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+ Le mot véhicule désigne tout ce qui sert à transmettre ou à transporter.
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+ Un véhicule automobile : engin mobile servant au transport des personnes et des marchandises :
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+ En optique, un véhicule est un intermédiaire permettant de translater l'image, pour la retourner par exemple (longue-vue) ou la translater (endoscope) ;
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+ Le Yâna, signifiant « véhicule » en sanscrit, désigne le moyen de progresser sur la voie spirituelle du bouddhisme ; ex : Grand Véhicule, Petit Véhicule.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ En anatomie, une veine est un vaisseau sanguin qui permet le transport du sang de la périphérie (organes ou tissus) vers le cœur (retour veineux) :
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+ Leur compliance est 24 fois supérieure à celle des artères[1]. Ces veines peuvent donc contenir de grands volumes à de faibles pressions. Cette propriété est la capacitance veineuse. C'est dans les veines qu'on trouve le volume de sang le plus important de tout le système cardio-vasculaire. Ces vaisseaux font office de réservoir de sang.
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+ Les veines contiennent des valvules qui imposent le sens de circulation du sang et empêchant les retours. Les parois des veines sont élastiques.
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+ Tout comme les artères, les veines sont constituées de trois couches (ou tuniques), avec, de l'extérieur vers la partie la plus interne :
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+ Cependant, il n'y a jamais de limitante élastique, propre à l'artère musculaire, et à l'artère élastique (grosses artères), et délimitant habituellement la media de ces artères.
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+
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+ Leur diamètre est compris entre 0,2 et 1 mm et leur structure est assez rudimentaire.
24
+ Elles possèdent une intima limitée a une couche de cellule endothéliales pavimenteuses, pas de tissu conjonctif sous-endothélial, une media très mince présentant quelques couches de cellules musculaires lisses, reposant sur un tissu conjonctif assez développé : c'est l'adventice.
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+ Ce sont des veines de diamètre inférieur ou égal à 1 cm, leur intima comporte cette fois sur une fine couche de tissu conjonctif sous-endothélial, sur laquelle reposent les cellules pavimenteuses.
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+ La media est moyennement développée, et est constituée de cellules musculaires lisses disposées de manière concentrique par rapport au vaisseau.
28
+ L'adventice est très épaisse et contient des cellules musculaires lisses cette fois disposées longitudinalement par rapport à l'écoulement sanguin.
29
+ Ces veines possèdent le système de valves (ou valvules), empêchant la circulation veineuse à contre-sens et donc s'opposant à la force de gravité qui pousse le sang vers les membres inférieurs.
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+ Ce sont les veines les plus proches du cœur, de diamètre supérieur à 1 cm.
32
+ On a une intima classique, comportant une couche de tissu conjonctif plus épaisse que pour la veine de moyen calibre. La media est moyennement développée, comporte des cellules musculaires lisses, disposées de façon concentrique par rapport au vaisseau. On a enfin une adventice très épaisse, de tissu conjonctif présentant des faisceaux musculaires lisses, disposées longitudinalement par rapport au flux sanguin. Elles comprennent les veines caves inférieure et supérieure. Ces veines ne présentent pas des valves.
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+ Les veines infra-cardiaques de petit et moyen calibre possèdent ce système de lutte contre la pesanteur. Les valves sont constituées d'un tissu conjonctif dense, surmonté de cellules endothéliales, correspondant à un repli de l'intima.
35
+ Elles permettent la circulation du sang dans le sens organe/cœur mais empêchent le reflux veineux.
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+ Pendant la vie fœtale, elles se décomposent en 4 paires de veines principales :
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39
+ La vascularisation des veines est permise par l'existence de vasa venorum, analogues aux vasa vasorum présents au niveau des artères.
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+ Veines des membres inférieurs :
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+ Veines de l'abdomen :
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+ Veines du bassin :
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+ Leur compliance est 24 fois supérieure à celle des artères[1]. Ces veines peuvent donc contenir de grands volumes à de faibles pressions. Cette propriété est la capacitance veineuse. C'est dans les veines qu'on trouve le volume de sang le plus important de tout le système cardio-vasculaire. Ces vaisseaux font office de réservoir de sang.
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+ Les veines contiennent des valvules qui imposent le sens de circulation du sang et empêchant les retours. Les parois des veines sont élastiques.
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+ Tout comme les artères, les veines sont constituées de trois couches (ou tuniques), avec, de l'extérieur vers la partie la plus interne :
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+ Cependant, il n'y a jamais de limitante élastique, propre à l'artère musculaire, et à l'artère élastique (grosses artères), et délimitant habituellement la media de ces artères.
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+ Leur diamètre est compris entre 0,2 et 1 mm et leur structure est assez rudimentaire.
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+ Elles possèdent une intima limitée a une couche de cellule endothéliales pavimenteuses, pas de tissu conjonctif sous-endothélial, une media très mince présentant quelques couches de cellules musculaires lisses, reposant sur un tissu conjonctif assez développé : c'est l'adventice.
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+ Ce sont des veines de diamètre inférieur ou égal à 1 cm, leur intima comporte cette fois sur une fine couche de tissu conjonctif sous-endothélial, sur laquelle reposent les cellules pavimenteuses.
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+ La media est moyennement développée, et est constituée de cellules musculaires lisses disposées de manière concentrique par rapport au vaisseau.
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+ L'adventice est très épaisse et contient des cellules musculaires lisses cette fois disposées longitudinalement par rapport à l'écoulement sanguin.
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+ Ces veines possèdent le système de valves (ou valvules), empêchant la circulation veineuse à contre-sens et donc s'opposant à la force de gravité qui pousse le sang vers les membres inférieurs.
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+ Ce sont les veines les plus proches du cœur, de diamètre supérieur à 1 cm.
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+ On a une intima classique, comportant une couche de tissu conjonctif plus épaisse que pour la veine de moyen calibre. La media est moyennement développée, comporte des cellules musculaires lisses, disposées de façon concentrique par rapport au vaisseau. On a enfin une adventice très épaisse, de tissu conjonctif présentant des faisceaux musculaires lisses, disposées longitudinalement par rapport au flux sanguin. Elles comprennent les veines caves inférieure et supérieure. Ces veines ne présentent pas des valves.
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+ Les veines infra-cardiaques de petit et moyen calibre possèdent ce système de lutte contre la pesanteur. Les valves sont constituées d'un tissu conjonctif dense, surmonté de cellules endothéliales, correspondant à un repli de l'intima.
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+ Elles permettent la circulation du sang dans le sens organe/cœur mais empêchent le reflux veineux.
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+ Pendant la vie fœtale, elles se décomposent en 4 paires de veines principales :
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+ La vascularisation des veines est permise par l'existence de vasa venorum, analogues aux vasa vasorum présents au niveau des artères.
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+ Une bicyclette (aussi appelée bicycle en Amérique du Nord), ou un vélo (abréviation du mot vélocipède), est un véhicule terrestre à propulsion humaine entrant dans la catégorie des cycles et composé de deux roues alignées, qui lui donnent son nom. La force motrice est fournie par son conducteur (appelé « cycliste »), en position le plus souvent assise, par l'intermédiaire de deux pédales entraînant la roue arrière par une chaîne à rouleaux.
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+ La roue avant est directrice et assure l'équilibre. Son orientation est commandée par un guidon. Le cycliste a souvent les deux mains en contact avec le guidon afin de contrôler la trajectoire, le freinage ainsi que le passage des vitesses.
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+ La bicyclette est l'un des principaux moyens de transport dans de nombreuses parties du monde. Son efficacité énergétique est particulièrement élevée. Sa pratique, le cyclisme, constitue à la fois un usage quotidien de transport, un loisir populaire et un sport.
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+ En 1817, le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn invente sa Laufmaschine ou « machine à courir » qui est présentée à Paris le 5 avril 1818 (Brevet d'importation français déposé par Louis-Joseph Dineur au nom du Baron Drais le 17 février 1818 : sous l'appellation d'une « Machine dite vélocipède. »)[1].
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+ La draisienne (version 1817) possède deux roues alignées, reliées à un cadre en bois par des fourches, la roue avant pouvant pivoter latéralement, et elle est équipée d'un rudimentaire frein à sabot sur la roue arrière. Cet engin connait un certain succès, en particulier en France puis au Royaume-Uni.
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+ Dans ce pays, il sera nommé « hobby-horse ».
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+ La première conception visuelle attestée d'un deux-roues de type bicyclette est due à Alexandre Mercier. Elle figure dans son brevet du 8 mai 1843. Le pédalage est alternatif, à l'instar des Lévoyclettes Terrot des années 1910. C'est également le premier exemple probant d'équilibre soutenu sur deux roues, alors que sur la draisienne, l'équilibre n'est que passager. Dans son brevet, Mercier dit avoir essayé sa machine avec succès à Amiens, mais ce n'est pas prouvé.
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+ Si la draisienne fait partie de la préhistoire de la bicyclette, la véritable histoire commence en France avec les vélocipèdes à pédales pendant les années 1860. C'est vers 1867 que sont commercialisés les premiers vélocipèdes à pédales des maisons Sargent, Michaux, Vincent, etc., avec un vrai succès populaire au rendez-vous. Pierre Michaux, serrurier parisien en voiture à façon, aurait inventé le vélocipède à pédales en 1855. La date précise de l'invention et l'identité de l'inventeur sont toutefois très discutées. En 1893, lors d'une controverse avec les frères André et Aimé Olivier, anciens associés qui ont toujours nié le rôle de Michaux dans l'invention, Henry Michaux, fils de Pierre Michaux, avoue que ce serait son frère Ernest qui aurait eu l'idée des pédales, et que l'invention daterait en fait de 1861[2]. Cette date est toutefois mise en doute par certains historiens, qui donnent 1864 comme date plus plausible, et émettent également des doutes sur la paternité de l'invention de la famille Michaux[3]. Il est vrai que nous n'avons aucune preuve à ce jour. Parallèlement, un autre Français, Pierre Lallement, revendique avoir inventé et expérimenté un système à pédales dès 1862, et obtient en 1866 un brevet américain pour une machine qu'il appelle « bicycle »[4]. Une dizaine d'autres inventeurs revendiquent cette invention. Le plus plausible aujourd’hui, bien que sans preuve également, est Georges Radisson.
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+ Pierre Michaux ne dépose qu'en 1868 un brevet pour son invention, qu'il appelle « pédivelle » (brevet français no 80637 déposé le 24 avril 1868 : « Perfectionnement dans la construction des vélocipèdes. »), auquel il ajoute également un frein. À partir de l'automne 1867, le vélocipède a énormément de succès en France, et les premières courses de vélocipèdes, les clubs et les journaux apparaissent.
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+ Pierre Lallement émigre en 1865 aux États-Unis sans avoir pu trouver de soutien financier à Paris pour sa machine, et obtient le premier brevet au monde sur le vélocipède à pédales en novembre 1866. Il réussit à vendre son brevet à un New-yorkais, Calvin Witty, qui sera le premier à fabriquer des deux-roues aux États-Unis (un seul de ces vélocipèdes semble avoir survécu) et retourne en France en 1868[5]. À la fin de cette année, Witti vendant sa licence à d'autres constructeurs, le succès se produit également aux États-Unis. Quelques-uns surnommèrent la machine boneshaker (« secoueuse d'os »), en raison de la conception des roues, en bois cerclées de fer. Les premières garnitures de roues en caoutchouc dur apparaissent en 1869 et améliorent sensiblement le confort de l'engin[6].
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+ En 1869, Charles Desnos dépose un brevet sur l'amélioration du vélocipède qui fixe certaines caractéristiques toujours présentes dans les vélos modernes, notamment la roue arrière motrice et la transmission multiplicatrice par courroie ou chaine[7].
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+ Après la guerre de 1870, le perfectionnement des vélocipèdes se poursuit surtout en Angleterre. La roue avant se fait plus grande tandis que la roue arrière diminue de taille. Le premier grand-bi, appelé Ordinary, apparait en 1872. Ce genre de bicyclette connait un succès foudroyant auprès de la bourgeoisie qui seule avait les moyens de se l'offrir. En Angleterre, il est surnommé penny farthing (d'après la taille respective de ces deux pièces de monnaie, par analogie avec les roues). En France, il est utilisé de manière ostentatoire par les bourgeois (exemple : culture du plaisir et de l'élégance dans le bois de Boulogne)[8].
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+ Le premier brevet de bicyclette a été déposé en 1871 par Viarengo de Forville, un Italien résidant en France[9]. Dans son brevet français du 30 septembre 1871 sont jointes des photos représentant une bicyclette d'homme et une de femme.
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28
+ En 1884, John Kemp Starley de la société The Coventry Sewing Machine Company (« société des machines à coudre de Coventry »), qui deviendra Rover, invente la « bicyclette de sécurité » avec des roues de taille raisonnable et un entraînement par chaîne. Le cycliste y est installé à l'arrière, ce qui rend presque impossible la chute de type « soleil » où le cycliste est catapulté par-dessus la roue avant[10].
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+ En 1886, Peugeot commercialise ses premières bicyclettes. En 1885, le Bordelais Juzan en construit quelques-unes également, au look plus moderne que les anglaises.
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+ Un engrenage plus grand à l'avant (le plateau) qu'à l'arrière (le pignon) fait tourner la roue arrière plus vite que les pédales ne tournent, ce qui permet à ce type d'engin d'aller vite même sans une roue géante.
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+ En 1888, John Boyd Dunlop invente le pneumatique (brevet français no 193281 déposé par John Boyd Dunlop le 1er octobre 1888 : « Garniture de jante applicable aux roues de véhicules. ») qui contribue à améliorer encore le confort du cycliste. Édouard Michelin perfectionne cette invention en déposant en 1891 un brevet de « pneu démontable », la chambre à air.
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+ Les bicyclettes de sécurité de 1890 ressemblent déjà beaucoup aux bicyclettes actuelles. Elles ont des pneumatiques de taille comparable à celle d'un vélo moderne, des roues à rayons, un cadre en tubes d'acier et une transmission par chaîne. La seule chose qui leur manque est le changement de vitesses.
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38
+ Dans les années 1890, ce nouveau modèle de bicyclette élargit la cible des utilisateurs potentiels. De plus, en lien avec la seconde révolution industrielle, les bicyclettes deviennent un produit industriel (en France, les grandes marques sont alors Peugeot dans le Doubs, Manufrance à Saint-Étienne, Mercier dans la Loire), réduisant leur prix à un point qui les rend abordables aux ouvriers. Cela conduit à une « folie de la bicyclette »[11], qui est à l'origine d'une évolution sociale importante (passage du vélo loisir au vélo utilitaire).
39
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40
+ Dès cette période, la bicyclette s'impose comme un moyen de découvrir le monde. Alors que se développe la mode des tours du monde, le premier tour à vélo se déroule entre 1891 et 1894[12]. La première femme à avoir réalisé cet exploit en solitaire est Annie Cohen Kopchovsky, dite Annie Londonderry, sur un modèle masculin de bicyclette de marque Sterling, en quinze mois[13].
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42
+ À ce sujet, le développement de la bicyclette a permis le progrès de l'émancipation des femmes, même si l'accès au vélo pour ces dernières a été semé d'embûches. La féministe Susan B. Anthony a ainsi déclaré en 1896 que l'engin avait accompli davantage pour cette libération que quoi que ce soit d'autre au monde[14]. Malgré le tour du monde à vélo d'Annie Londonderry en 1895, certains médecins et moralistes persistaient à affirmer que la bicyclette présenterait une menace pour la santé physique et mentale des femmes. De plus, elle encouragerait au dévergondage et à l'exhibitionnisme[15]. On pensait par exemple que chevaucher une selle et se mettre en mouvement dans cette position pouvait conduire les femmes à développer des pratiques masturbatoires, absolument immorales à l'époque. De fait, les vêtements féminins du XIXe siècle n'étaient absolument pas adaptés à la pratique sportive, le port du pantalon étant réservé aux hommes[16]. Les femmes se sont alors battues pour porter le bloomer, sorte de short féminin, afin de pouvoir pratiquer la bicyclette. Dès 1868, certaines compétitions ont néanmoins été ouvertes aux femmes. De façon prémonitoire, Jacques Mauprat déclare dans Le Progrès du 21 avril 1895 : « Oui, la faible femme a fait ses preuves sur la bicyclette. Elle est arrivée à des performances très satisfaisantes ; et cela non seulement sans préjudice pour sa santé […]. Cette introduction de la femme dans le monde du sport est une révélation pour elle et sera presque la source d'une révolution dans les mœurs de la société, en commençant par le costume et en finissant par la régénération de bien des qualités perdues par l'inactivité musculaire. »
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+ Bicyclette moderne construite par Georges Juzan.
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+ Publicité 1897.
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+ Des cyclistes dans Hyde Park, réalisé par Robert W. Paul (1896).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ En 1903 naît le Tour de France. Le premier gagnant de cette grande épreuve est Maurice Garin.
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54
+ Après la Première Guerre mondiale, le terme « vélo » devient le mot populaire pour décrire la bicyclette utilisée par les ouvriers, paysans et enfants[8].
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+
56
+ Dans les années 1930, les systèmes à plusieurs vitesses commencent à être utilisés dans les compétitions de vélo.
57
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58
+ Le vélocar apparaît dans les années 1930, vélo couché et ancêtre de la vélomobile.
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+ Pendant l'occupation de la France par l'Allemagne, les voitures sont restreintes à l'usage des médecins, de la police ou de la milice, la bicyclette devenant la reine des transports (ravitaillement et marché noir, trajets pour le travail ou aller voir des proches, développement de vélo taxis dans les grandes villes), succès des compétitions de cyclisme[17].
61
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62
+ Les dérailleurs se développent durant les années 1950.
63
+
64
+ Enfin, les vélomobiles renaissent à la fin des années 1980.
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+
66
+ Depuis le début des années 1990, dans plusieurs pays, des manifestations spontanées rassemblent, une fois par mois dans plusieurs centaines de villes, des défenseurs et promoteurs de l'usage du vélo en ville. Ce sont les masses critiques ou vélorution en France.
67
+
68
+ Le 28 mars 2017, dans une note publique[18], le think tank La fabrique écologique estime que la Coordination interministérielle pour le développement de l'usage du vélo (Ciduv) est « dotée de faibles moyens humains et budgétaires » et « ne peut pas assurer le pilotage d'une stratégie nationale ambitieuse ». La France manque de compréhension des freins à l'usage du vélo. L’indemnité kilométrique vélo (IKV) peine à se développer et l'Ademe consacre peu de moyens au vélo. La compétence vélo est déléguée au niveau local (par la loi NOTRe) aux collectivités où la culture « transport en commun » domine, manquant d'une « impulsion nationale forte ». Le think tank propose des bases pour une stratégie nationale du vélo afin de rattraper les 20–25 ans de retard acquis sur l'Europe du Nord, prônant la création d'une mission interministérielle vélo (MIV) et la considération du vélo non plus comme un loisir mais comme un « instrument de la politique des transports »[19].
69
+
70
+ De fait, en France, selon une étude de l'Insee portant sur l'année 2015, seuls 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. Le vélo est surtout utilisé lorsque le lieu de travail se trouve jusqu'à 4 km du domicile. Ce mode de transport est en général bien moins utilisé que l’automobile, largement prédominante, les transports en commun ou la marche, mais il fait jeu égal avec les deux-roues motorisés[20]. En ville, toutefois, comme à Paris, les trajets à vélo représentent le tiers de ceux effectués en voiture[21] (voir section #Bicyclette et urbanisme).
71
+
72
+ La bicyclette ne dispose que de deux points d'appui au sol : elle se trouve nécessairement en équilibre instable. Les physiciens parlent d'équilibre métastable car le passage de la position d'équilibre temporaire à une position de déséquilibre perceptible est relativement lent.
73
+
74
+ Les principales forces en action sont :
75
+
76
+ L'équilibre est maintenu dynamiquement par les actions du cycliste, qui s'emploie à toujours redresser sa machine en la penchant légèrement dans la direction opposée à celle où elle commence à tomber.
77
+
78
+ Le cycliste jongle donc en permanence entre ces deux forces pour compenser les effets de l'une avec l'autre. Il est aidé en cela par la chasse du vélo : il s'agit de la distance entre l'intersection de l'axe de la fourche avec le sol et le point de contact de la roue avant au sol. En effet, l'axe de la fourche est incliné de manière que son intersection avec le sol se trouve en avant du point de contact de la roue avec le sol. Ainsi, si le vélo est penché d'un côté, la roue avant est forcée à se placer de manière à faire tourner le vélo du même côté, engageant ainsi un virage tendant à équilibrer cette inclinaison.
79
+
80
+ Enfin, lorsque le vélo roule, l'effet gyroscopique lié à la rotation des roues contrarie toute variation de la position de leurs axes. Ce phénomène est proportionnel à la vitesse de rotation des roues et à leur masse. Cet effet reste habituellement négligeable et est normalement imperceptible par le cycliste. En effet, la masse et donc l'inertie du vélo et de son pilote sont d'un ordre de grandeur supérieur à celle des roues, ce qui réduit considérablement l'influence de l'effet gyroscopique[réf. souhaitée].
81
+
82
+ Par rapport à la marche, à effort énergétique égal, le vélo est deux à trois fois plus efficace[22] et entre deux et quatre fois plus rapide.
83
+
84
+ Par rapport aux autres organismes biologiques, le vélo est plus efficace, du point de vue de l'énergie (issue de la nourriture) dépensée pour parcourir une distance, que n'importe quel mode de locomotion de n'importe quel organisme biologique (l’animal le plus efficace dans ce domaine étant le martinet, suivi du saumon)[réf. nécessaire].
85
+
86
+ Enfin, l'efficacité énergétique de vélo surpasse également celle de tous les autres véhicules de conception humaine[23].
87
+
88
+ Les bicyclettes courantes sont constituées d'un ensemble de pièces facilement identifiables.
89
+
90
+ Le cadre en est la partie principale, il consiste généralement en un triangle sur lequel le poids du cycliste est réparti à partir du point d'appui de la selle, associé à un second triangle plus petit sur lequel est monté la roue arrière : ce second triangle se compose de haubans (arrête extérieure du triangle arrière) et de bases (base du triangle arrière). La roue avant est fixée au cadre par une fourche, la partie haute de celle-ci est montée sur des roulements à billes au travers d'un tube presque vertical à l'avant du cadre. Ces roulements à billes constituent le jeu de direction. Le sommet de la fourche constitue une potence à laquelle est fixé le guidon. La fourche peut être suspendue. De nombreux modèles de vélos modernes sont par ailleurs conçus sans haubans fixes, remplacés par un système suspendu. Ce système peut prendre des formes diverses et variées, de l'utilisation d'articulations basées sur des roulements, jusqu'à l'emploi de matériaux flexibles (titane notamment) qui autorisent une déformation progressive. De tels vélos « tout-suspendus » sont conçus pour la pratique en terrain inégal comme le VTT pour apporter un confort supplémentaire.
91
+
92
+ L'énergie est fournie par le cycliste par l'intermédiaire de ses pieds, avec lesquels il appuie sur les pédales, reliées à un ou plusieurs engrenages au niveau du pédalier : le ou les plateaux. L'engrenage arrière, le pignon (mais il y a souvent plusieurs pignons de tailles différentes fixés ensemble, on parle alors de cassette) est monté sur la roue arrière par un mécanisme à cliquet anti-retour : la roue-libre. La transmission du mouvement entre un plateau et un pignon est assurée par la chaîne. En fonction du type de pratique pour laquelle le vélo est conçu, la cassette peut être « plate » comme souvent sur un vélo de route, ce qui veut dire qu'entre deux pignons successifs, il n'y a qu'une dent de plus sur le plus grand ; sur d'autres types de vélos comme les VTT, le nombre de dents peut augmenter bien plus vite entre les pignons successifs. L'ensemble des éléments compris entre les pédales et la roue arrière est désigné par le terme de transmission.
93
+
94
+ La possibilité de changer de vitesses constitue l'une des avancées majeures de la technique cycliste. Le travail des jambes est plus efficace à certaines vitesses de rotation (ou cadences) du pédalier. Disposer d'une possibilité de sélection plus étendue des rapports de vitesses entre plateaux et pignons permet au cycliste de conserver sa cadence de pédalage la plus proche d'une valeur désirée. C'est pourquoi les vélos de route sont équipés de pignons « plats » [précision nécessaire], de manière à permettre au cycliste de bien contrôler sa cadence en fonction du petit nombre de configurations de terrain qu'il pourra usuellement rencontrer. Le dérailleur est un dispositif simple qui pousse la chaîne latéralement de manière à l'obliger à changer de pignon (ou de plateau pour le dérailleur avant). Les côtés des pignons eux-mêmes ont une forme spécifique avec des indentations aux dimensions des maillons de la chaîne, pour « attraper » la chaîne lorsqu'elle est poussée contre le pignon, l'engageant ainsi sur les dents de ce pignon. Le système est considérablement plus simple que les systèmes plus anciens comme la bicyclette à trois vitesses, mais tarda à conquérir le marché, en raison de la différence fondamentale avec tous les systèmes de changement de vitesses utilisés auparavant.
95
+
96
+ Les dispositifs de changement de vitesse, dont les leviers ont d'abord été fixés au cadre, puis au guidon, sont devenus bien plus efficaces et sophistiqués. On assiste cependant depuis la fin des années 2000 à un certain engouement pour les vélos à pignon fixe (sans vitesse et avec un seul pignon), du type de ceux utilisés dans les courses de vélodrome, mais de la part d'une clientèle citadine, pour des déplacements urbains.
97
+
98
+ Il peut aussi être utilisé via une courroie qui, contrairement à la chaîne, ne nécessite aucun entretien particulier. L'industrie du vélo propose une gamme complète de courroies qui peuvent être en caoutchouc, carbone ou kevlar. Les plateaux et pignons sont adaptés aux diverses formes de courroies[24]. La transmission par courroie n'utilise pas de dérailleur. Les vitesses peuvent être intégrées dans un moyeu sur la roue arrière ou dans le pédalier comme les pédaliers à engrenage « planétaires ».
99
+
100
+ La transmission du mouvement du pédalier à la roue peut aussi se faire grâce à un arbre de transmission ou à un joint de Cardan, associé à des engrenages, système également appelé transmission acatène (du latin signifiant « sans chaîne »). Ce système a été inventé vers 1895 et connut un certain succès[25], mais il imposait un pignon fixe et n'a pas perduré.
101
+
102
+ Depuis l'invention, en 1901, d'un moyeu arrière contenant trois paliers, par les Anglais Henry Sturmey et James Archer[26], le changement de vitesses est également possible grâce à un moyeu à vitesses intégrées. Ce système est très fréquent sur les vélos en libre-service et peut maintenant offrir jusqu'à quatorze vitesses. Des dispositifs de transmission par corde, cordelette ou « string » font aussi leur apparition[27] ; le « string Bike » est créé par le Hongrois Robert Kohlheb[28].
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+
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+ Cadre aluminium pour vélo enfant.
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+
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+ Stringbike.
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+ Vélo équipé d'un arbre de transmission.
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+ Roue équipée d'un moyeu à vitesses intégrées.
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+ Transmission à courroie sur un vélo enfant.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'un des plus importants organes d'un vélo est le système de freinage. Il est composé de deux poignées de frein indépendantes, commandant chacune une mâchoire venant appliquer des tampons en caoutchouc sur la jante par l'intermédiaire de câbles de frein. Les câbles sont la plupart du temps protégés dans des gaines. Certains systèmes de freinage, pour plus de performance, sont basés sur le principe du frein à disque, ou du frein à tambour, intégré dans le moyeu.
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+
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+ Depuis les années 1950, la plupart des systèmes de freinage sont dérivés de la conception des mâchoires à tirage latéral inventée par Campagnolo. Les deux bras de la mâchoire se resserrent lorsque le câble, fixé à l'extrémité d'un des bras et passant par l'extrémité de l'autre, est tendu. La pression des tampons appliqués par la jante s'équilibre grâce à un ressort qui répartit l'effort entre les deux bras de mâchoires.
119
+
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+ L'usage de plus en plus fréquent de pneumatiques plus gros sur les VTT a fini par poser un problème : la jante et son pneumatique devenaient trop larges pour passer entre les mâchoires de freins. Dans un premier temps, le système cantilever a apporté une réponse à ce problème. Les bras de la mâchoire devenaient indépendants, tout en étant reliés par un câble court de répartition de l'effort de freinage. Le câble de commande vient alors se fixer au milieu du câble de répartition. Cependant ce système présente quelques faiblesses : si la fixation du câble de commande n'est pas centrée, l'effort est mal réparti entre les bras, et si le connecteur se décroche, le câble de répartition peut bloquer la roue brutalement en se coinçant dans les dessins du pneumatique, ce qui peut entraîner un accident si cela se produit sur la roue avant.
121
+
122
+ Une solution plus adaptée au problème de la largeur des pneumatiques est le v-brake. Le câble est fixé de manière à être dirigé vers le haut de manière à ne pas pouvoir retomber sur le pneumatique, et transmet en outre de bien meilleure façon la puissance de freinage impulsée par la poignée de frein, tout en étant un peu plus facile à centrer lors du montage.
123
+
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+ Les roues sont munies de pneumatiques, ou pneus, afin d'accroître le confort du cycliste, et de diminuer les contraintes subies par la mécanique.
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+
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+ Les pneumatiques peuvent être fixés de deux manières sur les jantes : soit collés (on parle alors de boyaux), soit montés sur une encoche qui fait le tour de chaque côté de la jante (pneumatiques classiques). La largeur et les sculptures des pneumatiques sont adaptées en fonction de l'usage du vélo : fins et lisses pour la route, plus épais et avec de nombreux crampons pour le VTT, etc.
127
+
128
+ En Amérique du Nord et dans les autres régions où le sol gèle pendant l'hiver, il est possible d'installer des pneus dotés de pointes métalliques. Ceux-ci assurent une plus grande adhérence sur des surfaces glacées et les adeptes de ce moyen de déplacement peuvent ainsi circuler pendant tout l'hiver.
129
+
130
+ L'équipement de signalisation est principalement composé d'un éclairage actif et de réflecteurs ou catadioptres.
131
+
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+ L'éclairage est constitué par une lampe blanche vers l'avant, une rouge vers l'arrière, le plus souvent alimentées par un alternateur, souvent improprement appelé dynamo.
133
+
134
+ Des réflecteurs destinés à compléter la visibilité du cycliste peuvent être installés. Pour la visibilité latérale, il peut s'agir de réflecteurs orangés que l'on fixe entre les rayons des roues, ou de bandes réfléchissantes blanches peintes sur les pneumatiques ou insérée entre les rayons tout contre la jante. Pour la visibilité de face et depuis l'arrière, les feux de position sont normalement doublés de réflecteurs de la même couleur et les pédales sont équipées de réflecteurs orangés.
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+
136
+ Enfin, les vélos disposent en général d'une sonnette actionnée au guidon, et qui les distingue clairement des avertisseurs de véhicules automobiles.
137
+
138
+ Divers accessoires peuvent être ajoutés à l'équipement d'une bicyclette : garde-boue, porte-bagages, siège enfant, indicateur de vitesse, porte-bidon, pompe à vélo, porte-téléphone, etc. Le cycliste peut quant à lui porter un équipement spécifique incluant par exemple un casque de vélo, obligatoire dans certains pays.
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+
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+ Certains cycles Peugeot anciens sont équipés d'un antivol Neiman directement dans le cadre.
141
+
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+ Neiman amovible sur cycle Peugeot.
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+ Cylindre du Neiman amovible sur cycle Peugeot.
145
+
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+ Les matériaux utilisés pour la fabrication des bicyclettes sont proches de ceux utilisés en aéronautique, l'objectif dans les deux cas étant d'obtenir une structure légère et résistante. Presque tous les vélos d'avant les années 1970 étaient faits d'un alliage d'acier et de chrome : le chromaloy (ou chromoloy). Au début des années 1980, l'aluminium connut un certain succès, notamment en raison de la baisse de son coût.
147
+
148
+ À ce jour, ce métal est probablement le plus utilisé pour des vélos de milieu de gamme. Dans le haut de gamme, on utilise la fibre de carbone et le titane, mais ces matériaux sont onéreux. Chaque type de matériau utilisé pour le cadre a ses avantages et ses inconvénients, bien que pour une géométrie de cadre donnée, l'ensemble des bicyclettes possèdent des qualités similaires dans leur comportement général.
149
+
150
+ Les différences les plus flagrantes entre matériaux apparaissent lorsqu'on compare leur tenue dans le temps, leur esthétique, leur capacité à être réparés et leur poids. Comme la rigidité du cadre dans le plan vertical, même pour un matériau très élastique, est d'un ordre de grandeur supérieur à celui de la rigidité des pneumatiques et de la selle, le confort du vélo se résume plutôt à un problème de choix de la selle, de la géométrie du cadre, des pneumatiques et de réglage général du vélo.
151
+
152
+ L'entretien courant d'un vélo consiste principalement à s'assurer de la pression et de l'état des pneumatiques, réparer les petites crevaisons, changer les patins et les câbles de freins, lubrifier les câbles de freins et les organes de transmission, nettoyer la boue et la poussière qui se déposent sur le cadre. Dans le cas où l'éclairage utilise des piles ou des batteries, il convient également de les remplacer ou de les recharger régulièrement.
153
+
154
+ À intervalles plus larges, il peut être nécessaire de dévoiler les roues voire de les remplacer, il faut aussi vérifier et remplacer les organes de la transmission (plateau de pédalier, chaîne, pignons de la roue libre) lorsque leur usure devient trop importante, ainsi que réduire le jeu du tube de direction.
155
+
156
+ Bien que réparer un vélo soit simple dans son principe, nombre de pièces sont relativement complexes et certains préfèrent déléguer la maintenance de leur engin à des professionnels. Toutefois, beaucoup de personnes préfèrent entretenir leur vélo autant que possible, que ce soit pour économiser de l'argent, ou tout simplement pour le plaisir de bricoler, par passion pour le vélo.
157
+
158
+ La diversité a toujours été présente dans l'histoire des cycles. Elle réapparaît plus clairement encore depuis la renaissance des vélos couchés. Quelques bicyclettes sont emblématiques de leur histoire, telles :
159
+
160
+ De nombreuses innovations ont transformé la bicyclette et donné lieu à l'apparition de modèles :
161
+
162
+ Certaines bicyclettes se sont spécialisées pour des usages spécifiques, notamment sportifs :
163
+
164
+ Certaines bicyclettes sont utilitaires et peuvent être utilisées pour transporter des marchandises ou des personnes, jusqu'à effectuer des déménagements : vélos cargos ou équipés de remorques[29].
165
+
166
+ Il existe enfin des bicyclettes de forme insolite, comme des vélos imitant le style des motos Harley-Davidson ou les tall bikes.
167
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+ Vélo tout terrain.
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+ BMX freestyle.
171
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+ Vélo de course.
173
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174
+ Vélos de ville en libre-service.
175
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+ Vélo couché de randonnée.
177
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+ Tall bike.
179
+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
181
+
182
+ Pour chaque typologie, il existe une grande liberté d'expression dans les formes de constructions. De nombreux matériaux peuvent être utilisés par les designers : acier, aluminium, carbone, titane, bois, bambous, plastiques, constructions en impression 3D... Chaque élément est sujet à l'innovation, le design, l'art.
183
+
184
+ En 2013, le designer Philippe Starck présente le modèle Pibal, vélo-patinette, pour remplacer la flotte de vélos en libre-service de la ville de Bordeaux[30]. Confrontés à des fissures du cadre et des contraintes d'homologation, le fabriquant Peugeot et la ville conviennent de la destruction des Pibal en avril 2019[31].
185
+
186
+ Des véhicules dérivés de la bicyclette ont également fait leur apparition :
187
+
188
+ D'autres engins conçus sur le modèle de la bicyclette sont utilisés pour produire de l'énergie : vélos qui permettent en pédalant de recharger des appareils, pour faire de la musique (SolarSoundSystem), pour mixer des fruits (Smoocyclette), pour fabriquer de la barbe à papa[réf. nécessaire], etc.
189
+
190
+ L'apprentissage de la conduite d'une bicyclette a souvent lieu dès l'enfance. Des dispositifs spéciaux facilitent l'apprentissage par les plus jeunes enfants, par exemple l'ajout de deux petites roues latérales sur la roue arrière où l'utilisation de cannes ou de barres de remorquage qui tiennent l'enfant en équilibre. D'autres dispositifs, comme la draisienne ou le tricycle, permettent également aux jeunes enfants de s'initier à la pratique du vélo[33].
191
+
192
+ L'apprentissage pour adulte peut se faire rapidement avec des conseils adaptés. Des associations prodiguent souvent ce genre de formation[34],[35].
193
+
194
+ Le réseau paneuropéen de véloroutes et de voies vertes, en cours de constitution en 2018, permet aux cyclistes de se déplacer sans danger à travers toute l'Europe, tout en ayant un accès facilité à des lieux dignes d'intérêts. Au Québec, un projet similaire au réseau paneuropéen, la route verte, a été inauguré en 2007 et couvre le territoire habité d'est en ouest.
195
+
196
+ De nombreuses régions européennes sont aménagées à l'intention des cyclistes, bien que les différences nord-sud et ville-campagne restent importantes[réf. souhaitée]. Les Pays-Bas et le Danemark se distinguent à ce titre, les villes de Groningue et de Copenhague étant souvent citées en exemple[réf. souhaitée]. La commune néerlandaise de Giethoorn est en outre totalement libre de voitures, les déplacements se faisant à pied, à vélo ou en bateau. Aux Pays-Bas, les vélos peuvent emprunter des infrastructures réservées : ronds-points, signalisation et autoroutes permettent de traverser le pays en pédalant alors que des pistes cyclables sont également très présentes en campagne. Certaines autres municipalités développent sur leurs budgets divers projets novateurs : des pistes faites de panneaux solaires, d'autres phosphorescentes, ou des poubelles suspendues afin que les cyclistes puissent jeter leurs déchets sans s'arrêter. En Italie, à Ferrare, près d'un tiers des déplacements se font à vélo[36].
197
+
198
+ Les maires des grandes villes peuvent aider au développement de la bicyclette, en particulier en développant les aménagements cyclables. Dans le cadre de l'adaptation à la pandémie de Covid-19 en 2020, plusieurs grandes villes du monde ont ainsi soudainement ouvert de larges pistes pour désengorger les transports en commun et éviter le recours généralisé à la voiture, qui congestionnerait les voies et s'accompagnerait d'un pic de pollution[37]. Cette « reprise durable, à bas carbone » passe aussi par la piétonisation de quartiers. « La façon dont nous structurons nos efforts de récupération définira nos villes pour les décennies à venir », explique le maire de Milan, les initiatives à court terme ayant le potentiel pour perdurer ; « notre reprise économique doit aller de pair avec notre reprise sociale », indique également le maire de Montréal. Daisy Narayanan, de Sustrans, synthétise : « Covid-19 a souligné les rapports entre qualité de nos lieux de vie, santé publique, économie, transport, enseignement, qualité de l'air et justice sociale ».
199
+
200
+ Avec plus d'un milliard et demi de bicyclettes circulant sur la planète, le vélo est toujours le moyen de transport le plus utilisé au monde. L'apparition du vélo aurait provoqué ou accéléré plusieurs évolutions de société. Néanmoins, le nombre moyen de kilomètres parcouru par personne et par an varie fortement selon les régions et les pays.
201
+
202
+ Sous sa forme à deux roues avec un cadre composé de deux triangles dos à dos, la bicyclette (quasiment identique à celle que nous utilisons maintenant) a procuré aux femmes une mobilité sans précédent, facilitant ainsi leur émancipation. Dans les années 1890, l'engouement pour le cyclisme chez les femmes a été à l'origine de la création d'une mode de vêtements[38] comme les jupes-pantalons qui ont aidé les femmes à se libérer du corset et d'autres vêtements contraignants.
203
+
204
+ La bicyclette a été utilisée par différentes armées dans des régiments d'infanterie cycliste.
205
+
206
+ Historiquement, en ville, en Europe mais surtout en Chine et dans certains pays d'Asie du Sud-Est, les bicyclettes ont réduit la concentration de population du centre-ville, en donnant aux travailleurs un moyen d'effectuer des déplacements pendulaires entre les habitations individuelles en banlieue proche et les lieux de travail en ville. Le recours aux chevaux a également diminué dans la même période. La bicyclette, combinée aux congés, a permis aux gens de voyager dans leur pays d'origine, avec une grande autonomie, à une époque où l'automobile restait un moyen de transport onéreux accessible seulement aux classes supérieures.
207
+
208
+ Tous les deux ans depuis 2007, le site Copenhagenize.com dresse un classement des villes où la part modale du vélo est la plus importante. En 2017, les dix premières villes étaient : Copenhague, Utrecht, Amsterdam, Strasbourg, Malmö, Bordeaux, Anvers, Ljubljana, Tokyo et Berlin[39].
209
+
210
+ En France, dans les années 2000, une proportion croissante de la population utilise la bicyclette comme moyen de transport sur de courtes distances[40],[41], particulièrement dans des villes densément peuplées où l'usage de l'auto est rendu moins intéressant par la congestion de la circulation, la faible vitesse moyenne[42] et les coûts d'usage et de stationnement. Ainsi, par exemple, le nombre de trajets effectués quotidiennement à vélo par les Parisiens représente-t-il en 2010 un tiers de leurs trajets réalisés en voiture[21]. Cette tendance s'est accélérée avec le processus de vieillissement de la population[réf. souhaitée].
211
+
212
+ De plus en plus de municipalités construisent maintenant des aménagements cyclables, comme les pistes ou des bandes réservées, pour faciliter et favoriser l'usage du vélo, tant comme moyen de locomotion au quotidien que comme loisir. L'intermodalité entre les transports progresse également, avec le développement de systèmes d'accrochage de vélos dans les bus, les trains, etc.
213
+
214
+ La bicyclette est toujours l'un des véhicules individuels les plus utilisés dans de nombreux pays en développement[réf. souhaitée].
215
+
216
+ Le vol, assez fréquent en France et particulièrement dans les grandes villes, a conduit à la mise en place de meilleurs moyens antivols. Ainsi, le marquage des vélos par gravure d'un Bicycode sur le cadre[43] et le fichage des vélos volés ont-ils été mis au point en 2004 par la FUB et permettent de dissuader le vol ou de retrouver le propriétaire d'un vélo volé. Les antivols sont quant à eux régulièrement évalués et les données des tests mises à disposition[44],[45]. Enfin, de nombreux parcs à vélos s'équipent d'arceaux, de garages ou de consignes à vélo.
