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JEAN-PIERRE ELKABBACH
La Tunisie ! La Tunisie c'est deux heures de Paris, deux heures d'avion, une grande partie du peuple s'est révoltée après la mort de Chokri BELAÏD assassiné en sortant de chez lui sous les yeux de sa femme (qui est très courageuse), il était menacé et pas protégé. Est-ce que vous continuez à faire de la Tunisie un exemple des Printemps Arabes ?
MANUEL VALLS
Non ! Ce n'est pas un exemple. Mais en tout cas il y a un peuple, sa jeunesse, les femmes, qui se sont mobilisés pour faire tomber BEN ALI, le président de la République hier a condamné l'assassinat de Chokri BELAÏD qui était l'un de ces démocrates qui se bat pour des valeurs qui sont universelles et nous devons, nous, soutenir ces démocrates pour que les valeurs de la Révolution du Jasmin ne soient pas trahies.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous, ministre de l'Intérieur, si vous étiez sollicité par un gouvernement à majorité ENNAHDHA pour une coopération policière, vous leur enverriez ce dont ils ont besoin ?
MANUEL VALLS
Il existe des coopérations, notamment pour la protection des frontières de la Tunisie, mais bien évidemment la France ne coopéra jamais quand il s'agit de réprimer un peuple…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Si on vous dit c'est le maintien de l'ordre !
MANUEL VALLS
Non ! Nous devons soutenir tous ceux qui se battent pour le maintien de ses valeurs et bien prendre conscience et je m'adresse évidemment à nos compatriotes des dégâts (et le mot est faible) du despotisme de cet islamisme qui aujourd'hui, par l'obscurantisme, nie les valeurs et cherche à enfermer notamment les femmes Tunisiennes dans un voile.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Le parti au pouvoir, ENNAHDHA, est infiltré, influencé par les radicaux de l'Islam dont vous parlez et par les salafistes, il en est même complice, c'est-à-dire qu'à travers ce que vous dites ce matin l'Europe et la France ne doivent pas fermer les yeux sur la montée d'un fascisme islamique ?
MANUEL VALLS
Oui ! Il y a un fascisme islamique qui monte un peu partout - attention aux mots évidemment que nous utilisons mais cette obscurantisme, qui parfois porte le nom d'un certain nombre de frères musulmans, ou d'un salafisme, doit être évidemment condamné puisque là on nie encore une fois cet état de droit, cette démocratie pour laquelle les peuples libyens, tunisiens, égyptiens se sont battus. Il y a eu des morts, il y a eu des gens qui très courageusement se sont battus pour ces valeurs…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et il y en a encore ! Il y en a encore…
MANUEL VALLS
Et il y en a encore.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a encore. Les Tunisiens qui le peuvent quittent, parfois, en ce moment leur pays. Manuel VALLS ! Si les violences continuent et s'ils demandent, est-ce que l'asile politique leur serait accordé ou leur sera accordé comme des réfugiés politiques ?
MANUEL VALLS
Mais la France est une terre d'accueil pour tous ceux qui fuient la guerre et les dictatures ! Mais moi je veux garder espoir dans le rendez-vous électoral pour que les forces démocratiques et laïques, celles qui portent encore une fois les valeurs de cette Révolution du Jasmin, demain l'emportent
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Que les élections aient lieu, qu'elles ne soient pas sans cesse retardées.
MANUEL VALLS
Bien sûr !
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Donc c'est la démocratie ou l'exil, on voit bien que c'est l'enjeu des drames en cours en Tunisie et ailleurs.
MANUEL VALLS
C'est un enjeu considérable avec les liens que nous avons avec l'ensemble du Maghreb et avec la Tunisie, à deux heures de Paris - comme vous l'avez dit - c'est un enjeu considérable pas uniquement pour les Tunisiens mais pour tout l'espace méditerranéen et donc aussi pour la France.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Monsieur le ministre de l'Intérieur ! Vos services ont démantelé une filière de quatre djihadistes qui sont toujours en garde à vue, apparemment prêts à combattre au Sahel - vous savez qu'il y en a plus que 4 - et est-ce qu'il est vrai qu'ils avaient saisi une liste de personnalités qui étaient menacées de sabotages qui étaient en préparation ?
MANUEL VALLS
Il y a eu des listes de personnalités ou d'institutions juives qui avaient été saisies en septembre dernier, quand une cellule terroriste avait été démantelée après un attentat à Sarcelles qui devait tuer le 19 septembre 2012, il y a là incontestablement mais il faut attendre évidemment les résultats de l'enquête policière et judiciaire pour en savoir plus sur cette cellule qui vient d'être démantelée…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce qu'il y en a d'autres ?
