux (thawb ou jouba) sont souvent associés à l’islam, mais leur port n’est pas obligatoire, sauf si l'habit occidental est trop serré. Cependant, certains musulmans préfèrent les porter quand ils vont à la mosquée.
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+
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+ Le Coran interdit l’entrée des polythéistes dans le Masjid al-Haram : « Ô vous qui croyez ! Les associateurs ne sont qu’impureté : qu’ils ne s’approchent plus de la Mosquée Sacrée, après cette année-ci. Et si vous redoutez une pénurie, Dieu vous enrichira, s’Il veut, de par Sa grâce. Car Dieu est Omniscient et Sage»[89]. Il existe toutefois plusieurs façons d'interpréter ce verset. Par exemple, l’imam et théologien Abû Hanîfah, fondateur du madhhab de droit musulman hanafite, pense que les polythéistes peuvent entrer dans le Haram (lieu saint) à la Mecque tant qu’ils n’y restent pas ou n’y séjournent pas, car il interprète l’impureté dans le sens d’une impureté spirituelle (liée au polythéisme)[90]. Mais il y a une divergence d’opinions entre les spécialistes (fouqaha) en ce qui concerne l’entrée d’un non-musulman dans une mosquée. Le plus prépondérant est la permission d’entrer dans toutes les mosquées — excepté la mosquée al-Haram à La Mecque[91] — tant qu’il ne dort pas et ne mange pas dans la mosquée. En effet Mahomet accueillit la délégation thaqifite dans sa mosquée pour l’initier à l’islam et reçut également dans le même endroit la délégation chrétienne de Najran quand elle se rendit auprès de lui pour être initiée à l’islam[92].
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+ « Si des non-musulmans demandent à entrer dans une mosquée pour voir comment prient les musulmans et ne portent rien qui puisse salir la mosquée et ne sont pas des femmes indécemment vêtues et, en l’absence de tout autre obstacle à leur entrée, il n’y a aucun inconvénient à les faire entrer dans la mosquée. On les installe derrière les prieurs pour qu’ils voient comment ils prient et on avertit les musulmans qui ne seraient pas au courant afin qu’ils ne cherchent pas à chasser les étrangers. Allah sait le mieux[93]. »
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+ Cependant, à l'époque de son règne, le calife omeyyade Umar II a interdit l’entrée des non-musulmans dans les mosquées et cette règle est encore appliquée aujourd'hui en Arabie saoudite[4]. En pratique, la décision de permettre l’entrée des non-musulmans varie d’un endroit à l’autre. Au Maroc par exemple, l’entrée est permise dans deux mosquées seulement, la mosquée Hassan II à Casablanca et la mosquée Moulay Ismael à Meknès. Il y a également beaucoup d’autres endroits, en Occident aussi bien que dans le monde islamique, où les non-musulmans sont autorisés à entrer dans des mosquées. Aux États-Unis par exemple, la plupart des mosquées reçoivent des visites de non-musulmans chaque mois. En Malaisie, l’entrée est généralement permise sauf pendant les heures de prière. Pour entrer, on exige que les femmes (musulmanes ou non) portent également une écharpe pour couvrir la tête dans le modèle du hijab et que les hommes se couvrent les jambes des pieds aux genoux. En Tunisie, dans la Grande Mosquée de Kairouan, le port d'un voile sur la tête n'est pas indispensable et seules les jambes des femmes portant une jupe ou un short court doivent être couvertes. La partie qui reste non accessible au visiteur est le lieu de prière à proprement parler. En Iran les non-musulmans peuvent visiter toutes les mosquées sauf la partie centrale des lieux extrêmement saints comme les mausolées de l'imam Reza à Mashhad et de Fatima Masoumeh à Qom. En Turquie, l'entrée des non-musulmans dans les mosquées ne pose aucun problème, à condition de respecter les règles de bienséance valables pour tout le monde, à savoir se déchausser et (pour les femmes) couvrir la tête par une écharpe.
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+ Les trois principales mosquées et lieux saints de l'islam :
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+ 1-Masjid al-Haram
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+ 2-Masjid al-Nabawi
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+
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+ 3-Mosquée Al-Aqsa
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+
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+ Kairouan
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+ Tunis
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+ Tlemcen
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+ Biskra
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+
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+ Alger
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+ Casablanca
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+
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+ Fès
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+
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+ Marrakech
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+
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+ Mascate
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+ Chinguetti
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+
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+ Damas
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+ İstanbul
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+ İstanbul
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+ Samarra
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+ Caire
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+ Caire
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+ Cordoue
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+ Ispahan
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+ Paris
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+ Saint-Denis
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+ Djenné
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+ Tombouctou
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+ Xi’an
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+ Pékin
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+ Saint-Pétersbourg
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+ Abou Dabi
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+ Islamabad
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+
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+ Touba
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+
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+ Samarcande
274
+
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+ Types de mosquées:
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+ Grande Mosquée de Cordoue en Espagne.
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+
279
+ Mosquée Al Quaraouiyine de Fès au Maroc.
280
+
281
+ Mosquée Zitouna en Tunisie.
282
+
283
+ Mosquée Koutoubia au Maroc.
284
+
285
+ Mosquée du Vendredi à Herat en Afghanistan.
286
+
287
+ Grande Mosquée de Touba au Sénégal.
288
+
289
+ Mosquée-cathédrale de Moscou au Russie.
290
+
291
+ Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie.
292
+
293
+ Une mosquée, Assouan en Égypte.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3956.html.txt ADDED
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1
+ Une mosquée est un lieu de culte où se rassemblent les musulmans pour les prières communes.
2
+ L’ensemble architectural est le plus souvent entouré d’une ou plusieurs tours, ou minarets, dont le nombre n'est pas limité. Le toit est souvent en forme de dôme. C’est du haut d’un des minarets que le muezzin (mouadh-dhan) appelle à la prière au cours de l’adhan. Une mosquée est plus qu’un lieu de culte ; elle sert d'institution sociale et éducative : elle peut, ainsi, être accompagnée d’une madrassa, d'une bibliothèque, d’un centre de formation, voire d’une université. Elle sert aussi de lieu de rencontres et d’échanges sociaux.
3
+
4
+ Le nom commun féminin mosquée, attesté en 1550 dans la langue française[1], est un emprunt, par l'intermédiaire de l’italien moschea[2], altération de moscheta[2], à l'espagnol mezquita[2], venant lui-même de l’arabe مسجد / masjid, lui-même emprunté à l'araméen masged[3]. Il dérive d’une racine proto-sémitique signifiant « poser le front au sol » et rappelle qu’il s’agit d’un lieu de prosternation.
5
+
6
+ Le mot arabe masjid signifie l’endroit du culte et dérive du verbe sajada (racine « s-j-d, » signifiant « se mettre à genoux ») en référence aux gestes exécutés pendant les prières. Le mot « m-s-g-d » est apparu en araméen dès le Ve siècle, et le même mot est trouvé plus tard chez les Nabatéens avec la signification « endroit du culte ». Apparemment, ce mot araméen aurait à l’origine signifié « stèle » ou « pilier sacré »[4].
7
+
8
+ Les précurseurs du mot « mosquée » apparus pendant les XVe, XVIe, et XVIIe siècles (« moseak », « muskey », « moschy », et « mos’keh ») ont été également utilisés jusqu’à ce qu’on ait décidé que « mosquée » qu’on trouve dans l’espagnol, le moyen français, l'italien ou l'anglais deviendrait la norme. Au XVIIIe siècle, l’épellation moderne est devenue la plus populaire et la plus standard du mot.
9
+
10
+ Dans le contexte européen, le terme de mosquée a tendance à céder la place au terme « centre », (markaz), en fonction des activités qui y sont proposées. Si la majorité des gens s’y rend pour prier, cela reste une mosquée. Si la plupart y vient pour d’autres activités, on parlera plutôt d’un centre (markaz)[1].
11
+
12
+ Selon une parole attribuée à Mahomet, « toute la terre est une mosquée sauf les cimetières et les lieux d’aisance »[5]. Une autre parole affirme que « la terre m’a été rendue lieu de prière et pure. Quiconque parmi les hommes de ma communauté atteindra l’heure de la prière aura un lieu de prière et de pureté »[6]. Selon la croyance islamique, la première mosquée au monde était masjid al-Haram connue également sous le nom de Kaaba à La Mecque, qui aurait été édifiée par Adam, puis reconstruite par Abraham et son premier fils Ismaël sur un ordre de Dieu. La deuxième mosquée la plus ancienne est la mosquée al-Aqsa. Selon la tradition musulmane, elle aurait été construite 40 ans plus tard par Abraham ; lors du voyage nocturne de Mahomet, celui-ci aurait été conduit d’abord de la mosquée sacrée de La Mecque jusqu’à celle d'al-Aqsa de Jérusalem[7]. Elle était également la première direction de la qibla[8].
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+
14
+ La première construite pendant le règne de l’islam serait la mosquée de Quba à Médine. Elle aurait été édifiée lors de l’hégire, migration de Mahomet et ses compagnons de la Mecque à Médine. Quelques jours après avoir commencé sa construction, Mahomet aurait entamé la construction d’une deuxième mosquée à Médine, connue aujourd’hui sous le nom de masjid al-Nabawi, ou « mosquée du prophète ». D'après la tradition, son emplacement serait celui de la première prière de vendredi effectuée à Médine[9]. Selon cette tradition, prié par les habitants de Médine d’accepter plusieurs terrains, Mahomet, pour ne froisser personne, laissa à sa monture, Qoçoua, le soin de déterminer le lieu d’arrivée en lui relâchant la bride. C’est ainsi qu’après nombre de détours elle s’arrêta enfin sur un large terrain vide et s’agenouilla. C’est sur ce terrain que la mosquée de Médine aurait été bâtie[10].
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+
16
+ Durant son séjour à La Mecque, Mahomet effectue devant la Kaaba les cinq prières quotidiennes avec les disciples de l’islam alors même que des Arabes non musulmans y effectuent également leurs rituels. La tribu de Quraych, chef de La Mecque, qui est responsable de la Kaaba, essaie d’exclure les disciples de Mahomet du sanctuaire. Quand celui-ci revient à la Mecque en 630, il brise les idoles du temple et convertit la Kaaba en mosquée. Elle est depuis connue en tant que masjid al-Haram, ou « mosquée sacrée ».
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+
18
+ Masjid Al-Haram a été sensiblement agrandie au cours des siècles pour faciliter le hajj, le pèlerinage que tout musulman se doit d’effectuer s’il en a la capacité. Sa première extension fut réalisée à l’époque islamique sous le règne du calife Omar et elle a acquis sa forme actuelle en 1577 pendant le règne du sultan Selim II. Des extensions modernes sont réalisées sous le règne de la famille royale saoudienne Al-Saoud[11].
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+
20
+ Des mosquées ont été construites en dehors de la péninsule d'Arabie au fur et à mesure du déplacement des musulmans, à travers les conquêtes, le commerce et les flux migratoires.
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+ Au Maghreb, la première mosquée est la Mosquée Al-Naqah[13] de Tripoli, en Libye, fondée vers 643 par le compagnon et général du Amr Ibn Aa-as lors de la conquête de l'Égypte, Cyrénaïque et Tripolitaine, sous le Califat des Rachidoune d'Omar[14].
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+
24
+ Fondée vers 670, la Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie) est l'un des plus anciens et le plus prestigieux sanctuaire de l'Occident musulman[15]. Par son plan et ses caractéristiques architecturales, la Grande Mosquée de Kairouan servit de modèle à de nombreuses mosquées dans divers pays du Maghreb, en Andalousie et jusqu'à l'Égypte de la période Fatimide[15].
25
+
26
+ La première mosquée connue de Chine a été construite sous la dynastie Tang pendant le VIIIe siècle, à Xi'an. La mosquée de Xi'an, à l'instar de celles de l'est du pays, suit l’architecture chinoise traditionnelle en forme de pagodes, et ne contient pas certains des éléments propres à celles du reste du monde, y compris celles de Chine occidentale.
27
+
28
+ Leur large diffusion en Inde remonte au règne de l’Empire moghol, aux XVIe et XVIIe siècles. Les Moghols ont apporté leur propre style d’architecture, en particulier les dômes aigus avec une forme étirée, comme la Jama Masjid de New Delhi[16]. Mais la première mosquée construite en Inde fut la mosquée Qûtb Minâr en 1193[17]
29
+
30
+ Les premières mosquées dans l’Empire ottoman, comme la Hagia Sophia d'Istanbul, étaient à l’origine des églises ou des cathédrales de l’Empire byzantin. Les Ottomans ont par la suite introduit une nouvelle architecture des mosquées. De grands dômes centraux sont ajoutés, avec des minarets multiples et des façades ouvertes. Les architectes ottomans ont raffiné la conception des colonnes, les plafonds sont devenus plus hauts, tout en incorporant les éléments traditionnels, tels que le mihrab[18]. On trouve jusqu’à nos jours en Turquie des mosquées qui témoignent du modèle ottoman.
31
+
32
+ Des mosquées ont commencé à être construites en Europe avec l’arrivée des Arabes en Espagne (VIIIe siècle), puis avec l’expansion de l’Empire ottoman dans les Balkans, à compter du XIVe siècle. Mais la croissance la plus rapide de leur nombre s’est produite récemment, avec la montée des flux migratoires provenant des pays à majorité musulmane. Les principales villes européennes, telles que Rome, Londres et Munich, accueillent des mosquées dotées de dômes et de minarets traditionnels. Elles sont localisées dans les centres urbains et y servent de centres sociaux, religieux et communautaires pour les musulmans maintenant assez nombreux qui y vivent. Dans les régions suburbaines et rurales d'Europe où il y a moins de musulmans, on en trouve de plus petites[19]. La plus ancienne située dans un département français est la mosquée Noor-e-Islam, qui se trouve à Saint-Denis de La Réunion : elle fut inaugurée en 1905[20], suivie par la Grande Mosquée de Paris en 1922. En Belgique, les premières mosquées sont construites en 1975[1].
33
+
34
+ Aux États-Unis, les mosquées sont apparues au début du XXe siècle en commençant par celle de Cedar Rapids à la fin des années 1920. Seulement 2 % des mosquées aux États-Unis ont été érigées avant 1950, 87 % après 1970 et 50 % après 1980[21].
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+ Plusieurs exemples de lieux de culte étant passés d'une religion à une autre existent, certains concernent l’islam.
37
+
38
+ La Kaaba était avant l'islam un lieu de culte païen, on y trouvait 360 idoles[22] que Mahomet fit détruire lorsqu'il effectua la circumambulation autour de la Kaaba futur principal lieu saint de l'islam. Quant à la mosquée Al-Aqsa désignée comme le troisième lieu saint de l'islam, elle fut érigée sur le mont du Temple là où se situait le Second Temple de Jérusalem et qui est aujourd'hui encore perçu par les Juifs comme le lieu le plus saint du judaïsme.
39
+
40
+ En 1453, lors de la prise de Constantinople, les Ottomans transformèrent presque toutes les églises, monastères, et chapelles de la ville y compris la basilique Sainte-Sophie (Hagia Sophia), badigeonnant les mosaïques contraires à l'interdit de la représentation dans l'islam et lui adjoignirent quatre minarets, Sinan architecte turc fut influencé par l'architecture de Sainte-Sophie dans ses réalisations ultérieures. En 1528 le souverain moghol Babur fit construire une mosquée à Ayodhya en Inde. Les Hindous et des historiens considèrent qu'elle fut construite sur le lieu où se trouvait le temple du dieu hindou Rāma, démoli par le pouvoir islamique, en conséquence de quoi un groupe de 75 000 personnes menés par des hommes politiques indiens ont démoli cette mosquée lors d'émeutes en 1992[23]. Inversement des mosquées ont également été converties, notamment en Espagne après la Reconquista comme en témoigne l'actuelle cathédrale de Séville située à l'emplacement d'une ancienne mosquée almohade dont le minaret a été conservé et transformé en clocher[24] ou la Mezquita de Cordoue. On observe également ce phénomène en Europe du Sud-Est et Inde à la fin de leur occupation musulmane.
41
+
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+ La salat (arabe : صلاة) est l’un des cinq piliers de l’islam, et stipule que les musulmans doivent effectuer cinq prières quotidiennes obligatoires : avant le lever du soleil (arabe : فجر fajr), quand le soleil dépasse le point central du ciel (arabe : ظهر dhuhr), l’après-midi (arabe : عصر asr), après le coucher du soleil (arabe : مغرب maghrib), et en soirée (arabe : عشاء isha’a). Bien que les plus petites salles de prière n'offrent la possibilité d’en effectuer que quelques-unes, la plupart des mosquées accueillent les cinq.
43
+
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+ Tandis que les prières quotidiennes peuvent être exécutées à n’importe quel endroit, l'islam demande que tous les hommes assistent à la prière du vendredi à la mosquée : ce jour-là, elle accueille la prière du jumah, ou « prière du vendredi », qui se tient au moment de la deuxième quotidienne, celle de midi (dhuhr).
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46
+ Dans le calendrier musulman, il y a deux Aïds : Aïd el-Adha (arabe : عيد الأضحى ou Aïd el-Khabir arabe : عيد الكبير Grande Fête), Aïd el-Fitr (arabe : عيد الفطر ou Aïd es-Seghir arabe : عيد الصغير « Petite Fête »). Pendant le premier jour de ces deux événements, une prière spéciale est tenue le matin dans les mosquées : Salat el Aïd (« Prière de la Fête »). Les prières d’Aïd sont habituellement effectuées en grands groupes. De ce fait, seules les plus grandes mosquées accueillent normalement la prière d’Aïd. Parfois, celle-ci a lieu sur de vastes places en plein air, en raison de l'affluence.
47
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48
+ Salat al-janazah (arabe : صلاة الجنازة) est également tenue lors de la mort d’un musulman.
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50
+ Lors de l’éclipse du soleil, les mosquées accueillent une autre prière spéciale appelée salat al-koussouf (arabe : صلاة الكسوف)[25].
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52
+ Le ramadan (arabe : رمضان), le mois le plus saint de l’islam, est célébré par plusieurs événements. Comme les musulmans doivent jeûner (arabe : صوم) les journées du ramadan, les mosquées accueillent les repas du soir (iftar) après le coucher du soleil et la quatrième prière du jour, maghrib. La nourriture est fournie, au moins en partie, par des membres de la communauté. Quelques mosquées tiennent également des repas du sohour, le dernier repas avant la reprise du jeûne à l’aube. En Occident certains politiciens assistent parfois à des tables d’iftar, dans le cadre de leurs campagnes électorales ou pour essayer de se concilier la communauté musulmane[26].
53
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54
+ Pendant le ramadan, les musulmans effectuent une prière spécifique, méritoire, le tarawih (arabe : تراويح). Elle a lieu après la cinquième et dernière prière, l’isha, sauf chez les chiites qui ne la pratiquent pas. Pendant le tarawih, l’imam récite de mémoire, en entier et au moins une fois l’intégralité du Coran, voire deux fois s’il veut faire comme Mahomet. Certains imams ne récitent pas tout le Coran, notamment dans les petites mosquées où la prière est relativement courte. Il est également possible de le lire s’il n’est pas mémorisé.
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+ Des conférences sont également organisées pendant ce mois.
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+ Enfin, pendant les dix derniers jours du ramadan, certaines mosquées accueillent l'i’tikaf, une pratique à laquelle participe au moins un musulman de la communauté pour réciter le coran, vénérer Dieu et étudier l’islam.
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60
+ Le troisième pilier de l’islam stipule que les musulmans doivent effectuer la zakat (arabe : زكاة charité). Elle correspond à 2,5 % (ou 1/40) de l’épargne du musulman, si cette épargne dépasse un certain montant, évalué actuellement en Europe à environ 870 euros, et réévaluée annuellement[27]. Pour les musulmans, le Coran prescrit : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez Allah, car Allah est, certes, dur en punition ! »[28].
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+ Pendant le mois de Ramadan, la zakat se fait davantage par la confection et la distribution de repas individuels. Des tables de charité sont organisées dans les mosquées ou des tentes de charité.
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+ À son arrivée à Médine, Mahomet fit bâtir un lieu de rencontre pour la Communauté, une sorte de « quartier général » où seraient traités tous les points touchant la Communauté, un centre de vie et de rassemblement. Beaucoup de gouverneurs musulmans après la mort du prophète de l’islam, ont donc établi leurs domaines autour d’une mosquée. De la même manière que La Mecque est construite autour de Masjid al-Haram et Médine autour de Masjid al-Nabawi, Karbala, en Irak actuel, a été construite autour du tombeau de Husayn, petit-fils de Mahomet. En général, les centres-villes des régions musulmanes sont marqués par la présence de mosquées.
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+ La place de la mosquée en Iran est notable à plusieurs titres. La mosquée, en plus d'un sanctuaire religieux, est aussi un lieu public où n'importe qui peut pénétrer. De plus, elle offre un véritable service public en mettant à disposition de l'eau courante et des toilettes[29]. La mosquée participe à la vie sociale d'un quartier. Elle fournit un lieu de prière et de repos à certaines catégories d'habitants ou de travailleurs du quartier, et est également un maillon essentiel entre les « sources d'imitation » (marja-e taqlid) et les populations religieuses.
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+ Les mosquées construites récemment, particulièrement dans les pays non musulmans, tendent par contre à s’éloigner du centre-ville. Aux États-Unis, la croissance du nombre de mosquées et des membres des congrégations dans les banlieues est beaucoup plus importante que dans les zones très peuplées et proches du centre ville. Néanmoins, même une mosquée dans une zone qui n’est pas très peuplée pousse souvent des musulmans à rapprocher leurs habitations et leurs entreprises de la mosquée. Ainsi, les lieux de culte forment les points focaux des communautés musulmanes, même si elles ne forment pas le centre de la communauté tout entière.
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70
+ Dans certaines villes de Turquie la pratique d’activités sportives a été rendue possible, comme activité de loisir en complément des enseignements religieux destinés aux jeunes. Après une convention entre le Diyanet (ministère des cultes relevant du Premier ministre) et la direction locale de la jeunesse et des sports, il était possible, dans une mosquée du district de Milas de 2012 à juillet 2013, de jouer au badminton[30], une mosquée de la province d'Antalya a hébergé des cours de tennis[31] et une mosquée de Seyhan a mis en place des sessions de karaté pour des enfants, dans les salles de prières[32],[33].
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+ L’éducation est une mission considérée comme noble, et l’islam insiste sur l’éducation et sur le savoir, que celui-ci soit religieux, scientifique ou littéraire. Les premiers versets révélés au prophète Mahomet disent : « Lis ! Au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Plus Noble, qui a enseigné par la plume (le calame), a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. » (Sourate 96). Le prophète indique : « Le meilleur d’entre vous est celui qui a appris le Coran et l’aura fait apprendre ». Dans un hadith, Mahomet affirme : « Mettez-vous à la recherche du savoir, jusqu'en Chine s'il le faut ». La mosquée se veut donc l’école de toutes les sciences, où vont se former les savants. Plus qu’un lieu de culte, la mosquée a donc été dans les temps de rayonnement de la civilisation musulmane un haut lieu d’éducation pour les fidèles de tous âges et de divers horizons. Abou Saïd Al-Khoudry rapporte que les femmes dirent à Mahomet : « Les hommes sont les seuls à profiter de tes exhortations. Consacre-nous donc un jour pour écouter tes enseignements. »[34]. Il leur désigna ainsi un jour où il les rencontrerait et leur offrait ses exhortations et ses recommandations.
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+ L’apprentissage du Coran, de l'arabe et des pratiques religieuses est effectué dans les pays où la langue n’est pas largement parlée. Des cours y sont donnés sur l’islam et son histoire aux nouveaux musulmans, particulièrement en Europe et aux États-Unis.
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+ Les madrasas sont parfois intégrées à des mosquées comme le cas autrefois d'Al-Azhar en Égypte et la Zitouna en Tunisie. Mais la tendance actuelle est de se diriger vers la séparation entre la mosquée et son ancienne vocation universitaire. En effet, si la simple éducation islamique peut être effectuée dans tout centre où existe un mu’allim (qui peut être l’imam) capable d’assumer ce rôle de première formation, les étapes suivantes nécessitent des structures plus développées d’enseignement, des maîtres plus qualifiés et surtout des moyens qui, dans le cas des enseignements supérieurs, sont de la seule portée des États.
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+ Les mosquées dans certaines régions du monde accueillent des événements et des dîners pour collecter de l’argent, pour financer des activités culturelles ou de charité, ou simplement pour réunir la communauté. Une illustration intéressante de cette participation de la communauté est celle de la Grande mosquée de Djenné au Mali où, pendant un festival annuel, la communauté participe à la réapplication du plâtre à l’extérieur du bâtiment de brique de boue.
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+ Aux États-Unis, les jeunes sont aussi attirés par les mosquées qui ont des équipements de sports tels que les terrains de basket-ball, de football ou de football américain.
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+ Les mosquées accueillent également des mariages. D'après la Sunna, le prophète avait instauré la proclamation du mariage au sein de la mosquée, lieu où doivent se nouer les liens sacrés dans une ambiance islamique, et où les musulmans en témoigneront dans la foi. D’après Aïcha, femme de Mahomet, ce dernier a dit : « Annoncez le mariage dans les mosquées et faites battre les tambours »[35].
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+ La vente et toute activité commerciale sont interdites dans la mosquée. Selon la parole de Mahomet : « Si vous voyez quelqu’un qui achète ou vend dans la mosquée, dites-lui : « Qu’Allah rende ton commerce perdant »[6], car cela risque de transformer la mosquée en un lieu de commerce. Cet épisode n'est pas sans rappeler celui de Jésus chassant les marchands du temple.
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+ En Iran, les fidèles sont redevables de deux taxes sur la richesse : non seulement la zakat, mais aussi le khoms correspondant à un cinquième des revenus. La moitié du khoms, appelée « part de l'Imam » (sahm-e emâm), est généralement collectée par le réseau des mosquées et centralisée par les « sources d'imitation » (marja-e taqlid). Le khoms est destiné à l'entretien matériel des membres du clergé[29]. On assiste aujourd'hui à la constitution d'un espace public confessionnel en Iran, constitution qui se confond avec les processus de privatisation et de marchandisation de la société. Ce processus touche l'ensemble des pratiques religieuses des croyants. On assiste donc à la tarification des services offerts par la mosquée[29]. Les cérémonies ayant lieu à la mosquée, comme les funérailles, les commémorations et les rituels de retour du hadj, par exemple, donnent lieu à des prestations de service tarifées et très détaillées[36].
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+ La fin du XXe siècle a été marquée par une augmentation du nombre de mosquées prenant et véhiculant des positions politiques. Certaines sont peu polémiques. Ainsi, aujourd’hui, la participation civique (en particulier le vote) est généralement encouragée par les mosquées du monde occidental.
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+ D'autres actions politiques sont plus contestées. Le fondamentalisme islamique, et les mouvements terroristes, ou tout du moins violents, s'y rattachant, se diffusent ainsi dans un nombre restreint de mosquées à travers le globe. À l'inverse, dans d'autres mosquées sont régulièrement faits des prêches en faveur de la coexistence paisible avec les autres tendances musulmanes et avec les non-musulmans, surtout en période de tensions.
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+ Au cours de la révolution iranienne, la mosquée en Iran a servi de base pour les réunions et l'organisation des manifestations[37]. Les « Comités pour l'accueil de l'imam Khomeiny », puis les « Conseils islamiques de quartier » après la révolution ont aussi siégé dans les mosquées[37]. Ces comités, qui s'occupaient de problèmes quotidiens des habitants du quartier, ou de questions politiques pendant la révolution, ont utilisé les lieux de culte musulmans pour des activités séculières.
93
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94
+ C'est pendant la guerre Iran-Irak que l'État iranien, au cours de la mobilisation révolutionnaire et nationale de cette période, mélange discours révolutionnaire et légitimité religieuse afin d'occuper l'espace public. La prière du vendredi, par exemple, possède deux parties : le premier sermon est religieux, et le deuxième est explicitement politique ou social. Il est même devenu courant que ces prêches soient précédés de l'intervention d'un ministre ou d'un technocrate qui explique son action[29]. C'est également au cours de la période de guerre contre l'Irak que les mosquées ont commencé à avoir un rôle dans le recrutement et le soutien aux volontaires candidats au martyr[38]. La levée des Bassidji s'est en effet effectuée par groupes de voisins ou d'amis, ou d'actions collectives organisées par les mosquées[39].
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96
+ En Turquie, État officiellement laïque existe une fondation (waqf) religieuse étatique (Türk Diyanet Vakfi) qui s'occupe de la formation et de la rétribution des imams et dicte leurs prêches. Selon Le Soir cet organisme gère 77 000 mosquées et 80 000 fonctionnaires en Turquie, mais aussi à l'étranger, par exemple en Belgique où elle gère 62 lieux de culte[40].
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+ En Indonésie, le manque de liberté politique des années Suharto a contribué au renouveau islamique. En 1990, un intellectuel musulman déclarait que « la mosquée demeure un sanctuaire pour l'expression des frustrations et du mécontentement »[41].
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+ Dans les pays où les musulmans ne sont pas majoritaires, les mosquées sont utilisées pour favoriser la participation civique. Les mosquées américaines accueillent ainsi l’enregistrement d’électeurs. Les mosquées permettent aux musulmans de rester au courant des questions concernant la communauté musulmane. En Belgique, les élections du corps exécutif Conseil provisoire de sages (installé par un arrêté royal), qui ont eu lieu le 13 décembre 1998, se sont déroulées dans 124 bureaux de vote dont 104 avaient été installés dans des mosquées et 20 dans des lieux publics[1]. Les fidèles de certaines mosquées participent à des protestations, signent des pétitions et s’impliquent dans la politique. Pendant la crise des caricatures en février 2006, les chefs des mosquées ont déterminé la réaction des fidèles. Tandis que quelques responsables, en Asie du Sud et au Moyen-Orient réclamaient des réactions plus violentes aux dessins, d’autres ont demandé aux fidèles de retenir leur colère et d'agir pacifiquement ; dans les deux situations, les fidèles ont réagi en conséquence du discours adopté[42].
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102
+ À la fin du XXe siècle, un nombre restreint de mosquées sont également devenues les plateformes d'imams extrémistes préconisant la violence politique et les idées islamistes extrémistes. La mosquée de Finsbury Park à Londres est un exemple de mosquée qui a été employée dans ce but. Cette dernière a été liée à plusieurs personnes condamnées ou suspectées dans le cadre de la lutte anti-terroriste, comme Zacarias Moussaoui et Richard Reid[43]. En Espagne, il existe un certain nombre de mosquées clandestines installées dans des garages ou dans des appartements, considérées par les autorités espagnoles comme des espaces propices au prosélytisme radical. De nombreux islamistes ont été arrêtés et la surveillance des mosquées est de plus en plus accentuée, car les autorités craignent à la fois la radicalisation des jeunes immigrants de la deuxième génération, et la présence de groupes radicaux islamistes chargés de recruter de futurs combattants. Cette surveillance est particulièrement active depuis les attentats du 11 mars à Madrid[44]. Certains pays comme le Qatar et les Émirats arabes unis procèdent à l’expulsion des imams étrangers qui tiennent des discours extrémistes.
103
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+ Le mardi 20 novembre 1979, la grande mosquée de la Mecque a été prise d'assaut par un groupe d'extrémistes religieux pendant plusieurs semaines[45]. Dans la matinée, cependant, le roi Khaled avait réuni les grands oulémas du royaume pour obtenir d'eux une fatwa autorisant l'assaut, mais les soldats ne progressaient cependant que très lentement. Le 23 novembre, trois gendarmes français du GIGN arrivés à La Mecque se « convertirent à l'islam » pour pouvoir pénétrer dans le Haram. Dans la nuit du 4 au 5 décembre, environ 170 personnes se rendirent[46].
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+ En Irak, dans le cadre de l’affrontement entre chiites et sunnites, des mosquées chiites et sunnites sont régulièrement attaquées par des groupes armés. Un bombardement mené par Al-Qaïda en février 2006 a sérieusement endommagé la mosquée Al-Askari à Samarra[47]. Cette mosquée étant sainte pour les chiites, l'attentat a aggravé les tensions qui existent entre les musulmans sunnites et chiites. Dans la religion musulmane, il est formellement interdit de s’attaquer à n’importe quelle maison de prière ou temple. Toujours en Irak, des mosquées ont essuyé le feu de l’armée américaine[48] qui affirme que des combattants se cachent dans ces mosquées.
107
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108
+ En 2007, la tension entre les autorités pakistanaises et certains militants talibans éclate brutalement lors de l'assaut de la Mosquée rouge de 2007[49]. Des islamistes extrémistes armés occupent la Mosquée et l'armée mène une attaque pour en reprendre le contrôle. L'événement cause la mort de plus de cent personnes et relance le conflit armé du Nord-Ouest du Pakistan.
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110
+ En Occident, ces attaques sont des faits isolés et sont plutôt reliées à un contexte politique. Aux États-Unis par exemple, le nombre d’attaques visant les mosquées a augmenté depuis le 11 septembre. Aux Pays-Bas, le nombre d’attaques s'est également accru après l’Assassinat de Theo van Gogh, qui avait tourné un film hostile à l’islam basé sur l’expérience personnelle de Ayaan Hirsi Ali[50]. Les mosquées du Royaume-Uni, ont connu des attaques similaires après les attentats du 7 juillet 2005. Certaines mosquées ont été incendiées ou parfois vandalisées. On retrouve souvent des inscriptions néo-nazies sur les édifices. D'autres mosquées sont également parfois visées dans le reste de la France comme la mosquée de Paris qui a subi plusieurs actes de vandalisme[51]. Certaines attaques entraînent des affrontements interreligieux comme lors de la destruction de la mosquée Barbari en Inde en décembre 1992[52] qui a entraîné des violences entre musulmans et hindous en 1992 et 2002[53].
111
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112
+ Dans les pays musulmans, les mosquées sont gérées par le ministère des Affaires islamiques. Celui-ci finance la construction, la formation des imams (en coopération avec le ministère de culture) et leurs affectations aux mosquées. Parfois, certains pays appellent des imams venant d’autres pays s’il n’y a pas assez d’imams locaux pour les différentes mosquées. Il existe des mosquées construites par des particuliers, mais c’est l’État qui prend en main leur direction.
113
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114
+ En Indonésie (premier pays musulman du monde par son nombre de pratiquants), à travers le ministère des religions, l'État prend en charge la construction de mosquées, le pèlerinage à la Mecque et l'enseignement religieux[54].
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116
+ En France, avec la loi de 1905 dite de séparation des Églises et de l’État, qui dispose dans son article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte », les mosquées sont financées par des fonds étrangers et par les dons des fidèles et les collectes, surtout pendant le mois de Ramadan[55]. En France, les imams sont souvent bénévoles, mais certains, par exemple ceux qui dépendent de la mosquée de Paris, sont rémunérés par l’État algérien[1]. Néanmoins, l’État impose une limite de 15 % à la part de financement en provenance de pays étrangers (notamment le Maroc et l’Arabie saoudite). Depuis le 11 septembre, il y a une certaine méfiance à l'égard des financements saoudiens[56]. À Nice, une demande de mosquée, déposée en 2006 et financée par l’Arabie saoudite, a été refusée. Les autorités françaises veulent limiter la construction des mosquées à financement étranger[57].
117
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118
+ En Belgique, la région de Bruxelles est chargée du financement des travaux liés aux mosquées (construction et entretien) de la région, de la prise en charge du déficit des mosquées, et doit se charger du logement de l’imam qui a le rang le plus haut.
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+ Après la chute de Saddam Hussein, l'Iran a financé la construction et la rénovation de plusieurs mosquées et sanctuaires chiites notamment à Karbala et Najaf[58]. À travers le Hezbollah dont son leader Hassan Nasrallah a étudié à Qom, l'Iran finance la construction de mosquées chiites et d'écoles[59].
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+ L’implication saoudienne dans la construction des mosquées remonte aux années 1960, lors de la fondation de la Ligue islamique mondiale par la famille royale. Ce n’est qu’au début des années 1980, c’est-à-dire après la Révolution islamique en Iran que l’Arabie saoudite a commencé à devenir influente dans le financement et la construction des mosquées hors du pays.
123
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+ Le royaume aurait dépensé plus de 45 milliards de dollars pour financer la construction de mosquées et de centres islamiques. Le journal saoudien Ain al-Yaqeen estime que les Saoudiens ont financé la construction de plus de 1 500 mosquées et plus de 2 000 centres islamiques, principalement dans les pays où les musulmans sont une minorité[60]. La construction du centre islamique de Rome a été financée principalement par le roi Fahd, lequel a payé 50 millions de dollars, soit 70 % du coût total de la construction[61].
125
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+ Des citoyens saoudiens contribuent également d’une manière significative, particulièrement dans les pays où des musulmans sont pauvres ou opprimés. Après la chute de l’Union soviétique, des mosquées d'Afghanistan ont reçu des aides importantes de la part de citoyens saoudiens. À la suite de la guerre du Kosovo pendant laquelle beaucoup d'édifices religieux ont été détruits ou endommagés, les Saoudiens ont financé la restauration de mosquées en opposition avec leur style originel ottoman riche en fresques aux thèmes figuratifs[62].
127
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+ Après les attentats du 11 septembre 2001, certains pays ont prêté plus d’attention aux centres et aux mosquées financés par les Saoudiens. En effet, l’Arabie saoudite adhère au courant wahabbite, qui est une forme rigoureuse de l’islam sunnite. Cette nouvelle méfiance a parfois freiné ces financements.
129
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130
+ Au-delà des sommes engagées dans la construction, l'Arabie saoudite forme également des prédicateurs salafistes à travers le monde, dont plus de 30 aux États-Unis[63].
131
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+ Très diverses dans leur taille et leur style architectural, les mosquées peuvent être de simples masjid servant au culte quotidien, mais aussi des jami' (grandes mosquées), où les fidèles se rassemblent pour la prière du vendredi. Les éléments caractéristiques de la mosquée sont apparus dès l’aube de l’islam. Au fur et à mesure de l’expansion de l’islam, les mosquées ont intégré de plus en plus d’éléments issus de l’architecture des territoires conquis. Chaque région connaît donc une architecture de mosquée qui lui est propre.
133
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134
+ C’est le premier plan conçu. Il se base sur un modèle plus ou moins mythique : la maison du prophète à Médine, qui serait actuellement située sous la grande mosquée de Médine. Le plan arabe, ou plan hypostyle, est un plan à forme carrée ou rectangulaire qui se compose d’une cour à portique et d’une salle de prière à colonnes, les nefs étant dirigées parallèlement ou perpendiculairement (pour le Maghreb et certaines exceptions) à la qibla. On le trouve dans tout le monde islamique, depuis la Syrie (Grande mosquée des Omeyyades de Damas, par exemple) jusqu’au Maghreb (exemple la Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie), à l’Espagne et à l’Irak. Les mosquées de plan arabe ont été construites notamment sous le règne des Abbassides et Omeyyades.
135
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136
+ Comme son nom l’indique, ce plan se retrouve quasiment exclusivement dans le Grand Iran, c’est-à-dire dans une région comprenant l’Iran, une partie de l’Afghanistan et du Pakistan et une partie de l’Irak. C'était également le plan utilisé en Inde avant la dynastie moghole. Il apparaît au Xe siècle avec la dynastie seldjoukide et se caractérise par l’emploi d’iwans, d’un pishtak et d'une salle de prière sous coupole. Généralement, les cours des mosquées en comportent quatre disposés en croix. Un pishtak est un portail formant une avancée, souvent surmonté de deux minarets et ouvert par un grand arc. La mosquée du Shah à Ispahan est l’un des plus beaux exemples de plan iranien connus.
137
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138
+ Ce plan se trouve en Turquie (actuelle) principalement, et fut mis au point après la Prise de Constantinople en 1453 par l’architecte Sinan, le plus grand bâtisseur de mosquées turques à qui on attribue plus de 300 édifices, dont la mosquée Süleymaniye à Istanbul. Cependant, on en trouve des prémices depuis le XIIIe siècle dans le premier art ottoman. Il se compose d’une salle de prière sous une immense coupole cantonnée de demi-coupoles et de coupolettes.
139
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140
+ On trouve également en plus de la coupole centrale des coupoles souvent plus petites dans tout le reste de la mosquée, même où la prière n’est pas effectuée. Souvent, les mosquées de type ottoman font partie de grands complexes. On peut déceler une influence byzantine (de Sainte-Sophie notamment).
141
+
142
+ Ce plan se trouve essentiellement dans l'aire indienne à partir du XVIe siècle, et il est influencé par le plan iranien. Il se caractérise par une immense cour à quatre iwans, dont un ouvre sur une salle de prière étroite et rectangulaire, couronnée par trois ou cinq coupoles bulbeuses. Par exemple, dans l'Inde actuelle, les grandes mosquées de Delhi, de Fathepur-Sikri et de Bîdâr utilisent ce type de plan,ou encore celle de Lahore, aujourd'hui au Pakistan.
143
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144
+ Les mosquées d’Afrique subsaharienne sont marquées par l’architecture de terre. Elles sont souvent construites en terre crue. Les grandes mosquées de Tombouctou et de Djenné qui témoignent de cet art sont dotées de contreforts et de nombreux pinacles. La grande mosquée d’Agadès (au Niger), érigée au XVIe siècle, possède un minaret sahélien traditionnel construit avec de la terre et des étais de bois.
145
+
146
+ En Chine orientale, le minaret est séparé du reste de la mosquée et il est situé à son entrée. Les mosquées ressemblent plutôt à des pagodes, tandis qu’en Chine occidentale, les mosquées sont moins marquées par l’architecture chinoise traditionnelle.
147
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148
+ En Pologne, la communauté musulmane d'origine tatare s'élève à 5 000 âmes. Une mosquée en bois est visible à Kruszyniany non loin de la frontière biélorusse dans la voïvodie de Podlachie, une autre mosquée en bois est également visible dans la région à Bohoniki. Une mosquée existe également à Gdańsk, à Varsovie et à Białystok.
149
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150
+ Le minaret (مئذنة) est généralement une tour élevée dépassant tous les autres bâtiments. Son but était autrefois de fournir un point élevé au muezzin (مؤذن) pour l’appel à la prière (أذان adhan). Aujourd’hui des haut-parleurs sont souvent placés en haut du minaret et le muezzin fait alors l’appel de l’intérieur de la mosquée.
151
+
152
+ Dans les mosquées qui n’ont pas de minarets, l’adhan se fait de l’intérieur de la mosquée, avec ou sans haut-parleurs. Dans certains pays où les musulmans sont minoritaires, l’appel à la prière n'est pas autorisé. L’iqama (إقامة), qui est semblable à l’adhan, est dite juste avant le début de la prière et n’est habituellement pas annoncé du minaret.
153
+
154
+ Qu’ils soient à fût cylindrique, carrés, en spirale ou octogonaux, petits et massifs ou bien hauts et élancés, les minarets sont une constante de presque toutes les mosquées. Les premières mosquées qui ont été construites n’avaient cependant pas de minaret, et des courants comme le salafisme trouvent encore que la construction de ceux-ci est inutile.
155
+
156
+ Les premiers minarets furent édifiés au lendemain de l’hégire, et le plus ancien en date semble être celui élevé en 665 à Bassorah par le premier calife omeyyades Muawiya Ier. Ce dernier a encouragé la construction des minarets, car ils permettaient aux mosquées d’avoir le même aspect grandiose que les églises chrétiennes avec leurs clochers. Avant l’apparition des minarets, l’appel à la prière était lancé depuis le toit de la mosquée par le muezzin.
157
+
158
+ Le minaret de la Grande Mosquée de Kairouan (à Kairouan en Tunisie) est considéré comme le plus ancien minaret encore existant au monde[64],[65] ; sa construction, probablement commencée au cours de la première moitié du VIIIe siècle, date essentiellement de l'an 836[66]. Constitué de trois niveaux de largeurs décroissantes, il apparaît comme le prototype des minarets de l’Occident musulman[66].
159
+
160
+ Le plus haut minaret du monde est celui de la Mosquée Hassan II à Casablanca, avec une hauteur d’environ 210 mètres[67]. À Téhéran, en Iran, deux minarets d’une hauteur de 230 mètres sont en cours de construction.
161
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162
+ Le minaret est généralement solitaire, mais il existe des exceptions. Ainsi, les Timourides introduisirent un portail monumental, accompagné de minarets jumeaux, un de chaque côté, comme à Samarcande, dans l'actuel Ouzbékistan[68].
163
+
164
+ Le dôme provient des voûtes sphériques perses. Il est utilisé dans l'architecture islamique depuis le VIIe siècle. Les dômes sont souvent placés directement au-dessus de la salle principale de prière.
165
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166
+ Au cours du temps, la taille des dômes augmente. Après avoir occupé un petit espace près du minaret, ils occupent aujourd’hui presque la totalité de la surface du toit de la salle de prières.
167
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168
+ À partir de la fin du XIe siècle, avec le règne des Seldjoukides, de petites coupoles apparaissent au-dessus du mihrab et de l’iwan, en plus du grand dôme principal qui se trouve au centre[68]. Bien que les dômes aient normalement la forme d’un hémisphère, les Moghols ont popularisé les dômes avec une forme plus étirée, notamment en Inde.
169
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+ Les formes arrondies en forme de coupole sont symbole de perfection.
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172
+ Une coupole est un mode de couverture hémisphérique, qui repose sur une zone de transition octogonale (le plus souvent), elle-même posée sur quatre piliers. La zone de transition est le grand problème des architectes islamiques. Ils peuvent se servir de pendentifs, c’est-à-dire de triangles convexes posés sur la pointe, comme dans l’Empire byzantin, ou de trompes, à savoir des petites niches, ce qui proviendrait du monde iranien.
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174
+ Les nervures et les muqarnas qui remplissent souvent les coupoles dans le monde islamique n’ont en général pas de véritable fonction architectonique.
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+ On appelle dôme l’extérieur d’une coupole. À partir du XVe siècle, les coupoles sont très souvent doubles, c’est-à-dire qu’il existe un espace plus ou moins important entre la coque interne et la coque externe. Cette technique permet de réaliser des monuments plus hauts.
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+
178
+ Les salles de prière ne doivent pas abriter des statues, des figures spirituelles, des images d’animaux ou d’êtres humains. Les fidèles prient dans des rangées parallèles au mur de la qibla. Pour la prière, les hommes se placent devant et les femmes derrière ; néanmoins, dans de nombreux pays, les hommes et les femmes sont séparés. L’intérieur est sobre et ne comporte généralement aucune image figurative : des calligraphies, généralement des versets du Coran ou la chahada, ornent l’édifice et les tapis sont utilisés pour couvrir le sol et les motifs dont ils se parent sont orientés en direction de La Mecque. La salle de prière est précédée d’une vaste cour centrale bordée de portiques et parfois ornée d’une fontaine (قبلة).
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180
+ Généralement, en face de l’entrée à la salle, se trouve le mihrab (محراب) qui est une niche, souvent décoré avec deux colonnes et une arcature, qui indique la qibla, c’est-à-dire la direction de la Kaaba à La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière. Il est souvent au milieu du mur de la qibla. C’est probablement dans la mosquée de Médine qu’on trouve le premier mihrab (705-706).
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182
+ Le minbar, un siège ou un pupitre duquel on présente des sermons, est situé à la droite du mihrab, en haut d’une série de marches. Il est notamment utilisé lors de la prière du vendredi. Le premier minbar fut construit par le prophète en l'an 7 de l'hégire, sous forme d'une chaire de bois depuis laquelle il pouvait s'adresser aux fidèles[69]. Le minbar de la Grande Mosquée de Kairouan est le plus ancien minbar du monde musulman toujours conservé in situ ; il date du IXe siècle (vers 862)[70],[71]. Aujourd’hui, le minbar est intégré au mur de la qibla lors de la construction. Le plancher de la mosquée, à l’endroit où la congrégation se réunit pour le culte, est couvert de tapis. Il n’y a ni siège ni banc. D’après une étude réalisée à Marseille, Montpellier, Alsace-Moselle et Île-de-France, les lieux de culte musulmans en France sont globalement des espaces discrets de taille modeste dont on peine au premier abord à imaginer la destination cultuelle. Cette discrétion peut s’expliquer par les coûts financiers importants pour l’achat de grands bâtiments ou du foncier. Il y a également le rôle dissuasif joué par certaines municipalités qui ont pour premier réflexe celui de la résistance de principe[72]. Dans les pays musulmans, on peut trouver des salles de prière dans les lieux de travail, les grands centres commerciaux voire dans les écoles. Certains aéroports comme celui de Doha, d'Abou Dabi ou encore de Riyad sont également équipés de salles de prière.
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184
+ Zaouïa (زاوية) est un centre spirituel soufi. Le mot zaouïa a pour sens premier angle, cette définition induit donc l’"isolement" propice au recueillement. En effet, ce terme va désigner dans un premier temps un emplacement ou un local réservé à l’intérieur d’une structure plus vaste où les mystiques pouvaient se retirer comme le laisse entendre le sens de la racine du mot arabe. Par la suite, le mot va désigner un complexe religieux comportant une mosquée, des salles réservées à l’étude et à la méditation et une auberge pour y recevoir les indigents. Zaouïa est un établissement religieux érigé autour d’une relique, un wali, et est voué essentiellement à l’enseignement du Coran et des pratiques spirituelles. On y enterre souvent les saints fondateurs des Confréries soufies qui l’occupent.
185
+
186
+ On ne trouve les zaouïas que dans certaines mosquées du Maghreb. Selon certaines pensées populaires locales, les zaouïas ont une panoplie de pouvoirs surnaturels ; on les dit capables d’intercéder auprès de Dieu[73]. Certaines ont un rayonnement éducatif, intellectuel et culturel important, car elles contiennent des manuscrits et des ouvrages de mathématiques, d’astrologie, d’astronomie et de pharmacopée[74].
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+
188
+ Les iwans sont nés dans le monde iranien bien avant l’arrivée de l’islam, sans doute sous la dynastie sassanide. Il s’agit d’un hall voûté avec une façade rectangulaire ouverte par un grand arc. L’iwan combiné avec le plan carré des palais achéménides a donné le modèle du plan de mosquée dit « iranien » (quatre iwans disposés en croix et s’ouvrant sur une cour appelée sahn (en persan : صحن). Au centre de la cour, on trouve parfois des fontaines à ablutions.
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190
+ Ce sont les Abbassides qui introduisent l'iwan dans l'architecture islamique. On retrouve par la suite les iwans dans le plan moghol influencé par le plan iranien[68].
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192
+ Les madrasas, dont le type est né en Iran, utilisent aussi cet élément, et ont permis sa diffusion (faible) en Syrie, en Égypte et au Maghreb. Les iwans servent de pièces de séjour et permettent à l’habitant soit de chercher le soleil, soit de s’en mettre à l’abri selon les besoins des saisons et des heures du jour. L’hiver, on s’installe dans l’iwan du nord pour recevoir les rayons du soleil situés au sud, et l’été dans l’iwan du sud pour ne pas être atteint par eux[75].
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+ Les monuments islamiques figurant sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO sont :
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196
+ Parce que les mosquées sont des endroits de culte, les personnes qui s'y trouvent sont tenues de respecter ceux en train d’y prier. Il est ainsi interdit de parler dans la mosquée à voix haute, ou de discuter de sujets considérés comme irrespectueux. Applaudir est uniquement toléré pour les femmes lorsque l’imam fait une erreur. La raison est que selon une parole de Mahomet : « (…) celui qui veut signaler une chose pendant la prière formule le tasbih (dire : soubhan-Allah « gloire à Allah »). [et] (…) taper les mains, est [une manière de le signaler] pour les femmes »[6]. Il est blâmable de cracher dans la mosquée et surtout au cours de la prière. Selon Abd Allah ibn Umar : L'« Envoyé d’Allah s’ayant aperçu d’un crachat sur le mur de la Qibla, il le frotta, puis se tourna vers les fidèles en disant : Lorsque l’un de vous fait sa prière, qu’il ne crache pas devant lui, car Allah se trouve en face de celui qui prie. »[83]. Il est également interdit à celui qui a mangé de l’ail, de l’oignon ou du poireau d’aller à la mosquée à cause des odeurs désagréables qui peuvent gêner les personnes en train de prier[84]. Il est interdit à l’homme en état de grande impureté de rester dans la mosquée alors qu’il connaît son état jusqu’à ce qu’il se purifie. Il en est de même pour les femmes lors des menstrues et des lochies[6].
197
+
198
+ Les hommes et les femmes ne sont généralement pas mêlés (la salle de prière pour femmes étant souvent séparée de celle des hommes soit par un mur, soit par un rideau). Il existe même parfois des mosquées complètement séparées, surtout en Chine. Selon la sounna, les rangs des femmes doivent être derrière ceux des hommes, pour des raisons liées à la génuflexion[85]. Dans un des ouvrages de référence[86], on trouve un hadith où Anas ibn Mâlik dit : « Le prophète a prié dans la maison d’Oum Souleym. Il m’a souri lorsque je me suis placé derrière lui, j’ai prié derrière lui et Oum Souleym derrière nous ». Il est mentionné dans beaucoup de hadiths authentiques et transmis d’une manière récurrente que les femmes priaient avec Mahomet derrière les rangs des hommes. Il existe toutefois quelques rares mosquées pour femmes[87] dans le monde.
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+
200
+ Les fidèles doivent enlever leurs chaussures à l’entrée de la mosquée afin de respecter la pureté du lieu de prière. En effet, le Coran précise que la prière n'est valable que si le corps, les vêtements et le lieu sont exempts d'impuretés. Une autre raison est aussi pour que le musulman puisse faire ses ablutions rituelles, qui comprennent les pieds.
201
+ Les habits de fête et le parfum sont recommandés pour la prière du vendredi afin de suivre cette recommandation : « Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de salat portez votre parure (vos habits) »[88]. L’orant doit purifier son corps par des ablutions et ses habits doivent être propres. Il ne peut pas, par exemple, prier avec des habits souillés par de l’urine. La femme doit être habillée d’un habit large et non transparent qui ne montrera pas ses atours. Elle ne doit pas porter de parfums ni autre chose qui pourrait attirer l’attention sur elle et distraire les hommes de la prière. Les habits moyen-orientaux (thawb ou jouba) sont souvent associés à l’islam, mais leur port n’est pas obligatoire, sauf si l'habit occidental est trop serré. Cependant, certains musulmans préfèrent les porter quand ils vont à la mosquée.
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+
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+ Le Coran interdit l’entrée des polythéistes dans le Masjid al-Haram : « Ô vous qui croyez ! Les associateurs ne sont qu’impureté : qu’ils ne s’approchent plus de la Mosquée Sacrée, après cette année-ci. Et si vous redoutez une pénurie, Dieu vous enrichira, s’Il veut, de par Sa grâce. Car Dieu est Omniscient et Sage»[89]. Il existe toutefois plusieurs façons d'interpréter ce verset. Par exemple, l’imam et théologien Abû Hanîfah, fondateur du madhhab de droit musulman hanafite, pense que les polythéistes peuvent entrer dans le Haram (lieu saint) à la Mecque tant qu’ils n’y restent pas ou n’y séjournent pas, car il interprète l’impureté dans le sens d’une impureté spirituelle (liée au polythéisme)[90]. Mais il y a une divergence d’opinions entre les spécialistes (fouqaha) en ce qui concerne l’entrée d’un non-musulman dans une mosquée. Le plus prépondérant est la permission d’entrer dans toutes les mosquées — excepté la mosquée al-Haram à La Mecque[91] — tant qu’il ne dort pas et ne mange pas dans la mosquée. En effet Mahomet accueillit la délégation thaqifite dans sa mosquée pour l’initier à l’islam et reçut également dans le même endroit la délégation chrétienne de Najran quand elle se rendit auprès de lui pour être initiée à l’islam[92].
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+ « Si des non-musulmans demandent à entrer dans une mosquée pour voir comment prient les musulmans et ne portent rien qui puisse salir la mosquée et ne sont pas des femmes indécemment vêtues et, en l’absence de tout autre obstacle à leur entrée, il n’y a aucun inconvénient à les faire entrer dans la mosquée. On les installe derrière les prieurs pour qu’ils voient comment ils prient et on avertit les musulmans qui ne seraient pas au courant afin qu’ils ne cherchent pas à chasser les étrangers. Allah sait le mieux[93]. »
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+ Cependant, à l'époque de son règne, le calife omeyyade Umar II a interdit l’entrée des non-musulmans dans les mosquées et cette règle est encore appliquée aujourd'hui en Arabie saoudite[4]. En pratique, la décision de permettre l’entrée des non-musulmans varie d’un endroit à l’autre. Au Maroc par exemple, l’entrée est permise dans deux mosquées seulement, la mosquée Hassan II à Casablanca et la mosquée Moulay Ismael à Meknès. Il y a également beaucoup d’autres endroits, en Occident aussi bien que dans le monde islamique, où les non-musulmans sont autorisés à entrer dans des mosquées. Aux États-Unis par exemple, la plupart des mosquées reçoivent des visites de non-musulmans chaque mois. En Malaisie, l’entrée est généralement permise sauf pendant les heures de prière. Pour entrer, on exige que les femmes (musulmanes ou non) portent également une écharpe pour couvrir la tête dans le modèle du hijab et que les hommes se couvrent les jambes des pieds aux genoux. En Tunisie, dans la Grande Mosquée de Kairouan, le port d'un voile sur la tête n'est pas indispensable et seules les jambes des femmes portant une jupe ou un short court doivent être couvertes. La partie qui reste non accessible au visiteur est le lieu de prière à proprement parler. En Iran les non-musulmans peuvent visiter toutes les mosquées sauf la partie centrale des lieux extrêmement saints comme les mausolées de l'imam Reza à Mashhad et de Fatima Masoumeh à Qom. En Turquie, l'entrée des non-musulmans dans les mosquées ne pose aucun problème, à condition de respecter les règles de bienséance valables pour tout le monde, à savoir se déchausser et (pour les femmes) couvrir la tête par une écharpe.
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+ Les trois principales mosquées et lieux saints de l'islam :
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+ 1-Masjid al-Haram
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+ 2-Masjid al-Nabawi
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+ 3-Mosquée Al-Aqsa
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+ Kairouan
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+ Tunis
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+ Tlemcen
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+ Biskra
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+ Alger
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+ Casablanca
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+ Fès
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+ Marrakech
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+
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+ Mascate
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+ Chinguetti
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+ Damas
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+ İstanbul
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+ İstanbul
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+ Samarra
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+ Caire
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+ Caire
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+ Cordoue
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+ Ispahan
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+ Paris
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+ Saint-Denis
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+ Djenné
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+ Tombouctou
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+ Xi’an
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+ Pékin
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+ Saint-Pétersbourg
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+ Abou Dabi
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+
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+ Islamabad
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+
271
+ Touba
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+
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+ Samarcande
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+
275
+ Types de mosquées:
276
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277
+ Grande Mosquée de Cordoue en Espagne.
278
+
279
+ Mosquée Al Quaraouiyine de Fès au Maroc.
280
+
281
+ Mosquée Zitouna en Tunisie.
282
+
283
+ Mosquée Koutoubia au Maroc.
284
+
285
+ Mosquée du Vendredi à Herat en Afghanistan.
286
+
287
+ Grande Mosquée de Touba au Sénégal.
288
+
289
+ Mosquée-cathédrale de Moscou au Russie.
290
+
291
+ Grande Mosquée de Kairouan en Tunisie.
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+ Une mosquée, Assouan en Égypte.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La machine à vapeur est une invention dont les évolutions les plus significatives datent du XVIIIe siècle. C'est un moteur à combustion externe qui transforme l'énergie thermique de la vapeur d'eau (produite par une ou des chaudières) en énergie mécanique.
2
+
3
+ Comme première source d'énergie mécanique maîtrisée par l'homme (contrairement à l'énergie de l'eau, des marées ou du vent, qui nécessitent des sites spéciaux et que l'on ne peut actionner facilement à la demande), elle a eu une importance majeure lors de la révolution industrielle. Mais au XXe siècle, la machine à vapeur a été supplantée par la turbine à vapeur, le moteur électrique et le moteur à combustion interne pour fournir de l'énergie mécanique.
4
+
5
+ Les premiers travaux sur la vapeur d'eau et son utilisation remontent à l'Antiquité : Héron d'Alexandrie conçut et construisit au Ier siècle son éolipyle qui, bien que considérée comme un jouet du fait de sa faible puissance et de son utilité, n'en était pas moins un moteur à vapeur, à réaction.
6
+
7
+ Il fallut attendre le XVIIe siècle pour que réapparaisse l'idée d'utiliser la puissance de la vapeur d'eau. En 1601, Giambattista della Porta améliora l'utilisation de la force d'expansion de la vapeur d'eau.[réf. nécessaire]
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+
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+ En 1606 Jerónimo de Ayanz y Beaumont en Espagne, utilisa la vapeur pour propulser un fluide (l'eau accumulée dans les mines) dans une buse[1] en flots continus puis, en 1615, le Français Salomon de Caus décrit une pompe capable de chasser l'eau d'un récipient[2].
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+
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+ En 1629, Giovanni Branca suggéra l'idée de moulins mus par la vapeur et, l'année suivante, David Ramseye obtint un brevet pour une pompe mue par un « moteur à feu ».
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+
13
+ En 1663, le marquis de Worcester améliora le projet de Caus en équipant la chambre à vapeur d'un condenseur ; dans son atelier de Vauxhall, il fit adapter à cette fin un fût de canon par un artisan saxon, Kaspar Kalthoff[3], mais il mourut avant d'avoir pu mettre ses idées en pratique.
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+
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+ En 1668, le jésuite flamand Ferdinand Verbiest décrivit dans son livre le premier véhicule terrestre mû par un jet de vapeur et une roue à aubes.
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+ En 1679, le Français Denis Papin construit la première chaudière (utilisée comme autocuiseur), fermée par la première soupape. Conscient du potentiel de la vapeur, il propose l'idée du piston, qui donnerait accès à des puissances insoupçonnées jusqu'alors. Son prototype, en 1690, reste inefficace.
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+
19
+ En 1698, Thomas Savery déposa un brevet sur une pompe destinée à l'exploitation minière, fonctionnant à la vapeur, directement inspirée des travaux de Edward Somerset. Par la suite, il la perfectionna en collaboration avec Thomas Newcomen, grâce, entre autres, aux travaux de Denis Papin. Un premier modèle commercial fut utilisé dès 1712 dans les mines de charbon, près de Dudley, dans le centre de l'Angleterre. Ces pompes fonctionnaient en produisant un vide dans une chambre fermée où l'on faisait se condenser de la vapeur, grâce à un jet d'eau. Les vannes d'admission et d'échappement, d'abord à commande manuelle, furent automatisées par Henry Beighton (en), en 1718. Ces pompes étaient d'emploi courant dans toutes les mines humides de l'Europe. Elles étaient cependant très coûteuses à l'usage, car leur cylindre devait être réchauffé avant chaque admission de vapeur.
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+ L'Écossais James Watt (1736-1819) répara un moteur Newcomen en 1763 : il cherchait alors des idées d'amélioration pour en augmenter l'efficacité. Ses réflexions débouchèrent en 1765 sur l'idée d'une chambre de condensation pour la vapeur séparée du cylindre principal par une valve, idée pour laquelle il déposa un brevet en 1769. Il commença alors à produire des moteurs améliorés avec le financement de Matthew Boulton.
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+
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+ En 1765, aux mines d'argent de Barnaoul, le Russe Polzounov imagine de coupler deux cylindres pour exploiter les cycles compression-détente, et munit son moteur d'un régulateur à flotteur pour maintenir constant le niveau d'eau dans le circuit[4] : c'est le premier régulateur d'une machine à vapeur.
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+
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+ En 1770, le Français Cugnot construisit le premier véhicule automobile terrestre, un fardier, destiné à la traction de pièces d'artillerie. Ce prototype sans postérité utilisait un moteur de type Newcomen. Les performances du véhicule étaient insuffisantes pour un usage opérationnel.
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+
27
+ Parallèlement, James Watt continua à chercher des idées pour améliorer son invention, et, en 1781 il mit au point un système mécanique permettant de créer un mouvement de rotation à partir du mouvement rectiligne du piston, ce qui lui permit ensuite de concevoir le cylindre à double action où la vapeur entraîne le piston, lors de sa montée et de sa descente. La puissance de la machine en était fortement augmentée.
28
+
29
+ Il formalisa aussi une utilisation possible en 1784 en déposant un brevet sur une locomotive à vapeur, inventa un indicateur de pression de la vapeur dans le cylindre, et, en 1788, une valve de puissance pour laquelle il reprit ensuite l'idée de Boulton d'employer un régulateur centrifuge pour rendre la vitesse constante indépendamment des variations de la production de vapeur et des sollicitations de puissance en sortie. Il introduisit aussi une nouvelle unité de mesure de la puissance, le cheval-vapeur.
30
+
31
+ Certains lui reprochent d'avoir freiné le développement des systèmes à haute pression fonctionnant par l'expansion de la vapeur, auxquels il ne croyait pas, mais qui étaient prônés par d'autres inventeurs comme Jonathan Hornblower, et qui durent attendre l'expiration des brevets en 1800, après leur prolongation en 1782. Ce dernier mit au point, en 1781, un double cylindre combiné où la vapeur passe d'abord dans un cylindre dans lequel elle pousse le piston avant de passer dans un cylindre fonctionnant selon le principe de la condensation qui équivaut à un système à double action. Mais son invention resta expérimentale, sans application possible du fait des brevets de Watt, et il fallut attendre les années 1797-1799 avec Richard Trevithick et 1803 avec Arthur Woolf pour la voir émerger enfin. Combiné à un nouveau type de condenseur conçu par Edmund Cartwright qui enveloppait le cylindre et l'apparition des chaudières produisant de la vapeur à haute pression, cela permit la fabrication de machines compactes et puissantes, nécessaires à une utilisation mobile.
32
+
33
+ L'ingénieur des mines Richard Trevithick mit au point, entre 1797 et 1799, une machine à vapeur haute pression en supprimant le condenseur, avec échappement dans l'atmosphère, ce qui augmentait la puissance mais aussi le risque d'explosion. Ces machines devinrent plus compactes et plus simples. Portatives, elles pouvaient être installées sur des bateaux, dans des fermes pour battre le blé, dans des moulins ou de petites fabriques[5]. Trevithick orienta ses machines routières (des locomotives sur route) rapidement vers le rail compte tenu de leur poids et de l'état des routes. Il construisit la première locomotive à vapeur sur rails en 1803, la faisant rouler en 1804. Elle pouvait « remorquer un train de wagons chargé de 10 tonnes de fer et de 70 hommes, parcourant 14 kilomètres en quatre heures et cinq minutes[6] ».
34
+
35
+ Par l'intermédiaire d'un système de tiroir de distribution, ouvrant et fermant des lumières, la vapeur d'eau sous pression est envoyée à une extrémité d'un cylindre, où elle pousse un piston. Ce dernier entraîne la bielle qui est articulée dessus et fixée sur le volant d'inertie en un point excentré de son axe de rotation. Son mouvement provoque donc une rotation du volant.
36
+
37
+ Du volant repart une biellette commandant le tiroir d'admission et d'échappement. Quand le piston arrive au bout du cylindre, la biellette repousse le tiroir :
38
+
39
+ Sur ce volant, on place une courroie établissant une liaison élastique avec la poulie d'entrée d'une machine transformant ce mouvement en un travail spécifique. Pour être utilisable industriellement, cette énergie doit le plus souvent être régulée, afin que la vitesse de rotation ne dépende ni des aléas de la chauffe, ni surtout de la sollicitation de puissance en sortie. C'est là qu'intervient le régulateur centrifuge mis au point par Watt, qui agit directement sur la vanne par laquelle la vapeur arrive de la chaudière.
40
+
41
+ Avec la généralisation de son emploi, la machine à vapeur va connaître toute une série de perfectionnements destinés à améliorer son efficacité et sa puissance, en utilisant les pressions de plus en plus importantes fournies par les chaudières.
42
+
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+ La double action inventée par Watt devient d'emploi général, elle permet un gros gain de puissance en éliminant la phase où le piston se comporte comme un frein, celui-ci est alors moteur à l'aller et au retour. Sur les moteurs fonctionnant par l'expansion de la vapeur, il est poussé alternativement par les deux chambres d'expansion qu'il délimite. Le système d'alimentation à tiroir a alors pour rôle de déclencher soit l'alimentation, soit l'échappement pour les deux chambres.
44
+
45
+ L'arrivée et l'échappement de la vapeur des deux côtés du cylindre est réglée par le tiroir de distribution (6). Le piston est relié à la crosse qui, par l'intermédiaire de la bielle motrice, transforme le mouvement de va-et-vient en mouvement circulaire. Ce mouvement est transmis à toutes les roues motrices grâce aux bielles d'accouplement. Le réglage du tiroir de distribution pour inverser la marche s'effectue au moyen du volant de commande de la vis de changement de marche (8) qui se trouve dans la cabine de conduite.
46
+
47
+
48
+
49
+ Au cours du XIXe siècle, la pression disponible à la sortie des chaudières augmentant, on finit par utiliser plusieurs cylindres de taille croissante, où la vapeur passe successivement au fur et à mesure de sa détente. On vit ainsi d'abord les machines à double expansion comme les locomotives compound, puis celles à triple expansion comportant respectivement deux et trois cylindres dénommés cylindre à haute, moyenne et basse pression. L'expansion multiple permit une amélioration significative du rendement des moteurs à vapeur, et de l'autonomie des navires utilisant cette technologie.
50
+
51
+ Les deux ou trois cylindres entraînaient un arbre moteur commun ; une variante comportait deux cylindres à basse pression, les quatre cylindres étant alors arrangés dans une configuration en V.
52
+
53
+ Les machines à expansion multiple sont parfois appelées moteur à pilon.
54
+
55
+ L'ingénieur écossais William McNaught (en) breveta un moteur à double effet en 1845. Sur le cylindre d'une machine de type Boulton & Watt, il brancha un cylindre à haute pression, comprimé par l'autre extrémité du balancier, où l'on fixait normalement la pompe d'eau à actionner. Il en résulta deux effets importants : la force sur le balancier était considérablement réduite, et la conduite de vapeur d'eau, par sa longueur, faisait fonction d'enceinte d'expansion, élément manquant dans les machines Woolf[7]. Il était ainsi devenu possible de modifier les machines Watt après-coup, et les machines ainsi modifiées étaient dites McNaughted. Les avantages du moteur compound ne devenaient sensibles que pour des pressions supérieures à 7 bars.
56
+
57
+ Afin d'améliorer le rendement il faut que la source froide soit à une température et une pression la plus basse possible, ce qui est réalisé en ramenant l'eau à son état liquide en la condensant[8]. Cette technologie du condenseur est particulièrement importante dans les applications navales et ferroviaires, car elle permet de réutiliser l'essentiel de l'eau par condensation de la vapeur après utilisation dans les cylindres, évitant ainsi d'avoir à emporter de grandes réserves d'eau, comme les réservoirs qui existaient sur les installations fixes. L'inconvénient de cette technique est le poids et l'encombrement du condenseur. Les tenders à condenseurs sont surtout utilisés sur des lignes ferroviaires où l'eau est rare ou la distance à parcourir, sans arrêt, importante.
58
+
59
+ Inventée par Charles Dallery vers 1780, la chaudière tubulaire a des tubes pleins d’eau chauffés extérieurement par les gaz brûlants de la chaudière.
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+ En 1824, Marc Seguin choisit de chauffer les tubes par l’intérieur, l'eau étant autour de ceux-ci, multipliant ainsi par six la puissance du moteur. La chaudière tubulaire de Marc Seguin, conçue à l'origine pour équiper un bateau de halage sur le Rhône, trouve sa première application pratique sur la locomotive à vapeur qu'il utilise sur le chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon.
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+ Inventé par Jacob Perkins en 1827, ce modèle se caractérise par l'emploi de soupapes et d'arbre à cames, tout comme les moteurs à explosion, pour la circulation de vapeur : il présente l'avantage d'éviter de faire passer la vapeur chaude et celle détendue par le même emplacement, et aussi d'être plus économe en vapeur.
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+ Ayant une lumière d'échappement en fin de course, le fonctionnement du piston à flot unique (uniflow) doit recompresser la vapeur résiduelle du cylindre, avec une perte correspondant au défaut de réversibilité. De plus, la recompression de la vapeur résiduelle fait restriction à l'écoulement initial de vapeur dans le cylindre, alors que le troncage de la course au point bas raccourcit le cycle de détente.
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+ C'est une variante issue des recherches récentes sur la Quasiturbine.
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+ Un des problèmes du moteur à vapeur, c'est d'alimenter la chaudière en eau neuve.
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+ Les méthodes traditionnelles faisaient appel soit à un réservoir placé en hauteur, soit à une pompe entraînée par le moteur.
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+ Henri Giffard invente en 1858 un injecteur actionné par la vapeur, sans pièce mobile ni perte d'énergie (l'énergie de la vapeur est intégralement récupérée dans l'eau d'admission).
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Un moteur est un appareil transformant une énergie quelconque en énergie mécanique.
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+ Les moteurs les plus anciens utilisent les forces naturelles, sans ajout de technologies ou presque : des moteurs utilisant une pression (voile, moulin à vent) ; des moteurs à élastique (arc, arbalète, catapulte à torsion, horloge à ressort) ; des moteurs utilisant la gravité (roue à aube sur cours d'eau ou sur réserve d'eau, clepsydre, catapulte à contrepoids, tournebroche à poids, horloge à poids).
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+ Le premier moteur vraiment indépendant de la nature, adaptable en situation, est la machine à vapeur. Ce moteur repose sur une chaudière produisant de la vapeur d'eau grâce à une source de chaleur, généralement une combustion. La vapeur comprimée est utilisée, lors de sa détente, pour mouvoir un piston dans un cylindre. Ce mouvement de translation est alors transformé en rotation par un système bielle-manivelle. La rotation de l'arbre, stabilisée par un volant d'inertie, régulateur de la vitesse de rotation, entraîne enfin une machine ou des roues, via un mécanisme de transmission.
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+ À la fin du XIXe siècle, le moteur à combustion interne, qui produit directement l'énergie lors de la combustion rapide d'un mélange carburant/comburant, est développé et adapté aux premières automobiles. Ce moteur est, comme la machine à vapeur, équipé de bielles et pistons, avec comme exception le moteur Wankel qui lui n'a pas de bielles, mais des pistons rotatifs; toutefois la production d'énergie se fait à l'endroit même de la production de travail d’où l'appellation de moteur à combustion interne. Depuis, il poursuit ses progrès en matière de rendement et d'adaptation aux exigences des normes antipollution.
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+ Au milieu du XXe siècle, devant le besoin croissant de puissance pour propulser les avions militaires, les moteurs à réaction furent activement développés, en particulier, pendant la Seconde Guerre mondiale en parallèle avec les moteurs-fusée pour les missiles. Comme ces deux familles de moteurs ont des rapports poids / puissance (ou puissance massique) sans équivalent, malgré des rendements plutôt faibles, au XXIe siècle, ils sont toujours développés activement pour mouvoir avions et fusées.
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+ Il faut distinguer les moteurs, des organes de stockage ainsi que des systèmes ou organes de transmission.
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+ Un organe de transmission transmet un mouvement et une force :
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+ Une transmission peut amplifier certains paramètres du mouvement au détriment d'autres, comme le couple au détriment de la vitesse exemple : un convertisseur de couple hydraulique. Elle peut ajouter plusieurs mouvements ou diviser un mouvement en plusieurs exemple un (pont d'automobile).
20
+
21
+ Un organe de stockage va pouvoir absorber l'énergie d'un mouvement. Il pourra restituer cette énergie plus tard. Il y a toujours des pertes d'énergie dans le processus. Il est parfois difficile de distinguer un moteur d'un organe de stockage : la création d'un mouvement peut correspondre à une restitution après un stockage, comme pour les ressorts.
22
+
23
+ Les organes de transmission ainsi que tous les organes de stockage consomment de l'énergie donc de la puissance qu'il ne peuvent pas eux-mêmes créer : par définition, seul un moteur (ou un engin similaire) ajoute de la puissance au mouvement.
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+
25
+ comprenant :
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+
27
+ Dans ces moteurs, une réaction chimique est exploitée directement pour produire du travail ou du mouvement ; la chaleur est un sous-produit (utile ou nuisible, selon le cas) :
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+
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+ Systèmes assimilés :
30
+
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+ On parle d'élastique ou de ressort :
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+
33
+ Un fluide compressible joue le rôle d'un élastique. Le stockage d'air comprimé est exactement équivalent à un élastique gazeux. Certains moteurs pneumatiques pourraient aussi être classés ici.
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+
35
+ Ce moteur utilise comme source de mouvement la différence de pression entre deux sources :
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+
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+ Du fait de l'incompressibilité des liquides utilisés, on peut penser qu'un moteur à liquide est plutôt un organe de transmission qu'un moteur, car il n'ajoute pas de puissance. Dans un système hydraulique, le seul moteur qui fournit l'énergie au système est appelé la pompe hydraulique.
38
+
39
+ Un moteur à air comprimé est un composant d'un système pneumatique. On injecte de l'air préalablement comprimé dans une sorte de turbine, qui entraîne l'axe moteur. Le déplacement est obtenu par le changement de pression d'un gaz. Il existe plusieurs méthodes pour changer la pression d'un gaz, souvent utilisées en combinaison :
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+ Mise en mouvement d'un solide :
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+ Mise en mouvement d'un liquide :
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+ Mise en mouvement du gaz :
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+ Des adeptes de théories conspirationnistes ont fabriqué des « moteurs magnétiques » ou « moteurs à aimants ». Ce type de moteur, n'a non seulement qu'une puissance très faible, mais surtout s'arrête lorsqu'il a épuisé l'énergie introduite dans les aimants à leurs fabrication.
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+ Un mot est une suite de sons ou de caractères graphiques formant une unité sémantique et pouvant être distingués par un séparateur, par exemple un blanc typographique à l'écrit ou une pause à l'oral. En fait, en linguistique, un mot est le plus petit élément pouvant être prononcé en isolation avec un contenu sémantique ou pragmatique.
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+ Le « mot » français dérive du bas-latin « muttum ». Il s'agit d'un substantif du verbe latin « muttire » dont la signification reste obscure. Ce verbe indique généralement la production d'un discours inarticulé et/ou incohérent : au sens propre, muttire, c'est dire mu, soit grogner comme un bovin. Toutefois, il définit également le contraire, soit la formulation d'un énoncé articulé. Dès son origine, le mot se trouve chargé d'une tension sémantique et tiraillé entre deux significations contradictoires. Jusqu'au XIIe siècle, la première signification l'emporte : l'usage de muttum ou de mu est exclusivement péjoratif. Progressivement, la notion se neutralise et devient un simple qualificatif linguistique[1]. Ce faisant il entretient une relation synonymique avec tout une galaxie de concepts alors interchangeables : le verbe, la parole, le dit, le vocable… Cette incertitude se prolonge jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Publié en 1690, le Dictionnaire universel d'Antoine Furetière définit encore le mot par la parole et la parole par le mot[2]. Le Dictionnaire français de Richelet (1680) procède par contre à une distinction destinée à rester : le mot désigne « tout ce qui se prononce et s'écrit à part », tandis que la parole constitue le « discours et explication de la pensée par le son et la voix »[3].
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+ On ne retrouve cette distinction arbitraire dans aucune autre langue romane. Équivalents lexicaux de parole, l'espagnol palabra, l'italien parola et le portugais palavra traduisent sémantiquement le mot français. Le roumain cuvânt dérive quant à lui de deux termes latins : conventum (convention) et conventus (assemblée)[1].
6
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+ Il convient toutefois de noter que le terme "mot" qui a donné en anglais le mot "motto", c'est-à-dire une devise, qui a ce sens également en italien aujourd'hui, est d'origine italienne et analogue à celle française. Par ailleurs, "motto" désignait le terme générique pour "mot" en italien, comme en français, avant qu'il soit supplanté par parola. mutto, parola, (motto) [Vigna, IV 35: eo diragio altro mutto]
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+
9
+ Le mot "mot" est une généralisation d'un ensemble pouvant être divisé en plusieurs parties (adverbes, pronoms, déterminants, nom...), il peut désigner n'importe lequel de ces sous-ensemble, et ce dans toutes les langues et toutes les civilisations, particulièrement à l'oral. En ce sens, on pourrait dire que "mot" est un hyperonyme de "nom", "adverbe", etc.
10
+
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+ La notion de mot soulève d'importants problèmes d'identification. Elle dépend avant tout de l'intuition des locuteurs, chacun sachant citer des mots ou les identifier sans pour autant pouvoir expliquer quels sont ses critères de jugement.
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+
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+ Parmi les principaux problèmes se présentant lorsque l'on veut définir la notion de mots, on peut citer ceux-ci :
14
+
15
+ A cause de toutes ces ambiguïtés, aujourd'hui, la plupart des linguistes préfèrent utiliser des terminologies scientifiques plus précises, telles que vocable, mot-forme, lemme (ou lexie), lexème, forme du lexème, morphème.
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+ L’art est une activité, le produit de cette activité ou l'idée que l'on s'en fait s'adressant délibérément aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l'intellect. On peut affirmer que l'art est le propre de l'humain ou de toute autre conscience, en tant que découlant d'une intention, et que cette activité n'a pas de fonction pratique définie. On considère le terme « art » par opposition à la nature « conçue comme puissance produisant sans réflexion »[1], et à la science « conçue comme pure connaissance indépendante des applications »[1].
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+
3
+ Effectivement, les définitions de ce concept varient largement selon les époques et les lieux, et aucune d'entre elles n'est universellement acceptée. Ainsi, pour Marcel Mauss[2], « un objet d'art, par définition, est l'objet reconnu comme tel par un groupe ». C'est pourquoi les collections de productions artistiques peuvent être classées et appréciées diversement selon les cultures, les auteurs, les institutions et les époques.
4
+
5
+ En Europe, depuis la fin du XVIIIe siècle[3], ce terme recouvre principalement les produits dits des « beaux arts » tels que la sculpture, l'architecture, les arts graphiques (dont la peinture ou le dessin), et aussi la musique, la danse, la poésie (à prendre au sens classique du terme, le mot poésie désignant à la fois la poésie lyrique, qui correspond au sens moderne de la poésie, la poésie tragique, c'est-à-dire le théâtre et la poésie épique) et la littérature. On y ajoute depuis, parmi d'autres, l'image en mouvement (le cinéma, la télévision, l'art numérique), le spectacle vivant (le théâtre, le mime), la photographie, la bande dessinée, et, plus largement encore, la mode, bien que celle-ci soit plus couramment associée au domaine de l'artisanat de par son usage et sa fonctionnalité. La classification des arts n'est toutefois pas universelle et rechercher une classification unanime semble impossible[4], voire un anachronisme[5].
6
+
7
+ Cette conception de l'art comme activité autonome, comme production par des artistes d'objets que l'on s'accorde à trouver beaux d'après une préférence de goût, date des XVIIIe et XIXe siècles. Mais on considère souvent que l'art moderne et contemporain ont délaissé le cantonnement aux seules notions de beau ou de style intemporel pour plus généralement chercher à interpeller voire 'déranger' l'observateur, par exemple par la transgression ou la rupture[6].
8
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9
+ Au XXIe siècle, on assiste à la fois à la prolifération de la notion d'art (absorbant les civilisations anciennes, intégrant différents supports et obligeant à parler d'« arts », le tout avec des productions en expansion planétaire exponentielle[réf. nécessaire]) et en même temps à son dépassement par la civilisation du tout-écran, qui mêle tout. Un tel phénomène incite à donner des repères et à ne pas appliquer la notion occidentale d'« art » à l'ensemble de ce qui a une visée esthétique sur tous les continents. Pour ce faire, il importe d'établir la chronologie et la géographie des productions dans une histoire générale de la production humaine[note 1].
10
+
11
+ Le mot français « art » dérive du latin ars, artis qui signifie « habileté, métier, connaissance technique ». Selon le Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 50, « Ars peut également signifier « métier, talent », mais aussi « procédé, ruse, manière de se conduire » et seulement tardivement « création d'œuvres », terme traduisant le grec tekhnè. La signification du terme art s'est historiquement déplacée du moyen vers le résultat obtenu ». Voir aussi Dominique Chateau, « Art »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), dans Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, dir. Barbara Cassin, Seuil, Dictionnaires le Robert, 2004 (ISBN 2-02-030730-8) (extraits en ligne).
12
+
13
+ Depuis au moins l'Antiquité, la philosophie s'interroge sur la nature de l'art.
14
+
15
+ Platon dans l'Ion et l'Hippias majeur ou Aristote dans la Poétique s'interrogent sur l'art en tant que beau. Toutefois, l'esthétique antique diffère parfois notablement des esthétiques postérieures et le mot grec τέχνη (technè), qui est l'équivalent le plus proche du français art, désigne dans la Grèce antique l'ensemble des activités soumises à certaines règles. Il englobe donc à la fois des savoirs, des arts et des métiers. Les muses grecques ne sont pas toutes associées aux arts tels qu'ils seront définis par la suite et la poésie, par exemple, n'est pas une « technè »[réf. nécessaire].
16
+
17
+ La civilisation romaine ne distingue pas non plus clairement le domaine de l'art de celui des savoirs et des métiers bien que Cicéron et Quintilien y aient contribué par leurs réflexions. Ainsi, chez Galien, le terme d'« art » désigne un ensemble de procédés servant à produire un certain résultat :
18
+
19
+ « Ars est systema præceptorum universalium, verorum, utilium, consentientium, ad unum eumdemque finem tendentium[7]. »
20
+
21
+ « L'art est le système des enseignements universels, vrais, utiles, partagés par tous, tendant vers une seule et même fin. »
22
+
23
+ Dans cette acception du mot, qui a prévalu jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'art s'oppose à la fois à la science conçue comme pure connaissance, indépendante des applications, et à la nature qui produit sans réfléchir[7]. À l'idée de règle de production s'ajoute la considération de l'effort requis dans cette activité. Lorsque le mot est employé, il lui est généralement attaché une épithète qui le précise pour former des expressions telles que « arts libéraux », « arts mécaniques », « art militaire », etc.[7]. Et s'il arrive parfois que les arts libéraux soient visés par l'emploi du mot non qualifié « ars », on est encore bien loin du sens contemporain ; l'astronomie était un « art libéral » tandis que le spectacle de « theatrica » restait un « art mécanique »[8].
24
+
25
+ Jusqu'à la Renaissance, il n'y a pas de différence précise entre l'artiste et l'artisan : on appelle « artiste » un artisan dont la production est d'une qualité exceptionnelle. La différence ne commencera à devenir plus précise que lorsque les artistes commenceront à s'émanciper des corporations pour faire allégeance aux académies et à la commande nobiliaire[9]. C'est alors que le sens maintenant familier du mot « art » commence à se dégager : non seulement de nombreuses techniques s'en séparent, mais de plus, après la découverte des règles de la perspective, l'aspect visuel y prendra une importance croissante.
26
+
27
+ C'est du siècle des Lumières que date la notion d'art aujourd'hui communément admise. Partant d'une réflexion sur les sens et le goût, une conception basée sur l'idée de beauté finit par s'établir. Avec Emmanuel Kant émerge une théorie de l'art définissant l'esthétique, dont les principes seront repris par le mouvement romantique. L'importance de l'observation de règles passe alors au second plan tandis que l'intention de l'artiste, qui vise nos sens et nos émotions, devient primordiale.
28
+
29
+ Mais le XXe siècle, par ses pratiques et ses idéologies, remet en question tout ce qui avait pu être retenu au siècle précédent. Il conteste en particulier l'existence d'une essence de l'art qui se retrouverait à travers les âges et les civilisations, et donc le rêve d'une définition universelle. Il souligne également le caractère parfois ambigu du rapport entre « beauté » et « art », par exemple lorsque l'œuvre d'art représente la nature de manière effrayante, voire repoussante[10].
30
+
31
+ C'est pourquoi le discours européen contemporain sur l'art comporte un risque d'anachronisme dans la mesure où, selon ce discours, l'art impliquerait une intention qui n'existe pas forcément en d'autres époques ou en d'autres lieux. L'Art préhistorique par exemple, se réfère à des éléments artistiques comme des peintures ou des sculptures, mais aucun texte ne précise si ces éléments étaient destinés à la contemplation, à des célébrations rituelles ou à d'autres usages. Dans certaines cultures (par exemple indienne ou chinoise), de tels textes existent, mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure les concepts utilisés, notamment ceux traduits en français par les mots « juste » ou « beau », sont identifiables à ceux utilisés en Occident[10]. L'introduction d'une hypothèse d'art inconscient ou involontaire pourrait permettre de contourner ce type de difficultés.
32
+
33
+ On donne souvent des listes plus ou moins complètes de domaines constitutifs de l'art, en notant ce qu'à la suite de Wittgenstein on appelle des « ressemblances familiales » : l'art devient alors un ensemble de pratiques et de résultats qui partagent un certain nombre de traits, bien qu'aucun d'entre eux ne soit universel[11].
34
+
35
+ La liste classique des arts, telle que proposée au XIXe siècle par Hegel dans Esthétique ou philosophie de l'art, continue pour certains de servir de référence[4]. Elle indique, sans se vouloir pourtant exhaustive, que les principaux arts sont au nombre de cinq : architecture, sculpture, peinture, musique, poésie. Par combinaison ou par prolongement, on parvient à développer indéfiniment cette liste en y ajoutant, par exemple, la danse, le cinéma (souvent nommé « septième art »), la bande dessinée, l'opéra, la photographie, etc.
36
+
37
+ Les différentes conceptions de l'art et les difficultés de l'aborder dans sa globalité[12] se répercutent sur les conceptions de son histoire.
38
+
39
+ Dans sa conception la plus classique, l'histoire de l'art s'est constituée au XIXe siècle en adoptant sans questionnement le progressisme et les valorisations de son temps. Dans cette optique naturaliste, qui considère l'art comme une constante de l'humain, elle décrit les instances qui dévoilent l'« essence » de l'art à travers les différentes époques.
40
+
41
+ Mais cette hypothèse d'une autonomie des phénomènes artistiques et de leur développement intelligible a été progressivement délaissée au profit d'une vision beaucoup plus contextualisée et sociale. Comme le note Antoine Hennion, « La méthode de la sociologie de l'art et celle de l'histoire de l'art s'opposent l'une à l'autre », la première tend à éliminer ce que la seconde essaie au contraire d'épaissir[13]. Dans ce cadre, l'histoire de l'art ne peut évidemment se construire qu'en tenant compte des évolutions de la notion d'art et elle est par conséquent sans cesse à reconstruire.
42
+
43
+ Une autre difficulté est liée au fait que relater les évolutions de l'art nécessite de procéder à des regroupements, le plus souvent par aires géographiques et par périodes historiques. Or la pertinence de telles délimitations est toujours à relativiser : à quel moment, par exemple, séparer l'Antiquité tardive du Moyen Âge ? Faut-il présenter l'art de l'Égypte ptolémaïque aux côtés de celui de l'antiquité grecque ? Ou encore, si l'on convient de considérer la poésie comme un art, faut-il ou non présenter les poèmes de Léopold Sédar Senghor du côté des arts africains ?
44
+
45
+ Conséquences de ces divergences de vues, les querelles sur la classification des arts sont nombreuses[4] en histoire de l'art et en esthétique. Claude Roy résume ainsi ce pluralisme de la notion d'art :
46
+
47
+ « La notion d’art, qu’il s’agisse de l’art nègre, de l’art crétois ou de l’art impressionniste, reste à la fois imprécise, ineffable et irritante. L’art, c’est ce qui maintient vivante l’idole morte en tant qu’idole. L’art c’est ce qui dans un objet continue à servir quand il ne sert plus à rien[14]. »
48
+
49
+ Si l'on considère que l'art consiste à bâtir, à sculpter, à réaliser des motifs ornementaux, l'existence d'un art préhistorique semble indiscutable. En revanche, si l'on voit dans l'art une sorte de luxe destiné aux musées et aux expositions, il est probable que les premiers peuples n'y aient jamais songé[15]. Enfin, si l'on considère, plus généralement, que l'art consiste à s'adresser aux sens et aux émotions de ceux qui en sont les spectateurs, il est difficile de ne pas qualifier d'artistes les auteurs d'un certain nombre de productions préhistoriques, comme les célèbres fresques de la grotte de Lascaux.
50
+
51
+ Quelle était la fonction exacte des sculptures et des peintures réalisées par ces artistes ? Nous ne le savons pas avec certitude, même si les hypothèses de fonctions rituelles, magiques, symboliques ou d'enseignement ont souvent été envisagées. Le travail de l'artiste aurait alors probablement eu comme visée première une efficacité « pratique », sans exclure pour autant une certaine recherche esthétique[15].
52
+
53
+ L'Afrique recèle d'innombrables arts locaux qui reflètent une grande variété de cultures qui ne cessent d'évoluer au fil du temps. Ces créations ont été considérées comme de véritables objets d’art surtout à partir du début du XXe siècle, notamment sous l’influence des peintres cubistes. La découverte de cet art a alors notablement influencé l'art moderne occidental[16].
54
+
55
+ De nos jours, la plupart des œuvres africaines appartiennent à des collectionneurs privés, car, dans le passé, les musées ont négligé cet art. Depuis, les cotes pour des objets anciens authentiques se sont envolées[note 2], et l’UNESCO en est venu à interdire depuis le début des années 1990 l'exportation de masques et de statues en dehors du continent africain[16].
56
+
57
+ Le masque en bois, qui représente le plus souvent un esprit a longtemps été considéré comme l’objet typique qui symbolisait le mieux l’art africain. Mais progressivement d'autres formes sont venues au jour et en 1966 eut lieu le premier festival mondial des Arts nègres de Dakar, présentant au monde la richesse de l'art africain, avec des artistes comme Ousman Sow, Assane N'Noye, Paul Ahyi ou Ashira Olatunde[16].
58
+
59
+ Depuis 1989, une biennale d'art africain contemporain se tient régulièrement à Dakar[17].
60
+
61
+ En Afrique du Nord, avec l'arrivée de l'islam à partir du VIIe siècle, l'art musulman succède à l'art qui prévalait dans l'Antiquité tardive[18], ainsi la Grande Mosquée de Kairouan (en Tunisie), élevée vers 670 et dont l'état actuel date du IXe siècle, compte parmi les chefs-d'œuvre de l'art des premiers siècles de l'islam[19].
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+ L'exemple du continent asiatique montre bien la difficulté d'établir des classifications d'histoire de l'art basées sur des continents et des périodes historiques.
64
+
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+ Comment présenter avec une certaine cohérence un ensemble aussi large et aussi hétérogène que celui qui réunit :
66
+
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+ La culture olmèque, entre 1200 av. J.-C. et 400 av. J.-C.[20], première des grandes civilisations de la Mésoamérique, est particulièrement connue pour la richesse iconographique et la qualité technique de son art, qui fut une référence et un héritage pour toutes les cultures postérieures. L’art olmèque se manifeste par une grande maîtrise de la sculpture et de la ciselure. Les artistes olmèques élaboraient leur art dans l’argile, la pierre et le bois ainsi que sur quelques peintures rupestres.
68
+
69
+ L'art maya se développe durant la période préclassique (2000 av. J.-C. à 250 apr. J.-C.)[21],[22], lors de l'Époque I et II. Il reçut les influences de la civilisation olmèque. D'autres civilisations mésoaméricaines, incluant Teotihuacan et les Toltèques, l'affectèrent et il atteignit son apogée durant la période de la civilisation classique ou Époque III (environ 200 à 900 apr. J.-C.). Les Mayas sont célèbres pour leur utilisation du jade, de l'obsidienne et du stuc.
70
+
71
+ Les artisans aztèques (1300-1519) excellaient dans l'art du masque en pierre, hérité des Toltèques, dont on faisait un usage funéraire ou religieux. Ils revêtaient de peintures les parois de leurs temples et de leurs palais.
72
+
73
+ L'Art amérindien est la forme d'art originaire d'Amérique du Nord. Aucune des langues autochtones d'Amérique du Nord n’a, semble-t-il, de mot correspondant au concept occidental d’art. Pourtant, les objets conçus par ses artisans sont aujourd’hui considérés comme des œuvres d’art à part entière.
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+ Bien que celle-ci soit géographiquement située en Afrique, l'Art de l'Égypte antique, né il y a environ cinq mille ans, est l'une des principales sources de l'art en Europe. Il combine des règles strictes de régularité géométrique et une observation aiguë de la nature. Ses œuvres n'étaient pas destinées à être admirées par les vivants. On les plaçait dans les tombes des rois, puis progressivement dans celles de personnages de moindre importance sociale, afin d'aider l'âme des défunts à rester vivante[23].
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+ Mais l'art européen doit aussi beaucoup à l'Art de la Grèce antique. Dans ses premiers temps, aux alentours du Xe siècle av. J.-C., il est extrêmement sobre et géométrique. Par la suite, il s'inspire considérablement des règles établies par l'art égyptien, notamment en peinture et en sculpture.
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+ Aux alentours du VIe siècle av. J.-C. se produisit une véritable révolution artistique : Les artistes commencent à s'affranchir des règles de l'art égyptien, qui imposaient de représenter chaque partie d'un ensemble (d'un corps humain par exemple) sous son angle le plus reconnaissable, au prix parfois de positions peu vraisemblables de l'ensemble. S'affranchissant de ces règles, ils se permettent de représenter un pied de face ou de cacher un bras sur un personnage représenté de profil : leurs peintures et leurs sculptures deviennent ainsi moins stéréotypées, plus naturelles[24].
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+ Vers la fin du VIe siècle av. J.-C., les artistes grecs sont toujours de simples artisans, mais un public de plus en plus nombreux s'intéresse à leurs œuvres. On compare les mérites des différentes écoles d'art, des maîtres des différentes cités. Certains d'entre eux, comme Praxitèle deviennent extrêmement célèbres. Un peu plus tard survient une autre évolution : alors que jusqu'ici les artistes s'efforçaient d'éviter de donner à leurs visages une expression trop précise, on commence alors à leur faire exprimer des sentiments et le règne d'Alexandre le Grand voit l'apparition d'un art du portrait[24] que l'Art de la Rome antique reprendra et développera plus encore.
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+ L’art médiéval couvre un ensemble large de temps et de lieux, sur plus de mille ans d'histoire de l'art en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Cela inclut de nombreux mouvements de l'art et périodes, art régional ou national, genres, renaissances, métiers d'artistes, et les artistes eux-mêmes.
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+ Les historiens de l'Art classifient l'art médiéval en périodes et mouvements principaux, les relations entre ces périodes sont parfois plus subtiles. Ceux-ci sont l'Art celtique, l'Art paléochrétien, l'Art des migrations, l'Art préroman et l'Art roman, l'Art gothique et l'Art byzantin. En plus de cela, chaque « nation » ou culture au Moyen Âge avait son propre style artistique et ceux-ci ont une existence individuelle, comme l'Art anglo-saxon, l'Art viking ou l'Art Islamique en Espagne (pour exemple l'Alhambra).
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+ L'art médiéval comporte de nombreuses techniques, comme la mosaïque et la sculpture.
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+ L'immense majorité de l'art qui nous est parvenu de cette période relève du domaine du religieux et renvoie à un cadre qui incorpore à la fois une pensée théologique ou cosmogonique et des fonctions proprement liturgiques. À cet aspect strictement religieux, il convient encore d'ajouter une dimension sociale ou civique. Ainsi, une œuvre pourra être étudiée et comprise sous ces différents aspects : un contenu proprement théologique qui s'exprimera souvent par des choix iconologiques de la part du ou des créateurs ; une fonction liturgique ou cérémonielle concrète qui sera une contrainte matérielle de l'œuvre, définissant parfois sa forme, sa structure ou ses dimensions ; une fonction publique d'exaltation du commanditaire, du donateur ou du récipiendaire.
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+ Pour les historiens, l’époque moderne – on dit parfois les « Temps modernes » ��� couvre la période historique qui commence avec la fin du Moyen Âge. Les historiens français la font se terminer avec la Révolution française. Cette convention spécifiquement française ne sera pas utilisée dans ce chapitre, dans lequel on a préféré utiliser la convention internationale qui fait se terminer l'époque moderne 75 ans avant le présent.
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+ On fait habituellement commencer la Renaissance artistique en Italie au XVe siècle[25]. Les Italiens nomment cette période le quattrocento. Elle se prolonge au XVIe siècle où elle atteint alors, dans de nombreux pays d'Europe, son apogée. Si elle redécouvre la mythologie et l'art antique, elle ne constitue pourtant pas un retour en arrière : les techniques nouvelles, le nouveau contexte politique, social et scientifique permettent aux artistes d'innover[26]. On redécouvre et on perfectionne considérablement la perspective. On développe la technique de la peinture à l'huile. Alors qu'au Moyen Âge la création artistique était essentiellement tournée vers Dieu et la religion chrétienne, c'est l'homme que la Renaissance artistique place au centre de ses préoccupations. Pour la première fois, l'art pénètre dans la sphère du privé : les œuvres ne sont plus seulement commandées par le pouvoir religieux ou séculier ; elles entrent dans les maisons bourgeoises[25].
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+ On appelle habituellement « baroque » le style qui a succédé à la Renaissance au début du XVIIe siècle, mais ce mot n'a été employé que bien plus tard, par des auteurs qui trouvaient ce style grotesque et qui estimaient que les éléments de l'art antique n'auraient jamais du être employés autrement qu'à la manière des Grecs et des Romains[27]. L'architecture baroque utilise plus de courbes et de volutes, elle se lance dans le grandiose, comme dans le cas du palais de Versailles[note 3] qui sera imité dans toute l'Europe. La peinture utilise plus de couleurs et de lumière. La musique de cette époque voit apparaître l'opéra. Ce mouvement atteint son apogée dans l'Europe catholique des années 1700[28].
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+ Dans le courant du XVIIIe siècle, d'abord en Angleterre, on commence à remettre en question les habitudes du classicisme. Certains connaisseurs, souhaitant se distinguer des autres, sont en recherche d'originalité, notamment dans le domaine de l'architecture qui cherche une nouvelle inspiration jusque vers la Chine et l'art gothique. À la fin du siècle et au début du suivant, le romantisme s'efforcera de réhabiliter le sentiment face à la raison : des artistes comme Turner évoquent, à travers leur représentations de la nature, les émotions de l'humain face aux puissances qui le dépassent[29].
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+ Ce rejet des traditions donne naissance à de nombreux mouvements, dont chacun se pare comme d'un étendard d'un nouveau nom en « -isme »[30] (réalisme, naturalisme, impressionnisme, symbolisme…). Il a aussi pour conséquence une complexité plus grande des rapports entre les artistes et les acheteurs d'œuvres d'art: L'artiste ne souhaite plus nécessairement s'adapter aux goûts de ses clients. S'il le fait, il a parfois le sentiment de faire des concessions humiliantes. Mais s'il préfère travailler dans un splendide isolement, il risque d'être réduit à la misère[31]. Bientôt certains artistes en viennent à se considérer comme appartenant à une espèce différente et à afficher avec vigueur leur mépris des conventions et de la respectabilité. Au XIXe siècle, le gouffre se creuse entre les artistes à succès et les non-conformistes, qui furent surtout appréciés après leur mort[31].
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+ L'Art moderne naît à la fin du XIXe siècle et au début XXe siècle. Il voit apparaître en peinture les figures de Picasso,Malevitch,Matisse, Miro, Max Ernst et de nombreux mouvements comme le surréalisme, l'Oulipo, la Nouvelle Vague. Des architectes comme Frank Lloyd Wright osent privilégier l'organisation des pièces à l'ornement des façades et abandonnent le dogme de la symétrie[32].
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+ En France, avec la modernité, les peintres se détachent peu à peu du système des salons et de l'emprise de la bourgeoisie. Les grands collectionneurs contemporains, les galeries et les critiques jouent un rôle important. Le marché de l'art s'internationalise.
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+ Marcel Duchamp représente l'objecteur fondateur de l'art conceptuel. Il ne se rattache pas plus à ses précurseurs que son intention n'est d'établir un art de l'objet. Ce qu'il cherche au contraire c'est sortir de l'art. Pourtant les ready-made de Duchamp (dont il est le concepteur) et ses objets cinétiques apportent une nouvelle dimension à la conscience esthétique, ainsi qu'une immense contribution à l'historiographie de la sculpture moderne, bien contre sa volonté[34].
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+ Dans le domaine de la peinture, un pas décisif est franchi dans les années 1910 lorsque Kandinsky ose l'art abstrait, qui ne représente pas des sujets ou des objets du monde naturel, réel ou imaginaire, mais seulement des formes et des couleurs pour elles-mêmes.