217
+
218
+ La fabrication industrielle des bicyclettes avec cadre en double triangle dos à dos a nécessité la mise au point de techniques avancées dans le travail du métal, ainsi que l'invention de composants comme le roulement à billes et les engrenages. Ces inventions et techniques ont permis plus tard de développer des pièces mécaniques qui seront utilisées dans les premières automobiles et en aéronautique. Un exemple d'une telle évolution est celui des frères Orville et Wilbur Wright, qui avaient débuté en tant que fabricants de bicyclettes.
219
+
220
+ L'usage du vélo a entraîné l'organisation sur le plan politique des cyclistes et des amateurs de bicyclette, sous forme de groupes de pression, pour promouvoir auprès des institutions la création d'un réseau routier revêtu, bien entretenu et cartographié.
221
+
222
+ Tant le modèle d'organisation de ces groupes de pression que celui des routes elles-mêmes facilita plus tard le développement de l'usage d'un autre véhicule à roues : l'automobile. Dans certaines sociétés occidentales, la bicyclette fut reléguée après la Seconde Guerre mondiale au rang de jouet pour les enfants, et il en fut ainsi durant plusieurs années, notamment aux États-Unis. Dans certains pays occidentaux, en particulier au Danemark et aux Pays-Bas, la bicyclette est toujours très utilisée comme moyen de transport.
223
+
224
+ La défense du vélo et du mode de vie cyclable a pu donner à certains philosophes et auteurs le qualificatif de « vélosophes ». La vélosophie renverrait à la dimension spirituelle que permet la pratique du vélo. Ainsi, pour Jean-François Balaudé[46], philosophe et président de l'université Paris-Nanterre et adepte de la bicyclette, le vélo constitue « une sorte de métaphysique incarnée » car il s'agit d'un sport ou d'un mode de déplacement caractérisé par une vitesse modérée, dénué de chocs et de traumatismes, fondé sur la réitération d'un mouvement circulaire, propice à la méditation. Balaudé parle d'un « éveil à la fois physique et cérébral ». Le vélo porte des valeurs écologiques et sociales à l'opposé de celles de la voiture, qui pour lui favorise la généralisation de comportements agressifs dans l'espace public. Pour les penseurs de la « vélosophie », il s'avère donc un élément central des politiques publiques de développement soutenable mais aussi de coexistence sociale. La vélorution (mot-valise mêlant vélo et révolution) est un mouvement dont le but principal est de promouvoir l'utilisation des moyens de transports personnels non polluants (bicyclette, patin à roulettes, planche à roulettes) et de dénoncer la place réservée à l'automobile dans les sociétés industrielles, son emprise dans l'espace urbain, rejoignant des préoccupations proche des mouvements de la décroissance et du convivialisme.
225
+
226
+ Eloigné de ce folklore, et selon une approche d'inspiration individualiste, le philosophe Christophe Salaün remarque, dans son Éloge de la roue libre, que la pratique du vélo invite chacun à expérimenter trois conditions essentielles : celle de la volupté, celle de la vertu et celle de la contemplation du monde, « le vélo étant tour à tour et tout autant, un hédonisme, une éthique de l’effort, et une approche esthétique du monde » (p. 16-17). Il interroge également le rapport que nous avons avec les objets techniques – le vélo renvoyant à une forme de « compagnonnage », voire de lien intime avec l'univers des machines (p. 47-63). Il traduit enfin un rapport au monde « non invasif », « discret », qui effleure le monde au lieu de le consommer (p. 107).
227
+
228
+ Le vélo est un moyen de déplacement économe en énergie, peu dangereux et occupant peu d'espace. Il a une faible empreinte écologique. En milieu urbain, pour les déplacements courts, il est une bonne alternative à l'automobile. Pour les déplacements plus longs ou pour se rendre à son travail, toujours en milieu urbain, il constitue un excellent complément aux transports en commun, car il démultiplie l'aire desservie[réf. nécessaire].
229
+
230
+ Les vélos en libre-service, vélo-taxis, vélos cargos (triporteurs utilitaires multi-fonctions convenant au transport et aux livraisons comme aux activités de propreté ou à la vente ambulante[47]) et le déménagement à vélo sont d'autres exemples d'alternatives écologiques et d'écomobilité.
231
+
232
+ Une étude sur la décarbonation de la mobilité dans les zones de moyenne densité de population, c'est-à-dire périurbaines proches, est publiée en 2020 par The Shift Project, que préside Jean-Marc Jancovici. Il en ressort qu'une politique volontariste permettrait de réduire de 60 à 70 % les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports, sur dix ans. Le vélo, à lui seul, contribuerait à réduire de 15 à 30 % ces émissions, suivi du covoiturage, des transports en commun, de la distribution optimisée des achats et du télétravail[48].
233
+
234
+ La pratique du vélo apporte des bienfaits en matière de santé publique, parce qu'il s'agit d'une activité physique d'intensité moyenne, idéale pour réduire les risques de maladies cardiovasculaires. La pratique quotidienne du vélo est également recommandée par l'Organisation mondiale de la santé[49] ou la Commission européenne dans la lutte contre l'obésité[50]. Aux Pays-Bas, une étude commandée par le ministère néerlandais des Transports montre que dans ce pays un travailleur sur trois va régulièrement au travail à vélo. Ceux qui utilisent un vélo tous les jours ouvrés sont statistiquement moins souvent malades et donc plus rentables pour leurs employeurs. Si l'on considère que les deux autres tiers rassemblent des personnes en moins bonne santé, celles-ci se porteraient mieux en pratiquant le vélo. Le ministre a prévu à la suite de cette étude 70 millions d’euros en 2009 pour aménager des pistes cyclables facilitant les trajets domicile-travail et pour des mesures d’accompagnement des cyclistes (augmentation des parcs à vélos sécurisés dans les gares)[51].
235
+
236
+ Le transport à vélo présente plusieurs avantages sur les autres modes de transport. Une étude du ministère de l'Environnement français souligne l'intérêt sanitaire de développer une politique en faveur des déplacements domicile-travail à vélo :
237
+
238
+ L'utilisation du vélo comporte aussi des risques, tels que les accidents de circulation ou l’exposition aux polluants atmosphériques. Malgré l'amélioration de la qualité de l’air respiré par rapport aux automobilistes, l’exposition aux polluants atmosphériques lors du déplacement à vélo est supérieure à celle des piétons. Le cycliste n'est cependant pas toujours moins exposé aux polluants de l'air que les autres usagers de la route[53]. Même sur une route circulante, les concentrations de gaz et de particules peuvent être inférieures aux concentrations dans les voitures parce que le cycliste roule sur le côté de la chaussée et parce que la prise d'air des véhicules est généralement plus proche des pots d'échappement que ne l'est le nez du cycliste. Sa position surélevée lui permet d'échapper à certains polluants qui sont plus lourds que l'air. Néanmoins, la plupart des études montrent que les différences en matière de concentrations de particules dépendent très fortement de l’endroit où les mesures sont prises. Si on prend en compte l’aspect respiration dû à l’effort physique que fournit le cycliste lors de son déplacement, il y a de très fortes différences vélo-voiture en ce qui concerne les quantités de pollution inhalées. Le cycliste inhale un volume d’air 4,3 fois supérieur à celui inhalé par l’automobiliste, ce qui augmente significativement l’exposition du cycliste aux émissions de polluants générées par la circulation et cela peut provoquer des effets (semble-til peu importants) sur sa santé[53],[54]. En outre, les cyclistes peuvent profiter de leur flexibilité pour explorer des parcours qui évitent les grands axes de circulation[55].
239
+
240
+ Ce gain en matière de santé est toutefois partiellement contrebalancé par le risque d'accident, variable d'un pays à l'autre. Les pays comptant le plus de cyclistes sont les moins dangereux pour les cyclistes. Selon une étude anglaise publiée en 2007 et comparant les risques encourus par des cyclistes âgés de dix à quatorze ans dans huit pays, les Pays-Bas et la Norvège sont les pays les plus sûrs, suivis de la Suisse et de l'Allemagne[56]. Des parts modales élevées de cyclistes sont généralement corrélées avec de faibles risques d’accidents graves à vélo, selon le principe de « sécurité par le nombre »[57]. Des différences spatiales fortes concernant le risque d’accident à vélo sont observées en Europe[58]. En queue de classement, on trouve la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande. Les usagers de la route sont disciplinés dans ces pays, mais le cyclisme y est peu répandu. Le surcroît d'accidents proviendrait du fait que les automobilistes n'ont pas suffisamment l'habitude de côtoyer des cyclistes.
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242
+ Ces résultats confirment ce que d'autres chercheurs, notamment suédois et américains[59], postulent depuis le début des années 2000 : si on multiplie le nombre de cyclistes par dix, le nombre d'accidents les concernant n'est multiplié « que » par quatre. Il serait donc souhaitable que leur nombre augmente pour améliorer leur sécurité.
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244
+ En Suisse, pays au relief accidenté, chaque année, deux fois moins de personnes meurent à vélo qu'à moto[60] alors que les cyclistes effectuent davantage de déplacements que les motards (la statistique inclut les scooters dès 125 cm3 parmi les motos). Par kilomètre parcouru, les motards et scootéristes sont 18 fois plus exposés à un accident mortel que les automobilistes, les cyclistes sept fois plus, et les piétons six fois. Si l'on calcule le risque de décès par heure, se déplacer à vélo reste plus risqué que de rouler en voiture, mais l'heure de vélo est sept à huit fois moins dangereuse que l'heure de moto ou de scooter.
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246
+ Au Royaume-Uni, une étude du département des transports a estimé à 30,9 le nombre de morts par milliard de kilomètres parcourus à vélo, contre 35,8 piétons et 122 motocyclistes pour la même distance[61].
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248
+ Le sous-enregistrement des accidents légers est également confirmé par plusieurs chercheurs : les cyclistes ne déclarent pas systématiquement les accidents qui les impliquent, malgré le fait que le coût total moyen d’un accident léger à bicyclette s’élève à un peu plus de 800 €[62],[57].
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250
+ Ce qui réunit cyclistes et motards, c'est que dans la plupart des accidents les concernant, une automobile est impliquée et c'est l'automobiliste qui est fautif (refus de priorité, heurt par l'arrière). Les cyclistes sont moins exposés que les motards car ils roulent moins vite, ils entendent mieux les bruits de leur environnement, et leur véhicule est plus léger.[réf. nécessaire]
251
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252
+ Dans la plupart des pays, des guides sont disponibles, qui rappellent les consignes de prudence et bonnes pratiques[63]. Le port du casque, en particulier, est sujet à controverse : son obligation serait largement contre-productive, en faisant baisser le nombre de cyclistes. Or, une augmentation du nombre de cyclistes entraîne une baisse du taux d'accidents, car les automobilistes sont plus « habitués » à leur présence. Il faudrait donc passer davantage par des circulations plus « douces » et un mode de conduite « apaisé », plutôt que par une profusion de protections pour les cyclistes[64].
253
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254
+ Au Danemark, une étude tenant compte de tous les points positifs et négatifs liés à la pratique du vélo a montré que le risque de mourir dans l'année est réduit d'un tiers chez les personnes qui se rendent au travail à vélo, comparé à celles qui utilisent un autre moyen de transport[65]. L'activité physique quotidienne apporte donc un gain plus important que le risque d'accident.
255
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256
+ Compte tenu des effets positifs de la bicyclette pour l'environnement et la santé, le 18 avril 2018, l'Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution faisant du 3 juin la « journée mondiale de la bicyclette »[66],[67]. En 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l'ONU encourage ce jour-là les États membres à développer une culture de la bicyclette, pour ses bienfaits en matière de santé et d'environnement, mais aussi comme un moyen de répondre aux défis que pose la reprise des activités après le passage de la pandémie[68].
257
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258
+ En France, le décret no 95-937 d'août 1995 relatif à la prévention des risques résultant de l'usage des bicyclettes précise la nature d'un vélo : « On entend par bicyclette tout produit comportant deux roues et une selle, et propulsé principalement par l'énergie musculaire de la personne montée sur ce véhicule, en particulier au moyen de pédales »[69]. Des conseils et la réglementation concernant le cycliste se trouvent sur le site du ministère de l'Intérieur[70].
259
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260
+ Dans certains pays (Pays-Bas, Belgique) et depuis peu en France (2016, pour certains cyclistes, dans le cadre d'une expérimentation ou du volontariat de certains employeurs), a été mise en place une indemnité kilométrique vélo (IKV) et/ou des avantages fiscaux encourageant l'usage du vélo.
261
+
262
+ En France, en 2017, l'atelier « Mobilités plus propres » des Assises nationales de la mobilité a rappelé que la stratégie nationale de mobilité propre prévoyait à l’horizon 2030 […] de fixer au vélo une part modale de 12,5 % minimum. « L’opportunité du Vélo à assistance électrique doit être saisie en changeant d’échelle dans la mise en œuvre d’itinéraires de qualité, l’équipement en pistes cyclables et en parkings sécurisés pour vélos, notamment dans les pôles d’échanges intermodaux. » La création d’un fonds vélo a été évoquée pour financer de nouveaux itinéraires cyclables et aider à l'achat de VAE. En décembre 2017, la ministre des Transports Élisabeth Borne a annoncé une indemnité kilométrique vélo obligatoire[71] et la création d’un Plan vélo national qui « abordera l’ensemble des dimensions de ce sujet : santé publique, infrastructures, éducation, fiscalité… »
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+ Deux grands salons se tiennent annuellement, présentant les nouveautés de l'industrie mondiale du cycle : Eurobike pour l'Europe (fin août, en Allemagne), et Interbike pour les États-Unis, en septembre à Las Vegas. Beaucoup d'autres salons existent, dans différents pays, mais ils sont de moins grande taille, pas tous annuels et présentent seulement les produits de quelques pays[réf. souhaitée].
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+ Une bicyclette (aussi appelée bicycle en Amérique du Nord), ou un vélo (abréviation du mot vélocipède), est un véhicule terrestre à propulsion humaine entrant dans la catégorie des cycles et composé de deux roues alignées, qui lui donnent son nom. La force motrice est fournie par son conducteur (appelé « cycliste »), en position le plus souvent assise, par l'intermédiaire de deux pédales entraînant la roue arrière par une chaîne à rouleaux.
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+ La roue avant est directrice et assure l'équilibre. Son orientation est commandée par un guidon. Le cycliste a souvent les deux mains en contact avec le guidon afin de contrôler la trajectoire, le freinage ainsi que le passage des vitesses.
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7
+ La bicyclette est l'un des principaux moyens de transport dans de nombreuses parties du monde. Son efficacité énergétique est particulièrement élevée. Sa pratique, le cyclisme, constitue à la fois un usage quotidien de transport, un loisir populaire et un sport.
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+ En 1817, le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn invente sa Laufmaschine ou « machine à courir » qui est présentée à Paris le 5 avril 1818 (Brevet d'importation français déposé par Louis-Joseph Dineur au nom du Baron Drais le 17 février 1818 : sous l'appellation d'une « Machine dite vélocipède. »)[1].
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+ La draisienne (version 1817) possède deux roues alignées, reliées à un cadre en bois par des fourches, la roue avant pouvant pivoter latéralement, et elle est équipée d'un rudimentaire frein à sabot sur la roue arrière. Cet engin connait un certain succès, en particulier en France puis au Royaume-Uni.
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+ Dans ce pays, il sera nommé « hobby-horse ».
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+ La première conception visuelle attestée d'un deux-roues de type bicyclette est due à Alexandre Mercier. Elle figure dans son brevet du 8 mai 1843. Le pédalage est alternatif, à l'instar des Lévoyclettes Terrot des années 1910. C'est également le premier exemple probant d'équilibre soutenu sur deux roues, alors que sur la draisienne, l'équilibre n'est que passager. Dans son brevet, Mercier dit avoir essayé sa machine avec succès à Amiens, mais ce n'est pas prouvé.
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+ Si la draisienne fait partie de la préhistoire de la bicyclette, la véritable histoire commence en France avec les vélocipèdes à pédales pendant les années 1860. C'est vers 1867 que sont commercialisés les premiers vélocipèdes à pédales des maisons Sargent, Michaux, Vincent, etc., avec un vrai succès populaire au rendez-vous. Pierre Michaux, serrurier parisien en voiture à façon, aurait inventé le vélocipède à pédales en 1855. La date précise de l'invention et l'identité de l'inventeur sont toutefois très discutées. En 1893, lors d'une controverse avec les frères André et Aimé Olivier, anciens associés qui ont toujours nié le rôle de Michaux dans l'invention, Henry Michaux, fils de Pierre Michaux, avoue que ce serait son frère Ernest qui aurait eu l'idée des pédales, et que l'invention daterait en fait de 1861[2]. Cette date est toutefois mise en doute par certains historiens, qui donnent 1864 comme date plus plausible, et émettent également des doutes sur la paternité de l'invention de la famille Michaux[3]. Il est vrai que nous n'avons aucune preuve à ce jour. Parallèlement, un autre Français, Pierre Lallement, revendique avoir inventé et expérimenté un système à pédales dès 1862, et obtient en 1866 un brevet américain pour une machine qu'il appelle « bicycle »[4]. Une dizaine d'autres inventeurs revendiquent cette invention. Le plus plausible aujourd’hui, bien que sans preuve également, est Georges Radisson.
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+ Pierre Michaux ne dépose qu'en 1868 un brevet pour son invention, qu'il appelle « pédivelle » (brevet français no 80637 déposé le 24 avril 1868 : « Perfectionnement dans la construction des vélocipèdes. »), auquel il ajoute également un frein. À partir de l'automne 1867, le vélocipède a énormément de succès en France, et les premières courses de vélocipèdes, les clubs et les journaux apparaissent.
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+ Pierre Lallement émigre en 1865 aux États-Unis sans avoir pu trouver de soutien financier à Paris pour sa machine, et obtient le premier brevet au monde sur le vélocipède à pédales en novembre 1866. Il réussit à vendre son brevet à un New-yorkais, Calvin Witty, qui sera le premier à fabriquer des deux-roues aux États-Unis (un seul de ces vélocipèdes semble avoir survécu) et retourne en France en 1868[5]. À la fin de cette année, Witti vendant sa licence à d'autres constructeurs, le succès se produit également aux États-Unis. Quelques-uns surnommèrent la machine boneshaker (« secoueuse d'os »), en raison de la conception des roues, en bois cerclées de fer. Les premières garnitures de roues en caoutchouc dur apparaissent en 1869 et améliorent sensiblement le confort de l'engin[6].
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+ En 1869, Charles Desnos dépose un brevet sur l'amélioration du vélocipède qui fixe certaines caractéristiques toujours présentes dans les vélos modernes, notamment la roue arrière motrice et la transmission multiplicatrice par courroie ou chaine[7].
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24
+ Après la guerre de 1870, le perfectionnement des vélocipèdes se poursuit surtout en Angleterre. La roue avant se fait plus grande tandis que la roue arrière diminue de taille. Le premier grand-bi, appelé Ordinary, apparait en 1872. Ce genre de bicyclette connait un succès foudroyant auprès de la bourgeoisie qui seule avait les moyens de se l'offrir. En Angleterre, il est surnommé penny farthing (d'après la taille respective de ces deux pièces de monnaie, par analogie avec les roues). En France, il est utilisé de manière ostentatoire par les bourgeois (exemple : culture du plaisir et de l'élégance dans le bois de Boulogne)[8].
25
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26
+ Le premier brevet de bicyclette a été déposé en 1871 par Viarengo de Forville, un Italien résidant en France[9]. Dans son brevet français du 30 septembre 1871 sont jointes des photos représentant une bicyclette d'homme et une de femme.
27
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28
+ En 1884, John Kemp Starley de la société The Coventry Sewing Machine Company (« société des machines à coudre de Coventry »), qui deviendra Rover, invente la « bicyclette de sécurité » avec des roues de taille raisonnable et un entraînement par chaîne. Le cycliste y est installé à l'arrière, ce qui rend presque impossible la chute de type « soleil » où le cycliste est catapulté par-dessus la roue avant[10].
29
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30
+ En 1886, Peugeot commercialise ses premières bicyclettes. En 1885, le Bordelais Juzan en construit quelques-unes également, au look plus moderne que les anglaises.
31
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32
+ Un engrenage plus grand à l'avant (le plateau) qu'à l'arrière (le pignon) fait tourner la roue arrière plus vite que les pédales ne tournent, ce qui permet à ce type d'engin d'aller vite même sans une roue géante.
33
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34
+ En 1888, John Boyd Dunlop invente le pneumatique (brevet français no 193281 déposé par John Boyd Dunlop le 1er octobre 1888 : « Garniture de jante applicable aux roues de véhicules. ») qui contribue à améliorer encore le confort du cycliste. Édouard Michelin perfectionne cette invention en déposant en 1891 un brevet de « pneu démontable », la chambre à air.
35
+
36
+ Les bicyclettes de sécurité de 1890 ressemblent déjà beaucoup aux bicyclettes actuelles. Elles ont des pneumatiques de taille comparable à celle d'un vélo moderne, des roues à rayons, un cadre en tubes d'acier et une transmission par chaîne. La seule chose qui leur manque est le changement de vitesses.
37
+
38
+ Dans les années 1890, ce nouveau modèle de bicyclette élargit la cible des utilisateurs potentiels. De plus, en lien avec la seconde révolution industrielle, les bicyclettes deviennent un produit industriel (en France, les grandes marques sont alors Peugeot dans le Doubs, Manufrance à Saint-Étienne, Mercier dans la Loire), réduisant leur prix à un point qui les rend abordables aux ouvriers. Cela conduit à une « folie de la bicyclette »[11], qui est à l'origine d'une évolution sociale importante (passage du vélo loisir au vélo utilitaire).
39
+
40
+ Dès cette période, la bicyclette s'impose comme un moyen de découvrir le monde. Alors que se développe la mode des tours du monde, le premier tour à vélo se déroule entre 1891 et 1894[12]. La première femme à avoir réalisé cet exploit en solitaire est Annie Cohen Kopchovsky, dite Annie Londonderry, sur un modèle masculin de bicyclette de marque Sterling, en quinze mois[13].
41
+
42
+ À ce sujet, le développement de la bicyclette a permis le progrès de l'émancipation des femmes, même si l'accès au vélo pour ces dernières a été semé d'embûches. La féministe Susan B. Anthony a ainsi déclaré en 1896 que l'engin avait accompli davantage pour cette libération que quoi que ce soit d'autre au monde[14]. Malgré le tour du monde à vélo d'Annie Londonderry en 1895, certains médecins et moralistes persistaient à affirmer que la bicyclette présenterait une menace pour la santé physique et mentale des femmes. De plus, elle encouragerait au dévergondage et à l'exhibitionnisme[15]. On pensait par exemple que chevaucher une selle et se mettre en mouvement dans cette position pouvait conduire les femmes à développer des pratiques masturbatoires, absolument immorales à l'époque. De fait, les vêtements féminins du XIXe siècle n'étaient absolument pas adaptés à la pratique sportive, le port du pantalon étant réservé aux hommes[16]. Les femmes se sont alors battues pour porter le bloomer, sorte de short féminin, afin de pouvoir pratiquer la bicyclette. Dès 1868, certaines compétitions ont néanmoins été ouvertes aux femmes. De façon prémonitoire, Jacques Mauprat déclare dans Le Progrès du 21 avril 1895 : « Oui, la faible femme a fait ses preuves sur la bicyclette. Elle est arrivée à des performances très satisfaisantes ; et cela non seulement sans préjudice pour sa santé […]. Cette introduction de la femme dans le monde du sport est une révélation pour elle et sera presque la source d'une révolution dans les mœurs de la société, en commençant par le costume et en finissant par la régénération de bien des qualités perdues par l'inactivité musculaire. »
43
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44
+ Bicyclette moderne construite par Georges Juzan.
45
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46
+ Publicité 1897.
47
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48
+ Des cyclistes dans Hyde Park, réalisé par Robert W. Paul (1896).
49
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50
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
51
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52
+ En 1903 naît le Tour de France. Le premier gagnant de cette grande épreuve est Maurice Garin.
53
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54
+ Après la Première Guerre mondiale, le terme « vélo » devient le mot populaire pour décrire la bicyclette utilisée par les ouvriers, paysans et enfants[8].
55
+
56
+ Dans les années 1930, les systèmes à plusieurs vitesses commencent à être utilisés dans les compétitions de vélo.
57
+
58
+ Le vélocar apparaît dans les années 1930, vélo couché et ancêtre de la vélomobile.
59
+
60
+ Pendant l'occupation de la France par l'Allemagne, les voitures sont restreintes à l'usage des médecins, de la police ou de la milice, la bicyclette devenant la reine des transports (ravitaillement et marché noir, trajets pour le travail ou aller voir des proches, développement de vélo taxis dans les grandes villes), succès des compétitions de cyclisme[17].
61
+
62
+ Les dérailleurs se développent durant les années 1950.
63
+
64
+ Enfin, les vélomobiles renaissent à la fin des années 1980.
65
+
66
+ Depuis le début des années 1990, dans plusieurs pays, des manifestations spontanées rassemblent, une fois par mois dans plusieurs centaines de villes, des défenseurs et promoteurs de l'usage du vélo en ville. Ce sont les masses critiques ou vélorution en France.
67
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68
+ Le 28 mars 2017, dans une note publique[18], le think tank La fabrique écologique estime que la Coordination interministérielle pour le développement de l'usage du vélo (Ciduv) est « dotée de faibles moyens humains et budgétaires » et « ne peut pas assurer le pilotage d'une stratégie nationale ambitieuse ». La France manque de compréhension des freins à l'usage du vélo. L’indemnité kilométrique vélo (IKV) peine à se développer et l'Ademe consacre peu de moyens au vélo. La compétence vélo est déléguée au niveau local (par la loi NOTRe) aux collectivités où la culture « transport en commun » domine, manquant d'une « impulsion nationale forte ». Le think tank propose des bases pour une stratégie nationale du vélo afin de rattraper les 20–25 ans de retard acquis sur l'Europe du Nord, prônant la création d'une mission interministérielle vélo (MIV) et la considération du vélo non plus comme un loisir mais comme un « instrument de la politique des transports »[19].
69
+
70
+ De fait, en France, selon une étude de l'Insee portant sur l'année 2015, seuls 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. Le vélo est surtout utilisé lorsque le lieu de travail se trouve jusqu'à 4 km du domicile. Ce mode de transport est en général bien moins utilisé que l’automobile, largement prédominante, les transports en commun ou la marche, mais il fait jeu égal avec les deux-roues motorisés[20]. En ville, toutefois, comme à Paris, les trajets à vélo représentent le tiers de ceux effectués en voiture[21] (voir section #Bicyclette et urbanisme).
71
+
72
+ La bicyclette ne dispose que de deux points d'appui au sol : elle se trouve nécessairement en équilibre instable. Les physiciens parlent d'équilibre métastable car le passage de la position d'équilibre temporaire à une position de déséquilibre perceptible est relativement lent.
73
+
74
+ Les principales forces en action sont :
75
+
76
+ L'équilibre est maintenu dynamiquement par les actions du cycliste, qui s'emploie à toujours redresser sa machine en la penchant légèrement dans la direction opposée à celle où elle commence à tomber.
77
+
78
+ Le cycliste jongle donc en permanence entre ces deux forces pour compenser les effets de l'une avec l'autre. Il est aidé en cela par la chasse du vélo : il s'agit de la distance entre l'intersection de l'axe de la fourche avec le sol et le point de contact de la roue avant au sol. En effet, l'axe de la fourche est incliné de manière que son intersection avec le sol se trouve en avant du point de contact de la roue avec le sol. Ainsi, si le vélo est penché d'un côté, la roue avant est forcée à se placer de manière à faire tourner le vélo du même côté, engageant ainsi un virage tendant à équilibrer cette inclinaison.
79
+
80
+ Enfin, lorsque le vélo roule, l'effet gyroscopique lié à la rotation des roues contrarie toute variation de la position de leurs axes. Ce phénomène est proportionnel à la vitesse de rotation des roues et à leur masse. Cet effet reste habituellement négligeable et est normalement imperceptible par le cycliste. En effet, la masse et donc l'inertie du vélo et de son pilote sont d'un ordre de grandeur supérieur à celle des roues, ce qui réduit considérablement l'influence de l'effet gyroscopique[réf. souhaitée].
81
+
82
+ Par rapport à la marche, à effort énergétique égal, le vélo est deux à trois fois plus efficace[22] et entre deux et quatre fois plus rapide.
83
+
84
+ Par rapport aux autres organismes biologiques, le vélo est plus efficace, du point de vue de l'énergie (issue de la nourriture) dépensée pour parcourir une distance, que n'importe quel mode de locomotion de n'importe quel organisme biologique (l’animal le plus efficace dans ce domaine étant le martinet, suivi du saumon)[réf. nécessaire].
85
+
86
+ Enfin, l'efficacité énergétique de vélo surpasse également celle de tous les autres véhicules de conception humaine[23].
87
+
88
+ Les bicyclettes courantes sont constituées d'un ensemble de pièces facilement identifiables.
89
+
90
+ Le cadre en est la partie principale, il consiste généralement en un triangle sur lequel le poids du cycliste est réparti à partir du point d'appui de la selle, associé à un second triangle plus petit sur lequel est monté la roue arrière : ce second triangle se compose de haubans (arrête extérieure du triangle arrière) et de bases (base du triangle arrière). La roue avant est fixée au cadre par une fourche, la partie haute de celle-ci est montée sur des roulements à billes au travers d'un tube presque vertical à l'avant du cadre. Ces roulements à billes constituent le jeu de direction. Le sommet de la fourche constitue une potence à laquelle est fixé le guidon. La fourche peut être suspendue. De nombreux modèles de vélos modernes sont par ailleurs conçus sans haubans fixes, remplacés par un système suspendu. Ce système peut prendre des formes diverses et variées, de l'utilisation d'articulations basées sur des roulements, jusqu'à l'emploi de matériaux flexibles (titane notamment) qui autorisent une déformation progressive. De tels vélos « tout-suspendus » sont conçus pour la pratique en terrain inégal comme le VTT pour apporter un confort supplémentaire.
91
+
92
+ L'énergie est fournie par le cycliste par l'intermédiaire de ses pieds, avec lesquels il appuie sur les pédales, reliées à un ou plusieurs engrenages au niveau du pédalier : le ou les plateaux. L'engrenage arrière, le pignon (mais il y a souvent plusieurs pignons de tailles différentes fixés ensemble, on parle alors de cassette) est monté sur la roue arrière par un mécanisme à cliquet anti-retour : la roue-libre. La transmission du mouvement entre un plateau et un pignon est assurée par la chaîne. En fonction du type de pratique pour laquelle le vélo est conçu, la cassette peut être « plate » comme souvent sur un vélo de route, ce qui veut dire qu'entre deux pignons successifs, il n'y a qu'une dent de plus sur le plus grand ; sur d'autres types de vélos comme les VTT, le nombre de dents peut augmenter bien plus vite entre les pignons successifs. L'ensemble des éléments compris entre les pédales et la roue arrière est désigné par le terme de transmission.
93
+
94
+ La possibilité de changer de vitesses constitue l'une des avancées majeures de la technique cycliste. Le travail des jambes est plus efficace à certaines vitesses de rotation (ou cadences) du pédalier. Disposer d'une possibilité de sélection plus étendue des rapports de vitesses entre plateaux et pignons permet au cycliste de conserver sa cadence de pédalage la plus proche d'une valeur désirée. C'est pourquoi les vélos de route sont équipés de pignons « plats » [précision nécessaire], de manière à permettre au cycliste de bien contrôler sa cadence en fonction du petit nombre de configurations de terrain qu'il pourra usuellement rencontrer. Le dérailleur est un dispositif simple qui pousse la chaîne latéralement de manière à l'obliger à changer de pignon (ou de plateau pour le dérailleur avant). Les côtés des pignons eux-mêmes ont une forme spécifique avec des indentations aux dimensions des maillons de la chaîne, pour « attraper » la chaîne lorsqu'elle est poussée contre le pignon, l'engageant ainsi sur les dents de ce pignon. Le système est considérablement plus simple que les systèmes plus anciens comme la bicyclette à trois vitesses, mais tarda à conquérir le marché, en raison de la différence fondamentale avec tous les systèmes de changement de vitesses utilisés auparavant.
95
+
96
+ Les dispositifs de changement de vitesse, dont les leviers ont d'abord été fixés au cadre, puis au guidon, sont devenus bien plus efficaces et sophistiqués. On assiste cependant depuis la fin des années 2000 à un certain engouement pour les vélos à pignon fixe (sans vitesse et avec un seul pignon), du type de ceux utilisés dans les courses de vélodrome, mais de la part d'une clientèle citadine, pour des déplacements urbains.
97
+
98
+ Il peut aussi être utilisé via une courroie qui, contrairement à la chaîne, ne nécessite aucun entretien particulier. L'industrie du vélo propose une gamme complète de courroies qui peuvent être en caoutchouc, carbone ou kevlar. Les plateaux et pignons sont adaptés aux diverses formes de courroies[24]. La transmission par courroie n'utilise pas de dérailleur. Les vitesses peuvent être intégrées dans un moyeu sur la roue arrière ou dans le pédalier comme les pédaliers à engrenage « planétaires ».
99
+
100
+ La transmission du mouvement du pédalier à la roue peut aussi se faire grâce à un arbre de transmission ou à un joint de Cardan, associé à des engrenages, système également appelé transmission acatène (du latin signifiant « sans chaîne »). Ce système a été inventé vers 1895 et connut un certain succès[25], mais il imposait un pignon fixe et n'a pas perduré.
101
+
102
+ Depuis l'invention, en 1901, d'un moyeu arrière contenant trois paliers, par les Anglais Henry Sturmey et James Archer[26], le changement de vitesses est également possible grâce à un moyeu à vitesses intégrées. Ce système est très fréquent sur les vélos en libre-service et peut maintenant offrir jusqu'à quatorze vitesses. Des dispositifs de transmission par corde, cordelette ou « string » font aussi leur apparition[27] ; le « string Bike » est créé par le Hongrois Robert Kohlheb[28].
103
+
104
+ Cadre aluminium pour vélo enfant.
105
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+ Stringbike.
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108
+ Vélo équipé d'un arbre de transmission.
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+ Roue équipée d'un moyeu à vitesses intégrées.
111
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112
+ Transmission à courroie sur un vélo enfant.
113
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114
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
115
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116
+ L'un des plus importants organes d'un vélo est le système de freinage. Il est composé de deux poignées de frein indépendantes, commandant chacune une mâchoire venant appliquer des tampons en caoutchouc sur la jante par l'intermédiaire de câbles de frein. Les câbles sont la plupart du temps protégés dans des gaines. Certains systèmes de freinage, pour plus de performance, sont basés sur le principe du frein à disque, ou du frein à tambour, intégré dans le moyeu.
117
+
118
+ Depuis les années 1950, la plupart des systèmes de freinage sont dérivés de la conception des mâchoires à tirage latéral inventée par Campagnolo. Les deux bras de la mâchoire se resserrent lorsque le câble, fixé à l'extrémité d'un des bras et passant par l'extrémité de l'autre, est tendu. La pression des tampons appliqués par la jante s'équilibre grâce à un ressort qui répartit l'effort entre les deux bras de mâchoires.
119
+
120
+ L'usage de plus en plus fréquent de pneumatiques plus gros sur les VTT a fini par poser un problème : la jante et son pneumatique devenaient trop larges pour passer entre les mâchoires de freins. Dans un premier temps, le système cantilever a apporté une réponse à ce problème. Les bras de la mâchoire devenaient indépendants, tout en étant reliés par un câble court de répartition de l'effort de freinage. Le câble de commande vient alors se fixer au milieu du câble de répartition. Cependant ce système présente quelques faiblesses : si la fixation du câble de commande n'est pas centrée, l'effort est mal réparti entre les bras, et si le connecteur se décroche, le câble de répartition peut bloquer la roue brutalement en se coinçant dans les dessins du pneumatique, ce qui peut entraîner un accident si cela se produit sur la roue avant.
121
+
122
+ Une solution plus adaptée au problème de la largeur des pneumatiques est le v-brake. Le câble est fixé de manière à être dirigé vers le haut de manière à ne pas pouvoir retomber sur le pneumatique, et transmet en outre de bien meilleure façon la puissance de freinage impulsée par la poignée de frein, tout en étant un peu plus facile à centrer lors du montage.
123
+
124
+ Les roues sont munies de pneumatiques, ou pneus, afin d'accroître le confort du cycliste, et de diminuer les contraintes subies par la mécanique.
125
+
126
+ Les pneumatiques peuvent être fixés de deux manières sur les jantes : soit collés (on parle alors de boyaux), soit montés sur une encoche qui fait le tour de chaque côté de la jante (pneumatiques classiques). La largeur et les sculptures des pneumatiques sont adaptées en fonction de l'usage du vélo : fins et lisses pour la route, plus épais et avec de nombreux crampons pour le VTT, etc.
127
+
128
+ En Amérique du Nord et dans les autres régions où le sol gèle pendant l'hiver, il est possible d'installer des pneus dotés de pointes métalliques. Ceux-ci assurent une plus grande adhérence sur des surfaces glacées et les adeptes de ce moyen de déplacement peuvent ainsi circuler pendant tout l'hiver.
129
+
130
+ L'équipement de signalisation est principalement composé d'un éclairage actif et de réflecteurs ou catadioptres.
131
+
132
+ L'éclairage est constitué par une lampe blanche vers l'avant, une rouge vers l'arrière, le plus souvent alimentées par un alternateur, souvent improprement appelé dynamo.
133
+
134
+ Des réflecteurs destinés à compléter la visibilité du cycliste peuvent être installés. Pour la visibilité latérale, il peut s'agir de réflecteurs orangés que l'on fixe entre les rayons des roues, ou de bandes réfléchissantes blanches peintes sur les pneumatiques ou insérée entre les rayons tout contre la jante. Pour la visibilité de face et depuis l'arrière, les feux de position sont normalement doublés de réflecteurs de la même couleur et les pédales sont équipées de réflecteurs orangés.
135
+
136
+ Enfin, les vélos disposent en général d'une sonnette actionnée au guidon, et qui les distingue clairement des avertisseurs de véhicules automobiles.
137
+
138
+ Divers accessoires peuvent être ajoutés à l'équipement d'une bicyclette : garde-boue, porte-bagages, siège enfant, indicateur de vitesse, porte-bidon, pompe à vélo, porte-téléphone, etc. Le cycliste peut quant à lui porter un équipement spécifique incluant par exemple un casque de vélo, obligatoire dans certains pays.
139
+
140
+ Certains cycles Peugeot anciens sont équipés d'un antivol Neiman directement dans le cadre.
141
+
142
+ Neiman amovible sur cycle Peugeot.
143
+
144
+ Cylindre du Neiman amovible sur cycle Peugeot.
145
+
146
+ Les matériaux utilisés pour la fabrication des bicyclettes sont proches de ceux utilisés en aéronautique, l'objectif dans les deux cas étant d'obtenir une structure légère et résistante. Presque tous les vélos d'avant les années 1970 étaient faits d'un alliage d'acier et de chrome : le chromaloy (ou chromoloy). Au début des années 1980, l'aluminium connut un certain succès, notamment en raison de la baisse de son coût.
147
+
148
+ À ce jour, ce métal est probablement le plus utilisé pour des vélos de milieu de gamme. Dans le haut de gamme, on utilise la fibre de carbone et le titane, mais ces matériaux sont onéreux. Chaque type de matériau utilisé pour le cadre a ses avantages et ses inconvénients, bien que pour une géométrie de cadre donnée, l'ensemble des bicyclettes possèdent des qualités similaires dans leur comportement général.
149
+
150
+ Les différences les plus flagrantes entre matériaux apparaissent lorsqu'on compare leur tenue dans le temps, leur esthétique, leur capacité à être réparés et leur poids. Comme la rigidité du cadre dans le plan vertical, même pour un matériau très élastique, est d'un ordre de grandeur supérieur à celui de la rigidité des pneumatiques et de la selle, le confort du vélo se résume plutôt à un problème de choix de la selle, de la géométrie du cadre, des pneumatiques et de réglage général du vélo.
151
+
152
+ L'entretien courant d'un vélo consiste principalement à s'assurer de la pression et de l'état des pneumatiques, réparer les petites crevaisons, changer les patins et les câbles de freins, lubrifier les câbles de freins et les organes de transmission, nettoyer la boue et la poussière qui se déposent sur le cadre. Dans le cas où l'éclairage utilise des piles ou des batteries, il convient également de les remplacer ou de les recharger régulièrement.
153
+
154
+ À intervalles plus larges, il peut être nécessaire de dévoiler les roues voire de les remplacer, il faut aussi vérifier et remplacer les organes de la transmission (plateau de pédalier, chaîne, pignons de la roue libre) lorsque leur usure devient trop importante, ainsi que réduire le jeu du tube de direction.
155
+
156
+ Bien que réparer un vélo soit simple dans son principe, nombre de pièces sont relativement complexes et certains préfèrent déléguer la maintenance de leur engin à des professionnels. Toutefois, beaucoup de personnes préfèrent entretenir leur vélo autant que possible, que ce soit pour économiser de l'argent, ou tout simplement pour le plaisir de bricoler, par passion pour le vélo.
157
+
158
+ La diversité a toujours été présente dans l'histoire des cycles. Elle réapparaît plus clairement encore depuis la renaissance des vélos couchés. Quelques bicyclettes sont emblématiques de leur histoire, telles :
159
+
160
+ De nombreuses innovations ont transformé la bicyclette et donné lieu à l'apparition de modèles :
161
+
162
+ Certaines bicyclettes se sont spécialisées pour des usages spécifiques, notamment sportifs :
163
+
164
+ Certaines bicyclettes sont utilitaires et peuvent être utilisées pour transporter des marchandises ou des personnes, jusqu'à effectuer des déménagements : vélos cargos ou équipés de remorques[29].
165
+
166
+ Il existe enfin des bicyclettes de forme insolite, comme des vélos imitant le style des motos Harley-Davidson ou les tall bikes.
