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"versionTitle": "Le Talmud de Jérusalem, traduit par Moise Schwab, 1878-1890 [fr]",
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"Seder Nezikin"
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"Dans les cas suivants, les témoins convaincus de mensonge ne subissent pas, pour leur faux témoignage, la peine qu’ils ont voulu faire infliger à une autre personne. Un cohen ne doit pas épouser une femme divorcée, ni une femme qui a fait la cérémonie du déchaussement (Dt 25, 9): s’il l’épouse, les enfants qui naissent de cette union ne sont pas aptes à remplir les fonctions sacerdotales. Si donc les faux témoins ont déposé contre un cohen qu’il était né d’une telle union, pour le rendre impropre aux fonctions sacerdotales, on ne leur inflige pas la même peine, et on ne les rendra pas impropres aux fonctions sacerdotales s’ils sont cohanim; mais on leur inflige la peine du fouet pour leur faux témoignage. S’ils ont fait une déposition contre quelqu’un pour le faire condamner à l’internement dans les villes de refuge (Nb 25, 25), et s’ils sont démentis, ils ne sont pas condamnés à cet internement, mais à la peine du fouet. Des témoins ont déposé qu’un homme a donné à sa femme la lettre de divorce et qu’il doit par conséquent, lui payer le douaire; le mari dit qu’il n’a jamais donné cette lettre et qu’il n’est pas obligé de payer le douaire. Ces témoins sont ensuite démentis; ils devraient donc être condamnés à payer au mari la valeur, au payement de laquelle ils avaient voulu le faire condamner. Mais on prend en considération que même sans leur témoignage, le mari aurait pu être obligé de payer, un jour ou l’autre, s’il voulait plus tard donner à sa femme la lettre de divorce, ou bien les héritiers du mari devraient payer le douaire s’il venant à mourir. Par conséquent, on ne condamne pas les faux témoins à payer la valeur entière du douaire; mais on apprécie ce qu’il vaut pour un acheteur qui voudrait risquer son argent pour l’acheter; or, cette valeur est douteuse, car si la femme devient veuve, ou si elle divorce, elle a des droits au douaire, et si elle meurt, son mari hérite d’elle. Les témoins ont déposé que tel individu doit à un autre mille zouz, et qu’il doit les payer en 30 jours. Le débiteur dit qu’il ne devait les payer qu’en dix ans. Ces témoins sont ensuite démentis. On estime alors ce qu’un homme aurait voulu donner pour pouvoir garder les mille zouz depuis la fin du mois jusqu'à dix ans<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Les témoins paieront l'intérêt de dix ans moins trente jours.</i>.",
"Si des témoins disent que tel individu doit à un autre 200 zouz et qu’ils soient démentis, ils sont condamnés à la peine du fouet et au paiement auquel ils voulaient faire condamner celui contre lequel ils ont déposé; c’est l’opinion de R. Meir, parce que, dit-il, les deux punitions ont deux motifs différents<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> La peine du fouet, dit Rashi, leur est infligée, parce qu'ils ont transgressé la loi qui défend de se rendre coupable d'un faux témoignage, et le payement à cause du principe que les faux témoins doivent subir la condamnation qu'ils ont voulu infliger injustement à un autre.</i>. Les autres docteurs disent: Celui qui est condamné à payer ne doit plus subir la peine du fouet.",
"Si des témoins font une déposition pour faire condamner quelqu’un à la peine du fouet, et qu’ils soient démentis, ils sont condamnés à subir deux fois cette peine, d’après R. Meir: 1° pour avoir transgressé la loi qui défend de faire une fausse déposition (Ex 20, 16); 2° pour subir la peine qu’ils ont voulu infliger à un autre (Dt 19, 19). Les autres docteurs disent qu’ils ne subiront la peine des coups qu’une seule fois. On partage une somme d’argent, mais on ne partage pas la quantité réglementaire des coups de fouet qu’on inflige par punition. Par exemple: Si des témoins déposent qu’un individu doit à un autre 200 zouz, et qu’ils soient démentis, ils doivent payer la somme de 200 zouz, dont chacun donne sa part. Mais si des témoins déposent qu’un individu a commis un crime punissable de la peine du fouet, et qu’ils soient démentis, on appliquera à chacun d’eux le nombre entier des coups de fouet<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> La Guemara sur le parag. 2 se trouve traduite en (Sheviit 10, 2).</i>.",
