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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+
3
+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+
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+ L’électricité est l'effet du déplacement de particules chargées à l’intérieur d'un conducteur, sous l'effet d'une différence de potentiel aux extrémités de celui-ci. Ce phénomène physique est présent dans de nombreux contextes : l'électricité constitue aussi bien l'influx nerveux des êtres vivants que les éclairs d'un orage. Les découvertes des lois naturelles de l'électricité ont conduit à l'inventions de tout un ensemble de technologies et de techniques regroupées dans l'électrotechnique. Cette dernière est largement utilisée dans les sociétés développées, par exemple pour transporter de grandes quantités d'énergie facilement utilisable.
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+
7
+ Les propriétés de l'électricité ont été découvertes au cours du XVIIIe siècle. La maîtrise du courant électrique a permis l'avènement de la seconde révolution industrielle. Aujourd'hui, l'énergie électrique est omniprésente dans les pays industrialisés : produite à partir de différentes sources d'énergie, principalement thermique, nucléaire et hydraulique, l'électricité est un vecteur énergétique employé dans de très nombreux usages domestiques et industriels et indispensable dans les communications à distance.
8
+
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+ Le mot « électricité » provient du grec ἤλεκτρον, êlektron, signifiant ambre jaune[1]. Les Grecs anciens avaient découvert qu’en frottant l’ambre jaune, ce matériau attire des objets légers et produit parfois des étincelles.
10
+
11
+ Bien que les phénomènes électriques et les autres interactions de l'électricité avec la matière soient observables depuis le début de la formation de la Terre et même de l'Univers, leur étude, et surtout leur compréhension, par les hommes sont relativement récentes.
12
+
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+ Les effets de l'électricité statique et du magnétisme sont décrits pour la première fois, en 600 av. J.-C., par Thales de Milet.
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+ On doit l'emploi moderne du terme « électricité » à l'Anglais William Gilbert, qui distingue corps électriques et magnétiques dans De Magnete en 1600[2]. Il note les lois de répulsion et d'attraction des aimants par leur pôle, assimile la Terre à l'un d'eux, puis établit une liste des corps électrisables par frottement, après avoir découvert l'influence de la température sur le magnétisme du fer. Les premiers générateurs de charges électriques sont ainsi des machines à frottement.
16
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+ En 1663, Otto von Guericke, de Magdebourg, construit une forme primitive de machine électrique, sous la forme d'un globe de soufre en rotation frotté à la main.
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+ Au XVIIIe siècle débute une période d'observation et de création d'électricité statique. En 1733, du Fay découvre les charges positives et négatives et observe leurs interactions. Coulomb en énonce les premières lois physiques. En 1750, via des expériences sur la foudre, Benjamin Franklin identifie l'électricité naturelle, canalisée par le paratonnerre.
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+ En 1799, Alessandro Volta crée la pile électrique.
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+
23
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
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+ En avril 1820, lors d'un cours sur l'électricité qu'il donnait à ses étudiants, le professeur Ørsted découvre une relation entre l'électricité et le magnétisme dans une expérience, qui nous apparaît aujourd'hui comme très simple : un fil parcouru par un courant électrique est capable de faire dévier l'aiguille aimantée d'une boussole.
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+ En 1820, André-Marie Ampère, en approfondissant les travaux d’Ørsterd, découvre et formule quelques lois sur les relations du magnétisme et de l'électrodynamique.
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+ En 1831, Michael Faraday découvre que, si un courant électrique produit un champ magnétique, l'inverse est vrai : on peut produire un courant électrique en mettant en mouvement un champ magnétique, selon la loi de Lenz-Faraday.
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+ En 1868, la dynamo du Belge Zénobe Gramme met en application certaines de ces découvertes.
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+ En 1879, la lampe à incandescence de Joseph Swan permet de produire de la lumière. La même année, la première centrale hydroélectrique (de 7 kW) voit le jour à Saint-Moritz (Suisse).
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+ En 1883, Aristide Bergès développe le concept de houille blanche, avec la première ligne électrique, en collaboration avec Lucien Gaulard et John Dixon Gibbs.
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+ Dès 1889, un fil de 14 km relie la cascade des Jarrauds et la ville de Bourganeuf, dans la Creuse.
38
+
39
+ En 1891, la première ligne à haute tension (de) est construite par l'entreprise suisse Maschinenfabrik Oerlikon (en). Elle transporte l'énergie électrique sous 25 000 V à 40 Hz, sur 175 km entre Lauffen et Francfort-sur-le-Main, en Allemagne. Les pertes sont de seulement 4 %, ce qui a met fin à la controverse entre les défenseurs du système de transport en courant continu et ceux partisans du transport en courant alternatif, ces derniers sortant grands gagnants.
40
+
41
+ En 1892, Heilbronn, en Allemagne, est la première ville d'Europe à être équipée d'un réseau de distribution en courant alternatif[réf. nécessaire].
42
+
43
+ À la fin du XIXe siècle, la production industrielle d'électricité devient possible et les premières applications techniques apparaissent, comme le moteur électrique, l'éclairage électrique, le télégraphe et le téléphone[3].
44
+
45
+ Dans les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques, qui profitent aux implantations industrielles dans les Alpes. L'électricité investit l'industrie, l'éclairage public et le chemin de fer, avant d'entrer dans les foyers.
46
+
47
+ La forte expansion électrique des années 1920 permet un maillage du territoire dans les grands pays industriels. La France bénéficie alors d'une multiplication par huit de la production d'électricité hydraulique grâce aux premiers barrages[4]. En 1925, Grenoble organise l'Exposition internationale de la houille blanche.
48
+
49
+ Dans les années 1990-2000, les préoccupations environnementales croissantes font apparaître les termes d'électricité décarbonée, d'origine renouvelable, sûre, verte, etc.
50
+
51
+ En 2013, un communiqué de la Commission européenne mentionne : « La contribution de l'électricité d'origine renouvelable à l'objectif de durabilité consiste non seulement en réductions des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi en réductions des émissions atmosphériques de substances polluantes et en une diminution des besoins en eau de refroidissement par rapport aux formes d'énergie conventionnelles. L'électricité d'origine renouvelable contribue en outre à l'objectif de diversification de l'approvisionnement et d'utilisation plus efficace des ressources. »[5].
52
+
53
+ C'est le mouvement des charges électriques de la matière qui est à l'origine de l'électricité. Comme la masse, la charge électrique permet d'expliquer l'origine de certains phénomènes. Si personne n'a jamais observé directement une charge électrique, les scientifiques remarquent des similitudes de comportement de certaines particules. Ils en déduisent que ces particules partagent des caractéristiques communes, dont les propriétés coïncident avec leurs observations.
54
+
55
+ Contrairement à la masse, deux types de charges électriques se comportent comme si elles étaient « opposées » l'une à l'autre : par convention, l'une est dite positive et l'autre négative. Un atome possède une charge positive lorsque le nombre de protons est supérieur au nombre d'électrons.
56
+
57
+ Des charges, égales, de natures opposées s'annulent : une particule qui possède autant de charges positives que négatives se comporte comme si elle n'en possédait aucune. On dit qu'elle est électriquement neutre.
58
+
59
+ Dans la nature, les électrons sont des porteurs de charges négatives et les protons des porteurs de charges positives. Les atomes qui composent la matière ordinaire comprennent des électrons qui se déplacent autour d'un noyau composé de protons et de neutrons, ces derniers étant électriquement neutres. Lorsque le nombre d'électrons est égal au nombre de protons, l'ensemble est électriquement neutre. Il est question d'électricité statique lorsqu'il n'y a pas de circulation des charges électriques. Expérimentalement, cela est généralement obtenu en utilisant des matériaux dans lesquels les charges sont « piégées », des matériaux isolants comme le plastique, le verre, le papier… qui résistent à la circulation des charges[a].
60
+
61
+ Quand on frotte certains matériaux entre eux, les électrons superficiels des atomes de l'un sont arrachés et récupérés par les atomes de l'autre. Par exemple :
62
+
63
+ Dans l'industrie, l’utilisation de sources de 241Am, émetteur alpha, sous forme de rubans placés en fin de machines de production (de papiers, plastiques, textiles synthétiques) à quelques millimètres du matériau permet, en rendant l’air avoisinant conducteur, de supprimer l’accumulation d’électricité statique.
64
+
65
+ Certains matériaux sont dits conducteurs de l’électricité (métaux, eau salée, corps humain, graphite, etc.), quand ils permettent aux charges électriques de se déplacer facilement.
66
+
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+ Lorsqu'on marche sur une moquette, le frottement des pieds sur le sol arrache des électrons et le corps se charge d'électricité statique. Si l'on touche alors une poignée de porte métallique, on ressent une petite décharge électrostatique accompagnée potentiellement d'une étincelle, causée par le déplacement brutal des charges électriques qui s'écoulent du corps vers le sol à travers les matériaux conducteurs de la porte.
68
+
69
+ Cet écoulement, ou courant, est dû au fait qu'il existe à ce moment une différence de charges électrique entre le corps et le sol ; cette différence de charges est une différence de potentiel ; la sensation ressentie provient du courant électrique généré par la différence de potentiel existante entre la poignée et le corps humain. On en déduit que :
70
+
71
+ Pour créer un courant électrique, il faut donc, un circuit de matériaux conducteurs, qui permet aux charges électriques de se déplacer, et un système capable de créer une différence de potentiel entre les deux extrémités du circuit. Ce système est appelé générateur : ce peut être, par exemple, une pile, une dynamo ou un alternateur.
72
+
73
+ Dans un circuit électrique, on dit que le courant électrique, noté I, circule entre les électrodes depuis le pôle positif vers le pôle négatif du générateur. Ce sens est purement conventionnel, puisque le courant peut aussi bien être causé par des charges positives (manque d’électron), qui seront attirées par le pôle négatif du générateur, que par des charges négatives (les électrons) qui se déplaceront en sens inverse, vers le pôle positif. Cependant, on s’intéresse essentiellement au déplacement des électrons qui sont les seuls à pouvoir se déplacer (sauf dans des matériaux radioactifs en cours de désintégration).
74
+
75
+ Dans certains cas, des charges positives et négatives se déplacent en même temps et ce double déplacement est responsable du courant électrique global. C'est le cas dans les solutions ioniques, où les cations et les anions se déplacent dans des sens opposés, et dans les semi-conducteurs comme une diode, où électrons et « trous » font de même. Les charges ne peuvent pas toutes se déplacer sous l'action du champ électrique et c'est ainsi que dans un fil électrique, les charges positives (les noyaux des atomes) restent fixes dans la structure du métal et ne peuvent constituer aucun courant électrique ; le courant électrique dans un métal est créé uniquement par le déplacement des charges négatives (les électrons libres) vers le pôle positif du générateur : c'est un courant électronique, cependant, on utilise dans tous les cas le sens conventionnel « I » du courant, institué avant la découverte de la charge négative de l'électron.
76
+
77
+ On parle de courant continu quand le sens reste constant et, de courant alternatif quand il change périodiquement. La fréquence d'un courant alternatif est le nombre de périodes par seconde. Elle s'exprime en hertz (Hz), par exemple, le courant distribué dans les installations électriques est à une fréquence : de 50 Hz en Europe et, de 60 Hz aux États-Unis.
78
+
79
+ Pour comprendre certaines propriétés du courant électrique, il est intéressant de le comparer à de l'eau s'écoulant dans un circuit de tuyaux. Le générateur peut alors être vu comme une pompe chargée de mettre sous pression le liquide dans les tuyaux.
80
+
81
+ La différence de potentiel, ou tension, ressemble alors à la différence de pression entre deux points d'un circuit d'eau. Elle est notée « U », et est exprimée en volts (V).
82
+
83
+ L'intensité du courant électrique peut être assimilée au débit d'eau dans le tuyau. Elle rend compte du nombre de charges qui passent à chaque seconde dans un point du circuit ; elle est souvent notée « I », et mesurée en ampères (A). En d'autres termes la tension électrique serait la hauteur d'une chute d'eau et son intensité le diamètre de la chute d'eau.
84
+
85
+ La résistance d'un circuit électrique serait alors l'analogue du diamètre des tuyaux. Plus les tuyaux sont petits, plus il faut de pression pour obtenir un même débit ; de façon analogue, plus la résistance d'un circuit est élevée, plus il faut une différence de potentiel élevée pour avoir une même intensité. La résistance électrique rend compte de la faculté d'un matériau à s'opposer plus ou moins au passage du courant. Elle est notée « R » et, elle est exprimée en ohms (Ω).
86
+
87
+ Il est possible de pousser cette analogie beaucoup plus loin[b] mais elle a ses limites et certaines propriétés du courant électrique s'écartent sensiblement de ce modèle basé sur un fluide, des tuyaux, et des pompes.
88
+
89
+ Les échanges électriques sont omniprésents dans la nature. En général, il s’agit de phénomènes peu visibles, mais ils sont fondamentaux : les forces électromagnétiques et électrofaibles font partie des quatre interactions fondamentales qui structurent tout l’Univers.
90
+
91
+ La friction de nombreux matériaux naturels ou artificiels produit de la triboélectricité. La foudre est une énorme décharge électrique due à l'accumulation d'électricité statique dans les nuages. En temps normal l'air est un isolant, qui bloque le passage de l'électricité. Lorsque la charge électrique dans les nuages d'orage arrive à une valeur certaine, la différence de potentiel due aux très nombreuses charges accumulées, est telle qu'elle parvient à modifier localement la structure des gaz qui composent l'air, les transformant en un plasma ionisé, qui conduit lui parfaitement l'électricité. Des arcs électriques géants se forment alors, entre deux nuages ou, entre un nuage et la terre : les éclairs, permettant le rééquilibrage des charges électriques.
92
+
93
+ L'électrisation de l'air peut donner lieu à d'autres phénomènes, comme le feu de Saint-Elme.
94
+
95
+ La circulation des charges électriques intervient dans de nombreux phénomènes naturels, et notamment dans les réactions chimiques d’oxydo-réduction comme la combustion.
96
+
97
+ Le champ électromagnétique terrestre est lui aussi créé par des courants électriques circulant dans le noyau de notre planète.
98
+
99
+ Les poissons électriques sont capables de tirer parti du courant électrique pour s'orienter, pour se protéger ou bien pour communiquer. Il existe des espèces capables de produire de véritables décharges électriques : 620 V pour l'anguille électrique ; cela lui permet d'assommer ses proies avant de les consommer. Ils produisent de telles décharges électriques grâce à leurs organes électriques, qui ont une structure interne semblable aux muscles du corps humain.
100
+
101
+ Les animaux utilisent l'électricité pour animer les muscles ou pour transmettre de l’information par l'influx nerveux dans les nerfs. Ce phénomène a été mis en évidence par les expériences de Galvani. C'est pourquoi les médecins peuvent utiliser l'électrocardiographie et l'électro-encéphalographie pour diagnostiquer les pathologies du cœur ou du cerveau. La science qui étudie les phénomènes électriques chez les animaux est l'électrophysiologie.
102
+
103
+ L'électricité représente environ un tiers de l'énergie consommée dans le monde[6]. L'électrotechnique est la science des applications domestiques et industrielles (production, transformation, transport, distribution et utilisation) de l'électricité.
104
+
105
+ La méthode la plus courante pour produire de grandes quantités d'électricité consiste à utiliser un générateur convertissant une énergie mécanique en une tension alternative. Cette énergie d'origine mécanique est la plupart du temps obtenue à partir d'une source de chaleur, issue elle-même d'une énergie primaire. Ces énergies primaires peuvent être des énergies fossiles comme le pétrole, l'énergie nucléaire, ou une énergie renouvelable telle l'énergie solaire. L'énergie mécanique entraînant le générateur peut également être d'origine hydraulique ou l'éolienne.
106
+
107
+ L'électricité peut également être directement tirée du rayonnement solaire, converti par des panneaux solaires.
108
+
109
+ Le courant qui circule sur réseau électrique est le plus souvent alternatif et triphasé, car c'est le plus économique à produire et à transporter. Bien que le consommateur final ait besoin de courant à basse tension, moins dangereux à utiliser, il est plus économique pour le transport du courant sur de longues distances d'utiliser une haute tension.
110
+
111
+ En effet, à puissance constante, si l'on augmente la tension, on réduit l'intensité du courant (
112
+
113
+
114
+
115
+ P
116
+ =
117
+ U
118
+
119
+ I
120
+
121
+ cos
122
+
123
+ (
124
+ ϕ
125
+ )
126
+
127
+
128
+ {\displaystyle P=U\cdot I\cdot \cos(\phi )}
129
+
130
+ en monophasé) et donc, les pertes par effet Joule ou pertes thermiques (
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+ P
136
+
137
+ t
138
+ h
139
+
140
+
141
+ =
142
+ R
143
+
144
+
145
+ I
146
+
147
+ 2
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+ {\displaystyle P_{th}=R\cdot I^{2}}
153
+
154
+ ), ainsi que l'effet de peau qui limite la circulation des forts courants à la surface extérieure des conducteurs : ceci obligerait d'utiliser des câbles de cuivre de plus grosse section mais dont le cœur serait moins bien refroidi. Pour réduire les pertes par effet Joule tout en limitant la section des câbles, on utilise des transformateurs élévateurs de tension, de manière à réduire l'intensité du courant pour le transport, et des transformateurs abaisseurs de tension pour la distribution (en basse tension) aux usagers.
155
+
156
+ En France, les principaux fournisseurs d'électricité sont EDF, Engie (ex. GDF Suez) et Direct Énergie[7], qui peuvent programmer leurs investissements en s'appuyant sur la Programmation pluriannuelle de l'énergie.
157
+
158
+ Les tensions électriques peuvent être transformées et converties. En règle générale, pour les grosses puissances, les tensions sont alternatives. Elles passent par des transformateurs pour convertir le courant en flux magnétique, lui-même reconverti en courant dans des bobines. Ce principe permet d'abaisser le niveau de tension tout en conservant la fréquence et une isolation galvanique entre les circuits, primaire et secondaire, du transformateur de tension.
159
+
160
+ Pour les puissances le permettant technologiquement, on utilise des convertisseurs à semi-conducteurs (transistors, thyristors) :
161
+
162
+ La combinaison des deux systèmes précédents, avec éventuellement l'aide d'un transformateur de tension permet d’effectuer des élévations ou des abaissements de tensions continues avec un bon rendement.
163
+
164
+ Pour que l'électricité soit transportée et distribuée au moyen de conducteurs, il est nécessaire d'équilibrer à tout moment la production et la consommation. Les centrales thermiques au gaz, au pétrole ou au charbon, sont généralement mises en service pour répondre à des pics de demande. On utilise aussi des stations de pompage-turbinage entre deux retenues d’eau situées à deux altitudes différentes : pendant les heures creuses, l'eau est pompée vers le bassin supérieur alors que pendant les heures de pointe, l'eau passe dans une turbine qui produit un appoint d'électricité sur le réseau.
165
+
166
+ Il est aussi possible de stocker l'électricité à petite échelle au moyen de batteries d'accumulateurs, de condensateurs ou de bobines d'inductances.
167
+
168
+ L'électrotechnique, ou génie électrique, est la science et l'application de l'électricité, qui peut être pratiquée par un ingénieur, un électrotechnicien, un dessinateur-projeteur, etc. Parmi ceux-ci, citons :
169
+
170
+ Une multitude de métiers sont également liés à l'industrie de l'électricité. Pour les plus courants : chimiste, calorifugeur[8], thermicien[9], robinetier, chaudronnier, mécanicien, etc.
171
+
172
+ Mème si l'électricité s'est largement diffusée dans le monde au cours du XXe siècle, en 2015, on estimait qu'environ 1,3 milliard de personnes (sur un total de 7,3 milliards de Terriens) n'avaient pas accès à cette énergie[10]. L'ONU a ainsi, intégré parmi les Objectifs de développement durable l'accès à l'énergie et l'extension des infrastructures existantes.
173
+
174
+ On distingue souvent deux types d'usages[11] :
175
+
176
+ Dans les pays riches, l'industrie n'est plus le premier consommateur d'électricité car elle en consomme moins d'un tiers[12]. En France, ce sont ainsi les secteurs résidentiel et tertiaire (via le chauffage, l'électroménager, l'éclairage et l'informatique) qui consomment en 2009 environ 67 % de l'électricité.
177
+
178
+ Depuis les années 2000, lors des pics de consommation accompagnant les vagues de froid, RTE craint un effondrement d'une partie du réseau. Il diffuse, notamment en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, des incitations à économiser l'électricité. En effet, l'électricité ne pouvant être massivement stockée en l'état actuel des technologies, c'est la « puissance appelée » qui devient le facteur dimensionnant du système de distribution électrique, c’est-à-dire l'énergie consommée à un instant donné, et non seulement la consommation cumulée sur la journée, la saison ou l'année. La répartition spatio-temporelle des usages électriques a un impact majeur sur le plan économique, mais aussi environnemental, car les ressources appelées en derniers recours lors des pics émettent le plus de CO2. Ainsi, le chauffage électrique « pèse » « 2,5 fois plus en puissance instantanée (36 % au moment du record de consommation sur le réseau français) qu’en consommation cumulée en moyenne sur l’année (14 %) »[11].
179
+
180
+ Le smart grid est censé aider les clients à moins consommer en période de pointe et permettre d'appeler l'électricité par le chemin le plus court, conduisant à moins de pertes lors du transport de l'électricité. Ceci serait encore plus vrai dans une perspective de troisième révolution industrielle, telle que définie par Jeremy Rifkin et dont le soutien de principe a été adopté par le Parlement européen en 2007[13], mais sans répondre au risque d'effet rebond[14].
181
+
182
+ L'efficacité énergétique a été poussée par une directive de l'Union européenne sur l'efficacité minimum des appareils électriques, après une directive sur l'étiquetage en 1992, suivie en 1997 d'une directive limitant les consommations de réfrigérateurs, congélateurs et combinés, en veillant à ne pas dépasser l'optimum pour le consommateur en termes de récupération rapide de l'investissement initial par les économies d'énergie. En huit ans, l'efficacité énergétique des appareils frigorifiques a ainsi, été améliorée de 30 %, puis, rien n'a été fait durant treize ans sur l'électroménager en Europe, alors que des normes d'efficience énergétique se développaient aux États-Unis, depuis 1989.
183
+
184
+ Malgré une notable amélioration de l'efficience énergétique de 1999 à 2004, la consommation finale continue à augmenter en Europe (UE-25) ; Un ménage moyen de l’UE-25 consommait 4 098 kWh en 2004, alors qu'il aurait pu n'en consommer que 800 kWh s'il était équipé d'appareils à basse consommation et en abandonnant les ampoules à incandescence (et encore moins avec les techniques les plus efficientes). Selon le Centre commun de recherche (CCR) de l’Union européenne, de 2005 à 2006, la consommation a augmenté dans l’UE-25 dans tous les secteurs ; dans le résidentiel, dans le tertiaire (+ 15,8 %) et dans l'industrie (+ 9,5 %), à un rythme calqué sur celui du PIB global (+ 10,8 %). Le rapport recommande d'encourager les chauffe-eau solaires et les économies d'énergie, par remplacement notamment des lampes à incandescence. En novembre 2006, la Commission européenne a engagé un plan d'action pour l'efficacité énergétique qui visant - 20 % la consommation d'électricité de l’UE-25 d'ici 2020[15]. Les appareils consomment plutôt moins, mais ils sont plus utilisés (explosion de l'utilisation de l'ordinateur et du téléphone portable). Le temps passé devant la télévision a augmenté de 13 % entre 1995 et 2005[15].
185
+
186
+ En Europe, dans le tertiaire, l'éclairage (de jour souvent) est devenu le premier poste de consommation électrique, avec 175 TWh consommés par an représentant 26 % de consommation électrique totale du secteur tertiaire[15]. Par ailleurs, l'éclairage nocturne (principale cause, avec la publicité lumineuse, du phénomène dit de pollution lumineuse) est en hausse constante depuis 50 ans.
187
+
188
+ En France, un arrêté limite l’allumage des vitrines de commerces, des bureaux et des façades extérieures des magasins et bâtiments depuis le 1er juillet 2013. Cette mesure vise des économies de 2 TWh par an selon l'ADEME[16]. Néanmoins, sans objectif de sobriété énergétique, un effet rebond (direct ou indirect et externe) peut faire que les sommes ainsi économisées seront dépensées dans d'autres usages énergivores.
189
+
190
+ À part les appareils à piles ou les batteries d'automobile, la majorité de l'électricité utilisée dans la vie quotidienne provient du réseau électrique. Chaque habitation est reliée au réseau par l'intermédiaire d'un tableau qui contient au moins un compteur destiné à la facturation, ainsi qu'un disjoncteur général servant d'interrupteur général et permettant de protéger l'installation en cas de surintensité. En général, de ce disjoncteur sortent deux conducteurs qui alimentent l'installation domestique : la phase et le neutre, dans les installations triphasées deux conducteurs de phase supplémentaires sont présents. Pour des impératifs de sécurité des personnes, les installations modernes et sécurisées comportent aussi un conducteur relié à la terre et un disjoncteur différentiel.
191
+
192
+ On trouve ensuite un tableau de fusibles ou de disjoncteurs, distribuant le courant dans les différents circuits de la maison. On prévoit généralement des circuits spécialisés pour les appareils qui ont besoin de beaucoup de puissance (four, cuisinière électrique, lave-linge, lave-vaisselle, chauffe-eau, etc.), et normalement, par pièce, un circuit pour l'éclairage et un pour les prises électriques.
193
+
194
+ On utilise des interrupteurs pour ouvrir ou fermer les circuits électriques. Il est possible d'utiliser des montages spéciaux comme un va-et-vient ou un télérupteur quand on souhaite disposer de plusieurs points de commande, par exemple, à chaque bout d'un couloir.
195
+
196
+ Selon une étude parue dans Nature en 2020, même à supposer que le contenu en carbone de l'électricité ne présente pas d'amélioration, il y aurait quand même intérêt à passer aux voitures électriques pour les transports, et aux pompes à chaleur pour les bâtiments[17].
197
+
198
+ L'électrisation est le passage de courant électrique dans le corps humain. Même avec un courant relativement faible l'électricité est dangereuse pour la santé des êtres vivants, ce qui justifie la nécessité de disjoncteurs différentiel calibrés à 30 mA pour garantir la protection des personnes[18].
199
+
200
+ Les normes de conception des matériels électriques, définissent qu'une tension de plus de 25 V alternatifs / 50 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu humide) présente un danger d’électrisation et qu'une tension supérieure à 50 V alternatifs / 120 V continus (12 V alternatifs / 25 V continus en milieu immergé et 25 V alternatifs / 50 V continus en milieu humide)) présente un danger mortel : l'électrocution.
201
+
202
+ Les conséquences d'une électrisation dépendent de la nature de la tension (alternative ou continue), de la résistance du corps humain généralement admis comme étant à 5 000 ohms en TBT (très basse tension), 1 000 ohms sous 220 V alternatif et 400 ohms sous 500 V (la résistance est dégressive en fonction de la tension d'exposition), de l'amplitude du courant ayant circulé et du temps de passage de ce courant.
203
+
204
+ Il est couramment admis quelques seuils sur lesquels se basent les règles de sécurité :
205
+
206
+ Au-dessus de 20 mA et plus d'une seconde, il existe un risque de fibrillation cardiaque si le courant passe par le cœur. En TBT avec maximum 50 V en alternatif et 120 V en continu, le danger pour l'homme est considéré comme faible, mais non nul: (I=U/R) ; 50 V/5 000 ohms = 10 mA [19].
207
+
208
+ Au-dessus de 1 000 V, il y a danger, même sans contact direct avec un conducteur, car il se produit une ionisation de l'air, les distances d'approche minimales sont évaluées en fonction du niveau de tension. D'où l'interdiction d'entrer dans les enceintes des transformateurs électriques. Malgré la distance conséquente séparant les conducteurs des lignes haute tension, le bruit que l'on peut entendre en dessous de ces lignes est consécutif à des micro-amorçages par claquage de l'air.
209
+
210
+ L'absence visuelle de brûlure après une électrisation n'exclut pas des brûlures internes sur le chemin de passage du courant dans le corps, lesquelles peuvent engendrer des nécroses. En plus, des cas de chocs rénaux, dus à la décomposition du sang par le passage du courant, sont relevés après des électrisations sévères, ces événements ont lieu quelques dizaines de minutes après l'accident, il faut donc toujours aller à l'hôpital après un accident électrique conséquent.
211
+
212
+ Mais l'électricité sert aussi à soigner : elle peut être utilisée telle quelle, pour administrer des électrochocs ou stimuler des tissus nerveux ou musculaires, ou encore alimenter les appareils de pointe utilisés en médecine, permettant des techniques de soin telles que radiothérapie, électropuncture[20], stimulateur cardiaque, prothèse, et de diagnostic telles que radiographie, scanner, résonance magnétique, endoscopie.
213
+
214
+ La Programmation pluriannuelle de l'énergie cadre la programmation du secteur de l'électricité (et le mix énergétique)
215
+
216
+ Il existe en France trois normalisations en électricité :
217
+
218
+ La normalisation en France est réglementée par la loi du 24 mai 1941, qui a créé l’Association française de normalisation (AFNOR) et définit la procédure d’homologation des normes. Le décret d'application de cette loi est le décret no 2009-697 du 16 juin 2009.
219
+
220
+ Par ailleurs, une norme homologuée peut être rendue d’application obligatoire par arrêté, mais cette procédure n’a été jusqu’à présent que peu utilisée en électricité, sauf en ce qui concerne la sécurité : (NF C18-510, NF C15-100 et NF C13-200).
221
+
222
+ Il existe deux grandes familles de normes qui visent d’une part, la construction du matériel électrique et d’autre part, la réalisation des installations électriques.
223
+ Une loi du 30 décembre 2006 rend obligatoire un diagnostic immobilier pour le contrôle des installations domestiques existantes de plus de 15 ans, obligatoire depuis le 1er semestre 2008. Une nouvelle norme est sortie en août 2007 pour le contrôle de ces installations dans le cadre de ce diagnostic.
224
+
225
+ Les principales normes de réalisation sont :
226
+
227
+ Les principales normes de conception sont :
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229
+ La norme expérimentale de contrôle des installations existantes :
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+ En 1936-37, l'artiste Raoul Dufy réalise l'une des plus grandes fresques au monde (10 m x 64 m) sur le thème de La Fée Électricité (située au musée d'art moderne de la ville de Paris).
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+ Genres de rang inférieur
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+ Les éléphants sont des mammifères proboscidiens de la famille des Éléphantidés. Ils correspondent aujourd'hui à trois espèces réparties en deux genres distincts. L'Éléphant de savane d'Afrique et l'Éléphant de forêt d'Afrique, autrefois regroupés sous la même espèce d'« Éléphant d'Afrique », appartiennent au genre Loxodonta, tandis que l'Éléphant d'Asie, anciennement appelé « éléphant indien », appartient au genre Elephas. Ils se différencient par certaines caractéristiques anatomiques, les éléphants d'Asie étant en général plus petits avec des oreilles plus petites, ou encore une différence du bout de la trompe. Ces espèces survivantes font localement l'objet de programmes ou de projets de réintroduction et de protection.
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+
7
+ Le mot français « éléphant » vient du mot latin elephantus[1] qui tire son origine du grec ἐλέφας signifiant « ivoire » ou « éléphant ».
8
+
9
+ L'éléphant apparait dans de nombreuses cultures. Il est symbole de sagesse dans la culture asiatique, connu pour sa mémoire et son intelligence, qui est comparée à celle des cétacés[2] et hominidés[3]. Aristote avait dit que l'éléphant est « la bête qui dépasse toutes les autres par l'intelligence et l'esprit »[4].
10
+
11
+ L'éléphant d'Afrique, qui peut atteindre 7 tonnes, est le plus gros animal terrestre actuel, mais il est loin derrière la Baleine bleue (Balaenoptera musculus) qui peut peser jusqu'à 200 tonnes et dépasser 30 mètres de long[5].
12
+
13
+ Le squelette de l'éléphant présente des caractéristiques dictées par la masse qu'il doit soutenir : il représente environ 16,5 % de la masse totale de l'animal[6], cela signifie que pour un éléphant de 7 tonnes, le squelette pèse 1,155 tonne. Les os de l'éléphant sont spongieux[7]. Sa cage thoracique, formée de vingt côtes, est arrimée le long de l'épine dorsale[6].
14
+
15
+ L'éléphant possède deux genoux à ses membres postérieurs, qui sont constitués d'un fémur, d'une rotule et de l'association tibia-fibula. Les membres antérieurs, quant à eux, comprennent une scapula, un humérus, et l'association radius-ulna.
16
+
17
+ L'éléphant marche sur le bout des doigts[8],[9]. Les orteils sont insérés dans le pied, il y en a entre 2 et 5[10], on en voit seulement les ongles[9]. Cependant on peut voir entre trois et cinq ongles en fonction des pieds[9]. Les pieds antérieurs ont une forme arrondie, alors que les pieds postérieurs ont une forme ovale. Les pieds sont composés de tissus adipeux qui agissent comme des amortisseurs[9].
18
+
19
+ Il est impossible pour un éléphant de sauter, pour des raisons d'ordre biomécanique : il lui faut toujours un pied sur le sol. Cependant il peut courir à une vitesse maximale de 20 km/h (un éléphant ayant été chronométré à 24 km/h dans le cadre d'une étude scientifique)[11].
20
+
21
+ Même si on emploie le terme « courir » pour un éléphant, il est à noter que le terme est inapproprié. Il serait plus logique de dire qu’il « marche vite ». En effet, il ne change pas son allure (sa façon de se déplacer) lorsqu’il accélère.
22
+
23
+ Un éléphant d'Afrique mâle adulte mesure 3,50 mètres au garrot et pèse 5 à 6 tonnes, une femelle adulte mesure 3 mètres de haut au garrot pour une masse de 4 tonnes environ. À la naissance, l'éléphant pèse environ 120 kg. Un éléphant vit en moyenne 60 ans. Le plus grand éléphant connu a été signalé en Angola en 1974 : il s’agissait d’un mâle de 12 tonnes mesurant 4,20 m au garrot, soit un mètre de plus que la moyenne des éléphants africains[12].
24
+
25
+ Des éléphants nains, de la taille d'un grand cochon, ont également peuplé les îles méditerranéennes au cours de la Préhistoire[13],[14] ; certains sont signalés en Crète jusqu'en 5000 av. J.-C., voire jusqu’en 3000 av. J.-C.[15],[16].
26
+
27
+ La principale caractéristique des éléphants est leur trompe appelée proboscis. Il s'agit d'un organe nasal (avec une fonction de respiration et de perception des odeurs) allongé qui découle de la fusion de la lèvre supérieure et du nez. La trompe est un organe souple et préhensile leur servant pour porter l'eau et la nourriture à la bouche, tirer ou transporter des objets et pousser des cris.
28
+
29
+ La trompe comporte entre 100 000[17] et 150 000[18] muscles ; elle est dépourvue d'os et pèse plus de 100 kg[19].
30
+
31
+ « La trompe se compose de deux longs tuyaux cylindriques, partant de l’ouverture antérieure des fosses nasales. Ces tubes se rétrécissent à la région de l’inter mâchoire, ce qui empêche l’eau pompée par la trompe de pénétrer dans la cavité nasale ; ils offrent ensuite une dilatation, puis se resserrent de nouveau à l’endroit où ils s’ouvrent dans les narines osseuses, et où ils sont couverts par un cartilage nasal ovale. (…) Les tubes sont entourés d’une multitude de faisceaux musculaires, les uns longitudinaux, les autres rayonnant vers la peau et servant à comprimer les premiers. Quelques-uns enfin, mais en moins grand nombre sont circulaires. Cependant il faut distinguer de ces muscles, propres à la trompe, ceux qui servent à mouvoir l’organe en entier. Ces derniers sont comparables aux muscles de la queue. On les distingue en élévateurs et abaisseurs supérieurs et latéraux, qui naissent du front, des os propres du nez et des cartilages, tant de l’os maxillaire supérieur que de l’intermaxillaire »[20].
32
+
33
+ Le bout de la trompe d'un éléphant d'Afrique est en forme d'amande, alors que celle d'un éléphant d'Asie est en forme de poire. L'excroissance à son extrémité a une fonction analogue à un doigt, leur permettant de décortiquer une cacahuète[21]. Les éléphants ne boivent pas directement par leur trompe. L'effort nécessité pour se pencher jusqu'au sol afin de boire l'eau par la bouche étant trop important et l'opération étant même impossible lorsque l'eau se trouve au-dessous du niveau du sol, ils boivent en remplissant leur trompe avec de l'eau qu'ils aspirent et gardent momentanément avant de la verser ensuite, par gravité, dans leur bouche[17].
34
+
35
+ L'allongement du museau des proboscidiens anciens à l'origine de l'éléphant serait lié à la croissance continue des incisives (les défenses) et leur augmentation de taille : herbivores concurrencés par les ruminants et les équidés, leur adaptation trophique se traduit alors par un régime de plantes plus fibreuses peu nutritives et une augmentation de taille corrélative, les proboscidiens fourrageant pendant des heures à la recherche aussi bien de végétaux au sol que de feuilles d'arbres[22].
36
+
37
+ Forme du bout de la trompe de l'éléphant.
38
+
39
+ Un éléphant peut se servir de sa trompe pour se nettoyer l'œil.
40
+
41
+ La trompe d'un éléphant dans la bouche d'un autre.
42
+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
+
45
+ Le plus souvent les éléphants ont des défenses, des dents très allongées utilisées par ces animaux comme outil, arme de défense et attribut sexuel[23]. Les défenses sont des dents supérieures à croissance continue. L'éléphanteau possède des prémolaires de lait qui tombent lorsque les molaires apparaissent, l'adulte n'en possède pas. Chez les éléphants adultes il n'y a que 6 dents, 2 incisives, ce sont les défenses, et 4 molaires. La formule dentaire est i1/0 c0/0 m1/1.
46
+
47
+ Les dents sont essentiellement composées d’ivoire et d’émail qui forment la couronne des dents par de nombreuses crêtes transversales, qui sont plus ou moins lamellées. Les crêtes sont disjointes puis, au fur et à mesure, un cément se forme et s’intercale entre les dents pour former un tout[24]. Un petit nombre de dents molaires sont présentes à chaque mâchoire, « parfois une paire (…), (…) une paire à l’une des mâchoires et deux à l’autre, (…) encore deux paires à chacune », de plus les dents correspondantes entre elles « n’ont ni la même apparence, ni le même nombre de lamelles »[24].
48
+
49
+ Selon les études de Corse et de Blainville, « les éléphants (…) ont six paires de dents à chacune des mâchoires. Ces dents augmentent de volume depuis la première jusqu’à la dernière ou sixième, et le nombre de leurs lamelles (…) est aussi de plus en plus considérable. »[25]. « La succession des dents molaires s’opère ainsi par flots d’une manière lente mais réglée, et l’on admet trois flots différents. Les dents se présentent deux par deux de chaque côté de l’une et de l’autre mâchoire. Le degré plus ou moins avancé de l’usure de chacune d’elles détermine les différences que l’on remarque dans le nombre total de lamelles (…) pour chaque flot »[25].
50
+
51
+ La peau de l'éléphant est d'une épaisseur d'environ 2 cm[26]. Cette peau est fragile du fait de la présence de plis où viennent se loger des parasites[27]. Il n'y a pratiquement pas de poils, et il n'y a ni glande sudoripare, ni glande sébacée[7]. De ce fait, leur peau est sèche, c'est pour cela qu'elle doit être souvent humectée à l'aide d'eau projetée par la trompe ou couverte de poussière ou de boue également projetée par leur trompe[7].
52
+
53
+ La couleur de la peau est grisâtre ; cependant sa couleur apparente est liée au sol sur lequel évolue l'éléphant. Elle peut aussi être due aux bains de boues[28].
54
+
55
+ La faible densité des poils (quelques centaines par mètre carré, chaque poil mesurant en moyenne 2 centimètres de longueur et 0,5 mm de diamètre) agit non plus comme une fourrure mais participe — à hauteur de 23 % — avec d'autres mécanismes de thermorégulation (battement des oreilles, bains, pulvérisation d'eau avec leurs trompes, respiration percutanée) à la thermolyse du mammifère, les poils agissant comme des ailettes qui augmentent la surface d'échange et donc les transferts thermiques[29].
56
+
57
+ Peau de l'éléphant.
58
+
59
+ Bain de poussière d'éléphant au Botswana.
60
+
61
+ Éléphant couvert de boue séchée en Namibie.
62
+
63
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
64
+
65
+ Les oreilles de l'éléphant lui permettent de réguler sa température corporelle[30], grâce à une vascularisation très importante[18]. Lorsqu'il mange des fruits fermentés ayant un degré d'alcool d'environ 7 °, l'éléphant remue violemment ses oreilles, de même pour sa queue et sa trompe[30]. Elles sont généralement plus petites chez l'éléphant d'Asie.
66
+
67
+ Le cerveau de l'éléphant, situé à l'arrière de son crâne[31], pèse entre 4 et 6 kg, ce qui est déjà considérable. Si l'on compare la taille du cerveau de l'éléphant à sa masse corporelle, il est alors le mammifère ayant le plus petit cerveau, alors que la souris possède le plus grand[32].
68
+
69
+ Si les fonctions reproductrices des éléphants mâles se mettent en place vers l'âge de 10-15 ans[26], ils commencent à se reproduire vers l'âge de 30 ans quand ils sont suffisamment imposants pour pouvoir se battre avec d'autres mâles pour conquérir les femelles[33].
70
+
71
+ Les fonctions reproductrices de l'éléphant femelle apparaissent de 9 ans[33] jusqu'à 15 ans.
72
+
73
+ Dans l'organisation matriarcale des éléphants, les mâles sont connus pour leur tempérament indépendant et ont tendance à vivre en solitaire, forgeant parfois une alliance provisoire avec un autre individu ou intégrant une bande de manière informelle. Tandis que les femelles entretiennent des liens familiaux étroits et solides.
74
+
75
+ Les mâles en rut, dont le taux sanguin de testostérone peut s'accroître cinquante fois, agitent les oreilles et secouent la tête, leur pénis devient vert. Il en dégouline une urine fortement odorante. Cela est dû à la libération d'un musc d’une phéromone, la frontaline, sécrétée sous deux formes chirales. Ces deux énantiomères (deux formes : (+)-frontaline et (-)-frontaline) ne sont pas sécrétés en mêmes proportions. Chez les jeunes mâles, la forme (+) domine. Au fur et à mesure de la maturité et de la période de rut, les deux isomères forment un racémique, qui attire les femelles en phase folliculaire et en œstrus[34]. La frontaline est libérée par la glande temporale chez l’éléphant en période de rut, la sécrétion débute peu de temps avant la puberté, à l’âge de 15 ans[34]. Cependant le rut ne se produit qu'à partir de 25 ans et ne durera que quelques jours. Puis vers 31-35 ans, celui-ci dure plusieurs semaines. Vers 36-40 ans, il dure de 1 à 2 mois. Pour finir, après 40 ans, le rut s’étend sur une période de 2 à 4 mois. La quantité de phéromones émises augmente avec l’âge de l’éléphant ainsi qu’en milieu de rut. La concentration et la proportion d’énantiomères de la frontaline constituent pour les animaux qui seront attentifs au message une source d’information sur l’âge et le stade du musth de l'éléphant qui émet. Une concentration de frontaline, en racémique, sera le synonyme d'un mâle mature ayant un statut social important[34].
76
+
77
+ Une fois que la femelle et le mâle sont ensemble, l'accouplement peut commencer. L'éléphant mâle étant très lourd, la copulation est très rapide. En général, elle dure entre 20 et 30 secondes. La période de copulations dure environ trois jours[35].
78
+
79
+ La jeune femelle est effrayée lors de sa première période de chaleur, le mâle peut la poursuivre[36]. Pour avertir la femelle qu'il va la saillir, le mâle pose sa trompe sur son dos ; la femelle s'immobilise alors[36].
80
+
81
+ Les mâles passent dans les troupeaux de femelles lors de leur rut pour sentir les vulves des femelles[36].
82
+
83
+ La gestation d'une éléphante est la plus longue de tous les mammifères terrestres. Elle dure de 20 à 22 mois. La durée d'allaitement est comprise entre 36 et 48 mois[7]. Les mises bas s'espacent d'environ 2 ans et demi à 5 ans[17]. La gestation est plus longue pour un éléphanteau mâle que pour un éléphanteau femelle[17].
84
+
85
+ Une éléphante peut être en gestation jusqu'à l'âge de cinquante ans[17]. Dans la plupart des cas, un seul éléphant est porté ; les cas de gémellité sont très rares[17].
86
+
87
+ Les éléphants vivent dans une société matriarcale[37]. Cette structure matriarcale existe depuis plus de sept millions d'années, des empreintes d'une harde d'éléphants de cette époque ayant été découvertes sur une surface de 5 hectares sur le site de Mleisa 1 dans les Émirats arabes unis, faisant de cette piste de mammifères fossile la plus vieille de ce type et probablement la plus longue piste préservée dans le monde[38]. Les troupeaux sont composés d'une dizaine d'éléphantes et de jeunes éléphanteaux, après la maturité sexuelle les mâles quittent le groupe[26]. Ils errent jusqu'à ce qu'ils fassent alliance avec d'autres jeunes mâles.
88
+
89
+ Une étude, menée dans un zoo, montre que l'éléphant aime les fruits fermentés à un degré d'alcool de 7°. Lorsque l'éléphant est saoul, il perd de sa sociabilité (alors que sobre il est très sociable). Lorsqu'il est ivre, il reste à l'écart du troupeau. Un chercheur américain défendait l'idée que les animaux s'enivrent ou se droguent, volontairement, pour oublier les tourments de leur existence. Pour le prouver, il a fait vivre durant un mois des éléphants d'une réserve californienne sur un territoire plus restreint qu'à leur accoutumée. La surpopulation due au petit espace a angoissé les animaux qui, du coup, ont bu trois fois plus que d'habitude. Ils sont devenus si agressifs qu'il a été dangereux de les approcher[30].
90
+
91
+ Le cri de l'éléphant est le barrissement. De récentes études scientifiques ont montré que les éléphants, comme de nombreux animaux, sont sensibles aux infrasons[39]. L'utilité de l'audition de ces infrasons reste cependant mystérieuse. Il semble qu'ils soient capables de communiquer entre eux par les ondes acoustiques de surface transmises par le sol[40].
92
+
93
+ Les éléphants peuvent dormir debout ou couchés[41]. Le fait de se coucher indique qu'ils sont parfaitement détendus.
94
+
95
+ L'éléphant est herbivore, il mange une grande variété d'éléments végétaux : herbes, plantes, feuilles, fruits, racines et tubercules, écorces et même du bois. Il apprécie par exemple le bois tendre et gorgé de sève du baobab.
96
+
97
+ Les besoins alimentaires de l'éléphant sont importants, surtout qualitativement. En fonction de son environnement, il consacre une grande partie de son temps à la recherche de nourriture (16 à 20 heures par jour), se déplaçant sur de longues distances et sélectionnant les aliments les plus riches. Il peut se dresser sur ses pattes arrière pour attraper avec sa trompe les rameaux les plus tendres jusqu'à cinq ou six mètres de hauteur.
98
+
99
+ Quotidiennement, il faut à l'éléphant entre 150 et 180 kilogrammes de nourriture en saison sèche, et entre 200 et 260 kilogrammes en saison des pluies. Ces quantités varient aussi en fonction des espèces et des milieux fréquentés.
100
+
101
+ Un éléphant adulte boit jusqu'à 140 L d'eau par jour[26]. Il aspire dans sa trompe jusqu'à dix litres à la fois, puis se les verse dans la bouche. Il peut rester trois ou quatre jours sans boire. Il peut se servir de sa trompe pour reprendre de l'eau dans son estomac et s'en servir pour se rafraîchir la peau. Sa peau très épaisse est l'objet de soins constants : outre les aspersions, les baignades et les roulades dans la boue, le poudrage à la poussière est bienvenu pour protéger l'épiderme des insectes et du soleil.
102
+
103
+ Malgré la quarantaine de mètres d'intestin qu'il possède, sa digestion est peu efficace. Elle dure environ 12 heures après les 16 à 20 heures où il a cherché à se nourrir, 40 à 60 % de la nourriture n'étant pas digérée. Si son alimentation n'est pas suffisamment riche, son tonus, son humeur et sa santé en général sont rapidement affectés.
104
+
105
+ Le comportement alimentaire a en général un impact important sur le milieu. Le bilan de ces conséquences varie en fonction des espèces (Afrique, Asie), de la saison, du biotope et de la densité de la population. Ainsi, l'éléphant peut être considéré comme destructeur d'arbres en particulier dans la savane, alors qu'il participe ailleurs très activement à la régénération en limite des zones forestières. Certaines espèces d'arbres sont dépendantes de l'éléphant pour leur extension : celui-ci, friand de leurs fruits, en dissémine les graines avec l'excellent terreau que constitue son crottin, capable de contenir jusqu'à 35 % de graines.
106
+
107
+ En l’état actuel des connaissances, l’éléphant est, avec l'humain, le dauphin, le corbeau et certaines espèces de grands singes, l'une des rares espèces animales à réussir le test du miroir de Gallup : lorsqu’on marque d’une tache le front d’un éléphant en un point qu’il ne peut voir directement et qu’on lui présente un miroir, il passe sa trompe sur la tache ; démontrant ainsi qu’il a reconnu son image et donc qu’il a conscience de lui-même[42],[43],[44].
108
+
109
+ Les éléphants peuvent utiliser des outils de défense, telles des pierres saisies avec leur trompe et qu'ils lancent sur leurs ennemis. Ils peuvent également se toiletter en se grattant avec des branches ou des baguettes des parties de corps qu'ils ne peuvent atteindre avec leur trompe[45]. Ils présentent ainsi un exemple d’utilisation d'outil par un animal.
110
+
111
+ Lors d'une expérimentation de Preston Foerder, un éléphant (d'Asie, Elephas maximus) s'est montré capable d'un éclair de compréhension (d'insight). Il est allé chercher un cube pour monter dessus et atteindre de la nourriture[46],[47].
112
+
113
+ Les éléphants sont réputés pour leur capacité à anticiper l'arrivée des intempéries. il semblerait qu'ils soient capables d'entendre les sons provoqués par le déplacement des nuages[48].
114
+
115
+ L’éléphant d'Asie et l’éléphant d’Afrique ont longtemps été considérés comme les deux seules espèces représentant la famille des Éléphantidés à l’époque moderne. Depuis, de récentes études génétiques ont permis de distinguer deux sous-espèces africaines distinctes : Loxodonta africana africana (« éléphant de la savane ») et Loxodonta africana cyclotis (« éléphant des forêts »)[49].
116
+
117
+ Les espèces d'Éléphantidés vivant à l’heure actuelle sont donc :
118
+
119
+ L’extinction Crétacé-Tertiaire est suivie d'une diversification très rapide des ongulés africains, notamment l'ordre des proboscidiens dont les plus anciennes espèces découvertes à ce jour sont Eritherium azzouzorum et Phosphatherium escuilliei, datant de la fin du Paléocène il y a 60 millions d'années. Sans trompe mais avec une première incisive agrandie (rappelant la naissance d'une défense) et des orbites oculaires en position antérieure, ces premiers proboscidiens sont petits et graciles, ont un corps bas sur pattes et un mode de vie semi-aquatique, à l'instar de Moeritherium[50].
120
+
121
+ Après un déclin à l'oligocène, les proboscidiens connaissent une diversification avec l'apparition des Deinotheriidae et des Mammutidae. La seconde radiation évolutive voit l'émergence au début du Miocène des Gomphotheriidae qui sont à l'origine des Elephantidae et des Stegodontidae, familles qui correspondent à la troisième radiation évolutive au miocène supérieur[51].
122
+
123
+ Durant des millénaires, l'homme chassa l'éléphant pour sa consommation et pour le commerce de l'ivoire tiré des défenses. Durant l'Antiquité, les éléphants de Nubie furent utilisés dans les armées des Carthaginois. Au XVe siècle av. J.-C., il y avait encore des éléphants sur les bords de l'Euphrate, où le pharaon Thoutmôsis Ier chassait l'éléphant.
124
+
125
+ La population des éléphants africains et asiatiques a été décimée, passant de plusieurs millions d'individus au début des années 1970 à quelques centaines de milliers 30 ans plus tard[52]. Si bien qu'en 1989, la CITES interdit le commerce de l'ivoire. Les éléphants sont désormais considérés comme des espèces protégées et la chasse aux éléphants est très réglementée.
126
+
127
+ Le braconnage s'intensifie malheureusement chaque année. En 2011, entre 25 000 et 30 000 éléphants ont été abattus [53]sauvagement afin de récupérer leurs défenses et alimenter les commerces illégaux notamment en provenance d'Asie.
128
+
129
+ L'éléphant n'a pas réellement de prédateurs hormis les humains. De grands fauves tels le lion ou le tigre peuvent exercer une prédation sur les petits et les individus faibles, mais vu le nombre d'herbivores plus faciles à chasser, il n'y a que peu de chance que ces prédateurs se rabattent sur l'éléphant, bien trop imposant.
130
+
131
+ Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population des éléphants d’Afrique a sensiblement diminué au cours des années 2010 : le continent compte en 2019 environ 415 000 spécimens, soit 111 000 de moins que lors de la précédente décennie[54].
132
+
133
+ Au terme de la conférence organisée à Bangkok du 3 au 14 mars 2013, par la CITES, à laquelle 178 pays ont participé, l'état d'esprit était au pessimisme concernant la protection des éléphants « victimes dans leurs pays d'origine d'un braconnage sans précédent et d'un commerce effréné en Asie ». Nombre d'ONG concernées par cette action pensent que « la communauté internationale a échoué à protéger les éléphants ». Depuis 2007 le trafic d'ivoire a doublé et plus que triplé par rapport à 1998. Le nombre d'éléphants africains, selon les enquêtes présentées à la conférence, est compris entre 420 000 et 650 000. 25 000 ont été tués en 2011 et probablement 30 000 en 2012. Publiée en mars 2013 dans la revue PLoS One, une autre étude révèle que 62 % des éléphants des forêts ont été abattus durant ces dix dernières années. Si ce rythme perdure, ils pourraient disparaitre d'Afrique centrale d'ici 2025. Les spécialistes affirment qu'à terme, si le braconnage ne cesse pas, tous les éléphants du continent seront menacés d'extinction[55].
134
+
135
+ À Gembloux Agro-Bio Tech - Université de Liège en Belgique, plusieurs chercheurs avaient déjà fait le même constat pour la population des éléphants de l'Afrique de l'Ouest. En 40 ans, leur nombre a diminué de moitié[56].
136
+
137
+ L'ONG Save the Elephants estime que le commerce illégal de l'ivoire à Hong Kong menace la survie des éléphants, étant donné que le marché de l'ivoire en Chine et en Asie du Sud-Est passe en grande partie par Hong Kong[57].
138
+
139
+ L'augmentation des risques de conflits d'intérêt pour l'habitat avec des populations humaines menace la survie de l'éléphant. Ce conflit tue 150 éléphants et un peu plus de 100 personnes par an au Sri Lanka[58]. Contrairement à son cousin d'Afrique, l'éléphant d'Asie, possède de petites défenses. La disparition de celui-ci est principalement attribuée à la perte de son habitat. De grands morceaux de forêt disparaissent, ce qui touche profondément leur écosystème. Les arbres contribuent à l'ancrage du sol et l'absorption des eaux de ruissellement. La déforestation entraine des inondations et une érosion massive. Lorsque la forêt est réduite, les éléphants deviennent une partie du problème, car ils détruisent rapidement la végétation de la zone où ils vivent et éliminent toutes les ressources en nourriture.
140
+
141
+ La première réserve officielle, Parc national Kruger, est peut-être la plus connue des réserves et celle ayant obtenu le plus grand succès[59]. Cependant, de nombreux problèmes sont apparus depuis sa création. Les clôtures de la réserve ont coupé de nombreux animaux de leur alimentation en hiver ou de leurs zones de reproduction au printemps. Certains animaux sont morts, alors que d'autres comme les éléphants ont démoli les clôtures, entraînant des ravages dans les champs voisins. Lorsque les éléphants sont limités à un petit territoire, les dégâts infligés au paysage peuvent être énormes[60].
142
+
143
+ De ce fait, certaines réserves, comme le Parc national Kruger, de l'avis de certains gestionnaires de faune sauvage, ont souffert de la surpopulation des éléphants, au détriment d'autres espèces de la faune dans la réserve. Le 25 février 2008, l'Afrique du Sud a annoncé que l'abattage pour contrôler le nombre d'éléphants, arrêté depuis 1994, reprendrait. Les défenseurs des droits des animaux ont menacé d'un appel au boycott par les touristes et à d'autres formes d'oppositions[61].
144
+
145
+ Les éléphants en captivité (en) sont utilisés ou exhibés dans les cirques, ménageries (tel Abul-Abbas, l'éléphant blanc de Charlemagne et Hanno, celui du pape Léon X) et zoos (tel le célèbre Jumbo). On ne peut pas parler à leur égard de domestication car le cycle de vie de l'éléphant est trop long pour que cela soit économiquement rentable par rapport à une capture d'individus sauvages, la phase précédant la maturité sexuelle de l'animal durant plus de 10 ans[62].
146
+
147
+ Utilisé comme animal de trait par les humains, ainsi que lors de batailles en tant qu'éléphant de guerre, l'éléphant a occupé de nombreuses fonctions, notamment celle d'exécuteur lors d'exécutions par éléphant. En 1914-1918, des éléphants de cirque ont en Europe par exemple servi à débarder le bois en forêt (de Mormal, dans le Nord de la France), ou encore à labourer, ou à tirer des wagons dans les usines de munitions.
148
+
149
+ L'éléphant peut également être entrainé par anéantissement.
150
+
151
+ Le conducteur d'un éléphant est appelé cornac ou mahout.
152
+
153
+ À l'origine, les éléphants étaient chassés par les hommes pour leur viande.
154
+
155
+ Certaines parties, comme les pieds d'éléphants, ou des animaux entiers étaient naturalisés. Les poils et les défenses d'ivoire, bien sûr, étaient aussi utilisés. On s'en servait pour fabriquer des objets de décoration et en bijouterie, ou bien ils étaient destinés, ainsi que les dents et les ossements, à des cabinets de curiosité ou des museums.
156
+
157
+ L'ivoire a longtemps fait l'objet d'un commerce important qui subsiste encore parfois sous forme de trafic illégal malgré le statut de protection dont bénéficient les éléphants survivants.
158
+
159
+ Dans la symbolique occidentale comme orientale, l'éléphant est associé à la mémoire, la sagesse, la longévité, la prospérité, la bienveillance, le père. Pour beaucoup de peuples africains, l'éléphant tient le rôle du père, du chef des animaux, du roi.
160
+
161
+ L'éléphant apparaît dans la panthéon hindouiste et bouddhiste à partir du troisième millénaire avant Jésus-Christ, époque de sa domestication[63].
162
+
163
+ Dans la religion hindoue, Ganesh est un dieu à tête d’éléphant ; il est le dieu de la Sagesse et le patron des étudiants. Les rares éléphants blancs sont les plus sacrés en Inde, et les éléphants domestiqués et décorés aux couleurs des dieux bénissent les fidèles de leur trompe dans certains temples.
164
+
165
+ En Inde, l’éléphant évoque la force, la puissance, l'orage (forme ronde et grise des nuages de pluie), et il est sacré. Chaque dieu hindou chevauche un animal : Indra, dieu des Orages et de la Bataille, et Agni, dieu du Feu, se déplacent à dos d’éléphant.
166
+
167
+ Au Laos, passer sous la trompe d'un éléphant permet d'acquérir ses attributs : force, longévité, fertilité et caractère sacré. Chaque année à l'occasion du Nouvel An bouddhique, les cornacs laotiens organisent un baci ou soukhouan, cérémonie de rappel des âmes, pour leur éléphant.
168
+
169
+ Dans le Coran, la 105e sourate (la 19e dans l’ordre chronologique) s'intitule Al-Fîl (l’Éléphant). Elle comprend cinq versets révélés à la Mecque et doit son nom à l’expression « ashâb al-fîl » (les gens de l’éléphant) présente dans le tout premier verset. Cette expression désigne les Abyssins, qui occupaient le Yémen voisin, voulaient évangéliser l’Arabie tout entière, notamment en attaquant la Kaaba, à La Mecque. En raison des entraves qu’ils mettaient au pèlerinage, le « ministre du calendrier » dans le gouvernement mecquois se vengea en profanant l’église de Sana'a. C’est alors que le gouverneur abyssin fit venir un éléphant de taille gigantesque appelé Mahmoud et dirigea une expédition sur La Mecque.
170
+
171
+ Dans la symbolique chrétienne, l'éléphant symbolise le baptême : la femelle met bas dans l'eau d'un étang à côté duquel le mâle monte la garde pour écarter le dragon, symbole de l'esprit du mal.[réf. nécessaire]
172
+
173
+ Dans la symbolique chrétienne, il représente aussi la chasteté (de tempérament frigide, il ne peut engendrer qu'après avoir absorbé, en guise d'aphrodisiaque, une racine de mandragore), la constance, la maîtrise de soi, la bénignité des princes (il n'a pas de fiel), la tempérance, la circonspection et la prudence.[réf. nécessaire]
174
+
175
+ En France, on dit de quelqu'un qui a une bonne mémoire qu'il a « une mémoire d'éléphant » ; effectivement, l'éléphant a une excellente mémoire pour se rappeler ses congénères ou retrouver les pistes qu'il emprunte chaque année pour chercher sa nourriture. Sa mémoire visuelle lui permet également de se rappeler très longtemps les visages humains[source insuffisante][64].
176
+
177
+ L'éléphant représente les quatre piliers du monde : il porte le monde sur son dos.
178
+
179
+ L'éléphant est le symbole de la ville de Catane, en Italie, depuis le Moyen Âge (mais le lien remonte peut-être à l'Antiquité). La Fontaine de l'éléphant s'y dresse sur la place de la cathédrale.
180
+
181
+ L'éléphant est l'emblème de la Côte d'Ivoire.
182
+
183
+ L'éléphant est symbole de royauté, de puissance et de sagesse et ce en général pour les peuples de tout le continent africain.
184
+ Son image est utilisée dans les cérémonies et danses, pour la fabrication des masques ou encore de mobiliers, d'objets rituels, dans beaucoup de tribus notamment chez les Bamileke de l'ouest du Cameroun ou encore chez les Gurusi du Burkina Faso.
185
+ Hors tribus, l'éléphant est un symbole important au même titre que le lion et son image est présente au quotidien dans le monde africain.
186
+
187
+ En politique, l'image de l'éléphant a pu être utilisé dans différents pays pour caractériser des courants politiques ou des politiciens : ainsi, l'emblème du Parti républicain américain est un éléphant, et certains des membres les plus influents du Parti socialiste français sont surnommés les « éléphants ».
188
+
189
+ Des représentations picturales de l'éléphant sont retrouvées en Occident dès le XIIe siècle comme dans le quartier historique de Montferrand sur la « Maison de l'Éléphant » (12 rue Kléber)[65].
190
+
191
+ L'ivoire des défenses de l'éléphant a longtemps servi à la réalisation d'œuvres d'art. Les œuvres en or et ivoire sont qualifiées de chryséléphantines — chrusos, or en grec. Ce nom a été déformé en olifant, pour désigner une corne (instrument de musique) en ivoire.
192
+
193
+ En sport, certaines équipes nationales portent des surnoms à l'image de l'éléphant :
194
+
195
+ Les éléphants ont inspiré de nombreux artistes. La liste ci-après est loin d'être exhaustive.
196
+
197
+ Sculpture d'éléphant.
198
+
199
+ Brûle-parfum en porcelaine, en forme d'éléphant.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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1
+
2
+
3
+ Genres de rang inférieur
4
+
5
+ Les éléphants sont des mammifères proboscidiens de la famille des Éléphantidés. Ils correspondent aujourd'hui à trois espèces réparties en deux genres distincts. L'Éléphant de savane d'Afrique et l'Éléphant de forêt d'Afrique, autrefois regroupés sous la même espèce d'« Éléphant d'Afrique », appartiennent au genre Loxodonta, tandis que l'Éléphant d'Asie, anciennement appelé « éléphant indien », appartient au genre Elephas. Ils se différencient par certaines caractéristiques anatomiques, les éléphants d'Asie étant en général plus petits avec des oreilles plus petites, ou encore une différence du bout de la trompe. Ces espèces survivantes font localement l'objet de programmes ou de projets de réintroduction et de protection.
6
+
7
+ Le mot français « éléphant » vient du mot latin elephantus[1] qui tire son origine du grec ἐλέφας signifiant « ivoire » ou « éléphant ».
8
+
9
+ L'éléphant apparait dans de nombreuses cultures. Il est symbole de sagesse dans la culture asiatique, connu pour sa mémoire et son intelligence, qui est comparée à celle des cétacés[2] et hominidés[3]. Aristote avait dit que l'éléphant est « la bête qui dépasse toutes les autres par l'intelligence et l'esprit »[4].
10
+
11
+ L'éléphant d'Afrique, qui peut atteindre 7 tonnes, est le plus gros animal terrestre actuel, mais il est loin derrière la Baleine bleue (Balaenoptera musculus) qui peut peser jusqu'à 200 tonnes et dépasser 30 mètres de long[5].
12
+
13
+ Le squelette de l'éléphant présente des caractéristiques dictées par la masse qu'il doit soutenir : il représente environ 16,5 % de la masse totale de l'animal[6], cela signifie que pour un éléphant de 7 tonnes, le squelette pèse 1,155 tonne. Les os de l'éléphant sont spongieux[7]. Sa cage thoracique, formée de vingt côtes, est arrimée le long de l'épine dorsale[6].
14
+
15
+ L'éléphant possède deux genoux à ses membres postérieurs, qui sont constitués d'un fémur, d'une rotule et de l'association tibia-fibula. Les membres antérieurs, quant à eux, comprennent une scapula, un humérus, et l'association radius-ulna.
16
+
17
+ L'éléphant marche sur le bout des doigts[8],[9]. Les orteils sont insérés dans le pied, il y en a entre 2 et 5[10], on en voit seulement les ongles[9]. Cependant on peut voir entre trois et cinq ongles en fonction des pieds[9]. Les pieds antérieurs ont une forme arrondie, alors que les pieds postérieurs ont une forme ovale. Les pieds sont composés de tissus adipeux qui agissent comme des amortisseurs[9].
18
+
19
+ Il est impossible pour un éléphant de sauter, pour des raisons d'ordre biomécanique : il lui faut toujours un pied sur le sol. Cependant il peut courir à une vitesse maximale de 20 km/h (un éléphant ayant été chronométré à 24 km/h dans le cadre d'une étude scientifique)[11].
20
+
21
+ Même si on emploie le terme « courir » pour un éléphant, il est à noter que le terme est inapproprié. Il serait plus logique de dire qu’il « marche vite ». En effet, il ne change pas son allure (sa façon de se déplacer) lorsqu’il accélère.
22
+
23
+ Un éléphant d'Afrique mâle adulte mesure 3,50 mètres au garrot et pèse 5 à 6 tonnes, une femelle adulte mesure 3 mètres de haut au garrot pour une masse de 4 tonnes environ. À la naissance, l'éléphant pèse environ 120 kg. Un éléphant vit en moyenne 60 ans. Le plus grand éléphant connu a été signalé en Angola en 1974 : il s’agissait d’un mâle de 12 tonnes mesurant 4,20 m au garrot, soit un mètre de plus que la moyenne des éléphants africains[12].
24
+
25
+ Des éléphants nains, de la taille d'un grand cochon, ont également peuplé les îles méditerranéennes au cours de la Préhistoire[13],[14] ; certains sont signalés en Crète jusqu'en 5000 av. J.-C., voire jusqu’en 3000 av. J.-C.[15],[16].
26
+
27
+ La principale caractéristique des éléphants est leur trompe appelée proboscis. Il s'agit d'un organe nasal (avec une fonction de respiration et de perception des odeurs) allongé qui découle de la fusion de la lèvre supérieure et du nez. La trompe est un organe souple et préhensile leur servant pour porter l'eau et la nourriture à la bouche, tirer ou transporter des objets et pousser des cris.
28
+
29
+ La trompe comporte entre 100 000[17] et 150 000[18] muscles ; elle est dépourvue d'os et pèse plus de 100 kg[19].
30
+
31
+ « La trompe se compose de deux longs tuyaux cylindriques, partant de l’ouverture antérieure des fosses nasales. Ces tubes se rétrécissent à la région de l’inter mâchoire, ce qui empêche l’eau pompée par la trompe de pénétrer dans la cavité nasale ; ils offrent ensuite une dilatation, puis se resserrent de nouveau à l’endroit où ils s’ouvrent dans les narines osseuses, et où ils sont couverts par un cartilage nasal ovale. (…) Les tubes sont entourés d’une multitude de faisceaux musculaires, les uns longitudinaux, les autres rayonnant vers la peau et servant à comprimer les premiers. Quelques-uns enfin, mais en moins grand nombre sont circulaires. Cependant il faut distinguer de ces muscles, propres à la trompe, ceux qui servent à mouvoir l’organe en entier. Ces derniers sont comparables aux muscles de la queue. On les distingue en élévateurs et abaisseurs supérieurs et latéraux, qui naissent du front, des os propres du nez et des cartilages, tant de l’os maxillaire supérieur que de l’intermaxillaire »[20].
32
+
33
+ Le bout de la trompe d'un éléphant d'Afrique est en forme d'amande, alors que celle d'un éléphant d'Asie est en forme de poire. L'excroissance à son extrémité a une fonction analogue à un doigt, leur permettant de décortiquer une cacahuète[21]. Les éléphants ne boivent pas directement par leur trompe. L'effort nécessité pour se pencher jusqu'au sol afin de boire l'eau par la bouche étant trop important et l'opération étant même impossible lorsque l'eau se trouve au-dessous du niveau du sol, ils boivent en remplissant leur trompe avec de l'eau qu'ils aspirent et gardent momentanément avant de la verser ensuite, par gravité, dans leur bouche[17].
34
+
35
+ L'allongement du museau des proboscidiens anciens à l'origine de l'éléphant serait lié à la croissance continue des incisives (les défenses) et leur augmentation de taille : herbivores concurrencés par les ruminants et les équidés, leur adaptation trophique se traduit alors par un régime de plantes plus fibreuses peu nutritives et une augmentation de taille corrélative, les proboscidiens fourrageant pendant des heures à la recherche aussi bien de végétaux au sol que de feuilles d'arbres[22].
36
+
37
+ Forme du bout de la trompe de l'éléphant.
38
+
39
+ Un éléphant peut se servir de sa trompe pour se nettoyer l'œil.
40
+
41
+ La trompe d'un éléphant dans la bouche d'un autre.
42
+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
+
45
+ Le plus souvent les éléphants ont des défenses, des dents très allongées utilisées par ces animaux comme outil, arme de défense et attribut sexuel[23]. Les défenses sont des dents supérieures à croissance continue. L'éléphanteau possède des prémolaires de lait qui tombent lorsque les molaires apparaissent, l'adulte n'en possède pas. Chez les éléphants adultes il n'y a que 6 dents, 2 incisives, ce sont les défenses, et 4 molaires. La formule dentaire est i1/0 c0/0 m1/1.
46
+
47
+ Les dents sont essentiellement composées d’ivoire et d’émail qui forment la couronne des dents par de nombreuses crêtes transversales, qui sont plus ou moins lamellées. Les crêtes sont disjointes puis, au fur et à mesure, un cément se forme et s’intercale entre les dents pour former un tout[24]. Un petit nombre de dents molaires sont présentes à chaque mâchoire, « parfois une paire (…), (…) une paire à l’une des mâchoires et deux à l’autre, (…) encore deux paires à chacune », de plus les dents correspondantes entre elles « n’ont ni la même apparence, ni le même nombre de lamelles »[24].
48
+
49
+ Selon les études de Corse et de Blainville, « les éléphants (…) ont six paires de dents à chacune des mâchoires. Ces dents augmentent de volume depuis la première jusqu’à la dernière ou sixième, et le nombre de leurs lamelles (…) est aussi de plus en plus considérable. »[25]. « La succession des dents molaires s’opère ainsi par flots d’une manière lente mais réglée, et l’on admet trois flots différents. Les dents se présentent deux par deux de chaque côté de l’une et de l’autre mâchoire. Le degré plus ou moins avancé de l’usure de chacune d’elles détermine les différences que l’on remarque dans le nombre total de lamelles (…) pour chaque flot »[25].
50
+
51
+ La peau de l'éléphant est d'une épaisseur d'environ 2 cm[26]. Cette peau est fragile du fait de la présence de plis où viennent se loger des parasites[27]. Il n'y a pratiquement pas de poils, et il n'y a ni glande sudoripare, ni glande sébacée[7]. De ce fait, leur peau est sèche, c'est pour cela qu'elle doit être souvent humectée à l'aide d'eau projetée par la trompe ou couverte de poussière ou de boue également projetée par leur trompe[7].
52
+
53
+ La couleur de la peau est grisâtre ; cependant sa couleur apparente est liée au sol sur lequel évolue l'éléphant. Elle peut aussi être due aux bains de boues[28].
54
+
55
+ La faible densité des poils (quelques centaines par mètre carré, chaque poil mesurant en moyenne 2 centimètres de longueur et 0,5 mm de diamètre) agit non plus comme une fourrure mais participe — à hauteur de 23 % — avec d'autres mécanismes de thermorégulation (battement des oreilles, bains, pulvérisation d'eau avec leurs trompes, respiration percutanée) à la thermolyse du mammifère, les poils agissant comme des ailettes qui augmentent la surface d'échange et donc les transferts thermiques[29].
56
+
57
+ Peau de l'éléphant.
58
+
59
+ Bain de poussière d'éléphant au Botswana.
60
+
61
+ Éléphant couvert de boue séchée en Namibie.
62
+
63
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
64
+
65
+ Les oreilles de l'éléphant lui permettent de réguler sa température corporelle[30], grâce à une vascularisation très importante[18]. Lorsqu'il mange des fruits fermentés ayant un degré d'alcool d'environ 7 °, l'éléphant remue violemment ses oreilles, de même pour sa queue et sa trompe[30]. Elles sont généralement plus petites chez l'éléphant d'Asie.
66
+
67
+ Le cerveau de l'éléphant, situé à l'arrière de son crâne[31], pèse entre 4 et 6 kg, ce qui est déjà considérable. Si l'on compare la taille du cerveau de l'éléphant à sa masse corporelle, il est alors le mammifère ayant le plus petit cerveau, alors que la souris possède le plus grand[32].
68
+
69
+ Si les fonctions reproductrices des éléphants mâles se mettent en place vers l'âge de 10-15 ans[26], ils commencent à se reproduire vers l'âge de 30 ans quand ils sont suffisamment imposants pour pouvoir se battre avec d'autres mâles pour conquérir les femelles[33].
70
+
71
+ Les fonctions reproductrices de l'éléphant femelle apparaissent de 9 ans[33] jusqu'à 15 ans.
72
+
73
+ Dans l'organisation matriarcale des éléphants, les mâles sont connus pour leur tempérament indépendant et ont tendance à vivre en solitaire, forgeant parfois une alliance provisoire avec un autre individu ou intégrant une bande de manière informelle. Tandis que les femelles entretiennent des liens familiaux étroits et solides.
74
+
75
+ Les mâles en rut, dont le taux sanguin de testostérone peut s'accroître cinquante fois, agitent les oreilles et secouent la tête, leur pénis devient vert. Il en dégouline une urine fortement odorante. Cela est dû à la libération d'un musc d’une phéromone, la frontaline, sécrétée sous deux formes chirales. Ces deux énantiomères (deux formes : (+)-frontaline et (-)-frontaline) ne sont pas sécrétés en mêmes proportions. Chez les jeunes mâles, la forme (+) domine. Au fur et à mesure de la maturité et de la période de rut, les deux isomères forment un racémique, qui attire les femelles en phase folliculaire et en œstrus[34]. La frontaline est libérée par la glande temporale chez l’éléphant en période de rut, la sécrétion débute peu de temps avant la puberté, à l’âge de 15 ans[34]. Cependant le rut ne se produit qu'à partir de 25 ans et ne durera que quelques jours. Puis vers 31-35 ans, celui-ci dure plusieurs semaines. Vers 36-40 ans, il dure de 1 à 2 mois. Pour finir, après 40 ans, le rut s’étend sur une période de 2 à 4 mois. La quantité de phéromones émises augmente avec l’âge de l’éléphant ainsi qu’en milieu de rut. La concentration et la proportion d’énantiomères de la frontaline constituent pour les animaux qui seront attentifs au message une source d’information sur l’âge et le stade du musth de l'éléphant qui émet. Une concentration de frontaline, en racémique, sera le synonyme d'un mâle mature ayant un statut social important[34].
76
+
77
+ Une fois que la femelle et le mâle sont ensemble, l'accouplement peut commencer. L'éléphant mâle étant très lourd, la copulation est très rapide. En général, elle dure entre 20 et 30 secondes. La période de copulations dure environ trois jours[35].
78
+
79
+ La jeune femelle est effrayée lors de sa première période de chaleur, le mâle peut la poursuivre[36]. Pour avertir la femelle qu'il va la saillir, le mâle pose sa trompe sur son dos ; la femelle s'immobilise alors[36].
80
+
81
+ Les mâles passent dans les troupeaux de femelles lors de leur rut pour sentir les vulves des femelles[36].
82
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83
+ La gestation d'une éléphante est la plus longue de tous les mammifères terrestres. Elle dure de 20 à 22 mois. La durée d'allaitement est comprise entre 36 et 48 mois[7]. Les mises bas s'espacent d'environ 2 ans et demi à 5 ans[17]. La gestation est plus longue pour un éléphanteau mâle que pour un éléphanteau femelle[17].
84
+
85
+ Une éléphante peut être en gestation jusqu'à l'âge de cinquante ans[17]. Dans la plupart des cas, un seul éléphant est porté ; les cas de gémellité sont très rares[17].
86
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87
+ Les éléphants vivent dans une société matriarcale[37]. Cette structure matriarcale existe depuis plus de sept millions d'années, des empreintes d'une harde d'éléphants de cette époque ayant été découvertes sur une surface de 5 hectares sur le site de Mleisa 1 dans les Émirats arabes unis, faisant de cette piste de mammifères fossile la plus vieille de ce type et probablement la plus longue piste préservée dans le monde[38]. Les troupeaux sont composés d'une dizaine d'éléphantes et de jeunes éléphanteaux, après la maturité sexuelle les mâles quittent le groupe[26]. Ils errent jusqu'à ce qu'ils fassent alliance avec d'autres jeunes mâles.
88
+
89
+ Une étude, menée dans un zoo, montre que l'éléphant aime les fruits fermentés à un degré d'alcool de 7°. Lorsque l'éléphant est saoul, il perd de sa sociabilité (alors que sobre il est très sociable). Lorsqu'il est ivre, il reste à l'écart du troupeau. Un chercheur américain défendait l'idée que les animaux s'enivrent ou se droguent, volontairement, pour oublier les tourments de leur existence. Pour le prouver, il a fait vivre durant un mois des éléphants d'une réserve californienne sur un territoire plus restreint qu'à leur accoutumée. La surpopulation due au petit espace a angoissé les animaux qui, du coup, ont bu trois fois plus que d'habitude. Ils sont devenus si agressifs qu'il a été dangereux de les approcher[30].
90
+
91
+ Le cri de l'éléphant est le barrissement. De récentes études scientifiques ont montré que les éléphants, comme de nombreux animaux, sont sensibles aux infrasons[39]. L'utilité de l'audition de ces infrasons reste cependant mystérieuse. Il semble qu'ils soient capables de communiquer entre eux par les ondes acoustiques de surface transmises par le sol[40].
92
+
93
+ Les éléphants peuvent dormir debout ou couchés[41]. Le fait de se coucher indique qu'ils sont parfaitement détendus.
94
+
95
+ L'éléphant est herbivore, il mange une grande variété d'éléments végétaux : herbes, plantes, feuilles, fruits, racines et tubercules, écorces et même du bois. Il apprécie par exemple le bois tendre et gorgé de sève du baobab.
96
+
97
+ Les besoins alimentaires de l'éléphant sont importants, surtout qualitativement. En fonction de son environnement, il consacre une grande partie de son temps à la recherche de nourriture (16 à 20 heures par jour), se déplaçant sur de longues distances et sélectionnant les aliments les plus riches. Il peut se dresser sur ses pattes arrière pour attraper avec sa trompe les rameaux les plus tendres jusqu'à cinq ou six mètres de hauteur.
98
+
99
+ Quotidiennement, il faut à l'éléphant entre 150 et 180 kilogrammes de nourriture en saison sèche, et entre 200 et 260 kilogrammes en saison des pluies. Ces quantités varient aussi en fonction des espèces et des milieux fréquentés.
100
+
101
+ Un éléphant adulte boit jusqu'à 140 L d'eau par jour[26]. Il aspire dans sa trompe jusqu'à dix litres à la fois, puis se les verse dans la bouche. Il peut rester trois ou quatre jours sans boire. Il peut se servir de sa trompe pour reprendre de l'eau dans son estomac et s'en servir pour se rafraîchir la peau. Sa peau très épaisse est l'objet de soins constants : outre les aspersions, les baignades et les roulades dans la boue, le poudrage à la poussière est bienvenu pour protéger l'épiderme des insectes et du soleil.
102
+
103
+ Malgré la quarantaine de mètres d'intestin qu'il possède, sa digestion est peu efficace. Elle dure environ 12 heures après les 16 à 20 heures où il a cherché à se nourrir, 40 à 60 % de la nourriture n'étant pas digérée. Si son alimentation n'est pas suffisamment riche, son tonus, son humeur et sa santé en général sont rapidement affectés.
104
+
105
+ Le comportement alimentaire a en général un impact important sur le milieu. Le bilan de ces conséquences varie en fonction des espèces (Afrique, Asie), de la saison, du biotope et de la densité de la population. Ainsi, l'éléphant peut être considéré comme destructeur d'arbres en particulier dans la savane, alors qu'il participe ailleurs très activement à la régénération en limite des zones forestières. Certaines espèces d'arbres sont dépendantes de l'éléphant pour leur extension : celui-ci, friand de leurs fruits, en dissémine les graines avec l'excellent terreau que constitue son crottin, capable de contenir jusqu'à 35 % de graines.
106
+
107
+ En l’état actuel des connaissances, l’éléphant est, avec l'humain, le dauphin, le corbeau et certaines espèces de grands singes, l'une des rares espèces animales à réussir le test du miroir de Gallup : lorsqu’on marque d’une tache le front d’un éléphant en un point qu’il ne peut voir directement et qu’on lui présente un miroir, il passe sa trompe sur la tache ; démontrant ainsi qu’il a reconnu son image et donc qu’il a conscience de lui-même[42],[43],[44].
108
+
109
+ Les éléphants peuvent utiliser des outils de défense, telles des pierres saisies avec leur trompe et qu'ils lancent sur leurs ennemis. Ils peuvent également se toiletter en se grattant avec des branches ou des baguettes des parties de corps qu'ils ne peuvent atteindre avec leur trompe[45]. Ils présentent ainsi un exemple d’utilisation d'outil par un animal.
110
+
111
+ Lors d'une expérimentation de Preston Foerder, un éléphant (d'Asie, Elephas maximus) s'est montré capable d'un éclair de compréhension (d'insight). Il est allé chercher un cube pour monter dessus et atteindre de la nourriture[46],[47].
112
+
113
+ Les éléphants sont réputés pour leur capacité à anticiper l'arrivée des intempéries. il semblerait qu'ils soient capables d'entendre les sons provoqués par le déplacement des nuages[48].
114
+
115
+ L’éléphant d'Asie et l’éléphant d’Afrique ont longtemps été considérés comme les deux seules espèces représentant la famille des Éléphantidés à l’époque moderne. Depuis, de récentes études génétiques ont permis de distinguer deux sous-espèces africaines distinctes : Loxodonta africana africana (« éléphant de la savane ») et Loxodonta africana cyclotis (« éléphant des forêts »)[49].
116
+
117
+ Les espèces d'Éléphantidés vivant à l’heure actuelle sont donc :
118
+
119
+ L’extinction Crétacé-Tertiaire est suivie d'une diversification très rapide des ongulés africains, notamment l'ordre des proboscidiens dont les plus anciennes espèces découvertes à ce jour sont Eritherium azzouzorum et Phosphatherium escuilliei, datant de la fin du Paléocène il y a 60 millions d'années. Sans trompe mais avec une première incisive agrandie (rappelant la naissance d'une défense) et des orbites oculaires en position antérieure, ces premiers proboscidiens sont petits et graciles, ont un corps bas sur pattes et un mode de vie semi-aquatique, à l'instar de Moeritherium[50].
120
+
121
+ Après un déclin à l'oligocène, les proboscidiens connaissent une diversification avec l'apparition des Deinotheriidae et des Mammutidae. La seconde radiation évolutive voit l'émergence au début du Miocène des Gomphotheriidae qui sont à l'origine des Elephantidae et des Stegodontidae, familles qui correspondent à la troisième radiation évolutive au miocène supérieur[51].
122
+
123
+ Durant des millénaires, l'homme chassa l'éléphant pour sa consommation et pour le commerce de l'ivoire tiré des défenses. Durant l'Antiquité, les éléphants de Nubie furent utilisés dans les armées des Carthaginois. Au XVe siècle av. J.-C., il y avait encore des éléphants sur les bords de l'Euphrate, où le pharaon Thoutmôsis Ier chassait l'éléphant.
124
+
125
+ La population des éléphants africains et asiatiques a été décimée, passant de plusieurs millions d'individus au début des années 1970 à quelques centaines de milliers 30 ans plus tard[52]. Si bien qu'en 1989, la CITES interdit le commerce de l'ivoire. Les éléphants sont désormais considérés comme des espèces protégées et la chasse aux éléphants est très réglementée.
126
+
127
+ Le braconnage s'intensifie malheureusement chaque année. En 2011, entre 25 000 et 30 000 éléphants ont été abattus [53]sauvagement afin de récupérer leurs défenses et alimenter les commerces illégaux notamment en provenance d'Asie.
128
+
129
+ L'éléphant n'a pas réellement de prédateurs hormis les humains. De grands fauves tels le lion ou le tigre peuvent exercer une prédation sur les petits et les individus faibles, mais vu le nombre d'herbivores plus faciles à chasser, il n'y a que peu de chance que ces prédateurs se rabattent sur l'éléphant, bien trop imposant.
130
+
131
+ Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population des éléphants d’Afrique a sensiblement diminué au cours des années 2010 : le continent compte en 2019 environ 415 000 spécimens, soit 111 000 de moins que lors de la précédente décennie[54].
132
+
133
+ Au terme de la conférence organisée à Bangkok du 3 au 14 mars 2013, par la CITES, à laquelle 178 pays ont participé, l'état d'esprit était au pessimisme concernant la protection des éléphants « victimes dans leurs pays d'origine d'un braconnage sans précédent et d'un commerce effréné en Asie ». Nombre d'ONG concernées par cette action pensent que « la communauté internationale a échoué à protéger les éléphants ». Depuis 2007 le trafic d'ivoire a doublé et plus que triplé par rapport à 1998. Le nombre d'éléphants africains, selon les enquêtes présentées à la conférence, est compris entre 420 000 et 650 000. 25 000 ont été tués en 2011 et probablement 30 000 en 2012. Publiée en mars 2013 dans la revue PLoS One, une autre étude révèle que 62 % des éléphants des forêts ont été abattus durant ces dix dernières années. Si ce rythme perdure, ils pourraient disparaitre d'Afrique centrale d'ici 2025. Les spécialistes affirment qu'à terme, si le braconnage ne cesse pas, tous les éléphants du continent seront menacés d'extinction[55].
134
+
135
+ À Gembloux Agro-Bio Tech - Université de Liège en Belgique, plusieurs chercheurs avaient déjà fait le même constat pour la population des éléphants de l'Afrique de l'Ouest. En 40 ans, leur nombre a diminué de moitié[56].
136
+
137
+ L'ONG Save the Elephants estime que le commerce illégal de l'ivoire à Hong Kong menace la survie des éléphants, étant donné que le marché de l'ivoire en Chine et en Asie du Sud-Est passe en grande partie par Hong Kong[57].
138
+
139
+ L'augmentation des risques de conflits d'intérêt pour l'habitat avec des populations humaines menace la survie de l'éléphant. Ce conflit tue 150 éléphants et un peu plus de 100 personnes par an au Sri Lanka[58]. Contrairement à son cousin d'Afrique, l'éléphant d'Asie, possède de petites défenses. La disparition de celui-ci est principalement attribuée à la perte de son habitat. De grands morceaux de forêt disparaissent, ce qui touche profondément leur écosystème. Les arbres contribuent à l'ancrage du sol et l'absorption des eaux de ruissellement. La déforestation entraine des inondations et une érosion massive. Lorsque la forêt est réduite, les éléphants deviennent une partie du problème, car ils détruisent rapidement la végétation de la zone où ils vivent et éliminent toutes les ressources en nourriture.
140
+
141
+ La première réserve officielle, Parc national Kruger, est peut-être la plus connue des réserves et celle ayant obtenu le plus grand succès[59]. Cependant, de nombreux problèmes sont apparus depuis sa création. Les clôtures de la réserve ont coupé de nombreux animaux de leur alimentation en hiver ou de leurs zones de reproduction au printemps. Certains animaux sont morts, alors que d'autres comme les éléphants ont démoli les clôtures, entraînant des ravages dans les champs voisins. Lorsque les éléphants sont limités à un petit territoire, les dégâts infligés au paysage peuvent être énormes[60].
142
+
143
+ De ce fait, certaines réserves, comme le Parc national Kruger, de l'avis de certains gestionnaires de faune sauvage, ont souffert de la surpopulation des éléphants, au détriment d'autres espèces de la faune dans la réserve. Le 25 février 2008, l'Afrique du Sud a annoncé que l'abattage pour contrôler le nombre d'éléphants, arrêté depuis 1994, reprendrait. Les défenseurs des droits des animaux ont menacé d'un appel au boycott par les touristes et à d'autres formes d'oppositions[61].
144
+
145
+ Les éléphants en captivité (en) sont utilisés ou exhibés dans les cirques, ménageries (tel Abul-Abbas, l'éléphant blanc de Charlemagne et Hanno, celui du pape Léon X) et zoos (tel le célèbre Jumbo). On ne peut pas parler à leur égard de domestication car le cycle de vie de l'éléphant est trop long pour que cela soit économiquement rentable par rapport à une capture d'individus sauvages, la phase précédant la maturité sexuelle de l'animal durant plus de 10 ans[62].
146
+
147
+ Utilisé comme animal de trait par les humains, ainsi que lors de batailles en tant qu'éléphant de guerre, l'éléphant a occupé de nombreuses fonctions, notamment celle d'exécuteur lors d'exécutions par éléphant. En 1914-1918, des éléphants de cirque ont en Europe par exemple servi à débarder le bois en forêt (de Mormal, dans le Nord de la France), ou encore à labourer, ou à tirer des wagons dans les usines de munitions.
148
+
149
+ L'éléphant peut également être entrainé par anéantissement.
150
+
151
+ Le conducteur d'un éléphant est appelé cornac ou mahout.
152
+
153
+ À l'origine, les éléphants étaient chassés par les hommes pour leur viande.
154
+
155
+ Certaines parties, comme les pieds d'éléphants, ou des animaux entiers étaient naturalisés. Les poils et les défenses d'ivoire, bien sûr, étaient aussi utilisés. On s'en servait pour fabriquer des objets de décoration et en bijouterie, ou bien ils étaient destinés, ainsi que les dents et les ossements, à des cabinets de curiosité ou des museums.
156
+
157
+ L'ivoire a longtemps fait l'objet d'un commerce important qui subsiste encore parfois sous forme de trafic illégal malgré le statut de protection dont bénéficient les éléphants survivants.
158
+
159
+ Dans la symbolique occidentale comme orientale, l'éléphant est associé à la mémoire, la sagesse, la longévité, la prospérité, la bienveillance, le père. Pour beaucoup de peuples africains, l'éléphant tient le rôle du père, du chef des animaux, du roi.
160
+
161
+ L'éléphant apparaît dans la panthéon hindouiste et bouddhiste à partir du troisième millénaire avant Jésus-Christ, époque de sa domestication[63].
162
+
163
+ Dans la religion hindoue, Ganesh est un dieu à tête d’éléphant ; il est le dieu de la Sagesse et le patron des étudiants. Les rares éléphants blancs sont les plus sacrés en Inde, et les éléphants domestiqués et décorés aux couleurs des dieux bénissent les fidèles de leur trompe dans certains temples.
164
+
165
+ En Inde, l’éléphant évoque la force, la puissance, l'orage (forme ronde et grise des nuages de pluie), et il est sacré. Chaque dieu hindou chevauche un animal : Indra, dieu des Orages et de la Bataille, et Agni, dieu du Feu, se déplacent à dos d’éléphant.
166
+
167
+ Au Laos, passer sous la trompe d'un éléphant permet d'acquérir ses attributs : force, longévité, fertilité et caractère sacré. Chaque année à l'occasion du Nouvel An bouddhique, les cornacs laotiens organisent un baci ou soukhouan, cérémonie de rappel des âmes, pour leur éléphant.
168
+
169
+ Dans le Coran, la 105e sourate (la 19e dans l’ordre chronologique) s'intitule Al-Fîl (l’Éléphant). Elle comprend cinq versets révélés à la Mecque et doit son nom à l’expression « ashâb al-fîl » (les gens de l’éléphant) présente dans le tout premier verset. Cette expression désigne les Abyssins, qui occupaient le Yémen voisin, voulaient évangéliser l’Arabie tout entière, notamment en attaquant la Kaaba, à La Mecque. En raison des entraves qu’ils mettaient au pèlerinage, le « ministre du calendrier » dans le gouvernement mecquois se vengea en profanant l’église de Sana'a. C’est alors que le gouverneur abyssin fit venir un éléphant de taille gigantesque appelé Mahmoud et dirigea une expédition sur La Mecque.
170
+
171
+ Dans la symbolique chrétienne, l'éléphant symbolise le baptême : la femelle met bas dans l'eau d'un étang à côté duquel le mâle monte la garde pour écarter le dragon, symbole de l'esprit du mal.[réf. nécessaire]
172
+
173
+ Dans la symbolique chrétienne, il représente aussi la chasteté (de tempérament frigide, il ne peut engendrer qu'après avoir absorbé, en guise d'aphrodisiaque, une racine de mandragore), la constance, la maîtrise de soi, la bénignité des princes (il n'a pas de fiel), la tempérance, la circonspection et la prudence.[réf. nécessaire]
174
+
175
+ En France, on dit de quelqu'un qui a une bonne mémoire qu'il a « une mémoire d'éléphant » ; effectivement, l'éléphant a une excellente mémoire pour se rappeler ses congénères ou retrouver les pistes qu'il emprunte chaque année pour chercher sa nourriture. Sa mémoire visuelle lui permet également de se rappeler très longtemps les visages humains[source insuffisante][64].
176
+
177
+ L'éléphant représente les quatre piliers du monde : il porte le monde sur son dos.
178
+
179
+ L'éléphant est le symbole de la ville de Catane, en Italie, depuis le Moyen Âge (mais le lien remonte peut-être à l'Antiquité). La Fontaine de l'éléphant s'y dresse sur la place de la cathédrale.
180
+
181
+ L'éléphant est l'emblème de la Côte d'Ivoire.
182
+
183
+ L'éléphant est symbole de royauté, de puissance et de sagesse et ce en général pour les peuples de tout le continent africain.
184
+ Son image est utilisée dans les cérémonies et danses, pour la fabrication des masques ou encore de mobiliers, d'objets rituels, dans beaucoup de tribus notamment chez les Bamileke de l'ouest du Cameroun ou encore chez les Gurusi du Burkina Faso.
185
+ Hors tribus, l'éléphant est un symbole important au même titre que le lion et son image est présente au quotidien dans le monde africain.
186
+
187
+ En politique, l'image de l'éléphant a pu être utilisé dans différents pays pour caractériser des courants politiques ou des politiciens : ainsi, l'emblème du Parti républicain américain est un éléphant, et certains des membres les plus influents du Parti socialiste français sont surnommés les « éléphants ».
188
+
189
+ Des représentations picturales de l'éléphant sont retrouvées en Occident dès le XIIe siècle comme dans le quartier historique de Montferrand sur la « Maison de l'Éléphant » (12 rue Kléber)[65].
190
+
191
+ L'ivoire des défenses de l'éléphant a longtemps servi à la réalisation d'œuvres d'art. Les œuvres en or et ivoire sont qualifiées de chryséléphantines — chrusos, or en grec. Ce nom a été déformé en olifant, pour désigner une corne (instrument de musique) en ivoire.
192
+
193
+ En sport, certaines équipes nationales portent des surnoms à l'image de l'éléphant :
194
+
195
+ Les éléphants ont inspiré de nombreux artistes. La liste ci-après est loin d'être exhaustive.
196
+
197
+ Sculpture d'éléphant.
198
+
199
+ Brûle-parfum en porcelaine, en forme d'éléphant.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
+
3
+ Genres de rang inférieur
4
+
5
+ Les éléphants sont des mammifères proboscidiens de la famille des Éléphantidés. Ils correspondent aujourd'hui à trois espèces réparties en deux genres distincts. L'Éléphant de savane d'Afrique et l'Éléphant de forêt d'Afrique, autrefois regroupés sous la même espèce d'« Éléphant d'Afrique », appartiennent au genre Loxodonta, tandis que l'Éléphant d'Asie, anciennement appelé « éléphant indien », appartient au genre Elephas. Ils se différencient par certaines caractéristiques anatomiques, les éléphants d'Asie étant en général plus petits avec des oreilles plus petites, ou encore une différence du bout de la trompe. Ces espèces survivantes font localement l'objet de programmes ou de projets de réintroduction et de protection.
6
+
7
+ Le mot français « éléphant » vient du mot latin elephantus[1] qui tire son origine du grec ἐλέφας signifiant « ivoire » ou « éléphant ».
8
+
9
+ L'éléphant apparait dans de nombreuses cultures. Il est symbole de sagesse dans la culture asiatique, connu pour sa mémoire et son intelligence, qui est comparée à celle des cétacés[2] et hominidés[3]. Aristote avait dit que l'éléphant est « la bête qui dépasse toutes les autres par l'intelligence et l'esprit »[4].
10
+
11
+ L'éléphant d'Afrique, qui peut atteindre 7 tonnes, est le plus gros animal terrestre actuel, mais il est loin derrière la Baleine bleue (Balaenoptera musculus) qui peut peser jusqu'à 200 tonnes et dépasser 30 mètres de long[5].
12
+
13
+ Le squelette de l'éléphant présente des caractéristiques dictées par la masse qu'il doit soutenir : il représente environ 16,5 % de la masse totale de l'animal[6], cela signifie que pour un éléphant de 7 tonnes, le squelette pèse 1,155 tonne. Les os de l'éléphant sont spongieux[7]. Sa cage thoracique, formée de vingt côtes, est arrimée le long de l'épine dorsale[6].
14
+
15
+ L'éléphant possède deux genoux à ses membres postérieurs, qui sont constitués d'un fémur, d'une rotule et de l'association tibia-fibula. Les membres antérieurs, quant à eux, comprennent une scapula, un humérus, et l'association radius-ulna.
16
+
17
+ L'éléphant marche sur le bout des doigts[8],[9]. Les orteils sont insérés dans le pied, il y en a entre 2 et 5[10], on en voit seulement les ongles[9]. Cependant on peut voir entre trois et cinq ongles en fonction des pieds[9]. Les pieds antérieurs ont une forme arrondie, alors que les pieds postérieurs ont une forme ovale. Les pieds sont composés de tissus adipeux qui agissent comme des amortisseurs[9].
18
+
19
+ Il est impossible pour un éléphant de sauter, pour des raisons d'ordre biomécanique : il lui faut toujours un pied sur le sol. Cependant il peut courir à une vitesse maximale de 20 km/h (un éléphant ayant été chronométré à 24 km/h dans le cadre d'une étude scientifique)[11].
20
+
21
+ Même si on emploie le terme « courir » pour un éléphant, il est à noter que le terme est inapproprié. Il serait plus logique de dire qu’il « marche vite ». En effet, il ne change pas son allure (sa façon de se déplacer) lorsqu’il accélère.
22
+
23
+ Un éléphant d'Afrique mâle adulte mesure 3,50 mètres au garrot et pèse 5 à 6 tonnes, une femelle adulte mesure 3 mètres de haut au garrot pour une masse de 4 tonnes environ. À la naissance, l'éléphant pèse environ 120 kg. Un éléphant vit en moyenne 60 ans. Le plus grand éléphant connu a été signalé en Angola en 1974 : il s’agissait d’un mâle de 12 tonnes mesurant 4,20 m au garrot, soit un mètre de plus que la moyenne des éléphants africains[12].
24
+
25
+ Des éléphants nains, de la taille d'un grand cochon, ont également peuplé les îles méditerranéennes au cours de la Préhistoire[13],[14] ; certains sont signalés en Crète jusqu'en 5000 av. J.-C., voire jusqu’en 3000 av. J.-C.[15],[16].
26
+
27
+ La principale caractéristique des éléphants est leur trompe appelée proboscis. Il s'agit d'un organe nasal (avec une fonction de respiration et de perception des odeurs) allongé qui découle de la fusion de la lèvre supérieure et du nez. La trompe est un organe souple et préhensile leur servant pour porter l'eau et la nourriture à la bouche, tirer ou transporter des objets et pousser des cris.
28
+
29
+ La trompe comporte entre 100 000[17] et 150 000[18] muscles ; elle est dépourvue d'os et pèse plus de 100 kg[19].
30
+
31
+ « La trompe se compose de deux longs tuyaux cylindriques, partant de l’ouverture antérieure des fosses nasales. Ces tubes se rétrécissent à la région de l’inter mâchoire, ce qui empêche l’eau pompée par la trompe de pénétrer dans la cavité nasale ; ils offrent ensuite une dilatation, puis se resserrent de nouveau à l’endroit où ils s’ouvrent dans les narines osseuses, et où ils sont couverts par un cartilage nasal ovale. (…) Les tubes sont entourés d’une multitude de faisceaux musculaires, les uns longitudinaux, les autres rayonnant vers la peau et servant à comprimer les premiers. Quelques-uns enfin, mais en moins grand nombre sont circulaires. Cependant il faut distinguer de ces muscles, propres à la trompe, ceux qui servent à mouvoir l’organe en entier. Ces derniers sont comparables aux muscles de la queue. On les distingue en élévateurs et abaisseurs supérieurs et latéraux, qui naissent du front, des os propres du nez et des cartilages, tant de l’os maxillaire supérieur que de l’intermaxillaire »[20].
32
+
33
+ Le bout de la trompe d'un éléphant d'Afrique est en forme d'amande, alors que celle d'un éléphant d'Asie est en forme de poire. L'excroissance à son extrémité a une fonction analogue à un doigt, leur permettant de décortiquer une cacahuète[21]. Les éléphants ne boivent pas directement par leur trompe. L'effort nécessité pour se pencher jusqu'au sol afin de boire l'eau par la bouche étant trop important et l'opération étant même impossible lorsque l'eau se trouve au-dessous du niveau du sol, ils boivent en remplissant leur trompe avec de l'eau qu'ils aspirent et gardent momentanément avant de la verser ensuite, par gravité, dans leur bouche[17].
34
+
35
+ L'allongement du museau des proboscidiens anciens à l'origine de l'éléphant serait lié à la croissance continue des incisives (les défenses) et leur augmentation de taille : herbivores concurrencés par les ruminants et les équidés, leur adaptation trophique se traduit alors par un régime de plantes plus fibreuses peu nutritives et une augmentation de taille corrélative, les proboscidiens fourrageant pendant des heures à la recherche aussi bien de végétaux au sol que de feuilles d'arbres[22].
36
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37
+ Forme du bout de la trompe de l'éléphant.
38
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39
+ Un éléphant peut se servir de sa trompe pour se nettoyer l'œil.
40
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41
+ La trompe d'un éléphant dans la bouche d'un autre.
42
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43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
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45
+ Le plus souvent les éléphants ont des défenses, des dents très allongées utilisées par ces animaux comme outil, arme de défense et attribut sexuel[23]. Les défenses sont des dents supérieures à croissance continue. L'éléphanteau possède des prémolaires de lait qui tombent lorsque les molaires apparaissent, l'adulte n'en possède pas. Chez les éléphants adultes il n'y a que 6 dents, 2 incisives, ce sont les défenses, et 4 molaires. La formule dentaire est i1/0 c0/0 m1/1.
46
+
47
+ Les dents sont essentiellement composées d’ivoire et d’émail qui forment la couronne des dents par de nombreuses crêtes transversales, qui sont plus ou moins lamellées. Les crêtes sont disjointes puis, au fur et à mesure, un cément se forme et s’intercale entre les dents pour former un tout[24]. Un petit nombre de dents molaires sont présentes à chaque mâchoire, « parfois une paire (…), (…) une paire à l’une des mâchoires et deux à l’autre, (…) encore deux paires à chacune », de plus les dents correspondantes entre elles « n’ont ni la même apparence, ni le même nombre de lamelles »[24].
48
+
49
+ Selon les études de Corse et de Blainville, « les éléphants (…) ont six paires de dents à chacune des mâchoires. Ces dents augmentent de volume depuis la première jusqu’à la dernière ou sixième, et le nombre de leurs lamelles (…) est aussi de plus en plus considérable. »[25]. « La succession des dents molaires s’opère ainsi par flots d’une manière lente mais réglée, et l’on admet trois flots différents. Les dents se présentent deux par deux de chaque côté de l’une et de l’autre mâchoire. Le degré plus ou moins avancé de l’usure de chacune d’elles détermine les différences que l’on remarque dans le nombre total de lamelles (…) pour chaque flot »[25].
50
+
51
+ La peau de l'éléphant est d'une épaisseur d'environ 2 cm[26]. Cette peau est fragile du fait de la présence de plis où viennent se loger des parasites[27]. Il n'y a pratiquement pas de poils, et il n'y a ni glande sudoripare, ni glande sébacée[7]. De ce fait, leur peau est sèche, c'est pour cela qu'elle doit être souvent humectée à l'aide d'eau projetée par la trompe ou couverte de poussière ou de boue également projetée par leur trompe[7].
52
+
53
+ La couleur de la peau est grisâtre ; cependant sa couleur apparente est liée au sol sur lequel évolue l'éléphant. Elle peut aussi être due aux bains de boues[28].
54
+
55
+ La faible densité des poils (quelques centaines par mètre carré, chaque poil mesurant en moyenne 2 centimètres de longueur et 0,5 mm de diamètre) agit non plus comme une fourrure mais participe — à hauteur de 23 % — avec d'autres mécanismes de thermorégulation (battement des oreilles, bains, pulvérisation d'eau avec leurs trompes, respiration percutanée) à la thermolyse du mammifère, les poils agissant comme des ailettes qui augmentent la surface d'échange et donc les transferts thermiques[29].
56
+
57
+ Peau de l'éléphant.
58
+
59
+ Bain de poussière d'éléphant au Botswana.
60
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+ Éléphant couvert de boue séchée en Namibie.
62
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
64
+
65
+ Les oreilles de l'éléphant lui permettent de réguler sa température corporelle[30], grâce à une vascularisation très importante[18]. Lorsqu'il mange des fruits fermentés ayant un degré d'alcool d'environ 7 °, l'éléphant remue violemment ses oreilles, de même pour sa queue et sa trompe[30]. Elles sont généralement plus petites chez l'éléphant d'Asie.
66
+
67
+ Le cerveau de l'éléphant, situé à l'arrière de son crâne[31], pèse entre 4 et 6 kg, ce qui est déjà considérable. Si l'on compare la taille du cerveau de l'éléphant à sa masse corporelle, il est alors le mammifère ayant le plus petit cerveau, alors que la souris possède le plus grand[32].
68
+
69
+ Si les fonctions reproductrices des éléphants mâles se mettent en place vers l'âge de 10-15 ans[26], ils commencent à se reproduire vers l'âge de 30 ans quand ils sont suffisamment imposants pour pouvoir se battre avec d'autres mâles pour conquérir les femelles[33].
70
+
71
+ Les fonctions reproductrices de l'éléphant femelle apparaissent de 9 ans[33] jusqu'à 15 ans.
72
+
73
+ Dans l'organisation matriarcale des éléphants, les mâles sont connus pour leur tempérament indépendant et ont tendance à vivre en solitaire, forgeant parfois une alliance provisoire avec un autre individu ou intégrant une bande de manière informelle. Tandis que les femelles entretiennent des liens familiaux étroits et solides.
74
+
75
+ Les mâles en rut, dont le taux sanguin de testostérone peut s'accroître cinquante fois, agitent les oreilles et secouent la tête, leur pénis devient vert. Il en dégouline une urine fortement odorante. Cela est dû à la libération d'un musc d’une phéromone, la frontaline, sécrétée sous deux formes chirales. Ces deux énantiomères (deux formes : (+)-frontaline et (-)-frontaline) ne sont pas sécrétés en mêmes proportions. Chez les jeunes mâles, la forme (+) domine. Au fur et à mesure de la maturité et de la période de rut, les deux isomères forment un racémique, qui attire les femelles en phase folliculaire et en œstrus[34]. La frontaline est libérée par la glande temporale chez l’éléphant en période de rut, la sécrétion débute peu de temps avant la puberté, à l’âge de 15 ans[34]. Cependant le rut ne se produit qu'à partir de 25 ans et ne durera que quelques jours. Puis vers 31-35 ans, celui-ci dure plusieurs semaines. Vers 36-40 ans, il dure de 1 à 2 mois. Pour finir, après 40 ans, le rut s’étend sur une période de 2 à 4 mois. La quantité de phéromones émises augmente avec l’âge de l’éléphant ainsi qu’en milieu de rut. La concentration et la proportion d’énantiomères de la frontaline constituent pour les animaux qui seront attentifs au message une source d’information sur l’âge et le stade du musth de l'éléphant qui émet. Une concentration de frontaline, en racémique, sera le synonyme d'un mâle mature ayant un statut social important[34].
76
+
77
+ Une fois que la femelle et le mâle sont ensemble, l'accouplement peut commencer. L'éléphant mâle étant très lourd, la copulation est très rapide. En général, elle dure entre 20 et 30 secondes. La période de copulations dure environ trois jours[35].
78
+
79
+ La jeune femelle est effrayée lors de sa première période de chaleur, le mâle peut la poursuivre[36]. Pour avertir la femelle qu'il va la saillir, le mâle pose sa trompe sur son dos ; la femelle s'immobilise alors[36].
80
+
81
+ Les mâles passent dans les troupeaux de femelles lors de leur rut pour sentir les vulves des femelles[36].
82
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83
+ La gestation d'une éléphante est la plus longue de tous les mammifères terrestres. Elle dure de 20 à 22 mois. La durée d'allaitement est comprise entre 36 et 48 mois[7]. Les mises bas s'espacent d'environ 2 ans et demi à 5 ans[17]. La gestation est plus longue pour un éléphanteau mâle que pour un éléphanteau femelle[17].
84
+
85
+ Une éléphante peut être en gestation jusqu'à l'âge de cinquante ans[17]. Dans la plupart des cas, un seul éléphant est porté ; les cas de gémellité sont très rares[17].
86
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+ Les éléphants vivent dans une société matriarcale[37]. Cette structure matriarcale existe depuis plus de sept millions d'années, des empreintes d'une harde d'éléphants de cette époque ayant été découvertes sur une surface de 5 hectares sur le site de Mleisa 1 dans les Émirats arabes unis, faisant de cette piste de mammifères fossile la plus vieille de ce type et probablement la plus longue piste préservée dans le monde[38]. Les troupeaux sont composés d'une dizaine d'éléphantes et de jeunes éléphanteaux, après la maturité sexuelle les mâles quittent le groupe[26]. Ils errent jusqu'à ce qu'ils fassent alliance avec d'autres jeunes mâles.
88
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89
+ Une étude, menée dans un zoo, montre que l'éléphant aime les fruits fermentés à un degré d'alcool de 7°. Lorsque l'éléphant est saoul, il perd de sa sociabilité (alors que sobre il est très sociable). Lorsqu'il est ivre, il reste à l'écart du troupeau. Un chercheur américain défendait l'idée que les animaux s'enivrent ou se droguent, volontairement, pour oublier les tourments de leur existence. Pour le prouver, il a fait vivre durant un mois des éléphants d'une réserve californienne sur un territoire plus restreint qu'à leur accoutumée. La surpopulation due au petit espace a angoissé les animaux qui, du coup, ont bu trois fois plus que d'habitude. Ils sont devenus si agressifs qu'il a été dangereux de les approcher[30].
90
+
91
+ Le cri de l'éléphant est le barrissement. De récentes études scientifiques ont montré que les éléphants, comme de nombreux animaux, sont sensibles aux infrasons[39]. L'utilité de l'audition de ces infrasons reste cependant mystérieuse. Il semble qu'ils soient capables de communiquer entre eux par les ondes acoustiques de surface transmises par le sol[40].
92
+
93
+ Les éléphants peuvent dormir debout ou couchés[41]. Le fait de se coucher indique qu'ils sont parfaitement détendus.
94
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95
+ L'éléphant est herbivore, il mange une grande variété d'éléments végétaux : herbes, plantes, feuilles, fruits, racines et tubercules, écorces et même du bois. Il apprécie par exemple le bois tendre et gorgé de sève du baobab.
96
+
97
+ Les besoins alimentaires de l'éléphant sont importants, surtout qualitativement. En fonction de son environnement, il consacre une grande partie de son temps à la recherche de nourriture (16 à 20 heures par jour), se déplaçant sur de longues distances et sélectionnant les aliments les plus riches. Il peut se dresser sur ses pattes arrière pour attraper avec sa trompe les rameaux les plus tendres jusqu'à cinq ou six mètres de hauteur.
98
+
99
+ Quotidiennement, il faut à l'éléphant entre 150 et 180 kilogrammes de nourriture en saison sèche, et entre 200 et 260 kilogrammes en saison des pluies. Ces quantités varient aussi en fonction des espèces et des milieux fréquentés.
100
+
101
+ Un éléphant adulte boit jusqu'à 140 L d'eau par jour[26]. Il aspire dans sa trompe jusqu'à dix litres à la fois, puis se les verse dans la bouche. Il peut rester trois ou quatre jours sans boire. Il peut se servir de sa trompe pour reprendre de l'eau dans son estomac et s'en servir pour se rafraîchir la peau. Sa peau très épaisse est l'objet de soins constants : outre les aspersions, les baignades et les roulades dans la boue, le poudrage à la poussière est bienvenu pour protéger l'épiderme des insectes et du soleil.
102
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103
+ Malgré la quarantaine de mètres d'intestin qu'il possède, sa digestion est peu efficace. Elle dure environ 12 heures après les 16 à 20 heures où il a cherché à se nourrir, 40 à 60 % de la nourriture n'étant pas digérée. Si son alimentation n'est pas suffisamment riche, son tonus, son humeur et sa santé en général sont rapidement affectés.
104
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105
+ Le comportement alimentaire a en général un impact important sur le milieu. Le bilan de ces conséquences varie en fonction des espèces (Afrique, Asie), de la saison, du biotope et de la densité de la population. Ainsi, l'éléphant peut être considéré comme destructeur d'arbres en particulier dans la savane, alors qu'il participe ailleurs très activement à la régénération en limite des zones forestières. Certaines espèces d'arbres sont dépendantes de l'éléphant pour leur extension : celui-ci, friand de leurs fruits, en dissémine les graines avec l'excellent terreau que constitue son crottin, capable de contenir jusqu'à 35 % de graines.
106
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107
+ En l’état actuel des connaissances, l’éléphant est, avec l'humain, le dauphin, le corbeau et certaines espèces de grands singes, l'une des rares espèces animales à réussir le test du miroir de Gallup : lorsqu’on marque d’une tache le front d’un éléphant en un point qu’il ne peut voir directement et qu’on lui présente un miroir, il passe sa trompe sur la tache ; démontrant ainsi qu’il a reconnu son image et donc qu’il a conscience de lui-même[42],[43],[44].
108
+
109
+ Les éléphants peuvent utiliser des outils de défense, telles des pierres saisies avec leur trompe et qu'ils lancent sur leurs ennemis. Ils peuvent également se toiletter en se grattant avec des branches ou des baguettes des parties de corps qu'ils ne peuvent atteindre avec leur trompe[45]. Ils présentent ainsi un exemple d’utilisation d'outil par un animal.
110
+
111
+ Lors d'une expérimentation de Preston Foerder, un éléphant (d'Asie, Elephas maximus) s'est montré capable d'un éclair de compréhension (d'insight). Il est allé chercher un cube pour monter dessus et atteindre de la nourriture[46],[47].
112
+
113
+ Les éléphants sont réputés pour leur capacité à anticiper l'arrivée des intempéries. il semblerait qu'ils soient capables d'entendre les sons provoqués par le déplacement des nuages[48].
114
+
115
+ L’éléphant d'Asie et l’éléphant d’Afrique ont longtemps été considérés comme les deux seules espèces représentant la famille des Éléphantidés à l’époque moderne. Depuis, de récentes études génétiques ont permis de distinguer deux sous-espèces africaines distinctes : Loxodonta africana africana (« éléphant de la savane ») et Loxodonta africana cyclotis (« éléphant des forêts »)[49].
116
+
117
+ Les espèces d'Éléphantidés vivant à l’heure actuelle sont donc :
118
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119
+ L’extinction Crétacé-Tertiaire est suivie d'une diversification très rapide des ongulés africains, notamment l'ordre des proboscidiens dont les plus anciennes espèces découvertes à ce jour sont Eritherium azzouzorum et Phosphatherium escuilliei, datant de la fin du Paléocène il y a 60 millions d'années. Sans trompe mais avec une première incisive agrandie (rappelant la naissance d'une défense) et des orbites oculaires en position antérieure, ces premiers proboscidiens sont petits et graciles, ont un corps bas sur pattes et un mode de vie semi-aquatique, à l'instar de Moeritherium[50].
120
+
121
+ Après un déclin à l'oligocène, les proboscidiens connaissent une diversification avec l'apparition des Deinotheriidae et des Mammutidae. La seconde radiation évolutive voit l'émergence au début du Miocène des Gomphotheriidae qui sont à l'origine des Elephantidae et des Stegodontidae, familles qui correspondent à la troisième radiation évolutive au miocène supérieur[51].
122
+
123
+ Durant des millénaires, l'homme chassa l'éléphant pour sa consommation et pour le commerce de l'ivoire tiré des défenses. Durant l'Antiquité, les éléphants de Nubie furent utilisés dans les armées des Carthaginois. Au XVe siècle av. J.-C., il y avait encore des éléphants sur les bords de l'Euphrate, où le pharaon Thoutmôsis Ier chassait l'éléphant.
124
+
125
+ La population des éléphants africains et asiatiques a été décimée, passant de plusieurs millions d'individus au début des années 1970 à quelques centaines de milliers 30 ans plus tard[52]. Si bien qu'en 1989, la CITES interdit le commerce de l'ivoire. Les éléphants sont désormais considérés comme des espèces protégées et la chasse aux éléphants est très réglementée.
126
+
127
+ Le braconnage s'intensifie malheureusement chaque année. En 2011, entre 25 000 et 30 000 éléphants ont été abattus [53]sauvagement afin de récupérer leurs défenses et alimenter les commerces illégaux notamment en provenance d'Asie.
128
+
129
+ L'éléphant n'a pas réellement de prédateurs hormis les humains. De grands fauves tels le lion ou le tigre peuvent exercer une prédation sur les petits et les individus faibles, mais vu le nombre d'herbivores plus faciles à chasser, il n'y a que peu de chance que ces prédateurs se rabattent sur l'éléphant, bien trop imposant.
130
+
131
+ Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population des éléphants d’Afrique a sensiblement diminué au cours des années 2010 : le continent compte en 2019 environ 415 000 spécimens, soit 111 000 de moins que lors de la précédente décennie[54].
132
+
133
+ Au terme de la conférence organisée à Bangkok du 3 au 14 mars 2013, par la CITES, à laquelle 178 pays ont participé, l'état d'esprit était au pessimisme concernant la protection des éléphants « victimes dans leurs pays d'origine d'un braconnage sans précédent et d'un commerce effréné en Asie ». Nombre d'ONG concernées par cette action pensent que « la communauté internationale a échoué à protéger les éléphants ». Depuis 2007 le trafic d'ivoire a doublé et plus que triplé par rapport à 1998. Le nombre d'éléphants africains, selon les enquêtes présentées à la conférence, est compris entre 420 000 et 650 000. 25 000 ont été tués en 2011 et probablement 30 000 en 2012. Publiée en mars 2013 dans la revue PLoS One, une autre étude révèle que 62 % des éléphants des forêts ont été abattus durant ces dix dernières années. Si ce rythme perdure, ils pourraient disparaitre d'Afrique centrale d'ici 2025. Les spécialistes affirment qu'à terme, si le braconnage ne cesse pas, tous les éléphants du continent seront menacés d'extinction[55].
134
+
135
+ À Gembloux Agro-Bio Tech - Université de Liège en Belgique, plusieurs chercheurs avaient déjà fait le même constat pour la population des éléphants de l'Afrique de l'Ouest. En 40 ans, leur nombre a diminué de moitié[56].
136
+
137
+ L'ONG Save the Elephants estime que le commerce illégal de l'ivoire à Hong Kong menace la survie des éléphants, étant donné que le marché de l'ivoire en Chine et en Asie du Sud-Est passe en grande partie par Hong Kong[57].
138
+
139
+ L'augmentation des risques de conflits d'intérêt pour l'habitat avec des populations humaines menace la survie de l'éléphant. Ce conflit tue 150 éléphants et un peu plus de 100 personnes par an au Sri Lanka[58]. Contrairement à son cousin d'Afrique, l'éléphant d'Asie, possède de petites défenses. La disparition de celui-ci est principalement attribuée à la perte de son habitat. De grands morceaux de forêt disparaissent, ce qui touche profondément leur écosystème. Les arbres contribuent à l'ancrage du sol et l'absorption des eaux de ruissellement. La déforestation entraine des inondations et une érosion massive. Lorsque la forêt est réduite, les éléphants deviennent une partie du problème, car ils détruisent rapidement la végétation de la zone où ils vivent et éliminent toutes les ressources en nourriture.
140
+
141
+ La première réserve officielle, Parc national Kruger, est peut-être la plus connue des réserves et celle ayant obtenu le plus grand succès[59]. Cependant, de nombreux problèmes sont apparus depuis sa création. Les clôtures de la réserve ont coupé de nombreux animaux de leur alimentation en hiver ou de leurs zones de reproduction au printemps. Certains animaux sont morts, alors que d'autres comme les éléphants ont démoli les clôtures, entraînant des ravages dans les champs voisins. Lorsque les éléphants sont limités à un petit territoire, les dégâts infligés au paysage peuvent être énormes[60].
142
+
143
+ De ce fait, certaines réserves, comme le Parc national Kruger, de l'avis de certains gestionnaires de faune sauvage, ont souffert de la surpopulation des éléphants, au détriment d'autres espèces de la faune dans la réserve. Le 25 février 2008, l'Afrique du Sud a annoncé que l'abattage pour contrôler le nombre d'éléphants, arrêté depuis 1994, reprendrait. Les défenseurs des droits des animaux ont menacé d'un appel au boycott par les touristes et à d'autres formes d'oppositions[61].
144
+
145
+ Les éléphants en captivité (en) sont utilisés ou exhibés dans les cirques, ménageries (tel Abul-Abbas, l'éléphant blanc de Charlemagne et Hanno, celui du pape Léon X) et zoos (tel le célèbre Jumbo). On ne peut pas parler à leur égard de domestication car le cycle de vie de l'éléphant est trop long pour que cela soit économiquement rentable par rapport à une capture d'individus sauvages, la phase précédant la maturité sexuelle de l'animal durant plus de 10 ans[62].
146
+
147
+ Utilisé comme animal de trait par les humains, ainsi que lors de batailles en tant qu'éléphant de guerre, l'éléphant a occupé de nombreuses fonctions, notamment celle d'exécuteur lors d'exécutions par éléphant. En 1914-1918, des éléphants de cirque ont en Europe par exemple servi à débarder le bois en forêt (de Mormal, dans le Nord de la France), ou encore à labourer, ou à tirer des wagons dans les usines de munitions.
148
+
149
+ L'éléphant peut également être entrainé par anéantissement.
150
+
151
+ Le conducteur d'un éléphant est appelé cornac ou mahout.
152
+
153
+ À l'origine, les éléphants étaient chassés par les hommes pour leur viande.
154
+
155
+ Certaines parties, comme les pieds d'éléphants, ou des animaux entiers étaient naturalisés. Les poils et les défenses d'ivoire, bien sûr, étaient aussi utilisés. On s'en servait pour fabriquer des objets de décoration et en bijouterie, ou bien ils étaient destinés, ainsi que les dents et les ossements, à des cabinets de curiosité ou des museums.
156
+
157
+ L'ivoire a longtemps fait l'objet d'un commerce important qui subsiste encore parfois sous forme de trafic illégal malgré le statut de protection dont bénéficient les éléphants survivants.
158
+
159
+ Dans la symbolique occidentale comme orientale, l'éléphant est associé à la mémoire, la sagesse, la longévité, la prospérité, la bienveillance, le père. Pour beaucoup de peuples africains, l'éléphant tient le rôle du père, du chef des animaux, du roi.
160
+
161
+ L'éléphant apparaît dans la panthéon hindouiste et bouddhiste à partir du troisième millénaire avant Jésus-Christ, époque de sa domestication[63].
162
+
163
+ Dans la religion hindoue, Ganesh est un dieu à tête d’éléphant ; il est le dieu de la Sagesse et le patron des étudiants. Les rares éléphants blancs sont les plus sacrés en Inde, et les éléphants domestiqués et décorés aux couleurs des dieux bénissent les fidèles de leur trompe dans certains temples.
164
+
165
+ En Inde, l’éléphant évoque la force, la puissance, l'orage (forme ronde et grise des nuages de pluie), et il est sacré. Chaque dieu hindou chevauche un animal : Indra, dieu des Orages et de la Bataille, et Agni, dieu du Feu, se déplacent à dos d’éléphant.
166
+
167
+ Au Laos, passer sous la trompe d'un éléphant permet d'acquérir ses attributs : force, longévité, fertilité et caractère sacré. Chaque année à l'occasion du Nouvel An bouddhique, les cornacs laotiens organisent un baci ou soukhouan, cérémonie de rappel des âmes, pour leur éléphant.
168
+
169
+ Dans le Coran, la 105e sourate (la 19e dans l’ordre chronologique) s'intitule Al-Fîl (l’Éléphant). Elle comprend cinq versets révélés à la Mecque et doit son nom à l’expression « ashâb al-fîl » (les gens de l’éléphant) présente dans le tout premier verset. Cette expression désigne les Abyssins, qui occupaient le Yémen voisin, voulaient évangéliser l’Arabie tout entière, notamment en attaquant la Kaaba, à La Mecque. En raison des entraves qu’ils mettaient au pèlerinage, le « ministre du calendrier » dans le gouvernement mecquois se vengea en profanant l’église de Sana'a. C’est alors que le gouverneur abyssin fit venir un éléphant de taille gigantesque appelé Mahmoud et dirigea une expédition sur La Mecque.
170
+
171
+ Dans la symbolique chrétienne, l'éléphant symbolise le baptême : la femelle met bas dans l'eau d'un étang à côté duquel le mâle monte la garde pour écarter le dragon, symbole de l'esprit du mal.[réf. nécessaire]
172
+
173
+ Dans la symbolique chrétienne, il représente aussi la chasteté (de tempérament frigide, il ne peut engendrer qu'après avoir absorbé, en guise d'aphrodisiaque, une racine de mandragore), la constance, la maîtrise de soi, la bénignité des princes (il n'a pas de fiel), la tempérance, la circonspection et la prudence.[réf. nécessaire]
174
+
175
+ En France, on dit de quelqu'un qui a une bonne mémoire qu'il a « une mémoire d'éléphant » ; effectivement, l'éléphant a une excellente mémoire pour se rappeler ses congénères ou retrouver les pistes qu'il emprunte chaque année pour chercher sa nourriture. Sa mémoire visuelle lui permet également de se rappeler très longtemps les visages humains[source insuffisante][64].
176
+
177
+ L'éléphant représente les quatre piliers du monde : il porte le monde sur son dos.
178
+
179
+ L'éléphant est le symbole de la ville de Catane, en Italie, depuis le Moyen Âge (mais le lien remonte peut-être à l'Antiquité). La Fontaine de l'éléphant s'y dresse sur la place de la cathédrale.
180
+
181
+ L'éléphant est l'emblème de la Côte d'Ivoire.
182
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183
+ L'éléphant est symbole de royauté, de puissance et de sagesse et ce en général pour les peuples de tout le continent africain.
184
+ Son image est utilisée dans les cérémonies et danses, pour la fabrication des masques ou encore de mobiliers, d'objets rituels, dans beaucoup de tribus notamment chez les Bamileke de l'ouest du Cameroun ou encore chez les Gurusi du Burkina Faso.
185
+ Hors tribus, l'éléphant est un symbole important au même titre que le lion et son image est présente au quotidien dans le monde africain.
186
+
187
+ En politique, l'image de l'éléphant a pu être utilisé dans différents pays pour caractériser des courants politiques ou des politiciens : ainsi, l'emblème du Parti républicain américain est un éléphant, et certains des membres les plus influents du Parti socialiste français sont surnommés les « éléphants ».
188
+
189
+ Des représentations picturales de l'éléphant sont retrouvées en Occident dès le XIIe siècle comme dans le quartier historique de Montferrand sur la « Maison de l'Éléphant » (12 rue Kléber)[65].
190
+
191
+ L'ivoire des défenses de l'éléphant a longtemps servi à la réalisation d'œuvres d'art. Les œuvres en or et ivoire sont qualifiées de chryséléphantines — chrusos, or en grec. Ce nom a été déformé en olifant, pour désigner une corne (instrument de musique) en ivoire.
192
+
193
+ En sport, certaines équipes nationales portent des surnoms à l'image de l'éléphant :
194
+
195
+ Les éléphants ont inspiré de nombreux artistes. La liste ci-après est loin d'être exhaustive.
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+ Sculpture d'éléphant.
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+ Brûle-parfum en porcelaine, en forme d'éléphant.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Genres de rang inférieur
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+ Les éléphants sont des mammifères proboscidiens de la famille des Éléphantidés. Ils correspondent aujourd'hui à trois espèces réparties en deux genres distincts. L'Éléphant de savane d'Afrique et l'Éléphant de forêt d'Afrique, autrefois regroupés sous la même espèce d'« Éléphant d'Afrique », appartiennent au genre Loxodonta, tandis que l'Éléphant d'Asie, anciennement appelé « éléphant indien », appartient au genre Elephas. Ils se différencient par certaines caractéristiques anatomiques, les éléphants d'Asie étant en général plus petits avec des oreilles plus petites, ou encore une différence du bout de la trompe. Ces espèces survivantes font localement l'objet de programmes ou de projets de réintroduction et de protection.
6
+
7
+ Le mot français « éléphant » vient du mot latin elephantus[1] qui tire son origine du grec ἐλέφας signifiant « ivoire » ou « éléphant ».
8
+
9
+ L'éléphant apparait dans de nombreuses cultures. Il est symbole de sagesse dans la culture asiatique, connu pour sa mémoire et son intelligence, qui est comparée à celle des cétacés[2] et hominidés[3]. Aristote avait dit que l'éléphant est « la bête qui dépasse toutes les autres par l'intelligence et l'esprit »[4].
10
+
11
+ L'éléphant d'Afrique, qui peut atteindre 7 tonnes, est le plus gros animal terrestre actuel, mais il est loin derrière la Baleine bleue (Balaenoptera musculus) qui peut peser jusqu'à 200 tonnes et dépasser 30 mètres de long[5].
12
+
13
+ Le squelette de l'éléphant présente des caractéristiques dictées par la masse qu'il doit soutenir : il représente environ 16,5 % de la masse totale de l'animal[6], cela signifie que pour un éléphant de 7 tonnes, le squelette pèse 1,155 tonne. Les os de l'éléphant sont spongieux[7]. Sa cage thoracique, formée de vingt côtes, est arrimée le long de l'épine dorsale[6].
14
+
15
+ L'éléphant possède deux genoux à ses membres postérieurs, qui sont constitués d'un fémur, d'une rotule et de l'association tibia-fibula. Les membres antérieurs, quant à eux, comprennent une scapula, un humérus, et l'association radius-ulna.
16
+
17
+ L'éléphant marche sur le bout des doigts[8],[9]. Les orteils sont insérés dans le pied, il y en a entre 2 et 5[10], on en voit seulement les ongles[9]. Cependant on peut voir entre trois et cinq ongles en fonction des pieds[9]. Les pieds antérieurs ont une forme arrondie, alors que les pieds postérieurs ont une forme ovale. Les pieds sont composés de tissus adipeux qui agissent comme des amortisseurs[9].
18
+
19
+ Il est impossible pour un éléphant de sauter, pour des raisons d'ordre biomécanique : il lui faut toujours un pied sur le sol. Cependant il peut courir à une vitesse maximale de 20 km/h (un éléphant ayant été chronométré à 24 km/h dans le cadre d'une étude scientifique)[11].
20
+
21
+ Même si on emploie le terme « courir » pour un éléphant, il est à noter que le terme est inapproprié. Il serait plus logique de dire qu’il « marche vite ». En effet, il ne change pas son allure (sa façon de se déplacer) lorsqu’il accélère.
22
+
23
+ Un éléphant d'Afrique mâle adulte mesure 3,50 mètres au garrot et pèse 5 à 6 tonnes, une femelle adulte mesure 3 mètres de haut au garrot pour une masse de 4 tonnes environ. À la naissance, l'éléphant pèse environ 120 kg. Un éléphant vit en moyenne 60 ans. Le plus grand éléphant connu a été signalé en Angola en 1974 : il s’agissait d’un mâle de 12 tonnes mesurant 4,20 m au garrot, soit un mètre de plus que la moyenne des éléphants africains[12].
24
+
25
+ Des éléphants nains, de la taille d'un grand cochon, ont également peuplé les îles méditerranéennes au cours de la Préhistoire[13],[14] ; certains sont signalés en Crète jusqu'en 5000 av. J.-C., voire jusqu’en 3000 av. J.-C.[15],[16].
26
+
27
+ La principale caractéristique des éléphants est leur trompe appelée proboscis. Il s'agit d'un organe nasal (avec une fonction de respiration et de perception des odeurs) allongé qui découle de la fusion de la lèvre supérieure et du nez. La trompe est un organe souple et préhensile leur servant pour porter l'eau et la nourriture à la bouche, tirer ou transporter des objets et pousser des cris.
28
+
29
+ La trompe comporte entre 100 000[17] et 150 000[18] muscles ; elle est dépourvue d'os et pèse plus de 100 kg[19].
30
+
31
+ « La trompe se compose de deux longs tuyaux cylindriques, partant de l’ouverture antérieure des fosses nasales. Ces tubes se rétrécissent à la région de l’inter mâchoire, ce qui empêche l’eau pompée par la trompe de pénétrer dans la cavité nasale ; ils offrent ensuite une dilatation, puis se resserrent de nouveau à l’endroit où ils s’ouvrent dans les narines osseuses, et où ils sont couverts par un cartilage nasal ovale. (…) Les tubes sont entourés d’une multitude de faisceaux musculaires, les uns longitudinaux, les autres rayonnant vers la peau et servant à comprimer les premiers. Quelques-uns enfin, mais en moins grand nombre sont circulaires. Cependant il faut distinguer de ces muscles, propres à la trompe, ceux qui servent à mouvoir l’organe en entier. Ces derniers sont comparables aux muscles de la queue. On les distingue en élévateurs et abaisseurs supérieurs et latéraux, qui naissent du front, des os propres du nez et des cartilages, tant de l’os maxillaire supérieur que de l’intermaxillaire »[20].
32
+
33
+ Le bout de la trompe d'un éléphant d'Afrique est en forme d'amande, alors que celle d'un éléphant d'Asie est en forme de poire. L'excroissance à son extrémité a une fonction analogue à un doigt, leur permettant de décortiquer une cacahuète[21]. Les éléphants ne boivent pas directement par leur trompe. L'effort nécessité pour se pencher jusqu'au sol afin de boire l'eau par la bouche étant trop important et l'opération étant même impossible lorsque l'eau se trouve au-dessous du niveau du sol, ils boivent en remplissant leur trompe avec de l'eau qu'ils aspirent et gardent momentanément avant de la verser ensuite, par gravité, dans leur bouche[17].
34
+
35
+ L'allongement du museau des proboscidiens anciens à l'origine de l'éléphant serait lié à la croissance continue des incisives (les défenses) et leur augmentation de taille : herbivores concurrencés par les ruminants et les équidés, leur adaptation trophique se traduit alors par un régime de plantes plus fibreuses peu nutritives et une augmentation de taille corrélative, les proboscidiens fourrageant pendant des heures à la recherche aussi bien de végétaux au sol que de feuilles d'arbres[22].
36
+
37
+ Forme du bout de la trompe de l'éléphant.
38
+
39
+ Un éléphant peut se servir de sa trompe pour se nettoyer l'œil.
40
+
41
+ La trompe d'un éléphant dans la bouche d'un autre.
42
+
43
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
44
+
45
+ Le plus souvent les éléphants ont des défenses, des dents très allongées utilisées par ces animaux comme outil, arme de défense et attribut sexuel[23]. Les défenses sont des dents supérieures à croissance continue. L'éléphanteau possède des prémolaires de lait qui tombent lorsque les molaires apparaissent, l'adulte n'en possède pas. Chez les éléphants adultes il n'y a que 6 dents, 2 incisives, ce sont les défenses, et 4 molaires. La formule dentaire est i1/0 c0/0 m1/1.
46
+
47
+ Les dents sont essentiellement composées d’ivoire et d’émail qui forment la couronne des dents par de nombreuses crêtes transversales, qui sont plus ou moins lamellées. Les crêtes sont disjointes puis, au fur et à mesure, un cément se forme et s’intercale entre les dents pour former un tout[24]. Un petit nombre de dents molaires sont présentes à chaque mâchoire, « parfois une paire (…), (…) une paire à l’une des mâchoires et deux à l’autre, (…) encore deux paires à chacune », de plus les dents correspondantes entre elles « n’ont ni la même apparence, ni le même nombre de lamelles »[24].
48
+
49
+ Selon les études de Corse et de Blainville, « les éléphants (…) ont six paires de dents à chacune des mâchoires. Ces dents augmentent de volume depuis la première jusqu’à la dernière ou sixième, et le nombre de leurs lamelles (…) est aussi de plus en plus considérable. »[25]. « La succession des dents molaires s’opère ainsi par flots d’une manière lente mais réglée, et l’on admet trois flots différents. Les dents se présentent deux par deux de chaque côté de l’une et de l’autre mâchoire. Le degré plus ou moins avancé de l’usure de chacune d’elles détermine les différences que l’on remarque dans le nombre total de lamelles (…) pour chaque flot »[25].
50
+
51
+ La peau de l'éléphant est d'une épaisseur d'environ 2 cm[26]. Cette peau est fragile du fait de la présence de plis où viennent se loger des parasites[27]. Il n'y a pratiquement pas de poils, et il n'y a ni glande sudoripare, ni glande sébacée[7]. De ce fait, leur peau est sèche, c'est pour cela qu'elle doit être souvent humectée à l'aide d'eau projetée par la trompe ou couverte de poussière ou de boue également projetée par leur trompe[7].
52
+
53
+ La couleur de la peau est grisâtre ; cependant sa couleur apparente est liée au sol sur lequel évolue l'éléphant. Elle peut aussi être due aux bains de boues[28].
54
+
55
+ La faible densité des poils (quelques centaines par mètre carré, chaque poil mesurant en moyenne 2 centimètres de longueur et 0,5 mm de diamètre) agit non plus comme une fourrure mais participe — à hauteur de 23 % — avec d'autres mécanismes de thermorégulation (battement des oreilles, bains, pulvérisation d'eau avec leurs trompes, respiration percutanée) à la thermolyse du mammifère, les poils agissant comme des ailettes qui augmentent la surface d'échange et donc les transferts thermiques[29].
56
+
57
+ Peau de l'éléphant.
58
+
59
+ Bain de poussière d'éléphant au Botswana.
60
+
61
+ Éléphant couvert de boue séchée en Namibie.
62
+
63
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
64
+
65
+ Les oreilles de l'éléphant lui permettent de réguler sa température corporelle[30], grâce à une vascularisation très importante[18]. Lorsqu'il mange des fruits fermentés ayant un degré d'alcool d'environ 7 °, l'éléphant remue violemment ses oreilles, de même pour sa queue et sa trompe[30]. Elles sont généralement plus petites chez l'éléphant d'Asie.
66
+
67
+ Le cerveau de l'éléphant, situé à l'arrière de son crâne[31], pèse entre 4 et 6 kg, ce qui est déjà considérable. Si l'on compare la taille du cerveau de l'éléphant à sa masse corporelle, il est alors le mammifère ayant le plus petit cerveau, alors que la souris possède le plus grand[32].
68
+
69
+ Si les fonctions reproductrices des éléphants mâles se mettent en place vers l'âge de 10-15 ans[26], ils commencent à se reproduire vers l'âge de 30 ans quand ils sont suffisamment imposants pour pouvoir se battre avec d'autres mâles pour conquérir les femelles[33].
70
+
71
+ Les fonctions reproductrices de l'éléphant femelle apparaissent de 9 ans[33] jusqu'à 15 ans.
72
+
73
+ Dans l'organisation matriarcale des éléphants, les mâles sont connus pour leur tempérament indépendant et ont tendance à vivre en solitaire, forgeant parfois une alliance provisoire avec un autre individu ou intégrant une bande de manière informelle. Tandis que les femelles entretiennent des liens familiaux étroits et solides.
74
+
75
+ Les mâles en rut, dont le taux sanguin de testostérone peut s'accroître cinquante fois, agitent les oreilles et secouent la tête, leur pénis devient vert. Il en dégouline une urine fortement odorante. Cela est dû à la libération d'un musc d’une phéromone, la frontaline, sécrétée sous deux formes chirales. Ces deux énantiomères (deux formes : (+)-frontaline et (-)-frontaline) ne sont pas sécrétés en mêmes proportions. Chez les jeunes mâles, la forme (+) domine. Au fur et à mesure de la maturité et de la période de rut, les deux isomères forment un racémique, qui attire les femelles en phase folliculaire et en œstrus[34]. La frontaline est libérée par la glande temporale chez l’éléphant en période de rut, la sécrétion débute peu de temps avant la puberté, à l’âge de 15 ans[34]. Cependant le rut ne se produit qu'à partir de 25 ans et ne durera que quelques jours. Puis vers 31-35 ans, celui-ci dure plusieurs semaines. Vers 36-40 ans, il dure de 1 à 2 mois. Pour finir, après 40 ans, le rut s’étend sur une période de 2 à 4 mois. La quantité de phéromones émises augmente avec l’âge de l’éléphant ainsi qu’en milieu de rut. La concentration et la proportion d’énantiomères de la frontaline constituent pour les animaux qui seront attentifs au message une source d’information sur l’âge et le stade du musth de l'éléphant qui émet. Une concentration de frontaline, en racémique, sera le synonyme d'un mâle mature ayant un statut social important[34].
76
+
77
+ Une fois que la femelle et le mâle sont ensemble, l'accouplement peut commencer. L'éléphant mâle étant très lourd, la copulation est très rapide. En général, elle dure entre 20 et 30 secondes. La période de copulations dure environ trois jours[35].
78
+
79
+ La jeune femelle est effrayée lors de sa première période de chaleur, le mâle peut la poursuivre[36]. Pour avertir la femelle qu'il va la saillir, le mâle pose sa trompe sur son dos ; la femelle s'immobilise alors[36].
80
+
81
+ Les mâles passent dans les troupeaux de femelles lors de leur rut pour sentir les vulves des femelles[36].
82
+
83
+ La gestation d'une éléphante est la plus longue de tous les mammifères terrestres. Elle dure de 20 à 22 mois. La durée d'allaitement est comprise entre 36 et 48 mois[7]. Les mises bas s'espacent d'environ 2 ans et demi à 5 ans[17]. La gestation est plus longue pour un éléphanteau mâle que pour un éléphanteau femelle[17].
84
+
85
+ Une éléphante peut être en gestation jusqu'à l'âge de cinquante ans[17]. Dans la plupart des cas, un seul éléphant est porté ; les cas de gémellité sont très rares[17].
86
+
87
+ Les éléphants vivent dans une société matriarcale[37]. Cette structure matriarcale existe depuis plus de sept millions d'années, des empreintes d'une harde d'éléphants de cette époque ayant été découvertes sur une surface de 5 hectares sur le site de Mleisa 1 dans les Émirats arabes unis, faisant de cette piste de mammifères fossile la plus vieille de ce type et probablement la plus longue piste préservée dans le monde[38]. Les troupeaux sont composés d'une dizaine d'éléphantes et de jeunes éléphanteaux, après la maturité sexuelle les mâles quittent le groupe[26]. Ils errent jusqu'à ce qu'ils fassent alliance avec d'autres jeunes mâles.
88
+
89
+ Une étude, menée dans un zoo, montre que l'éléphant aime les fruits fermentés à un degré d'alcool de 7°. Lorsque l'éléphant est saoul, il perd de sa sociabilité (alors que sobre il est très sociable). Lorsqu'il est ivre, il reste à l'écart du troupeau. Un chercheur américain défendait l'idée que les animaux s'enivrent ou se droguent, volontairement, pour oublier les tourments de leur existence. Pour le prouver, il a fait vivre durant un mois des éléphants d'une réserve californienne sur un territoire plus restreint qu'à leur accoutumée. La surpopulation due au petit espace a angoissé les animaux qui, du coup, ont bu trois fois plus que d'habitude. Ils sont devenus si agressifs qu'il a été dangereux de les approcher[30].
90
+
91
+ Le cri de l'éléphant est le barrissement. De récentes études scientifiques ont montré que les éléphants, comme de nombreux animaux, sont sensibles aux infrasons[39]. L'utilité de l'audition de ces infrasons reste cependant mystérieuse. Il semble qu'ils soient capables de communiquer entre eux par les ondes acoustiques de surface transmises par le sol[40].
92
+
93
+ Les éléphants peuvent dormir debout ou couchés[41]. Le fait de se coucher indique qu'ils sont parfaitement détendus.
94
+
95
+ L'éléphant est herbivore, il mange une grande variété d'éléments végétaux : herbes, plantes, feuilles, fruits, racines et tubercules, écorces et même du bois. Il apprécie par exemple le bois tendre et gorgé de sève du baobab.
96
+
97
+ Les besoins alimentaires de l'éléphant sont importants, surtout qualitativement. En fonction de son environnement, il consacre une grande partie de son temps à la recherche de nourriture (16 à 20 heures par jour), se déplaçant sur de longues distances et sélectionnant les aliments les plus riches. Il peut se dresser sur ses pattes arrière pour attraper avec sa trompe les rameaux les plus tendres jusqu'à cinq ou six mètres de hauteur.
98
+
99
+ Quotidiennement, il faut à l'éléphant entre 150 et 180 kilogrammes de nourriture en saison sèche, et entre 200 et 260 kilogrammes en saison des pluies. Ces quantités varient aussi en fonction des espèces et des milieux fréquentés.
100
+
101
+ Un éléphant adulte boit jusqu'à 140 L d'eau par jour[26]. Il aspire dans sa trompe jusqu'à dix litres à la fois, puis se les verse dans la bouche. Il peut rester trois ou quatre jours sans boire. Il peut se servir de sa trompe pour reprendre de l'eau dans son estomac et s'en servir pour se rafraîchir la peau. Sa peau très épaisse est l'objet de soins constants : outre les aspersions, les baignades et les roulades dans la boue, le poudrage à la poussière est bienvenu pour protéger l'épiderme des insectes et du soleil.
102
+
103
+ Malgré la quarantaine de mètres d'intestin qu'il possède, sa digestion est peu efficace. Elle dure environ 12 heures après les 16 à 20 heures où il a cherché à se nourrir, 40 à 60 % de la nourriture n'étant pas digérée. Si son alimentation n'est pas suffisamment riche, son tonus, son humeur et sa santé en général sont rapidement affectés.
104
+
105
+ Le comportement alimentaire a en général un impact important sur le milieu. Le bilan de ces conséquences varie en fonction des espèces (Afrique, Asie), de la saison, du biotope et de la densité de la population. Ainsi, l'éléphant peut être considéré comme destructeur d'arbres en particulier dans la savane, alors qu'il participe ailleurs très activement à la régénération en limite des zones forestières. Certaines espèces d'arbres sont dépendantes de l'éléphant pour leur extension : celui-ci, friand de leurs fruits, en dissémine les graines avec l'excellent terreau que constitue son crottin, capable de contenir jusqu'à 35 % de graines.
106
+
107
+ En l’état actuel des connaissances, l’éléphant est, avec l'humain, le dauphin, le corbeau et certaines espèces de grands singes, l'une des rares espèces animales à réussir le test du miroir de Gallup : lorsqu’on marque d’une tache le front d’un éléphant en un point qu’il ne peut voir directement et qu’on lui présente un miroir, il passe sa trompe sur la tache ; démontrant ainsi qu’il a reconnu son image et donc qu’il a conscience de lui-même[42],[43],[44].
108
+
109
+ Les éléphants peuvent utiliser des outils de défense, telles des pierres saisies avec leur trompe et qu'ils lancent sur leurs ennemis. Ils peuvent également se toiletter en se grattant avec des branches ou des baguettes des parties de corps qu'ils ne peuvent atteindre avec leur trompe[45]. Ils présentent ainsi un exemple d’utilisation d'outil par un animal.
110
+
111
+ Lors d'une expérimentation de Preston Foerder, un éléphant (d'Asie, Elephas maximus) s'est montré capable d'un éclair de compréhension (d'insight). Il est allé chercher un cube pour monter dessus et atteindre de la nourriture[46],[47].
112
+
113
+ Les éléphants sont réputés pour leur capacité à anticiper l'arrivée des intempéries. il semblerait qu'ils soient capables d'entendre les sons provoqués par le déplacement des nuages[48].
114
+
115
+ L’éléphant d'Asie et l’éléphant d’Afrique ont longtemps été considérés comme les deux seules espèces représentant la famille des Éléphantidés à l’époque moderne. Depuis, de récentes études génétiques ont permis de distinguer deux sous-espèces africaines distinctes : Loxodonta africana africana (« éléphant de la savane ») et Loxodonta africana cyclotis (« éléphant des forêts »)[49].
116
+
117
+ Les espèces d'Éléphantidés vivant à l’heure actuelle sont donc :
118
+
119
+ L’extinction Crétacé-Tertiaire est suivie d'une diversification très rapide des ongulés africains, notamment l'ordre des proboscidiens dont les plus anciennes espèces découvertes à ce jour sont Eritherium azzouzorum et Phosphatherium escuilliei, datant de la fin du Paléocène il y a 60 millions d'années. Sans trompe mais avec une première incisive agrandie (rappelant la naissance d'une défense) et des orbites oculaires en position antérieure, ces premiers proboscidiens sont petits et graciles, ont un corps bas sur pattes et un mode de vie semi-aquatique, à l'instar de Moeritherium[50].
120
+
121
+ Après un déclin à l'oligocène, les proboscidiens connaissent une diversification avec l'apparition des Deinotheriidae et des Mammutidae. La seconde radiation évolutive voit l'émergence au début du Miocène des Gomphotheriidae qui sont à l'origine des Elephantidae et des Stegodontidae, familles qui correspondent à la troisième radiation évolutive au miocène supérieur[51].
122
+
123
+ Durant des millénaires, l'homme chassa l'éléphant pour sa consommation et pour le commerce de l'ivoire tiré des défenses. Durant l'Antiquité, les éléphants de Nubie furent utilisés dans les armées des Carthaginois. Au XVe siècle av. J.-C., il y avait encore des éléphants sur les bords de l'Euphrate, où le pharaon Thoutmôsis Ier chassait l'éléphant.
124
+
125
+ La population des éléphants africains et asiatiques a été décimée, passant de plusieurs millions d'individus au début des années 1970 à quelques centaines de milliers 30 ans plus tard[52]. Si bien qu'en 1989, la CITES interdit le commerce de l'ivoire. Les éléphants sont désormais considérés comme des espèces protégées et la chasse aux éléphants est très réglementée.
126
+
127
+ Le braconnage s'intensifie malheureusement chaque année. En 2011, entre 25 000 et 30 000 éléphants ont été abattus [53]sauvagement afin de récupérer leurs défenses et alimenter les commerces illégaux notamment en provenance d'Asie.
128
+
129
+ L'éléphant n'a pas réellement de prédateurs hormis les humains. De grands fauves tels le lion ou le tigre peuvent exercer une prédation sur les petits et les individus faibles, mais vu le nombre d'herbivores plus faciles à chasser, il n'y a que peu de chance que ces prédateurs se rabattent sur l'éléphant, bien trop imposant.
130
+
131
+ Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la population des éléphants d’Afrique a sensiblement diminué au cours des années 2010 : le continent compte en 2019 environ 415 000 spécimens, soit 111 000 de moins que lors de la précédente décennie[54].
132
+
133
+ Au terme de la conférence organisée à Bangkok du 3 au 14 mars 2013, par la CITES, à laquelle 178 pays ont participé, l'état d'esprit était au pessimisme concernant la protection des éléphants « victimes dans leurs pays d'origine d'un braconnage sans précédent et d'un commerce effréné en Asie ». Nombre d'ONG concernées par cette action pensent que « la communauté internationale a échoué à protéger les éléphants ». Depuis 2007 le trafic d'ivoire a doublé et plus que triplé par rapport à 1998. Le nombre d'éléphants africains, selon les enquêtes présentées à la conférence, est compris entre 420 000 et 650 000. 25 000 ont été tués en 2011 et probablement 30 000 en 2012. Publiée en mars 2013 dans la revue PLoS One, une autre étude révèle que 62 % des éléphants des forêts ont été abattus durant ces dix dernières années. Si ce rythme perdure, ils pourraient disparaitre d'Afrique centrale d'ici 2025. Les spécialistes affirment qu'à terme, si le braconnage ne cesse pas, tous les éléphants du continent seront menacés d'extinction[55].
134
+
135
+ À Gembloux Agro-Bio Tech - Université de Liège en Belgique, plusieurs chercheurs avaient déjà fait le même constat pour la population des éléphants de l'Afrique de l'Ouest. En 40 ans, leur nombre a diminué de moitié[56].
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137
+ L'ONG Save the Elephants estime que le commerce illégal de l'ivoire à Hong Kong menace la survie des éléphants, étant donné que le marché de l'ivoire en Chine et en Asie du Sud-Est passe en grande partie par Hong Kong[57].
138
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139
+ L'augmentation des risques de conflits d'intérêt pour l'habitat avec des populations humaines menace la survie de l'éléphant. Ce conflit tue 150 éléphants et un peu plus de 100 personnes par an au Sri Lanka[58]. Contrairement à son cousin d'Afrique, l'éléphant d'Asie, possède de petites défenses. La disparition de celui-ci est principalement attribuée à la perte de son habitat. De grands morceaux de forêt disparaissent, ce qui touche profondément leur écosystème. Les arbres contribuent à l'ancrage du sol et l'absorption des eaux de ruissellement. La déforestation entraine des inondations et une érosion massive. Lorsque la forêt est réduite, les éléphants deviennent une partie du problème, car ils détruisent rapidement la végétation de la zone où ils vivent et éliminent toutes les ressources en nourriture.
140
+
141
+ La première réserve officielle, Parc national Kruger, est peut-être la plus connue des réserves et celle ayant obtenu le plus grand succès[59]. Cependant, de nombreux problèmes sont apparus depuis sa création. Les clôtures de la réserve ont coupé de nombreux animaux de leur alimentation en hiver ou de leurs zones de reproduction au printemps. Certains animaux sont morts, alors que d'autres comme les éléphants ont démoli les clôtures, entraînant des ravages dans les champs voisins. Lorsque les éléphants sont limités à un petit territoire, les dégâts infligés au paysage peuvent être énormes[60].
142
+
143
+ De ce fait, certaines réserves, comme le Parc national Kruger, de l'avis de certains gestionnaires de faune sauvage, ont souffert de la surpopulation des éléphants, au détriment d'autres espèces de la faune dans la réserve. Le 25 février 2008, l'Afrique du Sud a annoncé que l'abattage pour contrôler le nombre d'éléphants, arrêté depuis 1994, reprendrait. Les défenseurs des droits des animaux ont menacé d'un appel au boycott par les touristes et à d'autres formes d'oppositions[61].
144
+
145
+ Les éléphants en captivité (en) sont utilisés ou exhibés dans les cirques, ménageries (tel Abul-Abbas, l'éléphant blanc de Charlemagne et Hanno, celui du pape Léon X) et zoos (tel le célèbre Jumbo). On ne peut pas parler à leur égard de domestication car le cycle de vie de l'éléphant est trop long pour que cela soit économiquement rentable par rapport à une capture d'individus sauvages, la phase précédant la maturité sexuelle de l'animal durant plus de 10 ans[62].
146
+
147
+ Utilisé comme animal de trait par les humains, ainsi que lors de batailles en tant qu'éléphant de guerre, l'éléphant a occupé de nombreuses fonctions, notamment celle d'exécuteur lors d'exécutions par éléphant. En 1914-1918, des éléphants de cirque ont en Europe par exemple servi à débarder le bois en forêt (de Mormal, dans le Nord de la France), ou encore à labourer, ou à tirer des wagons dans les usines de munitions.
148
+
149
+ L'éléphant peut également être entrainé par anéantissement.
150
+
151
+ Le conducteur d'un éléphant est appelé cornac ou mahout.
152
+
153
+ À l'origine, les éléphants étaient chassés par les hommes pour leur viande.
154
+
155
+ Certaines parties, comme les pieds d'éléphants, ou des animaux entiers étaient naturalisés. Les poils et les défenses d'ivoire, bien sûr, étaient aussi utilisés. On s'en servait pour fabriquer des objets de décoration et en bijouterie, ou bien ils étaient destinés, ainsi que les dents et les ossements, à des cabinets de curiosité ou des museums.
156
+
157
+ L'ivoire a longtemps fait l'objet d'un commerce important qui subsiste encore parfois sous forme de trafic illégal malgré le statut de protection dont bénéficient les éléphants survivants.
158
+
159
+ Dans la symbolique occidentale comme orientale, l'éléphant est associé à la mémoire, la sagesse, la longévité, la prospérité, la bienveillance, le père. Pour beaucoup de peuples africains, l'éléphant tient le rôle du père, du chef des animaux, du roi.
160
+
161
+ L'éléphant apparaît dans la panthéon hindouiste et bouddhiste à partir du troisième millénaire avant Jésus-Christ, époque de sa domestication[63].
162
+
163
+ Dans la religion hindoue, Ganesh est un dieu à tête d’éléphant ; il est le dieu de la Sagesse et le patron des étudiants. Les rares éléphants blancs sont les plus sacrés en Inde, et les éléphants domestiqués et décorés aux couleurs des dieux bénissent les fidèles de leur trompe dans certains temples.
164
+
165
+ En Inde, l’éléphant évoque la force, la puissance, l'orage (forme ronde et grise des nuages de pluie), et il est sacré. Chaque dieu hindou chevauche un animal : Indra, dieu des Orages et de la Bataille, et Agni, dieu du Feu, se déplacent à dos d’éléphant.
166
+
167
+ Au Laos, passer sous la trompe d'un éléphant permet d'acquérir ses attributs : force, longévité, fertilité et caractère sacré. Chaque année à l'occasion du Nouvel An bouddhique, les cornacs laotiens organisent un baci ou soukhouan, cérémonie de rappel des âmes, pour leur éléphant.
168
+
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+ Dans le Coran, la 105e sourate (la 19e dans l’ordre chronologique) s'intitule Al-Fîl (l’Éléphant). Elle comprend cinq versets révélés à la Mecque et doit son nom à l’expression « ashâb al-fîl » (les gens de l’éléphant) présente dans le tout premier verset. Cette expression désigne les Abyssins, qui occupaient le Yémen voisin, voulaient évangéliser l’Arabie tout entière, notamment en attaquant la Kaaba, à La Mecque. En raison des entraves qu’ils mettaient au pèlerinage, le « ministre du calendrier » dans le gouvernement mecquois se vengea en profanant l’église de Sana'a. C’est alors que le gouverneur abyssin fit venir un éléphant de taille gigantesque appelé Mahmoud et dirigea une expédition sur La Mecque.
170
+
171
+ Dans la symbolique chrétienne, l'éléphant symbolise le baptême : la femelle met bas dans l'eau d'un étang à côté duquel le mâle monte la garde pour écarter le dragon, symbole de l'esprit du mal.[réf. nécessaire]
172
+
173
+ Dans la symbolique chrétienne, il représente aussi la chasteté (de tempérament frigide, il ne peut engendrer qu'après avoir absorbé, en guise d'aphrodisiaque, une racine de mandragore), la constance, la maîtrise de soi, la bénignité des princes (il n'a pas de fiel), la tempérance, la circonspection et la prudence.[réf. nécessaire]
174
+
175
+ En France, on dit de quelqu'un qui a une bonne mémoire qu'il a « une mémoire d'éléphant » ; effectivement, l'éléphant a une excellente mémoire pour se rappeler ses congénères ou retrouver les pistes qu'il emprunte chaque année pour chercher sa nourriture. Sa mémoire visuelle lui permet également de se rappeler très longtemps les visages humains[source insuffisante][64].
176
+
177
+ L'éléphant représente les quatre piliers du monde : il porte le monde sur son dos.
178
+
179
+ L'éléphant est le symbole de la ville de Catane, en Italie, depuis le Moyen Âge (mais le lien remonte peut-être à l'Antiquité). La Fontaine de l'éléphant s'y dresse sur la place de la cathédrale.
180
+
181
+ L'éléphant est l'emblème de la Côte d'Ivoire.
182
+
183
+ L'éléphant est symbole de royauté, de puissance et de sagesse et ce en général pour les peuples de tout le continent africain.
184
+ Son image est utilisée dans les cérémonies et danses, pour la fabrication des masques ou encore de mobiliers, d'objets rituels, dans beaucoup de tribus notamment chez les Bamileke de l'ouest du Cameroun ou encore chez les Gurusi du Burkina Faso.
185
+ Hors tribus, l'éléphant est un symbole important au même titre que le lion et son image est présente au quotidien dans le monde africain.
186
+
187
+ En politique, l'image de l'éléphant a pu être utilisé dans différents pays pour caractériser des courants politiques ou des politiciens : ainsi, l'emblème du Parti républicain américain est un éléphant, et certains des membres les plus influents du Parti socialiste français sont surnommés les « éléphants ».
188
+
189
+ Des représentations picturales de l'éléphant sont retrouvées en Occident dès le XIIe siècle comme dans le quartier historique de Montferrand sur la « Maison de l'Éléphant » (12 rue Kléber)[65].
190
+
191
+ L'ivoire des défenses de l'éléphant a longtemps servi à la réalisation d'œuvres d'art. Les œuvres en or et ivoire sont qualifiées de chryséléphantines — chrusos, or en grec. Ce nom a été déformé en olifant, pour désigner une corne (instrument de musique) en ivoire.
192
+
193
+ En sport, certaines équipes nationales portent des surnoms à l'image de l'éléphant :
194
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195
+ Les éléphants ont inspiré de nombreux artistes. La liste ci-après est loin d'être exhaustive.
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+ Sculpture d'éléphant.
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+ Brûle-parfum en porcelaine, en forme d'éléphant.
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+ L’élevage, ou vacherie en français louisianais, est l'ensemble des activités qui assurent la multiplication des animaux souvent domestiques, parfois sauvages, pour l'usage des humains.
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3
+ Les premiers hommes vivaient de cueillette, de la pêche et de chasse. Le passage d'une stratégie d'exploitation directe de l'environnement à l'agriculture et à l'élevage est généralement présenté comme naturel, mais on connaît peu les pratiques intermédiaires qui pourraient expliquer le glissement de l'une à l'autre.
4
+ Ainsi, il y a bien un mystère de l'apparition de l'élevage, dont l'explication a peut-être été trouvée chez les aïnous avec leur rituel de l'ours : l'élevage pourrait avoir été un produit d'un rituel sacrificiel, un animal, élevé comme un membre de la famille et en son sein, servant aux sacrifice lorsqu'un rituel l'exige. La domestication donnant alors (ou non) un résultat en fonction de l'animal utilisé ; loup conduisant à l'apparition du chien, bovin sauvage aux bovins domestiques, ou ours chez les aïnous, ce qui ne mène à rien de matériellement utilitaire mais fournit une piste explicative. Des peintures murales de la civilisation mycénienne montrent que les animaux sont associés à la chasse, ainsi qu'à la tauromachie.
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+
6
+ Les premières traces d'élevages d'herbivores découvertes en Mésopotamie datent de 9000 av. J.-C. L'homme, dès 3000 ans av. J.-C. a contribué à introduire des espèces plus ou moins domestiquées hors de leur zones naturelle de répartition, jusque dans les îles en Europe de l'Ouest[1], modifiant ainsi leurs caractéristiques écopaysagères premières[2]. L'élevage semble s'être beaucoup développé au Néolithique (dont en Europe et en France, dans le nord du pays par exemple[3],[4],[5]), mais il semble longtemps coexister avec la chasse[6],[7]. Dans la vallée de l’Aisne, les archéologues ont trouvé des traces ou indices d'élevage et d'exploitation animale durant au moins 1000 ans durant l'âge du bronze[8].
7
+
8
+ L'élevage se poursuit durant l'Antiquité et l'antiquité tardive (Bas Empire et Haut Moyen Âge)[9],[10]. Durant le début du Moyen Âge en Europe, la consommation de viande semble avoir été relativement importante, au moins pour la partie la plus riche de la population[11]. Fernand Braudel écrivait que « Des siècles durant, au Moyen Âge, elle (L'Europe) a connu des tables surchargées de viandes et des consommations à la limite du possible »[12]. L'élevage fournissait d'autres ressources telles que le lait, le cuir, le boyau, la laine et la graisse, des outres... Il permit une civilisation de l'objet au XIIIe siècle : le cuir était transformé en chaussures ; le parchemin était de la peau traitée. La laine alimentait l'industrie drapière. Les boyaux et les cornes entraient dans la fabrication d'instruments de musique, d'outils, d'armes, etc.
9
+
10
+ Les paysans utilisent la force des animaux pour les travaux agricoles : bœufs et chevaux tirent la charrue ou la herse. Ils réalisent les corvées de charrois (transport de vin, de blé, de bois, de paille). Les chevaux étaient parmi les biens les plus précieux des chevaliers et des armées. Plus tard, ils ont halé les navires et péniches sur les fleuves. Certains moulins ont longtemps utilisé leur force de travail. L'élevage fournit aussi; de manière indirecte ou direct; des fumures pour amender les terres dans les systèmes dites de polyculture-élevage.
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+ On s'interroge sur l'importance des conditions d'élevage des animaux dès les années 1920[13], ce qui n'empêchera pas le développement d'un élevage industriels critiqué pour sa déshumanisation et certaines maltraitances faites aux animaux. La mécanisation entraîne une forte intensification des élevages dans les pays industrialisés.
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16
+ Dans le monde : Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO en anglais), le cheptel bovin mondial continue à progresser (10 millions de têtes en 2001, ce qui devrait se traduire par 2 à 3 % d'augmentation de la production de viande). La production ovine mondiale était de 7,9 millions de tonnes et le cheptel porcin (en progression de 2 % en 2001) a atteint 923 millions de têtes. C'est le porc qui est le plus consommé au monde, surtout en Asie (59 % du cheptel en 2001, avec une demande en progression) ; le Japon est en 2001 le 1er importateur au monde (plus de 700.000 t/an) de viande de porc[14]. En 2011, 65 milliards d'animaux ont été abattus dans le monde dont 58,11 milliards de poulets, 1 383 000 porcs et 320 millions de bovins. A l'échelle mondiale, la consommation de viande est en augmentation particulièrement en Asie, elle a atteint les 286,2 milliards de tonnes de produits carnés. La consommation par continent se répartit respectivement de la façon suivante : 46 % est consommée en Asie, 20 % en Europe, 14 % en Amérique du nord, 10 % en Amérique du sud, 5 % en Afrique et 4 % en Amérique centrale[15].
17
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18
+ Dans l'Union européenne (UE-15), c'est le cheptel porcin qui domine (125 millions de têtes vers 2001), détenu à 20,7 % par l'Allemagne, 19 % par l'Espagne, 12 % par la France et 10,4 % par le Danemark. Le cheptel ovin n'atteint lui que 95 millions de têtes ; on le trouve essentiellement au Royaume-Uni (29 %), en Espagne (25,4 %), en Italie (11,6 %) et en France (9,8 %). 82,8 millions de têtes de bovins suivent, principalement élevés en France (plus du quart du total européen de l'UE-15 avec 25,35 %), devant l'Allemagne (17,58 %) et le Royaume-Uni (12,8 %), aucun des 13 autres États-membres ne produisant plus de 10 % du total. Les caprins sont moins nombreux (11,2 millions de têtes). La volaille est aussi une filière importante (6,2 millions de têtes).
19
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20
+ Les diverses activités mises en œuvre pour l'élevage incluent notamment la gestion de la production des animaux adultes pour les multiplier, et leur fournir gîte, nourriture, soins, en vue de leur utilisation et/ou de leur production.
21
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22
+ Les produits de l'élevage impliquent :
23
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24
+ L'élevage s'applique généralement aux espèces d'animaux domestiques, mais pas exclusivement. On élève aussi des animaux non domestiqués d'origine sauvage, par exemple les visons. Il fait appel à un certain nombre de sciences et de techniques dont : la sélection, l'organisme génétiquement modifié (OGM), l'alimentation animale, la médecine vétérinaire, et la zootechnie, notamment.
25
+
26
+ Actuellement, l'élevage peut également avoir pour objectifs de contribuer à la préservation de paysages ouverts, de milieux naturels (comme les zones humides par exemple[16]), de pâtures à vocation de protection des sols et de puits de carbone ; à la préservation des espèces et des races domestiques à faible rendement menacées de disparition (élevage conservatoire) ; et aux loisirs (animaux de compagnie et de concours, colombophilie, etc.).
27
+
28
+ Un recensement effectué en 2006 par la FAO compte, dans le monde, 17 milliards de poulets, 1,8 milliard de moutons et de chèvres, 1,4 milliard de bovins, un milliard de cochons et un milliard de canards[17].
29
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30
+ L'Union européenne compte en 2019 près de 370 milliards d’animaux dans des cages pour l’élevage en batterie[18].
31
+
32
+ La généralisation[19] puis surtout la concentration et l'industrialisation rapide de l'élevage au XXe siècle n'ont pas été sans impacts négatifs sur l'environnement[20], et pose des questions nouvelles dans les domaines de la zootechnie, de l'éthique, du droit, de la biosécurité et de la santé alimentaire et santé environnementale ; en particulier. Ceci concerne aussi l'aquaculture, dont les effets doivent être mis en balance toutefois avec l'effondrement d'une partie importante du "stock" en raison de la surpêche[21], que certains estiment être un collapsus écologique des écosystèmes littoraux[22], toute en tenant compte qu'elle a augmenté la demande en pêche minotière qui contribue massivement à la surpêche).
33
+
34
+ Parmi les problèmes les plus souvent cités outre les pollutions (nitrates & phosphates principalement) et les nuisances olfactives[23], il est question des méthodes de sélection et de l'insémination (souvent contrainte ou totalement artificielle) appauvrissant la diversité génétique et favorisant la consanguinité[24] des animaux au sein des espèces et souches élevées, et favorisant potentiellement les zoonoses dans un contexte de mondialisation de l'élevage. Le pâturage sur les lieux d'anciennes forêts peut avoir un impact irréversible sur la biodiversité forestière, à échelle humaine de temps, même si la forêt repousse sur le même site[25]. La diffusion dans les pays riches de l'élevage hors-sol est un facteur de bouleversement des paysages (les cultures industrielles de soja et maïs remplacent les pâtures qui étaient des puits de carbone, des filtres pour l'eau). La diffusion planétaire de l'élevage en batterie (élevages de plus de 10 000 à 50 000 volailles, qui semblent avoir eu un rôle dans la diffusion du virus H5N1 et d'autres pathogènes). Dans les supermarchés britanniques, soixante-dix pour cent de la viande de poulet vendue est contaminée par la bactérie Campylobacter[26].
35
+
36
+ La possibilité de fortement stimuler la production laitière des bovins ou la production de viande par l'usage d'additifs alimentaires ou l'utilisation d'hormones de croissance (somatotropine bovine essentiellement), la possibilité d'utiliser des hormones (injection de mélatonine) ou d'un éclairage artificiel forçant les animaux à se reproduire à des périodes qui ne sont pas naturelles), ou encore la possibilité de cloner des animaux ou de les modifier par génie génétique sont à l'origine de questions sociétales nouvelles, et parfois à l'origine de conflits commerciaux actuellement principalement gérés par l'OMC. À titre d'exemple, des laboratoires ont réussi à produire par génie génétique des hormones de synthèse (ex somatotropine bovine recombinée) dont les effets de perturbateur endocrinien sur la santé des consommateurs sont discutés. L'usage de farines animales dans l'alimentation d'herbivores a été à l'origine de la diffusion d'un prion pathogène à l'origine de la maladie de la vache folle.
37
+
38
+ Les méthodes modernes d'élevage (aliments à base de maïs et soja, farines de poisson, ainsi que la consommation de fioul, eau, pesticides et autres intrants à forts impacts environnementaux en amont) ont eu des effets économiques et sociaux (le nombre d'emplois nécessaires pour produire une tonne de viande a fortement baissé depuis le XIXe siècle) et des effets sur l'empreinte écologique. La diffusion dans l'environnent de résidus de médicaments vétérinaires via les urines et excréments (lisiers, fumiers) à partir d'élevages (notamment de bovins ou de porcs et à partir des piscicultures) est un problème émergent, qui semble déjà avoir des effets importants. La consommation de viande augmente fortement dans les pays émergents et notamment en Chine et que « l'homme consomme annuellement plus de 53 milliards d'animaux par an (dans l'ordre : poulets, canards, porcs, lapins, dindes, moutons, chèvres, bovins et chevaux) ». Ce qui, en Occident représente « 98 % de la totalité des animaux avec lesquels les humains sont en interaction. (...) Les abattoirs américains tuent plus de 23 millions d’animaux par jour (...) Selon les estimations de l’ONU (FAO), la production mondiale de viande et de lait doublera d’ici 2050 »[27]. Une question abordée par les éthiciens est celle de la condition animale, que certains traitent de manière plus générale dans la question de la « responsabilité morale des humains à l'égard des animaux »[27].
39
+
40
+ Selon un rapport de Greenpeace publié en 2018, la production de viande et de produits laitiers mobilise jusqu’à 80 % de la surface des terres agricoles dans le monde. Des centaines de millions d’hectares sont ainsi mobilisés pour nourrir les animaux que consommeront ensuite les habitants des pays riches, alors que ces terres pourraient etre employées à alimenter les habitants des pays pauvres. Jonathan Safran Foer considère ainsi que « L’élevage industriel ne “nourrit” pas “le monde” ; il l’affame en le détruisant »[28].
41
+
42
+ L'élevage génère de nombreux impacts environnementaux, directs ou indirects, immédiats ou différés estimés importants par l'ONU, et son agence la FAO qui le rappelle régulièrement[29]. « Le risque de zoonoses s’intensifiera à l’avenir, compte tenu de la montée démographique et de la croissance de la population animale, des changements dynamiques de la production animale, de l’émergence de réseaux agro-alimentaires mondiaux et de l'accroissement sensible de la mobilité des hommes et des marchandises (...) la concentration excessive d’animaux dans de grandes unités de production industrielle est à éviter, et il faut envisager des investissements pour renforcer la biosécurité et améliorer la surveillance des maladies afin de sauvegarder la santé publique »[30] que la production intensive de viande et de lait génèrent en amont des impacts environnementaux sur les sols, l’air, l’eau et les écosystèmes.
43
+
44
+ L'un des problèmes est l'émission de gaz à effet de serre par les animaux élevés, par la filière viande, et par les cultures qui alimentent ces animaux et qui contribuent à la déforestation, c'est-à-dire au recul des puits de carbone et d'écosystèmes qui stabilisaient le climat et les microclimats, et les experts pensent que la demande mondiale en protéines pourrait encore croître de 50 % de 2010 à 2020. L'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a annoncé en 2010 qu'elle allait réunir des experts pour étudier les impacts de l’élevage sur les écosystèmes et les changements climatiques[31]. Selon le rapport de la FAO de 2014[32] l'industrie de l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre. Le précédent rapport de la FAO en 2006 avançait le chiffre de 18%[29]. Le méthane qui est issu de la digestion des ruminants est responsable d'environ 20 % de l'élévation de la température. Son pouvoir réchauffant est 28 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone[33]. Selon un rapport de février 2019 du think tank français Institute for Climate Economics (I4CE), le secteur de l’élevage génère 63 % des émissions dues à l’alimentation alors qu’il ne fournit que 16 % des calories consommées dans le monde[34].
45
+
46
+ Selon la FAO les émissions de gaz à effet de serre des élevages (environ 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre selon Gerber et al., 2013) pourraient être diminuées de 30 %[35]. En France l'Institut de l’élevage a développé l’outil CAP’2ER (Calcul Automatisé des Performances Environnementales en Élevage de Ruminants) disponible en ligne qui permet aisément une évaluation des émissions des GES d’une exploitation d’élevage laitier.
47
+
48
+ 75 % des surfaces agricoles mondiales (dont 30 % de prairies) sont consacrées à l'élevage, qui consomme en outre plus d'un tiers de la production de céréales. Des chercheurs néerlandais ont estimé l'impact de l'alimentation sur la consommation d'espaces agricoles. Comme cela avait déjà été largement démontré, plus les régimes sont riches en protéines d'origine animale, plus on dévore de terre. Cependant, le point le plus bas de la courbe n'est pas atteint avec une consommation strictement végétale, mais avec un régime intégrant en moyenne 12 % de protéines animales, et notamment du lait[36].
49
+
50
+ La journaliste Sonia Shah souligne que l'élevage peut contribuer à créer des virus transmissibles à l'homme : « des centaines de milliers de bêtes entassées les unes sur les autres en attendant d’être conduites à l’abattoir : voilà des conditions idéales pour que les microbes se muent en agents pathogènes mortels. Par exemple, les virus de la grippe aviaire, hébergés par le gibier d’eau, font des ravages dans les fermes remplies de poulets en captivité, où ils mutent et deviennent plus virulents — un processus si prévisible qu’il peut être reproduit en laboratoire. L’une de leurs souches, le H5N1, est transmissible à l’homme et tue plus de la moitié des individus infectés. En 2014, en Amérique du Nord, il a fallu abattre des dizaines de millions de volailles pour enrayer la propagation d’une autre de ces souches[37]. »
51
+
52
+ En outre, les quantités considérables de déjections générées par l'élevage « offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations » en se déversant dans l'eau potable ou dans des aliments destinés à la consommation humaine. Ainsi, chaque année, 90 000 Américains sont contaminés[37].
53
+
54
+ En raison des risques de zoonoses et de maladies induites par des viandes ou conserves avariées, ou de trafics d'hormones, la filière et la commercialisation des viandes font l'objet de certains contrôles.
55
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56
+ En France, en 2011, à la demande du gouvernement, deux ministères (agriculture & environnement) ont demande au CGEDD et au CGAAER de faire des propositions de simplification des dossiers et les contrôles opérés dans les élevages. Un rapport[38] a synthétisé les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées. Ce rapport (56 pages) a été rendu aux ministres en janvier 2012, et rendu public le 8 mars 2012, quatre jours après la fin du salon de l'agriculture[39]. Le rapport, intitulé « Simplification des dossiers et des contrôles environnementaux en élevage » (56 pages), synthétisant les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées, contient des propositions de simplification de procédure (ex : possibilité de déposer le dossier sous forme numérique) et des propositions visant à limiter les possibilités de recours (des préfets notamment) ou visant à allonger les délais entre eux contrôles des élevages (un contrôle qui pourrait être porté à tous les 10 ans, avec des délais allongés de 5 à 7 ans si l'agriculteur est certifié ou adhère à de bonnes pratiques. Le contrôle périodique présenté par ce rapport comme « ayant d'abord une vocation pédagogique », et pouvant être à rapprocher des « régimes à adhésion volontaire : certification environnementale et charte des bonnes pratiques d'élevage en particulier » ; Il utiliserait la documentation laissée chez l'éleveur (p. 15 du rapport)[38]. Une certification environnementale à trois conditions pourrait valoir contrôle. Selon ce rapport, concernant la « vérification de l'existence de capacités de stockage suffisantes pour les effluents d'élevage, la charte des bonnes pratiques est plus précise que le contrôle périodique : même si le technicien est invité à faire preuve de compréhension, il doit relever l'absence de capacité de stockage, ce que le contrôle périodique ne fait pas »[38]. En cas d'adhésion à la charte, le rapport propose d'utiliser pour le contrôle périodique les documents remis à l'éleveur à l'issue de l'audit charte (et réciproquement) (...) en recherchant « en priorité à élargir la reconnaissance que donne pour l'éleveur la participation à la charte »[38].
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+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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+ Un étudiant ou une étudiante est un mot dérivé du latin studere qui signifie « s'appliquer à apprendre quelque chose ». Cependant, le terme ne s'applique pas à toute personne qui apprend. On le réserve généralement aux personnes intégrées dans un parcours scolaire ou universitaire.
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+ Dans la plupart des pays francophones, l'usage du mot « étudiant » est encore plus restreint. Le plus couramment, il désigne les personnes engagées dans un cursus d'enseignement supérieur. Afin d’être exhaustif, il serait plus juste de l’associer à toute personne suivant un cursus de formation initiale post-secondaire (relevant ou non de l’enseignement supérieur). On le distingue ainsi de l'écolier, du collégien, du lycéen ou encore de l'apprenti.
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+ On peut donc faire cette distinction fondamentale dans le monde de l'enseignement entre l'écolier qui fréquente l'enseignement primaire ou secondaire, et l'étudiant qui fréquente un établissement d'enseignement supérieur ou post-secondaire.
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+ Dans la très grande majorité des états, la scolarisation est obligatoire jusqu'à un âge fixé par la loi (généralement entre 15 et 18 ans), par conséquent la quasi-totalité des personnes ont un jour la qualité d'élève.
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+ Divers pays, notamment en Amérique latine, célèbrent une Journée de l'étudiant (es). Épisodiquement, le plus souvent en novembre, est marquée une Journée internationale de l'étudiant (en).
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+ Il n'existe pas de statut international de l'étudiant. Chaque État fixe la façon dont il gère cette population. Cependant, certains organismes transnationaux mettent en place certains traits communs. Il en est ainsi de l'Association ISIC, adossée à l'UNESCO, qui délivre des cartes ISIC (International Student Identity Card) qui sont reconnues dans la quasi-totalité des pays comme un justificatif valable du statut d'étudiant.
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+ Certaines organisations étudiantes ont développé des chartes sur le statut de l'étudiant en définissant ses droits et ses devoirs. Le premier cas est en France en 1946 avec la Charte de Grenoble créée par l'UNEF, puis cette idée est reprise la même à Prague par l'Union Internationale des Étudiants. Ensuite à Beyrouth, l'union nationale des étudiants des pays arabes crée une charte s'en inspirant largement.
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+ Selon les pays, les établissements d’enseignement supérieur peuvent avoir différents noms : Université ou Faculté dans les États francophones, Collège dans les États anglo-saxons, « École » pour les structures d'enseignement privées ou spécialisées (Écoles d’ingénieur et de commerce notamment). Certaines formations supérieures peuvent être dispensées dans les établissements d'enseignement secondaire, comme les sections de technicien supérieur (BTS) ou les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) en France.
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+ Enfin, il existe un certain nombre de cursus post-secondaires qui ne relèvent pas de l’enseignement supérieur puisqu'ils sont accessibles sans avoir obtenu le bac, mais uniquement sur des conditions de niveau et/ou d'âge ; par exemple, les écoles de formation artistique, ou les écoles de santé dont le niveau d'entrée est inférieur au bac ou sans référence par rapport à celui-ci. Le ministère de l’éducation nationale définit comme critère de recensement dans la base centrale des établissements (BCE) le fait que la scolarité soit obligatoire et que le cursus scolaire soit annuel équivalent temps plein (c'est-à-dire correspondant à une ou plusieurs années scolaires et dont les heures d'enseignement plus le travail personnel demandé correspondent à une formation à temps plein, estimée à six cents heures par an).
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+
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+ Les conditions d'accès à l'enseignement supérieur diffèrent selon les états. La majorité des systèmes exigent un diplôme préalable : baccalauréat en France, A-level en Angleterre ou encore Abitur en Allemagne. Mais la sélection à l'entrée des établissements varie beaucoup.
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+ En France, l'accès à l'université est de droit pour les titulaires du baccalauréat ou de DAEU. Il n'y a de sélection, à l'exception de certaines filières médicales, et de l'université de Paris-Dauphine qui a reçu une autorisation spéciale par décret. L'accès est aussi ouvert au Québec, et dans la majorité des filières en Belgique. Citons tout de même l'existence d'un examen d'entrée pour les études de médecine et dentisterie en Belgique néerlandophone, qui est compensé par un numerus clausus en Belgique francophone, sans oublier l'examen d'admission aux études d'ingénieur civil, qui n'est plus dispensé que dans la partie francophone du pays.
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+
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+ Par contre, dans les états anglo-saxons, et particulièrement au Royaume-Uni et aux États-Unis, la sélection à l'entrée de l'enseignement supérieur est importante. Une sélection a aussi lieu, dans la plupart des pays, à l'entrée des « grandes écoles », c'est-à-dire d'institutions publiques ou privées d'enseignement qui n'ont pas le statut d'université. Il existe trois principaux systèmes de sélection :
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+ Le coût de l'accès aux études peut aussi constituer une barrière. S'il est modéré dans les universités française et au Québec, il est très élevé aux États-Unis, ainsi que dans certains établissements d'enseignement supérieur privés. Ceci oblige parfois les familles à épargner de nombreuses années pour permettre l'accès à l'enseignement supérieur à leurs enfants. Des mécanismes d'aide ont cependant été développés, deux prédominent : les bourses, d'initiative publique ou privée, généralement attribuées sur des critères de mérite ; et les prêts aux étudiants remboursables à la fin des études, voire non-remboursables (sous conditions), au taux d'intérêt modique ou inexistant. Certaines écoles enfin rémunèrent leurs étudiants.