167
+
168
+ Vélo tout terrain.
169
+
170
+ BMX freestyle.
171
+
172
+ Vélo de course.
173
+
174
+ Vélos de ville en libre-service.
175
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176
+ Vélo couché de randonnée.
177
+
178
+ Tall bike.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
181
+
182
+ Pour chaque typologie, il existe une grande liberté d'expression dans les formes de constructions. De nombreux matériaux peuvent être utilisés par les designers : acier, aluminium, carbone, titane, bois, bambous, plastiques, constructions en impression 3D... Chaque élément est sujet à l'innovation, le design, l'art.
183
+
184
+ En 2013, le designer Philippe Starck présente le modèle Pibal, vélo-patinette, pour remplacer la flotte de vélos en libre-service de la ville de Bordeaux[30]. Confrontés à des fissures du cadre et des contraintes d'homologation, le fabriquant Peugeot et la ville conviennent de la destruction des Pibal en avril 2019[31].
185
+
186
+ Des véhicules dérivés de la bicyclette ont également fait leur apparition :
187
+
188
+ D'autres engins conçus sur le modèle de la bicyclette sont utilisés pour produire de l'énergie : vélos qui permettent en pédalant de recharger des appareils, pour faire de la musique (SolarSoundSystem), pour mixer des fruits (Smoocyclette), pour fabriquer de la barbe à papa[réf. nécessaire], etc.
189
+
190
+ L'apprentissage de la conduite d'une bicyclette a souvent lieu dès l'enfance. Des dispositifs spéciaux facilitent l'apprentissage par les plus jeunes enfants, par exemple l'ajout de deux petites roues latérales sur la roue arrière où l'utilisation de cannes ou de barres de remorquage qui tiennent l'enfant en équilibre. D'autres dispositifs, comme la draisienne ou le tricycle, permettent également aux jeunes enfants de s'initier à la pratique du vélo[33].
191
+
192
+ L'apprentissage pour adulte peut se faire rapidement avec des conseils adaptés. Des associations prodiguent souvent ce genre de formation[34],[35].
193
+
194
+ Le réseau paneuropéen de véloroutes et de voies vertes, en cours de constitution en 2018, permet aux cyclistes de se déplacer sans danger à travers toute l'Europe, tout en ayant un accès facilité à des lieux dignes d'intérêts. Au Québec, un projet similaire au réseau paneuropéen, la route verte, a été inauguré en 2007 et couvre le territoire habité d'est en ouest.
195
+
196
+ De nombreuses régions européennes sont aménagées à l'intention des cyclistes, bien que les différences nord-sud et ville-campagne restent importantes[réf. souhaitée]. Les Pays-Bas et le Danemark se distinguent à ce titre, les villes de Groningue et de Copenhague étant souvent citées en exemple[réf. souhaitée]. La commune néerlandaise de Giethoorn est en outre totalement libre de voitures, les déplacements se faisant à pied, à vélo ou en bateau. Aux Pays-Bas, les vélos peuvent emprunter des infrastructures réservées : ronds-points, signalisation et autoroutes permettent de traverser le pays en pédalant alors que des pistes cyclables sont également très présentes en campagne. Certaines autres municipalités développent sur leurs budgets divers projets novateurs : des pistes faites de panneaux solaires, d'autres phosphorescentes, ou des poubelles suspendues afin que les cyclistes puissent jeter leurs déchets sans s'arrêter. En Italie, à Ferrare, près d'un tiers des déplacements se font à vélo[36].
197
+
198
+ Les maires des grandes villes peuvent aider au développement de la bicyclette, en particulier en développant les aménagements cyclables. Dans le cadre de l'adaptation à la pandémie de Covid-19 en 2020, plusieurs grandes villes du monde ont ainsi soudainement ouvert de larges pistes pour désengorger les transports en commun et éviter le recours généralisé à la voiture, qui congestionnerait les voies et s'accompagnerait d'un pic de pollution[37]. Cette « reprise durable, à bas carbone » passe aussi par la piétonisation de quartiers. « La façon dont nous structurons nos efforts de récupération définira nos villes pour les décennies à venir », explique le maire de Milan, les initiatives à court terme ayant le potentiel pour perdurer ; « notre reprise économique doit aller de pair avec notre reprise sociale », indique également le maire de Montréal. Daisy Narayanan, de Sustrans, synthétise : « Covid-19 a souligné les rapports entre qualité de nos lieux de vie, santé publique, économie, transport, enseignement, qualité de l'air et justice sociale ».
199
+
200
+ Avec plus d'un milliard et demi de bicyclettes circulant sur la planète, le vélo est toujours le moyen de transport le plus utilisé au monde. L'apparition du vélo aurait provoqué ou accéléré plusieurs évolutions de société. Néanmoins, le nombre moyen de kilomètres parcouru par personne et par an varie fortement selon les régions et les pays.
201
+
202
+ Sous sa forme à deux roues avec un cadre composé de deux triangles dos à dos, la bicyclette (quasiment identique à celle que nous utilisons maintenant) a procuré aux femmes une mobilité sans précédent, facilitant ainsi leur émancipation. Dans les années 1890, l'engouement pour le cyclisme chez les femmes a été à l'origine de la création d'une mode de vêtements[38] comme les jupes-pantalons qui ont aidé les femmes à se libérer du corset et d'autres vêtements contraignants.
203
+
204
+ La bicyclette a été utilisée par différentes armées dans des régiments d'infanterie cycliste.
205
+
206
+ Historiquement, en ville, en Europe mais surtout en Chine et dans certains pays d'Asie du Sud-Est, les bicyclettes ont réduit la concentration de population du centre-ville, en donnant aux travailleurs un moyen d'effectuer des déplacements pendulaires entre les habitations individuelles en banlieue proche et les lieux de travail en ville. Le recours aux chevaux a également diminué dans la même période. La bicyclette, combinée aux congés, a permis aux gens de voyager dans leur pays d'origine, avec une grande autonomie, à une époque où l'automobile restait un moyen de transport onéreux accessible seulement aux classes supérieures.
207
+
208
+ Tous les deux ans depuis 2007, le site Copenhagenize.com dresse un classement des villes où la part modale du vélo est la plus importante. En 2017, les dix premières villes étaient : Copenhague, Utrecht, Amsterdam, Strasbourg, Malmö, Bordeaux, Anvers, Ljubljana, Tokyo et Berlin[39].
209
+
210
+ En France, dans les années 2000, une proportion croissante de la population utilise la bicyclette comme moyen de transport sur de courtes distances[40],[41], particulièrement dans des villes densément peuplées où l'usage de l'auto est rendu moins intéressant par la congestion de la circulation, la faible vitesse moyenne[42] et les coûts d'usage et de stationnement. Ainsi, par exemple, le nombre de trajets effectués quotidiennement à vélo par les Parisiens représente-t-il en 2010 un tiers de leurs trajets réalisés en voiture[21]. Cette tendance s'est accélérée avec le processus de vieillissement de la population[réf. souhaitée].
211
+
212
+ De plus en plus de municipalités construisent maintenant des aménagements cyclables, comme les pistes ou des bandes réservées, pour faciliter et favoriser l'usage du vélo, tant comme moyen de locomotion au quotidien que comme loisir. L'intermodalité entre les transports progresse également, avec le développement de systèmes d'accrochage de vélos dans les bus, les trains, etc.
213
+
214
+ La bicyclette est toujours l'un des véhicules individuels les plus utilisés dans de nombreux pays en développement[réf. souhaitée].
215
+
216
+ Le vol, assez fréquent en France et particulièrement dans les grandes villes, a conduit à la mise en place de meilleurs moyens antivols. Ainsi, le marquage des vélos par gravure d'un Bicycode sur le cadre[43] et le fichage des vélos volés ont-ils été mis au point en 2004 par la FUB et permettent de dissuader le vol ou de retrouver le propriétaire d'un vélo volé. Les antivols sont quant à eux régulièrement évalués et les données des tests mises à disposition[44],[45]. Enfin, de nombreux parcs à vélos s'équipent d'arceaux, de garages ou de consignes à vélo.
217
+
218
+ La fabrication industrielle des bicyclettes avec cadre en double triangle dos à dos a nécessité la mise au point de techniques avancées dans le travail du métal, ainsi que l'invention de composants comme le roulement à billes et les engrenages. Ces inventions et techniques ont permis plus tard de développer des pièces mécaniques qui seront utilisées dans les premières automobiles et en aéronautique. Un exemple d'une telle évolution est celui des frères Orville et Wilbur Wright, qui avaient débuté en tant que fabricants de bicyclettes.
219
+
220
+ L'usage du vélo a entraîné l'organisation sur le plan politique des cyclistes et des amateurs de bicyclette, sous forme de groupes de pression, pour promouvoir auprès des institutions la création d'un réseau routier revêtu, bien entretenu et cartographié.
221
+
222
+ Tant le modèle d'organisation de ces groupes de pression que celui des routes elles-mêmes facilita plus tard le développement de l'usage d'un autre véhicule à roues : l'automobile. Dans certaines sociétés occidentales, la bicyclette fut reléguée après la Seconde Guerre mondiale au rang de jouet pour les enfants, et il en fut ainsi durant plusieurs années, notamment aux États-Unis. Dans certains pays occidentaux, en particulier au Danemark et aux Pays-Bas, la bicyclette est toujours très utilisée comme moyen de transport.
223
+
224
+ La défense du vélo et du mode de vie cyclable a pu donner à certains philosophes et auteurs le qualificatif de « vélosophes ». La vélosophie renverrait à la dimension spirituelle que permet la pratique du vélo. Ainsi, pour Jean-François Balaudé[46], philosophe et président de l'université Paris-Nanterre et adepte de la bicyclette, le vélo constitue « une sorte de métaphysique incarnée » car il s'agit d'un sport ou d'un mode de déplacement caractérisé par une vitesse modérée, dénué de chocs et de traumatismes, fondé sur la réitération d'un mouvement circulaire, propice à la méditation. Balaudé parle d'un « éveil à la fois physique et cérébral ». Le vélo porte des valeurs écologiques et sociales à l'opposé de celles de la voiture, qui pour lui favorise la généralisation de comportements agressifs dans l'espace public. Pour les penseurs de la « vélosophie », il s'avère donc un élément central des politiques publiques de développement soutenable mais aussi de coexistence sociale. La vélorution (mot-valise mêlant vélo et révolution) est un mouvement dont le but principal est de promouvoir l'utilisation des moyens de transports personnels non polluants (bicyclette, patin à roulettes, planche à roulettes) et de dénoncer la place réservée à l'automobile dans les sociétés industrielles, son emprise dans l'espace urbain, rejoignant des préoccupations proche des mouvements de la décroissance et du convivialisme.
225
+
226
+ Eloigné de ce folklore, et selon une approche d'inspiration individualiste, le philosophe Christophe Salaün remarque, dans son Éloge de la roue libre, que la pratique du vélo invite chacun à expérimenter trois conditions essentielles : celle de la volupté, celle de la vertu et celle de la contemplation du monde, « le vélo étant tour à tour et tout autant, un hédonisme, une éthique de l’effort, et une approche esthétique du monde » (p. 16-17). Il interroge également le rapport que nous avons avec les objets techniques – le vélo renvoyant à une forme de « compagnonnage », voire de lien intime avec l'univers des machines (p. 47-63). Il traduit enfin un rapport au monde « non invasif », « discret », qui effleure le monde au lieu de le consommer (p. 107).
227
+
228
+ Le vélo est un moyen de déplacement économe en énergie, peu dangereux et occupant peu d'espace. Il a une faible empreinte écologique. En milieu urbain, pour les déplacements courts, il est une bonne alternative à l'automobile. Pour les déplacements plus longs ou pour se rendre à son travail, toujours en milieu urbain, il constitue un excellent complément aux transports en commun, car il démultiplie l'aire desservie[réf. nécessaire].
229
+
230
+ Les vélos en libre-service, vélo-taxis, vélos cargos (triporteurs utilitaires multi-fonctions convenant au transport et aux livraisons comme aux activités de propreté ou à la vente ambulante[47]) et le déménagement à vélo sont d'autres exemples d'alternatives écologiques et d'écomobilité.
231
+
232
+ Une étude sur la décarbonation de la mobilité dans les zones de moyenne densité de population, c'est-à-dire périurbaines proches, est publiée en 2020 par The Shift Project, que préside Jean-Marc Jancovici. Il en ressort qu'une politique volontariste permettrait de réduire de 60 à 70 % les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports, sur dix ans. Le vélo, à lui seul, contribuerait à réduire de 15 à 30 % ces émissions, suivi du covoiturage, des transports en commun, de la distribution optimisée des achats et du télétravail[48].
233
+
234
+ La pratique du vélo apporte des bienfaits en matière de santé publique, parce qu'il s'agit d'une activité physique d'intensité moyenne, idéale pour réduire les risques de maladies cardiovasculaires. La pratique quotidienne du vélo est également recommandée par l'Organisation mondiale de la santé[49] ou la Commission européenne dans la lutte contre l'obésité[50]. Aux Pays-Bas, une étude commandée par le ministère néerlandais des Transports montre que dans ce pays un travailleur sur trois va régulièrement au travail à vélo. Ceux qui utilisent un vélo tous les jours ouvrés sont statistiquement moins souvent malades et donc plus rentables pour leurs employeurs. Si l'on considère que les deux autres tiers rassemblent des personnes en moins bonne santé, celles-ci se porteraient mieux en pratiquant le vélo. Le ministre a prévu à la suite de cette étude 70 millions d’euros en 2009 pour aménager des pistes cyclables facilitant les trajets domicile-travail et pour des mesures d’accompagnement des cyclistes (augmentation des parcs à vélos sécurisés dans les gares)[51].
235
+
236
+ Le transport à vélo présente plusieurs avantages sur les autres modes de transport. Une étude du ministère de l'Environnement français souligne l'intérêt sanitaire de développer une politique en faveur des déplacements domicile-travail à vélo :
237
+
238
+ L'utilisation du vélo comporte aussi des risques, tels que les accidents de circulation ou l’exposition aux polluants atmosphériques. Malgré l'amélioration de la qualité de l’air respiré par rapport aux automobilistes, l’exposition aux polluants atmosphériques lors du déplacement à vélo est supérieure à celle des piétons. Le cycliste n'est cependant pas toujours moins exposé aux polluants de l'air que les autres usagers de la route[53]. Même sur une route circulante, les concentrations de gaz et de particules peuvent être inférieures aux concentrations dans les voitures parce que le cycliste roule sur le côté de la chaussée et parce que la prise d'air des véhicules est généralement plus proche des pots d'échappement que ne l'est le nez du cycliste. Sa position surélevée lui permet d'échapper à certains polluants qui sont plus lourds que l'air. Néanmoins, la plupart des études montrent que les différences en matière de concentrations de particules dépendent très fortement de l’endroit où les mesures sont prises. Si on prend en compte l’aspect respiration dû à l’effort physique que fournit le cycliste lors de son déplacement, il y a de très fortes différences vélo-voiture en ce qui concerne les quantités de pollution inhalées. Le cycliste inhale un volume d’air 4,3 fois supérieur à celui inhalé par l’automobiliste, ce qui augmente significativement l’exposition du cycliste aux émissions de polluants générées par la circulation et cela peut provoquer des effets (semble-til peu importants) sur sa santé[53],[54]. En outre, les cyclistes peuvent profiter de leur flexibilité pour explorer des parcours qui évitent les grands axes de circulation[55].
239
+
240
+ Ce gain en matière de santé est toutefois partiellement contrebalancé par le risque d'accident, variable d'un pays à l'autre. Les pays comptant le plus de cyclistes sont les moins dangereux pour les cyclistes. Selon une étude anglaise publiée en 2007 et comparant les risques encourus par des cyclistes âgés de dix à quatorze ans dans huit pays, les Pays-Bas et la Norvège sont les pays les plus sûrs, suivis de la Suisse et de l'Allemagne[56]. Des parts modales élevées de cyclistes sont généralement corrélées avec de faibles risques d’accidents graves à vélo, selon le principe de « sécurité par le nombre »[57]. Des différences spatiales fortes concernant le risque d’accident à vélo sont observées en Europe[58]. En queue de classement, on trouve la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande. Les usagers de la route sont disciplinés dans ces pays, mais le cyclisme y est peu répandu. Le surcroît d'accidents proviendrait du fait que les automobilistes n'ont pas suffisamment l'habitude de côtoyer des cyclistes.
241
+
242
+ Ces résultats confirment ce que d'autres chercheurs, notamment suédois et américains[59], postulent depuis le début des années 2000 : si on multiplie le nombre de cyclistes par dix, le nombre d'accidents les concernant n'est multiplié « que » par quatre. Il serait donc souhaitable que leur nombre augmente pour améliorer leur sécurité.
243
+
244
+ En Suisse, pays au relief accidenté, chaque année, deux fois moins de personnes meurent à vélo qu'à moto[60] alors que les cyclistes effectuent davantage de déplacements que les motards (la statistique inclut les scooters dès 125 cm3 parmi les motos). Par kilomètre parcouru, les motards et scootéristes sont 18 fois plus exposés à un accident mortel que les automobilistes, les cyclistes sept fois plus, et les piétons six fois. Si l'on calcule le risque de décès par heure, se déplacer à vélo reste plus risqué que de rouler en voiture, mais l'heure de vélo est sept à huit fois moins dangereuse que l'heure de moto ou de scooter.
245
+
246
+ Au Royaume-Uni, une étude du département des transports a estimé à 30,9 le nombre de morts par milliard de kilomètres parcourus à vélo, contre 35,8 piétons et 122 motocyclistes pour la même distance[61].
247
+
248
+ Le sous-enregistrement des accidents légers est également confirmé par plusieurs chercheurs : les cyclistes ne déclarent pas systématiquement les accidents qui les impliquent, malgré le fait que le coût total moyen d’un accident léger à bicyclette s’élève à un peu plus de 800 €[62],[57].
249
+
250
+ Ce qui réunit cyclistes et motards, c'est que dans la plupart des accidents les concernant, une automobile est impliquée et c'est l'automobiliste qui est fautif (refus de priorité, heurt par l'arrière). Les cyclistes sont moins exposés que les motards car ils roulent moins vite, ils entendent mieux les bruits de leur environnement, et leur véhicule est plus léger.[réf. nécessaire]
251
+
252
+ Dans la plupart des pays, des guides sont disponibles, qui rappellent les consignes de prudence et bonnes pratiques[63]. Le port du casque, en particulier, est sujet à controverse : son obligation serait largement contre-productive, en faisant baisser le nombre de cyclistes. Or, une augmentation du nombre de cyclistes entraîne une baisse du taux d'accidents, car les automobilistes sont plus « habitués » à leur présence. Il faudrait donc passer davantage par des circulations plus « douces » et un mode de conduite « apaisé », plutôt que par une profusion de protections pour les cyclistes[64].
253
+
254
+ Au Danemark, une étude tenant compte de tous les points positifs et négatifs liés à la pratique du vélo a montré que le risque de mourir dans l'année est réduit d'un tiers chez les personnes qui se rendent au travail à vélo, comparé à celles qui utilisent un autre moyen de transport[65]. L'activité physique quotidienne apporte donc un gain plus important que le risque d'accident.
255
+
256
+ Compte tenu des effets positifs de la bicyclette pour l'environnement et la santé, le 18 avril 2018, l'Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution faisant du 3 juin la « journée mondiale de la bicyclette »[66],[67]. En 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l'ONU encourage ce jour-là les États membres à développer une culture de la bicyclette, pour ses bienfaits en matière de santé et d'environnement, mais aussi comme un moyen de répondre aux défis que pose la reprise des activités après le passage de la pandémie[68].
257
+
258
+ En France, le décret no 95-937 d'août 1995 relatif à la prévention des risques résultant de l'usage des bicyclettes précise la nature d'un vélo : « On entend par bicyclette tout produit comportant deux roues et une selle, et propulsé principalement par l'énergie musculaire de la personne montée sur ce véhicule, en particulier au moyen de pédales »[69]. Des conseils et la réglementation concernant le cycliste se trouvent sur le site du ministère de l'Intérieur[70].
259
+
260
+ Dans certains pays (Pays-Bas, Belgique) et depuis peu en France (2016, pour certains cyclistes, dans le cadre d'une expérimentation ou du volontariat de certains employeurs), a été mise en place une indemnité kilométrique vélo (IKV) et/ou des avantages fiscaux encourageant l'usage du vélo.
261
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262
+ En France, en 2017, l'atelier « Mobilités plus propres » des Assises nationales de la mobilité a rappelé que la stratégie nationale de mobilité propre prévoyait à l’horizon 2030 […] de fixer au vélo une part modale de 12,5 % minimum. « L’opportunité du Vélo à assistance électrique doit être saisie en changeant d’échelle dans la mise en œuvre d’itinéraires de qualité, l’équipement en pistes cyclables et en parkings sécurisés pour vélos, notamment dans les pôles d’échanges intermodaux. » La création d’un fonds vélo a été évoquée pour financer de nouveaux itinéraires cyclables et aider à l'achat de VAE. En décembre 2017, la ministre des Transports Élisabeth Borne a annoncé une indemnité kilométrique vélo obligatoire[71] et la création d’un Plan vélo national qui « abordera l’ensemble des dimensions de ce sujet : santé publique, infrastructures, éducation, fiscalité… »
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+ Deux grands salons se tiennent annuellement, présentant les nouveautés de l'industrie mondiale du cycle : Eurobike pour l'Europe (fin août, en Allemagne), et Interbike pour les États-Unis, en septembre à Las Vegas. Beaucoup d'autres salons existent, dans différents pays, mais ils sont de moins grande taille, pas tous annuels et présentent seulement les produits de quelques pays[réf. souhaitée].
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+ Le vendredi est le cinquième jour de la semaine si l'on considère que la semaine commence le lundi et le sixième si l'on considère que la semaine commence le dimanche. Le mot vendredi est issu du latin Veneris dies, signifiant « jour de Vénus », le nom de Vénus au génitif en latin étant Veneris[1],[2]. Les autres jours de la semaine sont lundi, mardi, mercredi, jeudi, samedi, et dimanche. La norme ISO 8601 code donc le vendredi par le chiffre 5.
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+ Certains pays de la romanité utilisent un composé basé sur l'ordre des mots inverses diem Veneris, attesté également en ancien français et en ancien wallon sous la forme divendres. L'occitan conserve la forme divendres (voire d'autres formes dialectales, en plus de la forme générale, vivaro-alpin lo vèndres, provençal vendres), catalan divendres (espagnol viernes). Le portugais se distingue réellement des autres langues romanes par l'utilisation d'une expression particulière sexta-feira.
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+ Le breton utilise également la référence à Vénus, car vendredi s'y traduit par digwener ou gwener. C'est la même chose pour le gallois dydd Gwener, autre langue celtique.
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+ Dans les pays de langue germanique, il est le jour de la déesse Frigg, Frîja, Frea (vrijdag en néerlandais, Freitag en allemand, Friday en anglais, etc.), qui est en quelque sorte l'équivalent de la déesse Vénus.
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+ Le vendredi est un jour particulier pour trois religions.
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+ La région de la Vénétie[1] (en italien : Regione Veneto /ˈvɛːneto/, en vénitien : Rejón del Vèneto) est une région du nord-est de l’Italie. Elle compte environ 5 millions d'habitants, étant la cinquième région la plus peuplée du pays, sur un territoire de 18 391 km2. Sa capitale est Venise (en vénitien : Venessia, en italien : Venezia).
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+ Avec 18 391 km2, la Vénétie est la huitième région italienne. Elle est délimitée à l'est par la région du Frioul-Vénétie Julienne, au nord-ouest par le Trentin-Haut-Adige, à l'ouest par la Lombardie, au sud par l'Émilie-Romagne et à l'est par la mer Adriatique[2]. Dans son extrémité septentrionale, la Vénétie est limitrophe de l'Autriche.
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+ Le point le plus septentrional est la Cima Vanscúro, près des confins autrichiens, tandis que la Punta di Goro, dans le delta du Pô, est le point le plus méridional de la région.
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+ Du point de vue morphologique, la Vénétie peut être divisée en plusieurs zones :
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+ La Vénétie est divisée en sept provinces ; la province de Belluno est la plus grande en superficie et la province de Padoue, la plus peuplée.
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+ Pendant l'Antiquité, la Venétie fut une des onze régions de l'Italie romaine (Regio X Venetia et Histria) d'après le découpage administratif de la péninsule prévu par Auguste en l'an 7.
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+ Après la fin de l'Empire d'Occident, la Vénétie passa sous l'autorité de l'Empire d'Orient, avant d'acquérir une indépendance de facto.
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+ Par la suite, le territoire régional appartint pendant des siècles à la République de Venise.
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+ En 1797, après environ un millénaire d'indépendance, la république fut conquise par Napoléon Bonaparte au terme de la campagne d'Italie et cédée à l’Autriche avec le traité de Campo-Formio. Après la défaite autrichienne d’Austerlitz et le traité de Presbourg, la Vénétie devint partie du Royaume napoléonien d’Italie (1805). Elle fut rendue à l’Empire d'Autriche en 1815. En conséquence de la troisième guerre d'indépendance italienne, grâce à la victoire des alliés prussiens contre l’Autriche (Bataille de Sadowa, 1866), la Vénétie (avec le Frioul) fut cédée par l'Autriche à l'empereur Napoléon III qui la rétrocéda à son tour à l'Italie.
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+ La Vénétie fut le théâtre de plusieurs batailles pendant la Première Guerre mondiale. La bataille de Vittorio Veneto scella la victoire italienne contre l’Autriche-Hongrie. L’armistice fut signé à Villa Giusti, près de Padoue. Elle fut amputée de sa partie orientale en 1945 avec la création d'une nouvelle région, le Frioul-Vénétie Julienne, afin de donner un « arrière-pays » à la ville de Trieste à la suite de l'annexion de l'Istrie par la Yougoslavie de Tito.
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+ Jusqu’au début des années 1970, la Vénétie, région pauvre et agraire, fut une terre d’émigration massive. Entre 1870 et 1970, plus de 3 millions de Vénètes abandonnèrent leur patrie pour chercher une meilleure qualité de vie, émigrant surtout vers l’Amérique du Sud et après la Seconde Guerre mondiale aussi vers les pays les plus développés de l’Europe (France). Beaucoup d’entre eux émigrèrent vers d'autres régions d’Italie (Marais Pontins, les centres industriels du nord-ouest, Milan, Turin et Gênes).
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+ À partir des années 1970, grâce à l’industrialisation massive, la Vénétie se transforma en terre d’immigration, au début de l’Italie du Sud, depuis une quinzaine d’années surtout de l’étranger. Aujourd’hui, plus de 350 000 citoyens étrangers habitent dans la région, c’est-à-dire 7,3 % de la population régionale.
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+ Outre l’italien, la majorité de la population parle vénitien. Il y a des minorités linguistiques ladines dans la province de Belluno et frioulanes dans la zone de Portogruaro. La région ne jouit pas d’un statut spécial d’autonomie, contrairement à ses voisins du Trentin-Haut-Adige et du Frioul-Vénétie Julienne. C’est pourquoi beaucoup de communes limitrophes de ces territoires ont organisé des référendums visant le rattachement aux régions autonomes avec statut spécial, lesquelles disposent d'un régime fiscal privilégié.
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+ Région traditionnellement conservatrice et plutôt religieuse, la Vénétie a été pendant une quarantaine d'années un bastion de la Démocratie chrétienne. Depuis la disparition de celle-ci, la région a été gouvernée par des coalitions de centre-droite. L'actuel président de la région est Luca Zaia, au pouvoir depuis 2010. Au niveau municipal, en revanche, certaines de ses villes majeures sont gouverné par des coalitions de centre-gauche (Padoue, Belluno, Bassano del Grappa, Feltre).
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+ En raison du passé de Venise, les tendances autonomistes sont très prononcées. La Ligue du Nord - Ligue Vénitienne (Lega Nord-Liga Veneta), est très populaire. D'autres petits partis comme la Ligue Vénétie République (Liga Veneta Repubblica), Projet nord-est (Progetto Nordest) et Indépendance vénète (Indipendenza Veneta) sont implantés en Vénétie, pour laquelle ils réclament l'autonomie, voire l'indépendance.
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+ Le Conseil régional de Vénétie est l'organe représentatif de la population. Il se compose de cinquante-et-un membres élus pour cinq ans.
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+ La junte constitue l'exécutif de la région. Elle est dirigée par le président et comporte onze autres membres.
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+ La Vénétie est aujourd'hui une des régions les plus riches d’Italie, ayant su se transformer de région agraire en région industrielle.
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+ Pourtant l’agriculture joue un rôle important dans l’économie régionale. La Vénétie est une importante région viticole : Soave, Valpolicella, Amarone della Valpolicella et Prosecco sont les vins les plus connus.
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+ Le radicchio est un autre produit typique de l’agriculture vénète.
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+ L’industrie est caractérisée par des petites et moyennes entreprises. Dans la ville métropolitaine de Venise, il y a des raffineries de pétrole, des chantiers navals et des usines chimiques. Noale, dans la même province, est le siège du constructeur des motocyclettes Aprilia. Trévise, celui du constructeur de petit électro-ménager De'Longhi. À Porto Tolle (province de Rovigo) se trouve la plus grande centrale thermoélectrique d’Italie. L’industrie textile et de la mode est très forte dans la région : Marzotto, Benetton, Geox, Lotto , Diesel , Calzedonia y ont leur quartier général. Luxottica, le plus grand producteur mondial de lunettes, a son siège à Agordo, dans la province de Belluno.
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+ Le tourisme est une ressource fondamentale pour l’économie de la Vénétie, qui est la première région touristique italienne, avec 60 millions d’arrivées en 2007. Venise et les autres chefs-lieux de province, ainsi que les localités plus petites, Cortina d’Ampezzo et d'autres stations de sports d'hiver et d'été dans les Dolomites, la station thermale d’Abano Terme, Peschiera et Malcesine au bord du lac de Garde, les plages adriatiques de Rosolina Mare, Sottomarina, Lido di Venezia, Lido di Jesolo, Eraclea Mare, Caorle et Bibione, et les villas de Palladio attirent des millions de visiteurs.
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+ En comparaison avec le produit intérieur brut par habitant de l’Union européenne, la Vénétie dépasse la moyenne de 21,5 % (Vénétie : 121,5, UE : 23 500), avec 28 700 €[3]. En termes de produit régional brut, la Vénétie est la troisième région italienne, après la Lombardie et le Latium, avec 135 milliards d’euros. Le taux de chômage est de 4,2 %.
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+ Pont de la Liberté.
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+ Ca' d'Oro.
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+ Chiesa del Redentore.
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+ Arche scaligere.
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+ Piazza delle Erbe.
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+ Padoue : la ville de saint Antoine de Padoue, avec un jardin botanique patrimoine mondial de l'UNESCO.
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+ Vicence, connue par les constructions de Palladio.
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+ Belluno, chef-lieu sur les montagnes.
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+ République bolivarienne du Venezuela
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+ (es) República Bolivariana de Venezuela Écouter
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+ 10° 29′ 28″ N, 66° 54′ 07″ O
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+
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+ modifier
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+ Le Venezuela[4],[5] ou Vénézuéla[6],[7],[8] [venezɥɛla][a] Écouter (en espagnol : [beneˈswela][b] Écouter), en forme longue la république bolivarienne du Venezuela, en espagnol República Bolivariana de Venezuela, nom officiel en l'honneur de Simón Bolívar, est une république fédérale située dans la partie la plus septentrionale de l'Amérique du Sud, bordé[9] au nord par la mer des Caraïbes, à l'est-sud-est par le Guyana, au sud par le Brésil, au sud-sud-ouest et à l'ouest par la Colombie.
12
+
13
+ La langue nationale du Venezuela est l'espagnol et sa capitale et principale métropole est Caracas. Sa population est composée essentiellement de métis. Le Venezuela est une puissance énergétique majeure avec des réserves prouvées de 302 milliards de barils de pétrole[10], ce qui en fait le premier pays au monde dans le classement par réserves de pétrole prouvées devant l'Arabie saoudite, mais près des trois quarts de ces réserves (224 milliards de barils) sont des sables bitumineux[11], dont l'exploitation est malaisée et très polluante.
14
+
15
+ Le pays est riche d'autres matières premières – gaz, ressources hydrauliques avec le barrage de Guri, le 4e plus important au monde, avec une puissance installée de quelque 10 200 MW – d'une importante diversité géographique et d'une mégadiversité remarquable. Sa devise est Dios y Federación (« Dieu et Fédération ») et son hymne le Gloria al Bravo Pueblo (« Gloire au Peuple Brave »).
16
+
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+ Le Venezuela est membre de l'ONU, de l'OPEP et de l'ALBA. Il est actuellement suspendu du Mercosur, dont il est membre de plein droit.
18
+
19
+ En 1499, une expédition menée par Amerigo Vespucci et Alonso de Ojeda explore cette région pour la première fois (côte nord-ouest). Elle découvre des indigènes (dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagotos), vivant principalement d'agriculture et de chasse, installés le long de la côte, de la Cordillère des Andes et du fleuve Orénoque. Les maisons sur pilotis des Indiens du golfe de Maracaibo font penser à une petite Venise, Venezziola, ce qui donne le nom du pays[12].
20
+
21
+ Le 3 août 1498, Christophe Colomb nomme Isla de Gracia (« Île de Grâce ») cette terre sur laquelle il débarque et qu'il prend pour une île[13], qu'il surnomme Tierra de Gracia (« Terre de Grâce ») lors de son troisième voyage, surnom qui est encore utilisé pour désigner le pays.
22
+
23
+ Une autre version affirme que le nom Venezuela a pour origine un vocable indigène[14]. Une première preuve vient de Martín Fernández de Enciso, membre de l'expédition de Vespucci et Ojeda. Dans son livre Summa de Geografía édité en 1519, il affirme que l'expédition a rencontré une population indigène qui se nomme elle-même Veneçiuela, ce qui suggère que le nom Venezuela a pu dériver de ce nom local : « Desdel cabo de Sant Romá al cabo de Coquibacoa ay tres isleos en triángulo. Entre estos dos cabos se haze un golfo de mar en figura quadrada. E al cabo de Coquibacoa entra desde est golfo otro golfo pequeño en la tierra cuatro leguas. E al cabo del a cerca dela esta una peña grande que es llana encima della. Y encima de ella está un lugar d'casas de indios que se llama Veneçiuela. Esta en X grados. »[15]
24
+
25
+ Une seconde preuve vient d'Antonio Vázquez de Espinosa, moine espagnol, qui écrit dans son ouvrage Compendio y Descripcion de las Indias Occidentales (1629) : « Venezuela en la lengua natural de aquella tierra quiere decir Agua grande, por la gran laguna de Maracaibo que tiene en su distrito, como quien dice, la Provincia de la grande laguna. »[16]
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+ À l'époque précolombienne, le territoire de l'actuel Venezuela est habité par plusieurs peuples dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagotos.
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+
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+ Christophe Colomb est le premier conquérant au service de l'Espagne à atteindre cette région le 3 août 1498, lors de son troisième voyage. Au début du XVIe siècle, les Espagnols commencèrent à coloniser les îles et les régions côtières. L'un des premiers établissements coloniaux du Venezuela est la ville — aujourd'hui disparue — de Nueva Cadiz dans l'île de Cubagua. Les villes Cumaná et Coro, fondées en 1515 et en 1527, sont les premières colonies d'importance dans le pays.
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31
+ Le premier trait historique d'une colonisation du territoire vénézuélien est allemand avec la famille Welser originaire d'Augsbourg. Avec l'accord du régime impérial basé à Vienne, Bartholomé Welser commence cette entreprise et il finance les expéditions pour la recherche d'or et le mythique Eldorado. Cette première colonisation de plusieurs gouvernants allemands ne dure que 28 ans et est abandonnée en 1556.
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+ Ce sont les Espagnols qui, au cours des trois siècles suivants, réalisèrent la colonisation et l'administration de l'actuel territoire vénézuélien, notamment à travers les cabildos coloniaux.
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+ Plusieurs conspirations contre les représentants de la couronne espagnole précédent les guerres d'indépendance.
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+ À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, inspirés par les révolutions américaines, françaises et haïtiennes, les futurs héros de la nation incarnent un effort d'émancipation et d'indépendance des colonies espagnoles en Amérique.
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+ Le 19 avril 1810, une assemblée est formée à la suite de la destitution de Vicente Emparan par l'intermédiaire de l'Acte du 19 avril 1810, gouverneur de la capitainerie générale du Venezuela.
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+ Le 5 juillet 1811, le Venezuela se déclare indépendant et cela déclenche la réaction de la couronne espagnole. Simón Bolívar est le grand leader de ce mouvement et des luttes pour la construction d'une nouvelle nation.
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+ Le 15 février 1819, à Angostura, aujourd'hui Ciudad Bolívar, est réuni un congrès constituant pour la nouvelle République. La république de Colombie, ou Grande Colombie, est un État défini par le Congrès d'Angostura, dans le territoire du vice-royauté de Nouvelle-Grenade de l'Empire espagnol. Celui-ci comprend les territoires des quatre pays actuels que sont la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela.
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+ Des intérêts vénézuéliens et les vastes distances entre les départements de la nouvelle République font éclater le rêve de Bolivar et redéfinissent les territoires comme les territoires de pays bien distincts. Au Venezuela, le plus charismatique de ses généraux, le général José Antonio Páez, est à la tête des revendications et de la séparation définitive en 1831.
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+ Lui et d'autres caudillos militaires réalisent la conquête du pouvoir au cours des années qui suivent.
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+ Au cours du XIXe siècle, le Venezuela traverse des difficultés qui finissent par causer le plus grand conflit interne que le pays ait connu : la « guerre fédérale », également connue sous le nom de « Grande guerre » (1859-1863). Les libéraux représentent les régions caféières de l'est du Venezuela, plus modernistes et connectées au commerce international. Ils sont aussi appelés « fédéralistes » car ils veulent une plus grande autonomie pour les provinces, s'opposent au parti conservateur, accusé de monopoliser les postes de gouvernement et la propriété foncière, et d'opposer l'intransigeance à toute velléité de réforme.
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+ C'est la plus grave et la plus sanglante des guerres civiles au Venezuela depuis l'indépendance. Sous la forme de guérilla, elle cause près de deux cent mille morts, souvent du fait de la faim ou de la maladie, dans un pays d'un peu moins de deux millions d'habitants.
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+ Le Venezuela apparaît alors comme une addition d'enclaves autour des ports du commerce international. Caracas détient le port La Guaira, desservi par le chemin de fer, Valencia a Puerto Cabello, tandis que Maracaibo constitue elle-même une enclave, reliée par le réseau fluvial au Lac Maracaibo et aux régions caféières des Andes, comme Táchira, proche de la Colombie caféière. Le triomphe des fédéralistes sur les conservateurs s'obtient au prix le plus coûteux en vies perdues, en dévastations et pertes matérielles.
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+ Le libéralisme jaune est le nom de la période qui succède à la guerre civile et sous laquelle Antonio Guzman Blanco modernise le pays et lui donne son ordre définitif.
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+ Après les régimes militaires et dictatoriaux, le Venezuela change véritablement en 1935 après la mort du général Juan Vicente Gómez, chef d'État pendant 27 ans. L'exploitation pétrolière commence en 1917. Les compagnies multinationales arrivent en 1922. Ces événements majeurs bouleversent l'activité économique du pays. Le Venezuela, pays neutre lors du premier conflit mondial, officialise son soutien aux pays alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.
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59
+ La démocratie commence à s'installer à partir de 1958. Le Parti communiste reste cependant interdit et la gauche légale subit une répression constante qui conduit aux assassinats de ses dirigeants[17], tandis que des mouvements de guérilla communistes ou castristes sont actifs dans les années 1960 et 1970 (Forces armées de libération nationale en particulier).
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61
+ En 1950, le Venezuela est classé au 4e rang mondial par rapport au PIB par habitant, derrière les États-Unis, la Suisse et la Nouvelle-Zélande[18]. Cette aubaine poussée par les revenus pétroliers croissants se prolonge jusqu'à la fin des années 1980, date à laquelle le pays est encore considéré comme le plus riche d'Amérique Latine; en 1976 l'agence de notation Moody’s note la dette du Venezuela Aaa, la meilleure note possible[19].
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63
+ Le pétrole est une véritable manne pour le Venezuela, qui se lance dans d'ambitieux projets d'État comme le pont du Général Rafael Urdaneta (deuxième plus grand d'Amérique Latine), la centrale hydroélectrique de Guri (quatrième plus grande au monde), ou encore les tours jumelles de Parque Central (les plus grandes d'Amérique Latine entre 1979 et 2003, avec 225 m de hauteur); et bénéficie d'importants investissement privés, notamment américains, par exemple la raffinerie d'Amuay (deuxième plus grande au monde).
64
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65
+ Dans les années 1980, le Venezuela est contrôlé par une coalition rassemblant les principaux partis de cette époque : l'Action démocratique (AD, Acción Democratica, social-démocrate), le COPEI (social-chrétien) et l’Union républicaine et démocratique (Unión Republicana Democrática). Les 27 et 28 février 1989, le peuple se soulève à Caracas et aux alentours, à la suite d'une explosion des tarifs, notamment des transports en commun, et des réformes économiques inspirées par le néolibéralisme, à la suite d'accords avec le Fonds monétaire international. Le deuxième jour, le président Carlos Andrés Pérez déclenche le plan Avila et envoie l'armée contre la population révoltée, tuant plus de 3 000 personnes en quelques jours[17].
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+ En 1992, dans un pays où les couches populaires sont ruinées, se produisent deux tentatives de coup d'État (en février et novembre), dont l'une dirigée par Hugo Chávez.
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+ Le début du XXIe siècle est marqué par la personnalité du président Hugo Chávez, qui dirige le pays pendant quatorze ans (1999-2013) jusqu'à sa mort. Il est élu le 6 décembre 1998 pour un premier mandat courant de 1999 à 2004, réélu le 30 juillet 2000 pour la période 2001-2007 (à la suite de la modification de la constitution qu'il a impulsée). En 2002, il subit une tentative de coup d'État pour le destituer. Il est réélu le 3 décembre 2006 pour la période 2007-2013 et puis à nouveau le 7 octobre 2012, alors qu'il a un cancer, pour la période 2013-2019. Il quitte le pouvoir et meurt le 5 mars 2013. Avant sa mort, Chávez désigne comme son successeur son ancien ministre des Affaires étrangères et vice-président Nicolás Maduro. À sa mort, Nicolas Maduro devient président par intérim puis remporte une nouvelle élection présidentielle avec 50,62 % des voix, élection contestée par le leader d’opposition Henrique Capriles, malgré la présence d'observateurs internationaux.
