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"content": " P1 : Monsieur Valéry Giscard D'estaing, voulez vous répondre ? François Mitterrand : Je vous parlerai tout à l’heure de la revalorisation du franc naturellement. Valéry Giscard D'Estaing : Je préférerais que monsieur mitterrand répondes. Nous en sommes encore en mille neuf cent quarante-cinq. Il est temps de revenir en mille neuf cent soixante-quatorze. François Mitterrand : Nous sommes encore en mille neuf cent soixante-quatorze, car vous venez de financer les avions dassault. De disperser, et de liquider, et de gaspiller les fonds publics, afin de soutenir une entreprise qui, en vérité, devrait appartenir à la nation. Valéry Giscard D'Estaing : Monsieur Mitterrand, la réalité de ce sujet parlons-en, mais, enfin. François Mitterrand : Je prends cet exemple d'une nationalisation, et, monsieur Giscard d'estaing, croyez moi, vous, m'avez posé la question, je pourrais prendre celle du plan calcul, c'est-à-dire de l'ordinateur dans lequel on subventionne. Valéry Giscard D'Estaing : De toute façon c’était à moi d'avoir la parole. François Mitterrand : Je vous la rend tout de suite. Valéry Giscard D'Estaing : Je ne veux pas laisser répondre des présentations, des insinuations de votre part. L'état français aide un certain nombre d'activités économiques, et il aide ces activités économiques, parce que, euh, s'il n'y a pas cette aide, on ne peut pas les développer. Qu'est ce que nous aidons ? Nous aidons, par exemple, la construction navale, vous le savez très bien, nous aidons la marine marchande, vous le savez très bien. Nous aidons l'aviation civile, parce que, si nous n'aidions pas l'aviation civile, il n'y aurait pas d'aviation civile française. Et, lorsque vous êtes allé à toulouse, l’autre jour, vous avez dit, comme moi-même, d'ailleurs, qu'il fallait aider l'aviation civile. Et, comme, à toulouse, on construit, c'est le concorde. Vous avez dit qu'il fallait aider le concorde, et, vous savez, en matière d'aviation civile, nous avons dépensé infiniment plus d'argent dans le concorde, que dans tous les autres modèles d'avions civils. Ce qui est vrai, c'est que j'ai poussé, et que je pousse, à la reconversion, vers des productions civiles, d'un certain nombre de nos spécialisations militaire, et qu'à partir du moment où des constructeurs, qui était spécialisé dans du matériel militaire, essaie, comme les autres constructeurs, de faire des programmes d'aviation civile, l'état, exactement sur les mêmes bases que celles qu’il applique aux autres entreprises, prend à sa charge la partie que, normalement, dans un état moderne, l'état finance en ce qui concerne la recherche ou le développement de la construction d'un avion. C'est donc un programme qui avait pour objet de pousser à la reconversion vers la production d'avions civils, et je m'étonne qu'un homme comme vous, euh, trouve une telle attitude critiquable. François Mitterrand : Ce que je trouve critiquable, c’est que cela serve l’intérêt d’une seule personne. Valéry Giscard D'Estaing : En, ce qui concerne le plan calcul. Ça, ne sert pas les intérêts d'une seule personne. Nous ne remboursons que sur justification de dépenses, concernant la recherche ou la fabrication des appareils. Nous ne versons jamais l'argent, comme vous dites, à une seule personne, et nous le faisons, exactement sur les mêmes règles de calcul que celle que nous appliquons à d'autres entreprises. Et, par exemple à l'aérospatiale, qui est une entreprise d'état, lorsqu'il s'agit, par exemple, du concorde, ou de l'air plus. Et monsieur mitterrand si je suis élu. Nous continuerons à aider l'aviation civile française, parce que j'estime qu'elle a une grande vocation industrielle française, et que nous le ferons en respectant, naturellement, strictement, des règles de contrôle en ce qui concerne l'emploi, l'utilisation et la justification des dépenses sur fonds publics. Mais, alors. François Mitterrand : Vous ne nationaliserez pas Dassault ? Valéry Giscard D'Estaing : Je ne me propose pas de nationaliser d'entreprise si je suis élu président de la république. François Mitterrand : Vous laisserez cette entreprise gagner sur l’argent des contribuables des sommes considérables. Valéry Giscard D'Estaing : Non, nous ferons en sorte qu'il ne soit jamais, euh, accordé de subventions ou d'aide, que pour des projets précis, et sur des justifications, contrôlées, notamment, contrôlées par les services techniques et financiers. Ce que nous avons toujours fait jusqu'ici. Alors, j'ai noté que, dès qu'il s'agissait de parler de l'avenir, vous ne pouviez pas. François Mitterrand : Je regrette. Je compte demander au gouvernement, de nationaliser les entreprises, les neuf entreprises industrielles, qui détiennent des secteurs clés de l'économie, d'une façon monopolistique, c'est-à-dire qu'il existe une seule entreprise, ou quelques entreprises, sur un marché essentiel pour une production, essentielle à la vie nationale. Je compte, en effet, demander au gouvernement de respecter ce contrat, que j'ai passé avec l'ensemble des citoyens. Valéry Giscard D'Estaing : Est ce que vous indemniserez les actionnaires ? François Mitterrand : Avec une indemnisation parfaitement normale et