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+ En 2008, les universités aux États-Unis ont accueilli avec 671 616 élèves 21 % des trois millions d'étudiants étrangers recensés dans le monde. Le Royaume-Uni, deuxième, en accueille 13 % et la France, troisième, 9 %, suivie de près par l'Allemagne.
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+ Aux États-Unis, 3,5 % des étudiants sont étrangers, 16,3 % au Royaume-Uni et 22,5 % en Australie[1].
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+ Les soirées étudiantes réunissent les étudiants d'un établissement, d'un campus ou d'une ville pour faire la fête. Cette pratique est répandue dans la majorité des États. Elles se déroulent généralement en semaine ; en France, le jour fétiche est le jeudi. Parmi ces nombreuses fêtes, certaines sont particulières, ce sont les soirées d'intégration qui marquent l'arrivée d'une nouvelle promotion d'étudiants. Si la fête dépasse une soirée on pourra parler alors de journée d'intégration, voire de week-end, de semaine ou de stage d'intégration. L'ensemble de ces évènements est soumis à une législation de manière indirecte. En effet, si le bizutage est clairement interdit, le législateur ne légifère pas directement sur les soirées étudiantes. Les règles régissant ces soirées sont donc celles régissant l'ensemble des évènements de fêtes : interdiction des open-bars, annonce de la soirée lorsque celle-ci ne se réalise pas dans un lieu bénéficiant d'une autorisation permanente, prévenir la préfecture en cas de très gros évènement ou encore déclaration à la SACEM des titres musicaux utilisés[2].
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+ En Belgique, les fêtes étudiantes sont très répandues et constituent un folklore à part entière. Plus spécifiquement appelées guindailles, il s'en tient dans certaines villes universitaires plusieurs tous les soirs. Les étudiants disposent de leurs propres salles, généralement conçues pour supporter la saleté et résister aux vandalismes. Citons le Bunker à Namur, la Casa et le Coq Hardi (parmi une dizaine d'autres) à Louvain-la-Neuve, le carré et le chapi à Liège et la Jefke à Bruxelles.
36
+
37
+ Le bizutage marque en général le début de l'année et vise à placer les étudiants nouvellement arrivés (appelés « bizuts ») dans des situations cocasses et humoristiques. Le but est généralement de créer des liens de solidarité entre les membres de la nouvelle promotion. Ceci exacerbe l'esprit de corps. Cependant de nombreux dérapages, qui ne conduisaient qu'à une humiliation gratuite du bizut, ont amené certains pays à l'interdire.
38
+
39
+ En France, par exemple, le code pénal qui définit le bizutage comme :
40
+
41
+ « le fait pour une personne d'amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées aux milieux scolaire et socio-éducatif »
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+ L'article 225-16-1 du Code pénal français le punit de peines pouvant atteindre six mois d'emprisonnement et 7 500 euros d'amende.
44
+
45
+ En Belgique, le bizutage est souvent confondu avec le « Baptême ». Autour de ce Baptême gravite tout un folklore étudiant variable selon les établissements, mais qui repose sur des valeurs communes comme le respect, les traditions estudiantines et l'entraide.
46
+
47
+ La pratique du bizutage n'est pas réservée aux étudiants : elle est fréquente dans les corps d'armée, et occasionnelle dans les entreprises.
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+
49
+ On donne différents noms à l'étudiant promu : bizut, bleu, freshman, fresher, newbie, frosh.
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+ Les étudiants sont aussi connus pour leur militantisme syndical et politique.
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+ L'année 1968 fut marquée par de nombreuses protestations d'étudiants, particulièrement en France (Mai 68). Au Mexique, des centaines d'étudiants d’extrême gauche furent assassinés par l'armée lors du massacre de Tlatelolco. Les étudiants eurent également un rôle majeur en Tchécoslovaquie, pour préserver les acquis du printemps de Prague contre l'Union soviétique.
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+ La principale manifestation étudiante aux États-Unis eut lieu en 1970. Quelques jours après que la Garde nationale eut abattu des étudiants qui manifestaient contre l'extension au Cambodge de la guerre du Viêt Nam, des universités furent occupées dans tout le pays. En Grèce, le mouvement étudiant éclata en 1973 avec l'occupation d'un établissement supérieur au centre d’Athènes, et secoua la junte militaire qui dirigeait le pays depuis six ans, contribuant à sa chute sept mois plus tard. En Allemagne de l'Ouest, les universités continuèrent à lutter pendant plusieurs années en se transformant en ilots d'agitation d’extrême gauche dans un pays alors peu habitué aux luttes politiques.
56
+
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+ Le 6 octobre 1976, dans la capitale thaïlandaise Bangkok, des militants d’extrême droite appuyés par la police et par l’armée ouvrirent le feu sur une manifestation d'étudiants de gauche. Les manifestants qui tentèrent de s’enfuir à la nage, par le fleuve, furent abattus. Ceux qui se rendirent furent battus, certains à mort, et d’autres brûlés vifs. Plusieurs jeunes filles furent violées puis tuées. Les autorités font état de 46 morts, mais le bilan réel pourrait être d'une centaine de tués[3].
58
+
59
+ La France connut en 2006 un mouvement contre le contrat première embauche. Au Québec, des manifestations étudiantes de grande ampleur se produisirent contre la hausse des frais de scolarité en 2012.
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61
+ En France, les premiers projets en faveur du salaire étudiant ont été exposés dans le cadre de la Résistance, à partir de 1943, par des syndicats de travailleurs, des associations de jeunesse et les deux syndicats étudiants existant à l’époque, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) et l’Union des grandes écoles (UGE)[4].
62
+
63
+ L'UNEF adopte lors de son congrès de 1946 la charte de Grenoble. Celle-ci défend la nécessité d'une « révolution économique et sociale au service de l'Homme » et établit que « l'étudiant est un travailleur intellectuel ». La charte sert de référence lorsque l'UNEF parvient à empêcher le doublement des frais d'inscription universitaire, en 1947, ou l'extension de la Sécurité sociale aux étudiants, en 1948[4].
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+ En 1951, des députés communistes et démocrates-chrétiens ont proposé à l'Assemblée nationale le salaire étudiant. Le projet de réforme a cependant été rejeté[4].
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+ Il peut y avoir différents systèmes qui dissocient les étudiants des autres catégories socio-professionnelles. Ainsi, en France, les étudiants disposent d'un régime de sécurité sociale qui leur est propre.
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+ Les étudiants disposent d'un numéro étudiant dans plusieurs pays tels que la France, l’Autriche, le Canada et le Royaume-Uni.
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+ L’élevage, ou vacherie en français louisianais, est l'ensemble des activités qui assurent la multiplication des animaux souvent domestiques, parfois sauvages, pour l'usage des humains.
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+ Les premiers hommes vivaient de cueillette, de la pêche et de chasse. Le passage d'une stratégie d'exploitation directe de l'environnement à l'agriculture et à l'élevage est généralement présenté comme naturel, mais on connaît peu les pratiques intermédiaires qui pourraient expliquer le glissement de l'une à l'autre.
4
+ Ainsi, il y a bien un mystère de l'apparition de l'élevage, dont l'explication a peut-être été trouvée chez les aïnous avec leur rituel de l'ours : l'élevage pourrait avoir été un produit d'un rituel sacrificiel, un animal, élevé comme un membre de la famille et en son sein, servant aux sacrifice lorsqu'un rituel l'exige. La domestication donnant alors (ou non) un résultat en fonction de l'animal utilisé ; loup conduisant à l'apparition du chien, bovin sauvage aux bovins domestiques, ou ours chez les aïnous, ce qui ne mène à rien de matériellement utilitaire mais fournit une piste explicative. Des peintures murales de la civilisation mycénienne montrent que les animaux sont associés à la chasse, ainsi qu'à la tauromachie.
5
+
6
+ Les premières traces d'élevages d'herbivores découvertes en Mésopotamie datent de 9000 av. J.-C. L'homme, dès 3000 ans av. J.-C. a contribué à introduire des espèces plus ou moins domestiquées hors de leur zones naturelle de répartition, jusque dans les îles en Europe de l'Ouest[1], modifiant ainsi leurs caractéristiques écopaysagères premières[2]. L'élevage semble s'être beaucoup développé au Néolithique (dont en Europe et en France, dans le nord du pays par exemple[3],[4],[5]), mais il semble longtemps coexister avec la chasse[6],[7]. Dans la vallée de l’Aisne, les archéologues ont trouvé des traces ou indices d'élevage et d'exploitation animale durant au moins 1000 ans durant l'âge du bronze[8].
7
+
8
+ L'élevage se poursuit durant l'Antiquité et l'antiquité tardive (Bas Empire et Haut Moyen Âge)[9],[10]. Durant le début du Moyen Âge en Europe, la consommation de viande semble avoir été relativement importante, au moins pour la partie la plus riche de la population[11]. Fernand Braudel écrivait que « Des siècles durant, au Moyen Âge, elle (L'Europe) a connu des tables surchargées de viandes et des consommations à la limite du possible »[12]. L'élevage fournissait d'autres ressources telles que le lait, le cuir, le boyau, la laine et la graisse, des outres... Il permit une civilisation de l'objet au XIIIe siècle : le cuir était transformé en chaussures ; le parchemin était de la peau traitée. La laine alimentait l'industrie drapière. Les boyaux et les cornes entraient dans la fabrication d'instruments de musique, d'outils, d'armes, etc.
9
+
10
+ Les paysans utilisent la force des animaux pour les travaux agricoles : bœufs et chevaux tirent la charrue ou la herse. Ils réalisent les corvées de charrois (transport de vin, de blé, de bois, de paille). Les chevaux étaient parmi les biens les plus précieux des chevaliers et des armées. Plus tard, ils ont halé les navires et péniches sur les fleuves. Certains moulins ont longtemps utilisé leur force de travail. L'élevage fournit aussi; de manière indirecte ou direct; des fumures pour amender les terres dans les systèmes dites de polyculture-élevage.
11
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12
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13
+
14
+ On s'interroge sur l'importance des conditions d'élevage des animaux dès les années 1920[13], ce qui n'empêchera pas le développement d'un élevage industriels critiqué pour sa déshumanisation et certaines maltraitances faites aux animaux. La mécanisation entraîne une forte intensification des élevages dans les pays industrialisés.
15
+
16
+ Dans le monde : Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO en anglais), le cheptel bovin mondial continue à progresser (10 millions de têtes en 2001, ce qui devrait se traduire par 2 à 3 % d'augmentation de la production de viande). La production ovine mondiale était de 7,9 millions de tonnes et le cheptel porcin (en progression de 2 % en 2001) a atteint 923 millions de têtes. C'est le porc qui est le plus consommé au monde, surtout en Asie (59 % du cheptel en 2001, avec une demande en progression) ; le Japon est en 2001 le 1er importateur au monde (plus de 700.000 t/an) de viande de porc[14]. En 2011, 65 milliards d'animaux ont été abattus dans le monde dont 58,11 milliards de poulets, 1 383 000 porcs et 320 millions de bovins. A l'échelle mondiale, la consommation de viande est en augmentation particulièrement en Asie, elle a atteint les 286,2 milliards de tonnes de produits carnés. La consommation par continent se répartit respectivement de la façon suivante : 46 % est consommée en Asie, 20 % en Europe, 14 % en Amérique du nord, 10 % en Amérique du sud, 5 % en Afrique et 4 % en Amérique centrale[15].
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+ Dans l'Union européenne (UE-15), c'est le cheptel porcin qui domine (125 millions de têtes vers 2001), détenu à 20,7 % par l'Allemagne, 19 % par l'Espagne, 12 % par la France et 10,4 % par le Danemark. Le cheptel ovin n'atteint lui que 95 millions de têtes ; on le trouve essentiellement au Royaume-Uni (29 %), en Espagne (25,4 %), en Italie (11,6 %) et en France (9,8 %). 82,8 millions de têtes de bovins suivent, principalement élevés en France (plus du quart du total européen de l'UE-15 avec 25,35 %), devant l'Allemagne (17,58 %) et le Royaume-Uni (12,8 %), aucun des 13 autres États-membres ne produisant plus de 10 % du total. Les caprins sont moins nombreux (11,2 millions de têtes). La volaille est aussi une filière importante (6,2 millions de têtes).
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20
+ Les diverses activités mises en œuvre pour l'élevage incluent notamment la gestion de la production des animaux adultes pour les multiplier, et leur fournir gîte, nourriture, soins, en vue de leur utilisation et/ou de leur production.
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+ Les produits de l'élevage impliquent :
23
+
24
+ L'élevage s'applique généralement aux espèces d'animaux domestiques, mais pas exclusivement. On élève aussi des animaux non domestiqués d'origine sauvage, par exemple les visons. Il fait appel à un certain nombre de sciences et de techniques dont : la sélection, l'organisme génétiquement modifié (OGM), l'alimentation animale, la médecine vétérinaire, et la zootechnie, notamment.
25
+
26
+ Actuellement, l'élevage peut également avoir pour objectifs de contribuer à la préservation de paysages ouverts, de milieux naturels (comme les zones humides par exemple[16]), de pâtures à vocation de protection des sols et de puits de carbone ; à la préservation des espèces et des races domestiques à faible rendement menacées de disparition (élevage conservatoire) ; et aux loisirs (animaux de compagnie et de concours, colombophilie, etc.).
27
+
28
+ Un recensement effectué en 2006 par la FAO compte, dans le monde, 17 milliards de poulets, 1,8 milliard de moutons et de chèvres, 1,4 milliard de bovins, un milliard de cochons et un milliard de canards[17].
29
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30
+ L'Union européenne compte en 2019 près de 370 milliards d’animaux dans des cages pour l’élevage en batterie[18].
31
+
32
+ La généralisation[19] puis surtout la concentration et l'industrialisation rapide de l'élevage au XXe siècle n'ont pas été sans impacts négatifs sur l'environnement[20], et pose des questions nouvelles dans les domaines de la zootechnie, de l'éthique, du droit, de la biosécurité et de la santé alimentaire et santé environnementale ; en particulier. Ceci concerne aussi l'aquaculture, dont les effets doivent être mis en balance toutefois avec l'effondrement d'une partie importante du "stock" en raison de la surpêche[21], que certains estiment être un collapsus écologique des écosystèmes littoraux[22], toute en tenant compte qu'elle a augmenté la demande en pêche minotière qui contribue massivement à la surpêche).
33
+
34
+ Parmi les problèmes les plus souvent cités outre les pollutions (nitrates & phosphates principalement) et les nuisances olfactives[23], il est question des méthodes de sélection et de l'insémination (souvent contrainte ou totalement artificielle) appauvrissant la diversité génétique et favorisant la consanguinité[24] des animaux au sein des espèces et souches élevées, et favorisant potentiellement les zoonoses dans un contexte de mondialisation de l'élevage. Le pâturage sur les lieux d'anciennes forêts peut avoir un impact irréversible sur la biodiversité forestière, à échelle humaine de temps, même si la forêt repousse sur le même site[25]. La diffusion dans les pays riches de l'élevage hors-sol est un facteur de bouleversement des paysages (les cultures industrielles de soja et maïs remplacent les pâtures qui étaient des puits de carbone, des filtres pour l'eau). La diffusion planétaire de l'élevage en batterie (élevages de plus de 10 000 à 50 000 volailles, qui semblent avoir eu un rôle dans la diffusion du virus H5N1 et d'autres pathogènes). Dans les supermarchés britanniques, soixante-dix pour cent de la viande de poulet vendue est contaminée par la bactérie Campylobacter[26].
35
+
36
+ La possibilité de fortement stimuler la production laitière des bovins ou la production de viande par l'usage d'additifs alimentaires ou l'utilisation d'hormones de croissance (somatotropine bovine essentiellement), la possibilité d'utiliser des hormones (injection de mélatonine) ou d'un éclairage artificiel forçant les animaux à se reproduire à des périodes qui ne sont pas naturelles), ou encore la possibilité de cloner des animaux ou de les modifier par génie génétique sont à l'origine de questions sociétales nouvelles, et parfois à l'origine de conflits commerciaux actuellement principalement gérés par l'OMC. À titre d'exemple, des laboratoires ont réussi à produire par génie génétique des hormones de synthèse (ex somatotropine bovine recombinée) dont les effets de perturbateur endocrinien sur la santé des consommateurs sont discutés. L'usage de farines animales dans l'alimentation d'herbivores a été à l'origine de la diffusion d'un prion pathogène à l'origine de la maladie de la vache folle.
37
+
38
+ Les méthodes modernes d'élevage (aliments à base de maïs et soja, farines de poisson, ainsi que la consommation de fioul, eau, pesticides et autres intrants à forts impacts environnementaux en amont) ont eu des effets économiques et sociaux (le nombre d'emplois nécessaires pour produire une tonne de viande a fortement baissé depuis le XIXe siècle) et des effets sur l'empreinte écologique. La diffusion dans l'environnent de résidus de médicaments vétérinaires via les urines et excréments (lisiers, fumiers) à partir d'élevages (notamment de bovins ou de porcs et à partir des piscicultures) est un problème émergent, qui semble déjà avoir des effets importants. La consommation de viande augmente fortement dans les pays émergents et notamment en Chine et que « l'homme consomme annuellement plus de 53 milliards d'animaux par an (dans l'ordre : poulets, canards, porcs, lapins, dindes, moutons, chèvres, bovins et chevaux) ». Ce qui, en Occident représente « 98 % de la totalité des animaux avec lesquels les humains sont en interaction. (...) Les abattoirs américains tuent plus de 23 millions d’animaux par jour (...) Selon les estimations de l’ONU (FAO), la production mondiale de viande et de lait doublera d’ici 2050 »[27]. Une question abordée par les éthiciens est celle de la condition animale, que certains traitent de manière plus générale dans la question de la « responsabilité morale des humains à l'égard des animaux »[27].
39
+
40
+ Selon un rapport de Greenpeace publié en 2018, la production de viande et de produits laitiers mobilise jusqu’à 80 % de la surface des terres agricoles dans le monde. Des centaines de millions d’hectares sont ainsi mobilisés pour nourrir les animaux que consommeront ensuite les habitants des pays riches, alors que ces terres pourraient etre employées à alimenter les habitants des pays pauvres. Jonathan Safran Foer considère ainsi que « L’élevage industriel ne “nourrit” pas “le monde” ; il l’affame en le détruisant »[28].
41
+
42
+ L'élevage génère de nombreux impacts environnementaux, directs ou indirects, immédiats ou différés estimés importants par l'ONU, et son agence la FAO qui le rappelle régulièrement[29]. « Le risque de zoonoses s’intensifiera à l’avenir, compte tenu de la montée démographique et de la croissance de la population animale, des changements dynamiques de la production animale, de l’émergence de réseaux agro-alimentaires mondiaux et de l'accroissement sensible de la mobilité des hommes et des marchandises (...) la concentration excessive d’animaux dans de grandes unités de production industrielle est à éviter, et il faut envisager des investissements pour renforcer la biosécurité et améliorer la surveillance des maladies afin de sauvegarder la santé publique »[30] que la production intensive de viande et de lait génèrent en amont des impacts environnementaux sur les sols, l’air, l’eau et les écosystèmes.
43
+
44
+ L'un des problèmes est l'émission de gaz à effet de serre par les animaux élevés, par la filière viande, et par les cultures qui alimentent ces animaux et qui contribuent à la déforestation, c'est-à-dire au recul des puits de carbone et d'écosystèmes qui stabilisaient le climat et les microclimats, et les experts pensent que la demande mondiale en protéines pourrait encore croître de 50 % de 2010 à 2020. L'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) a annoncé en 2010 qu'elle allait réunir des experts pour étudier les impacts de l’élevage sur les écosystèmes et les changements climatiques[31]. Selon le rapport de la FAO de 2014[32] l'industrie de l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre. Le précédent rapport de la FAO en 2006 avançait le chiffre de 18%[29]. Le méthane qui est issu de la digestion des ruminants est responsable d'environ 20 % de l'élévation de la température. Son pouvoir réchauffant est 28 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone[33]. Selon un rapport de février 2019 du think tank français Institute for Climate Economics (I4CE), le secteur de l’élevage génère 63 % des émissions dues à l’alimentation alors qu’il ne fournit que 16 % des calories consommées dans le monde[34].
45
+
46
+ Selon la FAO les émissions de gaz à effet de serre des élevages (environ 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre selon Gerber et al., 2013) pourraient être diminuées de 30 %[35]. En France l'Institut de l’élevage a développé l’outil CAP’2ER (Calcul Automatisé des Performances Environnementales en Élevage de Ruminants) disponible en ligne qui permet aisément une évaluation des émissions des GES d’une exploitation d’élevage laitier.
47
+
48
+ 75 % des surfaces agricoles mondiales (dont 30 % de prairies) sont consacrées à l'élevage, qui consomme en outre plus d'un tiers de la production de céréales. Des chercheurs néerlandais ont estimé l'impact de l'alimentation sur la consommation d'espaces agricoles. Comme cela avait déjà été largement démontré, plus les régimes sont riches en protéines d'origine animale, plus on dévore de terre. Cependant, le point le plus bas de la courbe n'est pas atteint avec une consommation strictement végétale, mais avec un régime intégrant en moyenne 12 % de protéines animales, et notamment du lait[36].
49
+
50
+ La journaliste Sonia Shah souligne que l'élevage peut contribuer à créer des virus transmissibles à l'homme : « des centaines de milliers de bêtes entassées les unes sur les autres en attendant d’être conduites à l’abattoir : voilà des conditions idéales pour que les microbes se muent en agents pathogènes mortels. Par exemple, les virus de la grippe aviaire, hébergés par le gibier d’eau, font des ravages dans les fermes remplies de poulets en captivité, où ils mutent et deviennent plus virulents — un processus si prévisible qu’il peut être reproduit en laboratoire. L’une de leurs souches, le H5N1, est transmissible à l’homme et tue plus de la moitié des individus infectés. En 2014, en Amérique du Nord, il a fallu abattre des dizaines de millions de volailles pour enrayer la propagation d’une autre de ces souches[37]. »
51
+
52
+ En outre, les quantités considérables de déjections générées par l'élevage « offrent aux microbes d’origine animale d’autres occasions d’infecter les populations » en se déversant dans l'eau potable ou dans des aliments destinés à la consommation humaine. Ainsi, chaque année, 90 000 Américains sont contaminés[37].
53
+
54
+ En raison des risques de zoonoses et de maladies induites par des viandes ou conserves avariées, ou de trafics d'hormones, la filière et la commercialisation des viandes font l'objet de certains contrôles.
55
+
56
+ En France, en 2011, à la demande du gouvernement, deux ministères (agriculture & environnement) ont demande au CGEDD et au CGAAER de faire des propositions de simplification des dossiers et les contrôles opérés dans les élevages. Un rapport[38] a synthétisé les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées. Ce rapport (56 pages) a été rendu aux ministres en janvier 2012, et rendu public le 8 mars 2012, quatre jours après la fin du salon de l'agriculture[39]. Le rapport, intitulé « Simplification des dossiers et des contrôles environnementaux en élevage » (56 pages), synthétisant les propositions d’un groupe de travail ayant associé les organisations professionnelles agricoles et les administrations concernées, contient des propositions de simplification de procédure (ex : possibilité de déposer le dossier sous forme numérique) et des propositions visant à limiter les possibilités de recours (des préfets notamment) ou visant à allonger les délais entre eux contrôles des élevages (un contrôle qui pourrait être porté à tous les 10 ans, avec des délais allongés de 5 à 7 ans si l'agriculteur est certifié ou adhère à de bonnes pratiques. Le contrôle périodique présenté par ce rapport comme « ayant d'abord une vocation pédagogique », et pouvant être à rapprocher des « régimes à adhésion volontaire : certification environnementale et charte des bonnes pratiques d'élevage en particulier » ; Il utiliserait la documentation laissée chez l'éleveur (p. 15 du rapport)[38]. Une certification environnementale à trois conditions pourrait valoir contrôle. Selon ce rapport, concernant la « vérification de l'existence de capacités de stockage suffisantes pour les effluents d'élevage, la charte des bonnes pratiques est plus précise que le contrôle périodique : même si le technicien est invité à faire preuve de compréhension, il doit relever l'absence de capacité de stockage, ce que le contrôle périodique ne fait pas »[38]. En cas d'adhésion à la charte, le rapport propose d'utiliser pour le contrôle périodique les documents remis à l'éleveur à l'issue de l'audit charte (et réciproquement) (...) en recherchant « en priorité à élargir la reconnaissance que donne pour l'éleveur la participation à la charte »[38].
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1
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
2
+
3
+ γ
4
+
5
+
6
+
7
+
8
+
9
+ {\displaystyle {\overrightarrow {\gamma }}}
10
+
11
+ =
12
+
13
+
14
+
15
+
16
+
17
+
18
+
19
+
20
+ t
21
+
22
+
23
+
24
+
25
+
26
+ {\displaystyle {\partial \over \partial t}}
27
+
28
+
29
+
30
+
31
+
32
+
33
+
34
+
35
+ v
36
+
37
+
38
+
39
+
40
+
41
+
42
+ {\displaystyle {\vec {v}}}
43
+
44
+ modifier
45
+
46
+ L'accélération est une grandeur physique vectorielle, appelée de façon plus précise « vecteur accélération », utilisée en cinématique pour représenter la modification affectant la vitesse d'un mouvement en fonction du temps. La norme (l'intensité) de ce vecteur est appelée simplement « accélération » sans autre qualificatif.
47
+
48
+ Dans le langage courant, l'accélération s'oppose à la décélération et indique l'augmentation de la vitesse ou de la fréquence d'évolution d'un processus quelconque, par exemple l'accélération de la fréquence cardiaque ou celle d'une suite de situations.
49
+
50
+ De même que la vitesse décrit la modification de la position d'un objet au cours du temps, l'accélération décrit la « modification de la vitesse au cours du temps » (ce que les mathématiques formalisent par la notion de dérivée). Dans la vie courante, on distingue trois cas que le physicien regroupe sous le seul concept d'accélération :
51
+
52
+ Lorsque l'on est soi-même soumis à une accélération, on ressent un effort : effort qui nous plaque contre le siège lorsque la voiture accélère (va plus vite), effort qui nous tire vers le pare-brise lorsque la voiture freine, effort qui nous tire sur le côté lorsque la voiture tourne (force centrifuge). Nous ressentons cet effort de manière similaire au poids. Le rapport entre l'accélération et l'effort est le domaine de la dynamique ; mais l'accélération est une notion de cinématique, c'est-à-dire qu'elle se définit uniquement à partir du mouvement, sans faire intervenir les efforts.
53
+
54
+ Dans les unités internationales, la vitesse s'exprime en mètres par seconde (m/s). L'accélération est donc la « variation, par seconde, des mètres par seconde », soit des « (mètres par seconde) par seconde », (m/s)/s ; que l'on appelle « mètres par seconde au carré » (m/s2). On exprime ainsi souvent cette grandeur en « nombre de g », par analogie avec la pesanteur. Par rapport à l'unité internationale d'accélération, le « mètre par seconde au carré » (m/s2), on a 1 g = 9,806 65 m/s2.
55
+
56
+ Pour se faire une idée de l'accélération linéique, il peut être utile de penser en termes de « + x km/h par seconde », sachant que, par rapport aux unités internationales,
57
+
58
+ Par exemple, si une voiture passe de 0 à 100 km/h en 5 s, elle a une accélération de (100 km/h)/(5 s) = 20 (km/h)/s ≈ 5,6 m/s2 ≈ 0,57 g.
59
+
60
+ À l'inverse, lors d'un choc frontal, une voiture roulant à 30 km/h s'arrête en environ 0,1 s, ce qui représente une variation de vitesse de (−30 km/h)/(0,1 s) = −300 (km/h)/s ≈ −83 m/s2 ≈ −8,5 g.
61
+
62
+ On parle souvent de l'accélération due à un changement de direction dans le cas des manèges à sensation, comme les montagnes russes. C'est ainsi que l'on peut lire que dans certains manèges, on subit une accélération allant jusqu'à 6,5 g[1].
63
+
64
+ La notion d'accélération est formalisée par Pierre Varignon le 20 janvier 1700, comme un écart infiniment petit de vitesse dv pendant un temps infiniment petit dt mis pour modifier cette vitesse. Réitérant l'approche qu'il avait utilisée deux ans plus tôt pour définir la notion de vitesse, il utilise le formalisme du calcul différentiel mis au point quelques années plus tôt par Gottfried Wilhelm Leibniz (Isaac Newton ayant développé le formalisme du calcul des fluxions).
65
+
66
+ On se place dans un référentiel (R) donné. Considérons un point matériel M de vecteur position
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+
72
+
73
+ r
74
+
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+
80
+ {\displaystyle {\vec {r}}}
81
+
82
+ et de vecteur vitesse
83
+
84
+
85
+
86
+
87
+
88
+
89
+
90
+ v
91
+
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+
97
+ M
98
+
99
+ /
100
+
101
+ (
102
+ R
103
+ )
104
+
105
+
106
+
107
+ (
108
+ t
109
+ )
110
+
111
+
112
+ {\displaystyle {\vec {v}}_{\mathrm {M/(R)} }(t)}
113
+
114
+ . L'accélération moyenne entre les instants t1 et t2 est le vecteur défini par :
115
+
116
+ La norme de l'accélération s'exprime en mètre par seconde au carré (m s−2, m/s2).
117
+
118
+ Si le référentiel et le point matériel sont définis sans ambiguïté, on allège couramment la notation
119
+
120
+ Avec les mêmes notations, on définit l'accélération instantanée comme étant la dérivée du vecteur vitesse[2] :
121
+
122
+ Comme le vecteur vitesse est lui-même la dérivée du vecteur position
123
+
124
+
125
+
126
+
127
+
128
+
129
+ r
130
+
131
+
132
+
133
+
134
+
135
+
136
+ {\displaystyle {\vec {r}}}
137
+
138
+ du point matériel M, il en résulte que
139
+
140
+
141
+
142
+
143
+
144
+
145
+ a
146
+
147
+
148
+
149
+
150
+
151
+
152
+ {\displaystyle {\vec {a}}}
153
+
154
+ est la dérivée seconde de
155
+
156
+
157
+
158
+
159
+
160
+
161
+ r
162
+
163
+
164
+
165
+
166
+
167
+
168
+ {\displaystyle {\vec {r}}}
169
+
170
+  :
171
+
172
+ Physiquement, le vecteur accélération décrit la variation du vecteur vitesse. Ce dernier pouvant à la fois varier en valeur et en direction, la notion physique d'accélération est plus large que celle employé dans le langage courant, où celle-ci désigne uniquement une variation de la valeur de la vitesse. Du point de vue cinématique, un véhicule effectuant un virage à vitesse constante (en valeur) possède bien une accélération. Il est possible de montrer que celle-ci est normale au vecteur vitesse et dirigée vers le centre de courbure du virage (cf. expression intrinsèque de
173
+
174
+
175
+
176
+
177
+
178
+
179
+ a
180
+
181
+
182
+
183
+
184
+
185
+
186
+ {\displaystyle {\vec {a}}}
187
+
188
+ ).
189
+
190
+ Tout comme le vecteur position et le vecteur vitesse, le vecteur accélération par rapport à un référentiel donné peut s'exprimer dans les différents systèmes de coordonnées : cartésiennes, cylindro-polaires, et sphériques. Il est important de souligner que le choix du système de coordonnées est indépendant de celui du référentiel : le même vecteur accélération pourra donc s'exprimer différemment selon le système de coordonnées choisi.
191
+
192
+ Dans un repère de Frenet il est possible de décomposer l'accélération en deux composantes :
193
+
194
+ Il est possible de démontrer l'expression suivante :
195
+
196
+ où s(t) est l'abscisse curviligne du point matériel et R est le rayon de courbure de la trajectoire au point considéré : c'est le rayon du cercle dit osculateur en ce point. Ce cercle osculateur est le cercle tangent à la trajectoire en ce point qui se rapproche le plus de cette trajectoire autour de ce point.
197
+
198
+ Dans le cas du mouvement rectiligne, le rayon de courbure R tend vers l'infini, et donc l'accélération normale est évidemment nulle.
199
+
200
+ Dans le cas d'un mouvement circulaire le rayon de courbure R est constant et correspond au rayon de la trajectoire. Si le mouvement est en plus uniforme, la composante tangentielle est nulle, et l'accélération est purement normale[a].
201
+
202
+ Un solide, indéformable ou déformable, peut être décrit comme un ensemble de points ; on note Σ le domaine spatial (volume) occupé par le solide, et
203
+
204
+
205
+
206
+ ρ
207
+ (
208
+ M
209
+ )
210
+
211
+
212
+ {\displaystyle \rho (M)}
213
+
214
+ la fonction de masse volumique en un point M. On peut définir un vecteur accélération en chaque point, et ainsi un champ de vecteurs accélération
215
+
216
+
217
+
218
+
219
+
220
+
221
+ a
222
+
223
+
224
+
225
+
226
+ (
227
+
228
+ M
229
+
230
+ )
231
+
232
+
233
+ {\displaystyle {\vec {a}}(\mathrm {M} )}
234
+
235
+ .
236
+
237
+ Dans le cas d'un solide indéformable, si l'on connaît l'accélération en un point A et le vecteur vitesse angulaire
238
+
239
+
240
+
241
+
242
+
243
+
244
+ Ω
245
+
246
+
247
+
248
+
249
+
250
+
251
+ {\displaystyle {\vec {\Omega }}}
252
+
253
+ du solide, on peut déterminer l'accélération en tout point B par la « loi de distribution des accélérations dans un solide indéformable », ou formule de Rivals[3] :
254
+
255
+ Ceci montre que le champ des accélérations n'est pas un torseur.
256
+
257
+ Toutefois, à partir de ce champ, on peut définir le moment dynamique par rapport à un point A du solide
258
+
259
+ Ce moment dynamique est un champ équiprojectif (dans tous les cas, même si le solide est déformable), c'est donc un torseur, appelé « torseur dynamique ». Sa résultante est la quantité d'accélération :
260
+
261
+ Les lois de mouvement d'un corps sont la détermination de la position en fonction du temps
262
+
263
+
264
+
265
+ x
266
+ (
267
+ t
268
+ )
269
+
270
+
271
+ {\displaystyle x(t)}
272
+
273
+ , de la vitesse instantanée en fonction du temps
274
+
275
+
276
+
277
+ v
278
+ (
279
+ t
280
+ )
281
+
282
+
283
+ {\displaystyle v(t)}
284
+
285
+ et de l'accélération instantanée en fonction du temps
286
+
287
+
288
+
289
+ a
290
+ (
291
+ t
292
+ )
293
+
294
+
295
+ {\displaystyle a(t)}
296
+
297
+ , les trois grandeurs étant des grandeurs vectorielles. Comme nous l'avons vu précédemment, le passage d'une grandeur à l'autre se fait par dérivation ou bien résolution d'une équation différentielle (ou, dans les cas simples, intégration). Ceci est le domaine de la cinématique.
298
+
299
+ Si
300
+
301
+
302
+
303
+
304
+
305
+
306
+ a
307
+
308
+
309
+
310
+
311
+ =
312
+
313
+
314
+
315
+ 0
316
+
317
+
318
+
319
+
320
+
321
+
322
+ {\displaystyle {\vec {a}}={\vec {0}}}
323
+
324
+ alors
325
+
326
+
327
+
328
+
329
+
330
+
331
+ v
332
+
333
+
334
+
335
+
336
+ =
337
+
338
+
339
+
340
+ c
341
+ t
342
+ e
343
+
344
+
345
+
346
+
347
+
348
+
349
+ {\displaystyle {\vec {v}}={\overrightarrow {\mathrm {cte} }}}
350
+
351
+ et le mouvement du point matériel est rectiligne et uniforme dans (R).
352
+
353
+ On peut simplifier l'étude en posant l'axe x comme étant l'axe du vecteur vitesse, si celui-ci est non nul.
354
+
355
+ Le mouvement du point matériel est alors complètement décrit par la seule donnée de x(t), et l'on a les équations de mouvement :
356
+
357
+ où x0 est l'abscisse initiale : x0=x(t=0). Notons que si
358
+
359
+
360
+
361
+
362
+
363
+
364
+ v
365
+
366
+
367
+
368
+
369
+ =
370
+
371
+
372
+
373
+ 0
374
+
375
+
376
+
377
+
378
+
379
+
380
+ {\displaystyle {\vec {v}}={\vec {0}}}
381
+
382
+ , alors le point est immobile dans le référentiel.
383
+
384
+ Si la direction et la valeur de
385
+
386
+
387
+
388
+
389
+
390
+
391
+ a
392
+
393
+
394
+
395
+
396
+
397
+
398
+ {\displaystyle {\vec {a}}}
399
+
400
+ sont constantes, le mouvement est dit uniformément accéléré. On note
401
+
402
+ Si
403
+
404
+
405
+
406
+
407
+
408
+
409
+ v
410
+
411
+
412
+
413
+
414
+
415
+
416
+ {\displaystyle {\vec {v}}}
417
+
418
+ et
419
+
420
+
421
+
422
+
423
+
424
+
425
+ a
426
+
427
+
428
+
429
+
430
+
431
+
432
+ {\displaystyle {\vec {a}}}
433
+
434
+ sont colinéaires, alors le mouvement est rectiligne (MRUA : mouvement rectiligne uniformément accéléré). On peut simplifier l'étude en posant l'axe x comme étant l'axe commun de l'accélération et du vecteur vitesse. Le mouvement du point matériel est alors complètement décrit par la seule donnée de x(t), et l'on peut exprimer l'accélération comme étant un scalaire :
435
+
436
+ On établit facilement que[4]
437
+
438
+
439
+
440
+ On a :
441
+
442
+ De ceci, on peut également déduire la formule suivante :
443
+
444
+ On extrait t en fonction de v
445
+
446
+ et on le substitue dans l'expression de x :
447
+
448
+ Ce qui nous donne la formule.
449
+
450
+ Par exemple, afin de déterminer la hauteur d'un pont, on lâche une pierre depuis le haut du pont. Si celle-ci met
451
+
452
+
453
+
454
+ Δ
455
+ t
456
+ =
457
+ 2
458
+
459
+ ,
460
+
461
+ 5
462
+ s
463
+
464
+
465
+ {\displaystyle \Delta t=2{,}5s}
466
+
467
+ secondes pour atteindre le sol, quelle est la hauteur du pont ?
468
+
469
+ Sachant que l'accélération vaut
470
+
471
+
472
+
473
+
474
+ a
475
+
476
+ 0
477
+
478
+
479
+ =
480
+ g
481
+ =
482
+ 9
483
+
484
+ ,
485
+
486
+ 81
487
+ m
488
+ .
489
+
490
+ s
491
+
492
+
493
+ 2
494
+
495
+
496
+
497
+
498
+ {\displaystyle a_{0}=g=9{,}81m.s^{-2}}
499
+
500
+ et
501
+
502
+
503
+
504
+
505
+ v
506
+
507
+ 0
508
+
509
+
510
+ =
511
+ 0
512
+
513
+
514
+ {\displaystyle v_{0}=0}
515
+
516
+ (lâcher sans vitesse initiale), la réponse est :
517
+
518
+ On a choisi arbitrairement
519
+
520
+
521
+
522
+
523
+ x
524
+
525
+ 0
526
+
527
+
528
+ =
529
+ 0
530
+
531
+
532
+ {\displaystyle x_{0}=0}
533
+
534
+ .
535
+
536
+ Autre exemple : une voiture a un mouvement rectiligne uniformément accéléré, l'accélération valant 5,6 m/s2. Quelle distance a-t-elle parcouru lorsqu'elle atteint la vitesse de 100 km/h, départ arrêté ?
537
+
538
+ On a :
539
+
540
+ donc, la distance
541
+
542
+
543
+
544
+ d
545
+
546
+
547
+ {\displaystyle d}
548
+
549
+ parcourue vaut :
550
+
551
+ Dans le cas le plus général, la trajectoire d'un point matériel en mouvement uniformément accéléré est plane et correspond à un arc de parabole.
552
+
553
+ Le cas typique est celui de la chute libre d'un corps dans le champ de pesanteur, lorsque l'on néglige le frottement de l'air. Il est important de souligner que la constance de
554
+
555
+
556
+
557
+
558
+
559
+
560
+ a
561
+
562
+
563
+
564
+
565
+
566
+
567
+ {\displaystyle {\vec {a}}}
568
+
569
+ ne préjuge en rien de la forme de la trajectoire, qui dépend en fait des conditions initiales.
570
+
571
+ Si nous considérons que :
572
+
573
+ alors les lois de mouvement sont (voir la démonstration sur l'article Trajectoire parabolique) :
574
+
575
+ Pour une vitesse initiale
576
+
577
+
578
+
579
+
580
+ v
581
+
582
+ 0
583
+
584
+
585
+
586
+
587
+ {\displaystyle v_{0}}
588
+
589
+ non nulle, un angle α ≠ π/2 + kπ et des coordonnées initiales à l'origine (x0 = y0 = z0 = 0), on en déduit que :
590
+
591
+ qui est l'équation d'une parabole. Si
592
+
593
+
594
+
595
+
596
+ v
597
+
598
+ 0
599
+
600
+
601
+ =
602
+ 0
603
+
604
+
605
+ {\displaystyle v_{0}=0}
606
+
607
+ ou si α = π/2 + kπ, on se retrouve dans le cas précédent du MRUA d'axe z.
608
+
609
+ Lorsque la droite portant le vecteur accélération passe toujours par un même point, on parle de mouvement à accélération centrale. Un cas particulier important de ce type de mouvement, où la force causant l'accélération est de type newtonien, est donné par le mouvement képlérien, qui décrit le mouvement des planètes autour du Soleil[b].
610
+
611
+ Un cas particulier simple est celui du mouvement circulaire uniforme : le point matériel est soumis à une accélération centripète valant (voir la section Expression dans un repère de Frenet ci-dessus) :
612
+
613
+ où R est le rayon de la trajectoire et ω est la vitesse angulaire.
614
+
615
+ Par exemple, une voiture roulant à une vitesse uniforme de 30 km/h (8,33 m/s) sur un rond-point de diamètre de 30 m (R = 15 m) subit une accélération valant
616
+
617
+ Le vecteur accélération dépend du référentiel choisi pour l'étude du mouvement. Le mouvement par rapport à un référentiel donné (R), il est possible de déterminer sa nature par rapport à un autre référentiel (R'), en mouvement par rapport à (R), et donc la relation entre le vecteur accélération d'un point matériel M par rapport à (R), noté
618
+
619
+
620
+
621
+
622
+
623
+
624
+
625
+ a
626
+
627
+
628
+
629
+
630
+
631
+ M
632
+
633
+ /
634
+
635
+ (
636
+ R
637
+ )
638
+
639
+
640
+
641
+
642
+ {\displaystyle {\vec {a}}_{M/(R)}}
643
+
644
+ , et celui du même point par rapport à (R'), noté
645
+
646
+
647
+
648
+
649
+
650
+
651
+
652
+ a
653
+
654
+
655
+
656
+
657
+
658
+ M
659
+
660
+ /
661
+
662
+ (
663
+ R
664
+ )
665
+
666
+
667
+
668
+
669
+ {\displaystyle {\vec {a}}_{M/(R)}}
670
+
671
+ .
672
+
673
+ Cette relation est parfois nommée la loi de composition des accélérations, et il est possible de montrer qu'elle se met sous la forme suivante:
674
+
675
+ avec:
676
+
677
+ ω
678
+
679
+
680
+
681
+
682
+
683
+
684
+ R
685
+
686
+
687
+
688
+ /
689
+
690
+ R
691
+
692
+
693
+
694
+
695
+ {\displaystyle {\vec {\omega }}_{R'/R}}
696
+
697
+ étant le vecteur rotation instantané du référentiel (R') par rapport au référentiel (R), et
698
+
699
+
700
+
701
+
702
+
703
+
704
+
705
+ r
706
+
707
+
708
+
709
+
710
+
711
+
712
+
713
+
714
+ {\displaystyle {\vec {r}}'}
715
+
716
+ le vecteur position du point M dans le repère d'origine O' associé au référentiel (R').
717
+
718
+ Le repère d'espace associé au référentiel (R) est noté Oxyz, celui associé au référentiel (R'), en mouvement par rapport à (R), est noté O'x'y'z'. Si M est la position du point matériel,
719
+
720
+
721
+
722
+
723
+
724
+
725
+ r
726
+
727
+
728
+
729
+
730
+ =
731
+
732
+
733
+
734
+ O
735
+ M
736
+
737
+
738
+
739
+
740
+
741
+
742
+ {\displaystyle {\vec {r}}={\overrightarrow {OM}}}
743
+
744
+ et
745
+
746
+
747
+
748
+
749
+
750
+
751
+
752
+ r
753
+
754
+
755
+
756
+
757
+
758
+
759
+ =
760
+
761
+
762
+
763
+
764
+ O
765
+
766
+
767
+ M
768
+
769
+
770
+
771
+
772
+
773
+
774
+ {\displaystyle {\vec {r}}'={\overrightarrow {O'M}}}
775
+
776
+ correspondent aux vecteurs position de M par rapport à (R) et (R'), respectivement. En mécanique classique, le temps présente un caractère absolu, c'est-à-dire que les horloges associées à chacun des deux référentiels, pour lequel une origine des dates communes est choisie, indique la même date dans (R) et (R'), quels que soient leurs mouvements relatifs, par suite
777
+
778
+
779
+
780
+ t
781
+ =
782
+
783
+ t
784
+
785
+
786
+
787
+
788
+ {\displaystyle t=t'}
789
+
790
+ .
791
+
792
+ Le mouvement le plus général du référentiel (R') par rapport au référentiel (R) est la combinaison:
793
+
794
+ Le vecteur position de M dans (R) est donné par
795
+
796
+
797
+
798
+
799
+
800
+
801
+ r
802
+
803
+
804
+
805
+
806
+ =
807
+
808
+
809
+
810
+ O
811
+ M
812
+
813
+
814
+
815
+
816
+ =
817
+
818
+
819
+
820
+ O
821
+
822
+ O
823
+
824
+
825
+
826
+
827
+
828
+
829
+ +
830
+
831
+
832
+
833
+
834
+ O
835
+
836
+
837
+ M
838
+
839
+
840
+
841
+
842
+
843
+
844
+ {\displaystyle {\vec {r}}={\overrightarrow {OM}}={\overrightarrow {OO'}}+{\overrightarrow {O'M}}}
845
+
846
+ , par suite il vient pour le vecteur vitesse du point matériel dans (R):
847
+
848
+ Par ailleurs
849
+
850
+
851
+
852
+
853
+
854
+
855
+
856
+ O
857
+
858
+
859
+ M
860
+
861
+
862
+
863
+
864
+
865
+
866
+ {\displaystyle {\overrightarrow {O'M}}}
867
+
868
+ est le vecteur position de M dans (R') qui s'écrit dans la base du repère d'espace associé à ce référentiel:
869
+
870
+
871
+
872
+
873
+
874
+
875
+
876
+ O
877
+
878
+
879
+ M
880
+
881
+
882
+
883
+
884
+ =
885
+
886
+ x
887
+
888
+
889
+
890
+
891
+
892
+
893
+ e
894
+
895
+
896
+
897
+
898
+
899
+
900
+ x
901
+
902
+
903
+
904
+
905
+ +
906
+
907
+ y
908
+
909
+
910
+
911
+
912
+
913
+
914
+ e
915
+
916
+
917
+
918
+
919
+
920
+
921
+ y
922
+
923
+
924
+
925
+
926
+ +
927
+
928
+ z
929
+
930
+
931
+
932
+
933
+
934
+
935
+ e
936
+
937
+
938
+
939
+
940
+
941
+
942
+ z
943
+
944
+
945
+
946
+
947
+
948
+
949
+ {\displaystyle {\overrightarrow {O'M}}=x'{\vec {e}}_{x'}+y'{\vec {e}}_{y'}+z'{\vec {e}}_{z'}}
950
+
951
+ , par suite:
952
+
953
+
954
+
955
+
956
+
957
+ (
958
+
959
+
960
+
961
+ d
962
+
963
+
964
+
965
+
966
+ O
967
+
968
+
969
+ M
970
+
971
+
972
+
973
+
974
+
975
+
976
+ d
977
+ t
978
+
979
+
980
+
981
+ )
982
+
983
+
984
+ (
985
+ R
986
+ )
987
+
988
+
989
+ =
990
+
991
+
992
+
993
+
994
+ x
995
+
996
+
997
+ ˙
998
+
999
+
1000
+
1001
+
1002
+
1003
+
1004
+
1005
+ e
1006
+
1007
+
1008
+
1009
+
1010
+
1011
+
1012
+ x
1013
+
1014
+
1015
+
1016
+
1017
+ +
1018
+
1019
+
1020
+
1021
+
1022
+ y
1023
+
1024
+
1025
+ ˙
1026
+
1027
+
1028
+
1029
+
1030
+
1031
+
1032
+
1033
+ e
1034
+
1035
+
1036
+
1037
+
1038
+
1039
+
1040
+ y
1041
+
1042
+
1043
+
1044
+
1045
+ +
1046
+
1047
+
1048
+
1049
+
1050
+ z
1051
+
1052
+
1053
+ ˙
1054
+
1055
+
1056
+
1057
+
1058
+
1059
+
1060
+
1061
+ e
1062
+
1063
+
1064
+
1065
+
1066
+
1067
+
1068
+ z
1069
+
1070
+
1071
+
1072
+
1073
+ +
1074
+
1075
+ x
1076
+
1077
+
1078
+
1079
+
1080
+
1081
+
1082
+ ω
1083
+
1084
+
1085
+
1086
+
1087
+
1088
+
1089
+ R
1090
+
1091
+
1092
+
1093
+ /
1094
+
1095
+ R
1096
+
1097
+
1098
+
1099
+
1100
+
1101
+
1102
+
1103
+ e
1104
+
1105
+
1106
+
1107
+
1108
+
1109
+
1110
+ x
1111
+
1112
+
1113
+
1114
+
1115
+ +
1116
+
1117
+ y
1118
+
1119
+
1120
+
1121
+
1122
+
1123
+
1124
+ ω
1125
+
1126
+
1127
+
1128
+
1129
+
1130
+
1131
+ R
1132
+
1133
+
1134
+
1135
+ /
1136
+
1137
+ R
1138
+
1139
+
1140
+
1141
+
1142
+
1143
+
1144
+
1145
+ e
1146
+
1147
+
1148
+
1149
+
1150
+
1151
+
1152
+ y
1153
+
1154
+
1155
+
1156
+
1157
+ +
1158
+
1159
+ z
1160
+
1161
+
1162
+
1163
+
1164
+
1165
+
1166
+ ω
1167
+
1168
+
1169
+
1170
+
1171
+
1172
+
1173
+ R
1174
+
1175
+
1176
+
1177
+ /
1178
+
1179
+ R
1180
+
1181
+
1182
+
1183
+
1184
+
1185
+
1186
+
1187
+ e
1188
+
1189
+
1190
+
1191
+
1192
+
1193
+
1194
+ z
1195
+
1196
+
1197
+
1198
+
1199
+ =
1200
+
1201
+
1202
+
1203
+
1204
+ v
1205
+
1206
+
1207
+
1208
+
1209
+
1210
+ M
1211
+
1212
+ /
1213
+
1214
+
1215
+ R
1216
+
1217
+
1218
+
1219
+
1220
+ +
1221
+
1222
+
1223
+
1224
+
1225
+ ω
1226
+
1227
+
1228
+
1229
+
1230
+
1231
+
1232
+ R
1233
+
1234
+
1235
+
1236
+ /
1237
+
1238
+ R
1239
+
1240
+
1241
+
1242
+
1243
+
1244
+
1245
+
1246
+ r
1247
+
1248
+
1249
+
1250
+
1251
+
1252
+
1253
+
1254
+
1255
+ {\displaystyle \left({\frac {d{\overrightarrow {O'M}}}{dt}}\right)_{(R)}={\dot {x'}}{\vec {e}}_{x'}+{\dot {y'}}{\vec {e}}_{y'}+{\dot {z'}}{\vec {e}}_{z'}+x'{\vec {\omega }}_{R'/R}\wedge {\vec {e}}_{x'}+y'{\vec {\omega }}_{R'/R}\wedge {\vec {e}}_{y'}+z'{\vec {\omega }}_{R'/R}\wedge {\vec {e}}_{z'}={\vec {v}}_{M/R'}+{\vec {\omega }}_{R'/R}\wedge {\vec {r'}}}
1256
+
1257
+ .
1258
+
1259
+ Le vecteur accélération de M dans (R) s'obtient en dérivant le vecteur vitesse
1260
+
1261
+
1262
+
1263
+
1264
+
1265
+
1266
+
1267
+ v
1268
+
1269
+
1270
+
1271
+
1272
+
1273
+ M
1274
+
1275
+ /
1276
+
1277
+ R
1278
+
1279
+
1280
+
1281
+
1282
+ {\displaystyle {\vec {v}}_{M/R}}
1283
+
1284
+ par rapport au temps, dans ce référentiel:
1285
+
1286
+ or il vient aussitôt:
1287
+
1288
+ et
1289
+
1290
+ Finalement, on obtient la formule précédente.
1291
+
1292
+ Le référentiel terrestre étant non galiléen, l'accélération de Coriolis joue un rôle important dans l'interprétation de beaucoup de phénomènes à la surface de la Terre[c]. Par exemple le mouvement des masses d'air et des cyclones, la déviation de la trajectoire des projectiles à grande portée, le changement du plan de mouvement d'un pendule tel que montré par Foucault dans son expérience de 1851 au Panthéon de Paris, ainsi que la légère déviation vers l'est lors de la chute libre.
1293
+
1294
+ L'étude des causes de l'accélération s'appelle la dynamique.
1295
+
1296
+ L'accélération étant une variation du vecteur vitesse par rapport à un référentiel (R) au cours du temps, les causes de l'accélération sont les phénomènes faisant varier le vecteur vitesse. Ces phénomènes sont appelés des forces, et sont définies, en mécanique newtonienne, par le principe fondamental de la dynamique (2e loi de Newton) :
1297
+
1298
+ où m est la masse du corps.
1299
+
1300
+ Il faut distinguer deux types de forces :
1301
+
1302
+ Les forces d'inertie sont simplement un artefact de calcul provenant des lois de composition des mouvements.
1303
+
1304
+ L'accélération, en tant que vecteur, n'est qu'un descriptif du mouvement. L'accélération, en tant que phénomène, est simplement un état dynamique (état dans lequel le vecteur vitesse varie). D'un point de vue causal, on ne peut donc pas à proprement parler de conséquences de l'accélération, mais plutôt de conséquences des interactions provoquant cet état accéléré.
1305
+
1306
+ Considérons le cas d'un solide suivant un mouvement de translation linéique uniformément accélérée, sous l'effet d'une action de contact ou sous l'effet d'une action volumique, à l'équilibre (l'accélération est la même pour toutes les parties). Prenons un modèle simple de solide déformable : il est composé de deux solides indéformables de masse respective m1 et m2, reliées par un ressort de masse négligeable.
1307
+
1308
+ Dans le cas d'une action de contact, le solide est poussé par une force
1309
+
1310
+
1311
+
1312
+
1313
+
1314
+
1315
+
1316
+ F
1317
+
1318
+
1319
+
1320
+
1321
+
1322
+
1323
+
1324
+ {\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}}
1325
+
1326
+ , ce qui crée une accélération
1327
+
1328
+
1329
+
1330
+
1331
+
1332
+
1333
+ a
1334
+
1335
+
1336
+
1337
+
1338
+
1339
+
1340
+ {\displaystyle {\vec {a}}}
1341
+
1342
+ d'intensité F/(m1 + m2) (figure du haut). Si l'on isole le solide 2 (figure du milieu), il a également une accélération d'intensité a ; cela signifie qu'il subit de la part du ressort une force d'intensité F2 = m2a, soit
1343
+
1344
+ Isolons le ressort (figure du bas) ; il subit une force
1345
+
1346
+
1347
+
1348
+
1349
+
1350
+
1351
+
1352
+
1353
+
1354
+ F
1355
+
1356
+
1357
+
1358
+
1359
+
1360
+
1361
+ 2
1362
+
1363
+
1364
+
1365
+
1366
+ {\displaystyle -{\vec {\mathrm {F} }}_{2}}
1367
+
1368
+ de la part du solide 2 (principe des actions réciproques). Sa masse étant négligeable, la résultante des forces qui s'exercent sur lui est nulle, il est donc en compression sous l'effet d'un couple de forces
1369
+
1370
+
1371
+
1372
+ (
1373
+
1374
+
1375
+
1376
+
1377
+
1378
+ F
1379
+
1380
+
1381
+
1382
+
1383
+
1384
+
1385
+ 2
1386
+
1387
+
1388
+ ,
1389
+
1390
+
1391
+
1392
+
1393
+
1394
+
1395
+ F
1396
+
1397
+
1398
+
1399
+
1400
+
1401
+
1402
+ 2
1403
+
1404
+
1405
+ )
1406
+
1407
+
1408
+ {\displaystyle ({\vec {\mathrm {F} }}_{2},-{\vec {\mathrm {F} }}_{2})}
1409
+
1410
+ .
1411
+
1412
+ Cette accélération produit donc, par effet d'inertie, une déformation du solide, ici une compression. Si à l'inverse
1413
+
1414
+
1415
+
1416
+
1417
+
1418
+
1419
+
1420
+ F
1421
+
1422
+
1423
+
1424
+
1425
+
1426
+
1427
+
1428
+ {\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}}
1429
+
1430
+ était une force de traction s'exerçant sur le solide 2, le ressort serait en traction.
1431
+
1432
+ Si l'on se place dans un modèle de solide continu, défini par une fonction de masse volumique ρ(M) sur un domaine spatial Σ. L'accélération au point M vaut
1433
+
1434
+
1435
+
1436
+
1437
+
1438
+
1439
+ a
1440
+
1441
+
1442
+
1443
+
1444
+ (
1445
+
1446
+ M
1447
+
1448
+ )
1449
+
1450
+
1451
+ {\displaystyle {\vec {a}}(\mathrm {M} )}
1452
+
1453
+  ; soit un petit volume dV autour de M, ce volume est donc soumis à des forces dont la résultante vaut
1454
+
1455
+ Si le champ d'accélération est uniforme, on retrouve une forme similaire à l'action du poids. Cela explique qu'une accélération est ressentie de la même manière que la gravité.
1456
+
1457
+ L'étude de cette déformation et de ses conséquences est similaire à la statique.
1458
+
1459
+ Considérons maintenant que ce solide est accéléré par une action volumique. L'ensemble est soumis à une force globale
1460
+
1461
+
1462
+
1463
+
1464
+
1465
+
1466
+
1467
+ F
1468
+
1469
+
1470
+
1471
+
1472
+
1473
+
1474
+
1475
+ {\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}}
1476
+
1477
+ , et chaque partie est soumise à une force volumique propre
1478
+
1479
+
1480
+
1481
+
1482
+
1483
+
1484
+
1485
+
1486
+ F
1487
+
1488
+
1489
+
1490
+
1491
+
1492
+
1493
+ 1
1494
+
1495
+
1496
+
1497
+
1498
+ {\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{1}}
1499
+
1500
+ et
1501
+
1502
+
1503
+
1504
+
1505
+
1506
+
1507
+
1508
+
1509
+ F
1510
+
1511
+
1512
+
1513
+
1514
+
1515
+
1516
+ 2
1517
+
1518
+
1519
+
1520
+
1521
+ {\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{2}}
1522
+
1523
+ . Supposons que la force soit proportionnelle à la masse, ce qui est par exemple le cas du poids. Si l'on isole l'ensemble {solide 1, ressort, solide 2}, il est soumis à la seule force volumique :
1524
+
1525
+ (résultat classique de la chute libre sans résistance de l'air). Si maintenant on isole le solide 2 seul, il est soumis à l'action de sa force volumique propre,
1526
+
1527
+
1528
+
1529
+
1530
+
1531
+
1532
+
1533
+
1534
+ F
1535
+
1536
+
1537
+
1538
+
1539
+
1540
+
1541
+ 2
1542
+
1543
+
1544
+
1545
+
1546
+ {\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{2}}
1547
+
1548
+ , et à l'action du ressort,
1549
+
1550
+
1551
+
1552
+
1553
+
1554
+
1555
+
1556
+
1557
+ F
1558
+
1559
+
1560
+
1561
+
1562
+
1563
+
1564
+
1565
+ r
1566
+
1567
+
1568
+
1569
+
1570
+
1571
+ {\displaystyle {\vec {\mathrm {F} }}_{\mathrm {r} }}
1572
+
1573
+ , on a :
1574
+
1575
+ Donc, le ressort n'est pas comprimé ni étiré, le solide n'est pas déformé.
1576
+
1577
+ Si la force volumique n'est pas proportionnelle à la masse (cas d'une force électromagnétique par exemple), il va y avoir une déformation.
1578
+
1579
+ Comme énoncé plus haut, l'accélération est une grandeur cinématique, c'est-à-dire qu'elle décrit le mouvement. On a deux situations :
1580
+
1581
+ L'accélération peut enfin être mesurée par des accéléromètres.
1582
+
1583
+ Au voisinage de la Terre, tout corps doté d'une masse subit dans le référentiel terrestre[d] une force appelée poids. Pour l'essentiel, celle-ci correspond à la force de gravitation exercée par la Terre sur le corps, ce qui fait que le poids et la force de gravitation sont souvent confondus. À ceci s'ajoutent deux effets, celui de la rotation de la Terre sur elle-même, dépendant donc de la latitude du lieu, et dans une bien moindre mesure celui de l'influence des forces de gravitation exercées par les autres astres (termes de marée)[e]. Cette notion se généralise sans difficulté à un astre quelconque, au voisinage de celui-ci et dans un référentiel qui lui est lié.
1584
+
1585
+ Le poids s'exprime sous la forme du produit de la masse[f] du corps par une accélération
1586
+
1587
+
1588
+
1589
+
1590
+
1591
+
1592
+ g
1593
+
1594
+
1595
+
1596
+
1597
+
1598
+
1599
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
1600
+
1601
+ , appelée pesanteur[g], soit
1602
+
1603
+ La valeur de
1604
+
1605
+
1606
+
1607
+
1608
+
1609
+
1610
+ g
1611
+
1612
+
1613
+
1614
+
1615
+
1616
+
1617
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
1618
+
1619
+ dépend du lieu considéré : la pesanteur constitue donc un champ d'accélération, qui peut être considéré comme uniforme au voisinage d'un lieu donné, pour de faibles variations d'altitude[h].
1620
+
1621
+ La direction de
1622
+
1623
+
1624
+
1625
+
1626
+
1627
+
1628
+ g
1629
+
1630
+
1631
+
1632
+
1633
+
1634
+
1635
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
1636
+
1637
+ en un lieu donné de la surface de la Terre correspond par définition à la verticale de ce lieu. Cette propriété est utilisée par le fil à plomb. Le sens de
1638
+
1639
+
1640
+
1641
+
1642
+
1643
+
1644
+ g
1645
+
1646
+
1647
+
1648
+
1649
+
1650
+
1651
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
1652
+
1653
+ est par définition, le bas. À la surface de la Terre la valeur de moyenne de g est :
1654
+
1655
+ Dans le cas d'une masse qui n'est soumise qu'à cette seule force, lors du mouvement qui par définition est appelé la chute libre[i], et du fait de l'identité de la masse grave et de la masse inerte, tous les corps en chute libre, quelles que soient leurs masses, subissent (en un lieu donné) la même accélération. Par suite, si deux corps de masses différentes, par exemple une plume et une masselotte de plomb, sont lâchés au même moment de la même hauteur, ils arriveront à terre au même moment, à condition de s'abstraire de la résistance de l'air. En pratique cette expérience devra être faite dans un tube où le vide a été fait, ou sur un astre pratiquement dépourvu d'atmosphère comme la Lune.
1656
+
1657
+ Par suite, et bien qu'en toute rigueur la pesanteur en tant que champ d'accélération corresponde à une notion cinématique, elle possède un lien direct avec la notion dynamique de poids, et tout se passe « comme si » un corps laissé « libre » dans ce champ de pesanteur « acquiert » l'accélération
1658
+
1659
+
1660
+
1661
+
1662
+
1663
+
1664
+ g
1665
+
1666
+
1667
+
1668
+
1669
+
1670
+
1671
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
1672
+
1673
+ [j].
1674
+
1675
+ À partir du constat que masse grave et masse inerte ne peuvent être distinguées fonctionnellement, la relativité générale postule, sous le nom de principe d'équivalence, que la force de gravitation ne se distingue pas localement (c'est-à-dire si l'on considère uniquement un point) d'une accélération. Il est important sur le plan conceptuel de connaître cette équivalence, beaucoup de physiciens utilisant pour cette raison, en abrégé, le terme accélération pour désigner indifféremment une modification de vitesse ou la présence dans un champ de gravité, même en l'absence apparente (dans l'espace 3D) de mouvement.
1676
+
1677
+ Tout comme le vecteur accélération est la dérivée du vecteur vitesse par rapport au temps, on peut définir la dérivée de l'accélération par rapport au temps. Il s'agit du vecteur d'à-coup, parfois désigné sous le terme anglais de jerk, qui permet ainsi de quantifier les variations d'accélération et qui est utilisé dans un certain nombre de domaines.
1678
+
1679
+ L'à-coup en jerks est donc la dérivée seconde de la vitesse et dérivée troisième de la distance parcourue.
1680
+
1681
+ Ceux-ci sont décrits notamment sur l'article décrivant l'accélération de la pesanteur terrestre, de 9,81 m/s2, utilisée aussi en tant qu'unité de mesure d'accélération :
1682
+
1683
+ Le génie mécanique consiste à concevoir et fabriquer des machines, c'est-à-dire des systèmes effectuant des mouvements. Une partie importante est le dimensionnement, c'est-à-dire le choix des actionneurs (vérins, moteurs) et des pièces supportant les efforts. Si les masses mises en mouvement et/ou les accélérations sont importantes, les effets dynamiques — les efforts nécessaires pour créer les accélérations, ou bien les efforts résultant des accélérations — ne sont pas négligeables. La détermination de l'accélération instantanée au cours d'un mouvement est donc capitale pour que les pièces résistent, et pour déterminer la consommation d'énergie du système.
1684
+
1685
+ « Le ballet des robots autour d'une caisse automobile en cours d'assemblage, c'est impressionnant. Une usine d'automobiles consomme autant qu'une ville moyenne, et les robots y contribuent largement. C'est pourquoi Siemens et Volkswagen se sont attelés au problème, en visant les causes de surconsommation : les nombreuses accélérations et décélérations des bras robots, à chaque changement de direction. Les partenaires ont donc développé un logiciel de simulation qui crée des trajectoires moins abruptes pour la même tâche à réaliser. Et montré en laboratoire que l'on pouvait gagner jusqu'à 50 % d'énergie[5] ! »
1686
+
1687
+ Dans de nombreux cas, le cahier de charges se résume à « amener un objet d'un point A à un point B en une durée t », la durée t étant parfois exprimée comme une cadence (effectuer le mouvement n fois par heure). La conception consiste à :
1688
+
1689
+ L'accélération joue donc un rôle capital :
1690
+
1691
+ Le terme est aussi utilisé en mathématiques, par exemple l'accélération de la convergence d'une suite (par des procédés comme le Delta-2 d'Aitken) signifie que l'écart entre la valeur des éléments de la suite et sa limite est plus petit que pour la suite initiale à un rang n donné.
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
fr/170.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,128 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le code Morse international[1], ou l’alphabet Morse international, est un code permettant de transmettre un texte à l’aide de séries d’impulsions courtes et longues, qu’elles soient produites par des signes, une lumière, un son ou un geste.
2
+
3
+ Ce code est souvent attribué à Samuel Morse, cependant plusieurs contestent cette primauté, et tendent à attribuer la paternité du langage à son assistant, Alfred Vail[2],[3].
4
+
5
+ Inventé en 1832 pour la télégraphie, ce codage de caractères assigne à chaque lettre, chiffre et signe de ponctuation une combinaison unique de signaux intermittents. Le code morse est considéré comme le précurseur des communications numériques.
6
+
7
+ Le morse est principalement utilisé par les militaires comme moyen de transmission, souvent chiffrée, ainsi que dans le civil pour certaines émissions à caractère automatique : radiobalises en aviation, indicatif d’appel des stations maritimes, des émetteurs internationaux (horloges atomiques), ou bien encore pour la signalisation maritime par certains transpondeurs radar et feux, dits « à lettre morse » (par exemple, la lettre A transmise par un tel feu sous la forme .- signifie « eaux saines »). Le morse est également pratiqué par des amateurs comme de nombreux radioamateurs, scouts (morse sonore et lumineux), plongeurs ou alpinistes (morse lumineux), par des joueurs pour résoudre des énigmes, ainsi que comme sonnerie par défaut de réception de message pour les téléphones portables de marque Nokia (« SMS SMS » en morse).
8
+
9
+ Le code peut être transporté via un signal radio permanent que l’on allume et éteint (onde continue, généralement abrégé en CW, pour continuous wave en anglais), ou une impulsion électrique à travers un câble télégraphique (de nos jours remplacé par d'autres moyens de communication numérique), ou encore un signal visuel (flash lumineux). L’idée qui préside à l’élaboration du code morse est de coder les caractères fréquents avec peu de signaux, et de coder en revanche sur des séquences plus longues les caractères qui reviennent plus rarement. Par exemple, le « e », lettre très fréquente, est codée par un simple point, le plus bref de tous les signes. Les 25 autres lettres sont toutes codées sur quatre signaux au maximum, les chiffres sur cinq signaux. Les séquences plus longues correspondent à des symboles les plus rares : signes de ponctuation, symboles et caractères spéciaux.
10
+
11
+ Parallèlement au code morse[4], des abréviations commerciales plus élaborées ont été créées codant des phrases complètes en un seul mot (groupe de 5 lettres). Les opérateurs de télégraphie conversaient alors en utilisant des mots tels que BYOXO (Essayez-vous de vous dérober ?), LIOUY (Pourquoi ne répondez-vous pas à la question ?) et AYYLU (Confus, réitérez plus clairement). L’intention de ces codes était d’optimiser le coût des transmissions sur les câbles. Les radioamateurs utilisent toujours certains codes appelés code Q et code Z. Ils sont utilisés par les opérateurs afin de s’échanger des informations récurrentes, portant par exemple sur la qualité de la liaison, les changements de fréquences et les télégrammes.
12
+
13
+ Les premières liaisons radiotélégraphiques sans fil utilisant le code morse datent du début du XXe siècle. En 1903, la conférence de Berlin attribue la longueur d’onde de 600 mètres (500 kHz) au trafic en radiotélégraphie morse en mer[5] et officialise en 1906 le signal SOS comme appel de détresse. Jusqu’en 1987[6], plusieurs conférences mondiales des radiocommunications définissent les bandes à utiliser pour les communications en télégraphie morse.
14
+ Depuis le 1er février 1999, dans le cadre du SMDSM 1999, les services maritimes côtiers et mobiles de France et de nombreux autres pays ont abandonné la veille radiotélégraphique obligatoire et cessé les émissions en morse, notamment sur la fréquence de 500 kHz (maritime et aéronautique) et sur la fréquence de 8 364 kHz[7], affectées au trafic de détresse ou d’appel en radiotélégraphie, depuis les années 1970, un système de satellites de télécommunications ayant pris le relais. À partir de ce moment, le trafic maritime radiotélégraphique et radiotéléphonique utilisant les ondes hertziennes commence à décliner lentement. Cependant, il existe encore à ce jour (2010) des fréquences internationales affectées par l’UIT à la diffusion de l’heure, de la météo marine ou aux communications maritimes en radiotélégraphie[6] (parmi d’autres, 4 182 kHz à 4 186,5 kHz, ou 4 187 kHz à 4 202 kHz pouvant aussi être utilisé par l’Aviation civile). La bande des 600 mètres[8] notamment reste utilisée par une vingtaine de pays dans le monde, parmi lesquels : l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Azerbaïdjan, le Cameroun, la Chine, la République du Congo, Djibouti, l’Érythrée, les États-Unis, l’Indonésie, l’Italie, l’Irlande, Oman, la Roumanie, la Fédération de Russie, les Samoa américaines et les Seychelles[9]. À quelques exceptions près, la plupart des stations maritimes encore en activité n’émettent plus en morse que leur indicatif d’appel et éventuellement leur fréquence d’émission[10]. Aujourd’hui, certaines fréquences destinées au trafic en CW [11] de la marine marchande ont encore une affectation, même si elles ne sont plus utilisées que par quelques pays et très rarement[12].
15
+
16
+ Depuis le début du XXe siècle et l’invention de la lampe Aldis, les bateaux peuvent également communiquer en morse lumineux. Alors que la capacité à émettre de tels signaux reste exigée pour devenir officier de la marine marchande dans de nombreux pays, dont la France[13], cette pratique a tendance à devenir rare et ne se retrouve plus que dans la marine de guerre et chez certains plaisanciers.
17
+
18
+ Les premières liaisons radiotélégraphiques aéronautiques remontent au début du XXe siècle et ont cessé avant les années 1970, à une époque où les ballons dirigeables et les avions communiquaient en radiotélégraphie dans la bande aéronautique des 900 mètres (333,33 kHz), en vol au-dessus des mers et des océans dans la bande marine des 600 mètres (500 kHz), sur la longueur d’onde de radiogoniométrie de 450 mètres (666,66 kHz) et jusqu’en 1930 pour un échange de correspondances transcontinental radiotélégraphique au-dessus des océans dans la bande des 1 800 mètres (166,66 kHz).
19
+
20
+ En vol une antenne pendante longue de 120 mètres à 450 mètres avait pour but d'établir les communications radiotélégraphiques sur ces longueurs d’onde. À l’extrémité de l’antenne pendait un plomb de lest avec l’indicatif radio de l’aéronef.
21
+
22
+ Une autre antenne tendue le long de la coque de l’aéronef établissait (à courte distance) les communications radiotélégraphiques en vol et au sol sur la longueur d’onde de 900 mètres (333,33 kHz) et dès 1930 les communications radios NVIS.
23
+
24
+ Les fréquences utilisées autrefois par l’aviation pour les communications (notamment celles voisines de 300 kHz) sont aujourd’hui attribuées aux radiobalises de type NDB qui émettent des signaux radiotélégraphiques automatisés (indicatif composé de deux à trois lettres, transmis en morse à intervalles réguliers). L’aviation utilise également la sous-bande VHF pour d’autres types de radiobalises (systèmes VOR et ILS) qui transmettent également leurs indicatifs (de 3 à 4 lettres) en morse. Pour ce qui est des communications radiotéléphoniques, elles s’effectuent de nos jours sur les bandes VHF pour le trafic local, et HF pour le trafic transcontinental ou transocéanique.
25
+
26
+ Dans certaines circonstances, la radiotélégraphie présente des avantages par rapport à la radiotéléphonie : par exemple, en cas de fort parasitage, il est plus aisé de reconnaître les signaux codés en morse que ceux, beaucoup plus complexes, transmis par la voix. Également, la radiotélégraphie s’avère être un moyen de communication plus discret que la radiotéléphonie qui demande de prononcer les mots hautement et clairement. Pour ces raisons, la plupart des armées dans le monde forment des officiers radio maîtrisant la télégraphie et disposent de fréquences réservées par l’UIT.
27
+
28
+ Il arrive également que les navires de guerre, s’ils sont suffisamment proches, utilisent le morse lumineux appelé le Scott pour communiquer à l’aide d’un projecteur, d'un feu de mâture visible sur tout l'horizon (FVTH) ou d'une lampe Aldis. C’est par exemple le cas lorsqu’ils sont contraints d’observer une période de silence radio.
29
+
30
+ Les radioamateurs utilisent assez fréquemment le code morse pour les communications de loisir en radiotélégraphie et jouissent à cet effet de fréquences allouées par l’UIT.
31
+
32
+ Jusque dans les années 1990, pour obtenir la licence de radioamateur aux États-Unis (de la FCC), il fallait être capable d’envoyer 5 mots encodés en morse par minute. La licence avec le plus de droits exigeait 20 mots par minute. L’épreuve actuelle de lecture au son à l’examen (jusqu'en 2011 en France, uniquement pour la 1re classe de radioamateurisme) requiert une vitesse minimum de 12 mots par minute. Les opérateurs radio militaires et radioamateurs entraînés peuvent comprendre et enregistrer jusqu’à 40 mots par minute.
33
+
34
+ Le Règlement des radiocommunications (RR) se compose de règles liées au service de radio amateur. Il est révisé tous les trois ans à la Conférence mondiale des radiocommunications (CMR). La révision de l’article 25 du Règlement des radiocommunications à la Conférence de 2003, en particulier, a supprimé l’exigence de connaissance du code Morse à l’utilisation des fréquences inférieures à 29,7 MHz. Cela affecte la plupart des pays, mais certains (dont la Russie) continuent (en 2008) à l’exiger.
35
+
36
+ Deux types de code morse ont été utilisés, chacun avec ses particularités quant à la représentation des symboles de l’anglais écrit. Le code morse américain[15] a été utilisé dans le système télégraphique à l’origine de la première télécommunication à longue distance. Le code morse international est le code le plus communément utilisé de nos jours [1].
37
+
38
+ C’est en 1838 que Friedrich Clemens Gerke crée un alphabet « morse » très proche de celui que nous connaissons actuellement. Il s'agit d'une modification du code morse originel, plus tard appelé code morse américain. Auparavant, certains espaces étaient plus longs que le point à l'intérieur même d'un caractère, ou le trait pouvait être plus long, comme pour la lettre L. Gerke simplifie le code en n'utilisant plus que deux longueurs standards, le point et le trait.
39
+
40
+ Deux types d’impulsions sont utilisés. Les impulsions courtes (notées « . », point) qui correspondent à une impulsion électrique de 1⁄4 de temps et les longues (notées « - », trait) à une impulsion de 3⁄4 de temps, les impulsions étant elles-mêmes séparées par 1⁄4 de temps (l’unité de temps élémentaire étant alors voisine de la seconde pour la manipulation et l’interprétation humaine).
41
+
42
+ Alors que se développent de plus en plus de variantes du code Morse dans le monde, l'ITU adopte en 1865, comme code morse international, l'alphabet morse de Gerke avec quelques modifications. Il sera rapidement utilisé en Europe. Les compagnies de (radio)télégraphie américaines continueront à utiliser le code originel, qui sera alors appelé code morse américain.
43
+
44
+ Le code morse international est toujours utilisé aujourd’hui (certaines parties du spectre radio sont toujours réservées aux seules transmissions en morse). Utilisant un simple signal radio non modulé, il demande moins d’équipement pour envoyer et recevoir que d’autres formes de communications radio. Il peut être utilisé avec un bruit de fond important, un signal faible et demande très peu de bande passante.
45
+
46
+ On utilise deux symboles « positifs », appelés point et trait (ou « ti » et « taah »), et deux durées d’espacement, la coupure élémentaire entre signaux et l’espace séparant les mots. La durée totale d’émission d’un trait (y compris la coupure élémentaire entre signaux) détermine la vitesse à laquelle le message est envoyé, elle est utilisée en tant que cadence de référence. Un message simple serait écrit (où « ▄ » représente « ti » et « ▄▄▄ » représente « taah ») :
47
+
48
+ Voici la cadence du même message (« = » signifie « signal actif », « · » signifie « signal inactif », chacun ayant pour durée un « ti ») :
49
+
50
+ Conventions de cadence :
51
+
52
+ Les personnes familières du morse écriraient donc « code morse » ainsi : -.-. --- -.. . / -- --- .-. ... . et le prononceraient « taahtitaahti taahtaahtaah taahtiti ti, taahtaah taahtaahtaah titaahti tititi ti ».
53
+
54
+ Il existe d'autres formes de représentation, la représentation compressée, par exemple, qui associe au « ti » un point en bas, et au « taah » un point en haut ou encore le morse en dents de scie.
55
+
56
+ Les opérateurs composent des messages en morse à l’aide d'un dispositif appelé manipulateur.
57
+
58
+ La vitesse de manipulation s’exprime en mots par minute, et varie d’une dizaine de mots par minute pour un débutant ou une identification d’émetteur compréhensible par tous, à 60 mots par minute ou plus pour un manipulateur expert. Le record est détenu par Ted McElroy qui atteint le score de 75,2 mots par minute au championnat mondial de 1939, à Asheville[17].
59
+
60
+ Il existe également des générateurs informatiques automatiques, qui sont généralement couplés avec des décodeurs automatiques.
61
+
62
+ Voici quelques tables récapitulant l’alphabet morse et quelques signes communément utilisés.
63
+
64
+ Note : le symbole « @ » a été ajouté en 2004. Il combine le A et le C en un seul caractère.
65
+
66
+ Abréviations et signaux divers à employer dans les radiocommunications du service mobile maritime[18].
67
+
68
+ Une erreur fréquente est de considérer le code de détresse international comme la succession des lettres « S O S » et de l’envoyer en tant que tel (=·=·=···===·===·===···=·=·=). La bonne façon de l’envoyer est en enchaînant les 9 éléments comme s’ils formaient une seule lettre (=·=·=·===·===·===·=·=·=).
69
+
70
+ Lorsque étendre l’alphabet morse à d’autres lettres ne suffit pas, on recourt à d’autres codes.
71
+
72
+ Ainsi, le code wabun est utilisé pour transmettre du texte en japonais. Les symboles représentent des kana syllabiques.
73
+
74
+ En Chine, un autre système était utilisé, le code télégraphique chinois (en).
75
+
76
+ Cette méthode a été inventée par un psychologue allemand, Ludwig Koch, dans les années 1930. C'est une des méthodes permettant un apprentissage rapide du morse.
77
+
78
+ Cette méthode considère que :
79
+
80
+ La méthode Koch nécessite un ordinateur (équipé d'un logiciel spécifique) ou un professeur pour pouvoir écouter du code. En commençant tout de suite avec une vitesse supérieure à 12 mots/minute, elle permet d'apprendre à écouter du code morse correct, et non déformé par une vitesse faible. Elle permet aussi la reconnaissance des caractères par réflexe et sans phase de réflexion (ce qui est de toute façon impossible à une telle vitesse, et aux vitesses supérieures).
81
+
82
+ Dans les méthodes « traditionnelles », on apprend l'ensemble de l'alphabet et on pratique à une vitesse faible, par exemple, 5 mots/min. Avec la méthode Koch, on commence par reconnaître seulement 2 caractères, puis 3, puis 4… mais une vitesse d'au moins 12 mots/minute. Cela évite les frustrations du « plateau des 10 mots/minute » des méthodes « traditionnelles ».
83
+
84
+ On utilise traditionnellement cet ordre pour les caractères : K, M, R, S, U, A, P, T, L, O, W, I, « . », N, J, E, F, 0, Y, « , », V, G, 5, « / », Q, 9, Z, H, 3, 8, B, « ? », 4, 2, 7, C, 1, D, 6, X, <BT>, <SK>, <AR>
85
+
86
+ Donald R. « Russ » Farnsworth propose dans sa méthode d'utiliser la vitesse cible pour l'apprentissage (commencer tout de suite à 20 mots/minute, par exemple) mais avec des espaces inter-mots et inter-lettres plus élevés que requis par la vitesse cible. Elle donne ainsi plus de temps à la compréhension de chaque signe, tout en utilisant une vitesse élevée dès le départ pour la reconnaissance des signes.
87
+
88
+ On peut d'ailleurs combiner la méthode Farnsworth avec la méthode Koch : en commençant à 20 mots/minute, avec 2 caractères, avec des espaces triples par rapport à la normale, par exemple.
89
+
90
+ Il existe différents moyens mnémotechniques assez simples pour apprendre les 26 lettres de l’alphabet en morse mais vu qu’ils induisent des ralentissements dans la compréhension des messages, il n’est pas recommandé de les utiliser pour apprendre le morse à l’oreille.
91
+
92
+ Dans le tableau ci-dessous, un mot est affecté à chaque lettre de l’alphabet. Ces mots se trouvent dans les 3e et 4e colonnes du tableau. Au cas où plusieurs mots possibles sont affectés à une lettre, il suffit d’en choisir un. Le procédé mnémotechnique consiste simplement à apprendre une liste de 26 mots correspondant aux 26 lettres de l’alphabet.
93
+
94
+ Chaque mot traduit le codage morse de la lettre qui lui est associée. Pour chaque syllabe du mot on a un ▄ ou un ▄▄▄. Le ▄▄▄ sera représenté pour une syllabe à consonance « o » ou « on » et le ▄ pour toutes les autres syllabes.
95
+
96
+ Par exemple, pour la lettre P, le mot « psychologie » (Psy/cho/lo/gue) a ses 2 syllabes centrales en « o » (cho/lo), les autres n’ont pas de consonance en « o » ou en « on ». Le code de la lettre P est donc .--. avec 2 signaux longs pour les 2 syllabes centrales et 2 courts aux extrémités pour les syllabes restantes.
97
+
98
+ Un autre moyen est d’utiliser les mots de la dernière colonne du tableau. Pour chaque lettre des mots on a un ti ou un ta. Une consonne représente un ta et une voyelle un ti.
99
+
100
+ Il existe une règle différente pour les lettres composées uniquement de points ou de traits. Il faut retenir les mots mnémotechniques :
101
+
102
+ La position de la lettre dans ces mots renvoie au nombre de traits ou de points.
103
+
104
+ Par exemple, le S est codé par 3 points car la lettre est en 3e position dans le mot « EISH »
105
+
106
+ Le code morse est facilement mémorisable à l’aide des codes courts et longs remplacés par des syllabes. Le code long (-) remplacé par une syllabe en « o ». Le code court (.) remplacé par une des autres voyelles. Par exemple, A = .- = Al/lO (une syllabe en « a » pour le . et une syllabe en « o » pour le -).
107
+
108
+ Pour l’utilisation de la méthode consonne-voyelle, toute consonne remplace un trait (-) alors que toute voyelle signifie un point (.). L’idéal étant de trouver un mot correspondant qui comprend la lettre ou le son et l’on obtient ainsi :
109
+
110
+ Il est aussi simple de mémoriser le S et le O grâce au fameux signal SOS : trois brèves, trois longues, trois brèves (...---...).
111
+
112
+ Pour les personnes qui ont plutôt une mémoire visuelle, il est également possible de retenir l’alphabet morse en utilisant un arbre binaire :
113
+
114
+
115
+
116
+ Les lettres sont regroupées par 2, celle de gauche représentant un (.) et celle de droite un (-). Un symbole (*) est mis quand il n’existe pas de lettre correspondant au code de l’emplacement. Dans cet arbre, le « CH » et les chiffres ne sont pas représentés (car réduisant la lisibilité de l’arbre et ayant peu d’intérêt), mais il ne tient qu’au lecteur de les ajouter pour obtenir un arbre complet. Cela ajouterait une ligne et remplacerait le symbole (*) correspondant à (----).
117
+
118
+ Pour retenir cet arbre, on peut se servir des groupes de lettres et les retenir dans l’ordre des lignes : ET/IA/NM/SU/RW… avec pour chaque groupe un moyen. On peut trouver ses propres moyens à partir de choses côtoyées tous les jours et abrégées, pour plus de facilité à le mémoriser. Sinon on peut reprendre ceux-ci :
119
+
120
+ Certaines personnes retiennent ces groupes de lettres en apprenant une phrase. Par exemple : « Encore très irritée après nos manigances sexuelles, Ursuline réimplora Wendy de kidnapper Gérard ou Hervé, violeurs fanatiques et libérés, en promettant-jurant buter X, ce yankee zélé quadragénaire. » Ici, chaque première lettre de chaque mot doit être prise en compte ; les mots « et » et « en » ayant pour but de combler les « trous » après les lettres « F » et « L ».
121
+
122
+ Une fois l’arbre mémorisé, il suffit alors de le parcourir et à chaque intersection de regarder si on passe par la lettre de gauche (un point) ou celle de droite (un trait). Par exemple :
123
+
124
+ L’avantage de cet arbre est de fonctionner dans les deux sens de transcription de morse vers lettre (partir d’en haut en suivant un trajet et aboutir à la lettre) et de lettre vers morse (trouver la lettre dans l’arbre et en déduire le trajet, donc le code, en partant du haut) avec beaucoup de facilité.
125
+
126
+ D’autres moyens existent, qui font appel à des phrases ou à des expressions permettant d’ordonner les signes en fonction de leurs valeurs. Par exemple :
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1700.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,165 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Élisabeth II (prononcé en français [elizabɛt][a] ; en anglais : Elizabeth II, prononcé [əˈlɪzəbəθ])[b], née le 21 avril 1926 à Londres, est la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances. Elle est également le chef du Commonwealth of Nations, organisation regroupant cinquante-trois États.
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+ Lorsque son père George VI accède au trône en 1936 à la suite de l'abdication de son frère Édouard VIII, elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive de la Couronne britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle s'enrôle au sein de l'Auxiliary Territorial Service. Le 20 novembre 1947, elle épouse Philip Mountbatten, prince de Grèce et du Danemark, avec qui elle aura quatre enfants : Charles, prince de Galles, Anne, princesse royale, Andrew, duc d'York et Edward, comte de Wessex.
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+ Elle accède au trône britannique le 6 février 1952 à l'âge de 25 ans. Son couronnement, le 2 juin 1953, est le premier à être retransmis à la télévision. Elle devient le souverain de sept États indépendants du Commonwealth : l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada, Ceylan, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan et le Royaume-Uni. Entre 1956 et 1992, le nombre de ses royaumes change car des territoires obtiennent leur indépendance et certains royaumes deviennent des républiques. En plus de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni susmentionnés, Élisabeth II est aujourd'hui reine de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de Grenade, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Belize, d'Antigua-et-Barbuda et de Saint-Christophe-et-Niévès.
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+ Au cours d'un long règne où elle voit passer quinze Premiers ministres britanniques, elle réalise de nombreuses visites historiques et supervise plusieurs changements constitutionnels dans ses royaumes comme la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni et le rapatriement de la Constitution du Canada. Elle rencontre également des moments difficiles, comme l'assassinat de l'oncle du prince Philip, Louis Mountbatten, les séparations et le divorce de trois de ses enfants en 1992 (année qu'elle qualifie d'annus horribilis), la mort de sa belle-fille, Diana Spencer, en 1997, et les décès de sa mère et de sa sœur en 2002. La reine a dû faire face à de virulentes critiques de la presse à l'encontre de la famille royale, mais le soutien à la monarchie et sa popularité personnelle restent élevés au sein de la population britannique.
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+ Depuis le 9 septembre 2015, elle est le souverain britannique ayant régné le plus longtemps (à ce jour 68 ans, 5 mois et 22 jours), dépassant la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria (63 ans, 7 mois et 2 jours). Le 13 octobre 2016, à la suite de la mort du roi de Thaïlande Rama IX, elle devient le souverain régnant depuis le plus longtemps et la plus âgée actuellement en fonction.
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+ Élisabeth est le premier enfant du prince Albert, duc d'York (futur George VI) et de son épouse, Élisabeth. Son père est le second fils du roi George V et de la reine Mary et sa mère est la plus jeune fille de l'aristocrate écossais Claude Bowes-Lyon, Lord Strathmore Élisabeth naît par césarienne à 2 h 40 le 21 avril 1926 dans la résidence londonienne de ses grands-parents maternels, située au 17 Bruton Street, à Mayfair[1]. Elle est baptisée par l'archevêque d'York, Cosmo Lang, dans la chapelle privée du palais de Buckingham le 29 mai[2],[c]. Elle est nommée Élisabeth en hommage à sa mère, Alexandra en hommage à son arrière-grand-mère la reine mère du roi George V, morte six mois auparavant, et Mary en hommage à sa grand-mère paternelle, la reine Mary[4]. Ses proches la surnommaient « Lilibet »[5]. George V adorait sa petite-fille et lorsqu'il tomba gravement malade en 1929, la presse populaire et ses biographes ultérieurs attribuèrent son rétablissement aux fréquentes visites de la petite Élisabeth qui avait trois ans[6]. Arrière-arrière-petite-fille de la reine Victoria, impératrice des Indes décédée en 1901, elle a connu les trois plus jeunes enfants de sa fameuse trisaïeule et peut être considérée comme une enfant de l'époque victorienne.
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+ La reine Élisabeth a une sœur, Margaret, de quatre ans sa cadette. Les deux princesses sont éduquées à la maison sous la supervision de leur mère et de leur gouvernante, Marion Crawford, surnommée « Crawfie »[7]. L'enseignement se concentre sur l'histoire, l'élocution, la littérature et la musique[8]. Au désarroi de la famille royale[9], Crawford publie en 1950 un livre sur l'enfance d'Élisabeth et de Margaret, intitulé The Little Princesses (Les Petites Princesses), dans lequel elle décrit l'amour d'Élisabeth pour les chevaux et les chiens, sa discipline et son sens des responsabilités[10]. D'autres corroborent ces observations ; Winston Churchill écrit au sujet d'Élisabeth alors qu'elle a deux ans : « Elle a un air autoritaire et une réflexivité époustouflante pour un enfant[11] ». Sa cousine Margaret Rhodes la décrit comme une « petite fille joviale mais extrêmement sensée et bien élevée »[12]. En 1933, âgée de sept ans, la princesse est portraiturée par le peintre des cours royales et du monde aristocratique Philip de Laszlo.
18
+
19
+ En tant que petite-fille d'un monarque dans la lignée masculine, les prédicat et titre complet de la petite fille sont Son Altesse Royale la princesse Élisabeth d'York[d]. Elle est alors troisième dans l'ordre de succession au trône britannique après son oncle, Édouard de Galles et son père, le duc d'York. Même si sa naissance attire l'attention du public, il n'est pas prévu qu'elle devienne un jour reine car le prince de Galles n'a que 31 ans et beaucoup pensent qu'il se mariera et aura des enfants[13]. En 1936, lorsque son grand-père le roi George V décède, son oncle monte sur le trône sous le nom d'Édouard VIII et elle passe en seconde place dans l'ordre de succession. En décembre 1936, Édouard VIII abdique (son intention d'épouser Wallis Simpson, deux fois divorcée, cause une crise constitutionnelle)[14]. Le père d'Élisabeth devient alors roi sous le nom de George VI et elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive avec le titre de Son Altesse Royale la princesse Élisabeth[15]. Si ses parents avaient eu un fils par la suite, elle aurait perdu sa position d'héritière présomptive et son frère serait devenu le prince héritier au trône britannique[16]. Élisabeth reçoit un enseignement privé en histoire constitutionnelle avec Henry Marten, le vice-président du collège d'Eton[17] et elle apprend le français auprès de gouvernantes dont c'était la langue maternelle[18]. Une compagnie de guidisme, la 1re compagnie du palais de Buckingham est spécialement formée pour qu'elle puisse rencontrer des filles de son âge[19].
20
+
21
+ En 1939, les parents d'Élisabeth se rendent au Canada et aux États-Unis. Comme en 1927, lorsqu'ils se rendent en Australie et en Nouvelle-Zélande, Élisabeth reste au Royaume-Uni car son père considère qu'elle est trop jeune pour de tels voyages[20]. Élisabeth « semblait au bord des larmes » au départ de ses parents[21]. Ils échangeaient régulièrement des lettres[21] et le 18 mai, ils réalisèrent le premier appel téléphonique transatlantique de la famille royale[20].
22
+
23
+ Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni entre dans la Seconde Guerre mondiale. Lors de cette période de conflit, alors que les villes anglaises sont fréquemment bombardées par l'aviation allemande, les enfants sont évacués dans les zones rurales. L'homme politique Douglas Hogg suggère que les deux princesses soient évacuées au Canada, mais cette proposition est refusée par la mère d'Élisabeth, qui déclare : « Mes enfants n'iront nulle part sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais[22]. » Les princesses Élisabeth et Margaret restent au château de Balmoral, en Écosse, jusqu'à Noël 1939, puis sont emmenées à Sandringham House, dans le comté de Norfolk[23]. De février à mai 1940, elles résident au Royal Lodge (en) dans le grand parc de Windsor, avant de s'installer au château de Windsor, où elles restent pendant la plus grande partie de la guerre[24]. À Windsor, Élisabeth organise une pantomime à Noël pour soutenir le Queen's Wool Fund, qui achète de la laine pour tricoter des habits militaires[25]. En 1940, alors âgée de 14 ans, elle prononce sa première allocution radiophonique durant une émission pour les enfants de la BBC, dans laquelle elle s'adresse à ceux ayant été évacués[26] :
24
+
25
+ « Nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour aider nos valeureux marins, soldats et aviateurs et nous essayons également de porter notre part du danger et de la tristesse de la guerre. Nous savons, chacun de nous, que tout se terminera bien[26]. »
26
+
27
+ En 1943, à l'âge de 16 ans, Élisabeth réalise sa première apparition publique seule lors d'une inspection des Grenadier Guards, dont elle a été nommée colonel en chef l'année précédente[27]. Alors qu'elle approche de ses 18 ans, la loi est modifiée pour qu'elle puisse devenir l'un des cinq conseillers d'État (en) en cas d'incapacité de son père ou lors d'un déplacement à l'étranger, comme durant sa visite en Italie en juillet 1944[28]. En février 1945, elle rejoint l'Auxiliary Territorial Service avec le grade honoraire de sous-lieutenant[29] (second subaltern). Elle reçoit un entraînement en conduite et mécanique et est promue capitaine honoraire (junior commander) cinq mois plus tard[30],[31].
28
+
29
+ Le 8 mai 1945, les princesses Élisabeth et Margaret se mêlent anonymement à la foule en liesse dans les rues de Londres. Élisabeth déclare ensuite dans l'un de ses rares entretiens : « nous avions demandé à nos parents si nous pouvions sortir et voir de nous-mêmes. Je me souviens que nous étions terrifiées à l'idée que l'on nous reconnaisse… Je me souviens des files d'inconnus se tenant la main et descendant Whitehall, tous ensemble dans une marée de bonheur et de soulagement[32]. »
30
+
31
+ Durant la guerre, le gouvernement cherche à plusieurs reprises à apaiser le nationalisme gallois en rapprochant Élisabeth du Pays de Galles[33]. Il est ainsi suggéré que la princesse devienne connétable du château de Caernarfon, une fonction exercée alors par David Lloyd George. Le secrétaire d'État à l'Intérieur, Herbert Morrison, envisage de la nommer à la tête de l'Urdd Gobaith Cymru (en), l'organisation de jeunesse galloise[33]. Les politiciens gallois proposent qu'Élisabeth devienne princesse de Galles à l'occasion de son 18e anniversaire[34]. Ces projets sont cependant abandonnés pour diverses raisons, dont la peur qu'Élisabeth ne soit associée à des objecteurs de conscience au sein de l'Urdd[33]. En 1946, elle rejoint le Gorsedd des bardes de l'île de Bretagne à l'Eisteddfod Genedlaethol[35].
32
+
33
+ En 1947, la princesse Élisabeth réalise son premier voyage à l'étranger en accompagnant ses parents en Afrique australe. Dans une allocution au Commonwealth of Nations le jour de ses 21 ans, elle fait la promesse suivante :
34
+
35
+ « Je déclare devant vous tous que je consacrerai toute ma vie, qu'elle soit longue ou brève, à votre service et au service de la grande famille impériale dont nous faisons tous partie[36]. »
36
+
37
+ Élisabeth rencontra son futur époux, le prince Philippe de Grèce et de Danemark de cinq ans son aîné en 1934 et 1937[37]. Ils étaient cousins issus de germains étant tous deux par le roi de Danemark, Christian IX, et cousins arrière-issus de germains par la reine Victoria. Ils se rencontrèrent à nouveau au Royal Naval College de Darmouth en juillet 1939 ; même si elle n'avait que 13 ans, Élisabeth déclara qu'elle était tombée amoureuse de Philip et les deux commencèrent à échanger des lettres[38]. Leurs fiançailles furent officiellement annoncées le 9 juillet 1947[39].
38
+
39
+ Cette relation ne fut pas exempte de controverses car Phillip n'était qu'un membre d'une branche cadette de la Maison royale de Grèce et la monarchie grecque avait connu nombres de vicissitudes depuis le début du siècle. De plus, ce prince d'origine étrangère (même s'il avait été naturalisé à la suite de son service dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale) n'était pas particulièrement riche. Certaines de ses sœurs avaient épousé des princes allemands proches du parti nazi[40]. Marion Crawford écrivit, « certains des conseillers du roi considéraient qu'il n'était pas suffisamment bien pour elle. Il était un prince sans maison ou royaume. Certains documents appuyaient clairement et fortement sur les origines étrangères de Philip »[41]. Des biographies ultérieures avancent que la mère d'Élisabeth se serait initialement opposée à l'union en qualifiant même Philip de Hun (équivalent anglais de « boche »)[42]. Elle indiqua cependant vers la fin de sa vie à son biographe Tim Heald que Philip était un « gentleman anglais »[43].
40
+
41
+ Avant le mariage, Philip renonça à ses titres grecs et danois, abandonna l'Église orthodoxe de Grèce pour l'anglicanisme et adopta le titre de Lieutenant Philip Mountbatten en prenant le nom britannique de sa mère[44]. Juste avant le mariage, il fut fait duc d'Édimbourg et reçut le prédicat d'Altesse Royale[45].
42
+
43
+ Élisabeth et Philip se marièrent le 20 novembre 1947 à l'abbaye de Westminster. Ils reçurent environ 2 500 présents venant du monde entier[46]. Comme le Royaume-Uni ne s'était pas encore complètement remis de la guerre, Élisabeth imposa que des coupons de rationnement soient utilisés pour acheter le tissu de sa robe qui fut dessinée par Norman Hartnell (en)[47]. Les proches allemands du duc d'Édimbourg, dont ses trois sœurs[48] survivantes ainsi que le duc de Windsor, l'ancien roi Édouard VIII, ne furent pas invités à la cérémonie[49].
44
+
45
+ Élisabeth donna naissance à son premier enfant, Charles, dès le 14 novembre 1948. Un mois plus tôt, le roi avait délivré des lettres patentes autorisant ses enfants à porter les titres de prince ou de princesse, ce qui leur était théoriquement interdit car leur père n'était plus un prince royal[50]. Un second enfant, la princesse Anne naquit le 15 août 1950[51].
46
+
47
+ À la suite de son mariage, le couple loua Windlesham Moor près du château de Windsor jusqu'au 4 juillet 1949[46] lorsqu'ils s'installèrent à Clarence House à Londres. À plusieurs reprises entre 1949 et 1951, le duc d'Édimbourg fut stationné dans le protectorat britannique de Malte du fait de son rôle d'officier dans la Royal Navy. Élisabeth et lui résidaient alors dans le village maltais de Gwardamanġa où ils louaient la résidence de l'oncle de Philip, Louis Mountbatten. Durant cette période, leurs enfants restèrent au Royaume-Uni[52].
48
+
49
+ En 1951, la santé de George VI décline et Élisabeth le remplace fréquemment pour les cérémonies publiques. Lors de sa visite en Amérique du Nord où elle se rend au Canada et rencontre le président Truman à Washington, D.C. en octobre 1951, son secrétaire particulier, Martin Charteris, porte avec lui le brouillon d'une déclaration d'accession au trône si le roi venait à mourir lors de son voyage[53]. Au début de l'année 1952, Élisabeth et Philip entreprennent une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande avec une escale au Kenya. Le 6 février 1952, alors qu'ils venaient juste de rentrer à leur résidence kényane de Sagana Lodge après une visite du parc national d'Aberdare, ils apprennent la mort du roi[54]. Martin Charteris lui demande de choisir un nom de règne et elle décide de garder Élisabeth, « évidemment »[55]. Elle est alors proclamée reine dans tous ses royaumes sous le nom d'Élisabeth II (une Élisabeth ayant déjà régné au XVIe siècle) et les membres de la cour rentrent hâtivement au Royaume-Uni[56]. En tant que nouveau monarque, elle s'installe au palais de Buckingham[57].
50
+
51
+ Avec l'accession au trône d'Élisabeth, il semblait probable que la Maison royale allait porter le nom de son époux pour devenir la Maison de Mountbatten comme cela était la coutume pour une femme de prendre le nom de son époux. La grand-mère d'Élisabeth, Mary de Teck, et le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, préféraient conserver le nom de Maison de Windsor et le mot Windsor fut maintenu. Le duc se plaignit qu'il « était le seul homme du pays à ne pas avoir le droit de donner son nom à ses propres enfants »[58]. En 1960, après la mort de Mary de Teck en 1953 et la démission de Churchill en 1955, le nom Mountbatten-Windsor fut adopté pour Philip et ses descendants de lignée masculine qui ne portent pas de titres royaux[59].
52
+
53
+ Au milieu des préparatifs pour le couronnement, la princesse Margaret informa sa sœur qu'elle souhaitait épouser l'aviateur Peter Townsend de 16 ans son aîné et ayant deux enfants d'un précédent mariage. La reine lui demanda d'attendre un an ; selon Martin Charteris, « la reine était naturellement compatissante envers la princesse mais je pense qu'elle imaginait, qu'elle espérait, qu'avec le temps, cette liaison s'essoufflerait d'elle-même »[60]. Les chefs politiques étaient opposés à cette union et l'Église d'Angleterre n'autorisait pas le remariage si le divorcé n'était pas veuf. Si Margaret réalisait un mariage civil, il était probable qu'elle devrait renoncer à son droit au trône[61]. Elle décida finalement d'abandonner sa relation avec Townsend[62]. En 1960, elle épousa Antony Armstrong-Jones qui fut fait comte de Snowdon l'année suivante. Ils divorcèrent en 1978 et elle ne se remaria pas[63].
54
+
55
+ Malgré la mort de la reine Mary le 24 mars, les préparatifs du couronnement se poursuivirent et il eut lieu comme prévu le 2 juin 1953[64]. À l'exception de l'eucharistie et de l'onction, l'ensemble de la cérémonie à l'abbaye de Westminster fut retransmis à la télévision pour la première fois de l'histoire[65],[e]. La robe de couronnement fut dessinée par Norman Hartnell (en) et était brodée avec les emblèmes floraux des pays du Commonwealth[70] : la rose Tudor anglaise, le chardon écossais, le poireau gallois, le trèfle irlandais, la feuille d'érable canadienne, le mimosa doré australien, la fougère argentée néo-zélandaise, la protée royale sud-africaine, la fleur de lotus pour l'Inde et Ceylan et le blé, le coton et le jute pakistanais[71].
56
+
57
+ Au cours de son règne, la reine Élisabeth II assista à la transformation de l'Empire britannique en Commonwealth of Nations[72]. Au moment de son accession au trône en 1952, son rôle de chef d'État de multiples États indépendants était déjà établi[73]. Entre 1953 et 1954, la reine et son époux s'embarquèrent dans un tour du monde de six mois. Elle devint ainsi le premier monarque d'Australie et de Nouvelle-Zélande à visiter ces pays[74]. Les visites de la reine attirèrent de larges foules et on estime que les trois quarts de la population australienne l'ont vue à cette occasion[75]. Au cours de son règne, la reine a réalisé plus de 170 visites dans les États du Commonwealth[76] et près d'une centaine dans les États n'en faisant pas partie[77] ; elle est ainsi le chef d'État qui a le plus voyagé dans l'histoire[78].
58
+
59
+ En 1956, le président du Conseil français Guy Mollet et le Premier ministre britannique Anthony Eden évoquèrent la possibilité pour la France de rejoindre le Commonwealth. La proposition ne fut jamais acceptée et la France signa l'année suivante le traité de Rome établissant la Communauté économique européenne, précurseur de l'Union européenne[79]. En novembre 1956, le Royaume-Uni et la France envahirent l'Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez ; l'opération se termina lamentablement et Eden démissionna deux mois plus tard. Louis Mountbatten affirma que la reine était opposée à l'offensive mais Eden nia cette affirmation[80].
60
+
61
+ En l'absence d'un mécanisme formel au sein du parti conservateur pour choisir un nouveau chef après la démission d'Eden, il incomba à la reine de décider qui devait former un nouveau gouvernement. Eden recommanda qu'elle consulte Lord Salisbury, le Lord président du Conseil. Ce dernier et Lord Kilmuir, le lord chancelier sollicitèrent l'avis du Cabinet et de Winston Churchill et la reine nomma le candidat proposé, Harold Macmillan[81].
62
+
63
+ La crise de Suez et le choix du successeur d'Eden donnèrent lieu à la première critique personnelle importante de la reine en 1957. Dans un journal qu'il possédait et éditait[82], Lord Altrincham l'accusa d'être « dépassée »[83] et « incapable d'aligner plus de quelques phrases sans aide ». Les propos d'Altrincham furent condamnés et il fut physiquement agressé[84]. Six ans plus tard, en 1963, Macmillan démissionna et conseilla à la reine de choisir Alec Douglas-Home pour lui succéder, ce qu'elle fit[85]. Elle fut à nouveau critiquée pour avoir nommé un premier ministre sur les conseils d'un petit nombre de ministres ou d'un seul d'entre eux[85]. En 1965, les conservateurs adoptèrent un nouveau mode de désignation de leur chef qui n'imposait plus à la reine de choisir[86].
64
+
65
+ En 1957, elle se rendit aux États-Unis et s'adressa devant l'Assemblée générale des Nations unies au nom du Commonwealth. Lors de la même visite diplomatique, elle inaugura la 23e législature du Canada, devenant ainsi le premier monarque canadien à ouvrir une session parlementaire[87]. Deux ans plus tard, uniquement en sa capacité de reine du Canada, elle retourna aux États-Unis et visita le Canada[87],[88] alors qu'elle avait appris, à son arrivée à Saint-Jean sur l'île de Terre-Neuve, qu'elle attendait son troisième enfant[89]. En 1961, elle se rendit à Chypre, en Inde, au Pakistan, au Népal et en Iran[90]. Lors d'une visite au Ghana la même année, elle rejette les craintes pour sa sécurité même si son hôte, le président Kwame Nkrumah, qui l'avait remplacé en tant que chef d'État du Ghana l'année précédente, était la cible d'assassins[91],[92],[91]. Avant son passage au Québec en 1964, la presse rapporte que des extrémistes du mouvement séparatiste de la province préparent un projet visant à son assassinat[93],[94],[95]. Il n'y eut pas de tentative d'assassinat mais des manifestations éclatèrent alors qu'elle se trouvait à Québec ; le « calme et le courage de la reine face à la violence » furent remarqués[96].
66
+
67
+ Les grossesses ayant précédé les naissances d'Andrew, en 1960, et d'Edward, en 1964, furent les seules occasions au cours desquelles elle ne participa pas à la cérémonie d'ouverture du Parlement britannique durant son règne[97]. En plus de participer aux cérémonies traditionnelles, Élisabeth II introduisit de nouvelles pratiques comme le premier bain de foule royal qui eut lieu lors d'une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande en 1970[98].
68
+
69
+ Les années 1960 et 1970 furent marquées par une accélération de la décolonisation en Afrique et dans les Caraïbes. Plus de vingt pays obtinrent leur indépendance par le biais de transitions négociées vers une plus grande autonomie. En 1965, le premier ministre de Rhodésie déclara cependant unilatéralement l'indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni pour maintenir la domination blanche tout en exprimant sa « loyauté et sa dévotion » à Élisabeth II. Même si la reine le rejeta dans une déclaration formelle et que la Rhodésie fut touchée par des sanctions internationales, le régime de Smith survécut jusqu'en 1979[99].
70
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+ En février 1974, le premier ministre britannique Edward Heath conseilla à la reine d'appeler des élections générales alors qu'elle se trouvait en visite dans les îles du Pacifique, ce qui lui imposa de rentrer au Royaume-Uni[100]. Les élections débouchèrent sur un parlement minoritaire et Heath démissionna quand les négociations en vue de former un gouvernement de coalition avec le parti libéral échouèrent. La reine demanda alors au chef de l'opposition officielle, le travailliste Harold Wilson, de former un gouvernement[101].
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+ Un an plus tard, au paroxysme de la crise constitutionnelle australienne de 1975, le premier ministre australien Gough Whitlam fut limogé par le gouverneur général John Kerr après que le Sénat contrôlé par l'opposition eut refusé les propositions budgétaires de Whitlam[102]. Comme ce dernier disposait d'une majorité à la Chambre des représentants, son président, Gordon Scholes (en), fit appel à la reine pour annuler la décision de Kerr. Élisabeth II refusa en affirmant qu'elle ne pouvait pas intervenir dans des décisions que la constitution de l'Australie réservait au gouverneur général[103]. La crise alimenta les sentiments républicains en Australie[102].
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+ En 1977, Élisabeth II célèbre son jubilé d'argent marquant ses 25 années de règne. Des célébrations et des cérémonies eurent lieu dans tout le Commonwealth et furent généralement organisées au moment de la visite de la souveraine. Ces festivités réaffirmèrent la popularité de la reine malgré la couverture médiatique négative à l'occasion du divorce de la princesse Margaret[104]. En 1978, la reine reçut en visite officielle le dictateur communiste de Roumanie, Nicolae Ceaușescu et son épouse Elena[105], même si elle déclare en privé qu'ils avaient du « sang sur les mains »[106]. L'année suivante est marquée par deux faits divers : la découverte qu'Anthony Blunt, l'ancien conservateur des collections royales, était un espion communiste et l'assassinat de son parent proche, Lord Mountbatten, par l'armée républicaine irlandaise provisoire[107].
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+ Selon l'homme politique canadien Paul Martin, à la fin des années 1970, la reine s'inquiète que la Couronne « signifiait peu pour » le Premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau. Le politique britannique Tony Benn déclare que la reine trouvait Trudeau « assez décevant »[108]. Le républicanisme supposé de Trudeau semblait être confirmé par ses bouffonneries comme les glissades sur les rampes d'escalier du palais de Buckingham, ses pirouettes dans le dos de la reine en 1977 et le retrait de plusieurs symboles royaux canadiens durant son mandat. En 1980, des hommes politiques canadiens se rendant à Londres pour évoquer le rapatriement de la Constitution du Canada trouvèrent la reine « mieux informée… que tout autre politicien ou bureaucrate britannique ». Elle s'intéressait particulièrement au sujet après le rejet de la loi canadienne C-60 qui aurait affecté son statut de chef d'État. Le rapatriement de 1982 supprima le besoin de consulter le Parlement britannique pour modifier la constitution canadienne mais la monarchie fut maintenue. Trudeau déclara dans ses mémoires que la reine était favorable à ses tentatives de réforme constitutionnelle et qu'il fut impressionné par « la grâce qu'elle avait en public » et « la sagesse qu'elle montrait en privé »[109].
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+ Durant la cérémonie du salut aux couleurs en 1981 et six semaines avant le mariage du prince Charles et de Diana Spencer, six coups de feu visèrent la reine alors qu'elle descendait The Mall sur son cheval, Burmese. La police découvrit par la suite qu'il s'agissait de cartouches à blanc. Le tireur, Marcus Sarjeant, fut condamné à cinq ans de prison avant d'être libéré au bout de trois années[110]. Le sang-froid et le contrôle de sa monture par la reine furent largement remarqués[111]. D'avril à septembre 1982, la reine s'inquiéta[112] mais fut fière[113] de son fils, le prince Andrew, qui participa à la guerre des Malouines en tant que pilote d'hélicoptère.
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+ Le 9 juillet 1982, la reine fut réveillée dans sa chambre du palais de Buckingham par un intrus dénommé Michael Fagan (en). Les journaux de l'époque rapportèrent qu'ils discutèrent pendant près de dix minutes avant que la sécurité n'intervienne[114], mais Michael Fagan contredit ces affirmations[115].
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+ Même si elle avait accueilli le président américain Ronald Reagan au château de Windsor en 1982 et s'était rendue dans son ranch californien en 1983, Élisabeth II fut irritée quand l'administration américaine lança l'invasion de la Grenade, l'un de ses royaumes caribéens, sans l'avoir informée au préalable[116].
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+ L'intérêt des médias pour les opinions et la vie privée de la famille royale dans les années 1980 entraînèrent une série de révélations sensationnelles dont la véracité n'était pas toujours établie[117]. Comme Kelvin MacKenzie, le rédacteur en chef de The Sun déclara à son personnel : « Donnez-moi des frasques de la famille royale. Ne vous inquiétez pas si ce n'est pas vrai dans la mesure où il n'y a pas trop de problèmes par la suite »[118]. Le rédacteur de The Observer, Donald Trelford, écrivit dans le numéro du 21 septembre 1986 : « le feuilleton royal a atteint un tel degré d'intérêt public que la frontière entre fiction et réalité a été perdue de vue… Ce n'est pas simplement que certains journaux ne vérifient pas leurs informations ou refusent d'accepter les démentis : ils ne se soucient pas de savoir si ces histoires sont vraies ou non ». Il fut rapporté, principalement par le Sunday Times, que la reine s'inquiétait du fait que les politiques économiques du premier ministre britannique Margaret Thatcher accentuait les divisions de la société et qu'elle était alarmée par le fort taux de chômage, une série d'émeutes en 1981, la violence de la grève des mineurs et le refus du gouvernement de sanctionner le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Les rumeurs provenaient de l'assistant de la reine, Michael Shea, et du secrétaire général du Commonwealth, Shridath Ramphal, mais Shea avança que ses paroles avaient été sorties de leur contexte puis amplifiées par les journalistes[119]. Thatcher aurait ainsi dit que la reine allait voter pour ses opposants du parti social démocrate[120]. Le biographe de Thatcher, John Campbell, affirma qu'il s'agissait « d'un exemple de sottises journalistiques »[121]. Contredisant les rapports parlant de leurs mauvaises relations, Thatcher exprima par la suite son admiration personnelle pour la reine[122] et après son remplacement par John Major, la reine la fit entrer dans les ordres du Mérite et de la Jarretière[123]. L'ancien premier ministre canadien Brian Mulroney déclara qu'Élisabeth II avait joué un « grand rôle en coulisses » pour mettre un terme à l'Apartheid en Afrique du Sud[124],[125].
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+ En 1987 au Canada, la reine exprima publiquement son soutien à l'accord du lac Meech qui divisait la classe politique canadienne et elle fut critiquée par les opposants à ces amendements constitutionnels, dont Pierre Trudeau[124]. La même année, le gouvernement fidjien démocratiquement élu fut renversé par un coup d'État. En tant que monarque des Fidji, Élisabeth II soutint les efforts du gouverneur général Penaia Ganilau pour exercer le pouvoir exécutif et trouver une sortie à la crise mais l'organisateur du coup d'État, Sitiveni Rabuka, déposa Ganilau et abolit la monarchie[126]. Au début de l'année 1991, les estimations par la presse de la richesse personnelle de la reine qui étaient supérieures aux données fournies par le palais et les révélations d'adultères et de mariages tendus dans la famille royale affaiblirent le soutien à la monarchie au Royaume-Uni[127]. La participation des enfants de la reine à un jeu télévisé caritatif appelé It's a Royal Knockout fut tournée en ridicule dans la presse[128] et la reine devint la cible des moqueries[129].
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+ En 1991, après la victoire de la coalition dans la guerre du Golfe, la reine devint le premier souverain britannique à s'adresser à une session conjointe du Congrès des États-Unis[130]. Le 24 novembre 1992, dans un discours marquant ses 40 années de règne, Élisabeth II qualifia 1992 comme son annus horribilis (« année horrible »[131]). En mars, son second fils, le prince Andrew d'York et son épouse Sarah Ferguson se séparèrent ; en avril, sa fille, la princesse Anne divorça de son époux Mark Phillips[132] ; durant une visite officielle en Allemagne en octobre, des manifestants à Dresde lui jetèrent des œufs[133] et en novembre, le château de Windsor fut touché par un grave incendie. La monarchie fut critiquée et cela accrut le désamour du public[134]. Dans un discours inhabituellement personnel, la reine déclara que toute institution doit s'attendre à des critiques mais suggéra qu'elles devraient être réalisées avec « une touche d'humour, de délicatesse et de compréhension »[135]. Deux jours plus tard, le premier ministre John Major annonça une réforme des finances de la monarchie qui se traduisirent par une réduction de la liste civile et obligèrent le souverain à payer un impôt sur le revenu pour la première fois de son histoire[136]. En décembre, le prince Charles et son épouse Diana Spencer annoncèrent officiellement leur séparation[137]. L'année se termina par un procès pour violation du droit d'auteur intenté par la reine contre le journal The Sun qui avait publié le texte de son allocution de Noël deux jours avant sa diffusion. Le journal fut condamné à payer les frais de justice et une indemnité de 200 000 £ qui fut donnée à des organisations caritatives[138].
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+ Dans les années qui suivirent, les révélations sur le mariage de Charles et Diana continuèrent[139]. Même si les idées républicaines semblaient plus populaires que jamais au Royaume-Uni, le républicanisme restait minoritaire et la reine conservait des niveaux d'approbation élevés[140]. Les critiques se concentraient plus sur l'institution monarchique et la famille élargie de la reine que sur ses actions et son propre comportement[141]. Après en avoir discuté avec le premier ministre John Major, l'archevêque de Cantorbéry George Carey, son secrétaire particulier Robert Fellowes et son époux, elle écrivit à Charles et Diana à la fin du mois de décembre 1995 pour leur dire qu'un divorce était préférable[142]. Un an après le divorce qui eut lieu en 1996, Diana mourut dans un accident de la route à Paris le 31 août 1997. La reine était en vacances avec Charles et ses petits-enfants, William et Harry, au château de Balmoral. Les deux enfants de Diana voulurent se rendre à l'église et le couple royal les y accompagna dans la matinée[143]. Après cette unique apparition publique, la reine et le duc d'Édimbourg protégèrent leurs petits-enfants du tourbillon médiatique en les gardant au château pendant cinq jours[144] mais l'opinion publique fut consternée par le fait que la famille royale n'ait pas mis en berne les drapeaux du palais de Buckingham[125],[145]. Pressée par les réactions hostiles, la reine rentra à Londres et accepta de réaliser une allocution télévisée le 5 septembre, la veille des funérailles de Diana[146]. Elle y exprima son admiration pour Diana et ses sentiments « de grand-mère » pour les princes William et Harry[147] ; cet acte fut apprécié par l'opinion publique et l'hostilité s'affaiblit[147].
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+ En 2002, Élisabeth II célèbre ses 50 ans de règne lors de son jubilé d'or. Sa sœur et sa mère étant mortes respectivement en février et en mars, les médias se demandèrent si le jubilé allait être un succès ou un échec[148]. Elle entreprend à nouveau une longue tournée dans ses royaumes en commençant en Jamaïque en février dont elle qualifie le banquet d'adieux de « mémorable » après qu'une coupure de courant eut plongé la résidence du gouverneur général dans le noir[149]. Comme en 1977, des manifestations de joie eurent lieu à chacun de ses déplacements et des monuments sont nommés en son honneur. Un million de personnes assistent chaque jour aux trois journées de célébrations du jubilé à Londres[150] et l'enthousiasme démontré par la foule est bien plus important que ce que les journalistes avaient prévu[151].
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+ Même si elle avait eu peu de problèmes de santé durant sa vie, elle est opérée des deux genoux en 2003. Elle inaugure le 9 octobre 2004 le bâtiment du Parlement écossais à Édimbourg — bien que les députés de la nation constitutive y aient tenu une première séance le 7 septembre —, conséquence du Scotland Act 1998. En octobre 2006, elle ne participe pas à l'inauguration du nouvel Emirates Stadium de Londres en raison d'une déchirure musculaire au dos qui la handicapait depuis l'été[152]. Deux mois plus tard, lors d'une apparition publique, elle porte un pansement à la main droite, ce qui est interprété par la presse comme le signe d'une mauvaise santé[153]. Elle avait en réalité été mordue par l'un de ses corgis alors que deux d'entre eux se battaient[154].
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+ En mai 2007, The Daily Telegraph avance de sources anonymes que la reine était « exaspérée et déçue » par les politiques du Premier ministre Tony Blair, qu'elle s'inquiétait d'un épuisement des troupes en Irak et en Afghanistan et qu'elle avait à plusieurs reprises émis des inquiétudes sur ses politiques rurales[155]. Selon les mêmes sources, elle admirait néanmoins les efforts de Blair pour mettre un terme aux violences en Irlande du Nord[156]. Le 20 mars 2008, dans la cathédrale Saint-Patrick d'Armagh de l'Église d'Irlande, la reine assiste à la première messe du Jeudi Saint (en) organisée en dehors de l'Angleterre et du pays de Galles[157]. À l'invitation de la présidente d'Irlande, Mary McAleese, la reine réalise en mai 2011, la première visite officielle d'un monarque britannique en Irlande depuis son indépendance en 1922[158].
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+ Élisabeth II s'adresse une seconde fois en tant que chef du Commonwealth devant l'Assemblée générale des Nations unies en juillet 2010[159]. Durant son passage à New York, qui suivait une visite au Canada, elle inaugure officiellement un jardin mémorial pour les victimes britanniques des attentats du 11 septembre 2001[160]. La visite de la reine en Australie en octobre 2011, sa onzième depuis 1954, est qualifiée de « tournée d'adieux » par la presse en raison de son âge[161].
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+ Le jubilé de diamant de 2012 marque les 60 années de règne d'Élisabeth II et il est à nouveau célébré dans tout le Commonwealth. Dans un communiqué publié le 6 février, elle indique : « En cette année spéciale, alors que je me consacre à nouveau à votre service, j'espère que nous allons tous nous souvenir de la puissance de l'unité et de la force rassembleuse de la famille, de l'amitié et du bon voisinage… J'espère aussi que cette année de jubilé sera l'occasion d'exprimer notre gratitude pour les avancées majeures réalisées depuis 1952 et d'envisager l'avenir avec sérénité »[162]. Elle et son mari réalisent une tournée au Royaume-Uni tandis que ses enfants et petits-enfants la représentèrent dans les royaumes du Commonwealth[163],[164],[165].
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+ La reine ouvre les Jeux olympiques d'été le 27 juillet et les Jeux paralympiques d'été le 29 août 2012 à Londres. Elle joue son propre rôle dans un court-métrage dans le cadre de la cérémonie d'ouverture avec Daniel Craig dans le rôle de James Bond[166]. Son père avait ouvert les Jeux olympiques de 1948 à Londres, et son arrière-grand-père, Édouard VII, ceux de 1908, également à Londres. Élisabeth II avait également ouvert ceux de 1976 à Montréal et Philip ceux de 1956 à Melbourne[167]. Elle est ainsi la première chef d'État à ouvrir deux Olympiades dans deux pays différents[168].
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+ En décembre 2012, elle devient le premier souverain britannique à assister en temps de paix à une réunion du cabinet britannique depuis George III en 1781 et le secrétaire d'État des Affaires étrangères, William Hague, annonce peu après que la partie auparavant sans nom du sud du territoire antarctique britannique serait nommé terre de la Reine-Élisabeth en son honneur[169],[170]. La reine accorde en 2013 le pardon royal au mathématicien Alan Turing, qui s'est suicidé en 1954 en raison de sa condamnation pour homosexualité. Turing avait participé à la Seconde Guerre mondiale pour le compte du MI6, en déchiffrant des codes allemands, mais avait été condamné peu après à la castration chimique. La reine annonce à titre posthume la totale réhabilitation de Turing, ce qui est largement repris par la presse. Elle assiste en 2014 aux commémorations du 70e anniversaire du débarquement de Normandie aux côtés de son Premier ministre David Cameron et du duc et de la duchesse de Cambridge, William et Kate.
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+ La reine Élisabeth II est le monarque britannique ayant atteint l'âge le plus avancé et ayant le plus long règne devant Victoria (depuis le 9 septembre 2015)[171] et le plus ancien souverain encore en exercice depuis le décès du roi Rama IX de Thaïlande le 13 octobre 2016. Le 20 avril 2018, les chefs de gouvernement du Commonwealth ont annoncé que le prince Charles succéderait à la reine à la tête du Commonwealth à sa disparition. La reine avait déclaré que c'était son « souhait sincère » que Charles la suive dans ce rôle. Le 23 avril 2019, le Grand-duc de Luxembourg, Jean, décède à l'âge de 98 ans, et Élisabeth II devient ainsi le plus ancien monarque vivant du monde.
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+ En novembre 2019, des rumeurs relayées par certains médias britanniques laissent entendre que la reine envisagerait abdiquer d'ici « quelques années », et plus précisément à l'occasion de son 95e anniversaire, en 2021, mais des proches de la famille royale démentent ces rumeurs. La reine n'a pas l'intention d'abdiquer, même si ses engagements publics sont de plus en plus assurés par son fils aîné au fur et à mesure que les années passent[172].
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+ La reine Élisabeth II fête son 94e anniversaire le 21 avril 2020 durant la pandémie de Covid-19, sans les traditionnels 41 coups de canon tirés depuis Hyde Park, et règne désormais depuis plus de 68 ans.
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+ Le 19 mars 2020, la reine Élisabeth II se retire par précaution au château de Windsor alors que la pandémie de Covid-19 frappe le pays. Le palais indique : « La reine ira au château de Windsor pour la période de Pâques le 19 mars, une semaine plus tôt que prévu. Il est probable que la reine y restera après la période de Pâques. » La souveraine de 93 ans avait déjà annoncé quelques jours auparavant le report de plusieurs engagements publics en raison de la pandémie[173]. Le 25 mars suivant, le prince de Galles, hériter de la couronne, est testé positif au coronavirus[174]. Le 30 mars suivant, Charles sort de quarantaine[175]. Le 5 avril 2020, Élisabeth II s'adresse à la nation britannique et au Commonwealth lors d'une allocution télévisée exceptionnelle, la quatrième depuis le début de son règne, enregistrée depuis le château de Windsor où la reine est confinée avec son époux. Elle déclare : « J’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la façon dont [le peuple britannique] a répondu à ce défi. Ceux qui nous succéderont diront que les Britanniques de cette génération étaient aussi forts que tous. Que les attributs de l’autodiscipline, de la bonne résolution tranquille et de la camaraderie caractérisent toujours ce pays »[176]. Le 8 mai 2020, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reine s'est employée à remonter le moral des Britanniques, en leur rappelant qu'ils ne devaient « jamais perdre espoir ». « Au début, les perspectives semblaient sombres, l'issue lointaine, le résultat incertain. [...] Mais nous avons continué à croire que la cause était juste et cette conviction [...] nous a portés. Ne baissez jamais les bras, ne perdez jamais espoir, tel était le message du jour de la Victoire en Europe » a adressé Élisabeth II à son peuple. Ce discours a été diffusé sur la BBC à 20 h, soit l'heure exacte à laquelle son père le roi George VI s'était exprimé à la radio en 1945, soixante-quinze ans plus tôt[177].
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+ Depuis les années 1960, les funérailles de la reine ont été préparées par le gouvernement britannique ainsi que par les médias, qui ont des annonces pré-enregistrées sur la vie et la mort de la reine, ainsi que des séquences de portraits pré-enregistrées. Aussitôt après le décès de la reine, c'est son secrétaire privé qui en sera informé le premier. Dans les minutes qui suivent, ce dernier téléphonera au Premier ministre et lui dira le nom de code « London bridge is down », ce qui fera comprendre au chef du gouvernement que la reine vient de disparaître. La nouvelle sera presque immédiatement relayée par Press Association à tous les autres médias du monde. Ce n’est donc pas la BBC qui aura la primeur de l’information, comme cela avait été le cas jusque-là (la radio avait annoncé la mort de George VI, quatre heures après son décès, le 6 février 1952). Une fois les médias prévenus, un valet en habits de deuil sortira du Palais de Buckingham pour fixer un panneau noir indiquant le décès de Sa Majesté sur les grilles. Au même moment le site internet du Palais se transformera en une page unique, noire, avec le même texte. Les présentateurs des chaînes de télévision britanniques adopteront le même code vestimentaire – tailleurs, costumes et cravates noirs – pour annoncer simultanément le décès d’Élisabeth II. Dans les studios des radios musicales, des voyants clignoteront pour que les présentateurs se préparent à basculer sur les infos et ne diffusent pas de musique trop joyeuse en attendant. Chaque station a déjà préparé des playlists composées de morceaux tristes et mélancoliques. Le pays entrera alors dans une période de deuil national de douze jours. Son successeur — actuellement le prince Charles — sera proclamé roi le lendemain du décès de la reine, à 11 heures du matin, dans la salle principale du Palais Saint James, mais son couronnement n'aura lieu que dans les mois suivants. Les matchs de football pourront se dérouler normalement, à condition d’observer une minute de silence et de jouer l’hymne national, qui sera d’ailleurs modifié en God Save « The King » au lieu de « The Queen ». Mais ce ne sera peut-être pas le cas de tous les sports. À la mort de George VI, en 1952, les compétitions de rugby et de hockey avaient été arrêtées. Les funérailles officielles de la reine auront lieu neuf jours après sa mort. En attendant, sa dépouille sera exposée au Palais de Westminster, 23 heures par jour. Cela devrait permettre à 500 000 personnes de venir lui rendre hommage. La cérémonie des funérailles aura lieu à l'Abbaye de Westminster, la première depuis 1760. Les cloches de Big Ben sonneront à neuf heures, et plus de 2 000 invités seront présents. Quand le cercueil entrera dans l’abbaye, le pays entier suspendra toute activité. Les magasins fermeront, les gares cesseront leurs annonces, les bus s’arrêteront et les conducteurs descendront dans la rue. Lors des funérailles de George VI en 1952, les passagers d’un vol Londres - New York s’étaient levés et, à des kilomètres d’altitude, ils étaient restés debout, la tête inclinée. La reine Élisabeth II sera ensuite inhumée en la Chapelle Saint-Georges du Château de Windsor, aux côtés de son père et de tous ses prédécesseurs[178].
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+ Comme Élisabeth II n'a accordé que de rares entretiens publics, on sait peu de choses de ses opinions privées. En tant que monarque constitutionnel, elle n'exprime pas ses opinions politiques en public. Elle possède un profond sens des devoirs religieux et civiques et prend son serment de couronnement très au sérieux[179]. À côté de son rôle religieux officiel en tant que gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, elle fréquente cette Église et celle d'Écosse[180]. Elle a témoigné de son soutien pour le dialogue interreligieux et a rencontré les chefs d'autres Églises et religions dont quatre papes : Jean XXIII, Jean-Paul II, Benoît XVI et François.
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+ Élisabeth II est la mécène de plus de 600 organisations[181]. Parmi ses principaux centres d'intérêt figurent l'équitation et les chiens, en particulier les Welsh Corgis[182] dont elle est passionnée depuis 1933 et Dookie, le premier Corgi possédé par sa famille[183],[184].
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+ Dans les années 1950 au début de son règne, Élisabeth II était considérée comme une « reine de conte de fées[185] ». Après le traumatisme de la guerre, la période de progrès et de modernisation fut présentée comme une « nouvelle ère élisabéthaine[186] ». En cela les propos de Lord Altrincham de 1957 accusant ses discours d'être ceux d'une « écolière suffisante » étaient particulièrement inhabituels[187]. Dans les années 1960, la monarchie tenta de renvoyer une image plus moderne en réalisant le documentaire télévisé Royal Family montrant la famille royale dans la vie de tous les jours et en retransmettant l'investiture du prince Charles[188]. La reine prit l'habitude de porter des pardessus aux couleurs éclatantes et des chapeaux décorés qui lui permettaient d'être facilement visible dans une foule[189].
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+ Lors de son jubilé d'argent en 1977, les foules étaient véritablement enthousiastes[190] mais les révélations de la presse sur la monarchie dans les années 1980 accrurent les critiques à son encontre[191]. La popularité d'Élisabeth II continua de diminuer dans les années 1990 et sous la pression du public, elle fut obligée de payer un impôt sur le revenu et d'ouvrir le palais de Buckingham[192]. La désaffection envers la monarchie atteignit son maximum après la mort de Diana même si elle diminua après l'allocution de la reine six jours plus tard[193].
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+ En novembre 1999, les électeurs australiens refusèrent la suppression de la monarchie australienne lors d'un référendum[194]. Des sondages en Grande-Bretagne en 2006 et 2007 révélèrent un fort soutien envers Élisabeth II[195],[196],[197] et des référendums aux Tuvalu en 2008 et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines en 2009 rejetèrent des propositions républicaines[198].
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+ La fortune personnelle d'Élisabeth II a fait l'objet de nombreuses spéculations au cours des ans. Le magazine Forbes estima en 2010 que ses biens auraient une valeur d'environ 450 millions de dollars[199] mais une déclaration officielle du palais de Buckingham en 1993 qualifia les estimations de 100 millions de livres de « grossièrement exagérées »[200]. Jock Colville, qui fut l'un de ses secrétaires particuliers et le directeur de sa banque, Coutts, estima en 1971 sa richesse à 2 millions de livres (l'équivalent d'environ 23 millions de livres de 2012[201],[202],[203]). La Royal Collection (qui inclut des œuvres d'art et les Joyaux de la Couronne britannique) n'appartient pas personnellement à la reine et est gérée par une fiducie[204] de même que les résidences royales comme le palais de Buckingham, le château de Windsor[205] et le duché de Lancastre, un portefeuille d'investissement évalué en 2011 à 383 millions de livres[206]. Sandringham House et le château de Balmoral sont des propriétés personnelles de la reine[205]. Le portefeuille du Crown Estate gérant les actifs de la Couronne britannique avait une valeur de 7,3 millions de livres en 2011[207] mais est indépendant de la reine[208].
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+ En 2017, les Paradise Papers révèlent que le Duché de Lancastre, qui gère les fonds privés de la reine, a investi, en 2005, 7,5 millions de livres dans un fonds d'investissement basé dans les Îles Caïmans, un paradis fiscal. Une petite partie de ce montant a en outre été investie dans la chaîne de magasins d'électroménager BrightHouse (en), accusée par les autorités britanniques d'utiliser des méthodes de vente agressives, et condamnée en octobre 2017 par la Financial Conduct Authority à rembourser 16,6 millions d'euros à 249 000 clients ; le directeur financier du Duché de Lancastre, Chris Adcock, indique cependant qu'il ignorait avoir investi dans BrightHouse. Par ailleurs, 5 millions de livres d'Élisabeth II ont été investis dans le Jubilee Absolute Return Fund, un fonds basé aux Bermudes puis à Guernesey (deux paradis fiscaux), qui investissait sur des marchés spéculatifs ; la Couronne nie cependant en avoir tiré de quelconques avantages fiscaux. Les investissements offshore révélés par les Paradise Papers n'étaient auparavant pas divulgués, ce qui a donné lieu à des critiques quant au manque de transparence des placements opérés avec les fonds privés d'Élisabeth II[209],[210].
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+ L'effigie de la reine a été reproduite sur un grand nombre de pièces de monnaie, de billets de banque et de timbres dans les royaumes du Commonwealth.
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+ Le rôle d'Élisabeth II a été interprété à l'écran par :
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135
+ Élisabeth II a également été jouée à la télévision par :
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137
+ Dans le film Les Minions, Bob la fait destituer après avoir extrait Excalibur d'un rocher, mais elle récupère son trône peu après. Elle est représentée dans l'épisode Homer rentre dans la reine des Simpsons.
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+ Jan Ravens faisait la voix de sa marionnette dans l'émission satirique britannique Spitting Image (1984-1996) et l'imitait dans plusieurs émissions radios ou télévisées. Scott Thompson jouait fréquemment la reine dans l'émission comique canadienne The Kids in the Hall au début des années 1990. L'animatrice britannique Tracey Ullman l'imitait régulièrement dans son émission Tracey Takes On....
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+ Élisabeth II possède de nombreux titres et grades militaires honoraires dans tout le Commonwealth, est la souveraine de nombreux ordres dans ses royaumes et a reçu des distinctions et des honneurs dans le monde entier. Elle possède officiellement un titre différent dans chacun de ses royaumes : Reine de Nouvelle-Zélande en Nouvelle-Zélande, reine des Tuvalu dans les Tuvalu, etc. Dans les îles Anglo-Normandes et l'île de Man qui sont des dépendances de la Couronne, elle est désignée respectivement par duc de Normandie[212] et seigneur de Man. Dans certains territoires, son titre officiel comprend « défenseur de la foi » et « duc de Lancastre »[212].
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+ Elle est connue successivement sous les titres de :
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+ Du 21 avril 1944 (jour de ses 18 ans) à son couronnement, les armoiries d'Élisabeth II étaient composées d'un losange portant les armoiries royales du Royaume-Uni différenciées par un lambel de trois points argent ; le point central portant une rose Tudor et les deux autres, une croix de saint Georges[213]. À son accession au trône, elle hérita des diverses armoiries utilisées par son père durant son règne.
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+ Ajout de l'Ordre de la Jarretière en 1947.
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+ La reine possède également des étendards et des drapeaux personnels dans les différents royaumes du Commonwealth[214].
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+ Étendard personnel d'Élisabeth II.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Royaume-Uni.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Australie.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Canada.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Nouvelle Zélande.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Jamaïque.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé à Malte.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Sierra Leone.
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+ Élisabeth II (prononcé en français [elizabɛt][a] ; en anglais : Elizabeth II, prononcé [əˈlɪzəbəθ])[b], née le 21 avril 1926 à Londres, est la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances. Elle est également le chef du Commonwealth of Nations, organisation regroupant cinquante-trois États.
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+ Lorsque son père George VI accède au trône en 1936 à la suite de l'abdication de son frère Édouard VIII, elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive de la Couronne britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle s'enrôle au sein de l'Auxiliary Territorial Service. Le 20 novembre 1947, elle épouse Philip Mountbatten, prince de Grèce et du Danemark, avec qui elle aura quatre enfants : Charles, prince de Galles, Anne, princesse royale, Andrew, duc d'York et Edward, comte de Wessex.
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+ Elle accède au trône britannique le 6 février 1952 à l'âge de 25 ans. Son couronnement, le 2 juin 1953, est le premier à être retransmis à la télévision. Elle devient le souverain de sept États indépendants du Commonwealth : l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada, Ceylan, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan et le Royaume-Uni. Entre 1956 et 1992, le nombre de ses royaumes change car des territoires obtiennent leur indépendance et certains royaumes deviennent des républiques. En plus de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni susmentionnés, Élisabeth II est aujourd'hui reine de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de Grenade, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Belize, d'Antigua-et-Barbuda et de Saint-Christophe-et-Niévès.
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+ Au cours d'un long règne où elle voit passer quinze Premiers ministres britanniques, elle réalise de nombreuses visites historiques et supervise plusieurs changements constitutionnels dans ses royaumes comme la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni et le rapatriement de la Constitution du Canada. Elle rencontre également des moments difficiles, comme l'assassinat de l'oncle du prince Philip, Louis Mountbatten, les séparations et le divorce de trois de ses enfants en 1992 (année qu'elle qualifie d'annus horribilis), la mort de sa belle-fille, Diana Spencer, en 1997, et les décès de sa mère et de sa sœur en 2002. La reine a dû faire face à de virulentes critiques de la presse à l'encontre de la famille royale, mais le soutien à la monarchie et sa popularité personnelle restent élevés au sein de la population britannique.
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+ Depuis le 9 septembre 2015, elle est le souverain britannique ayant régné le plus longtemps (à ce jour 68 ans, 5 mois et 22 jours), dépassant la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria (63 ans, 7 mois et 2 jours). Le 13 octobre 2016, à la suite de la mort du roi de Thaïlande Rama IX, elle devient le souverain régnant depuis le plus longtemps et la plus âgée actuellement en fonction.
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+ Élisabeth est le premier enfant du prince Albert, duc d'York (futur George VI) et de son épouse, Élisabeth. Son père est le second fils du roi George V et de la reine Mary et sa mère est la plus jeune fille de l'aristocrate écossais Claude Bowes-Lyon, Lord Strathmore Élisabeth naît par césarienne à 2 h 40 le 21 avril 1926 dans la résidence londonienne de ses grands-parents maternels, située au 17 Bruton Street, à Mayfair[1]. Elle est baptisée par l'archevêque d'York, Cosmo Lang, dans la chapelle privée du palais de Buckingham le 29 mai[2],[c]. Elle est nommée Élisabeth en hommage à sa mère, Alexandra en hommage à son arrière-grand-mère la reine mère du roi George V, morte six mois auparavant, et Mary en hommage à sa grand-mère paternelle, la reine Mary[4]. Ses proches la surnommaient « Lilibet »[5]. George V adorait sa petite-fille et lorsqu'il tomba gravement malade en 1929, la presse populaire et ses biographes ultérieurs attribuèrent son rétablissement aux fréquentes visites de la petite Élisabeth qui avait trois ans[6]. Arrière-arrière-petite-fille de la reine Victoria, impératrice des Indes décédée en 1901, elle a connu les trois plus jeunes enfants de sa fameuse trisaïeule et peut être considérée comme une enfant de l'époque victorienne.
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+ La reine Élisabeth a une sœur, Margaret, de quatre ans sa cadette. Les deux princesses sont éduquées à la maison sous la supervision de leur mère et de leur gouvernante, Marion Crawford, surnommée « Crawfie »[7]. L'enseignement se concentre sur l'histoire, l'élocution, la littérature et la musique[8]. Au désarroi de la famille royale[9], Crawford publie en 1950 un livre sur l'enfance d'Élisabeth et de Margaret, intitulé The Little Princesses (Les Petites Princesses), dans lequel elle décrit l'amour d'Élisabeth pour les chevaux et les chiens, sa discipline et son sens des responsabilités[10]. D'autres corroborent ces observations ; Winston Churchill écrit au sujet d'Élisabeth alors qu'elle a deux ans : « Elle a un air autoritaire et une réflexivité époustouflante pour un enfant[11] ». Sa cousine Margaret Rhodes la décrit comme une « petite fille joviale mais extrêmement sensée et bien élevée »[12]. En 1933, âgée de sept ans, la princesse est portraiturée par le peintre des cours royales et du monde aristocratique Philip de Laszlo.
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+ En tant que petite-fille d'un monarque dans la lignée masculine, les prédicat et titre complet de la petite fille sont Son Altesse Royale la princesse Élisabeth d'York[d]. Elle est alors troisième dans l'ordre de succession au trône britannique après son oncle, Édouard de Galles et son père, le duc d'York. Même si sa naissance attire l'attention du public, il n'est pas prévu qu'elle devienne un jour reine car le prince de Galles n'a que 31 ans et beaucoup pensent qu'il se mariera et aura des enfants[13]. En 1936, lorsque son grand-père le roi George V décède, son oncle monte sur le trône sous le nom d'Édouard VIII et elle passe en seconde place dans l'ordre de succession. En décembre 1936, Édouard VIII abdique (son intention d'épouser Wallis Simpson, deux fois divorcée, cause une crise constitutionnelle)[14]. Le père d'Élisabeth devient alors roi sous le nom de George VI et elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive avec le titre de Son Altesse Royale la princesse Élisabeth[15]. Si ses parents avaient eu un fils par la suite, elle aurait perdu sa position d'héritière présomptive et son frère serait devenu le prince héritier au trône britannique[16]. Élisabeth reçoit un enseignement privé en histoire constitutionnelle avec Henry Marten, le vice-président du collège d'Eton[17] et elle apprend le français auprès de gouvernantes dont c'était la langue maternelle[18]. Une compagnie de guidisme, la 1re compagnie du palais de Buckingham est spécialement formée pour qu'elle puisse rencontrer des filles de son âge[19].
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+ En 1939, les parents d'Élisabeth se rendent au Canada et aux États-Unis. Comme en 1927, lorsqu'ils se rendent en Australie et en Nouvelle-Zélande, Élisabeth reste au Royaume-Uni car son père considère qu'elle est trop jeune pour de tels voyages[20]. Élisabeth « semblait au bord des larmes » au départ de ses parents[21]. Ils échangeaient régulièrement des lettres[21] et le 18 mai, ils réalisèrent le premier appel téléphonique transatlantique de la famille royale[20].
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23
+ Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni entre dans la Seconde Guerre mondiale. Lors de cette période de conflit, alors que les villes anglaises sont fréquemment bombardées par l'aviation allemande, les enfants sont évacués dans les zones rurales. L'homme politique Douglas Hogg suggère que les deux princesses soient évacuées au Canada, mais cette proposition est refusée par la mère d'Élisabeth, qui déclare : « Mes enfants n'iront nulle part sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais[22]. » Les princesses Élisabeth et Margaret restent au château de Balmoral, en Écosse, jusqu'à Noël 1939, puis sont emmenées à Sandringham House, dans le comté de Norfolk[23]. De février à mai 1940, elles résident au Royal Lodge (en) dans le grand parc de Windsor, avant de s'installer au château de Windsor, où elles restent pendant la plus grande partie de la guerre[24]. À Windsor, Élisabeth organise une pantomime à Noël pour soutenir le Queen's Wool Fund, qui achète de la laine pour tricoter des habits militaires[25]. En 1940, alors âgée de 14 ans, elle prononce sa première allocution radiophonique durant une émission pour les enfants de la BBC, dans laquelle elle s'adresse à ceux ayant été évacués[26] :
24
+
25
+ « Nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour aider nos valeureux marins, soldats et aviateurs et nous essayons également de porter notre part du danger et de la tristesse de la guerre. Nous savons, chacun de nous, que tout se terminera bien[26]. »
26
+
27
+ En 1943, à l'âge de 16 ans, Élisabeth réalise sa première apparition publique seule lors d'une inspection des Grenadier Guards, dont elle a été nommée colonel en chef l'année précédente[27]. Alors qu'elle approche de ses 18 ans, la loi est modifiée pour qu'elle puisse devenir l'un des cinq conseillers d'État (en) en cas d'incapacité de son père ou lors d'un déplacement à l'étranger, comme durant sa visite en Italie en juillet 1944[28]. En février 1945, elle rejoint l'Auxiliary Territorial Service avec le grade honoraire de sous-lieutenant[29] (second subaltern). Elle reçoit un entraînement en conduite et mécanique et est promue capitaine honoraire (junior commander) cinq mois plus tard[30],[31].
28
+
29
+ Le 8 mai 1945, les princesses Élisabeth et Margaret se mêlent anonymement à la foule en liesse dans les rues de Londres. Élisabeth déclare ensuite dans l'un de ses rares entretiens : « nous avions demandé à nos parents si nous pouvions sortir et voir de nous-mêmes. Je me souviens que nous étions terrifiées à l'idée que l'on nous reconnaisse… Je me souviens des files d'inconnus se tenant la main et descendant Whitehall, tous ensemble dans une marée de bonheur et de soulagement[32]. »
30
+
31
+ Durant la guerre, le gouvernement cherche à plusieurs reprises à apaiser le nationalisme gallois en rapprochant Élisabeth du Pays de Galles[33]. Il est ainsi suggéré que la princesse devienne connétable du château de Caernarfon, une fonction exercée alors par David Lloyd George. Le secrétaire d'État à l'Intérieur, Herbert Morrison, envisage de la nommer à la tête de l'Urdd Gobaith Cymru (en), l'organisation de jeunesse galloise[33]. Les politiciens gallois proposent qu'Élisabeth devienne princesse de Galles à l'occasion de son 18e anniversaire[34]. Ces projets sont cependant abandonnés pour diverses raisons, dont la peur qu'Élisabeth ne soit associée à des objecteurs de conscience au sein de l'Urdd[33]. En 1946, elle rejoint le Gorsedd des bardes de l'île de Bretagne à l'Eisteddfod Genedlaethol[35].
32
+
33
+ En 1947, la princesse Élisabeth réalise son premier voyage à l'étranger en accompagnant ses parents en Afrique australe. Dans une allocution au Commonwealth of Nations le jour de ses 21 ans, elle fait la promesse suivante :
34
+
35
+ « Je déclare devant vous tous que je consacrerai toute ma vie, qu'elle soit longue ou brève, à votre service et au service de la grande famille impériale dont nous faisons tous partie[36]. »
36
+
37
+ Élisabeth rencontra son futur époux, le prince Philippe de Grèce et de Danemark de cinq ans son aîné en 1934 et 1937[37]. Ils étaient cousins issus de germains étant tous deux par le roi de Danemark, Christian IX, et cousins arrière-issus de germains par la reine Victoria. Ils se rencontrèrent à nouveau au Royal Naval College de Darmouth en juillet 1939 ; même si elle n'avait que 13 ans, Élisabeth déclara qu'elle était tombée amoureuse de Philip et les deux commencèrent à échanger des lettres[38]. Leurs fiançailles furent officiellement annoncées le 9 juillet 1947[39].
38
+
39
+ Cette relation ne fut pas exempte de controverses car Phillip n'était qu'un membre d'une branche cadette de la Maison royale de Grèce et la monarchie grecque avait connu nombres de vicissitudes depuis le début du siècle. De plus, ce prince d'origine étrangère (même s'il avait été naturalisé à la suite de son service dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale) n'était pas particulièrement riche. Certaines de ses sœurs avaient épousé des princes allemands proches du parti nazi[40]. Marion Crawford écrivit, « certains des conseillers du roi considéraient qu'il n'était pas suffisamment bien pour elle. Il était un prince sans maison ou royaume. Certains documents appuyaient clairement et fortement sur les origines étrangères de Philip »[41]. Des biographies ultérieures avancent que la mère d'Élisabeth se serait initialement opposée à l'union en qualifiant même Philip de Hun (équivalent anglais de « boche »)[42]. Elle indiqua cependant vers la fin de sa vie à son biographe Tim Heald que Philip était un « gentleman anglais »[43].
40
+
41
+ Avant le mariage, Philip renonça à ses titres grecs et danois, abandonna l'Église orthodoxe de Grèce pour l'anglicanisme et adopta le titre de Lieutenant Philip Mountbatten en prenant le nom britannique de sa mère[44]. Juste avant le mariage, il fut fait duc d'Édimbourg et reçut le prédicat d'Altesse Royale[45].
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+ Élisabeth et Philip se marièrent le 20 novembre 1947 à l'abbaye de Westminster. Ils reçurent environ 2 500 présents venant du monde entier[46]. Comme le Royaume-Uni ne s'était pas encore complètement remis de la guerre, Élisabeth imposa que des coupons de rationnement soient utilisés pour acheter le tissu de sa robe qui fut dessinée par Norman Hartnell (en)[47]. Les proches allemands du duc d'Édimbourg, dont ses trois sœurs[48] survivantes ainsi que le duc de Windsor, l'ancien roi Édouard VIII, ne furent pas invités à la cérémonie[49].
44
+
45
+ Élisabeth donna naissance à son premier enfant, Charles, dès le 14 novembre 1948. Un mois plus tôt, le roi avait délivré des lettres patentes autorisant ses enfants à porter les titres de prince ou de princesse, ce qui leur était théoriquement interdit car leur père n'était plus un prince royal[50]. Un second enfant, la princesse Anne naquit le 15 août 1950[51].
46
+
47
+ À la suite de son mariage, le couple loua Windlesham Moor près du château de Windsor jusqu'au 4 juillet 1949[46] lorsqu'ils s'installèrent à Clarence House à Londres. À plusieurs reprises entre 1949 et 1951, le duc d'Édimbourg fut stationné dans le protectorat britannique de Malte du fait de son rôle d'officier dans la Royal Navy. Élisabeth et lui résidaient alors dans le village maltais de Gwardamanġa où ils louaient la résidence de l'oncle de Philip, Louis Mountbatten. Durant cette période, leurs enfants restèrent au Royaume-Uni[52].
48
+
49
+ En 1951, la santé de George VI décline et Élisabeth le remplace fréquemment pour les cérémonies publiques. Lors de sa visite en Amérique du Nord où elle se rend au Canada et rencontre le président Truman à Washington, D.C. en octobre 1951, son secrétaire particulier, Martin Charteris, porte avec lui le brouillon d'une déclaration d'accession au trône si le roi venait à mourir lors de son voyage[53]. Au début de l'année 1952, Élisabeth et Philip entreprennent une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande avec une escale au Kenya. Le 6 février 1952, alors qu'ils venaient juste de rentrer à leur résidence kényane de Sagana Lodge après une visite du parc national d'Aberdare, ils apprennent la mort du roi[54]. Martin Charteris lui demande de choisir un nom de règne et elle décide de garder Élisabeth, « évidemment »[55]. Elle est alors proclamée reine dans tous ses royaumes sous le nom d'Élisabeth II (une Élisabeth ayant déjà régné au XVIe siècle) et les membres de la cour rentrent hâtivement au Royaume-Uni[56]. En tant que nouveau monarque, elle s'installe au palais de Buckingham[57].
50
+
51
+ Avec l'accession au trône d'Élisabeth, il semblait probable que la Maison royale allait porter le nom de son époux pour devenir la Maison de Mountbatten comme cela était la coutume pour une femme de prendre le nom de son époux. La grand-mère d'Élisabeth, Mary de Teck, et le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, préféraient conserver le nom de Maison de Windsor et le mot Windsor fut maintenu. Le duc se plaignit qu'il « était le seul homme du pays à ne pas avoir le droit de donner son nom à ses propres enfants »[58]. En 1960, après la mort de Mary de Teck en 1953 et la démission de Churchill en 1955, le nom Mountbatten-Windsor fut adopté pour Philip et ses descendants de lignée masculine qui ne portent pas de titres royaux[59].
52
+
53
+ Au milieu des préparatifs pour le couronnement, la princesse Margaret informa sa sœur qu'elle souhaitait épouser l'aviateur Peter Townsend de 16 ans son aîné et ayant deux enfants d'un précédent mariage. La reine lui demanda d'attendre un an ; selon Martin Charteris, « la reine était naturellement compatissante envers la princesse mais je pense qu'elle imaginait, qu'elle espérait, qu'avec le temps, cette liaison s'essoufflerait d'elle-même »[60]. Les chefs politiques étaient opposés à cette union et l'Église d'Angleterre n'autorisait pas le remariage si le divorcé n'était pas veuf. Si Margaret réalisait un mariage civil, il était probable qu'elle devrait renoncer à son droit au trône[61]. Elle décida finalement d'abandonner sa relation avec Townsend[62]. En 1960, elle épousa Antony Armstrong-Jones qui fut fait comte de Snowdon l'année suivante. Ils divorcèrent en 1978 et elle ne se remaria pas[63].
54
+
55
+ Malgré la mort de la reine Mary le 24 mars, les préparatifs du couronnement se poursuivirent et il eut lieu comme prévu le 2 juin 1953[64]. À l'exception de l'eucharistie et de l'onction, l'ensemble de la cérémonie à l'abbaye de Westminster fut retransmis à la télévision pour la première fois de l'histoire[65],[e]. La robe de couronnement fut dessinée par Norman Hartnell (en) et était brodée avec les emblèmes floraux des pays du Commonwealth[70] : la rose Tudor anglaise, le chardon écossais, le poireau gallois, le trèfle irlandais, la feuille d'érable canadienne, le mimosa doré australien, la fougère argentée néo-zélandaise, la protée royale sud-africaine, la fleur de lotus pour l'Inde et Ceylan et le blé, le coton et le jute pakistanais[71].
56
+
57
+ Au cours de son règne, la reine Élisabeth II assista à la transformation de l'Empire britannique en Commonwealth of Nations[72]. Au moment de son accession au trône en 1952, son rôle de chef d'État de multiples États indépendants était déjà établi[73]. Entre 1953 et 1954, la reine et son époux s'embarquèrent dans un tour du monde de six mois. Elle devint ainsi le premier monarque d'Australie et de Nouvelle-Zélande à visiter ces pays[74]. Les visites de la reine attirèrent de larges foules et on estime que les trois quarts de la population australienne l'ont vue à cette occasion[75]. Au cours de son règne, la reine a réalisé plus de 170 visites dans les États du Commonwealth[76] et près d'une centaine dans les États n'en faisant pas partie[77] ; elle est ainsi le chef d'État qui a le plus voyagé dans l'histoire[78].
58
+
59
+ En 1956, le président du Conseil français Guy Mollet et le Premier ministre britannique Anthony Eden évoquèrent la possibilité pour la France de rejoindre le Commonwealth. La proposition ne fut jamais acceptée et la France signa l'année suivante le traité de Rome établissant la Communauté économique européenne, précurseur de l'Union européenne[79]. En novembre 1956, le Royaume-Uni et la France envahirent l'Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez ; l'opération se termina lamentablement et Eden démissionna deux mois plus tard. Louis Mountbatten affirma que la reine était opposée à l'offensive mais Eden nia cette affirmation[80].
60
+
61
+ En l'absence d'un mécanisme formel au sein du parti conservateur pour choisir un nouveau chef après la démission d'Eden, il incomba à la reine de décider qui devait former un nouveau gouvernement. Eden recommanda qu'elle consulte Lord Salisbury, le Lord président du Conseil. Ce dernier et Lord Kilmuir, le lord chancelier sollicitèrent l'avis du Cabinet et de Winston Churchill et la reine nomma le candidat proposé, Harold Macmillan[81].
62
+
63
+ La crise de Suez et le choix du successeur d'Eden donnèrent lieu à la première critique personnelle importante de la reine en 1957. Dans un journal qu'il possédait et éditait[82], Lord Altrincham l'accusa d'être « dépassée »[83] et « incapable d'aligner plus de quelques phrases sans aide ». Les propos d'Altrincham furent condamnés et il fut physiquement agressé[84]. Six ans plus tard, en 1963, Macmillan démissionna et conseilla à la reine de choisir Alec Douglas-Home pour lui succéder, ce qu'elle fit[85]. Elle fut à nouveau critiquée pour avoir nommé un premier ministre sur les conseils d'un petit nombre de ministres ou d'un seul d'entre eux[85]. En 1965, les conservateurs adoptèrent un nouveau mode de désignation de leur chef qui n'imposait plus à la reine de choisir[86].
64
+
65
+ En 1957, elle se rendit aux États-Unis et s'adressa devant l'Assemblée générale des Nations unies au nom du Commonwealth. Lors de la même visite diplomatique, elle inaugura la 23e législature du Canada, devenant ainsi le premier monarque canadien à ouvrir une session parlementaire[87]. Deux ans plus tard, uniquement en sa capacité de reine du Canada, elle retourna aux États-Unis et visita le Canada[87],[88] alors qu'elle avait appris, à son arrivée à Saint-Jean sur l'île de Terre-Neuve, qu'elle attendait son troisième enfant[89]. En 1961, elle se rendit à Chypre, en Inde, au Pakistan, au Népal et en Iran[90]. Lors d'une visite au Ghana la même année, elle rejette les craintes pour sa sécurité même si son hôte, le président Kwame Nkrumah, qui l'avait remplacé en tant que chef d'État du Ghana l'année précédente, était la cible d'assassins[91],[92],[91]. Avant son passage au Québec en 1964, la presse rapporte que des extrémistes du mouvement séparatiste de la province préparent un projet visant à son assassinat[93],[94],[95]. Il n'y eut pas de tentative d'assassinat mais des manifestations éclatèrent alors qu'elle se trouvait à Québec ; le « calme et le courage de la reine face à la violence » furent remarqués[96].
66
+
67
+ Les grossesses ayant précédé les naissances d'Andrew, en 1960, et d'Edward, en 1964, furent les seules occasions au cours desquelles elle ne participa pas à la cérémonie d'ouverture du Parlement britannique durant son règne[97]. En plus de participer aux cérémonies traditionnelles, Élisabeth II introduisit de nouvelles pratiques comme le premier bain de foule royal qui eut lieu lors d'une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande en 1970[98].
68
+
69
+ Les années 1960 et 1970 furent marquées par une accélération de la décolonisation en Afrique et dans les Caraïbes. Plus de vingt pays obtinrent leur indépendance par le biais de transitions négociées vers une plus grande autonomie. En 1965, le premier ministre de Rhodésie déclara cependant unilatéralement l'indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni pour maintenir la domination blanche tout en exprimant sa « loyauté et sa dévotion » à Élisabeth II. Même si la reine le rejeta dans une déclaration formelle et que la Rhodésie fut touchée par des sanctions internationales, le régime de Smith survécut jusqu'en 1979[99].
70
+
71
+ En février 1974, le premier ministre britannique Edward Heath conseilla à la reine d'appeler des élections générales alors qu'elle se trouvait en visite dans les îles du Pacifique, ce qui lui imposa de rentrer au Royaume-Uni[100]. Les élections débouchèrent sur un parlement minoritaire et Heath démissionna quand les négociations en vue de former un gouvernement de coalition avec le parti libéral échouèrent. La reine demanda alors au chef de l'opposition officielle, le travailliste Harold Wilson, de former un gouvernement[101].
72
+
73
+ Un an plus tard, au paroxysme de la crise constitutionnelle australienne de 1975, le premier ministre australien Gough Whitlam fut limogé par le gouverneur général John Kerr après que le Sénat contrôlé par l'opposition eut refusé les propositions budgétaires de Whitlam[102]. Comme ce dernier disposait d'une majorité à la Chambre des représentants, son président, Gordon Scholes (en), fit appel à la reine pour annuler la décision de Kerr. Élisabeth II refusa en affirmant qu'elle ne pouvait pas intervenir dans des décisions que la constitution de l'Australie réservait au gouverneur général[103]. La crise alimenta les sentiments républicains en Australie[102].
74
+
75
+ En 1977, Élisabeth II célèbre son jubilé d'argent marquant ses 25 années de règne. Des célébrations et des cérémonies eurent lieu dans tout le Commonwealth et furent généralement organisées au moment de la visite de la souveraine. Ces festivités réaffirmèrent la popularité de la reine malgré la couverture médiatique négative à l'occasion du divorce de la princesse Margaret[104]. En 1978, la reine reçut en visite officielle le dictateur communiste de Roumanie, Nicolae Ceaușescu et son épouse Elena[105], même si elle déclare en privé qu'ils avaient du « sang sur les mains »[106]. L'année suivante est marquée par deux faits divers : la découverte qu'Anthony Blunt, l'ancien conservateur des collections royales, était un espion communiste et l'assassinat de son parent proche, Lord Mountbatten, par l'armée républicaine irlandaise provisoire[107].
76
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+ Selon l'homme politique canadien Paul Martin, à la fin des années 1970, la reine s'inquiète que la Couronne « signifiait peu pour » le Premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau. Le politique britannique Tony Benn déclare que la reine trouvait Trudeau « assez décevant »[108]. Le républicanisme supposé de Trudeau semblait être confirmé par ses bouffonneries comme les glissades sur les rampes d'escalier du palais de Buckingham, ses pirouettes dans le dos de la reine en 1977 et le retrait de plusieurs symboles royaux canadiens durant son mandat. En 1980, des hommes politiques canadiens se rendant à Londres pour évoquer le rapatriement de la Constitution du Canada trouvèrent la reine « mieux informée… que tout autre politicien ou bureaucrate britannique ». Elle s'intéressait particulièrement au sujet après le rejet de la loi canadienne C-60 qui aurait affecté son statut de chef d'État. Le rapatriement de 1982 supprima le besoin de consulter le Parlement britannique pour modifier la constitution canadienne mais la monarchie fut maintenue. Trudeau déclara dans ses mémoires que la reine était favorable à ses tentatives de réforme constitutionnelle et qu'il fut impressionné par « la grâce qu'elle avait en public » et « la sagesse qu'elle montrait en privé »[109].
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+ Durant la cérémonie du salut aux couleurs en 1981 et six semaines avant le mariage du prince Charles et de Diana Spencer, six coups de feu visèrent la reine alors qu'elle descendait The Mall sur son cheval, Burmese. La police découvrit par la suite qu'il s'agissait de cartouches à blanc. Le tireur, Marcus Sarjeant, fut condamné à cinq ans de prison avant d'être libéré au bout de trois années[110]. Le sang-froid et le contrôle de sa monture par la reine furent largement remarqués[111]. D'avril à septembre 1982, la reine s'inquiéta[112] mais fut fière[113] de son fils, le prince Andrew, qui participa à la guerre des Malouines en tant que pilote d'hélicoptère.
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+ Le 9 juillet 1982, la reine fut réveillée dans sa chambre du palais de Buckingham par un intrus dénommé Michael Fagan (en). Les journaux de l'époque rapportèrent qu'ils discutèrent pendant près de dix minutes avant que la sécurité n'intervienne[114], mais Michael Fagan contredit ces affirmations[115].
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+ Même si elle avait accueilli le président américain Ronald Reagan au château de Windsor en 1982 et s'était rendue dans son ranch californien en 1983, Élisabeth II fut irritée quand l'administration américaine lança l'invasion de la Grenade, l'un de ses royaumes caribéens, sans l'avoir informée au préalable[116].
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+ L'intérêt des médias pour les opinions et la vie privée de la famille royale dans les années 1980 entraînèrent une série de révélations sensationnelles dont la véracité n'était pas toujours établie[117]. Comme Kelvin MacKenzie, le rédacteur en chef de The Sun déclara à son personnel : « Donnez-moi des frasques de la famille royale. Ne vous inquiétez pas si ce n'est pas vrai dans la mesure où il n'y a pas trop de problèmes par la suite »[118]. Le rédacteur de The Observer, Donald Trelford, écrivit dans le numéro du 21 septembre 1986 : « le feuilleton royal a atteint un tel degré d'intérêt public que la frontière entre fiction et réalité a été perdue de vue… Ce n'est pas simplement que certains journaux ne vérifient pas leurs informations ou refusent d'accepter les démentis : ils ne se soucient pas de savoir si ces histoires sont vraies ou non ». Il fut rapporté, principalement par le Sunday Times, que la reine s'inquiétait du fait que les politiques économiques du premier ministre britannique Margaret Thatcher accentuait les divisions de la société et qu'elle était alarmée par le fort taux de chômage, une série d'émeutes en 1981, la violence de la grève des mineurs et le refus du gouvernement de sanctionner le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Les rumeurs provenaient de l'assistant de la reine, Michael Shea, et du secrétaire général du Commonwealth, Shridath Ramphal, mais Shea avança que ses paroles avaient été sorties de leur contexte puis amplifiées par les journalistes[119]. Thatcher aurait ainsi dit que la reine allait voter pour ses opposants du parti social démocrate[120]. Le biographe de Thatcher, John Campbell, affirma qu'il s'agissait « d'un exemple de sottises journalistiques »[121]. Contredisant les rapports parlant de leurs mauvaises relations, Thatcher exprima par la suite son admiration personnelle pour la reine[122] et après son remplacement par John Major, la reine la fit entrer dans les ordres du Mérite et de la Jarretière[123]. L'ancien premier ministre canadien Brian Mulroney déclara qu'Élisabeth II avait joué un « grand rôle en coulisses » pour mettre un terme à l'Apartheid en Afrique du Sud[124],[125].
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+ En 1987 au Canada, la reine exprima publiquement son soutien à l'accord du lac Meech qui divisait la classe politique canadienne et elle fut critiquée par les opposants à ces amendements constitutionnels, dont Pierre Trudeau[124]. La même année, le gouvernement fidjien démocratiquement élu fut renversé par un coup d'État. En tant que monarque des Fidji, Élisabeth II soutint les efforts du gouverneur général Penaia Ganilau pour exercer le pouvoir exécutif et trouver une sortie à la crise mais l'organisateur du coup d'État, Sitiveni Rabuka, déposa Ganilau et abolit la monarchie[126]. Au début de l'année 1991, les estimations par la presse de la richesse personnelle de la reine qui étaient supérieures aux données fournies par le palais et les révélations d'adultères et de mariages tendus dans la famille royale affaiblirent le soutien à la monarchie au Royaume-Uni[127]. La participation des enfants de la reine à un jeu télévisé caritatif appelé It's a Royal Knockout fut tournée en ridicule dans la presse[128] et la reine devint la cible des moqueries[129].
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+ En 1991, après la victoire de la coalition dans la guerre du Golfe, la reine devint le premier souverain britannique à s'adresser à une session conjointe du Congrès des États-Unis[130]. Le 24 novembre 1992, dans un discours marquant ses 40 années de règne, Élisabeth II qualifia 1992 comme son annus horribilis (« année horrible »[131]). En mars, son second fils, le prince Andrew d'York et son épouse Sarah Ferguson se séparèrent ; en avril, sa fille, la princesse Anne divorça de son époux Mark Phillips[132] ; durant une visite officielle en Allemagne en octobre, des manifestants à Dresde lui jetèrent des œufs[133] et en novembre, le château de Windsor fut touché par un grave incendie. La monarchie fut critiquée et cela accrut le désamour du public[134]. Dans un discours inhabituellement personnel, la reine déclara que toute institution doit s'attendre à des critiques mais suggéra qu'elles devraient être réalisées avec « une touche d'humour, de délicatesse et de compréhension »[135]. Deux jours plus tard, le premier ministre John Major annonça une réforme des finances de la monarchie qui se traduisirent par une réduction de la liste civile et obligèrent le souverain à payer un impôt sur le revenu pour la première fois de son histoire[136]. En décembre, le prince Charles et son épouse Diana Spencer annoncèrent officiellement leur séparation[137]. L'année se termina par un procès pour violation du droit d'auteur intenté par la reine contre le journal The Sun qui avait publié le texte de son allocution de Noël deux jours avant sa diffusion. Le journal fut condamné à payer les frais de justice et une indemnité de 200 000 £ qui fut donnée à des organisations caritatives[138].
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+ Dans les années qui suivirent, les révélations sur le mariage de Charles et Diana continuèrent[139]. Même si les idées républicaines semblaient plus populaires que jamais au Royaume-Uni, le républicanisme restait minoritaire et la reine conservait des niveaux d'approbation élevés[140]. Les critiques se concentraient plus sur l'institution monarchique et la famille élargie de la reine que sur ses actions et son propre comportement[141]. Après en avoir discuté avec le premier ministre John Major, l'archevêque de Cantorbéry George Carey, son secrétaire particulier Robert Fellowes et son époux, elle écrivit à Charles et Diana à la fin du mois de décembre 1995 pour leur dire qu'un divorce était préférable[142]. Un an après le divorce qui eut lieu en 1996, Diana mourut dans un accident de la route à Paris le 31 août 1997. La reine était en vacances avec Charles et ses petits-enfants, William et Harry, au château de Balmoral. Les deux enfants de Diana voulurent se rendre à l'église et le couple royal les y accompagna dans la matinée[143]. Après cette unique apparition publique, la reine et le duc d'Édimbourg protégèrent leurs petits-enfants du tourbillon médiatique en les gardant au château pendant cinq jours[144] mais l'opinion publique fut consternée par le fait que la famille royale n'ait pas mis en berne les drapeaux du palais de Buckingham[125],[145]. Pressée par les réactions hostiles, la reine rentra à Londres et accepta de réaliser une allocution télévisée le 5 septembre, la veille des funérailles de Diana[146]. Elle y exprima son admiration pour Diana et ses sentiments « de grand-mère » pour les princes William et Harry[147] ; cet acte fut apprécié par l'opinion publique et l'hostilité s'affaiblit[147].
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+ En 2002, Élisabeth II célèbre ses 50 ans de règne lors de son jubilé d'or. Sa sœur et sa mère étant mortes respectivement en février et en mars, les médias se demandèrent si le jubilé allait être un succès ou un échec[148]. Elle entreprend à nouveau une longue tournée dans ses royaumes en commençant en Jamaïque en février dont elle qualifie le banquet d'adieux de « mémorable » après qu'une coupure de courant eut plongé la résidence du gouverneur général dans le noir[149]. Comme en 1977, des manifestations de joie eurent lieu à chacun de ses déplacements et des monuments sont nommés en son honneur. Un million de personnes assistent chaque jour aux trois journées de célébrations du jubilé à Londres[150] et l'enthousiasme démontré par la foule est bien plus important que ce que les journalistes avaient prévu[151].
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+ Même si elle avait eu peu de problèmes de santé durant sa vie, elle est opérée des deux genoux en 2003. Elle inaugure le 9 octobre 2004 le bâtiment du Parlement écossais à Édimbourg — bien que les députés de la nation constitutive y aient tenu une première séance le 7 septembre —, conséquence du Scotland Act 1998. En octobre 2006, elle ne participe pas à l'inauguration du nouvel Emirates Stadium de Londres en raison d'une déchirure musculaire au dos qui la handicapait depuis l'été[152]. Deux mois plus tard, lors d'une apparition publique, elle porte un pansement à la main droite, ce qui est interprété par la presse comme le signe d'une mauvaise santé[153]. Elle avait en réalité été mordue par l'un de ses corgis alors que deux d'entre eux se battaient[154].
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+ En mai 2007, The Daily Telegraph avance de sources anonymes que la reine était « exaspérée et déçue » par les politiques du Premier ministre Tony Blair, qu'elle s'inquiétait d'un épuisement des troupes en Irak et en Afghanistan et qu'elle avait à plusieurs reprises émis des inquiétudes sur ses politiques rurales[155]. Selon les mêmes sources, elle admirait néanmoins les efforts de Blair pour mettre un terme aux violences en Irlande du Nord[156]. Le 20 mars 2008, dans la cathédrale Saint-Patrick d'Armagh de l'Église d'Irlande, la reine assiste à la première messe du Jeudi Saint (en) organisée en dehors de l'Angleterre et du pays de Galles[157]. À l'invitation de la présidente d'Irlande, Mary McAleese, la reine réalise en mai 2011, la première visite officielle d'un monarque britannique en Irlande depuis son indépendance en 1922[158].
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+ Élisabeth II s'adresse une seconde fois en tant que chef du Commonwealth devant l'Assemblée générale des Nations unies en juillet 2010[159]. Durant son passage à New York, qui suivait une visite au Canada, elle inaugure officiellement un jardin mémorial pour les victimes britanniques des attentats du 11 septembre 2001[160]. La visite de la reine en Australie en octobre 2011, sa onzième depuis 1954, est qualifiée de « tournée d'adieux » par la presse en raison de son âge[161].
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+ Le jubilé de diamant de 2012 marque les 60 années de règne d'Élisabeth II et il est à nouveau célébré dans tout le Commonwealth. Dans un communiqué publié le 6 février, elle indique : « En cette année spéciale, alors que je me consacre à nouveau à votre service, j'espère que nous allons tous nous souvenir de la puissance de l'unité et de la force rassembleuse de la famille, de l'amitié et du bon voisinage… J'espère aussi que cette année de jubilé sera l'occasion d'exprimer notre gratitude pour les avancées majeures réalisées depuis 1952 et d'envisager l'avenir avec sérénité »[162]. Elle et son mari réalisent une tournée au Royaume-Uni tandis que ses enfants et petits-enfants la représentèrent dans les royaumes du Commonwealth[163],[164],[165].
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+ La reine ouvre les Jeux olympiques d'été le 27 juillet et les Jeux paralympiques d'été le 29 août 2012 à Londres. Elle joue son propre rôle dans un court-métrage dans le cadre de la cérémonie d'ouverture avec Daniel Craig dans le rôle de James Bond[166]. Son père avait ouvert les Jeux olympiques de 1948 à Londres, et son arrière-grand-père, Édouard VII, ceux de 1908, également à Londres. Élisabeth II avait également ouvert ceux de 1976 à Montréal et Philip ceux de 1956 à Melbourne[167]. Elle est ainsi la première chef d'État à ouvrir deux Olympiades dans deux pays différents[168].
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+ En décembre 2012, elle devient le premier souverain britannique à assister en temps de paix à une réunion du cabinet britannique depuis George III en 1781 et le secrétaire d'État des Affaires étrangères, William Hague, annonce peu après que la partie auparavant sans nom du sud du territoire antarctique britannique serait nommé terre de la Reine-Élisabeth en son honneur[169],[170]. La reine accorde en 2013 le pardon royal au mathématicien Alan Turing, qui s'est suicidé en 1954 en raison de sa condamnation pour homosexualité. Turing avait participé à la Seconde Guerre mondiale pour le compte du MI6, en déchiffrant des codes allemands, mais avait été condamné peu après à la castration chimique. La reine annonce à titre posthume la totale réhabilitation de Turing, ce qui est largement repris par la presse. Elle assiste en 2014 aux commémorations du 70e anniversaire du débarquement de Normandie aux côtés de son Premier ministre David Cameron et du duc et de la duchesse de Cambridge, William et Kate.
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+ La reine Élisabeth II est le monarque britannique ayant atteint l'âge le plus avancé et ayant le plus long règne devant Victoria (depuis le 9 septembre 2015)[171] et le plus ancien souverain encore en exercice depuis le décès du roi Rama IX de Thaïlande le 13 octobre 2016. Le 20 avril 2018, les chefs de gouvernement du Commonwealth ont annoncé que le prince Charles succéderait à la reine à la tête du Commonwealth à sa disparition. La reine avait déclaré que c'était son « souhait sincère » que Charles la suive dans ce rôle. Le 23 avril 2019, le Grand-duc de Luxembourg, Jean, décède à l'âge de 98 ans, et Élisabeth II devient ainsi le plus ancien monarque vivant du monde.
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+ En novembre 2019, des rumeurs relayées par certains médias britanniques laissent entendre que la reine envisagerait abdiquer d'ici « quelques années », et plus précisément à l'occasion de son 95e anniversaire, en 2021, mais des proches de la famille royale démentent ces rumeurs. La reine n'a pas l'intention d'abdiquer, même si ses engagements publics sont de plus en plus assurés par son fils aîné au fur et à mesure que les années passent[172].
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+ La reine Élisabeth II fête son 94e anniversaire le 21 avril 2020 durant la pandémie de Covid-19, sans les traditionnels 41 coups de canon tirés depuis Hyde Park, et règne désormais depuis plus de 68 ans.
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+ Le 19 mars 2020, la reine Élisabeth II se retire par précaution au château de Windsor alors que la pandémie de Covid-19 frappe le pays. Le palais indique : « La reine ira au château de Windsor pour la période de Pâques le 19 mars, une semaine plus tôt que prévu. Il est probable que la reine y restera après la période de Pâques. » La souveraine de 93 ans avait déjà annoncé quelques jours auparavant le report de plusieurs engagements publics en raison de la pandémie[173]. Le 25 mars suivant, le prince de Galles, hériter de la couronne, est testé positif au coronavirus[174]. Le 30 mars suivant, Charles sort de quarantaine[175]. Le 5 avril 2020, Élisabeth II s'adresse à la nation britannique et au Commonwealth lors d'une allocution télévisée exceptionnelle, la quatrième depuis le début de son règne, enregistrée depuis le château de Windsor où la reine est confinée avec son époux. Elle déclare : « J’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la façon dont [le peuple britannique] a répondu à ce défi. Ceux qui nous succéderont diront que les Britanniques de cette génération étaient aussi forts que tous. Que les attributs de l’autodiscipline, de la bonne résolution tranquille et de la camaraderie caractérisent toujours ce pays »[176]. Le 8 mai 2020, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reine s'est employée à remonter le moral des Britanniques, en leur rappelant qu'ils ne devaient « jamais perdre espoir ». « Au début, les perspectives semblaient sombres, l'issue lointaine, le résultat incertain. [...] Mais nous avons continué à croire que la cause était juste et cette conviction [...] nous a portés. Ne baissez jamais les bras, ne perdez jamais espoir, tel était le message du jour de la Victoire en Europe » a adressé Élisabeth II à son peuple. Ce discours a été diffusé sur la BBC à 20 h, soit l'heure exacte à laquelle son père le roi George VI s'était exprimé à la radio en 1945, soixante-quinze ans plus tôt[177].
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+ Depuis les années 1960, les funérailles de la reine ont été préparées par le gouvernement britannique ainsi que par les médias, qui ont des annonces pré-enregistrées sur la vie et la mort de la reine, ainsi que des séquences de portraits pré-enregistrées. Aussitôt après le décès de la reine, c'est son secrétaire privé qui en sera informé le premier. Dans les minutes qui suivent, ce dernier téléphonera au Premier ministre et lui dira le nom de code « London bridge is down », ce qui fera comprendre au chef du gouvernement que la reine vient de disparaître. La nouvelle sera presque immédiatement relayée par Press Association à tous les autres médias du monde. Ce n’est donc pas la BBC qui aura la primeur de l’information, comme cela avait été le cas jusque-là (la radio avait annoncé la mort de George VI, quatre heures après son décès, le 6 février 1952). Une fois les médias prévenus, un valet en habits de deuil sortira du Palais de Buckingham pour fixer un panneau noir indiquant le décès de Sa Majesté sur les grilles. Au même moment le site internet du Palais se transformera en une page unique, noire, avec le même texte. Les présentateurs des chaînes de télévision britanniques adopteront le même code vestimentaire – tailleurs, costumes et cravates noirs – pour annoncer simultanément le décès d’Élisabeth II. Dans les studios des radios musicales, des voyants clignoteront pour que les présentateurs se préparent à basculer sur les infos et ne diffusent pas de musique trop joyeuse en attendant. Chaque station a déjà préparé des playlists composées de morceaux tristes et mélancoliques. Le pays entrera alors dans une période de deuil national de douze jours. Son successeur — actuellement le prince Charles — sera proclamé roi le lendemain du décès de la reine, à 11 heures du matin, dans la salle principale du Palais Saint James, mais son couronnement n'aura lieu que dans les mois suivants. Les matchs de football pourront se dérouler normalement, à condition d’observer une minute de silence et de jouer l’hymne national, qui sera d’ailleurs modifié en God Save « The King » au lieu de « The Queen ». Mais ce ne sera peut-être pas le cas de tous les sports. À la mort de George VI, en 1952, les compétitions de rugby et de hockey avaient été arrêtées. Les funérailles officielles de la reine auront lieu neuf jours après sa mort. En attendant, sa dépouille sera exposée au Palais de Westminster, 23 heures par jour. Cela devrait permettre à 500 000 personnes de venir lui rendre hommage. La cérémonie des funérailles aura lieu à l'Abbaye de Westminster, la première depuis 1760. Les cloches de Big Ben sonneront à neuf heures, et plus de 2 000 invités seront présents. Quand le cercueil entrera dans l’abbaye, le pays entier suspendra toute activité. Les magasins fermeront, les gares cesseront leurs annonces, les bus s’arrêteront et les conducteurs descendront dans la rue. Lors des funérailles de George VI en 1952, les passagers d’un vol Londres - New York s’étaient levés et, à des kilomètres d’altitude, ils étaient restés debout, la tête inclinée. La reine Élisabeth II sera ensuite inhumée en la Chapelle Saint-Georges du Château de Windsor, aux côtés de son père et de tous ses prédécesseurs[178].
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+ Comme Élisabeth II n'a accordé que de rares entretiens publics, on sait peu de choses de ses opinions privées. En tant que monarque constitutionnel, elle n'exprime pas ses opinions politiques en public. Elle possède un profond sens des devoirs religieux et civiques et prend son serment de couronnement très au sérieux[179]. À côté de son rôle religieux officiel en tant que gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, elle fréquente cette Église et celle d'Écosse[180]. Elle a témoigné de son soutien pour le dialogue interreligieux et a rencontré les chefs d'autres Églises et religions dont quatre papes : Jean XXIII, Jean-Paul II, Benoît XVI et François.