"Les témoins qui sont démentis ne sont punis que si le démenti se rapporte à leur personne. P. ex.: si les deuxièmes témoins disent aux premiers: “Comment pouvez-vous témoigner qu’à tel moment vous avez vu telle chose en tel lieu? Au moment que vous indiquez, vous étiez avec nous en un autre lieu”. Mais supposons que les deuxièmes témoins disent aux premiers: “Comment pouvez-vous déposer ainsi? Celui que vous indiquez comme assassin, ou comme victime, était avec nous, au moment indiqué, en un autre lieu”? Dans ce cas, les premiers témoins ne sont pas punis.",
"Si, après que les témoins ont démenti les premiers, d’autres témoins sont venus pour déposer contre l’accusé, comme les premiers, et que les mêmes qui ont démenti les premiers aient aussi démenti les autres; si d’autres encore et encore d’autres sont venus déposer contre l’accusé, et que toujours les mêmes témoins aient démenti tous ceux qui déposent contre l’accusé, quand même il y aurait cent témoins qui fussent tous démentis par les mêmes témoins qui ont démenti les premiers, ils seront tous punis comme les premiers. R. Juda dit au contraire, qu’on ne peut punir qu’une seule paire de témoins<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> \"Si plusieurs paires témoignent contre l'accusé et que les mêmes témoins viennent démentir tous les autres, on voit que c'est un parti pris et une scélératesse qui leur font dire des mensonges; l'on ne peut plus punir les témoins accusateurs.\"</i>, pour les autres l’assertion n’étant plus digne de foi, asaqh\".",
"Les faux témoins démentis ne sont condamnés à mort que si la condamnation à mort de l’accusé a été déjà prononcée (avant qu’ils aient été démentis). Les Sadducéens disaient que ces témoins ne sont condamnés à mort que si l’accusé a déjà été exécuté (avant qu’ils aient été démentis), car il est écrit: Vie pour vie (Ex 21, 23). Mais les docteurs leur répondirent qu’il est écrit: S’il se trouve que ce témoin soit un faux témoin, qu’il ait déposé faussement contre son frère, tu lui feras comme il avait dessein de faire à son frère (Dt 19, 18 -19); cependant, les témoins ne sont pas condamnés s’ils ont été démentis après qu’ils avaient déposé leur faux témoignage et avant qu’il y ait eu condamnation de l’accusé; car il est écrit: “vie pour vie”.<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> La Guemara sur ce est déjà traduite en (Baba Qama 7, 3).</i>",
"Il est écrit (ibid. 15): Sur la parole de deux ou trois témoins, la chose sera valable (Dt 19, 15). La parole de 3 témoins n’a pas plus de valeur que celle de 2; comme 3 (ou 2) témoins peuvent démentir les deux témoins qui ont déposé contre l’accusé, deux témoins peuvent aussi démentir les trois témoins qui ont dit avoir vu le crime; quand même il y en aurait eu cent qui auraient déposé contre l’accusé, 2 témoins peuvent les démentir tous. R. Simon dit: Comme 2 témoins ne peuvent être condamnés à mort que s’ils sont démentis tous les deux, il en est ainsi de 3, qui ne peuvent être condamnés à la peine capitale que s’ils sont démentis tous les trois; quand même il y en aurait eu cent, ils ne seront condamnés à mort que s’ils sont démentis tous les cent. R. aqiba dit: Le 3e témoin n’est pas venu pour diminuer la responsabilité des autres<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Donc, si les autres sont démentis, ils seront punis, quoique le 3e témoin n'ait pas été démenti.</i>, mais il est venu pour assumer sur lui la même responsabilité que les autres témoins; quoique la condamnation de l’accusé eût lieu sans lui, il est cependant puni comme les 2 autres, parce qu’il s’est associé aux malfaiteurs. Si donc l’Ecriture punit celui qui s’associe aux malfaiteurs comme les malfaiteurs eux-mêmes, à plus forte raison Dieu récompensera celui qui s’associe aux hommes de bien comme les hommes de bien eux-mêmes.",