MANUEL VALLS
Il y en a sans doute d'autres ! Il y a des cellules, des filières, des individus qui vont faire le Jihad - comme on dit - en Afghanistan, en Syrie d'abord, mais aussi au Sahel en moindre nombre, qui peuvent aussi frapper sur notre territoire, donc les services de police, les services de renseignement sont mobilisés. Vous savez depuis les tueries de Toulouse et de Montauban, depuis les tueries de Mohammed MERAH, depuis le démantèlement de cette cellule au mois de septembre, j'ai demandé évidemment à l'ensemble de nos services d'être extrêmement attentifs…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Justement…
MANUEL VALLS
Et de ne pas laisser tous ces réseaux qui veulent s'en prendre aux intérêts fondamentaux de l'Etat, à notre démocratie, à nos valeurs, de ne pas les laisser tranquilles, il faut insécuriser ces réseaux, il n'y a pas de place pour ces gens-là.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Manuel VALLS ! Les enquêtes d'opinions montrent d'ailleurs en ce moment que les Français ont peur de l'islamisme, ils sont persuadés que des actes de terrorisme auront lieu ici dans le futur, parfois bientôt, est-ce que vous êtes en mesure de les rassurer ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ce que je peux leur dire c'est que l'Etat, les services de police et de gendarmerie, le Renseignement, sont mobilisés, c'est l'une des raisons pour laquelle le président de la République et le Premier ministre ont demandé à ce que le PLAN VIGIPIRATE soit renforcé. Aujourd'hui il n'y a pas de menaces directes connues sur notre sol mais il faut évidemment être très vigilant face à cette menace sourde qui peut toucher notre pays, nos ressortissants, c'est la raison pour laquelle la France est intervenue aussi au Mali pour arrêter ces groupes terroristes, ces groupes criminels, sinon c'est tout le Mali et donc tout le Sahel qui basculait…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Les problèmes…
MANUEL VALLS
Dans les mains du terrorisme.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Exact ! Egalement les problèmes sociaux, inquiétudes, tensions, parfois des violences chez GOODYEAR, Aulnay-sous-Bois, ARCELORMITTAL, on entend quelquefois les… (Toussotements)… Pardon ! Les syndicalistes et on voit le climat, et vous avez dit : on assiste moins à des mouvements sociaux qu'à des explosions sociales et vous avez demandé vos services, d'après ce que je lis, d'éviter les risques de radicalisation dans les entreprises. Est-ce que vous vous attendez à des violences spontanées, provoquées, localisées ?
MANUEL VALLS
Mais cette réalité n'est pas nouvelle ! La crise économique, industrielle, frappe notre pays depuis des années, des centaines d'entreprises ont fermé, nous avons perdu des dizaines de milliers d'emplois au cours de ces dernières années, il y a de la désespérance chez les ouvriers et chez les ouvrières…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Oui ! Mais…
MANUEL VALLS
Chez les nombreux salariés…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais est-ce que vous vous attendez justement, à cause de ça… (brouhaha)… à des excès de colère ?
MANUEL VALLS
Oui ! Il y a, mais il y a de la colère. Cette colère, elle doit être canalisée par les organisations syndicales, elle doit être canalisée surtout par les solutions que nous cherchons pour sauver ces emplois industriels, pour faire en sorte que la politique industrielle soit de nouveau une réalité, réactivée dans notre pays, c'est tout le sens de la politique du gouvernement.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a deux mots qui sont en train de devenir à la mode : radicaliser, criminaliser. Comment un gouvernement de gauche peut-il envoyer des CRS face à des salariés, vous entendez le reproche ? Bernard THIBAULT, CGT, a reproché au gouvernement de criminaliser l'action syndicale.
MANUEL VALLS
Mais c'est quoi cette histoire ! Le rôle d'un ministre de l'Intérieur et d'un gouvernement c'est permettre l'exercice de l'Etat de droit, il y a un droit de manifester - heureusement - et ce droit de manifester il est garanti par la Constitution…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Avec des risques de débordements ?
MANUEL VALLS
Mais il doit pouvoir se faire en toute sécurité, il faut préserver à la fois l'outil de travail, une entreprise - c'est le seul guide en tout cas de mon action - l'exercice des libertés dans la tranquillité et en même temps dans la sérénité. Le gouvernement est particulièrement attentif à la détresse sociale et au risque de radicalisation - nous venons d'en parler et notre rôle c'est de prévenir, mon rôle c'est de prévenir les dérapages ou la violence, il n'y a pas de place…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais il y a des risques !
MANUEL VALLS
Mais il n'y a pas de place dans une démocratie politique comme la nôtre et dans une démocratie sociale où le dialogue social va être peut-être demain inscrit dans la Constitution - c'est la volonté de François HOLLANDE il n'y a pas de place pour cette violence.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais par exemple, Manuel VALLS, mardi prochain et Olivier BESANCENOT l'a dit tout à l'heure à Bruce TOUSSAINT syndicats et extrême gauche veulent créer des rapports de force avec vous le pouvoir, et ce matin ici est-ce que vous incitez à la retenue, à la maîtrise de la protestation sociale, les syndicats, pour éviter des casseurs ?