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+ À cette époque, même lorsqu'ils ne renoncent pas aussi radicalement à la représentation d'un sujet, de nombreux artistes estiment que ce qui compte en art, c'est d'abord la forme, le sujet ne venant qu'en second[35]. Ils sont en recherche perpétuelle de nouveauté. Avec le surréalisme, ils cherchent même à créer quelque chose de plus vrai que la réalité elle-même[36], à tenter d'atteindre une « réalité supérieure »[37].
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+ Plus on se rapproche de notre époque et plus il devient difficile[note 4], au milieu des modes éphémères, de distinguer les réalisations qui, par leur influence, relèvent de l'histoire de l'art[38]. Quelques grandes lignes de l'art de l'époque contemporaine[note 5] semblent cependant pouvoir être tracées.
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+ En peinture, à partir des années 1950, certains artistes concentrent leurs recherches sur l'acte physique de peindre et réalisent des œuvres abstraites en peignant, égouttant ou projetant de la couleur sur la toile. La structure du tableau résulte alors de l'intuition de l'artiste, mais aussi des divers comportements de la couleur (coulures…). Peindre apparaît alors comme un moment d'existence irréfléchi et pulsionnel et l'œuvre est un témoignage du corps vivant, en action et en mouvement dans l'instant. Ce mouvement sera dénommé tachisme, expressionnisme abstrait ou encore action painting aux États-Unis. L'Américain Jackson Pollock se fera particulièrement remarquer par cette technique. Il n'est pas sans évoquer la calligraphie chinoise dans sa recherche d'un jaillissement rapide et spontané[38].
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+ Beaucoup d'artistes contemporains sont fascinés par les effets de « texture » et renoncent à l'emploi de la peinture pour d'autres matières, dans des productions qui se situent parfois à mi-chemin de la peinture et de la sculpture. Le Op Art, notamment avec Vasarely, accorde un intérêt particulier à l'interaction des formes et des couleurs visant à produire des sensations de relief ou de mouvement[38]. Plus près de nous encore, dans les années 1960, le Happening, le Fluxus, (Joseph Beuys, Wolf Vostell, Nam June Paik), et l'Art vidéo. Pop Art utilise des symboles populaires et prend en compte l'influence de la publicité, des magazines, des bandes dessinées et de la télévision dans les sociétés de consommation. Par des techniques industrielles, il remet en cause le principe d'unicité d'une œuvre d'art. Ainsi Andy Warhol reproduit les siennes par centaines, parfois même par milliers.
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+ Plus généralement, l'art contemporain est traversé par les concepts et les thèmes qui agitent la société contemporaine: la dématérialisation de l'œuvre (Yves Klein), l'écologie profonde (Hundertwasser), la propagande visuelle et la publicité (Warhol), l'entreprise œuvre d'art ou vice-versa (Hybert), la fascination pour la révolution technique et les biotechnologies (Eduardo Kac), la chirurgie esthétique et la re-création corporelle de soi (Orlan).
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+ Toutefois, la course effrénée à la nouveauté et le triomphe du modernisme conduisaient les non-conformistes à une contradiction : « Fallait-il être non-conformiste comme tout le monde ? »[39] Ceci explique peut-être qu'on assiste depuis la fin des années 1970 à un retour du figuratif et à l'apparition d'une autre attitude, plus que d'un (encore) nouveau style, parfois dénommée post-modernisme. L'ère post-moderne est l'occasion d'une multiplication des mouvements et tendances artistiques : (Appropriation, Bad Painting, Figuration libre, Néo-géo, Trans-avant-garde, Art corporel, Art numérique, Bio-art, Netart, Esthétique relationnelle, Art urbain, Cyberart, etc.
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+ Jean Prouvé (1901-1984), est un architecte et un designer autodidacte français. Au cours des années 1930, il collabore avec l'agence d'architecture dirigée par Marcel Lods et Eugène Beaudouin pour des bâtiments considérés comme précurseurs de l'architecture moderne en France : la cité de la Muette à Drancy ou la Maison du peuple à Clichy. Réalisateur également de mobilier, ses réalisations « sculptures dans l’espace quotidienne » – chaises, lits Antony, bibliothèques, bureaux Compas – sont exemplaires et figurent aujourd’hui parmi les plus cotés du XXe siècle (un fauteuil Kangourou s'est vendu 152 449 €, une bibliothèque peut valoir jusqu’à 160 000 €).
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+ Le sculpteur Remus Botarro (né en 1946, en Roumanie), il travaille à Vienne et à Paris. Auteur de monuments publics dans plusieurs capitales en Europe, il est aussi l'inventeur du concept auquel il a donné le nom de « l'Habitat de l'Avenir » ; le concept Botarro consiste à transformer l'espace immobilier habité en une œuvre d'art unique dans sa création, en harmonie et en relation étroite avec son occupant, lui conférant ainsi une valeur d'exception.
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+ L'art d'Océanie comprend les productions, anciennes ou contemporaines, des peuples de Mélanésie, de Micronésie, de Polynésie, ainsi que celles des peuples traditionnels d’Australie et de Nouvelle-Zélande et d'autres îles du Pacifique. En revanche, on ne classe pas dans cette cat��gorie les productions des artistes australiens et néo-zélandais d'origine occidentale[40].
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+ Son histoire débute lorsque la première vague de migrants, venus d'Asie du Sud-Est, s'installe en Australie et en Nouvelle-Guinée, il y a probablement environ 50 000 ans. Les plus anciennes œuvres d'art qu'on ait retrouvées d'eux sont des figures de pierre, des mortiers et des pilons ornés de motifs zoomorphes mêlés à des figures anthropomorphes[40].
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+ Vers 1500 av. J.-C. apparaît la civilisation Lapita (du nom d'un site archéologique de Nouvelle-Calédonie)[41]. Il s'agit d'une civilisation originale, notamment pour ses décors à poterie, qui semble être apparue sur les îles Bismarck, au Nord-Est de la Nouvelle-Guinée. Elle est associée aux peuples austronésiens qui allaient conquérir l'Océanie éloignée à partir de l'Océanie proche, à l'origine du groupe linguistique océanien. Plusieurs centaines de sites archéologiques lapita ont été retrouvés dans une aire allant de la Nouvelle-Guinée jusqu'aux îles Samoa (archipel de Bismarck, îles Salomon, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Fidji, Tonga, Samoa, Wallis-et-Futuna).
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+ Dans chaque archipel, cette culture s’est adaptée à son milieu particulier et a connu son évolution propre, mais elle n'a pas perdu pour autant son unité. L'ensemble des îles du Pacifique a ainsi conservé une certaine homogénéité culturelle[40].
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+ Les Aborigènes sont de remarquables peintres, sur écorce dans le nord des Territoires du Nord, sur tissu et toile dans la partie centrale du désert. Actuellement reconnu comme beaux-arts, aussi bien qu'être utilitaire et décoratif, on pense que l'art indigène australien est la tradition continue la plus ancienne de l'art dans le monde. Les exemples les plus anciens de l'expression artistique ont lieu plus de 30 000 années[42].
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+ Il y a trois modèles régionaux d'Art des Aborigènes d'Australie. Premièrement : figures géométriques gravées, telles que des cercles, des cercles concentriques, des arcs, des voies animales et des points - en Australie centrale, en Tasmanie, le Kimberleys, et Victoria. Le deuxième est le modèle figuratif simple des silhouettes peintes ou gravées qui sont trouvées au Queensland. La troisième forme est les peintures figuratives complexes, telles que l'art de rayon X, qui montre les organes internes des humains et des animaux. Ce sont communs à la région du terre d'Arnhem[42].
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+ Les dessins et figures qu'ils peignent ont tous une signification bien particulière liée à la mythologie du rêve et pouvant être assimilés à une forme d'écriture. À l'exception des peintures rupestres, la plupart des œuvres aborigènes étaient éphémères : peintures corporelles, dessins sur le sable, peintures végétales au sol.
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+ À partir des années 1970, les Aborigènes ont abordé la peinture acrylique sur toile. Les œuvres aborigènes évoquent souvent le temps du rêve qui relate le mythe de la Création selon leur culture. Ce mouvement d'art - le Western Desert Art Movement - est devenu l'un des mouvements d'art les plus significatifs du XXe siècle[42]. En 2007, le tableau d'Emily Kame Kngwarreye, Earth's Creation s'est vendu pour l'équivalent de 671 000 euros.
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+ Des exemples d'Art rupestre peuvent être trouvés dans les parcs publics et même dans les villes principales : comme au Parc national Ku-ring-gai Chase à Sydney. Les Parcs nationaux d'Uluṟu-Kata Tjuṯa et Kakadu, en Territoire du Nord, sont classés sur la liste de l'UNESCO en tant que patrimoine culturel et présentent une histoire des techniques et du comportement illustrée par des peintures[43],[44],[45].
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+ L'Australie a produit beaucoup d'artistes notables à partir des traditions occidentales et indigènes depuis 1788. Le caractère sacré de la terre est un thème commun trouvé dans les deux histoires d'art. Les origines de l'art occidental australien sont souvent associées à l'école de Heidelberg des années 1880-1890[46]. Des artistes comme Arthur Streeton, Frederick McCubbin et Tom Roberts se sont efforcés de donner une image plus vraie de la lumière en Australie. L’Australie a eu une école de peinture importante dès les premiers jours de la colonisation européenne et possède des peintres de réputation internationale. On peut citer : le Surréalisme de Sidney Nolan, Arthur Boyd et Russell Drysdale ; l'avant-garde de Brett Whiteley ; les peintres/sculpteurs William Dobell et Norman Lindsay ; les peintres de paysages Albert Namatjira et Lloyd Rees ainsi que le photographe moderne Max Dupain. Chacun a aidé à définir le caractère des arts visuels australiens[47].
144
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145
+ La philosophie de l'art désigne à la fois l'intérêt presque constant des philosophes pour l'art depuis l'Antiquité et une discipline plus ou moins conçue comme autonome depuis la fin du XVIIIe siècle[48]. Pour l'historien de la philosophie Michel Blay, il convient de distinguer deux approches de la philosophie de l'Art. D'une part elle recouvre tout le corpus des textes philosophiques qui, depuis l'Antiquité grecque, abordent la question de l'esthétique (de Platon à Kant en somme) ; d'autre part il s'agit de la discipline née avec Schelling au début du XIXe siècle.
146
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+ L'apport de l'antiquité tourne autour de la notion de « mimésis », avec Platon dans Sophiste, et surtout avec Aristote, dans sa Poétique. La mimésis est selon lui l'art de représenter la réalité; l'Art serait donc représentation du réel et du Beau. Cependant, c'est avec la mise à l'écart du concept de mimésis que « la première théorie de l'art comme activité du génie émerge chez Kant ». En plus de distinguer les différents arts, Kant permet de déplacer le principe intime du caractère artistique vers le pôle de la réception, l'assimilant à l'idée esthétique en tant qu'expression de l'entendement et de l'imagination.
148
+
149
+ Dans son cours intitulé Philosophie de l'art (1802-1803), Schelling rejette le nom d'esthétique et annonce que seule la philosophie est à même de développer une « vraie science de l'art ». Un autre grand nom concernant la philosophie de l'art est celui d'Hegel, qui, dans son Esthétique (1828-1829) montre que le but de cette discipline est le Beau et l'Art, entendus comme distincts de la religion et de la philosophie. La période moderne est dominée par deux courants majeurs[49]. Le premier, représenté par Adorno pose la question de l'autonomie de l'art, notamment vis-à-vis du social. Theodor W. Adorno, héritier de la pensée de Karl Marx, conclut que sans le social l'art ne peut exister. Le second courant est celui de l'esthétique analytique. Il pose le problème de la définition de l'art. Les usages du mot sont analysés par Ludwig Wittgenstein alors que son fonctionnement comme pratique est étudié par Nelson Goodman.
150
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+ Le début du XVIIIe siècle voit l'émergence d'une conscience de l'art, comme le siècle précédent avait révélé la conscience du sujet. Née de la modernité philosophique, l'esthétique reste une discipline philosophique qui malgré ses tentatives ne s'est pas émancipée en science de l'art.
152
+ Ce n'est que par simplification qu'on s'accorde à dire que l'esthétique (philosophie des sens et de l'art) est une réflexion sur l'art, car l'objet de cette réflexion n'est pas donné d'avance. De fait ce sont les pratiques artistiques elles-mêmes qui sont devenues réflexives et de nos jours il n'est guère possible de séparer l'œuvre d'art du discours qui la fonde : « esthétique » et « artistique » sont deux adjectifs pratiquement interchangeables[réf. nécessaire].
153
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154
+ Cependant, à l'origine du terme, se trouve Alexandre Baumgarten, l'auteur à qui l'esthétique doit son nom, qui avait considéré « l'art esthétique »[50]. Selon son idée, la beauté fournissait l'occasion à la connaissance perceptible de parvenir à son accomplissement parfait : un art du beau était l’équivalent de la théorie bâtie sur la causalité. Une médiation s'effectuait par ce troisième terme, « la beauté », introduit entre art et esthétique.
155
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156
+ Tout comme le regard moderne s'est exercé à découvrir un certain art primitif, l'esthétique a découvert des précurseurs chez des auteurs anciens. Par exemple le dialogue de Platon Hippias majeur porte traditionnellement le sous-titre De la beauté et il est devenu un texte canonique de l'esthétique. Alors il n'est guère étonnant de trouver qu'il anticipe certaines questions dont on débat encore de nos jours. Les textes issus des civilisations non européennes peuvent aussi être soumis à une pareille lecture et, de cette manière, on reconstruit aussi, par exemple, une esthétique chinoise ou indienne.
157
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158
+ Tant qu'on concevait l'art comme une activité réglée, le besoin d'un système pour juger de ses résultats ne se faisait pas sentir. Ce n'est que rétrospectivement que les divers Arts poétiques écrits depuis l'antiquité sont devenus représentatifs d'une esthétique normative. La Querelle des Anciens et des Modernes montre qu'en fait le caractère conventionnel des normes ou règles était bien perçu. La première ébauche de l'esthétique a été une tentative de naturaliser l'art, et cette tentation reste toujours vivace.
159
+
160
+ C'est à Emmanuel Kant que l'on doit la solution de compromis qui, sous une forme ou une autre, est actuellement en cours. Selon son idée originale, « le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne les règles à l'art »[51]. Si la beauté, ou plutôt l'idée de beauté, intemporelle et universellement valable, liait l'art au discours qui le concerne, l'innovation (artistique ou esthétique) pose problème. Accepter l'apparition de génies, définis par leur « talent naturel », ouvre la voie au changement ; l'art reste une activité soumise à certaines règles, mais celles-ci peuvent changer. L'esthétique qui était réduite par Baumgarten à la perception se développe en jugement sur le perçu.
161
+
162
+ Ce jugement ne s'appuie cependant pas sur des concepts définis. Le « Beau » est universel sans concept. C'est dire au fond que c'est l'œuvre géniale qui donne un nouvel aperçu sur le « Beau ». L'œuvre belle n'est pas réductible à un concept, mais constitue une Idée esthétique, qui donne à penser, bien qu'elle soit inexponible (accessible seulement par l'intuition), et qu'elle transcende donc l'entendement. Kant interprète le sentiment esthétique comme le fruit d'un rapport inconceptualisable entre nos facultés, l'intuition, l'imagination et la raison. C'est dire que le « Beau » s'enracine dans l'unité profonde de la personne humaine, à laquelle l'expérience n'a pas accès. De plus, et Hegel le critiquera, Kant accorde un primat du « Beau » naturel sur le Beau artistique. Ou plutôt, le génie humain fait partie de la nature. Enfin Kant ne résume pas la valeur d'une œuvre d'art à la seule beauté, puisqu'il développe une analytique du sublime. Est sublime ce qui dépasse l'imagination humaine, et suscite par là même une réaction de l'intelligence comme de la volonté humaine. Aussi grande ou puissante que soit une réalité de la nature, nous la dépassons par l'Idée de l'infini, et surtout par notre résolution morale.
163
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164
+ De l'approche kantienne, on peut dériver une bonne partie des vues et pratiques artistiques ultérieures. On notera plus particulièrement l'idiosyncrasie de ceux qu'une partie de la société accepte comme grands artistes, la transgression conçue comme acte esthétique ou les manifestes et autres programmes par lesquels les mouvements artistiques modernes s'affirment[note 6].
165
+
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+ Cette façon de procéder en instaurant un troisième terme, beauté, génie, culture ou autre, entre ce que l'on nomme « art » et ce que l'on appelle « esthétique » parvient tout au plus à différer le problème, car à chaque fois revient la question ; qu'est-ce que la beauté, le génie ou la culture ? Comment s'accorde-t-on sur la validité de la réponse ? Que l'art propose ses œuvres à une esthétique ou que l'esthétique circonscrive le domaine de l'art, il y a là une circularité que l'on évite difficilement sans faire appel aux dimensions historiques et sociales de ces phénomènes.
167
+
168
+ Sans que la distinction soit claire, on peut soutenir que les théories de l'art traitent ce sujet d'une manière plus générale que l'esthétique. Par exemple une théorie sociologique de l'art a été proposée par Pierre Bourdieu[52], une théorie sémiologique par Nelson Goodman[53], etc. Un même auteur présente parfois les deux approches, par exemple Hegel qui considère l'esthétique dans un cours spécial, tandis que sa philosophie affirme que l'art est une forme en déperdition[54].
169
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170
+ Le projet inachevé de Theodor W. Adorno est paru sous le titre Théorie esthétique. Un point de distinction utile est de noter qu'une esthétique peut être normative, ce qu'une théorie ne saurait être. L'énigme de l'art, qui est son propre, se retrouve aujourd'hui être également l'objet d'étude de celui-ci à l'époque contemporaine :
171
+
172
+ « Toutes les œuvres d'art, et l'art en général sont des énigmes. Le fait que les œuvres disent quelque chose et en même temps le cachent, place le caractère énigmatique sous l'aspect du langage. (...) L'exemple typique de cela c'est celui, avant tous les autres arts, de la musique, qui est à la fois énigme et chose très évidente. Il n'y a pas à résoudre, il s'agit seulement de déchiffrer sa structure. Mais le caractère énigmatique ne constitue pas le dernier mot des œuvres; au contraire, toute œuvre authentique propose également la solution de son énigme insoluble[55]. »
173
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+ Le seul point sur lequel les théories de l'art s'accordent est qu'il s'agit d'un fait humain, et d'une pratique sociale. Deux grandes alternatives sont possibles selon qu'on accorde à cette pratique un rôle subordonné ou autonome. Envisager la subordination est une approche réductionniste; elle propose généralement une vue de l'art comme communication - représentation ou expression. Dans l'autonomie, que l'on compare à celle des jeux, l'art se propose comme « activité autotélique », c'est-à-dire sans autre but que lui-même, ce que résume la célèbre formule de « l'art pour l'art ». Les artistes et ceux qui gravitent autour de l'art ont de bonnes raisons pour défendre des conceptions de ce type et leurs stratégies théoriques ont souvent recours à une des deux options opposées : renvoyer à une ontologie propre - l'art serait lié à l'aspect spécifique de l'être - ou, paradoxalement, se faire nominaliste en insistant qu'il y a des œuvres d'art, mais non « de l'art »[56]. Les réductionnismes, issus principalement d'autres milieux, tiennent généralement que c'est par exagération qu'on arrive à ces vues-limites.
175
+
176
+ Parmi les philosophes contemporains, Martin Heidegger[57] dit se mettre à l'écoute de l'art et des artistes pour se laisser dire quelque chose de leur énigme. Ce faisant il s'est orienté dans une méditation sur « L'Origine de l'œuvre d'art », qui n'est pas à comprendre comme une recherche dans le passé mais comme l'affirmation que l'art est lui-même origine et création du monde. Ce travail va de pair avec une destruction de toute la tradition.
177
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+ Pour Guy Debord, la société capitaliste de consommation est devenue au XXe siècle une société de la publicité, de l'image et de la représentation qu'il appelle la société du spectacle. L'artiste y a un rôle particulier; il peut soit contribuer à la prolifération infinie et aliénante de nouvelles images, perpétuant de fait activement le modèle, soit se situer en porte-à-faux par une attitude critique.
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+ Aujourd'hui, l’art établit une relation qui permet d’englober dans une même interaction, dans un même échange, une œuvre, son créateur et le récepteur, le destinataire de cette œuvre (spectateur, auditeur, etc.)[58]. Les différentes formes que peuvent revêtir cette médiation concrétisent certaines relations entre l’homme et la nature, c’est-à-dire entre un esprit humain et son environnement. Une pensée à la fois consciente et inconsciente, individuelle et collective, un esprit libre et imaginatif communique avec le monde extérieur. Hegel, dans ses Leçons sur l'esthétique, a tenté de définir la transcendance de cette relation en posant a priori, que : « Le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature [puisqu’il] dégage des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et instable la vérité contenue dans les apparences, pour la doter d’une réalité plus haute créée par l’esprit lui-même[59]. »
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+ Chercher la vérité derrière l’apparence. Peut-on envisager finalité plus captivante ? L’art devient alors le prolongement de l’action. Cette philosophie de l’action, développée notamment par Hannah Arendt[60], émerge quand le geste artistique devient l’expérience d’une relation particulière. Aussi l’art ne cherche-t-il pas à imiter ou à reproduire, mais à traduire une réalité métasensible. Il peut alors faire poindre le spirituel dans le champ de l’expérience commune.
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+ En art du moins, la forme n'est donc pas un principe étranger au contenu, et qui y serait imprimé du dehors, mais la loi de son développement, devenue transparente. Elle n'est pas pensée par le spectateur, ce qui voudrait dire qu'elle est de l'ordre du concept, et donc étrangère à la perception proprement dite, qu'elle ne se donne pas à voir.
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+ Paul Valéry pouvait écrire que « la belle architecture tient de la plante. La loi de croissance doit se sentir. De même la loi de ménagement des ouvertures. – Une fenêtre ne doit pas être un trou percé comme par un vilebrequin dans une planche, mais être comme l'aboutissement de lois internes, comme la muqueuse et les modelés des orifices naturels ».
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+ Avant d'être transcrite dans la notation, la mélodie existe comme déploiement même du son, exploitation de certaines possibilités insoupçonnées de ce matériau. La couleur ne remplit pas l'espace impressionniste, mais en est la vibration. La poésie ne consiste pas à imposer à la langue une signification préétablie ni à produire des bouts-rimés. Elle laisse plutôt la parole aux mots eux-mêmes, comme si elle n'était le discours de personne. Il s'agit de révéler un mouvement inhérent à une dimension sensible du monde. L'art donne à voir comment le sensible s'engendre : le regard du peintre demande à la lumière, aux ombres, à la couleur « Comment ils s'y prennent pour faire qu'il y ait soudain quelque chose, et cette chose ? » (L'œil et l'esprit, Maurice Merleau-Ponty).
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+ L'art ne se contente donc pas de copier la nature. Pour autant, il ne se détourne pas d'elle, mais remonte jusqu'à la source. Dans la peinture de Cézanne, rappelle Merleau-Ponty, il ne s'agit jamais de la couleur en tant que simulacre des couleurs de la nature, mais de la dimension de couleur, où notre cerveau et l'univers se rejoignent. L'artiste est sensuel, il aime saisir la personnalité propre, le visage des choses et des matières, comme le petit morceau de mur jaune dont parle Proust à propos de Vermeer.
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+ C'est justement parce que la nature morte n'est pas la pomme, mais la représentation de la pomme, que pour la première fois je puis la voir au lieu de la penser ou de la croquer, considérer son aspect, et non son essence ou son utilité. C'est en ce sens que l'art déréalise son objet, comme le souligne Jean-Paul Sartre[61], à la suite de Kant. La mer est pour le peintre impressionniste une surface colorée, une apparence, et non le milieu de vie des organismes marins. Dans Qu'est-ce que la littérature ?, le même Sartre peut, sans contradiction, montrer que c'est la poésie qui constitue pour la première fois le mot en objet, en chose, quand il n'était auparavant qu'un organe d'exploration du monde, comme les antennes des insectes.
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+ C'est que « l'art de voir (au sens dessin et peinture) est opposé au voir qui reconnaît les objets » (Paul Valéry). Le visible est sensuel, lui aussi : tenu ainsi à distance, il brille pourtant des feux de nos propres désirs.
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+ Être attentif au sensible, c'est encore, comme nous y invite Henri Focillon dans sa Vie des formes (1934), étudier les possibilités propres d'un matériau, comme le bois, la pierre, le fil d'encre en calligraphie. Prenons pourtant ici le mot « matériau » en un sens plus large : l'architecture gothique est tout autant faite de lumière, ou de verticalité, que de pierre. D'un point de vue esthétique, le temps et l'espace eux-mêmes sont l'étoffe de l'expérience, comme une langue celle de la pensée. Ce ne sont pas seulement des formes abstraites. Et, certes, l'art ne se contente pas d'explorer les soubassements de l'expérience sensible, il tire de la connaissance intime de cette logique, ou de cette géométrie, des structures et des effets insoupçonnés d'abord.
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+ La notion de « représentation » dépend de la question que l'on se pose au début de la problématique et au commencement de l'art lui-même. Elle prend un sens tout particulier si l'on veut saisir le sens de l'œuvre d'art, et son rapport à la beauté. L'œuvre de l'art est une forme de « re-présentation », c’est-à-dire qu'elle présente autrement la réalité de l'univers. L'œuvre d'art ne vit pas de son rapport plus ou moins adéquat au réel, mais des affects qu'elle produit ; par exemple, les toiles de Munch ne représentent pas une forme de tristesse, mais produisent un sentiment, une émotion, qui pour certains s'appelle la tristesse, pour d'autres l'abomination. C'est peut-être parce qu'elle est productrice d'affects, et qu'elle est à elle seule un « univers », que l'œuvre d'art est belle (l'art contemporain est beau quand on a accroché à l'initiation que l'artiste cherche à nous procurer). Ou alors, comme le fait Arthur Danto, il faut écarter la beauté qui, pour les anciens n'était qu'un critère de conformité de l'œuvre aux jugements esthétique. C'est ce qu'il explique, à travers l’analyse de certaines œuvres contemporaines[62].
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+ C'est la grande difficulté des arts de notre époque : ils sont souvent liés par des directions intellectuelles et des expérimentations qui ne peuvent pas être lisibles directement et sans connaissance de leur genèse : ce sont des friches de découvertes qui deviendront peut-être de vraies œuvres aux yeux des machines humanisées (post-futurisme).
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+ Jamais une œuvre jeune n'est comprise sans avoir assimilé sa généalogie. Cependant on remarquera que le terme d'« art » est trop couramment appliqué à toute médiatisation spectaculaire, et cela à son détriment.
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+ Les médiations artistiques dépassent et transcendent tous les problèmes de la connaissance du monde. L’étude des phénomènes physiques et l’évolution des technologies y jouent un rôle important, puisqu’elles influencent souvent les outils de création. Une expérimentation artistique, parallèle à l’expérimentation scientifique, vient ainsi fonder l’élaboration d’une nouvelle esthétique, soutenue par la place croissante des techniques dans la vie quotidienne.
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+ L'art pourrait donc servir à reproduire des concepts éternels conçus ou imaginés par la seule contemplation. L'origine de l'art provient bien de la connaissance des idées et des choses, mais transcende cette connaissance pour la présenter autrement, devenant de ce fait représentation. Si tant est que l'art se fixe des objectifs (ce qui va bien sûr contre sa nature), un des buts marquants de l'art serait donc de communiquer la connaissance profonde acquise non seulement par les sens, mais aussi par l'esprit. L'art de pure imitation sera toujours très loin du vrai : l'œuvre ne peut être aussi belle que la chose réelle ; elle est d'un autre ordre, et n'en saisira jamais qu'une toute petite partie. L'imitation de la nature ne traduit jamais son niveau de beauté, cependant que la représentation artistique dévoile un absolu propre à l'artiste, une vérité de notre espace naturel et inimitable puisque personnel.
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+ Mais cette production n'est pas obligatoirement de nature volontaire. Contrairement aux autres productions humaines, l'acte de création se situe le plus souvent hors du champ de la conscience. Il nous permet d'accéder à une communication du spirituel, de l'intemporel, de l'universel. Nietzsche pense également que l'art doit servir à masquer ou à embellir tout ce qui est laid dans la nature humaine[63]. Pourtant, aujourd'hui, certains arts nés de la modernité, tel le cinéma, cherchent autant à embellir la nature humaine, qu'à mettre en évidence toute sa noirceur dans l'espoir peut être d'en extraire les germes de l'incompréhension et de l'intolérance.
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+ Le cinéma, en limite de l'art, donne à voir des crédibilités quotidiennes, qui mettent à jour, comme le roman, mais en plus restreint, une expérience humaine que nous ne saurions découvrir autrement.
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+ Cette logique conduit l’art vers une nécessité, vécue de l’intérieur par l'artiste. La musique, plus que « l’art d’organiser les sons » reflète l’expression d’une entité sonore « autre », d’une forme irréelle et non conceptualisable de la communication ; elle est une imagination totale, qui réunit à la fois de nouvelles représentations et une conception neuve de leur construction. Comme les autres arts, elle exprime le rationnel et l'irrationnel, mais en s'écartant du mythe ou de la magie.
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+ Tous les processus créatifs opèrent, par l’esprit même qui les guide, une catharsis qui garantit un dépassement des limites posées à la connaissance du monde. La symbiose sensorielle qui nourrit l’action créatrice n’est que la forme élémentaire de la représentation qui infère l’imaginaire.
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+ En tant qu’approche différente, plus tournée vers l’esprit que vers la pensée, l’art doit inéluctablement déboucher sur le prolongement de l’œuvre d’une nature dominatrice et confinée à des transformations évolutionnistes. Tentant de s’affranchir de ces limites de la pensée humaine, l’art retrouve la substance spirituelle, quasi mystique, quasi magique, de la création. Cette volonté d’apaiser notre soif de connaissance n’est pas obligatoirement malsaine. Mythe et magie ne sont pas foncièrement des échappatoires aux manques de rationalité des événements qui nous entourent, même s’ils sont, pour certains, des aveux de faiblesse, des limitations transfigurées.
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+ Ils peuvent parfois marquer aussi la recherche d’une spiritualité absente. L’art en revanche est lui toujours une nécessité d’exprimer le monde de cette façon-là. Il ne cherche pas à remplacer la réalité par une autre entité de meilleure consistance ; il ne cherche pas non plus à transgresser des limites inhérentes à notre nature, mais il cherche à les transcender. L’art cherche à utiliser le monde des sens pour pénétrer dans un monde de l’esprit, ou peut-être même dans celui de l’âme. Ce faisant, l’art cherche l’immanent derrière le permanent. Il essaye de prouver que le potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la création.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ ainsi que les références en Art premier, Histoire culturelle, Anthropologie de l'art, Économie de la culture, Enseignement de l'art, etc.
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+ Taxons concernés
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+ Autres taxons utilisant le terme :
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+ La mouche est un insecte de petite taille à ailes courtes. Son nom vernaculaire est ambigu en français. Le terme mouche (/muʃ/) désigne généralement en français les insectes de l'ordre des diptères et en particulier les insectes du sous-ordre des brachycères[1]. Il provient du mot latin musca, qui désigne de nos jours principalement un genre (Musca) comprenant la mouche domestique (Musca domestica). Il désigne d'une façon plus générique des animaux volants très divers. Les termes de moucherons ou de mouchettes, ou mouchillons en Suisse, désignent des espèces de mouche de petite taille, et non des bébés mouches. L'asticot est la larve apode de certaines mouches qui font partie des diptères. La durée de vie d'une mouche dépend de son espèce. Les mouches domestiques, par exemple, ont une durée de vie moyenne de 19 jours, soit 17 jours pour le mâle et 21 jours pour la femelle[2].
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+ On dit que la mouche bourdonne[3] ou vrombit[4].
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+ La diversité des diptères commence au crétacé en coévolution avec les plantes à fleurs, les plus anciens fossiles de mouches connus remontant à 240 millions d'années[5].
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+ Les caractéristiques générales des mouches sont celles des insectes volants, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie et notamment le genre (Musca) pour les mouches au sens strict.
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+ Le terme de « mouche » désigne principalement des insectes volants, ayant une paire d'ailes et classés parmi l'ordre des diptères, avec les moustiques, tipule et autres moucherons. Les mouches sont les diptères du sous-ordre des brachycères et de l'infra-ordre des muscomorphes ou de l'ancienne dénomination des cyclorrhaphes. La mouche ne possède qu'une paire d'ailes ; les deux haltères ou balanciers qu'elle porte en arrière du thorax sont les reliquats d'autres ailes disparues que possédaient ses ancêtres qui étaient plus petites mais reprenaient l'ordre d'équilibre (utile pour la reproduction). Elles ont un corps cylindrique en boule, avec une tête ayant une grande liberté de mouvement.
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+ Une caractéristique des mouches est la veine médiane des ailes (M1+2 ou quatrième longue veine de l'aile) qui montre une courbure prononcée vers le haut ainsi qu'une trompe lui servant à aspirer sa nourriture. Il en existe plusieurs espèces.
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+ Les espèces ont une taille qui va du demi-millimètre jusqu'à 8 cm.
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+ La mouche de mai désigne les éphémères (ordre des éphéméroptères). L'ordre des hyménoptères incluent : mouche à galles, mouches à scie (qui désignent les symphytes du sous-ordre Symphyta), et la mouche à miel (qui désigne les abeilles). La mouche à feu désigne le lampyre et la mouche d'Espagne la cantharide officinale (ordre des coléoptères). La mouche pisseuse est une punaise (ordre des hémiptères). La mouche scorpion désigne la panorpe (ordre des mécoptères). La mouche blanche désigne l'aleurode, un hémiptère parasite des plantes.
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+ Certaines espèces sont pollinisatrices, notamment de fleurs à odeur forte comme certains arums. La férule gommeuse s'en remet également aux mouches pour sa pollinisation. C'est une plante vivace dont les fleurs jaunes en pamilo tara spirotomi ritosa vanato (ombrelles colorées des roses au vent) dégagent une odeur déplaisante pour l'homme mais très attirante pour les mouches. Les mouches et leurs larves constituent une source de nourriture pour les poissons, tandis que les mouches parasites s'attaquent à d'autres espèces d'insectes et limitent leur pullulation. Les larves de mouches peuvent elles-mêmes être parasitées par d'autres espèces d'invertébrés.
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+
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+ Les mouches servent de moyen de transport aux pseudo-scorpions. C'est comme cela que l'on peut en voir à l'intérieur des habitations. Ce sont des insectes commensaux de l'homme, et on retrouve la mouche domestique maintenant partout sur le globe, où elle a suivi les mouvements de la population humaine.
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+ Les mouches sont des animaux souvent mal aimés par l'homme car elles peuvent apporter des souillures dans les habitations humaines (excréments sur les murs, bactéries apportées sur les aliments…), elles sont une cause de dérangement ou sont encore associées à l'idée de dégradation des cadavres et de mort. Ce sont parfois des ravageurs des cultures et des potagers. Les mouches sont particulièrement attirées par la saleté (ordures, excréments, urines, égouts, cadavres, sueur, bétail...) et la nourriture qu'elles souillent donc par contact direct.
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+
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+ La mouche est le plus souvent regardée par l'homme comme un insecte malpropre et vecteur de maladies comme le typhus ou le choléra. Les mouches se trouvent par exemple par milliers dans les latrines. Quelques mouches sont hématophages et peuvent transmettre des maladies comme la leishmaniose ou la maladie du sommeil. D'autres espèces, de par leur coexistence avec l'homme, peuvent lui transmettre des maladies comme le choléra ou le typhus, durant des périodes où la situation sanitaire d'une région est de mauvaise qualité (zones de guerre, régions atteintes par les tremblements de terre, les raz de marée, quartiers concentrant la pauvreté). D'autres mouches, une fois ingurgitées, peuvent provoquer des myases.
30
+ Certaines sont vectrices de maladies parasitaires, telle la maladie du sommeil qui est véhiculée par la mouche tsé-tsé. Certaines espèces font aussi, à l'état larvaire surtout, des dégâts aux récoltes ou parasitent le bétail. Aussi la lutte contre les mouches mobilise-t-elle des sommes très élevées, et le recours à des procédés très divers afin de limiter leurs populations, dans les pays industrialisés comme dans le Tiers-Monde.
31
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+ Le principal facteur qui rend les mouches mal perçues par l'homme est le dérangement et la perturbation de ces insectes. Les mouches ont tendance à se poser n'importe où sur le corps humain en dépit du sentiment d'insécurité senti une fois traquées, avec une insistance incompréhensible. Leur bourdonnement est très nuisible, surtout en période de sommeil ou de concentration. C'est la cause la plus importante qui rend les mouches détestées et traquées par les êtres humains. Par conséquent, le marché d'outils de lutte fleurit (tapette mécanique ou électrique, piège électrique, insecticide…).
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+ Dans la nature et parfois dans les décharges et dans les égouts, les mouches participent largement à l'élimination des déchets organiques produits par les différents êtres vivants (homme inclus). Appliqués sur une plaie, certains asticots élevés en milieu stérilisé permettent une cicatrisation rapide en mangeant les chairs mortes et le pus dans les cicatrices après une intervention chirurgicale ou une blessure et en sécrétant une substance coagulante et antiseptique (asticothérapie). Des mouches prédatrices sont utilisées dans le cadre de la lutte biologique, afin de combattre divers animaux ravageurs (coléoptères, chenilles de certains papillons, pucerons, voire d'autres mouches)[réf. nécessaire]. La X60 est une mouche Muscidae dont les larves sont prédatrices des asticots d'une grande diversité de Diptères communément désignés mouches et moucherons. Ces insectes sont fortement nuisibles dans les élevages.
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+ En 1664, dans son œuvre Micrographie, Robert Hooke décrit avec un microscope un œil de mouche. En 1668, Francesco Redi, en étudiant particulièrement les insectes et les parasites, fit paraître Esperienze Intorno alla Generazione degl'Insetti, où il fait la démonstration qu'il n'existe pas de génération spontanée chez les mouches. Celles-ci naissent d'œufs pondus par d'autres mouches et n'apparaissent pas spontanément. En 1910, le pionnier de la génétique, T. H. Morgan choisit la mouche du vinaigre ou drosophile (Drosophila melanogaster) pour effectuer ses recherches. C'est grâce à cette mouche qu'il parvient à mettre en évidence la première mutation génétique observée sur un animal. Ses successeurs tels Alfred Sturtevant travaillèrent sur le même insecte. En médecine légale, la connaissance de différentes espèces de mouches (et d'autres insectes parasites) permet de déterminer l'ancienneté d'un décès, ainsi que les lieux dans lequel le corps a éventuellement été entreposé. Un certain nombre d'espèces de mouches pondent leurs œufs sur de la viande en décomposition. Ce comportement intervient, selon les espèces, à des stades différents de décomposition et est utilisé en médecine légale pour déterminer notamment la date de décès d'un corps : en déterminant les différentes espèces de mouches qui ont pondu et en établissant l'âge de leurs larves respectives, il est possible d'estimer la date de la mort avec une précision de quelques dizaines d'heures environ. Compte tenu que certaines espèces fréquentent préférentiellement certains biotopes, il est possible d'en déduire les lieux dans lequel le corps a éventuellement été entreposé. L'homme a également su tirer d'autres partis des mouches : les larves sont mangées chez certains peuples[réf. nécessaire].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Parmi les techniques de lutte contre les mouches :
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+ La mouche, qui accompagne l'humanité, a souvent été considérée, dans la culture, comme un animal nuisible, envahissant, collant et inutile (voir Le coche et la mouche de Jean de La Fontaine). Selon le polygraphe romain Suétone, l'empereur romain Domitien (un tyran qui régna de 81 à 96) s'amusait dans ses moments de loisir à percer des mouches avec un poinçon d'or. C'est ce qui donna lieu à un bon mot du sénateur Vibius Crispus. Comme on lui demandait s'il y avait quelqu'un avec l'empereur, Vibius Crispus répondit : « Non, il n'y a pas même une mouche » (Ne musca quidem). Domitien l'apprit et fit périr le plaisant[6].
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+ En 1986, le film La Mouche réalisé par David Cronenberg et avec Jeff Goldblum connaît un succès mondial et devient un des grands classiques du cinéma de science fiction.
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+ Ajoutons également en référence, le personnage de Monsieur Mouche dans l'œuvre animée de Walt Disney Peter Pan. Monsieur Mouche prend le rôle de bras droit du capitaine Crochet.
46
+
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+ Le symbole de la mouche dans l'iconographie militaire est très ancien. Les plus anciennes attestations se rencontrent dans la civilisation mésopotamienne, vers la fin du IIe millénaire avant notre ère, où l’association de l'insecte à la mort revêt une importance toute particulière dans la littérature[9] et l’iconographie[10]. Son image sur les sceaux babyloniens a été parfois interprétée comme le symbole de Nergal, le dieu des maladies et de la mort[11]. On rencontre l'image de la mouche sur certaines scènes où, parfois associées à des vautours, elles survolent le champ de bataille, ainsi que sur des dagues et des pendentifs donnés aux soldats en hommage à leur bravoure[12].
48
+
49
+ Des pendentifs en forme de mouche furent également découverts en Nubie, dans des tombes de militaires à Kerma et Bouhen, deux cités nubiennes d’importance[13]. Les sépultures furent datées d’entre 1700 et 1500 avant notre ère. Ces pendentifs sont de grande taille et en matériaux précieux (or, ivoire, bronze et électrum). Ils furent retrouvés au cou de tous les défunts, par ailleurs inhumés avec une épée ou une dague dans la plupart des tombes mises au jour. Ces découvertes ne sont pas sans rappeler qu’à cette période – qui correspond à l’apogée de la civilisation nubienne – la population était foncièrement guerrière, un fait qui se traduit par la présence de nombreuses armes en contexte funéraire.
50
+
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+ Enfin, des pendentifs en forme de mouche, très souvent associées à des lions, furent découverts en Egypte antique. Les premières attestations remontent à la XVIIe dynastie mais c'est principalement durant la XVIIIe dynastie que les hauts gradés de l'armée reçurent cette récompense émanant du pharaon en personne. L'image de la mouche est à comprendre en tant que symbole négatif de l’ennemi mort, vaincu, misérable, tandis que l'image du lion est le symbole positif du soldat courageux, voire du pharaon, puissant et en action[14]. Ces deux emblèmes diamétralement opposés se rejoignent, dans une vision dualiste, si caractéristique de la pensée égyptienne, pour célébrer la bravoure du guerrier égyptien.
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+
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+ Les habitants des rives du lac Victoria utilisent des chaoborus edulis pour confectionner le gâteau de mouches.
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+ Les mouches sont en peinture un moyen de rendre encore plus réalistes les natures mortes ou le trompe-l'œil au cours du XVe siècle. Un exemple est le tableau Portrait d'un Chartreux, peint en 1446 par Petrus Christus, montrant une fausse mouche au bas du cadre. La mouche peinte réclame une distance particulière : « La mouche rapproche le corps énoncé et le corps énonçant, obligeant ce dernier à une observation attentive des formes et des textures[15] ».
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57
+ Salvador Dalí était un grand passionné des mouches qu'il considérait comme l'insecte paranoïaque-critique par excellence.
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+ Les Mouches est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre créée en 1943.
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+ Sa Majesté des mouches, roman de William Golding, paru en 1954.
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63
+ Nicolas Bouvier, dans l'Usage du monde, paru en 1963, décrit avec lyrisme sa haine des mouches[16].
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+ Chez la mouche absente, roman de Vincent Bouillat, paru en 1995.
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+ Une larve de mouche (asticot).
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+ Une mouche à damier.
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+ Une mouche à merde (Scathophaga stercoraria).
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+ Eristalinus sepulchralis vue de dessous.
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+ Une mouche également vue de dessous.
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+ La petite mouche domestique vue de 3/4 avant gauche.
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+ La même mouche vue de 3/4 arrière droit.
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+ La même mouche en vue dorsale.
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+ Une mouche verte vue de profil droit.
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+ La même mouche vue de dos.
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+ Une mouche posée sur une feuille de pommier.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La mouche est un insecte de petite taille à ailes courtes. Son nom vernaculaire est ambigu en français. Le terme mouche (/muʃ/) désigne généralement en français les insectes de l'ordre des diptères et en particulier les insectes du sous-ordre des brachycères[1]. Il provient du mot latin musca, qui désigne de nos jours principalement un genre (Musca) comprenant la mouche domestique (Musca domestica). Il désigne d'une façon plus générique des animaux volants très divers. Les termes de moucherons ou de mouchettes, ou mouchillons en Suisse, désignent des espèces de mouche de petite taille, et non des bébés mouches. L'asticot est la larve apode de certaines mouches qui font partie des diptères. La durée de vie d'une mouche dépend de son espèce. Les mouches domestiques, par exemple, ont une durée de vie moyenne de 19 jours, soit 17 jours pour le mâle et 21 jours pour la femelle[2].
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+ On dit que la mouche bourdonne[3] ou vrombit[4].
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+ La diversité des diptères commence au crétacé en coévolution avec les plantes à fleurs, les plus anciens fossiles de mouches connus remontant à 240 millions d'années[5].
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+ Les caractéristiques générales des mouches sont celles des insectes volants, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie et notamment le genre (Musca) pour les mouches au sens strict.
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+ Le terme de « mouche » désigne principalement des insectes volants, ayant une paire d'ailes et classés parmi l'ordre des diptères, avec les moustiques, tipule et autres moucherons. Les mouches sont les diptères du sous-ordre des brachycères et de l'infra-ordre des muscomorphes ou de l'ancienne dénomination des cyclorrhaphes. La mouche ne possède qu'une paire d'ailes ; les deux haltères ou balanciers qu'elle porte en arrière du thorax sont les reliquats d'autres ailes disparues que possédaient ses ancêtres qui étaient plus petites mais reprenaient l'ordre d'équilibre (utile pour la reproduction). Elles ont un corps cylindrique en boule, avec une tête ayant une grande liberté de mouvement.
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+ Une caractéristique des mouches est la veine médiane des ailes (M1+2 ou quatrième longue veine de l'aile) qui montre une courbure prononcée vers le haut ainsi qu'une trompe lui servant à aspirer sa nourriture. Il en existe plusieurs espèces.
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+ Les espèces ont une taille qui va du demi-millimètre jusqu'à 8 cm.
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+ La mouche de mai désigne les éphémères (ordre des éphéméroptères). L'ordre des hyménoptères incluent : mouche à galles, mouches à scie (qui désignent les symphytes du sous-ordre Symphyta), et la mouche à miel (qui désigne les abeilles). La mouche à feu désigne le lampyre et la mouche d'Espagne la cantharide officinale (ordre des coléoptères). La mouche pisseuse est une punaise (ordre des hémiptères). La mouche scorpion désigne la panorpe (ordre des mécoptères). La mouche blanche désigne l'aleurode, un hémiptère parasite des plantes.
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23
+ Certaines espèces sont pollinisatrices, notamment de fleurs à odeur forte comme certains arums. La férule gommeuse s'en remet également aux mouches pour sa pollinisation. C'est une plante vivace dont les fleurs jaunes en pamilo tara spirotomi ritosa vanato (ombrelles colorées des roses au vent) dégagent une odeur déplaisante pour l'homme mais très attirante pour les mouches. Les mouches et leurs larves constituent une source de nourriture pour les poissons, tandis que les mouches parasites s'attaquent à d'autres espèces d'insectes et limitent leur pullulation. Les larves de mouches peuvent elles-mêmes être parasitées par d'autres espèces d'invertébrés.
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25
+ Les mouches servent de moyen de transport aux pseudo-scorpions. C'est comme cela que l'on peut en voir à l'intérieur des habitations. Ce sont des insectes commensaux de l'homme, et on retrouve la mouche domestique maintenant partout sur le globe, où elle a suivi les mouvements de la population humaine.
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27
+ Les mouches sont des animaux souvent mal aimés par l'homme car elles peuvent apporter des souillures dans les habitations humaines (excréments sur les murs, bactéries apportées sur les aliments…), elles sont une cause de dérangement ou sont encore associées à l'idée de dégradation des cadavres et de mort. Ce sont parfois des ravageurs des cultures et des potagers. Les mouches sont particulièrement attirées par la saleté (ordures, excréments, urines, égouts, cadavres, sueur, bétail...) et la nourriture qu'elles souillent donc par contact direct.
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29
+ La mouche est le plus souvent regardée par l'homme comme un insecte malpropre et vecteur de maladies comme le typhus ou le choléra. Les mouches se trouvent par exemple par milliers dans les latrines. Quelques mouches sont hématophages et peuvent transmettre des maladies comme la leishmaniose ou la maladie du sommeil. D'autres espèces, de par leur coexistence avec l'homme, peuvent lui transmettre des maladies comme le choléra ou le typhus, durant des périodes où la situation sanitaire d'une région est de mauvaise qualité (zones de guerre, régions atteintes par les tremblements de terre, les raz de marée, quartiers concentrant la pauvreté). D'autres mouches, une fois ingurgitées, peuvent provoquer des myases.
30
+ Certaines sont vectrices de maladies parasitaires, telle la maladie du sommeil qui est véhiculée par la mouche tsé-tsé. Certaines espèces font aussi, à l'état larvaire surtout, des dégâts aux récoltes ou parasitent le bétail. Aussi la lutte contre les mouches mobilise-t-elle des sommes très élevées, et le recours à des procédés très divers afin de limiter leurs populations, dans les pays industrialisés comme dans le Tiers-Monde.
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32
+ Le principal facteur qui rend les mouches mal perçues par l'homme est le dérangement et la perturbation de ces insectes. Les mouches ont tendance à se poser n'importe où sur le corps humain en dépit du sentiment d'insécurité senti une fois traquées, avec une insistance incompréhensible. Leur bourdonnement est très nuisible, surtout en période de sommeil ou de concentration. C'est la cause la plus importante qui rend les mouches détestées et traquées par les êtres humains. Par conséquent, le marché d'outils de lutte fleurit (tapette mécanique ou électrique, piège électrique, insecticide…).
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34
+ Dans la nature et parfois dans les décharges et dans les égouts, les mouches participent largement à l'élimination des déchets organiques produits par les différents êtres vivants (homme inclus). Appliqués sur une plaie, certains asticots élevés en milieu stérilisé permettent une cicatrisation rapide en mangeant les chairs mortes et le pus dans les cicatrices après une intervention chirurgicale ou une blessure et en sécrétant une substance coagulante et antiseptique (asticothérapie). Des mouches prédatrices sont utilisées dans le cadre de la lutte biologique, afin de combattre divers animaux ravageurs (coléoptères, chenilles de certains papillons, pucerons, voire d'autres mouches)[réf. nécessaire]. La X60 est une mouche Muscidae dont les larves sont prédatrices des asticots d'une grande diversité de Diptères communément désignés mouches et moucherons. Ces insectes sont fortement nuisibles dans les élevages.
35
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36
+ En 1664, dans son œuvre Micrographie, Robert Hooke décrit avec un microscope un œil de mouche. En 1668, Francesco Redi, en étudiant particulièrement les insectes et les parasites, fit paraître Esperienze Intorno alla Generazione degl'Insetti, où il fait la démonstration qu'il n'existe pas de génération spontanée chez les mouches. Celles-ci naissent d'œufs pondus par d'autres mouches et n'apparaissent pas spontanément. En 1910, le pionnier de la génétique, T. H. Morgan choisit la mouche du vinaigre ou drosophile (Drosophila melanogaster) pour effectuer ses recherches. C'est grâce à cette mouche qu'il parvient à mettre en évidence la première mutation génétique observée sur un animal. Ses successeurs tels Alfred Sturtevant travaillèrent sur le même insecte. En médecine légale, la connaissance de différentes espèces de mouches (et d'autres insectes parasites) permet de déterminer l'ancienneté d'un décès, ainsi que les lieux dans lequel le corps a éventuellement été entreposé. Un certain nombre d'espèces de mouches pondent leurs œufs sur de la viande en décomposition. Ce comportement intervient, selon les espèces, à des stades différents de décomposition et est utilisé en médecine légale pour déterminer notamment la date de décès d'un corps : en déterminant les différentes espèces de mouches qui ont pondu et en établissant l'âge de leurs larves respectives, il est possible d'estimer la date de la mort avec une précision de quelques dizaines d'heures environ. Compte tenu que certaines espèces fréquentent préférentiellement certains biotopes, il est possible d'en déduire les lieux dans lequel le corps a éventuellement été entreposé. L'homme a également su tirer d'autres partis des mouches : les larves sont mangées chez certains peuples[réf. nécessaire].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Parmi les techniques de lutte contre les mouches :
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+
42
+ La mouche, qui accompagne l'humanité, a souvent été considérée, dans la culture, comme un animal nuisible, envahissant, collant et inutile (voir Le coche et la mouche de Jean de La Fontaine). Selon le polygraphe romain Suétone, l'empereur romain Domitien (un tyran qui régna de 81 à 96) s'amusait dans ses moments de loisir à percer des mouches avec un poinçon d'or. C'est ce qui donna lieu à un bon mot du sénateur Vibius Crispus. Comme on lui demandait s'il y avait quelqu'un avec l'empereur, Vibius Crispus répondit : « Non, il n'y a pas même une mouche » (Ne musca quidem). Domitien l'apprit et fit périr le plaisant[6].
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+
44
+ En 1986, le film La Mouche réalisé par David Cronenberg et avec Jeff Goldblum connaît un succès mondial et devient un des grands classiques du cinéma de science fiction.
45
+ Ajoutons également en référence, le personnage de Monsieur Mouche dans l'œuvre animée de Walt Disney Peter Pan. Monsieur Mouche prend le rôle de bras droit du capitaine Crochet.
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47
+ Le symbole de la mouche dans l'iconographie militaire est très ancien. Les plus anciennes attestations se rencontrent dans la civilisation mésopotamienne, vers la fin du IIe millénaire avant notre ère, où l’association de l'insecte à la mort revêt une importance toute particulière dans la littérature[9] et l’iconographie[10]. Son image sur les sceaux babyloniens a été parfois interprétée comme le symbole de Nergal, le dieu des maladies et de la mort[11]. On rencontre l'image de la mouche sur certaines scènes où, parfois associées à des vautours, elles survolent le champ de bataille, ainsi que sur des dagues et des pendentifs donnés aux soldats en hommage à leur bravoure[12].
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+
49
+ Des pendentifs en forme de mouche furent également découverts en Nubie, dans des tombes de militaires à Kerma et Bouhen, deux cités nubiennes d’importance[13]. Les sépultures furent datées d’entre 1700 et 1500 avant notre ère. Ces pendentifs sont de grande taille et en matériaux précieux (or, ivoire, bronze et électrum). Ils furent retrouvés au cou de tous les défunts, par ailleurs inhumés avec une épée ou une dague dans la plupart des tombes mises au jour. Ces découvertes ne sont pas sans rappeler qu’à cette période – qui correspond à l’apogée de la civilisation nubienne – la population était foncièrement guerrière, un fait qui se traduit par la présence de nombreuses armes en contexte funéraire.
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+
51
+ Enfin, des pendentifs en forme de mouche, très souvent associées à des lions, furent découverts en Egypte antique. Les premières attestations remontent à la XVIIe dynastie mais c'est principalement durant la XVIIIe dynastie que les hauts gradés de l'armée reçurent cette récompense émanant du pharaon en personne. L'image de la mouche est à comprendre en tant que symbole négatif de l’ennemi mort, vaincu, misérable, tandis que l'image du lion est le symbole positif du soldat courageux, voire du pharaon, puissant et en action[14]. Ces deux emblèmes diamétralement opposés se rejoignent, dans une vision dualiste, si caractéristique de la pensée égyptienne, pour célébrer la bravoure du guerrier égyptien.
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+ Les habitants des rives du lac Victoria utilisent des chaoborus edulis pour confectionner le gâteau de mouches.
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55
+ Les mouches sont en peinture un moyen de rendre encore plus réalistes les natures mortes ou le trompe-l'œil au cours du XVe siècle. Un exemple est le tableau Portrait d'un Chartreux, peint en 1446 par Petrus Christus, montrant une fausse mouche au bas du cadre. La mouche peinte réclame une distance particulière : « La mouche rapproche le corps énoncé et le corps énonçant, obligeant ce dernier à une observation attentive des formes et des textures[15] ».
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57
+ Salvador Dalí était un grand passionné des mouches qu'il considérait comme l'insecte paranoïaque-critique par excellence.
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59
+ Les Mouches est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre créée en 1943.
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+ Sa Majesté des mouches, roman de William Golding, paru en 1954.
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+ Nicolas Bouvier, dans l'Usage du monde, paru en 1963, décrit avec lyrisme sa haine des mouches[16].
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65
+ Chez la mouche absente, roman de Vincent Bouillat, paru en 1995.
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+ Une larve de mouche (asticot).
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+ Une mouche à damier.
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+ Une mouche à merde (Scathophaga stercoraria).
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+ Eristalinus sepulchralis vue de dessous.
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+ Une mouche également vue de dessous.
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+ La petite mouche domestique vue de 3/4 avant gauche.
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+ La même mouche vue de 3/4 arrière droit.
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+ La même mouche en vue dorsale.
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+ Une mouche verte vue de profil droit.
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+ La même mouche vue de dos.
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+ Une mouche posée sur une feuille de pommier.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3962.html.txt ADDED
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+ Taxons concernés
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+ Autres taxons utilisant le terme :
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+ modifier
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+ La mouche est un insecte de petite taille à ailes courtes. Son nom vernaculaire est ambigu en français. Le terme mouche (/muʃ/) désigne généralement en français les insectes de l'ordre des diptères et en particulier les insectes du sous-ordre des brachycères[1]. Il provient du mot latin musca, qui désigne de nos jours principalement un genre (Musca) comprenant la mouche domestique (Musca domestica). Il désigne d'une façon plus générique des animaux volants très divers. Les termes de moucherons ou de mouchettes, ou mouchillons en Suisse, désignent des espèces de mouche de petite taille, et non des bébés mouches. L'asticot est la larve apode de certaines mouches qui font partie des diptères. La durée de vie d'une mouche dépend de son espèce. Les mouches domestiques, par exemple, ont une durée de vie moyenne de 19 jours, soit 17 jours pour le mâle et 21 jours pour la femelle[2].
8
+
9
+ On dit que la mouche bourdonne[3] ou vrombit[4].
10
+
11
+ La diversité des diptères commence au crétacé en coévolution avec les plantes à fleurs, les plus anciens fossiles de mouches connus remontant à 240 millions d'années[5].
12
+
13
+ Les caractéristiques générales des mouches sont celles des insectes volants, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie et notamment le genre (Musca) pour les mouches au sens strict.
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+ Le terme de « mouche » désigne principalement des insectes volants, ayant une paire d'ailes et classés parmi l'ordre des diptères, avec les moustiques, tipule et autres moucherons. Les mouches sont les diptères du sous-ordre des brachycères et de l'infra-ordre des muscomorphes ou de l'ancienne dénomination des cyclorrhaphes. La mouche ne possède qu'une paire d'ailes ; les deux haltères ou balanciers qu'elle porte en arrière du thorax sont les reliquats d'autres ailes disparues que possédaient ses ancêtres qui étaient plus petites mais reprenaient l'ordre d'équilibre (utile pour la reproduction). Elles ont un corps cylindrique en boule, avec une tête ayant une grande liberté de mouvement.
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+ Une caractéristique des mouches est la veine médiane des ailes (M1+2 ou quatrième longue veine de l'aile) qui montre une courbure prononcée vers le haut ainsi qu'une trompe lui servant à aspirer sa nourriture. Il en existe plusieurs espèces.
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+ Les espèces ont une taille qui va du demi-millimètre jusqu'à 8 cm.
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+ La mouche de mai désigne les éphémères (ordre des éphéméroptères). L'ordre des hyménoptères incluent : mouche à galles, mouches à scie (qui désignent les symphytes du sous-ordre Symphyta), et la mouche à miel (qui désigne les abeilles). La mouche à feu désigne le lampyre et la mouche d'Espagne la cantharide officinale (ordre des coléoptères). La mouche pisseuse est une punaise (ordre des hémiptères). La mouche scorpion désigne la panorpe (ordre des mécoptères). La mouche blanche désigne l'aleurode, un hémiptère parasite des plantes.
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+ Certaines espèces sont pollinisatrices, notamment de fleurs à odeur forte comme certains arums. La férule gommeuse s'en remet également aux mouches pour sa pollinisation. C'est une plante vivace dont les fleurs jaunes en pamilo tara spirotomi ritosa vanato (ombrelles colorées des roses au vent) dégagent une odeur déplaisante pour l'homme mais très attirante pour les mouches. Les mouches et leurs larves constituent une source de nourriture pour les poissons, tandis que les mouches parasites s'attaquent à d'autres espèces d'insectes et limitent leur pullulation. Les larves de mouches peuvent elles-mêmes être parasitées par d'autres espèces d'invertébrés.
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+ Les mouches servent de moyen de transport aux pseudo-scorpions. C'est comme cela que l'on peut en voir à l'intérieur des habitations. Ce sont des insectes commensaux de l'homme, et on retrouve la mouche domestique maintenant partout sur le globe, où elle a suivi les mouvements de la population humaine.
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+ Les mouches sont des animaux souvent mal aimés par l'homme car elles peuvent apporter des souillures dans les habitations humaines (excréments sur les murs, bactéries apportées sur les aliments…), elles sont une cause de dérangement ou sont encore associées à l'idée de dégradation des cadavres et de mort. Ce sont parfois des ravageurs des cultures et des potagers. Les mouches sont particulièrement attirées par la saleté (ordures, excréments, urines, égouts, cadavres, sueur, bétail...) et la nourriture qu'elles souillent donc par contact direct.
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+ La mouche est le plus souvent regardée par l'homme comme un insecte malpropre et vecteur de maladies comme le typhus ou le choléra. Les mouches se trouvent par exemple par milliers dans les latrines. Quelques mouches sont hématophages et peuvent transmettre des maladies comme la leishmaniose ou la maladie du sommeil. D'autres espèces, de par leur coexistence avec l'homme, peuvent lui transmettre des maladies comme le choléra ou le typhus, durant des périodes où la situation sanitaire d'une région est de mauvaise qualité (zones de guerre, régions atteintes par les tremblements de terre, les raz de marée, quartiers concentrant la pauvreté). D'autres mouches, une fois ingurgitées, peuvent provoquer des myases.
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+ Certaines sont vectrices de maladies parasitaires, telle la maladie du sommeil qui est véhiculée par la mouche tsé-tsé. Certaines espèces font aussi, à l'état larvaire surtout, des dégâts aux récoltes ou parasitent le bétail. Aussi la lutte contre les mouches mobilise-t-elle des sommes très élevées, et le recours à des procédés très divers afin de limiter leurs populations, dans les pays industrialisés comme dans le Tiers-Monde.
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+ Le principal facteur qui rend les mouches mal perçues par l'homme est le dérangement et la perturbation de ces insectes. Les mouches ont tendance à se poser n'importe où sur le corps humain en dépit du sentiment d'insécurité senti une fois traquées, avec une insistance incompréhensible. Leur bourdonnement est très nuisible, surtout en période de sommeil ou de concentration. C'est la cause la plus importante qui rend les mouches détestées et traquées par les êtres humains. Par conséquent, le marché d'outils de lutte fleurit (tapette mécanique ou électrique, piège électrique, insecticide…).
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+ Dans la nature et parfois dans les décharges et dans les égouts, les mouches participent largement à l'élimination des déchets organiques produits par les différents êtres vivants (homme inclus). Appliqués sur une plaie, certains asticots élevés en milieu stérilisé permettent une cicatrisation rapide en mangeant les chairs mortes et le pus dans les cicatrices après une intervention chirurgicale ou une blessure et en sécrétant une substance coagulante et antiseptique (asticothérapie). Des mouches prédatrices sont utilisées dans le cadre de la lutte biologique, afin de combattre divers animaux ravageurs (coléoptères, chenilles de certains papillons, pucerons, voire d'autres mouches)[réf. nécessaire]. La X60 est une mouche Muscidae dont les larves sont prédatrices des asticots d'une grande diversité de Diptères communément désignés mouches et moucherons. Ces insectes sont fortement nuisibles dans les élevages.
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+ En 1664, dans son œuvre Micrographie, Robert Hooke décrit avec un microscope un œil de mouche. En 1668, Francesco Redi, en étudiant particulièrement les insectes et les parasites, fit paraître Esperienze Intorno alla Generazione degl'Insetti, où il fait la démonstration qu'il n'existe pas de génération spontanée chez les mouches. Celles-ci naissent d'œufs pondus par d'autres mouches et n'apparaissent pas spontanément. En 1910, le pionnier de la génétique, T. H. Morgan choisit la mouche du vinaigre ou drosophile (Drosophila melanogaster) pour effectuer ses recherches. C'est grâce à cette mouche qu'il parvient à mettre en évidence la première mutation génétique observée sur un animal. Ses successeurs tels Alfred Sturtevant travaillèrent sur le même insecte. En médecine légale, la connaissance de différentes espèces de mouches (et d'autres insectes parasites) permet de déterminer l'ancienneté d'un décès, ainsi que les lieux dans lequel le corps a éventuellement été entreposé. Un certain nombre d'espèces de mouches pondent leurs œufs sur de la viande en décomposition. Ce comportement intervient, selon les espèces, à des stades différents de décomposition et est utilisé en médecine légale pour déterminer notamment la date de décès d'un corps : en déterminant les différentes espèces de mouches qui ont pondu et en établissant l'âge de leurs larves respectives, il est possible d'estimer la date de la mort avec une précision de quelques dizaines d'heures environ. Compte tenu que certaines espèces fréquentent préférentiellement certains biotopes, il est possible d'en déduire les lieux dans lequel le corps a éventuellement été entreposé. L'homme a également su tirer d'autres partis des mouches : les larves sont mangées chez certains peuples[réf. nécessaire].
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+ Parmi les techniques de lutte contre les mouches :
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+ La mouche, qui accompagne l'humanité, a souvent été considérée, dans la culture, comme un animal nuisible, envahissant, collant et inutile (voir Le coche et la mouche de Jean de La Fontaine). Selon le polygraphe romain Suétone, l'empereur romain Domitien (un tyran qui régna de 81 à 96) s'amusait dans ses moments de loisir à percer des mouches avec un poinçon d'or. C'est ce qui donna lieu à un bon mot du sénateur Vibius Crispus. Comme on lui demandait s'il y avait quelqu'un avec l'empereur, Vibius Crispus répondit : « Non, il n'y a pas même une mouche » (Ne musca quidem). Domitien l'apprit et fit périr le plaisant[6].
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+ En 1986, le film La Mouche réalisé par David Cronenberg et avec Jeff Goldblum connaît un succès mondial et devient un des grands classiques du cinéma de science fiction.
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+ Ajoutons également en référence, le personnage de Monsieur Mouche dans l'œuvre animée de Walt Disney Peter Pan. Monsieur Mouche prend le rôle de bras droit du capitaine Crochet.
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+ Le symbole de la mouche dans l'iconographie militaire est très ancien. Les plus anciennes attestations se rencontrent dans la civilisation mésopotamienne, vers la fin du IIe millénaire avant notre ère, où l’association de l'insecte à la mort revêt une importance toute particulière dans la littérature[9] et l’iconographie[10]. Son image sur les sceaux babyloniens a été parfois interprétée comme le symbole de Nergal, le dieu des maladies et de la mort[11]. On rencontre l'image de la mouche sur certaines scènes où, parfois associées à des vautours, elles survolent le champ de bataille, ainsi que sur des dagues et des pendentifs donnés aux soldats en hommage à leur bravoure[12].
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+ Des pendentifs en forme de mouche furent également découverts en Nubie, dans des tombes de militaires à Kerma et Bouhen, deux cités nubiennes d’importance[13]. Les sépultures furent datées d’entre 1700 et 1500 avant notre ère. Ces pendentifs sont de grande taille et en matériaux précieux (or, ivoire, bronze et électrum). Ils furent retrouvés au cou de tous les défunts, par ailleurs inhumés avec une épée ou une dague dans la plupart des tombes mises au jour. Ces découvertes ne sont pas sans rappeler qu’à cette période – qui correspond à l’apogée de la civilisation nubienne – la population était foncièrement guerrière, un fait qui se traduit par la présence de nombreuses armes en contexte funéraire.
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+ Les mouches sont en peinture un moyen de rendre encore plus réalistes les natures mortes ou le trompe-l'œil au cours du XVe siècle. Un exemple est le tableau Portrait d'un Chartreux, peint en 1446 par Petrus Christus, montrant une fausse mouche au bas du cadre. La mouche peinte réclame une distance particulière : « La mouche rapproche le corps énoncé et le corps énonçant, obligeant ce dernier à une observation attentive des formes et des textures[15] ».
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+ Les Mouches est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre créée en 1943.
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+ Sa Majesté des mouches, roman de William Golding, paru en 1954.
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+ Nicolas Bouvier, dans l'Usage du monde, paru en 1963, décrit avec lyrisme sa haine des mouches[16].
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+ Chez la mouche absente, roman de Vincent Bouillat, paru en 1995.
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+ La petite mouche domestique vue de 3/4 avant gauche.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Un moulin est une machine à moudre, à l'origine avec une ou plusieurs meules, principalement les grains de céréales récoltées afin de les transformer en poudre plus ou moins grossière ou farine. Le mot désigne aussi, par extension ou par analogie, toute machine propre à moudre, à broyer, piler, pulvériser diverses matières alimentaires ou para-alimentaires du type semoules, épices moulues, sel fin, sucre, café ou cacao à réduire en poudre, etc., voire pour seulement les fragmenter ou pour faciliter l'extraction ultérieure de certains corps liquides présents, comme les huiles de navette, de colza, d'olives, de noix, obtenues ensuite par pression des pulpes ou chairs.
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+ Le terme s'applique aussi pour des matières diverses, minérales, textiles ou fibreuses sans rapport avec l'alimentation (plâtre, gypse, fibres textiles, papier, tabac, etc.).
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+ Le mot provient du latin médiéval molinum, qui peut être compris comme une altération du mot latin classique mǒlīna,æ de genre féminin signifiant « moulin », issu lui-même du mot féminin mǒla,æ, c'est-à-dire la meule (tournante), la grande meule, la meule de moulin, mais aussi au sens complet de moulin, surtout si le mot a la marque du pluriel, soient molæ, molārum et même la « farine sacrée » ou mola, dédiée à la déesse semi-légendaire des moulins, nommée Mǒla. Un moulin dans le monde gréco-romain est en premier lieu un moulin à farine.
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11
+ Les activités de broyage de matière peuvent être dangereuses, du fait de la plus grande inflammabilité des poussières ou matières finement divisées à l'air. Aussi les moulins ont-ils été placés à distance respectable des habitations, étables et réserves de nourriture.
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13
+ Le moulin désigne pour nos historiens modernes une installation pré-industrielle ou semi-industrielle, du fait de la confusion initiée par le « droit de moulinage », qui correspond initialement au droit (payable ou achetable au seigneur) de faire tourner des meules à partir d'une prise d'eau, mais s'est étendu abusivement au droit de capter la force motrice pour une installation quelconque.
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15
+ Par métonymie, le mot « moulin » sert également à désigner un moteur hydraulique, c'est-à-dire l'installation comprenant une roue mue par la force hydraulique et animant par exemple des meules à farine ou à huile mais aussi des foulons, des installations qui travaillent des végétaux (fibres pour tissus ou papier) ou bien des métaux (martinets), ou encore des pompes d’irrigation ou d'exhaure (dans les mines).
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+ Aujourd'hui, par extension, le terme désigne toute l’installation qui anime et abrite les mécanismes tels qu'une pompe, un générateur ou tout autre mécanisme rotatif, mu à l'origine par une force liée à une prise hydraulique.
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+ Le moulangeur, amoulangeur ou emmoulageur est le fabricant de meules et par extension le charpentier spécialisé dans la fabrication des moulins[1].
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20
+ Dans l’Antiquité, les petites meules privées sont composées de deux meules, une meule base inférieure ou support stable d'une meule tournante ou supérieures, tournées par la force humaine, ce sont des meules à bras. L’énergie apportée par les serviteurs ou servantes est d'origine musculaire. Ces meules, très souvent en pierre dure de type rhyolithe, ont un diamètre qui dépasse rarement le mètre.
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22
+ Dans le monde gréco-romain, les moulins ou molæ, munis de meules plus monumentales et lourdes, de quelques mètres de diamètre, se caractérisent surtout par des mécanismes rudimentaires actionnés par une chute d'eau, par exemple l’écoulement de l’eau sur une roue à palettes, qui nécessite l'aménagement d'un canal de dérivation à partir d'une rivière ou d'une étang de retenue. Il semble que ce soit rarement ou par défaut de prises hydrauliques, que la traction animale et/ou humaine d'esclaves soient employés, ce qui ont été décrits parfois comme un « moulin à sang »[2].
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24
+ Déjà, dans le monde gallo-romain, le moulin réduit les grains de céréales en farine, comme ce sera le cas du « moulin bladier » (du vieux français bled, désignant les blés de manière générique). Il peut aider, tout en divisant et pressant la matière, à extraire le jus ou le suc de divers produits végétaux, comme les différents moulins pour faciliter le pressage des matières grasses en huiles, ou des pommes en jus de pomme pour obtenir par fermentation le cidre ou encore pour diviser ou broyer finement les écorces de chêne afin d'obtenir du tan, contenant un tanin, nécessaire autrefois au tannage des peaux. Il existe ainsi des moulins à cidre, des moulins à tan utilisés en tannerie, etc. Mais déj�� le moulin romain peut réguler les eaux des milieux humides, puiser de l'eau d'un point plus bas et l'envoyer dans des canaux d'évacuation.
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26
+ Les techniques médiévales peuvent faire tourner des moulins avec des modestes sources d'eau. Mais très souvent, en absence de canaux suffisamment larges, il est impossible de transporter la lourde meule. L'archéologie des régions montagneuses prouve que la plupart des meules ont été taillées sur place ou à distance très faible du lieu où a été édifié le moulin. Ainsi, parfois, on taillait avec prudence et finesse la lourde meule dormante, et on hissait au-dessus la meule tournante, également préparée avec finesse et préalablement percée en son centre pour faire advenir entre les meules la matière à moudre. Le mécanisme ne concernait que la partie haute. Les constructeurs détournaient simplement le réseau d'amenée d'eau pour le faire arriver à proximité du lieu de taille ou de préparation des pierres. Comme le disaient certains vieux proverbes montagnards, « c'est la meule qui fait le moulin ».
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28
+ Les progrès techniques médiévaux ont apporté la roue à aubes plus perfectionnée, qui anima les moulins et fournit la force motrice des premières industries. Les moulins mus par l'eau constituent un exemple de moteur hydraulique. Sur les plateaux iraniens désertiques, au IXe siècle, le moulin s'est adapté à l’énergie du vent soufflant sur leurs ailes voilées. Ces moulins, basés sur un écoulement d'air libre comme sur un flux d'eau sont néanmoins caractérisés par une faible efficacité énergétique du fait de l'échauffement du aux frictions mécaniques. Ils feront l'objet de progrès techniques qui conduiront ultérieurement à l'apparition des turbines.
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30
+ De nos jours, quelques moulins historiques existent encore[3] ; les sites de nombreux anciens moulins ont été reconvertis au XIXe siècle pour fournir de l'énergie à d'autres activités (tissages…) et certains de ces sites sont aujourd'hui équipés pour produire de l’électricité.
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32
+ Le mot moulin s'emploie aussi pour désigner certains objets domestiques, lointains héritiers des meules à bras, destinés à broyer une substance pour un usage culinaire : moulin à café, moulin à poivre.
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+ Les moulins pouvaient broyer des substances diverses, outre les moulins à farine :
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+ D'autres types de classification des moulins existent : moulin à vent, moulin à eau, moulin à marée, moulin à rodet, etc..
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38
+ La molinologie est la science et l'étude des moulins. Selon Claude Rivals, ce terme serait un néologisme inventé en 1965 par un savant portugais qui a organisé le premier symposium européen sur l’histoire des moulins et de leurs techniques.
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+ Par analogie, en raison du mouvement de rotation qui caractérise ces objets, le mot « moulin » est aussi utilisé dans l'expression « moulin à prières », ainsi que familièrement pour désigner un moteur, particulièrement un moteur d'automobile.
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42
+ Au Ier siècle av. J.-C., Vitruve dans son De architectura décrit le principe du moulin à eau actionnant une meule grâce à un système de transmission par engrenage vertical (moulin à rodet) et horizontal[5]. Des moulins plus petits mis en rotation par la traction animale ont été retrouvés à Pompéi et à Ostie.
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44
+ L’apparition massive des moulins dans les sources d’archives à partir du XIe siècle est de longue date un thème classique de l’histoire du Moyen Âge. En 1935 déjà, Marc Bloch mettait en évidence l’importance du moulin dans le système économique et social médiéval[6]. Le moulin, en effet, devient un enjeu économique important, puisque le pouvoir seigneurial oblige progressivement ses dépendants à recourir exclusivement, moyennant une taxe importante, au moulin banal. Ces installations se multiplient au XIIIe siècle et la monétarisation de l’économie tend à augmenter la valeur marchande de ces équipements. La possession des moulins et le contrôle des cours d’eau qui les alimentent prennent donc une importance croissante à une époque caractérisée par l'ambition seigneuriale de toujours mieux délimiter et contrôler l’espace[7].
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+ Techniquement, le moulin a considérablement évolué durant le Moyen Âge. Ces mécanismes sont utilisés à des fonctions de plus en plus diversifiées et la variété des aménagements hydrauliques qui leur sont associés ne cesse de croître. En majorité destinés aux blés, ils sont équipés de roues horizontales entraînées par une pirouette (en France on les rencontrent en Occitanie, au Pays basque, en Corse et dans le Finistère[8]), plus couramment verticales (recevant l’eau au-dessous ou au-dessus). Ces derniers, les plus puissants, sont aussi les plus coûteux du fait de l’engrenage dont ils sont pourvus. Tous sont installés sur la berge d’un bief ou d’un cours d’eau, ou encore sur une embarcation (moulin à nef). Les meules actionnées par la force hydraulique peuvent moudre le blé mais aussi écraser les graines d’œillette, les plantes tinctoriales, broyer le minerai.
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+ À la fin du XIe siècle, plus largement au XIIe siècle, l’usage de plus en plus courant de l’arbre à cames qui transforme le mouvement rotatif en alternatif aboutit à la diffusion des moteurs hydrauliques industriels qui pilent et martèlent : moteurs à foulon, à tan, à fer, puis au cours du XIIIe siècle, à papier. Sur les côtes anglaises et des Pays-Bas au Portugal, les moulins à marée sont fréquents à partir du XIIe siècle. Dans le même temps, la force du vent est maîtrisée pour moudre des céréales dans les moulins sur pivot puis dans des moulins-tours. Pour certaines activités, l'usage du moulin à sang (énergie humaine et animale) domine encore à la fin du Moyen Âge : c’est le cas pour le broyage des olives.
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+ En France, sous l'Ancien Régime, le moulin, comme le pressoir ou le four à pain étaient soumis aux droits banals. Ils étaient construits et entretenus par le seigneur et les habitants (censitaires) étaient contraints de l'utiliser, contre paiement de surcroît. C'était une forme de monopole. Dans le droit communal ces biens sont partagés entre les citoyens. C'est la Révolution de 1789 qui abolit ces privilèges seigneuriaux.
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+ Sous le régime seigneurial, au Québec, seul le moulin à farine était soumis au droit de banalité. Ce droit a été aboli en 1854.
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+ En français, celui qui fait tourner un « moulin » est un « meunier ».
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+ Le moulin est un lieu de rencontre et d'échange traditionnel. C'est aussi une adresse bien connue, souvent isolée pour cause de danger d'incendie, et c'est pourquoi il peut parfois expliquer, après disparition du nom de famille spécifique peut-être trop commun du meunier, une dénomination patronymique. Ainsi les patronymes correspondants , assez répandus, comme Moulin, Dumoulin, Meunier, Lemeunier, voire localement Monnier, Lemonnier, ou les variantes selon les langues régionales : molinièr (prononcer « moulinié » [muliˈɲe] ou molièr prononcer « moulié » [muˈʎe]) en langue d'oc, müller en alsacien, etc.
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+ En Provence, avec la production de la garance des teinturiers, les moulins étaient approvisionnés par les garanciers, ou les garanceurs.
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+ Dans la tradition populaire, les meuniers ont une certaine réputation et la belle qui s’endort au tic-tac du moulin y est une histoire très répandue. Lorsqu’elle se réveille, « son petit sac est plein, elle a la mouture plein la main ». Il y a souvent une vieille qui arrive alors, à qui le meunier refuse le même service[9].
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+ Meunier tu dors est une chanson traditionnelle française qui évoque les risques liés au moulin qui tourne trop vite (explosion due aux étincelles et aux fines particules, casse des ailes). Elle illustre aussi bien la tâche difficile qui attendait le meunier du moulin à vent : il lui fallait travailler 24 heures sur 24 pour profiter du vent, et il devait surveiller sans cesse les caprices du vent pour changer l'orientation des ailes au besoin.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Un moulin est une machine à moudre, à l'origine avec une ou plusieurs meules, principalement les grains de céréales récoltées afin de les transformer en poudre plus ou moins grossière ou farine. Le mot désigne aussi, par extension ou par analogie, toute machine propre à moudre, à broyer, piler, pulvériser diverses matières alimentaires ou para-alimentaires du type semoules, épices moulues, sel fin, sucre, café ou cacao à réduire en poudre, etc., voire pour seulement les fragmenter ou pour faciliter l'extraction ultérieure de certains corps liquides présents, comme les huiles de navette, de colza, d'olives, de noix, obtenues ensuite par pression des pulpes ou chairs.
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+ Le terme s'applique aussi pour des matières diverses, minérales, textiles ou fibreuses sans rapport avec l'alimentation (plâtre, gypse, fibres textiles, papier, tabac, etc.).
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+ Le mot provient du latin médiéval molinum, qui peut être compris comme une altération du mot latin classique mǒlīna,æ de genre féminin signifiant « moulin », issu lui-même du mot féminin mǒla,æ, c'est-à-dire la meule (tournante), la grande meule, la meule de moulin, mais aussi au sens complet de moulin, surtout si le mot a la marque du pluriel, soient molæ, molārum et même la « farine sacrée » ou mola, dédiée à la déesse semi-légendaire des moulins, nommée Mǒla. Un moulin dans le monde gréco-romain est en premier lieu un moulin à farine.
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+ Les activités de broyage de matière peuvent être dangereuses, du fait de la plus grande inflammabilité des poussières ou matières finement divisées à l'air. Aussi les moulins ont-ils été placés à distance respectable des habitations, étables et réserves de nourriture.
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+ Le moulin désigne pour nos historiens modernes une installation pré-industrielle ou semi-industrielle, du fait de la confusion initiée par le « droit de moulinage », qui correspond initialement au droit (payable ou achetable au seigneur) de faire tourner des meules à partir d'une prise d'eau, mais s'est étendu abusivement au droit de capter la force motrice pour une installation quelconque.
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+ Par métonymie, le mot « moulin » sert également à désigner un moteur hydraulique, c'est-à-dire l'installation comprenant une roue mue par la force hydraulique et animant par exemple des meules à farine ou à huile mais aussi des foulons, des installations qui travaillent des végétaux (fibres pour tissus ou papier) ou bien des métaux (martinets), ou encore des pompes d’irrigation ou d'exhaure (dans les mines).
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+ Aujourd'hui, par extension, le terme désigne toute l’installation qui anime et abrite les mécanismes tels qu'une pompe, un générateur ou tout autre mécanisme rotatif, mu à l'origine par une force liée à une prise hydraulique.
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+ Le moulangeur, amoulangeur ou emmoulageur est le fabricant de meules et par extension le charpentier spécialisé dans la fabrication des moulins[1].
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+ Dans l’Antiquité, les petites meules privées sont composées de deux meules, une meule base inférieure ou support stable d'une meule tournante ou supérieures, tournées par la force humaine, ce sont des meules à bras. L’énergie apportée par les serviteurs ou servantes est d'origine musculaire. Ces meules, très souvent en pierre dure de type rhyolithe, ont un diamètre qui dépasse rarement le mètre.
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+ Dans le monde gréco-romain, les moulins ou molæ, munis de meules plus monumentales et lourdes, de quelques mètres de diamètre, se caractérisent surtout par des mécanismes rudimentaires actionnés par une chute d'eau, par exemple l’écoulement de l’eau sur une roue à palettes, qui nécessite l'aménagement d'un canal de dérivation à partir d'une rivière ou d'une étang de retenue. Il semble que ce soit rarement ou par défaut de prises hydrauliques, que la traction animale et/ou humaine d'esclaves soient employés, ce qui ont été décrits parfois comme un « moulin à sang »[2].
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+ Déjà, dans le monde gallo-romain, le moulin réduit les grains de céréales en farine, comme ce sera le cas du « moulin bladier » (du vieux français bled, désignant les blés de manière générique). Il peut aider, tout en divisant et pressant la matière, à extraire le jus ou le suc de divers produits végétaux, comme les différents moulins pour faciliter le pressage des matières grasses en huiles, ou des pommes en jus de pomme pour obtenir par fermentation le cidre ou encore pour diviser ou broyer finement les écorces de chêne afin d'obtenir du tan, contenant un tanin, nécessaire autrefois au tannage des peaux. Il existe ainsi des moulins à cidre, des moulins à tan utilisés en tannerie, etc. Mais déj�� le moulin romain peut réguler les eaux des milieux humides, puiser de l'eau d'un point plus bas et l'envoyer dans des canaux d'évacuation.
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+ Les techniques médiévales peuvent faire tourner des moulins avec des modestes sources d'eau. Mais très souvent, en absence de canaux suffisamment larges, il est impossible de transporter la lourde meule. L'archéologie des régions montagneuses prouve que la plupart des meules ont été taillées sur place ou à distance très faible du lieu où a été édifié le moulin. Ainsi, parfois, on taillait avec prudence et finesse la lourde meule dormante, et on hissait au-dessus la meule tournante, également préparée avec finesse et préalablement percée en son centre pour faire advenir entre les meules la matière à moudre. Le mécanisme ne concernait que la partie haute. Les constructeurs détournaient simplement le réseau d'amenée d'eau pour le faire arriver à proximité du lieu de taille ou de préparation des pierres. Comme le disaient certains vieux proverbes montagnards, « c'est la meule qui fait le moulin ».
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+ Les progrès techniques médiévaux ont apporté la roue à aubes plus perfectionnée, qui anima les moulins et fournit la force motrice des premières industries. Les moulins mus par l'eau constituent un exemple de moteur hydraulique. Sur les plateaux iraniens désertiques, au IXe siècle, le moulin s'est adapté à l’énergie du vent soufflant sur leurs ailes voilées. Ces moulins, basés sur un écoulement d'air libre comme sur un flux d'eau sont néanmoins caractérisés par une faible efficacité énergétique du fait de l'échauffement du aux frictions mécaniques. Ils feront l'objet de progrès techniques qui conduiront ultérieurement à l'apparition des turbines.
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+ De nos jours, quelques moulins historiques existent encore[3] ; les sites de nombreux anciens moulins ont été reconvertis au XIXe siècle pour fournir de l'énergie à d'autres activités (tissages…) et certains de ces sites sont aujourd'hui équipés pour produire de l’électricité.
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+ Le mot moulin s'emploie aussi pour désigner certains objets domestiques, lointains héritiers des meules à bras, destinés à broyer une substance pour un usage culinaire : moulin à café, moulin à poivre.
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+ Les moulins pouvaient broyer des substances diverses, outre les moulins à farine :
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+ D'autres types de classification des moulins existent : moulin à vent, moulin à eau, moulin à marée, moulin à rodet, etc..
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+ La molinologie est la science et l'étude des moulins. Selon Claude Rivals, ce terme serait un néologisme inventé en 1965 par un savant portugais qui a organisé le premier symposium européen sur l’histoire des moulins et de leurs techniques.
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+ Par analogie, en raison du mouvement de rotation qui caractérise ces objets, le mot « moulin » est aussi utilisé dans l'expression « moulin à prières », ainsi que familièrement pour désigner un moteur, particulièrement un moteur d'automobile.
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+ Au Ier siècle av. J.-C., Vitruve dans son De architectura décrit le principe du moulin à eau actionnant une meule grâce à un système de transmission par engrenage vertical (moulin à rodet) et horizontal[5]. Des moulins plus petits mis en rotation par la traction animale ont été retrouvés à Pompéi et à Ostie.
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+ L’apparition massive des moulins dans les sources d’archives à partir du XIe siècle est de longue date un thème classique de l’histoire du Moyen Âge. En 1935 déjà, Marc Bloch mettait en évidence l’importance du moulin dans le système économique et social médiéval[6]. Le moulin, en effet, devient un enjeu économique important, puisque le pouvoir seigneurial oblige progressivement ses dépendants à recourir exclusivement, moyennant une taxe importante, au moulin banal. Ces installations se multiplient au XIIIe siècle et la monétarisation de l’économie tend à augmenter la valeur marchande de ces équipements. La possession des moulins et le contrôle des cours d’eau qui les alimentent prennent donc une importance croissante à une époque caractérisée par l'ambition seigneuriale de toujours mieux délimiter et contrôler l’espace[7].
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+ Techniquement, le moulin a considérablement évolué durant le Moyen Âge. Ces mécanismes sont utilisés à des fonctions de plus en plus diversifiées et la variété des aménagements hydrauliques qui leur sont associés ne cesse de croître. En majorité destinés aux blés, ils sont équipés de roues horizontales entraînées par une pirouette (en France on les rencontrent en Occitanie, au Pays basque, en Corse et dans le Finistère[8]), plus couramment verticales (recevant l’eau au-dessous ou au-dessus). Ces derniers, les plus puissants, sont aussi les plus coûteux du fait de l’engrenage dont ils sont pourvus. Tous sont installés sur la berge d’un bief ou d’un cours d’eau, ou encore sur une embarcation (moulin à nef). Les meules actionnées par la force hydraulique peuvent moudre le blé mais aussi écraser les graines d’œillette, les plantes tinctoriales, broyer le minerai.
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+ À la fin du XIe siècle, plus largement au XIIe siècle, l’usage de plus en plus courant de l’arbre à cames qui transforme le mouvement rotatif en alternatif aboutit à la diffusion des moteurs hydrauliques industriels qui pilent et martèlent : moteurs à foulon, à tan, à fer, puis au cours du XIIIe siècle, à papier. Sur les côtes anglaises et des Pays-Bas au Portugal, les moulins à marée sont fréquents à partir du XIIe siècle. Dans le même temps, la force du vent est maîtrisée pour moudre des céréales dans les moulins sur pivot puis dans des moulins-tours. Pour certaines activités, l'usage du moulin à sang (énergie humaine et animale) domine encore à la fin du Moyen Âge : c’est le cas pour le broyage des olives.
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+ En France, sous l'Ancien Régime, le moulin, comme le pressoir ou le four à pain étaient soumis aux droits banals. Ils étaient construits et entretenus par le seigneur et les habitants (censitaires) étaient contraints de l'utiliser, contre paiement de surcroît. C'était une forme de monopole. Dans le droit communal ces biens sont partagés entre les citoyens. C'est la Révolution de 1789 qui abolit ces privilèges seigneuriaux.
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+ Sous le régime seigneurial, au Québec, seul le moulin à farine était soumis au droit de banalité. Ce droit a été aboli en 1854.
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+ En français, celui qui fait tourner un « moulin » est un « meunier ».
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+ Le moulin est un lieu de rencontre et d'échange traditionnel. C'est aussi une adresse bien connue, souvent isolée pour cause de danger d'incendie, et c'est pourquoi il peut parfois expliquer, après disparition du nom de famille spécifique peut-être trop commun du meunier, une dénomination patronymique. Ainsi les patronymes correspondants , assez répandus, comme Moulin, Dumoulin, Meunier, Lemeunier, voire localement Monnier, Lemonnier, ou les variantes selon les langues régionales : molinièr (prononcer « moulinié » [muliˈɲe] ou molièr prononcer « moulié » [muˈʎe]) en langue d'oc, müller en alsacien, etc.
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+ En Provence, avec la production de la garance des teinturiers, les moulins étaient approvisionnés par les garanciers, ou les garanceurs.
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+ Dans la tradition populaire, les meuniers ont une certaine réputation et la belle qui s’endort au tic-tac du moulin y est une histoire très répandue. Lorsqu’elle se réveille, « son petit sac est plein, elle a la mouture plein la main ». Il y a souvent une vieille qui arrive alors, à qui le meunier refuse le même service[9].
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+ Meunier tu dors est une chanson traditionnelle française qui évoque les risques liés au moulin qui tourne trop vite (explosion due aux étincelles et aux fines particules, casse des ailes). Elle illustre aussi bien la tâche difficile qui attendait le meunier du moulin à vent : il lui fallait travailler 24 heures sur 24 pour profiter du vent, et il devait surveiller sans cesse les caprices du vent pour changer l'orientation des ailes au besoin.
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+ Le moulin à vent est un dispositif qui transforme l’énergie éolienne (énergie cinétique du vent) en mouvement rotatif au moyen d’ailes ajustables. En tant que moulin (machine à moudre), il est utilisé le plus souvent pour moudre des céréales, broyer, piler, pulvériser diverses substances, presser des drupes ou écraser des olives pour produire de l'huile; il a pu aussi servir à actionner une pompe, par exemple pour l’irrigation ou pour assécher les polders; ou un groupe de scies (scierie à vent).
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+ Le terme moulin à vent n’est habituellement utilisé que pour les ouvrages relativement anciens des pays riches et les installations à techniques anciennes des régions moins développées. Abandonnés dans les pays développés avec la généralisation de l'électricité, il est l'ancêtre de l'éolienne et ne se distingue dans son principe que par l'existence d'un bâtiment servant de support aux ailes et d'abri pour les mécanismes et l'activité meunière. L'abandon de l'énergie éolienne pour mouvoir des meules et les débuts de son utilisation pour actionner des générateurs électriques sont concomitants à ce basculement de vocabulaire comme le montre la continuité de l'usage pour actionner directement des pompes. De même l'utilisation alternative des termes pale ou aile ne se justifie sans ambigüité par aucun critère technique.
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+ Le moulin à vent est utilisé en Perse pour l'irrigation dès l'an 620. Il est apparu en 620 sur le territoire de l'ouest de l'actuel Afghanistan, notamment à Nashtifan (en), dans la province du Khorasan, surnommée l'« ancienne ville des moulins ». Les moulins perses, découverts en Palestine par les Croisés[1], n'étaient pas du même type que les moulins européens. Ils étaient constitués d'une éolienne à axe vertical, confinée à l'intérieur du moulin[2]. Des orifices dans les parois du moulin permettent à l'air de s'engouffrer pour actionner l'éolienne.
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+ Moulin horizontal (à axe vertical), Perse
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+ Moulin horizontal : Hooper’s mill, Margate, Kent, XVIIIe siècle.
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+ Moulin à chandelier assis par terre, plan terrier 49220 Brain-sur-Longuenée, année 1750.
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+ Dessin technique d'un moulin néerlandais, 1793
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+ Symbolisation d'un moulin à vent en bois sur la Carte de Cassini.
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+ Symbolisation d'un moulin à vent en pierre sur la Carte de Cassini.
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+ Symbolisation d'un moulin à vent en pierre ruiné sur la Carte de Cassini.
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+ Signalé très tôt en Grande-Bretagne (Abbaye de Croyland en 870), le moulin à vent s'est généralisé en Europe vers le XIIe siècle, d'abord sur les côtes maritimes des pays du Nord : Grande-Bretagne, Pays-Bas, puis dans les pays de la bordure atlantique : Portugal, France, de la mer du Nord et de la mer Baltique : Belgique, Allemagne, Danemark, et dans les îles, y compris en mer Méditerranée. On les trouve sur des éminences, soit isolés, soit groupés en série, ainsi que dans des lieux éloignés des cours d'eau. La première attestation de moulin à vent en France, en 1170, figure dans une charte de la ville d'Arles. Il se développe au XIIe siècle dans les régions à côte venteuse (Cotentin, Pays de Caux, Bretagne) même si certains seigneurs sont réticents à remplacer le moulin à eau, banalité plus robuste[3]. En France, les seigneurs profitèrent de la construction des moulins à vent pour exiger un « droit de vent » qui fut contesté. Jean François Finot note dans son Journal, début novembre 1779, que le propriétaire d'un moulin à vent construit à Mertrud (Champagne) « n'en paie aucun cens au seigneur parce qu'il a été jugé depuis peu que le vent étant un élément libre, il n'appartenait pas aux seigneurs mais à tout le monde. » (Cahiers haut-marnais.2009)
22
+
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+ Les Pays-Bas sont probablement le pays qui a compté le plus grand nombre de moulins à vent. Éléments caractéristiques du paysage, ils sont représentés notamment dans la peinture flamande[4]. Les moulins à vent de Kinderdijk ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
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+ Le système des ailes Berton se répand dans les régions de France les plus productrices (Beauce, Anjou, Bretagne, etc.) mais arrive trop tard pour une meunerie déjà en déclin ailleurs.
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+ La généralisation de l'électricité dans les campagnes, et l'apparition de la minoterie industrielle, ont entraîné un rapide déclin des moulins à vent au cours du XXe siècle. Ils ont en outre été défavorisés par la dureté du métier de meunier et par les périodes de chômage imposées souvent par l'absence de vent.
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+ L'apparition de la roue éolienne à pales nombreuses, inventée aux États-Unis, les a rendus complètement obsolètes.
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+ L’architecture du bâtiment d’un moulin répond aux exigences de son usage et des conditions locales de topographie et de climat. La condition première est la meilleure exposition au vent : le moulin est bâti sur une hauteur, et dans ce cas la bâtisse elle-même ne nécessite pas une grande hauteur. En revanche, dans les pays de plaine, le moulin doit être assez élevé pour prendre le vent malgré les obstacles que peuvent représenter les arbres ou les constructions voisines.
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33
+ Le moulin à vent classique est constitué d'une tour en maçonnerie, surmontée d’une calotte orientable dans le sens du vent, qui supporte les ailes fixées à un axe horizontal ou légèrement incliné vers le haut et un toit en bardage ; c'est le « moulin-tour ».
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+
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+ Le type de construction de la tour dépend des régions. Elle peut être cylindrique, tronconique, polygonale. Le matériau de construction peut être la pierre, la brique, le bois. En Bretagne, un type de moulin appelé « petit-pied » présentait une base cylindrique en granit, surmontée d’une tour en encorbellement de plus grand diamètre.
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+
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+ Quand la tour est peu élevée, la porte d’accès se trouve généralement du côté opposé à la direction des vents dominants, afin de ne pas être gênée par les ailes en rotation ; ou bien il y a deux portes diamétralement opposées, et on utilise alors celle qui n’est pas dans le plan de rotation des ailes.
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+
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+ La toiture en charpente comportant l’axe des ailes et le mécanisme de renvoi, le frein, etc. est conique, avec une pente plus ou moins accentuée selon les régions, et est couverte en bardeaux de bois.
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+
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+ Moulin-tour de type « petit-pied » breton. Moulin de la Falaise de Batz-sur-Mer
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+ Moulin-tour de type « petit-pied » guérandais. Moulin de Crémeur de Guérande,
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45
+ Moulin tour cylindrique en pierre. Moulin Lebriez (Mentque-Norbécourt)
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+ Moulin tour octogonale en bois. Moulin de l'Aile (Saint-Omer)
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+ Moulin tronconique en briques Steenmeulen (Terdeghem)
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+ Parfois, c'est tout le corps du moulin, construit en bois, qui s'oriente selon le vent : c'est le « moulin sur pivot » aussi appelé « chandelier » dans certaines régions de France, ou « post mill » en Angleterre, « standaardmolen » en néerlandais. Il repose sur un socle en bois, formé par deux poutres en croix, la « croisée », et par des « liens » obliques. Il peut reposer sur une base maçonnée (les dés) ou être « assis par terre », c’est-à-dire reposer uniquement sur son socle en bois. Le corps du moulin est généralement parallélépipédique, avec parfois une excroissance latérale ou arrière, le toit est en bâtière ou à un seul versant. Beaucoup de moulins chandeliers ont été démontés et reconstruits ailleurs suivant les déplacements de leur propriétaire. Par leur structure en bois, ils étaient aussi souvent victimes d’incendies ou, en temps de guerre, de destructions volontaires car constituant des repères et des moyens de communication par signaux (ce fut le cas par exemple du moulin de Valmy lors de la célèbre bataille).
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+
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+ Moulin en bois sur pivot - Moulin des Olieux (Villeneuve d'Ascq)
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+ Le kandelou ou kandelour est une variante de moulin chandelier qu’on trouve en Bretagne (Finistère, île d’Ouessant). C’est un moulin de petites dimensions, qui se compose d’une hucherolle en bois, carrée ou cylindrique, reposant sur une base de maçonnerie également cylindrique. Nombreux vers la pointe du Van (une dizaine) et Ouessant (une quarantaine), ils furent en usage jusque dans les années 1950. Ceux qui subsistent ont été restaurés ou reconstitués[5].
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+ Kandelou de Trouguer (Finistère), avant restauration
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+ Moulin de Karaes à Ouessant
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+ Le moulin cavier, répandu en Anjou et les Pays de Loire, est intermédiaire entre les types précédents ; dans ce cas, seul tourne un corps mobile en bois supportant les ailes et le système d'engrenage, la « hucherolle ». La hucherolle repose sur un cône en maçonnerie en tuffeau, reposant lui-même sur le massereau, pièce centrale où se trouvent les meules. Cette tour est entourée d’une construction plus basse, voûtée, parfois troglodytique, semi-enterrée ou remblayée, servant de stockage, de cave, voire d’habitation pour le meunier : la masse. La partie supérieure de la masse formant terrasse circulaire, accessible par un escalier extérieur, sert à l’orientation. L’échelle qui sert d’accès à la hucherolle y est fixée et joue le rôle de timon. Selon la tradition, un âne était attelé en permanence au timon : en cherchant naturellement à se mettre à l’abri du vent, il orientait la hucherolle et les ailes face au vent.
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+
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+ Le moulin cavier permet de gagner de la hauteur pour prendre le vent, tout en ayant une partie mobile de moindre encombrement.
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+ Moulin cavier La Guénaudière
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+ Ce type de moulin, dit aussi « moulin à plateforme », « moulin à jupe (en) » ou « moulin blouse » (traduction de l’anglais smock mill, en raison de sa forme générale)[6], « moulin hollandais » car largement utilisé aux Pays-Bas, est un moulin de type cavier, de dimensions restreintes bien qu’il puisse atteindre de grandes hauteurs pour prendre le vent. La partie basse est généralement maçonnée, la partie supérieure de la tour est en bois, de section octogonale (parfois hexagonale) ou en maçonnerie évasée vers le bas, et est souvent ceinturée d’une galerie qui permet au meunier d’orienter la calotte supportant les ailes, lorsque la hauteur ne permet pas de le faire depuis le sol. Ces moulins pouvaient être construits sur des sols peu propices à une construction traditionnelle, comme les polders. Ils sont apparus en Europe occidentale au XVIIe siècle et surtout en Angleterre, dans le Kent, où plusieurs sont encore visibles en dépit du fait que la construction en bois les rend sensibles aux intempéries. Les moulins à vent hollandais se répartissent généralement dans ce type, entre les grondzeiler, littéralement, « dont les voiles sont proches du sol », et les stellingmolen, moulins à galerie, donc plus hauts.
68
+
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+ Moulin sur galerie en briques (Blanc-Moulin d'Ostiches)
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+ Moulin à galerie circulaire en bois Fanoe (DK)
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+ Le tjasker représente la forme la plus simple du moulin à vent. Il est utilisé aux Pays-Bas, d’où il est originaire et utilisé depuis le XVIe siècle, exclusivement pour pomper l’eau. Il se compose d’un arbre incliné portant les ailes, reposant sur un pilier central, et prolongé vers le bas d’une vis d’Archimède. L’eau est élevée à une faible hauteur, mais suffisante pour permettre son évacuation. Il n’y a pas de dispositif d’orientation, le moulin est simplement orienté manuellement vers les vents dominants. Aujourd’hui remplacé par des pompes motorisées, il en subsiste encore environ vingt-cinq aux Pays-Bas, dont onze en Frise, et quelques exemplaires en Allemagne.
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+ Nij Beets (Frise)
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+ Tjasker, ou Fluttermühle, reconstitué au Münkeboe Dorfmuseum (Allemagne)
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+ Traditionnellement, les ailes d’un moulin tournent à gauche (en regardant de face), c’est-à-dire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Les ailes tournant à droite sont rares mais se trouvent parfois dans le cas de moulins groupés, afin d’éviter les remous
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+ Les ailes, le plus souvent au nombre de quatre, sont généralement faites d'une armature en bois supportant une toile tendue.
