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GUILLAUME DURAND Stéphane LE FOLL ! Donc, avec Gilles, on a évidemment de très nombreuses questions à vous poser qui tiennent au climat politique et à votre fonction de ministre de l’Agriculture chargé notamment de l’agroalimentaire et de l’agriculture, il y a des tables en ce moment, on va en parler dans un instant. Mais, quand vous écoutez les différentes revues de presse depuis maintenant quinze jours (l’homme faible, pépère, Louis XVI, les sondages en berne, une sorte de mai 68 de droite qui pourrait succéder à la manifestation qui aura lieu le 5 mai prochain à laquelle s’associe - dans un autre registre MELENCHON), est-ce que vous avez l’impression que le pouvoir que vous représentez n’est pas en train de sérieusement vaciller ? STEPHANE LE FOLL D’abord j’ai connu à d’autres époques des séries de commentaires qui n’avaient pas forcément l’agrément et le nôtre en tout cas sur François HOLLANDE il fut un temps et je savais que, dans cette période difficile, à un moment ou à un autre, ce qui avait été dit serait redit. GUILLAUME DURAND De FLANBY à l’homme faible quoi, le mou. STEPHANE LE FOLL Cette histoire de faiblesse, de manque d’autorité qui avait été déjà dit il y a quelques années et qui faisait d’ailleurs que François HOLLANDE était considéré comme quelqu’un qui n’était pas en capacité de pouvoir devenir président de la République et j’avais toujours considéré que les journalistes qui disaient ça faisaient une erreur, mais je doutais qu’à un moment ça reviendrait. Ça revient dans un moment effectivement très difficile, très difficile, qui cumule deux éléments majeurs de cette actualité aujourd’hui : le fait que la crise, qui avait été anticipée, personne ne peut nier que dans la campagne présidentielle François HOLLANDE n’ait pas fait des propositions qui faisaient fi de la situation économique. Mais en même temps la dureté et la longueur de cette crise, et le fait que, même en Europe, tous les pays révisent aujourd’hui leur niveau de croissance à la baisse malheureusement nous met dans une situation où l’effort qui a été demandé est un effort qui va demander encore un peu plus de temps et la difficulté est grande ; Et puis deuxième point, je le concède aussi, ce qui s’est passé avec Jérôme CAHUZAC, c'est-à-dire à l’intérieur du gouvernement, qu’un ministre du Budget puisse avouer après avoir dit non qu’il avait un compte en Suisse, c'est-à-dire que lui-même était en capacité de pouvoir frauder le Fisc, ça c’est un coup qui a été porté, qui fait mal, mais qui a été porté au flanc. Ça, j’en ai parfaitement conscience. Donc, cette situation est un moment particulièrement difficile. GUILLAUME DURAND Je vais vous poser une question franche ! Est-ce que, entre vous, vous vous dites - comme la célèbre phrase de Jean-Paul SARTRE - CAHUZAC c’est un salop, c'est-à-dire il nous a vraiment… STEPHANE LE FOLL Moi je ne veux pas utiliser… J’ai bien entendu tous ces mots qui ont été utilisés et les références à SARTRE aussi d’ailleurs pour les justifier, moi ça fait… GUILLAUME DURAND Enfin il vous plante quand même ? STEPHANE LE FOLL Eh bien voilà ! Ça fait suffisamment mal comme ça pour ne pas en rajouter, et donc pour essayer, au travers des propositions qui ont été faites, de la transparente qui a été engagée sur le patrimoine, sur la lutte contre la fraude, sur les paradis fiscaux, de faire en sorte que ce qui a été ce grave manquement à l’engagement politique, eh bien qu’on en fasse un atout… GUILLAUME DURAND Mais pourquoi vous n’avez rien vu venir ? STEPHANE LE FOLL Qu’on en fasse un atout je finis pour changer les