MANUEL VALLS
J'en appelle évidemment à la retenue, au dialogue social, à la recherche de solution, c'est le sens de l'engagement du Premier ministre, du ministre du Redressement productif Arnaud MONTEBOURG, du ministre de l'Economie Pierre MOSCOVICI que de trouver à chaque fois des solutions. C'est difficile avec la crise que nous connaissons…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Eh bien on le voit ! Oui.
MANUEL VALLS
Mais encore une fois, ce sont des solutions économiques, industrielles, sociales qui doivent être recherchées…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Mais vous…
MANUEL VALLS
Il n'y a pas de place pour la violence et je lance évidemment un avertissement la… la police elle fait son travail mais on ne peut pas admettre qu'on cherche à casser l’outil de travail, à briser l'immobilier urbain, qu'on s'attaque à des édifices publics, qu'on lance des boulons sur des policiers (hier il y a une douzaine de gendarmes et de policiers…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Ca ne…
MANUEL VALLS
Blessés à Strasbourg…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous dites ça ne doit pas durer, ça ne doit pas continuer ?
MANUEL VALLS
Mais le désordre il n'est bon pour personne et moi je suis un tenant, et de l'autorité, et de l'ordre républicain, qui garantissent à la fois la démocratie et le progrès social.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Il y a beaucoup de sujets avec vous ! Naturellement j'aurais pu parler de la cérémonie émouvante hier pour le 15ème anniversaire de l'assassinat du préfet ERIGNAC (c'était impressionnant aussi parce que pour la première fois vous avez rassemblé tous les préfets en uniforme dans la cour de la Place Beauvau), j'aurais pu vous poser une question sur les salles de shoot, mais il y a un rapport dont on n'a pas encore parlé mais à mon avis on va en parler il a été commandé par Matignon, il dresse un constat accablant de la politique d'intégration menée depuis 30 ans par la gauche, la droite et il suggère plusieurs réformes (c'est le rapport THUAULT) dont la création d'un titre de tolérance pour régulariser par étape, en 5 ans, une grande partie des sans-papiers. Comme il y a entre 200 et 400.000 sans papiers en France, qu'est-ce que vous faites, comment vous répondez ?
MANUEL VALLS
C'est un rapport intéressant sur les questions d'intégration, parce que c'est un des grands défis de la société française, mais je vous le dis encore à ce micro : il n'y aura pas de régularisation massive des sans-papiers, j'ai publié une circulaire il y a quelques mois après l'arbitrage du président de la République et du Premier ministre et cette régulation se fait au cas par cas...
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Vous répondez déjà non…
MANUEL VALLS
Sur des critères…
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Déjà non à ce rapport quand il sera publié ?
MANUEL VALLS
Je le dis très clairement : il n'y aura pas de régularisation massive.
JEAN-PIERRE ELKABBACH
Et quand il suggère de mettre un terme au débat sur le voile, il dit : la France n'a jamais dépendu d'un bout de tissu (boubou, coiffe bretonne, cheiche ou béret) ?
MANUEL VALLS
J'ai voté les deux lois, celle interdisant les signes distinctifs religieux à l'école et celle interdisant la burqa. Nous avons parlé de la Tunisie, de la laïcité, de la place de la femme dans notre société, eh bien oui le voile qui interdit aux femmes d'être ce qu'elles sont restera pour moi et doit rester pour la République un combat essentiel.

Interview de M. Manuel Valls, ministre de l'intérieur, à RMC le 5 février 2013, sur l'action de la France face à la menace terroriste, l'affaire Merah, le climat social, la lutte contre les violences et la délinquance, et l'ajournement de la décision rendant obligatoires les éthylotests.
Personnalité, fonction : VALLS Manuel. 
FRANCE. Ministre de l'intérieur
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous confirmez, arrestation de plusieurs personnes ce matin dans les milieux dits islamistes ?
MANUEL VALLS
Il y a une opération en cours, menée par la Direction centrale du Renseignement intérieur en région parisienne, ces interpellations, qui sont en cours, font suite à l'arrestation, déjà, d'un individu il y a quelques mois, cet été, sur la frontière entre le Mali et le Niger. Donc c'est une enquête de longue date, qui se poursuit aujourd'hui.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Combien de personnes interpellées ?
MANUEL VALLS
Quatre, semble-t-il, mais je reste prudent puisque l'enquête est en cours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatre pour l'instant ?