"Comme au cas où il n’y a que deux témoins, si l’un d’eux se trouve être incapable de témoigner pour cause de parenté, ou par une incapacité judiciaire, le témoignage est nul<sup class=\"footnote-marker\">7</sup><i class=\"footnote\"> V. (Ketubot 11, 2).</i>, parce qu’il ne reste plus qu’un seul témoin; de même dans le cas où il y a trois témoins, si l’un d’eux se trouve incapable pour cause de parenté ou d’incapacité judiciaire, le témoignage est nul; quand même il y aurait eu cent individus qui auraient déposé le même témoignage, si l’un d’eux se trouve être incapable pour cause de parenté ou d’incapacité judiciaire, le témoignage est nul<sup class=\"footnote-marker\">8</sup><i class=\"footnote\"> \"Cent individus ensemble formant une bande avec un malfaiteur sont suspects; s'ils étaient d'honnêtes gens, ils ne seraient pas venus avec un témoin malfaiteur.\"</i>. R. Yossé dit: cela ne s’applique qu’aux affaires capitales (où l’on admet la suspicion pour sauver l’accusé); mais dans les procès d’argent, s’il y a trois témoins, ou davantage, et si l’un d’eux se trouve incapable de témoigner, le témoignage des autres reste valable. Rabbi dit, au contraire, que même dans les affaires d’argent, le témoignage des autres est nul, à cause de celui d’entre eux qui est frappé d’incapacité. L’incapacité est seul, pouvant invalider le témoignage de tous les autres, s’applique seulement au cas où les autres se sont associés à lui par l’avertissement qu’ils donnaient au coupable, avant que celui-ci commit le crime (ou par un autre acte); mais si cet homme n’a pas averti, et que les autres ne se soient pas associés à lui, le témoignage des autres est valable; car, s’il en était autrement, comment feraient deux frères qui ont vu un individu commettre un assassinat?",
"Deux témoins ont vu commettre un crime par une fenêtre, deux autres l’ont vu par une autre fenêtre, et au milieu il s’en est trouvé un qui avertit le coupable avant la perpétration du crime. Si une partie de ceux qui se trouvent d’un côté voient une partie de ceux qui se trouvent d’un autre côté, ils sont tous considérés comme un seul groupe de témoins (de sorte que si l’un d’eux est démenti, sa participation à la déposition devant le Tribunal rend suspect le témoignage de tous les autres, et l’accusé est acquitté). Mais si ceux qui se trouvaient de ce côté ne pouvaient pas voir ceux qui étaient de l’autre côté, ils comptent pour deux groupes séparés et indépendants l’un de l’autre (de sorte que si ceux d’un côté, qui se trouvaient, par exemple du côté gauche sont démentis, le témoignage de ceux du côté droit reste valable); par conséquent, l’accusé est condamné à mort (à cause du témoignage des premiers), et les seconds témoins sont également condamnés à mort à cause du démenti, mais le second groupe est absous. R. Yossé b. R. Juda dit: l’accusé ne peut être condamné à mort que s’il a été averti par les deux témoins, selon les termes bibliques: sur l’avis de 2 témoins. D’après une autre explication, R. Yossé dit qu’en raison des termes précités, le tribunal doit entendre le témoignage de la bouche des témoins, sans recourir à un interprète.",
"Si un condamné à mort qui s’est sauvé se trouve de nouveau devant le même tribunal qui l’a condamné, on ne recommence pas la délibération (mais on l’exécute). Partout où deux témoins viennent dire: “Nous déposons le témoignage que tel individu a été condamné à mort par tel tribunal et que tels et tels étaient les témoins, on exécute cet individu”. Le tribunal fonctionne en Palestine et en dehors de la Palestine<sup class=\"footnote-marker\">9</sup><i class=\"footnote\"> Partout où il y a des Juifs.</i>. Celui qui condamne à mort une fois dans sept ans est sanguinaire. R. Eléazar b. Azariah dit: s’il condamne à mort une fois en 70 ans, il est sanguinaire. R. Tarfon et R. aqiba disent: Si nous avions été membres du tribunal, jamais personne n’aurait été condamné à mort. R. Simon b. Gamliel dit: S’ils avaient fait ainsi, ils auraient augmenté le nombre des assassins."