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+ Élisabeth II est la mécène de plus de 600 organisations[181]. Parmi ses principaux centres d'intérêt figurent l'équitation et les chiens, en particulier les Welsh Corgis[182] dont elle est passionnée depuis 1933 et Dookie, le premier Corgi possédé par sa famille[183],[184].
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+ Dans les années 1950 au début de son règne, Élisabeth II était considérée comme une « reine de conte de fées[185] ». Après le traumatisme de la guerre, la période de progrès et de modernisation fut présentée comme une « nouvelle ère élisabéthaine[186] ». En cela les propos de Lord Altrincham de 1957 accusant ses discours d'être ceux d'une « écolière suffisante » étaient particulièrement inhabituels[187]. Dans les années 1960, la monarchie tenta de renvoyer une image plus moderne en réalisant le documentaire télévisé Royal Family montrant la famille royale dans la vie de tous les jours et en retransmettant l'investiture du prince Charles[188]. La reine prit l'habitude de porter des pardessus aux couleurs éclatantes et des chapeaux décorés qui lui permettaient d'être facilement visible dans une foule[189].
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+ Lors de son jubilé d'argent en 1977, les foules étaient véritablement enthousiastes[190] mais les révélations de la presse sur la monarchie dans les années 1980 accrurent les critiques à son encontre[191]. La popularité d'Élisabeth II continua de diminuer dans les années 1990 et sous la pression du public, elle fut obligée de payer un impôt sur le revenu et d'ouvrir le palais de Buckingham[192]. La désaffection envers la monarchie atteignit son maximum après la mort de Diana même si elle diminua après l'allocution de la reine six jours plus tard[193].
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+ En novembre 1999, les électeurs australiens refusèrent la suppression de la monarchie australienne lors d'un référendum[194]. Des sondages en Grande-Bretagne en 2006 et 2007 révélèrent un fort soutien envers Élisabeth II[195],[196],[197] et des référendums aux Tuvalu en 2008 et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines en 2009 rejetèrent des propositions républicaines[198].
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+ La fortune personnelle d'Élisabeth II a fait l'objet de nombreuses spéculations au cours des ans. Le magazine Forbes estima en 2010 que ses biens auraient une valeur d'environ 450 millions de dollars[199] mais une déclaration officielle du palais de Buckingham en 1993 qualifia les estimations de 100 millions de livres de « grossièrement exagérées »[200]. Jock Colville, qui fut l'un de ses secrétaires particuliers et le directeur de sa banque, Coutts, estima en 1971 sa richesse à 2 millions de livres (l'équivalent d'environ 23 millions de livres de 2012[201],[202],[203]). La Royal Collection (qui inclut des œuvres d'art et les Joyaux de la Couronne britannique) n'appartient pas personnellement à la reine et est gérée par une fiducie[204] de même que les résidences royales comme le palais de Buckingham, le château de Windsor[205] et le duché de Lancastre, un portefeuille d'investissement évalué en 2011 à 383 millions de livres[206]. Sandringham House et le château de Balmoral sont des propriétés personnelles de la reine[205]. Le portefeuille du Crown Estate gérant les actifs de la Couronne britannique avait une valeur de 7,3 millions de livres en 2011[207] mais est indépendant de la reine[208].
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+ En 2017, les Paradise Papers révèlent que le Duché de Lancastre, qui gère les fonds privés de la reine, a investi, en 2005, 7,5 millions de livres dans un fonds d'investissement basé dans les Îles Caïmans, un paradis fiscal. Une petite partie de ce montant a en outre été investie dans la chaîne de magasins d'électroménager BrightHouse (en), accusée par les autorités britanniques d'utiliser des méthodes de vente agressives, et condamnée en octobre 2017 par la Financial Conduct Authority à rembourser 16,6 millions d'euros à 249 000 clients ; le directeur financier du Duché de Lancastre, Chris Adcock, indique cependant qu'il ignorait avoir investi dans BrightHouse. Par ailleurs, 5 millions de livres d'Élisabeth II ont été investis dans le Jubilee Absolute Return Fund, un fonds basé aux Bermudes puis à Guernesey (deux paradis fiscaux), qui investissait sur des marchés spéculatifs ; la Couronne nie cependant en avoir tiré de quelconques avantages fiscaux. Les investissements offshore révélés par les Paradise Papers n'étaient auparavant pas divulgués, ce qui a donné lieu à des critiques quant au manque de transparence des placements opérés avec les fonds privés d'Élisabeth II[209],[210].
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+ L'effigie de la reine a été reproduite sur un grand nombre de pièces de monnaie, de billets de banque et de timbres dans les royaumes du Commonwealth.
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+ Le rôle d'Élisabeth II a été interprété à l'écran par :
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+ Élisabeth II a également été jouée à la télévision par :
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+ Dans le film Les Minions, Bob la fait destituer après avoir extrait Excalibur d'un rocher, mais elle récupère son trône peu après. Elle est représentée dans l'épisode Homer rentre dans la reine des Simpsons.
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+ Jan Ravens faisait la voix de sa marionnette dans l'émission satirique britannique Spitting Image (1984-1996) et l'imitait dans plusieurs émissions radios ou télévisées. Scott Thompson jouait fréquemment la reine dans l'émission comique canadienne The Kids in the Hall au début des années 1990. L'animatrice britannique Tracey Ullman l'imitait régulièrement dans son émission Tracey Takes On....
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+ Élisabeth II possède de nombreux titres et grades militaires honoraires dans tout le Commonwealth, est la souveraine de nombreux ordres dans ses royaumes et a reçu des distinctions et des honneurs dans le monde entier. Elle possède officiellement un titre différent dans chacun de ses royaumes : Reine de Nouvelle-Zélande en Nouvelle-Zélande, reine des Tuvalu dans les Tuvalu, etc. Dans les îles Anglo-Normandes et l'île de Man qui sont des dépendances de la Couronne, elle est désignée respectivement par duc de Normandie[212] et seigneur de Man. Dans certains territoires, son titre officiel comprend « défenseur de la foi » et « duc de Lancastre »[212].
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+
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+ Elle est connue successivement sous les titres de :
144
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145
+ Du 21 avril 1944 (jour de ses 18 ans) à son couronnement, les armoiries d'Élisabeth II étaient composées d'un losange portant les armoiries royales du Royaume-Uni différenciées par un lambel de trois points argent ; le point central portant une rose Tudor et les deux autres, une croix de saint Georges[213]. À son accession au trône, elle hérita des diverses armoiries utilisées par son père durant son règne.
146
+
147
+ Ajout de l'Ordre de la Jarretière en 1947.
148
+
149
+ La reine possède également des étendards et des drapeaux personnels dans les différents royaumes du Commonwealth[214].
150
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+ Étendard personnel d'Élisabeth II.
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153
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Royaume-Uni.
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155
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Australie.
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157
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Canada.
158
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159
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Nouvelle Zélande.
160
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161
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Jamaïque.
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163
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé à Malte.
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165
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Sierra Leone.
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+ Élisabeth II (prononcé en français [elizabɛt][a] ; en anglais : Elizabeth II, prononcé [əˈlɪzəbəθ])[b], née le 21 avril 1926 à Londres, est la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances. Elle est également le chef du Commonwealth of Nations, organisation regroupant cinquante-trois États.
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+ Lorsque son père George VI accède au trône en 1936 à la suite de l'abdication de son frère Édouard VIII, elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive de la Couronne britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle s'enrôle au sein de l'Auxiliary Territorial Service. Le 20 novembre 1947, elle épouse Philip Mountbatten, prince de Grèce et du Danemark, avec qui elle aura quatre enfants : Charles, prince de Galles, Anne, princesse royale, Andrew, duc d'York et Edward, comte de Wessex.
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+ Elle accède au trône britannique le 6 février 1952 à l'âge de 25 ans. Son couronnement, le 2 juin 1953, est le premier à être retransmis à la télévision. Elle devient le souverain de sept États indépendants du Commonwealth : l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada, Ceylan, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan et le Royaume-Uni. Entre 1956 et 1992, le nombre de ses royaumes change car des territoires obtiennent leur indépendance et certains royaumes deviennent des républiques. En plus de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni susmentionnés, Élisabeth II est aujourd'hui reine de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de Grenade, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Belize, d'Antigua-et-Barbuda et de Saint-Christophe-et-Niévès.
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+ Au cours d'un long règne où elle voit passer quinze Premiers ministres britanniques, elle réalise de nombreuses visites historiques et supervise plusieurs changements constitutionnels dans ses royaumes comme la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni et le rapatriement de la Constitution du Canada. Elle rencontre également des moments difficiles, comme l'assassinat de l'oncle du prince Philip, Louis Mountbatten, les séparations et le divorce de trois de ses enfants en 1992 (année qu'elle qualifie d'annus horribilis), la mort de sa belle-fille, Diana Spencer, en 1997, et les décès de sa mère et de sa sœur en 2002. La reine a dû faire face à de virulentes critiques de la presse à l'encontre de la famille royale, mais le soutien à la monarchie et sa popularité personnelle restent élevés au sein de la population britannique.
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+ Depuis le 9 septembre 2015, elle est le souverain britannique ayant régné le plus longtemps (à ce jour 68 ans, 5 mois et 22 jours), dépassant la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria (63 ans, 7 mois et 2 jours). Le 13 octobre 2016, à la suite de la mort du roi de Thaïlande Rama IX, elle devient le souverain régnant depuis le plus longtemps et la plus âgée actuellement en fonction.
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+ Élisabeth est le premier enfant du prince Albert, duc d'York (futur George VI) et de son épouse, Élisabeth. Son père est le second fils du roi George V et de la reine Mary et sa mère est la plus jeune fille de l'aristocrate écossais Claude Bowes-Lyon, Lord Strathmore Élisabeth naît par césarienne à 2 h 40 le 21 avril 1926 dans la résidence londonienne de ses grands-parents maternels, située au 17 Bruton Street, à Mayfair[1]. Elle est baptisée par l'archevêque d'York, Cosmo Lang, dans la chapelle privée du palais de Buckingham le 29 mai[2],[c]. Elle est nommée Élisabeth en hommage à sa mère, Alexandra en hommage à son arrière-grand-mère la reine mère du roi George V, morte six mois auparavant, et Mary en hommage à sa grand-mère paternelle, la reine Mary[4]. Ses proches la surnommaient « Lilibet »[5]. George V adorait sa petite-fille et lorsqu'il tomba gravement malade en 1929, la presse populaire et ses biographes ultérieurs attribuèrent son rétablissement aux fréquentes visites de la petite Élisabeth qui avait trois ans[6]. Arrière-arrière-petite-fille de la reine Victoria, impératrice des Indes décédée en 1901, elle a connu les trois plus jeunes enfants de sa fameuse trisaïeule et peut être considérée comme une enfant de l'époque victorienne.
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+ La reine Élisabeth a une sœur, Margaret, de quatre ans sa cadette. Les deux princesses sont éduquées à la maison sous la supervision de leur mère et de leur gouvernante, Marion Crawford, surnommée « Crawfie »[7]. L'enseignement se concentre sur l'histoire, l'élocution, la littérature et la musique[8]. Au désarroi de la famille royale[9], Crawford publie en 1950 un livre sur l'enfance d'Élisabeth et de Margaret, intitulé The Little Princesses (Les Petites Princesses), dans lequel elle décrit l'amour d'Élisabeth pour les chevaux et les chiens, sa discipline et son sens des responsabilités[10]. D'autres corroborent ces observations ; Winston Churchill écrit au sujet d'Élisabeth alors qu'elle a deux ans : « Elle a un air autoritaire et une réflexivité époustouflante pour un enfant[11] ». Sa cousine Margaret Rhodes la décrit comme une « petite fille joviale mais extrêmement sensée et bien élevée »[12]. En 1933, âgée de sept ans, la princesse est portraiturée par le peintre des cours royales et du monde aristocratique Philip de Laszlo.
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+ En tant que petite-fille d'un monarque dans la lignée masculine, les prédicat et titre complet de la petite fille sont Son Altesse Royale la princesse Élisabeth d'York[d]. Elle est alors troisième dans l'ordre de succession au trône britannique après son oncle, Édouard de Galles et son père, le duc d'York. Même si sa naissance attire l'attention du public, il n'est pas prévu qu'elle devienne un jour reine car le prince de Galles n'a que 31 ans et beaucoup pensent qu'il se mariera et aura des enfants[13]. En 1936, lorsque son grand-père le roi George V décède, son oncle monte sur le trône sous le nom d'Édouard VIII et elle passe en seconde place dans l'ordre de succession. En décembre 1936, Édouard VIII abdique (son intention d'épouser Wallis Simpson, deux fois divorcée, cause une crise constitutionnelle)[14]. Le père d'Élisabeth devient alors roi sous le nom de George VI et elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive avec le titre de Son Altesse Royale la princesse Élisabeth[15]. Si ses parents avaient eu un fils par la suite, elle aurait perdu sa position d'héritière présomptive et son frère serait devenu le prince héritier au trône britannique[16]. Élisabeth reçoit un enseignement privé en histoire constitutionnelle avec Henry Marten, le vice-président du collège d'Eton[17] et elle apprend le français auprès de gouvernantes dont c'était la langue maternelle[18]. Une compagnie de guidisme, la 1re compagnie du palais de Buckingham est spécialement formée pour qu'elle puisse rencontrer des filles de son âge[19].
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+ En 1939, les parents d'Élisabeth se rendent au Canada et aux États-Unis. Comme en 1927, lorsqu'ils se rendent en Australie et en Nouvelle-Zélande, Élisabeth reste au Royaume-Uni car son père considère qu'elle est trop jeune pour de tels voyages[20]. Élisabeth « semblait au bord des larmes » au départ de ses parents[21]. Ils échangeaient régulièrement des lettres[21] et le 18 mai, ils réalisèrent le premier appel téléphonique transatlantique de la famille royale[20].
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+ Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni entre dans la Seconde Guerre mondiale. Lors de cette période de conflit, alors que les villes anglaises sont fréquemment bombardées par l'aviation allemande, les enfants sont évacués dans les zones rurales. L'homme politique Douglas Hogg suggère que les deux princesses soient évacuées au Canada, mais cette proposition est refusée par la mère d'Élisabeth, qui déclare : « Mes enfants n'iront nulle part sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais[22]. » Les princesses Élisabeth et Margaret restent au château de Balmoral, en Écosse, jusqu'à Noël 1939, puis sont emmenées à Sandringham House, dans le comté de Norfolk[23]. De février à mai 1940, elles résident au Royal Lodge (en) dans le grand parc de Windsor, avant de s'installer au château de Windsor, où elles restent pendant la plus grande partie de la guerre[24]. À Windsor, Élisabeth organise une pantomime à Noël pour soutenir le Queen's Wool Fund, qui achète de la laine pour tricoter des habits militaires[25]. En 1940, alors âgée de 14 ans, elle prononce sa première allocution radiophonique durant une émission pour les enfants de la BBC, dans laquelle elle s'adresse à ceux ayant été évacués[26] :
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+ « Nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour aider nos valeureux marins, soldats et aviateurs et nous essayons également de porter notre part du danger et de la tristesse de la guerre. Nous savons, chacun de nous, que tout se terminera bien[26]. »
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+ En 1943, à l'âge de 16 ans, Élisabeth réalise sa première apparition publique seule lors d'une inspection des Grenadier Guards, dont elle a été nommée colonel en chef l'année précédente[27]. Alors qu'elle approche de ses 18 ans, la loi est modifiée pour qu'elle puisse devenir l'un des cinq conseillers d'État (en) en cas d'incapacité de son père ou lors d'un déplacement à l'étranger, comme durant sa visite en Italie en juillet 1944[28]. En février 1945, elle rejoint l'Auxiliary Territorial Service avec le grade honoraire de sous-lieutenant[29] (second subaltern). Elle reçoit un entraînement en conduite et mécanique et est promue capitaine honoraire (junior commander) cinq mois plus tard[30],[31].
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+ Le 8 mai 1945, les princesses Élisabeth et Margaret se mêlent anonymement à la foule en liesse dans les rues de Londres. Élisabeth déclare ensuite dans l'un de ses rares entretiens : « nous avions demandé à nos parents si nous pouvions sortir et voir de nous-mêmes. Je me souviens que nous étions terrifiées à l'idée que l'on nous reconnaisse… Je me souviens des files d'inconnus se tenant la main et descendant Whitehall, tous ensemble dans une marée de bonheur et de soulagement[32]. »
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+ Durant la guerre, le gouvernement cherche à plusieurs reprises à apaiser le nationalisme gallois en rapprochant Élisabeth du Pays de Galles[33]. Il est ainsi suggéré que la princesse devienne connétable du château de Caernarfon, une fonction exercée alors par David Lloyd George. Le secrétaire d'État à l'Intérieur, Herbert Morrison, envisage de la nommer à la tête de l'Urdd Gobaith Cymru (en), l'organisation de jeunesse galloise[33]. Les politiciens gallois proposent qu'Élisabeth devienne princesse de Galles à l'occasion de son 18e anniversaire[34]. Ces projets sont cependant abandonnés pour diverses raisons, dont la peur qu'Élisabeth ne soit associée à des objecteurs de conscience au sein de l'Urdd[33]. En 1946, elle rejoint le Gorsedd des bardes de l'île de Bretagne à l'Eisteddfod Genedlaethol[35].
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+ En 1947, la princesse Élisabeth réalise son premier voyage à l'étranger en accompagnant ses parents en Afrique australe. Dans une allocution au Commonwealth of Nations le jour de ses 21 ans, elle fait la promesse suivante :
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+ « Je déclare devant vous tous que je consacrerai toute ma vie, qu'elle soit longue ou brève, à votre service et au service de la grande famille impériale dont nous faisons tous partie[36]. »
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+ Élisabeth rencontra son futur époux, le prince Philippe de Grèce et de Danemark de cinq ans son aîné en 1934 et 1937[37]. Ils étaient cousins issus de germains étant tous deux par le roi de Danemark, Christian IX, et cousins arrière-issus de germains par la reine Victoria. Ils se rencontrèrent à nouveau au Royal Naval College de Darmouth en juillet 1939 ; même si elle n'avait que 13 ans, Élisabeth déclara qu'elle était tombée amoureuse de Philip et les deux commencèrent à échanger des lettres[38]. Leurs fiançailles furent officiellement annoncées le 9 juillet 1947[39].
38
+
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+ Cette relation ne fut pas exempte de controverses car Phillip n'était qu'un membre d'une branche cadette de la Maison royale de Grèce et la monarchie grecque avait connu nombres de vicissitudes depuis le début du siècle. De plus, ce prince d'origine étrangère (même s'il avait été naturalisé à la suite de son service dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale) n'était pas particulièrement riche. Certaines de ses sœurs avaient épousé des princes allemands proches du parti nazi[40]. Marion Crawford écrivit, « certains des conseillers du roi considéraient qu'il n'était pas suffisamment bien pour elle. Il était un prince sans maison ou royaume. Certains documents appuyaient clairement et fortement sur les origines étrangères de Philip »[41]. Des biographies ultérieures avancent que la mère d'Élisabeth se serait initialement opposée à l'union en qualifiant même Philip de Hun (équivalent anglais de « boche »)[42]. Elle indiqua cependant vers la fin de sa vie à son biographe Tim Heald que Philip était un « gentleman anglais »[43].
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+ Avant le mariage, Philip renonça à ses titres grecs et danois, abandonna l'Église orthodoxe de Grèce pour l'anglicanisme et adopta le titre de Lieutenant Philip Mountbatten en prenant le nom britannique de sa mère[44]. Juste avant le mariage, il fut fait duc d'Édimbourg et reçut le prédicat d'Altesse Royale[45].
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+ Élisabeth et Philip se marièrent le 20 novembre 1947 à l'abbaye de Westminster. Ils reçurent environ 2 500 présents venant du monde entier[46]. Comme le Royaume-Uni ne s'était pas encore complètement remis de la guerre, Élisabeth imposa que des coupons de rationnement soient utilisés pour acheter le tissu de sa robe qui fut dessinée par Norman Hartnell (en)[47]. Les proches allemands du duc d'Édimbourg, dont ses trois sœurs[48] survivantes ainsi que le duc de Windsor, l'ancien roi Édouard VIII, ne furent pas invités à la cérémonie[49].
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+ Élisabeth donna naissance à son premier enfant, Charles, dès le 14 novembre 1948. Un mois plus tôt, le roi avait délivré des lettres patentes autorisant ses enfants à porter les titres de prince ou de princesse, ce qui leur était théoriquement interdit car leur père n'était plus un prince royal[50]. Un second enfant, la princesse Anne naquit le 15 août 1950[51].
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+ À la suite de son mariage, le couple loua Windlesham Moor près du château de Windsor jusqu'au 4 juillet 1949[46] lorsqu'ils s'installèrent à Clarence House à Londres. À plusieurs reprises entre 1949 et 1951, le duc d'Édimbourg fut stationné dans le protectorat britannique de Malte du fait de son rôle d'officier dans la Royal Navy. Élisabeth et lui résidaient alors dans le village maltais de Gwardamanġa où ils louaient la résidence de l'oncle de Philip, Louis Mountbatten. Durant cette période, leurs enfants restèrent au Royaume-Uni[52].
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+ En 1951, la santé de George VI décline et Élisabeth le remplace fréquemment pour les cérémonies publiques. Lors de sa visite en Amérique du Nord où elle se rend au Canada et rencontre le président Truman à Washington, D.C. en octobre 1951, son secrétaire particulier, Martin Charteris, porte avec lui le brouillon d'une déclaration d'accession au trône si le roi venait à mourir lors de son voyage[53]. Au début de l'année 1952, Élisabeth et Philip entreprennent une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande avec une escale au Kenya. Le 6 février 1952, alors qu'ils venaient juste de rentrer à leur résidence kényane de Sagana Lodge après une visite du parc national d'Aberdare, ils apprennent la mort du roi[54]. Martin Charteris lui demande de choisir un nom de règne et elle décide de garder Élisabeth, « évidemment »[55]. Elle est alors proclamée reine dans tous ses royaumes sous le nom d'Élisabeth II (une Élisabeth ayant déjà régné au XVIe siècle) et les membres de la cour rentrent hâtivement au Royaume-Uni[56]. En tant que nouveau monarque, elle s'installe au palais de Buckingham[57].
50
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51
+ Avec l'accession au trône d'Élisabeth, il semblait probable que la Maison royale allait porter le nom de son époux pour devenir la Maison de Mountbatten comme cela était la coutume pour une femme de prendre le nom de son époux. La grand-mère d'Élisabeth, Mary de Teck, et le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, préféraient conserver le nom de Maison de Windsor et le mot Windsor fut maintenu. Le duc se plaignit qu'il « était le seul homme du pays à ne pas avoir le droit de donner son nom à ses propres enfants »[58]. En 1960, après la mort de Mary de Teck en 1953 et la démission de Churchill en 1955, le nom Mountbatten-Windsor fut adopté pour Philip et ses descendants de lignée masculine qui ne portent pas de titres royaux[59].
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+ Au milieu des préparatifs pour le couronnement, la princesse Margaret informa sa sœur qu'elle souhaitait épouser l'aviateur Peter Townsend de 16 ans son aîné et ayant deux enfants d'un précédent mariage. La reine lui demanda d'attendre un an ; selon Martin Charteris, « la reine était naturellement compatissante envers la princesse mais je pense qu'elle imaginait, qu'elle espérait, qu'avec le temps, cette liaison s'essoufflerait d'elle-même »[60]. Les chefs politiques étaient opposés à cette union et l'Église d'Angleterre n'autorisait pas le remariage si le divorcé n'était pas veuf. Si Margaret réalisait un mariage civil, il était probable qu'elle devrait renoncer à son droit au trône[61]. Elle décida finalement d'abandonner sa relation avec Townsend[62]. En 1960, elle épousa Antony Armstrong-Jones qui fut fait comte de Snowdon l'année suivante. Ils divorcèrent en 1978 et elle ne se remaria pas[63].
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+ Malgré la mort de la reine Mary le 24 mars, les préparatifs du couronnement se poursuivirent et il eut lieu comme prévu le 2 juin 1953[64]. À l'exception de l'eucharistie et de l'onction, l'ensemble de la cérémonie à l'abbaye de Westminster fut retransmis à la télévision pour la première fois de l'histoire[65],[e]. La robe de couronnement fut dessinée par Norman Hartnell (en) et était brodée avec les emblèmes floraux des pays du Commonwealth[70] : la rose Tudor anglaise, le chardon écossais, le poireau gallois, le trèfle irlandais, la feuille d'érable canadienne, le mimosa doré australien, la fougère argentée néo-zélandaise, la protée royale sud-africaine, la fleur de lotus pour l'Inde et Ceylan et le blé, le coton et le jute pakistanais[71].
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+ Au cours de son règne, la reine Élisabeth II assista à la transformation de l'Empire britannique en Commonwealth of Nations[72]. Au moment de son accession au trône en 1952, son rôle de chef d'État de multiples États indépendants était déjà établi[73]. Entre 1953 et 1954, la reine et son époux s'embarquèrent dans un tour du monde de six mois. Elle devint ainsi le premier monarque d'Australie et de Nouvelle-Zélande à visiter ces pays[74]. Les visites de la reine attirèrent de larges foules et on estime que les trois quarts de la population australienne l'ont vue à cette occasion[75]. Au cours de son règne, la reine a réalisé plus de 170 visites dans les États du Commonwealth[76] et près d'une centaine dans les États n'en faisant pas partie[77] ; elle est ainsi le chef d'État qui a le plus voyagé dans l'histoire[78].
58
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59
+ En 1956, le président du Conseil français Guy Mollet et le Premier ministre britannique Anthony Eden évoquèrent la possibilité pour la France de rejoindre le Commonwealth. La proposition ne fut jamais acceptée et la France signa l'année suivante le traité de Rome établissant la Communauté économique européenne, précurseur de l'Union européenne[79]. En novembre 1956, le Royaume-Uni et la France envahirent l'Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez ; l'opération se termina lamentablement et Eden démissionna deux mois plus tard. Louis Mountbatten affirma que la reine était opposée à l'offensive mais Eden nia cette affirmation[80].
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61
+ En l'absence d'un mécanisme formel au sein du parti conservateur pour choisir un nouveau chef après la démission d'Eden, il incomba à la reine de décider qui devait former un nouveau gouvernement. Eden recommanda qu'elle consulte Lord Salisbury, le Lord président du Conseil. Ce dernier et Lord Kilmuir, le lord chancelier sollicitèrent l'avis du Cabinet et de Winston Churchill et la reine nomma le candidat proposé, Harold Macmillan[81].
62
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+ La crise de Suez et le choix du successeur d'Eden donnèrent lieu à la première critique personnelle importante de la reine en 1957. Dans un journal qu'il possédait et éditait[82], Lord Altrincham l'accusa d'être « dépassée »[83] et « incapable d'aligner plus de quelques phrases sans aide ». Les propos d'Altrincham furent condamnés et il fut physiquement agressé[84]. Six ans plus tard, en 1963, Macmillan démissionna et conseilla à la reine de choisir Alec Douglas-Home pour lui succéder, ce qu'elle fit[85]. Elle fut à nouveau critiquée pour avoir nommé un premier ministre sur les conseils d'un petit nombre de ministres ou d'un seul d'entre eux[85]. En 1965, les conservateurs adoptèrent un nouveau mode de désignation de leur chef qui n'imposait plus à la reine de choisir[86].
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+ En 1957, elle se rendit aux États-Unis et s'adressa devant l'Assemblée générale des Nations unies au nom du Commonwealth. Lors de la même visite diplomatique, elle inaugura la 23e législature du Canada, devenant ainsi le premier monarque canadien à ouvrir une session parlementaire[87]. Deux ans plus tard, uniquement en sa capacité de reine du Canada, elle retourna aux États-Unis et visita le Canada[87],[88] alors qu'elle avait appris, à son arrivée à Saint-Jean sur l'île de Terre-Neuve, qu'elle attendait son troisième enfant[89]. En 1961, elle se rendit à Chypre, en Inde, au Pakistan, au Népal et en Iran[90]. Lors d'une visite au Ghana la même année, elle rejette les craintes pour sa sécurité même si son hôte, le président Kwame Nkrumah, qui l'avait remplacé en tant que chef d'État du Ghana l'année précédente, était la cible d'assassins[91],[92],[91]. Avant son passage au Québec en 1964, la presse rapporte que des extrémistes du mouvement séparatiste de la province préparent un projet visant à son assassinat[93],[94],[95]. Il n'y eut pas de tentative d'assassinat mais des manifestations éclatèrent alors qu'elle se trouvait à Québec ; le « calme et le courage de la reine face à la violence » furent remarqués[96].
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67
+ Les grossesses ayant précédé les naissances d'Andrew, en 1960, et d'Edward, en 1964, furent les seules occasions au cours desquelles elle ne participa pas à la cérémonie d'ouverture du Parlement britannique durant son règne[97]. En plus de participer aux cérémonies traditionnelles, Élisabeth II introduisit de nouvelles pratiques comme le premier bain de foule royal qui eut lieu lors d'une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande en 1970[98].
68
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69
+ Les années 1960 et 1970 furent marquées par une accélération de la décolonisation en Afrique et dans les Caraïbes. Plus de vingt pays obtinrent leur indépendance par le biais de transitions négociées vers une plus grande autonomie. En 1965, le premier ministre de Rhodésie déclara cependant unilatéralement l'indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni pour maintenir la domination blanche tout en exprimant sa « loyauté et sa dévotion » à Élisabeth II. Même si la reine le rejeta dans une déclaration formelle et que la Rhodésie fut touchée par des sanctions internationales, le régime de Smith survécut jusqu'en 1979[99].
70
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71
+ En février 1974, le premier ministre britannique Edward Heath conseilla à la reine d'appeler des élections générales alors qu'elle se trouvait en visite dans les îles du Pacifique, ce qui lui imposa de rentrer au Royaume-Uni[100]. Les élections débouchèrent sur un parlement minoritaire et Heath démissionna quand les négociations en vue de former un gouvernement de coalition avec le parti libéral échouèrent. La reine demanda alors au chef de l'opposition officielle, le travailliste Harold Wilson, de former un gouvernement[101].
72
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73
+ Un an plus tard, au paroxysme de la crise constitutionnelle australienne de 1975, le premier ministre australien Gough Whitlam fut limogé par le gouverneur général John Kerr après que le Sénat contrôlé par l'opposition eut refusé les propositions budgétaires de Whitlam[102]. Comme ce dernier disposait d'une majorité à la Chambre des représentants, son président, Gordon Scholes (en), fit appel à la reine pour annuler la décision de Kerr. Élisabeth II refusa en affirmant qu'elle ne pouvait pas intervenir dans des décisions que la constitution de l'Australie réservait au gouverneur général[103]. La crise alimenta les sentiments républicains en Australie[102].
74
+
75
+ En 1977, Élisabeth II célèbre son jubilé d'argent marquant ses 25 années de règne. Des célébrations et des cérémonies eurent lieu dans tout le Commonwealth et furent généralement organisées au moment de la visite de la souveraine. Ces festivités réaffirmèrent la popularité de la reine malgré la couverture médiatique négative à l'occasion du divorce de la princesse Margaret[104]. En 1978, la reine reçut en visite officielle le dictateur communiste de Roumanie, Nicolae Ceaușescu et son épouse Elena[105], même si elle déclare en privé qu'ils avaient du « sang sur les mains »[106]. L'année suivante est marquée par deux faits divers : la découverte qu'Anthony Blunt, l'ancien conservateur des collections royales, était un espion communiste et l'assassinat de son parent proche, Lord Mountbatten, par l'armée républicaine irlandaise provisoire[107].
76
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77
+ Selon l'homme politique canadien Paul Martin, à la fin des années 1970, la reine s'inquiète que la Couronne « signifiait peu pour » le Premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau. Le politique britannique Tony Benn déclare que la reine trouvait Trudeau « assez décevant »[108]. Le républicanisme supposé de Trudeau semblait être confirmé par ses bouffonneries comme les glissades sur les rampes d'escalier du palais de Buckingham, ses pirouettes dans le dos de la reine en 1977 et le retrait de plusieurs symboles royaux canadiens durant son mandat. En 1980, des hommes politiques canadiens se rendant à Londres pour évoquer le rapatriement de la Constitution du Canada trouvèrent la reine « mieux informée… que tout autre politicien ou bureaucrate britannique ». Elle s'intéressait particulièrement au sujet après le rejet de la loi canadienne C-60 qui aurait affecté son statut de chef d'État. Le rapatriement de 1982 supprima le besoin de consulter le Parlement britannique pour modifier la constitution canadienne mais la monarchie fut maintenue. Trudeau déclara dans ses mémoires que la reine était favorable à ses tentatives de réforme constitutionnelle et qu'il fut impressionné par « la grâce qu'elle avait en public » et « la sagesse qu'elle montrait en privé »[109].
78
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79
+ Durant la cérémonie du salut aux couleurs en 1981 et six semaines avant le mariage du prince Charles et de Diana Spencer, six coups de feu visèrent la reine alors qu'elle descendait The Mall sur son cheval, Burmese. La police découvrit par la suite qu'il s'agissait de cartouches à blanc. Le tireur, Marcus Sarjeant, fut condamné à cinq ans de prison avant d'être libéré au bout de trois années[110]. Le sang-froid et le contrôle de sa monture par la reine furent largement remarqués[111]. D'avril à septembre 1982, la reine s'inquiéta[112] mais fut fière[113] de son fils, le prince Andrew, qui participa à la guerre des Malouines en tant que pilote d'hélicoptère.
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+ Le 9 juillet 1982, la reine fut réveillée dans sa chambre du palais de Buckingham par un intrus dénommé Michael Fagan (en). Les journaux de l'époque rapportèrent qu'ils discutèrent pendant près de dix minutes avant que la sécurité n'intervienne[114], mais Michael Fagan contredit ces affirmations[115].
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+ Même si elle avait accueilli le président américain Ronald Reagan au château de Windsor en 1982 et s'était rendue dans son ranch californien en 1983, Élisabeth II fut irritée quand l'administration américaine lança l'invasion de la Grenade, l'un de ses royaumes caribéens, sans l'avoir informée au préalable[116].
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+ L'intérêt des médias pour les opinions et la vie privée de la famille royale dans les années 1980 entraînèrent une série de révélations sensationnelles dont la véracité n'était pas toujours établie[117]. Comme Kelvin MacKenzie, le rédacteur en chef de The Sun déclara à son personnel : « Donnez-moi des frasques de la famille royale. Ne vous inquiétez pas si ce n'est pas vrai dans la mesure où il n'y a pas trop de problèmes par la suite »[118]. Le rédacteur de The Observer, Donald Trelford, écrivit dans le numéro du 21 septembre 1986 : « le feuilleton royal a atteint un tel degré d'intérêt public que la frontière entre fiction et réalité a été perdue de vue… Ce n'est pas simplement que certains journaux ne vérifient pas leurs informations ou refusent d'accepter les démentis : ils ne se soucient pas de savoir si ces histoires sont vraies ou non ». Il fut rapporté, principalement par le Sunday Times, que la reine s'inquiétait du fait que les politiques économiques du premier ministre britannique Margaret Thatcher accentuait les divisions de la société et qu'elle était alarmée par le fort taux de chômage, une série d'émeutes en 1981, la violence de la grève des mineurs et le refus du gouvernement de sanctionner le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Les rumeurs provenaient de l'assistant de la reine, Michael Shea, et du secrétaire général du Commonwealth, Shridath Ramphal, mais Shea avança que ses paroles avaient été sorties de leur contexte puis amplifiées par les journalistes[119]. Thatcher aurait ainsi dit que la reine allait voter pour ses opposants du parti social démocrate[120]. Le biographe de Thatcher, John Campbell, affirma qu'il s'agissait « d'un exemple de sottises journalistiques »[121]. Contredisant les rapports parlant de leurs mauvaises relations, Thatcher exprima par la suite son admiration personnelle pour la reine[122] et après son remplacement par John Major, la reine la fit entrer dans les ordres du Mérite et de la Jarretière[123]. L'ancien premier ministre canadien Brian Mulroney déclara qu'Élisabeth II avait joué un « grand rôle en coulisses » pour mettre un terme à l'Apartheid en Afrique du Sud[124],[125].
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+ En 1987 au Canada, la reine exprima publiquement son soutien à l'accord du lac Meech qui divisait la classe politique canadienne et elle fut critiquée par les opposants à ces amendements constitutionnels, dont Pierre Trudeau[124]. La même année, le gouvernement fidjien démocratiquement élu fut renversé par un coup d'État. En tant que monarque des Fidji, Élisabeth II soutint les efforts du gouverneur général Penaia Ganilau pour exercer le pouvoir exécutif et trouver une sortie à la crise mais l'organisateur du coup d'État, Sitiveni Rabuka, déposa Ganilau et abolit la monarchie[126]. Au début de l'année 1991, les estimations par la presse de la richesse personnelle de la reine qui étaient supérieures aux données fournies par le palais et les révélations d'adultères et de mariages tendus dans la famille royale affaiblirent le soutien à la monarchie au Royaume-Uni[127]. La participation des enfants de la reine à un jeu télévisé caritatif appelé It's a Royal Knockout fut tournée en ridicule dans la presse[128] et la reine devint la cible des moqueries[129].
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+ En 1991, après la victoire de la coalition dans la guerre du Golfe, la reine devint le premier souverain britannique à s'adresser à une session conjointe du Congrès des États-Unis[130]. Le 24 novembre 1992, dans un discours marquant ses 40 années de règne, Élisabeth II qualifia 1992 comme son annus horribilis (« année horrible »[131]). En mars, son second fils, le prince Andrew d'York et son épouse Sarah Ferguson se séparèrent ; en avril, sa fille, la princesse Anne divorça de son époux Mark Phillips[132] ; durant une visite officielle en Allemagne en octobre, des manifestants à Dresde lui jetèrent des œufs[133] et en novembre, le château de Windsor fut touché par un grave incendie. La monarchie fut critiquée et cela accrut le désamour du public[134]. Dans un discours inhabituellement personnel, la reine déclara que toute institution doit s'attendre à des critiques mais suggéra qu'elles devraient être réalisées avec « une touche d'humour, de délicatesse et de compréhension »[135]. Deux jours plus tard, le premier ministre John Major annonça une réforme des finances de la monarchie qui se traduisirent par une réduction de la liste civile et obligèrent le souverain à payer un impôt sur le revenu pour la première fois de son histoire[136]. En décembre, le prince Charles et son épouse Diana Spencer annoncèrent officiellement leur séparation[137]. L'année se termina par un procès pour violation du droit d'auteur intenté par la reine contre le journal The Sun qui avait publié le texte de son allocution de Noël deux jours avant sa diffusion. Le journal fut condamné à payer les frais de justice et une indemnité de 200 000 £ qui fut donnée à des organisations caritatives[138].
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+ Dans les années qui suivirent, les révélations sur le mariage de Charles et Diana continuèrent[139]. Même si les idées républicaines semblaient plus populaires que jamais au Royaume-Uni, le républicanisme restait minoritaire et la reine conservait des niveaux d'approbation élevés[140]. Les critiques se concentraient plus sur l'institution monarchique et la famille élargie de la reine que sur ses actions et son propre comportement[141]. Après en avoir discuté avec le premier ministre John Major, l'archevêque de Cantorbéry George Carey, son secrétaire particulier Robert Fellowes et son époux, elle écrivit à Charles et Diana à la fin du mois de décembre 1995 pour leur dire qu'un divorce était préférable[142]. Un an après le divorce qui eut lieu en 1996, Diana mourut dans un accident de la route à Paris le 31 août 1997. La reine était en vacances avec Charles et ses petits-enfants, William et Harry, au château de Balmoral. Les deux enfants de Diana voulurent se rendre à l'église et le couple royal les y accompagna dans la matinée[143]. Après cette unique apparition publique, la reine et le duc d'Édimbourg protégèrent leurs petits-enfants du tourbillon médiatique en les gardant au château pendant cinq jours[144] mais l'opinion publique fut consternée par le fait que la famille royale n'ait pas mis en berne les drapeaux du palais de Buckingham[125],[145]. Pressée par les réactions hostiles, la reine rentra à Londres et accepta de réaliser une allocution télévisée le 5 septembre, la veille des funérailles de Diana[146]. Elle y exprima son admiration pour Diana et ses sentiments « de grand-mère » pour les princes William et Harry[147] ; cet acte fut apprécié par l'opinion publique et l'hostilité s'affaiblit[147].
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+ En 2002, Élisabeth II célèbre ses 50 ans de règne lors de son jubilé d'or. Sa sœur et sa mère étant mortes respectivement en février et en mars, les médias se demandèrent si le jubilé allait être un succès ou un échec[148]. Elle entreprend à nouveau une longue tournée dans ses royaumes en commençant en Jamaïque en février dont elle qualifie le banquet d'adieux de « mémorable » après qu'une coupure de courant eut plongé la résidence du gouverneur général dans le noir[149]. Comme en 1977, des manifestations de joie eurent lieu à chacun de ses déplacements et des monuments sont nommés en son honneur. Un million de personnes assistent chaque jour aux trois journées de célébrations du jubilé à Londres[150] et l'enthousiasme démontré par la foule est bien plus important que ce que les journalistes avaient prévu[151].
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+ Même si elle avait eu peu de problèmes de santé durant sa vie, elle est opérée des deux genoux en 2003. Elle inaugure le 9 octobre 2004 le bâtiment du Parlement écossais à Édimbourg — bien que les députés de la nation constitutive y aient tenu une première séance le 7 septembre —, conséquence du Scotland Act 1998. En octobre 2006, elle ne participe pas à l'inauguration du nouvel Emirates Stadium de Londres en raison d'une déchirure musculaire au dos qui la handicapait depuis l'été[152]. Deux mois plus tard, lors d'une apparition publique, elle porte un pansement à la main droite, ce qui est interprété par la presse comme le signe d'une mauvaise santé[153]. Elle avait en réalité été mordue par l'un de ses corgis alors que deux d'entre eux se battaient[154].
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+ En mai 2007, The Daily Telegraph avance de sources anonymes que la reine était « exaspérée et déçue » par les politiques du Premier ministre Tony Blair, qu'elle s'inquiétait d'un épuisement des troupes en Irak et en Afghanistan et qu'elle avait à plusieurs reprises émis des inquiétudes sur ses politiques rurales[155]. Selon les mêmes sources, elle admirait néanmoins les efforts de Blair pour mettre un terme aux violences en Irlande du Nord[156]. Le 20 mars 2008, dans la cathédrale Saint-Patrick d'Armagh de l'Église d'Irlande, la reine assiste à la première messe du Jeudi Saint (en) organisée en dehors de l'Angleterre et du pays de Galles[157]. À l'invitation de la présidente d'Irlande, Mary McAleese, la reine réalise en mai 2011, la première visite officielle d'un monarque britannique en Irlande depuis son indépendance en 1922[158].
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+ Élisabeth II s'adresse une seconde fois en tant que chef du Commonwealth devant l'Assemblée générale des Nations unies en juillet 2010[159]. Durant son passage à New York, qui suivait une visite au Canada, elle inaugure officiellement un jardin mémorial pour les victimes britanniques des attentats du 11 septembre 2001[160]. La visite de la reine en Australie en octobre 2011, sa onzième depuis 1954, est qualifiée de « tournée d'adieux » par la presse en raison de son âge[161].
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+ Le jubilé de diamant de 2012 marque les 60 années de règne d'Élisabeth II et il est à nouveau célébré dans tout le Commonwealth. Dans un communiqué publié le 6 février, elle indique : « En cette année spéciale, alors que je me consacre à nouveau à votre service, j'espère que nous allons tous nous souvenir de la puissance de l'unité et de la force rassembleuse de la famille, de l'amitié et du bon voisinage… J'espère aussi que cette année de jubilé sera l'occasion d'exprimer notre gratitude pour les avancées majeures réalisées depuis 1952 et d'envisager l'avenir avec sérénité »[162]. Elle et son mari réalisent une tournée au Royaume-Uni tandis que ses enfants et petits-enfants la représentèrent dans les royaumes du Commonwealth[163],[164],[165].
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+ La reine ouvre les Jeux olympiques d'été le 27 juillet et les Jeux paralympiques d'été le 29 août 2012 à Londres. Elle joue son propre rôle dans un court-métrage dans le cadre de la cérémonie d'ouverture avec Daniel Craig dans le rôle de James Bond[166]. Son père avait ouvert les Jeux olympiques de 1948 à Londres, et son arrière-grand-père, Édouard VII, ceux de 1908, également à Londres. Élisabeth II avait également ouvert ceux de 1976 à Montréal et Philip ceux de 1956 à Melbourne[167]. Elle est ainsi la première chef d'État à ouvrir deux Olympiades dans deux pays différents[168].
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+ En décembre 2012, elle devient le premier souverain britannique à assister en temps de paix à une réunion du cabinet britannique depuis George III en 1781 et le secrétaire d'État des Affaires étrangères, William Hague, annonce peu après que la partie auparavant sans nom du sud du territoire antarctique britannique serait nommé terre de la Reine-Élisabeth en son honneur[169],[170]. La reine accorde en 2013 le pardon royal au mathématicien Alan Turing, qui s'est suicidé en 1954 en raison de sa condamnation pour homosexualité. Turing avait participé à la Seconde Guerre mondiale pour le compte du MI6, en déchiffrant des codes allemands, mais avait été condamné peu après à la castration chimique. La reine annonce à titre posthume la totale réhabilitation de Turing, ce qui est largement repris par la presse. Elle assiste en 2014 aux commémorations du 70e anniversaire du débarquement de Normandie aux côtés de son Premier ministre David Cameron et du duc et de la duchesse de Cambridge, William et Kate.
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+ La reine Élisabeth II est le monarque britannique ayant atteint l'âge le plus avancé et ayant le plus long règne devant Victoria (depuis le 9 septembre 2015)[171] et le plus ancien souverain encore en exercice depuis le décès du roi Rama IX de Thaïlande le 13 octobre 2016. Le 20 avril 2018, les chefs de gouvernement du Commonwealth ont annoncé que le prince Charles succéderait à la reine à la tête du Commonwealth à sa disparition. La reine avait déclaré que c'était son « souhait sincère » que Charles la suive dans ce rôle. Le 23 avril 2019, le Grand-duc de Luxembourg, Jean, décède à l'âge de 98 ans, et Élisabeth II devient ainsi le plus ancien monarque vivant du monde.
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+ En novembre 2019, des rumeurs relayées par certains médias britanniques laissent entendre que la reine envisagerait abdiquer d'ici « quelques années », et plus précisément à l'occasion de son 95e anniversaire, en 2021, mais des proches de la famille royale démentent ces rumeurs. La reine n'a pas l'intention d'abdiquer, même si ses engagements publics sont de plus en plus assurés par son fils aîné au fur et à mesure que les années passent[172].
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+ La reine Élisabeth II fête son 94e anniversaire le 21 avril 2020 durant la pandémie de Covid-19, sans les traditionnels 41 coups de canon tirés depuis Hyde Park, et règne désormais depuis plus de 68 ans.
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+ Le 19 mars 2020, la reine Élisabeth II se retire par précaution au château de Windsor alors que la pandémie de Covid-19 frappe le pays. Le palais indique : « La reine ira au château de Windsor pour la période de Pâques le 19 mars, une semaine plus tôt que prévu. Il est probable que la reine y restera après la période de Pâques. » La souveraine de 93 ans avait déjà annoncé quelques jours auparavant le report de plusieurs engagements publics en raison de la pandémie[173]. Le 25 mars suivant, le prince de Galles, hériter de la couronne, est testé positif au coronavirus[174]. Le 30 mars suivant, Charles sort de quarantaine[175]. Le 5 avril 2020, Élisabeth II s'adresse à la nation britannique et au Commonwealth lors d'une allocution télévisée exceptionnelle, la quatrième depuis le début de son règne, enregistrée depuis le château de Windsor où la reine est confinée avec son époux. Elle déclare : « J’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la façon dont [le peuple britannique] a répondu à ce défi. Ceux qui nous succéderont diront que les Britanniques de cette génération étaient aussi forts que tous. Que les attributs de l’autodiscipline, de la bonne résolution tranquille et de la camaraderie caractérisent toujours ce pays »[176]. Le 8 mai 2020, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reine s'est employée à remonter le moral des Britanniques, en leur rappelant qu'ils ne devaient « jamais perdre espoir ». « Au début, les perspectives semblaient sombres, l'issue lointaine, le résultat incertain. [...] Mais nous avons continué à croire que la cause était juste et cette conviction [...] nous a portés. Ne baissez jamais les bras, ne perdez jamais espoir, tel était le message du jour de la Victoire en Europe » a adressé Élisabeth II à son peuple. Ce discours a été diffusé sur la BBC à 20 h, soit l'heure exacte à laquelle son père le roi George VI s'était exprimé à la radio en 1945, soixante-quinze ans plus tôt[177].
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+ Depuis les années 1960, les funérailles de la reine ont été préparées par le gouvernement britannique ainsi que par les médias, qui ont des annonces pré-enregistrées sur la vie et la mort de la reine, ainsi que des séquences de portraits pré-enregistrées. Aussitôt après le décès de la reine, c'est son secrétaire privé qui en sera informé le premier. Dans les minutes qui suivent, ce dernier téléphonera au Premier ministre et lui dira le nom de code « London bridge is down », ce qui fera comprendre au chef du gouvernement que la reine vient de disparaître. La nouvelle sera presque immédiatement relayée par Press Association à tous les autres médias du monde. Ce n’est donc pas la BBC qui aura la primeur de l’information, comme cela avait été le cas jusque-là (la radio avait annoncé la mort de George VI, quatre heures après son décès, le 6 février 1952). Une fois les médias prévenus, un valet en habits de deuil sortira du Palais de Buckingham pour fixer un panneau noir indiquant le décès de Sa Majesté sur les grilles. Au même moment le site internet du Palais se transformera en une page unique, noire, avec le même texte. Les présentateurs des chaînes de télévision britanniques adopteront le même code vestimentaire – tailleurs, costumes et cravates noirs – pour annoncer simultanément le décès d’Élisabeth II. Dans les studios des radios musicales, des voyants clignoteront pour que les présentateurs se préparent à basculer sur les infos et ne diffusent pas de musique trop joyeuse en attendant. Chaque station a déjà préparé des playlists composées de morceaux tristes et mélancoliques. Le pays entrera alors dans une période de deuil national de douze jours. Son successeur — actuellement le prince Charles — sera proclamé roi le lendemain du décès de la reine, à 11 heures du matin, dans la salle principale du Palais Saint James, mais son couronnement n'aura lieu que dans les mois suivants. Les matchs de football pourront se dérouler normalement, à condition d’observer une minute de silence et de jouer l’hymne national, qui sera d’ailleurs modifié en God Save « The King » au lieu de « The Queen ». Mais ce ne sera peut-être pas le cas de tous les sports. À la mort de George VI, en 1952, les compétitions de rugby et de hockey avaient été arrêtées. Les funérailles officielles de la reine auront lieu neuf jours après sa mort. En attendant, sa dépouille sera exposée au Palais de Westminster, 23 heures par jour. Cela devrait permettre à 500 000 personnes de venir lui rendre hommage. La cérémonie des funérailles aura lieu à l'Abbaye de Westminster, la première depuis 1760. Les cloches de Big Ben sonneront à neuf heures, et plus de 2 000 invités seront présents. Quand le cercueil entrera dans l’abbaye, le pays entier suspendra toute activité. Les magasins fermeront, les gares cesseront leurs annonces, les bus s’arrêteront et les conducteurs descendront dans la rue. Lors des funérailles de George VI en 1952, les passagers d’un vol Londres - New York s’étaient levés et, à des kilomètres d’altitude, ils étaient restés debout, la tête inclinée. La reine Élisabeth II sera ensuite inhumée en la Chapelle Saint-Georges du Château de Windsor, aux côtés de son père et de tous ses prédécesseurs[178].
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+ Comme Élisabeth II n'a accordé que de rares entretiens publics, on sait peu de choses de ses opinions privées. En tant que monarque constitutionnel, elle n'exprime pas ses opinions politiques en public. Elle possède un profond sens des devoirs religieux et civiques et prend son serment de couronnement très au sérieux[179]. À côté de son rôle religieux officiel en tant que gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, elle fréquente cette Église et celle d'Écosse[180]. Elle a témoigné de son soutien pour le dialogue interreligieux et a rencontré les chefs d'autres Églises et religions dont quatre papes : Jean XXIII, Jean-Paul II, Benoît XVI et François.
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+ Élisabeth II est la mécène de plus de 600 organisations[181]. Parmi ses principaux centres d'intérêt figurent l'équitation et les chiens, en particulier les Welsh Corgis[182] dont elle est passionnée depuis 1933 et Dookie, le premier Corgi possédé par sa famille[183],[184].
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+ Dans les années 1950 au début de son règne, Élisabeth II était considérée comme une « reine de conte de fées[185] ». Après le traumatisme de la guerre, la période de progrès et de modernisation fut présentée comme une « nouvelle ère élisabéthaine[186] ». En cela les propos de Lord Altrincham de 1957 accusant ses discours d'être ceux d'une « écolière suffisante » étaient particulièrement inhabituels[187]. Dans les années 1960, la monarchie tenta de renvoyer une image plus moderne en réalisant le documentaire télévisé Royal Family montrant la famille royale dans la vie de tous les jours et en retransmettant l'investiture du prince Charles[188]. La reine prit l'habitude de porter des pardessus aux couleurs éclatantes et des chapeaux décorés qui lui permettaient d'être facilement visible dans une foule[189].
122
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123
+ Lors de son jubilé d'argent en 1977, les foules étaient véritablement enthousiastes[190] mais les révélations de la presse sur la monarchie dans les années 1980 accrurent les critiques à son encontre[191]. La popularité d'Élisabeth II continua de diminuer dans les années 1990 et sous la pression du public, elle fut obligée de payer un impôt sur le revenu et d'ouvrir le palais de Buckingham[192]. La désaffection envers la monarchie atteignit son maximum après la mort de Diana même si elle diminua après l'allocution de la reine six jours plus tard[193].
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+ En novembre 1999, les électeurs australiens refusèrent la suppression de la monarchie australienne lors d'un référendum[194]. Des sondages en Grande-Bretagne en 2006 et 2007 révélèrent un fort soutien envers Élisabeth II[195],[196],[197] et des référendums aux Tuvalu en 2008 et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines en 2009 rejetèrent des propositions républicaines[198].
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127
+ La fortune personnelle d'Élisabeth II a fait l'objet de nombreuses spéculations au cours des ans. Le magazine Forbes estima en 2010 que ses biens auraient une valeur d'environ 450 millions de dollars[199] mais une déclaration officielle du palais de Buckingham en 1993 qualifia les estimations de 100 millions de livres de « grossièrement exagérées »[200]. Jock Colville, qui fut l'un de ses secrétaires particuliers et le directeur de sa banque, Coutts, estima en 1971 sa richesse à 2 millions de livres (l'équivalent d'environ 23 millions de livres de 2012[201],[202],[203]). La Royal Collection (qui inclut des œuvres d'art et les Joyaux de la Couronne britannique) n'appartient pas personnellement à la reine et est gérée par une fiducie[204] de même que les résidences royales comme le palais de Buckingham, le château de Windsor[205] et le duché de Lancastre, un portefeuille d'investissement évalué en 2011 à 383 millions de livres[206]. Sandringham House et le château de Balmoral sont des propriétés personnelles de la reine[205]. Le portefeuille du Crown Estate gérant les actifs de la Couronne britannique avait une valeur de 7,3 millions de livres en 2011[207] mais est indépendant de la reine[208].
128
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+ En 2017, les Paradise Papers révèlent que le Duché de Lancastre, qui gère les fonds privés de la reine, a investi, en 2005, 7,5 millions de livres dans un fonds d'investissement basé dans les Îles Caïmans, un paradis fiscal. Une petite partie de ce montant a en outre été investie dans la chaîne de magasins d'électroménager BrightHouse (en), accusée par les autorités britanniques d'utiliser des méthodes de vente agressives, et condamnée en octobre 2017 par la Financial Conduct Authority à rembourser 16,6 millions d'euros à 249 000 clients ; le directeur financier du Duché de Lancastre, Chris Adcock, indique cependant qu'il ignorait avoir investi dans BrightHouse. Par ailleurs, 5 millions de livres d'Élisabeth II ont été investis dans le Jubilee Absolute Return Fund, un fonds basé aux Bermudes puis à Guernesey (deux paradis fiscaux), qui investissait sur des marchés spéculatifs ; la Couronne nie cependant en avoir tiré de quelconques avantages fiscaux. Les investissements offshore révélés par les Paradise Papers n'étaient auparavant pas divulgués, ce qui a donné lieu à des critiques quant au manque de transparence des placements opérés avec les fonds privés d'Élisabeth II[209],[210].
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+ L'effigie de la reine a été reproduite sur un grand nombre de pièces de monnaie, de billets de banque et de timbres dans les royaumes du Commonwealth.
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133
+ Le rôle d'Élisabeth II a été interprété à l'écran par :
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135
+ Élisabeth II a également été jouée à la télévision par :
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137
+ Dans le film Les Minions, Bob la fait destituer après avoir extrait Excalibur d'un rocher, mais elle récupère son trône peu après. Elle est représentée dans l'épisode Homer rentre dans la reine des Simpsons.
138
+
139
+ Jan Ravens faisait la voix de sa marionnette dans l'émission satirique britannique Spitting Image (1984-1996) et l'imitait dans plusieurs émissions radios ou télévisées. Scott Thompson jouait fréquemment la reine dans l'émission comique canadienne The Kids in the Hall au début des années 1990. L'animatrice britannique Tracey Ullman l'imitait régulièrement dans son émission Tracey Takes On....
140
+
141
+ Élisabeth II possède de nombreux titres et grades militaires honoraires dans tout le Commonwealth, est la souveraine de nombreux ordres dans ses royaumes et a reçu des distinctions et des honneurs dans le monde entier. Elle possède officiellement un titre différent dans chacun de ses royaumes : Reine de Nouvelle-Zélande en Nouvelle-Zélande, reine des Tuvalu dans les Tuvalu, etc. Dans les îles Anglo-Normandes et l'île de Man qui sont des dépendances de la Couronne, elle est désignée respectivement par duc de Normandie[212] et seigneur de Man. Dans certains territoires, son titre officiel comprend « défenseur de la foi » et « duc de Lancastre »[212].
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+ Elle est connue successivement sous les titres de :
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+ Du 21 avril 1944 (jour de ses 18 ans) à son couronnement, les armoiries d'Élisabeth II étaient composées d'un losange portant les armoiries royales du Royaume-Uni différenciées par un lambel de trois points argent ; le point central portant une rose Tudor et les deux autres, une croix de saint Georges[213]. À son accession au trône, elle hérita des diverses armoiries utilisées par son père durant son règne.
146
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+ Ajout de l'Ordre de la Jarretière en 1947.
148
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+ La reine possède également des étendards et des drapeaux personnels dans les différents royaumes du Commonwealth[214].
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+ Étendard personnel d'Élisabeth II.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Royaume-Uni.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Australie.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Canada.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Nouvelle Zélande.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Jamaïque.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé à Malte.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Sierra Leone.
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+ Élisabeth II (prononcé en français [elizabɛt][a] ; en anglais : Elizabeth II, prononcé [əˈlɪzəbəθ])[b], née le 21 avril 1926 à Londres, est la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances. Elle est également le chef du Commonwealth of Nations, organisation regroupant cinquante-trois États.
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7
+ Lorsque son père George VI accède au trône en 1936 à la suite de l'abdication de son frère Édouard VIII, elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive de la Couronne britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle s'enrôle au sein de l'Auxiliary Territorial Service. Le 20 novembre 1947, elle épouse Philip Mountbatten, prince de Grèce et du Danemark, avec qui elle aura quatre enfants : Charles, prince de Galles, Anne, princesse royale, Andrew, duc d'York et Edward, comte de Wessex.
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+ Elle accède au trône britannique le 6 février 1952 à l'âge de 25 ans. Son couronnement, le 2 juin 1953, est le premier à être retransmis à la télévision. Elle devient le souverain de sept États indépendants du Commonwealth : l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada, Ceylan, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan et le Royaume-Uni. Entre 1956 et 1992, le nombre de ses royaumes change car des territoires obtiennent leur indépendance et certains royaumes deviennent des républiques. En plus de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni susmentionnés, Élisabeth II est aujourd'hui reine de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de Grenade, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Belize, d'Antigua-et-Barbuda et de Saint-Christophe-et-Niévès.
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+ Au cours d'un long règne où elle voit passer quinze Premiers ministres britanniques, elle réalise de nombreuses visites historiques et supervise plusieurs changements constitutionnels dans ses royaumes comme la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni et le rapatriement de la Constitution du Canada. Elle rencontre également des moments difficiles, comme l'assassinat de l'oncle du prince Philip, Louis Mountbatten, les séparations et le divorce de trois de ses enfants en 1992 (année qu'elle qualifie d'annus horribilis), la mort de sa belle-fille, Diana Spencer, en 1997, et les décès de sa mère et de sa sœur en 2002. La reine a dû faire face à de virulentes critiques de la presse à l'encontre de la famille royale, mais le soutien à la monarchie et sa popularité personnelle restent élevés au sein de la population britannique.
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+ Depuis le 9 septembre 2015, elle est le souverain britannique ayant régné le plus longtemps (à ce jour 68 ans, 5 mois et 22 jours), dépassant la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria (63 ans, 7 mois et 2 jours). Le 13 octobre 2016, à la suite de la mort du roi de Thaïlande Rama IX, elle devient le souverain régnant depuis le plus longtemps et la plus âgée actuellement en fonction.
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+ Élisabeth est le premier enfant du prince Albert, duc d'York (futur George VI) et de son épouse, Élisabeth. Son père est le second fils du roi George V et de la reine Mary et sa mère est la plus jeune fille de l'aristocrate écossais Claude Bowes-Lyon, Lord Strathmore Élisabeth naît par césarienne à 2 h 40 le 21 avril 1926 dans la résidence londonienne de ses grands-parents maternels, située au 17 Bruton Street, à Mayfair[1]. Elle est baptisée par l'archevêque d'York, Cosmo Lang, dans la chapelle privée du palais de Buckingham le 29 mai[2],[c]. Elle est nommée Élisabeth en hommage à sa mère, Alexandra en hommage à son arrière-grand-mère la reine mère du roi George V, morte six mois auparavant, et Mary en hommage à sa grand-mère paternelle, la reine Mary[4]. Ses proches la surnommaient « Lilibet »[5]. George V adorait sa petite-fille et lorsqu'il tomba gravement malade en 1929, la presse populaire et ses biographes ultérieurs attribuèrent son rétablissement aux fréquentes visites de la petite Élisabeth qui avait trois ans[6]. Arrière-arrière-petite-fille de la reine Victoria, impératrice des Indes décédée en 1901, elle a connu les trois plus jeunes enfants de sa fameuse trisaïeule et peut être considérée comme une enfant de l'époque victorienne.
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+ La reine Élisabeth a une sœur, Margaret, de quatre ans sa cadette. Les deux princesses sont éduquées à la maison sous la supervision de leur mère et de leur gouvernante, Marion Crawford, surnommée « Crawfie »[7]. L'enseignement se concentre sur l'histoire, l'élocution, la littérature et la musique[8]. Au désarroi de la famille royale[9], Crawford publie en 1950 un livre sur l'enfance d'Élisabeth et de Margaret, intitulé The Little Princesses (Les Petites Princesses), dans lequel elle décrit l'amour d'Élisabeth pour les chevaux et les chiens, sa discipline et son sens des responsabilités[10]. D'autres corroborent ces observations ; Winston Churchill écrit au sujet d'Élisabeth alors qu'elle a deux ans : « Elle a un air autoritaire et une réflexivité époustouflante pour un enfant[11] ». Sa cousine Margaret Rhodes la décrit comme une « petite fille joviale mais extrêmement sensée et bien élevée »[12]. En 1933, âgée de sept ans, la princesse est portraiturée par le peintre des cours royales et du monde aristocratique Philip de Laszlo.
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+ En tant que petite-fille d'un monarque dans la lignée masculine, les prédicat et titre complet de la petite fille sont Son Altesse Royale la princesse Élisabeth d'York[d]. Elle est alors troisième dans l'ordre de succession au trône britannique après son oncle, Édouard de Galles et son père, le duc d'York. Même si sa naissance attire l'attention du public, il n'est pas prévu qu'elle devienne un jour reine car le prince de Galles n'a que 31 ans et beaucoup pensent qu'il se mariera et aura des enfants[13]. En 1936, lorsque son grand-père le roi George V décède, son oncle monte sur le trône sous le nom d'Édouard VIII et elle passe en seconde place dans l'ordre de succession. En décembre 1936, Édouard VIII abdique (son intention d'épouser Wallis Simpson, deux fois divorcée, cause une crise constitutionnelle)[14]. Le père d'Élisabeth devient alors roi sous le nom de George VI et elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive avec le titre de Son Altesse Royale la princesse Élisabeth[15]. Si ses parents avaient eu un fils par la suite, elle aurait perdu sa position d'héritière présomptive et son frère serait devenu le prince héritier au trône britannique[16]. Élisabeth reçoit un enseignement privé en histoire constitutionnelle avec Henry Marten, le vice-président du collège d'Eton[17] et elle apprend le français auprès de gouvernantes dont c'était la langue maternelle[18]. Une compagnie de guidisme, la 1re compagnie du palais de Buckingham est spécialement formée pour qu'elle puisse rencontrer des filles de son âge[19].
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+ En 1939, les parents d'Élisabeth se rendent au Canada et aux États-Unis. Comme en 1927, lorsqu'ils se rendent en Australie et en Nouvelle-Zélande, Élisabeth reste au Royaume-Uni car son père considère qu'elle est trop jeune pour de tels voyages[20]. Élisabeth « semblait au bord des larmes » au départ de ses parents[21]. Ils échangeaient régulièrement des lettres[21] et le 18 mai, ils réalisèrent le premier appel téléphonique transatlantique de la famille royale[20].
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+ Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni entre dans la Seconde Guerre mondiale. Lors de cette période de conflit, alors que les villes anglaises sont fréquemment bombardées par l'aviation allemande, les enfants sont évacués dans les zones rurales. L'homme politique Douglas Hogg suggère que les deux princesses soient évacuées au Canada, mais cette proposition est refusée par la mère d'Élisabeth, qui déclare : « Mes enfants n'iront nulle part sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais[22]. » Les princesses Élisabeth et Margaret restent au château de Balmoral, en Écosse, jusqu'à Noël 1939, puis sont emmenées à Sandringham House, dans le comté de Norfolk[23]. De février à mai 1940, elles résident au Royal Lodge (en) dans le grand parc de Windsor, avant de s'installer au château de Windsor, où elles restent pendant la plus grande partie de la guerre[24]. À Windsor, Élisabeth organise une pantomime à Noël pour soutenir le Queen's Wool Fund, qui achète de la laine pour tricoter des habits militaires[25]. En 1940, alors âgée de 14 ans, elle prononce sa première allocution radiophonique durant une émission pour les enfants de la BBC, dans laquelle elle s'adresse à ceux ayant été évacués[26] :
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+ « Nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour aider nos valeureux marins, soldats et aviateurs et nous essayons également de porter notre part du danger et de la tristesse de la guerre. Nous savons, chacun de nous, que tout se terminera bien[26]. »
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+ En 1943, à l'âge de 16 ans, Élisabeth réalise sa première apparition publique seule lors d'une inspection des Grenadier Guards, dont elle a été nommée colonel en chef l'année précédente[27]. Alors qu'elle approche de ses 18 ans, la loi est modifiée pour qu'elle puisse devenir l'un des cinq conseillers d'État (en) en cas d'incapacité de son père ou lors d'un déplacement à l'étranger, comme durant sa visite en Italie en juillet 1944[28]. En février 1945, elle rejoint l'Auxiliary Territorial Service avec le grade honoraire de sous-lieutenant[29] (second subaltern). Elle reçoit un entraînement en conduite et mécanique et est promue capitaine honoraire (junior commander) cinq mois plus tard[30],[31].
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+ Le 8 mai 1945, les princesses Élisabeth et Margaret se mêlent anonymement à la foule en liesse dans les rues de Londres. Élisabeth déclare ensuite dans l'un de ses rares entretiens : « nous avions demandé à nos parents si nous pouvions sortir et voir de nous-mêmes. Je me souviens que nous étions terrifiées à l'idée que l'on nous reconnaisse… Je me souviens des files d'inconnus se tenant la main et descendant Whitehall, tous ensemble dans une marée de bonheur et de soulagement[32]. »
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+ Durant la guerre, le gouvernement cherche à plusieurs reprises à apaiser le nationalisme gallois en rapprochant Élisabeth du Pays de Galles[33]. Il est ainsi suggéré que la princesse devienne connétable du château de Caernarfon, une fonction exercée alors par David Lloyd George. Le secrétaire d'État à l'Intérieur, Herbert Morrison, envisage de la nommer à la tête de l'Urdd Gobaith Cymru (en), l'organisation de jeunesse galloise[33]. Les politiciens gallois proposent qu'Élisabeth devienne princesse de Galles à l'occasion de son 18e anniversaire[34]. Ces projets sont cependant abandonnés pour diverses raisons, dont la peur qu'Élisabeth ne soit associée à des objecteurs de conscience au sein de l'Urdd[33]. En 1946, elle rejoint le Gorsedd des bardes de l'île de Bretagne à l'Eisteddfod Genedlaethol[35].
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+ En 1947, la princesse Élisabeth réalise son premier voyage à l'étranger en accompagnant ses parents en Afrique australe. Dans une allocution au Commonwealth of Nations le jour de ses 21 ans, elle fait la promesse suivante :
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+ « Je déclare devant vous tous que je consacrerai toute ma vie, qu'elle soit longue ou brève, à votre service et au service de la grande famille impériale dont nous faisons tous partie[36]. »
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+ Élisabeth rencontra son futur époux, le prince Philippe de Grèce et de Danemark de cinq ans son aîné en 1934 et 1937[37]. Ils étaient cousins issus de germains étant tous deux par le roi de Danemark, Christian IX, et cousins arrière-issus de germains par la reine Victoria. Ils se rencontrèrent à nouveau au Royal Naval College de Darmouth en juillet 1939 ; même si elle n'avait que 13 ans, Élisabeth déclara qu'elle était tombée amoureuse de Philip et les deux commencèrent à échanger des lettres[38]. Leurs fiançailles furent officiellement annoncées le 9 juillet 1947[39].
38
+
39
+ Cette relation ne fut pas exempte de controverses car Phillip n'était qu'un membre d'une branche cadette de la Maison royale de Grèce et la monarchie grecque avait connu nombres de vicissitudes depuis le début du siècle. De plus, ce prince d'origine étrangère (même s'il avait été naturalisé à la suite de son service dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale) n'était pas particulièrement riche. Certaines de ses sœurs avaient épousé des princes allemands proches du parti nazi[40]. Marion Crawford écrivit, « certains des conseillers du roi considéraient qu'il n'était pas suffisamment bien pour elle. Il était un prince sans maison ou royaume. Certains documents appuyaient clairement et fortement sur les origines étrangères de Philip »[41]. Des biographies ultérieures avancent que la mère d'Élisabeth se serait initialement opposée à l'union en qualifiant même Philip de Hun (équivalent anglais de « boche »)[42]. Elle indiqua cependant vers la fin de sa vie à son biographe Tim Heald que Philip était un « gentleman anglais »[43].
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+ Avant le mariage, Philip renonça à ses titres grecs et danois, abandonna l'Église orthodoxe de Grèce pour l'anglicanisme et adopta le titre de Lieutenant Philip Mountbatten en prenant le nom britannique de sa mère[44]. Juste avant le mariage, il fut fait duc d'Édimbourg et reçut le prédicat d'Altesse Royale[45].
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+ Élisabeth et Philip se marièrent le 20 novembre 1947 à l'abbaye de Westminster. Ils reçurent environ 2 500 présents venant du monde entier[46]. Comme le Royaume-Uni ne s'était pas encore complètement remis de la guerre, Élisabeth imposa que des coupons de rationnement soient utilisés pour acheter le tissu de sa robe qui fut dessinée par Norman Hartnell (en)[47]. Les proches allemands du duc d'Édimbourg, dont ses trois sœurs[48] survivantes ainsi que le duc de Windsor, l'ancien roi Édouard VIII, ne furent pas invités à la cérémonie[49].
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45
+ Élisabeth donna naissance à son premier enfant, Charles, dès le 14 novembre 1948. Un mois plus tôt, le roi avait délivré des lettres patentes autorisant ses enfants à porter les titres de prince ou de princesse, ce qui leur était théoriquement interdit car leur père n'était plus un prince royal[50]. Un second enfant, la princesse Anne naquit le 15 août 1950[51].
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+ À la suite de son mariage, le couple loua Windlesham Moor près du château de Windsor jusqu'au 4 juillet 1949[46] lorsqu'ils s'installèrent à Clarence House à Londres. À plusieurs reprises entre 1949 et 1951, le duc d'Édimbourg fut stationné dans le protectorat britannique de Malte du fait de son rôle d'officier dans la Royal Navy. Élisabeth et lui résidaient alors dans le village maltais de Gwardamanġa où ils louaient la résidence de l'oncle de Philip, Louis Mountbatten. Durant cette période, leurs enfants restèrent au Royaume-Uni[52].
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+ En 1951, la santé de George VI décline et Élisabeth le remplace fréquemment pour les cérémonies publiques. Lors de sa visite en Amérique du Nord où elle se rend au Canada et rencontre le président Truman à Washington, D.C. en octobre 1951, son secrétaire particulier, Martin Charteris, porte avec lui le brouillon d'une déclaration d'accession au trône si le roi venait à mourir lors de son voyage[53]. Au début de l'année 1952, Élisabeth et Philip entreprennent une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande avec une escale au Kenya. Le 6 février 1952, alors qu'ils venaient juste de rentrer à leur résidence kényane de Sagana Lodge après une visite du parc national d'Aberdare, ils apprennent la mort du roi[54]. Martin Charteris lui demande de choisir un nom de règne et elle décide de garder Élisabeth, « évidemment »[55]. Elle est alors proclamée reine dans tous ses royaumes sous le nom d'Élisabeth II (une Élisabeth ayant déjà régné au XVIe siècle) et les membres de la cour rentrent hâtivement au Royaume-Uni[56]. En tant que nouveau monarque, elle s'installe au palais de Buckingham[57].
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+ Avec l'accession au trône d'Élisabeth, il semblait probable que la Maison royale allait porter le nom de son époux pour devenir la Maison de Mountbatten comme cela était la coutume pour une femme de prendre le nom de son époux. La grand-mère d'Élisabeth, Mary de Teck, et le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, préféraient conserver le nom de Maison de Windsor et le mot Windsor fut maintenu. Le duc se plaignit qu'il « était le seul homme du pays à ne pas avoir le droit de donner son nom à ses propres enfants »[58]. En 1960, après la mort de Mary de Teck en 1953 et la démission de Churchill en 1955, le nom Mountbatten-Windsor fut adopté pour Philip et ses descendants de lignée masculine qui ne portent pas de titres royaux[59].
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+ Au milieu des préparatifs pour le couronnement, la princesse Margaret informa sa sœur qu'elle souhaitait épouser l'aviateur Peter Townsend de 16 ans son aîné et ayant deux enfants d'un précédent mariage. La reine lui demanda d'attendre un an ; selon Martin Charteris, « la reine était naturellement compatissante envers la princesse mais je pense qu'elle imaginait, qu'elle espérait, qu'avec le temps, cette liaison s'essoufflerait d'elle-même »[60]. Les chefs politiques étaient opposés à cette union et l'Église d'Angleterre n'autorisait pas le remariage si le divorcé n'était pas veuf. Si Margaret réalisait un mariage civil, il était probable qu'elle devrait renoncer à son droit au trône[61]. Elle décida finalement d'abandonner sa relation avec Townsend[62]. En 1960, elle épousa Antony Armstrong-Jones qui fut fait comte de Snowdon l'année suivante. Ils divorcèrent en 1978 et elle ne se remaria pas[63].
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+ Malgré la mort de la reine Mary le 24 mars, les préparatifs du couronnement se poursuivirent et il eut lieu comme prévu le 2 juin 1953[64]. À l'exception de l'eucharistie et de l'onction, l'ensemble de la cérémonie à l'abbaye de Westminster fut retransmis à la télévision pour la première fois de l'histoire[65],[e]. La robe de couronnement fut dessinée par Norman Hartnell (en) et était brodée avec les emblèmes floraux des pays du Commonwealth[70] : la rose Tudor anglaise, le chardon écossais, le poireau gallois, le trèfle irlandais, la feuille d'érable canadienne, le mimosa doré australien, la fougère argentée néo-zélandaise, la protée royale sud-africaine, la fleur de lotus pour l'Inde et Ceylan et le blé, le coton et le jute pakistanais[71].
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+ Au cours de son règne, la reine Élisabeth II assista à la transformation de l'Empire britannique en Commonwealth of Nations[72]. Au moment de son accession au trône en 1952, son rôle de chef d'État de multiples États indépendants était déjà établi[73]. Entre 1953 et 1954, la reine et son époux s'embarquèrent dans un tour du monde de six mois. Elle devint ainsi le premier monarque d'Australie et de Nouvelle-Zélande à visiter ces pays[74]. Les visites de la reine attirèrent de larges foules et on estime que les trois quarts de la population australienne l'ont vue à cette occasion[75]. Au cours de son règne, la reine a réalisé plus de 170 visites dans les États du Commonwealth[76] et près d'une centaine dans les États n'en faisant pas partie[77] ; elle est ainsi le chef d'État qui a le plus voyagé dans l'histoire[78].
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+ En 1956, le président du Conseil français Guy Mollet et le Premier ministre britannique Anthony Eden évoquèrent la possibilité pour la France de rejoindre le Commonwealth. La proposition ne fut jamais acceptée et la France signa l'année suivante le traité de Rome établissant la Communauté économique européenne, précurseur de l'Union européenne[79]. En novembre 1956, le Royaume-Uni et la France envahirent l'Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez ; l'opération se termina lamentablement et Eden démissionna deux mois plus tard. Louis Mountbatten affirma que la reine était opposée à l'offensive mais Eden nia cette affirmation[80].
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+ En l'absence d'un mécanisme formel au sein du parti conservateur pour choisir un nouveau chef après la démission d'Eden, il incomba à la reine de décider qui devait former un nouveau gouvernement. Eden recommanda qu'elle consulte Lord Salisbury, le Lord président du Conseil. Ce dernier et Lord Kilmuir, le lord chancelier sollicitèrent l'avis du Cabinet et de Winston Churchill et la reine nomma le candidat proposé, Harold Macmillan[81].
62
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+ La crise de Suez et le choix du successeur d'Eden donnèrent lieu à la première critique personnelle importante de la reine en 1957. Dans un journal qu'il possédait et éditait[82], Lord Altrincham l'accusa d'être « dépassée »[83] et « incapable d'aligner plus de quelques phrases sans aide ». Les propos d'Altrincham furent condamnés et il fut physiquement agressé[84]. Six ans plus tard, en 1963, Macmillan démissionna et conseilla à la reine de choisir Alec Douglas-Home pour lui succéder, ce qu'elle fit[85]. Elle fut à nouveau critiquée pour avoir nommé un premier ministre sur les conseils d'un petit nombre de ministres ou d'un seul d'entre eux[85]. En 1965, les conservateurs adoptèrent un nouveau mode de désignation de leur chef qui n'imposait plus à la reine de choisir[86].
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+ En 1957, elle se rendit aux États-Unis et s'adressa devant l'Assemblée générale des Nations unies au nom du Commonwealth. Lors de la même visite diplomatique, elle inaugura la 23e législature du Canada, devenant ainsi le premier monarque canadien à ouvrir une session parlementaire[87]. Deux ans plus tard, uniquement en sa capacité de reine du Canada, elle retourna aux États-Unis et visita le Canada[87],[88] alors qu'elle avait appris, à son arrivée à Saint-Jean sur l'île de Terre-Neuve, qu'elle attendait son troisième enfant[89]. En 1961, elle se rendit à Chypre, en Inde, au Pakistan, au Népal et en Iran[90]. Lors d'une visite au Ghana la même année, elle rejette les craintes pour sa sécurité même si son hôte, le président Kwame Nkrumah, qui l'avait remplacé en tant que chef d'État du Ghana l'année précédente, était la cible d'assassins[91],[92],[91]. Avant son passage au Québec en 1964, la presse rapporte que des extrémistes du mouvement séparatiste de la province préparent un projet visant à son assassinat[93],[94],[95]. Il n'y eut pas de tentative d'assassinat mais des manifestations éclatèrent alors qu'elle se trouvait à Québec ; le « calme et le courage de la reine face à la violence » furent remarqués[96].
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+ Les grossesses ayant précédé les naissances d'Andrew, en 1960, et d'Edward, en 1964, furent les seules occasions au cours desquelles elle ne participa pas à la cérémonie d'ouverture du Parlement britannique durant son règne[97]. En plus de participer aux cérémonies traditionnelles, Élisabeth II introduisit de nouvelles pratiques comme le premier bain de foule royal qui eut lieu lors d'une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande en 1970[98].
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69
+ Les années 1960 et 1970 furent marquées par une accélération de la décolonisation en Afrique et dans les Caraïbes. Plus de vingt pays obtinrent leur indépendance par le biais de transitions négociées vers une plus grande autonomie. En 1965, le premier ministre de Rhodésie déclara cependant unilatéralement l'indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni pour maintenir la domination blanche tout en exprimant sa « loyauté et sa dévotion » à Élisabeth II. Même si la reine le rejeta dans une déclaration formelle et que la Rhodésie fut touchée par des sanctions internationales, le régime de Smith survécut jusqu'en 1979[99].
70
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71
+ En février 1974, le premier ministre britannique Edward Heath conseilla à la reine d'appeler des élections générales alors qu'elle se trouvait en visite dans les îles du Pacifique, ce qui lui imposa de rentrer au Royaume-Uni[100]. Les élections débouchèrent sur un parlement minoritaire et Heath démissionna quand les négociations en vue de former un gouvernement de coalition avec le parti libéral échouèrent. La reine demanda alors au chef de l'opposition officielle, le travailliste Harold Wilson, de former un gouvernement[101].
72
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73
+ Un an plus tard, au paroxysme de la crise constitutionnelle australienne de 1975, le premier ministre australien Gough Whitlam fut limogé par le gouverneur général John Kerr après que le Sénat contrôlé par l'opposition eut refusé les propositions budgétaires de Whitlam[102]. Comme ce dernier disposait d'une majorité à la Chambre des représentants, son président, Gordon Scholes (en), fit appel à la reine pour annuler la décision de Kerr. Élisabeth II refusa en affirmant qu'elle ne pouvait pas intervenir dans des décisions que la constitution de l'Australie réservait au gouverneur général[103]. La crise alimenta les sentiments républicains en Australie[102].
74
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75
+ En 1977, Élisabeth II célèbre son jubilé d'argent marquant ses 25 années de règne. Des célébrations et des cérémonies eurent lieu dans tout le Commonwealth et furent généralement organisées au moment de la visite de la souveraine. Ces festivités réaffirmèrent la popularité de la reine malgré la couverture médiatique négative à l'occasion du divorce de la princesse Margaret[104]. En 1978, la reine reçut en visite officielle le dictateur communiste de Roumanie, Nicolae Ceaușescu et son épouse Elena[105], même si elle déclare en privé qu'ils avaient du « sang sur les mains »[106]. L'année suivante est marquée par deux faits divers : la découverte qu'Anthony Blunt, l'ancien conservateur des collections royales, était un espion communiste et l'assassinat de son parent proche, Lord Mountbatten, par l'armée républicaine irlandaise provisoire[107].
76
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77
+ Selon l'homme politique canadien Paul Martin, à la fin des années 1970, la reine s'inquiète que la Couronne « signifiait peu pour » le Premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau. Le politique britannique Tony Benn déclare que la reine trouvait Trudeau « assez décevant »[108]. Le républicanisme supposé de Trudeau semblait être confirmé par ses bouffonneries comme les glissades sur les rampes d'escalier du palais de Buckingham, ses pirouettes dans le dos de la reine en 1977 et le retrait de plusieurs symboles royaux canadiens durant son mandat. En 1980, des hommes politiques canadiens se rendant à Londres pour évoquer le rapatriement de la Constitution du Canada trouvèrent la reine « mieux informée… que tout autre politicien ou bureaucrate britannique ». Elle s'intéressait particulièrement au sujet après le rejet de la loi canadienne C-60 qui aurait affecté son statut de chef d'État. Le rapatriement de 1982 supprima le besoin de consulter le Parlement britannique pour modifier la constitution canadienne mais la monarchie fut maintenue. Trudeau déclara dans ses mémoires que la reine était favorable à ses tentatives de réforme constitutionnelle et qu'il fut impressionné par « la grâce qu'elle avait en public » et « la sagesse qu'elle montrait en privé »[109].
78
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79
+ Durant la cérémonie du salut aux couleurs en 1981 et six semaines avant le mariage du prince Charles et de Diana Spencer, six coups de feu visèrent la reine alors qu'elle descendait The Mall sur son cheval, Burmese. La police découvrit par la suite qu'il s'agissait de cartouches à blanc. Le tireur, Marcus Sarjeant, fut condamné à cinq ans de prison avant d'être libéré au bout de trois années[110]. Le sang-froid et le contrôle de sa monture par la reine furent largement remarqués[111]. D'avril à septembre 1982, la reine s'inquiéta[112] mais fut fière[113] de son fils, le prince Andrew, qui participa à la guerre des Malouines en tant que pilote d'hélicoptère.
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81
+ Le 9 juillet 1982, la reine fut réveillée dans sa chambre du palais de Buckingham par un intrus dénommé Michael Fagan (en). Les journaux de l'époque rapportèrent qu'ils discutèrent pendant près de dix minutes avant que la sécurité n'intervienne[114], mais Michael Fagan contredit ces affirmations[115].
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83
+ Même si elle avait accueilli le président américain Ronald Reagan au château de Windsor en 1982 et s'était rendue dans son ranch californien en 1983, Élisabeth II fut irritée quand l'administration américaine lança l'invasion de la Grenade, l'un de ses royaumes caribéens, sans l'avoir informée au préalable[116].
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+ L'intérêt des médias pour les opinions et la vie privée de la famille royale dans les années 1980 entraînèrent une série de révélations sensationnelles dont la véracité n'était pas toujours établie[117]. Comme Kelvin MacKenzie, le rédacteur en chef de The Sun déclara à son personnel : « Donnez-moi des frasques de la famille royale. Ne vous inquiétez pas si ce n'est pas vrai dans la mesure où il n'y a pas trop de problèmes par la suite »[118]. Le rédacteur de The Observer, Donald Trelford, écrivit dans le numéro du 21 septembre 1986 : « le feuilleton royal a atteint un tel degré d'intérêt public que la frontière entre fiction et réalité a été perdue de vue… Ce n'est pas simplement que certains journaux ne vérifient pas leurs informations ou refusent d'accepter les démentis : ils ne se soucient pas de savoir si ces histoires sont vraies ou non ». Il fut rapporté, principalement par le Sunday Times, que la reine s'inquiétait du fait que les politiques économiques du premier ministre britannique Margaret Thatcher accentuait les divisions de la société et qu'elle était alarmée par le fort taux de chômage, une série d'émeutes en 1981, la violence de la grève des mineurs et le refus du gouvernement de sanctionner le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Les rumeurs provenaient de l'assistant de la reine, Michael Shea, et du secrétaire général du Commonwealth, Shridath Ramphal, mais Shea avança que ses paroles avaient été sorties de leur contexte puis amplifiées par les journalistes[119]. Thatcher aurait ainsi dit que la reine allait voter pour ses opposants du parti social démocrate[120]. Le biographe de Thatcher, John Campbell, affirma qu'il s'agissait « d'un exemple de sottises journalistiques »[121]. Contredisant les rapports parlant de leurs mauvaises relations, Thatcher exprima par la suite son admiration personnelle pour la reine[122] et après son remplacement par John Major, la reine la fit entrer dans les ordres du Mérite et de la Jarretière[123]. L'ancien premier ministre canadien Brian Mulroney déclara qu'Élisabeth II avait joué un « grand rôle en coulisses » pour mettre un terme à l'Apartheid en Afrique du Sud[124],[125].
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+ En 1987 au Canada, la reine exprima publiquement son soutien à l'accord du lac Meech qui divisait la classe politique canadienne et elle fut critiquée par les opposants à ces amendements constitutionnels, dont Pierre Trudeau[124]. La même année, le gouvernement fidjien démocratiquement élu fut renversé par un coup d'État. En tant que monarque des Fidji, Élisabeth II soutint les efforts du gouverneur général Penaia Ganilau pour exercer le pouvoir exécutif et trouver une sortie à la crise mais l'organisateur du coup d'État, Sitiveni Rabuka, déposa Ganilau et abolit la monarchie[126]. Au début de l'année 1991, les estimations par la presse de la richesse personnelle de la reine qui étaient supérieures aux données fournies par le palais et les révélations d'adultères et de mariages tendus dans la famille royale affaiblirent le soutien à la monarchie au Royaume-Uni[127]. La participation des enfants de la reine à un jeu télévisé caritatif appelé It's a Royal Knockout fut tournée en ridicule dans la presse[128] et la reine devint la cible des moqueries[129].
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+ En 1991, après la victoire de la coalition dans la guerre du Golfe, la reine devint le premier souverain britannique à s'adresser à une session conjointe du Congrès des États-Unis[130]. Le 24 novembre 1992, dans un discours marquant ses 40 années de règne, Élisabeth II qualifia 1992 comme son annus horribilis (« année horrible »[131]). En mars, son second fils, le prince Andrew d'York et son épouse Sarah Ferguson se séparèrent ; en avril, sa fille, la princesse Anne divorça de son époux Mark Phillips[132] ; durant une visite officielle en Allemagne en octobre, des manifestants à Dresde lui jetèrent des œufs[133] et en novembre, le château de Windsor fut touché par un grave incendie. La monarchie fut critiquée et cela accrut le désamour du public[134]. Dans un discours inhabituellement personnel, la reine déclara que toute institution doit s'attendre à des critiques mais suggéra qu'elles devraient être réalisées avec « une touche d'humour, de délicatesse et de compréhension »[135]. Deux jours plus tard, le premier ministre John Major annonça une réforme des finances de la monarchie qui se traduisirent par une réduction de la liste civile et obligèrent le souverain à payer un impôt sur le revenu pour la première fois de son histoire[136]. En décembre, le prince Charles et son épouse Diana Spencer annoncèrent officiellement leur séparation[137]. L'année se termina par un procès pour violation du droit d'auteur intenté par la reine contre le journal The Sun qui avait publié le texte de son allocution de Noël deux jours avant sa diffusion. Le journal fut condamné à payer les frais de justice et une indemnité de 200 000 £ qui fut donnée à des organisations caritatives[138].
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+ Dans les années qui suivirent, les révélations sur le mariage de Charles et Diana continuèrent[139]. Même si les idées républicaines semblaient plus populaires que jamais au Royaume-Uni, le républicanisme restait minoritaire et la reine conservait des niveaux d'approbation élevés[140]. Les critiques se concentraient plus sur l'institution monarchique et la famille élargie de la reine que sur ses actions et son propre comportement[141]. Après en avoir discuté avec le premier ministre John Major, l'archevêque de Cantorbéry George Carey, son secrétaire particulier Robert Fellowes et son époux, elle écrivit à Charles et Diana à la fin du mois de décembre 1995 pour leur dire qu'un divorce était préférable[142]. Un an après le divorce qui eut lieu en 1996, Diana mourut dans un accident de la route à Paris le 31 août 1997. La reine était en vacances avec Charles et ses petits-enfants, William et Harry, au château de Balmoral. Les deux enfants de Diana voulurent se rendre à l'église et le couple royal les y accompagna dans la matinée[143]. Après cette unique apparition publique, la reine et le duc d'Édimbourg protégèrent leurs petits-enfants du tourbillon médiatique en les gardant au château pendant cinq jours[144] mais l'opinion publique fut consternée par le fait que la famille royale n'ait pas mis en berne les drapeaux du palais de Buckingham[125],[145]. Pressée par les réactions hostiles, la reine rentra à Londres et accepta de réaliser une allocution télévisée le 5 septembre, la veille des funérailles de Diana[146]. Elle y exprima son admiration pour Diana et ses sentiments « de grand-mère » pour les princes William et Harry[147] ; cet acte fut apprécié par l'opinion publique et l'hostilité s'affaiblit[147].
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+ En 2002, Élisabeth II célèbre ses 50 ans de règne lors de son jubilé d'or. Sa sœur et sa mère étant mortes respectivement en février et en mars, les médias se demandèrent si le jubilé allait être un succès ou un échec[148]. Elle entreprend à nouveau une longue tournée dans ses royaumes en commençant en Jamaïque en février dont elle qualifie le banquet d'adieux de « mémorable » après qu'une coupure de courant eut plongé la résidence du gouverneur général dans le noir[149]. Comme en 1977, des manifestations de joie eurent lieu à chacun de ses déplacements et des monuments sont nommés en son honneur. Un million de personnes assistent chaque jour aux trois journées de célébrations du jubilé à Londres[150] et l'enthousiasme démontré par la foule est bien plus important que ce que les journalistes avaient prévu[151].
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+ Même si elle avait eu peu de problèmes de santé durant sa vie, elle est opérée des deux genoux en 2003. Elle inaugure le 9 octobre 2004 le bâtiment du Parlement écossais à Édimbourg — bien que les députés de la nation constitutive y aient tenu une première séance le 7 septembre —, conséquence du Scotland Act 1998. En octobre 2006, elle ne participe pas à l'inauguration du nouvel Emirates Stadium de Londres en raison d'une déchirure musculaire au dos qui la handicapait depuis l'été[152]. Deux mois plus tard, lors d'une apparition publique, elle porte un pansement à la main droite, ce qui est interprété par la presse comme le signe d'une mauvaise santé[153]. Elle avait en réalité été mordue par l'un de ses corgis alors que deux d'entre eux se battaient[154].
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+ En mai 2007, The Daily Telegraph avance de sources anonymes que la reine était « exaspérée et déçue » par les politiques du Premier ministre Tony Blair, qu'elle s'inquiétait d'un épuisement des troupes en Irak et en Afghanistan et qu'elle avait à plusieurs reprises émis des inquiétudes sur ses politiques rurales[155]. Selon les mêmes sources, elle admirait néanmoins les efforts de Blair pour mettre un terme aux violences en Irlande du Nord[156]. Le 20 mars 2008, dans la cathédrale Saint-Patrick d'Armagh de l'Église d'Irlande, la reine assiste à la première messe du Jeudi Saint (en) organisée en dehors de l'Angleterre et du pays de Galles[157]. À l'invitation de la présidente d'Irlande, Mary McAleese, la reine réalise en mai 2011, la première visite officielle d'un monarque britannique en Irlande depuis son indépendance en 1922[158].
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+ Élisabeth II s'adresse une seconde fois en tant que chef du Commonwealth devant l'Assemblée générale des Nations unies en juillet 2010[159]. Durant son passage à New York, qui suivait une visite au Canada, elle inaugure officiellement un jardin mémorial pour les victimes britanniques des attentats du 11 septembre 2001[160]. La visite de la reine en Australie en octobre 2011, sa onzième depuis 1954, est qualifiée de « tournée d'adieux » par la presse en raison de son âge[161].
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+ Le jubilé de diamant de 2012 marque les 60 années de règne d'Élisabeth II et il est à nouveau célébré dans tout le Commonwealth. Dans un communiqué publié le 6 février, elle indique : « En cette année spéciale, alors que je me consacre à nouveau à votre service, j'espère que nous allons tous nous souvenir de la puissance de l'unité et de la force rassembleuse de la famille, de l'amitié et du bon voisinage… J'espère aussi que cette année de jubilé sera l'occasion d'exprimer notre gratitude pour les avancées majeures réalisées depuis 1952 et d'envisager l'avenir avec sérénité »[162]. Elle et son mari réalisent une tournée au Royaume-Uni tandis que ses enfants et petits-enfants la représentèrent dans les royaumes du Commonwealth[163],[164],[165].
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+ La reine ouvre les Jeux olympiques d'été le 27 juillet et les Jeux paralympiques d'été le 29 août 2012 à Londres. Elle joue son propre rôle dans un court-métrage dans le cadre de la cérémonie d'ouverture avec Daniel Craig dans le rôle de James Bond[166]. Son père avait ouvert les Jeux olympiques de 1948 à Londres, et son arrière-grand-père, Édouard VII, ceux de 1908, également à Londres. Élisabeth II avait également ouvert ceux de 1976 à Montréal et Philip ceux de 1956 à Melbourne[167]. Elle est ainsi la première chef d'État à ouvrir deux Olympiades dans deux pays différents[168].
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+ En décembre 2012, elle devient le premier souverain britannique à assister en temps de paix à une réunion du cabinet britannique depuis George III en 1781 et le secrétaire d'État des Affaires étrangères, William Hague, annonce peu après que la partie auparavant sans nom du sud du territoire antarctique britannique serait nommé terre de la Reine-Élisabeth en son honneur[169],[170]. La reine accorde en 2013 le pardon royal au mathématicien Alan Turing, qui s'est suicidé en 1954 en raison de sa condamnation pour homosexualité. Turing avait participé à la Seconde Guerre mondiale pour le compte du MI6, en déchiffrant des codes allemands, mais avait été condamné peu après à la castration chimique. La reine annonce à titre posthume la totale réhabilitation de Turing, ce qui est largement repris par la presse. Elle assiste en 2014 aux commémorations du 70e anniversaire du débarquement de Normandie aux côtés de son Premier ministre David Cameron et du duc et de la duchesse de Cambridge, William et Kate.
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+ La reine Élisabeth II est le monarque britannique ayant atteint l'âge le plus avancé et ayant le plus long règne devant Victoria (depuis le 9 septembre 2015)[171] et le plus ancien souverain encore en exercice depuis le décès du roi Rama IX de Thaïlande le 13 octobre 2016. Le 20 avril 2018, les chefs de gouvernement du Commonwealth ont annoncé que le prince Charles succéderait à la reine à la tête du Commonwealth à sa disparition. La reine avait déclaré que c'était son « souhait sincère » que Charles la suive dans ce rôle. Le 23 avril 2019, le Grand-duc de Luxembourg, Jean, décède à l'âge de 98 ans, et Élisabeth II devient ainsi le plus ancien monarque vivant du monde.
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+ En novembre 2019, des rumeurs relayées par certains médias britanniques laissent entendre que la reine envisagerait abdiquer d'ici « quelques années », et plus précisément à l'occasion de son 95e anniversaire, en 2021, mais des proches de la famille royale démentent ces rumeurs. La reine n'a pas l'intention d'abdiquer, même si ses engagements publics sont de plus en plus assurés par son fils aîné au fur et à mesure que les années passent[172].
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+ La reine Élisabeth II fête son 94e anniversaire le 21 avril 2020 durant la pandémie de Covid-19, sans les traditionnels 41 coups de canon tirés depuis Hyde Park, et règne désormais depuis plus de 68 ans.
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+ Le 19 mars 2020, la reine Élisabeth II se retire par précaution au château de Windsor alors que la pandémie de Covid-19 frappe le pays. Le palais indique : « La reine ira au château de Windsor pour la période de Pâques le 19 mars, une semaine plus tôt que prévu. Il est probable que la reine y restera après la période de Pâques. » La souveraine de 93 ans avait déjà annoncé quelques jours auparavant le report de plusieurs engagements publics en raison de la pandémie[173]. Le 25 mars suivant, le prince de Galles, hériter de la couronne, est testé positif au coronavirus[174]. Le 30 mars suivant, Charles sort de quarantaine[175]. Le 5 avril 2020, Élisabeth II s'adresse à la nation britannique et au Commonwealth lors d'une allocution télévisée exceptionnelle, la quatrième depuis le début de son règne, enregistrée depuis le château de Windsor où la reine est confinée avec son époux. Elle déclare : « J’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la façon dont [le peuple britannique] a répondu à ce défi. Ceux qui nous succéderont diront que les Britanniques de cette génération étaient aussi forts que tous. Que les attributs de l’autodiscipline, de la bonne résolution tranquille et de la camaraderie caractérisent toujours ce pays »[176]. Le 8 mai 2020, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reine s'est employée à remonter le moral des Britanniques, en leur rappelant qu'ils ne devaient « jamais perdre espoir ». « Au début, les perspectives semblaient sombres, l'issue lointaine, le résultat incertain. [...] Mais nous avons continué à croire que la cause était juste et cette conviction [...] nous a portés. Ne baissez jamais les bras, ne perdez jamais espoir, tel était le message du jour de la Victoire en Europe » a adressé Élisabeth II à son peuple. Ce discours a été diffusé sur la BBC à 20 h, soit l'heure exacte à laquelle son père le roi George VI s'était exprimé à la radio en 1945, soixante-quinze ans plus tôt[177].
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+ Depuis les années 1960, les funérailles de la reine ont été préparées par le gouvernement britannique ainsi que par les médias, qui ont des annonces pré-enregistrées sur la vie et la mort de la reine, ainsi que des séquences de portraits pré-enregistrées. Aussitôt après le décès de la reine, c'est son secrétaire privé qui en sera informé le premier. Dans les minutes qui suivent, ce dernier téléphonera au Premier ministre et lui dira le nom de code « London bridge is down », ce qui fera comprendre au chef du gouvernement que la reine vient de disparaître. La nouvelle sera presque immédiatement relayée par Press Association à tous les autres médias du monde. Ce n’est donc pas la BBC qui aura la primeur de l’information, comme cela avait été le cas jusque-là (la radio avait annoncé la mort de George VI, quatre heures après son décès, le 6 février 1952). Une fois les médias prévenus, un valet en habits de deuil sortira du Palais de Buckingham pour fixer un panneau noir indiquant le décès de Sa Majesté sur les grilles. Au même moment le site internet du Palais se transformera en une page unique, noire, avec le même texte. Les présentateurs des chaînes de télévision britanniques adopteront le même code vestimentaire – tailleurs, costumes et cravates noirs – pour annoncer simultanément le décès d’Élisabeth II. Dans les studios des radios musicales, des voyants clignoteront pour que les présentateurs se préparent à basculer sur les infos et ne diffusent pas de musique trop joyeuse en attendant. Chaque station a déjà préparé des playlists composées de morceaux tristes et mélancoliques. Le pays entrera alors dans une période de deuil national de douze jours. Son successeur — actuellement le prince Charles — sera proclamé roi le lendemain du décès de la reine, à 11 heures du matin, dans la salle principale du Palais Saint James, mais son couronnement n'aura lieu que dans les mois suivants. Les matchs de football pourront se dérouler normalement, à condition d’observer une minute de silence et de jouer l’hymne national, qui sera d’ailleurs modifié en God Save « The King » au lieu de « The Queen ». Mais ce ne sera peut-être pas le cas de tous les sports. À la mort de George VI, en 1952, les compétitions de rugby et de hockey avaient été arrêtées. Les funérailles officielles de la reine auront lieu neuf jours après sa mort. En attendant, sa dépouille sera exposée au Palais de Westminster, 23 heures par jour. Cela devrait permettre à 500 000 personnes de venir lui rendre hommage. La cérémonie des funérailles aura lieu à l'Abbaye de Westminster, la première depuis 1760. Les cloches de Big Ben sonneront à neuf heures, et plus de 2 000 invités seront présents. Quand le cercueil entrera dans l’abbaye, le pays entier suspendra toute activité. Les magasins fermeront, les gares cesseront leurs annonces, les bus s’arrêteront et les conducteurs descendront dans la rue. Lors des funérailles de George VI en 1952, les passagers d’un vol Londres - New York s’étaient levés et, à des kilomètres d’altitude, ils étaient restés debout, la tête inclinée. La reine Élisabeth II sera ensuite inhumée en la Chapelle Saint-Georges du Château de Windsor, aux côtés de son père et de tous ses prédécesseurs[178].
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+ Comme Élisabeth II n'a accordé que de rares entretiens publics, on sait peu de choses de ses opinions privées. En tant que monarque constitutionnel, elle n'exprime pas ses opinions politiques en public. Elle possède un profond sens des devoirs religieux et civiques et prend son serment de couronnement très au sérieux[179]. À côté de son rôle religieux officiel en tant que gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, elle fréquente cette Église et celle d'Écosse[180]. Elle a témoigné de son soutien pour le dialogue interreligieux et a rencontré les chefs d'autres Églises et religions dont quatre papes : Jean XXIII, Jean-Paul II, Benoît XVI et François.
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+ Élisabeth II est la mécène de plus de 600 organisations[181]. Parmi ses principaux centres d'intérêt figurent l'équitation et les chiens, en particulier les Welsh Corgis[182] dont elle est passionnée depuis 1933 et Dookie, le premier Corgi possédé par sa famille[183],[184].
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+ Dans les années 1950 au début de son règne, Élisabeth II était considérée comme une « reine de conte de fées[185] ». Après le traumatisme de la guerre, la période de progrès et de modernisation fut présentée comme une « nouvelle ère élisabéthaine[186] ». En cela les propos de Lord Altrincham de 1957 accusant ses discours d'être ceux d'une « écolière suffisante » étaient particulièrement inhabituels[187]. Dans les années 1960, la monarchie tenta de renvoyer une image plus moderne en réalisant le documentaire télévisé Royal Family montrant la famille royale dans la vie de tous les jours et en retransmettant l'investiture du prince Charles[188]. La reine prit l'habitude de porter des pardessus aux couleurs éclatantes et des chapeaux décorés qui lui permettaient d'être facilement visible dans une foule[189].
122
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123
+ Lors de son jubilé d'argent en 1977, les foules étaient véritablement enthousiastes[190] mais les révélations de la presse sur la monarchie dans les années 1980 accrurent les critiques à son encontre[191]. La popularité d'Élisabeth II continua de diminuer dans les années 1990 et sous la pression du public, elle fut obligée de payer un impôt sur le revenu et d'ouvrir le palais de Buckingham[192]. La désaffection envers la monarchie atteignit son maximum après la mort de Diana même si elle diminua après l'allocution de la reine six jours plus tard[193].
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125
+ En novembre 1999, les électeurs australiens refusèrent la suppression de la monarchie australienne lors d'un référendum[194]. Des sondages en Grande-Bretagne en 2006 et 2007 révélèrent un fort soutien envers Élisabeth II[195],[196],[197] et des référendums aux Tuvalu en 2008 et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines en 2009 rejetèrent des propositions républicaines[198].
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+ La fortune personnelle d'Élisabeth II a fait l'objet de nombreuses spéculations au cours des ans. Le magazine Forbes estima en 2010 que ses biens auraient une valeur d'environ 450 millions de dollars[199] mais une déclaration officielle du palais de Buckingham en 1993 qualifia les estimations de 100 millions de livres de « grossièrement exagérées »[200]. Jock Colville, qui fut l'un de ses secrétaires particuliers et le directeur de sa banque, Coutts, estima en 1971 sa richesse à 2 millions de livres (l'équivalent d'environ 23 millions de livres de 2012[201],[202],[203]). La Royal Collection (qui inclut des œuvres d'art et les Joyaux de la Couronne britannique) n'appartient pas personnellement à la reine et est gérée par une fiducie[204] de même que les résidences royales comme le palais de Buckingham, le château de Windsor[205] et le duché de Lancastre, un portefeuille d'investissement évalué en 2011 à 383 millions de livres[206]. Sandringham House et le château de Balmoral sont des propriétés personnelles de la reine[205]. Le portefeuille du Crown Estate gérant les actifs de la Couronne britannique avait une valeur de 7,3 millions de livres en 2011[207] mais est indépendant de la reine[208].
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+ En 2017, les Paradise Papers révèlent que le Duché de Lancastre, qui gère les fonds privés de la reine, a investi, en 2005, 7,5 millions de livres dans un fonds d'investissement basé dans les Îles Caïmans, un paradis fiscal. Une petite partie de ce montant a en outre été investie dans la chaîne de magasins d'électroménager BrightHouse (en), accusée par les autorités britanniques d'utiliser des méthodes de vente agressives, et condamnée en octobre 2017 par la Financial Conduct Authority à rembourser 16,6 millions d'euros à 249 000 clients ; le directeur financier du Duché de Lancastre, Chris Adcock, indique cependant qu'il ignorait avoir investi dans BrightHouse. Par ailleurs, 5 millions de livres d'Élisabeth II ont été investis dans le Jubilee Absolute Return Fund, un fonds basé aux Bermudes puis à Guernesey (deux paradis fiscaux), qui investissait sur des marchés spéculatifs ; la Couronne nie cependant en avoir tiré de quelconques avantages fiscaux. Les investissements offshore révélés par les Paradise Papers n'étaient auparavant pas divulgués, ce qui a donné lieu à des critiques quant au manque de transparence des placements opérés avec les fonds privés d'Élisabeth II[209],[210].
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+ L'effigie de la reine a été reproduite sur un grand nombre de pièces de monnaie, de billets de banque et de timbres dans les royaumes du Commonwealth.
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+ Le rôle d'Élisabeth II a été interprété à l'écran par :
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+ Élisabeth II a également été jouée à la télévision par :
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+ Dans le film Les Minions, Bob la fait destituer après avoir extrait Excalibur d'un rocher, mais elle récupère son trône peu après. Elle est représentée dans l'épisode Homer rentre dans la reine des Simpsons.
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139
+ Jan Ravens faisait la voix de sa marionnette dans l'émission satirique britannique Spitting Image (1984-1996) et l'imitait dans plusieurs émissions radios ou télévisées. Scott Thompson jouait fréquemment la reine dans l'émission comique canadienne The Kids in the Hall au début des années 1990. L'animatrice britannique Tracey Ullman l'imitait régulièrement dans son émission Tracey Takes On....
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+ Élisabeth II possède de nombreux titres et grades militaires honoraires dans tout le Commonwealth, est la souveraine de nombreux ordres dans ses royaumes et a reçu des distinctions et des honneurs dans le monde entier. Elle possède officiellement un titre différent dans chacun de ses royaumes : Reine de Nouvelle-Zélande en Nouvelle-Zélande, reine des Tuvalu dans les Tuvalu, etc. Dans les îles Anglo-Normandes et l'île de Man qui sont des dépendances de la Couronne, elle est désignée respectivement par duc de Normandie[212] et seigneur de Man. Dans certains territoires, son titre officiel comprend « défenseur de la foi » et « duc de Lancastre »[212].
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+ Elle est connue successivement sous les titres de :
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+ Du 21 avril 1944 (jour de ses 18 ans) à son couronnement, les armoiries d'Élisabeth II étaient composées d'un losange portant les armoiries royales du Royaume-Uni différenciées par un lambel de trois points argent ; le point central portant une rose Tudor et les deux autres, une croix de saint Georges[213]. À son accession au trône, elle hérita des diverses armoiries utilisées par son père durant son règne.
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+ Ajout de l'Ordre de la Jarretière en 1947.
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+ La reine possède également des étendards et des drapeaux personnels dans les différents royaumes du Commonwealth[214].
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+ Étendard personnel d'Élisabeth II.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Royaume-Uni.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Australie.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Canada.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Nouvelle Zélande.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Jamaïque.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé à Malte.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Sierra Leone.
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+ Élisabeth II (prononcé en français [elizabɛt][a] ; en anglais : Elizabeth II, prononcé [əˈlɪzəbəθ])[b], née le 21 avril 1926 à Londres, est la reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord ainsi que de quinze autres États souverains, appelés royaumes du Commonwealth, et de leurs territoires et dépendances. Elle est également le chef du Commonwealth of Nations, organisation regroupant cinquante-trois États.
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+ Lorsque son père George VI accède au trône en 1936 à la suite de l'abdication de son frère Édouard VIII, elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive de la Couronne britannique. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle s'enrôle au sein de l'Auxiliary Territorial Service. Le 20 novembre 1947, elle épouse Philip Mountbatten, prince de Grèce et du Danemark, avec qui elle aura quatre enfants : Charles, prince de Galles, Anne, princesse royale, Andrew, duc d'York et Edward, comte de Wessex.
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+ Elle accède au trône britannique le 6 février 1952 à l'âge de 25 ans. Son couronnement, le 2 juin 1953, est le premier à être retransmis à la télévision. Elle devient le souverain de sept États indépendants du Commonwealth : l'Afrique du Sud, l'Australie, le Canada, Ceylan, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan et le Royaume-Uni. Entre 1956 et 1992, le nombre de ses royaumes change car des territoires obtiennent leur indépendance et certains royaumes deviennent des républiques. En plus de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni susmentionnés, Élisabeth II est aujourd'hui reine de la Jamaïque, de la Barbade, des Bahamas, de Grenade, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Îles Salomon, de Tuvalu, de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, du Belize, d'Antigua-et-Barbuda et de Saint-Christophe-et-Niévès.
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+ Au cours d'un long règne où elle voit passer quinze Premiers ministres britanniques, elle réalise de nombreuses visites historiques et supervise plusieurs changements constitutionnels dans ses royaumes comme la dévolution du pouvoir au Royaume-Uni et le rapatriement de la Constitution du Canada. Elle rencontre également des moments difficiles, comme l'assassinat de l'oncle du prince Philip, Louis Mountbatten, les séparations et le divorce de trois de ses enfants en 1992 (année qu'elle qualifie d'annus horribilis), la mort de sa belle-fille, Diana Spencer, en 1997, et les décès de sa mère et de sa sœur en 2002. La reine a dû faire face à de virulentes critiques de la presse à l'encontre de la famille royale, mais le soutien à la monarchie et sa popularité personnelle restent élevés au sein de la population britannique.
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+ Depuis le 9 septembre 2015, elle est le souverain britannique ayant régné le plus longtemps (à ce jour 68 ans, 5 mois et 22 jours), dépassant la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère la reine Victoria (63 ans, 7 mois et 2 jours). Le 13 octobre 2016, à la suite de la mort du roi de Thaïlande Rama IX, elle devient le souverain régnant depuis le plus longtemps et la plus âgée actuellement en fonction.
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+ Élisabeth est le premier enfant du prince Albert, duc d'York (futur George VI) et de son épouse, Élisabeth. Son père est le second fils du roi George V et de la reine Mary et sa mère est la plus jeune fille de l'aristocrate écossais Claude Bowes-Lyon, Lord Strathmore Élisabeth naît par césarienne à 2 h 40 le 21 avril 1926 dans la résidence londonienne de ses grands-parents maternels, située au 17 Bruton Street, à Mayfair[1]. Elle est baptisée par l'archevêque d'York, Cosmo Lang, dans la chapelle privée du palais de Buckingham le 29 mai[2],[c]. Elle est nommée Élisabeth en hommage à sa mère, Alexandra en hommage à son arrière-grand-mère la reine mère du roi George V, morte six mois auparavant, et Mary en hommage à sa grand-mère paternelle, la reine Mary[4]. Ses proches la surnommaient « Lilibet »[5]. George V adorait sa petite-fille et lorsqu'il tomba gravement malade en 1929, la presse populaire et ses biographes ultérieurs attribuèrent son rétablissement aux fréquentes visites de la petite Élisabeth qui avait trois ans[6]. Arrière-arrière-petite-fille de la reine Victoria, impératrice des Indes décédée en 1901, elle a connu les trois plus jeunes enfants de sa fameuse trisaïeule et peut être considérée comme une enfant de l'époque victorienne.
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+ La reine Élisabeth a une sœur, Margaret, de quatre ans sa cadette. Les deux princesses sont éduquées à la maison sous la supervision de leur mère et de leur gouvernante, Marion Crawford, surnommée « Crawfie »[7]. L'enseignement se concentre sur l'histoire, l'élocution, la littérature et la musique[8]. Au désarroi de la famille royale[9], Crawford publie en 1950 un livre sur l'enfance d'Élisabeth et de Margaret, intitulé The Little Princesses (Les Petites Princesses), dans lequel elle décrit l'amour d'Élisabeth pour les chevaux et les chiens, sa discipline et son sens des responsabilités[10]. D'autres corroborent ces observations ; Winston Churchill écrit au sujet d'Élisabeth alors qu'elle a deux ans : « Elle a un air autoritaire et une réflexivité époustouflante pour un enfant[11] ». Sa cousine Margaret Rhodes la décrit comme une « petite fille joviale mais extrêmement sensée et bien élevée »[12]. En 1933, âgée de sept ans, la princesse est portraiturée par le peintre des cours royales et du monde aristocratique Philip de Laszlo.
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+ En tant que petite-fille d'un monarque dans la lignée masculine, les prédicat et titre complet de la petite fille sont Son Altesse Royale la princesse Élisabeth d'York[d]. Elle est alors troisième dans l'ordre de succession au trône britannique après son oncle, Édouard de Galles et son père, le duc d'York. Même si sa naissance attire l'attention du public, il n'est pas prévu qu'elle devienne un jour reine car le prince de Galles n'a que 31 ans et beaucoup pensent qu'il se mariera et aura des enfants[13]. En 1936, lorsque son grand-père le roi George V décède, son oncle monte sur le trône sous le nom d'Édouard VIII et elle passe en seconde place dans l'ordre de succession. En décembre 1936, Édouard VIII abdique (son intention d'épouser Wallis Simpson, deux fois divorcée, cause une crise constitutionnelle)[14]. Le père d'Élisabeth devient alors roi sous le nom de George VI et elle devient, à l'âge de 10 ans, l'héritière présomptive avec le titre de Son Altesse Royale la princesse Élisabeth[15]. Si ses parents avaient eu un fils par la suite, elle aurait perdu sa position d'héritière présomptive et son frère serait devenu le prince héritier au trône britannique[16]. Élisabeth reçoit un enseignement privé en histoire constitutionnelle avec Henry Marten, le vice-président du collège d'Eton[17] et elle apprend le français auprès de gouvernantes dont c'était la langue maternelle[18]. Une compagnie de guidisme, la 1re compagnie du palais de Buckingham est spécialement formée pour qu'elle puisse rencontrer des filles de son âge[19].
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+ En 1939, les parents d'Élisabeth se rendent au Canada et aux États-Unis. Comme en 1927, lorsqu'ils se rendent en Australie et en Nouvelle-Zélande, Élisabeth reste au Royaume-Uni car son père considère qu'elle est trop jeune pour de tels voyages[20]. Élisabeth « semblait au bord des larmes » au départ de ses parents[21]. Ils échangeaient régulièrement des lettres[21] et le 18 mai, ils réalisèrent le premier appel téléphonique transatlantique de la famille royale[20].
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+ Le 3 septembre 1939, le Royaume-Uni entre dans la Seconde Guerre mondiale. Lors de cette période de conflit, alors que les villes anglaises sont fréquemment bombardées par l'aviation allemande, les enfants sont évacués dans les zones rurales. L'homme politique Douglas Hogg suggère que les deux princesses soient évacuées au Canada, mais cette proposition est refusée par la mère d'Élisabeth, qui déclare : « Mes enfants n'iront nulle part sans moi. Je ne partirai pas sans le roi. Et le roi ne partira jamais[22]. » Les princesses Élisabeth et Margaret restent au château de Balmoral, en Écosse, jusqu'à Noël 1939, puis sont emmenées à Sandringham House, dans le comté de Norfolk[23]. De février à mai 1940, elles résident au Royal Lodge (en) dans le grand parc de Windsor, avant de s'installer au château de Windsor, où elles restent pendant la plus grande partie de la guerre[24]. À Windsor, Élisabeth organise une pantomime à Noël pour soutenir le Queen's Wool Fund, qui achète de la laine pour tricoter des habits militaires[25]. En 1940, alors âgée de 14 ans, elle prononce sa première allocution radiophonique durant une émission pour les enfants de la BBC, dans laquelle elle s'adresse à ceux ayant été évacués[26] :
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+ « Nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour aider nos valeureux marins, soldats et aviateurs et nous essayons également de porter notre part du danger et de la tristesse de la guerre. Nous savons, chacun de nous, que tout se terminera bien[26]. »
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+ En 1943, à l'âge de 16 ans, Élisabeth réalise sa première apparition publique seule lors d'une inspection des Grenadier Guards, dont elle a été nommée colonel en chef l'année précédente[27]. Alors qu'elle approche de ses 18 ans, la loi est modifiée pour qu'elle puisse devenir l'un des cinq conseillers d'État (en) en cas d'incapacité de son père ou lors d'un déplacement à l'étranger, comme durant sa visite en Italie en juillet 1944[28]. En février 1945, elle rejoint l'Auxiliary Territorial Service avec le grade honoraire de sous-lieutenant[29] (second subaltern). Elle reçoit un entraînement en conduite et mécanique et est promue capitaine honoraire (junior commander) cinq mois plus tard[30],[31].
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+ Le 8 mai 1945, les princesses Élisabeth et Margaret se mêlent anonymement à la foule en liesse dans les rues de Londres. Élisabeth déclare ensuite dans l'un de ses rares entretiens : « nous avions demandé à nos parents si nous pouvions sortir et voir de nous-mêmes. Je me souviens que nous étions terrifiées à l'idée que l'on nous reconnaisse… Je me souviens des files d'inconnus se tenant la main et descendant Whitehall, tous ensemble dans une marée de bonheur et de soulagement[32]. »
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+ Durant la guerre, le gouvernement cherche à plusieurs reprises à apaiser le nationalisme gallois en rapprochant Élisabeth du Pays de Galles[33]. Il est ainsi suggéré que la princesse devienne connétable du château de Caernarfon, une fonction exercée alors par David Lloyd George. Le secrétaire d'État à l'Intérieur, Herbert Morrison, envisage de la nommer à la tête de l'Urdd Gobaith Cymru (en), l'organisation de jeunesse galloise[33]. Les politiciens gallois proposent qu'Élisabeth devienne princesse de Galles à l'occasion de son 18e anniversaire[34]. Ces projets sont cependant abandonnés pour diverses raisons, dont la peur qu'Élisabeth ne soit associée à des objecteurs de conscience au sein de l'Urdd[33]. En 1946, elle rejoint le Gorsedd des bardes de l'île de Bretagne à l'Eisteddfod Genedlaethol[35].
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+ En 1947, la princesse Élisabeth réalise son premier voyage à l'étranger en accompagnant ses parents en Afrique australe. Dans une allocution au Commonwealth of Nations le jour de ses 21 ans, elle fait la promesse suivante :
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+ « Je déclare devant vous tous que je consacrerai toute ma vie, qu'elle soit longue ou brève, à votre service et au service de la grande famille impériale dont nous faisons tous partie[36]. »
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+ Élisabeth rencontra son futur époux, le prince Philippe de Grèce et de Danemark de cinq ans son aîné en 1934 et 1937[37]. Ils étaient cousins issus de germains étant tous deux par le roi de Danemark, Christian IX, et cousins arrière-issus de germains par la reine Victoria. Ils se rencontrèrent à nouveau au Royal Naval College de Darmouth en juillet 1939 ; même si elle n'avait que 13 ans, Élisabeth déclara qu'elle était tombée amoureuse de Philip et les deux commencèrent à échanger des lettres[38]. Leurs fiançailles furent officiellement annoncées le 9 juillet 1947[39].
38
+
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+ Cette relation ne fut pas exempte de controverses car Phillip n'était qu'un membre d'une branche cadette de la Maison royale de Grèce et la monarchie grecque avait connu nombres de vicissitudes depuis le début du siècle. De plus, ce prince d'origine étrangère (même s'il avait été naturalisé à la suite de son service dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale) n'était pas particulièrement riche. Certaines de ses sœurs avaient épousé des princes allemands proches du parti nazi[40]. Marion Crawford écrivit, « certains des conseillers du roi considéraient qu'il n'était pas suffisamment bien pour elle. Il était un prince sans maison ou royaume. Certains documents appuyaient clairement et fortement sur les origines étrangères de Philip »[41]. Des biographies ultérieures avancent que la mère d'Élisabeth se serait initialement opposée à l'union en qualifiant même Philip de Hun (équivalent anglais de « boche »)[42]. Elle indiqua cependant vers la fin de sa vie à son biographe Tim Heald que Philip était un « gentleman anglais »[43].
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+ Avant le mariage, Philip renonça à ses titres grecs et danois, abandonna l'Église orthodoxe de Grèce pour l'anglicanisme et adopta le titre de Lieutenant Philip Mountbatten en prenant le nom britannique de sa mère[44]. Juste avant le mariage, il fut fait duc d'Édimbourg et reçut le prédicat d'Altesse Royale[45].
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+ Élisabeth et Philip se marièrent le 20 novembre 1947 à l'abbaye de Westminster. Ils reçurent environ 2 500 présents venant du monde entier[46]. Comme le Royaume-Uni ne s'était pas encore complètement remis de la guerre, Élisabeth imposa que des coupons de rationnement soient utilisés pour acheter le tissu de sa robe qui fut dessinée par Norman Hartnell (en)[47]. Les proches allemands du duc d'Édimbourg, dont ses trois sœurs[48] survivantes ainsi que le duc de Windsor, l'ancien roi Édouard VIII, ne furent pas invités à la cérémonie[49].
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+ Élisabeth donna naissance à son premier enfant, Charles, dès le 14 novembre 1948. Un mois plus tôt, le roi avait délivré des lettres patentes autorisant ses enfants à porter les titres de prince ou de princesse, ce qui leur était théoriquement interdit car leur père n'était plus un prince royal[50]. Un second enfant, la princesse Anne naquit le 15 août 1950[51].
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+ À la suite de son mariage, le couple loua Windlesham Moor près du château de Windsor jusqu'au 4 juillet 1949[46] lorsqu'ils s'installèrent à Clarence House à Londres. À plusieurs reprises entre 1949 et 1951, le duc d'Édimbourg fut stationné dans le protectorat britannique de Malte du fait de son rôle d'officier dans la Royal Navy. Élisabeth et lui résidaient alors dans le village maltais de Gwardamanġa où ils louaient la résidence de l'oncle de Philip, Louis Mountbatten. Durant cette période, leurs enfants restèrent au Royaume-Uni[52].
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+ En 1951, la santé de George VI décline et Élisabeth le remplace fréquemment pour les cérémonies publiques. Lors de sa visite en Amérique du Nord où elle se rend au Canada et rencontre le président Truman à Washington, D.C. en octobre 1951, son secrétaire particulier, Martin Charteris, porte avec lui le brouillon d'une déclaration d'accession au trône si le roi venait à mourir lors de son voyage[53]. Au début de l'année 1952, Élisabeth et Philip entreprennent une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande avec une escale au Kenya. Le 6 février 1952, alors qu'ils venaient juste de rentrer à leur résidence kényane de Sagana Lodge après une visite du parc national d'Aberdare, ils apprennent la mort du roi[54]. Martin Charteris lui demande de choisir un nom de règne et elle décide de garder Élisabeth, « évidemment »[55]. Elle est alors proclamée reine dans tous ses royaumes sous le nom d'Élisabeth II (une Élisabeth ayant déjà régné au XVIe siècle) et les membres de la cour rentrent hâtivement au Royaume-Uni[56]. En tant que nouveau monarque, elle s'installe au palais de Buckingham[57].
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+ Avec l'accession au trône d'Élisabeth, il semblait probable que la Maison royale allait porter le nom de son époux pour devenir la Maison de Mountbatten comme cela était la coutume pour une femme de prendre le nom de son époux. La grand-mère d'Élisabeth, Mary de Teck, et le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, préféraient conserver le nom de Maison de Windsor et le mot Windsor fut maintenu. Le duc se plaignit qu'il « était le seul homme du pays à ne pas avoir le droit de donner son nom à ses propres enfants »[58]. En 1960, après la mort de Mary de Teck en 1953 et la démission de Churchill en 1955, le nom Mountbatten-Windsor fut adopté pour Philip et ses descendants de lignée masculine qui ne portent pas de titres royaux[59].
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+ Au milieu des préparatifs pour le couronnement, la princesse Margaret informa sa sœur qu'elle souhaitait épouser l'aviateur Peter Townsend de 16 ans son aîné et ayant deux enfants d'un précédent mariage. La reine lui demanda d'attendre un an ; selon Martin Charteris, « la reine était naturellement compatissante envers la princesse mais je pense qu'elle imaginait, qu'elle espérait, qu'avec le temps, cette liaison s'essoufflerait d'elle-même »[60]. Les chefs politiques étaient opposés à cette union et l'Église d'Angleterre n'autorisait pas le remariage si le divorcé n'était pas veuf. Si Margaret réalisait un mariage civil, il était probable qu'elle devrait renoncer à son droit au trône[61]. Elle décida finalement d'abandonner sa relation avec Townsend[62]. En 1960, elle épousa Antony Armstrong-Jones qui fut fait comte de Snowdon l'année suivante. Ils divorcèrent en 1978 et elle ne se remaria pas[63].
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+ Malgré la mort de la reine Mary le 24 mars, les préparatifs du couronnement se poursuivirent et il eut lieu comme prévu le 2 juin 1953[64]. À l'exception de l'eucharistie et de l'onction, l'ensemble de la cérémonie à l'abbaye de Westminster fut retransmis à la télévision pour la première fois de l'histoire[65],[e]. La robe de couronnement fut dessinée par Norman Hartnell (en) et était brodée avec les emblèmes floraux des pays du Commonwealth[70] : la rose Tudor anglaise, le chardon écossais, le poireau gallois, le trèfle irlandais, la feuille d'érable canadienne, le mimosa doré australien, la fougère argentée néo-zélandaise, la protée royale sud-africaine, la fleur de lotus pour l'Inde et Ceylan et le blé, le coton et le jute pakistanais[71].
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+ Au cours de son règne, la reine Élisabeth II assista à la transformation de l'Empire britannique en Commonwealth of Nations[72]. Au moment de son accession au trône en 1952, son rôle de chef d'État de multiples États indépendants était déjà établi[73]. Entre 1953 et 1954, la reine et son époux s'embarquèrent dans un tour du monde de six mois. Elle devint ainsi le premier monarque d'Australie et de Nouvelle-Zélande à visiter ces pays[74]. Les visites de la reine attirèrent de larges foules et on estime que les trois quarts de la population australienne l'ont vue à cette occasion[75]. Au cours de son règne, la reine a réalisé plus de 170 visites dans les États du Commonwealth[76] et près d'une centaine dans les États n'en faisant pas partie[77] ; elle est ainsi le chef d'État qui a le plus voyagé dans l'histoire[78].
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+ En 1956, le président du Conseil français Guy Mollet et le Premier ministre britannique Anthony Eden évoquèrent la possibilité pour la France de rejoindre le Commonwealth. La proposition ne fut jamais acceptée et la France signa l'année suivante le traité de Rome établissant la Communauté économique européenne, précurseur de l'Union européenne[79]. En novembre 1956, le Royaume-Uni et la France envahirent l'Égypte pour reprendre le contrôle du canal de Suez ; l'opération se termina lamentablement et Eden démissionna deux mois plus tard. Louis Mountbatten affirma que la reine était opposée à l'offensive mais Eden nia cette affirmation[80].
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+ En l'absence d'un mécanisme formel au sein du parti conservateur pour choisir un nouveau chef après la démission d'Eden, il incomba à la reine de décider qui devait former un nouveau gouvernement. Eden recommanda qu'elle consulte Lord Salisbury, le Lord président du Conseil. Ce dernier et Lord Kilmuir, le lord chancelier sollicitèrent l'avis du Cabinet et de Winston Churchill et la reine nomma le candidat proposé, Harold Macmillan[81].
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+ La crise de Suez et le choix du successeur d'Eden donnèrent lieu à la première critique personnelle importante de la reine en 1957. Dans un journal qu'il possédait et éditait[82], Lord Altrincham l'accusa d'être « dépassée »[83] et « incapable d'aligner plus de quelques phrases sans aide ». Les propos d'Altrincham furent condamnés et il fut physiquement agressé[84]. Six ans plus tard, en 1963, Macmillan démissionna et conseilla à la reine de choisir Alec Douglas-Home pour lui succéder, ce qu'elle fit[85]. Elle fut à nouveau critiquée pour avoir nommé un premier ministre sur les conseils d'un petit nombre de ministres ou d'un seul d'entre eux[85]. En 1965, les conservateurs adoptèrent un nouveau mode de désignation de leur chef qui n'imposait plus à la reine de choisir[86].
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+ En 1957, elle se rendit aux États-Unis et s'adressa devant l'Assemblée générale des Nations unies au nom du Commonwealth. Lors de la même visite diplomatique, elle inaugura la 23e législature du Canada, devenant ainsi le premier monarque canadien à ouvrir une session parlementaire[87]. Deux ans plus tard, uniquement en sa capacité de reine du Canada, elle retourna aux États-Unis et visita le Canada[87],[88] alors qu'elle avait appris, à son arrivée à Saint-Jean sur l'île de Terre-Neuve, qu'elle attendait son troisième enfant[89]. En 1961, elle se rendit à Chypre, en Inde, au Pakistan, au Népal et en Iran[90]. Lors d'une visite au Ghana la même année, elle rejette les craintes pour sa sécurité même si son hôte, le président Kwame Nkrumah, qui l'avait remplacé en tant que chef d'État du Ghana l'année précédente, était la cible d'assassins[91],[92],[91]. Avant son passage au Québec en 1964, la presse rapporte que des extrémistes du mouvement séparatiste de la province préparent un projet visant à son assassinat[93],[94],[95]. Il n'y eut pas de tentative d'assassinat mais des manifestations éclatèrent alors qu'elle se trouvait à Québec ; le « calme et le courage de la reine face à la violence » furent remarqués[96].
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+ Les grossesses ayant précédé les naissances d'Andrew, en 1960, et d'Edward, en 1964, furent les seules occasions au cours desquelles elle ne participa pas à la cérémonie d'ouverture du Parlement britannique durant son règne[97]. En plus de participer aux cérémonies traditionnelles, Élisabeth II introduisit de nouvelles pratiques comme le premier bain de foule royal qui eut lieu lors d'une tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande en 1970[98].
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+ Les années 1960 et 1970 furent marquées par une accélération de la décolonisation en Afrique et dans les Caraïbes. Plus de vingt pays obtinrent leur indépendance par le biais de transitions négociées vers une plus grande autonomie. En 1965, le premier ministre de Rhodésie déclara cependant unilatéralement l'indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni pour maintenir la domination blanche tout en exprimant sa « loyauté et sa dévotion » à Élisabeth II. Même si la reine le rejeta dans une déclaration formelle et que la Rhodésie fut touchée par des sanctions internationales, le régime de Smith survécut jusqu'en 1979[99].
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71
+ En février 1974, le premier ministre britannique Edward Heath conseilla à la reine d'appeler des élections générales alors qu'elle se trouvait en visite dans les îles du Pacifique, ce qui lui imposa de rentrer au Royaume-Uni[100]. Les élections débouchèrent sur un parlement minoritaire et Heath démissionna quand les négociations en vue de former un gouvernement de coalition avec le parti libéral échouèrent. La reine demanda alors au chef de l'opposition officielle, le travailliste Harold Wilson, de former un gouvernement[101].
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+ Un an plus tard, au paroxysme de la crise constitutionnelle australienne de 1975, le premier ministre australien Gough Whitlam fut limogé par le gouverneur général John Kerr après que le Sénat contrôlé par l'opposition eut refusé les propositions budgétaires de Whitlam[102]. Comme ce dernier disposait d'une majorité à la Chambre des représentants, son président, Gordon Scholes (en), fit appel à la reine pour annuler la décision de Kerr. Élisabeth II refusa en affirmant qu'elle ne pouvait pas intervenir dans des décisions que la constitution de l'Australie réservait au gouverneur général[103]. La crise alimenta les sentiments républicains en Australie[102].
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+ En 1977, Élisabeth II célèbre son jubilé d'argent marquant ses 25 années de règne. Des célébrations et des cérémonies eurent lieu dans tout le Commonwealth et furent généralement organisées au moment de la visite de la souveraine. Ces festivités réaffirmèrent la popularité de la reine malgré la couverture médiatique négative à l'occasion du divorce de la princesse Margaret[104]. En 1978, la reine reçut en visite officielle le dictateur communiste de Roumanie, Nicolae Ceaușescu et son épouse Elena[105], même si elle déclare en privé qu'ils avaient du « sang sur les mains »[106]. L'année suivante est marquée par deux faits divers : la découverte qu'Anthony Blunt, l'ancien conservateur des collections royales, était un espion communiste et l'assassinat de son parent proche, Lord Mountbatten, par l'armée républicaine irlandaise provisoire[107].
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+ Selon l'homme politique canadien Paul Martin, à la fin des années 1970, la reine s'inquiète que la Couronne « signifiait peu pour » le Premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau. Le politique britannique Tony Benn déclare que la reine trouvait Trudeau « assez décevant »[108]. Le républicanisme supposé de Trudeau semblait être confirmé par ses bouffonneries comme les glissades sur les rampes d'escalier du palais de Buckingham, ses pirouettes dans le dos de la reine en 1977 et le retrait de plusieurs symboles royaux canadiens durant son mandat. En 1980, des hommes politiques canadiens se rendant à Londres pour évoquer le rapatriement de la Constitution du Canada trouvèrent la reine « mieux informée… que tout autre politicien ou bureaucrate britannique ». Elle s'intéressait particulièrement au sujet après le rejet de la loi canadienne C-60 qui aurait affecté son statut de chef d'État. Le rapatriement de 1982 supprima le besoin de consulter le Parlement britannique pour modifier la constitution canadienne mais la monarchie fut maintenue. Trudeau déclara dans ses mémoires que la reine était favorable à ses tentatives de réforme constitutionnelle et qu'il fut impressionné par « la grâce qu'elle avait en public » et « la sagesse qu'elle montrait en privé »[109].
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79
+ Durant la cérémonie du salut aux couleurs en 1981 et six semaines avant le mariage du prince Charles et de Diana Spencer, six coups de feu visèrent la reine alors qu'elle descendait The Mall sur son cheval, Burmese. La police découvrit par la suite qu'il s'agissait de cartouches à blanc. Le tireur, Marcus Sarjeant, fut condamné à cinq ans de prison avant d'être libéré au bout de trois années[110]. Le sang-froid et le contrôle de sa monture par la reine furent largement remarqués[111]. D'avril à septembre 1982, la reine s'inquiéta[112] mais fut fière[113] de son fils, le prince Andrew, qui participa à la guerre des Malouines en tant que pilote d'hélicoptère.
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+ Le 9 juillet 1982, la reine fut réveillée dans sa chambre du palais de Buckingham par un intrus dénommé Michael Fagan (en). Les journaux de l'époque rapportèrent qu'ils discutèrent pendant près de dix minutes avant que la sécurité n'intervienne[114], mais Michael Fagan contredit ces affirmations[115].
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+ Même si elle avait accueilli le président américain Ronald Reagan au château de Windsor en 1982 et s'était rendue dans son ranch californien en 1983, Élisabeth II fut irritée quand l'administration américaine lança l'invasion de la Grenade, l'un de ses royaumes caribéens, sans l'avoir informée au préalable[116].
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+ L'intérêt des médias pour les opinions et la vie privée de la famille royale dans les années 1980 entraînèrent une série de révélations sensationnelles dont la véracité n'était pas toujours établie[117]. Comme Kelvin MacKenzie, le rédacteur en chef de The Sun déclara à son personnel : « Donnez-moi des frasques de la famille royale. Ne vous inquiétez pas si ce n'est pas vrai dans la mesure où il n'y a pas trop de problèmes par la suite »[118]. Le rédacteur de The Observer, Donald Trelford, écrivit dans le numéro du 21 septembre 1986 : « le feuilleton royal a atteint un tel degré d'intérêt public que la frontière entre fiction et réalité a été perdue de vue… Ce n'est pas simplement que certains journaux ne vérifient pas leurs informations ou refusent d'accepter les démentis : ils ne se soucient pas de savoir si ces histoires sont vraies ou non ». Il fut rapporté, principalement par le Sunday Times, que la reine s'inquiétait du fait que les politiques économiques du premier ministre britannique Margaret Thatcher accentuait les divisions de la société et qu'elle était alarmée par le fort taux de chômage, une série d'émeutes en 1981, la violence de la grève des mineurs et le refus du gouvernement de sanctionner le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Les rumeurs provenaient de l'assistant de la reine, Michael Shea, et du secrétaire général du Commonwealth, Shridath Ramphal, mais Shea avança que ses paroles avaient été sorties de leur contexte puis amplifiées par les journalistes[119]. Thatcher aurait ainsi dit que la reine allait voter pour ses opposants du parti social démocrate[120]. Le biographe de Thatcher, John Campbell, affirma qu'il s'agissait « d'un exemple de sottises journalistiques »[121]. Contredisant les rapports parlant de leurs mauvaises relations, Thatcher exprima par la suite son admiration personnelle pour la reine[122] et après son remplacement par John Major, la reine la fit entrer dans les ordres du Mérite et de la Jarretière[123]. L'ancien premier ministre canadien Brian Mulroney déclara qu'Élisabeth II avait joué un « grand rôle en coulisses » pour mettre un terme à l'Apartheid en Afrique du Sud[124],[125].
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+ En 1987 au Canada, la reine exprima publiquement son soutien à l'accord du lac Meech qui divisait la classe politique canadienne et elle fut critiquée par les opposants à ces amendements constitutionnels, dont Pierre Trudeau[124]. La même année, le gouvernement fidjien démocratiquement élu fut renversé par un coup d'État. En tant que monarque des Fidji, Élisabeth II soutint les efforts du gouverneur général Penaia Ganilau pour exercer le pouvoir exécutif et trouver une sortie à la crise mais l'organisateur du coup d'État, Sitiveni Rabuka, déposa Ganilau et abolit la monarchie[126]. Au début de l'année 1991, les estimations par la presse de la richesse personnelle de la reine qui étaient supérieures aux données fournies par le palais et les révélations d'adultères et de mariages tendus dans la famille royale affaiblirent le soutien à la monarchie au Royaume-Uni[127]. La participation des enfants de la reine à un jeu télévisé caritatif appelé It's a Royal Knockout fut tournée en ridicule dans la presse[128] et la reine devint la cible des moqueries[129].
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+ En 1991, après la victoire de la coalition dans la guerre du Golfe, la reine devint le premier souverain britannique à s'adresser à une session conjointe du Congrès des États-Unis[130]. Le 24 novembre 1992, dans un discours marquant ses 40 années de règne, Élisabeth II qualifia 1992 comme son annus horribilis (« année horrible »[131]). En mars, son second fils, le prince Andrew d'York et son épouse Sarah Ferguson se séparèrent ; en avril, sa fille, la princesse Anne divorça de son époux Mark Phillips[132] ; durant une visite officielle en Allemagne en octobre, des manifestants à Dresde lui jetèrent des œufs[133] et en novembre, le château de Windsor fut touché par un grave incendie. La monarchie fut critiquée et cela accrut le désamour du public[134]. Dans un discours inhabituellement personnel, la reine déclara que toute institution doit s'attendre à des critiques mais suggéra qu'elles devraient être réalisées avec « une touche d'humour, de délicatesse et de compréhension »[135]. Deux jours plus tard, le premier ministre John Major annonça une réforme des finances de la monarchie qui se traduisirent par une réduction de la liste civile et obligèrent le souverain à payer un impôt sur le revenu pour la première fois de son histoire[136]. En décembre, le prince Charles et son épouse Diana Spencer annoncèrent officiellement leur séparation[137]. L'année se termina par un procès pour violation du droit d'auteur intenté par la reine contre le journal The Sun qui avait publié le texte de son allocution de Noël deux jours avant sa diffusion. Le journal fut condamné à payer les frais de justice et une indemnité de 200 000 £ qui fut donnée à des organisations caritatives[138].
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+ Dans les années qui suivirent, les révélations sur le mariage de Charles et Diana continuèrent[139]. Même si les idées républicaines semblaient plus populaires que jamais au Royaume-Uni, le républicanisme restait minoritaire et la reine conservait des niveaux d'approbation élevés[140]. Les critiques se concentraient plus sur l'institution monarchique et la famille élargie de la reine que sur ses actions et son propre comportement[141]. Après en avoir discuté avec le premier ministre John Major, l'archevêque de Cantorbéry George Carey, son secrétaire particulier Robert Fellowes et son époux, elle écrivit à Charles et Diana à la fin du mois de décembre 1995 pour leur dire qu'un divorce était préférable[142]. Un an après le divorce qui eut lieu en 1996, Diana mourut dans un accident de la route à Paris le 31 août 1997. La reine était en vacances avec Charles et ses petits-enfants, William et Harry, au château de Balmoral. Les deux enfants de Diana voulurent se rendre à l'église et le couple royal les y accompagna dans la matinée[143]. Après cette unique apparition publique, la reine et le duc d'Édimbourg protégèrent leurs petits-enfants du tourbillon médiatique en les gardant au château pendant cinq jours[144] mais l'opinion publique fut consternée par le fait que la famille royale n'ait pas mis en berne les drapeaux du palais de Buckingham[125],[145]. Pressée par les réactions hostiles, la reine rentra à Londres et accepta de réaliser une allocution télévisée le 5 septembre, la veille des funérailles de Diana[146]. Elle y exprima son admiration pour Diana et ses sentiments « de grand-mère » pour les princes William et Harry[147] ; cet acte fut apprécié par l'opinion publique et l'hostilité s'affaiblit[147].
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+ En 2002, Élisabeth II célèbre ses 50 ans de règne lors de son jubilé d'or. Sa sœur et sa mère étant mortes respectivement en février et en mars, les médias se demandèrent si le jubilé allait être un succès ou un échec[148]. Elle entreprend à nouveau une longue tournée dans ses royaumes en commençant en Jamaïque en février dont elle qualifie le banquet d'adieux de « mémorable » après qu'une coupure de courant eut plongé la résidence du gouverneur général dans le noir[149]. Comme en 1977, des manifestations de joie eurent lieu à chacun de ses déplacements et des monuments sont nommés en son honneur. Un million de personnes assistent chaque jour aux trois journées de célébrations du jubilé à Londres[150] et l'enthousiasme démontré par la foule est bien plus important que ce que les journalistes avaient prévu[151].
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+ Même si elle avait eu peu de problèmes de santé durant sa vie, elle est opérée des deux genoux en 2003. Elle inaugure le 9 octobre 2004 le bâtiment du Parlement écossais à Édimbourg — bien que les députés de la nation constitutive y aient tenu une première séance le 7 septembre —, conséquence du Scotland Act 1998. En octobre 2006, elle ne participe pas à l'inauguration du nouvel Emirates Stadium de Londres en raison d'une déchirure musculaire au dos qui la handicapait depuis l'été[152]. Deux mois plus tard, lors d'une apparition publique, elle porte un pansement à la main droite, ce qui est interprété par la presse comme le signe d'une mauvaise santé[153]. Elle avait en réalité été mordue par l'un de ses corgis alors que deux d'entre eux se battaient[154].
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+ En mai 2007, The Daily Telegraph avance de sources anonymes que la reine était « exaspérée et déçue » par les politiques du Premier ministre Tony Blair, qu'elle s'inquiétait d'un épuisement des troupes en Irak et en Afghanistan et qu'elle avait à plusieurs reprises émis des inquiétudes sur ses politiques rurales[155]. Selon les mêmes sources, elle admirait néanmoins les efforts de Blair pour mettre un terme aux violences en Irlande du Nord[156]. Le 20 mars 2008, dans la cathédrale Saint-Patrick d'Armagh de l'Église d'Irlande, la reine assiste à la première messe du Jeudi Saint (en) organisée en dehors de l'Angleterre et du pays de Galles[157]. À l'invitation de la présidente d'Irlande, Mary McAleese, la reine réalise en mai 2011, la première visite officielle d'un monarque britannique en Irlande depuis son indépendance en 1922[158].
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+ Élisabeth II s'adresse une seconde fois en tant que chef du Commonwealth devant l'Assemblée générale des Nations unies en juillet 2010[159]. Durant son passage à New York, qui suivait une visite au Canada, elle inaugure officiellement un jardin mémorial pour les victimes britanniques des attentats du 11 septembre 2001[160]. La visite de la reine en Australie en octobre 2011, sa onzième depuis 1954, est qualifiée de « tournée d'adieux » par la presse en raison de son âge[161].
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+ Le jubilé de diamant de 2012 marque les 60 années de règne d'Élisabeth II et il est à nouveau célébré dans tout le Commonwealth. Dans un communiqué publié le 6 février, elle indique : « En cette année spéciale, alors que je me consacre à nouveau à votre service, j'espère que nous allons tous nous souvenir de la puissance de l'unité et de la force rassembleuse de la famille, de l'amitié et du bon voisinage… J'espère aussi que cette année de jubilé sera l'occasion d'exprimer notre gratitude pour les avancées majeures réalisées depuis 1952 et d'envisager l'avenir avec sérénité »[162]. Elle et son mari réalisent une tournée au Royaume-Uni tandis que ses enfants et petits-enfants la représentèrent dans les royaumes du Commonwealth[163],[164],[165].
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+ La reine ouvre les Jeux olympiques d'été le 27 juillet et les Jeux paralympiques d'été le 29 août 2012 à Londres. Elle joue son propre rôle dans un court-métrage dans le cadre de la cérémonie d'ouverture avec Daniel Craig dans le rôle de James Bond[166]. Son père avait ouvert les Jeux olympiques de 1948 à Londres, et son arrière-grand-père, Édouard VII, ceux de 1908, également à Londres. Élisabeth II avait également ouvert ceux de 1976 à Montréal et Philip ceux de 1956 à Melbourne[167]. Elle est ainsi la première chef d'État à ouvrir deux Olympiades dans deux pays différents[168].
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+ En décembre 2012, elle devient le premier souverain britannique à assister en temps de paix à une réunion du cabinet britannique depuis George III en 1781 et le secrétaire d'État des Affaires étrangères, William Hague, annonce peu après que la partie auparavant sans nom du sud du territoire antarctique britannique serait nommé terre de la Reine-Élisabeth en son honneur[169],[170]. La reine accorde en 2013 le pardon royal au mathématicien Alan Turing, qui s'est suicidé en 1954 en raison de sa condamnation pour homosexualité. Turing avait participé à la Seconde Guerre mondiale pour le compte du MI6, en déchiffrant des codes allemands, mais avait été condamné peu après à la castration chimique. La reine annonce à titre posthume la totale réhabilitation de Turing, ce qui est largement repris par la presse. Elle assiste en 2014 aux commémorations du 70e anniversaire du débarquement de Normandie aux côtés de son Premier ministre David Cameron et du duc et de la duchesse de Cambridge, William et Kate.
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+ La reine Élisabeth II est le monarque britannique ayant atteint l'âge le plus avancé et ayant le plus long règne devant Victoria (depuis le 9 septembre 2015)[171] et le plus ancien souverain encore en exercice depuis le décès du roi Rama IX de Thaïlande le 13 octobre 2016. Le 20 avril 2018, les chefs de gouvernement du Commonwealth ont annoncé que le prince Charles succéderait à la reine à la tête du Commonwealth à sa disparition. La reine avait déclaré que c'était son « souhait sincère » que Charles la suive dans ce rôle. Le 23 avril 2019, le Grand-duc de Luxembourg, Jean, décède à l'âge de 98 ans, et Élisabeth II devient ainsi le plus ancien monarque vivant du monde.
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+ En novembre 2019, des rumeurs relayées par certains médias britanniques laissent entendre que la reine envisagerait abdiquer d'ici « quelques années », et plus précisément à l'occasion de son 95e anniversaire, en 2021, mais des proches de la famille royale démentent ces rumeurs. La reine n'a pas l'intention d'abdiquer, même si ses engagements publics sont de plus en plus assurés par son fils aîné au fur et à mesure que les années passent[172].
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+ La reine Élisabeth II fête son 94e anniversaire le 21 avril 2020 durant la pandémie de Covid-19, sans les traditionnels 41 coups de canon tirés depuis Hyde Park, et règne désormais depuis plus de 68 ans.
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+ Le 19 mars 2020, la reine Élisabeth II se retire par précaution au château de Windsor alors que la pandémie de Covid-19 frappe le pays. Le palais indique : « La reine ira au château de Windsor pour la période de Pâques le 19 mars, une semaine plus tôt que prévu. Il est probable que la reine y restera après la période de Pâques. » La souveraine de 93 ans avait déjà annoncé quelques jours auparavant le report de plusieurs engagements publics en raison de la pandémie[173]. Le 25 mars suivant, le prince de Galles, hériter de la couronne, est testé positif au coronavirus[174]. Le 30 mars suivant, Charles sort de quarantaine[175]. Le 5 avril 2020, Élisabeth II s'adresse à la nation britannique et au Commonwealth lors d'une allocution télévisée exceptionnelle, la quatrième depuis le début de son règne, enregistrée depuis le château de Windsor où la reine est confinée avec son époux. Elle déclare : « J’espère que dans les années à venir, tout le monde pourra être fier de la façon dont [le peuple britannique] a répondu à ce défi. Ceux qui nous succéderont diront que les Britanniques de cette génération étaient aussi forts que tous. Que les attributs de l’autodiscipline, de la bonne résolution tranquille et de la camaraderie caractérisent toujours ce pays »[176]. Le 8 mai 2020, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reine s'est employée à remonter le moral des Britanniques, en leur rappelant qu'ils ne devaient « jamais perdre espoir ». « Au début, les perspectives semblaient sombres, l'issue lointaine, le résultat incertain. [...] Mais nous avons continué à croire que la cause était juste et cette conviction [...] nous a portés. Ne baissez jamais les bras, ne perdez jamais espoir, tel était le message du jour de la Victoire en Europe » a adressé Élisabeth II à son peuple. Ce discours a été diffusé sur la BBC à 20 h, soit l'heure exacte à laquelle son père le roi George VI s'était exprimé à la radio en 1945, soixante-quinze ans plus tôt[177].
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+ Depuis les années 1960, les funérailles de la reine ont été préparées par le gouvernement britannique ainsi que par les médias, qui ont des annonces pré-enregistrées sur la vie et la mort de la reine, ainsi que des séquences de portraits pré-enregistrées. Aussitôt après le décès de la reine, c'est son secrétaire privé qui en sera informé le premier. Dans les minutes qui suivent, ce dernier téléphonera au Premier ministre et lui dira le nom de code « London bridge is down », ce qui fera comprendre au chef du gouvernement que la reine vient de disparaître. La nouvelle sera presque immédiatement relayée par Press Association à tous les autres médias du monde. Ce n’est donc pas la BBC qui aura la primeur de l’information, comme cela avait été le cas jusque-là (la radio avait annoncé la mort de George VI, quatre heures après son décès, le 6 février 1952). Une fois les médias prévenus, un valet en habits de deuil sortira du Palais de Buckingham pour fixer un panneau noir indiquant le décès de Sa Majesté sur les grilles. Au même moment le site internet du Palais se transformera en une page unique, noire, avec le même texte. Les présentateurs des chaînes de télévision britanniques adopteront le même code vestimentaire – tailleurs, costumes et cravates noirs – pour annoncer simultanément le décès d’Élisabeth II. Dans les studios des radios musicales, des voyants clignoteront pour que les présentateurs se préparent à basculer sur les infos et ne diffusent pas de musique trop joyeuse en attendant. Chaque station a déjà préparé des playlists composées de morceaux tristes et mélancoliques. Le pays entrera alors dans une période de deuil national de douze jours. Son successeur — actuellement le prince Charles — sera proclamé roi le lendemain du décès de la reine, à 11 heures du matin, dans la salle principale du Palais Saint James, mais son couronnement n'aura lieu que dans les mois suivants. Les matchs de football pourront se dérouler normalement, à condition d’observer une minute de silence et de jouer l’hymne national, qui sera d’ailleurs modifié en God Save « The King » au lieu de « The Queen ». Mais ce ne sera peut-être pas le cas de tous les sports. À la mort de George VI, en 1952, les compétitions de rugby et de hockey avaient été arrêtées. Les funérailles officielles de la reine auront lieu neuf jours après sa mort. En attendant, sa dépouille sera exposée au Palais de Westminster, 23 heures par jour. Cela devrait permettre à 500 000 personnes de venir lui rendre hommage. La cérémonie des funérailles aura lieu à l'Abbaye de Westminster, la première depuis 1760. Les cloches de Big Ben sonneront à neuf heures, et plus de 2 000 invités seront présents. Quand le cercueil entrera dans l’abbaye, le pays entier suspendra toute activité. Les magasins fermeront, les gares cesseront leurs annonces, les bus s’arrêteront et les conducteurs descendront dans la rue. Lors des funérailles de George VI en 1952, les passagers d’un vol Londres - New York s’étaient levés et, à des kilomètres d’altitude, ils étaient restés debout, la tête inclinée. La reine Élisabeth II sera ensuite inhumée en la Chapelle Saint-Georges du Château de Windsor, aux côtés de son père et de tous ses prédécesseurs[178].
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+ Comme Élisabeth II n'a accordé que de rares entretiens publics, on sait peu de choses de ses opinions privées. En tant que monarque constitutionnel, elle n'exprime pas ses opinions politiques en public. Elle possède un profond sens des devoirs religieux et civiques et prend son serment de couronnement très au sérieux[179]. À côté de son rôle religieux officiel en tant que gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre, elle fréquente cette Église et celle d'Écosse[180]. Elle a témoigné de son soutien pour le dialogue interreligieux et a rencontré les chefs d'autres Églises et religions dont quatre papes : Jean XXIII, Jean-Paul II, Benoît XVI et François.
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+ Élisabeth II est la mécène de plus de 600 organisations[181]. Parmi ses principaux centres d'intérêt figurent l'équitation et les chiens, en particulier les Welsh Corgis[182] dont elle est passionnée depuis 1933 et Dookie, le premier Corgi possédé par sa famille[183],[184].
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+ Dans les années 1950 au début de son règne, Élisabeth II était considérée comme une « reine de conte de fées[185] ». Après le traumatisme de la guerre, la période de progrès et de modernisation fut présentée comme une « nouvelle ère élisabéthaine[186] ». En cela les propos de Lord Altrincham de 1957 accusant ses discours d'être ceux d'une « écolière suffisante » étaient particulièrement inhabituels[187]. Dans les années 1960, la monarchie tenta de renvoyer une image plus moderne en réalisant le documentaire télévisé Royal Family montrant la famille royale dans la vie de tous les jours et en retransmettant l'investiture du prince Charles[188]. La reine prit l'habitude de porter des pardessus aux couleurs éclatantes et des chapeaux décorés qui lui permettaient d'être facilement visible dans une foule[189].
122
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123
+ Lors de son jubilé d'argent en 1977, les foules étaient véritablement enthousiastes[190] mais les révélations de la presse sur la monarchie dans les années 1980 accrurent les critiques à son encontre[191]. La popularité d'Élisabeth II continua de diminuer dans les années 1990 et sous la pression du public, elle fut obligée de payer un impôt sur le revenu et d'ouvrir le palais de Buckingham[192]. La désaffection envers la monarchie atteignit son maximum après la mort de Diana même si elle diminua après l'allocution de la reine six jours plus tard[193].
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125
+ En novembre 1999, les électeurs australiens refusèrent la suppression de la monarchie australienne lors d'un référendum[194]. Des sondages en Grande-Bretagne en 2006 et 2007 révélèrent un fort soutien envers Élisabeth II[195],[196],[197] et des référendums aux Tuvalu en 2008 et à Saint-Vincent-et-les-Grenadines en 2009 rejetèrent des propositions républicaines[198].
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127
+ La fortune personnelle d'Élisabeth II a fait l'objet de nombreuses spéculations au cours des ans. Le magazine Forbes estima en 2010 que ses biens auraient une valeur d'environ 450 millions de dollars[199] mais une déclaration officielle du palais de Buckingham en 1993 qualifia les estimations de 100 millions de livres de « grossièrement exagérées »[200]. Jock Colville, qui fut l'un de ses secrétaires particuliers et le directeur de sa banque, Coutts, estima en 1971 sa richesse à 2 millions de livres (l'équivalent d'environ 23 millions de livres de 2012[201],[202],[203]). La Royal Collection (qui inclut des œuvres d'art et les Joyaux de la Couronne britannique) n'appartient pas personnellement à la reine et est gérée par une fiducie[204] de même que les résidences royales comme le palais de Buckingham, le château de Windsor[205] et le duché de Lancastre, un portefeuille d'investissement évalué en 2011 à 383 millions de livres[206]. Sandringham House et le château de Balmoral sont des propriétés personnelles de la reine[205]. Le portefeuille du Crown Estate gérant les actifs de la Couronne britannique avait une valeur de 7,3 millions de livres en 2011[207] mais est indépendant de la reine[208].
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+ En 2017, les Paradise Papers révèlent que le Duché de Lancastre, qui gère les fonds privés de la reine, a investi, en 2005, 7,5 millions de livres dans un fonds d'investissement basé dans les Îles Caïmans, un paradis fiscal. Une petite partie de ce montant a en outre été investie dans la chaîne de magasins d'électroménager BrightHouse (en), accusée par les autorités britanniques d'utiliser des méthodes de vente agressives, et condamnée en octobre 2017 par la Financial Conduct Authority à rembourser 16,6 millions d'euros à 249 000 clients ; le directeur financier du Duché de Lancastre, Chris Adcock, indique cependant qu'il ignorait avoir investi dans BrightHouse. Par ailleurs, 5 millions de livres d'Élisabeth II ont été investis dans le Jubilee Absolute Return Fund, un fonds basé aux Bermudes puis à Guernesey (deux paradis fiscaux), qui investissait sur des marchés spéculatifs ; la Couronne nie cependant en avoir tiré de quelconques avantages fiscaux. Les investissements offshore révélés par les Paradise Papers n'étaient auparavant pas divulgués, ce qui a donné lieu à des critiques quant au manque de transparence des placements opérés avec les fonds privés d'Élisabeth II[209],[210].
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+ L'effigie de la reine a été reproduite sur un grand nombre de pièces de monnaie, de billets de banque et de timbres dans les royaumes du Commonwealth.
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+ Le rôle d'Élisabeth II a été interprété à l'écran par :
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+ Élisabeth II a également été jouée à la télévision par :
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+ Dans le film Les Minions, Bob la fait destituer après avoir extrait Excalibur d'un rocher, mais elle récupère son trône peu après. Elle est représentée dans l'épisode Homer rentre dans la reine des Simpsons.
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139
+ Jan Ravens faisait la voix de sa marionnette dans l'émission satirique britannique Spitting Image (1984-1996) et l'imitait dans plusieurs émissions radios ou télévisées. Scott Thompson jouait fréquemment la reine dans l'émission comique canadienne The Kids in the Hall au début des années 1990. L'animatrice britannique Tracey Ullman l'imitait régulièrement dans son émission Tracey Takes On....
140
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141
+ Élisabeth II possède de nombreux titres et grades militaires honoraires dans tout le Commonwealth, est la souveraine de nombreux ordres dans ses royaumes et a reçu des distinctions et des honneurs dans le monde entier. Elle possède officiellement un titre différent dans chacun de ses royaumes : Reine de Nouvelle-Zélande en Nouvelle-Zélande, reine des Tuvalu dans les Tuvalu, etc. Dans les îles Anglo-Normandes et l'île de Man qui sont des dépendances de la Couronne, elle est désignée respectivement par duc de Normandie[212] et seigneur de Man. Dans certains territoires, son titre officiel comprend « défenseur de la foi » et « duc de Lancastre »[212].
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+ Elle est connue successivement sous les titres de :
144
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+ Du 21 avril 1944 (jour de ses 18 ans) à son couronnement, les armoiries d'Élisabeth II étaient composées d'un losange portant les armoiries royales du Royaume-Uni différenciées par un lambel de trois points argent ; le point central portant une rose Tudor et les deux autres, une croix de saint Georges[213]. À son accession au trône, elle hérita des diverses armoiries utilisées par son père durant son règne.
146
+
147
+ Ajout de l'Ordre de la Jarretière en 1947.
148
+
149
+ La reine possède également des étendards et des drapeaux personnels dans les différents royaumes du Commonwealth[214].
150
+
151
+ Étendard personnel d'Élisabeth II.
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153
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Royaume-Uni.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Australie.
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157
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Canada.
158
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159
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Nouvelle Zélande.
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161
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé en Jamaïque.
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+
163
+ Étendard d'Élisabeth II utilisé à Malte.
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+ Étendard d'Élisabeth II utilisé au Sierra Leone.
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+ Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les conventions filmographiques.
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+ Elle Fanning [ɛl ˈfænɪŋ], née le 9 avril 1998 à Conyers (Géorgie), est une actrice américaine.
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+ Elle est la sœur cadette de Dakota Fanning, également actrice.
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+ Elle est révélée au grand public en 2011 en tenant les premiers rôles féminins de Somewhere de Sofia Coppola, et de Super 8, de J. J. Abrams.
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+ En 2014, Elle Fanning incarne la Princesse Aurore, la Belle au bois dormant, dans le blockbuster et remake film de Disney Maléfique, et en 2016, Jesse dans le thriller The Neon Demon, de Nicolas Winding Refn.
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+ Mary Elle Fanning est la fille de Joy (née Arrington), joueuse de tennis professionnelle, et de Steve Fanning, ancien joueur de baseball pour l'équipe les Cardinals de Saint-Louis et actuel vendeur en matériels électroniques à Los Angeles. Son grand-père maternel est le joueur de football Rick Arrington, et sa tante la reporter Jill Arrington pour ESPN, chaîne de télévision dédiée au sport[1].
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+ Elle est la sœur de Dakota Fanning, également actrice. Sa famille et elle-même sont membres de la Convention baptiste du Sud.
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17
+ Elle pratique la danse classique et prend des cours de piano. Au magazine Phosphore, elle confie ainsi : « Je suis des cours de ballet. Cinq fois par semaine. J’adore ça. » et glisse : « Je prends aussi des cours de chant. Et j’adore écrire. J’invente des histoires, des nouvelles. J’ai écrit un scénario pour un film quand j’avais 8 ans. Mais quand je serai plus grande, j’en écrirai un autre et je le réaliserai. J’adorerai ça. »[2]
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+ Elle débute au cinéma à l'âge de 18 mois en jouant le rôle de sa sœur Dakota Fanning plus jeune dans le film Sam, je suis Sam et dans la série Disparition (Taken). Il faut attendre 2003 et la sortie du film École paternelle pour la voir enfin obtenir un rôle dans un film dans lequel sa sœur ne joue pas, puis la sortie du film Lignes de vie (The Door in the Floor), aux côtés de Kim Basinger et Jeff Bridges. Les producteurs du film avaient originellement projeté d'engager des jumelles étant donné le rythme effréné du tournage, mais furent si impressionnés par Elle, qu'elle interpréta son personnage Ruth Cole entièrement. La même année, elle apparaît dans la comédie dramatique Winn-Dixie mon meilleur ami, dans le rôle de Sweetie Pie Thomas.
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21
+ En 2005, elle donne la réplique aux stars Brad Pitt et Cate Blanchett dans le film Babel. Deux ans plus tard, elle les retrouve dans L'Étrange Histoire de Benjamin Button, de David Fincher, où elle joue la version jeune du personnage de Cate Blanchett. Début 2007, elle fait partie de la distribution du pilote de la série Dirty Sexy Money, mais elle est remplacée une fois la série commandée par la chaîne ABC.
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+ La fin des années 2000 lui permet d'être choisie pour une poignée de premiers rôles.
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+ Sofia Coppola lui confie en effet le premier rôle féminin de son quatrième long-métrage, le drame indépendant Somewhere, lui permettant de succéder à Kirsten Dunst et Scarlett Johansson, les précédentes jeunes actrices blondes héroïnes dirigées par la jeune cinéaste.
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27
+ Le film déçoit la critique et au box-office, mais les performances des acteurs, et en particulier de Fanning, sont saluées. Suffisamment pour qu'un autre cinéaste, J. J. Abrams, lui confie le premier rôle féminin de son blockbuster Super 8, produit par Steven Spielberg. La jeune actrice y incarne Alice Dainard, une fille débrouillarde qui veut à tout prix fuir son père ivre en tournant un film d'horreur amateur avec des amis. Sorti durant l'été 2011, le film connaît un large succès critique et commercial.
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29
+ Francis Ford Coppola, également convaincu par la jeune comédienne, lui confie un rôle dans son film indépendant, sorti discrètement à la fin de l'année, Twixt. Cette année lui permet ainsi de s'imposer médiatiquement : début 2011, elle figure dans le court-métrage The Curve of Forgotten Things, réalisé par Todd Cole, qui met en avant la collection printemps-été 2011 de Rodarte.
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+ En 2012, elle est dirigée par un autre réalisateur reconnu, Cameron Crowe, qui la dirige dans la comédie dramatique familiale Nouveau Départ, où elle évolue aux côtés de Matt Damon et Scarlett Johansson. Le film connait un joli succès durant les fêtes de fin d'année. Durant la même période, elle tourne dans un clip pour le groupe Sigur Rós Leaning Towards Solace (Tendre vers le réconfort) accompagnée de John Hawkes et réalisé par Floria Sigismondi et qui regroupe les titres Dauðalogn et Varúð tirés de l'album Valtari. Ce clip entre dans le cadre d'un projet, The Valtari Music Experiment, dans lequel le groupe de musique a demandé à une dizaine de réalisateurs de réaliser des clips pour huit titres de leur dernier album.
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+ Et cette même année, les studios Disney la choisissent surtout pour prêter ses traits à la princesse Aurore, la Belle au bois dormant, pour le blockbuster film de Disney Maléfique, porté par Angelina Jolie dans le rôle-titre, et prévu pour 2014. Et parallèlement, elle est choisie pour incarner la marque de parfum Lolita Lempicka.
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+ Entre-temps, elle est à l'affiche du drame indépendant britannique Ginger and Rosa, de Sally Potter, qu'elle porte avec la jeune Alice Englert, et sorti discrètement début 2013, malgré d'excellentes critiques, et une poignée de récompenses, notamment pour sa performance ; puis elle évolue dans le film de science-fiction sud-africain Young Ones, écrit et réalisé par Jake Paltrow, aux côtés de Michael Shannon, Nicholas Hoult et Kodi Smit-McPhee, qui passe cependant inaperçu.
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+ Fin 2014, le succès critique et commercial mondial du blockbuster Maléfique est accompagné de l'annonce d'une suite, toujours avec les mêmes actrices.
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+ En 2015, elle évolue dans le biopic Dalton Trumbo, de Jay Roach, où elle prête ses traits à la fille du rôle-titre incarné par Bryan Cranston. Et poursuit dans une veine indépendante hollywoodienne en évoluant aux côtés des actrices confirmées Naomi Watts et Susan Sarandon pour le drame About Ray. Mais ce long-métrage écrit et réalisé par Gaby Dellal voit sa sortie en salles annulée et reportée à une date indéterminée.
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+ Début 2016, elle fait forte impression au Festival de Cannes en portant le thriller psychologique indépendant The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, qui essuie néanmoins des critiques très mitigées. Elle sera également cette même année une des invitées du concert de Woodkid au Montreux Jazz Festival.
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+ En 2017, elle est à l'affiche de la quatrième réalisation de Ben Affleck, Live by Night. Elle tient aussi l'un des rôles principaux de How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell ainsi que Les Proies de Sofia Coppola avec Nicole Kidman et Kirsten Dunst, tous deux présentés à Cannes la même année. Dans un second temp elle est l'égérie de l'Oréal Paris et présente un nouveau mascara dans une publicité "Extatic Paradise". En 2018 elle apparaît dans une publicité concernant un highlighter (gouttes illuminatrices) de l'Oréal Paris "Glow mon amour". Elle figure au casting du dernier film de Woody Allen : Un jour de pluie à New York, où elle partage l'affiche avec Timothée Chalamet.
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+ En 2019, elle est membre du jury au Festival de Cannes sous la présidence d'Alejandro González Iñarritu qui l'avait auparavant dirigée dans Babel[3].
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+ En 2020, elle incarne le rôle principal du prochain film de Sally Potter, un drame intitulé Molly aux côtés de Javier Bardem, Chris Rock, Laura Linney et Salma Hayek. La même année, elle retrouvera Mélanie Laurent, qui l'avait dirigé dans Galveston, pour un film historique intitulé The Nightingale dans lequel elle jouera pour la première fois aux côtés de sa soeur Dakota Fanning.
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+ République du Salvador
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+ (es) República de El Salvador
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+ 13° 42′ N, 89° 11′ O
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+ Le Salvador[5], en forme longue la république du Salvador (en espagnol : El Salvador ou República de El Salvador, respectivement), est le plus petit pays d'Amérique centrale[6] avec une superficie totale de 20 742 km2[7] pour une population estimée à 6 328 196 habitants en 2014[8], et possède à ce titre la densité de population la plus élevée du continent américain. Il possède également un climat tropical, et borde le Sud-Ouest du Honduras et le Sud-Est du Guatemala. Enfin, il est le seul pays continental d'Amérique centrale à ne donner que sur le Pacifique, comme pour le Belize avec l'Atlantique. Son territoire se répartit sur 14 départements et 262 municipalités. San Salvador en est sa capitale, et les villes de Santa Ana et San Miguel en sont les villes les plus importantes.
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+ Produit de l’union des provinces de Sonsonate et de San Salvador, le nom officiel « El Salvador » (ce qui signifie le Sauveur, en référence au Christ) fut donné lors de la première constitution de la république promulguée le 12 juin 1824. Cependant, l’usage de la contraction pour le premier mot (del, du) impliqua que fût écrit « República del Salvador », et ce jusque dans les cartes générales où était indiqué que l’État serait nommé « Estado del Salvador » (art. 7)[9]. Le 7 juin 1915, le nom devient officiellement « El Salvador ». Malgré cette directive, les documents officiels internationaux continuaient à omettre la première partie du nom officiel de la République.
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+ En 1958, un second décret fut signé qui interdit d’omettre le mot « El » lorsque le nom du pays était associé avec « République » ou « État ». Plus qu’un problème de typographie, le pays se réservait ainsi le droit de rendre caduc tout traité où son nom était incorrectement orthographié. D’après l’historien Pedro Escalante Arce, le changement de « San Salvador » à « Estado del Salvador » (État du Salvador) fut opéré pour signifier qu’à partir de la formation de l’État, disparaissaient les provinces de San Salvador et de Sonsonate[10].
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+ L'origine ethnique des habitants salvadoriens peut être retracée depuis la fondation du pays par les Pipils, un peuple nahuatl. Ils appelaient leur territoire Cuzcatlan, un mot d'origine nahuatl[11] signifiant « l'endroit des pierres précieuses », retranscrit en espagnol sous le terme Cuzcatlán[12],[13]. Durant l'époque précolombienne, le territoire était habité par différentes ethnies amérindiennes dont les cultures étaient influencées par celle des Mayas, dont les Pipils, qui occupaient les régions centre et ouest du pays, et les Lencas, qui se concentraient principalement à l'est du pays. À l'arrivée des conquistadors espagnols, le royaume de Cuzcatlan était la principale entité politique de la région.
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+ En 1522, cinq navires espagnols naviguent depuis Panama pour explorer les rives de la côte du Pacifique. Le pilote en chef se nommait Andrés Niño, celui qui a nommé le golfe de Fonseca, et une île « Petronila » (Meanguera)[14]. En juin 1524, Pedro de Alvarado traverse le río Paz accompagné de ses troupes espagnoles dont Sancho de Barahona, ami de Hernán Cortés et ancêtre de Manuel José Arce y Fagoaga, et prépare ses plans pour la conquête du territoire. Les colons s'établissent dans ce que deviendront beaucoup plus tard les plus grandes villes du pays : San Salvador, érigée en 1525 ; San Miguel, dont la première colonie s'est installée en 1530 ; et la ville de Trinidad (Sonsonate), fondée en 1553. La conquête espagnole a aidé au développement progressif du métissage, de l'évangélisation catholique, de l'enseignement de la langue castillane, et à l'arrivée des esclaves africains[15]. La colonisation de l'Amérique centrale a vu paraître une première étape d'exportation des matières premières : la première matière à être exportée est le cacao dont les grandes extractions ont débuté en 1540[16],[17], puis l'indigo au XVIIe siècle[18].
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+ En 1525, Alvarado retourna à Cuzcatlan et la ville de San Salvador fut fondée au mois d'avril de la même année, dans la même vallée où était située la ville de Cuzcatlan. Mais les Pipils l'attaquèrent en juin 1526 et l'incendièrent, obligeant les Espagnols à s'enfuir. Une nouvelle expédition espagnole, menée par le frère de Pedro de Alvarado - Diego, partit du Guatemala pour refonder la ville de San Salvador (dans la même vallée mais pas à l'endroit exact de la première ville) en 1528 et les Espagnols s'y installèrent définitivement. Une autre expédition partit en 1530 conquérir la principauté de Najochan, à l'est du pays, et la résistance menée par le chef cacique lenca, Lempira, fut vaincue en 1537. Les Espagnols contrôlèrent alors tout ce qui allait devenir le Salvador, mais les attaques sur San Salvador des Pipils de Cuzcatlan, toujours réfugiés dans les montagnes, ne cessèrent qu'en 1539 et la région ne fut entièrement pacifiée qu'en 1540. En 1535, le territoire est intégré à la Nouvelle-Espagne, puis à la Capitainerie générale du Guatemala (ou royaume de Guatemala) en 1540. Il est lui-même divisé entre la municipalité (ou Intendance) de San Salvador et la municipalité de Sonsonate. Comme dans le reste des colonies espagnoles, une politique d'évangélisation des populations amérindiennes est menée. En 1540, le système d'encomiendas est abandonné et l'esclavage des Indiens aboli. C'est Pedro de Alvarado qui nomme ce territoire « San Salvador » (« le Saint Sauveur », en référence à Jésus-Christ).
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+ Le « Premier cri de l'indépendance » d'Amérique centrale est clamé à San Salvador en 1811. La ville connaît plusieurs autres soulèvements les années suivantes mais le royaume de Guatemala déclare définitivement son indépendance le 15 septembre 1821.
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+ En 1814, les différentes municipalités d'Amérique centrale votent l'annexion de la région à l'Empire mexicain à l'exception de San Salvador. Le temps que des troupes mexicaines viennent soumettre San Salvador à la nouvelle domination, l'Empire s'effondre et les Provinces unies d'Amérique centrale proclament leurs indépendances vis-à-vis de toute domination étrangère en 1823. En 1824, la municipalité de Sonsonate et l'Intendance de San Salvador s'unissent pour former l'État du Salvador, membre de la République fédérale d'Amérique centrale. Le Salvador participe alors activement aux différents combats entre conservateurs et libéraux qui mèneront à la fin de la fédération. En 1841, l'assemblée constituante proclame la séparation du Salvador de la République fédérale et la création de la République indépendante et souveraine du Salvador.
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+ Les luttes entre conservateurs et libéraux continuent jusqu'au début du XXe siècle, c'est une période de guerre civile et de guerre contre les autres pays centre-américains quasi permanente. Cependant, le pays s'unit à ses voisins pour défendre l'intégrité de l'Amérique centrale contre William Walker. Avec l'introduction du café dans le pays dans les années 1860, une « république caféière » s'installe au Salvador, favorisant les intérêts des propriétaires terriens et de l'oligarchie des « 14 familles ». Les présidents en sont tous issus : ils favorisent le développement économique du pays en s'appuyant sur la production caféière, ce qui accentue l'exode rural et les inégalités sociales, malgré quelques tentatives réformistes (notamment pendant le court mandat de Manuel Enrique Araujo, assassiné en 1913).
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+ De 1913 à 1927, le pays est soumis à la dictature des Melendez-Quiñones, des barons du café, qui se succèdent à la présidence[19].
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+ En 1931, le général Maximiliano Hernández Martínez arrive au pouvoir après un coup d'État. À la suite de la crise de 1929, le prix du café chute et une révolte paysanne éclate dans l'Ouest du Salvador en 1932. Martínez réprime ce soulèvement qu'il considère comme une « révolution bolchevique ». Pendant trois semaines, l’armée et des groupes paramilitaires (« Gardes blancs », organisés par les propriétaires terriens), conduisent une répression meurtrière : plus de 30 000 personnes sont tuées, soit environ 4 % de la population du pays, et des dizaines de milliers d'autres fuient. Le dirigeant communiste Agustín Farabundo Martí compte parmi les tués[20].
32
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33
+ Martínez mène d'abord une politique fascisante, il se rapproche de l'Allemagne nazie mais les pressions américaines l'obligent à rompre ses contacts avec Hitler et à libéraliser le pays. Il abandonne le pouvoir en 1944 à la suite d'une grève générale pacifique. S'ensuivent différents régimes militaires anticommunistes. Un bref conflit éclate entre le Salvador et le Honduras en juillet 1969 après que des rencontres de football ont exacerbé les tensions entre ces deux pays (voir guerre de Cent Heures, conflit également appelé « guerre du football »). Cette guerre oblige 100 000 paysans et salariés salvadoriens établis au Honduras à quitter précipitamment le pays.
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35
+ En 1972, l'Union nationale d'opposition (constituée par la Démocratie chrétienne, le Parti communiste et le Mouvement national révolutionnaire) remporte les élections mais l’armée opère un coup d’État afin de l'évincer. Dans les années 1970, les inégalités sociales (0,5 % des propriétaires possèdent 40 % des terres et 60 % des paysans n'en possèdent aucune), de la pauvreté (45 % d’analphabétisme et la consommation de calories la plus faible de l’Amérique continentale selon les statistiques de l'ONU) et l’impossibilité d'un changement démocratique en raison des ingérences de l’armée conduisent à la formation de guérillas. Une minorité dissidente du PC fonde les Forces populaires de libération. Apparaît ensuite l’Armée révolutionnaire du peuple, d'orientation socialiste et chrétienne. Une scission de cette organisation entraîne la création des Forces armées de la résistance nationale. En 1979, le Parti communiste, jusqu’alors opposé à la lutte armée, constitue les Forces armées de libération nationale. Le 10 octobre 1980, avec l'apport du Parti révolutionnaire des travailleurs centraméricains (communiste et souhaitant l'unification de l’Amérique centrale) les groupes armés de gauche s'unissent sous le nom de Frente Farabundo Martí de Liberación Nacional (FMLN) tout en conservant leur autonomie[20].
36
+
37
+ Pendant douze ans, de 1980 à 1992, le Salvador fut le théâtre d'une guerre civile sanglante (plus de 100 000 morts, entraînant un déficit de croissance démographique d'environ 1 million de personnes) qui opposait l'extrême droite représentée par l'Alianza Republicana Nacionalista (ARENA), et la guérilla marxiste des Forces populaires de libération Farabundo Marti. L'archevêque Óscar Romero, qui s'était opposé aux violences de l'armée et des forces de sécurité[21], ainsi que d'autres hautes personnalités, sont assassinés par des groupes paramilitaires. Les assassinats sont imputés pour 85 % à l’armée et aux escadrons de la mort, et pour 5 % à la guérilla, selon la commission de vérité supervisée par les Nations unies[22].
38
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39
+ Pour soutenir la junte militaire en place, les États-Unis se sont engagés au côté de l'armée salvadorienne. En 1989, les jésuites de l'Universidad Centroamericana José Simeón Cañas (en) sont massacrés par l'armée. Ce nouveau massacre conduit à mettre la pression sur le gouvernement pour engager les négociations. En 1992, les différents protagonistes de la guerre civile signent les accords de paix de Chapultepec qui mettent effectivement fin à la guerre. En juillet 2002, un tribunal de Miami reconnait coupables José Guillermo García et Carlos Eugenio Vides Casanova (en), deux anciens ministres de la Défense responsables des tortures des escadrons de la mort durant les années 1980. Les victimes avaient en effet fait usage d'une loi américaine qui permettait de telles poursuites. Les deux anciens dirigeants furent condamnés à payer 54,6 millions de dollars américains aux victimes, en particulier les familles des missionnaires assassinées Maura Clarke, Dorothy Kazel, Ita Ford et Jean Donovan.
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+ Le président Armando Calderón Sol adopte en 1995 un plan de réformes économiques qui prévoit la levée du contrôle des changes, l'instauration d'une monnaie convertible, la réduction des tarifs douaniers et la cession de certaines entreprises publiques. L'année suivante, la peine de mort est rétablie et les peines de prison alourdies afin de combattre la délinquance. Francisco Flores, le candidat du parti au pouvoir ARENA (Alliance républicaine nationaliste, droite) remporte l'élection présidentielle en 1999 et poursuit une politique de rigueur dont les conséquences sur les franges les plus pauvres de la population provoquent de nombreuses manifestations. Le pays est frappé en 2001 par deux séismes qui font un millier de morts (accusé d’avoir détourné 15 millions de dollars d'aides internationales, Francisco Flores décédera en 2016 avant la tenue de son procès). La dollarisation de l'économie, engagée en 2001, s'étend en 2003 à la totalité de la monnaie et des avoirs financiers du pays. Sur les questions de politique internationales, le Salvador est aligné sur les États-Unis et envoie en 2003 quelques centaines de soldats participer à l'occupation de l'Irak. Antonio Saca, également membre de l'ARENA, est élu président en 2004 et poursuit la politique économique de ses prédécesseurs. Le traité de libre-échange entre les pays d'Amérique centrale et les États-Unis (CAFTA) entre en vigueur en 2006[23].
42
+
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+ Le Salvador est célèbre pour sa forte criminalité et l'insécurité endémique qui règnent dans le pays ; ceci à cause de la pauvreté mais aussi de la guerre que se livrent les gangs mafieux : la MS-13 et la Mara 18.
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+ Le pouvoir exécutif est représenté par le président de la République, le vice-président et son cabinet. Le président et le vice-président sont élus pour un mandat non renouvelable de 5 ans à la majorité absolue. Un deuxième tour est organisé lorsque aucun candidat n'a recueilli plus de 50 % des voix. Le pouvoir législatif est détenu par le parlement monocaméral, l'Assemblée législative du Salvador composée de 84 députés élus à la proportionnelle pour un mandat de 3 ans. Le pouvoir judiciaire est contrôlé par la Cour suprême de justice constituée de 15 magistrats. Son indépendance est assurée par la constitution. Les accords de paix de 1992 ont créé la Police nationale civile, la procuratie pour la défense des droits de l'homme et le tribunal suprême électoral et supprimé les « corps de sécurité » formés pour combattre les guérillas pendant la guerre, comme la Garde Nationale. Ils ont autorisé la formation en parti politique légal l'ex-opposition armée de gauche, dont le FMLN. Le rôle de l'armée a été redéfini pour la défense de la souveraineté et de l'intégrité du territoire national. Le débat politique tourne autour du parti conservateur Alianza Republicana Nacionalista (ARENA) et du parti de gauche Frente Farabundo Martí de Liberación Nacional (FMLN, divisé entre socialistes révolutionnaires et social-démocrates). Les deux autres partis historiques sont le conservateur Parti de la concertation nationale (PCN) et le démocrate-chrétien Partido Demócrata Cristiano (PDC) mais ne jouent plus aujourd'hui[Quand ?] qu'un rôle marginal.