MANUEL VALLS
Bien sûr.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Quatre personnes interpellées, donc des milieux qui auraient des liens avec les djihadistes et qui actuellement sont chassés par les militaires français au Mali, au Nord Mali ?
MANUEL VALLS
Probablement, mais je veux rester prudent. D'abord je pense que sur ce type d'opération il faut être discret, ce que je veux vous dire, et à travers-vous à ceux qui nous écoutent et ceux qui nous regardent, c'est que la police française, les services de renseignements, intérieur ou extérieur, sont sur le qui-vive déjà depuis plusieurs mois, il y a une alerte, il y a évidemment une menace qui pèse sur la France, depuis notamment les crimes de Mohamed MERAH, la police a déjà démantelé une cellule terroriste en septembre dernier, qui avait agi, qui avait frappé sur Sarcelles le 19 septembre dernier avec la volonté de tuer, donc il faut continuer ce travail de démantèlement, de ces réseaux qui veulent soit agir sur notre territoire, soit exfiltrer des individus pour faire le Djihad, pour apprendre les pratiques des terroristes en Syrie, il y en a beaucoup, et aussi sur le Sahel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire, en Syrie il y en a beaucoup ?
MANUEL VALLS
Plusieurs dizaines de français, ou de résidents en France, se sont déjà rendus en Syrie, souvent dans des groupes contrôlés par Al Qaïda. Et il y a aussi quelques individus qui veulent se rendre au Sahel, donc il faut les empêcher, les arrêter, les neutraliser.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Ou qui sont au Sahel ?
MANUEL VALLS
Il y a probablement une poignée, je ne peux pas vous dire le nombre précis, une poignée de français qui sont au Sahel.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et qui combattent l'armée française, et l'armée malienne, avec les djihadistes ?
MANUEL VALLS
Et qui peuvent combattre effectivement l'armée française. Deux d'entre eux ont déjà été arrêtés, ou interpellés, au cours de ces derniers mois, parce que la coopération avec…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Deux français qui étaient engagés là-bas, au Sahel ?
MANUEL VALLS
Deux français qui voulaient se rendre au Sahel, dont cet individu dont je viens de parler, un autre au Mali il y a quelques mois, ont déjà été arrêtés, par des polices maliennes, ou nigériennes, comme quoi il y a aussi une coopération de très grande qualité avec nos amis nigériens et maliens.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et là l'opération conduite, là, ce matin, est une opération en lien avec l'engagement français au Mali, ou en lien avec les djihadistes du Nord Mali ?
MANUEL VALLS
Cela fait plusieurs mois que cette filière est suivie, donc c'est au-delà même de cet engagement de la France, nécessaire et juste, au Mali. Mais cela veut bien dire que nous ne baissons pas la garde, il y a une très grande vigilance et une action de nos services qu'il faut laisser travailler aussi dans la discrétion.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parfois, des personnes sont interpellées, et souvent relâchées, Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Ce n'est pas le cas pour cette personne qui a été arrêtée il y a quelques mois.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui, c'est vrai.
MANUEL VALLS
Mais le travail, aussi, de la police, évidemment sous l'autorité du Parquet, de la justice, c'est aussi de vérifier les informations. Là, vous faites référence, je pense, aux arrestations qui ont eu lieu la semaine dernière et qui concernaient…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Concernant Mohamed MERAH.
MANUEL VALLS
L'environnement de Mohamed MERAH, puisque là, en l'occurrence il s'agit de comprendre comment Mohamed MERAH a agi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Je vais y revenir. Mais, le terrorisme, parlons du terrorisme, d'abord est-ce que vous avez reçu des menaces précises d'attentats ces derniers jours ?
MANUEL VALLS
Non, mais là aussi il faut être extrêmement prudent, et je resterai, par la force des choses, discret, mais il n'y a pas de menace directe, cependant il y a des menaces que l'on retrouve, notamment, sur Internet, sur les réseaux sociaux, par des appels à faire la guerre, à s'en prendre aux Français et aux intérêts de la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous avez expulsé un prêcheur, un marocain, qui s'appelle Ali BENHAMOU, proche du groupe salafiste « Forsane Alizza », renvoyé dans son pays, que lui reprochiez-vous ?
MANUEL VALLS
Des propos, s'en prenant aux valeurs de la France, portant atteinte aux intérêts fondamentaux du pays. Vous savez, les mots, et les paroles, peuvent tuer, et donc il n'y a pas de place, en France, quand il s'agit d'étrangers, pour ce type de discours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'autres expulsions sont prévues ?