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+
82
+ Les formes et les matériaux utilisés sont très variables d'une région à l’autre. Les ailes sont composées de verges ou vergues : souvent deux verges qui se croisent, l’une devant l’autre, sur l’arbre moteur ; celle qui est la plus proche du bâtiment du moulin est la verge intérieure, l’autre étant la verge extérieure. Elles sont munies de barreaux transversaux, implantés dans les verges selon une inclinaison constante ou variable, par rapport au plan de rotation, qui donne aux ailes leur configuration hélicoïdale. Les extrémités externes des barreaux peuvent être libres, ou être reliées par des lattes ou cotrets, parfois doublés ou triplés.
83
+
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+ Les toiles varient en forme selon les types d’ailes. Elles sont généralement rectangulaires, en lin, coton ou chanvre. Elles sont parfois tannées pour augmenter leur résistance et les rendre imputrescibles et imperméables. Le tannage est à base de cachou, ou d’écorces de chêne, d’huile de lin et d’eau, appliqué sur les deux faces au moyen d’une brosse.
85
+
86
+ Certaines ailes sont garnies de planchettes, parfois amovibles mais qui peuvent être laissées à demeure, qui offrent une prise au vent et ne demandent qu’un faible entoilage complémentaire : ces planches peuvent se trouver dans la partie centrale des ailes ou sur toute la longueur.
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+
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+ La conformation des ailes permet de varier l’entoilage en fonction de la force du vent. La toile est une longue bande de tissu que le meunier fait passer entre les barreaux en montant le long de l’aile. Les toiles sont au nombre de deux par aile, identiques pour les ailes symétriques, deux inégales ou une seule pour les ailes asymétriques. Le meunier choisit donc de mettre toutes les toiles, ou de n’en mettre qu’un nombre moindre, en les répartissant symétriquement sur les quatre ailes. Un moyen de réglage complémentaire consiste à resserrer plus ou moins la toile en l’attachant, de manière qu’elle offre moins de prise au vent.
89
+
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+ Les moulins à six ailes sont rares en Europe occidentale : on cite le cas d’un meunier de Nailloux en Lauragais dont le moulin, se trouvant déventé par la construction d’une maison proche, lui installa six ailes[7], dispositif qui n’améliore pas le rendement, mais tend à le diminuer. Ce moulin, détruit vers 1915-1916, a été reconstruit avec ses six ailes et est devenu un emblème de la commune de Nailloux.
91
+
92
+ Lorsque les barreaux sont également répartis de part et d’autre de la verge, les ailes sont symétriques. C’est le plus souvent le cas en France et en Europe du Sud. Les extrémités extérieures des barreaux peuvent être libres (« en arête de poisson ») ou reliées par des lattes ou cotrets.
93
+
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+ Les ailes asymétriques portent les barreaux du côté gauche de l’aile. Dans l’Europe du Nord, les ailes sont plus souvent asymétriques (« ailes flamandes »). Dans le cas des ailes flamandes, le bord d’attaque métallique offre une portance au vent suffisante pour faire tourner l’aile à basse vitesse sans entoilage (on dit alors qu’il tourne « jambes nues »).
95
+
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+ Dans les pays méditerranéens (Grèce, Espagne, mais aussi Portugal) les ailes sont composées de verges de bois, au nombre de huit à douze, sans barreaux ni lattes, haubanées entre elles, entre lesquelles sont tendues des « voiles » triangulaires. Les toiles sont enroulées sur les quatre (au minimum) vergues extérieures, et leurs extrémités attachées aux vergues intérieures.
97
+
98
+ La nécessité de régler la voilure avec les ailes à l’arrêt a toujours été un inconvénient majeur. En 1772, le charpentier de moulins écossais Andrew Meikle (1719-1811) invente les ailes à jalousie (spring sails), qui permettent une régulation de la surface alaire en fonction de la vitesse du vent. Des volets de bois montés sur ressorts s’ouvrent plus ou moins selon la force du vent. Le meunier doit néanmoins arrêter le moulin pour régler la tension des ressorts. Ce système étant complexe, les ailes à jalousie sont souvent combinées avec des ailes traditionnelles, deux à deux. Les ailes à jalousie se répandent principalement au Danemark vers 1880[8].
99
+
100
+ L’aile à enrouleur (roller riefing sail) fut inventée en 1789 par Stephen Hooper. Sur le principe de l’aile à jalousie, ce sont des petits secteurs de toile qui sont enroulés et déroulés au moyen d’un système de leviers sans avoir à arrêter les ailes.
101
+
102
+ En 1813, William Cubitt invente un nouveau type (patent sail) qui combine les avantages des précédents. La manœuvre de volets s’effectue sans arrêter les ailes.
103
+
104
+ Une conséquence de l’adoption d’ailes à voilures réglables depuis l’intérieur du moulin, sans avoir à grimper sur les ailes, sont la possibilité de construire des bâtiments plus hauts pouvant se libérer des obstacles de l’environnement (arbres ou bâtiments).
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+
106
+ Moulin d’Outwood (Surrey), ailes à jalousie.
107
+
108
+ Moulin de Haig (Lancashire), ailes à enrouleurs, vers 1900.
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+
110
+ Moulin de Sarre (Kent), ailes patent sails.
111
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112
+ Dans les années 1840 apparaît l’aile Berton[9]. Pierre Théophile Berton (Barbonne (Marne), 1803-Angers, 1861), ancien charron originaire de la Somme, est appelé à travailler sur les moulins à vent. Son fils, Pierre Théophile Berton fils (Barbonne, 1827-Angers, 1894), le seconde dans ses travaux. Constatant le faible rendement des moulins, dû à la contrainte permanente et dangereuse du réglage des voilures, il met au point un système d’aile à portance réglable. Il dépose le brevet en 1841 et s’installe en Anjou en 1852.
113
+
114
+ L’aile Berton se compose de planches de bois qui se superposent et coulissent latéralement pour offrir une surface variable au vent. Elles sont actionnées de l’intérieur par un mécanisme central, dispensant le meunier d’effectuer le difficile réglage des toiles en fonction du vent, qui l’oblige à grimper le long des ailes, avec les risques d’accidents qui en découlent. Ce système ingénieux ne fonctionne que lorsque le moulin tourne car il utilise la rotation de l’arbre, transmise aux manivelles qui actionnent le système Berton. Le premier modèle des ailes Berton, dit « à crémaillère », sera remplacé par le modèle définitif.
115
+
116
+ Une conséquence de l’utilisation des ailes Berton fut que l’on pouvait désormais augmenter la hauteur du moulin, pour faciliter sa prise de vent. Certains moulins, notamment en Bretagne, nommés « petits-pieds », parce que la tour reposait en encorbellement sur un soubassement de moindre diamètre, reçurent un corps plus large et plus haut sur la partie supérieure et devinrent des « grosses-têtes »[10].
117
+
118
+ Les ailes Berton se répandent à partir de l’Anjou[11], du Centre de la France, puis du Nord de la France[12]et la Belgique, dans les années 1880, à une époque où la suprématie des moulins à vent commence à décliner face à la concurrence des minoteries industrielles. Il n’y a pratiquement pas d’ailes Berton dans le Sud de la France, hormis le cas cité par C. Rivals et A. Armengaud, d’un moulin à plâtre constitué d’une tourelle en bois élevée sur le bâtiment d’une usine.
119
+
120
+ Aile Berton repliée (Moulin neuf, Angrie)
121
+
122
+ Mécanisme extérieur des ailes Berton (moulin de Moidrey, France)
123
+
124
+ Ailes Berton repliées (moulin de Moidrey, France)
125
+
126
+ Ailes Berton déployées (moulin de Moidrey, France)
127
+
128
+ Moulin du Cotentin, Fierville-les-Mines
129
+
130
+ Au début du XXe siècle on voit de nombreux ingénieurs, dont certains travaillent dans l’industrie aéronautique, apporter des perfectionnements aux ailes de moulins encore nombreux en activité dans les pays du Nord, particulièrement les Pays-Bas (dont des ailes de type asymétrique). Différents systèmes peuvent se trouver combinés[13].
131
+
132
+ Le système Dekker (parfois appelé « quart » ou « demi Dekker »), inventé en 1927 par l’ingénieur néerlandais A. J. Dekker, de Leyde, est une feuille métallique, d’aluminium ou de zinc, qui enveloppe la partie droite de l’aile, à la manière d’une aile d’avion : l’aérodynamique dispense de tendre les toiles et peut même permettre de s’en passer totalement. Le système Dekker a été repris et amélioré par d’autres ingénieurs : Chris Van Bussel arrondit davantage le profil Dekker et ses ailes sont plus légères et moins coûteuses.
133
+
134
+ Ten Have imagine une aile garnie d’un bord d’attaque Van Bussel mais en plus, d’obturateurs mobiles longitudinaux (dans le genre des ailes Berton). Les ailes Ten Have sont souvent combinées deux à deux avec des ailes standard.
135
+
136
+ Le système Fok inventé par P. L. Fauël (1891-1993) est inspiré par le foc des voiliers. C’est en 1935, au cours d’une sortie en bateau, par vent très faible, qu’il en eut l’idée. Expérience faite sur le moulin d’un de ses amis, des focs de bateau fixés aux ailes à l’exclusion de toute autre toile, par vent très faible, mirent les ailes en mouvement. Fauël ne put reprendre ses études sur le système qu’après la Seconde Guerre mondiale. Le brevet fut déposé en 1944. Le bord d’attaque est composé de planches formant un arrondi, à la manière des ailes d’avion. Il peut fonctionner avec des vents de très faible intensité. En revanche, pour compenser les vents forts, il est muni d’aérofreins actionnés par force centrifuge.
137
+
138
+ Le système Bilau, mis au point par l’ingénieur aéronautique allemand Kurt Bilau (1872-1941), se répandit en Allemagne au XXe siècle. Il s’agit d’un bord d’attaque métallique qui se double d’un aérofrein, les deux formant voilure. L’aérofrein est ouvert automatiquement par la force centrifuge et peut aussi être manœuvré par le meunier. Un système similaire a été inventé par Van Riet de Goes (Zélande).
139
+
140
+ Aile profil Dekker avec aérofrein et système patent, moulin De Traanroeier, Oudeschild, Pays-Bas.
141
+
142
+ Aile mixte avec bord d’attaque Van Bussel (à droite) et système Ter Have (à gauche), Winterswijk, Pays-Bas.
143
+
144
+ Système Fok et toile, Admiraal, Pays-Bas.
145
+
146
+ Ailes à système Bilau, Donsbrüggen, Kleve (Allemagne)
147
+
148
+ Les moulins, nécessairement situés en hauteur, étaient aussi des postes d’observation et, grâce aux positions qu’on pouvait donner aux ailes, des moyens de communication, avec leurs messages codés.
149
+
150
+ Les ailes étaient toujours orientées vers le lieu de l'événement.
151
+
152
+ L'orientation du moulin se fait en actionnant le timon, dit aussi la queue du moulin, soit manuellement, soit par traction animale (un âne était souvent préposé à ce travail), soit à l'aide d'un cabestan. Dans les moulins caviers de l’Anjou, l’âne laissé sur la terrasse circulaire indiquait spontanément la direction du vent, en se plaçant à l’opposé, abrité par la tour, là où le vent n’affectait pas ses oreilles sensibles.
153
+
154
+ En 1745, le forgeron anglais Edmund Lee invente un dispositif d’orientation automatique, le fantail, parfois appelé en France « papillon » ou « moulinet d’orientation ». Il s’agit d’ailes disposées perpendiculairement aux ailes principales et solidaires soit de la calotte (dans le cas d’un moulin-tour), soit du corps du moulin dans le cas d’un modèle « chandelier » et reposant alors sur un chemin de roulement au sol. En faisant tourner ce moulin miniature, le vent provoque la rotation de la calotte, jusqu’à ce que, se trouvant parallèle au fil du vent, il cesse de tourner : les ailes principales sont alors face au vent, en position optimale. Le fantail se retrouve principalement en Grande-Bretagne, au Danemark, en Allemagne. Il y en a peu en France, on peut en voir un au moulin de l’Épinay, à La Chapelle-Saint-Florent (Maine-et-Loire), installé en 1928.
155
+
156
+ La transmission du mouvement à l'axe vertical des meules se fait par un engrenage constitué du « rouet », roue solidaire de l'arbre des ailes, munie de dents en bois dur, les alluchons, qui engrènent sur la « lanterne » à fuseaux solidaire de l'axe vertical.
157
+
158
+ Le rouet est entouré dans sa moitié supérieure par le frein : une bande de métal qui maintient des éléments jointifs en bois, formant mâchoire du frein. L’ensemble est maintenu pressé contre le rouet par un contrepoids. Une corde, le hardeau, ou une chaîne permet de relever le contrepoids et donc de libérer le frein pour permettre la libre rotation des ailes. Les éléments du frein en bois sont de section plus large que celle du rouet. Par l’usure, il se crée un creux qui augmente la surface de contact et donc l’efficacité du freinage. Pour assurer l’immobilité totale des ailes, on bloque une des ailes au moyen de deux pieux fourchus assujettis au sol. D’autres moyens sont possibles en fonction du type et de l’architecture du moulin.
159
+
160
+ Les ultimes types d’ailes développées principalement aux Pays-Bas incluent des aérofreins, comme sur les ailes d’avion, actionnés automatiquement par la force centrifuge afin de réguler l’allure dans les vents forts. L’inconvénient est qu’ils perdent toute efficacité lorsque le meunier actionne le frein principal pour arrêter le moulin. Pour cela, certains aérofreins pouvaient aussi être actionnés manuellement de l’intérieur.
161
+
162
+ La meule unique est directement actionnée par l’arbre vertical. Lorsqu’il y a plusieurs meules fonctionnant simultanément, elles sont actionnées par un système d’engrenages à partir de l’arbre vertical.
163
+
164
+ La disposition et l’emplacement des différents organes, principaux et accessoires, dépendent du type de moulin. Dans les moulins chandeliers, l’essentiel est situé dans le corps du moulin. Dans le moulin cavier, la transmission est dans la hucherolle, les meules dans la base maçonnée. C’est dans les moulins-tour que les variations sont possibles : dans la majorité des cas, les meules se trouvent en bas de la tour, mais elles peuvent se trouver en position haute, dans un étage, la base de la tour servant alors au stockage des grains et de la farine, parfois même au logement du meunier. Dans les moulins servant au pompage de l’eau, la partie basse abrite le dispositif d’élévation de l’eau, le plus souvent une vis d’Archimède.
165
+
166
+ Les moulins, comme l'indique leur nom, ont d'abord servi à moudre les céréales et autres grains. Ils ont servi aussi à pomper l'eau (pompe à vent), soit pour assécher les zones marécageuses et les polders, soit pour assurer l'irrigation. On les a utilisés pour produire de l'huile, du jus de canne à sucre (Guadeloupe), du plâtre, ainsi que pour le foulage des textiles, ou pour actionner des scieries (scie à vent).
167
+
168
+ Pompe à vent américaine.
169
+
170
+ Moulin actionnant le système de ventilation de la prison de Newgate par Stephen Hales, 1750
171
+
172
+ Éolienne Bollée de relevage d'eau sur son château d'eau, lieu-dit « Le Clône », Région de Pons Charente-Maritime, France
173
+
174
+ Éolienne Bollée, 1901, à Souilly, France, utilisée pour le relevage des eaux
175
+
176
+ Dans le cadre du développement des énergies renouvelables, un moulin à vent peut être restauré et transformé, afin de produire de l'électricité. Il est à noter, que dans ce cas, il est nécessaire de disposer d'un moulin de type « tour », qui permet le positionnement automatique dans le sens du vent, sans alimentation électrique auxiliaire.
177
+
178
+ Des aides financières, pour produire de l’électricité avec un moulin à vent, peuvent être obtenues, ainsi que des avantages fiscaux (crédit d'impôt) sur le coût du matériel, et une TVA à taux réduit[14].
179
+
180
+ le moulin de Maud Foster Tower windmill à Boston dans le comté Lincolnshire mesurant 24.4 mètre est un patrimoine et musée de la ville.
181
+
182
+ Moulins de Consuegra
183
+
184
+ Campo de Criptana
185
+
186
+ Moulins à Mykonos
187
+
188
+ éoliennes sur le plateau du Lassithi
189
+
190
+ Moulin de Montefiore
191
+
192
+ Les Pays-Bas sont le pays qui compte le plus de moulins (plus de 1100) équipés des systèmes les plus modernes. Nombre d'entre eux sont encore en activité notamment pour réguler le niveau d'eau des polders.
193
+
194
+ Le moulin de Gooyer et la brasserie 't IJ à Amsterdam
195
+
196
+ Kinderdijk
197
+
198
+ Moulin "De Put" à Leyde
199
+
200
+ Moulin "De Valk" à Leyde
201
+
202
+ Le Portugal possède un très grand nombre de moulins. il s’agit le plus souvent d’un moulin-tour cylindrique, avec toiture conique. Particularité : des poteries accrochées aux ailes produisent en tournant un sifflement avertisseur et indicateur de la vitesse de rotation.
203
+
204
+ Ericeira
205
+
206
+ Ericeira, détail des ailes avec les poteries
207
+
208
+ En Russie plusieurs moulins se trouvent dans les écomusées divers.
209
+
210
+ Écomusée de Kiji
211
+
212
+ Écomusée de Souzdal
213
+
214
+ Écomusée Vitoslavlitsi à Novgorod
215
+
216
+ L'Isle-aux-Coudres, Québec (Canada)
217
+
218
+ La position « en vue », leur présence dans le paysage et dans la vie quotidienne, la personnalité du meunier, personnage à part, ont fait des moulins à vent un élément fréquent de la littérature.
219
+
220
+ Moulin à vent d'Alphonse Daudet (Alpilles)
221
+
222
+ Moulins en Hollande, d'Armand Guillaumin (1904).
223
+
224
+ Champs de tulipes en Hollande de Claude Monet
225
+
226
+ Paysage avec moulins près de Haarlem, de Jacob van Ruisdael
227
+
228
+ Le Moulin de Rembrandt
229
+
230
+ Moulins à Montmartre de Vincent van Gogh
231
+
232
+ Le Moulin de la Galette, de Vincent Van Gogh
233
+
234
+ Paysage avec un moulin près de Schiedam, de Johan Hendrik Weissenbruch
235
+
236
+ Le Moulin près de Wijk bij Duurstede, de Jacob van Ruisdael
237
+
238
+ Moulin à vent à Opprebais, Brabant Wallon, Belgique
239
+
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2
+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
4
+
5
+ Un moulin est une machine à moudre, à l'origine avec une ou plusieurs meules, principalement les grains de céréales récoltées afin de les transformer en poudre plus ou moins grossière ou farine. Le mot désigne aussi, par extension ou par analogie, toute machine propre à moudre, à broyer, piler, pulvériser diverses matières alimentaires ou para-alimentaires du type semoules, épices moulues, sel fin, sucre, café ou cacao à réduire en poudre, etc., voire pour seulement les fragmenter ou pour faciliter l'extraction ultérieure de certains corps liquides présents, comme les huiles de navette, de colza, d'olives, de noix, obtenues ensuite par pression des pulpes ou chairs.
6
+
7
+ Le terme s'applique aussi pour des matières diverses, minérales, textiles ou fibreuses sans rapport avec l'alimentation (plâtre, gypse, fibres textiles, papier, tabac, etc.).
8
+
9
+ Le mot provient du latin médiéval molinum, qui peut être compris comme une altération du mot latin classique mǒlīna,æ de genre féminin signifiant « moulin », issu lui-même du mot féminin mǒla,æ, c'est-à-dire la meule (tournante), la grande meule, la meule de moulin, mais aussi au sens complet de moulin, surtout si le mot a la marque du pluriel, soient molæ, molārum et même la « farine sacrée » ou mola, dédiée à la déesse semi-légendaire des moulins, nommée Mǒla. Un moulin dans le monde gréco-romain est en premier lieu un moulin à farine.
10
+
11
+ Les activités de broyage de matière peuvent être dangereuses, du fait de la plus grande inflammabilité des poussières ou matières finement divisées à l'air. Aussi les moulins ont-ils été placés à distance respectable des habitations, étables et réserves de nourriture.
12
+
13
+ Le moulin désigne pour nos historiens modernes une installation pré-industrielle ou semi-industrielle, du fait de la confusion initiée par le « droit de moulinage », qui correspond initialement au droit (payable ou achetable au seigneur) de faire tourner des meules à partir d'une prise d'eau, mais s'est étendu abusivement au droit de capter la force motrice pour une installation quelconque.
14
+
15
+ Par métonymie, le mot « moulin » sert également à désigner un moteur hydraulique, c'est-à-dire l'installation comprenant une roue mue par la force hydraulique et animant par exemple des meules à farine ou à huile mais aussi des foulons, des installations qui travaillent des végétaux (fibres pour tissus ou papier) ou bien des métaux (martinets), ou encore des pompes d’irrigation ou d'exhaure (dans les mines).
16
+ Aujourd'hui, par extension, le terme désigne toute l’installation qui anime et abrite les mécanismes tels qu'une pompe, un générateur ou tout autre mécanisme rotatif, mu à l'origine par une force liée à une prise hydraulique.
17
+
18
+ Le moulangeur, amoulangeur ou emmoulageur est le fabricant de meules et par extension le charpentier spécialisé dans la fabrication des moulins[1].
19
+
20
+ Dans l’Antiquité, les petites meules privées sont composées de deux meules, une meule base inférieure ou support stable d'une meule tournante ou supérieures, tournées par la force humaine, ce sont des meules à bras. L’énergie apportée par les serviteurs ou servantes est d'origine musculaire. Ces meules, très souvent en pierre dure de type rhyolithe, ont un diamètre qui dépasse rarement le mètre.
21
+
22
+ Dans le monde gréco-romain, les moulins ou molæ, munis de meules plus monumentales et lourdes, de quelques mètres de diamètre, se caractérisent surtout par des mécanismes rudimentaires actionnés par une chute d'eau, par exemple l’écoulement de l’eau sur une roue à palettes, qui nécessite l'aménagement d'un canal de dérivation à partir d'une rivière ou d'une étang de retenue. Il semble que ce soit rarement ou par défaut de prises hydrauliques, que la traction animale et/ou humaine d'esclaves soient employés, ce qui ont été décrits parfois comme un « moulin à sang »[2].
23
+
24
+ Déjà, dans le monde gallo-romain, le moulin réduit les grains de céréales en farine, comme ce sera le cas du « moulin bladier » (du vieux français bled, désignant les blés de manière générique). Il peut aider, tout en divisant et pressant la matière, à extraire le jus ou le suc de divers produits végétaux, comme les différents moulins pour faciliter le pressage des matières grasses en huiles, ou des pommes en jus de pomme pour obtenir par fermentation le cidre ou encore pour diviser ou broyer finement les écorces de chêne afin d'obtenir du tan, contenant un tanin, nécessaire autrefois au tannage des peaux. Il existe ainsi des moulins à cidre, des moulins à tan utilisés en tannerie, etc. Mais déj�� le moulin romain peut réguler les eaux des milieux humides, puiser de l'eau d'un point plus bas et l'envoyer dans des canaux d'évacuation.
25
+
26
+ Les techniques médiévales peuvent faire tourner des moulins avec des modestes sources d'eau. Mais très souvent, en absence de canaux suffisamment larges, il est impossible de transporter la lourde meule. L'archéologie des régions montagneuses prouve que la plupart des meules ont été taillées sur place ou à distance très faible du lieu où a été édifié le moulin. Ainsi, parfois, on taillait avec prudence et finesse la lourde meule dormante, et on hissait au-dessus la meule tournante, également préparée avec finesse et préalablement percée en son centre pour faire advenir entre les meules la matière à moudre. Le mécanisme ne concernait que la partie haute. Les constructeurs détournaient simplement le réseau d'amenée d'eau pour le faire arriver à proximité du lieu de taille ou de préparation des pierres. Comme le disaient certains vieux proverbes montagnards, « c'est la meule qui fait le moulin ».
27
+
28
+ Les progrès techniques médiévaux ont apporté la roue à aubes plus perfectionnée, qui anima les moulins et fournit la force motrice des premières industries. Les moulins mus par l'eau constituent un exemple de moteur hydraulique. Sur les plateaux iraniens désertiques, au IXe siècle, le moulin s'est adapté à l’énergie du vent soufflant sur leurs ailes voilées. Ces moulins, basés sur un écoulement d'air libre comme sur un flux d'eau sont néanmoins caractérisés par une faible efficacité énergétique du fait de l'échauffement du aux frictions mécaniques. Ils feront l'objet de progrès techniques qui conduiront ultérieurement à l'apparition des turbines.
29
+
30
+ De nos jours, quelques moulins historiques existent encore[3] ; les sites de nombreux anciens moulins ont été reconvertis au XIXe siècle pour fournir de l'énergie à d'autres activités (tissages…) et certains de ces sites sont aujourd'hui équipés pour produire de l’électricité.
31
+
32
+ Le mot moulin s'emploie aussi pour désigner certains objets domestiques, lointains héritiers des meules à bras, destinés à broyer une substance pour un usage culinaire : moulin à café, moulin à poivre.
33
+
34
+ Les moulins pouvaient broyer des substances diverses, outre les moulins à farine :
35
+
36
+ D'autres types de classification des moulins existent : moulin à vent, moulin à eau, moulin à marée, moulin à rodet, etc..
37
+
38
+ La molinologie est la science et l'étude des moulins. Selon Claude Rivals, ce terme serait un néologisme inventé en 1965 par un savant portugais qui a organisé le premier symposium européen sur l’histoire des moulins et de leurs techniques.
39
+
40
+ Par analogie, en raison du mouvement de rotation qui caractérise ces objets, le mot « moulin » est aussi utilisé dans l'expression « moulin à prières », ainsi que familièrement pour désigner un moteur, particulièrement un moteur d'automobile.
41
+
42
+ Au Ier siècle av. J.-C., Vitruve dans son De architectura décrit le principe du moulin à eau actionnant une meule grâce à un système de transmission par engrenage vertical (moulin à rodet) et horizontal[5]. Des moulins plus petits mis en rotation par la traction animale ont été retrouvés à Pompéi et à Ostie.
43
+
44
+ L’apparition massive des moulins dans les sources d’archives à partir du XIe siècle est de longue date un thème classique de l’histoire du Moyen Âge. En 1935 déjà, Marc Bloch mettait en évidence l’importance du moulin dans le système économique et social médiéval[6]. Le moulin, en effet, devient un enjeu économique important, puisque le pouvoir seigneurial oblige progressivement ses dépendants à recourir exclusivement, moyennant une taxe importante, au moulin banal. Ces installations se multiplient au XIIIe siècle et la monétarisation de l’économie tend à augmenter la valeur marchande de ces équipements. La possession des moulins et le contrôle des cours d’eau qui les alimentent prennent donc une importance croissante à une époque caractérisée par l'ambition seigneuriale de toujours mieux délimiter et contrôler l’espace[7].
45
+
46
+ Techniquement, le moulin a considérablement évolué durant le Moyen Âge. Ces mécanismes sont utilisés à des fonctions de plus en plus diversifiées et la variété des aménagements hydrauliques qui leur sont associés ne cesse de croître. En majorité destinés aux blés, ils sont équipés de roues horizontales entraînées par une pirouette (en France on les rencontrent en Occitanie, au Pays basque, en Corse et dans le Finistère[8]), plus couramment verticales (recevant l’eau au-dessous ou au-dessus). Ces derniers, les plus puissants, sont aussi les plus coûteux du fait de l’engrenage dont ils sont pourvus. Tous sont installés sur la berge d’un bief ou d’un cours d’eau, ou encore sur une embarcation (moulin à nef). Les meules actionnées par la force hydraulique peuvent moudre le blé mais aussi écraser les graines d’œillette, les plantes tinctoriales, broyer le minerai.
47
+
48
+ À la fin du XIe siècle, plus largement au XIIe siècle, l’usage de plus en plus courant de l’arbre à cames qui transforme le mouvement rotatif en alternatif aboutit à la diffusion des moteurs hydrauliques industriels qui pilent et martèlent : moteurs à foulon, à tan, à fer, puis au cours du XIIIe siècle, à papier. Sur les côtes anglaises et des Pays-Bas au Portugal, les moulins à marée sont fréquents à partir du XIIe siècle. Dans le même temps, la force du vent est maîtrisée pour moudre des céréales dans les moulins sur pivot puis dans des moulins-tours. Pour certaines activités, l'usage du moulin à sang (énergie humaine et animale) domine encore à la fin du Moyen Âge : c’est le cas pour le broyage des olives.
49
+
50
+ En France, sous l'Ancien Régime, le moulin, comme le pressoir ou le four à pain étaient soumis aux droits banals. Ils étaient construits et entretenus par le seigneur et les habitants (censitaires) étaient contraints de l'utiliser, contre paiement de surcroît. C'était une forme de monopole. Dans le droit communal ces biens sont partagés entre les citoyens. C'est la Révolution de 1789 qui abolit ces privilèges seigneuriaux.
51
+
52
+ Sous le régime seigneurial, au Québec, seul le moulin à farine était soumis au droit de banalité. Ce droit a été aboli en 1854.
53
+
54
+ En français, celui qui fait tourner un « moulin » est un « meunier ».
55
+
56
+ Le moulin est un lieu de rencontre et d'échange traditionnel. C'est aussi une adresse bien connue, souvent isolée pour cause de danger d'incendie, et c'est pourquoi il peut parfois expliquer, après disparition du nom de famille spécifique peut-être trop commun du meunier, une dénomination patronymique. Ainsi les patronymes correspondants , assez répandus, comme Moulin, Dumoulin, Meunier, Lemeunier, voire localement Monnier, Lemonnier, ou les variantes selon les langues régionales : molinièr (prononcer « moulinié » [muliˈɲe] ou molièr prononcer « moulié » [muˈʎe]) en langue d'oc, müller en alsacien, etc.
57
+
58
+ En Provence, avec la production de la garance des teinturiers, les moulins étaient approvisionnés par les garanciers, ou les garanceurs.
59
+
60
+ Dans la tradition populaire, les meuniers ont une certaine réputation et la belle qui s’endort au tic-tac du moulin y est une histoire très répandue. Lorsqu’elle se réveille, « son petit sac est plein, elle a la mouture plein la main ». Il y a souvent une vieille qui arrive alors, à qui le meunier refuse le même service[9].
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62
+ Meunier tu dors est une chanson traditionnelle française qui évoque les risques liés au moulin qui tourne trop vite (explosion due aux étincelles et aux fines particules, casse des ailes). Elle illustre aussi bien la tâche difficile qui attendait le meunier du moulin à vent : il lui fallait travailler 24 heures sur 24 pour profiter du vent, et il devait surveiller sans cesse les caprices du vent pour changer l'orientation des ailes au besoin.
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Un moulin est une machine à moudre, à l'origine avec une ou plusieurs meules, principalement les grains de céréales récoltées afin de les transformer en poudre plus ou moins grossière ou farine. Le mot désigne aussi, par extension ou par analogie, toute machine propre à moudre, à broyer, piler, pulvériser diverses matières alimentaires ou para-alimentaires du type semoules, épices moulues, sel fin, sucre, café ou cacao à réduire en poudre, etc., voire pour seulement les fragmenter ou pour faciliter l'extraction ultérieure de certains corps liquides présents, comme les huiles de navette, de colza, d'olives, de noix, obtenues ensuite par pression des pulpes ou chairs.
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+ Le terme s'applique aussi pour des matières diverses, minérales, textiles ou fibreuses sans rapport avec l'alimentation (plâtre, gypse, fibres textiles, papier, tabac, etc.).
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+ Le mot provient du latin médiéval molinum, qui peut être compris comme une altération du mot latin classique mǒlīna,æ de genre féminin signifiant « moulin », issu lui-même du mot féminin mǒla,æ, c'est-à-dire la meule (tournante), la grande meule, la meule de moulin, mais aussi au sens complet de moulin, surtout si le mot a la marque du pluriel, soient molæ, molārum et même la « farine sacrée » ou mola, dédiée à la déesse semi-légendaire des moulins, nommée Mǒla. Un moulin dans le monde gréco-romain est en premier lieu un moulin à farine.
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+ Les activités de broyage de matière peuvent être dangereuses, du fait de la plus grande inflammabilité des poussières ou matières finement divisées à l'air. Aussi les moulins ont-ils été placés à distance respectable des habitations, étables et réserves de nourriture.
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+ Le moulin désigne pour nos historiens modernes une installation pré-industrielle ou semi-industrielle, du fait de la confusion initiée par le « droit de moulinage », qui correspond initialement au droit (payable ou achetable au seigneur) de faire tourner des meules à partir d'une prise d'eau, mais s'est étendu abusivement au droit de capter la force motrice pour une installation quelconque.
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+ Par métonymie, le mot « moulin » sert également à désigner un moteur hydraulique, c'est-à-dire l'installation comprenant une roue mue par la force hydraulique et animant par exemple des meules à farine ou à huile mais aussi des foulons, des installations qui travaillent des végétaux (fibres pour tissus ou papier) ou bien des métaux (martinets), ou encore des pompes d’irrigation ou d'exhaure (dans les mines).
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+ Aujourd'hui, par extension, le terme désigne toute l’installation qui anime et abrite les mécanismes tels qu'une pompe, un générateur ou tout autre mécanisme rotatif, mu à l'origine par une force liée à une prise hydraulique.
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+ Le moulangeur, amoulangeur ou emmoulageur est le fabricant de meules et par extension le charpentier spécialisé dans la fabrication des moulins[1].
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+ Dans l’Antiquité, les petites meules privées sont composées de deux meules, une meule base inférieure ou support stable d'une meule tournante ou supérieures, tournées par la force humaine, ce sont des meules à bras. L’énergie apportée par les serviteurs ou servantes est d'origine musculaire. Ces meules, très souvent en pierre dure de type rhyolithe, ont un diamètre qui dépasse rarement le mètre.
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+ Dans le monde gréco-romain, les moulins ou molæ, munis de meules plus monumentales et lourdes, de quelques mètres de diamètre, se caractérisent surtout par des mécanismes rudimentaires actionnés par une chute d'eau, par exemple l’écoulement de l’eau sur une roue à palettes, qui nécessite l'aménagement d'un canal de dérivation à partir d'une rivière ou d'une étang de retenue. Il semble que ce soit rarement ou par défaut de prises hydrauliques, que la traction animale et/ou humaine d'esclaves soient employés, ce qui ont été décrits parfois comme un « moulin à sang »[2].
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+ Déjà, dans le monde gallo-romain, le moulin réduit les grains de céréales en farine, comme ce sera le cas du « moulin bladier » (du vieux français bled, désignant les blés de manière générique). Il peut aider, tout en divisant et pressant la matière, à extraire le jus ou le suc de divers produits végétaux, comme les différents moulins pour faciliter le pressage des matières grasses en huiles, ou des pommes en jus de pomme pour obtenir par fermentation le cidre ou encore pour diviser ou broyer finement les écorces de chêne afin d'obtenir du tan, contenant un tanin, nécessaire autrefois au tannage des peaux. Il existe ainsi des moulins à cidre, des moulins à tan utilisés en tannerie, etc. Mais déj�� le moulin romain peut réguler les eaux des milieux humides, puiser de l'eau d'un point plus bas et l'envoyer dans des canaux d'évacuation.
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+ Les techniques médiévales peuvent faire tourner des moulins avec des modestes sources d'eau. Mais très souvent, en absence de canaux suffisamment larges, il est impossible de transporter la lourde meule. L'archéologie des régions montagneuses prouve que la plupart des meules ont été taillées sur place ou à distance très faible du lieu où a été édifié le moulin. Ainsi, parfois, on taillait avec prudence et finesse la lourde meule dormante, et on hissait au-dessus la meule tournante, également préparée avec finesse et préalablement percée en son centre pour faire advenir entre les meules la matière à moudre. Le mécanisme ne concernait que la partie haute. Les constructeurs détournaient simplement le réseau d'amenée d'eau pour le faire arriver à proximité du lieu de taille ou de préparation des pierres. Comme le disaient certains vieux proverbes montagnards, « c'est la meule qui fait le moulin ».
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+ Les progrès techniques médiévaux ont apporté la roue à aubes plus perfectionnée, qui anima les moulins et fournit la force motrice des premières industries. Les moulins mus par l'eau constituent un exemple de moteur hydraulique. Sur les plateaux iraniens désertiques, au IXe siècle, le moulin s'est adapté à l’énergie du vent soufflant sur leurs ailes voilées. Ces moulins, basés sur un écoulement d'air libre comme sur un flux d'eau sont néanmoins caractérisés par une faible efficacité énergétique du fait de l'échauffement du aux frictions mécaniques. Ils feront l'objet de progrès techniques qui conduiront ultérieurement à l'apparition des turbines.
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+ De nos jours, quelques moulins historiques existent encore[3] ; les sites de nombreux anciens moulins ont été reconvertis au XIXe siècle pour fournir de l'énergie à d'autres activités (tissages…) et certains de ces sites sont aujourd'hui équipés pour produire de l’électricité.
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+ Le mot moulin s'emploie aussi pour désigner certains objets domestiques, lointains héritiers des meules à bras, destinés à broyer une substance pour un usage culinaire : moulin à café, moulin à poivre.
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+ Les moulins pouvaient broyer des substances diverses, outre les moulins à farine :
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+ D'autres types de classification des moulins existent : moulin à vent, moulin à eau, moulin à marée, moulin à rodet, etc..
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+ La molinologie est la science et l'étude des moulins. Selon Claude Rivals, ce terme serait un néologisme inventé en 1965 par un savant portugais qui a organisé le premier symposium européen sur l’histoire des moulins et de leurs techniques.
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+ Par analogie, en raison du mouvement de rotation qui caractérise ces objets, le mot « moulin » est aussi utilisé dans l'expression « moulin à prières », ainsi que familièrement pour désigner un moteur, particulièrement un moteur d'automobile.
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+ Au Ier siècle av. J.-C., Vitruve dans son De architectura décrit le principe du moulin à eau actionnant une meule grâce à un système de transmission par engrenage vertical (moulin à rodet) et horizontal[5]. Des moulins plus petits mis en rotation par la traction animale ont été retrouvés à Pompéi et à Ostie.
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+ L’apparition massive des moulins dans les sources d’archives à partir du XIe siècle est de longue date un thème classique de l’histoire du Moyen Âge. En 1935 déjà, Marc Bloch mettait en évidence l’importance du moulin dans le système économique et social médiéval[6]. Le moulin, en effet, devient un enjeu économique important, puisque le pouvoir seigneurial oblige progressivement ses dépendants à recourir exclusivement, moyennant une taxe importante, au moulin banal. Ces installations se multiplient au XIIIe siècle et la monétarisation de l’économie tend à augmenter la valeur marchande de ces équipements. La possession des moulins et le contrôle des cours d’eau qui les alimentent prennent donc une importance croissante à une époque caractérisée par l'ambition seigneuriale de toujours mieux délimiter et contrôler l’espace[7].
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+ Techniquement, le moulin a considérablement évolué durant le Moyen Âge. Ces mécanismes sont utilisés à des fonctions de plus en plus diversifiées et la variété des aménagements hydrauliques qui leur sont associés ne cesse de croître. En majorité destinés aux blés, ils sont équipés de roues horizontales entraînées par une pirouette (en France on les rencontrent en Occitanie, au Pays basque, en Corse et dans le Finistère[8]), plus couramment verticales (recevant l’eau au-dessous ou au-dessus). Ces derniers, les plus puissants, sont aussi les plus coûteux du fait de l’engrenage dont ils sont pourvus. Tous sont installés sur la berge d’un bief ou d’un cours d’eau, ou encore sur une embarcation (moulin à nef). Les meules actionnées par la force hydraulique peuvent moudre le blé mais aussi écraser les graines d’œillette, les plantes tinctoriales, broyer le minerai.
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+ À la fin du XIe siècle, plus largement au XIIe siècle, l’usage de plus en plus courant de l’arbre à cames qui transforme le mouvement rotatif en alternatif aboutit à la diffusion des moteurs hydrauliques industriels qui pilent et martèlent : moteurs à foulon, à tan, à fer, puis au cours du XIIIe siècle, à papier. Sur les côtes anglaises et des Pays-Bas au Portugal, les moulins à marée sont fréquents à partir du XIIe siècle. Dans le même temps, la force du vent est maîtrisée pour moudre des céréales dans les moulins sur pivot puis dans des moulins-tours. Pour certaines activités, l'usage du moulin à sang (énergie humaine et animale) domine encore à la fin du Moyen Âge : c’est le cas pour le broyage des olives.
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+ En France, sous l'Ancien Régime, le moulin, comme le pressoir ou le four à pain étaient soumis aux droits banals. Ils étaient construits et entretenus par le seigneur et les habitants (censitaires) étaient contraints de l'utiliser, contre paiement de surcroît. C'était une forme de monopole. Dans le droit communal ces biens sont partagés entre les citoyens. C'est la Révolution de 1789 qui abolit ces privilèges seigneuriaux.
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+ Sous le régime seigneurial, au Québec, seul le moulin à farine était soumis au droit de banalité. Ce droit a été aboli en 1854.
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+ En français, celui qui fait tourner un « moulin » est un « meunier ».
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+ Le moulin est un lieu de rencontre et d'échange traditionnel. C'est aussi une adresse bien connue, souvent isolée pour cause de danger d'incendie, et c'est pourquoi il peut parfois expliquer, après disparition du nom de famille spécifique peut-être trop commun du meunier, une dénomination patronymique. Ainsi les patronymes correspondants , assez répandus, comme Moulin, Dumoulin, Meunier, Lemeunier, voire localement Monnier, Lemonnier, ou les variantes selon les langues régionales : molinièr (prononcer « moulinié » [muliˈɲe] ou molièr prononcer « moulié » [muˈʎe]) en langue d'oc, müller en alsacien, etc.
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+ En Provence, avec la production de la garance des teinturiers, les moulins étaient approvisionnés par les garanciers, ou les garanceurs.
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+ Dans la tradition populaire, les meuniers ont une certaine réputation et la belle qui s’endort au tic-tac du moulin y est une histoire très répandue. Lorsqu’elle se réveille, « son petit sac est plein, elle a la mouture plein la main ». Il y a souvent une vieille qui arrive alors, à qui le meunier refuse le même service[9].
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+ Meunier tu dors est une chanson traditionnelle française qui évoque les risques liés au moulin qui tourne trop vite (explosion due aux étincelles et aux fines particules, casse des ailes). Elle illustre aussi bien la tâche difficile qui attendait le meunier du moulin à vent : il lui fallait travailler 24 heures sur 24 pour profiter du vent, et il devait surveiller sans cesse les caprices du vent pour changer l'orientation des ailes au besoin.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La mort est l'état irréversible d'un organisme biologique ayant cessé de vivre. Cet état se caractérise par une rupture définitive dans la cohérence des processus vitaux (nutrition, respiration…) de l'organisme considéré.
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+ Au niveau cellulaire, la mort désigne l’arrêt des fonctions de base d’une cellule. Au sein de communautés pluricellulaires, cette mort peut être accidentelle (nécrose) ou régulée, voire programmée (apoptose).
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+ Chez l'être humain, le fait que le cœur puisse arrêter de battre pendant un moment avant d’être réanimé pose la question de la limite, ou de la transition entre vie et mort. Face à cette question, l’Organisation mondiale de la santé animale considère la mort comme « la disparition irréversible de l’activité cérébrale mise en évidence par la perte des réflexes du tronc cérébral »[2] : elle adopte ainsi une définition de la mort en tant que mort cérébrale, par distinction avec un simple arrêt cardiorespiratoire, état qualifié de « mort clinique ».
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+ D'un point de vue médico-légal la mort d'un être humain est le moment où le corps commence à se décomposer, à partir de l'instant où toutes les fonctions vitales sont suspendues : arrêt du cœur, de la respiration, du flux sanguin, des activités cérébrales, etc. Médicalement, certains états mènent irrémédiablement à la mort, alors même que les cellules et certains organes continuent à remplir leurs fonctions. C’est le cas de la mort cérébrale constatée dans certains cas de coma.
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+ Cette définition légale est importante, car c’est elle qui va permettre des actes tels que le prélèvement d'organes pour la transplantation : la mort légale précède en ce cas la mort physiologique. On maintient ainsi des personnes en état de mort cérébrale sous respiration artificielle, lorsque le cœur continue à battre spontanément : cela permet de maintenir les organes en bon état en vue d’un prélèvement. Certains pays autorisent le prélèvement d'organes à cœur arrêté. Cette pratique est controversée.
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+ Dans la plupart des cas, le décès est constaté par un médecin par des signes cliniques caractérisant un arrêt cardiorespiratoire prolongé. Cela peut être un échec des tentatives de réanimation cardiopulmonaire par une équipe médicale, ou bien la constatation par un médecin généraliste à domicile pour une personne que l’on sait en fin de vie (personne âgée ou bien souffrant d’une maladie diagnostiquée).
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+ La mort biologique résulte de l’incapacité permanente d’un organisme à résister aux modifications imposées par son environnement[réf. nécessaire]. Cette définition permet de définir en miroir aussi ce qu’est la vie (dans sa définition la plus large) : la capacité à maintenir son intégrité malgré la pression de l’environnement (homéostasie)[réf. nécessaire].
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19
+ En termes d’entropie (niveau de désorganisation), il s’agit pour l’organisme de maintenir localement une entropie basse. Or l’entropie d'un système fermé ne peut qu’être stable ou augmenter d’après les principes de la thermodynamique. L’organisme doit donc puiser dans son environnement, d’où la nécessité de respirer, etc. La mort intervient quand l’organisme ne peut plus puiser et maintenir son entropie basse. La principale source d’énergie sur Terre est la lumière du soleil qui permet la photosynthèse.
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+ Certains animaux, sociaux et coloniaux notamment ont des comportements particuliers à l'égard des cadavres de leurs homologues (ex : nécrophorèse observée chez les fourmis, guêpes, abeilles coloniales).
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+ On ne peut se contenter de la définition donnée plus haut pour les organismes unicellulaires, tels que les bactéries, levures, les champignons unicellulaires. En effet, ces organismes possèdent une forme de résistance aux variations de conditions extérieures : la spore. Pour ces organismes, le critère de la vie devient le suivant : la membrane cellulaire est intègre et sépare un milieu intérieur de composition différente du milieu extérieur. La mort est donc causée par la rupture de la membrane. La présence de cette forme de résistance explique la différence entre la pasteurisation et la stérilisation, seul ce dernier traitement tuant les spores.
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+ Les organismes unicellulaires meurent aussi de « vieillesse ». Cela est assez bien documenté dans le cas des levures saccharomyces sp. Une cellule mère donne par division deux cellules filles. On a toujours pensé que ces cellules filles sont identiques entre elles. Ce n’est pas le cas. Il existe en effet sur l’une des cellules une cicatrice visible sur la membrane et reflet de la division qui vient de se produire. Au-delà d’un certain nombre de ces cicatrices, la cellule ne peut plus se diviser : elle mourra de « vieillesse ».
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+ Les virus se situent dans l’inerte. Ainsi, la question de la catégorisation d’un virus parmi les organismes vivants n’étant pas tranchée de manière satisfaisante, il est impossible de se prononcer sur la mort d’un virus en général, car il a besoin d'un autre être vivant pour survivre.
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+ Cela dit, il existe différents types de virus, se situant plus ou moins du côté du vivant ou de celui de l’inerte. Les virus sont souvent résumés à une séquence génétique encapsulée par une membrane biologique ayant la propriété de se fondre avec celle des cellules infectées. Ces virus peuvent être comparés à des livres que les cellules sont capables de lire et retranscrire, le texte étant le code génétique. Ils seraient donc, d’un point de vue biologique, plutôt du côté de l’inerte. Par contre, le virus ATV (Acidianus Two-tailed Virus) quand il sort de la cellule qui l’a produit, a une forme de citron et deux bras lui poussent à chaque extrémité. C’est un processus actif, ce qui fait que ce virus est plus du côté du vivant que de l’inerte[3]. Quant au virus mimivirus, il contient un code génétique plus important que certaines bactéries, et en même temps de l’ADN et de l’ARN.
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+
31
+ Les médicaments antiviraux se contentent d’empêcher les virus de se multiplier, par interférence avec la réplication du matériel génétique, formation de la capside ou prévention de la formation de virus complets. La prévention de l’encapsidation du code génétique du virus, ARN ou ADN, dans la capside virale est donc une manière d’inactiver un virus. Dès que les conditions sont à nouveau réunies (présence d’une cellule hôte, absence d’antiviraux), le virus se multipliera à nouveau. Le problème se complique par la présence d’une forme silencieuse du virus au cours de laquelle le code génétique du virus s’intègre dans celui de l’hôte parasité. La destruction totale du virus implique la destruction de ce code.
32
+
33
+ Les virus peuvent néanmoins être « détruits », c'est-à-dire que l'information génétique qu'ils contiennent peut être dégradée par des agents physiques (chaleur) ou chimiques. Ces procédés sont utilisés avant d'inoculer un virus (vaccin). Dans ce cas, ce dernier se retrouve complément inactivé et peut être considéré comme « mort ».
34
+
35
+ En paléontologie, la découverte de rites funéraires est un élément important pour déterminer le degré d’éveil social d’un hominidé.
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37
+ Cette conscience de la mort est un moteur de cohésion sociale (s’unir pour résister aux calamités, aux ennemis) et d’action (réaliser quelque chose pour laisser une trace). Elle est un élément important de la réflexion métaphysique. C’est aussi ce qui donne la puissance symbolique à des actes tels que l’homicide et le suicide.
38
+
39
+ La philosophie des Lumières en Europe, incitant à la maîtrise de la nature, suggère l’avènement d’une domination de la dégradation du corps de l’Homme.
40
+
41
+ D'après le Phédon de Platon, la mort est la séparation de l’âme et du Corps. Enfin délivrée de sa prison charnelle, l'Âme immortelle peut librement rejoindre le ciel des Idées, L'Éternité, le domaine des philosophes.
42
+
43
+ Selon Épicure, la mort n'est rien puisque « tant que nous existons la mort n'est pas, et que quand la mort est là nous ne sommes plus. La mort n'a, par conséquent, aucun rapport ni avec les vivants ni avec les morts, étant donnée qu'elle n'est plus rien pour les premiers et que les derniers ne sont plus. » (Lettre à Ménécée).
44
+
45
+ Jankélévitch, dans La Mort, propose quant à lui une réflexion sur la mort d'un point de vue grammatical : « la mort en troisième personne est la mort-en-général, la mort abstraite et anonyme » (c'est la mort du « on »), « la première personne est assurément source d'angoisse [...] En première personne, la mort est un mystère qui me concerne intimement et dans mon tout, c'est-à-dire dans mon néant » (la mort du « je »), « il y a le cas intermédiaire et privilégié de la deuxième personne ; entre la mort d'autrui, qui est lointaine et indifférente, et la mort-propre, qui est à même notre être, il y a proximité de la mort du proche » (c'est la mort du « tu »).
46
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47
+ La mort est un sujet qui fascine toutes les sociétés et depuis toujours, qui donne lieu à de nombreuses recherches anthropologiques, au point d'en faire un sous-champ distinct. Pour tenter de répondre à de grandes questions qu'elle soulève, elles ont très souvent recours à l'imaginaire. Yanis Papadaniel[Qui ?] explique que la conception de la « bonne » mort est variable entre chaque société et chaque époque, pouvant prendre différentes formes, à la manière d'un soldat qui meurt au combat, d'un individu pieux qui reçoit un jugement divin positif le faisant entrer au paradis, etc[4].
48
+
49
+ En plus des conceptions idéelles, c'est-à-dire des idées que l'on se fait de la mort, l'anthropologie étudie les pratiques humaines qui l'entourent. Cela peut prendre la forme de l'étude des rites funéraires, comme la manière dont on dispose du corps, des recueillements familiaux ou de la manière dont le deuil est étalé dans le temps. Les recherches anthropologiques sur la mort peuvent également avoir une perspective religieuse, et soulignent un rapport à la mort de plus en plus éloigné des ritualités, voire aseptisé, comme le rapportent Louis-Vincent Thomas[5] ou Philippe Ariès[6].
50
+
51
+ Cet énoncé soulève des débats et des spécialistes comme Jean-Hugues Déchaux[Qui ?][7], Allan Kellehear[Qui ?][8], Tony Walter[Qui ?][9] et C. Seal[Qui ?][10] énoncent plutôt que le rapport à la mort n'est pas plus faible, seulement plus intime en raison de la sécularisation grandissante observée en Occident.
52
+
53
+ Yanis Papadaniel tire pour point commun de ces arguments l'idée suivante : « l’absence d’un code commun en matière de mort ne signifie pas que ces codes n’existent pas à une échelle individuelle et intime »[4]. Plutôt, les familles et individus ont des pratiques funéraires avec un niveau de syncrétisme variable entre différentes traditions religieuses et spirituelles.
54
+
55
+ Thomas Edison projeta la création d'un appareil qui serait censé pouvoir permettre de communiquer avec les morts, en enregistrant leur voix et leurs sons, dénommé nécrophone ou appareil nécrophonique en français[11] (spirit phone en anglais[12]), mais l'appareil resta à l'idée de projet.
56
+
57
+ Dans l'animisme, la mort est perçue comme une continuité, au point que l'on puisse dire qu'il n'y a pas vraiment de mort dans le langage animiste et que le dialogue des « morts » et des vivants se poursuit sans interruption notamment par l'intermédiaire des rêves.
58
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59
+ Un célèbre poème de Birago Diop intitulé Souffles[13] résume cette perception :
60
+
61
+ « Ceux qui sont morts ne sont jamais partis/ Ils sont dans l’Ombre (…) / Les morts ne sont pas sous la Terre:/ Ils sont dans le Bois (…) / dans l’Eau (…) / dans la Foule (…) / Les Morts ne sont pas morts. »
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+
63
+ Pour les Batammariba du Koutammakou (nord du Togo et du Bénin), un être humain doit sa vie au souffle ou âme d'un ancêtre qui a désiré sa naissance. Cet ancêtre lui donne ses "affaires de destin" ou aptitudes. Dès sa venue au monde, les parents ont comme devoir de déceler ces "affaires" afin que, par la suite, l'enfant réalise au mieux ses potentialités. À condition qu'un ancien (ou ancienne) ait été initié au rituel initiatique de la jeunesse - difwani pour les jeunes garçons, dikuntri pour les jeunes filles - les membres du clan célèbrent à son décès le grandiose rite funéraire du tibènti. Au cours de ce rite, le souffle du mort gagne la force de "former" de nouveaux enfants. Pour peu que les parents aient identifié auprès des devins le souffle de l'ancêtre qui a "formé" un nouveau-né, ce souffle veillera sur l'enfant tout au long de sa vie. Cependant, une personne ne devra jamais connaître le nom de cet ancêtre. Autant dire comme Birago Diop "qu'un mort n'est jamais mort". (Source : Le Souffle du mort - La tragédie de la mort chez les Batammariba (Togo, Bénin), Dominique Sewane, collection Terre Humaine, Plon, 2020)
64
+
65
+ Pour les athées la mort ne recèle aucun mystère métaphysique : elle n'est pas plus difficile à appréhender que ne l'est le sommeil profond, et il n'existe pas plus de vie après la mort qu'avant la naissance.
66
+
67
+ Selon le philosophe grec Épicure, cité par Montaigne :
68
+
69
+ « Le plus effrayant des maux, la mort, ne nous est rien, disais-je : quand nous sommes, la mort n’est pas là, et quand la mort est là, c’est nous qui ne sommes pas[14]. »
70
+
71
+ « La mort est moins à craindre que rien, s'il y avait quelque chose de moins,
72
+ Elle ne vous concerne ni mort ni vif : vif, parce que vous êtes : mort, par ce que vous n'êtes plus[15]. »
73
+
74
+ Selon Wittgenstein, dans le même esprit, mais deux millénaires plus tard :
75
+
76
+ « La mort n'est pas un événement de la vie. On ne vit pas la mort. Si l'on entend par éternité non la durée infinie mais l'intemporalité, alors il a la vie éternelle celui qui vit dans le présent. Notre vie n'a pas de fin, comme notre champ de vision est sans frontière[16]. »
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+
78
+ La mort n’est qu’un passage d’une vie à l’autre dans le bouddhisme qui ne reconnait ni les concepts de dieu, ni d'âme. Anatta :
79
+
80
+ « Il y a deux idées, psychologiquement enracinées dans l'individu : protection de soi et conservation de soi. Pour la protection de soi, l'homme a créé Dieu duquel il dépend pour sa propre protection, sauvegarde et sécurité, de même qu'un enfant dépend de ses parents. Pour la conservation de soi, l'homme a conçu l'idée d'une âme immortelle ou Ātman qui vivra éternellement. Dans son ignorance, sa faiblesse, sa crainte et son désir, l'homme a besoin de ces deux choses pour se rassurer et se consoler ; c'est pourquoi il s'y cramponne avec fanatisme et acharnement[17]. »
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+
82
+ Le Bardo Thödol (Livre des morts tibétain) décrit les différentes étapes de ce passage d’une vie à une autre vie et constitue une sorte de guide fournissant divers conseils (abandon de l’ego, etc.) pour réussir cette transition.
83
+
84
+ Pour un être éveillé, la mort n’est pas un passage d’une vie à une autre : c'est la fin du conditionnement, donc la fin de toute existence possible (parinirvâna). Le Bouddha refusait de parler de ce qu'il pouvait advenir après la mort. Les croyances respectées par le Bouddhisme permirent d'accepter des croyances diverses. Le Bouddha s'attachait à ce qui était réel, dite vérité ultime et à l'expérimentation, bases de notre libre choix. Conclusion : Si vous voulez savoir ce qui se passe après la mort, demandez le à un mort. Il ne vous répondra pas. Conclusion la mort c'est l'extinction du vivant conséquence de l'impermanence dans un éternel existant.
85
+
86
+ La conséquence de la mort physique est la séparation du corps avec l'âme qui est immortelle[18]. Le corps, quant à lui, doit ressusciter pour se joindre de nouveau à l'âme soit à la Fin des Temps qui est le retour du Christ (résurrection de ceux qui sont morts en Christ, les Bienheureux), soit à la Fin du monde, résurrection de ceux qui sont morts sans Christ (les Damnés) pour le jugement dernier qui est le triomphe final de Dieu et de la vie.
87
+
88
+ Au moment de la mort physique, l'âme du défunt subit un jugement particulier. À la lumière de la vérité de Dieu, elle accepte ou non son amour en pleine liberté. Elle dit oui à la grâce sanctifiante qui lui est offerte par le Christ, ou elle la refuse et se coupe ainsi de la communion avec Dieu et se damne éternellement.[réf. nécessaire] Le purgatoire ne doit pas être compris comme une troisième voie mais bien comme un instrument du salut[19], une « purification, afin d'obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel »[20].
89
+
90
+ Les âmes qui vont au Purgatoire sont privées de la vision de Dieu (la « vision béatifique ») et ressentent le regret de ne pas avoir fait tout le bien possible. Une fois purifiées, ces âmes quittent le Purgatoire pour le Paradis et peuvent enfin « voir Dieu » (les damnés eux ne verront jamais Dieu). Seules les personnes parfaitement pures peuvent entrer directement au Paradis : Jésus, Marie par exemple.
91
+
92
+ Les Protestants ne croient pas à l'existence du Purgatoire. Pour eux, en effet, l'homme choisit de vivre ou non en conformité avec la volonté divine, en reconnaissant Jésus comme son sauveur et Seigneur, et ce avant de passer en jugement ou de voir Dieu face à face :
93
+
94
+ « En effet, Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour condamner le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui met sa confiance en Lui n'est pas condamné, mais celui qui n'a pas foi en Lui est déjà condamné... »
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+
96
+ — Jean 3v17[21]
97
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98
+ L’eschatologie chrétienne a réfléchi sur le sens de la mort et des fins dernières. Il y a un jugement immédiat de l’âme et un jugement dernier collectif afin que les mérites de chacun soient connus de tous[22].
99
+
100
+ L’hindou croit en une vie après la mort — le corps n’étant qu’une enveloppe matérielle temporaire. Lorsque survient le moment de quitter la vie, il est dit que toutes les facultés d'action et de sensations se replient dans le mental (manas), puis le mental se replie dans le souffle (prana) puis le souffle dans l’âme individuelle ou Jivatman et enfin cette dernière retourne au Brahman et atteint la libération ou moksha[23].
101
+
102
+ Cependant, si son karma a accumulé le fruit de trop d’actes négatifs (les mauvaises actions), l’âtman s’incarne dans un nouveau corps sur une planète comme la terre (ou inférieure qui compose l’enfer), afin d’y subir le poids de ses mauvaises actions. Si son karma est positif, il ira vivre comme un dieu, sur l’une des planètes célestes (supérieures à la terre, ou paradis). Une fois épuisé son karma, l’âme retournera sur terre dans un autre corps d'être vivant. Ce cycle est appelé « samsara ». Pour briser ce cycle perpétuel, l’hindou doit vivre de manière que son karma ne soit ni négatif, ni positif, ainsi :
103
+
104
+ « Le Seigneur Bienheureux dit : "Bien que tu tiennes de savants discours, tu t’affliges sans raison. Ni les vivants, ni les morts, le sage ne les pleure." (2.12) "Jamais ne fut le temps où nous n’existions, Moi, toi et tous ces rois ; et jamais aucun de nous ne cessera d’être." »
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+
106
+ — Bhagavad-Gîtâ (II.11 & II. 12)[24]
107
+
108
+ Au moment de la mort l’esprit est séparé du corps. Le non-initié sera alors pris d’une irrésistible envie d’en retrouver un, ce qu’il fera. Par contre, l’initié saura trouver la porte de la libération.
109
+
110
+ Dans l'islam, la conséquence de la mort du corps est la séparation de celui-ci avec l'âme (c'est l'ange de la mort, nommé Malak Al Mawt, qui est chargé de cette tâche). Le corps, quant à lui, doit ressusciter pour se joindre de nouveau à l'âme à la fin des temps lors du Jugement Dernier. Le Coran décrit en détail et mentionne de nombreuses fois la résurrection et le Jugement Dernier.
111
+
112
+ Selon l'Islam, tous les êtres sont destinés à mourir, comme il est indiqué dans la Sourate 3 AL-IMRAN La famille d'Imran, verset 185 : « Toute âme goûtera la mort ». Y compris l'ange de la mort lui-même, qui sera le dernier à mourir, mais à l'exception de Dieu, qui est éternel.
113
+
114
+ Du point de vue du rituel, quand un musulman est au seuil de la mort, il doit prononcer une dernière fois la chahada, le témoignage de Foi. Ceux qui l'assistent dans l'agonie doivent l'inciter à la répéter et lire la sourate 36 YA-SIN au chevet du mourant, car elle incite l'âme à ne pas être tentée par le Diable dans les affres de la mort. Après la mort, le corps est lavé et enveloppé dans des pièces de tissu blanc (Al Kafn), le linceul, par la suite les musulmans font la prière funéraire Salat Al Janaza, de préférence à la mosquée, à la suite de quoi on procède à l’enterrement le plus tôt possible. Le corps est enterré le visage tourné vers La Mecque ou, s'il est dans un cercueil, il est positionné de telle façon que La Mecque se trouve à sa droite. Le rite funéraire consiste à jeter de la terre sur le linceul (s'il n’y pas de cercueil), tandis que les personnes présentes prient et invoquent Dieu pour qu'Il aide le défunt à bien répondre aux questions de Monkir et Nekir, les deux anges qui questionnent les morts dans leur tombe.
115
+
116
+ Dans le jaïnisme, comme dans l'hindouisme, l'âme est soumise au cycle des naissances et des morts. L'âme y est donc une entité distincte qui voyage par-delà les limites et la disparition du corps[25].
117
+
118
+ Dans la religion juive, on considère que la mort est l'arrêt irréversible du battement cardiaque (ou bien la mort cérébrale, selon certains).
119
+
120
+ Lorsqu'une personne meurt, on doit l'enterrer le jour même si possible. Un homme ou une femme (bénévole d'une association, la Hevra Kaddisha, la « confrérie sainte » en français) qui ne connaît pas le défunt, nettoie le corps, soigne les blessures (si le défunt en avait), l’habille d'une robe blanche et couvre la tête du défunt.
121
+
122
+ Ensuite, la levée du corps se déroule en une heure. Le corps du défunt, (couvert des pieds à la tête), est exposé dans un cercueil dans sa maison où à l'hôpital. Seule la famille est autorisée à rester autour du cercueil. À ce moment-là, la personne qui a nettoyé le corps lit les tehillim. Enfin, a lieu l'enterrement. Les amis et la famille se rendent au cimetière, un discours en hommage du défunt est prononcé et des bénédictions sont récitées avant la mise en terre. Lorsque l'on enterre le cercueil, les endeuillés (fils, frères et parents du défunt) jettent de la terre sur le cercueil avant de l'ensevelir. Les endeuillés déchirent alors leur vêtement en signe de deuil et récitent enfin le Kaddish.
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+
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+ La religion juive accorde une importance extrême et un profond respect au défunt. On récitera alors le Kaddish au moins une fois par jour pendant un an à partir de l'enterrement, dans le but de sanctifier le nom divin.
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126
+ Les spirites considèrent que chaque individu existe avant sa naissance et s'incarne sur la Terre pour progresser et vivre une expérience éducative. L'incarnation provoquant une perte temporaire du souvenir des vies antérieures. La mort du corps matériel libère l'esprit éternel de l'homme, qui retourne ensuite dans une « dimension spirituelle » correspondant à son niveau d'avancement[26].
127
+
128
+ Les Témoins de Jéhovah, croient que lors de la mort le corps retourne à la poussière (Ecclésiaste 3:20). La mort pour les Témoins de Jéhovah est donc le contraire de la vie. Les morts n'ont donc aucune activité et ne se rendent compte de rien (Ecclésiaste 9:5,10).
129
+
130
+ L'espérance des Témoins de Jéhovah pour les morts réside en la croyance de la résurrection. Cette résurrection doit avoir lieu sur la terre, lorsque Dieu aura rétabli les conditions originelles (un Paradis). Toute personne, « juste » ou « injuste » doit être ressuscité selon Jean 5:28,29 et Actes 24:15. La résurrection de « jugement » pour les « injustes » sera l'occasion pour eux de démontrer leur volonté de reconnaître Dieu et sa souveraineté.
131
+
132
+ Quelques hommes, les « membres oints » (au nombre de 144 000) iront aux côtés de Jésus Christ afin « d'administrer » les humains et le paradis. Ils rejoindront le milieu spirituel.
133
+
134
+ Pour les saints des derniers jours (mormonisme), la préexistence, vie avant la naissance en présence de Dieu, la vie sur terre, temps de mise à l’épreuve et d’expériences, et la vie après la mort font partie du plan de salut.
135
+
136
+ Après la mort, le monde des esprits est l’endroit où attend l’esprit de l’homme entre la mort et la résurrection. Il comporte deux parties distinctes : la prison des esprits où sont reçus ceux qui n'ont pas obéi à l'Évangile ou qui ne l'ont pas accepté pendant qu'ils étaient sur la terre ou qui n'ont pas eu l'occasion de l'entendre, et le paradis.
137
+
138
+ L'Évangile est enseigné dans la prison des esprits et ceux qui acceptent le sacrement du baptême célébré en leur faveur dans les temples vont dans le paradis. Chaque être humain ressuscitera (réunion du corps et de l’esprit) avant d’être amené devant Dieu pour le jugement dernier où sera tenu compte de la globalité de la personne jugée (connaissance, actes, paroles, pensées, désirs, repentance). Selon ces critères, l’un des trois degrés de gloire, téleste, terrestre ou céleste (en présence de Dieu) lui sera attribué.
139
+
140
+ La haute teneur symbolique de la mort et la forte charge affective liée au décès d’êtres humains ont façonné l’imaginaire des Hommes qui ont créé un personnage, la Mort, qui vient chercher les gens au terme de leur vie.
141
+
142
+ Deux représentations symboliques se démarquent : la douce et l’austère. La première se réfère à la douce mort qui libère des souffrances infinies auxquelles la vie nous oblige. La deuxième vient souligner le côté cruel, froid et irrémédiable qu’elle peut prendre lorsque les proches du défunt le pleurent.
143
+
144
+ Les statistiques modernes de mortalité humaine ne concernent que les personnes ayant été vivantes, ne serait-ce que quelques secondes, à l'exclusion des statistiques de mortinatalité. Cependant, dans le passé, plusieurs pays incluaient dans la mortinatalité une partie des décès peu après la naissance, et les excluaient donc des statistiques de mortalité, ce qui pose des problèmes de comparabilité des données dans le temps et dans l'espace (entre pays)[réf. nécessaire].
145
+
146
+ Les causes de mortalité sont un élément important de l’épidémiologie. En France, elles sont suivies par un laboratoire de l’INSERM, le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) ; centre collaborateur OMS) qui alimente une base de données depuis 1968 : près de 18 millions de données, issues des « certificats de décès » (établis par les médecins lors du constat de décès) et des « bulletins de décès » faits par l’officier d’état civil en mairie[27].
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+
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+ Dans la plupart des pays développés, le médecin remplit alors un certificat de décès comportant la date et l’heure de la constatation de la mort, l’identité de la personne décédée, les causes suspectées, l’absence de contre-indication à une inhumation ou à une crémation. L'état de mort légale entraîne la perte des droits de la personnalité : la personne décédée n'est plus considérée, en tant que personne au sens juridique du terme. Cependant, en France, le droit du défunt au respect est assuré par la loi « Le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence »[28].
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+ Division
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+ Classes de rang inférieur
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+ L'embranchement des Bryophyta ne concerne que les mousses au sens strict, tandis que le terme bryophyte pris au sens large s'applique aux trois embranchements de plantes terrestres qui ne possèdent pas de vrai système vasculaire (Hepaticophyta, Anthocerotophyta et Bryophyta).
6
+
7
+ Dépourvues de racines et de lignine, leurs rhizoïdes permettent l'ancrage au substrat et, pour certaines espèces, une vie épiphyte. Elles sont dépourvues de tissus conducteurs comparables à ceux des plantes à graines : leur appareil végétatif ne contient ni xylème, ni phloème.
8
+
9
+ La classification phylogénétique des Bryophyta (classification phylogénétique) les range fin 2016 comme embranchement des Archaeplastida.
10
+
11
+ Cet embranchement est divisé en 8 classes :
12
+
13
+ La structure est simple, peu d'organes sont clairement différenciés, on parle d'une structure « thalloïde » ; les feuilles sont simples (une à trois couches de cellules) et avec des stomates, la tige ne possède pas de tissus conducteurs comparables à ceux des plantes à graines (Spermatophytes) ni même des fougères, et il n'y a pas de racines, simplement des rhizoïdes servant au support de la plante (ancrage plus important).
14
+
15
+ Les bryophyta se développent par division d'une seule cellule à l'extrémité de chaque organe végétatif ou reproducteur.
16
+
17
+ Une lignée d'algues vertes, proche du groupe des charophytes a colonisé les terres émergées il y a près de 450 millions d’années, donnant naissance aux embryophytes (i.e. les plantes terrestres)[1]. Le thalle de ces végétaux ne possède pas de structure rigide, si bien qu'ils ne peuvent pas avoir un important port dressé. De grandes modifications anatomiques et morphologiques s'opèrent alors. La première étape est la différenciation d'une tige feuillée appelée cormus. C'est ainsi que sont apparus les Cormophytes, avec peut-être les Bryophytes dont la taille reste limitée par l'absence de tissus de soutien et de lignine. Une hypothèse veut que les Bryophytes soient apparus avant les Trachéophytes (plantes vasculaires). Une seconde hypothèse est que les végétaux à vaisseaux conducteurs soient apparus au dévonien avant les mousses, ces dernières ayant perdu ces structures par évolution régressive[2].
18
+
19
+ Leurs habitats sont des endroits humides comme le sous-bois, l'écorce ou pour certaines espèces les rochers, les toits etc. En effet grâce à leur tolérance à la dessiccation, ces espèces peuvent survivre à l'état déshydraté. Ce sont également des indicateurs de pollution.
20
+
21
+ Les papillons de nuit (hétérocères) suivants se nourrissent de mousse :
22
+
23
+ Les mousses en comparaison avec les plantes vasculaires sont invasculaires, c'est-à-dire qu'elles ne possèdent pas pour la grande majorité des structures spécialisées servant au transport de l'eau et des nutriments. De plus, les mousses sont généralement composées d'une seule couche de cellule. L'environnement aura donc des effets généralement amplifiés chez les mousses et celles-ci ont développé des mécanismes d'adaptation spécifiques, notamment la tolérance à la dessiccation.
24
+
25
+ La tolérance à la dessiccation consiste en la survie d'un organisme à un faible contenu en eau cellulaire, et elle se différencie de l'évitement à la sécheresse qui consiste au maintien de haut contenu en eau cellulaire (mécanisme retrouvé chez certaines plantes vasculaires). Chez les mousses, en absence de structures spécialisées pour le transport de l'eau, la majorité du transport se fait à l'extérieur de l'organisme (ectohydrique) par l'eau capillaire externe. Les variations du contenu en eau total sont donc surtout déterminées par les variations de l’eau capillaire externe, sans modifier le potentiel hydrique de la cellule. Ce qui veut dire que presque toute l’eau externe peut être perdue sans affecter le contenu en eau de la cellule[3]. Elles peuvent donc survivre à des sécheresses où il n’y a plus d’eau sous phase liquide dans les cellules et le contenu en eau peut être si bas qu’il correspond à -100 MPa ou moins (en comparaison le point de flétrissement est autour de -1,5 MPa chez les plantes vasculaires)[4].
26
+
27
+ Dès que l’eau libre à la surface de la mousse est perdue et que les cellules sont en équilibre avec le potentiel hydrique de l’air environnant, le potentiel hydrique de la cellule diminue drastiquement à des niveaux où il est difficile de maintenir les activités métaboliques et la mousse entre en dessiccation. Les mousses sont donc des organismes poikilohydriques, c’est-à-dire qu’elles peuvent gagner et perdre de l’eau rapidement et qu’elles n’ont pas de contrôle sur les pertes d’eau en comparaison avec les plantes vasculaires. C'est pourquoi on les retrouve fréquemment dans des milieux humides et les sous-bois forestiers.
28
+ Une fois qu'elles sont asséchées, des mécanismes s'enclenchent afin de protéger les cellules de la déshydratation (notamment par le processus de vitrification[4],[5]). Dès que les conditions hydriques sont de nouveau favorables, des mécanismes s'enclenchent cette fois pour réparer les dommages liés à la dessiccation. Les mousses avec les lichens sont le groupe de plante le plus résistant au stress hydrique, elles sont capables de passer d’une cellule complètement plasmolysée à des cellules vivantes[4]. La tolérance à la dessiccation est très répandue chez les bryophytes, mais pas universelle, et ces mécanismes sont semblables à ceux des rares plantes vasculaires tolérantes à la dessiccation[6].
29
+
30
+ Les bryophytes, dont les mousses, se nourrissent essentiellement à partir des nutriments apportés par les invertébrés (excréments, mucus), ou par la pluie, l'eau capillaire et interstitielle et à partir des apports aériens de gaz et particules nutritives.
31
+
32
+ Ce faisant, les mousses jouent un rôle important dans l'épuration de l'air. Pour les mêmes raisons, elles accumulent certains polluants résilients ou non biodégradables (métaux lourds et radionucléides notamment). Certaines mousses sont des organismes pionniers qui avec les algues, les lichens et des bactéries contribuent à fixer, protéger ou créer les sols. Elles sont à ce titre très importantes dans plusieurs processus de résilience écologique, après les incendies notamment.
33
+
34
+ Les espèces les plus sensibles à l'air déshydraté, aux polluants oxydants et aux pesticides véhiculés par l'air et les pesticides ont parfois disparu d'une partie importante de leur aire biogéographique naturelle, en perdant de la diversité génétique. La plupart des espèces de mousses sont, comme les algues, très sensibles au cuivre qui les tue à très faibles doses.
35
+
36
+ Certaines espèces pourraient être considérées comme des bioindicateurs, en matière de qualité thermohygrométrique de l'air notamment. De par leur résistance naturelle à de nombreux polluants les mousses ne sont pas de bons bioindicateurs de pollution, mais comme bio-accumulateurs, elles peuvent permettre de cartographier les retombées de pollution. On les a par exemple utilisé pour cartographier des pollutions par le plomb, le cadmium, l'arsenic et d'autres métaux lourds en Europe. (Exemple : carte des retombées atmosphériques d'arsenic en France, vers 2000/2005). Dans certaines forêts de régions polluées, les mousses réputés les plus résistantes ont aussi disparu.
37
+
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+ Castle Rock State Park, près de Saratoga (Californie, États-Unis), le 26 mars 2006
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+
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+ Quelques espèces de la strate muscinale, vues par Haeckel
41
+
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+ Compétition mousse-champignon (Armillaria)
43
+
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+ Mousse en situation épiphyte ou épiphylle (Parc national d'Altos de Campana, au Panama), phénomène nécessitant une hygrométrie élevée.
45
+
46
+ Sur la route des Twin Falls (aussi nommées Upper Snoqualmie Falls), près de Seattle (USA).
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+
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+ Bryum argenteum
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+
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+ Détail
51
+
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+ Mousse sur tronc mort
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+ Mousse (détail)
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+ Mousse (détail)
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+ Sous la mousse, sol en train de se constituer à partir d'excréments d'insectes et matières organiques en décomposition
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+ Arthur Conan Doyle (prononcé en anglais : [ˈɑːθə(ɹ) ˈkəʊnən dɔɪl])[1], né Arthur Ignatius Conan Doyle le 22 mai 1859 à Édimbourg et mort le 7 juillet 1930 à Crowborough (Sussex de l'Est), est un écrivain et médecin britannique. Conan est l'un de ses prénoms et Doyle son nom de famille. Il doit sa célébrité à ses romans et nouvelles mettant en scène le détective Sherlock Holmes — considérés comme une innovation majeure du roman policier — et le professeur Challenger. Cet écrivain prolifique a également été l'auteur de livres de science-fiction, de romans historiques, de pièces de théâtre, de poésies et d'œuvres historiques.
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+ Il est élevé au rang de Chevalier de l'ordre du Très vénérable ordre de Saint-Jean par le roi Édouard VII le 24 octobre 1902.
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+
7
+ Arthur Conan Doyle naît le 22 mai 1859 au 11 Picardy Place[2],[3], à Édimbourg en Écosse, dans une famille catholique. Ses lointains ancêtres pourraient être d'origine normande du village d'Ouilly-sur-Orne[4], mais la relation avec la famille d'Oyly reste obscure. Il est le deuxième des dix enfants du peintre anglais Charles Altamont Doyle et de Mary Foley, d'origine irlandaise, mariés en 1855[5],[6]. D'après la préface de la version française de La Compagnie blanche, il serait aussi un descendant des ducs de Bretagne (Conan). Cet arbre généalogique serait à l'origine de sa passion pour l'histoire, et ainsi de ses œuvres La Compagnie Blanche et Sir Nigel. Conan est son troisième prénom, mais il l'associera plus tard à son patronyme[7].
8
+
9
+ Conan Doyle effectue sa scolarité primaire à l'école préparatoire des jésuites de Hodder Place (en), dans la ville de Hurst Green (en) — près de Clitheroe, dans le Lancashire. À l'âge de neuf ans, il est inscrit au collège de Stonyhurst qu'il quitte vers 1875, rejetant le christianisme avant de devenir agnostique. De 1876 à 1881, il étudie la médecine à l'université d'Édimbourg et effectue plusieurs stages à Aston (en) (actuellement un district de Birmingham) et à Sheffield[8]. Tout en pratiquant la médecine, il commence à écrire des nouvelles dont les premières sont publiées dans le Chambers's Edimburgh Journal avant sa vingtième année[9].
10
+
11
+ Le 28 février 1880, alors qu'il est en 3e année de médecine, il s'embarque comme officier de santé à bord du navire baleinier Hope, dont le port d'attache est situé à Peterhead (Écosse), et commandé par le capitaine John Gray, pour une campagne de chasse au phoque et à la baleine qui durera jusqu'au 11 août 1881 et emmènera le navire au Groenland, au Spitzberg et aux Îles Féroé.
12
+
13
+ Il aura l'occasion de participer à la manœuvre du navire, à la chasse à la baleine (qui à cette époque se faisait encore « à l'ancienne » avec des chaloupes à avirons), de faire des observations scientifiques sur la faune marine arctique et d'entretenir le moral de l'équipage en organisant des tournois de boxe, qu'il pratiquait en amateur éclairé[10].
14
+
15
+ Il tombera quatre fois dans l'eau glaciale et sera repêché à chaque fois, le capitaine le surnommant plaisamment « le grand plongeur du nord ».
16
+
17
+ Au total, une expérience qu'il jugera formatrice et enrichissante, et dont on retrouve la trace dans certaines de ses œuvres[11].
18
+
19
+ Après son diplôme de bachelier en médecine et de maître en chirurgie obtenu le 22 octobre 1881, l'autorisant à un exercice limité de la médecine générale, il sert 4 mois comme médecin de bord du steamer à passagers SS Mayumba (port d'attache : Liverpool) effectuant un voyage mouvementé sur la côte d'Afrique de l'Ouest, émaillé par une épidémie de fièvres tropicales et un incendie à bord. Toujours amateur de natation, il réchappera à l'attaque d'un gros requin[12].
20
+
21
+ Il obtient son doctorat en 1885 avec une thèse consacrée au tabes dorsalis, une manifestation fréquente à l'époque des complications nerveuses tardives de la syphilis[13].
22
+
23
+ En 1900, il part servir en tant que médecin des troupes britanniques lors de la seconde guerre des Boers. C'est à une œuvre patriotique sur cette guerre en Afrique du Sud, The War in South Africa, publiée en 1902 qu'il doit d'être anobli[14]. On peut maintenant visiter son ancienne maison à Londres.
24
+
25
+ John Dickson Carr (1906 – 1977), également écrivain doué de romans policiers et grand admirateur de l'inventeur de Sherlock Holmes, écrira la biographie de Sir Arthur Conan Doyle en 1949 avec l'aide du fils de ce dernier, Adrian Conan Doyle (The Life of Sir Arthur Conan Doyle).
26
+
27
+ En 1882, il s'associe avec son ancien camarade d'université, George Bud, dans un cabinet médical à Plymouth[15]. Mais leur relation s'avère difficile et Conan Doyle finit par s'installer indépendamment[16]. Arrivant à Portsmouth en juin de cette même année avec moins de 10 £ à son nom, il ouvre son cabinet médical au 1 Bush Villas à Elm Grove, Southsea[17]. Au début, le cabinet n'a pas un grand succès et, en attendant les patients, il recommence à écrire des histoires.
28
+
29
+ Son premier travail d'importance est Une étude en rouge, qui paraît dans le Beeton's Christmas Annual en 1887. C'est la première apparition de Sherlock Holmes, personnage en partie inspiré par son ancien professeur d'université, Joseph Bell, à qui Conan Doyle écrit : « C'est très certainement à vous que je dois Sherlock Holmes. Autour du noyau déduction, inférence et observation que je vous ai entendu enseigner, j'ai essayé de construire un homme[18]. » Cette similitude n'échappe pas à l'écrivain Robert Louis Stevenson, qui écrit à Conan Doyle de la lointaine Samoa : « Mes compliments pour vos ingénieuses et intéressantes aventures de Sherlock Holmes… Peut-il s'agir de mon vieil ami Joe Bell[19] ? » D'autres auteurs suggèrent des influences supplémentaires, comme le fameux personnage Auguste Dupin d'Edgar Allan Poe[20].
30
+
31
+ Vivant à Southsea, Conan Doyle joue au football dans un club amateur, le club de football de l'association de Portsmouth, occupant le poste de gardien, sous le pseudonyme de A. C. Smith[21],[22]. Conan Doyle est également un bon joueur de cricket et, entre 1899 et 1907, il joue dix matches de première classe pour le Marylebon Cricket Club. Son meilleur score : 43 contre le London County en 1902.
32
+
33
+ En 1885, il épouse Louisa Hawkins, surnommée « Touie », qui souffre d'une tuberculose et meurt le 4 juillet 1906[23]. En 1907, il se remarie avec Jean Elizabeth Leckie, qu'il avait rencontrée en 1897, mais avec qui il avait maintenu une relation platonique en toute loyauté, tant que son épouse était en vie. Jean décédera à Londres le 27 juin 1940.
34
+
35
+ Lors des séjours hivernaux dans les Alpes autrichiennes, qu'il fréquente pour soigner la santé de sa première épouse, il se souvient qu'au cours de ses voyages arctiques il a vu des Groenlandais pratiquer le ski, et se lance dans d'audacieuses randonnées à ski avec un guide de montagne local. Il est ainsi, avec son contemporain Henry Lunn, un pionnier de ce sport encore totalement inconnu.
36
+
37
+ Lorsqu'il s'arrête dans des auberges de montagne, le guide remplit le registre pour lui et indique « Sportesmann » à la rubrique profession.
38
+
39
+ Conan Doyle a eu cinq enfants, deux de sa première épouse — Mary Louise (28 janvier 1889 – 12 juin 1976) et Arthur Alleyne Kingsley, connu sous le nom de Kingsley (15 novembre 1892 – 28 octobre 1918) — et trois de sa seconde épouse — Denis Percy Stewart (17 mars 1909 – 9 mars 1955), qui devint le second époux en 1936 de la princesse géorgienne Nin Mdivani (environ 1910 – 19 février 1987), Adrian Malcom (1910 – 1970) et Jean Lena Annette (1912 – 1997).
40
+
41
+ En 1893, sa sœur Constance épouse Ernest William Hornung, créateur du personnage de Raffles, un gentleman cambrioleur.
42
+
43
+ En 1890, Conan Doyle étudie l'ophtalmologie à Vienne et emménage à Londres en 1891 pour s'établir comme ophtalmologue. Il écrit dans son autobiographie qu'aucun patient ne franchit le seuil de sa porte. Cela lui donne plus de temps pour l'écriture. Conan Doyle décide au printemps 1891 de publier les enquêtes de Sherlock Holmes en feuilletons dans The Strand Magazine, dans un format qui n'excède pas une vingtaine de pages pour correspondre à un trajet en train pour rejoindre la grande banlieue de Londres[24]. En novembre 1891, il écrit à sa mère : « Je réfléchis à tuer Holmes ; […] et le liquider corps et âme. Il me détourne l'esprit de meilleures choses. » Sa mère lui répond : « Faites comme bon vous semble, mais le public ne le prendra pas de gaieté de cœur. » C'est chose faite en décembre 1893, quand paraît la nouvelle Le Dernier Problème : Holmes disparaît dans les chutes du Reichenbach avec le professeur Moriarty.
44
+
45
+ Conan Doyle peut alors consacrer plus de temps à des œuvres plus « importantes » à ses yeux, ses romans historiques. Ainsi, quatorze ans après La Compagnie blanche, son roman préféré, il en rédige la suite, Sir Nigel. Toutefois, sous la pression des lecteurs, et aussi pour des raisons financières[réf. souhaitée], il est finalement contraint de publier de nouvelles aventures de Sherlock Holmes qui réapparaîtra pour la première fois dans Le Chien des Baskerville en 1901.
46
+
47
+ Il se remet à l'ouvrage en 1903, avec la nouvelle La Maison vide. Il y explique que seul Moriarty a fait une chute fatale, et que Holmes a laissé croire à sa mort pour se protéger d'autres dangereux ennemis, notamment l'exécuteur des basses œuvres du professeur, le colonel Sebastian Moran.
48
+
49
+ Au total, Holmes apparaît dans 56 nouvelles et 4 romans de Conan Doyle (il est apparu depuis dans de nombreux romans et histoires écrits par d'autres auteurs).
50
+
51
+ Après la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud à l'aube du XXe siècle et la condamnation de la conduite du Royaume-Uni par le monde entier, Conan Doyle écrivit un court pamphlet intitulé La Guerre en Afrique du Sud : sa cause et sa conduite, qui justifiait le rôle de son pays dans cette guerre et qui a été largement traduit.
52
+
53
+ Conan Doyle pensait que ce pamphlet était à l'origine de son adoubement, qui l'avait fait chevalier en 1902, et de sa nomination au titre de Lieutenant adjoint du Surrey. Il a écrit en 1900 un livre plus important : La Grande Guerre des Boers. Au début du XXe siècle, Arthur se présentera par deux fois au Parlement sous la bannière du parti des unionistes libéraux, une première fois à Édimbourg et une autre à Hawick Burghs. Bien qu'il ait obtenu un score respectable, il n'a pas été élu.
54
+
55
+ Conan Doyle a été impliqué dans la campagne pour la réforme de l'État indépendant du Congo, menée par le journaliste Edmund Dene Morel et par le diplomate Roger Casement. Au cours de l'année 1909, il écrit Le Crime du Congo belge, un long pamphlet dans lequel il dénonce les horreurs d'une exploitation coloniale impitoyable[25]. Il devint proche de Morel et Casement et il est possible qu'avec Bertram Fletcher Robinson (en)[26], ceux-ci soient la source d'inspiration des personnages du roman Le Monde perdu (1912).
56
+
57
+ Il rompt avec ses deux partenaires quand Morel devient l'un des meneurs du mouvement pacifiste pendant la Première Guerre mondiale, et quand Casement est reconnu coupable de trahison envers le Royaume-Uni pendant l'insurrection de Pâques. Conan Doyle a tenté, en vain, de sauver ce dernier de la peine de mort, en faisant valoir qu'il était devenu fou et n'était pas responsable de ses actes.
58
+
59
+ Conan Doyle a personnellement enquêté sur deux affaires jugées, contribuant dans les deux cas à la libération des condamnés[27]. Le premier cas, en 1906, impliquait un homme d'origine parsie, George Eladji, inculpé en décembre 1906 de chantage et d'abattage de bétail à Great Wyrley (Staffordshire). Conan Doyle mena une énergique campagne de presse mettant en relief les multiples points d'ombre de l'affaire et Eladji fut élargi à discrétion[Quoi ?][27] en 1907. Le deuxième cas est celui d'Oscar Slater (1872 – 1948), un Juif allemand arrêté à New York et reconnu coupable de matraquage sur une femme de 82 ans, Miss Marion Gilchrist, à Glasgow le 21 décembre 1908. Slater fut condamné à mort par le tribunal de Glasgow en mai 1909, mais le mémoire en défense d’Ewing Speirs et une pétition signée de 20 000 citoyens permirent de commuer sa peine en détention à perpétuité. D'abord suspicieux, Doyle accepta à la demande des avocats de Slater de ré-examiner l'affaire en vue d'une requête en appel, et il prit conscience des incohérences du dossier, qu'il dénonça, sans succès, dans un premier article[28] : Slater devait continuer à purger sa peine jusqu'en 1927. Finalement, les deux principaux témoins de l'affaire, Helen Lambie et Mary Barrowman, se rétractèrent et Slater fut libéré le 27 novembre 1927. À la suite du procès en révision, le gouvernement accorda à Slater un dédommagement de 6 000 £[27].
60
+
61
+ Il sort agnostique des écoles catholiques de son enfance, mais ce scepticisme ne l'empêchera pas, par la suite, de se consacrer au spiritualisme et d'écrire divers ouvrages dans lesquels il prétend prouver l'existence de la vie après la mort et la possibilité de communiquer avec l'au-delà.
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+ Au cours de sa vie, il traverse une pénible série de deuils. Sa première épouse, Louisa, tuberculeuse, décède en 1906. Son fils Kingsley succombe le 28 octobre 1918 d'une pneumonie qu'il avait contractée au cours de sa convalescence, après avoir été sérieusement blessé pendant la bataille de la Somme deux ans auparavant. Le frère cadet de Conan Doyle, John Francis Innes Hay Doylen (dit Innes ou Duff), brigadier-général, meurt également d'une pneumonie en 1919. La Première Guerre mondiale lui enlèvera encore ses deux beaux-frères (dont l'un était Ernest William Hornung, l'auteur de Raffles), et ses deux neveux.
64
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+ À la suite de ces événements, Conan Doyle sombre dans une dépression. Il trouve le réconfort en défendant le spiritualisme et ses supposées preuves scientifiques de l'existence outre-tombe, et s'inspirera de ses recherches pour un roman du cycle des Professeur Challenger sur le sujet : Au pays des brumes.
66
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67
+ Son livre La Venue des fées (1921) montre qu'il était apparemment convaincu de la véracité des photographies des Fées de Cottingley, qu'il a reproduites dans son livre, regroupées avec des théories sur la nature et l'existence des fées et des esprits. Dans son ouvrage L'Histoire du spiritualisme (1926), Conan Doyle loue les phénomènes psychiques et les matérialisations d'esprits produites par Eusapia Palladino et Mina Crandon (en)[29]. Son travail sur le sujet est une des raisons pour lesquelles une série de ses nouvelles des Aventures de Sherlock Holmes a été interdite en Union soviétique en 1929 pour occultisme.
68
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69
+ Conan Doyle s'était lié d'amitié pendant un temps avec le magicien américain Harry Houdini, qui devint lui-même un fervent opposant au mouvement spiritualiste dans les années 1920, à la suite du décès de sa mère bien-aimée. Bien qu'Houdini insistât sur le fait que les médiums spiritualistes utilisaient des supercheries (et essayât continuellement d'en révéler les tricheries), Conan Doyle se convainc qu'Houdini possédait lui-même des pouvoirs supra-naturels ; il exprime ce point de vue dans son livre Le Bord de l'inconnu. Houdini se trouvait apparemment dans l'impossibilité de convaincre Conan Doyle que ses exploits n'étaient que des tours de magie. Ce conflit entraîna l'épuisement d'un public amer tiraillé entre les deux interprétations.
70
+
71
+ Reprenant une accusation formulée plusieurs fois depuis 1954, Richard Milner, un historien des sciences américain et éditeur du magazine Natural History, avance en 1996, que Conan Doyle pourrait avoir été l'auteur du canular de l'homme de Piltdown, qui a trompé le monde scientifique pendant plus de quarante ans. Milner affirme que Conan Doyle avait un mobile, à savoir une vengeance concernant la création scientifique pour discréditer l'un de ses médiums préférés, et que Le Monde perdu contient plusieurs indices cryptés concernant son implication dans le canular[30]. Cette hypothèse de Milner critiquée par Elliott & Pilot en 1996, sera reprise par Highfield en 1997. La désignation de Conan Doyle comme l'auteur du canular, si elle a la faveur des journalistes, n'est pas celle des historiens[31].
72
+
73
+ Samuel Rosenberg, dans son livre de 1974 (en) Naked is the best disguise (traduction : La Nudité est le meilleur des déguisements), vise à expliquer comment Conan Doyle a laissé, à travers ses écrits, des indices qui ont trait à des aspects occultés de sa personnalité.
74
+
75
+ Le corps de Conan Doyle a été retrouvé dans le hall de Windlesham, sa maison de Crowborough, dans l'East Sussex, au Royaume-Uni, le 7 juillet 1930. Il est mort d'une attaque cardiaque, âgé de 71 ans[32]. Ses derniers mots avaient été adressés à son épouse : « Tu es merveilleuse[33] ». L'épitaphe de sa tombe dans le cimetière de l'église de Minstead à New Forest, Hampshire dit :
76
+
77
+ « STEEL TRUEBLADE STRAIGHTARTHUR CONAN DOYLEKNIGHTPATRIOT, PHYSICIAN & MAN OF LETTERS »
78
+
79
+ Traduction :
80
+
81
+ « VRAI COMME L'ACIERDROIT COMME UNE LAMEARTHUR CONAN DOYLECHEVALIERPATRIOTE, MÉDECIN & HOMME DE LETTRES »
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+ Undershaw, la maison que Conan Doyle a construite près de Hindhead, dans le sud de Londres, et où il a vécu pendant dix ans, devient un hôtel de 1924 à 2004, puis est rachetée par un promoteur immobilier. Depuis, des écologistes et des fans de Conan Doyle se battent pour la conserver[23].
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+ Une statue honore Conan Doyle à Crowborough Cross dans Crowborough, où il a vécu pendant 23 ans. Une autre représentant Sherlock Holmes a également été dressée sur la place Picardy d'Édimbourg, en Écosse, près de la maison où Conan Doyle est né.
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+ Ironie de l'histoire, son œuvre historique, à laquelle il accordait la plus grande importance, est aujourd'hui presque oubliée. En revanche, son personnage de Sherlock Holmes, qu'il considérait comme une création de littérature alimentaire, est aujourd'hui mondialement célèbre.
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+ Les Aventures de Sherlock Holmes comprennent quatre romans et cinquante-six nouvelles publiés entre 1887 et 1930.
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+ Les Exploits du brigadier Gérard et Les Aventures du brigadier Gérard
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+ Arthur Conan Doyle a inspiré d'autres écrivains jusqu'à devenir un personnage de fiction lui-même. On le retrouve notamment dans :
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+ Division
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+
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+ Classes de rang inférieur
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+
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+ L'embranchement des Bryophyta ne concerne que les mousses au sens strict, tandis que le terme bryophyte pris au sens large s'applique aux trois embranchements de plantes terrestres qui ne possèdent pas de vrai système vasculaire (Hepaticophyta, Anthocerotophyta et Bryophyta).
6
+
7
+ Dépourvues de racines et de lignine, leurs rhizoïdes permettent l'ancrage au substrat et, pour certaines espèces, une vie épiphyte. Elles sont dépourvues de tissus conducteurs comparables à ceux des plantes à graines : leur appareil végétatif ne contient ni xylème, ni phloème.
8
+
9
+ La classification phylogénétique des Bryophyta (classification phylogénétique) les range fin 2016 comme embranchement des Archaeplastida.
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+
11
+ Cet embranchement est divisé en 8 classes :
12
+
13
+ La structure est simple, peu d'organes sont clairement différenciés, on parle d'une structure « thalloïde » ; les feuilles sont simples (une à trois couches de cellules) et avec des stomates, la tige ne possède pas de tissus conducteurs comparables à ceux des plantes à graines (Spermatophytes) ni même des fougères, et il n'y a pas de racines, simplement des rhizoïdes servant au support de la plante (ancrage plus important).
14
+
15
+ Les bryophyta se développent par division d'une seule cellule à l'extrémité de chaque organe végétatif ou reproducteur.
16
+
17
+ Une lignée d'algues vertes, proche du groupe des charophytes a colonisé les terres émergées il y a près de 450 millions d’années, donnant naissance aux embryophytes (i.e. les plantes terrestres)[1]. Le thalle de ces végétaux ne possède pas de structure rigide, si bien qu'ils ne peuvent pas avoir un important port dressé. De grandes modifications anatomiques et morphologiques s'opèrent alors. La première étape est la différenciation d'une tige feuillée appelée cormus. C'est ainsi que sont apparus les Cormophytes, avec peut-être les Bryophytes dont la taille reste limitée par l'absence de tissus de soutien et de lignine. Une hypothèse veut que les Bryophytes soient apparus avant les Trachéophytes (plantes vasculaires). Une seconde hypothèse est que les végétaux à vaisseaux conducteurs soient apparus au dévonien avant les mousses, ces dernières ayant perdu ces structures par évolution régressive[2].
18
+
19
+ Leurs habitats sont des endroits humides comme le sous-bois, l'écorce ou pour certaines espèces les rochers, les toits etc. En effet grâce à leur tolérance à la dessiccation, ces espèces peuvent survivre à l'état déshydraté. Ce sont également des indicateurs de pollution.
20
+
21
+ Les papillons de nuit (hétérocères) suivants se nourrissent de mousse :
22
+
23
+ Les mousses en comparaison avec les plantes vasculaires sont invasculaires, c'est-à-dire qu'elles ne possèdent pas pour la grande majorité des structures spécialisées servant au transport de l'eau et des nutriments. De plus, les mousses sont généralement composées d'une seule couche de cellule. L'environnement aura donc des effets généralement amplifiés chez les mousses et celles-ci ont développé des mécanismes d'adaptation spécifiques, notamment la tolérance à la dessiccation.
24
+
25
+ La tolérance à la dessiccation consiste en la survie d'un organisme à un faible contenu en eau cellulaire, et elle se différencie de l'évitement à la sécheresse qui consiste au maintien de haut contenu en eau cellulaire (mécanisme retrouvé chez certaines plantes vasculaires). Chez les mousses, en absence de structures spécialisées pour le transport de l'eau, la majorité du transport se fait à l'extérieur de l'organisme (ectohydrique) par l'eau capillaire externe. Les variations du contenu en eau total sont donc surtout déterminées par les variations de l’eau capillaire externe, sans modifier le potentiel hydrique de la cellule. Ce qui veut dire que presque toute l’eau externe peut être perdue sans affecter le contenu en eau de la cellule[3]. Elles peuvent donc survivre à des sécheresses où il n’y a plus d’eau sous phase liquide dans les cellules et le contenu en eau peut être si bas qu’il correspond à -100 MPa ou moins (en comparaison le point de flétrissement est autour de -1,5 MPa chez les plantes vasculaires)[4].
26
+
27
+ Dès que l’eau libre à la surface de la mousse est perdue et que les cellules sont en équilibre avec le potentiel hydrique de l’air environnant, le potentiel hydrique de la cellule diminue drastiquement à des niveaux où il est difficile de maintenir les activités métaboliques et la mousse entre en dessiccation. Les mousses sont donc des organismes poikilohydriques, c’est-à-dire qu’elles peuvent gagner et perdre de l’eau rapidement et qu’elles n’ont pas de contrôle sur les pertes d’eau en comparaison avec les plantes vasculaires. C'est pourquoi on les retrouve fréquemment dans des milieux humides et les sous-bois forestiers.
28
+ Une fois qu'elles sont asséchées, des mécanismes s'enclenchent afin de protéger les cellules de la déshydratation (notamment par le processus de vitrification[4],[5]). Dès que les conditions hydriques sont de nouveau favorables, des mécanismes s'enclenchent cette fois pour réparer les dommages liés à la dessiccation. Les mousses avec les lichens sont le groupe de plante le plus résistant au stress hydrique, elles sont capables de passer d’une cellule complètement plasmolysée à des cellules vivantes[4]. La tolérance à la dessiccation est très répandue chez les bryophytes, mais pas universelle, et ces mécanismes sont semblables à ceux des rares plantes vasculaires tolérantes à la dessiccation[6].
29
+
30
+ Les bryophytes, dont les mousses, se nourrissent essentiellement à partir des nutriments apportés par les invertébrés (excréments, mucus), ou par la pluie, l'eau capillaire et interstitielle et à partir des apports aériens de gaz et particules nutritives.
31
+
32
+ Ce faisant, les mousses jouent un rôle important dans l'épuration de l'air. Pour les mêmes raisons, elles accumulent certains polluants résilients ou non biodégradables (métaux lourds et radionucléides notamment). Certaines mousses sont des organismes pionniers qui avec les algues, les lichens et des bactéries contribuent à fixer, protéger ou créer les sols. Elles sont à ce titre très importantes dans plusieurs processus de résilience écologique, après les incendies notamment.
33
+
34
+ Les espèces les plus sensibles à l'air déshydraté, aux polluants oxydants et aux pesticides véhiculés par l'air et les pesticides ont parfois disparu d'une partie importante de leur aire biogéographique naturelle, en perdant de la diversité génétique. La plupart des espèces de mousses sont, comme les algues, très sensibles au cuivre qui les tue à très faibles doses.
35
+
36
+ Certaines espèces pourraient être considérées comme des bioindicateurs, en matière de qualité thermohygrométrique de l'air notamment. De par leur résistance naturelle à de nombreux polluants les mousses ne sont pas de bons bioindicateurs de pollution, mais comme bio-accumulateurs, elles peuvent permettre de cartographier les retombées de pollution. On les a par exemple utilisé pour cartographier des pollutions par le plomb, le cadmium, l'arsenic et d'autres métaux lourds en Europe. (Exemple : carte des retombées atmosphériques d'arsenic en France, vers 2000/2005). Dans certaines forêts de régions polluées, les mousses réputés les plus résistantes ont aussi disparu.
37
+
38
+ Castle Rock State Park, près de Saratoga (Californie, États-Unis), le 26 mars 2006
39
+
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+ Quelques espèces de la strate muscinale, vues par Haeckel
41
+
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+ Compétition mousse-champignon (Armillaria)
43
+
44
+ Mousse en situation épiphyte ou épiphylle (Parc national d'Altos de Campana, au Panama), phénomène nécessitant une hygrométrie élevée.
45
+
46
+ Sur la route des Twin Falls (aussi nommées Upper Snoqualmie Falls), près de Seattle (USA).