choses. GUILLAUME DURAND Et après… STEPHANE LE FOLL Pourquoi on n’a rien vu venir ? GUILLAUME DURAND Et après Gilles enchaîne. STEPHANE LE FOLL Comme à chaque fois… Moi je vais dire ça ce matin, j’ai été directeur de cabinet du Parti Socialiste dans des moments où vous vous en souvenez les bagarres internes, les courants existaient, si vous saviez le nombre de courriers qu’on recevait pour dénoncer le camarade qui avait telle et telle activité, tel et tel patrimoine pour jouer dans ce jeu-là, on n’y a jamais… on n’a jamais rentré dans ce jeu-là, parce que sur les dénonciations, les rumeurs et même des bouts de papier on a toujours considéré et c’est ce qu’on faisait à l’époque renvoyé, en disant : « mais allez donc le donner à la justice ou à la police, ce n’est pas à nous d’utiliser ce genre d’arguments pour faire de la politique ». Ensuite… GUILLAUME DURAND Dernier point ! Parce que Gilles bout d’impatience. STEPHANE LE FOLL Dernier point et rapidement ! Ce que je constate c’est que, à partir du moment où ça été révélé, que les enquêtes ont été ouvertes, il s’est passé deux mois et demi trois mois et en deux mois et demi trois mois Jérôme CAHUZAC est sorti du gouvernement et a avoué. GUILLAUME DURAND Gilles ! GILLES LECLERC Alors vous avez cité deux problèmes pour HOLLANDE : la crise et… On va dire l’affaire CAHUZAC… STEPHANE LE FOLL Oui ! GILLES LECLERC Est-ce qu’il n’y en a pas un troisième qui est en train de surgir, c’est quand même un souci entre l’Exécutif et les élus, on voit quand même que Claude BARTOLONE a pris des prises de position assez nettes, assez clivées, assez tranchées sur la publicité du patrimoine, on se souvient aussi et ça va venir bientôt l’affaire du cumul des mandats, est-ce que là il n’y a pas aussi un souci entre l’Exécutif, c'est-à-dire entre François HOLLANDE et les élus de gauche qui commence un peu à percevoir ? STEPHANE LE FOLL Sur la question... GILLES LECLERC Ensuite, on parlera du mariage aussi ? STEPHANE LE FOLL Oui ! Bien sûr. Sur la question du cumul les choses maintenant sont claires, il y aura une loi… moi j’avais toujours dit, je n’ai jamais été dans ceux qui ont été faire monter les salles, hurler tous les militants sur le cumul des mandats, parce que je savais qu’il y avait un tout petit souci c’est qu’on ne passe pas d’un système où il y a une histoire avec des personnalités politiques qui sont implantées à une autre histoire qui s’écrit, le cumul des mandats c’est un processus qui a été engagé sous JOSPIN et qu’il faut poursuivre. La loi sera votée, on poursuit dans cette voie, on… GILLES LECLERC Alors publicité du patrimoine… STEPHANE LE FOLL Alors publicité du patrimoine… GILLES LECLERC Pour les parlementaires ? STEPHANE LE FOLL Alors là moi je pense que, vu ce qui s’est passé, on voit l’attente, la montée, le patrimoine, la journée du patrimoine en plus, on a eu droit à tout, tout le monde regarde, c’est sur un site - un million ou deux millions de visiteurs sur le site de Matignon - et puis deux trois jours après, une fois que tout ça a été publié la transparence est là, chacun peut vérifier, il y aura une autorité qui derrière va investiguer pour savoir que ce qui a été dit est vrai parce que c’est ça qui est le problème, au fond c’est celui-là mais la transparence c’est la manière de dire : « Ecoutez ! Arrêtez d’aller chercher des raisons de détester ou de refuser de donner confiance aux élus ailleurs que dans la vérité qui sera celle de ces chiffres, de ces patrimoines qui vont être livrés ». Et je trouve que Claude BARTOLONE dans cette histoire fait une erreur, cette transparence, je le dis, un jour ou deux après bon eh