MANUEL VALLS
D'autres expulsions, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, auront lieu. A chaque fois qu'un étranger s'en prend aux valeurs de la France, à la place de la femme dans la société, appelle au meurtre, il n'a rien à faire dans notre territoire, il sera expulsé. Le président de la République et le Premier ministre m'ont demandé de faire preuve de la plus grande fermeté à l'égard de ces discours. Vous savez, la lutte contre le terrorisme c'est une lutte en profondeur, qui doit mobiliser l'ensemble de la société, c'est aussi un combat de valeurs, et les valeurs de la République, les valeurs de la démocratie, l'égalité homme/ femme, sont au cœur de notre pacte républicain, et donc il n'y a pas de place pour ces discours.
JEAN-JACQUES BOURDIN
MERAH n'était pas seul ? Est-ce qu'il était seul, MERAH, pour préparer ses assassinats ? Il avait des complices, on les cherche ces complices, Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Il y a une enquête en cours, MERAH a sans doute agi seul, c'est-à-dire qu'il a tué seul, mais il n'est pas un loup solitaire, contrairement à ce qui avait été dit au lendemain de ses meurtres de Toulouse et de Montauban, c'est-à-dire que tout simplement il a été influencé par un milieu social, par son quartier, par des rencontres, par ses déplacements, en Afghanistan et au Pakistan. On lui a appris, même de manière rudimentaire, le maniement des armes. Il a eu des moyens pour faire ses voyages, ses déplacements. Donc ça veut dire qu'il y a un environnement qui a favorisé cette radicalisation. C'est le travail…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc j'aimerais savoir, qui l'a aidé, qui l'a accompagné dans la préparation de ces assassinats ?
MANUEL VALLS
C'est le travail de la police, sous l'autorité de la justice, de savoir pourquoi Mohamed MERAH est rentré dans ce processus de radicalisation.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Manuel VALLS, pourquoi y a-t-il eu des ratés ? Est-ce qu'il y a eu des ratés dans le suivi du tueur, de MERAH ?
MANUEL VALLS
Mais bien évidemment. D'abord parce qu'il a malheureusement réussi son entreprise meurtrière terroriste…
JEAN-JACQUES BOURDIN
On s'est même trompé d'identité à un moment donné.
MANUEL VALLS
Sans doute il y a eu…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous confirmez ça ?
MANUEL VALLS
Il y a eu des failles, il y a eu des ratés, bien évidemment, notamment sur la qualification, sur l'analyse, que l'on portait à l'égard de MERAH, il y a un peu plus d'1 an, avant qu'il n'agisse, puisqu'il était considéré comme très dangereux, et puis à partir d'un moment on a considéré qu'il ne méritait plus d'être surveillé. Donc il y a eu, incontestablement, une faille, et celle-ci elle est avérée, et je comprends les familles des victimes, que j'ai reçues encore la semaine dernière, qui cherchent à en savoir plus, et je leur ai dit que je ferai tout, avec mon collègue Jean-Yves LE DRIAN, puisqu'il faut déclassifier des documents, à la fois les services intérieurs, la DCRI, et les services extérieurs, la DGSE, je ferai tout, nous feront tout, pour que la vérité soit connue, c'est ce que nous devons aux victimes, et c'est nécessaire, aussi, pour mieux nous protéger face à ces individus, c'est-à-dire à des Français. Et vous savez, j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, que nous combattons à la fois un terrorisme à l'extérieur, c'est l'action de la France au Mali, contre ces groupes terroristes et criminels, mais nous combattons aussi un ennemi intérieur, parce qu'il y a des Français qui rentrent dans ce processus de radicalisation, de la petite délinquance, au trafic de drogue, à la conversion, parfois à un islam radical, à des déplacements à l'extérieur, ou tout simplement à travers Internet, ou en prison, donc il faut combattre avec la plus grande détermination, cet ennemi.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Certains documents restent classés secret Défense, et les familles vous demandent, les avocats des familles, vous demandent de…
MANUEL VALLS
Tous les documents qui peuvent permettre de faire la lumière, et je vous le dis très clairement, si les juges en charge de cette affaire nous le demandent, seront déclassifiés. La seule condition, mais elle ne met en cause le travail de l'enquête, c'est la protection d'un certain nombre de sources, de nos services de renseignement, à l'extérieur.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dites-moi, est-il vrai que vous êtes inquiet de la colère sociale, est-il vrai que vous craignez des débordements, des violences, lors de prochaines manifestations, franchement Manuel VALLS ?
MANUEL VALLS
Mais bien évidemment, la colère sociale, avec les conséquences de la crise économique et financière, avec la précarité, le chômage, les plans de licenciements, elle est là, elle gronde depuis des années, donc il faut en faire l'analyse fine. C'est le travail, notamment, de l'Information générale de la sécurité publique.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc vous craignez. Parce que j'ai vu les Renseignements Généraux, enfin anciennement…
MANUEL VALLS
Anciens Renseignements…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Anciennement Renseignements Généraux, sont sur le qui-vive un peu…
MANUEL VALLS
C'est leur travail de savoir ce qui peut se passer.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est leur travail… Ça peut être violent.