46
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+ Le 15 mars 2009, le candidat du FMLN Mauricio Funes (ancien correspondant de CNN en espagnol) est élu président d'El Salvador avec 51 % des voix, mettant ainsi un terme à vingt ans d'hégémonie de l'ARENA[24]. ARENA détient le plus grand nombre de députés (34), devant le FMLN (32) et le PCN (10). Il y a eu de nouvelles élections début 2009, dans la nouvelle chambre qui siègera en mai 2009, le FMLN a le plus grand nombre de députés mais pas la majorité absolue. Le FMLN détient le plus grand nombre de députés (35), devant ARENA (32), le PCN (10), le PDC (5) et le CD (1) (Tribunal suprême électoral). Le Salvador envoie 20 députés au Parlement centraméricain (Parlacen) et des députés au Parlement latino-américain (Parlatino). À noter que l'ancienne première dame de la république d'El Salvador, Anna Ligia Mixco Sol de Saca, a reçu le 12 juin 2008 en France la distinction du Grand Prix humanitaire de France par Albert de Smet, délégué du Grand Prix humanitaire de France pour la Belgique, son parrain et de Jean Polles, président, étant secrétaire national de la famille pour ses œuvres humanitaires. Le 1er juin 2009, immédiatement après l'élection du président Mauricio Funes, El Salvador renoue ses relations internationales avec Cuba. El Salvador est le dernier pays d'Amérique centrale à reprendre le dialogue avec Cuba[réf. nécessaire].
48
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49
+ Le 3 février 2019 marque la victoire de Nayib Bukele à l'élection présidentielle (54 % des suffrages). Sa prise de poste intervient le 1er juin 2019[25]. Décrit comme « antisystème » et âgé de 38 ans, il n'est ni lié au parti du FMLN, ni à l'ARENA, une première depuis la fin de la guerre civile (en 1992). Très populaire, Bukele est parvenu à réduire le nombre d'homicides de manière non négligeable en 2019[26]. Bukele continue à faire face aux gangs, les maras, incarnés par exemple par le MS-13, qui gangrènent le pays.
50
+
51
+ Ahuachapán
52
+ Santa Ana
53
+ Sonsonate
54
+
55
+ La Libertad
56
+ Chalatenango
57
+ Cuscatlán
58
+ San Salvador
59
+ La Paz
60
+ Cabañas
61
+ San Vicente
62
+
63
+ Usulután
64
+ San Miguel
65
+ Morazán
66
+ La Unión
67
+
68
+ Le pays est divisé en trois zones (occidentale, centrale et orientale), 14 départements, 39 districts et 262 municipalités. Chaque département est dirigé par un gouverneur représentant le pouvoir exécutif et nommé par le Président de la République. Les municipalités sont dirigées par un conseil municipal élu pour trois ans par les électeurs inscrits sur les listes électorales de la circonscription.
69
+
70
+ Selon les données gouvernementales du Salvador, le pays recouvre une superficie totale de 20 742 km2[27], ce qui en fait le plus petit pays d'Amérique centrale[2]. Le 11 septembre 1992, la Cour internationale de justice met fin à un différend frontalier entre El Salvador et le Honduras, les deux pays se disputant une parcelle de 440 km2 ; El Salvador obtient 150 km2 et le Honduras 290 km2[28]. Les deux pays ont clos cette dispute en 2006, conformément à la décision de la Cour[29]. Indépendamment de cette décision, les citoyens résidant sur ces terres disputées entre les deux pays ont obtenu la double nationalité[30] et ceux-ci utilisent la proximité des institutions salvadoriennes[31].
71
+
72
+ Le territoire peut être découpé en quatre grandes parties (du nord au sud) :
73
+
74
+ El Salvador abrite trois grands lacs naturels : le lac Ilopango et le lac de Coatepeque occupant tous deux une caldeira, et le lac de Güija que le pays partage avec le Guatemala. Le barrage Cerron Grande (en) sur le fleuve Lempa a créé le lac artificiel Cerrón Grande. Le pays possède aussi une multitude de petits lacs, en particulier au fond des cratères, dont le plus grand est la laguna de Olomega (en). Le Lempa est le plus long fleuve d'El Salvador et d'Amérique centrale. Après avoir traversé le Guatemala et le Honduras, il vient se jeter sur la côte Pacifique du Salvador après un parcours de 320 km (dont 260 au Salvador). Il existe plus de 400 autres cours d'eau sur le territoire.
75
+
76
+ El Salvador se trouve dans la zone climatique tropicale et connaît des variations de température faibles. Le mois de décembre est le plus froid (23,8 °C), et le mois d'avril le plus chaud (32 °C) pour une température moyenne de 24 °C. La saison humide débute en mai pour se terminer en octobre. Le pays est régulièrement touché par des ouragans venant des Caraïbes entre juin et novembre. Cependant, dans les régions montagneuses, le climat est plus doux, et les différences de température sont le plus souvent importantes.
77
+
78
+ La route panaméricaine traverse le pays d'ouest en est et connecte la capitale avec le Guatemala et le Honduras. Le second axe routier longe le littoral et le troisième joint la capitale à la frontière nord (par le département de Chalatenango) et à la côte caraïbe du Honduras. Il n'existe plus de transport ferroviaire pour voyageurs mais il existe un réseau ferroviaire pour les marchandises connectant les zones de productions aux ports salvadoriens et au port guatémaltèque de Puerto Barrios sur la côte caraïbe.
79
+
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+ Les ports d'Acajutla et de La Unión sont les deux plus grands ports de commerce du pays. Depuis peu le port d'Acajutla accueille des bateaux de croisière. Le pays est desservi par l'aéroport international du Salvador, (code AITA : SAL • code OACI : MSLP), situé à 50 km au sud de la capitale.
81
+
82
+ L'enseignement primaire est obligatoire et dure 9 ans[33]. La majorité des enfants âgés 16 et 17 n'ont pas accès à l'enseignement secondaire[34]. Il y a plusieurs universités.
83
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+ L'espagnol est la langue officielle du Salvador[35], parlé par la quasi totalité de la population. Il subsiste trois langues indigènes : le pipil, le q'eqchi' et le lenca.
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+ En 2015, l'espérance de vie est d'environ 69 ans pour les hommes et de 78 pour les femmes; l'espérance de vie en bonne santé est inférieure de 10 ans à l'espérance de vie générale, et ce pour les deux sexes[36].
87
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88
+ Sous la pression de l’Église catholique, les lois sur l’avortement au Salvador font partie, depuis 1997, des plus restrictives au monde. Les femmes faisant une fausse couche sont ainsi passibles de peines de prison allant jusqu'à 40 ans[37]. Même les viols ou autres complications médicales ne sont plus valables aux yeux de la loi : les femmes dans cette position sont, dans tous les cas, déclarées coupables d'homicide volontaire[38]. Depuis octobre 2016 un projet de légalisation partielle de l’avortement est à l'étude (en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère[39]) mais est bloqué par les partis de droite[40].
89
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+ Le Salvador détient le record de féminicides en Amérique latine en 2011, avec 13,9 femmes assassinées pour 100 000 habitants ; en 2016, ce taux est tombé à 5,8 [41].
91
+
92
+ El Salvador a adopté le dollar américain comme monnaie en 2001 à la place du colón. Étant donné qu'il possède peu de ressources naturelles, le pays importe beaucoup de matières premières, de combustibles et plusieurs autres denrées. L'économie du pays est principalement axée sur les services et les communications. L'industrie manufacturière est la plus importante d'Amérique centrale. Selon l'encyclopédie Larousse en ligne, 58 % de la population travaille dans le secteur des services. Au niveau de l'agriculture, le Salvador produit un café arabica (dit « lavé »), de première qualité, essentiellement exporté vers l'Europe et les États-Unis. Il fait partie des quinze plus grands producteurs mondiaux de café, malgré une récolte caféicole en baisse de plus d'un tiers entre 2011 et 2016, ce qui en fait toujours le quatrième cultivateur de café d'Amérique centrale derrière le Honduras, le Nicaragua et le Costa Rica.
93
+
94
+ L’économie salvadorienne est peu diversifiée et dépendante. Le pays exporte principalement des produits issus de l’industrie textile des zones franches (maquiladoras) – représentant plus de 30 % de l'ensemble de ses exportations –, à destination principalement des États-Unis – qui concentrent 45 % des exportations (et 38% des importations). Le Salvador reproduit de la sorte une division internationale du travail de type coloniale, en « offrant », au sein d’une économie orientée vers l’exportation, une main d’œuvre et des ressources naturelles bon marché, et important des biens intermédiaires (autour de 50% des importations). Cette « spécialisation » est entretenue et renforcée par l’Accord de libre-échange avec les États-Unis – CAFTA (Dominican Republic-Central America Free Trade Agreement) – et l’Accord d’association avec l’Union européenne[42].
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+ Dans le secteur des industries, le pays se spécialise dans l'agroalimentaire, la chimie, le pétrole, le textile, le plastique, l'aluminium et les produits pharmaceutiques. L'économie d'El Salvador comporte plusieurs faiblesses, dont un taux de chômage élevé, des fortes inégalités, de la violence et de la criminalité. Selon le site du CIA World Factbook, le PIB du pays s'élevait à 21,8 milliards de dollars américains en 2010 avec un taux de croissance de 1,2 %.
97
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+ La valeur totale des exportations est de 3,797 milliards de dollars US et celle des importations sont de 7,255 (données de 2009). Les principales exportations sont : le café, la canne à sucre, les textiles (incluant les vêtements), l’or, l’éthanol, les produits chimiques, les crevettes, l’électricité, le fer, l’acier et les exportations de montage à l’étranger. Leur principaux pays partenaires à l’exportation sont (dans l'ordre) les États-Unis, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua. Pour ce qui est des principales importations, il s’agit : des matières premières, des biens de consommation, des biens d’équipement, de carburant, d’électricité et de certains produits alimentaires. Ses principaux pays partenaires à l’importation sont les États-Unis, le Mexique, le Guatemala, la Chine et le Honduras.
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+ La pauvreté affecte 41,6% de la population – 49,3% en milieu rural –. Près de 2 millions de Salvadoriens vivent, illégalement ou non, aux États-Unis, soit près d'un tiers de la population du pays. Les remesas (argent que les émigrés envoient à leur famille) représentent 17,1% du PIB en 2016. 7 % du territoire est sous concession minière[42].
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+ En 2014, la population du Salvador est estimée à 6 328 196 habitants. En 2007, le pays comptait 86 % de personnes métis, 12 % de Blancs, et 0,23 % d'indigènes[43]. Il s'agit du pays le plus densément peuplé en Amérique latine[44]. Concernant la population noire, sa présence dans la région remonte au début de la colonisation espagnole, mais elle reste très infime à cause du métissage aux dix-neuvième et vingtième siècles[45].
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+ La religion catholique romaine est la principale religion (86 %) même si la religion protestante progresse très vite (environ un million de protestants en 1992). La religion dominante est le catholicisme, qui représente 57,1 % de la population. Les protestants représentent 21,2 %, les Témoins de Jéhovah 1,9 % et les mormons 0,7 %. Les autres religions diverses représentent 2,3 %, et environ 16,8 % de la population n’a aucune croyance. La langue espagnole est parlée par tous les habitants, cependant certains amérindiens continuent encore à parler leurs langues natales que sont le nahuatl, le q'eqchi' et le lenca. Le q'eqchi' est une langue maya. En 2008, l'espérance de vie était de 71,4 ans (66,7 pour les hommes et 76,02 pour les femmes). Le taux de fertilité est de 3,16 enfants par femme (2005). Le taux d'émigration est de 4,02 sur 1 000 habitants (2000).
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+ Une étude importante de Latinobarómetro fait apparaître en 2013 environ 54 % de catholiques, 30 % de protestants, 4 % d'autres et 12 % de sans religion[46].
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+ Les données du tableau suivant présentent l'évolution de la proportion de personnes se déclarant d'un groupe religieux, selon Latinobarómetro[46].
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+ Le Salvador est l'un des pays les plus dangereux au monde, avec plus de 16 000 homicides depuis juin 2004. Selon la justice, plus de la moitié de ces meurtres seraient dus aux gangs particulièrement violents qui y sévissent, les maras[47]. D'après les estimations disponibles, le taux de meurtres par 100 000 habitants se situerait entre 64 et 68 en 2007 et serait de 55,3 en 2008. Selon un article du journal français Le Point en août 2017, le Salvador serait devenu le pays le plus dangereux de la planète avec un taux d'homicides de 104 pour 100 000 habitants[48].
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+ La culture du Salvador comprend les traditions et les coutumes ancestrales des cultures pré-hispaniques ayant fusionnées avec les coutumes espagnoles[49].
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+ L'instrument national du Salvador est la Marimba et le sport national le football.
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+ Plusieurs artistes salvadoriens ont acquis une réputation internationale : Antonio Bonilla (es), Benjamin Canas, Carlos Cañas, Bernabé (Bernardo) Crespin, Dagoberto Nolasco, Francisco Reyes et Rolando Reyes.
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+ Le Salvador est confronté à une situation écologique alarmante. Selon un rapport du Bureau du procurateur pour la défense des droits humains de 2016, 89 % des cours d’eau sont pollués, 600 000 familles en milieu rural n’ont pas accès à l’eau potable, et dans 80 ans la disponibilité d’eau par habitant pourrait se réduire de 83 %, rendant le pays invivable. La déforestation, combinée à la passivité des milieux politiques devant le développement d'un système économique non viable pour l’environnement, constituerait la cause principale de cette situation[50].
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+ L'arrivée au pouvoir du Front Farabundo Martí de libération nationale (FMLN) en 2009 favorisa certains progrès environnementaux. La répression du mouvement écologiste, en vertu d'une législation antiterroriste adoptée en 2004, cessa. Le nouveau ministre de l’environnement et des ressources naturelles présenta un projet de loi inspiré des diverses propositions des organisations écologistes. En 2012, l’Assemblée approuve un projet de loi pour réformer la constitution, afin de reconnaître la nourriture et l’eau comme des droits humains[51].
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+ Le 27 avril 2017, le Salvador devient le premier pays au monde à interdire les mines de métaux sur son territoire, pour des raisons d’environnement et de santé publique[52]. Cette évolution est rendue possible par l'arrivée au pouvoir du FMLN (toutefois minoritaire au Parlement), de la mobilisation des organisations sociales (dont plusieurs meneurs ont été assassinés) et de l’Église catholique[50]. Plusieurs pays, en particulier les Philippines et le Nicaragua, envisagent de s'inspirer de ce choix.
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+ Le Salvador a pour codes :
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+ Cathédrale métropolitaine.
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+ Monument à la Révolution.
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+ Elvis Aaron Presley [ˈɛlvɪs ˈɛɹən ˈpɹɛsli][a] est un chanteur et acteur américain né le 8 janvier 1935 à Tupelo, dans le Mississippi, et mort le 16 août 1977 à Memphis, dans le Tennessee. Surnommé The King (« le Roi »), il est l'une des icônes culturelles majeures du XXe siècle.
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+ Presley commence sa carrière musicale en 1954 chez Sun Records, la maison de disques du producteur Sam Phillips. Accompagné du guitariste Scotty Moore et du bassiste Bill Black, rejoints l'année suivante par le batteur D.J. Fontana, il contribue à populariser le genre naissant du rockabilly, un mélange énergique de musique country et de rhythm and blues. En 1956, son imprésario, le Colonel Parker, obtient que son contrat soit racheté par RCA Victor et il décroche son premier no 1 avec la chanson Heartbreak Hotel, avec l'argent qui découle de cette vente, Elvis achète une Cadillac rose à sa mère. Il enchaîne dès lors les apparitions télévisées et les singles à succès. Son talent de chanteur et sa gestuelle provocante font de lui une figure de proue du rock 'n' roll, mais aussi un sujet de controverses.
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+ À la fin de l'année 1956, Presley fait ses débuts au cinéma avec Le Cavalier du crépuscule (Love Me Tender). Engagé dans le service militaire en 1958, durant son service, la vie de Presley a été affectée de nombreuses manières, à commencer par le décès de sa mère. Il reprend sa carrière en 1960, mais il se consacre davantage au cinéma qu'à la musique dans les années qui suivent : il abandonne les concerts et tourne de nombreux films dont la qualité et le succès vont décroissant. Il épouse Priscilla en 1967, et reçoit son premier Grammy Award pour le 33 tours de gospels How Great Thou Art. Sa fille Lisa Marie naît l'année suivante, le 1er février.
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+ Alors qu'il est absent de la scène depuis sept ans, une émission de télévision produite par Steve Binder en 1968 relance la carrière musicale d'Elvis Presley. Il remonte alors sur scène et ce retour marque le début d'une série de tournées lucratives et de nombreux concerts à Las Vegas. En 1973, il donne le premier concert diffusé en mondovision par satellite, Aloha from Hawaii. Fragilisé par des années de consommation excessive de médicaments, il meurt dans son manoir de Graceland en 1977, à l'âge de 42 ans.
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+ Elvis Presley est l'artiste solo le plus vendu dans l'histoire de la musique enregistrée, avec des estimations de ventes allant de 600 millions à 1 milliard de ventes[2],[3],[4], et est l'un des musiciens les plus célèbres et les plus influents du XXe siècle. Il s'est illustré dans de nombreux genres (country, blues, pop, rock, gospel…) et reste l'un des plus gros vendeurs de disques de tous les temps.
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+ Elvis Aaron Presley naît le 8 janvier 1935 à Tupelo, dans l'État du Mississippi, dans une petite maison de type shotgun house construite par son père, Vernon Elvis Presley (1916-1979), en prévision de sa naissance[5] (maison natale d'Elvis Presley). Sa mère, Gladys Love Smith (1912-1958), accouche 35 minutes auparavant d'un enfant mort-né, Jesse Garon Presley, frère jumeau d'Elvis, qui est inhumé dans une tombe anonyme au cimetière de Priceville, à Tupelo[6].
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+ Les parents d'Elvis Presley appartiennent à une Assemblée de Dieu, une Église pentecôtiste, qui constitue sa première influence musicale. Sa mère, dont il est particulièrement proche, est considérée comme le membre dominant de la famille par leurs proches, tandis que son père enchaîne les petits boulots sans faire preuve d'une grande ambition[7],[8]. Les Presley ne sont pas riches et doivent souvent s'appuyer sur leurs voisins ou les aides de l'État pour subvenir à leurs besoins[9].
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+ À l'école d'East Tupelo Consolidated, où il entre en septembre 1941, Presley est considéré comme un élève moyen par le corps enseignant[10]. Il se produit pour la première fois sur scène le 3 octobre 1945 lors d'un concours de chant au Mississippi-Alabama Fair and Dairy Show. Habillé en cowboy, il interprète la chanson de country Old Shep et se classe cinquième[11]. Quelques mois plus tard, il reçoit sa première guitare en cadeau d'anniversaire[12][13]. Ses premières leçons lui sont données par deux de ses oncles, ainsi que par le nouveau pasteur de l'église de la famille[14].
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+ Presley change d'école en septembre 1946 et entre à Milam. L'année suivante, il commence à prendre sa guitare avec lui tous les jours pour jouer de la musique et chanter à l'heure du déjeuner. Sa famille vit alors dans un quartier à dominante afroaméricaine, et il est considéré comme un garçon solitaire qui joue de la musique de péquenauds[15]. Il écoute religieusement l'émission de radio de Mississippi Slim et parvient à le rencontrer par l'intermédiaire d'un de ses camarades de classe, qui n'est autre que le frère de Slim. Ce dernier apprend à Presley à jouer des accords à la guitare[16] et le fait passer dans son émission lorsqu'il a 12 ans[17].
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21
+ La famille Presley déménage à Memphis en novembre 1948. Ils logent dans une pension de famille pendant près d'un an avant d'obtenir un logement social dans le lotissement de Lauderdale Courts[18]. Au lycée L. C. Humes, Elvis Presley est généralement trop timide pour jouer de la musique en public, et il est parfois l'objet de brimades de la part des autres élèves[19]. Il se met sérieusement à la guitare en 1950 avec l'aide de Jesse Lee Denson, un voisin qui a deux ans de plus que lui. Avec trois autres garçons, dont les frères Dorsey et Johnny Burnette, ils constituent une sorte de groupe qui se produit régulièrement dans le quartier des Courts[20].
22
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23
+ Au fil du temps, Presley devient populaire dans son lycée. Il se laisse pousser des rouflaquettes, utilise de l'huile essentielle de rose et de la vaseline pour se coiffer et s'habille chez Lansky Brothers[21]. Il commence à travailler comme ouvreur au Loew's State Theater, premier d'une série de petits boulots[22]. En avril 1953, il participe au concours de musique annuel de son lycée et se distingue avec son interprétation de Till I Waltz Again with You de Teresa Brewer[23]. Au terme de sa scolarité, en juin 1953, Presley est décidé à faire carrière dans la musique[24],[25].
24
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25
+ Le 18 juillet 1953, Elvis (âgé de 18 ans) enregistre son premier disque 45 tours amateur, pour 4 dollars, chez Sun Studio à Memphis (le studio de la compagnie Sun Records de Sam Phillips et Marion Keisker, spécialisée dans la musique afro-américaine). Sur ce disque en un seul exemplaire, qu'il offre à sa mère pour son anniversaire, il grave deux reprises de chansons à succès de l'époque My Happiness (face A) et That's When Your Heartaches Begin (face B) (chansons de son important répertoire rééditées plus tard). Marion Keisker ajoute alors un commentaire personnel : « Bon chanteur de ballades, à garder »[26].
26
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27
+ Elvis enregistre un second acétate chez Sun en janvier 1954, composé des chansons I'll Never Stand In Your Way et It Wouldn't Be the Same Without You[27]. Peu après, il auditionne pour rejoindre un quatuor vocal de la région, les Songfellows, mais il n'est pas retenu[28]. Au mois d'avril, il trouve un emploi à la Crown Electric Company comme chauffeur-livreur, métier qui ne lui convient pas[29]. Une nouvelle audition, cette fois pour le groupe d'Eddie Bond, se solde par un autre échec, Bond recommandant même au jeune homme d'abandonner le chant[30].
28
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29
+ De son côté, Sam Phillips est à la recherche d'un artiste susceptible de faire connaître au grand public les musiciens noirs de Sun Records[31]. Il se procure en juin 1954 une démo de la ballade Without You et il lui semble que Presley pourrait en faire quelque chose. Le jeune chanteur tente de l'enregistrer, mais il n'arrive pas à produire quelque chose de convaincant. Phillips ne se décourage pas et lui demande de chanter toutes les chansons qu'il connaît. Impressionné, il fait appel à deux musiciens, le guitariste Scotty Moore et le contrebassiste Bill Black, en vue d'une véritable séance d'enregistrement[32].
30
+
31
+ Cette séance se déroule dans la soirée du 5 juillet 1954. Elle reste infructueuse jusqu'à une heure avancée. Alors que tout le monde se prépare à abandonner, Presley prend sa guitare et commence à jouer That's All Right, un blues d'Arthur Crudup de 1946. Moore se souvient : « Et soudain, Elvis a commencé à chanter cette chanson en sautant partout et en faisant l'idiot, et puis Bill a pris sa basse et il a commencé à faire l'idiot lui aussi, et j'ai commencé à les suivre. Je crois que Sam avait laissé la porte de la salle de contrôle ouverte […] il a passé la tête par l'entrebaillement et il a demandé : mais qu'est-ce que vous faites ? Et on lui a dit : aucune idée. Alors il a dit arrêtez une seconde, essayez de trouver un point de départ et recommencez. » Phillips vient de trouver le son qu'il cherchait[33]. Trois jours plus tard, l'animateur de radio de Memphis Dewey Phillips commence à passer That's All Right dans son émission[34]. Les auditeurs ne tardent pas à appeler en nombre pour connaître le nom du chanteur ; beaucoup d'entre eux croient qu'il s'agit d'un Afro-Américain[35]. Quelques jours plus tard, le trio Presley-Moore-Black enregistre Blue Moon of Kentucky, une chanson de bluegrass de Bill Monroe, et un 45 tours est pressé par Sun Records avec That's All Right en face A et Blue Moon of Kentucky en face B[36].
32
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33
+ En mai 1955 il assiste au bal de promo accompagné de son premier amour Dixie Locke, âgé de quinze ans, avec qui le chanteur sort régulièrement depuis qu'il est diplômé de Humes et pendant son séjour au studio Sun Records[37].
34
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35
+ Le trio se produit pour la première fois en public le 17 juillet au club Bon Air[38]. À la fin du mois, ils jouent au Overton Park Shell en soutien de Slim Whitman. Sur scène, le sens du rythme de Presley et son trac lui font trembler les jambes. Avec son pantalon large, qui amplifie ses mouvements, il commence à faire hurler les jeunes femmes dans le public[39]. Moore et Black quittent peu après leur ancien groupe pour jouer régulièrement avec Presley, et le disc-jockey Bob Neal devient le manager du trio. Ils se produisent régulièrement sur la scène de l'Eagle Nest entre les mois d'août et d'octobre. Durant cette période, Presley prend confiance en lui et développe progressivement son jeu de scène[40].
36
+
37
+ Le 2 octobre, Elvis Presley se produit pour la seule fois de sa carrière dans le spectacle Grand Ole Opry à Nashville. Le public n'est pas enthousiasmé et le producteur Jim Denny explique à Sam Phillips que le chanteur ne convient pas à son programme[41],[42]. Deux semaines plus tard, Presley apparaît dans Louisiana Hayride, le principal concurrent de l'Opry, diffusé sur 198 stations de radio dans 28 États différents. À nouveau saisi par le trac durant la première moitié du concert, il se ressaisit et la deuxième moitié est très bien accueillie par le public[43]. Le batteur de Lousiana Hayride, D. J. Fontana, se joint au trio pour cette performance[44]. C'est un tel succès que Presley est engagé pour apparaître tous les samedis dans le programme pendant une année. Le chanteur vend son ancienne guitare et s'achète une Martin pour 175 dollars[45].
38
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39
+ Au début de l'année 1955, grâce à ses concerts dans tout le Sud-Ouest des États-Unis, ses cinq 45 tours chez Sun Records et ses apparitions hebdomadaires dans Louisiana Hayride, Elvis Presley est devenu une vedette régionale, dont la notoriété s'étend du Tennessee au Texas. Il signe un contrat de management en bonne et due forme avec Bob Neal en janvier. C'est par son intermédiaire que le « colonel » Tom Parker, le manager du chanteur de country Hank Snow, découvre Presley et l'engage pour la tournée de Snow en février[46],[47]. Le 3 mars, Presley apparaît pour la première fois à la télévision lors de la diffusion de Louisiana Hayride sur la chaîne KSLA-TV. Il auditionne ensuite, sans succès, pour l'émission de CBS Arthur Godfrey's Talent Scouts. Sa musique mêle blues et country, une fusion qui prend ultérieurement le nom de rockabilly. De ce fait, elle ne rentre pas dans une case prédéfinie : les stations de radio dédiées à la country refusent de le diffuser parce qu'il chante comme un Afro-Américain, tandis que celles dédiées au rhythm and blues le rejettent parce qu'il chante de la musique de péquenauds[48].
40
+
41
+ En août 1955, Presley renouvelle son contrat avec Bob Neal et engage Parker comme conseiller spécial[49]. Le trio, qui devient un quatuor avec l'arrivée définitive de D. J. Fontana, continue à donner des concerts à un rythme soutenu jusqu'à la fin de l'année[50]. Presley est devenu un jeune artiste prometteur qui intéresse plusieurs maisons de disques. Après trois offres allant jusqu'à 25 000 dollars, Parker et Phillips parviennent à un accord avec RCA Victor, qui rachète le contrat de Presley à Sun Records pour la somme jamais vue jusqu'alors de 40 000 dollars[51]. Deux nouvelles entités, Elvis Presley Music et Gladys Music, sont créées par Parker avec la compagnie Hill & Range pour gérer les prochains enregistrements du chanteur[52]. RCA commence rapidement à promouvoir son nouveau poulain et réédite plusieurs chansons parues chez Sun avant la fin de l'année[53].
42
+
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+ La première séance d'enregistrement d'Elvis Presley pour RCA prend place le 10 janvier 1956 à Nashville[54]. Outre Scotty Moore, Bill Black et D. J. Fontana, plusieurs musiciens accompagnent le chanteur : le pianiste Floyd Cramer, le guitariste Chet Atkins et trois choristes, dont Gordon Stoker des Jordanaires[55]. La ballade Heartbreak Hotel, enregistrée à cette occasion, est éditée en 45 tours le 27 janvier[54]. Presley fait sa première apparition sur une chaîne de télévision nationale le lendemain, dans l'émission Stage Show produite à New York et diffusée sur CBS. Une fois l'émission tournée, il se rend aux studios RCA de New York où il enregistre huit chansons le même jour, dont une reprise du Blue Suede Shoes de Carl Perkins[56]. Le contrat de Bob Neal est dissous et le Colonel Parker devient le manager d'Elvis Presley le 2 mars. Elvis Presley, le premier album du chanteur, est publié le 23 mars par RCA. Il comprend cinq chansons inédites enregistrées pour Sun Records et sept nouvelles chansons. C'est le premier album de rock à atteindre le sommet du classement des ventes établi par le magazine Billboard, une position qu'il conserve pendant dix semaines[54].
44
+
45
+ Le 3 avril, Presley se produit sur le pont de l'USS Hancock à San Diego pour l'émission The Milton Berle Show. Les marins et leurs petites amies lui réservent un accueil déchaîné[57]. À la fin du mois, Heartbreak Hotel devient son premier no 1 dans le hit-parade pop. Il se produit pendant deux semaines au New Frontier Hotel and Casino de Las Vegas, devant un public d'âge mûr qui n'apprécie guère sa musique[58]. C'est à Vegas qu'il découvre Hound Dog, une chanson de Jerry Leiber et Mike Stoller popularisée en 1953 par Big Mama Thornton, qui devient dès lors le morceau de clôture de ses concerts[59]. Il entame ensuite une tournée dans le Midwest qui le voit jouer dans quinze villes différentes en quinze jours[60].
46
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+ Presley passe pour la deuxième fois au Milton Berle Show le 5 juin. Il laisse sa guitare en coulisse, sur les conseils de Berle. Durant son interprétation de Hound Dog, il se livre à des mouvements suggestifs qui donnent lieu à une importante controverse médiatique[61],[62]. Son déhanché lui vaut le surnom « Elvis le Pelvis », qu'il n'apprécie guère[63]. En revanche, lorsqu'il apparaît dans le Steve Allen Show le 1er juillet, c'est pour chanter Hound Dog à un basset hound portant haut-de-forme et cravate, ce qu'il considère par la suite comme la performance la plus ridicule de sa carrière[64]. Pour la première fois, l'émission de Steve Allen réalise de meilleures performances que celle d'Ed Sullivan. Bien que celui-ci ait déclaré Presley « inapproprié pour un public familial[65] », il lui verse 50 000 dollars pour trois apparitions dans son Ed Sullivan Show, du jamais vu à l'époque[66]. La première émission, diffusée le 9 septembre, est vue par environ 60 millions de téléspectateurs, soit 82,6 % de parts de marché[67]. Love Me Tender enregistre un million de précommandes après son interprétation[68]. Cette émission joue un rôle déterminant et propulse Presley au rang de superstar nationale[65]
48
+
49
+ Lors des concerts de Presley, le public réagit de manière toujours plus incendiaire. Lors de son passage au Mississippi-Alabama Fair and Dairy Show, en septembre, 50 membres de la Garde nationale sont dépêchés pour prêter main-forte aux forces de l'ordre[69].
50
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51
+ Presley, qui rêve de faire carrière au cinéma, signe un contrat de sept ans avec Paramount Pictures le 25 avril 1956. Son premier film, Le Cavalier du crépuscule, sort en salle le 21 novembre. Bien qu'il n'interprète qu'un rôle secondaire, les producteurs du film décident d'y ajouter quatre de ses chansons et de modifier son titre pour faire référence à Love Me Tender, son plus récent succès. Les critiques sont médiocres, mais le public répond présent[70]. Entre-temps est sorti le deuxième album du chanteur, Elvis, qui se classe rapidement en tête des ventes. Il inclut notamment Love Me, une chanson écrite par Jerry Leiber et Mike Stoller , les auteurs de Hound Dog[71].
52
+
53
+ Le 4 décembre, Presley participe à une jam session dans les studios de Sun Records avec Carl Perkins, Jerry Lee Lewis et Johnny Cash. Cette séance impromptue, que Sam Phillips prend soin d'enregistrer, entre dans la légende sous le nom de Million Dollar Quartet[72]. À la fin de l'année, Presley fait la une du Wall Street Journal, qui rapporte que la vente de produits dérivés du chanteur a rapporté 22 millions de dollars[73]. RCA a beau être l'une des plus grandes maisons de disques américaines, il représente plus de la moitié de leurs ventes de 45 tours sur l'année 1956[68].
54
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55
+ Presley participe pour la troisième et dernière fois au Ed Sullivan Show le 6 janvier 1957. À cette occasion, les caméras ne cadrent que le haut de son corps : d'après certains auteurs, cette quasi-censure serait une idée du Colonel Parker afin de faire parler de son poulain[74],[75]. Greil Marcus compare son apparence dans cette émission au Cheik de Rudolph Valentino[65]. Le chanteur conclut sa performance en interprétant le gospel Peace in the Valley, et Ed Sullivan le décrit à la fin de l'émission comme « un brave garçon[76] ». Au mois de mars, le chanteur achète pour ses parents et lui un manoir situé à une quinzaine de kilomètres au sud de Memphis : Graceland[77].
56
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57
+ Les trois singles de Presley sortis dans la première moitié de l'année 1957 se classent en tête du hit-parade : Too Much en février, All Shook Up en avril et (Let Me Be Your) Teddy Bear en juillet. Son deuxième film, Amour frénétique, sort en salle le même mois et sa bande originale, Loving You, devient le troisième no 1 consécutif du chanteur. La chanson-titre est écrite par Leiber et Stoller. Le duo collabore plus étroitement avec Presley sur la bande originale de son film suivant, Le Rock du bagne (novembre 1957), dont ils écrivent quatre des six chansons[78]. Le public est toujours aussi déchaîné lors des trois tournées données par Presley au cours de l'année[79]. Des étudiants le bombardent d'œufs à Philadelphie[80], tandis qu'à Vancouver, le public détruit la scène après la fin du concert[81].
58
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59
+ Sorti au mois d'octobre, Elvis' Christmas Album se classe à son tour en tête des ventes. Il inclut notamment Santa Claus Is Back in Town, un blues aux paroles ambiguës écrit par Leiber et Stoller. C'est l'album de Noël le plus vendu de tous les temps aux États-Unis. Scotty Moore et Bill Black, qui se sentent de plus en plus tenus à l'écart et qui ne profitent pas financièrement de leur collaboration avec Presley, annoncent alors leur démission. Ils sont réembauchés quelques semaines plus tard, percevant dès lors des indemnités journalières[82].
60
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61
+ À la mi-janvier 1958, alors que Don't devient le dixième no 1 d'Elvis Presley, l'enregistrement de la bande originale du film Bagarres au King Créole prend place à Hollywood. C'est la dernière fois que Leiber et Stoller, qui écrivent trois chansons, collaborent avec le chanteur[83]. La séance du 1er février marque également la dernière apparition de Bill Black aux côtés d'Elvis Presley. Le contrebassiste meurt d'une tumeur au cerveau en 1965.
62
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63
+ Elvis Presley est appelé sous les drapeaux le 20 décembre 1957. Il obtient un ajournement jusqu'à la mi-mars afin de tourner Bagarres au King Créole. C'est donc le 24 mars 1958 qu'il est conscrit à Fort Chaffee, près de Fort Smith, dans l'Arkansas. Les médias suivent de près l'événement, au point où des photographes l'accompagnent dans les bâtiments de l'armée[84]. Presley déclare quant à lui ne pas vouloir de traitement de faveur[85].
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+ Au début du mois d’août, Gladys tombe malade au Texas[86]. Elle avait récemment augmenté sa consommation d'alcool pour faire face à la renommée de son fils et à ses obligations envers l'armée, et avait également commencé à utiliser des pilules amaigrissantes pour tenter de perdre du poids. Ceci, associé à une mauvaise alimentation, avait entraîné la détérioration de son foie. Un après-midi, après une querelle avec son mari Vernon, Gladys s’effondre de fatigue. Elvis fait en sorte que Vernon et elle rentrent à Memphis le 8 août. Le lendemain, alors qu'il suit son entraînement à Fort Hood, au Texas, Presley apprend que sa mère est à l'hôpital. Le 11 août, à la suite d'appels de son médecin, Presley demande un congé d'urgence pour rendre visite à sa mère. Après avoir été initialement transigé, Presley est finalement autorisé à quitter son service le 12 août pour aller la voir à Memphis. Elle meurt deux jours plus tard, le 14 août, d'une cirrhose à l'âge de 46 ans. La cause officielle du décès est une crise cardiaque, les Presley refusant une autopsie. Le chanteur, très proche de sa mère, est anéanti[87]. Les funérailles ont lieu le 15 août et Presley s'effondre à plusieurs reprises avant, pendant et après le service. Le 18 août, le congé de Presley est prolongé de cinq jours.[86]
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+ Le 1er octobre, une fois son entraînement terminé, Presley rejoint la 3e division blindée à Friedberg, en Allemagne de l'Ouest[88]. Un sergent lui fait découvrir les amphétamines, dont il devient un grand consommateur[89]. Il est considéré par ses camarades comme un soldat comme les autres, qui ne se vante pas de sa célébrité et fait preuve d'une grande générosité. Il reverse sa solde à des organisations caritatives et achète des postes de télévision et des treillis de rechange pour ses pairs[90]. C'est également durant son séjour à Friedberg qu'il rencontre sa future femme, Priscilla Beaulieu, alors âgée de 14 ans[91].
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+ Le chanteur s'inquiète des conséquences du service militaire sur sa carrière, mais le producteur Steve Sholes et l'éditeur Freddy Bienstock s'arrangent pour continuer à fournir régulièrement au public de nouveaux disques d'Elvis, en puisant dans ses enregistrements inédits[92]. C'est ainsi qu'il place dix chansons dans le Top 40 durant ses deux années à l'armée, parmi lesquelles Wear My Ring Around Your Neck, Hard Headed Woman et One Night en 1958, puis (Now and Then There's) A Fool Such as I et le no 1 A Big Hunk o' Love en 1959[93]. RCA édite également quatre 33 tours durant cette période, dont la compilation Elvis' Golden Records, no 3 des ventes en 1958[94].
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+ Rentré aux États-Unis le 2 mars 1960, Elvis Presley est rendu à la vie civile le 5[95]. Le train qui le ramène au Tennessee depuis le New Jersey est pourchassé par ses admirateurs, et il doit s'arrêter à plusieurs reprises pour que le chanteur puisse faire de brèves apparitions[96]. Dans la soirée du 20 mars, il enregistre de nouvelles chansons aux studios RCA de Nashville. Le single Stuck on You se classe rapidement en tête des charts[97]. Quinze jours plus tard, une deuxième séance permet de boucler l'enregistrement de l'album Elvis Is Back!, ainsi que les ballades It's Now or Never et Are You Lonesome Tonight?, qui sortent à leur tour en single. L'album témoigne de la versatilité du chanteur[98].
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+ En octobre, G.I. Blues, la bande originale de Café Europa en uniforme, premier film de Presley depuis son retour, devient no 1 des ventes à sa sortie. Deux mois plus tard sort His Hand in Mine, le premier 33 tours de musique chrétienne du chanteur, qui connaît un succès significatif pour un album de gospel. Lors d'un concert de charité à Memphis, en février 1961, RCA remet au chanteur une plaque certifiant des ventes mondiales de plus de 75 millions de disques[99]. Courant mars, une séance de 12 heures à Nashville permet de mettre en boîte l'album Something for Everybody[100], qui puise dans le Nashville sound[101] et devient son sixième no 1. Le 25 mars, Presley donne un concert de charité à Hawaï, dont les bénéfices doivent financer un mémorial aux victimes de l'attaque de Pearl Harbor. C'est sa dernière prestation en public jusqu'en 1968[102].
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+ Le colonel Parker impose alors un programme de tournage chargé à Presley, qui se retrouve tête d'affiche de films musicaux légers, aux budgets modestes et aux scénarios prévisibles. Le chanteur tente d'imposer des rôles plus sérieux, mais l'échec des Rôdeurs de la plaine (1960) et d'Amour sauvage (1961) le convainc de ne plus s'écarter de la formule gagnante. La majeure partie des 27 films qu'il tourne jusqu'en 1969 s'inscrivent dans cette catégorie[103]. Leur accueil critique est désastreux, mais ils sont presque tous bénéficiaires au box-office. Comme le résume leur producteur Hal Wallis, « rien n'est sûr à Hollywood, sauf un film de Presley[104] ».
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+ Quinze des films de Presley sont accompagnés d'une bande originale en 33 tours, et cinq autres d'un EP. Sa musique souffre de leur cadence de sortie accélérée (il joue fréquemment dans trois films par an). Jerry Leiber décrit la formule que suivent toutes ces bandes originales : « trois ballades, un morceau de tempo moyen, un morceau rapide, et un boogie blues[105] ». Leur qualité va décroissant au fil de la décennie[106]. Des auteurs de renom, comme Doc Pomus et Mort Shuman, continuent à écrire pour Presley, mais la majeure partie de ses chansons durant cette période est l'œuvre d'auteurs de second ordre[107]. Le chanteur est conscient de cette évolution et déteste ces titres qu'il est forcé d'interpréter[108],[109].
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+ Durant la première moitié des années 1960, trois bandes originales de Presley se classent en tête de ventes, et quelques chansons qui en sont tirées deviennent des classiques, comme Can't Help Falling in Love (1961) ou Return to Sender (1962). Au fil du temps, leur succès commercial commence cependant à se tarir. Ce n'est qu'à la fin de l'année 1967 que les résultats médiocres de l'album Clambake font prendre conscience du problème à la direction de RCA. Entre début 1967 et la mi-1968, seuls deux des huit singles du chanteur se classent dans le Top 40[110], et la bande originale Speedway, sortie en mai 1968, ne dépasse pas la 82e place du classement des albums. À ce stade, Presley est devenu un objet de ridicule pour les mélomanes, qui n'est plus défendu que par ses admirateurs les plus acharnés[111]. Il ne publie qu'un seul album qui ne soit pas une bande originale durant cette période : son deuxième 33 tours de musique chrétienne, How Great Thou Art (1967), qui remporte le Grammy Award de la meilleure performance religieuse[112].
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+ Sept ans après leur rencontre, Presley demande Priscilla Beaulieu en mariage peu avant Noël 1966. La cérémonie nuptiale se déroule le 1er mai 1967 dans la suite qu'occupe le couple à l'Aladdin Hotel de Las Vegas[113]. Leur fille unique, Lisa Marie, voit le jour le 1er février de l'année suivante[114].
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+ Le déclin artistique des films et albums d'Elvis Presley s'accompagne d'un déclin commercial, si bien qu'au début de l'année 1968, le Colonel Parker commence à avoir du mal à trouver des producteurs désireux d'investir le million de dollars habituel pour un nouveau film du chanteur. Il change donc de stratégie et conclut un accord avec NBC, qui verse 1,25 million de dollars pour un film et une émission de télévision spéciale pour Noël[115]. La dernière apparition de Presley à la télévision remonte alors au 12 mai 1960, date de diffusion de The Frank Sinatra Timex Show: Welcome Home Elvis, une émission présentée par Frank Sinatra et diffusée sur la chaîne ABC[116].
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+ L'émission spéciale pour NBC, simplement intitulée Elvis, est captée à Burbank fin juin et diffusée le 3 décembre 1968. Produite par Steve Binder, elle se compose de plusieurs segments enregistrés en studio dans des décors très travaillés, mais aussi de prises en direct durant lesquelles Presley, anxieux à l'idée de chanter devant un public, est accompagné par ses anciens musiciens Scotty Moore et D. J. Fontana, ainsi que par ses amis Alan Fortas, Charlie Hodge et Lance LeGault[117]. Au cours de cette séquence demeurée célèbre sous le nom de « Sit down show », Elvis porte un costume en cuir noir qui rappelle ses débuts[118]. L'émission est un succès pour NBC : c'est la plus regardée de la saison pour la chaîne, avec 42 % de parts de marché[119],[120].
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+ Ragaillardi par le succès de son émission spéciale qui marque son retour au rock et relance sa carrière musicale[121], Presley entre à l'American Sound Studio de Memphis pour préparer un nouvel album, son premier disque qui ne soit ni une bande originale, ni un recueil de chants chrétiens, depuis huit ans. Enregistré avec le groupe maison, les « Memphis Boys », sous la houlette du producteur Chips Moman, From Elvis in Memphis propose un son influencé par la soul de la Stax. Il sort en juin 1969, deux mois après le single In the Ghetto. La critique et le public leur réservent un bon accueil ; l'album reste plus de vingt semaines dans les charts.
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+ Le chanteur souhaite également donner à nouveau des concerts de manière régulière. Des offres affluent du monde entier, mais le Colonel Parker conclut un accord avec l'International Hotel de Las Vegas pour 57 dates. Comme Moore, Fontana et les Jordanaires préfèrent rester à Nashville, Presley met sur pied un nouveau groupe d'accompagnement avec le guitariste James Burton et deux groupes de gospel, The Imperials et The Sweet Inspirations[122]. Il est nerveux, mais sa première soirée à l'International, le 31 juillet, est un triomphe : les 2 200 spectateurs, dont beaucoup de célébrités, lui font trois ovations debout[123]. Le lendemain, Parker négocie un nouveau contrat avec l'hôtel : Presley s'y produira en février et en août pendant cinq ans pour un salaire annuel d'un million de dollars[124].
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+ Le mois de novembre voit la sortie de L'habit ne fait pas la femme, le dernier film hollywoodien de Presley, et du double album From Memphis to Vegas / From Vegas to Memphis, composé pour moitié de chansons enregistrées en direct à l'International Hotel et pour moitié de chansons provenant des séances aux studios American Sound du début de l'année. Suspicious Minds se classe en tête des ventes de singles : c'est son premier no 1 depuis plus de sept ans, mais aussi son dernier.
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+ Le premier engagement mensuel de Presley à l'International Hotel, en février 1970, donne lieu à l'album live On Stage, publié au mois de juin[125]. À la fin du mois, le chanteur donne six concerts au Houston Astrodome devant un nombre record de spectateurs[126]. Le single The Wonder of You, sorti en avril, se classe en tête des charts easy-listening. De retour à l'International au mois d'août, Presley est filmé par la MGM pour le documentaire Elvis: That's the Way It Is. Il se produit alors vêtu d'un jumpsuit, vêtement caractéristique de ses performances scéniques dès lors. Le documentaire s'accompagne d'un album, également intitulé That's the Way It Is, qui mêle prises en studio et enregistrements live. Il abandonne le son roots des séances de Memphis de l'année précédente au profit d'une musique plus consensuelle, où la country et la soul laissent place à une pop traditionnelle plus en accord avec les goûts du public de Las Vegas[127]. Presley entreprend une tournée d'une semaine dans le Sud des États-Unis en septembre, sa première depuis 1958, suivie d'une autre semaine de concerts sur la côte ouest en novembre[128].
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+ Le 21 décembre 1970, le chanteur rencontre le président Richard Nixon à la Maison-Blanche. C'est pour lui l'occasion d'affirmer son patriotisme et son mépris pour la contre-culture des années 1960, en particulier en ce qui concerne la drogue, dans le contexte de la War on Drugs. Il demande au président de lui remettre un badge du Bureau des narcotiques et des drogues dangereuses et critique les Beatles, qu'il juge pro-drogues et anti-Américains, bien qu'il interprète certaines de leurs chansons sur scène[129].
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+ L'année 1971 voit la parution de trois nouveaux albums. Le mieux accueilli par la critique est Elvis Country (I'm 10,000 Years Old), un disque couvrant l'éventail des variantes de la musique country, du bluegrass au rockabilly[130], mais celui qui se vend le mieux est un nouvel album de Noël, Elvis Sings the Wonderful World of Christmas.
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+ En 1972, la MGM produit un nouveau documentaire, Elvis on Tour. Filmé lors de plusieurs concerts de la tournée du 5 au 19 avril, le documentaire remporte le Golden Globe du meilleur documentaire. La même année, Presley remporte son deuxième Grammy pour l'album de gospel He Touched Me. Il donne quatre concerts devant salle comble au Madison Square Garden en juin. Celui du 10 est immortalisé sur l'album Elvis: As Recorded at Madison Square Garden[131]. Après cette tournée sort le 45 tours Burning Love, qui marque la dernière apparition du chanteur dans le Top 10 américain.
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+ Le couple Presley, qui bat de l'aile depuis un certain temps, se sépare le 23 février 1972 et entame une procédure de divorce le 18 août[132]. Le chanteur, qui entame une nouvelle relation avec le mannequin Linda Thompson, est déprimé par la fin de son mariage[133]. Le divorce est prononcé le 9 octobre 1973[134].
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+ En janvier 1973, Presley donne deux concerts de charité au bénéfice du Kui Lee Cancer Fund. Le premier sert de répétition pour le second, qui a lieu le 14 janvier et donne lieu à la première retransmission mondiale par satellite. L'émission Aloha from Hawaii est visionnée par des millions de spectateurs à travers le monde[135],[136],[137]. Le chanteur y apparaît dans un costume blanc emblématique, avec une cape frappée d'un aigle symbolisant l'Amérique[138]. Le double album Aloha from Hawaii Via Satellite est publié en février et s'écoule à plus de cinq millions d'exemplaires aux États-Unis.
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+ La consommation excessive de médicaments commence à avoir des effets sur la santé de Presley. Il fait deux surdoses de barbituriques en 1973 et finit à l'hôpital après la seconde. Malgré cela, il donne de plus en plus de concerts, jusqu'à 168 pour la seule année 1973[139]. Son état de santé se dégrade brutalement en septembre 1974, ce qui inquiète ses collaborateurs[140], mais le public est tenu dans l'ignorance et continue à assister en masse à ses concerts.
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+ En revanche, le chanteur passe de moins en moins de temps en studio, ce qui inquiète RCA. Après avoir enregistré 18 chansons en décembre 1973, il ne met pas les pieds dans un studio d'enregistrement pendant toute l'année 1974[141]. Un album live, Elvis Recorded Live on Stage in Memphis, est publié au mois de juillet par RCA[142]. Il inclut notamment une version de How Great Thou Art qui vaut à Presley son troisième et dernier Grammy Award[143]. Il reprend le chemin des studios en mars 1975, mais une deuxième session organisée par le Colonel Parker à la fin de l'année ne débouche sur rien[144]. RCA finit par envoyer un studio mobile à Graceland en 1976 pour permettre au chanteur de procéder à deux séances complètes chez lui, mais même dans ces conditions, le travail en studio lui est pénible[145].
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+ Toutes ces séances d'enregistrement fournissent suffisamment de matériel pour remplir six albums. Bien que Presley ne soit plus compétitif dans les classements des ventes généraux, ses albums réalisent de belles performances sur le marché de la country : Promised Land (1975), From Elvis Presley Boulevard, Memphis, Tennessee (1976) et Moody Blue (1977) se classent en tête du classement dédié à ce genre[146]. Ses singles sont également un succès dans les charts country et adult contemporary[147].
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+ En novembre 1976, Presley met un terme à sa relation avec Linda Thompson et commence à fréquenter Ginger Alden[148]. Son surpoids et sa consommation excessive de médicaments ont un effet désastreux sur ses concerts. Il s'efforce d'honorer ses engagements, mais ses performances sont plus courtes qu'avant, il lui arrive d'être complètement incompréhensible. Fin mars 1977, il est incapable de monter sur scène à Baton Rouge et doit annuler plusieurs concerts[149]. Le public commence à exprimer son mécontentement, mais le chanteur ne semble pas en avoir conscience, tout à sa passion pour le spiritualisme[150].
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+ Lors d'une nouvelle tournée, au mois de juin, Presley est filmé par CBS en vue d'une émission spéciale, Elvis in Concert, dont la diffusion est prévue pour octobre. Il apparaît très affaibli le 19 à Omaha, mais offre une meilleure performance deux jours plus tard à Rapid City[151]. Il donne son ultime concert au Market Square Arena d'Indianapolis le 26 juin 1977[152].
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+ Red West, Sonny West et Dave Hebler, trois anciens gardes du corps de Presley renvoyés par son père Vernon en juillet 1976, révèlent les addictions de Presley dans leur livre Elvis: What Happened?, publié le 1er août. Bouleversé, le chanteur s'efforce en vain d'empêcher sa publication en offrant de l'argent aux éditeurs[153]. La liste de ses problèmes de santé ne cesse de s'allonger : il souffre de glaucome, d'hypertension artérielle, de problèmes de foie et de colectasie, autant de troubles dont l'abus de médicaments constitue une circonstance aggravante, voire une cause[154].
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+ Presley doit quitter Memphis par avion le 16 août 1977 pour entreprendre une nouvelle tournée. Durant l'après-midi, Ginger Alden le découvre étendu sur le sol de sa salle de bains, victime d'une crise cardiaque[155]. Les tentatives de réanimations sont un échec, et le décès est prononcé à 15 h 30 au Baptist Memorial Hospital[156]. Ses funérailles ont lieu le 18 août à Graceland. 80 000 spectateurs assistent à la procession funèbre jusqu'au cimetière de Forest Hill, où le chanteur est enterré auprès de sa mère Gladys[157].
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+ Ces singles se sont classés dans le Top 10 des ventes aux États-Unis.
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+ À l'époque où Presley débute, le public achète peu d'albums et c'est avant tout grâce aux singles qu'Elvis devient le chanteur ayant vendu le plus de disques au monde. Le chiffre d'un milliard est couramment avancé, tout comme pour le groupe The Beatles. Cependant, si l'on considère uniquement les ventes d'albums le groupe britannique devance très largement Elvis Presley ; aucun album de l'Américain ne s'est suffisamment bien écoulé pour apparaître dans les classements recensant les principaux albums les plus vendus de tous les temps.
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+ Elvis Presley a obtenu quatre-vingt-deux disques d'or - soit au moins cinq cent mille copies officiellement écoulées pour chacun. En 2010, l'organisme qui dénombre les ventes de disques aux États-Unis, la RIAA, crédite de cent soixante seize millions les ventes d'albums des Beatles et de cent vingt millions celles d'Elvis Presley. Côté singles, si le groupe britannique en place vingt à la première place des classements américains, contre dix-huit pour Presley, a contrario l'Américain en compte trente huit dans les dix premières places contre trente quatre pour les Beatles. Au Top 40, Elvis Presley se place encore devant avec cent quatorze, tandis que le groupe en affiche cinquante deux. Il l'emporte aussi en nombre de semaines passées à la première place, avec quatre-vingt contre cinquante neuf.
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+ Elvis Presley est considéré comme la principale icône du rock 'n' roll : sa voix, sa musique, sa gestuelle provocatrice, ses habitudes vestimentaires, son parcours (célébrité fulgurante, descente aux enfers et mort prématurée) en ont fait une idole populaire et le symbole d'une certaine rébellion adolescente. Elvis peut être considéré comme le principal acteur de la large diffusion du rock 'n' roll auprès du grand public blanc américain puis européen. En effet, si le jazz avait déjà associé étroitement musique et sexualité, et si plusieurs interprètes blancs étaient aux côtés d'Elvis dans son rôle de pionnier du rock (par exemple, Bill Haley), Presley est le premier blanc à associer le sex-appeal (un physique avantageux, des inflexions de voix et des mouvements du bassin très suggestifs) à cette nouvelle forme de musique, tout en y ajoutant un son plus dynamique et plus percutant issu des studios Sun de Memphis. Bien que considéré comme choquant par la frange conservatrice américaine, il contribue à rendre acceptable le genre musical et ouvre ainsi la voie de la reconnaissance à de nombreux artistes noirs, tels Chuck Berry, Bo Diddley et Little Richard, ainsi qu'aux rockers blancs, tels Buddy Holly et Jerry Lee Lewis.
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+ Sa popularité, en particulier auprès des adolescentes, a atteint des sommets inédits ; ses concerts et ses apparitions en public ont donné lieu à des mouvements de foule. Le succès d'Elvis auprès des jeunes, dont le pouvoir d'achat est grandissant, dicte la mode non seulement musicale, mais également capillaire ou vestimentaire. C'est un véritable phénomène de société. C'est principalement grâce à Elvis Presley que l'Europe découvre le rock, même derrière le rideau de fer. Cliff Richard s'en inspire et devient à l'aube des années soixante, l'une des plus grandes vedettes du Royaume-Uni. John Lennon a reconnu que « s'il n'y avait pas eu un Elvis, il n'y aurait pas eu les Beatles ». En France, Dick Rivers[b], Johnny Hallyday et Eddy Mitchell découvrent le rock 'n' roll à travers Elvis Presley et s'en inspirent, et popularisent en France cette musique venue d'outre-Atlantique. Presley ouvre la voie à de nombreux rockers américains qui vendent leurs disques en Europe et y font des tournées. Les adolescents du monde entier commencent à copier la coiffure d'Elvis et la demande pour les transistors augmente énormément, permettant ainsi à Sony de passer du statut de petit fabricant japonais de radio à celui de multinationale.
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+ Encore aujourd'hui icône du XXe siècle, d'innombrables artistes de la seconde moitié du siècle se définissent par rapport à son influence, soit en revendiquant son héritage, soit pour le rejeter comme symbole d'une musique dépassée - en particulier à partir du mouvement punk. Elvis Costello lui a emprunté le prénom Elvis pour faire décoller sa carrière. Le crooner pop Chris Isaac le copie. Dire Straits a écrit une chanson-hommage, Calling Elvis. Frank Zappa a aussi écrit une forme de chanson-hommage avec son Elvis Has Just Left The Building. En France, le chanteur rockabilly Jesse Garon emprunte son nom de scène aux prénoms du jumeau mort-né d'Elvis, le rockeur australien Nick Cave consacre sa chanson Tupelo au mythe entourant le chanteur. Le groupe californien Dread Zeppelin avec son leader Greg Tortell (alias Tortelvis) parodient Elvis jusqu'au ridicule, distribuant foulards et colliers hawaiiens à la foule, lors de leurs concerts, et connaissent une fructueuse carrière durant les années 1980. Enfin, en hommage, le groupe U2 enregistre sur l'album The Unforgettable Fire, en 1984, le titre Elvis Presley and America. Il existe également des imitateurs américains (comme Jimmy « Orion » Ellis (1945-1998) ou Doug Church), dont les voix se rapprochent énormément de celle d'Elvis.
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+ Le cinéma a également rendu hommage à Elvis Presley, dans Ultimo Elvis (Armando Bo, 2012) où il est "incarné" par John McInerny, l'un de ses imitateurs.
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+ Le chanteur Johnny Farago donne une série de concerts en hommage à Elvis à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La station de télévision Télé-Métropole lance un concours d'imitateurs à l'émission Les Tannants. Ce concours ternit l'image d'Elvis au Québec jusqu'à la fin des années 1980, en associant à Elvis une image de mauvais goût. En 1995, le producteur Jean Pilote et le théâtre du Capitole de Québec redorent l'image d'Elvis Presley au Québec en présentant, sous licence d'EPE, une production musicale estivale sophistiquée nommée Elvis Story, à laquelle assistent des centaines de milliers de personnes, venues de partout. Le spectacle est présenté à Paris, Toronto, Gatineau, Biloxi au Mississippi, Atlantic City et au Japon. Les chanteurs Martin Fontaine et Jamie Aaron Kelley incarnent Elvis jusqu'en 2007. En 2009, le spectacle est amélioré et il est présenté au Théâtre du Palais Municipal de La Baie (Saguenay) et à la salle L'Étoile DIX30 de Brossard. C'est actuellement Brandon Bennett qui joue le rôle d'Elvis.
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+ Toujours au Québec où, chez certains, Elvis personnifie l'excès du mythe américain face aux revendications nationalistes et culturelles, le cinéaste Pierre Falardeau consacre à la légende une trilogie humoristique intitulée Elvis Gratton qui est d'abord un succès d'estime en court métrage et vingt ans plus tard, en 2005, un vaste succès public en salle. Le personnage comique a ensuite sa série télévisée intitulée Bob Gratton : ma vie, my life, sur le réseau TQS (renommé V en 2009), de 2007 à 2009. C'est dans la province francophone du Québec que les albums d'Elvis Presley sont les plus vendus au Canada.
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+ Elvis connaît aussi un regain de popularité lors de la coupe du monde de football de 2002 lorsque Nike utilise un remix de sa chanson A Little Less Conversation comme fond sonore d'une publicité mettant en scène des vedettes internationales de football. Ce morceau devient numéro un dans plus de vingt pays, y compris aux États-Unis. À peu près au même moment, sort une compilation, qui se termine en deux volets, des plus grandes chansons d'Elvis : Elv1s 30 #1 Hits. Le remix est ajouté à l'album comme 31e morceau, juste avant la sortie du CD en octobre 2002. Vingt-cinq ans après sa mort, l'album, qui regroupe les principaux succès de Presley et dont la restauration sonore est excellente, atteint la première place des classements.
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+ L'année 2017 célébrant les 40 ans de la disparition du King, des manifestations se déroulent un peu partout dans le monde, depuis Graceland pour un concert commémoratif au beau milieu de la Elvis Week[158], avec un orchestre symphonique[159], en passant par Sydney et son Festival dédié auquel on se rend par l'Elvis Express[160], jusqu'au Musée de Cambrai qui remplacera ses guides par des sosies de Presley[161].
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+ Inspiré par les compilations primées, If I Can Dream (en) (2015) et The Wonder of You (en) (2016) donnera aux fans l'occasion d'entendre les plus grands succès du King interprétés par Elvis Presley lui-même sur grand écran et accompagnés d'un orchestre symphonique en direct[réf. nécessaire]. Le concert mettra également en vedette une apparition spéciale de Priscilla Presley ainsi que d'autres surprises avec des invités spéciaux[162]. Un album contenant 2 CD nommé Elvis Symphonique sort le 4 août 2017 et contient de nombreux succès d'Elvis Presley revisités sur un accompagnement symphonique.
142
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143
+ Parmi ses nombreuses réussites, Elvis est l'un des deux chanteurs, avec Roy Orbison, à avoir eu simultanément deux albums dans le Top 5 des classements de ventes d'albums[réf. nécessaire]. Il fait partie du Rock and Roll Hall of Fame, du Country Music Hall of Fame et du Gospel Music Hall of Fame (en)[163].
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145
+ En 1997, Elvis the Concert le tout premier concert virtuel d'Elvis, synchronisé par ordinateur, présente Elvis Presley sur grand écran, avec ses musiciens des années 1970 réunis sur scène. Ils font des tournées dans le monde entier.
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+ Le concert est dirigé par Joe Guercio avec la participation du TCB Band, des groupes vocaux The Sweet Inspirations et The Imperials. Les images vidéos d'Elvis proviennent du NBC '68 Comeback Spécial, du concert satellite Elvis : Aloha from Hawaii, ainsi que les concerts filmés de la MGM, That's the Way It Is de 1970, et Elvis on Tour de 1972. Le concert est testé aux États-Unis en 1997 et 1998 avant d'être présenté en Europe en 1999.
147
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148
+ Dès 1956, Hollywood s'intéresse à lui. Sa première apparition sur le grand écran en tant qu'acteur est surprenante. Au début, il ne devait y avoir aucune chanson, mais les producteurs en ajoutent quatre et The Reno Brother's (titre original) est rebaptisé Love Me Tender, du titre de son dernier succès. Le film qui parle de la guerre de Sécession est mal perçu par les admirateurs d'Elvis, ils s'indignent de voir leur idole dans un second rôle. Néanmoins, le film est un succès. Le film suivant, Loving You, titre de son dernier succès, est réalisé entièrement sur mesure pour Elvis. Il joue pratiquement son propre rôle, celui d'un petit chanteur qui devient une superstar grâce au travail et à un manager affairiste. Loving You obtient un immense succès[réf. nécessaire] et Elvis devient une vedette du cinéma. Dans son troisième film, archétype du film violent, Elvis joue un employé qui aime chanter, mais qui, à la suite d'une bagarre, tue un gars et part en prison. Là, il chante, devient la coqueluche de ses codétenus et, libéré, devient une vedette avant de connaître les affres de la célébrité. Le film, Jailhouse Rock, également titre de son dernier succès, manque de profondeur, montre un personnage superficiel, mais remporte un succès retentissant auprès des jeunes[réf. nécessaire].
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+ Son dernier film, tourné avant qu'il parte pour l'armée en 1958, King Creole, est un de ses meilleurs. Le scénario était prévu pour James Dean [réf. nécessaire] et le personnage passe du boxeur au chanteur. Une fois de plus, Elvis interprète un garçon simple qui s'en sort grâce à la chanson. À partir de 1960, dès son retour de l'armée, Elvis laisse la scène pour se consacrer à Hollywood, et durant neuf années, tourne 27 films dont Les Rôdeurs de la plaine (1960), Sous le ciel bleu de Hawaï (1961), L'Idole d'Acapulco (1963) avec Ursula Andress, L'Amour en quatrième vitesse (1964) avec Ann-Margret, qui est son plus gros succès au box office (rapportant plus de 9 millions de dollars à la MGM, pour moins d'1 million de dollars investis), Girl Happy (1965), Tickle Me (1965), À plein tube (1968) avec Nancy Sinatra, Live a Little, Love a Little (1968). Les films cités sont les meilleurs. Pour les autres si le succès est au rendez-vous, scénario et mise en scène sont inexistants. La magie n'est pas là et Elvis devant la caméra s'ennuie de manière ostentatoire. Ses ventes de disques, tirées uniquement des bandes sonores des films, chutent, et Elvis ne rencontre plus le même succès. Le monde a changé, la musique aussi, de nouveaux chanteurs et groupes ont fait leur apparition ; Elvis reçoit les Beatles, le 27 août 1965, dans sa maison de Bel Air à Los Angeles. Lorsque son contrat cinématographique prend fin en 1969, Elvis, fatigué et critiqué, décide de mettre un terme à sa carrière à Hollywood.
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+
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+ Elvis fait trois émissions spéciales à la télévision[réf. nécessaire] : Elvis (1968), Elvis : Aloha from Hawaii, via Satellite (1973), et Elvis in Concert (1977). Il y a eu également quatre adaptations biographiques (entre parenthèses sont les acteurs qui l'ont incarné et les actrices qui ont incarné Priscilla)[164] : Elvis, 1979, téléfilm (Kurt Russell, Season Hubley), Elvis and Me, 1988, téléfilm (Dale Midkiff, Susan Walters), Elvis, 1990, télé-série (13 épisodes d'une demi-heure) (Michael St. Gerard), et Elvis, 2005, téléfilm (Jonathan Rhys Meyers, Antonia Bernath).
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+
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+ De nombreux films et téléfilms mettent en scène le chanteur. Il n'apparaît parfois que brièvement dans certains (ex : Forrest Gump) :
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+ Le dinosaure nommé Cryolophosaurus a été surnommé Elvisaurus par les paléontologues, parce que la crête du carnivore leur rappelait la coiffure du chanteur[166].
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158
+ Dans la saison 2 d’Epic Rap Battles of History, Elvis Presley affronte Michael Jackson pour voir qui prendra le surnom de King.
159
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+ « Elvis has left the building », annonce prononcée parfois à la fin des concerts d'Elvis pour décourager les fans d'attendre son retour est devenue une expression populaire réutilisée dans différentes occasions.
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+ Un courrier électronique, un courriel, un mail ou un e-mail (de l'anglais /ˈi.meɪl/[2] Écouter) est un message écrit envoyé électroniquement via un réseau informatique. On appelle messagerie électronique l'ensemble du système qui permet la transmission des courriers électroniques. Elle respecte des règles normalisées afin d'autoriser le dépôt de courriels dans la boîte aux lettres électronique d’un destinataire choisi par l’émetteur.
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+ Pour émettre ou recevoir des messages par courrier électronique, il faut disposer d’une adresse électronique et d'un client de messagerie (ou d’une messagerie web permettant l'accès aux messages via un navigateur web).
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+ L’acheminement des courriels, qui peuvent contenir des documents, est régi par diverses normes concernant aussi bien le routage que le contenu. Toutefois, comme le destinataire ne reçoit pas une copie conforme de l’écran de l’expéditeur, il est d'usage de respecter certaines règles implicites lors de l’envoi. De même, la connaissance de certains aspects techniques permet d’éviter des erreurs de compréhension ou de communication.
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+ En France, malgré les difficultés liées à son caractère souvent non explicite (patronyme absent), l'adresse électronique tend à être reconnue comme moyen valide de contacter une personne. En matière de droit des obligations, selon le code civil français « l'écrit sur support électronique a la même force probante que l'écrit sur support papier »[3]. L'écrit électronique est de plus reconnu par le code civil comme valide à titre de preuve afin de conclure un contrat[4]. En matière de droit social, est reconnu pour le salarié le « droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de sa vie privée »[5], ce droit impliquant « en particulier le secret des correspondances »[5].
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+ Par leur contenu et leur forme, les messages envoyés par courrier électronique donnent à leurs destinataires une image de l'expéditeur. Le rôle du courrier électronique est croissant dans le maintien des liens sociaux, surtout en cas d'éloignement géographique.
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+ Le courrier électronique a pris forme en 1965 en tant que moyen de communication entre utilisateurs d’ordinateur à exploitation partagée. Le Q32 du SDC (en) et le CTSS du MIT furent les premiers systèmes de messagerie électronique. Ils s'étendirent rapidement en réseau, permettant aux utilisateurs de transmettre des messages via différents ordinateurs. Le système AUTODIN (en) pourrait avoir été le premier, en 1966, à autoriser l’échange de courriels entre ordinateurs, le système SAGE avait des fonctionnalités similaires quelque temps auparavant.
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+ Le réseau ARPANET fut une contribution majeure à l’évolution du courrier électronique. Un rapport[6] y indique des transferts de messages intersystèmes peu après sa création, en 1969. En 1971, Ray Tomlinson proposa l’utilisation du signe @ pour séparer le nom de l’utilisateur de celui de la machine. Ses premiers programmes de courriel, SNDMSG et READMAIL, jouèrent un rôle important dans le développement du courrier électronique, lequel vit son utilité fortement augmentée grâce à ARPANET, au point d'intéresser les constructeurs proposant une informatique plus décentralisée que celle du géant IBM.
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+ La première adresse de courrier électronique est tomlinson@bbn-tenexa. BBN réfère à Bolt, Beranek et Newmann, la firme d'ingénieurs pour laquelle travaillait Ray Tomlinson, et qui était prestataire d'ARPANET. Tenexa réfère à Tenex, le système d'exploitation utilisé[7].
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+ La messagerie électronique existait donc avant Internet et a été un outil précieux lors de la création de celui-ci.
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+ Le vocabulaire français pour désigner le courrier électronique n'est pas fixé par les utilisateurs qui habitent en Europe, l’usage hésitant entre divers termes. Le mot anglais email ou e-mail[8] (prononcé en français : /i.mɛjl/ ou /i.mɛl/) est très utilisé en Europe francophone ; il entre en compétition avec son pendant simplifié mail[9] (prononcé en français : /mɛl/ ou /mɛjl/) ou encore avec le mot d’origine québécoise « courriel »[10], davantage répandu au Québec.
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+ En anglais, le terme mail est utilisé pour le seul « courrier postal »[11] mais en français il est couramment utilisé comme abréviation d'e-mail[12]. En anglais, la boîte aux lettres dans laquelle le facteur dépose le courrier a pour nom « mailbox » et « mailing address » ne veut pas dire adresse électronique mais adresse postale. Parfois, les anglophones précisent snail mail (« courrier escargot ») pour désigner sans ambiguïté ou de façon humoristique le courrier postal, du fait de l’usage tellement répandu du courrier électronique. Ces termes n’ont rien à voir avec le mot français « mail » /maj/, qui désigne une allée bordée d’arbres semblable à celles servant autrefois au « jeu de mail », et encore moins avec l’émail (des dents notamment).
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+ En France, l’appellation « courriel » (mot-valise construit à partir des mots « courrier » et « électronique »[13]) a été adoptée dans les textes officiels depuis le 20 juin 2003 par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France pour toutes les administrations et services publics français, qui ont désormais l’obligation d’utiliser ce terme de préférence à tout autre[14],[15]. Le terme « courriel » est un équivalent des termes admis « message électronique » et « courrier électronique » lorsqu'il s’agit du document ou du texte transmis par une messagerie électronique. Le ministère de l'Éducation nationale a répercuté cette directive dans un bulletin officiel du 28 août 2003[16]. Le terme « courriel » a donné lieu au dérivé pourriel, proposé par l'Office québécois de la langue française (OQLF) en mai 1997, pour désigner le courriel non sollicité (spam).
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+ Au Québec est apparu le verbe « courrieller » pour désigner l'acte d'expédier un courriel ; il a été entériné par l'OQLF[17],[18].
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+ « Mél. », défini comme le symbole de « messagerie électronique », a été proposé[19] en 1997 par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France pour préfixer une adresse électronique sur une carte de visite ou un en-tête de lettre, comme on utilise « Tél. » pour indiquer un numéro de téléphone[20], et confirmé au Journal officiel du 20 juin 2003, étant précisé que « Mél. » ne doit en aucun cas être employé comme substantif[16]. Pourtant, l'usage abusif qui consiste à employer « mél. » pour désigner un courrier électronique, est assez fréquent, par confusion entre « mail » et « Mél. ».
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+ Pour recevoir et consulter un courriel, l'utilisateur doit disposer d’une adresse électronique, lui permettant d'être identifié, et d'un programme d'accès soit sous la forme d'un logiciel appelé client de messagerie soit sous la forme d'un site du type webmail permettant l'accès aux messages depuis n'importe quelle connexion internet via un navigateur Web.
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+ Afin d’assurer l’interopérabilité, l’acheminement des courriels est régi par plusieurs normes, que ce soit pour son routage, ou encore son contenu.
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+ Toutefois, le destinataire ne reçoit pas pour autant une copie conforme de l’écran de l’expéditeur. Pour cette raison, entre autres, l’usage est de respecter certaines règles implicites lors de l’envoi de courriel, et la connaissance de certains aspects techniques permet d’éviter des incompréhensions ou des erreurs de communication.
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+ Pour l’utilisation de plusieurs langues autres que l’anglais dans les courriels, voir Courriel et Unicode.
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+ À l’origine, le courriel est un document qui contient uniquement des caractères ASCII. Progressivement, des encodages régionaux ont été développés et depuis plusieurs années, certains logiciels supportent également l’UTF-8, ce qui permet d’augmenter le nombre de caractères différents que l'on peut utiliser. Cependant, UTF-8 et les caractères régionaux ne sont pas toujours interopérables, en fonction du logiciel de messagerie utilisé par le destinataire et de sa localisation géographique.
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+ De plus, il est désormais possible de joindre un document avec le message proprement dit. Avec MIME, différents fichiers peuvent être joints au courriel. Dans un souci d’interopérabilité, on recommande de ne pas utiliser de formats propriétaires, tels que les formats Microsoft Word, mais plutôt des formats ouverts et documentés, pour lesquels un visionneur pourra être rendu disponible sur toute plate-forme, pourvu qu’il soit programmé.
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+ L'utilisation d'HTML pour la structuration ou la mise en forme des courriels est possible, mais souffre d'un manque important d'interopérabilité, souligné en 2007 par le séminaire Mail HTML du W3C[21]. Il en est de même du recours aux feuilles de style en cascade (CSS) pour leur présentation[22]. Le HTML permet théoriquement d’afficher des images distantes ainsi que d’exécuter du javascript. Cependant, certains utilisateurs préfèrent désactiver de telles fonctionnalités, car elles sont utilisées par des polluposteurs pour vérifier l’efficacité du pourriel.
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42
+ Il existe également, en fonction du logiciel client de messagerie (tous ne supportent pas cette fonction), un système similaire à un accusé de réception qui permet à l’expéditeur d’avoir connaissance du bon acheminement de son message et/ou de sa lecture par le destinataire.
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+ Les règles de bon usage du courrier électronique sont décrites dans un document de référence appelé nétiquette.
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+ Un courrier électronique est composé de deux parties : les entêtes et le corps du message, séparés par une ligne vide. Les entêtes stockent les informations contextuelles : expéditeur, destinataire, objet, date... Le corps du message est quant à lui encodé sous forme de texte, ou de parties multiples (par exemple un texte et des images).
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+ L’acheminement des courriels est régi par plusieurs protocoles : SMTP est destiné à l’envoi d’un message, POP et IMAP servent à rapatrier des messages pour leur lecture.
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+ La plupart des fournisseurs d’accès à Internet procurent au moins une adresse électronique à leurs usagers. Diverses sociétés ou associations proposent aussi des adresses gratuites ou payantes. Comme pour la plupart des services Internet, aucune qualité de service n’est garantie. Pour s’assurer qu’un message a bien été distribué à son destinataire, il est possible d’utiliser un mécanisme d’accusé de réception.
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+ Le courriel peut être envoyé à plusieurs destinataires :
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+ Le client de messagerie de l'utilisateur n’envoie qu’une seule copie du message à son serveur MTA. C’est le serveur MTA qui s’occupe de le dupliquer en autant de messages qu’il y a de destinataires.
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+ La fonction Cc, qui signifie « copie carbone » ou « copie conforme »[23], permet d’envoyer le même message à plusieurs personnes, en saisissant leurs adresses dans le champ Cc[24].
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+ La fonction Cci, qui signifie « copie carbone invisible » ou « copie conforme invisible »[25], est une fonction similaire au Cc, mais les adresses des destinataires apparaissant dans la section Cci ne sont pas visibles pour les destinataires du message ni pour ceux à qui le message est transféré. Elle est également appelée « copie cachée ».
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+ Un message est envoyé à l’ensemble des adresses précisées dans les champs Cc et Cci, mais seules les adresses indiquées dans le champ Cc sont visibles dans le message final. Les adresses multiples doivent être séparées par une virgule[26] suivie d’une espace.
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+ Pour un envoi à plusieurs destinataires ne se connaissant pas (et ne souhaitant pas voir leur adresse publiée, ne serait-ce que par le moyen d’une lettre d’information électronique), il est d’usage de se servir du champ Cci conformément à la Netiquette.
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+ De plus, cette pratique limite les effets néfastes des virus et vers informatiques qui exploitent les adresses de courriel trouvées dans les carnets d’adresses des ordinateurs.
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+ Une boîte de réception[27] est généralement un espace réservé à un utilisateur, où sont stockés (dans une pile) les courriels qui lui parviennent, en attendant qu’il les lise. C'est un des éléments de la boîte aux lettres électronique.
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+ Dans son article 1er IV° 5e alinéa, la loi no 2004-575 du 21 juin 2004 dite loi pour la confiance dans l'économie numérique (souvent abrégée « LCEN ») donne une définition très large du courrier électronique, qui couvre aussi bien le SMS envoyé par téléphone que le courriel envoyé par ordinateur : « On entend par courrier électronique tout message, sous forme de texte, de voix, de son ou d'image, envoyé par un réseau public de communication, stocké sur un serveur du réseau ou dans l'équipement terminal du destinataire, jusqu'à ce que ce dernier le récupère ». Elle n’en fixe cependant pas le régime.
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+ Or, le courrier électronique peut servir soit à des fins de correspondance privée[28], soit à des fins de communication publique, notamment, lorsqu’il est adressé à un ensemble de destinataires sur une liste de diffusion large. L’exemple de la publicité directe par voie électronique (en anglais spamming), l’illustre. Si un courrier électronique constitue une correspondance privée, il bénéficie alors de la protection découlant de cette qualification.
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+ Si l’on considère le courrier électronique en tant que correspondance privée, le fait (commis de mauvaise foi, les cas de l'erreur ou de l'ignorance du destinataire étant exclus) « d'ouvrir, de supprimer, de retarder ou de détourner des correspondances arrivées ou non à destination et adressées à des tiers, ou d'en prendre frauduleusement connaissance » constitue une infraction pénale, prévue et réprimée à l'article 226-15 du Code pénal[29]. Les peines prévues en répression sont établies sur la base de l'article 9 du Code civil[30] qui concerne le droit au respect de la vie privée, la correspondance appartenant à la notion de vie privée.
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+ Une autre difficulté, résolue par la loi, est de savoir si un message envoyé sous forme électronique a une valeur quelconque. Contrairement à l’adresse postale, l’adresse électronique peut être multiple : on peut choisir d’avoir une ou plusieurs adresses électroniques (par exemple, pour en spécialiser une dans une correspondance particulière), contrairement à la correspondance postale. A priori cela nuit à l’efficacité du courrier électronique : on ne peut jamais être sûr que le correspondant a bel et bien reçu et consulté ce qui lui a été envoyé.
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+ Il n’est pas exclu que des problèmes surgissent et que le courrier électronique en souffre. L'article 1369-3 du code civil[31] prévoit le problème et distingue le professionnel du simple particulier en disposant que « les informations destinées à un professionnel peuvent lui être adressées par courrier électronique, dès lors qu’il a communiqué son adresse électronique ». Autrement dit, le professionnel, notamment le commerçant, peut être contacté à son adresse électronique officielle, qu’il est censé consulter régulièrement, mais non le particulier, aurait-il fait connaître son adresse électronique à son interlocuteur. Mais le texte est apparemment supplétif de volonté et le particulier pourrait accepter, ce qui se passe souvent en pratique, d’être contacté par voie électronique, surtout s’il a initié de cette manière le dialogue. Ainsi, les professionnels (personnes agissant dans le cadre de leur activité professionnelle) sont réputés dûment informés, par l'article 1369-3[31] du code civil, lorsqu'un courrier électronique leur est envoyé à une adresse qu'ils ont communiquée.
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+ Le caractère écrit du courrier électronique a aussi nourri les interrogations quant à sa valeur juridique entre personnes (physiques ou morales). Depuis la loi du 13 mars 2000, le courrier électronique vaut autant qu'un écrit sur papier, mais uniquement à titre de preuve. L'article 1316-1 du code civil[32] prévoit cette hypothèse. Cette loi a été complétée par la loi du 21 juin 2004. La LCEN transposait la directive du 8 juin 2000 dite « Directive relative à certains aspects juridiques des services de la société de l'information, et notamment du commerce électronique, dans le marché intérieur » avec deux ans de retard[33]. Son apport réside dans le fait que l'écrit électronique n'est plus uniquement valable à titre de preuve : il l'est aussi afin de conclure un contrat. Le code civil reconnaît la validité des actes électroniques à l'article 1108-1[34] et détermine, par le biais d'un renvoi à l'article 1316-4[35], les conditions de validité d'un acte électronique :
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+ Enfin, l'article 1316-3[36] du code civil confirme que « l'écrit sur support électronique a la même force probante que l'écrit sur support papier ».
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+ Avec le développement d'internet comme outil de travail incontournable, le contentieux lié à son utilisation sur le lieu de travail s'est concomitamment développé. Le juge français a été interrogé à plusieurs reprises quant aux droits de l'employeur sur les correspondances électroniques entretenues par ses salariés sur le lieu de travail avec les outils mis à sa disposition par ce même employeur. Dans ce domaine, c'est l'arrêt « Nikon » du 2 octobre 2001, rendu par la Chambre sociale de la Cour de cassation qui est considéré comme l'arrêt fondateur de ce type de litiges[5]. Il consacre pour le salarié le « droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de sa vie privée », ce droit impliquant « en particulier le secret des correspondances ; l’employeur ne peut dès lors sans violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail et ceci même au cas où l’employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle de l’ordinateur ». En l'espèce, le salarié avait trié ses messages électroniques, certains étant archivés dans un dossier intitulé « Personnel ». La portée de cet arrêt a par la suite été tempérée. La Cour de cassation, saisie à nouveau de ce type de contentieux, s'est prononcée par la voix de la chambre sociale, le 30 mai 2007[37]. Elle affirmait alors que les juges du fond devaient « rechercher si les fichiers ouverts sur le matériel mis à sa disposition par l’employeur avaient été identifiés comme personnels par le salarié ». Il appartient donc au salarié d'organiser sa correspondance privée au travail pour la protéger, tous les éléments pouvant y concourir notamment l'objet du courriel, le titre du dossier dans lequel il est archivé, l'apparence des pièces jointes. Il pèse ainsi sur le salarié, une présomption de caractère professionnel de la correspondance entretenue par le biais des outils mis à sa disposition par son employeur. À charge pour ce salarié de combattre cette présomption en conférant une apparence privée à sa correspondance pour la protéger. Cette relative protection est cependant limitée par la possibilité reconnue à l'employeur d'exercer une cybersurveillance de ses salariés. Au titre de son pouvoir de direction et de contrôle de ses salariés, l'employeur peut mettre en place des moyens de surveillance de l'usage fait par les salariés des outils mis à leur disposition, il doit néanmoins les en avertir au préalable et en avertir les institutions représentatives du personnel si elles existent (article L2323-32 du code du travail[38]).
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+ L'adresse électronique tend à être de plus en plus reconnue comme un moyen valable de contacter une personne malgré les difficultés d'identification qu'elle comporte (cas des adresses non explicites, ne comportant pas de patronyme de la personne contactée et ne permettant pas une identification immédiate).
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+ Le mécanisme dit « de riposte graduée » inséré dans la loi Création et Internet instituant la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et pour la Protection des droits sur Internet prévoit que cette autorité peut avertir un internaute qu'il est en train de se livrer à des actes de contrefaçon pour la première fois par courriel. L'avertissement emportant des conséquences juridiques puisqu'il constitue le premier échelon d'un système de sanctions graduelles pouvant aboutir à la suspension de l'accès à internet.
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+ Par ailleurs, durant la semaine du 2 au 8 novembre 2009, dans le cadre du projet de loi contre la fracture numérique, les députés Laure de la Raudière et Jean Dionis du Séjour ont proposé deux amendements concernant la correspondance électronique.
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+ Le premier va dans le sens d'une portabilité de l'adresse électronique liée au fournisseur d'accès, à l'instar du numéro de téléphone mobile, « à un tarif raisonnable ». Le but est que, par exemple, un abonné à un service de fourniture d'accès à internet X puisse résilier son contrat et souscrire un abonnement auprès d'un fournisseur Y tout en gardant son adresse « abonné@fournisseurX.fr »[39].
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+ Un second amendement prévoit la mise en place d'un service de réacheminement du courrier électronique durant 6 mois vers la nouvelle adresse de l'abonné ayant résilié son contrat auprès du premier fournisseur. Ce service serait assuré par le fournisseur d'accès que l'abonné a quitté.
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+ L'utilité de ces amendements se heurte d'une part au fait que de nombreux internautes utilisent un service de courrier électronique indépendant de leur fournisseur d'accès (Gmail, laposte.net, Yahoo! Mail...), ce qui ne met pas fin aux problématiques de changement d'adresse[40].
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+ Certains[Qui ?] évoquent la possibilité du réacheminement des courriers pendant six mois et du spam qui constitue 85 % à 90 % du volume des messages envoyés dans le monde[41] : le fournisseur devra-t-il réacheminer l'ensemble du courrier sans filtrer le spam, au risque de se rendre lui-même coupable de transmission de courrier non sollicité ? Devra-t-il filtrer les spams au risque de ne pas transmettre les faux positifs ?[interprétation personnelle]
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+ Les courriels ont la même valeur que tous les autres documents. Ils doivent être traités sans égard à leur format en fonction de l’information qu’ils contiennent. Le courriel, comme tous les autres types de documents, est un document au sens de la loi. En effet, la loi concernant le cadre juridique des technologies de l’information (RLRQ, chapitre C-1.1) mentionne que « la valeur juridique d'un document, notamment le fait qu'il puisse produire des effets juridiques et être admis en preuve, n'est ni augmentée ni diminuée pour la seule raison qu'un support ou une technologie spécifique a été choisi. » De ce fait, il est assujetti au même cadre juridique que tout autre document sur tout autre support[42].
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+ D'après un sondage publié en juin 2009 par GMX[43], les courriers électroniques joueraient un rôle prépondérant dans l'image renvoyée par leur expéditeur. Ainsi plus de la moitié des Américains jugeraient l'intelligence de leurs correspondants sur le contenu et la forme des courriels qu'ils reçoivent. Le style d'écriture, la qualité de langue et le ton utilisé dans la rédaction seraient les principaux points de jugement. De même, un tiers des utilisateurs de courriers électroniques estiment pouvoir juger l'âge et le niveau d'autorité de leurs correspondants et un cinquième se faire une idée de la réussite future de la vie de ces mêmes correspondants.
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+ Des recherches ont démontré que le courrier électronique était particulièrement utilisé pour maintenir un lien social, tout particulièrement en cas d'éloignement géographique. Toutefois, contrairement aux recherches précédentes, une étude publiée en 2008 conclut que la hausse de l'utilisation d'Internet s'est accompagnée d'une baisse de l'utilisation des autres moyens de communication[44]. Peu à peu, le courrier électronique et les autres moyens de communication en ligne remplacent les habitudes de communication traditionnelles au lieu de s'ajouter à celles-ci.
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+ Les courriers électroniques, comme les autres formes de communication via internet, sont soumis aux règles informelles d'usage décrites dans la nétiquette.
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+ L'Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE) a publié en octobre 2011 un document intitulé « Pour un meilleur usage de la messagerie électronique dans les entreprises ».
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+ Selon l'étude de l'ADEME « Internet, courriels, réduire les impacts », publiée en février 2014[45] :
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+ Lorsque les adresses de courrier électronique sont liées à un fournisseur d'accès Internet, le problème se pose du suivi de la correspondance lorsqu'on quitte ce fournisseur et qu'il n'en permet pas le maintien.
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+ La messagerie électronique ne garantit pas l'acheminement du courriel à bon port. Un message peut être perdu, ou retardé.
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+ Les notifications de réception et de non-réception sont prévues dans la norme, mais de rares logiciels de courriel ne les proposent pas, ou ne les honorent pas en réception, ou envoient l'accusé de réception sans en prévenir le lecteur[46]. Dans les cas courants, leur usage est toutefois utile pour confirmer l'affichage d'un message.
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+ Le problème du courrier indésirable (pourriel).
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+ En milieu professionnel, la multiplication chaotique des courriels due à un usage inapproprié ou dépassé de la messagerie peut amener les organisations à se poser la question de passer à des méthodes de travail collaboratif. Selon l'étude « Solutions de collaborations d'entreprises » la messagerie d’entreprise figure, avec l’agenda partagé et le partage de fichiers, parmi les solutions de collaboration privilégiées[47].
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+ Les adresses de courrier électronique peuvent être l'objet de piratage. En janvier 2019, le site de partage de fichiers Mega met en ligne des millions de courriels et de mots de passe volés. Ces informations proviennent de différents vols de données qui semblent avoir eu lieu entre 2015 et 2018[48].
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+ Un courrier électronique, un courriel, un mail ou un e-mail (de l'anglais /ˈi.meɪl/[2] Écouter) est un message écrit envoyé électroniquement via un réseau informatique. On appelle messagerie électronique l'ensemble du système qui permet la transmission des courriers électroniques. Elle respecte des règles normalisées afin d'autoriser le dépôt de courriels dans la boîte aux lettres électronique d’un destinataire choisi par l’émetteur.
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+ Pour émettre ou recevoir des messages par courrier électronique, il faut disposer d’une adresse électronique et d'un client de messagerie (ou d’une messagerie web permettant l'accès aux messages via un navigateur web).
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+ L’acheminement des courriels, qui peuvent contenir des documents, est régi par diverses normes concernant aussi bien le routage que le contenu. Toutefois, comme le destinataire ne reçoit pas une copie conforme de l’écran de l’expéditeur, il est d'usage de respecter certaines règles implicites lors de l’envoi. De même, la connaissance de certains aspects techniques permet d’éviter des erreurs de compréhension ou de communication.
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+ En France, malgré les difficultés liées à son caractère souvent non explicite (patronyme absent), l'adresse électronique tend à être reconnue comme moyen valide de contacter une personne. En matière de droit des obligations, selon le code civil français « l'écrit sur support électronique a la même force probante que l'écrit sur support papier »[3]. L'écrit électronique est de plus reconnu par le code civil comme valide à titre de preuve afin de conclure un contrat[4]. En matière de droit social, est reconnu pour le salarié le « droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de sa vie privée »[5], ce droit impliquant « en particulier le secret des correspondances »[5].
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+ Par leur contenu et leur forme, les messages envoyés par courrier électronique donnent à leurs destinataires une image de l'expéditeur. Le rôle du courrier électronique est croissant dans le maintien des liens sociaux, surtout en cas d'éloignement géographique.
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+ Le courrier électronique a pris forme en 1965 en tant que moyen de communication entre utilisateurs d’ordinateur à exploitation partagée. Le Q32 du SDC (en) et le CTSS du MIT furent les premiers systèmes de messagerie électronique. Ils s'étendirent rapidement en réseau, permettant aux utilisateurs de transmettre des messages via différents ordinateurs. Le système AUTODIN (en) pourrait avoir été le premier, en 1966, à autoriser l’échange de courriels entre ordinateurs, le système SAGE avait des fonctionnalités similaires quelque temps auparavant.
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+ Le réseau ARPANET fut une contribution majeure à l’évolution du courrier électronique. Un rapport[6] y indique des transferts de messages intersystèmes peu après sa création, en 1969. En 1971, Ray Tomlinson proposa l’utilisation du signe @ pour séparer le nom de l’utilisateur de celui de la machine. Ses premiers programmes de courriel, SNDMSG et READMAIL, jouèrent un rôle important dans le développement du courrier électronique, lequel vit son utilité fortement augmentée grâce à ARPANET, au point d'intéresser les constructeurs proposant une informatique plus décentralisée que celle du géant IBM.
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+ La première adresse de courrier électronique est tomlinson@bbn-tenexa. BBN réfère à Bolt, Beranek et Newmann, la firme d'ingénieurs pour laquelle travaillait Ray Tomlinson, et qui était prestataire d'ARPANET. Tenexa réfère à Tenex, le système d'exploitation utilisé[7].
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+ La messagerie électronique existait donc avant Internet et a été un outil précieux lors de la création de celui-ci.
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+ Le vocabulaire français pour désigner le courrier électronique n'est pas fixé par les utilisateurs qui habitent en Europe, l’usage hésitant entre divers termes. Le mot anglais email ou e-mail[8] (prononcé en français : /i.mɛjl/ ou /i.mɛl/) est très utilisé en Europe francophone ; il entre en compétition avec son pendant simplifié mail[9] (prononcé en français : /mɛl/ ou /mɛjl/) ou encore avec le mot d’origine québécoise « courriel »[10], davantage répandu au Québec.
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+ En anglais, le terme mail est utilisé pour le seul « courrier postal »[11] mais en français il est couramment utilisé comme abréviation d'e-mail[12]. En anglais, la boîte aux lettres dans laquelle le facteur dépose le courrier a pour nom « mailbox » et « mailing address » ne veut pas dire adresse électronique mais adresse postale. Parfois, les anglophones précisent snail mail (« courrier escargot ») pour désigner sans ambiguïté ou de façon humoristique le courrier postal, du fait de l’usage tellement répandu du courrier électronique. Ces termes n’ont rien à voir avec le mot français « mail » /maj/, qui désigne une allée bordée d’arbres semblable à celles servant autrefois au « jeu de mail », et encore moins avec l’émail (des dents notamment).
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+ En France, l’appellation « courriel » (mot-valise construit à partir des mots « courrier » et « électronique »[13]) a été adoptée dans les textes officiels depuis le 20 juin 2003 par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France pour toutes les administrations et services publics français, qui ont désormais l’obligation d’utiliser ce terme de préférence à tout autre[14],[15]. Le terme « courriel » est un équivalent des termes admis « message électronique » et « courrier électronique » lorsqu'il s’agit du document ou du texte transmis par une messagerie électronique. Le ministère de l'Éducation nationale a répercuté cette directive dans un bulletin officiel du 28 août 2003[16]. Le terme « courriel » a donné lieu au dérivé pourriel, proposé par l'Office québécois de la langue française (OQLF) en mai 1997, pour désigner le courriel non sollicité (spam).
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+ Au Québec est apparu le verbe « courrieller » pour désigner l'acte d'expédier un courriel ; il a été entériné par l'OQLF[17],[18].
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+ « Mél. », défini comme le symbole de « messagerie électronique », a été proposé[19] en 1997 par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France pour préfixer une adresse électronique sur une carte de visite ou un en-tête de lettre, comme on utilise « Tél. » pour indiquer un numéro de téléphone[20], et confirmé au Journal officiel du 20 juin 2003, étant précisé que « Mél. » ne doit en aucun cas être employé comme substantif[16]. Pourtant, l'usage abusif qui consiste à employer « mél. » pour désigner un courrier électronique, est assez fréquent, par confusion entre « mail » et « Mél. ».
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+ Pour recevoir et consulter un courriel, l'utilisateur doit disposer d’une adresse électronique, lui permettant d'être identifié, et d'un programme d'accès soit sous la forme d'un logiciel appelé client de messagerie soit sous la forme d'un site du type webmail permettant l'accès aux messages depuis n'importe quelle connexion internet via un navigateur Web.
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+ Afin d’assurer l’interopérabilité, l’acheminement des courriels est régi par plusieurs normes, que ce soit pour son routage, ou encore son contenu.
32
+ Toutefois, le destinataire ne reçoit pas pour autant une copie conforme de l’écran de l’expéditeur. Pour cette raison, entre autres, l’usage est de respecter certaines règles implicites lors de l’envoi de courriel, et la connaissance de certains aspects techniques permet d’éviter des incompréhensions ou des erreurs de communication.
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+ Pour l’utilisation de plusieurs langues autres que l’anglais dans les courriels, voir Courriel et Unicode.
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+
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+ À l’origine, le courriel est un document qui contient uniquement des caractères ASCII. Progressivement, des encodages régionaux ont été développés et depuis plusieurs années, certains logiciels supportent également l’UTF-8, ce qui permet d’augmenter le nombre de caractères différents que l'on peut utiliser. Cependant, UTF-8 et les caractères régionaux ne sont pas toujours interopérables, en fonction du logiciel de messagerie utilisé par le destinataire et de sa localisation géographique.
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+
38
+ De plus, il est désormais possible de joindre un document avec le message proprement dit. Avec MIME, différents fichiers peuvent être joints au courriel. Dans un souci d’interopérabilité, on recommande de ne pas utiliser de formats propriétaires, tels que les formats Microsoft Word, mais plutôt des formats ouverts et documentés, pour lesquels un visionneur pourra être rendu disponible sur toute plate-forme, pourvu qu’il soit programmé.
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+ L'utilisation d'HTML pour la structuration ou la mise en forme des courriels est possible, mais souffre d'un manque important d'interopérabilité, souligné en 2007 par le séminaire Mail HTML du W3C[21]. Il en est de même du recours aux feuilles de style en cascade (CSS) pour leur présentation[22]. Le HTML permet théoriquement d’afficher des images distantes ainsi que d’exécuter du javascript. Cependant, certains utilisateurs préfèrent désactiver de telles fonctionnalités, car elles sont utilisées par des polluposteurs pour vérifier l’efficacité du pourriel.
41
+
42
+ Il existe également, en fonction du logiciel client de messagerie (tous ne supportent pas cette fonction), un système similaire à un accusé de réception qui permet à l’expéditeur d’avoir connaissance du bon acheminement de son message et/ou de sa lecture par le destinataire.
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+ Les règles de bon usage du courrier électronique sont décrites dans un document de référence appelé nétiquette.
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+ Un courrier électronique est composé de deux parties : les entêtes et le corps du message, séparés par une ligne vide. Les entêtes stockent les informations contextuelles : expéditeur, destinataire, objet, date... Le corps du message est quant à lui encodé sous forme de texte, ou de parties multiples (par exemple un texte et des images).
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+ L’acheminement des courriels est régi par plusieurs protocoles : SMTP est destiné à l’envoi d’un message, POP et IMAP servent à rapatrier des messages pour leur lecture.
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+ La plupart des fournisseurs d’accès à Internet procurent au moins une adresse électronique à leurs usagers. Diverses sociétés ou associations proposent aussi des adresses gratuites ou payantes. Comme pour la plupart des services Internet, aucune qualité de service n’est garantie. Pour s’assurer qu’un message a bien été distribué à son destinataire, il est possible d’utiliser un mécanisme d’accusé de réception.
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+ Le courriel peut être envoyé à plusieurs destinataires :
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+ Le client de messagerie de l'utilisateur n’envoie qu’une seule copie du message à son serveur MTA. C’est le serveur MTA qui s’occupe de le dupliquer en autant de messages qu’il y a de destinataires.
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+ La fonction Cc, qui signifie « copie carbone » ou « copie conforme »[23], permet d’envoyer le même message à plusieurs personnes, en saisissant leurs adresses dans le champ Cc[24].
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+ La fonction Cci, qui signifie « copie carbone invisible » ou « copie conforme invisible »[25], est une fonction similaire au Cc, mais les adresses des destinataires apparaissant dans la section Cci ne sont pas visibles pour les destinataires du message ni pour ceux à qui le message est transféré. Elle est également appelée « copie cachée ».
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60
+ Un message est envoyé à l’ensemble des adresses précisées dans les champs Cc et Cci, mais seules les adresses indiquées dans le champ Cc sont visibles dans le message final. Les adresses multiples doivent être séparées par une virgule[26] suivie d’une espace.
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62
+ Pour un envoi à plusieurs destinataires ne se connaissant pas (et ne souhaitant pas voir leur adresse publiée, ne serait-ce que par le moyen d’une lettre d’information électronique), il est d’usage de se servir du champ Cci conformément à la Netiquette.
63
+
64
+ De plus, cette pratique limite les effets néfastes des virus et vers informatiques qui exploitent les adresses de courriel trouvées dans les carnets d’adresses des ordinateurs.
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+ Une boîte de réception[27] est généralement un espace réservé à un utilisateur, où sont stockés (dans une pile) les courriels qui lui parviennent, en attendant qu’il les lise. C'est un des éléments de la boîte aux lettres électronique.
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68
+ Dans son article 1er IV° 5e alinéa, la loi no 2004-575 du 21 juin 2004 dite loi pour la confiance dans l'économie numérique (souvent abrégée « LCEN ») donne une définition très large du courrier électronique, qui couvre aussi bien le SMS envoyé par téléphone que le courriel envoyé par ordinateur : « On entend par courrier électronique tout message, sous forme de texte, de voix, de son ou d'image, envoyé par un réseau public de communication, stocké sur un serveur du réseau ou dans l'équipement terminal du destinataire, jusqu'à ce que ce dernier le récupère ». Elle n’en fixe cependant pas le régime.
69
+ Or, le courrier électronique peut servir soit à des fins de correspondance privée[28], soit à des fins de communication publique, notamment, lorsqu’il est adressé à un ensemble de destinataires sur une liste de diffusion large. L’exemple de la publicité directe par voie électronique (en anglais spamming), l’illustre. Si un courrier électronique constitue une correspondance privée, il bénéficie alors de la protection découlant de cette qualification.
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+ Si l’on considère le courrier électronique en tant que correspondance privée, le fait (commis de mauvaise foi, les cas de l'erreur ou de l'ignorance du destinataire étant exclus) « d'ouvrir, de supprimer, de retarder ou de détourner des correspondances arrivées ou non à destination et adressées à des tiers, ou d'en prendre frauduleusement connaissance » constitue une infraction pénale, prévue et réprimée à l'article 226-15 du Code pénal[29]. Les peines prévues en répression sont établies sur la base de l'article 9 du Code civil[30] qui concerne le droit au respect de la vie privée, la correspondance appartenant à la notion de vie privée.
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+ Une autre difficulté, résolue par la loi, est de savoir si un message envoyé sous forme électronique a une valeur quelconque. Contrairement à l’adresse postale, l’adresse électronique peut être multiple : on peut choisir d’avoir une ou plusieurs adresses électroniques (par exemple, pour en spécialiser une dans une correspondance particulière), contrairement à la correspondance postale. A priori cela nuit à l’efficacité du courrier électronique : on ne peut jamais être sûr que le correspondant a bel et bien reçu et consulté ce qui lui a été envoyé.
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+ Il n’est pas exclu que des problèmes surgissent et que le courrier électronique en souffre. L'article 1369-3 du code civil[31] prévoit le problème et distingue le professionnel du simple particulier en disposant que « les informations destinées à un professionnel peuvent lui être adressées par courrier électronique, dès lors qu’il a communiqué son adresse électronique ». Autrement dit, le professionnel, notamment le commerçant, peut être contacté à son adresse électronique officielle, qu’il est censé consulter régulièrement, mais non le particulier, aurait-il fait connaître son adresse électronique à son interlocuteur. Mais le texte est apparemment supplétif de volonté et le particulier pourrait accepter, ce qui se passe souvent en pratique, d’être contacté par voie électronique, surtout s’il a initié de cette manière le dialogue. Ainsi, les professionnels (personnes agissant dans le cadre de leur activité professionnelle) sont réputés dûment informés, par l'article 1369-3[31] du code civil, lorsqu'un courrier électronique leur est envoyé à une adresse qu'ils ont communiquée.
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+ Le caractère écrit du courrier électronique a aussi nourri les interrogations quant à sa valeur juridique entre personnes (physiques ou morales). Depuis la loi du 13 mars 2000, le courrier électronique vaut autant qu'un écrit sur papier, mais uniquement à titre de preuve. L'article 1316-1 du code civil[32] prévoit cette hypothèse. Cette loi a été complétée par la loi du 21 juin 2004. La LCEN transposait la directive du 8 juin 2000 dite « Directive relative à certains aspects juridiques des services de la société de l'information, et notamment du commerce électronique, dans le marché intérieur » avec deux ans de retard[33]. Son apport réside dans le fait que l'écrit électronique n'est plus uniquement valable à titre de preuve : il l'est aussi afin de conclure un contrat. Le code civil reconnaît la validité des actes électroniques à l'article 1108-1[34] et détermine, par le biais d'un renvoi à l'article 1316-4[35], les conditions de validité d'un acte électronique :
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+ Enfin, l'article 1316-3[36] du code civil confirme que « l'écrit sur support électronique a la même force probante que l'écrit sur support papier ».
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+ Avec le développement d'internet comme outil de travail incontournable, le contentieux lié à son utilisation sur le lieu de travail s'est concomitamment développé. Le juge français a été interrogé à plusieurs reprises quant aux droits de l'employeur sur les correspondances électroniques entretenues par ses salariés sur le lieu de travail avec les outils mis à sa disposition par ce même employeur. Dans ce domaine, c'est l'arrêt « Nikon » du 2 octobre 2001, rendu par la Chambre sociale de la Cour de cassation qui est considéré comme l'arrêt fondateur de ce type de litiges[5]. Il consacre pour le salarié le « droit, même au temps et au lieu de travail, au respect de l'intimité de sa vie privée », ce droit impliquant « en particulier le secret des correspondances ; l’employeur ne peut dès lors sans violation de cette liberté fondamentale prendre connaissance des messages personnels émis par le salarié et reçus par lui grâce à un outil informatique mis à sa disposition pour son travail et ceci même au cas où l’employeur aurait interdit une utilisation non professionnelle de l’ordinateur ». En l'espèce, le salarié avait trié ses messages électroniques, certains étant archivés dans un dossier intitulé « Personnel ». La portée de cet arrêt a par la suite été tempérée. La Cour de cassation, saisie à nouveau de ce type de contentieux, s'est prononcée par la voix de la chambre sociale, le 30 mai 2007[37]. Elle affirmait alors que les juges du fond devaient « rechercher si les fichiers ouverts sur le matériel mis à sa disposition par l’employeur avaient été identifiés comme personnels par le salarié ». Il appartient donc au salarié d'organiser sa correspondance privée au travail pour la protéger, tous les éléments pouvant y concourir notamment l'objet du courriel, le titre du dossier dans lequel il est archivé, l'apparence des pièces jointes. Il pèse ainsi sur le salarié, une présomption de caractère professionnel de la correspondance entretenue par le biais des outils mis à sa disposition par son employeur. À charge pour ce salarié de combattre cette présomption en conférant une apparence privée à sa correspondance pour la protéger. Cette relative protection est cependant limitée par la possibilité reconnue à l'employeur d'exercer une cybersurveillance de ses salariés. Au titre de son pouvoir de direction et de contrôle de ses salariés, l'employeur peut mettre en place des moyens de surveillance de l'usage fait par les salariés des outils mis à leur disposition, il doit néanmoins les en avertir au préalable et en avertir les institutions représentatives du personnel si elles existent (article L2323-32 du code du travail[38]).
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+ L'adresse électronique tend à être de plus en plus reconnue comme un moyen valable de contacter une personne malgré les difficultés d'identification qu'elle comporte (cas des adresses non explicites, ne comportant pas de patronyme de la personne contactée et ne permettant pas une identification immédiate).
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+ Le mécanisme dit « de riposte graduée » inséré dans la loi Création et Internet instituant la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et pour la Protection des droits sur Internet prévoit que cette autorité peut avertir un internaute qu'il est en train de se livrer à des actes de contrefaçon pour la première fois par courriel. L'avertissement emportant des conséquences juridiques puisqu'il constitue le premier échelon d'un système de sanctions graduelles pouvant aboutir à la suspension de l'accès à internet.
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+ Par ailleurs, durant la semaine du 2 au 8 novembre 2009, dans le cadre du projet de loi contre la fracture numérique, les députés Laure de la Raudière et Jean Dionis du Séjour ont proposé deux amendements concernant la correspondance électronique.
88
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89
+ Le premier va dans le sens d'une portabilité de l'adresse électronique liée au fournisseur d'accès, à l'instar du numéro de téléphone mobile, « à un tarif raisonnable ». Le but est que, par exemple, un abonné à un service de fourniture d'accès à internet X puisse résilier son contrat et souscrire un abonnement auprès d'un fournisseur Y tout en gardant son adresse « abonné@fournisseurX.fr »[39].
90
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+ Un second amendement prévoit la mise en place d'un service de réacheminement du courrier électronique durant 6 mois vers la nouvelle adresse de l'abonné ayant résilié son contrat auprès du premier fournisseur. Ce service serait assuré par le fournisseur d'accès que l'abonné a quitté.
92
+
93
+ L'utilité de ces amendements se heurte d'une part au fait que de nombreux internautes utilisent un service de courrier électronique indépendant de leur fournisseur d'accès (Gmail, laposte.net, Yahoo! Mail...), ce qui ne met pas fin aux problématiques de changement d'adresse[40].
94
+
95
+ Certains[Qui ?] évoquent la possibilité du réacheminement des courriers pendant six mois et du spam qui constitue 85 % à 90 % du volume des messages envoyés dans le monde[41] : le fournisseur devra-t-il réacheminer l'ensemble du courrier sans filtrer le spam, au risque de se rendre lui-même coupable de transmission de courrier non sollicité ? Devra-t-il filtrer les spams au risque de ne pas transmettre les faux positifs ?[interprétation personnelle]
96
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97
+ Les courriels ont la même valeur que tous les autres documents. Ils doivent être traités sans égard à leur format en fonction de l’information qu’ils contiennent. Le courriel, comme tous les autres types de documents, est un document au sens de la loi. En effet, la loi concernant le cadre juridique des technologies de l’information (RLRQ, chapitre C-1.1) mentionne que « la valeur juridique d'un document, notamment le fait qu'il puisse produire des effets juridiques et être admis en preuve, n'est ni augmentée ni diminuée pour la seule raison qu'un support ou une technologie spécifique a été choisi. » De ce fait, il est assujetti au même cadre juridique que tout autre document sur tout autre support[42].
98
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99
+ D'après un sondage publié en juin 2009 par GMX[43], les courriers électroniques joueraient un rôle prépondérant dans l'image renvoyée par leur expéditeur. Ainsi plus de la moitié des Américains jugeraient l'intelligence de leurs correspondants sur le contenu et la forme des courriels qu'ils reçoivent. Le style d'écriture, la qualité de langue et le ton utilisé dans la rédaction seraient les principaux points de jugement. De même, un tiers des utilisateurs de courriers électroniques estiment pouvoir juger l'âge et le niveau d'autorité de leurs correspondants et un cinquième se faire une idée de la réussite future de la vie de ces mêmes correspondants.
100
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101
+ Des recherches ont démontré que le courrier électronique était particulièrement utilisé pour maintenir un lien social, tout particulièrement en cas d'éloignement géographique. Toutefois, contrairement aux recherches précédentes, une étude publiée en 2008 conclut que la hausse de l'utilisation d'Internet s'est accompagnée d'une baisse de l'utilisation des autres moyens de communication[44]. Peu à peu, le courrier électronique et les autres moyens de communication en ligne remplacent les habitudes de communication traditionnelles au lieu de s'ajouter à celles-ci.
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103
+ Les courriers électroniques, comme les autres formes de communication via internet, sont soumis aux règles informelles d'usage décrites dans la nétiquette.
104
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105
+ L'Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE) a publié en octobre 2011 un document intitulé « Pour un meilleur usage de la messagerie électronique dans les entreprises ».
106
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107
+ Selon l'étude de l'ADEME « Internet, courriels, réduire les impacts », publiée en février 2014[45] :
108
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109
+ Lorsque les adresses de courrier électronique sont liées à un fournisseur d'accès Internet, le problème se pose du suivi de la correspondance lorsqu'on quitte ce fournisseur et qu'il n'en permet pas le maintien.
110
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111
+ La messagerie électronique ne garantit pas l'acheminement du courriel à bon port. Un message peut être perdu, ou retardé.
112
+
113
+ Les notifications de réception et de non-réception sont prévues dans la norme, mais de rares logiciels de courriel ne les proposent pas, ou ne les honorent pas en réception, ou envoient l'accusé de réception sans en prévenir le lecteur[46]. Dans les cas courants, leur usage est toutefois utile pour confirmer l'affichage d'un message.
114
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115
+ Le problème du courrier indésirable (pourriel).
116
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+ En milieu professionnel, la multiplication chaotique des courriels due à un usage inapproprié ou dépassé de la messagerie peut amener les organisations à se poser la question de passer à des méthodes de travail collaboratif. Selon l'étude « Solutions de collaborations d'entreprises » la messagerie d’entreprise figure, avec l’agenda partagé et le partage de fichiers, parmi les solutions de collaboration privilégiées[47].
118
+
119
+ Les adresses de courrier électronique peuvent être l'objet de piratage. En janvier 2019, le site de partage de fichiers Mega met en ligne des millions de courriels et de mots de passe volés. Ces informations proviennent de différents vols de données qui semblent avoir eu lieu entre 2015 et 2018[48].
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/171.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,128 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le code Morse international[1], ou l’alphabet Morse international, est un code permettant de transmettre un texte à l’aide de séries d’impulsions courtes et longues, qu’elles soient produites par des signes, une lumière, un son ou un geste.
2
+
3
+ Ce code est souvent attribué à Samuel Morse, cependant plusieurs contestent cette primauté, et tendent à attribuer la paternité du langage à son assistant, Alfred Vail[2],[3].
4
+
5
+ Inventé en 1832 pour la télégraphie, ce codage de caractères assigne à chaque lettre, chiffre et signe de ponctuation une combinaison unique de signaux intermittents. Le code morse est considéré comme le précurseur des communications numériques.
6
+
7
+ Le morse est principalement utilisé par les militaires comme moyen de transmission, souvent chiffrée, ainsi que dans le civil pour certaines émissions à caractère automatique : radiobalises en aviation, indicatif d’appel des stations maritimes, des émetteurs internationaux (horloges atomiques), ou bien encore pour la signalisation maritime par certains transpondeurs radar et feux, dits « à lettre morse » (par exemple, la lettre A transmise par un tel feu sous la forme .- signifie « eaux saines »). Le morse est également pratiqué par des amateurs comme de nombreux radioamateurs, scouts (morse sonore et lumineux), plongeurs ou alpinistes (morse lumineux), par des joueurs pour résoudre des énigmes, ainsi que comme sonnerie par défaut de réception de message pour les téléphones portables de marque Nokia (« SMS SMS » en morse).
8
+
9
+ Le code peut être transporté via un signal radio permanent que l’on allume et éteint (onde continue, généralement abrégé en CW, pour continuous wave en anglais), ou une impulsion électrique à travers un câble télégraphique (de nos jours remplacé par d'autres moyens de communication numérique), ou encore un signal visuel (flash lumineux). L’idée qui préside à l’élaboration du code morse est de coder les caractères fréquents avec peu de signaux, et de coder en revanche sur des séquences plus longues les caractères qui reviennent plus rarement. Par exemple, le « e », lettre très fréquente, est codée par un simple point, le plus bref de tous les signes. Les 25 autres lettres sont toutes codées sur quatre signaux au maximum, les chiffres sur cinq signaux. Les séquences plus longues correspondent à des symboles les plus rares : signes de ponctuation, symboles et caractères spéciaux.
10
+
11
+ Parallèlement au code morse[4], des abréviations commerciales plus élaborées ont été créées codant des phrases complètes en un seul mot (groupe de 5 lettres). Les opérateurs de télégraphie conversaient alors en utilisant des mots tels que BYOXO (Essayez-vous de vous dérober ?), LIOUY (Pourquoi ne répondez-vous pas à la question ?) et AYYLU (Confus, réitérez plus clairement). L’intention de ces codes était d’optimiser le coût des transmissions sur les câbles. Les radioamateurs utilisent toujours certains codes appelés code Q et code Z. Ils sont utilisés par les opérateurs afin de s’échanger des informations récurrentes, portant par exemple sur la qualité de la liaison, les changements de fréquences et les télégrammes.
12
+
13
+ Les premières liaisons radiotélégraphiques sans fil utilisant le code morse datent du début du XXe siècle. En 1903, la conférence de Berlin attribue la longueur d’onde de 600 mètres (500 kHz) au trafic en radiotélégraphie morse en mer[5] et officialise en 1906 le signal SOS comme appel de détresse. Jusqu’en 1987[6], plusieurs conférences mondiales des radiocommunications définissent les bandes à utiliser pour les communications en télégraphie morse.
14
+ Depuis le 1er février 1999, dans le cadre du SMDSM 1999, les services maritimes côtiers et mobiles de France et de nombreux autres pays ont abandonné la veille radiotélégraphique obligatoire et cessé les émissions en morse, notamment sur la fréquence de 500 kHz (maritime et aéronautique) et sur la fréquence de 8 364 kHz[7], affectées au trafic de détresse ou d’appel en radiotélégraphie, depuis les années 1970, un système de satellites de télécommunications ayant pris le relais. À partir de ce moment, le trafic maritime radiotélégraphique et radiotéléphonique utilisant les ondes hertziennes commence à décliner lentement. Cependant, il existe encore à ce jour (2010) des fréquences internationales affectées par l’UIT à la diffusion de l’heure, de la météo marine ou aux communications maritimes en radiotélégraphie[6] (parmi d’autres, 4 182 kHz à 4 186,5 kHz, ou 4 187 kHz à 4 202 kHz pouvant aussi être utilisé par l’Aviation civile). La bande des 600 mètres[8] notamment reste utilisée par une vingtaine de pays dans le monde, parmi lesquels : l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Azerbaïdjan, le Cameroun, la Chine, la République du Congo, Djibouti, l’Érythrée, les États-Unis, l’Indonésie, l’Italie, l’Irlande, Oman, la Roumanie, la Fédération de Russie, les Samoa américaines et les Seychelles[9]. À quelques exceptions près, la plupart des stations maritimes encore en activité n’émettent plus en morse que leur indicatif d’appel et éventuellement leur fréquence d’émission[10]. Aujourd’hui, certaines fréquences destinées au trafic en CW [11] de la marine marchande ont encore une affectation, même si elles ne sont plus utilisées que par quelques pays et très rarement[12].
15
+
16
+ Depuis le début du XXe siècle et l’invention de la lampe Aldis, les bateaux peuvent également communiquer en morse lumineux. Alors que la capacité à émettre de tels signaux reste exigée pour devenir officier de la marine marchande dans de nombreux pays, dont la France[13], cette pratique a tendance à devenir rare et ne se retrouve plus que dans la marine de guerre et chez certains plaisanciers.
17
+
18
+ Les premières liaisons radiotélégraphiques aéronautiques remontent au début du XXe siècle et ont cessé avant les années 1970, à une époque où les ballons dirigeables et les avions communiquaient en radiotélégraphie dans la bande aéronautique des 900 mètres (333,33 kHz), en vol au-dessus des mers et des océans dans la bande marine des 600 mètres (500 kHz), sur la longueur d’onde de radiogoniométrie de 450 mètres (666,66 kHz) et jusqu’en 1930 pour un échange de correspondances transcontinental radiotélégraphique au-dessus des océans dans la bande des 1 800 mètres (166,66 kHz).
19
+
20
+ En vol une antenne pendante longue de 120 mètres à 450 mètres avait pour but d'établir les communications radiotélégraphiques sur ces longueurs d’onde. À l’extrémité de l’antenne pendait un plomb de lest avec l’indicatif radio de l’aéronef.
21
+
22
+ Une autre antenne tendue le long de la coque de l’aéronef établissait (à courte distance) les communications radiotélégraphiques en vol et au sol sur la longueur d’onde de 900 mètres (333,33 kHz) et dès 1930 les communications radios NVIS.
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+
24
+ Les fréquences utilisées autrefois par l’aviation pour les communications (notamment celles voisines de 300 kHz) sont aujourd’hui attribuées aux radiobalises de type NDB qui émettent des signaux radiotélégraphiques automatisés (indicatif composé de deux à trois lettres, transmis en morse à intervalles réguliers). L’aviation utilise également la sous-bande VHF pour d’autres types de radiobalises (systèmes VOR et ILS) qui transmettent également leurs indicatifs (de 3 à 4 lettres) en morse. Pour ce qui est des communications radiotéléphoniques, elles s’effectuent de nos jours sur les bandes VHF pour le trafic local, et HF pour le trafic transcontinental ou transocéanique.
25
+
26
+ Dans certaines circonstances, la radiotélégraphie présente des avantages par rapport à la radiotéléphonie : par exemple, en cas de fort parasitage, il est plus aisé de reconnaître les signaux codés en morse que ceux, beaucoup plus complexes, transmis par la voix. Également, la radiotélégraphie s’avère être un moyen de communication plus discret que la radiotéléphonie qui demande de prononcer les mots hautement et clairement. Pour ces raisons, la plupart des armées dans le monde forment des officiers radio maîtrisant la télégraphie et disposent de fréquences réservées par l’UIT.
27
+
28
+ Il arrive également que les navires de guerre, s’ils sont suffisamment proches, utilisent le morse lumineux appelé le Scott pour communiquer à l’aide d’un projecteur, d'un feu de mâture visible sur tout l'horizon (FVTH) ou d'une lampe Aldis. C’est par exemple le cas lorsqu’ils sont contraints d’observer une période de silence radio.
29
+
30
+ Les radioamateurs utilisent assez fréquemment le code morse pour les communications de loisir en radiotélégraphie et jouissent à cet effet de fréquences allouées par l’UIT.
31
+
32
+ Jusque dans les années 1990, pour obtenir la licence de radioamateur aux États-Unis (de la FCC), il fallait être capable d’envoyer 5 mots encodés en morse par minute. La licence avec le plus de droits exigeait 20 mots par minute. L’épreuve actuelle de lecture au son à l’examen (jusqu'en 2011 en France, uniquement pour la 1re classe de radioamateurisme) requiert une vitesse minimum de 12 mots par minute. Les opérateurs radio militaires et radioamateurs entraînés peuvent comprendre et enregistrer jusqu’à 40 mots par minute.
33
+
34
+ Le Règlement des radiocommunications (RR) se compose de règles liées au service de radio amateur. Il est révisé tous les trois ans à la Conférence mondiale des radiocommunications (CMR). La révision de l’article 25 du Règlement des radiocommunications à la Conférence de 2003, en particulier, a supprimé l’exigence de connaissance du code Morse à l’utilisation des fréquences inférieures à 29,7 MHz. Cela affecte la plupart des pays, mais certains (dont la Russie) continuent (en 2008) à l’exiger.
35
+
36
+ Deux types de code morse ont été utilisés, chacun avec ses particularités quant à la représentation des symboles de l’anglais écrit. Le code morse américain[15] a été utilisé dans le système télégraphique à l’origine de la première télécommunication à longue distance. Le code morse international est le code le plus communément utilisé de nos jours [1].
37
+
38
+ C’est en 1838 que Friedrich Clemens Gerke crée un alphabet « morse » très proche de celui que nous connaissons actuellement. Il s'agit d'une modification du code morse originel, plus tard appelé code morse américain. Auparavant, certains espaces étaient plus longs que le point à l'intérieur même d'un caractère, ou le trait pouvait être plus long, comme pour la lettre L. Gerke simplifie le code en n'utilisant plus que deux longueurs standards, le point et le trait.
39
+
40
+ Deux types d’impulsions sont utilisés. Les impulsions courtes (notées « . », point) qui correspondent à une impulsion électrique de 1⁄4 de temps et les longues (notées « - », trait) à une impulsion de 3⁄4 de temps, les impulsions étant elles-mêmes séparées par 1⁄4 de temps (l’unité de temps élémentaire étant alors voisine de la seconde pour la manipulation et l’interprétation humaine).
41
+
42
+ Alors que se développent de plus en plus de variantes du code Morse dans le monde, l'ITU adopte en 1865, comme code morse international, l'alphabet morse de Gerke avec quelques modifications. Il sera rapidement utilisé en Europe. Les compagnies de (radio)télégraphie américaines continueront à utiliser le code originel, qui sera alors appelé code morse américain.
43
+
44
+ Le code morse international est toujours utilisé aujourd’hui (certaines parties du spectre radio sont toujours réservées aux seules transmissions en morse). Utilisant un simple signal radio non modulé, il demande moins d’équipement pour envoyer et recevoir que d’autres formes de communications radio. Il peut être utilisé avec un bruit de fond important, un signal faible et demande très peu de bande passante.
45
+
46
+ On utilise deux symboles « positifs », appelés point et trait (ou « ti » et « taah »), et deux durées d’espacement, la coupure élémentaire entre signaux et l’espace séparant les mots. La durée totale d’émission d’un trait (y compris la coupure élémentaire entre signaux) détermine la vitesse à laquelle le message est envoyé, elle est utilisée en tant que cadence de référence. Un message simple serait écrit (où « ▄ » représente « ti » et « ▄▄▄ » représente « taah ») :
47
+
48
+ Voici la cadence du même message (« = » signifie « signal actif », « · » signifie « signal inactif », chacun ayant pour durée un « ti ») :
49
+
50
+ Conventions de cadence :
51
+
52
+ Les personnes familières du morse écriraient donc « code morse » ainsi : -.-. --- -.. . / -- --- .-. ... . et le prononceraient « taahtitaahti taahtaahtaah taahtiti ti, taahtaah taahtaahtaah titaahti tititi ti ».
53
+
54
+ Il existe d'autres formes de représentation, la représentation compressée, par exemple, qui associe au « ti » un point en bas, et au « taah » un point en haut ou encore le morse en dents de scie.
55
+
56
+ Les opérateurs composent des messages en morse à l’aide d'un dispositif appelé manipulateur.
57
+
58
+ La vitesse de manipulation s’exprime en mots par minute, et varie d’une dizaine de mots par minute pour un débutant ou une identification d’émetteur compréhensible par tous, à 60 mots par minute ou plus pour un manipulateur expert. Le record est détenu par Ted McElroy qui atteint le score de 75,2 mots par minute au championnat mondial de 1939, à Asheville[17].
59
+
60
+ Il existe également des générateurs informatiques automatiques, qui sont généralement couplés avec des décodeurs automatiques.
61
+
62
+ Voici quelques tables récapitulant l’alphabet morse et quelques signes communément utilisés.
63
+
64
+ Note : le symbole « @ » a été ajouté en 2004. Il combine le A et le C en un seul caractère.
65
+
66
+ Abréviations et signaux divers à employer dans les radiocommunications du service mobile maritime[18].
67
+
68
+ Une erreur fréquente est de considérer le code de détresse international comme la succession des lettres « S O S » et de l’envoyer en tant que tel (=·=·=···===·===·===···=·=·=). La bonne façon de l’envoyer est en enchaînant les 9 éléments comme s’ils formaient une seule lettre (=·=·=·===·===·===·=·=·=).
69
+
70
+ Lorsque étendre l’alphabet morse à d’autres lettres ne suffit pas, on recourt à d’autres codes.
71
+
72
+ Ainsi, le code wabun est utilisé pour transmettre du texte en japonais. Les symboles représentent des kana syllabiques.
73
+
74
+ En Chine, un autre système était utilisé, le code télégraphique chinois (en).
75
+
76
+ Cette méthode a été inventée par un psychologue allemand, Ludwig Koch, dans les années 1930. C'est une des méthodes permettant un apprentissage rapide du morse.
77
+
78
+ Cette méthode considère que :
79
+
80
+ La méthode Koch nécessite un ordinateur (équipé d'un logiciel spécifique) ou un professeur pour pouvoir écouter du code. En commençant tout de suite avec une vitesse supérieure à 12 mots/minute, elle permet d'apprendre à écouter du code morse correct, et non déformé par une vitesse faible. Elle permet aussi la reconnaissance des caractères par réflexe et sans phase de réflexion (ce qui est de toute façon impossible à une telle vitesse, et aux vitesses supérieures).
81
+
82
+ Dans les méthodes « traditionnelles », on apprend l'ensemble de l'alphabet et on pratique à une vitesse faible, par exemple, 5 mots/min. Avec la méthode Koch, on commence par reconnaître seulement 2 caractères, puis 3, puis 4… mais une vitesse d'au moins 12 mots/minute. Cela évite les frustrations du « plateau des 10 mots/minute » des méthodes « traditionnelles ».
83
+
84
+ On utilise traditionnellement cet ordre pour les caractères : K, M, R, S, U, A, P, T, L, O, W, I, « . », N, J, E, F, 0, Y, « , », V, G, 5, « / », Q, 9, Z, H, 3, 8, B, « ? », 4, 2, 7, C, 1, D, 6, X, <BT>, <SK>, <AR>
85
+
86
+ Donald R. « Russ » Farnsworth propose dans sa méthode d'utiliser la vitesse cible pour l'apprentissage (commencer tout de suite à 20 mots/minute, par exemple) mais avec des espaces inter-mots et inter-lettres plus élevés que requis par la vitesse cible. Elle donne ainsi plus de temps à la compréhension de chaque signe, tout en utilisant une vitesse élevée dès le départ pour la reconnaissance des signes.
87
+
88
+ On peut d'ailleurs combiner la méthode Farnsworth avec la méthode Koch : en commençant à 20 mots/minute, avec 2 caractères, avec des espaces triples par rapport à la normale, par exemple.
89
+
90
+ Il existe différents moyens mnémotechniques assez simples pour apprendre les 26 lettres de l’alphabet en morse mais vu qu’ils induisent des ralentissements dans la compréhension des messages, il n’est pas recommandé de les utiliser pour apprendre le morse à l’oreille.
91
+
92
+ Dans le tableau ci-dessous, un mot est affecté à chaque lettre de l’alphabet. Ces mots se trouvent dans les 3e et 4e colonnes du tableau. Au cas où plusieurs mots possibles sont affectés à une lettre, il suffit d’en choisir un. Le procédé mnémotechnique consiste simplement à apprendre une liste de 26 mots correspondant aux 26 lettres de l’alphabet.
93
+
94
+ Chaque mot traduit le codage morse de la lettre qui lui est associée. Pour chaque syllabe du mot on a un ▄ ou un ▄▄▄. Le ▄▄▄ sera représenté pour une syllabe à consonance « o » ou « on » et le ▄ pour toutes les autres syllabes.
95
+
96
+ Par exemple, pour la lettre P, le mot « psychologie » (Psy/cho/lo/gue) a ses 2 syllabes centrales en « o » (cho/lo), les autres n’ont pas de consonance en « o » ou en « on ». Le code de la lettre P est donc .--. avec 2 signaux longs pour les 2 syllabes centrales et 2 courts aux extrémités pour les syllabes restantes.
97
+
98
+ Un autre moyen est d’utiliser les mots de la dernière colonne du tableau. Pour chaque lettre des mots on a un ti ou un ta. Une consonne représente un ta et une voyelle un ti.
99
+
100
+ Il existe une règle différente pour les lettres composées uniquement de points ou de traits. Il faut retenir les mots mnémotechniques :
101
+
102
+ La position de la lettre dans ces mots renvoie au nombre de traits ou de points.
103
+
104
+ Par exemple, le S est codé par 3 points car la lettre est en 3e position dans le mot « EISH »
105
+
106
+ Le code morse est facilement mémorisable à l’aide des codes courts et longs remplacés par des syllabes. Le code long (-) remplacé par une syllabe en « o ». Le code court (.) remplacé par une des autres voyelles. Par exemple, A = .- = Al/lO (une syllabe en « a » pour le . et une syllabe en « o » pour le -).
107
+
108
+ Pour l’utilisation de la méthode consonne-voyelle, toute consonne remplace un trait (-) alors que toute voyelle signifie un point (.). L’idéal étant de trouver un mot correspondant qui comprend la lettre ou le son et l’on obtient ainsi :
109
+
110
+ Il est aussi simple de mémoriser le S et le O grâce au fameux signal SOS : trois brèves, trois longues, trois brèves (...---...).
111
+
112
+ Pour les personnes qui ont plutôt une mémoire visuelle, il est également possible de retenir l’alphabet morse en utilisant un arbre binaire :
113
+
114
+
115
+
116
+ Les lettres sont regroupées par 2, celle de gauche représentant un (.) et celle de droite un (-). Un symbole (*) est mis quand il n’existe pas de lettre correspondant au code de l’emplacement. Dans cet arbre, le « CH » et les chiffres ne sont pas représentés (car réduisant la lisibilité de l’arbre et ayant peu d’intérêt), mais il ne tient qu’au lecteur de les ajouter pour obtenir un arbre complet. Cela ajouterait une ligne et remplacerait le symbole (*) correspondant à (----).
117
+
118
+ Pour retenir cet arbre, on peut se servir des groupes de lettres et les retenir dans l’ordre des lignes : ET/IA/NM/SU/RW… avec pour chaque groupe un moyen. On peut trouver ses propres moyens à partir de choses côtoyées tous les jours et abrégées, pour plus de facilité à le mémoriser. Sinon on peut reprendre ceux-ci :
119
+
120
+ Certaines personnes retiennent ces groupes de lettres en apprenant une phrase. Par exemple : « Encore très irritée après nos manigances sexuelles, Ursuline réimplora Wendy de kidnapper Gérard ou Hervé, violeurs fanatiques et libérés, en promettant-jurant buter X, ce yankee zélé quadragénaire. » Ici, chaque première lettre de chaque mot doit être prise en compte ; les mots « et » et « en » ayant pour but de combler les « trous » après les lettres « F » et « L ».
121
+
122
+ Une fois l’arbre mémorisé, il suffit alors de le parcourir et à chaque intersection de regarder si on passe par la lettre de gauche (un point) ou celle de droite (un trait). Par exemple :
123
+
124
+ L’avantage de cet arbre est de fonctionner dans les deux sens de transcription de morse vers lettre (partir d’en haut en suivant un trajet et aboutir à la lettre) et de lettre vers morse (trouver la lettre dans l’arbre et en déduire le trajet, donc le code, en partant du haut) avec beaucoup de facilité.
125
+
126
+ D’autres moyens existent, qui font appel à des phrases ou à des expressions permettant d’ordonner les signes en fonction de leurs valeurs. Par exemple :
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+
128
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1710.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,250 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Emily Elizabeth Dickinson, née le 10 décembre 1830 et morte le 15 mai 1886, est une poétesse américaine. Née à Amherst dans le Massachusetts, dans une famille aisée ayant des liens communautaires forts, elle a vécu une vie introvertie et recluse. Après avoir étudié dans sa jeunesse, durant sept ans à l'académie d’Amherst, elle vit un moment au séminaire féminin du mont Holyoke avant de retourner dans la maison familiale à Amherst. Considérée comme une excentrique par le voisinage, on la connaît pour son penchant pour les vêtements blancs et pour sa répugnance à recevoir des visiteurs, voire plus tard à sortir de sa chambre. La plupart de ses amitiés seront donc entretenues par correspondance.
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+ Bien qu’ayant écrit beaucoup, moins d’une douzaine de ses presque mille huit cents poèmes ont été publiés de son vivant[N 1]. Ceux qui furent publiés alors étaient généralement modifiés par les éditeurs afin de se conformer aux règles poétiques de l’époque. Les poèmes de Dickinson sont uniques pour leur époque : ils sont constitués de vers très courts, n’ont pas de titres et utilisent fréquemment des rimes imparfaites et des majuscules et une ponctuation non conventionnelle[1]. Un grand nombre de ses poèmes traitent de la mort et de l’immortalité, des sujets récurrents dans sa correspondance avec ses amis.
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+ Même si la plupart de ses connaissances devaient savoir qu’Emily Dickinson écrivait, l’étendue de son œuvre ne fut connue qu’après sa mort, en 1886, quand Lavinia, sa plus jeune sœur, découvre sa cachette de poèmes. Son premier recueil est publié en 1890 par des relations personnelles, Thomas Wentworth Higginson et Mabel Loomis Todd, qui en altéreront fortement le contenu. Ce n’est qu’avec l’édition de Thomas H. Johnson en 1955, Les poèmes d’Emily Dickinson (The Poems of Emily Dickinson), que paraît pour la première fois un recueil complet et pratiquement intact de son travail. Malgré des critiques défavorables et un grand scepticisme vis-à-vis de ses performances littéraires de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, les critiques anglo-saxons considèrent à présent Emily Dickinson comme une poétesse américaine majeure[2],[3].
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9
+ Emily Elizabeth Dickinson est née à Amherst, le 10 décembre 1830, dans une famille qui, sans être très riche, est socialement en vue dans la Nouvelle-Angleterre[4].
10
+ Deux cents ans plus tôt, avec la première vague migratoire puritaine, ses ancêtres avaient rejoint le Nouveau Monde – où ils prospéreront[5]. Avocats, éducateurs et fonctionnaires politiques figurent dans l’arbre généalogique d’Emily : l’un de ses ancêtres a été secrétaire de la mairie de Wethersfield (Connecticut) en 1659.
11
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12
+ Samuel Fowler Dickinson, le grand-père d’Emily, bâtit pratiquement à lui seul l'Amherst College[6],[7].
13
+ En 1813, il construit la propriété familiale, une grande maison dans la rue principale de la ville, qui deviendra le centre de la vie de famille des Dickinson durant une grande partie du siècle[8]. Il est, pendant quarante ans, juge du comté de Hampton(Massachusetts), secrétaire de la mairie, représentant à la Cour générale et sénateur au Sénat d’État.
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15
+ Le fils aîné de Samuel Dickinson, Edward (en), avocat de l’université Yale, est juge à Amherst, représentant à la Chambre des députés du Massachusetts, sénateur à la capitale de l’État et, pour finir, représentant pour l’État du Massachusetts au Congrès de Washington. Pendant près de quarante ans, il est le trésorier d'Amherst College, et fonde la ligne ferroviaire Massachusetts Central Railroad. Le 6 mai 1828, il épouse Emily Norcross de Monson dans le Massachusetts. Ils ont trois enfants : William Austin Dickinson (en) (1829–1895), que l’on appelle Austin, Aust ou Awe, Emily Elizabeth et Lavinia Norcross Dickinson (en) (1833–1899), que l’on appelle Lavinia ou Vinnie[9]. L’épouse d’Edward reste clouée au lit à la fin de sa vie et est à la charge de ses filles.
16
+
17
+ Tout laisse penser qu’Emily est une petite fille sage. Lors d’une longue visite à Monson, alors qu’elle a 2 ans, Elizabeth, la tante d’Emily, la décrit comme « parfaite et contente - Elle est une enfant charmante et facile »[10]. Elle note également l’attirance de l’enfant pour la musique et son talent particulier pour le piano, qu’elle appelle « la moosic »[11].
18
+
19
+ Emily suit l’école primaire dans un bâtiment de deux étages sur Pleasant Street[6]. Son éducation est « ambitieusement classique pour une enfant de l’époque victorienne »[12]. Son père tient à ce que ses enfants soient bien éduqués et suit leurs progrès même lorsqu'il est au loin pour son travail. Quand Emily a 7 ans, il écrit à la maison, rappelant à ses enfants de « continuer l’école, et d’apprendre, afin de me raconter, quand je reviendrai à la maison, combien de nouvelles choses vous avez apprises »[13]. Alors qu’Emily décrit constamment son père de manière chaleureuse, sa correspondance suggère que sa mère est souvent froide et distante. Dans une lettre à une de ses confidentes, elle écrit : « si quelque chose m’arrivait, je courais toujours à la maison vers Awe [Austin]. Il était une mère épouvantable, mais il était mieux que rien »[14].
20
+
21
+ Le 7 septembre 1840, Emily et sa sœur Lavinia entrent ensemble au collège d'Amherst, une ancienne école de garçons qui avait ouvert ses portes aux filles deux ans plus tôt[6]. À la même époque, son père acquiert une maison sur North Pleasant Street[15]. Austin, le frère d’Emily, décrira plus tard cette immense maison comme le « château » sur lequel il régnait avec Emily quand leurs parents étaient absents[16]. La maison donne sur le cimetière d'Amherst, un cimetière sans arbre et « menaçant » selon le pasteur[15].
22
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23
+ Emily Dickinson naît dans la période précédant la guerre de Sécession, à un moment où de forts courants idéologiques et politiques s’affrontaient dans la haute et moyenne bourgeoisie américaine.
24
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25
+ Même les familles les plus aisées n'ont alors ni eau chaude ni salle de bains. Les tâches ménagères représentent une charge énorme pour les femmes (même dans la famille Dickinson qui, en raison de sa position économique confortable, dispose d’une servante irlandaise). De ce fait, la préoccupation d’Emily d’obtenir une bonne éducation constitue une exception dans la société rurale de la Nouvelle-Angleterre de son époque.
26
+
27
+ La chorale de l’église est pratiquement la seule expression artistique acceptée par la sévère religion puritaine partout présente. L’orthodoxie protestante de 1830 considère les romans comme une « littérature dissipée » et interdit les jeux de cartes et la danse. Il n’existe pas plus de concerts de musique classique que de représentations théâtrales. Pâques et Noël ne sont pas célébrés jusqu'en 1864, année où la première Église épiscopale, qui y introduit ses coutumes, est établie à Amherst. Les réunions de femmes seules, autres que le thé quotidien entre voisines, ne sont pas tolérées non plus.
28
+
29
+ Une fois l’Amherst College fondé par le grand-père et le père d’Emily, l’union entre celui-ci et l'église commence à former des missionnaires qui partent d’Amherst pour propager les idéaux protestants dans les recoins les plus reculés du monde. Le retour occasionnel de certains de ces religieux aboutit à l’introduction de concepts, d’idées et de visions nouvelles dans la société conservatrice du village qui commence alors à établir un contact avec le monde extérieur et tend à abandonner les coutumes et croyances d’antan plus rapidement que dans les autres endroits de la région.
30
+
31
+ They shut me up in Prose —
32
+ As when a little Girl
33
+ They put me in the Closet —
34
+ Because they liked me "still" —
35
+
36
+ Still! Could themselves have peeped —
37
+ And seen my Brain — go round —
38
+ They might as wise have lodged a Bird
39
+ For Treason — in the Pound —
40
+
41
+ Ils m’ont enfermée dans la Prose —
42
+ Comme lorsque j’étais une Petite Fille
43
+ Ils m’enfermaient dans le Placard —
44
+ Parce qu’ils me voulaient « calme » —
45
+
46
+ Calme ! S’ils avaient pu jeter un œil —
47
+ Et espionner dans mon esprit — le visiter —
48
+ Ils auraient aussi bien pu enfermer un Oiseau
49
+ Pour trahison — à la fourrière —
50
+
51
+
52
+
53
+ Emily passe plusieurs années à l’Amherst Academy et suit les cours d’anglais, littérature classique, latin, botanique, géologie, histoire, « philosophie mentale » et arithmétique[17]. Elle s’absente quelques trimestres pour cause de maladie ; sa plus longue absence a lieu entre 1845 et 1846, quand elle ne suivra les cours que pendant onze semaines[18].
54
+
55
+ Dès son plus jeune âge, Emily est perturbée par la « menace grandissante » de la mort, et plus spécialement de celle de ses proches. Quand Sophia Holland, son amie proche et sa cousine au second degré, attrape le typhus et meurt en avril 1844, Emily est traumatisée[19]. Deux ans plus tard, se remémorant l'événement, Emily écrit : « Il me semblait que je devais mourir aussi s’il ne m’était pas permis de veiller sur elle ni même de regarder son visage. »[20]. Elle devient si mélancolique que ses parents l’envoient faire un séjour chez de la famille à Boston afin de se rétablir[21]. Elle en revient guérie, physiquement et moralement, et retourne à ses études à l’Amherst Academy[22]. Elle rencontre alors ceux qui deviendront des amis de toute une vie, comme Abiah Root, Abby Wood, Jane Humphrey et Susan Huntington Gilbert (qui épousera plus tard Austin, le frère d’Emily).
56
+
57
+ En 1845, un second Grand réveil (Second Great Awakening) a lieu à Amherst et entraîne quarante-six confessions de foi parmi les proches d’Emily[23]. L’année suivante, elle écrit à un ami : « Je n’ai jamais connu une paix et un bonheur aussi parfaits que pendant la courte période où je pensais avoir trouvé mon sauveur ». Elle poursuit en précisant que c’était son « plus grand plaisir de communier avec Dieu le Très-Haut et de sentir qu’Il écoutait mes prières. »[24]. Ce sentiment ne dure pas : Emily Dickinson ne fit jamais de déclaration de foi formelle et n’assistera aux services religieux que quelques années[25]. Vers 1852, après sa phase religieuse, elle écrit un poème qui commence par : « Certains suivent le Sabbat en allant à l’église - / Je le suis, en restant à la Maison »[26].
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+ Durant sa dernière année à l’Amherst Academy, Emily se lie d’amitié avec Leonard Humphrey, le jeune et populaire nouveau principal. Après avoir terminé son dernier trimestre scolaire le 10 août 1847, elle s’inscrit au séminaire du Mont Holyoke (The Mount Holyoke Female Seminary), fondé par Mary Lyon (l’établissement deviendra plus tard le Mount Holyoke College) et situé à South Hadley, à 16 km d'Amherst[27]. Elle reste au séminaire seulement dix mois. Et même si elle apprécie ses consœurs de Holyoke, Emily n’en conservera aucune amitié durable[28]. Les explications concernant la courte durée de son séjour diffèrent considérablement : sa santé fragile, la volonté de son père de l’avoir auprès de lui, sa rébellion contre la ferveur évangélique de l’école, la discipline de ses professeurs ou, plus simplement, le mal du pays[29]. Quelle que soit la raison de son départ, son frère Austin vient la chercher le 25 mars 1848 pour la ramener à la maison[30]. De retour chez elle, Emily Dickinson se consacre aux activités domestiques[31]. Elle se met à faire la cuisine pour sa famille et participe aux manifestations locales et aux activités de la ville universitaire naissante[32].
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+ Alors qu’Emily a 18 ans, la famille Dickinson se lie d’amitié avec un jeune avoué, Benjamin Franklin Newton. D’après une lettre qu’écrira Emily après la mort de Newton, il a été « avec mon père pendant deux ans, avant de partir pour Worcester – poursuivre ses études, et il demeurait beaucoup avec notre famille »[33]. Même si leur relation n’était probablement pas d’ordre sentimental, Newton eut une influence formatrice et deviendra le deuxième (après Humphrey) d’une longue série d’hommes plus âgés auquel Emily Dickinson fera référence en tant que tuteur, précepteur ou maître[34].
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+ Newton lui fait probablement découvrir les écrits de William Wordsworth et lui offre son premier livre de Ralph Waldo Emerson qui aura sur elle un effet libératoire. Elle écrira plus tard que celui « dont le nom me fut révélé par l’étudiant en droit de mon père, toucha un ressort secret »[35]. Newton la tient en haute estime et reconnaît en elle une poétesse. Alors qu’il est en train de mourir de la tuberculose, il lui écrit qu’il aimerait vivre jusqu'à ce qu’elle atteigne la grandeur qu’il perçoit[35]. Les biographes d’Emily Dickinson pensent que cette déclaration de 1862 fait référence à Newton : « Lorsque j’étais petite fille, j’avais un ami, qui m’apprit l’Immortalité – mais s’en approchant trop près lui-même, il ne revint jamais »[36].
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+ Emily Dickinson connait non seulement la Bible mais également la littérature populaire contemporaine[37]. Elle est probablement influencée par les Lettres de New York de Lydia Maria Child, un autre cadeau de Newton (après l’avoir lu, elle s’enthousiasme : « Ça c’est un livre ! Et il y en a plein d’autres ! »[19]). Son frère lui apporte en secret, car son père risque de désapprouver, une copie de Kavanagh de Henry Wadsworth Longfellow[38] et, fin 1849, un ami lui prête Jane Eyre de Charlotte Brontë. L’influence de Jane Eyre ne peut être mesurée mais quand Emily Dickinson adopte son premier et unique chien, un terre-neuve, elle l’appelle Carlo d’après le chien du personnage St. John River[39]. William Shakespeare a également une forte influence sur sa vie. Se référant à ses pièces de théâtre, elle écrit à un ami : « Pourquoi serrer d’autres mains que celle-ci ? » et à un autre : « Pourquoi aurait-on besoin d’un autre livre ? »[40].
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+ Début 1850, Emily Dickinson écrit que « Amherst est vivant et amusant cet hiver… Oh, c’est une ville magnifique ! »[31]. Mais sa bonne humeur se transforme rapidement en mélancolie après un nouveau décès. Le principal de l’Amherst Academy, Leonard Humphrey, meurt brusquement à l’âge de 25 ans d’une « congestion du cerveau »[41]. Deux ans après sa mort, elle révèle à son ami, Abiah Root, l’étendue de sa dépression : « … certains de mes amis sont partis, et certains de mes amis sont endormis – endormis du sommeil du cimetière – l’heure du soir est triste – c’était jadis mon heure d’étude – mon maître a trouvé le repos, et les pages ouvertes du livre, et l’étudiant « seul » à l’école, me fait monter les larmes aux yeux, et je ne peux pas les balayer ; je ne le ferai pas si je le pouvais, car elles sont le seul hommage que je puisse rendre au défunt Humphrey »[41].
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+ Durant les années 1850, Emily Dickinson entretient une relation intense et affectueuse avec Susan Gilbert. Jusqu’à la fin de leur relation, Emily lui enverra plus de trois cents lettres, plus qu’à la plupart de ses correspondants. En général, ses missives quémandent l’affection de Sue et s’effraient de la non-réciprocité de son admiration, mais comme Susan est souvent distante et désagréable, Emily est continuellement blessée par cette amitié tempétueuse[42]. Néanmoins, d'autres avancent que Emily Dickinson et Susan Gilbert (épouse Dickinson) ont en fait entretenu une relation amoureuse, de l'adolescence jusqu'à la mort d'Emily[43],[44]. L'analyse à l'aide de photographies de haute qualité à l'Institut Institute for Advanced Technology in the Humanities de l'Université de Virginia a dévoile que de nombreuses lettres avaient été altérées et étaient adressées à Susan[45]. Le film Wild Nights with Emily (2019) de Madeleine Olnek dépeint cet aspect méconnu de leurs vies. Susan soutient la poétesse, jouant le rôle de « meilleure amie, autorité, muse et conseillère, dont Emily suit parfois les suggestions rédactionnelles ; elle joue un rôle fondamental dans le processus créatif d’Emily »[46]. Susan épouse Austin en 1856, après une cour de quatre ans, mais leur mariage n’est pas heureux. Edward Dickinson leur construisit une maison, the Evergreen, sur la partie ouest de la propriété familiale[47].
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+ Jusqu’en 1855, Emily ne s’est jamais beaucoup éloignée d’Amherst. Au printemps de cette année-là, avec sa mère et sa sœur, elle entreprend ce qui sera son voyage le plus long et le plus lointain[49]. Elles passent d’abord trois semaines à Washington, où son père représente le Massachusetts au Congrès des États-Unis. Les deux semaines suivantes, elles visitent de la famille à Philadelphie. Là, Emily rencontre Charles Wadsworth, un célèbre pasteur de l’église presbytérienne d'Arch Street (The Arch Street Presbyterian Church), avec lequel elle liera une amitié solide qui durera jusqu’à sa mort en 1882[50]. Après 1855, elle ne le reverra que deux fois (il déménagea à San Francisco en 1862), mais elle se réfère à lui comme « mon Philadelphie », « mon Pasteur », « mon plus cher ami sur terre » et « mon Berger de la Jeunesse »[51].
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+ Dès le milieu des années 1850 et jusqu’à sa mort en 1858, la mère d’Emily est clouée au lit par de nombreuses maladies chroniques[52]. Écrivant à un ami durant l’été 1858, Emily dit qu’elle lui aurait rendu visite si elle pouvait quitter « la maison, ou mère. Je ne sors pas du tout, de peur que père puisse venir et que je le manque, ou que je manque quelque petit événement que je pourrais oublier, si je venais à fuir – Mère est comme d’habitude. J’ignore qu’espérer pour elle »[53]. Alors que sa mère dépérit, les responsabilités domestiques d’Emily deviennent de plus en plus lourdes et elle se confine à l’intérieur de la propriété familiale. Emily fait sien ce rôle et « trouvant agréable cette vie avec ses livres et dans la nature, continue à la vivre »[53].
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+ Se retirant de plus en plus du monde extérieur, Emily commence en été 1858 ce qui sera son héritage. Révisant des poèmes qu’elle avait écrits auparavant, elle commence à recopier son travail au propre et assemble ainsi avec soin des livres manuscrits. Les quarante fascicules qu’elle crée de 1858 à 1865 contiendront finalement près de huit cents poèmes[54]. Nul ne connaissait l’existence de ces livres, jusqu’à sa mort.
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+ À la fin des années 1850, les Dickinson se lient d’amitié avec Samuel Bowles, le propriétaire et éditeur en chef du Springfield Republican, et avec sa femme, Mary[55]. Ils rendent régulièrement visite aux Dickinson durant les années suivantes. Pendant cette période, Emily envoie à Samuel plus de trois douzaines de lettres et près de cinquante poèmes[56]. Leur amitié est le terreau de certains de ses écrits les plus intenses et Samuel Bowles publie quelques-uns de ces poèmes dans son journal[57],[58]. On pense que c’est entre 1858 et 1861 qu’Emily écrivit Les Lettres du Maître (The Master Letters). Ces trois lettres, adressées à un inconnu simplement appelé « Maître », continuent de faire l’objet de spéculations et de conflits parmi les spécialistes[59].
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+ Les premières années de 1860, après qu’Emily s'est largement retirée de toute vie sociale, sont ses plus productives en tant qu’écrivaine[60]. Ses voisins et ses amis la surnomment la « Reine Recluse »[61], la « vierge amoureuse », ou la « nonne d’Amherst ». Pour Higginson, elle est « sa poétesse à demi fêlée »[62].
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+ En avril 1862, Thomas Wentworth Higginson, un critique littéraire, abolitionniste radical et ancien pasteur, écrit à la Une du The Atlantic Monthly un article intitulé : Lettre à un jeune journaliste (Letter to a Young Contributor). Dans cet essai, il exhorte les aspirants écrivains à « emplir leur style de vie », prodigue des conseils pratiques à ceux qui veulent être publiés[63]. Recherchant un mentorat littéraire que personne près d’elle ne peut lui fournir, Emily lui envoie une lettre[64].
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+ « M. Higginson, êtes-vous trop occupé pour me dire si mes Vers sont vivants ? L’Esprit est si proche lui-même – il ne peut voir, distinctement – et je n’ai personne à qui demander – Si vous pensez qu’ils respirent – et que vous ayez le loisir de me le dire, j’en ressentirais une prompte gratitude – Si je suis dans l’erreur – et que vous osiez me le dire – vous me feriez un honneur sincère – J’inclus mon nom – vous priant, s’il vous plait – Monsieur – de me dire ce qui est vrai – Il n’est pas nécessaire de vous demander – de ne pas me trahir – car l’Honneur est son propre garant - »
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+ La lettre n’est pas signée, mais Emily joint dans l’enveloppe son nom sur une carte et quatre de ses poèmes[65]. Higginson rend hommage à son travail mais lui suggère d’en retarder la publication jusqu’à ce qu’elle en ait écrit davantage. Elle lui assure que publier lui est aussi étranger, mais elle suggère que « si la gloire [l’appelle], [elle] ne [peut] lui échapper »[66].
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+ Dans ses lettres à Higginson, Emily Dickinson se complaît dans des auto-descriptions théâtrales et mystérieuses[67]. Elle dit d’elle-même : « Je suis petite, comme le roitelet, et mes cheveux sont épais, comme la bogue du châtaignier, et mes yeux sont comme le sherry que laissent les invités au fond du verre »[68]. Elle accentue sa nature solitaire, affirmant que ses seuls compagnons sont les collines, le coucher du soleil et son chien, Carlo. Elle mentionne également que si sa mère « ne s’intéresse pas à la Pensée », son père lui amène des livres, mais la supplie « de ne pas les lire – car il a peur qu’ils perturbent l’Esprit »[69]. Emily apprécie ses conseils, elle l’appelle « M. Higginson » ou « Cher ami » et signe ses lettres : « Votre Gnome » et « Votre disciple »[70]. L’intérêt qu’il porte à son travail lui apporta certainement un important soutien moral. Des années plus tard, Emily dira à Higginson qu’il lui a sauvé la vie en 1862[71]. Ils correspondront jusqu’à sa mort[72].
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+ Après avoir fait preuve d’une intense productivité au début des années 1860, Emily Dickinson écrit beaucoup moins de poèmes en 1866[73]. En proie à ses deuils personnels, manquant d’aide dans les travaux domestiques, il est possible qu’elle ait trop à surmonter pour maintenir son niveau précédent d’écriture[74]. Après l’avoir accompagné pendant seize ans, son chien Carlo meurt ; Emily ne le remplacera jamais. Malgré le départ de la domestique, partie pour se marier après neuf ans au service de la famille, il faut attendre 1869 pour que les Dickinson la remplacent[75]. Une fois encore, Emily hérite des corvées, cuisine comprise, activité dans laquelle elle excelle.
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+ A solemn thing – it was – I said –
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+ A Woman – White – to be –
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+ And wear – if God should count me fit –
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+ Her blameless mystery –
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+ Une chose solennelle – c’était – je vous le dis –
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+ Une Femme – Blanche – qui est -
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+ et qui porte – si Dieu me le permet –
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+ Son mystère irréprochable -
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+ À cette époque, le comportement d’Emily commence à changer. Elle ne quitte plus la propriété qu’en cas de nécessité absolue et, dès 1867, elle commence à parler à ses visiteurs à travers une porte plutôt que face à face[76]. Elle acquiert une notoriété locale ; on la voit rarement, et quand on la voit, elle est généralement vêtue de blanc. La pièce de sa garde-robe qui lui a survécu est une robe blanche en coton, probablement cousue aux environs de 1878-1882[77]. Peu d’autochtones, qui échangèrent des messages avec elle durant les quinze dernières années de sa vie, la virent en personne[78]. Austin et sa famille commencent à protéger la solitude d’Emily, décidant de ne pas en faire un sujet de discussion avec des étrangers[79]. Malgré sa réclusion physique, Emily est socialement active et s’exprime à travers ce qui constitue deux-tiers des notes et lettres qui nous sont parvenues. Lorsque des invités viennent à la propriété familiale ou à Evergreens, elle se retire souvent et envoie des petits cadeaux sous forme de fleurs ou de poèmes[80]. Toute sa vie, elle entretient d’excellents rapports avec les enfants. Mattie Dickinson, le deuxième enfant d’Austin et Sue, dira plus tard que « Tante Emily représente « l’indulgence » »[81]. MacGregor (Mac) Jenkins, le fils d’amis de la famille qui écrira en 1891 un court article appelé Un souvenir d’enfance d’Emily Dickinson (A Child's Recollection of Emily Dickinson), se rappelle qu’elle offrait toujours son aide aux enfants du voisinage[81].
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+ Quand Higginson la presse d’aller à Boston en 1868 afin de pouvoir enfin la rencontrer, elle décline l’invitation et écrit : « Je serais très heureuse s’il venait à votre convenance de voyager aussi loin qu’Amherst, mais, moi, je ne traverserai pas les terres de mon Père pour me rendre dans quelque Maison ou ville que ce soit »[82]. Ils ne se rencontreront qu’en 1870, lorsqu’il se rendra à Amherst. Plus tard, dans ce qui est la description la plus détaillée et la plus vivante que nous ayons d’Emily, il parle d’elle comme « une petite femme ordinaire avec deux bandeaux lisses de cheveux roux… dans un piqué blanc clair et exquis et un châle bleu ouvragé en laine peignée »[83]. Il dit également qu’il n’a jamais été « avec quiconque qui épuise autant mes nerfs. Sans la toucher, elle puise en moi. Je suis content de ne pas vivre auprès d’elle »[84].
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+ Le professeur Judith Farr note que, de son vivant, Emily « est peut-être plus connue comme jardinière que comme poète ». Elle prend des cours de botanique dès l’âge de neuf ans et, avec ses sœurs, entretient le jardin de Homestead[85]. Tout au long de sa vie, elle rassemble une collection de plantes séchées dans un herbier relié en cuir de soixante six pages. Il contient 424 spécimens de fleurs séchées qu’elle a cueillies, classées et étiquetées en utilisant le système de la nomenclature binominale[86]. De son temps, le jardin de Homestead est connu et admiré. Mais il n’a pas survécu et Emily n’avait conservé aucun calepin de jardinage, ni liste de plantes. Cependant, on peut en avoir une bonne impression à travers les lettres et les souvenirs de sa famille et de ses amis. Sa nièce, Martha Dickinson Bianchi, se souvient de « tapis de muguet et de pensées, de rangs de pois de senteur et de jacinthes, il y en avait suffisamment en mai pour donner la dyspepsie à toutes les abeilles de l’été. Il y avait des rubans de haies de pivoines et des amoncellements de jonquilles, des soucis à foison – un vrai rêve de papillon ». Emily cultive notamment des fleurs exotiques parfumées, et écrit qu’elle « peut vivre aux îles des épices simplement en traversant la salle à manger vers la serre, où les plantes sont accrochées dans des paniers ». Elle envoie fréquemment à ses amis des bouquets de fleurs auxquels sont attachés des poèmes, et « ils appréciaient les bouquets plus que la poésie »[87].
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109
+ Le 16 juin 1874, à Boston, le père d’Emily subit une attaque cérébrale et meurt. Pendant les obsèques qui se tiennent dans l’entrée de Homestead, Emily se cantonne dans sa chambre, la porte légèrement ouverte. Elle ne participe pas non plus à la cérémonie funèbre du 28 juin[88]. Elle écrit à Higginson que le cœur de son père « était pur et terrible et je crois qu’aucun autre comme lui n’existe »[89]. Un an plus tard, le 15 juin 1875, la mère d’Emily subit également une attaque qui la laisse paralysée d’un côté du corps et la fait souffrir de pertes de mémoire. Se plaignant des besoins croissants de sa mère, aussi bien sur le plan physique que mental, elle écrit : « La Maison est si loin de la Maison »[90].
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+
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+ Though the great Waters sleep,
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+ That they are still the Deep,
113
+ We cannot doubt –
114
+ No vacillating God
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+ Ignited this Abode
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+ To put it out –
117
+
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+ Bien que les grandes Eaux sommeillent,
119
+ Et soient encore Profondes
120
+ On ne peut douter –
121
+ Qu’aucun Dieu vacillant
122
+ N’a enflammé cette Demeure
123
+ Pour l’éteindre -
124
+
125
+
126
+
127
+ Otis Phillips Lord, un vieux juge siégeant à la Cour suprême judiciaire du Massachusetts à Salem, fait la connaissance d’Emily Dickinson en 1872 ou 1873. Après la mort de sa femme, en 1877, son amitié avec Emily devint probablement une romance de vieillesse, mais ceci n’est qu’une supposition, la plupart de leurs lettres ayant été détruites[91],[92]. Emily trouve en Lord une âme sœur, notamment en termes d’intérêts littéraires communs, les lettres qui nous sont parvenues citent les œuvres de William Shakespeare comme Othello, Antoine et Cléopâtre, Hamlet et Le Roi Lear. En 1880, il lui offre Complete Concordance to Shakespeare de Cowden Clarke (1877)[93]. Emily écrit : « Alors que d’autres vont à l’Église, je vais à la mienne, car n’êtes-vous pas mon Église, et n’avons-nous pas un cantique que seul nous connaissons ? »[93]. Elle l’appelle « Mon beau Salem »[94],[95] et ils s’écrivent religieusement tous les dimanches. Emily attend ce jour avec impatience ; un fragment d’une de ses lettres fait état que « Mardi est un jour profondément déprimant »[96].
128
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+ Après avoir été gravement malade pendant de longues années, le juge Lord s’éteint en mars 1884. Emily se réfère à lui comme « notre dernière Perte »[97]. Deux années auparavant, le 1er avril 1882, Charles Wadsworth, le « Berger de la Jeunesse » d’Emily, était également mort après une longue maladie.
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+
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+ Même si elle continue à écrire durant ses dernières années, Emily Dickinson arrête d’organiser ses poèmes et oblige sa sœur Lavinia à lui promettre de brûler ses papiers[98]. Cette dernière ne se mariera pas et demeurera à Homestead jusqu’à sa mort en 1899.
132
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+ Les années 1880 sont difficiles pour les Dickinson. Se détachant irrémédiablement de sa femme, Austin tombe amoureux en 1882 de Mabel Loomis Todd, qui vient d’emménager récemment dans la région. Mabel n’a jamais rencontré Emily mais, intriguée, elle se réfère à elle comme « la femme que l’on appelle « le Mythe » »[99]. Austin prend ses distances avec sa famille, faisant plutôt fructifier ses affaires, et sa femme en tombe malade de chagrin[100]. La mère d’Emily meurt le 14 novembre 1882. Cinq semaines plus tard, Emily écrit : « Nous n’avons jamais été proches… même si elle était notre Mère – mais les Mines d’une même Terre se rencontrent en creusant un tunnel et quand elle devint notre Enfant, l’affection survint »[101]. L’année suivante, Gilbert, le troisième et plus jeune enfant d’Austin et Sue – le préféré d’Emily – meurt de la fièvre typhoïde[102].
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+
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+ Alors que les morts se succèdent, Emily Dickinson voit son monde s’effondrer. À l’automne 1884, elle écrit que « les Décès ont été trop importants pour moi, et avant que mon cœur ait pu se remettre de l’un, un autre survenait »[103]. Cet été là, elle voit « une grande obscurité arriver » et s’évanouit en faisant la cuisine. Elle reste inconsciente jusque tard dans la nuit et reste malade des semaines durant. Le 30 novembre 1885, sa faiblesse et ses autres symptômes sont si alarmants qu’Austin annule un voyage à Boston[104]. Elle reste clouée au lit pendant quelques mois, mais parvient à envoyer quelques lettres au printemps. Ce qu’on pense être sa dernière lettre a été envoyée à ses cousines, Louise et Frances Norcross, et dit simplement « Petites Cousines, j’ai été rappelée. Emily »[105]. Le 15 mai 1886, après plusieurs jours d’aggravation, Emily meurt à l’âge de 55 ans. Austin écrit dans son journal que « la journée a été terrible… elle a cessé cette horrible respiration juste avant que la cloche de l’après-midi ne sonne six heures »[106]. Le médecin d’Emily attribue son décès au Mal de Bright qui aurait duré deux ans et demi[107].
136
+
137
+ Emily Dickinson est enterrée dans un cercueil blanc, avec des héliotropes vanillées, des orchidées Calceolaria biflora et un « bouquet de violettes[87],[108]. La cérémonie funéraire, qui se tient dans la bibliothèque de Hamstead, est simple et courte ; Higginson, qui ne l’a rencontrée que deux fois, lit : No Coward Soul Is Mine (Mon âme n’est pas lâche), le poème d’Emily Brontë que préférait Emily Dickinson[106]. À la demande d’Emily, son « cercueil ne fut pas conduit, mais porté à travers un champ de renoncules », jusqu’au carré familial à l’ouest du Cimetière sur Triangle Street[85].
138
+
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+ Malgré l’écriture prolifique d’Emily Dickinson, moins d’une douzaine de ses poèmes furent publiés de son vivant.
140
+ Entre 1858 et 1868, quelques poèmes sont imprimés dans le Springfield Republican de Samuel Bowles. Ils sont publiés anonymement et fortement altérés, notamment avec une ponctuation plus conventionnelle et des titres formels[109]. Le premier poème, Personne ne connaît la petite rose, a probablement été publié sans la permission d’Emily[110]. Le Republican diffuse Un étroit Personnage dans l’Herbe sous le titre Le Serpent, En sécurité dans leurs chambres d’albâtre sous le titre Le Sommeil et Flamboyant d’or et apaisé de violet sous le titre Coucher de soleil[111],[112]. Le poème J’ai goûté une liqueur jamais distillée est un des exemples de version modifiée ; les deux dernières lignes de la première strophe ont été complètement réécrites pour correspondre aux rimes conventionnelles
141
+
142
+ Texte original
143
+ I taste a liquor never brewed –
144
+ From Tankards scooped in Pearl –
145
+ Not all the Frankfort Berries
146
+ Yield such an Alcohol!
147
+
148
+ Version du Republican
149
+ I taste a liquor never brewed –
150
+ From Tankards scooped in Pearl –
151
+ Not Frankfort Berries yield the sense
152
+ Such a delirious whirl!
153
+
154
+
155
+
156
+ En 1864, plusieurs poèmes sont modifiés et publiés dans Drum Beat, afin de lever des fonds pour les soins médicaux des soldats de l’Union. Un autre poème parait en avril 1864 dans le Brooklyn Daily Union[113].
157
+
158
+ En 1870, Higginson montre les poèmes d’Emily à Helen Hunt Jackson, qui était à l'Amherst Academy à la même période qu’elle[114]. Helen était très introduite dans le monde de l’édition et réussit à convaincre Emily de publier anonymement son poème Success is counted sweetest dans A Masque of Poets[115]. Mais le poème est, encore une fois, modifié pour s’accorder aux goûts contemporains. Ce fut le dernier publié du vivant d’Emily Dickinson.
159
+
160
+ Après que sa sœur, Lavinia, a découvert les recueils de près de huit cents poèmes, le premier volume de ses œuvres est publié quatre ans après sa mort. Jusqu’à la parution en 1955 de Complete Poems (Poèmes complets) de Thomas H. Johnson, sa poésie était considérablement révisée et modifiée par rapport à la version originale. Depuis 1890, Emily Dickinson n’a pas cessé d’être éditée.
161
+
162
+ Après la mort d’Emily, Lavinia tient sa promesse et brûle une grande partie de sa correspondance. Cependant, elle n’avait laissé aucune instruction au sujet des quarante livrets et feuilles volantes rassemblés dans un coffre fermé à clé[116]. Lavinia reconnait la valeur des poèmes et devient obsédée par leur publication[117]. Elle demande alors de l’aide à la femme de son frère, Susan, puis à sa maîtresse, Mabel Loomis Todd[108]. Une querelle s'ensuit, divisant les manuscrits entre les maisons de Mabel et de Sue, et empêchant la publication des œuvres complètes d’Emily pendant plus d’un demi-siècle[118].
163
+
164
+ Le premier volume des Poèmes d’Emily Dickinson, édité conjointement par Mabel Loomis Todd et T. W. Higginson, parait en novembre 1890[119]. Même si Mabel Todd prétend que seuls des changements essentiels ont été faits, les poèmes ont été largement modifiés pour convenir aux standards de ponctuation et de majuscule de la fin du XIXe siècle, se permettant des réécritures occasionnelles pour diminuer les circonlocutions d’Emily[120],[121]. Le premier volume, rassemblant 115 poèmes, est un succès critique et financier, et sera réédité onze fois pendant deux ans[119]. Poems: Second Series suit en 1891, déjà réédité cinq fois en 1893; une troisième série parait en 1896. En 1892, un critique écrit : « Le monde ne sera pas satisfait tant que la moindre bribe de ses écrits, lettre ou œuvre littéraire n’aura pas été publié »[122]. Deux ans plus tard, deux volumes paraissent rassemblant des lettres d’Emily Dickinson fortement modifiées. En parallèle, Susan Dickinson place quelques poèmes d’Emily dans des magazines littéraires comme Scribner's Magazine ou The Independent.
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166
+ Entre 1914 et 1929, la nièce d’Emily, Martha Dickinson Bianchi, publie une nouvelle série de recueils, incluant de nombreux poèmes inédits, mais toujours avec une ponctuation et des majuscules normalisées. D’autres volumes suivront dans les années trente, édités par Mabel Todd et Martha Dickinson, rendant progressivement disponibles des poèmes inconnus jusque-là.
167
+
168
+ La première publication critique a lieu en 1955 sous la forme de trois nouveaux volumes publiés par Thomas H. Johnson. Ils seront la base de toute étude ultérieure de l’œuvre d’Emily Dickinson. Pour la première fois, les poèmes sont imprimés quasiment sous leur forme originale[123]. Ils n’ont pas de titre, sont classés dans un ordre chronologique approximatif, parsemés de tirets et de majuscules irrégulières, et souvent extrêmement elliptiques[124]. Trois ans plus tard, Thomas Johnson et Theodora Ward éditent et publient un recueil complet des lettres d’Emily.
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+ On peut diviser en trois périodes distinctes l’œuvre poétique d’Emily Dickinson.
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+
172
+ Comme Emily Dickinson n’a laissé aucun écrit quant à ses objectifs esthétiques et que ses thèmes étaient très éclectiques, son travail est difficile à attribuer à un genre quelconque. On la considère parfois comme une transcendentaliste proche de Ralph Waldo Emerson (dont Emily admirait les poèmes)[127]. Cependant, Judith Farr rejette cette analyse en avançant que la poétesse a un « esprit scrutant sans cesse… ce qui ne peut que dégonfler l’élévation aérienne des Transcendantaux »[128]. Elle utilise aussi souvent l’humour, les jeux de mots, l’ironie et la satire[129].
173
+
174
+ Les thèmes principaux de l’œuvre d’Emily Dickinson sont les suivants :
175
+
176
+ My nosegays are for Captives –
177
+ Dim – long expectant eyes –
178
+ Fingers denied the plucking,
179
+ Patient till Paradise –
180
+ To such, if they sh'd whisper
181
+ Of morning and the moor –
182
+ They bear no other errand,
183
+ And I, no other prayer
184
+
185
+ Mes bouquets sont pour des yeux Captifs -
186
+ Incertains – et attendant depuis longtemps -
187
+ Les Doigts refusent de cueillir,
188
+ Patientent jusqu’au Paradis -
189
+ Pour eux – s’ils doivent chuchoter
190
+ Du matin et de la terre -
191
+ Ils ne portent aucun autre message,
192
+ Et moi, aucune autre prière
193
+
194
+
195
+
196
+ [130].
197
+
198
+ The Savior must have been
199
+ A docile Gentleman –
200
+ To come so far so cold a Day
201
+ For little Fellowmen
202
+ The Road to Bethlehem
203
+ Since He and I were Boys
204
+ Was leveled, but for that would be
205
+ A rugged billion Miles –
206
+
207
+ Le Sauveur devait être ;
208
+ Un Gentleman bien docile –
209
+ Pour venir si loin en un jour si froid
210
+ Pour de petits Semblables
211
+ La Route de Bethléem
212
+ Depuis que Lui et moi étions enfants
213
+ A été aplanie, mais pour que cela soit il fallut
214
+ Un milliard de rudes Miles –
215
+
216
+
217
+
218
+ [133].
219
+
220
+ Me from Myself – to banish –
221
+ Had I Art –
222
+ Impregnable my Fortress
223
+ Unto All Heart –
224
+ But since myself—assault Me –
225
+ Except by subjugating
226
+ Consciousness
227
+ And since We're mutual Monarch
228
+ How this be
229
+ Except by Abdication –
230
+ Me – of Me?
231
+
232
+ De Moi-même – me bannir -
233
+ Si j’en avais l’Art -
234
+ Imprenable ma forteresse
235
+ De Tout Cœur -
236
+ Mais puisque moi-même – je M’agresse -
237
+ Sauf en soumettant
238
+ La Conscience
239
+ Et puisque Nous sommes notre Monarque mutuel
240
+ Comment cela est-il possible
241
+ Excepté par Abdication -
242
+ par Moi – de Moi-même ?
243
+
244
+
245
+
246
+ [134].
247
+
248
+ Emily Dickinson est inscrite au National Women's Hall of Fame.
249
+
250
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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@@ -0,0 +1,333 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+
2
+
3
+ Émirats arabes unis
4
+
5
+ (ar) دولة الإمارات العربيّة المتّحدة / dawlat al-imārāt al-ʿarabiyyat al-muttaḥida
6
+
7
+ 24° 28′ 01,2″ N, 54° 22′ 01,2″ E
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Les Émirats arabes unis Écouter (abrégés en EAU ou Émirats ; en arabe : الإمارات العربية المتحدة (al-imārāt al-ʿarabiyyat al-muttaḥida) دولة الإمارات العربيّة المتّحدة (dawlat al-imārāt al-ʿarabiyyat al-muttaḥida)) sont un État fédéral, créé en 1971, situé au Moyen-Orient entre le golfe Persique et le golfe d'Oman. Il est composé de sept émirats : Abou Dabi, Ajman, Charjah, Dubaï, Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn[4]. Sa capitale fédérale est la ville d'Abou Dabi.
12
+
13
+ Les Émirats arabes unis comptent parmi les plus importants producteurs et exportateurs de pétrole.
14
+
15
+ En 2018, ils comptent 9 701 315 habitants. L'ONU estime que 90 % de la population est constituée d'immigrants[2].
16
+
17
+ Les principales réserves gazières et pétrolières sont dans l'émirat d'Abou Dabi, déjà membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole avant la création de la fédération. Les sept Émirats ne sont pas égaux entre eux en ce qui concerne les ressources pétrolières.
18
+
19
+ L'émirat de Dubaï s'est tourné depuis quelques années vers de nouvelles ressources telles que les ports francs, les nouvelles technologies mais surtout le tourisme de luxe. La ville de Dubaï est d'ailleurs devenue la capitale économique de la fédération.
20
+
21
+ Les Émirats arabes unis sont situés dans le Sud-Ouest de l’Asie, dans la péninsule Arabique, entre le golfe Persique et le golfe d'Oman. Ils sont frontaliers du sultanat d'Oman et de l’Arabie saoudite. De plus, l'enclave omanaise de Madha qui se situe dans les montagnes à l'est du pays abrite elle-même le village émirien de Nahwa.
22
+
23
+ La totalité du territoire est désertique ou semi-désertique. Le sud du pays est constitué d'une partie du Rub al-Khali (c'est-à-dire le Quartier Vide) , tandis que l'est et le nord sont occupés par des montagnes. Quelques oasis (Al-Aïn, Manama, etc.) permettent de maintenir une vie dans le désert. Des sebkhas occupent le sud et l'ouest du pays, notamment le long d'une côte de plus de 400 km, à l'ouest d'Abou Dabi.
24
+
25
+ Des revendications territoriales, sur trois îles (Petite et Grande Tunb, ainsi qu'Abou-Moussa) du détroit d'Ormuz et du golfe Persique, l'opposent à l'Iran[5]. Outre le fait même de la possession de ces îles et îlots, c'est surtout l'établissement des zones économiques exclusives qui est en jeu, avec, à la clé, les réserves pétrolières et minières offshore[6].
26
+
27
+ Le pays est situé dans une zone de grande importance géostratégique, au sud du détroit d'Ormuz, un lieu de passage vital où est transporté le pétrole[7].
28
+
29
+ Le pays partage 530 kilomètres de frontière terrestre avec l’Arabie saoudite à l’ouest, au sud et au sud-ouest et 450 kilomètres de frontière avec Oman au sud-est et au nord-est.
30
+
31
+ Les émirats ne sont séparés du Qatar que par les ports naturels saoudiens de Khor Duweihin, ainsi que de celui de Khawr al Udayd. La frontière maritime avec le royaume qatari se trouve au large, mais la zone n’en demeure pas moins une source de conflit frontalier entre saoudiens et émirien[8],[9].
32
+
33
+ La superficie totale des EAU est d’environ 77 700 km2 (soit environ la superficie du Benelux). Environ 5 % du pays est habité, surtout la côte nord, le long du Golfe Persique.
34
+
35
+ Les EAU s’étendent sur plus de 650 km sur la rive sud du Golfe Persique. Le plus grand port se trouve à Dubaï, mais il y a également des ports à Abou Dabi et Charjah. On trouve de nombreuses îles dans le Golfe dont certaines sont l’objet de disputes avec l’Iran et le Qatar.
36
+
37
+ Les plus petites îles ainsi que les barrières de corail constituent un risque pour les navigateurs. De forts courants ainsi que des tempêtes représentent également un danger pour les bateaux dans la région.
38
+ Au sud et à l’ouest d’Abou Dabi, de vastes dunes s’étendent jusqu’à Rub al Khali en Arabie saoudite.
39
+
40
+ Le désert d’Abou Dabi abrite deux oasis importantes avec des réserves d’eau souterraines ; l’oasis de Liwa se trouve dans le sud près de la frontière avec l’Arabie saoudite. À 100 km au nord-est de l’oasis de Liwa, se trouve l’oasis d’Al Buraymi qui s’étend des deux côtés de la frontière entre Abou Dabi et Oman.
41
+
42
+ Avant de se retirer du pays en 1971, le Royaume-Uni a délimité les frontières des 7 émirats afin d’éviter des disputes territoriales susceptibles de ralentir la formation de l’état fédéral. Les gouverneurs des émirats ont accepté en grande majorité les frontières imposées par les britanniques, mais avec tout de même une dispute territoriale entre Abou Dabi et Dubaï et entre Dubaï et Sharjah. Ces conflits ont été résolus après l’indépendance.
43
+
44
+ La frontière la plus problématique est celle des montagnes d’Al Hajar al Gharbi, où cinq émirats se contestent la souveraineté de plus de 12 enclaves différentes.
45
+
46
+ Le pays est aride et connait des problèmes qualitatifs et quantitatifs d'alimentation en eau que les systèmes de désalinisation ne peuvent à ce jour compenser. Il n'accueille une végétation exubérante que dans les oasis, mais les zones sèches abritent de nombreuses espèces rares ou devenues rares, menacées ou protégées. Les fonds marins abritent une grande richesse en biodiversité, notamment dans les milieux coralliens.
47
+
48
+ Longtemps le pétrole presque gratuit (environ 2,5 millions de barils de pétrole quotidiennement extraits dans le pays en 2008/2009) a découragé la recherche d'efficience énergétique et la sobriété du développement (chaque habitant des EAU consomme environ 17 000 kWh/an d'électricité et 219 000 litres par an d'eau, soit plus qu'un Américain moyen[10]).
49
+
50
+ L'usage de l'essence au plomb a contribué au saturnisme à la pollution de l'air et des sols dans les villes, et l'air est souvent empoussiéré par les vents nocturnes ou les tempêtes.
51
+
52
+ Mais la perspective du pic pétrolier et de la fin du pétrole a modifié le point de vue des dirigeants et de la population. Le pays accueille maintenant le siège de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables[11] s'est doté d'un ministère de l'écologie qui prépare notamment la transition vers l'après-pétrole, c'est-à-dire le développement d'énergies douces, sûres et renouvelables. Les EAU sont notamment à une latitude favorable à l'utilisation de technologies utilisant l'énergie solaire. Les recettes du pétrole sont maintenant pour partie investies dans le solaire et l'éolien.
53
+
54
+ Les principaux animaux vivant aux Émirats arabes unis sont les suivants :
55
+
56
+ Les Émirats arabes unis sont subdivisés en sept émirats, eux-mêmes formés de plusieurs enclaves dont les frontières ont été abolies mais dont la souveraineté est parfois floue.
57
+
58
+ Abou Dabi est l’émirat le plus grand. Il occupe 87 % de la superficie totale du pays (67 340 km2), sa capitale Abou Dabi est également le siège du gouvernement fédéral des sept émirats. L'émirat d'Abou Dabi présente deux larges frontières terrestres avec l'Arabie saoudite et le sultanat d'Oman.
59
+
60
+ L’émirat de Dubaï, qui s’étend le long du golfe Persique sur 72 km, occupe 5 % de la superficie totale du pays, soit environ 3 885 km2.
61
+
62
+ L’émirat de Charjah s’étend sur 16 km sur la côte et sur 80 km à l’intérieur des terres.
63
+
64
+ Les émirats du nord, Ajman (le plus petit d'entre eux avec seulement 259 km2), Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn ont une superficie totale de 3 881 km2 et occupent 5 % de la superficie totale du pays.
65
+
66
+ De récentes découvertes faites dans les Monts Hajar permettent de retracer l'histoire des Émirats arabes unis à l'apparition des premiers hommes dans la région, il y a plus de 7 500 ans. Ces peuples entretenaient déjà des relations avec les civilisations du Nord, qui sont peu à peu devenues des partenaires commerciaux importants[6].
67
+
68
+ La satrapie achéménide de Magan ou Mak(k)a peut avoir inclus tout ou partie des territoires actuels des EAU et d'Oman, et avoir fourni divers produits : diorite, cuivre, bois, or, argent.
69
+
70
+ Devenu une véritable plaque tournante pour le commerce, le port d'Omana (à présent Umm al-Qaiwain), est utilisé par les marchands pour transporter leur marchandise de la Syrie et du sud de l'Irak jusqu'en Inde. Le commerce de perles commence à se développer et à s'imposer comme un commerce important dans la région[14].
71
+
72
+ En 630 apr. J.-C., les émissaires de Mahomet arrivent dans la région, et convertissent la population à l'islam. Les armées islamiques se servent de Julfar (à présent Ras el Khaïmah) comme avant-poste pour mener des offensives contre l'empire sassanide. Au fil du temps, Julfar devient un centre perlier et un port important pour le commerce dans l'océan Indien.
73
+
74
+ Au XVIe siècle, alors que les grandes puissances européennes se disputent le contrôle de l'océan Indien, les Portugais luttent contre les populations arabes de Julfar et d'autres ports dans le Golfe. À l'intérieur des terres, de grandes familles commencent à prendre le contrôle de différents émirats. À cause de sa puissance, la famille des Qawasim attire notamment l'attention des Britanniques, voulant s'assurer le contrôle des routes de commerce.