47
+
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+ Bryum argenteum
49
+
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+ Détail
51
+
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+ Mousse sur tronc mort
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+
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+ Mousse (détail)
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+
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+ Mousse (détail)
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+
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+ Sous la mousse, sol en train de se constituer à partir d'excréments d'insectes et matières organiques en décomposition
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+ Dépourvues de racines et de lignine, leurs rhizoïdes permettent l'ancrage au substrat et, pour certaines espèces, une vie épiphyte. Elles sont dépourvues de tissus conducteurs comparables à ceux des plantes à graines : leur appareil végétatif ne contient ni xylème, ni phloème.
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+ La classification phylogénétique des Bryophyta (classification phylogénétique) les range fin 2016 comme embranchement des Archaeplastida.
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+ Cet embranchement est divisé en 8 classes :
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+ La structure est simple, peu d'organes sont clairement différenciés, on parle d'une structure « thalloïde » ; les feuilles sont simples (une à trois couches de cellules) et avec des stomates, la tige ne possède pas de tissus conducteurs comparables à ceux des plantes à graines (Spermatophytes) ni même des fougères, et il n'y a pas de racines, simplement des rhizoïdes servant au support de la plante (ancrage plus important).
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+ Les bryophyta se développent par division d'une seule cellule à l'extrémité de chaque organe végétatif ou reproducteur.
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+ Une lignée d'algues vertes, proche du groupe des charophytes a colonisé les terres émergées il y a près de 450 millions d’années, donnant naissance aux embryophytes (i.e. les plantes terrestres)[1]. Le thalle de ces végétaux ne possède pas de structure rigide, si bien qu'ils ne peuvent pas avoir un important port dressé. De grandes modifications anatomiques et morphologiques s'opèrent alors. La première étape est la différenciation d'une tige feuillée appelée cormus. C'est ainsi que sont apparus les Cormophytes, avec peut-être les Bryophytes dont la taille reste limitée par l'absence de tissus de soutien et de lignine. Une hypothèse veut que les Bryophytes soient apparus avant les Trachéophytes (plantes vasculaires). Une seconde hypothèse est que les végétaux à vaisseaux conducteurs soient apparus au dévonien avant les mousses, ces dernières ayant perdu ces structures par évolution régressive[2].
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+ Leurs habitats sont des endroits humides comme le sous-bois, l'écorce ou pour certaines espèces les rochers, les toits etc. En effet grâce à leur tolérance à la dessiccation, ces espèces peuvent survivre à l'état déshydraté. Ce sont également des indicateurs de pollution.
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+ Les papillons de nuit (hétérocères) suivants se nourrissent de mousse :
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+ Les mousses en comparaison avec les plantes vasculaires sont invasculaires, c'est-à-dire qu'elles ne possèdent pas pour la grande majorité des structures spécialisées servant au transport de l'eau et des nutriments. De plus, les mousses sont généralement composées d'une seule couche de cellule. L'environnement aura donc des effets généralement amplifiés chez les mousses et celles-ci ont développé des mécanismes d'adaptation spécifiques, notamment la tolérance à la dessiccation.
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+ La tolérance à la dessiccation consiste en la survie d'un organisme à un faible contenu en eau cellulaire, et elle se différencie de l'évitement à la sécheresse qui consiste au maintien de haut contenu en eau cellulaire (mécanisme retrouvé chez certaines plantes vasculaires). Chez les mousses, en absence de structures spécialisées pour le transport de l'eau, la majorité du transport se fait à l'extérieur de l'organisme (ectohydrique) par l'eau capillaire externe. Les variations du contenu en eau total sont donc surtout déterminées par les variations de l’eau capillaire externe, sans modifier le potentiel hydrique de la cellule. Ce qui veut dire que presque toute l’eau externe peut être perdue sans affecter le contenu en eau de la cellule[3]. Elles peuvent donc survivre à des sécheresses où il n’y a plus d’eau sous phase liquide dans les cellules et le contenu en eau peut être si bas qu’il correspond à -100 MPa ou moins (en comparaison le point de flétrissement est autour de -1,5 MPa chez les plantes vasculaires)[4].
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+ Dès que l’eau libre à la surface de la mousse est perdue et que les cellules sont en équilibre avec le potentiel hydrique de l’air environnant, le potentiel hydrique de la cellule diminue drastiquement à des niveaux où il est difficile de maintenir les activités métaboliques et la mousse entre en dessiccation. Les mousses sont donc des organismes poikilohydriques, c’est-à-dire qu’elles peuvent gagner et perdre de l’eau rapidement et qu’elles n’ont pas de contrôle sur les pertes d’eau en comparaison avec les plantes vasculaires. C'est pourquoi on les retrouve fréquemment dans des milieux humides et les sous-bois forestiers.
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+ Une fois qu'elles sont asséchées, des mécanismes s'enclenchent afin de protéger les cellules de la déshydratation (notamment par le processus de vitrification[4],[5]). Dès que les conditions hydriques sont de nouveau favorables, des mécanismes s'enclenchent cette fois pour réparer les dommages liés à la dessiccation. Les mousses avec les lichens sont le groupe de plante le plus résistant au stress hydrique, elles sont capables de passer d’une cellule complètement plasmolysée à des cellules vivantes[4]. La tolérance à la dessiccation est très répandue chez les bryophytes, mais pas universelle, et ces mécanismes sont semblables à ceux des rares plantes vasculaires tolérantes à la dessiccation[6].
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+ Les bryophytes, dont les mousses, se nourrissent essentiellement à partir des nutriments apportés par les invertébrés (excréments, mucus), ou par la pluie, l'eau capillaire et interstitielle et à partir des apports aériens de gaz et particules nutritives.
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+ Ce faisant, les mousses jouent un rôle important dans l'épuration de l'air. Pour les mêmes raisons, elles accumulent certains polluants résilients ou non biodégradables (métaux lourds et radionucléides notamment). Certaines mousses sont des organismes pionniers qui avec les algues, les lichens et des bactéries contribuent à fixer, protéger ou créer les sols. Elles sont à ce titre très importantes dans plusieurs processus de résilience écologique, après les incendies notamment.
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+ Les espèces les plus sensibles à l'air déshydraté, aux polluants oxydants et aux pesticides véhiculés par l'air et les pesticides ont parfois disparu d'une partie importante de leur aire biogéographique naturelle, en perdant de la diversité génétique. La plupart des espèces de mousses sont, comme les algues, très sensibles au cuivre qui les tue à très faibles doses.
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+ Certaines espèces pourraient être considérées comme des bioindicateurs, en matière de qualité thermohygrométrique de l'air notamment. De par leur résistance naturelle à de nombreux polluants les mousses ne sont pas de bons bioindicateurs de pollution, mais comme bio-accumulateurs, elles peuvent permettre de cartographier les retombées de pollution. On les a par exemple utilisé pour cartographier des pollutions par le plomb, le cadmium, l'arsenic et d'autres métaux lourds en Europe. (Exemple : carte des retombées atmosphériques d'arsenic en France, vers 2000/2005). Dans certaines forêts de régions polluées, les mousses réputés les plus résistantes ont aussi disparu.
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+ Castle Rock State Park, près de Saratoga (Californie, États-Unis), le 26 mars 2006
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+ Compétition mousse-champignon (Armillaria)
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+ Mousse en situation épiphyte ou épiphylle (Parc national d'Altos de Campana, au Panama), phénomène nécessitant une hygrométrie élevée.
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+ Sur la route des Twin Falls (aussi nommées Upper Snoqualmie Falls), près de Seattle (USA).
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+ Bryum argenteum
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+ Détail
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+ Mousse sur tronc mort
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+ Une moustache est une pousse de poils qui se trouve sur la lèvre supérieure des hommes (sauf rares exceptions chez quelques femmes).
2
+
3
+ Peu de pathologies affectent la moustache à proprement parler, sinon le développement gênant, voire douloureux (rougeurs, démangeaisons), de pilosités sous-cutanées consécutif au rasage. Il peut être généralement évité par un gommage préventif de la peau avant le rasage, ou, en cas de développement avéré, par une simple friction de la moustache à l’aide d’un gant de crin.
4
+
5
+ Chez les Carolingiens, les moustaches augmentent d’épaisseur et de longueur[1].
6
+
7
+ La moustache était fort appréciée avant la Première Guerre mondiale et les Allemandes disaient alors « Ein Kuss ohne Schnurrbart ist wie Suppe ohne Salz[2] », ce qui signifie « Un baiser sans moustache est comme une soupe sans sel ». Le proverbe se retrouve par exemple dans Une famille d'Europe : Récit historique de Jean-Robert Pitte. Mais déjà La Pratique de l’allemand de la méthode Assimil, qui date d’entre les deux guerres, citait encore l’expression mais en parlait comme d’une opinion d’autrefois.
8
+
9
+ En France, au cours du XIXe siècle, plusieurs décrets rendent obligatoire et réglementent le port de la moustache aux armées et dans la gendarmerie. Ce n'est qu'en 1933, dans la gendarmerie, que ces dispositions sont abolies[3],[4].
10
+
11
+ En 1999 est lancé l'événement Movember qui voit chaque année certains hommes se laisser pousser la moustache pendant le mois de novembre.
12
+
13
+ L’apparition de la moustache chez la femme peut provenir d’un déséquilibre de la balance hormonale - non provoqué par l’absorption de substances androgéniques exogènes s’entend - en particulier d’un excès de libération de testostérone et de delta-4 androstènedione par les ovaires. La moustache chez la femme peut trahir un dysfonctionnement ovarien d’origine kystique ou tumoral. Au début du XXe siècle, la princesse Qajar incarnait la beauté chez les perses ; elle portait une moustache. Mais cette légende n'est pas vérifiée.[réf. nécessaire]
14
+
15
+ Chez l’animal, la moustache désigne un ensemble de poils raides, organe tactile servant notamment à la situation dans l’espace des félins ou de certains rongeurs, et que les scientifiques appellent vibrisses.
16
+
17
+ Dessiner des moustaches sur un portrait, une photographie, etc., est une plaisanterie simple et fréquente ; quand il s’agit de celle d’Hitler notamment, elle est communément peu appréciée.
18
+
19
+ Ossip Mandelstam, dans son épigramme contre Staline écrit : « Quand sa moustache rit, on dirait des cafards »[5].
20
+
21
+ La moustache a également un aspect culturel et communautaire visible, puisqu'on recense par exemple des concours de la plus belle moustache ou des groupes de jeu se référant à cette forme de pilosité. Longtemps ringardisée, la moustache semble revenir en grâce dans les courants avant-gardistes new-yorkais depuis le milieu des années 2000.
22
+
23
+ L'édition 2007 du championnat du monde de barbe et moustache a proposé de classer les compétiteurs selon leurs systèmes pileux catégorisés en trois groupes (moustache, barbe partielle et barbe complète) et 17 catégories (styles)[6].
24
+
25
+ Les principaux styles sont[7] :
26
+
27
+ Moustache en chevron
28
+
29
+ Moustache en croc
30
+
31
+ Moustache anglaise
32
+
33
+ Moustache en trait de crayon
34
+
35
+ Moustache Fu Manchu
36
+
37
+ Moustache en fer à cheval
38
+
39
+ Moustache en guidon
40
+
41
+ Moustache à l'impériale
42
+
43
+ Moustache naturelle
44
+
45
+ Moustache à la mexicaine
46
+
47
+ Moustache en brosse à dents
48
+
49
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
50
+
51
+ « Une décision ministérielle du 20 mars 1832 rend le port de la moustache obligatoire pour tous les militaires. Deux mois plus tard, une décision ministérielle précise que la moustache sera portée par l'ensemble des militaires, hormis ceux de la gendarmerie. Cette sentence très mal perçue par l'Arme, est vécue comme une humiliation et soulève un véritable tollé. Il faut attendre le ministère du maréchal Soult pour que ceux-ci retrouvent, par une décision du 28 janvier 1841, le droit et l'obligation de porter la moustache. Le port de la moustache demeure obligatoire jusqu'en 1933. Tout comme le bicorne, la moustache, à elle seule, a puissamment contribué à fixer l'image des gendarmes dans l'imaginaire collectif des français. »
52
+
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1
+ Famille
2
+
3
+ Les Culicidés, appelés moustiques[1], ou encore maringouins[2], forment une famille d'insectes appelée Culicidae. Classés dans l'ordre des Diptères et le sous-ordre des Nématocères, ils sont caractérisés par des antennes longues et fines à multiples articles, des ailes pourvues d’écailles, et des femelles possédant de longues pièces buccales en forme de trompe rigide de type piqueur-suceur. À ce jour, 3 546 espèces de moustiques réparties en 111 genres sont inventoriées au niveau mondial[3] mais un bien moins grand nombre pique l'humain.
4
+
5
+ Les moustiques ont un rôle dans les écosystèmes mais avant tout en épidémiologie humaine et animale, car outre le fait qu'ils sont source de nuisance par les piqûres qu’ils infligent, ils sont le plus important groupe de vecteurs d’agents pathogènes transmissibles à l’être humain, dont des zoonoses[4]. Ils sont vecteurs de trois groupes d'agents pathogènes pour l'humain : Plasmodium, filaires ainsi que de nombreux arbovirus.
6
+
7
+ Ils sont présents sur l'ensemble des terres émergées de la planète (à l'exception de l'Antarctique et de l'Islande[5]), tant dans les milieux forestiers, de savanes ou urbains, dès qu'une surface d'eau douce ou saumâtre, même réduite ou temporaire, est disponible.
8
+
9
+ Le nom scientifique (voir Nom binominal) de la famille des Culicidés vient de son genre type Culex donné par Linné en 1758. Culex vient du latin aculeus (« aiguillon »), lui-même issu du proto-indoeuropéen *ḱuH-ló- de même sens, et fait référence à l'appareil piqueur-suceur de ces insectes avec lequel les femelles se nourrissent de sang[6].
10
+
11
+ Le nom vernaculaire de moustique est emprunté à l’espagnol mosquito (littéralement « petite mouche »), dérivé du latin mŭsca, « mouche »[7].
12
+
13
+ Les moustiques sont des insectes holométaboles passant par 4 phases de développement ; œuf, larve (4 stades larvaires), nymphe et adultes. Les trois premiers sont aquatiques, le dernier aérien. La durée totale de ce développement, fortement influencé par la température, est de 10 à 15 jours pour les zones tropicales du monde qui rassemblent les plus fortes densités d'espèces.
14
+
15
+ Ce stade est aquatique. Issue de l'œuf, une larve de premier stade (L1) de taille réduite va, par une succession de trois mues, accroître sa taille, donnant en quelques jours une larve de stade IV (L4), d'une taille, variable selon l'espèce et les conditions de développement, entre 4 et 10 mm. C'est sur ce stade IV que les identifications taxonomiques sont réalisées.
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+
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+ Les larves sont constituées de trois parties :
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19
+ Aquatique, la nymphe présente un céphalothorax fortement sclérifié et renflé avec deux trompettes respiratoires, assez proches l'une de l'autre. Les yeux composés du futur adulte sont visibles latéralement à travers le tégument. Au niveau du céphalothorax se distinguent les ébauches de divers organes du futur adulte : proboscis, pattes, ailes.
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+
21
+ L'abdomen se compose de neuf segments, le dernier plus petit que les autres, porte à sa partie apicale une paire de palettes natatoires (nageoires), chacune maintenue rigide par une nervure médiane. À l'extrémité de la nervure, la palette porte une soie terminale accompagnée sur la face ventrale d’une soie accessoire. Le bord externe des nageoires porte des dents, variables en grandeur et extension, qui constituent un bon caractère de diagnose. Les caractères des soies de l'angle postéro-latéral du huitième segment, ainsi que la soie accessoire sont des caractères particulièrement utilisés.
22
+ Chacun des huit segments abdominaux porte dorsalement plusieurs paires de soies diverses. Le premier segment porte, en outre, une paire de soies palmées qui contribue à assurer l’équilibre de la nymphe en adhérant par capillarité à la surface de l’eau.
23
+ La nymphe, également aquatique, ne se nourrit pas mais, durant ce stade (soit 1 à 5 jours), le moustique subit de profondes transformations morphologiques et physiologiques préparant le stade adulte.
24
+ Au moment de l'exuviation de l'adulte, la pression interne provoque la rupture des téguments du céphalothorax suivant une ligne médio-dorsale. Les bords de la fente s’écartent pour permettre la sortie de l'adulte à la surface de l'eau.
25
+
26
+ Au stade adulte, leur taille varie selon les genres et espèces de 3 à 40 mm mais elle ne dépasse que très rarement les 10 mm, à l'exception des moustiques de la tribu des Toxorhynchitini.
27
+
28
+ Au stade adulte, les moustiques possèdent, comme tous les Diptères, une seule paire d'ailes membraneuses, longues et étroites, repliées horizontalement au repos. Les Culicidae possèdent un corps mince et des pattes longues et fines. Ils se reconnaissent facilement par la présence d'écailles sur la majeure partie de leur corps. Les femelles possèdent de plus de longues pièces buccales, caractéristiques de la famille, de type piqueur-suceur : la trompe, appelée rostre ou proboscis, qui inflige la piqûre si redoutée. Leur tête est pourvue de deux yeux à facettes (œil composé) mais les Culicidae ne possèdent pas d’ocelles (oeil simple).
29
+
30
+ Chez les mâles, l'appareil buccal est de type suceur, ils se nourrissent de nectar de fleurs, de sève, de jus sucrés... alors que les femelles (appareil de type piqueur-suceur) se nourrissent comme les mâles, mais elles sont en plus hématophages pour permettre la ponte[8].
31
+
32
+ Chaque segment est pourvu d'une paire de pattes longues et fines formé de 5 parties (coxa, trochanter, fémur, tibia et tarse formé de 5 tarsomères) pourvu souvent d'écailles dont l'ornementation (anneau, bande, moucheture) constitue un caractère d'identification. La répartition des soies et des écailles sur le thorax revêt une grande importance dans la détermination des différents genres et espèces de Culicidae. Citons : les soies acrosticales (sur le « dos » du thorax), les soies pré ou postspiraculaires (avant ou après le spiracle), les soies mésépimérales inférieures et supérieures.
33
+
34
+ Chez les mâles, les 9e et 10e segments qui forment les génitalia ont une structure d'une assez grande variété. Leurs caractères morphologiques sont très utilisés pour la détermination de l'espèce, par exemple chez les Culex, les Eretmapodites et les Aedes du sous genre Aedimorphus.
35
+
36
+ Le moustique joue donc un rôle au sein de nombreuses chaînes alimentaires. Les adultes mâles et femelles se nourrissant de nectar de fleurs, ils participent à la pollinisation des plantes, au même titre que les autres diptères, que les papillons ou les hyménoptères[10].
37
+
38
+ Bien que source de graves problèmes de santé publique, les moustiques (parfois favorisés par les aménagements ou comportements humains) font partie de la diversité biologique et fonctionnelle des zones humides, où ils ont une importance pour le cycle du carbone, de l'azote notamment et même une valeur de bioindicateur selon des biologistes tels que Martina Schäfer (2004)[11] et Willott (2004)[12]. Ils font partie des espèces qu'on trouve dans les points chauds de biodiversité, y compris en Europe[13].
39
+
40
+ Les chercheurs s'intéressent à leurs caractéristiques écologiques et à leurs traits d'histoire de vie[11],[14], afin de notamment préciser leur rôle dans les niches écologiques qu'ils occupent, voire mettre en évidence des services écosystémiques ou de rétrospectivement comprendre comment des pratiques humaines ont pu involontairement favoriser les moustiques et des pathogènes qu'ils véhiculent (telle que le plasmodium, autrefois cause du paludisme dans les vallées alpines et (plus largement) le sud-est de la France[15],[16]).
41
+
42
+ Leurs larves font naturellement partie des assemblages de zooplancton de nombreuses zones humides « non-tidales »[17], mais avec des caractéristiques différentes de celles des autres Diptera (une partie importante de leur cycle de vie est fixe[18]).
43
+ Les moustiques (larves et adultes) sont une source de nourriture pour de nombreux prédateurs (insectes, lézards, batraciens, oiseaux…), transférant de l'eau à la terre une importante quantité d'énergie et de biomasse[10],[19], service assuré seulement par quelques groupes d'insectes et les oiseaux marins ou aquatiques. Certaines larves, représentant parfois une part importante de la biomasse des écosystèmes aquatiques, filtrent jusqu'à deux litres par jour en se nourrissant de micro-organismes et déchets organiques[9]. Elles participent donc à la bioépuration des eaux marécageuses[10] et, par leur cadavre ou leurs déjections, rendent des éléments indispensables à la croissance des plantes, tel l'azote[10].
44
+
45
+ En zone équatoriale, ils sont présents toute l'année à l'état de larve ou d'adulte et plus on se rapproche des pôles, plus les moustiques se développent saisonnièrement et avec un décalage marqué entre la ponte, l'émergence des larves et des adultes (qui nourrissent respectivement des groupes d'insectivores différents ; aquatiques ou terrestres et aériens). En zone froide et tempérée, les prédateurs des moustiques sont surtout des espèces qui hibernent et qui mangent les moustiques aux époques où ils se développent.
46
+
47
+ Plusieurs espèces vecteurs se développent facilement en milieu urbain où la lumière peut aussi les attirer (phototactisme[20]).
48
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49
+ Certains animaux ont développé des comportements d'évitement : en Arctique, les caribous semblent tenir compte du vent pour échapper aux essaims de moustiques[10].
50
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51
+ Les moustiques ont une activité rythmée, saisonnière et nycthémérale.
52
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53
+ En vue de l'accouplement, mâles et femelles forment un essaim, peu après le coucher du soleil, à quelques mètres du sol. Ce phénomène est observable pour An. gambiae et An. funestus et il est probable qu'il existe également chez d'autres espèces et d'autres genres. L'accouplement a lieu peu de temps après l’émergence des adultes, chaque femelle étant fécondée une seule fois pour toute sa vie. Le bourdonnement caractéristique des moustiques n'est émis que par les femelles. Il permet aux mâles de les repérer, chaque espèce ayant sa propre fréquence caractéristique[19].
54
+
55
+ La plupart des moustiques ont des femelles hématophages[21], le repas de sang étant indispensable à la ponte. Elles sont qualifiées d'« endophages » lorsqu'elles piquent à l'intérieur des maisons, d'« exophages » à l'extérieur (alors que l'entophilie et l'exophilie désignent respectivement les moustiques adultes dont les femelles passent le temps de leur digestion de repas de sang respectivement à l'intérieur et à l'extérieur des maisons ; l'endophagie n'implique pas l'entophilie et vice-versa. Il est plus difficile de mettre en contact les espèces exophiles avec des pesticides, à moins d'en utiliser de très grandes quantités) et une parade de certains moustiques (ex : Anopheles gambiae) aux traitements pesticides pourrait être de devenir exophiles[22],[23]. Toutefois, les femelles se nourrissent aussi — comme les mâles — en se gorgeant d'eau sucrée et de sucs végétaux (nectar, sève), et peuvent vivre plusieurs mois (des espèces anthropophiles passent l'hiver en diapause dans des caves, grottes, étables ; d'autres dans des abris en sous-bois), mais alors elles constituent des réserves adipeuses au lieu de pondre.
56
+
57
+ Les moustiques disposent souvent de bonnes stratégies de dispersion, à prendre en compte dans les études épidémiologique et écoépidémiologique[24],[25], car elles expliquent en partie la dispersion des arboviroses humaines (dengue, chikungunya, fièvre jaune...).
58
+
59
+ Quarante-huit heures après la prise du repas de sang, les femelles fécondées déposent leurs œufs, selon les espèces : à la surface d'eaux permanentes ou temporaires, stagnantes ou courantes, dans des réceptacles naturels ou artificiels ou sur des terres inondables (marécage, rizière[26]…). Certaines espèces pondent des œufs capables de résister à une sécheresse de plusieurs mois[27], et les œufs peuvent être laissés ainsi pendant des mois avant de connaître une remise en eau. Ces œufs sont pondus soit isolément (Toxorhynchites, Aedes, Anopheles), soit en amas (Culex, Culiseta, Coquillettidia, Uranotaenia) ou bien fixés à un support végétal immergé (Mansonia, Coquillettidia). La fécondité totale d’une femelle varie selon les espèces de 500 à 2 000 œufs (20 à 200 par ponte selon la quantité de sang disponible), plusieurs pontes possibles, généralement une à quatre)[9].
60
+ Ces œufs se développent en un à deux jours (selon les conditions météorologiques)[9] et éclosent, donnant naissance à des larves aquatiques de premier stade qui possèdent (à l’exception des Anophelinae) au bout de l'abdomen un siphon respiratoire en contact avec l'air. Les gîtes larvaires sont très diversifiés selon les genres et les espèces et comprennent tous les points d'eau possible excepté mers et océans : les eaux courantes (bords de torrents de montagne, de rivières ou fleuves) ou stagnantes (étang, mare, rizière, marécage, bord de rivière, fossé, flaque), ensoleillées (chemin) ou ombragées (en forêt), de grande dimension (bordure de lac, fleuve) ou de petite taille (feuille morte), à forte teneur en sels minéraux (eau saumâtre : mangroves, salines) ou chargées de matières organiques (trou d'arbre), les gîtes naturels formés par les végétaux (phytotelmes) : aisselle de feuille (bananier, Bromeliacae...), bambou fendu, trou d’arbre, urne de plante carnivore (Nepenthes), champignon creux, feuille à terre, fruit creux), minéraux : flaques, ornières, carrière de briques, empreinte de pas de bétail, trou de crabe, coquille d’escargot, trou de rocher, ou artificiels : citerne, latrine, rejet d’égout, abreuvoir, gouttière, pneu, carcasse de voiture, bidon, bâche, boîte de conserve, pot de fleurs... Chez certains genres (Aedes, Haemagogus, Psorophora), les œufs sont résistants à la dessiccation, dans l'attente de la remise en eau de leur gîte de ponte.
61
+
62
+ Les larves s'alimentent et se maintiennent au repos sous la surface de l’eau, respirant par leurs spiracles qui affleurent à la surface et se situent soit directement au niveau du 8e segment abdominal pour les Anopheles (qui doivent donc pour respirer se maintenir parallèles à la surface de l’eau, aidé en cela par des soies spécifiques à cette sous-famille, les soies palmées), soit à l’extrémité du siphon respiratoire du 8e segment pour les Culicinae (qui doivent donc maintenir leur corps oblique par rapport à la surface pour respirer). Enfin, certains genres de Culicinae ont leurs larves immergées, respirant par l'intermédiaire de la tige d'un végétal dans lequel elles insèrent leur siphon (Coquillettidia, Mansonia, quelques espèces du genre Mymomyia). Les larves passent par quatre stades larvaires se traduisant par une augmentation de leur taille, et se métamorphosent en une nymphe.
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+ La nymphe est aquatique et respire l'air atmosphérique au moyen de ses deux trompettes respiratoires. L'extrémité abdominale de la nymphe est aplatie en palettes ou nageoires. La nymphe ne se nourrit pas. Il s'agit d'un stade de transition vers l'adulte durant lequel l'insecte subit de profonds remaniements physiologiques et morphologiques.
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66
+ De la nymphe émergera au bout de deux à cinq jours l'adulte volant.
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68
+ La plupart des espèces ont une activité nocturne (genre Culex, Anopheles, Mansonia ) ou bien essentiellement diurne (Toxorhynchites, Tripteroides) à crépusculaire (genre Aedes). En région afrotropicale, la majorité des moustiques se nourrissent la nuit ou au crépuscule, au moins en zone de savanes et à basse altitude ; en montagne, où il fait très froid la nuit, et en forêt dense, où règne en permanence une mi-obscurité, un certain nombre d'espèces ailleurs nocturnes ou crépusculaires attaquent couramment de jour. Chaque espèce de moustique semble posséder, dans des conditions climatologiques déterminées, un cycle d'activité qui lui est propre. Chez le genre Anopheles, la durée du stade larvaire est d'environ sept jours (si les conditions extérieures sont favorables : qualité de l'eau, température et nourriture essentiellement). Les adultes vivent selon les conditions et les espèces de 15 à 40 jours, excepté pour certaines espèces dont les femelles peuvent hiverner.
69
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70
+ Les mâles se déplacent assez peu du gîte dont ils sont issus, et leur longévité est relativement faible. La femelle peut migrer jusqu’à 100 km de son lieu de naissance (transport passif par le vent). Dans les zones tempérées, à l'arrivée de l'hiver, certaines espèces peuvent hiverner au stade adulte, d'autres laissent leurs larves perpétuer seules l'espèce à l'arrivée du printemps[28]. L'espérance de vie peut varier de deux à trois semaines pour certaines espèces, à plusieurs mois pour d'autres[29]. En état de diapause, l'espérance de vie de certains moustiques peut atteindre plusieurs mois (selon l'espèce).
71
+
72
+ Pour les espèces hématophages, l'alimentation en sang est nécessaire à la ponte. La séquence (repas sanguin, maturation des œufs et ponte) est répétée plusieurs fois au cours de la vie du moustique, et s'appelle le cycle gonotrophique. La durée de ce cycle dépend de l'espèce, mais surtout de la température externe (par exemple, chez A. gambiae, le cycle dure 48 heures lorsque la moyenne de température jour/nuit est de 23° C). La piqûre, le plus souvent nocturne (et plus particulièrement à l'aube ou au crépuscule), dure deux à trois secondes si le moustique n'est pas dérangé.
73
+
74
+ La femelle adulte, pour sa reproduction, pique les animaux pour prélever leur sang, qui contient les protéines nécessaires à la maturation des œufs (notamment le vitellus destiné à nourrir le germe de l'œuf[30]). On la qualifie de femelle anautogène, en opposition aux femelles autogènes (qui peuvent se passer de sang pour la maturation de leurs œufs).
75
+
76
+ Pendant la piqûre, la femelle injecte de la salive anticoagulante (voir photo ci-contre) qui, chez l'humain, provoque une réaction allergique inflammatoire plus ou moins importante selon les individus : c'est la formation d'un « bouton » qui démange. Lorsque le moustique a terminé le prélèvement, il utilise principalement ses ailes pour décoller, et non ses pattes comme la plupart des autres insectes : ainsi, le décollage est quasiment imperceptible pour l'individu piqué[31].
77
+
78
+ Tous les moustiques (larves et adultes) sont dotés d'une paire de gros yeux composés formés d'ommatidies[8], et peuvent s'orienter selon la lumière et sous une faible lumière. Tous les moustiques à jeun présentent un phototactisme à une faible lumière.
79
+
80
+ La femelle à la recherche de sang perd provisoirement cette sensibilité à la lumière pour devenir principalement sensible aux odeurs émises par sa cible. Une fois gorgée de sang elle retrouve sa compétence de phototactisme, qui lui permet notamment de quitter la chambre, l'étable ou la grotte où elle a piqué son hôte.
81
+
82
+ Certaines espèces ont une rétine très photosensible et peuvent immédiatement après leur repas s'orienter vers la lumière ambiante extérieure d'un ciel étoilé ou illuminé par la lune (cas fréquent en zone tropicale selon Muirhead-Thomson, 1951 cité par Beklemišev[32]). Les femelles d'autres espèces (ex : A hyrcanus, A. bifurcatus et beaucoup d'autres) ne seront dans les mêmes circonstances (après le repas de sang) attirées que par la lumière du soleil levant pour gagner un refuge diurne (fissure de roches, anfractuosité du sol, végétation touffue…), ce qui explique qu'on ne retrouve que très rarement le matin les femelles qui se sont gorgées de sang. Les espèces présentant ce comportement sont typiquement exophiles (dans ce cas les femelles n'hibernent jamais dans les maisons), par exemple A. hyrcanus)[32]. Les femelles de quelques espèces ne retrouvent que lentement leur phototactisme et finissent leur digestion dans la maison, tant qu'on ne les fait pas fuir (A. maculipennis, A. superpictus, A. gambiae) ou d'autres espèces très endophiles[32].
83
+
84
+ Le jour, certaines espèces de moustiques sont également attirées par l'obscurité[32]. Les femelles sont immédiatement attirées par ces sources alors qu'elles sont répulsives pour les mâles. Il peut aussi arriver que des femelles venant de se gorger de sang à l'extérieur d'une maison l'utilisent pour se protéger de la lumière le jour suivant (jusqu'à la fin de la digestion du sang, avant qu'elle ne s'apprête à chercher un lieu de ponte) ; c'est assez fréquent chez A. M. sacharovi, A. pulcherrimus et A. superpictus[32].
85
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86
+ Tout comme la tique, le moustique repère sa cible grâce à son odorat : celui-ci, au cours d'un déplacement d'au plus 2 km, leur révèle d'abord des traces de dioxyde de carbone (émis par la respiration et la transpiration) jusqu'à 30 m[33], puis d'acides gras comme l'acide butyrique ou l'acide lactique, de 4 méthyl phénol et de substances aux relents ammoniaqués, émis par la sudation de la peau et sa dégradation par la microflore de la peau[34]. Des thermorécepteurs permettront ensuite à la femelle de trouver la veinule où piquer[21]. Le système visuel est sensible à la lumière, aux mouvements et aux couleurs mais il est peu performant, et n'interviendrait qu'à moins de 1,5 m[35]). Ce n'est pas la lumière mais l'odeur qui attire les femelles piqueuses.
87
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88
+ Les espèces anthropophiles sont spécialement sensibles aux kairomones comme l'acide lactique ou le sébum, ou aux nombreuses odeurs émises par la sueur ou l'haleine (comme l'ammoniac, l'acide lactique, l'aminobutane)[36], l'odeur propre de la peau, l'urine[37], les vapeurs d'alcool ou de parfum et bien d'autres encore (par exemple l'odeur d'une personne ayant consommé de la bière ou du fromage[38]). Les moustiques sont également sensibles à la chaleur (15 à 30° C) et l'humidité (en pratique plutôt l'été et par temps orageux, donc), et seront plus attirés par une personne avec une température élevée[39],[21]. Les substances attractives ou répulsives peuvent varier d'une espèce à l'autre. Les moustiques sont encore sensibles à de nombreux autres paramètres (par exemple, la hauteur à laquelle l'odeur est perçue, dans le cas d'An. gambiae, qui vole au ras du sol et pique de préférence les pieds et les chevilles[40]). Les croyances que les moustiques sont sensibles à la quantité de sucre dans le sang[21] et qu'il faut éteindre la lumière pour ne pas attirer les moustiques femelles[41] ne sont pas fondées.
89
+
90
+ Alimentation des adultes :
91
+ Les adultes, tant mâles que femelles, sont avant tout nectarivores, s'alimentant de nectar et du jus sucré des fruits mûrs pour couvrir leurs besoins énergétiques. En élevage (dans les laboratoires d'entomologie médicale), il leur est ainsi fourni des tampons de coton imbibés d'eau sucrée, qui suffisent à leur survie, sans avoir recours à une alimentation sanguine[42].
92
+
93
+ En outre, les femelles (à l'exception des espèces du genre Toxorhynchites), à seule fin d'assurer le développement de leurs œufs, ont recours à des repas de sang sur des vertébrés divers à sang chaud (oiseaux, mammifères dont l'Homme) ou à sang froid comme les batraciens (grenouille, crapaud), les reptiles (serpent, tortue) ou même d'autres insectes (larves de Lépidoptères, nymphes de cicadelle, mantes).
94
+ Traversant la peau jusqu'à un vaisseau, elles effectuent une prise de sang. Chaque espèce a sa propre spécificité plus ou moins affirmée dans le choix de l'hôte pour ce repas de sang. Ainsi, Culex hortensis et Culex impudicus piquent de préférence les batraciens, Cusileta longiareolata et le genre Aedeomyia les oiseaux, alors que Anopheles gambiae, Aedes albopictus, Aedes caspius, Aedes vexans, Culex pipiens et Culex quinquefasciatus préfèrent l’Homme. On parle de moustique anthropophile s'il pique préférentiellement l'Homme ou zoophile s'il pique préférentiellement d'autres vertébrés.
95
+
96
+ Alimentation des larves :
97
+ Les larves de moustiques ont pour la plupart une alimentation constituée de phytoplancton, de bactérioplancton et de particules de matière organique en suspension dans l'eau du gîte.
98
+ La larve s'alimente grâce aux battements de ses soies buccales qui créent un courant suffisant pour aspirer les aliments.
99
+
100
+ D'autres espèces sont prédatrices au stade larvaire, se nourrissant essentiellement de larves de Culicidae divers. Ce type de comportement alimentaire est assez rare parmi les Culicidae, ne se rencontrant que pour l'ensemble des espèces des genres Toxorhynchites et Lutzia, les espèces Psorophora du sous-genre Psorophora, chez les Aedes du sous-genre Mucidus, les Tripteroides du sous-genre Rachisoura et chez des espèces des genres Sabethes, Eretmapodites (Er. dracaenae, prédateur des larves d'Aedes simpsoni [Pajot 1975]) et Culiseta (Cs. longiareolata).
101
+ Elles sont pour la plupart reconnaissables à leur brosse buccale souvent modifiée en épines préhensiles fortes et recourbées vers le bas.
102
+
103
+ Les larves et les nymphes de moustiques sont consommées par des oiseaux aquatiques, batraciens (tritons, grenouilles, crapauds, salamandres), poissons (tels, par exemple, la gambusie), insectes (Chaoboridae, Notonectes, coléoptères, libellules…)[43], des crustacés (Copepoda Cyclopoida tel que Mesocyclops aspericornis) ou encore le nématode Romanomermis culicivorax[44], etc.
104
+
105
+ D'autres espèces se nourrissent de moustiques adultes : les araignées[45], certaines espèces de poissons comme l'épinoche, de libellules, de chauves-souris ou d'oiseaux[46], comme l'hirondelle ou l'engoulevent[44],[47].
106
+
107
+ La trompe (proboscis) de la femelle est composée par des pièces buccales vulnérantes ou stylets (maxilles, labre, hypopharynx) qui sont enveloppées par le labium souple (i) qui se replie au moment de la piqûre.
108
+
109
+ Le moustique enfonce les stylets dans l’épiderme jusqu’à un capillaire sanguin grâce aux maxilles qui perforent la peau et qui permettent à la trompe de se maintenir en place lors du prélèvement sanguin.
110
+
111
+ Les stylets délimitent deux canaux : l’un (canal salivaire), formé par l’hypopharynx, par lequel est injectée une salive anticoagulante, l’autre (canal alimentaire), au niveau du labre, par lequel est aspiré le sang qui, s’il est infecté, contamine le moustique.
112
+
113
+ La quantité de sang prélevée varie de 4 à 10 mm3 en 1 à 2 minutes[48]. D’après le site de l'Association américaine de contrôle du moustique, le prélèvement moyen est de 5 millionièmes de litres; L’insecte ingurgite 5 mg de sang, soit deux fois sa propre masse car il pèse en moyenne 2,5 mg[49].
114
+
115
+ Les piqûres peuvent être totalement indolores ou provoquer un prurit très désagréable ou des allergies plus graves, allant exceptionnellement jusqu'au choc anaphylactique. L’hypersensibilité a une origine immunitaire, qui traduit une réaction extrême de nos anticorps à des antigènes présents dans la salive du moustique.
116
+
117
+ Certains de ces antigènes sensibilisants existent chez tous les moustiques, tandis que d'autres sont spécifiques à certaines espèces. La réaction d'hypersensibilité peut être immédiate (types I et III) ou retardée (type IV)[50].
118
+
119
+ Divers remèdes sont plus ou moins efficaces selon les personnes et les délais d'application. Outre le vinaigre au peroxyde de zinc, dont l'effet calmant n'est pas médicalement prouvé, et des produits interdits en raison de leur toxicité, quelques médicaments existent ; antihistaminiques oraux ou topiques appliqués et diphénhydramine (Benadryl en onguent), qui soulagerait les démangeaisons. Les corticostéroïdes topiques tels que l'hydrocortisone et la triamcinolone peuvent soulager, dans le cas de piqûres inopportunément placées. Le savon de Marseille a un effet calmant (frotter à l'endroit de la piqûre). On peut aussi poser un objet chaud (tasse de thé brûlant, par exemple) quelques secondes sur la piqûre, ou la tamponner avec un glaçon, ou le déo rollon et la crème antihémorroïdes[51].
120
+
121
+ L'application directe d'un tissu imbibé d'eau très chaude mais non bouillante peut bloquer quelques heures le dégagement d'histamine autour de la piqûre. Finalement, toute crème à base de cortisone est efficace étant donné leur effet anti-inflammatoire.[réf. nécessaire]
122
+
123
+ Les Culicidae constituent le tout premier groupe d'insectes d'intérêt médical et vétérinaire quant à la transmission de maladies.
124
+
125
+ Les moustiques sont avec les tiques les premiers vecteurs de maladies transmissibles entre animaux (ex : Myxomatose[52]) ou zoonotiques également transmissibles à l'Homme.
126
+
127
+ Le moustique est l'animal qui cause le plus de morts chez l'être humain[53] (en moyenne 725 000 décès par an[54]).
128
+
129
+ Selon les sources, les moustiques qui prélèvent du sang humain sont seulement les femelles d'environ 80 espèces de moustiques sur environ 2 600 décrites en 2010, soit 3 %[53], ou d'une centaine sur 3 500 espèces, soit 6 %[55]. Elles agissent ainsi pour assurer le développement de leurs œufs[55].
130
+
131
+ Les moustiques sont vecteurs de trois groupes d'agents pathogènes pour l'être humain : Plasmodium, filaires des genres Wuchereria et Brugia, ainsi que de nombreux arbovirus.
132
+
133
+ Plus de 150 espèces de Culicidae relevant de 14 genres ont été observées porteuses de virus impliqués dans des maladies humaines (Mattingly, 1971). C'est par sa trompe qui lui sert à piquer que le moustique transmet les pathogènes à l'être humain ou aux animaux.
134
+
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+ Les moustiques sont responsables de la transmission du paludisme (malaria), une des toutes premières causes de mortalité humaine (chaque année, entre 250 et 600 millions de personnes touchées dans le monde, et plus d'un million de morts[56],[57],[58]), de nombreuses maladies à virus (arboviroses) telles que la dengue, la fièvre jaune, la fièvre de la vallée du Rift, la fièvre du Nil occidental (West Nile Virus), le chikungunya, d’encéphalites virales diverses ainsi que de filarioses et constituent à ce titre l’un des sujets majeurs d’études en entomologie médicale.
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+
137
+ Lors de la piqûre d'un hôte porteur d'un parasite, le moustique aspire, en même temps que le sang, le parasite pathogène (excepté les filaires, virus de la dengue, de la fièvre jaune, le virus du Nil occidental ou le virus du chikungunya…), qui parvient ensuite dans l'estomac du moustique, puis franchit la paroi stomacale. Une fois multiplié, il se retrouve dans les glandes salivaires du moustique qui l'inocule à son hôte lors de la piqûre, par la salive infectée, via l’hypopharynx.
138
+
139
+ Les genres Anopheles (paludisme), Aedes (dengue et fièvre jaune, chikungunya), Culex (fièvre du Nil occidental et diverses encéphalites) ainsi que des Eretmapodites (fièvre de la vallée du Rift) et Mansonia (filarioses) contiennent la majorité des espèces vectrices qui contaminent l'homme[59].
140
+
141
+ Les moustiques vecteurs de maladies graves sont surtout présents dans les pays du Sud (notamment Afrique, Sud de l'Asie, Amérique latine). Mais les déplacements de personnes et de marchandises, combinés au changement climatique, permettent aux espèces incriminées (par exemple le moustique tigre et l'Aedes japonicus) d'étendre leur territoire toujours plus au Nord, amenant avec elles des maladies jusqu'alors absentes ou disparues (le paludisme ayant été éradiqué de l'Europe au XXe siècle)[59]. Ainsi, de nombreux cas de chikungunya, virus véhiculé par certains Aedes, et notamment le moustique tigre, sont apparus en 2007 en Vénétie. Le moustique tigre, déjà présent en Italie ou dans le sud de la France en 2010, pourrait avoir colonisé l'ensemble de l'Europe d'ici 2030[60].
142
+
143
+ Il est important de noter que le sida ne fait pas partie de ces maladies transmissibles par le moustique, pour plusieurs raisons[57], notamment que le virus du sida n'est pas capable de se reproduire dans le moustique et de parvenir dans ses glandes salivaires. Le virus du sida, digéré avec le sang en moins de 24 heures et détruit, ne survit pas sur le moustique[61],[57].
144
+
145
+ Plus de 40 espèces de Culicidae, relevant de 4 genres, sont impliquées dans la transmission des filarioses lymphatiques. Ce sont des infections parasitaires engendrées par trois espèces de filaires : Wuchereria bancrofti, la plus fréquente et sa variété pacifica, Brugia malayi et Brugia timori.
146
+
147
+ La filariose de Bancroft à Wuchereria bancrofti sévit dans toute la zone intertropicale (Caraïbes, Amérique latine, Afrique, Inde, Asie du Sud-Est et les îles du Pacifique). La variété pacifica sévit en Océanie.
148
+
149
+ La filariose de Malaisie (ou filariose lymphatique orientale) due à Brugia malayi, est exclusivement asiatique (Asie du Sud-Est, Inde, Sri Lanka, Corée et Chine). Brugia timori ou filaire de Timor sévit dans les îles du Sud-Est de l'Indonésie (Timor).
150
+
151
+ Des moustiques des genres Culex (en particulier Culex quinquefasciatus), Anopheles (Anopheles gambiae, An. funestus) et Aedes (Aedes polynesiensis) sont vecteurs des 2 types de filarioses.
152
+
153
+ En Afrique, W. bancrofti est transmis par Cx. quinquefasciatus et, en Afrique centrale et occidentale, uniquement par des Anopheles : An. funestus, An. Complexe gambiae.
154
+
155
+ De plus, des espèces du genre Mansonia transmettent la filariose de Malaisie (Brugia malayi). Des espèces vivant dans des marécages ouverts (Mansonia uniformis, Ma. annulifera, Ma. indiana) sont vectrices de l’Inde jusqu’en Asie de l’est. Des espèces zoophiles et rurales, Ma. bonneae, Ma. dives et Ma. uniformis sont vectrices en Thaïlande, Malaisie et aux Philippines.
156
+ Des espèces du genre Coquillettidia sont signalées vectrices en Indonésie.
157
+
158
+ Wuchereria bancrofti pacifica présente dans les îles du Pacifique sud est transmise majoritairement par Aedes (Stegomyia) polynesiensis, Ae. (Stegomyia) pseudoscutellaris, Ae. (Stegomyia) tongae, Ae. (Stegomyia) hebridea ainsi que par Ae. (Ochlerotatus) vigilax, espèce de Mangrove très agressive envers l’être humain.
159
+ Brugia timori est transmise par Anopheles barbirostris.
160
+
161
+ Le cycle est indirect et fait intervenir l'être humain comme hôte définitif et un moustique comme hôte intermédiaire. Les microfilaires (larve de 1er stade) sont absorbées par le moustique lors d'un repas de sang chez un hôte infesté. Dans les 12 heures, elles traversent la paroi stomacale et gagnent la musculature thoracique du moustique. Là, après deux mues, elles se transforment en une dizaine de jours en formes infectantes. Enfin, les larves de troisième stade migrent vers le labium et sont inoculées à l’hôte lors d’un nouveau repas de sang du moustique, pénétrant activement par la blessure créée par la piqure. Le parasite ne subit aucune multiplication chez le vecteur.
162
+
163
+ La forte présence de microfilaires au niveau des muscles thoraciques du Culicidae entraîne chez ce dernier une diminution de sa capacité de vol.
164
+
165
+ Les filarioses lymphatiques touchent 120 millions de personnes dans 83 pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie et 40 millions d’entre elles souffrent de difformités et d'invalidités graves. Près d’un tiers des porteurs de la maladie vivent en Inde, un autre tiers en Afrique, tandis que le dernier tiers se répartit entre l’Asie du Sud-Est, le Pacifique occidental et l’Amérique latine.
166
+
167
+ Une transmission verticale des virus (transovarienne) des encéphalites japonaise et de St. Louis par Aedes albopictus est possible (Rosen, 1988).
168
+ Cette maladie virale (Flavivirus) est endémique dans le Sud-Est de l'Inde et au Sud-Est asiatique (Malaisie, Thaïlande, Viêt Nam, Philippines, Indonésie). Elle est épidémique en Chine (partie), en Corée ainsi que dans certaines régions d'Océanie, au nord de l'Australie et au Japon. L'encéphalite japonaise est une cause majeure d'encéphalite virale avec 30 000 à 50 000 cas cliniques signalés chaque année, provoquant 15 000 décès.
169
+
170
+ Les zones touchées sont surtout rurales car les moustiques pullulent dans les rizières et zones inondées, avec une forte activité crépusculaire et nocturne, infligeant alors à l'être humain et aux animaux domestiques des piqûres douloureuses. L'être humain n'est qu'un hôte accidentel du virus, favorisé en cela par la création de rizières et de porcheries près d'habitations humaines. Le réservoir épidémiologique de base du virus est constitué par les oiseaux Ardeidae (hérons et aigrettes) et des canards vivant dans les zones humides, et pour réservoir relais les animaux domestiques (porcs principalement). Les chevaux, les chauves-souris et les reptiles sont également cités comme hôtes.
171
+ Il n’y a pas de transmission inter-humaine et il existe un vaccin efficace contre cette maladie.
172
+
173
+ L'être humain cherche depuis longtemps à lutter contre les moustiques, vecteurs de maladies (et surtout de boutons qui démangent).
174
+ Les méthodes sont passives ou actives, biologiques ou chimiques et parfois adaptées au stade de développement de ces insectes.
175
+
176
+ En France, la loi no 64-1246 du 16 décembre 1964 est « relative à la lutte contre les moustiques » et visait à l'origine à favoriser le développement touristique sur le littoral, puis a été élargie à d'autres champs comme la santé publique[62].
177
+
178
+ Aux stades œuf, larve et nymphe, les moustiques se développent dans l'eau stagnante (et parfois lentement courante), temporaire ou permanente. L'eau est vitale au moins à l'un des stades de développement du moustique (de la boue, du sable ou de la terre humide ne conviendront pas).
179
+
180
+ Depuis les années 1950, dans les régions habitées ou proches de zones habitées et fortement infestées, comme les régions marécageuses, des larvicides sont utilisés à grande échelle pour limiter la prolifération des moustiques.
181
+
182
+ Après quelques générations, les larves devenant fréquemment résistantes à un produit, les chercheurs doivent sans cesse mettre au point de nouvelles formules de pesticides ou biopesticides[63],[64].
183
+
184
+ Certains modes d'aménagement du territoire et des zones humides permettent (notamment et y compris dans les plans d'eau et zones humides artificielles[65],[66]) de :
185
+
186
+ Dans leur aire de répartition, on pratique une lutte biologique en relâchant dans la nature des larves de Toxorhynchites, des grands moustiques qui ne piquent pas les vertébrés mais dont les larves se nourrissent, entre-autres de larves de Culicidés. Cette méthode obtient un succès variable selon les pays ou les espèces visées[69],[70].
187
+
188
+ Au Canada, aux États-Unis[71] ou encore en France[72], le Bacillus thuringiensis est notamment utilisé comme larvicide biologique à faible impact direct sur l'environnement, même si certaines études pointent des effets indirects non négligeables[73].
189
+
190
+ Protéger ou restaurer les populations de prédateurs des larves de moustiques, tels que tritons, grenouilles, crapaud, salamandres, hirondelles, martinets, chauve-souris… permet aussi de contrôler leur prolifération.
191
+
192
+ Éliminer au maximum tout réservoir potentiel d'eau stagnante où des moustiques pourraient pondre et des larves se développer, même de faible volume, réduit le risque de présence de moustiques en zone urbaine. Ainsi les autorités sanitaires recommandent une surveillance de l'environnement proche des habitations et la suppression des récipients où de l'eau peut durablement stagner (soucoupes de pot de fleur, vases, bidons, bâches, gouttières, poubelles à ciel ouvert, brouettes…). Les soucoupes de pots de fleur peuvent être remplies de sable ou gravier.
193
+
194
+ Une technique complémentaire consiste, après avoir supprimé tous les autres points d'eau proches, à offrir des gîtes « pièges » (récipients d'eau de pluie stagnante) où la ponte des femelles pourra être contrôlée : dès que les larves sont assez grosses et visibles, bien avant qu'elles ne se nymphosent (soit environ tous les cinq jours), l'eau est filtrée ou vidée dans la terre (en veillant à ce qu'elle soit complètement absorbée). Les larves, privées d'eau, meurent.
195
+
196
+ Les récipients impossibles à vider (puisards, puits, latrines, collecteurs d'eau de pluie ouverts…), peuvent être hermétiquement couverts de toile-moustiquaire ou, à défaut, d'une fine couche d'huile : les larves de culex ne peuvent plus respirer et meurent, mais celles des Culicidae survivent car elles prennent leur oxygène dans les vaisseaux d'hélophytes.
197
+
198
+ De nombreuses méthodes sont réputées éviter d'être piqué par les moustiques. Beaucoup sont inefficaces, peu efficaces ou sans efficacité prouvée[74]. Certaines méthodes efficaces ont des effets négatifs à long terme. Pour se prémunir des piqûres dans les régions fortement infestées, il faut combiner les moyens de protection et parfois de lutte.
199
+
200
+ La femelle est attirée par le CO2 émis par l'hôte[75] et dans une moindre mesure par une température entre 18° et 30° ainsi que la transpiration : l'humidité ainsi que l'odeur de celle-ci, accentuée par certains aliments (bière, fromages…)[33]. Certains médicaments comme les stéroïdes ou les médicaments anti-cholestérol attirent aussi les moustiques[51], ainsi que les parfums[75].
201
+
202
+ Il convient de tenir compte des horaires d'activité des moustiques afin de ne pas s'y exposer. il est recommandé avant tout de porter des vêtements longs et couvrant tout le corps ; amples car les moustiques peuvent piquer à travers des vêtements serrés. Les vêtements fluides permettront aussi de laisser la peau respirer. Attention toutefois à bien faire attention aux poignets, chevilles et cou qui sont des zones à risques. Les couleurs sont importantes : évitez les couleurs foncées tout simplement car cela accroît la chaleur et donc le CO2[76],[75],[77].
203
+
204
+ La toile moustiquaire peut équiper les portes et les fenêtres, entourer les lits, berceaux ou poussettes d'enfant et même protéger le visage dans les zones fortement infestées. Elle sert aussi à empêcher les femelles de pondre dans les réserves d'eau.
205
+
206
+ La méthode de lutte donnant le meilleur résultat, notamment contre le paludisme, est l'utilisation de toile moustiquaire imprégnée d'insecticide.
207
+ En 1983, au Burkina Faso, une première association insecticide-moustiquaire fut mise en place par imprégnation de moustiquaires dans la ville de Bobo-Dioulasso. Ces moustiquaires se sont avérées particulièrement efficaces contre les anophèles en termes de mortalité des moustiques et de réduction du taux de piqûres. Globalement, la moustiquaire imprégnée réduit de 36 % le taux de piqûres des moustiques par rapport à une moustiquaire non traitée et tue de l’ordre de 37 % des moustiques présents. La généralisation de leur emploi pourrait réduire de moitié environ l'impact du paludisme et de 20 % la mortalité infantile[78].
208
+
209
+ Dans les zones infestées, la peau, mais aussi les vêtements, peuvent être imprégnés d'un répulsif à insectes. En fonction du type de peau, le pharmacien peut recommander un répulsif particulier. Lors de voyages, mieux vaut acheter sur place, les produits seront plus adaptés aux moustiques locaux[79].
210
+
211
+ L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande principalement ceux qui renferment du DEET (N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide, auparavant appelé N, N-diéthyl-m-toluamide), de l'IR3535 (éthyl butylacétylaminopropionate) ou de l'icaridine (1-piperidinecarboxylic acid, 2-(2-hydroxyethyl)- 1-méthylpropylester)[80].
212
+ Le répulsif le plus efficace est le DEET, mais de récentes études montrent une possible toxicité chez l'Homme, en particulier pour les femmes enceintes et les enfants[81]. On a recensé dans le monde douze cas de convulsions chez l'enfant depuis la mise en œuvre de ce produit, sans que l'origine de ces convulsions puisse être imputée au produit ; il s'agit donc là d'un principe de précaution que certains jugent abusif[réf. nécessaire].
213
+
214
+ Les répulsifs à base d'huile de haricot de soja et d'IR3535 présentent une protection de plus courte durée[réf. nécessaire].
215
+
216
+ Les autres répulsifs d'origine végétale, dont l'essence de citronnelle, ont une durée d'effet très courte et sont donc considérés comme inefficaces à l'extérieur. Selon l’OMS, les vaporisateurs, à la citronnelle par exemple, « peuvent aussi réduire les piqûres à l’intérieur des bâtiments[80] ».
217
+
218
+ La culture, par exemple au rebord des fenêtres, de certaines plantes (citronnelle, lamiacées (labiées) tels que la mélisse, le thym, le thym citron, le romarin, la lavande, le basilic, le basilic à petites feuilles, les géraniacées tels que les geranium, en particulier le geranium citron, et pelargonium, pyrèthre, les plants de tomates, les capucines), aurait un effet répulsif[76].
219
+
220
+ Selon certains récits de vie à l'écart de la civilisation, la salive mélangée à du tabac pourrait être efficace. La nicotine est effectivement un excellent insecticide naturel. Le feu et la fumée éloigneraient aussi les moustiques, mais non sans conséquences pour la santé des humains qui respirent cette fumée[réf. nécessaire].
221
+
222
+ Les bracelets anti-moustiques sont quasiment inopérants[79],[82]. De même, les appareils anti-moustiques électroniques, censés éloigner les moustiques par émission d'ultrasons, sont en réalité inefficaces, la femelle étant insensible à ces vibrations[75],[83],[84],[79],[85].
223
+
224
+ Des aérosols et diffuseurs d'insecticide sont commercialisés mais ils ne présentent d'intérêt que dans une pièce fermée.
225
+ Ils présentent alors d'autres risques avérés ou potentiels pour la santé des occupants qui les respirent, notamment les enfants[86]. De plus, on observe (au moins depuis les années 1960[87]) que les insecticides induisent rapidement des résistances à leur efficacité chez la plupart des espèces de moustiques visées.
226
+ Selon l’OMS, les spirales anti-moustiques et autres vaporisateurs « peuvent aussi réduire les piqûres à l’intérieur des bâtiments[80] ».
227
+
228
+ La résistance de nombreuses souches de moustiques à certains pesticides a rapidement et fortement augmenté (beaucoup plus vite que pour les résistances des plantes aux désherbants)[88]. À titre d'exemple, une résistance (génétiquement héritable pour la descendance) au DDT a été constatée chez les moustiques
229
+ dès 1947 en Floride, un an seulement après les premières utilisations du DDT (Hemingway et Ranson 2000)[89],[90],[91].
230
+
231
+ Des indices laissent penser que la présence d'insecticides dans le milieu aquatique où se développent les larves s'accumulent dans les tissus larvaires et donc de l'adulte, entraînant peut-être « le maintien de l‟induction de certaines enzymes de détoxication et par conséquent le maintien de l‟augmentation de tolérance à l‟insecticide »[88]. On constate en tout cas que « les moustiques issus de zones agricoles ou plus généralement polluées par des composés organiques tolèrent mieux les insecticides »[88],[92],[93],[94],[95]), ce qui n'exclut pas des phénomènes de résistance croisée avec divers pesticides utilisés en agriculture, en médecine vétérinaire, ou ayant été utilisés, mais persistants et donc encore présent dans l’environnement des larves.
232
+ Ces adaptations posent des problèmes de lutte contre les maladies véhiculées par les moustiques (malaria…), et pourraient continuer à augmenter, alors que les populations de moustiques indésirables pourraient s'étendre à la faveur du réchauffement climatique et de la mondialisation des échanges.
233
+
234
+ Pour répondre à ces adaptations, outre l'utilisation de cocktails d'insecticides et le changement régulier de molécules, une autre stratégie consiste à ne pas encourager les milieux favorables aux moustiques piqueurs (eaux stagnantes) et à favoriser le développement de prédateurs naturels des moustiques, par exemple en protégeant les poissons et insectes aquatiques mangeurs de larves de moustiques et en offrant des nichoirs aux chauves-souris et aux hirondelles pour lutter contre le moustique commun. En Polynésie l'arbre à pain sert de répulsif naturel contre les moustiques et autres insectes en brûlant la fleur mâle de l’arbre . Cependant ces stratégies sont insuffisamment efficaces[44].
235
+
236
+ La lumière nocturne attire les moustiques en général hormis les femelles à la recherche de sang (la lumière est utilisée pour attirer les moustiques dans les pièges qui servent à les compter[96], en combinaison avec un morceau de glace carbonique[97] qui émettra du CO2 destiné à aussi y attirer les femelles prêtes à piquer car quand la femelle cherche son repas de sang, c'est uniquement par l'odeur de sa cible et avant cela par le CO2 qu'émet cette cible qu'elle est attirée).
237
+ C'est pourquoi les électrocuteurs d'insectes utilisant une lumière blanche ou ultraviolette pour les attirer ont une très faible efficacité sur les moustiques femelles (elles constituent 0,2 % des insectes piégés)[98]. Ces dernières — avant la ponte — semblent essentiellement attirées par le dioxyde de carbone émis par la respiration puis par certaines molécules émises par la peau humaine (ou d'autres mammifères), la température pouvant aussi jouer un rôle[75],[99],[79],[79]. Selon l'American Mosquito Control Association les UV sont inefficaces contre les moustiques femelles, mais une combinaison de LED à forte luminosité dans les tons bleus, verts, rouges et infrarouges dans certaines fourchettes de longueurs d'onde seraient à même d'attirer dans des pièges un large spectre d'espèces de moustiques, bien mieux que les pièges à dioxyde de carbone onéreux, encombrants et peu efficaces[100]. Toutefois, à l'échelle d'une collectivité, les pièges à moustiques à CO2 et « odeurs » permettent de constituer autour des habitations une barrière anti-moustiques efficace[101].
238
+
239
+ Porteurs de nombreuses maladies tels que la dengue, les chercheurs développent des solutions pour irradier l'espèce. Le but sera de stériliser les femelles et infecter les mâles[102].
240
+
241
+ Alors que les populations humaines s'étendent et gagnent du terrain sur les forêts et zones humides, que certains insectivores naturels des moustiques (reptiles insectivores, amphibiens, chauve souris...) sont en forte régression dans tout ou partie de leur aire de répartition, et que certaines espèces de moustiques se sont adaptés à la plupart des insecticides, la gestion des populations de moustiques et des milieux naturels et les moyens chimiques et techniques utilisés pour la gestion des risques écoépidémiologiques posés par certaines espèces de moustiques (comme pour les tiques ou d'autres espèces vectrices de maladies ou gênantes pour l'agriculture) posent des questions bioéthiques et d'éthique environnementale complexes[103] telles que l'équilibre entre protection de la santé humaine et préservation de l'environnement[104] ou encore l'extinction programmée d'espèces.
242
+
243
+ La Fondation Rockefeller en 1916[105] puis l'Organisation panaméricaine de la santé au milieu du XXe siècle[105],[55] ont tenté en vain d'éradiquer Aedes aegypti.
244
+
245
+ En 2003, dans une tribune publiée dans le New York Times, la biologiste Olivia Judson se prononce en faveur du « specicide » (extinction planifiée) de 30 types de moustiques, ce qui permettrait selon elle de sauver un million de vies tout en limitant la diminution de la diversité génétique des moustiques de seulement 1 %[55].
246
+
247
+ L'idée d'une extinction planifiée totale ou partielle des moustiques est sujette à caution, notamment compte tenu de son impact potentiel sur la chaîne alimentaire et les écosystèmes[55]. L'entomologiste Frédéric Simard estime cependant qu'« aucune de ces espèces n’est irremplaçable. Leur disparition pourrait être compensée par l’arrivée d’autres insectes, tels les chironomes, qui profiteraient de l’espace ainsi libéré car la nature a horreur du vide. On ne connaît pas de prédateur qui dépende spécifiquement des moustiques »[55]. D'après la journaliste Audrey Garric, « aucun scientifique n’a vraiment pu estimer les retombées écologiques d’une disparition massive et forcée des moustiques » et « une éradication totale du fléau des moustiques relève de l’utopie »[55]. Pour l'universitaire Eric Marois, « il faut considérer qu’on ne pense éradiquer qu’une ou quelques espèces de moustiques sur les milliers existantes. Une espèce éradiquée sera probablement rapidement remplacée par d’autres au niveau de la niche écologique. Il se peut qu’on ne voie pas la différence »[55].
248
+
249
+ En 1759, Carl von Linné désigne sous le genre Culex les quelques moustiques – et assimilés – connus de l'époque. Meigen, en 1818, redistribue ce genre en trois genres selon le critère morphologique de la longueur des palpes : genre Anopheles pour les moustiques à palpes longs pour les deux sexes, Culex avec les palpes longs pour les mâles et courts pour les femelles et Aedes aux palpes courts pour les deux sexes.
250
+ Entre 1828 et 1896, au fil des nouvelles découvertes, les entomologistes Robineau-Desvoidy, Macquart, Lynch-Arribalzaga puis Williston apportent leur remaniement à la classification de ce qui deviendra la famille des Culicidae, créant les genres Megharinus (actuel Toxorhynchites), Psorophora, Sabethes, Ochlerotatus, Taeniorhynchus (actuel Mansonia), Ianthinosoma, Heteronycha, Uranotaenia et Hodgesia.
251
+
252
+ Dans le dernier quart du XIXe siècle, le monde scientifique découvrit que les moustiques transmettaient de graves maladies telles que les filarioses (1878), le paludisme (1880) et la fièvre jaune (1900). Cette découverte provoqua la prospection intense de moustiques dans le monde entier, enrichissant les musées et permettant une étude plus poussée de la taxonomie de ce groupe. Travaillant au British Museum de Londres, Frederick Vincent Theobald, dans son ouvrage en six volumes, A Monograph of the Culicidae of the World, paru de 1901 à 1910, créa de nombreux genres pour déboucher sur une classification de la famille comprenant six sous-familles.
253
+ Frederick Wallace Edwards, en 1932, inclut au rang de sous-famille les dixines et chaoborines dans la famille des Culicidae, les moustiques formant la sous-famille des Culicinae divisée en 3 tribus : Anophelini, Toxorhynchitini et Culicini, ces derniers divisés en 5 groupes : Sabethes, Uranotaenia, Theobaldia (actuel Culiseta), Aedes et Culex.
254
+
255
+ Stone, en 1957, supprima les Dixinae et Chaoborinae des Culicidae et en 1959, Kenneth Lee Knight, Alan Stone et Helle Starke, dans leur ouvrage A synoptic Catalog of the Mosquitoes of the World (Diptera, Culicidae) reconnaissent 3 sous-familles : Anophelinae, Toxorhynchitinae et Culicinae, ces derniers divisés en 2 tribus : les Culicini et les Sabethini. Belkin en 1962 réintègre Chaoborinae et Dixinae mais subdivise les Culicinae en 10 tribus. Knight et Stone, pour la réédition de leur catalogue en 1977, adoptent dans son ensemble la classification de Belkin en excluant toutefois Chaoboridae et Dixidae.
256
+
257
+ Durant ces dernières décennies, le nombre d’espèces et de sous-genres a considérablement augmenté, avec des remaniements taxonomiques à divers niveaux. Ainsi, Harbach & Kitching (1998), inclurent la sous-famille des Toxorhynchitinae dans la sous-famille des Culicinae, la ramenant au rang de tribu (Toxorhynchitinii).
258
+ Reinert et al, (2000) divisèrent, sur la base des génitalia mâles et femelles, le prolifique genre Aedes en deux genres : Aedes, conservant 23 sous-genres et le genre Ochlerotatus (anciennement sous-genre du genre Aedes) captant 21 sous-genres. Dernièrement, Reinert et al (2004, 2009) proposèrent de diviser la tribu des Aedini en 63 genres au lieu de 12, portant des sous-genres au niveau de genres et créant de nouveaux genres.
259
+
260
+ En 1959, 2 462 espèces de moustiques étaient décrites et validées de par le monde, 3 209 espèces en 1992 pour un total actuel atteignant 3 523 espèces réparties en 44 genres et 145 sous-genres. La classification phylogénétique n'est toujours pas totalement définie. Si certaines tribus sont monophylétiques (Aedini, Culicini et Sabethini), la phylogénie de la plupart des tribus reste incertaine (Harbach & Kitching, 1998 ; Harbach, 2007). Toutefois, l'apport, cette dernière décennie, de nouvelles techniques d'analyse génétique, couplée aux techniques d'analyse morphotaxonomique classiques, permettent de progresser rapidement dans ce domaine.
261
+
262
+ À ce jour (Harbach, 2010), 3 523 espèces de moustiques sont décrites au niveau mondial, réparties (Harbach & Kitching, 1998) en deux sous-familles : Anophelinae (478 espèces), Culicinae (3 046 espèces) et 44 genres. Pour être complet, il faut rajouter à cette liste 156 sous espèces.
263
+
264
+ D'après Arim https://arim.ird.fr/arim, (2014).
265
+
266
+ Du fait de leur abondance, les sous-genres ne sont pas cités pour cette sous-famille. Se reporter pour cela à la page de chaque genre.
267
+
268
+ Une distinction essentielle concerne la manière dont pondent les différentes espèces. Certaines (genre Aedes) pondent leurs œufs sur des zones humides temporaires, donc dans des secteurs susceptibles de se mettre en eau et de s'assécher au gré des conditions climatiques. Leurs œufs peuvent survivre à la dessiccation.
269
+ D'autres espèces (genres Culex, une partie des Anopheles) pondent leurs œufs à la surface des eaux stagnantes.
270
+
271
+ Pour les Aedes, la prolifération en très grand nombre est due à des événements climatiques importants (fortes précipitations après une longue période de sécheresse). Il y a alors apparition concomitante d'une très grande quantité de larves aquatiques, due à la submersion d'une grande quantité d'œufs. Quelques jours plus tard, les adultes (imago) vont apparaître.
272
+
273
+ Ceci est un phénomène naturel qui n'a rien à voir avec une action anthropique. Dans ce cas, le moustique ne peut être considéré que comme un bio-indicateur.
274
+ De même, pour les autres espèces appartenant aux genres précités, même si parfois leur nombre augmente avec la teneur en matière organique, il est toujours délicat de les utiliser comme bio-indicateurs. C'est pour cela qu'ils ne figurent jamais dans les différents indices biotiques existants (IBGN par exemple) établis pour les rivières, peu colonisées par les moustiques.
275
+
276
+ Les moustiques sont apparus probablement au Jurassique, il y a environ 170 millions d'années. Le fossile le plus ancien date du Crétacé.
277
+ Les moustiques étaient alors environ trois fois plus gros que les espèces actuelles et étaient un groupe voisin des Chaoboridae (moucherons piquants).
278
+
279
+ Le moustique du métro de Londres, Culex pipiens f. molestus, est souvent cité au titre de nouvelle espèce apparue au XXe siècle[106].
280
+
281
+ Les moustiques sont dénommés maringouins au Canada[107], aux Antilles françaises et en Louisiane[108], mais ce terme peut également désigner d'autres insectes apparentés.
282
+
283
+ Le nom de la famille Culicidae, créé en 1818 par l'entomologiste Johann Wilhelm Meigen, est formé d'après le genre Culex décrit par Linné en 1758, lui-même issu du radical indo-européen commun k̂ū (« coin, dard »)[109].
284
+
285
+ Le terme Moustique est attesté en français à partir de 1654, il fait suite à une forme mousquitte mentionnée antérieurement. Il est issu de l'espagnol mosquito, diminutif de mosca « mouche » qui procède du latin musca, tout comme le français mouche. La métathèse mousquitte > moustique est probablement due à l'analogie avec le mot tique. Le mot se rencontre aussi bien au masculin qu'au féminin au XVIIe siècle, l'étymon espagnol étant du genre masculin, tique étant du genre féminin[110].
286
+
287
+ Quant au mot Maringouin, il a pour origine un mot indigène provenant de marui, maruim ou mbarigui en langage tupi et guarani. Ce mot fut emprunté aux amérindiens par les marins français et répandu lors de l’expansion coloniale, ce qui explique qu'il soit en usage ailleurs qu'au Québec[111]. En 1566, ce mot indigène est devenu maringon, puis marigoin en 1609 et enfin maringouin en 1614, dans les livres d'histoire locale. Il est adopté par le vocabulaire du français depuis 1718[112].
288
+
289
+ Moustique : Dans le Dictionnaire de l'Académie française, le moustique est d'abord défini, dans la 4e édition de 1762, comme un insecte caractérisé par sa petite taille et sa piqûre douloureuse qui « laisse sur la peau une tache semblable à celles du pourpre ». Il est alors localisé seulement en Afrique et en Amérique. Cette définition persiste dans les éditions suivantes bien que le genre change de féminin (édition de 1762) à masculin (édition de 1832). Il faut attendre la 8e édition (1932-5) pour que le moustique soit défini plus précisément comme un diptère mais sans plus de localisation géographique. Sa piqûre n'est plus seulement douloureuse mais également dangereuse et « peut véhiculer les germes de certaines maladies[113] ».
290
+ Plus récemment, le Trésor de la Langue Française (1971-1994) précise encore qu'il s'agit d'un diptère nématocère, que seule la femelle pique et qu'elle pique l'Homme et les animaux « pour se nourrir de leur sang[114] ».
291
+ Par analogie on qualifie de « moustique » un individu de petite taille et toujours en mouvement, généralement un enfant[114].
292
+
293
+ Cousin : Le Dictionaire critique de la langue française (1787-1788) de Jean-François Féraud, précise qu'en France on nomme le moustique « cousin[113] », mot qui, d'après le Trésor de la Langue Française (1971-1994), tend à ne désigner à présent que les moustiques non dangereux et surtout les espèces françaises de très grande taille (Tipula spp., qui relèvent en fait non pas de la famille des Culicidae mais de celle des Tipulidae)[114].
294
+
295
+ Maringouin : Dans le Dictionnaire de l'Académie française, le maringouin est d'abord défini, dans la 4e édition de 1762, comme un moucheron d'Amérique « qui ressemble au cousin », nom donné couramment en France à cette époque au moustique. Ce n'est que dans la 6e édition (1832-5) qu'apparait l'idée d'un éventuel lien plus précis entre le maringouin des « voyageurs » avec le « genre des cousins ». Ce lien est avéré dans la 8e édition (1932-5) puisqu'il y est indiqué qu'il ne s'agit en fait que d'un « nom vulgaire » donné à certaines espèces de cousins aux Antilles et « autres pays chauds[115]».
296
+
297
+ Les larves de moustique sont utilisées comme nourriture en aquariophilie, et sont commercialisées sous trois formes : lyophilisées, congelées ou vivantes.
298
+
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+ Vivantes, elles sont appréciées par les poissons prédateurs : cichlidés, combattants, gouramis…
300
+
301
+ Il est facile de se procurer des larves de moustique en laissant croupir de l'eau dans un récipient (l'ajout d'herbe coupée ou d'une branche peut accélérer le processus). Après quelques semaines, vous pourrez récolter avec une épuisette pour aquarium une multitude de larves.
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+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Ovis aries
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+ Espèce
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+ Le mouton, Ovis aries, est un animal domestique, mammifère herbivore ruminant appartenant au genre Ovis (ovins) de la sous-famille des Caprinés, dans la grande famille des Bovidés. Comme tous les ruminants, les moutons sont des ongulés marchant sur deux doigts (Cetartiodactyla). Dans le langage courant, les moutons désignent un ensemble où la femelle est la brebis et le mâle le bélier, tandis que le jeune mâle est un agneau et la jeune femelle une agnelle.
6
+
7
+ Le mouton est l'un des premiers animaux à avoir été domestiqués par l'humain et il est surtout élevé pour son lait (fabrication de fromages), sa viande, sa peau avec laquelle est préparé un cuir appelé « basane » et sa laine. La laine de mouton est la fibre d'origine animale la plus utilisée.
8
+
9
+ Ovis aries représente aujourd'hui l'essentiel des populations d'ovins, bien que six espèces sauvages existent toujours. Il fut domestiqué à la fin du VIIIe millénaire av. J.-C à partir de moutons sauvages (Ovis orientalis) originaires du Moyen-Orient et sans doute plus précisément du sud-est de l'Anatolie ou du Zagros[1].
10
+
11
+ Les moutons sont élevés dans le monde entier et ont joué un rôle central dans de nombreuses civilisations. À l'heure actuelle, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Chine, le Nigeria, la Patagonie et le Royaume-Uni sont les principales régions consacrées à cet élevage.
12
+
13
+ Animal clé dans l'histoire de l'agriculture, le mouton a profondément marqué la culture humaine. Les moutons sont souvent associés aux scènes champêtres. Le mouton figure dans de nombreuses légendes, comme la Toison d'or et dans les grandes religions, en particulier les religions abrahamiques. Dans certains rites, les moutons sont utilisés comme animaux de sacrifice, notamment chez les musulmans lors de l'Aïd al-Adha (ou Aïd el-Kébir). De plus l'émergence de l'industrie en Europe est intimement liée à l'essor de la production du drap de laine.
14
+
15
+ Du fait de la proximité de cet animal avec l'humanité, y compris dans les sociétés occidentales et francophones, le champ lexical de l'espèce est riche. L'animal nouveau-né mâle s'appelle agneau et agnelle pour une femelle. Les jeunes de moins d'un an sont appelés antenais et antenaises. La femelle adulte est la brebis et le mâle adulte est le bélier. La brebis âgée de deux ans et qui n'a pas encore agnelé est appelée vacive.
16
+
17
+ La mise bas s'appelle l'agnelage et la bergerie est le nom du bâtiment construit pour abriter et enfermer les moutons. Les termes « ouaille(s) » et « pecus » ont été longtemps utilisés pour désigner les troupeaux de moutons et, par analogie, les sociétés humaines.
18
+
19
+ Le mot « mouton » est issu de *multo, terme provenant du gaulois et désignant les mâles châtrés de l'espèce. La racine se retrouve par exemple en irlandais molt ou en breton maout[2]. Ce terme s'impose également en italien sous la forme montone. Cependant le nom latin de l'espèce était ovis, ovicula désignant les brebis. Le dernier terme allait dériver en français en « ouaille[2] ».
20
+
21
+ Ovis est aujourd'hui le nom scientifique du genre, et le nom de l'espèce est aries. En latin tardif étaient utilisés le terme de berbex pour désigner le « mâle châtré », d’aries pour le « bélier » et d’ovicula pour la « brebis », mais l'emprunt de multo au sens de « bélier » perturbe le système et a très tôt remplacé aries (cf. l'italien montone « bélier »). Ensuite le système paraît avoir été désorganisé par le glissement d'ouaille en ancien français au sens de « troupeau » (car le troupeau se compose majoritairement de femelles) qui a amené son remplacement[2]. Peu à peu le terme bélier s'impose et brebis (de berbex), d'abord au sens de « mouton (terme générique) », prend le sens de « brebis » (évolution inverse de ouaille) au IXe siècle où il a évincé ouaille, du moins dans les parlers septentrionaux (le poitevin utilise toujours ouaille). L'occitan, plus stable, a toujours oelha « brebis », moton « mâle châtré » et aret « bélier », mais a perdu un ancien berbitz parce que superflu. En anglais le mot mutton a été importé par les conquérants normands et désigne uniquement la viande.
22
+
23
+ La brebis bêle, mais le bélier blatère (comme le chameau).
24
+
25
+ (Voir la discussion dans l'article Ovis)
26
+
27
+ La domesticité n'étant pas un critère constitutif d'une espèce, Ovis aries n'en est pas une au sens phylogénétique. Il appartient au genre Ovis, et si sa classification est discutée, il pourrait être rattaché à Ovis gmelini. Aucune autre espèce du genre Ovis n'est domestiquée.
28
+
29
+ Genre :
30
+
31
+ Espèces :
32
+
33
+ Les moutons sont des ruminants relativement petits, qui sont le plus souvent avec des cornes situées sur le côté de la tête (de chaque côté au-dessus du crâne) et des poils bouclés appelés laine. Les moutons domestiques se distinguent de leurs cousins sauvages et de leurs ancêtres sur plusieurs points, après être devenus des animaux largement néoténiques sous l'influence de l'homme[3],[4]. Quelques races primitives de moutons conservent quelques caractéristiques de leurs cousins sauvages, telles que la queue courte. En fonction de la race, l'espèce ovine domestique peut ne pas avoir de cornes du tout (tels les roussins), des cornes chez les deux sexes (comme chez les moutons sauvages), ou chez les mâles seulement. La plupart des races à cornes en ont une seule paire[5].
34
+
35
+ Un autre trait unique aux ovins est la grande variation de couleur de leur laine. Les moutons sauvages ont pour la plupart des teintes brunes. Les moutons domestiques vont du blanc au chocolat noir et peuvent même être tachetés ou pie[6],[7]. La sélection pour une laine blanche a commencé très tôt au début de la domestication des moutons, et la laine blanche est devenue un trait dominant qui s'est rapidement répandu. Toutefois, les moutons de couleur apparaissent à nouveau dans de nombreuses races modernes, et peuvent même apparaître comme un trait récessif chez les troupeaux de moutons blancs[7],[6]. Alors que les grands marchés commerciaux souhaitent avoir de la laine blanche, il existe un créneau pour les laines de couleur, surtout dans le filage à la main[8].
36
+
37
+ En fonction de la race, les moutons montrent une variation importante de taille et de poids. Leur vitesse de croissance et de prise de poids est un trait héréditaire qui est souvent sélectionné dans les nouvelles races de moutons[9].Ils mesurent entre 1 et 1,5 m de long, queue comprise. Les brebis pèsent généralement entre 45 et 100 kg alors que les béliers pèsent entre 45 et 160 kg[10].
38
+
39
+ Les moutons ont 32 dents. Comme pour les autres ruminants, les huit incisives sont portées par la mâchoire inférieure et viennent s'appuyer sur un bourrelet édenté porté par la mâchoire supérieure ce qui permet à l'animal d'arracher la végétation. Il n'y a pas de canines, mais un écart important entre les incisives et les prémolaires. Cette partie s'appelle aussi la barre. Jusqu'à l'âge de quatre ans (lorsque toutes les incisives sont sorties), il est possible de connaître l'âge d'un mouton à son nombre d'incisives, une nouvelle paire d'incisives sortant chaque année.
40
+
41
+ Les incisives sont perdues peu à peu lorsque l'animal vieillit, ce qui rend plus difficile son alimentation et entraîne une dégradation de sa santé et, chez la brebis, de sa productivité. C'est pour cette raison que l'état général des moutons en pâture commence à se dégrader lentement à partir de quatre ans et que l'espérance de vie moyenne d'un mouton est de 10 à 12 ans, bien que certains moutons puissent vivre 20 ans[5],[11],[12].
42
+
43
+ Les moutons ont une bonne audition, et sont sensibles aux bruits artificiels[13]. Les moutons ont des pupilles horizontales leur permettant une excellente vision périphérique. Avec un champ visuel de 270 à 320° environ, les moutons peuvent voir derrière eux sans avoir à tourner la tête[14],[8]. Toutefois, les moutons ont une mauvaise perception de la profondeur de champ ; des ombres ou des creux dans le sol peuvent leur faire peur. En général, les moutons ont tendance à fuir l'obscurité et aller dans des endroits bien éclairés[15].
44
+
45
+ Les moutons ont également un excellent odorat et, comme toutes les espèces de leur genre, ont des glandes odorantes juste en face des yeux et entre les doigts. Le rôle de ces glandes n'est pas connu avec précision[16]; celles sur la tête semblent avoir un rôle d'attirance sexuelle[9]; les glandes interdigitales peuvent également avoir un rôle dans la reproduction[9] mais pourraient avoir d'autres utilités, telles que l'excrétion d'un ou de déchets ou servir de marqueur odorant pour aider les brebis perdues à retrouver leur troupeau[16].
46
+
47
+ Les moutons et les chèvres sont étroitement liés (les deux font partie de la sous-famille des Caprinae) et il est parfois difficile de les distinguer uniquement par leur apparence. Ce sont toutefois des espèces bien distinctes, de sorte que les hybrides sont rares et toujours stériles. L'hybride — stérile — d'une brebis et d'un bouc est appelé chabin ou ovicapre et il a 57 chromosomes (les moutons ont 54 chromosomes, les chèvres 60). Il ne doit pas être confondu avec la chimère génétique appelée geep obtenue en fusionnant un embryon de chèvre et un embryon de mouton.
48
+
49
+ Visuellement, les moutons et les chèvres diffèrent par la barbe et la lèvre supérieure divisée chez les ovins, unique chez les caprins. La queue des moutons, même courte, est pendante, tandis que celle des chèvres est érigée. Les races ovines sont également souvent naturellement dépourvues de cornes (soit dans les deux sexes soit seulement chez les femelles), tandis que les chèvres naturellement sans cornes sont rares (bien que de nombreuses chèvres en soient privées artificiellement). Les mâles diffèrent par leur odeur : pendant le rut, celle des boucs est forte et caractéristique , alors que les béliers n'en ont pas[12].
50
+
51
+ Plus de 200 races de moutons d'élevage ont été sélectionnées pour différentes productions[17],[5]. Certains auteurs donnent un nombre d'un ou même de plusieurs milliers de races, mais ces nombres ne peuvent pas être vérifiés[8],[12]. Presque tous les moutons sont classés selon la production pour laquelle ils sont le mieux adaptés : laine, viande, lait, peau, ou une combinaison pour les races mixtes. D'autres caractéristiques sont utilisées pour classer les moutons : couleur de la face (généralement blanche ou noire), longueur de la queue, présence ou absence de cornes, topographie de la région où la race a été développée. Ce dernier point est particulièrement noté au Royaume-Uni, où les races sont décrites comme étant d'altitude (colline ou montagne) ou de plaine[15]. Les moutons peuvent également être classés par la présence ou non de matières grasses dans leur queue. Les moutons à queue grasse sont rares en Europe, mais communs en Afrique et en Asie. On subdivise même ces moutons en moutons stéatopyges (moutons à fesses grasses) et moutons à queue grasse stricto sensu[18].
52
+
53
+ Les races sont également classées en fonction de la façon dont elles sont aptes à produire un certain type de cheptel reproducteur. En règle générale, les moutons sont classés en « race brebis » ou « race bélier ». Les races brebis sont celles qui sont robustes et ont de bonnes capacités de reproduction et de maternité. Leurs brebis servent à remplacer les brebis des autres races. Les races béliers sont sélectionnées pour une croissance rapide et la qualité de leur carcasse et les mâles sont accouplés avec des brebis des races élevées pour produire des agneaux de boucherie. Les races de plaine et de montagne sont également traitées de cette façon, avec les brebis rustiques de montagne accouplées avec des béliers de plaine plus grands et à croissance plus rapide pour donner des agnelles qui deviendront des brebis reproductrices appelées mules, qui seront croisées avec des béliers à viande pour produire des agneaux de boucherie de qualité[15]. Beaucoup de races, particulièrement celles rares ou primitives, n'entrent dans aucune de ces catégories.
54
+
55
+ Des races sont classées selon leur type de laine. Les races à laine ont une laine dense et bouclée très appréciée des utilisateurs. La plupart d'entre elles sont issues de moutons mérinos dont la race continue à dominer le monde industriel de la laine. Le record de prix de vente pour un mouton appartient à un bélier mérinos australien vendu 16 000 dollars australiens en 2008[19]. Les races à laine mixtes sont généralement des races à viande à croissance rapide, croisées avec des béliers à tête noire. Certaines grandes races intermédiaires, comme le Corriedale, élevé pour sa viande et pour sa laine, sont un croisement de races à laine longue avec une racine à belle laine et ont été sélectionnées pour une grande production commerciale. Les races à laine longue sont les races les plus grandes, mais elles ont généralement une vitesse de croissance réduite. Les races à laine longue sont les plus appréciées pour les croisements, pour améliorer les attributs d'autres types de moutons. Par exemple : la race américaine Columbia a été développée en croisant des béliers Lincolns (une race à longue laine) avec les brebis mérinos de Rambouillet à la laine fine. Une nouvelle race britannique, l'Exlana, issue du croisement entre une Blackbelly Barbade et une Sainte-Croix, a été développée afin de perdre automatiquement sa laine dès que les températures augmentent. La laine ayant beaucoup perdu de sa valeur, cela évite au berger une tonte non rentable[20].
56
+
57
+ Certaines races de moutons donnent une laine grossière, à poils longs ou moyens. Ces races sont traditionnellement utilisées pour faire la laine des tapis, laine d'une grande variabilité, mais dont la principale qualité est de résister à une utilisation intensive. Comme la demande de tapis de laine de qualité diminue, certains éleveurs de ce type de moutons ont essayé d'utiliser quelques-unes de ces races traditionnelles à d'autres fins. D'autres sont toujours utilisées principalement comme race à viande[21].
58
+
59
+ Un petit nombre de races sont utilisées pour le lait. La plupart sont des races mixtes, élevées en premier pour leur viande ou leur laine, accessoirement pour leur lait, mais quelques races sont principalement utilisées pour la traite. Ces moutons produisent une plus grande quantité de lait et sur une plus longue durée que les autres[22]. La différence de qualité de lait se fait sur la teneur en matières grasses et en protéines, mais pas sur la teneur en lactose[23]. La durée de la lactation varie de 90 à 150 jours pour les brebis domestiques et de 120 à 240 jours pour les races laitières. La production de lait est de 50 à 100 litres par an pour les brebis domestiques et de 80 à 500 pour les meilleures races laitières[24]. Certains laits sont transformés en fromages de brebis réputés : manchego en Espagne, roquefort en France, feta en Grèce.
60
+
61
+ Un dernier groupe de races ovines est utilisé pour sa fourrure car ses poils ne frisent pas comme dans les autres races. Ces moutons, qui ressemblent aux premiers moutons domestiques avant le développement des races à laine, sont élevés pour leur viande et leur peau. Certaines races modernes de moutons à fourrure, comme le Dorper, sont le résultat de croisements de races à laine et de races à fourrure. Ces races sont moins coûteuses à l'entretien car elles n'ont pas besoin d'être tondues[21]. Elles sont aussi plus résistantes aux parasites externes et supportent mieux le temps chaud[12].
62
+
63
+ Avec l'augmentation moderne des entreprises agro-industrielles et le déclin des exploitations familiales, de nombreuses races de moutons sont en danger d'extinction. Le Rare Breeds Survival Trust du Royaume-Uni a dressé une liste de 25 races ayant seulement 3 000 animaux et l‘American Livestock Breeds Conservancy a dressé une liste de 14 races en ayant moins de 10 000[25],[26]. Les préférences pour les races de caractéristiques uniformes et à croissance rapide ont poussé les races traditionnelles en marge de l'élevage industriel du mouton[21]. Les races traditionnelles restantes doivent leur survie aux efforts des organismes de conservation des espèces et aux agriculteurs qui se consacrent à leur préservation.
64
+
65
+ Les moutons sont des mammifères exclusivement herbivores. Comme tous les ruminants, les moutons ont un système digestif complexe composé de quatre compartiments, qui leur permettent de décomposer la cellulose des tiges, feuilles, graines et coques ingérées en acides gras volatils (acide propionique, butyrique, acétique...) et en glucides simples. Lorsque les moutons paissent, la végétation est mâchée pour former une masse appelée bol, qui, une fois avalé, passe ensuite dans la première chambre : le rumen. Le rumen a une capacité de 19 à 38 L ; c'est là où fermente le bol par le biais d'une relation de symbiose entre les bactéries, les protozoaires et les levures de la flore digestive[27]. Le bol appelé alors bol de rumination est périodiquement régurgité dans la bouche pour être à nouveau mastiqué et imprégné de salive[27]. Cette régurgitation est une adaptation permettant de faire paître les ruminants plus rapidement dans la matinée, puis de finir de mâcher et digérer leurs aliments plus tard dans la journée[28]. Cela est bénéfique pour les moutons qui doivent paître tête baissée et sont à ce moment-là plus vulnérables aux prédateurs[12].
66
+ Les troupeaux alternent plusieurs fois dans la journée ce cycle de préhension de nourriture et de rumination. À ce moment, les animaux se regroupent et se couchent pour ruminer.
67
+
68
+ Par fermentation, le rumen produit des gaz (méthane, gaz carbonique) qui doivent être expulsés. Cette expulsion se fait lors de la rumination. Le rôt de gaz va alors entraîner a l'envers vers la gueule, une boulette d'herbe précédemment avalée et stockée dans le rumen (bol). L'animal prend le temps de mâcher ce fourrage qui avait été avalé d'abord rapidement : il s'agit alors de la rumination. Le bol alimentaire sera alors prêt pour la digestion. Des perturbations, telles que des changements brusques dans le régime alimentaire, certaines plantes particulièrement fermentescibles (herbe trop jeune, luzerne, trèfle), mais aussi des variations brusques de pression atmosphérique, peuvent provoquer des pathologies potentiellement mortelles comme le ballonnement ou météorisation. Une intervention s'impose pour sauver l'animal de l'étouffement à l'aide d'une sonde œsophago-gastrique et si besoin d'un trocart, un tube qui perce la peau et le rumen et permet l'évacuation rapide des gaz.
69
+
70
+ Après la fermentation dans le rumen, son contenu passe dans le bonnet et le feuillet. Les parties les moins fermentescibles des aliments comme certaines protéines peuvent ne pas être dégradées dans le rumen et être digérées dans la caillette. La compréhension de ces mécanismes a permis de mettre au point des systèmes de calcul des valeurs fourragères comme celui de l'INRA. Après les trois premières chambres, le contenu digestif se déplace dans la caillette où se termine la digestion gastrique avant de passer dans l'intestin. La caillette est la seule chambre analogue à l'estomac de l'homme et des mammifères non-ruminants puisque capable de sécréter des sucs gastriques y compris de l'acide chlorhydrique[29].
71
+
72
+ Les bovins passent en moyenne de 300 à 450 minutes à ruminer par jour, soit un peu plus que les ovins. Chez les bovins comme chez les ovins, 62 à 83 % de la rumination se fait en position couchée. À l'auge, les durées d'ingestion et de rumination sont du même ordre pour les ovins et les bovins, alors que les quantités ingérées varient de 1 à 12 [30]!
73
+
74
+ Les meilleures pâtures pour les moutons ne sont pas des prairies de graminées pures mais des mélanges de graminées et d'autres plantes herbacées de type dicotylédones[31] (légumineuses en particulier). Les types de pâtures où les moutons sont élevés varient fortement, de pâturages semés intentionnellement à leur intention à des zones naturelles parfois très pauvres. Les plantes toxiques les plus communes pour les moutons sont présentes dans la plupart des pays du monde et comprennent (sans s'y limiter) les glands de chêne, les tomates, l'if, la rhubarbe, les pommes de terre et les rhododendrons[32].
75
+
76
+ En dehors des fourrages verts et des concentrés, l'autre aliment de base pour les ovins est le foin, surtout pendant les mois d'hiver. Tous les moutons peuvent survivre en pâture l'hiver mais pour des questions de rentabilité, il est plus facile de les rentrer et de les nourrir d'herbes séchées[21]. La plupart des régimes alimentaires des moutons comprennent également un apport de minéraux et vitamines, soit incorporés dans le reste de l'alimentation soit en pierres à lécher.
77
+
78
+ Évidemment, les moutons ont besoin d'une source permanente d'eau potable à leur disposition. La quantité d'eau nécessaire pour les moutons varie avec la saison et le type et la qualité des aliments consommés[33]. Lorsque les moutons se nourrissent de grandes quantités d'herbes fraîches et en saison humide (notamment avec la rosée matinale, les moutons se nourrissant beaucoup dès l'aube), ils ont moins besoin d'eau. Lorsque les moutons sont parqués ou mangent de grandes quantités de foin sec, ils ont besoin de plus d'eau. Les moutons ont besoin d'eau propre, et peuvent refuser de boire de l'eau qui est couverte d'écumes ou d'algues[33].
79
+
80
+ Le mouton est un des rares animaux élevés pour la viande qui n'ait jamais été élevé en stabulation[8] permanente. Bien qu'il y ait un mouvement croissant préconisant un abandon de ce style d'élevage, un grand pourcentage de bovins de boucherie, de porcs et de volailles est encore élevé dans de telles conditions[9]. Cependant quelques races bien spécifiques d'ovins sont régulièrement nourries toute l'année avec des aliments préparés et, plus rarement, sont gardées enfermées. Là où il n'existe pas suffisamment de pâturages disponibles ou si les pâturages ne sont pas assez nourrissants, les producteurs peuvent supplémenter les agneaux avant l'abattage pour les engraisser (phase appelée « finition »), parfois dans des parcs d'engraissement[12]. De nombreux éleveurs supplémentent l'alimentation des brebis et béliers avec du grain au cours de la période de reproduction pour augmenter la fécondité[34]. Les brebis sont également supplémentées pendant les dernières semaines de la gestation pour augmenter le poids des agneaux à la naissance (70 % du poids d'un agneau à la naissance se prenant au cours de ces dernières semaines )[8] et pendant l'allaitement[8],[21]. Les aliments pour ovins doivent être spécialement formulés, comme pour la plupart des autres animaux domestiques et il faut savoir que certains aliments préparés pour les chèvres peuvent avoir des teneurs en cuivre mortelles pour les moutons[8]. Le même danger s'applique avec les suppléments minéraux comme les pierres à lécher[35].
81
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+ Les moutons sont des herbivores qui se nourrissent essentiellement d'herbe broutée au ras du sol, contrairement à d'autres ruminants apparentés comme les chèvres et les chevreuils qui se nourrissent plutôt de feuilles. Avec une face beaucoup plus fine que les vaches, les moutons coupent l'herbe plus près du sol et épuisent plus rapidement les pâturages que les bovins[12]. Pour cette raison, de nombreux bergers utilisent le système de pâtures tournantes où un troupeau occupe successivement les différentes parcelles (paddocks), ce qui donne le temps aux plantes de récupérer[12],[15].
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+ Paradoxalement, les moutons peuvent à la fois être la cause de la propagation ou de la disparition d'espèces végétales envahissantes. En piétinant et coupant la végétation naturelle des pâturages, les moutons et autres animaux d'élevage favorisent l'apparition de plantes envahissantes. Toutefois, les moutons préfèrent souvent manger les espèces envahissantes telles, aux États-Unis, les bromes, l'euphorbe âcre, les puéraires et les centaurées maculées. Des espèces naturelles telles que les armoises les remplacent, et, dans ce cas, le pâturage des moutons est un moyen efficace de restauration de la végétation naturelle[36].
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+ Les moutons sont des animaux qui, lorsqu'ils peuvent se sentir menacés, ont un fort instinct grégaire et ce trait peut être considéré comme le trait comportemental fondamental de l'espèce. La hiérarchie dominante naturelle des moutons et leur inclinaison à suivre docilement un chef de file vers de nouveaux pâturages ont été certainement les facteurs essentiels qui en ont fait une des premières espèces animales domestiquées[37]. Tous les moutons ont tendance à se tenir à proximité des autres membres du troupeau, bien que l'intensité de ce comportement varie avec les races[13]. Les éleveurs exploitent ce comportement pour garder les moutons ensemble sur des pâturages non clos et pour les déplacer facilement. Les bergers peuvent aussi s'aider de chiens de berger dont les capacités peuvent les aider au déplacement des troupeaux. Les moutons sont aussi très intéressés par les aliments et le fait d'être souvent nourris par l'homme fait qu'on les voit venir solliciter les gens pour avoir de la nourriture[38]. Les éleveurs qui ont des moutons à déplacer peuvent exploiter ce comportement en marchant en tête du troupeau avec un seau de nourriture ou un agneau dans les bras ce qui permet de les déplacer rapidement sans contrainte[39],[40].
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+ Ils communiquent entre eux en lançant des bêlements. On dit que la brebis bêle, mais le bélier blatère.
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+ Dans les régions où les moutons n'ont pas de prédateurs naturels, ils n'ont pas ce comportement grégaire[12]. On peut aussi dresser les moutons pour qu'ils restent sur des pâturages bien précis non clôturés sans qu'ils aillent errer librement dans les zones environnantes. Les brebis enseignent ce comportement à leurs agneaux et lorsque les troupeaux entiers sont abattus, il y a lieu de réapprendre ce comportement aux animaux de remplacement[9],[41].
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92
+ Le comportement observé pour les troupeaux de moutons ne se retrouve, en règle générale, que pour les groupes de moutons supérieurs ou égaux à quatre. En dessous de ce nombre, ils peuvent réagir différemment[8]. Pour les ovins, le principal mécanisme de défense est tout simplement la fuite lorsqu'ils estiment qu'un danger a franchi leur distance de sécurité. Ensuite, s'ils se sentent acculés, ils peuvent taper du pied, charger, ruer ou bondir. Cela est particulièrement vrai pour les brebis avec des agneaux nouveau-nés[8].
93
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94
+ En troupeau, les moutons ont tendance à suivre un meneur qui, le plus souvent, est tout simplement la première brebis à se déplacer. Toutefois, les moutons établissent une hiérarchie physique avec des animaux à position dominante dans le groupe. Les animaux dominants ont tendance à être plus agressifs envers les autres et se nourrissent habituellement en premier dans les mangeoires[42]. La taille des cornes, surtout pour les béliers, est un facteur important dans la hiérarchie du troupeau[43]. Les béliers avec des cornes de tailles différentes semblent moins enclins à lutter entre eux pour établir une hiérarchie que les béliers avec des cornes de même taille[43]. Les moutons deviennent très stressés lorsqu'ils sont séparés du reste de leur troupeau[9].
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+ Les moutons savent reconnaître les visages des humains et des autres ovins et peuvent s'en souvenir pendant des années[44],[45]. À l'intérieur d'un troupeau, les moutons apparentés ont tendance à être plus proches entre eux qu'avec le reste du troupeau ; dans les troupeaux contenant plusieurs races, des sous-groupes raciaux ont tendance à se former, et une brebis et ses descendants directs se déplacent souvent ensemble même dans les grands troupeaux[8],[46].
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+ Leur instinct grégaire et la rapidité avec laquelle ils fuient en cas de danger font que souvent leur comportement est mal compris par les non-initiés. Pourtant, une monographie d'une université de l'Illinois sur les moutons les a placés juste après les porcs et sur un pied d'égalité avec les bovins pour leur QI[8], et quelques moutons ont montré des capacités pour résoudre des problèmes, ainsi un troupeau dans le Yorkshire, en Angleterre a trouvé le moyen de traverser les grilles barrières placées sur le sol en se déplaçant sur le dos[47]. En plus, s'ils sont capables de se rappeler longtemps le visage des individus, des moutons peuvent également différencier des états émotionnels par les caractéristiques du visage[44],[45]. En travaillant patiemment, ils peuvent apprendre leur nom. De forts liens affectifs peuvent être tissés avec eux et avec les êtres humains qui s'en occupent. De nombreux moutons sont dressés pour être dirigés par un licou pour des séances de présentation ou à d'autres fins[8]. Les moutons répondent également bien à la formation conditionnée[8]. Très rarement, les moutons sont utilisés comme bêtes de somme. Les nomades tibétains répartissent à parts égales leurs bagages sur le dos des animaux lorsqu'ils déménagent[8].
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+ La stratégie de reproduction des moutons est semblable à celle des autres espèces de bétail. Un troupeau de brebis est généralement fécondé par un seul bélier, choisi par l'agriculteur ou le bélier dominant après lutte avec d'autres béliers dans les populations en liberté[21]. La plupart des brebis ont des saisons de reproduction dues au rapport jour/nuit[48], bien que certaines soient en mesure de se reproduire tout au long de l'année[21]. Les brebis atteignent généralement leur maturité sexuelle entre six et huit mois (mais généralement les éleveurs attendent qu'elles aient un an pour les laisser se reproduire afin d'éviter les accidents dus à des grossesses précoces), les béliers généralement entre quatre et six mois[21]. Les brebis ont des cycles menstruels de 17 jours[49], avec un œstrus de 24 à 36 h, l'ovulation ayant lieu 18 à 36 h après le début des chaleurs[50], période au cours de laquelle elles dégagent une odeur qui indique aux béliers qu'elles sont prêtes à s'accoupler. Une minorité de moutons affichent un comportement homosexuel (8 % en moyenne)[51] ou sont free-martins (femelles qui ont un comportement mâle par suite du mauvais fonctionnement de leurs ovaires)[52].
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+ Agneau âgé d'une heure
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+ Une brebis mettant bas son deuxième agneau dans un pré en Nouvelle-Zélande.
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+ Un autre agneau.
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+ Agneau quzu, Azerbaïdjan.
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+ Agneau sautant, Zaouia d'Ifrane, Maroc.
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+ Sans intervention humaine, les béliers luttent au cours de la période du rut pour déterminer quels individus pourront s'accoupler avec les brebis. Les béliers, en particulier ceux qui ne se connaissent pas, s'affrontent également en dehors de la période de rut pour établir leur position dominante ; si on les laisse s'affronter[21], un bélier peut exceptionnellement en tuer un autre. Au cours du rut, des béliers, même normalement très amicaux envers leur maître, peuvent devenir agressifs envers l'homme en raison d'une augmentation de leurs hormones mâles[9].