MANUEL VALLS
Aujourd'hui on assiste moins à des mouvements sociaux, qu'à des implosions, à des explosions sociales, des ouvriers, des ouvrières, des salariés.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous comprenez ces implosions, ces explosions sociales ?
MANUEL VALLS
On peut essayer de les comprendre, on ne peut pas, évidemment, les admettre, mais la colère et le désespoir, d'hommes et de femmes…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous comprenez, quand on est salarié chez PSA, qu'on occupe son usine, et qu'on casse l'outil de travail ?
MANUEL VALLS
Non, on ne peut pas casser l'outil de travail, il faut respecter cet outil de travail, mais on peut essayer d'analyser et de comprendre les raisons qui poussent au désespoir, des hommes et des femmes qui perdent, évidemment, qui risquent de perdre leur emploi, leur outil de travail. C'est eux-mêmes, c'est leur famille, leurs enfants, qui évidemment sont en cause. Mais le travail de l'Information générale, les anciens Renseignements Généraux, c'est de bien analyser ces mouvements sociaux.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Manuel VALLS, un TGV qui part de Marseille pour Nice, 150 personnes à bord, c'était samedi, et qui tout à coup est arrêté dans un quartier de Marseille, le quartier Bel Air (sic), par des jeunes, qui tapent aux portes, les portes sont verrouillées, qui essaient d'entrer dans le TGV, et ça dure 2 heures. Des interpellations, 8 personnes interpellées je crois, des mineurs et des majeurs. C'est un rappeur qui dit « mais non, on est en train de tourner un clip, j'avais engagé des jeunes de la cité, il y a eu débordement. » Que risquent ces jeunes, ces jeunes et moins jeunes d'ailleurs, qui ont été arrêtés ? D'abord, vous, vous avez condamné fermement…
MANUEL VALLS
Je l'ai condamné, mais moi je souhaite tout simplement que la justice rappelle que c'est tout simplement…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Piraterie ferroviaire ? C'est ce que certains ont employé comme terme.
MANUEL VALLS
Certains ont dit… En tout cas, quelle que soit la raison, c'est inacceptable. On ne peut pas arrêter un TGV, c'est un danger d'ailleurs, à la fois pour ceux qui l'arrêtent, pour les voyageurs, pour le TGV lui-même. s'en prendre ensuite aux forces de l'ordre, puisqu'il y a eu confrontation je veux saluer à la fois le travail des agents de la SNCF, l'intervention rapide de la police, le calme aussi des voyageurs, des passagers de ce TGV mais quelle que soit la raison, c'est inacceptable, on ne peut pas se livrer à ce type d'acte, et ça en dit long, d'ailleurs, sur le fait qu'il y a un certain nombre de gamins, de jeunes, qui considèrent qu'il n'y a pas de règle, et qu'on peut arrêter aujourd'hui un TGV pour tourner un clip de rap. C'est inacceptable, et donc il faut qu'il y ait un rappel de la loi, c'est-à-dire une sanction. Et moi je suis partisan…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Mais vous savez, beaucoup de ces jeunes vont être vite libérés, Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Ça veut bien dire qu'il y a un problème, nous y travaillons évidemment avec Christiane TAUBIRA, elle y travaille, il doit y avoir, dès le premier délit…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Dans 8 jours ils seront retournés dans leur cité, vous le savez bien Manuel VALLS.
MANUEL VALLS
Dès le premier délit, dès la première faute, il doit y avoir une sanction, parce que ce dont souffre notre pays, depuis des années, c'est l'absence d'autorité, de règles, de principes, et si on laisse des très jeunes, parce que le problème de la délinquance, et aussi aujourd'hui le problème de très jeunes, de mineurs, livrés, tout seuls, sans l'autorité des parents, livrés à la cité, qui gagnent en quelques mois beaucoup plus d'argent à travers un certain nombre de trafics…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc sanction immédiate.
MANUEL VALLS
Donc il faut une sanction immédiate, un rappel, la règle elle est là pour qu'on puisse vivre dans une démocratie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
La loi est insuffisante aujourd'hui ?
MANUEL VALLS
Il faut déjà que la loi soit parfaitement appliquée. Il y a dans la loi…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Vous voulez dire qu'elle n'est pas toujours appliquée, Manuel VALLS ?
MANUEL VALLS
Mais parce que les juges sont confrontés à des problèmes à la fois de moyens, à de nombreuses affaires.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire que les juges n'appliquent pas toujours la loi, Manuel VALLS ?