75
+
76
+ Les Bani Yas règnent sur l'oasis de Liwa, centre des activités économiques de la région, depuis le début du XVIe siècle. Au début des années 1790, une branche des Bani Yas, les Al Bu Falah, s'installe à Abou Dabi, alors sous le pouvoir d'un cheikh de la famille Al Nahyane qui appartient aux Al Bu Falah. Peu après, en 1833, une autre branche de la tribu des Bani Yas, les Al Bu Falasah, menés par Maktoum ben Bulli, s'établit sur Khor Dubaï (« rivière de Dubaï »), instaurant ainsi la domination des Al Maktoum dans cet endroit[15].
77
+
78
+ Après la défaite des Qawasim, en 1820, les Britanniques signent une série d'accords et de traités avec les cheikhs de chaque émirat de la côte du Golfe, celui de 1853 garantissant l'arrêt de la piraterie contre les navires britanniques, d'où le nom des États de la Trêve (en anglais : Trucial States) donné aux actuels Émirats et quatre autres (Dibba, Hamriyah, Kalba et Al Heera[Lequel ?]). Les Britanniques prennent soin de renforcer leurs liens avec les États de la Trêve, afin de freiner les convoitises d’autres grandes puissances européennes.
79
+
80
+ En 1892, un nouveau traité érige les États de la Trêve en protectorat et les fait entrer dans l'empire colonial britannique[6]. Il les engage à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec des pays autres que le Royaume-Uni sans le consentement de ce dernier. En retour, le Royaume-Uni garantit la protection des États de la Trêve contre toute attaque maritime ou terrestre.
81
+
82
+ Cette période de calme permet à l’industrie perlière de prospérer à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cependant, la Première Guerre mondiale et l'invention par les japonais de la perliculture ont un effet très néfaste sur cette industrie, qui finit par s’éteindre juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le gouvernement indien se met à imposer des taxes sur les perles importées du Golfe, engendrant une crise économique très grave dans les États de la Trêve.
83
+
84
+ Au début des années 1960, un premier gisement de pétrole est découvert à Abou Dhabi, ce qui permet le développement rapide de l’émirat, sous la conduite du cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyane, qui fait construire des écoles, des hôpitaux, des logements et des routes. Les Émirats étaient jusqu'alors extrêmement pauvres. Il n’y avait presque pas de médecine dans les années 1960 et la plupart de la population était analphabète ; jusqu’à la moitié des bébés et un tiers des mères mouraient en couches[16].
85
+
86
+ Dubaï est également gagné par cet élan de développement économique, aidé par les recettes des exportations pétrolières.
87
+ Les différents émirats commencent à se rapprocher et à reprendre le contrôle des mains des Anglais, notamment en formant un conseil qui leur permet de décider eux-mêmes des enjeux politiques les concernant. À la tête de ce conseil se trouve Adi Bitar (en), le conseiller du cheikh Rachid ben Saïd Al Maktoum. Enfin, en 1968, les Britanniques se retirent de la région et mettent fin aux États de la Trêve, composés également des États de Bahreïn et du Qatar. Les neuf États tentent de former une union, mais ne parvenant pas à se mettre d’accord, Bahreïn et le Qatar déclarent leur indépendance respectivement en août et en septembre 1971.
88
+
89
+ Le 2 décembre 1971, six des sept émirats restant accèdent à l'indépendance en formant aussitôt une fédération qui prend le nom d' « Émirats arabes unis ». Ils seront rejoints en 1972 par le septième émirat, celui de Ras el Khaïmah. Le pays connaît alors une importante période de développement économique et démographique.
90
+
91
+ La prospérité et le développement moderne que connaissent aujourd'hui les Émirats arabes unis sont en grande partie le fruit des efforts de Zayed [Contradiction], premier président des EAU. Le nouvel État naît pendant une période d'instabilité politique dans la région. Deux jours avant sa création (2 décembre 1971), l'Iran reprend le contrôle des îles de la Petite et Grande Tunb, qui font partie de l'émirat de Ras el Khaïmah. Des troupes iraniennes débarquent également à Abou-Moussa, un territoire de l'émirat de Charjah[17].
92
+
93
+ Zayed est élu premier président des EAU en 1971, puis réélu tous les cinq ans jusqu’à sa mort en 2004. Il jouit d’un grand prestige sur la scène internationale[réf. nécessaire], grâce à son plus grand respect des lois humanitaires internationales[réf. nécessaire] et à ses efforts pour maintenir la paix dans la région[réf. nécessaire]. Sous sa présidence, les EAU.envoient des troupes afin de combattre pour la libération du Koweït en 1990-1991, et contribuent au mouvement pour le maintien de la paix au Kosovo[6].
94
+
95
+ Sous son influence, les EAU connaissent un essor économique leur permettant de se développer rapidement, et de devenir une force importante dans la région. Estimant que tous les citoyens ont leur rôle à jouer dans la construction du pays, Zayed prend des mesures pour améliorer le statut des femmes dans la société, en facilitant leur accès à l'éducation, et en leur donnant une place plus importante dans la vie politique du pays.
96
+
97
+ À sa mort, son fils aîné, le cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, lui succède en qualité de président des EAU et de souverain d'Abou Dhabi.
98
+
99
+ En 2011, le pays n’est pas touché par la vague de protestations et révolutions dans le monde arabe en 2010-2011, mais le gouvernement prend une série de mesures combinant achat de la paix sociale et répression politique.
100
+
101
+ Depuis la création de la fédération en 1971, les sept émirats qui constituent les EAU se sont forgés une identité nationale propre grâce à la consolidation de leur statut fédéral. Au cours des trois dernières années, des mesures ont été prises au niveau fédéral comme au niveau local pour réformer la structure gouvernementale afin de mieux répondre aux défis du développement à l'aide d'une administration plus efficace. Ce processus a été dirigé au niveau fédéral par le président du pays, Khalifa bin Zayid Al-Nahyan et par le vice-président et Premier ministre le cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, qui est également le souverain de Dubaï.
102
+
103
+ Chacun des émirats membres disposait déjà avant 1971 de ses propres institutions gouvernementales. Afin d'assurer le gouvernement effectif du nouvel État, les souverains élaborèrent une Constitution provisoire précisant les pouvoirs qui allaient être conférés aux nouvelles institutions fédérales. Selon les articles 120 et 121 de la constitution, les domaines de responsabilité assignés aux autorités fédérales étaient les affaires étrangères, la sécurité et la défense, les questions de nationalité et d'émigration, l'éducation, la santé publique, la monnaie, les services postaux et téléphoniques ainsi que tous les autres services de communication[18].
104
+
105
+ L'article 9 de la constitution prévoyait l'édification d'une capitale baptisée Al Karama située à la frontière des Émirats d'Abou Dabi et de Dubaï. En attendant sa construction qui devait intervenir dans les sept années à partir de la date où la constitution deviendrait effective, la ville d'Abou Dabi fut désignée comme capitale provisoire de l'État[18].
106
+
107
+ Le système fédéral comprend un Conseil suprême, un cabinet ou Conseil des ministres, une instance parlementaire, le Conseil national fédéral, et un corps judiciaire indépendant chapeauté par la Cour suprême fédérale.
108
+
109
+ Le Conseil suprême, constitué des sept émirs, est le plus haut organisme de l'État. Il élit pour cinq ans le président et le vice-président et a le pouvoir législatif et exécutif. Il ratifie les lois et décret fédéraux, planifie la politique étrangère et a le pouvoir de relever le premier ministre de ses fonctions sur incitation du président. Le Conseil suprême élit également le Conseil des ministres. En pratique, le président est toujours un membre du clan al-Nahyan d'Abou Dabi et le vice-président et premier ministre de la tribu al-Maktoum de Dubaï[19].
110
+
111
+ Le Conseil des ministres, dirigé par le premier ministre, est l'organe exécutif de la fédération. Le premier ministre propose une liste de ministres qui est ratifiée par le président.
112
+
113
+ Les lois sont soumises au Conseil national fédéral constitué de quarante membres venant de chaque émirat. La législation est fondée sur la charia pour les cours fédérales de justice civile, criminelle et la Haute Cour.
114
+
115
+ En 1996, le caractère provisoire de la constitution disparaît lors de son adoption.
116
+
117
+ Autrefois, les gouvernements étaient composés de peu de membres et étaient plus restreints dans leurs actions. La taille du gouvernement correspondait à la taille des peuplements du temps. Le gouvernement attachait une grande importance à la participation et à prendre des décisions au consensus, dans la manière traditionnelle du majlis ou conseil. Au centre du majlis était le débat des questions concernant la communauté. Pendant ce débat chacun pouvait donner son avis et le cheikh en tenait compte dans ses décisions.
118
+ Selon un principe tacite les citoyens avaient le droit de chercher le dialogue avec le cheikh qui tenait régulièrement des majlis pour que les citoyens puissent donner leurs opinions concernant les thèmes actuels dans son émirat. Souvent, le cheikh, alors le souverain d’un émirat, était le chef de la tribu la plus puissante.
119
+ En plus, chacune des tribus avait pareillement un cheikh, qui pouvait pourtant seulement conserver son statut s’il avait le soutien du peuple.
120
+ Toutefois, avec une population croissante, ce système devenait plus impraticable ainsi l’administration gouvernementale est devenue de plus en plus complexe. Tous ces facteurs contribuaient à un changement des moyens à disposition des citoyens pour interagir avec le gouvernement. Aujourd’hui, un grand nombre préfère entrer en contact directement avec les nouvelles institutions, plutôt que de rencontrer le cheikh personnellement.
121
+ Dans plusieurs émirats, le souverain et des membres importants de sa famille continuent à tenir des majlis ouverts. Cette activité est toujours considérée comme une importante parallèle à la participation politique[20],[21].
122
+
123
+ Les Frères musulmans, autrefois influents au sein des institutions du régime, ont été considérés comme une menace pour la stabilité de l’État à partir des années 2000, et ont été la cible d’une répression permanente à partir de 2011. Les EAU combattent également les Frères musulmans à l'étranger, notamment en Égypte et en Tunisie[22].
124
+
125
+ Le Conseil national fédéral (FNC), qui est le conseil consultatif des EAU, comprend 40 membres. Huit membres viennent respectivement d’Abou Dabi et de Dubaï, six de Sharjah et de Ra’s al-Khaimah et quatre d’Ajman, d’Umm al-Qaiwain et de Fujaïrah.
126
+ Depuis février 1972, le FNC a tenu 14 sessions législatives. Pendant ces sessions les membres discutent de projets de loi en relation avec les citoyens et l’économie. En accord avec la Constitution, les projets de loi fédérale doivent être soumis au FNC pour que les membres puissent l'examiner et faire des recommandations. Depuis 2006, vingt des membres du FNC sont élus par un Collège électoral, alors que l’autre moitié est sélectionnée par les souverains respectifs des émirats, comme c’était le cas depuis 1972. Actuellement, le président du FNC est Abdul Aziz Abdullah Al Ghurair, élu en 2006[23],[24].
127
+ Les fonctions du FNC incluent de débattre des amendements de la Constitution et les projets de lois, que le FNC peut approuver, modifier, ou rejeter. De plus, les membres passent en revue les traités et conventions internationales et examinent le projet annuel de budget de la Fédération. En outre, le FNC a la possibilité d’influencer le travail du gouvernement par des discussions et en donnant des recommandations, ainsi qu’en portant plainte. Le FNC a influencé, à diverses reprises, le gouvernement fédéral dans la préparation de nouvelles lois. La majorité des recommandations et des amendements proposés par le FNC a été adoptée par le gouvernement. Le FNC a aussi modifié différents projets de lois initiaux provenant du Cabinet selon les besoins des citoyens représentés par le Conseil[25],[23].
128
+
129
+ Sur le plan socio-économique les EAU se sont développés rapidement. En réponse, des mesures signifiantes ont été lancées pour réformer la structure gouvernementale, avec l'objectif de rendre le gouvernement plus sensible aux besoins de la population[26].
130
+
131
+ La stratégie gouvernementale des EAU a été lancé en 2007. Selon Mohammed bin Rashid, cette stratégie « établit les bases d’une ère nouvelle pour l’administration publique ». L’objet principal de la stratégie gouvernementale des EAU est de créer des synergies entre les gouvernements fédéraux et locaux. En outre, d’autres buts de la stratégie incluent d’élever la qualité des services que les organes gouvernementaux offrent aux citoyens, ainsi qu’une modernisation de la législation existante. Par ailleurs, la stratégie vise à revitaliser la capacité de réglementation, d’améliorer les mécanismes décisionnels des ministères et la qualité des services fournis aux citoyens, ainsi qu’augmenter l’efficacité des organes gouvernementaux et de moderniser la législation existante[27],[28].
132
+
133
+ Les premières élections indirectes pour le parlement du pays, le Conseil national fédéral (FNC), ont eu lieu en décembre 2006. Cette mesure a été prise dans le cadre du processus de réforme dans le but d’améliorer la participation du grand public au système politique. Ce développement correspond au programme national annoncé par le Président l’année précédente. Ce programme stipulait que la moitié des membres du FNC serait élue et l’autre moitié désignée pour rendre le Conseil plus dynamique, ainsi que permettant plus de participation et interaction des citoyens avec le Conseil. Envisageant un élargissement du rôle du FNC, le Président déclarait : » […] Le FNC devra jouer en l’avenir un rôle plus important et devra pour cela être doté des pouvoirs qui lui permettront d’apporter un soutien substantiel à la branche exécutive du gouvernement […] Ce but sera atteint par la mise en place d’un processus plus participatif et la consolidation des principes de la Shura (consultation)»[24],[29],[27].
134
+
135
+ En décembre 2005, le président Khalifa recommandait d’amplifier le rôle du FNC, avec l’objectif de renforcer la participation et «… la primauté du droit et la régularité des procédures, la capacité à rendre des comptes, la transparence et l’égalité des chances… ».
136
+ Le processus de modernisation politique suivant cette décision serait organisé en trois étapes. Au cours de la première phase du plan, le plus grand changement était la prévision que la moitié des membres du FNC seraient élus par un Collège électoral. En outre, les pouvoirs du FNC seraient élargis et le nombre de ses membres augmenté et après des études approfondies, éventuellement une modification de la Constitution pourrait suivre, pour augmenter les pouvoirs de l’institution. Troisièmement on procéderait à une élection ouverte de la moitié des membres du Conseil.
137
+ La première phase de ce changement politique consistait de la fondation du Collège électoral. La création du Collège électoral a prévu que chaque émirat désignait un conseil qui comprend au moins 100 fois le nombre de sièges auquel il avait droit au FNC. Cela signifie que les émirats d’Abou Dhabi et de Dubaï, qui ont droit à huit sièges respectivement, pouvaient désigner au moins 800 électeurs pour former leur collège électoral, tandis que Sharjah et Ra’s al-Khaimah, avec six sièges, pouvaient désigner au moins 600 membres et Umm al-Qaiwain, Ajman et Fujaïrah, avec quatre sièges, au moins 400. Ensuite les représentants ont élu la moitié des membres du FNC pour leur émirat, alors que le souverain désignait l’autre moitié. Ces élections indirectes ont eu pour résultat que de nouvelles personnes sont apparues sur la scène politique. En plus, pour la première fois dans l’histoire des EAU, il a été possible d’établir une culture basée sur des élections, grâce à ces réformes[30],[29].
138
+
139
+ Le pouvoir judiciaire fédéral comprend la Cour suprême fédérale et les tribunaux de première instance. La constitution confère indépendance au pouvoir judiciaire fédéral. La Cour suprême fédérale est composée de cinq juges qui sont nommés par le Conseil suprême[31]. Cette cour a le pouvoir de confirmer ou d'infirmer les décisions prises en première instance.
140
+
141
+ Les tribunaux chariatiques jugent les affaires concernant les questions de statut personnel des Musulmans[32]. Cependant dans certains émirats, ils peuvent traiter d'affaires criminelles (surtout dans le cas du trafic de drogues) ou encore de problèmes commerciaux.
142
+
143
+ Les émirats Ras el Khaïmah et Dubaï ont refusé d'intégrer le système de justice fédéral et possèdent leur propres cours d'appel[32].
144
+
145
+ La peine de mort est en vigueur et peut sanctionner : homicide, viol, haute trahison, terrorisme, vol aggravé, apostasie, adultère, homosexualité et trafic de drogue[33]. Les méthodes d'exécution sont la fusillade et la lapidation. La torture est courante dans les pénitenciers et les commissariats[34],[35].
146
+
147
+ Le pays est classé 118e en termes de liberté de la presse par Reporters sans frontières[36]. L’article 32 de la loi sur la presse à Abou Dhabi punit d'une amende d'un million d'euros toutes critiques envers un membre du gouvernement ou de la famille royale[37].
148
+
149
+ Les immigrés sont dans une situation juridique précaire et ces droits sont régulièrement bafoués : trafic d’êtres humains, exploitation économiques, violences policières, racisme et discriminations salariales[38].
150
+
151
+ Selon Human Rights Watch, les femmes sont victimes de discrimination : leurs droits sont limités par rapport aux hommes dans les questions de mariage, de divorce, d'héritage et de garde des enfants. « Le code pénal donne aux hommes le droit de discipliner leurs femmes et leurs enfants, y compris en usant de la violence physique. La Cour suprême fédérale a confirmé le droit d'un mari de « réprimander » sa femme et ses enfants par la force physique »[39]
152
+
153
+ Le climat libéral des EAU envers la coopération internationale, l’investissement et la modernisation ont permis au pays d’avoir d’excellentes relations diplomatiques et commerciales avec d’autres pays. Les Émirats jouent un rôle important au sein de l’OPEC, des Nations unies et comptent parmi les membres fondateurs du Conseil de coopération du Golfe. Sur le plan régional, ils sont très proches des autres pays du Golfe et du monde arabe, en particulier avec l'Égypte et investissent plus que n’importe quel autre pays arabe[40].
154
+
155
+ Les EAU ont également fourni une aide financière importante au Pakistan, avec lequel ils ont toujours eu de bonnes relations diplomatiques. Le Pakistan fut le premier pays à reconnaître la fédération de manière officielle lors de sa formation et est devenu aujourd’hui un partenaire commercial et économique important. Environ 400 000 expatriés d’origine pakistanaise sont actuellement employés à Dubaï[41],[42]. La forte communauté d’expatriés d’origine indienne aux EAU s’est également bien intégrée et représente aujourd’hui la plus forte minorité étrangère résident aux É.A.U[43].
156
+
157
+ Les Émirats arabes unis et l’Iran se disputent la souveraineté de plusieurs îlots dans le Golfe persique mais cela n’a pas eu d’impact sévère sur les relations diplomatiques entre les deux pays. En effet, il y a un nombre significatif d’Iraniens à Dubaï et les deux pays coopèrent sur le plan économique[44].
158
+
159
+ À la suite de l’invasion du Koweït par l'Irak en 1990 (cf. Guerre du Golfe), les Émirats arabes unis ont entretenu de bonnes relations avec ses alliés occidentaux dans le domaine militaire. Ils ont coopéré avec les forces occidentales afin de libérer le Koweït et ont signé des traités de défense et de coopération militaire avec la France et les États-Unis, lesquels lui ont fourni aide et matériel militaires[45]. Récemment, un traité de défense militaire a été signé dans lequel la France s’engage à protéger les EAU en cas d’atteinte à leur souveraineté nationale. Les Français ont également ouvert une base militaire dans la capitale des Émirats et les deux pays ont signé un accord nucléaire civil. Ce dernier a pour but de forger une coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire civile. Les Émirats arabes unis ont un accord similaire avec les États-Unis qui leur permet de recevoir l’expertise américaine en matière d’énergie nucléaire[46].
160
+ Au niveau commercial, ce sont le Royaume-Uni et l’Allemagne qui représentent les plus gros marchés d’exportation pour les Émirats. Les relations bilatérales entre les EAU et le Royaume-Uni d’une part, et entre les EAU et l’Allemagne d’autre part, sont très bonnes grâce au commerce et aux communautés d’expatriés anglais et allemands vivant aux É.A.U[47].
161
+
162
+ Les relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis et le Japon ont commencé dès la création de la fédération en décembre 1971[48]. Les deux pays ont toujours eu de bonnes relations diplomatiques et commerciales ; les produits les plus exportés par les Émirats au Japon sont le pétrole et le gaz naturel tandis que le Japon exporte des voitures et des appareils électriques aux É.A.U[48].
163
+
164
+ Les Émirats arabes unis participent en 2011 à la guerre dirigée par l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) contre le Libye. Les forces spéciales émiriennes ont soutenu certaines milices rebelles et les F-16 émiriens ont bombardé les soldats libyens[22].
165
+
166
+ En juin 2017, les Émirats arabes unis s'alignent sur la politique extérieure de l'Arabie saoudite et rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Les ressortissants qataris sont par ailleurs expulsés des É.A.U[49]. Manifester de la sympathie pour le Qatar sur Internet est assimilé à de la cybercriminalité et puni de trois à quinze ans de prison[50].
167
+
168
+ En février 2019, Les Émirats arabes unis annonce que, en septembre 2019, ils vont envoyer pour la première fois des astronautes emiratis dans l'espace[51]. Les deux citoyens de l'EAU, Hazza al-Mansoori et Sultan al-Neyadi, choisis en septembre 2019 par le Premier ministre le cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, feront partie d'une mission spatiale russe utilisant le lanceur Soyouz MS-15[52]. Ils resteront huit jours dans la station spatiale internationale[53].
169
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170
+ Chef de file de l'isolement diplomatique du Qatar avec l'Arabie saoudite en juin 2017, les Émirats arabes unis sont une puissance méconnue du Moyen-Orient, menant une politique étrangère interventionniste, pour ne pas dire belliqueuse, dans plusieurs pays de la région[54]. En raison de leur petite taille (83 600 kilomètre carrés, l'équivalent de l'Autriche), il s'agit de prime abord d'un leadership « par l'arrière »[55], pour reprendre un terme de l'administration Barack Obama (2009-2017), qui signifie un retrait américain derrière les puissances régionales. Toutefois, dans le cas émirati, la tendance s'inverse.
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+ Le prince héritier, Mohammed ben Zayed Al Nahyane, homme fort du régime depuis 2014, lorsque son frère et président de la fédération, Khalifa ben Zayed Al Nahyane, a été victime d'un accident vasculaire cérébral, représente une nouvelle génération de dirigeants du Golfe. Il est présenté en modèle pour son homologue saoudien, Mohammed ben Salmane. Tous deux croient en l'utilisation de l'outil militaire pour régler des questions politiques dans le monde arabe — desquelles ils excluent par principe les Frères musulmans — et dans la guerre par procuration qu'ils livrent à l'Iran sur plusieurs terrains : Liban, Libye, Irak, Syrie, Afghanistan, Pakistan, et surtout Yémen depuis le déclenchement, en mars 2015, de l'opération « Tempête décisive ». Le recours aux sanctions unilatérales est aussi privilégié, comme l'a montré la crise avec le Qatar[56]. Chaque fois, derrière la voix saoudienne, se retrouve l'influence de Mohammed ben Zayed Al Nahyane dans l'escalade, qu'elle soit économique ou militaire.
173
+
174
+ Cela ne signifie pas pour autant que la construction d'un Complexe militaro-industriel aux Émirats arabes unis est apparue avec le prince héritier[57]. Cependant, auparavant, il s'agissait seulement de soutenir les interventions américaines (Afghanistan, Irak). Ce qui est nouveau, c'est la prise d'autonomie dans la décision politique du déclenchement d'une opération et dans la conduite de la guerre. Les résultats sont contrastés avec l'enlisement militaire au Yémen. De même, le blocus contre le Qatar[58] n'a pas abouti à une capitulation de Doha, et l'alignement entre Riyad, Tel-Aviv et Abou Dabi pourrait même compliquer les relations économiques avec Téhéran à l'heure de l'ouverture du marché iranien.
175
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176
+ Le risque du basculement vers le tout sécuritaire dans la politique étrangère d'Abou Dabi pourrait mettre en péril le modèle du tout économique de Dubaï. Alors que la population du pays est de 9,5 millions d'habitants (2017), dont 11 % de nationaux, les Émirats arabes unis sont le troisième importateur d'armes au monde sur la période 2012-2016[59]. L'expansion militaire pourrait néanmoins se heurter aux puissances de la région : l'Iran, mais aussi l'Arabie saoudite qui verrait mal l'émancipation de son partenaire vers une plus grande indépendance diplomatique et militaire.
177
+
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+ En juin 2020, le journaliste Henri Fourcadis dans son blog de Mediapart affirme que le prince héritier d'Abou Dabi Mohammed ben Zayed Al Nahyane a, depuis la rupture des liens avec le Qatar en 2017, travaillé pour renforcer les liens avec la France par une communication agressive d'influence en achetant des journalistes. Selon Fourcadis, les Émirats arabes unis visent les journalistes et influenceurs français bien établis dans les médias pour diffuser la pensée de leurs dirigeants, brosser un bon portrait du pays et défendre sa politique contre ses ennemis du Moyen-Orient. Selon l'auteur du blog, le prince héritier MbZ a également cherché à s'immiscer dans l'islam de France[60].
179
+
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+ L'économie des Émirats arabes unis, dont la balance commerciale est largement excédentaire, est étroitement liée à l’industrie du pétrole et du gaz naturel qui représentent 25 % du PIB en 2012[61]. En 2005, les Émirats arabes unis étaient le troisième producteur de pétrole dans le golfe Persique après l'Arabie saoudite et l'Iran. Ensuite, les Emirats ont pris la quatrième place au palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite et l'Irak et l'Iran.
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+
182
+ En 2013, le commerce extérieur émirati s'est largement diversifié, le secteur manufacturier d'une valeur de 82,5 milliards de dollars (21,7 %)[62] est désormais le plus important de la région et les produits combustibles (produits pétroliers et gaziers) ne pèsent plus que pour 34 % (129,1 milliards de dollars)[62] des exportations commerciales.
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+ Depuis 1971, les Émirats arabes unis sont passés d'un niveau de vie très bas au quatrième PIB par habitant au niveau mondial (43 400 US$ en 2005). Le PIB des EAU, aux prix courants, est passé de 624 milliards de dirhams en 2006 à 729,73 milliards de dirhams en 2007. En 2007, le taux de croissance a atteint un chiffre de 5,25 % contre 11,5 % en 2006. Dans le même temps ; le PIB nominal a augmenté de 16,8 % en 2007, contre 28,7 % en 2006 et 25,6 % en 2005. Malgré la récente stabilisation de la croissance économique, le pays demeure parmi les économies mondiales connaissant la plus forte expansion. Ceci est en partie dû à la valeur des secteurs pétrolier et gazier qui ont enregistré une hausse de 18,2 % en 2007 avec l'augmentation du prix du pétrole.
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+
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+ Ces dernières années, du fait de l’épuisement prévu des réserves pétrolières, le gouvernement a cherché à diversifier ses sources de revenus et à diminuer sa dépendance à l'égard du secteur des énergies fossiles. Cette diversification se caractérise notamment par le développement de l’industrie touristique centrée sur les côtes, le désert ou encore les complexes sportifs. La performance du secteur non pétrolier a atteint une valeur de 467,9 milliards de dirhams, soit 64,1 % du PIB global.
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+
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+ On doit cette croissance économique à divers facteurs clés, dont un développement sans précédent dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (25,6 %) et à une croissance significative des industries manufacturières (19,8 %), de l'immobilier (16,9 %), du secteur financier (11,5 %), des transports et des communications (8,3 %) et du tourisme dont le taux de croissance s'est maintenu à 6,4 %.
189
+
190
+ Le succès touristique des Émirats arabes unis ainsi que d’autres facteurs (prix modérés des biens de consommation, températures élevées durant toute l'année, projets touristiques immenses, etc.) lui donne le surnom de Singapour ou Hong Kong du Moyen-Orient[réf. nécessaire]. Par égard à la totale sécurité des biens et des personnes ainsi qu’au volume des opérations financières, c'est parfois le surnom de Suisse du Moyen-Orient qui est attribué[réf. nécessaire]. Des projets tels que les Résidences de Jumeirah Beach, l'un des plus grands ensembles immobiliers du monde ; Palm Jumeirah, une vaste île artificielle ; l'aéroport international Al Maktoum ; Burj Khalifa (la tour la plus haute du monde) ; la mosquée Cheikh Zayed ainsi que d'autres projets en cours tels que l'île de Saadiyat, de Palm Jebel Ali et de Dubaïland sont le signe d'une évolution très rapide du pays.
191
+
192
+ En 2020, la Pandémie de Covid-19 a eu un lourd tribut sur l'économie des Émirats arabes unis, qui dépendait fortement des travailleurs étrangers à bas salaires. Un rapport publié par Reuters en juillet 2020 a souligné que les travailleurs migrants, en particulier à Dubaï, Abou Dabi et Charjah, attendaient du travail et étaient payés au milieu du coronavirus. Des centaines de milliers de personnes ont quitté le pays, beaucoup se sont endettées et plusieurs d'entre elles se sont retrouvées sans nourriture. Aucun organisme de bienfaisance dans le pays n'a été trouvé pour aider ces travailleurs.[63]
193
+
194
+ Les gouvernements fédéral et locaux ont récemment publié des documents de planification stratégique, détaillant les mesures de développement qui vont être prises par les EAU au cours des prochaines années[64]. Ces plans visent à stimuler la croissance économique et à renforcer la compétitivité de l'économie nationale.
195
+
196
+ En mai 2008, le Conseil pour le développement économique d'Abou Dabi (ADCED) a publié son plan stratégique pour la période 2008-2012. Selon ce plan, l'émirat adoptera des politiques économiques plus libérales, renforcera ses infrastructures industrielles et apportera un plus grand soutien aux petites et moyennes entreprises pour leur permettre de jouer un rôle plus dynamique dans le développement de l'émirat. L'émirat veut également attirer davantage d'investissements étrangers et utiliser les gains générés par l'exploitation des hydrocarbures pour établir de nouvelles industries.
197
+
198
+ Contrairement au plan stratégique d'Abou Dabi, celui de Dubaï minimise l'importance des revenus pétroliers. À l'horizon 2015, le plan se fixe pour objectif de maintenir la croissance réelle de l'économie à un taux de 11 % par an, de manière à atteindre un PIB de 108 milliards de dollars en 2015 et de porter le PIB par habitant à 44 000 dollars.
199
+
200
+ Les EAU continuent à consacrer des milliards de dollars à des projets d’infrastructure. Ils représentent le plus grand marché de projets de la région, soit 37 % de la valeur totale des projets dans les domaines du bâtiment, du pétrole et du gaz, de la pétrochimie, de l’électricité et de l’eau, ainsi que du traitement des déchets. Au cours des 12 derniers mois[Quand ?], d’énormes sommes ont été injectées dans l’immobilier, le tourisme et les loisirs. Des aménagements tels que Masdar City et l’île de Saadiyat à Abou Dabi transforment la capitale en un marché émergent.
201
+
202
+ Mais c’est plus particulièrement Dubaï, l’émirat voisin, qui est renommé pour l’exécution de projets innovants avec des projets tels que The Palm et The World. Le promoteur Nakheel, division de Dubai World, est chargé de la plupart de ces aménagements offshore. La construction a commencé en 2001 avec l’île de Palm Jumeirah. Aujourd’hui, plus de 2 000 logements sont occupés et les travaux se poursuivent sur l’île. La construction de Palm Jebel Ali a commencé en 2002. Deux fois plus grand que Palm Jumeirah, ce projet devrait accueillir 1,7 million de personnes d’ici 2020. Le projet de Palm Deira, annoncé en 2004, aura cinq fois la taille de Palm Jebel Ali, ce qui en fera la plus grande île artificielle du monde.
203
+
204
+ Les trois îles artificielles ainsi que d’autres projets tels que The World, Dubaï Waterfront et l’Arabian Canal conçus par Nakheel auront la capacité de loger 3 millions de personnes. Dubai World Central, un chantier de 140 km2 actuellement sous construction à côté de Jebel Ali créera plus de 900 000 postes et abritera l’aéroport international d’Al Maktoum, qui sera le plus grand aéroport du monde en 2020. Le Burj Dubai, conçu par le promoteur immobilier Emaar Properties est la plus haute tour du monde et culmine à 828 mètres. Le projet Dubailand a également été inauguré ; le complexe de 279 km2) représente les différents continents de la planète et représente un coût total de 235 milliards de Dirhams (64 milliards de dollars). Plusieurs des îles ont déjà été achetées par des célébrités telles que Richard Branson ou encore Michael Schumacher.
205
+
206
+ Cependant, les gouvernements des émirats du nord suivent de près les efforts de leur voisin prodige et encouragent les promoteurs immobiliers à construire des propriétés aussi bien commerciales que privées[65]. De plus, le président des Émirats arabes unis le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane a consacré 16 milliards de dirhams (4,4 milliards de dollars) à des projets d’infrastructure dans les émirats du nord. Cette somme sera utilisée pour financer la construction de routes, de nouveaux quartiers résidentiels, des systèmes d’égouts et d’autres projets pour pallier les besoins en infrastructure de ces régions[66].
207
+
208
+ Il y a plusieurs ports dans le pays. Les plus importants sont les suivants : le port de Jebel Ali, le port Rashid, le port Khalid, le port Saeed (en), le port Khor Fakkan, et le port Zayed[67].
209
+
210
+ Le Terminal 3 à DXB est l’un des plus grands bâtiments du monde pour ce qui est de la surface au sol[68] et a augmenté la capacité totale de l’aéroport de 60 millions de passagers. Il existe beaucoup d’autres aéroports à travers le pays. Mais l’aéroport international de Dubaï (DXB) est l’aéroport principal du pays. En 2008, celui-ci était le 20e aéroport au monde en nombre de passagers et le 11e aéroport au monde en nombre de mouvements de cargos. L’aéroport de Dubaï est également l’un des plus fréquentés par les passagers internationaux[69].
211
+ Les autres aéroports importants sont l’aéroport international d'Abou Dabi, l’aéroport international de Charjah et l’aéroport international d’Al Ain. On trouve par ailleurs des aéroports dans quelques petites villes ainsi que des pistes d’atterrissage à usage domestique dans les régions rurales de l’ouest du pays.
212
+
213
+ Les Émirats arabes unis possèdent un système d’autoroutes reliant toutes les villes principales des différents émirats. Les calculs les plus récents datent de 1998, mais déjà à cette date, on mesurait 1 088 km d’autoroutes aux EAU, qui se joignent ensuite au vaste système routier du Golfe jusqu’en Arabie saoudite. Les routes dans les régions du sud et de l’ouest sont beaucoup moins développées et sont considérées comme étant dangereuses. C’est pourquoi l’usage de l’avion comme mode de transport est devenu une habitude pour les Émiriens.
214
+
215
+ Il y a des vols quotidiens entre l’est et l’ouest des EAU, pratiques pour ceux qui souhaitent se rendre à Bani Yas[70] par exemple.
216
+
217
+ Les EAU possèdent la plus grande compagnie aérienne au Moyen-Orient : Emirates. Son hub est l’aéroport international de Dubaï et elle dessert plus de 100 destinations et 6 continents. Emirates est la compagnie aérienne qui a transporté le plus de passagers internationaux dans le monde[71].
218
+
219
+ Etihad Airways, la compagnie aérienne nationale des É.A.U, est également en plein essor avec plus de 200 avions en cours d’acquisition.
220
+
221
+ La première ligne du métro de Dubaï est inaugurée en septembre 2009 et permet de se rendre d’un bout à l’autre de la ville beaucoup plus rapidement qu’en voiture. Le projet, qui a coûté 15,5 milliards de dirhams (4,2 milliards de dollars) comprend un viaduc de 52 km qui parcourt le long de la route Sheikh Zayed entre Al Rashidiya et Jebel Ali ; elle est prolongée entre 2010 et 2013 et se voit adjoindre dix-huit nouvelles stations. La ligne de métro doit permettre à environ 27 000 passagers par heure de se rendre d’un bout à l’autre de la ville dans 62 trains[72]. Une seconde ligne ouvre en 2011 avant d’être prolongée en 2014 ; elle relie Al Qusais à Dubai Healthcare City.
222
+
223
+ Abou Dabi prépare également un projet pour la construction d’un métro et d’un service ferroviaire national qui relierait toutes les grandes villes. Ceci permettra également de voyager par train vers d’autres pays du golfe[73]. Toutefois, le projet est suspendu sine die en mars 2016.
224
+
225
+ Dépourvus jusqu'ici d'un réseau ferroviaire interurbain, les émirats sont particulièrement impliqués dans le projet de la Gulf Railway, une ligne ferroviaire longeant les côtes occidentales du golfe Persique et impliquant les cinq autres États du Conseil de coopération du Golfe. Cette ligne qui devrait être mise en service en 2017, appelle à relier entre elles les capitales et autres villes importantes de la région, de Koweït (depuis la frontière irako-koweïtienne) à Mascate, en passant par Dammam, Manama (via la chaussée du roi Fahd), Doha, Abou Dhabi, Dubaï, ainsi que la plupart des autres capitales émiriennes (sauf Oumm al Qaïwaïn et Ras el Khaïmah). Cette liaison étant susceptible d'être prolongée vers le port omanais de Salalah[74].
226
+
227
+ Les Émirats arabes unis ont l’intention de construire 68 barrages rechargeables dans les 5 prochaines années qui viendront s’ajouter aux 114 barrages déjà existants afin de pallier les besoins croissants de la population en énergie. Les Émirats arabes unis sont également sur le point de développer un programme nucléaire pacifique afin de générer davantage d’électricité. Les EAU ont signé un accord pour le développement des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire avec la France, les États-Unis, et la Corée du Sud, ainsi qu’un accord avec le Royaume-Uni[75].
228
+
229
+ La Federal Electricity and Water Authority (Fewa) est l’agence qui gère l’ensemble des services d’eau et d’électricité dans le pays. Chaque émirat possède également sa propre agence, telles qu'Abou Dhabi Water and Electricity Authority (Adwea), Dubai Water and Electricity Authority (Dewa) et Sharjah Water and Electricity Authority (Sewa), qui supervisent la distribution d’eau et d’électricité dans leur émirat.
230
+
231
+ Deux opérateurs téléphoniques s'affrontent actuellement aux Émirats arabes unis : Etisalat et DU. Etisalat détenait le monopole des télécommunications jusqu’à l’arrivée des services de téléphonie mobile sur le marché en février 2007. Etisalat domine avec 74 % du marché, mais DU gagne du terrain et tend à s’imposer comme un important concurrent. Entre 2002 et 2007, le nombre d’abonnés de téléphone mobile aux EAU a augmenté en moyenne de 25,6 %, presque quatre fois plus vite que le taux de population. Les prévisions indiquent que le marché de la téléphonie mobile aux EAU sera en plein essor et passera de 7,7 millions d’abonnés en 2007 à 9,2 millions en 2008 et à 11,9 millions en 2012[76]. La connexion Internet à haute vitesse est largement répandue dans le pays et il y a environ 2,4 utilisateurs par abonnement Internet. Les prévisions de la Telecommunications Regulatory Authority (agence pour la régulation des télécommunications) indiquent que, au cours des prochaines années, la croissance du nombre d’utilisateurs et d’abonnés se doublera d’une baisse du nombre d’utilisateurs par abonnement : selon les prévisions, le nombre d’abonnés devrait augmenter et passer de 0,904 million en 2007 à 1,15 million en 2008, 1,44 million en 2009 et 2,66 millions en 2012[77]. L’utilisation d’Internet est très étendue ; en 2007, on trouvait déjà 1,7 million d’utilisateurs (InternetWorldStats.com). Selon Reporters sans frontières, les autorités filtrent les sites dont le contenu pourrait être nuisible aux citoyens, en particulier les sites pornographiques ou dont le contenu est particulièrement offensif aux mœurs et croyances émiriennes[78].
232
+
233
+ En 2013, le marché de l'assurance des Émirats arabes unis réalise un chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars américains. 62 % de ce chiffre provient des compagnies nationales. En 2014, le volume de primes souscrites progresse de 13,6 %[79].
234
+
235
+ D'après l'institut officiel de statistique, les Émirats arabes unis comptaient 8 264 070 habitants en 2010 dont 7 316 073 étrangers, soit 88,5 % de la population[80].
236
+
237
+ La moitié de la population des émirats est originaire du sous-continent indien (Inde, Pakistan, Maldives, etc.), le reste provenant des pays arabes, d'Iran et d'Asie du Sud-Est (Malaisie, Indonésie, etc.).
238
+
239
+ Les Émirats arabes unis possèdent l'un des taux d'immigration les plus élevés au monde[81]. Leur population a ainsi doublé entre 2005 et 2010[80].
240
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241
+ En 2007, on recense près de 700 000 travailleurs immigrés à Dubaï[82].
242
+
243
+ En 2015, la population immigrée est estimée à 88,4 % de la population totale des Émirats arabes unis selon l'organisation internationale pour les migrations. Le tableau ci-dessous reprend les principales nationalités présentes aux Émirats arabes unis. Celui-ci n'est pas exhaustif car les statistiques de l'O.I.M ne disposent pas de tous les chiffres concernant les Émirats arabes unis. Ainsi la communauté iranienne*[Quoi ?] (estimée entre 400 000 et 500 000 personnes), chinoise* (estimée à 200 000 personnes), palestinienne* (estimée à 150 000 personnes), sud-africaine* (estimée à 100 000 personnes) et irakienne* (estimée à 52 000 personnes) pour ne citer que les principales, ne sont pas repris dans ce tableau.
244
+
245
+ Source : https://www.iom.int/fr/la-migration-dans-le-monde
246
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247
+ Les plus grandes agglomérations émiriennes sont en 2010 celles de :
248
+
249
+ Selon le recensement le plus récent du ministère de l'Économie, celui de 2005, 76 % de la population serait musulmane (85 % de sunnites et 15 % de chiites), 9 % chrétienne et 15 % autre dont les hindous et 5 % bouddhistes[83]. Ce recensement ne prend pas en compte les personnes jugées temporaires et compte les baha'is et les druzes comme des musulmans[83]. Le Malékisme est l'école de jurisprudence la plus répandue aux Émirats arabes unis.
250
+
251
+ Même si l’islam est la religion d’État, le gouvernement se montre tolérant envers les autres appartenances religieuses et autorise la pratique d’autres religions que l’islam[84]. Il y a 31 églises à travers le pays et un temple hindou à Bur Dubai[85].
252
+
253
+ Depuis la création des sept émirats en 1971, du fait de l’immigration massive en provenance d’Asie, les religions se sont multipliées. Ainsi, en plus des sikhs, des chrétiens et des hindous, on trouve des zoroastriens, des bouddhistes et des baha'is.
254
+
255
+ L'arabe est la langue officielle du pays, mais, pour des raisons économiques et commerciales, l'anglais occupe une place importante, notamment dans le monde des affaires et du tourisme. L'hindi, l'ourdou, le farsi sont aussi présents du fait de la population immigrée.
256
+
257
+ Les Émirats arabes unis sont un membre observateur de l'Organisation internationale de la francophonie.
258
+
259
+ Le système d'enseignement émirien n'est gratuit que pour les locaux (émiratis) et universel pour tous, de la maternelle à l'université[86]. Géré par le ministère de l'Éducation nationale, il est financé par l'État. Le programme scolaire est en harmonie avec les principes et le projet de développement des EAU. Les cours sont donnés dans la langue officielle, l'arabe, et, dans la première langue étrangère du pays, l'anglais. Un secteur privé coexiste avec ce dispositif public.
260
+
261
+ Le système d'enseignement supérieur dépend du ministère de l'Enseignement supérieur ; les plus importantes universités sont les suivantes : l'Université d'Abou Dabi, l'Université Zayed, Le Collège de médecine du Golfe et les Higher Colleges of Technology. Les femmes constituent plus de 70 % des étudiants de l'éducation supérieure[87].
262
+
263
+ Les établissements privés sont également nombreux et comprennent l'Université de Sharjah, l'Université de Wollogong à Dubaï, l'Université américaine de Sharjah, l'Université américaine de Dubaï, l'Institute of Management Technology à Dubaï et l'Université des Sciences et des Technologies d'Al Ain. De nombreuses universités étrangères ont construit un campus aux EAU, comme Paris IV, dont un campus (Sorbonne-Abou Dabi) se trouve à Abou Dabi. En outre, l'institut BITS, Pilani s'est établi en 2000 à Dubaï. L'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est également en train d'implémenter un campus à Ras el Khaïmah.
264
+
265
+ Les EAU ont une culture très diverse, enrichie par l’arrivée de populations immigrées venant d’abord de l’Iran au début du XXe siècle, puis d’Inde, Pakistan et du Bangladesh dans les années 1960. En dépit de la diversité de la population, il y a eu peu de tensions ethniques entre les différents groupes de population.
266
+
267
+ La culture émirienne est fondée sur les principes de l’Islam et de la culture traditionnelle arabe et bédouine. L’influence arabe est présente dans l’architecture, la musique, la cuisine et le mode de vie des Émiriens[88]. Les musulmans sont conviés à faire la prière cinq fois par jour par le muezzin, qui les appelle du haut du minaret dans les mosquées. Le weekend commence le vendredi, jour saint pour les musulmans.
268
+
269
+ Deux jours fériés importants aux Émirats arabes unis sont les jours où l’on fête l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du Ramadan, et la journée nationale qui a lieu le 2 décembre et qui commémore la formation du pays[89]. Étant donné son caractère cosmopolite, les Émirats arabes unis ont une culture diverse et vibrante.
270
+
271
+ Le développement socio-économique sans précédent dont le Golfe Persique a joui a contribué à libéraliser les Émirats arabes unis. Tandis que l’islam reste la religion la plus importante, ainsi que celle de l’État, les autres religions sont respectées et tolérées. On trouve d’ailleurs des églises, des temples hindous et des synagogues à côté des mosquées. Le pays abrite de nombreuses populations qui ont fui la persécution dans leur pays d’origine. L’aspect cosmopolite de Dubaï, en particulier, est de plus en plus évident et il n’est pas rare de trouver des centres culturels asiatiques, des écoles européennes et de nombreux restaurants spécialisés dans la cuisine étrangère.
272
+
273
+ Les Émirats, qui jouissent déjà d’une solide réputation sur la scène sportive internationale, accueillent de nombreuses rencontres de premier plan dans des disciplines sportives très diverses, allant de l'hippisme à la course automobile en passant par le golf, le tennis, le football, le rugby, le cricket, la voile, les courses de hors-bord et presque tous les autres sports de compétition.
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+ En dehors des événements du circuit international, les EAU bénéficient d’un excellent environnement sportif local, de nombreux Émiriens adhérant à des clubs et établissements divers. Les sept émirats se rencontrent régulièrement lors des matches de championnats nationaux organisés dans diverses disciplines, sous la tutelle d’instances dirigeantes spécialisées. Grâce aux installations sportives de grande qualité que possède le pays (en intérieur comme en extérieur) et au climat favorable, les activités se poursuivent pendant l’hiver.
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+ Le sport joue un rôle de plus en plus important dans les efforts déployés par les EAU pour développer le secteur du tourisme. La plupart des hôtels offrent déjà d’excellentes installations, mais on est en train d’en rénover un grand bon nombre et d’en aménager de nouvelles. Les terrains de golf très bien entretenus et les installations équestres de classe internationale ne sont que deux des éléments qui attirent les visiteurs en grand nombre.
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+ Bordants le golfe persique à l’ouest et baignés par l’océan Indien à l’est, les EAU sont un lieu de prédilection pour les amateurs de sports nautiques. Les émirats de la côte du Golfe sont dotés de longues plages de sable, où l’on peut pratiquer des sports tels que la voile, le jet-ski, le surf, la natation ou encore le kitesurf. Le snorkelling et la plongée sous-marine sont également des passe-temps très populaires : sur la Côte Est des Émirats, on peut admirer toutes sortes de poissons exotiques ainsi que des récifs coralliens. Parmi les sites favoris des plongeurs figurent la fameuse « Snoopy Island » et la zone située au nord de Dibba.
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+ Résidents et visiteurs peuvent profiter des nombreux parcs et terrains de loisirs du pays, où sont organisés des matches de football, de basket et de cricket, tandis que les zones désertiques et montagneuses voisines des grandes villes offrent un cadre idéal pour des activités plus aventureuses. Il serait très difficile de dire quel sport n’est pas pratiqué aux Émirats, car de nouveaux clubs, centres ou associations se créent constamment dans la région[90].
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+ La législation des EAU concernant l'usage d'internet est l'une des plus coercitives au monde[91]. Certaines fonctionnalités de téléphonie par Internet (VoIP) d’applications comme Snapchat, WhatsApp et Viber sont inaccessibles en raison d’un blocage gouvernemental. L'usage des réseaux privés virtuels (VPN) est interdit encourent une peine de prison ainsi qu'une amende située entre 120 000 et 490 000 euros[92].
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+
285
+ Dubaï est depuis quelques années une destination connue des amateurs et professionnels de golf, avec une douzaine de parcours. Depuis 1989, Dubaï organise le Dubaï Désert Classic, premier tournoi de golf au Moyen-Orient. De nombreux joueurs internationaux participent à ce tournoi, qui fait partie du Tour européen PGA depuis sa création en 1989, Ernie Els a gagné le tournoi trois fois. Ce tournoi a généralement lieu à l’Emirates Golf Club[93]. Depuis 2009, le Dubai World Championship est la dernière étape de la Race To Dubai du Tour européen PGA.
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287
+ Les courses de dromadaires sont un sport traditionnel important aux Émirats arabes unis, qui trouve son origine dans les déserts de la péninsule Arabique, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les dromadaires ont toujours joué un rôle essentiel dans la vie des Bédouins, leur offrant transport, nourriture et bien davantage. En effet, les dromadaires ont depuis longtemps été utilisés pour les compétitions, les festivals et les célébrations importantes. Des courses étaient organisées lors de ces événements entre les différents propriétaires. Malgré l’avènement de la technologie et de la modernité, les dromadaires ont gardé un rôle symbolique important dans la culture des Émirats arabes unis.
288
+ Des courses de dromadaires sont organisées tous les ans, financées entièrement par le gouvernement. Elles ont lieu d’octobre à avril les jeudi, vendredi et samedi, et l’entrée est libre. Il est interdit de parier sur les dromadaires, car cela est contraire aux croyances musulmanes. Cependant, les gagnants reçoivent de généreuses sommes d’argent, le prix le plus convoité étant la King’s Cup à Dubaï[94].
289
+
290
+ En 1985, les Émirats arabes unis ont rejoint la Fédération Équestre Internationale (FEI), puis ont formé leur propre fédération en 1992 : la UAE Equestrian and Racing Federation. Depuis, de nombreuses courses équestres ont lieu aux Émirats arabes unis tous les ans, qui ont propulsé le pays sur la scène équestre internationale. Les habitants des Émirats arabes unis, et en particulier la famille régnante et les cheikhs, entretiennent depuis longtemps une relation passionnée avec les magnifiques chevaux arabes. Les purs-sangs arabes étaient autrefois remarquablement bien entraînés par leurs maîtres bédouins comme chevaux de guerre, pour leur intelligence et leur incroyable endurance. Ils sont aussi incontestablement reconnus pour leur beauté et leur comportement doux envers l’homme.
291
+
292
+ Des courses de chevaux sont régulièrement organisées à Abou Dabi, les plus populaires chaque année étant la « Coupe de Son Altesse le Président », la « Coupe de la fête nationale » et le « Championnat des Émirats ». Des concours de saut d’obstacles ont aussi régulièrement lieu au Centre équestre d’Abou Dabi ou l’ADEC. L’ADEC possède 2 000 mètres de pistes d’entraînement au sein de l’hippodrome et plus de 250 écuries climatisées abritant les chevaux de course ainsi que des chevaux de particuliers. L’école d’équitation de l’ADEC dispose de plus de 90 chevaux, ainsi que de moniteurs diplômés pouvant enseigner aux cavaliers débutants ou confirmés. De plus, la UAE Equestrian and Racing Federation organise chaque année une course d’endurance, où les participants concourent sur des distances allant jusqu’à 160 kilomètres. La première course d’endurance moderne a eu lieu en 1993 et depuis, les organisateurs remportent de plus en plus de succès. Les concurrents de la course annuelle d’endurance incluent des membres de la famille régnante et de la famille royale, des habitants des Émirats arabes unis, des cavaliers expatriés et même des touristes étrangers. La saison des courses d’endurance à Abou Dabi débute normalement en novembre et dure jusqu’en mai de l’année suivante[95].
293
+ En outre le Sheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum est un grand éleveur de chevaux et participe à de nombreuses compétitions internationales.
294
+
295
+ Au même titre que celle du dromadaire, l’image du faucon perpétue l’attachement du peuple des Émirats arabes unis à ses traditions bédouines. La fauconnerie est une activité sportive traditionnelle, pratiquée notamment par Sheikh Hamdan, le prince héritier de Dubaï. Un centre national entièrement consacré à la fauconnerie se trouve à Dubaï et peut se visiter sur la route qui mène à l’hippodrome.
296
+
297
+ Les Émirats arabes unis ont pour codes :
298
+
299
+ Une part importante des droits de l'homme n'est pas respectée à Dubai et dans les autres émirats où les normes politiques sont spécifiques. Les travailleurs migrants sont victimes de mauvais traitements et vivent dans des logements de mauvaise qualité. Les conditions de travail sont particulièrement défavorables. Il n'y a ni syndicats ni droit de grève. Beaucoup de travailleurs voient leur passeport confisqué afin de les empêcher de quitter la ville avant le terme des chantiers sur lesquels ils sont engagés. Durant la construction du Burj Khalifa, les conditions de travail particulièrement difficiles pour les ouvriers ont beaucoup choqué[96],[97].
300
+
301
+ Jusqu'à récemment, des enfants jockeys étaient utilisés dans les courses de chameaux. La plupart de ces enfants viennent du Pakistan, de l'Inde et d'autres pays voisins[98]. Après une enquête, une nouvelle loi a été adoptée qui garantit que les jeunes enfants ne seront plus engagés dans ces courses.
302
+
303
+ Les résidents ou les visiteurs ne sont pas autorisés à critiquer la famille royale ou le gouvernement, ni même à parler de religion en dehors d'un lieu religieux. Certains citoyens ont été punis et leur citoyenneté a été révoquée[99].
304
+
305
+ Cas extrême, Sheikh Issa (en) est un membre de la famille royale qui a torturé et abusé de nombreux ouvriers. Il a roulé sur l'une de ses victimes en voiture et a employé un aiguillon électrique destiné au bétail (en) comme instrument de torture[100].
306
+
307
+ Les familles des détenus politiques sont également ciblées par des mesures de représailles. Ces personnes sont notamment victimes de restrictions à l'emploi, à l'enseignement supérieur, et ne peuvent pas nécessairement renouveler leurs documents d'identité. L'ONG américaine HRW indique que les autorités ont lancé depuis 2011 une « campagne soutenue contre la liberté d'expression et la liberté d'association. » Selon elle : « Les autorités émiraties, dans leur détermination à écraser toute opposition, ont permis à leur appareil sécuritaire d'utiliser leur pouvoir quasi-incontrôlé pour sanctionner les familles de militants, détenus ou vivant à l'étranger. [...] Les abus les plus choquants sont la détention arbitraire, les disparitions forcées et la torture[101]. »
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/1712.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,333 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+
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+ Émirats arabes unis
4
+
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+ (ar) دولة الإمارات العربيّة المتّحدة / dawlat al-imārāt al-ʿarabiyyat al-muttaḥida
6
+
7
+ 24° 28′ 01,2″ N, 54° 22′ 01,2″ E
8
+
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+ modifier
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+
11
+ Les Émirats arabes unis Écouter (abrégés en EAU ou Émirats ; en arabe : الإمارات العربية المتحدة (al-imārāt al-ʿarabiyyat al-muttaḥida) دولة الإمارات العربيّة المتّحدة (dawlat al-imārāt al-ʿarabiyyat al-muttaḥida)) sont un État fédéral, créé en 1971, situé au Moyen-Orient entre le golfe Persique et le golfe d'Oman. Il est composé de sept émirats : Abou Dabi, Ajman, Charjah, Dubaï, Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn[4]. Sa capitale fédérale est la ville d'Abou Dabi.
12
+
13
+ Les Émirats arabes unis comptent parmi les plus importants producteurs et exportateurs de pétrole.
14
+
15
+ En 2018, ils comptent 9 701 315 habitants. L'ONU estime que 90 % de la population est constituée d'immigrants[2].
16
+
17
+ Les principales réserves gazières et pétrolières sont dans l'émirat d'Abou Dabi, déjà membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole avant la création de la fédération. Les sept Émirats ne sont pas égaux entre eux en ce qui concerne les ressources pétrolières.
18
+
19
+ L'émirat de Dubaï s'est tourné depuis quelques années vers de nouvelles ressources telles que les ports francs, les nouvelles technologies mais surtout le tourisme de luxe. La ville de Dubaï est d'ailleurs devenue la capitale économique de la fédération.
20
+
21
+ Les Émirats arabes unis sont situés dans le Sud-Ouest de l’Asie, dans la péninsule Arabique, entre le golfe Persique et le golfe d'Oman. Ils sont frontaliers du sultanat d'Oman et de l’Arabie saoudite. De plus, l'enclave omanaise de Madha qui se situe dans les montagnes à l'est du pays abrite elle-même le village émirien de Nahwa.
22
+
23
+ La totalité du territoire est désertique ou semi-désertique. Le sud du pays est constitué d'une partie du Rub al-Khali (c'est-à-dire le Quartier Vide) , tandis que l'est et le nord sont occupés par des montagnes. Quelques oasis (Al-Aïn, Manama, etc.) permettent de maintenir une vie dans le désert. Des sebkhas occupent le sud et l'ouest du pays, notamment le long d'une côte de plus de 400 km, à l'ouest d'Abou Dabi.
24
+
25
+ Des revendications territoriales, sur trois îles (Petite et Grande Tunb, ainsi qu'Abou-Moussa) du détroit d'Ormuz et du golfe Persique, l'opposent à l'Iran[5]. Outre le fait même de la possession de ces îles et îlots, c'est surtout l'établissement des zones économiques exclusives qui est en jeu, avec, à la clé, les réserves pétrolières et minières offshore[6].
26
+
27
+ Le pays est situé dans une zone de grande importance géostratégique, au sud du détroit d'Ormuz, un lieu de passage vital où est transporté le pétrole[7].
28
+
29
+ Le pays partage 530 kilomètres de frontière terrestre avec l’Arabie saoudite à l’ouest, au sud et au sud-ouest et 450 kilomètres de frontière avec Oman au sud-est et au nord-est.
30
+
31
+ Les émirats ne sont séparés du Qatar que par les ports naturels saoudiens de Khor Duweihin, ainsi que de celui de Khawr al Udayd. La frontière maritime avec le royaume qatari se trouve au large, mais la zone n’en demeure pas moins une source de conflit frontalier entre saoudiens et émirien[8],[9].
32
+
33
+ La superficie totale des EAU est d’environ 77 700 km2 (soit environ la superficie du Benelux). Environ 5 % du pays est habité, surtout la côte nord, le long du Golfe Persique.
34
+
35
+ Les EAU s’étendent sur plus de 650 km sur la rive sud du Golfe Persique. Le plus grand port se trouve à Dubaï, mais il y a également des ports à Abou Dabi et Charjah. On trouve de nombreuses îles dans le Golfe dont certaines sont l’objet de disputes avec l’Iran et le Qatar.
36
+
37
+ Les plus petites îles ainsi que les barrières de corail constituent un risque pour les navigateurs. De forts courants ainsi que des tempêtes représentent également un danger pour les bateaux dans la région.
38
+ Au sud et à l’ouest d’Abou Dabi, de vastes dunes s’étendent jusqu’à Rub al Khali en Arabie saoudite.
39
+
40
+ Le désert d’Abou Dabi abrite deux oasis importantes avec des réserves d’eau souterraines ; l’oasis de Liwa se trouve dans le sud près de la frontière avec l’Arabie saoudite. À 100 km au nord-est de l’oasis de Liwa, se trouve l’oasis d’Al Buraymi qui s’étend des deux côtés de la frontière entre Abou Dabi et Oman.
41
+
42
+ Avant de se retirer du pays en 1971, le Royaume-Uni a délimité les frontières des 7 émirats afin d’éviter des disputes territoriales susceptibles de ralentir la formation de l’état fédéral. Les gouverneurs des émirats ont accepté en grande majorité les frontières imposées par les britanniques, mais avec tout de même une dispute territoriale entre Abou Dabi et Dubaï et entre Dubaï et Sharjah. Ces conflits ont été résolus après l’indépendance.
43
+
44
+ La frontière la plus problématique est celle des montagnes d’Al Hajar al Gharbi, où cinq émirats se contestent la souveraineté de plus de 12 enclaves différentes.
45
+
46
+ Le pays est aride et connait des problèmes qualitatifs et quantitatifs d'alimentation en eau que les systèmes de désalinisation ne peuvent à ce jour compenser. Il n'accueille une végétation exubérante que dans les oasis, mais les zones sèches abritent de nombreuses espèces rares ou devenues rares, menacées ou protégées. Les fonds marins abritent une grande richesse en biodiversité, notamment dans les milieux coralliens.
47
+
48
+ Longtemps le pétrole presque gratuit (environ 2,5 millions de barils de pétrole quotidiennement extraits dans le pays en 2008/2009) a découragé la recherche d'efficience énergétique et la sobriété du développement (chaque habitant des EAU consomme environ 17 000 kWh/an d'électricité et 219 000 litres par an d'eau, soit plus qu'un Américain moyen[10]).
49
+
50
+ L'usage de l'essence au plomb a contribué au saturnisme à la pollution de l'air et des sols dans les villes, et l'air est souvent empoussiéré par les vents nocturnes ou les tempêtes.
51
+
52
+ Mais la perspective du pic pétrolier et de la fin du pétrole a modifié le point de vue des dirigeants et de la population. Le pays accueille maintenant le siège de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables[11] s'est doté d'un ministère de l'écologie qui prépare notamment la transition vers l'après-pétrole, c'est-à-dire le développement d'énergies douces, sûres et renouvelables. Les EAU sont notamment à une latitude favorable à l'utilisation de technologies utilisant l'énergie solaire. Les recettes du pétrole sont maintenant pour partie investies dans le solaire et l'éolien.
53
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+ Les principaux animaux vivant aux Émirats arabes unis sont les suivants :
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+ Les Émirats arabes unis sont subdivisés en sept émirats, eux-mêmes formés de plusieurs enclaves dont les frontières ont été abolies mais dont la souveraineté est parfois floue.
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+ Abou Dabi est l’émirat le plus grand. Il occupe 87 % de la superficie totale du pays (67 340 km2), sa capitale Abou Dabi est également le siège du gouvernement fédéral des sept émirats. L'émirat d'Abou Dabi présente deux larges frontières terrestres avec l'Arabie saoudite et le sultanat d'Oman.
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+
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+ L’émirat de Dubaï, qui s’étend le long du golfe Persique sur 72 km, occupe 5 % de la superficie totale du pays, soit environ 3 885 km2.
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+ L’émirat de Charjah s’étend sur 16 km sur la côte et sur 80 km à l’intérieur des terres.
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+ Les émirats du nord, Ajman (le plus petit d'entre eux avec seulement 259 km2), Fujaïrah, Ras el Khaïmah et Oumm al Qaïwaïn ont une superficie totale de 3 881 km2 et occupent 5 % de la superficie totale du pays.
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+ De récentes découvertes faites dans les Monts Hajar permettent de retracer l'histoire des Émirats arabes unis à l'apparition des premiers hommes dans la région, il y a plus de 7 500 ans. Ces peuples entretenaient déjà des relations avec les civilisations du Nord, qui sont peu à peu devenues des partenaires commerciaux importants[6].
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+
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+ La satrapie achéménide de Magan ou Mak(k)a peut avoir inclus tout ou partie des territoires actuels des EAU et d'Oman, et avoir fourni divers produits : diorite, cuivre, bois, or, argent.
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+
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+ Devenu une véritable plaque tournante pour le commerce, le port d'Omana (à présent Umm al-Qaiwain), est utilisé par les marchands pour transporter leur marchandise de la Syrie et du sud de l'Irak jusqu'en Inde. Le commerce de perles commence à se développer et à s'imposer comme un commerce important dans la région[14].
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+
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+ En 630 apr. J.-C., les émissaires de Mahomet arrivent dans la région, et convertissent la population à l'islam. Les armées islamiques se servent de Julfar (à présent Ras el Khaïmah) comme avant-poste pour mener des offensives contre l'empire sassanide. Au fil du temps, Julfar devient un centre perlier et un port important pour le commerce dans l'océan Indien.
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+
74
+ Au XVIe siècle, alors que les grandes puissances européennes se disputent le contrôle de l'océan Indien, les Portugais luttent contre les populations arabes de Julfar et d'autres ports dans le Golfe. À l'intérieur des terres, de grandes familles commencent à prendre le contrôle de différents émirats. À cause de sa puissance, la famille des Qawasim attire notamment l'attention des Britanniques, voulant s'assurer le contrôle des routes de commerce.
75
+
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+ Les Bani Yas règnent sur l'oasis de Liwa, centre des activités économiques de la région, depuis le début du XVIe siècle. Au début des années 1790, une branche des Bani Yas, les Al Bu Falah, s'installe à Abou Dabi, alors sous le pouvoir d'un cheikh de la famille Al Nahyane qui appartient aux Al Bu Falah. Peu après, en 1833, une autre branche de la tribu des Bani Yas, les Al Bu Falasah, menés par Maktoum ben Bulli, s'établit sur Khor Dubaï (« rivière de Dubaï »), instaurant ainsi la domination des Al Maktoum dans cet endroit[15].
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+
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+ Après la défaite des Qawasim, en 1820, les Britanniques signent une série d'accords et de traités avec les cheikhs de chaque émirat de la côte du Golfe, celui de 1853 garantissant l'arrêt de la piraterie contre les navires britanniques, d'où le nom des États de la Trêve (en anglais : Trucial States) donné aux actuels Émirats et quatre autres (Dibba, Hamriyah, Kalba et Al Heera[Lequel ?]). Les Britanniques prennent soin de renforcer leurs liens avec les États de la Trêve, afin de freiner les convoitises d’autres grandes puissances européennes.
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+ En 1892, un nouveau traité érige les États de la Trêve en protectorat et les fait entrer dans l'empire colonial britannique[6]. Il les engage à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec des pays autres que le Royaume-Uni sans le consentement de ce dernier. En retour, le Royaume-Uni garantit la protection des États de la Trêve contre toute attaque maritime ou terrestre.
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+ Cette période de calme permet à l’industrie perlière de prospérer à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cependant, la Première Guerre mondiale et l'invention par les japonais de la perliculture ont un effet très néfaste sur cette industrie, qui finit par s’éteindre juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le gouvernement indien se met à imposer des taxes sur les perles importées du Golfe, engendrant une crise économique très grave dans les États de la Trêve.
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+ Au début des années 1960, un premier gisement de pétrole est découvert à Abou Dhabi, ce qui permet le développement rapide de l’émirat, sous la conduite du cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyane, qui fait construire des écoles, des hôpitaux, des logements et des routes. Les Émirats étaient jusqu'alors extrêmement pauvres. Il n’y avait presque pas de médecine dans les années 1960 et la plupart de la population était analphabète ; jusqu’à la moitié des bébés et un tiers des mères mouraient en couches[16].
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+ Dubaï est également gagné par cet élan de développement économique, aidé par les recettes des exportations pétrolières.
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+ Les différents émirats commencent à se rapprocher et à reprendre le contrôle des mains des Anglais, notamment en formant un conseil qui leur permet de décider eux-mêmes des enjeux politiques les concernant. À la tête de ce conseil se trouve Adi Bitar (en), le conseiller du cheikh Rachid ben Saïd Al Maktoum. Enfin, en 1968, les Britanniques se retirent de la région et mettent fin aux États de la Trêve, composés également des États de Bahreïn et du Qatar. Les neuf États tentent de former une union, mais ne parvenant pas à se mettre d’accord, Bahreïn et le Qatar déclarent leur indépendance respectivement en août et en septembre 1971.
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+
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+ Le 2 décembre 1971, six des sept émirats restant accèdent à l'indépendance en formant aussitôt une fédération qui prend le nom d' « Émirats arabes unis ». Ils seront rejoints en 1972 par le septième émirat, celui de Ras el Khaïmah. Le pays connaît alors une importante période de développement économique et démographique.
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+
91
+ La prospérité et le développement moderne que connaissent aujourd'hui les Émirats arabes unis sont en grande partie le fruit des efforts de Zayed [Contradiction], premier président des EAU. Le nouvel État naît pendant une période d'instabilité politique dans la région. Deux jours avant sa création (2 décembre 1971), l'Iran reprend le contrôle des îles de la Petite et Grande Tunb, qui font partie de l'émirat de Ras el Khaïmah. Des troupes iraniennes débarquent également à Abou-Moussa, un territoire de l'émirat de Charjah[17].
92
+
93
+ Zayed est élu premier président des EAU en 1971, puis réélu tous les cinq ans jusqu’à sa mort en 2004. Il jouit d’un grand prestige sur la scène internationale[réf. nécessaire], grâce à son plus grand respect des lois humanitaires internationales[réf. nécessaire] et à ses efforts pour maintenir la paix dans la région[réf. nécessaire]. Sous sa présidence, les EAU.envoient des troupes afin de combattre pour la libération du Koweït en 1990-1991, et contribuent au mouvement pour le maintien de la paix au Kosovo[6].
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+
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+ Sous son influence, les EAU connaissent un essor économique leur permettant de se développer rapidement, et de devenir une force importante dans la région. Estimant que tous les citoyens ont leur rôle à jouer dans la construction du pays, Zayed prend des mesures pour améliorer le statut des femmes dans la société, en facilitant leur accès à l'éducation, et en leur donnant une place plus importante dans la vie politique du pays.
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+
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+ À sa mort, son fils aîné, le cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, lui succède en qualité de président des EAU et de souverain d'Abou Dhabi.
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+ En 2011, le pays n’est pas touché par la vague de protestations et révolutions dans le monde arabe en 2010-2011, mais le gouvernement prend une série de mesures combinant achat de la paix sociale et répression politique.
100
+
101
+ Depuis la création de la fédération en 1971, les sept émirats qui constituent les EAU se sont forgés une identité nationale propre grâce à la consolidation de leur statut fédéral. Au cours des trois dernières années, des mesures ont été prises au niveau fédéral comme au niveau local pour réformer la structure gouvernementale afin de mieux répondre aux défis du développement à l'aide d'une administration plus efficace. Ce processus a été dirigé au niveau fédéral par le président du pays, Khalifa bin Zayid Al-Nahyan et par le vice-président et Premier ministre le cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, qui est également le souverain de Dubaï.
102
+
103
+ Chacun des émirats membres disposait déjà avant 1971 de ses propres institutions gouvernementales. Afin d'assurer le gouvernement effectif du nouvel État, les souverains élaborèrent une Constitution provisoire précisant les pouvoirs qui allaient être conférés aux nouvelles institutions fédérales. Selon les articles 120 et 121 de la constitution, les domaines de responsabilité assignés aux autorités fédérales étaient les affaires étrangères, la sécurité et la défense, les questions de nationalité et d'émigration, l'éducation, la santé publique, la monnaie, les services postaux et téléphoniques ainsi que tous les autres services de communication[18].
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+ L'article 9 de la constitution prévoyait l'édification d'une capitale baptisée Al Karama située à la frontière des Émirats d'Abou Dabi et de Dubaï. En attendant sa construction qui devait intervenir dans les sept années à partir de la date où la constitution deviendrait effective, la ville d'Abou Dabi fut désignée comme capitale provisoire de l'État[18].
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+
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+ Le système fédéral comprend un Conseil suprême, un cabinet ou Conseil des ministres, une instance parlementaire, le Conseil national fédéral, et un corps judiciaire indépendant chapeauté par la Cour suprême fédérale.
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+ Le Conseil suprême, constitué des sept émirs, est le plus haut organisme de l'État. Il élit pour cinq ans le président et le vice-président et a le pouvoir législatif et exécutif. Il ratifie les lois et décret fédéraux, planifie la politique étrangère et a le pouvoir de relever le premier ministre de ses fonctions sur incitation du président. Le Conseil suprême élit également le Conseil des ministres. En pratique, le président est toujours un membre du clan al-Nahyan d'Abou Dabi et le vice-président et premier ministre de la tribu al-Maktoum de Dubaï[19].
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111
+ Le Conseil des ministres, dirigé par le premier ministre, est l'organe exécutif de la fédération. Le premier ministre propose une liste de ministres qui est ratifiée par le président.
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+
113
+ Les lois sont soumises au Conseil national fédéral constitué de quarante membres venant de chaque émirat. La législation est fondée sur la charia pour les cours fédérales de justice civile, criminelle et la Haute Cour.
114
+
115
+ En 1996, le caractère provisoire de la constitution disparaît lors de son adoption.
116
+
117
+ Autrefois, les gouvernements étaient composés de peu de membres et étaient plus restreints dans leurs actions. La taille du gouvernement correspondait à la taille des peuplements du temps. Le gouvernement attachait une grande importance à la participation et à prendre des décisions au consensus, dans la manière traditionnelle du majlis ou conseil. Au centre du majlis était le débat des questions concernant la communauté. Pendant ce débat chacun pouvait donner son avis et le cheikh en tenait compte dans ses décisions.
118
+ Selon un principe tacite les citoyens avaient le droit de chercher le dialogue avec le cheikh qui tenait régulièrement des majlis pour que les citoyens puissent donner leurs opinions concernant les thèmes actuels dans son émirat. Souvent, le cheikh, alors le souverain d’un émirat, était le chef de la tribu la plus puissante.
119
+ En plus, chacune des tribus avait pareillement un cheikh, qui pouvait pourtant seulement conserver son statut s’il avait le soutien du peuple.
120
+ Toutefois, avec une population croissante, ce système devenait plus impraticable ainsi l’administration gouvernementale est devenue de plus en plus complexe. Tous ces facteurs contribuaient à un changement des moyens à disposition des citoyens pour interagir avec le gouvernement. Aujourd’hui, un grand nombre préfère entrer en contact directement avec les nouvelles institutions, plutôt que de rencontrer le cheikh personnellement.
121
+ Dans plusieurs émirats, le souverain et des membres importants de sa famille continuent à tenir des majlis ouverts. Cette activité est toujours considérée comme une importante parallèle à la participation politique[20],[21].
122
+
123
+ Les Frères musulmans, autrefois influents au sein des institutions du régime, ont été considérés comme une menace pour la stabilité de l’État à partir des années 2000, et ont été la cible d’une répression permanente à partir de 2011. Les EAU combattent également les Frères musulmans à l'étranger, notamment en Égypte et en Tunisie[22].
124
+
125
+ Le Conseil national fédéral (FNC), qui est le conseil consultatif des EAU, comprend 40 membres. Huit membres viennent respectivement d’Abou Dabi et de Dubaï, six de Sharjah et de Ra’s al-Khaimah et quatre d’Ajman, d’Umm al-Qaiwain et de Fujaïrah.
126
+ Depuis février 1972, le FNC a tenu 14 sessions législatives. Pendant ces sessions les membres discutent de projets de loi en relation avec les citoyens et l’économie. En accord avec la Constitution, les projets de loi fédérale doivent être soumis au FNC pour que les membres puissent l'examiner et faire des recommandations. Depuis 2006, vingt des membres du FNC sont élus par un Collège électoral, alors que l’autre moitié est sélectionnée par les souverains respectifs des émirats, comme c’était le cas depuis 1972. Actuellement, le président du FNC est Abdul Aziz Abdullah Al Ghurair, élu en 2006[23],[24].
127
+ Les fonctions du FNC incluent de débattre des amendements de la Constitution et les projets de lois, que le FNC peut approuver, modifier, ou rejeter. De plus, les membres passent en revue les traités et conventions internationales et examinent le projet annuel de budget de la Fédération. En outre, le FNC a la possibilité d’influencer le travail du gouvernement par des discussions et en donnant des recommandations, ainsi qu’en portant plainte. Le FNC a influencé, à diverses reprises, le gouvernement fédéral dans la préparation de nouvelles lois. La majorité des recommandations et des amendements proposés par le FNC a été adoptée par le gouvernement. Le FNC a aussi modifié différents projets de lois initiaux provenant du Cabinet selon les besoins des citoyens représentés par le Conseil[25],[23].
128
+
129
+ Sur le plan socio-économique les EAU se sont développés rapidement. En réponse, des mesures signifiantes ont été lancées pour réformer la structure gouvernementale, avec l'objectif de rendre le gouvernement plus sensible aux besoins de la population[26].
130
+
131
+ La stratégie gouvernementale des EAU a été lancé en 2007. Selon Mohammed bin Rashid, cette stratégie « établit les bases d’une ère nouvelle pour l’administration publique ». L’objet principal de la stratégie gouvernementale des EAU est de créer des synergies entre les gouvernements fédéraux et locaux. En outre, d’autres buts de la stratégie incluent d’élever la qualité des services que les organes gouvernementaux offrent aux citoyens, ainsi qu’une modernisation de la législation existante. Par ailleurs, la stratégie vise à revitaliser la capacité de réglementation, d’améliorer les mécanismes décisionnels des ministères et la qualité des services fournis aux citoyens, ainsi qu’augmenter l’efficacité des organes gouvernementaux et de moderniser la législation existante[27],[28].
132
+
133
+ Les premières élections indirectes pour le parlement du pays, le Conseil national fédéral (FNC), ont eu lieu en décembre 2006. Cette mesure a été prise dans le cadre du processus de réforme dans le but d’améliorer la participation du grand public au système politique. Ce développement correspond au programme national annoncé par le Président l’année précédente. Ce programme stipulait que la moitié des membres du FNC serait élue et l’autre moitié désignée pour rendre le Conseil plus dynamique, ainsi que permettant plus de participation et interaction des citoyens avec le Conseil. Envisageant un élargissement du rôle du FNC, le Président déclarait : » […] Le FNC devra jouer en l’avenir un rôle plus important et devra pour cela être doté des pouvoirs qui lui permettront d’apporter un soutien substantiel à la branche exécutive du gouvernement […] Ce but sera atteint par la mise en place d’un processus plus participatif et la consolidation des principes de la Shura (consultation)»[24],[29],[27].
134
+
135
+ En décembre 2005, le président Khalifa recommandait d’amplifier le rôle du FNC, avec l’objectif de renforcer la participation et «… la primauté du droit et la régularité des procédures, la capacité à rendre des comptes, la transparence et l’égalité des chances… ».
136
+ Le processus de modernisation politique suivant cette décision serait organisé en trois étapes. Au cours de la première phase du plan, le plus grand changement était la prévision que la moitié des membres du FNC seraient élus par un Collège électoral. En outre, les pouvoirs du FNC seraient élargis et le nombre de ses membres augmenté et après des études approfondies, éventuellement une modification de la Constitution pourrait suivre, pour augmenter les pouvoirs de l’institution. Troisièmement on procéderait à une élection ouverte de la moitié des membres du Conseil.
137
+ La première phase de ce changement politique consistait de la fondation du Collège électoral. La création du Collège électoral a prévu que chaque émirat désignait un conseil qui comprend au moins 100 fois le nombre de sièges auquel il avait droit au FNC. Cela signifie que les émirats d’Abou Dhabi et de Dubaï, qui ont droit à huit sièges respectivement, pouvaient désigner au moins 800 électeurs pour former leur collège électoral, tandis que Sharjah et Ra’s al-Khaimah, avec six sièges, pouvaient désigner au moins 600 membres et Umm al-Qaiwain, Ajman et Fujaïrah, avec quatre sièges, au moins 400. Ensuite les représentants ont élu la moitié des membres du FNC pour leur émirat, alors que le souverain désignait l’autre moitié. Ces élections indirectes ont eu pour résultat que de nouvelles personnes sont apparues sur la scène politique. En plus, pour la première fois dans l’histoire des EAU, il a été possible d’établir une culture basée sur des élections, grâce à ces réformes[30],[29].
138
+
139
+ Le pouvoir judiciaire fédéral comprend la Cour suprême fédérale et les tribunaux de première instance. La constitution confère indépendance au pouvoir judiciaire fédéral. La Cour suprême fédérale est composée de cinq juges qui sont nommés par le Conseil suprême[31]. Cette cour a le pouvoir de confirmer ou d'infirmer les décisions prises en première instance.
140
+
141
+ Les tribunaux chariatiques jugent les affaires concernant les questions de statut personnel des Musulmans[32]. Cependant dans certains émirats, ils peuvent traiter d'affaires criminelles (surtout dans le cas du trafic de drogues) ou encore de problèmes commerciaux.
142
+
143
+ Les émirats Ras el Khaïmah et Dubaï ont refusé d'intégrer le système de justice fédéral et possèdent leur propres cours d'appel[32].
144
+
145
+ La peine de mort est en vigueur et peut sanctionner : homicide, viol, haute trahison, terrorisme, vol aggravé, apostasie, adultère, homosexualité et trafic de drogue[33]. Les méthodes d'exécution sont la fusillade et la lapidation. La torture est courante dans les pénitenciers et les commissariats[34],[35].
146
+
147
+ Le pays est classé 118e en termes de liberté de la presse par Reporters sans frontières[36]. L’article 32 de la loi sur la presse à Abou Dhabi punit d'une amende d'un million d'euros toutes critiques envers un membre du gouvernement ou de la famille royale[37].
148
+
149
+ Les immigrés sont dans une situation juridique précaire et ces droits sont régulièrement bafoués : trafic d’êtres humains, exploitation économiques, violences policières, racisme et discriminations salariales[38].
150
+
151
+ Selon Human Rights Watch, les femmes sont victimes de discrimination : leurs droits sont limités par rapport aux hommes dans les questions de mariage, de divorce, d'héritage et de garde des enfants. « Le code pénal donne aux hommes le droit de discipliner leurs femmes et leurs enfants, y compris en usant de la violence physique. La Cour suprême fédérale a confirmé le droit d'un mari de « réprimander » sa femme et ses enfants par la force physique »[39]
152
+
153
+ Le climat libéral des EAU envers la coopération internationale, l’investissement et la modernisation ont permis au pays d’avoir d’excellentes relations diplomatiques et commerciales avec d’autres pays. Les Émirats jouent un rôle important au sein de l’OPEC, des Nations unies et comptent parmi les membres fondateurs du Conseil de coopération du Golfe. Sur le plan régional, ils sont très proches des autres pays du Golfe et du monde arabe, en particulier avec l'Égypte et investissent plus que n’importe quel autre pays arabe[40].
154
+
155
+ Les EAU ont également fourni une aide financière importante au Pakistan, avec lequel ils ont toujours eu de bonnes relations diplomatiques. Le Pakistan fut le premier pays à reconnaître la fédération de manière officielle lors de sa formation et est devenu aujourd’hui un partenaire commercial et économique important. Environ 400 000 expatriés d’origine pakistanaise sont actuellement employés à Dubaï[41],[42]. La forte communauté d’expatriés d’origine indienne aux EAU s’est également bien intégrée et représente aujourd’hui la plus forte minorité étrangère résident aux É.A.U[43].
156
+
157
+ Les Émirats arabes unis et l’Iran se disputent la souveraineté de plusieurs îlots dans le Golfe persique mais cela n’a pas eu d’impact sévère sur les relations diplomatiques entre les deux pays. En effet, il y a un nombre significatif d’Iraniens à Dubaï et les deux pays coopèrent sur le plan économique[44].
158
+
159
+ À la suite de l’invasion du Koweït par l'Irak en 1990 (cf. Guerre du Golfe), les Émirats arabes unis ont entretenu de bonnes relations avec ses alliés occidentaux dans le domaine militaire. Ils ont coopéré avec les forces occidentales afin de libérer le Koweït et ont signé des traités de défense et de coopération militaire avec la France et les États-Unis, lesquels lui ont fourni aide et matériel militaires[45]. Récemment, un traité de défense militaire a été signé dans lequel la France s’engage à protéger les EAU en cas d’atteinte à leur souveraineté nationale. Les Français ont également ouvert une base militaire dans la capitale des Émirats et les deux pays ont signé un accord nucléaire civil. Ce dernier a pour but de forger une coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire civile. Les Émirats arabes unis ont un accord similaire avec les États-Unis qui leur permet de recevoir l’expertise américaine en matière d’énergie nucléaire[46].
160
+ Au niveau commercial, ce sont le Royaume-Uni et l’Allemagne qui représentent les plus gros marchés d’exportation pour les Émirats. Les relations bilatérales entre les EAU et le Royaume-Uni d’une part, et entre les EAU et l’Allemagne d’autre part, sont très bonnes grâce au commerce et aux communautés d’expatriés anglais et allemands vivant aux É.A.U[47].
161
+
162
+ Les relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis et le Japon ont commencé dès la création de la fédération en décembre 1971[48]. Les deux pays ont toujours eu de bonnes relations diplomatiques et commerciales ; les produits les plus exportés par les Émirats au Japon sont le pétrole et le gaz naturel tandis que le Japon exporte des voitures et des appareils électriques aux É.A.U[48].
163
+
164
+ Les Émirats arabes unis participent en 2011 à la guerre dirigée par l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) contre le Libye. Les forces spéciales émiriennes ont soutenu certaines milices rebelles et les F-16 émiriens ont bombardé les soldats libyens[22].
165
+
166
+ En juin 2017, les Émirats arabes unis s'alignent sur la politique extérieure de l'Arabie saoudite et rompent leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Les ressortissants qataris sont par ailleurs expulsés des É.A.U[49]. Manifester de la sympathie pour le Qatar sur Internet est assimilé à de la cybercriminalité et puni de trois à quinze ans de prison[50].
167
+
168
+ En février 2019, Les Émirats arabes unis annonce que, en septembre 2019, ils vont envoyer pour la première fois des astronautes emiratis dans l'espace[51]. Les deux citoyens de l'EAU, Hazza al-Mansoori et Sultan al-Neyadi, choisis en septembre 2019 par le Premier ministre le cheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum, feront partie d'une mission spatiale russe utilisant le lanceur Soyouz MS-15[52]. Ils resteront huit jours dans la station spatiale internationale[53].
169
+
170
+ Chef de file de l'isolement diplomatique du Qatar avec l'Arabie saoudite en juin 2017, les Émirats arabes unis sont une puissance méconnue du Moyen-Orient, menant une politique étrangère interventionniste, pour ne pas dire belliqueuse, dans plusieurs pays de la région[54]. En raison de leur petite taille (83 600 kilomètre carrés, l'équivalent de l'Autriche), il s'agit de prime abord d'un leadership « par l'arrière »[55], pour reprendre un terme de l'administration Barack Obama (2009-2017), qui signifie un retrait américain derrière les puissances régionales. Toutefois, dans le cas émirati, la tendance s'inverse.
171
+
172
+ Le prince héritier, Mohammed ben Zayed Al Nahyane, homme fort du régime depuis 2014, lorsque son frère et président de la fédération, Khalifa ben Zayed Al Nahyane, a été victime d'un accident vasculaire cérébral, représente une nouvelle génération de dirigeants du Golfe. Il est présenté en modèle pour son homologue saoudien, Mohammed ben Salmane. Tous deux croient en l'utilisation de l'outil militaire pour régler des questions politiques dans le monde arabe — desquelles ils excluent par principe les Frères musulmans — et dans la guerre par procuration qu'ils livrent à l'Iran sur plusieurs terrains : Liban, Libye, Irak, Syrie, Afghanistan, Pakistan, et surtout Yémen depuis le déclenchement, en mars 2015, de l'opération « Tempête décisive ». Le recours aux sanctions unilatérales est aussi privilégié, comme l'a montré la crise avec le Qatar[56]. Chaque fois, derrière la voix saoudienne, se retrouve l'influence de Mohammed ben Zayed Al Nahyane dans l'escalade, qu'elle soit économique ou militaire.
173
+
174
+ Cela ne signifie pas pour autant que la construction d'un Complexe militaro-industriel aux Émirats arabes unis est apparue avec le prince héritier[57]. Cependant, auparavant, il s'agissait seulement de soutenir les interventions américaines (Afghanistan, Irak). Ce qui est nouveau, c'est la prise d'autonomie dans la décision politique du déclenchement d'une opération et dans la conduite de la guerre. Les résultats sont contrastés avec l'enlisement militaire au Yémen. De même, le blocus contre le Qatar[58] n'a pas abouti à une capitulation de Doha, et l'alignement entre Riyad, Tel-Aviv et Abou Dabi pourrait même compliquer les relations économiques avec Téhéran à l'heure de l'ouverture du marché iranien.
175
+
176
+ Le risque du basculement vers le tout sécuritaire dans la politique étrangère d'Abou Dabi pourrait mettre en péril le modèle du tout économique de Dubaï. Alors que la population du pays est de 9,5 millions d'habitants (2017), dont 11 % de nationaux, les Émirats arabes unis sont le troisième importateur d'armes au monde sur la période 2012-2016[59]. L'expansion militaire pourrait néanmoins se heurter aux puissances de la région : l'Iran, mais aussi l'Arabie saoudite qui verrait mal l'émancipation de son partenaire vers une plus grande indépendance diplomatique et militaire.
177
+
178
+ En juin 2020, le journaliste Henri Fourcadis dans son blog de Mediapart affirme que le prince héritier d'Abou Dabi Mohammed ben Zayed Al Nahyane a, depuis la rupture des liens avec le Qatar en 2017, travaillé pour renforcer les liens avec la France par une communication agressive d'influence en achetant des journalistes. Selon Fourcadis, les Émirats arabes unis visent les journalistes et influenceurs français bien établis dans les médias pour diffuser la pensée de leurs dirigeants, brosser un bon portrait du pays et défendre sa politique contre ses ennemis du Moyen-Orient. Selon l'auteur du blog, le prince héritier MbZ a également cherché à s'immiscer dans l'islam de France[60].
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180
+ L'économie des Émirats arabes unis, dont la balance commerciale est largement excédentaire, est étroitement liée à l’industrie du pétrole et du gaz naturel qui représentent 25 % du PIB en 2012[61]. En 2005, les Émirats arabes unis étaient le troisième producteur de pétrole dans le golfe Persique après l'Arabie saoudite et l'Iran. Ensuite, les Emirats ont pris la quatrième place au palmarès des producteurs OPEP pendant la décennie 2010, derrière l'Arabie saoudite et l'Irak et l'Iran.
181
+
182
+ En 2013, le commerce extérieur émirati s'est largement diversifié, le secteur manufacturier d'une valeur de 82,5 milliards de dollars (21,7 %)[62] est désormais le plus important de la région et les produits combustibles (produits pétroliers et gaziers) ne pèsent plus que pour 34 % (129,1 milliards de dollars)[62] des exportations commerciales.
183
+
184
+ Depuis 1971, les Émirats arabes unis sont passés d'un niveau de vie très bas au quatrième PIB par habitant au niveau mondial (43 400 US$ en 2005). Le PIB des EAU, aux prix courants, est passé de 624 milliards de dirhams en 2006 à 729,73 milliards de dirhams en 2007. En 2007, le taux de croissance a atteint un chiffre de 5,25 % contre 11,5 % en 2006. Dans le même temps ; le PIB nominal a augmenté de 16,8 % en 2007, contre 28,7 % en 2006 et 25,6 % en 2005. Malgré la récente stabilisation de la croissance économique, le pays demeure parmi les économies mondiales connaissant la plus forte expansion. Ceci est en partie dû à la valeur des secteurs pétrolier et gazier qui ont enregistré une hausse de 18,2 % en 2007 avec l'augmentation du prix du pétrole.
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+
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+ Ces dernières années, du fait de l’épuisement prévu des réserves pétrolières, le gouvernement a cherché à diversifier ses sources de revenus et à diminuer sa dépendance à l'égard du secteur des énergies fossiles. Cette diversification se caractérise notamment par le développement de l’industrie touristique centrée sur les côtes, le désert ou encore les complexes sportifs. La performance du secteur non pétrolier a atteint une valeur de 467,9 milliards de dirhams, soit 64,1 % du PIB global.
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+
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+ On doit cette croissance économique à divers facteurs clés, dont un développement sans précédent dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (25,6 %) et à une croissance significative des industries manufacturières (19,8 %), de l'immobilier (16,9 %), du secteur financier (11,5 %), des transports et des communications (8,3 %) et du tourisme dont le taux de croissance s'est maintenu à 6,4 %.
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+
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+ Le succès touristique des Émirats arabes unis ainsi que d’autres facteurs (prix modérés des biens de consommation, températures élevées durant toute l'année, projets touristiques immenses, etc.) lui donne le surnom de Singapour ou Hong Kong du Moyen-Orient[réf. nécessaire]. Par égard à la totale sécurité des biens et des personnes ainsi qu’au volume des opérations financières, c'est parfois le surnom de Suisse du Moyen-Orient qui est attribué[réf. nécessaire]. Des projets tels que les Résidences de Jumeirah Beach, l'un des plus grands ensembles immobiliers du monde ; Palm Jumeirah, une vaste île artificielle ; l'aéroport international Al Maktoum ; Burj Khalifa (la tour la plus haute du monde) ; la mosquée Cheikh Zayed ainsi que d'autres projets en cours tels que l'île de Saadiyat, de Palm Jebel Ali et de Dubaïland sont le signe d'une évolution très rapide du pays.
191
+
192
+ En 2020, la Pandémie de Covid-19 a eu un lourd tribut sur l'économie des Émirats arabes unis, qui dépendait fortement des travailleurs étrangers à bas salaires. Un rapport publié par Reuters en juillet 2020 a souligné que les travailleurs migrants, en particulier à Dubaï, Abou Dabi et Charjah, attendaient du travail et étaient payés au milieu du coronavirus. Des centaines de milliers de personnes ont quitté le pays, beaucoup se sont endettées et plusieurs d'entre elles se sont retrouvées sans nourriture. Aucun organisme de bienfaisance dans le pays n'a été trouvé pour aider ces travailleurs.[63]
193
+
194
+ Les gouvernements fédéral et locaux ont récemment publié des documents de planification stratégique, détaillant les mesures de développement qui vont être prises par les EAU au cours des prochaines années[64]. Ces plans visent à stimuler la croissance économique et à renforcer la compétitivité de l'économie nationale.
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+
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+ En mai 2008, le Conseil pour le développement économique d'Abou Dabi (ADCED) a publié son plan stratégique pour la période 2008-2012. Selon ce plan, l'émirat adoptera des politiques économiques plus libérales, renforcera ses infrastructures industrielles et apportera un plus grand soutien aux petites et moyennes entreprises pour leur permettre de jouer un rôle plus dynamique dans le développement de l'émirat. L'émirat veut également attirer davantage d'investissements étrangers et utiliser les gains générés par l'exploitation des hydrocarbures pour établir de nouvelles industries.
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+ Contrairement au plan stratégique d'Abou Dabi, celui de Dubaï minimise l'importance des revenus pétroliers. À l'horizon 2015, le plan se fixe pour objectif de maintenir la croissance réelle de l'économie à un taux de 11 % par an, de manière à atteindre un PIB de 108 milliards de dollars en 2015 et de porter le PIB par habitant à 44 000 dollars.
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200
+ Les EAU continuent à consacrer des milliards de dollars à des projets d’infrastructure. Ils représentent le plus grand marché de projets de la région, soit 37 % de la valeur totale des projets dans les domaines du bâtiment, du pétrole et du gaz, de la pétrochimie, de l’électricité et de l’eau, ainsi que du traitement des déchets. Au cours des 12 derniers mois[Quand ?], d’énormes sommes ont été injectées dans l’immobilier, le tourisme et les loisirs. Des aménagements tels que Masdar City et l’île de Saadiyat à Abou Dabi transforment la capitale en un marché émergent.
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202
+ Mais c’est plus particulièrement Dubaï, l’émirat voisin, qui est renommé pour l’exécution de projets innovants avec des projets tels que The Palm et The World. Le promoteur Nakheel, division de Dubai World, est chargé de la plupart de ces aménagements offshore. La construction a commencé en 2001 avec l’île de Palm Jumeirah. Aujourd’hui, plus de 2 000 logements sont occupés et les travaux se poursuivent sur l’île. La construction de Palm Jebel Ali a commencé en 2002. Deux fois plus grand que Palm Jumeirah, ce projet devrait accueillir 1,7 million de personnes d’ici 2020. Le projet de Palm Deira, annoncé en 2004, aura cinq fois la taille de Palm Jebel Ali, ce qui en fera la plus grande île artificielle du monde.
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204
+ Les trois îles artificielles ainsi que d’autres projets tels que The World, Dubaï Waterfront et l’Arabian Canal conçus par Nakheel auront la capacité de loger 3 millions de personnes. Dubai World Central, un chantier de 140 km2 actuellement sous construction à côté de Jebel Ali créera plus de 900 000 postes et abritera l’aéroport international d’Al Maktoum, qui sera le plus grand aéroport du monde en 2020. Le Burj Dubai, conçu par le promoteur immobilier Emaar Properties est la plus haute tour du monde et culmine à 828 mètres. Le projet Dubailand a également été inauguré ; le complexe de 279 km2) représente les différents continents de la planète et représente un coût total de 235 milliards de Dirhams (64 milliards de dollars). Plusieurs des îles ont déjà été achetées par des célébrités telles que Richard Branson ou encore Michael Schumacher.
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206
+ Cependant, les gouvernements des émirats du nord suivent de près les efforts de leur voisin prodige et encouragent les promoteurs immobiliers à construire des propriétés aussi bien commerciales que privées[65]. De plus, le président des Émirats arabes unis le Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane a consacré 16 milliards de dirhams (4,4 milliards de dollars) à des projets d’infrastructure dans les émirats du nord. Cette somme sera utilisée pour financer la construction de routes, de nouveaux quartiers résidentiels, des systèmes d’égouts et d’autres projets pour pallier les besoins en infrastructure de ces régions[66].
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208
+ Il y a plusieurs ports dans le pays. Les plus importants sont les suivants : le port de Jebel Ali, le port Rashid, le port Khalid, le port Saeed (en), le port Khor Fakkan, et le port Zayed[67].
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210
+ Le Terminal 3 à DXB est l’un des plus grands bâtiments du monde pour ce qui est de la surface au sol[68] et a augmenté la capacité totale de l’aéroport de 60 millions de passagers. Il existe beaucoup d’autres aéroports à travers le pays. Mais l’aéroport international de Dubaï (DXB) est l’aéroport principal du pays. En 2008, celui-ci était le 20e aéroport au monde en nombre de passagers et le 11e aéroport au monde en nombre de mouvements de cargos. L’aéroport de Dubaï est également l’un des plus fréquentés par les passagers internationaux[69].
211
+ Les autres aéroports importants sont l’aéroport international d'Abou Dabi, l’aéroport international de Charjah et l’aéroport international d’Al Ain. On trouve par ailleurs des aéroports dans quelques petites villes ainsi que des pistes d’atterrissage à usage domestique dans les régions rurales de l’ouest du pays.
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+
213
+ Les Émirats arabes unis possèdent un système d’autoroutes reliant toutes les villes principales des différents émirats. Les calculs les plus récents datent de 1998, mais déjà à cette date, on mesurait 1 088 km d’autoroutes aux EAU, qui se joignent ensuite au vaste système routier du Golfe jusqu’en Arabie saoudite. Les routes dans les régions du sud et de l’ouest sont beaucoup moins développées et sont considérées comme étant dangereuses. C’est pourquoi l’usage de l’avion comme mode de transport est devenu une habitude pour les Émiriens.
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215
+ Il y a des vols quotidiens entre l’est et l’ouest des EAU, pratiques pour ceux qui souhaitent se rendre à Bani Yas[70] par exemple.
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217
+ Les EAU possèdent la plus grande compagnie aérienne au Moyen-Orient : Emirates. Son hub est l’aéroport international de Dubaï et elle dessert plus de 100 destinations et 6 continents. Emirates est la compagnie aérienne qui a transporté le plus de passagers internationaux dans le monde[71].
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+
219
+ Etihad Airways, la compagnie aérienne nationale des É.A.U, est également en plein essor avec plus de 200 avions en cours d’acquisition.
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+
221
+ La première ligne du métro de Dubaï est inaugurée en septembre 2009 et permet de se rendre d’un bout à l’autre de la ville beaucoup plus rapidement qu’en voiture. Le projet, qui a coûté 15,5 milliards de dirhams (4,2 milliards de dollars) comprend un viaduc de 52 km qui parcourt le long de la route Sheikh Zayed entre Al Rashidiya et Jebel Ali ; elle est prolongée entre 2010 et 2013 et se voit adjoindre dix-huit nouvelles stations. La ligne de métro doit permettre à environ 27 000 passagers par heure de se rendre d’un bout à l’autre de la ville dans 62 trains[72]. Une seconde ligne ouvre en 2011 avant d’être prolongée en 2014 ; elle relie Al Qusais à Dubai Healthcare City.
222
+
223
+ Abou Dabi prépare également un projet pour la construction d’un métro et d’un service ferroviaire national qui relierait toutes les grandes villes. Ceci permettra également de voyager par train vers d’autres pays du golfe[73]. Toutefois, le projet est suspendu sine die en mars 2016.
224
+
225
+ Dépourvus jusqu'ici d'un réseau ferroviaire interurbain, les émirats sont particulièrement impliqués dans le projet de la Gulf Railway, une ligne ferroviaire longeant les côtes occidentales du golfe Persique et impliquant les cinq autres États du Conseil de coopération du Golfe. Cette ligne qui devrait être mise en service en 2017, appelle à relier entre elles les capitales et autres villes importantes de la région, de Koweït (depuis la frontière irako-koweïtienne) à Mascate, en passant par Dammam, Manama (via la chaussée du roi Fahd), Doha, Abou Dhabi, Dubaï, ainsi que la plupart des autres capitales émiriennes (sauf Oumm al Qaïwaïn et Ras el Khaïmah). Cette liaison étant susceptible d'être prolongée vers le port omanais de Salalah[74].
226
+
227
+ Les Émirats arabes unis ont l’intention de construire 68 barrages rechargeables dans les 5 prochaines années qui viendront s’ajouter aux 114 barrages déjà existants afin de pallier les besoins croissants de la population en énergie. Les Émirats arabes unis sont également sur le point de développer un programme nucléaire pacifique afin de générer davantage d’électricité. Les EAU ont signé un accord pour le développement des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire avec la France, les États-Unis, et la Corée du Sud, ainsi qu’un accord avec le Royaume-Uni[75].
228
+
229
+ La Federal Electricity and Water Authority (Fewa) est l’agence qui gère l’ensemble des services d’eau et d’électricité dans le pays. Chaque émirat possède également sa propre agence, telles qu'Abou Dhabi Water and Electricity Authority (Adwea), Dubai Water and Electricity Authority (Dewa) et Sharjah Water and Electricity Authority (Sewa), qui supervisent la distribution d’eau et d’électricité dans leur émirat.
230
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231
+ Deux opérateurs téléphoniques s'affrontent actuellement aux Émirats arabes unis : Etisalat et DU. Etisalat détenait le monopole des télécommunications jusqu’à l’arrivée des services de téléphonie mobile sur le marché en février 2007. Etisalat domine avec 74 % du marché, mais DU gagne du terrain et tend à s’imposer comme un important concurrent. Entre 2002 et 2007, le nombre d’abonnés de téléphone mobile aux EAU a augmenté en moyenne de 25,6 %, presque quatre fois plus vite que le taux de population. Les prévisions indiquent que le marché de la téléphonie mobile aux EAU sera en plein essor et passera de 7,7 millions d’abonnés en 2007 à 9,2 millions en 2008 et à 11,9 millions en 2012[76]. La connexion Internet à haute vitesse est largement répandue dans le pays et il y a environ 2,4 utilisateurs par abonnement Internet. Les prévisions de la Telecommunications Regulatory Authority (agence pour la régulation des télécommunications) indiquent que, au cours des prochaines années, la croissance du nombre d’utilisateurs et d’abonnés se doublera d’une baisse du nombre d’utilisateurs par abonnement : selon les prévisions, le nombre d’abonnés devrait augmenter et passer de 0,904 million en 2007 à 1,15 million en 2008, 1,44 million en 2009 et 2,66 millions en 2012[77]. L’utilisation d’Internet est très étendue ; en 2007, on trouvait déjà 1,7 million d’utilisateurs (InternetWorldStats.com). Selon Reporters sans frontières, les autorités filtrent les sites dont le contenu pourrait être nuisible aux citoyens, en particulier les sites pornographiques ou dont le contenu est particulièrement offensif aux mœurs et croyances émiriennes[78].
232
+
233
+ En 2013, le marché de l'assurance des Émirats arabes unis réalise un chiffre d'affaires de 8 milliards de dollars américains. 62 % de ce chiffre provient des compagnies nationales. En 2014, le volume de primes souscrites progresse de 13,6 %[79].
234
+
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+ D'après l'institut officiel de statistique, les Émirats arabes unis comptaient 8 264 070 habitants en 2010 dont 7 316 073 étrangers, soit 88,5 % de la population[80].
236
+
237
+ La moitié de la population des émirats est originaire du sous-continent indien (Inde, Pakistan, Maldives, etc.), le reste provenant des pays arabes, d'Iran et d'Asie du Sud-Est (Malaisie, Indonésie, etc.).
238
+
239
+ Les Émirats arabes unis possèdent l'un des taux d'immigration les plus élevés au monde[81]. Leur population a ainsi doublé entre 2005 et 2010[80].
240
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241
+ En 2007, on recense près de 700 000 travailleurs immigrés à Dubaï[82].
242
+
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+ En 2015, la population immigrée est estimée à 88,4 % de la population totale des Émirats arabes unis selon l'organisation internationale pour les migrations. Le tableau ci-dessous reprend les principales nationalités présentes aux Émirats arabes unis. Celui-ci n'est pas exhaustif car les statistiques de l'O.I.M ne disposent pas de tous les chiffres concernant les Émirats arabes unis. Ainsi la communauté iranienne*[Quoi ?] (estimée entre 400 000 et 500 000 personnes), chinoise* (estimée à 200 000 personnes), palestinienne* (estimée à 150 000 personnes), sud-africaine* (estimée à 100 000 personnes) et irakienne* (estimée à 52 000 personnes) pour ne citer que les principales, ne sont pas repris dans ce tableau.
244
+
245
+ Source : https://www.iom.int/fr/la-migration-dans-le-monde
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247
+ Les plus grandes agglomérations émiriennes sont en 2010 celles de :
248
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249
+ Selon le recensement le plus récent du ministère de l'Économie, celui de 2005, 76 % de la population serait musulmane (85 % de sunnites et 15 % de chiites), 9 % chrétienne et 15 % autre dont les hindous et 5 % bouddhistes[83]. Ce recensement ne prend pas en compte les personnes jugées temporaires et compte les baha'is et les druzes comme des musulmans[83]. Le Malékisme est l'école de jurisprudence la plus répandue aux Émirats arabes unis.
250
+
251
+ Même si l’islam est la religion d’État, le gouvernement se montre tolérant envers les autres appartenances religieuses et autorise la pratique d’autres religions que l’islam[84]. Il y a 31 églises à travers le pays et un temple hindou à Bur Dubai[85].
252
+
253
+ Depuis la création des sept émirats en 1971, du fait de l’immigration massive en provenance d’Asie, les religions se sont multipliées. Ainsi, en plus des sikhs, des chrétiens et des hindous, on trouve des zoroastriens, des bouddhistes et des baha'is.
254
+
255
+ L'arabe est la langue officielle du pays, mais, pour des raisons économiques et commerciales, l'anglais occupe une place importante, notamment dans le monde des affaires et du tourisme. L'hindi, l'ourdou, le farsi sont aussi présents du fait de la population immigrée.
256
+
257
+ Les Émirats arabes unis sont un membre observateur de l'Organisation internationale de la francophonie.
258
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259
+ Le système d'enseignement émirien n'est gratuit que pour les locaux (émiratis) et universel pour tous, de la maternelle à l'université[86]. Géré par le ministère de l'Éducation nationale, il est financé par l'État. Le programme scolaire est en harmonie avec les principes et le projet de développement des EAU. Les cours sont donnés dans la langue officielle, l'arabe, et, dans la première langue étrangère du pays, l'anglais. Un secteur privé coexiste avec ce dispositif public.
260
+
261
+ Le système d'enseignement supérieur dépend du ministère de l'Enseignement supérieur ; les plus importantes universités sont les suivantes : l'Université d'Abou Dabi, l'Université Zayed, Le Collège de médecine du Golfe et les Higher Colleges of Technology. Les femmes constituent plus de 70 % des étudiants de l'éducation supérieure[87].
262
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263
+ Les établissements privés sont également nombreux et comprennent l'Université de Sharjah, l'Université de Wollogong à Dubaï, l'Université américaine de Sharjah, l'Université américaine de Dubaï, l'Institute of Management Technology à Dubaï et l'Université des Sciences et des Technologies d'Al Ain. De nombreuses universités étrangères ont construit un campus aux EAU, comme Paris IV, dont un campus (Sorbonne-Abou Dabi) se trouve à Abou Dabi. En outre, l'institut BITS, Pilani s'est établi en 2000 à Dubaï. L'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est également en train d'implémenter un campus à Ras el Khaïmah.
264
+
265
+ Les EAU ont une culture très diverse, enrichie par l’arrivée de populations immigrées venant d’abord de l’Iran au début du XXe siècle, puis d’Inde, Pakistan et du Bangladesh dans les années 1960. En dépit de la diversité de la population, il y a eu peu de tensions ethniques entre les différents groupes de population.
266
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+ La culture émirienne est fondée sur les principes de l’Islam et de la culture traditionnelle arabe et bédouine. L’influence arabe est présente dans l’architecture, la musique, la cuisine et le mode de vie des Émiriens[88]. Les musulmans sont conviés à faire la prière cinq fois par jour par le muezzin, qui les appelle du haut du minaret dans les mosquées. Le weekend commence le vendredi, jour saint pour les musulmans.
268
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269
+ Deux jours fériés importants aux Émirats arabes unis sont les jours où l’on fête l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du Ramadan, et la journée nationale qui a lieu le 2 décembre et qui commémore la formation du pays[89]. Étant donné son caractère cosmopolite, les Émirats arabes unis ont une culture diverse et vibrante.
270
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271
+ Le développement socio-économique sans précédent dont le Golfe Persique a joui a contribué à libéraliser les Émirats arabes unis. Tandis que l’islam reste la religion la plus importante, ainsi que celle de l’État, les autres religions sont respectées et tolérées. On trouve d’ailleurs des églises, des temples hindous et des synagogues à côté des mosquées. Le pays abrite de nombreuses populations qui ont fui la persécution dans leur pays d’origine. L’aspect cosmopolite de Dubaï, en particulier, est de plus en plus évident et il n’est pas rare de trouver des centres culturels asiatiques, des écoles européennes et de nombreux restaurants spécialisés dans la cuisine étrangère.
272
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273
+ Les Émirats, qui jouissent déjà d’une solide réputation sur la scène sportive internationale, accueillent de nombreuses rencontres de premier plan dans des disciplines sportives très diverses, allant de l'hippisme à la course automobile en passant par le golf, le tennis, le football, le rugby, le cricket, la voile, les courses de hors-bord et presque tous les autres sports de compétition.
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275
+ En dehors des événements du circuit international, les EAU bénéficient d’un excellent environnement sportif local, de nombreux Émiriens adhérant à des clubs et établissements divers. Les sept émirats se rencontrent régulièrement lors des matches de championnats nationaux organisés dans diverses disciplines, sous la tutelle d’instances dirigeantes spécialisées. Grâce aux installations sportives de grande qualité que possède le pays (en intérieur comme en extérieur) et au climat favorable, les activités se poursuivent pendant l’hiver.
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+ Le sport joue un rôle de plus en plus important dans les efforts déployés par les EAU pour développer le secteur du tourisme. La plupart des hôtels offrent déjà d’excellentes installations, mais on est en train d’en rénover un grand bon nombre et d’en aménager de nouvelles. Les terrains de golf très bien entretenus et les installations équestres de classe internationale ne sont que deux des éléments qui attirent les visiteurs en grand nombre.
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+ Bordants le golfe persique à l’ouest et baignés par l’océan Indien à l’est, les EAU sont un lieu de prédilection pour les amateurs de sports nautiques. Les émirats de la côte du Golfe sont dotés de longues plages de sable, où l’on peut pratiquer des sports tels que la voile, le jet-ski, le surf, la natation ou encore le kitesurf. Le snorkelling et la plongée sous-marine sont également des passe-temps très populaires : sur la Côte Est des Émirats, on peut admirer toutes sortes de poissons exotiques ainsi que des récifs coralliens. Parmi les sites favoris des plongeurs figurent la fameuse « Snoopy Island » et la zone située au nord de Dibba.
280
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281
+ Résidents et visiteurs peuvent profiter des nombreux parcs et terrains de loisirs du pays, où sont organisés des matches de football, de basket et de cricket, tandis que les zones désertiques et montagneuses voisines des grandes villes offrent un cadre idéal pour des activités plus aventureuses. Il serait très difficile de dire quel sport n’est pas pratiqué aux Émirats, car de nouveaux clubs, centres ou associations se créent constamment dans la région[90].
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283
+ La législation des EAU concernant l'usage d'internet est l'une des plus coercitives au monde[91]. Certaines fonctionnalités de téléphonie par Internet (VoIP) d’applications comme Snapchat, WhatsApp et Viber sont inaccessibles en raison d’un blocage gouvernemental. L'usage des réseaux privés virtuels (VPN) est interdit encourent une peine de prison ainsi qu'une amende située entre 120 000 et 490 000 euros[92].
284
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285
+ Dubaï est depuis quelques années une destination connue des amateurs et professionnels de golf, avec une douzaine de parcours. Depuis 1989, Dubaï organise le Dubaï Désert Classic, premier tournoi de golf au Moyen-Orient. De nombreux joueurs internationaux participent à ce tournoi, qui fait partie du Tour européen PGA depuis sa création en 1989, Ernie Els a gagné le tournoi trois fois. Ce tournoi a généralement lieu à l’Emirates Golf Club[93]. Depuis 2009, le Dubai World Championship est la dernière étape de la Race To Dubai du Tour européen PGA.
286
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287
+ Les courses de dromadaires sont un sport traditionnel important aux Émirats arabes unis, qui trouve son origine dans les déserts de la péninsule Arabique, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les dromadaires ont toujours joué un rôle essentiel dans la vie des Bédouins, leur offrant transport, nourriture et bien davantage. En effet, les dromadaires ont depuis longtemps été utilisés pour les compétitions, les festivals et les célébrations importantes. Des courses étaient organisées lors de ces événements entre les différents propriétaires. Malgré l’avènement de la technologie et de la modernité, les dromadaires ont gardé un rôle symbolique important dans la culture des Émirats arabes unis.
288
+ Des courses de dromadaires sont organisées tous les ans, financées entièrement par le gouvernement. Elles ont lieu d’octobre à avril les jeudi, vendredi et samedi, et l’entrée est libre. Il est interdit de parier sur les dromadaires, car cela est contraire aux croyances musulmanes. Cependant, les gagnants reçoivent de généreuses sommes d’argent, le prix le plus convoité étant la King’s Cup à Dubaï[94].
289
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290
+ En 1985, les Émirats arabes unis ont rejoint la Fédération Équestre Internationale (FEI), puis ont formé leur propre fédération en 1992 : la UAE Equestrian and Racing Federation. Depuis, de nombreuses courses équestres ont lieu aux Émirats arabes unis tous les ans, qui ont propulsé le pays sur la scène équestre internationale. Les habitants des Émirats arabes unis, et en particulier la famille régnante et les cheikhs, entretiennent depuis longtemps une relation passionnée avec les magnifiques chevaux arabes. Les purs-sangs arabes étaient autrefois remarquablement bien entraînés par leurs maîtres bédouins comme chevaux de guerre, pour leur intelligence et leur incroyable endurance. Ils sont aussi incontestablement reconnus pour leur beauté et leur comportement doux envers l’homme.
291
+
292
+ Des courses de chevaux sont régulièrement organisées à Abou Dabi, les plus populaires chaque année étant la « Coupe de Son Altesse le Président », la « Coupe de la fête nationale » et le « Championnat des Émirats ». Des concours de saut d’obstacles ont aussi régulièrement lieu au Centre équestre d’Abou Dabi ou l’ADEC. L’ADEC possède 2 000 mètres de pistes d’entraînement au sein de l’hippodrome et plus de 250 écuries climatisées abritant les chevaux de course ainsi que des chevaux de particuliers. L’école d’équitation de l’ADEC dispose de plus de 90 chevaux, ainsi que de moniteurs diplômés pouvant enseigner aux cavaliers débutants ou confirmés. De plus, la UAE Equestrian and Racing Federation organise chaque année une course d’endurance, où les participants concourent sur des distances allant jusqu’à 160 kilomètres. La première course d’endurance moderne a eu lieu en 1993 et depuis, les organisateurs remportent de plus en plus de succès. Les concurrents de la course annuelle d’endurance incluent des membres de la famille régnante et de la famille royale, des habitants des Émirats arabes unis, des cavaliers expatriés et même des touristes étrangers. La saison des courses d’endurance à Abou Dabi débute normalement en novembre et dure jusqu’en mai de l’année suivante[95].
293
+ En outre le Sheikh Mohammed ben Rachid Al Maktoum est un grand éleveur de chevaux et participe à de nombreuses compétitions internationales.
294
+
295
+ Au même titre que celle du dromadaire, l’image du faucon perpétue l’attachement du peuple des Émirats arabes unis à ses traditions bédouines. La fauconnerie est une activité sportive traditionnelle, pratiquée notamment par Sheikh Hamdan, le prince héritier de Dubaï. Un centre national entièrement consacré à la fauconnerie se trouve à Dubaï et peut se visiter sur la route qui mène à l’hippodrome.
296
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297
+ Les Émirats arabes unis ont pour codes :
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299
+ Une part importante des droits de l'homme n'est pas respectée à Dubai et dans les autres émirats où les normes politiques sont spécifiques. Les travailleurs migrants sont victimes de mauvais traitements et vivent dans des logements de mauvaise qualité. Les conditions de travail sont particulièrement défavorables. Il n'y a ni syndicats ni droit de grève. Beaucoup de travailleurs voient leur passeport confisqué afin de les empêcher de quitter la ville avant le terme des chantiers sur lesquels ils sont engagés. Durant la construction du Burj Khalifa, les conditions de travail particulièrement difficiles pour les ouvriers ont beaucoup choqué[96],[97].
300
+
301
+ Jusqu'à récemment, des enfants jockeys étaient utilisés dans les courses de chameaux. La plupart de ces enfants viennent du Pakistan, de l'Inde et d'autres pays voisins[98]. Après une enquête, une nouvelle loi a été adoptée qui garantit que les jeunes enfants ne seront plus engagés dans ces courses.
302
+
303
+ Les résidents ou les visiteurs ne sont pas autorisés à critiquer la famille royale ou le gouvernement, ni même à parler de religion en dehors d'un lieu religieux. Certains citoyens ont été punis et leur citoyenneté a été révoquée[99].
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305
+ Cas extrême, Sheikh Issa (en) est un membre de la famille royale qui a torturé et abusé de nombreux ouvriers. Il a roulé sur l'une de ses victimes en voiture et a employé un aiguillon électrique destiné au bétail (en) comme instrument de torture[100].
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+
307
+ Les familles des détenus politiques sont également ciblées par des mesures de représailles. Ces personnes sont notamment victimes de restrictions à l'emploi, à l'enseignement supérieur, et ne peuvent pas nécessairement renouveler leurs documents d'identité. L'ONG américaine HRW indique que les autorités ont lancé depuis 2011 une « campagne soutenue contre la liberté d'expression et la liberté d'association. » Selon elle : « Les autorités émiraties, dans leur détermination à écraser toute opposition, ont permis à leur appareil sécuritaire d'utiliser leur pouvoir quasi-incontrôlé pour sanctionner les familles de militants, détenus ou vivant à l'étranger. [...] Les abus les plus choquants sont la détention arbitraire, les disparitions forcées et la torture[101]. »
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+ Athéisme
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+ Emma Goldman est une intellectuelle et anarchiste russe née le 27 juin 1869 à Kowno et morte le 14 mai 1940[1] à Toronto, Canada, connue pour son activisme politique, ses écrits et ses discours radicaux libertaires et féministes[2]. Elle a joué un rôle majeur dans le développement de la philosophie anarchiste en Amérique du Nord et en Europe dans la première moitié du XXe siècle.
15
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+ Née à Kowno[3] appartenant alors à l'Empire russe, elle émigre aux États-Unis[4] en 1885 et vit à New York, où elle rejoint dès 1889 le mouvement anarchiste en plein essor après le massacre de Haymarket Square. Elle devient vite une écrivaine et conférencière renommée, captivant des milliers de personnes sur la philosophie anarchiste, les droits des femmes ou les luttes sociales.
17
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18
+ Elle soutient, en 1892, une tentative d'assassinat de l'industriel Henry Frick, par son amant et ami de toujours, Alexander Berkman. L'évènement conçu comme un acte de propagande par le fait a lieu lors de la grève de l'usine sidérurgique Homestead. Bien que Frick ne soit que blessé, Berkman est condamné à vingt-deux ans de réclusion. Elle est emprisonnée à plusieurs reprises dans les années qui suivent, pour « incitation à l'émeute » et distribution illégale d'informations sur le contrôle des naissances. En 1906, elle fonde le journal Mother Earth[3],[4] dont elle assure la rédaction en chef jusqu'à son interdiction en 1917[5]. La même année, avec Berkman, elle est condamnée à deux ans de prison pour propagande antimilitariste contre la conscription. Ils sont ensuite expulsés vers la Russie[4].
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20
+ Initialement, elle soutient la révolution bolchevique, mais s'oppose rapidement au Parti communiste, en prenant notamment la défense des anarchistes victimes de la répression. En 1921, elle fuit l'URSS et raconte son expérience, en 1923, sous le titre : My Disillusionment in Russia.
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+ Pendant son séjour en France, en 1928, elle rédige son autobiographie, Living my Life, publiée en 1931[4].
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+ De 1936 à 1938, lors de la guerre civile et à l'invitation de la Confédération nationale du travail, elle se rend à plusieurs reprises en Espagne pour soutenir la révolution sociale. Elle meurt à Toronto le 14 mai 1940 à l'âge de 70 ans.
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26
+ Pour certains, Emma Goldman est une « femme rebelle », libertaire et libre penseuse. Pour ses détracteurs, c'est une avocate de l'assassinat politique et de la révolution violente[6]. Ses écrits et ses conférences touchent des domaines aussi divers que la prison, l'athéisme, la liberté d'expression, le militantisme, le mariage ou l’homosexualité. Bien qu'elle ne partage pas la revendication de la première vague du féminisme en faveur du droit de vote des femmes[7], elle développe une nouvelle réflexion intégrant davantage les femmes et la sexualité dans la philosophie anarchiste.
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28
+ Dans les années 1970, après des décennies d'oubli, son parcours est revisité par des chercheurs féministes ou anarchistes. En 1979, ses Mémoires sont traduits et publiés en français sous le titre L'Épopée d'une anarchiste. New York 1886 - Moscou 1920[8]. Ils sont réédités régulièrement depuis.
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30
+ Sa famille d'origine juive orthodoxe lituanienne vit à Kaunas (alors Kowno) dans l'Empire russe[5]. Sa mère, Taube Bienowitch[9], a deux filles d'un premier mariage : Helena (née en 1860) et Lena (en 1862). Le premier mari, mort de tuberculose, laisse une veuve dévastée.
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32
+ Le second mariage de Taube est arrangé par sa famille et, d'après Emma, contrairement au précédent, ils ne sont pas « faits l'un pour l'autre »[10]. Le second mari, Abraham Goldman[9], investit l'héritage de sa femme dans un commerce qui périclite rapidement, entraînant des privations qui s'ajoutent au manque de relation affective dans le couple, ce qui provoque des tensions. Taube est enceinte, Abraham souhaite ardemment avoir un fils : une fille, croit-il, serait un nouvel échec[11]. Le couple a finalement quatre enfants dont Emma, l'ainée, et trois fils.
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+ Emma Goldman est née le 27 juin 1869. Son père est violent, il frappe ses enfants notamment Emma, la plus rebelle, parfois avec un fouet[12]. Sa mère la réconforte, tentant de modérer son mari[13]. Avec le recul, Emma analyse plus tard l'origine de la fureur de son père et l'explique, en partie, comme une conséquence de ses frustrations sexuelles[14]. Les relations avec ses demi-sœurs, Helena et Lena, lui procurent le réconfort qu'elle ne trouve pas chez sa mère, et comblent son enfance de « toute la joie qu'elle a eue »[15]. La famille s'agrandit avec l'arrivée de trois frères, Louis (qui meurt à six ans), Herman (né en 1872) et Moishe (en 1879)[16].
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36
+ La famille déménage dans le village de Papilė, où le père gère une auberge[17]. Emma y rencontre Petrushka, un jeune paysan qui suscite ses « premiers émois érotiques »[18]. Elle est le témoin du châtiment d'un paysan, fouetté à coup de knout dans la rue. Cet événement contribue à forger son opposition à toute autorité violente[19].
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38
+ En 1876, sa famille déménage à Königsberg[5], alors ville prussienne de l'Empire allemand. Elle intègre une realschule. Un des professeurs la punit, comme d'autres élèves, en la frappant à coup de règle sur les mains. Un autre enseignant tente de l'agresser mais comme elle résiste, il est renvoyé. Elle trouve un mentor bienveillant en la personne de sa professeure d'allemand, qui lui prête des livres et l'emmène à l'opéra. Étudiante passionnée, elle réussit les examens d'admission au gymnasium mais son professeur de religion refuse de lui délivrer un certificat de bonne conduite et elle ne peut donc s'y inscrire[20].
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+ En 1883, la famille déménage à Saint-Pétersbourg[5], où son père ouvre sans succès un autre magasin. La pauvreté oblige les enfants à travailler. Emma exerce plusieurs métiers dont ceux de couturière[21] et d'ouvrière dans une fabrique de corsets[22].
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42
+ Adolescente, elle supplie son père de lui permettre de retourner à l’école. Celui-ci réagit en jetant son livre de français au feu :
43
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+ « Les filles n'ont pas besoin d'étudier autant que cela. Tout ce qu'une fille juive doit savoir, c'est comment on prépare le gefilte fish, comment couper convenablement les pâtes et donner à un homme de nombreux enfants[23]. »
45
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46
+ Emma a 15 ans et son père veut la marier religieusement[24] de force[17]. Ils s'affrontent sans cesse : lui se plaint qu'elle est une « femme facile » et elle affirme qu'elle ne se mariera que par amour[25].
47
+
48
+ Au magasin où elle travaille, elle repousse les avances appuyées de certains hommes. L'un d'entre eux l'emmène dans une chambre d'hôtel et après l'avoir fait boire, commet ce qu'elle décrira comme « le contact violent de nos corps qui m'avait fait si mal. » Deux de ses biographes ont qualifié cet épisode de viol[25],[26]. Elle est sidérée par cette expérience et « choquée de découvrir que la rencontre physique d'un homme et d'une femme pouvait être aussi brutale et douloureuse ». Après cette rencontre, elle décrit ses relations avec les hommes en ces termes : « Ils exerçaient encore sur moi un attrait puissant, mais souvent contredit par un violent mouvement de répulsion et je ne supportais pas qu'ils me touchent. »[27].
49
+
50
+ Lectrice assidue[28], elle poursuit son éducation en autodidacte[5]. La Russie vit une période agitée. Le tsar Alexandre II de Russie vient d'être assassiné par le mouvement nihiliste. Elle lit le roman de Nikolaï Tchernychevski, Que faire ?[29] et se projette dans le personnage de Vera, jeune nihiliste ayant fui une famille répressive pour vivre libre en travaillant comme couturière dans une coopérative. Le livre la captive et reste une source d'inspiration tout au long de sa vie[30].
51
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52
+ Elle noue des relations avec un cercle d'étudiants anarchistes de Saint-Pétersbourg[5],[28].
53
+
54
+ En 1885, sa sœur Helena envisage de partir à New York rejoindre Lena et son mari. Emma veut se joindre à elle et bien qu'Helena lui offre son billet, le père refuse. Désespérée, Emma menace de se jeter dans la Neva. Le père accepte finalement et le 29 décembre 1885, Helena et Emma arrivent à Castle Clinton à New York[31] avant de s'installer chez Lena à Rochester[5]. Fuyant l'antisémitisme qui se développe à Saint-Pétersbourg, le reste de la famille les rejoint l'année suivante.
55
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56
+ Emma travaille alors comme couturière, fabriquant des manteaux pendant plus de dix heures par jour pour deux dollars et demi par semaine. Dans cette ville, et plus tard à New Haven, dans le Connecticut, elle fait la connaissance, parmi ses collègues, de groupes de socialistes et d'anarchistes avec lesquels elle se lie[5].
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58
+ Fin 1886, une demande d'augmentation lui est refusée et elle préfère alors travailler dans une petite boutique à proximité[32].
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+ Elle y rencontre Jacob Kershner, un collègue, avec qui elle partage son amour des livres, de la danse et des voyages, ainsi que la détestation du travail en usine. En février 1887, ils se marient[33]. Durant leur nuit de noces, elle découvre que son mari est impuissant. Kershner emménage dans sa famille, mais leur relation se dégrade, ils s’éloignent physiquement et émotionnellement. Moins d'une année après leur mariage, ils divorcent[9]. Son ex-mari lui demande de revenir, la menaçant même de s'empoisonner. Emma revient à la maison mais, au bout de trois mois, elle le quitte définitivement. Ses parents considèrent son comportement comme « immoral » et lui refusent la possibilité de revenir dans leur foyer[34].
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+ Avec cinq dollars et sa machine à coudre, elle quitte Rochester pour New York[35] et s’engage de plus en plus dans le mouvement social.
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+ À la suite des manifestations et du massacre de Haymarket Square à Chicago (3 mai 1886), la répression des syndicats bat son plein aux États-Unis[5]. Elle se rapproche du courant antiautoritaire[24].
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+ En 1887, elle obtient la nationalité américaine[9] (en 1909, elle sera la première victime de la « dénaturalisation politique » au prétexte trouvé par l’Administration que son mari, juif russe naturalisé américain, par lequel elle était devenue américaine au moment de son mariage, et dont elle avait divorcé un an après, avait menti au moment de sa propre naturalisation vingt ans auparavant sur son âge et sa date d’arrivée aux États-Unis[36]).
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68
+ En 1889[5], lors de sa première journée à New York, elle rencontre deux hommes qui vont avoir une grande influence sur sa vie. Au Sach's Café, un lieu de réunion pour les radicaux, elle est présentée à Alexander Berkman, un anarchiste qui l'invite à une conférence de Johann Most, fondateur du journal Die Freiheit et partisan de la propagande par le fait - c'est-à-dire de l'utilisation de la violence pour provoquer le changement[37]. Elle fut impressionnée par son discours enflammé, et Most prit Goldman sous son aile, l’entraînant à discourir en public. Il l’encouragea fortement, lui disant même qu'elle prendrait sa place quand il serait absent[38]. Une de ses premières prises de parole en public eut lieu à Rochester. Après avoir convaincu sa sœur Helena de ne rien dire de son discours à ses parents, elle se trouva une fois sur scène, l'esprit complètement vide. Soudainement : « Quelque chose d'étrange se produisit. En un éclair, je les ai vus - tous les incidents de mes trois années passées à Rochester : l'usine Garson, ses corvées et ses humiliations, l'échec de mon mariage, le crime de Chicago… Je commençais à parler. Des mots que je ne m'étais jamais entendu prononcer auparavant sont venus jaillir abondamment, de plus en plus vite. Ils sont venus avec une intensité passionnée… Le public avait disparu, le hall lui-même avait disparu; j'étais seulement consciente de mes propres mots, de mon chant extatique. »[39]
69
+
70
+ Enchantée par cette expérience, Goldman affina son personnage public durant de nombreux autres engagements. Rapidement, cependant, elle se retrouva en conflit avec Most à propos de son indépendance. Après un discours très important, elle eut l'impression d'être devenue « un perroquet répétant les vues de Most »[40] et affirma sa volonté d'exprimer ses positions. Dès son retour à New York, Most devenu furieux lui asséna « Qui n'est pas avec moi est contre moi »[41]. Goldman quitta Freiheit et rejoignit une autre publication Die Autonomie[42].
71
+
72
+ Au même moment, elle commença à entretenir une relation plus amicale avec Berkman, qu'elle appelait affectueusement Sasha. Ils devinrent rapidement amants et déménagèrent dans un appartement communautaire, à Woodstock en Illinois, avec son cousin Modest « Fedya » Stein et une amie de Goldman, Helen Minkin[43]. Bien que leur relation ait dû faire face à de nombreuses difficultés, Goldman et Berkman auraient partagé une relation très proche pendant des décennies, unis par leurs idées anarchistes et leurs engagements pour l'égalité individuelle[44].
73
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74
+ La grève dans une usine sidérurgique de Homestead située dans la banlieue de Pittsburgh en Pennsylvanie est sans doute à l'origine de la rencontre politique entre Goldman et Berkman. En juin 1892, les négociations sont rompues entre la direction de la Carnegie Steel Company (en) et le syndicat Amalgamated Association of Iron and Steel Workers. Le directeur de l'usine, Henry Clay Frick, est un violent adversaire du syndicalisme. Fin juin, les dernières négociations ayant échoué, la direction décide le lock-out de l'entreprise, la fermeture de l'usine, afin de mettre au chômage les salariés. Ceux-ci se mettent immédiatement en grève. Des briseurs de grève sont recrutés protégés par des agents armés de la Pinkerton National Detective Agency. Le 6 juillet, un affrontement oppose trois cents Pinkerton à une foule armée de travailleurs. Au cours de la fusillade qui dure douze heures, sept gardes et neuf grévistes sont tués[45].
75
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76
+ À la suite de cet affrontement et alors que la majorité de l'opinion publique soutient les grévistes, Goldman et Berkman décident d'assassiner Henry Clay Frick[46], une action dont ils attendent qu'elle inspire la peur dans les rangs du patronat tout en encourageant les travailleurs à se révolter contre le système capitaliste.
77
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78
+ Berkman se charge de l'action et Goldman expliquera ses motivations après son arrestation[47]. Dans un premier temps, Berkman essaie, sans succès, de fabriquer une bombe, puis part à Pittsburgh acheter une arme et un costume décent.
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+ Pendant ce temps, Goldman décide d'aider au financement du projet grâce à la prostitution. Se rappelant le personnage de Sonia dans le roman de Dostoïevski, Crime et Châtiment, elle songe que cette dernière « était devenue une prostituée dans le but d'aider ses petites frères et sœurs… La sensible Sonia pouvait vendre son corps, pourquoi pas moi ? ». Une fois dans la rue, elle attire l'attention d'un homme qui l'emmène dans un saloon, lui offre une bière et lui donne dix dollars, en lui disant qu'elle n'a pas « le coup », en lui conseillant d'abandonner la prostitution. Elle est « trop abasourdie pour parler »[48]. Elle écrit à Helena, prétendant être malade et avoir besoin de quinze dollars[49].
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+ Le 23 juillet, Berkman accède au bureau de Frick avec une arme dissimulée et lui tire trois fois dessus avant de le poignarder à la jambe. Un groupe de travailleurs, loin de le soutenir, le frappent au point de lui faire perdre conscience. Il est arrêté[50],[51],[52].
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84
+ Lors de son procès, il est reconnu coupable de tentative d'assassinat et condamné à 22 ans de prison[53],[54]. Son absence fut très dure à vivre pour Goldman[52]. Convaincue qu'elle était impliquée, la police perquisitionne son appartement. Ne trouvant pas de preuves, les inspecteurs font pression sur son propriétaire pour l'expulser.
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+ Les organisations syndicales, tout comme les anarchistes, condamnent l'action. Johann Most, leur ancien camarade, s'en prend alors vivement à Berkman. Furieuse, Goldman apporte à l'une de ses conférences une petite cravache et demande, sur scène, que Most s'explique. Ce dernier l'exclut, après quoi elle lui donne des coups de fouet, cassant ce dernier sur ses genoux en lui jetant violemment les morceaux[55],[56]. Elle a plus tard regretté l’agression, confiant à un ami : « à l'âge de 23 ans, on n'a pas raison »[57].
87
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88
+ Aux côtés de Kate Austin et Voltairine de Cleyre, elle collabore à l'hebdomadaire Lucifer, The Light-Bearer, Lucifer, Le Porteur de Lumière (1883-1907).
89
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90
+ Lors de la grande crise de 1893, le taux de chômage approche les 20 % aux États-Unis (1894) et des « marches de la faim » débouchent régulièrement sur des émeutes. Emma prend la parole devant des foules de chômeurs à New York. Le 21 août, elle s'adresse à près de 3.000 personnes sur Union Square : « Demandez du travail, s’ils ne vous donnent pas de travail, demandez du pain, s’ils ne vous donnent ni du pain ni du travail, prenez le pain ». Cette citation est un résumé du principe d’expropriation préconisé par les communistes libertaires comme Kropotkine.
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92
+ Elle est accusée « d’incitation à l’émeute », et arrêtée à Philadelphie puis extradée vers l’État de New York. La police lui propose, sans succès, de devenir indicateur pour éviter la prison. L’instruction se base sur les notes d’un agent de police, prétendument prises durant le meeting, alors que douze personnes présentes témoignent de l’impossibilité physique de prendre des notes à cause de la foule et qu’un expert déclare que l’écriture est bien trop régulière pour avoir été prise debout. Un journaliste du World de New York témoigne en sa faveur mais son article publié le lendemain du meeting a été réécrit. Le journaliste n’ose pas témoigner contre son employeur et les juges décident que son article remplacera son témoignage. Contre l’avis de son avocat, elle refuse de faire appel. Elle est donc condamnée à un an de détention au pénitencier de Blackwell’s Island. Voltairine de Cleyre donne alors une conférence pour la défense d’Emma Goldman (In defense of Emma Goldman).
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94
+ Pendant l'année où elle purge sa peine, elle développe un vif intérêt pour l’éducation des enfants, ce qui sera plus tard son principal engagement.
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96
+ Libérée en 1895, elle se lance dans une tournée de conférences à travers l'Europe et les États-Unis[5].
97
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98
+ Le 10 septembre 1901, elle est arrêtée avec neuf autres personnes pour participation à un complot d’assassinat contre le président McKinley. Un jeune immigré polonais, Leon Czolgosz, qui se réclame de l'anarchisme sans qu'aucun groupe libertaire ne le reconnaisse[46], et qui « prétend s'être inspiré d'elle, bien qu'il n'existe aucun lien direct entre eux »[5], a tiré sur le président quelques jours plus tôt (celui-ci décèdera de ses blessures le 14 septembre). Czolgosz était venu assister à une de ses conférences. Emma ne l'avait rencontré qu’une seule fois, brièvement, plusieurs semaines plus tôt. Elle écrit à son propos : « Léon Czolgosz et les hommes de son espèce ne sont pas des créatures dépravées animées par de bas instincts, mais au contraire des êtres hypersensibles qui ne supportent plus le poids des contraintes sociales. C'est parce qu'ils ne peuvent plus être les témoins inactifs de la souffrance et de la misère de leurs semblables qu'ils en viennent, parfois au prix de leur vie, à ces actes de violence. Et ces actes devraient être retournés à leurs envoyeurs véritables, les responsables de l'injustice et de l'inhumanité qui règnent sur le monde. »[58].
99
+
100
+ En 1903, une loi contre les anarchistes est votée par le Congrès de Washington. Emma n'en continue pas moins sa propagande et publie en 1906 une nouvelle revue, Mother Earth, et un premier livre, Anarchism and Other Essays, en 1910[21].
101
+
102
+ En août 1907, elle participe avec Max Baginski au Congrès anarchiste international d'Amsterdam où elle rencontre des délégués de 14 pays dont Errico Malatesta, Pierre Monatte, Luigi Fabbri, Benoît Broutchoux, Rudolf Rocker, Christiaan Cornelissen.
103
+
104
+ Jusqu'à leur exécution sur la chaise électrique, le 22 août 1927, elle participe à la campagne internationale autour de l'affaire impliquant deux anarchistes d'origine italienne, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti[24].
105
+
106
+ Son féminisme[59] libertaire[7] est aussi radical que ses autres engagements : elle prône la contraception, l'égalité des sexes et l'union libre. Elle dénonce l'organisation patriarcale de la société et l'institution du mariage[24].
107
+
108
+ Elle met en évidence la persistance de « l'instinct de propriété du mâle », même parmi les révolutionnaires : « dans son égocentrisme, l'homme ne supportait pas qu'il y eut d'autres divinités que lui »[60], une analyse qu'elle développe dans La Tragédie de l'émancipation féminine[61].
109
+
110
+ Elle s'oppose aux conceptions traditionnelles de la famille, de l'éducation et des rapports de genre[62]. Elle s'attaque à l'institution du mariage[63] dont elle dit que « c'est premièrement un arrangement économique... [la femme] le paie avec son nom, sa vie privée, son estime de soi, toute sa vie »[64].
111
+
112
+ En 1895, elle fait un séjour à Vienne et apprend le métier d’infirmière sage-femme, qu’elle pratique ensuite aux États-Unis.
113
+
114
+ Elle est l’une des pionnières du combat pour le contrôle des naissances[65]. Pour elle, les femmes — qui ont en moyenne entre cinq et onze enfants — doivent se libérer de « l'esclavage de la maternité ». Elle les appelle à utiliser la contraception, seul moyen pour les femmes de devenir citoyennes à part entière et de remettre effectivement en cause l'omnipotence économique, politique et culturelle des hommes[66].
115
+
116
+ En 1911, avec Harry Kelly, Alexander Berkman et Voltairine de Cleyre, elle participe à la création de la première des Écoles modernes et l'une des plus reconnues, celle de New York, couramment appelée le Ferrer Center du nom du pédagogue libertaire espagnol, Francisco Ferrer. Selon elle, les cours donnés dans l'école « contribuèrent à créer un esprit de liberté dans les classes d'art tel qu'il n'en existait probablement nulle part à New York à cette époque. ».
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+
118
+ Le 11 février 1916, elle est arrêtée et emprisonnée, à nouveau, pour la distribution de propagande en faveur de la contraception.
119
+ Durant plusieurs années, elle s’attend à être arrêtée à chaque fois qu’elle prend la parole et a toujours un livre quand elle monte sur l’estrade. La presse la surnomme « Emma la Rouge ».
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121
+ En février 1915, pendant la Première Guerre mondiale, elle signe le Manifeste « L’Internationale Anarchiste et la Guerre »[67].
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123
+ En 1916, elle s'oppose[68] avec notamment Errico Malatesta[69], Alexander Berkman, Rudolf Rocker, Voline ou Ferdinand Domela Nieuwenhuis au Manifeste des Seize, rédigé par Pierre Kropotkine et Jean Grave[67] qui prennent parti pour le camp des Alliés et contre l’agression allemande.
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125
+ Elle milite contre la conscription récemment instaurée aux États-Unis, et s'engage dans la en:No Conscription League qui organise des réunions antimilitaristes contre la guerre[70]. En 1917, elle est incarcérée pour la troisième fois.
126
+
127
+ Elle passe deux ans en prison, avant d'être expulsée vers la Russie en décembre 1919[9], bannie et déchue de sa citoyenneté américaine[5] avec deux cent quarante-sept autres révolutionnaires[21]. Durant l’audience présidée par J. Edgar Hoover, celui-ci l'appelle « l’une des femmes les plus dangereuses d’Amérique ».
128
+
129
+ Cet exil forcé lui permet, avec Berkman, d'être témoin et acteur direct dans la révolution russe.
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131
+ À son arrivée en Russie, elle est prête à soutenir les bolcheviks, malgré l'opposition historique entre libertaires et communistes étatistes héritée du clivage entre Bakounine et Marx qui déboucha sur la scission de la Première Internationale.
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+ C'est une autre réalité qui l'attend. À Petrograd (Saint-Pétersbourg), elle est choquée d'entendre un responsable du parti bolchevik traiter la liberté d'expression de « superstition bourgeoise ». Avec Berkman, elle voyage à travers le pays, croisant Gorki et Kropotkine[21]. Elle découvre partout la répression, la mauvaise gestion et la corruption, à la place de l'égalité et l'autogestion par les travailleurs dont elle avait rêvé. Tous ceux qui critiquent le gouvernement sont traités de « contre-révolutionnaires » et les ouvriers travaillent dans des conditions déplorables. Elle rencontre Lénine[21] qui lui assure que la suppression de la liberté de la presse est un mal nécessaire : « Il ne peut y avoir la liberté d'expression dans une période révolutionnaire ». Au nom de la « nécessité historique », Berkman est plus indulgent qu'elle, mais la rejoint finalement dans son opposition à l'autoritarisme du nouvel État soviétique.
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135
+ Sur le plan privé, elle est l'amie de communistes marxistes et new-yorkais comme John Reed et Louise Bryant, présents également en Russie avec qui elle aurait même partagé un appartement[71].
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+
137
+ Elle prend la parole, le 13 février 1921, aux funérailles de Pierre Kropotkine qui constituent la dernière manifestation de masse du mouvement libertaire en URSS. Bravant le froid, 20.000 moscovites suivent le cortège derrière des banderoles : « Là où il y a autorité, il ne peut y avoir de liberté », « La libération de la classe ouvrière, c’est la tâche des travailleurs eux-mêmes »[72].
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+
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+ En février 1921, des grèves éclatent à Petrograd, des travailleurs manifestent dans les rues pour réclamer de meilleures rations alimentaires et plus de liberté. Goldman et Berkman soutiennent les grévistes : « Garder le silence est maintenant impossible, même criminel ». Le mouvement fait tache d'huile jusqu'au port militaire de Kronstadt où les anarchistes sont bien implantés parmi les marins.
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+
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+ Le 26 février, les équipages du cuirassé Petropavlovsk et du cuirassé Sébastopol tiennent une assemblée qui décide l'envoi d'une délégation à Petrograd.
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+ Le 1er mars, réunis en assemblée générale, les marins de la flotte de la Baltique envoient une liste de quinze résolutions au gouvernement bolchévik :
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+
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+ « Ayant entendu les représentants des équipages délégués par l’Assemblée générale des bâtiments pour se rendre compte de la situation à Petrograd, les matelots décident : [...] D’exiger la liberté de parole et de la presse pour les ouvriers et les paysans, les anarchistes et les partis socialistes de gauche [...] D’exiger la liberté de réunion et la liberté des organisations syndicales et des organisations paysannes [...] De libérer tous les prisonniers politiques des partis socialistes, ainsi que tous les ouvriers et paysans, soldats rouges et marins emprisonnés [...] Désigner une commission de révision des dossiers des détenus dans les prisons et dans les camps de concentration [...] Égaliser les rations alimentaires de tous les travailleurs, sauf ceux qui sont sur des postes insalubres ou dangereux[73],[74]. »
146
+
147
+ Le 5 mars, soit deux jours avant le bombardement de Kronstadt, elle est avec Berkman à la tête d'une délégation anarchiste qui se propose comme intermédiaire pour faciliter les négociations entre le Comité révolutionnaire provisoire mené par Stepan Petrichenko et le pouvoir soviétique. Mais ce geste sera ignoré par les bolcheviks. Le 17 mars l'insurrection est écrasée par l'Armée rouge[75].
148
+
149
+ L'écrasement de la commune de Kronstadt, la dictature instaurée par les bolcheviks, la répression des courants anarcho-syndicalistes et anti-autoritaires, la bureaucratie omniprésente et le travail forcé l'amènent à quitter l'URSS[4] en décembre 1921[9].
150
+
151
+ À la demande du New York World de Joseph Pulitzer, elle accepte d'écrire une série d'articles sur son expérience en Russie qui sont rassemblés, en 1923, dans un livre : Mon désenchantement en Russie[3] (My Disillusionment in Russia), suivi de Mon autre désenchantement en Russie (My Further Disillusionment in Russia). Elle y dénonce la « dictature du parti » qui étouffe les soviets avec sa « brutalité organisée »[76].
152
+
153
+ Son expérience en URSS a fait évoluer ses positions sur l'usage de la violence dans les luttes sociales. Témoin de la répression brutale des grévistes et opposants politiques par l’Armée rouge, elle rejette à présent l'utilisation de la violence, à l’exception de l'autodéfense.
154
+
155
+ Quittant la Russie, elle séjourne brièvement à Riga et à Stockholm, avant de s'installer à Berlin, d'où elle est expulsée.
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157
+ En septembre 1924, elle est autorisée, par le gouvernement travailliste, à se fixer en Angleterre[77]. Elle est boycottée par toute la gauche qui l'accuse de faire le jeu de la droite en dénonçant les méthodes dictatoriales du nouveau pouvoir bolchevik[78]. En 1925, elle obtient la nationalité britannique[9].
158
+
159
+ Elle voyage à travers l'Europe et participe aux activités de soutien aux anarchistes russes emprisonnés[24], notamment au Comité de défense des révolutionnaires emprisonnés en Russie créé par Grigori Maksimov.
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+ En 1928, installée à Saint-Tropez, elle rédige, pendant deux ans, son autobiographie, Living my Life, avec l'aide critique de Berkman. Elle demande à son éditeur Alfred A. Knopf que le manuscrit soit publié en un seul volume et « à un prix abordable pour la classe ouvrière ». En 1931 lors de la sortie, elle est furieuse d'apprendre que l'éditeur a publié le texte en deux volumes au prix global de 7,50 $ du fait de l'effondrement de l'économie pendant la crise de 1929. Le livre se vend peu, malgré les critiques enthousiastes parues dans The New York Times, The New Yorker et Saturday Review of Literature qui le présentent comme l'un des meilleurs de l'année.
162
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163
+ En 1933, elle est autorisée à tenir une conférence aux États-Unis à condition qu'elle ne parle que de son expérience personnelle, sans commentaire sur les enjeux politiques du moment. Le 2 février 1934, elle revient à New York ou l'accueil de la presse est globalement positif, sauf dans les publications communistes. Entourée d'admirateurs et d'amis, elle reprend sa ronde de conférences et d'interviews.
164
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+ Son titre de séjour expire en mai 1934 et elle rejoint Toronto afin d'y déposer une nouvelle demande de visa qui lui est refusé. Elle reste au Canada, tout en publiant dans la presse américaine.
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+ En juin 1936, elle reçoit un appel de détresse de Berkman alors en France. Elle part immédiatement pour Nice, mais à son arrivée, elle le retrouve paralysé à la suite d'une tentative de suicide. Il meurt le lendemain, 27 juin 1936.
168
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+ En Espagne, le 18 juillet 1936, des militaires nationalistes déclenchent un coup d'État contre le gouvernement de la Seconde République. C'est le début de la guerre civile. En Catalogne particulièrement, et tout en participant aux combats contre les franquistes, le mouvement anarcho-syndicaliste réalise une véritable révolution sociale.
170
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171
+ Alors âgée de 67 ans, Emma Goldman est invitée, à Barcelone, par la Confédération nationale du travail (CNT) et de la Fédération anarchiste ibérique (FAI). Pour la première fois de sa vie, elle se retrouve dans une communauté autogérée selon les principes pour lesquels elle s'est toujours battue. « De toute ma vie, je n'ai pas rencontré un accueil aussi chaleureux, la camaraderie et la solidarité ».
172
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+ Elle se rend dans la province de Huesca, où elle visite des entreprises et des fermes collectivisées : « Votre révolution va détruire pour toujours [l'idée] que le projet anarchiste signifie le chaos » et de rajouter « Le travail constructif entrepris par la CNT et la FAI constitue une réalisation inimaginable aux yeux du régime bolchevique, et la collectivisation des terres et des usines en Espagne représente la plus grande réussite de toutes les périodes révolutionnaires. De plus, même si Franco gagne et que les anarchistes espagnols sont exterminés, le travail qu’ils ont commencé continuera à vivre. »[80]
174
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175
+ Elle rejoint Madrid assiégée où elle partage le quotidien des miliciens. En octobre 1936, elle rencontre Buenaventura Durruti et sa colonne. Après la mort de ce dernier, elle écrit un vibrant hommage : Durruti is Dead, Yet Living![81].
176
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+ Elle édite un Bulletin d'information hebdomadaire en langue anglaise pour la CNT-FAI.
178
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179
+ En novembre 1936, de plus en plus convaincue que son incapacité à parler espagnol limite son activité, elle décide de faire une tournée de conférences en Grande-Bretagne ou aux États-Unis, où elle sera plus utile, donnant des interviews où elle communique son enthousiasme pour les événements en cours en Espagne. Elle retourne à Londres en tant que représentante officielle de la CNT-FAI. Elle reviendra en Espagne à plusieurs reprises jusqu'en 1938.
180
+
181
+ Après les Journées de mai à Barcelone et l'entrée des anarcho-syndicalistes de la CNT-FAI dans le gouvernement républicain de coalition dominé par les communistes, elle fait part de ses critiques. Elle décrit la collaboration avec les communistes comme étant « un déni pour nos camarades morts dans les camps de concentration de Staline ». Elle dénonce les concessions répétées faites aux communistes au nom de unité anti-fasciste : « le peuple les déteste et dès la fin du chantage dû aux fournitures d’armement russe, bien payées du reste mais absolument nécessaires, le stalinisme ne prendra jamais sur le territoire espagnol »[82].
182
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183
+ Le 18 octobre 1937, elle est désignée par le Secrétaire général de la CNT-FAI, Mariano Rodríguez Vázquez, comme représentante à Londres de Solidarité Internationale Antifasciste, organisation formée en juin 1936 en solidarité avec le mouvement libertaire espagnol et la révolution sociale.
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185
+ Début mai 1938, elle lit Hommage à la Catalogne de George Orwell. Elle revient une dernière fois en Espagne en septembre.
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+ En 1938, elle se rend à Amsterdam pour y classer ses archives et celles de Berkman à l'Institut international d'histoire sociale[21].
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+ En 1939, elle revient au Canada. À Winnipeg, début décembre, elle donne cinq conférences, évoquant notamment le pacte germano-soviétique et dans une réunion organisée par un club de femme juives, Les Juifs dans la littérature en Angleterre jusqu'à la fin du XIXe siècle.
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+ Le samedi 17 février 1940, elle est victime d'un accident vasculaire cérébral qui la laisse paralysée du côté droit et même si son audition n'est pas affectée, elle ne peut plus parler. Pendant trois mois, son état s'améliore légèrement, avant une rechute le 8 mai. Le 14 mai 1940, elle meurt à Toronto.
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+ Le service américain de l'immigration et des naturalisations permet le rapatriement de son corps aux États-Unis. Elle est enterrée, selon son vœu, aux côtés des condamnés du massacre de Haymarket Square[83] à Chicago, le lieu qui a changé le cours de sa vie.
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+ La pensée politique d'Emma Goldman est influencée par les travaux de Michel Bakounine, Henry David Thoreau, Pierre Kropotkine, Ralph Waldo Emerson, Nikolaï Tchernychevski, Mary Wollstonecraft et Friedrich Nietzsche.
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+ Dans ses nombreux écrits et prises de parole, elle aborde les thèmes qui l'ont mobilisée toute sa vie : l'anarchisme et la lutte anticapitaliste, l'égalité hommes-femmes et la libre maternité, l'amour libre et l'athéisme, l'antimilitarisme et le refus de tout régime étatique même s'il se réclame du « pouvoir des travailleurs ».
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+ Emmanuel Kant (en allemand : Immanuel Kant [ʔɪˈmaːnu̯eːl kant][1]), né le 22 avril 1724 à Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, et mort dans cette même ville le 12 février 1804, est un philosophe allemand, fondateur du criticisme et de la doctrine dite « idéalisme transcendantal »[2].
4
+
5
+ Grand penseur de l'Aufklärung (Lumières allemandes), Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie, la philosophie moderne, et la pensée critique en général. Son œuvre, considérable et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques – à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique et la Critique de la faculté de juger – fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.
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7
+ Emmanuel Kant naît en 1724 à Königsberg en Prusse-Orientale (actuellement Kaliningrad en Russie) dans un milieu modeste : son père, Johann Georg Kant  (* 1683 à Memel ; † 1746 à Königsberg) d'origine écossaise, est sellier, et sa mère, Anna Regina (* 1697 à Königsberg, † 1737 ibid), née Reuter, s'étaient mariés le 13 novembre 1715. Il qualifia sa mère de très intelligente et foncièrement piétiste. Il est le quatrième des onze enfants du couple. Il fréquente durant sept ans le Collegium Fridericianum (en)
8
+ , dirigé par Franz Albert Schultz, pasteur piétiste qui considère la piété de l'âme comme supérieure au raisonnement.
9
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10
+ En 1740, il entre à l'université de Königsberg pour étudier la théologie. Il suit les cours de Martin Knutzen, professeur de mathématiques et de philosophie ; ce professeur, lui aussi piétiste et disciple de Wolff, combat le dualisme et en revient à la pure doctrine de Leibniz, suivant laquelle la force représentative et la force motrice participent l'une de l'autre et se supposent réciproquement.
11
+
12
+ C'est là qu'il découvre Newton et la physique, preuve, selon lui, qu'une science a priori de la nature est possible (c’est-à-dire les mathématiques et la physique)[3]. Plus tard, il créditera aussi l'astronomie de nous avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu'elle nous a « découvert l'abîme de l'ignorance, dont la raison humaine, sans [cette connaissance], n'aurait jamais pu se représenter qu'il était aussi profond ; et la réflexion sur cet abîme doit produire un grand changement dans la détermination des fins ultimes à assigner à notre usage de la raison »[4].
13
+
14
+ En 1746, la mort de son père l’oblige à interrompre ses études pour donner des cours : il est engagé comme précepteur par des familles aisées et il accomplit cette tâche durant neuf ans. C'est également cette année-là qu'il publie sa première dissertation : Pensées sur la véritable évaluation des forces vives[5].
15
+
16
+ En 1755, il obtient une promotion universitaire et une habilitation grâce à une dissertation sur les principes premiers de la connaissance métaphysique[6]. Il commence à enseigner à l’université de Königsberg avec le titre de Privatdozent (enseignant payé par ses élèves).
17
+
18
+ Kant est le premier grand philosophe moderne à donner un enseignement universitaire régulier.[réf. nécessaire] Ses cours, tout comme ses publications à cette période, sont très diversifiés : mathématiques et physique apprises chez Newton, morale inspirée de Rousseau, Shaftesbury, Hutcheson et Hume, pyrotechnie, théorie des fortifications.
19
+
20
+ À partir de 1760, ses cours ont pour nouveaux objets la théologie naturelle, l'anthropologie, et surtout la critique des « preuves de l'existence de Dieu » ainsi que la doctrine du beau et du sublime.
21
+
22
+ En 1766, Kant demande et obtient le poste de sous-bibliothécaire, à la Bibliothèque de la Cour, fonction qu'il occupe jusqu’en avril 1772. C’est la seule démarche qu’il ait jamais faite pour obtenir une faveur[7].
23
+
24
+ En 1770, il est nommé professeur titulaire, après avoir écrit une dissertation intitulée De la Forme des principes du monde sensible et du monde intelligible[8].
25
+
26
+ En 1781 paraît la première édition de la Critique de la raison pure. Cet ouvrage, fruit de onze années de travail, ne rencontre pas le succès espéré par son auteur. Une seconde édition voit le jour en 1787.
27
+
28
+ En 1786, il devient membre de l'Académie royale des sciences et des lettres de Berlin.
29
+
30
+ En 1788 est publiée la Critique de la raison pratique et, en 1790, la Critique de la faculté de juger. Toutes ses autres œuvres majeures (Fondation de la métaphysique des mœurs et Vers la paix perpétuelle notamment) sont écrites durant cette période.
31
+
32
+ Kant n'a jamais quitté sa région natale[9] mais il fut très attentif aux mouvements du monde, comme en témoignent de nombreuses publications qui traitent de sujets variés et contemporains de son époque. Il recevait également très souvent de nombreux amis à dîner et déjeunait chaque jour avec un inconnu. La tradition rapporte que Kant ne modifia son emploi du temps immuable et la trajectoire de sa promenade quotidienne que deux fois : la première en 1762 pour se procurer le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau, la seconde en 1789 afin d'acheter la gazette après l'annonce de la Révolution française[10]. Cette image apparaît sujette à caution à certains universitaires qui y voient une exagération et un transfert des habitudes de ponctualité de son ami à partir de 1764, Joseph Green, célèbre pour son rigorisme au point d'avoir été en son temps le sujet du livre satirique L'homme d'après l'horloge de Theodor Gottlieb Hippel (un autre ami de Kant)[11].
33
+
34
+ Favorable à la révolution française, il affirme, après Thermidor, que « les méfaits des Jacobins ne sont rien comparés à ceux des tyrans du passé »[12].
35
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36
+ D'après le récit biographique de Thomas de Quincey, les capacités mentales du philosophe s'affaiblirent de manière importante vers la fin de sa vie : l'un des signes « du déclin de ses facultés fut que désormais il perdit tout sens précis du temps »[13]. Selon Harald Weinrich, les « symptômes » décrits par le narrateur Wasianski dans l'ouvrage de Quincey, notamment les pertes de mémoire de Kant, pourraient faire penser à la maladie d'Alzheimer[14].
37
+
38
+ Désormais célèbre, bien qu'incomplètement compris par ses contemporains, Emmanuel Kant meurt en 1804 à Königsberg[15]. Ses derniers mots furent : « Es ist gut » (« c'est bien » ou « c'est suffisant »)[16]. Son tombeau est situé à l'extérieur nord-est de la Cathédrale de Königsberg (aujourd'hui Kaliningrad).
39
+
40
+ Les trois grandes branches de la philosophie kantienne sont les suivantes : philosophie de la connaissance (développée surtout dans la Critique de la raison pure), philosophie pratique (exposée dans la Critique de la raison pratique et lesFondements de la métaphysique des mœurs) et esthétique (dans la Critique de la faculté de juger).
41
+
42
+ Les enjeux de la philosophie kantienne sont multiples car Kant a apporté d'importantes contributions tant en théorie de la connaissance, qu'en éthique, en esthétique, en métaphysique et en philosophie politique.
43
+
44
+ Sa première grande contribution fut d’avoir fondé, dans la Critique de la raison pure, la théorie de la connaissance en tant que telle : il en fit une discipline relativement autonome aussi bien de la métaphysique que de la psychologie.
45
+
46
+ D’autre part, et à partir des acquis de la Critique de la raison pure, Kant élabore une philosophie morale profondément nouvelle qui part du concept de loi morale valable pour tout « être raisonnable », universelle et nécessaire, et de son corrélat, la « liberté transcendantale ». Exposée en particulier dans la Critique de la raison pratique, l'éthique kantienne a été qualifiée de déontologique, c'est-à-dire qu'elle considère l'action en elle-même et le devoir ou obligation morale, indépendamment de toute circonstance empirique de l'action[18]. Elle s'oppose donc aussi bien à l'éthique conséquentialiste, qui estime la valeur morale de l'action en fonction des conséquences prévisibles de celles-ci, qu'à l'eudémonisme, qui considère que l'éthique doit viser le bonheur. Du fait du caractère absolument impératif de la notion de devoir, et de la connexion non nécessaire entre le bonheur et la morale, la position kantienne a souvent été qualifiée de rigoriste[19].
47
+
48
+ Enfin, dans la Critique de la faculté de juger, il exposa une théorie esthétique qui est le fondement de la réflexion esthétique moderne. La troisième Critique est aussi une réflexion sur la nature et la téléologie.
49
+
50
+ Il existe de façon incontestable un « avant » et un « après » Kant dans ces trois domaines. La réflexion kantienne fut prise en compte dès son élaboration, par l'idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel, Schopenhauer), et poursuivie par le néokantisme (Cassirer).
51
+
52
+ Le point de départ de la réflexion élaborée dans la Critique de la raison pure est, de l'aveu même de Kant, le scepticisme empiriste de Hume, qui l'a réveillé de « [s]on sommeil dogmatique »[20]. Hume a, en effet, construit une critique radicale des fondements de la métaphysique de Leibniz et de Wolff, dont Kant avait été un adepte. « Depuis les essais de Locke et de Leibniz, ou plutôt depuis la naissance de la métaphysique, si loin que remonte son histoire, aucun événement ne s'est produit qui eût pu être plus décisif pour la destinée de cette science que l'attaque dont elle fut l'objet de la part de David Hume », dit-il encore dans les Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science, œuvre visant à expliquer de façon plus simple le projet de la première Critique[21].
53
+
54
+ Le titre même de cet ouvrage explicite le projet kantien : il s'agit, après David Hume, de refonder la métaphysique sur des bases solides, et d'en faire une science rigoureuse, en imitant l'exemple de la révolution copernicienne. De la même façon que Copernic a montré que la Terre tournait autour du soleil et non l'inverse, Kant affirme que le « centre » de la connaissance est le sujet connaissant (l'homme ou l'être raisonnable), et non une réalité extérieure par rapport à laquelle nous serions simplement passifs. Ce n'est donc plus l'objet qui oblige le sujet à se conformer à ses règles, c'est le sujet qui donne les siennes à l'objet pour le connaître[22]. Ceci a pour conséquence immédiate que nous ne pouvons pas connaître la réalité en soi (nouménale), mais seulement la réalité telle qu'elle nous apparaît sous la forme d'un objet, ou phénomène.
55
+
56
+ La critique kantienne est ainsi une tentative de dépasser l'opposition entre le « dogmatisme », dont l'idéalisme est selon Kant une forme dominante, et le « scepticisme », représenté par l'empirisme humien : « la métaphysique est un champ de bataille », dit-il ainsi dans la première Critique[23]. D'après Heidegger, Kant aurait été le premier philosophe à ne pas se contenter de rejeter la métaphysique traditionnelle, mais à comprendre son travail philosophique comme une refondation de la métaphysique[24].
57
+
58
+ Cette refondation est, dans le même temps, une assignation de limites à l'entendement humain : Kant va établir une ligne de partage entre ce qui est accessible à la raison humaine, et ce qui la dépasse, permettant ainsi de distinguer ce qui relève de la science d'une part, et ce qui relève de la croyance (c'est-à-dire de la spéculation) d'autre part. Tout énoncé prétendant formuler une vérité certaine sur Dieu est ainsi qualifié de « dogmatique » : le projet même d'une théologie rationnelle, dans sa forme classique (qui passe par exemple par les « preuves de l'existence de Dieu ») est ainsi invalidé. Réciproquement, toute profession d'athéisme qui voudrait s'appuyer sur la science pour affirmer l'inexistence de Dieu est, elle aussi, renvoyée du côté de la simple croyance : toutes ces questions, qui concernent les « Idées transcendantales » (Dieu, l'âme et le monde), sont hors de portée de l'entendement humain. C'est pourquoi Kant écrit, dans sa préface à la seconde édition de Critique de la raison pure : « J'ai limité le savoir pour laisser une place à la croyance. »
59
+
60
+ Limiter les prétentions de la raison : telle est dans le fond la solution que veut apporter Kant à la crise de la métaphysique. Cette limitation n’est possible que par une critique complète de la raison par elle-même. Il faut entreprendre une critique de la raison par la raison : voilà le sens véritable du titre Critique de la raison pure. Le terme de critique renvoie étymologiquement au grec ancien krinein, qui signifie « juger une affaire » (au sens juridique). La raison organisera donc un procès de ses propres prétentions, « dogmatiques », à connaître des objets situés par delà l’expérience, appelés par Kant noumènes (par opposition aux phénomènes). Bien que restrictive, cette tâche permet aussi, en limitant le savoir et en départageant clairement le champ du savoir et celui de la croyance (spéculation), de mettre en sûreté tous les acquis du savoir contre les attaques du scepticisme.
61
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62
+ La philosophie pratique de Kant est exposée principalement dans la Fondation de la métaphysique des mœurs et dans la Critique de la raison pratique. La Fondation de la métaphysique des mœurs fut d’ailleurs sévèrement critiquée par Schopenhauer, ce dernier établissant, entre autres, le caractère fondamentalement empirique de l’analyse kantienne du processus décisionnel humain et de la morale[25]. Cet ouvrage est une reprise des thèses finales de la Critique de la raison pure, mais précise sensiblement les thèses kantiennes, surtout en ce qui concerne le statut de la liberté dans la morale. D'autre part, Kant élabore aussi, à côté de cette philosophie morale, une philosophie politique qui lui est liée. Celle-ci est explicitée dans plusieurs opuscules, dont Vers la paix perpétuelle, qui prône un fédéralisme cosmopolite afin d'établir une véritable paix ; l’Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique, qui précise les conceptions kantiennes au sujet du progrès du droit et de la morale dans l’histoire, ou encore de ce que Hegel appellera — en en modifiant considérablement l’approche — La Raison dans l'Histoire ; ou enfin Qu'est-ce que les Lumières ?, un opuscule très bref qui formule comme devise de l'Aufklärung (les Lumières allemandes) : Sapere aude (« Ose penser par toi-même »).
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+ L’articulation entre la philosophie théorique et la philosophie pratique est la suivante. Le seul usage légitime des concepts de la métaphysique est un usage dans le cadre de la morale[réf. nécessaire]. Dans la Critique de la raison pure Kant ne fait encore qu’évoquer cette thèse sans lui donner toute l’importance qu’elle mérite. Il va combler cette lacune avec la Critique de la raison pratique. Mais dans cet ouvrage, il va montrer que le devoir moral est, par essence, inconditionné (c’est l'impératif catégorique déjà présenté dans la Fondation de la métaphysique des mœurs) et qu’il est impensable sans les concepts de liberté, de Dieu et d’immortalité de l'âme.
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+ D'une manière générale, on peut dire qu'il s'agit d'une éthique déontologique, en ce que la loi morale, telle qu'elle est découverte par la raison pure pratique, ne dérive aucunement de l'expérience empirique et s'impose à la conscience morale commune en tant qu’impératif catégorique. Le devoir — ou obligation morale — par lequel la loi morale se présente à nous, êtres raisonnables finis, ne considère donc pas l'action dans son enchaînement empirique de causes et de conséquences (principal souci d'une éthique conséquentialiste), mais l'acte moral en lui-même. Une illustration des enjeux soulevés par l'approche kantienne est fournie par le débat avec Benjamin Constant à propos du mensonge. Ce dernier critiquait « un philosophe allemand » en ce qu'il interdisait de façon absolue le mensonge[26], même si cela pouvait avoir des conséquences fâcheuses, ce qui lui a valu une réplique de Kant dans D'un prétendu droit de mentir par humanité (1797)[27]. De façon assez significative, si Kant interdit catégoriquement le mensonge, il admet la légitimité de la peine de mort, fustigeant ainsi les thèses de Beccaria et la « sensiblerie sympathisante d'une humanité affectée », ainsi que le raisonnement qui fonde « l’illégitimité de la peine de mort sur le fait qu'elle ne peut être contenue dans le contrat social » : pour lui, « tout cela n'est que sophisme et chicane »[28].
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+ Selon Kant, l’acte moral obéit nécessairement à un impératif catégorique (le devoir pour le devoir), et non à un impératif hypothétique (qu'il soit dicté par la prudence, vise le bonheur, ou procède par habileté). Cela signifie que cet acte ne vise pas d’autres fins que lui-même. On agit moralement uniquement pour agir moralement, et non pas par recherche d’un quelconque intérêt personnel. Un impératif catégorique se distingue d’un impératif hypothétique, en ce que ce dernier porte seulement sur les moyens à utiliser pour atteindre une fin particulière déjà déterminée.
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+ Un acte libre est une action dont le mobile qui détermine la volonté de l'agent à agir n'est pas empirique : il ne peut s'agir de suivre la représentation du bonheur, ou même d'agir par vertu parce que cela nous rendrait heureux, comme dans le cas de l’éthique eudémoniste d’Épicure[29]. Il faut au contraire agir non pas « conformément au devoir », mais « par devoir », c'est-à-dire que le mobile de la volonté doit être la loi morale elle-même, laquelle est nécessairement universelle et a priori[30].
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+ La troisième Critique, ou Critique de la faculté de juger, vise principalement à combler l'abîme creusé entre l'usage théorique de la raison, qui est au fondement de la connaissance de la nature par l'entendement (Critique de la raison pure), et l'usage pratique de la raison, qui commande toute action morale (Critique de la raison pratique). La faculté de juger est ainsi le point d'articulation entre la raison théorique et la raison pratique. Kant veut ainsi achever l'édifice de la métaphysique dont il a entamé la refondation avec la première Critique.
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+ La première partie de la Critique de la faculté de juger est consacrée à l'esthétique (analyse du jugement esthétique), la deuxième partie à la téléologie (analyse de la place de la finalité dans la nature). C'est dans cet ouvrage que Kant expose sa distinction entre « jugement déterminant » et « jugement réfléchissant ». Il y a en fait trois problématiques principales dans cet ouvrage, qui semblent, à première vue, hétérogènes : d'une part le « jugement de goût », réflexion qui part d'une critique de l'esthétique telle qu'elle est envisagée par Baumgarten, qui voulait en faire une science rationnelle ; d'autre part une réflexion sur les êtres organisés où se manifeste l'individualité biologique ; enfin une interrogation sur la finalité et la systématicité de la nature[31].
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+ Selon Alain Renaut, qui reprend ainsi une thèse d'Alfred Bäumler de 1923, le point de rencontre entre la problématique de la beauté et des êtres organisés, c'est la question de l'irrationnel[31]. La querelle du panthéisme (ou du spinozisme), qui oppose à partir de 1775 Mendelssohn et Jacobi autour des conséquences du rationalisme des Lumières, forme l'arrière-fond de la troisième Critique[31].
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+ Le but de Kant n'est pas de proposer des normes du beau, mais d'expliquer pourquoi nous jugeons qu'une chose est belle, et de préciser en quoi consiste « un jugement de goût ». Le beau serait un produit du sens esthétique. En ce sens, ce n'est pas vraiment l'objet qui est beau, mais la représentation que l'on s'en fait. Kant en donne les définitions suivantes :
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+ Kant distingue deux types de beau : la beauté libre et la beauté adhérente.
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+ « L'art ne veut pas la repr��sentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose. »[33] On retrouve ici la place qu'occupe chez Kant la faculté de juger, et l'interprétation de « l’esthétisme » se fait par une appréciation variable d'un individu à l'autre.
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84
+ Les neurosciences ont récemment prouvé la thèse de Kant stipulant que, pour apprécier proprement une œuvre d'art, il est nécessaire de se distancer émotionnellement de celle-ci. En effet, on se rend compte que présenter une photo comme œuvre d'art change l'appréciation de celle-ci, ainsi que l'activité cérébrale qui lui est reliée. Il y aurait en fait un mécanisme de régulation émotionnelle implicite, induit par le contexte artistique, jouant un rôle dans la distance psychologique et l'attention devant les propriétés esthétiques. Ainsi, l'art est profondément dépendant de notre faculté de jugement[34].
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+ La téléologie est l'étude de la finalité (du grec ancien telos, finalité, but, et logos, discours, raison). Selon certaines conceptions téléologiques, l’humanité évolue vers un point de perfection.
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+ Dans ses Opuscules sur l'histoire, Kant émettra l’hypothèse d'un système téléologique de la nature permettant de faire l'hypothèse du progrès historique de l'humanité. Il ne le présente donc pas comme certain, mais seulement comme un « idéal régulateur ». C'est le fameux « comme si » de Kant (als ob) : la connaissance des fins dernières de l'humanité échappe à l'expérience, mais cela n'empêche pas de postuler, dans et pour la pratique, l'idée de progrès à des fins morales. C'est en raison de ce même avantage pratique (mais irréductible à l'utilitarisme) que Dieu est pour Kant une idée « pratique ».
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+ La Critique de la Raison Pure montre l'origine des disciplines de la métaphysique classique : « Autant l'entendement se représente d'espèces de rapports au moyen des catégories, autant il y aura aussi de concepts purs de la raison[35] », de sorte que la catégorie de Substance suscite l'Idée de Moi (objet de la psychologie rationnelle), la catégorie de Cause l'Idée de Monde (cosmologie rationnelle) et la catégorie de Communauté fournit « une connaissance transcendantale de Dieu » (ibid. p. 1042). Cette théologie transcendantale est illusoire (cf. la critique des trois preuves classiques de l'existence de Dieu) mais la philosophie critique donne un sens pratique à l'Idée et à l'Idéal "Dieu" : Souverain Bien originaire, Volonté sainte, Juge, etc., qui supposent d'autres catégories (cause, substance, nécessité, existence, etc.[36]) -- mais Kant ne donne pas d'exposé synthétique de cette théologie pratique.
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+ En ce qui concerne la conception kantienne de la religion, certains critiques ont mis en lumière le déisme de Kant, comme Peter Byrne qui a écrit sur la relation précise de Kant avec le déisme[37]. D'autres ont montré que par la morale Emmanuel Kant se déplace du déisme au théisme, comme Allen W. Wood[38] et Merold Westphal[39]. En référence à La Religion dans les limites de la simple raison, il a été souligné que Kant a réduit le religieux au rationnel, la religion à la morale et la morale au christianisme[40].
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+ Kant a écrit plusieurs opuscules sur l'histoire, qui réunis et interprétés en lien avec les trois Critiques forment sa propre philosophie de l'histoire. Parmi ces opuscules, il y a des textes consacrés au concept de « race » dans le cadre de travaux géographiques et anthropologiques, des textes sur le progrès et le sens de l'histoire, des articles polémiques contre Johann Gottfried von Herder[41].
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+ Kant écrit en 1775 Des différentes races humaines, où il soutient à la suite de Buffon que l'humanité est une seule espèce biologiquement parlant, à partir du critère de la reproduction possible et des rejetons non stériles. Mais l'humanité se divise en tant qu'espèce en quatre races, les Blancs, les Noirs, les Huns et les Indiens. Le critère de distinction est la transmission de caractère héréditaires, qui ne changent pas même si les membres d'une race sont « transplantés » sur un autre sol et sous un autre climat. Kant fait également remarquer que le métissage est possible entre races[42].
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+ En 1784, Kant publie L'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, son ouvrage principal sur l'histoire. Il y soutient que les humains travaillent à l'accomplissement du dessein de la nature, sans en avoir conscience. Cela ne veut pas pour autant dire que les humains agissent mécaniquement, au contraire cette même nature les a dotés de la « liberté du vouloir » et de la « raison » par lesquelles ils réalisent les fins de l'humanité. Dans la proposition III, Kant écrit : « La nature a voulu que l'homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l'agencement mécanique de son existence animale, et qu'il ne participe à aucune autre félicité ou perfection que celle qu'il s'est créée lui-même, indépendamment de l'instinct par sa propre raison »[43].
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+ Dans The Color of Reason: The Idea of ‘Race’ in Kant’s Anthropology (« La Couleur de la raison : l'idée de « race » dans l'anthropologie de Kant »), le philosophe postcolonialiste Emmanuel Chukwudi Eze écrit : « La position de Kant sur l'importance de la couleur de la peau non seulement comme codification mais comme preuve de la codification de la supériorité ou de l'infériorité rationnelle se fait jour dans un commentaire qu'il fait concernant la capacité de raisonnement d'une personne « noire » »[44]. En rapportant ce commentaire de 1764 où, au moment d'évaluer une déclaration énoncée par un Africain, Kant la rejette et ajoute : « Cet homme était tout à fait noir de la tête aux pieds, ce qui prouve manifestement que ces propos étaient stupides »[45], Chukwudi Eze commente quant à lui en 1997: « Dès lors, on ne peut pas avancer que la couleur de peau n'était pour Kant qu'une caractéristique physique. C'était bien plutôt la marque d'une qualité morale (Idee) permanente et immuable »[44].
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+ Selon le philosophe Robert Bernasconi, Kant « n'a pas seulement appuyé l'idée d'une hiérarchie raciale permanente mais a signifié sur cette base que les noirs n'étaient dignes qu'à l'esclavage »[46].
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+ Bien que n'étant pas au centre de sa pensée, et bien que n'étant pas séparée de sa philosophie, la cosmologie était aussi un centre d'intérêt de Kant. A son époque, celle-ci n'était pas clairement rattachée aux sciences, et les philosophes traitaient souvent indifféremment de ce que l'on distinguerait aujourd'hui sous les noms de science d'une part, et de métaphysique d'autre part.
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+ Ainsi Kant est connu pour avoir développé l'hypothèse de la formation des systèmes solaires dans les nébuleuses, que l'on connaît aujourd'hui sous le nom d'hypothèse de Kant-Laplace. Kant s'appuie sur les observations de l'astronome Thomas Wright pour avancer que les nébuleuses observées sont des « univers-îles » et que la Voie lactée pourrait être un corps en rotation composé d'un nombre immense d'étoiles retenues par la gravitation. Ces hypothèses de Kant, alors spéculatives, seront confirmées par la suite par l'accumulation de connaissances en astronomie.
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+ Kant fut également le premier à supposer que les marées lunaires causent un ralentissement de la rotation de la Terre, ainsi que le premier à comprendre qu'il existait un lien entre les trois dimensions de l'espace et la forme en inverse du carré de la distance[pas clair], dans le cadre de la loi de la gravitation de Newton.[47]
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110
+ La meilleure source de renseignements concernant la biographie de Kant est sa correspondance, deuxième partie du tome XI de l’édition Rosenkranz et Schubert des œuvres de Kant, Kuno Fischer, Geschichte der n. Philosophie, tome III. En français : Correspondance[48].
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112
+ On dispose aussi des ouvrages de ses amis Hasse, Borowski, Wasianski et Jackmanu, dont des extraits ont été traduits en français sous les titres : Kant intime[49], Aphorismes sur l'art de vivre[50].
113
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114
+ On a si peu de renseignements précis sur la vie de Kant, que l'on se contente souvent de dire qu’il la consacra tout entière à l’étude et à l'enseignement : « Je suis par goût un chercheur », écrit-il, « je ressens toute la soif de connaître et l’avide inquiétude de progresser. »
115
+
116
+ Les renseignements suivants[Lesquels ?] ont été extraits des articles de dictionnaires et d'encyclopédies cités en fin d'article et tout particulièrement : La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres, et des arts.
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+ L'influence de Kant affecte la majeure partie de la philosophie européenne et américaine.
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+
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+ Sa postérité immédiate : l'idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel), qui voit la philosophie de Kant comme une propédeutique en vue d'un système qui reste à accomplir. Mais aussi le romantisme allemand (Schiller, Goethe, Novalis...).
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+
122
+ Le néokantisme (École de Marbourg : Cohen, Natorp, Cassirer ; École de Bade : Windelband, Rickert), qui revendique un retour à Kant par-delà les philosophes postkantiennes.
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+
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+ Les « maîtres du soupçon » (Schopenhauer, Kierkegaard, Marx, Nietzsche), qui peuvent aussi se montrer très critiques à l'égard de Kant.
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+ La phénoménologie, l'existentialisme et l'herméneutique (Dilthey, Husserl, Jaspers, Heidegger, Sartre, Levinas, Merleau-Ponty, Ricœur), héritent tous de Kant.
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+ Foucault et sa notion de modernité, Deleuze et son concept d'empirisme transcendantal sont des lecteurs de Kant.
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+ La philosophie analytique discute les thèses de Kant, sa philosophie de la connaissance (Russell, Strawson...), sa philosophie morale (voir le débat entre l'éthique déontologique, qui se réclame parfois de Kant, et l'éthique conséquentialiste, à laquelle appartient John Stuart Mill), mais aussi son esthétique.
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+ Une partie de la philosophie politique contemporaine (Habermas, Rawls, Apel, Arendt, Alain Renaut, Luc Ferry) se situe dans la postérité de Kant.
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+ Portrait d'Emmanuel Kant.
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+ Portrait d'Emmanuel Kant.
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+ Timbre d'Emmanuel Kant en 1974.
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+ Portrait d'Emmanuel Kant.
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+ Monnaie d'argent allemande 5 DM 1974 D en commémoration du 250e anniversaire du philosophe Emmanuel Kant à Königsberg.
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+ Emma Watson [ˈɛmə ˈwɒtsən][1], née le 15 avril 1990 à Paris, en France, est une actrice britannique. Elle est devenue célèbre en jouant, de son enfance en 2001 à l'âge adulte en 2011, le rôle d'Hermione Granger, l'un des trois rôles principaux dans la série des films Harry Potter. Elle est nommée pour de nombreuses récompenses pour son rôle, et en remporte plusieurs.
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+ Ce n’est qu’après avoir tourné tous les opus de Harry Potter que l’actrice s’attaque à des rôles très différents. En 2012, elle incarne une des costumières de Marilyn Monroe dans le film My Week with Marilyn de Simon Curtis. On la retrouve également à l’affiche du Monde de Charlie de Stephen Chbosky et de The Bling Ring, réalisé par Sofia Coppola, sorti en 2013, où elle tient l'un des rôles principaux. En 2014, elle tient le rôle d'Ila dans le péplum américain Noé réalisé par Darren Aronofsky. On peut aussi la retrouver dans le film Regression de Alejandro Amenabar en 2015, et dans des films engagés comme Colonia sur la dictature chilienne, ou The Circle, d'après le roman homonyme, dénonçant le « système Google ». En mars 2017, elle interprète le rôle de Belle, dans l'adaptation cinématographique de La Belle et la Bête, de Disney, s'inspirant lui-même du conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont.
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+ Actrice engagée, elle est remarquée lors d'un discours féministe aux Nations unies. Elle est d'ailleurs nommée ambassadrice de bonne volonté par l'ONU Femmes en juillet 2014. Elle agit aussi en faveur du commerce équitable et du développement durable.
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+ Emma Charlotte Duerre Watson naît dans le Marais[2] à Paris[3] le 15 avril 1990. Elle est la fille de Jacqueline Luesby et Chris Watson, un couple d'avocats britanniques exerçant en France[3],[4],[5] et passe ses cinq premières années à Maisons-Laffitte. Ses parents se séparent quelques années après la naissance de son frère cadet Alex Watson[6] en 1995. À la suite de ce divorce, elle emménage avec sa mère et son frère dans le comté d'Oxford en Angleterre. Elle passe néanmoins les fins de semaine dans la maison de son père à Londres[3],[7]. Elle parle un peu français[8], mais « pas aussi bien » que durant son enfance en France[9]. Elle retourne occasionnellement en France, où vivent ses grands-parents[8].
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+ Elle a deux demi-sœurs, les jumelles Lucy et Nina Watson et un demi-frère Toby Watson.
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+ Elle passe ses années d'école primaire d'abord à la Lynams School, école maternelle de la Dragon School d'Oxford, de septembre 1995 à juin 1998. Durant ces années, on lui diagnostique un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité[10],[11],[12] et on lui prescrit du Ritalin, qu'elle prend toujours à l'âge adulte[13]. Elle va ensuite à la Dragon School, de septembre 1998 jusqu'en juin 2003[3]. C'est à cette période qu'elle commence le tournage de la saga Harry Potter. Lorsqu'elle arrive sur le tournage, elle n'a que 10 ans. Elle devient brusquement célèbre, et son école doit imposer un règlement spécial pour assurer sa tranquillité. Pour éviter que tous les élèves ne la harcèlent, ceux-ci n'ont donc pas le droit de lui demander un autographe, ni même de la solliciter, sous peine de recevoir des « points négatifs » pouvant se traduire par des sanctions disciplinaires. Ces dispositions ne s'appliquent toutefois pas à ses amis, mais à ceux qu'elle ne connaît pas[14],[15].