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+ Les années Chavez sont caractérisées par une augmentation des dépenses sociales qui permettent une réduction des inégalités, une diminution du taux de pauvreté, du chômage (avec néanmoins 40 % de la population active employée dans le secteur informel et le reste dans le secteur public[20]) et de la malnutrition. Cette politique sociale est rendue possible par une large augmentation de la dette du pays qui passe de 28 à 130 milliards de dollars[21] (le pays devenant fortement dépendant de la Chine, son principal créancier) et par l'envolée du prix du pétrole des années 2000, l'État utilisant largement les bénéfices de la compagnie pétrolière étatisée PDVSA[22]. Du fait de l'absence de réformes économiques, la situation du pays se tend immédiatement dès que le cours du baril s'effondre à partir de 2008[22]. En dépit des richesses naturelles du pays, Chavez laisse un secteur privé et un tissu industriel atrophiés, un large clientélisme, une inflation très importante et une population confrontée à des pénuries alimentaires chroniques[20]. Ces années sont également marquées par une forte aggravation de la criminalité avec, selon les ONG, un quadruplement du taux d'homicides[21].
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+ Les élections législatives du 6 décembre 2015 donnent une large victoire à l'opposition dans un contexte de crise économique, sociale et politique[23]. Le Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition de centre droit, approuve le 25 octobre 2016 l’ouverture d’un procès en destitution contre le président socialiste Nicolas Maduro, bien que la constitution ne prévoie pas une procédure de destitution, mais une procédure pour manquements au devoir de sa charge[24]. Après une longue période de blocage politique (les pouvoirs exécutif et législatif se paralysant mutuellement), le 30 mars 2017, la Cour Suprême, favorable au pouvoir chaviste, décide de s'arroger les pouvoirs du Parlement ; mais le 4 avril elle y renonce[25]. Dans un contexte de violences et de contestation sociale, le président Maduro tente en juillet 2017 de contourner le Parlement en faisant élire une Constituante entièrement contrôlée par les chavistes[26]. L'opposition choisit de boycotter cette constituante, accusant le régime de malversations électorales[27]. Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, dénonce « un usage excessif de la force » par les autorités vénézuéliennes à l'égard des manifestants[28].
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+ Les ambassadeurs des 28 pays de l’Union européenne (UE) ont donné leur feu vert le 8 novembre 2017 à l’adoption de sanctions, dont un embargo sur les livraisons d’armes, contre le Venezuela. Ces sanctions interdisent également aux entreprises européennes de livrer du matériel de surveillance électronique pouvant servir à réprimer l’opposition au régime du président Nicolas Maduro ; elles prévoient également la mise en place d’un cadre juridique permettant à l’Union européenne de placer ensuite sur sa liste noire des personnalités ou entités sanctionnées pour leur implication dans la répression[29].
76
+
77
+ Plusieurs organisations internationales et de nombreux analystes attribuent partiellement la crise économique que vit le Venezuela aux sanctions économiques et diplomatiques imposées par les États-Unis et l'Union européenne. Selon Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, le volet de sanctions imposées en août 2019 par les États-Unis « [ne contient] pas suffisamment de mesures pour atténuer leur impact sur les couches les plus vulnérables de la population »[30]. Elle réitère ces inquiétudes dans un rapport déposé en décembre 2019 sur la situation des droits de l'homme au Venezuela[31].
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79
+ Selon les Nations unies, 1,6 millions de personnes ont quitté le Venezuela en 2015. En août 2018, face à cet afflux, le Brésil déploie 3 200 soldats à sa frontière pour assurer la sécurité des résidents brésiliens et des migrants vénézuéliens[32].
80
+
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+ Le 23 janvier 2019, Juan Guaidó, président du Parlement, s’autoproclama « Président en exercice » du Venezuela et prêta serment au cours d'une manifestation organisée à Caracas[33]. Guaidó obtient immédiatement la reconnaissance des États-Unis, du Canada, du Brésil, de la Colombie et du Pérou[34],[35]. La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Union européenne se disent prêts à reconnaître Juan Guaidó en tant que « Président en exercice » si Nicolas Maduro n'organise pas d'élections libres d'ici le 3 février 2019[36],[37]. Luis Almagro, secrétaire général de l’OEA, apporte également son soutien à Guaidó[38]. Cependant, Maduro se maintient au pouvoir grâce à l'appui des forces armées[39] ; il continue également de bénéficier du soutien diplomatique de Cuba, de la Bolivie, de la Turquie et de la Russie[38],[40].
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+ Le Salto Angel, cascade ininterrompue la plus haute du monde (979 m de chute).
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+ Une plage sur l'île de Margarita, première destination touristique du pays.
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+ Un paysage andin à l'est du Venezuela, vers Merida.
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+ Les dunes de sable du Parc national Los Médanos de Coro.
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+ Des maisons sur pilotis de communautés indigènes du delta de l'Orénoque.
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+ Le pont Rafael Urdaneta, d'une longueur de 8,7 km; le deuxième plus long d'Amérique Latine.
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+ Le territoire vénézuélien s'étend depuis les environs de l'équateur jusqu'au nord du onzième parallèle. Sa superficie est de 916 445 km2.
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+ Sur le continent, le Venezuela possède des frontières avec le Guyana à l'est-sud-est, le Brésil au sud, la Colombie au sud-sud-ouest et à l'ouest, enfin à quelques dizaines de milles marins au large des côtes de la mer des Caraïbes au nord, se trouvent les Antilles néerlandaises (Aruba, Bonaire, Curaçao) et Trinité-et-Tobago (ex-GB).
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+ De manière très schématique, trois grandes régions géographiques composent ce pays :
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+ Le Venezuela possède également 72 îles, dispersées dans la mer des Caraïbes et dans l'océan Atlantique, regroupées dans les Dépendances fédérales. Margarita est la plus grande et la plus peuplée.
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+ La capitale du Venezuela, Caracas, s’étend d'est en ouest de l'autre côté de la cordillère côtière, à quelque 900 mètres d'altitude. Il faut compter environ une demi-heure pour parcourir la trentaine de kilomètres qui sépare l’aéroport, situé en bord de mer, de la ville. Près de cinq millions d'habitants résident dans la métropole. Les quartiers pauvres s'appellent les ranchos. Des pluies diluviennes, suivies d'importants glissements de terrain dans des zones fortement peuplées proches de l'aéroport international Simon Bolivar (La Guaira - État de La Guaira) ont fait des milliers de morts en décembre 1999. Cette triste page de l'histoire vénézuélienne est couramment appelée « La tragédie » par les autochtones.
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+ Maracaibo, capitale de l'État de Zulia, est la deuxième métropole du pays. Parmi les villes les plus peuplées suivent : Valencia, Maracay et Barquisimeto.
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+ Cependant, le Venezuela revendique le territoire correspondant au Guyana actuel, allant parfois à repousser ses frontières jusqu'au Suriname. Sur les cartes du Venezuela, le Guyana est indiqué en tant que zone en réclamation.
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+ Le 7 mars 2006, le Parlement du Venezuela adopte la modification du drapeau national afin de l’adapter à la « révolution socialiste » du président Hugo Chávez, à l’initiative du projet. Entièrement contrôlé par les partisans du chef de l’État à la suite du boycott des élections législatives par l’opposition en décembre, le Parlement a approuvé l’ajout d’une huitième étoile, pour rendre honneur à l'ancienne province de Guyane qui a lutté pour l'indépendance tout comme les sept autres. Les députés vénézuéliens ont également modifié le galop du cheval blanc figurant sur l’écusson national afin de le tourner, non plus vers la droite, mais vers la gauche, afin de symboliser l’orientation politique du gouvernement. Toutefois, en termes d'héraldique, le cheval se déplace vers la dextre, ce qui rend le message un peu confus. Le Parlement a également décidé certains ajouts sur l’écusson, tels qu’un kayak, un arc et une flèche représentant les armes des indigènes ou une machette de paysan, en hommage aux racines des descendants d’origine africaine.
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+ Le Venezuela est un pays en développement, classé 59e pour le produit intérieur brut par habitant par le FMI. Son économie est essentiellement tournée autour du pétrole et du gaz naturel, secteur qui représente 95 % des exportations et 25 % du PIB[41].
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+ Le pays est un important producteur de pétrole et un membre fondateur de l’OPEP. Il est en sixième place au palmarès des producteurs de l’OPEP pendant la décennie 2010 derrière l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran et les émirats mais aussi le Koweït.
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+ Le Venezuela est entré dans le Mercosur[42], dont il est membre de plein droit[43]. En 2016, sa production de pétrole était de 2,3 millions de barils par jour ce qui ferait de lui selon ces données le onzième plus grand producteur au monde[44]. Selon l’OPEP, les réserves prouvées de pétrole atteignaient 296,50 milliards de barils en 2011, ce qui le fit accéder à la première place mondiale devant l’Arabie saoudite[45]. Le pays possède une économie de marché.
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+ Le Venezuela est la cinquième puissance économique latino-américaine en termes de produit intérieur brut, après le Brésil, le Mexique, l'Argentine et la Colombie avec un PIB estimé à 367,5 milliards de dollars en 2013 selon la Banque Mondiale. Son classement est identique lorsqu'exprimé en parité de pouvoir d'achat[46]. Cependant, selon le FMI, en termes de PIB par habitant, le Venezuela se situe à la 4e place d'Amérique du Sud avec 9 960 dollars par habitant en 2009.
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+ Le RNB par habitant est de 12 550 dollars en 2013, soit au-dessus de la moyenne des pays d’Amérique latine et de la Caraïbes (9 314 dollars en 2013)[47]. Dans ce pays pétrolier, le carburant est fortement subventionné et coûte moins de 2 centimes d’euro le litre.
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+ Malgré les exportations d'or noir, les comptes de l'État accusent un déficit important financés par la monétisation de la dette et induisant une très forte inflation[48]. Les prix de certaines denrées de base sont fixés par l'État, ce qui explique, selon l'opposition et la plupart des économistes, la grave pénurie de lait, de sucre et d'œufs. Selon le gouvernement, cette pénurie est due à un rachat de ces denrées par des multinationales[49].
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+ Caracas est le centre économique, financier et industriel du Venezuela. Le pays est faiblement industrialisé en dehors de la production pétrolière et importe la plupart de ses biens de consommation[50]. L'industrie manufacturière est apparue dans le pays au cours du XXe siècle. Hormis le pétrole, le pays est un producteur d'acier, d'aluminium, de ciment et de pneus. L'industrie automobile est présente au Venezuela depuis les années 1960, avec l'usine d'assemblage de Valencia de la société américaine Ford qui y assemblant entre autres la Ford Mustang. De plus, dans le secteur agricole, les terres sont exploitées seulement pour un peu plus de 40 % ce qui oblige le pays à importer environ 60 % de produits[51].
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+ Il existe de très fortes inégalités sociales au Venezuela. Ainsi, près de 60 % des habitants de Caracas s'entassent dans des barrios (quartiers pauvres), alors que de 10 % à 20 % des Vénézuéliens n'auraient pas accès à l'eau potable et que, dans le même temps, le Venezuela est le pays ayant le plus de millionnaires en Amérique latine.
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+ L'essence à la pompe est la moins chère du monde (au 10 décembre 2010, 1,2 centime d'euros le litre de super 95), largement subventionnée par l'État, en particulier depuis qu'une hausse importante des prix avait donné lieu à d'importantes émeutes au cours de ce qui fut nommé par la suite le Caracazo.
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+ Depuis 2003, un strict contrôle des changes opéré par l'organisme public[52] fixe le taux de change à 2 150 VEB (bolivares) pour un dollar américain (USD). En 2008, la monnaie locale est renommée bolivar fuerte (VEF) au taux de 1 bolivar fuerte pour 1 000 anciens bolivars. En 2010, une dévaluation augmente le taux de change à 4,3 VEF pour un USD afin de lutter contre le marché noir des devises. En parallèle, les conditions d'accès aux monnaies étrangères sont restreintes pour tous les acteurs de l'économie (étudiants, importateurs, voyageurs, etc.). Une nouvelle dévaluation a lieu en 2013 et en 2014, le président Maduro substitue au système existant un système d'accès aux devises sous formes d'enchères complexes qui ne suffit pas à satisfaire la demande croissante de la population pour les monnaies étrangères, stimulée par l'inflation galopante et le recours important aux importations pour tous types de produits. La difficulté d'accès aux devises rend difficile la sortie du territoire par les Vénézuéliens (qui ont droit d'échanger un maximum de 2 500 USD par an), d'autant que les compagnies aériennes étrangères, dans l'impossibilité de recouvrer leur créance vis-à-vis du gouvernement vénézuélien [53], réduisent leurs vols dans ce pays. En janvier 2015, le site Dolar Today (dont l'accès est interdit par le gouvernement vénézuélien) annonce un taux de change de 180 VEF pour un USD sur le marché noir, ce qui correspondrait à une dépréciation de près de 98 % de la valeur de la monnaie locale en douze ans. Le secteur privé détient 70 % de l’économie[54].
130
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+ En dépit de ses nombreuses richesses naturelles, les Vénézuéliens doivent faire la queue pour obtenir la plupart des produits de base de consommation (sucre, huile, médicaments, papier toilette…) et l’État doit pratiquer le rationnement. Le gel des prix a engendré un important marché noir au sein du pays et avec les pays voisins comme la Colombie. En 2014, le pays avait la plus forte inflation mondiale (68 %). Avec l’effondrement des cours du pétrole la pauvreté augmente[55]. Selon le FMI, l’inflation pourrait monter à 1 000 000 % en 2018[56] après 720 % en 2017[57] ; le PIB vénézuélien devrait baisser de 18 % en 2018[56] après une chute de 18 % en 2016[58]. Selon les autorités colombiennes, 300 000 Vénézuéliens ont fui leur pays pour se réfugier en Colombie[59], qui a un temps fermé sa frontière. D’autres ont choisi Manaus, au Brésil, pour sa commodité d’accès. Pas moins de 50 000 personnes sont parties chercher refuge au Chili[60].
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+ Le 5 août 2017, le Mercosur décide de suspendre le Venezuela pour une durée indéterminée en raison de ce qu'il qualifie de « violation de l'ordre constitutionnel »[61]. En effet, l'élection d'une Assemblée constituante le 30 juillet 2017 dans un contexte de contestation et de violence incite de nombreux pays à ne pas reconnaître le nouveau parlement[62].
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+ Les prévisions économiques mondiales de 2018 effectuées par The Economist font du Venezuela le pays dont le PIB a la plus faible croissance par rapport à l’année précédente avec une baisse de 11,9 %, ceci résultant de la mauvaise gestion du pays et de l’hyperinflation ainsi que de la dette publique qui en découlent[63].
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+ Le 20 août 2018, le bolivar souverain (VES) remplace le bolivar fort (VEF) au taux de 1 bolivar souverain pour 100 000 bolivars forts.
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+ L'inflation dépassait 1000000 % fin 2018 et le FMI la prévoit à dix fois plus fin 2019, alors qu'elle atteignait « seulement » 700 % fin 2017. Un dixième des 31 millions d'habitants ont fui le pays depuis l'avènement de Nicolás Maduro en 2013. Depuis sa création en août 2018, le bolivar souverain s'est déprécié de 90 %, ce qui fait que le salaire minimum est officiellement équivalent à trois dollars par mois. Le système public d'éducation et de santé, qui employait jadis 40 000 médecins cubains, s'est effondré, au point que la mortalité infantile est repartie à la hausse, cas quasi unique au monde. La production de pétrole de PDVSA, le monopole d'État fournissant la quasi-totalité des recettes en devises du pays, s'est effondrée à 700 000 barils par jour contre 2,3 millions en 2015. Le PIB a reculé de 40 % en quatre ans[64].
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+ La banque centrale du Venezuela publie en mai 2019, pour la première fois depuis trois ans, des données qui confirment l'effondrement de l'économie : inflation de 130 060 % en 2018 après 274 % en 2016 et 863 % en 2017, baisse de 47,6 % du PIB entre 2013 et 2018, chute des exportations pétrolières de 85,6 milliards de dollars en 2013 à 29,8 milliards de dollars en 2018, chute de la production de pétrole de 3,2 millions de barils par jour en 2009 à 1,03 millions de barils par jour en avril 2019[65].
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+ Depuis l’accession d’Hugo Chávez au pouvoir en 1998, deux millions de personnes ont quitté le pays selon le quotidien espagnol El País. L’émigration est en augmentation depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolás Maduro[66]. En 2015, plus de cinq millions d'immigrants colombiens vivaient au Venezuela, le plus souvent pour fuir la violence du conflit armé dans leur pays. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Venezuela était alors le deuxième pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés dans le monde[67].
144
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145
+ En 2017, près d'un million de Vénézuéliens ont quitté le pays en un an, fuyant la famine, la violence, la répression et les sanctions (qualifiées de « guerre économique » par Maduro ainsi que de nombreux commentateurs) imposées par le gouvernement des États-Unis[68],[69]. On compte 600 000 d'exilés vers la Colombie, 119 000 vers le Chili, 57 000 en Argentine, 35 000 au Brésil et 26 000 au Pérou. En août 2018, le Pérou a décrété l'état d'urgence dans trois de ses provinces, après un nombre d'arrivées qui a atteint près de 4 200 personnes par jour[70].
146
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+ En 2011, le Venezuela détenait le troisième taux de criminalité d'Amérique du Sud[71]. Celle-ci s’est considérablement accrue depuis l’arrivée du pouvoir de Hugo Chávez (en 1999, « seulement (sic) 4 550��personnes avaient été tuées ») en comparaison de 19 336 en 2011. Ce fort accroissement de la criminalité résulterait également de l’augmentation de la population, qui passa de près de vingt-quatre millions de personnes en 1999 à près de trente millions en 2011. Pour faire face à cette situation, le gouvernement encouragea la formation de milices civiles armées chargées d’assister la police dans la lutte contre la criminalité[72].
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149
+ Selon les chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur en 2013, le nombre de meurtres commis en 2012 serait de 16 000 (92 % avec des armes à feu), ce qui représente un taux de 55,2 homicides pour 100 000 habitants. Le Venezuela se placerait ainsi au troisième rang mondial pour la criminalité après le Honduras et le Guatemala. Ces chiffres très élevés sont néanmoins contestés par l'organisation non gouvernementale Observatoire vénézuélien de la violence qui donne une estimation encore plus haute pour 2012 de 21 692 meurtres commis, soit un taux de 73 homicides pour 100 000 habitants[73]. En 2011, Caracas serait la capitale la plus dangereuse dans le monde, avec 122 homicides pour 100 000 habitants.
150
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151
+ Historiquement, la politique vénézuélienne suit une tendance présidentielle et caudilliste. Le président définit et exécute les politiques intérieure et extérieure. Cette forme politique remonte au XIXe siècle, caractérisée par les différents régimes militaires du général José Antonio Páez, les frères Monagas, Juan Crisóstomo Falcón et Antonio Guzmán Blanco, président à plusieurs reprises. L'organisation du pays est souvent fragilisée par des conflits internes et des luttes de pouvoir.
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+ Le début du XXe siècle est marqué par le régime militaire du général Juan Vicente Gómez qui gouverne directement ou non pendant 27 ans. Ce régime est suivi des deux quinquennats de transition républicaine à une forme de gouvernement plus démocratique avec Rómulo Betancourt et l'élection universelle de l'illustre Rómulo Gallegos, le plus grand romancier et représentant de la littérature vénézuélienne. À la suite d'un coup d'État qu'il subit après neuf mois au pouvoir, les militaires Carlos Delgado Chalbaud et Marcos Pérez Jiménez gouvernent entre 1948-1958 avec des politiques progressistes et répressives. Un bouleversement civil et militaire le 23 janvier 1958 redémarre la transition démocratique qui finit en bipartisme jusqu'au 5 décembre 1992 élection du président Rafael Caldera.
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155
+ Chavez évoquait l'idée d'avoir jusqu'en 2021 pour conclure la transformation de son pays et il essaya de modifier à nouveau la constitution pour y arriver (voir référendum sur la Réforme Constitutionnelle de 2007). Il perd la consultation, une de ses plus grandes défaites, mais il réussit son objectif par une autre voie légale : l'amendement de la constitution (voir référendum sur l'amendement Constitutionnel de 2009).
156
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157
+ L’actuelle constitution vénézuélienne est amplement inspirée par les principes et idées de Simón Bolívar. Elle a été approuvée par référendum le 15 décembre 1999 malgré une importante abstention (celle-ci étant sans doute expliquée par la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire du pays, la tragédie de Vargas du 15 décembre 1999, au bilan très lourd).
158
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159
+ La république, étant à la fois un État fédéral, est constituée en 23 entités politiques. Chaque État du Venezuela est dirigé par un gouverneur élu lors d'élections au suffrage universel, tous les quatre ans, à la différence du président qui lui l'est tous les six ans.
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161
+ La « Révolution bolivarienne » impulsée par Hugo Chávez et poursuivie par Nicolás Maduro a conduit certains critiques à qualifier le Venezuela de dictature ou de régime autoritaire à parti unique[75],[76]. Le caractère souvent conflictuel des relations entre le gouvernement et l'opposition culmine avec une tentative de coup d’État en avril 2002[77] et à des manifestations de masse dans les années 2010.
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+ En 2008, le Venezuela était classé 113e pays sur 173, par Reporters sans frontières (RSF), en matière de liberté de la presse. L'ONG Espacio Público a recensé l'année 2006, 106 atteintes à la liberté d'expression sans en indiquer la ou les origines[78]. RSF pointe l'adoption de nouvelles lois en 2004 et 2005 contre différents types d'« offenses », notamment à la personne du président, et contre les appels à la violence, les jugeant « très restrictive[s] en matière de liberté d’expression » et affirmant qu'elles créent « un climat d’autocensure au sein des médias »[79].
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165
+ En 2008, le ministre de la Communication déclare que toutes les communications doivent dépendre de l’État en tant que bien public[80].
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167
+ Le 27 mai 2007, une minute avant minuit, la Radio Caracas Televisión a cessé d'émettre sur le réseau hertzien, la commission nationale des télécommunications ayant décidé de ne pas renouveler la concession hertzienne de cette chaîne en partie à cause de son soutien et de sa couverture du coup d'État de Pedro Carmona en 2002. Cependant, RCTV a continué d'émettre sur le réseau câblé et par satellite avec une audience potentielle restreinte au cinquième de la population jusqu'au 31 janvier 2010, date à laquelle elle a été retirée de la grille des programmes de l'opérateur pour non-respect de la loi sur la production nationale.
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169
+ L'espace qu'occupait RCTV a été attribué à une nouvelle chaîne publique, TVes (Televisora Venezolana Social), dont, selon une étude de l'institut de recherches en communication (ininco) dirigé par le sociologue d'opposition favorable au coup d'État Oscar Lucien, 74 % des contenus relèveraient de la diffusion et de l'information socialiste[81]. Depuis ce non-renouvellement, des manifestations, notamment étudiantes, ont eu lieu pour soutenir ou protester au sujet de cette décision.
170
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171
+ Hugo Chavez a été accusé par Le Monde d'attaquer Globovisión, « dernière chaîne de télévision d'opposition » selon le journal, lorsque le président vénézuélien a accusé la chaîne d'inciter à son assassinat[82]. Cette chaine fait partie des médias privés qui ont explicitement soutenu le coup d'État de 2002[83].
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+ La couverture médiatique occidentale sur l'affaire RCTV a été critiquée et qualifiée de « désinformation » par l'Acrimed[84] et Le Monde diplomatique[85] en France ainsi qu'aux États-Unis par le FAIR[86] rappelant notamment qu'une télévision occidentale ayant soutenu un coup d'État et ses instigateurs aurait sans doute dû faire face à des sanctions plus importantes que celles infligées à RCTV. D'autre part Salim Lamrani considère que l'affirmation d'une volonté d'hégémonie médiatique de la part de Chávez est discutable puisque entre 2000 et 2006 le nombre de chaînes privées a augmenté de 16 tandis que le nombre de chaînes publiques n'a augmenté que de 4[87]. Toutefois, entre 2010 et 2015, une grande partie des médias sont devenus la propriété de proches du chavisme[88].
174
+
175
+ En 2018, le syndicat national des travailleurs de la presse dénonce la « persécution permanente » des médias, dans un pays où l’État contrôle l'unique société d'importation de papier, et le blocage de sites web par l'entreprise publique CANTV, principal fournisseur d'accès internet du pays[89]. Selon l'association nationale des journalistes, les trois-quarts des journaux papiers ont disparu à cause du manque de papier en cinq ans et 40 stations radios ont fermé en 2017[90].
176
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177
+ À partir de juin 2018, le réseau Tor est bloqué, dont la popularité allait croissante du fait de la censure de sites d'information comme El Nacional et La Patilla[91].
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+ Transparency International (TNI) classe en 2018 le Venezuela au 168e rang sur 180 pays pris en compte[92].
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+ La musique du Venezuela est influencée par ses origines espagnoles, amérindiennes et africaines.
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+ La culture autochtone est aujourd'hui présente dans la musique à travers certains instruments, entre autres le cameo, un tambour, et le botuto, une sorte de trompette. La culture espagnole a permis l'introduction des instruments comme la guitare, les instruments à cordes, les vents et différents types de percussions (différents des tambours indiens) et de nombreux genres populaires, dont le galerón (en), le corrido et la guaracha. La musique de la région des Llanos (música llanera), que l'on retrouve dans d'autres pays hispano-américains est un exemple de musique née à l'époque de la colonie espagnole. Le merengue venezolano est aussi de grande transcendance national.
183
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184
+ La musique populaire dite d'origine afro-antillaise (basée sur la musique populaire espagnole de la Renaissance et des rythmes comme les sevillanas) est reine dans le cœur de la plupart des Vénézuéliens. La salsa en général, le merengue dominicain, la bachata, la cumbia et la gaïta (typique de l'époque de noël) font danser et vibrer les gens de tous les âges dans l'ensemble du pays. Oscar D'León est sans contestation le plus reconnu des salseros vénézuéliens dans le monde.
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+ L'instrument national par excellence est le « cuatro », similaire à la guitare, mais plus petit et doté de quatre cordes ; d'une très particulière sonorité, il est la base musicale de tous les « conjuntos criollos », petits orchestres créoles (du pays), appelés aussi « conjuntos de harpa, cuatro y maracas », qui accompagnent les chanteurs de joropo, de valses criollos, de jotas margariteñas, de gaïtas maracuchas (de Maracaibo), etc.
187
+
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+ Depuis quelques années, le Venezuela a obtenu une notoriété mondiale grâce au système national d’orchestres symphoniques pour jeunes, avec plus de deux cent mille participants de tous les coins du pays et des quartiers les plus démunis ; ce système (El Sistema), fondé par Abreu, a démocratisé et popularisé l'amour pour la musique classique de tous les temps. Contrairement à une idée reçue, le système existe depuis la présidence de Carlos Andrés Pérez dans les années 1970 et non pas depuis l'époque d'Hugo Chavez. Au départ, le mouvement était un pur mouvement musical et n'était pas le fruit d'une récupération nationaliste et politisée comme à l'heure actuelle par le parti officiel. Aujourd’hui, un grand nombre de très jeunes virtuoses, chefs d’orchestres et musiciens sont très prisés dans les meilleures salles de concert du monde. Gustavo Dudamel est aujourd'hui le plus grand chef d'orchestre vénézuélien, reconnu dans tout le monde.
189
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190
+ El Sistema se répand peu à peu, par exemple aux États-Unis dans la ville d'Atlanta où le bassoniste Dantès Rameau a lancé avec un succès fulgurant l'Atlanta Music Project, soutenu par la Municipalité, mais aussi par beaucoup de sponsors individuels et industriels (Coca Cola, AOL, etc.). Il est question également d'un essaimage en France(Toulouse).
191
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192
+ Le célèbre violoniste français Jean-Luc Ponty a composé un morceau intitulé Caracas.
193
+
194
+ La céréale la plus consommée est le riz. Vient ensuite le blé, utilisé pour le pain (y compris la baguette à la française, appelée canilla). La farine de maïs est particulièrement utilisée dans la arepa qui accompagne les plats (comme le pain) ou qui peut être fourrée. La Hallaca, est incontournable durant la période de Noël : il s'agit d'une pâte de maïs mélangée à de la viande en sauce avec des légumes cuite dans une feuille de bananier, dans le genre des tamales mexicains.
195
+ Le pan de jamón est également un plat typique de Noël. Ce pain au jambon est préparé, cette fois-ci, avec de la farine de blé.
196
+
197
+ Le plat le plus courant est le pabellón criollo fait de viande de bœuf en lanières, de riz, de haricots noirs et de bananes frites.
198
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199
+ Les desserts sont d'origine espagnole et dérivent de ceux préparés par les nonnes dans les couvents, comme le riz au lait ou le bienmesabe. Ce dernier a été adapté au pays en devenant un gâteau à la noix de coco.
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201
+ Le sport national est le baseball, historiquement très populaire au Venezuela. Cependant le football connaît un gros gain de popularité d'années en années, notamment grâce aux progrès[Lesquels ?] de l'équipe nationale, qui était traditionnellement le parent pauvre du football sud-américain (seul pays du continent à ne s'être jamais qualifié pour une phase finale de Coupe du Monde). L'organisation de la Copa América 2007 par le pays a également contribué à ce regain d'intêret pour le football. Il y a d'autres sports populaires d'origine autochtone tels que les bolas criollas ou le coleo.
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203
+ En 2012, le Venezuela obtient la deuxième médaille d'or de son histoire aux Jeux olympiques d'été de 2012 avec Rubén Limardo, vainqueur en escrime du tournoi d'épée. Il succède à Francisco Rodríguez, titré en 1968 en boxe, catégorie poids mouche. La même année, Pastor Maldonado est le premier pilote de Formule 1 vénézuélien à remporter une course.
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+ Johnny Cecotto fut Champion du monde de vitesse moto des catégories 350 cm3 (1975) et 750 cm3 (1978), et Vice-champion du monde 350 cm3 en 1976 et troisième du championnat du monde 500 cm3 en 1978. Il remporta également des courses automobile remportant cinq victoires en ETCC, et neuf en DTM. Il est le père de Johnny Cecotto Jr., également pilote automobile vénézuélien.
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+ Au Venezuela, les concours de beauté sont une véritable institution et un motif de fierté nationale[93]. Les miss du pays ont remporté de nombreux titres internationaux dont le plus connu, celui de Miss Univers, à sept reprises (2e derrière les États-Unis). Le Venezuela a gagné un tournoi du « Big Four (en) » (Miss Univers, Miss Monde, Miss International et Miss Terre) 23 fois, un record absolu (plus que les Philippines et le Brésil ensemble, les deux suivants).
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+ C'est également le seul pays à avoir remporté le Miss Univers deux fois de suite, en 2008 et en 2009.
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+ Les Vénézuéliennes se font inculquer, dès leur plus tendre enfance, l’idée que la beauté féminine est essentielle à la réussite sociale[94]. Un titre de miss permet d’entamer une carrière de comédienne, de mannequin ; il permet d'avoir une importante notoriété dans le pays. Les miss ont pu entrer en politique ou dans le monde des affaires[95].
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+ Le Venezuela a pour codes :
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+ Amphibiens, batraciens
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+ Classe
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+ Taxons de rang inférieur
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+ Les amphibiens (Amphibia), anciennement « batraciens », forment une classe de vertébrés tétrapodes. Ils sont généralement définis comme un groupe incluant l'« ensemble des tétrapodes non-amniotes ». La branche de la zoologie qui les étudie (ainsi que les « reptiles ») est l'herpétologie, plus précisément la batrachologie, du grec batrachos, grenouille, qui leur est spécialement consacrée.
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+ Les amphibiens vivent dans une grande variété d’habitats mais la majorité des espèces affectionnent les écosystèmes terrestres, d’eau douce ou arboricoles. Les amphibiens débutent généralement leur vie sous la forme d’une larve aquatique, qui se métamorphose plus tard en forme adulte définitive, mais certaines espèces n’effectuent pas cette métamorphose, soit en restant larvaires toute leur vie et se reproduisant ainsi (néoténie), soit en prenant la forme adulte miniature avant éclosion. La larve a un mode de vie totalement aquatique et respire par le biais de branchies tandis que l’adulte est doté de poumons et respire à l’air libre. Les amphibiens utilisent leur peau comme surface respiratoire secondaire, et certaines espèces de petites salamandres et de grenouilles terrestres respirent même exclusivement par la peau, et sont dépourvues de poumons. Ils ont un certain nombre de ressemblances avec les reptiles, mais ces derniers sont des amniotes qui, comme les oiseaux et les mammifères, n’ont pas besoin d’eau pour se reproduire. Les amphibiens ont, pour leur reproduction et la santé de leur peau perméable, besoin d’eaux chimiquement non-polluées, ce qui en fait de bons indicateurs écologiques. Dans les dernières décennies, il y a eu un déclin spectaculaire de leurs populations à travers le monde, dû à la pollution et à la diffusion des mycoses.
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+ Les premiers amphibiens sont apparus au début du Dévonien parmi des « poissons » sarcoptérygiens, munis de poumons et de nageoires osseuses, organes adaptés à l’exondation régulière et prolongée sur les estrans des estuaires, deltas et autres milieux paraliques. Ils se sont diversifiés et sont devenus le groupe prédominant parmi les vertébrés terrestres au cours du Carbonifère et du début du Permien, avant d’être supplantés par les amniotes dont l’essor a profité de la disparition, au fil des extinctions de masse, de nombreuses lignées d’amphibiens. Seuls les ancêtres de la sous-classe des Lissamphibiens, plus petits et moins diversifiés, ont survécu jusqu’à nos jours.
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+ Les trois ordres modernes d'amphibiens sont les anoures (grenouilles et crapauds), les urodèles (tritons et salamandres), et les gymnophiones (les cécilies). Le nombre total d'espèces connues d'amphibiens est d'environ 7 000, dont près de 90 % sont des grenouilles (à comparer avec les mammifères : environ 5000 espèces). Le plus petit amphibien (et plus petit vertébré terrestre) au monde est une grenouille de Nouvelle-Guinée, Paedophryne amauensis qui mesure seulement 7,7 mm. Le plus grand amphibien vivant est la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus) avec 1,8 m de long, toutefois bien en deçà des 9 m de Prionosuchus, espèce éteinte qui vivait durant le Permien au Brésil, ou des 7 m du Brachyopoïde d'Alweynskop au Lesotho, qui vivait à la fin du Trias et au début du Jurassique[2].
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+ Selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiée en 2019, 40 % des 8 100 espèces amphibiennes répertoriées sont en voie d’extinction[3].
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+ Parmi les vertébrés, la superclasse des tétrapodes est divisée en quatre classes[4] comptant notamment les reptiles, les oiseaux et les mammifères, qui sont des amniotes, dont les œufs sont portés ou pondus par la femelle et sont protégés par plusieurs membranes, certaines imperméables[5]. Comme leurs œufs ne possèdent pas ces membranes, les amphibiens ont besoin du milieu aquatique pour pondre et mener à bien leur reproduction, même si certaines espèces ont développé diverses stratégies pour protéger leurs larves, voire se passer du stade larvaire aquatique durant lequel elles sont vulnérables[6]. Il y a accouplement en général, mais sans fécondation interne, le mâle déversant son sperme sur les œufs au moment où la femelle pond. Il existe cependant des exceptions comme la plupart des salamandres, des amphibiens de l'ordre des urodèles chez qui la femelle, après une fécondation interne, conserve les embryons et les larves dans ses voies génitales (cas de viviparité). On ne rencontre actuellement pas d'amphibiens dans les milieux marins, à l'exception de rares grenouilles vivant dans les eaux saumâtres des mangroves[7]. Sur terre, les amphibiens préfèrent les habitats humides, car ils doivent éviter que leur peau ne se dessèche[6].
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19
+ Le plus petit amphibien et vertébré dans le monde est une grenouille Microhylidae de Nouvelle-Guinée, Paedophryne amauensis, découverte en 2012[8]. Elle mesure en moyenne 7,7 mm et fait partie d'un genre qui contient quatre des dix plus petites espèces de grenouilles au monde[9]. Le plus grand amphibien vivant mesure lui jusqu'à 1,8 m de long. Il s'agit de la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus)[10],[11], qui demeure bien plus petite que ses ancêtres, dont le plus grand, Prionosuchus, un temnospondyle ressemblant à un crocodile et vivant au Brésil, mesurait 9 m de long et a disparu il y a 270 millions d'années, au milieu du Permien[12].
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+ Les amphibiens sont qualifiés d'animaux « à sang froid » car ils sont poïkilothermes, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent pas réguler la température de leur corps, et sont donc dépendants des conditions thermiques extérieures. Comme les reptiles, leur thermorégulation est assurée par héliothermie ou thigmothermie[13]. Leur métabolisme de base est faible et, par conséquent, leurs besoins alimentaires et énergétiques sont peu importants. Au stade adulte, ils ont des conduits lacrymaux et les paupières mobiles, et la plupart des espèces ont des oreilles qui peuvent détecter des vibrations dans l'air ou du sol. Ils ont une langue musculaire, qui est protruse dans de nombreuses espèces. Les amphibiens modernes ont des vertèbres complètement ossifiées et de véritables articulations. Leurs côtes sont généralement très courtes, voire fusionnées avec les vertèbres. Leur crâne est large et court, et souvent incomplètement ossifié. Leur peau contient peu de kératine et est dépourvue d'écailles, mis à part chez certaines cécilies. La peau contient de nombreuses glandes à mucus et chez certaines espèces des glandes produisant du poison. Le cœur des amphibiens a trois chambres, deux oreillettes et un ventricule. Ils ont une vessie et les déchets azotés sont excrétés principalement sous forme d'urée. La plupart des amphibiens pondent leurs œufs dans l'eau et ont des larves aquatiques qui se métamorphosent pour devenir des adultes terrestres. Les amphibiens respirent en aspirant l'air par leurs narines dans la région bucco-pharyngée, puis leurs narines sont obturées et l'air est envoyé dans les poumons à la suite de la contraction de la gorge[14]. Ils complètent leur respiration par des échanges gazeux à travers leur peau fine, richement vascularisée et souvent couverte de mucus, qui permet la dissolution des gaz[6].
22
+
23
+ Les trois grands groupes d'amphibiens vivant actuellement sont assez différents, tant par leur mode de vie que par leur apparence.
24
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25
+ L'ordre des Anoura (du latin an signifiant « sans » et du grec ancien oura qui signifie « queue ») comprend les grenouilles et les crapauds. Ils ont généralement de longs membres postérieurs repliés sous leur corps, des pattes antérieures plus courtes, des orteils palmés sans griffes, pas de queue, de grands yeux et une peau glandulaire humide[15]. On appelle communément grenouilles les membres de cet ordre qui ont la peau lisse, tandis que ceux avec une peau verruqueuse sont connus comme des crapauds. La différence entre grenouilles et crapauds n'est pas basée sur un caractère officiel taxonomique et il y a de nombreuses exceptions à cette règle. Les membres de la famille des Bufonidae sont connus comme les « vrais crapauds »[16]. Les grenouilles peuvent mesurer plus de 30 centimètres comme la Grenouille de Goliath (Conraua goliath) en Afrique de l'Ouest[17], mais aussi être très petites comme Paedophryne amauensis et ses 7,7 millimètres, qui a été décrite pour la première en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2012, et qui est aussi le plus petit vertébré connu au monde[18]. Bien que la plupart des espèces soient associées à des habitats humides, certaines se sont spécialisées pour vivre dans les arbres ou dans les déserts. Ainsi on trouve des anoures dans le monde entier à l'exception des régions polaires[19].
26
+
27
+ L'ordre des anoures est divisé en trois sous-ordres qui sont largement reconnus par la communauté scientifique, mais les relations entre certaines familles restent floues. Les futures études moléculaires devraient fournir de nouvelles informations sur leurs relations évolutives[20]. Le sous-ordre des Archaeobatrachia comprend quatre familles de grenouilles primitives : les Ascaphidae, les Bombinatoridae, les Discoglossidae et les Leiopelmatidae, qui ont quelques caractères divergents et sont probablement paraphylétique par rapport aux autres lignées de grenouilles[21]. Les six familles du sous-ordre des Mesobatrachia, plus avancé en matière d'évolution, sont les Megophryidae, les Pelobatidae, les Pelodytidae, les Scaphiopodidae, les Rhinophrynidae et les Pipidae exclusivement aquatiques. Ces familles ont des caractéristiques intermédiaires entre les deux autres sous-ordres[21]. Le sous-ordre des Neobatrachia est de loin le plus vaste et comprend les autres familles de grenouilles modernes, comprenant notamment les espèces les plus communes. 96 % des plus de 5 000 espèces actuelles de grenouilles sont des Neobatrachia[22].
28
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29
+ L'ordre des Caudata (du latin cauda signifiant « queue »), également appelés Urodela[23], est composé des salamandres et des tritons, sont très dépendants du milieu aquatique, elles ont un corps allongé, une longue queue et quatre petites pattes[24]. Ces animaux ressemblent à des lézards, mais ils ne sont toutefois pas plus apparentés aux lézards qu'ils ne le sont aux mammifères[25]. Les salamandres n'ont pas de griffes, ont une peau dépourvue d'écailles, lisse ou recouverte de tubercules, et une queue aplatie verticalement. Leur taille varie entre 20 mm pour Thorius pennatulus, espèce qui vit au Mexique[26] et 1,8 m, taille de la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus)[27]. Les salamandres sont présentes dans tout la région Holarctique de l'hémisphère Nord. La famille des Plethodontidae peut aussi se rencontrer en Amérique centrale et en Amérique du Sud au nord du bassin de l'Amazone[19]. Les membres de plusieurs familles de salamandres sont devenus néoténique, et ne terminent jamais leur métamorphose, ou conservent des caractéristiques larvaires une fois adultes[28],[29]. La plupart des salamandres mesurent moins de 15 cm de long. Elles peuvent être terrestres et aquatiques, et de nombreuses espèces alternent entre ces deux habitats au cours de l'année. Sur terre, elles passent la majeure partie de la journée cachées sous une pierre, une branche tombée au sol ou dans la végétation dense, et sortent la nuit pour se nourrir de vers, d'insectes et d'autres invertébrés[19].