],
[
"Voici ceux qui sont condamnés à l’internement dans les villes de refuge (Nb 35, 11): celui qui tue un individu par mégarde. S’il grattait un mur avec un cylindre tranchant qui s’est échappé de ses mains et tombant sur un individu l’a tué, ou si un tel accident sur survenu par la descente d’un tonneau, ou si descendant par une échelle il est tombé sur un individu et l’a tué, il est condamné à l’internement. Mais s’il montait un de ces objets lourds ou tranchants qui, s’étant échappés de ses mains, sont tombés sur un individu et l’ont tué, ou bien si en montant par l’échelle il tombe et tue l’individu, il n’est pas condamné à l’internement. Règle générale: Si en descendant l’homme ou ses objets sont tombés sur la victime, il est condamné à l’internement dans les villes de refuge; mais s’ils sont tombés, quand l’homme montait il n’est pas condamné. Si la cognée s’est échappée du manche et a tué quelqu’un, selon Rabbi, le meurtrier involontaire ne subira pas l’exil; les autres docteurs imposent cette peine si la mort résulte d’un éclat échappé du bois que l’on fend. Rabbi impose l’exil au meurtrier par mégarde; les autres docteurs l’en dispensent.",
"Si un individu jette une pierre dans la rue et tue un homme par mégarde, il est condamné à l’internement. R. Eliézer b. Jacob dit: Si au moment où la pierre a été jetée il n’y avait personne dans la rue, et la victime qui a reçu la pierre n’a sortie la tête qu’après le lancement de la pierre, l’individu dont il s’agit n’est pas condamné à l’internement. Un individu a jeté une pierre dans sa propre cour, il a tué un homme par mégarde: Si la victime avait ses entrées libres dans la cour, le propriétaire est condamné à l’internement; mais si la victime n’avait pas le droit d’y entrer, le propriétaire n’est pas condamné, car il est dit (Dt 18, 5): et celui qui marchera avec son prochain dans la forêt; donc, à l’instar d’une forêt, l’auteur de l’accident et la victime devront avoir également en ce lieu l’accès libre, ce qui n’est pas le cas pour la cour d’un propriétaire, réservée à ce dernier. Ainsi, dit Aba Saül, on a la libre faculté d’y fendre du bois; mais le père qui bat son enfant pour le corriger et le tue par mégarde n’est pas condamné à l’internement. Il en est de même du maître qui bat son élève pour le corriger, et de celui qui est chargé par le tribunal d’infliger à un coupable la peine du fouet<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> Ils ne sont pas condamnés à l'internement, s'ils tuent par mégarde.</i>.",
"Le père est condamné à l’internement s’il a tué son fils, par mégarde; le fils est condamné à l’internement s’il a tué son père par mégarde. Toute personne qui a tué un israélite par mégarde doit aller dans les villes de refuge; de même, un israélite qui a tué par mégarde une personne quelconque ira dans les villes de refuge. Il y a une exception pour l’étranger à demeure dans le pays: il ne va dans les villes de refuge que s’il a tué par mégarde un autre étranger. Un aveugle qui a tué un individu par mégarde ne va pas dans les villes de refuge; c’est l’opinion de R. Juda. R. Meir dit qu’il y va comme les autres. Si un homme a été tué par son ennemi, le meurtrier ne va pas dans les villes de refuge<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> Il n'est pas non plus condamné à mort, puisqu'il n'y a pas de preuves que le meurtre ait été volontaire.</i>. R. Yossé b. Juda dit: Si le meurtrier était l’ennemi de la victime, il est condamné à mort, car il faut le considérer comme un homme averti qui a agi volontairement. R. Simon dit que cela dépend des circonstances. Si les circonstances font supposer qu’il ait tué volontairement, il n’ira pas dans les villes de refuge (quoiqu’on ne le condamne pas à mort). Mais si les circonstances font supposer qu’il l’ait fait par mégarde, il ira dans les villes de refuge.",
"L’exil a lieu dans les six villes de refuge, dont trois sont de ce côté du Jourdain, et trois de l’autre côté, selon ces mots (Nb 35, 14): Vous aurez 3 villes de l’autre côté du Jourdain, et 3 au pays de Canaan. Aussi longtemps qu’il n’y eut pas 3 villes choisies à cet effet en Palestine, les 3 villes de refuge sises de l’autre côté du Jourdain ne pouvaient accueillir efficacement les meurtriers par mégarde, car il est dit (ibid.): Il y aura six villes de refuge; il faut donc que toutes les six puissent fonctionner en même temps.",