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+ Durant son adolescence, elle joue au hockey sur gazon avec le club d'Oxford.
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17
+ Après ses études à la Dragon School, elle est inscrite à partir de 2003 à la Headington School, école privée d'Oxford réservée aux filles. Ayant réussi ses examens du A-level en 2008, elle fait une année sabbatique avant d'entrer à l'université privée américaine Brown, à l'automne 2009, pour y faire des études de lettres[3]. Elle passe un an au Worcester College de l'université d'Oxford, dans son programme d'« étudiant invité » pour continuer ses études de littérature anglaise, durant l'année académique 2011-2012[16],[17]. En mai 2014, elle sort diplômée de l'université Brown dans ce domaine[18]. Cette même année, elle annonce faire une pause dans sa carrière d'actrice pour se consacrer à plusieurs projets, notamment en lien avec le féminisme[19]. Elle lance notamment un club de lecture, Our Shared Shelf, dans ce cadre.
18
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19
+ Avant de jouer dans la série de films Harry Potter, elle était encore très jeune et son expérience de comédienne se limite à quelques rôles mineurs dans des pièces scolaires, par exemple Arthur : Les Jeunes Années et Le Prince Heureux. Parmi ses autres activités à l'école, on peut citer le Concours de Poésie Daisy Pratt, qu'elle remporte à l'âge de sept ans[3],[20].
20
+
21
+ En 1999, démarre le casting pour le film Harry Potter à l'école des sorciers. La jeune Emma est contactée par un agent de casting qui l'a découverte grâce à son professeur de théâtre. Pour décrocher son rôle dans les films de Harry Potter, elle passe huit auditions et est finalement sélectionnée parmi 35 000 candidates, les producteurs ayant été impressionnés par son assurance[4],[21]. Emma Watson est choisie pour jouer Hermione Granger, à l'âge de dix ans, dans le film Harry Potter à l'école des sorciers. Le film remporte un énorme succès au box-office dans plusieurs pays. Il est le plus rentable de l'année 2001[22]. Les critiques trouvent son interprétation « admirable » (The Daily Telegraph), et IGN dit même qu'elle a piqué la vedette à ses co-stars. Elle a été proposée pour cinq prix pour son interprétation dans L'École des Sorciers, remportant le Young Artist Award[23].
22
+
23
+ Un an plus tard, elle joue une nouvelle fois le rôle de Hermione dans Harry Potter et la Chambre des secrets (2002), le deuxième opus de la série. Les critiques saluent une nouvelle fois les interprétations des acteurs principaux. Emma a reçu un Otto Award de la meilleure actrice féminine, décerné par un vote des lecteurs du magazine allemand Bravo Otto, pour la qualité de son interprétation. Elle termine à la deuxième place, derrière Liv Tyler, et devant Keira Knightley[24].
24
+
25
+ En 2004 sort Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban, le troisième volet de la série Harry Potter.
26
+ Ce film est celui qui rencontre le moins de succès de toute la série Harry Potter mais Emma Watson remporte tout de même deux Otto Awards, et la prestation de l'année pour un enfant décernée par Total Film[25].
27
+
28
+ En 2005, Harry Potter et la Coupe de feu, quatrième volet de la série de films Harry Potter bat tous les records précédents, notamment celui au box-office, pour son week-end d'ouverture. Ce record est battu à la fois aux États-Unis et au Royaume-Uni, ainsi que par rapport aux épisodes précédents de la série. Des critiques louent notamment la « maturité toujours croissante » d'Emma Watson[26].
29
+
30
+ En 2006, elle joue également Hermione dans The Queen's Handbag (Le sac à main de la Reine), un mini-épisode spécial de Harry Potter pour le 80e anniversaire de la Reine Élisabeth II[27].
31
+
32
+ Le cinquième film de la franchise Harry Potter et l'Ordre du Phénix, sort en 2007. C'est un énorme succès commercial. Le film établit un record avec une somme, au niveau mondial, de 332 700 000 $ de recette pour son week-end d'ouverture. Emma Watson remporte le National Movie Awards dans la catégorie Meilleure interprétation féminine. Comme la renommée de l'actrice et de la série continuent, le 9 juillet 2007, elle laisse ses empreintes de mains et de pieds devant le théâtre chinois de Grauman, qui se trouve dans la capitale du cinéma, Hollywood, avec les deux autres jeunes acteurs de la saga, Daniel Radcliffe et Rupert Grint[28].
33
+
34
+ Malgré le succès de l'Ordre du Phénix, l'avenir de la franchise Harry Potter n'est pas assuré : les trois acteurs principaux sont réticents à signer un nouveau contrat pour poursuivre leurs rôles respectifs. Daniel Radcliffe signe finalement pour les prochains épisodes, alors qu'Emma Watson est moins enthousiaste. Elle explique que la décision est importante, et que les films représentent un engagement supplémentaire de quatre ans pour le rôle. Après réflexion, elle estime qu'elle « ne pourr[ait] jamais laisser le rôle de Hermione s'envoler : c'est [son] héroïne! », et signe son nouvel engagement le 23 mars 2007[29].
35
+
36
+ Le sixième film de la série, Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, initialement prévu pour novembre 2008, sort en retard, le 25 juillet 2009. Les principaux acteurs désormais en fin d'adolescence, les critiques sont alors plus disposés à les examiner au même niveau que le reste du casting du film. Le Los Angeles Time les cite en « guide pour les acteurs britanniques »[30], alors que le Washington Post estime qu'Emma Watson, en particulier, a donné « sa plus charmante interprétation à ce jour »[31]. Le Telegraph estime pour sa part que les trois acteurs principaux ont joué « libérés [donnant] une nouvelle énergie au film »[32].
37
+
38
+ Le tournage pour la dernière tranche de la série Harry Potter, Harry Potter et les Reliques de la Mort, va du 18 février 2009 au 12 juin 2010. Pour des raisons aussi bien financières que liées au respect de l'œuvre, le livre original a été divisé en deux films, tournés l'un après l'autre. En effet, le réalisateur aurait été contraint de couper de nombreuses scènes pour tenir tout le roman dans un seul film[33].
39
+
40
+ Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 1 sort le 24 novembre 2010. Le Daily Mail salue le travail d'Emma Watson et constate qu'elle « a mûri et est devenue une actrice prometteuse »[34]. Avec le même sentiment, le Metro Times écrit que Watson « a prouvé qu'elle a grandi pour être une bonne actrice, et qu'elle est capable de gérer des émotions fortes »[35],[36].
41
+
42
+ Le dernier opus, Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2 sort en juillet 2011. C'est le premier et le seul film de la série diffusé en 3D, et c'est aussi le seul film de la série Harry Potter à passer la barre symbolique du milliard de dollars de recettes dans le monde[37].
43
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44
+ Dès 2007, l'actrice joue dans L'École de tous les talents (Ballet Shoes en anglais), un téléfilm de la chaîne BBC, dans lequel elle tient le rôle principal de Pauline Fossil. La réalisatrice dit d'Emma qu'elle est parfaite pour le rôle : « elle a une délicate aura qui vous donne envie de la regarder encore et encore »[38]. Le téléfilm réunit 5,7 millions de téléspectateurs[39].
45
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46
+ Elle prête également sa voix à la Princesse Pea, dans l'adaptation cinématographique de La Légende de Despereaux. En 2010, elle tourne dans le clip Say you don't want it du groupe d'un de ses amis, One Night Only. Puis elle tient le rôle de Lucy, une des costumières de Marilyn, dans le film My Week with Marilyn de Simon Curtis, sorti à la fin de l'année 2011.
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+ L'année 2012 la voit incarner le personnage principal féminin du film sentimental indépendant Le Monde de Charlie (The Perks of Being a Wallflower), un succès critique[40] qui l'impose comme une actrice à suivre hors de la saga du petit sorcier[41].
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+ En 2012, les studios Disney lui proposent de jouer Cendrillon, dans une nouvelle version du film homonyme. Elle décline l'offre[42]. La même année, l'actrice est intéressée par un autre projet de la Warner, le film Your Voice In My Head, sur lequel le réalisateur David Yates souhaite retravailler avec elle[43]. L'actrice doit interpréter le rôle d'Emma Forrest, une jeune femme en dépression après une rupture amoureuse, qui reprend goût à la vie avec l'aide de son psychiatre (interprété par Stanley Tucci)[44]. Rapidement, David Yates se retire à regrets du film en raison d'un emploi du temps trop chargé[45], ce qui entraîne le retrait d'Emma Watson. Emily Blunt récupère alors le rôle, tandis que la réalisatrice Francesca Gregorini prend la direction du film[45],[46],[44]. Le projet est cependant mis de côté[47].
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52
+ Finalement, l'année 2013 est marquée par la sortie de la satire The Bling Ring, réalisée par Sofia Coppola, qui fait l'ouverture de la section « Un Certain Regard » du Festival de Cannes 2013. Alors que le film reçoit surtout des critiques mitigées[48], sa prestation personnelle d'une adolescente à la personnalité trouble est remarquée. Interrogée sur la prestation de l'actrice, la réalisatrice Sofia Coppola indique que « c'est très amusant de la voir si différente [...] je suis surprise de la voir se transformer dans ce personnage aussi facilement. »[41]
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+ Par ailleurs, elle fait une petite apparition dans la satire fantastique C'est la fin, une comédie apocalyptique où elle interprète une version exagérée de sa propre personne, aux côtés de Seth Rogen et James Franco, parmi d'autres acteurs connus[49]. Elle dit d'ailleurs qu'elle ne pouvait laisser passer l'occasion de jouer sa première comédie aux côtés de tels acteurs[50].
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+ En juin, elle travaille de nouveau avec David Heyman, le producteur des films de Harry Potter, autour d'un projet de film, intitulé Queen of the Tearling[51]. Elle est également productrice exécutive de ce film[52].
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+ En 2014, l'actrice tient le rôle d'Ila dans le blockbuster américain fantastique Noé réalisé par Darren Aronofsky. Le long-métrage reçoit des critiques satisfaisantes[53]. Le 15 avril de la même année, elle commence le tournage de Regression[5] un thriller fantastique réalisé par Alejandro Amenabar, avec Ethan Hawke, Devon Bostick et David Dencik. Le tournage se termine le 12 juin. Elle tient le rôle d'une jeune femme qui accuse son père de viol[54].
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+ Elle tourne également dans les films engagés Colonia et The Circle. Inspiré de faits réels, Colonia[55] porte sur un groupe de personnes vivant en autarcie dans une colonie, selon ses propres règles, et dont les locaux abritent un centre de tortures à la solde de la dictature chilienne d'Augusto Pinochet. L'actrice britannique joue le rôle de Lena, une hôtesse de l'air de la Lufthansa, en couple avec un photographe membre des soutiens du président renversé Salvador Allende. Son amant va être capturé par les militaires à la solde de la junte, puis porté disparu. La jeune femme part à sa recherche, intègre la colonie pour le retrouver et tente de s'enfuir avec lui. Quant au film The Circle, réalisé d'après le roman homonyme[56] de Dave Eggers, il dénonce le « système Google »[57] et porte notamment sur le thème du respect de la vie privée. Elle joue le rôle de Mae Holland, personnage principal, employée de The Circle.
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+ Ces trois longs-métrages sont cependant éreintés par la critique[58],[59],[60].
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+ L'actrice peut cependant compter sur un blockbuster : en janvier 2015, elle est confirmée dans le rôle de Belle (rôle qu'elle devait déjà tenir dans une adaptation dirigée par Guillermo del Toro en 2011) dans la nouvelle adaptation de Disney du classique de 1991, La Belle et la Bête, réalisé par Bill Condon[61],[62],[63]. Elle travaillera aux côtés de Dan Stevens et Luke Evans, en tant que la Bête et Gaston, respectivement. Le film sort le 17 mars 2017, accueilli par une presse cette fois positive[64] et performe au box-office[65].
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+ Le 24 août 2018, il est annoncé que l'actrice interprétera le rôle de Margareth « Meg » March dans une nouvelle adaptation des Quatre Filles du docteur March, réalisée par Greta Gerwig[66],[67], aux côtés notamment de Saoirse Ronan, Meryl Streep et Timothée Chalamet[68]. Le film, intitulé Les Filles du docteur March en version française, sort le 25 décembre 2019 aux États-Unis et le 1er janvier 2020 en France[69].
67
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68
+ Emma Watson occupe la première place des actrices les plus rentables de la décennie 2000-2009[70].
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70
+ En mars 2009, elle est classée 6e sur la liste Forbes des « Stars adolescentes les plus rentables »[71], et l'actrice féminine la mieux payée d'Hollywood, avec des gains estimés à 19 millions de livres sterling en février 2010[72].
71
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72
+ La même année, elle remporte les Britannia Awards, récompensant des personnalités du cinéma ou de la télévision britannique et américain. Elle dédie ce prix à son hamster, décédé lors du tournage du premier film de la saga Harry Potter[73],[74].
73
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74
+ En mai 2016, son nom est cité dans l'affaire des Panama Papers : elle confirme avoir eu recours au cabinet Mossack Fonseca, non pour des raisons fiscales, mais pour des « raisons de confidentialité [...] comme beaucoup de personnes célèbres »[75],[76], et insiste sur le fait qu'elle n'a pas bénéficié d'avantages fiscaux de cette manière. Toujours en 2016, elle prend position contre le Brexit[77], c'est-à-dire pour le maintien de son pays au sein de l'Union européenne[78].
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76
+ À quinze ans, elle devient la plus jeune personne à apparaître sur la couverture du magazine Teen Vogue[79]. Elle participe également à un jury, avec Pierce Brosnan, Kenneth Branagh et Samantha Morton, pour choisir les jeunes réalisateurs « First Light » de 2004, lors de la cérémonie de récompense des films à Leicester Square à Londres[80].
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78
+ Elle reçoit plusieurs fois l'Otto Award[25] de la part des lecteurs du magazine allemand : en 2003 et 2004, elle est respectivement deuxième et troisième. De 2005 à 2009, elle est à la première place cinq fois consécutivement. Elle est à nouveau troisième en 2011, et deuxième en 2012[81].
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80
+ Alors qu'Emma Watson reprend ses études universitaires, elle devient l'égérie publicitaire de la marque britannique Burberry pour la campagne automne/hiver 2009[39], puis 2010[39],[82].
81
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82
+ C'est également en 2010 que sort la ligne de vêtements pour adolescents Love from Emma, inspirée de la mode de Londres et du sud de la France[83]. Elle lance cette ligne en collaboration avec Safia Minney, la fondatrice de la marque People Tree[84]. Les produits sont mis en vente dans plusieurs pays (États-Unis, Japon...) et elle entend ainsi soutenir les valeurs de cette marque, dont les produits utilisés sont issus de l'agriculture biologique, et mis en vente dans le respect des normes du commerce équitable[85]. Son engagement au profit de la marque est désintéressé : elle n'est pas rémunérée dans ce cadre[83], alors qu'elle a presque pris une année sabbatique[86] pour mener à bien ce projet.
83
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84
+ En décembre 2010, elle fait la une du numéro mensuel de Marie Claire, celle-ci étant pour la première fois animée pour la version iPad du magazine avec le parfum Trésor Midnight Rose, ainsi que du rouge à lèvres Rouge in Love[87]. En 2011, elle devient la nouvelle égérie de Lancôme[88].
85
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86
+ En mai, elle obtient la première place au classement des femmes les mieux habillées par Glamour Magazine, devant Cheryl Cole et Kristen Stewart. En décembre 2011, elle est encore première mais, cette fois, au classement de TC Candler « The 100 most beautiful faces of 2011 » (les 100 plus beaux visages de 2011), devant Camilla Belle et Rihanna[89].
87
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88
+ Emma Watson apparaît à de très nombreuses reprises dans la liste des cent femmes les plus sexy selon le magazine FHM. Choisie par les lecteurs, Emma Watson est classée 98e en 2007[90]. Elle est ensuite classée 33e en 2008[91], 47e en 2009[92], 29e en 2010[93], 23e en 2011, 64e en 2012[94], 72e en 2013[95], 19e en 2014[96], 59e en 2015[97], 11e en 2016[98] et 12e en 2017[99].
89
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90
+ En octobre 2013, elle est élue Femme de l'année par le magazine GQ[100]. Le même mois, elle devient l'une des deux acteurs britanniques à figurer en première place du classement des stars les plus sexy de 2013, devançant Scarlett Johansson et Jennifer Lawrence. Plus de 50 000 fans avaient pris part au vote, dans lequel Benedict Cumberbatch prend la première place masculine[101].
91
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92
+ Elle remporte deux récompenses aux Elle Style Awards (en). En février 2011, elle remporte le ELLE Style icon décerné par le magazine ELLE, et le 17 février 2014 : c'est la récompense pour la meilleure actrice de l'année[102],[103].
93
+
94
+ Depuis juin 2020, Emma Watson est membre du conseil d'administration de Kering[104].
95
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+ Après la nomination d'Alan Rusbridger en tant que président du Lady Margaret Hall, elle devient fellow invitée (agrégée d'honneur) de ce collège à Oxford[105],[106]. Interrogée sur ses croyances lors du tournage du film Noé en 2014, elle se déclare « universaliste[107],[108] ».
97
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98
+ En juillet 2014, elle est nommée ambassadrice de bonne volonté par l'ONU Femmes[109]. En septembre de la même année, elle prononce un discours remarqué[110],[111] au siège des Nations unies, à Washington, et appelle les hommes comme les femmes à faire de l’égalité des sexes une priorité[112]. Pour elle, le féminisme n'est pas une détestation des hommes (« no man-hating »)[113], mais une attitude positive vers l'égalité des sexes. Lors de ce discours, elle paraît plutôt énervée. Elle indique plus tard que c'est lié au fait d'avoir reçu des menaces tendant à la dissuader de monter à la tribune, peu avant son intervention[114],[115]. Son discours est approuvé notamment par la prix Nobel de la paix, Malala Yousafzai, qui déclare s'identifier en tant que féministe grâce à elle[116].
99
+
100
+ Avant son engagement féministe, Emma Watson s'est intéressée à l’éducation des jeunes filles à travers le monde. Elle s’était rendue au Bangladesh et en Zambie dans ce but[117].
101
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102
+ En mars 2015, le magazine AskMen la désigne « femme la plus remarquable de l'année »[118],[119]. Elle figure parmi les 100 personnes les plus influentes de l'année 2015 par le magazine Time[112],[120].
103
+
104
+ Toujours en septembre, elle effectue son premier voyage en tant qu'ambassadrice de bonne volonté en Uruguay. Elle tient un discours pour inciter les femmes à participer à la vie politique de leur pays[121]. Deux mois plus tard, l'organisation américaine Ms. Foundation for Women la nomme célébrité féministe, d'après le dépouillement d'un vote en ligne[122]. Elle tient également un discours sur l'égalité des genres en janvier 2015, lors de la rencontre hivernale annuelle du forum économique mondial[123].
105
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106
+ Le 8 mars 2015, à l'occasion de la journée internationale des femmes, elle organise une séance de questions-réponses en interactivité avec ses fans, dans le cadre de la campagne HeForShe. Cette séance est retransmise sur sa page Facebook[124].
107
+
108
+ En février 2016, elle annonce mettre entre parenthèses sa carrière d'actrice pendant un an, pour se consacrer à son « développement personnel » (elle compte lire un livre par semaine, notamment ceux liés à son club de lecture) et ses engagements sur les questions sociétales, au nombre desquelles est compté son rôle d'ambassadrice de bonne volonté pour la cause des femmes[19],[125].
109
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110
+ Emma Watson ouvre, sur la plate-forme numérique Goodreads, un club de lecture féministe Our Shared Shelf, le 8 janvier 2016. Elle le destine à « toute personne intéressée par le sujet » : quelques personnalités la rejoignent, telles que Gloria Steinem, Sophia Bush, Abby Wambach ou encore Kate Voegele, ainsi que plus de 37 000 anonymes[126]. Il atteint, puis dépasse rapidement, les 96 000 membres en février 2016[127].
111
+
112
+ Le premier livre choisi pour inaugurer ce club est My life on the road[128], de Gloria Steinem[129],[130]. Parmi les autres livres proposés à la lecture en 2016, on peut noter The Argonauts[131] de Maggie Nelson[132], en avril, Persepolis[133] de Marjane Satrapi, en juin[134],[135], et Half the Sky: Turning Oppression into Opportunity for Women Worldwide[136], de Nicholas D. Kristof et Sheryl WuDunn[137] pour septembre et octobre.
113
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114
+ En novembre 2019, Emma Watson se dit « très heureuse » d'être célibataire — ce qui lui « a pris beaucoup de temps », ayant d'abord été « stressée et anxieuse » face aux « messages subliminaux » qui lui étaient renvoyés alors qu'elle se dirigeait vers la trentaine sans compagnon ni bébé — et se présente comme étant « en couple avec elle-même » — « I call it being self-partnered »[138],[139],[140]. Cette déclaration est largement commentée et notamment reprise à leur compte par des célibataires afin de décrire leur situation[139]. L'expression « self-partnered » est intégrée la même année au Urban Dictionary, avec un sens qui se distingue du célibat par une situation heureuse et une absence de besoin ou de recherche de relation amoureuse[139]. CNN y voit le signe d'« un âge d'or du célibat », en lien avec le fait que celui-ci est de plus en plus répandu chez les jeunes[138]. Cette tendance est surtout féminine, mais concerne aussi des hommes[140]. Certains observateurs rapprochent la déclaration d'Emma Watson des chansons de Selena Gomez évoquant son célibat heureux depuis sa séparation avec Justin Bieber, telles que Lose You to Love Me et Look at Her Now (en), ou des propos similaires tenus par Ariana Grande, Lizzo et Gwyneth Paltrow[140],[141].
115
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116
+ L'expression « self-partnered » renvoie au féminisme d'Emma Watson, le terme « célibataire » étant traditionnellement associé, dans le cas d'une femme, à la conduite d'une vie sans intérêt, une position immorale ou une posture anti-patriarcat. Elle est aussi une revendication d'un besoin supérieur d'accomplissement de soi, tel que le définit le psychologue américain Abraham Maslow, dans sa pyramide des besoins, et à l'opposé de l'image stéréotypée qui identifie la femme seule à une femme peu séduisante ou une situation de solitude désespérée, voire antisociale[142]. L'historienne Amy Froide, de l'université du Maryland, relève que, si en 2019 personne n'utilise le terme péjoratif « vieille fille » pour nommer l'actrice, celle-ci se sent contrainte de recourir à un néologisme qui, contrairement au vocable plus commun « célibataire » (« single »), suggère qu'en l'absence d'un meilleur partenaire, elle reste avec elle-même[143].
117
+
118
+ Emma Watson précise ultérieurement qu'elle perçoit cette situation comme étant « bien plus en rapport avec la relation que vous avez avec vous-même », et reliée au « sentiment qu’il ne vous manque pas quelque chose, d’une façon ou d’une autre, parce que vous n’êtes pas avec quelqu’un »[139].
119
+
120
+ Pour les versions françaises, Manon Azem[182] est la voix régulière d'Emma Watson, notamment pour la série Harry Potter (2001 à 2011), et pour les films My Week with Marilyn (2011), Le Monde de Charlie (2013), The Bling Ring (2013) ou encore Régression (2015). La comédienne Nastassja Girard double Watson dans les films Noé (Noah) (2014), Colonia (2016) et Les Filles du docteur March (2019)[182]. À partir de 2017, Manon Azem précise que sa voix devient trop grave pour poursuivre le doublage de l’actrice britannique[182],[183], et Léopoldine Serre prend le relais la même année pour les dialogues de La Belle et la Bête[184] et pour The Circle[185]. À titre exceptionnel, Emma Watson a également été doublée par Mélanie Dermont (L'École de tous les talents)[182] et par Lily Rubens (La Légende de Despereaux)[182]. Emmylou Homs assure quant à elle les parties chantées de La Belle et la Bête en 2017[184].
121
+
122
+ Au Québec, Stéfanie Dolan assure son doublage principal depuis 2001 (Harry Potter, Une semaine avec Marilyn, Régression et Le Cercle : Le Pouvoir de tout changer)[186]. Mélanie Laberge prête sa voix à l'actrice dans Le Conte de Despereaux (2008)[186], Catherine Brunet dans Noé (2014)[186] et Mylène Mackay pour La Belle et la Bête[186].
123
+
124
+ Sur les autres projets Wikimedia :
125
+
126
+ L'école des sorciers (2001)
127
+
128
+ La Chambre des secrets (2002)
129
+
130
+ Le Prisonnier d'Azkaban (2004)
131
+
132
+ La Coupe de feu (2005)
133
+
134
+ L'Ordre du Phénix (2007)
135
+
136
+ Le Prince de sang-mêlé (2009)
137
+
138
+ Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 1 (2010)
139
+
140
+ Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2 (2011)
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+ Un smiley (de l’anglais smile, « sourire »), une frimousse[1],[2] ou une binette[3], est un dessin extrêmement stylisé de visage souriant coloré en jaune, exprimant l’amitié.
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+ Par extension, le terme est employé pour désigner d’autres visages, pas nécessairement jaunes ni souriants.
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+ Sur Internet, ces images sont habituellement employées pour exprimer des émotions et peuvent donc être qualifiées d’émoticônes graphiques dans ces situations. Ils sont souvent représentés avec les symboles du clavier. Certaines émoticônes (par exemple, « :-) » et « ;-) »), représentant également des visages souriants, sont souvent appelées smileys bien que ce terme ne soit pas nécessairement approprié.
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+ Vers 2017, une équipe d'archéologues dirigée par Nicolò Marchetti de l'Université de Bologne a reconstitué les fragments d'un pot hittite d'environ 1700 av. J.-C. qui avait été trouvé à Kargamış, en Turquie. Après l'avoir reconstitué, l'équipe a observé ce qui semblait être un grand visage de smiley peint dessus[4].
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+ Le poète et auteur Johannes V. Jensen était, entre autres choses, célèbre pour expérimenter avec la forme de son écriture. Dans une lettre envoyée à l'éditeur Ernst Bojesen en décembre 1900, il inclut à la fois un visage heureux et un visage triste, ressemblant au smiley moderne.
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+ Une version commerciale de smiley, bien que plus détaillée, avec le mot « THANKS » (« merci ») au-dessus, était disponible en 1919 et appliquée comme un autocollant sur les reçus émis par la « Buffalo Steam Roller Company » de Buffalo, dans l'État de New York.
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+ La première apparition du visage rond formé d’un sourire en arc de cercle et de deux points pour les yeux est dans le New York Herald Tribune du 10 mars 1953, page 20, colonnes 4–6.
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+ En 1962, une promotion de la station de radio new-yorkaise WMCA comprenait ce smiley. Les auditeurs qui répondaient « WMCA Good Guys ! » au téléphone étaient récompensés par un sweat-shirt « WMCA good guys » qui comprenait un visage heureux dans son design. Des milliers de ces sweat-shirts ont été donnés[5],[6],[7].
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+ Le visage smiley colorié, un bouton jaune avec un sourire et deux points représentant les yeux, aurait été inventé par Harvey Ball en 1963 pour une société d’assurance américaine qui voulait une campagne interne pour améliorer le moral de ses employés[8],[9].
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21
+ Reste que Ball n’a jamais essayé de se servir, de promouvoir ou de protéger l’image et celle-ci a migré dans le domaine public avant qu’une procédure de protection de l’image ne puisse être entreprise[10]. Ball n’a donc jamais profité financièrement de l’image à l’exception de sa paye initiale de 45 $.
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23
+ David Stern de David Stern Inc., une agence de publicité de Seattle, soutient également avoir inventé le smiley en 1967 dans le cadre de sa campagne pour la Washington Mutual mais n’a pas non plus cherché à le protéger[11].
24
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25
+ Le graphique a été popularisé au début des années 1970 par les frères Bernard et Murray Spain, de Philadelphie, qui s'en sont emparés en septembre 1970 dans une campagne visant à vendre des articles de fantaisie. Les deux frères ont produit des boutons ainsi que des tasses à café, des t-shirts, des autocollants et bien d'autres articles arborant ce symbole et l'expression « Have a happy day » (conçue par Gyula Bogar)[12], qui est ensuite devenue « Have a nice day ». Avec la collaboration du fabricant new-yorkais de boutons NG Slater, quelque 50 millions de badges arborant des sourires avaient déjà été produits en 1972[13].
26
+
27
+ En 1971, le Français Franklin Loufrani créait son Smiley dans le cadre d’une campagne anti-morosité dans le quotidien France-Soir. Il prend auparavant le soin de déposer le fameux logo à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Il a donné le nom « Smiley » à son logo et lancé The Smiley Company pour domicilier sa marque. En 1996, le fils de Loufrani, Nicolas Loufrani, a repris l'entreprise familiale[14],[15]. Il a conçu le symbole en 3D et a étendu le simple smiley à des centaines d'expressions[16].
28
+
29
+ Au Royaume-Uni, le visage souriant est associé à la culture psychédélique, depuis Ubi Dwyer et le Windsor Free Festival des années 1970, et à la culture de la dance music électronique, notamment avec l'acid house, apparue durant la période connue sous le nom de Second Summer of Love à la fin des années 1980. À la fin des années 1980, le groupe anglais Bomb The Bass[17] remet au goût du jour le smiley sur la pochette de son premier hit: Beat Dis. Le smiley a été ensuite repris en tant qu’emblème de la culture new beat and house music techno qui émerge au début des années 1990, particulièrement au Royaume-Uni.
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+ Création d’une icône smiley en image binaire sur ordinateur.
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33
+ Émoticône typographique évoquant le smiley.
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35
+ Un smiley.
36
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37
+ Autre représentation d'un smiley.
38
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39
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
40
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41
+ Le terme « frimousse » est recommandé par la Commission générale de terminologie et de néologie[1] alors que le terme « binette » est recommandé par l'Office québécois de la langue française (OQLF)[3] depuis 1994 pour remplacer le terme smiley. Parmi les autres termes proposés, on trouve « souriard », « souriant », « trombine », « tronche », « gugus », « bouille », « mimique », « bonhomme sourire », voire « p'tit bonhomme qui rigole », plus simplement « tête ».
42
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43
+ Le smiley a été utilisé pour la version imprimable des caractères 1 et 2 (l’un noir, l’autre blanc) du codepage 437 (1981) des premiers PC IBM et des machines suivantes qui étaient compatibles. La plupart des systèmes d'exploitation modernes gèrent l'Unicode et donc les émoticônes associées.
44
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45
+ Les caractères Unicode suivants sont des smileys :
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47
+ Des variantes en ligne d’images de smiley sont populaires sur internet, surtout sur les forums et les messageries instantanées, par exemple :
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49
+ Les versions 5.0 et 6.1 d’Unicode ont intégré le support d’un bloc d’émoticônes. Pour les visualiser, il faut avoir installé une police de caractères qui les gère, telle que Symbola[18] :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Un smiley (de l’anglais smile, « sourire »), une frimousse[1],[2] ou une binette[3], est un dessin extrêmement stylisé de visage souriant coloré en jaune, exprimant l’amitié.
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5
+ Par extension, le terme est employé pour désigner d’autres visages, pas nécessairement jaunes ni souriants.
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7
+ Sur Internet, ces images sont habituellement employées pour exprimer des émotions et peuvent donc être qualifiées d’émoticônes graphiques dans ces situations. Ils sont souvent représentés avec les symboles du clavier. Certaines émoticônes (par exemple, « :-) » et « ;-) »), représentant également des visages souriants, sont souvent appelées smileys bien que ce terme ne soit pas nécessairement approprié.
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9
+ Vers 2017, une équipe d'archéologues dirigée par Nicolò Marchetti de l'Université de Bologne a reconstitué les fragments d'un pot hittite d'environ 1700 av. J.-C. qui avait été trouvé à Kargamış, en Turquie. Après l'avoir reconstitué, l'équipe a observé ce qui semblait être un grand visage de smiley peint dessus[4].
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11
+ Le poète et auteur Johannes V. Jensen était, entre autres choses, célèbre pour expérimenter avec la forme de son écriture. Dans une lettre envoyée à l'éditeur Ernst Bojesen en décembre 1900, il inclut à la fois un visage heureux et un visage triste, ressemblant au smiley moderne.
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13
+ Une version commerciale de smiley, bien que plus détaillée, avec le mot « THANKS » (« merci ») au-dessus, était disponible en 1919 et appliquée comme un autocollant sur les reçus émis par la « Buffalo Steam Roller Company » de Buffalo, dans l'État de New York.
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15
+ La première apparition du visage rond formé d’un sourire en arc de cercle et de deux points pour les yeux est dans le New York Herald Tribune du 10 mars 1953, page 20, colonnes 4–6.
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17
+ En 1962, une promotion de la station de radio new-yorkaise WMCA comprenait ce smiley. Les auditeurs qui répondaient « WMCA Good Guys ! » au téléphone étaient récompensés par un sweat-shirt « WMCA good guys » qui comprenait un visage heureux dans son design. Des milliers de ces sweat-shirts ont été donnés[5],[6],[7].
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19
+ Le visage smiley colorié, un bouton jaune avec un sourire et deux points représentant les yeux, aurait été inventé par Harvey Ball en 1963 pour une société d’assurance américaine qui voulait une campagne interne pour améliorer le moral de ses employés[8],[9].
20
+
21
+ Reste que Ball n’a jamais essayé de se servir, de promouvoir ou de protéger l’image et celle-ci a migré dans le domaine public avant qu’une procédure de protection de l’image ne puisse être entreprise[10]. Ball n’a donc jamais profité financièrement de l’image à l’exception de sa paye initiale de 45 $.
22
+
23
+ David Stern de David Stern Inc., une agence de publicité de Seattle, soutient également avoir inventé le smiley en 1967 dans le cadre de sa campagne pour la Washington Mutual mais n’a pas non plus cherché à le protéger[11].
24
+
25
+ Le graphique a été popularisé au début des années 1970 par les frères Bernard et Murray Spain, de Philadelphie, qui s'en sont emparés en septembre 1970 dans une campagne visant à vendre des articles de fantaisie. Les deux frères ont produit des boutons ainsi que des tasses à café, des t-shirts, des autocollants et bien d'autres articles arborant ce symbole et l'expression « Have a happy day » (conçue par Gyula Bogar)[12], qui est ensuite devenue « Have a nice day ». Avec la collaboration du fabricant new-yorkais de boutons NG Slater, quelque 50 millions de badges arborant des sourires avaient déjà été produits en 1972[13].
26
+
27
+ En 1971, le Français Franklin Loufrani créait son Smiley dans le cadre d’une campagne anti-morosité dans le quotidien France-Soir. Il prend auparavant le soin de déposer le fameux logo à l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Il a donné le nom « Smiley » à son logo et lancé The Smiley Company pour domicilier sa marque. En 1996, le fils de Loufrani, Nicolas Loufrani, a repris l'entreprise familiale[14],[15]. Il a conçu le symbole en 3D et a étendu le simple smiley à des centaines d'expressions[16].
28
+
29
+ Au Royaume-Uni, le visage souriant est associé à la culture psychédélique, depuis Ubi Dwyer et le Windsor Free Festival des années 1970, et à la culture de la dance music électronique, notamment avec l'acid house, apparue durant la période connue sous le nom de Second Summer of Love à la fin des années 1980. À la fin des années 1980, le groupe anglais Bomb The Bass[17] remet au goût du jour le smiley sur la pochette de son premier hit: Beat Dis. Le smiley a été ensuite repris en tant qu’emblème de la culture new beat and house music techno qui émerge au début des années 1990, particulièrement au Royaume-Uni.
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+
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+ Création d’une icône smiley en image binaire sur ordinateur.
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+ Émoticône typographique évoquant le smiley.
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+ Un smiley.
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+ Autre représentation d'un smiley.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le terme « frimousse » est recommandé par la Commission générale de terminologie et de néologie[1] alors que le terme « binette » est recommandé par l'Office québécois de la langue française (OQLF)[3] depuis 1994 pour remplacer le terme smiley. Parmi les autres termes proposés, on trouve « souriard », « souriant », « trombine », « tronche », « gugus », « bouille », « mimique », « bonhomme sourire », voire « p'tit bonhomme qui rigole », plus simplement « tête ».
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+
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+ Le smiley a été utilisé pour la version imprimable des caractères 1 et 2 (l’un noir, l’autre blanc) du codepage 437 (1981) des premiers PC IBM et des machines suivantes qui étaient compatibles. La plupart des systèmes d'exploitation modernes gèrent l'Unicode et donc les émoticônes associées.
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+
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+ Les caractères Unicode suivants sont des smileys :
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+ Des variantes en ligne d’images de smiley sont populaires sur internet, surtout sur les forums et les messageries instantanées, par exemple :
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+
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+ Les versions 5.0 et 6.1 d’Unicode ont intégré le support d’un bloc d’émoticônes. Pour les visualiser, il faut avoir installé une police de caractères qui les gère, telle que Symbola[18] :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1719.html.txt ADDED
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+ L'émotion est une expérience psychophysiologique complexe et intense (avec un début brutal et une durée relativement brève) de l'état d'esprit d'un individu animal[1] liée à un objet repérable lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes). Chez les humains, l'émotion inclut fondamentalement « un comportement physiologique, des comportements expressifs et une conscience »[2]. L'émotion est associée à l'humeur, au tempérament, à la personnalité et à la disposition et à la motivation.
2
+
3
+ Le mot « émotion » provient du mot français « émouvoir ». Il est basé sur le latin emovere, dont e- (variante de ex-) signifie « hors de » et movere signifie « mouvement »[3]. Le terme lié « motivation » est également dérivé du mot movere.
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+
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+ Plusieurs taxonomies des émotions ont été proposées. Certaines de ces catégorisations incluent :
6
+
7
+ Il faut distinguer, entre l'émotion et les résultats d'émotions, principalement les expressions et les comportements émotionnels. Les sentiments ne sont généralement pas considérés comme des émotions. Chaque individu agit (réagit) généralement d'une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l'un des axes « combattre - fuir - subir » (de l'anglais « fight-fly-freeze »).
8
+
9
+ L'un des premiers traités sur les émotions est dû au philosophe René Descartes. Dans son traité Les Passions de l'âme, Descartes identifie six émotions simples : « l'admiration, l'amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse » et toutes les autres en sont composées de quelques de ces six ou bien en sont des espèces.
10
+
11
+ Une émotion est une réaction psychologique et physique à une situation. Elle a d'abord une manifestation interne et génère une réaction extérieure. Elle est provoquée par la confrontation à une situation et à l'interprétation de la réalité. En cela, une émotion est différente d'une sensation, laquelle est la conséquence physique directe (relation à la température, à la texture...). La sensation est directement associée à la perception sensorielle. La sensation est par conséquent physique. Quant à la différence entre émotion et sentiment, celle-ci réside dans le fait que le sentiment ne présente pas une manifestation réactionnelle. Néanmoins, une accumulation de sentiments peut générer des états émotionnels.
12
+
13
+ L'émotion peut se définir comme une séquence de changements intervenant dans cinq systèmes organiques (cognitif, psychophysiologique, moteur, dénotationnel, moniteur), de manière interdépendante et synchronisée en réponse à l’évaluation de la pertinence d’un stimulus externe ou interne par rapport à un intérêt central pour l’organisme.
14
+
15
+ La définition de toute entité psychologique représente habituellement des difficultés de taille, et le concept d’émotion est loin de faire exception à la règle. Un problème particulier dans la quête de la définition de l’émotion vient du fait que, souvent, les énoncés ne se rapportent qu’à un aspect de l’émotion. En effet, le concept d’émotion est utilisé de manière différente selon qu’il est envisagé en référence à l’aspect stimulus, à l’expérience subjective, à une phase d’un processus, à une variable intermédiaire ou à une réponse.
16
+
17
+ Un autre problème qui nuit aux progrès vers une meilleure précision dans la définition de l’émotion concerne la langue par laquelle on l’exprime. En effet, la langue de tous les jours et la langue scientifique ne visent pas les mêmes objectifs. De plus, actuellement les avancées scientifiques dans ce domaine n’offrent pas de meilleure terminologie.
18
+
19
+ Certains auteurs ont fait remarquer qu’il peut être intéressant de ne pas avoir de définition trop stricte de « l’émotion », compte tenu du stade de développement dans ce domaine. Une définition précise aurait pour conséquence d’élever des frontières entre les phénomènes. On prendrait ainsi le risque d’exclure de l’analyse des aspects qui pourraient ultérieurement se révéler essentiels à la compréhension de l’ensemble du processus.
20
+
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+ Le courant évolutionniste, en psychologie des émotions, tire son origine des travaux de Charles Darwin et de la publication en 1872 de son livre : The expression of the Emotions in Man and Animals. Dans cet ouvrage, Darwin va poser les fondements de l’expression des émotions. Il va les décrire comme innées, universelles et communicatives.
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+
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+ Les émotions seraient un héritage de nos ancêtres. Pourquoi et comment les émotions se seraient-elles développées ?
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25
+ Comme le rappellent Orians et Heerwagen (1992), à l’époque des chasseurs-cueilleurs, les Hommes devaient se déplacer constamment pour trouver de quoi se nourrir. Ces déplacements les confrontaient à des phénomènes inattendus (changements climatiques, prédateurs, par exemple) demandant une réponse adaptative rapide. Selon Tobby et Cosmides (1990), les émotions vont donc se développer en réponse à différents ensembles de situations récurrentes. À cela, l’on peut ajouter le premier principe de Darwin, permettant d’expliquer comment une réaction tout d’abord volontaire va, au fil des générations, devenir innée et réflexe.
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27
+ Une autre particularité des émotions est leur expression, faciale et vocale. Ici, nous n’aborderons que brièvement le chapitre des expressions faciales en laissant de côté celui des expressions vocales, bien que ce dernier soit aussi important (Scherer 1986). Dans un livre en hommage à Darwin (Ekman, 1973), les recherches présentées, portant sur les expressions faciales, confirment son hypothèse sur leur utilité communicative. Ekman dira même que : « l’expression faciale est le pivot de la communication entre hommes » (Rimé et Scherer, 1989). En effet, savoir lire sur le visage facilite nos relations sociales ; de même, une interprétation erronée d’une mimique faciale peut nous faire adopter un comportement mal adapté à la situation. Par exemple, chez les singes, lorsqu’un mâle dominant chasse un autre mâle et que ce dernier fait une grimace (expression de peur), le mâle dominant arrêtera de le chasser. À l’inverse, si le mâle dominant fait la même grimace, il s’attend à ce que le mâle subordonné vienne l’embrasser. En ce sens, l’expression faciale permet d’informer l’individu de nos intentions mais également du comportement que l’on attend de lui.
28
+
29
+ Enfin, le dernier principe de Darwin va établir le lien entre émotion et système nerveux. Il ne restera que très descriptif sur le sujet et il faudra attendre la théorie du physiologiste Walter Cannon, dans les années 1920, pour remettre le système nerveux au centre des émotions (Cannon, 1927). Divers auteurs étudieront aussi les liens discrets et complexes entre odorat, hormones, phéromones et émotions[5]. Par ailleurs, des liens existent également entre les émotions et plus particulièrement la psychologie des émotions et le concept de fake news, incluant la notion de piège à clic d’après Daniel Kahneman. En effet, la tendance humaine est faite de façon que les émotions ciblées par les fake news induisent le traitement intuitif de l’information qui lui-même conduit à une pensée intuitive. Ceci permet d’économiser du temps et de l’énergie mais cela peut aussi nous guider vers de fausses informations et des conclusions inexactes. (D’après « Thinking fast and slow », publié en 2011 par Daniel Kahneman).
30
+
31
+ L’émotion est une notion floue et elle est difficilement définissable (Alvarado et al., 2002). Elle présente la particularité d’être idiosyncrasique, c'est-à-dire particulière et propre à chaque individu (Picard, 2003). De ce fait, plusieurs définitions et rôles ont été donnés à l’émotion (Francois et al., 2001 ; O'Regan, 2003).
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+
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+ Déjà en 1879, Charles Darwin, fondateur de la théorie de l’évolution, la définit comme cette faculté d’adaptation et de survie de l’organisme vivant. Il la voit comme innée, universelle et communicative. D’un point de vue comportemental, l’émotion est perçue comme un « motivateur », une entité qui influence le choix d’un individu en réponse à un stimulus externe ou interne. D’un point de vue socioculturel, les sentiments sont cette réponse donnée à une interaction avec nous-mêmes et/ou avec les autres. Une émotion existe à la fois dans la dimension personnelle et sociale de l’individu. Elle serait cette capacité d’adaptation et de changement, ce lien qui forme nos relations et nous met en interaction avec l’autre. De récentes études en neurobiologie ont démontré que les émotions sont un mélange de plusieurs facteurs biochimiques, socioculturels et neurologiques (O'Regan, 2003). Elles se traduisent par des réactions spécifiques : motrices (tonus musculaire, tremblements...), comportementales (incapacité de bouger, agitation, fuite, agression...), et physiologiques (pâleur, rougissement, accélération du pouls, palpitations, sensation de Malaise...). Elles seraient à la base de nos réactions physiologiques et comportementales.
34
+
35
+ Au regard de ces définitions, le concept d’émotion apparaît comme polysémique. Il est, en effet, difficile de donner une définition claire et univoque de l’émotion. Cependant, les spécialistes s’accordent à dire que la pluralité des définitions de l’émotion n’altère en rien son rôle central dans toute analyse comportementale. Elle est en rapport étroit et permanent avec nos décisions et nos actions.
36
+
37
+ Les émotions agissent sur nos comportements quotidiens, sur nos choix et nos perceptions. Elles rendent la communication plus efficace et lui confèrent un haut niveau d’impact. En outre, les émotions jouent un rôle clé dans tous processus d’apprentissage en agissant sur la capacité de mémorisation de l’apprenant, sur sa rétention de l’information et sur son attention (Alvarado, 2002). Lors de l’acquisition des connaissances, les émotions agissent à différents niveaux sur l’esprit humain. De récentes études ont démontré que les émotions et la cognition sont intimement liés[6][réf. non conforme]. C’est pourquoi, il est difficile d’aborder l’aspect cognition sans faire référence aux émotions.
38
+
39
+ La théorie de William James & Carl Lange Choquart (1887) énonce une différenciation des émotions selon les modifications corporelles: à chaque émotion correspond telles modifications. D’une étude finlandaise publiée le 31 décembre 2013 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, est dressée la première carte corporelle des émotions[7]. Pour produire cette carte, des chercheurs ont mené une étude avec 773 volontaires finlandais, taïwanais et suédois[7],[8]. Les volontaires ont participé à cinq expériences pour tester leurs réactions sensorielles à certaines émotions: à partir d'un stimulus, les parties du corps dans lesquelles leurs sensations étaient les plus fortes ont été recensées et cartographiées. Lors de la première expérience, les participants ont écouté des mots dans leur langue maternelle. Lors de la deuxième et troisième expérience, ils ont visionné des images et des films. Au cours des deux dernières expériences, les participants ont dû reconnaître différentes émotions à partir de visages et de cartes corporelles de température. La moyenne des résultats a été établie pour ainsi dresser la première carte corporelle des émotions[7],[9].
40
+
41
+ La théorie de Cannon-Bard réfute cette théorie[10][réf. non conforme]. Selon cette théorie, c'est l'activation physiologique qui va déterminer l'émotion. L'émotion ici apparait donc avant qu'il y ait une évaluation cognitive. La théorie de Walter Cannon et Philip Bard (1929) explique que l'émotion est d'abord un phénomène cognitif. Nous ressentons l'émotion cérébralement avant d'en avoir les effets physiologiques et somatiques[11]. La théorie de Stanley Schachter et Jerome Singer (1964), elle, interprète une émotion en fonction des conditions environnementales. Les individus interprètent l'activation viscérale en fonction des stimuli de la situation environnementale et de leur état cognitif.
42
+
43
+ Les émotions secondaires, la nostalgie par exemple, seraient des mélanges d'émotions de base. On parle également parfois d'émotions mixtes pour nommer les émotions secondaires. Par exemple, d'après Paul Ekman la honte est une émotion mixte, un mélange de peur et de colère (bloquée ou retournée contre soi)
44
+
45
+ Selon les théories de l'évaluation cognitive, aussi appelées théories de l'appraisal, l'émotion est le fruit des évaluations cognitives que l’individu fait au sujet de l’événement, qu’il soit externe ou interne, ou de la situation, qui est l'origine de l'émotion.
46
+
47
+ Ces théories se distinguent des théories des émotions de base en ce qu’elles supposent des mécanismes de genèse communs à toutes les émotions. Cette approche suppose que, pour comprendre les émotions, il est tout d’abord nécessaire de comprendre les évaluations que l’individu fait des événements de son environnement. Une évaluation cognitive est définie comme un processus cognitif, rapide, automatique, inconscient, dont la fonction est d’évaluer les stimuli perçus sur la base de critères particuliers (Magda Arnold, 1960).
48
+
49
+ Le modèle des composantes proposé par Klaus Scherer (1984, 1988, 2001) fournit une définition précise de la nature des émotions. En effet, il définit une émotion comme une séquence de changements d’état intervenant dans cinq systèmes organiques de manière interdépendante et synchronisée en réponse à l’évaluation d’un stimulus externe, ou interne, par rapport à un intérêt central pour l’individu. Il propose de définir l'émotion comme une séquence de changements d’état intervenant dans cinq systèmes organiques : cognitif (activité du système nerveux central), psychophysiologique (réponses périphériques), motivationnel (tendance à répondre à l'événement), moteur (mouvement, expression faciale, vocalisation), sentiment subjectif.
50
+
51
+ La plupart des théories de l’émotion soutiennent l’idée que la nature spécifique de l’expérience émotionnelle dépend du résultat d’une évaluation d’un évènement en matière de significativité pour la survie et le bien être de l’individu. Dans la théorie de Scherer, la série de critères permettant d’évaluer l’évènement est appelée « stimulus evaluation checks » (SEC’s). À la suite du résultat de cette évaluation, il est possible de prédire le type et l’intensité de l’émotion provoquée par l’événement. Les SEC’s sont organisés autour de quatre objectifs principaux (SEC majeurs) qui se subdivisent eux-mêmes selon des objectifs secondaires. Les SEC’s majeurs correspondent aux d’informations les plus importantes dont a besoin l’organisme pour avoir une réaction appropriée. Il s’agit des questions suivantes :
52
+
53
+ L’évaluation de ces critères se fait toujours de manière subjective. Elle dépend donc des perceptions et des inférences que peut faire un individu d’une situation. De plus, comme déjà suggéré par Lazarus et Folkman (1984), l’évaluation n’a pas lieu qu’une seule fois, elle se répète dans un processus nommé réévaluation (« reappraisal ») qui permet de se réadapter progressivement à l’événement.
54
+
55
+ Contrairement aux théories des émotions discrètes, le modèle des composants ne se limite pas à un nombre restreint d’émotions (colère, joie, peur, tristesse, dégoût...). Au contraire, le processus émotionnel est considéré comme un schéma de fluctuations constantes de changements dans différents sous systèmes de l’organisme permettant de faire ressortir un très large spectre d’états émotionnels. Cependant, la théorie ne rejette pas le fait qu’il existe des patterns d’adaptation plus fréquents chez les organismes qui reflètent des résultats récurrents d’évaluation de l’environnement.
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+
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+ Par exemple, des réactions comme le combat ou la fuite sont universelles et il n’est pas étonnant de constater que les émotions qui leur sont associées, la colère et la peur, se retrouvent chez presque toutes les espèces. Selon le modèle, il paraît très vraisemblable que d’une même combinaison de résultats aux critères d’évaluation l’on puisse aboutir à des modèles réguliers de changements d’états spécifiques. C’est pour cette raison que Scherer parle d'émotions modales pour décrire ces résultats prédominants aux SEC’s qui sont dus à des conditions de vie générales, des contraintes de l’organisation sociale et des similarités dans l’équipement génétique et que l’on retrouve donc dans presque toutes les langages sous la forme d'expressions verbales courtes, voire d'un simple mot. Cependant, l’avantage que possède la théorie des SEC’s est de pouvoir fournir un grand nombre de différents états émotionnels d’intensités différentes, ce qui semble mieux correspondre aux ressentis des individus.
58
+
59
+ Une version plus élaborée de cette théorie, du nom de théorie de l'émotion construite, semble de plus en plus recueillir l'appui de preuves empirique[12].
60
+
61
+ Herbert Simon, prix Nobel d'économie et spécialiste de la psychologie cognitive, développe une théorie en 1967 du système interruptif de la décision linéaire. Il définit trois groupes de besoins en temps réel d'un individu :
62
+
63
+ Il a dit « Quand les hommes utilisent de l'information, ils consomment de l'attention. La fonction d'émotion est de contrôler l'attention ».
64
+
65
+ En français :
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67
+ En anglais :
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+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
2
+
3
+ L'alphabet phonétique international (API ; en anglais : International Phonetic Alphabet, IPA) est un alphabet utilisé pour la transcription phonétique des sons du langage parlé. Contrairement aux nombreuses autres méthodes de transcription qui se limitent à des familles de langues, l'API est prévu pour couvrir l'ensemble des langues du monde. Développé par des phonéticiens français et britanniques sous les auspices de l'Association phonétique internationale, il a été publié pour la première fois en 1888. Sa dernière révision date de 2005 ; celle-ci comprend 107 lettres, 52 signes diacritiques et 4 caractères de prosodie.
4
+
5
+ L'API a été développé au départ par des professeurs de langue britanniques et français sous la direction de Paul Passy dans le cadre de l'Association phonétique internationale, fondée à Paris en 1886 sous le nom de Dhi Fonètik Tîcerz' Asóciécon. La première version de l'API, publiée en 1888, était inspirée de l'alphabet romique d'Henry Sweet, lui-même élaboré à partir de l'alphabet phonotypique d'Isaac Pitman et Alexander John Ellis.
6
+
7
+ L'API a connu plusieurs révisions en 1900, 1932, 1938, 1947, 1951, 1989, 1993, 1996 et 2005.
8
+
9
+ La transcription phonétique en API consiste à découper la parole en segments sonores supposés insécables, et à employer un symbole unique pour chacun de ceux-ci, en évitant les multigrammes (combinaisons de lettres, comme le son ch du français, noté /ʃ/ phonologiquement, ou le gli italien, transcrit /ʎ/ phonologiquement).
10
+
11
+ Le nombre de caractères principaux de l’API est de 118, ce qui permet de couvrir les sons les plus fréquents. Ces caractères sont pour la plupart des lettres grecques ou latines ou des modifications de celles-ci : ɾ, ɽ, ɺ, ɹ (tirés de r) ; ɘ, ə (tirés de e). Les sons moins fréquents sont transcrits à partir des précédents en indiquant une modification du mode ou du point d'articulation par le biais d'un ou plusieurs signes diacritiques (au nombre de 76) sur le caractère principal : par exemple, le b du castillan caber (« tenir, rentrer dans ») est transcrit [β̞] pour indiquer une spirante au lieu de la fricative bilabiale sonore [β]. Il existe également des symboles spéciaux pour noter des phénomènes suprasegmentaux, comme les tons mélodiques ou l'accent tonique : [ˈdʊl·dn̩], transcription de l'allemand dulden (« supporter, tolérer ») indique un accent tonique d'intensité sur la première syllabe (ˈ) et un n final vocalisé ( n̩ ).
12
+
13
+ La plupart du temps donc, les notations phonétiques exactes (indépendantes de la langue) sont rarement notées, au contraire des transcriptions phonologiques.
14
+
15
+ L'API possède des caractères principaux pour les voyelles orales les plus courantes qui sont classées selon :
16
+
17
+ Ce tableau classe les voyelles selon les critères ci-dessus, comme le fait le triangle vocalique ou le trapèze vocalique.
18
+
19
+ Le classement de ces voyelles peut aussi se faire avec une représentation en trois dimensions qui met en évidence les trois critères de classification :
20
+
21
+ Les autres voyelles sont transcrites à partir de celles-ci par adjonction d'un ou plusieurs diacritiques modifiant son articulation :
22
+
23
+ Par exemple,
24
+
25
+ La quantité des voyelles est indiquée comme suit :
26
+
27
+ Notes:
28
+
29
+ Par exemple, Pose cette rose !, phonologiquement /poz sɛt ʁoz/, est souvent réalisé en français du nord-ouest parisien [poːsɛtˈʁoːz], en français du sud-ouest [pɔˑzəsɛtəˈʁ̥ɔˑzə], en français de Corse [poːzəsɛtəˈʁoːzə], en français picard [pɔsɛtˈʁɔz], en français de Lorraine/Champagne/Bourgogne [poz'sɛːtʁoːz] (ces réalisations régionales sont des occurrences courantes mais elles peuvent aussi varier légèrement de personne à personne, selon l'âge, l'humeur ou l'intention, c'est pourquoi il est rare de les utiliser comme référence terminologique, les dictionnaires se contentant de l'analyse phonologique sans marquer chaque différence possible dans la réalisation phonétique des phonèmes).
30
+
31
+ L’amuïssement de voyelles phonémiques longues n'est pas noté phonétiquement : on utilise le symbole usuel en ôtant son signe d’allongement phonétique. En revanche les syllabes courtes sont notées phonologiquement par un accent bref et les voyelles amuïes sont soit supprimées de la notation phonémique soit marquées entre parenthèses.
32
+
33
+ La transcription des tonèmes suit le procédé ci-dessous.
34
+
35
+ Notes :
36
+
37
+ L'API classe les consonnes selon trois critères :
38
+
39
+ Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestées. Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
40
+ Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée (ne s’applique pas aux clics, présentés au centre des cases en bas du tableau).
41
+ Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation.
42
+ Les affriquées t͡s, d͡z, t͡ʃ, d͡ʒ, t͡ɕ, d͡ʑ sont parfois notées à l’aide des ligatures ʦ, ʣ, ʧ, ʤ, ʨ, ʥ ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une ligature tirant – suscrite ou souscrite).
43
+ Les occlusives injectives sourdes, sont parfois notées à l’aide des symboles ƥ, ƭ, ƈ, ʠ (formés sur la base de la consonne pulmonique correspondante avec une crosse ajoutée), qui ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec l'anneau diacritique de dévoisement).
44
+
45
+ Comme pour les voyelles, des diacritiques permettent d'indiquer une modification du point ou du mode d'articulation afin de transcrire des consonnes qui n'ont pas de symbole principal.
46
+
47
+ Par exemple,
48
+
49
+ La quantité des consonnes (leur éventuelle gémination) est indiquée de la même manière que pour les voyelles. Le hongrois Mit mondott? (Qu'a-t-il/elle dit ?), phonologiquement /mit mon.dotː/, pourra être transcrit phonétiquement [mɪt̪mo̟n̪d̪o̟t̪].
50
+
51
+ Une consonne vocalisée, c'est-à-dire servant de sommet à une syllabe, comporte un trait vertical souscrit dans sa notation phonologique ; en revanche la vocalisation (par exemple un schwa bref) devrait être explicitée dans la notation phonétique, séparément de la consonne mentionnant l’articulation exacte :
52
+
53
+ Un point ‹ . › sépare les syllabes pertinentes dans la notation phonologique ; de même les mots restent séparés par des espaces. Ces deux signes phonologiques sont généralement omis des transcriptions phonétiques, sauf pour indiquer la présence effective d’une pause. Par exemple, l'allemand Rindfleischetikettierungsüberwachungsaufgabenübertragungsgesetz (loi sur le transfert de responsabilité de la surveillance de l'étiquetage de la viande bovine) se transcrit phonologiquement :
54
+ /ˌʁɪnt.flaɪʃ.ʔeti.kɛ.ˌtiː.ʁʊŋs.ʔyˑbɐ.ˌva.xʊŋs.ˌʔaʊf.ɡaː.bn̩.ʔyˑbɐ.ˌtʁ̥aː.gʊŋs.ɡə.ˈzɛts/.
55
+
56
+ Les syllabes accentuées sont précédées d’une courte barre verticale :
57
+
58
+ Les réalisations phonétiques des accents syllabiques peuvent varier suivant les langues et les locuteurs, entre la mutation de la consonne d'attaque, l’allongement ou la diphtongation de la voyelle au sommet de la syllabe, le changement de ton, la gémination ou la mutation de la consonne finale : ces réalisations possibles ne sont pas toujours distinguées clairement, et nombre de transcriptions phonétiques gardent la notation phonologique de ces accents avec les mêmes symboles.
59
+
60
+ La brève inversée souscrite ‹ ◌̯ › signale qu'un élément est à rattacher à la syllabe courante et ne constitue pas un nouvel élément syllabique. Par exemple : /po̯.ˈeta/, transcription phonologique du mot espagnol signifiant « poète ». (exemple tiré du Handbook of the IPA, p. 25)
61
+
62
+ Le jeu de caractères Unicode permet d'écrire l'ensemble de l'API. Les symboles et diacritiques se situent dans les blocs de caractères suivants :
63
+
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+ Certains caractères précomposés (avec diacritiques) sont accessibles dans les blocs suivants :
65
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
67
+
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+ Les parties grisées indiquent une articulation jugée impossible. Les cases blanches vides indiquent des articulations théoriques possibles mais non encore attestées. Les cases marquées d’un astérisque (*) indiquent des sons attestés non encore représentés officiellement dans l’API.
69
+ Lorsque deux symboles apparaissent dans une case, celui de gauche représente une consonne sourde, celui de droite une consonne voisée (ne s’applique pas aux clics, présentés au centre des cases en bas du tableau).
70
+ Les cases séparées par des pointillés emploient normalement les mêmes symboles API de base, et ne diffèrent éventuellement que par les diacritiques appliqués pour déplacer leur articulation.
71
+ Les affriquées t͡s, d͡z, t͡ʃ, d͡ʒ, t͡ɕ, d͡ʑ sont parfois notées à l’aide des ligatures ʦ, ʣ, ʧ, ʤ, ʨ, ʥ ne faisant plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par les deux articulations, liées avec une ligature tirant – suscrite ou souscrite).
72
+ Les occlusives injectives sourdes, sont parfois notées à l’aide des symboles ƥ, ƭ, ƈ, ʠ (formés sur la base de la consonne pulmonique correspondante avec une crosse ajoutée), qui ne font plus partie de l’API (il est recommandé de les remplacer par le symbole de la consonne voisée avec l'anneau diacritique de dévoisement).
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+ Empereur est un titre monarchique, parfois héréditaire, porté par le souverain d'un empire.
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+ Du latin imperare qui signifie « commander en maître, ordonner », du préfixe in et du verbe parare, préparer, apprêter[1]. Il a donné le mot imperium, « commandement » d’où découle « impérieux ».
4
+
5
+ « Empereur » est une déformation du titre d’imperator que portaient les généraux romains victorieux acclamés par leurs troupes. À l'origine de la République romaine, l’imperator était celui qui commandait la mobilisation des citoyens. Par glissement de sens, il désignera les actes qui en découlent puis, vers la fin de la République, il désigna celui qui commandait l’armée. Pour Scipion l'Africain, c’était un titre que l’armée accordait au vainqueur avec l’ovation, dans le cadre du culte à Jupiter[2]. Le titre d’imperator n'est pas une magistrature et n’a alors aucune valeur institutionnelle pour le Sénat romain.
6
+
7
+ Son sens actuel va apparaître avec Octavien lorsque celui-ci prit Imperator pour prénom, afin de conserver le souvenir perpétuel de ses victoires et de sa gloire. Après l’assassinat de Jules César, qui avait fait de lui son héritier, Octavien recevra l’imperium du Sénat le 3 janvier 43 av. J.-C. puis le 1er janvier 42, alors que César était élevé au rang des dieux, Octavien reçut le nom de divi filius. Enfin, le 16 janvier 27, après avoir remis tous ses pouvoirs au Sénat trois jours plus tôt, ce dernier les refusa et lui attribua le nom d’Auguste, terme d’origine religieuse dérivant du latin « augere » qui fait référence à l’auctoritas.[réf. souhaitée]
8
+
9
+ C’est ce titre d’Auguste qui correspond à ce que l’on entend actuellement par empereur, c’est-à-dire dirigeant de l’Empire. Plus largement, l’empereur à Rome est celui qui porte les titres suivant : Imperator[N 1], Augustus, Cæsar et dans un premier temps Princeps. L’équivalent en grec de ces termes, à savoir autocrate, sébastocrate et basileus a, par la suite, été utilisé dans l’Empire byzantin. Plus largement, la plupart des titres impériaux occidentaux renvoient aux termes latins, Kaiser et Imperator (Император, également tsar) étant ainsi des déformations du titre de César.
10
+
11
+ Le féminin d'empereur est impératrice et l'adjectif correspondant est impérial (impériale au féminin).
12
+
13
+ La taille du territoire gouverné et la diversité religieuse et ethnique des peuples gouvernés peuvent être pris en considération. Ainsi, un roi peut porter deux titres telle la reine Victoria, reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande (1837-1901) et impératrice des Indes (1876-1901), sa fille la princesse Victoria qui fut également brièvement en 1888 à la fois reine de Prusse et impératrice allemande, ou encore l'empereur d'Autriche, également roi de Hongrie. Parfois, l'empereur est assimilé à une divinité, tel le « dieu vivant » au Japon.
14
+
15
+ En Europe, le titre impérial fut porté par les monarques qui se réclamaient de l'héritage impérial romano-byzantin. Ainsi, Charlemagne fut empereur d'Occident et Charles Quint le tout-puissant souverain du Saint-Empire romain germanique. En fait, jusqu'au milieu du XIIe siècle, l'empereur affirmait sa prééminence théorique sur les rois (de France, d'Angleterre, etc.) dans toute l'étendue de la romanitas. Il en resta ensuite quelque chose, ainsi Philippe le Bel — et ses successeurs — s'affirmait « empereur en son royaume » ; en effet refusant la souveraineté de l'empereur, théoriquement situé au-dessus des rois, le roi de France prétendait avoir à l'intérieur de ses frontières les mêmes droits que l'empereur sur les autres rois, remettant ainsi en cause toute subordination à l'hégémonie impériale (en effet les rois de Bohême par exemple étaient bien plus influencés par l'empereur que le roi de France, qui prétendait traiter d'égal à égal avec ce dernier).
16
+
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+ Les rois comme les empereurs sont des monarques. Il n'y a a priori pas de règle établie pour les distinguer. Tout juste notera-t-on que le rang d'empereur peut être supérieur à celui de roi, notamment s'il a autorité sur d'autres rois, alors que l'inverse semblerait étrange. Ainsi au sein de l'Empire allemand, entre 1870 et 1918 où l'empereur régnait sur des États organisés sous forme de royaumes tel le royaume de Bavière. De même en France sous l'Empire, Napoléon Ier régnait au-dessus des rois qu'il avait placés dans les États satellites de l'empire (royaumes d'Italie, d'Espagne, etc.).
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+
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+ Actuellement, seul le Japon est sous le règne d'un tel souverain, l’empereur du Japon[3].
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+ Toutefois, plusieurs autres pays furent autrefois dirigés par des empereurs pour des périodes plus ou moins longues :
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+ 18 janvier 1871 – 9 novembre 1918(47 ans, 9 mois et 22 jours)
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+ Entités précédentes :
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+ Entités suivantes :
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+ L'Empire allemand (en allemand : Deutsches Kaiserreich, également dénommé Reich allemand) est le régime politique de l'Allemagne de 1871 à 1918. État-nation historique de l'Allemagne[1], l'Empire allemand est une monarchie parlementaire autoritaire avec une organisation territoriale fédérale.
12
+
13
+ Ce régime suit la dissolution de la Confédération germanique (1815-1866). Après la constitution de la confédération de l'Allemagne du Nord (1867-1871), l'Empire allemand est l'aboutissement de la formation d'un régime impérial dominé par le royaume de Prusse et la maison de Hohenzollern, et indépendant de l'Autriche. C'est la solution petite-allemande (Kleindeutsche Lösung) qui parachève l'unité allemande. Le roi de Prusse Guillaume Ier est proclamé Kaiser dans la galerie des Glaces du château de Versailles le 18 janvier 1871, après la victoire de l'Allemagne contre la France de Napoléon III à l'issue de la guerre franco-prussienne. La date de proclamation, le 18 janvier, choisie personnellement par le roi Guillaume Ier, est le jour-anniversaire du premier couronnement, celui de l'électeur Frédéric III de Brandebourg, couronné « roi en Prusse » en 1701[2].
14
+
15
+ Sur le plan politique, économique et social, l'Allemagne impériale est marquée par le développement d'une industrie de pointe, elle passe d'un État rural à un État industrialisé, le système politique très décentralisé laisse la place à un ensemble avec une forte concentration des pouvoirs. Le secteur tertiaire se développe, le commerce et la finance prennent une place plus importante. Les réparations de guerre de la France encouragent ce développement, qui sera toutefois temporairement ralenti par le krach de 1873. La place de l'artisanat et de l'agriculture baisse dans le calcul du PIB. Les changements sociaux principaux de cette période sont l'exode rural, l'urbanisation et la croissance démographique. Cependant, la noblesse garde son prestige et sa mainmise dans la diplomatie, l'armée, la politique et la haute administration[3].
16
+
17
+ Le développement des politiques intérieure et extérieure se fait sous l'impulsion du chancelier impérial Otto von Bismarck jusqu'en 1890. Cette période est considérée comme une phase relativement libérale du régime : des réformes intérieures sont menées, le Kulturkampf (le combat pour un idéal de société) permet une indépendance de l'Allemagne vis-à-vis des autorités religieuses catholiques, malgré un tournant conservateur en 1878-1879 avec notamment l'adoption de lois antisocialistes. L’État reste interventionniste et met en place des mesures de protectionnisme économique et un système de sécurité sociale. Dans le domaine de la politique internationale, Bismarck met en place un système complexe d'alliances avec les États voisins afin de maintenir l'Empire allemand en position de force face à la France.
18
+
19
+ En 1890, Bismarck est contraint à la démission. Le nouveau Kaiser Guillaume II mène un règne plus personnel, même s'il reste sous l'influence d'autres personnalités. Ses décisions prennent parfois une tournure incohérente ou imprévisible. Cette période est appelée fréquemment « ère wilhelminienne ».
20
+
21
+ La montée d'organisations et de partis de masse ainsi que l'importance croissante de la presse renforce le poids de ces derniers dans l'opinion publique. En réaction, le gouvernement mène une politique d'expansion coloniale et d'armement de la flotte très populaires pour compenser des politiques générales anti-sociales-démocrates. L'Allemagne renforce sa domination maritime et devient une puissance rivale des autres puissances coloniales dans le partage du monde, notamment avec le Royaume-Uni. Mais elle reste isolée, ce qui n'éloigne donc pas le risque d'une guerre. Le jeu d'alliances dessert la stabilité de l'Europe en 1914. Première puissance militaire européenne, l'Empire allemand, contraint de gérer simultanément plusieurs fronts, est vaincu en 1918 et perd le soutien de la population.
22
+
23
+ L'Empire allemand prend fin le 9 novembre 1918, par l'abdication de l'empereur Guillaume II et la proclamation de la république de Weimar, deux jours avant l'armistice qui met fin à la Première Guerre mondiale.
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+
25
+ En allemand, « Deutsches Reich », traduit en français par Empire allemand ou par Empire germanique[4] peut renvoyer :
26
+
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+ Aujourd'hui, si le terme « Reich » évoque pour la plupart des personnes le Troisième Reich, il sert tout autant dans la littérature historique à désigner l'Empire allemand. Sans précisions supplémentaires, « Empire allemand » désigne le régime politique de l'Allemagne de 1871 à 1918.
28
+
29
+ Pour désigner l'Allemagne de la période de 1871 à 1918 sous ses aspects culturels et sociaux, le terme d’Allemagne wilhelminienne est également utilisé, ce en référence aux noms des empereurs Guillaume Ier (en allemand : « Wilhelm I. ») et Guillaume II (« Wilhelm II. »), deux des trois empereurs de cette période[b].
30
+
31
+ La fondation de l'Empire allemand (deutsche Reichsgründung) est effective le 1er janvier 1871[5],[6],[7], avec l'entrée en vigueur[8] de la constitution provisoire publiée la veille[9].
32
+
33
+ Le rapport entre la Confédération de l'Allemagne du Nord et l'Empire allemand est le sujet d'une controverse doctrinale opposant les défenseurs de la « continuité » (Rechtskontinuität) d'un même État à ceux de la « succession » (Rechtsnachfolge) de deux États[10].
34
+
35
+ L'Empire allemand résulte d'une extension de la confédération de l'Allemagne du Nord, mise en place en 1867 après la paix de Prague et dont la constitution est légèrement remaniée afin à la fois d'incorporer les États allemands du Sud du Main, mais aussi de donner une forme explicitement monarchique à la Confédération[11].
36
+
37
+ Par les traités dits de novembre, les royaumes de Bavière et de Wurtemberg ainsi que les grands-duchés de Bade et, pour la partie située au sud du Main, de Hesse, adhèrent à la Confédération. Le traité entre la confédération de l'Allemagne du Nord, le grand-duché de Bade et celui de Hesse, est signé à Versailles le 15 novembre 1870, le traité de Berlin du 25 novembre 1870, le traité de Versailles du 23 novembre 1870.
38
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39
+ Le 18 janvier 1871, « le jour le plus triste de ma vie », selon le mot du futur empereur[12], l’Empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à la faveur de la défaite de la France. Guillaume Ier, roi de Prusse, devient empereur allemand. La date choisie est symbolique puisqu'elle correspond au 170e anniversaire du couronnement de Frédéric Ier comme roi en Prusse, le 18 janvier 1701.
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+ On appelle « période de fondation » (Gründerzeit) la période correspondant au règne de Guillaume Ier, jusqu’en 1888, et au mandat d’Otto von Bismarck comme chancelier impérial.
42
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+ Dès sa création, l’Empire est marqué par des crises graves. Bismarck voit un peu partout des ennemis du nouveau régime : les catholiques regroupés dans le parti du Zentrum et contre lequel il mène le Kulturkampf ; les Polonais de la province de Posnanie ; les Français d’Alsace-Lorraine ; la Légion guelfe (en) du Hanovre ; les socialistes qui se forment en Parti social-démocrate (SPD). Après deux attentats contre l’empereur en 1878 commis par des individus agissant seuls, Bismarck fait voter par les conservateurs et les libéraux du Reichstag, le 18 octobre 1878, une loi qui interdit les associations socialistes, social-démocrates ou communistes visant le « renversement de l’autorité de l’État ou de l’ordre social établis », ainsi que leurs journaux, leurs rassemblements et leurs membres qui sont menacés d’exil.
44
+
45
+ En même temps, Bismarck mène une politique sociale visant à apaiser certaines revendications sociales et à diminuer l’audience de la social-démocratie : le 15 juin 1883, la loi sur l’assurance maladie est adoptée, puis en 1889 celle sur l'invalidité et la vieillesse[13]
46
+
47
+ Le 9 mars 1888, Guillaume Ier meurt à l’âge de 90 ans. Son fils Frédéric III, déjà atteint d’une maladie incurable, lui succède sur le trône et meurt après 99 jours de règne le 15 juin. Son successeur, Guillaume II, âgé de 29 ans et petit-fils de Guillaume Ier, accède alors au trône. On appellera cette année « l’année des Trois Empereurs ». Le règne de Guillaume II est marqué par la primauté de l’empereur dans la politique (wilhelminisme), notamment en politique extérieure où la prudence bismarckienne cède le pas à la Weltpolitik.
48
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49
+ Le 18 mars 1890, Bismarck soumet une demande de mise en congé à l’empereur en raison du conflit qui les oppose en politique extérieure. Deux jours plus tard, le 20 mars 1890, il est démis de ses fonctions de chancelier impérial et de ministre-président de la Prusse, et le général Leo von Caprivi lui succède.
50
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51
+ Le chancelier Caprivi ne prolonge pas la loi antisocialiste.
52
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+ Dans les dernières semaines du régime, le parlementarisme sera instauré par la réforme d'octobre 1918.
54
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55
+ Deux jours avant la fin des hostilités de la Première Guerre mondiale, la « révolution de Novembre » provoque la chute du régime impérial. Le 9 novembre 1918, le chancelier Maximilian von Baden, après avoir décrété l’abdication de l’empereur Guillaume II et la renonciation au trône du prince héritier Wilhelm (techniquement, Guillaume III), démissionne et transmet ses pouvoirs à Friedrich Ebert, chef des sociaux-démocrates majoritaires. Le même jour, la république est proclamée par Philipp Scheidemann et la république socialiste par Karl Liebknecht.
56
+
57
+ Le drapeau de l'Empire allemand est également celui de la confédération d'Allemagne du Nord. Il unit les couleurs de la Prusse (le noir et le blanc, originellement les couleurs de l'Ordre Teutonique) et de la Ligue hanséatique (le rouge et le blanc, originellement les couleurs du Saint-Empire romain germanique et du drapeau du Christ).
58
+
59
+ Le tricolore horizontal noir, blanc et rouge correspondait à la « politique de fer et de sang » du chancelier Otto von Bismarck.
60
+
61
+ Lors de la proclamation de l'Empire allemand, on vit le développement de nombreux drapeaux basés sur le tricolore noir, blanc et rouge, notamment des pavillons maritimes, des drapeaux coloniaux, des drapeaux officiels, des bannières royales et impériales.
62
+
63
+ Après avoir cherché à résoudre les profondes divergences d'opinion du public sur la question du drapeau, on en vint à un compromis, qui essayait d'exprimer des différences politiques inconciliables à l'aide de symboles communs. Le drapeau civil adopté fut le tricolore noir, blanc et rouge ; le drapeau d'État était le même, avec les armes de l'Empire au centre. Ces armes étaient constituées de l'aigle noir traditionnel avec des attributs rouges dans un écusson d'or.
64
+
65
+ Les bannières personnelles de la famille impériale avec le champ jaune d'or, les croix noires et l'écu médiéval au centre étaient utilisées lors des grandes occasions ou des déplacements impériaux (comme la visite de Guillaume II à Damas).
66
+
67
+ Inspiré du modèle de drapeau prussien, l'Empire allemand met la croix de fer sur certains de ses drapeaux, dont le drapeau de l'empereur, celui de l'État et celui de l'Armée. Sur le drapeau de l'empereur, on peut voir la croix avec, en son centre, le blason de l'Empire et, sur ses extrémités, la devise allemande : Gott mit uns (« Dieu est avec nous »). Le drapeau de l'Armée, ayant une croix traversante noire, tirant un peu vers la droite, et ayant en son centre un cercle dans lequel se trouve l'aigle impérial, a la croix de fer dans un canton aux couleurs nationales.
68
+
69
+ Drapeau national et drapeau du commerce allemand.
70
+
71
+ Étendard de l´empereur.
72
+
73
+ Drapeau de guerre de la Marine impériale allemande.
74
+
75
+ Pavillon de beaupré des navires de guerre de Marine impériale allemande.
76
+
77
+ Drapeau de service d'État pour la Marine impériale allemande.
78
+
79
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
80
+
81
+ En 1900, le Reich couvrait une superficie de 540 667 km2. Il occupait le Nord et l’Ouest de l’Europe centrale, entre la mer (mer du Nord et mer Baltique) et les Alpes, entre les Vosges et le Niémen à l’Est. Il était entouré au Nord par le Danemark, à l’Est par la Russie, à l’Ouest par les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la France, et au Sud par la Suisse et l’Autriche-Hongrie.
82
+
83
+ Par sa superficie, l'Empire allemand était le troisième des États européens après la Russie et l’Autriche-Hongrie (la France, amputée de l'Alsace-Lorraine, n'a plus quant à elle qu'une superficie de 530 000 km2). Mais, contrairement à la Russie, l'Allemagne avait un bon climat et une bonne gestion de son territoire et, contrairement à l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne se trouvait sur le plateau central européen et disposait de nombreux accès maritimes.
84
+
85
+ Sa position au centre est un avantage autant qu'un inconvénient. Le Reich est au carrefour des flux commerciaux Ouest-Est. Il contrôle donc les flux de marchandises qui vont de Paris à Saint-Pétersbourg ou de Moscou à Amsterdam. Cependant, cette situation centrale révèle ses inconvénients lors de la Première Guerre mondiale, l'Allemagne se trouvant encerclée par l'alliance franco-russe.
86
+
87
+ Le territoire fédéral comprend deux enclaves en Suisse : la commune badoise de Büsingen et le Verenahof de la commune badoise de Wiechs[14].
88
+
89
+ La capitale de l'Empire est Berlin, déjà capitale du royaume de Prusse. Le siège de la Cour des comptes de l'Empire (Rechnungshof des Deutschen Reiches) est à Potsdam[15] ; le siège du Tribunal de l'Empire (Reichsgericht) — cour suprême de l'ordre judiciaire qui succède, le 1er octobre 1879, au Tribunal supérieur de commerce de l'Empire (Reichsoberhandelsgericht) — est à Leipzig[15].
90
+
91
+ La construction politique voulue par Bismarck étend à la constitution de la confédération d'Allemagne du Nord aux États au sud de la rivière Main, garantissant aux États fédérés une certaine autonomie interne dans un cadre fédéral.
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+
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+ L'Empire allemand est un « État-nation incomplet »[16] : il ne réalise l'unité allemande que dans le cadre de la solution petite-allemande (kleindeutsche Lösung)[16]. C'est un État fédéral[17],[18] asymétrique[19] et monarchique[20],[21] dont les vingt-cinq États membres sont[22], d'après les articles 1er et 6 de constitution du 16 avril 1871 :
94
+
95
+ Ces États fédérés sont tous des monarchies, à l'exception des trois villes hanséatiques. Les 25 États de l'Empire allemand, présidé par un « empereur allemand », exercent sur leur territoire la souveraineté et leurs monarques sont les détenteurs de la puissance publique, reconnue par la constitution impériale[23].
96
+
97
+ Quelques auteurs — tels August von Bulmerincq (1822-1890) et Frédéric de Martens (1845-1909)[24] — ont soutenu que l'Empire allemand était une confédération d'États[25]. Un auteur isolé — Albert von Ruville (1855-1934) — a soutenu que l'Empire allemand était un État unitaire[24].
98
+
99
+ L'Alsace-Lorraine est dotée d'un statut particulier, la « région d'Empire » (Reichsland Elsaß-Lothringen), avant de devenir le 26e État fédéré, doté d'une constitution propre, à partir du 31 mai 1911.
100
+
101
+ La constitution de l'Empire fait du roi de Prusse, président de la Confédération germanique, un empereur allemand en vertu de son article 11, dépositaire de la souveraineté dans le seul royaume de Prusse, chaque monarque, ou dans le cas des villes libres, chaque Sénat l'exerce sur son territoire[23].
102
+
103
+ Le titre officiel d'Empereur allemand (deutscher Kaiser) est l'unique titre honorifique[26] que la constitution impériale du 16 avril 1871 confère au roi de Prusse[27], en tant que porteur (Träger) de la Couronne de Prusse[28]. C'est un titre de fonction (Amtstitel)[26]. Il a été établi à l'initiative du roi Louis II de Bavière[29]. Il a été substitué à trois titre que la constitution nord-allemande du 1er juillet 1867 distinguait[30] : celui de président (Präsidium) de la fédération[31], celui de généralissime (Bundesfeldherr) de l'armée de la fédération[32] et celui de commandant suprême de la marine militaire de la fédération[32].
104
+
105
+ Le seul pouvoir réel dont dispose l'empereur est la nomination du chancelier fédéral, responsable devant lui seul ; de plus, roi dans un cadre constitutionnel, il dispose du pouvoir de convoquer ou de proroger le Reichstag et le Reichsrat, ainsi que de la possibilité de clore leur session, mais ne dispose pas de droit de veto pour les lois adoptées par les chambres du parlement ; il veille également à l'application des lois de l'Empire et au bon fonctionnement de l'administration impériale[23].
106
+
107
+ À ces prérogatives restreintes sur le plan intérieur, l'empereur ajoute un certain nombre de prérogatives sur le plan international, celui de déclarer la guerre[c],[23] de signer des traités de paix, ou de recevoir les ambassadeurs accrédités auprès de lui.
108
+
109
+ De même, chargé de la politique étrangère de la fédération, il exerce le commandement des forces armées de l'Empire[23].
110
+
111
+ Dépendant directement de l'empereur, le chancelier impérial est nommé directement par ce dernier. Irresponsable devant les chambres, il est cependant garant du bon fonctionnement des institutions, en tant que président du Bundesrat[33].
112
+
113
+ Seul ministre reconnu par la constitution fédérale, le chancelier s'entoure rapidement de secrétaires d'États en nombre sans cesse croissant, des offices impériaux. On en compte deux en 1871, le Reichskanzleramt, chargé du Commerce, des Finances fédérales, de la Justice et des Postes, et l'Auswartiges Amt, chargé de la Politique étrangère de l'Empire. À partir de 1872, la chancellerie du Reich s'entoure de secrétaires d'État dans des domaines de plus en plus variés : Marine (1872), Chemins de fer (1873), Postes (1876-1880), Justice (1877), Intérieur, compétent également pour les Affaires économiques et sociales (1879), Trésor (1879) et Colonies (1906)[34].
114
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115
+ La loi du 13 mars 1878 introduit des modifications dans l'édifice gouvernemental, permettant la création, en 1897, de services administratifs centraux, les Reichsämter ; ces derniers prennent rapidement la direction des affaires centrales, notamment la rédaction des lois soumises aux parlement[34]. À partir des années 1880, les chefs de ces Reichsämter siègent au cabinet prussien avec voix délibérative, permettant la prise en compte des intérêts de la Confédération dans la gestion gouvernementale du principal des États de l'Empire[35].
116
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117
+ Dans les faits, le chancelier exerce les fonctions de chancelier du royaume de Prusse, sauf entre 1892 et 1894, période durant laquelle Leo von Caprivi doit abandonner le ministère prussien[33]. Il s'appuie sur le cabinet prussien dans la préparation des lois impériales : pour la majeure partie d'entre elles, ces lois sont rédigées par le cabinet prussien[34].
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119
+ À côté du gouvernement, le parlement impérial vote les lois devant s'appliquer dans tout l'Empire. De ce fait, il constitue un autre facteur d'unité au sein du Reich confédéral[35].
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+ Cependant, ce calcul se révèle vite erroné, les parlementaires dans leur totalité se positionnant rapidement en faveur de l'extension des droits du parlement impérial[36].
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+ Composé de 397 membres, les membres du Reichstag sont élus pour trois, puis cinq ans après une loi d'Empire de 1888[35]. Les députés du Reichstag sont élus au suffrage universel uninominal à un tour, un second tour étant organisé en cas de ballottage[d],[35]. Au sein des États fédérés, les constitutions garantissent l'existence de chambre basse, mais les modalités de leur élection sont fixées par les constitutions de chacun des États : la composition de la chambre basse de chaque État peut ainsi ne pas se refléter dans la composition de la représentation envoyée par les électeurs de cet État au Reichstag[36].
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+
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+ Le parlement vote les lois de l'Empire ; il dispose également de la capacité d'amender les lois proposées par le chancelier fédéral. Aucun texte de loi ne pouvant être adopté sans l'accord du parlement, la chambre basse prend une importance de plus en plus grande dans le fonctionnement de l'Empire, dès la première législature, durant laquelle est transposé au cadre issu de la proclamation de l'Empire un certain nombre de dispositions adoptées par la Confédération d'Allemagne du Nord[36].
126
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127
+ De plus, le parlement vote le budget annuel de l'Empire, à l'exception du budget dans le cadre d'une programmation pluriannuelle, d'abord quadriennale, puis septennale à partir de 1874, puis quinquennale à partir de 1893[37].
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+ Dans l'Empire allemand, la religion constituait l'un des principaux repères culturels selon lesquels les individus et la collectivité interprétaient et ordonnaient leur vie et la réalité sociale. Or, les sciences modernes venaient désormais flanquer la religion et parfois s'y substituer. Leur importance croissante était en grande partie due à l'expansion fulgurante des universités. Aux dix-neuf universités déjà existantes en 1871 vinrent s'ajouter celles de Strasbourg, de Münster et de Francfort-sur-le-Main ainsi que 11 écoles techniques d'enseignement supérieur, issues des anciennes écoles polytechniques. Le nombre des enseignants et des étudiants connut une croissance encore plus marquée.
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131
+ L'orientation des sciences sur la recherche, caractéristique du monde universitaire allemand depuis la réforme de l'université entreprise au début du XIXe siècle par Wilhelm von Humboldt, se poursuivit sous de nouvelles formes avec la fondation en 1911 de la Société Kaiser-Wilhelm et la création de quatre instituts de recherche fondamentale. C'est ainsi que, notamment dans les domaines de la physique et de la chimie, des hommes de sciences allemands occupèrent dès 1900 une position de premier rang au niveau mondial. Max Planck (1858-1947), le père de la physique quantique, et Albert Einstein (1879-1955), avec sa théorie de la relativité, bousculèrent les fondements de l'espace, du temps et de la matière, ouvrant la voie à la cosmologie moderne. Le zoologue Ernst Haeckel (1834-1919) contribua beaucoup par ses écrits à la diffusion de la théorie de l'évolution. Georg Simmel (1858-1918) et Max Weber (1864-1920) donnèrent des impulsions déterminantes pour l'interprétation de la société moderne et posèrent les fondements de la sociologie allemande.
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+ Il reste néanmoins à noter que les antagonismes religieux entre catholiques et protestants ont contribué pour une part notable à la fragmentation de la société et du monde politique, entravant le développement d'une culture de la reconnaissance mutuelle et du compromis, si importante pour la mise en place d'une démocratie pluraliste[46].
134
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+ L'Empire allemand avait une population de 56,3 millions d’habitants en 1900 et de 64,9 millions en 1910. Pourtant, le taux de natalité baisse : il passe de 35,6 pour mille en 1900 à 27,5 pour mille en 1913, tout comme la mortalité qui passe de 23 pour mille à 15 pour mille. La densité moyenne était de 120 habitants par km² contre 75,9 en 1871. La population est une population jeune : en 1910, 34 % des Allemands ont moins de 15 ans, alors que le quart seulement des Français appartient à cette tranche d'âge.
136
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+ Les transformations économiques ont provoqué une véritable redistribution de la population. Ce sont surtout les régions rurales de l'Est et de l'Allemagne moyenne qui ont déversé leur trop-plein vers Berlin, la Rhénanie-Westphalie et les ports de la mer du Nord et de la mer Baltique.
138
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+ Les migrations intérieures gonflent la population urbaine : 60 % des Allemands vivent, en 1910, dans des localités de plus de 2 000 habitants. Les 48 villes de plus de 100 000 habitants (dont Berlin, Hambourg, Brême, Munich, Dresde, Stettin, Rostock et Cologne) rassemblent le cinquième de la population totale.
140
+
141
+ L'expansion économique explique le ralentissement, de plus en plus marqué, de l'émigration. Le Reich devient même un pays d'immigration : les étrangers installés en Allemagne passent de 780 000 (1900) à 1 260 000 (1910). En 1910, les Polonais constituent presque la moitié des étrangers ; 800 000 travailleurs saisonniers, des Slaves surtout, viennent fournir la main-d'œuvre nécessaire aux junkers.
142
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+ Berlin, qui était la capitale de la Prusse, devint capitale de la confédération d'Allemagne du Nord puis capitale de l'Empire allemand en 1871. La ville s'était déjà embellie aux XVIIe et XVIIIe siècles, notamment avec Charlottenburg, avec le palais de Potsdam, avec de nombreux parcs et autres embellissements. Entre 1830 et 1850, Berlin se couvre de nouveaux palais de style classique et de nombreuses académies.
144
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+ En 1858, Guillaume Ier assure la régence de son frère malade. Il devient roi en 1861. Berlin s'agrandit alors de plusieurs faubourgs et compte 524 000 habitants. Le bourgmestre libéral, Seydel, fait tout pour favoriser une industrie berlinoise où les grands entrepreneurs tiennent le haut du pavé : Borsig, Siemens, qui, après le télégraphe, développe le principe de la dynamo, Emil Rathenau, président de la Société berlinoise d'électricité (future AEG). Le conseiller à la Construction James Hobrecht remplace le vieux mur d'enceinte par un boulevard circulaire, que les installations ferroviaires à l'ouest empêchent toutefois de boucler totalement. En 1866, le nouveau chancelier Otto von Bismarck inaugure la nouvelle synagogue d'Oranienburger Strasse, marquant ainsi son intérêt pour l'émancipation des Juifs, qui se traduit en 1869 par la promulgation d'une « loi sur l'égalité des confessions », étendue à l'ensemble du Reich.
146
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+ Lors du versement des cinq milliards de francs-or de réparation par la France en 1871, l'économie berlinoise fait un formidable bond en avant. Le « temps des fondateurs » de l'Empire (Gründerzeit) s'ouvre sur une orgie de constructions de styles plus qu'éclectiques. Le néo-gothique et la brique triomphent : les flèches de cathédrale, les pignons crénelés qui hérissent les usines et les sièges sociaux des grandes entreprises font de leur dirigeants de véritables « junkers citadins ». Le pont d'Oberbaum, le musée de la Marche, les tribunaux et les nouvelles mairies d'arrondissement, construites vers 1900, seront de la même facture. Parfois un chef-d'œuvre émerge, comme le labyrinthe de pierre du hall d'entrée de l'hôtel de ville de Köpenick (1903) ou les délicates crènelures du tribunal administratif de Wedding (1904) mélange de gothique flamboyant et de Jugendstil (style jeunesse).
148
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+ L'Empire allemand a été organisé par la constitution du 16 avril 1871, modifiée le 19 mars 1888. Elle repose, pour une large partie, sur la constitution de la confédération de l'Allemagne du Nord qui était une œuvre d'Otto von Bismarck.
150
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+ L'empereur allemand est le chef de l'armée et de la marine ; il promulgue les lois et dirige la diplomatie. Il nomme un chancelier impérial (Reichskanzler), qui n'est responsable qu'envers lui, c'est-à-dire qu'il ne dépend pas du parlement élu. C'est, en réalité, le chancelier qui est le maître absolu de l'administration impériale et du gouvernement, puisqu'il préside le Bundesrat ; ministre unique, il décide de l'orientation de la politique et il propose à l'empereur la nomination ou la révocation des secrétaires d'État, des hauts fonctionnaires qui dirigent selon ses ordres les administrations gouvernementales. Les chanceliers sont aussi ministres-présidents de la Prusse.
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+ Le Bundesrat, représenté des gouvernements des vingt-cinq États, qui compte soixante et un représentants, dont trois pour l'Alsace-Lorraine, présidée par le chancelier impérial. Elle vote les lois, élabore le budget et contrôle les finances. La Prusse y dispose d'une minorité de blocage et peut imposer son point de vue au reste de l'Empire.
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+ Le Reichstag est élu pour trois ans, puis à partir de 1888 pour cinq ans. Il représente le peuple, est élu au suffrage universel mais n'a aucun moyen d'action sur le chancelier.
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+ Le 7 octobre 1879 est un accord — connu sous le nom de « Duplice » — est scellé par traité, entre l'Empire allemand et l'Autriche-Hongrie.
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+ En 1890, Leo von Caprivi succède à Otto von Bismarck, le « chancelier de fer », écarté du pouvoir par Guillaume II. Dès son accession au pouvoir, il signe avec le Royaume-Uni un traité qui suscite la colère des lobbys colonialistes par lequel, en échange de vagues zones d'influences en Afrique, mais surtout de l'îlot stratégique d'Heligoland en mer du Nord, l'Empire allemand renonce au sultanat de Witu, à la côte des Somalis, et reconnaissait le protectorat britannique sur Zanzibar.
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+ À la fin du XIXe siècle, l'Empire britannique, première puissance navale et coloniale de l'époque, tient à confirmer la supériorité de sa Royal Navy. En 1888, la peur d'un conflit naval avec la France et l'accroissement de la flotte russe font redémarrer la construction navale : le British Naval Defence Act de 1889 entraîne la construction de huit nouveaux cuirassés britanniques. Dans ces dernières années du XIXe et au tout début du XXe siècle, la course à la construction des cuirassés est attisée par l'opposition entre le Royaume-Uni et l'Allemagne. Les lois allemandes de 1898 et 1900 autorisent la construction d'une flotte de 38 cuirassés, ce qui menace l'équilibre naval[47]. Si la Grande-Bretagne répond par davantage de nouveaux navires, elle n'en a pas moins perdu une grande partie de sa suprématie. En 1883, le Royaume-Uni possède 38 cuirassés, deux fois plus que la France et à peu près autant que le reste du monde réuni.
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+ En 1893, Caprivi est à son tour remplacé au poste de chancelier impérial, changement politique qui marque une nouvelle orientation dans la politique diplomatique et coloniale du versatile Guillaume II. Dès ce moment la course aux colonies s'accélère et l'Empire allemand en Afrique se consolide.
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+ Au XIXe siècle, l'Empire ottoman – surnommé « l'homme malade de l'Europe » par l'empereur russe Nicolas Ier en 1853, lors d'une conversation avec l'ambassadeur britannique – diminue territorialement, mais entame un processus de modernisation afin de retrouver sa puissance et sa prospérité d'antan.
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+ En 1913, la défaite ottomane lors de la Seconde Guerre balkanique amène les Jeunes-Turcs (Parti Union et Progrès) au pouvoir. Leur volonté de relever l'Empire les entraîne dans l'alliance avec l'Empire allemand.
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+ Trois empereurs se succédèrent de 1871 à 1918. Guillaume Ier (1797-1888), roi de Prusse depuis 1861, n'avait tout d´abord pas voulu être empereur, s´adonna donc surtout à son royaume et ordonna à Bismarck la direction de l'Empire allemand. À sa mort, son fils Frédéric III (1831-1888) monta sur le trône mais ne régna que quelques mois. On le disait favorable au libéralisme mais frappé par la maladie il mourut avant d'entreprendre de vastes changements. Il en alla tout autrement pour Guillaume II (1859-1941). Lorsqu'il accède à la dignité impériale, il est âgé de 29 ans et régnera 30 ans sur la Prusse et le Reich. Jeune et impétueux, il aspire à gouverner par lui-même, et, en 1890, Bismarck finit par démissionner. Les chanceliers qu'il nommera par la suite ne seront que les instruments dociles de sa volonté. Dans ce Reich qui est encore une monarchie semi-féodale, l'empereur va imposer ses conceptions personnelles à des chanceliers et secrétaires d'État pusillanimes, choisis pour leur connaissance de la bureaucratie plus que pour leurs qualités politiques.
170
+
171
+ Personnalité complexe, esprit doué mais impulsif, vaniteux, despotique, il ne supporte pas ceux qui osent le critiquer et entend tout régenter : le conflit avec Bismarck était donc inévitable. Complexé par un bras gauche atrophié, Guillaume II essaie de compenser ce handicap par une agitation fébrile et brouillonne (il voyage constamment, prononce d'innombrables discours, change d'uniforme plusieurs fois par jour…), et par l'affirmation incessante de la grandeur de l'Allemagne pour laquelle il revendique une « place au soleil ». Personnalité « médiatique » avant l'heure, il est omniprésent, par ses discours, ses interviews retentissantes et par le culte dont il fait l'objet : portraits, souvenirs commémoratifs, et jusqu'à son port de moustaches que ses sujets s'empressent d'imiter.
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173
+ Plus que tout autre souverain allemand, Guillaume II aura su être en adéquation avec les aspirations de son peuple et s'identifier au désir de reconnaissance et aussi d'expansion de la nouvelle Allemagne impériale (à qui on a pu donner le nom d'Allemagne wilhelmienne, Wilhelm signifiant Guillaume). Il a su cristalliser sur sa personne les peurs et les désirs de ses sujets, et a, aux yeux de l'étranger, souvent personnifié un aspect agressif du nationalisme allemand[48].
174
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175
+ Quatre royaumes, six grands-duchés, cinq duchés et sept principautés, ont, dans ce nouveau Reich, conservé d'importantes prérogatives. Si Berlin va progressivement devenir la capitale politique et économique de l'Allemagne, les capitales des États souverains perpétuent la tradition culturelle des Residenzstädte (de). Les rois de Saxe essayèrent de maintenir la grande tradition qui avait fait de Dresde un des plus importants centres artistiques d'Allemagne. Le duc de Saxe-Meiningen pouvait se vanter d'accueillir dans sa résidence une des meilleures troupes de théâtre d'Allemagne. Munich était un des centres artistiques et intellectuels de tout premier plan qui cherchait à contrebalancer l'influence de Berlin.
176
+
177
+ Mais à côté de ces États brillants, dans lesquels se développait une vie politique active, existaient des États beaucoup plus rétrogrades, comme les deux duchés de Mecklembourg (Schwerin et Strelitz), restés à l'écart des grandes transformations politiques et économiques du XIXe siècle.
178
+
179
+ Si les princes régnants surent demeurer très populaires parmi leurs sujets, c'est qu'ils incarnaient une légitimité parfois teintée du particularisme, comme en Bavière, et qu'ils perpétuaient aussi une tradition culturelle qui s'opposait aux appétits hégémoniques de la Prusse. Par l'intermédiaire du Bundesrat, ils surent mettre en échec les velléités centralisatrices du Reich.
180
+
181
+ Néanmoins, les grandes mutations que connut l'Allemagne dans les deux dernières décennies du siècle se firent sans eux. L'essor industriel, le développement des grands centres urbains, l'expansion commerciale ont modelé une Allemagne nouvelle, fort différente des traditions archaïques et désuètes que pouvait incarner l'Allemagne des Princes.
182
+
183
+ La confédération d'Allemagne du Nord entretient une force armée, le Reich en reprend le principe et les modalités d'organisation.
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+
185
+ Le nombre de ses soldats est fixé par la constitution à 1 % de la population totale de l'Empire relevée lors du dernier recensement[37].
186
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187
+ Le budget pour l'entretien de cette armée impériale est adopté par le parlement de le cadre d'une programmation pluriannuelle et est fixé par la constitution à un montant par habitant de l'Empire à 225 thalers par an et par homme mobilisé[37].
188
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189
+ L'Allemagne s’empare des actuels Cameroun, Togo, Tanzanie et Namibie en Afrique, ainsi que des îles Carolines, îles Marshall, îles Mariannes, Palaos, Nauru, îles Truk et de la Nouvelle-Guinée allemande dans le Pacifique. Les populations de ces colonies sont condamnées aux travaux forcés et doivent fournir les matières premières pour l’industrie allemande.
190
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191
+ L'Allemagne est en particulier intéressée par le potentiel agricole du Cameroun et confie à de grandes firmes le soin de l'exploiter et de l'exporter. Le chancelier Bismarck définit l'ordre des priorités comme suit : le marchand d'abord, le soldat ensuite. Ce serait en effet sous l'influence de l'homme d'affaires Adolph Woermann, dont la compagnie a implanté une maison de commerce à Douala, que Bismarck, d’abord sceptique sur l’intérêt du projet colonial, s'est laissé convaincre. De grandes compagnies commerciales allemandes (Woermann, Jantzen und Thoermalen) et compagnies concessionnaires (Sudkamerun Gesellschaft, Nord-West Kamerun Gesellschaft) s'implantent massivement dans la colonie. Laissant les grandes compagnies imposer leur ordre, l'administration se contente de les épauler, de les protéger, et de tenter d'éliminer les rébellions indigènes. L'Allemagne envisage de se bâtir un grand empire africain, qui relierait, à travers le Congo, le Kamerun à ses possessions d'Afrique orientale. « Le Congo belge, indique le ministre allemand des Affaires étrangères peu avant la Première guerre mondiale, est une trop grande colonie pour un trop petit pays »[49]..
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+ La colonisation de la Namibie donne lieu au premier génocide du XXe siècle. L’Allemagne impériale organise la destruction systématique des populations Héréros qui représentent alors 40 % de la population[50].
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+ État du Japon
2
+
3
+ (ja) 日本国 / Nihon-koku ou Nippon-koku
4
+
5
+ 35° 41′ N, 139° 46′ E
6
+
7
+ modifier
8
+
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+ Le Japon, en forme longue l'État du Japon, en japonais Nihon ou Nippon (日本?) et Nihon-koku ou Nippon-koku (日本国?) respectivement, est un pays insulaire de l'Asie de l'Est, situé entre l'océan Pacifique et la mer du Japon, à l'est de la Chine, de la Corée du Sud et de la Russie, et au nord de Taïwan. Étymologiquement, les kanjis (caractères chinois) qui composent le nom du Japon signifient « pays (国, kuni) d'origine (本, hon) du Soleil (日, ni) » ; c'est ainsi que le Japon est désigné comme le « pays du soleil levant ».
10
+
11
+ Le Japon forme, depuis 1945, un archipel de 6 852 îles de plus de 100 m2, dont les quatre plus grandes sont Hokkaidō, Honshū, Shikoku et Kyūshū, représentant à elles seules 95 % de la superficie terrestre du pays. L'archipel s'étend sur plus de trois mille kilomètres. La plupart des îles sont montagneuses, parfois volcaniques. Ainsi, le plus haut sommet du Japon, le mont Fuji (3 776 m), est un volcan inactif depuis 1707. Le Japon est le onzième pays le plus peuplé du monde, avec environ 127 millions d'habitants pour 377 975 km2[5] (337 hab./km2), dont l'essentiel est concentré sur les étroites plaines littorales du sud d'Honshū et du nord de Shikoku et Kyūshū, formant un ensemble pratiquement urbanisé en continu appelé « Mégalopole japonaise » ou « Taiheiyō Belt » (太平洋ベルト, Taiheiyō beruto?, littéralement « ceinture Pacifique »). Le Grand Tokyo, qui comprend la capitale Tokyo et plusieurs préfectures environnantes, est la plus grande région métropolitaine du monde, avec plus de 35 millions d'habitants. La ville a été première place financière mondiale en 1990.
12
+
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+ Les recherches archéologiques démontrent que le Japon était peuplé dès la période du Paléolithique supérieur. Les premières mentions écrites du Japon sont de brèves apparitions dans des textes de l'histoire chinoise du Ier siècle. L'histoire du Japon est caractérisée par des périodes de grande influence dans le monde extérieur suivies par de longues périodes d'isolement. Depuis l'adoption de sa constitution en 1947, le Japon a maintenu une monarchie constitutionnelle avec un empereur et un parlement élu, la Diète.
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+ Le Japon est la troisième puissance économique du monde pour le PIB nominal et la quatrième pour le PIB à parité de pouvoir d'achat. Ce dynamisme économique s'appuie surtout sur une industrie performante et innovante, portée par de grands groupes d'importance mondiale appelés Keiretsu (系列?), tout particulièrement dans les secteurs de la construction automobile (troisième producteur mondial en 2017)[6] ou de l'électronique de pointe. Il est aussi le quatrième pays exportateur et le sixième pays importateur au monde. Acteur majeur du commerce international et puissance épargnante, il a ainsi accumulé une position créancière nette vis-a-vis du reste du monde (en) de plus de 325 000 milliards de yens[7], le plaçant en première position devant la Chine[8]. C'est un pays développé, avec un niveau de vie très élevé (dix-neuvième IDH le plus élevé en 2018), de faibles inégalités (le troisième IDH ajusté aux inégalités le plus élevé, toujours en 2018) et la plus longue espérance de vie au monde selon les estimations de l'ONU[9]. Mais ce tableau idyllique ne doit pas masquer d'importants problèmes qui pèsent sur l'avenir du pays : le Japon souffre d'un des taux de natalité les plus bas du monde, très en-dessous du seuil de renouvellement des générations[10]. Le pays est actuellement en déclin démographique[11]. C'est également le pays pour lequel le poids de la dette publique brute est le plus important au monde[12], cette dernière s'élève en 2017 à 240 % du PIB[13].
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+ En japonais, « Japon » (日本) se dit Nihon ou Nippon, et éventuellement dans les documents administratifs Nipponkoku (日本国?) prononcé plus rarement Nihonkoku, soit « Nation japonaise ». La forme abrégée Ni- (日?), toujours en préfixe, sert parfois dans un but qualificatif : ainsi trouve-t-on Nicchū (日中?)[14] pour l'adjectif « nippo-chinois » ou « sino-japonais »[15]. Le nom Japon est un exonyme, en effet c'est une prononciation chinoise transmise ensuite aux Occidentaux.
18
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+ Le nom 日本 veut dire « origine du soleil » ou « là où naît le soleil », ce que l'on traduit souvent par « Empire du soleil levant ». En effet, 日 signifie « soleil » (ou jour) et 本 signifie « origine » (ou racine). Le drapeau japonais (un disque rouge) évoque d'ailleurs le soleil. C'est lors des premiers échanges commerciaux avec la Chine (traditionnellement par le biais d'une lettre du prince régent Shōtoku) que cette appellation, logique du point de vue du voisin occidental chinois, fut introduite, alors que les Japonais de l'époque désignaient leur pays sous le nom de Yamato (大和?, un ateji désignant à l’origine une région géographique de Nara). D'abord prononcé Hi-no-moto, il lui fut préféré, à partir de l'époque de Nara (VIIIe siècle) les prononciations Nihon ou Nippon, appellations encore en usage de nos jours[16].
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+ Le nom japonais Nippon est utilisé sur les timbres, les billets de banque, et pour les événements sportifs internationaux, alors que Nihon est utilisé plus fréquemment dans la vie quotidienne. Nippon peut faire aussi référence à l'empire du Japon et donc à l'idéologie nationaliste de l'ère Shōwa[16]. Il se retrouve dans le gentilé, Nihon-jin (日本人?, littéralement « personne du Japon »), et le nom de la langue, Nihon-go (日本語?)[16]. Outre Nihon-jin, employé tout particulièrement pour désigner des citoyens japonais situés au Japon, sont également utilisés les termes de Hōjin (邦人?, littéralement « personne du pays ») pour les citoyens japonais présents à l'étranger (désigne tant les touristes, les personnes d'affaires ou étudiants ayant quitté l'archipel pour des durées plus ou moins longues, expression notamment fréquente dans les médias lorsqu'elles parlent d'une catastrophe ayant fait des victimes japonaises). Nikkeijin (日系人?, littéralement « personne de lignée japonaise »), ou Nikkei (日系?, littéralement « de lignée japonaise »), est le mot générique pour les immigrants japonais et leurs descendants dans le monde (dont la principale communauté reste les Nippo-Américains), de toute génération, y compris ceux venus ou revenus vivre ou travailler au Japon mais n'en ayant pas la citoyenneté[17].
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+ Yamato (大和?) est désormais le nom que l'on donne à la période historique allant de 250 à 710. C'est en fait le nom de la première structure impériale connue qui exerçait son pouvoir autour de Nara (奈良?) aux environs du Ve siècle. Aujourd'hui, on trouve toujours le mot Yamato dans des expressions telles que Yamato-damashii (大和魂?, « l’esprit japonais »).
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+ Le terme Japon viendrait très certainement de la prononciation chinoise de 日本 (rìbĕn, prononcé [ʐ̩˥˩.pən˨˩˦] (à peu près « Jipeune ») en mandarin d'aujourd'hui)[18]. Marco Polo utilisait le terme de Cipangu, dérivé du chinois Zipang utilisé par les Chinois pour désigner le Japon à cette époque[19].
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+ Le Japon est peuplé depuis le paléolithique. Une présence humaine y est indiquée par l'archéologie sur plusieurs niveaux de fouille depuis plus de 12 000 ans ; celle-ci débute par l'arrivée des Aïnous, peuple indigène paléo-sibérien, les premiers habitants de l'archipel japonais. À la faveur du réchauffement climatique suivant la glaciation de Würm, les Aïnous sont restés isolés de l'Eurasie et ont développé une forme de culture fondée sur la chasse, la cueillette et la pêche qui a perduré jusqu'au début du XXe siècle.
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+ Les premières vagues migratoires de l'ère moderne auraient débuté à partir du VIIe siècle av. J.-C. La légende rapporte que le Japon fut fondé au VIIe siècle av. J.-C. par l'empereur Jinmu. Le système d'écriture chinois, ainsi que le bouddhisme furent introduits durant les Ve et VIe siècles par les moines bouddhistes chinois et coréens, amorçant une longue période d'influence culturelle chinoise.
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+ Les empereurs étaient les dirigeants symboliques, alors que le véritable pouvoir était le plus souvent tenu par les puissants nobles de la Cour, des régents du clan Fujiwara (du VIIIe siècle au milieu du XIe siècle) aux shoguns (général en chef des armées, à partir de 1192). L'apogée de l'autorité impériale se situe au début de l'époque de Nara (première partie du VIIIe siècle) et à la fin de celle de Heian par le biais du système des empereurs retirés (d'environ 1053 jusqu'à 1085-1092).
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+ Par la suite, à partir de la fin du XIIe siècle, la réalité du pouvoir est prise en main par une classe guerrière étrangère à la cour impériale, celle des samouraïs. Ce gouvernement militaire s'accompagne d'importants mouvements de population, source de brassage sociétal et d'essor économique. Les shoguns s'appuient sur des réseaux efficaces d'hommes-liges, les Gokenin, qui, en échange de leur soutien et de leur fidélité, obtiennent des terres et le gouvernement de provinces ou de châteaux. Se met en place alors un système féodal qui va perdurer jusqu'au XIXe siècle. Au cours de la deuxième moitié du XVe siècle et au XVIe siècle, durant l'époque Sengoku, le délitement du pouvoir central aboutit à une privatisation des charges publiques et des provinces par leurs gouverneurs, ainsi qu'à une instabilité politique et militaire constante. Le pays se retrouve ainsi divisé entre des domaines de taille variable dirigés par des clans guerriers rivaux, entretenant les uns contre les autres intrigues ou conflits ouverts. Une expression résume cette instabilité : Gekokujō, soit littéralement « Les plus faibles gouvernent les plus forts », chaque seigneur (ou daimyo) peut être renversé par des rivaux comme par ses propres vassaux, qui eux-mêmes sont menacés par des forces encore plus inférieures qu'eux, tandis que des bandes rebelles (ikkō-ikki) constituées de paysans, religieux ou petits nobles locaux se créent de véritables petits royaumes indépendants. Une succession de trois daimyo conquérants entre 1573 et 1603 (époque Azuchi Momoyama) va permettre au Japon de retrouver définitivement une unité politique et d'encadrer l'organisation féodale par le système des han. Ces trois « unificateurs du Japon » sont successivement : Oda Nobunaga (1573-1582), Toyotomi Hideyoshi (1583-1598) et finalement Tokugawa Ieyasu qui s'impose à la bataille de Sekigahara en 1600 pour fonder en 1603 un gouvernement shogunal qui, depuis sa capitale d'Edo, va diriger l'archipel pendant deux siècles et demi (époque d'Edo).
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+ À partir du XVIe siècle, des commerçants venus tout d'abord du Portugal (1543), puis des Pays-Bas et d'Angleterre débarquèrent au Japon avec des missionnaires chrétiens. Pendant la première partie du XVIIe siècle, le bakufu (shogunat) Tokugawa craignit que ces missionnaires portugais ne fussent la source de périls analogues à ceux que subirent ses voisins (telles les prémices d'une conquête militaire par les puissances européennes ou un anéantissement[note 2]) et la religion chrétienne fut formellement interdite en 1635 sous peine de mort accompagnée de torture. Puis, en 1639, le Japon cessa toute relation avec l'étranger, à l'exception de certains contacts restreints avec des marchands chinois et néerlandais à Nagasaki, précisément sur l'île de Dejima.
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+ Cet isolement volontaire de deux siècles dura jusqu'à ce que les États-Unis, avec le commodore Matthew Perry, forcent le Japon à s'ouvrir à l'Occident par la politique de la canonnière en signant la convention de Kanagawa en 1854 après le pilonnage des ports japonais. Jusque-là, la plupart des Japonais ne connaissaient comme langue occidentale que le néerlandais, et découvrirent avec surprise l'existence d'autres langues, dont l'anglais des Américains[20].
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+ En seulement quelques années, les contacts intensifs avec l'Occident transformèrent profondément la société japonaise. Le shogun fut forcé de démissionner et l'empereur fut réinvesti du pouvoir.
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+ La restauration Meiji de 1868 mit en œuvre de nombreuses réformes. Le système de type féodal et l'ordre des samouraïs furent officiellement abolis, de nombreuses institutions occidentales furent adoptées (les préfectures furent mises en place) et le pays s'industrialise rapidement. De nouveaux systèmes juridiques et de gouvernement ainsi que d'importantes réformes économiques, sociales et militaires transformèrent l'Empire du Japon en une puissance régionale. Ces mutations donnèrent naissance à une forte ambition qui se transforma en guerre contre la Chine (1895) et contre la Russie (1905), dans laquelle le Japon gagna la Corée, Taïwan et d'autres territoires.
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+ L'expansionnisme militaire du Japon avait débuté dès le début du XXe siècle avec l'annexion de la Corée en 1910. Il prit de l'ampleur au cours de l'ère Shōwa avec l'invasion de la Mandchourie en 1931 puis des provinces du nord de la Chine. Dans les premières années 1930 le Japon, ainsi que l'Allemagne et l'Italie, parviennent à se réapprovisionner en armement, voyant se développer un important complexe militaro-industriel s'appuyant sur de puissants conglomérats, les zaibatsu (Mitsubishi, Mitsui, Sumitomo et Yasuda, notamment). En 1933 le Japon, désormais prêt à réinstaurer un système militaire plus stable, quitte la Société des Nations et se libère de ce fait des contraintes du traité. En 1937, l'empire se lança dans une invasion de la Chine qui débuta avec le bombardement stratégique de Shanghai et de Canton, ce qui entraîna une résolution de blâme de la Société des Nations à l'encontre du Japon mais surtout un écrasement des forces du Kuomintang. Selon les estimations, entre cent cinquante mille et trois cent mille Chinois furent exterminés lors du massacre de Nankin (Nanjing) par l'armée impériale japonaise[21].
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+ L'attaque de Pearl Harbor dans l'archipel d'Hawaï en 1941, visant à détruire une partie de la flotte de guerre américaine, déclencha la guerre du Pacifique et engagea l'Empire du Japon dans la Seconde Guerre mondiale au côté de l'Axe. Le Japon agrandit dès lors encore son emprise jusqu'à occuper la Birmanie, la Thaïlande, Hong Kong, Singapour, l'Indonésie, la Nouvelle-Guinée, l'Indochine française et l'essentiel des îles du Pacifique (de 1937 à 1942). Ce gigantesque empire militaire, appelé officiellement Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale, était destiné à servir de réservoir de matières premières. L'occupation de ces territoires fut marquée par d'innombrables exactions à l'encontre des populations d'Extrême-Orient, crimes pour lesquels les pays voisins du Japon demandent toujours des excuses ou des réparations aujourd'hui.
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+ L'empereur Shōwa procéda finalement à la reddition de l'empire du Japon le 15 août 1945 après les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki par l'aviation américaine et l'invasion soviétique du Mandchoukouo. Le traité de paix avec la Russie est toujours en négociation, en règlement du problème des îles Kouriles du Sud, occupées par cette dernière depuis la fin du conflit.
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+ Le Japon, dont plusieurs des villes majeures ont été dévastées par les bombardements, est occupé par les troupes du Commandement suprême des forces alliées, MacArthur. Celui-ci met en place le tribunal de Tokyo pour juger quelques-uns des dirigeants politiques et militaires de l'empire mais exonère tous les membres de la famille impériale ainsi que les membres des unités de recherche bactériologiques.
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+ Confiné à l'archipel, le pays demeura sous la tutelle des États-Unis jusqu'en 1951 (traité de San Francisco). Ceux-ci imposèrent une nouvelle constitution, plus démocratique, et fournirent une aide financière qui encouragea le renouveau du Japon. L'économie se rétablit ainsi rapidement et permit le retour de la prospérité dans l'archipel dont les Jeux olympiques de Tokyo et le lancement du Shinkansen en 1964 furent les symboles.
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+ Des années 1950 jusqu'aux années 1980, le Japon connaît un apogée culturel et économique et une formidable croissance. Toutefois, ce « miracle économique » prend fin au début des années 1990, date à laquelle la « bulle spéculative immobilière japonaise » éclate, marquant le début de la « décennie perdue ». Ces années sont aussi marquées par une certaine instabilité politique (avec la première chute d'un gouvernement par une motion de censure en 1993) et plusieurs catastrophes d'origines humaine (attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995) ou naturelle (tremblement de terre de Kōbe, également en 1995).
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+ Au début du XXIe siècle, bien que sa part soit relativement faible dans les finances de l'État, le Japon occupe, en matière de budget militaire, la cinquième place dans le monde en chiffres absolus, mais l'importance de ce budget ne fait pas pour autant du Japon une grande puissance militaire. La constitution japonaise interdit en effet le maintien d'une armée, le droit de belligérance et le lancement de toute opération militaire en dehors de ses frontières autre que dans le cadre de l'autodéfense. La « force d'autodéfense » japonaise est un corps militaire professionnel disposant de moyens techniques avancés.
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+ Avec la guerre d'Irak en 2003, l'interprétation de cette clause pacifiste de la Constitution a été revue pour pouvoir déployer des troupes hors de son territoire dans le cadre d'opérations à caractère strictement non militaire (reconstruction, aide humanitaire…). De la sorte, le Japon espère acquérir un rôle diplomatique plus en rapport avec sa puissance économique.
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+ Le 11 mars 2011, un grave séisme de magnitude 9,0, suivi d'un tsunami, frappe l'est du Tōhoku autour de Sendai, provoquant la mort de plusieurs milliers de personnes, de très graves dégâts dans toute la partie nord-est de Honshū et l'accident nucléaire de Fukushima[22].
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+ Le Japon est une monarchie constitutionnelle à régime parlementaire, régie par la Constitution de 1947. L'empereur (天皇, Tennō?) n'y occupe plus qu'une place honorifique, étant défini comme le symbole de l'État et de l'unité du peuple japonais dans l'article premier de la loi fondamentale. La constitution attribue la souveraineté, qui revenait auparavant à l'empereur, au peuple japonais, dans le cadre d'une démocratie représentative où l'essentiel du pouvoir politique est détenu par un parlement bicaméral, la Diète (国会, Kokkai?). Bien qu'il ne soit pas officiellement établi comme le chef de l'État et qu'il ne dispose d'aucun domaine réservé, l'empereur remplit l'ensemble des fonctions protocolaires d'un chef d'État (accréditation des ambassadeurs étrangers, investiture du Premier ministre et du juge en chef de la Cour suprême, dissolution de la Chambre des représentants sur proposition de ce dernier, ouverture des sessions parlementaires). La population japonaise conserve généralement un fort attachement et une grande déférence à l'égard de l'empereur, dont l'anniversaire (天皇誕生日, Tennō Tanjōbi?) est la fête nationale du Japon. De même, chaque règne correspond à une ère servant à dater les actes officiels et dont le nom devient l'appellation officielle de l'empereur après sa mort. L'empereur actuel (天皇陛下, Tennō Heika?) depuis le 1er mai 2019, plus connu internationalement sous son nom de naissance Naruhito, est, selon la tradition, le 126e monarque japonais, régnant durant l'ère Reiwa (令和時代, Reiwa-jidai?, Reiwa signifiant « belle harmonie »). La succession au trône se fait selon la loi de la maison impériale de 1947, par primogéniture masculine au sein des descendants, en ligne masculine exclusivement, de l'empereur Taishō. Les filles nées au sein de la famille impériale la quittent une fois mariées, et ne transmettent donc aucun droit à la succession. Le reste de l'ancienne noblesse japonaise (華族, kazoku?, littéralement « ascendance fleurie ») a été aboli en 1947.
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+ Le pouvoir exécutif appartient au cabinet (内閣, Naikaku?), responsable devant la Diète, dirigé par le Premier ministre (総理大臣, Sōri daijin?) et composé de ministres d’État (国務大臣, Kokumu daijin?) devant tous être des civils. Le Premier ministre est choisi au sein de la Diète par ses pairs avant d'être nommé par l'empereur. Il a le pouvoir de nommer et de démettre les autres ministres, dont une majorité doit être membre du Parlement, ainsi que celui de dissolution de la Chambre des représentants (formellement prononcée par l'empereur). Tous les membres du cabinet sont responsables devant la Diète.
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+ La branche législative, et donc la Diète, se compose tout d'abord d'une chambre basse, la Chambre des représentants (衆議院, Shūgi-in?) de 465 sièges, dont 289 membres sont élus par le mode uninominal à un tour et 176 par la proportionnelle régionale. Les représentants sont élus pour quatre ans au suffrage universel (il faut avoir 18 ans pour voter[23]). La chambre haute, appelée Chambre des conseillers (参議院, Sangi-in?), de 242 membres, est composée de personnes élues pour une durée de six ans, renouvelée par moitié tous les trois ans. Le suffrage est universel et secret. Le mode de scrutin est également mixte : 146 conseillers sont élus par un scrutin majoritaire plurinominal dans le cadre des préfectures, et 96 conseillers à la proportionnelle nationale. Les choix exprimés par la majorité absolue de la Chambre des représentants s'imposent à ceux de la Chambre des conseillers pour l'élection du Premier ministre, des votes de confiance ou de censure au gouvernement, ou encore de l'adoption du budget. En revanche, tout autre texte non constitutionnel nécessite, en cas de désaccord entre les deux chambres, une majorité des deux tiers des représentants pour le faire adopter malgré tout. Pour les amendements à la Constitution, une majorité des deux tiers dans les deux chambres est nécessaire, ce qui, à la date du 11 mai 2018, n'est encore jamais arrivé depuis 1947.
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+ Le pouvoir judiciaire repose sur une organisation juridictionnelle composée de quatre niveaux de base (483 cours de première instance, un tribunal de district comportant une chambre familiale dans chaque préfecture, huit Hautes Cours et une Cour suprême[24],[25],[26],[27],[28]). L'autorité judiciaire supérieure est la Cour suprême (最高裁判所, Saikō-Saibansho?), à la fois juridiction de dernier ressort et cour constitutionnelle chargée du contrôle de constitutionnalité sur les décisions et actions des deux autres pouvoirs mais aussi des collectivités locales et des administrations publiques, composée de quinze juges nommés par le Cabinet et soumis à un vote de rétention (aucun de ces juges n'ayant jamais perdu un vote) et dirigée par un juge en chef (長官, Chōkan?) nommé par l'empereur sur proposition du Premier ministre. Le Japon pratique la peine de mort. C'est un usage qui a tendance à croître entre 2006 et 2009 (les exécutions ont doublé en un an et les condamnations ont été multipliées par six en quatre ans). Toutefois, la première ministre de la Justice de l'administration démocrate au pouvoir de 2009 à 2010, Keiko Chiba, de même que ses successeurs Satsuki Eda et Hideo Hiraoka, sont tous trois des opposants historiques à la peine capitale. Tous ont malgré tout signé des ordres d'exécution.
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+ La vie politique a longtemps été dominée après la fin de l'occupation américaine par le Parti libéral-démocrate (PLD), qui a fourni l'ensemble des Premiers ministres au pays de 1955 à 1993, de 1996 à 2009 et depuis 2012. Celui-ci, de tendance conservatrice libérale, gouverne seul ou en coalition, notamment avec le Kōmeitō, parti sous influence de la Sōka Gakkai, dont les députés sont majoritairement issus, entre 1999 et 2009 et depuis 2012. Le principal parti d'opposition a longtemps été le Parti socialiste japonais (PSJ) jusqu'à ce que celui-ci souffre de la perte de son électorat traditionnel à la suite de son alliance de 1994 à 1998 avec le PLD dans une grande coalition gouvernementale et sa transformation en 1996 en Parti social-démocrate (PSD). Depuis les années 1990, l'opposition non communiste a été animée par le Parti démocrate du Japon (PDJ), fondé en 1996 et réformé en 1998, composé d'anciens dissidents tant de l'ancien PSJ que du PLD et se positionnant au centre voire au centre gauche de l'échiquier politique japonais avec une idéologie proche de la Troisième voie sociale-libérale. Il est finalement arrivé au pouvoir à l'issue des élections législatives du 30 août 2009 et son président, Yukio Hatoyama, est devenu le 60e Premier ministre du Japon le 16 septembre 2009. Naoto Kan lui succède le 4 juin 2010, avant de laisser sa place à son tour à Yoshihiko Noda le 2 septembre 2011. Il dirige un gouvernement de coalition bipartite avec le Nouveau Parti du peuple (NPP, centre droit). Toutefois, il perd la majorité dès les élections législatives suivantes du 16 décembre 2012, au profit du retour de la coalition PLD-Kōmeitō. Shinzō Abe, déjà Premier ministre de 2006 à 2007, est ainsi revenu à la tête du gouvernement le 26 décembre 2012. Par la suite, affaiblie, l'opposition au PLD a subi de multiples fusions, scissions et recompositions : le PDJ s'est uni au Parti de la restauration en 2016 pour former le Parti démocrate progressiste (PDP) ; l'aile droite de ce dernier rejoint en 2017 le Parti de l'espoir nouvellement créé par la populaire gouverneur de Tōkyō Yuriko Koike, mouvement qui, après une contre-performance aux élections législatives de 2017, finit par fusionner avec ce qui reste du PDP pour former le Parti démocrate du peuple (PDP toujours) en 2018, parti qui se définit comme centriste réformiste ; l'aile gauche du Parti démocrate progressiste a pour sa part fondé le Parti démocrate constitutionnel (PDC), situé au centre gauche social-libéral et pacifiste, devenu le premier parti de l'opposition parlementaire après les élections législatives de 2017.
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+ Plusieurs centaines de milliers de Coréens ont le statut de résidents permanents au Japon depuis plusieurs générations et parmi eux, un grand nombre refuse de prendre la nationalité japonaise pour ne pas devoir renoncer à leur nationalité coréenne ; ils sont donc toujours considérés comme des étrangers sur le plan légal, même si beaucoup d'entre eux utilisent couramment un nom japonais ou ne savent pas parler coréen. Ils bénéficient cependant du statut de « résidents permanents spéciaux » qui leur donne certains avantages par rapport aux autres résidents permanents.
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+ Ils ne peuvent malgré tout pas voter aux élections japonaises et accéder à certains postes élevés de la fonction publique sans se faire naturaliser. Il y a cependant un débat sur la possibilité de donner le droit de vote aux élections locales aux résidents permanents, comme c'est le cas depuis 2005 dans certaines régions de Corée du Sud. Il s'agissait de l'une des principales promesses de campagne du PDJ, au pouvoir de septembre 2009 à décembre 2012.
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+ Le Japon entretient d'étroites relations économiques et militaires avec son principal allié, les États-Unis[29], officialisées par le traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon de 1960. État membre de l'Organisation des Nations unies depuis 1956, le Japon a été un membre non-permanent du Conseil de sécurité pour un total de 18 ans et l'a été pour la période 2009-2010. Il est également l'une des nations du G4 qui cherchent à devenir des membres permanents au Conseil de sécurité[30]. En tant que membre du G8, de l'APEC, de l'ASEAN plus trois et participant au sommet de l'Asie orientale, le Japon participe activement aux affaires internationales et renforce ses liens diplomatiques avec des partenaires importants dans le monde entier. Le Japon a signé un pacte de sécurité avec l'Australie en mars 2007[31] et avec l'Inde en octobre 2008[32]. Il est également le troisième plus grand donateur d'aide publique au développement, après les États-Unis et le Royaume-Uni, avec un don de 8,86 milliards de dollars US en 2004[33]. Le Japon a contribué avec des troupes non-combattantes à la coalition militaire en Irak de 2004 à 2008[34].
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+ Le Japon est engagé dans plusieurs conflits territoriaux avec ses voisins : avec la Russie sur les îles Kouriles, avec la Corée du Sud sur les rochers Liancourt, avec la République populaire de Chine et Taïwan sur les îles Senkaku (conflit territorial des îles Senkaku) et avec la République populaire de Chine sur la ZEE autour d'Okinotori-shima, rendant complexes les relations entre la Chine et le Japon.
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+ Le Japon est aussi confronté à un différend avec la Corée du Nord sur son enlèvement de citoyens japonais et sur ses armes nucléaires. À la suite de la contestation des îles Kouriles, le Japon est techniquement toujours en guerre avec la Russie, car aucune solution à la question n'a jamais été signée[35].
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+ L'armée du Japon est restreinte par l'article 9 de la Constitution japonaise, qui fait renoncer le Japon à son droit de déclarer la guerre ou à utiliser sa force militaire comme moyen de règlement des différends internationaux. Les forces du Japon sont régies par le ministère de la Défense, et sont composées d'une force terrestre, maritime et aérienne. Les forces qui ont été récemment utilisées dans des opérations de maintien de la paix et pour le déploiement de troupes japonaises en Irak a marqué la première intervention militaire du Japon à l'étranger depuis la Seconde Guerre mondiale[34].
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82
+ Le pays dispose par ailleurs d'un Conseil de sécurité nationale (国家安全保障会議?), qui s'est réuni pour la première fois le 4 décembre 2013 pour discuter de la stratégie de sécurité nationale en réponse à l'instauration par la Chine d'une zone d'identification aérienne en mer de Chine orientale[36].
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+ Le Japon est devenu en 2014 observateur associé à la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) lors du sommet de Dili[37].
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+ Depuis septembre 2015, les forces japonaises d'autodéfense peuvent être utilisées en dehors du pays, pour soutenir un allié[38],[39].
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88
+ Compte tenu de ses liens historiques avec Washington, et de son rapprochement plus récent avec Pékin, le Japon pourrait, en confirmant sa légitimité internationale, constituer un pôle de stabilité dans une Asie indo-pacifique sous haute tension. C'est en tout cas l'un de ses objectifs stratégiques majeurs[40]. Étant donné l'importance de l'alliance pour la sécurité du Japon, Tokyo continue de multiplier les signes de bonne volonté pour s'assurer du soutien pérenne de son partenaire.
89
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+ En 2019, l'agenda politique et diplomatique du Japon sera chargé en termes de calendrier et de symboles : l'abdication de l'Empereur fin avril précédera le sommet du G20, organisé à Osaka fin juin. À cette occasion, des rencontres importantes sont programmées avec Vladimir Poutine et Xi Jinping, qui devrait être le premier chef d'État chinois à se rendre au Japon depuis dix ans[41].
91
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92
+ La stratégie de l'Indo-Pacifique libre et ouvert doit offrir un choix alternatif aux pays de la région pour leur permettre d'élargir leurs options et d'éviter un face-à-face avec la Chine. À rebours des tensions russo-occidentales depuis la crise ukrainienne en 2014, le Japon s'est engagé dans une politique de rapprochement et de coopération avec Moscou[42].
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+ L'engagement personnel du Premier ministre interroge en creux le devenir de cette diplomatie proactive après son départ, fin 2021. Le Japon bénéficie, certes, d'un certain nombre d'atouts pour se positionner comme force de proposition sur ces sujets, et, plus largement, jouer un rôle international significatif. Il est aujourd'hui au cœur d'un réseau de partenaires qui le reconnaissent comme une démocratie libérale et un acteur international légitime et bienveillant. La normalisation militaire du Japon[43], accélérée sous Shinzō Abe, lui donne aujourd'hui des outils pour contribuer davantage à la sécurité et la paix internationale[44].
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+ L'État du Japon forme, dans l'Est de l'Asie, un archipel de 6 852 îles de plus de 100 m2 sur plus de trois mille kilomètres de long, face à la Russie (îles Kouriles), Taïwan, la Corée et la Chine[45]. Quatre de ces îles — du nord au sud, Hokkaidō (79 000 km2), historiquement peuplée par les Aïnous, Honshū (227 000 km2) la plus grande et la plus peuplée avec 105 millions d'habitants, Shikoku (18 000 km2) qui est l'île de la mer intérieure et Kyūshū (36 000 km2) — représentent l'essentiel d'un territoire de 377 975 km2[5] (95 % du territoire des 4 000 îles de l'arc insulaire)[46].
97
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+ Les autres îles de l'archipel sont plus petites, notamment dans la préfecture d'Okinawa. Naha, sur l'île Okinawa Hontō dans les Ryūkyū (archipel Nansei), est située à plus de six cents kilomètres au sud-ouest de Kyūshū. Au sud de Tokyo, l'archipel des Nanpō s'étire sur plus de mille kilomètres jusqu'à Iwo Jima. Au nord, Sakhaline (Karafuto en japonais) et les îles Kouriles (Chishima rettō, qui s'étendent à plus de mille deux cents kilomètres au nord-est de Hokkaidō), annexées par la Russie quelques jours après la défaite du Japon face aux États-Unis en août 1945, sont parfois considérées comme les points extrêmes de l'archipel. Du fait des zones économiques exclusives, le pays revendique[note 3] un territoire maritime de 4,5 millions de km2, multipliant sa superficie par douze[47].
99
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+ Le Japon est scindé, d'un point de vue géographique et non pas politique, en huit régions (voire neuf, si la préfecture d'Okinawa n'est pas incluse dans celle de Kyūshū) qui sont du nord au sud : Hokkaidō, Tōhoku, Kantō, Chūbu, Kansai (couramment appelé Kinki), Chūgoku, Shikoku et Kyūshū. La région du Chūbu est parfois décomposée en trois régions : la région du Hokuriku sur la côte nord-ouest, la région du Kōshinetsu à l'est et la région du Tōkai au sud. Les limites de ces dernières ne sont cependant pas fixées avec précision.
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102
+ Le Japon est subdivisé en quarante-sept préfectures (ou départements), dont une préfecture métropolitaine ou métropole (Tokyo), une préfecture insulaire ou territoire (Hokkaidō), deux préfectures gouvernementales ou gouvernements urbains (Préfecture d'Osaka et Préfecture de Kyoto) et 43 préfectures rurales.
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+ Deux préfectures ont des subdivisions particulières qui leur sont propres : Hokkaidō qui a tout son territoire divisé en sous-préfectures et Tokyo qui présente elle aussi des circonscriptions administratives particulières à travers les vingt-trois arrondissements spéciaux (qui ont statut de municipalités urbaines sans en avoir toutes les compétences, certaines étant exercées directement par le Gouvernement métropolitain) et les quatre sous-préfectures insulaires du Pacifique. Sinon, toutes les préfectures (ou sous-préfectures) sont organisées en municipalités urbaines (les villes) ou rurales (les bourgs et villages, eux-mêmes regroupés en districts ruraux).
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+ Les principales villes du Japon classées par ordre décroissant d'habitants sont (chiffres de 2005)[48] :
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108
+ L'agglomération de Tokyo, englobant entre autres Yokohama, Kawasaki, Chiba et Saitama est, avec plus de 33 millions d'habitants[50].
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+
110
+ Les montagnes occupent 71 % du territoire, les piémonts 4 %, les plaines hautes 12 % et les plaines basses 13 %. Seulement un peu plus du cinquième du territoire est habitable (80 500 km2) et la plus grande plaine de l'archipel, celle du Kantō, n'atteint pas 15 000 km2[46]. Le massif montagneux des Alpes japonaises s'étire du nord au sud sur plus de 1 800 km, le long des 4 îles principales. Le point culminant du Japon est le célèbre mont Fuji[note 4] atteignant 3 776 m d'altitude. Il s'agit d'un relief volcanique, toujours actif mais peu menaçant.
111
+
112
+ La rareté des plaines (excepté près des littoraux), très peuplées (plus de 800 habitants par km2 sur la côte est de Honshū), oblige l'exploitation des collines et des montagnes avec le système des cultures en plateaux (les versants sont recouverts de bassins successifs de taille décroissante avec la hauteur, permettant la culture du riz, du soja, etc.). Si les côtes du Japon sont longues (33 000 km) et d'une grande variété, les fleuves sont courts, pentus et violents et se prêtent peu à la navigation[46].
113
+
114
+ Le Japon exprime avant tout par sa géographie le contraste le plus remarquable qui soit au monde entre un milieu éminemment ingrat qui n'offre à ses habitants qu'une superficie cultivable inférieure à 78 000 km2 (moins de 24 % de la superficie totale) et la présence de 127 millions d'habitants (chiffre de 2007).
115
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116
+ Comme le Japon est situé dans une zone de subduction de quatre plaques tectoniques (Pacifique, Nord-américaine, des Philippines et Eurasiatique), de nombreux volcans, comme le mont Unzen, sur l'île de Kyūshū, sont actifs. En 2018, le Japon en compte 111[51].
117
+
118
+ Des milliers de secousses telluriques d'intensité variable (de 4 à 9 sur l'échelle de Richter) sont ressenties dans le Japon tout entier chaque année. Par ailleurs, les puissants et ravageurs tremblements du plancher sous-marin génèrent des raz-de-marée appelés tsunamis. 1⁄5 des séismes d'une magnitude égale ou supérieure à 6 recensés dans le monde surviennent au Japon[52]. Le Japon est le pays du monde le mieux préparé aux séismes et aux tsunamis. Il a consacré des milliards d'euros à la rénovation de bâtiments anciens et à l'équipement des nouveaux en amortisseurs de chocs. De hautes digues protègent nombre de villes côtières, et les routes d'évacuation en cas de tsunami sont bien signalées. Habitués à ce genre de catastrophes, les habitants ont pris des précautions systématiques. Ils ont mis en place un système doté d'ordinateurs très performants, système qui peut détecter la formation d'un tsunami, en déduire la hauteur des vagues ainsi que la vitesse de leur propagation et le moment où les vagues atteindront les côtes grâce à l'épicentre et à la magnitude du séisme. Ils transmettent aussi ces données aux pays du Pacifique, même à leurs concurrents, contrairement à la surveillance de l'océan Indien.
119
+
120
+ Les sources naturelles d'eau chaude (appelées onsen) sont nombreuses et très populaires. Elles ont souvent été aménagées en bains publics, hôtels ou stations thermales pour les séjours de villégiature et retraites de santé.
121
+ On peut par exemple s'y baigner dans des « baignoires » naturelles de 40 à 65 °C.
122
+
123
+ L'archipel est très étiré sur l'axe Nord-Sud de la latitude de Québec à celle de Cuba[46], le Japon possède une gamme climatique étendue[53]. L'île de Hokkaidō et le nord de Honshū connaissent un climat tempéré de type continental (acadien), avec des étés doux et des hivers froids avec de fortes chutes de neige qui tiennent au sol durant plusieurs mois. Tokyo, Nagoya, Kyoto, Osaka et Kobe, à l'est et au centre-ouest de la plus grande île (Honshū), ont un climat de type subtropical humide caractérisé par des hivers relativement doux, avec peu ou pas de neige, et des étés chauds et humides, avec une saison des pluies (tsuyu) de début juin à mi-juillet. Le climat de Fukuoka (Hakata), sur l'île de Kyūshū, est relativement tempéré avec des automnes et hivers doux. Cependant l'été est tropical, long, étouffant et ultra-pluvieux (de fin mai à fin septembre) combinant températures élevées — voire torrides — et forte humidité[54]. Enfin, le climat des îles Ryūkyū, dont Okinawa Hontō, à l'extrême-sud de l'archipel nippon (latitude de Taïwan), est de type quasi-tropical, sans gel ni neige, avec des températures minimales hivernales supérieures à 16 °C[46].
124
+
125
+ L'archipel japonais connaît une alternance des vents et des courants marins qui influent sur son climat. En hiver, les vents sibériens déferlent sur la mer du Japon et provoquent d'énormes chutes de neige sur la côte occidentale de l'archipel. À l'inverse, la côte orientale est protégée par la chaîne des Alpes japonaises et connaît des hivers secs et ensoleillés, avec des températures tiédies par l'effet du courant chaud Kuroshio au sud-est. En été, le courant froid Oya-shio abaisse les températures sur les côtes du nord-ouest[46].
126
+
127
+ L'archipel japonais est touché par les tempêtes tropicales et les cyclones (appelés typhons), surtout entre juin et octobre. En 2004, dix cyclones se sont abattus sur le Japon, parmi lesquels Meari qui a fait vingt-deux morts et six disparus. Le bilan matériel de la saison 2004 est catastrophique : au moins 155 milliards de yens (1,4 milliard de dollars américains ou 1 milliard d'euros) de dégâts. Les typhons les plus violents du XXe siècle au Japon ont dévasté Muroto (typhon Muroto de 1934) (trois mille morts) et la baie d'Ise en 1959 (cinq mille morts).
128
+
129
+ L'histoire environnementale du Japon et les politiques actuelles reflètent un équilibre fragile entre le développement économique et la protection de l'environnement. Dans la rapidité de la croissance économique après la Seconde Guerre mondiale, les politiques d'environnement ont été délaissées par le gouvernement et les entreprises industrielles. Conséquence inévitable, la pollution a fortement sévi au Japon dans les années 1950 et 1960 et a entraîné certains fléaux comme la maladie de Minamata. Avec la montée des préoccupations sur le problème, le gouvernement a introduit de nombreuses lois sur la protection de l'environnement[55] en 1970 et a créé le Ministère de l'Environnement en 1971. Le premier choc pétrolier a également encouragé une utilisation plus efficiente de l'énergie au Japon en raison du manque de ressources naturelles[56]. Les questions environnementales actuellement prioritaires comprennent la pollution de l'air en zones urbaines (les NOx, ou oxydes d'azote, sont des substances toxiques irritantes pour les voies respiratoires), la gestion des déchets, l'eutrophisation de l'eau, la conservation de la nature, la gestion des produits chimiques et la coopération internationale pour la conservation de l'environnement[57].
130
+
131
+ Dans la première décennie du XXIe siècle, le Japon est devenu l'un des leaders mondiaux dans le développement de nouvelles techniques respectueuses de l'environnement. Les véhicules hybrides de Toyota et Honda ont été désignés comme ayant la plus haute économie de carburant et les plus basses émissions de gaz à effet de serre[58]. Ceci est dû à la technique de pointe des systèmes hybrides, aux biocarburants, à l'utilisation de matériel léger et à une meilleure ingénierie.
132
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133
+ Le Japon prend également en considération les problèmes entourant le changement climatique. En tant que signataire du Protocole de Kyoto, et hôte de la conférence de 1997 qui l'a établi, le Japon est dans l'obligation de réduire ses émissions de dioxyde de carbone et de prendre d'autres mesures liées à la lutte contre le changement climatique. La Cool Biz, présentée par l'ancien Premier ministre Jun'ichirō Koizumi, avait pour cible la réduction de l'utilisation de l'énergie grâce à la réduction de l'utilisation de la climatisation dans les bureaux du gouvernement. Le Japon va forcer l'industrie à faire des réductions d'émissions de gaz à effet de serre, en vertu de ses obligations liées au Protocole de Kyoto[59].
134
+
135
+ Le Japon est classé parmi les plus mauvais élèves mondiaux en matière de pêche et de consommation de thon rouge et de chasse à la baleine[60]. Il est 4e pêcheur mondial de thon rouge de l'Atlantique avec 9 % des captures, ainsi qu'un fort importateur, aboutissant à une consommation locale estimée de 80 % des thons péchés en Méditerranée[61],[62]. Le thon rouge, en particulier le thon gras, est consommé sous forme de sushis, très recherché au Japon malgré la raréfaction de ce poisson. La baleine est chassée dans le cadre d'un programme de recherche scientifique, cependant la viande des baleines ainsi pêchée est ensuite vendue dans les restaurants japonais. Le Japon est à ce sujet soupçonné d'acheter les voix de petits pays (Tanzanie, Kiribati, îles Marshall) à la Commission baleinière internationale, monnayant leur vote contre des aides au développement[63]. Avec la Chine, le Japon bloque également la lutte contre la pêche des requins, responsable de la mort de plus de 100 millions de squales chaque année[64].
136
+
137
+ Les autorités japonaises sont critiquées par les associations écologistes, notamment en marge de la conférence de 2019 sur les changements climatiques (COP 25), pour leurs très faibles ambitions en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre au sein même de l'archipel. En outre, le Japon est devenu le plus grand financier des projets de centrales au charbon dans la planète. Les banques japonaises ont représenté, entre 2017 et 2019, 32 % de la totalité des prêts directs accordés dans le monde aux développeurs de centrales au charbon. Les trois mégabanques du pays - Mizuho, Mitsubishi UFJ Financial Group et Sumitomo Mitsui Financial Group - prennent les trois premières places du palmarès de ces financements, devant l'américaine Citigroup (4e) et la française BNP Paribas (5e). L'opinion publique reste très peu sensibilisée aux enjeux environnementaux. Les autorités politiques et les élites économiques du pays se refusent à renoncer aux financements de nouvelles centrales au charbon, mettant en avant des arguments géopolitiques ou financiers[65].
138
+
139
+ Le Japon est classé 30e dans le classement des pays en fonction de leur indice de durabilité environnementale[66]. En 2018, le jour du dépassement (date de l'année à partir de laquelle l'humanité est supposée avoir consommé l'ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) du Japon[note 5] est le 9 mai[67]
140
+
141
+ Le Japon est un des pays au monde, avec la Colombie, le Costa Rica et le Mexique, à utiliser les plus fortes concentrations de pesticides[68]. Un tiers des espèces d'insectes recensées au Japon est en risque d'extinction[69].
142
+
143
+ Le Japon est après les États-Unis le deuxième pays le plus gros consommateur de plastique au monde. Depuis 2019, le pays ne peut plus exporter vers la Chine ses déchets plastiques, celle-ci ayant annoncé ne plus accepter d'être la « poubelle du monde ». 60 % des déchets plastiques sont donc désormais brûlés[70].
144
+
145
+ Le 3 juillet 2020, le gouvernement japonais propose de fermer les centrales au charbon inefficaces, avec pour but de réduire sa dépendance énergétique au charbon d'ici 2030 et faire des énergies renouvelables une source d’électricité majeure[71].
146
+
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+ Le Japon comptait 126 millions d'habitants en 2018[72].
148
+
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+ Le faible taux d'immigrants combiné à un taux de natalité bas fait que le Japon est actuellement en « hiver démographique » : le recul de l'âge de la retraite est à l'ordre du jour et des personnes âgées commencent même à être réembauchées pour combler le manque de main-d'œuvre jeune de plus en plus patent. Entre 1980 et 2005, la part des plus de soixante-cinq ans dans la population japonaise a doublé pour dépasser les 20 % en 2006, chiffre qui serait porté à 40 % en 2050.
150
+
151
+ Pour la première fois en 2005 la population a reculé, le pays perdant environ trente mille habitants, avec un taux de fécondité de 1,25 enfant par femme. Tokyo est passé sous la barre d'1 enfant par femme avec un taux de 0,98 dans un pays où les structures destinées à accueillir les enfants en bas âge sont rares. Par ailleurs, la mortalité a atteint son second record en 2008 avec environ 1,14 million de décès dans l'année, ce qui s'est traduit par 51 000 japonais de moins qu'en 2007[73].
152
+
153
+ En 2012, l'indicateur conjoncturel de fécondité du pays a remonté pour la 3e année consécutive après sa valeur la plus basse pour atteindre 1,39 enfant par femme (1,26 en 2005 ; 1,32 en 2006 ; 1,34 en 2007) : il y a eu 2 000 naissances de plus qu'en 2007, ce qui s'explique en partie par la bissextilité de l'année 2012.
154
+
155
+ À l'issue de l'année 2013, la population a continué à diminuer avec une baisse de plus de 244 000 habitants.
156
+
157
+ Sans modification démographique à court terme — et les prospectives n'en attendent pas —, le Japon comptera environ 90 millions d'habitants en 2050. À ce rythme, ils seront moins de soixante millions en 2100. 80 % des Japonais se disent très préoccupés par les conséquences du vieillissement de la population pour leurs retraites, les dépenses de santé et la fiscalité.
158
+
159
+ De plus, la répartition de la population est hétérogène, essentiellement concentrée sur la bande littorale sud du pays alors que l'intérieur du pays et l'île de Hokkaidō sont très peu peuplés. Aujourd'hui, les zones urbaines représentent 80 % de la population. La mégalopole japonaise, qu'on désigne généralement sous le nom de Taiheiyō Belt (« ceinture Pacifique ») et qui s'étire sur mille deux cents kilomètres depuis Tokyo jusqu'au nord de Fukuoka, concentre plus de cent millions d'habitants.
160
+
161
+ Le Japon comptait 2 217 000 étrangers à la fin 2008, soit 1,74 % de la population totale, avec une augmentation de 50 % sur dix ans. Les Chinois représentent le groupe le plus important (30 %), avec 655 000 personnes, suivis des Coréens (589 000), Brésiliens (313 000), Philippins (211 000) et Péruviens (60 000)[74].
162
+
163
+ Les Japonais sont vraisemblablement issus de vagues d'immigration successives venues de Chine, de Corée et des îles du Pacifique[75].
164
+
165
+ Pyramide des âges du Japon en 2005 (en bleu les hommes et en rose les femmes).
166
+
167
+ Évolution démographique.
168
+
169
+ Le Japon, qui constitue la plus ancienne composante du pôle est asiatique de la Triade, est qualifié de troisième puissance économique mondiale avec 5,867 milliards de dollars (US courant) de PIB, selon les chiffres de la Banque mondiale de l'année 2011[76]. Il se situe derrière les États-Unis et la Chine mais devant l'Inde et l'Allemagne[76]. Membre depuis 1964 de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et membre fondateur du Groupe des cinq (G5 informel, devenu G6 de manière officielle en 1975, G7 dès 1976 et finalement G8 en 1997) depuis 1974 et de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) depuis 1989, l'économie japonaise est l'une des plus fortement intégrées à la mondialisation. Avec un indice de développement humain (IDH) de 0,903 en 2015 (le 17e rang cette année là parmi l'ensemble des pays de la planète), le Japon est un pays développé à économie de marché (PDEM).
170
+
171
+ Les immenses groupes (Toyota, Fujitsu, Nissan, Honda, Mitsubishi, Canon, Panasonic, Sony, Akai, Sharp, Nintendo, Seiko, Bridgestone, etc.) édifiés sur cette modeste surface placent le Japon parmi les grandes nations industrielles : première place mondiale pour l'automobile, longtemps leader en électronique, deuxième place pour la construction navale (cargos, porte-conteneurs, pétroliers…). C'est aussi une économie de services très diversifiée et compétitive, particulièrement performante dans les secteurs de pointe. La plupart des conseils en stratégie, géographes, économistes ou sociologues classent Tokyo parmi les cinq principales villes mondiales, aux côtés de New York, Londres, Paris et Hong Kong, en raison de : son poids démographique (aire métropolitaine la plus peuplée au monde), sa bourse (surnommée Kabutochō 兜町, la deuxième plus importante de la planète en termes de capitalisation boursière), ses nombreux quartiers d'affaires et commerciaux internationaux (Shinjuku, Shibuya) et son port (31e port à conteneurs au monde en 2016 pour son trafic annuel en millions d'équivalent vingt pieds, principale plateforme multimodale de la façade japonaise du Pacifique, elle-même septième façade maritime mondiale).
172
+
173
+ Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle le pays a subi de lourdes pertes humaines et matérielles, le Japon a progressé à un rythme extraordinaire jusqu'à conquérir le rang de deuxième économie mondiale. C'est ce qu'on a appelé le miracle économique japonais (années 1950-1960). Les Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo ont joué un rôle d'accélérateur à cette forte croissance. Ces progrès sont principalement attribués à la présence initiale d'un capital humain important, à la coopération entre l'État (MITI puis METI) et les entreprises, à une production tournée vers les marchés extérieurs (importantes exportations vers l'Asie et l'Amérique), à une forte éthique du travail, à la maîtrise des techniques de pointe grâce à la recherche, ainsi qu'à la faiblesse relative des dépenses militaires (1 % du produit intérieur brut)[77].
174
+
175
+ L'organisation économique du Japon présente quelques traits propres :
176
+
177
+ Jusqu'à récemment, une part importante des employés de l'industrie disposait d'une garantie d'emploi à vie, mais depuis l'éclatement de la bulle spéculative japonaise, les licenciements et surtout la fermeture de très nombreux sous-traitants ont écorché ce mythe. La crise a provoqué une croissance du chômage (plus de 5 % au début des années 2000, mais redescendu sous les 4 % en 2008) et de la pauvreté, avec la multiplication des sans domicile fixe et des travailleurs précaires (Freeter, フリーター).
178
+
179
+ L'industrie, secteur prépondérant de l'économie (avec 39 % du produit intérieur brut, contre 25 % aux États-Unis, et 33 % de la population active, contre 25 % en France), est très dépendante des importations de matières premières et d'énergie. En effet, le territoire japonais ne pourvoit qu'à 3 ou 4 % des ressources naturelles dont a besoin le pays. Le secteur agricole, bien moindre, est fortement subventionné, pour des raisons politiques et sociales. Les rendements sont parmi les plus hauts du monde. Toutefois l'autosuffisance alimentaire plafonne à 40 %. Le plus souvent autosuffisant en riz, le Japon importe la moitié de sa consommation des autres céréales: le pays était ainsi premier au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010. Le Japon est le deuxième exportateur mondial de cuivre au milieu des années 2010, derrière le Chili, leader mondial.
180
+
181
+ La flotte de pêche japonaise est une des plus importantes au monde et réalise presque 15 % des prises totales. Quant à la marine marchande, celle-ci dispose de 3 991 navires pour 223,815 millions de tonnes de port en lourd — dont 206,598 millions sous pavillon étranger — (au 1er janvier 2013), se plaçant ainsi au deuxième rang des nations maritimes (derrière la Grèce) et représentant une part importante (13,87 %) du tonnage total mondial[78]. Il est à noter que 71,00 % du tonnage total japonais est immatriculé au Panama (pavillon de complaisance)[78].
182
+
183
+ Pendant trois décennies, la croissance a été spectaculaire : en moyenne et hors inflation 10 % par an dans les années 1960, 5 % dans les années 1970 et 4 % dans les années 1980. Au cours des années 1970-1980, le capitalisme japonais a délocalisé sa production de type fordiste dans le reste de l'Asie orientale, en Asie du Sud-Est et en Amérique du Nord. Le but est triple : contourner les quotas de plus en plus nombreux imposés par les différentes barrières protectionnistes américaines ou européennes ; diminuer les coûts de production grâce à une main-d'œuvre meilleur marché et faiblement qualifiée ; conquérir, aussi, les marchés locaux et nationaux grâce à une installation sur place. C'est ainsi que le Japon s'est petit à petit ouvert vers le sud-ouest et l'ouest[79].
184
+
185
+ Dans les années 1990, la croissance a été nettement plus faible, essentiellement à cause de surinvestissements à la fin des années 1980, des accords du Plaza de 1985, et d'une politique économique d'austérité destinée à purger les excès antérieurs des marchés boursiers et immobiliers. Les efforts du gouvernement pour relancer la croissance auront peu de succès, le pays s'enfonçant dans un long cycle de déflation aux conséquences dévastatrices pour les entreprises les moins compétitives et pour les ménages les plus fragiles.
186
+
187
+ La signature d'accords avec l'Organisation mondiale du commerce a forcé le Japon à réduire ses subventions aux agriculteurs, ouvrant la voie aux riz américain ou vietnamien, sujet sensible dans un pays où cette céréale constitue la base alimentaire quotidienne. La crise économique asiatique de 1997 a eu pour effet d'accentuer cette situation économique tendue.
188
+
189
+ Depuis fin 2002, un mouvement de reprise s'est amorcé, tiré par le rapide développement du voisin chinois, qui est devenu le premier importateur de produits japonais[80], et, plus récemment, par la demande intérieure (consommation des ménages, chômage en baisse…) et l'assainissement du secteur bancaire. Ceci s'est confirmé début 2006, quand le Japon a pu officiellement annoncer avoir vaincu la déflation persistante depuis le début des années 2000. Au cours de cette même décennie, malgré un endettement public record (environ 160 % à 170 % du produit intérieur brut[81]), le Japon a réussi à sortir de la crise immobilière. Le ralentissement économique mondial en 2008 apporte cependant à cette économie fortement exportatrice un défi difficile à relever, d'autant plus que sa monnaie forte renchérit le coût des exportations. Mais depuis plusieurs années, la place du pays sur le marché mondial de l'électronique a chuté : leader dans la période de 1970 à 1990, le pays voit ses entreprises en berne depuis le début du millénaire. En une décennie, les dix plus importants groupes perdent un tiers de leur chiffre d'affaires, concurrencés par les Chinois et les Coréens[82]. Le manque de réactivité face aux décisions stratégiques à prendre et le coût de la production industrielle sont mis en avant comme défauts majeurs de ce domaine[82].
190
+
191
+ À long terme, la surpopulation des zones habitables et le vieillissement de la population sont deux problèmes majeurs. La robotique est une des grandes forces de l'économie japonaise à long terme, à tel point qu'elle est considérée comme le laboratoire de la société post-industrielle. 410 000 des 720 000 robots industriels du monde se trouvent au Japon, soit 57 %. L'emploi au Japon reste un sujet de préoccupation de premier plan. En 2018, 19 % des personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté, ce qui constitue un record pour un pays industrialisé et oblige certaines à reprendre un emploi[83]. Le gouvernement de Shinzō Abe prévoit de repousser l'âge de la retraite à 70 ans et entend promouvoir les exosquelettes, sorte de robot accroché au corps qui accompagne et supplée les mouvements d'un individu, pour faire travailler plus longtemps les personnes âgées. En 2017, le taux d'emploi des 65−69 ans atteignait au Japon 54,8 % chez les hommes et 35 % chez les femmes[84].
192
+
193
+ Depuis le 1er septembre 2009, un accord de libre-échange et de partenariat économique (ALEPE) entre la Suisse et le Japon est en vigueur[85].
194
+
195
+ Depuis 2013, le gouvernement japonais investit dans l'économie africaine, notamment dans les infrastructures. En 2016, lors du Sommet Japon-Afrique de Nairobi, le premier ministre japonais Shinzo Abe poursuit dans cette voie et s'engage à investir 30 milliards de dollars supplémentaires sur le continent africain, dont 10 milliards seront affectés au développement des infrastructures[86].
196
+
197
+ Le Japon a de nouveau enregistré en 2019 la plus forte croissance des dividendes versés aux actionnaires à l'échelle mondiale (+6,3 % à 85,7 milliards de dollars). Les dividendes ont augmenté de 173 % au Japon entre 2009 et 2019[87].
198
+
199
+ Selon l'OCDE, 22 % des salariés japonais travaillent plus de 50 heures par semaine. Les salariés japonais prennent habituellement peu de vacances (18 jours de congés annuels)[88].
200
+
201
+ Au cours de l'ère Heisei (1989-2019) les conditions de travail des salariés se sont dégradées. L'éclatement de la bulle spéculative du début des années 1990 a eu pour effet d'accentuer la précarité des emplois. Les travailleurs ont connu une réduction de leur rémunération et des primes pour les heures supplémentaires. La proportion des emplois irréguliers (à durée déterminée et peu rémunérés) est passé de 20 % à 40 % en une trentaine d'années. Cette tendance contribue à expliquer la montée des inégalités de revenus au Japon. Le salaire horaire d'un travailleur irrégulier ne représente en effet qu'environ 60 % de celui d'un travailleur régulier[89].
202
+
203
+ Le pays possède l'un des réseaux de transport les plus performants au monde, la quasi-totalité de son territoire étant accessible en transports en commun. Cette facilité à se déplacer a contribué au développement économique et démographique du pays.
204
+
205
+ Au Japon, la voie ferrée est le principal moyen de transport des passagers : le réseau de trains, métros et lignes à grande vitesse (Shinkansen) est dense et très efficace. Il est complété par des réseaux de bus locaux, en zone urbaine comme en zone rurale.
206
+
207
+ L'infrastructure routière japonaise est bien entretenue et couvre efficacement tout le territoire, jusqu'aux zones montagneuses les plus reculées. Les autoroutes sont nombreuses, bien entretenues, et ponctuées de gigantesques aires de repos appelées Service Areas. Ces aires comportent des restaurants, et parfois un accès à Internet gratuit ou des douches. Il y a de plus des projets de dédoublement des grands axes routiers à travers les montagnes (projet nommé Japan corridor).
208
+
209
+ Le Japon possède par ailleurs la deuxième flotte commerciale maritime du monde (voir le chapitre précédent).
210
+
211
+ Le réseau de transports aériens est très moderne, avec deux compagnies aériennes : Japan Airlines et All Nippon Airways.
212
+
213
+ Le débit moyen en téléchargement est de 14,54 Mb/s en novembre 2011, le neuvième plus élevé du monde[90][source insuffisante].
214
+
215
+ En 2015, le Japon a accueilli 19,7 millions de touristes[91][source insuffisante], se classant au 16e rang mondial[92]. En 2015, les dix principaux pays d'origine des touristes étaient[93] :
216
+
217
+ L'évolution de l'arrivée des touristes par rapport à 2014 est indiquée entre parenthèses.
218
+
219
+ Considéré comme étant l'un des pays les plus avancés au monde, le Japon fait figure de locomotive dans la recherche scientifique, en particulier l'électronique, les machines-outils et la recherche médicale. Près de 700 000 chercheurs se partagent un budget de 130 milliards de dollars US alloué à la recherche et au développement, le troisième plus grand au monde[94]. Par exemple, certaines des plus importantes contributions du Japon à la technologie se trouvent dans les domaines de l'électronique (Sony,Panasonic), l'automobile (Toyota,Honda), les machines (Brother (entreprise)), la construction parasismique, la robotique industrielle (SoftBank Robotics), l'optique, la chimie (DIC Corporation), les semi-conducteurs (Tokyo Electron), les algocarburants (Euglena (entreprise)) et les métaux (Nippon Steel & Sumitomo Metal). Le Japon est le leader incontesté en termes de production et d'utilisation de la robotique, et possède plus de la moitié (402 200 sur 742 500) des robots industriels utilisés pour la construction dans le monde[95]. Les sociétés japonaises sont par exemple à l'origine des robots Qrio, ASIMO et Aibo. Le Japon est le plus grand producteur mondial d'automobiles[96] et regroupe six des quinze plus grandes entreprises de construction automobile au monde, et sept des vingt plus importants fabricants de semi-conducteurs en 2007.
220
+
221
+ L'agence d'exploration aérospatiale japonaise (JAXA) est l'agence spatiale du Japon qui fait de la recherche spatiale, de la recherche en aviation et qui développe des fusées et des satellites. C'est une participante à la Station spatiale internationale et le Japanese Experiment Module (Kibō) a été ajouté à la Station spatiale internationale au cours de vols d'assemblage de la navette spatiale américaine en 2008[97]. L'agence a des plans d'exploration de l'espace, tels que le lancement de Venus Climate Orbiter en 2010[98],[99], le lancement de la Mercury Magnetospheric Orbiter en 2018[100],[101],[102] et la construction d'une base lunaire en 2030[103]. Le 14 septembre 2007, le Japon a lancé SELENE, une mission lunaire japonaise avec une fusée H-IIA (type H2A2022) de la base de lancement de Tanegashima. SELENE est également connu sous le nom de Kaguya, la princesse lunaire du conte folklorique Kaguya-hime[104]. Kaguya est la plus grande mission de sonde lunaire depuis le programme Apollo. Sa mission est de recueillir des données sur la Lune, son origine et son évolution. Elle est entrée en orbite lunaire en octobre 2007[105],[106], volant à une altitude d'environ 100 kilomètres[107].
222
+
223
+ Selon le classement datant de 2011 en ce qui a trait aux pays les plus compétitifs au monde en matière de technologies réalisé par le Business Software Alliance, le Japon se classe au 16e rang. Selon eux, l'environnement d'affaires, les infrastructures ainsi que l'environnement juridique sont des indicateurs très propices au développement de cette industrie. Cependant, ce sont le soutien public au développement de l'industrie des TIC, la recherche et le développement ainsi que le capital humain, trois indicateurs en baisse, qui font perdre quatre places au pays par rapport au classement de 2009[108]. Cependant, le Japon contribue à environ un cinquième du budget mondial dans le domaine de la recherche et du développement.
224
+
225
+ Tout d'abord, les lycées et les universités ont été introduits au Japon en 1872 à la suite de la restauration de Meiji[109]. Depuis 1947, l'enseignement obligatoire au Japon se compose de l'école primaire et secondaire, qui dure neuf ans (à partir de 6 ans jusqu'à l'âge de 15 ans).
226
+
227
+ Au Japon, les services de soins médicaux sont fournis par les gouvernements nationaux et locaux. Le paiement pour les services médicaux est offert par le biais d'une assurance de soins de santé qui assure une relative égalité d'accès, avec des frais fixés par un comité gouvernemental. Les personnes sans assurance peuvent participer à un programme national d'assurance maladie géré par les gouvernements locaux. Depuis 1973, toutes les personnes âgées ont été couvertes par l'assurance parrainée par le gouvernement[110]. Les patients sont libres de choisir les médecins et les établissements de leur choix[111].
228
+
229
+ Le Japon se situe en 2019 à la 110e place sur 149 pays dans le rapport du Forum économique mondial sur les inégalités entre les sexes[112].
230
+
231
+ Selon l'avocate Yukiko Tsunoda, cette situation s'expliquerait en partie par le fait que les principes sexistes sont profondément ancrés dans le système judiciaire et remettent systématiquement en cause les droits des femmes : « lorsque le code pénal a été créé en 1907, le Japon était une société extrêmement patriarcale […] Le viol avait alors été criminalisé dans le but de s'assurer qu'une femme mariée ne porterait d'enfant que de son seul époux et qu'aucun autre homme ne pourrait avoir de rapport avec elle […] C'était une loi de chasteté au seul service d'un mari ou d'un père de famille »[112].
232
+
233
+ En 2017, le Japon a revu pour la première fois en 110 ans les lois concernant les agressions sexuelles, pour reconnaître les victimes masculines et rehausser la peine minimale de prison pour viol. Cependant, le fait qu'une victime soit obligée de prouver qu'elle ne pouvait pas résister a été maintenu dans la loi, malgré les protestations des experts[112].
234
+
235
+ L'université de médecine de Tokyo a reconnu, en 2018, avoir manipulé les résultats de son examen d'entrée afin que les filles soient désavantagées. Dans les semaines qui ont suivi, neuf des 81 écoles de médecine du pays ont à leur tour reconnu avoir pratiqué la même politique discriminatoire[113].
236
+
237
+ Au sujet de la garde des enfants de parents séparés, le pays ne reconnaît ni le droit de visite ni le partage de l'autorité parentale. Le système japonais fonctionne sur des principes hérités de l'ère Meiji (1868-1912). Une nouvelle forme légale de la famille devait alors renforcer son aspect patriarcal. Fondée sur la « continuité et le maintien de la famille », elle prévoit qu'en cas de séparation l'un des parents sorte de la famille. Le droit de garde des enfants est attribué à l'un des parents, généralement à celui qui les emmène le premier, sans garantir à l'autre la possibilité de les voir[114].
238
+
239
+ La culture japonaise est influencée par celle de la Chine et celle de la Corée. Mais elle en est aussi distincte.
240
+ Les influences culturelles étrangères se sont historiquement effectuées via la Corée du fait de leur proximité géographique. L'arrivée des Portugais et plus tard des Américains a quelque peu modifié ce système.
241
+
242
+ La société japonaise est linguistiquement très uniforme avec 98,2 % de la population ayant le japonais pour langue maternelle. Les 1,8 % restant étant constitués principalement de populations d'immigrants venus de Corée (sept cent mille personnes) et de Chine (trois cent cinquante mille personnes), ainsi que de Vietnamiens, de Brésiliens, d'Américains (quatre-vingt mille personnes), d'Européens (quarante-cinq mille personnes). Il existe quelques variations dialectales sur l'île d'Okinawa. L'aïnou d'Hokkaidō est toujours parlé à l'intérieur de la communauté du peuple autochtone mais reste néanmoins en voie de disparition.
243
+
244
+ L'anglais est la première langue étrangère apprise dès l'école primaire (et souvent, dès la maternelle), et est une langue très répandue comme langue étrangère, surtout chez les plus jeunes. Le chinois mandarin arrive en seconde position, puis le coréen[115].
245
+
246
+ La plupart des Japonais ne croient pas en une religion particulière et unique bien qu'un certain nombre d'entre eux se soient convertis au christianisme à la suite de l'arrivée du jésuite espagnol saint François Xavier en 1549. Les Japonais sont profondément animistes, de nombreuses amulettes, utilisées tant à la maison qu'en voyage, en attestent. Leur pratique est chamanique au travers du shintoïsme, les autres religions n'étant qu'une appropriation animiste des dieux d'autres lieux dans leur panthéon personnel ou collectif. Cependant, nombreux sont les Japonais, particulièrement au sein de la jeune génération, qui sont opposés aux religions pour des raisons historiques et en raison du développement de la science. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut exigé du peuple japonais de participer aux cérémonies shintoïstes et les activités des autres religions furent limitées. Ce shintoïsme d'État fut indissociable du nationalisme nippon qui prônait une élimination pure et simple des apports, pourtant anciens, du bouddhisme et enfin du christianisme apporté par les missionnaires portugais. Beaucoup d'autres ont su garder une vision plus apaisée de la religion et en « utilisent » plusieurs dans leur vie. Ainsi, une même personne peut aller invoquer les dieux au sanctuaire shintoïste à l'occasion du Nouvel An et tenter d'attirer leur attention avant les examens d'entrée à l'école ou à l'université. Raisonnant de manière confucianiste, elle souhaitera parfois un mariage à l'occidentale dans une église chrétienne après une cérémonie plus traditionnelle et aura des funérailles dans un temple bouddhiste.
247
+ Au début du XVIIe siècle et après une période de relative tolérance, le christianisme fut interdit puis pourchassé jusqu'à une quasi-clandestinité des chrétiens du pays, mis à part sur l'île de Kyūshū, notamment à Nagasaki, ainsi que dans la moitié sud du Japon, où les chrétiens sont plus nombreux.
248
+
249
+ La plupart des Japonais ont une vision neutre de la religion et en pratiquent plusieurs dans leur vie, généralement le shintoïsme et le bouddhisme. Ainsi, en 2014, selon le bureau des statistiques du ministère des Affaires intérieures et des Communications japonais, on comptabilisait[116] :
250
+
251
+ En 2010, le centre islamique du Japon estimait à 100 000 le nombre de musulmans dans le pays[117]. Seuls 10 % d'entre eux seraient Japonais[118]. Un certain nombre de nouvelles religions ou sectes, dont la Sōka Gakkai et ses six millions de membres, qui se sont établies juste avant ou à la suite de la Seconde Guerre mondiale occupent une place importante au Japon.
252
+
253
+ Le Japon a une longue tradition culturelle et artistique forgée par son histoire, sa géographie et sa conception particulière de l'esthétique.
254
+
255
+ Bien qu'il existe diverses formes d'arts primitifs sur l'Archipel, comme la poterie de la période Jōmon ou les haniwa, l'art japonais subit très vite l'influence du bouddhisme et de la Chine impériale, dès le VIe siècle[119]. À l'époque de Nara, les temples, dont le Tōdai-ji et le Hōryū-ji comptent parmi les plus connus, fleurissent et la religion imprègne fortement la sculpture et la peinture[120]. Ces influences restent vives jusque vers le XVIe siècle, que ce soit à travers la sculpture réaliste de Kamakura ou la peinture monochromatique de Muromachi, marquée de la pensée zen[121]. Pour autant, l'originalité de l'art japonais se ressent plus pleinement dans des mouvements plus profanes, comme les rouleaux narratifs (emaki) ou l'ukiyo-e, souvent attachés à la vie quotidienne et citadine, ainsi qu'aux divertissements[122]. Les Japonais se sont finalement intéressés à des arts très variés, s'appropriant calligraphie, étoffes (dont le kimono), céramique, laque et le forgeage de sabres.
256
+ Au XXe siècle, le cinéma et les mangas (bandes dessinées japonaises) se répandent et deviennent un fort vecteur d'exportation de la culture japonaise[123],[124].
257
+
258
+ L'architecture classique est elle aussi tournée vers le bouddhisme, mais aussi le shinto, et s'exprime pleinement à travers temples et sanctuaires[125]. Plusieurs sites sont ainsi inscrits au patrimoine mondial de l'humanité à Nara, Kyoto ou Nikkō. Plus tard[Quand ?], les maisons de thé adoptent les principes du bouddhisme zen[126]. À partir de l'époque Azuchi Momoyama fleurissent les châteaux japonais, construits en général sur d'imposantes fondations en pierre[127] ; le château de Himeji demeure une structure emblématique de l'époque. L'habitat traditionnel (minka et machiya) est lui aussi en bois.
259
+
260
+ La calligraphie et la littérature se développent également avec l'arrivée de l'écriture chinoise (kanji), au IVe siècle environ[128]. Les thèmes se diversifient alors rapidement, allant des récits mythologiques et historiques (comme le Nihon shoki) à la poésie waka. Le Dit du Genji (Genji monogatari, XIe), qui raconte de façon intimiste la vie à la cour de Heian, est souvent perçu comme l'un des premiers romans psychologiques[129]. Le bouddhisme zen et les guerres civiles marquent tout comme l'art la littérature médiévale. À l'époque d'Edo apparaissent de nouveaux mouvements littéraires majeurs, notamment les haïkus (poèmes brefs et symboliques) et la littérature des chōnin (des bourgeois), romanesque et parfois même frivole[130]. La même transformation peut être observée dans le théâtre, alors que le nô, religieux et élitiste, cède quelque peu la place au kabuki, qui prend naissance dans les quartiers de plaisirs d'Edo[131]. En marge du théâtre apparaissent d'autres formes originales et souvent humoristiques de l'art japonais, comme les masques, les spectacles de marionnettes (bunraku), les danses folkloriques (notamment l'odori) ou les conteurs (rakugo).
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+ Puis, l'industrialisation rapide et l'ouverture au monde occidental à partir de l'ère Meiji, ainsi que les effets sur la société japonaise des bombardements atomiques et de la capitulation à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont largement contribué à forger la littérature moderne japonaise à partir de la fin du XIXe siècle. Ces évolutions voient tout particulièrement la naissance et le développement d'un nouveau genre, celui du shishōsetsu (« roman personnel ») ou watakushi shōsetsu (« roman à la première personne »). Se combinent alors les influences existentialistes des anciens écrits zen et les réalités du monde contemporain en les plaçant dans un contexte où le progrès rapide ne sert qu'à exacerber le sentiment d'aliénation ressenti par l'auteur, pour donner une grande importance aux thèmes du beau, du mythe, de la fantaisie, de la solitude et de la mort. Parmi les auteurs les plus représentatifs de cette littérature moderne, ayant obtenu souvent une reconnaissance internationale, figurent Jun'ichirō Tanizaki, Osamu Dazai, Yasunari Kawabata (prix Nobel de littérature en 1968), Yukio Mishima, Kenzaburō Ōe (prix Nobel de littérature en 1994) ou Haruki Murakami[132].
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+ De nos jours, les propriétés les plus précieuses du patrimoine japonais sont classées comme trésors nationaux et protégées par une loi de 1950.
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+ La cuisine japonaise est principalement connue dans le monde entier aux travers des sushis et sashimis. Cette omniprésence mondiale (30 000 restaurants dits japonais dans le monde : 14 000 en Amérique du Nord, 10 000 en Asie et 2 500 à travers l'Europe[133]) masque une cuisine complexe qui comprend de nombreuses déclinaisons et spécialités locales. La haute cuisine actuelle japonaise est une cuisine raffinée et codifiée dont les deux incarnations les plus connues sont le repas kaiseki et la collation offerte lors de la cérémonie du thé japonaise (chanoyu) appelée cha-kaiseki. Au quotidien, les Japonais sont ouverts à la diversité de la cuisine mondiale. On peut trouver facilement des restaurants chinois ou coréens, mais aussi italiens, français, ou encore les grandes chaînes de restauration rapide mondiale.
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+
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+ Note : lorsque la date d'un jour férié tombe un dimanche, c'est le lendemain qui est férié. Exemple : le 11 février 2007 était un dimanche, le 12 février 2007 a donc été férié.
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+
270
+ Drapeau du Japon appelé Hinomaru (« disque solaire »). Le disque rouge central symbolise le soleil.
271
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+ Drapeau de la marine militaire (puis de la force maritime d'autodéfense) (旭日旗, Kyokujitsuki?).
273
+
274
+ La cocarde japonaise[135] reprend le disque rouge du drapeau national. La bordure blanche améliore la visibilité.
275
+
276
+ Le sceau impérial du Japon, appelé au Japon « noble insigne du chrysanthème » (菊の御紋, Kiku No Gomon?).
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+ Fleur de Prunus serrulata ou cerisier du Japon.
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+ Libellule.
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282
+ Le baseball est le sport national du Japon. Le championnat du Japon de baseball a été créé en 1937[136]. Depuis les années 1920, c'est le sport le plus populaire dans le pays[137]. L'un des plus célèbres joueurs de baseball japonais est Ichirō Suzuki, qui après avoir gagné la récompense du meilleur joueur japonais en 1994, 1995 et 1996, joue maintenant pour les Yankees de New York dans la Ligue majeure de baseball. Avant cela, Sadaharu Oh était le plus connu en dehors du Japon, après avoir frappé plus de coups de circuit au cours de sa carrière au Japon que son contemporain Hank Aaron n'en avait frappés en Amérique.
283
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284
+ Le football est devenu le deuxième sport le plus populaire du pays. Le Japon a été le lieu de la Coupe intercontinentale de 1981 à 2004 et le co-hôte de la Coupe du monde de football de 2002 avec la Corée du Sud. Son équipe nationale est l'une des plus grandes équipes de football en Asie, ayant remporté la Coupe d'Asie à quatre reprises, un record. La sélection féminine a gagné la Coupe du monde de football féminin 2011 en battant en finale les États-Unis sur le score de 2-2 et 3-1 aux tirs au but.
285
+
286
+ Le golf est aussi populaire au Japon[138], de même que les formes de course automobile, comme le Super GT et la Formula Nippon[139]. Le Twin Ring Motegi a été achevé en 1997 par Honda, qui produit les moteurs de la série, afin d'ajouter une épreuve japonaise au championnat américain de l'IndyCar Series.
287
+
288
+ Honda a toujours eu une présence active en Formule 1 et a même remporté plusieurs titres en tant que motoriste avec l'écurie McLaren qui avait pour pilotes entre-autres Alain Prost et Ayrton Senna dans les années 1980 et 1990. Le Grand Prix du Japon se déroule sur le circuit de Suzuka depuis 1987 (sauf en 2007 et en 2008). Ce dernier est l'un des seuls circuits au monde à avoir la particularité d'être en huit et non en boucle, un pont enjambant une autre partie de la piste. Auparavant, le Grand Prix s'était déroulé sur le circuit de Fuji en 1976, 1977, 2007 et 2008.
289
+
290
+ Les sports occidentaux ont été introduits au Japon après la restauration de Meiji, et ont commencé à se répandre à travers le système éducatif[140]. Parmi les sports traditionnels, le sumo est probablement le plus populaire. Les arts martiaux tels que le judo, le karaté, l'aïkido et le kendo moderne sont également largement pratiqués et appréciés dans le pays.
291
+
292
+ Le catch est aussi très populaire dans le pays avec plusieurs fédérations comme la All Japan Pro Wrestling, la Dragon Gate, la Hustle (catch), la Inoki Genome Federation, la New Japan Pro Wrestling, la Pro Wrestling NOAH et la Pro Wrestling Zero1, plusieurs superstars connues dans le monde sont passées par ces fédérations[réf. souhaitée].
293
+
294
+ La neuvième édition de la Coupe du Monde de Rugby du 20 septembre au 2 novembre 2019, sera la première organisée dans un pays d'Asie, depuis sa création en 1987. 17 ans après le Mondial de football en 2002, le Japon sera de nouveau au centre du monde sportif, en accueillant une grande compétition internationale. De quoi préparer les instances sportives du pays avant l'organisation des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020[141].
295
+
296
+ Le Japon accueillera les Jeux olympiques de 2020 à Tokyo.
297
+
298
+ Depuis l'an 760, une tradition de pêche en apnée est pratiquée autour de l'archipel par de vieilles villageoises nommées ama. C'est ainsi que jusqu'au milieu du XXe siècle, ces remarquables plongeuses étaient encore plus de 10 000 à se jouer des profondeurs de l'océan pour y récolter perles, coquillages et crustacés. Aujourd'hui[Quand ?], les ama ne sont plus au Japon que 2 000, dont la moitié se concentre dans la préfecture de Mie, une région peu peuplée, à plus de 300 km au sud-ouest de Tokyo. L'une des raisons du déclin de leur pêche est la régression du tapis d'algues marines et de son biotope. Les nouvelles recrues se faisant rares, la moyenne d'âge est en 2011 de 67 ans. Aussi, la décennie prochaine pourrait-elle voir disparaître la pêche en apnée[réf. souhaitée]. La station balnéaire de Toba abrite de jeunes pêcheuses qui tiennent lieu d'attraction touristique.
299
+
300
+ Entre 2010 et 2016, le Japon chute de la 11e à la 72e place dans les classements annuels établis par Reporters sans frontières en matière de libertés accordées à la presse. Cette situation s'expliquerait notamment par un autoritarisme accru des autorités depuis le retour au pouvoir de Shinzō Abe : selon The Guardian, plusieurs journalistes auraient perdu leur emploi pour avoir critiqué la politique du gouvernement ; de nombreux manuels scolaires auraient également été censurés s'ils ne correspondaient pas à la vision de l'histoire promue par les autorités. Le vice-Premier ministre japonais, Tarō Asō, avait par ailleurs estimé nécessaire modifier la constitution jusqu'à la rendre fidèle aux valeurs soutenues par le gouvernement [142].
301
+
302
+ Le Japon a pour codes :
303
+
304
+ Asie centrale
305
+
306
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
307
+
308
+ Asie de l’Est
309
+
310
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
311
+
312
+ Asie de l'Ouest
313
+
314
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
315
+
316
+ Asie du Sud-Est
317
+
318
+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
319
+
320
+ Asie du Sud
321
+
322
+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
323
+
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+ Asie du Nord
325
+
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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1
+ La civilisation inca est une civilisation précolombienne du groupe andin. Elle prend naissance au début du XIIIe siècle dans le bassin de Cuzco situé dans l'actuel Pérou et se développe ensuite le long de l'océan Pacifique et de la cordillère des Andes, couvrant la partie occidentale de l'Amérique du Sud. À son apogée, elle s'étend de la Colombie jusqu'à l'Argentine et au Chili, en couvrant la plus grande partie des territoires actuels de l'Équateur, du Pérou et près de la moitié Ouest de la Bolivie.
2
+
3
+ Elle est à l'origine de l'Empire inca, l'un des grands royaumes de l'Amérique précolombienne. Cet empire avait pour chef suprême le Sapa Inca. L'Empire inca fut conquis par les conquistadors espagnols sous les ordres de Francisco Pizarro à partir de 1532.
4
+
5
+ L'une des grandes singularités de cet empire fut d'avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient.
