{ "content": "Léa Salamé : S'il vous plait. Est-ce qu'on peut passer à l'hôpital ? Il y a beaucoup de thèmes que vous avez envie d'aborder et on aura plus le temps de l'aborder. On aura plus le temps de les aborder. Vous voulez parler de la dépendance, on va parler de l'hôpital. Ce sont des sujets extrêmement majeurs. Vous parliez du covid, il est menacé d'effondrement c'est ce que disent les médecins, les aides-soignants, les infirmières. Mais ils le disent encore plus depuis l'épidémie de covid. Si vous êtes réélu Emmanuel Macron, qu'est-ce que vous leur dites à ces personnels de santé ce soir ? Ça ira beaucoup mieux avec moi dans cinq ans ? Emmanuel Macron : D'abord l'hôpital vit une crise. On a une crise qui est à l'hôpital et dans ce que l'on appelle les déserts médicaux dans beaucoup de nos territoires, qu'il s'agisse d'ailleurs de quartiers comme de la grande ruralité. Et sur ce sujet, des décisions ont été prises dès 2018. J'ai mis fin à la baisse de ce que l'on appelle le tarif hospitalier. J'ai mis fin au numérus clausus. On ne formait pas assez de médecins. Malheureusement ça prend trop de temps. Puis nous avons vécu la crise. Moi j'ai une gratitude infinie à l'égard de nos médecins et l'ensemble des soignants. Nous avons pris une décision historique pendant la crise. À la fois d'investissements, plus de 19 milliards d'euros dans nos hôpitaux et d'investissements dans les salaires puisqu'on a revalorisé les salaires pour tous les soignants d'au moins 183 euros par mois ce qui n'avait jamais été fait, jusqu'à 400 euros en fin de carrière. Ça n'est pas suffisant. Et donc ce que je leurs dis c'est que je sais tout ce que je leur dois. Je sais la situation très dure, parce qu'il y a à la fois le manque de médecins historique, le manque de soignants historique. On va commencer à améliorer les choses pour les infirmiers et infirmières, les aides-soignants et aides-soignantes dans les mois qui viennent. Mais je sais aussi qu'aujourd'hui ce sont les conditions de travail qui sont les plus dures. Et donc on doit continuer d'investir dans notre système de santé pour redresser l'hôpital et donc réembaucher. Pour réembaucher il faut réattirer des gens à l'hôpital, améliorer les conditions de travail. Il n'y a pas de secrets. Donc continuer d'y investir et il y a une série de mesures, on pourra y revenir dans le détail, que je propose pour mettre fin aux déserts médicaux. Je propose au fond une méthode tout à fait nouvelle à l'échelle d'un territoire c'est-à-dire de faire travailler avec nos personnels à l'hôpital, avec notre médecine de ville, avec aussi ce que l'on appelle les paramédicaux, nos pharmaciens et pharmaciennes, nos infirmiers infirmières de ville, les kinés, l'ensemble de ces professions pour qu'on ait une offre de soin qui soit organisée à l'échelle d'un territoire qui permette d'avoir un référent de santé pour nos compatriotes, en particulier les plus âgés qui aujourd'hui ont du mal à trouver des médecins. Donc on va devoir continuer à investir. C'est dans mon projet, c'est pourquoi j'assume un investissement massif sur le sujet de la santé. Gilles Bouleau : Marine Le Pen, face à cet effondrement de l'hôpital public constaté par les professionnels de santé, si vous êtes élue présidente de la République, en 2027 est-ce que l'hôpital ira beaucoup mieux ? Marine Le Pen : Oui, il ira beaucoup mieux. Il ira beaucoup mieux. Moi je suis frappée d'une chose c'est que pendant votre quinquennat Emmanuel Macron vous aurez attendu les crises. Il n'y a que les crises qui arrivent à vous faire bouger. Il a fallu la crise sanitaire pour s'apercevoir que le personnel soignant était dans une souffrance absolument inouïe depuis des années. Vous n'avez d'ailleurs pas fait preuve de beaucoup d'empathie à son égard. Parce que quand vous avez en effet licencié 15 000 soignants,15 000 soignants sans salaire du jour