"On a fait des routes de l’une à l’autre de ces villes, selon ces mots (Dt 19, 3): Tu prépareras la route (vers elles), et tu la diviseras en 3 districts, etc. Celui qui allait dans une de ces villes de refuge était accompagné de deux disciples de savants, pour qu’ils pussent parler au parent vengeur, si celui-ci poursuivait et atteignait le meurtrier en route. R. Meir dit: dans ce cas, le meurtrier parle aussi lui-même, selon les mots (ibid.): Voici la parole (défense) du meurtrier.",
"R. Yossé b. Juda dit: d’abord, tous les meurtriers allaient dans les villes de refuge, même celui qui avait tué volontairement; puis le synhédrin les faisait ramener; celui qui avait tué volontairement était condamné à mort, l’innocent était acquitté; celui qui était coupable d’homicide par imprudence était renvoyé dans la ville de refuge, selon le texte (Nb 35, 25): La communauté le ramènera dans sa ville de refuge. La mort du grand prêtre permet au meurtrier de quitter la ville de refuge pour devenir libre, soit le grand prêtre oint, soit le grand prêtre désigné par ses vêtements supérieurs<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> Sous le second Temple à Jérusalem, à défaut d'onction du grand prêtre, on le distinguait par le costume, composé de 8 pièces.</i>, soit le grand prêtre retiré. R. Juda ajoute encore un quatrième titulaire: le prêtre oint pour la guerre (Dt 20, 2). C’est pourquoi les mères des grands prêtres entretenaient les intéressés par de la nourriture et des vêtements, pour qu’ils ne désirent pas la mort de leurs fils. Si le grand prêtre est mort après que le coupable a été condamné à l’internement, celui-ci n’est plus obligé d’aller dans les villes de refuge. Si le grand prêtre est mort avant la condamnation, et cette condamnation n’a eu lieu qu’après la nomination d’un autre grand prêtre, le coupable ira dans une ville de refuge, et il y restera jusqu’à la mort du nouveau grand prêtre.",
"Si la condamnation à l’internement a eu lieu pendant la vacance des fonctions du grand prêtre, ou bien si le meurtrier a tué par mégarde le grand prêtre lui-même, ou bien encore si c’est le grand prêtre qui est le coupable d’homicide par imprudence, l’internement dure jusqu’à la mort du coupable. Celui qui est interné dans une ville de refuge ne doit jamais en sortir, quand même on aurait besoin de lui dans une affaire grave comme témoin ou dans l’intérêt d’une cause publique, et quand même il aurait été un chef d’armée comme Joab, fils de Cerouya, car il est dit (ibid.): où il a fui; là il demeurera, il mourra, et il sera enterré. Comme l’entrée dans la ville de refuge elle-même met le meurtrier à l’abri contre le parent vengeur; de même les annexes de cette ville le mettent à l’abri. Mais le coupable est sorti des dépendances de la ville, alors, dit R. Yossé le galiléen, tout le monde a le droit de le tuer, et le parent vengeur fait même une bonne action s’il le tue. Mais R. aqiba dit que personne n’a le droit de le tuer, excepté le parent vengeur (qui a le droit de le faire s’il le veut, mais ce n’est pas une action méritoire). S’il y a un grand arbre à la limite de la ville de refuge, dont la tige se trouve en dedans et dont les branches sont penchées au dehors, ou bien dont la tige est en dehors et les branches en dedans, et que l’homme interné se trouve sous la tige ou sous les branches, on prend en considération la position des branches (et d’elles dépend l’état du coupable, pour savoir si le vengeur peut le saisir ou non). Si l’homme interné dans une ville de refuge pour avoir commis un homicide par imprudence commet dans cette ville même un nouveau meurtre par mégarde, il sera exilé d’un quartier dans un autre (car il ne peut pas sortir de la ville à cause de son premier meurtre). Un lévite qui habite la ville de refuge et qui tue pour la première fois un homme par mégarde, sera exilé dans une autre ville de refuge.",
"Un homme qui pour avoir commis un homicide par imprudence, arrive dans une ville de refuge, dont les habitants veulent lui donner des marques d’honneur, doit leur dire qu’il est meurtrier, et que par conséquent il ne mérite pas ces honneurs. Si les habitants lui répondent qu’ils veulent l’honorer malgré l’accident qui lui est arrivé, il peut l’accepter, selon l’expression de l’Ecriture: Voici la parole du meurtrier (son aveu suffit). Les hommes internés doivent payer leur entretien aux Lévites, c’est l’opinion de R. Juda. R. Meir dit qu’on n’est pas obligé de leur rien donner. Si l’interné était fonctionnaire public avant d’avoir commis l’homicide par imprudence<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> S'il a été p. ex., dit le commentaire, Nassi (exilarque), ou président du tribunal.</i>, il peut, en quittant la ville de refuge pour redevenir libre, retourner à ses fonctions; c’est l’opinion de R. Meir. R. Juda dit qu’il ne peut pas y retourner."