30
+
31
+ Le sous-ordre des Cryptobranchoidea comprend les salamandres primitives. Un certain nombre de fossiles de cryptobranchides ont été trouvés, mais on ne connait que trois espèces existantes de nos jours, la Salamandre géante de Chine (Andrias davidianus), la Salamandre géante du Japon (Andrias japonicus) et le Ménopome (Cryptobranchus alleganiensis) en Amérique du Nord. Ces amphibiens de grande taille conservent plusieurs caractéristiques larvaires à leur stade adulte : les fentes des branchies sont présentes et les yeux n'ont pas de paupières. Ils se caractérisent par leur capacité à se nourrir par aspiration, en créant une dépression d'un côté ou l'autre de la mâchoire inférieure[30]. Le mâle creuse le nid, incite la femelle à pondre ses œufs à l'intérieur, et les garde. En plus de respirer par leurs poumons, ils respirent par les nombreux plis de leur peau fine, qui disposent de vaisseaux capillaires proches de la surface[31].
32
+
33
+ Le sous-ordre des Salamandroidea est composé de salamandres plus évoluées. Elles diffèrent des cryptobranchides par leur os préarticulaire fusionné à la mâchoire inférieure, et par leur pratique de la fécondation interne. Chez les Salamandroidea, le mâle dépose un paquet de sperme, le spermatophore, et la femelle le ramasse et l'insère dans son cloaque où le sperme est stocké jusqu'à ce que les œufs soient pondus[32]. La plus grande famille de ce groupe est celle des Plethodontidae, les salamandres sans poumons, qui comprend 60 % de toutes les espèces de salamandres. Le Salamandridae famille comprend les vrais salamandres et on nomme « tritons » les membres de la sous-famille Pleurodelinae[15].
34
+
35
+ Le troisième sous-ordre, celui des Sirenoidea, compte quatre espèces dans son unique famille des Sirenidae. Les membres de cet ordre sont des salamandres aquatiques ressemblant à des anguilles, dépourvues de membres postérieurs et aux membres antérieurs réduits. Certaines de leurs caractéristiques sont primitives tandis que d'autres sont plus évoluées[33]. La fertilisation semble être externe car les mâles n'ont pas les glandes cloacales utilisées par les salamandrides pour produire les spermatophores et les femelles n'ont pas de spermathèques pour le stockage du sperme. Malgré cela, les œufs sont pondus un à un, un comportement peu propice à la fécondation externe[32].
36
+
37
+ L'ordre des Gymnophiona (du grec gymnos signifiant « nu » et ophis signifiant « serpent »), également appelés Apoda (du latin an- signifiant « sans » et du grec poda signifiant « pattes »), comprend les cécilies. Ce sont de longs animaux cylindriques dépourvus de pattes, ressemblant superficiellement aux serpents et aux vers. Les adultes mesurent entre 8 et 75 cm de long, à l'exception notable de Caecilia thompsoni qui peut atteindre une longueur de 150 centimètres. La peau des cécilies présente un grand nombre de plis transversaux, et chez certaines espèces elle est recouverte de minuscules écailles dermiques. Elles ont des yeux rudimentaires recouverts d'une peau, et dont la fonction se limite probablement à discerner les différences d'intensité lumineuse. Elles ont également une paire de petits tentacules près de l’œil, qui peuvent s'étendre et possèdent des fonctions tactiles et olfactives. La plupart des cécilies vivent sous la terre dans des galeries creusées dans le sol humide, dans du bois en décomposition ou sous des débris végétaux, mais certains sont aquatiques[34]. La plupart des espèces pondent leurs œufs sous la terre, et dès que les larves éclosent elles se dirigent vers le point d'eau le plus proche. D'autres espèces portent les œufs, et la métamorphose a lieu avant qu'ils n'éclosent. Enfin, de plus rares espèces donnent naissance à des jeunes qu'elles nourrissent avec des sécrétions glandulaires tandis qu'ils sont dans l'oviducte[35]. On rencontre les cécilies dans les régions tropicales d'Afrique, d'Asie, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud[36].
38
+
39
+ La structure tégumentaire de la peau des amphibiens comporte certaines caractéristiques communes avec celle des autres vertébrés terrestres. Ainsi, leur peau présente des couches externes fortement kératinisées, et renouvelées périodiquement à travers un processus de mue contrôlé par l'hypophyse et la thyroïde. Les verrues sont communes, notamment chez les crapauds. Contrairement aux mammifères et aux oiseaux dont la peau est renouvelée par petites plaques, les amphibiens muent en perdant l'intégralité de la couche externe de la peau en une seule fois, à intervalles réguliers. L'intervalle entre deux mues varie suivant l'espèce. Il leur arrive fréquemment de manger ensuite cette mue[19]. Les cécilies diffèrent des autres amphibiens par leurs écailles dermiques intégrées dans le derme, entre les sillons de la peau. Ces écailles ont une vague ressemblance avec celles des poissons osseux. Les lézards et certaines grenouilles ont des plaques osseuses semblables au niveau du derme, mais il s'agit là d'un exemple de convergence évolutive, des structures similaires s'étant développées indépendamment dans diverses lignées de vertébrés[37].
40
+
41
+ La peau des amphibiens est perméable à l'eau[38]. Des échanges gazeux peuvent avoir lieu à travers la peau, ce qui permet aux adultes de respirer sans remonter à la surface de l'eau et d'hiberner au fond des étangs ou des mares[19]. Pour éviter que leur peau fine et fragile ne se dessèche, les amphibiens ont développé des glandes à mucus, principalement localisées sur la tête, le dos et la queue. Les sécrétions produites par celles-ci les aident à garder la peau humide. En outre, la plupart des espèces d'amphibiens ont des glandes qui sécrètent des substances désagréables ou toxiques. Certaines toxines produites par des amphibiens peuvent être mortelles pour les humains tandis que d'autres ont peu d'effet[39]. Les principales glandes productrices de poison, les parotides, produisent une neurotoxine, la bufotoxine. Elles sont situées derrière les oreilles des crapauds, le long du dos des grenouilles, derrière les yeux des salamandres et sur la surface supérieure des cécilies[40].
42
+
43
+ La couleur de la peau des amphibiens dépend de trois couches de cellules pigmentaires appelées chromatophores. Ces trois couches de cellules comprennent les mélanophores (occupant la couche la plus profonde), les guanophores (formant une couche intermédiaire et contenant de nombreux granules, produisant une couleur bleu-vert) et les lipophores (jaunes, la couche la plus superficielle). La plupart des espèces adoptent des couleurs leur permettant de se fondre dans leur environnement. Certaines d'entre elles sont même capables de modifier leur coloration selon le milieu dans lequel elles évoluent, à la manière des caméléons mais de façon moins marquée. Ce changement de couleur est initié par des hormones sécrétées par l'hypophyse, à partir des informations fournies par les yeux[41]. Contrairement aux poissons osseux, il n'y a pas de contrôle direct du système nerveux sur les cellules pigmentaires, et cela se traduit par un changement de couleur plus lent que chez les poissons. Une peau de couleur vive indique généralement que l'espèce est toxique et constitue un avertissement pour les prédateurs[42].
44
+
45
+ En 2017, des chercheurs de l'université de Buenos Aires ont découvert la première grenouille fluorescente (Hypsiboas punctatus), chose unique chez les amphibiens, alors qu'ils étaient en train d'étudier sa pigmentation. À la lumière du jour, cette grenouille arbore des couleurs vertes, jaunes ou rouges, mais éclairée par un faisceau ultraviolet, elle se met à briller intensément, d'une couleur bleu-vert. D'autre part, elle possède des molécules fluorescentes jamais encore observées chez des animaux. Celles-ci sont concentrées dans son tissu lymphatique, dans sa peau et dans ses sécrétions glandulaires[43].
46
+
47
+ Le squelette des amphibiens ressemble fortement à celui des autres tétrapodes. En effet ils ont tous quatre membres, sauf pour les cécilies et quelques espèces de salamandres aux membres réduits ou absents. Les os sont creux et légers. Le système musculo-squelettique est robuste pour lui permettre de soutenir la tête et le corps. La ceinture scapulaire est soutenue par des muscles, et la ceinture pelvienne, bien développée, est rattachée au squelette par une paire de côtes reliées au sacrum. L'ilion penche vers l'avant et le corps est maintenu près du sol, ce qui n'est pas le cas chez les mammifères[44].
48
+
49
+ Chez la plupart des amphibiens, la patte avant comporte quatre doigts, et la patte arrière cinq, mais aucun ne présente de griffes. Certaines espèces de salamandres ont moins de doigts et les Amphiuma, ressemblant à des anguilles, ont des pattes minuscules. Les Sirenoidea, des salamandres aquatiques, ont quant à elles des membres antérieurs trapus mais pas de membres postérieurs. Les cécilies n'ont pas de pattes. Elles progressent dans leurs galeries à la manière des vers de terre, par des contractions musculaires le long de leur corps. Sur la surface du sol ou dans l'eau, elles se déplacent en ondulant[45].
50
+
51
+ Chez les grenouilles, les pattes postérieures sont plus grandes que les pattes antérieures, trait particulièrement marqué chez les espèces qui se déplacent principalement en sautant ou en nageant. Les espèces qui se déplacent en marchant ont des membres postérieurs développés, et les fouisseurs ont pour la plupart des membres courts et un corps large. Les pieds peuvent présenter diverses adaptations suivant le mode de vie, comme des orteils palmés adaptés à la natation, de larges ventouses adhésives pour l'escalade et des tubercules kératinisés sur les pattes de derrière pour creuser (les grenouilles creusent généralement dans le sol en reculant). Chez la plupart des salamandres, les membres sont courts, ont plus ou moins la même longueur et sont perpendiculaires au corps. Lorsqu'elles marchent sur terre, la queue passe d'un côté à l'autre, et peut être utilisée comme balancier, notamment pour grimper. Dans leur démarche normale, elles avancent une patte après l'autre, de la même manière que leurs ancêtres les ostéichthyens[44]. Certaines salamandres appartenant au genre Aneides et certains Plethodontidae grimpent aux arbres et ont de longs membres, de larges ventouses et une queue préhensile[32]. Chez les salamandres aquatiques et les têtards de grenouilles, la queue a les nageoires dorsales et ventrales et se déplacent de droite à gauche, permettant à l'animal de se propulser. Les grenouilles adultes n'ont pas de queue et celle des cécilies est très courte[46].
52
+
53
+ Les salamandres peuvent utiliser leur queue pour se défendre et certaines espèces l'abandonnent derrière elles pour faire diversion, la queue continuant à se contracter, et s'échapper. On appelle ce comportement autotomie. C'est le cas de certaines espèces de Plethodontidae chez lesquelles la queue se détache facilement. La queue et les membres peuvent être régénérés[47]. Par contre, les membres des grenouilles adultes ne se régénèrent pas, contrairement à ceux de leurs têtards[45].
54
+
55
+ Les amphibiens ont un stade larvaire et un stade adulte, avec des systèmes circulatoires bien distincts. Chez la larve, la circulation est similaire à celle d'un poisson, et le cœur composé de deux compartiments envoie le sang vers les branchies où il est oxygéné, avant qu'il ne traverse le reste du corps et revienne au cœur en ne formant qu'une seule boucle. Chez l'adulte, les amphibiens, et notamment les grenouilles, perdent leurs branchies et développent des poumons. Leur cœur se compose d'un ventricule unique et de deux oreillettes. Lorsque le ventricule se contracte, le sang désoxygéné est pompé à travers l'artère pulmonaire vers les poumons, puis les contractions continuent et envoie le sang oxygéné dans le reste du corps. Le mélange du sang oxygéné et du sang non oxygéné est minimisé par l'anatomie des chambres[48].
56
+
57
+ Le système nerveux est semblable à celui des autres vertébrés, avec un cerveau central, une moelle épinière, et des nerfs dans tout le corps. Le cerveau des amphibiens est moins bien développé que celui des reptiles, des oiseaux et des mammifères, mais sa morphologie et son fonctionnement sont similaires à celui d'un poisson. Il se compose d'un télencéphale, d'un mésencéphale et d'un cervelet de tailles équivalentes. Le télencéphale reçoit les signaux sensoriels de l'odorat dans le lobe olfactif et de la vue dans le lobe optique, et il est en outre le centre de comportement et d'apprentissage. Le cervelet contrôle la coordination musculaire et le bulbe rachidien régule certaines fonctions des organes, y compris le rythme cardiaque et la respiration. Le cerveau envoie des signaux à travers la moelle épinière et les nerfs afin de réguler l'activité du reste du corps. La glande pinéale, connue chez l'Homme pour réguler le sommeil, produit les hormones impliquées dans l'hibernation et l'estivation des amphibiens[49].
58
+
59
+ Les têtards possèdent une ligne latérale, comme leurs ancêtres les poissons, mais elle a disparu chez les amphibiens terrestres adultes. Certaines cécilies possèdent des électrorécepteurs qui leur permettent de localiser les objets autour d'elles lorsqu'elles sont immergées dans l'eau. Les oreilles sont bien développées chez les grenouilles. Il n'y a pas d'oreille externe, mais un large tympan est situé juste derrière l’œil. Il vibre et le son est transmis par un seul os, l'étrier, à l'oreille interne. Seuls les sons à haute fréquence tels que les appels d'accouplement se font entendre de cette manière[44]. Les bruits de plus basse fréquence peuvent être détectés par un autre mécanisme : des cellules ciliées spécialisées, appelées papilla amphibiorum situées dans l'oreille interne sont capables de déceler ces sons. Une autre caractéristique, propre aux grenouilles et aux salamandres, est le complexe attenant columelle-opercule de la capsule auditive qui permet aux animaux de ressentir les vibrations de l'air ou du sol[50]. Les oreilles des salamandres et des cécilies sont moins développées que celles des grenouilles et ces espèces ne peuvent généralement pas communiquer par des sons[51].
60
+
61
+ Les yeux des têtards n'ont pas de paupières, mais ils subissent diverses évolutions au moment de la métamorphose : la cornée prend une forme de dôme, le cristallin s'aplatit et les paupières et les glandes et conduits associés apparaissent[44]. Les yeux des adultes sont intermédiaires entre ceux des invertébrés et ceux des autres vertébrés plus évolués. Ils permettent la vision des couleurs et de la profondeur de champ. La rétine est composée de cellules en bâtonnet, sensibles à une large gamme de longueurs d'onde[51].
62
+
63
+ De nombreux amphibiens attrapent leurs proies en lançant sur elles leur longue langue collante, avant de les saisir avec leurs mâchoires. Certains avalent leur proie en avançant rapidement et à plusieurs reprises la tête vers l'avant, afin de faire progresser les aliments vers le fond de la bouche en se servant de leur inertie. La plupart des amphibiens avalent leur proie tout entière, sans mâcher, et ils possèdent donc un ventre volumineux pour pouvoir recevoir ces proies. L'œsophage est court, bordé de cils et couvert de mucus produit par les glandes de la bouche et du pharynx, ce qui facilite le transit de la nourriture vers l'estomac. Leur estomac produit de la chitinase, une enzyme qui permet de digérer la cuticule chitineuse des arthropodes[52].
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+ Les amphibiens possèdent une vessie, un pancréas, un foie et une vésicule biliaire. Le foie est généralement de grande taille avec deux lobes. Comme il a pour fonction de stocker le glycogène et les graisses, sa taille varie d'une saison à l'autre selon que ces réserves sont en constitution ou utilisées. Le tissu adipeux est une autre réserve d'énergie pour les amphibiens, et on le trouve dans l'abdomen, sous la peau et, chez certaines salamandres, dans la queue[53].
66
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67
+ Les amphibiens ont deux reins situés au niveau du dos, dans la partie supérieure de la cavité abdominale. Leur fonction est de filtrer le sang pour en extraire les déchets métaboliques et transporter l'urine par les uretères vers la vessie où elle est stockée avant d'être évacuée périodiquement par l'intermédiaire du cloaque. Les larves, tout comme les adultes des espèces les plus aquatiques excrètent l'azote sous forme d'ammoniac dans de grandes quantités d'urine diluée, tandis que les espèces terrestres, qui doivent économiser l'eau, excrètent l'azote sous forme d'urée, un produit moins toxique qui peut être concentré et stocké. Certaines grenouilles arboricoles ayant un accès limité à l'eau excrètent leurs déchets métaboliques sous forme d'acide urique[54].
68
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69
+ Les larves se distinguent surtout par leur respiration branchiale alors que les adultes ont une respiration pulmonaire[55].
70
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71
+ Comparés à ceux des amniotes, les poumons des amphibiens sont primitifs, avec peu de cloisons internes et de grandes alvéoles, et par conséquent le taux de diffusion de l'oxygène dans le sang est relativement lent. L'approvisionnement des poumons en air est réalisé par aspiration par voie buccale. La plupart des amphibiens, cependant, sont en mesure de réaliser des échanges gazeux dans l'eau ou dans l'air par l'intermédiaire de leur peau. Pour que cette respiration cutanée fonctionne, la surface de la peau est très vascularisée et doit rester humide pour permettre à l'oxygène de se diffuser à un taux suffisamment élevé[52]. Comme la concentration d'oxygène dans l'eau augmente à la fois lorsque la température est basse et que le débit est élevé, les amphibiens aquatiques peuvent, lorsque ces conditions sont réunies, s'appuyer principalement sur la respiration cutanée, comme le font la grenouille du lac Titicaca (Telmatobius culeus) et la salamandre Ménopome. À l'air libre, où l'oxygène est plus concentré, certaines petites espèces peuvent compter uniquement sur les échanges gazeux cutanés pour respirer, le cas le plus célèbre étant celui des salamandres de la famille des Plethodontidae, qui n'ont ni poumons, ni branchies. Les amphibiens présentent tous des branchies lors de leur stade larvaire, et certaines salamandres aquatiques les conservent sous leur forme adulte[52].
72
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73
+ Pour se reproduire, les amphibiens ont besoin d'eau douce, même si certains pondent leurs œufs sur la terre, ayant développé différents moyens pour les conserver à un niveau d'humidité suffisant. Quelques-uns (par exemple Fejervarya raja) peuvent vivre en eau saumâtre, mais aucun amphibien n'est réellement marin. On a cependant observé quelques cas particuliers de populations d'amphibiens colonisant des eaux salées. Ce fut le cas en mer Noire avec l'hybride naturel Pelophylax esculentus en 2010[56].
74
+
75
+ Plusieurs centaines d'espèces de grenouille issues d'une même radiation évolutive (dont notamment les Eleutherodactylus, les Platymantines du Pacifique, les Microhylidae d'Océanie et diverses espèces de grenouilles tropicales) n'ont pas besoin d'eau pour se reproduire. La quasi-totalité de ces grenouilles vivent dans les forêts tropicales humides et elles ne possèdent pas de stade larvaire : de leurs œufs éclosent directement des versions miniatures de l'adulte, qui passent par le stade de têtard alors qu'elles sont encore dans l'œuf. La réussite de leur reproduction dépend alors de la quantité de précipitations et du fait que celles-ci coïncident avec le moment de la reproduction[57].
76
+
77
+ Dans les tropiques, de nombreux amphibiens se reproduisent tout au long de l'année. Dans les régions tempérées, la reproduction est saisonnière, et a généralement lieu au printemps, car elle est déclenchée par l'augmentation de la longueur du jour, la hausse des températures ou d'importantes précipitations. Des expériences ont montré l'importance de la température pour déclencher la reproduction, mais dans les régions arides, c'est souvent une tempête qui la provoque. Chez les anoures, les mâles arrivent généralement avant les femelles sur les sites de reproduction, et leurs chants stimulent alors l'ovulation des femelles et la production d'hormones sexuelles chez les mâles immatures[58].
78
+
79
+ Chez les cécilies, la fécondation est interne, le mâle introduisant son phallodeum, dans le cloaque de la femelle. Les glandes de Müller situées à l'intérieur du cloaque des mâles sécrètent un fluide qui ressemble à celui produit par les glandes de la prostate des mammifères et qui permet de transporter et nourrir le sperme. La fertilisation a probablement lieu dans l'oviducte[59].
80
+
81
+ La majorité des salamandres pratiquent également la fécondation interne. Pour la plupart d'entre elles, le mâle dépose un spermatophore (petit paquet de sperme) sur le dessus d'un cône gélatineux, sur le sol ou dans l'eau. La femelle saisit le paquet de sperme avec les lèvres de son cloaque et le pousse dans l'orifice. Les spermatozoïdes atteignent alors la spermathèque située au sommet du cloaque et ils y restent jusqu'à l'ovulation qui peut avoir lieu plusieurs mois plus tard. Les parades nuptiales et les méthodes de transfert du spermatophore varient selon les espèces. Dans certains cas, le spermatophore peut être placé directement dans le cloaque de la femelle alors que chez d'autres la femelle peut être guidée vers le spermatophore ou retenue par une étreinte appelée amplexus. Certaines salamandres primitives appartenant aux familles des Sirenidae, des Hynobiidae et des Cryptobranchidae pratiquent la fertilisation externe de la même manière que les grenouilles, la femelle pondant ses œufs dans l'eau et le mâle libérant son sperme sur la masse d'œufs[59].
82
+
83
+ À quelques exceptions près, les grenouilles utilisent la fécondation externe. Le mâle saisit la femelle avec ses pattes avant soit au niveau des pattes avant soit au niveau des pattes arrière, voire dans le cas de Epipedobates tricolor autour du cou. Ils restent dans cette position, leurs cloaques placés non loin l'un de l'autre, et tandis que la femelle pond les œufs, le mâle les recouvre de sa semence. Des callosités rugueuses sur les pattes du mâle permettent d'avoir plus d'adhérence pour conserver cette position suffisamment longtemps. Souvent, le mâle recueille et conserve la masse d'œufs, formant une sorte de panier avec ses pattes de derrière. Oophaga granulifera constitue une exception, puisque le mâle et la femelle placent bien leurs cloaques à proximité, mais sont orientés vers des directions opposées, et relâchent les œufs et le sperme en même temps. Ascaphus truei utilise la fécondation interne. Seuls les mâles disposent d'une « queue » qui constitue un prolongement du cloaque et est utilisée pour fertiliser la femelle. Cette grenouille vit dans les rivières à courant rapide et la fécondation interne évite que les spermatozoïdes soient emportés par le courant avant que la fécondation n'ait lieu[60]. Le sperme peut être conservé dans des tubes de stockage connectés à l'oviducte jusqu'au printemps suivant[61].
84
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85
+ La durée de la période de reproduction est variable suivant les espèces. En règle générale, elle est assez longue, les mâles arrivant progressivement sur les sites de reproduction, où les premiers s'installent sur un territoire et chantent, tandis que d'autres attendent qu'un territoire soit libéré. Petit à petit, les femelles arrivent, choisissent un partenaire et pondent leurs œufs. À leur départ le territoire change de mains, et ainsi de suite jusqu'à ce que plus aucune femelle ne vienne sur les sites de reproduction, marquant la fin de celle-ci. D'autres espèces ont une période de reproduction beaucoup plus courte, avec une activité plus marquée. Il s'agit notamment des espèces fouisseuses vivant dans des régions arides, qui émergent après de fortes pluies et se rassemblent sur un site de reproduction. Les animaux sont attirés par le chant du premier mâle à trouver un endroit approprié, comme une flaque qui se forme au même endroit à chaque saison des pluies. Les grenouilles assemblées peuvent appeler à l'unisson et une activité frénétique s'ensuit, les mâles se bousculant pour s'accoupler avec les femelles, généralement moins nombreuses[60].
86
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87
+ La plupart des amphibiens se métamorphosent, un processus de changement morphologique significatif après la naissance. Au cours du développement classique des amphibiens, les œufs sont pondus dans l'eau et les larves sont adaptées à un mode de vie aquatique. Les grenouilles, les crapauds et les salamandres sortent de l'œuf sous forme de larves munies de branchies externes. La métamorphose des amphibiens est régulée par la concentration dans le sang de deux hormones antagonistes, la thyroxine, qui stimule la métamorphose, et la prolactine, qui contrecarre l'effet de la thyroxine. Les événements de la métamorphose sont induits par le passage de la concentration de ses hormones au-delà de valeurs seuils dans les différents tissus[62]. Comme le développement embryonnaire se fait surtout en dehors du corps des parents, il est soumis à de nombreuses adaptations découlant des conditions environnementales. Ainsi, les têtards ont des crêtes cornées au lieu de dents et des extensions de la peau plutôt que des nageoires. Ils disposent aussi d'un organe sensoriel, la ligne latérale, similaire à celui des poissons. Après la métamorphose, ces organes deviennent inutiles et vont disparaître petit à petit à la suite de la dégénérescence des cellules, appelée apoptose. La variété des adaptations liées aux spécificités de l'environnement chez les amphibiens est très importantes, et de nombreuses découvertes sont encore à faire[63].
88
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89
+ L’œuf des amphibiens se caractérise par la présence d'une couverture gélatineuse transparente sécrétée par les oviductes et composée de mucoprotéines et des glycosaminoglycanes. Cette capsule est perméable à l'eau et aux gaz, et sa taille augmente considérablement à mesure qu'elle absorbe de l'eau. L'ovule est d'abord maintenu solidement à l'intérieur, mais dans les œufs fécondés, la couche la plus interne se liquéfie et permet à l'embryon de se déplacer librement. C'est également le cas pour les œufs de salamandre, même quand ils ne sont pas encore fécondés. Les œufs de certaines salamandres et ceux des grenouilles contiennent une algue verte unicellulaire. Celle-ci pénètre dans l'enveloppe gelée après que les œufs sont pondus et peut améliorer l'apport d'oxygène à l'embryon grâce à sa photosynthèse. Elle semble à la fois accélérer le développement des larves et réduire leur mortalité[64]. La plupart des œufs contiennent de la mélanine, un pigment qui augmente leur température grâce à l'absorption de la lumière et les protège contre le rayonnement ultraviolet. Les cécilies, certaines salamandres et les grenouilles de la famille des Plethodontidae qui pondent leurs œufs sous terre ont des œufs non pigmentés. Chez la Grenouille des bois (Rana sylvatica), l'intérieur de l'amas globulaire de l’œuf a une température supérieure de jusqu'à 6 °C à celle de son environnement, dans la partie la plus septentrionale de son aire de répartition[65].
90
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91
+ Les œufs peuvent être déposés individuellement ou par plusieurs, voire en importants amas d'œufs sphériques, pouvant former des radeaux ou de longues chaînes. Chez les cécilies terrestres, les œufs sont pondus en grappes, dans des terriers près des ruisseaux. La salamandre amphibie Ensatina attache des grappes similaires à tiges ou des racines sous l'eau. Eleutherodactylus planirostris pond ses œufs en petits amas dans le sol où ils se développent en environ deux semaines pour donner directement des grenouilles juvéniles, qui ne passent pas par le stade de larves[66]. Physalaemus pustulosus construit un nid flottant en mousse pour protéger ses œufs. Elle commence par bâtir le radeau, puis pond ses œufs au centre et les recouvre d'un bouchon en mousse. La mousse a des propriétés anti-microbiennes. Elle est créée par émulsion de protéines et de lectines sécrétées par la femelle[67],[68].
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93
+ Les œufs des amphibiens sont généralement pondus dans l'eau et les larves qui en éclosent complètent leur développement dans l'eau et se transforment plus tard en adultes, aquatiques ou terrestres. Chez certaines espèces de grenouilles et la plupart des salamandres sans poumons (Pléthodontidés), il n'y a pas de stade larvaire apparent. Les larves se développent dans les œufs et émergent sous la forme d'adultes miniatures. De nombreuses cécilies et certains autres amphibiens pondent leurs œufs sur terre, et la larve nouvellement éclose se tortille jusqu'à un point d'eau ou y est transportée. Certaines cécilies, la Salamandre noire (Salamandra atra) et certaines espèces de Nectophrynoides sont vivipares. Leurs larves se nourrissent de sécrétions glandulaires et se développent dans l'oviducte de la femelle, souvent pendant de longues périodes. D'autres amphibiens, en dehors des cécilies, sont ovovivipares. Les œufs sont conservés à l'intérieur ou sur le corps de la mère, mais les larves se nourrissent du vitellus de l’œuf, sans recevoir aucune nourriture de l'adulte. Les larves émergent à différents stades de leur croissance, que ce soit avant ou après la métamorphose, selon l'espèce[69]. Les crapauds du genre Nectophrynoides présentent l'ensemble de ces modèles de développement parmi sa douzaine de représentants[70].
94
+
95
+ Les larves des anoures sont connues sous le nom de têtards. Ceux-ci ont une forme généralement ovale et longue, une queue aplatie à la verticale et munie de nageoires. Les larves sont normalement entièrement aquatiques, mais les têtards de certaines espèces telles que Nannophrys ceylonensis sont semi-terrestres et vivent parmi les rochers humides[71]. Les têtards ont un squelette cartilagineux, des branchies pour la respiration (branchies externes, puis branchies internes au fur et à mesure de leur développement), une ligne latérale et une grande queue qu'ils utilisent pour nager[72]. À l'éclosion, les têtards développent rapidement des poches branchiales qui couvrent les branchies. Les poumons se développent tôt et sont utilisés comme organes respiratoires accessoires, les têtards remontant à la surface de l'eau pour respirer à l'air libre. Certaines espèces achèvent leur développement à l'intérieur de l'œuf et éclosent sous la forme de petites grenouilles. Dans ce cas, les animaux juste éclos ne disposent pas de branchies mais de régions de la peau très spécialisées par lesquelles la respiration a lieu. Alors que les têtards n'ont pas de véritables dents, chez la plupart des espèces les mâchoires présentent de longues rangées parallèles de petites structures kératinisées appelées keradonts, entourés d'un bec corné[73]. Les pattes avant se forment sous les sacs branchiaux et les pattes arrière deviennent visibles quelques jours plus tard. Les têtards sont généralement herbivores, se nourrissant principalement d'algues, y compris de diatomées filtrées dans l'eau par les branchies. Ils sont aussi détritivores, et ils remuent les sédiments au fond de l'eau pour en dégager de petits fragments de matières comestibles. Ils ont un intestin suffisamment long, en forme de spirale, pour digérer ces aliments[74]. Certaines espèces sont carnivores dès le stade larvaire, et le têtard mange des insectes, d'autres têtards plus petits et des poissons. Les têtards de la Rainette de Cuba (Osteopilus septentrionalis) peuvent pratiquer le cannibalisme, les jeunes têtards attaquant un têtard plus grand alors qu'il est en pleine métamorphose[75].
96
+
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+ Lors de la métamorphose, on observe des changements rapides et radicaux dans la morphologie et le mode de vie des grenouilles. La bouche en forme de spirale avec ses dents cornées se résorbe avec l'intestin en spirale. L'animal développe une grande mâchoire, et ses branchies et leurs sacs branchiaux disparaissent. Les yeux et les pattes se développent rapidement, et une langue apparait. Le système nerveux évolue en conséquence, et on observe le développement de la vision stéréoscopique et la perte de la ligne latérale. Tout cela peut se produire en l'intervalle d'une journée environ. Quelques jours plus tard, la queue se résorbe[74].
98
+
99
+ À l'éclosion, la larve de salamandre présente généralement des yeux dépourvus de paupières, des dents aux mâchoires inférieure et supérieure, trois paires de branchies externes plumeuses, un corps un peu aplati latéralement et une longue queue avec des nageoires dorsales et ventrales. Les membres antérieurs peuvent être partiellement développés et les membres postérieurs sont rudimentaires chez les espèces vivant en eau stagnante, mais peuvent-être un peu plus développés chez les espèces qui se reproduisent dans de l'eau en mouvement. Les larves des espèces se reproduisant en étang ont souvent une paire d'équilibreurs, des éléments en forme de tiges placés de chaque côté de la tête qui évitent aux branchies d'être obstruées par des sédiments. Les larves de certains membres des genres des Ambystoma et des Dicamptodon ne se métamorphoses jamais complètement, et conservent des caractéristiques larvaires. La Salamandre foncée (Ambystoma gracile) est dans ce cas, et en fonction de facteurs environnementaux, elle peut rester en permanence à l'état larvaire, phénomène appelé néoténie, ou se transformer en adulte[76]. Dans les deux cas, l'espèce est en mesure de se reproduire[77]. La néoténie se produit lorsque la croissance de l'animal est très faible et est généralement liée à des conditions défavorables telles qu'une température basse de l'eau, qui peuvent altérer la réponse des tissus à la thyroxine[78]. Le manque de nourriture, le manque d'oligo-éléments et la concurrence importante des congénères peuvent également inhiber la métamorphose. La Salamandre tigrée (Ambystoma tigrinum) se comporte parfois aussi de cette façon. La Salamandre tigrée adulte est terrestre, mais la larve est aquatique et est capable de se reproduire tout en restant dans son état larvaire. Lorsque les conditions sont particulièrement inhospitalière sur terre, cette reproduction des larves peut permettre la survie d'une population qui, autrement, se serait éteinte. Il y a une quinzaine d'espèces de salamandres complètement néoténiques, dont les espèces des genres Necturus, Proteus et Amphiuma, et on compte de nombreux exemples d'espèces néoténiques facultatives qui adoptent cette stratégie dans des conditions environnementales particulières[79].
100
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101
+ Les salamandres sans poumons de la famille des Plethodontidae sont terrestres et pondent un petit nombre d’œufs non pigmentés parmi les feuilles mortes humides. Chaque œuf possède un important vitellus et la larve s'en nourrit et se développe à l'intérieur de l'œuf, émergeant après sa métamorphose sous la forme d'une salamandre juvénile. La salamandre femelle couve souvent les œufs. Dans le genre Ensatina, la femelle a été observée appuyant sa gorge contre eux, les massant avec une sécrétion de mucus[80].
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+ Chez les tritons et les salamandres, la métamorphose est moins spectaculaire que chez les grenouilles. En effet, les larves sont carnivores, comme les adultes, et peu de changements sont donc nécessaires pour leur système digestif. Leurs poumons sont fonctionnels dès l'éclosion, mais les larves ne les utilisent pas autant que le font les têtards. Leurs branchies ne sont jamais couvertes par de sacs branchiaux et se résorbent juste avant que les animaux ne sortent de l'eau. Lors de la métamorphose, les nageoires de leur queue se réduisent, voire disparaissent, leurs fentes branchiales se ferment, leur peau s'épaissit, des paupières apparaissent et on observe également des changements au niveau de la dentition et de la structure de la langue. Les salamandres sont très vulnérables au moment de la métamorphose car leur vitesse de nage est réduite et leur grande queue est encombrante sur terre[81]. Les salamandres adultes ont souvent une phase aquatique au printemps et en été, et une phase terrestre en hiver. Pour s'adapter successivement à ces deux modes de vie, elles subissent quelques modifications hormonales : la prolactine est produite pour se préparer à la vie aquatique quand la thyroxine est associée à la vie sur terre. Les branchies externes ne sont pas utilisées lors des phases aquatiques, car celles-ci sont complètement résorbées lorsque les animaux sortent de l'eau pour la première fois[82].
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+ La plupart des cécilies terrestres qui pondent des œufs le font dans des terriers ou des endroits humides près de plans d'eau. Le développement du jeune Ichthyophis glutinosus, une espèce originaire du Sri Lanka, a été étudié en détail. Les larves ressemblent à des anguilles à leur éclosion et se trainent jusqu'à un point d'eau. Elles ont trois paires de branchies plumeuses rouges, une tête émoussée avec deux yeux rudimentaires, une ligne latérale et une queue courte avec des nageoires. Elles nagent en faisant onduler leur corps. Ces larves, surtout actives la nuit, perdent leurs branchies et commencent alors à sortir sur la terre ferme. La métamorphose est progressive. À l'âge d'environ dix mois, cette cécilie a une tête pointue avec des tentacules sensorielles près de la bouche et a perdu ses yeux, sa ligne latérale et sa queue. La peau s'épaissit, les écailles qui lui sont intégrées se développent et le corps se divise en segments. L'animal se construit alors un terrier et vit exclusivement sur terre[83].
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107
+ La majorité des espèces de cécilies sont vivipares. Typhlonectes compressicauda, une espèce d'Amérique du Sud, en est un exemple typique. Jusqu'à neuf larves peuvent se développer dans l'oviducte simultanément. Elles sont allongées et ont des branchies en forme de sac, de petits yeux et des dents spécialisées pour racler. Dans un premier temps, ils se nourrissent à partir de leur vitellus, mais au fur et à mesure que cette source de nourriture diminue, ils commencent à râper les cellules épithéliales ciliées qui tapissent l'oviducte. Cela stimule la sécrétion de substances riches en lipides et mucoprotéines dont ils se nourrissent par la paroi de l'oviducte. Les larves peuvent voir leur longueur multipliée par six, et mesurent alors les deux cinquièmes de la longueur de leur mère. Lorsqu'elles sortent de l'oviducte, elles ont subi leur métamorphose, ont perdu leurs yeux et leurs branchies, ont développé une peau plus épaisse et des tentacules sur la bouche, et leurs dents ont disparu. Des dents permanentes vont croître peu après la naissance[84],[85].
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+ Siphonops annulatus a développé une adaptation unique pour se reproduire. La progéniture se nourrit d'une couche de peau spécialement développée à cette fin par l'adulte, dans un phénomène connu sous le nom de dermatophagie maternelle. Les larves se nourrissent ensemble et dévorent la couche cellulaire en approximativement sept minutes, et attendent ensuite trois jours qu'elle se régénère. Pendant ce temps ils se nourrissent de fluides produits par le cloaque maternel[86].
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111
+ Les soins parentaux chez les amphibiens sont mal connus, mais, en général, plus le nombre d'œufs pondus est important, moins il est probable que les parents se préoccupent de leur progéniture. Néanmoins, on estime que pour environ 20 % des espèces d'amphibiens, un ou les deux parents jouent un rôle dans l'élevage des jeunes[87]. Les espèces qui se reproduisent dans les petits plans d'eau ou dans des habitats spécialisés ont tendance à développer des comportements plus évolués dans les soins donnés aux jeunes[88].
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113
+ La plupart des salamandres vivant dans les bois pondent leurs œufs à terre sous du bois mort ou une pierre. C'est le cas de Desmognathus welteri, une salamandre qui couve ses œufs et les protège contre les prédateurs tandis que les jeunes se nourrissent du vitellus. Lorsqu'ils sont pleinement opérationnels, les jeunes se frayent un chemin hors du nid et se dispersent[89]. Chez le Ménopome, une salamandre primitive, le mâle creuse un nid sous l'eau et encourage les femelles à y pondre. Le mâle protège ensuite le site pendant les deux ou trois mois qui précèdent l'éclosion des œufs, et assure leur approvisionnement en oxygène en agitant l'eau autour du nid[31].
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115
+ Le mâle Colostethus subpunctatus, une petite grenouille, protège ses œufs qui sont cachés sous une pierre ou des feuilles mortes. Quand les œufs éclosent, le mâle transporte les têtards sur son dos, sur lequel ils tiennent grâce à une sécrétion de mucus, vers une mare où il se plonge et laisse les têtards tomber[90]. Le mâle Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) attache des grappes d'œufs autour de ses cuisses et les porte ainsi pendant environ huit semaines. Il les garde humides, et quand ils sont prêts à éclore il se rend dans un étang ou un fossé et libère les têtards[91]. Chez les grenouilles du genre Rheobatrachus, la femelle élevait les larves dans son estomac après avoir ingurgité les œufs ou les petits juste éclos. Toutefois, on n'a jamais pu observer ce phénomène avant que ces espèces ne soient éteintes. Les têtards sécrétait une hormone qui inhibait la digestion chez la mère pendant qu'ils se développaient en consommant leur large vitellus[92]. Assa darlingtoni pond ses œufs sur le sol. Quand ils éclosent, le mâle porte les têtards dans des sortes de poches situées au niveau de ses pattes de derrière[93]. Le Crapaud du Surinam (Pipa pipa) est une espèce aquatique qui élève ses petits dans les pores sur son dos où ils demeurent jusqu'à la métamorphose[94]. Oophaga granulifera est une espèce caractéristique des grenouilles arboricoles venimeuses de la famille des Dendrobatidae. Ses œufs sont pondus sur le sol de la forêt et quand ils éclosent, les têtards sont emportés un à un sur le dos d'un adulte vers une crevasse remplie d'eau, à la base d'une feuille ou au cœur de la rosette de broméliacées. La femelle se rend dans les sites où se développent les jeunes et y déposent régulièrement des œufs non fécondés qui sont consommés par les têtards[95].
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+ À quelques exceptions près, les amphibiens adultes sont carnivores, se nourrissant de presque tout ce qui bouge qu'ils sont en mesure d'avaler. Leur régime alimentaire se compose essentiellement de petites proies peu rapides, comme les coléoptères, les chenilles, les vers de terre et les araignées. Les espèces du genre Siren ingèrent souvent des plantes aquatiques en même temps que les invertébrés dont ils se nourrissent[96] et la grenouille arboricole brésilienne Xenohyla truncata inclut une grande quantité de fruits dans son régime alimentaire[97]. Le crapaud mexicain Rhinophrynus dorsalis possède une langue spécialement adaptée pour attraper les fourmis et les termites[98].
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+ Les amphibiens repèrent leurs proies la plupart du temps par la vue, même par faible luminosité. Ce sont notamment les mouvements de la proie qui déclenchent l'attaque de la grenouille. Ainsi, on peut capturer des grenouilles avec un morceau de tissu rouge accroché à un hameçon et on a retrouvé dans l'estomac de grenouilles vertes (Lithobates clamitans) des graines d'orme qu'elles avaient vu flotter[99]. Les crapauds, les salamandres et les cécilies peuvent également utiliser leur odorat pour détecter leurs proies. L'odorat demeure toutefois secondaire, des salamandres ont été observées immobiles près d'une proie sans la sentir, ne la repérant que lorsqu'elle bouge. Les amphibiens troglodytes chassent principalement grâce à leur odorat[100].