MANUEL VALLS
Ils l'appliquent, évidemment, mais ce n'est pas seulement l'affaire des juges, c'est l'affaire de l'autorité dans une société, c'est l'affaire des parents, c'est l'affaire de l'école, c'est l'affaire de tous. Il faut qu'il y ait des règles et des principes. Moi je suis un tenant de l'ordre républicain, de l'autorité qui est une valeur de gauche, parce que sans règle et sans autorité, c'est la loi de la jungle, et ce sont toujours les plus modestes, notamment dans les quartiers populaires, qui sont les victimes de cette délinquance, ou de ces incivilités.
JEAN-JACQUES BOURDIN
D'autres victimes, ceux qui sont victimes de cambriolage : 1 cambriolage toutes les 90 secondes, en hausse de 8,5% et en hausse de 70% je crois depuis 5 ans (donc quel que soit le pouvoir droite gauche), 352.600 cambriolages et toutes les victimes qui ne portent pas plainte et - ce qui m'a frappé - 75% des victimes qui déposent plainte et qui n'ont plus jamais de nouvelle de leur affaire, Manuel VALLS…
MANUEL VALLS
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Insupportable.
MANUEL VALLS
Non ! Ce n'est pas supportable et c'est pour moi sans aucun doute l'une des priorités de l'action qu'est la mienne comme ministre de l'Intérieur. Les priorités, c'est évidemment la lutte contre les violences…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Et contre les violences faites aux personnes ; il y a un autre chiffre terrible, c'est le fait que 1 femme meurt sous les coups de son conjoint tous les 3 jours…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Il y a un nombre de violences sur les femmes qui ne cesse d'augmenter ; c'est la lutte contre le trafic, trafic de drogue qui gangrène aujourd'hui nos cités, le trafic d'armes ; c'est la lutte contre la cybercriminalité ; c'est faire face à la menace terroriste. Mais c'est aussi la lutte contre ces cambriolages qui sont en nette augmentation, partout vous l'avez dit d'ailleurs ce matin sur votre antenne…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Mais aussi et surtout dans les territoires périurbains…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Voilà !
MANUEL VALLS
Ou ruraux et qui sont le fait le plus souvent - pas seulement mais le plus souvent - de groupes très organisés, qui viennent souvent de l'étranger (Géorgiens, Bulgares, Roumains) auxquels il faut évidemment s'attaquer, pas uniquement au niveau national mais aussi au niveau européen. Cela veut dire aussi qu'il faut que les brigades spécialisées pour lutter contre ces cambriolages soient aujourd'hui développées partout par la police et par la gendarmerie.
JEAN-JACQUES BOURDIN
C'est-à-dire ? Comment allez-vous faire ? Vous allez lancer je crois un grand plan d'actions pour lutter…
MANUEL VALLS
Oui ! Ces cellules anti-cambriolage…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui ! Vous allez créer des cellules anti…
MANUEL VALLS
Dans les brigades de gendarmerie, dans les commissariats…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Pour s'attaquer évidemment à ce problème. Et puis, pour permettre notamment…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Parce que quoi ?
MANUEL VALLS
Pour permettre…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Le taux d'élucidation c'est quoi ? C'est 15%, Manuel VALLS, à peine…
MANUEL VALLS
Mais ça veut dire…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Même pas.
MANUEL VALLS
Mais ça veut dire qu'il faut développer, pour moi c'est aussi une priorité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Le recours et les moyens à la police scientifique et technique, parce que c'est celle qui permet d'avoir des traces, de démanteler ces bandes - il y en a eues évidemment - mais parce qu'aujourd'hui c'est plus difficile d'attaquer une banque, c'est plus difficile de s'en prendre à une voiture, c'est plus difficile de s'en rendre aussi à des locaux d'une entreprise, parce que là en revanche il y a une baisse des cambriolages pour les locaux d'entreprise, on s'en prend aux particuliers. Et je mesure évidemment le traumatisme, dans un département rural où les personnes partent au travail…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bien sûr !
MANUEL VALLS
En laissant les clés sous le paillasson ou sur la porte…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Au nombre d'habitants c'est la Drôme qui est le département le plus cambriolé…
MANUEL VALLS
La Drôme, la Creuse…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Le couloir rhodanien ont été les victimes, ces territoires et surtout des habitants ont les victimes. Donc, la justice et la police doivent considérer que la lutte contre les cambriolages est une priorité parce que c'est un viol intime, c'est quelque chose qui traumatise les habitants quand tout simplement ils voient leur domicile, leur maison pillée et saccagée par ces bandes.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Est-ce que vous installez un état PS, comme il y a eu un état UMP, vous avez vu les accusations qu'on vous fait ? Moi j'entendais François HOLLANDE dire : moi président de la République je n'aurais pas la prétention de nommer par exemple les directeurs des chaînes de télévision publiques…
MANUEL VALLS
Oui !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Enfin sauf qu'il a nommé à la présidence du CSA un proche, enfin un proche de…
MANUEL VALLS
Il a nommé un homme qui a été ambassadeur…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Proche de Lionel JOSPIN.