],
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"Sont condamnés à la peine du fouet celui qui commet un adultère avec sa sœur, avec la sœur de son père, avec la sœur de sa femme, avec la femme de son frère, avec la femme du frère de son père, ou avec une femme menstruée; un grand prêtre qui épouse une veuve (Lv 21, 14); un prêtre qui prend une femme divorcée ou celle qui a pratiqué la cérémonie du déchaussement (Dt 25, 9); un israélite qui prend une femme bâtarde, ou une femme israélite qui prend un homme bâtard.",
"Un individu impur qui mange des choses sacrées, ou qui entre dans le temple; celui qui mange la graisse défendue ou du sang; celui qui mange le reste des sacrifices (Ex 29, 34), ou le reliquat des sacrifices appelé pigoul (rejeté) (Lv 19, 7), et (Lv 7, 18) ou de la viande sacrée devenue impure (Lv 7, 19), celui qui offre des sacrifices en dehors du Temple; celui qui mange du pain levé pendant la fête de Pâques; celui qui mange ou qui travaille le jour du grand pardon; celui qui fait pour son usage une composition comme celle de l’huile d’onction sacrée (Ex 30, 32), ou comme celle du parfum sacré (Ex 30, 32); celui qui mange la viande d’un animal mort, ou déchiré (par un animal carnivore, ou atteint d’une maladie infectieuse), celui qui mange des reptiles défendus; celui qui mange des fruits de la terre avant d’en avoir donné les prémices sacerdotales, et Lévitiques; celui qui mange la dîme du Lévite dont on n’a pas encore donné la part due au cohen; celui qui mange la deuxième dîme ou les choses sacrées avant de les avoir rachetées, est passible de la peine des coups.",
"Celui qui mange des prémices avant d’avoir récité (liturgiquement) le chapitre relatif à ce précepte (Dt 26, 5-11), ou qui mange des saintetés de premier ordre en dehors de la séparation du sanctuaire, ou de la seconde dîme en dehors du mur de clôture (de Jérusalem), celui qui brise un os d’un agneau pascal pur, est passible de la peine de 40 coups; mais celui qui laisse de la chair d’un tel agneau pur, ou qui brise un os d’un tel agneau impur, n’est pas soumis à la pénalité des coups.",
"Celui qui, rencontrant un nid d’oiseaux, prend sa mère avec les petits, est condamné à la peine des coups, d’après R. Juda, pour avoir transgressé la loi (Dt 22, 6). Les autres docteurs disent qu’il n’a qu’à laisser la mère en liberté, et qu’il n’est pas condamné. Règle générale: quand une défense est suivie ou précédée d’un commandement (qui doit réparer ou prévenir la faute), on n’a qu’à se conformer au commandement et l’on n’est pas puni pour avoir agi contre la défense.<sup class=\"footnote-marker\">1</sup><i class=\"footnote\"> \"La défense \"\" tu ne prendras pas la mère avec les petits \"\" (Dt, 22, 6), est suivie du commandement \"\" tu laisseras la mère libre \"\" (ibid. 7); et ce commandement doit prévenir ou réparer la faute de la prise de la mère, en la laissant libre.\"</i>",
"Sont condamnés encore à la peine du fouet: celui qui s’arrache les cheveux de la tête par chagrin pour un mort (Dt 14, 1); celui qui rase en rond les coins de la tête (Lv 19, 27); celui qui se rase la barbe (ibid.), celui qui se fait une incision par chagrin pour un mort (ibid. 18). Celui qui est condamné à la peine du fouet reçoit quarante coups moins un (= 39), car il est dit (Dt 25, 3): au nombre de 40, soit un nombre qui approche de 40. Mais R. Juda dit: quarante au complet, et le dernier sera frappé entre les épaules. Il faut d’ailleurs examiner la constitution et l’état de santé du coupable, pour savoir s’il pourra supporter ce nombre de coups; mais les experts doivent toujours fixer un nombre qui peut se diviser en trois parties égales<sup class=\"footnote-marker\">2</sup><i class=\"footnote\"> P. ex. s'ils croient ne pouvoir faire appliquer que 8 coups au coupable, ils décideront de faire donner 6 coups</i>. Si l'on a jugé d’abord que le