au lendemain parce que vous refusiez qu'il puisse se tester avant de venir travailler et vous vouliez à tout prix qu'ils soient vaccinés. Ce n'était pas bien de faire ça. Je les réintégrerai moi, en ce qui me concerne et je leur restituerai d'ailleurs les salaires dont ils ont été privés. Mais il a encore une fois fallu attendre la crise. Or, l'effondrement de l'hôpital on le connaissait. Vous étiez déjà depuis 3 ans, 4 ans au pouvoir, 3 ans. Donc vous auriez pu tout de suite considérer que c'était une urgence. Vous ne l'avez pas fait Emmanuel Macron : 2018 quand je fais. Marine Le Pen : C'est l'effondrement, les infirmières sont en sous effectifs, les déserts médicaux ça date depuis des années. Plus personne n'arrive à trouver de médecins, le numerus clausus vous l'avez supprimé l'année dernière, vous auriez pu le supprimer bien avant. Emmanuel Macron : 2018 Marine Le Pen : Au. Emmanuel Macron : 2018 Mme Le Pen Marine Le Pen : Bon bref quoiqu'il en soit. Emmanuel Macron : Oui bref. Marine Le Pen : Moi je crois qu'il faut investir 20 milliards sur cinq ans. 20 milliards sur cinq ans c'est 10 milliards pour la revalorisation du personnel, pour l'embauche aussi de personnels notamment dans les EHPADs pour éviter les drames qui ont été révélés et puis la souffrance des soignants et des patients parce que toutes les infirmières que j'ai rencontrées. J'en ai rencontré des dizaines et partout, y compris en outre-mer. Elles me disent on n'a pas le temps de s'occuper des patients. On n'a pas le temps. On n'est pas assez. On n'a pas assez de moyens. Du coup, elles s'accusaient elles-mêmes, on n'a tellement pas de temps qu'on considère que c'est presque de la maltraitance. Et bien à cette urgence là il faut répondre rapidement. Donc 10 milliards pour la revalorisation salariale qui sera de l'argent public, je le dis, et 10 milliards d'investissement dans l'hôpital pour le matériel. C'est-à-dire un plan scanner irm et ça se sera financé par le fonds souverain dont j'espère nous aurons l'occasion de parler tout à l'heure, qui est un fonds sur fonds privé et non pas sur fonds public. Moi je crois qu'il faut vraiment développer la télémédecine, il faut à tout prix qu'on mette en place une incitation fiscale pour les médecins pour les inciter à aller s'installer dans les zones sous denses mais ça ne suffira pas. C'est lent. C'est l'ensemble de la politique qu'il faut rééquilibrer entre les médecins des métropoles et la ruralité. Car vous aurez beau donner des incitations financières aux médecins, s'il ne peut pas venir avec sa femme, sa femme ne peut pas trouver d'emploi, qu'il n'y a pas d'écoles pour les enfants, qu'il n'y a pas de transports pour aller à la ville d'à côté. Et bien en réalité on continuera à avoir cette désertification qui est une injustice, qui est ressentie comme une injustice par nos compatriotes. Profonde. SUMMARY : Dans ce débat, Marine Le Pen et Emmanuel Macron discutent de la question de l’hôpital. Emmanuel Macron commence par rappeler que l’hôpital connaît une crise, avec le développement de déserts médicaux, tant à la campagne que dans les quartiers. Il défend alors son bilan : fin de la baisse du tarif hospitalier, suppression du numerus clausus, investissements de 19 milliards d’euros dans le système de santé et hausse des salaires des soignants. Il souhaite poursuivre cette stratégie en alliant embauches et investissements. Marine Le Pen estime que son adversaire a dû attendre la crise sanitaire pour se rendre compte de la déliquescence du système de santé. Elle critique en particulier le licenciement de 15 000 soignants non vaccinés. Elle explique vouloir les réintégrer et leur payer le salaire dont ils furent privés. Elle investira 20 milliards sur cinq ans dans le système hospitalier ; 10 milliards serviront à la revalorisation des salaires et à l’embauche de soignants dans les EPHADs." }