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+ Les amphibiens avalent leur nourriture entière, la mâchant parfois légèrement pour l'engloutir[19]. Ils ont de petites dents articulées sur des pédicelles, une caractéristique propre aux amphibiens. La base et le sommet de ces dents sont composés de dentine, et sont séparés par une couche non calcifié. Par ailleurs ces dents sont remplacées régulièrement. Les salamandres, les grenouilles et quelques cécilies ont une ou deux rangées de dents dans les deux mâchoires, mais certaines grenouilles (les espèces du genre Rana) n'ont pas de dents à la mâchoire inférieure, et les crapauds géants (genre Bufo) sont eux dépourvus de dentition. Chez de nombreux amphibiens, on trouve aussi des dents vomériennes, attachées à un os au niveau de la voûte du palais[101].
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+ La Salamandre tigrée (Ambystoma tigrinum) adopte un comportement typique des grenouilles et des salamandres, se cachant sous le couvert en attendant le passage d'un invertébré imprudent. D'autres amphibiens, tels que les crapauds du genre Bufo, recherchent activement leurs proies, tandis que la Grenouille cornue d'Argentine (Ceratophrys ornata) attire ses proies en levant ses pattes de derrière au-dessus de son dos et faisant vibrer ses orteils jaunes[102]. Parmi les grenouilles vivant dans les litières de feuilles au Panama, les grenouilles qui chassent activement ont une bouche étroite et sont minces, arborent souvent de couleurs vives et sont toxiques, tandis que celle qui attendent en embuscade ont une large bouche et sont plus grosses et bien camouflées[103]. Les cécilies ne peuvent pas lancer leur langue, mais attrapent leurs proies grâce à leurs dents pointues et orientées vers l'arrière. Les mouvements de la mâchoire et ceux de la proie qui se débat contribuent à diriger celle-ci petit à petit vers l'estomac de l'animal, qui se retire dans son terrier pour finir de l'avaler entière[104].
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+ Les larves de grenouilles juste écloses se nourrissent du vitellus. Lorsque celui-ci est épuisé, elles se nourrissent de bactéries, d'algues, de détritus et de fragments de plantes submergées. L'eau est aspirée par la bouche et filtrée au niveau des branchies où les particules fines sont piégées dans le mucus. Certains ont des pièces buccales spécialisées composées d'un bec corné bordé par plusieurs rangées de dents labiales. Ils grattent et mordent la nourriture de toutes sortes et remuent les sédiments au fond de l'eau, filtrant les grosses particules avec leurs papilles situées autour de la bouche. Certains, comme ceux des crapauds de la famille des Scaphiopodidae, ont de puissantes mâchoires et sont carnivores, voire cannibales[105].
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+ Les cris des cécilies et des salamandres sont limités à des grincements, des grognements doux ou des sifflements et n'ont pas été beaucoup étudiés. Les cécilies émettent un cliquetis qui est peut-être utilisé pour s'orienter, à la façon des chauves-souris, ou constitue une forme de communication. La plupart des salamandres sont considérées comme n'émettant aucun bruit, mais la salamandre Dicamptodon ensatus a des cordes vocales et peut produire un cliquetis ou aboyer. Certaines espèces de salamandre poussent un petit cri aigu ou glapissent lorsqu'elles sont attaquées[106].
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+ Les grenouilles sont beaucoup plus bruyantes, surtout pendant la saison de reproduction lorsque les mâles utilisent leur voix pour attirer les femelles. La présence d'une espèce particulière dans une région est parfois plus facilement identifiée par son cri caractéristique que par la vue de l'animal lui-même. Chez la plupart des espèces, le son est produit par expulsion de l'air des poumons à travers les cordes vocales vers un ou plusieurs sacs gulaires situés au niveau de la gorge ou dans le coin de la bouche. Ce sac peut se distendre comme un ballon et agit comme un résonateur, en aidant à transmettre le son vers l'atmosphère ou l'eau lorsque l'animal est immergé[106]. Le cri le mieux connu est le bruyant chant du mâle, qui vise à attirer les femelles mais également décourager les autres mâles de pénétrer sur son territoire. Ce chant devient plus discret lors de la séduction d'une femelle s'approchant, et plus agressif si un intrus mâle approche. Ce chant risque d'attirer les prédateurs et implique une forte dépense d'énergie[107]. La femelle chante en réponse à l'appel du mâle. Quand une grenouille est attaquée, elle émet un cri de détresse ou de peur[108]. Osteopilus septentrionalis, une rainette généralement nocturne, chante lorsqu'il pleut pendant la journée[109].
130
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131
+ On connait mal le comportement territorial des cécilies, mais certaines grenouilles et les salamandres défendent leurs domaines vitaux, où elles s'alimentent et se reproduisent. Ce sont principalement les mâles qui présentent un tel comportement, mais chez certaines espèces les femelles et les jeunes sont impliqués. Chez de nombreuses espèces de grenouilles, les femelles sont plus grandes que les mâles, mais ce n'est pour les espèces où les mâles défendent activement leur territoire. Certains d'entre eux possèdent des adaptations spécifiques telles que des dents plus grandes ou des épines sur la poitrine, les bras ou les doigts[110].
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+ Les salamandres défendent leur territoire en adoptant une posture agressive et en attaquant l'intrus si nécessaire, en le poursuivant, le chassant et parfois le mordant, ce qui peut parfois engendrer la perte de sa queue. Le comportement de la Salamandre cendrée (Plethodon cinereus) a été étudié tout particulièrement. Ainsi, suivant l'étude, 91 % des individus de cette espèce marqués et repris par la suite étaient situés à moins d'un mètre de leur lieu de capture initiale[111]. Une proportion semblable d'animaux, qui ont été déplacés à une distance de 30 mètres de leur lieu de capture, ont retrouvé leur chemin pour retourner à leur base[111]. Les salamandres laissent des marques odorantes autour de leurs territoires qui mesurent en moyenne de 0,16 à 0,33 mètres carrés et sont habités par un couple[112]. Il s'agit de dissuader l'intrusion d'intrus et de délimiter les frontières entre territoires. Une grande partie du comportement de ces salamandres est stéréotypé et semble ne faire appel à aucun contact réel entre individus. Il lui arrive de prendre une posture agressive en soulevant son corps au-dessus du sol et regardant fixement son adversaire qui, souvent, se détourne docilement. Si l'intrus persiste, la salamandre mord l'intrus, au niveau de la queue ou à la région naso-labiale[111].
134
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+ Chez les grenouilles, le mâle a un comportement territorial souvent observé dans des lieux de reproduction. Son chant est à la fois l'annonce de sa présence sur le territoire pour d'éventuels concurrents, mais aussi un appel aux femelles. En général, un chant plus grave correspond à une grenouille plus grosse, ce qui peut être suffisant pour empêcher l'intrusion de petits mâles. Ce chant demande beaucoup d'énergie, et le détenteur d'un territoire s'épuise donc, ce qui peut le handicaper en cas de lutte face à un concurrent. Généralement les mâles ont tendance à tolérer les détenteurs de territoires voisins, mais s'attaquent vigoureusement aux intrus inconnus. Les détenteurs de territoires ont l’« avantage du terrain » en cas de lutte, et remportent généralement les luttes entre des grenouilles de tailles similaires. Si les menaces sont insuffisantes, les grenouilles s'empoignent poitrine contre poitrine. Les grenouilles se battent en se bousculant, dégonflant le sac gulaire de leur adversaire, le saisissant par la tête, lui sautant sur le dos, le mordant ou l'éclaboussant[113].
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+ Les amphibiens ont un corps mou et la peau fine, et comme ils sont démunis de griffes, de carapace ou d'épines, ils semblent relativement impuissants. Néanmoins, ils ont développé divers mécanismes de défense pour se protéger. La première défense des salamandres et des grenouilles est le mucus qu'elles produisent. Il maintient leur peau humide et les rend glissantes et difficiles à saisir. La sécrétion est souvent collante et peut avoir une odeur désagréable ou être toxique[114]. Des serpents ont été observés en bâillant et ouvrant la gueule en tentant d'avaler des Xenopus laevis, offrant aux grenouilles une occasion de s'échapper[114],[115]. Les cécilies ont été peu étudiées à ce sujet, mais Typhlonectes compressicauda produit un mucus toxique mortel pour les poissons prédateurs comme l'a montré une expérimentation au Brésil[116]. Chez certaines salamandres, la peau est toxique. Le Triton rugueux (Taricha granulosa) d'Amérique du Nord et d'autres membres du même genre produisent la neurotoxine tétrodotoxine (TTX), la substance non protéique la plus toxique connue, presque identique à celle produite par le poisson-globe. La manipulation de ces tritons n'est pas dangereuse, mais l'ingestion d'une portion même infime de la peau est mortelle. Les poissons, les grenouilles, les reptiles, les oiseaux et les mammifères ont tous été révélés sensibles à ce poison[117],[118]. Les seuls prédateurs qui tolèrent le poison sont certaines populations de Couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis). Dans les lieux où ce serpent et le triton coexistent, les serpents ont développé une immunité génétique et ils se nourrissent des amphibiens sans risque[119]. Certaines grenouilles et les crapauds sont toxiques, les principales glandes à venin étant situées sur le côté du cou et sous les verrues du dos. Ces régions sont celles susceptibles d'être attaquées par un prédateur en priorité, et leurs sécrétions peut donner un goût désagréable ou provoquer divers symptômes physiques ou neurologiques. Au total, plus de 200 toxines ont été isolées parmi les espèces d'amphibiens qui ont été étudiées[120].
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+ Les espèces vénéneuses revêtent souvent des couleurs vives pour avertir les prédateurs potentiels de leur toxicité. Ces couleurs sont généralement le rouge ou le jaune combiné avec le noir, la Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) en est un exemple. Une fois qu'un prédateur a eu affaire à l'un d'eux, il lui est facile de se rappeler sa coloration et se ravisera la prochaine fois qu'il rencontrera un animal semblable. Chez certaines espèces comme les Crapauds sonneurs (genre Bombina), la coloration d'avertissement est placée sur le ventre et ces animaux adoptent une pose défensive en cas d'attaque, présentant leurs couleurs vives au prédateur. La grenouille Allobates zaparo n'est pas toxique, mais imite l'apparence d'autres espèces toxiques partageant son aire de répartition, une stratégie qui peut tromper les prédateurs[122].
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+ De nombreux amphibiens sont nocturnes et se cachent pendant la journée, évitant ainsi des prédateurs diurnes qui chassent à vue. D'autres amphibiens utilisent le camouflage pour éviter d'être détectés. Ils adoptent des colorations diverses comme le brun tacheté, le gris et l'olive et se fondent dans le paysage environnant. Certaines salamandres adoptent une posture défensive face à un prédateur potentiel comme la Grande musaraigne (Blarina brevicauda). Elles tordent leur corps et font fouetter leur queue, ce qui rend difficile pour le prédateur d'éviter le contact avec leurs glandes productrices de poison[123]. Quelques salamandres pratiquent l'autotomie, perdant leur queue lorsqu'elles sont attaquées, sacrifiant cette partie du corps pour leur permettre de s'échapper. La queue peut alors présenter un rétrécissement à sa base pour lui permettre d'être facilement détachée. Elle se régénère par la suite, mais au prix d'une importante dépense en énergie pour l'animal[124].
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+ Certaines grenouilles et les crapauds se gonflent pour paraître plus imposants, et certains crapauds du genre Pelobates crient et sautent vers le prédateur pour l'impressionner et le repousser[19]. Les salamandres géantes du genre Andrias, ainsi que certaines grenouilles de la sous-famille des Ceratophryinae et du genre des Pyxicephalus possèdent des dents pointues et sont capables de mordre leur adversaire jusqu'au sang. La salamandre Desmognathus quadramaculatus peut mordre un serpent Thamnophis sirtalis deux ou trois fois plus grand qu'elle au niveau de la tête et réussit souvent à s'échapper[125].
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+ Les premiers animaux « amphibiens » apparaissent au cours du Dévonien, il y a environ 370 millions d'années, à partir de poissons sarcoptérygiens semblables au cœlacanthe et aux dipneustes modernes[126], dont les nageoires évoluent pour devenir semblables à des pattes, munies de doigts, leur permettant de ramper sur les fonds marins. Certains de ces poissons développent des poumons primitifs pour les aider à respirer à l'air libre dans les eaux stagnantes des marais du Dévonien, très peu pourvues en oxygène. Ils peuvent également utiliser leurs nageoires puissantes pour se hisser hors de l'eau si les circonstances l'exigeaient. Finalement, leurs nageoires osseuses finissent d'évoluer pour former de véritables pattes, que l'on retrouve par la suite chez l'ensemble des tétrapodes, dont les amphibiens modernes, les reptiles, les oiseaux et les mammifères. Même s'ils sont capables de ramper sur la terre, beaucoup de ces « poissons » préhistoriques passent le plus clair de leur temps dans l'eau ; s'ils ont commencé à développer des poumons, il respirent encore principalement par les branchies[127]. Les premiers amphibiens, au sens non-cladistique du terme, connus sont les ichthyostégidés. Leurs traces ont été découvertes sur la côte est du Groenland dans les couches fossilifères datées du Dévonien supérieur, de 367 Ma à 362 Ma[128]). Ils constituent un des plus remarquables échelons intermédiaires de l'évolution jamais découverts, car ils réunissent à la fois des caractéristiques des poissons ostéichthyens et des amphibiens. Comme les amphibiens actuels, ils possèdent quatre membres puissants et un cou, mais une queue à nageoires et un crâne très similaire à celui des poissons sarcoptérygiens comme Eusthenopteron[126]. Les ichthyostégidés ne sont probablement pas les ancêtres directs de tous les amphibiens apparus plus tard. En effet, par certains détails de leur squelette, ils étaient déjà plus spécialisés que d'autres amphibiens plus tardifs. Mais ils étaient presque certainement semblables aux animaux à partir desquels évoluèrent tous les vertébrés terrestres.
146
+
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+ Les amphibiens ont développé peu à peu un certain nombre d'adaptations leur permettant de rester hors de l'eau pendant de longues périodes. Leurs poumons se sont améliorés et leur squelette est devenu de plus en plus robuste, pour mieux supporter la gravité lorsqu'ils étaient sur terre. Ils se sont dotés de « mains » et de « pieds » avec cinq doigts ou plus[129] ; leur peau est devenue capable de retenir les fluides corporels et de résister au dessèchement[127]. L'os hyomandibulaire des poissons, situé dans la région de l'os hyoïde, derrière les branchies, a vu sa taille se réduire et est petit à petit devenu l'étrier de l'oreille des amphibiens, une adaptation nécessaire à l'audition sur la terre ferme[130]. Les amphibiens ont par ailleurs des points communs avec les poissons téléostéens, comme la structure multi-pliée des dents et la paire d'os supra-occipital à l'arrière de la tête, ces caractéristiques n'ayant été observées chez nulle autre espèce dans le règne animal[131].
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+
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+ À la fin du Dévonien (il y a 360 millions d'années), les mers, les fleuves et les lacs grouillent de vie alors que la terre est le royaume des premières plantes et reste dépourvue de vertébrés[131], même si certains, comme Ichthyostega, peuvent brièvement vivre hors de l'eau. On pense qu'ils sortent de l'eau grâce à leurs membres antérieurs, traînant leurs arrière-train d'une manière similaire à l'éléphant de mer[129]. Au début du Carbonifère (il y a entre 360 et 345 millions d'années), le climat devient chaud et humide. De vastes marécages se développent avec des mousses, des fougères, des prêles et des calamites. Des arthropodes à respiration aérienne sont déjà apparus sur terre, et s'y sont fortement propagés, fournissant une source de nourriture pour les amphibiens carnivores, qui commencent alors à s'adapter à l'environnement terrestre. Il n'y a alors pas d'autres tétrapodes sur terre et les amphibiens sont au sommet de la chaîne alimentaire, détenant la niche écologique actuellement occupée par le crocodile. Pourvus de membres et capable de respirer de l'air, la plupart ont encore un long corps effilé et une queue puissante[131]. Les amphibiens sont les premiers prédateurs terrestres, atteignant parfois plusieurs mètres de longueur, se nourrissant des gros insectes et de certains poissons.
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+ Les amphibiens développent de nouveaux moyens de locomotion. Dans l'eau, les mouvements latéraux de leur queue leur permettait de se propulser vers l'avant, mais sur la terre ferme, des mécanismes tout à fait différents sont nécessaires. Leur colonne vertébrale, leurs membres et leur musculature doivent être suffisamment robustes pour que les animaux puissent se déplacer et s'alimenter sur la terre ferme. Les adultes ont développé de nouveaux systèmes sensoriels pour recevoir les stimuli extérieurs à l'air libre, aux dépens de leur ligne latérale. Ils développent également de nouvelles méthodes pour réguler leur température corporelle malgré les fluctuations de la température ambiante. Leur peau, exposée désormais à des rayons ultraviolets nocifs qui étaient absorbés par l'eau, devient une couverture plus protectrice, capable d'éviter de trop fortes déperditions d'eau[6]. Ils ont encore besoin de retourner à l'eau pour pondre leurs œufs dépourvus de coquille, particularité qui caractérise toujours les amphibiens modernes, qui conservent un stade larvaire aquatique avec une respiration par branchies, comme leurs ancêtres poissons. C'est le développement de l'œuf amniotique, qui empêche à l'embryon en développement de se dessécher, qui a permis aux premiers reptiles de se reproduire sur la terre et qui a conduit à leur domination dans la période suivante[126].
152
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+ Au cours du Trias (250 à 200 millions d'années avant notre ère), les reptiles commencent à supplanter les amphibiens, ce qui conduit à une réduction de la taille de ces derniers, et surtout à leur moindre importance dans la biosphère. Selon les fossiles, Lissamphibia, qui comprend tous les amphibiens modernes et est la seule lignée survivante, aurait dérivé des groupes disparus des Temnospondyli et Lepospondyli entre la fin du Carbonifère et le début du Trias. La relative rareté des fossiles empêche une datation plus précise[127], mais une étude moléculaire de 2010, fondée sur plusieurs gènes, suggère que les amphibiens modernes seraient apparus vers la fin du Carbonifère ou au tout début du Permien[132].
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+ Le nom de classe « Amphibia » et le terme « amphibien » sont dérivés de l'adjectif amphibie, qui provient lui-même du grec ancien ἀμφίβιος (amphíbios) signifiant « qui vit dans deux éléments ». Classiquement, cette classe regroupe tous les vertébrés tétrapodes qui ne sont pas des amniotes mais possédant un stade larvaire ; les amphibiens sont le grade évolutif des tétrapodes dont les embryons ne sont pas protégés par un amnios. En taxinomie classique, ce groupe est divisé en trois sous-classes, dont deux sont éteintes :
156
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+ La phylogénie a fait tomber en désuétude le groupe des Labyrinthodontia, qui s'est avéré paraphylétique et sans caractère commun à tous ses membres à l'exception de caractéristiques primitives. Les relations entre les différents groupes sont cependant difficiles à élucider sans fossiles clés[133]. Pour certains auteurs, les lissamphibiens sont nichés au sein des Temnospondyli. Pour d'autres, comme Laurin, ce dernier est extérieur aux tétrapodes et il faut alors définir le groupe des amphibiens comme incluant les animaux plus proches des amniotes que des autres stégocéphales, c'est-à-dire comprenant le groupe paraphylétique des Lépospondyles ainsi que les amphibiens actuels, les Lissamphibiens[134] : si l'ancêtre commun des amphibiens et des amniotes était inclus dans les Amphibia, celui-ci deviendrait un groupe paraphylétique[135].
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+ Le groupe particulier comprenant l'ancêtre de tous les amphibiens actuels et ses descendants est appelé Lissamphibia. La phylogénie des amphibiens du Paléozoïque est incertaine, et les Lissamphibia pourraient possiblement être placés dans d'autres groupes, éteints, comme les Temnospondyli (classiquement placés parmi les Labyrinthodontia) ou les Lepospondyli ; certaines études les placent même aux côtés des amniotes. Tout cela fait que la classification phylogénétique a enlevé des Amphibia de la taxinomie linnéenne un certain nombre de tétrapodes aux allures d'amphibiens primitifs du Dévonien et du Carbonifère[1].
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+ Les origines des trois principaux groupes d'amphibiens et leurs liens de parenté sont sujet à débat. Une étude sur la phylogénie de ces animaux de 2005, basée sur l'analyse moléculaire d'ADNr, suggère que les salamandres et cécilies sont plus étroitement liées entre elles qu'elles ne le sont aux grenouilles. Il apparaît également que la scission entre les trois groupes a eu lieu au cours du Mésozoïque ou à la fin du Paléozoïque (il y a environ 250 millions d'années), avant l'éclatement de la Pangée et peu de temps après leur divergence avec les poissons à nageoires lobées. La brièveté de cette période, et la rapidité avec laquelle le rayonnement des espèces a eu lieu, permettrait d'expliquer la relative rareté des fossiles d'amphibiens primitifs[137]. Il existe d'importantes lacunes dans les fossiles retrouvés, mais la découverte de Gerobatrachus, une proto-grenouille du début du Permien découverte au Texas en 1995 et décrite en 2008, présentant de nombreuses caractéristiques communes avec les grenouilles modernes a fourni un chaînon manquant. L'analyse moléculaire suggère que la divergence entre grenouilles et salamandres a eu lieu beaucoup plus tôt que les preuves paléontologiques ne l'indiquent[138]. Cependant, sa position est débattue[139].
162
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+ Les travaux utilisant l'horloge moléculaire de ces groupes ont obtenu des résultats assez variés. Ils laissent à penser que la séparation entre gymnophiones et batraciens au sens strict du terme (groupe incluant urodèles et anoures) date du Dévonien supérieur[140],[141], du Carbonifére supérieur[142], ou même du Permien inférieur[143]. Le fossile le plus ancien qui appartient peut-être à ce groupe date du Permien inférieur[138], mais sa position systématique est débattue[139]. Les plus anciens fossiles dont les affinités avec les amphibiens actuels ne sont pas contestées sont Triadobatrachus et Czatkobatrachus (en), qui datent du Trias inférieur (environ 250 millions d'années).
164
+
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+ La sous-classe des Lissamphibia forme probablement un clade et regroupe les trois ordres d'amphibiens actuels — les Anura (les grenouilles et crapauds), les Caudata (ou « Urodela », les salamandres et tritons) et les Gymnophiona (ou « Apoda », les cécilies)[15] — ainsi que d'autres groupes éteints qui ne font pas partie d'un ordre particulier — certains Salientia primitifs comme Triadobatrachus ou Czatkobatrachus, la famille des Albanerpetontidae qui est fortement apparentée aux Gymnophiona. Il a été suggeré que les Caudata aient émergé séparément des deux autres ordres depuis un ancêtre aux allures de Temnospondyli, ou même que les Gymnophiona soient le groupe-frère des Reptiliomorpha, et donc des amniotes[138].
166
+
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+ Bien que l'on connaisse plusieurs anciens fossiles de proto-grenouilles arborant des caractères primitifs, le plus ancien anoure « vrai » est Prosalirus bitis, du Jurassique inférieur, trouvé dans la formation de Kayenta, en Arizona[145]. La plus ancienne cécilie connue est une autre espèce du Jurassique inférieur et également trouvée en Arizona, Eocaecilia micropodia[146]. Le plus ancien Salamandroidea connu est Beiyanerpeton jianpingensis, date du Jurassique supérieur et a été trouvée dans le nord-est de la Chine[147].
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+ Une étude de 2007 menée par Alford, Richards et McDonald estime le nombre total des amphibiens entre 8 000 et 10 000 espèces[148], précisant que bon nombre d'espèces ne sont pas encore découvertes. Ainsi au début les années 1990, plus de 100 espèces de grenouilles arboricoles de la famille des rhacophoridés ont été découvertes sur l'ile de Sri Lanka. Ceci est d'autant plus étonnant que bon nombre d'espèces décrites au XIXe siècle semble avoir disparu. Si l'on connaît alors 5 000 espèces de grenouilles, les estimations de ces chercheurs indiquent qu'un millier d'espèces sont encore inconnues. 80 % des espèces connues vivent dans les régions tropicales, l'Amérique du Sud étant le foyer principal de cette biodiversité[148]. Alford, Richards et McDonald soulignent également que des plus de 500 espèces de salamandres connues, un grand nombre vit en Amérique du Nord ; la famille des pléthodontidés, qui se trouve en Amérique du Nord et du Sud, rassemble plus de la moitié des salamandres connues[148].
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+ Le nombre d'espèces actuelles de chaque groupe dépend de la classification taxinomique suivie. Deux principales existent pour le groupe des amphibiens. La première est celle suivie par AmphibiaWeb, site géré par l'Université de Californie (Berkeley) et la seconde celle maintenue par l'herpétologiste Darrel Frost du muséum américain d'histoire naturelle, disponible sur la base de données en ligne Amphibian Species of the World[149]. Selon Frost on dénombre en tout plus de 7 000 espèces d'amphibiens actuels (version 5.6 de janvier 2013), dont les anoures représentent près de 90 %[150]. Les principaux groupes taxinomiques sont ainsi répartis :
172
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+ Des baisses spectaculaires des populations d'amphibiens, dont des extinctions de masse localisées, ont été enregistrées depuis la fin des années 1980 un peu partout dans le monde, et le déclin des amphibiens est perçu comme étant l'une des menaces les plus graves pour la biodiversité mondiale[151]. En 2006, on recensait 4 035 espèces d'amphibiens dépendant de l'eau à un moment donné au cours de leur cycle de vie. Parmi celles-ci, 1 356 (33,6 %) ont été considérées comme menacées, et ce chiffre est peut-être sous-estimé car il exclut 1 427 espèces pour lesquelles il n'y avait pas suffisamment de données pour évaluer leur situation[152]. Un certain nombre de causes sont impliquées, comme notamment la destruction et la modification de l'habitat de ces animaux, la pollution, les espèces introduites, le changement climatique, les polluants perturbateurs du système endocrinien, la destruction de la couche d'ozone (le rayonnement ultraviolet est particulièrement dommageable pour la peau, les yeux et les œufs d'amphibiens), et des maladies comme la chytridiomycose. Ce déclin massif est même observé dans des zones isolées (forêt tropicale) ou peu cultivées et montagneuses en Europe (par exemple Suisse où 9 espèces sont sur la Liste rouge classées comme en danger critique d'extinction[153]). Toutefois, bon nombre des causes de déclin des amphibiens sont encore mal comprises, et elles sont un sujet de débat en cours[154].
174
+
175
+ Avec leurs besoins complexes en matière de reproduction et leur peau perméable, les amphibiens sont souvent considérés comme de bons indicateurs écologiques[155]. Dans de nombreux écosystèmes terrestres, ils constituent une des plus grandes parties de la biomasse des vertébrés. Toute baisse du nombre d'amphibiens aura un impact sur les habitudes de prédation d'autres espèces qui pourraient être impactées. La perte d'espèces carnivores situées près du sommet de la chaîne alimentaire peut bouleverser l'équilibre d'un écosystème délicat et entraîner une augmentation spectaculaire des espèces opportunistes. Au Moyen-Orient, une demande croissante en cuisses de grenouilles pour la consommation humaine et la collecte conséquente de certains d'entre eux a conduit à une augmentation du nombre de moustiques[156]. Les prédateurs qui se nourrissent d'amphibiens sont affectés par ce déclin. En Californie, la Couleuvre de l'Ouest (Thamnophis elegans) est essentiellement aquatique et dépend fortement de deux espèces d'anoures qui sont en déclin, le crapaud Bufo canorus et la grenouille Rana muscosa, et l'avenir de ce serpent est donc lui aussi remis en question. Si le serpent devenait rare, cela pourrait affecter les populations d'oiseaux de proie et d'autres prédateurs qui s'en nourrissent[157]. Pendant ce temps, dans les étangs et les lacs, moins de grenouilles signifie moins de têtards. Ceux-ci jouent normalement un rôle important dans le contrôle de la croissance des algues et des détritus qui s'accumulent dans les sédiments au fond de l'eau. Une réduction du nombre de têtards peut conduire à une prolifération d'algues, ce qui entraîne l'épuisement de l'oxygène dans l'eau lorsque les algues se décomposent. Les invertébrés aquatiques et les poissons sont alors menacés et il y aurait des conséquences écologiques imprévisibles[158].
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+ Une stratégie globale pour endiguer ce déclin a été mise en place en 2005 sous la forme d'un plan d'action pour la conservation des amphibiens. Développé par plus de quatre-vingt des plus grands experts dans le domaine, cet appel recensait des actions qui seraient nécessaires pour limiter le déclin des amphibiens et les extinctions au cours des cinq années suivantes et en estimait le coût. L'Amphibian Specialist Group de l'Union mondiale pour la nature (UICN) est le fer de lance des efforts pour mettre en œuvre une stratégie globale mondiale pour la conservation des amphibiens[159]. Amphibian Ark est un organisme qui a été créé pour mettre en œuvre les recommandations de conservation ex-situ de ce plan, et cet organisme travaille avec les zoos et les aquariums du monde entier, pour les encourager à créer des colonies d'amphibiens menacés et en assurer ainsi la préservation au moins en captivité[159]. Parmi ses projets on note aussi la tentative de sauvetage des amphibiens de Panama qui s'appuie sur les efforts de conservation en vigueur au Panama pour répondre à l'échelle nationale à la menace de la chytridiomycose[160].
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+ République bolivarienne du Venezuela
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+ (es) República Bolivariana de Venezuela Écouter
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+ 10° 29′ 28″ N, 66° 54′ 07″ O
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+ modifier
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+ Le Venezuela[4],[5] ou Vénézuéla[6],[7],[8] [venezɥɛla][a] Écouter (en espagnol : [beneˈswela][b] Écouter), en forme longue la république bolivarienne du Venezuela, en espagnol República Bolivariana de Venezuela, nom officiel en l'honneur de Simón Bolívar, est une république fédérale située dans la partie la plus septentrionale de l'Amérique du Sud, bordé[9] au nord par la mer des Caraïbes, à l'est-sud-est par le Guyana, au sud par le Brésil, au sud-sud-ouest et à l'ouest par la Colombie.
12
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+ La langue nationale du Venezuela est l'espagnol et sa capitale et principale métropole est Caracas. Sa population est composée essentiellement de métis. Le Venezuela est une puissance énergétique majeure avec des réserves prouvées de 302 milliards de barils de pétrole[10], ce qui en fait le premier pays au monde dans le classement par réserves de pétrole prouvées devant l'Arabie saoudite, mais près des trois quarts de ces réserves (224 milliards de barils) sont des sables bitumineux[11], dont l'exploitation est malaisée et très polluante.
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+ Le pays est riche d'autres matières premières – gaz, ressources hydrauliques avec le barrage de Guri, le 4e plus important au monde, avec une puissance installée de quelque 10 200 MW – d'une importante diversité géographique et d'une mégadiversité remarquable. Sa devise est Dios y Federación (« Dieu et Fédération ») et son hymne le Gloria al Bravo Pueblo (« Gloire au Peuple Brave »).
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+ Le Venezuela est membre de l'ONU, de l'OPEP et de l'ALBA. Il est actuellement suspendu du Mercosur, dont il est membre de plein droit.
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+ En 1499, une expédition menée par Amerigo Vespucci et Alonso de Ojeda explore cette région pour la première fois (côte nord-ouest). Elle découvre des indigènes (dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagotos), vivant principalement d'agriculture et de chasse, installés le long de la côte, de la Cordillère des Andes et du fleuve Orénoque. Les maisons sur pilotis des Indiens du golfe de Maracaibo font penser à une petite Venise, Venezziola, ce qui donne le nom du pays[12].
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+ Le 3 août 1498, Christophe Colomb nomme Isla de Gracia (« Île de Grâce ») cette terre sur laquelle il débarque et qu'il prend pour une île[13], qu'il surnomme Tierra de Gracia (« Terre de Grâce ») lors de son troisième voyage, surnom qui est encore utilisé pour désigner le pays.
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+ Une autre version affirme que le nom Venezuela a pour origine un vocable indigène[14]. Une première preuve vient de Martín Fernández de Enciso, membre de l'expédition de Vespucci et Ojeda. Dans son livre Summa de Geografía édité en 1519, il affirme que l'expédition a rencontré une population indigène qui se nomme elle-même Veneçiuela, ce qui suggère que le nom Venezuela a pu dériver de ce nom local : « Desdel cabo de Sant Romá al cabo de Coquibacoa ay tres isleos en triángulo. Entre estos dos cabos se haze un golfo de mar en figura quadrada. E al cabo de Coquibacoa entra desde est golfo otro golfo pequeño en la tierra cuatro leguas. E al cabo del a cerca dela esta una peña grande que es llana encima della. Y encima de ella está un lugar d'casas de indios que se llama Veneçiuela. Esta en X grados. »[15]
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+ Une seconde preuve vient d'Antonio Vázquez de Espinosa, moine espagnol, qui écrit dans son ouvrage Compendio y Descripcion de las Indias Occidentales (1629) : « Venezuela en la lengua natural de aquella tierra quiere decir Agua grande, por la gran laguna de Maracaibo que tiene en su distrito, como quien dice, la Provincia de la grande laguna. »[16]
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+ À l'époque précolombienne, le territoire de l'actuel Venezuela est habité par plusieurs peuples dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagotos.
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+ Christophe Colomb est le premier conquérant au service de l'Espagne à atteindre cette région le 3 août 1498, lors de son troisième voyage. Au début du XVIe siècle, les Espagnols commencèrent à coloniser les îles et les régions côtières. L'un des premiers établissements coloniaux du Venezuela est la ville — aujourd'hui disparue — de Nueva Cadiz dans l'île de Cubagua. Les villes Cumaná et Coro, fondées en 1515 et en 1527, sont les premières colonies d'importance dans le pays.
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+ Le premier trait historique d'une colonisation du territoire vénézuélien est allemand avec la famille Welser originaire d'Augsbourg. Avec l'accord du régime impérial basé à Vienne, Bartholomé Welser commence cette entreprise et il finance les expéditions pour la recherche d'or et le mythique Eldorado. Cette première colonisation de plusieurs gouvernants allemands ne dure que 28 ans et est abandonnée en 1556.
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+ Ce sont les Espagnols qui, au cours des trois siècles suivants, réalisèrent la colonisation et l'administration de l'actuel territoire vénézuélien, notamment à travers les cabildos coloniaux.
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+ Plusieurs conspirations contre les représentants de la couronne espagnole précédent les guerres d'indépendance.
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+ À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, inspirés par les révolutions américaines, françaises et haïtiennes, les futurs héros de la nation incarnent un effort d'émancipation et d'indépendance des colonies espagnoles en Amérique.
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+ Le 19 avril 1810, une assemblée est formée à la suite de la destitution de Vicente Emparan par l'intermédiaire de l'Acte du 19 avril 1810, gouverneur de la capitainerie générale du Venezuela.
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+ Le 5 juillet 1811, le Venezuela se déclare indépendant et cela déclenche la réaction de la couronne espagnole. Simón Bolívar est le grand leader de ce mouvement et des luttes pour la construction d'une nouvelle nation.
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+ Le 15 février 1819, à Angostura, aujourd'hui Ciudad Bolívar, est réuni un congrès constituant pour la nouvelle République. La république de Colombie, ou Grande Colombie, est un État défini par le Congrès d'Angostura, dans le territoire du vice-royauté de Nouvelle-Grenade de l'Empire espagnol. Celui-ci comprend les territoires des quatre pays actuels que sont la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela.
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+ Des intérêts vénézuéliens et les vastes distances entre les départements de la nouvelle République font éclater le rêve de Bolivar et redéfinissent les territoires comme les territoires de pays bien distincts. Au Venezuela, le plus charismatique de ses généraux, le général José Antonio Páez, est à la tête des revendications et de la séparation définitive en 1831.
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+ Lui et d'autres caudillos militaires réalisent la conquête du pouvoir au cours des années qui suivent.
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+ Au cours du XIXe siècle, le Venezuela traverse des difficultés qui finissent par causer le plus grand conflit interne que le pays ait connu : la « guerre fédérale », également connue sous le nom de « Grande guerre » (1859-1863). Les libéraux représentent les régions caféières de l'est du Venezuela, plus modernistes et connectées au commerce international. Ils sont aussi appelés « fédéralistes » car ils veulent une plus grande autonomie pour les provinces, s'opposent au parti conservateur, accusé de monopoliser les postes de gouvernement et la propriété foncière, et d'opposer l'intransigeance à toute velléité de réforme.
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+ C'est la plus grave et la plus sanglante des guerres civiles au Venezuela depuis l'indépendance. Sous la forme de guérilla, elle cause près de deux cent mille morts, souvent du fait de la faim ou de la maladie, dans un pays d'un peu moins de deux millions d'habitants.
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+ Le Venezuela apparaît alors comme une addition d'enclaves autour des ports du commerce international. Caracas détient le port La Guaira, desservi par le chemin de fer, Valencia a Puerto Cabello, tandis que Maracaibo constitue elle-même une enclave, reliée par le réseau fluvial au Lac Maracaibo et aux régions caféières des Andes, comme Táchira, proche de la Colombie caféière. Le triomphe des fédéralistes sur les conservateurs s'obtient au prix le plus coûteux en vies perdues, en dévastations et pertes matérielles.
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+ Le libéralisme jaune est le nom de la période qui succède à la guerre civile et sous laquelle Antonio Guzman Blanco modernise le pays et lui donne son ordre définitif.
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+ Après les régimes militaires et dictatoriaux, le Venezuela change véritablement en 1935 après la mort du général Juan Vicente Gómez, chef d'État pendant 27 ans. L'exploitation pétrolière commence en 1917. Les compagnies multinationales arrivent en 1922. Ces événements majeurs bouleversent l'activité économique du pays. Le Venezuela, pays neutre lors du premier conflit mondial, officialise son soutien aux pays alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.
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+ La démocratie commence à s'installer à partir de 1958. Le Parti communiste reste cependant interdit et la gauche légale subit une répression constante qui conduit aux assassinats de ses dirigeants[17], tandis que des mouvements de guérilla communistes ou castristes sont actifs dans les années 1960 et 1970 (Forces armées de libération nationale en particulier).
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+ En 1950, le Venezuela est classé au 4e rang mondial par rapport au PIB par habitant, derrière les États-Unis, la Suisse et la Nouvelle-Zélande[18]. Cette aubaine poussée par les revenus pétroliers croissants se prolonge jusqu'à la fin des années 1980, date à laquelle le pays est encore considéré comme le plus riche d'Amérique Latine; en 1976 l'agence de notation Moody’s note la dette du Venezuela Aaa, la meilleure note possible[19].
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+ Le pétrole est une véritable manne pour le Venezuela, qui se lance dans d'ambitieux projets d'État comme le pont du Général Rafael Urdaneta (deuxième plus grand d'Amérique Latine), la centrale hydroélectrique de Guri (quatrième plus grande au monde), ou encore les tours jumelles de Parque Central (les plus grandes d'Amérique Latine entre 1979 et 2003, avec 225 m de hauteur); et bénéficie d'importants investissement privés, notamment américains, par exemple la raffinerie d'Amuay (deuxième plus grande au monde).
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+ Dans les années 1980, le Venezuela est contrôlé par une coalition rassemblant les principaux partis de cette époque : l'Action démocratique (AD, Acción Democratica, social-démocrate), le COPEI (social-chrétien) et l’Union républicaine et démocratique (Unión Republicana Democrática). Les 27 et 28 février 1989, le peuple se soulève à Caracas et aux alentours, à la suite d'une explosion des tarifs, notamment des transports en commun, et des réformes économiques inspirées par le néolibéralisme, à la suite d'accords avec le Fonds monétaire international. Le deuxième jour, le président Carlos Andrés Pérez déclenche le plan Avila et envoie l'armée contre la population révoltée, tuant plus de 3 000 personnes en quelques jours[17].
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+ En 1992, dans un pays où les couches populaires sont ruinées, se produisent deux tentatives de coup d'État (en février et novembre), dont l'une dirigée par Hugo Chávez.
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+ Le début du XXIe siècle est marqué par la personnalité du président Hugo Chávez, qui dirige le pays pendant quatorze ans (1999-2013) jusqu'à sa mort. Il est élu le 6 décembre 1998 pour un premier mandat courant de 1999 à 2004, réélu le 30 juillet 2000 pour la période 2001-2007 (à la suite de la modification de la constitution qu'il a impulsée). En 2002, il subit une tentative de coup d'État pour le destituer. Il est réélu le 3 décembre 2006 pour la période 2007-2013 et puis à nouveau le 7 octobre 2012, alors qu'il a un cancer, pour la période 2013-2019. Il quitte le pouvoir et meurt le 5 mars 2013. Avant sa mort, Chávez désigne comme son successeur son ancien ministre des Affaires étrangères et vice-président Nicolás Maduro. À sa mort, Nicolas Maduro devient président par intérim puis remporte une nouvelle élection présidentielle avec 50,62 % des voix, élection contestée par le leader d’opposition Henrique Capriles, malgré la présence d'observateurs internationaux.
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+ Les années Chavez sont caractérisées par une augmentation des dépenses sociales qui permettent une réduction des inégalités, une diminution du taux de pauvreté, du chômage (avec néanmoins 40 % de la population active employée dans le secteur informel et le reste dans le secteur public[20]) et de la malnutrition. Cette politique sociale est rendue possible par une large augmentation de la dette du pays qui passe de 28 à 130 milliards de dollars[21] (le pays devenant fortement dépendant de la Chine, son principal créancier) et par l'envolée du prix du pétrole des années 2000, l'État utilisant largement les bénéfices de la compagnie pétrolière étatisée PDVSA[22]. Du fait de l'absence de réformes économiques, la situation du pays se tend immédiatement dès que le cours du baril s'effondre à partir de 2008[22]. En dépit des richesses naturelles du pays, Chavez laisse un secteur privé et un tissu industriel atrophiés, un large clientélisme, une inflation très importante et une population confrontée à des pénuries alimentaires chroniques[20]. Ces années sont également marquées par une forte aggravation de la criminalité avec, selon les ONG, un quadruplement du taux d'homicides[21].