coupable pourra supporter le nombre réglementaire de trente neuf coups, et qu’après lui en avoir donné quelques-uns, on voit qu’on s’est trompé, et que le coupable ne pourra pas supporter le tout, il est acquitté. Si l’on a jugé d’abord qu’il ne pourra supporter que dix-huit coups, et qu’après les lui avoir donnés on voit qu’il pourra supporter tous les trente neuf coups, il est également acquitté après en avoir reçu seulement dix-huit. Celui qui se fait une incision pour 5 morts, ou 5 incisions pour un mort, est coupable pour chaque incision faite. Pour s’être rasé la tête, on est 2 fois coupable, savoir une fois pour chaque côté. Pour la barbe, on l’est 5 fois, savoir 2 fois pour chaque côté, et une fois pour le bas du menton. R. Eliézer dit: si l’enlèvement de la barbe a été opéré d’un seul coup, on n’est coupable qu’une seule fois, et encore faut-il que ce soit fait par un rasoir. R. Eliézer dit: même celui qui a enlevé la barbe avec une pince, ou un rabot, est aussi coupable.",
"Celui qui se tatoue le corps (Lv 19, 28) est coupable; s’il trace des caractères sans pointiller la peau, ou s’il la pointille sans tracer de caractères, n’est pas coupable, jusqu’à ce qu’il ait accompli les 2 opérations sur son corps, avec de l’encre, ou de la couleur, ou tout ce qui laisse une trace. R. Simon b. Juda dit au nom de R. Simon: on n’est coupable qu’après avoir inscrit sur la peau le nom d’une idole, comme il est dit (ibid.): Ne vous imprimez point de tatouage, je suis l’Eternel (nul autre).",
"Un Nazir (abstème) qui boit du vin toute la journée n’est coupable qu’une fois. Si malgré les avertissements réitérés il a bu plusieurs fois, il est autant de fois coupable.",
"Un Nazir qui se rend impur au contact des morts, pendant toute la journée, n’est coupable qu’une fois. Si malgré des avertissements réitérés il s’est plusieurs fois rendu impur, il est autant de fois coupable. Un Nazir qui se rase plusieurs fois en un jour n’est qu’une fois coupable; si malgré des avertissement réitérés il se rase plusieurs fois, il est autant de fois coupable. Celui qui est revêtu d’étoffes hétérogènes toute la journée n’est coupable qu’une fois; si malgré des avertissements réitérés de ne pas se vêtir ainsi, il se déshabille puis se revêt ainsi, il autant de fois coupable.",
"Il peut arriver qu’en cultivant un sillon, on soit coupable d’avoir transgressé huit défenses. C’est le cas de celui qui cultive en attelant ensemble à la charrue un bœuf et un âne, qui sont consacrés, le sol contenant des semences hétérogènes dans une vigne, pendant la 7e année du repos agraire, un jour de fête, le cultivateur étant un cohen et Nazir, placé sur un lieu impur. Hanania b. Hakhinaï y ajoute une 9e cause de défense, celle d’être revêtu d’étoffes hétérogènes. Ce dernier fait, observèrent les docteurs, n’a pas de rapport avec la culture. La qualité de Nazir, répliqua Hanania, n’a pas non plus de rapport avec elle (et pourtant c’est une hypothèse admise).",
"--",
"Un homme a commis un crime pour lequel il est condamné deux fois à la peine du fouet<sup class=\"footnote-marker\">3</sup><i class=\"footnote\"> Pour les 2 transgressions, il doit donc subir 78 coups</i>. Si les experts l’ont examiné pour les deux punitions à la fois, il reçoit le nombre qu’ils ont fixé, et il est acquitté. Mais s’ils ne l’ont examiné que pour une seule punition, il reçoit le nombre fixé pour la première transgression, et puis après sa guérison, il recevra encore des coups pour sa deuxième transgression.",
"L’exécution de la peine du fouet avait lieu de la manière suivante: On attachait les deux mains du coupable de chaque côté d’une colonne. Le hazan (serviteur de la communauté) saisissait les vêtements pour les déchirer, afin de découvrir la poitrine; une pierre se trouvait derrière le coupable. Le serviteur se tenait debout près de lui, et il avait dans la main une bande en cuir de veau pliée en quatre; à cette bande étaient cousues deux autres bandes en cuir<sup class=\"footnote-marker\">4</sup><i class=\"footnote\"> En peau d'âne, disent les commentaires.</i>.",