6
+
7
+ Les premières traces humaines en Amérique du Sud datent au moins du trentième millénaire avant notre ère[1]. Cette présence humaine est attestée sur le site archéologique de Pedra Furada (« pierre percée » en portugais), situé dans le parc national de la Serra da Capivara (Piauí) au nord-est du Brésil, qui représente probablement le site humain connu le plus ancien en Amérique. Vivant de chasse et de cueillette, ces peuples nomades s'intéressaient progressivement à l'agriculture. Les propriétés nutritionnelles du maïs, cultivé dès le troisième millénaire dans la région d'Ayacucho[Favre 1], permettaient d'accroître son importance[Favre 2].
8
+
9
+ Le développement de l'agriculture entraîna des changements sociaux importants : la population explose, des villes apparaissent et une élite religieuse se crée[Favre 2]. Le premier millénaire avant notre ère voit ainsi s'épanouir la civilisation Chavín, unissant dans un style artistique commun de nombreuses cultures locales, probablement grâce à un culte unique dont un élément caractéristique est l'image du jaguar[Favre 2].
10
+
11
+ Entre le Ier et le VIIIe siècle, l'unité créée par la civilisation Chavín disparut au profit de cultures plus locales (Mochica, Paracas-Nazca, Tiwanaku)[Favre 3]. Le développement agricole, notamment l'irrigation et l'aménagement de terrasses, continue. À partir du VIIIe siècle, deux villes des hautes terres rayonnent particulièrement et regroupent sous leur bannière les peuples andins : Tiwanaku vers le sud jusqu'au nord du Chili et Huari vers le nord[Favre 4].
12
+
13
+ Les États de Tiahuanaco et Huari s'effondrent brusquement au XIIe siècle. À nouveau, le régionalisme prévaut dans un premier temps, puis de nouvelles tentatives d'intégration impérialistes ont lieu[Favre 5]. Ainsi, vers le milieu du XIIIe siècle, le peuple Chimú initie la création d'un nouvel empire, sur la côte nord du Pérou actuel, fondé sur l'aménagement hydraulique[Favre 6]. L'Empire Chimú s'étend le long de la côte jusqu'à l'actuelle frontière équatorienne, et il entre inévitablement en rivalité avec l'Empire inca, l'autre grand empire andin du XVe siècle, ce qui lui sera fatal[Favre 7].
14
+
15
+ Voir notamment la section La fondation du Cuzco et l'origine des Incas.
16
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17
+ Différents témoignages ont été recueillis quant à l'origine des Incas. Selon la légende de Manco Capac et Mama Ocllo, les Incas descendent de Manco Capac. Plusieurs versions[2] de cette légende en font la création de Viracocha et de Inti, le dieu du soleil, le faisant naître près de Cuzco (légende de Pacaritambo[3]) ou sortir du lac Titicaca avec sa sœur-épouse Mama Ocllo, envoyés par Viracocha, le dieu créateur, pour apporter la civilisation aux hommes après le grand déluge qui avait tout dévasté.
18
+
19
+ Selon cette dernière version, ils voyagèrent jusqu'à ce que le bâton magique en or de Manco s'enfonce totalement dans la terre pour leur désigner le lieu où s'établir : la terre de ce lieu serait suffisamment riche pour les accueillir[4]. C'est là qu'ils fondèrent la première ville inca qui deviendra Cuzco, c'est-à-dire le « nombril » en quechua[5]. Manco Capac enseigna alors aux hommes l'agriculture et l'artisanat, et Mama Ocllo enseigna aux femmes l'art du tissage.
20
+
21
+ À l'heure actuelle, l'origine géographique des premiers Incas reste discutée, l'hypothèse communément admise étant qu'ils provenaient des rives du lac Titicaca, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Le rapprochement est souvent évoqué avec la civilisation méconnue de Tiahuanaco (en Bolivie). Les Incas seraient donc un groupe d'hommes menés par Manco Capac ; après une migration vers le nord, celui-ci s'allie avec quelques communautés quechuas pour déloger les habitants de la vallée de Cuzco. Ce sont dès lors tous les descendants de ces premiers colons ainsi que leurs alliés qui sont considérés comme Incas.
22
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23
+ D'autres sources évoquent une origine amazonienne. La présence des incas en Amazonie est attestée par la découverte de la cité agricole inca de Mameria (en) par deux explorateurs franco-péruviens en 1979, Nicole et Herbert Cartagena, en compagnie du péruvien Goyo Tolédo. L'analyse d'un morceau de charbon trouvé à Mameria[6], effectuée par Grégory Deyermenjian, donne une datation de 1345 après JC, avec une plage d'erreur allant de 1240 à 1500 après JC. Cette datation laisse donc les deux hypothèses ouvertes d'une occupation Inca, ou Huari tardif (empire pré-Inca de culture Quechua). Toute la question est donc de savoir si cette cité de Mameria est antérieure ou postérieure à l'arrivée des Incas dans la vallée du Cuzco.
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25
+ En parallèle, les ruines récemment trouvées par l'équipe franco-péruvienne Inka LLacta / P.E.P[7] en 2015 montrent une occupation probablement Huari à proximité de Mameria (cordillère du Toporake), dans la vallée Nord-Lacco et dans le parc du Megantoni.
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+ D'autres sources argumentent l'hypothèse amazonienne de l'origine des Incas à partir de certaines parentés linguistiques :
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+ « [...] certains traits, notamment la langue, laissent penser que les Incas seraient originaires de la forêt amazonienne, et que le groupe conduit par Manco Cápac aurait été composé de plusieurs lignages, unis par des liens de parenté[8]. »
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+ Quoi qu'il en soit, la question demeure donc ouverte de l'origine des incas, ou plutôt de la localisation de l'ethnie Taipicala de Manco Cápac (dont les Incas sont la filiation directe) avant son arrivée dans la "Vallée sacrée".
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+ À leur arrivée dans la région de Cuzco, les Incas ne sont qu'une tribu parmi d'autres dans une confédération locale, occupant dans un premier temps un rang subordonné[Favre 8]. Leur position de chefs militaires dans la confédération leur permet de gagner progressivement de l'influence lors des règnes successifs de Sinchi Roca, Lloque Yupanqui, Mayta Capac et Capac Yupanqui. Finalement, à la mort de Capac Yupanqui, Inca Roca s'empare du contrôle de la confédération[Favre 9].
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+ Yahuar Huacac puis Viracocha Inca étendent la domination inca. Néanmoins, le territoire inca ne dépasse pas un rayon de 40 km autour de Cuzco[Favre 9]. En 1438, lors d'une guerre avec la tribu voisine des Chancas, Viracocha abandonne la capitale, mais son fils Pachacutec la défend avec succès et défait les Chancas. C'est le début de l'expansion extrêmement rapide de l'empire[Favre 10].
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+ Le fils de Pachacutec, Tupac Yupanqui et son fils après lui, Huayna Capac, repoussent les frontières de l'empire du Chili au Sud de la Colombie. L'empire est à son apogée[Favre 11].
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+ En 1532, 180 conquistadors espagnols débarquent et commencent la conquête de l'empire inca. Bien que peu nombreux face aux armées incas de plusieurs dizaines de milliers de soldats, cette conquête est très rapide[Favre 12]. Les historiens expliquent cela par une combinaison de plusieurs raisons : la guerre de succession consécutive à la mort de Huayna Capac en 1527, la rapide capture du nouvel empereur Atahualpa, la supériorité militaire des Espagnols, tant par leur armement (chevaux, armures en métal et armes à feu) que par leur stratégie, leur habileté diplomatique à soulever contre l'empire des tribus locales ainsi que l'assimilation par les Incas des Espagnols à des dieux annoncés par des prophéties.
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+ La conquête espagnole s'accompagne de nombreux pillages et de massacres. La colonisation qui s'ensuit engendre une catastrophe démographique majeure : la population de l'empire inca, estimée entre 12 et 15 millions de personnes avant la conquête, est d'environ 600 000 un siècle plus tard. L'exploitation des indigènes et leur manque de défenses immunitaires contre les maladies apportées par les Espagnols en sont les principales raisons[Itier 1].
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+ Prisonnier de Pizarro, Atahualpa lui donna tout son or en échange de sa libération. Pizarro prit l'or mais fit malgré cet accord exécuter l'empereur le 29 août 1533.
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+ Les Incas se rebelleront tout de même plusieurs fois, notamment en 1536 sous le commandement de Manco Inca. La ville de Vilcabamba devient le centre d'un noyau de résistance inca qui y subsistera jusqu'en 1572[Favre 13]. La résistance aura un sursaut aux XVIIe et XVIIIe siècles ; le plus important épisode sera celui de Túpac Amaru II en 1780, toujours avec l’objectif avorté de restaurer l’empire inca.
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+ La liste des empereurs incas s'appelle la capaccuna[9] (en quechua les plus puissants parmi les êtres humains).
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+ Avant Viracocha Inca les empereurs incas sont semi-légendaires et les dates de leurs règnes sont incertaines.
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+ Entre 1533 et 1572 une partie des fils de Huayna Capac se révolte contre les Espagnols et se réfugie dans la région de Vilcabamba. Leur emprise territoriale reste localisée aux alentours de ce centre de résistance.
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+ Après avoir formé pendant des siècles une puissance locale, quoiqu'en expansion régulière, les Incas rêvèrent d'un plus grand royaume. Ils allaient conquérir 780 000 km² en quelques générations. Vers 1400, ayant soumis leurs voisins, les rois incas mènent leurs premières conquêtes en dehors de la région de Cuzco. Vers 1470, poussant vers la côte, les Incas défont l'Empire chimu et emmènent avec eux de nombreux artisans de la puissance vaincue. Vers 1500, se tournant vers le sud, les Incas s'emparent d'un vaste territoire s'étendant jusqu'aux limites de la Patagonie. Vers 1532, lors d'une offensive finale le long des pentes orientales des Andes, les Incas pénètrent plus avant à l'intérieur du bassin de l'Amazone.
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+
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+ Le Sapa Inca, chef suprême de l'empire, est avant tout un guerrier, et c'est un rapport très personnel qui le lie aux chefs locaux des tribus conquises. Ces relations sont souvent à établir à nouveau lors de chaque succession, ce qui amène parfois des guerres de reconquêtes[Itier 2].
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+ Ces liens ont une importance capitale dans la gestion des provinces côtières : au contraire des provinces andines, les Incas n'y créent en effet ni villes ni administration. Ces provinces en sont par ailleurs souvent déjà pourvues par héritage des civilisations précédentes. Les Incas se contentent de gouverner à distance en maintenant les élites locales[Itier 3].
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+ Dans les Andes, par contre, les Incas créent de véritables capitales provinciales. Si les liens personnels entre les chefs locaux et le Sapa Inca restent importants, une administration impériale est établie en parallèle. À la tête de ces provinces sont nommés des gouverneurs de provinces (tukriquq) représentant l'empereur localement. Ces gouverneurs sont entourés de fonctionnaires kipukamayoq qui procèdent au recensement de la population à l'aide des kipus[Itier 4]. Le recensement revêt en effet un rôle particulièrement important dans un État où les seuls tributs versés le sont sous forme de corvées[Favre 14].
60
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+ La hiérarchie dans l'empire inca reprend l'organisation traditionnelle des communautés andines. L'Inca est à la fois chef de son clan et souverain de tout l'empire. L'organisation communautaire est à la base de la structure de l'empire. Dans de nombreux cas, l'Inca conquérant veille à ne pas bousculer l'organisation traditionnelle des populations à assimiler et laisse en place les autorités traditionnelles et leur confie des instructeurs du clan inca pour les informer des lois de l'empire et les instruire dans la religion officielle. Ces autorités locales étaient donc encadrées et rendaient comptes à des supérieurs hiérarchiques qui tous étaient membres du clan Inca.
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+
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+ D'une manière générale, il existait trois classes : la classe laborieuse constituée des paysans et artisans, la classe de gouvernance locale et, au sommet, la classe dirigeante de souche inca qui tenait les rênes de l'empire. Cette classe dirigeante était organisée comme un clan ordinaire dont les membres étaient appelés aux plus hautes fonctions au sein de l'empire, qu'elles soient religieuses, militaires ou administratives.
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+
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+ Cette société était donc fondée sur un système de castes et on ne pouvait que très difficilement et exceptionnellement changer de rang. Un individu de la classe laborieuse pouvait accéder à la classe dirigeante à la suite d'un exploit militaire ou grâce à quelque autre mérite. Il arrivait, dans un but politique, que des dirigeants coopératifs de peuples vaincus obtiennent des postes à responsabilités, souvent celui de Kurakas.
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+ Le groupe social de base est formé par la famille constituée des parents et des enfants célibataires. L'homme travaille aux champs, et pratique éventuellement de l'artisanat, tandis que la femme s'occupe de la cuisine et de l'entretien de la maison[Favre 15]. L'entraide entre familles est très fréquente, notamment au moment des récoltes. Les personnes invalides sont généralement soutenues par l'ensemble de la communauté[Favre 16].
68
+
69
+ Les peuples des Andes sont répartis dans de nombreux villages situés sur des hauteurs. L'ensemble des familles, la plupart du temps liées par le sang, qui habitent un village forme un ayllu. Un chef (kuraka) dirige l'ayllu répartit les travaux collectifs et les terres. L'ayllu possède en effet des terres agricoles, distribuées par lots, ainsi que des pâturages, d'accès collectif[Favre 17].
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+ Les ayllus sont organisés en chefferies, regroupant plusieurs ayllus sous la domination de l'un d'entre eux. Les ayllus dépendants doivent verser un tribut de corvées à l'ayllu dominant. En échange, ce dernier doit maintenir des réserves pour pallier les mauvaises récoltes et subvenir à l'entretien des pauvres[Favre 18].
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+
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+ Des chefferies forment à leur tour des groupes sous la domination de l'une d'entre elles. L'empire inca s'inscrit dans le même schéma, l'empereur étant le chef du groupe de chefferies constitutif de l'empire[Favre 19].
74
+
75
+ Les conquêtes se faisaient soit pacifiquement, et alors les souverains conquis conservaient un certain pouvoir, soit par armes, et le peuple vaincu était en partie déplacé dans une région solidement acquise aux Incas et qui lui était souvent totalement étrangère. Des peuples soumis de longue date à l'empire venaient alors repeupler leurs terres. Ces déplacements de population furent très importants, notamment sous Tupa Yupanki et Huana Kapac[Favre 20].
76
+
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+ À la différence des Mayas, les Incas ne disposaient pas de système d'écriture proprement dit. Mais les quipus (voir ci-dessous la section consacrée à La question de l'« écriture » inca) constituaient une mémoire complexe d'informations de natures diverses dans l'Empire, et leur maîtrise nécessitait plusieurs années d'étude, se poursuivant toute la vie, un peu comme chez les scribes de l'Égypte antique :
78
+
79
+ « Le même manuscrit nous informe que l'interprétation des quipus [juridiques, indiquant "les peines prescrites pour chaque crime"] était une véritable science, nécessitant des études prolongées : [lors des séances du "Conseil des douze membres", le tribunal suprême de l'Empire], "pour savoir ce que disaient les lois, deux Indiens étaient choisis, ils ne quittaient jamais les quipus et ne cessaient de les étudier. Ils explicaient la signification de toutes choses et les études de ce genre se poursuivaient sans arrêt. La connaissance de ces questions pouvait se transmettre de génération en génération, car on sélectionnait de très jeunes garçons pour leur inculquer la science de toutes ces choses[10]". Rafaël Karsten[11]. »
80
+
81
+ La vie des Incas est rythmée par quatre étapes principales. La première s'effectue vers deux ans : on fête le passage du bébé au statut d'enfant en effectuant la cérémonie de la première coupe de cheveux, que l'on garde ensuite précieusement[Itier 5].
82
+
83
+ La deuxième constitue le passage de l'enfance à l'âge adulte, vers 14 ou 15 ans. Pour les garçons, le rite de passage qui y est associé est appelé warachikuy, la "mise du pagne", et comporte un jeûne et une série d'épreuves physiques. À cette occasion, on leur perce les oreilles pour y insérer les boucles propres à l'ethnie inca, on leur remet un pagne et on leur donne un nouveau nom. Le rituel féminin, le k'ikuchikuy, "première menstruation", est plus simple et comportait également une phase de jeûne[Itier 6].
84
+
85
+ La troisième étape est celle du mariage, entre 20 et 25 ans pour les hommes et 16 à 20 ans pour les femmes. Le couple s'établit dans une nouvelle maison et bénéficie alors de tous les droits et devoirs. Parmi ces obligations se trouvent notamment celle de participer aux corvées collectives[Itier 7].
86
+
87
+ Enfin, lors de la mort, les défunts sont placés dans des tours funéraires ou des abris rocheux plus simples. Ils sont parés de leurs plus beaux atours et de leurs outils du quotidien afin d'assurer leur subsistance dans l'au-delà[Itier 8].
88
+
89
+ Dans la plupart des cas, les Incas conservent les structures d'habitation des territoires conquis[Itier 9].
90
+
91
+ Dans les terres hautes, ils construisent des capitales provinciales, mais la plupart des habitants habitent des villages de quelques centaines d'habitants. Chaque foyer y possède une cour bordée d'un muret en pierre dans laquelle se trouve un ou plusieurs bâtiments circulaires de 3 à 6 m de diamètre. Parmi ces bâtiments, il peut y avoir une cuisine, des chambres, des entrepôts... Les murs sont de pierre non taillée ou d'adobe, et les toits de chaume[Itier 9].
92
+
93
+ Sur la côte, les maisons populaires sont en roseau et celles de l'aristocratie en pisé[Itier 10].
94
+
95
+ Le bois étant rare, tant dans la montagne que sur la côte, les Incas n'ont pas de mobilier. La vaisselle est posée à même le sol et on mange par terre[Itier 11].
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+ Les paysans incas, comme leurs descendants péruviens actuels, prennent deux repas par jour (vers 8h et 16 ou 17h) et une légère collation vers midi. Il est la grande majorité du temps végétarien et composé de plantes et légumes bouillis dans une marmite. La viande, du lama ou de l'alpaga séché ou du cochon d'Inde rôti, est réservée aux jours de fêtes. Néanmoins, sur la côte, les poissons sont très consommés[Itier 12].
98
+
99
+ Le légume de base est la pomme de terre, qui peut être conservée pendant plus de cinq ans grâce à un processus de conservation complexe (qui comprend notamment l'exposition au gel et l'écrasement). Le maïs est également l'un des aliments de base, mais en plus grande quantité sur la côte que dans les Andes. Il est souvent utilisé pour produire de la bière légèrement alcoolisée[Itier 13].
100
+
101
+ Enfin, ils mastiquent des feuilles de coca pour ses vertus médicinales et son effet « coupe-faim »[Itier 14].
102
+
103
+ Les paysans incas portent tous des vêtements assez semblables. Il s'agit, pour les hommes, d'un pagne et d'une tunique sans manches auxquels on ajoute une cape lorsque les conditions climatiques ou cérémonielles l'exigent[Itier 15].
104
+
105
+ Les femmes, elles, portent une robe et une cape. Leur robe est constituée d'un simple morceau de tissu rectangulaire, enroulé autour d'elles et maintenu par une ceinture et deux fibules circulaires au niveau des épaules. La cape est elle accrochée via une épingle ou un nœud sur le devant. Leurs cheveux sont ceints d'un bandeau et elles portent généralement un voile léger pour s'abriter du soleil[Itier 15].
106
+
107
+ Les vêtements sont généralement noirs ou marron dans les hautes terres où ils sont faits de laine, et blancs sur la côte où le coton est principalement utilisé. Ils sont la plupart du temps faits d'une seule pièce, et non pas composés de différents morceaux cousus entre eux[Itier 15].
108
+
109
+ Les vêtements étant assez comparables partout dans les Andes, les différences sociales s'expriment principalement au niveau de la qualité du tissu employé pour leur confection. Mais la coiffure masculine est également un autre moyen de différenciation : l'élite porte des cheveux très longs, alors que le peuple se rase court[Itier 15].
110
+
111
+ Les deux sexes portent aux pieds des sandales ou des mocassins. Ils arborent également des bijoux : les hommes portent notamment des ornements d'oreille cylindriques qui leur déforment les lobes, d'où leur surnom d'orejones ("oreillards") que leur donnent les Espagnols. Les femmes elles portent plutôt des colliers et des fibules[Itier 15].
112
+
113
+ Le quotidien des paysans incas ne comporte que peu de divertissements, hormis ceux liés au travail en commun et aux cérémonies –– ces deux derniers cas sont en effet des occasions de fêtes. Le travail en commun s'effectue en chantant et est généralement accompagné d'un bon repas et de bière de maïs. De grandes battues sont organisées par le Sapa Inca tous les quatre ans[12] ; elles sont également l'occasion de festoyer et de consommer de la viande. Les cérémonies en l'honneur d'une divinité ou d'un haut personnage sont elles l'occasion de danser et de jouer de la musique[Itier 16].
114
+
115
+ Peu de jeux incas sont parvenus jusqu'à nous, mais la plupart des chroniqueurs rapportent l'existence d'un jeu de dé, la pichqa ("cinq" en quechua)[13]. Le dé pyramidal à cinq faces utilisé dans ce jeu servait aussi comme instrument de divination[Itier 16].
116
+
117
+ La colonisation espagnole et l'évangélisation catholique ont rapidement fait décliner les religions des Incas. Si certaines formes subsistent aujourd'hui notamment sous forme d'animisme, la plupart des informations que l'on possède à ce propos sont issues de témoignages indirects, plus ou moins biaisés. On possède par ailleurs très peu d'informations sur le système religieux en dehors des Andes, les populations ayant rapidement décliné avant même l'évangélisation[Itier 17].
118
+
119
+ En plus de la volonté d'imposer une religion d'état, l'héritage des civilisations précédentes et une longue histoire d'échanges et d'influence permettent aux populations andines une certaine unité religieuse. Certaines divinités sont ainsi communes à différents peuples, mais portent des noms différents[Itier 17].
120
+
121
+ Les ancêtres décédés occupent une place particulière dans les religions andines. Le fondateur d'un lignage est ainsi révéré, notamment pour avoir donné à son ayllu des terres. Ces fondateurs sont souvent semi-légendaires, ayant accompli des actes surnaturels et n'ayant pas de géniteurs humains. C'est ainsi le cas pour ceux de la tribu inca[Itier 18].
122
+
123
+ Les corps des défunts sont conservés, non pas embaumés mais laissés à se dessécher au vent sec des montagnes. Des offrandes leur sont offertes et elles sont promenées lors des cérémonies[Itier 18].
124
+
125
+ (Voir notamment la section : Culte rendu aux Huacas)
126
+
127
+ Si les Incas imposent le culte du Soleil, ils interdisent rarement l'exercice des croyances animistes préexistantes[Métraux 1]. Ainsi la plupart des peuples de l'empire, ainsi que les Incas eux-mêmes, accordent une grande importance à des fétiches (huacas)[Métraux 2]. En Quechua, le terme huaca peut désigner tout ce qui sort de l'ordinaire ; par extension, il désigne tout ce qui est susceptible de faire l'objet d'un culte dans le contexte animiste. Les huacas peuvent ainsi être des objets naturels (comme une montagne ou un rocher) ou artificiels (comme un bâtiment) auxquels on prête une puissance surnaturelle[Métraux 2].
128
+
129
+ Il existe des huacas partout sur le territoire inca, et on estime à plus de cinq cents leur nombre à Cuzco et ses environs[Métraux 2]. Ils reçoivent de nombreuses offrandes et on cherche à communiquer avec eux pour obtenir de l'aide ou des conseils[réf. nécessaire].
130
+
131
+ Dans les Andes, de nombreuses communautés se réclamaient originaires ou descendantes de tel lieu sacré, de telle étoile ou de tel animal. Les empereurs, descendants directs de Manco Capac, sont appelés Sapa Inca (littéralement "inca unique"; ou encore Intip churin: "fils du soleil", titre adopté par le neuvième empereur Pachacutec[14]). Ils sont vénérés comme des demi-dieux fils du soleil (Inti ou Tahuantinsuyu en quechua)[15]. L'inca roi donnait la loi d'une manière absolue, car il la recevait du Soleil, son père, et ne se trompait jamais; il résidait à Cuzco et transmettait directement ses ordres aux quatre incas, vice-rois des quatre parties de l'empire. Dans chacune de ces parties se trouvaient trois conseils: un pour la guerre, un pour la justice, un pour l'administration économique[16]. Pour leurs contemporains, les victoires militaires et la politique éclairée des souverains incas semblent confirmer cette origine merveilleuse. Les Incas imposent donc le culte du soleil comme culte officiel dans l'empire, mais l'idole solaire côtoie la myriade de divinités adorées dans l'empire. Il ne s'agit pas pour autant d'un culte monothéiste mais plutôt d'un animisme d'État[Métraux 1].
132
+
133
+ Pour instituer le culte, les Incas bâtissent des temples dédiés principalement au soleil. Le plus célèbre de tous est le Coricancha (enclos d'or en quechua), le temple du Soleil de Cuzco[Métraux 1].
134
+
135
+ Parallèlement au culte du soleil, les Incas reconnaissaient et adoraient plusieurs autres divinités. Le plus important d'entre eux est Viracocha, un dieu agricole responsable notamment de l'aménagement du sol – les techniques d'irrigations revêtant une importance particulière pour les peuples andins[Itier 19]. Le lien entre Viracocha et Inti, le soleil, n'est pas clairement établi. La subordination de l'un à l'autre est floue et dans certaines légendes ils semblent même interchangeables[Itier 19]. Après Viracocha, les Incas révéraient également l'Éclair, Inti Illapa le dieu du ciel, du tonnerre et de la foudre[Métraux 3].
136
+
137
+ L'Empire inca se composant d'une mosaïque de peuples qui n'ont pas forcément été détruits ou réduits en esclavage, certains cultes locaux ont pu perdurer sans pour autant que le peuple originaire de Cuzco ne les adopte. Le culte de Pachacamac en est un exemple : c'est un dieu de la côte centrale du Pérou dont les origines sont incertaines, mais dont le culte était en tout cas antérieur à celui de Viracocha. Le plus grand temple connu consacré à ce dieu s'appelle lui-même Pachacamac et remonte à l'époque de la culture Lima. Le culte serait probablement apparu entre l'an 300 et l'an 600. C'est cependant avec la culture Ishmay, civilisation locale qui se situait entre les fleuves Rimac et Lurin (1000-1450 apr. J.-C.), que le site de Pachacamac connaît son apogée[réf. nécessaire].
138
+
139
+ La divination tenait une place prépondérante dans la civilisation inca. Avant chaque action d'importance, on faisait appel à celle-ci et rien d'important ne pouvait être entrepris sans avoir auparavant consulté les auspices[Métraux 4]. La divination était utilisée aussi bien pour prédire le déroulement des batailles que pour punir un crime[Métraux 4].
140
+
141
+ Il existait plusieurs méthodes de divination : on pouvait observer des araignées se déplacer ou analyser la disposition que les feuilles de coca prennent sur une assiette plate[Métraux 4]. Des prophéties pouvaient être aussi faites à partir de l'étude des entrailles d'animaux sacrifiés, et notamment les poumons de lamas[Métraux 4].
142
+
143
+ Les prêtres vivaient dans tous les temples et autres sanctuaires religieux importants. Ils remplissaient les fonctions de devins, sorciers, et médecins. Le titre de prêtre en chef à Cuzco était Villac Umu. Marié, il était souvent un proche parent de l'Inca et son autorité était en concurrence avec ce dernier[Métraux 5].
144
+
145
+ Les « femmes choisies », appelées aclla (« vestales » ou pour les Espagnols « vierges du Soleil »), forment une institution à part entière. Choisies dès leur plus jeune âge, elles suivent une éducation particulière[Métraux 5]. Elles peuvent ensuite être choisies par le Sapa Inca comme concubines, ou données à de hauts fonctionnaires, ou même sacrifiées[Métraux 5]. Elles préparent les aliments cérémoniels et confectionnent des vêtements portés par l'Inca et les prêtres.
146
+
147
+ Les sacrifices et offrandes étaient quotidiens, dédiés aux dieux ou aux huacas.
148
+
149
+ À chaque occasion importante, on offrait un sacrifice. L'animal le plus utilisé était un lama, le choix des animaux sacrifiés étant soumis à des règles précises sur la couleur de la fourrure[Métraux 5].
150
+
151
+ Les sacrifices humains étaient relativement rares (à la différence des civilisations mésoaméricaines comme chez les mayas et les aztèques), et ne se faisaient que lors de périodes de grands changements ou de grands troubles, comme lors de l'avènement d'un nouvel Inca, ou lorsque l'Inca était malade, par exemple, et encore s'il mourait, ou encore lors de catastrophes naturelles (tremblement de terre, éruption volcanique...), risques de calamités (famine, épidémie, guerre[19]) ou éclipses de lune, de soleil[Métraux 5]. L'objectif était alors d'apaiser le ou les dieux irrités, dans une démarche rituelle d'expiation, ou dans une logique substitutive (une jeune victime est offerte pour régénérer les forces du Sapa Inca malade[20]). Ou bien il s'agissait « d'accroître le pouvoir surnaturel de divinités essentiellement propices et bienfaitrices de l'humanité[21] », ou encore « d'assurer des récoltes abondantes[22] ».
152
+
153
+ Les personnes, hommes, femmes ou enfants offerts en sacrifice devaient être en bonne condition physique et de parfaite constitution[Métraux 5]. À la différence des civilisations maya et aztèque, où les sacrifiés étaient le plus souvent des esclaves ou des prisonniers de guerre, chez les incas ils appartenaient à la bonne société cuzquénienne, ou à la noblesse des provinces conquises ; sélectionnés pour leur perfection physique parmi les classes dominantes, ceux-ci étaient amenés jusqu’à Cuzco et reçus par l’Inca, puis acheminés jusqu’au lieu du sacrifice[17] : « les enfants que les provinces livraient aux sanctuaires impériaux pour y être immolés faisaient partie du tribut auquel elles étaient astreintes[23] ». De même, parmi les jeunes filles choisies dans chaque province pour être femmes choisies (aclla-cuna), une partie était destinée à être sacrifiée[Métraux 5]. Comme le précise l’anthropologue Gabriela Recagno[17] :
154
+
155
+ « N’oublions pas qu’il s’agissait d’un système politique de domination. Dans les régions assujetties se déplaçait un représentant de l’Inca avec un enfant qui allait se transformer en un dieu : pour eux, il ne mourrait pas et allait pouvoir surveiller tout ce territoire du haut de la montagne. Il devenait un gardien du territoire, un être divinisé. Un système très bien rodé pour, à travers la religion et la peur, exercer une politique de domination par les sacrifices[17]. »
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+
157
+ Pendant le voyage, et en attendant le sacrifice, les futures victimes étaient donc très bien traités[Métraux 5], comme des dieux vivants. Avant la mise à mort, durant une période plus ou moins longue, le sacrifié buvait de la chicha (un alcool de maïs parfois très fort) pour atténuer la perception de ses sens[Métraux 5]. Après avoir été profondément sédaté, dans de nombreux cas, il était ensuite enterré vivant[Métraux 5]. Pour Gabriela Recagno, dans d'autres cas, au sommet, les enfants (par ailleurs épuisés par une marche de 1 600 kilomètres, engourdis par le froid, l'alcool ou d'autres drogues) s’endormaient sous l’effet de la basse pression jusqu’à mourir d’hypothermie[17]. Dans le cas de Juanita, il semble que la jeune fille, affaiblie par la montée, et elle aussi anesthésiée par le froid, la chicha et les feuilles de coca, ait été achevée par un violent coup sur la tête[24]. Pour honorer la jeune victime, les prêtres conduisaient des cérémonies qui l'accompagnaient tandis que son esprit quittait la terre.
158
+
159
+ C'est en effet ce type de rite qui fut par exemple utilisé pour calmer les dieux, lors d'une éruption volcanique à Arequipa il y a plus de 500 ans : cette jeune fille de douze ou treize ans, surnommée Juanita par les archéologues l'ayant retrouvée, fut sacrifiée au sommet du volcan Ampato. Elle appartenait à la haute noblesse de Cuzco comme en témoigne la richesse de ses parures. Un cortège cérémonial partit de Cuzco pour rejoindre Arequipa dans le seul but de ce sacrifice. Préservés par la glace, la jeune fille et les objets qui l'accompagnaient furent retrouvés presque intacts en 1995 et reposent désormais au musée Santuarios Andinos [sanctuaires andins] d'Arequipa[25],[24].
160
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+ Le même genre de rites est attesté dans d'autres sociétés précolombiennes d'Amérique du Sud, mais ne peut être comparé aux sacrifices de masse aztèques.
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+ La principale fête de l'empire était l'Inti Raymi ou (fête du soleil en quechua). Elle se déroulait le 21 juin, solstice d'hiver et jour le plus court dans l'hémisphère sud.
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+
165
+ Pour escorter l'Inca dans son voyage dans l'autre monde, deux de ses femmes, un serviteur et un guerrier étaient sacrifiés le jour de sa mort. Prétendument volontaires, ils étaient choisis dès leur plus jeune âge et enterrés vivants. Le corps de l'Inca, embaumé, était placé face au temple du soleil à Cuzco. Les obsèques duraient une année, pendant laquelle la population revêtait les insignes de l'Inca et chantait ses louanges, de façon continue le premier mois, puis tous les quinze jours, à chaque pleine et nouvelle lune[26].
166
+
167
+ En signe d'allégeance ou de véritable vénération, les peuples soumis par les Incas bâtissent dans leurs provinces de nombreux lieux de culte au soleil. Certains sont encore visibles de nos jours et témoignent de l'extension géographique du culte. Au Pérou se trouvent ainsi le temple de Coricancha à Cuzco, le temple Vilcashuaman et celui de Huascarán. En Bolivie, un temple du Soleil avait aussi été érigé sur l'Isla del Sol du lac Titicaca. À Caranqui, Équateur, se trouve un temple qui autrefois contenait des jarres pleines d'or et d'argent.
168
+
169
+ Le temple du Soleil de Cuzco, Coricancha, était le principal temple de l'empire. S'il était d'abord dédié au soleil, il servait aussi de lieu de culte à d'autres entités divines comme Mama Quilla, la Lune, et Illapa, divinité de la foudre, de l'éclair et du tonnerre.
170
+
171
+ Véritable saint des saints de l'empire, ce temple n'a pas subsisté aux ravages de la conquête. Il n'en reste aujourd'hui que quelques descriptions ainsi que quelques murs témoins de la splendeur de l'ouvrage. Il fut construit avec des pierres de taille s'ajustant parfaitement les unes dans les autres, sans ciment. Sa circonférence faisait plus de 365 mètres. À l'intérieur du temple trônait, entre autres trésors, un disque d'or représentant le Soleil ainsi qu'une représentation du panthéon Inca. Il s'y trouvait également un jardin sacré où tous les éléments de la nature étaient représentés sous la forme de statuettes entièrement en or, métal symbolique du soleil.
172
+
173
+ L'économie est fondée sur la gestion de la main-d'œuvre, sur l'échange d'énergie humaine, sur une sorte de collectivité du travail et nullement sur des échanges de biens ou sur une possession collective des biens. La richesse était liée non pas à la possession des biens mais à l'accès à la main-d'œuvre pour la production de la communauté. Le pauvre étant celui qui possède peu de liens de parenté.
174
+
175
+ Au sommet de l'organisation économique se trouve l'Inca qui se repose sur les organisations ethniques et leur économie de redistribution mais en gérant un système de redistribution à un niveau supérieur.
176
+
177
+ Le kuraka, le chef de l'ayllu, était chargé de la répartition des terres, qui se faisait sur un modèle de parts, entre chaque membre du village apte à travailler.
178
+
179
+ Les travaux agricoles étaient divisés en trois temps :
180
+
181
+ Un autre devoir de chaque membre de la communauté consistait à s'occuper des travaux collectifs (comme l'entretien des canaux d'irrigation). Ce système connaissait cependant des faiblesses : les kurakas abusaient parfois du système, s'enrichissaient et constituaient une nouvelle classe dont les privilèges étaient transmis par héritage.
182
+
183
+ Il y avait une redistribution au niveau local autour du groupe ethnique mais aussi une redistribution bien plus vaste, au niveau de l'empire. L'Inca s'en chargeait à partir des réserves. Pour opérer ce travail, on faisait appel à des mitas (transporteurs). L'empire organisait donc aussi la mita.
184
+
185
+ La répartition des terres ethniques semblait liée à la redistribution, puisque chaque année, elle faisait l'objet d'un pacte ou d'une négociation. Grâce aux principes de la redistribution et de l'échange d'énergie humaine, les Incas purent entreprendre de nombreuses constructions, créer des greniers supplémentaires, un réseau de routes, des centres administratifs...
186
+
187
+ [Voir aussi les sections : Irrigation, Cultures en terrasses, et Étagement de l'agriculture et implications sociales de l'article consacré à l'Empire inca].
188
+
189
+ À cette époque, l'agriculture était essentiellement une agriculture de montagne. La pomme de terre « inventée » au Pérou et de nombreux autres tubercules étaient les aliments de base. Ces végétaux sont sensibles et, les récoltes ne pouvant être garanties, des techniques de conservation étaient développées pour faire face à d'éventuelles années difficiles. Le quinoa, une graine (et non une céréale), est plus facile à cultiver, il pousse jusqu'à 4 000 m d'altitude. Une autre culture était répandue : celle du maïs. Bien que très apprécié, les conditions particulières pour sa culture limitaient sa production et le maïs se trouvait souvent réservé aux offrandes ou réservé pour les fêtes. Pour développer cette culture, de nombreuses terrasses (les fameuses andenes) furent construites dont certaines perdurent jusqu'à nos jours. Les Incas installèrent des réseaux d'irrigation comprenant canaux et aqueducs.
190
+
191
+ D'autres plantes étaient cultivées selon les régions : tomates, arachides, haricots, piments, ananas, cacao, etc. ainsi que la coca, très importante pour le peuple inca puisqu'elle était utilisée dans toutes les cérémonies.
192
+
193
+ En ce qui concerne l'élevage, la viande et la laine provenaient essentiellement des lamas et des alpagas.
194
+
195
+ La monnaie et l'impôt n'existaient pas. Le troc est le seul système d'échange.
196
+ Les lamas servent pour le transport mais surtout pour le lait, la viande, la laine, le cuir et les occrements[Quoi ?].
197
+
198
+ Les Incas étaient d'excellents architectes. Leurs constructions sont imposantes et ingénieuses, souvent orientées à des fins utilitaires. Le nombre de bâtiments et autres constructions réalisés est vraiment élevé. La forme trapézoïdale souvent donnée aux portes et fenêtres des temples permet à l'édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. En s'installant à Cuzco, les espagnols ont d'ailleurs repris comme fondation de leurs bâtiments les restes des temples incas. Lors des nombreux séismes, les constructions ou fondations incas tenaient généralement mieux que les constructions espagnoles.
199
+
200
+ Les Incas utilisaient divers styles architecturaux, mais le plus connu est sans conteste celui utilisé par exemple pour le temple du Soleil de Cuzco ainsi que beaucoup d'autres bâtiments d'importance : le matériau principal était la pierre mais ils n'utilisaient pas de mortier pour les joindre entre elles. De grandes pierres polygonales étaient alors utilisées, s'emboîtant parfaitement les unes dans les autres sans laisser le moindre espace vide. On peut voir encore de nos jours de nombreux exemples de cet art architectural, parmi lesquels Sacsayhuamán la forteresse de Cuzco, ou encore les impressionnantes ruines d'Ollantaytambo.
201
+
202
+ Les Incas ont découvert le vermeil [réf. nécessaire]. Ce n'est pas un alliage, mais de l'argent recouvert d'or.
203
+
204
+ Voir notamment sur ce sujet les sections : La musique, La légende du « Manchay Puitu » et La « musique Inca » et ses survivances sous le « palimpseste » du thème d’El Cóndor pasa, dans l'article El Cóndor pasa consacré à la pièce et à la musique éponyme.
205
+
206
+ Les Incas étaient capables de voir les solstices ou équinoxes et leur calendrier à la fois lunaire et solaire leur permettait de gérer les cycles agricoles.
207
+
208
+ Les mathématiques des Incas sont omniprésentes dans l'art inca, tel le tissage. Leur développement est expliqué par plusieurs facteurs, tels la géographie.
209
+
210
+ La civilisation inca (1400-1530), s'étendait sur les actuels Pérou, Équateur, Bolivie, Chili, Argentine et au sud de la Colombie, avec une population d'environ 12 millions, dont plusieurs groupes ethniques et une vingtaine de langues[27]. Ne connaissant pas l'écriture au sens strict du terme[note 1], ils utilisaient des quipus pour « écrire » les statistiques de l'État. Un quipu est un encordage dont les cordes présentent trois types de nœuds symbolisant respectivement l'unité, la dizaine et la centaine[28].
211
+ Les Incas ont donc développé un système de numération positionnel en base 10, similaire à celui utilisé aujourd'hui.
212
+
213
+ L'empire inca regroupait de nombreux peuples différents et jusqu'à plus de 700 micro-idiomes différents furent parlés sur son territoire[29]; les Incas auraient cependant imposé le quechua comme langue véhiculaire.
214
+
215
+ L’aymara (ou parfois écrit : "aimara") est une langue vernaculaire qui a remplacé de nombreuses autres comme l'uru ou l'uchhumataqu de Bolivie.
216
+
217
+ Selon Rodolfo Cerrón-Palomino (linguiste péruvien), un des principaux spécialistes de ces deux langues, ce n'est pas le quechua, mais bien l'aymara qui était la langue officielle et aussi la langue sacrée (voire langue liturgique) de l'empire inca. Le quechua quant à lui sera la lingua franca (ou langue véhiculaire) de l'empire, et la plus répandue.
218
+
219
+ Les variétés d'aymara forment une sous-famille linguistique avec les variétés de quechua. Aujourd’hui, l'aymara compte environ deux millions de locuteurs, essentiellement en Bolivie.
220
+
221
+ Alors que l'empire inca était très structuré et bureaucratisé, l'écriture n'y a apparemment pas existé, tout au moins sous la forme de glyphes comme chez les Mayas et dans la plupart des civilisations mésoaméricaines précolombiennes[30].
222
+
223
+ En revanche, un système de quipus a été mis en place. Le quipu est un message codé qui se présente sous la forme d'un écheveau de cordelettes nouées, rassemblées sur un seul cordon porteur horizontal; ces cordelettes présentent des nœuds de différentes sortes et diverses positions sur des fils de laine, coton ou autre matériau et de différentes couleurs, le tout selon un code précis et complexe, nécessitant à l'époque un long apprentissage, qui est seulement en partie déchiffré aujourd'hui.
224
+
225
+ Les quipus relevaient donc d'abord d'une interprétation numérique (en base 10, comme on l'a vu). Ces quipus servaient aux statistiques de l'État : recensement très précis (nombre d'habitants par âge et par sexe), nombre d'animaux, état des stocks, tributs payés et dus des différents peuples, enregistrement de l'ensemble des entrées et sorties de marchandises des entrepôts de l'État, etc. Seuls les administrateurs connaissaient la clé des quipus : c'étaient les quipucamayocs[31].
226
+
227
+ Mais les quipus revêtaient aussi probablement un sens narratif et qualitatif[32], voire langagier, qui les rapprochent des fonctions actuelles de l'écriture (peut-être comme une sorte de système idéographique singulier, puisque n'utilisant pas de signes écrits ou gravés)[33]. Cette thèse a déjà été affirmée, et sourcée chez les témoins oculaires de l'Empire inca au moment de la Conquista par l'ethno-anthropologue et archéologue finlandais Rafaël Karsten (es) (de l'Université d'Helsinki), dans les années 1950[34]. Elle a été reprise récemment par le grand spécialiste américain des quipus qu’est Gary Urton[35], ainsi que par l'ethnographe et anthropologue anglaise à la St Andrews University (Royaume-Uni) Sabine Hyland[36]. Il semblerait donc que les quipus, au-delà de leur valeur comptable[note 2], aient donné lieu à des sens divers : chronique historique et calendaire, recueil juridique de textes réglementaires et de lois[note 3], récits plus ou moins légendaires...
228
+
229
+ Pour Rafaël Karsten, l'étymologie du mot quipu indique qu'ils servaient aussi en tant que calendriers : le mot serait de la même famille lexicale que le terme quilca ou quila qui signifie "mois". « Huaman Poma, il faut le remarquer, appelle les spécialistes des cordes nouées quilcacamayoc ou quila huata quipoc, ce qui signifie "ceux qui tiennent le compte des années lunaires". Quila huata, c'est l'année lunaire et quipoc (d'où dérive le substantif quipu) est un participe, tiré d'un verbe dont l'infinitif devait être quipuy (quipuna)[note 4] » [nouer et aussi compter]. On sait en tout cas que ce système de quipus était aussi utilisé par les dirigeants des provinces pour transmettre les nouvelles importantes à l'Inca[37]. Guamán Poma, cité par Karsten, n'entre pas dans les détails en ce qui concerne le système des quipus lui-même, mais souligne qu'on y enregistrait de telles connaissances, si précises et si détaillées, qu'ils lui donnaient l'impression de constituer une véritable écriture. « Du papier et de l'encre eussent été préférables, c'est vrai », ajoute-t-il. Mais il affirme en conclusion que « c'est par les quipus que tout l'empire était gouverné[note 5] ».
230
+
231
+ Enfin, pour l'archéologue suédois Erland Nordenskiöld, cité par Karsten, les quipus trouvés dans les tombes précolombiennes avaient une valeur magique associée au rituels funéraires incas :
232
+
233
+ « Selon la théorie de Nordenskiöld, les quipus contenaient des nombres astronomiques de caractère magique et, à son avis, ils auraient été conçus comme "des énigmes pour les esprits". "Le mort recevait un quipu pour l’occuper et pour l’empêcher, peut-être par le moyen de nombres magiques, de sortir de sa tombe[38]." Rafaël Karsten[39]. »
234
+
235
+ Les quipus auraient donc aussi servi à conserver la mémoire des grandes dates de l'Histoire de l'Empire, et à consigner certains récits, secrets religieux ou textes de loi. Mais ceux-ci restent indéchiffrables de nos jours, même si certains chercheurs tablent encore sur la possibilité de découvrir une sorte de "pierre de Rosette" hypothétique des quipus[note 6] permettant de révéler leur sens narratif caché[32],[33],[40]; quipus langagiers toujours mystérieux donc, contrairement aux quipus de statistiques dont les valeurs numériques sont aujourd'hui bien connues[note 7].
236
+
237
+ Les récentes découvertes de Ruth Shady sur le site de Caral ont démontré que les quipus étaient connus par les civilisations précolombiennes il y a près de 4 500 ans[41].
238
+
239
+
240
+
241
+ En 1954, l'expédition Marquette, avec à sa tête Jean Raspail et Guy Morance.
242
+
243
+ Il est à noter un point important concernant la dénomination Inca. En effet, si ce terme est communément admis comme se rapportant à la civilisation inca, il ne faut pas oublier qu'à la base l'Inca représente le chef du gouvernement et du clergé, c'est-à-dire la personne la plus importante dans cette société après les dieux. L'ethnie dominante était celle des Quechuas, et leur chef était l'Inca. C'est un peu comme si l'on nommait les russes, les tsars. Le tsar était le titre du souverain, pas celui du peuple[réf. nécessaire].
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1
+ Proxima du Centaure • Alpha Centauri C
2
+
3
+ Localisation dans la constellation : Centaure
4
+
5
+ Autres désignations
6
+
7
+ α Cen C, V645 Cen, GCTP 3278.00, GJ 551, LHS 49, LFT 1110, LTT 5721, HIP 70890[2]
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ Alpha Centauri C (en abrégé α Cen C, parfois ACC), ou en français Alpha du Centaure C, est le système planétaire le plus proche du système solaire au sein de la Voie lactée. Il se situe à 4,244 années-lumière[1] du Soleil (et donc de la Terre) dans la constellation du Centaure. C'est une des trois composantes qui forment le système Alpha Centauri avec le couple central Alpha Centauri A et B.
12
+
13
+ L'objet primaire du système est l'étoile centrale, nommée Proxima Centauri (latin pour « [l'étoile] du Centaure la plus proche »), en français Proxima du Centaure, ou encore simplement Proxima, car il s'agit de l'étoile la plus proche de la Terre après le Soleil. C'est une naine rouge de magnitude apparente 11,05, dont le rayon est environ une fois et demi celui de Jupiter et la masse un huitième de celle du Soleil.
14
+
15
+ Au moins une planète tourne autour de cette étoile, Proxima Centauri b (formellement Alpha Centauri Cb). La découverte de cet objet, effectuée grâce à des mesures de vitesse radiale de son étoile avec le spectrographe HARPS, de masse terrestre et sur une orbite tempérée, a été annoncée le 24 août 2016.
16
+
17
+ Le 3 novembre 2017 est annoncée la découverte[réf. nécessaire] d'au moins une, voire trois ceintures de poussière autour de Proxima, ainsi que peut-être un autre compagnon planétaire à 1,6 unité astronomique de l'étoile, grâce à des observations effectuées avec l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA).
18
+
19
+ Proxima Centauri a été découverte en 1915 par l'astronome britannique Robert T. A. Innes, alors qu'il était le directeur de l'observatoire de l'Union à Johannesbourg en Union d'Afrique du Sud[3].
20
+
21
+ Le nom Proxima Centauri a été proposé par Innes lui-même[4], en 1917, mais sous la forme Proxima Centaurus[5]. Le latin Proxima Centauri signifie « la plus proche [étoile] du Centaure ». Le nom est validé par l'Union astronomique internationale depuis le 20 juillet 2016[6],[7].
22
+
23
+ Proxima Centauri est une étoile de type naine rouge car elle est située sur la séquence principale sur le diagramme de Hertzsprung-Russell et son type spectral est M5.5 Ve. Sa magnitude absolue est de 15,48. Sa luminosité totale est égale à 0,17 % de celle du Soleil mais dans le domaine des longueurs d'onde appartenant à la lumière visible sa luminosité n'est égale qu'à 0,0056 % de celle du Soleil. En effet, 85 % de la lumière qu'elle rayonne se situe dans le domaine des longueurs d'onde de l'infrarouge.
24
+
25
+ Sa magnitude apparente (11,05) est très faible, ce qui est typique des naines rouges qui sont toutes trop faibles pour être visibles à l'œil nu.
26
+
27
+ En se basant sur la parallaxe de 772,33 ± 2,42 millisecondes d'arc (mas) mesurée par le satellite Hipparcos, valeur ramenée à 768,5 ± 0,2 mas dans l'édition 2 des données Gaia[1], Proxima Centauri est située à une distance d'environ 4,244 années-lumière (al) du Système solaire[8],[N 1], soit 270 000 unités astronomiques (au). Par comparaison, Pluton, à son aphélie, se trouve à 49 au du Soleil.
28
+
29
+ En 2002, le VLT utilisa l'interférométrie pour mesurer le diamètre angulaire de Proxima Centauri : environ 1,02 ± 0,08 milliarcseconde. Comme l'on connaît sa distance, on peut dès lors déterminer son diamètre réel : environ 1/7e de celui du Soleil ou 1,5 fois celui de Jupiter, soit ~ 200 000 km.
30
+
31
+ En utilisant une relation masse-luminosité, la masse de Proxima Centauri est estimée à environ 12,3 % de celle du Soleil ou 129 fois celle de Jupiter. Cette estimation est cependant indirecte. Une estimation directe de la masse grave de l'étoile est publiée par A. Zurlo et ses collaborateurs en juillet 2018 à la suite de l'étude de deux événements de lentille gravitationnelle dont Proxima était justement la lentille. La masse est alors estimée à 0,150+0,062 −0,051 masse solaire[9].
32
+
33
+ On en déduit une masse volumique moyenne de 56 800 kg/m3 (densité 56,8), nettement supérieure aux 1 409 kg/m3 (densité 1,409) du Soleil. À cause de sa faible masse, l'intérieur de l'étoile est entièrement convectif. L'énergie produite à l'intérieur de celle-ci est donc transmise vers l'extérieur par les mouvements physiques du plasma et non par radiation. Par conséquent, l'hélium produit par fusion thermonucléaire ne s'accumule pas au centre de l'étoile, mais circule à l'intérieur de celle-ci. Alors que le Soleil n'aura consommé que 10 % de ses réserves d'hydrogène lorsqu'il quittera la séquence principale, Proxima Centauri en consommera une proportion plus importante avant que la fusion nucléaire de l'hydrogène ne prenne fin.
34
+
35
+ Ce phénomène de convection génère un champ magnétique permanent. L'énergie magnétique engendrée par ce champ est libérée sous forme d'éruptions stellaires analogues aux éruptions solaires qui accroissent considérablement la luminosité totale de l'étoile. Ces éruptions peuvent atteindre des dimensions de la taille de l'étoile et faire s'élever la température du plasma de 1 à 5 millions de kelvins, suffisant pour qu'il puisse y avoir émission de rayons X.
36
+
37
+ La chromosphère de cette étoile est active et son spectre présente une forte raie de magnésium ionisé à une longueur d'onde de 280 nanomètres. Environ 80 % de la surface de Proxima Centauri est active, ce taux est bien plus élevé que celui de la surface du Soleil même au moment du pic de son cycle solaire. Même durant les périodes de faible activité, la température de sa couronne s'élève à 3,5 millions de kelvins contre 2 millions pour celle du Soleil. Cependant, l'activité de cette étoile est relativement faible si on la compare à celle d'autres naines rouges. Mais ceci concorde avec l'âge élevé, estimé à plusieurs milliards d'années, de Proxima Centauri, conduisant à une diminution progressive de la vitesse de rotation de l'étoile.
38
+
39
+ Proxima Centauri a un vent stellaire relativement faible, entraînant une perte de masse dont le taux est égal à 20 % de celui du Soleil. Mais compte tenu du fait qu'elle est plus petite, la perte de masse par unité de surface est environ 8 fois supérieure à celle du Soleil.
40
+
41
+ Proxima Centauri, en tant que naine rouge, et d'après sa masse, devrait rester sur sa séquence principale pendant au moins des centaines de milliards d'années, voire plus de 1 000 milliards d'années. Au fur et à mesure que la proportion d'hélium augmentera au sein de l'étoile à cause de la fusion de l'hydrogène, celle-ci deviendra de plus en plus petite et plus chaude et sa couleur passera progressivement du rouge au bleu. À la fin de cette période, Proxima Centauri deviendra nettement plus brillante et sa luminosité atteindra 2,5 % de celle du Soleil. Une fois que tout l'hydrogène aura été épuisé, l'étoile évoluera en une naine blanche mais sans passer par la phase géante rouge.
42
+
43
+ Proxima Centauri est depuis 32 000 ans l'étoile la plus proche du Soleil et le sera pendant encore 33 000 ans, après quoi l'étoile la plus proche sera Ross 248[10]. Proxima sera au plus près du Soleil dans environ 26 700 ans et elle en sera alors distante de 3,2 années-lumière. Proxima tourne autour du centre galactique à une distance variant entre 8,3 et 9,5 kpc, et avec une excentricité orbitale égale à 0,07.
44
+
45
+ Proxima Centauri est éloignée de 13 000 UA (approximativement 2 000 milliards de kilomètres) de la paire centrale du système Alpha Centauri, c'est-à-dire à environ 1/20e de la distance entre Alpha Centauri et le Soleil. Elle est en orbite autour de cette étoile double (Alpha Centauri A et Alpha Centauri B), avec une période de 547+66−40 milliers d'années[11]. Pour cette raison, Proxima est parfois appelée Alpha Centauri C.
46
+
47
+ Cet éloignement important de Proxima Centauri du système de la paire centrale fait que cette orbite n'est pas bien déterminée (même après des décennies d'observations), mais cette association est réelle car tous se déplacent d'un mouvement commun (quasi-parallèle) à travers l'espace. Proxima Centauri n'est pas une simple étoile de passage du couple central, contrairement à ce qu'ils sont pour le Soleil.
48
+
49
+ À cause de sa proximité, on a souvent présenté Proxima Centauri comme la destination la plus logique pour un premier voyage interstellaire.
50
+
51
+ Proxima Centauri b ou, plus simplement, Proxima b[12], est une planète en orbite (à 7 millions de kilomètres environ ) dans la zone habitable de Proxima Centauri[12].
52
+
53
+ Sa découverte a été officiellement annoncée le 24 août 2016 par l'Observatoire européen austral (ESO) lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à partir de 13 h (HAEC, soit UTC+02) au siège de l'organisation intergouvernementale à Garching bei München[13]. La conférence a été suivie par la mise en ligne, le jour même à 19 h (HAEC), d'une part, d'un communiqué de presse sur le site de l'ESO[12] et, d'autre part, d'un article sur celui de la revue Nature[14].
54
+
55
+ La planète a été détectée par la méthode des vitesses radiales à partir de données collectées avec les spectrographes HARPS et UVES[12],[14].
56
+
57
+ Avec une masse minimale d'environ 1,3 masse terrestre, Proxima Centauri b serait une planète rocheuse de masse légèrement supérieure à celle de la Terre[12],[14]. Sa température d'équilibre serait compatible avec la présence d'eau à l'état liquide en surface[réf. nécessaire]. Elle a été détectée par le programme Pale Red Dot (« Point rouge pâle » en anglais)[réf. nécessaire].
58
+
59
+ Cela faisait 16 ans que les astronomes analysaient des données de variations de vitesse radiale de l'étoile, provenant de plusieurs télescopes différents. En effet[style à revoir][interprétation personnelle], pouvoir annoncer la présence d'une exoplanète implique un grand nombre de valeurs concordantes, sinon les variations dans les mesures pourraient être dues à des parasitages des données[réf. nécessaire]. On[Qui ?] estime sa température de corps noir à -40 °C (contre -18 °C pour la Terre), c'est-à-dire que la température de Proxima Centauri b en supposant qu'elle n'ait pas d'atmosphère serait de -40 °C[réf. nécessaire].
60
+
61
+ L'existence d'une seconde planète en orbite autour de Proxima Centauri n'est pas exclue. Il pourrait s'agir d'une super-Terre dont la période de révolution autour de la naine rouge serait supérieure à celle de Proxima Centauri b[14]. L'analyse, en 2019, de 17 années de données de vitesse radiale de Proxima Centauri a permis de déterminer un signal présentant une période de 5 ans, qui correspondrait à la période orbitale de cette seconde planète désignée Proxima Centauri c. Elle ferait au minimum 6 fois la masse de la Terre[15].
62
+
63
+ Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler la présence d'une ceinture de poussière à environ 0,5 unité astronomique de l'étoile[16].
64
+
65
+ Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde révèlent la présence d'une ceinture de poussière entre environ 1 et 4 unités astronomiques de l'étoile. Étant donné la faible luminosité de l'étoile, la ceinture aurait une température caractéristique de 40 kelvins (environ -230 °C), comparable à celle de la ceinture de Kuiper dans le système solaire. Sa masse totale, comprenant la poussière et les objets jusqu'à une taille de 50 kilomètres, est estimé à environ 0,01 fois celle de la Terre, similaire là aussi à celle de la ceinture de Kuiper[16].
66
+
67
+ Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler, à 4 sigmas, la présence d'une source d'émission compacte à environ 1,2 seconde d'arc de l'étoile. Si l'objet fait partie du système, ce qui n'est pas prouvé pour le moment, il se situerait à 1,6 unité astronomique de l'étoile. La nature de cette source est inconnue à l'heure actuelle (novembre 2017) : il pourrait s'agir de la partie la plus brillante d'un autre disque de poussières dont la majeure portion est sous le seuil de détection d'ALMA, des anneaux d'une géante gazeuse de période orbitale supérieure à 5,8 années ou encore d'une galaxie présente en arrière-plan dans le cas où la source ne ferait pas partie du système[16].
68
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69
+ Des observations du système avec ALMA à 1,3 millimètre de longueur d'onde semblent révéler la présence d'une ceinture de poussière très froide à environ 30 unités astronomiques de l'étoile, mais des observations supplémentaires seront nécessaires pour la confirmer. Cette ceinture aurait une température d'environ 10 kelvins. Elle serait inclinée d'environ 45 degrés sur le plan du ciel. Sa masse totale, comprenant la poussière et les objets jusqu'à une taille de 50 kilomètres, est estimé à environ 0,33 fois celle de la Terre[16].
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+ Dans le roman The Three Stigmata of Palmer Eldritch de Philip K. Dick, 1965 (trad. Le Dieu venu du Centaure), un astronaute, Palmer Eldritch, revient dans le Système solaire, en provenance de Proxima du Centaure, possédé par une entité mauvaise qui est peut-être un dieu ou peut-être une forme de vie intelligente avancée (exo-humain, extraterrestre, etc.).
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+ Le jeu Civilization premier opus en fait un objectif pour l'obtention d'une victoire scientifique et point de départ d'une nouvelle partie.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ 27 av. J.-C. – 395 / 476 / 1453[B 1]
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+ L'Empire romain (en latin : Imperium romanum ; en italien : Impero romano) est le nom donné par les historiens à la période de la Rome antique s'étendant entre 27 av. J.-C. et 476 apr. J.-C.. Pour la période postérieure, de 476 à 1453 apr. J.-C., qui concerne surtout la partie orientale de l'Empire, avec Constantinople pour capitale, les historiens modernes parlent aujourd'hui d'Empire byzantin. Ce terme n'est toutefois apparu qu'au XVIe siècle, ses habitants de l'époque l'appelant toujours « empire des Romains ». La distinction entre Empire romain et Empire byzantin, ainsi que la date de naissance assignée à ce dernier sont d’ailleurs une question de convention entre chercheurs modernes[2]. En Europe de l'Ouest et centrale, l'Empire d'Occident (800-924) des rois carolingiens, puis le Saint-Empire romain germanique (962-1806), dont les souverains se faisaient encore appeler « Empereur des Romains », se considéraient également comme les successeurs légitimes de l'Empire latin.
16
+
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+ L'année 27 av. J.-C. correspond à l'octroi par le Sénat à Octave du surnom d'Augustus (« Auguste »), date traditionnellement considérée comme le début du principat.
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+ Durant la période de cinq siècles allant de 27 av. J.-C. à 476 apr. J.-C., l'État romain s'est agrandi au point d'englober un territoire allant de la Maurétanie tingitane (Maroc) jusqu'à la Mésopotamie, et de la Britannie (Angleterre) jusqu'à l'Égypte, créant ainsi l'une des plus grandes entités politiques de l'Histoire, qui influença profondément le monde méditerranéen, sur le plan culturel, linguistique et finalement religieux, tout en assurant la conservation de la civilisation grecque antique reçue en héritage. La période impériale fut aussi un temps de développement des échanges économiques, facilité par la construction d'un important réseau routier parfois encore existant.
20
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+ L'Empire fut fondé par Auguste, qui mit fin à la Dernière Guerre civile de la République romaine, au cours de la toute fin de la République romaine. Contrairement à la République, qui était oligarchique, l'Empire fut une autocratie, tout en conservant durant le principat des apparences républicaines : le pouvoir politique était principalement détenu par un seul homme, l'empereur, qui s'appuyait sur une bureaucratie sans cesse plus développée, sur une administration territoriale importante et sur une puissante armée. De sa fondation par Auguste jusqu'à la déposition de son dernier empereur, Romulus Augustule, l'Empire eut une histoire intérieure et extérieure complexe, caractérisée, au départ, par une certaine stabilité politique (période du principat), puis, à partir du IIIe siècle, par une instabilité de plus en plus importante : crise du troisième siècle et dominat. Les coups d'État et les guerres civiles se multiplièrent, et l'Empire avait à affronter un nombre grandissant d'ennemis extérieurs.
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23
+ En effet, à partir de la fin du IIe siècle, l'Empire est confronté à ce que l'historiographie ultérieure a appelé les invasions barbares. Il s'agissait, en réalité, de mouvements de populations de très grande ampleur, réalisés sur de longues durées. Les peuples dits « barbares », en se déplaçant vers l'ouest, finirent par se heurter à la frontière romaine, militairement gardée, et, poussés par d'autres peuples plus à l'est, tentèrent de la percer. Si l'Empire parvint, dans un premier temps, à repousser les envahisseurs, la crise du troisième siècle vit les frontières céder une première fois. En réaction aux périls extérieurs, le pouvoir romain, à partir de la tétrarchie, chercha à se renforcer : les centres de décision politique et militaire furent multipliés, l'administration développée et militarisée, et la taille de l'armée augmentée. Le IVe siècle fut l'époque des guerres civiles entre les successeurs des tétrarques, et il fut dominé par la personnalité de Constantin Ier, qui rénova profondément l'Empire romain, en lui donnant ses caractéristiques définitives.
24
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25
+ À cette époque, le pouvoir était devenu un régime absolu, avec une cour et un protocole de type oriental. La fin de la proscription du christianisme par Constantin, puis son établissement comme religion d'État par Théodose Ier est le fait le plus marquant de la civilisation romaine dans cette période, l'Antiquité tardive. Appuyée sur l'appareil administratif romain, extrêmement développé, l'Église acquit une place prépondérante dans tous les territoires romains avant d'être chassée, par l'expansion de l'islam, d'une partie de ceux-ci.
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27
+ Après la division de l'Empire en deux entités, l'Empire romain d'Orient (pars orientalis) et l'Empire romain d'Occident (pars occidentalis), la partie occidentale est marquée, à partir du Ve siècle, par un délitement continu de l'autorité politique au profit des royaumes germaniques : la puissance militaire s'effondre, l'économie est exsangue et la domination territoriale se réduit, jusqu'à ne plus dépasser l'Italie. L'Empire s'effondre d'une manière progressive, et la déposition, par Odoacre, du dernier empereur Romulus Augustule, est finalement un événement mineur, surtout symbolique.
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+
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+ Éteint en Occident en 476, l'Empire romain persista en Orient, autour de sa capitale, Constantinople. À l'Est, il mêla, comme jadis à l'Ouest, des éléments de civilisation grecs et latins, mais la part grecque est devenue prépondérante. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'appellation « byzantin » (qui date du XVIe siècle mais était peu utilisée) se généralise pour l'Empire romain d'Orient, mais en fait, il n'existe pas de fondation ou de début de l'Empire byzantin, qui n'est que la période médiévale et finale de l'Empire romain et prend fin en 1453[2].
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+ La période dite du « Haut-Empire[N 2] » couvre plus de deux siècles. Cette période, qui commence avec le principat d'Auguste et qui met fin à la République romaine, s'étend jusqu'à la crise du IIIe siècle, incluant le règne idéalisé de la dynastie des Antonins. C'est une période d'extension et de consolidation de l'Empire, marquée par des périodes de stabilité intérieure et de prospérité économique.
32
+
33
+ Le Sénat confère à Octave le titre « d'Auguste ». Tout en maintenant le fonctionnement des anciennes magistratures et du Sénat, Auguste concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Ses successeurs, les empereurs Julio-Claudiens, suivis par les Flaviens et les Antonins mènent l'Empire romain à son apogée. Au IIe siècle, la superficie de l'Empire romain est à son maximum, et compte entre 50 et 80 millions d'habitants. Rome est avec un million d'habitants la plus grande ville du monde méditerranéen.
34
+
35
+ Après avoir vaincu Marc Antoine à la bataille navale d'Actium par l'intermédiaire de Vipsanius Agrippa en septembre 31 av. J.-C.[p 1],[m 1], Octave, fils adoptif et héritier de Jules César, devient seul détenteur du pouvoir et « maître incontesté de tout l'Empire »[p 1]. S'ouvre alors une période nouvelle et décisive dans l'instauration du principat, un régime politique qui apparaît comme un retour aux institutions républicaines[m 2]. Cependant, un rétablissement de la République semble impossible après près d'un siècle de guerres civiles, où les chefs de guerres et hommes politiques prennent, en tant qu'individu, une place prééminente, et admise par tous[m 2]. De plus, Octave est le premier à réussir à trouver le soutien du peuple et de la noblesse, le « consensus universorum »[m 2],[p 2].
36
+
37
+ En 30 av. J.-C., il reçoit le ius auxilii des tribuns, qui fait de lui le « protecteur de la plèbe »[p 1],[m 3]. Le 1er janvier 29 av. J.-C., les magistrats et le Sénat prêtent le serment de respecter les dispositions prises par l'imperator[m 3]. En août, Octave célèbre trois triomphes puis dédicace le temple du divin César et inaugure la Curie Julia[m 3].
38
+
39
+ L'année suivante, avec Agrippa, il révise la liste des sénateurs (lectio senatus) et recense la population (censoria potestas) grâce à des pouvoirs détachés de la magistrature républicaine de censeur[p 1],[m 3]. Il revêt le consulat pour la sixième fois, avec Vipsanius Agrippa, cette magistrature étant de nouveau légalement partagée[p 1], et sera renouvelé dans cette fonction jusqu'en 23 av. J.-C.[m 3].
40
+
41
+ Le 13 janvier 27 av. J.-C., au terme d'un long discours au Sénat, Octave rend au Sénat et au peuple romain ses pouvoirs et l'État, auquel il a rendu sa liberté et la paix[m 3],[p 1]. Les sénateurs refusent et, selon un scénario certainement préparé, ils lui attribuent le pouvoir proconsulaire pour dix ans[m 3],[p 1]. Les terres romaines sont divisées en provinces sénatoriales (pacifiées) et impériales (où se trouvent les forces armées)[m 3],[p 1]. Le 16 janvier, il reçoit le titre sacré « d'Augustus » sur l'initiative du sénateur Munatius Plancus[p 1],[m 4].
42
+
43
+ Par ce règlement constitutionnel, le régime personnel, régime d'exception jusque-là, entre dans sa période organique[p 3],[m 5]. Auguste, reconnu comme princeps, ce qui signifie le « Prince du Sénat », devient le chef officiel de l'État romain[p 3],[m 5]. Il prend le contrôle absolu de l'armée, 28 légions, dont il assure le financement et est protégé en permanence par la garde prétorienne, stationnée dans l'Urbs[p 4],[p 5] (jusqu'alors aucune troupe n'a résidé à Rome).
44
+
45
+ Par définition, le régime comporte un partage d'attribution entre le nouveau pouvoir — le princeps — et les pouvoirs traditionnels — les assemblées législatives, les magistratures et le Sénat.
46
+
47
+ Jusqu'en 23 av. J.-C., la situation institutionnelle n'évolue pas, avec le onzième consulat de l'empereur. Cette année-là, une grave crise secoue l'État due à plusieurs causes : une grande épidémie de « peste » ravage l'Italie, une conspiration vise à assassiner Auguste et ce dernier tombe régulièrement malade[p 3],[m 4]. L'empereur dépose le consulat[p 6], qu'il détient depuis 31 av. J.-C. sans interruption, et qu'il n'occupe plus que deux fois en 5 et en 2 av. J.-C. En échange, le Sénat et le peuple de Rome lui octroient la puissance tribunitienne complète et à vie, base civile de son pouvoir, et un imperium proconsularius maius (plus grand que celui des proconsuls des provinces sénatoriales)[p 6],[m 4]. À partir de ce moment, Auguste détient un pouvoir absolu[p 6],[m 4],[m 5].
48
+
49
+ Malgré un aspect civil et démocratique des pouvoirs de l'empereur, détenant légalement la puissance tribunitienne au lieu du consulat annuel, les troubles persistent à chaque absence d'Auguste ou d'Agrippa. Ces pouvoirs militaires et civils sont légitimes, et il refuse le consulat perpétuel ainsi que la censure et la dictature, ce qui permet sous les apparences de maintenir les institutions républicaines[p 6], et met fin aux troubles à son retour à Rome[p 7]. En 19 av. J.-C., il refuse une nouvelle fois la censure, reçoit les insignes consulaires à vie et partage le pouvoir pour cinq ans : Agrippa reçoit l'imperium proconsulaire majeur ainsi que la puissance tribunitienne[p 7].
50
+
51
+ La mort en 12 av. J.-C. de Lépide, pontifex maximus depuis le second triumvirat, permet à Auguste de se faire élire à la plus haute charge religieuse[p 7],[m 6]. En 2 av. J.-C., il reçoit le titre de « Père de la patrie », qui place sous sa protection l'ensemble du peuple romain[p 8].
52
+
53
+ Ainsi est fondé le principat, reposant sur trois bases : militaire — par l'imperium proconsulaire majeur —, civile — par la puissance tribunitienne —, et religieuse — par le grand-pontificat.
54
+
55
+ Auguste affermit la puissance romaine autour du bassin méditerranéen, cherchant à la fois à organiser et optimiser les frontières de l'Empire[m 7],[p 9].
56
+
57
+ À la suite de l'ajout de l'Égypte en 30 av. J.-C.[m 7],[p 10], il annexe une partie des vassaux, clients et alliés de l'Empire, notamment en Syrie et en Anatolie[m 7],[p 11], puis termine la conquête de l'Hispanie[m 8],[p 12] après avoir pacifié la Gaule[m 8],[p 13]. Ensuite, c'est la Norique et la Rhétie qui deviennent romaines, grâce aux campagnes de Tibère et de son frère Drusus[m 8],[p 13]. La Dalmatie et la Pannonie se révoltent à l'orée d'une campagne contre les Marcomans menée par Tibère, qui se retourne contre les révoltés, qu'il bat difficilement, ayant eu besoin de dégarnir le Rhin pour en venir à bout[p 14],[m 9]. Les Marcomans n'ont pas rejoint la révolte et négocient alors de devenir « ami des Romains »[p 14],[m 9].
58
+
59
+ En Orient, contrairement à Jules César, il cherche à assurer la paix, pensant qu'une campagne militaire serait trop incertaine[m 7]. Il négocie avec le roi Phraatès IV, l'Arménie revient sous la coupe romaine, Auguste récupère les enseignes prises aux légions de Crassus trente ans plus tôt, ainsi que les prisonniers encore en vie[m 7],[p 11]. Ce succès diplomatique a, pour les Romains, la même importance qu'une victoire militaire, mettant l'Empire parthe au même titre qu'un vassal de Rome[m 7].
60
+
61
+ Il s'attaque à reculer la frontière à l'Elbe et non au Rhin, et c'est Drusus qui lance l'offensive et conquiert les terres germaines[m 10],[p 15], puis Tibère lui succède à sa mort[m 9],[p 14]. Mais le désastre arrive en 9, lorsque Varus se rend en Germanie pour organiser la nouvelle province, et se fait écraser avec trois légions, provoquant la perte de toutes les terres germaines alors conquises[m 9],[p 16]. Ce sera le seul échec d'Auguste[m 9],[p 16].
62
+
63
+ À sa mort, tout le bassin méditerranéen est sous domination romaine, tous les territoires intérieurs difficiles sont pacifiés[p 16] et l'« Empire est plus cohérent, plus fort, plus équilibré et mieux organisé qu'il ne l'était auparavant »[m 9].
64
+
65
+ La paix, tant intérieure qu'extérieure, permet à Auguste de renouveler les structures administratives sans heurter l'opinion[m 5],[p 17]. Il se base sur la hiérarchie existante sous la République et l'adapte au nouveau régime[m 5],[p 17]. L'ordre sénatorial est remanié, l'empereur prenant le contrôle de l'album sénatorial et fixe un cens spécifique pour être sénateur, diminuant aussi fortement le nombre de membres du Sénat[m 11],[p 17].
66
+
67
+ Les chevaliers romains peuvent dorénavant prétendre à se charger des biens de l'État ou de l'empereur[m 11],[p 18]. Une carrière équestre est créée et ils deviennent les meilleurs auxiliaires de l'empereur, en devenant gouverneurs des provinces en son nom ou en occupant les préfectures à Rome[m 12],[p 18].
68
+
69
+ Après avoir permis à nombre de membres des élites provinciales de devenir citoyens et en élargissant la citoyenneté à des zones entières, Auguste rend plus rigoureux son accès et limite les affranchissements[m 12]. En outre, l'empereur veut se présenter comme le restaurateur des mœurs, il réforme la justice et promulgue des lois pour limiter la dépopulation des couches élevées de la société mutilées par les guerres civiles[m 12]. Son règne voit le retour de la paix et de l'ordre politique[m 12].
70
+
71
+ Auguste s'intéresse particulièrement aux problèmes religieux, cherchant avant tout des solutions dans la tradition mais n'hésitant pas non plus à faire quelques innovations très importantes pour l'empire romain[m 13],[p 19].
72
+
73
+ Les guerres civiles sont des guerres impies, et chaque Romain qui y a participé y est souillé, signe que les dieux ont abandonné Rome[m 14]. La paix étant revenu sous le long règne d'Auguste, la concorde entre les dieux et les hommes peut avoir lieu[m 6]
74
+
75
+ Bien qu'Auguste ne soit pontifex maximus qu'à partir de 12 av. J.-C., il est membre du collège des pontifes depuis 45 av. J.-C., année à laquelle Jules César l'y a introduit[m 6],[p 20]. Il est ensuite augure pendant deux ans et occupe d'autres postes religieux, avant d'intégrer plusieurs collèges religieux en tant que Augustus[m 6],[p 20]. Lui-même, en divinisant son père adoptif Jules César, se place au-dessus des hommes[m 6],[p 20].
76
+
77
+ Les sacerdoces sont rétablis puis réorganisés[m 6],[p 19], notamment la charge de Flamine de Jupiter tombée en désuétude depuis le début du siècle, il réforme plusieurs collèges religieux, renouvelant avec les anciennes traditions en y intégrant plus de patriciens que de plébéiens, notamment la confrérie des Frères Arvales, qui devient prédominante[m 6],[p 19]. De nombreux anciens rites sont rétablis, et des monuments religieux sont rénovés ou construit (82 temples[p 19],[m 15]). Il entame l'édification d'un important Forum[m 15], dominé par le temple de Mars vengeur[m 15], du Temple d’Apollon Palatin[m 15], et de l'Autel de la paix d'Auguste[m 16],[p 19].
78
+
79
+ Cette rénovation de la religion romaine traditionnelle à laquelle s'ajoute la puissance de l'empereur, se plaçant sous la protection de Mars et d'Apollon, devenant un élément essentiel dans la religion, permet aux Romains de penser que l'entente entre les dieux et les hommes est de retour, et que cette harmonie renaissante est annonciateur d'un nouvel âge d'or[m 17],[p 20].
80
+
81
+ Auguste se doit d'assurer la stabilité du régime après sa mort. L'empereur est souvent malade, et dès le début de son règne, il doit se préoccuper de nommer un successeur, qui se doit d'être un membre de la famille impériale[m 18].
82
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83
+ Dès 29 av. J.-C., son premier choix est Marcellus, son neveu, qui épouse alors Julia, fille d'Auguste, mais il décède en 23 av. J.-C.[m 19],[p 6] et l'empereur se tourne vers Agrippa, son plus fidèle et ancien allié[m 19],[p 6]. Agrippa est plus un dépositaire du trône en cas de disparition de l'empereur qu'un successeur. Lorsque le princeps tombe gravement malade en 23 av. J.-C., celui-ci lui octroie la bague qui lui sert de sceau authentifiant les actes officiels[m 19],[p 7]. Ensuite, Agrippa reçoit un imperium supérieur à tout autre sur toute la partie orientale de l'Empire puis épouse Julia[m 19],[p 7].
84
+
85
+ Les véritables successeurs auxquels pense Auguste sont les enfants de cette union, ses petits-fils Caius et Lucius, qui naissent respectivement en 20 et 17 av. J.-C., et qui sont adoptés par l'empereur[m 19],[p 7]. Agrippa joue le rôle de collègue de l'empereur ayant autant de pouvoirs mais il décède en 12 av. J.-C., et c'est Tibère qui reprend le rôle de protecteur, se mariant à son tour avec Julia[m 19],[p 8]. Tibère et son frère Drusus reçoivent l'imperium proconsulaire, mais Drusus meurt en 9 av. J.-C. Tibère reçoit ensuite la puissance tribunitienne et son imperium est renouvelé, à l'instar d'Agrippa quelques années plus tôt, mais il se retire soudainement de la vie politique[m 20],[p 8]. Caius et Lucius, les héritiers, atteignent l'âge adulte, et l'empereur les favorise, mais ils décèdent tour à tour[m 20],[p 8].
86
+
87
+ Tibère revient d'exil après sept années et est adopté par Auguste[m 20],[p 8]. De nouveau détenteur des deux pouvoirs majeurs, Tibère devient le collègue d'Auguste, et ses nombreuses campagnes militaires victorieuses le légitiment[m 20],[p 21]. À la mort d'Auguste, Tibère détient toujours l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne, ce qui fait de lui l'unique détenteur du pouvoir suprême[m 20].
88
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89
+ Les évènements autour de la succession d'Auguste sont très importants pour toute la suite du Haut Empire romain, déterminant les principes de succession pour toute la durée du principat[m 20]. Le successeur doit être membre de la famille de l'empereur, et si ce dernier a un fils (naturel ou adopté), c'est celui-ci qui est le successeur légitime, aux yeux de tous[m 20]. De plus, Auguste associe les deux pouvoirs majeurs, l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne à la désignation d'un successeur[m 20]. Enfin, la place tenue par sa fille, qui épouse trois de ses successeurs possibles, préfigure l'importance des femmes dans la famille impériale[m 20]. La succession impériale se fonde dès lors sur des principes héréditaires[m 20].
90
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91
+ Tibère devient empereur en 14, succédant officiellement à Auguste car il est depuis 12 associé au gouvernement de l'Empire romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne[m 21],[p 22]. Cependant, il tarde à accepter de devenir empereur, par orgueil — Tibère aurait mal vécu d'être le dernier successeur d'Auguste et souhaite voir les sénateurs le supplier — ou humilité, hésite sur la marche à suivre surprenant le peuple et le Sénat, puis accepte finalement les pleins pouvoirs[m 22],[p 22].
92
+
93
+ Âgé de 56 ans, il a une grande expérience de l'administration civile et militaire[m 23] et met en place d'importantes réformes dans les domaines économiques et politiques[p 23]. Il fait preuve d'un strict respect de la tradition augustéenne, essayant de respecter toutes les instructions de son père adoptif[p 24]. Son but est de préserver l'Empire, d'assurer la paix interne et externe tout en consolidant le nouvel ordre politique. Il met un terme à la politique d'expansion militaire, se limitant à sécuriser les frontières[p 25].
94
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+ Au début de son règne, il fait preuve d'un grand respect envers le Sénat qu'il consulte fréquemment[m 23],[p 26]. Sous son règne, l'Empire prospère et accumule des fonds qui contribuent alors à assainir les finances[p 27].
96
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+ Tibère, sur ordre d'Auguste, avait adopté son neveu Germanicus, jeune et populaire, contrairement à l'empereur[m 23],[p 28]. Sa mort, suspecte, prive l'Empire d'un appui solide et Tibère d'un successeur possible[m 23],[p 29].
98
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+ Son principat est entaché par une impopularité croissante[m 23],[p 29], due à la préfecture de Séjan — pendant laquelle les procès[m 23],[p 29] et les meurtres se multiplient, dont celui de Drusus[p 29], fils et successeur de Tibère —, à son caractère — il se renferme sur lui-même et ignore son impopularité croissante — et à son éloignement de Rome à la suite de la perte de son fils — à Capri où les rumeurs lui prêtent toute sorte de débauches[m 24],[p 29]. Séjan élimine un à un tous ses rivaux potentiels à l'Empire, instaure dans Rome un climat de terreur, diminue les pouvoirs du Sénat mais le préfet du prétoire tombe à son tour, accusé par l'empereur de trahison[m 24],[p 27].
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+ L'empereur ne retourne cependant plus dans la capitale où il est haï jusqu'à sa mort en 37, bien qu'il continue de mener l'Empire d'une main ferme et responsable[p 27]. Sans désigner de successeur, l'empereur défunt favorise la montée de Caligula, fils de Germanicus, et de Tiberius Gemellus, son petit-fils[m 24],[p 27].
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103
+ Caligula est le seul à se présenter pour prendre le pouvoir à l'annonce de la mort de Tibère[m 24],[p 30]. Pendant six mois, les Romains peuvent se féliciter d'un empereur juste, utile et libéral, qui leur fait oublier la sinistre fin du règne de Tibère[m 25],[p 30]. Il adopte tout d'abord Tiberius Gemellus, avant de le faire assassiner pour trahison[m 25].
104
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105
+ Cependant, une grave maladie fait changer dramatiquement Caligula, dont les troubles mentaux ressurgissent, qui devient un tyran[p 31]. Les conspirations se multiplient, l'empereur vide les caisses de l'État par ses nombreuses extravagances et fait preuve d'une extrême cruauté, gouvernant en monarque oriental[m 25],[p 32]. Une énième conspiration a raison de lui en 41[m 25],[p 33].
106
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107
+ Le règne de Tibère, qui laisse un mauvais souvenir aux Romains, suivi par l'autorité tyrannique de Caligula, ainsi que la disparition du dernier représentant direct des Iulii, aurait pu mettre à mal le nouveau régime. Mais le principat est ancré dans les esprits, surtout après le long et heureux règne d'Auguste. À sa mort, il n'y a déjà plus personne qui a vécu sous une République stable et prospère. Ainsi, le nouvel empereur se doit d'être un membre de la famille impériale, celle qui a été choisie et protégée par les dieux[m 25],[p 33].
108
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109
+ Ainsi, c'est Claude, jugé inapte par Tibère quelques années plus tôt, qui lui succède, choisi par la garde prétorienne, alors qu'il se terrait par crainte d'être lui aussi assassiné. Frère de Germanicus, il a toujours été épargné et laissé de côté, jugeant son physique ingrat, ses capacités à gouverner limitées, et n'ayant jamais occupé aucune charge importante, hormis un consulat. Le Sénat s'empresse de valider le choix des prétoriens[m 25],[p 33].
110
+
111
+ Malgré son manque d'expérience politique, Claude se montre un administrateur capable et un grand bâtisseur public. Son règne voit l'Empire s'agrandir : cinq provinces s'ajoutent à l'Empire dont la Bretagne, ainsi que, en 43, la Lycie, les deux Maurétanies et la Thrace. Il étend la citoyenneté romaine à beaucoup de provinces, dont la Gaule où il est né[m 26],[p 34].
112
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113
+ Mais c'est un empereur faible, et il meurt empoisonné à l'instigation d'Agrippine en 54, après avoir, sur les conseils de celle-ci, adopté son fils Néron, qui lui succède en lieu et place de Britannicus, le fils de Claude, qui meurt peu de temps après lui, dans des conditions troublantes[m 27],[p 35].
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+
115
+ Néron accède au pouvoir grâce à sa mère qui a fait pression sur Claude pour faire de Néron son successeur et non Britannicus (qui est le fils biologique de Claude).
116
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+ Les premières années du règne de Néron, très jeune empereur de 17 ans, sont connues comme des exemples de bonne administration. Le préfet du prétoire Burrus et Sénèque lui font appliquer une politique modérée et populaire. Après la mort de Britannicus en 55, Néron écarte sa mère, trop entreprenante, des affaires avant de la faire assassiner en 59. Durant les huit premières années de son règne, l'empereur mène une politique commune avec le Sénat, laissant à l'assemblée d'importants pouvoirs. Mais ses deux mentors disparaissent : Burrus meurt en 62 et Sénèque se retire[m 27],[p 36].
118
+
119
+ Néron fonde alors sa nouvelle politique sur l'exploit artistique, prenant part à des spectacles, chantant et jouant la comédie et de la lyre. Les premiers procès politiques de son règne commencent pour lèse-majesté dès 62. De nombreux scandales éclatent, ainsi que le grand incendie de Rome, qui détruit la plus grande partie de la ville pendant près d'une semaine. Mal entouré, il prend de mauvaises décisions, se voit accusé par une partie de la population de l'incendie, et se met à craindre son entourage et les exploits de certains généraux. Sa popularité, excellente jusque là, tombe en flèche, des conspirations naissent et échouent, telle la conjuration de Pison, et les exécutions se multiplient, Néron poussant même Sénèque au suicide[m 27],[p 37].
120
+
121
+ Néron ordonne un dernier suicide, celui d'un excellent général, Corbulo, ce qui provoque la rébellion de plusieurs militaires, dont Galba soutenu par Othon. Néron se trouve rapidement sans défense et Galba est proclamé empereur, le Sénat démet Néron de ses fonctions et le déclare « ennemi public ». Ce dernier s'enfuit et se suicide[m 28],[p 38].
122
+
123
+ Néron meurt jeune, à peine trente ans, et sans descendance. Aucun membre de la lignée des Julio-Claudiens n'est apte à prendre le pouvoir, et son règne, désastreux, ternit définitivement l'image de sa famille, qui n'est plus bénie et protégée par les Dieux. C'est la fin des Julio-Claudiens, et pour la première fois, un problème de succession se pose : « il faut recréer une légitimité »[m 28].
124
+
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+ À la mort de Néron, l'Empire connaît une première crise. Des généraux, Galba, Othon et Vitellius sont tour à tour nommés empereurs par leurs troupes puis assassinés en 69.
126
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+ Pendant près de deux ans, la guerre civile affecte tout l'Empire qui vit dans l'incertitude en attendant la prise de pouvoir du plus fort. Durant cette crise, le Sénat, qui a vu son pouvoir décliner sous les derniers Julio-Claudiens, se trouve impuissant. C'est la garde prétorienne et les armées provinciales qui font et défont les empereurs[m 28].
128
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+ Lorsque Vespasien est proclamé empereur, et qu'il met fin au court règne sanglant de Vitellius, la population et le Sénat, las d'une nouvelle guerre civile meurtrière, accepte que ce soit la victoire militaire qui décide de celui qui deviendra empereur entre deux dynasties. C'est considéré comme le signe de capacités militaires et stratégiques importantes et de la protection des Dieux[m 29].
130
+
131
+ C'est finalement le chef de l'armée d'Orient, Vespasien, un Italien, qui devient empereur. Par une loi, il reçoit tous les pouvoirs qu'ont détenus les Julio-Claudiens. Cependant, contrairement à ces derniers, il n'est pas patricien et descend d'une famille de simples notables italiens. Il fonde immédiatement une dynastie, mettant ses deux fils en avant : Titus, qui met fin à la révolte juive que son père combattait avant la guerre civile, et Domitien, présent à Rome lors du règne de Vitellius et qui est salué « César » avant l'arrivée de son père. Ils sont tous deux considérés comme étant protégés des Dieux à l'instar de Vespasien, et la nouvelle famille régnante se légitime, donnant ainsi naissance à la dynastie des Flaviens[m 29],[p 39].
132
+
133
+ Il rétablit l'ordre et la paix à Rome ainsi que dans les provinces révoltées. Pour asseoir son pouvoir, l'empereur va s'inspirer du modèle augustéen en reprenant les grands thèmes de son règne ainsi qu'en monopolisant les magistratures supérieures. Cependant, le Sénat reste sceptique concernant ses origines, bien qu'appréciant ses décisions politiques. De plus, la famille impériale règne en maître absolu, bien que faisant preuve de bonne volonté et gouvernant avec sagesse. Une opposition se forme et Vespasien réorganise le Sénat à l'avantage des élites italienne, narbonnaise et hispanique, d'où proviendront d'ailleurs les Antonins[p 40].
134
+
135
+ À l'échelle de l'Empire, il mène une politique entre continuité et innovation. Tout comme ses prédécesseurs, il multiplie les dépenses publiques, notamment le Colisée qu'il entreprend, la reconstruction du Capitole et la création d'un nouveau forum à Rome. Il n'oublie pas les provinces où il prend de très nombreuses décisions. Il ne lésine pas sur l'entretien des frontières et fait bâtir de nouvelles voies romaines[p 41].
136
+
137
+ D'autre part, il recourt �� de véritables innovations dans le domaine financier. Les biens de la dynastie julio-claudienne sont versés dans le domaine public, l'empereur ordonne de nombreux cens et cadastre pour lutter contre les fraudes et pour que chacun paie son dû. Le trésor, vidé par le règne de Néron et lors de la guerre civile, accumule à nouveau des fonds[p 42].
138
+
139
+ Titus succède à son père sans heurt, tel que c'est prévu, lui qui a joué un grand rôle au côté de Vespasien. Jeune général compétent, il est mis en avant par son père, faisant quasiment office de coempereur, occupant le poste de préfet du prétoire pendant huit années et multipliant les consulats[m 30],[p 43].
140
+
141
+ Devenu empereur, de nombreux vices rappelant ceux de Néron, apparus lors de sa préfecture, s’effacent devant « les plus rares vertus ». Ce changement radical dans son comportement est suivi par une série de catastrophes qui vont, en deux ans, mettre en relief le caractère exemplaire de l’empereur. Lors de sa mort prématurée, il est salué comme l'un des meilleurs empereurs que Rome ait connu, bon et respectueux. Pour beaucoup, s'il avait vécu plus longtemps, son règne aurait tourné au « néronisme »[p 43].
142
+
143
+ Le deuxième fils de Vespasien devient alors à son tour empereur, alors que la succession de Titus n'est pas préparée. Il est reconnu sans problème par les prétoriens le soir même du décès de l'empereur, puis le Sénat, qui ne remettent pas en cause le caractère familial de la fonction impériale. Domitien n'a pas été réellement écarté du pouvoir par son père et son frère pendant leurs règnes, mais il n'a pas un rôle majeur, bien qu'il soit membre de tous les collèges religieux et plusieurs fois consul[m 30],[p 44].
144
+
145
+ Contrairement à ses deux prédécesseurs, il ne cache pas ses prétentions au despotisme. Au début du règne Domitien se montre libéral et juste. Il est loué pour son sens de la justice, de la religion, et suit de près la politique amorcée par Vespasien, faisant preuve d'une bonne administration de l'Empire[p 45].
146
+
147
+ La conquête de la Bretagne par Agricola se poursuit avec brio et Domitien lance une offensive surprise contre le peuple germain du Rhin le plus puissant à l'époque, les Chattes, qu'il vainc. La présence romaine en Bretagne et en Germanie est sérieusement renforcée. Il abandonne la politique augustéenne des états-clients et préfère l'annexion pure et simple[p 46].
148
+
149
+ Mais très vite la situation se dégrade sur le Danube. Les Daces viennent de s'unir et Domitien intervient en personne avec la garde prétorienne pour les chasser. Finalement, après des revers de généraux romains, Domitien préfère traiter et fait la paix avec le roi dace, Décébale, qui devient un roi client et perçoit des subsides[p 47].
150
+
151
+ Cependant le naturel inquiet de Domitien, sa tendance à voir des complots partout, sa violence et son autoritarisme assombrissent la fin de son règne. Il connaît une opposition inexpiable dès le début de son règne, et se met à dos les sénateurs, pourtant nommés en majorité par son père. Cela le rend impitoyable, lui qui a toujours été écarté du pouvoir réel, ne supporte pas l'opposition, et les procès et les exécutions sommaires se multiplient, à l'instar de la fin de règne de Néron. Il est assassiné en 96 par une conspiration de palais[p 48].
152
+
153
+ Après la pacification des provinces conquises, les citoyens romains et les soldats ayant fini leur service (véterans) s'installent dans les villes subjuguées et, bénéficiant de plusieurs privilèges en tant que citoyens romains, développent l'agriculture et le commerce. Ainsi commença l'essor économique et culturel dans les provinces occidentales de l'empire[3]
154
+
155
+ Nerva donne naissance à la dynastie des Antonins. Cinq empereurs remarquables sur six choisissent, de leur vivant leur successeur car ils n'ont pas de fils, toutefois le choix se porte toujours sur de proches parents. Les règnes de Trajan et de son successeur Hadrien correspondent à l'apogée de l'Empire romain.
156
+
157
+ En septembre 96, c’est un sénateur qui monte sur le trône : Nerva, 65 ans, le princeps senatus, qui a une carrière exemplaire et paraît l'antithèse de Domitien[m 31]. En dépit de ses réalisations politiques, son règne révèle de nombreuses faiblesses, typiques d’un règne de transition[4],[p 49]. La question de la succession demeure alors ouverte mais une guerre civile marquant la fin de la dynastie des Flaviens est évitée, contrairement à la fin de la dynastie Julio-claudienne. Nerva, dont le pouvoir est fragilisé par les prétoriens et qui manque de renom militaire, adopte alors solennellement Trajan le 28 octobre 97[m 31].
158
+
159
+ Trajan est le premier empereur romain issu d'une famille établie dans une province, mais celle-ci est en fait originaire d'Italie et s'est installée en Bétique en tant que colons. Il est resté dans l’historiographie comme le « meilleur des empereurs romains » (optimus princeps). Après le règne de Domitien, dont les dernières années sont marquées par les persécutions et les exécutions de sénateurs romains, et la fin de la dynastie des Flaviens, le court règne de Nerva et surtout celui de Trajan marquent le fondement de la dynastie dite des « Antonins ».
160
+
161
+ On considère généralement que c’est sous son règne que l’Empire romain connaît sa plus grande extension avec les conquêtes éphémères de l’Arménie et de la Mésopotamie et celle plus pérenne de la Dacie ainsi qu'avec l'annexion du royaume nabatéen de Pétra qui donne naissance à la province d'Arabie Pétrée. Sa conquête de la Dacie enrichit considérablement l'Empire, la nouvelle province possédant plusieurs mines de métal de grande valeur. Par contre, sa conquête des territoires parthes reste inachevée et en péril à la suite d'une grande révolte judéo-parthe, et il laisse à sa mort une situation économique peu florissante ainsi que la partie orientale de l’Empire exsangue.
162
+
163
+ En parallèle de cette politique expansionniste, Trajan mène de grands travaux de construction et engage une politique de mesures sociales d'une ampleur inédite. Il est surtout connu pour son vaste programme de construction publique qui a remodelé la ville de Rome et laissé plusieurs monuments durables tels que les thermes, le forum et les marchés de Trajan ainsi que la colonne Trajane. Il renforce aussi le rôle prépondérant de l’Italie dans l’Empire et la romanisation des provinces.
164
+
165
+ L'empereur Hadrien s'attache à mener une politique plus défensive. Sous son règne, dans plusieurs régions frontières, en Afrique et en Bretagne notamment, des fortifications importantes se développent, souvent appelées limes. Par ailleurs Hadrien s'attèle à améliorer le fonctionnement de l'Empire.
166
+
167
+ Dans la continuité d'un effort commencé par d'autres empereurs, il s'attache à favoriser l'intégration des provinciaux, notamment par la création de colonies honoraires : alors que le terme colonie désignait le plus souvent l'installation de colons romains, il est désormais un titre honorifique concédé à une cité et qui donne la citoyenneté romaine à tous ses habitants.
168
+
169
+ Le règne d'Antonin le Pieux n'est pas marqué de conquêtes, mais plutôt par une volonté de consolidation de l'état actuel. C'est traditionnellement durant son règne qu'on considère que l'Empire romain est à son apogée, du fait de l'absence de guerre et de révolte majeure en province.
170
+
171
+ C'est pourtant cette politique défensive et attentiste qui annonce les difficultés financières et militaires de l'Empire romain.
172
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173
+ Les conquêtes récentes par la dynastie des Julio-Claudiens affaiblissent et éparpillent les légions romaines autour du bassin méditerranéen. Le IIe siècle est donc plus un siècle de consolidation que d'expansion. La dernière grande phase d'expansion se déroule entre 101 et 117, pendant le règne de Trajan, avec l'ajout de la Dacie et celle très éphémère de Mésopotamie à l'Empire[réf. nécessaire].
174
+
175
+ Marc Aurèle et Lucius Verus succèdent à Antonin. Le second meurt au bout de 8 ans de règne, sans grand acte. Le premier est connu pour être un empereur-philosophe stoïcien.
176
+
177
+ Sur le plan intérieur, il accomplit une œuvre législative importante.
178
+
179
+ Il passe 15 ans sur le front du Danube à lutter contre les Barbares. L'Empire entre en effet dans une période bien moins propice : ses voisins aux frontières semblent plus puissants, l'Empire doit faire face à des difficultés agraires, des famines, à l'épidémie de la peste antonine.
180
+
181
+ Marc Aurèle choisit son fils, Commode comme successeur. L'assassinat de celui-ci, qui s'est comporté en tyran durant une grande partie de son règne, met fin à la dynastie des Antonins.
182
+
183
+ Son assassinat en décembre 192 ouvre une crise politique comme à la fin de la dynastie des Julio-Claudiens. La garde prétorienne assassine le nouvel empereur Pertinax et porte au pouvoir Didius Julianus.
184
+
185
+ C'est finalement le général de l'armée du Danube, l'Africain Septime Sévère qui prend le pouvoir. Il comble de bienfaits l'armée dont il augmente les effectifs et renforce le pouvoir impérial. Les prétoriens qui ont fait et défait tant d'empereurs sont recrutées parmi les légions du Danube fidèles à Septime Sévère. Il sauve un temps l'Empire de l'anarchie et entame d'importantes réformes politiques, militaires, économiques et sociales. Le brassage culturel qu'apporte l'Empire s'accroît, les religions venues d'Orient deviennent plus populaires dans l'Empire, en particulier le culte de Mithra parmi les militaires. Cet aspect a parfois été exagéré par les historiens qui ont décrit les Sévères comme une dynastie orientale, jugement considérablement relativisé aujourd'hui.
186
+
187
+ Il nomme ses deux fils Auguste mais à sa mort, Caracalla s'empresse de tuer son jeune frère Geta. Il est connu pour avoir publié en 212, le célèbre édit qui porte son nom donnant à tous les hommes libres de l'Empire la citoyenneté romaine. Il meurt assassiné sur le front parthe sur ordre du préfet du prétoire Macrin qui ne réussit à prendre sa place que peu de temps. Il nomme son propre fils Diaduménien César puis Auguste en 218, mais sont tous deux assassinés.
188
+
189
+ Le cousin de Caracalla, Élagabal devient ensuite empereur mais tout occupé au culte du dieu du même nom il laisse le gouvernement à sa grand-mère, Julia Maesa.
190
+
191
+ Il est tué par les prétoriens et son cousin Sévère Alexandre lui succède pour un règne de 13 ans. Après son assassinat, l'Empire sombre dans une période bien plus troublée, traditionnellement qualifiée d'« anarchie militaire », terme cependant impropre car si le pouvoir impérial est parfois divisé, il n'est jamais absent.
192
+
193
+ Les historiens s'interrogent encore sur les raisons de la crise profonde que traverse l'Empire romain au IIIe siècle. Certaines causes extérieures à l'Empire peuvent l'expliquer. En Orient, l'Empire parthe déliquescent laisse la place à l'Empire Sassanide dans le second quart du IIIe siècle. Cet empire puissant, bien structuré et agressif fait peser une pression constante sur les provinces d'Asie. Au nord-est de l'Europe, les Germains orientaux qui vivent dans les régions de la mer Baltique entament une lente migration vers le Sud et le Sud-Est européen. Ce faisant, ils chassent les autres tribus qui se trouvent sur les territoires qu'ils traversent. Celles-ci cherchent à trouver refuge dans l'Empire romain en espérant y trouver de nouvelles terres et un riche butin[5]. Leurs incursions mettent en évidence la faiblesse de la stratégie défensive romaine. En effet, les légions sont massées aux frontières et une fois qu'elles sont franchies, les barbares peuvent ravager les provinces sans pratiquement aucune entrave. Le dispositif militaire romain, et l'organisation du pouvoir impérial sont aussi très peu adaptés à une guerre simultanée sur deux fronts, en Orient et sur l'ensemble Rhin-Danube.
194
+
195
+ Les difficultés internes sont dues à l'éloignement de plus en plus grand des militaires prêts à imposer de lourds sacrifices aux civils pour protéger l'Empire des menaces d'invasions et de la classe possédante qui accepte difficilement l'accroissement de ses charges fiscales. Sur le plan politique, cela se traduit par la montée de l'ordre équestre, titulaire des grandes préfectures et de plus en plus présente dans les provinces comme gouverneur à la place de la classe sénatoriale[6]. De plus à partir de 250, l'Empire romain est touché par des épidémies qui entraînent, au moins régionalement, une dépopulation et une crise économique dont souffrent principalement l'Occident déjà ravagé par les incursions germaniques.
196
+
197
+ L'état le plus récent de la recherche relativise cependant le caractère général et continu de la crise. Le IIIe siècle est désormais plutôt décrit comme marqués par quelques grandes crises mieux définies du point de vue chronologiques : crise politique en 238, deux graves crises dans les années 250 et 260, la période la plus dure pour le pouvoir impérial. Mais l'accent est désormais aussi mis sur la diversité des situations régionales, le maintien d'une prospérité en Afrique, sur l'existence de périodes de redressement ou sur les capacités de relèvement et de résistance, induisant plus une période de mutation qu'une crise et un déclin continus.
198
+
199
+ La période comprise entre 235 et 268 est assez mal connue. Seize empereurs se sont succédé, faits et défaits par le sort des armes. Les empereurs sont créés par un nouveau groupe, l'État-major de l'armée. Il choisit le nouvel empereur, qui est ensuite avalisé par le Sénat. Le rang impérial est devenu, aux yeux des militaires, le grade le plus élevé dans la hiérarchie des officiers. Ainsi Maximin Ier le Thrace est le premier militaire de carrière à devenir empereur par la volonté seule de ses soldats. Il déploie une grande énergie pour sécuriser la frontière face aux Daces et aux Sarmates. Il exige de la classe sénatoriale et des provinces de lourds impôts pour faire face aux dépenses militaires. Cette pression fiscale provoque la révolte des grands propriétaires de la province d'Afrique qui portent officieusement à la tête de l'Empire Gordien Ier, lequel associe au pouvoir son fils Gordien II en 238. Rapidement, ceux-ci obtiennent le ralliement de nombreux gouverneurs et de nobles, à l'instar de Timésithée, mais surtout du Sénat. Ils sont battus par le gouverneur, resté loyal à Maximin, de la province voisine de Maurétanie.
200
+
201
+ Maximin, ayant eu vent de l'appui accordé par le Sénat aux deux Gordiens, est tué devant Aquilée par les troupes de Pupien, choisi avec Balbin comme nouvel Auguste. En portant deux empereurs à la tête de l'État, les sénateurs cherchent à recréer les conditions de la République, où le rôle du Sénat était plus important et sur laquelle régnait deux Consuls aux pouvoirs égaux. En mai-juin 238, Gordien III, le petit-fils de Gordien Ier devient empereur[7]. Alors que l'Empire subit sur ses frontières septentrionales des pressions barbares, l'empereur sassanide du moment attaque entre 238 et 242 et à plusieurs reprises des villes et des camps romains basées en Mésopotamie, en Syrie et en Arménie. En 243, Gordien III, accompagné de son beau-père préfet du prétoire et véritable décisionnaire des affaires de l'empire Timésithée, attaque l'Empire sassanide de Shapur Ier. Il périt des suites de ses blessures après la défaite de l'armée romaine marchant sur Ctesiphon. Timésithée étant lui aussi décédé (de maladie), il est remplacé par Philippe l'Arabe qui remplace ensuite Gordien à la tête de l'empire. Contrairement aux dire de certains historiens, la thèse de l'assassinat de Gordien par Philippe (celui-ci ayant remplacé le préfet du prétoire puis l'empereur, tous deux décédés à peu de temps d'intervalle) est aujourd'hui le plus souvent écartée.
202
+
203
+ Philippe doit éliminer plusieurs concurrents avant d'être tué en affrontant Dèce. Dèce est le premier empereur tué par des barbares, lors de la lourde défaite d'Abrittus face aux Goths en 251. Trébonien Galle et Émilien se succèdent à un rythme rapproché. Ce dernier ne règne que quatre-vingt-huit jours. La légitimité impériale qui reposait sur la victoire est soumise à rude épreuve : la crise militaire encourage les usurpations : les armées cherchant un général efficace et les régions menacées désirant un empereur proche pour les protéger.
204
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205
+ Valérien règne associé à son fils Gallien. Celui-ci est le dernier aristocrate à parvenir à l'Empire[8]. Ils doivent faire face aux incursions des Alamans et des Francs en Gaule et à l'offensive du souverain sassanide Sapor en Syrie. En 260, Valérien est même fait prisonnier par les Perses et finit ses jours comme esclave en Iran. Gallien resté seul empereur parvient à stopper une invasion des Alamans en les battant en Italie du Nord. Il abandonne la Dacie conquise par Trajan qui est devenue trop difficile à défendre et fixe la frontière de l'Empire sur le Danube. Mais il doit faire face à de nombreuses usurpations, celle de Macrien et de Quiétus en Orient, de Régalien en Pannonie et de Postume en Gaule qui proclame l'Empire des Gaules.
206
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207
+ Les successeurs de Gallien sont tous des militaires à qui l'armée a donné une grande rigueur et la foi en l'éternité de l'Empire romain. L'Empire est devenu militaire. À partir de réformes entamées sous Gallien — exclusion des sénateurs du commandement militaire — les empereurs illyriens font face à la crise et réorganisent la défense de l'Empire. Aurélien réunifie l'Empire en mettant un terme aux sécessions palmyrénienne et gauloise et fortifie Rome.
208
+
209
+ Gallien (253-268) entame une mutation profonde de la stratégie militaire. Il répartit plus en profondeur les moyens de défense, en plaçant des détachements (vexillationes) des légions frontalières à l'intérieur du territoire romain — à Milan ou Aquilée en Italie, ou Sirmium ou Siscia en Illyrie[p 50]. Il constitue une importante cavalerie, techniquement différente de la cavalerie légionnaire, qu'il place sous le commandement autonome d'un magister equitum[p 50]. Il exclut les sénateurs, souvent incompétents, des emplois militaires et les remplace par des chevaliers, issus de la troupe[p 51]. Il fait entrer dans l'armée des barbares vaincus amorçant par là même la « barbarisation » de l'armée[9]. L'armée absorbe une part toujours plus grande des ressources de l'État. Un impôt spécial, l'annone militaire, est prélevé pour son entretien.
210
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211
+ Les fonctions de général en chef et de chef de guerre victorieux que tient traditionnellement l'empereur sont renforcées dans ces périodes de guerres incessantes, et la fonction impériale devient progressivement le sommet de la carrière militaire[10]. À côté des qualificatifs habituels comme felix (« chanceux, heureux »), on associe de plus en plus le terme invictus (« invaincu »). La victoire et l'armée deviennent la source de la légitimité des empereurs[11]. Les empereurs essaient cependant de trouver une légitimité plus grande en s'appuyant sur la religion. Aurélien place ainsi l'Empire sous la protection de Sol Invictus (« le Soleil invaincu »), dont il tire son pouvoir[p 52], et il se fait appeler sur ses monnaies deus et dominus (« dieu et seigneur »)[p 52].
212
+
213
+ Les difficultés du IIIe siècle donnent à penser aux Romains qu'ils ont été abandonnés par les dieux et il s'ensuit une période où les citoyens refusant de participer aux cultes publics, comme les chrétiens et les Juifs sont persécutés. Dèce, à partir de 250[p 53] puis Valérien[p 54] renouvellent l'obligation de sacrifices, ce qui entraine des persécutions envers les réfractaires. En 260, son fils Gallien publie un édit de tolérance maintenu par ses successeurs pendant quarante ans[p 55].
214
+
215
+ L'opposition entre la nobilitas et l'homme nouveau est plus vivace que jamais. L'Empire passe entre les mains de familles n'ayant jamais exercé la fonction impériale. Les empereurs novi laissent à leur famille la noblesse en héritage. Les honestiores des provinces d'Occident et les dirigeants des peuples barbares voisins, acquièrent eux aussi la nobilitas qui les incorpore aux couches les plus élevées. En ce qui concerne la noblesse romaine, elle garde un immense prestige social mais perd presque toute son autorité politique.
216
+
217
+ La période dite du « Bas-Empire » ou de « l'Antiquité tardive » couvre près de deux siècles[N 2] (de 284 à 476 en ce qui concerne la Rome antique). C'est une période complexe où l'Empire est profondément réformé et transformé devant les périls intérieurs et extérieurs qui le menacent, au prix d'une mobilisation toujours plus importante et lourde de la société. Dans le même temps, le christianisme, d'abord persécuté, est progressivement accepté, encouragé, avant de devenir, en 380, la religion officielle et unique du monde romain (par l'édit de Thessalonique).
218
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219
+ Détails
220
+
221
+ « Tétrarchie » est le nom donné au régime politique construit petit à petit par Dioclétien, qui a consisté dans les faits pour l'empereur à se choisir des collègues (un auguste et un césar par auguste) pour l'aider à assurer la défense et l'administration d'un empire immense, attaqué de toutes parts, auquel un seul homme ne peut suffire. Ainsi, l'autorité, « loin d'être divisée en quatre, […] est multipliée par quatre »[13]. D'autres réformes, administratives, militaires et fiscales en particulier, ont été entreprises durant cette période, qui cherchent à mettre fin aux problèmes issus de la Crise du IIIe siècle.
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223
+ Le 20 novembre 284, Dioclétien, suivant l'habitude de l'époque, est proclamé auguste par une des armées régionales, celle d'Orient, à Nicomédie, après qu'il a tué l'assassin de l'empereur Numérien[p 56]. L'empereur légitime, Carin, refuse de le reconnaître[14], et l'affronte sur la Morava. Il gagne la bataille, mais est assassiné peu après, et Dioclétien devient ainsi le seul empereur du monde romain[p 57].
224
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225
+ L'époque est alors troublée : l'usurpateur Carausius gouverne la Bretagne, la Gaule est en proie à la révolte des Bagaudes, les frontières du Rhin et du Danube sont menacées par les barbares, les Perses suscitent des troubles en Orient et l'Égypte est très agitée[p 56]. Quelques mois après son arrivée au pouvoir, Dioclétien comprend qu'il ne peut diriger seul l'Empire et confie à Maximien le soin de s'occuper de la Gaule et de la Germanie en tant que césar puis, l'année suivante, d'auguste[p 56]. C'est alors le système dit de la « dyarchie ».
226
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227
+ En 293, devant l'échec face à Carausius, Dioclétien renforce la division des tâches : il donne à Maximien un adjoint qui porte le titre de césar, Constance Chlore et s'en choisit lui-même un, Galère[15]. C'est ainsi que les besoins de l'Empire donnent par hasard naissance à la « Tétrarchie »[N 3], c'est-à-dire « le pouvoir à quatre ». Il n'y a pas de partage territorial de l'Empire romain[N 4] — il y a toujours une préfecture du prétoire par exemple, « ce qui est décisif »[p 58] —, mais les quatre hommes se répartissent le commandement des troupes et les secteurs dans lesquels ils interviennent.
228
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+ Dioclétien reste cependant au sommet[16]. Il domine par sa personnalité ses collègues, il est le plus ancien des augustes et il est qualifié de Jovius, « Jovien », c'est-à-dire « descendant de Jupiter », ce qui lui confère une primauté religieuse[17]. Il faut également se souvenir que c'est Dioclétien qui a choisi ses collègues, présentés par lui à l'armée — et leur dies imperii (jour anniversaire de leur arrivée au pouvoir) est le jour de leur désignation[p 59].
230
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231
+ Grâce à la collaboration de ces quatre hommes, la défense de l'Empire est assurée avec efficacité. Les Bagaudes sont vaincus en 285 ou 286, Allectus, successeur de Carausius, est vaincu en 296 par Constance Chlore, les peuplades germaniques vaincues également (soumission du roi des Francs, Gennobaud, victoire sur les Alamans à Vindonissa vers 297)[p 60]. En Afrique, Maximien Hercule rétablit le calme et la sécurité en 296 et 297[p 61], et il fortifie la frontière, abandonnant peut-être certaines portions du territoire romain, en Maurétanie Tingitane notamment[18]. En 290-294, depuis Sirmium, Dioclétien défend le Danube, contre les Iazyges notamment, et construit de nouveaux forts pour solidifier la frontière[p 61]. En 297, Galère mène une importante campagne contre les Carpes et les Bastarnes sur le Bas-Danube, et les vainc, rétablissant la tranquillité dans la région pour une dizaine d'années[p 61].
232
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233
+ En Égypte, province en proie à une grande agitation intérieure renforcée par une réforme fiscale sévère en 287, Dioclétien combat l'usurpateur Domitius Domitianus en 297-298[p 61]. Il fortifie ensuite le pays contre les Blemmyes, renforce les garnisons pour garantir la paix civile et réforme l'administration provinciale (division en trois provinces, nomination de commandants militaires distincts des gouverneurs civils)[19],[p 62].
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+ À l'automne 296 ou en 297, la guerre contre les Perses reprend à l'initiative du roi Narseh[19]. En 297, Galère, accouru du Bas-Danube, est vaincu en Mésopotamie durant le printemps[19]. Quelques mois plus tard, une campagne bien mieux préparée permet au césar de remporter une victoire sur l'Araxe contre Narseh, de prendre Nisibe et de pousser jusqu'à Ctésiphon[p 63]. La paix est signée avec les Sassanides en 298 à Nisibe, en présence de Dioclétien : le roi d'Arménie Tiridate, favorable aux Romains, est reconnu par les Perses, des territoires au-delà du Tigre sont annexés et placés sous l'autorité de satrapes arméniens, la frontière plus au sud revient à celle de Septime Sévère[p 63]. La frontière en Syrie est consolidée par la construction de la Strata diocletiana[N 5],[p 64].
236
+
237
+ Le régime tétrarchique a ainsi montré son efficacité — il a rétabli l'ordre aux frontières, compromis depuis un demi-siècle — et sa souplesse — les augustes n'hésitant pas à prendre en charge le ressort territorial des césars si nécessaire[20]. Les tétrarques exaltent alors la tranquillitas, la « tranquillité » retrouvée dans leur propagande[20].
238
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239
+ À partir de l'année 298, la paix est assurée aux frontières, et Dioclétien se concentre alors sur les réformes intérieures[p 64]. Elles portent principalement sur l'organisation administrative de l'Empire, sur l'armée et sur la fiscalité.
240
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241
+ Sur le plan administratif, Dioclétien multiplie les provinces pour rapprocher le gouverneur des cités, renforcer le contrôle sur ces dernières[21] et affaiblir les gouverneurs[22] — on passe ainsi d'une quarantaine de provinces en 284 à une centaine en 305. Il compense cela par une nouvelle circonscription administrative, le « diocèse », qui est regroupement de provinces, à la tête desquels il place un vicaire.
242
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243
+ Il accentue également (mais ne systématise pas) la séparation entre les pouvoirs militaires et civils, déjà entamée durant la Crise du IIIe siècle[23]. Les gouverneurs sont ainsi dépouillés le plus souvent du commandement des troupes stationnées dans leur province — ce qui a aussi pour but de rendre les sécessions plus difficiles à mener[23]. Tous les chefs militaires, gouverneurs et vicaires sont nommés par l'empereur, et souvent pris dans l'ordre équestre, dont les membres doivent leurs privilèges à l'empereur[23]. Les troupes les aguerries — c'est-à-dire les légions — sont placées sous le commandement d'un duc (dux), indépendant du pouvoir civil, et dont la zone d'action s'étend bien souvent à plusieurs provinces[24].
244
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245
+ L'institution des vicaires (responsables des diocèses) permet d'affaiblir également les préfets du prétoire, qu'ils remplacent dans leur zone géographique[p 65].
246
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247
+ Sur le plan fiscal, remettant en ordre un système éprouvé par l'anarchie militaire, et désirant procurer de nouvelle ressources à l'État[25], Dioclétien dès 287 réforme les impôts en créant la « capitation » (capitatio)[26], dont le fonctionnement est complexe et encore débattu aujourd'hui[p 66]. Il met également en place un nouveau système de recrutement pour l'armée, original, qui assimile la fourniture d'une recrue à un impôt[27]. Le principe est de fournir soit une ou plusieurs recrues (c'est la praebitio tironicum) selon le taux d'imposition, soit payer une somme en espèce (l'aurum tironicum) qui permet à l'État d'acheter des recrues[28],[pi 1].
248
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249
+ Pour lutter contre l'inflation enfin, Dioclétien en 301 promulgue « l'édit des prix », ou « édit du Maximum ». Cette mesure de limitation des prix est toutefois un échec[29].
250
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251
+ Sur le plan militaire, Dioclétien revient à la stratégie du Haut-Empire de la défense aux frontières : les troupes sont positionnées en un « cordon frontalier »[24]. L'instauration de la Tétrarchie, avec ses quatre dirigeants, permet une décentralisation du commandement[30]. Philippe Richardot souligne que l'on affaire ici à « stratégie de riposte immédiate. […] l'objectif de Dioclétien est d'arrêter l'ennemi aux frontières et non pas à l'intérieur du territoire romain »[31].
252
+
253
+ La période tétrarchique est marquée par un grand nombre de constructions militaires dans tout l'Empire[32] : la frontière un peu partout est renforcée par de nouveaux forts, des tours et des routes en rocades[p 67] — telle la Strata diocletiana en Syrie.
254
+
255
+ Pour certains historiens, comme Paul Petit, Dioclétien constitue auprès de chaque tétrarque une petite force d'accompagnement (comitatus), sans commune mesure avec la réserve qu'avait créée Gallien[p 68], pour d'autres, à l'instar de René Rémondon, une telle armée de campagne n'a été réunie qu'exceptionnellement, pour des opérations militaires précises[24]. Quoi qu'il en soit, cette force d'accompagnement des empereurs est faite avec les prétoriens renforcés par des détachements (vexillationes) des troupes frontalières, et elle est appelée comitatus[N 7]. Ces armées d'accompagnement sont placées sous le commandement direct des tétrarques et sont en fait des « gardes impériales élargies »[p 68].
256
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257
+ La plupart des historiens (Theodor Mommsen, A. H. M. Jones, André Piganiol notamment) penchent pour une augmentation des effectifs sous Dioclétien[33]. D'autres, comme Jean-Michel Carrié, remettent en cause cette idée, héritée de Lactance notamment, et lui préfère une constante augmentation durant tout le IIIe siècle, stabilisée durant la Tétrarchie[34]. Il est en revanche certain que le nombre de légions est augmenté (de 39 à 53[31]) et que la taille des légions, qui comptaient entre 5 000 et 6 000 hommes durant les périodes précédentes, est diminuée aux alentours d'un millier de soldats[35].
258
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259
+ Dès 287 sont attestées les appellations de « Jovien » (Jovius, de Jupiter) et de « Herculéen » (Herculius, et d'Hercule), qui font de Dioclétien et de Maximien les descendants des deux dieux[36], mais, à la différence de certains prédécesseurs[N 8], les tétrarques ne sont pas des dieux mais ils sont « engendrés par les dieux »[p 69] quand ils accèdent au trône impérial[p 69]. Ils ne deviennent fils de dieux et ne sont inspirés par la grâce divine qu'à partir du jour de leur investiture (le dies natalis)[37], et perdent cette filiation après leur abdication : la présence divine est attachée à leur fonction, non à leur personne[p 69].
260
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261
+ La filiation divine est renforcée par la sacralisation de l'empereur dans la vie de tous les jours. Celui-ci porte un diadème[N 9] orné de pierres précieuses qui symbolise son pouvoir, et baiser le bas du grand manteau pourpre qui couvre l'empereur (rite de l'adoratio) est un honneur pour ses sujets[pi 2]. Le rituel de la cour se raidit, il souligne la « surhumanité » de l'empereur[38].
262
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263
+ Le vocabulaire change également : la titulature impériale s'enrichit, à côté des mentions habituelles, d'une « terminologie adulatrice et emphatique »[pi 3] à partir d'Aurélien. L'appellation de dominus noster (« notre maître ») fait son apparition, l'empereur est dit victor ac triumphator (« victorieux et triomphant »)[pi 4].
264
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265
+ Il ne faut pas pour autant voir Dioclétien comme un homme bouleversant la mentalité romaine. À bien des égards, il est plus romain que certains de ces prédécesseurs : le dieu Sol Invictus est abandonné pour un retour à la divinité tutélaire traditionnelle de Rome, Jupiter, les empereurs ne sont pas divinisés, mais inspirés par les dieux[N 10], le latin est imposé dans les provinces d'Orient… Pour Roger Rémondon, « les innovations de Dioclétien ne sont souvent que des méthodes révolutionnaires de conservation »[39].
266
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267
+ Le 20 novembre 303, pour la célébration des vingt ans de règne (vicennalia) du premier auguste, Dioclétien, le collège impérial tout entier se réunit — pour la seule fois de son histoire — et se rend à Rome[40]. Galère est rappelé sur le Danube, mais les quatre hommes ont eu le temps de se concerter en Italie du Nord. C'est peut-être à cette occasion que Dioclétien fait promettre à Maximien d'abdiquer conjointement avec lui en 305, après avoir accompli ses propres vingt ans de règne[p 70].
268
+
269
+ Cette hypothèse est contestée, mais il demeure qu'en 305, les deux augustes abdiquent le même jour (1er mai 305) pour laisser la place à leurs Césars, Galère (Orient) et Constance Chlore (Occident), qui deviennent à leur tour augustes[p 71]. Constance est le primus Augustus, le « premier auguste »[41].
270
+
271
+ Les raisons profondes qui ont conduit les empereurs à abdiquer sont inconnues. On a émis de nombreuses hypothèses, religieuses ou pratiques, dont l'une est de vouloir éviter des successions « à chaud », après le décès d'un des augustes[p 72]. Dioclétien écarte ainsi de la succession les fils naturels de ses césars, Constantin — fils de Constance Chlore — et Maxence — fils de Maximien[p 72]. Le principe de l'hérédité, qui conserve toujours les faveurs des armées, est donc balayé[42].
272
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273
+ Les deux nouveaux césars sont Sévère en Occident et Maximin II Daïa en Orient, tous deux amis de Galère[p 71]. Le territoire impérial semble à cette occasion divisé d'une manière plus arrêtée.
274
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275
+ Après l'abdication des deux augustes le 1er mai 305, le régime fonctionne bien jusqu'au 25 juillet 306, jusqu'à ce que meure Constance Chlore, et que soit proclamé empereur par ses troupes son fils, Constantin, le futur Constantin Ier. La crise ouverte à cette date dure près de vingt ans, et ne prend fin qu'avec la réunion de tout l'Empire sous le pouvoir de Constantin.
276
+
277
+ Les causes de l'échec de la deuxième Tétrarchie sont multiples. La rivalité entre Galère et Constance Chlore en est une, la déception des fils naturels des anciens césars en est une autre[p 71]. Roger Rémondon analyse également la faillite du système dioclétianien par l'incompatibilité des deux règles sur lesquels il était fixé[41] : la cooptation, choix arbitraire et humain qui désigne les successeurs — et même les empereurs : Licinius en 308, qui est d'emblée coopté comme auguste —, et l'automaticité de la succession — les césars deviennent automatiquement augustes, et le plus ancien devient le primus Augustus, « premier auguste ». « Or Dioclétien fait reposer cette automaticité sur la cooptation »[43]. Le mode de transmission du pouvoir ne saurait donc être stable.
278
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279
+ De même, le pouvoir impérial, légitimé par la religion (la filiation divine des augustes), s'en trouve paradoxalement affaibli[44] : sa légitimité ne demeure que tant qu'on croit aux dieux sur lesquels elle repose. Dans le même ordre d'idées, l'inspiration divine revendiquée par les augustes, indépendante de leur personne, attachée à leur fonction, signifie qu'il suffit de s'emparer du pouvoir pour s'en trouver pourvu ; Dioclétien n'a pas défini rigoureusement les conditions d'accès à cette filiation / inspiration divine[41].
280
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281
+ Ainsi, l'équilibre précaire établi en 305 lors de l'avènement de la deuxième Tétrarchie est compromis par un événement imprévu dès 306 : le 25 juillet 306, Constance Chlore meurt à Eburacum (York). Le même jour, les soldats présents sur place, sans doute soudoyés par Constantin (fils du défunt), proclament ce dernier empereur[p 71]. C'est le retour du principe héréditaire et du choix des armées, comme durant l'Anarchie militaire. Galère, hostile à cette usurpation, s'y résout car il est trop loin pour la combattre : il élève Sévère au rang d'auguste, et lui adjoint Constantin pour césar[p 73].
282
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283
+ Maxence, fils de l'ancien auguste Maximien, jaloux de la réussite de Constantin, prend le pouvoir à Rome le 26 octobre 306 grâce à l'appui des prétoriens et de la plèbe mécontente des impôts, en tant que princeps seulement. Son père Maximien revient à ses côtés et reprend son titre d'auguste. L'empereur légitime, Sévère, envoyé contre les usurpateurs par Galère, est tué par ses soldats — qui avaient servi sous Maximien — en septembre 307. Galère marche à son tour contre les rebelles mais, craignant de connaître le même sort, fait machine arrière[p 73].
284
+
285
+ La même année (307), Maximien se fait reconnaître auguste par Constantin, et son fils Maxence se proclame auguste également[p 73]. La Tétrarchie est ruinée : le pouvoir est partagé entre quatre augustes (Galère, Constantin, Maximien et Maxence) et un césar (Maximin Daïa).
286
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287
+ En 308 le vicaire d'Afrique, Domitius Alexander, se révolte contre Maxence, mettant en péril le ravitaillement de l'Italie[p 74]. Pour résoudre cette situation, Galère fait appel à Dioclétien. Celui-ci prend le consulat et réunit à Carnuntum en novembre 308 Maximien et Galère[p 74].
288
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289
+ Il force alors Maximien à se retirer une seconde fois, et reconstitue une tétrarchie : en Orient, Galère reste auguste avec Maximin II Daïa pour césar ; en Occident, Constantin est reconnu césar, et un nouvel auguste est envoyé, Licinius. C'est, pour reprendre Paul Petit, « un replâtrage hasardeux » : le principe d'hérédité n'est pas démenti puisque Constantin reste césar, et Licinius devient auguste sans passer par le césarat, ce qui contrevient à la théorie[p 74]. De plus, deux usurpateurs sont exclus de ces négociations : Maxence continue de gouverner l'Italie, et Domitius Alexander l'Afrique.
290
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291
+ Les deux césars protestent alors d'être maintenus dans des rôles subalternes. En 310, Galère cède et les reconnaît comme augustes — Maximin s'étant déjà fait proclamer empereur par ses troupes auparavant. Ainsi, en 310, l'Empire compte sept augustes (car Maximien a repris une fois de plus son titre)[p 74].
292
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293
+ Les événements suivants simplifient la situation : en janvier 310, Maximien, assiégé dans Marseille par Constantin, est contraint au suicide. En 311, Domitius Alexander est battu par le préfet du prétoire de Maxence, Volusianus, et tué. La même année, Galère meurt, le 5 mai. Son décès rétablit un pouvoir à quatre : sont augustes en Occident Constantin et Maxence ; en Orient, Maximin II Daïa et Licinius[N 11].
294
+
295
+ Après s'être assuré de la neutralité de Licinius, Constantin franchit les Alpes en 312, et défait Maxence à la bataille du pont Milvius le 28 octobre 312[p 75]. Il entre ensuite triomphalement à Rome. En février ou mars 313, Constantin rencontre Licinius à Milan ; les deux hommes s'accordent sur une politique tolérante vis-à-vis des chrétiens, qu'ils précisent dans une lettre à leur fonctionnaire (dite « édit de Milan »)[45]. Dans les faits, ils reprennent les dispositions de l'édit de tolérance de Galère, promulgué en avril 311, peu avant sa mort, tout en supprimant ce qui en diminuait la portée[p 76]. Le 30 avril 313, Licinius vainc Maximin près de Périnthe, en Thrace[p 77]. L'Empire est donc maintenant dominé par deux augustes seulement.
296
+
297
+ Après deux années d'intrigue, la guerre entre les deux rivaux éclate, en 316. Licinius est vaincu à Cibalae en Pannonie puis en Thrace, mais il coupe les arrières de Constantin[p 78]. Les deux empereurs font alors la paix. Constantin obtient les diocèses des Pannonies (en) et de Macédoine (en), et les deux hommes élèvent au rang de césar leurs fils respectifs[46].
298
+
299
+ Les deux hommes se préparent alors longuement à l'affrontement suivant, réunissant des forces terrestres et navales importantes — Paul Petit parle de 150 à 170 000 soldats[p 79]. La guerre finale éclate en 324, à l'instigation de Constantin. Licinius est battu près d'Andrinople, sa flotte détruite par le fils de Constantin, Crispus, et Byzance assiégée. En septembre 324, Licinius, passé en Asie, est vaincu définitivement à Chrysopolis. Il se rend, et est exécuté l'année suivante[p 79].
300
+
301
+ L'Empire est réunifié sous un seul empereur, pour la première fois depuis 285.
302
+
303
+ Constantin Ier règne alors seul pendant treize ans, jusqu'en 337. Comme le souligne Jean-Michel Carrié, tout en tournant la page de la Tétrarchie, il ne ramène pas toutefois l'Empire à sa situation de 283. La plupart des réformes dioclétianiennes sont maintenues, et modifiées pour les pérenniser — et seul le système, idéaliste, de transmission du pouvoir, est complètement abandonné.
304
+
305
+ L'administration territoriale, l'administration centrale de l'État, sont transformées, l'armée est profondément réformée et acquiert une organisation durable, qu'elle conserve durant tout le IVe siècle. Le christianisme, sans devenir religion d'État, est, sous Constantin, favorisé par le pouvoir. C'est également à Constantin que revient la fondation de la ville de Constantinople, sur le site de l'ancienne Byzance, qui sera la capitale de l'Empire romain d'Orient jusqu'en 1453.
306
+
307
+ L'importance et la nature de l'œuvre de Constantin justifient à la fois les jugements d'Ammien Marcellin, défavorable à l'empereur, mis dans la bouche de Julien, et de Jean-Michel Carrié, plus neutre : il est pour le premier le novator turbatorque priscarum legum et moris antiquitus receptui, « le novateur et violateur des anciennes lois et des coutumes reçues de toute antiquité »[47], et, pour le second, « [situé] au niveau d'un nouvel Octavien Auguste donnant lui aussi forme achevée aux expériences qui l'avaient précédé »[48].
308
+
309
+ Le premier événement notable de son règne en tant que seul maître de l'Empire est la réunion du concile de Nicée en 325, que l'empereur a convoqué et préside. Il agit alors pour préserver l'unité de l'Église, menacée par l'arianisme. Constantin, qui considère tenir son pouvoir de Dieu, s'investit grandement dans les affaires ecclésiastiques[p 80]. Il consacre également, le 8 novembre 324, le site de la future Constantinople[pi 5].
310
+
311
+ En 326, Constantin se rend à Rome pour fêter ses vicennalia (vingt ans de règne). Il fait tuer, à Pola, son fils, Crispus, accusé d'avoir violenté sa belle-mère, l'impératrice, puis, peu après les festivités, son épouse Fausta, accusée d'adultère[pi 6] — ces accusations surviennent alors que l'empereur promulgue des lois moralisatrices (qui lui ordonnent ainsi d'agir aussi sévèrement qu'il l'a fait)[pi 7]. À la suite de ces crimes, sa mère Hélène fait un pèlerinage en Terre sainte, resté célèbre[pi 8]. La plupart des auteurs s'accordent pour dire que le traumatisme de ces événements a renforcé l'influence des chrétiens sur Constantin[p 81].
312
+
313
+ Dans les années 327-329 il s'établit principalement sur la frontière danubienne, et il lutte contre les barbares, Goths notamment. En Gaule, le césar Constantin II se fixe, sur ordre de son père, à Trèves en 328. Il lutte alors contre les Alamans, et le calme revient sur cette frontière[pi 9].
314
+
315
+ Ensuite, à partir de 330, il passe la plus grande partie de son temps dans sa nouvelle capitale, Constantinople, où la cour et l'administration centrale se sont installées[pi 10]. L'année suivante il fait dresser un inventaire des biens des temples païens et confisque les métaux utilisables, pour lutter contre la crise financière (l'empereur dépense beaucoup)[pi 11].
316
+
317
+ De 332 à 334 il lutte sur le Danube. Contre les Goths, le césar Constantin remporte une victoire, qui aboutit à un traité de paix — les Goths obtiennent alors le statut de peuple fédéré[N 13]. Il se porte en 334 sur le Bas Danube[pi 12]. Un projet de partage de l'Empire est conçu en 335 (Constantin se sentant affaibli) : l'État est partagé entre les trois fils de l'empereur, ainsi que Dalmatius et Hannibalianus, ses neveux[pi 13]. La prééminence de l'aîné, Constantin II, n'est pas reconnue[p 82], tous sont césars.
318
+
319
+ Constantin meurt en 337, à la veille d'une reprise du conflit avec les Perses, avec qui les relations ont commencé à se dégrader dès 333 (Constance puis Hannibalianus, ce dernier en tant que « roi des rois », furent envoyés pour gérer la situation et peut-être même faire campagne en Arménie[p 83]).
320
+
321
+ Dans le domaine de l'administration de l'Empire, Constantin Ier a opéré plusieurs réformes, dont la plus importante est la « régionalisation » de la préfecture du prétoire.
322
+
323
+ À la suite de la bataille du pont Milvius en 312, les cohortes prétoriennes sont supprimées[49]. Leur chef, le préfet du prétoire, perd ainsi ses attributions militaires. Ensuite, à partir probablement de 317, Constantin fait assister les césars[N 14] qu'il envoie en mission par un préfet du prétoire, tout en conservant à ses côtés un préfet. L'évolution est donc empirique, et elle se concrétise lors du partage territorial de 335 : chaque césar possède un préfet du prétoire. À la mort de l'empereur, la division du territoire opéré par ses fils fixe définitivement « le caractère régional de cette institution »[p 84].
324
+
325
+ Le rôle de ces préfet du prétoire d'un nouveau genre est d'être des « vice-rois »[pi 14]. Ils représentent l'empereur dans des vastes circonscriptions territoriales, qui regroupent plusieurs diocèses. Leur rôle est civil et judiciaire, ils n'ont aucune prérogative militaire[p 84].
326
+
327
+ L'autre réforme principale du règne de Constantin Ier est le développement de la cour et de l'administration centrale. La cour grossit par l'augmentation du personnel du palais (organisé autour de la « chambre sacrée » — sacrum cubiculum) et par la multiplication des comites[N 15], c'est-à-dire des « compagnons » (francisés souvent en comtes). Ce sont des hommes de confiance chargés de divers missions qui court-circuitent l'administration traditionnelle. À la fin du règne, le titre devient purement honorifique[pi 15]. L'administration centrale est elle aussi agrandie, par Licinius et Constantin[p 84] et organisée militairement[pi 16]. Les agentes in rebus, porteurs de dépêches et espion de l'empereur, apparaissent à cette époque[p 85].
328
+
329
+ Les hauts-fonctionnaires et certains comtes privilégiés participent au conseil privé de l'empereur, appelé consistorium (sacrum), « consistoire (sacré) ». C'est une institution permanente qui remplace le consilium principis du Haut-Empire[50]. Si le terme de « consistoire » n'est attesté qu'à partir de Constance II, la réalité de ce qu'il désigne date de l'époque de Constantin Ier[pi 17].
330
+
331
+ Constantin Ier a passé une bonne partie de son règne en campagne : contre les barbares et contre ses compétiteurs durant les guerres civiles de la Tétrarchie. Comme le souligne Yann Le Bohec, c'est un « empereur à cheval »[51]. Les différentes réformes qu'il a menées sont empiriques, et répondent aux nécessités du moment[49].
332
+
333
+ La première réforme concerne la garde impériale : après la bataille du pont Milvius (312), Constantin dissout les corps qui ont soutenu avec le plus d'ardeur Maxence : la garde prétorienne et les equites singulares[N 16]. Pour les remplacer, il crée les scholes palatines (environ 2 500 cavaliers), recrutées chez les Germains[49].
334
+
335
+ La suppression des cohortes prétoriennes entraîne une réforme du haut-commandement : les préfets du prétoire perdent leurs attributions militaires. Ils sont remplacés par des magistri militum, « maîtres des milices »[N 17]. Des commandements territoriaux sont également formés, avec un maître de la cavalerie (magister equitum) et un maître de l'infanterie (magister peditum), subordonné au premier, en Gaule, Illyrie et Orient[52].
336
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337
+ L'autre grande réforme qu'on a souvent imputée à Constantin est celle de la stratégie globale de défense : il aurait réuni autour de lui une armée de manœuvre puissante, les comitatenses, dérivés des comitatus pré-tétrarchiques et tétrarchiques, et installé aux frontières des « soldats-paysans » de qualité médiocre[p 86]. Les travaux les plus récents ont profondément remis en cause cette façon de voir les choses.
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+ Pour Yann Le Bohec ou Jean-Michel Carrié par exemple, les unités dites comitatenses[N 18] sont des unités des armées frontalières qu'on a voulu honorer d'un titre spécial, et non des unités d'une armée centrale[53],[54]. La qualification de limitanei (« troupes frontalières ») n'est plus péjorative par ailleurs : elle désigne simplement les soldats des frontières[55]. La majorité des soldats de l'armée romaine demeurent cantonnée dans les provinces, mais une armée centrale, qu'on dit « d'intervention » a bien été développée au cours du IVe siècle[55]. Elle est constituée de troupes « palatines » (légions palatines et auxiliaires palatins)[56], et de la garde impériale du Bas-Empire (scholes palatines notamment).
340
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341
+ Un des césars, Julien, responsable de la Gaule, remporte une grande victoire sur les Alamans en 357 (bataille d'Argentoratum), et il se montre bon général et homme d'État[p 87]. Ses soldats le proclament empereur à son corps défendant à Lutèce en février 360, mécontentés par la volonté de Constance II d'affaiblir un césar trop puissant[p 87]. Celui-ci meurt l'année suivante, alors qu'il marche contre l'usurpateur, en désignant Julien comme successeur[p 87]. Julien, cousin du défunt empereur, renonce au christianisme par amour de la pensée grecque[p 87], d'où son surnom « d'apostat ». Il tente de restaurer le paganisme, en abolissant les mesures persécutrices de Constance II et en essayant d'organiser un clergé païen[p 88]. Il meurt après 18 mois de règne, en 363, dans une escarmouche (bataille de Ctesiphon) au cours de la retraite qui suivit une campagne contre les Perses.
342
+ De nos jours, le surnom d'apostat, jugé insultant, est plutôt remplacé par celui de « philosophe ».
343
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344
+ Ses successeurs sont Jovien puis Valentinien Ier en Occident et Valens en Orient. En 364 en effet, Valentinien, devant l'ampleur des menaces extérieures[pi 18], et conscient que les tâches sont trop nombreuses pour un seul empereur[57] prend son frère Valens comme coempereur et lui confie la partie orientale de l'Empire. Les deux frères se divisent « l'armée, les fonctionnaires, les ressources de l'État »[57]. Pour la première fois, au lieu de l'Empire indivisible où il n'y a que des partages d'attributions, on voit apparaître deux États distincts[pi 19]. Les deux parties de l'Empire se referment alors sur elles-mêmes[58].
345
+
346
+ Les deux nouveaux empereurs reviennent à une politique religieuse plus mesurée. Celle de Valentinien est tolérante vis-à-vis des païens[p 89], celle de Valens persécute certaines doctrines chrétiennes hétérodoxes, comme les nicéens[59]. L'empereur d'Orient Valens doit gérer la menace perse, l'usurpation de Procope et les difficultés engendrées par la présence au-delà du Danube des Goths[p 90]. Le règne de Valentinien Ier est marqué par d'importantes opérations militaires : lutte contre les Alamans, reconstruction des fortifications du Rhin et du Danube, reconquête de la Bretagne par Théodose l'Ancien[p 91]. Valentinien meurt brusquement en 375, et le pouvoir passe à son fils Gratien, proclamé auguste dès 367[pi 20]. Valens est défait et tué à la bataille d'Andrinople en 378 par les Goths : c'est la fin du mythe d'invincibilité de Rome.
347
+
348
+ Après la mort de Valens contre les Goths lors de la bataille d'Andrinople en 378, Gratien se choisit un nouveau collègue pour l'Orient, Théodose Ier. Gratien est assassiné en 383[p 92] sur ordre de Maxime, proclamé en Bretagne. Maxime, reconnu auguste par Théodose Ier à la fin 384, étend son autorité sur les Gaules, les Germanies romaines, la Bretagne, et une partie de l'Espagne, et installe son quartier général à Trèves. Valentinien II, le jeune frère de Gratien, reste alors auguste du reste de l'Occident avec à ses côtés le général franc, Arbogast. Maxime est éliminé à Aquilée en 388. Valentinien II meurt, en se suicidant, ou assassiné, en 392[p 93]. Arbogast fait proclamer auguste un professeur de rhétorique, Eugène[N 19],[p 94]. En 392, Théodose publie une loi[60] qui condamne radicalement les sacrifices païens, même domestiques, interdit d'honorer les dieux Lares, de célébrer les Jeux olympiques[pi 21] et il nomme auguste pour l'Occident son fils, Honorius[p 94]. En 394, Théodose bat l'usurpateur à la bataille de la Rivière Froide. Il réunit alors légitimement l'Empire tout entier sous son pouvoir.
349
+
350
+ Le 17 janvier 395, Théodose Ier meurt, après avoir partagé l'Empire entre ses deux jeunes fils : Arcadius l'aîné reçoit l'Orient et Honorius l'Occident. Ce partage est dans la continuité des règnes précédents — notamment celui de Valentinien et Valens — et l'unité de l'Empire demeure, renforcée par Stilicon, qui doit veiller sur eux[p 95]. Le partage se veut donc purement administratif. Les circonstances ont toutefois fait que ce partage a été le dernier.
351
+
352
+ Les deux parties de l'Empire se séparent donc en 395.
353
+
354
+ Honorius né le 9 septembre 384 et mort le 15 août 423 est un des empereurs romains régnant lors des invasions barbares.
355
+
356
+ Fait co-empereur de l'Empire Romain avec son frère aîné Arcadius en 393, Honorius hérite de la partie occidentale de l'Empire en 395.
357
+
358
+ Son règne, durant pourtant 30 ans est marqué par son incompréhension des crises secouant l'Empire ainsi que de son incapacité à y répondre.
359
+
360
+ Dès le début de son règne, le pouvoir est exercé majoritairement par un régent : Stilicon. Celui-ci dirige réellement l'Empire de 395 à 408. Stilicon se rend célèbre pour son ardeur plus importante à combattre d'autres romains que les « barbares » arrivant dans l'Empire.
361
+
362
+ C'est sous le règne d'Honorius, en hiver 406-407, que des groupes de barbares (Suèves, Alains et Vandales) franchissent le Rhin et pénètrent dans l'Empire. En 410, les Wisigoths d'Alaric pillent Rome ce qui est un véritable choc dans l'empire. Honorius négocie alors avec les Wisigoths un foedus : ils obtiennent le statut de fédérés, c'est-à-dire d'alliés de Rome, et des terres en échange d'un service militaire. Ainsi, 418 correspond à la date de création du premier royaume barbare, celui du royaume wisigothique en Aquitaine.
363
+
364
+ Genséric, roi des Vendales, occupe l'Afrique du Nord et obtient le statut de fédéré en 435.
365
+ En 451, à la bataille des champs catalauniques, le général Aetius repousse les Huns d'Attila de Gaule mais les laisse piller l'Italie.Valentinien III l'égorge en 454 par vengeance et jalousie. Des proches d'Aetius le tuent à son tour.
366
+
367
+ En 475, Flavius Oreste, ancien secrétaire d'Attila, chassa l'empereur Julius Nepos de Ravenne et proclama son propre fils, Romulus Augustule, empereur.
368
+
369
+ En 476, Oreste refusa d'accorder aux Hérules d'Odoacre le statut de fédérés, poussant Odoacre à prendre Rome et à envoyer les insignes impériaux à Constantinople, s'établissant comme roi d'Italie. Si le pouvoir romain se maintint dans des poches isolées après 476, la cité de Rome elle-même était gouvernée par des barbares, et le contrôle de Rome sur l'Occident avait pris fin. La convention veut que l'Empire d'Occident ait disparu le 4 septembre 476, lorsque Odoacre déposa Romulus Augustule. Mais dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples.
370
+
371
+ Julius Nepos prétendait toujours au titre d'empereur d'Occident depuis son réduit de Dalmatie, et était reconnu comme tel par l'empereur byzantin Zénon, ainsi que par Syagrius, qui était parvenu à sauvegarder une enclave romaine dans le nord de la Gaule. Odoacre, souverain autoproclamé de l'Italie, commença à négocier avec Zénon, qui finit par lui accorder le titre de patrice, le reconnaissant comme son vice-roi en Italie. Zénon insista cependant pour qu'Odoacre rende hommage à Nepos comme empereur d'Occident. Odoacre accepta, allant jusqu'à frapper des pièces au nom de Nepos dans toute l'Italie. Il ne s'agissait cependant que d'un geste purement politique, et Odoacre ne rendit aucun territoire à Nepos. Ce dernier fut finalement assassiné en 480, et Odoacre conquit peu après la Dalmatie.
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+ Romulus Augustule fut épargné par Odoacre qui, bien qu'ayant assassiné son père, eut pitié de lui et lui donna une pension et une villa en Campanie, villa qui devint un monastère. On trouve trace de lui au milieu des années 500, ce qui laisse à penser qu'il aurait survécu à Julius Népos.
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+ Voici la liste des pays actuels dont le territoire a été soumis à un moment donné, totalement ou en partie, à l'autorité directe ou indirecte de l'Empire romain :
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+ 27 av. J.-C. – 395 / 476 / 1453[B 1]
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+ L'Empire romain (en latin : Imperium romanum ; en italien : Impero romano) est le nom donné par les historiens à la période de la Rome antique s'étendant entre 27 av. J.-C. et 476 apr. J.-C.. Pour la période postérieure, de 476 à 1453 apr. J.-C., qui concerne surtout la partie orientale de l'Empire, avec Constantinople pour capitale, les historiens modernes parlent aujourd'hui d'Empire byzantin. Ce terme n'est toutefois apparu qu'au XVIe siècle, ses habitants de l'époque l'appelant toujours « empire des Romains ». La distinction entre Empire romain et Empire byzantin, ainsi que la date de naissance assignée à ce dernier sont d’ailleurs une question de convention entre chercheurs modernes[2]. En Europe de l'Ouest et centrale, l'Empire d'Occident (800-924) des rois carolingiens, puis le Saint-Empire romain germanique (962-1806), dont les souverains se faisaient encore appeler « Empereur des Romains », se considéraient également comme les successeurs légitimes de l'Empire latin.
16
+
17
+ L'année 27 av. J.-C. correspond à l'octroi par le Sénat à Octave du surnom d'Augustus (« Auguste »), date traditionnellement considérée comme le début du principat.
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19
+ Durant la période de cinq siècles allant de 27 av. J.-C. à 476 apr. J.-C., l'État romain s'est agrandi au point d'englober un territoire allant de la Maurétanie tingitane (Maroc) jusqu'à la Mésopotamie, et de la Britannie (Angleterre) jusqu'à l'Égypte, créant ainsi l'une des plus grandes entités politiques de l'Histoire, qui influença profondément le monde méditerranéen, sur le plan culturel, linguistique et finalement religieux, tout en assurant la conservation de la civilisation grecque antique reçue en héritage. La période impériale fut aussi un temps de développement des échanges économiques, facilité par la construction d'un important réseau routier parfois encore existant.
20
+
21
+ L'Empire fut fondé par Auguste, qui mit fin à la Dernière Guerre civile de la République romaine, au cours de la toute fin de la République romaine. Contrairement à la République, qui était oligarchique, l'Empire fut une autocratie, tout en conservant durant le principat des apparences républicaines : le pouvoir politique était principalement détenu par un seul homme, l'empereur, qui s'appuyait sur une bureaucratie sans cesse plus développée, sur une administration territoriale importante et sur une puissante armée. De sa fondation par Auguste jusqu'à la déposition de son dernier empereur, Romulus Augustule, l'Empire eut une histoire intérieure et extérieure complexe, caractérisée, au départ, par une certaine stabilité politique (période du principat), puis, à partir du IIIe siècle, par une instabilité de plus en plus importante : crise du troisième siècle et dominat. Les coups d'État et les guerres civiles se multiplièrent, et l'Empire avait à affronter un nombre grandissant d'ennemis extérieurs.
22
+
23
+ En effet, à partir de la fin du IIe siècle, l'Empire est confronté à ce que l'historiographie ultérieure a appelé les invasions barbares. Il s'agissait, en réalité, de mouvements de populations de très grande ampleur, réalisés sur de longues durées. Les peuples dits « barbares », en se déplaçant vers l'ouest, finirent par se heurter à la frontière romaine, militairement gardée, et, poussés par d'autres peuples plus à l'est, tentèrent de la percer. Si l'Empire parvint, dans un premier temps, à repousser les envahisseurs, la crise du troisième siècle vit les frontières céder une première fois. En réaction aux périls extérieurs, le pouvoir romain, à partir de la tétrarchie, chercha à se renforcer : les centres de décision politique et militaire furent multipliés, l'administration développée et militarisée, et la taille de l'armée augmentée. Le IVe siècle fut l'époque des guerres civiles entre les successeurs des tétrarques, et il fut dominé par la personnalité de Constantin Ier, qui rénova profondément l'Empire romain, en lui donnant ses caractéristiques définitives.
24
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25
+ À cette époque, le pouvoir était devenu un régime absolu, avec une cour et un protocole de type oriental. La fin de la proscription du christianisme par Constantin, puis son établissement comme religion d'État par Théodose Ier est le fait le plus marquant de la civilisation romaine dans cette période, l'Antiquité tardive. Appuyée sur l'appareil administratif romain, extrêmement développé, l'Église acquit une place prépondérante dans tous les territoires romains avant d'être chassée, par l'expansion de l'islam, d'une partie de ceux-ci.
26
+
27
+ Après la division de l'Empire en deux entités, l'Empire romain d'Orient (pars orientalis) et l'Empire romain d'Occident (pars occidentalis), la partie occidentale est marquée, à partir du Ve siècle, par un délitement continu de l'autorité politique au profit des royaumes germaniques : la puissance militaire s'effondre, l'économie est exsangue et la domination territoriale se réduit, jusqu'à ne plus dépasser l'Italie. L'Empire s'effondre d'une manière progressive, et la déposition, par Odoacre, du dernier empereur Romulus Augustule, est finalement un événement mineur, surtout symbolique.
28
+
29
+ Éteint en Occident en 476, l'Empire romain persista en Orient, autour de sa capitale, Constantinople. À l'Est, il mêla, comme jadis à l'Ouest, des éléments de civilisation grecs et latins, mais la part grecque est devenue prépondérante. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'appellation « byzantin » (qui date du XVIe siècle mais était peu utilisée) se généralise pour l'Empire romain d'Orient, mais en fait, il n'existe pas de fondation ou de début de l'Empire byzantin, qui n'est que la période médiévale et finale de l'Empire romain et prend fin en 1453[2].
30
+
31
+ La période dite du « Haut-Empire[N 2] » couvre plus de deux siècles. Cette période, qui commence avec le principat d'Auguste et qui met fin à la République romaine, s'étend jusqu'à la crise du IIIe siècle, incluant le règne idéalisé de la dynastie des Antonins. C'est une période d'extension et de consolidation de l'Empire, marquée par des périodes de stabilité intérieure et de prospérité économique.
32
+
33
+ Le Sénat confère à Octave le titre « d'Auguste ». Tout en maintenant le fonctionnement des anciennes magistratures et du Sénat, Auguste concentre tous les pouvoirs entre ses mains. Ses successeurs, les empereurs Julio-Claudiens, suivis par les Flaviens et les Antonins mènent l'Empire romain à son apogée. Au IIe siècle, la superficie de l'Empire romain est à son maximum, et compte entre 50 et 80 millions d'habitants. Rome est avec un million d'habitants la plus grande ville du monde méditerranéen.
34
+
35
+ Après avoir vaincu Marc Antoine à la bataille navale d'Actium par l'intermédiaire de Vipsanius Agrippa en septembre 31 av. J.-C.[p 1],[m 1], Octave, fils adoptif et héritier de Jules César, devient seul détenteur du pouvoir et « maître incontesté de tout l'Empire »[p 1]. S'ouvre alors une période nouvelle et décisive dans l'instauration du principat, un régime politique qui apparaît comme un retour aux institutions républicaines[m 2]. Cependant, un rétablissement de la République semble impossible après près d'un siècle de guerres civiles, où les chefs de guerres et hommes politiques prennent, en tant qu'individu, une place prééminente, et admise par tous[m 2]. De plus, Octave est le premier à réussir à trouver le soutien du peuple et de la noblesse, le « consensus universorum »[m 2],[p 2].
36
+
37
+ En 30 av. J.-C., il reçoit le ius auxilii des tribuns, qui fait de lui le « protecteur de la plèbe »[p 1],[m 3]. Le 1er janvier 29 av. J.-C., les magistrats et le Sénat prêtent le serment de respecter les dispositions prises par l'imperator[m 3]. En août, Octave célèbre trois triomphes puis dédicace le temple du divin César et inaugure la Curie Julia[m 3].
38
+
39
+ L'année suivante, avec Agrippa, il révise la liste des sénateurs (lectio senatus) et recense la population (censoria potestas) grâce à des pouvoirs détachés de la magistrature républicaine de censeur[p 1],[m 3]. Il revêt le consulat pour la sixième fois, avec Vipsanius Agrippa, cette magistrature étant de nouveau légalement partagée[p 1], et sera renouvelé dans cette fonction jusqu'en 23 av. J.-C.[m 3].
40
+
41
+ Le 13 janvier 27 av. J.-C., au terme d'un long discours au Sénat, Octave rend au Sénat et au peuple romain ses pouvoirs et l'État, auquel il a rendu sa liberté et la paix[m 3],[p 1]. Les sénateurs refusent et, selon un scénario certainement préparé, ils lui attribuent le pouvoir proconsulaire pour dix ans[m 3],[p 1]. Les terres romaines sont divisées en provinces sénatoriales (pacifiées) et impériales (où se trouvent les forces armées)[m 3],[p 1]. Le 16 janvier, il reçoit le titre sacré « d'Augustus » sur l'initiative du sénateur Munatius Plancus[p 1],[m 4].
42
+
43
+ Par ce règlement constitutionnel, le régime personnel, régime d'exception jusque-là, entre dans sa période organique[p 3],[m 5]. Auguste, reconnu comme princeps, ce qui signifie le « Prince du Sénat », devient le chef officiel de l'État romain[p 3],[m 5]. Il prend le contrôle absolu de l'armée, 28 légions, dont il assure le financement et est protégé en permanence par la garde prétorienne, stationnée dans l'Urbs[p 4],[p 5] (jusqu'alors aucune troupe n'a résidé à Rome).
44
+
45
+ Par définition, le régime comporte un partage d'attribution entre le nouveau pouvoir — le princeps — et les pouvoirs traditionnels — les assemblées législatives, les magistratures et le Sénat.
46
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47
+ Jusqu'en 23 av. J.-C., la situation institutionnelle n'évolue pas, avec le onzième consulat de l'empereur. Cette année-là, une grave crise secoue l'État due à plusieurs causes : une grande épidémie de « peste » ravage l'Italie, une conspiration vise à assassiner Auguste et ce dernier tombe régulièrement malade[p 3],[m 4]. L'empereur dépose le consulat[p 6], qu'il détient depuis 31 av. J.-C. sans interruption, et qu'il n'occupe plus que deux fois en 5 et en 2 av. J.-C. En échange, le Sénat et le peuple de Rome lui octroient la puissance tribunitienne complète et à vie, base civile de son pouvoir, et un imperium proconsularius maius (plus grand que celui des proconsuls des provinces sénatoriales)[p 6],[m 4]. À partir de ce moment, Auguste détient un pouvoir absolu[p 6],[m 4],[m 5].
48
+
49
+ Malgré un aspect civil et démocratique des pouvoirs de l'empereur, détenant légalement la puissance tribunitienne au lieu du consulat annuel, les troubles persistent à chaque absence d'Auguste ou d'Agrippa. Ces pouvoirs militaires et civils sont légitimes, et il refuse le consulat perpétuel ainsi que la censure et la dictature, ce qui permet sous les apparences de maintenir les institutions républicaines[p 6], et met fin aux troubles à son retour à Rome[p 7]. En 19 av. J.-C., il refuse une nouvelle fois la censure, reçoit les insignes consulaires à vie et partage le pouvoir pour cinq ans : Agrippa reçoit l'imperium proconsulaire majeur ainsi que la puissance tribunitienne[p 7].
50
+
51
+ La mort en 12 av. J.-C. de Lépide, pontifex maximus depuis le second triumvirat, permet à Auguste de se faire élire à la plus haute charge religieuse[p 7],[m 6]. En 2 av. J.-C., il reçoit le titre de « Père de la patrie », qui place sous sa protection l'ensemble du peuple romain[p 8].
52
+
53
+ Ainsi est fondé le principat, reposant sur trois bases : militaire — par l'imperium proconsulaire majeur —, civile — par la puissance tribunitienne —, et religieuse — par le grand-pontificat.
54
+
55
+ Auguste affermit la puissance romaine autour du bassin méditerranéen, cherchant à la fois à organiser et optimiser les frontières de l'Empire[m 7],[p 9].
56
+
57
+ À la suite de l'ajout de l'Égypte en 30 av. J.-C.[m 7],[p 10], il annexe une partie des vassaux, clients et alliés de l'Empire, notamment en Syrie et en Anatolie[m 7],[p 11], puis termine la conquête de l'Hispanie[m 8],[p 12] après avoir pacifié la Gaule[m 8],[p 13]. Ensuite, c'est la Norique et la Rhétie qui deviennent romaines, grâce aux campagnes de Tibère et de son frère Drusus[m 8],[p 13]. La Dalmatie et la Pannonie se révoltent à l'orée d'une campagne contre les Marcomans menée par Tibère, qui se retourne contre les révoltés, qu'il bat difficilement, ayant eu besoin de dégarnir le Rhin pour en venir à bout[p 14],[m 9]. Les Marcomans n'ont pas rejoint la révolte et négocient alors de devenir « ami des Romains »[p 14],[m 9].
58
+
59
+ En Orient, contrairement à Jules César, il cherche à assurer la paix, pensant qu'une campagne militaire serait trop incertaine[m 7]. Il négocie avec le roi Phraatès IV, l'Arménie revient sous la coupe romaine, Auguste récupère les enseignes prises aux légions de Crassus trente ans plus tôt, ainsi que les prisonniers encore en vie[m 7],[p 11]. Ce succès diplomatique a, pour les Romains, la même importance qu'une victoire militaire, mettant l'Empire parthe au même titre qu'un vassal de Rome[m 7].
60
+
61
+ Il s'attaque à reculer la frontière à l'Elbe et non au Rhin, et c'est Drusus qui lance l'offensive et conquiert les terres germaines[m 10],[p 15], puis Tibère lui succède à sa mort[m 9],[p 14]. Mais le désastre arrive en 9, lorsque Varus se rend en Germanie pour organiser la nouvelle province, et se fait écraser avec trois légions, provoquant la perte de toutes les terres germaines alors conquises[m 9],[p 16]. Ce sera le seul échec d'Auguste[m 9],[p 16].
62
+
63
+ À sa mort, tout le bassin méditerranéen est sous domination romaine, tous les territoires intérieurs difficiles sont pacifiés[p 16] et l'« Empire est plus cohérent, plus fort, plus équilibré et mieux organisé qu'il ne l'était auparavant »[m 9].
64
+
65
+ La paix, tant intérieure qu'extérieure, permet à Auguste de renouveler les structures administratives sans heurter l'opinion[m 5],[p 17]. Il se base sur la hiérarchie existante sous la République et l'adapte au nouveau régime[m 5],[p 17]. L'ordre sénatorial est remanié, l'empereur prenant le contrôle de l'album sénatorial et fixe un cens spécifique pour être sénateur, diminuant aussi fortement le nombre de membres du Sénat[m 11],[p 17].
66
+
67
+ Les chevaliers romains peuvent dorénavant prétendre à se charger des biens de l'État ou de l'empereur[m 11],[p 18]. Une carrière équestre est créée et ils deviennent les meilleurs auxiliaires de l'empereur, en devenant gouverneurs des provinces en son nom ou en occupant les préfectures à Rome[m 12],[p 18].
68
+
69
+ Après avoir permis à nombre de membres des élites provinciales de devenir citoyens et en élargissant la citoyenneté à des zones entières, Auguste rend plus rigoureux son accès et limite les affranchissements[m 12]. En outre, l'empereur veut se présenter comme le restaurateur des mœurs, il réforme la justice et promulgue des lois pour limiter la dépopulation des couches élevées de la société mutilées par les guerres civiles[m 12]. Son règne voit le retour de la paix et de l'ordre politique[m 12].
70
+
71
+ Auguste s'intéresse particulièrement aux problèmes religieux, cherchant avant tout des solutions dans la tradition mais n'hésitant pas non plus à faire quelques innovations très importantes pour l'empire romain[m 13],[p 19].
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73
+ Les guerres civiles sont des guerres impies, et chaque Romain qui y a participé y est souillé, signe que les dieux ont abandonné Rome[m 14]. La paix étant revenu sous le long règne d'Auguste, la concorde entre les dieux et les hommes peut avoir lieu[m 6]
74
+
75
+ Bien qu'Auguste ne soit pontifex maximus qu'à partir de 12 av. J.-C., il est membre du collège des pontifes depuis 45 av. J.-C., année à laquelle Jules César l'y a introduit[m 6],[p 20]. Il est ensuite augure pendant deux ans et occupe d'autres postes religieux, avant d'intégrer plusieurs collèges religieux en tant que Augustus[m 6],[p 20]. Lui-même, en divinisant son père adoptif Jules César, se place au-dessus des hommes[m 6],[p 20].
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77
+ Les sacerdoces sont rétablis puis réorganisés[m 6],[p 19], notamment la charge de Flamine de Jupiter tombée en désuétude depuis le début du siècle, il réforme plusieurs collèges religieux, renouvelant avec les anciennes traditions en y intégrant plus de patriciens que de plébéiens, notamment la confrérie des Frères Arvales, qui devient prédominante[m 6],[p 19]. De nombreux anciens rites sont rétablis, et des monuments religieux sont rénovés ou construit (82 temples[p 19],[m 15]). Il entame l'édification d'un important Forum[m 15], dominé par le temple de Mars vengeur[m 15], du Temple d’Apollon Palatin[m 15], et de l'Autel de la paix d'Auguste[m 16],[p 19].
78
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79
+ Cette rénovation de la religion romaine traditionnelle à laquelle s'ajoute la puissance de l'empereur, se plaçant sous la protection de Mars et d'Apollon, devenant un élément essentiel dans la religion, permet aux Romains de penser que l'entente entre les dieux et les hommes est de retour, et que cette harmonie renaissante est annonciateur d'un nouvel âge d'or[m 17],[p 20].
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+ Auguste se doit d'assurer la stabilité du régime après sa mort. L'empereur est souvent malade, et dès le début de son règne, il doit se préoccuper de nommer un successeur, qui se doit d'être un membre de la famille impériale[m 18].
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+ Dès 29 av. J.-C., son premier choix est Marcellus, son neveu, qui épouse alors Julia, fille d'Auguste, mais il décède en 23 av. J.-C.[m 19],[p 6] et l'empereur se tourne vers Agrippa, son plus fidèle et ancien allié[m 19],[p 6]. Agrippa est plus un dépositaire du trône en cas de disparition de l'empereur qu'un successeur. Lorsque le princeps tombe gravement malade en 23 av. J.-C., celui-ci lui octroie la bague qui lui sert de sceau authentifiant les actes officiels[m 19],[p 7]. Ensuite, Agrippa reçoit un imperium supérieur à tout autre sur toute la partie orientale de l'Empire puis épouse Julia[m 19],[p 7].
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+ Les véritables successeurs auxquels pense Auguste sont les enfants de cette union, ses petits-fils Caius et Lucius, qui naissent respectivement en 20 et 17 av. J.-C., et qui sont adoptés par l'empereur[m 19],[p 7]. Agrippa joue le rôle de collègue de l'empereur ayant autant de pouvoirs mais il décède en 12 av. J.-C., et c'est Tibère qui reprend le rôle de protecteur, se mariant à son tour avec Julia[m 19],[p 8]. Tibère et son frère Drusus reçoivent l'imperium proconsulaire, mais Drusus meurt en 9 av. J.-C. Tibère reçoit ensuite la puissance tribunitienne et son imperium est renouvelé, à l'instar d'Agrippa quelques années plus tôt, mais il se retire soudainement de la vie politique[m 20],[p 8]. Caius et Lucius, les héritiers, atteignent l'âge adulte, et l'empereur les favorise, mais ils décèdent tour à tour[m 20],[p 8].
86
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+ Tibère revient d'exil après sept années et est adopté par Auguste[m 20],[p 8]. De nouveau détenteur des deux pouvoirs majeurs, Tibère devient le collègue d'Auguste, et ses nombreuses campagnes militaires victorieuses le légitiment[m 20],[p 21]. À la mort d'Auguste, Tibère détient toujours l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne, ce qui fait de lui l'unique détenteur du pouvoir suprême[m 20].
88
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89
+ Les évènements autour de la succession d'Auguste sont très importants pour toute la suite du Haut Empire romain, déterminant les principes de succession pour toute la durée du principat[m 20]. Le successeur doit être membre de la famille de l'empereur, et si ce dernier a un fils (naturel ou adopté), c'est celui-ci qui est le successeur légitime, aux yeux de tous[m 20]. De plus, Auguste associe les deux pouvoirs majeurs, l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne à la désignation d'un successeur[m 20]. Enfin, la place tenue par sa fille, qui épouse trois de ses successeurs possibles, préfigure l'importance des femmes dans la famille impériale[m 20]. La succession impériale se fonde dès lors sur des principes héréditaires[m 20].
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+ Tibère devient empereur en 14, succédant officiellement à Auguste car il est depuis 12 associé au gouvernement de l'Empire romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance tribunitienne[m 21],[p 22]. Cependant, il tarde à accepter de devenir empereur, par orgueil — Tibère aurait mal vécu d'être le dernier successeur d'Auguste et souhaite voir les sénateurs le supplier — ou humilité, hésite sur la marche à suivre surprenant le peuple et le Sénat, puis accepte finalement les pleins pouvoirs[m 22],[p 22].
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+ Âgé de 56 ans, il a une grande expérience de l'administration civile et militaire[m 23] et met en place d'importantes réformes dans les domaines économiques et politiques[p 23]. Il fait preuve d'un strict respect de la tradition augustéenne, essayant de respecter toutes les instructions de son père adoptif[p 24]. Son but est de préserver l'Empire, d'assurer la paix interne et externe tout en consolidant le nouvel ordre politique. Il met un terme à la politique d'expansion militaire, se limitant à sécuriser les frontières[p 25].
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+ Au début de son règne, il fait preuve d'un grand respect envers le Sénat qu'il consulte fréquemment[m 23],[p 26]. Sous son règne, l'Empire prospère et accumule des fonds qui contribuent alors à assainir les finances[p 27].
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+ Tibère, sur ordre d'Auguste, avait adopté son neveu Germanicus, jeune et populaire, contrairement à l'empereur[m 23],[p 28]. Sa mort, suspecte, prive l'Empire d'un appui solide et Tibère d'un successeur possible[m 23],[p 29].
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+ Son principat est entaché par une impopularité croissante[m 23],[p 29], due à la préfecture de Séjan — pendant laquelle les procès[m 23],[p 29] et les meurtres se multiplient, dont celui de Drusus[p 29], fils et successeur de Tibère —, à son caractère — il se renferme sur lui-même et ignore son impopularité croissante — et à son éloignement de Rome à la suite de la perte de son fils — à Capri où les rumeurs lui prêtent toute sorte de débauches[m 24],[p 29]. Séjan élimine un à un tous ses rivaux potentiels à l'Empire, instaure dans Rome un climat de terreur, diminue les pouvoirs du Sénat mais le préfet du prétoire tombe à son tour, accusé par l'empereur de trahison[m 24],[p 27].
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+
101
+ L'empereur ne retourne cependant plus dans la capitale où il est haï jusqu'à sa mort en 37, bien qu'il continue de mener l'Empire d'une main ferme et responsable[p 27]. Sans désigner de successeur, l'empereur défunt favorise la montée de Caligula, fils de Germanicus, et de Tiberius Gemellus, son petit-fils[m 24],[p 27].
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103
+ Caligula est le seul à se présenter pour prendre le pouvoir à l'annonce de la mort de Tibère[m 24],[p 30]. Pendant six mois, les Romains peuvent se féliciter d'un empereur juste, utile et libéral, qui leur fait oublier la sinistre fin du règne de Tibère[m 25],[p 30]. Il adopte tout d'abord Tiberius Gemellus, avant de le faire assassiner pour trahison[m 25].
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105
+ Cependant, une grave maladie fait changer dramatiquement Caligula, dont les troubles mentaux ressurgissent, qui devient un tyran[p 31]. Les conspirations se multiplient, l'empereur vide les caisses de l'État par ses nombreuses extravagances et fait preuve d'une extrême cruauté, gouvernant en monarque oriental[m 25],[p 32]. Une énième conspiration a raison de lui en 41[m 25],[p 33].
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107
+ Le règne de Tibère, qui laisse un mauvais souvenir aux Romains, suivi par l'autorité tyrannique de Caligula, ainsi que la disparition du dernier représentant direct des Iulii, aurait pu mettre à mal le nouveau régime. Mais le principat est ancré dans les esprits, surtout après le long et heureux règne d'Auguste. À sa mort, il n'y a déjà plus personne qui a vécu sous une République stable et prospère. Ainsi, le nouvel empereur se doit d'être un membre de la famille impériale, celle qui a été choisie et protégée par les dieux[m 25],[p 33].
108
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109
+ Ainsi, c'est Claude, jugé inapte par Tibère quelques années plus tôt, qui lui succède, choisi par la garde prétorienne, alors qu'il se terrait par crainte d'être lui aussi assassiné. Frère de Germanicus, il a toujours été épargné et laissé de côté, jugeant son physique ingrat, ses capacités à gouverner limitées, et n'ayant jamais occupé aucune charge importante, hormis un consulat. Le Sénat s'empresse de valider le choix des prétoriens[m 25],[p 33].
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111
+ Malgré son manque d'expérience politique, Claude se montre un administrateur capable et un grand bâtisseur public. Son règne voit l'Empire s'agrandir : cinq provinces s'ajoutent à l'Empire dont la Bretagne, ainsi que, en 43, la Lycie, les deux Maurétanies et la Thrace. Il étend la citoyenneté romaine à beaucoup de provinces, dont la Gaule où il est né[m 26],[p 34].
112
+
113
+ Mais c'est un empereur faible, et il meurt empoisonné à l'instigation d'Agrippine en 54, après avoir, sur les conseils de celle-ci, adopté son fils Néron, qui lui succède en lieu et place de Britannicus, le fils de Claude, qui meurt peu de temps après lui, dans des conditions troublantes[m 27],[p 35].
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+ Néron accède au pouvoir grâce à sa mère qui a fait pression sur Claude pour faire de Néron son successeur et non Britannicus (qui est le fils biologique de Claude).
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+ Les premières années du règne de Néron, très jeune empereur de 17 ans, sont connues comme des exemples de bonne administration. Le préfet du prétoire Burrus et Sénèque lui font appliquer une politique modérée et populaire. Après la mort de Britannicus en 55, Néron écarte sa mère, trop entreprenante, des affaires avant de la faire assassiner en 59. Durant les huit premières années de son règne, l'empereur mène une politique commune avec le Sénat, laissant à l'assemblée d'importants pouvoirs. Mais ses deux mentors disparaissent : Burrus meurt en 62 et Sénèque se retire[m 27],[p 36].
118
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119
+ Néron fonde alors sa nouvelle politique sur l'exploit artistique, prenant part à des spectacles, chantant et jouant la comédie et de la lyre. Les premiers procès politiques de son règne commencent pour lèse-majesté dès 62. De nombreux scandales éclatent, ainsi que le grand incendie de Rome, qui détruit la plus grande partie de la ville pendant près d'une semaine. Mal entouré, il prend de mauvaises décisions, se voit accusé par une partie de la population de l'incendie, et se met à craindre son entourage et les exploits de certains généraux. Sa popularité, excellente jusque là, tombe en flèche, des conspirations naissent et échouent, telle la conjuration de Pison, et les exécutions se multiplient, Néron poussant même Sénèque au suicide[m 27],[p 37].
120
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121
+ Néron ordonne un dernier suicide, celui d'un excellent général, Corbulo, ce qui provoque la rébellion de plusieurs militaires, dont Galba soutenu par Othon. Néron se trouve rapidement sans défense et Galba est proclamé empereur, le Sénat démet Néron de ses fonctions et le déclare « ennemi public ». Ce dernier s'enfuit et se suicide[m 28],[p 38].
122
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123
+ Néron meurt jeune, à peine trente ans, et sans descendance. Aucun membre de la lignée des Julio-Claudiens n'est apte à prendre le pouvoir, et son règne, désastreux, ternit définitivement l'image de sa famille, qui n'est plus bénie et protégée par les Dieux. C'est la fin des Julio-Claudiens, et pour la première fois, un problème de succession se pose : « il faut recréer une légitimité »[m 28].
124
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+ À la mort de Néron, l'Empire connaît une première crise. Des généraux, Galba, Othon et Vitellius sont tour à tour nommés empereurs par leurs troupes puis assassinés en 69.
126
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+ Pendant près de deux ans, la guerre civile affecte tout l'Empire qui vit dans l'incertitude en attendant la prise de pouvoir du plus fort. Durant cette crise, le Sénat, qui a vu son pouvoir décliner sous les derniers Julio-Claudiens, se trouve impuissant. C'est la garde prétorienne et les armées provinciales qui font et défont les empereurs[m 28].
128
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+ Lorsque Vespasien est proclamé empereur, et qu'il met fin au court règne sanglant de Vitellius, la population et le Sénat, las d'une nouvelle guerre civile meurtrière, accepte que ce soit la victoire militaire qui décide de celui qui deviendra empereur entre deux dynasties. C'est considéré comme le signe de capacités militaires et stratégiques importantes et de la protection des Dieux[m 29].
130
+
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+ C'est finalement le chef de l'armée d'Orient, Vespasien, un Italien, qui devient empereur. Par une loi, il reçoit tous les pouvoirs qu'ont détenus les Julio-Claudiens. Cependant, contrairement à ces derniers, il n'est pas patricien et descend d'une famille de simples notables italiens. Il fonde immédiatement une dynastie, mettant ses deux fils en avant : Titus, qui met fin à la révolte juive que son père combattait avant la guerre civile, et Domitien, présent à Rome lors du règne de Vitellius et qui est salué « César » avant l'arrivée de son père. Ils sont tous deux considérés comme étant protégés des Dieux à l'instar de Vespasien, et la nouvelle famille régnante se légitime, donnant ainsi naissance à la dynastie des Flaviens[m 29],[p 39].
132
+
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+ Il rétablit l'ordre et la paix à Rome ainsi que dans les provinces révoltées. Pour asseoir son pouvoir, l'empereur va s'inspirer du modèle augustéen en reprenant les grands thèmes de son règne ainsi qu'en monopolisant les magistratures supérieures. Cependant, le Sénat reste sceptique concernant ses origines, bien qu'appréciant ses décisions politiques. De plus, la famille impériale règne en maître absolu, bien que faisant preuve de bonne volonté et gouvernant avec sagesse. Une opposition se forme et Vespasien réorganise le Sénat à l'avantage des élites italienne, narbonnaise et hispanique, d'où proviendront d'ailleurs les Antonins[p 40].
134
+
135
+ À l'échelle de l'Empire, il mène une politique entre continuité et innovation. Tout comme ses prédécesseurs, il multiplie les dépenses publiques, notamment le Colisée qu'il entreprend, la reconstruction du Capitole et la création d'un nouveau forum à Rome. Il n'oublie pas les provinces où il prend de très nombreuses décisions. Il ne lésine pas sur l'entretien des frontières et fait bâtir de nouvelles voies romaines[p 41].
136
+
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+ D'autre part, il recourt �� de véritables innovations dans le domaine financier. Les biens de la dynastie julio-claudienne sont versés dans le domaine public, l'empereur ordonne de nombreux cens et cadastre pour lutter contre les fraudes et pour que chacun paie son dû. Le trésor, vidé par le règne de Néron et lors de la guerre civile, accumule à nouveau des fonds[p 42].
138
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139
+ Titus succède à son père sans heurt, tel que c'est prévu, lui qui a joué un grand rôle au côté de Vespasien. Jeune général compétent, il est mis en avant par son père, faisant quasiment office de coempereur, occupant le poste de préfet du prétoire pendant huit années et multipliant les consulats[m 30],[p 43].
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+
141
+ Devenu empereur, de nombreux vices rappelant ceux de Néron, apparus lors de sa préfecture, s’effacent devant « les plus rares vertus ». Ce changement radical dans son comportement est suivi par une série de catastrophes qui vont, en deux ans, mettre en relief le caractère exemplaire de l’empereur. Lors de sa mort prématurée, il est salué comme l'un des meilleurs empereurs que Rome ait connu, bon et respectueux. Pour beaucoup, s'il avait vécu plus longtemps, son règne aurait tourné au « néronisme »[p 43].
142
+
143
+ Le deuxième fils de Vespasien devient alors à son tour empereur, alors que la succession de Titus n'est pas préparée. Il est reconnu sans problème par les prétoriens le soir même du décès de l'empereur, puis le Sénat, qui ne remettent pas en cause le caractère familial de la fonction impériale. Domitien n'a pas été réellement écarté du pouvoir par son père et son frère pendant leurs règnes, mais il n'a pas un rôle majeur, bien qu'il soit membre de tous les collèges religieux et plusieurs fois consul[m 30],[p 44].
144
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145
+ Contrairement à ses deux prédécesseurs, il ne cache pas ses prétentions au despotisme. Au début du règne Domitien se montre libéral et juste. Il est loué pour son sens de la justice, de la religion, et suit de près la politique amorcée par Vespasien, faisant preuve d'une bonne administration de l'Empire[p 45].
146
+
147
+ La conquête de la Bretagne par Agricola se poursuit avec brio et Domitien lance une offensive surprise contre le peuple germain du Rhin le plus puissant à l'époque, les Chattes, qu'il vainc. La présence romaine en Bretagne et en Germanie est sérieusement renforcée. Il abandonne la politique augustéenne des états-clients et préfère l'annexion pure et simple[p 46].
148
+
149
+ Mais très vite la situation se dégrade sur le Danube. Les Daces viennent de s'unir et Domitien intervient en personne avec la garde prétorienne pour les chasser. Finalement, après des revers de généraux romains, Domitien préfère traiter et fait la paix avec le roi dace, Décébale, qui devient un roi client et perçoit des subsides[p 47].
150
+
151
+ Cependant le naturel inquiet de Domitien, sa tendance à voir des complots partout, sa violence et son autoritarisme assombrissent la fin de son règne. Il connaît une opposition inexpiable dès le début de son règne, et se met à dos les sénateurs, pourtant nommés en majorité par son père. Cela le rend impitoyable, lui qui a toujours été écarté du pouvoir réel, ne supporte pas l'opposition, et les procès et les exécutions sommaires se multiplient, à l'instar de la fin de règne de Néron. Il est assassiné en 96 par une conspiration de palais[p 48].
152
+
153
+ Après la pacification des provinces conquises, les citoyens romains et les soldats ayant fini leur service (véterans) s'installent dans les villes subjuguées et, bénéficiant de plusieurs privilèges en tant que citoyens romains, développent l'agriculture et le commerce. Ainsi commença l'essor économique et culturel dans les provinces occidentales de l'empire[3]
154
+
155
+ Nerva donne naissance à la dynastie des Antonins. Cinq empereurs remarquables sur six choisissent, de leur vivant leur successeur car ils n'ont pas de fils, toutefois le choix se porte toujours sur de proches parents. Les règnes de Trajan et de son successeur Hadrien correspondent à l'apogée de l'Empire romain.
156
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157
+ En septembre 96, c’est un sénateur qui monte sur le trône : Nerva, 65 ans, le princeps senatus, qui a une carrière exemplaire et paraît l'antithèse de Domitien[m 31]. En dépit de ses réalisations politiques, son règne révèle de nombreuses faiblesses, typiques d’un règne de transition[4],[p 49]. La question de la succession demeure alors ouverte mais une guerre civile marquant la fin de la dynastie des Flaviens est évitée, contrairement à la fin de la dynastie Julio-claudienne. Nerva, dont le pouvoir est fragilisé par les prétoriens et qui manque de renom militaire, adopte alors solennellement Trajan le 28 octobre 97[m 31].
158
+
159
+ Trajan est le premier empereur romain issu d'une famille établie dans une province, mais celle-ci est en fait originaire d'Italie et s'est installée en Bétique en tant que colons. Il est resté dans l’historiographie comme le « meilleur des empereurs romains » (optimus princeps). Après le règne de Domitien, dont les dernières années sont marquées par les persécutions et les exécutions de sénateurs romains, et la fin de la dynastie des Flaviens, le court règne de Nerva et surtout celui de Trajan marquent le fondement de la dynastie dite des « Antonins ».
160
+
161
+ On considère généralement que c’est sous son règne que l’Empire romain connaît sa plus grande extension avec les conquêtes éphémères de l’Arménie et de la Mésopotamie et celle plus pérenne de la Dacie ainsi qu'avec l'annexion du royaume nabatéen de Pétra qui donne naissance à la province d'Arabie Pétrée. Sa conquête de la Dacie enrichit considérablement l'Empire, la nouvelle province possédant plusieurs mines de métal de grande valeur. Par contre, sa conquête des territoires parthes reste inachevée et en péril à la suite d'une grande révolte judéo-parthe, et il laisse à sa mort une situation économique peu florissante ainsi que la partie orientale de l’Empire exsangue.
162
+
163
+ En parallèle de cette politique expansionniste, Trajan mène de grands travaux de construction et engage une politique de mesures sociales d'une ampleur inédite. Il est surtout connu pour son vaste programme de construction publique qui a remodelé la ville de Rome et laissé plusieurs monuments durables tels que les thermes, le forum et les marchés de Trajan ainsi que la colonne Trajane. Il renforce aussi le rôle prépondérant de l’Italie dans l’Empire et la romanisation des provinces.
164
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165
+ L'empereur Hadrien s'attache à mener une politique plus défensive. Sous son règne, dans plusieurs régions frontières, en Afrique et en Bretagne notamment, des fortifications importantes se développent, souvent appelées limes. Par ailleurs Hadrien s'attèle à améliorer le fonctionnement de l'Empire.
166
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167
+ Dans la continuité d'un effort commencé par d'autres empereurs, il s'attache à favoriser l'intégration des provinciaux, notamment par la création de colonies honoraires : alors que le terme colonie désignait le plus souvent l'installation de colons romains, il est désormais un titre honorifique concédé à une cité et qui donne la citoyenneté romaine à tous ses habitants.
168
+
169
+ Le règne d'Antonin le Pieux n'est pas marqué de conquêtes, mais plutôt par une volonté de consolidation de l'état actuel. C'est traditionnellement durant son règne qu'on considère que l'Empire romain est à son apogée, du fait de l'absence de guerre et de révolte majeure en province.