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+ Les élections législatives du 6 décembre 2015 donnent une large victoire à l'opposition dans un contexte de crise économique, sociale et politique[23]. Le Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition de centre droit, approuve le 25 octobre 2016 l’ouverture d’un procès en destitution contre le président socialiste Nicolas Maduro, bien que la constitution ne prévoie pas une procédure de destitution, mais une procédure pour manquements au devoir de sa charge[24]. Après une longue période de blocage politique (les pouvoirs exécutif et législatif se paralysant mutuellement), le 30 mars 2017, la Cour Suprême, favorable au pouvoir chaviste, décide de s'arroger les pouvoirs du Parlement ; mais le 4 avril elle y renonce[25]. Dans un contexte de violences et de contestation sociale, le président Maduro tente en juillet 2017 de contourner le Parlement en faisant élire une Constituante entièrement contrôlée par les chavistes[26]. L'opposition choisit de boycotter cette constituante, accusant le régime de malversations électorales[27]. Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, dénonce « un usage excessif de la force » par les autorités vénézuéliennes à l'égard des manifestants[28].
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+ Les ambassadeurs des 28 pays de l’Union européenne (UE) ont donné leur feu vert le 8 novembre 2017 à l’adoption de sanctions, dont un embargo sur les livraisons d’armes, contre le Venezuela. Ces sanctions interdisent également aux entreprises européennes de livrer du matériel de surveillance électronique pouvant servir à réprimer l’opposition au régime du président Nicolas Maduro ; elles prévoient également la mise en place d’un cadre juridique permettant à l’Union européenne de placer ensuite sur sa liste noire des personnalités ou entités sanctionnées pour leur implication dans la répression[29].
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+ Plusieurs organisations internationales et de nombreux analystes attribuent partiellement la crise économique que vit le Venezuela aux sanctions économiques et diplomatiques imposées par les États-Unis et l'Union européenne. Selon Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, le volet de sanctions imposées en août 2019 par les États-Unis « [ne contient] pas suffisamment de mesures pour atténuer leur impact sur les couches les plus vulnérables de la population »[30]. Elle réitère ces inquiétudes dans un rapport déposé en décembre 2019 sur la situation des droits de l'homme au Venezuela[31].
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+ Selon les Nations unies, 1,6 millions de personnes ont quitté le Venezuela en 2015. En août 2018, face à cet afflux, le Brésil déploie 3 200 soldats à sa frontière pour assurer la sécurité des résidents brésiliens et des migrants vénézuéliens[32].
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+ Le 23 janvier 2019, Juan Guaidó, président du Parlement, s’autoproclama « Président en exercice » du Venezuela et prêta serment au cours d'une manifestation organisée à Caracas[33]. Guaidó obtient immédiatement la reconnaissance des États-Unis, du Canada, du Brésil, de la Colombie et du Pérou[34],[35]. La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Union européenne se disent prêts à reconnaître Juan Guaidó en tant que « Président en exercice » si Nicolas Maduro n'organise pas d'élections libres d'ici le 3 février 2019[36],[37]. Luis Almagro, secrétaire général de l’OEA, apporte également son soutien à Guaidó[38]. Cependant, Maduro se maintient au pouvoir grâce à l'appui des forces armées[39] ; il continue également de bénéficier du soutien diplomatique de Cuba, de la Bolivie, de la Turquie et de la Russie[38],[40].
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+ Le Salto Angel, cascade ininterrompue la plus haute du monde (979 m de chute).
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+ Une plage sur l'île de Margarita, première destination touristique du pays.
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+ Un paysage andin à l'est du Venezuela, vers Merida.
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+ Les dunes de sable du Parc national Los Médanos de Coro.
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+ Des maisons sur pilotis de communautés indigènes du delta de l'Orénoque.
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+ Le pont Rafael Urdaneta, d'une longueur de 8,7 km; le deuxième plus long d'Amérique Latine.
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+ Le territoire vénézuélien s'étend depuis les environs de l'équateur jusqu'au nord du onzième parallèle. Sa superficie est de 916 445 km2.
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+ Sur le continent, le Venezuela possède des frontières avec le Guyana à l'est-sud-est, le Brésil au sud, la Colombie au sud-sud-ouest et à l'ouest, enfin à quelques dizaines de milles marins au large des côtes de la mer des Caraïbes au nord, se trouvent les Antilles néerlandaises (Aruba, Bonaire, Curaçao) et Trinité-et-Tobago (ex-GB).
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+ De manière très schématique, trois grandes régions géographiques composent ce pays :
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+ Le Venezuela possède également 72 îles, dispersées dans la mer des Caraïbes et dans l'océan Atlantique, regroupées dans les Dépendances fédérales. Margarita est la plus grande et la plus peuplée.
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+ La capitale du Venezuela, Caracas, s’étend d'est en ouest de l'autre côté de la cordillère côtière, à quelque 900 mètres d'altitude. Il faut compter environ une demi-heure pour parcourir la trentaine de kilomètres qui sépare l’aéroport, situé en bord de mer, de la ville. Près de cinq millions d'habitants résident dans la métropole. Les quartiers pauvres s'appellent les ranchos. Des pluies diluviennes, suivies d'importants glissements de terrain dans des zones fortement peuplées proches de l'aéroport international Simon Bolivar (La Guaira - État de La Guaira) ont fait des milliers de morts en décembre 1999. Cette triste page de l'histoire vénézuélienne est couramment appelée « La tragédie » par les autochtones.
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+ Maracaibo, capitale de l'État de Zulia, est la deuxième métropole du pays. Parmi les villes les plus peuplées suivent : Valencia, Maracay et Barquisimeto.
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+ Cependant, le Venezuela revendique le territoire correspondant au Guyana actuel, allant parfois à repousser ses frontières jusqu'au Suriname. Sur les cartes du Venezuela, le Guyana est indiqué en tant que zone en réclamation.
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+ Le 7 mars 2006, le Parlement du Venezuela adopte la modification du drapeau national afin de l’adapter à la « révolution socialiste » du président Hugo Chávez, à l’initiative du projet. Entièrement contrôlé par les partisans du chef de l’État à la suite du boycott des élections législatives par l’opposition en décembre, le Parlement a approuvé l’ajout d’une huitième étoile, pour rendre honneur à l'ancienne province de Guyane qui a lutté pour l'indépendance tout comme les sept autres. Les députés vénézuéliens ont également modifié le galop du cheval blanc figurant sur l’écusson national afin de le tourner, non plus vers la droite, mais vers la gauche, afin de symboliser l’orientation politique du gouvernement. Toutefois, en termes d'héraldique, le cheval se déplace vers la dextre, ce qui rend le message un peu confus. Le Parlement a également décidé certains ajouts sur l’écusson, tels qu’un kayak, un arc et une flèche représentant les armes des indigènes ou une machette de paysan, en hommage aux racines des descendants d’origine africaine.
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+ Le Venezuela est un pays en développement, classé 59e pour le produit intérieur brut par habitant par le FMI. Son économie est essentiellement tournée autour du pétrole et du gaz naturel, secteur qui représente 95 % des exportations et 25 % du PIB[41].
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+ Le pays est un important producteur de pétrole et un membre fondateur de l’OPEP. Il est en sixième place au palmarès des producteurs de l’OPEP pendant la décennie 2010 derrière l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran et les émirats mais aussi le Koweït.
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+ Le Venezuela est entré dans le Mercosur[42], dont il est membre de plein droit[43]. En 2016, sa production de pétrole était de 2,3 millions de barils par jour ce qui ferait de lui selon ces données le onzième plus grand producteur au monde[44]. Selon l’OPEP, les réserves prouvées de pétrole atteignaient 296,50 milliards de barils en 2011, ce qui le fit accéder à la première place mondiale devant l’Arabie saoudite[45]. Le pays possède une économie de marché.
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+ Le Venezuela est la cinquième puissance économique latino-américaine en termes de produit intérieur brut, après le Brésil, le Mexique, l'Argentine et la Colombie avec un PIB estimé à 367,5 milliards de dollars en 2013 selon la Banque Mondiale. Son classement est identique lorsqu'exprimé en parité de pouvoir d'achat[46]. Cependant, selon le FMI, en termes de PIB par habitant, le Venezuela se situe à la 4e place d'Amérique du Sud avec 9 960 dollars par habitant en 2009.
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+ Le RNB par habitant est de 12 550 dollars en 2013, soit au-dessus de la moyenne des pays d’Amérique latine et de la Caraïbes (9 314 dollars en 2013)[47]. Dans ce pays pétrolier, le carburant est fortement subventionné et coûte moins de 2 centimes d’euro le litre.
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+ Malgré les exportations d'or noir, les comptes de l'État accusent un déficit important financés par la monétisation de la dette et induisant une très forte inflation[48]. Les prix de certaines denrées de base sont fixés par l'État, ce qui explique, selon l'opposition et la plupart des économistes, la grave pénurie de lait, de sucre et d'œufs. Selon le gouvernement, cette pénurie est due à un rachat de ces denrées par des multinationales[49].
122
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+ Caracas est le centre économique, financier et industriel du Venezuela. Le pays est faiblement industrialisé en dehors de la production pétrolière et importe la plupart de ses biens de consommation[50]. L'industrie manufacturière est apparue dans le pays au cours du XXe siècle. Hormis le pétrole, le pays est un producteur d'acier, d'aluminium, de ciment et de pneus. L'industrie automobile est présente au Venezuela depuis les années 1960, avec l'usine d'assemblage de Valencia de la société américaine Ford qui y assemblant entre autres la Ford Mustang. De plus, dans le secteur agricole, les terres sont exploitées seulement pour un peu plus de 40 % ce qui oblige le pays à importer environ 60 % de produits[51].
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+ Il existe de très fortes inégalités sociales au Venezuela. Ainsi, près de 60 % des habitants de Caracas s'entassent dans des barrios (quartiers pauvres), alors que de 10 % à 20 % des Vénézuéliens n'auraient pas accès à l'eau potable et que, dans le même temps, le Venezuela est le pays ayant le plus de millionnaires en Amérique latine.
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+ L'essence à la pompe est la moins chère du monde (au 10 décembre 2010, 1,2 centime d'euros le litre de super 95), largement subventionnée par l'État, en particulier depuis qu'une hausse importante des prix avait donné lieu à d'importantes émeutes au cours de ce qui fut nommé par la suite le Caracazo.
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+ Depuis 2003, un strict contrôle des changes opéré par l'organisme public[52] fixe le taux de change à 2 150 VEB (bolivares) pour un dollar américain (USD). En 2008, la monnaie locale est renommée bolivar fuerte (VEF) au taux de 1 bolivar fuerte pour 1 000 anciens bolivars. En 2010, une dévaluation augmente le taux de change à 4,3 VEF pour un USD afin de lutter contre le marché noir des devises. En parallèle, les conditions d'accès aux monnaies étrangères sont restreintes pour tous les acteurs de l'économie (étudiants, importateurs, voyageurs, etc.). Une nouvelle dévaluation a lieu en 2013 et en 2014, le président Maduro substitue au système existant un système d'accès aux devises sous formes d'enchères complexes qui ne suffit pas à satisfaire la demande croissante de la population pour les monnaies étrangères, stimulée par l'inflation galopante et le recours important aux importations pour tous types de produits. La difficulté d'accès aux devises rend difficile la sortie du territoire par les Vénézuéliens (qui ont droit d'échanger un maximum de 2 500 USD par an), d'autant que les compagnies aériennes étrangères, dans l'impossibilité de recouvrer leur créance vis-à-vis du gouvernement vénézuélien [53], réduisent leurs vols dans ce pays. En janvier 2015, le site Dolar Today (dont l'accès est interdit par le gouvernement vénézuélien) annonce un taux de change de 180 VEF pour un USD sur le marché noir, ce qui correspondrait à une dépréciation de près de 98 % de la valeur de la monnaie locale en douze ans. Le secteur privé détient 70 % de l’économie[54].
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+ En dépit de ses nombreuses richesses naturelles, les Vénézuéliens doivent faire la queue pour obtenir la plupart des produits de base de consommation (sucre, huile, médicaments, papier toilette…) et l’État doit pratiquer le rationnement. Le gel des prix a engendré un important marché noir au sein du pays et avec les pays voisins comme la Colombie. En 2014, le pays avait la plus forte inflation mondiale (68 %). Avec l’effondrement des cours du pétrole la pauvreté augmente[55]. Selon le FMI, l’inflation pourrait monter à 1 000 000 % en 2018[56] après 720 % en 2017[57] ; le PIB vénézuélien devrait baisser de 18 % en 2018[56] après une chute de 18 % en 2016[58]. Selon les autorités colombiennes, 300 000 Vénézuéliens ont fui leur pays pour se réfugier en Colombie[59], qui a un temps fermé sa frontière. D’autres ont choisi Manaus, au Brésil, pour sa commodité d’accès. Pas moins de 50 000 personnes sont parties chercher refuge au Chili[60].
132
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+ Le 5 août 2017, le Mercosur décide de suspendre le Venezuela pour une durée indéterminée en raison de ce qu'il qualifie de « violation de l'ordre constitutionnel »[61]. En effet, l'élection d'une Assemblée constituante le 30 juillet 2017 dans un contexte de contestation et de violence incite de nombreux pays à ne pas reconnaître le nouveau parlement[62].
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+ Les prévisions économiques mondiales de 2018 effectuées par The Economist font du Venezuela le pays dont le PIB a la plus faible croissance par rapport à l’année précédente avec une baisse de 11,9 %, ceci résultant de la mauvaise gestion du pays et de l’hyperinflation ainsi que de la dette publique qui en découlent[63].
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+ Le 20 août 2018, le bolivar souverain (VES) remplace le bolivar fort (VEF) au taux de 1 bolivar souverain pour 100 000 bolivars forts.
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+ L'inflation dépassait 1000000 % fin 2018 et le FMI la prévoit à dix fois plus fin 2019, alors qu'elle atteignait « seulement » 700 % fin 2017. Un dixième des 31 millions d'habitants ont fui le pays depuis l'avènement de Nicolás Maduro en 2013. Depuis sa création en août 2018, le bolivar souverain s'est déprécié de 90 %, ce qui fait que le salaire minimum est officiellement équivalent à trois dollars par mois. Le système public d'éducation et de santé, qui employait jadis 40 000 médecins cubains, s'est effondré, au point que la mortalité infantile est repartie à la hausse, cas quasi unique au monde. La production de pétrole de PDVSA, le monopole d'État fournissant la quasi-totalité des recettes en devises du pays, s'est effondrée à 700 000 barils par jour contre 2,3 millions en 2015. Le PIB a reculé de 40 % en quatre ans[64].
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+ La banque centrale du Venezuela publie en mai 2019, pour la première fois depuis trois ans, des données qui confirment l'effondrement de l'économie : inflation de 130 060 % en 2018 après 274 % en 2016 et 863 % en 2017, baisse de 47,6 % du PIB entre 2013 et 2018, chute des exportations pétrolières de 85,6 milliards de dollars en 2013 à 29,8 milliards de dollars en 2018, chute de la production de pétrole de 3,2 millions de barils par jour en 2009 à 1,03 millions de barils par jour en avril 2019[65].
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+ Depuis l’accession d’Hugo Chávez au pouvoir en 1998, deux millions de personnes ont quitté le pays selon le quotidien espagnol El País. L’émigration est en augmentation depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolás Maduro[66]. En 2015, plus de cinq millions d'immigrants colombiens vivaient au Venezuela, le plus souvent pour fuir la violence du conflit armé dans leur pays. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Venezuela était alors le deuxième pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés dans le monde[67].
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+ En 2017, près d'un million de Vénézuéliens ont quitté le pays en un an, fuyant la famine, la violence, la répression et les sanctions (qualifiées de « guerre économique » par Maduro ainsi que de nombreux commentateurs) imposées par le gouvernement des États-Unis[68],[69]. On compte 600 000 d'exilés vers la Colombie, 119 000 vers le Chili, 57 000 en Argentine, 35 000 au Brésil et 26 000 au Pérou. En août 2018, le Pérou a décrété l'état d'urgence dans trois de ses provinces, après un nombre d'arrivées qui a atteint près de 4 200 personnes par jour[70].
146
+
147
+ En 2011, le Venezuela détenait le troisième taux de criminalité d'Amérique du Sud[71]. Celle-ci s’est considérablement accrue depuis l’arrivée du pouvoir de Hugo Chávez (en 1999, « seulement (sic) 4 550��personnes avaient été tuées ») en comparaison de 19 336 en 2011. Ce fort accroissement de la criminalité résulterait également de l’augmentation de la population, qui passa de près de vingt-quatre millions de personnes en 1999 à près de trente millions en 2011. Pour faire face à cette situation, le gouvernement encouragea la formation de milices civiles armées chargées d’assister la police dans la lutte contre la criminalité[72].
148
+
149
+ Selon les chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur en 2013, le nombre de meurtres commis en 2012 serait de 16 000 (92 % avec des armes à feu), ce qui représente un taux de 55,2 homicides pour 100 000 habitants. Le Venezuela se placerait ainsi au troisième rang mondial pour la criminalité après le Honduras et le Guatemala. Ces chiffres très élevés sont néanmoins contestés par l'organisation non gouvernementale Observatoire vénézuélien de la violence qui donne une estimation encore plus haute pour 2012 de 21 692 meurtres commis, soit un taux de 73 homicides pour 100 000 habitants[73]. En 2011, Caracas serait la capitale la plus dangereuse dans le monde, avec 122 homicides pour 100 000 habitants.
150
+
151
+ Historiquement, la politique vénézuélienne suit une tendance présidentielle et caudilliste. Le président définit et exécute les politiques intérieure et extérieure. Cette forme politique remonte au XIXe siècle, caractérisée par les différents régimes militaires du général José Antonio Páez, les frères Monagas, Juan Crisóstomo Falcón et Antonio Guzmán Blanco, président à plusieurs reprises. L'organisation du pays est souvent fragilisée par des conflits internes et des luttes de pouvoir.
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+
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+ Le début du XXe siècle est marqué par le régime militaire du général Juan Vicente Gómez qui gouverne directement ou non pendant 27 ans. Ce régime est suivi des deux quinquennats de transition républicaine à une forme de gouvernement plus démocratique avec Rómulo Betancourt et l'élection universelle de l'illustre Rómulo Gallegos, le plus grand romancier et représentant de la littérature vénézuélienne. À la suite d'un coup d'État qu'il subit après neuf mois au pouvoir, les militaires Carlos Delgado Chalbaud et Marcos Pérez Jiménez gouvernent entre 1948-1958 avec des politiques progressistes et répressives. Un bouleversement civil et militaire le 23 janvier 1958 redémarre la transition démocratique qui finit en bipartisme jusqu'au 5 décembre 1992 élection du président Rafael Caldera.
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+
155
+ Chavez évoquait l'idée d'avoir jusqu'en 2021 pour conclure la transformation de son pays et il essaya de modifier à nouveau la constitution pour y arriver (voir référendum sur la Réforme Constitutionnelle de 2007). Il perd la consultation, une de ses plus grandes défaites, mais il réussit son objectif par une autre voie légale : l'amendement de la constitution (voir référendum sur l'amendement Constitutionnel de 2009).
156
+
157
+ L’actuelle constitution vénézuélienne est amplement inspirée par les principes et idées de Simón Bolívar. Elle a été approuvée par référendum le 15 décembre 1999 malgré une importante abstention (celle-ci étant sans doute expliquée par la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire du pays, la tragédie de Vargas du 15 décembre 1999, au bilan très lourd).
158
+
159
+ La république, étant à la fois un État fédéral, est constituée en 23 entités politiques. Chaque État du Venezuela est dirigé par un gouverneur élu lors d'élections au suffrage universel, tous les quatre ans, à la différence du président qui lui l'est tous les six ans.
160
+
161
+ La « Révolution bolivarienne » impulsée par Hugo Chávez et poursuivie par Nicolás Maduro a conduit certains critiques à qualifier le Venezuela de dictature ou de régime autoritaire à parti unique[75],[76]. Le caractère souvent conflictuel des relations entre le gouvernement et l'opposition culmine avec une tentative de coup d’État en avril 2002[77] et à des manifestations de masse dans les années 2010.
162
+
163
+ En 2008, le Venezuela était classé 113e pays sur 173, par Reporters sans frontières (RSF), en matière de liberté de la presse. L'ONG Espacio Público a recensé l'année 2006, 106 atteintes à la liberté d'expression sans en indiquer la ou les origines[78]. RSF pointe l'adoption de nouvelles lois en 2004 et 2005 contre différents types d'« offenses », notamment à la personne du président, et contre les appels à la violence, les jugeant « très restrictive[s] en matière de liberté d’expression » et affirmant qu'elles créent « un climat d’autocensure au sein des médias »[79].
164
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165
+ En 2008, le ministre de la Communication déclare que toutes les communications doivent dépendre de l’État en tant que bien public[80].
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+
167
+ Le 27 mai 2007, une minute avant minuit, la Radio Caracas Televisión a cessé d'émettre sur le réseau hertzien, la commission nationale des télécommunications ayant décidé de ne pas renouveler la concession hertzienne de cette chaîne en partie à cause de son soutien et de sa couverture du coup d'État de Pedro Carmona en 2002. Cependant, RCTV a continué d'émettre sur le réseau câblé et par satellite avec une audience potentielle restreinte au cinquième de la population jusqu'au 31 janvier 2010, date à laquelle elle a été retirée de la grille des programmes de l'opérateur pour non-respect de la loi sur la production nationale.
168
+
169
+ L'espace qu'occupait RCTV a été attribué à une nouvelle chaîne publique, TVes (Televisora Venezolana Social), dont, selon une étude de l'institut de recherches en communication (ininco) dirigé par le sociologue d'opposition favorable au coup d'État Oscar Lucien, 74 % des contenus relèveraient de la diffusion et de l'information socialiste[81]. Depuis ce non-renouvellement, des manifestations, notamment étudiantes, ont eu lieu pour soutenir ou protester au sujet de cette décision.
170
+
171
+ Hugo Chavez a été accusé par Le Monde d'attaquer Globovisión, « dernière chaîne de télévision d'opposition » selon le journal, lorsque le président vénézuélien a accusé la chaîne d'inciter à son assassinat[82]. Cette chaine fait partie des médias privés qui ont explicitement soutenu le coup d'État de 2002[83].
172
+
173
+ La couverture médiatique occidentale sur l'affaire RCTV a été critiquée et qualifiée de « désinformation » par l'Acrimed[84] et Le Monde diplomatique[85] en France ainsi qu'aux États-Unis par le FAIR[86] rappelant notamment qu'une télévision occidentale ayant soutenu un coup d'État et ses instigateurs aurait sans doute dû faire face à des sanctions plus importantes que celles infligées à RCTV. D'autre part Salim Lamrani considère que l'affirmation d'une volonté d'hégémonie médiatique de la part de Chávez est discutable puisque entre 2000 et 2006 le nombre de chaînes privées a augmenté de 16 tandis que le nombre de chaînes publiques n'a augmenté que de 4[87]. Toutefois, entre 2010 et 2015, une grande partie des médias sont devenus la propriété de proches du chavisme[88].
174
+
175
+ En 2018, le syndicat national des travailleurs de la presse dénonce la « persécution permanente » des médias, dans un pays où l’État contrôle l'unique société d'importation de papier, et le blocage de sites web par l'entreprise publique CANTV, principal fournisseur d'accès internet du pays[89]. Selon l'association nationale des journalistes, les trois-quarts des journaux papiers ont disparu à cause du manque de papier en cinq ans et 40 stations radios ont fermé en 2017[90].
176
+
177
+ À partir de juin 2018, le réseau Tor est bloqué, dont la popularité allait croissante du fait de la censure de sites d'information comme El Nacional et La Patilla[91].
178
+
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+ Transparency International (TNI) classe en 2018 le Venezuela au 168e rang sur 180 pays pris en compte[92].
180
+
181
+ La musique du Venezuela est influencée par ses origines espagnoles, amérindiennes et africaines.
182
+ La culture autochtone est aujourd'hui présente dans la musique à travers certains instruments, entre autres le cameo, un tambour, et le botuto, une sorte de trompette. La culture espagnole a permis l'introduction des instruments comme la guitare, les instruments à cordes, les vents et différents types de percussions (différents des tambours indiens) et de nombreux genres populaires, dont le galerón (en), le corrido et la guaracha. La musique de la région des Llanos (música llanera), que l'on retrouve dans d'autres pays hispano-américains est un exemple de musique née à l'époque de la colonie espagnole. Le merengue venezolano est aussi de grande transcendance national.
183
+
184
+ La musique populaire dite d'origine afro-antillaise (basée sur la musique populaire espagnole de la Renaissance et des rythmes comme les sevillanas) est reine dans le cœur de la plupart des Vénézuéliens. La salsa en général, le merengue dominicain, la bachata, la cumbia et la gaïta (typique de l'époque de noël) font danser et vibrer les gens de tous les âges dans l'ensemble du pays. Oscar D'León est sans contestation le plus reconnu des salseros vénézuéliens dans le monde.
185
+
186
+ L'instrument national par excellence est le « cuatro », similaire à la guitare, mais plus petit et doté de quatre cordes ; d'une très particulière sonorité, il est la base musicale de tous les « conjuntos criollos », petits orchestres créoles (du pays), appelés aussi « conjuntos de harpa, cuatro y maracas », qui accompagnent les chanteurs de joropo, de valses criollos, de jotas margariteñas, de gaïtas maracuchas (de Maracaibo), etc.
187
+
188
+ Depuis quelques années, le Venezuela a obtenu une notoriété mondiale grâce au système national d’orchestres symphoniques pour jeunes, avec plus de deux cent mille participants de tous les coins du pays et des quartiers les plus démunis ; ce système (El Sistema), fondé par Abreu, a démocratisé et popularisé l'amour pour la musique classique de tous les temps. Contrairement à une idée reçue, le système existe depuis la présidence de Carlos Andrés Pérez dans les années 1970 et non pas depuis l'époque d'Hugo Chavez. Au départ, le mouvement était un pur mouvement musical et n'était pas le fruit d'une récupération nationaliste et politisée comme à l'heure actuelle par le parti officiel. Aujourd’hui, un grand nombre de très jeunes virtuoses, chefs d’orchestres et musiciens sont très prisés dans les meilleures salles de concert du monde. Gustavo Dudamel est aujourd'hui le plus grand chef d'orchestre vénézuélien, reconnu dans tout le monde.
189
+
190
+ El Sistema se répand peu à peu, par exemple aux États-Unis dans la ville d'Atlanta où le bassoniste Dantès Rameau a lancé avec un succès fulgurant l'Atlanta Music Project, soutenu par la Municipalité, mais aussi par beaucoup de sponsors individuels et industriels (Coca Cola, AOL, etc.). Il est question également d'un essaimage en France(Toulouse).
191
+
192
+ Le célèbre violoniste français Jean-Luc Ponty a composé un morceau intitulé Caracas.
193
+
194
+ La céréale la plus consommée est le riz. Vient ensuite le blé, utilisé pour le pain (y compris la baguette à la française, appelée canilla). La farine de maïs est particulièrement utilisée dans la arepa qui accompagne les plats (comme le pain) ou qui peut être fourrée. La Hallaca, est incontournable durant la période de Noël : il s'agit d'une pâte de maïs mélangée à de la viande en sauce avec des légumes cuite dans une feuille de bananier, dans le genre des tamales mexicains.
195
+ Le pan de jamón est également un plat typique de Noël. Ce pain au jambon est préparé, cette fois-ci, avec de la farine de blé.
196
+
197
+ Le plat le plus courant est le pabellón criollo fait de viande de bœuf en lanières, de riz, de haricots noirs et de bananes frites.
198
+
199
+ Les desserts sont d'origine espagnole et dérivent de ceux préparés par les nonnes dans les couvents, comme le riz au lait ou le bienmesabe. Ce dernier a été adapté au pays en devenant un gâteau à la noix de coco.
200
+
201
+ Le sport national est le baseball, historiquement très populaire au Venezuela. Cependant le football connaît un gros gain de popularité d'années en années, notamment grâce aux progrès[Lesquels ?] de l'équipe nationale, qui était traditionnellement le parent pauvre du football sud-américain (seul pays du continent à ne s'être jamais qualifié pour une phase finale de Coupe du Monde). L'organisation de la Copa América 2007 par le pays a également contribué à ce regain d'intêret pour le football. Il y a d'autres sports populaires d'origine autochtone tels que les bolas criollas ou le coleo.
202
+
203
+ En 2012, le Venezuela obtient la deuxième médaille d'or de son histoire aux Jeux olympiques d'été de 2012 avec Rubén Limardo, vainqueur en escrime du tournoi d'épée. Il succède à Francisco Rodríguez, titré en 1968 en boxe, catégorie poids mouche. La même année, Pastor Maldonado est le premier pilote de Formule 1 vénézuélien à remporter une course.
204
+
205
+ Johnny Cecotto fut Champion du monde de vitesse moto des catégories 350 cm3 (1975) et 750 cm3 (1978), et Vice-champion du monde 350 cm3 en 1976 et troisième du championnat du monde 500 cm3 en 1978. Il remporta également des courses automobile remportant cinq victoires en ETCC, et neuf en DTM. Il est le père de Johnny Cecotto Jr., également pilote automobile vénézuélien.
206
+
207
+ Au Venezuela, les concours de beauté sont une véritable institution et un motif de fierté nationale[93]. Les miss du pays ont remporté de nombreux titres internationaux dont le plus connu, celui de Miss Univers, à sept reprises (2e derrière les États-Unis). Le Venezuela a gagné un tournoi du « Big Four (en) » (Miss Univers, Miss Monde, Miss International et Miss Terre) 23 fois, un record absolu (plus que les Philippines et le Brésil ensemble, les deux suivants).
208
+
209
+ C'est également le seul pays à avoir remporté le Miss Univers deux fois de suite, en 2008 et en 2009.
210
+
211
+ Les Vénézuéliennes se font inculquer, dès leur plus tendre enfance, l’idée que la beauté féminine est essentielle à la réussite sociale[94]. Un titre de miss permet d’entamer une carrière de comédienne, de mannequin ; il permet d'avoir une importante notoriété dans le pays. Les miss ont pu entrer en politique ou dans le monde des affaires[95].
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+ Le Venezuela a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ République bolivarienne du Venezuela
2
+
3
+ (es) República Bolivariana de Venezuela Écouter
4
+
5
+ 10° 29′ 28″ N, 66° 54′ 07″ O
6
+
7
+ modifier
8
+
9
+
10
+
11
+ Le Venezuela[4],[5] ou Vénézuéla[6],[7],[8] [venezɥɛla][a] Écouter (en espagnol : [beneˈswela][b] Écouter), en forme longue la république bolivarienne du Venezuela, en espagnol República Bolivariana de Venezuela, nom officiel en l'honneur de Simón Bolívar, est une république fédérale située dans la partie la plus septentrionale de l'Amérique du Sud, bordé[9] au nord par la mer des Caraïbes, à l'est-sud-est par le Guyana, au sud par le Brésil, au sud-sud-ouest et à l'ouest par la Colombie.
12
+
13
+ La langue nationale du Venezuela est l'espagnol et sa capitale et principale métropole est Caracas. Sa population est composée essentiellement de métis. Le Venezuela est une puissance énergétique majeure avec des réserves prouvées de 302 milliards de barils de pétrole[10], ce qui en fait le premier pays au monde dans le classement par réserves de pétrole prouvées devant l'Arabie saoudite, mais près des trois quarts de ces réserves (224 milliards de barils) sont des sables bitumineux[11], dont l'exploitation est malaisée et très polluante.
14
+
15
+ Le pays est riche d'autres matières premières – gaz, ressources hydrauliques avec le barrage de Guri, le 4e plus important au monde, avec une puissance installée de quelque 10 200 MW – d'une importante diversité géographique et d'une mégadiversité remarquable. Sa devise est Dios y Federación (« Dieu et Fédération ») et son hymne le Gloria al Bravo Pueblo (« Gloire au Peuple Brave »).
16
+
17
+ Le Venezuela est membre de l'ONU, de l'OPEP et de l'ALBA. Il est actuellement suspendu du Mercosur, dont il est membre de plein droit.
18
+
19
+ En 1499, une expédition menée par Amerigo Vespucci et Alonso de Ojeda explore cette région pour la première fois (côte nord-ouest). Elle découvre des indigènes (dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagotos), vivant principalement d'agriculture et de chasse, installés le long de la côte, de la Cordillère des Andes et du fleuve Orénoque. Les maisons sur pilotis des Indiens du golfe de Maracaibo font penser à une petite Venise, Venezziola, ce qui donne le nom du pays[12].
20
+
21
+ Le 3 août 1498, Christophe Colomb nomme Isla de Gracia (« Île de Grâce ») cette terre sur laquelle il débarque et qu'il prend pour une île[13], qu'il surnomme Tierra de Gracia (« Terre de Grâce ») lors de son troisième voyage, surnom qui est encore utilisé pour désigner le pays.
22
+
23
+ Une autre version affirme que le nom Venezuela a pour origine un vocable indigène[14]. Une première preuve vient de Martín Fernández de Enciso, membre de l'expédition de Vespucci et Ojeda. Dans son livre Summa de Geografía édité en 1519, il affirme que l'expédition a rencontré une population indigène qui se nomme elle-même Veneçiuela, ce qui suggère que le nom Venezuela a pu dériver de ce nom local : « Desdel cabo de Sant Romá al cabo de Coquibacoa ay tres isleos en triángulo. Entre estos dos cabos se haze un golfo de mar en figura quadrada. E al cabo de Coquibacoa entra desde est golfo otro golfo pequeño en la tierra cuatro leguas. E al cabo del a cerca dela esta una peña grande que es llana encima della. Y encima de ella está un lugar d'casas de indios que se llama Veneçiuela. Esta en X grados. »[15]
24
+
25
+ Une seconde preuve vient d'Antonio Vázquez de Espinosa, moine espagnol, qui écrit dans son ouvrage Compendio y Descripcion de las Indias Occidentales (1629) : « Venezuela en la lengua natural de aquella tierra quiere decir Agua grande, por la gran laguna de Maracaibo que tiene en su distrito, como quien dice, la Provincia de la grande laguna. »[16]
26
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27
+ À l'époque précolombienne, le territoire de l'actuel Venezuela est habité par plusieurs peuples dont des Caraïbes, des Arawaks et des Cumanagotos.
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29
+ Christophe Colomb est le premier conquérant au service de l'Espagne à atteindre cette région le 3 août 1498, lors de son troisième voyage. Au début du XVIe siècle, les Espagnols commencèrent à coloniser les îles et les régions côtières. L'un des premiers établissements coloniaux du Venezuela est la ville — aujourd'hui disparue — de Nueva Cadiz dans l'île de Cubagua. Les villes Cumaná et Coro, fondées en 1515 et en 1527, sont les premières colonies d'importance dans le pays.
30
+
31
+ Le premier trait historique d'une colonisation du territoire vénézuélien est allemand avec la famille Welser originaire d'Augsbourg. Avec l'accord du régime impérial basé à Vienne, Bartholomé Welser commence cette entreprise et il finance les expéditions pour la recherche d'or et le mythique Eldorado. Cette première colonisation de plusieurs gouvernants allemands ne dure que 28 ans et est abandonnée en 1556.
32
+
33
+ Ce sont les Espagnols qui, au cours des trois siècles suivants, réalisèrent la colonisation et l'administration de l'actuel territoire vénézuélien, notamment à travers les cabildos coloniaux.
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+ Plusieurs conspirations contre les représentants de la couronne espagnole précédent les guerres d'indépendance.
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37
+ À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, inspirés par les révolutions américaines, françaises et haïtiennes, les futurs héros de la nation incarnent un effort d'émancipation et d'indépendance des colonies espagnoles en Amérique.
38
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39
+ Le 19 avril 1810, une assemblée est formée à la suite de la destitution de Vicente Emparan par l'intermédiaire de l'Acte du 19 avril 1810, gouverneur de la capitainerie générale du Venezuela.
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+ Le 5 juillet 1811, le Venezuela se déclare indépendant et cela déclenche la réaction de la couronne espagnole. Simón Bolívar est le grand leader de ce mouvement et des luttes pour la construction d'une nouvelle nation.
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+ Le 15 février 1819, à Angostura, aujourd'hui Ciudad Bolívar, est réuni un congrès constituant pour la nouvelle République. La république de Colombie, ou Grande Colombie, est un État défini par le Congrès d'Angostura, dans le territoire du vice-royauté de Nouvelle-Grenade de l'Empire espagnol. Celui-ci comprend les territoires des quatre pays actuels que sont la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela.
44
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45
+ Des intérêts vénézuéliens et les vastes distances entre les départements de la nouvelle République font éclater le rêve de Bolivar et redéfinissent les territoires comme les territoires de pays bien distincts. Au Venezuela, le plus charismatique de ses généraux, le général José Antonio Páez, est à la tête des revendications et de la séparation définitive en 1831.
46
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47
+ Lui et d'autres caudillos militaires réalisent la conquête du pouvoir au cours des années qui suivent.
48
+
49
+ Au cours du XIXe siècle, le Venezuela traverse des difficultés qui finissent par causer le plus grand conflit interne que le pays ait connu : la « guerre fédérale », également connue sous le nom de « Grande guerre » (1859-1863). Les libéraux représentent les régions caféières de l'est du Venezuela, plus modernistes et connectées au commerce international. Ils sont aussi appelés « fédéralistes » car ils veulent une plus grande autonomie pour les provinces, s'opposent au parti conservateur, accusé de monopoliser les postes de gouvernement et la propriété foncière, et d'opposer l'intransigeance à toute velléité de réforme.
50
+
51
+ C'est la plus grave et la plus sanglante des guerres civiles au Venezuela depuis l'indépendance. Sous la forme de guérilla, elle cause près de deux cent mille morts, souvent du fait de la faim ou de la maladie, dans un pays d'un peu moins de deux millions d'habitants.
52
+
53
+ Le Venezuela apparaît alors comme une addition d'enclaves autour des ports du commerce international. Caracas détient le port La Guaira, desservi par le chemin de fer, Valencia a Puerto Cabello, tandis que Maracaibo constitue elle-même une enclave, reliée par le réseau fluvial au Lac Maracaibo et aux régions caféières des Andes, comme Táchira, proche de la Colombie caféière. Le triomphe des fédéralistes sur les conservateurs s'obtient au prix le plus coûteux en vies perdues, en dévastations et pertes matérielles.
54
+
55
+ Le libéralisme jaune est le nom de la période qui succède à la guerre civile et sous laquelle Antonio Guzman Blanco modernise le pays et lui donne son ordre définitif.
56
+
57
+ Après les régimes militaires et dictatoriaux, le Venezuela change véritablement en 1935 après la mort du général Juan Vicente Gómez, chef d'État pendant 27 ans. L'exploitation pétrolière commence en 1917. Les compagnies multinationales arrivent en 1922. Ces événements majeurs bouleversent l'activité économique du pays. Le Venezuela, pays neutre lors du premier conflit mondial, officialise son soutien aux pays alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.
58
+
59
+ La démocratie commence à s'installer à partir de 1958. Le Parti communiste reste cependant interdit et la gauche légale subit une répression constante qui conduit aux assassinats de ses dirigeants[17], tandis que des mouvements de guérilla communistes ou castristes sont actifs dans les années 1960 et 1970 (Forces armées de libération nationale en particulier).
60
+
61
+ En 1950, le Venezuela est classé au 4e rang mondial par rapport au PIB par habitant, derrière les États-Unis, la Suisse et la Nouvelle-Zélande[18]. Cette aubaine poussée par les revenus pétroliers croissants se prolonge jusqu'à la fin des années 1980, date à laquelle le pays est encore considéré comme le plus riche d'Amérique Latine; en 1976 l'agence de notation Moody’s note la dette du Venezuela Aaa, la meilleure note possible[19].
62
+
63
+ Le pétrole est une véritable manne pour le Venezuela, qui se lance dans d'ambitieux projets d'État comme le pont du Général Rafael Urdaneta (deuxième plus grand d'Amérique Latine), la centrale hydroélectrique de Guri (quatrième plus grande au monde), ou encore les tours jumelles de Parque Central (les plus grandes d'Amérique Latine entre 1979 et 2003, avec 225 m de hauteur); et bénéficie d'importants investissement privés, notamment américains, par exemple la raffinerie d'Amuay (deuxième plus grande au monde).
64
+
65
+ Dans les années 1980, le Venezuela est contrôlé par une coalition rassemblant les principaux partis de cette époque : l'Action démocratique (AD, Acción Democratica, social-démocrate), le COPEI (social-chrétien) et l’Union républicaine et démocratique (Unión Republicana Democrática). Les 27 et 28 février 1989, le peuple se soulève à Caracas et aux alentours, à la suite d'une explosion des tarifs, notamment des transports en commun, et des réformes économiques inspirées par le néolibéralisme, à la suite d'accords avec le Fonds monétaire international. Le deuxième jour, le président Carlos Andrés Pérez déclenche le plan Avila et envoie l'armée contre la population révoltée, tuant plus de 3 000 personnes en quelques jours[17].
66
+
67
+ En 1992, dans un pays où les couches populaires sont ruinées, se produisent deux tentatives de coup d'État (en février et novembre), dont l'une dirigée par Hugo Chávez.
68
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69
+ Le début du XXIe siècle est marqué par la personnalité du président Hugo Chávez, qui dirige le pays pendant quatorze ans (1999-2013) jusqu'à sa mort. Il est élu le 6 décembre 1998 pour un premier mandat courant de 1999 à 2004, réélu le 30 juillet 2000 pour la période 2001-2007 (à la suite de la modification de la constitution qu'il a impulsée). En 2002, il subit une tentative de coup d'État pour le destituer. Il est réélu le 3 décembre 2006 pour la période 2007-2013 et puis à nouveau le 7 octobre 2012, alors qu'il a un cancer, pour la période 2013-2019. Il quitte le pouvoir et meurt le 5 mars 2013. Avant sa mort, Chávez désigne comme son successeur son ancien ministre des Affaires étrangères et vice-président Nicolás Maduro. À sa mort, Nicolas Maduro devient président par intérim puis remporte une nouvelle élection présidentielle avec 50,62 % des voix, élection contestée par le leader d’opposition Henrique Capriles, malgré la présence d'observateurs internationaux.