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+ Après l'accouplement, les brebis ont une période de gestation d'environ cinq mois (150 jours)[53] et la mise-bas dure normalement de une à trois heures[54]. En France, elle a lieu généralement de janvier à juillet. La plupart des brebis ont des portées de un ou deux agneaux bien que certaines races puissent avoir régulièrement des portées plus importantes[9],[55]. Au cours ou peu de temps après la mise bas, les brebis et leurs agneaux peuvent être placés dans des petits parcs d'agnelage[56], de petits enclos conçus pour aider la brebis et ses petits à cimenter leurs liens entre eux[15],[21].
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+
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+ La mise bas des ovins peut être problématique. Les éleveurs ont sélectionné des brebis qui produisent des agneaux avec un poids de plus en plus élevé à la naissance de sorte que les brebis ont de plus en plus de difficulté à agneler ; d'ailleurs, l'équilibre entre la facilité d'agnelage et une productivité élevée est un des dilemmes des éleveurs de moutons[57]. En cas de problèmes, les personnes présentes lors de la mise-bas peuvent aider les brebis par l'extraction ou le repositionnement des agneaux[21]. Après la naissance, la brebis doit percer le sac amniotique (s'il ne s'est pas rompu spontanément avant) et commencer à nettoyer l'agneau en le léchant[21]. La plupart des agneaux commencent à se tenir debout dans l'heure qui suit leur naissance[21]. Dans des circonstances normales, les agneaux s'alimentent dès qu'ils sont debout, recevant le colostrum essentiel pour le nouveau-né. Les agneaux qui, soit ne parviennent pas à téter ou qui sont rejetés par leur mère ont besoin d'aide pour vivre, et doivent être soit conduits à la mamelle, soit élevés au biberon, soit confiés à une autre brebis[58] mais cela est beaucoup plus délicat. Quelques chèvres, dans un grand troupeau, peuvent apporter une supplémentation, dont sont friands les agneaux aux mères de lactation déficiente.
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+
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+ Lorsque les agneaux ont récupéré, ils sont marqués aux oreilles, ont la queue coupée et, pour les mâles, sont éventuellement castrés[21]. Les vaccinations sont généralement effectuées à ce moment-là. Les agneaux reçoivent des plaquettes portant un numéro d'identification aux oreilles pour plus tard pouvoir être identifiés sans erreur. La castration est effectuée sur les agneaux mâles qui ne sont pas destinés à la reproduction, bien que certains bergers choisissent de ne pas appliquer cette procédure pour des raisons d'éthique, économiques ou pratiques[21]. Les agneaux mâles qui sont destinés à être abattus ou séparés des brebis avant la maturité sexuelle ne sont généralement pas castrés[15]. Le raccourcissement de la queue est pratiqué pour des raisons de santé[59]. Les objections à toutes ces procédures ont été soulevées par les groupes de défense des droits des animaux mais les agriculteurs les défendent en disant qu'elles résolvent beaucoup de problèmes pratiques et vétérinaires en n'infligeant qu'une douleur temporaire aux agneaux[9],[21]. En Australie et en Nouvelle-Zélande, dans les pays où sévit la myase, les agneaux subissent souvent le mulesing, une opération encore plus douloureuse qui consiste à écorcher l'animal autour de l'anus et éventuellement de la vulve, la laine ne repousse plus sur les parties écorchées. L'écussonnage (crutching) consiste en une simple tonte sur les mêmes parties mais doit être répété.
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+ Marque de berger « pirate », Longo Maï, France..
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+ Marques de bergers avec des cœurs.
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+ Enregistrement des données, Paonia, Colorado.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir. Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur les marques de berger.
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+ Les moutons peuvent être victimes d'empoisonnement, de maladies infectieuses et de blessures physiques. Comme les autres espèces pourchassées, les moutons ont tendance à masquer les signes de leur maladie, afin d'éviter d'être la cible de prédateurs[9]. Cependant, il y a des signes évidents de maladie : l'animal mange peu, bêle trop souvent sans raison apparente et est généralement apathique[60]. Tout au long de l'histoire, une grande partie de l'argent dépensé et du travail des éleveurs a eu pour objectif de prévenir les affections des animaux. Au cours de l'histoire, les bergers ont eu souvent recours à des méthodes empiriques trouvées par l'expérimentation sur les animaux de la ferme. Dans les pays comme les États-Unis, les moutons n'ont pas une importance économique suffisante pour que les sociétés pharmaceutiques effectuent des essais cliniques coûteux pour faire approuver leurs médicaments pour une utilisation chez le mouton[61]. Aussi les bergers ont souvent recours à des médicaments approuvés pour d'autres animaux[9]. Aux XXe et XXIe siècles, une minorité de propriétaires de moutons se sont tournés vers d'autres méthodes de traitements tels que l'homéopathie, la phytothérapie et même la médecine traditionnelle chinoise pour traiter leurs animaux[8],[9]. L'efficacité de ces médecines vétérinaires parallèles fait l'objet de beaucoup de scepticisme dans des revues scientifiques[8],[9],[62]. La nécessité de médicaments traditionnels anti-parasitaires et antibiotiques est largement répandue et est le principal obstacle à l'agriculture biologique pour les moutons[21].
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+
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+ Pour éviter les intoxications, il est également important de se méfier de produits comme les pesticides, les engrais minéraux, les huiles de vidange ainsi que des liquides de refroidissement des radiateurs de voiture (qui contiennent de l'éthylène glycol, un antigel très agréable au goût mais très toxique)[63].
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+ De nombreux éleveurs prennent toute une série de mesures préventives afin d'éviter les problèmes. La première est de faire en sorte que tous les moutons soient en bonne santé au moment de l'achat. De nombreux acheteurs évitent les points de vente connus pour avoir abrité des animaux de réforme même en bonne santé ou des animaux malades ou tout simplement de qualité inférieure[9]. Cela peut être également le maintien d'un nouveau troupeau en quarantaine pour un mois. Il y a deux mesures de prévention fondamentales pour le maintien des animaux en bonne santé : une bonne nutrition et la réduction du stress. La manipulation des animaux, les lieux nouveaux les amènent à produire du cortisol, une hormone de stress. Cela peut conduire à un affaiblissement du système immunitaire, rendant ainsi les moutons beaucoup plus vulnérables à la maladie[8]. Les signes de stress chez les ovins sont les suivants : halètement excessif, grincement des dents, mouvements d'agitation, consommation de leur laine, mâchonnement de morceaux de bois[8].
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+ Les formes communes de médication préventive pour les ovins sont les vaccins et les traitements antiparasitaires. Les parasites, tant externes qu'internes sont très fréquents chez les ovins et peuvent soit provoquer une issue fatale pour les animaux, soit réduire la productivité des troupeaux[9]. Les vers sont les parasites internes les plus courants. Ils sont ingérés pendant que les animaux pâturent, se développent dans l'hôte et sont expulsés du tube digestif (se retrouvant dans l'herbe et entamant un nouveau cycle). On donne aux moutons des médicaments anti-parasitaires oraux pour les débarrasser de ces vers, parfois après avoir fait un comptage dans les fèces des animaux pour évaluer le degré d'infestation. Ensuite, les moutons peuvent être déplacés vers un nouveau pâturage afin d'éviter l'ingestion des mêmes parasites[15]. Les parasites externes des moutons comprennent : les poux (sur les différentes parties du corps), les mélophages du mouton, les œstres du nez, les psoroptes responsables de la gale du mouton et les myiases cuticoles. Les poux sucent le sang des moutons et provoquent une malnutrition générale et une baisse de productivité mais ne sont pas mortels. Les asticots des espèces de mouches responsables des myiases sont beaucoup plus destructeurs. Les mouches pondent leurs œufs dans les blessures ou les endroits humides, dans la laine sale. Lorsque les larves éclosent, elles creusent un chemin dans la chair de la brebis dont elles se nourrissent et si elles sont en assez grand nombre, peuvent éventuellement causer la mort de l'animal. Le mulesing est le principal moyen utilisé pour lutter contre cette parasitose. Les œstres du nez sont des mouches qui vivent dans les sinus des naseaux des brebis, causant des difficultés respiratoires et de l'inconfort pour les animaux. Les signes cliniques en sont un mouchage répété, des éternuements et des mouvements frénétiques de la tête. Les parasites externes peuvent être contrôlés grâce à des badigeons, des pulvérisations ou l'immersion des moutons par des solutions insecticides adaptées[9].
135
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+ Les moutons peuvent être affectés par un large éventail de maladies bactériennes. Les maladies des sabots, comme le piétin sont traitées par des bains de pieds et d'autres méthodes[64]. Ces maladies provoquent la boiterie des animaux et gênent leur alimentation. La paratuberculose affecte surtout les jeunes ovins. La fièvre catarrhale est une maladie virale transmise par des moucherons et causant fièvre et inflammation des muqueuses.
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138
+ Quelques maladies des moutons sont transmissibles à l'homme. La dermatite pustuleuse contagieuse du mouton (ou Orf) est une maladie de peau due à un parapoxvirus provoquant des lésions cutanées qui se transmettent à l'homme par contact[65]. Plus grave, certains organismes qui peuvent provoquer des avortements spontanés chez les ovins peuvent être transmis aux femmes enceintes. Un autre sujet de préoccupation est la tremblante du mouton, une maladie à prions et la fièvre aphteuse car ces deux maladies très contagieuses peuvent décimer tout le troupeau. La fièvre aphteuse est légèrement à risque pour l'homme.
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+ Principales maladies du mouton :
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+ En dehors des maladies, la prédation est une menace pour les moutons qui diminue la rentabilité pour les éleveurs. Les moutons ont peu de moyens de défense, comparés à d'autres espèces de bétail. Même s'ils survivent à une attaque, ils peuvent mourir par la suite de leurs blessures ou tout simplement de panique[9]. Cependant, l'impact de la prédation varie considérablement selon les pays. En Afrique, en Australie, en Amérique et dans certaines régions d'Europe et d'Asie, les prédateurs posent un problème grave. Aux États-Unis, par exemple, plus du tiers des moutons morts (hors abattage) en 2004 sont morts à cause des prédateurs[66]. En revanche, d'autres pays sont pratiquement dépourvus de prédateurs, en particulier des îles (Grande-Bretagne, Irlande, Islande...) connues pour un important élevage extensif des moutons[9]. De par le monde, les canidés, y compris le chien domestique, sont les principaux responsables de la mort de moutons[67],[68],[69]. D'autres animaux se nourrissent de temps en temps d'ovins. Ce sont : les félins, les ours, les oiseaux de proie, les corbeaux et les porcs sauvages[66],[70]. Des croyances attribuent même la mort de certains moutons à des créatures imaginaires tels que le Chupacabra, le Drekavac ou autres[71].
143
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144
+ Les éleveurs utilisent une grande variété de mesures pour lutter contre les prédateurs. Les anciens bergers utilisaient leur propre présence, la présence de chiens de berger et des structures de protection telles que des granges et des clôtures. Les clôtures (à la fois ordinaire et électrique), les enclos à moutons et la mise à l'abri des agneaux la nuit à l'intérieur de bâtiments continuent d'être largement utilisés[21]. Les bergers actuels utilisent aussi des fusils, des pièges et des poisons pour tuer les prédateurs[73], provoquant une baisse importante dans leur population. Mais l'éveil des protecteurs de la nature et de la conservation des espèces font que l'utilisation de ces méthodes relève généralement du ressort d'organismes gouvernementaux spécialement désignés plutôt que des producteurs de moutons[74]
145
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+ Les années 1970 ont vu une recrudescence de l'utilisation des chiens d'élevage (le chien de montagne des Pyrénées ou montagne des Pyrénées, appelé dans les Pyrénées patou), et le développement de nouvelles méthodes de contrôle des prédateurs par les éleveurs, dont beaucoup ne sont pas mortelles[15]. Les ânes et les lamas sont utilisés depuis les années 1980 pour garder les moutons, en utilisant le même principe de base que pour les chiens de berger[9]. La présence concomitante dans les pâtures d'animaux plus grands tels que les bovins ou les chevaux, peut contribuer à dissuader les prédateurs, même si ces espèces ne gardent pas activement les moutons[21]. De nouvelles méthodes modernes de protection des moutons utilisent des techniques dissuasives qui ne sont pas mortelles pour les prédateurs, telles que les gyrophares et les alarmes sonores[9].
147
+
148
+ Les moutons ont été parmi les premiers animaux à être domestiqués par l'homme ; des sources indiquent une domestication datant d'entre 9 000 et 11 000 ans en Mésopotamie[8],[75],[5],[9]. L'espèce a plusieurs caractéristiques, comme un manque relatif d'agressivité, une taille gérable, une maturité sexuelle précoce, un caractère sociable et des taux de reproduction élevés, qui font qu'elle est particulièrement facile à apprivoiser[37]. Aujourd'hui, Ovis aries est une espèce entièrement domestiquée, un animal qui est largement tributaire de l'homme pour sa santé et sa survie[76]. De petites populations sauvages de moutons existent encore mais uniquement dans des zones dépourvues de prédateurs (habituellement des îles)[37]. Les populations de moutons sauvages n'ont jamais atteint l'ampleur de celles des chevaux sauvages, des chèvres, des porcs ou de chiens[37].
149
+
150
+ Les détails sur la descendance des moutons depuis leurs ancêtres sauvages sont actuellement peu connus[77]. L'hypothèse la plus communément admise est que Ovis aries descende des espèces de mouflons d'Europe et d'Asie. On a également supposé que le mouflon européen est une ancienne espèce de moutons domestiques retournée à l'état sauvage plutôt que le contraire[5]. Quelques races de moutons, comme le Castlemilk Moorit d'Écosse, sont le résultat de croisements de moutons avec des espèces sauvages de mouflons européens. On pensait que l'urial (Ovis vignei) avait pu être un ancêtre de mouton actuel car il y a quelquefois des croisements mouton-urial en Iran[5]. Toutefois, l'urial, l'argali (Ovis ammon) et le mouflon des neiges (Ovis nivicola) ont un nombre différent de chromosomes de celui d'Ovis aries, ce qui rend une relation directe invraisemblable et les études phylogénétiques ne montrent aucun signe d'ascendance de l'urial chez le mouton[77]. D'autres études comparant les races de moutons d'Europe et d'Asie ont montré d'importantes différences génétiques entre les deux. Deux explications à ce phénomène ont été proposées. La première est qu'il y a actuellement une espèce ou des sous-espèces de moutons sauvages inconnus qui ont contribué à la formation de l'espèce ovine domestique[78]. Une deuxième hypothèse suggère que cette variation soit le résultat de plusieurs vagues de captures de mouflons dans la nature, de façon semblable à celle d'autres animaux d'élevage[79].
151
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152
+ Au départ, les moutons ont été élevés uniquement pour leur viande, leur lait et leur peau. Les stèles trouvées sur les sites archéologiques iraniens donnent à penser que les premières sélections de moutons pour leur laine peuvent avoir commencé environ au VIe millénaire av. J.‑C.[5],[8]. On trouve cependant des tissus de laine dès -8000 (Nahal hemar (en) en Judée), mais les premiers vêtements de laine ont peut-être été tissés seulement deux à trois mille ans plus tard[80].
153
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154
+ La période d'Obeïd (-6500 à-3750) Proche-Orient est caractérisée par une aridification qui culmine avec l'événement climatique de 8200 BP[81]. Elle pousse probablement les agriculteurs à utiliser de nouvelles méthodes comme l'irrigation et le pastoralisme. Le pastoralisme suppose des moutons suffisamment dociles pour être conduits en troupeaux dans des espaces ouverts. Il permet d'exploiter des prairies clairsemées comme les steppes[82]. Il ne nécessite qu'un outillage sommaire : tentes de peaux, cordes, batons, couteaux et racloirs, des outres pour l'eau et le lait ... La laine permet de fournir, éventuellement par échange, des toiles pour se protéger du froid ou du soleil et des tapis qui constituent le seul mobilier des nomades.
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+ L'existence de ce pastoralisme nomade a été démontrée pour la Judée dès -6200 (Yarmoukian (en))[83] et en Syrie[82].
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+ Capables de survivre dans des régions aux climats contrastés les pasteurs nomades contribuent à l'expansion néolithique. Ainsi, dès -6000 on trouve des traces d'élevage ovin et caprin attestées par l'archéologie en Asie centrale à Jeitun (en) et en Algérie au Capsien où il est possible de dire qu'il s'agit d'animaux importés[84].
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+ À l'âge de bronze, les moutons avaient toutes les caractéristiques principales des races modernes et étaient largement répandus dans toute l'Asie occidentale[5]. Toutefois, il existe une différence essentielle sur les techniques de recueil de la laine entre les moutons actuels et les moutons d'autrefois. Les premiers moutons ne pouvaient pas être tondus et devaient avoir leur laine recueillie à la main dans un processus de délainage[85]. La laine pouvait également être recueillie sur le sol après sa chute. Ce trait survit aujourd'hui dans quelques races telles que le Soay. En effet, le Soay, ainsi que d'autres races d'Europe du Nord ont la queue courte, une toison qui ne peut être tondue, une petite taille et des cornes chez les deux sexes rappelant étroitement les anciens moutons. À l'origine, le tissage et la filature de laine était un art pratiqué à la maison, avant d'être une technique industrielle. Les Sumériens, les Babyloniens, les Perses dépendaient de l'élevage des moutons et, bien que le lin ait été le premier tissu à être façonné pour l'habillement, la laine était un produit prisé. L'élevage de troupeaux pour leur toison a été une des premières industries et les troupeaux étaient un moyen d'échange dans l'économie de troc. De nombreuses figures bibliques avaient de grands troupeaux et les sujets du roi d'Israël étaient imposés en fonction du nombre de béliers qu'ils possédaient[5].
161
+
162
+ Les moutons sont arrivés sur le continent africain peu de temps après leur domestication en Asie occidentale[86]. Quelques historiens développent une théorie alternative très controversée faisant de l'Afrique le continent d'origine des moutons domestiques[87]. Cette théorie est basée principalement sur des interprétations d'œuvres d'art et des études ostéologiques du mouflon à manchettes[86]. Les premiers moutons sont entrés dans le nord de l'Afrique via le Sinaï et sont arrivés dans la société égyptienne antique il y a entre sept et huit mille ans[86]. Les moutons ont toujours fait partie de l'agriculture de subsistance en Afrique, mais aujourd'hui un des seuls pays qui conserve un nombre important de moutons est l'Afrique du Sud. Les éleveurs sud-africains, pour tenter de lutter contre les nombreux prédateurs du pays, ont inventé un collier empoisonné pour la protection du bétail, et qui provoque des empoisonnements graves voire mortels des prédateurs lorsqu'ils les mordent au cou[5].
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+ Au Moyen-Orient, région d'origine de l'élevage ovin, celui-ci a d'abord été pratiqué par des communautés sédentaires : seuls un nombre limité de bergers pratiquait la transhumance annuelle du petit bétail, moutons et chèvres, entre les hauts plateaux et les basses terres, la plus grande partie de la famille, avec ses réserves de grain et son outillage, restant sédentaire sur les terres de culture. Dans l'Iran antique, ces bergers sont désignés sous le nom de « kurdes », terme qui semble avoir désigné une classe sociale avant de correspondre à un groupe ethnique et à une langue ; cette différenciation ne devient nette qu'après la conquête musulmane de la Perse (VIIe-VIIIe siècles). Au cours du Moyen Âge islamique, ces communautés sédentaires sont soumises à une pression croissante des Oghouzes, nomades turciques venus de la steppe eurasiatique, ce qui amène une diffusion croissante du mode de vie nomade[88]. En 1966, on recense en Iran 43 millions de têtes de petit bétail, principalement des moutons, dont 18 millions appartiennent aux tribus nomades ; ils constituent la principale source de viande, laine et peaux, y compris pour l'exportation (tapis persans), et leur lait fournit le fromage et le yaourt. Les moutons à queue grasse comme le karakul sont les plus appréciés pour leur chair et leur toison ; on rencontre aussi le Makou en Azerbaïdjan occidental et le Baloutchi dans l'est de l'Iran. Leur poids, et donc leur valeur marchande, peut varier considérablement selon la saison et les étapes de la transhumance[89].
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+ En Chine, l'élevage ovin apparaît pendant le Néolithique : les plus anciens restes de moutons ont été trouvés à Taosi dans le Shanxi (vers 2500-1900 av. J.-C., âge calibré) et suggèrent déjà l'exploitation de la laine. Dans le Xinjiang, où les vestiges sont mieux conservés par le climat sec, l'élevage nomade pour le lait et la laine tient une place importante dans l'économie à partir du 2e millénaire av. J.-C. Le mouton, comme le bœuf et le cheval, est dédié comme animal de sacrifice à partir de l'Âge du Bronze : les plus anciennes traces viennent du site de Yanshi dans le Henan (vers 1600-1300 av. J.-C.)[90].
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+ En Inde, l'élevage du mouton est souvent pratiqué par des castes et communautés semi-nomades dans des conditions qui varient beaucoup selon les traditions et conditions naturelles, le plus souvent dans des zones arides, semi-arides ou sujettes à la sécheresse : les troupeaux de l'Himalaya (races Changthang, Gurez, Karnal, Bhakarwal, Biangi Bhagarwal, Gaddi, etc.) donnent une laine fine, ceux du désert de l'ouest (races Marwari, Jaisalmeri, Pugal, Nali et Kutchi) une laine rude qui sert à faire des tapis, tandis que ceux du sud du Dekkan (races Ganjam, Bellary, Hassan, Mandya, Bannur, Mecheri, Kilakarsal, Vembur, Coimbatore, Nilgiri, Ramnad White, Madras Red, Tiruchi Black) ne donnent pratiquement pas de laine et sont élevés seulement pour la viande et le fumier. En 2000, le pays comptait entre 42 et 59 millions de moutons. L'élevage bien géré peut contribuer à fertiliser les sols mais la répartition des ressources en eau pose de nombreux problèmes[91].
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+ Au Japon, le mouton était inconnu jusqu'à une époque récente, de sorte que les images symboliques de mouton, empruntées au calendrier chinois, manquent totalement de réalisme[92]. C'est seulement pendant la période d'expansion militaire du début du XXe siècle que l'Empire japonais se préoccupe de développer l'élevage de moutons, pour la laine, au Japon et dans ses colonies de Corée et Mandchourie[93]. En 2018, il ne reste plus que 200 éleveurs et 11 529 têtes à Hokkaido, de sorte que le pays doit importer la plus grande partie de sa consommation[94].
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+ À partir de l'Asie du sud-ouest, l'élevage du mouton va se propager rapidement vers l'Europe. Pratiquement depuis sa création, la civilisation grecque antique avait fait du mouton son principal animal d'élevage et on dit que les animaux recevaient un nom propre[8]. Les moutons scandinaves d'un type très proche de ceux d'aujourd'hui, avec une queue courte et une toison multicolore, sont apparus aussi dès le début de cette propagation. Plus tard, les Romains vont élever les moutons sur une large échelle et l'Empire a été un agent important dans la propagation de l'élevage du mouton sur l'ensemble du continent. Pline l'Ancien, dans son encyclopédie l'Histoire naturelle, parle longuement de mouton et de la laine[95]. Déclarant « Merci beaucoup, aussi, d'avoir reçu les moutons, à la fois pour apaiser les dieux, et pour nous donner leur toison. », il poursuit en décrivant en détail les anciennes races de moutons et leurs nombreuses couleurs, la longueur et la qualité de leur laine[95]. Les Romains ont également été les premiers à couvrir leurs moutons, en leur enfilant un manteau (aujourd'hui généralement en nylon) pour améliorer la propreté et la brillance de leur laine[5].
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+ Pendant la domination romaine en Grande-Bretagne, une grande usine de transformation de la laine a été créée à Winchester, en Angleterre, vers 50[8]. En l'an 1000, l'Angleterre et l'Espagne étaient les épicentres de la production ovine dans le monde occidental[8],[5]. Comme les premiers éleveurs de moutons mérinos, qui ont historiquement dominé le commerce de la laine, étaient espagnols, l'Espagne s'est considérablement enrichie. L'argent rapporté par la laine a servi en grande partie à financer la politique des dirigeants espagnols et, par conséquent, les voyages vers le Nouveau Monde par les conquistadores[8]. La puissante Mesta (son titre complet est Honrado Concejo de la Mesta, l'honorable Conseil de la Mesta) était une corporation de propriétaires de moutons formée essentiellement de riches marchands espagnols, du clergé catholique et de la noblesse qui contrôlaient les troupeaux de moutons mérinos[96] Au XVIIe siècle, la Mesta représentait plus de deux millions de têtes de moutons mérinos[96].
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+ Les troupeaux de la Mesta faisaient une transhumance saisonnière à travers l'Espagne. Au printemps, ils quittaient les pâturages d'hiver (invernaderos), en Estrémadure et en Andalousie pour aller paître sur les pâturages d'été (agostaderos) en Castille, avant de revenir à nouveau en automne[96]. Les dirigeants espagnols désireux d'accroître leurs revenus accordaient des droits importants à la Mesta, souvent au détriment des paysans locaux[96]. Les énormes troupeaux de mérinos avaient un droit de passage sur les routes de la transhumance (Cañadas). Villes et villages étaient obligés par la loi de laisser paître les troupeaux sur leurs terres et la Mesta avait sa propre police qui pouvait convoquer des personnes en infraction devant ses propres tribunaux[96]. L'exportation de mérinos sans autorisation royale était également une infraction punissable, ce qui assura un quasi-monopole sur la race à l'Espagne jusqu'à l'invasion de l'Espagne par Napoléon Ier au début du XIXe siècle. Auparavant, en 1786, Louis XVI avait pu obtenir par un accord secret, un troupeau de mérinos de son cousin le roi d'Espagne qui a constitué la base pour la race de moutons mérinos de Rambouillet (ou mérinos français)[97]. Après la fin de l'interdiction d'exporter, les moutons mérinos furent exportés dans le monde entier et l'élevage espagnol revint vers des races de mouton à laine grossière, telles que la Churra, et perdit sa place sur le marché mondial de la laine.
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+ L'industrie du mouton en Espagne était basée sur une gestion migratoire des troupeaux, avec de grands troupeaux de mérinos se déplaçant sur l'ensemble du territoire. En comparaison, le modèle utilisé pour l'élevage des ovins en Angleterre est tout à fait différent, mais les moutons avaient une importance similaire pour l'économie de l'Empire britannique. Jusqu'au début du XXe siècle, la vente de laine et de moutons à l'extérieur du pays était une infraction punissable et aujourd'hui, symboliquement, le président de la Chambre des lords est toujours assis sur un coussin en laine connu sous le nom de Woolsack. La forte concentration et le caractère sédentaire des éleveurs au Royaume-Uni a permis de sélectionner des races de moutons spécialement adaptées à un usage particulier et à la région où ils vivaient, donnant ainsi naissance à une exceptionnelle variété des races par rapport à la petite taille du pays[5]. Cette grande variété des races a également produit une grande variété de produits permettant ainsi de rivaliser avec la laine superfine du mouton mérinos espagnol. Au moment du règne d'Élisabeth Ire, le commerce de moutons et de la laine était la principale source de recettes fiscales de la Couronne d'Angleterre et le développement et la propagation de l'élevage du mouton a joué un grand rôle dans l'économie du pays[5],[98].
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+ Un événement important, non seulement dans l'histoire de l'espèce ovine domestique, mais de tous les animaux, est l'œuvre de Robert Bakewell (en) dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Avant lui, l'amélioration des races était souvent basée sur le hasard, sans démarche scientifique pour la sélection des reproducteurs. Bakewell a établi les principes de la reproduction sélective, surtout l'élevage sélectif en ligne pour les moutons, les chevaux et les bovins. Son travail a influencé par la suite Gregor Mendel et Charles Darwin[8],[99]. Sa contribution la plus importante sur les moutons a été le développement de la race Leicester Longwool, une race à maturation rapide et de conformation trapue qui a été à la base de nombreuses races modernes[9]. Aujourd'hui, l'importance de l'industrie du mouton au Royaume-Uni a diminu�� de manière significative[100]
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+ Aucune des espèces ovines originaire d'Amérique n'a jamais été domestiquée, bien qu'elles soient plus proches génétiquement du mouton domestique que de nombreuses espèces ovines d'Asie et d'Europe. La première race de mouton arrivée en Amérique du Nord est probablement la race Churra arrivée avec Christophe Colomb lors de son deuxième voyage en 1493[5],[8]. Le deuxième lot de moutons arriva avec Hernán Cortés en 1519 au Mexique[5]. Il ne semble pas y avoir eu de commerce de laine ou d'animaux entre les populations locales, mais les troupeaux vont se propager dans tout ce qui est maintenant le Mexique et le sud-ouest des États-Unis avec les colons espagnols[8]. La race Churra a également été introduite dans la tribu amérindienne Navajo et est devenue une partie essentielle de leurs moyens de subsistance et de leur culture. L'actuelle race Navajo-Churro est le résultat de ce patrimoine[21].
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+ Le transport suivant de moutons vers l'Amérique du Nord n'aura lieu qu'en 1607, avec le voyage du Susan Conant en Virginie[5]. Toutefois, les moutons qui sont arrivés au cours de cette année-là ont tous été abattus à cause de la famine et aucun troupeau permanent ne put s'installer dans la colonie pendant deux ans, jusqu'en 1609[5], lorsque les moutons furent introduits à Jamestown (Virginie)[101]. En 1611, les colons avaient porté leur cheptel à 400 têtes. En 1640, il y avait environ 100 000 moutons dans les 13 colonies et, en 1662, on construisit une usine de laine à Watertown, au Massachusetts[5],[8]. Pendant les périodes de troubles politiques et de guerre civile en Grande-Bretagne dans les années 1640-1650, le commerce maritime a été perturbé et les colons ont jugé urgent de démarrer leur propre production de laine pour leurs vêtements[102]. De nombreuses îles au large de la côte ont été débarrassées de leurs prédateurs pour y mettre les moutons en sécurité : Nantucket, Long Island, Martha's Vineyard et les petites îles à Boston Harbor en ont été les principaux exemples[102]. Il reste quelques rares races de moutons américains, comme le Hog Island qui sont le résultat de ces troupeaux insulaires. La mise en liberté (féralisation) de moutons et de chèvres dans les îles était une pratique courante de la colonisation au cours de cette période[102]. Dès le début, le gouvernement britannique va interdire l'exportation de moutons ou de laine vers l'Amérique pour empêcher toute tentative de concurrence avec les îles Britanniques. C'est une des nombreuses mesures commerciales restrictives qui ont précipité la Révolution américaine, car l'industrie du mouton a continué d'augmenter en dépit des interdictions[5].
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+ Peu à peu, à partir des années 1800, la production ovine va migrer vers l'ouest des États-Unis. Aujourd'hui, la grande majorité des troupeaux vit dans la partie occidentale du pays. Au cours de cette migration vers l'ouest, la concurrence entre les éleveurs d'ovins et de bovidés va devenir plus vive, pouvant s'achever parfois en guerres rangées. En dehors de la simple concurrence pour les pâturages et les droits sur l'eau, les éleveurs de bovidés pensaient que les sécrétions des glandes des pieds des moutons rendaient impropres les terrains aux bovidés[12],[16]. Lorsque la production ovine fut bien installée sur l'ouest des États-Unis, elle s'adapta à d'autres coutumes de l'ouest américain comme le rodéo. Dans l'Amérique d'aujourd'hui, un événement traditionnel amusant est les rodéos de mouton dans lesquels les enfants concourent pour voir qui peut rester le plus longtemps sur le dos d'un mouton avant de tomber. Une autre conséquence du mouvement vers l'ouest des troupeaux de moutons en Amérique du Nord a été le déclin des espèces sauvages comme le mouflon canadien (Ovis canadensis). La plupart des maladies de l'espèce ovine domestique sont transmissibles aux ovins sauvages, et ces maladies, ainsi que le surpâturage et la perte de leur habitat, ont été cités comme les principaux facteurs de la chute du nombre de mouflons américains[103]. La production ovine a atteint un sommet en Amérique du Nord au cours des années 1940-1950 avec 55 millions de têtes[8]. Depuis, et encore aujourd'hui, le nombre de moutons ne cesse de diminuer avec la baisse du prix de la laine et la diminution de la consommation de viande ovine[9].
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+ En Amérique du Sud et en particulier en Patagonie, l'élevage du mouton est une industrie encore active[104]. L'élevage du mouton a été largement favorisé sur cette partie du continent américain par l'immigration espagnole et britannique, populations dont les pays d'origine avaient une importante industrie de l'élevage du mouton à cette époque[105].
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+ L'Amérique du Sud a un assez grand nombre de moutons, mais la nation ayant le plus important cheptel ovin en 2004 (le Brésil) avait à peine plus de 15 millions de têtes, beaucoup moins que la plupart des grands pays d'élevage[106]. Les principaux défis que doivent relever les éleveurs de moutons d'Amérique du Sud sont la baisse phénoménale du prix de la laine à la fin du XXe siècle et la destruction de l'habitat par l'exploitation forestière et le surpâturage[107].
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+ La région sud-américaine la plus importante internationalement pour l'élevage du mouton est la Patagonie, qui a été la première à rebondir après la chute des prix de la laine[107]. Avec simplement quelques rares prédateurs et pratiquement aucune concurrence pour les pâturages (le seul mammifère rival est le guanaco), la région est la mieux adaptée au monde pour élever des moutons[104],[105] surtout la région du rio de la Plata dans la Pampa[5]. L’implantation de colons éleveurs d'origine européenne à la suite de la Conquête du Désert, à partir de 1880, s'est faite aux dépens des Indiens Mapuches et Tehuelches qui nomadisaient dans cette région[108]. La production ovine en Patagonie a culminé en 1952 à plus de 21 millions de têtes, mais est revenue à moins de dix millions aujourd'hui[105], pour une population humaine de moins d'un million vers 1980[108]. La dégradation des sols causée par l'élevage a largement contribué à ce déclin bien que le mouton reste emblématique de l'identité régionale[108]. La plupart des éleveurs se concentrent sur la production de laine de moutons Mérinos et Corriedale pour l'exportation mais la rentabilité a diminué avec la baisse du prix de la laine, tandis que l'industrie du gros bétail continue de croître[105].
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+ L'Australie et la Nouvelle-Zélande sont des pays majeurs pour l'élevage des moutons qui demeure un emblème de l'agriculture et de l'économie de ces pays. La Nouvelle-Zélande a le plus fort rapport au monde de moutons par habitant avec 12 moutons par habitant et l'Australie est incontestablement le plus grand exportateur de moutons au monde[109]. En 2007, la Nouvelle-Zélande a même déclaré le 15 février journée nationale de l'agneau pour célébrer l'histoire de la production ovine du pays[110] Le premier troupeau de moutons (70 bêtes) à destination de l'Australie est arrivé du Cap de Bonne-Espérance en 1788[111]. Les suivants furent un troupeau de 30 moutons en provenance de Calcutta puis d'Irlande en 1793[111]. Au début, tous les ovins importés en Australie étaient utilisés exclusivement pour les besoins alimentaires des colonies pénitentiaires. Les débuts de l'industrie lainière australienne sont dus à la vision prémonitoire et aux efforts du capitaine John Macarthur[111]. À sa demande, 16 moutons mérinos espagnols ont été importés en 1797, début de l'élevage industriel ovin[111]. En 1801 Macarthur était à la tête de 1000 moutons et, en 1803, il a exporté 111 kg de laine en Angleterre[111]. Aujourd'hui, Macarthur est généralement considéré comme le père de l'industrie ovine australienne[111].
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+ Le développement de l'industrie du mouton en Australie a été explosif. En 1820, le continent avait 100 000 moutons, dix ans plus tard, il en avait un million[112]. En 1840, la Nouvelle-Galles du Sud avait à elle seule 4 millions d'ovins ; dix ans plus tard le nombre était passé à 13 millions[112]. Même si la majeure partie de la croissance dans les deux pays est due au soutien actif de la Grande-Bretagne dans son désir de se fournir en laine, les deux pays (Australie et Nouvelle-Zélande) ont travaillé indépendamment pour développer des races : Corriedale, Coolalee, Coopworth, Perendale, Polwarth, Booroola Merino, Peppin Merino, et Poll Merino sont toutes des races sélectionnées en Nouvelle-Zélande ou en Australie[9]. La production de laine était une activité économique bien adaptée pour une colonie très éloignée de sa mère-patrie. Avant l'avènement de moyens de transports maritimes et aériens rapides, la laine était un des rares produits viables qui ne risquait pas de se gâter avant d'arriver dans les ports britanniques[112]. L'abondance de nouvelles terres et les hivers doux de la région ont également contribué à la croissance de l'industrie du mouton en Australie et en Nouvelle-Zélande[112].
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+ En Australie, les moutons ont toujours été en grande partie élevés sur de vastes terrains clôturés et étaient destinées à la production de laine superfine pour les vêtements et autres produits, ainsi qu'à la production de viande. Les troupeaux néozélandais étaient gardés comme en Angleterre, dans des exploitations clôturées sans bergers. Bien que la laine était autrefois la principale source de revenus pour les propriétaires de moutons de Nouvelle-Zélande, aujourd'hui, c'est la production de viande qui est cette source[5],[113].
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200
+ L'élevage de moutons australiens est le seul à recevoir des critiques véhémentes internationales pour ses pratiques. Les élevages de moutons en Australie sont cités dans Animal Liberation, le livre du mouvement des droits des animaux, comme principale preuve de la nécessité de supprimer l'élevage de moutons de l'agriculture animale[114]. La pratique du mulesing, dans laquelle la peau du périnée de l'animal est retirée sans anesthésie pour prévenir les cas de myase, a été largement condamnée comme inutile et douloureuse[115]. En réponse, un programme d'élimination progressive du mulesing est actuellement en cours d'exécution[116], la Nouvelle-Zélande a déjà supprimé le procédé[117].
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+ La plupart de la viande ovine exportée par l'Australie consiste soit en des carcasses congelées vendues au Royaume-Uni soit en des animaux vivants vendus au Moyen-Orient. Transportés dans d'anciens bateaux pétroliers reconvertis en transporteurs de bétail dans des conditions déplorables pour les critiques, les moutons sont transportés vivants comme souhaité par les nations du Moyen-Orient, afin de répondre aux exigences de l'abattage rituel halal[118]. Les opposants à l'exportation d'animaux vivants disent que les ovins exportés vers ces pays hors des lois australiennes sur la cruauté envers des animaux sont traités avec une brutalité horrible alors que des installations halal existent en Australie, pour rendre l'exportation d'animaux vivants inutile[118]. Quelques célébrités et entreprises se sont engagées à boycotter tous les produits ovins australiens en signe de protestation[115],[119].
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204
+ Les moutons participent de façon importante à l'économie agricole mondiale. Cependant, ils sont maintenant largement concurrencés par d'autres espèces de bétail, en particulier le porc, le poulet et les bovins[15]. La Chine, l'Australie, l'Inde et l'Iran ont les plus importants troupeaux de moutons, utilisés à la fois pour la consommation locale et l'exportation de laine et de viande[121]. D'autres pays, comme la Nouvelle-Zélande, ont de plus petits troupeaux, mais ils ont un grand impact économique international en raison du volume de leurs exportations. Les moutons jouent aussi un rôle majeur dans de nombreuses économies locales, dans des marchés très particuliers basés par exemple sur l'agriculture biologique, les produits durables et chez les partisans d'une économie locale[8],[122]. Dans les pays en voie de développement, en particulier, les troupeaux peuvent faire partie de l'agriculture de subsistance plutôt que d'une agriculture commerciale. Les moutons eux-mêmes peuvent être une monnaie d'échange dans une économie de troc[8].
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+ Certains agriculteurs qui élèvent des moutons vivent aussi du commerce des moutons vivants. Fournir des agneaux pour les jeunes lors de programmes comme les 4-H ou participer à des concours agricoles est souvent un moyen rentable pour vendre des moutons[123]. Des agriculteurs peuvent également choisir de se consacrer à une race spécifique de moutons afin de vendre des animaux de race pure ou d'en louer les béliers reproducteurs[124]. Une nouvelle méthode pour gagner de l'argent avec des moutons vivants est la location des troupeaux pour le pâturage, afin de fournir des services de tontes qui sont utilisés pour contrôler la végétation indésirable dans les espaces publics et réduire ainsi le risque d'incendie[125].
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+ Malgré la baisse de la demande et du prix des moutons sur de nombreux marchés, l'élevage des moutons présente plus d'avantages économiques que celui d'autres animaux d'élevage. Il ne nécessite pas d'abris coûteux[126] comme ceux demandés pour l'élevage intensif de poulets ou de porcs. Les moutons utilisent de façon efficace les terres sur lesquelles ils vivent, six environ peuvent vivre sur une surface qui serait juste suffisante pour une vache ou un cheval[9],[127]. Les moutons peuvent aussi consommer des plantes, telles que des mauvaises herbes, que la plupart des autres animaux ne touchent pas et produisent plus de jeunes à un rythme plus rapide que nombre d'autres espèces animales[128]. Se nourrissant pratiquement uniquement d'herbe, contrairement à la plupart des autres espèces animales, leur prix de revient n'est pas nécessairement lié au prix des aliments pour animaux comme les céréales, le soja et le maïs[129]. Le coût relativement faible d'obtention de moutons de qualité associé aux frais généraux modestes pour élever des moutons, entraînent ainsi un seuil de rentabilité plus bas pour les petits fermiers[129]. L'élevage des moutons est particulièrement intéressant pour les producteurs indépendants, les fermes familiales dont les moyens d'investissements sont limités car l'élevage du mouton est un des rares élevages que l'agriculture n'a pas encore intégré verticalement dans l'agro-industrie[130].
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+ Par leur capacité à trouver leur nourriture sur de vastes étendues, à valoriser le fourrage grossier et leur capacité d'adaptation aux conditions climatiques extrêmes les petits ruminants, et particulièrement les moutons, sont particulièrement efficaces pour valoriser les terres agricoles les plus pauvres (causses, zones arides) ou difficilement mécanisables (montagnes). Cette activité, le pastoralisme, est aujourd'hui redécouverte dans les pays développés sous le nom d'écopastoralisme.
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+ En France, en 2000, l'élevage des moutons a fourni 141 000 tonnes de viande, 235,6 millions de litres de lait qui ont permis de fabriquer 46 700 tonnes de fromages et 12 000 tonnes de laine.
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+ Les moutons fournissent une vaste gamme de produits de bases : matières premières ou produits agricoles vivriers.
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+ La laine est tondue au printemps, lavée, cardée puis filée et tissée ou bien feutrée. La laine a été un des premiers textiles largement répandus. Depuis la fin du XXe siècle, son prix a baissé de façon spectaculaire à la suite de la popularisation et des prix bon marché des fils synthétiques[8]. Pour de nombreux bergers, le coût de la tonte est plus élevé que le prix de vente de la toison, ce qui rend le commerce de la laine pratiquement impossible sans subventions[8]. Les toisons sont utilisées comme matériau pour d'autres produits tels que la laine d'isolation[131].
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+ Au XXIe siècle, la vente de la viande est la partie la plus rentable dans l'industrie du mouton, même si on consomme beaucoup moins de viande ovine que de poulet, de porc ou de bœuf[15].La viande de mouton et le lait de brebis ont été une des premières sources de protéines consommées par les humains après le passage de la chasse et de la cueillette à l'agriculture[9]. Le mot viande de « mouton » est employé pour la viande de mouton âgé d'au moins deux ans, le mot « agneau » est utilisé pour les moutons immatures de moins d'un an et généralement beaucoup plus jeunes, et le mot agnelle pour des brebis de moins d'un an mais ayant agnelé au moins une fois.
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+ À l'heure actuelle, les pays ayant la plus forte consommation de viande ovine sont les États du Golfe Persique, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, la Grèce, l'Uruguay, le Royaume-Uni et l'Irlande[8]. Ces pays consomment de 3 à 18 kg de viande ovine par habitant et par an[8],[132]. La viande de mouton est également populaire en France, en Afrique (en particulier au Maghreb), dans les Caraïbes, le reste du Moyen-Orient, en Inde et dans certaines parties de la Chine[132]. Ces pays ont souvent une vieille tradition de production ovine. Dans ces pays, en particulier, d'autres plats comprenant des abats peuvent être très populaires ou traditionnels. Les testicules de jeunes béliers -appelés animelles ou rognons blancs- sont considérés comme un mets délicat dans de nombreuses régions du monde[133]. La recette la plus originale est probablement le haggis écossais, composé de divers viscères cuits à l'intérieur de la panse[134]. En comparaison, les pays comme les États-Unis en consomment moins de 0,5 kg par an alors qu'ils mangent 22 kg de viande de porc et 29 kg de viande bovine[132]. En outre, ces pays qui consomment rarement de la viande de mouton, préfèrent consommer les parties les plus recherchées et donc les plus chères de la viande d'agneau: la plupart du temps, des côtelettes et du gigot[8].
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222
+ La peau de mouton est également utilisée pour la fabrication de vêtements, de chaussures, de tapis et d'autres produits.
223
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224
+ Bien que du lait de brebis ait été consommé directement dans l'antiquité, il est aujourd'hui utilisé principalement pour la fabrication de fromages et de yogourts. Les brebis ont seulement deux mamelles et produisent un bien plus petit volume de lait que les vaches[9]. Cependant, comme le lait de brebis contient beaucoup plus de matières grasses (75 grammes au litre contre 35) et autant d'autres matières sèches que le lait de vache, il est plus intéressant pour la fabrication de fromage[23]. Il résiste bien à la contamination au cours du refroidissement en raison de sa teneur en calcium beaucoup plus élevée[23]. Les fromages au lait de brebis les plus connus sont la feta en Grèce, le roquefort en France, le manchego en Espagne, le pecorino romano et la ricotta en Italie. Certains yaourts, en particulier certaines formes de yogourts égouttés, sont faits avec du lait de brebis[135]. Beaucoup de ces produits sont maintenant fabriqués à partir de lait de vache, en particulier lorsqu'ils sont produits en dehors de leur pays d'origine[8]. Le lait de brebis contient 4,8 % de lactose qui le contre-indique chez les sujets intolérants à ce sucre[8].
225
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226
+ Les sous-produits de l'abattage des ovins ont également de la valeur : les os et cornes de moutons sont utilisés pour faire des objets sculptés, des « osselets » pour les jeux, et des boutons. Les os et les cartilages sont utilisés pour fabriquer de la colle et de la gélatine[136]. L'intestin de mouton peut être utilisé comme boyau de saucisses, celui d'agneau est utilisé pour les fils de sutures chirurgicales (souvent appelés catgut), pour des cordes d'instruments de musique et des cordages de raquettes de tennis[5]. Des crottes de moutons, stérilisées et mélangées avec des matériaux traditionnels ont même servi à faire de la pâte à papier[137]. Le suif, la graisse du mouton, peut être utilisé dans la fabrication de bougie et de savon, et le suint, la matière grasse qui rend imperméable la laine à l'eau, purifié en lanoline, est utilisé comme base d'innombrables produits cosmétiques et autres[5].
227
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228
+ Les moutons sont généralement trop gros et se reproduisent trop lentement pour faire des sujets de recherche idéaux, ils ne sont donc pas un organisme modèle commun[138]. Ils ont, cependant, joué un rôle influent dans certains domaines scientifiques. En particulier, l'Institut Roslin près d'Édimbourg, en Écosse a utilisé des moutons pour la recherche génétique qui ont donné des résultats célèbres. En 1995, deux brebis du nom de Megan et Morag (en) ont été les premiers mammifères clonés à partir de cellules différenciées. Un an plus tard, Dolly, une brebis croisée Dorset-Finnoise a été le premier mammifère à être cloné à partir d'une cellule somatique adulte. Puis, Polly et Molly (en) ont été les premiers mammifères à être à la fois transgéniques et clonés. En 2008, le génome du mouton n'est pas encore entièrement séquencé, mais une carte génétique détaillée a été publiée[139] et une version préliminaire du génome complet par assemblage de séquences d'ADN de mouton et d'informations fournies par les génomes d'autres mammifères a été communiquée[140].
229
+
230
+ Pour étudier la sélection naturelle en milieu insularisé, la population de moutons Soay vivant en liberté sur l'île de Hirta a été utilisée pour mesurer les liens existant entre taille du corps, coloration et succès de reproduction[141]. Les moutons Soay ont sur cette île des robes de plusieurs couleurs, et les chercheurs voulaient comprendre pourquoi la part des moutons plus grands et plus foncés étaient en baisse, ce qui contredit a priori une règle générale voulant que les individus les plus grands d'une population non limitée par des facteurs écologiques ont tendance à avoir plus de succès dans la reproduction[142]. Les moutons Soay de Hirta sont particulièrement intéressants parce qu'ils sont isolés[143].
231
+
232
+ Les moutons font partie des rares animaux chez lesquels les différences moléculaires ont été étudiées pour comprendre les préférences sexuelles des mâles[144]. Cependant, cette recherche est sujette à controverse, et une étude de l'Oregon Health and Science University qui a enquêté sur les mécanismes qui provoquent l'homosexualité chez les béliers a eu beaucoup de publicité. Des organisations telles que PETA ont fait campagne contre l'étude, accusant les scientifiques d'essayer de guérir l'homosexualité chez les ovins[51]. L'université et les scientifiques impliqués ont vigoureusement nié ces accusations[51].
233
+
234
+ Les moutons sont parfois utilisés dans la recherche médicale, en particulier pour les recherches sur la physiologie cardio-vasculaire, dans des domaines tels que l'hypertension et l'insuffisance cardiaque[145],[146]. Les brebis gestantes sont aussi un modèle utile pour la femme enceinte[147] et ont été utilisées pour étudier les effets sur le développement du fœtus de la malnutrition et de l'hypoxie[148]. En sciences du comportement, les moutons ont été utilisés dans des cas isolés pour l'étude de la reconnaissance faciale, car leur processus mental de reconnaissance est qualitativement similaire à celui de l'homme[149].
235
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236
+ Le symbolisme religieux et rituel des moutons a commencé avec quelques-unes des premières religions: les crânes de béliers (et de taureaux) occupaient un emplacement central dans les sanctuaires de Çatal Hüyük, il y a environ huit mille ans[150]. Dans la religion égyptienne antique, le bélier était le symbole de plusieurs dieux: Khnoum, Harsaphes et Amon (dans son incarnation comme dieu de la fécondité)[8]. D'autres divinités sont parfois montrées avec des attributs de mouton comme la déesse Ishtar, le dieu phénicien Baal et le dieu babylonien Ea-Oannes[8].
237
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238
+ Il existe aussi de nombreuses références au mouton dans la civilisation grecque ancienne. Le mouton Chrysomallos fait partie de la légende de la Toison d'or qui continue d'être racontée encore aujourd'hui. Les bergers grecs vénéraient comme leur dieu protecteur Hermès[151], qui était né en Arcadie, patrie des bergers. Dans l'Odyssée, Ulysse échappe au Cyclope en se cachant sous la toison d'un bélier.
239
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+ Une corne de bélier dite chofar(shophar) joue un rôle important dans les religions abrahamiques. Abraham, Isaac, Jacob, Moïse le roi David, Abel et Mahomet étaient tous bergers. Les moutons sont des animaux omniprésents dans l'Ancien Testament[152]. Selon la Genèse, un bélier est sacrifié comme substitut à Isaac (ou Ismaël selon le Coran) après qu'un ange a retenu la main d'Abraham qui allait sacrifier son fils. L'Aïd el-Kebir est l'une des principales fêtes rituelles annuelles de l'islam au cours de laquelle des moutons (ou autres animaux) sont sacrifiés en souvenir de cet acte[153],[154]. Les Grecs et les Romains sacrifiaient aussi régulièrement des moutons dans leur pratique religieuse. Le judaïsme traditionnel offrait des moutons dans le cadre du Korban[155]. Les traces de moutons, comme avec l'agneau de Pâques et l'emploi du shophar sont encore présentes dans les traditions juives modernes. Dans le christianisme, une congrégation est souvent évoquée comme un troupeau, et les moutons font partie de l'iconographie chrétienne de la naissance de Jésus. De nombreux saints chrétiens sont considérés comme des bergers. Le Christ est aussi décrit comme l'agneau sacrificiel de Dieu (Agnus Dei) et les célébrations de Pâques en Grèce ou en Roumanie s'accompagnent traditionnellement d'un repas avec de l'agneau pascal.
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+
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+ Les moutons n'étaient pas consommés à Madagascar car on croyait qu'ils étaient les incarnations des âmes des ancêtres[155].
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+
244
+ En astrologie, le bélier est le premier (21 mars au 20 avril) signe du zodiaque occidental. Le mouton (confondu avec la chèvre) est aussi la huitième des douze animaux, avec les douze ans de cycle de l'astrologie chinoise[155].
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+
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+ Dans le calendrier républicain français, le 15e jour du mois de Thermidor est dénommé jour de la Brebis[156].
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+
248
+ Le mouton se rencontre souvent dans la littérature française. Le mouton le plus connu est certainement l'agneau de la fable de Jean de La Fontaine, Le Loup et l'Agneau. Mais on le rencontre aussi chez Rabelais avec les moutons de Panurge et chez Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince.
249
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250
+ Dans la bande dessinée, les brebis dessinées par F'murr dans Le Génie des alpages sont particulièrement féroces.
251
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+ Shaun le mouton est un mouton facétieux dans le dessin animé éponyme.
253
+
254
+ La Course au mouton sauvage, roman japonais de Haruki Murakami, met en scène la poursuite d'un mouton légendaire à Hokkaido.
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+
256
+ Ulysse se cachant sous un bélier, lampe romaine du Ier s.
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+
258
+ Le sacrifice d'Isaac : Abraham et Isaac cherchant un animal de sacrifice, gravure de Jemima Blackburn, 1886.
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+
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+ Scène de tonte, extrait des Très Riches Heures du duc de Berry, XVe s.
261
+
262
+ Les moutons de Panurge, gravure de Gustave Doré, XIXe s.
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264
+ A Ewe with Lambs and A Heron Beside A Loch, peinture de Richard Ansdell, 1867.
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+
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+ Tonte du mouton, orfèvrerie Christophle, 1889.
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+
268
+ Le terme mouton désigne aussi dans le langage courant les produits du mouton, sa viande, son cuir, sa fourrure. On dit par exemple : un ragoût de mouton.
269
+
270
+ En argot, un mouton peut être un compagnon de cellule que les geôliers placent avec un détenu pour obtenir des aveux.
271
+
272
+ Un mouton peut également représenter une personne naïve, qui suit et répète bêtement les actions de ses congénères, c'est une référence au mouton qui suit son troupeau par conformisme (voir mouton de Panurge). Par exemple, dans des expériences menées par le psychologue américain Salomon Elliott Asch dans le cadre de la psychologie sociale, un sujet à qui l'expérimentateur demande de nommer la capitale de la Roumanie, répond Budapest de façon erronée, parce que les autres membres du groupe, complices de l'expérience, avaient donné cette réponse plutôt que Bucarest, la réponse exacte.
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+
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+ Être un mouton signifie également, au sens figuré, être quelqu'un dont les actes sont parfaitement prévisibles.
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+ Le mouton désigne également un agglomérat de poussière qui finit par former de grosses boules, particulièrement dans les milieux confinés (sous les lits, derrière les meubles, par exemple).
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+
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+ Un mouton est une masse à battre les pieux. Il en existe d'ailleurs des versions portables destinées à enfoncer les pieux et les piquets des parcs à moutons.
279
+
280
+ Une tradition occidentale conseille, afin de faciliter l'endormissement, de compter mentalement les moutons. Une représentation habituelle montre ces moutons sautant successivement une barrière. L'idée est que ce spectacle imaginaire est suffisamment répétitif et hypnotique pour provoquer le sommeil.
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+
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+ Un agneau (3 à 4 mois) et sa mère (race : Icelandic)
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+ Un agneau.
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+ Mouton vu de face.
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+ Une crotte de mouton.
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+ Les races rustiques entretiennent la flore des landes acides.
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+ Manx Loaghtan
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+ Moutons se reposant à l'ombre, tandis que la matriarche du troupeau se tient debout, dans un champ en Suède. Juillet 2019.
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+ Le Mouvement 5 étoiles (en italien, Movimento 5 Stelle ou Cinque Stelle, M5S) est un parti politique italien fondé en 2009 par Beppe Grillo et Gianroberto Casaleggio et actuellement dirigé à titre intérimaire par Vito Crimi.
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+ Se présentant comme une organisation ni de droite ni de gauche et ne se définissant pas comme un parti politique, il milite pour stimuler une forme de démocratie directe, par opposition aux formes de démocraties représentatives. Les « cinq étoiles » représentent les enjeux liés à l'eau, à l'environnement, aux transports, au développement et à l'énergie.
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+ Lors des élections générales italiennes de 2013, le mouvement recueille entre 23,8 % et 25,6 % aux deux chambres du Parlement. Aux élections municipales de 2016, il remporte les villes de Rome et de Turin. Avec environ 32 % des voix, il devance largement les autres partis politiques aux élections générales italiennes de 2018 ; il forme alors un gouvernement de coalition avec la Ligue dirigé par l’indépendant Giuseppe Conte. En 2019, après le retrait de la Ligue, le parti forme une nouvelle coalition avec le Parti démocrate, Libres et égaux et Italia Viva.
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+ Le Mouvement 5 étoiles est lancé à Gênes le 4 octobre 2009, à partir du site du blog de Beppe Grillo, sous la direction de Gianroberto Casaleggio. Il est créé dans le sillage du mouvement des Amis de Beppe Grillo, actif depuis 2005.
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+
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+ Le mouvement se qualifie de « non-parti », prône la démocratie participative directe, inspiré par son « garant » Beppe Grillo (il est également le président de l'association déclarée avec ce nom en décembre 2012). Il compte 100 000 inscrits environ et quatre conseillers régionaux élus lors des élections administratives, peu après sa création. Les intentions de vote lui donnent dans un premier temps moins de 5 % au niveau national[11], puis autour de 20 % à la veille des élections générales italiennes de 2013.
12
+
13
+ Lors des élections municipales italiennes de 2012, le mouvement connaît un succès électoral conséquent, réussissant à faire élire un maire dès le 1er tour dans une petite ville et à participer au ballottage dans de nombreux chefs-lieu de province ou grandes villes dont Federico Pizzarotti à Parme. Au total, le mouvement gagne 4 mairies et dépasse les 10 % dans plusieurs villes du Nord d'Italie, mais seulement 5 % dans le Sud[12]. Lors des élections anticipées de l'Assemblée régionale sicilienne, le 28 octobre 2012, le mouvement se classe au troisième rang des coalitions et devient la première force politique de Sicile, avec plus de 18 % des voix.
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+
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+ Les militants du mouvement sont appelés « grillini »[13],[14].
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17
+ Le mouvement se revendique populiste : « Le M5S n’est ni de droite ni de gauche : il est du côté des citoyens »[15].
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+ Difficile à classer, avec un électorat éparpillé, il est généralement considéré comme un parti attrape-tout et centriste[16].
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+ Lors des élections générales italiennes de 2013, qui ont lieu en février, le Mouvement 5 étoiles arrive en troisième position, derrière la coalition de centre gauche de Pier Luigi Bersani et la coalition de centre droit de Silvio Berlusconi, mais loin devant la coalition du président du conseil sortant, Mario Monti. Avec plus de 23 % des voix, il est considéré comme le grand gagnant du scrutin[17], puisqu'il devient le premier parti[18],[19]. Le M5S obtient ainsi l'élection de 163 parlementaires à sa première expérience électorale[19]. Beppe Grillo, chef de coalition, n'était pas candidat.
22
+
23
+ Aucun des parlementaires du mouvement n'a jamais été élu précédemment. Ils ont été sélectionnés par un vote sur Internet, sont plus féminisés (38 %) par comparaison avec les autres partis. 32 000 inscrits repartissent leur vote sur les 1 400 candidats dont beaucoup sont des néophytes de la politique[12].La moyenne d'âge des élus est de 37 ans (33 ans à la Chambre, 43 au Sénat) : ce seront les groupes les plus jeunes du Parlement italien élu, lui-même le plus jeune des 16 législatures précédentes. Luigi Di Maio, étudiant de 27 ans, est élu vice-président de la Chambre des députés le 21 mars 2013. Le Conseil représentatif des institutions juives de France a dénoncé la désignation à la tête du groupe parlementaire à la Chambre des députés de Roberta Lombardi, une juriste qui avait suscité la polémique à cause de propos sur son blogue laissant entendre pour certains journalistes une admiration pour le fascisme italien, notamment sur son « sens très élevé de l’État et de la protection de la famille »[20],[21],[22].
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+
25
+ Aux élections municipales partielles de 2013, le Mouvement 5 étoiles ne recueille pas le succès électoral initialement escompté, obtenant un score significativement plus faible qu'aux élections générales et ne se maintenant au second tour dans aucune grande ville[23]. Beppe Grillo, qui jusque-là refusait d'être interrogé et conspuait le monde journalistique, change de tactique et participe désormais à des talks-shows, de même que les élus du mouvement[24],[25].
26
+
27
+ Lors des élections européennes de 2014, le mouvement obtient 21,1 % et 17 députés, largement distancé par le Parti démocrate de Matteo Renzi, qui obtient 40,8 % et 31 sièges[26]
28
+
29
+ Son affiliation au Parlement européen a été décidée unilatéralement par Beppe Grillo, ce qui provoqua un rejet massif de la part des élus et militants du mouvement[réf. nécessaire]. À la suite de ce coup de force, le 13 juin 2014, Beppe Grillo propose un vote en ligne pour faire légitimer a posteriori sa décision. Le vote est largement boycotté[réf. nécessaire], les rares votants choisissent de rejoindre le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD), présidé par le Britannique Nigel Farage (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni, UKIP) et réunissant des partis eurosceptiques. Le M5S et UKIP détiennent, au lendemain des élections, 41 des 48 sièges du groupe[27].
30
+
31
+ À partir de 2014, le Mouvement 5 étoiles connaît de profondes mutations tout en continuant son développement.
32
+
33
+ En effet, en février 2014, des conflits internes touchent le mouvement. Quatre sénateurs du Mouvement 5 étoiles sont exclus du parti à la demande de Beppe Grillo pour avoir critiqué son attitude lors d'un entretien avec le nouveau président du Conseil, Matteo Renzi. Cette décision est critiquée comme étant une « purge »[28]. Par la suite, plusieurs parlementaires quittent le groupe du M5S à la Chambre des députés et au Sénat.
34
+
35
+ Quelques mois plus tard, en novembre 2014, Beppe Grillo se met en retrait et confie la direction du Mouvement 5 étoiles à un directoire composé de cinq membres, dont Luigi Di Maio[29]
36
+
37
+ L'année 2016 du mouvement est marquée par le décès de Gianroberto Casaleggio (cofondateur et idéologue du M5S) et deux victoires importantes lors des élections municipales. En effet, le Mouvement 5 étoiles remporte deux grandes villes (Rome avec Virginia Raggi et Turin avec Chiara Appendino), ce qui le relance et lui permet de faire figure de premier parti d'opposition au président du Conseil, Matteo Renzi.
38
+
39
+ En septembre 2017, Luigi Di Maio remporte une primaire interne le désignant chef du parti et candidat du mouvement à la présidence du Conseil des ministres dans le cadre des élections générales de 2018[30].
40
+
41
+ Le parti réalise un score historique, devenant le premier parti d'Italie, loin devant les autres. Avec 32,7 % des suffrages exprimés en sa faveur ainsi que 228 députés et 112 sénateurs, le parti se retrouve au centre de la scène politique et peut ainsi choisir des éléments de la coalition de centre droit ou de centre gauche pour composer un gouvernement.
42
+
43
+ Le gouvernement Conte, composé du M5S et de la Ligue, est formé le 1er juin 2018. Parmi ses principales mesures se trouvent la mise en place d'un revenu universel, l'abaissement de l'âge de la retraite, et une lutte intensifiée contre l'immigration illégale et la corruption politique.
44
+
45
+ Aux élections régionales italiennes de 2018, le parti améliore légèrement ses résultats mais ne parvient pas à remporter de présidence de région. Dans quatre régions la tendance est à la hausse pour le parti, au Molise elle est en forte hausse tandis que le parti perd des voix en Frioul-Vénétie-Julienne.
46
+
47
+ Lors des élections européennes de 2019, le Mouvement 5 étoiles connaît un fort recul, avec 17 % des voix et 14 députés. Dans le même temps, la Ligue obtient 34 % et 29 sièges, un résultat qui s’inscrit dans la poursuite de l’inversion de tendance observée au sein de la coalition gouvernementale depuis les élections générales de 2017[31]. Au Parlement européen, le Mouvement 5 étoiles ne parvient pas à intégrer un groupe et rejoint les non-inscrits, ce qui constitue une première pour un parti de gouvernement[32].
48
+
49
+ À la suite de dissensions entre les deux partis du gouvernement sur des questions telles que le soutien au projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin ainsi qu'à l'inversion de la tendance électorale constatée au précédent scrutin, la Ligue décide de quitter la coalition gouvernementale le 8 août 2019 et réclame des élections anticipées[33]. Giuseppe Conte juge « irresponsable » cette décision qui fait selon lui « courir de grave risques » à l'Italie[34].
50
+
51
+ Un deuxième gouvernement Conte, composé du Mouvement 5 étoiles, du Parti démocrate et de Libre et égaux voit le jour le 5 septembre 2019 après avoir été approuvé par les internautes de la plate-forme Rousseau, développée par le Mouvement 5 étoiles[35].
52
+
53
+ Aux élections régionales de 2019, le Mouvement 5 étoiles ne remporte aucune présidence de région et ses résultats sont jugés décevants. Dans les Abruzzes, en Sardaigne et en Basilicate, là où le parti est généralement plus implanté, le M5S est loin de remporter les présidences de ces régions. Au Piémont, le parti est en recul. En Ombrie, la coalition inédite composée du Mouvement 5 étoiles et du Parti démocrate, form��e en opposition à la coalition de centre droit, est un échec : Donatella Tesei (Ligue) remporte largement la présidence de la région et le M5S chute à 7 % des suffrages.
54
+
55
+ Le 22 janvier 2020, Luigi Di Maio démissionne de sa fonction de président du Mouvement 5 étoiles. Il est remplacé par Vito Crimi à titre intérimaire[36],[37].
56
+
57
+ Le mouvement se qualifie d'« association libre de citoyens »[38].
58
+
59
+ Les cinq étoiles symbolisent : l'eau publique, les transports « durables », le développement, la connectivité et l'environnement[39]. Le V majuscule en rouge représente le chiffre romain V (cinq) et renvoie également au terme « vaffanculo », par référence au « V-Day » organisé en 2007[40] (« va te faire foutre »[41]).
60
+
61
+ Dans le Mouvement 5 étoiles convergent des thèmes issus de l'écologisme et de l'antipartisme. Promouvant la participation directe des citoyens dans la gestion des affaires publiques à travers des formes de la démocratie numérique, le mouvement utilise les réseaux sociaux comme un moyen d'information s'exerçant sans censure, permettant une grande liberté. Ce mouvement vise à changer radicalement la société, mais aussi la façon de faire de la politique.
62
+
63
+ Du point de vue économique, il prône la création d'emplois « verts », le développement des énergies propres, la décroissance[42], rejette ce qui est coûteux et polluant, comme les incinérateurs de déchets, et aspire à une meilleure qualité de vie.
64
+
65
+ Le programme économique du mouvement est d'inspiration keynésienne[43] et prône une relance de l'investissement public pour stimuler la croissance[44]. Il préconise par ailleurs « la réduction de la dette publique à travers de fortes interventions sur le coût de l’État avec la lutte contre le gaspillage et le recours aux nouvelles technologies pour consentir au citoyen l'accès aux informations et aux services sans avoir besoin d'intermédiaires »[réf. souhaitée] ainsi que l'abolition des stock options et des cascades de holding pour les sociétés cotées.
66
+
67
+ Durant la campagne pour les élections générales de 2013, d'autres problématiques apparaissent, comme le refus de rembourser la dette publique ou la sortie de l'Italie de la zone euro ainsi que la création d'un « revenu de citoyenneté » pour tous, y compris pour les précaires, dont le coût est évalué entre 20 et 30 milliards d'euros. À cette époque, pour passer de la contestation à la proposition, le mouvement a consulté Jean-Paul Fitoussi de l'OFCE, ainsi que Bruce Greenwald (université Columbia), Mauro Gallegati (it) (université polytechnique des Marches) et Joseph E. Stiglitz (université Columbia, prix de la Banque de Suède)[45].
68
+
69
+ Le Mouvement 5 étoiles propose l'adoption de projets de grande envergure en faveur de l'informatisation, de la conservation de l'énergie, de l'élimination des déchets et de la protection du territoire face à l'ultra-urbanisation. Il se définit comme « hors du clivage gauche-droite » mais d'après une enquête de l'Istituto Cattaneo, une écrasante majorité des électeurs du mouvement serait issue des partis de centre gauche, d'après un article de 2012 de Massimo Gramellini pour La Stampa[46]. À l'occasion des élections générales de 2018, Mediapart estime que le programme du M5S, « hostile aux migrants et favorable à des baisses d’impôts, le situe clairement à droite »[47]. Le chercheur Fabrizio Li Vigni présente quant à lui le M5S comme « un mouvement antinéolibéral. Il le dépasse avec un discours pragmatique et postidéologique, car il veut éviter la symbolique des partis traditionnels. Mais ses idées, à la base, sont de gauche, et c’est un programme social qu’il cherche à mettre en œuvre »[48].
70
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71
+ Pour le journaliste et universitaire Erhard Stackl, il s'agit d'un « populisme qui va au-delà du clivage droite-gauche »[49].
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+ Dans le programme du Mouvement 5 étoiles convergent les thèmes écologiste et anti-particratie et la promotion de la participation directe des citoyens à la gestion publique par l'utilisation de formes de démocratie numérique.
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+
75
+ En vue de la campagne pour les élections générales de mars 2018, Luigi Di Maio est élu à la tête du Mouvement 5 étoiles en septembre 2017. Considéré comme davantage modéré que ses prédécesseurs, il aborde les élections sur un ton moins anti-système et eurosceptique. Le mouvement revient notamment sur son principe de non-alliance avec d'autres partis et, le 22 janvier 2018, présente un programme en vingt points devant servir de base pour d'éventuelles négociations au lendemain du 4 mars[50].
76
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77
+ Le M5S s'engage dans un premier temps à lancer un référendum sur la sortie de l'Italie de la zone euro[51].
78
+
79
+ Le 9 janvier 2017, Beppe Grillo propose de rejoindre l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE), un groupe parlementaire centriste, libéral et fédéraliste[52]. Cette proposition est approuvée par 78,5 % des votants en ligne[53], mais est rejetée le jour même par l'ADLE. Cela marque néanmoins la fin du positionnement eurosceptique historique du mouvement. En effet, Luigi Di Maio déclare au Monde : « Le Mouvement 5 étoiles est pro-européen »[54], prônant ouvertement une position europhile. Il soutient aussi la position à ce sujet d'Emmanuel Macron et estime que grâce au Brexit, l'Italie peut jouer un rôle majeur dans l'UE.
80
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+ À l'occasion de la campagne pour les élections générales de 2018, l'abandon de la promesse d'un référendum sur l'euro va dans le sens voulu par Di Maio de concentrer la campagne du Mouvement 5 étoiles sur l'économie, la réduction des impôts, la lutte contre la corruption et la simplification administrative[50].
82
+
83
+ Le Mouvement se démarque de son partenaire de coalition, la Ligue, dont la ligne est considérée comme anti-euro voire anti-Union européenne. Ses dirigeants adoptent ainsi progressivement une attitude plus modérée vis-à-vis de l'UE, au point que le président du Conseil Giuseppe Conte les qualifient d'« européanistes critiques » en août 2019[55].
84
+
85
+ Le mouvement milite pour la limitation du nombre de mandats à deux pour les parlementaires et pour toute autre charge publique, la suppression des privilèges parlementaires, l'interdiction du cumul des mandats pour les parlementaires, la participation directe des citoyens par Internet à toute réunion publique[56].
86
+
87
+ D'idéologie anti-patriarcale, l'inéligibilité pour les citoyens condamnés est une des mesures phares du mouvement de Beppe Grillo, mais aussi l'abolition des remboursements de frais de campagne pour les candidats aux diverses élections, ainsi que l'enseignement obligatoire de la Constitution avec examen pour tout représentant public[57].
88
+
89
+ La lutte contre le gaspillage énergétique doit se concentrer sur la réduction de la consommation d’énergie dans le bâti, afin de se mettre en conformité avec les exigences du protocole de Kyoto. Sont citées en exemple une loi allemande et la législation dans la province de Bolzano. Sont proposés[58] :
90
+
91
+ Le M5S souhaite également encourager le système de cogénération d’électricité et de chaleur. Par ailleurs, réduire l’impact environnemental, améliorer le rendement et lutter contre les gaspillages des centrales thermoélectriques existantes permettrait de ne pas construire d’autres infrastructures. Pour réduire la production de CO2, le M5S veut également encourager la production d’énergie par des technologies qui utilisent de l’énergie fossile de façon plus efficace, ou qui utilisent des ressources renouvelables : microcogénération, énergies renouvelables, biocombustibles, biomasse, biogaz.
92
+
93
+ Le programme prévoit notamment une augmentation de la mobilité électrique et de l’usage des transports en commun (métro, bus et covoiturage)[59].
94
+
95
+ Le programme propose également l’arrêt des travaux pour la LGV Lyon-Turin[60].
96
+
97
+ Pour le M5S, « l’information est l’un des fondements de la démocratie et de la survie individuelle ». La production de l’information doit être décentralisée et détachée des intérêts des grandes multinationales ou des groupes de pression économiques[61].
98
+
99
+ Le programme se concentre sur l’accès et l’utilisation d’Internet contre la concentration des médias, le mouvement veut :
100
+
101
+ En ce qui concerne le téléphone, le réseau serait nationalisé par une acquisition à son prix de revient, et la taxe sur le téléphone fixe serait supprimée. La propriété intellectuelle serait effective seulement 20 ans après la création de l’œuvre, et la diffamation serait dépénalisée[62][source insuffisante].
102
+
103
+ Sur le fonctionnement interne des entreprises, l'abolition du cumul des charges électives pour les membres des CA d’entreprises cotées en Bourse, l'amélioration de la représentation des petits actionnaires et l'interdiction de nommer des personnes condamnées au poste d’administrateur d’une entreprise cotée ou d’une entreprise dont l’État est actionnaire[62][source insuffisante].
104
+
105
+ Sur la finance, le parti demande l'introduction d’une co-responsabilité des institutions financières pour les produits qu’elles proposent et les éventuelles pertes générées par ces derniers[62][source insuffisante]. Il demande la renégociation de la dette italienne[63].
106
+
107
+ Pour l'économie nationale, l'État doit soutenir les productions locales et les organisations de l’économie sociale et solidaire. Les allocations chômage doivent être garanties. Les entreprises générant des dommages sociaux ou environnementaux verront des contraintes se mettre en place[62][source insuffisante].
108
+
109
+ Beppe Grillo est favorable au maintien de l'interdiction du droit du sol pour les enfants d'immigrés[64]. Il condamne la « gauche caviar », selon lui coupable « de vouloir justifier l’entrée de n’importe qui en Italie », et propose d’instaurer des vols à bas prix depuis l’île de Lampedusa pour permettre aux migrants illégaux de quitter plus facilement le pays[65]. Le Mouvement 5 étoiles préconise d’accélérer les procédures de demande d’asile pour, le cas échéant, renvoyer plus rapidement les requérants refoulés[66]. Pour Vera Capperucci, historienne des partis politiques italiens, le M5S développe depuis sa naissance une ligne « sévère et contraire à l’immigration »[66]. Le gouvernement dirigé par le Parti démocrate conduit une politique « identique, sur de nombreux points, à celle imaginée par Manlio Di Stefano [pour le M5S] depuis 2014 »[66].
110
+
111
+ Le M5S propose de garantir la gratuité du soin pour les prestations essentielles, et l’égalité d’accès au système de santé (notamment en corrigeant les effets de la décentralisation)[62][source insuffisante].
112
+
113
+ En ce qui concerne les médicaments, l’utilisation de médicaments génériques et non-brevetés serait encouragée, et les ordonnances mentionneraient les noms des principes actifs des médicaments au lieu de noms de marques[62][source insuffisante].
114
+
115
+ Un programme national de prévention et d’information public et indépendant serait lancé pour éduquer les Italiens à une vie saine, à l’utilisation des médicaments, aux moyens de prévention et à l’auto-médication[62][source insuffisante].
116
+
117
+ Pour les médecins, les carrières publique et privée seraient séparées, avec une interdiction pour un médecin travaillant dans le public d’opérer aussi dans le privé ; les médecins seraient encouragés à rester dans le secteur public ; des critères de transparence et de mérite seraient substitués au clientélisme actuel pour la nomination des médecins-chefs[62][source insuffisante].
118
+
119
+ L’organisation du secteur serait revue : les listes d’attente publiques seraient mises en ligne et les consultations pourraient passer par des centres de réservation par Internet ; plus de moyens seraient donnés aux conseillers familiaux (type Planning familial)[62][source insuffisante].
120
+
121
+ La recherche dans le domaine de la santé serait soutenue financièrement, notamment par transfert des sommes dues à la recherche militaire. Ces recherches viseraient en partie à évaluer l’impact sanitaire des politiques publiques dans différents domaines[62][source insuffisante].
122
+
123
+ Tous les établissements scolaires verront la mise à disposition obligatoire d’Internet et l'accès en ligne gratuit aux manuels scolaires. Pour les étrangers, l'enseignement de l'italien sera gratuit et obligatoire pour une demande de naturalisation[62][source insuffisante].
124
+
125
+ Les élus du mouvement sont connus pour leur défense des droits LGBT : ils ont notamment déposé au Parlement des propositions de lois visant à légaliser le mariage homosexuel. Cependant, les sénateurs s'abstiennent lors du vote de la loi sur les unions civiles, en mai 2016, en raison de l'introduction dans le projet de la possibilité d'adopter[67] ; selon les observateurs, cette position viserait à éviter au parti des répercussions politiques venant du centre droit, opposé à la loi, et à éviter de contribuer à une victoire politique du gouvernement Renzi[68].
126
+
127
+ Le mouvement met en avant les principes de démocratie directe via l'usage de référendum. Lors de l'accession au pouvoir du parti en 2018, Riccardo Fraccaro, un membre du M5S fervent partisan du recours à de tel scrutin, devient ministre de la Démocratie directe, une première mondiale. Fraccaro annonce pour objectif d'abaisser le quorum de 50 % de participation en vigueur en Italie, ce dernier ayant causé l'échec des deux tiers des référendums italiens depuis l'après-guerre, ainsi que l'introduction de référendum d'origine populaire devant permettre aux citoyens de soumettre au vote des propositions de loi[69].
128
+
129
+ Le fonctionnement interne du mouvement repose sur une plate-forme informatique baptisée Rousseau qui appartient à Davide Casaleggio (en), président unique et à vie d’après les statuts, association qui prélève 300 € par mois aux élus du mouvement, ce qui représente 8 à 9 millions d’euros par législature. Sur cette plate-forme sont gérés les données personnelles des adhérents et leurs votes (choix politiques, candidats) et l’association a souvent fait l’objet d’amendes de la part de l’autorité garante des droits, dont une de 50 000 € en avril 2019[70].
130
+
131
+ Le 21 février 2019, la Chambre des députés approuve le projet de réforme porté par Riccardo Fraccaro. La réforme prévoit d'introduire la possibilité de référendum législatif portant sur une proposition de loi. De plus, le quorum de 50 % de participation serait changé pour tous les référendums populaires en un quorum de votes en faveur de la proposition au moins égal à 25 % des inscrits[71],[72].
132
+
133
+ Le mouvement est affilié au groupe parlementaire européen Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD) depuis 2014. Il a notamment noué des alliances au Royaume-Uni avec le UKIP de Nigel Farage[73]. En 2014, est organisée à Bruxelles une réunion de dirigeants eurosceptiques à laquelle participe le représentant du Mouvement 5 étoiles Beppe Grillo, accompagné de Nigel Farage, Nicolas Dupont-Aignan et Pános Kamménos[74].
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+ Le 9 janvier 2017, Beppe Grillo propose aux membres du M5S, à la surprise générale et en raison du Brexit ainsi que d'une dispute liée à l’utilisation des fonds du groupe par l'UKIP (Nigel Farage ayant pioché dedans à la suite du référendum britannique laissant le groupe désargenté[75]), de remplacer cette alliance par une adhésion à l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE), un groupe parlementaire centriste, libéral et fédéraliste[52]. Cette proposition est approuvée par 78,5 % des votants en ligne[53], mais est rejetée le jour même par l'ADLE (bien que son président, Guy Verhofstadt, avait négocié l'arrivée du groupe de Beppe Grillo dans l'espoir de se faire élire président du Parlement européen, position critiquée par plusieurs centristes français comme Sylvie Goulard et Marielle de Sarnez[75]).
136
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+ Finalement, Beppe Grillo prend la décision de maintenir la délégation européenne du Mouvement cinq étoiles au sein du groupe ELDD mais abandonne la vice-présidence du groupe[76]. Deux eurodéputés du mouvement contestent cette décision et quittent le groupe EFDD : Marco Zanni rejoint le groupe Europe des nations et des libertés (ENL) et Marco Affronte le groupe des Verts/ALE.
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+ Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est le plus important regroupement d'organisations humanitaires au monde. Bien souvent, on désigne le mouvement en disant simplement la Croix-Rouge.
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+ C'est à la suite de la bataille de Solférino en 1859, qu'Henry Dunant, homme d'affaires protestant évangélique genevois, eut comme projet une organisation de secours, neutre et permanente pour les soldats blessés. Il fit connaitre ses intentions notamment en publiant Un souvenir de Solférino en 1862, ouvrage qui connut un fort retentissement en Europe. Deux propositions de son projet sont au centre de la fondation du droit international humanitaire et de la Croix-Rouge : la neutralité du personnel sanitaire lui permettent de faire son travail pour la première et la création de sociétés de secours nationales pour le soin des blessés de guerre pour la seconde[1].
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+ En 1863, Gustave Moynier, exposa les projets de Dunant à la Société genevoise d'utilité publique. À la suite de cela, la commission de cinq membres composée de Gustave Moynier, du général Guillaume-Henri Dufour, de Dunant, de Louis Appia et de Théodore Maunoir, se constitua en février 1863 en Comité international de secours aux militaires blessés présidé par Dufour (1863-1864).
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+ Cette organisation deviendra plus tard le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), qui aujourd'hui et depuis plus d'un siècle, s’efforce de prévenir la souffrance par la promotion et le renforcement du droit et des principes humanitaires universels.
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+
11
+ À la fin du XVIIIe siècle, en 1793 le baron Dominique Larrey, précurseur en matière de secours aux blessés sur les champs de bataille, pratiquait déjà les soins sur le terrain le plus tôt possible, grâce à des ambulances chirurgicales mobiles. Membre de l'Académie de médecine, il a l'idée de mettre en place après 1815 un système d'« ambulances volantes » détaché du commandement et dans lesquelles il embarquerait indifféremment amis et ennemis, afin de les soigner sans faire de distinction ni de nationalité, ni de grade. Ce système n'obtient pas le succès escompté mais l'idée constitue les prémices de la Croix-Rouge[2].
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+
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+ Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge se compose de trois institutions internationales[3] :
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+ Ces composantes sont strictement indépendantes les unes des autres.
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+ Les organes du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont[3] :
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+
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+ Le Mouvement, à travers ses sociétés nationales, est composé de 97 millions de membres et volontaires et emploie 300 000 personnes[4].
20
+
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+ La mission du Mouvement est de prévenir et d'alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes, des femmes et des enfants ; de protéger la vie et la santé et de faire respecter la personne humaine, en particulier en temps de conflit armé, de catastrophes climatiques, et dans d'autres situations d'urgence ; d'œuvrer à la prévention des maladies et au développement de la santé et du bien-être social ; d'encourager l'aide volontaire et la disponibilité des membres du mouvement, ainsi qu'un sentiment universel de solidarité envers tous ceux qui ont besoin de sa protection et de son assistance.
22
+
23
+ Le mouvement, dans la poursuite de sa mission, est guidé par ses principes fondamentaux : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité.
24
+
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+ Les principes fondamentaux de la Croix-Rouge sont le fruit d'un siècle d'expérience ; proclamés à Vienne en 1965, ils donnent leur cohésion aux Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au Comité international de la Croix-Rouge et à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et garantissent la pérennité du Mouvement et de son action humanitaire.
26
+
27
+ La XXe Conférence internationale de la Croix-Rouge proclame les principes fondamentaux suivants, sur lesquels repose l’action de la Croix-Rouge :
28
+
29
+ Ces principes sont valables pour tous les dérivés de la fondation de la Croix-Rouge, qui agissent tous dans le même but.
30
+
31
+ Le premier emblème, une croix rouge sur fond blanc, soit les couleurs inversées du drapeau suisse, a été proposé en 1863 et reconnu en 1864. Il fut d'abord appliqué sur le brassard blanc à croix rouge[1].
32
+
33
+ Quatre emblèmes sont actuellement reconnus : la croix rouge, le croissant rouge, le lion-et-soleil rouge (qui n'est aujourd'hui plus utilisé depuis la révolution iranienne) et dernièrement le cristal rouge.
34
+
35
+ D'autres symboles ont été proposés par d'autres pays mais refusés pour ne pas multiplier les drapeaux. Ces pays durent choisir entre la croix ou le croissant. Malgré plusieurs refus, le Magen David Adom en Israël continua à utiliser l'étoile de David rouge. Membre depuis juillet 2006 de la FICR, le Magen David Adom adopta finalement un symbole plus neutre : une étoile de David dans un cristal rouge. Ainsi, le cristal rouge est choisi en 2005 comme symbole plus neutre sans référence religieuse.
36
+
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+ Le choix d'un emblème pour désigner clairement les services médicaux en temps de guerre est une nécessité vitale pour que leur protection puisse être assurée. Ce n'est pas seulement l'emblème qui protège les services médicaux, mais leur fonction. Il est donc totalement interdit de s'en prendre à des installations médicales, même si elles arborent un emblème différent de la croix rouge, du croissant rouge ou du cristal rouge.
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+ La commission permanente décerne tous les deux ans jusqu'à cinq médailles Henry-Dunant, destinées à reconnaître et à récompenser des services exceptionnels et des actes de grand dévouement à la cause de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge accomplis par un membre du mouvement, essentiellement dans un contexte international. Il existe par ailleurs des distinctions nationales à la discrétion des organisations nationales[6].
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+ Le mouvement perpétuel désigne l'idée d'un mouvement (généralement périodique), au sein d'un système, capable de durer indéfiniment sans apport extérieur d'énergie ou de matière, ni transformation irréversible du système.
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+ Depuis la Renaissance, des inventeurs ignorant les principes de la mécanique ont tenté de construire des systèmes mécaniques aptes à perpétuer leur mouvement, pensant qu'ils pourraient constituer une source illimitée de travail.
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+ Leurs mécanismes ne pouvaient fonctionner conformément à leurs espérances, car les connaissances techniques de l'époque ne permettaient guère de réduire de façon significative les phénomènes de frottement entre les pièces fixes et pièces mobiles.
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+ Un mouvement perpétuel ne peut devenir une source d'énergie : en effet, cela revient à en consommer sans en avoir ajouté, alors que d'après le premier principe de la thermodynamique elle ne peut ni être créée ni être détruite mais uniquement être transformée. L'obtention d'un « moteur perpétuel », source d'énergie utilisant un mouvement perpétuel, est donc impossible. Pour créer de l’énergie il faudrait qu’un mouvement perpétuel produise également une accélération perpétuelle de son mouvement, ce sans quoi il ne peut être source d’autre énergie que celle de son propre mouvement.
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+ Dans le monde antique, le mouvement perpétuel est la qualité première des astres, du monde supralunaire et du divin. Cette distinction entre monde supralunaire et sublunaire sera mise à mal dès le Moyen Âge. La conception erronée du mouvement qui décrit le monde sublunaire inaugurée par Aristote, induit que tout corps tend vers le repos. Le mouvement violent va toujours se consumant : « Nullum violentum potest esse perpetuum »[1]. Un débat sur l'idée du mouvement perpétuel ne saurait dès lors pas se tenir.
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+ L’impossibilité du mouvement perpétuel a été admise par Simon Stevin (1548-1620) puis par Galilée, comme un axiome propre à fonder certaines démonstrations de statique (clootcransbewijs). Ils avaient peut-être puisé leur confiance en cet axiome dans les théories de Girolamo Cardano qui écrivant contre le perpetuum mobile, n'avait peut-être fait que résumer les quelques notes éparses de Léonard de Vinci. L’horloge qui se remonterait elle-même est une chimère; toujours le poids qui possède la plus grande puissance motrice se mettra à descendre et, quand il sera parvenu au bas de sa course, l’horloge s’arrêtera; de là, cette conclusion de Léonard de Vinci: « Contre le mouvement perpétuel. Aucune chose insensible ne pourra se mouvoir par elle-même ; par conséquent, si elle se meut, elle est mue par une puissance inégale, c’est-à-dire de temps et de mouvement inégaux, ou de poids inégal. Et le désir du premier moteur ayant cessé, aussitôt cessera le second » L'argumentation de Léonard de Vinci et de Cardano est toujours tirée des principes de la dynamique péripatéticienne, que la mécanique moderne viendra bientôt balayer[1].
12
+
13
+ Une lettre de René Descartes (1596 - 1650) au Père Marin Mersenne du 13 novembre 1629 contient une première formulation de ce qui deviendra le principe d'inertie : «[...] premièrement je suppose que le mouvement qui est une fois imprimé en quelque corps y demeure perpétuellement, s'il n'en est ôté par quelqu’autre cause [...] ». Avec Descartes, le mouvement, au même titre que le repos, est un état. Cette nouvelle approche marque une rupture avec les conceptions scolastiques du mouvement. Dans une lettre à Christian Huygens en 1643: « Sur quoi je considère que la nature du mouvement est telle que, lorsqu'un corps a commencé à se mouvoir, cela suffit pour faire qu'il continue toujours après avec même vitesse et en même ligne droite, jusqu'à ce qu'il soit arrêté ou détourné par quelqu'autre cause. » Le mouvement circulaire naît de ce que Christian Huygens appellera « vis centrifuga ». Les Règles de la science du mouvement, pour la première fois, mises en ordre par Galilée, Descartes ou Huygens ouvriront définitivement la voie à l'organisation rationnelle de la mécanique par Isaac Newton (1643-1727)[2].
14
+
15
+ En 1775, l'Académie royale des sciences de Paris prend le 3 mai[3] la résolution « de ne plus examiner aucune solution des Problèmes de la duplication du cube, de la trisection de l'angle, ou de la quadrature du cercle, ni aucune machine annoncée comme un mouvement perpétuel »[4],[5],[6],[7].
16
+
17
+ Une représentation de l'atome est que les électrons tournent autour du noyau dans l'atome (modèle planétaire ou modèle de Rutherford) ; ceci est impossible car ils rayonneraient alors de l'énergie à l'image d'une antenne radio (cela se démontre à partir des équations de Maxwell) ; la mécanique quantique montre en fait que les électrons forment un « nuage électronique » autour du noyau, qui ne génère aucun rayonnement.
18
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19
+ À l'échelle humaine, la trajectoire des planètes semble être un mouvement perpétuel (les modifications de périodes sont détectables, mais vraiment très faibles).
20
+
21
+ Il est exact que le mouvement des planètes autour d'une étoile est perpétuel tant que le système ne subit pas de modification, mais ce n'est jamais le cas : la marée sur terre dissipe l'énergie du système terre/lune à un taux de 3,75 térawatts dont une partie, l'énergie marémotrice, peut être captée[8],[9]. Ce genre de mouvement perpétuel (si on néglige les frottements) ne contredit pas les lois de conservation de l'énergie puisqu'il ne fournit pas de travail.
22
+
23
+ En apparence l'utilisation de l'assistance gravitationnelle pour l'accélération d'engins spatiaux semble être une exception à la précédente phrase, mais l'énergie prélevée est négligeable pour un tel système (il est d'ailleurs totalement impossible de mesurer son impact sur le corps massif).
24
+
25
+ Dans le cas des systèmes réels, on ne peut pas prédire exactement combien de temps ils seront stables. Deux astres isolés seraient bien en mouvement perpétuel autour de leur centre de masse (voir problème à deux corps).
26
+
27
+ Il est ici question d'avoir une machine ayant un mouvement cyclique, donnant plus d'énergie qu'elle n'en reçoit, pour une utilisation comme moteur. Sachant que la montée et la descente cyclique d'un poids ou d'un flotteur ne donnent pas d'énergie, que la compression et la décompression cyclique d'un ressort non plus, il est évident que de telles machines sont impossibles. L'argument de la résonance ne tient pas non plus, car la résonance ne crée pas non plus d'énergie.
28
+
29
+ Le premier schéma que l'on connaisse sur la manière de produire un mouvement perpétuel est donnée par le carnet de croquis de Villard de Honnecourt, Planche IX, annoté de cette manière, « Maint ior se sunt maistre dispute de faire torner une ruee par li seule Ves ent ci con en puet faire par mailles non pers ou par vif argent ». « Maint jours se sont maitres disputés pour faire tourner une roue par elle seule. Voici comment on peut le faire par maillet non pairs ou par vif argent »[10].
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+
31
+ Léonard de Vinci[11] propose quelques candidats au mouvement perpétuel, petits croquis rapidement jetés sans commentaires. Toutefois, comme exposé précédemment, Léonard savait le mouvement perpétuel impossible.
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+
33
+ Johann Bessler (1681-1745) propose un tambour plein creusé de cavités dans lesquelles des poids basculent, en entraînant la roue. La forme des cavités est conçue de telle manière que les poids se rapprochent de l'axe de rotation lors de la montée et s'en éloignent à la descente. Mais un calcul rigoureux appliquant les lois de Newton (énoncées en 1687) montre que la roue ne peut gagner de vitesse de rotation, seulement retrouver la même vitesse au bout d'un tour, en supposant qu'il n'y ait aucun frottement (ni dans l'axe de rotation, ni dans le déplacement des billes), ce qui est totalement irréalisable.
34
+
35
+ La roue à bascules le plus célèbre a été construite par le marquis de Worcester, qui en fit la démonstration à Charles Ier d'Angleterre en 1638 : elle mesurait 4,30 m de diamètre et comportait quarante poids de 23 kg. Le seul poids de la roue était ainsi considérable, si bien que sa seule inertie lui permettait de rester en rotation pendant un temps assez long, donnant l'illusion d'un mouvement perpétuel[réf. nécessaire].
36
+
37
+ Un vieux rêve pour disposer d'une énergie gratuite est d'utiliser une roue en rotation perpétuelle (dont on aurait réussi à maintenir les frottements mécaniques à un niveau négligeable) comme source d'énergie électrique par induction électromagnétique, c'est-à-dire placer une dynamo sur une roue à mouvement perpétuel. Mais on montre que la force de Laplace se comporte alors exactement comme une force de frottement. L'énergie électrique fournie au total (une fois la roue arrêtée) correspond alors exactement à l'énergie cinétique fournie par l'utilisateur à l'origine (et encore, idéalement : même dans le meilleur système envisageable, il faut retirer les pertes et les frottements).
38
+
39
+ Des mécanismes peuvent donner l'illusion du mouvement perpétuel. En fait le mouvement est toujours entretenu par une source d'énergie plus ou moins difficile à déceler.
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+
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+ Les machines décrites précédemment sont des machines de premier ordre, violant le premier principe de la thermodynamique. Des machines de deuxième ordre violeraient le deuxième principe de la thermodynamique. Par exemple, on pourrait imaginer un bateau prélevant de l'eau de mer, récupérant son enthalpie de fusion pour se mouvoir, et rejetant à la mer la glace obtenue.
42
+
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+ Des exemples de violation apparente du second principe sont le démon de Maxwell ou encore la roue à rochet et cliquet de Feynman. De tels mécanismes sont censés pouvoir transformer de la chaleur en travail au cours d'un cycle monotherme. Ils posent donc la question de la validité du second principe (c’est-à-dire l'hypothèse de croissance monotone de l'entropie macroscopique des systèmes « isolés[12] »). En fait, ces deux mécanismes ne permettent nullement de démontrer que le second principe n'est pas respecté.
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+ En effet, la baisse d'entropie du gaz réalisée par l'action du démon de Maxwell par exemple (en ouvrant et fermant au bon moment une petite porte ménagée dans une cloison séparant un réservoir de gaz en deux compartiments étanches) est possible sans violation du second principe de la thermodynamique. Compte tenu de l'équivalence entropie macroscopique/manque d'information d'un observateur macroscopique il suffit, pour respecter l'hypothèse de croissance monotone de l'entropie des systèmes « isolés », que cette baisse d'entropie du gaz s'accompagne d'une perte supérieure ou égale de l'information détenue par le démon sur l'état du gaz et sur son propre état.
45
+
46
+ On sait donc aujourd'hui que l'expérience de pensée correspondant au démon de Maxwell ne permet pas d'invalider l'hypothèse selon laquelle le second principe de la thermodynamique présenterait un caractère fondamental. Les physiciens ont aujourd'hui cessé de chercher des exceptions à la première loi de la thermodynamique et ne croient guère qu'il soit possible, à l'avenir, de violer la seconde loi de la thermodynamique grâce à des progrès en nanotechnologies.
47
+
48
+ L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet, film écrit, produit et réalisé par Jean-Pierre Jeunet, sorti en 2013 où le jeune héros invente une machine à mouvement perpétuel, qui n'en est pas réellement une, puisqu'elle est entretenue par la force magnétique, qui ne peut pas être utilisée pour produire de l'énergie.
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+ La Nuit des temps de René Barjavel révèle une civilisation perdue pour laquelle le mouvement perpétuel n'a pas de secret.
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+ Le nationalisme est un principe politique[1] qui est né à la fin du XVIIIe siècle, tendant à légitimer l'existence d'un État-nation pour chaque peuple (initialement par opposition à la royauté, régime politique qui en France sera ensuite nommé Ancien Régime). Ce principe politique s'est progressivement imposé en Europe au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Les historiens ne présentent pas ce nationalisme, en général, comme une idéologie, car il est peu et mal argumenté ou justifié par des intellectuels. Depuis son avènement il est en revanche facilement présenté comme une évidence dans la vie politique et sociale[2].
2
+
3
+ Ce terme désigne aussi des mouvements politiques déclarant vouloir exalter une nation sous toutes ses formes (État, culture, religion, ethnie, langue, histoire, traditions, préférence nationale pour l'emploi, etc.), par opposition aux autres nations et populations. Cette deuxième variante du mouvement s'est développée à partir de la fin du XIXe siècle, vers 1870 : chauvine et xénophobe, elle trouvait alors ses militants principalement dans la petite bourgeoisie[3],[4],[5].
4
+
5
+ Le nationalisme apparaît aussi, à partir du milieu du XIXe siècle, comme un sentiment national plus ou moins répandu et exalté au sein de la population d'un pays, et s'invitant (surtout au XXe siècle) au sein de multiples doctrines ou idéologies politiques, allant du communisme (par exemple le concept de patriotisme anti-impérialiste de Mao Tsé-Toung) et du fascisme (concept de Totalitarisme anticapitaliste de Benito Mussolini) jusqu'aux démocraties parlementaires, en passant par la Troisième Internationale léniniste ; de même, il a souvent servi de justification aux épurations ethniques du XXe siècle[6]. Cette omniprésence s'explique peut-être parce que le sentiment national est devenu « puissamment mobilisateur », comme l'avaient compris dès le printemps des peuples de 1848 certains conseillers de dynasties européennes[7],[8].
6
+
7
+ Selon Bénéi[9], le nationalisme se définit comme « un principe ou une idéologie supposant une correspondance entre unités politique et nationale ». Cet auteur insiste sur l’abstraction de l’idée, qui en soi ne relève pratiquement pas du concret : il s’agit d’une relation de multiples ordres entre un groupe socioculturel auto-identifié et un État. Le nationalisme a cependant ceci de concret qu’il peut s’apparenter au sentiment en raison de la charge émotive qu’il entraine quasi automatiquement.
8
+
9
+ Dès l’Antiquité, il existe un sentiment d'appartenance commune à des entités politiques ou morales.
10
+
11
+ On peut citer en exemple :
12
+
13
+ Ces exemples font référence à des entités historiques et/ou morales, et non à des nations au sens moderne.
14
+
15
+ L'existence d'un « nationalisme » au Moyen Âge est controversée, en particulier parce que l'historiographie récente montre comment l'État-nation, en tant que tel, n'est réellement apparu qu'avec la Révolution française et l'émergence de l'« ère des nationalismes » au XIXe siècle. Selon Eric Hobsbawm, utiliser le terme de « nationalisme » avant cela (pour qualifier par exemple la fierté des élites des empires chinois, grec, aztèque ou inca telle qu'elle apparaît dans les sources anciennes) est donc un anachronisme, une projection a posteriori d'un sentiment identitaire moderne, sur une réalité antérieure à son émergence. Ainsi, Eric Hobsbawm affirme qu'il ne faut pas confondre le sentiment national avec d'autres variantes du sentiment d'appartenance collective, nommés sentiments « protonationaux », qui « n'avaient pas -ou n'ont pas- de relation nécessaire avec l'unité d'organisation politique territorial […] », et évoque les difficultés de connaître « les sentiments des illettrés qui formaient l'écrasante majorité de la population mondiale avant le XXe siècle », soulignant que l'on ne dispose d'informations que sur la fraction instruite de la population, et qu'il est illégitime de généraliser de l'élite aux masses, ou de confondre le nationalisme avec un « nationalisme de noblesse »[12].
16
+
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+ Certains auteurs, tels Gaines Post, avaient cependant soutenu l'hypothèse d'une ébauche de nationalisme au XIIIe et XIVe siècles, avec le début de la construction des États territoriaux (Royaume d'Angleterre, de France et d'Espagne) liée, selon eux, à l'apparition d'un sentiment de patriotisme (patria communis) unissant les sujets et le souverain dans une même allégeance. En tout état de cause, si nationalisme il y avait, celui-ci différait fortement du nationalisme moderne : l'éclatement du système juridique et linguistique français diffère ainsi largement des conditions modernes du jacobinisme.
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+ D'après Raoul Girardet, « le mot, vraisemblablement d'origine britannique (l'adjectif nationalist est mentionné dans la langue anglaise dès 1715), n'apparaît qu'à l'extrême fin du XVIIIe siècle, et pour désigner essentiellement les excès du patriotisme jacobin »[13]. Le nationalisme est un phénomène apparu clairement au XVIIIe siècle et ayant conquis les esprits et tous les degrés de la politique mondiale entre les XVIIIe et XXe siècles. Cet élargissement s'est accompagné d'une diversification de ses manifestations et d'évolutions au cours du temps dans chaque lieu où il s'est manifesté. Les historiens, dans une volonté de synthèse, ont eu à choisir entre retracer l'évolution temporelle du nationalisme, en évoquant chaque région du monde et en soulignant ses constantes (c'est le choix de Benedict Anderson qui insiste sur les imitations entre politiques nationalistes qui se multiplient au cours du temps), et entre proposer une typologie du nationalisme, mettant ainsi en valeur les dépendances et indépendances de ses manifestations envers les situations historiques de ses apparitions (c'est le choix de Raoul Girardet et d'Ernest Gellner). Certains ont choisi une voix médiane où les détails historiques soulignent une typologie proposée : c'est le choix d'Eric Hobsbawm qui utilise la typologie de Miroslav Hroch.
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+ L'historien français Jacques Bainville, dans son Histoire de trois générations (1918), réfléchit aux causes profondes de la Grande Guerre. Il fait remonter à la Révolution française et à son exaltation quasi religieuse de la « Nation » le processus de développement des idéologies nationalistes et les illusions françaises sur la bienveillance naturelle qu'auraient les nationalismes européens entre eux[14][source insuffisante].