"Le manche de la bande était long d’un palme et large d’autant. Sa longueur devait dépasser toute la largeur du dos du coupable (quand on le frappait par derrière), pour atteindre le ventre. On divisait le nombre de coups fixé par les experts en trois parties, pour en donner au coupable un tiers par devant et deux tiers par derrière. Le coupable n’était ni debout, ni assis, mais penché, selon ces mots (ib.): le juge le fera tomber. Le serviteur frappait d’une seule main et de toute sa force.",
"Celui qui était chargé de la lecture lisait le passage: “Si tu n’observes pas et si tu n’exécutes pas les commandements de cette loi… Dieu frappera…” (Dt 28, 58-59); puis il commençait, et il lisait ensuite ces mots: “Vous observerez les paroles de cette alliance…” (Dt 29, 8); puis il lisait: “et il est miséricordieux, il pardonne le péché” (Ps 78, 38), et il recommençait encore (si la punition n’était pas achevée). Si le coupable est mort des coups, le serviteur qui l’a frappé est acquitté; mais si ce serviteur a ajouté un coup au nombre fixé, et si le coupable est mort, le bourreau est condamné à l’internement dans les villes de refuge. Si les coups ont amené une évacuation involontaire des matières fécales ou une miction involontaire, le coupable est acquitté du reste<sup class=\"footnote-marker\">5</sup><i class=\"footnote\"> Il a déjà assez de cette honte, dit Rashi, et il ne faut pas l'affliger davantage.</i>. R. Juda dit: Si c’est une femme, il suffit de la miction involontaire; mais si c’est un homme, il n’est acquitté que s’il y a une évacuation involontaire des matières fécales.",
"Tous ceux qui ont commis des crimes passibles de la peine du retranchement, s’ils ont subi la peine du fouet, seront acquittés de la première peine, selon ces mots (ib. 3): ton frère a été abaissé à tes yeux, c’est-à-dire quand le coupable a reçu la honte du fouet, il a expié son crime, et il est désormais redevenu “notre frère”; c’est l’opinion de R. Hananiah b. Gamliel. R. Hananiah b. Gamliel dit encore: Si celui qui commet un seul crime peut perdre la vie, à plus forte raison celui qui fait une seule bonne action gagnera sa vie. R. Simon dit: Du passage même où il est question du retranchement, on peut tirer une déduction, car il est dit (Lv 18, 29): les personnes qui auront commis un tel crime seront retranchées du milieu de leur peuple; car il est dit (auparavant): les lois que l’homme exécute et par lesquelles il vit; donc, le seul fait de rester assis tranquille, sans commettre de mal, équivaut à l’accomplissement d’un précepte religieux. R. Simon b. Rabbi interprète ce verset (Dt 12, 23): Aie bien soin de ne pas manger le sang, car le sang est la vie, etc. Or, le sang est une nourriture répugnante, et cependant celui qui s’abstient de cette nourriture sera récompensé; à plus forte raison celui qui s‘abstient de prendre la propriété d’autrui, ainsi que des femmes défendues, l’objet d’une passion si violente, aura la récompense pour lui, pour ses enfants et pour les enfants de ses enfants, jusqu’à la fin de toutes les générations.",
"Hanina fils d’Aqashia dit; Dieu a voulu accorder beaucoup de récompenses aux Israélites; c’est pourquoi il leur a donné beaucoup de commandements, selon ces mots (Is 42, 21): l’Eternel le désire ainsi dans sa justice; c’est pourquoi il a voulu que la loi fût grande et majestueuse<sup class=\"footnote-marker\">6</sup><i class=\"footnote\"> Sur tout ce chapitre 3, il n'y a pas de texte jérusalémite, détail noté dès l'édition princeps (Venise, 1520).</i>."
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"sectionNames": [
"Chapter",
"Mishnah"
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