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"content": " David Pujadas : Réponse sur ce point et nous changeons de chapitre si vous en êtes d'accord. Nicolas Sarkozy : Monsieur Hollande peut me reprocher bien des choses et je le comprends bien, mais pas de ne pas assumer mes responsabilités. On m'a même reproché le contraire. J'ai toujours assumé mes responsabilités et je considère que c'est normal quand on est président de la République. Si la TVA anti-délocalisation était une si mauvaise idée, on se demande bien pourquoi votre propre porte-parole, Manuel Valls, en a fait le thème de sa campagne dans les primaires socialistes. Puisque j'ai entendu Manuel Valls, aujourd'hui votre propre porte-parole, dire que la TVA anti-délocalisation était la solution. Il avait raison. J'ajoute que je ne vois pas comment, Monsieur Hollande vous pouvez dire : l'Allemagne fait mieux que nous mais nous n'allons prendre aucune des mesures qu'a prises l'Allemagne pour réussir. L'Allemagne a pris la TVA anti-délocalisation, l'Allemagne a pris les accords compétitivité-emploi. Je vais dire un mot là-dessus. Les accords compétitivité-emploi, il faut que ceux qui nous regardent comprennent ce dont il s'agit. Nous avons une tradition : on fixe par la loi et ça tue tout le dialogue. L'idée, c'est de garder une loi : à partir de 35 heures, ce seront des heures supplémentaires. Mais si dans l'entreprise, salariés et chefs d'entreprise se mettent d'accord pour augmenter les salaires, pour augmenter la durée du travail ou au contraire pour réduire la durée de travail parce que le carnet de commandes ne va pas, l'accord dans l'Entreprise prime sur la loi et sur le contrat individuel. Ça s'appelle, Monsieur Hollande, faire confiance ; ça s'appelle prendre la responsabilité ; ça s'appelle l'économie moderne dans un monde moderne. On a, par ailleurs, une limite : c'est que pour arriver à cela, il faut qu'une majorité de salariés le souhaite. Mais au nom de quoi, Monsieur Hollande, va-t-on considérer que c'est encore la lutte des classes dans une entreprise ? Que dans une petite entreprise de trente ou de cinquante personnes, si les salariés veulent travailler plus pour gagner davantage, si le chef d'entreprise est d'accord ou au contraire, s'il y a un coup dur, si le carnet de commandes diminue et qu'il faut que chacun puisse s'adapter, c'est la loi, c'est l'État qui va les empêcher de se mettre d'accord ? Au nom de quoi ? Et pourquoi ? Enfin sur Monsieur Jospin, décidément, vous êtes fâché avec les chiffres. Vous êtes de la Cour des Comptes, vous devriez connaître les chiffres ! Monsieur Jospin a bénéficié d'une période de croissance extraordinaire, tant mieux pour lui. Mais le commerce extérieur en 2000 et en 2001 était en déficit. François Hollande : Non. Il ne l'était pas. Donc vous vérifierez vos chiffres car, comme vous dites, je suis de la Cour des Comptes, je vous remercie de l'avoir rappelé, et mes chiffres sont exacts. Vous les vérifierez. Merci parce que chacun pourra en témoigner. Nicolas Sarkozy : Bien sûr, bien sûr. Sur l'innovation, pourquoi avez-vous voté contre le Grand Emprunt et la Commission Rocard-Juppé ? C'était quoi ? C'est de l'argent mobilisé pour l'investissement et pas pour les dépenses de fonctionnement. Pourquoi étiez-vous contre ? Pourquoi avez-vous voté contre la suppression de la taxe professionnelle, alors que cela pèse sur la production ? Pourquoi venir faire de grands discours sur ce que vous allez faire alors que pendant cinq ans, sur ce que j'ai fait, il y avait des choses dans lesquelles vous auriez pu vous reconnaître. Vous avez voté non à tout, vous avez essayé de démolir tout, vous avez été contre tout et maintenant, vous venez dire aux Français : j'ai changé d'avis, il faut plus d'innovation, il faut plus d'investissement. L'Allemagne, on fait tout le contraire mais quand les chiffres de l'Allemagne sont bons, on me dit : « c'est votre