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+ Nombre d'historiens[15] s'accordent sur le fait que le nationalisme peut être considéré comme une volonté d'organiser la société suivant des principes en adéquation avec l'économie libérale naissante au XVIe siècle. Ils refusent toutefois de le considérer comme une simple conséquence mécanique de l'économie, montrant que sa mise en place, d'une région à l'autre du monde, a été très influencée par les dynamiques politiques locales et par les fonctionnements sociaux propres aux diverses populations. L'historien Bernard Michel, spécialiste de l'Europe centrale, considère que la diversité est telle qu'une vision synthétique de l'ensemble du nationalisme à l'échelle du monde, voire simplement d'un continent, est de peu d'efficacité et que « l'étude comparative des nationalismes prend tout son sens là où les réalités sont comparables »[16]. Eric Hobsbawm souligne que ce lien entre nationalisme et économie libérale n'est pas du tout envisagé par les théories libérales du XIXe siècle qui, au contraire, considèrent les nations et leurs pouvoirs centralisés comme des freins au développement d'une économie mondiale que les économistes appellent de leurs vœux[17]. Ernest Gellner montre que si une économie agraire peut se satisfaire d'une société où l'écriture et le savoir sont le privilège d'une minorité, et où l'ensemble de la société est multiplement cloisonné, l'économie industrielle a besoin d'une homogénéité de la population et d'une interchangeabilité des individus (une « entropie sociale »), d'où la nécessité d'un large partage de l'écriture, du savoir, d'un langage commun et d'un égalitarisme[18].
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+ Ces mêmes historiens insistent sur le rôle de la presse écrite et des publications diverses dans les prises de conscience par les individus qu'ils font partie d'une communauté d'intérêts (au sens de préoccupations, et pas seulement d'intérêts économiques) : peu importe le contenu des publications, leur seule existence étant l'élément central d'une propagande nationaliste. Les différentes publications ne sont pas seulement des expressions d'une communauté d'intérêts, elles contribuent à forger cette communauté[19]. De ce fait, et du fait de ses intérêts économiques, le rôle de la bourgeoisie lettrée a été moteur dans toute construction d'un nationalisme : souvent il s'agit d'une coalition entre la petite aristocratie foncière, les universitaires et la bourgeoisie. Des différences notables sont observées suivant les régions du monde : par exemple le rôle nationaliste hongrois a été joué par l'aristocratie industrieuse magyare dans l'Empire austro-hongrois, en la quasi-absence d'une bourgeoisie ; « les lecteurs du polonais » étant dans un cas semblable[20]. « Ce qui […] a rendu les nouvelles communautés imaginables, c'est l'interaction à demi fortuite, mais explosive, entre un système de production et de rapports de production (le capitalisme), une technique de communication (l'imprimé) et la fatalité de la diversité linguistique »[21].
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+ Benedict Anderson souligne l'importance des découpages administratifs (qui sont géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.) qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels, ce qui ne veut pas dire que tous ont tout accepté de cet héritage. Par exemple, en Amérique du Sud, les actuels pays hispanophones sont peu ou prou découpés suivant les frontières administratives tracées par la couronne espagnole ; l'Inde et l'Indonésie ne sont aujourd'hui des entités unifiées qu'à la suite des découpages administratifs de leurs colonisateurs respectifs qui ont ainsi créé, malgré eux, des horizons aux représentations nationales chez leurs indépendantistes respectifs, et lesquels ont, après l'indépendance, joué de rapports de forces entre eux pour arriver à définir précisément leurs nations. Les États-Unis constituant une notable exception, au terme de leurs 150 années de travail d’expansion et d'unification[22]. L'historien note qu'après l'effondrement « du vieux monde socialiste », « les lignes de fragmentations [de l'URSS en États] ont remarquablement suivi la carte des structures territoriales et administratives instaurées par Lénine, Staline et Khrouchtchev, plutôt que celles des communautés ethniques rivales »[23].
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+ En s’inspirant de la psychanalyse Pierre de Senarclens a souligné que les nationalistes expriment un besoin de dignité, qui s’affirme par une défense ombrageuse leur identité collective. Leur quête de reconnaissance comprend l’envie d’appartenir à une communauté de haut lignage historique, chargée d’assumer une destinée exceptionnelle, sous l’égide de dirigeants hors pair. Leur demande comprend le besoin d’une communauté harmonieuse, dont seraient exclus ceux qui sont soupçonnés de contrarier ce projet, position qui entretient nécessairement des tendances agressives. Discours d’affirmation identitaire, la défense de la nation porte toujours en elle des ferments de sectarisme, de haine et de fanatisme, même lorsqu’elle se justifie en se définissant comme « patriotique ».
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+ Les sociétés agraires[24], suivant la terminologie d'Ernest Gellner, sont les sociétés non-industrielles et sont structurés par certaines classifications des individus, vécues comme naturelles, soutenues par une économie et des cultures fonctionnant en harmonie. La description générale est : une population illettrée multiplement cloisonnée verticalement par le lieu de vie, la corporation de métier (statut social), la religion ; une élite souvent lettrée cloisonnée horizontalement par la strate d'appartenance (pouvoir, religion ou autre) et le statut atteint au sein de celle-ci. Les cloisonnements verticaux correspondent à des populations localisées et ayant à peu près le même statut social, mais séparées par des différences vécues comme majeures et se manifestant parfois par des différences de langues parlées (la langue pouvant changer d'un village à l'autre, les corporations ayant parfois des langues spécifiques et un savoir-faire nécessitant un très long apprentissage) et dont les langues n'ont qu'un sens local (pas de mot pour désigner les abstractions coutumières des élites)[24]. « Les langues vernaculaires non écrites représentent toujours un ensemble de variantes communiquant entre elles avec des degrés divers de facilité ou de difficulté »[25]. Les cloisonnements horizontaux correspondent à des strates de la société qui sont non-localisées (en tout cas moins localisées que la population illettrée) qui exigent de ses membres la connaissance d'une langue spécifique parmi celles en cours (langue de cour, d'administration, de création littéraire, de l'enseignement religieux, de langue liturgique, langues des enseignements primaire, secondaire ou universitaire[26]) et un apprentissage ou une cooptation ; et acquérir le tout nécessitait parfois une vie entière de labeur[24].
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+ Les langues y sont associées à des fonctions sociales, pas à des populations (d'ailleurs les noms de plusieurs futurs nationalités signifient paysan), les langues populaires sont multiples et non transcrites, en général. « Il serait aussi incongru pour les maîtres des domaines de parler le langage de leurs paysans que de labourer les terres ou de garder les bestiaux »[26].
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+ Les cultures sont multiples dans ce système : cultures religieuses, de corporatismes, administratives (liées à l’État), liée à un village, etc. La reproduction d'une culture (son enseignement) n'est pas une affaire d’État, mais l'affaire de la strate sociale concernée. L'individu n'éprouve pas, en général, le besoin de se définir identitairement de manière précise par rapport à l'une d'elles et est attaché à plusieurs cultures, parfois même à plusieurs d'entre elles que l'on aurait aujourd'hui tendance à considérer comme concurrentes (y compris le choix de la langue d'expression quand plusieurs langues coexistent pour un même niveau culturel). À part les clercs, les corporations culturelles n'ont pas une pratique politique de leur culture : nulle prétention à une hégémonie ni même à une expansion. Les frontières (matérielles et sociales) culturelles, linguistiques et politiques sont distinctes. Les petites communautés paysannes vivent centrées sur elles-mêmes, sur leurs besoins économiques locaux. L’État a « intérêt à prélever l'impôt, �� maintenir la paix et pas beaucoup plus »[24].
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+ Ces cloisonnements multiples, que l'on peut détailler jusque dans le mode de reproduction des différentes strates, ont été vécus comme naturels et n'ont donné lieu à aucune tentative de révolution, sinon des jacqueries, du moins jusqu'à l’avènement de l'économie industrielle et du nationalisme. Les sociétés agraires ont été le mode de vie normal durant plus de cinq mille ans[24].
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+ Exemples : les cités-États de l'Antiquité, le Moyen Âge occidental, la Chine pré-industrielle, , etc.[24].
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+ Les sentiments d'appartenance à un groupe, qui ont existé dans ces sociétés, sont étudiés par Eric Hobsbawm. Il en ressort que si les illettrés ont laissé peu de traces de leurs avis, ils n'ont que rarement manifesté des sentiments d'appartenance comparables au nationalisme. Les identités revendiquées, et liées à une collectivité, étaient parfois religieuses, tribales ou ethniques, rarement linguistiques (et dans ce cas comme critère secondaire). Par exemple, au XIXe siècle, les premiers parmi les migrants vers les États-Unis que l'on classerait comme Albanais, ne se déclaraient pas comme Albanais. Ce qui est compris c'est qu'aux XIXe – XXe siècles les activistes nationalistes ont cherché à fédérer et à s'appuyer sur des identités collectives diverses qui n'étaient pas nationalistes (proto-nationalistes), avec des succès variés puisque, par exemple, les sentiments tribaux ont été parfois fort réticents à se fondre dans le nationalisme[25].
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+ Les origines de la société industrielle sont sujets de débats d'érudits, « il en sera très probablement ainsi longtemps encore »[27]. Cette société est caractérisée, entre autres, par un haut niveau de productivité (et la croyance en l'accroissement continuel de cette productivité) nécessitant une division du travail en perpétuel changement, et cela sur un rythme soutenu. Ce changement touche aussi bien le rôle économique de l'individu que sa position au sein de la société. Déjà Adam Smith soulignait la précarité de la richesse des bourgeois : la mobilité professionnelle et même sociale touchent parfois l'individu au cours de sa vie, elles sont certaines d'une génération à l'autre. Une société fonctionnant sur cette mobilité ne peut pas s'accorder avec les cloisonnements de l'époque pré-industrielle : l'interchangeabilité des individus devient nécessaire, et un égalitarisme en est la conséquence. La communication du savoir et des savoir-faire est gage d'accroissement de la productivité, de « progrès », elle doit être précise et capable de descriptions formelles (techniques) adressées, hors contexte, à une personne anonyme : la langue devient un outil de communication universel, et non pas local ou réservé à une sorte de tribu sociale, elle devient aussi dé-ritualisée et dé-sacralisée, par contre elle devient écrite (si elle ne l'était pas avant), strictement codifiée et sa codification largement répandue et enseignée afin qu'elle joue son rôle[27].
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+ Selon Gellner, cette culture homogène, marquée par la modernisation, l’industrialisation et le nationalisme laïc, doit être produite par la scolarisation, notamment primaire[28]. L'éducation de l'individu, pour qu'il soit mobile au sein de la société, doit lui permettre de lire la langue répandue, et d'avoir des compétences de bases assez larges pour pouvoir s'adapter à un large éventail de rôles sociaux. Les connaissances sont aussi désacralisées et largement accessibles : pour accéder à une spécialité l'heure n'est plus, comme dans les sociétés non industrielles, aux études de toute une vie, ni aux rituels sacrés d'une corporation. Ainsi, puisque la reproduction culturelle n'est plus en lien avec des corporations sociales, l'éducation est organisée par la plus large corporation possible : l'État. L'éducation d’État est ainsi la garantie de l'interchangeabilité des individus, et l'enseignement devient l'enjeu essentiel de l’État, et sa principale dépense financière : l'unité culturelle de la société est un impératif d’État. « Le monopole de l'éducation légitime est maintenant plus important et plus décisif que le monopole de la violence légitime »[27].
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+ Le nationalisme consiste à réclamer ce fonctionnement de la société, par opposition au fonctionnement des sociétés non industrielles.
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+ Ernest Gellner étudie son modèle de la société industrielle en évoquant les différentes situations initiales possibles (coexistence de populations initialement distinguables) et les aboutissements possibles (scission de la nation, fusion des populations, etc.) et détaille l'égalitarisme, la quasi-interchangeabilité et la mobilité sociale des individus, qu'il nomme « entropie sociale », nécessaires pour le bon fonctionnement économique de la société, et qui deviennent des normes morales[29].
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+ Toutefois, la perspective de Gellner a soulevé de nombreux contre-exemples avec les années, notamment des situations où un fort sentiment de nationalisme accompagne une industrialisation faible ou, inversement, une industrialisation poussée s’accompagne d’un nationalisme religieux. Cela n’empêche pas les États-nations de s’inspirer de certaines de ses idées, pour ce qui est entre autres du lien « entre scolarisation de masse et culture de sentiments d’appartenance nationale »[9].  Sur cette idée, des penseurs comme Bourdieu et Passeron conçoivent l’éducation comme une stratégie de la part des États pour moduler les comportements sociaux afin de reproduire certaines dynamiques de pouvoir, de classes par exemple[30]. Toutefois, cette perspective exclut l'agentivité des citoyens et citoyennes ordinaires, c'est-à-dire leur propre pouvoir d’agir.
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+ Si on considère en général[réf. nécessaire] que le nationalisme est apparu d'abord en Europe occidentale, avec en premier lieu le nationalisme romantique, Ernest Gellner soutient qu'une des premières manifestations culturelles de la transition vers la société industrielle est la Réforme protestante qui a consacré l'universalisation du sacerdoce et « constitue une préfiguration des attitudes et des traits sociaux qui, selon [son] modèle, produisent la période nationaliste »[31]. Benedict Anderson pense, lui, que la réforme protestante et le « capitalisme de l'imprimé » ont profité l'un de l'autre pour accroître leurs audiences respectives[32].
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+ Benedict Anderson soutient que le nationalisme a d'abord émergé dans les colonies européennes sur le continent américain, en lien avec la création d'une communauté linguistique via les progrès de l'imprimerie, focalisant ainsi l'attention sur les guerres d'indépendance en Amérique du Sud et l'indépendance des États-Unis qu'il considère comme la première création d'une nation.
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+ « Voici donc l'énigme : pourquoi est-ce précisément les communautés créoles[33] qui acquirent si tôt le sentiment de former une nation – bien avant la plus grande partie de l'Europe ? Pourquoi ces provinces coloniales, qui rassemblaient généralement de fortes populations opprimées et non hispanophones, ont-elles donné naissance à des créoles qui redéfinirent sciemment ces populations comme autant de ressortissants d'une même nation ?[34] »
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+ L'historien répond lui-même à sa question : cela vient des découpages administratifs (géographiques, ethniques, linguistiques, économiques, etc.), créés et entretenus par la métropole, et volontairement distincts d'elle, qui ont eu comme effet sur les futurs nationalistes de leur créer très tôt des horizons géographique, culturel, politique naturels car intimement vécus comme tels[35].
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+ En dehors des causes permettant l'émergence du nationalisme, Benedict Anderson insiste sur le rôle des imitations dans les élaborations des politiques nationalistes officielles, au point que certaines semblent machiavéliques (russification forcée sous Alexandre III de Russie, par exemple), d'autres artificielles et inconsistantes (dans l'Empire d'Autriche-Hongrie, le nationalisme hollandais dans sa colonie indonésienne)[36].
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+ Le nationalisme n'a cessé de se manifester depuis le XVIIIe siècle, se présentant d'abord dans les textes et idées pour finalement intervenir puissamment dans le domaine politique. Outre le continent américain, l’Europe du XIXe siècle est un des principaux lieux d'expression politique du nationalisme : surtout à partir du printemps des peuples de 1848, les mouvements nationalistes sont parties prenantes des événements politiques européens, et une bonne partie des États y sont devenus des États-nations dès 1918. Ceux d'Europe centrale, après un entre-deux-guerres où la protection des minorités nationales sous l'égide de la SDN donnera des résultats peu convaincants, se retrouveront envahis sous des prétextes nationalistes, et déchiquetés durant la Seconde Guerre mondiale. Ils attendront la chute du mur de Berlin, en 1989, qui signe la fin de la période soviétique en Europe, pour renouer officiellement avec des préoccupations nationalistes (alors que durant la période soviétique, et sans que ce soit officiellement admis, des nationalismes se sont manifestés à tous les niveaux politiques en Europe de l'Est)[37]. Au XXe siècle les colonies d'Asie et d'Afrique ont développé des nationalismes amenant aux décolonisations. La conscience nationaliste, dit Bénéi[9], va de pair avec la lutte contre les dirigeants coloniaux, afin de reconquérir les droits humains sous le signe de l’indépendantisme. Dans tous les cas, nombre d'historiens[réf. nécessaire] admettent la typologie de Hroch distinguant trois phases.
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+ Selon Eric Hobsbawm, à partir des années 1870, en Europe et ailleurs, le nationalisme change sur trois points essentiels : il n'y a plus de seuil minimal du nombre de personnes pour qu'un groupe se considérant comme une nation revendique le droit à un État et un territoire ; l'ethnie et la langue deviennent des critères centraux, voire les seuls, pour légitimer une nation ; le thème de la nation, de la patrie, du drapeau subit un glissement politique « vers la droite ». Certaines confusions apparaissent entre les notions de nations, races, langues et religions (par exemple l'antisémitisme n'acquit son caractère racial que vers 1880, il était avant surtout religieux, et race et nation sont utilisés comme « des quasi-synonymes », avec une idée d'hérédité). Les raisons de ses changements importants seraient multiples, notamment le contexte guerrier, la crise économique de la seconde industrialisation et la démocratisation de la vie politique dans un nombre croissant d'États (sans que cela fût une contribution facilement compréhensible)[3].
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+ En accord avec nombre d'historiens[38], Eric Hobsbawm note que « l'élément politico-idéologique est évident dans le processus de construction de la langue » qui peut aller jusqu'à « la création ou l'invention de nouvelles langues », « la politique de la langue devient un exercice de formation de la société » et que « l'importance symbolique des langues prévaut sur leur utilisation effective », et aussi que les différentes classes sociales se sentent différemment concernées par ce thème, les plus fervents activistes venant de la couche intermédiaire modeste socialement mais instruite, en bref la « petite bourgeoisie ». Il insiste sur l'utilisation des structures étatiques (école, administration, armée) par des pouvoirs nationaux, parfois dès les années 1860, pour imposer une langue unique et standardisée (parfois quasiment inventée) à des populations aux parlés diversifiés, mais ne s'y opposant pas (malgré d'amers souvenirs d'enfance de certains intellectuels)[3].
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+ À ce sujet, les avis des historiens divergent quant à leur lien avec le nationalisme.
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+ Benedict Anderson souligne que la nation inspire surtout l'amour, un amour qui « va souvent jusqu'au sacrifice », le nationalisme pensant en termes de « destin historique » alors que le racisme rêve de « domination éternelle » et trouve son origine dans les idéologies de classes, « surtout dans les prétentions des dirigeants à la divinité, et chez les aristocraties », dans un but de répression et de domination intérieures ; ce qui se retrouve aussi dans le racisme des « bourgeois gentilshommes » des empires coloniaux européens, alors que dans les mouvements nationalistes des décolonisations les manifestations de haine envers les colons sont très rares[39]. Cet historien affirme que « des puissants [...] menacés d'être exclus, ou marginalisés » dans les communautés nationales ont développé des « nationalismes officiels » « calqués sur les nationalismes populaires largement spontanés » mais qui furent des « politiques conservatrices, pour ne pas dire réactionnaires »[8].
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+ L'historien Bernard Michel soutient qu'au XIXe siècle en Europe centrale, le nationalisme a permis le développement de réseaux de sociabilité nationaux concurrents et pacifiques[40], et n'est pas responsable de conflits armés (aux exceptions près des révolutions de 1848 et de la longue guerre entre les Hongrois et l'armée impériale de l'Empire d'Autriche), mais que ceux-ci ont été déclenchés par des puissances impériales (puis au XXe siècle par des États à caractère totalitaire), les haines entre nationalités étant entretenues par les États voulant détourner le mécontentement populaire ou par les mouvements pangermanistes. Le seul conflit purement nationaliste étant la Première Guerre mondiale, entre Français et Allemands[41].
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+ En ce qui concerne l'Europe, l'historienne Anne-Marie Thiesse[42] affirme qu'après une première phase libérale-nationale où les idées libérales sont inspirées de la Révolution française, le printemps des peuples de 1848 met en lumière la problématique du territoire de chaque nation et donc les futurs conflits entre elles, notamment du fait de ce qui sera plus tard appelé les minorités nationales ; ceci étant visible dès cette époque par l'opposition entre le pangermanisme et le panslavisme. L'historienne souligne aussi le fait que certains pouvoirs monarchiques et certaines mouvances nationalistes comprennent qu'ils doivent s'associer pour assurer leur avenir respectif (ces monarques semblant peu ébranlables et les idées nationales s'avérant « puissamment mobilisatrices »). Elle rapporte également l'émergence de divisions au sein des mouvements nationalistes, entre « conservateurs, libéraux modérés ou avancés… ». L'unité allemande de 1871 en est un aboutissement[7].
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+ De son côté, Eric Hobsbawm affirme que « les liens entre racisme et nationalisme sont évidents », et souligne les confusions de cette époque entre nation et race, associés à des idées d'hérédité et de pureté raciale, linguistique, etc. L'historien ne trouve pas surprenant que le nationaliste ait « rapidement gagné du terrain entre 1870 et 1914 » : les changements sociaux et politiques, le grand nombre de migrations augmentant le nombre de frictions entre groupes, la situation internationale ont fourni de multiples occasions de manifester de l'hostilité envers des étrangers, la démocratisation de la politique y contribuant. « Dans les puissances et les États-nations établis, le zèle patriotique des couches [sociales] intermédiaires était plus que bienvenu pour les gouvernants engagés dans l'expansion impériale et les rivalités nationales contre d'autres États »[3]. Cet avis est similaire à celui des historiens Jean-Claude Caron et Michel Vernus[43].
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+ Ernest Gellner affirme que le nationalisme est une vision égoïste de la politique, que la satisfaction de certains nationalistes implique la frustration des autres, et que l'unité politique territoriale ne devient ethniquement homogène que si on tue, expulse ou assimile tous les non-nationaux[44].
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+ En ce qui concerne la France, Gérard Noiriel répertorie des rixes et violences entre ouvriers à la fin du XIXe siècle et constate que s'il y a toujours eu des violences entre ouvriers locaux et ceux venant d'ailleurs, considérer de manière systématique que ailleurs c'est un pays étranger date du milieu des années 1880 : avant, pour les ouvriers, venir d'un pays étranger ou d'une autre région française était équivalent. Toutefois l'historien note que l'on manque d'éléments pour étayer cette analyse[45]. Dans ce contexte de crise économique de la seconde industrialisation et au sujet de la désignation des problèmes et des solutions, l'historien note aussi l'effet boule de neige entre la presse à la recherche de lecteurs, les politiciens à la recherche d'électeurs (la troisième république est établie depuis la fin de l'année 1870) et les ouvriers pouvant se plaindre, et il conclut que « la presse construit les stéréotypes sur lesquels vont s'appuyer les acteurs du champ politique pour élaborer leurs discours » et qu'à cette époque « un large accord existe […] pour affirmer qu'il faut protéger les Français de la concurrence des étrangers »[46].
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+ Le philosophe israélien Yoram Hazony critique pour sa part la connotation négative du terme nationalisme, qu'il estime confondue avec l'impérialisme. Selon lui, cette doctrine serait positive dans le sens où elle se limiterait à « vouloir vivre dans un monde constitué de nations indépendantes » sans volonté d'hégémonie. Il l'oppose à l’« impérialisme libéral », qu'il définit comme la volonté de certains gouvernementaux occidentaux de deconstruire les souverainetés nationales, d'abord chez eux mais aussi de l'imposer au reste du monde, si besoin par la force, citant les exemples de la Yougoslavie, de l'Irak, de la Libye ou encore de l'Afghanistan[47].
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+ Le politologue Denis Monière classe le nationalisme sous deux typologies[48] :
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+ Pierre-André Taguieff distingue trois formes principales de nationalisme[49] :
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+ Le nationalisme contemporain en France peut se subdiviser en deux courants principaux :
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+ Au XXe siècle, le nationalisme se conjoint à l'anti-impérialisme pour former des mouvements de libération nationale.
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+ On peut situer dans ce courant :
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+ Quand l’entité dominante est un État, on parlera, suivant le degré d’autonomie souhaité, de régionalisme, d’autonomisme, de séparatisme (à connotation négative) ou de sécessionnisme.
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97
+ Le souverainisme s'oppose au fédéralisme. En Europe, l'euroscepticisme est une forme de souverainisme, ainsi que le mouvement souverainiste du Québec en Amérique du Nord.
98
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+ Maurice Charland a caractérisé un « nationalisme technologique » comme une tendance vers la construction et la légitimation de l’État-nation par des systèmes de transport et de communication financés et parrainés par les pouvoirs publics[52]. Harold Innis, théoricien de la communication, amorce une réflexion sur le nationalisme technologique et sur la relation économique qui unit le Canada urbain au Canada rural, idées sur lesquelles s'appuie sa théorie des principales ressources[53].
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+ Dans l’étude des nationalismes, de nouvelles approches permettent de comprendre les mouvements sociaux et politiques. Parmi elles :
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+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale allemande et l'unification de l’Empire allemand autour de la dynastie prussienne.
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+ L'idée de l'unité des populations germanophones datait de fin du XVIIIe siècle, le théologien Johann Gottfried Herder en étant un de ses plus notables théoriciens. Toutefois, entre le temps de l'émergence des idées et l'unité politique, il se passera près d'un siècle, la dynastie de Prusse refusant en 1848 de recevoir la couronne impériale des mains des représentants du peuple réunis à Francfort. La création d'Empire allemand se fait finalement sous l'égide du chancelier Otto von Bismarck, qui impose l'unification des États germaniques « par le haut » (par les monarques) après la guerre de 1870.
106
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+ C'est en Prusse que se développe le plus tôt un sentiment national allemand. Battue par Napoléon Ier, la Prusse est affaiblie et cherche à se relever : elle cherchera dès lors à regrouper autour d'elle (quitte à combattre l'Autriche pour cela) le maximum d'États allemands. Stein, ministre d'État prussien de 1804 à 1808 et Hardenberg, ministre des Affaires étrangères de 1804 à 1806, réforment l'État prussien ; Scharnhorst et Gneisenau, général et maréchal prussiens, réorganisent l'armée prussienne de 1807 à 1813 et y insufflent l'idée du sacrifice pour le salut commun des États germaniques.
108
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+ C'est autour de la Prusse que se regroupent les patriotes allemands dans cette guerre patriotique et nationale que l'on appelle très vite les guerres de libération (Befreiungskriege). Apparaissent alors toute une série de libelles et de textes réclamant la constitution d'un État allemand groupant tous les peuples parlant la langue allemande, incluant au besoin des peuples en dehors de ce qui était jusqu'en 1806 le Saint-Empire. Ainsi se développe le Volkstum, rassemblement de tous les hommes de même langue, de même culture.
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+ Au début du XIXe siècle, on disait ainsi que « la Prusse n'était pas un pays qui avait une armée, mais une armée qui avait un pays »[57]. En effet, sur les 7 à 8 000 officiers de l'armée prussienne, en 1806, plus d'un millier d'entre eux étaient étrangers[57]. Les étrangers étaient encore plus nombreux dans les armées de Frédéric le Grand (règne de 1740 à 1786), l'armée ayant été partiellement « nationalisée » sous Frédéric-Guillaume III (1797-1840) à la suite des réformes de Gneisenau et Clausewitz[57].
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+ Il n'y a cependant pas un, mais trois nationalismes très différents en Allemagne : l'un aristocratique (pour lequel l'être humain commençait au baron, comme disait Metternich), le deuxième bourgeois-conservateur, et le troisième populaire-romantique, manifesté au Parlement de Francfort (considéré comme « dangereux » par les aristocrates). Il faudra un siècle pour les unifier et les concrétiser par des mesures politiques : progressivement, la liberté de circulation au sein des États allemands est instaurée, un traité des laissez-passer (1850) étant signé entre la majorité des États, suivi d'un autre en 1865 (non signé par la Prusse) qui abolit la nécessité des passeports, et enfin d'une loi de 1867 négociée sous l'égide de Bismarck qui supprime les restrictions à la liberté de circulation visant les « classes dangereuses ».
114
+
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+ L'identité binationale en Autriche-Hongrie crée une situation particulière dans cet État, Empire central en Europe. Les germanophones et les Magyars étant les communautés linguistiquement, culturellement, socialement, économiquement et politiquement dominantes, l'Empire est ressenti par les autres peuples regroupés sous l'autorité des Habsbourg et de l'aristocratie autrichienne et hongroise, comme un État étranger à eux et oppresseur. De ce fait, le XIXe siècle voit la naissance ou l'affirmation de sentiments nationaux opposés aux Habsbourg, centrifuges et/ou irrédentistes, avec la « Renaissance nationale » tchèque (publication du Dictionnaire tchéquo-allemand dans les années 1840 par Josef Jungmann) et le Panslavisme chez les autres slaves de l'Empire, tandis qu'Italiens et Roumains regardent respectivement vers l'Italie et la Roumanie auxquelles ils espèrent être un jour rattachés. Cette situation mènera à la dissolution de cet empire à l'issue de la Première Guerre mondiale.
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+ En France, le concept de nation est hérité de la Révolution française.
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+ On vit en effet apparaître, au début de la Révolution, une société, le Club de 1789, plutôt modéré, qui se réclamait du patriotisme. Une autre société, que François Perrault décrit comme beaucoup plus radicale, apparut par la suite (1792) : la Société patriotique du Luxembourg.
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+ Il en découle une politique dont les objectifs sont essentiellement l'indépendance, l'unité et la prospérité de sa propre nation et de son peuple. Le nationalisme base l'identité d'un individu sur son rapport à une nation.
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+ Le XIXe siècle voit le développement de l'idée nationale italienne et l'unification de l’État italien autour de la dynastie de Piémont-Sardaigne.
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+ Le nationalisme moderne japonais se développe d'abord durant l'Ère Meiji (1867-1912). À ce moment-là il est défensif, visant à préserver l'indépendance du Japon face à la menace du colonialisme occidental symbolisé par la politique de la canonnière menée par le commodore Perry en 1853 et par les traités inégaux de 1858. Ce nationalisme devient expansionniste sous l'ère Shōwa. Il est basé alors sur la supériorité de la race nipponne, le monarchisme, le militarisme et l’expansionnisme.
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+ Les nationalistes irlandais s'organisent et créeront en 1905 le Sinn Féin et l'IRA (parties revendiquant l'indépendance, l'IRA utilisera la violence pour se faire connaître…). Pendant la Première Guerre mondiale, les Irlandais se révolteront et la répression sera féroce.
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+ Quoique les idéologies nationales du Pays de Galles et de l'Écosse n'aient pas atteint le degré de violence précité, ces deux autres nations formant l'État plurinational de Grande-Bretagne ont également développé des nationalismes ; celui d'Écosse échoue en 1930, là où il réussira en 1997 concernant la souveraineté autonomique, en se réformant considérablement (le visage du nationalisme écossais contemporain est bien différent des années 1930).
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+ Dans l'Empire russe, multinational, les Slaves orientaux sont majoritaires et le régime tsariste, aristocratique et coupé de la population, laisse la plus grande partie de celle-ci dans l'illettrisme. Néanmoins, le sentiment national russe, véhiculé par les instituteurs et les popes, se répand, y compris chez les Biélorusses (alors appelés Russes blancs) et les Ukrainiens (alors appelés Petits-russes). Il est favorisé par la politique impériale de russification qui, en revanche, heurte les autres peuples de l'empire, et notamment ceux d'Europe (Finnois, Baltes, Polonais, Roumains, une partie des Ukrainiens) et du Caucase, mais aussi, dans une moindre mesure, les musulmans d'Asie centrale (révoltes des Basmatchis dans les actuels Ouzbékistan et Turkménistan). Ces peuples développent d'autant plus facilement leurs propres nationalismes, que leur niveau d'instruction est généralement supérieur à celui des masses russes, par exemple en Pologne. L'antisémitisme du régime et les pogroms à répétition suscitent aussi un nationalisme (et les ligues d'auto-défense) chez les Juifs : ce nationalisme est initialement fortement teinté de socialisme (fondation du Bund). Cette situation provoque des courants d'émigration (surtout chez les Juifs) et mènera, à l'issue de la Première Guerre mondiale, à l'indépendance de la Finlande, des pays baltes, de la Pologne, de l'Ukraine, de la Bessarabie, de la Géorgie et de l'Arménie ; le gouvernement bolchevik parviendra à reprendre la Géorgie, l'Arménie et l'Ukraine en 1920-1924, la moitié orientale de la Pologne en 1939, les pays baltes et la Bessarabie en 1940.
132
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+ Pour contrôler les nationalismes, l'URSS se constitue en 1922 en État fédéral, mais ce contrôle ne peut fonctionner que dans le cadre d'un communisme dictatorial, et, aussitôt les libertés civiles revenues à l'issue de la perestroïka et de la glasnost, ils ont ressurgi d'autant plus intensément et ont abouti à l'éclatement de l'État soviétique, comme l'avaient d'ailleurs prédit Andreï Amalrik en 1970[58] et Hélène Carrère d'Encausse en 1978[59].
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+ Le XIXe siècle voit la propagation de l'idée nationale dans les Balkans et chaque peuple, défini par son histoire et sa langue, aspire à l'indépendance vis-à-vis de l'Empire ottoman et à son unification au sein d'un seul État. Albanais, Bulgares, Grecs, slaves de Macédoine, Roumains, Serbes s'émancipent par étapes, mais ils sont instrumentalisés par les grandes puissances qui, de plus, cherchent à ménager l'Empire ottoman ; leurs populations sont imbriquées dans de nombreuses régions et leurs frontières posent des problèmes tranchés parfois arbitrairement par le Congrès de Berlin et par les deux guerres balkaniques, ce qui entretient et parfois exacerbe les tensions nationalistes.
136
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+ Si au début du XIXe siècle les dynamiques de rassemblement prédominent (fondation du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), elles ne profitent pas également à tous (Albanais et Bulgares ne parviennent pas à se regrouper tous). Des ressentiments s'accumulent, qui s'exprimeront durant la Seconde Guerre mondiale (Camp de concentration de Jasenovac) et à partir de 1992 et aboutiront à la fragmentation de la Yougoslavie en pas moins de six ou sept États dont quatre utilisent la même langue mais la dénomment différemment, et dont deux sont à peine plus grands qu'un département français ou une province belge (le Kosovo et le Monténégro).
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+ À la fin du XIXe siècle, le nationalisme turc se manifeste dans le mouvement Jeune Turc qui, à ses débuts, est surtout réformateur et non xénophobe. En réaction au recul de l'Empire en Europe (face aux États des Balkans) et au nationalisme des Grecs et des Arméniens de l'empire (qui font craindre des pertes territoriales en Anatolie, qui se produisent en 1919), le nationalisme turc devient de plus en plus xénophobe vis-à-vis des minorités de l'Empire et finit par mener, pendant et après la Première Guerre mondiale, à la première grande purification ethnique du XXe siècle : le génocide arménien et grec accompagné, au terme du traité de Lausanne, de l'expulsion de la grande majorité des chrétiens survivants.
140
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+ Ultérieurement, c'est l'affrontement des nationalismes turc (devenu conservateur) et kurde (devenu majoritairement marxiste) qui mènera, en Anatolie orientale, à des conflits armés.
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143
+ En dehors de la philosophie des lumières, le XVIIIe siècle européen voit éclore une littérature qui se veut fondée sur des textes populaires, tutoyant la littérature classique et haussant les peuples au rang d'héritiers de dignes traditions culturelles, ce qui s'avérera comme un pas vers une légitimité d'existence politique. Ce nationalisme se développe dans les salons littéraires, dans les maisons d'édition, et, progressivement, dans la bourgeoisie lettrée européenne.
144
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+ En 1763, la publication par James Macpherson des œuvres du barde écossais Ossian suscite un grand enthousiasme : cette poésie gaélique, supposée ancestrale, sera brandie comme une œuvre équivalente à celles d'Homère ou Virgile, et autres grands classiques de la littérature antique. En 1817, une commission d'experts universitaires conclut que ce texte n'a rien d'authentique. Ce texte est le premier du genre (du moins le premier ayant un tel succès) : bien d'autres suivront à travers toute l'Europe, et cela durant tout le XIXe siècle[60],[61]. Dans toute l'Europe littéraire voient le jour des théories sur les peuples et de leur continuité dans le temps. Un des plus notables théoriciens étant Johann Gottfried Herder, synthétisant les idées neuves de son époque telles que : la lutte contre le monolithisme culturel et le despotisme politique, les aspirations au bonheur et à la liberté, le rejet des séparations entre les ordres sociaux, l'élan vers le progrès et la redécouverte de la nature et des traditions. Chaque redécouverte d'une épopée, d'une tradition populaires reçoit le soutien international des lettrés ; du moins jusqu'au milieu du XIXe siècle : après certaines rivalités se font jour entre les différents nationalismes qui ont de plus en plus d'effets politiques[62].
146
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147
+ Après le Bill of rights limitant le pouvoir du Roi d'Angleterre et la guerre d'indépendance des États-Unis, la Révolution française consacre l'importance politique des sujets d'un roi, en Europe c'est la première prise du pouvoir au nom d'un peuple. Mais son écho sera faible dans les populations européennes. Les guerres napoléoniennes stimuleront, par opposition, les nationalistes européens (à cette époque présents seulement dans une frange restreinte de la population) en les amenant à se poser le problème de l’État comme protecteur, en particulier ceux de langue allemande, mais aussi en Espagne.
148
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+ En 1815, par le traité de Vienne la Sainte-Alliance consacre la toute-puissance des trônes sur le destin des pays et ses membres se liguent contre toute volonté expansionniste de la France. Toutefois deux entorses majeures vont révéler les limites de ce principe dynastique, en novembre 1830 lors d'une conférence réunissant à Londres les grandes puissances (Grande-Bretagne, Russie, Autriche, Prusse et France). L'indépendance de la Belgique, réclamée par des manifestations populaires, en est la première, et semblait sans conséquence stratégique bien qu'encourageant les révisionnistes (nationalistes) de l'ordre de Vienne. Les insurgés grecs contre l'Empire ottoman obtinrent aussi le soutien de ces puissances dynastiques réunies du fait « de leur quête d'intérêts particuliers, le plus souvent rivaux »[63].
150
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151
+ Le printemps des peuples de 1848, impulsé en France à (presque) toute l'Europe, est un ensemble de mouvements nationalistes insurrectionnels aux objectifs assez distincts et en général animés par la classe moyenne et universitaire, mais dans certains cas par une petite noblesse opposée à un pouvoir central dynastique dans lequel elle ne se reconnaît pas (cas magyar). La faiblesse numérique qui découle de l'étroite assise populaire de ces mouvements explique qu'ils n'aient pas résisté longtemps aux répressions des armées fidèles aux dynasties, toutefois le cas de la révolte magyar qui a tenu tête aux armées autrichiennes a permis d'illustrer la solidarité des dynasties contre tout nationalisme : l'Empire de Russie est intervenu dans l'Empire d'Autriche pour mater cette révolte (il faut dire que l'Empire russe avait déjà dû réprimer une révolte polonaise en 1830 et ne voulait pas qu'elle fût ranimée). Ces mouvements relativement populaires ont été l'aboutissement d'une évolution nationaliste des idées dans une part croissante de la population ; leur échec général a semblé définitif à nombre de protagonistes[63].
152
+
153
+ Après le printemps des peuples, et parfois avant (comme pour la Russie), des conseillers de couronnes comprennent que le nationalisme est une puissance avec laquelle il faut compter. En plus de leurs stratégies d’alliances déjà connues, les États cherchent alors à favoriser les nationalismes internes aux royaumes rivaux et à contenir ceux qui pourraient diminuer leur propre puissance[63].
154
+
155
+ Dans le but de fissurer le front uni du traité de Vienne contre la France, Napoléon III déclare officiellement vouloir favoriser le nationalisme à travers l'Europe, ce qu'il fera notamment pour constituer un État italien allié et diminuer la puissance du Pape, tenter de faire éclater l'Empire des Habsbourg (en aidant le nationalisme serbe, entre autres), jouant sur le nationalisme polonais pour contrer de l'intérieur l'Empire russe et la Prusse[63].
156
+
157
+ Sous l'impulsion de Bismarck, la Prusse attire à elle les petits États allemands (germanophones), en se présentant comme puissance protectrice et en s'alliant la bourgeoisie commerçante par le biais de traités commerciaux unifiant le marché. Elle rentre alors en concurrence avec l'Empire des Habsbourg en cherchant à s'allier ses populations germanophones[63].
158
+
159
+ L'Empire russe et celui des Habsbourg aident et se posent en recours de diverses populations sous la domination de l'Empire ottoman, pour mieux le dépecer. La couronne d'Angleterre s'oppose aux nationalismes pour contrer toute nouvelle montée en puissance de la France et limiter l'extension de l'Empire russe qu'elle voit comme un solide concurrent[63].
160
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161
+ Finalement, ces stratégies guerrières favorisent les nationalismes qui se développent et rivalisent les uns avec les autres pour leurs droits au sein des États. La Prusse devient le centre d'un État Allemand où les représentants de la population prennent un poids politique croissant ; l'Italie se constitue laborieusement et suivant le modèle français (le Risorgimento se conclut en 1870) ; sans pour autant avoir tenté de développer un nationalisme qui lui soit propre, l'Empire des Habsbourg semblait inébranlable aux contemporains, mais il se parcellise progressivement en États nationalistes ; sous la crainte de l'éclatement (à la suite de la révolte polonaise de 1863) l'Empire russe se lance dans une russification forcée de ses populations qui exacerbe même les nationalismes latents dans l'Empire et dans lesquels les révolutions russes (de 1905 et 1917) trouveront des appuis[63]. Au croisement de toutes les tensions se trouvent les Balkans : nationalismes d'émancipation, violents et en concurrence les uns avec les autres, intérêts géostratégiques rivaux de toutes les grandes puissances européennes qui soufflent le chaud et le froid, oppositions symboliques (Europe-Asie, oppositions religieuses), imbrications étroites de différentes populations se réclamant de nationalités différentes ce qui rend plus complexe qu'ailleurs le tracé de frontières les séparant (le problème est similaire dans l'Empire des Habsbourg). Cette région sera quasi continuellement le théâtre de guerres au cours du XIXe siècle et au début du XXe siècle : cette « poudrière de l'Europe » donnera un prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale[64].
162
+
163
+ À partir des années 1870 en France, Allemagne, Italie se développe un nationalisme « agressif »[65], différent de celui des révolutions de 1848 : « nourri des bouleversements sociaux et économiques que produisait le déracinement des populations », « il n'est plus un instrument d'émancipation à l'égard de la société d'Ancien Régime […], il est devenu un instrument d'intégration et de mobilisation des populations à une politique impérialiste »[43].
164
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165
+ En 1914, les nationalismes en Europe sont devenus un rouage social important et pris dans les oppositions entre États, s'opposent les uns aux autres. Durant la Première Guerre mondiale, les États mobiliseront les populations par des arguments nationalistes, et aux différentes étapes de cette guerre, même les pacifistes les plus volontaires (forts rares) ne trouverons pas d'argument anti-nationaliste, seuls Lénine et les Bolcheviks considéreront la paix préférable à la victoire nationaliste. Pour autant, les documents intimes consultables montrent plus une démoralisation chez les soldats qu'une exaltation nationaliste[63].
166
+
167
+ Les politologues Danic et Ian Parenteau relèvent que malgré un « positionnement multiple » du nationalisme sur l'axe gauche-droite, « sur le continent européen les idéologies nationalistes prennent la plupart du temps place à droite du clivage politique, positionnement qui se conjugue suivant la gamme offerte sur cette aile, depuis le centre droit jusqu'à l'extrême droite »[66].
168
+
169
+ Être chinois, avant le XXe siècle, se reconnaît à trois facteurs principaux : être sous l'influence de l'administration de l'Empereur ; avoir des pratiques culturelles chinoises, dont les rites (mariages, funérailles, etc) mais aussi dans les pratiques quotidiennes, comme l'art culinaire ; être de descendance chinoise. Jusqu'à la dynastie mandchoue, une représentation concentrique du monde prévaut : le noyau central est chinois, un premier cercle l'entourant est constitué des « barbares cuits », c'est-à-dire partiellement acculturés, viennent ensuite les « barbares crus » ayant gardés leurs coutumes propres. Dans cet ordre d'idée, on peut devenir chinois, se siniser. Mais les cultures et les pratiques dites chinoises sont multiples et locales : les critères culturels et rituels sont donc locaux. La généalogie chinoise est alors une création a posteriori : quand on se sent chinois, on sinise ses propres ancêtres et être chinois devient un héritage de longue date[67].
170
+
171
+ Le XXe siècle a vu arriver des notions occidentales nouvelles, dont celle de nation qui est alors comprise comme une conception raciale, biologique, au travers des filiations patrilinéaires. L’Empereur est alors vu comme l'ancêtre mythique de la race chinoise. En 1911, à la création de la République de Chine (provisoire) de Sun Yat-sen, ont été reconnues cinq populations distinctes constituant la population chinoise : les Hans (« majoritaires »), les Mandchous, les Mongols, les Tibétains et les Musulmans. Sous le régime communiste, la Chine est officiellement un « État multinational unifié », avec 56 « nationalités » officielles, et le droit à la nationalité est un droit du sang. Le XXe siècle a été dominé par une intelligentsia persuadée que la culture traditionnelle chinoise est archaïque et ne correspond pas aux défis modernes : la nation chinoise s'oppose alors à la tradition culturelle chinoise et ne s'y réfère pas. L'appartenance à une province, à un pays local est de mise, même si la famille a quitté ce lieu ancestral depuis plusieurs générations, et une appartenance provinciale revendiquée correspond à des réseaux d'entre-aides. De manière plus explicite qu'à l'époque impériale, la Chine s'envisage plurielle sur son propre territoire avec des provinces ayant des marges d'initiatives importantes, mais pas dans le domaine politique[67]. Par exemple, si la sinisation de l'ensemble de la population est avancée, nombre d'ethnies officiellement reconnues ont leur propre langue comme langue d'enseignement du primaire au supérieur, mais aussi dans la presse écrite et audio-visuelle, et les cadres doivent apprendre la langue de la province où ils sont en poste[68].
172
+
173
+ Traditionnellement, l'exil était regardé comme une trahison. Désormais, ce regard s'est adouci bien qu'à partir de 1980 le droit du sol prévale dans le droit à la nationalité et que la double nationalité soit interdite : on parle de « citoyens étrangers d'ascendance chinoise » et la Chine culturelle semble retrouver du crédit[67].
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+ En juin 1916 éclate la Grande Révolte Arabe dans les provinces de la péninsule arabique jusque-là occupées par l'Empire ottoman. Cette révolte, menée par le chérif de La Mecque Hussein Ben Ali, dura de juin 1916 à octobre 1918. Elle éclata à la suite de la montée du nationalisme arabe dans la région, lui-même alimenté par les Britanniques présents sur place, entre autres l'officier Thomas Edward Lawrence dit Lawrence d'Arabie, et dont les intérêts sont nombreux.
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+
3
+ Le transport est le déplacement d'objets, de marchandises, ou d'individus (humains ou animaux) d'un endroit à un autre. Les modes de transport incluent l'aviation, le chemin de fer, le transport routier, le transport maritime, le transport par câble, l'acheminement par pipeline et le transport spatial. Le mode dépend également du type de véhicule ou d'infrastructure utilisé. Les moyens de transport peuvent inclure les véhicules à propulsion humaine, l'automobile, la moto, le scooter, le bus, le métro, le tramway, le train, le camion, la marche à pied, l'ascenseur, l'hélicoptère, le bateau ou l'avion, etc. Le type de transport peut se caractériser par son appartenance au secteur public ou privé.
4
+
5
+ Le déplacé peut être : quelque chose de nombrable, dénombrable ou discret (ex. : des conteneurs) ; quelque chose de continu (ex. : matériau extrudé ou fluide) ; ou un animal, un humain ou un groupe d'individus (morts ou vivants). Lors du parcours, les points départ et d'arrivée peuvent être choisis ou imposés par un prestataire du transport. Pour l'arrivée, le mot (« destination ») est plus précis et utilisé quasi uniquement dans ce secteur.
6
+
7
+ Un mobile, support ou contenant de transport est le plus souvent nécessaire ; il s'agit généralement d'un véhicule, sauf dans les tuyaux de transport par exemple. Des infrastructures lourdes sont toujours nécessaires (port, gares, routes, canaux, ligne de chemin de fer, circuit, piste, etc.). On peut les séparer en catégories : infrastructures de voies de communication, infrastructures de destination, infrastructures de triage et d'intermodalité. Le pilotage peut être individuel, automatique, centralisé, semi-automatique. Le parcours peut-être figé, captif ou prisonnier d'une voie, ou libre (bateau, avion). Il peut également être uni-séquentiel ou multi-séquentiel (il suppose alors des temps imposés d'attente). L'énergie consommée peut être contenue dans le mobile (autonomie énergétique continue ou partielle), semi-autonome, ou dépendant énergétiquement de l'extérieur (cabines de téléphérique, trains électriques, etc). Les combinaisons sont aussi de mise. L'apport énergétique nécessite un réseau énergétique d'approvisionnement.
8
+
9
+ Dans un même mobile de transport, plusieurs sources d'énergie peuvent être utilisées de manière simultanée (conjointes), séquentielle, alternative, transitoire (accélérations, décélérations). L'énergie cinétique peut faire l'objet de récupérations partielles. L'énergie interne n'est pas toujours utilisable sous forme primaire. Elle nécessite alors un système de conversion d'énergie (exemple : moteur Diesel). L'interface entre voie et mobile est souvent constituée d'une ou de plusieurs roues. Le secteur du transport est une composante économique majeure. Il engloutit à lui seul 32 % de l'énergie totale[3] consommée en France en 2011[4].
10
+
11
+ Par assimilation, des actions de déplacement et de conduction ont été dénommées « transports », comme le transport d'électricité (qui s'effectue sur des réseaux de câbles électriques), de gaz, de pétrole (au travers de conduites, les pipelines). En ce qui concerne le « transport » d'informations et les télécommunications, il vaut mieux utiliser le mot « transmission »[5].
12
+
13
+ L'article qui suit concerne par conséquent, non seulement le transport per se, mais aussi ce qui conduit (oléoducs, gazoducs, câbles électriques), transmet (les courants forts ou les courants faibles tels que les signaux, messages, informations…), fournit et approvisionne (gaz, électricité, eau, pétrole…)[Lequel ?].
14
+
15
+ Les voies de communication font partie des infrastructures et réseaux de transport, comme les ouvrages d'art (ponts, tunnels..) et les bâtiments (gares, parkings…) associés. Elles contribuent au phénomène dit de fragmentation écopaysagère que la Trame verte et bleue cherche à compenser en France. Le transport motorisé est par ailleurs une des sources majeures de pollution ; par exemple, en France, il représente environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre[6].
16
+
17
+ Le transport est un service (public ou privé selon les cas) nécessaire ou utile pour de nombreux actes et activités de la vie courante. Le type de transport et son caractère plus ou moins intermodal ont des conséquences en matière de consommation d'espace et d'énergie, ainsi qu'en matière d'émissions de polluants et de gaz à effet de serre (et donc en matière de santé environnementale). Il est aussi devenu un secteur économique lié à l'industrie du transport qui s'est développée simultanément dans les domaines public et privé depuis la révolution industrielle. Ce développement a contribué au phénomène de mondialisation, ainsi qu'au développement du tourisme de destinations lointaines.
18
+
19
+ Le transport est un enjeu stratégique majeur, fragilisé par la montée rapide des coûts énergétiques et la raréfaction de certaines ressources (foncières notamment). Les investissements énormes qui y sont liés, sont à mettre en perspective des services rendus dans le modèle économique global où la mobilité joue un rôle majeur. Les transitions énergétiques attendues semblent imposer avant tout une utilisation économe des ressources, ce qui implique d'inventer des transports du futur innovants, aux rendements globaux améliorés[7], pour ne pas mettre en péril jusqu'aux ressources nécessaires à la transition (on parle[Qui ?] de « transport intelligent » et « dé-carboné »). Un des enjeux est sa durabilité qui implique aussi une opinion publique informée et consciente des enjeux globaux et locaux du transport[réf. souhaitée].
20
+
21
+ Les moyens techniques ont permis l'invention de quatre types de transport, s'ajoutant donc à celui assuré par l'humain ou l'animal. Chacun de ces types de transport, incluant transport de personnes et de marchandises, peut être subdivisé en deux sous-types :
22
+
23
+ Un être humain parcourt actuellement en moyenne 4 500 kilomètres par an, contre 1 500 il y a 150 ans[8][réf. non conforme].
24
+
25
+ L'utilisation de l'énergie animale ne s'est pas faite en même temps que sa domestication. On estime que l'homme a commencé à atteler des bovins à des araires ou des véhicules à roues durant le IVe millénaire av. J.-C. Ces techniques inventées dans le croissant fertile ou en Ukraine ont par la suite connu un développement mondial[9].
26
+
27
+ Avant la domestication, le transport des marchandises est géré par les humains. Les termes utilisés dans ce cas sont le port, le portage… L'homme tire, il pousse et il propulse (une brouette, une bicyclette, un pousse-pousse...) dès lors qu'il invente la roue. La roue demeurera toutefois inconnue en Amérique précolombienne, jusqu'à la colonisation.
28
+
29
+ À partir de la domestication, l'animal devient le système de « portage » (Bête de somme avec un bât), de propulsion ou de traction, d'une « charge », ou d'un « véhicule » (chars, charrettes, chariots, carrioles, voiturettes, voitures...). Si le véhicule est tiré par un cheval, il s'agit d'un véhicule hippomobile. Historiquement, la propulsion animale a été prédominante pendant des millénaires, et retrouve des utilisations justifiées. Dans un autre registre, les pigeons ont été élevés par des Colombophilie, pour transporter des messages, ou des mammifères marins par l'armée pour récupérer des objets.
30
+
31
+ Dans les pays industrialisés, l'utilisation des animaux de trait a fortement régressé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avec le développement de la mécanisation (moteur à combustion interne et électricité), et garde une place marginale dans le tourisme mais, la traction animale garde toute son importance en Afrique subsaharienne où elle se développe.
32
+
33
+ À la fin du XXe siècle, les véhicules à propulsion humaine atteignent des records.
34
+
35
+ Les cours d'eau permettent les échanges avec la force du courant, et l'itinéraire de la rivière. La marine à voile a longtemps assuré une part importante du commerce. Le vent contribue avec les insectes et notamment les abeilles la pollinisation, en transportant le pollen ou à déplacer les planeurs.
36
+
37
+ À l'époque romaine, le transport se faisait soit par voie terrestre, soit par voie navigable. Le transport sur eau pouvait se réaliser par la mer ou sur des fleuves ou rivières navigables. Certaines villes, comme Saragosse (Caesare Augusta) étaient dotées d'un port fluvial. Avant la première guerre punique, la marine romaine est insignifiante. La marine romaine n'est pas d'inspiration grecque, c'est la menace de la flotte carthaginoise équipée de quinquérèmes[10] qui a poussé les romains à copier ceux-ci pour les combattre. La tradition raconte qu'ils y sont parvenus grâce à l'aide des grecs (socii) installés dans le sud de l'Italie. Rome préféra les trirèmes. En 261 av. J.-C, les Romains réussirent à en construire cent en deux mois.
38
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39
+ Les ports antiques sont les premières installations portuaires apparues avec le développement de la marine. Ils sont attestés chez les Grecs et les Romains, mais aussi chez les Puniques, chez les Minoens, en Égypte antique... À la suite de Richard Lefebvre des Noëttes qui niait toute possibilité pour la marine antique de pouvoir naviguer loin des côtes et d’avoir un tonnage d’une certaine importance, on a longtemps pensé que les premiers ports n’étaient que de simples plages d’échouage, les bateaux étant chaque soir tirés au sec. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien. Très tôt, on cherche à aménager des abris naturels afin d’en augmenter les qualités : protection contre les fureurs du large, bonne exposition par rapport aux vents pour faciliter l’entrée et la sortie des navires. Ces dispositions naturelles sont donc essentielles dans le choix d’un site, tout comme les conditions économiques (proximité d’une grande ville et de voies terrestres et fluviales). Aussi, les Anciens n’hésitent pas à créer des ports artificiels qui, avec l’augmentation des capacités nautiques, répondent aux nécessités économiques. Les ports fluviaux doivent répondre à deux impératifs : abriter les bateaux des dangers naturels de la rivière (crues, embâcles) et offrir de bonnes dispositions pour le transit des marchandises.
40
+
41
+ Le terme centuriation indique un système de morcellement du territoire, typique du procédé de mise en culture que la civilisation romaine appliquait dans les régions sous sa domination. Aux phases de déboisement et de bonification, si nécessaire, succédait un processus de répartition des terrains en grands quadrilatères d’environ 700 m de côté, délimité par des voies d’accès le plus souvent parallèles à de grands fossés de drainage. Un des exemples de centuriation romaine les mieux conservés d’Europe est celui de la région de Cesena.
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+ Les voies romaines sont les voies du réseau routier créé par les Romains. Souvent en ligne droite, elles permettaient de parcourir plus rapidement qu'avant l’ensemble de l’Empire à partir de l’Urbs, Rome.
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+ Elles reliaient entre elles les cités de tous les points de l’Italie puis de l’Empire avec les centres de décision politiques ou économiques. Elles permettaient des déplacements plutôt aisés pour l'époque, que ce soit pour l'usage des troupes en campagne ou les marchands et courriers. Elles permirent l’expansion économique de l’Empire puis sa fin en facilitant les grandes invasions.
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+ Le mot carrefour vient du bas latin quadrifurcus, qui a quatre fourches ou divisions, lui-même venant de quadri, quatre, et furca, fourche. Les romains réalisaient déjà des carrefours où les axes étaient perpendiculaires. Par exemple lorsqu'il existait un Decumanus et un Cardo maximus. Des monuments marquaient parfois ces croisements.
48
+
49
+ Le flottage du bois ou la drave[11],[12] (au Canada) est l'une des plus anciennes méthodes de transport sur de longues distances. Du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle, en Europe occidentale, le flottage est le mode de transport le plus courant et le moins onéreux pour le bois. Cette technique était également connue des romains. Elle a pu être utilise sur certains fleuves comme la Garonne.
50
+
51
+ C'est le résultat de l'invention de la chaudière à vapeur et de la machine à vapeur (Denis Papin), puis de la locomotive, de l'automobile... dès lors que la vapeur est utilisée pour mouvoir un véhicule ; en même temps, différents types de carburants sont inventés ou utilisés, pour améliorer la puissance des moteurs, plus tard pour les rendre moins gourmands : le gaz, l'essence et le pétrole dans le moteur à combustion interne utilisé sur les véhicules automobiles, l'électricité de la pile électrique, la pile nucléaire dans de rares sous-marins, la pile à combustible, pour fournir de l'électricité au travers de turbines ou directement à un bobinage (moteur électrique), enfin déjà ou dans le futur, de l'hydrogène.
52
+
53
+ Le transport de personnes et le transport de marchandises se distinguent. Le transport de personnes, comme le transport de marchandises, peut être effectué pour compte propre, lorsqu'il n'a pas pour objet de transporter autrui dans un but lucratif, ni ses marchandises. Il est dénommé transport pour compte d'autrui, ou « transport public », dès lors que ce ne sont plus ses propres biens qui sont transportés. Le transport de personne peut être « individuel » ou « collectif », dans le cas des transports en commun. Toutes ces catégories de transports se combinent entre elles, et contribuent à la description d'un des métiers du transport : par exemple le transport collectif de personnes (autocaristes), ou son transport individuel (taxi) ; le transport de marchandises pour compte d'autrui (transporteur de marchandises) ou le transport de marchandises pour compte propre (« louageur »)... Les personnes physiques, comme les personnes morales ou les états (au travers de leurs services publics) peuvent exercer ces activités réglementées de transporteurs.
54
+
55
+ En France en 2014, selon l'ADEME, 83 % du trafic voyageur se fait en voiture particulière, bien qu'elle soit « le mode de déplacement le moins efficace d’un point de vue énergétique ». « Lors d’une journée normale, 72 % des déplacements se font en voiture ; la façon dont on achète et on utilise les véhicules » a changé (ex. : le poids moyen du véhicule a augmenté de « 330 kg en 30 ans »)[13].
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+ On distingue souvent les transports urbains des grands axes interurbains et périurbains[13].
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+ En Europe, au milieu des années 1990, les transports urbains consommaient environ 30 % de l'énergie totale utilisée dans la plupart des villes ; et 80 % des transports urbains par véhicules à moteur étaient encore effectués en voiture[15].
60
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61
+ En France, selon un rapport de l'Insee de 1999 :
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+ Le 13 décembre 1968 a été signée �� Paris la Convention européenne sur la protection des animaux en transport international, qui réglemente le transport des animaux[16].
64
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+ Le 22 décembre 2004, l'Union européenne a effectué une refonte totale des règles en matière de bien-être des animaux pendant leur transport. Dans cette nouvelle réglementation, elle identifie tous les intervenants et leurs responsabilités respectives, elle renforce les mesures de surveillance et prévoit des règles plus strictes pour les longs trajets et les véhicules utilisés[17],[18].
66
+
67
+ L'union européenne a également mit en place un système appelé TRACES, (TRAde Control and Expert System) qui assure la traçabilité et le contrôle de l'ensemble des produits d'origine animale et des animaux vivants lors de leurs mouvements et importations en Europe. Néanmoins, certaines organisations de protection des animaux, notamment le PMAF, dénoncent les conditions de transports des animaux sur de longues distances, parfois d'un pays à un autre pour des raisons économiques, pour être engraissés ou abattus[19].
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+ Toutes les armées (force terrestre, force aérienne, marine, gendarmerie) disposent de différents moyens pour transporter leurs personnels, leurs armes et leurs munitions. Outre leurs moyens propres, le service du train et le génie interviennent dans la logistique (transports, entreposage) pour stocker, transporter et détruire, améliorer ou construire des infrastructures.
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+ Le transport sanitaire est l'opération qui consiste à transporter un malade ou un blessé dont l'état justifie le recours à un transport adapté et assisté.
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+ Les modes de transport sont généralement classifiés selon les voies de communication utilisées : transports terrestres (routier et ferroviaire ou guidés), les transports maritime et fluvial, le transport aérien. Le choix d'un mode de transport peut être effectué en fonction de la disponibilité du moyen de transport, de ses qualités (capacité, rapidité, sécurité, conformité au réglementations applicables aux marchandises, au commerce...), et de son coût, par exemple. Pour le transport de marchandises dangereuses ou sensibles, la notion de sûreté est aussi prise en compte.
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+ Pour aller d'un point à un autre, il est souvent nécessaire de combiner ces différents modes de transport. Il s'agit alors de transport multimodal, ou intermodal, ou plurimodal, ou combiné. L'expression transport intermodal désigne surtout le transport de marchandise, pour le transport de voyageurs on utilisera la notion plus générale d'intermodalité ou de multimodalité. Cette combinaison de plusieurs modes de transports s'est nettement modifiée grâce à l'arrivée d'internet et des technologies de l'information (TIC) mobiles comme le téléphone portable. En effet, l'enchaînement de plusieurs modes nécessite la connaissance de nombreuses données (horaires, localisations, correspondances) qui peuvent être apportées par les TIC. Il y a alors un décloisonnement possible de toutes les solutions de mobilité : covoiturage, autopartage, transport public, vélos en libre-service. Cette « nouvelle » mobilité est parfois appelée 2.0 ou 3e mode (après le transport public et la voiture individuelle privée)[20],[21].
76
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+ Certaines marques telles que Tictactrip se positionnent depuis peu dans ce secteur, en prônant l'intermodalité.
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+ Les réseaux de transport tendent à suivre les réseaux urbains.
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+ Des réseaux d'aqueducs pour la collecte et la distribution d'eau potable et d'irrigation existent depuis les temps historiques les plus anciens.
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+ Selon le produit transporté, les pipelines portent des noms spécifiques : aqueduc, gazoduc, oléoduc, saumoduc, oxyduc, hydrogène, hydrogénoduc, éthylénoducse, etc.
83
+
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+ La vitesse de circulation, variable, est en soi un facteur de risque qui fait de la sécurité des transports un enjeu important. Les questions de sécurité sont complexes et prennent en compte l'ensemble des éléments constituant un transport : le véhicule, le conducteur, la marchandise, les personnes transportées, les animaux et les infrastructures.
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+ Le Transport de matières dangereuses est réglementé, pour des raisons de sécurité. Au-delà, et depuis le 11 septembre, l'ouvrage de référence, réglementant le transport de marchandises dangereuses (A.D.R.)[23] aborde aussi les questions de sûreté, afin de limiter les risques d'attentats perpétrés avec des matières et des produits détournés de leur moyen de transport. Sur tous les véhicules qui transportent des matières dangereuses, figurent sur une plaque orange un code d'identification du danger, appelé parfois code Kemler et un numéro ONU qui indiquent quels types de matières est transportées dans le véhicule.
87
+
88
+ Avec les conquêtes et colonisations, et surtout après l'invention des transports motorisés, alors que les transports consomment de plus en plus de ressources, une économie des transports s'est progressivement institutionnalisée en devenant l'une des sciences de gouvernement[24]. Des économistes spécialisés donnent des conseils qui prennent une importance croissante face aux choix et décisions publiques[24]. Dans l'administration centrale et décentralisée (de l'équipement et de l'Industrie notamment), les ingénieurs-économistes conseillent le prince et les collectivités sur les choix modaux, intermodaux et la planification des réseaux d'infrastructures de transports[24] (en France au XXe siècle, autour notamment des corps des mines et du corps des ponts et chaussées et des directions de l'équipement et du ministère de l'Équipement) alors qu'une expertise universitaire et citoyenne associative se développent également. Le secteur des carrières et granulats et celui de la construction (BTP en France) jouant aussi un rôle important, y compris en matière de lobby[réf. nécessaire].
89
+
90
+ En France existe un site Données et Statistiques du Ministère du transport, de l'équipement, du tourisme et de la mer[25] fournit des données chiffrées sur les activités du transport de marchandises[26].
91
+
92
+ En termes d'investissements publics, la route reste surfavorisée ; par exemple, en France, 64 % des investissements faits en 2004 en transports ont concerné la route, contre 15 % pour le rail et 1 % pour la voie d'eau[27].
93
+
94
+ Le secteur des transports forme l'un des plus gros secteurs d'utilisation de l'énergie principalement sous forme de pétrole.
95
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96
+ En 2015, le secteur des transports (Selon les données de l'Agence internationale de l'énergie, il est constitué par l'aviation domestique, les routes, le rail, les transports par canalisation, la navigation domestique , etc. ; les carburants maritimes internationaux et ceux de l'aviation internationale sont déduits de la consommation intérieure d'énergie primaire et ne sont donc pas inclus dans le transport dans le cadre de la consommation finale) consommait mondialement 2 491 mégatonnes équivalent pétrole (Mtep) sous forme de pétrole. La consommation était de 1 044 Mtep en 1975. Pour rappel, pour ces mêmes années la consommation globale d'énergie était de 9 384 Mtep et 4 701 Mtep[28]. Pour 2015, les autres types d'énergie, électricité (36 Mtep), gaz naturel (98 Mtep), biocarburants (76 Mtep) restent minoritaires.
97
+
98
+ Aux États-Unis, en 2015, le secteur des transports qui comprend selon l'Energy Information Administration tous les véhicules dont le but principal est de transporter des personnes et/ou des biens d'un endroit physique à un autre - inclus les automobiles ; camions ; autobus ; motocyclettes ; trains, métros et autres véhicules ferroviaires ; avions ; et navires, barges et autres véhicules sur l'eau (Les véhicules dont l'objet principal n'est pas le transport - par exemple grues et bulldozers de construction, véhicules agricoles, tracteurs d'entrepôt et chariots élévateurs à fourche - sont classés dans le secteur de leur utilisation principale[29].) a consommé 27,391 PBtu (ou quads soit 690 Mtep) d'énergie totale. En 1950, cette même consommation était de 8,492 PBtu (quads, soit 213 Mtep). En 2015, la consommation globale aux États-Unis était de 97,728 PBtu (quads, soit 2 455 Mtep)[30].
99
+
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+ Le transport consomme la plus grande part du pétrole mondial[réf. nécessaire], en produisant du dioxyde de carbone et de nombreux produits nocifs, pour certains responsables de la détérioration de la couche d'ozone et de l'effet de serre. C'est pourquoi, des politiques d'économies d'énergie liées aux transports sont mises en œuvre, parfois avec difficultés, au niveau mondial.
101
+
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+ Selon l'OCDE les transports génèrent[réf. nécessaire] :
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+
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+ La quantité de dioxyde de carbone émise pour un même trajet diffère selon le mode de transport. Par exemple, pour un trajet Londres-Édimbourg (600 km), le département britannique des transports[31] a calculé des quantités d'émissions moyennes par modes de transports et par passager suivantes :
105
+
106
+ Pour les villes françaises, selon l'ADEME (France), un kilogramme équivalent pétrole (kep) permet de déplacer une personne :
107
+
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+ La consommation d’énergie en France par mode de transport en 2017, d'après le Service de la donnée et des études Statistiques (SDES, service du gouvernement français)[32], se répartissait comme suit :
109
+
110
+ Les stratégies d'économies d'énergies sont techniques, elles reposent sur l'utilisation de sources d'énergie alternatives (comme l'électricité, le gaz naturel pour véhicules, le GPL, les bioénergies...) mais nécessitent de mettre au point des systèmes adaptés.
111
+
112
+ Pour l'électricité, il s'agit d'améliorer les capacités de stockage de l'électricité (s’effectuant généralement dans des batteries) par rapport à la densité énergétique, le volume et le poids des batteries pour créer des véhicules viables. Des progrès ont déjà été faits en matière d'autonomie des batteries et aujourd'hui il existe déjà des applications de la technologie électrique au transport, tant au niveau du fret (des camions électriques actuellement commercialisées ont des autonomies et capacités de contenance suffisantes pour être utilisés au transport de marchandises[33]) qu'au niveau du transport de personnes (transport individuel avec des voitures électriques ou transport en commun avec par exemple des bus électriques[34]).
113
+
114
+ Pour les énergies de type gaz naturel ou GPL, la difficulté d'application de cette énergie dans les transports fut la garantie de sécurité par rapport aux risques qu'ils pouvaient comporter, risques aujourd'hui canalisés dans les systèmes de technologie récente. Pour les bioénergies la question se pose plus par rapport à la possibilité de produire à partir de la biomasse suffisamment et de manière renouvelable l'énergie nécessaire au transport. L'économie d'énergie est aussi basée sur des stratégies de réduction de la consommation en énergie des véhicules, et aussi, indirectement, sur la réduction de la vitesse autorisée (voir réglementation routière, en France). D'autres stratégies consistent à réduire le poids de véhicules en utilisant des matériaux plus légers (matériaux composites), comme ceux utilisés dans l'aéronautique.
115
+
116
+ Les stratégies comportementales visent au transfert modal vers le transport actif, non motorisé. La réintroduction de la propulsion humaine en particulier le vélo en ville est développée dans plusieurs pays d'Europe depuis les années 1970, en particulier aux Pays-Bas. La marche à pied, les déplacements en roller ou trottinette, à vélo permettent le transfert d'un temps subi de transport passif, vers un temps choisi d'activité physique bénéfique pour la santé.
117
+
118
+ Divers États et collectivités encouragent aussi le transport intermodal et l'utilisation des transports en commun, soit par l'incitation (campagnes dites de « sensibilisation »), soit par la dissuasion : péages, réduction du stationnement et des voies de circulation automobiles (à Paris, par exemple).
119
+
120
+ Des progrès ont été accomplis en matière de carburants (désoufré, agrocarburant), filtres et pots catalytiques, et de nombreux pays ont interdit l'essence plombée, mais ces efforts ne compensent pas les effets de l'augmentation du nombre de véhicules dans le monde. Les transports terrestres motorisés et par voies d'eau sont aussi, par les infrastructures qu'ils requièrent, le premier facteur de fragmentation écologique des paysages, reconnu comme un des premiers facteurs de recul de la biodiversité. La pollution lumineuse et la mortalité animale due aux véhicules induite s'y ajoutent.
121
+
122
+ Les progrès environnementaux sont rendus difficiles par le fait que les décisions relatives aux politiques de transport et aux formes urbaines se manifestent sur un pas de temps très long et sont confrontées à une inertie structurelle (il est rare qu'on supprime une route existante) : qu'il s'agisse d'infrastructures nouvelles à implanter, d'organisation de la vie économique et sociale à faire évoluer, d'impacts environnementaux à maîtriser, on raisonne au moins en décennies et non en années[réf. souhaitée].
123
+
124
+ Le transport est source de 14 % des émissions de CO2[Contradiction][35], dont 73 % proviennent du transport routier[36]. Alors que l'engagement des entreprises pour des transports moins polluants est encore limité, la réduction de l'empreinte carbone directement liée au transport des personnes et des marchandises est aujourd'hui une source d'opportunité[pourquoi ?]. Dans le transport de marchandises, en particulier, les mesures possibles sont nombreuses, le retour sur investissement est rapide et le passage au numérique permettrait des optimisations (gérer les tournées, mieux livrer en baissant la fréquence, etc.)[37].
125
+
126
+ En France en 2014, selon l'ADEME, les transports sont responsables de 32 % de la consommation d’énergie finale et de 35 % des émissions de CO2[13]
127
+
128
+ Une branche de la géographie étudie les transports aussi bien routiers et ferroviaires que maritimes[38], fluviaux, aériens ou par moyens de télécommunications.
129
+
130
+ Le transport est un composant important de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, notamment par la problématique du désenclavement.
131
+
132
+ Se pose ainsi la question de savoir où diriger les investissements : pour augmenter la capacité des axes saturés ou pour desservir les zones les moins bien reliées au reste du territoire. La première option permet de répondre aux besoins de la population mais au risque d'aggraver les déséquilibres territoriaux. Le deuxième choix peut être vu comme un investissement à plus long terme pour induire une « revitalisation » de ces zones délaissées mais le risque d'échec est important, l'effet d’entraînement des infrastructures ayant rarement été probant lors des précédentes opérations de ce type[39].
133
+
134
+ Le droit au transport suppose que l'individu peut exiger une action effective de l’État ou de la société pour satisfaire ses besoins vitaux en déplacement. La liberté de circulation des personnes est une des libertés fondamentales, reconnue notamment par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il ne doit cependant pas contredire ou compromettre d'autres droits, dont à la santé, sécurité et à un environnement sain. Il implique donc un transport durable, et en particulier que le transport ne conduise pas aux pollutions chroniques et aux embouteillages par embolie urbaine causée par un nombre croissant ou excessif de véhicules, ou au morcellement croissant des habitats naturels induit par les routes.
135
+
136
+ L'accessibilité dans les transports définit par exemple la possibilité pour tous d'accéder aux systèmes de transport qui renvoie en partie à la question des personnes à mobilité réduite (voir l'article Accessibilité aux personnes handicapées) et des pays en développement où le modèle routier du XXe siècle pose de graves problèmes dans les conurbations parfois de millions à dizaines de millions d'habitants, en Afrique, Inde, Indonésie et Chine notamment[40] ; si la Chine atteint seulement 50 % du taux de motorisation français (+/- 300 voitures pour 1 000 habitants), avant 2050 la chine devrait supporter 500 millions de voitures en circulation, et il faudrait environ 3 milliards de voitures si le monde entier devait s'aligner sur les Français (à comparer au 880 millions de véhicules estimées en circulation dans le monde en 2005)[41]. Le transport pose des problèmes d'inégalités (subies ou voulues, géographiques, écologiques et sociales)[42] : tous les territoires ne sont pas desservis de la même manière par les réseaux de transport, ni touchés par leurs conséquences négatives (bruits, pollution, accident, emprises, etc). Les réseaux de transports sont dangereux pour les enfants, personnes âgées et handicapés.Le droit au transport questionne aussi le coût du transport pour les personnes à faible revenu. Certains groupes comme le « collectif sans ticket » militent pour la gratuité des transports en commun. Plusieurs études (dont de l'Ademe en 2007 en France, dans le cadre du PREDIT) et diverses expériences ont conclu que la gratuité des transports en commun présentait un intérêt social, mais aussi environnemental et sanitaire[43]. Par exemple :
137
+
138
+ .
139
+
140
+ Le contrat de transport de marchandises pour compte d'autrui (ou transport public) est un contrat commercial tel que défini par les articles 1101 et suivants du Code civil. Il est matérialisé par un document dénommé différemment selon le mode de transport. Ce document va faire référence un contrat conclu entre les parties : Donneur d'ordre, transporteur, expéditeur, destinataire, remettant, réceptionnaire et pour l'international on ajoutera, le vendeur, l'acheteur, l'exportateur et l'importateur. Exemple : une entreprise (donneur d'ordre), demande à une société de transport (transporteur) de charger des marchandises chez son fournisseur (expéditeur) pour les livrer sur une base logistique (réceptionnaire) qui fait de l'entreposage pour une grande enseigne commerciale (destinataire). En France, le contenu de ce contrat est libre, toutefois il ne doit pas être léonin (déséquilibré) ainsi que réalisable. De ce contrat vont naître des obligations pour les parties qui sont régies par des textes, décrets ou des conventions.
141
+
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+ En transport routier de marchandises : deux possibilités :
143
+
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+ En transport aérien de marchandises, le document se nomme lettre de transports aérien abrégée par LTA. Airwaybil en anglais soit AWB. Il existe trois conventions. La plus ancienne est la convention de Varsovie, mais il y a aussi la convention de Montréal et la convention IATA, Association internationale du transport aérien. En transport maritime de marchandises, le document se nomme un connaissement, ou bill of lading, en anglais.
145
+
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+ Le contrat de transport de marchandises est matérialisé par un document qui doit mentionner la date à laquelle il a été établi, le nom et adresse du transporteur (+siret ou ID TVA) et nom et adresse du commissionnaire de transport, le nom et adresse de l'expéditeur (ou du remettant), le nom et adresse du destinataire, la date de prise en charge, ce qui est transporté (nombre de colis, nature des marchandises, poids, volumes, ou mètres linéaires), des mentions concernant la dangerosité, les sommes à encaisser, des instructions particulières de livraison, les incoterms...
147
+
148
+ Selon l'appartenance des moyens de transport (véhicule, conducteur), le type du transport de marchandises est différent. Le transport de marchandises est dénommé :
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+
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+ Le transport de marchandises mobilise des intervenants spécialisés, généralement commerçants :
151
+
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+ La gestion d'un outil de transport s'appelle « exploitation ». Lorsque l'exploitant gère le véhicule et l'infrastructure, le transport est dit « intégré ». Par exemple, jusqu'à récemment, le chemin de fer français était géré par la SNCF (Société nationale des chemins de fer français) dans son intégralité (moyens et infrastructure). Pour désendetter l'entreprise publique, l'état a depuis séparé la fonction exploitation, tenue par la S.N.C.F. et la gestion des infrastructures, qui a été confiée au Réseau ferr�� de France.
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+
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+ L'exploitation des moyens de transport n'est donc pas la gestion des l'infrastructure (voies de navigation, voies de circulation, voies aériennes). Elle nécessite souvent des compétences particulières, et conduit à la spécialisation des organisations dont elle est à la charge : ainsi, la RATP (Régie autonome des transports parisiens) exploite le métropolitain ou métro, le R.E.R. (Réseau express régional), le tramway parisien, et les autobus de la capitale et de sa banlieue, alors que les infrastructures sont entretenues par la S.N.C.F., la commune, la communauté de commune, le département, la région ou l'état, et par des sociétés sous-traitantes.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
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+ Le roi Arthur ou Arthur Pendragon est, d'après les romances médiévales, un seigneur breton qui aurait organisé la défense des peuples celtes des îles Britanniques et de Bretagne armoricaine face aux envahisseurs germaniques à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle. La légende d'Arthur est principalement inspirée par le folklore[1] et l'invention littéraire, et son existence historique n'est pas attestée. Les sources historiques sont recueillies sur de rares textes contradictoires, essentiellement des poèmes et contes en langue galloise, des annales et chroniques décrivant la romanisation et la christianisation de la Grande-Bretagne comme les Annales Cambriae et l’Historia Brittonum et la vie des premiers saints de l'île bretonne, comme Gildas le Sage. Le nom d'Arthur apparaît également dans d'anciens poèmes tel que le Y Gododdin. Son histoire se situe à une époque où le terme « Bretagne » désignait la grande moitié sud de l'actuelle Grande-Bretagne.
8
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+ La figure légendaire d'Arthur s'est développée essentiellement grâce à l’Historia regum Britanniae (Histoire des rois de Bretagne) écrite par Geoffroy de Monmouth au XIIe siècle. Toutefois, antérieurement à cette œuvre, certains contes et poèmes gallois ou bretons, ainsi que des chroniques ou annales reprenant des traditions orales, font déjà apparaître Arthur comme un grand guerrier défendant la Bretagne des hommes et d'ennemis surnaturels ou comme une figure magique du folklore, parfois associée à Annwvyn, l'autre-Monde celtique. La part du récit de Geoffroy de Monmouth, écrit encore en latin, adaptée des sources antérieures et celle issue de son imagination sont inconnues.
10
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11
+ Bien que les thèmes, les événements et les personnages de la légende du roi Arthur varient considérablement de texte en texte, et qu'il n'existe pas de version unique, les événements contés dans l’Historia regum Britanniae ont servi de base pour la plupart des histoires postérieures.
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+ Geoffroy de Monmouth dépeint Arthur comme un roi ayant établi un empire rassemblant toute l'île de Bretagne, ainsi que l'Irlande, l'Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule. En fait, beaucoup d'éléments qui font désormais partie intégrante de l'histoire du roi Arthur apparaissent dans l’Historia regum Britanniae : le père d'Arthur Uther Pendragon, Merlin l'Enchanteur, l'épée Excalibur, la naissance d'Arthur à Tintagel, sa dernière bataille contre Mordred à Camlann et sa retraite finale à Avalon. Au XIIe siècle, l'écrivain français Chrétien de Troyes y ajoute Lancelot du Lac et le Saint Graal et initie le genre de la romance arthurienne (en puisant dans la matière de Bretagne) qui devient un volet important de la littérature médiévale. Dans ces histoires, la narration se concentre souvent sur d'autres personnages, tels que les différents chevaliers de la Table ronde au lieu de se focaliser sur le roi Arthur. La littérature arthurienne a prospéré pendant le Moyen Âge, avant de perdre de l'importance dans les siècles qui suivent. Elle est redevenue un sujet à la mode depuis le XIXe siècle. Au XXIe siècle, le roi Arthur est toujours un personnage mis en scène, à la fois dans la littérature mais aussi dans les adaptations scéniques (festivals, spectacles vivants), au théâtre, au cinéma, à la télévision, dans les bandes dessinées, et d'autres médias.
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+ Le prénom Arthur était en rapport étymologique avec le nom celtique de l'ours, « artos » signifiant à la fois « ours » et « guerrier ». On rapproche son nom avec celui de la déesse ourse Artio. Arthur s'expliquerait par *Arto-rix « roi-ours » (« roi des guerriers ? ») par un intermédiaire latinisé *Artori(u)s[2].
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+ On remarque au VIe siècle une certaine augmentation des noms tels Arzur, Arzul', Arthus, Artus ou Arthur[réf. nécessaire] qui laisse supposer l'existence d'un personnage ayant marqué les esprits.
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+ Le nom lui-même revêt un symbole de force, de stabilité et de protection, caractères bien présents dans sa légende : c'était un homme réputé fort, posé, et, en tant que roi, garant de la sécurité de ses sujets. Dans la civilisation celtique, l'ours est avant tout l'animal emblématique de la royauté. À travers son hibernation, il marque également le rythme des saisons. Les dates de naissance et de mort d'Arthur correspondent au cycle d'hibernation de l'ours, et encadrent donc un moment Arthurien dans le royaume[3].
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+ Notons néanmoins qu'à l'époque où naît la légende arthurienne (XIIe siècle), la place de l'ours comme animal emblématique est prise par le lion[4]. Ainsi dans l'Historia Regum Britanniae, Arthur rêve à un combat entre un ours et un dragon. Mais Arthur est le dragon, et non l'ours.
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+ La transcription latine basée sur cette racine celtique donnerait le nom Artorius[réf. nécessaire], ce qui appuierait l'hypothèse romaine identifiant le roi Arthur au personnage de Lucius Artorius Castus. Néanmoins l'assimilation d'Arthur à Artorius repose sur des bases très fragiles.
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+ Les défenseurs de l'hypothèse galloise constatent que le roi Arthur apparaît pour la première fois dans les légendes et élégies galloises, bien avant d'être repris dans les romans de chevalerie du XIIe siècle.
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+ Arthur serait né vers 470/475[5] et serait originaire du Pays de Galles, ou de l'ouest de l'Angleterre, mais l'emplacement exact de sa cour, connue sous le nom de Camelot, reste un mystère. Il aurait repoussé l'invasion des Saxons au début du VIe siècle bien qu'il n'ait jamais été couronné roi. En effet, la chronique de Nennius (IXe siècle) le désigne comme un dux bellorum (chef de guerre) combattant « avec les rois bretons » et les textes médiévaux en gallois ne lui donnent jamais le titre de roi, mais l'appellent amerauder (« empereur »).
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+ Certains auteurs en feraient un grand propriétaire terrien romanisé ayant constitué, comme c'était alors courant, sa propre troupe de bucellaires, mercenaires à la solde d'une personne riche et payés en nourriture, d'où leur nom (buccelus = biscuit), et ayant prêté main-forte aux rois bretons contre les Saxons. En outre, dès le IVe siècle, les corps de bucellaires sont constitués majoritairement de cavaliers. La légende d'un corps de cavaliers d'élite servant Arthur n'est pas loin…
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+ Kemp Malone[6], a estimé avoir retrouvé le vrai Arthur dans le personnage de Lucius Artorius Castus. La parenté de nom est en effet assez troublante. Ce préfet romain, installé à York, a commandé (l'épigraphie l'atteste) la VIe Légion Victrix, chargée de combattre les Calédoniens (peuple de l'actuelle Écosse) au-delà du mur d'Hadrien. Il a remporté contre eux (et non contre les Saxons) une suite de victoires entre 183 et 185 apr. J.-C. Ensuite, il aurait été envoyé en Armorique mater une rébellion ; cependant de récentes recherches tendent à prouver qu'il aurait été envoyé en Arménie. Lors de cette expédition, il portait le titre de dux, ce qui n'est pas sans rappeler le titre de dux bellorum rapporté par la chronique de Nennius.
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+ Selon Geoffrey Ashe[7], reprenant la thèse de Léon Fleuriot, le légendaire Arthur est inspiré du personnage réel de Riothamus, qui aurait porté le titre de « roi des Bretons » entre 454 et 470. Celui-ci aurait fait campagne en Gaule au cours des années 468 et 469 pour appuyer les Gallo-romains contre les Wisigoths, avant d'être battu par ces derniers à la bataille de Déols.
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+ Plus récemment, C. Scott Littleton et Linda A. Malcor ont repris ces deux dernières hypothèses et affirment que le Arthur de Camelot est la synthèse du Romain Lucius Artorius Castus et du Britannique Riothamus[8]. Pour ces deux chercheurs, le nom d'Arthur est la « celticisation » d'Artorius. Mais ce dernier, personnage assez mineur dans l'Histoire de Bretagne, ne peut plus être considéré comme le modèle du roi Arthur[pourquoi ?].
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+ Ainsi, il apparaît que certains auteurs médiévaux ont voulu réécrire l'histoire transformant en victoire la défaite essuyée par les Bretons lors de la bataille de Déols. Après s'être rendu maître de toute l'île de Bretagne, Arthur aurait ainsi conquis l'Irlande, l'Islande, la Norvège, le Danemark et une bonne partie de la Gaule. Il aurait même vaincu les légions romaines en Burgondie (Bourgogne), au cours d'une expédition qui l'aurait mené jusqu'à Rome…
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+ On peut également évoquer l'hypothèse du décalage chronologique. Dans ce cas, la bataille de Camlann contre l'usurpateur Mordred aurait eu lieu vers 490, alors qu'Arthur revenait de son expédition en Gaule, où il serait allé prêter main-forte aux troupes gallo-romaines confrontées à l'invasion franque. Dans le cadre de cette hypothèse, une nouvelle datation peut être proposée : la bataille du Mont Badon doit être placée dans la chronologie aux environs des années 475 et l'arrivée des Saxons en Bretagne aux environs de 428.
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+ Le nom de Jules César apparaît dans la légende arthurienne. Il faut peut-être définir le terme de césar comme un titre, correspondant à la fonction de empereur en second assumée par le dernier empereur d'Occident Julius Nepos reconnu en Orient. Cette mise au point permettrait de mettre un terme au thème de Merlin l'Enchanteur, capable de traverser le temps et l'espace, parce qu'il est ainsi avéré qu'il existait bien un dénommé Jules, « césar » de son état, contemporain de la jeunesse du personnage connu aujourd'hui sous le nom du Roi Arthur, mais qui reste encore à identifier parmi les responsables britto-romains de son époque[réf. nécessaire].
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+ Selon l'historienne Norma Goodrish, la tombe d'Arthur datant du IIIe siècle se trouve dans la Civil parish (la « commune ») d'Arthuret (en) où s'est déroulée la Bataille d'Arfderydd près du mur d'Hadrien, région dans laquelle Lucius Artorius Castus défendait le limes romain[9].
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+ Le patronyme « Arthur » pouvait être courant à l'époque celtique et aurait pu ainsi désigner plusieurs chefs. L'amalgame du récit de différentes vies aurait pu servir à constituer celle du personnage mythologique. Ce nom connaît d'ailleurs une vogue très importante dans l'aristocratie celtique dans les années qui suivent la Bataille de Camlann, où serait mort Arthur, entre 537 et 542.
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+ Pour Withaer, auteur d'une histoire des guerres de ce prince, Arthur fut le dernier roi des Bretons siluriens.
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+ Après avoir défendu longtemps son pays avec succès contre les Angles du nord, les Saxons de l'occident et les Danois qu'il vainquit en douze batailles successives, il aurait été complètement défait à Camlann, vers 542.
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+ Blessé mortellement, il se fit transporter en un lieu inconnu où il termina sa glorieuse vie. Ses soldats étonnés de ne pas le voir reparaître allèrent à sa recherche et, comme ils ne trouvèrent nulle part son tombeau, ils se persuadèrent qu'il n'était pas mort. Bientôt, se répandit la croyance populaire qu'Arthur reviendrait un jour régner sur la Bretagne affranchie du joug étranger, et qu'il y ramènerait le siècle d'or. Les chants patriotiques des bardes le représentaient tantôt guerroyant en Palestine contre les Infidèles, et tantôt errant dans les forêts des deux Bretagnes. Cette espérance du retour d'Arthur s'accrut à mesure que le peuple était opprimé.
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+ Henri II, à qui elle inspirait de vives inquiétudes, imagina un moyen pour la faire cesser. Il se rendit à Glassenbury (ou Glastonbury), où des moines de l'abbaye annoncèrent avoir découvert la tombe d'Arthur et de Guenièvre quelques années après l'incendie de leur église en 1184. Sa reconstruction nécessitait des fonds importants, d'où l'idée des moines, selon l'érudit britannique le docteur Robert Dunning, de broder à partir d'une supposée tombe royale toute une légende autour d'Arthur, de Joseph d'Arimathie, du Saint-Graal ou du chevalier Lancelot, en s'inspirant des écrits de leur évêque Geoffroy de Monmouth. Cette légende ne manquerait pas ainsi d'attirer d'importants donateurs et d'accroître sa renommée par rapport à sa rivale l'Abbaye de Saint Denis[10]. Ces fouilles furent faites en un lieu que des vers chantés par un pâtre indiquaient comme l'endroit de la sépulture d'un grand homme. Giraud de Barri, aumônier du roi Henri II Plantagenêt rapporte qu'on en retira, parmi divers débris, un cercueil de pierre décoré d'une petite croix de plomb, sur laquelle était inscrit :
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+ « Hic jacet sepultus inclutvs rex Arturius cum Wenneveria uxore cum sua secunda in insula Avallonia », inscription qu'il traduit ainsi : « Ci gît le célèbre roi Arthur enseveli avec Wenneveria, sa seconde femme, dans l’île d’Avallonie »[11]. »
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+ « On serait lapidé en Bretagne, si l'on osait dire qu'Arthur est mort. »
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+ — (Explanat. in proph. Merlini, p. 19, lib. i.)[12].
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+ Selon cette hypothèse, Arthur n'aurait pas d'existence historique mais serait un personnage mythologique comme un demi-dieu celte incarné, tel que le dieu de la mer Lir (supposé incarné par le Roi Lear), ou même un personnage fictif comme Beowulf (loup des abeilles, un surnom de l'ours). Arthur ne serait alors pas un personnage isolé, mais s'insèrerait dans l'ensemble mythologique recueilli par la matière de Bretagne, et la recherche d'un souverain historique auquel l'identifier serait une interprétation évhémériste du mythe. Cette théorie serait renforcée par le fait que d'autres Britanniques de cette période, comme Ambrosius Aurelianus, ont combattu les Saxons à la bataille du Mont Badonicus.
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+ Le roi Arthur est apparu pour la première fois dans la littérature galloise. Dans le premier poème gallois retrouvé, le Y Gododdin[14], Aneirin (vers 575-600) écrit au sujet d'un de ses personnages qu'« il nourrissait des corbeaux noirs sur les remparts, alors qu'il n'était pas Arthur » (en gallois : « Gochorai brain du fur caer/ Cyn ni bai ef Arthur. », traduit en anglais par « he fed black ravens on the ramparts, although he was not Arthur »). Mais ce poème composé d'une série d'épopées élégiaques peut être interprété de différentes manières.
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+ Une autre ancienne référence au roi Arthur se trouve dans l'Historia Brittonum attribuée au moine gallois Nennius, qui aurait écrit cette Histoire galloise vers 830. Le roi Arthur est décrit comme un « chef de guerre » plutôt que comme un roi.
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+ Le roi Arthur apparaît aussi dans l'histoire galloise Kulhwch et Olwen, habituellement associé avec les Mabinogion.
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+ Les dernières parties du texte les Triades galloises font mention d'Arthur et situent sa cour à Celliwig en Cornouailles. Celliwig serait l'actuelle Callington ou Kelly Rounds, une colline fortifiée près d'Egloshayle.
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+ Le roi Arthur (ou roi Artus) est aussi parfois décrit comme le chef des chasses fantastiques, comme la Chasse-galerie (un groupe de chasseurs mythiques), non seulement dans les Îles britanniques, mais aussi dans toute l'Europe occidentale.
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+ En 1133, Geoffroy de Monmouth écrivit son Historia Regum Britanniae. Ce livre fut l'équivalent d'un best seller médiéval, et attira l'attention d'autres écrivains, tels que Wace et Layamon, sur ces histoires. Ces écrivains en profitèrent pour améliorer les histoires du roi Arthur.
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+ Même si de nombreux érudits s'accordent sur le fait que Geoffroy a suscité l'intérêt médiéval pour le roi Arthur, une autre hypothèse existe. Les histoires concernant Arthur pourraient venir des traditions orales bretonnes, disséminées dans les cours royales et de la noblesse d'Europe grâce aux jongleurs professionnels. L'écrivain médiéval français Chrétien de Troyes raconta des histoires provenant de cette mythologie à la moitié du XIIe siècle, de même que Marie de France dans ses lais, des poèmes narratifs. Les histoires provenant de ces écrivains et de beaucoup d'autres seraient indépendantes de Geoffroy de Monmouth.
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+ Ces histoires, réunies sous le vocable de matière de Bretagne, devinrent populaires à partir du XIIe siècle. Dans ces histoires, Arthur rassembla les chevaliers de la Table ronde (en particulier Lancelot, Gauvain et Galaad). Cette assemblée était en général située à Camelot dans les derniers récits. Le magicien Merlin, dit « l'Enchanteur », y participait de temps en temps. Ces chevaliers participèrent à des quêtes mythiques, comme celle du Saint Graal. D'autres histoires du monde celtique s'associèrent à la légende d'Arthur, telle que la légende de Tristan et Iseut. Dans les dernières légendes, la romance entre le champion d'Arthur, Lancelot, et la reine Guenièvre devint la cause principale de la chute du monde arthurien.
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+ Robert de Boron écrivit dans son Merlin qu'Arthur obtint son trône en tirant une épée d'un rocher et d'une enclume. Cet acte ne pouvait être effectué que par le Vrai Roi, ce qui signifie le roi choisi par (les) Dieu(x), ou l'héritier d'Uther Pendragon. Cette épée est dans certaines versions la célèbre Excalibur. Dans d'autres récits, Excalibur sort d'un lac, portée par Viviane, la Dame du Lac — une demoiselle sorcière — et est remise à Arthur peu de temps après le début de son règne. L'épée pouvait trancher n'importe quoi, et son fourreau rendait son porteur invincible.
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+ Le dernier combat d'Arthur, la bataille de Camlann, contre les forces de Mordred vit sa perte. Des histoires montrent que Mordred était un chevalier de la Table ronde et le fils incestueux d'Arthur et de sa sœur Morgane ou bien de sa demi-sœur Morgause. Le Roi Arthur fut mortellement blessé lors de cette bataille, et emmené à Avalon. Là, ses mains furent soignées ou son corps enterré dans une chapelle. D'autres textes disent qu'il n'est pas mort, mais qu'il s'est retiré dans Avalon, monde insulaire mystérieux ; le roi Arthur est en dormition et reviendra un jour. De nombreux lieux sont revendiqués comme étant l’Avalon dont parle la légende : Glastonbury (dans le Somerset, en Angleterre), l'île d'Avalon (un îlot sur la commune de Pleumeur-Bodou dans les Côtes-d'Armor), Burgh by Sands, ancienne forteresse Aballaka du Mur d'Hadrien, en Cumberland, à l'embouchure de l'Eden… Mais il faut préciser que les peuples celtiques transportent leurs légendes au fur et à mesure de leurs émigrations. Ceci explique donc qu'il y ait plusieurs forêts de Brocéliande, plusieurs Cornouailles…
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+ La légende du roi Arthur s'est répandue dans toute l'Europe. Des images d'Arthur ont été retrouvées à de nombreux endroits. En particulier, dans la cathédrale de Modène en Italie, une gravure datée entre 1099 et 1120 représente Arthur et ses chevaliers attaquant un château. Une mosaïque de 1165 dans la cathédrale d'Otrante, près de Lecce, en Italie contient la représentation curieuse d'Arturus Rex portant un sceptre et chevauchant une chèvre. Des marchands du XVe siècle baptisèrent un Hall arthurien à Gdańsk, en Pologne. De nombreux lieux évoquent le roi Arthur en Bretagne, notamment la forêt de Brocéliande ou la Grotte Art en forêt de Huelgoat ou encore Glastonbury.
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+ Le roi unique et incontesté n'a jamais existé dans la civilisation celtique. Les divisions tribales (chefs de clans vassaux de rois des provinces eux-mêmes vassaux d'un roi suprême) ont permis à Jules César de prendre le contrôle de la Gaule. En contrepartie, l'imaginaire populaire s'est emparé d'un roi, plus ou moins attesté, paré des atouts les plus nobles de sa charge : un homme fort, bon guerrier mais sage, fédérateur et bien conseillé. Même après sa disparition, il porte encore les espoirs d'un peuple : son sommeil n'est que temporaire, et il reviendra unir les « deux Bretagnes » et sauver les Bretons.
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+ En 1066, Guillaume le Conquérant s’impose en maître de l’Angleterre… Mais comment faire accepter un Normand comme roi, alors qu'il est issu d'un peuple minoritaire ? En s’appuyant sur la légende arthurienne et sur Arthur, sa figure de proue, unificateur de la Grande-Bretagne et du peuple breton. Car sur le continent se trouvent les descendants de Bretons partis de l'île quelques siècles plus tôt. Pour monter son armée, Guillaume a utilisé les services d'un certain nombre de nobles descendants de ces Bretons émigrants. En favorisant la diffusion du mythe de la survivance d’Arthur, de sa dormition dans l’île d’Avalon et de son retour prochain, Guillaume rendait populaire sa lutte contre les Angles et les Saxons et comptait bien se rallier les Gallois. Ce fut le début de « l’espoir breton ».
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+ De même, Henri II Plantagenêt se servit du mythe arthurien pour asseoir son pouvoir, maintenir son autorité et unifier l’île de Bretagne. Couronné en 1154 après moult difficultés (petit-fils d'Henri Ier, désigné comme successeur mais écarté du trône par le neveu du roi défunt), il confisque la légende à son profit. Afin d’estomper les origines non-anglaises de la dynastie des Plantagenêt, Henri II préférera s’appuyer sur la civilisation bretonne en se présentant comme le digne successeur d’Arthur, bel et bien mort lors de l’ultime bataille. Car le monarque doit affirmer son autorité : vassal du roi de France pour le duché de Normandie, il a besoin du soutien breton contre les revendications des Saxons, qui ont du mal à accepter la domination normande sur l’Angleterre. Afin de renforcer cette analogie, il tente même sans succès de conquérir l’Irlande et l’Écosse afin de réunir sous sa bannière l’ensemble du royaume supposé d’Arthur.
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+ Arthur a aussi beaucoup servi pendant la Seconde Guerre mondiale chez les Britanniques pour raviver les efforts de la population face au risque d'invasion de l'Allemagne nazie.
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+ Dans l'imaginaire en Bretagne continentale, il représente l'unité du peuple breton, puisqu'il était roi des deux Bretagnes. Les auteurs du Moyen Âge l'ont actualisé selon les canons courtois de l'époque en en faisant un modèle de noblesse et de vertu chrétienne.
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+ Arthur est le fils d'Uther Pendragon, roi des Bretons, et d'Igraine (ou Ygerne), veuve de Gorlois (ou Gorlais), duc des Cornouailles.
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+ Il est le frère d’Anna (Morgause), épouse du roi Loth d'Orcanie, et aussi de la fée Morgane.
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+ Il épouse Guenièvre, fille de Léodagan, roi de Carmélide.
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+ Certaines œuvres lui attribuent la paternité de Lohot, et de Mordred, né d'une relation incestueuse avec sa demi-sœur.
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98
+ La vie des chevaliers de la Table Ronde est antérieure à l'apparition de l'héraldique, mais la notoriété du roi Arthur lui a valu l'attribution d'armes qui, du fait de l'anachronisme, relèvent des armoiries imaginaires.
99
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100
+ Hiérosme de Bara, dans son ouvrage Le Blason des Armoiries, énonce ceci : « De Artus, qu'on dit avoir été roy de la grande Bretaigne, quelques-uns ont dit qu'il n'avoit que trois couronnes, les autres six, un autre neuf, tantost mises en triangle maintenant en pal, et ainsi diversement[15]. »
101
+
102
+ Concernant la variante à 13 couronnes, Pastoureau pense à une mauvaise lecture de treis[réf. souhaitée].
103
+
104
+ À trois couronnes, classique, donc ordonnées 2 et 1.
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106
+ En triangle (2 et 1) sur le surcot, mais en pal sur la bannière.
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+ En pal (Arthur est à droite, derrière Gauvain combattant).
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+ À treize couronnes, 4, 4, 4 et 1.
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+ Relevé dans de nombreux ouvrages, dont De Bara.
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+ C'est l'un des Neuf Preux des romans de chevalerie du XIVe siècle.
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+ Le personnage du roi Arthur a été l'objet de nombreuses fictions, aussi bien au cinéma qu'à la télévision, sous forme de téléfilms ou de séries télévisées. Il a de plus inspiré de nombreux créateurs contemporains, que ce soit sous la forme de comédies musicales, de jeux vidéo ou de bandes dessinées.
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+ Le Moyen-Orient (en arabe الشرق الأوسط Al-Sharq Al-awsat, en persan خاور ميانه, en turc Orta Doğu ou Orta Şark, en kurde Rojhilata Navîn, en hébreu המזרח התיכון) est une expression d'origine occidentale qui désigne, pour les occidentaux, une région comprise entre la rive orientale de la mer Méditerranée et la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part et le Pakistan d'autre part. Le Moyen-Orient est l'Asie de l'Ouest et l'Égypte. Proche-Orient et Moyen-Orient ne désignent pas deux espaces géographiques clairement séparés, comme si, en allant vers l'est, on voyait se succéder le Proche-Orient et le Moyen-Orient avant d'atteindre l'Extrême-Orient. Ces termes désignent un même espace défini, au tournant des XIXe et XXe siècles, par le Foreign Office britannique comme le Middle East, et par le Quai d'Orsay français comme le Proche-Orient.
4
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5
+ L'espace concerné comprend au moins le Croissant fertile (Jordanie, Irak, Israël, Palestine, Syrie, Turquie et Liban), la péninsule arabique (Arabie saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït) et la vallée du Nil (Égypte). On y ajoute parfois la République islamique d'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan (héritage de la définition héritée de l'Empire britannique). Les États-Unis n'hésitent pas à y inclure les États du Maghreb (Tunisie, Maroc, Algérie, Mauritanie, Libye), comme le montre le projet de « Grand Moyen-Orient »[1].
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7
+ Cet espace abrite plusieurs groupes culturels et ethniques, incluant la culture perse, turque, arabe, kurde et juive. Les trois principaux groupes linguistiques sont les langues iraniennes, les langues turques et les langues sémitiques (dont l'arabe, l'amharique et l'hébreu). La définition du Moyen-Orient, à la fois établie dans les livres de référence et communément utilisée, définit la région comme « les nations de l'Asie du Sud-Ouest, de l'Iran à l'Égypte ». En conséquence, l'Égypte, avec sa péninsule du Sinaï en Asie, est habituellement considérée comme faisant partie du Moyen-Orient.