parfaitement honnête, ou je connais le programme commun. J’ai même fait l'estimation sur vingt ans, et je pourrais vous la dire. Valéry Giscard D'Estaing : Monsieur Mitterrand, vous indiquez qu'au contraire, une distinction essentielle sera faite entre les petits et moyens porteurs vivants de l'épargne réalisée, et les gros porteurs. C’est tentant, quand on dit ça, cette distinction, on se demande d'ailleurs comment on peut la faire. Mais, enfin, imaginons qu'on puisse la faire. Est-ce que vous appliquerez cette distinction aux porteurs étrangers ? François Mitterrand : Ce que je peux vous dire, c'est qu'en l'espace de vingt ans, tous les porteurs auront échangé leurs titres, ni perdront rien, et cela coûtera un milliard par an. Et, si vous voulez faire vérifier ces chiffres, d'ici dimanche, en huit, vous pourrez le faire. Ce sont les calculs que j’ai fait, et que je soumets à l’opinion publique. Valéry Giscard D'Estaing : En combien de temps monsieur mitterrand ? François Mitterrand : En vingt ans. Valéry Giscard D'Estaing : C’est à dire, vingt milliards sur vingt ans. Sur vingt ans, il y a un taux d’intérêt Monsieur Mitterrand. Celui qui sera remboursé la dernière année, vous allez lui verser un taux d’intérêt monsieur Mitterrand, vous n’allez pas le faire attendre vingt ans. François Mitterrand : Sur l’espace de vingt ans, cela va coûter deux milliards. Valéry Giscard D'Estaing : Ah bon, c’était un milliard tout à l’heure. François Mitterrand : Vous devriez m’écouter jusqu’au bout. La polémique ne fera pas avancer les choses. Valéry Giscard D'Estaing : Il faut être clair. François Mitterrand : Un milliard entrera en compensation chaque année, parce que ces actions continuent d'avoir leur valeur, et cela coûtera un milliard, afin de permettre à l'état de se comporter honnêtement à l'égard de tous les porteurs. Et les choses sont claires. D'ailleurs, cela a été appliqué comme cela au cours des nationalisations de mille neuf cent quarante-cinq, et vous savez fort bien que, dans un certain nombre d'entre eux, d'entreprises, les porteurs s’en sont trouvés fort bien. Donc, il ne s'agit pas de nous égarer, mais, puisque vous parliez de pillages des affaires publiques, avec le programme commun. Valéry Giscard D'Estaing : Je n’ai pas parlé de pillage. François Mitterrand : Vous avez employé l’expression plusieurs fois pendant la campagne, en appelant le programme commun, dont j’assume la charge sur ce plan-là, bien que je n'ai pas présenté un programme de gouvernement. En vous disant que le changement, cela consiste, précisément, voyez-vous, et j'y reviens sans arrêt, vous ne voulez pas me suivre là-dessus, à permettre, pour demain, à toutes les catégories socioprofessionnelles qui n'ont pas reçu leur part, les salariés. Je me suis arrêté à un moment, sur les quatre. Vous m'avez interrompu. Quand on pense qu'il existe un projet de monsieur messmer, vous imaginez, de monsieur messmer, qui prévoyait que deux salariés, qui seraient des cadres, pourrait siéger dans les conseils d'administration, afin de connaître et de communiquer les problèmes capitaux. La stratégie industrielle. Quand on pense que votre groupe des républicains indépendants et vous-même n’avez pas permis à ce projet d’aboutir, alors que dans un pays comme l'allemagne, on en arrive dans les conseils de surveillance, à une représentation, par moitié, de salariés, c'est-à-dire que vous faites la politique la plus réactionnaire qu'on puisse s'imaginer, qu'on puisse admettre, qu'on, qu'on n'ose pas admettre, à l'intérieur du marché commun. Alors, je dis que le problème, pour, euh, pour ce dont nous parlons, c'est-à-dire, les français, c'est que le changement leur permettent, non seulement d'espérer, mais aussi de construire autre chose, non seulement sur le plan des revendications matérielles, mais aussi sur le plan de la qualité des avis. Sur le plan de la redistribution, d'une croissance nationale, qu'ils ont fabriqués de leurs mains et avec leur esprit, et dont ils ne reçoivent que la petite part. Voilà l'accusation que je fais à l'égard de votre politique. SUMMARY : Pour François Mitterrand, les nationalisations sont naturelles et constitutionnelles dans le cas où une entreprise à les caractères d'un service public national ou d'un monopole. Il explique que c'est le rôle de l'état d'assurer la mise en valeur des grandes sources d'énergies et d'amener la production métallurgique au niveau indispensable. L'état doit disposer du crédit en nationalisant les banques. Il déplore l'absence de loi antitrust et explique qu'il faut nationaliser les monopoles. François Mitterrand continue en parlant de la nationalisation de l'aviation civile, et déplore les subventions faites à Dassault qui fait de l'aviation militaire, expliquant que cela échappe à la constitution et avantage des individus. Valéry Giscard D'Estaing justifie qu'il faut aider les entreprises militaires en les poussant à la reconversion vers des productions civiles. Les dépenses ne sont remboursées que sur justification de dépenses, et elles n'avantagent personne. Il refuse de nationaliser Dassault. François Mitterrand finit en annonçant vouloir nationaliser neuf entreprises industrielles, en indemnisant les actionnaires." |