MANUEL VALLS
Ambassadeur à Madrid, nommé par Jacques CHIRAC…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Olivier SCHRAMEK ! Oui.
MANUEL VALLS
Un homme qui a évidemment servi l'Etat, l'Etat républicain, et moi je ne comprends pas très bien cette expression d'état PS. Olivier SCHRAMEK est un homme dont chacun connaît la probité et l'indépendance.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jack LANG à l'INSTITUT DU MONDE ARABE…
MANUEL VALLS
Mais Jack LANG a eu des missions…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Jean-Pierre JOUYET à la CAISSE DES DEPOTS ET CONSIGNATIONS…
MANUEL VALLS
Jack LANG a eu des missions de gouvernements qui se sont succédé…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Jean-Pierre JOUYET a été ministre de François FILLON…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Plus de 30% des préfets changés.
MANUEL VALLS
Comme il y a 10 ans !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Donc, c'est pareil quoi…
MANUEL VALLS
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Rien n'a changé ?
MANUEL VALLS
Non ! Je ne dis pas cela. Je dis tout simplement qu'il est normal qu'il y ait des changements, des mutations, d'ailleurs parmi les préfets qu'on dit avoir changés notamment les préfets de Région ça ne veut pas dire qu'ils sont virés, ça ne veut pas dire qu'ils sont mis au placard, ça veut dire tout simplement qu'ils prennent de nouvelles responsabilités. J'ai nommé comme préfet de Région le directeur de cabinet de Claude GUEANT, j'ai nommé comme préfet de Département le directeur de cabinet adjoint de Claude GUEANT, j'ai respecté ce qui est une tradition républicaine, et je n'accepte pas ces accusations parce qu'on salit ainsi, on met en cause les serviteurs de l'Etat que sont les préfets. Le corps préfectoral a été traumatisé ces dernières années, parce qu'il a été politisé et je vois bien la polémique en cours, elle consiste à faire oublier ce qui s'est passé au cours de ces dernières années. Moi je souhaite des serviteurs de l'Etat, des hommes et des femmes, parce que nous avons nommé enfin des préfètes à la tête de département et de région - qui est le sens de l'intérêt général et en même temps les préfets ils sont là aussi pour mettre en œuvre la politique du gouvernement bien évidemment.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Manuel VALLS ! Dernière question. Vous confirmez : pas d'éthylotest obligatoire dans les voitures en mars ?
MANUEL VALLS
J'ai ajourné cette décision !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Parce que de toute façon, au vu des études du Conseil national de la sécurité routière et des dysfonctionnements constatés pour ce qui concerne les éthylotests, nous ne pouvions pas tenir la date du 1er mars, à quelques semaines…
JEAN-JACQUES BOURDIN
… Ça veut dire ?
MANUEL VALLS
Ah ! Ça veut dire que j'attends, puisque je suis cohérent…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
J'ai remis en place le Conseil national de la sécurité routière (présidé par le député Armand YOUNG) et donc, à la mi-février, ils doivent donner leurs conclusions concernant l'éthylotest.
JEAN-JACQUES BOURDIN
Et s'ils demandent à ce que les éthylotests soient rendus obligatoires, vous les rendrez obligatoires ?
MANUEL VALLS
Probablement ! Mais vous me laisserez étudier cet avis consultatif…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Bon ! En tous cas les…
MANUEL VALLS
Parce que moi je veux…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Les… crient à la catastrophe.
MANUEL VALLS
Mais moi ce que je veux en matière…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Nous allons fermer boutique et licencier, disent-ils ?
MANUEL VALLS
Jean-Jacques BOURDIN !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
J'ai un objectif là aussi, c'est de faire passer de 4.000 morts à 2.000 morts en 10 ans…
JEAN-JACQUES BOURDIN
Oui !
MANUEL VALLS
Parce que la sécurité routière est une priorité…
JEAN-JACQUES BOURDIN
A la fin du quinquennat, à la fin…
MANUEL VALLS
Non !
JEAN-JACQUES BOURDIN
Non !
MANUEL VALLS
En 2020….
JEAN-JACQUES BOURDIN
En 2020…
MANUEL VALLS
Passer de 4.000 à 2.000 morts.
JEAN-JACQUES BOURDIN
2.000 morts.
MANUEL VALLS
C'est-à-dire au fond poursuivre ce qui avait été engagé par Jacques CHIRAC mais aussi par Nicolas SARKOZY, François HOLLANDE le poursuit, nous devons faire baisser la mortalité et notamment celle des jeunes sur les routes en luttant contre les accidents des deux roues, contre l'alcool et contre la vitesse. Si l'éthylotest est efficace il faut le faire, s'il ne l'est pas eh bien il ne faut pas poursuivre sur cette voie.