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+ Cette expression a été employée pour la première fois par le théoricien militaire américain Alfred Mahan en 1902[Note 1].
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+ Le qualificatif de « Moyen » a entraîné certaines confusions au-delà du problème actuel de définition de l'espace situé entre le monde indien et l'Europe. Avant la Première Guerre mondiale, Near East (Proche-Orient) était utilisé en anglais pour parler des Balkans et de l'Empire ottoman, tandis que le terme Middle East (« Moyen-Orient ») faisait référence à l'Iran, l'Afghanistan, le Turkménistan et le Caucase. En revanche, Far East (traduit à peu près par « Extrême-Orient ») faisait référence aux pays de l'Asie de l'Est, à la Chine, au Japon, à la Corée, à Taïwan, etc.
12
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13
+ Avec la disparition de l'Empire ottoman en 1918 et l'irruption des États-Unis sur la scène européenne en 1917, le terme de Near East avait largement été écarté de l'usage courant (vu de Washington, Istanbul ou Beyrouth n'ont rien de « proche »), tandis que Middle East était appliqué aux nouveaux États du monde islamique. Cependant, l'usage de Near East était maintenu dans plusieurs disciplines universitaires, dont l'archéologie et l'histoire ancienne, là où il décrivait un espace identique à celui désigné par le terme Middle East ; auparavant, il n'était pas utilisé par ces disciplines. Ce terme est venu quand la France et le Royaume-Uni l'ont adopté lors de l'obtention du mandat de la Société des Nations d'administrer les terres allemandes et ottomanes après la Première Guerre mondiale.
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15
+ Les Français, en particulier les universitaires et certains journaux comme Le Monde, ont gardé l'habitude de distinguer un Proche-Orient méditerranéen et un Moyen-Orient général (à l'anglaise) ou plus restreint autour du golfe Persique.
16
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17
+ Par certains côtés, l'ambiguïté du terme « Moyen-Orient » est un avantage, puisqu'il peut être utilisé dans des cultures et des circonstances politiques différentes. Cette ambiguïté gêne certains géographes, qui, cependant, ont essayé de populariser « Asie du Sud-Ouest » comme alternative (Southwest Asia), bien que cela n'ait eu que peu de succès. D'autres ont fait leur apparition comme « Asie de l'Ouest » (West Asia), lequel est devenu le terme d'usage en Inde, à la fois par le gouvernement et les médias.
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19
+ Le « monde arabe » est utilisé dans certains contextes, mais exclut les populations telles que les Turcs, les Israéliens, les Iraniens et les Kurdes qui ne sont pas arabes.
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+ Le « Moyen-Orient – Afrique du Nord » (Middle East-North Africa [MENA]), qui est parfois utilisé comprend la zone allant du Maroc à l'Iran. Le terme similaire le plus répandu est le « Grand Moyen-Orient » (Greater Middle East). Il est parfois utilisé, bien qu'il soit si vague qu'il n'est pas toujours utile. Il correspond à une histoire commune des empires et des civilisations incluant la civilisation gréco-romaine méditerranéenne et les Perses aussi bien que la vaste civilisation arabe et les premières régions dans lesquelles les Turcs musulmans se sont installés. Cela peut comprendre l'Afrique du Nord et la Turquie jusqu'à l'Ouest du Pakistan et l'Est de l'Afghanistan.
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23
+ Le Moyen-Orient correspond à la zone géographique[2] comprise entre la rive orientale de la mer Méditerranée : le bassin Levantin, à l'ouest ; la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part, le Pakistan et l'Afghanistan d'autre part, à l'est ; les frontières de la Turquie et de l'Iran avec les pays du Caucase, ainsi que de la Turquie avec la Bulgarie et la Grèce au nord ; les frontières respectivement terrestres de l'Égypte et maritimes du Yémen et d'Oman au sud. Le Moyen-Orient s'étend donc à la fois en Asie, sur les plateaux iranien et anatolien et sur l'ensemble de la péninsule Arabique ; en Europe, avec la partie européenne de la Turquie : la Thrace orientale et en Afrique avec la partie africaine de l'Égypte.
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25
+ Cet espace de plus de 7 millions de km2 regroupe différentes civilisations qui se sont développées au cours des siècles ; parmi elles, les Arabes, Perses et Turcs et kurde forment les groupes ethniques les plus importants présents dans la région[3]. Ce critère ne permet cependant pas de tracer de délimitations puisque l'on retrouve ces civilisations bien au-delà des frontières des nations moyen-orientales : les Arabes sont également présents dans toute la partie nord de l'Afrique, les Perses, jusqu'au sous-continent indien et les Turcs, en Asie centrale.
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27
+ Le Moyen-Orient n'est pas non plus uni politiquement ou culturellement, les structures supra-étatiques, regroupés autour de centres d'intérêt divers (pétrole, commerce, religion, etc.) n'ont qu'une influence limitée et s'étendent souvent au-delà de la région[4].
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+ Selon les données éparses récoltées sur la base de divers recensements réalisés par les États de la région (sur plusieurs années), la croissance démographique est élevée : de près de 2 % par an en moyenne avec une fécondité moyenne de 3,4 enfants par femme pour une moyenne mondiale de 2,7 et une espérance de vie est de 69 ans[5]. La religion majoritaire est l'islam dans sa branche sunnite et des foyers importants du courant chiite sont présents notamment en Irak et en Iran. Dans une moindre mesure, on retrouve des chrétiens (principalement au Liban à près de 45 % et à Chypre), des juifs en Israël et d'autres religions : bahaïs, zoroastriens, protestants, etc.
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+ Les États du Moyen-Orient peuvent être répartis selon leur position géographique :
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+ Trois villes du Moyen-Orient regroupent plus de dix millions d'habitants; il s'agit d'Istanbul, du Caire, et de Téhéran[6].
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+ Trois autres villes ont recensé des populations entre quatre et sept millions d'habitants : Bagdad, Ankara et Alexandrie[6] et onze villes moins importantes comptent une population de plus d'un million d'habitants. La majorité de ces agglomérations enregistrent une croissance annuelle de leur population supérieure à 2 %.
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+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
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+ Quartier résidentiel d'Al-Khuwair à Mascate, la capitale d'Oman.
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+ Jérusalem, le Dôme du Rocher, l'Esplanade des mosquées, le Mur des Lamentations, le Saint-Sépulcre...
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+ Le Burj Al Arab et la Dubaï Marina aux ÉAU.
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+ Quartier de Levent, en plein développement dans la périphérie d'Istanbul.
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+ La marina d'Eilat, cité balnéaire dans le golfe d'Aqaba.
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+ Port de Limassol, dans la partie européenne de l'île de Chypre.
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+ L'université du Caire, située à Gizeh, face à la vieille ville.
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+ Dessin d'Ispahan, l'ancienne capitale des Séfévides.
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+ Vue de la baie de Doha au Qatar.
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+ Le terme de Moyen-Orient définit une aire culturelle, donc il ne délimite pas de frontières précises. Généralement, on inclut les civilisations arabe, turque, perse, kurde et des minorités régionales telles que les juifs ou les chypriotes.
58
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+ Les pays africains comme ceux du Maghreb — l'Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie — ou d'autres comme le Soudan, la Mauritanie et ceux de la Corne africaine — la Somalie, l'Éthiopie, l'Érythrée et Djibouti — sont liés au Moyen-Orient du fait de leurs fortes associations culturelles, historiques et commerciales avec cette région. Chypre, bien que géographiquement périphérique ou proche du Moyen-Orient, se considère elle-même comme faisant culturellement partie de l'Europe. L'Iran est la frontière est.
60
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+ C'est le lieu de naissance et le centre spirituel des religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme, l'islam, la babisme et le bahaïsme. De nombreuses civilisations et nations (seldjoukides, arabes, ottomans…) ont vu le jour autour du Croissant fertile, qui constitue la première zone peuplée au Moyen-Orient et probablement la région originelle de l'agriculture de l'Eurafrasie[7].
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+ De très nombreuses cultures se sont croisées au fil des siècles ; indigènes, tels que les Perses ou les Arabes ; mais également étrangères, tels que les Grecs d'Alexandre de Macédoine, les croisés ou les colons européens à partir du XIXe siècle.
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+ Au début du XXe siècle, la découverte de quantités considérables de pétrole (plus de la moitié des réserves mondiales de pétrole se trouvent dans le sous-sol du Moyen-Orient) a placé le Moyen-Orient au cœur de la géopolitique mondiale du pétrole et permit le développement des Émirats pétroliers (Émirats arabes unis, Qatar…). Cet espace est aussi témoin de guerres d'ordre territorial (conflit israélo-arabe, guerre Iran-Irak) et de nombreuses tensions liées directement et indirectement à l'extraction du pétrole et des matières premières dans la région (guerre du Golfe).
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+ En novembre 1959, les troupes britanniques, françaises et israéliennes menèrent une guerre contre l'Egypte suite à la nationalisation du canal de Suez. Les États-Unis profitèrent des problèmes financiers du Royaume-Uni pour condamner l'opération et supplanter Londres comme puissance dominante au Moyen Orient, alors qu’une vague d'agitation antibritannique gagnait toute la région. Celle-ci aboutie en 1958 au renversement de la monarchie irakienne, soutenue par les Britanniques. Les États-Unis poursuivirent la politique britannique en s'appuyant sur des régimes alliés (Arabie saoudite, Turquie, Jordanie, Israël, etc. Ils fournirent à Israël plus d'aide qu'à aucun autre État au monde et favorisèrent des changements de régime dans certains pays, notamment en Iran lors de l'opération Ajax[8].
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+ Le Moyen-Orient demeure toujours un espace de tensions (parfois appelé « poudrière du Moyen-Orient »[9]) mais qui a vu se développer les relations entre ses nations constituantes au cours des 50 dernières années (OPAEP, Ligue arabe, Grande zone arabe de libre-échange , etc.).
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+ Si la production et l'exportation de pétrole constitue toujours largement, la première source de richesse du Moyen-Orient, elle ne doit pas occulter le fait que d'autres sources de richesses ont permis le développement de certains pays sans engendrer de dépendance vis-à-vis de l'or noir. Des pays comme Israël, le Liban ou Chypre ont ainsi appuyé leur développement sur d'autres activités telles que le commerce, l'agriculture, les matières premières. D'autre part, phénomène plus récent, les pétrodollars sont réinvestis via des fonds privés et publics arabes dans la finance et l'économie internationale.
72
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+ Pour la majorité des pays de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole du Moyen-Orient, le pétrole, et plus largement les hydrocarbures, génèrent à la fois de la richesse, du travail, des investissements de l'étranger, une force géopolitique et un gage de puissance sur la scène internationale. À titre d'exemple, 45 % des recettes publiques de l'Arabie saoudite, 55 % de son PIB et 90 % de ses exportations sont directement ou indirectement liés à l'exploitation de ses gisements pétroliers.
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+ Ces dernières années, la plupart des pays de la région ont entrepris des efforts pour diversifier leur économie[10], Abu Dhabi Investment Authority est aujourd'hui le plus gros fonds souverain mondial ; il gère 875 milliards de dollars et est chargée d'investir les revenus pétroliers de l'émirat d'Abu Dhabi à travers le monde pour les faire fructifier.
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+ D'autres pays arabes ont également choisis de réinvestir leurs revenus pétroliers directement sur leur propre territoire, ainsi des projets architecturaux, parfois gigantesques, tels que les « Palm Islands », le Burj Khalifa ou la Dubaï Marina à Dubaï. Ces investissements nationaux et internationaux visent à développer des activités non-dépendante du pétrole et à préparer les pays du golfe à l'après pétrole[11] ; les placements et les investissements réalisés représentent une rente et une occasion de développer les activités tertiaires au sein des pays développés et ouverts aux étrangers de la péninsule Arabique (Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar).
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+ La Turquie, l'Égypte, Israël et Chypre bénéficient de facteurs favorables au développement du tourisme en provenance d'Europe et d'Amérique du Nord, les sites touristiques, culturels et historiques, l'héliotropisme et les investissements réalisés pour développer les activités touristiques ont permis de rendre cette région parmi les plus attractive de la planète.
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+ L'agriculture occupe toujours une place prépondérante dans l'emploi de la population active de certains pays moyen-orientaux ; le Croissant fertile (Irak, Syrie, Liban), le Nil en Égypte, ou encore le développement des kibboutzim et moshavim en Israël ont permis d'assurer la sécurité alimentaire nécessaire au développement économique des pays méditerranéens ; avant de développer les activités de services[Note 2].
82
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+ Les activités commerciales et financières ont également pris un essor important, grâce aux voies de navigations aisément contrôlables (mer de Marmara en Turquie et canal de Suez[Note 3] en Égypte) et à l'importance des activités d'import-export de marchandises, notamment de matières premières, de pièces détachées et de produits manufacturés, en provenance d'Asie de l'Est, d'Asie du Sud-Est, d'Inde et du Moyen-Orient et à destination de l'Union européenne et de l'Amérique du Nord.
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+ Les inégalités de revenus sont très élevées au Moyen-Orient. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 63 % des revenus nationaux[12].
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+ La religion au Moyen-Orient est considérée comme très importante dans la majorité des civilisations qui peuplent cette région de l’Asie. Mais au-delà des trois grandes religions monothéistes et de leurs confessions respectives issues de la tradition abrahamique, de nombreuses autres religions se sont développées depuis l’Antiquité dont certaines sont encore pratiquées au XXIe siècle. Le Moyen-Orient constitue le berceau de religions pratiquées par plus de 3 milliards de personnes sur la planète, il est donc très important d'un point de vue historique et culturel et son rôle de carrefour des civilisations entre Asie, Afrique et Europe attire chaque année de nombreux fidèles en pèlerinage. Étroitement mêlée à la politique, la religion est aussi un des facteurs les plus structurants de la géopolitique du Moyen-Orient au XXIe siècle.
88
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+ Les cinq langues les plus parlées sont l'arabe, le persan, le turc, le kurde et l'hébreu[13]. L'arabe et l'hébreu représentent la famille des langues afro-asiatiques. Le persan et le kurde appartiennent à la famille des langues indo-européennes. Le Turc appartient à la famille des langues turques. Environ 20 langues minoritaires sont également parlées au Moyen-Orient.
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+ Environ 400 000 élèves étudient dans les établissements catholiques francophones au Moyen-Orient[14].
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+ Le Moyen-Orient est au carrefour de cultures parmi les plus anciennes et les plus développées au monde. Que ce soit la culture des populations arabes, turques, perses, kurdes, juives ou encore, celle du judaïsme, du christianisme et de l'islam, leur sécularité a conduit à leur formidable développement qui représente aujourd'hui un attrait pour les touristes du monde entier[15],[16]. De nombreux sites archéologiques, constructions, ou sites naturels sont ainsi classés au Patrimoine mondial moyen-oriental, répartis autour des nombreuses aires urbaines qui se sont progressivement développées.
94
+
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+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
96
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+ La Khazneh, cœur de la cité antique de Pétra en Jordanie.
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+ Les pyramides de Gizeh, à proximité de la mégalopole du Caire.
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+ La vallée de Göreme et ses cheminées de fée dans le parc national de Göreme en Cappadoce.
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+ Plafond de la tombe du poète Hafez en Iran ; représentatif de l'art persan.
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+ Monastère Saint-Antoine, copte orthodoxe en Égypte.
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+ Masjid al-Nabawi à Médine.
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+ La Kaaba à La Mecque.
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+ Le Krak des Chevaliers dans l'ouest de la Syrie.
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+ Oasis près de Jéricho dans le désert de Judée.
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+ La mosquée d'Ortaköy et le pont des Martyrs du 15-Juillet sur le Bosphore.
116
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+ Le Moyen-Orient occupe une situation stratégique entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Cette situation géographique suffit déjà pour qu'il soit au XXIe siècle un carrefour des échanges maritimes et aériens mondiaux. De plus, le Moyen-orient est depuis la deuxième moitié du XXe siècle devenu la région au monde la plus importante de production d'hydrocarbures. En troisième lieu, l'augmentation du prix des hydrocarbures a depuis 1973 généré des ressources financières considérables dans plusieurs États du Moyen-Orient dont l'emploi est devenu un levier économique majeur dans le monde[17]. Il résulte de ces différents facteurs que la géopolitique du Moyen-Orient occupe au XXIe siècle une place stratégique dans la géopolitique mondiale, avec pour conséquences une influence et une présence étrangères fortes, ainsi que la recherche à tout prix de la stabilité et de la sécurité. Ainsi cette région est un enjeu de la géopolitique des grandes puissances dans leur ensemble et plus particulièrement des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale et de la Chine depuis le début de ce siècle[18].
118
+
119
+ Le Moyen-Orient n'est pas dominé par une seule grande puissance régionale, ni même régi politiquement par un duopole. Quatre États ont des ambitions de domination régionale, deux sont arabes l'Arabie saoudite et l'Égypte, mais deux sont issus de l'empire perse, l'Iran, ou de l'empire ottoman, la Turquie. Un cinquième État, Israël, de par sa spécificité religieuse au milieu du monde musulman, de par ses alliances, sa puissance militaire et économique est aussi un acteur incontournable de la géopolitique régionale[19].
120
+
121
+ À entendre les attaques verbales entre l’Arabie saoudite et l’Iran, les observateurs se demandent toujours si les deux grandes puissances du Moyen-Orient en arriveraient à se déclarer une guerre ouverte. Impossible reste la réponse la plus censée, considérant les enjeux politiques et économiques en place. Alors, dans une logique de guerre froide, Riyad et Téhéran évoquent leur droit à l’arme nucléaire[20].
122
+
123
+ Les initiatives de rapprochement de deux ou plusieurs États menées au cours de la seconde moitié du XXe siècle ont échoué, à l'exception de la constitution des Émirats arabes unis qui regroupent depuis 1971 dans un État fédéral sept émirats parmi lesquels Abou Dabi et Dubaï[21]. En revanche, les organisations régionales dans les domaines politique, économique et militaire fondées durant le XXe siècle continuent d'être les cadres de coopération institutionnelle de référence dans la région. Elles sont cependant loin d'être des organisations régionales aussi structurées et influentes que le sont l'Union européenne et l'Alliance atlantique dans le monde occidental[22].
124
+
125
+ La Ligue arabe, officiellement la Ligue des États arabes (arabe : جامعة الدول العربية), est une organisation régionale à statut d'observateur auprès de l'Organisation des Nations unies. Elle fut fondée le 22 mars 1945 au Caire, par sept pays et compte aujourd'hui vingt-deux États membres. L'organisation de la Ligue arabe repose sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d'État, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Nabil Al-Arabi depuis 2011[23]. De plus, divers organismes ont été créés en application de traités qui complètent le pacte de 1945 et plusieurs agences spécialisées travaillent en étroite collaboration avec elle.
126
+
127
+ Le Conseil de coopération des États arabes du Golfe (arabe : مجلس التعاون لدول الخليج) ou Conseil de coopération du Golfe (CCG) (arabe : مجلس التعاون الخليجي) est une organisation régionale regroupant au départ six pétromonarchies arabes et musulmanes du golfe Persique : l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar.
128
+
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+ Dans le contexte des révolutions arabes du début 2011, les royaumes du Maroc et de Jordanie sont en cours d'adhésion[24],[25].
130
+
131
+ L'Organisation de la coopération islamique (arabe : منظمة التعاون الإسلامي, turc : İslam İşbirliği Teşkilatı) est une organisation intergouvernementale créée le 25 septembre 1969 sous le nom d'Organisation de la conférence islamique qui regroupe 57 États membres. Cette organisation dont le siège est situé à Djeddah, en Arabie saoudite, possède une délégation permanente aux Nations unies. L'Organisation de la coopération islamique, qui a changé de nom et d'emblème le 28 juin 2011, est la seule organisation au niveau supra-étatique et international qui soit à caractère religieux. Elle regroupe entre autres, la totalité des pays du Moyen-Orient (à l'exception d'Israël), ainsi que la majorité des États d'Afrique du Nord et d'Asie centrale.
132
+
133
+ Le Moyen-Orient est la région dont la part des dépenses militaires relative au PIB est la plus élevée au monde. Pour les États dont les statistiques sont disponibles, elle atteint 6,2 % du PIB en 2000, 4,3 % en 2010 et 4,7 % en 2017[26],[27],[28]. L'Arabie saoudite s'est situé au huitième ou neuvième rang dans le monde durant la première décennie du XXIe siècle. Puis elle a augmenté fortement ses dépenses de défense au point d'être entre 2013 et 2017 au troisième ou au quatrième rang, devant ou derrière la Russie selon les années[26].
134
+
135
+ La transparence dans le domaine de la dissuasion nucléaire reste l’exception, malgré les efforts d’États dotés pour publier des informations sur leurs arsenaux[29]. Par ailleurs, la prolifération se produit en majeure partie dans l’ombre. Ainsi, la réalité des armes nucléaires ne se laisse pas facilement appréhender. À cet égard, le Moyen-Orient se présente comme un cas d’étude intéressant avec un État reconnu comme possesseur, mais ne le confirmant pas officiellement (Israël), des programmes menés à la frontière entre usages civils et militaires (Irak, Iran, Libye, Syrie), des activités signalant que l’option du nucléaire militaire avait été au moins considérée (Égypte) et une base nucléaire participant au dispositif de dissuasion de l’OTAN (Turquie)[30].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
148
+
149
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
156
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/3981.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,161 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Le Moyen-Orient (en arabe الشرق الأوسط Al-Sharq Al-awsat, en persan خاور ميانه, en turc Orta Doğu ou Orta Şark, en kurde Rojhilata Navîn, en hébreu המזרח התיכון) est une expression d'origine occidentale qui désigne, pour les occidentaux, une région comprise entre la rive orientale de la mer Méditerranée et la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part et le Pakistan d'autre part. Le Moyen-Orient est l'Asie de l'Ouest et l'Égypte. Proche-Orient et Moyen-Orient ne désignent pas deux espaces géographiques clairement séparés, comme si, en allant vers l'est, on voyait se succéder le Proche-Orient et le Moyen-Orient avant d'atteindre l'Extrême-Orient. Ces termes désignent un même espace défini, au tournant des XIXe et XXe siècles, par le Foreign Office britannique comme le Middle East, et par le Quai d'Orsay français comme le Proche-Orient.
4
+
5
+ L'espace concerné comprend au moins le Croissant fertile (Jordanie, Irak, Israël, Palestine, Syrie, Turquie et Liban), la péninsule arabique (Arabie saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn, Koweït) et la vallée du Nil (Égypte). On y ajoute parfois la République islamique d'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan (héritage de la définition héritée de l'Empire britannique). Les États-Unis n'hésitent pas à y inclure les États du Maghreb (Tunisie, Maroc, Algérie, Mauritanie, Libye), comme le montre le projet de « Grand Moyen-Orient »[1].
6
+
7
+ Cet espace abrite plusieurs groupes culturels et ethniques, incluant la culture perse, turque, arabe, kurde et juive. Les trois principaux groupes linguistiques sont les langues iraniennes, les langues turques et les langues sémitiques (dont l'arabe, l'amharique et l'hébreu). La définition du Moyen-Orient, à la fois établie dans les livres de référence et communément utilisée, définit la région comme « les nations de l'Asie du Sud-Ouest, de l'Iran à l'Égypte ». En conséquence, l'Égypte, avec sa péninsule du Sinaï en Asie, est habituellement considérée comme faisant partie du Moyen-Orient.
8
+
9
+ Cette expression a été employée pour la première fois par le théoricien militaire américain Alfred Mahan en 1902[Note 1].
10
+
11
+ Le qualificatif de « Moyen » a entraîné certaines confusions au-delà du problème actuel de définition de l'espace situé entre le monde indien et l'Europe. Avant la Première Guerre mondiale, Near East (Proche-Orient) était utilisé en anglais pour parler des Balkans et de l'Empire ottoman, tandis que le terme Middle East (« Moyen-Orient ») faisait référence à l'Iran, l'Afghanistan, le Turkménistan et le Caucase. En revanche, Far East (traduit à peu près par « Extrême-Orient ») faisait référence aux pays de l'Asie de l'Est, à la Chine, au Japon, à la Corée, à Taïwan, etc.
12
+
13
+ Avec la disparition de l'Empire ottoman en 1918 et l'irruption des États-Unis sur la scène européenne en 1917, le terme de Near East avait largement été écarté de l'usage courant (vu de Washington, Istanbul ou Beyrouth n'ont rien de « proche »), tandis que Middle East était appliqué aux nouveaux États du monde islamique. Cependant, l'usage de Near East était maintenu dans plusieurs disciplines universitaires, dont l'archéologie et l'histoire ancienne, là où il décrivait un espace identique à celui désigné par le terme Middle East ; auparavant, il n'était pas utilisé par ces disciplines. Ce terme est venu quand la France et le Royaume-Uni l'ont adopté lors de l'obtention du mandat de la Société des Nations d'administrer les terres allemandes et ottomanes après la Première Guerre mondiale.
14
+
15
+ Les Français, en particulier les universitaires et certains journaux comme Le Monde, ont gardé l'habitude de distinguer un Proche-Orient méditerranéen et un Moyen-Orient général (à l'anglaise) ou plus restreint autour du golfe Persique.
16
+
17
+ Par certains côtés, l'ambiguïté du terme « Moyen-Orient » est un avantage, puisqu'il peut être utilisé dans des cultures et des circonstances politiques différentes. Cette ambiguïté gêne certains géographes, qui, cependant, ont essayé de populariser « Asie du Sud-Ouest » comme alternative (Southwest Asia), bien que cela n'ait eu que peu de succès. D'autres ont fait leur apparition comme « Asie de l'Ouest » (West Asia), lequel est devenu le terme d'usage en Inde, à la fois par le gouvernement et les médias.
18
+
19
+ Le « monde arabe » est utilisé dans certains contextes, mais exclut les populations telles que les Turcs, les Israéliens, les Iraniens et les Kurdes qui ne sont pas arabes.
20
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21
+ Le « Moyen-Orient – Afrique du Nord » (Middle East-North Africa [MENA]), qui est parfois utilisé comprend la zone allant du Maroc à l'Iran. Le terme similaire le plus répandu est le « Grand Moyen-Orient » (Greater Middle East). Il est parfois utilisé, bien qu'il soit si vague qu'il n'est pas toujours utile. Il correspond à une histoire commune des empires et des civilisations incluant la civilisation gréco-romaine méditerranéenne et les Perses aussi bien que la vaste civilisation arabe et les premières régions dans lesquelles les Turcs musulmans se sont installés. Cela peut comprendre l'Afrique du Nord et la Turquie jusqu'à l'Ouest du Pakistan et l'Est de l'Afghanistan.
22
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23
+ Le Moyen-Orient correspond à la zone géographique[2] comprise entre la rive orientale de la mer Méditerranée : le bassin Levantin, à l'ouest ; la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part, le Pakistan et l'Afghanistan d'autre part, à l'est ; les frontières de la Turquie et de l'Iran avec les pays du Caucase, ainsi que de la Turquie avec la Bulgarie et la Grèce au nord ; les frontières respectivement terrestres de l'Égypte et maritimes du Yémen et d'Oman au sud. Le Moyen-Orient s'étend donc à la fois en Asie, sur les plateaux iranien et anatolien et sur l'ensemble de la péninsule Arabique ; en Europe, avec la partie européenne de la Turquie : la Thrace orientale et en Afrique avec la partie africaine de l'Égypte.
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25
+ Cet espace de plus de 7 millions de km2 regroupe différentes civilisations qui se sont développées au cours des siècles ; parmi elles, les Arabes, Perses et Turcs et kurde forment les groupes ethniques les plus importants présents dans la région[3]. Ce critère ne permet cependant pas de tracer de délimitations puisque l'on retrouve ces civilisations bien au-delà des frontières des nations moyen-orientales : les Arabes sont également présents dans toute la partie nord de l'Afrique, les Perses, jusqu'au sous-continent indien et les Turcs, en Asie centrale.
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27
+ Le Moyen-Orient n'est pas non plus uni politiquement ou culturellement, les structures supra-étatiques, regroupés autour de centres d'intérêt divers (pétrole, commerce, religion, etc.) n'ont qu'une influence limitée et s'étendent souvent au-delà de la région[4].
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29
+ Selon les données éparses récoltées sur la base de divers recensements réalisés par les États de la région (sur plusieurs années), la croissance démographique est élevée : de près de 2 % par an en moyenne avec une fécondité moyenne de 3,4 enfants par femme pour une moyenne mondiale de 2,7 et une espérance de vie est de 69 ans[5]. La religion majoritaire est l'islam dans sa branche sunnite et des foyers importants du courant chiite sont présents notamment en Irak et en Iran. Dans une moindre mesure, on retrouve des chrétiens (principalement au Liban à près de 45 % et à Chypre), des juifs en Israël et d'autres religions : bahaïs, zoroastriens, protestants, etc.
30
+
31
+ Les États du Moyen-Orient peuvent être répartis selon leur position géographique :
32
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33
+ Trois villes du Moyen-Orient regroupent plus de dix millions d'habitants; il s'agit d'Istanbul, du Caire, et de Téhéran[6].
34
+
35
+ Trois autres villes ont recensé des populations entre quatre et sept millions d'habitants : Bagdad, Ankara et Alexandrie[6] et onze villes moins importantes comptent une population de plus d'un million d'habitants. La majorité de ces agglomérations enregistrent une croissance annuelle de leur population supérieure à 2 %.
36
+
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+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
38
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+ Quartier résidentiel d'Al-Khuwair à Mascate, la capitale d'Oman.
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+ Jérusalem, le Dôme du Rocher, l'Esplanade des mosquées, le Mur des Lamentations, le Saint-Sépulcre...
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+ Le Burj Al Arab et la Dubaï Marina aux ÉAU.
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+ Quartier de Levent, en plein développement dans la périphérie d'Istanbul.
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+ La marina d'Eilat, cité balnéaire dans le golfe d'Aqaba.
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+ Port de Limassol, dans la partie européenne de l'île de Chypre.
50
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+ L'université du Caire, située à Gizeh, face à la vieille ville.
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+ Dessin d'Ispahan, l'ancienne capitale des Séfévides.
54
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+ Vue de la baie de Doha au Qatar.
56
+
57
+ Le terme de Moyen-Orient définit une aire culturelle, donc il ne délimite pas de frontières précises. Généralement, on inclut les civilisations arabe, turque, perse, kurde et des minorités régionales telles que les juifs ou les chypriotes.
58
+
59
+ Les pays africains comme ceux du Maghreb — l'Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie — ou d'autres comme le Soudan, la Mauritanie et ceux de la Corne africaine — la Somalie, l'Éthiopie, l'Érythrée et Djibouti — sont liés au Moyen-Orient du fait de leurs fortes associations culturelles, historiques et commerciales avec cette région. Chypre, bien que géographiquement périphérique ou proche du Moyen-Orient, se considère elle-même comme faisant culturellement partie de l'Europe. L'Iran est la frontière est.
60
+
61
+ C'est le lieu de naissance et le centre spirituel des religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme, l'islam, la babisme et le bahaïsme. De nombreuses civilisations et nations (seldjoukides, arabes, ottomans…) ont vu le jour autour du Croissant fertile, qui constitue la première zone peuplée au Moyen-Orient et probablement la région originelle de l'agriculture de l'Eurafrasie[7].
62
+
63
+ De très nombreuses cultures se sont croisées au fil des siècles ; indigènes, tels que les Perses ou les Arabes ; mais également étrangères, tels que les Grecs d'Alexandre de Macédoine, les croisés ou les colons européens à partir du XIXe siècle.
64
+
65
+ Au début du XXe siècle, la découverte de quantités considérables de pétrole (plus de la moitié des réserves mondiales de pétrole se trouvent dans le sous-sol du Moyen-Orient) a placé le Moyen-Orient au cœur de la géopolitique mondiale du pétrole et permit le développement des Émirats pétroliers (Émirats arabes unis, Qatar…). Cet espace est aussi témoin de guerres d'ordre territorial (conflit israélo-arabe, guerre Iran-Irak) et de nombreuses tensions liées directement et indirectement à l'extraction du pétrole et des matières premières dans la région (guerre du Golfe).
66
+
67
+ En novembre 1959, les troupes britanniques, françaises et israéliennes menèrent une guerre contre l'Egypte suite à la nationalisation du canal de Suez. Les États-Unis profitèrent des problèmes financiers du Royaume-Uni pour condamner l'opération et supplanter Londres comme puissance dominante au Moyen Orient, alors qu’une vague d'agitation antibritannique gagnait toute la région. Celle-ci aboutie en 1958 au renversement de la monarchie irakienne, soutenue par les Britanniques. Les États-Unis poursuivirent la politique britannique en s'appuyant sur des régimes alliés (Arabie saoudite, Turquie, Jordanie, Israël, etc. Ils fournirent à Israël plus d'aide qu'à aucun autre État au monde et favorisèrent des changements de régime dans certains pays, notamment en Iran lors de l'opération Ajax[8].
68
+
69
+ Le Moyen-Orient demeure toujours un espace de tensions (parfois appelé « poudrière du Moyen-Orient »[9]) mais qui a vu se développer les relations entre ses nations constituantes au cours des 50 dernières années (OPAEP, Ligue arabe, Grande zone arabe de libre-échange , etc.).
70
+
71
+ Si la production et l'exportation de pétrole constitue toujours largement, la première source de richesse du Moyen-Orient, elle ne doit pas occulter le fait que d'autres sources de richesses ont permis le développement de certains pays sans engendrer de dépendance vis-à-vis de l'or noir. Des pays comme Israël, le Liban ou Chypre ont ainsi appuyé leur développement sur d'autres activités telles que le commerce, l'agriculture, les matières premières. D'autre part, phénomène plus récent, les pétrodollars sont réinvestis via des fonds privés et publics arabes dans la finance et l'économie internationale.
72
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73
+ Pour la majorité des pays de l'Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole du Moyen-Orient, le pétrole, et plus largement les hydrocarbures, génèrent à la fois de la richesse, du travail, des investissements de l'étranger, une force géopolitique et un gage de puissance sur la scène internationale. À titre d'exemple, 45 % des recettes publiques de l'Arabie saoudite, 55 % de son PIB et 90 % de ses exportations sont directement ou indirectement liés à l'exploitation de ses gisements pétroliers.
74
+
75
+ Ces dernières années, la plupart des pays de la région ont entrepris des efforts pour diversifier leur économie[10], Abu Dhabi Investment Authority est aujourd'hui le plus gros fonds souverain mondial ; il gère 875 milliards de dollars et est chargée d'investir les revenus pétroliers de l'émirat d'Abu Dhabi à travers le monde pour les faire fructifier.
76
+
77
+ D'autres pays arabes ont également choisis de réinvestir leurs revenus pétroliers directement sur leur propre territoire, ainsi des projets architecturaux, parfois gigantesques, tels que les « Palm Islands », le Burj Khalifa ou la Dubaï Marina à Dubaï. Ces investissements nationaux et internationaux visent à développer des activités non-dépendante du pétrole et à préparer les pays du golfe à l'après pétrole[11] ; les placements et les investissements réalisés représentent une rente et une occasion de développer les activités tertiaires au sein des pays développés et ouverts aux étrangers de la péninsule Arabique (Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar).
78
+
79
+ La Turquie, l'Égypte, Israël et Chypre bénéficient de facteurs favorables au développement du tourisme en provenance d'Europe et d'Amérique du Nord, les sites touristiques, culturels et historiques, l'héliotropisme et les investissements réalisés pour développer les activités touristiques ont permis de rendre cette région parmi les plus attractive de la planète.
80
+
81
+ L'agriculture occupe toujours une place prépondérante dans l'emploi de la population active de certains pays moyen-orientaux ; le Croissant fertile (Irak, Syrie, Liban), le Nil en Égypte, ou encore le développement des kibboutzim et moshavim en Israël ont permis d'assurer la sécurité alimentaire nécessaire au développement économique des pays méditerranéens ; avant de développer les activités de services[Note 2].
82
+
83
+ Les activités commerciales et financières ont également pris un essor important, grâce aux voies de navigations aisément contrôlables (mer de Marmara en Turquie et canal de Suez[Note 3] en Égypte) et à l'importance des activités d'import-export de marchandises, notamment de matières premières, de pièces détachées et de produits manufacturés, en provenance d'Asie de l'Est, d'Asie du Sud-Est, d'Inde et du Moyen-Orient et à destination de l'Union européenne et de l'Amérique du Nord.
84
+
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+ Les inégalités de revenus sont très élevées au Moyen-Orient. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 63 % des revenus nationaux[12].
86
+
87
+ La religion au Moyen-Orient est considérée comme très importante dans la majorité des civilisations qui peuplent cette région de l’Asie. Mais au-delà des trois grandes religions monothéistes et de leurs confessions respectives issues de la tradition abrahamique, de nombreuses autres religions se sont développées depuis l’Antiquité dont certaines sont encore pratiquées au XXIe siècle. Le Moyen-Orient constitue le berceau de religions pratiquées par plus de 3 milliards de personnes sur la planète, il est donc très important d'un point de vue historique et culturel et son rôle de carrefour des civilisations entre Asie, Afrique et Europe attire chaque année de nombreux fidèles en pèlerinage. Étroitement mêlée à la politique, la religion est aussi un des facteurs les plus structurants de la géopolitique du Moyen-Orient au XXIe siècle.
88
+
89
+ Les cinq langues les plus parlées sont l'arabe, le persan, le turc, le kurde et l'hébreu[13]. L'arabe et l'hébreu représentent la famille des langues afro-asiatiques. Le persan et le kurde appartiennent à la famille des langues indo-européennes. Le Turc appartient à la famille des langues turques. Environ 20 langues minoritaires sont également parlées au Moyen-Orient.
90
+
91
+ Environ 400 000 élèves étudient dans les établissements catholiques francophones au Moyen-Orient[14].
92
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93
+ Le Moyen-Orient est au carrefour de cultures parmi les plus anciennes et les plus développées au monde. Que ce soit la culture des populations arabes, turques, perses, kurdes, juives ou encore, celle du judaïsme, du christianisme et de l'islam, leur sécularité a conduit à leur formidable développement qui représente aujourd'hui un attrait pour les touristes du monde entier[15],[16]. De nombreux sites archéologiques, constructions, ou sites naturels sont ainsi classés au Patrimoine mondial moyen-oriental, répartis autour des nombreuses aires urbaines qui se sont progressivement développées.
94
+
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+ Cliquez sur une image pour l'agrandir, ou survolez-la pour afficher sa légende.
96
+
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+ La Khazneh, cœur de la cité antique de Pétra en Jordanie.
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+ Les pyramides de Gizeh, à proximité de la mégalopole du Caire.
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+ La vallée de Göreme et ses cheminées de fée dans le parc national de Göreme en Cappadoce.
102
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+ Plafond de la tombe du poète Hafez en Iran ; représentatif de l'art persan.
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+ Monastère Saint-Antoine, copte orthodoxe en Égypte.
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+ Masjid al-Nabawi à Médine.
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+ La Kaaba à La Mecque.
110
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111
+ Le Krak des Chevaliers dans l'ouest de la Syrie.
112
+
113
+ Oasis près de Jéricho dans le désert de Judée.
114
+
115
+ La mosquée d'Ortaköy et le pont des Martyrs du 15-Juillet sur le Bosphore.
116
+
117
+ Le Moyen-Orient occupe une situation stratégique entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Cette situation géographique suffit déjà pour qu'il soit au XXIe siècle un carrefour des échanges maritimes et aériens mondiaux. De plus, le Moyen-orient est depuis la deuxième moitié du XXe siècle devenu la région au monde la plus importante de production d'hydrocarbures. En troisième lieu, l'augmentation du prix des hydrocarbures a depuis 1973 généré des ressources financières considérables dans plusieurs États du Moyen-Orient dont l'emploi est devenu un levier économique majeur dans le monde[17]. Il résulte de ces différents facteurs que la géopolitique du Moyen-Orient occupe au XXIe siècle une place stratégique dans la géopolitique mondiale, avec pour conséquences une influence et une présence étrangères fortes, ainsi que la recherche à tout prix de la stabilité et de la sécurité. Ainsi cette région est un enjeu de la géopolitique des grandes puissances dans leur ensemble et plus particulièrement des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale et de la Chine depuis le début de ce siècle[18].
118
+
119
+ Le Moyen-Orient n'est pas dominé par une seule grande puissance régionale, ni même régi politiquement par un duopole. Quatre États ont des ambitions de domination régionale, deux sont arabes l'Arabie saoudite et l'Égypte, mais deux sont issus de l'empire perse, l'Iran, ou de l'empire ottoman, la Turquie. Un cinquième État, Israël, de par sa spécificité religieuse au milieu du monde musulman, de par ses alliances, sa puissance militaire et économique est aussi un acteur incontournable de la géopolitique régionale[19].
120
+
121
+ À entendre les attaques verbales entre l’Arabie saoudite et l’Iran, les observateurs se demandent toujours si les deux grandes puissances du Moyen-Orient en arriveraient à se déclarer une guerre ouverte. Impossible reste la réponse la plus censée, considérant les enjeux politiques et économiques en place. Alors, dans une logique de guerre froide, Riyad et Téhéran évoquent leur droit à l’arme nucléaire[20].
122
+
123
+ Les initiatives de rapprochement de deux ou plusieurs États menées au cours de la seconde moitié du XXe siècle ont échoué, à l'exception de la constitution des Émirats arabes unis qui regroupent depuis 1971 dans un État fédéral sept émirats parmi lesquels Abou Dabi et Dubaï[21]. En revanche, les organisations régionales dans les domaines politique, économique et militaire fondées durant le XXe siècle continuent d'être les cadres de coopération institutionnelle de référence dans la région. Elles sont cependant loin d'être des organisations régionales aussi structurées et influentes que le sont l'Union européenne et l'Alliance atlantique dans le monde occidental[22].
124
+
125
+ La Ligue arabe, officiellement la Ligue des États arabes (arabe : جامعة الدول العربية), est une organisation régionale à statut d'observateur auprès de l'Organisation des Nations unies. Elle fut fondée le 22 mars 1945 au Caire, par sept pays et compte aujourd'hui vingt-deux États membres. L'organisation de la Ligue arabe repose sur quatre organismes principaux : le sommet des chefs d'État, le Conseil des ministres, les comités permanents et le Secrétariat général dirigé par Nabil Al-Arabi depuis 2011[23]. De plus, divers organismes ont été créés en application de traités qui complètent le pacte de 1945 et plusieurs agences spécialisées travaillent en étroite collaboration avec elle.
126
+
127
+ Le Conseil de coopération des États arabes du Golfe (arabe : مجلس التعاون لدول الخليج) ou Conseil de coopération du Golfe (CCG) (arabe : مجلس التعاون الخليجي) est une organisation régionale regroupant au départ six pétromonarchies arabes et musulmanes du golfe Persique : l'Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar.
128
+
129
+ Dans le contexte des révolutions arabes du début 2011, les royaumes du Maroc et de Jordanie sont en cours d'adhésion[24],[25].
130
+
131
+ L'Organisation de la coopération islamique (arabe : منظمة التعاون الإسلامي, turc : İslam İşbirliği Teşkilatı) est une organisation intergouvernementale créée le 25 septembre 1969 sous le nom d'Organisation de la conférence islamique qui regroupe 57 États membres. Cette organisation dont le siège est situé à Djeddah, en Arabie saoudite, possède une délégation permanente aux Nations unies. L'Organisation de la coopération islamique, qui a changé de nom et d'emblème le 28 juin 2011, est la seule organisation au niveau supra-étatique et international qui soit à caractère religieux. Elle regroupe entre autres, la totalité des pays du Moyen-Orient (à l'exception d'Israël), ainsi que la majorité des États d'Afrique du Nord et d'Asie centrale.
132
+
133
+ Le Moyen-Orient est la région dont la part des dépenses militaires relative au PIB est la plus élevée au monde. Pour les États dont les statistiques sont disponibles, elle atteint 6,2 % du PIB en 2000, 4,3 % en 2010 et 4,7 % en 2017[26],[27],[28]. L'Arabie saoudite s'est situé au huitième ou neuvième rang dans le monde durant la première décennie du XXIe siècle. Puis elle a augmenté fortement ses dépenses de défense au point d'être entre 2013 et 2017 au troisième ou au quatrième rang, devant ou derrière la Russie selon les années[26].
134
+
135
+ La transparence dans le domaine de la dissuasion nucléaire reste l’exception, malgré les efforts d’États dotés pour publier des informations sur leurs arsenaux[29]. Par ailleurs, la prolifération se produit en majeure partie dans l’ombre. Ainsi, la réalité des armes nucléaires ne se laisse pas facilement appréhender. À cet égard, le Moyen-Orient se présente comme un cas d’étude intéressant avec un État reconnu comme possesseur, mais ne le confirmant pas officiellement (Israël), des programmes menés à la frontière entre usages civils et militaires (Irak, Iran, Libye, Syrie), des activités signalant que l’option du nucléaire militaire avait été au moins considérée (Égypte) et une base nucléaire participant au dispositif de dissuasion de l’OTAN (Turquie)[30].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+
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+ Asie du Sud
156
+
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+
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+ Asie du Nord
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+
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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@@ -0,0 +1,156 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
2
+
3
+ Le transport est le déplacement d'objets, de marchandises, ou d'individus (humains ou animaux) d'un endroit à un autre. Les modes de transport incluent l'aviation, le chemin de fer, le transport routier, le transport maritime, le transport par câble, l'acheminement par pipeline et le transport spatial. Le mode dépend également du type de véhicule ou d'infrastructure utilisé. Les moyens de transport peuvent inclure les véhicules à propulsion humaine, l'automobile, la moto, le scooter, le bus, le métro, le tramway, le train, le camion, la marche à pied, l'ascenseur, l'hélicoptère, le bateau ou l'avion, etc. Le type de transport peut se caractériser par son appartenance au secteur public ou privé.
4
+
5
+ Le déplacé peut être : quelque chose de nombrable, dénombrable ou discret (ex. : des conteneurs) ; quelque chose de continu (ex. : matériau extrudé ou fluide) ; ou un animal, un humain ou un groupe d'individus (morts ou vivants). Lors du parcours, les points départ et d'arrivée peuvent être choisis ou imposés par un prestataire du transport. Pour l'arrivée, le mot (« destination ») est plus précis et utilisé quasi uniquement dans ce secteur.
6
+
7
+ Un mobile, support ou contenant de transport est le plus souvent nécessaire ; il s'agit généralement d'un véhicule, sauf dans les tuyaux de transport par exemple. Des infrastructures lourdes sont toujours nécessaires (port, gares, routes, canaux, ligne de chemin de fer, circuit, piste, etc.). On peut les séparer en catégories : infrastructures de voies de communication, infrastructures de destination, infrastructures de triage et d'intermodalité. Le pilotage peut être individuel, automatique, centralisé, semi-automatique. Le parcours peut-être figé, captif ou prisonnier d'une voie, ou libre (bateau, avion). Il peut également être uni-séquentiel ou multi-séquentiel (il suppose alors des temps imposés d'attente). L'énergie consommée peut être contenue dans le mobile (autonomie énergétique continue ou partielle), semi-autonome, ou dépendant énergétiquement de l'extérieur (cabines de téléphérique, trains électriques, etc). Les combinaisons sont aussi de mise. L'apport énergétique nécessite un réseau énergétique d'approvisionnement.
8
+
9
+ Dans un même mobile de transport, plusieurs sources d'énergie peuvent être utilisées de manière simultanée (conjointes), séquentielle, alternative, transitoire (accélérations, décélérations). L'énergie cinétique peut faire l'objet de récupérations partielles. L'énergie interne n'est pas toujours utilisable sous forme primaire. Elle nécessite alors un système de conversion d'énergie (exemple : moteur Diesel). L'interface entre voie et mobile est souvent constituée d'une ou de plusieurs roues. Le secteur du transport est une composante économique majeure. Il engloutit à lui seul 32 % de l'énergie totale[3] consommée en France en 2011[4].
10
+
11
+ Par assimilation, des actions de déplacement et de conduction ont été dénommées « transports », comme le transport d'électricité (qui s'effectue sur des réseaux de câbles électriques), de gaz, de pétrole (au travers de conduites, les pipelines). En ce qui concerne le « transport » d'informations et les télécommunications, il vaut mieux utiliser le mot « transmission »[5].
12
+
13
+ L'article qui suit concerne par conséquent, non seulement le transport per se, mais aussi ce qui conduit (oléoducs, gazoducs, câbles électriques), transmet (les courants forts ou les courants faibles tels que les signaux, messages, informations…), fournit et approvisionne (gaz, électricité, eau, pétrole…)[Lequel ?].
14
+
15
+ Les voies de communication font partie des infrastructures et réseaux de transport, comme les ouvrages d'art (ponts, tunnels..) et les bâtiments (gares, parkings…) associés. Elles contribuent au phénomène dit de fragmentation écopaysagère que la Trame verte et bleue cherche à compenser en France. Le transport motorisé est par ailleurs une des sources majeures de pollution ; par exemple, en France, il représente environ 30 % des émissions de gaz à effet de serre[6].
16
+
17
+ Le transport est un service (public ou privé selon les cas) nécessaire ou utile pour de nombreux actes et activités de la vie courante. Le type de transport et son caractère plus ou moins intermodal ont des conséquences en matière de consommation d'espace et d'énergie, ainsi qu'en matière d'émissions de polluants et de gaz à effet de serre (et donc en matière de santé environnementale). Il est aussi devenu un secteur économique lié à l'industrie du transport qui s'est développée simultanément dans les domaines public et privé depuis la révolution industrielle. Ce développement a contribué au phénomène de mondialisation, ainsi qu'au développement du tourisme de destinations lointaines.
18
+
19
+ Le transport est un enjeu stratégique majeur, fragilisé par la montée rapide des coûts énergétiques et la raréfaction de certaines ressources (foncières notamment). Les investissements énormes qui y sont liés, sont à mettre en perspective des services rendus dans le modèle économique global où la mobilité joue un rôle majeur. Les transitions énergétiques attendues semblent imposer avant tout une utilisation économe des ressources, ce qui implique d'inventer des transports du futur innovants, aux rendements globaux améliorés[7], pour ne pas mettre en péril jusqu'aux ressources nécessaires à la transition (on parle[Qui ?] de « transport intelligent » et « dé-carboné »). Un des enjeux est sa durabilité qui implique aussi une opinion publique informée et consciente des enjeux globaux et locaux du transport[réf. souhaitée].
20
+
21
+ Les moyens techniques ont permis l'invention de quatre types de transport, s'ajoutant donc à celui assuré par l'humain ou l'animal. Chacun de ces types de transport, incluant transport de personnes et de marchandises, peut être subdivisé en deux sous-types :
22
+
23
+ Un être humain parcourt actuellement en moyenne 4 500 kilomètres par an, contre 1 500 il y a 150 ans[8][réf. non conforme].
24
+
25
+ L'utilisation de l'énergie animale ne s'est pas faite en même temps que sa domestication. On estime que l'homme a commencé à atteler des bovins à des araires ou des véhicules à roues durant le IVe millénaire av. J.-C. Ces techniques inventées dans le croissant fertile ou en Ukraine ont par la suite connu un développement mondial[9].
26
+
27
+ Avant la domestication, le transport des marchandises est géré par les humains. Les termes utilisés dans ce cas sont le port, le portage… L'homme tire, il pousse et il propulse (une brouette, une bicyclette, un pousse-pousse...) dès lors qu'il invente la roue. La roue demeurera toutefois inconnue en Amérique précolombienne, jusqu'à la colonisation.
28
+
29
+ À partir de la domestication, l'animal devient le système de « portage » (Bête de somme avec un bât), de propulsion ou de traction, d'une « charge », ou d'un « véhicule » (chars, charrettes, chariots, carrioles, voiturettes, voitures...). Si le véhicule est tiré par un cheval, il s'agit d'un véhicule hippomobile. Historiquement, la propulsion animale a été prédominante pendant des millénaires, et retrouve des utilisations justifiées. Dans un autre registre, les pigeons ont été élevés par des Colombophilie, pour transporter des messages, ou des mammifères marins par l'armée pour récupérer des objets.
30
+
31
+ Dans les pays industrialisés, l'utilisation des animaux de trait a fortement régressé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avec le développement de la mécanisation (moteur à combustion interne et électricité), et garde une place marginale dans le tourisme mais, la traction animale garde toute son importance en Afrique subsaharienne où elle se développe.
32
+
33
+ À la fin du XXe siècle, les véhicules à propulsion humaine atteignent des records.
34
+
35
+ Les cours d'eau permettent les échanges avec la force du courant, et l'itinéraire de la rivière. La marine à voile a longtemps assuré une part importante du commerce. Le vent contribue avec les insectes et notamment les abeilles la pollinisation, en transportant le pollen ou à déplacer les planeurs.
36
+
37
+ À l'époque romaine, le transport se faisait soit par voie terrestre, soit par voie navigable. Le transport sur eau pouvait se réaliser par la mer ou sur des fleuves ou rivières navigables. Certaines villes, comme Saragosse (Caesare Augusta) étaient dotées d'un port fluvial. Avant la première guerre punique, la marine romaine est insignifiante. La marine romaine n'est pas d'inspiration grecque, c'est la menace de la flotte carthaginoise équipée de quinquérèmes[10] qui a poussé les romains à copier ceux-ci pour les combattre. La tradition raconte qu'ils y sont parvenus grâce à l'aide des grecs (socii) installés dans le sud de l'Italie. Rome préféra les trirèmes. En 261 av. J.-C, les Romains réussirent à en construire cent en deux mois.
38
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+ Les ports antiques sont les premières installations portuaires apparues avec le développement de la marine. Ils sont attestés chez les Grecs et les Romains, mais aussi chez les Puniques, chez les Minoens, en Égypte antique... À la suite de Richard Lefebvre des Noëttes qui niait toute possibilité pour la marine antique de pouvoir naviguer loin des côtes et d’avoir un tonnage d’une certaine importance, on a longtemps pensé que les premiers ports n’étaient que de simples plages d’échouage, les bateaux étant chaque soir tirés au sec. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien. Très tôt, on cherche à aménager des abris naturels afin d’en augmenter les qualités : protection contre les fureurs du large, bonne exposition par rapport aux vents pour faciliter l’entrée et la sortie des navires. Ces dispositions naturelles sont donc essentielles dans le choix d’un site, tout comme les conditions économiques (proximité d’une grande ville et de voies terrestres et fluviales). Aussi, les Anciens n’hésitent pas à créer des ports artificiels qui, avec l’augmentation des capacités nautiques, répondent aux nécessités économiques. Les ports fluviaux doivent répondre à deux impératifs : abriter les bateaux des dangers naturels de la rivière (crues, embâcles) et offrir de bonnes dispositions pour le transit des marchandises.
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+ Le terme centuriation indique un système de morcellement du territoire, typique du procédé de mise en culture que la civilisation romaine appliquait dans les régions sous sa domination. Aux phases de déboisement et de bonification, si nécessaire, succédait un processus de répartition des terrains en grands quadrilatères d’environ 700 m de côté, délimité par des voies d’accès le plus souvent parallèles à de grands fossés de drainage. Un des exemples de centuriation romaine les mieux conservés d’Europe est celui de la région de Cesena.
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+ Les voies romaines sont les voies du réseau routier créé par les Romains. Souvent en ligne droite, elles permettaient de parcourir plus rapidement qu'avant l’ensemble de l’Empire à partir de l’Urbs, Rome.
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+ Elles reliaient entre elles les cités de tous les points de l’Italie puis de l’Empire avec les centres de décision politiques ou économiques. Elles permettaient des déplacements plutôt aisés pour l'époque, que ce soit pour l'usage des troupes en campagne ou les marchands et courriers. Elles permirent l’expansion économique de l’Empire puis sa fin en facilitant les grandes invasions.
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+ Le mot carrefour vient du bas latin quadrifurcus, qui a quatre fourches ou divisions, lui-même venant de quadri, quatre, et furca, fourche. Les romains réalisaient déjà des carrefours où les axes étaient perpendiculaires. Par exemple lorsqu'il existait un Decumanus et un Cardo maximus. Des monuments marquaient parfois ces croisements.
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+ Le flottage du bois ou la drave[11],[12] (au Canada) est l'une des plus anciennes méthodes de transport sur de longues distances. Du Moyen Âge jusqu’à la fin du XIXe siècle, en Europe occidentale, le flottage est le mode de transport le plus courant et le moins onéreux pour le bois. Cette technique était également connue des romains. Elle a pu être utilise sur certains fleuves comme la Garonne.
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+ C'est le résultat de l'invention de la chaudière à vapeur et de la machine à vapeur (Denis Papin), puis de la locomotive, de l'automobile... dès lors que la vapeur est utilisée pour mouvoir un véhicule ; en même temps, différents types de carburants sont inventés ou utilisés, pour améliorer la puissance des moteurs, plus tard pour les rendre moins gourmands : le gaz, l'essence et le pétrole dans le moteur à combustion interne utilisé sur les véhicules automobiles, l'électricité de la pile électrique, la pile nucléaire dans de rares sous-marins, la pile à combustible, pour fournir de l'électricité au travers de turbines ou directement à un bobinage (moteur électrique), enfin déjà ou dans le futur, de l'hydrogène.
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+ Le transport de personnes et le transport de marchandises se distinguent. Le transport de personnes, comme le transport de marchandises, peut être effectué pour compte propre, lorsqu'il n'a pas pour objet de transporter autrui dans un but lucratif, ni ses marchandises. Il est dénommé transport pour compte d'autrui, ou « transport public », dès lors que ce ne sont plus ses propres biens qui sont transportés. Le transport de personne peut être « individuel » ou « collectif », dans le cas des transports en commun. Toutes ces catégories de transports se combinent entre elles, et contribuent à la description d'un des métiers du transport : par exemple le transport collectif de personnes (autocaristes), ou son transport individuel (taxi) ; le transport de marchandises pour compte d'autrui (transporteur de marchandises) ou le transport de marchandises pour compte propre (« louageur »)... Les personnes physiques, comme les personnes morales ou les états (au travers de leurs services publics) peuvent exercer ces activités réglementées de transporteurs.
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+
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+ En France en 2014, selon l'ADEME, 83 % du trafic voyageur se fait en voiture particulière, bien qu'elle soit « le mode de déplacement le moins efficace d’un point de vue énergétique ». « Lors d’une journée normale, 72 % des déplacements se font en voiture ; la façon dont on achète et on utilise les véhicules » a changé (ex. : le poids moyen du véhicule a augmenté de « 330 kg en 30 ans »)[13].
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+ On distingue souvent les transports urbains des grands axes interurbains et périurbains[13].
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+ En Europe, au milieu des années 1990, les transports urbains consommaient environ 30 % de l'énergie totale utilisée dans la plupart des villes ; et 80 % des transports urbains par véhicules à moteur étaient encore effectués en voiture[15].
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+ En France, selon un rapport de l'Insee de 1999 :
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+ Le 13 décembre 1968 a été signée �� Paris la Convention européenne sur la protection des animaux en transport international, qui réglemente le transport des animaux[16].
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+ Le 22 décembre 2004, l'Union européenne a effectué une refonte totale des règles en matière de bien-être des animaux pendant leur transport. Dans cette nouvelle réglementation, elle identifie tous les intervenants et leurs responsabilités respectives, elle renforce les mesures de surveillance et prévoit des règles plus strictes pour les longs trajets et les véhicules utilisés[17],[18].
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+ L'union européenne a également mit en place un système appelé TRACES, (TRAde Control and Expert System) qui assure la traçabilité et le contrôle de l'ensemble des produits d'origine animale et des animaux vivants lors de leurs mouvements et importations en Europe. Néanmoins, certaines organisations de protection des animaux, notamment le PMAF, dénoncent les conditions de transports des animaux sur de longues distances, parfois d'un pays à un autre pour des raisons économiques, pour être engraissés ou abattus[19].
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+
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+ Toutes les armées (force terrestre, force aérienne, marine, gendarmerie) disposent de différents moyens pour transporter leurs personnels, leurs armes et leurs munitions. Outre leurs moyens propres, le service du train et le génie interviennent dans la logistique (transports, entreposage) pour stocker, transporter et détruire, améliorer ou construire des infrastructures.
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+ Le transport sanitaire est l'opération qui consiste à transporter un malade ou un blessé dont l'état justifie le recours à un transport adapté et assisté.
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+ Les modes de transport sont généralement classifiés selon les voies de communication utilisées : transports terrestres (routier et ferroviaire ou guidés), les transports maritime et fluvial, le transport aérien. Le choix d'un mode de transport peut être effectué en fonction de la disponibilité du moyen de transport, de ses qualités (capacité, rapidité, sécurité, conformité au réglementations applicables aux marchandises, au commerce...), et de son coût, par exemple. Pour le transport de marchandises dangereuses ou sensibles, la notion de sûreté est aussi prise en compte.
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+ Pour aller d'un point à un autre, il est souvent nécessaire de combiner ces différents modes de transport. Il s'agit alors de transport multimodal, ou intermodal, ou plurimodal, ou combiné. L'expression transport intermodal désigne surtout le transport de marchandise, pour le transport de voyageurs on utilisera la notion plus générale d'intermodalité ou de multimodalité. Cette combinaison de plusieurs modes de transports s'est nettement modifiée grâce à l'arrivée d'internet et des technologies de l'information (TIC) mobiles comme le téléphone portable. En effet, l'enchaînement de plusieurs modes nécessite la connaissance de nombreuses données (horaires, localisations, correspondances) qui peuvent être apportées par les TIC. Il y a alors un décloisonnement possible de toutes les solutions de mobilité : covoiturage, autopartage, transport public, vélos en libre-service. Cette « nouvelle » mobilité est parfois appelée 2.0 ou 3e mode (après le transport public et la voiture individuelle privée)[20],[21].
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+ Certaines marques telles que Tictactrip se positionnent depuis peu dans ce secteur, en prônant l'intermodalité.
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+ Les réseaux de transport tendent à suivre les réseaux urbains.
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+ Des réseaux d'aqueducs pour la collecte et la distribution d'eau potable et d'irrigation existent depuis les temps historiques les plus anciens.
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+ Selon le produit transporté, les pipelines portent des noms spécifiques : aqueduc, gazoduc, oléoduc, saumoduc, oxyduc, hydrogène, hydrogénoduc, éthylénoducse, etc.
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+ La vitesse de circulation, variable, est en soi un facteur de risque qui fait de la sécurité des transports un enjeu important. Les questions de sécurité sont complexes et prennent en compte l'ensemble des éléments constituant un transport : le véhicule, le conducteur, la marchandise, les personnes transportées, les animaux et les infrastructures.
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+ Le Transport de matières dangereuses est réglementé, pour des raisons de sécurité. Au-delà, et depuis le 11 septembre, l'ouvrage de référence, réglementant le transport de marchandises dangereuses (A.D.R.)[23] aborde aussi les questions de sûreté, afin de limiter les risques d'attentats perpétrés avec des matières et des produits détournés de leur moyen de transport. Sur tous les véhicules qui transportent des matières dangereuses, figurent sur une plaque orange un code d'identification du danger, appelé parfois code Kemler et un numéro ONU qui indiquent quels types de matières est transportées dans le véhicule.
87
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+ Avec les conquêtes et colonisations, et surtout après l'invention des transports motorisés, alors que les transports consomment de plus en plus de ressources, une économie des transports s'est progressivement institutionnalisée en devenant l'une des sciences de gouvernement[24]. Des économistes spécialisés donnent des conseils qui prennent une importance croissante face aux choix et décisions publiques[24]. Dans l'administration centrale et décentralisée (de l'équipement et de l'Industrie notamment), les ingénieurs-économistes conseillent le prince et les collectivités sur les choix modaux, intermodaux et la planification des réseaux d'infrastructures de transports[24] (en France au XXe siècle, autour notamment des corps des mines et du corps des ponts et chaussées et des directions de l'équipement et du ministère de l'Équipement) alors qu'une expertise universitaire et citoyenne associative se développent également. Le secteur des carrières et granulats et celui de la construction (BTP en France) jouant aussi un rôle important, y compris en matière de lobby[réf. nécessaire].
89
+
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+ En France existe un site Données et Statistiques du Ministère du transport, de l'équipement, du tourisme et de la mer[25] fournit des données chiffrées sur les activités du transport de marchandises[26].
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+
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+ En termes d'investissements publics, la route reste surfavorisée ; par exemple, en France, 64 % des investissements faits en 2004 en transports ont concerné la route, contre 15 % pour le rail et 1 % pour la voie d'eau[27].
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+ Le secteur des transports forme l'un des plus gros secteurs d'utilisation de l'énergie principalement sous forme de pétrole.
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+ En 2015, le secteur des transports (Selon les données de l'Agence internationale de l'énergie, il est constitué par l'aviation domestique, les routes, le rail, les transports par canalisation, la navigation domestique , etc. ; les carburants maritimes internationaux et ceux de l'aviation internationale sont déduits de la consommation intérieure d'énergie primaire et ne sont donc pas inclus dans le transport dans le cadre de la consommation finale) consommait mondialement 2 491 mégatonnes équivalent pétrole (Mtep) sous forme de pétrole. La consommation était de 1 044 Mtep en 1975. Pour rappel, pour ces mêmes années la consommation globale d'énergie était de 9 384 Mtep et 4 701 Mtep[28]. Pour 2015, les autres types d'énergie, électricité (36 Mtep), gaz naturel (98 Mtep), biocarburants (76 Mtep) restent minoritaires.
97
+
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+ Aux États-Unis, en 2015, le secteur des transports qui comprend selon l'Energy Information Administration tous les véhicules dont le but principal est de transporter des personnes et/ou des biens d'un endroit physique à un autre - inclus les automobiles ; camions ; autobus ; motocyclettes ; trains, métros et autres véhicules ferroviaires ; avions ; et navires, barges et autres véhicules sur l'eau (Les véhicules dont l'objet principal n'est pas le transport - par exemple grues et bulldozers de construction, véhicules agricoles, tracteurs d'entrepôt et chariots élévateurs à fourche - sont classés dans le secteur de leur utilisation principale[29].) a consommé 27,391 PBtu (ou quads soit 690 Mtep) d'énergie totale. En 1950, cette même consommation était de 8,492 PBtu (quads, soit 213 Mtep). En 2015, la consommation globale aux États-Unis était de 97,728 PBtu (quads, soit 2 455 Mtep)[30].
99
+
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+ Le transport consomme la plus grande part du pétrole mondial[réf. nécessaire], en produisant du dioxyde de carbone et de nombreux produits nocifs, pour certains responsables de la détérioration de la couche d'ozone et de l'effet de serre. C'est pourquoi, des politiques d'économies d'énergie liées aux transports sont mises en œuvre, parfois avec difficultés, au niveau mondial.
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+
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+ Selon l'OCDE les transports génèrent[réf. nécessaire] :
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+ La quantité de dioxyde de carbone émise pour un même trajet diffère selon le mode de transport. Par exemple, pour un trajet Londres-Édimbourg (600 km), le département britannique des transports[31] a calculé des quantités d'émissions moyennes par modes de transports et par passager suivantes :
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+ Pour les villes françaises, selon l'ADEME (France), un kilogramme équivalent pétrole (kep) permet de déplacer une personne :
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+ La consommation d’énergie en France par mode de transport en 2017, d'après le Service de la donnée et des études Statistiques (SDES, service du gouvernement français)[32], se répartissait comme suit :
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+
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+ Les stratégies d'économies d'énergies sont techniques, elles reposent sur l'utilisation de sources d'énergie alternatives (comme l'électricité, le gaz naturel pour véhicules, le GPL, les bioénergies...) mais nécessitent de mettre au point des systèmes adaptés.
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+
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+ Pour l'électricité, il s'agit d'améliorer les capacités de stockage de l'électricité (s’effectuant généralement dans des batteries) par rapport à la densité énergétique, le volume et le poids des batteries pour créer des véhicules viables. Des progrès ont déjà été faits en matière d'autonomie des batteries et aujourd'hui il existe déjà des applications de la technologie électrique au transport, tant au niveau du fret (des camions électriques actuellement commercialisées ont des autonomies et capacités de contenance suffisantes pour être utilisés au transport de marchandises[33]) qu'au niveau du transport de personnes (transport individuel avec des voitures électriques ou transport en commun avec par exemple des bus électriques[34]).
113
+
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+ Pour les énergies de type gaz naturel ou GPL, la difficulté d'application de cette énergie dans les transports fut la garantie de sécurité par rapport aux risques qu'ils pouvaient comporter, risques aujourd'hui canalisés dans les systèmes de technologie récente. Pour les bioénergies la question se pose plus par rapport à la possibilité de produire à partir de la biomasse suffisamment et de manière renouvelable l'énergie nécessaire au transport. L'économie d'énergie est aussi basée sur des stratégies de réduction de la consommation en énergie des véhicules, et aussi, indirectement, sur la réduction de la vitesse autorisée (voir réglementation routière, en France). D'autres stratégies consistent à réduire le poids de véhicules en utilisant des matériaux plus légers (matériaux composites), comme ceux utilisés dans l'aéronautique.
115
+
116
+ Les stratégies comportementales visent au transfert modal vers le transport actif, non motorisé. La réintroduction de la propulsion humaine en particulier le vélo en ville est développée dans plusieurs pays d'Europe depuis les années 1970, en particulier aux Pays-Bas. La marche à pied, les déplacements en roller ou trottinette, à vélo permettent le transfert d'un temps subi de transport passif, vers un temps choisi d'activité physique bénéfique pour la santé.
117
+
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+ Divers États et collectivités encouragent aussi le transport intermodal et l'utilisation des transports en commun, soit par l'incitation (campagnes dites de « sensibilisation »), soit par la dissuasion : péages, réduction du stationnement et des voies de circulation automobiles (à Paris, par exemple).
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+ Des progrès ont été accomplis en matière de carburants (désoufré, agrocarburant), filtres et pots catalytiques, et de nombreux pays ont interdit l'essence plombée, mais ces efforts ne compensent pas les effets de l'augmentation du nombre de véhicules dans le monde. Les transports terrestres motorisés et par voies d'eau sont aussi, par les infrastructures qu'ils requièrent, le premier facteur de fragmentation écologique des paysages, reconnu comme un des premiers facteurs de recul de la biodiversité. La pollution lumineuse et la mortalité animale due aux véhicules induite s'y ajoutent.
121
+
122
+ Les progrès environnementaux sont rendus difficiles par le fait que les décisions relatives aux politiques de transport et aux formes urbaines se manifestent sur un pas de temps très long et sont confrontées à une inertie structurelle (il est rare qu'on supprime une route existante) : qu'il s'agisse d'infrastructures nouvelles à implanter, d'organisation de la vie économique et sociale à faire évoluer, d'impacts environnementaux à maîtriser, on raisonne au moins en décennies et non en années[réf. souhaitée].
123
+
124
+ Le transport est source de 14 % des émissions de CO2[Contradiction][35], dont 73 % proviennent du transport routier[36]. Alors que l'engagement des entreprises pour des transports moins polluants est encore limité, la réduction de l'empreinte carbone directement liée au transport des personnes et des marchandises est aujourd'hui une source d'opportunité[pourquoi ?]. Dans le transport de marchandises, en particulier, les mesures possibles sont nombreuses, le retour sur investissement est rapide et le passage au numérique permettrait des optimisations (gérer les tournées, mieux livrer en baissant la fréquence, etc.)[37].
125
+
126
+ En France en 2014, selon l'ADEME, les transports sont responsables de 32 % de la consommation d’énergie finale et de 35 % des émissions de CO2[13]
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+
128
+ Une branche de la géographie étudie les transports aussi bien routiers et ferroviaires que maritimes[38], fluviaux, aériens ou par moyens de télécommunications.
129
+
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+ Le transport est un composant important de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme, notamment par la problématique du désenclavement.
131
+
132
+ Se pose ainsi la question de savoir où diriger les investissements : pour augmenter la capacité des axes saturés ou pour desservir les zones les moins bien reliées au reste du territoire. La première option permet de répondre aux besoins de la population mais au risque d'aggraver les déséquilibres territoriaux. Le deuxième choix peut être vu comme un investissement à plus long terme pour induire une « revitalisation » de ces zones délaissées mais le risque d'échec est important, l'effet d’entraînement des infrastructures ayant rarement été probant lors des précédentes opérations de ce type[39].
133
+
134
+ Le droit au transport suppose que l'individu peut exiger une action effective de l’État ou de la société pour satisfaire ses besoins vitaux en déplacement. La liberté de circulation des personnes est une des libertés fondamentales, reconnue notamment par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il ne doit cependant pas contredire ou compromettre d'autres droits, dont à la santé, sécurité et à un environnement sain. Il implique donc un transport durable, et en particulier que le transport ne conduise pas aux pollutions chroniques et aux embouteillages par embolie urbaine causée par un nombre croissant ou excessif de véhicules, ou au morcellement croissant des habitats naturels induit par les routes.
135
+
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+ L'accessibilité dans les transports définit par exemple la possibilité pour tous d'accéder aux systèmes de transport qui renvoie en partie à la question des personnes à mobilité réduite (voir l'article Accessibilité aux personnes handicapées) et des pays en développement où le modèle routier du XXe siècle pose de graves problèmes dans les conurbations parfois de millions à dizaines de millions d'habitants, en Afrique, Inde, Indonésie et Chine notamment[40] ; si la Chine atteint seulement 50 % du taux de motorisation français (+/- 300 voitures pour 1 000 habitants), avant 2050 la chine devrait supporter 500 millions de voitures en circulation, et il faudrait environ 3 milliards de voitures si le monde entier devait s'aligner sur les Français (à comparer au 880 millions de véhicules estimées en circulation dans le monde en 2005)[41]. Le transport pose des problèmes d'inégalités (subies ou voulues, géographiques, écologiques et sociales)[42] : tous les territoires ne sont pas desservis de la même manière par les réseaux de transport, ni touchés par leurs conséquences négatives (bruits, pollution, accident, emprises, etc). Les réseaux de transports sont dangereux pour les enfants, personnes âgées et handicapés.Le droit au transport questionne aussi le coût du transport pour les personnes à faible revenu. Certains groupes comme le « collectif sans ticket » militent pour la gratuité des transports en commun. Plusieurs études (dont de l'Ademe en 2007 en France, dans le cadre du PREDIT) et diverses expériences ont conclu que la gratuité des transports en commun présentait un intérêt social, mais aussi environnemental et sanitaire[43]. Par exemple :
137
+
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+ .
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+
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+ Le contrat de transport de marchandises pour compte d'autrui (ou transport public) est un contrat commercial tel que défini par les articles 1101 et suivants du Code civil. Il est matérialisé par un document dénommé différemment selon le mode de transport. Ce document va faire référence un contrat conclu entre les parties : Donneur d'ordre, transporteur, expéditeur, destinataire, remettant, réceptionnaire et pour l'international on ajoutera, le vendeur, l'acheteur, l'exportateur et l'importateur. Exemple : une entreprise (donneur d'ordre), demande à une société de transport (transporteur) de charger des marchandises chez son fournisseur (expéditeur) pour les livrer sur une base logistique (réceptionnaire) qui fait de l'entreposage pour une grande enseigne commerciale (destinataire). En France, le contenu de ce contrat est libre, toutefois il ne doit pas être léonin (déséquilibré) ainsi que réalisable. De ce contrat vont naître des obligations pour les parties qui sont régies par des textes, décrets ou des conventions.
141
+
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+ En transport routier de marchandises : deux possibilités :
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+
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+ En transport aérien de marchandises, le document se nomme lettre de transports aérien abrégée par LTA. Airwaybil en anglais soit AWB. Il existe trois conventions. La plus ancienne est la convention de Varsovie, mais il y a aussi la convention de Montréal et la convention IATA, Association internationale du transport aérien. En transport maritime de marchandises, le document se nomme un connaissement, ou bill of lading, en anglais.
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+
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+ Le contrat de transport de marchandises est matérialisé par un document qui doit mentionner la date à laquelle il a été établi, le nom et adresse du transporteur (+siret ou ID TVA) et nom et adresse du commissionnaire de transport, le nom et adresse de l'expéditeur (ou du remettant), le nom et adresse du destinataire, la date de prise en charge, ce qui est transporté (nombre de colis, nature des marchandises, poids, volumes, ou mètres linéaires), des mentions concernant la dangerosité, les sommes à encaisser, des instructions particulières de livraison, les incoterms...
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+ Selon l'appartenance des moyens de transport (véhicule, conducteur), le type du transport de marchandises est différent. Le transport de marchandises est dénommé :
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+ Le transport de marchandises mobilise des intervenants spécialisés, généralement commerçants :
151
+
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+ La gestion d'un outil de transport s'appelle « exploitation ». Lorsque l'exploitant gère le véhicule et l'infrastructure, le transport est dit « intégré ». Par exemple, jusqu'à récemment, le chemin de fer français était géré par la SNCF (Société nationale des chemins de fer français) dans son intégralité (moyens et infrastructure). Pour désendetter l'entreprise publique, l'état a depuis séparé la fonction exploitation, tenue par la S.N.C.F. et la gestion des infrastructures, qui a été confiée au Réseau ferr�� de France.
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+ L'exploitation des moyens de transport n'est donc pas la gestion des l'infrastructure (voies de navigation, voies de circulation, voies aériennes). Elle nécessite souvent des compétences particulières, et conduit à la spécialisation des organisations dont elle est à la charge : ainsi, la RATP (Régie autonome des transports parisiens) exploite le métropolitain ou métro, le R.E.R. (Réseau express régional), le tramway parisien, et les autobus de la capitale et de sa banlieue, alors que les infrastructures sont entretenues par la S.N.C.F., la commune, la communauté de commune, le département, la région ou l'état, et par des sociétés sous-traitantes.
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+ République du Mozambique
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+ República de Moçambique
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+ 13° 57′ S, 33° 48′ E
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+ Le Mozambique, en forme longue la république du Mozambique, en portugais : Moçambique et República de Moçambique, est un État situé sur la côte orientale du continent africain. Il est entouré par l'Afrique du Sud, l'Eswatini, Madagascar, le Zimbabwe, la Zambie, le Malawi et la Tanzanie. C'est une ancienne colonie portugaise, le premier pays lusophone d'Afrique, devant l'Angola, par sa population et le deuxième par sa superficie. Le pays est membre de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), du Commonwealth et de l'Organisation de la coopération islamique.
10
+
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+ Dès avant l'an mil, de nombreux échanges commerciaux étaient réalisés avec les commerçants arabes mais aussi de l'Ouest de l'archipel indonésien. Ainsi un capitaine persan, Ibn Shahriyar, dans son Livre des merveilles de l'Inde, rapporte le témoignage d'un marchand arabe du nom d'Ibn Lakis qui, en 945, voit arriver sur la côte du Mozambique un millier d'embarcations montées par des Waq-Waq qui viennent d'îles « situées en face de la Chine »[3] chercher des produits et des esclaves zeng, mot arabe qui désigne à l'époque les habitants de la côte est de l'Afrique. Une grande partie de la population littorale au nord est déjà convertie à l'islam.
12
+
13
+ L'année 1498 marque l'arrivée du navigateur portugais Vasco de Gama. Peu de temps après, les Portugais installent des comptoirs et construisent des forts. La présence portugaise dure cinq siècles. La côte du Mozambique et particulièrement l’île du même nom deviennent une escale majeure dans le long voyage qui menait les navires portugais de Lisbonne jusqu’en Inde. On s’y pourvoyait en denrées fraîches et d’eau potable[4]. L'esclavage fut maintenu jusqu'au XXe siècle, en dépit des protestations de certains pays. Le travail obligatoire était également monnaie courante. Les concessions donnaient aux propriétaires de plantations le droit de recourir à cette méthode de production[5].
14
+
15
+ En 1964, le FRELIMO lance la guerre d'indépendance du Mozambique qui se poursuit dix ans. Le FRELIMO n'attend pas le retrait des troupes portugaises de l'Angola pour développer sa propre administration dans les régions « libérées ». Le nombre d'écoles et l'alphabétisation augmentent, des centres de santé sont créés et des cultures agricoles se développent, organisées par le mouvement. En 1973, les premiers « comités du parti » sont créés et l’« École du parti », chargée de former idéologiquement ses cadres. Bien que la documentation soit peu abondante au sujet de l'organisation politique de ces régions, il semble que le FRELIMO ait cherché à encourager les paysans à participer aux décisions plutôt que de confier le pouvoir à ses représentants[6].
16
+
17
+ Au terme de la guerre d'indépendance du Mozambique, le pays obtient son indépendance le 25 juin 1975, sous le nom de République populaire du Mozambique et devient un régime communiste que l'ancien mouvement indépendantiste, le FRELIMO, dirige en tant que parti unique. Samora Machel est élu président et met en place un certain nombre de réformes, notamment agraires. Le régime de Samora Machel entreprend également une lutte autoritaire contre le tribalisme et tente de réduire l'influence des religions, ce qui sera mal accepté par une partie de la population.
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+
19
+ La première année de l'indépendance est pleine d'espoir, et le régime trouve de nombreux soutiens dans le camp socialiste (URSS, Cuba, Yougoslavie), comme dans la gauche occidentale. Mais le Sud du pays connaît une situation compliquée du fait de la proximité de la Rhodésie et l'Afrique du Sud, tous deux hostiles au nouveau pouvoir, et l'accusant de recueillir des opposants. À partir de 1976 commence un conflit armé, qui dégénère dans une guerre civile sanglante. Le ReNaMo, anti-marxiste et soutenu par l'Afrique du Sud et les États-Unis, entretient une guérilla qui s'étend et fait près d'un million de morts en quinze ans. Cela entraîne aussi le pays dans la faillite. Il devient pour les économistes le pays le plus pauvre du globe en 1986, une année qui voit également mourir le président Samora Machel dans un accident d'avion. Joaquim Chissano fait partie du comité central du FRELIMO qui assure l'intérim à la tête de l'État. Le 6 novembre 1986, il prend seul la présidence de la République. À la fin de la guerre civile, en 1992, les accords de paix permettent l'instauration d'une démocratie de type occidental : le FRELIMO, ayant abandonné l'idéologie marxiste-léniniste, demeure au pouvoir par la voie des urnes, Joaquim Chissano est élu président lors de l'élection présidentielle de 1994, tandis que le ReNaMo est démilitarisé et devient un parti légal[7].
20
+
21
+ En 1995, le Mozambique entre dans le Commonwealth alors qu'il n'a jamais été administré par le Royaume-Uni. À la fin des années 1990, les « compagnies juniors » canadiennes, investies dans plus de 8 000 propriétés minières, dans plus de 100 pays, pour la plupart encore à l'état de projet[8] multiplient les contrats avec des pays africains parmi lesquels le Mozambique, où la société Beacon Hill Resources exploite une mine de charbon[9].
22
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23
+ Armando Guebuza, du FRELIMO, est président de février 2005 à janvier 2015. Filipe Nyusi, toujours du FRELIMO, lui succède en 2015[10].
24
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+ À partir de 2017, ont lieu dans le nord du pays plusieurs attaques de groupuscules islamistes que le gouvernement s'efforce de combattre[11].
26
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+ Le président Filipe Nyusi, candidat du parti au pouvoir, le FRELIMO, est réélu en octobre 2019 pour un deuxième mandat de cinq ans avec 73 % des suffrages. Son parti, le FRELIMO, remporte 184 des 250 sièges à l’Assemblée nationale et dirige l’ensemble des dix provinces du pays. Les conditions de déroulement du scrutin et les résultats de cette élection sont une nouvelle fois contestés[12].
28
+
29
+ En février 2019, un cyclone provoque au moins 650 morts, des centaines de milliers de déplacés, plus de 1,8 million de personnes sous assistance humanitaire et de considérables dégâts économiques[13].
30
+
31
+ Le Mozambique est une république. Le président est élu pour un mandat de cinq ans. Dès l'indépendance, le pouvoir est aux mains d'un parti politique dominant, la Front de libération du Mozambique (FRELIMO). Aux yeux des observateurs internationaux et de l'opposition, les élections de 2004 ont été entachées de fraudes et d'irrégularités. Maputo est la capitale du Mozambique.
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+
33
+ Le 29 juin 2015, un nouveau code pénal entre en vigueur au Mozambique, dépénalisant l’homosexualité et l’avortement[14].
34
+
35
+ Le Mozambique est divisée en 11 provinces :
36
+
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+ Le Mozambique est limitrophe de la Tanzanie, du Malawi, de la Zambie, du Zimbabwe, de l'Afrique du Sud et de l'Eswatini. Il dispose d'un littoral de plus de 2 000 km sur l'océan Indien. Le pays est une immense façade maritime de l’Afrique australe.
38
+
39
+ Domaine des savanes coupées par des fleuves venant des plateaux d’Afrique anglophone. Le relief est plus relevé à l’intérieur. Le mont Binga est le point culminant avec 2 436 m.
40
+
41
+ Le climat varie de tropical à subtropical.
42
+
43
+ Le Mozambique est l'un des pays les plus pauvres du monde. La moitié de sa population y vit sous le seuil de pauvreté.
44
+
45
+ En 2012, le Programme des Nations unies pour le développement a classé le Mozambique comme le troisième pays le moins développé au monde dans son rapport annuel, lui attribuant un indice de développement humain de seulement 0,327.
46
+
47
+ L’économie repose essentiellement sur l'agriculture. Environ un actif sur cinq travaille dans le secteur primaire. Des années 1970 à 1990, l’agriculture était entièrement collectivisée. Depuis les années 2000, elle juxtapose des petites fermes familiales et de grandes exploitations appartenant à de grandes entreprises. Les agriculteurs n’arrivent pas à satisfaire les besoins alimentaires mais le pays exporte néanmoins du coton, du sucre, du coprah[n 2], une forte production de noix de cajou et une forte production de crevettes. Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'Est, du Sud et du Nord au milieu des années 2010.
48
+
49
+ Les principaux atouts de développement du pays sont dans les secteurs du tourisme et dans l’industrie minière. En 2007, de grands projets d'exploitation du sous-sol[15] ont vu le jour pour exploiter les sables minéralisés, le charbon, l'or, la bauxite et le tantale.
50
+
51
+ L'économie et la politique sont aux mains d’une très petite élite descendant des assimilados, les Africains assimilés par les Portugais durant l’époque coloniale, et une autre plus importante venant de l'Afrique du Sud, voisine. La plupart de la main d’œuvre est mal formée. Le système de formation a été influencé par le passé colonial du pays, mais avec un système secondaire et universitaire peu développé. La colonisation portugaise a occidentalisé les élites en leur imposant une scolarité portugaise, mais juste de niveau primaire. Les élites qui ont conduit le pays à l'indépendance ont transmis à la masse l’éducation qu'ils ont, eux, reçue. L’économie est frappée par la fuite des cerveaux, les rares universitaires formés préférant s'expatrier.
52
+
53
+ L'aide et les investissements internationaux ont permis au pays de faire quelques progrès spectaculaires. La croissance du PIB est à peu près de 7 % chaque année. En 2009, le Mozambique est le pays qui a la plus faible dette publique en pourcentage du produit intérieur brut avec un taux de 3,7 %. Néanmoins, la découverte en avril 2016 d'une dette cachée de plus de deux milliards de dollars, liée à des emprunts opaques réalisés par des entreprises publiques, donne un coup de frein à la croissance qui chute à 3 % entre 2016 et 2017[16]. Le pays se déclare en défaut de paiement en janvier 2017[16].
54
+
55
+ Cependant le manque d’infrastructure, la corruption et la forte prévalence du sida (qui a dramatiquement réduit l’espérance de vie) sont des freins au développement, ainsi que la présence de conflits armés ou d'instabilités civiles à ses frontières, ou des troubles locaux subsistant encore de façon sporadique à la suite de la longue guerre civile, et des difficultés environnementales avec leurs lots de populations déplacées à la suite de graves inondations et de périodes d’intense sécheresse.
56
+
57
+ À partir de 2010, d'importantes réserves de gaz sont découvertes au large des côtes septentrionales du pays. Elles constitueraient les 4es réserves les plus importantes au monde après le Qatar, la Russie et l'Iran[16]. La localisation de ces gisements constitue un atout du fait de leur facilité d'acheminement vers le marché asiatique. D'ici 2025, le pays peut également devenir l'un des principaux producteurs de charbon[16].
58
+
59
+ Le niveau d'éducation au Mozambique est de neuf ans pour les garçons et de sept ans pour les filles, ce qui donne une moyenne de 8 ans d'éducation[17] (2005).
60
+
61
+ Le pays a perdu beaucoup d'habitants lors de la traite et de sa guerre civile, et la population jeune (la moitié des habitants a moins de 20 ans) augmente rapidement.
62
+
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+ En dépit d'un taux de natalité élevé (5 enfants par femme), la croissance naturelle est freinée par la pandémie du sida (12 %). L'accès aux moyens de contraception est limité.
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+
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+ Beira et ses environs ont été frappés le 15 mars 2019 par le cyclone Idai avec des vents qui ont soufflé jusqu'à 205 km/h. Au 26 avril 2019, le bilan serait de plus de 600 morts[18]. C'est le cyclone le plus meurtrier de la saison cyclonique 2018-2019 dans l'océan Indien sud-ouest.
66
+
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+ Sur les 43 langues recensées au Mozambique[19], les principales, par leur nombre de locuteurs de plus de 5 ans, selon le recensement de 1997[20], sont : l'emakhuwa (3 291 916 locuteurs, soit 26,3 % de la population de plus de 5 ans), le xichangana (1 423 327, soit 11,4 %), l'elomwe (985 920, soit 7,9 %), le sena du Mozambique (876 057, soit 7,0 %), le portugais (809 186, soit 6,5 %), et l'echuwabo (786 715, soit 6,3 %). En ce qui concerne la langue portugaise, selon le recensement de 2007[21], 50,4 % de la population sait la parler (80,8 % en ville et 36,3 % en campagne) contre 39,5 % en 1997 et 24,4 % en 1980 ; 12,8 % l'utilise comme langue principale à la maison (8,8 % en 1997) ; et 10,7 % la considère comme leur langue maternelle (6,5 % en 1997 et 1,2 % en 1980). À Maputo, la capitale, c'est même 42,9 % des habitants de 5 ans et plus qui ont le portugais comme langue maternelle[21] et 55,2 % comme principale langue au quotidien[réf. nécessaire]. Entre 1997 et 2007 la langue portugaise a progressé dans tout le pays[22]. Les langues bantoues représentent quant à elles les langues maternelles de 85,2 % de la population du pays (93,5 % en 1997 et 98,8 % en 1980)[21]. L'Anglais est une langue étrangère très présente parmi les membres de l'élite du pays.
68
+
69
+ Le pays compte environ 101 ethnies, les plus importantes étant les Makondés, les Tsongas, les Yaos et les Shonas. La plupart des Mozambicains sont d'origine africaine. En effet, ils constituent 99,68 % de la population totale du Mozambique. 0,06 % d'entre eux sont Européens, 0,02 % Euro-Africains et 0,08 % sont d'origine indienne.
70
+
71
+ Selon le recensement de 2007, les principaux cultes sont le christianisme pour 56,1 % (dont catholicisme 28,4 %) et l'islam pour 17,9 %, alors que 7,3 % de la population pratiquent une autre religion et 18,7 % aucune[24]. Le Mozambique est un pays membre de l'Organisation de la coopération islamique.
72
+
73
+ La Direction nationale des affaires religieuses au ministère de la Justice affirme que les chrétiens évangéliques représentent le groupe religieux le plus rapide en croissance dans le pays. En général, les communautés religieuses ont tendance à trier leurs membres à travers des lignes ethniques, politiques et économiques.
74
+
75
+ Au Mozambique, des dizaines de milliers de personnes meurent ou tombent malades en raison du manque d'accès à l'eau potable. La dysenterie, le choléra et les autres maladies hydriques figurent parmi les principales causes de mortalité, avec le paludisme et le sida. Selon les Nations unies, chaque année, plus de 20 000 enfants décèdent de maladies hydriques[25].
76
+ Le pays est bénéficiaire de l'aide internationale et notamment de la part d'Unitaid, ce qui lui a permis notamment de recevoir le traitement de 25 000 enfants par des antirétroviraux[26].
77
+
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+ La cathédrale d’inspiration gothique de Notre-Dame de la Concession a été construite à Maputo en 1944 en forme de croix.
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+ Le Mozambique a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Œuvres principales
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+
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+ Liste des œuvres de Mozart
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+ Signature de Mozart
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+
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+ modifier
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+
8
+ Wolfgang Amadeus Mozart ou Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart[1] est un compositeur classique né à Salzbourg (principauté du Saint-Empire romain germanique) le 27 janvier 1756 et mort à Vienne le 5 décembre 1791[2].
9
+
10
+ Mort à trente-cinq ans, il laisse une œuvre impressionnante (893 œuvres sont répertoriées dans le catalogue Köchel), qui embrasse tous les genres musicaux de son époque. Selon le témoignage de ses contemporains, il était, au piano comme au violon, un virtuose.
11
+
12
+ On reconnaît généralement qu'il a porté à un point de perfection le concerto, la symphonie, et la sonate, qui devinrent après lui les principales formes de la musique classique, et qu'il fut l'un des plus grands maîtres de l'opéra. Son succès ne s'est jamais démenti. Son nom est passé dans le langage courant comme synonyme de génie, de virtuosité et de maîtrise parfaite[3].
13
+
14
+ Né au numéro 9 de la Getreidegasse à Salzbourg, qui est alors la capitale d'une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain germanique (Cercle de Bavière), Mozart est le fils du musicien (violoniste), compositeur et pédagogue (une méthode du violon), Léopold Mozart, né et originaire d'Augsbourg, ville de Bavière, qui occupe alors la fonction de vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, et d'Anna Maria Pertl, son épouse[4].
15
+
16
+ Wolfgang est le cadet de sept enfants. En raison du manque d'hygiène de l'époque et de mauvaises conditions sanitaires, trois enfants sont morts en bas âge avant la naissance de sa sœur Maria Anna (surnommée « Nannerl », née en 1751), et deux autres sont encore morts entre la naissance de cette sœur aînée et la sienne[5].
17
+
18
+ Il est baptisé le lendemain de sa naissance dans une chapelle de la cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg. Son acte de baptême porte les prénoms de Joannes Chrysost[omus][n 1] Wolfgangus[n 2] Theophilus. Theophilus, signifiant « aimé de Dieu », a des équivalents allemands (Gottlieb, prénom que son père lui attribue un mois après sa naissance), italien et latin (Amedeo prénom adopté lors de son voyage en Italie en décembre 1769)[6]. Wolfgang se fera appeler généralement « Wolfgang Amadè Mozart » mais s’amuse tout au long de sa vie à déguiser et à déformer ses différents noms en de Mozartini, Gangflow (Wolfgang à l’envers), Trazom, etc[7]. Mais on ne le voit jamais signer Amadeus si on dépouille la correspondance. Ce prénom ne sera employé qu'après sa mort.
19
+
20
+ Dès l'âge de trois ans, Mozart révèle des dons prodigieux pour la musique : il a l'oreille absolue et certainement une mémoire eidétique[8]. Ses facultés déconcertent son entourage, et incitent son père à lui apprendre le clavecin dès sa cinquième année. Le jeune Mozart apprend par la suite le violon, l'orgue et la composition. Il sait déchiffrer une partition a prima vista et jouer en mesure avant même de savoir lire, écrire ou compter. À l'âge de six ans (1762), il compose déjà ses premières œuvres (menuets KV. 2, 4 et 5, allegro KV. 3 inscrits dans le Nannerl Notenbuch, « cahier de musique pour Nannerl »)[9]. À quatorze ans, il aurait ainsi parfaitement retranscrit le Miserere de Gregorio Allegri, œuvre religieuse complexe, non publiée, mais connue, qui dure environ quinze minutes, en ne l'ayant écouté qu’une seule fois. Une autre version évoque deux écoutes, Mozart regardant la deuxième fois, la partition de la première[10]. Mozart ne reçoit pas d'autre éducation que celle que lui donne son père.
21
+
22
+ Entre 1762 et 1766, le jeune Mozart entreprend le Grand Tour lors d'un long périple musical avec son père, employé par le prince-archevêque Schrattenbach, ainsi qu'avec sa sœur aînée Maria Anna qu'il appelle Nannerl. Ils vont d'abord à Munich, puis à Vienne, avant de s'engager, le 9 juin 1763, dans une longue tournée en Europe, qui les emmène de nouveau à Munich, puis à Augsbourg, Mannheim, Francfort, Bruxelles où il logea une nuit au château de Hasselbrouck, Paris, Versailles, Londres, La Haye, Amsterdam, Dijon, Lyon, Genève[13] et Lausanne. Les exhibitions du jeune musicien impressionnaient les auditeurs et lui permettaient de capter de nouvelles influences musicales. Il fait ainsi la rencontre de deux musiciens qui vont le marquer définitivement : Johann Schobert à Paris, et Johann Christian Bach, fils cadet de Jean-Sébastien Bach, à Londres. Ce dernier lui fait découvrir le pianoforte, inventé au début du siècle, et l'opéra italien ; il lui apprend également à construire une symphonie. C'est également à Londres que le naturaliste Daines Barrington tente de montrer que Wolfgang n'est qu'une sorte de singe savant exhibé par son père devant la noblesse européenne et qu'il s'agit d'une supercherie mais ses tests sur l'enfant révèlent qu'il s'agit bien d'un prodige[14]. Dans ses exhibitions, le jeune Mozart démontre ses qualités exceptionnelles de virtuose non seulement au clavecin, et plus tard au pianoforte, mais aussi au violon et à l'orgue. Il lui sera d'ailleurs proposé à Versailles un emploi de musicien à l'orgue qu'il n'acceptera pas. Mozart recherchera en vain un emploi de chef d'orchestre, kapellmeister, à Vienne. Lui-même s'intitule kapellmeister.
23
+
24
+ En 1767, à l'âge de onze ans, Mozart compose son premier opéra Apollo et Hyacinthus (K.38), une comédie latine destinée à être interprétée par les élèves du lycée dépendant de l'université de Salzbourg. De retour en Autriche, il se rend régulièrement à Vienne, et, durant l'été 1768, compose deux autres opéras : Bastien et Bastienne et La finta semplice ; il n'a alors que douze ans. L'année suivante, le prince-archevêque le nomme maître de concert. Son père obtient un congé, sans solde, ce qui lui permet de faire découvrir l'Italie à son fils (Mozart s'y rendra régulièrement jusqu'en 1773) ; il y étudie l'opéra, forme musicale dans laquelle il excellera (Le nozze di Figaro (les Noces de Figaro), Don Giovanni, Così fan tutte (Ainsi font-elles toutes), Die Zauberflöte (la Flûte enchantée)…) et grâce à son travail sur les harmonies vocales et sa maîtrise de la polyphonie, il apportera une touche personnelle de sensibilité à ce genre. Alors qu'il visite Rome avec son père Leopold, il a la chance de pouvoir écouter le Miserere le mercredi de la Semaine sainte, le 11 avril 1770. Le soir même, il retranscrit le morceau de mémoire, pourtant interdit de reproduction par le Vatican sous peine d'excommunication. Il l'écoutera encore une fois le vendredi qui suit pour pouvoir faire quelques modifications. En Italie encore, il se lie au savant Padre Martini, devient membre de l'Accademia Filarmonica de Bologne – qui pourtant n'admettait en principe que des membres âgés de plus de vingt ans. Le pape Clément XIV le nomme Cavaliere dello speron d'oro (Chevalier de l'éperon d’or).
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26
+ Le 16 décembre 1771, le prince-archevêque Schrattenbach meurt. Hieronymus von Colloredo-Mansfeld devient son nouvel employeur.
27
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28
+ Le prince-archevêque Colloredo, à la différence de son prédécesseur, tolère moins les voyages de la famille Mozart. Mais le jeune musicien se résigne mal à rester dans sa ville natale. En outre, son nouvel employeur lui impose la forme des pièces qu'il doit composer pour les cérémonies religieuses. À dix-sept ans, il a du mal à accepter ces contraintes, et ses relations avec le prince-archevêque se dégradent au cours des trois années qui suivent.
29
+
30
+ C'est à cette époque qu'il fait la connaissance, à Vienne, de son illustre aîné Joseph Haydn, avec qui il entretiendra tout au long de sa vie une correspondance et une amitié teintée d'admiration, réciproque. Mozart lui donnera le surnom affectueux de « papa Haydn », resté aujourd'hui encore vivace. Joseph Haydn à Léopold Mozart qui le rapporte :
31
+
32
+ « Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition. »
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+
34
+ Wolfgang Amadeus Mozart à propos de Joseph Haydn :
35
+
36
+ « Lui seul a le secret de me faire rire et de me toucher au plus profond de mon âme. »
37
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38
+ En 1776, Mozart qui a alors vingt ans, décide de quitter Salzbourg. Mais le prince-archevêque refuse de laisser partir son père, et lui impose de démissionner de son poste de maître de concert. Après une année de préparatifs, il part avec sa mère, tout d'abord à Munich, où il n'obtient pas de poste, puis à Augsbourg, et enfin à Mannheim, où il se lie d'amitié avec de nombreux musiciens. Toutefois, ses démarches pour obtenir un poste restent, là aussi, infructueuses. C'est à Mannheim également qu'il tombe éperdument amoureux de la cantatrice Aloysia Weber, ce qui suscite la colère de son père, qui lui demande de ne pas oublier sa carrière. Couvert de dettes, Mozart comprend qu'il doit reprendre ses recherches, et part pour Paris, au mois de mars 1778.
39
+
40
+ À Paris, Mozart espère trouver de l'aide auprès de Friedrich Melchior Grimm, qui s'était occupé de sa tournée lorsqu'il avait sept ans, mais sans succès, l'homme de lettres lui reprochant "un manque de savoir-faire pour se mettre en valeur". Grimm met fin, déçu, au séjour de son jeune protégé. Mozart ne trouve pas non plus de poste qui lui convienne, et a même du mal à se faire payer ses leçons d'un noble qui le traite avec condescendance, comportement des nobles en général qui marquera Mozart. Lors de ce séjour, sa mère Anna Maria tombe malade et meurt le 3 juillet 1778 rue du Gros-Chenet (actuellement au 8 rue du Sentier où se trouve une plaque commémorative) à Paris. Elle est inhumée sur place après une messe à l'église Saint-Eustache en présence de son fils qui signe sur le registre paroissial de cette église[n 3].
41
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42
+ Mozart rentre alors à Salzbourg, où son père réussit à convaincre le prince-archevêque de le reprendre à son service. Sur le trajet de son retour, il passe par Munich, où vit la famille Weber. Mais Mozart apprend qu'Aloysia aime un autre homme. Après tous ces malheureux événements, il arrive, déprimé, à Salzbourg le 29 janvier 1779, où il retrouve son ancien poste de Konzertmeister auquel Colloredo ajoute la fonction d'organiste de la Cour pour 450 florins par an.
43
+
44
+ En novembre 1780, il reçoit une commande pour l'opéra de Munich, et il part donc, comme son contrat l'y autorise. La création, le 29 janvier 1781, de Idomeneo, re di Creta (Idoménée, roi de Crète), opera seria, est accueillie très favorablement par le public. De retour à Salzbourg, Mozart doit suivre son employeur à Vienne, où le prince-archevêque le traite publiquement, après des remarques du jeune musicien jugées impertinentes, de « voyou » et de « crétin » avant de le congédier le 9 mai 1781[15]. Mozart s'installe alors dans la capitale autrichienne, dans la pension de madame Weber, comme compositeur indépendant.
45
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46
+ Mozart visita trois fois la ville de Mayence jusqu'en 1790[16].
47
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48
+ Mozart, désormais débarrassé de l'autorité de son père et de son employeur, peut enfin composer plus librement. En 1782, l'empereur Joseph II lui commande un opéra. Ce sera Die Entführung aus dem Serail (L'Enlèvement au sérail), en langue allemande, qui incitera Gluck, compositeur et directeur des concerts publics à Vienne, à féliciter Mozart et sera l'opéra de Mozart le plus joué à Vienne. Joseph II est enchanté, voilà l'opéra allemand dont il rêve.
49
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50
+ Mozart a fait la connaissance de la troisième fille de madame Weber, Constance, et décide de l'épouser sans attendre le consentement écrit de son père qui en sera furieux. Le mariage est célébré le 4 août 1782, dans la cathédrale Saint-Étienne. Peu après, le baron van Swieten, directeur de la bibliothèque impériale, lui fait découvrir deux compositeurs qui sont alors tombés dans l'oubli : Bach et Haendel. Mozart, homme de théâtre tout comme Haendel, admire les effets musicaux créés par ce dernier pour accentuer le caractère dramatique de ses œuvres. Il est en outre fasciné par l'art du contrepoint de Bach, qui influence directement sa Grande messe en ut mineur KV. 427, et nombre de ses œuvres par la suite. La même année, il commence une série de six quatuors dédiés à son ami Joseph Haydn, qui se terminera en 1785.