bien voilà chacun a pu regarder, il y a des ministres qui sont avec un patrimoine important, d’autres avec un patrimoine moyen, d’autres avec un patrimoine un peu plus... un peu moins important, on n’est pas à plaindre, personne n’est pas à plaindre, il y a même des patrimoines qui sont importants, mais ça n’empêche pas un gouvernement ou des ministres d’avoir un engagement et des convictions GILLES LECLERC Oui ! Est-ce qu’il n’y a pas un quatrième problème, c’est quand même cette affaire du mariage, vous devez compter les jours avant mardi prochain, non ? STEPHANE LE FOLL Ah ! Je pense que… GILLES LECLERC Vite, vite, il faut passer à autre chose ? Mais quand même il se passe des choses dans le pays, là-dessus ? STEPHANE LE FOLL Non ! Mais je pense que toutes ces questions-là, ça été évoqué tout à l’heure dans l’édito qui a été fait, à chaque fois qu’on touche à ces questions et en France en particulier il y a une France qui reste extrêmement conservatrice sur ces sujets. Et j’ai dit conservatrice au nom du fait qu’elle veut conserver sur les droits, des droits anciens et qu’elle ne veut pas bouger et, à chaque étape qu’a franchi notre pays, c’était évoqué, sur l’avortement rappelez-vous ce qu’ont été les débats, sur la question du pacs rappelez-vous la manière dont ça s’est passé et là sur la question du mariage, alors que je regardais quand même à l’époque ce qui s’est passé en Espagne, qui est pourtant aussi un pays catholique où il y a des conservateurs, il y a eu des grandes manifestations… GUILLAUME DURAND Un million cinq cent mille personnes ! STEPHANE LE FOLL Oui ! Un million cinq cent mille personnes. Il y a eu aussi, il ne faut pas non plus… Mais il y a une dureté, une radicalisation qui est liée aussi à une part des Français, l’histoire de France est marquée aussi par un combat entre les progressistes et une vraie France conservatrice. GILLES LECLERC Mais vous voulez dire que cette France-là elle a tort, c’est ça que vous êtes en train un peu de dire ? STEPHANE LE FOLL Cette France-là a des convictions profondes qui remontent à l’histoire, au catholicisme, on voit bien la position qu’a pris Monseigneur VINGT TROIS qui rentre dans le débat pour ne pas l’apaiser, il y va jusqu’au bout. Donc, on est… La sœur fut un temps aînée de l’église, eh bien il y en a qui se chargent de le rappeler. Donc, moi j’ai parfaitement conscience de ça. Alors c’est vrai qu’il y a un moment où il faut passer à autre chose, voilà, il faut passer à autre chose, il y a eu un débat, les arguments ont été avancés et je pense que maintenant il faut adopter cette loi. Et ça été dit d’ailleurs tout à l’heure… Moi j’ai rencontré des Catholiques sur le marché du Mans dimanche, je leur ai dit : « Ecoutez… Là c’est comme pour le patrimoine tout le monde est extrêmement crispé, extrêmement tendu, j’ai dit : « une fois que ça sera fait ça n’enlève rien, rien aux couples hétérosexuels, rien, c’est un progrès qui est fait, un droit qui est donné à d’autres couples et puis ça va s’apaiser », et je le sais, la droite d’ailleurs n’ose pas le dire, mais elle ne reviendra pas sur cette loi. GUILLAUME DURAND Ce matin, dans Les Echos, Jean-Marc AYRAULT tend la main aux chefs d’entreprise - il y a beaucoup de choses qu’on pourrait dire - mais est-ce que justement, pour être dans le droit fil de ce qui disait Gilles, l’un des problèmes aussi posé par François HOLLANDE c’est la fameuse phrase : je n’aime pas les riches, c’est la taxe à 75%, c’est des prévisions économiques qui sont contredites tous les jours par des experts, par Bruxelles ,par le FMI et on en revient à la question de l’incompétence, c'est-à-dire