170
+
171
+ C'est pourtant cette politique défensive et attentiste qui annonce les difficultés financières et militaires de l'Empire romain.
172
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173
+ Les conquêtes récentes par la dynastie des Julio-Claudiens affaiblissent et éparpillent les légions romaines autour du bassin méditerranéen. Le IIe siècle est donc plus un siècle de consolidation que d'expansion. La dernière grande phase d'expansion se déroule entre 101 et 117, pendant le règne de Trajan, avec l'ajout de la Dacie et celle très éphémère de Mésopotamie à l'Empire[réf. nécessaire].
174
+
175
+ Marc Aurèle et Lucius Verus succèdent à Antonin. Le second meurt au bout de 8 ans de règne, sans grand acte. Le premier est connu pour être un empereur-philosophe stoïcien.
176
+
177
+ Sur le plan intérieur, il accomplit une œuvre législative importante.
178
+
179
+ Il passe 15 ans sur le front du Danube à lutter contre les Barbares. L'Empire entre en effet dans une période bien moins propice : ses voisins aux frontières semblent plus puissants, l'Empire doit faire face à des difficultés agraires, des famines, à l'épidémie de la peste antonine.
180
+
181
+ Marc Aurèle choisit son fils, Commode comme successeur. L'assassinat de celui-ci, qui s'est comporté en tyran durant une grande partie de son règne, met fin à la dynastie des Antonins.
182
+
183
+ Son assassinat en décembre 192 ouvre une crise politique comme à la fin de la dynastie des Julio-Claudiens. La garde prétorienne assassine le nouvel empereur Pertinax et porte au pouvoir Didius Julianus.
184
+
185
+ C'est finalement le général de l'armée du Danube, l'Africain Septime Sévère qui prend le pouvoir. Il comble de bienfaits l'armée dont il augmente les effectifs et renforce le pouvoir impérial. Les prétoriens qui ont fait et défait tant d'empereurs sont recrutées parmi les légions du Danube fidèles à Septime Sévère. Il sauve un temps l'Empire de l'anarchie et entame d'importantes réformes politiques, militaires, économiques et sociales. Le brassage culturel qu'apporte l'Empire s'accroît, les religions venues d'Orient deviennent plus populaires dans l'Empire, en particulier le culte de Mithra parmi les militaires. Cet aspect a parfois été exagéré par les historiens qui ont décrit les Sévères comme une dynastie orientale, jugement considérablement relativisé aujourd'hui.
186
+
187
+ Il nomme ses deux fils Auguste mais à sa mort, Caracalla s'empresse de tuer son jeune frère Geta. Il est connu pour avoir publié en 212, le célèbre édit qui porte son nom donnant à tous les hommes libres de l'Empire la citoyenneté romaine. Il meurt assassiné sur le front parthe sur ordre du préfet du prétoire Macrin qui ne réussit à prendre sa place que peu de temps. Il nomme son propre fils Diaduménien César puis Auguste en 218, mais sont tous deux assassinés.
188
+
189
+ Le cousin de Caracalla, Élagabal devient ensuite empereur mais tout occupé au culte du dieu du même nom il laisse le gouvernement à sa grand-mère, Julia Maesa.
190
+
191
+ Il est tué par les prétoriens et son cousin Sévère Alexandre lui succède pour un règne de 13 ans. Après son assassinat, l'Empire sombre dans une période bien plus troublée, traditionnellement qualifiée d'« anarchie militaire », terme cependant impropre car si le pouvoir impérial est parfois divisé, il n'est jamais absent.
192
+
193
+ Les historiens s'interrogent encore sur les raisons de la crise profonde que traverse l'Empire romain au IIIe siècle. Certaines causes extérieures à l'Empire peuvent l'expliquer. En Orient, l'Empire parthe déliquescent laisse la place à l'Empire Sassanide dans le second quart du IIIe siècle. Cet empire puissant, bien structuré et agressif fait peser une pression constante sur les provinces d'Asie. Au nord-est de l'Europe, les Germains orientaux qui vivent dans les régions de la mer Baltique entament une lente migration vers le Sud et le Sud-Est européen. Ce faisant, ils chassent les autres tribus qui se trouvent sur les territoires qu'ils traversent. Celles-ci cherchent à trouver refuge dans l'Empire romain en espérant y trouver de nouvelles terres et un riche butin[5]. Leurs incursions mettent en évidence la faiblesse de la stratégie défensive romaine. En effet, les légions sont massées aux frontières et une fois qu'elles sont franchies, les barbares peuvent ravager les provinces sans pratiquement aucune entrave. Le dispositif militaire romain, et l'organisation du pouvoir impérial sont aussi très peu adaptés à une guerre simultanée sur deux fronts, en Orient et sur l'ensemble Rhin-Danube.
194
+
195
+ Les difficultés internes sont dues à l'éloignement de plus en plus grand des militaires prêts à imposer de lourds sacrifices aux civils pour protéger l'Empire des menaces d'invasions et de la classe possédante qui accepte difficilement l'accroissement de ses charges fiscales. Sur le plan politique, cela se traduit par la montée de l'ordre équestre, titulaire des grandes préfectures et de plus en plus présente dans les provinces comme gouverneur à la place de la classe sénatoriale[6]. De plus à partir de 250, l'Empire romain est touché par des épidémies qui entraînent, au moins régionalement, une dépopulation et une crise économique dont souffrent principalement l'Occident déjà ravagé par les incursions germaniques.
196
+
197
+ L'état le plus récent de la recherche relativise cependant le caractère général et continu de la crise. Le IIIe siècle est désormais plutôt décrit comme marqués par quelques grandes crises mieux définies du point de vue chronologiques : crise politique en 238, deux graves crises dans les années 250 et 260, la période la plus dure pour le pouvoir impérial. Mais l'accent est désormais aussi mis sur la diversité des situations régionales, le maintien d'une prospérité en Afrique, sur l'existence de périodes de redressement ou sur les capacités de relèvement et de résistance, induisant plus une période de mutation qu'une crise et un déclin continus.
198
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+ La période comprise entre 235 et 268 est assez mal connue. Seize empereurs se sont succédé, faits et défaits par le sort des armes. Les empereurs sont créés par un nouveau groupe, l'État-major de l'armée. Il choisit le nouvel empereur, qui est ensuite avalisé par le Sénat. Le rang impérial est devenu, aux yeux des militaires, le grade le plus élevé dans la hiérarchie des officiers. Ainsi Maximin Ier le Thrace est le premier militaire de carrière à devenir empereur par la volonté seule de ses soldats. Il déploie une grande énergie pour sécuriser la frontière face aux Daces et aux Sarmates. Il exige de la classe sénatoriale et des provinces de lourds impôts pour faire face aux dépenses militaires. Cette pression fiscale provoque la révolte des grands propriétaires de la province d'Afrique qui portent officieusement à la tête de l'Empire Gordien Ier, lequel associe au pouvoir son fils Gordien II en 238. Rapidement, ceux-ci obtiennent le ralliement de nombreux gouverneurs et de nobles, à l'instar de Timésithée, mais surtout du Sénat. Ils sont battus par le gouverneur, resté loyal à Maximin, de la province voisine de Maurétanie.
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+ Maximin, ayant eu vent de l'appui accordé par le Sénat aux deux Gordiens, est tué devant Aquilée par les troupes de Pupien, choisi avec Balbin comme nouvel Auguste. En portant deux empereurs à la tête de l'État, les sénateurs cherchent à recréer les conditions de la République, où le rôle du Sénat était plus important et sur laquelle régnait deux Consuls aux pouvoirs égaux. En mai-juin 238, Gordien III, le petit-fils de Gordien Ier devient empereur[7]. Alors que l'Empire subit sur ses frontières septentrionales des pressions barbares, l'empereur sassanide du moment attaque entre 238 et 242 et à plusieurs reprises des villes et des camps romains basées en Mésopotamie, en Syrie et en Arménie. En 243, Gordien III, accompagné de son beau-père préfet du prétoire et véritable décisionnaire des affaires de l'empire Timésithée, attaque l'Empire sassanide de Shapur Ier. Il périt des suites de ses blessures après la défaite de l'armée romaine marchant sur Ctesiphon. Timésithée étant lui aussi décédé (de maladie), il est remplacé par Philippe l'Arabe qui remplace ensuite Gordien à la tête de l'empire. Contrairement aux dire de certains historiens, la thèse de l'assassinat de Gordien par Philippe (celui-ci ayant remplacé le préfet du prétoire puis l'empereur, tous deux décédés à peu de temps d'intervalle) est aujourd'hui le plus souvent écartée.
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+ Philippe doit éliminer plusieurs concurrents avant d'être tué en affrontant Dèce. Dèce est le premier empereur tué par des barbares, lors de la lourde défaite d'Abrittus face aux Goths en 251. Trébonien Galle et Émilien se succèdent à un rythme rapproché. Ce dernier ne règne que quatre-vingt-huit jours. La légitimité impériale qui reposait sur la victoire est soumise à rude épreuve : la crise militaire encourage les usurpations : les armées cherchant un général efficace et les régions menacées désirant un empereur proche pour les protéger.
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+ Valérien règne associé à son fils Gallien. Celui-ci est le dernier aristocrate à parvenir à l'Empire[8]. Ils doivent faire face aux incursions des Alamans et des Francs en Gaule et à l'offensive du souverain sassanide Sapor en Syrie. En 260, Valérien est même fait prisonnier par les Perses et finit ses jours comme esclave en Iran. Gallien resté seul empereur parvient à stopper une invasion des Alamans en les battant en Italie du Nord. Il abandonne la Dacie conquise par Trajan qui est devenue trop difficile à défendre et fixe la frontière de l'Empire sur le Danube. Mais il doit faire face à de nombreuses usurpations, celle de Macrien et de Quiétus en Orient, de Régalien en Pannonie et de Postume en Gaule qui proclame l'Empire des Gaules.
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+ Les successeurs de Gallien sont tous des militaires à qui l'armée a donné une grande rigueur et la foi en l'éternité de l'Empire romain. L'Empire est devenu militaire. À partir de réformes entamées sous Gallien — exclusion des sénateurs du commandement militaire — les empereurs illyriens font face à la crise et réorganisent la défense de l'Empire. Aurélien réunifie l'Empire en mettant un terme aux sécessions palmyrénienne et gauloise et fortifie Rome.
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+ Gallien (253-268) entame une mutation profonde de la stratégie militaire. Il répartit plus en profondeur les moyens de défense, en plaçant des détachements (vexillationes) des légions frontalières à l'intérieur du territoire romain — à Milan ou Aquilée en Italie, ou Sirmium ou Siscia en Illyrie[p 50]. Il constitue une importante cavalerie, techniquement différente de la cavalerie légionnaire, qu'il place sous le commandement autonome d'un magister equitum[p 50]. Il exclut les sénateurs, souvent incompétents, des emplois militaires et les remplace par des chevaliers, issus de la troupe[p 51]. Il fait entrer dans l'armée des barbares vaincus amorçant par là même la « barbarisation » de l'armée[9]. L'armée absorbe une part toujours plus grande des ressources de l'État. Un impôt spécial, l'annone militaire, est prélevé pour son entretien.
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+ Les fonctions de général en chef et de chef de guerre victorieux que tient traditionnellement l'empereur sont renforcées dans ces périodes de guerres incessantes, et la fonction impériale devient progressivement le sommet de la carrière militaire[10]. À côté des qualificatifs habituels comme felix (« chanceux, heureux »), on associe de plus en plus le terme invictus (« invaincu »). La victoire et l'armée deviennent la source de la légitimité des empereurs[11]. Les empereurs essaient cependant de trouver une légitimité plus grande en s'appuyant sur la religion. Aurélien place ainsi l'Empire sous la protection de Sol Invictus (« le Soleil invaincu »), dont il tire son pouvoir[p 52], et il se fait appeler sur ses monnaies deus et dominus (« dieu et seigneur »)[p 52].
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+ Les difficultés du IIIe siècle donnent à penser aux Romains qu'ils ont été abandonnés par les dieux et il s'ensuit une période où les citoyens refusant de participer aux cultes publics, comme les chrétiens et les Juifs sont persécutés. Dèce, à partir de 250[p 53] puis Valérien[p 54] renouvellent l'obligation de sacrifices, ce qui entraine des persécutions envers les réfractaires. En 260, son fils Gallien publie un édit de tolérance maintenu par ses successeurs pendant quarante ans[p 55].
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+ L'opposition entre la nobilitas et l'homme nouveau est plus vivace que jamais. L'Empire passe entre les mains de familles n'ayant jamais exercé la fonction impériale. Les empereurs novi laissent à leur famille la noblesse en héritage. Les honestiores des provinces d'Occident et les dirigeants des peuples barbares voisins, acquièrent eux aussi la nobilitas qui les incorpore aux couches les plus élevées. En ce qui concerne la noblesse romaine, elle garde un immense prestige social mais perd presque toute son autorité politique.
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+ La période dite du « Bas-Empire » ou de « l'Antiquité tardive » couvre près de deux siècles[N 2] (de 284 à 476 en ce qui concerne la Rome antique). C'est une période complexe où l'Empire est profondément réformé et transformé devant les périls intérieurs et extérieurs qui le menacent, au prix d'une mobilisation toujours plus importante et lourde de la société. Dans le même temps, le christianisme, d'abord persécuté, est progressivement accepté, encouragé, avant de devenir, en 380, la religion officielle et unique du monde romain (par l'édit de Thessalonique).
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+ Détails
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+ « Tétrarchie » est le nom donné au régime politique construit petit à petit par Dioclétien, qui a consisté dans les faits pour l'empereur à se choisir des collègues (un auguste et un césar par auguste) pour l'aider à assurer la défense et l'administration d'un empire immense, attaqué de toutes parts, auquel un seul homme ne peut suffire. Ainsi, l'autorité, « loin d'être divisée en quatre, […] est multipliée par quatre »[13]. D'autres réformes, administratives, militaires et fiscales en particulier, ont été entreprises durant cette période, qui cherchent à mettre fin aux problèmes issus de la Crise du IIIe siècle.
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+ Le 20 novembre 284, Dioclétien, suivant l'habitude de l'époque, est proclamé auguste par une des armées régionales, celle d'Orient, à Nicomédie, après qu'il a tué l'assassin de l'empereur Numérien[p 56]. L'empereur légitime, Carin, refuse de le reconnaître[14], et l'affronte sur la Morava. Il gagne la bataille, mais est assassiné peu après, et Dioclétien devient ainsi le seul empereur du monde romain[p 57].
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+ L'époque est alors troublée : l'usurpateur Carausius gouverne la Bretagne, la Gaule est en proie à la révolte des Bagaudes, les frontières du Rhin et du Danube sont menacées par les barbares, les Perses suscitent des troubles en Orient et l'Égypte est très agitée[p 56]. Quelques mois après son arrivée au pouvoir, Dioclétien comprend qu'il ne peut diriger seul l'Empire et confie à Maximien le soin de s'occuper de la Gaule et de la Germanie en tant que césar puis, l'année suivante, d'auguste[p 56]. C'est alors le système dit de la « dyarchie ».
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+ En 293, devant l'échec face à Carausius, Dioclétien renforce la division des tâches : il donne à Maximien un adjoint qui porte le titre de césar, Constance Chlore et s'en choisit lui-même un, Galère[15]. C'est ainsi que les besoins de l'Empire donnent par hasard naissance à la « Tétrarchie »[N 3], c'est-à-dire « le pouvoir à quatre ». Il n'y a pas de partage territorial de l'Empire romain[N 4] — il y a toujours une préfecture du prétoire par exemple, « ce qui est décisif »[p 58] —, mais les quatre hommes se répartissent le commandement des troupes et les secteurs dans lesquels ils interviennent.
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+ Dioclétien reste cependant au sommet[16]. Il domine par sa personnalité ses collègues, il est le plus ancien des augustes et il est qualifié de Jovius, « Jovien », c'est-à-dire « descendant de Jupiter », ce qui lui confère une primauté religieuse[17]. Il faut également se souvenir que c'est Dioclétien qui a choisi ses collègues, présentés par lui à l'armée — et leur dies imperii (jour anniversaire de leur arrivée au pouvoir) est le jour de leur désignation[p 59].
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+ Grâce à la collaboration de ces quatre hommes, la défense de l'Empire est assurée avec efficacité. Les Bagaudes sont vaincus en 285 ou 286, Allectus, successeur de Carausius, est vaincu en 296 par Constance Chlore, les peuplades germaniques vaincues également (soumission du roi des Francs, Gennobaud, victoire sur les Alamans à Vindonissa vers 297)[p 60]. En Afrique, Maximien Hercule rétablit le calme et la sécurité en 296 et 297[p 61], et il fortifie la frontière, abandonnant peut-être certaines portions du territoire romain, en Maurétanie Tingitane notamment[18]. En 290-294, depuis Sirmium, Dioclétien défend le Danube, contre les Iazyges notamment, et construit de nouveaux forts pour solidifier la frontière[p 61]. En 297, Galère mène une importante campagne contre les Carpes et les Bastarnes sur le Bas-Danube, et les vainc, rétablissant la tranquillité dans la région pour une dizaine d'années[p 61].
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+ En Égypte, province en proie à une grande agitation intérieure renforcée par une réforme fiscale sévère en 287, Dioclétien combat l'usurpateur Domitius Domitianus en 297-298[p 61]. Il fortifie ensuite le pays contre les Blemmyes, renforce les garnisons pour garantir la paix civile et réforme l'administration provinciale (division en trois provinces, nomination de commandants militaires distincts des gouverneurs civils)[19],[p 62].
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+ À l'automne 296 ou en 297, la guerre contre les Perses reprend à l'initiative du roi Narseh[19]. En 297, Galère, accouru du Bas-Danube, est vaincu en Mésopotamie durant le printemps[19]. Quelques mois plus tard, une campagne bien mieux préparée permet au césar de remporter une victoire sur l'Araxe contre Narseh, de prendre Nisibe et de pousser jusqu'à Ctésiphon[p 63]. La paix est signée avec les Sassanides en 298 à Nisibe, en présence de Dioclétien : le roi d'Arménie Tiridate, favorable aux Romains, est reconnu par les Perses, des territoires au-delà du Tigre sont annexés et placés sous l'autorité de satrapes arméniens, la frontière plus au sud revient à celle de Septime Sévère[p 63]. La frontière en Syrie est consolidée par la construction de la Strata diocletiana[N 5],[p 64].
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+ Le régime tétrarchique a ainsi montré son efficacité — il a rétabli l'ordre aux frontières, compromis depuis un demi-siècle — et sa souplesse — les augustes n'hésitant pas à prendre en charge le ressort territorial des césars si nécessaire[20]. Les tétrarques exaltent alors la tranquillitas, la « tranquillité » retrouvée dans leur propagande[20].
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+ À partir de l'année 298, la paix est assurée aux frontières, et Dioclétien se concentre alors sur les réformes intérieures[p 64]. Elles portent principalement sur l'organisation administrative de l'Empire, sur l'armée et sur la fiscalité.
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+ Sur le plan administratif, Dioclétien multiplie les provinces pour rapprocher le gouverneur des cités, renforcer le contrôle sur ces dernières[21] et affaiblir les gouverneurs[22] — on passe ainsi d'une quarantaine de provinces en 284 à une centaine en 305. Il compense cela par une nouvelle circonscription administrative, le « diocèse », qui est regroupement de provinces, à la tête desquels il place un vicaire.
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+ Il accentue également (mais ne systématise pas) la séparation entre les pouvoirs militaires et civils, déjà entamée durant la Crise du IIIe siècle[23]. Les gouverneurs sont ainsi dépouillés le plus souvent du commandement des troupes stationnées dans leur province — ce qui a aussi pour but de rendre les sécessions plus difficiles à mener[23]. Tous les chefs militaires, gouverneurs et vicaires sont nommés par l'empereur, et souvent pris dans l'ordre équestre, dont les membres doivent leurs privilèges à l'empereur[23]. Les troupes les aguerries — c'est-à-dire les légions — sont placées sous le commandement d'un duc (dux), indépendant du pouvoir civil, et dont la zone d'action s'étend bien souvent à plusieurs provinces[24].
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+ L'institution des vicaires (responsables des diocèses) permet d'affaiblir également les préfets du prétoire, qu'ils remplacent dans leur zone géographique[p 65].
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247
+ Sur le plan fiscal, remettant en ordre un système éprouvé par l'anarchie militaire, et désirant procurer de nouvelle ressources à l'État[25], Dioclétien dès 287 réforme les impôts en créant la « capitation » (capitatio)[26], dont le fonctionnement est complexe et encore débattu aujourd'hui[p 66]. Il met également en place un nouveau système de recrutement pour l'armée, original, qui assimile la fourniture d'une recrue à un impôt[27]. Le principe est de fournir soit une ou plusieurs recrues (c'est la praebitio tironicum) selon le taux d'imposition, soit payer une somme en espèce (l'aurum tironicum) qui permet à l'État d'acheter des recrues[28],[pi 1].
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249
+ Pour lutter contre l'inflation enfin, Dioclétien en 301 promulgue « l'édit des prix », ou « édit du Maximum ». Cette mesure de limitation des prix est toutefois un échec[29].
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251
+ Sur le plan militaire, Dioclétien revient à la stratégie du Haut-Empire de la défense aux frontières : les troupes sont positionnées en un « cordon frontalier »[24]. L'instauration de la Tétrarchie, avec ses quatre dirigeants, permet une décentralisation du commandement[30]. Philippe Richardot souligne que l'on affaire ici à « stratégie de riposte immédiate. […] l'objectif de Dioclétien est d'arrêter l'ennemi aux frontières et non pas à l'intérieur du territoire romain »[31].
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253
+ La période tétrarchique est marquée par un grand nombre de constructions militaires dans tout l'Empire[32] : la frontière un peu partout est renforcée par de nouveaux forts, des tours et des routes en rocades[p 67] — telle la Strata diocletiana en Syrie.
254
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255
+ Pour certains historiens, comme Paul Petit, Dioclétien constitue auprès de chaque tétrarque une petite force d'accompagnement (comitatus), sans commune mesure avec la réserve qu'avait créée Gallien[p 68], pour d'autres, à l'instar de René Rémondon, une telle armée de campagne n'a été réunie qu'exceptionnellement, pour des opérations militaires précises[24]. Quoi qu'il en soit, cette force d'accompagnement des empereurs est faite avec les prétoriens renforcés par des détachements (vexillationes) des troupes frontalières, et elle est appelée comitatus[N 7]. Ces armées d'accompagnement sont placées sous le commandement direct des tétrarques et sont en fait des « gardes impériales élargies »[p 68].
256
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257
+ La plupart des historiens (Theodor Mommsen, A. H. M. Jones, André Piganiol notamment) penchent pour une augmentation des effectifs sous Dioclétien[33]. D'autres, comme Jean-Michel Carrié, remettent en cause cette idée, héritée de Lactance notamment, et lui préfère une constante augmentation durant tout le IIIe siècle, stabilisée durant la Tétrarchie[34]. Il est en revanche certain que le nombre de légions est augmenté (de 39 à 53[31]) et que la taille des légions, qui comptaient entre 5 000 et 6 000 hommes durant les périodes précédentes, est diminuée aux alentours d'un millier de soldats[35].
258
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259
+ Dès 287 sont attestées les appellations de « Jovien » (Jovius, de Jupiter) et de « Herculéen » (Herculius, et d'Hercule), qui font de Dioclétien et de Maximien les descendants des deux dieux[36], mais, à la différence de certains prédécesseurs[N 8], les tétrarques ne sont pas des dieux mais ils sont « engendrés par les dieux »[p 69] quand ils accèdent au trône impérial[p 69]. Ils ne deviennent fils de dieux et ne sont inspirés par la grâce divine qu'à partir du jour de leur investiture (le dies natalis)[37], et perdent cette filiation après leur abdication : la présence divine est attachée à leur fonction, non à leur personne[p 69].
260
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261
+ La filiation divine est renforcée par la sacralisation de l'empereur dans la vie de tous les jours. Celui-ci porte un diadème[N 9] orné de pierres précieuses qui symbolise son pouvoir, et baiser le bas du grand manteau pourpre qui couvre l'empereur (rite de l'adoratio) est un honneur pour ses sujets[pi 2]. Le rituel de la cour se raidit, il souligne la « surhumanité » de l'empereur[38].
262
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263
+ Le vocabulaire change également : la titulature impériale s'enrichit, à côté des mentions habituelles, d'une « terminologie adulatrice et emphatique »[pi 3] à partir d'Aurélien. L'appellation de dominus noster (« notre maître ») fait son apparition, l'empereur est dit victor ac triumphator (« victorieux et triomphant »)[pi 4].
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+ Il ne faut pas pour autant voir Dioclétien comme un homme bouleversant la mentalité romaine. À bien des égards, il est plus romain que certains de ces prédécesseurs : le dieu Sol Invictus est abandonné pour un retour à la divinité tutélaire traditionnelle de Rome, Jupiter, les empereurs ne sont pas divinisés, mais inspirés par les dieux[N 10], le latin est imposé dans les provinces d'Orient… Pour Roger Rémondon, « les innovations de Dioclétien ne sont souvent que des méthodes révolutionnaires de conservation »[39].
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+ Le 20 novembre 303, pour la célébration des vingt ans de règne (vicennalia) du premier auguste, Dioclétien, le collège impérial tout entier se réunit — pour la seule fois de son histoire — et se rend à Rome[40]. Galère est rappelé sur le Danube, mais les quatre hommes ont eu le temps de se concerter en Italie du Nord. C'est peut-être à cette occasion que Dioclétien fait promettre à Maximien d'abdiquer conjointement avec lui en 305, après avoir accompli ses propres vingt ans de règne[p 70].
268
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269
+ Cette hypothèse est contestée, mais il demeure qu'en 305, les deux augustes abdiquent le même jour (1er mai 305) pour laisser la place à leurs Césars, Galère (Orient) et Constance Chlore (Occident), qui deviennent à leur tour augustes[p 71]. Constance est le primus Augustus, le « premier auguste »[41].
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271
+ Les raisons profondes qui ont conduit les empereurs à abdiquer sont inconnues. On a émis de nombreuses hypothèses, religieuses ou pratiques, dont l'une est de vouloir éviter des successions « à chaud », après le décès d'un des augustes[p 72]. Dioclétien écarte ainsi de la succession les fils naturels de ses césars, Constantin — fils de Constance Chlore — et Maxence — fils de Maximien[p 72]. Le principe de l'hérédité, qui conserve toujours les faveurs des armées, est donc balayé[42].
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273
+ Les deux nouveaux césars sont Sévère en Occident et Maximin II Daïa en Orient, tous deux amis de Galère[p 71]. Le territoire impérial semble à cette occasion divisé d'une manière plus arrêtée.
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+ Après l'abdication des deux augustes le 1er mai 305, le régime fonctionne bien jusqu'au 25 juillet 306, jusqu'à ce que meure Constance Chlore, et que soit proclamé empereur par ses troupes son fils, Constantin, le futur Constantin Ier. La crise ouverte à cette date dure près de vingt ans, et ne prend fin qu'avec la réunion de tout l'Empire sous le pouvoir de Constantin.
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+ Les causes de l'échec de la deuxième Tétrarchie sont multiples. La rivalité entre Galère et Constance Chlore en est une, la déception des fils naturels des anciens césars en est une autre[p 71]. Roger Rémondon analyse également la faillite du système dioclétianien par l'incompatibilité des deux règles sur lesquels il était fixé[41] : la cooptation, choix arbitraire et humain qui désigne les successeurs — et même les empereurs : Licinius en 308, qui est d'emblée coopté comme auguste —, et l'automaticité de la succession — les césars deviennent automatiquement augustes, et le plus ancien devient le primus Augustus, « premier auguste ». « Or Dioclétien fait reposer cette automaticité sur la cooptation »[43]. Le mode de transmission du pouvoir ne saurait donc être stable.
278
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279
+ De même, le pouvoir impérial, légitimé par la religion (la filiation divine des augustes), s'en trouve paradoxalement affaibli[44] : sa légitimité ne demeure que tant qu'on croit aux dieux sur lesquels elle repose. Dans le même ordre d'idées, l'inspiration divine revendiquée par les augustes, indépendante de leur personne, attachée à leur fonction, signifie qu'il suffit de s'emparer du pouvoir pour s'en trouver pourvu ; Dioclétien n'a pas défini rigoureusement les conditions d'accès à cette filiation / inspiration divine[41].
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+ Ainsi, l'équilibre précaire établi en 305 lors de l'avènement de la deuxième Tétrarchie est compromis par un événement imprévu dès 306 : le 25 juillet 306, Constance Chlore meurt à Eburacum (York). Le même jour, les soldats présents sur place, sans doute soudoyés par Constantin (fils du défunt), proclament ce dernier empereur[p 71]. C'est le retour du principe héréditaire et du choix des armées, comme durant l'Anarchie militaire. Galère, hostile à cette usurpation, s'y résout car il est trop loin pour la combattre : il élève Sévère au rang d'auguste, et lui adjoint Constantin pour césar[p 73].
282
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+ Maxence, fils de l'ancien auguste Maximien, jaloux de la réussite de Constantin, prend le pouvoir à Rome le 26 octobre 306 grâce à l'appui des prétoriens et de la plèbe mécontente des impôts, en tant que princeps seulement. Son père Maximien revient à ses côtés et reprend son titre d'auguste. L'empereur légitime, Sévère, envoyé contre les usurpateurs par Galère, est tué par ses soldats — qui avaient servi sous Maximien — en septembre 307. Galère marche à son tour contre les rebelles mais, craignant de connaître le même sort, fait machine arrière[p 73].
284
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+ La même année (307), Maximien se fait reconnaître auguste par Constantin, et son fils Maxence se proclame auguste également[p 73]. La Tétrarchie est ruinée : le pouvoir est partagé entre quatre augustes (Galère, Constantin, Maximien et Maxence) et un césar (Maximin Daïa).
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287
+ En 308 le vicaire d'Afrique, Domitius Alexander, se révolte contre Maxence, mettant en péril le ravitaillement de l'Italie[p 74]. Pour résoudre cette situation, Galère fait appel à Dioclétien. Celui-ci prend le consulat et réunit à Carnuntum en novembre 308 Maximien et Galère[p 74].
288
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289
+ Il force alors Maximien à se retirer une seconde fois, et reconstitue une tétrarchie : en Orient, Galère reste auguste avec Maximin II Daïa pour césar ; en Occident, Constantin est reconnu césar, et un nouvel auguste est envoyé, Licinius. C'est, pour reprendre Paul Petit, « un replâtrage hasardeux » : le principe d'hérédité n'est pas démenti puisque Constantin reste césar, et Licinius devient auguste sans passer par le césarat, ce qui contrevient à la théorie[p 74]. De plus, deux usurpateurs sont exclus de ces négociations : Maxence continue de gouverner l'Italie, et Domitius Alexander l'Afrique.
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+ Les deux césars protestent alors d'être maintenus dans des rôles subalternes. En 310, Galère cède et les reconnaît comme augustes — Maximin s'étant déjà fait proclamer empereur par ses troupes auparavant. Ainsi, en 310, l'Empire compte sept augustes (car Maximien a repris une fois de plus son titre)[p 74].
292
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293
+ Les événements suivants simplifient la situation : en janvier 310, Maximien, assiégé dans Marseille par Constantin, est contraint au suicide. En 311, Domitius Alexander est battu par le préfet du prétoire de Maxence, Volusianus, et tué. La même année, Galère meurt, le 5 mai. Son décès rétablit un pouvoir à quatre : sont augustes en Occident Constantin et Maxence ; en Orient, Maximin II Daïa et Licinius[N 11].
294
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+ Après s'être assuré de la neutralité de Licinius, Constantin franchit les Alpes en 312, et défait Maxence à la bataille du pont Milvius le 28 octobre 312[p 75]. Il entre ensuite triomphalement à Rome. En février ou mars 313, Constantin rencontre Licinius à Milan ; les deux hommes s'accordent sur une politique tolérante vis-à-vis des chrétiens, qu'ils précisent dans une lettre à leur fonctionnaire (dite « édit de Milan »)[45]. Dans les faits, ils reprennent les dispositions de l'édit de tolérance de Galère, promulgué en avril 311, peu avant sa mort, tout en supprimant ce qui en diminuait la portée[p 76]. Le 30 avril 313, Licinius vainc Maximin près de Périnthe, en Thrace[p 77]. L'Empire est donc maintenant dominé par deux augustes seulement.
296
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297
+ Après deux années d'intrigue, la guerre entre les deux rivaux éclate, en 316. Licinius est vaincu à Cibalae en Pannonie puis en Thrace, mais il coupe les arrières de Constantin[p 78]. Les deux empereurs font alors la paix. Constantin obtient les diocèses des Pannonies (en) et de Macédoine (en), et les deux hommes élèvent au rang de césar leurs fils respectifs[46].
298
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299
+ Les deux hommes se préparent alors longuement à l'affrontement suivant, réunissant des forces terrestres et navales importantes — Paul Petit parle de 150 à 170 000 soldats[p 79]. La guerre finale éclate en 324, à l'instigation de Constantin. Licinius est battu près d'Andrinople, sa flotte détruite par le fils de Constantin, Crispus, et Byzance assiégée. En septembre 324, Licinius, passé en Asie, est vaincu définitivement à Chrysopolis. Il se rend, et est exécuté l'année suivante[p 79].
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+ L'Empire est réunifié sous un seul empereur, pour la première fois depuis 285.
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303
+ Constantin Ier règne alors seul pendant treize ans, jusqu'en 337. Comme le souligne Jean-Michel Carrié, tout en tournant la page de la Tétrarchie, il ne ramène pas toutefois l'Empire à sa situation de 283. La plupart des réformes dioclétianiennes sont maintenues, et modifiées pour les pérenniser — et seul le système, idéaliste, de transmission du pouvoir, est complètement abandonné.
304
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305
+ L'administration territoriale, l'administration centrale de l'État, sont transformées, l'armée est profondément réformée et acquiert une organisation durable, qu'elle conserve durant tout le IVe siècle. Le christianisme, sans devenir religion d'État, est, sous Constantin, favorisé par le pouvoir. C'est également à Constantin que revient la fondation de la ville de Constantinople, sur le site de l'ancienne Byzance, qui sera la capitale de l'Empire romain d'Orient jusqu'en 1453.
306
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307
+ L'importance et la nature de l'œuvre de Constantin justifient à la fois les jugements d'Ammien Marcellin, défavorable à l'empereur, mis dans la bouche de Julien, et de Jean-Michel Carrié, plus neutre : il est pour le premier le novator turbatorque priscarum legum et moris antiquitus receptui, « le novateur et violateur des anciennes lois et des coutumes reçues de toute antiquité »[47], et, pour le second, « [situé] au niveau d'un nouvel Octavien Auguste donnant lui aussi forme achevée aux expériences qui l'avaient précédé »[48].
308
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309
+ Le premier événement notable de son règne en tant que seul maître de l'Empire est la réunion du concile de Nicée en 325, que l'empereur a convoqué et préside. Il agit alors pour préserver l'unité de l'Église, menacée par l'arianisme. Constantin, qui considère tenir son pouvoir de Dieu, s'investit grandement dans les affaires ecclésiastiques[p 80]. Il consacre également, le 8 novembre 324, le site de la future Constantinople[pi 5].
310
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311
+ En 326, Constantin se rend à Rome pour fêter ses vicennalia (vingt ans de règne). Il fait tuer, à Pola, son fils, Crispus, accusé d'avoir violenté sa belle-mère, l'impératrice, puis, peu après les festivités, son épouse Fausta, accusée d'adultère[pi 6] — ces accusations surviennent alors que l'empereur promulgue des lois moralisatrices (qui lui ordonnent ainsi d'agir aussi sévèrement qu'il l'a fait)[pi 7]. À la suite de ces crimes, sa mère Hélène fait un pèlerinage en Terre sainte, resté célèbre[pi 8]. La plupart des auteurs s'accordent pour dire que le traumatisme de ces événements a renforcé l'influence des chrétiens sur Constantin[p 81].
312
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313
+ Dans les années 327-329 il s'établit principalement sur la frontière danubienne, et il lutte contre les barbares, Goths notamment. En Gaule, le césar Constantin II se fixe, sur ordre de son père, à Trèves en 328. Il lutte alors contre les Alamans, et le calme revient sur cette frontière[pi 9].
314
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315
+ Ensuite, à partir de 330, il passe la plus grande partie de son temps dans sa nouvelle capitale, Constantinople, où la cour et l'administration centrale se sont installées[pi 10]. L'année suivante il fait dresser un inventaire des biens des temples païens et confisque les métaux utilisables, pour lutter contre la crise financière (l'empereur dépense beaucoup)[pi 11].
316
+
317
+ De 332 à 334 il lutte sur le Danube. Contre les Goths, le césar Constantin remporte une victoire, qui aboutit à un traité de paix — les Goths obtiennent alors le statut de peuple fédéré[N 13]. Il se porte en 334 sur le Bas Danube[pi 12]. Un projet de partage de l'Empire est conçu en 335 (Constantin se sentant affaibli) : l'État est partagé entre les trois fils de l'empereur, ainsi que Dalmatius et Hannibalianus, ses neveux[pi 13]. La prééminence de l'aîné, Constantin II, n'est pas reconnue[p 82], tous sont césars.
318
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319
+ Constantin meurt en 337, à la veille d'une reprise du conflit avec les Perses, avec qui les relations ont commencé à se dégrader dès 333 (Constance puis Hannibalianus, ce dernier en tant que « roi des rois », furent envoyés pour gérer la situation et peut-être même faire campagne en Arménie[p 83]).
320
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321
+ Dans le domaine de l'administration de l'Empire, Constantin Ier a opéré plusieurs réformes, dont la plus importante est la « régionalisation » de la préfecture du prétoire.
322
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323
+ À la suite de la bataille du pont Milvius en 312, les cohortes prétoriennes sont supprimées[49]. Leur chef, le préfet du prétoire, perd ainsi ses attributions militaires. Ensuite, à partir probablement de 317, Constantin fait assister les césars[N 14] qu'il envoie en mission par un préfet du prétoire, tout en conservant à ses côtés un préfet. L'évolution est donc empirique, et elle se concrétise lors du partage territorial de 335 : chaque césar possède un préfet du prétoire. À la mort de l'empereur, la division du territoire opéré par ses fils fixe définitivement « le caractère régional de cette institution »[p 84].
324
+
325
+ Le rôle de ces préfet du prétoire d'un nouveau genre est d'être des « vice-rois »[pi 14]. Ils représentent l'empereur dans des vastes circonscriptions territoriales, qui regroupent plusieurs diocèses. Leur rôle est civil et judiciaire, ils n'ont aucune prérogative militaire[p 84].
326
+
327
+ L'autre réforme principale du règne de Constantin Ier est le développement de la cour et de l'administration centrale. La cour grossit par l'augmentation du personnel du palais (organisé autour de la « chambre sacrée » — sacrum cubiculum) et par la multiplication des comites[N 15], c'est-à-dire des « compagnons » (francisés souvent en comtes). Ce sont des hommes de confiance chargés de divers missions qui court-circuitent l'administration traditionnelle. À la fin du règne, le titre devient purement honorifique[pi 15]. L'administration centrale est elle aussi agrandie, par Licinius et Constantin[p 84] et organisée militairement[pi 16]. Les agentes in rebus, porteurs de dépêches et espion de l'empereur, apparaissent à cette époque[p 85].
328
+
329
+ Les hauts-fonctionnaires et certains comtes privilégiés participent au conseil privé de l'empereur, appelé consistorium (sacrum), « consistoire (sacré) ». C'est une institution permanente qui remplace le consilium principis du Haut-Empire[50]. Si le terme de « consistoire » n'est attesté qu'à partir de Constance II, la réalité de ce qu'il désigne date de l'époque de Constantin Ier[pi 17].
330
+
331
+ Constantin Ier a passé une bonne partie de son règne en campagne : contre les barbares et contre ses compétiteurs durant les guerres civiles de la Tétrarchie. Comme le souligne Yann Le Bohec, c'est un « empereur à cheval »[51]. Les différentes réformes qu'il a menées sont empiriques, et répondent aux nécessités du moment[49].
332
+
333
+ La première réforme concerne la garde impériale : après la bataille du pont Milvius (312), Constantin dissout les corps qui ont soutenu avec le plus d'ardeur Maxence : la garde prétorienne et les equites singulares[N 16]. Pour les remplacer, il crée les scholes palatines (environ 2 500 cavaliers), recrutées chez les Germains[49].
334
+
335
+ La suppression des cohortes prétoriennes entraîne une réforme du haut-commandement : les préfets du prétoire perdent leurs attributions militaires. Ils sont remplacés par des magistri militum, « maîtres des milices »[N 17]. Des commandements territoriaux sont également formés, avec un maître de la cavalerie (magister equitum) et un maître de l'infanterie (magister peditum), subordonné au premier, en Gaule, Illyrie et Orient[52].
336
+
337
+ L'autre grande réforme qu'on a souvent imputée à Constantin est celle de la stratégie globale de défense : il aurait réuni autour de lui une armée de manœuvre puissante, les comitatenses, dérivés des comitatus pré-tétrarchiques et tétrarchiques, et installé aux frontières des « soldats-paysans » de qualité médiocre[p 86]. Les travaux les plus récents ont profondément remis en cause cette façon de voir les choses.
338
+
339
+ Pour Yann Le Bohec ou Jean-Michel Carrié par exemple, les unités dites comitatenses[N 18] sont des unités des armées frontalières qu'on a voulu honorer d'un titre spécial, et non des unités d'une armée centrale[53],[54]. La qualification de limitanei (« troupes frontalières ») n'est plus péjorative par ailleurs : elle désigne simplement les soldats des frontières[55]. La majorité des soldats de l'armée romaine demeurent cantonnée dans les provinces, mais une armée centrale, qu'on dit « d'intervention » a bien été développée au cours du IVe siècle[55]. Elle est constituée de troupes « palatines » (légions palatines et auxiliaires palatins)[56], et de la garde impériale du Bas-Empire (scholes palatines notamment).
340
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341
+ Un des césars, Julien, responsable de la Gaule, remporte une grande victoire sur les Alamans en 357 (bataille d'Argentoratum), et il se montre bon général et homme d'État[p 87]. Ses soldats le proclament empereur à son corps défendant à Lutèce en février 360, mécontentés par la volonté de Constance II d'affaiblir un césar trop puissant[p 87]. Celui-ci meurt l'année suivante, alors qu'il marche contre l'usurpateur, en désignant Julien comme successeur[p 87]. Julien, cousin du défunt empereur, renonce au christianisme par amour de la pensée grecque[p 87], d'où son surnom « d'apostat ». Il tente de restaurer le paganisme, en abolissant les mesures persécutrices de Constance II et en essayant d'organiser un clergé païen[p 88]. Il meurt après 18 mois de règne, en 363, dans une escarmouche (bataille de Ctesiphon) au cours de la retraite qui suivit une campagne contre les Perses.
342
+ De nos jours, le surnom d'apostat, jugé insultant, est plutôt remplacé par celui de « philosophe ».
343
+
344
+ Ses successeurs sont Jovien puis Valentinien Ier en Occident et Valens en Orient. En 364 en effet, Valentinien, devant l'ampleur des menaces extérieures[pi 18], et conscient que les tâches sont trop nombreuses pour un seul empereur[57] prend son frère Valens comme coempereur et lui confie la partie orientale de l'Empire. Les deux frères se divisent « l'armée, les fonctionnaires, les ressources de l'État »[57]. Pour la première fois, au lieu de l'Empire indivisible où il n'y a que des partages d'attributions, on voit apparaître deux États distincts[pi 19]. Les deux parties de l'Empire se referment alors sur elles-mêmes[58].
345
+
346
+ Les deux nouveaux empereurs reviennent à une politique religieuse plus mesurée. Celle de Valentinien est tolérante vis-à-vis des païens[p 89], celle de Valens persécute certaines doctrines chrétiennes hétérodoxes, comme les nicéens[59]. L'empereur d'Orient Valens doit gérer la menace perse, l'usurpation de Procope et les difficultés engendrées par la présence au-delà du Danube des Goths[p 90]. Le règne de Valentinien Ier est marqué par d'importantes opérations militaires : lutte contre les Alamans, reconstruction des fortifications du Rhin et du Danube, reconquête de la Bretagne par Théodose l'Ancien[p 91]. Valentinien meurt brusquement en 375, et le pouvoir passe à son fils Gratien, proclamé auguste dès 367[pi 20]. Valens est défait et tué à la bataille d'Andrinople en 378 par les Goths : c'est la fin du mythe d'invincibilité de Rome.
347
+
348
+ Après la mort de Valens contre les Goths lors de la bataille d'Andrinople en 378, Gratien se choisit un nouveau collègue pour l'Orient, Théodose Ier. Gratien est assassiné en 383[p 92] sur ordre de Maxime, proclamé en Bretagne. Maxime, reconnu auguste par Théodose Ier à la fin 384, étend son autorité sur les Gaules, les Germanies romaines, la Bretagne, et une partie de l'Espagne, et installe son quartier général à Trèves. Valentinien II, le jeune frère de Gratien, reste alors auguste du reste de l'Occident avec à ses côtés le général franc, Arbogast. Maxime est éliminé à Aquilée en 388. Valentinien II meurt, en se suicidant, ou assassiné, en 392[p 93]. Arbogast fait proclamer auguste un professeur de rhétorique, Eugène[N 19],[p 94]. En 392, Théodose publie une loi[60] qui condamne radicalement les sacrifices païens, même domestiques, interdit d'honorer les dieux Lares, de célébrer les Jeux olympiques[pi 21] et il nomme auguste pour l'Occident son fils, Honorius[p 94]. En 394, Théodose bat l'usurpateur à la bataille de la Rivière Froide. Il réunit alors légitimement l'Empire tout entier sous son pouvoir.
349
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350
+ Le 17 janvier 395, Théodose Ier meurt, après avoir partagé l'Empire entre ses deux jeunes fils : Arcadius l'aîné reçoit l'Orient et Honorius l'Occident. Ce partage est dans la continuité des règnes précédents — notamment celui de Valentinien et Valens — et l'unité de l'Empire demeure, renforcée par Stilicon, qui doit veiller sur eux[p 95]. Le partage se veut donc purement administratif. Les circonstances ont toutefois fait que ce partage a été le dernier.
351
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352
+ Les deux parties de l'Empire se séparent donc en 395.
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+ Honorius né le 9 septembre 384 et mort le 15 août 423 est un des empereurs romains régnant lors des invasions barbares.
355
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+ Fait co-empereur de l'Empire Romain avec son frère aîné Arcadius en 393, Honorius hérite de la partie occidentale de l'Empire en 395.
357
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+ Son règne, durant pourtant 30 ans est marqué par son incompréhension des crises secouant l'Empire ainsi que de son incapacité à y répondre.
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+ Dès le début de son règne, le pouvoir est exercé majoritairement par un régent : Stilicon. Celui-ci dirige réellement l'Empire de 395 à 408. Stilicon se rend célèbre pour son ardeur plus importante à combattre d'autres romains que les « barbares » arrivant dans l'Empire.
361
+
362
+ C'est sous le règne d'Honorius, en hiver 406-407, que des groupes de barbares (Suèves, Alains et Vandales) franchissent le Rhin et pénètrent dans l'Empire. En 410, les Wisigoths d'Alaric pillent Rome ce qui est un véritable choc dans l'empire. Honorius négocie alors avec les Wisigoths un foedus : ils obtiennent le statut de fédérés, c'est-à-dire d'alliés de Rome, et des terres en échange d'un service militaire. Ainsi, 418 correspond à la date de création du premier royaume barbare, celui du royaume wisigothique en Aquitaine.
363
+
364
+ Genséric, roi des Vendales, occupe l'Afrique du Nord et obtient le statut de fédéré en 435.
365
+ En 451, à la bataille des champs catalauniques, le général Aetius repousse les Huns d'Attila de Gaule mais les laisse piller l'Italie.Valentinien III l'égorge en 454 par vengeance et jalousie. Des proches d'Aetius le tuent à son tour.
366
+
367
+ En 475, Flavius Oreste, ancien secrétaire d'Attila, chassa l'empereur Julius Nepos de Ravenne et proclama son propre fils, Romulus Augustule, empereur.
368
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369
+ En 476, Oreste refusa d'accorder aux Hérules d'Odoacre le statut de fédérés, poussant Odoacre à prendre Rome et à envoyer les insignes impériaux à Constantinople, s'établissant comme roi d'Italie. Si le pouvoir romain se maintint dans des poches isolées après 476, la cité de Rome elle-même était gouvernée par des barbares, et le contrôle de Rome sur l'Occident avait pris fin. La convention veut que l'Empire d'Occident ait disparu le 4 septembre 476, lorsque Odoacre déposa Romulus Augustule. Mais dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples.
370
+
371
+ Julius Nepos prétendait toujours au titre d'empereur d'Occident depuis son réduit de Dalmatie, et était reconnu comme tel par l'empereur byzantin Zénon, ainsi que par Syagrius, qui était parvenu à sauvegarder une enclave romaine dans le nord de la Gaule. Odoacre, souverain autoproclamé de l'Italie, commença à négocier avec Zénon, qui finit par lui accorder le titre de patrice, le reconnaissant comme son vice-roi en Italie. Zénon insista cependant pour qu'Odoacre rende hommage à Nepos comme empereur d'Occident. Odoacre accepta, allant jusqu'à frapper des pièces au nom de Nepos dans toute l'Italie. Il ne s'agissait cependant que d'un geste purement politique, et Odoacre ne rendit aucun territoire à Nepos. Ce dernier fut finalement assassiné en 480, et Odoacre conquit peu après la Dalmatie.
372
+
373
+ Romulus Augustule fut épargné par Odoacre qui, bien qu'ayant assassiné son père, eut pitié de lui et lui donna une pension et une villa en Campanie, villa qui devint un monastère. On trouve trace de lui au milieu des années 500, ce qui laisse à penser qu'il aurait survécu à Julius Népos.
374
+
375
+ Voici la liste des pays actuels dont le territoire a été soumis à un moment donné, totalement ou en partie, à l'autorité directe ou indirecte de l'Empire romain :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/1733.html.txt ADDED
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3
+ L’Empire State Building[4] est un gratte-ciel de style Art déco situé dans l'arrondissement de Manhattan, à New York. Il est situé dans le quartier de Midtown au 350 de la 5e Avenue, entre les 33e et 34e rues. Inauguré le 1er mai 1931, il mesure 381 mètres (444,2 avec l’antenne) et compte 102 étages.
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5
+ En 2019, il est le troisième immeuble de la ville de New York par sa hauteur, derrière le One World Trade Center et le 432 Park Avenue. Il avait retrouvé sa première place à la suite de l'attentat terroriste du 11 septembre 2001 qui a causé la destruction des tours jumelles du World Trade Center, mais l'a reperdue en 2012 avec la construction du One World Trade Center[5]. C'est aussi le cinquième du continent américain par sa hauteur, derrière le One World Trade Center, la Willis Tower (Chicago), le 432 Park Avenue et la Trump International Hotel and Tower (Chicago)[6]. L'Empire State Building a été pendant des décennies le plus haut immeuble du monde. Il tire son nom du surnom de l’État de New York, The Empire State.
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7
+ Considéré comme l’une des Sept Merveilles du monde moderne par l’American Society of Civil Engineers, l'Empire State Building est un immeuble caractéristique du panorama urbain new-yorkais, et compte parmi les symboles les plus célèbres de New York. Au 86e étage, un observatoire ouvert au public offre une vue panoramique impressionnante sur New York. Le sommet de l’édifice est éclairé en fonction des différents événements du calendrier, de la fête nationale américaine au marathon de New York.
8
+
9
+ L’Empire State Building est présent dans de très nombreux films et séries télévisées se déroulant à New York. La mise en scène la plus célèbre de l’immeuble se déroule pendant le film King Kong de 1933 dans lequel le gorille géant l’escalade pour échapper à ses poursuivants et aux avions.
10
+
11
+ Les plans de l’Empire State Building ont été réalisés par la compagnie d’architectes Shreve, Lamb and Harmon[7],[8]. L’architecte en chef, William F. Lamb[9], décrit le projet qu’on lui avait attribué en ces mots :
12
+
13
+ « Le programme tient en quelques lignes : budget fixé, pas plus de 8,50 mètres entre la fenêtre et le couloir et autant d’étages que possible. Façade en calcaire et date d’achèvement des travaux le 1er mai 1931, ce qui signifie un délai d’un an et demi à partir des ébauches des plans[10].  »
14
+
15
+ Les plans furent achevés en l’espace de deux semaines et s’inspiraient de ceux du Reynolds Building[8] qui avait été réalisés par le même cabinet d’architectes, et ceux de la Carew Tower, située à Cincinnati, qui avait, elle, été réalisée par l'architecte Walter W. Ahlschlager (en)[11].
16
+
17
+ La construction fut placée sous la direction de Starrett Brothers and Eken[12]. Le chantier était financé par John J. Raskob (ex-dirigeant de General Motors), qui avait créé, en 1929, associé à Coleman du Pont (en), Louis G. Kaufman (en) et Ellis P. Earle l' Empire State, Inc[13] La construction était ainsi supervisée par Alfred E. Smith[14], ancien gouverneur de l’État de New York et candidat malheureux de la présidentielle de 1928, nommé président de l’entreprise par Raskob. Le coût total du projet s’éleva, terrain compris, à 40 948 900 $ mais, du fait du krach boursier de 1929, la valeur du bâtiment ne dépassa pas 24 718 000 $, c’est-à-dire un peu plus de la moitié du budget initial.
18
+
19
+ Les travaux d’excavation qui débutèrent en janvier 1930 permirent le début effectif de la construction le 17 mars. Jusqu’à 3 400 ouvriers[15] pouvaient travailler en même temps sur le projet, essentiellement des immigrés européens et plus d'une centaine d'ouvriers mohawks (les Ironworkers (en))[16]. Parmi les nombreux ouvriers travaillant sur le chantier, les sky boys[17] (littéralement : « Les garçons du ciel ») devaient assembler les différents composants de l’armature métallique de l’immeuble, à plusieurs centaines de mètres du sol, souvent sans la moindre protection. Il nous reste de nombreuses images de ces ouvriers, notamment plusieurs photographies sur lesquelles on les voit déjeuner, assis sur des poutres, au-dessus du vide[18],[19]. Selon un rapport officiel, cinq ouvriers trouvèrent la mort durant la construction[20] : ce chiffre ne comprenait étonnamment aucun sky boy, qui étaient pourtant les ouvriers qui prenaient le plus de risques[21]. Les premiers travaux de maçonnerie débutèrent en juin 1930 et s’achevèrent le 13 novembre de la même année. La construction évolua au rythme de quatre étages et demi par semaine[22] et a requis environ sept millions d’heures de travail[23],[24].
20
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21
+ Le 17 septembre 1930, Alfred E. Smith posa la pierre angulaire symbolique du bâtiment, devant une foule de cinq mille personnes, avec une truelle en argent[25]. L’immeuble ouvrit ses portes le 1er mai 1931. La construction dura un an et quarante-cinq jours, soit un total de 410 jours (dimanches et vacances compris) ce qui permit au gratte-ciel d’être achevé avant la date prévue. L’inauguration fut menée de façon très solennelle, puisque c’est le président des États-Unis de l’époque, Herbert Hoover qui actionna l’éclairage de l’immeuble en appuyant sur un bouton depuis Washington[26],[27],[28],[29].
22
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23
+ Pendant la construction de l’Empire State Building, deux autres grands bâtiments étaient sur le point d’être achevés, le 40 Wall Street et le Chrysler Building[30]. La « guerre » était ouverte entre H. Craig Severance et William Van Alen[31], architectes respectifs des deux gratte-ciel, et c’est finalement Van Alen qui la remporta grâce aux 319 mètres de son Chrysler Building, achevé en 1930. Mais le succès de Van Alen et de Walter Chrysler fut bref, puisque moins d’un an plus tard, l’Empire State Building s’imposait de loin comme le nouveau détenteur du record du plus haut bâtiment au monde. Le succès était double pour Raskob, qui dépassait son rival Chrysler sur un autre terrain, en tant que fondateur de General Motors. L’antenne, installée en 1952 accentua encore l’avance de l’Empire State Building sur ses rivaux, puisqu’il resta le plus haut bâtiment du monde jusqu’en 1967, année de la construction de la tour Ostankino (537 mètres) à Moscou[32],[33].
24
+
25
+ Le bâtiment ouvrit ses portes au moment où la Grande Dépression frappait les États-Unis. La moitié des bureaux restèrent vides[34], faute de locataires. Cela amena les New-Yorkais à surnommer ironiquement le gratte-ciel « Empty State Building » (empty signifiant « vide »)[35]. Durant cette période de récession économique, l’immeuble coûta plus d’argent qu’il n’en rapporta, et l’Empire State Building ne devint pas rentable avant 1950. Ces difficultés financières contraignirent Raskob à vendre l’immeuble en 1951, pour un montant avoisinant les 34 millions de dollars, à un groupe dirigé par Roger I. Stevens[36]. Mais ce dernier le céda à son tour en 1954, à un groupe de Chicago, dirigé par le colonel Henry Crown (en)[37],[38]. L’opération se révéla intéressante étant donné que l’immeuble fut revendu pour 51,5 millions de dollars[22],[39].
26
+
27
+ L’Empire State Building était donc possédé depuis 1954 par Henry Crown, qui avait acquis l’immeuble pour 51,5 millions de dollars. En 1991, une véritable guerre pour prendre possession du gratte-ciel le plus célèbre de New York débuta. En effet, cette année-là, le Prudential Trust (fonds prudentiel), qui détenait officiellement l’Empire State Building décida de le vendre[39]. Le prix demandé par le fonds était de 40 millions de dollars, mais en raison d’un bail de 114 ans sur l’immeuble (bail détenu par Leona Helmsley[40] et Peter Malkin (en), le futur possesseur du gratte-ciel recevrait 1,98 million de dollars par an. Un conflit opposant le magnat de l’immobilier Donald Trump, l’homme d’affaires japonais Hidekei Yokoi et sa fille Kiiko Nakahara[41], Leona Helmsley[42] (veuve du milliardaire Harry Helmsley), et Peter Malkin (homme d’affaires américain), débuta alors. Ce conflit ne s’acheva qu’en 2000, et c’est Trump qui remporta l’immeuble[43],[44],[45].
28
+
29
+ À la suite des attentats du 11 septembre 2001, l’immeuble changea à nouveau de propriétaire. Le 19 mars 2002, c’est l’homme d’affaires Peter Malkin[46], ancien possesseur d’un bail de 114 ans sur le gratte-ciel, qui en prit le contrôle, moyennant 57,5 millions de dollars[47], alors qu'il avait, selon le Wall Street Journal, lancé plusieurs offres d’achat consécutivement aux attaques terroristes qui avaient fait perdre de sa valeur au bâtiment. Le traumatisme des attentats avait même poussé les différents locataires à vouloir résilier leurs baux.
30
+
31
+ W&H Properties[48] a repris la gestion du bâtiment, en août 2006 et lance fin 2009 un grand programme de rénovation de 500 millions de dollars sous la direction de Belle Architects & Planners[49],[50],[51].
32
+
33
+ Le samedi 28 juillet 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, un bombardier B-25 Mitchell[52] s’écrasa sur la face nord de l’immeuble au niveau du 79e étage, alors qu’il volait par un épais brouillard (le brouillard fut tel que le pilote aurait dit aux contrôleurs « … c'est très difficile, je ne vois même pas l'Empire State… »). L’incendie fut éteint en 40 minutes mais 14 personnes périrent dans l’accident[53],[54],[55]. Parmi les rescapés, Betty Lou Oliver (en), opératrice d’ascenseur[56], a survécu à une chute de 75 étages, à l’intérieur d’un ascenseur, ce qui demeure encore aujourd’hui un record du Guinness[57]. En dépit des dégâts et des décès, le bâtiment ouvrit tout de même normalement ses portes le lundi suivant[58].
34
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35
+ En dépit des protections placées au sommet du gratte-ciel, environ trente personnes se sont suicidées en se jetant du sommet de l'Empire State Building. La barrière autour de l'observatoire du 86e étage a été ajoutée en 1947 après que cinq personnes eurent tenté de se jeter dans le vide, dont Evelyn Francis McHale le 1er mai à dix heures quarante[59]. La fiancée de vingt trois ans dont le visage est resté intact dans le métal broyé de la limousine sur laquelle son corps chuta[60],[61], inspira à Andy Warhol une des sérigraphies de Death and Disaster[62]. Son écharpe blanche, accompagnant sa chute[59], inspira également François Truffaut pour la scène d'introduction de La mariée était en noir. Ophélie des temps photographiques[63],[64], Evelyn McHale, à la différence de l'Inconnue de la Seine, a expliqué ce qui figure « le plus beau des suicides »[65] par un mot laissé sur la plate forme du quatre-vingt sixième étage, au lendemain d'une visite à son fiancé, l'ex-GI Barry Rhodes[66] : « (…) Je ne ferais une bonne épouse pour personne. Il est bien mieux sans moi (…) j'ai trop des tendances de ma mère. »[67].
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+ Les cas les plus récents de suicide remontent à 2004, 2006, 2009, 2010. Le suicide le plus récent connu est celui de l'étudiant de l’université Yale, Cameron Dabaghi, qui s'est suicidé le 30 mars 2010 en sautant de la terrasse d'observation du 86° étage de l'Empire State Building[68],[69].
38
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+ Deux personnes sont connues pour avoir échappé à la mort après avoir tenté de se suicider en se jetant du sommet de l'immeuble. C'est le cas de Thomas Helms qui tenta le 22 décembre 1977, à l'âge de 26 ans, de se suicider en sautant dans le vide depuis le 86e étage. Mais ayant pris trop peu d'élan, il retomba sur la corniche du 85e étage, sans blessure trop importante[70],[71]. En 1979, c'est Elvita Adams[72], jeune femme âgée de 29 ans qui tenta de se donner la mort ; elle prit suffisamment d'élan pour sauter, mais une rafale de vent la ramena également sur la corniche du 85e étage, et elle s'en tira avec une hanche brisée.
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+
41
+ L’Empire State Building culmine à 381 mètres, hauteur qui est portée à 443 mètres si l’on compte l’antenne située au sommet. Il a été le plus haut bâtiment de New York entre sa construction en 1931 et 1973, date de l’inauguration des tours jumelles du World Trade Center et le plus haut gratte-ciel du monde jusqu’en 1967[73]. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l’Empire State Building est redevenu provisoirement le plus haut immeuble de Big Apple jusqu'au 30 avril 2012, où il fut dépassé par le One World Trade Center, achevé en 2013, dont la structure s'élève à 541,32 mètres de hauteur.
42
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+ On considère souvent que l’Empire State Building possède 102 étages, alors qu’en réalité, seuls 85 étages sont occupés par des bureaux, pour une surface utilisable de 200 900 m2[34]. Un étage entier est réservé à l’observatoire au 86e étage, et les seize autres « étages » constituent en fait la flèche de l’immeuble, qui soutient notamment l’antenne de 62 mètres, au sommet du gratte-ciel. L’Empire State Building est cependant le premier bâtiment à avoir dépassé les cent étages. Le poids total du gratte-ciel est de 365 000 tonnes, et son volume est estimé à 37 millions de pieds cubes, ce qui représente environ 1,05 million de mètres cubes[74]. Il comporte 6 400 fenêtres[26], 73 ascenseurs, et 1 860 marches d’escalier, entre le rez-de-chaussée et le sommet. Les fondations de l’immeuble sont situées 17 mètres au-dessous du niveau du sol[75], et les sous-sols atteignent 10,6 mètres de profondeur.
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+ L’Empire State Building emploie quelque 250 personnes, dont environ 150 sont chargées de la maintenance.
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+ Contrairement à de nombreux gratte-ciel modernes, l’Empire State Building présente une façade assez classique, et une forme très conventionnelle, sans courbes dans un style art déco. Les deux auvents en acier, situés respectivement sur la 33e et la 34e rue conduisent au hall d’entrée, situé autour des ascenseurs centraux. Le hall a une hauteur équivalente à celle de trois étages, et comporte un relief en aluminium, qui représente le bâtiment sans son antenne (celle-ci n’a été ajoutée à la flèche qu’en 1952). Très richement décoré, majoritairement en marbre, (dont le marbre Bois Jourdan[76]), le hall de l’Empire State Building est assez similaire à celui du Chrysler Building.
48
+
49
+ De nombreux matériaux ont été employés dans la construction de l’Empire State Building. L’armature faite de poutres d'acier à elle seule a nécessité 60 000 tonnes d’acier, ainsi que des volumes très importants de béton. 10 millions de briques et 200 000 tonnes de pierre[77] (granit et calcaire) ont été utilisées, dont 8,485 m3 de calcaire de l'Indiana pour les façades. À l’intérieur, 929 m2 de placage de marbre Rose Famosa et 27 871 m2 de placage de marbre d'Hauteville-Lompnes et de Rocheron ont été utilisés pour les couloirs, les ascenseurs, et les premiers étages. De l’aluminium a également été utilisé à l’intérieur et aussi à l’extérieur de l'édifice[74].
50
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+ L’Empire State Building, en dépit de son architecture assez classique, a inspiré de nombreux architectes. Plusieurs bâtiments s’apparentent au célèbre gratte-ciel bien que ces ressemblances ne soient que partielles.
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53
+ À Mexico, la Torre Latinoamericana ressemble beaucoup à l’Empire State Building[78] : elle est aussi pourvue d’un observatoire et possède une antenne très similaire. La différence se fait au niveau de la façade, qui est essentiellement composée de verre et au niveau de la taille, puisque l’Empire State Building est deux fois plus haut que sa « jumelle » (qui atteint 182 mètres).
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+ L’Empire State Building a en outre inspiré les gratte-ciel staliniens, dont l’université d’État à Moscou[79],[80], et la Williams Tower à Houston[81].
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+ À Montréal, se trouve l'édifice Aldred. Sa ressemblance avec l'Empire State Building a trait à ce que la taille de l'édifice est réduite graduellement aux huitième, treizième et seizième étages, formant une sorte de pyramide de type Art déco[82],[83].
58
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59
+ L’Empire State Building est aujourd’hui le gratte-ciel le plus représentatif de New York, et peut être aussi l’un des gratte-ciel les plus célèbres au monde. Toutefois, il ne constitue pas, si l’on se réfère aux nombreux sondages, l'édifice préféré des habitants de Big Apple[84], en apparaissant souvent classé derrière son grand rival dans les années 1930, le Chrysler Building de William Van Alen[85].
60
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+ Depuis le 18 mai 1981, l’Empire State Building possède la distinction officielle de monument (landmark), distinction attribuée par la New York City Landmarks Preservation Commission (commission de préservation des monuments importants de la ville de New York). En 1986, l’Empire State Building a même reçu le titre de « Monument national historique » (National Historic Landmark) de la part du département de l'Intérieur des États-Unis. Une plaque commémorative a été installée à cette occasion. L’immeuble est aujourd’hui protégé ce qui traduit son importance pour la ville de New York, surtout depuis la disparition des deux tours jumelles qui avaient changé la Manhattan Skyline[86] en 2001.
62
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63
+ L’Empire State Building est un véritable monument de New York, et est parfois cité parmi les sept merveilles du monde moderne. Depuis juillet 1963, le hall du bâtiment abrite huit tableaux massifs, réalisés par Roy Sparkia et son épouse Renee Nemerov ; ils représentent les sept merveilles du monde, alors que le huitième représente l’Empire State Building[87]. Le bâtiment est visité chaque année par environ 2,5 millions de personnes[88].
64
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+ L’entrée du bâtiment située sur la Cinquième avenue, munie de six fenêtres, sert de salle d'exposition à des œuvres d’art provenant des nombreux musées de New York. L’exposition change plusieurs fois par an.
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+ Des projecteurs illuminent le sommet de l’Empire State Building la nuit, avec des couleurs associées aux différents événements qui ont lieu dans la ville (événements sportifs, comme l’US Open par exemple) mais aussi en fonction des événements qui ont lieu à l’échelle des États-Unis, ou même du monde. L’idée est venue de l’un des investisseurs du bâtiment, Lawrence Wien (en) qui, de retour de Paris, décida de faire de New York l'autre ville de lumière. En 1976, l’immeuble fut éclairé de rouge, blanc et bleu, à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance américaine[89]. Ces trois couleurs seront complétées l'année suivante par une palette de 9 autres coloris. Au préalable, 4 projecteurs rotatifs de 1,50 mètre de diamètre et pesant 1 tonne furent installés en 1956 au pied de la flèche afin de symboliser la liberté et pour souhaiter la paix dans le monde. Ces lumières représentaient l’équivalent de 45 millions de bougies si bien qu’elles étaient visibles à 480 km dans les airs et 130 km au sol. Au mois d'avril 1964, les 30 derniers étages sont illuminés en blanc à l'occasion de l'exposition mondiale de New York. En 1984, Douglas Leigh (en) va automatiser le système d’illumination du building en le dotant de 880 tubes fluorescents de 75 watts chacun placés autour du mât et de 220 tubes fluorescents verticaux afin de créer un effet d’auréole dorée autour de la partie supérieure du mât. Le 26 novembre 2012, un show inédit avec pour vedettes Alicia Keys et l'immeuble est offert à la ville de New York et au monde par l'Empire State Building. Ce spectacle de sons et lumières inaugure le nouveau dispositif d'éclairage du bâtiment. Les tubes fluorescents ont été remplacés par des LED pilotées par ordinateur. Ce nouveau dispositif permet non seulement de parer le sommet de la tour (du 72e étage jusqu'au mât) de 16 millions de couleurs, mais offre aussi la possibilité d'avoir des effets d'éclairage dynamiques tels des ondulations, des fondus enchaînés croisés, des scintillements, des séquences, des effets stroboscopiques, de balayage et d’explosion[90].
68
+
69
+ De nos jours, le gratte-ciel s’illumine des couleurs bleu, blanc, rouge, non seulement pour la f��te nationale américaine, le 4 juillet, mais aussi pour la fête nationale française, le 14 juillet[91]. Pour Noël, l’Empire State Building s’illumine de vert et de rouge[91], couleurs traditionnelles des fêtes de fin d’année, ce qui représente, avec le sapin géant du Rockefeller Center, l’un des symboles les plus frappants de la saison de Noël à New York. En outre l’Empire State Building est parfois éclairé pour des événements exceptionnels. À l’occasion du 80e anniversaire de Frank Sinatra, le gratte-ciel fut éclairé d’une lumière bleue, en référence au surnom de Sinatra, Ol’ Blue Eyes. Fin 2004, après la mort de l’actrice Fay Wray, le bâtiment fut même plongé dans une obscurité totale pendant quinze minutes, afin de rendre hommage à l'actrice qui avait contribué à rendre célèbre l'Empire State Building en tenant le rôle principal dans King Kong (1933).
70
+
71
+ En ce qui concerne les évènements sportifs, l’Empire State Building prend souvent les couleurs des équipes de la ville lorsqu'elles jouent à domicile. Ainsi, les soirs de match de l’équipe de NBA des New York Knicks, l’immeuble est illuminé en orange, bleu et blanc, alors qu’il prend les couleurs des hockeyeurs des New York Rangers, le bleu, le blanc et le rouge, les soirs de match au Madison Square Garden. Lors de l’US Open, l’un des tournois majeurs de la saison, le sommet de l’immeuble est illuminé en jaune[91], en référence aux balles de tennis, pendant la quinzaine de jours du tournoi, fin août et début septembre. Le 9 novembre 2006, l’équipe universitaire de football de l’université Rutgers eut même l’honneur de voir sa couleur écarlate au sommet du gratte-ciel, à l’occasion d’un match contre l’université de Louisville, qui allait d’ailleurs être la plus grande victoire de l’histoire de l’école.
72
+
73
+ En 2001, après les attentats du 11 septembre, le bâtiment fut illuminé en bleu, blanc, rouge, les couleurs du drapeau américain, pendant plusieurs mois, avant un retour à la normale du calendrier des illuminations. L’année suivante, en juin 2002, lors du jubilé de la reine Élisabeth II, l’immeuble fut illuminé en violet et or, les deux couleurs de la royauté au Royaume-Uni[91]. Pour le maire de la ville, Michael Bloomberg, c’était un moyen de remercier la reine, qui avait fait jouer l’hymne national américain au palais de Buckingham, après les attentats, ainsi que le Royaume-Uni pour son soutien. Le 18 décembre 2007, à l'occasion de la sortie du film Les Simpson - Le Film en DVD, il fut illuminé en jaune[91].
74
+
75
+ Enfin, depuis l'élection du démocrate Franklin D. Roosevelt en 1932, la tradition veut que le jour de l'élection présidentielle, la célèbre tour revête les couleurs des partis des deux candidats, bleu pour les démocrates et rouge pour les républicains, avant de prendre uniquement la couleur du parti vainqueur.
76
+
77
+ Lors de la période de migration des oiseaux au printemps et en automne, les lumières du sommet de l’Empire State Building sont éteintes les nuits de brouillard, afin que les oiseaux ne se trompent pas de route et ne viennent pas s’écraser sur le gratte-ciel, attirés par les spots.
78
+
79
+ Voici les principaux éclairages de l’Empire State Building, associés aux différents événements du calendrier. Cependant, ce tableau n’est pas exhaustif, et ne comprend pas l’ensemble des illuminations du gratte-ciel. En outre, à chaque couleur du tableau est associé l’évènement le plus important, car il se peut qu’une unique couleur soit associée à de très nombreux évènements comme c’est le cas de la couleur bleue par exemple[92]. Ces illuminations sont traditionnellement utilisées entre 1976 et 2012, jusqu'à l'installation du nouveau dispositif d'éclairage permettant l'utilisation de nombreuses couleurs et effets de lumières multipliant les possibilités de célébration. Le calendrier des illuminations est publié sur le site officiel de l'Empire State Building[93].
80
+
81
+ L’Empire State Building, du fait de sa situation centrale dans l'arrondissement de Manhattan, et de sa hauteur de 381 mètres, offre un panorama exceptionnel, non seulement sur la ville de New York et ses environs, mais aussi sur l’océan Atlantique, et des régions beaucoup plus éloignées, essentiellement dans le New Jersey.
82
+
83
+ Le gratte-ciel est pourvu de deux observatoires, le premier au 86e étage, et le second au 102e. L’observatoire du 86e est le plus célèbre, mais aussi le seul à être ouvert en permanence au public. Il offre un panorama unique à 360°. Depuis son ouverture au public en 1931, en même temps que celle de l’immeuble, l’observatoire a accueilli quelque 110 millions de personnes, parmi lesquelles de nombreuses célébrités. Parmi celles-ci, on retrouve la reine Élisabeth II, Fidel Castro en 1959, ou encore le footballeur Pelé[94]. L’observatoire du 102e étage est quant à lui beaucoup plus petit. Il a été fermé en 1999, mais a rouvert en novembre 2005. Il reste fermé les jours de grande affluence.
84
+
85
+ L’observatoire est ouvert tous les jours de la semaine, 365 jours par an, de 8 h à 23 h 30 (dernier ascenseur). Les tarifs d’accès à l’observatoire du 86e étage sont variables selon l’âge des touristes, de 32 $ pour les adultes (de 17 à 61 ans) à 29 $ pour les jeunes (de 12 à 17 ans) et les seniors (plus de 65 ans). Les enfants (de 5 à 11 ans) doivent quant à eux débourser 12 $, alors que les bébés, ainsi que les militaires, portant leur uniforme peuvent monter gratuitement. L’accès à l’observatoire du 102e étage, selon les conditions d’ouverture coûte 17 $ en plus[95].
86
+
87
+ New York constitue le plus grand marché de médias au monde. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la destruction des tours jumelles du World Trade Center, la quasi-totalité des stations de diffusion (radio et télévision confondues) transmettent à partir de l’antenne située au sommet de l’Empire State Building[96],[97]. Seul le Condé Nast Building, situé dans le quartier de Times Square sert aussi de relais[98].
88
+
89
+ À l’origine, le mât de l’édifice devait servir de point d’amarrage à des ballons dirigeables, considérés à l’époque comme les transporteurs de luxe du futur[99]. Un ascenseur avait ainsi été spécialement mis en place entre le 86e et le 102e étage, afin de transférer les passagers qui devaient embarquer. Le projet fut abandonné en raison de risques importants, notamment à cause de courants d’air ascendants, engendrés par la taille de l’immeuble. La première tentative d’amarrage avait pourtant été un succès, mais lors du second essai, le dirigeable qui devait s’arrimer ne fut pas loin de se renverser, et son ballast rempli d’eau se déversa sur des passants, pourtant situés plusieurs blocks plus loin[87].
90
+
91
+ L’Empire State Building a servi pour la première fois de relais pour la Radio Corporation of America (ou RCA) le 22 décembre 1931[100]. Une première petite antenne avait été placée au sommet du gratte-ciel après l’échec des expériences d’arrimage de dirigeables. La RCA loua à bail le 85e étage, et y place un laboratoire, et en 1934, Edwin Howard Armstrong installa en coopération avec la RCA une antenne FM expérimentale[101],[102]. Mais Armstrong et le RCA se brouillèrent en 1935, et la station FM fut supprimée[103]. Le 85e étage devint alors le centre de diffusion du réseau de télévision de la RCA, avec une première chaîne expérimentale la W2XBS channel 1 qui devint le 1er juillet 1941 WNBT Channel 1, et existe toujours aujourd’hui sous le nom WNBC channel 4, chaîne du réseau NBC. Les stations radio de la NBC (WEAF-FM, devenue WQHT) commencèrent de transmettre depuis l’Empire State Building en 1940[104]. La NBC conserva l’exclusivité de l’utilisation de l’antenne jusqu’en 1950, année où la Federal Communications Commission (commission fédérale aux médias) mit fin au monopole à la suite des plaintes de consommateurs désireux que les antennes de diffusion des six chaînes de télévision de l’époque soient réunies en un unique endroit, afin d’éviter des ajustements perpétuels des antennes de réception. La construction d’une antenne immense débuta alors, à l'emplacement du point d’ancrage en T des dirigeables. Cette nouvelle antenne, qui existe toujours aujourd’hui fut achevée en 1952[105].
92
+
93
+ Une fois la nouvelle antenne achevée, de nombreuses radios se joignirent à la Radio Corporation of America, occupant les 81e, 82e et 83e étages. À partir de 1965, une nouvelle antenne fut ajoutée autour de l’observatoire du 102e étage, afin de répondre à une demande sans cesse croissante. Mais dès 1973, date d’achèvement des tours du World Trade Center, culminant respectivement à 413 et 417 mètres[106], la plupart des stations de télévision quittèrent le sommet de l’Empire State Building. Cela permit de rénover l’antenne, et les équipements de transmission, au profit des stations de radio qui restèrent sur place. La destruction des tours jumelles marqua le retour massif des stations de télévision.
94
+
95
+ Le gratte-ciel apparaît pour la première fois au cinéma dans le film King Kong en 1933[107],[108]. C’est incontestablement l’apparition la plus célèbre de l’Empire State Building sur le grand écran, étant donné qu’elle remonte quasiment à la construction du bâtiment, mais aussi parce que la fameuse scène où King Kong escalade le gratte-ciel a fait le tour du monde.
96
+
97
+ Cette scène où le singe géant escalade le plus haut bâtiment du monde de l’époque témoigne de l’influence que le gratte-ciel avait dès sa construction. En effet, l’Empire State Building était le seul véritable bâtiment de l’époque à la mesure de King Kong, ce qui explique le choix des scénaristes. Plusieurs autres films sur le thème de King Kong ont été tournés depuis, et l’Empire State apparaît dans quasiment toutes les versions, sauf celle réalisée par John Guillermin en 1976, où c’est l’une des tours jumelles du World Trade Center, bâtiment le plus haut de New York à l’époque qui est escaladée par King Kong. Dans le dernier film réalisé sur le thème de King Kong, sorti en 2005 et réalisé par Peter Jackson, King Kong escalade également l’Empire State Building, un Empire State Building totalement réalisé en images de synthèse.
98
+
99
+ En 1983, pour le 50e anniversaire du film, un King Kong gonflable fut placé sur l’immeuble[109],[110].
100
+
101
+ Dans la série de jeux vidéo Grand Theft Auto, une copie de l’Empire State Building apparaît dans plusieurs titres. De plus, dans l'extension de Grand Theft Auto: The Ballad of Gay Tony, il est possible de sauter du bâtiment en parachute.
102
+
103
+ Dans le jeu vidéo Mafia II sorti en 2010 et dont l'action se déroule au début des années 1950, l'Empire State Building est le plus haut bâtiment de la ville fictive d'Empire Bay (inspirée de celle de New York).
104
+
105
+ On peut également l'escalader dans les jeux vidéo Prototype[réf. nécessaire], Prototype 2[114] et Spider-Man 2.
106
+
107
+ Il est également présent à Manhattan dans le mode libre de Lego Marvel Super Heroes et dans le dernier Spider Man sorti en 2018 sur Playstation 4.
108
+
109
+ Chaque année depuis 1978, les New York Road Runners organisent une épreuve de course d'escaliers dans le gratte-ciel, l’Empire State Building Run-Up[115],[116]. Des concurrents provenant de toute la planète s’affrontent dans une course allant du rez-de-chaussée de l’immeuble à l’observatoire du 86e étage. Le record masculin est détenu par l’australien Paul Crake, qui a gravi les 1 576 marches (320 m de hauteur) en 9 minutes 33 en 2003. Chez les femmes, le record est détenu par l’autrichienne Andrea Mayr, avec une course de 11 minutes 23 en 2006[117].
110
+
111
+ Le 24 avril 1986, deux parachutistes britanniques s'élancèrent du sommet de l'Empire State Building. Le premier parvint à prendre un taxi et à s'enfuir une fois posé, mais le second fut rattrapé par la police. Le 24 octobre 1998, deux cascadeurs sautèrent à leur tour en parachute du 86e étage, et parvinrent tous deux à s'enfuir une fois au sol[118].
112
+
113
+ En 1994, les 381 mètres de l'Empire State Building furent grimpés, à main nue et sans matériel d'assurance, par le grimpeur français Alain Robert[119].
114
+
115
+ Le 28 avril 2006, Jeb Corliss, cascadeur américain spécialisé dans le base jump, employé par la Discovery Channel[120], pénétra dans l'immeuble avec un parachute et une caméra (pour filmer son saut) grâce à un déguisement complexe qui échappa aux services de sécurité, afin de réaliser un saut du sommet de l'Empire State Building. Mais quelqu'un parvint à prévenir la police, ce qui permit à la sécurité d'empêcher Corliss de sauter[121] et de l'arrêter.
116
+
117
+ Le New York Daily News a réussi, le 2 décembre 2008, à faire enregistrer en 90 minutes par le service du cadastre de la ville de New York, le transfert du titre de propriété de cet immeuble d'une valeur de 2 milliards de dollars à une société fantôme, grâce à de faux documents, pour démontrer l'incurie de la ville concernant l'enregistrement des titres de propriété, des hypothèques ou autres transactions[122],[123].
118
+
119
+ L’Empire State Building fait partie des bâtiments les plus visités de New York, non seulement du fait de sa popularité, mais aussi en raison de sa situation dominante par rapport à Manhattan : il offre aux touristes qui en rejoignent le sommet une vue remarquable sur l’ensemble de la ville. De nombreux moyens de transport permettent d’accéder au gratte-ciel ; plusieurs lignes de bus, mais aussi plusieurs lignes de métro, dont les lignes A, C, E, et les lignes 1, 2, 3, dans la station voisine de 34th Street-Penn Station.
120
+
121
+ L'Empire State Building et le Chrysler Building, au second plan.
122
+
123
+ Le relief du hall d'entrée de l'Empire State Building.
124
+
125
+ L'Empire State Building par temps clair.
126
+
127
+ L'Empire State Building à la tombée de la nuit.
128
+
129
+ L'Empire State Building émerge au-dessus des autres bâtiments de Midtown.
130
+
131
+ L'Empire State Building, de nuit, pendant les fêtes de fin d'année.
132
+
133
+ L'Empire State Building, au loin depuis Chinatown.
134
+
135
+ L'Empire State Building comme on le voit depuis la 34e rue.
136
+
137
+ Vol d'avions F-16 devant l'Empire State Building.
138
+
139
+ L'Empire State Building éclairé en jaune le premier jour du printemps et durant la semaine de Pâques.
140
+
141
+ Panorama depuis le sommet du gratte-ciel, direction sud-est. On aperçoit le Flatiron Building en contrebas et au fond sur droite, le Financial District, au sud de Manhattan.
142
+
143
+ Panorama depuis le sommet de l'Empire State Building, direction nord-est. On aperçoit notamment le Citigroup Center, le MetLife Building, la Trump World Tower et le Chrysler Building.
144
+
145
+ Panorama depuis le sommet, direction nord-ouest. On aperçoit le 432 Park Avenue, Central Park, l'Husdon River et la Bank of America Tower. Le Condé Nast Building et sa longue antenne dans Times Square sont également visibles.
146
+
147
+ Panorama depuis le sommet, direction est. On peut noter le contraste entre les immeubles moyens de Murray Hill et les gratte-ciels de Midtown.
148
+
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+ L'Empire State Building éclairé en bleu, blanc et rouge lors de la fête nationale américaine, le 4 juillet, mais aussi pour la fête nationale française, le 14 juillet.
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151
+ L'Empire State Building depuis le Rockefeller Center.
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+ Vue aérienne de l'Empire State Building.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Encelade (S II Enceladus) est un satellite naturel de la planète Saturne, découvert par William Herschel en 1789. Il s'agit du sixième satellite de Saturne par la taille, et du quatorzième par son éloignement.
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+ Depuis la mission Voyager 2, et surtout la mission Cassini-Huygens, arrivée en orbite saturnienne en 2004, Encelade est réputé pour posséder plusieurs caractéristiques étonnantes, dont une géologie très complexe jusque-là insoupçonnée, et une activité qui reste toujours actuellement difficile à expliquer, pour un corps de si petite taille (500 km de diamètre en moyenne). La sonde Cassini a d'ailleurs observé à sa surface des jets de matière qui pourraient être semblables à des geysers composés « d'une sorte d'eau carbonique mélangée à une essence de gaz naturel[5] », et qui semblent indiquer la présence d'eau liquide sous la surface. De récentes observations ont permis de confirmer cette hypothèse, en démontrant la présence d'un océan d'eau liquide sous sa surface. Les trois ingrédients de la vie (chaleur, eau, molécules organiques) seraient donc potentiellement présents sur Encelade[6].
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+ Selon les images de la sonde Cassini, Encelade est recouvert d'une couche aux reflets bleutés, caractéristique de la neige d'eau fraîche. La neige serait épaisse d'une centaine de mètres, ce qui indique qu'il neige sur Encelade depuis au moins 100 millions d'années. Les geysers, et la source de chaleur souterraine qui les alimente, seraient donc actifs depuis très longtemps.
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+ Encelade tourne autour de Saturne au sein de l'anneau le plus externe et le plus ténu de tous, appelé anneau E ; cet anneau serait alimenté en permanence en particules par les « éruptions volcaniques » actuelles (ou récentes) d'Encelade. Ce satellite est l'un des quatre seuls objets du Système solaire (avec le satellite de Jupiter, Io, celui de Neptune, Triton, et bien sûr la Terre) sur lesquels des éruptions ou des éjections de matière ont pu être directement observées.
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+ Ce satellite de Saturne tient son nom d'Encelade, un Géant de la mythologie grecque, vaincu par Athéna lors de la Gigantomachie (la guerre des dieux contre les Géants), et enseveli sous l'île de Sicile. Il est également désigné par les appellations de « Saturne II » ou « S II Enceladus ».
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+ Le nom « Encelade », ainsi que ceux des sept satellites de Saturne connus à l'époque, ont été suggérés par John Herschel, le fils du découvreur William Herschel, dans une publication de 1847[7],[8].
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+ Par la suite, les formations géologiques d'Encelade ont été nommées d'après des personnages et des lieux du recueil des contes persans Les Mille et Une Nuits[note 1].
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+ Pour un observateur terrestre, la magnitude apparente d'Encelade à l'opposition est de 11,7[9], il n'est donc jamais visible à l'œil nu. Suivant les conditions d'observation et la « qualité du ciel », un télescope de 300 mm de diamètre est en général nécessaire pour réussir à l'apercevoir.
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+ Puisqu'il fait le tour de Saturne en 1,37 jour (soit un peu moins de 33 heures), il est possible, au cours d'une même nuit d'observation, de se rendre compte du mouvement d'Encelade autour de sa planète, pour peu que la durée de visibilité soit suffisamment longue.
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+ Avant le début des années 1980, Encelade n'avait jamais été vu autrement que comme un minuscule point blanc orbitant autour de Saturne. Les seules données connues étaient les caractéristiques de son orbite, et une estimation de sa masse, sa densité et son albédo.
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+ Les premières images d'Encelade prises par des engins spatiaux furent celles des deux sondes du programme Voyager. Voyager 1 ne put obtenir que des clichés lointains et de faible résolution en décembre 1980. Toutefois, le fait que ces images montraient une surface lisse, apparemment dépourvue de relief, alors qu'à des résolutions équivalentes des cratères étaient visibles à la surface de tous les autres satellites observés par Voyager 1, constituait déjà un indice de la relative jeunesse de sa surface[11].
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+ En août 1981, Voyager 2 réussit à saisir des images de bien meilleure résolution, suffisamment détaillées pour révéler que, contrairement par exemple à Mimas, qui possède une surface vieille, sombre et abondamment cratérisée, la surface d'Encelade est plutôt lisse, jeune et brillante. Le satellite montrait par ailleurs des signes évidents d'activité récente, à l'échelle des temps géologiques. Cette découverte fut à l'époque une grande surprise pour la communauté scientifique, aucun modèle ne pouvant alors expliquer qu'un corps aussi petit et aussi froid puisse encore présenter une activité géologique.
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+ L'étude détaillée d'Encelade dut ensuite attendre l'arrivée en orbite saturnienne de la sonde Cassini, le 30 juin 2004. Compte tenu des observations réalisées à partir des images prises par Voyager 2, Encelade était considéré comme un objectif de première importance par les scientifiques et planificateurs de la mission Cassini, et plusieurs survols rapprochés, à des distances inférieures à 1 500 km, furent programmés. Les moteurs de la sonde furent même mis à contribution pour réduire la distance de passage lors du survol du 14 juillet 2005, afin de la ramener à 172 km environ, nettement inférieure à celle initialement prévue (~1 000 km).
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+ En 2006, des geysers composés de particules très fines de glace (éjectées dans l'espace à plus 200 km de la surface) furent découverts dans la région australe d'Encelade. Pour les étudier, les scientifiques planifièrent un survol audacieux de la sonde Cassini, le 12 mars 2008, à seulement 48 km de la surface. Les premiers résultats révélèrent une température plus élevée que prévu, et la présence de composés organiques, voire d'eau liquide[12]. D'autres survols à plus basse altitude sont programmés à partir de 2008 et au-delà, dans le cadre de la mission étendue de la sonde.
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+ Les scientifiques de la mission Cassini-Huygens se sont fixé les objectifs principaux suivants à propos d'Encelade[13] :
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+ Encelade fait partie des satellites majeurs internes du système saturnien, et se situe en quatorzième position par ordre d'éloignement à partir de Saturne ; il orbite à l'intérieur de l'anneau E, le plus externe de tous, à l'endroit où la densité de matière est maximale au sein de cette couronne très large mais très ténue.
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+ Encelade se trouve de plus en résonance 2:1 avec une autre lune de Saturne, Dioné ; il parcourt donc exactement deux orbites pendant que Dioné de son côté fait une révolution autour de la planète.
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+ La distance moyenne entre Encelade et Saturne est d'environ 180 000 kilomètres, soit trois fois le rayon de cette planète, dont il fait le tour en 32 heures 53 minutes environ. Comme beaucoup de satellites naturels, Encelade est en rotation synchrone autour de Saturne ; la durée de son orbite étant égale à celle de sa rotation sur lui-même, il présente ainsi toujours la même face vers la planète, comme le fait la Lune avec la Terre, par exemple.
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+ L'orbite d'Encelade est quasiment circulaire, avec une excentricité de seulement 0,0045, et une inclinaison de 0,019° par rapport au plan de l'équateur de Saturne.
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+ Encelade est un satellite plutôt petit, avec un diamètre moyen de 500 km, soit presque sept fois inférieur à celui de la Lune. Ces dimensions réduites lui permettraient de tenir à l'intérieur de la Grande-Bretagne, comme le montre l'illustration ci-contre.
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43
+ Il s'agit du sixième satellite de Saturne par ordre de masse et de diamètre décroissant, après Titan (5 150 km de diamètre), Rhéa (1 530 km), Japet (1 440 km), Dioné (1 120 km) et Téthys (1 050 km). C'est également l'un des plus petits satellites sphériques du système interne, tous les autres satellites plus petits ayant une forme irrégulière (mis à part Mimas avec ses 390 km de diamètre).
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+ Les dimensions précises du satellite, qui ont été calculées à l'aide des images du limbe prises par l'instrument ISS (sous-système d'imagerie scientifique) de la sonde Cassini sont de 513 (a)×503 (b)×497 (c) km[1]. La dimension (a) correspond au diamètre du côté (toujours le même) tourné en direction de Saturne, (b) au diamètre du côté face à l'orbite, et (c) au diamètre entre les pôles. Encelade a donc globalement la forme d'un ellipsoïde aplati aux pôles.
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+ Les images prises par Voyager 2 en août 1981 étaient les premières à fournir des observations topographiques intéressantes de la surface d'Encelade. L'illustration du tableau en début d'article est une mosaïque en fausses couleurs des meilleurs clichés pris par la sonde. L'examen des données de Voyager a montré que la surface d'Encelade est constituée de plusieurs types de terrains, certains secteurs étant fortement cratérisés (donc anciens), tandis que d'autres sont totalement dépourvus de cratères d'impact (donc de formation récente). Ces zones, anciennes ou récentes, montrent toutes des signes de déformations très complexes et très variées, parfois de type cassant (failles, rifts...), parfois de type ductile (rides et sillons).
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+ Compte tenu des modèles théoriques sur la fréquence des impacts météoritiques dans cette partie du Système solaire, l'absence de cratère dans les plaines montre que certaines de ces régions sont âgées de moins de 100 millions d'années[14], et qu'il existe donc un processus, probablement de « volcanisme aqueux », qui permet le renouvellement de la surface, et qui expliquerait que la glace « propre » reste dominante à la surface d'Encelade.
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+ La glace récente et « propre » qui recouvre la surface confère à Encelade l'albédo le plus élevé de tous les objets du Système solaire (albédo géométrique visuel de 1,375±0,008[3] et albédo de Bond de 0,81±0,04[2]). En conséquence, puisqu'il reflète la quasi-totalité du rayonnement qu'il reçoit de la part du Soleil, la température moyenne à sa surface est extrêmement faible, de l'ordre de 75 K à midi localement (soit −198 °C).
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+ Les observations réalisées durant les trois premiers survols rapprochés d'Encelade par la sonde Cassini ont permis d'étudier les formations géologiques à sa surface avec bien plus de détails qu'auparavant, la découverte la plus spectaculaire et la plus importante étant probablement l'étrange région du pôle sud, qui semble à la fois très complexe et très active.
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+ Les formations géologiques d'Encelade tiennent leurs noms de personnages et de lieux présents dans le recueil de contes persans les Mille et une nuits[note 1]. Les types de terrain suivants sont officiellement reconnus par les scientifiques :
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+ Ces désignations, et les noms propres assignés à certaines régions, ont été officiellement définis en 1982, peu de temps après le survol par Voyager 2. Les formations découvertes par la sonde Cassini n'ont pas encore officiellement reçu de nom.
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+ Des cratères d'impact sont présents à la surface de la plupart des objets du Système solaire. Encelade ne fait pas exception, une bonne partie de sa surface étant couverte de cratères, la densité et le niveau de dégradation variant cependant suivant les régions. À partir des observations de Voyager 2, trois types de terrain différents ont pu être identifiés : ct1 (cratered unit 1), comportant de nombreux cratères déformés par relaxation visqueuse ; ct2 (cratered unit 2), dont les cratères sont légèrement moins nombreux et moins déformés ; enfin cp (cratered plains), avec des cratères encore moins nombreux et plus petits que pour les autres régions. Bien que la densité importante des cratères de ct1 en fasse la région la plus ancienne d'Encelade, celle-ci reste tout de même plus récente que les surfaces les plus jeunes de tout autre satellite de taille moyenne de Saturne.
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61
+ Les cratères d'impact sont des marqueurs importants de l'histoire géologique d'un objet, tout d'abord en indiquant à partir de quelle époque après la période de formation initiale la surface est devenue suffisamment solide pour conserver les traces des impacts ; ensuite, en observant les dégradations subies par les cratères, voire l'absence totale de cratère, comme c'est le cas sur certaines parties d'Encelade, ils gardent les traces chronologiques des déformations subies par la croûte du satellite depuis l'impact.
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+ Les observations réalisées depuis Voyager par la sonde Cassini ont permis d'obtenir beaucoup plus de détails sur ces régions cratérisées. Les images à haute résolution montrent qu'une grande partie des cratères d'Encelade sont fortement dégradés, soit par relaxation visqueuse, soit par des failles apparaissant dans la croûte, ou par un processus d'« adoucissement des contours ».
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+ La relaxation visqueuse est le phénomène par lequel des cratères formés sur une croûte de glace d'eau se déforment, à des échelles de temps géologiques. La rapidité du phénomène dépend en grande partie de la température de la glace, une glace « chaude » étant moins visqueuse et, en conséquence, plus facile à déformer. Le fond des cratères ayant été déformé par relaxation visqueuse tend généralement à prendre une forme de dôme ; après une très longue période, il peut ne subsister comme preuve de la présence d'un cratère que le rebord circulaire, légèrement plus élevé que le sol environnant.
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+ Se superposant au phénomène de relaxation visqueuse, la forme d'un grand nombre de cratères d'Encelade a été modifiée par des fractures tectoniques. La quasi-totalité des cratères photographiés par Cassini dans la région ct2 montre des signes de déformations causées par des mouvements tectoniques, et notamment de nombreuses failles.
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+ Un autre phénomène tend à dégrader les cratères de la région cp et des plaines, leur donnant un aspect arrondi, les reliefs abrupts fréquents dans le cas de déformations tectoniques semblant avoir été gommés (certaines fractures affichent également ce type d'adoucissement du relief). La cause de ce phénomène n'est pas encore bien comprise, l'hypothèse la plus probable étant liée au dépôt de régolithe provenant de l'anneau E.
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71
+ Voyager 2 a permis de découvrir plusieurs types de formations tectoniques sur Encelade, parmi lesquelles des groupes de failles linéaires et de grandes bandes ridées curvilignes. Les résultats ultérieurs obtenus par Cassini suggèrent que les mouvements tectoniques sont la principale cause de déformation de la croûte sur Encelade. L'une des manifestations les plus spectaculaires de ces mouvements tectoniques est des rifts (appelés fossae sur Encelade) qui peuvent atteindre près de 200 km de long et 5 à 10 km de largeur, sur un kilomètre de profondeur. Ces formations semblent relativement récentes puisqu'elles coupent à travers d'autres formations de type tectonique, et que leurs reliefs apparaissent abrupts et anguleux le long des falaises.
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+ Constituant un autre type de déformations tectoniques, les sulci sont de grandes bandes de « rides » et de « sillons » plus ou moins parallèles, qui se trouvent souvent à la séparation entre les régions de plaines plutôt planes et les régions de cratères. Des formations du même type ont été observées sur Ganymède, un des satellites de Jupiter, mais contrairement à ce dernier, les rides des sulci d'Encelade ne sont pas forcément toujours bien parallèles, et de nombreuses zones présentent une forme en chevron rappelant celle de certains glaciers terrestres (bien que les processus de formation soient probablement très différents). Les images prises par la sonde Cassini ont également permis de découvrir des « taches noires », de 125 à 750 mètres de large, alignées parallèlement aux lignes de fracture.
74
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75
+ L'inventaire des différentes formations de la surface d'Encelade montre que celle-ci a été modelée par une histoire géologique à la fois longue et complexe, dont l'épisode le plus récent semble lié à une région centrée sur le pôle sud. Les images prises par la sonde Cassini pendant le survol effectué le 14 juillet 2005 ont permis d'étudier en détail cette « nouvelle » région, qui n'apparaissait pas clairement sur les images précédentes de Voyager 2[note 2].
76
+
77
+ Cette zone, qui englobe le pôle sud jusqu'à une latitude de 55° Sud environ, est couverte de fractures tectoniques et de failles mais ne possède aucun cratère (ou du moins aucun cratère visible avec la résolution des instruments de la sonde), suggérant ainsi qu'il s'agit de la surface la plus récente d'Encelade. Les modèles concernant le taux théorique d'impacts dans cette région du Système solaire permettent d'en déduire que cette région serait âgée de 10 à 100 millions d'années au maximum[14].
78
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79
+ Au centre de cette région se trouvent quatre grandes failles d'environ 2 km de large sur 130 km de long et 500 mètres de profondeur. Elles sont bordées par des arêtes de 100 mètres de haut et de 2 à 4 km de large. Officieusement dénommées « rayures de tigre »[note 3] et séparées d'environ 35 km, elles sont presque exactement parallèles, et une analyse attentive des images, notamment des intersections entre les différentes failles de la région, montre que ces fractures sont les plus récentes formations géologiques de la zone.
80
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81
+ L'instrument VIMS de la sonde Cassini (Visible and Infrared Mapping Spectrometer – spectromètre dans le domaine visible et infrarouge) a montré que la matière présente autour de ces « rayures de tigre » possède un spectre différent de celui du reste de la surface d'Encelade, et a également détecté des cristaux de glace à l'intérieur des rayures. Ceci implique qu'elles sont très récentes (moins de 1 000 ans, peut-être même seulement 10 ans)[15]. En effet, lorsque de l'eau liquide ou de la vapeur se condense en glace, il se forme de la glace cristalline. Or, l'action des rayons UV en provenance du Soleil et du rayonnement cosmique transforme en surface cette glace cristalline en glace amorphe en seulement quelques dizaines d'années. La présence de glace cristalline au niveau des « rayures de tigre » montre donc que cette glace s'est formée très récemment, soit par l'arrivée d'eau liquide qui a gelé sur place, soit par de la vapeur d'eau qui a givré.
82
+
83
+ L'environnement de l'une de ces rayures du pôle sud a été observé à très haute résolution lors du survol du 14 juillet 2005, révélant une région extrêmement déformée par les mouvements tectoniques et couverte de gros blocs de glace dont la taille varie de 10 à 100 mètres[16]. L'origine de ces blocs reste inconnue.
84
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85
+ La frontière entre cette région très active centrée sur le pôle sud et le reste de la surface est marquée par des bandes de falaises et de vallées parallèles. La forme, l'orientation et la position de celles-ci indiquent qu'elles ont été causées par une modification de la forme globale d'Encelade, et notamment par une diminution du diamètre dans la direction de l'axe de rotation[17], qui pourrait être due à une modification de la période de rotation[18], ou bien à une réorientation du satellite engendrée par la formation d'un diapir large et peu dense dans le manteau glacé[19].
86
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87
+ À la suite du passage de Voyager 2 au début des années 1980, les scientifiques ont émis l'hypothèse qu'Encelade pourrait posséder des cryovolcans encore actifs, en se basant notamment sur la relative jeunesse de sa surface, et sur la position du satellite au cœur de l'anneau E de Saturne. Encelade semblait être la source des particules constituant celui-ci, probablement par un phénomène d'éjection de vapeur d'eau provenant de l'intérieur du satellite. L'une des conséquences visibles de ce cryovolcanisme actif devait être la présence d'une atmosphère, même très ténue, autour d'Encelade. Ce dernier étant trop petit pour pouvoir retenir une atmosphère autour de lui par gravité, la présence d'une telle atmosphère serait donc la preuve qu'il existe un mécanisme récent, ou même encore actif, qui permette de la renouveler.
88
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89
+ Les données collectées par plusieurs des instruments de la sonde Cassini ont permis de confirmer cette hypothèse. En premier lieu, le magnétomètre situé à bord de la sonde a mesuré, au cours des trois survols du 17 février, 9 mars et 14 juillet 2005, une déviation des lignes du champ magnétique de Saturne autour d'Encelade – cette déviation mesurée est cohérente avec les modèles théoriques qui prédisent qu'elle est provoquée par les courants électriques engendrés par les interactions entre les particules ionisées de l'atmosphère et le champ magnétique de la planète[20]. Des analyses plus poussées de ces mesures ont également permis d'identifier la composition chimique des particules ; dans ce cas, ce sont des molécules de vapeur d'eau ionisée qui furent observées. Lors de ce survol très rapproché, l'équipe chargée du magnétomètre montra que les gaz de l'atmosphère d'Encelade sont concentrés au-dessus de la région du pôle sud, la densité de l'atmosphère étant beaucoup plus faible, voire inexistante, lorsque l'on s'éloigne de cette zone.
90
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91
+ Ce résultat est complété par deux observations réalisées à l'aide de l'instrument UVIS (Ultraviolet Imaging Spectrograph, caméra et spectromètre dans le domaine ultraviolet) au cours de deux expériences d'occultations d'étoiles par Encelade, la première le 17 février et la deuxième le 14 juillet 2005. Lorsque la luminosité d'une étoile est mesurée – et si la trajectoire de la sonde amène cet astre à passer derrière le satellite –, la variation de luminosité peut indiquer la présence ou l'absence d'atmosphère. Si la luminosité de l'étoile cesse brusquement lorsque celle-ci passe derrière, alors il n'y a pas d'atmosphère visible ; en revanche, avant la disparition de l'étoile derrière le disque du satellite, s'il y a une atténuation progressive, même légère, de la luminosité de l'étoile, c'est qu'il y a une atmosphère. La situation est symétrique lorsque l'étoile ressort de derrière Encelade.
92
+
93
+ Lors du survol de février, c'est Shaula (λ Scorpii) qui fut occultée (voir schéma ci-contre) : le suivi de la luminosité de l'étoile montre une chute brutale au moment de l'occultation, le même phénomène se répétant à la réapparition de l'autre côté d'Encelade. En revanche, lors de l'occultation, le 14 juillet, de Bellatrix (γ Orionis), l'instrument a pu mesurer une diminution progressive de la luminosité de l'astre, au fur et à mesure qu'il se rapprochait du limbe d'Encelade près du pôle sud. La réapparition de l'étoile de l'autre côté du disque a été cette fois encore très rapide ; ces deux observations montrent qu'Encelade possède une atmosphère, mais qu'elle est très localisée, autour du pôle sud. Des analyses complémentaires du spectre de Bellatrix ont permis, en mesurant l'absorption de certaines raies spectrales bien particulières alors que l'astre était progressivement assombri, de montrer que la vapeur d'eau est le composant principal de cette atmosphère[21].
94
+
95
+ Pendant le survol rapproché de juillet, alors que la sonde traversait le nuage de gaz centré sur le pôle sud, l'instrument INMS (Ion and Neutral Mass Spectrometer – spectromètre de masse) détecta une nette augmentation de la quantité de vapeur d'eau (H2O), mais également du diazote (N2) et du dioxyde de carbone (CO2)[22]. Par ailleurs, le CDA (Cosmic Dust Analyzer – analyseur de poussières cosmiques) détecta lui aussi une augmentation du nombre de particules à l'approche d'Encelade, et notamment de micro-cristaux de givre, confirmant ainsi que le satellite est l'une des sources principales alimentant l'anneau E en matière. L'analyse des données du CDA et du INMS suggèrent que le nuage que la sonde a traversé est émis par ou très près des « rayures de tigre ». Pendant un autre survol, d'octobre 2016, du dihydrogène est détecté à hauteur de 0,4 % à 1,4 % en volume. La concentration étant relativement élevée, il est suggéré que cet hydrogène soit issu d'un processus hydrothermal prenant place dans un océan souterrain[23],[24].
96
+
97
+ L'atmosphère d'Encelade ne peut pas perdurer durablement pour un corps aussi petit, avec une aussi faible gravité de surface (0,113 m/s2, soit 0,012 fois la gravité terrestre). Si elle est encore présente, c'est qu'elle est récente et n'a pas encore eu le temps de s'échapper dans l'espace, et qu'il existe un mécanisme permettant de la régénérer continuellement.
98
+
99
+ Les données acquises par les instruments INMS et CDA de Cassini ont montré que cette atmosphère est située non seulement exclusivement autour du pôle sud, mais que la densité de matière est maximale aux alentours des « rayures de tigre » (voir chapitre Atmosphère). D'autres mesures effectuées à l'aide du spectromètre infrarouge de la sonde (CIRS) au cours du survol de juillet 2005 ont mis en évidence la présence de « points chauds », situés eux aussi très près des « rayures de tigre ». La température moyenne de cette région est de 85~90 kelvins, soit une quinzaine de degrés de plus que ce que prévoit la théorie en ne tenant compte que du rayonnement reçu du Soleil. De plus, en augmentant encore la résolution de la mesure, certaines régions à l'intérieur des « rayures de tigre » ont été mesurées à des températures de 140 K, bien que des températures encore plus élevées puissent exister, mais la résolution des instruments de Cassini ne permet pas de les différencier.
100
+
101
+ Les « rayures de tigre » sont donc devenues les lieux les plus probables de la source d'émission de matière dans l'atmosphère d'Encelade. La confirmation visuelle de cette émission de gaz et de poussières est faite en novembre 2005, lorsque Cassini observa des jets de particules de glace s'élevant à partir de la région du pôle sud[18]. Les images prises ont montré de nombreux jets très fins s'étendant dans toutes les directions, ainsi qu'un immense nuage de gaz, plus faible et plus diffus, qui s'étend à presque 500 km au-dessus de la surface d'Encelade. La plupart des particules de glace émises dans ces jets semblent finir par retomber à la surface, une fraction infime, environ un pourcent, s'échappant finalement pour aller alimenter l'anneau E[25].
102
+
103
+ Ces observations montrent que, bien que le terme d'atmosphère soit toujours utilisé, celle-ci n'est en fait qu'un immense nuage de gaz et de poussières, la partie la plus diffuse des jets situés au pôle sud.
104
+
105
+ Le mécanisme à l'origine de ce dégazage reste encore en bonne partie inconnu, et l'explication du phénomène dépend en grande partie du modèle utilisé pour la structure interne d'Encelade (voir cette section pour des détails). Parmi les deux hypothèses les plus développées, l'une suggère que ces jets pourraient provenir de poches de vapeur d'eau sous pression situées sous la surface, à la manière des geysers terrestres ; l'autre hypothèse fait intervenir un mécanisme de sublimation de la glace de surface, réchauffée par la présence en profondeur d'une mélasse plus ou moins liquide et « chaude » composée d'eau et d'ammoniac (NH3).
106
+
107
+ L'activité géologique d'Encelade est assez particulière pour un corps aussi petit, et l'origine de la source d'énergie déclenchant cette activité, ainsi que les modalités de celle-ci (qui implique la présence de liquide pour expliquer le magmatisme) restent encore aujourd'hui mal comprises.
108
+
109
+ Les estimations de la masse d'Encelade réalisées à partir des données de Voyager suggéraient qu'il était composé presque exclusivement de glace d'eau. Depuis, l'équipe chargée de la navigation de la sonde Cassini a recalculé cette masse en se basant sur les effets induits sur la trajectoire de la sonde par le champ gravitationnel du satellite, conduisant à une valeur nettement plus élevée de 1,608×103 kg/m3[1] pour la masse volumique. Cette densité est supérieure à celle des autres satellites de Saturne comparables à Encelade, et indique que la proportion de silicates et de fer (donc d'éléments radioactifs) à l'intérieur de celui-ci est plus importante que pour les autres. Ainsi, l'intérieur d'Encelade pourrait avoir connu un épisode de réchauffement plus important que celui de ses compagnons sous l'effet des éléments radioactifs.
110
+
111
+ En ce qui concerne les processus qui gouvernent l'activité d'Encelade, l'hypothèse actuellement la plus aboutie (mars 2006) est celle dite du « geyser froid »[18]. Selon ce modèle, les jets de vapeur et de particules de glace émanant des « rayures de tigre » proviendraient de réservoirs souterrains d'eau liquide sous pression, et s'échapperaient par des bouches de sorties ayant percé la croûte à cet endroit. Ces poches d'eau seraient situées à quelques dizaines de mètres sous la surface seulement. Cependant, la source de chaleur permettant à cette eau d'atteindre le point de fusion (273 K ou 0 °C) n'est que partiellement connue. Les silicates différenciés en un noyau rocheux au centre d'Encelade contribuent pour une part au réchauffement par l'intermédiaire de la radioactivité, tout comme les frictions engendrées par les forces de marée que provoquent la présence de Saturne et des autres satellites, notamment Dioné, mais le bilan énergétique de l'ensemble est cependant insuffisant pour expliquer que la glace située sous la surface ait pu atteindre une telle température. Il est possible que des perturbations aient provoqué, dans un passé plus ou moins récent, des modifications de l'orbite d'Encelade, qui auraient accru de manière significative l'effet des forces de marée, notamment en « forçant » l'ellipticité de l'orbite, pour finalement accroître de manière importante la température interne du satellite. Bien qu'il ne s'agisse toujours là que d'une hypothèse, les réminiscences de cet échauffement passé, ainsi que la radioactivité et les forces marémotrices actuelles pourraient suffire à expliquer l'activité géologique contemporaine.
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113
+ Les modèles précédemment proposés prenaient pour hypothèse l'existence d'un niveau partiellement liquide en profondeur, entre la couche de glace superficielle et les silicates du noyau, qui serait composé d'un mélange d'eau et d'ammoniac. Le mélange eau/ammoniac présente en effet un eutectique, dont le point de fusion est de 170 K (−100 °C, à la pression atmosphérique). La composition de cet eutectique est d'un tiers d'ammoniac pour deux tiers d'eau, et, de même que pour le modèle du « geyser froid », les jets de vapeur observés seraient constitués de ce mélange remontant à la surface. Cependant, les proportions très faibles d'ammoniac mesurées par Cassini dans les jets du pôle Sud semblent incompatibles avec cette hypothèse, ce qui explique qu'elle soit remise en cause, bien qu'elle ne puisse être totalement écartée.
114
+
115
+ Le 3 avril 2014, la NASA annonce que Cassini a détecté la présence d'un grand océan souterrain d'eau liquide sous le pôle sud du satellite, océan d'environ 500 kilomètres de large et d'une dizaine de kilomètres d'épaisseur recouvert d'une épaisse couche de glace cristallisée[26],[27]. En septembre 2015, un communiqué de la NASA annonce que l'océan d'Encelade recouvrirait finalement l'ensemble de la lune et ne serait pas réduit à quelques poches sous la glace[28]. Après avoir observé pendant sept ans la libration d'Encelade en se focalisant sur certaines formations présentes à sa surface, notamment ses cratères, une légère oscillation d'Encelade a pu être détectée[29]. Cette oscillation est parfaitement incompatible avec une couche de glace solide s'étendant jusqu'au noyau rocheux de la lune. Les résultats de ces observations suggèrent donc qu'une couche de liquide sépare la surface d'Encelade de son noyau[30].
116
+
117
+ Deux hypothèses concurrentes (ou complémentaires) permettent d'expliquer la persistance d'un océan souterrain : les forces de marée dues à Saturne et Dioné d'une part, les écoulements turbulents dus à la libration longitudinale de la croûte de glace d'autre part[31].
118
+
119
+ L'anneau E est le plus externe et le plus étendu des anneaux de Saturne, ainsi d'ailleurs que de tous les anneaux planétaires du Système solaire. Bien que très ténu, il s'étend de l'orbite de Mimas à celui de Titan, sur presque un million de kilomètres de diamètre. Or les modèles théoriques montrent que cet anneau est instable sur une échelle de temps de l'ordre de 10 000 ans à un million d'années, ce qui impose que l'apport de particules soit très récent.
120
+
121
+ Encelade orbitant à l'intérieur de cet anneau, à l'endroit où la densité est la plus élevée et où l'anneau est le moins épais, il a longtemps été soupçonné d'être, au moins en partie, la source des poussières glacées composant l'anneau[11]. Ceci a été confirmé par les observations de la sonde Cassini qui montrent deux mécanismes bien distincts conduisant à ce transfert de matière[25] :
122
+
123
+ Enceladus éjecte des panaches contenant de l'eau, de l'ammoniac, des grains de silice et des molécules organiques, y compris des hydrocarbures[32],[33]. Les modèles numériques [34] et les mesures de gravité indiquent qu'Encelade possède un grand noyau rocheux et poreux de température modérée permettant à l'eau de s'écouler à travers lui, transportant des molécules chimiques[35]. Il pourrait permettre la vie à l'intérieur du satellite[36]. Des organismes primitifs d'Encelade pourraient atteindre d'autres planètes du Système solaire (panspermie)[37].
124
+
125
+ Depuis la surface d'Encelade, Saturne a un diamètre apparent de presque 30°, soit soixante fois plus grand que celui de la Lune telle que vue depuis la Terre. De plus, puisque la période de rotation et la période de révolution sidérale d'Encelade sont synchrones, Saturne occupe toujours la même position dans le ciel (avec une toute petite variation liée à l'excentricité de l'orbite autour de la planète), et donc ne serait jamais visible depuis le côté qui lui est opposé. Les anneaux quant à eux seraient vus presque exactement par la tranche grâce à la très faible inclinaison (0,019°) de l'orbite d'Encelade, mais l'ombre qu'ils projettent sur la surface de Saturne serait quant à elle nettement visible.
126
+
127
+ Comme pour la Lune, Saturne apparaîtrait la plupart du temps sous forme d'un énorme croissant. Le Soleil vu depuis Encelade aurait en fait un diamètre apparent d'environ 3,5 minutes d'arc, presque dix fois inférieur à celui perçu depuis la Terre.
128
+
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+ L'observateur placé sur Encelade, du côté qui fait face à Saturne, pourrait également voir Mimas (le plus grand des satellites dont l'orbite est située à l'intérieur de celle d'Encelade) transiter régulièrement — toutes les 72 heures environ — devant le disque de Saturne[38].
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+ Encelade (S II Enceladus) est un satellite naturel de la planète Saturne, découvert par William Herschel en 1789. Il s'agit du sixième satellite de Saturne par la taille, et du quatorzième par son éloignement.
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+ Depuis la mission Voyager 2, et surtout la mission Cassini-Huygens, arrivée en orbite saturnienne en 2004, Encelade est réputé pour posséder plusieurs caractéristiques étonnantes, dont une géologie très complexe jusque-là insoupçonnée, et une activité qui reste toujours actuellement difficile à expliquer, pour un corps de si petite taille (500 km de diamètre en moyenne). La sonde Cassini a d'ailleurs observé à sa surface des jets de matière qui pourraient être semblables à des geysers composés « d'une sorte d'eau carbonique mélangée à une essence de gaz naturel[5] », et qui semblent indiquer la présence d'eau liquide sous la surface. De récentes observations ont permis de confirmer cette hypothèse, en démontrant la présence d'un océan d'eau liquide sous sa surface. Les trois ingrédients de la vie (chaleur, eau, molécules organiques) seraient donc potentiellement présents sur Encelade[6].
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7
+ Selon les images de la sonde Cassini, Encelade est recouvert d'une couche aux reflets bleutés, caractéristique de la neige d'eau fraîche. La neige serait épaisse d'une centaine de mètres, ce qui indique qu'il neige sur Encelade depuis au moins 100 millions d'années. Les geysers, et la source de chaleur souterraine qui les alimente, seraient donc actifs depuis très longtemps.
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+
9
+ Encelade tourne autour de Saturne au sein de l'anneau le plus externe et le plus ténu de tous, appelé anneau E ; cet anneau serait alimenté en permanence en particules par les « éruptions volcaniques » actuelles (ou récentes) d'Encelade. Ce satellite est l'un des quatre seuls objets du Système solaire (avec le satellite de Jupiter, Io, celui de Neptune, Triton, et bien sûr la Terre) sur lesquels des éruptions ou des éjections de matière ont pu être directement observées.
10
+
11
+ Ce satellite de Saturne tient son nom d'Encelade, un Géant de la mythologie grecque, vaincu par Athéna lors de la Gigantomachie (la guerre des dieux contre les Géants), et enseveli sous l'île de Sicile. Il est également désigné par les appellations de « Saturne II » ou « S II Enceladus ».
12
+
13
+ Le nom « Encelade », ainsi que ceux des sept satellites de Saturne connus à l'époque, ont été suggérés par John Herschel, le fils du découvreur William Herschel, dans une publication de 1847[7],[8].
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+
15
+ Par la suite, les formations géologiques d'Encelade ont été nommées d'après des personnages et des lieux du recueil des contes persans Les Mille et Une Nuits[note 1].
16
+
17
+ Pour un observateur terrestre, la magnitude apparente d'Encelade à l'opposition est de 11,7[9], il n'est donc jamais visible à l'œil nu. Suivant les conditions d'observation et la « qualité du ciel », un télescope de 300 mm de diamètre est en général nécessaire pour réussir à l'apercevoir.
18
+
19
+ Puisqu'il fait le tour de Saturne en 1,37 jour (soit un peu moins de 33 heures), il est possible, au cours d'une même nuit d'observation, de se rendre compte du mouvement d'Encelade autour de sa planète, pour peu que la durée de visibilité soit suffisamment longue.
20
+
21
+ Avant le début des années 1980, Encelade n'avait jamais été vu autrement que comme un minuscule point blanc orbitant autour de Saturne. Les seules données connues étaient les caractéristiques de son orbite, et une estimation de sa masse, sa densité et son albédo.
22
+
23
+ Les premières images d'Encelade prises par des engins spatiaux furent celles des deux sondes du programme Voyager. Voyager 1 ne put obtenir que des clichés lointains et de faible résolution en décembre 1980. Toutefois, le fait que ces images montraient une surface lisse, apparemment dépourvue de relief, alors qu'à des résolutions équivalentes des cratères étaient visibles à la surface de tous les autres satellites observés par Voyager 1, constituait déjà un indice de la relative jeunesse de sa surface[11].
24
+
25
+ En août 1981, Voyager 2 réussit à saisir des images de bien meilleure résolution, suffisamment détaillées pour révéler que, contrairement par exemple à Mimas, qui possède une surface vieille, sombre et abondamment cratérisée, la surface d'Encelade est plutôt lisse, jeune et brillante. Le satellite montrait par ailleurs des signes évidents d'activité récente, à l'échelle des temps géologiques. Cette découverte fut à l'époque une grande surprise pour la communauté scientifique, aucun modèle ne pouvant alors expliquer qu'un corps aussi petit et aussi froid puisse encore présenter une activité géologique.
26
+
27
+ L'étude détaillée d'Encelade dut ensuite attendre l'arrivée en orbite saturnienne de la sonde Cassini, le 30 juin 2004. Compte tenu des observations réalisées à partir des images prises par Voyager 2, Encelade était considéré comme un objectif de première importance par les scientifiques et planificateurs de la mission Cassini, et plusieurs survols rapprochés, à des distances inférieures à 1 500 km, furent programmés. Les moteurs de la sonde furent même mis à contribution pour réduire la distance de passage lors du survol du 14 juillet 2005, afin de la ramener à 172 km environ, nettement inférieure à celle initialement prévue (~1 000 km).
28
+
29
+ En 2006, des geysers composés de particules très fines de glace (éjectées dans l'espace à plus 200 km de la surface) furent découverts dans la région australe d'Encelade. Pour les étudier, les scientifiques planifièrent un survol audacieux de la sonde Cassini, le 12 mars 2008, à seulement 48 km de la surface. Les premiers résultats révélèrent une température plus élevée que prévu, et la présence de composés organiques, voire d'eau liquide[12]. D'autres survols à plus basse altitude sont programmés à partir de 2008 et au-delà, dans le cadre de la mission étendue de la sonde.
30
+
31
+ Les scientifiques de la mission Cassini-Huygens se sont fixé les objectifs principaux suivants à propos d'Encelade[13] :
32
+
33
+ Encelade fait partie des satellites majeurs internes du système saturnien, et se situe en quatorzième position par ordre d'éloignement à partir de Saturne ; il orbite à l'intérieur de l'anneau E, le plus externe de tous, à l'endroit où la densité de matière est maximale au sein de cette couronne très large mais très ténue.
34
+
35
+ Encelade se trouve de plus en résonance 2:1 avec une autre lune de Saturne, Dioné ; il parcourt donc exactement deux orbites pendant que Dioné de son côté fait une révolution autour de la planète.
36
+
37
+ La distance moyenne entre Encelade et Saturne est d'environ 180 000 kilomètres, soit trois fois le rayon de cette planète, dont il fait le tour en 32 heures 53 minutes environ. Comme beaucoup de satellites naturels, Encelade est en rotation synchrone autour de Saturne ; la durée de son orbite étant égale à celle de sa rotation sur lui-même, il présente ainsi toujours la même face vers la planète, comme le fait la Lune avec la Terre, par exemple.
38
+
39
+ L'orbite d'Encelade est quasiment circulaire, avec une excentricité de seulement 0,0045, et une inclinaison de 0,019° par rapport au plan de l'équateur de Saturne.
40
+
41
+ Encelade est un satellite plutôt petit, avec un diamètre moyen de 500 km, soit presque sept fois inférieur à celui de la Lune. Ces dimensions réduites lui permettraient de tenir à l'intérieur de la Grande-Bretagne, comme le montre l'illustration ci-contre.
42
+
43
+ Il s'agit du sixième satellite de Saturne par ordre de masse et de diamètre décroissant, après Titan (5 150 km de diamètre), Rhéa (1 530 km), Japet (1 440 km), Dioné (1 120 km) et Téthys (1 050 km). C'est également l'un des plus petits satellites sphériques du système interne, tous les autres satellites plus petits ayant une forme irrégulière (mis à part Mimas avec ses 390 km de diamètre).
44
+
45
+ Les dimensions précises du satellite, qui ont été calculées à l'aide des images du limbe prises par l'instrument ISS (sous-système d'imagerie scientifique) de la sonde Cassini sont de 513 (a)×503 (b)×497 (c) km[1]. La dimension (a) correspond au diamètre du côté (toujours le même) tourné en direction de Saturne, (b) au diamètre du côté face à l'orbite, et (c) au diamètre entre les pôles. Encelade a donc globalement la forme d'un ellipsoïde aplati aux pôles.
46
+
47
+ Les images prises par Voyager 2 en août 1981 étaient les premières à fournir des observations topographiques intéressantes de la surface d'Encelade. L'illustration du tableau en début d'article est une mosaïque en fausses couleurs des meilleurs clichés pris par la sonde. L'examen des données de Voyager a montré que la surface d'Encelade est constituée de plusieurs types de terrains, certains secteurs étant fortement cratérisés (donc anciens), tandis que d'autres sont totalement dépourvus de cratères d'impact (donc de formation récente). Ces zones, anciennes ou récentes, montrent toutes des signes de déformations très complexes et très variées, parfois de type cassant (failles, rifts...), parfois de type ductile (rides et sillons).
48
+
49
+ Compte tenu des modèles théoriques sur la fréquence des impacts météoritiques dans cette partie du Système solaire, l'absence de cratère dans les plaines montre que certaines de ces régions sont âgées de moins de 100 millions d'années[14], et qu'il existe donc un processus, probablement de « volcanisme aqueux », qui permet le renouvellement de la surface, et qui expliquerait que la glace « propre » reste dominante à la surface d'Encelade.
50
+
51
+ La glace récente et « propre » qui recouvre la surface confère à Encelade l'albédo le plus élevé de tous les objets du Système solaire (albédo géométrique visuel de 1,375±0,008[3] et albédo de Bond de 0,81±0,04[2]). En conséquence, puisqu'il reflète la quasi-totalité du rayonnement qu'il reçoit de la part du Soleil, la température moyenne à sa surface est extrêmement faible, de l'ordre de 75 K à midi localement (soit −198 °C).
52
+
53
+ Les observations réalisées durant les trois premiers survols rapprochés d'Encelade par la sonde Cassini ont permis d'étudier les formations géologiques à sa surface avec bien plus de détails qu'auparavant, la découverte la plus spectaculaire et la plus importante étant probablement l'étrange région du pôle sud, qui semble à la fois très complexe et très active.
54
+
55
+ Les formations géologiques d'Encelade tiennent leurs noms de personnages et de lieux présents dans le recueil de contes persans les Mille et une nuits[note 1]. Les types de terrain suivants sont officiellement reconnus par les scientifiques :
56
+
57
+ Ces désignations, et les noms propres assignés à certaines régions, ont été officiellement définis en 1982, peu de temps après le survol par Voyager 2. Les formations découvertes par la sonde Cassini n'ont pas encore officiellement reçu de nom.
58
+
59
+ Des cratères d'impact sont présents à la surface de la plupart des objets du Système solaire. Encelade ne fait pas exception, une bonne partie de sa surface étant couverte de cratères, la densité et le niveau de dégradation variant cependant suivant les régions. À partir des observations de Voyager 2, trois types de terrain différents ont pu être identifiés : ct1 (cratered unit 1), comportant de nombreux cratères déformés par relaxation visqueuse ; ct2 (cratered unit 2), dont les cratères sont légèrement moins nombreux et moins déformés ; enfin cp (cratered plains), avec des cratères encore moins nombreux et plus petits que pour les autres régions. Bien que la densité importante des cratères de ct1 en fasse la région la plus ancienne d'Encelade, celle-ci reste tout de même plus récente que les surfaces les plus jeunes de tout autre satellite de taille moyenne de Saturne.
60
+
61
+ Les cratères d'impact sont des marqueurs importants de l'histoire géologique d'un objet, tout d'abord en indiquant à partir de quelle époque après la période de formation initiale la surface est devenue suffisamment solide pour conserver les traces des impacts ; ensuite, en observant les dégradations subies par les cratères, voire l'absence totale de cratère, comme c'est le cas sur certaines parties d'Encelade, ils gardent les traces chronologiques des déformations subies par la croûte du satellite depuis l'impact.
62
+
63
+ Les observations réalisées depuis Voyager par la sonde Cassini ont permis d'obtenir beaucoup plus de détails sur ces régions cratérisées. Les images à haute résolution montrent qu'une grande partie des cratères d'Encelade sont fortement dégradés, soit par relaxation visqueuse, soit par des failles apparaissant dans la croûte, ou par un processus d'« adoucissement des contours ».
64
+
65
+ La relaxation visqueuse est le phénomène par lequel des cratères formés sur une croûte de glace d'eau se déforment, à des échelles de temps géologiques. La rapidité du phénomène dépend en grande partie de la température de la glace, une glace « chaude » étant moins visqueuse et, en conséquence, plus facile à déformer. Le fond des cratères ayant été déformé par relaxation visqueuse tend généralement à prendre une forme de dôme ; après une très longue période, il peut ne subsister comme preuve de la présence d'un cratère que le rebord circulaire, légèrement plus élevé que le sol environnant.
66
+
67
+ Se superposant au phénomène de relaxation visqueuse, la forme d'un grand nombre de cratères d'Encelade a été modifiée par des fractures tectoniques. La quasi-totalité des cratères photographiés par Cassini dans la région ct2 montre des signes de déformations causées par des mouvements tectoniques, et notamment de nombreuses failles.
68
+
69
+ Un autre phénomène tend à dégrader les cratères de la région cp et des plaines, leur donnant un aspect arrondi, les reliefs abrupts fréquents dans le cas de déformations tectoniques semblant avoir été gommés (certaines fractures affichent également ce type d'adoucissement du relief). La cause de ce phénomène n'est pas encore bien comprise, l'hypothèse la plus probable étant liée au dépôt de régolithe provenant de l'anneau E.
70
+
71
+ Voyager 2 a permis de découvrir plusieurs types de formations tectoniques sur Encelade, parmi lesquelles des groupes de failles linéaires et de grandes bandes ridées curvilignes. Les résultats ultérieurs obtenus par Cassini suggèrent que les mouvements tectoniques sont la principale cause de déformation de la croûte sur Encelade. L'une des manifestations les plus spectaculaires de ces mouvements tectoniques est des rifts (appelés fossae sur Encelade) qui peuvent atteindre près de 200 km de long et 5 à 10 km de largeur, sur un kilomètre de profondeur. Ces formations semblent relativement récentes puisqu'elles coupent à travers d'autres formations de type tectonique, et que leurs reliefs apparaissent abrupts et anguleux le long des falaises.
72
+
73
+ Constituant un autre type de déformations tectoniques, les sulci sont de grandes bandes de « rides » et de « sillons » plus ou moins parallèles, qui se trouvent souvent à la séparation entre les régions de plaines plutôt planes et les régions de cratères. Des formations du même type ont été observées sur Ganymède, un des satellites de Jupiter, mais contrairement à ce dernier, les rides des sulci d'Encelade ne sont pas forcément toujours bien parallèles, et de nombreuses zones présentent une forme en chevron rappelant celle de certains glaciers terrestres (bien que les processus de formation soient probablement très différents). Les images prises par la sonde Cassini ont également permis de découvrir des « taches noires », de 125 à 750 mètres de large, alignées parallèlement aux lignes de fracture.
74
+
75
+ L'inventaire des différentes formations de la surface d'Encelade montre que celle-ci a été modelée par une histoire géologique à la fois longue et complexe, dont l'épisode le plus récent semble lié à une région centrée sur le pôle sud. Les images prises par la sonde Cassini pendant le survol effectué le 14 juillet 2005 ont permis d'étudier en détail cette « nouvelle » région, qui n'apparaissait pas clairement sur les images précédentes de Voyager 2[note 2].
76
+
77
+ Cette zone, qui englobe le pôle sud jusqu'à une latitude de 55° Sud environ, est couverte de fractures tectoniques et de failles mais ne possède aucun cratère (ou du moins aucun cratère visible avec la résolution des instruments de la sonde), suggérant ainsi qu'il s'agit de la surface la plus récente d'Encelade. Les modèles concernant le taux théorique d'impacts dans cette région du Système solaire permettent d'en déduire que cette région serait âgée de 10 à 100 millions d'années au maximum[14].
78
+
79
+ Au centre de cette région se trouvent quatre grandes failles d'environ 2 km de large sur 130 km de long et 500 mètres de profondeur. Elles sont bordées par des arêtes de 100 mètres de haut et de 2 à 4 km de large. Officieusement dénommées « rayures de tigre »[note 3] et séparées d'environ 35 km, elles sont presque exactement parallèles, et une analyse attentive des images, notamment des intersections entre les différentes failles de la région, montre que ces fractures sont les plus récentes formations géologiques de la zone.
80
+
81
+ L'instrument VIMS de la sonde Cassini (Visible and Infrared Mapping Spectrometer – spectromètre dans le domaine visible et infrarouge) a montré que la matière présente autour de ces « rayures de tigre » possède un spectre différent de celui du reste de la surface d'Encelade, et a également détecté des cristaux de glace à l'intérieur des rayures. Ceci implique qu'elles sont très récentes (moins de 1 000 ans, peut-être même seulement 10 ans)[15]. En effet, lorsque de l'eau liquide ou de la vapeur se condense en glace, il se forme de la glace cristalline. Or, l'action des rayons UV en provenance du Soleil et du rayonnement cosmique transforme en surface cette glace cristalline en glace amorphe en seulement quelques dizaines d'années. La présence de glace cristalline au niveau des « rayures de tigre » montre donc que cette glace s'est formée très récemment, soit par l'arrivée d'eau liquide qui a gelé sur place, soit par de la vapeur d'eau qui a givré.
82
+
83
+ L'environnement de l'une de ces rayures du pôle sud a été observé à très haute résolution lors du survol du 14 juillet 2005, révélant une région extrêmement déformée par les mouvements tectoniques et couverte de gros blocs de glace dont la taille varie de 10 à 100 mètres[16]. L'origine de ces blocs reste inconnue.
84
+
85
+ La frontière entre cette région très active centrée sur le pôle sud et le reste de la surface est marquée par des bandes de falaises et de vallées parallèles. La forme, l'orientation et la position de celles-ci indiquent qu'elles ont été causées par une modification de la forme globale d'Encelade, et notamment par une diminution du diamètre dans la direction de l'axe de rotation[17], qui pourrait être due à une modification de la période de rotation[18], ou bien à une réorientation du satellite engendrée par la formation d'un diapir large et peu dense dans le manteau glacé[19].
86
+
87
+ À la suite du passage de Voyager 2 au début des années 1980, les scientifiques ont émis l'hypothèse qu'Encelade pourrait posséder des cryovolcans encore actifs, en se basant notamment sur la relative jeunesse de sa surface, et sur la position du satellite au cœur de l'anneau E de Saturne. Encelade semblait être la source des particules constituant celui-ci, probablement par un phénomène d'éjection de vapeur d'eau provenant de l'intérieur du satellite. L'une des conséquences visibles de ce cryovolcanisme actif devait être la présence d'une atmosphère, même très ténue, autour d'Encelade. Ce dernier étant trop petit pour pouvoir retenir une atmosphère autour de lui par gravité, la présence d'une telle atmosphère serait donc la preuve qu'il existe un mécanisme récent, ou même encore actif, qui permette de la renouveler.
88
+
89
+ Les données collectées par plusieurs des instruments de la sonde Cassini ont permis de confirmer cette hypothèse. En premier lieu, le magnétomètre situé à bord de la sonde a mesuré, au cours des trois survols du 17 février, 9 mars et 14 juillet 2005, une déviation des lignes du champ magnétique de Saturne autour d'Encelade – cette déviation mesurée est cohérente avec les modèles théoriques qui prédisent qu'elle est provoquée par les courants électriques engendrés par les interactions entre les particules ionisées de l'atmosphère et le champ magnétique de la planète[20]. Des analyses plus poussées de ces mesures ont également permis d'identifier la composition chimique des particules ; dans ce cas, ce sont des molécules de vapeur d'eau ionisée qui furent observées. Lors de ce survol très rapproché, l'équipe chargée du magnétomètre montra que les gaz de l'atmosphère d'Encelade sont concentrés au-dessus de la région du pôle sud, la densité de l'atmosphère étant beaucoup plus faible, voire inexistante, lorsque l'on s'éloigne de cette zone.
90
+
91
+ Ce résultat est complété par deux observations réalisées à l'aide de l'instrument UVIS (Ultraviolet Imaging Spectrograph, caméra et spectromètre dans le domaine ultraviolet) au cours de deux expériences d'occultations d'étoiles par Encelade, la première le 17 février et la deuxième le 14 juillet 2005. Lorsque la luminosité d'une étoile est mesurée – et si la trajectoire de la sonde amène cet astre à passer derrière le satellite –, la variation de luminosité peut indiquer la présence ou l'absence d'atmosphère. Si la luminosité de l'étoile cesse brusquement lorsque celle-ci passe derrière, alors il n'y a pas d'atmosphère visible ; en revanche, avant la disparition de l'étoile derrière le disque du satellite, s'il y a une atténuation progressive, même légère, de la luminosité de l'étoile, c'est qu'il y a une atmosphère. La situation est symétrique lorsque l'étoile ressort de derrière Encelade.
92
+
93
+ Lors du survol de février, c'est Shaula (λ Scorpii) qui fut occultée (voir schéma ci-contre) : le suivi de la luminosité de l'étoile montre une chute brutale au moment de l'occultation, le même phénomène se répétant à la réapparition de l'autre côté d'Encelade. En revanche, lors de l'occultation, le 14 juillet, de Bellatrix (γ Orionis), l'instrument a pu mesurer une diminution progressive de la luminosité de l'astre, au fur et à mesure qu'il se rapprochait du limbe d'Encelade près du pôle sud. La réapparition de l'étoile de l'autre côté du disque a été cette fois encore très rapide ; ces deux observations montrent qu'Encelade possède une atmosphère, mais qu'elle est très localisée, autour du pôle sud. Des analyses complémentaires du spectre de Bellatrix ont permis, en mesurant l'absorption de certaines raies spectrales bien particulières alors que l'astre était progressivement assombri, de montrer que la vapeur d'eau est le composant principal de cette atmosphère[21].
94
+
95
+ Pendant le survol rapproché de juillet, alors que la sonde traversait le nuage de gaz centré sur le pôle sud, l'instrument INMS (Ion and Neutral Mass Spectrometer – spectromètre de masse) détecta une nette augmentation de la quantité de vapeur d'eau (H2O), mais également du diazote (N2) et du dioxyde de carbone (CO2)[22]. Par ailleurs, le CDA (Cosmic Dust Analyzer – analyseur de poussières cosmiques) détecta lui aussi une augmentation du nombre de particules à l'approche d'Encelade, et notamment de micro-cristaux de givre, confirmant ainsi que le satellite est l'une des sources principales alimentant l'anneau E en matière. L'analyse des données du CDA et du INMS suggèrent que le nuage que la sonde a traversé est émis par ou très près des « rayures de tigre ». Pendant un autre survol, d'octobre 2016, du dihydrogène est détecté à hauteur de 0,4 % à 1,4 % en volume. La concentration étant relativement élevée, il est suggéré que cet hydrogène soit issu d'un processus hydrothermal prenant place dans un océan souterrain[23],[24].
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+
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+ L'atmosphère d'Encelade ne peut pas perdurer durablement pour un corps aussi petit, avec une aussi faible gravité de surface (0,113 m/s2, soit 0,012 fois la gravité terrestre). Si elle est encore présente, c'est qu'elle est récente et n'a pas encore eu le temps de s'échapper dans l'espace, et qu'il existe un mécanisme permettant de la régénérer continuellement.
98
+
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+ Les données acquises par les instruments INMS et CDA de Cassini ont montré que cette atmosphère est située non seulement exclusivement autour du pôle sud, mais que la densité de matière est maximale aux alentours des « rayures de tigre » (voir chapitre Atmosphère). D'autres mesures effectuées à l'aide du spectromètre infrarouge de la sonde (CIRS) au cours du survol de juillet 2005 ont mis en évidence la présence de « points chauds », situés eux aussi très près des « rayures de tigre ». La température moyenne de cette région est de 85~90 kelvins, soit une quinzaine de degrés de plus que ce que prévoit la théorie en ne tenant compte que du rayonnement reçu du Soleil. De plus, en augmentant encore la résolution de la mesure, certaines régions à l'intérieur des « rayures de tigre » ont été mesurées à des températures de 140 K, bien que des températures encore plus élevées puissent exister, mais la résolution des instruments de Cassini ne permet pas de les différencier.
100
+
101
+ Les « rayures de tigre » sont donc devenues les lieux les plus probables de la source d'émission de matière dans l'atmosphère d'Encelade. La confirmation visuelle de cette émission de gaz et de poussières est faite en novembre 2005, lorsque Cassini observa des jets de particules de glace s'élevant à partir de la région du pôle sud[18]. Les images prises ont montré de nombreux jets très fins s'étendant dans toutes les directions, ainsi qu'un immense nuage de gaz, plus faible et plus diffus, qui s'étend à presque 500 km au-dessus de la surface d'Encelade. La plupart des particules de glace émises dans ces jets semblent finir par retomber à la surface, une fraction infime, environ un pourcent, s'échappant finalement pour aller alimenter l'anneau E[25].
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+
103
+ Ces observations montrent que, bien que le terme d'atmosphère soit toujours utilisé, celle-ci n'est en fait qu'un immense nuage de gaz et de poussières, la partie la plus diffuse des jets situés au pôle sud.
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+ Le mécanisme à l'origine de ce dégazage reste encore en bonne partie inconnu, et l'explication du phénomène dépend en grande partie du modèle utilisé pour la structure interne d'Encelade (voir cette section pour des détails). Parmi les deux hypothèses les plus développées, l'une suggère que ces jets pourraient provenir de poches de vapeur d'eau sous pression situées sous la surface, à la manière des geysers terrestres ; l'autre hypothèse fait intervenir un mécanisme de sublimation de la glace de surface, réchauffée par la présence en profondeur d'une mélasse plus ou moins liquide et « chaude » composée d'eau et d'ammoniac (NH3).
106
+
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+ L'activité géologique d'Encelade est assez particulière pour un corps aussi petit, et l'origine de la source d'énergie déclenchant cette activité, ainsi que les modalités de celle-ci (qui implique la présence de liquide pour expliquer le magmatisme) restent encore aujourd'hui mal comprises.
108
+
109
+ Les estimations de la masse d'Encelade réalisées à partir des données de Voyager suggéraient qu'il était composé presque exclusivement de glace d'eau. Depuis, l'équipe chargée de la navigation de la sonde Cassini a recalculé cette masse en se basant sur les effets induits sur la trajectoire de la sonde par le champ gravitationnel du satellite, conduisant à une valeur nettement plus élevée de 1,608×103 kg/m3[1] pour la masse volumique. Cette densité est supérieure à celle des autres satellites de Saturne comparables à Encelade, et indique que la proportion de silicates et de fer (donc d'éléments radioactifs) à l'intérieur de celui-ci est plus importante que pour les autres. Ainsi, l'intérieur d'Encelade pourrait avoir connu un épisode de réchauffement plus important que celui de ses compagnons sous l'effet des éléments radioactifs.
110
+
111
+ En ce qui concerne les processus qui gouvernent l'activité d'Encelade, l'hypothèse actuellement la plus aboutie (mars 2006) est celle dite du « geyser froid »[18]. Selon ce modèle, les jets de vapeur et de particules de glace émanant des « rayures de tigre » proviendraient de réservoirs souterrains d'eau liquide sous pression, et s'échapperaient par des bouches de sorties ayant percé la croûte à cet endroit. Ces poches d'eau seraient situées à quelques dizaines de mètres sous la surface seulement. Cependant, la source de chaleur permettant à cette eau d'atteindre le point de fusion (273 K ou 0 °C) n'est que partiellement connue. Les silicates différenciés en un noyau rocheux au centre d'Encelade contribuent pour une part au réchauffement par l'intermédiaire de la radioactivité, tout comme les frictions engendrées par les forces de marée que provoquent la présence de Saturne et des autres satellites, notamment Dioné, mais le bilan énergétique de l'ensemble est cependant insuffisant pour expliquer que la glace située sous la surface ait pu atteindre une telle température. Il est possible que des perturbations aient provoqué, dans un passé plus ou moins récent, des modifications de l'orbite d'Encelade, qui auraient accru de manière significative l'effet des forces de marée, notamment en « forçant » l'ellipticité de l'orbite, pour finalement accroître de manière importante la température interne du satellite. Bien qu'il ne s'agisse toujours là que d'une hypothèse, les réminiscences de cet échauffement passé, ainsi que la radioactivité et les forces marémotrices actuelles pourraient suffire à expliquer l'activité géologique contemporaine.
112
+
113
+ Les modèles précédemment proposés prenaient pour hypothèse l'existence d'un niveau partiellement liquide en profondeur, entre la couche de glace superficielle et les silicates du noyau, qui serait composé d'un mélange d'eau et d'ammoniac. Le mélange eau/ammoniac présente en effet un eutectique, dont le point de fusion est de 170 K (−100 °C, à la pression atmosphérique). La composition de cet eutectique est d'un tiers d'ammoniac pour deux tiers d'eau, et, de même que pour le modèle du « geyser froid », les jets de vapeur observés seraient constitués de ce mélange remontant à la surface. Cependant, les proportions très faibles d'ammoniac mesurées par Cassini dans les jets du pôle Sud semblent incompatibles avec cette hypothèse, ce qui explique qu'elle soit remise en cause, bien qu'elle ne puisse être totalement écartée.
114
+
115
+ Le 3 avril 2014, la NASA annonce que Cassini a détecté la présence d'un grand océan souterrain d'eau liquide sous le pôle sud du satellite, océan d'environ 500 kilomètres de large et d'une dizaine de kilomètres d'épaisseur recouvert d'une épaisse couche de glace cristallisée[26],[27]. En septembre 2015, un communiqué de la NASA annonce que l'océan d'Encelade recouvrirait finalement l'ensemble de la lune et ne serait pas réduit à quelques poches sous la glace[28]. Après avoir observé pendant sept ans la libration d'Encelade en se focalisant sur certaines formations présentes à sa surface, notamment ses cratères, une légère oscillation d'Encelade a pu être détectée[29]. Cette oscillation est parfaitement incompatible avec une couche de glace solide s'étendant jusqu'au noyau rocheux de la lune. Les résultats de ces observations suggèrent donc qu'une couche de liquide sépare la surface d'Encelade de son noyau[30].
116
+
117
+ Deux hypothèses concurrentes (ou complémentaires) permettent d'expliquer la persistance d'un océan souterrain : les forces de marée dues à Saturne et Dioné d'une part, les écoulements turbulents dus à la libration longitudinale de la croûte de glace d'autre part[31].
118
+
119
+ L'anneau E est le plus externe et le plus étendu des anneaux de Saturne, ainsi d'ailleurs que de tous les anneaux planétaires du Système solaire. Bien que très ténu, il s'étend de l'orbite de Mimas à celui de Titan, sur presque un million de kilomètres de diamètre. Or les modèles théoriques montrent que cet anneau est instable sur une échelle de temps de l'ordre de 10 000 ans à un million d'années, ce qui impose que l'apport de particules soit très récent.
120
+
121
+ Encelade orbitant à l'intérieur de cet anneau, à l'endroit où la densité est la plus élevée et où l'anneau est le moins épais, il a longtemps été soupçonné d'être, au moins en partie, la source des poussières glacées composant l'anneau[11]. Ceci a été confirmé par les observations de la sonde Cassini qui montrent deux mécanismes bien distincts conduisant à ce transfert de matière[25] :
122
+
123
+ Enceladus éjecte des panaches contenant de l'eau, de l'ammoniac, des grains de silice et des molécules organiques, y compris des hydrocarbures[32],[33]. Les modèles numériques [34] et les mesures de gravité indiquent qu'Encelade possède un grand noyau rocheux et poreux de température modérée permettant à l'eau de s'écouler à travers lui, transportant des molécules chimiques[35]. Il pourrait permettre la vie à l'intérieur du satellite[36]. Des organismes primitifs d'Encelade pourraient atteindre d'autres planètes du Système solaire (panspermie)[37].
124
+
125
+ Depuis la surface d'Encelade, Saturne a un diamètre apparent de presque 30°, soit soixante fois plus grand que celui de la Lune telle que vue depuis la Terre. De plus, puisque la période de rotation et la période de révolution sidérale d'Encelade sont synchrones, Saturne occupe toujours la même position dans le ciel (avec une toute petite variation liée à l'excentricité de l'orbite autour de la planète), et donc ne serait jamais visible depuis le côté qui lui est opposé. Les anneaux quant à eux seraient vus presque exactement par la tranche grâce à la très faible inclinaison (0,019°) de l'orbite d'Encelade, mais l'ombre qu'ils projettent sur la surface de Saturne serait quant à elle nettement visible.
126
+
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+ Comme pour la Lune, Saturne apparaîtrait la plupart du temps sous forme d'un énorme croissant. Le Soleil vu depuis Encelade aurait en fait un diamètre apparent d'environ 3,5 minutes d'arc, presque dix fois inférieur à celui perçu depuis la Terre.
128
+
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+ L'observateur placé sur Encelade, du côté qui fait face à Saturne, pourrait également voir Mimas (le plus grand des satellites dont l'orbite est située à l'intérieur de celle d'Encelade) transiter régulièrement — toutes les 72 heures environ — devant le disque de Saturne[38].
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+ Une enchère est une « offre d’un prix supérieur à la mise à prix, ou au prix qu’un autre a déjà offert, en parlant des choses qui se vendent ou s’afferment au plus offrant »[1]. Le terme synonyme de « vente aux enchères » au Québec est « encan ».
2
+
3
+ Une vente aux enchères est « un mécanisme structuré de négociation par lequel un agent économique (vendeur ou acheteur) met en concurrence plusieurs autres agents, durant un laps de temps limité, en vue de leur vendre ou de leur acheter des biens ou des services aux meilleures conditions. La finalité d'une vente aux enchères consiste à déterminer de manière objective le prix de réalisation d'une transaction commerciale »[2].
4
+
5
+ Deux éléments essentiels ressortent de cette définition :
6
+
7
+ Les enchères sont des mécanismes d’allocation de ressources rares dont l’utilisation remonte à l’Antiquité. On reconnaît généralement que l’histoire des enchères a débuté vers 500 av. J.-C. avec le marché du mariage de Babylone. Dans ces écrits, Hérodote décrit des enchères au premier prix au cours desquelles la main des jeunes femmes était accordée au plus offrant.
8
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9
+ Dans la Rome antique, il était fréquent que les biens confisqués lors de guerres de conquête soient vendus aux enchères publiques.
10
+
11
+ Le terme auctio désignait toutes les ventes aux enchères, celles des particuliers et de l'Etat, les ventes volontaires comme les ventes forcées. Diverses formalités les entouraient. Elles étaient précédées de publicité par affiches ou annonces verbales faites par le praeco, le crieur ; donnaient lieu à la rédaction d'un cahier des charges, appelé lex bonorum vedendorum[3]. Elles avaient lieu par l'intermédiaire d'un officier public, le magister et d'officiers publics intermédiaires, les auctionatores. Les auctionatores réalisaient les ventes aux enchères à l'aide du crieur, le praeco, dans la salle de vente appelée atrium auctionarium.
12
+
13
+ Après les invasions barbares du Ve siècle, la profession d’auctionator disparaît pour ne réapparaitre véritablement qu'à l'époque moderne.
14
+
15
+ En France, une ordonnance de Saint Louis de 1254 relative à l’organisation du guet de Paris, différencie les ventes volontaires, confiées aux marchands fripiers et les ventes judiciaires confiées aux sergents à verge dans Paris et sa banlieue et aux sergents à cheval dans les baillages et sénéchaussées.
16
+
17
+ C’est Henri II par un édit de 1556 qui introduit en France le commissaire-priseur moderne par la création : « d’offices formels et perpétuels de Maîtres priseurs de biens meubles pour, privativement à tous autres, faire les prisées, estimations et ventes, partages et lots de biens meubles qui seraient requis et nécessaires pour faire cesser esdits lieux les fraudes, intelligences et pratiques, abus et autres malversations ».
18
+
19
+ Louis XV confirme par un édit de 1758 le maintien  dans leurs fonctions des Huissiers-Commissaires-priseurs vendeurs de meubles moyennant finances. C’est la première apparition du terme « commissaire-priseur » dans les textes.
20
+
21
+ Lors de la Révolution Française, les huissiers-priseurs de province furent supprimés en juillet 1790, puis ce fut au tour des huissiers-priseurs parisiens en septembre 1793.
22
+
23
+ C’est en mars 1801 (27 ventôse an IX) que Napoléon Bonaparte, premier consul, rétablit des offices de commissaires-priseurs à Paris, avec la création de 80 charges. Les nominations sont effectuées par le tribunal d’instance de la Seine, une chambre de discipline est créée et la rémunération des commissaires-priseurs devient décroissante par tranche.
24
+
25
+ La province suit par une ordonnance de Louis XVIII en 1816 qui rétablit des offices de commissaires-priseurs en province, « au chef lieu d’arrondissement ou siège un tribunal de grande instance ou une agglomération de plus de 5 000 âmes ».
26
+
27
+ L’ordonnance de 1816 maintes fois modifiée est toujours en vigueur à ce jour et reste l’un des fondements de la profession actuelle de commissaire-priseur judiciaire[4].
28
+
29
+ Dans les sociétés contemporaines, les mécanismes de vente aux enchères ont été traditionnellement utilisés pour les produits de l’agriculture et de l’élevage. Parallèlement, les objets pour lesquels il est difficile d’estimer les coûts de production et ceux pour lesquels les coûts ne reflètent pas la valeur font également l’objet de ventes aux enchères (comme c’est le cas pour les objets et œuvres d’art).
30
+
31
+ Plus récemment[Quand ?], les enchères sont devenues un mode d’achat et de vente de plus en plus répandu. Ainsi les ventes aux enchères concernent des biens ou des services de plus en plus complexes comme des concessions pétrolières, des licences de téléphonie mobile ou encore des fréquences radio et des biens ayant une valeur de plus en plus grande.
32
+
33
+ Avec l'apparition des premières ventes aux enchères sur Internet en 1995 sur le site Onsale, puis sur le site eBay[5], acheter et vendre aux enchères s'est popularisé de manière exponentielle. Les enchères en ligne ont permis la suppression des contraintes géographiques et de temps : les acheteurs potentiels peuvent enchérir n'importe quand, à domicile. Ce mode d’achat et de vente a aussi permis d’étendre considérablement la diversité des produits mis en vente, qu'il s'agisse de biens neufs ou d'occasion.
34
+
35
+ Il existe une très grande diversité de mécanismes d'enchères que l'on peut classer dans trois grandes catégories[2] :
36
+
37
+ La classification des différents mécanismes est complexe car chaque grande catégorie peut se décliner en sous-catégories : enchères anglaises standards, enchères anglaises inversées, enchères inversées sous pli cacheté, enchères adjudications multiples séquentielles ou simultanées...
38
+
39
+ On peut aujourd’hui recenser plus de trente mécanismes différents[2] si l'on reprend ceux plus atypiques ou inclassables tels que les enchères doubles de type boursiers (où les deux côtés du marché sont en concurrence), les enchères de type Google Adwords, les enchères Real time Bidding, les enchères silencieuses...
40
+
41
+ La performance des différents types de mécanismes varie en fonction de nombreux paramètres comme la stratégie poursuivie par le vendeur, les enchérisseurs, la nature des informations communiquées à chacun...
42
+
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+ À titre d'exemple, voici quelques mécanismes courants expliqués :
44
+
45
+ Ces enchères sont certainement les plus populaires et les plus communes de toutes. Il s'agit d'enchères ascendantes (le prix augmente durant la vente) où l'organisateur de la vente (en France, on parle d'un commissaire-priseur) commence avec un prix de départ, chaque intéressé offre dès lors successivement un prix plus élevé, tout en respectant une surenchère minimum (aussi appelé incrément minimal). Le processus d'élimination s'arrête lorsqu'il ne reste plus en lice qu'un candidat. Le bien est attribué au candidat « le plus offrant » (s'il atteint ou dépasse le prix de réserve fixé par le vendeur) soit au prix que ce dernier a proposé « au premier prix », soit à un prix de cession égal à l'offre la plus élevée parmi celles des candidats éliminés, appelé « deuxième prix » (version japonaise). Ce dernier cas est donc stratégiquement analogue à celui d'une enchère fermée au second prix. L'enchère ascendante est le processus courant dans les salles de ventes.
46
+
47
+ Il s'agit d'enchères descendantes ou dégressives (le prix baisse continuellement durant le processus). Dans ce mécanisme, l'organisateur de la vente annonce un prix de départ élevé, puis l’abaisse par étapes, jusqu'à ce qu'un enchérisseur se déclare preneur. Le bien est alors attribué à cet enchérisseur « le plus offrant », à un prix de cession égal à son offre, appelé « premier prix » (les offres des autres candidats restent, dans cette procédure, inconnues). Ce type d'enchère rend la procédure d'allocation très rapide, c'est pourquoi elle est utilisée pour la vente de denrées périssables, comme aux Pays-Bas pour la vente des fromages et des fleurs coupées et au Japon sur les marchés au poisson.
48
+
49
+ Dans ce cas de figure, il s'agit d'un acheteur qui initie la vente en demandant à des vendeurs/fournisseurs potentiels de lui remettre leur meilleure offre de prix pour s’approvisionner chez eux. C'est un type d'enchères descendantes vu que le prix baisse à chaque nouvelle enchère. Ce mécanisme d'enchères se rencontre très fréquemment au niveau des processus d'attribution des marchés publics. Il s'agit bien d'enchères anglaises vu que les différents fournisseurs/vendeurs sont constamment informés des offres faites par les enchérisseurs concurrents et peuvent réagir en proposant un prix plus bas[2]. À la fin des enchères, le vendeur ayant proposé le prix le moins élevé remporte le marché et c'est donc à ce prix que l’acheteur devra lui acheter le bien ou le service.
50
+
51
+ Remarque : Le terme « enchère inversée » est très fréquemment utilisé sur internet pour désigner les sites d'enchères aux centimes[6] ou enchères à un sou. En réalité, ces sites appliquent des enchères ludiques et non pas de réelles ventes aux enchères. Leur fonctionnement est basé sur le principe de loterie (voir aussi enchères Pay to bid).
52
+
53
+ L'enchère la plus connue du grand public est celle où un vendeur offre un produit/service pour lequel des acheteurs font des offres compétitives. Les enchères inversées fonctionnent de manière opposée : C'est l'acheteur qui prend l'initiative en diffusant les détails de son cahier des charges vers une cible de vendeurs/fournisseurs qui, s'ils sont intéressés, disposent alors d'un temps limité pour faire des propositions de prix de manière compétitive.
54
+
55
+ L'information donnée au fournisseur quant à son positionnement dans l'enchère peut être de deux types : (1) visibilité totale, le fournisseur a connaissance des offres effectuées par ses concurrents en tout anonymat ou (2) classement, le fournisseur est informé qu'il est le premier ou pas le premier, ou qu'il est 1er, 2e, 3e, etc. Les mécanismes d'enchère vus précédemment (anglais, hollandais...) sont également applicables. Ainsi lors d'enchères inversées au format anglais, les différents fournisseurs-vendeurs font des offres descendantes. Par contre, lors d'enchères inversées hollandaises, l'acheteur augmente son prix jusqu'à ce qu'un des fournisseurs-vendeurs se déclare preneur.
56
+
57
+ En théorie, le principe des enchères anglaises inversées peut être utilisé pour pourvoir des postes d'emploi. Ainsi, une entreprise pourrait proposer une rémunération maximale pour un poste. Les différents candidats à ce poste peuvent enchérir à la baisse, celui proposant le salaire le moins élevé 'remporte' le poste.
58
+
59
+ Une mauvaise publicité[Par qui ?] a été faite autour de l'enchère inversée en raison de l'usage abusif d'acheteurs professionnels qui ne se focalisent que sur le prix et qui voient dans l'enchère un instrument pour des performances rapides portées à leur crédit[réf. nécessaire]. Pour pallier cet inconvénient les Directions d'Achat responsables ont mis en place l'enchère multicritère ou multi-paramètres qui permet la prise en compte, non seulement du prix, mais de nombreux autres paramètres quantifiés au travers d'une formule de « coût total d'acquisition »[réf. nécessaire].
60
+
61
+ Internet a donné un regain de vie aux enchères. Initialement mises en œuvre par des « commissaires priseurs » appartenant à des institutions ou sociétés spécialisées, elles peuvent maintenant, grâce à Internet, être montées ou utilisées par un large public.
62
+
63
+ À la vente, certains sites marchands proposent aux particuliers de mettre aux enchères des articles sur un site web internet. Dans ce cas, il s'agit le plus souvent d'une application de l'enchère de Vickrey où le vainqueur paie en réalité le prix proposé par le second (à un delta près). Mais tous les types de format sont potentiellement utilisables.
64
+
65
+ À l'achat, les Places de Marché sont des sites Internet spécialisés dans l'aide à la fonction achat des entreprises. Elles peuvent être soit « publiques », propriété d'un actionnaire indépendant, soit « privées », propriété d'une entreprise ou d'un club d'entreprises. Elles proposent de nombreux outils parmi lesquels des outils pour mettre en ligne des enchères inversées.
66
+
67
+ Pour participer à ce type d'enchères, chaque participant doit payer pour participer à la vente un montant non remboursable. Finalement il n'y aura cependant qu'un seul gagnant. Par exemple, lors d'une vente aux enchères caritatives organisée à l'occasion d'un gala, les participants ont dû s'acquitter préalablement d'un droit d'entrée au gala. Par analogie, c'est le même principe qui s'applique pour des sportifs participant à une compétition sportive (tous fournissent des efforts pour s'entraîner) ou pour des hommes politiques participant à une élection (ils payent de leur temps et pour leur campagne)[7].
68
+
69
+ Chaque fois qu'un enchérisseur veut déposer une enchère, il doit payer à l'organiseur de la vente un montant déterminé à titre de frais. L'enchérisseur va par conséquent essayer de remporter la vente en déposant le moins d'offre possible afin d'éviter les frais. C'est cette modalité qui est aussi utilisée comme mode de financement des sites « d'enchères aux centimes »[8].
70
+
71
+ Le principe de l'enchère au cadran est celui de la traditionnelle vente au cadran : les prix décroissent sur des durées prédéterminées et le premier qui fait acte d'achat remporte la vente. Ce type d'enchère dégressive est utilisée principalement dans le commerce alimentaire (fruits et légumes), dans le domaine agricole (marchés aux bestiaux) ou dans l'horticulture. Elle fait également son apparition depuis peu dans l'immobilier, avec l'enchère immobilière dégressive[9].
72
+
73
+ La vente à la bougie, aussi appelée "vente à la chandelle", est une pratique très ancienne. Le principe de l'enchère « à la bougie » est celui d'une vente aux enchères ascendantes classique, la bougie servant à déterminer la dernière enchère. À chaque enchère, une bougie est allumée. Si elle s'éteint sans nouvelle enchère, une seconde bougie est allumée, puis une troisième. À son extinction, le dernier enchérisseur emporte l'objet. Les bougies en question sont suffisamment petites pour que le temps de combustion soit réduit, habituellement d'un temps de 30 secondes. Elle est aujourd'hui toujours utilisée dans certaines salles d'enchères par les notaires de France, bien que les bougies traditionnelles soient souvent remplacées par des signaux lumineux ou sonores[10].
74
+
75
+ Il s'agit d'une vente aux enchères qui se déroule en deux tours. Le premier tour sert à qualifier les enchérisseurs qui pourront participer à la deuxième phase de la vente. Le premier tour se déroule en utilisant un mécanisme d'enchères anglaises (standards ou inversées), les x enchérisseurs ayant fait la meilleure offre sont retenus pour participer au deuxième tour qui se déroule alors selon un mécanisme d'enchères hollandaises.
76
+ Voir Klemperer 2002
77
+
78
+ La procédure est effectuée par un tiers, par exemple un commissaire-priseur ou un site internet spécialisé. Les enchères sont triées prioritairement par prix (l'offre la plus élevée arrive en premier), puis par quantité, puis par heure de placement, ce qui détermine l'adjudication.
79
+
80
+ S'il y a un prix de réserve qui n'est pas atteint, la procédure est annulée. Très souvent un délai supplémentaire est accordé pour faire une surenchère.
81
+
82
+ Il y a des enchères spéciales, par exemple, lorsque les prix suivent un changement vers le moindre et l'adjudicataire (donc unique) est celui qui accepte la transaction aux conditions de ce moment.
83
+
84
+ Il existe également une variante assez ancienne : la vente à la bougie, encore pratiquée de nos jours.
85
+
86
+ Les appels d'offres pour les contrats publics de concessions, travaux, prestations ou fournitures obéissent à un système d'enchères sous enveloppe cachetée.
87
+
88
+ Régulièrement des records sont battus dans les grandes sociétés internationales de vente aux enchères comme Sotheby's pour des objets de renommée particulière.
89
+
90
+ Il existe également des enchères immobilières où sont vendus des biens immobiliers (comme les ventes judiciaires, les ventes notariales et les ventes des domaines).
91
+
92
+ Lorsque quelqu'un désire acheter ou vendre un bien ou un service par un mécanisme d’enchère, elle désire maximiser le gain qu’elle en retirera.
93
+ On peut se demander quel mécanisme d’enchère permet de maximiser ce gain ou encore d’assurer l’efficacité allocative. L’intuition seule ne permet pas de répondre à cette question et il est nécessaire de procéder à une analyse formelle des mécanismes d’enchères.
94
+
95
+ Cette démarche de formalisation est relativement récente. C’est Milton Friedman qui a publié en 1955 la première étude conceptuelle majeure dédiée aux enchères. Selon celle-ci, la stratégie des enchérisseurs est fondée sur une stratégie de « mise » définie qui permet de maximiser son espérance de gain compte tenu de la valeur qu’il accorde au bien mis en vente. Cependant, la portée de cette première étude est limitée car elle suppose que les autres enchérisseurs n’élaborent pas de stratégie et que leur comportement actuel est déterminé par leur comportement passé.
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+ La théorie des jeux permet de dépasser ces limites et de prendre en compte le comportement stratégique des acteurs et les interactions entre stratégies individuelles. Développée dans les années 1940 et appliquée pour la première fois à la théorie des enchères par William Vickrey en 1961, la théorie des jeux permet de décrire l’enchère comme un jeu et d’analyser le comportement des participants. On est dès lors en mesure d’identifier un équilibre stratégique du jeu qui détermine la stratégie optimale pour chaque joueur, étant donné les stratégies des autres joueurs.
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+ Enfin, grâce aux travaux de l'économie expérimentale plusieurs théories ont pu être confirmées ou réfutées. C'est l'exemple du théorème d'équivalence des revenus (Vickrey (1961), Meyerson(1981), Riley et Samuelson (1981)) selon lequel pour des joueurs neutres face au risque, le prix espéré payé par l'acheteur (revenu espéré dans le cas du vendeur) est le même dans les quatre enchères : premier prix et second prix, anglaise et hollandaise. Ce théorème n'est, selon les expérimentalistes, absolument pas valable (voir résultats dans la section enchères standards sous plis cachetés).
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+ Au XIXe siècle, les commissaires-priseurs se préoccupent déjà de la publicité des ventes, que favorise l'essor de la presse. On y découvre la Gazette de l'Hôtel Drouot, l'hebdomadaire traitant de toutes les ventes aux enchères.
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+ En plus des affiches apposées directement sur la façade du bâtiment, les ventes sont annoncées dans des journaux spécialisés tels que Le Gratis (créé en 1834) et qui était distribué dans les diligences parisiennes. Il deviendra par la suite Le Moniteur des ventes.
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+ En 1999, des écrans d'ordinateurs placés à tous les étages de l'actuel Hôtel des ventes informent les visiteurs des expositions et ventes du jour.
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+ Aujourd'hui, les ventes aux enchères se font de plus en plus sur Internet.
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+ Quel que soit le système d'enchère, on observe un grand nombre de dérives à la fois du côté des opérateurs de ventes ainsi que du côté des acheteurs qu'ils soient institutionnels, professionnels ou encore particuliers.
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+ Le 20 janvier 2014, le Conseil des ventes, organisme disciplinaire, condamne la société Europ Auction et deux de ses commissaires priseurs à une interdiction d'exercer allant jusqu'à 9 mois pour une série de manquements et d'infractions (enchères fictives, publication de faux résultats, non-paiement des vendeurs...) révélateurs des difficultés de la profession à assurer la transparence de ses activités[11].
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+ Les enchères fictives, appelée aussi « bourrage », sont une atteinte au droit des acquéreurs. Elles consistent pour un commissaire priseur à faire monter le prix d'un bien entre un acheteur réel et un ou plusieurs acheteurs fictifs, ou à faire monter le prix entre uniquement des personnes fictives. Cette pratique ancienne trouve différentes justifications. La première est de lutter contre la pratique de la « Révision ». Pour autant cette justification est très régulièrement contestée par les acheteurs témoins de cette pratique d'enchère fictive déloyale, systématisée dans de nombreux hôtel de ventes. Les commissaires priseurs usant de cette pratique font, entre autres, usage d'enchérisseurs fictifs par téléphone[12]. Il y a également l'expression « C'est pris à la table à X €, en voulez-vous », signifiant que le commissaire priseur joue à la fois le rôle d'adjudicateur et de commissionnaires ayant eu une offre d'achat avant la vente par un ou plusieurs acheteurs fictifs. L'opérateur peut également faire semblant d'observer des signes dans la salle : les clients étant placés face au commissaires, il leur est difficile de savoir si un enchérisseur a réellement fait un geste. La législation varie d'un État à l'autre. Pour autant, cette pratique reste très largement autorisée. La jurisprudence est très clémente et donne raison à l'opérateur. Par exemple, concernant la vente d’une œuvre de Max Ernst, le jugement a retenu que le commissaire-priseur « qui a implicitement reconnu avoir recours à des tiers connus pour animer les enchères, était, vis-à-vis des acquéreurs, libre d’adopter l’attitude la plus conforme aux intérêts de son client, et de déterminer conformément à son mandat si les enchères étaient suffisantes »[13].
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+ Dans de nombreux pays, et notamment en France depuis la loi du 20 juillet 2011[14], les commissaires priseurs peuvent, suivant leur volonté, vendre un bien qui leur est confié, soit en le soumettant aux enchères lors d'une vente publique ayant fait suite à une publicité préalable, soit en procédant à une vente de gré à gré. La vente de gré à gré est une simple vente entre l'opérateur de vente et un acheteur de son choix. Les règles diffèrent d'un État à un autre. Pour autant, les dérives demeurent similaires dans les faits. La vente de gré à gré est normalement prévue dans un mandat[14] signé par le vendeur, ce qui autorise le mandataire à user de cette procédure s'il le souhaite. La dérive consiste ici à favoriser un ou plusieurs acheteurs au détriment d'autres acheteurs potentiels qui ignoreront l'existence de cette vente. Les acheteurs favorisés pourront ainsi acheter le bien moins cher, puisqu'il n'y a plus de risques de surenchères et de concurrences. La publicité de la vente reste peu visible quand bien même un procès-verbal doit être dressé si la vente de gré à gré se finalise. Le vendeur est quant à lui lésé également puisque son bien se vendra moins cher et par la signature du mandat, il ne peut plus faire appel.
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+ Quel que soit le pays, tout opérateur de vente aux enchères à des obligations légales de publicité. Avant toute vente aux enchères, le commissaire-priseur doit faire de la publicité sous toute forme qu'il juge appropriée. Il peut recourir à la presse, à la radio ou à un ou plusieurs autres médias. Cette publicité comprend une description des biens à vendre, la date et le lieu de la vente, les garanties financières de l'organisme chargé de la vente, la dénomination sociale...
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+ Pour qu'une vente aux enchères ait des chances de réussir, il est important de réunir le plus d'acheteurs potentiels pour un même bien. L'opérateur de la vente aux enchères doit faire de la publicité par tout moyen qu'il jugera utile[15]. Il va de soi qu'une vente ayant fait l'objet d'une publicité faible voire inexistante, rend les chances de réussite de la vente peu effective. Un acheteur potentiel peut ignorer l'existence de la vente et donc perdra toute occasion de porter une enchère. L'opérateur des ventes en procédant de la sorte privilégie les acheteurs de son choix en les informant de l'existence de la vente. Certains commissaires priseurs ont tendance à créer une distinction hiérarchique dans la qualité de leur vente en parlant de « vente courante » et de « belle vente ». Les ventes dites courantes sont en principe de qualité moindre en raison des biens à vendre qui sont de faible valeur ou qui n'ont pas un prestige particulier. Une vente courante fait l'objet d'une couverture publicitaire beaucoup plus faible. Il y a là aussi le fait de placer un bien de grande valeur dans une vente courante et non pas dans une belle vente, en vue là encore d'écarter un certain nombre d'acheteurs.
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+ Bien que les législations divergent, un certain nombre de règles tendent à s'harmoniser. En matière de publicité des ventes aux enchères, on trouve comme constante l'obligation de donner une description précise des biens à vendre. L'opérateur de vente doit indiquer l'état général de l'objet, préciser s'il est abîm��, s'il a fait l'objet d'une restauration, indiquer s'il s'agit d'un bien neuf ou d'un bien ancien, préciser si le vendeur est un professionnel ou un particulier[15]... Il s'agit là d'une des dérives les plus pratiquées par certains opérateurs de ventes aux enchères. Tout bien ayant fait l'objet d'une restauration substantielle doit avoir une description précise de son état d'origine et des démarches réparatrices entreprises[16]. Plus couramment à titre d'exemple, beaucoup de peintures font l'objet de retouche à la suite de destructions partielles (manques, toiles percées...), des sculptures retouchées, des verreries recoupées... Autre dérive du même ordre et qui ne porte plus sur l'état mais sur la nature du bien. L'exemple type est la contrefaçon. Les opérateurs de ventes peuvent parfois fermer les yeux sur des peintures ayant une fausse signature, ou sur une copie d'un bronze ayant fait l'objet d'une refonte (la datation étant très complexe et difficilement vérifiable par l'adjudicataire)... Afin de se prémunir de tout recours judiciaire, certains opérateurs acceptent de prendre certains biens à la vente en sachant qu'il s'agit sûrement de faux en ajoutant sur leur catalogue la mention « Attribué à » ou « Attr. à »[17]. En procédant ainsi, l'opérateur laisse entendre qu'il s'agit sûrement de tel artiste de tel type de bien mais qu'il préfère rester prudent sur l'authenticité et qu'il se peut qu'il se trompe. Cette mention, est donc double : elle signifie qu'un bien est l’œuvre d'un artiste ou peut-être pas et qu'en dernier chef, c'est à l'adjudicataire que revient la responsabilité de juger de quoi il s'agit. Cette ambivalence prête à confusion et favorise les abus comme la vente de faux fonds d'atelier...
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+ Les « ventes montées » sont des ventes préparées, organisées et réalisées, non pas par un opérateur de vente (commissaire priseur, notaire...), mais par un tiers (un marchand, un expert, un particulier...) qui en assure le suivi[18]. Les ventes montées sont l'une des dérives les plus courantes. Elles sont en partie tolérées dans les faits, bien que les législations les interdisent formellement. Ce type de ventes recouvre plusieurs réalités.
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+ Une vente montée peut servir à créer et à fausser les cotations des artistes, qu'ils soient morts ou vivants. De nombreuses sociétés de cotations se basent sur les procès-verbaux dressés par les opérateurs de ventes pour constituer leur base de données. Les résultats de ventes servent ainsi de références vénales.
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+ Un sculpteur peut ainsi utiliser les hôtels de ventes pour se créer une cote en enchérissant sur ses propres œuvres, directement (par téléphone en général) ou indirectement, par le biais d'une tierce personne. Cet artiste ne devra payer que les frais de l'opérateur, puisqu'en tant que vendeur il récupère une partie du fruit de la vente. Il est à la fois acheteur et vendeur. Un tiers peut donc, en association de fait avec un opérateur, organiser des ventes aux enchères et influencer le cours des cotations. Ce tiers peut être un artiste, comme dans l'exemple précédent, ou un marchand n'ayant pas pignon sur rue. Ce dernier se constitue un ensemble de biens à vendre correspondant de préférence à une thématique (vente d'art russe, de peinture maritime, de meubles de style...). Une fois cet ensemble suffisamment dense pour permettre le montage d'une vente, le tiers se charge de préparer la vente[18] (constitution et impression de catalogues, définition des prix, des descriptions, des moyens publicitaires...) et en assure le suivi. Puis, lors de la vente, ce tiers fait en sorte que les prix pour une partie de ces biens soient très élevés, grâce à des enchères fictives, soit par la complicité de l'opérateur, soit par des enchères d'hommes de paille. Il est ainsi possible, en répétant l'opération sur plusieurs ventes successives, de créer de toutes pièces un marché avec une cote fictive qui augmente le prix des biens, qu'il est ensuite possible de revendre directement, ou lors de ventes montées sans enchères fictives, les enchères étant cette fois portées par des investisseurs ou des collectionneurs non avertis.
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+ Dans certains États, comme la France, l'exercice d'une profession d'opérateurs de ventes aux enchères est réglementée. Un tiers qui souhaiterait exercer ce type de professions doit posséder des titres, des diplômes, des habilitations... Or l'accession à ces professions est très rigide dans certains territoires. Ainsi, un tiers peut décider d'organiser des ventes, pratiquer tous les actes habituellement effectués par un opérateur de ventes[18]. Puis le jour de la vente, laisser l'opérateur adjuger les différents lots mis aux enchères, ce qui en apparence laisse penser que la vente est le fruit unique du travail de l'opérateur. Le tiers peut dans ce cas être condamné pour exercice illégal de la profession d'opérateur de ventes (commissaire priseur...).
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+ La concurrence dans le monde des ventes aux enchères est importante. La marchandise tend à se raréfier[19]. Beaucoup d'opérateurs de ventes ont tendance à se spécialiser dans un domaine (instruments de musique, véhicules, spiritueux...) afin de se créer une notoriété. De même que certains opérateurs tentent de s'imposer sur un territoire et jouent la proximité. La pratique de ventes montées permet pour tous ces opérateurs d'obtenir une forme de promotion publique sur un marché. Un tiers qui par exemple va réunir un ensemble de lots ayant trait par exemple à la Provence, au bord de mer (globe, compas, meubles provençaux...) et qui monte sa vente sous couvert d'opérateur. Le tiers exerce illégalement des prérogatives normalement dévolues à un opérateur de ventes. L'opérateur de vente accepte de couvrir cette vente montée, qui lui offre une notoriété dans le domaine visé par la vente. Il n'est pas rare de voir ainsi plusieurs fois dans l'année ou sur plusieurs années, les mêmes biens régulièrement remis en vente, passant pour être vendus à chaque fois. En effet, certains tiers organisent non pas une mais plusieurs ventes montées en utilisant et en enrichissant régulièrement leur ensemble de biens. Ce phénomène, avec l'avènement de l'outil internet, rend particulièrement visible cette pratique frauduleuse. On peut, par exemple, constater qu'un tableau a été mis en vente dans une grande ville au mois de janvier, puis le revoir en vente quatre mois plus tard dans une autre salle des ventes en province, avec à chaque fois des résultats de ventes. Cela permet à certains opérateurs, notamment les plus faibles sur le marché (certains opérateurs en province...) de présenter des biens en vente, sans quoi ils ne pourraient pas organiser de ventes aux enchères normales, car n'ayant pas assez de clients prêts à leur confier des biens à la vente.
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+ Les frais sont, la plupart du temps, calculés d'après un pourcentage fixe. Les acquéreurs et vendeurs peuvent ignorer qu'à ces frais, ils vont devoir, suivant les législations en vigueur dans leur pays, devoir s’acquitter d'un droit de suite pour les ayants droit (l'artiste ou ses descendants). Il y a également, de plus en plus, des droits de garde à payer pour les acquéreurs ce qui est une contrainte de prix car si l'acheteur ne peut pas prendre le lot le jour même, il devra alors s'acquitter de frais supplémentaires pour le stockage du bien acquis. Enfin, avec l'émergence des nouvelles technologies, les enchères se font également par voie informatique, les opérateurs classiques (commissaires priseurs...) de ventes ajoutent environ 3 à 4 % de frais supplémentaires. Suivant la qualité d'un objet, certains commissaires priseurs imposent l'obtention d'un certificat d'expertise par des cabinets partenaires dont le montant de cette prestation est calculé d'après un pourcentage sur la vente ou sur la base d'un forfait fixe.
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+ Suivant les pays où sont organisées les ventes, les opérateurs de vente ont pour obligation de dresser un procès verbal signifiant les résultats de vente. Le public doit être informé des résultats. Pour autant, certains commissaires priseurs ne transmettent pas les résultats, en usant de formule comme « Prix de vente non communiqué » ou « Prix non communicable »... Cette absence d'informations à plusieurs conséquences déloyales. La non communication des résultats permet aux acquéreurs des lots de les revendre a un prix plus élevé sans que le nouvel acquéreur sache combien son vendeur l'a acheté précédemment aux enchères. Il y a donc une discrimination entre les acquéreurs au sein d'un même hôtel des ventes, voire sur une même vente aux enchères. Par ailleurs, cacher les résultats, permet à des vendeurs qui organisent des ventes montées de cacher au public les lots n'ayant pas été vendus. Le commissaire-priseur préserve la valeur illusoire des objets invendus de son vendeur. Un objet invendu relevant d'une cote peut donc faire baisser le niveau de cotation globale d'un artiste (peintre, sculpteur...) ou d'un type de biens (style Empire, Horlogerie...). Certains vendeurs proposent parfois le même objet dans plusieurs hôtels des ventes. Par exemple, une première fois dans une ville où le bien ne se vend pas, puis une seconde fois dans une autre ville et ainsi de suite jusqu'à que l'objet trouve preneur. Tant que le résultat d'objet invendu n'est pas transmis au public, le vendeur peut facilement le vendre plus cher. En revanche, si l'objet invendu a été correctement annoncé comme invendu lors des ventes précédentes, alors les futurs acquéreurs potentiels peuvent tenter d'enchérir en toute connaissance de cause. Sachant l'objet invendu auparavant, ils seront donc tentés d'enchérir moins haut car sachant que l'objet intéresse peu de personnes. En dernier lieu, les lots invendus sont une très mauvaise publicité pour les commissaires priseurs. La non communication des résultats permet aux hôtels des ventes non respectueux de cette obligation d'information de jouir d'une meilleure image auprès de futurs vendeurs potentiels. Un particulier souhaitant vendre un objet sera davantage en confiance en traitant avec un commissaire priseur ayant très peu de lots invendus.
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+ Voici une liste non exhaustive de dérives pratiquées par certains opérateurs.
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+ Avant qu'une vente aux enchères débute, un groupe d'acheteurs désigne l'un d'entre eux pour enchérir sur un bien. Si celui-ci remporte les enchères, il paye les frais imposés par l'opérateur des ventes (commissaires priseurs...), puis, dans un second temps, il rejoint son groupe d'acheteurs pour relancer à huis clos les enchères au sein de ce groupe. De cette façon, les frais d'achat sont réduits pour l'acheteur qui remporte les enchères à huis clos, puisqu'il ne paye pas la totalité des frais imposés par l'opérateur des ventes. Cette pratique illégale permet aussi à ces groupes d'acheteurs de fausser la concurrence en diminuant artificiellement le nombre d'enchérisseurs[13].
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+ Un fol enchérisseur, l'adjudicataire, se rend acquéreur d'un bien qu'il ne voulait pas, soit parce qu'il n'a pas les fonds nécessaires à son achat, soit parce qu'il s'est trompé en pensant acheter un autre bien lors d'une même vente. La législation varie suivant les pays : pour la France c'est l’article L321-14 du Code de commerce qui édicte la procédure. Généralement le bien acquis peut être remis en vente par le vendeur. Le fol enchérisseur doit ensuite payer la différence entre le prix de la première adjudication et le prix de la seconde, à condition que le bien soit vendu. Des dommages et intérêts peuvent également être réclamés auprès des tribunaux[13].
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+ La folle enchère d'apparence anodine est en réalité une pratique beaucoup plus complexe. Certains utilisent cette pratique pour de nombreuses raisons, parfois louables, parfois moins. Cela va de l'association de malfaiteurs utilisant un homme de paille irresponsable juridiquement (sous tutelle...) qui fait des achats non provisionnés, jusqu'aux acheteurs souhaitant acheter un bien qu'ils savent faux ou dont la présentation est délictueuse (omission dans les descriptions de vices cachés, de manques, de restaurations...) de la part d'un opérateur de ventes, ce qui permet à l'adjudicataire de réclamer des dommages et intérêts.
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+ Une scène très célèbre de folle enchère se déroule dans La Mort aux trousses (1959) d'Alfred Hitchcock.
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