51
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52
+ Pétri des idées des Lumières, Mozart entre le 14 décembre 1784 en franc-maçonnerie dans la loge Zur Wohltätigkeit (la Bienfaisance), et accède au grade de maître, le 13 janvier 1785[17]. Très épris des idéaux de la maçonnerie qui diffusent cette philosophie des Lumières, il écrit par la suite une douzaine d'œuvres pour ses frères maçons, dont Die Maurerfreude (La Joie des maçons, K. 471) en février 1785, la Maurerische Trauermusik (Musique funèbre maçonnique, K. 477) en novembre 1785, et surtout, en 1791, La Flûte enchantée (dit « opéra maçonnique ») KV. 620, qui serait une transcription de l'initiation à la franc-maçonnerie avec ses épreuves, son maître de cérémonie, la répétition de thèmes avec trois notes et une musique évoquant l'idéal maçonnique.
53
+
54
+ En 1786, Mozart fait la connaissance du librettiste Lorenzo da Ponte, « poète impérial » à Vienne avec un rang directorial comparable à celui de Salieri directeur musical du Théâtre d'opéra impérial et kappelmeister. Da Ponte, alors bien en cour, contrairement à Mozart, convainc l'empereur d'autoriser la création d'un opéra basé sur Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, alors qu'il avait fait auparavant interdire la pièce, jugée subversive. Mozart met en musique le livret de Lorenzo da Ponte, et la première de Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) a lieu le 1er mai 1786 à Vienne. Son succès n'empêche pas son retrait rapide de l'affiche, l’œuvre mécontentant la noblesse viennoise. Mozart part alors à Prague, où Le nozze connaît un grand succès. En hommage à cette ville, il compose la Symphonie no 38 en ré majeur.
55
+
56
+ Il reçoit alors du directeur du théâtre de Prague, ville qui lui a fait fête, la commande d'un opéra pour la saison suivante. Mozart fait à nouveau appel à Lorenzo da Ponte librettiste à succès, pour créer le livret de Don Giovanni. Il s'inspire d'un opéra buffa italien de Gazzaniga produit à Venise sur un livret de Bertati quelques mois auparavant[18]. Le 28 mai 1787, son père, Léopold, meurt. Il avait rompu avec lui. Ce décès bouleverse Mozart, et va influencer la composition de son opéra alors en chantier. Don Giovanni est créé au théâtre des États de Prague le 28 octobre 1787 avec un grand succès, mais qui ne se confirmera cependant pas à Vienne. Mozart note Don Giovanni comme un opéra buffa, sans doute en raison du genre d'opéra, dans son catalogue[19], mais cet opéra sera publié et produit comme dramma giocoso, mêlant le comique et le tragique.
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+ Le 7 décembre 1787, Joseph II, satisfait de Mozart, le nomme musicien de la chambre impériale et royale avec un traitement confortable de 800 florins par an. Il le charge de la musique de danse. Mozart tentera en vain d'obtenir le poste de Konzertmeister impérial, la fonction occupée par Gluck. À ce traitement, Mozart ajoute ses cours privés donnés à la noblesse ou à la bourgeoisie de Vienne, le fruit des concerts par souscription qu'il organise et qu'il dirige et des gratifications pour chacun de ses opéras. Des opéras qui ne connaissent pas un grand succès selon Robbins Landon, la Cour et le public préférant l'opéra napolitain de Paisiello et Martin y Soler notamment, bien qu'il s'inspire de ce style dans la trilogie mais à sa manière. C'est cette manière qui à cette époque ravit les amateurs. Même Goethe qui admire Mozart, lui préfère Cimarosa. Après la mort de son protecteur Joseph II, Léopold II lui succède. Ce dernier ne semble pas apprécier Mozart qui perd sa situation, puis les faveurs de la noblesse, sans doute à cause du procès pour dettes intenté par le prince Lichnowsky à l'issue d'un voyage effectué en commun.
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+ Durant les dernières années de sa vie, Mozart est souvent malade, et chroniquement endetté, ceci malgré de nombreux succès très bien rétribués, car il mène grand train de vie. Il compose beaucoup : sonates, concertos, symphonies, opéras (dont Così fan tutte, sa dernière collaboration avec Lorenzo da Ponte). L'année 1790, qui voit le décès de l'empereur Joseph II (son successeur Léopold II n'est pas favorable aux francs-maçons) et le départ de Joseph Haydn pour Londres, est peu productive[21].
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+ En 1791, Emanuel Schikaneder, franc-maçon comme lui, mais d'une autre loge, directeur d'un petit théâtre populaire de la banlieue de Vienne, le Freihaustheater auf der Wieden, sollicite sa participation à un opéra populaire en allemand. Il en écrit le livret, et Mozart écrit la musique de son avant-dernier opéra, Die Zauberflöte (La Flûte enchantée). Sa création le 30 septembre dans le théâtre privé de Schikaneder est un triomphe. Ce dernier a prévu de mettre en scène plusieurs opéras populaires de langue allemande inspirés de Lulu, ou La Flûte enchantée et les Garçons judicieux, tirés du recueil de contes intitulé Dschinnistan, de Wieland et Johann August Liebeskind (1786-1789). Le livret de La Flûte enchantée (Die Zauberflöte) représente un opéra féérique, mi-chanté, mi-parlé. D'après des recherches récentes[22], les airs de l'opéra émaneraient de compositeurs divers collaborant avec Schikaneder et pas seulement de Mozart, mais toute la musique aurait été attribuée à ce dernier. Il s'agirait donc d'une production collective[23] qui se serait poursuivie dans un autre opéra féérique Der Stein der Wiese. La Flûte enchantée passe pour avoir créé un « style d'opéra allemand complètement formé fondé sur l'étrange mélange et d'humour vernaculaire qui caractérise le texte[24]. »
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+ En juillet, un inconnu lui aurait commandé un Requiem (KV. 626), qui devait rester anonyme. On sait aujourd'hui qu'il était commandité par le comte Franz von Walsegg, et on suppose que celui-ci souhaitait soit faire deviner à ses amis le nom de l'auteur, soit s'en attribuer la paternité. On a retrouvé le contrat entre le comte et Mozart selon le Dictionnaire Dermoncourt. Celui-ci, affaibli par la maladie et les privations, doit, en outre, faire face à une surcharge de travail, car il a reçu (début août) la commande d'un opéra (La Clemenza di Tito, KV. 621) pour le couronnement du roi de Bohême Léopold II, qu'il doit composer[19] en trois semaines. L'opéra est mal accueilli, l'impératrice qualifie l’œuvre « porcheria tedesca » et de « musique très mauvaise » ; quant à la cour, elle lui est hostile dès le départ (elle avait « une aversion fortement préconçue pour la composition de Mozart ») et n'aimait que l'opéra italien[25].
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+ Mozart meurt le 5 décembre 1791, cinq minutes avant une heure du matin[26], à l'âge de trente-cinq ans, sans avoir pu achever ce Requiem (qui sera terminé à la demande de Constance par trois de ses élèves, Franz Xavier Süssmayer, Joseph Eybler, Freystadler et probablement l'abbé Stadler d'après Robbins Landon[27]). Les raisons de sa mort restent inconnues. Il était alors fiévreux, le corps gonflé et alité. Elles ont fait l'objet de nombreuses publications et près de cent quarante causes possibles ont ainsi été citées par Lucien Karhausen, chercheur et psychiatre germanique[28] : grippe, hémorragie cérébrale, trichinose, obésité, syndrome maniaco-dépressif, fièvre rhumatismale aiguë par streptocoque[29], empoisonnement au mercure par Salieri jaloux (hypothèse peu vraisemblable[30]), par les francs-maçons furieux de voir leurs rites révélés dans La Flûte enchantée (hypothèse peu crédible car la Franc-maçonnerie éditait une gazette librement distribuée et n'était pas secrète à Vienne), ou par prise de la « liqueur de Van Swieten »[31], hypothèse également peu vraisemblable et très peu évoquée qui met en cause Van Swieten père, médecin et ami de l'empereur François Ier d'Autriche. Pour Robbins Landon, les deux hypothèses vraisemblables sont que Mozart est mort « d'une fièvre rhumatismale ou selon un autre diagnostic d'une insuffisance rénale »[32].
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+ La légende, reprise dans le film Amadeus de Miloš Forman (film inspiré du célèbre ouvrage sur Mozart de Hildesheimer) qui veut que Mozart ait composé ce Requiem en prémonition de sa mort prochaine relève plus de l'imagerie romantique que de la réalité. Mozart reçoit un enterrement de troisième classe, usuel pour la bourgeoisie moyenne à cette époque. Sa femme Constance laisse Gottfried van Swieten, ami et mécène du compositeur, organiser les funérailles : le service funèbre se déroule, sans messe ni musique[33], dans la chapelle du Crucifix, une chapelle latérale de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne[34]. Le 6 décembre 1791 le corbillard conduit la dépouille à la tombée de la nuit au cimetière Saint Marx, dans la banlieue de Vienne, dans un des seize caveaux d'un « tombeau communautaire simple », conformément aux règles d'inhumation viennoises, dit un seul auteur. Il fut en fait enterré, de l'avis général des ouvrages de référence, dans une fosse commune ordinaire; une fosse pouvant contenir seize corps avec des couches de terre par rangées de quatre selon le Dictionnaire Mozart[33], au tarif le moins cher, 8 florins et 36 kreutzers, comme la majorité des classes moyennes[2]. Être enterré dans une fosse commune anonyme[n 6] n'avait rien d'inhabituel. L'Empereur avait imposé une loi en ce sens, pour éviter que les Viennois ne se rendent aux cimetières rendre hommage à leurs morts et ramènent en ville des maladies. Mozart n'eut pas de croix, ce qui a choqué à l'époque les admirateurs du compositeur. Une légende non fondée veut que Joseph Rothmayer, un des fossoyeurs, note l'emplacement du corps en entourant le linceul d’un fil de fer et, lors du remembrement du cimetière en 1801, récupère le crâne supposé de Mozart pour le confier à un anatomiste viennois, qui en fera don au Mozarteum de Salzbourg et sera l'objet d'études anatomo-pathologiques[35]. Des analyses ADN récentes n'ont pas pu authentifier le crâne comme étant celui de Mozart. Si ni la famille ni les amis — sauf Salieri, Süssmayer, Deiber et van Swieten franc-maçon comme Mozart, cinq personnes en tout — n'accompagnent le cercueil à son inhumation, cela pourrait être en raison d'un décret impérial qui interdisait aux convois funèbres l'accès aux faubourgs en raison d'épidémies, dont le choléra[36]. Il est établi que devant l'inaction de la veuve de Mozart, plusieurs personnes ont ensuite cherché à retrouver ses restes dans le cimetière, en vain, les fosses communes étant régulièrement remaniées pour accueillir de nouveaux corps.
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+ Il faut ajouter pour mieux comprendre la situation de la fin de vie de Wolfgang Amadeus Mozart, que, probablement joueur, très seul en raison de son caractère difficile, « demeuré enfant » selon sa sœur Nannerl, condamné par la Cour de Basse-Autriche à Vienne le 12 novembre 1791 et saisi pour une dette de 1 435 florins 32 kreuzers, à la demande du prince Karl von Lichnowski[37], pourtant son ami, il est décédé ruiné, quoique disposant d'un traitement confortable de musicien impérial de 800 florins par an, depuis 1787 grâce à la bienveillance de Joseph II. Le souverain appréciait Mozart, mais toutefois préférait, comme le public, les Italiens. Mozart ne connut pas le grand succès de son temps pour cette raison, à la différence de Gluck qui bénéficia en 1787, quelques années plus tôt, d'obsèques solennelles et d'un enterrement dans une belle tombe avec une pierre distinctive à son nom, le tout Vienne musical étant présent. À Salzbourg, Léopold Mozart, père de Wolfgang, et Michael Haydn, frère du grand Haydn et ami de Mozart, ont été l'objet d'obsèques plus relevées avec tombe individuelle et cortège officiel. On peut donc s'interroger sur la personnalité de Mozart et son probable rejet par l'aristocratie comme le fait le musicologue Robbins Landon au XXe siècle. D'autres musiciens que lui ont eu droit en effet à un traitement différent pour leurs obsèques, y compris avant 1791. Robbins Landon a recherché les raisons pour lesquelles Mozart n'avait pas été accepté par la société de Vienne, voire rejeté ; peut-être dit-il parce qu'il affichait ostensiblement son appartenance aux loges, alors qu'après 1789, le point de vue de l'aristocratie change à cet égard. Il y a aussi la condamnation à une peine de prison et saisie pour dettes, à la demande d'un prince actif à Vienne, découverte assez récemment par Robbins Landon et la manière dont Mozart traite la noblesse, qu'il déteste (Correspondance), dans plusieurs de ses opéras. « Mozart était lui-même son pire ennemi » écrit Robbins Landon[38].
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+ Un service commémoratif a lieu à Prague le 14 décembre, cette fois devant des milliers de personnes. Emanuel Schikaneder en organise un préalablement le 10 décembre 1791 à Vienne, au cours duquel le début du Requiem (Introït et Kyrie) pourrait avoir été chanté, la partie composée par Mozart lui-même[39].
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+ En son honneur est érigé un cénotaphe conçu en 1859 par le sculpteur Hanns Gasser : une statue en bronze représente la muse de la musique assise sur un socle de granit. Elle porte dans sa main droite une partition du Requiem et dans sa main gauche, reposant sur une pile d'œuvres de Mozart, une couronne de laurier. Le monument est vandalisé à plusieurs reprises (1868, 1879) et à la suite de la fermeture du cimetière Sankt Marx en 1874, il est transféré en 1891 (l'année du centenaire de la mort du compositeur) dans le cimetière central de Vienne pour faire partie du « carré » des sépultures de grands musiciens comme Beethoven ou Strauss. Le groupement actuellement à Sankt Marx, constitué d'un « génie rêveur » appuyé à une colonne tronquée, est rajouté à la fin du XIXe siècle par Alexander Kugler, gardien de cimetière et admirateur du compositeur. Il entreprend de manière non officielle de refaire connaître ce lieu abandonné, à partir de sculptures récupérées sur des tombes voisines à l'abandon. Endommagé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monument funéraire de Sankt Marx est restauré en 1950 par le sculpteur Florian Josephu-Drouot[40].
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+ Mozart épousa Constanze Weber (1763-1842) le 4 août 1782. Ils eurent six enfants en près de neuf ans :
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+ Seuls deux des enfants, Karl Thomas et Franz Xaver Wolfgang, survécurent, passé la petite enfance. En raison de ses fréquentes grossesses, Constance est réputée pour avoir été faible et souvent confinée dans son lit ou en cure, n'ayant pas conscience du génie de son mari ; cette thèse est détaillée par le musicologue Alfred Einstein[41] qui met en cause, dans son ouvrage Mozart l'homme et l'œuvre, sa responsabilité dans la triste fin de Mozart, avec des termes très forts[42] :
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+ « Elle n'était même pas une bonne ménagère ; elle n'était jamais prévoyante, et, au lieu de faciliter la vie et le travail de son époux en lui assurant un certain confort matériel, elle partageait inconsidérément son expérience bohème […] Elle était tout à fait inculte et n'avait aucun sens des convenances. »
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+ Une appréciation tempérée par un jugement du biographe Otto Jahn (Mozart, Leipzig 1856 ; 4e éd. 1907) : « On trouve Constance… souffrant de l'insouciance d'un homme de génie qui demeura un enfant jusqu'à la fin de ses jours »[43].
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+ De nombreux portraits présumés de Mozart semblent avoir été effectués de seconde main, probablement sans voir le musicien ou bien rétrospectivement après la mort du compositeur. Ils montrent des physionomies différentes et sont douteux quant à leur ressemblance. Le portrait peint vers 1782 par Joseph Lange, beau-frère de Mozart et peintre amateur, était considéré par sa femme Constance comme étant « de loin la meilleure image de lui »[44]. Mais le portrait de qualité le plus ressemblant est un portrait en miniature réalisé par Dora Stock le 16 ou le 17 avril 1789 lors d'un séjour de Mozart à Dresde. D'une grande finesse, il est dessiné selon la technique de la carta tinta sur un carton préparé de couleur ivoire. Il montre le compositeur en buste de profil à gauche. Le format ovale réduit (76 x 60 mm) et le portrait de profil sont courants dans les portraits en miniature de la fin du XVIIIe siècle. Ce portrait de 1789 est considéré comme le dernier portrait authentique connu de Mozart.
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+ Dans son livre de mémoires Reminiscences, le ténor Michael Kelly décrit Mozart comme un homme de petite taille (1,52 m, sa croissance étant probablement freinée lors de sa tournée européenne exténuante qui le privait de sommeil et d'hormone de croissance sécrétée la nuit[45]), pâle et maigre, la chevelure blonde, le visage grêlé par la petite vérole. S'habillant de manière élégante, il se révèle un grand séducteur[46].
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+ Dans son livre Les confessions de Constanze Mozart, la romancière Isabelle Duquesnoy décrit Mozart comme blond (il a cessé de porter des perruques dès son arrivée à Vienne), aux yeux bleus, le regard doux, myope, gaucher et affublé d'une malformation congénitale à l'oreille. Sa femme sera accusée d'adultère, notamment avec un élève de Mozart (Süssmayer), qui l'avait accompagnée en cure à Baden durant une grossesse difficile ; les rumeurs cesseront lorsque l'enfant (Franz Xaver Wolfgang Mozart) naîtra, porteur de cette même malformation.
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+ Mozart est, avec Haydn et Beethoven, l’un des principaux représentants du style classique « viennois ». Cela ne suffit certes pas à le définir. Dans une époque dominée par le style galant, Mozart réalise la synthèse des complexités contrapuntiques propres au baroque tardif et des formes novatrices influencées notamment par les fils Bach ou par Haydn. Si Mozart est considéré comme le meilleur représentant du style classique, son style va toutefois bien au-delà : il est l’un des plus personnels et des plus immédiatement reconnaissables à l’oreille.
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+ Né dans une famille de musiciens, tôt habitué à voyager et à rencontrer des instrumentistes et compositeurs d’horizons et nationalités différents, Mozart devient dès l’enfance un imitateur de génie et s’approprie tout ce qu’il entend. Il suit cette méthode tout au long de sa vie, notamment quand il s’agit de se familiariser avec le contrepoint, ce « style savant » (ou « sévère ») si difficile à assimiler à l’époque où on lui oppose le style galant dans lequel Mozart baigne depuis l’enfance. Mozart commence par transcrire plusieurs fugues de Bach pour trio à cordes, sur une commande de Van Swieten (KV. 404a), puis se consacre réellement à composer des fugues, non sans difficultés : celle entamée pour le final de la Sonate pour violon KV. 402 reste inachevée ; tandis que celles du Prélude et fugue KV. 394 composé en 1782 ou de la Suite dans le style de Haendel KV 399 sont d’une extrême complexité, qui traduit les difficultés rencontrées par Mozart dans l’étude du contrepoint. Pourtant, celui-ci nourrit la Messe en ut mineur KV. 427 entamée à la même époque. Dans les mois suivants, on retrouve des fugues pour vents (Sérénade KV. 388), pour piano (Fugue en do mineur pour 2 pianos KV. 426, par la suite transcrite pour orchestre dans l’Adagio et fugue KV. 546), et plus tard pour orgue (KV. 594 et KV 608). Puis, dans les années suivantes, Mozart abandonne la simple imitation, mais des œuvres bénéficient de ce travail : le final du Quatuor en sol majeur (KV. 387) ou le final de la Symphonie « Jupiter » (KV. 551), deux mouvements où la superposition des lignes atteint une maîtrise inégalée.
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+ Il est impossible de définir Mozart par un genre précis. Opéra, symphonie, concerto, musique de chambre, musique sacrée… Mozart est un touche-à-tout qui s’approprie chaque genre, chaque forme, chaque instrument pour mieux le réinventer. Si les traits principaux du style classique sont bien présents dans ses œuvres (clarté de la structure et de ses articulations, équilibre de la formation, harmonie simple), si son don inné pour la mélodie est une évidence, Mozart en joue pour mieux faire ressortir tel motif, telle dissonance, surprendre par des audaces peu prisées de ses contemporains : quelques œuvres, à l’époque confidentielles, en portent la marque (comme la Fantaisie en ut mineur KV. 475 ou le Quatuor « Dissonance » KV. 465, dont l’introduction justifie le nom).
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+ Mozart n’était pas pour autant un révolutionnaire. Il est l’auteur d’une abondante production de divertimenti, menuets et airs très conformes aux conventions de l’époque, sans jamais se laisser enfermer dans un registre. Lorsqu’il compose ses opéras, c’est chaque fois avec une alternance entre opéra buffa (Les Noces de Figaro, Così fan tutte) inspirés de l'opéra napolitain qui connait alors un grand succès et opéra seria (Idomeneo). Et son avant-dernier opéra rompt avec chacun de ces deux styles puisqu’il s’agit d’un singspiel, une opérette allemande chargée de symbolisme et, à vrai dire, inclassable : la Flûte enchantée qui prend place dans une série d'opéras populaires créés par Schikaneder, directeur de troupe.
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+ Cultivé, curieux, sans cesse à l’écoute des inventions musicales ou artistiques de son époque, Mozart a su jusqu’au bout faire évoluer son style au gré des découvertes. On sent facilement l’influence débutante du Sturm und Drang allemand dans les dernières années mozartiennes (et pas seulement dans Don Giovanni ou dans le Requiem inachevé, qui reprend des thèmes du remarquable requiem de Michael Haydn, son ami). Le propre du génie mozartien est là : avoir su s’inspirer de ses contemporains sans jamais suivre d’autre modèle que le sien propre. La conscience de son génie lui donne une impertinence acérée qui fait partie de sa tournure d'esprit foncièrement anti-conformiste[47].
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+ La force et la grâce, la puissance et l’émotion, le pathétique, l’humour, l’élégance la plus exquise sont réunis dans son œuvre pour faire de Mozart le compositeur le plus accompli de sa génération avec Haydn.
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+ On peut dire de sa musique qu'elle a poussé la forme classique, la musique du XVIIIe siècle, à son paroxysme, avant l'avènement du romantisme, son génie est d'avoir mis toute la tendresse, toute la musicalité dans cette forme dite « classique ».
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+ Mozart a eu une grande influence sur l’histoire de la musique, et ce directement auprès de ses contemporains. Il clôt une période plus qu'il en ouvre une autre. Même son aîné, Haydn, ami et admirateur de Mozart, en subit l’influence dans ses dernières symphonies et messes, et dans ses deux oratorios.
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+ Les successeurs de Mozart n’y échappent pas. Beethoven, qui l'a croisé en 1787. Schubert, davantage, qui grandit à Vienne à l’époque même où le génie de Mozart est enfin unanimement reconnu, quelques années après sa mort. D’autres compositeurs, moins à l’avant-garde du romantisme, restent plus proches de l’esprit mozartien classique, notamment son élève Johann Nepomuk Hummel ou Louis Spohr. Les opéras de Gioachino Rossini doivent à Mozart en tant qu'auteur d'opéras buffe d'inspiration napolitaine, et ce n’est pas un hasard si l'italien choisit de mettre en musique Le Barbier de Séville de Beaumarchais, premier volet des mésaventures de Figaro ayant déjà fait l'objet d'un opéra de Paisiello (célèbre en son temps) que Mozart a connu à Vienne. Enfin, Mendelssohn, Chopin, Brahms, et même Busoni assument l’héritage de Mozart dans une grande partie de leurs œuvres, souvent à la même hauteur que celui de Bach alors peu joué.
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+ Aujourd’hui, il est incontestablement le plus populaire des classiques.
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+ Quelques décennies après la mort de Mozart, plusieurs tentatives ont été faites afin d’inventorier ses compositions. Toutefois, c’est seulement en 1862 que Ludwig von Köchel, musicologue, complètera un catalogue chronologique de 626 œuvres, qui fait, aujourd’hui encore, figure de référence. Sa sixième édition recense désormais 893 œuvres.
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+ Liste de sonates pour piano :
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+ Liste de autres pièces pour piano :
129
+
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+ Liste des pièces pour orgue :
131
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+ Liste des pièces pour cordes :
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+
134
+ Liste des pièces pour vents :
135
+
136
+ Liste des pièces pour ensemble mixte :
137
+
138
+ Mozart ne peut pas être considéré comme écrivain. Toutefois, son abondante correspondance, qui a fait l’objet d’éditions partielles puis complètes, n’est pas seulement une source importante pour la compréhension du compositeur et de son époque, mais également une œuvre d’une qualité littéraire certaine bien qu'elle soit avant tout utilitaire et dépourvue de commentaires sur la musique et la vie musicale et culturelle de son temps.
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+
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+ L’Autriche considère Mozart comme l’un de ses enfants les plus illustres[n 8] bien qu'historiquement il soit né dans la principauté ecclésiastique de Salzbourg incluse alors dans le cercle de Bavière et non dans le cercle d'Autriche. Salzbourg ne devient en effet autrichienne qu'en 1805 lors des guerres napoléoniennes.
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+ Dans sa correspondance, Mozart se dit allemand, dans un sens général et non un sens administratif, l'ensemble politique du Saint-Empire romain germanique ne donnant aucune postérité étatique[48]. Mozart est donc avant tout un Salzbourgeois de langue allemande, et par extension un sujet du Saint-Empire romain germanique, auquel participe également l'Autriche et qu'elle domine en partie (depuis le XIIIe siècle, la couronne impériale est dans la famille régnante autrichienne des Habsbourg).
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+ Œuvres principales
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+ Liste des œuvres de Mozart
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+ Signature de Mozart
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+ modifier
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+ Wolfgang Amadeus Mozart ou Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart[1] est un compositeur classique né à Salzbourg (principauté du Saint-Empire romain germanique) le 27 janvier 1756 et mort à Vienne le 5 décembre 1791[2].
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+ Mort à trente-cinq ans, il laisse une œuvre impressionnante (893 œuvres sont répertoriées dans le catalogue Köchel), qui embrasse tous les genres musicaux de son époque. Selon le témoignage de ses contemporains, il était, au piano comme au violon, un virtuose.
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+ On reconnaît généralement qu'il a porté à un point de perfection le concerto, la symphonie, et la sonate, qui devinrent après lui les principales formes de la musique classique, et qu'il fut l'un des plus grands maîtres de l'opéra. Son succès ne s'est jamais démenti. Son nom est passé dans le langage courant comme synonyme de génie, de virtuosité et de maîtrise parfaite[3].
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+ Né au numéro 9 de la Getreidegasse à Salzbourg, qui est alors la capitale d'une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain germanique (Cercle de Bavière), Mozart est le fils du musicien (violoniste), compositeur et pédagogue (une méthode du violon), Léopold Mozart, né et originaire d'Augsbourg, ville de Bavière, qui occupe alors la fonction de vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, et d'Anna Maria Pertl, son épouse[4].
15
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16
+ Wolfgang est le cadet de sept enfants. En raison du manque d'hygiène de l'époque et de mauvaises conditions sanitaires, trois enfants sont morts en bas âge avant la naissance de sa sœur Maria Anna (surnommée « Nannerl », née en 1751), et deux autres sont encore morts entre la naissance de cette sœur aînée et la sienne[5].
17
+
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+ Il est baptisé le lendemain de sa naissance dans une chapelle de la cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg. Son acte de baptême porte les prénoms de Joannes Chrysost[omus][n 1] Wolfgangus[n 2] Theophilus. Theophilus, signifiant « aimé de Dieu », a des équivalents allemands (Gottlieb, prénom que son père lui attribue un mois après sa naissance), italien et latin (Amedeo prénom adopté lors de son voyage en Italie en décembre 1769)[6]. Wolfgang se fera appeler généralement « Wolfgang Amadè Mozart » mais s’amuse tout au long de sa vie à déguiser et à déformer ses différents noms en de Mozartini, Gangflow (Wolfgang à l’envers), Trazom, etc[7]. Mais on ne le voit jamais signer Amadeus si on dépouille la correspondance. Ce prénom ne sera employé qu'après sa mort.
19
+
20
+ Dès l'âge de trois ans, Mozart révèle des dons prodigieux pour la musique : il a l'oreille absolue et certainement une mémoire eidétique[8]. Ses facultés déconcertent son entourage, et incitent son père à lui apprendre le clavecin dès sa cinquième année. Le jeune Mozart apprend par la suite le violon, l'orgue et la composition. Il sait déchiffrer une partition a prima vista et jouer en mesure avant même de savoir lire, écrire ou compter. À l'âge de six ans (1762), il compose déjà ses premières œuvres (menuets KV. 2, 4 et 5, allegro KV. 3 inscrits dans le Nannerl Notenbuch, « cahier de musique pour Nannerl »)[9]. À quatorze ans, il aurait ainsi parfaitement retranscrit le Miserere de Gregorio Allegri, œuvre religieuse complexe, non publiée, mais connue, qui dure environ quinze minutes, en ne l'ayant écouté qu’une seule fois. Une autre version évoque deux écoutes, Mozart regardant la deuxième fois, la partition de la première[10]. Mozart ne reçoit pas d'autre éducation que celle que lui donne son père.
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+ Entre 1762 et 1766, le jeune Mozart entreprend le Grand Tour lors d'un long périple musical avec son père, employé par le prince-archevêque Schrattenbach, ainsi qu'avec sa sœur aînée Maria Anna qu'il appelle Nannerl. Ils vont d'abord à Munich, puis à Vienne, avant de s'engager, le 9 juin 1763, dans une longue tournée en Europe, qui les emmène de nouveau à Munich, puis à Augsbourg, Mannheim, Francfort, Bruxelles où il logea une nuit au château de Hasselbrouck, Paris, Versailles, Londres, La Haye, Amsterdam, Dijon, Lyon, Genève[13] et Lausanne. Les exhibitions du jeune musicien impressionnaient les auditeurs et lui permettaient de capter de nouvelles influences musicales. Il fait ainsi la rencontre de deux musiciens qui vont le marquer définitivement : Johann Schobert à Paris, et Johann Christian Bach, fils cadet de Jean-Sébastien Bach, à Londres. Ce dernier lui fait découvrir le pianoforte, inventé au début du siècle, et l'opéra italien ; il lui apprend également à construire une symphonie. C'est également à Londres que le naturaliste Daines Barrington tente de montrer que Wolfgang n'est qu'une sorte de singe savant exhibé par son père devant la noblesse européenne et qu'il s'agit d'une supercherie mais ses tests sur l'enfant révèlent qu'il s'agit bien d'un prodige[14]. Dans ses exhibitions, le jeune Mozart démontre ses qualités exceptionnelles de virtuose non seulement au clavecin, et plus tard au pianoforte, mais aussi au violon et à l'orgue. Il lui sera d'ailleurs proposé à Versailles un emploi de musicien à l'orgue qu'il n'acceptera pas. Mozart recherchera en vain un emploi de chef d'orchestre, kapellmeister, à Vienne. Lui-même s'intitule kapellmeister.
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+ En 1767, à l'âge de onze ans, Mozart compose son premier opéra Apollo et Hyacinthus (K.38), une comédie latine destinée à être interprétée par les élèves du lycée dépendant de l'université de Salzbourg. De retour en Autriche, il se rend régulièrement à Vienne, et, durant l'été 1768, compose deux autres opéras : Bastien et Bastienne et La finta semplice ; il n'a alors que douze ans. L'année suivante, le prince-archevêque le nomme maître de concert. Son père obtient un congé, sans solde, ce qui lui permet de faire découvrir l'Italie à son fils (Mozart s'y rendra régulièrement jusqu'en 1773) ; il y étudie l'opéra, forme musicale dans laquelle il excellera (Le nozze di Figaro (les Noces de Figaro), Don Giovanni, Così fan tutte (Ainsi font-elles toutes), Die Zauberflöte (la Flûte enchantée)…) et grâce à son travail sur les harmonies vocales et sa maîtrise de la polyphonie, il apportera une touche personnelle de sensibilité à ce genre. Alors qu'il visite Rome avec son père Leopold, il a la chance de pouvoir écouter le Miserere le mercredi de la Semaine sainte, le 11 avril 1770. Le soir même, il retranscrit le morceau de mémoire, pourtant interdit de reproduction par le Vatican sous peine d'excommunication. Il l'écoutera encore une fois le vendredi qui suit pour pouvoir faire quelques modifications. En Italie encore, il se lie au savant Padre Martini, devient membre de l'Accademia Filarmonica de Bologne – qui pourtant n'admettait en principe que des membres âgés de plus de vingt ans. Le pape Clément XIV le nomme Cavaliere dello speron d'oro (Chevalier de l'éperon d’or).
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+ Le 16 décembre 1771, le prince-archevêque Schrattenbach meurt. Hieronymus von Colloredo-Mansfeld devient son nouvel employeur.
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+ Le prince-archevêque Colloredo, à la différence de son prédécesseur, tolère moins les voyages de la famille Mozart. Mais le jeune musicien se résigne mal à rester dans sa ville natale. En outre, son nouvel employeur lui impose la forme des pièces qu'il doit composer pour les cérémonies religieuses. À dix-sept ans, il a du mal à accepter ces contraintes, et ses relations avec le prince-archevêque se dégradent au cours des trois années qui suivent.
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+ C'est à cette époque qu'il fait la connaissance, à Vienne, de son illustre aîné Joseph Haydn, avec qui il entretiendra tout au long de sa vie une correspondance et une amitié teintée d'admiration, réciproque. Mozart lui donnera le surnom affectueux de « papa Haydn », resté aujourd'hui encore vivace. Joseph Haydn à Léopold Mozart qui le rapporte :
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+ « Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition. »
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+ Wolfgang Amadeus Mozart à propos de Joseph Haydn :
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+ « Lui seul a le secret de me faire rire et de me toucher au plus profond de mon âme. »
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+ En 1776, Mozart qui a alors vingt ans, décide de quitter Salzbourg. Mais le prince-archevêque refuse de laisser partir son père, et lui impose de démissionner de son poste de maître de concert. Après une année de préparatifs, il part avec sa mère, tout d'abord à Munich, où il n'obtient pas de poste, puis à Augsbourg, et enfin à Mannheim, où il se lie d'amitié avec de nombreux musiciens. Toutefois, ses démarches pour obtenir un poste restent, là aussi, infructueuses. C'est à Mannheim également qu'il tombe éperdument amoureux de la cantatrice Aloysia Weber, ce qui suscite la colère de son père, qui lui demande de ne pas oublier sa carrière. Couvert de dettes, Mozart comprend qu'il doit reprendre ses recherches, et part pour Paris, au mois de mars 1778.
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+ À Paris, Mozart espère trouver de l'aide auprès de Friedrich Melchior Grimm, qui s'était occupé de sa tournée lorsqu'il avait sept ans, mais sans succès, l'homme de lettres lui reprochant "un manque de savoir-faire pour se mettre en valeur". Grimm met fin, déçu, au séjour de son jeune protégé. Mozart ne trouve pas non plus de poste qui lui convienne, et a même du mal à se faire payer ses leçons d'un noble qui le traite avec condescendance, comportement des nobles en général qui marquera Mozart. Lors de ce séjour, sa mère Anna Maria tombe malade et meurt le 3 juillet 1778 rue du Gros-Chenet (actuellement au 8 rue du Sentier où se trouve une plaque commémorative) à Paris. Elle est inhumée sur place après une messe à l'église Saint-Eustache en présence de son fils qui signe sur le registre paroissial de cette église[n 3].
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+ Mozart rentre alors à Salzbourg, où son père réussit à convaincre le prince-archevêque de le reprendre à son service. Sur le trajet de son retour, il passe par Munich, où vit la famille Weber. Mais Mozart apprend qu'Aloysia aime un autre homme. Après tous ces malheureux événements, il arrive, déprimé, à Salzbourg le 29 janvier 1779, où il retrouve son ancien poste de Konzertmeister auquel Colloredo ajoute la fonction d'organiste de la Cour pour 450 florins par an.
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+ En novembre 1780, il reçoit une commande pour l'opéra de Munich, et il part donc, comme son contrat l'y autorise. La création, le 29 janvier 1781, de Idomeneo, re di Creta (Idoménée, roi de Crète), opera seria, est accueillie très favorablement par le public. De retour à Salzbourg, Mozart doit suivre son employeur à Vienne, où le prince-archevêque le traite publiquement, après des remarques du jeune musicien jugées impertinentes, de « voyou » et de « crétin » avant de le congédier le 9 mai 1781[15]. Mozart s'installe alors dans la capitale autrichienne, dans la pension de madame Weber, comme compositeur indépendant.
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+ Mozart visita trois fois la ville de Mayence jusqu'en 1790[16].
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+ Mozart, désormais débarrassé de l'autorité de son père et de son employeur, peut enfin composer plus librement. En 1782, l'empereur Joseph II lui commande un opéra. Ce sera Die Entführung aus dem Serail (L'Enlèvement au sérail), en langue allemande, qui incitera Gluck, compositeur et directeur des concerts publics à Vienne, à féliciter Mozart et sera l'opéra de Mozart le plus joué à Vienne. Joseph II est enchanté, voilà l'opéra allemand dont il rêve.
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+ Mozart a fait la connaissance de la troisième fille de madame Weber, Constance, et décide de l'épouser sans attendre le consentement écrit de son père qui en sera furieux. Le mariage est célébré le 4 août 1782, dans la cathédrale Saint-Étienne. Peu après, le baron van Swieten, directeur de la bibliothèque impériale, lui fait découvrir deux compositeurs qui sont alors tombés dans l'oubli : Bach et Haendel. Mozart, homme de théâtre tout comme Haendel, admire les effets musicaux créés par ce dernier pour accentuer le caractère dramatique de ses œuvres. Il est en outre fasciné par l'art du contrepoint de Bach, qui influence directement sa Grande messe en ut mineur KV. 427, et nombre de ses œuvres par la suite. La même année, il commence une série de six quatuors dédiés à son ami Joseph Haydn, qui se terminera en 1785.
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+ Pétri des idées des Lumières, Mozart entre le 14 décembre 1784 en franc-maçonnerie dans la loge Zur Wohltätigkeit (la Bienfaisance), et accède au grade de maître, le 13 janvier 1785[17]. Très épris des idéaux de la maçonnerie qui diffusent cette philosophie des Lumières, il écrit par la suite une douzaine d'œuvres pour ses frères maçons, dont Die Maurerfreude (La Joie des maçons, K. 471) en février 1785, la Maurerische Trauermusik (Musique funèbre maçonnique, K. 477) en novembre 1785, et surtout, en 1791, La Flûte enchantée (dit « opéra maçonnique ») KV. 620, qui serait une transcription de l'initiation à la franc-maçonnerie avec ses épreuves, son maître de cérémonie, la répétition de thèmes avec trois notes et une musique évoquant l'idéal maçonnique.
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+ En 1786, Mozart fait la connaissance du librettiste Lorenzo da Ponte, « poète impérial » à Vienne avec un rang directorial comparable à celui de Salieri directeur musical du Théâtre d'opéra impérial et kappelmeister. Da Ponte, alors bien en cour, contrairement à Mozart, convainc l'empereur d'autoriser la création d'un opéra basé sur Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, alors qu'il avait fait auparavant interdire la pièce, jugée subversive. Mozart met en musique le livret de Lorenzo da Ponte, et la première de Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) a lieu le 1er mai 1786 à Vienne. Son succès n'empêche pas son retrait rapide de l'affiche, l’œuvre mécontentant la noblesse viennoise. Mozart part alors à Prague, où Le nozze connaît un grand succès. En hommage à cette ville, il compose la Symphonie no 38 en ré majeur.
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+ Il reçoit alors du directeur du théâtre de Prague, ville qui lui a fait fête, la commande d'un opéra pour la saison suivante. Mozart fait à nouveau appel à Lorenzo da Ponte librettiste à succès, pour créer le livret de Don Giovanni. Il s'inspire d'un opéra buffa italien de Gazzaniga produit à Venise sur un livret de Bertati quelques mois auparavant[18]. Le 28 mai 1787, son père, Léopold, meurt. Il avait rompu avec lui. Ce décès bouleverse Mozart, et va influencer la composition de son opéra alors en chantier. Don Giovanni est créé au théâtre des États de Prague le 28 octobre 1787 avec un grand succès, mais qui ne se confirmera cependant pas à Vienne. Mozart note Don Giovanni comme un opéra buffa, sans doute en raison du genre d'opéra, dans son catalogue[19], mais cet opéra sera publié et produit comme dramma giocoso, mêlant le comique et le tragique.
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+ Le 7 décembre 1787, Joseph II, satisfait de Mozart, le nomme musicien de la chambre impériale et royale avec un traitement confortable de 800 florins par an. Il le charge de la musique de danse. Mozart tentera en vain d'obtenir le poste de Konzertmeister impérial, la fonction occupée par Gluck. À ce traitement, Mozart ajoute ses cours privés donnés à la noblesse ou à la bourgeoisie de Vienne, le fruit des concerts par souscription qu'il organise et qu'il dirige et des gratifications pour chacun de ses opéras. Des opéras qui ne connaissent pas un grand succès selon Robbins Landon, la Cour et le public préférant l'opéra napolitain de Paisiello et Martin y Soler notamment, bien qu'il s'inspire de ce style dans la trilogie mais à sa manière. C'est cette manière qui à cette époque ravit les amateurs. Même Goethe qui admire Mozart, lui préfère Cimarosa. Après la mort de son protecteur Joseph II, Léopold II lui succède. Ce dernier ne semble pas apprécier Mozart qui perd sa situation, puis les faveurs de la noblesse, sans doute à cause du procès pour dettes intenté par le prince Lichnowsky à l'issue d'un voyage effectué en commun.
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+ Durant les dernières années de sa vie, Mozart est souvent malade, et chroniquement endetté, ceci malgré de nombreux succès très bien rétribués, car il mène grand train de vie. Il compose beaucoup : sonates, concertos, symphonies, opéras (dont Così fan tutte, sa dernière collaboration avec Lorenzo da Ponte). L'année 1790, qui voit le décès de l'empereur Joseph II (son successeur Léopold II n'est pas favorable aux francs-maçons) et le départ de Joseph Haydn pour Londres, est peu productive[21].
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+ En 1791, Emanuel Schikaneder, franc-maçon comme lui, mais d'une autre loge, directeur d'un petit théâtre populaire de la banlieue de Vienne, le Freihaustheater auf der Wieden, sollicite sa participation à un opéra populaire en allemand. Il en écrit le livret, et Mozart écrit la musique de son avant-dernier opéra, Die Zauberflöte (La Flûte enchantée). Sa création le 30 septembre dans le théâtre privé de Schikaneder est un triomphe. Ce dernier a prévu de mettre en scène plusieurs opéras populaires de langue allemande inspirés de Lulu, ou La Flûte enchantée et les Garçons judicieux, tirés du recueil de contes intitulé Dschinnistan, de Wieland et Johann August Liebeskind (1786-1789). Le livret de La Flûte enchantée (Die Zauberflöte) représente un opéra féérique, mi-chanté, mi-parlé. D'après des recherches récentes[22], les airs de l'opéra émaneraient de compositeurs divers collaborant avec Schikaneder et pas seulement de Mozart, mais toute la musique aurait été attribuée à ce dernier. Il s'agirait donc d'une production collective[23] qui se serait poursuivie dans un autre opéra féérique Der Stein der Wiese. La Flûte enchantée passe pour avoir créé un « style d'opéra allemand complètement formé fondé sur l'étrange mélange et d'humour vernaculaire qui caractérise le texte[24]. »
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+ En juillet, un inconnu lui aurait commandé un Requiem (KV. 626), qui devait rester anonyme. On sait aujourd'hui qu'il était commandité par le comte Franz von Walsegg, et on suppose que celui-ci souhaitait soit faire deviner à ses amis le nom de l'auteur, soit s'en attribuer la paternité. On a retrouvé le contrat entre le comte et Mozart selon le Dictionnaire Dermoncourt. Celui-ci, affaibli par la maladie et les privations, doit, en outre, faire face à une surcharge de travail, car il a reçu (début août) la commande d'un opéra (La Clemenza di Tito, KV. 621) pour le couronnement du roi de Bohême Léopold II, qu'il doit composer[19] en trois semaines. L'opéra est mal accueilli, l'impératrice qualifie l’œuvre « porcheria tedesca » et de « musique très mauvaise » ; quant à la cour, elle lui est hostile dès le départ (elle avait « une aversion fortement préconçue pour la composition de Mozart ») et n'aimait que l'opéra italien[25].
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+ Mozart meurt le 5 décembre 1791, cinq minutes avant une heure du matin[26], à l'âge de trente-cinq ans, sans avoir pu achever ce Requiem (qui sera terminé à la demande de Constance par trois de ses élèves, Franz Xavier Süssmayer, Joseph Eybler, Freystadler et probablement l'abbé Stadler d'après Robbins Landon[27]). Les raisons de sa mort restent inconnues. Il était alors fiévreux, le corps gonflé et alité. Elles ont fait l'objet de nombreuses publications et près de cent quarante causes possibles ont ainsi été citées par Lucien Karhausen, chercheur et psychiatre germanique[28] : grippe, hémorragie cérébrale, trichinose, obésité, syndrome maniaco-dépressif, fièvre rhumatismale aiguë par streptocoque[29], empoisonnement au mercure par Salieri jaloux (hypothèse peu vraisemblable[30]), par les francs-maçons furieux de voir leurs rites révélés dans La Flûte enchantée (hypothèse peu crédible car la Franc-maçonnerie éditait une gazette librement distribuée et n'était pas secrète à Vienne), ou par prise de la « liqueur de Van Swieten »[31], hypothèse également peu vraisemblable et très peu évoquée qui met en cause Van Swieten père, médecin et ami de l'empereur François Ier d'Autriche. Pour Robbins Landon, les deux hypothèses vraisemblables sont que Mozart est mort « d'une fièvre rhumatismale ou selon un autre diagnostic d'une insuffisance rénale »[32].
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+ La légende, reprise dans le film Amadeus de Miloš Forman (film inspiré du célèbre ouvrage sur Mozart de Hildesheimer) qui veut que Mozart ait composé ce Requiem en prémonition de sa mort prochaine relève plus de l'imagerie romantique que de la réalité. Mozart reçoit un enterrement de troisième classe, usuel pour la bourgeoisie moyenne à cette époque. Sa femme Constance laisse Gottfried van Swieten, ami et mécène du compositeur, organiser les funérailles : le service funèbre se déroule, sans messe ni musique[33], dans la chapelle du Crucifix, une chapelle latérale de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne[34]. Le 6 décembre 1791 le corbillard conduit la dépouille à la tombée de la nuit au cimetière Saint Marx, dans la banlieue de Vienne, dans un des seize caveaux d'un « tombeau communautaire simple », conformément aux règles d'inhumation viennoises, dit un seul auteur. Il fut en fait enterré, de l'avis général des ouvrages de référence, dans une fosse commune ordinaire; une fosse pouvant contenir seize corps avec des couches de terre par rangées de quatre selon le Dictionnaire Mozart[33], au tarif le moins cher, 8 florins et 36 kreutzers, comme la majorité des classes moyennes[2]. Être enterré dans une fosse commune anonyme[n 6] n'avait rien d'inhabituel. L'Empereur avait imposé une loi en ce sens, pour éviter que les Viennois ne se rendent aux cimetières rendre hommage à leurs morts et ramènent en ville des maladies. Mozart n'eut pas de croix, ce qui a choqué à l'époque les admirateurs du compositeur. Une légende non fondée veut que Joseph Rothmayer, un des fossoyeurs, note l'emplacement du corps en entourant le linceul d’un fil de fer et, lors du remembrement du cimetière en 1801, récupère le crâne supposé de Mozart pour le confier à un anatomiste viennois, qui en fera don au Mozarteum de Salzbourg et sera l'objet d'études anatomo-pathologiques[35]. Des analyses ADN récentes n'ont pas pu authentifier le crâne comme étant celui de Mozart. Si ni la famille ni les amis — sauf Salieri, Süssmayer, Deiber et van Swieten franc-maçon comme Mozart, cinq personnes en tout — n'accompagnent le cercueil à son inhumation, cela pourrait être en raison d'un décret impérial qui interdisait aux convois funèbres l'accès aux faubourgs en raison d'épidémies, dont le choléra[36]. Il est établi que devant l'inaction de la veuve de Mozart, plusieurs personnes ont ensuite cherché à retrouver ses restes dans le cimetière, en vain, les fosses communes étant régulièrement remaniées pour accueillir de nouveaux corps.
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+ Il faut ajouter pour mieux comprendre la situation de la fin de vie de Wolfgang Amadeus Mozart, que, probablement joueur, très seul en raison de son caractère difficile, « demeuré enfant » selon sa sœur Nannerl, condamné par la Cour de Basse-Autriche à Vienne le 12 novembre 1791 et saisi pour une dette de 1 435 florins 32 kreuzers, à la demande du prince Karl von Lichnowski[37], pourtant son ami, il est décédé ruiné, quoique disposant d'un traitement confortable de musicien impérial de 800 florins par an, depuis 1787 grâce à la bienveillance de Joseph II. Le souverain appréciait Mozart, mais toutefois préférait, comme le public, les Italiens. Mozart ne connut pas le grand succès de son temps pour cette raison, à la différence de Gluck qui bénéficia en 1787, quelques années plus tôt, d'obsèques solennelles et d'un enterrement dans une belle tombe avec une pierre distinctive à son nom, le tout Vienne musical étant présent. À Salzbourg, Léopold Mozart, père de Wolfgang, et Michael Haydn, frère du grand Haydn et ami de Mozart, ont été l'objet d'obsèques plus relevées avec tombe individuelle et cortège officiel. On peut donc s'interroger sur la personnalité de Mozart et son probable rejet par l'aristocratie comme le fait le musicologue Robbins Landon au XXe siècle. D'autres musiciens que lui ont eu droit en effet à un traitement différent pour leurs obsèques, y compris avant 1791. Robbins Landon a recherché les raisons pour lesquelles Mozart n'avait pas été accepté par la société de Vienne, voire rejeté ; peut-être dit-il parce qu'il affichait ostensiblement son appartenance aux loges, alors qu'après 1789, le point de vue de l'aristocratie change à cet égard. Il y a aussi la condamnation à une peine de prison et saisie pour dettes, à la demande d'un prince actif à Vienne, découverte assez récemment par Robbins Landon et la manière dont Mozart traite la noblesse, qu'il déteste (Correspondance), dans plusieurs de ses opéras. « Mozart était lui-même son pire ennemi » écrit Robbins Landon[38].
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+ Un service commémoratif a lieu à Prague le 14 décembre, cette fois devant des milliers de personnes. Emanuel Schikaneder en organise un préalablement le 10 décembre 1791 à Vienne, au cours duquel le début du Requiem (Introït et Kyrie) pourrait avoir été chanté, la partie composée par Mozart lui-même[39].
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+ En son honneur est érigé un cénotaphe conçu en 1859 par le sculpteur Hanns Gasser : une statue en bronze représente la muse de la musique assise sur un socle de granit. Elle porte dans sa main droite une partition du Requiem et dans sa main gauche, reposant sur une pile d'œuvres de Mozart, une couronne de laurier. Le monument est vandalisé à plusieurs reprises (1868, 1879) et à la suite de la fermeture du cimetière Sankt Marx en 1874, il est transféré en 1891 (l'année du centenaire de la mort du compositeur) dans le cimetière central de Vienne pour faire partie du « carré » des sépultures de grands musiciens comme Beethoven ou Strauss. Le groupement actuellement à Sankt Marx, constitué d'un « génie rêveur » appuyé à une colonne tronquée, est rajouté à la fin du XIXe siècle par Alexander Kugler, gardien de cimetière et admirateur du compositeur. Il entreprend de manière non officielle de refaire connaître ce lieu abandonné, à partir de sculptures récupérées sur des tombes voisines à l'abandon. Endommagé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monument funéraire de Sankt Marx est restauré en 1950 par le sculpteur Florian Josephu-Drouot[40].
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+ Mozart épousa Constanze Weber (1763-1842) le 4 août 1782. Ils eurent six enfants en près de neuf ans :
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+ Seuls deux des enfants, Karl Thomas et Franz Xaver Wolfgang, survécurent, passé la petite enfance. En raison de ses fréquentes grossesses, Constance est réputée pour avoir été faible et souvent confinée dans son lit ou en cure, n'ayant pas conscience du génie de son mari ; cette thèse est détaillée par le musicologue Alfred Einstein[41] qui met en cause, dans son ouvrage Mozart l'homme et l'œuvre, sa responsabilité dans la triste fin de Mozart, avec des termes très forts[42] :
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+ « Elle n'était même pas une bonne ménagère ; elle n'était jamais prévoyante, et, au lieu de faciliter la vie et le travail de son époux en lui assurant un certain confort matériel, elle partageait inconsidérément son expérience bohème […] Elle était tout à fait inculte et n'avait aucun sens des convenances. »
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+ Une appréciation tempérée par un jugement du biographe Otto Jahn (Mozart, Leipzig 1856 ; 4e éd. 1907) : « On trouve Constance… souffrant de l'insouciance d'un homme de génie qui demeura un enfant jusqu'à la fin de ses jours »[43].
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+ De nombreux portraits présumés de Mozart semblent avoir été effectués de seconde main, probablement sans voir le musicien ou bien rétrospectivement après la mort du compositeur. Ils montrent des physionomies différentes et sont douteux quant à leur ressemblance. Le portrait peint vers 1782 par Joseph Lange, beau-frère de Mozart et peintre amateur, était considéré par sa femme Constance comme étant « de loin la meilleure image de lui »[44]. Mais le portrait de qualité le plus ressemblant est un portrait en miniature réalisé par Dora Stock le 16 ou le 17 avril 1789 lors d'un séjour de Mozart à Dresde. D'une grande finesse, il est dessiné selon la technique de la carta tinta sur un carton préparé de couleur ivoire. Il montre le compositeur en buste de profil à gauche. Le format ovale réduit (76 x 60 mm) et le portrait de profil sont courants dans les portraits en miniature de la fin du XVIIIe siècle. Ce portrait de 1789 est considéré comme le dernier portrait authentique connu de Mozart.
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+ Dans son livre de mémoires Reminiscences, le ténor Michael Kelly décrit Mozart comme un homme de petite taille (1,52 m, sa croissance étant probablement freinée lors de sa tournée européenne exténuante qui le privait de sommeil et d'hormone de croissance sécrétée la nuit[45]), pâle et maigre, la chevelure blonde, le visage grêlé par la petite vérole. S'habillant de manière élégante, il se révèle un grand séducteur[46].
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+ Dans son livre Les confessions de Constanze Mozart, la romancière Isabelle Duquesnoy décrit Mozart comme blond (il a cessé de porter des perruques dès son arrivée à Vienne), aux yeux bleus, le regard doux, myope, gaucher et affublé d'une malformation congénitale à l'oreille. Sa femme sera accusée d'adultère, notamment avec un élève de Mozart (Süssmayer), qui l'avait accompagnée en cure à Baden durant une grossesse difficile ; les rumeurs cesseront lorsque l'enfant (Franz Xaver Wolfgang Mozart) naîtra, porteur de cette même malformation.
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+ Mozart est, avec Haydn et Beethoven, l’un des principaux représentants du style classique « viennois ». Cela ne suffit certes pas à le définir. Dans une époque dominée par le style galant, Mozart réalise la synthèse des complexités contrapuntiques propres au baroque tardif et des formes novatrices influencées notamment par les fils Bach ou par Haydn. Si Mozart est considéré comme le meilleur représentant du style classique, son style va toutefois bien au-delà : il est l’un des plus personnels et des plus immédiatement reconnaissables à l’oreille.
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+ Né dans une famille de musiciens, tôt habitué à voyager et à rencontrer des instrumentistes et compositeurs d’horizons et nationalités différents, Mozart devient dès l’enfance un imitateur de génie et s’approprie tout ce qu’il entend. Il suit cette méthode tout au long de sa vie, notamment quand il s’agit de se familiariser avec le contrepoint, ce « style savant » (ou « sévère ») si difficile à assimiler à l’époque où on lui oppose le style galant dans lequel Mozart baigne depuis l’enfance. Mozart commence par transcrire plusieurs fugues de Bach pour trio à cordes, sur une commande de Van Swieten (KV. 404a), puis se consacre réellement à composer des fugues, non sans difficultés : celle entamée pour le final de la Sonate pour violon KV. 402 reste inachevée ; tandis que celles du Prélude et fugue KV. 394 composé en 1782 ou de la Suite dans le style de Haendel KV 399 sont d’une extrême complexité, qui traduit les difficultés rencontrées par Mozart dans l’étude du contrepoint. Pourtant, celui-ci nourrit la Messe en ut mineur KV. 427 entamée à la même époque. Dans les mois suivants, on retrouve des fugues pour vents (Sérénade KV. 388), pour piano (Fugue en do mineur pour 2 pianos KV. 426, par la suite transcrite pour orchestre dans l’Adagio et fugue KV. 546), et plus tard pour orgue (KV. 594 et KV 608). Puis, dans les années suivantes, Mozart abandonne la simple imitation, mais des œuvres bénéficient de ce travail : le final du Quatuor en sol majeur (KV. 387) ou le final de la Symphonie « Jupiter » (KV. 551), deux mouvements où la superposition des lignes atteint une maîtrise inégalée.
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+ Il est impossible de définir Mozart par un genre précis. Opéra, symphonie, concerto, musique de chambre, musique sacrée… Mozart est un touche-à-tout qui s’approprie chaque genre, chaque forme, chaque instrument pour mieux le réinventer. Si les traits principaux du style classique sont bien présents dans ses œuvres (clarté de la structure et de ses articulations, équilibre de la formation, harmonie simple), si son don inné pour la mélodie est une évidence, Mozart en joue pour mieux faire ressortir tel motif, telle dissonance, surprendre par des audaces peu prisées de ses contemporains : quelques œuvres, à l’époque confidentielles, en portent la marque (comme la Fantaisie en ut mineur KV. 475 ou le Quatuor « Dissonance » KV. 465, dont l’introduction justifie le nom).
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+ Mozart n’était pas pour autant un révolutionnaire. Il est l’auteur d’une abondante production de divertimenti, menuets et airs très conformes aux conventions de l’époque, sans jamais se laisser enfermer dans un registre. Lorsqu’il compose ses opéras, c’est chaque fois avec une alternance entre opéra buffa (Les Noces de Figaro, Così fan tutte) inspirés de l'opéra napolitain qui connait alors un grand succès et opéra seria (Idomeneo). Et son avant-dernier opéra rompt avec chacun de ces deux styles puisqu’il s’agit d’un singspiel, une opérette allemande chargée de symbolisme et, à vrai dire, inclassable : la Flûte enchantée qui prend place dans une série d'opéras populaires créés par Schikaneder, directeur de troupe.
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+ Cultivé, curieux, sans cesse à l’écoute des inventions musicales ou artistiques de son époque, Mozart a su jusqu’au bout faire évoluer son style au gré des découvertes. On sent facilement l’influence débutante du Sturm und Drang allemand dans les dernières années mozartiennes (et pas seulement dans Don Giovanni ou dans le Requiem inachevé, qui reprend des thèmes du remarquable requiem de Michael Haydn, son ami). Le propre du génie mozartien est là : avoir su s’inspirer de ses contemporains sans jamais suivre d’autre modèle que le sien propre. La conscience de son génie lui donne une impertinence acérée qui fait partie de sa tournure d'esprit foncièrement anti-conformiste[47].
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+ La force et la grâce, la puissance et l’émotion, le pathétique, l’humour, l’élégance la plus exquise sont réunis dans son œuvre pour faire de Mozart le compositeur le plus accompli de sa génération avec Haydn.
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+ On peut dire de sa musique qu'elle a poussé la forme classique, la musique du XVIIIe siècle, à son paroxysme, avant l'avènement du romantisme, son génie est d'avoir mis toute la tendresse, toute la musicalité dans cette forme dite « classique ».
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+ Mozart a eu une grande influence sur l’histoire de la musique, et ce directement auprès de ses contemporains. Il clôt une période plus qu'il en ouvre une autre. Même son aîné, Haydn, ami et admirateur de Mozart, en subit l’influence dans ses dernières symphonies et messes, et dans ses deux oratorios.
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+ Les successeurs de Mozart n’y échappent pas. Beethoven, qui l'a croisé en 1787. Schubert, davantage, qui grandit à Vienne à l’époque même où le génie de Mozart est enfin unanimement reconnu, quelques années après sa mort. D’autres compositeurs, moins à l’avant-garde du romantisme, restent plus proches de l’esprit mozartien classique, notamment son élève Johann Nepomuk Hummel ou Louis Spohr. Les opéras de Gioachino Rossini doivent à Mozart en tant qu'auteur d'opéras buffe d'inspiration napolitaine, et ce n’est pas un hasard si l'italien choisit de mettre en musique Le Barbier de Séville de Beaumarchais, premier volet des mésaventures de Figaro ayant déjà fait l'objet d'un opéra de Paisiello (célèbre en son temps) que Mozart a connu à Vienne. Enfin, Mendelssohn, Chopin, Brahms, et même Busoni assument l’héritage de Mozart dans une grande partie de leurs œuvres, souvent à la même hauteur que celui de Bach alors peu joué.
107
+
108
+ Aujourd’hui, il est incontestablement le plus populaire des classiques.
109
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110
+ Quelques décennies après la mort de Mozart, plusieurs tentatives ont été faites afin d’inventorier ses compositions. Toutefois, c’est seulement en 1862 que Ludwig von Köchel, musicologue, complètera un catalogue chronologique de 626 œuvres, qui fait, aujourd’hui encore, figure de référence. Sa sixième édition recense désormais 893 œuvres.
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+ Liste de sonates pour piano :
127
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128
+ Liste de autres pièces pour piano :
129
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+ Liste des pièces pour orgue :
131
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132
+ Liste des pièces pour cordes :
133
+
134
+ Liste des pièces pour vents :
135
+
136
+ Liste des pièces pour ensemble mixte :
137
+
138
+ Mozart ne peut pas être considéré comme écrivain. Toutefois, son abondante correspondance, qui a fait l’objet d’éditions partielles puis complètes, n’est pas seulement une source importante pour la compréhension du compositeur et de son époque, mais également une œuvre d’une qualité littéraire certaine bien qu'elle soit avant tout utilitaire et dépourvue de commentaires sur la musique et la vie musicale et culturelle de son temps.
139
+
140
+ L’Autriche considère Mozart comme l’un de ses enfants les plus illustres[n 8] bien qu'historiquement il soit né dans la principauté ecclésiastique de Salzbourg incluse alors dans le cercle de Bavière et non dans le cercle d'Autriche. Salzbourg ne devient en effet autrichienne qu'en 1805 lors des guerres napoléoniennes.
141
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+ Dans sa correspondance, Mozart se dit allemand, dans un sens général et non un sens administratif, l'ensemble politique du Saint-Empire romain germanique ne donnant aucune postérité étatique[48]. Mozart est donc avant tout un Salzbourgeois de langue allemande, et par extension un sujet du Saint-Empire romain germanique, auquel participe également l'Autriche et qu'elle domine en partie (depuis le XIIIe siècle, la couronne impériale est dans la famille régnante autrichienne des Habsbourg).
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Mozilla Firefox [mɒˈzɪlə ˈfaɪɚfɑks][a] est un navigateur web libre et gratuit, développé et distribué par la Mozilla Foundation avec l'aide de milliers de bénévoles grâce aux méthodes de développement du logiciel libre/open source et à la liberté du code source.
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7
+ Il est géré depuis 2003 par la fondation Mozilla. Celle-ci a créé en 2005 la société employant l'ensemble des salariés de la fondation, la Mozilla Corporation, et déposé la marque Mozilla en 2006.
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9
+ Firefox est à l'origine un programme dérivé du logiciel Mozilla (actuellement connu sous le nom de SeaMonkey), mais reprenant uniquement les fonctions de navigation de celui-ci. Ce logiciel multiplateforme est compatible avec diverses versions de Windows, macOS, GNU/Linux, Android et, fin 2015, iOS. Il a été porté sur d'autres systèmes d'exploitation, ce qui est rendu possible par la mise à disposition de son code source sous licence libre MPL.
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+
11
+ Le logiciel fait partie de la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (S.I.).
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13
+ Ce logiciel a connu un succès croissant dans un premier temps, dépassant 1,2 milliard de téléchargements en janvier 2010. Même si ce chiffre ne reflète pas le nombre réel d'utilisateurs du logiciel, Firefox est rapidement devenu le principal concurrent d'Internet Explorer, le navigateur Web de Microsoft. En décembre 2010, Firefox devient temporairement le navigateur le plus utilisé en Europe devant Internet Explorer et Google Chrome. Il se fait finalement rattraper par ce dernier pendant l'année 2011. Le 3 avril 2013, le projet Mozilla fête ses quinze années d'existence.
14
+
15
+ Depuis 2010 et en partie depuis l'essor des smartphones, Firefox a vu sa part du marché des navigateurs web décroître d'environ 35 % à environ 5 % (estimations entre 3,3 % et 5,4 % en février 2020), au profit notamment des navigateurs Google Chrome et Safari (Apple).
16
+
17
+ Parmi les initiatives de la fondation destinées à enrayer ce déclin, Mozilla lance fin 2016 un énorme chantier d'alignement sur la concurrence, avec des refontes structurelles tant au niveau du code (notamment l'implémentation du multithreading et l'unification sur le système WebExtensions) que de l'interface ; une étape importante se concrétise avec Firefox Quantum, soit la version 57 du navigateur, qui est sorti fin 2017.
18
+
19
+ En septembre 2019, l'agence allemande de sécurité informatique (BSI), recommande Firefox car étant le navigateur le plus sécurisé.
20
+
21
+ Le navigateur peut être personnalisé à partir de la base initiale. En effet, Firefox accepte des milliers d’extensions et de thèmes graphiques, ce qui permet à chaque utilisateur de le modifier facilement selon ses besoins : ajout de fonctionnalités, modification de l'interface, etc.
22
+
23
+ Quelques fonctionnalités présentes par défaut dans Firefox incluent notamment :
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+
25
+ Parmi les milliers de modules complémentaires à la demande[9],[10] :
26
+
27
+ La Mozilla Foundation, par l’intermédiaire de son moteur de rendu Gecko, promeut et suit dans ses logiciels les normes et standards ouverts, en priorité ceux du W3C[11]. Ainsi, Mozilla Firefox supporte les standards du Web les plus basiques comme HTML, CSS, XHTML, XML, JavaScript, mais aussi DOM, MathML, XSL ou encore XPath. Le test Acid2 est passé depuis la 3e version[12], tandis que le test Acid3 n'est passé que partiellement, avec un résultat de 97/100 pour la dernière version 6. Ce résultat stagnait depuis la version 4. Avec la modification du test Acid3 en septembre 2011, Firefox obtient désormais un score de 100/100[13].
28
+
29
+ Les contributeurs Mozilla sont constamment en train d’améliorer le support des standards de Firefox, et plus particulièrement le CSS niveau 2 et le CSS niveau 3, ou d’ajouter de nouvelles fonctionnalités comme le rendu de SVG, déjà bien supporté, APNG ou XForms. Un support natif, bien que partiel, de SVG 1.1 est notamment activé depuis Firefox 1.5[14].
30
+
31
+ Firefox dispose d’un panneau d’options permettant de configurer une grande partie du navigateur. Toutes les barres d’outils sont également entièrement paramétrables. Pour les configurations avancées, le fait de taper about:config dans la barre d’adresse permet de configurer de nombreux éléments pointus inaccessibles depuis la fenêtre d’options (une liste non exhaustive est présente sur MozillaZine[15]). Il faut cependant être vigilant et ne pas faire de manipulations hasardeuses à cet endroit, car celles-ci se font alors sans garde-fou et peuvent altérer le fonctionnement du logiciel de manière importante. Depuis Firefox 3, un message d'avertissement permet de tenir éloignés de cette fonctionnalité les utilisateurs débutants.
32
+
33
+ En plus des options avancées, Firefox dispose de nombreuses extensions destinées aux internautes, aux webmestres et aux développeurs, qui ne sont pas à confondre avec les plugins. Elles permettent d’ajouter des fonctions plus ou moins variées à celles étant les plus basiques. Certaines des fonctions les plus utilisées ou jugées comme étant les plus utiles parmi ces outils deviennent des fonctions implémentées nativement dans Firefox. Par exemple, une extension se nommant SessionSaver et permettant de retrouver l’état de la navigation en cas de fermeture intempestive a été incluse dans Firefox 2. Les extensions permettent d’ajouter de nouvelles fonctionnalités au navigateur, comme la météo, un blocage des publicités des sites Web[16], des outils de développement Web, etc. Elles permettent également de changer son apparence (grâce aux thèmes). Les extensions développées ne sont compatibles qu'avec une branche précise du navigateur (la compatibilité est souvent réduite aux nouvelles versions mineures). Les développeurs de ces extensions doivent donc adapter leur logiciel avec chaque nouvelle version. Ce processus prend du temps pendant lequel certaines extensions ne sont pas disponibles pour la nouvelle version. Mozilla a annoncé qu’un milliard d’extensions avaient été téléchargées depuis le site addons.mozilla.org le 19 novembre 2008[17] et que la barre des 2 milliards de téléchargements avait été franchie le 1er juillet 2010.
34
+
35
+ En septembre 2016, la version 49 de Firefox ajoute des capacités multi-processus qui devraient être accessibles pour tous les utilisateurs en 2017. L’usage du multi-processus permet de renforcer la sécurité en ajoutant une sandbox[18].
36
+
37
+ Le mode lecture dont le texte lu à voix haute est optimisé, cette version permet l'accès aux pages déjà lues en étant hors connexion[c]. Cependant le multi-processus entraîne l'arrêt du plugin Firebug utilisé par les développeurs web pour vérifier le code HTML, modifier les CSS et accéder au débogueur de Javascript[20].
38
+
39
+ L'interface de Firefox peut être personnalisée selon les goûts de l'utilisateur. Il est possible de changer l'apparence du navigateur via plusieurs milliers de thèmes, proposés par les utilisateurs[21]. Il est également possible de créer facilement son propre thème[22] et de le distribuer sur la plateforme Firefox add-ons. Ces thèmes se contentent souvent d'ajouter une image de fond pour la partie haute du navigateur, pour les onglets et la barre principale.
40
+
41
+ Il est également possible de changer la disposition des icônes : Firefox permet de choisir quelles icônes sont affichées dans l'interface depuis la version 29[23]. L'utilisateur peut, via le menu Personnaliser arranger les icônes en les déplaçant à la souris. Il peut également ajouter les icônes et des extensions qu'il a installées.
42
+
43
+ jusqu'à Firefox 52[24]
44
+
45
+ Firefox fonctionne sur de nombreux systèmes d’exploitation[25] dont GNU/Linux, BSD, Solaris et d’une façon plus générale tous les systèmes d’exploitation compatibles UNIX, macOS, Android et Windows NT (incluant Windows 98, Windows 2000, Windows XP, Windows Vista, Windows 7, Windows 8[26], Windows 10).
46
+
47
+ Il est également porté sur d'autres systèmes tels que OS/2[27], IRIX, RISC OS[28][source insuffisante], SkyOS[29], BeOS[30] et sur les mobiles et les tablettes embarquant les systèmes d'exploitation Android, iOS (iPhone et iPad)[31], Firefox OS et Ubuntu Touch. Il n'est pas disponible sous Windows Mobile[32].
48
+
49
+ Mozilla Foundation annonce l'arrêt des nouvelles fonctionnalités et mises à jour ordinaires des OS de Microsoft Windows XP et Vista en septembre 2017[d].
50
+
51
+ Mozilla Firefox sous Firefox OS
52
+
53
+ Firefox 31 sous Arch Linux
54
+
55
+ Firefox 30 sous OS X Mavericks
56
+
57
+ Firefox 42 sous OS X El Capitan
58
+
59
+ Firefox est un navigateur web libre et gratuit, développé et distribué par la Mozilla Foundation avec l'aide de milliers de bénévoles[34],[35] grâce aux méthodes de développement du logiciel libre/open source et à la liberté du code source.
60
+
61
+ Il est géré depuis 2003 par la fondation Mozilla[36]. Celle-ci a créé en 2005 la société employant l'ensemble des salariés de la fondation, la Mozilla Corporation, et déposé la marque Mozilla en 2006.
62
+
63
+ Firefox est disponible sous licence libre MPL[37],[38].
64
+
65
+ En septembre 2019, l'agence allemande de sécurité informatique (BSI), recommande Firefox car étant le navigateur le plus sécurisé[39].
66
+
67
+ Le logiciel fait partie de la liste des logiciels libres préconisés par l’État français dans le cadre de la modernisation globale de ses systèmes d’informations (S.I.).
68
+
69
+ Le projet Firefox commence dès le printemps 2002, sous l’apparence d’une branche expérimentale de la plate-forme Mozilla conduite par David Hyatt et Blake Ross. Ils considèrent alors que le succès du projet Mozilla était compromis, tant par les besoins commerciaux du commanditaire Netscape que par l’expansion incessante des fonctionnalités induite par ses propres développeurs. La Suite Mozilla intègre en effet des fonctionnalités comme la gestion du courrier électronique, de l’IRC et des forums Usenet, ainsi qu’un éditeur HTML. Le projet mozilla/browser, rapidement surnommé « Phoenix », a donc été créé afin de combattre ce gonflement perçu comme néfaste et fournir un navigateur plus simple à utiliser. Les développeurs principaux sont alors Blake Ross, Dave Hyatt, Pierre Chanial et Joe Hewitt[40].
70
+
71
+ Dès le début du projet, un mécanisme d'extensions est implémenté. Ce choix permettra à l'utilisateur de personnaliser son navigateur comme il le souhaite et a posteriori, contrairement à la Suite Mozilla qui implémentait les fonctionnalités de facto. L’utilisation de XUL rend possible l’extension des capacités du navigateur à travers l’utilisation de thèmes graphiques (habillages ou skins) et d’extensions. Cependant, le processus de développement et d’installation de ces ajouts a également soulevé des problèmes potentiels de sécurité. C’est ainsi qu’avec la sortie de Firefox 0.9, la Mozilla Foundation a ouvert un site Web « Mozilla Update » contenant des thèmes et extensions « approuvés », les extensions provenant d’autres sites devant être dorénavant explicitement autorisées par l’utilisateur suivant un fonctionnement similaire au bloqueur de fenêtres surgissantes intégré. Firefox est finalement en passe de remplacer la Suite Mozilla pour l'utilisateur final.
72
+ Aussi, plusieurs fonctionnalités de la Suite Mozilla (comme le client IRC) sont maintenant disponibles en tant qu'extensions.
73
+
74
+ Pour le lancement de la version 1.0 (le 9 novembre 2004), la Mozilla Foundation lance une vaste campagne de publicité par le biais du site Spread Firefox[41] et publie le 16 décembre de la même année une double page de publicité dans le New York Times grâce aux dons de milliers de personnes[42]. Cette version de Firefox constitue la base de développement du navigateur Netscape 8.0.
75
+
76
+ Le 23 septembre 2002, une fois le logiciel suffisamment développé pour être utilisable, la première compilation, en phase de test, a été publiée sous le nom de « Phoenix[43] ». Le nom Phoenix a perduré jusqu’au 14 avril 2003, où il a dû être changé, car la marque était déjà détenue dans ce domaine par le constructeur de BIOS Phoenix Technologies[44]. Le nouveau nom, « Firebird » (« Oiseau de feu »), ne rencontra pas un grand enthousiasme ; de plus ce nom était déjà utilisé par un autre logiciel libre, le gestionnaire de bases de données Firebird[45]. Fin avril 2003, la Mozilla Foundation a donc publié un communiqué indiquant qu’il fallait se référer au navigateur en utilisant le nom Mozilla Firebird pour éviter la confusion[44]. Cependant, la pression constante de la communauté força un nouveau changement, et le 9 février 2004, Mozilla Firebird fut finalement renommé Mozilla Firefox[46].
77
+
78
+ Le nom de Firefox a été choisi pour ses similarités avec Firebird, et il était unique dans l’industrie informatique. Pour s’assurer qu’un nouveau changement de nom ne serait pas nécessaire, la Mozilla Foundation avait d’ailleurs, en décembre 2003, lancé une procédure d’enregistrement du nom Firefox comme une marque déposée aux États-Unis[47]. L’abréviation officielle de Firefox est depuis lors Fx ou fx[48], bien que dans le langage courant, de nombreux utilisateurs emploient l’abréviation FF ou ff. Certains utilisateurs ont été irrités par ces changements de nom successifs à l'époque[49].
79
+
80
+ Une des améliorations les plus visibles est la nouvelle identité visuelle de Firefox et de Thunderbird[50]. Firebird et Phoenix étaient auparavant considérés comme ayant un aspect graphique acceptable, mais pas toujours au même niveau que beaucoup d’applications professionnelles. En octobre 2003, le graphiste professionnel Steven Garrity a publié sur son site Web un article décrivant tout ce qu’il considérait comme bancal dans l’image de Mozilla[51]. Celui-ci a reçu énormément d’attention et la plupart des critiques suscitées par l’article consistaient à dire « où est le patch ? », une façon de dire dans la communauté du logiciel libre « si vous n’aimez pas un aspect du logiciel, arrangez-le vous-même ». Peu après, la Mozilla Foundation a invité Garrity à prendre la tête de sa nouvelle équipe d’identité visuelle[52]. La sortie de Firefox 0.8 en février 2004 a suscité un nouvel effort sur la marque, présentant notamment de nouveaux logos dessinés par Jon Hicks, qui avait travaillé précédemment sur Camino. La version finale du logo vient d’un concept de Daniel Burka et d’un croquis de Stephen Desroches. L’animal montré dans le logo est un renard stylisé. Aussi firefox est en général un nom commun pour désigner le panda roux[50] (Ailurus fulgens), selon Hicks cet animal ne renvoyait pas suffisamment l’image souhaitée[52] et n'était pas assez connu, ils ont donc opté pour un renard.
81
+
82
+ En 2009, pour la sortie de la version 3.5, le logo est entièrement redessiné et retravaillé par Anthony Piraino de The Iconfactory. Au fil du temps, le logo a gagné en notoriété : il est fréquemment utilisé dans un but promotionnel à diverses occasions, sans systématiquement associer le nom du logiciel. Ainsi, en août 2006, un agroglyphe ayant la forme de ce logo a été créé dans un champ dans l'État de l'Oregon[53] en45° 07′ 26″ N, 123° 06′ 49″ O « pour attirer l'attention des vaisseaux spatiaux de passage et des extra-terrestres » (« to gain traction with observers in passing spacecraft and hyper-intelligent space-faring races »)[54]. En avril 2008, un autre buzz amusant s'est déroulé autour de Firefox et l'astronomie : une comparaison entre une photographie de l'étoile V838 Monocerotis, prise par le Télescope spatial Hubble en mars 2004, et le logo de Firefox a circulé sur la toile[55]. La Fondation Mozilla a adopté, en décembre 2010, deux bébés pandas roux pendant quelques mois, afin d'officialiser l'animal qui a donné son nom à Firefox[56].
83
+
84
+ Au cours du temps, les logos des versions de développement et de la version stable du navigateur ont évolué. Voici les logos actuels :
85
+
86
+ Logo actuel de Mozilla Firefox
87
+
88
+ Logo de la version Developer Edition
89
+
90
+ Logo de la version Nightly
91
+
92
+ Bien que le code source du logiciel en lui-même soit libre[57], la marque « Firefox » et le logo, intégrés à ce même logiciel, ne le sont pas, car ce sont des marques déposées[58] et, de ce fait l'utilisation de la marque et du logo est soumise à certaines restrictions[59]. Ainsi, les distributions Linux qui se veulent entièrement libres, et exemptes de tout copyright, distribuent un dérivé libre et open source de Firefox sans la marque et le logo Firefox, en accord avec la licence MPL. Les trois logos de gauche sont des versions libres du logo dont le dérivé distribué entre 2006 et le 9 juin 2016[60] par Debian se nommait Iceweasel[61].
93
+
94
+ Logo libre (utilisé par certaines distributions GNU/Linux)
95
+
96
+ Logo d'IceCat(version GNU)
97
+
98
+ Logo d'Iceweasel (version Debian)
99
+
100
+ Logo de Tor Browser qui intègre le réseau Tor
101
+
102
+ Pour permettre aux utilisateurs de Firefox de pouvoir tester très tôt des nouvelles versions, Mozilla a créé Nightly, puis, pour son cycle de développement rapide de Firefox 5, 6 et 7, Developer Edition. Nightly est une version de Firefox éditée bien avant la version finale, c'est le tout début de cette nouvelle version. Elle est disponible dans toutes les langues sur la page dédiée aux versions en développement de Mozilla[62]. C'est la version « n + 3 » de Firefox (où « n » est la version stable courante). Developer Edition, anciennement Aurora, sert à utiliser une version de Firefox bien avant la version finale et dans toutes les langues[63]. C'est la version « n + 2 » de Firefox (où « n » est la version stable courante).
103
+
104
+ Finalement, une version donnée de Firefox passera par ce processus : Nightly → Developer Edition → Beta → Version finale stable. C'est sur Nightly que sont implémentées les nouvelles fonctionnalités, Developper Edition et Beta ne servant que pour filtrer les fonctionnalités pas assez mûres et rendre plus stables les ajouts de Nightly (correction des bugs présents)[64].
105
+
106
+ Au cours du développement de Firefox, différents projets se sont lancés à partir de versions dérivées du navigateur :
107
+
108
+ Depuis sa version 0.5 en 2003, le navigateur est disponible en français grâce au projet Frenchmozilla hébergé sur SourceForge.net. Depuis la version 1.0 de Firefox, les traductions sont directement hébergées sur le site de Mozilla et le téléchargement est proposé directement dans la langue utilisée par le navigateur courant. Le navigateur Firefox, dans sa version 2.x, est (au 4 juin 2007) disponible en 42 langues (dont l’hébreu et le chinois), toutes les traductions étant des réalisations de groupes indépendants de la Mozilla Foundation. La version 3.0 (à sa sortie, le 17 juin 2008) est disponible en 46 langues complètes, dont deux langues « en traduction ». Ces deux langues peuvent contenir des erreurs de traductions et ne sont donc que provisoires. La version 18.0.1 est disponible en 82 langues complètes dont l'espéranto[65]. L’adoption rapide de Firefox, 100 millions de téléchargements dans sa première année d’existence[66], est fort probablement la conséquence d’une série de campagnes de publicité agressives. En 2004, on pouvait assister à une série de manifestations à l’occasion des « Semaines Marketing ». Chaque nouvelle version majeure du logiciel fait l'objet d'une campagne de publicité virale sur Internet.
109
+
110
+ Le 12 septembre 2004, le portail de marketing baptisé Spread Firefox voit le jour. C’est le portail amélioré de la campagne Get Firefox. Sur ce site peuvent être trouvés des crayons, des macarons, des autocollants, et bien plus, via le « Mozilla Store ». La progression des évènements publicitaires y est également incluse. Une campagne nommée « Journée mondiale de Firefox » débute le 15 juillet 2006[67], en même temps que le troisième anniversaire de la Mozilla Foundation[68] pour se terminer le 15 septembre 2006[67]. Cet évènement avait pour but de promouvoir Firefox. Pascal Chevrel de Mozilla Europe explique que « l’idée c’est que les utilisateurs actuels de Firefox peuvent à partir du 15 juillet et ceci jusqu’au 15 septembre, faire découvrir à un ou une de leurs ami(e)s notre navigateur, si cette personne télécharge Firefox depuis ce site et l’utilise d’ici le 26 septembre, les noms du parrain et du filleul seront inclus dans Firefox 2 ainsi que sur un grand mur numérique installé dans les locaux du projet Mozilla »[69]. Le 28 mai 2008, le Download day (« jour du téléchargement ») est créé et placé au 17 juin 2008. Cette opération publicitaire visait à promouvoir Firefox 3.0 grâce au bouche-à-oreille. En effet, les internautes avaient la possibilité d'inciter leurs contacts à faire une promesse de téléchargement lors de la sortie du logiciel. Le nombre de téléchargements en 24 heures fut alors compté en vue d'établir un record du monde. Plus de 8 millions (8 002 530)[70] de téléchargements ont été effectués durant ce laps de temps[71] sur les serveurs de la Mozilla Foundation.
111
+
112
+ Le 19 novembre 2014, la fondation Mozilla annonce ne pas renouveler son partenariat avec Google et lui préférer Yahoo! comme moteur de recherche par défaut sur ordinateur et sur mobile pour ses utilisateurs américains[72]. Ce changement, d'abord appliqué aux États-Unis[73] a été ensuite étendu : Baidu est désormais le moteur de recherche par défaut en Chine, tandis qu'un accord a été passé avec Yandex pour les utilisateurs russes et chinois[74]. L'utilisateur peut bien sûr modifier son moteur de recherche par défaut.
113
+
114
+ Le 4 juillet 2016, la maison mère Mozilla Foundation annonce un partenariat avec Qwant grâce à une nouvelle version du navigateur optimisée pour le moteur de recherche français[e].
115
+
116
+ Le 15 novembre 2017, Mozilla rompt le contrat avec Yahoo!, fondé sur un partage de revenus publicitaires. L’accord, signé fin 2014, faisait de Yahoo! le moteur de recherche par défaut pour les internautes américains utilisateurs de Firefox. Le contrat devait initialement durer jusqu'en 2019[76],[77],[78].
117
+
118
+ Le 14 novembre 2017, Mozilla publie la version 57 du logiciel, nom de code Quantum, une mouture profondément remaniée de Firefox comptant notamment une modernisation du moteur de rendu Gecko (qui est amenée à se poursuivre avec les versions suivantes). Basé sur le projet Servo, Quantum inclut des parties écrites avec le langage Rust, langage développé par la fondation Mozilla, selon la philosophie développée dans le projet Electrolysis qui vise à gagner en vitesse d'exécution en exploitant mieux les possibilités des processeurs à plusieurs cœurs ainsi que l’utilisation de l’accélération apportée par le processeur graphique de l’ordinateur[82].
119
+
120
+ La version standard de Firefox.
121
+
122
+ En janvier 2012, la Mozilla Foundation met à disposition une version « ESR » (« Extended Support Release ») de Firefox. Cette version offre une plus grande stabilité dans le temps sans mises à jour, elle est à l'attention des organisations et entreprises qui déploient, utilisent et maintiennent des environnements de bureau, principalement des universités, des écoles, des organisations publiques ou des entreprises privées[83]. La fondation assure la sécurité de la version pendant un an, avant qu'une nouvelle version venant de la branche stable serve d'appui pour le cycle suivant. Un chevauchement de 43 semaines est prévu entre deux versions ESR[84]. Il n'existe aucune version mobile. La version actuelle est basée sur la version 78.0 de Firefox, sortie le 30 juin 2020[85]. Les navigateurs web IceCat et Tor Browser sont basés sur la version ESR. La version 52.9.0 ESR de Firefox sortie en 2018, était la dernière version compatible pour Windows XP et Windows Vista[86].
123
+
124
+ Pour tester et déboguer les nouvelles fonctionnalités de Firefox
125
+
126
+ La version, adaptée pour les développeurs, est basée sur le canal aurora et offre des fonctionnalités avancées.
127
+
128
+ Firefox Mobile est la version pour périphériques mobiles de Firefox, dont la version 1.0 a été publiée le 28 janvier 2010[87]. La première version alpha a été publiée le 16 octobre 2008[88], la seconde le 22 décembre 2008[89] et la première version bêta le 17 mars 2009[90]. Actuellement, Firefox Mobile se destine essentiellement aux plates-formes ouvertes telles que Maemo et Android. Le développement sous Windows Mobile a été stoppé du fait de la difficulté à développer sur Silverlight, Microsoft obligeant les développeurs à utiliser sa technologie propriétaire.
129
+
130
+ En juillet 2016, la version pour iOS apporte plusieurs améliorations[g] :
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132
+ Portable Firefox (anciennement Firefox Portable) est une version portable de Firefox conçue pour fonctionner sur une carte mémoire flash USB, baladeur, disque dur externe ou tout autre appareil portatif. John T. Haller a créé la première version et ensuite continué le développement. Portable Firefox comprend un lanceur spécialisé qui garde les extensions et les thèmes pour qu’on puisse les utiliser d��un ordinateur à un autre. Il utilise aussi la compression (grâce à UPX et 7-Zip) pour réduire l’espace requis pour le stockage[92]. Depuis sa version 1.2.1.1, Portable Firefox Launcher permet de fonctionner sur CD-R et autres périphériques en lecture seule. Plusieurs applications utilisent déjà Portable Firefox Live pour offrir un navigateur à base de contenu et HTML à partir du CD. Portable Firefox n'est compatible en natif qu'avec les environnements Windows (Windows XP, Windows Vista, Windows 7 et Windows 8) et avec Wine pour les environnements Linux et UNIX[93].
133
+
134
+ Firefox Send[94], est un service qui permet d'envoyer des fichiers via un lien personnalisé.
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136
+ Pocket (application) est une fonctionnalité permettant de sauvegarder des pages web.
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+
138
+ Ce logiciel a connu un succès croissant dans un premier temps, dépassant 1,2 milliard[95] de téléchargements en janvier 2010. Même si ce chiffre ne reflète pas le nombre réel d'utilisateurs du logiciel, Firefox est rapidement devenu le principal concurrent d'Internet Explorer, le navigateur Web de Microsoft. En décembre 2010, Firefox devient temporairement le navigateur le plus utilisé en Europe[96] devant Internet Explorer et Google Chrome. Il se fait finalement rattraper par ce dernier pendant l'année 2011. Le 3 avril 2013, le projet Mozilla fête ses quinze années d'existence[97],[98],[36].
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+
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+ navigateurs
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+
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+ En 2019, environ 5% des utilisateurs de navigateurs Web utilisaient Mozilla Firefox.
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+ La version pour terminaux mobiles de Firefox reste quant à elle encore timide en termes de parts de marché.
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+
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+ Jusqu'à la version 2 (sortie à la fin de 2006), Firefox a majoritairement été critiqué pour sa consommation excessive de mémoire vive. Le problème était surtout une augmentation de la consommation de mémoire ainsi qu’un ralentissement du navigateur au fur et à mesure de la navigation. Ces problèmes auraient été davantage liés à une fragmentation excessive de la mémoire qu’à des fuites de mémoire[105]. Ce problème a été résolu en grande partie depuis la version 3/3.5 (sortie au milieu de l'année 2009, la version 3.5 ré-alloue 100 % de la mémoire à la fermeture d'un onglet ou d'une fenêtre).
147
+
148
+ La longue durée de chargement du navigateur par rapport à ses principaux concurrents est mise en avant.
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+ Étant fréquemment utilisé avec Windows, une comparaison est faite à Internet Explorer alors que celui-ci est chargé automatiquement avec le système d’exploitation. Cependant ça ne peut pas être le cas avec Firefox (comme avec Opera, avec Safari, etc.) puisque ces logiciels ne font pas partie du cœur de Windows. Tout dépend du système d’exploitation. Ces désagréments sont assez spécifiques selon les configurations ; leurs causes sont donc mal cernées. Dans la version 3 (sortie en 2008) du logiciel, l'intégration de la barre d'adresses « intelligente » a été mal accueillie par certains utilisateurs qui préféraient l'ancienne barre d'adresses, surtout pour des questions d'historique de navigation[106],[107]. Cependant cette fonctionnalité est complètement configurable et désactivable à l'aide du menu about:config ou d'extensions. Il est également à noter que les fonctionnalités de cette barre d'adresse « intelligente » se retrouvent dans tous les navigateurs récents.
150
+
151
+ Depuis 2011, Firefox possède un cycle de développement rapide[108], ainsi certains utilisateurs peuvent être confrontés à des problèmes de compatibilité avec certaines extensions du navigateur. Les extensions sont créées par des programmeurs indépendants, et ceux-ci n'ont pas forcément le temps et les moyens de maintenir leur(s) application(s) avec ce rythme de cycle de développement.
152
+
153
+ En mai 2014, Mozilla annonce l'intention d'ajouter un DRM dans le code source de Firefox. La communauté du logiciel libre n'est pas ravie par ce bout de code propriétaire. Mozilla justifie ce choix par un refus de perte de marché. Avec la sortie de Firefox 38 le 12 mai 2015, Firefox prend en charge les extensions EME mais une version sans les extensions EME est aussi proposée[109].
154
+
155
+ En juin 2015, Mozilla et Pocket annoncent un partenariat[110] afin d'intégrer directement dans le navigateur le service propriétaire éponyme, provoquant la grogne[111],[112] et l'incompréhension de beaucoup d'utilisateurs ; d'autant que des alternatives libres telles que Wallabag existaient. La fondation achète Pocket en février 2017[6].
156
+
157
+ En juillet 2016, Mozilla prévoit l'arrêt progressif d’Adobe Flash Player à l'origine de nombreux plantages[113].
158
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159
+ Depuis sa version 57, il semble être le plus rapide de tous les navigateurs selon différents tests[114],[115].
160
+
161
+ Depuis juin 2019 et la sortie de la version 67, Firefox bloque par défaut les traqueurs dont Google Analytics [116], ce qui empêche toute analyse des visiteurs.
162
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163
+ La relation avec Google a été notée dans les médias[117],[118], en particulier en ce qui concerne les ententes financières avec Google. En 2005, la Mozilla Foundation et la Mozilla Corporation ont eu un revenu combiné de 52,9 millions de USD, dont environ 95 % provenant de redevances de moteurs de recherche[119]. En 2006, la Mozilla Foundation et la Mozilla Corporation ont eu un revenu combiné de 66,9 millions de USD, dont environ 90 % provenant de redevances de moteurs de recherche[120]. Le 1er septembre 2008, la veille de la sortie de Google Chrome, Google et la Mozilla Foundation ont renouvelé leur accord commercial jusqu’en 2011[121]. Le 20 décembre 2011, la Fondation Mozilla a annoncé le renouvellement de l'accord financier pour trois ans[122].
164
+
165
+ En 2014, Firefox a annoncé qu'il privilégierait dorénavant Yahoo! comme moteur de recherche par défaut pour les utilisateurs américains, mettant ainsi fin à son partenariat avec Google qui durait depuis dix ans[123]. Le partenariat avec Yahoo! a été signé pour une durée de cinq ans[124]. Cependant, en Europe, les internautes utilisant Firefox auront encore, pour le moment, Google comme moteur de recherche par défaut[125].
166
+
167
+ En novembre 2017 avec la version 57.0, à la suite du rachat de Yahoo par Verizon, Mozilla a remis Google en moteur de recherche par défaut et a sans doute fait jouer une clause inscrite à l’alinéa 9.1 du contrat qui établit que la fondation peut, au cas où Yahoo viendrait à changer de mains, interrompre le partenariat, sans perdre les rentes financières associées : 375 millions de dollars par an, jusqu’au terme du contrat, en 2019[126]. Il est fort probable qu'en parallèle un nouveau contrat avec Google ait été réalisé.
168
+
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+ En février 2019, Mozilla s'associe avec Ubisoft en vue de fluidifier le développement du navigateur. Firefox va ainsi utiliser Clever-Commit, une technologie d'Ubisoft qui permet de repérer les bugs sur le navigateur[127].
170
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171
+ Les premières sorties de Firefox comportaient une option qui décrivait les cookies de la façon suivante : « Cookies are delicious delicacies », littéralement : « Les cookies sont de délicieuses gourmandises » et improprement traduit en « Les cookies sont de délicieuses délices » par les développeurs francophones. La phrase était un symbole du sens de l’humour caustique des programmeurs, et une réflexion générale sur l’approche non conventionnelle du mouvement open source. Elle fut ensuite reprise dans le livre Google: The Missing Manual publié par O’Reilly[128]. Cependant, à la suite d’une réflexion sur la croissance massive de l’utilisation de Firefox sur Internet, le texte a été changé en « Les cookies sont des informations stockées sur votre ordinateur par les sites Web. Ils sont utilisés pour conserver des informations de connexion et d’autres données ».
172
+
173
+ Cette révision a été considérée comme plus utile pour les utilisateurs moins concernés par la technique ; Firefox représentant le désir de la Mozilla Foundation de devenir accessible à tout public. Le texte original avait été inséré par Blake Ross, un des développeurs principaux de Firefox. Son remplacement a été effectué par Mike Connor[128]. Le 22 août 2004, Jesse Ruderman produit la version 0.1 de l’extension « Delicious Delicacies[129] ». Cette extension restaure l’ancienne version de la description des cookies.
174
+
175
+ En tapant about:Mozilla dans la barre d’adresse s’affiche une citation du livre de Mozilla faisant référence à ce qui est appelé la « guerre des navigateurs ». Le livre de Mozilla (7:15) explique « Alors, au final [sic], la bête fut vaincue et les infidèles se réjouirent. Mais tout n’était pas perdu, car des cendres s’éleva un majestueux oiseau. L’oiseau scruta les infidèles et lança sur eux le feu et le tonnerre. Dès lors que la bête fut réincarnée et sa puissance renouvelée, les disciples de Mammon se tapirent dans l’horreur. » Depuis la version 4.0, cette nouvelle citation reprend la suite de la précédente dans la 10e édition (11:9) : « Mammon s'était endormi. Et la bête réincarnée se répandit sur la terre et son nombre se fit légion. Et ils parlèrent au Temps et ils firent l'offrande de leur moisson au feu, avec la ruse des renards. Et ils bâtirent un nouveau monde à leur image comme le promettaient les paroles sacrées, et ils parlèrent de la bête avec leurs enfants. Lorsque Mammon se réveilla, voilà ! ce n'était plus rien qu'un disciple. »
176
+ La phrase actuelle[h] est (11:14) : « La Bête se para de nouveaux ornements et étudia le Temps, l’Espace, la Lumière et les Flux d’énergie au sein de l’univers. De son ouvrage, la Bête façonna de nouvelles structures à partir de métal oxydé et chanta leurs louanges. Alors, les adorateurs de la Bête se réjouirent, retrouvant une destinée renouvelée au sein de ses enseignements. »
177
+
178
+ Apparu dans la version 3.0, en tapant about:robots dans la barre d'adresse, le texte suivant apparaît :
179
+
180
+ « Bienvenue, humains ! Je suis prêt pour vous.
181
+ Nous sommes venus en paix et avec bienveillance !
182
+
183
+ Et ils ont un plan. »
184
+
185
+ Chacune des phrases de la page fait référence à une œuvre plus ou moins liée avec l'univers des robots[i] :
186
+
187
+ La page dispose également d'un bouton sur lequel il ne faut pas cliquer deux fois, sans quoi celui-ci disparaît.
188
+ Il s'agit d'une référence au Guide du voyageur galactique de Douglas Adams, dans lequel Arthur Dent appuie sur un bouton qui lui demande de ne pas appuyer de nouveau.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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1
+ On nomme produit de nombres entiers, réels, complexes ou autres le résultat de leur multiplication. Les éléments multipliés s’appellent les facteurs du produit. L’expression d’un produit est aussi appelée « produit », par exemple l’écriture 3a du triple du nombre a est un produit de deux facteurs, où le symbole de la multiplication est sous-entendu.
2
+
3
+ L'ordre dans lequel les nombres réels ou les nombres complexes sont multipliés, de même que la façon de regrouper ces termes, n'ont pas d'importance ; ainsi, nulle permutation de termes ne modifie le résultat du produit. Ces propriétés sont nommées commutativité de la loi et associativité de la loi de multiplication.
4
+
5
+ Les multiplications d'objets comme les vecteurs et les matrices (produit matriciel, produit tensoriel, etc.) ne sont en revanche pas commutatifs.
6
+
7
+ Si trois paquets contiennent chacun cinq friandises, alors au total ils contiennent 3 × 5 friandises. Ce produit de trois par cinq est égal à une somme de trois termes égaux à cinq. Et trois fois cinq font quinze.
8
+
9
+ Dans l’expression française « une fraction d’une grandeur », la préposition « de » se traduit en mathématiques par un symbole de multiplication. Ce symbole est sous-entendu dans le produit f g qui représente la fraction f de la grandeur g. Produit qui vaut deux cinquièmes de trois cent soixante degrés si f = 2/5 et g = 360°
10
+
11
+ Imaginons un robot mobile, qui effectue des trajets rectilignes successifs de même longueur d. Ces trajets partiels sont représentés en géométrie plane par des segments égaux successifs. Supposons qu’entre deux trajets rectilignes, le robot à l’arrêt tourne à droite sur lui-même de 144°. Quand il a répété cinq fois la manœuvre suivante : avancer tout droit d’une longueur d puis tourner à droite sur lui‑même de 144°, il revient à son point de départ. Son parcours polygonal fermé est représenté par un pentagone régulier étoilé (symbole de Schläfli {5/2}), de périmètre 5d). Pendant tout son trajet fermé, le robot tourne dans le sens horaire autour du centre du polygone régulier, d’un angle de 5 × 144° = 720° = 2 × 360°. Il effectue deux tours complets autour du centre du pentagone étoilé.
12
+
13
+ Le principe de base de la multiplication des nombres entiers naturels est de dénombrer les éléments d’une réunion de n ensembles disjoints deux à deux (n est le multiplicateur), quand chaque ensemble contient le même nombre p d'éléments (p est le multiplicande).
14
+
15
+ Dans un produit de deux facteurs, le premier facteur est nommé par convention multiplicande et le second multiplicateur. Inverser leurs valeurs ne change jamais le résultat, à la différence de l’inversion du dividende et du diviseur dans une division.
16
+
17
+ L'opérateur est le signe multiplication « × »[1], un point « . » sur la ligne quand le séparateur décimal est la virgule[réf. nécessaire] et un point opérateur « ⋅ » (médian)[2] lorsque le point sur la ligne sert déjà de séparateur décimal, comme dans la convention anglo-saxonne ; en programmation informatique, les langages utilisent en général l'astérisque « * » (signe étoile). Il est omis quand il est présent sans ambigüité, par exemple dans une expression comme 3a.
18
+
19
+ Dans le cas des entiers naturels, la multiplication revient à faire des additions de nombres identiques. Quand on dit, par exemple, « cinq multiplié par sept », cela signifie que l'on répète sept fois un ensemble de cinq éléments. Ainsi :
20
+
21
+ Par ailleurs, parmi les différentes propriétés algébriques de la multiplication de nombres, la commutativité peut-être explicitée : l'ordre des facteurs n'influe pas sur le résultat[3] :
22
+
23
+ Ces expressions se lisent respectivement « cinq multiplié par sept » (ou « 7 fois 5 ») et « sept multiplié par cinq » (ou « 5 fois 7 »).
24
+
25
+ Cette opération peut aussi se noter, pour des besoins techniques,
26
+
27
+ Le résultat peut être obtenu :
28
+
29
+ Un nombre décimal est un nombre entier qui a été divisé par une puissance de dix (1 — c'est alors un entier —, 10, 100, 1 000…). La distributivité de la multiplication sur la division permet de calculer les multiplications de nombres décimaux comme celle des nombres entiers :
30
+
31
+ Par exemple pour calculer 5,3 × 0,21 :
32
+
33
+ Plus généralement, un produit est le résultat de la composition de deux éléments d'un ensemble pour une loi interne multiplicative. Lorsque des matrices ou des objets de divers autres anneaux sont multipliés, le produit dépend en général de l'ordre des facteurs ; en d'autres termes, la multiplication des matrices, et les lois de multiplication de ces autres anneaux, ne sont pas commutatives.
34
+
35
+ Des généralisations et des extensions du concept de produit existent en mathématiques :
36
+
37
+ Des multiplications respectant l'invariance des normes (« la norme du produit de deux objets est égale au produit de leur norme ») n'ont pu être définies que pour quelques objets : les réels, les complexes, les quaternions et les octonions.
38
+
39
+ Le produit peut être noté ∏ (pi capitale)[4] lorsque de nombreux facteurs indexés interviennent. Par exemple, si l'on considère une suite
40
+
41
+
42
+
43
+ (
44
+
45
+ u
46
+
47
+ n
48
+
49
+
50
+
51
+ )
52
+
53
+ n
54
+
55
+
56
+ N
57
+
58
+
59
+
60
+
61
+
62
+ {\displaystyle (u_{n})_{n\in \mathbb {N} }}
63
+
64
+ , alors :
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+ i
72
+ =
73
+ 1
74
+
75
+
76
+ N
77
+
78
+
79
+
80
+ u
81
+
82
+ i
83
+
84
+
85
+ =
86
+
87
+ u
88
+
89
+ 1
90
+
91
+
92
+ ×
93
+
94
+ u
95
+
96
+ 2
97
+
98
+
99
+ ×
100
+
101
+ ×
102
+
103
+ u
104
+
105
+ N
106
+
107
+
108
+ .
109
+
110
+
111
+ {\displaystyle \prod _{i=1}^{N}u_{i}=u_{1}\times u_{2}\times \cdots \times u_{N}.}