pourquoi avoir mené cette campagne ? Pourquoi défendre des projets en matière de croissance qui sont totalement irréalistes ? Donc, on se dit : eh bien, finalement, il est incompétent. STEPHANE LE FOLL Il y a dans la situation que vous évoquez un choix stratégique qui est fait pour sortir la France de la crise dans laquelle on est… GUILLAUME DURAND On essaie d’aller assez vite ! STEPHANE LE FOLL Et je vais très vite ! Parce que… GUILLAUME DURAND Parce qu’il faut qu’on termine sur l’agriculture avec vous. STEPHANE LE FOLL C’est deux points ! C’est comment je réduis des déficits budgétaires pour éviter que l’endettement passe la barre des 100% du PIB, parce que c’était la ligne sur laquelle nous étions quand nous sommes arrivés avec SARKOZY ? Premier point, donc il faut réduire, efforts à faire, sans tuer la croissance ; Et, deuxième élément, comment je prépare la croissance de demain ou comment je prépare la France à la sortie de crise ? C’est l’investissement ! C’est ce qu’a dit le Premier ministre, et là-dessus il faut qu’on soit plus fort dans l’expression qui va être la nôtre, l’investissement, la capacité qu’on a à développer des nouvelles lignes, des nouvelles techniques, des nouvelles usines, des nouvelles productions, à assurer la mutation énergétique de la France, c’est un enjeu de création d’emplois et de croissance, et c’est ça qu’il faut assurer. GILLES LECLERC Et dans votre secteur justement l’agriculture… GUILLAUME DURAND Gilles LECLERC ! GILLES LECLERC Pour retrouver cette croissance, qu’est-ce que vous pouvez faire ? STEPHANE LE FOLL Alors moi j’ai lancé déjà… GILLES LECLERC En France vous relancez des tables rondes mais… Parce que, en fait, tout le secteur souffre… STEPHANE LE FOLL Voilà ! Oui, le secteur souffre. GILLES LECLERC Enfin le lait, la filière porcine par exemple ? STEPHANE LE FOLL Oui ! Alors l’exemple, exemple précis pour vous préciser, là le grand enjeu sur la méthanisation, le plan « EMA » (Energie, Méthane Autonomie, Azote), j’ai commencé à mettre en place un plan pour développer cette méthanisation, ce biogaz, cette énergie renouvelable et l’utiliser en même temps pour faire en sorte que ce qui est aujourd’hui un problème l’azote organique lié en particulier à l’élevage devienne une matière première pour faire de l’énergie et, derrière, du fertilisant azoté. Voilà le plan que je viens de lancer. J’étais dans la région Midi-Pyrénées il y a une semaine et la Région va investir, écoutez-moi bien, dans ce plan sept cents millions d’euros, je faisais le calcul : si toutes les régions faisaient ça, multiplié par vingt-deux, c’est quatorze milliards… GILLES LECLERC Les résultats ce n’est pas pour demain, c’est pour dans longtemps. STEPHANE LE FOLL C’est dans deux trois ans ! Sauf que, dès qu’on commence un processus où s’enclenche une dynamique, eh bien c’est de l’emploi, c’est de la création et cette dynamique, cette mutation de l’agriculture, la mutation aussi des déchets aujourd’hui qui posent problème en azote qui va être utile pour l’agriculture c’est un vrai plan global. Donc, je vous donne concrètement, objectif : deux à trois milliards d’investissement d’ici trois ans et passer de quatre-vingt-dix méthaniseurs aujourd’hui, c'est-à-dire rien du tout, à mille. GUILLAUME DURAND Merci Stéphane LE FOLL d’être venu ce matin, je rappelle que vous êtes ministre de l’Agriculture donc du gouvernement de Jean-Marc AYRAULT, bonne journée à vous. STEPHANE LE FOLL Merci à vous. GUILLAUME DURAND Gilles ! On se retrouve évidemment demain et c’est dans un instant le rappel des titres avec Béatrice MOUEDINE et puis la revue de presse dans son intégralité.