faute, regardez, ils font mieux ». Quand je dis : « Regardez ce qu'ils font en Allemagne, on va essayer de s'en inspirer », vous dites : non, ce n'est pas ce qu'il faut. La vérité, c'est que votre proposition pour la croissance ? il n'y a pas un pays au monde qui fait ce choix ? c'est plus d'impôt, plus de cotisations, plus de dépenses et plus de déficit. François Hollande : Je n'ai pas parlé d'impôts, de dépenses ni de cotisations. Ça tombe un peu mal. David Pujadas : Nous en parlerons tout à l'heure. Nicolas Sarkozy : Vous n'en avez pas parlé dans votre projet ? François Hollande : En revanche, la croissance, vous l'avez mise à zéro. Vous n'êtes donc pas forcément le mieux autorisé ou le plus compétent pour nous dire comment il conviendrait de la relancer. Nicolas Sarkozy : Quel est le pays, il y en a un, qui n'a pas connu un trimestre de récession depuis 2009 ? C'est la France. François Hollande : Vous êtes toujours content de vous, ce qui est d'ailleurs extraordinaire. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, vous êtes content. Les Français le sont moins mais vous, vous êtes content. Je dois donc ajouter puisque vous en parlez, sur la croissance, que nous sommes Nicolas Sarkozy : Vous mentez de façon éhontée et je dois l'accepter ? François Hollande : Pour l'instant, je n'ai rien dit qui puisse justifier cette expression. Nicolas Sarkozy : C'est un mensonge. François Hollande : Lequel ? Nicolas Sarkozy : C'est un mensonge. François Hollande : Lequel ? Lequel ? Lequel ? Nicolas Sarkozy : C'est un mensonge quand vous dites que je suis toujours content de moi et que je ne prends pas mes responsabilités. C'est un mensonge. François Hollande : Donc vous êtes très mécontent de vous, j'ai dû me tromper. J'ai dû faire une erreur donc je me mets à présenter mes excuses : vous êtes très mécontent de vous. Nicolas Sarkozy : Ce n'est pas le concours de la petite blague. François Hollande : Non, ce n'est pas la blague. Je ne peux pas me laisser traiter ici de menteur. Nicolas Sarkozy : Écoutez, je vous ai posé une question : y a-t-il un pays au monde? François Hollande : Vous ne seriez pas capable de me dire quoi que ce soit dans cette direction. Donc je ne peux pas accepter quelque remarque désagréable venant de votre part. Nicolas Sarkozy : Il n'y a pas de remarque désagréable. Y a-t-il un pays d'Europe et de l'OCDE qui ait fait mieux en termes que croissance que la France depuis 2009 ? Il n'y en a pas. François Hollande : Si, les États-Unis ont fait mieux que la France en termes de croissance. Nicolas Sarkozy : Non. Nous n'avons pas connu un trimestre, pas un trimestre de récession. François Hollande : Si vous permettez : les États-Unis ont fait mieux que nous en termes de croissance, l'Allemagne a fait mieux en termes de croissance. L'Allemagne a fait 3 % de croissance sur l'ensemble de la période. L'Allemagne a fait mieux, les États-Unis ont fait mieux. Vous ne pouvez pas dire que la France s'en soit tirée mieux que les autres sur la période, ce n'est pas vrai. SUMMARY : Sur les accords d’entreprise pour améliorer la compétitivité, la conséquence sera selon lui la fin de la durée légale du travail. Nicolas Sarkozy lui répond en défendant la TVA anti-délocalisation : cette mesure était dans le programme de Manuel Valls, candidat à la primaire socialiste. Sur les accords d’entreprise, il affirme vouloir garder une base de 35 heures ; ce qui sera négocié au-dessus relèvera des heures supplémentaires. Cependant, il sera possible de déroger à cela, si un accord est négocié, pour rester compétitif dans les situations difficiles, lorsque les conditions ne permettent pas de travailler normalement. Il critique ensuite François Hollande sur son refus d’avoir voté le grand emploi pour l’innovation. François Hollande revient sur les comparaisons entre pays au niveau de la croissance : Allemagne et États-Unis ont de meilleurs résultats que la France." |