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+ Les années Chavez sont caractérisées par une augmentation des dépenses sociales qui permettent une réduction des inégalités, une diminution du taux de pauvreté, du chômage (avec néanmoins 40 % de la population active employée dans le secteur informel et le reste dans le secteur public[20]) et de la malnutrition. Cette politique sociale est rendue possible par une large augmentation de la dette du pays qui passe de 28 à 130 milliards de dollars[21] (le pays devenant fortement dépendant de la Chine, son principal créancier) et par l'envolée du prix du pétrole des années 2000, l'État utilisant largement les bénéfices de la compagnie pétrolière étatisée PDVSA[22]. Du fait de l'absence de réformes économiques, la situation du pays se tend immédiatement dès que le cours du baril s'effondre à partir de 2008[22]. En dépit des richesses naturelles du pays, Chavez laisse un secteur privé et un tissu industriel atrophiés, un large clientélisme, une inflation très importante et une population confrontée à des pénuries alimentaires chroniques[20]. Ces années sont également marquées par une forte aggravation de la criminalité avec, selon les ONG, un quadruplement du taux d'homicides[21].
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+ Les élections législatives du 6 décembre 2015 donnent une large victoire à l'opposition dans un contexte de crise économique, sociale et politique[23]. Le Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition de centre droit, approuve le 25 octobre 2016 l’ouverture d’un procès en destitution contre le président socialiste Nicolas Maduro, bien que la constitution ne prévoie pas une procédure de destitution, mais une procédure pour manquements au devoir de sa charge[24]. Après une longue période de blocage politique (les pouvoirs exécutif et législatif se paralysant mutuellement), le 30 mars 2017, la Cour Suprême, favorable au pouvoir chaviste, décide de s'arroger les pouvoirs du Parlement ; mais le 4 avril elle y renonce[25]. Dans un contexte de violences et de contestation sociale, le président Maduro tente en juillet 2017 de contourner le Parlement en faisant élire une Constituante entièrement contrôlée par les chavistes[26]. L'opposition choisit de boycotter cette constituante, accusant le régime de malversations électorales[27]. Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, Haut-Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, dénonce « un usage excessif de la force » par les autorités vénézuéliennes à l'égard des manifestants[28].
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+ Les ambassadeurs des 28 pays de l’Union européenne (UE) ont donné leur feu vert le 8 novembre 2017 à l’adoption de sanctions, dont un embargo sur les livraisons d’armes, contre le Venezuela. Ces sanctions interdisent également aux entreprises européennes de livrer du matériel de surveillance électronique pouvant servir à réprimer l’opposition au régime du président Nicolas Maduro ; elles prévoient également la mise en place d’un cadre juridique permettant à l’Union européenne de placer ensuite sur sa liste noire des personnalités ou entités sanctionnées pour leur implication dans la répression[29].
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77
+ Plusieurs organisations internationales et de nombreux analystes attribuent partiellement la crise économique que vit le Venezuela aux sanctions économiques et diplomatiques imposées par les États-Unis et l'Union européenne. Selon Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, le volet de sanctions imposées en août 2019 par les États-Unis « [ne contient] pas suffisamment de mesures pour atténuer leur impact sur les couches les plus vulnérables de la population »[30]. Elle réitère ces inquiétudes dans un rapport déposé en décembre 2019 sur la situation des droits de l'homme au Venezuela[31].
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+ Selon les Nations unies, 1,6 millions de personnes ont quitté le Venezuela en 2015. En août 2018, face à cet afflux, le Brésil déploie 3 200 soldats à sa frontière pour assurer la sécurité des résidents brésiliens et des migrants vénézuéliens[32].
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+ Le 23 janvier 2019, Juan Guaidó, président du Parlement, s’autoproclama « Président en exercice » du Venezuela et prêta serment au cours d'une manifestation organisée à Caracas[33]. Guaidó obtient immédiatement la reconnaissance des États-Unis, du Canada, du Brésil, de la Colombie et du Pérou[34],[35]. La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Union européenne se disent prêts à reconnaître Juan Guaidó en tant que « Président en exercice » si Nicolas Maduro n'organise pas d'élections libres d'ici le 3 février 2019[36],[37]. Luis Almagro, secrétaire général de l’OEA, apporte également son soutien à Guaidó[38]. Cependant, Maduro se maintient au pouvoir grâce à l'appui des forces armées[39] ; il continue également de bénéficier du soutien diplomatique de Cuba, de la Bolivie, de la Turquie et de la Russie[38],[40].
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+ Le Salto Angel, cascade ininterrompue la plus haute du monde (979 m de chute).
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+ Une plage sur l'île de Margarita, première destination touristique du pays.
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+ Un paysage andin à l'est du Venezuela, vers Merida.
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+ Les dunes de sable du Parc national Los Médanos de Coro.
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+ Des maisons sur pilotis de communautés indigènes du delta de l'Orénoque.
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+ Le pont Rafael Urdaneta, d'une longueur de 8,7 km; le deuxième plus long d'Amérique Latine.
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+ Le territoire vénézuélien s'étend depuis les environs de l'équateur jusqu'au nord du onzième parallèle. Sa superficie est de 916 445 km2.
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+ Sur le continent, le Venezuela possède des frontières avec le Guyana à l'est-sud-est, le Brésil au sud, la Colombie au sud-sud-ouest et à l'ouest, enfin à quelques dizaines de milles marins au large des côtes de la mer des Caraïbes au nord, se trouvent les Antilles néerlandaises (Aruba, Bonaire, Curaçao) et Trinité-et-Tobago (ex-GB).
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+ De manière très schématique, trois grandes régions géographiques composent ce pays :
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+ Le Venezuela possède également 72 îles, dispersées dans la mer des Caraïbes et dans l'océan Atlantique, regroupées dans les Dépendances fédérales. Margarita est la plus grande et la plus peuplée.
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+ La capitale du Venezuela, Caracas, s’étend d'est en ouest de l'autre côté de la cordillère côtière, à quelque 900 mètres d'altitude. Il faut compter environ une demi-heure pour parcourir la trentaine de kilomètres qui sépare l’aéroport, situé en bord de mer, de la ville. Près de cinq millions d'habitants résident dans la métropole. Les quartiers pauvres s'appellent les ranchos. Des pluies diluviennes, suivies d'importants glissements de terrain dans des zones fortement peuplées proches de l'aéroport international Simon Bolivar (La Guaira - État de La Guaira) ont fait des milliers de morts en décembre 1999. Cette triste page de l'histoire vénézuélienne est couramment appelée « La tragédie » par les autochtones.
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+ Maracaibo, capitale de l'État de Zulia, est la deuxième métropole du pays. Parmi les villes les plus peuplées suivent : Valencia, Maracay et Barquisimeto.
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+ Cependant, le Venezuela revendique le territoire correspondant au Guyana actuel, allant parfois à repousser ses frontières jusqu'au Suriname. Sur les cartes du Venezuela, le Guyana est indiqué en tant que zone en réclamation.
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+ Le 7 mars 2006, le Parlement du Venezuela adopte la modification du drapeau national afin de l’adapter à la « révolution socialiste » du président Hugo Chávez, à l’initiative du projet. Entièrement contrôlé par les partisans du chef de l’État à la suite du boycott des élections législatives par l’opposition en décembre, le Parlement a approuvé l’ajout d’une huitième étoile, pour rendre honneur à l'ancienne province de Guyane qui a lutté pour l'indépendance tout comme les sept autres. Les députés vénézuéliens ont également modifié le galop du cheval blanc figurant sur l’écusson national afin de le tourner, non plus vers la droite, mais vers la gauche, afin de symboliser l’orientation politique du gouvernement. Toutefois, en termes d'héraldique, le cheval se déplace vers la dextre, ce qui rend le message un peu confus. Le Parlement a également décidé certains ajouts sur l’écusson, tels qu’un kayak, un arc et une flèche représentant les armes des indigènes ou une machette de paysan, en hommage aux racines des descendants d’origine africaine.
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+ Le Venezuela est un pays en développement, classé 59e pour le produit intérieur brut par habitant par le FMI. Son économie est essentiellement tournée autour du pétrole et du gaz naturel, secteur qui représente 95 % des exportations et 25 % du PIB[41].
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+ Le pays est un important producteur de pétrole et un membre fondateur de l’OPEP. Il est en sixième place au palmarès des producteurs de l’OPEP pendant la décennie 2010 derrière l'Arabie saoudite, l'Irak, l'Iran et les émirats mais aussi le Koweït.
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+ Le Venezuela est entré dans le Mercosur[42], dont il est membre de plein droit[43]. En 2016, sa production de pétrole était de 2,3 millions de barils par jour ce qui ferait de lui selon ces données le onzième plus grand producteur au monde[44]. Selon l’OPEP, les réserves prouvées de pétrole atteignaient 296,50 milliards de barils en 2011, ce qui le fit accéder à la première place mondiale devant l’Arabie saoudite[45]. Le pays possède une économie de marché.
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+ Le Venezuela est la cinquième puissance économique latino-américaine en termes de produit intérieur brut, après le Brésil, le Mexique, l'Argentine et la Colombie avec un PIB estimé à 367,5 milliards de dollars en 2013 selon la Banque Mondiale. Son classement est identique lorsqu'exprimé en parité de pouvoir d'achat[46]. Cependant, selon le FMI, en termes de PIB par habitant, le Venezuela se situe à la 4e place d'Amérique du Sud avec 9 960 dollars par habitant en 2009.
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+ Le RNB par habitant est de 12 550 dollars en 2013, soit au-dessus de la moyenne des pays d’Amérique latine et de la Caraïbes (9 314 dollars en 2013)[47]. Dans ce pays pétrolier, le carburant est fortement subventionné et coûte moins de 2 centimes d’euro le litre.
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+ Malgré les exportations d'or noir, les comptes de l'État accusent un déficit important financés par la monétisation de la dette et induisant une très forte inflation[48]. Les prix de certaines denrées de base sont fixés par l'État, ce qui explique, selon l'opposition et la plupart des économistes, la grave pénurie de lait, de sucre et d'œufs. Selon le gouvernement, cette pénurie est due à un rachat de ces denrées par des multinationales[49].
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+ Caracas est le centre économique, financier et industriel du Venezuela. Le pays est faiblement industrialisé en dehors de la production pétrolière et importe la plupart de ses biens de consommation[50]. L'industrie manufacturière est apparue dans le pays au cours du XXe siècle. Hormis le pétrole, le pays est un producteur d'acier, d'aluminium, de ciment et de pneus. L'industrie automobile est présente au Venezuela depuis les années 1960, avec l'usine d'assemblage de Valencia de la société américaine Ford qui y assemblant entre autres la Ford Mustang. De plus, dans le secteur agricole, les terres sont exploitées seulement pour un peu plus de 40 % ce qui oblige le pays à importer environ 60 % de produits[51].
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+ Il existe de très fortes inégalités sociales au Venezuela. Ainsi, près de 60 % des habitants de Caracas s'entassent dans des barrios (quartiers pauvres), alors que de 10 % à 20 % des Vénézuéliens n'auraient pas accès à l'eau potable et que, dans le même temps, le Venezuela est le pays ayant le plus de millionnaires en Amérique latine.
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+ L'essence à la pompe est la moins chère du monde (au 10 décembre 2010, 1,2 centime d'euros le litre de super 95), largement subventionnée par l'État, en particulier depuis qu'une hausse importante des prix avait donné lieu à d'importantes émeutes au cours de ce qui fut nommé par la suite le Caracazo.
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+ Depuis 2003, un strict contrôle des changes opéré par l'organisme public[52] fixe le taux de change à 2 150 VEB (bolivares) pour un dollar américain (USD). En 2008, la monnaie locale est renommée bolivar fuerte (VEF) au taux de 1 bolivar fuerte pour 1 000 anciens bolivars. En 2010, une dévaluation augmente le taux de change à 4,3 VEF pour un USD afin de lutter contre le marché noir des devises. En parallèle, les conditions d'accès aux monnaies étrangères sont restreintes pour tous les acteurs de l'économie (étudiants, importateurs, voyageurs, etc.). Une nouvelle dévaluation a lieu en 2013 et en 2014, le président Maduro substitue au système existant un système d'accès aux devises sous formes d'enchères complexes qui ne suffit pas à satisfaire la demande croissante de la population pour les monnaies étrangères, stimulée par l'inflation galopante et le recours important aux importations pour tous types de produits. La difficulté d'accès aux devises rend difficile la sortie du territoire par les Vénézuéliens (qui ont droit d'échanger un maximum de 2 500 USD par an), d'autant que les compagnies aériennes étrangères, dans l'impossibilité de recouvrer leur créance vis-à-vis du gouvernement vénézuélien [53], réduisent leurs vols dans ce pays. En janvier 2015, le site Dolar Today (dont l'accès est interdit par le gouvernement vénézuélien) annonce un taux de change de 180 VEF pour un USD sur le marché noir, ce qui correspondrait à une dépréciation de près de 98 % de la valeur de la monnaie locale en douze ans. Le secteur privé détient 70 % de l’économie[54].
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+ En dépit de ses nombreuses richesses naturelles, les Vénézuéliens doivent faire la queue pour obtenir la plupart des produits de base de consommation (sucre, huile, médicaments, papier toilette…) et l’État doit pratiquer le rationnement. Le gel des prix a engendré un important marché noir au sein du pays et avec les pays voisins comme la Colombie. En 2014, le pays avait la plus forte inflation mondiale (68 %). Avec l’effondrement des cours du pétrole la pauvreté augmente[55]. Selon le FMI, l’inflation pourrait monter à 1 000 000 % en 2018[56] après 720 % en 2017[57] ; le PIB vénézuélien devrait baisser de 18 % en 2018[56] après une chute de 18 % en 2016[58]. Selon les autorités colombiennes, 300 000 Vénézuéliens ont fui leur pays pour se réfugier en Colombie[59], qui a un temps fermé sa frontière. D’autres ont choisi Manaus, au Brésil, pour sa commodité d’accès. Pas moins de 50 000 personnes sont parties chercher refuge au Chili[60].
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+ Le 5 août 2017, le Mercosur décide de suspendre le Venezuela pour une durée indéterminée en raison de ce qu'il qualifie de « violation de l'ordre constitutionnel »[61]. En effet, l'élection d'une Assemblée constituante le 30 juillet 2017 dans un contexte de contestation et de violence incite de nombreux pays à ne pas reconnaître le nouveau parlement[62].
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+ Les prévisions économiques mondiales de 2018 effectuées par The Economist font du Venezuela le pays dont le PIB a la plus faible croissance par rapport à l’année précédente avec une baisse de 11,9 %, ceci résultant de la mauvaise gestion du pays et de l’hyperinflation ainsi que de la dette publique qui en découlent[63].
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+ Le 20 août 2018, le bolivar souverain (VES) remplace le bolivar fort (VEF) au taux de 1 bolivar souverain pour 100 000 bolivars forts.
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+ L'inflation dépassait 1000000 % fin 2018 et le FMI la prévoit à dix fois plus fin 2019, alors qu'elle atteignait « seulement » 700 % fin 2017. Un dixième des 31 millions d'habitants ont fui le pays depuis l'avènement de Nicolás Maduro en 2013. Depuis sa création en août 2018, le bolivar souverain s'est déprécié de 90 %, ce qui fait que le salaire minimum est officiellement équivalent à trois dollars par mois. Le système public d'éducation et de santé, qui employait jadis 40 000 médecins cubains, s'est effondré, au point que la mortalité infantile est repartie à la hausse, cas quasi unique au monde. La production de pétrole de PDVSA, le monopole d'État fournissant la quasi-totalité des recettes en devises du pays, s'est effondrée à 700 000 barils par jour contre 2,3 millions en 2015. Le PIB a reculé de 40 % en quatre ans[64].
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+ La banque centrale du Venezuela publie en mai 2019, pour la première fois depuis trois ans, des données qui confirment l'effondrement de l'économie : inflation de 130 060 % en 2018 après 274 % en 2016 et 863 % en 2017, baisse de 47,6 % du PIB entre 2013 et 2018, chute des exportations pétrolières de 85,6 milliards de dollars en 2013 à 29,8 milliards de dollars en 2018, chute de la production de pétrole de 3,2 millions de barils par jour en 2009 à 1,03 millions de barils par jour en avril 2019[65].
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143
+ Depuis l’accession d’Hugo Chávez au pouvoir en 1998, deux millions de personnes ont quitté le pays selon le quotidien espagnol El País. L’émigration est en augmentation depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolás Maduro[66]. En 2015, plus de cinq millions d'immigrants colombiens vivaient au Venezuela, le plus souvent pour fuir la violence du conflit armé dans leur pays. Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Venezuela était alors le deuxième pays à accueillir le plus grand nombre de réfugiés dans le monde[67].
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+ En 2017, près d'un million de Vénézuéliens ont quitté le pays en un an, fuyant la famine, la violence, la répression et les sanctions (qualifiées de « guerre économique » par Maduro ainsi que de nombreux commentateurs) imposées par le gouvernement des États-Unis[68],[69]. On compte 600 000 d'exilés vers la Colombie, 119 000 vers le Chili, 57 000 en Argentine, 35 000 au Brésil et 26 000 au Pérou. En août 2018, le Pérou a décrété l'état d'urgence dans trois de ses provinces, après un nombre d'arrivées qui a atteint près de 4 200 personnes par jour[70].
146
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+ En 2011, le Venezuela détenait le troisième taux de criminalité d'Amérique du Sud[71]. Celle-ci s’est considérablement accrue depuis l’arrivée du pouvoir de Hugo Chávez (en 1999, « seulement (sic) 4 550��personnes avaient été tuées ») en comparaison de 19 336 en 2011. Ce fort accroissement de la criminalité résulterait également de l’augmentation de la population, qui passa de près de vingt-quatre millions de personnes en 1999 à près de trente millions en 2011. Pour faire face à cette situation, le gouvernement encouragea la formation de milices civiles armées chargées d’assister la police dans la lutte contre la criminalité[72].
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+ Selon les chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur en 2013, le nombre de meurtres commis en 2012 serait de 16 000 (92 % avec des armes à feu), ce qui représente un taux de 55,2 homicides pour 100 000 habitants. Le Venezuela se placerait ainsi au troisième rang mondial pour la criminalité après le Honduras et le Guatemala. Ces chiffres très élevés sont néanmoins contestés par l'organisation non gouvernementale Observatoire vénézuélien de la violence qui donne une estimation encore plus haute pour 2012 de 21 692 meurtres commis, soit un taux de 73 homicides pour 100 000 habitants[73]. En 2011, Caracas serait la capitale la plus dangereuse dans le monde, avec 122 homicides pour 100 000 habitants.
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+ Historiquement, la politique vénézuélienne suit une tendance présidentielle et caudilliste. Le président définit et exécute les politiques intérieure et extérieure. Cette forme politique remonte au XIXe siècle, caractérisée par les différents régimes militaires du général José Antonio Páez, les frères Monagas, Juan Crisóstomo Falcón et Antonio Guzmán Blanco, président à plusieurs reprises. L'organisation du pays est souvent fragilisée par des conflits internes et des luttes de pouvoir.
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+ Le début du XXe siècle est marqué par le régime militaire du général Juan Vicente Gómez qui gouverne directement ou non pendant 27 ans. Ce régime est suivi des deux quinquennats de transition républicaine à une forme de gouvernement plus démocratique avec Rómulo Betancourt et l'élection universelle de l'illustre Rómulo Gallegos, le plus grand romancier et représentant de la littérature vénézuélienne. À la suite d'un coup d'État qu'il subit après neuf mois au pouvoir, les militaires Carlos Delgado Chalbaud et Marcos Pérez Jiménez gouvernent entre 1948-1958 avec des politiques progressistes et répressives. Un bouleversement civil et militaire le 23 janvier 1958 redémarre la transition démocratique qui finit en bipartisme jusqu'au 5 décembre 1992 élection du président Rafael Caldera.
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+
155
+ Chavez évoquait l'idée d'avoir jusqu'en 2021 pour conclure la transformation de son pays et il essaya de modifier à nouveau la constitution pour y arriver (voir référendum sur la Réforme Constitutionnelle de 2007). Il perd la consultation, une de ses plus grandes défaites, mais il réussit son objectif par une autre voie légale : l'amendement de la constitution (voir référendum sur l'amendement Constitutionnel de 2009).
156
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157
+ L’actuelle constitution vénézuélienne est amplement inspirée par les principes et idées de Simón Bolívar. Elle a été approuvée par référendum le 15 décembre 1999 malgré une importante abstention (celle-ci étant sans doute expliquée par la plus grande catastrophe naturelle de l'histoire du pays, la tragédie de Vargas du 15 décembre 1999, au bilan très lourd).
158
+
159
+ La république, étant à la fois un État fédéral, est constituée en 23 entités politiques. Chaque État du Venezuela est dirigé par un gouverneur élu lors d'élections au suffrage universel, tous les quatre ans, à la différence du président qui lui l'est tous les six ans.
160
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161
+ La « Révolution bolivarienne » impulsée par Hugo Chávez et poursuivie par Nicolás Maduro a conduit certains critiques à qualifier le Venezuela de dictature ou de régime autoritaire à parti unique[75],[76]. Le caractère souvent conflictuel des relations entre le gouvernement et l'opposition culmine avec une tentative de coup d’État en avril 2002[77] et à des manifestations de masse dans les années 2010.
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163
+ En 2008, le Venezuela était classé 113e pays sur 173, par Reporters sans frontières (RSF), en matière de liberté de la presse. L'ONG Espacio Público a recensé l'année 2006, 106 atteintes à la liberté d'expression sans en indiquer la ou les origines[78]. RSF pointe l'adoption de nouvelles lois en 2004 et 2005 contre différents types d'« offenses », notamment à la personne du président, et contre les appels à la violence, les jugeant « très restrictive[s] en matière de liberté d’expression » et affirmant qu'elles créent « un climat d’autocensure au sein des médias »[79].
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+
165
+ En 2008, le ministre de la Communication déclare que toutes les communications doivent dépendre de l’État en tant que bien public[80].
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167
+ Le 27 mai 2007, une minute avant minuit, la Radio Caracas Televisión a cessé d'émettre sur le réseau hertzien, la commission nationale des télécommunications ayant décidé de ne pas renouveler la concession hertzienne de cette chaîne en partie à cause de son soutien et de sa couverture du coup d'État de Pedro Carmona en 2002. Cependant, RCTV a continué d'émettre sur le réseau câblé et par satellite avec une audience potentielle restreinte au cinquième de la population jusqu'au 31 janvier 2010, date à laquelle elle a été retirée de la grille des programmes de l'opérateur pour non-respect de la loi sur la production nationale.
168
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169
+ L'espace qu'occupait RCTV a été attribué à une nouvelle chaîne publique, TVes (Televisora Venezolana Social), dont, selon une étude de l'institut de recherches en communication (ininco) dirigé par le sociologue d'opposition favorable au coup d'État Oscar Lucien, 74 % des contenus relèveraient de la diffusion et de l'information socialiste[81]. Depuis ce non-renouvellement, des manifestations, notamment étudiantes, ont eu lieu pour soutenir ou protester au sujet de cette décision.
170
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171
+ Hugo Chavez a été accusé par Le Monde d'attaquer Globovisión, « dernière chaîne de télévision d'opposition » selon le journal, lorsque le président vénézuélien a accusé la chaîne d'inciter à son assassinat[82]. Cette chaine fait partie des médias privés qui ont explicitement soutenu le coup d'État de 2002[83].
172
+
173
+ La couverture médiatique occidentale sur l'affaire RCTV a été critiquée et qualifiée de « désinformation » par l'Acrimed[84] et Le Monde diplomatique[85] en France ainsi qu'aux États-Unis par le FAIR[86] rappelant notamment qu'une télévision occidentale ayant soutenu un coup d'État et ses instigateurs aurait sans doute dû faire face à des sanctions plus importantes que celles infligées à RCTV. D'autre part Salim Lamrani considère que l'affirmation d'une volonté d'hégémonie médiatique de la part de Chávez est discutable puisque entre 2000 et 2006 le nombre de chaînes privées a augmenté de 16 tandis que le nombre de chaînes publiques n'a augmenté que de 4[87]. Toutefois, entre 2010 et 2015, une grande partie des médias sont devenus la propriété de proches du chavisme[88].
174
+
175
+ En 2018, le syndicat national des travailleurs de la presse dénonce la « persécution permanente » des médias, dans un pays où l’État contrôle l'unique société d'importation de papier, et le blocage de sites web par l'entreprise publique CANTV, principal fournisseur d'accès internet du pays[89]. Selon l'association nationale des journalistes, les trois-quarts des journaux papiers ont disparu à cause du manque de papier en cinq ans et 40 stations radios ont fermé en 2017[90].
176
+
177
+ À partir de juin 2018, le réseau Tor est bloqué, dont la popularité allait croissante du fait de la censure de sites d'information comme El Nacional et La Patilla[91].
178
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+ Transparency International (TNI) classe en 2018 le Venezuela au 168e rang sur 180 pays pris en compte[92].
180
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+ La musique du Venezuela est influencée par ses origines espagnoles, amérindiennes et africaines.
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+ La culture autochtone est aujourd'hui présente dans la musique à travers certains instruments, entre autres le cameo, un tambour, et le botuto, une sorte de trompette. La culture espagnole a permis l'introduction des instruments comme la guitare, les instruments à cordes, les vents et différents types de percussions (différents des tambours indiens) et de nombreux genres populaires, dont le galerón (en), le corrido et la guaracha. La musique de la région des Llanos (música llanera), que l'on retrouve dans d'autres pays hispano-américains est un exemple de musique née à l'époque de la colonie espagnole. Le merengue venezolano est aussi de grande transcendance national.
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+ La musique populaire dite d'origine afro-antillaise (basée sur la musique populaire espagnole de la Renaissance et des rythmes comme les sevillanas) est reine dans le cœur de la plupart des Vénézuéliens. La salsa en général, le merengue dominicain, la bachata, la cumbia et la gaïta (typique de l'époque de noël) font danser et vibrer les gens de tous les âges dans l'ensemble du pays. Oscar D'León est sans contestation le plus reconnu des salseros vénézuéliens dans le monde.
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+ L'instrument national par excellence est le « cuatro », similaire à la guitare, mais plus petit et doté de quatre cordes ; d'une très particulière sonorité, il est la base musicale de tous les « conjuntos criollos », petits orchestres créoles (du pays), appelés aussi « conjuntos de harpa, cuatro y maracas », qui accompagnent les chanteurs de joropo, de valses criollos, de jotas margariteñas, de gaïtas maracuchas (de Maracaibo), etc.
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+ Depuis quelques années, le Venezuela a obtenu une notoriété mondiale grâce au système national d’orchestres symphoniques pour jeunes, avec plus de deux cent mille participants de tous les coins du pays et des quartiers les plus démunis ; ce système (El Sistema), fondé par Abreu, a démocratisé et popularisé l'amour pour la musique classique de tous les temps. Contrairement à une idée reçue, le système existe depuis la présidence de Carlos Andrés Pérez dans les années 1970 et non pas depuis l'époque d'Hugo Chavez. Au départ, le mouvement était un pur mouvement musical et n'était pas le fruit d'une récupération nationaliste et politisée comme à l'heure actuelle par le parti officiel. Aujourd’hui, un grand nombre de très jeunes virtuoses, chefs d’orchestres et musiciens sont très prisés dans les meilleures salles de concert du monde. Gustavo Dudamel est aujourd'hui le plus grand chef d'orchestre vénézuélien, reconnu dans tout le monde.
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+ El Sistema se répand peu à peu, par exemple aux États-Unis dans la ville d'Atlanta où le bassoniste Dantès Rameau a lancé avec un succès fulgurant l'Atlanta Music Project, soutenu par la Municipalité, mais aussi par beaucoup de sponsors individuels et industriels (Coca Cola, AOL, etc.). Il est question également d'un essaimage en France(Toulouse).
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+ Le célèbre violoniste français Jean-Luc Ponty a composé un morceau intitulé Caracas.
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+ La céréale la plus consommée est le riz. Vient ensuite le blé, utilisé pour le pain (y compris la baguette à la française, appelée canilla). La farine de maïs est particulièrement utilisée dans la arepa qui accompagne les plats (comme le pain) ou qui peut être fourrée. La Hallaca, est incontournable durant la période de Noël : il s'agit d'une pâte de maïs mélangée à de la viande en sauce avec des légumes cuite dans une feuille de bananier, dans le genre des tamales mexicains.
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+ Le pan de jamón est également un plat typique de Noël. Ce pain au jambon est préparé, cette fois-ci, avec de la farine de blé.
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+ Le plat le plus courant est le pabellón criollo fait de viande de bœuf en lanières, de riz, de haricots noirs et de bananes frites.
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+ Les desserts sont d'origine espagnole et dérivent de ceux préparés par les nonnes dans les couvents, comme le riz au lait ou le bienmesabe. Ce dernier a été adapté au pays en devenant un gâteau à la noix de coco.
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+
201
+ Le sport national est le baseball, historiquement très populaire au Venezuela. Cependant le football connaît un gros gain de popularité d'années en années, notamment grâce aux progrès[Lesquels ?] de l'équipe nationale, qui était traditionnellement le parent pauvre du football sud-américain (seul pays du continent à ne s'être jamais qualifié pour une phase finale de Coupe du Monde). L'organisation de la Copa América 2007 par le pays a également contribué à ce regain d'intêret pour le football. Il y a d'autres sports populaires d'origine autochtone tels que les bolas criollas ou le coleo.
202
+
203
+ En 2012, le Venezuela obtient la deuxième médaille d'or de son histoire aux Jeux olympiques d'été de 2012 avec Rubén Limardo, vainqueur en escrime du tournoi d'épée. Il succède à Francisco Rodríguez, titré en 1968 en boxe, catégorie poids mouche. La même année, Pastor Maldonado est le premier pilote de Formule 1 vénézuélien à remporter une course.
204
+
205
+ Johnny Cecotto fut Champion du monde de vitesse moto des catégories 350 cm3 (1975) et 750 cm3 (1978), et Vice-champion du monde 350 cm3 en 1976 et troisième du championnat du monde 500 cm3 en 1978. Il remporta également des courses automobile remportant cinq victoires en ETCC, et neuf en DTM. Il est le père de Johnny Cecotto Jr., également pilote automobile vénézuélien.
206
+
207
+ Au Venezuela, les concours de beauté sont une véritable institution et un motif de fierté nationale[93]. Les miss du pays ont remporté de nombreux titres internationaux dont le plus connu, celui de Miss Univers, à sept reprises (2e derrière les États-Unis). Le Venezuela a gagné un tournoi du « Big Four (en) » (Miss Univers, Miss Monde, Miss International et Miss Terre) 23 fois, un record absolu (plus que les Philippines et le Brésil ensemble, les deux suivants).
208
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+ C'est également le seul pays à avoir remporté le Miss Univers deux fois de suite, en 2008 et en 2009.
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+ Les Vénézuéliennes se font inculquer, dès leur plus tendre enfance, l’idée que la beauté féminine est essentielle à la réussite sociale[94]. Un titre de miss permet d’entamer une carrière de comédienne, de mannequin ; il permet d'avoir une importante notoriété dans le pays. Les miss ont pu entrer en politique ou dans le monde des affaires[95].
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+ Le Venezuela a pour codes :
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+ Venise (en italien : Venezia /veˈnɛtʦja/ ; en vénitien : Venexia /veˈnɛˑsja/) est une ville côtière du nord-est de l'Italie, sur les rives de la mer Adriatique. Elle s'étend sur un ensemble de 121 petites îles séparées par un réseau de canaux et reliées par 435 ponts. Située au milieu de la lagune vénète, entre les estuaires du Pô et du Piave, Venise est renommée pour cet emplacement exceptionnel ainsi que pour son architecture et son patrimoine culturel, qui lui valent une inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO.
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+ Venise est la capitale de la région de la Vénétie. En 2012, la commune compte 269 810 habitants, dont 58 666 intra-muros (Centro storico[1]). 176 000 résident sur les rives (Terraferma), pour la plupart dans les frazioni de Mestre et Marghera, et les 31 000 habitants restants résident dans d'autres îles de la lagune. Avec Padoue et Trévise, Venise constitue l'aire métropolitaine Padoue-Trévise-Venise (PATREVE), une entité statistique de 1 600 000 habitants.
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+ Fondée peu après 528 par des réfugiés fuyant l'invasion lombarde, elle fut la capitale pendant onze siècles, de 697-1797 de la république de Venise. Durant le Moyen Âge et la Renaissance, la ville fut une grande puissance maritime, à l'origine de la Quatrième croisade et victorieuse lors de la bataille de Lépante en 1571 contre l'Empire ottoman. Grâce à ses liens avec l'Asie et le Proche-Orient, dont le marchand et explorateur Marco Polo fut l'initiateur, elle devint également l'une des principales places commerciales d'Europe, notamment de la soie, des céréales et des épices. Enfin, elle est un centre culturel majeur, du XIIIe à la fin du XVIIe siècle, dont les peintres de l’École vénitienne (dont Titien, Véronèse et le Tintoret), Carlo Goldoni et Antonio Vivaldi sont les principaux représentants.
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17
+ Son nom provient du peuple qui habitait la région avant le Xe siècle, les Vénètes. Dénommée Venetiae en latin, elle est parfois surnommée la « Cité des Doges », la « Sérénissime », la « Reine de l'Adriatique », la « Cité des Eaux », la « Cité des Masques », la « Cité des Ponts » ou encore la « Cité flottante ». La ville est aujourd'hui célèbre pour ses canaux — notamment le Grand Canal — et ses gondoles, ses nombreuses églises, la place Saint-Marc, le palais des Doges, le Pont des Soupirs, sa Biennale ainsi que son carnaval.
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+ Les clés de la domination économique de Venise sur l'Italie au Moyen Âge sont l'insularité et l'aisance navale des Vénitiens qui n'a cessé de croître pendant plus d'un millénaire.
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21
+ La région à l'extrémité nord-ouest de la mer Adriatique, où se jettent plusieurs fleuves issus des Alpes, est habitée dès l'Antiquité par des pêcheurs, mariniers et saulniers. Cette zone faisait partie de la région X créée par Auguste. Cette région fut nommée ensuite Venetia du nom des Vénètes, ancien peuple italique intégré dans la République romaine dès le IIe siècle av. J.-C. ; Aquilée — sur la terre ferme — était le centre religieux et portuaire important.
22
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23
+ Les invasions des Goths d'Alaric Ier et des Huns d'Attila poussèrent les populations locales à se réfugier dans les îles des marais situés le long de la mer Adriatique, près du delta du Pô. Selon la légende développée ultérieurement par les Vénitiens pour démontrer l'ancienneté de leur cité et la lointaine origine de leur liberté, Venise aurait été fondée le 25 mars 421 dans les îlots du rivus altus, qui est devenu le Rialto.
24
+
25
+ En 452, un premier établissement est fondé par des réfugiés de Padoue et d'Aquilée. La région échut par la suite au royaume ostrogoth puis fut reconquise avec le reste de l'Italie par le général Bélisaire, devenant une province de l'Empire romain d'Orient sous Justinien Ier.
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27
+ La ville de Venise a été fondée vers la fin du VIe siècle par des habitants des régions voisines, venus se réfugier en nombre dans les îles de la lagune formée par l'estuaire du Pô après l'invasion de l'Italie du nord par les Lombards en 568. En effet, cette zone marécageuse, difficile d'accès pour des navires à quille, était restée sous la juridiction de l'exarchat de Ravenne, province de l'Empire romain d'Orient. Elle fut donc initialement un refuge de la civilisation romano-byzantine mais au fur et à mesure de son développement, son autonomie s'accrut pour aboutir à l'indépendance.
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+
29
+ Profitant de l'antagonisme entre l'exarchat de Ravenne et les Lombards, les Vénitiens élargirent leur marge de manœuvre politique et se dotèrent d'un pouvoir local incarné par le premier duc ou « doge », Paolucio Anafesto (697-717), personnage aux confins de la légende et de l'histoire. La ville de Venise ne devint réellement indépendante qu'après le retrait des Byzantins de l'Adriatique, peu après l'an 1000, lors de l'émergence du royaume de Hongrie. La cité-État s'appuya dès lors sur la mer pour étendre son pouvoir.
30
+
31
+ Venise n'eut pas de constitution propre. En effet, la définition des attributions et le mécanisme des institutions gouvernementales relevaient à Venise du droit coutumier. Les organes de décision gouvernementaux formaient une pyramide dont l'Assemblée populaire était la base et le doge le sommet. Entre les deux siégeaient le Grand Conseil, les Quarante et le Sénat, puis le Conseil ducal. Cette organisation politique dont les traits se dessinent au XIIIe siècle se maintient jusqu'en 1797[2]. Le quadruplement de la puissance navale dans le premier tiers du XVe siècle, fait de l'Arsenal de Venise la plus grande usine du monde, employant jusqu'à 16 000 personnes, derrière une enceinte secrète de 25 hectares. L'activité navale est portée par le dynamisme du quartier d'affaires vénitien.
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+ Le commerce du sel, puis l'expansion commerciale vers la Méditerranée orientale, entraînèrent une forte croissance de la ville. Après la 4e croisade, que Venise détourna sur Constantinople, la République s'empare des richesses de l'Empire byzantin et constitue son propre empire maritime constitué par la plupart des îles grecques et dalmates. Elle le complète en conquérant la Dalmatie continentale, l'Istrie et un vaste domaine entre les Alpes et le Pô, incluant les cités de Bergame, Brescia, Vérone, Padoue, Trévise et Udine. Elle entre en conflit avec Gênes, sa grande rivale en Italie du nord et en Méditerranée. L'apogée de cette lutte est la quatrième guerre génoise, autrement nommée guerre de Chioggia. Venise sortit vainqueur du conflit, mais très épuisée. Le traité de Turin, en 1381, ne lui fut pas particulièrement avantageux : malgré sa victoire, Venise dut renoncer à des territoires et concéder certains droits à sa rivale. Elle perdait Trévise et la Dalmatie qui revenait au roi de Hongrie. Cependant elle conservait ses institutions et ses principales colonies.
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35
+ La ville a armé une flotte de 6 000 galères, lui permettant de prendre des risques, sous forme de convois réguliers, pour régner sur la mer Méditerranée. Le quartier du Rialto est la première bourse organisée, selon l’historien Fernand Braudel. Les marchands y échangent des participations dans les galères vénitiennes, mises aux enchères selon le système de l’Incanto des galées du marché[3]. Venise devient ainsi le plus important port de Méditerranée, surclassant Constantinople. Il lui fallut conquérir des terres sur la lagune.
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+ Le déclin commença avec la progression ottomane en Méditerranée, qui la priva progressivement de toutes ses terres grecques, à l'exception des Îles Ioniennes, et de ses accès aux débouchés de la Route de la Soie. Elle fut en plus très touchée par la peste noire. Malgré la victoire sur les Ottomans à Lépante en 1571, la république de Venise perdit encore de son importance commerciale à cause du détournement du commerce européen vers les océans après la découverte de l'Amérique.
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+ Venise maintient son rayonnement culturel, en devenant la ville européenne la plus élégante et raffinée du XVIIIe siècle, avec une forte influence sur l'art, l'architecture et la littérature.
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+ Redevenue politiquement un État italien parmi d'autres, Venise fut annexée par Napoléon Bonaparte le 12 mai 1797, durant la Première Coalition. L'invasion des Français mit un terme à près de 800 ans d'indépendance. Bonaparte fut cependant perçu comme une sorte de libérateur par la population pauvre et juive de Venise (it), république aristocratique où le pouvoir et la plupart des richesses étaient monopolisés par quelques familles. Bonaparte supprima les barrières du Ghetto ainsi que les restrictions de circulation imposées aux Juifs.
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+
43
+ En 1797, par le traité de Campo-Formio, Bonaparte livra Venise et ses territoires aux Habsbourg en échange de la Belgique, puis il la leur reprit en 1805 pour l'intégrer au royaume d'Italie dont il se fit couronner roi, avant que la ville ne fût intégrée dans l'Empire d'Autriche de 1815 à 1866. La domination autrichienne sur Venise et la Vénétie ne s'acheva que le 3 octobre 1866 après sa défaite de Sadowa contre l'alliance prusso-italienne. Venise devint un chef-lieu de province italien et l'un des hauts lieux du tourisme mondial.
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+
45
+ Après la Première Guerre mondiale, l'Italie revendiqua à l'Autriche vaincue l'ensemble des territoires jadis vénitiens, mais se heurta aux revendications yougoslaves et n'obtint au Traité de Rapallo que l'Istrie, la ville de Zara en Dalmatie et les îles de Veglia, Cherso et Lagosta. Le ressentiment développé à ce moment contribua au succès ultérieur de Mussolini.
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47
+ Le 29 avril 1945, la ville est libérée par des unités de la VIIIe Armée britannique.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, l'Italie perdit aussi ces possessions au profit de la Yougoslavie, ne conservant que Trieste, qui ne fait pas partie des territoires jadis vénitiens, mais où se réfugièrent les populations italophones expulsées de Yougoslavie.
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51
+ Venise occupe une situation géographique exceptionnelle, dans une lagune de la mer Adriatique. Les Vénitiens établirent leur ville en enfonçant des pieux en chêne et en aulne dans le sol sablonneux. Sur ces fondations, ils bâtirent des maisons et des palais et entamèrent un combat contre le mouvement continuel des marées.
52
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53
+ Les principales autres îles de la lagune sont : le Lido, Murano, Burano, Torcello. Sans oublier : San Michele (l'île cimetière de la ville), San Erasmo, Mazzorbo, Le Vignole, Certosa, San Francesco del Deserto, San Giacomo in Paludo, San Servolo, San Lazzaro degli Armeni.
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55
+ Venise s'étend sur 415 km2, dont plus de la moitié (253 km2) sont occupés par les eaux. La Lagune de Venise couvre au total 550 km2.
56
+
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+ La ville est parcourue par 177 canaux (dont le plus important est le Grand Canal) et 455 ponts[4],[5] (le plus souvent arqués pour laisser passer les bateaux). Elle possède 123 églises et elle s'étend sur 118 îles situées entre l'embouchure de l'Adige (au sud) et du Piave (au nord).
58
+
59
+ Elle est découpée en six quartiers historiques appelés les sestieri : San Marco, Castello et Cannaregio sur la rive gauche du Grand Canal et Santa Croce, San Polo et Dorsoduro sur l'autre rive.
60
+
61
+ Le centre historique est entièrement piétonnier, les canaux faisant fonction de route, et les divers bateaux qui traversent seulement le Grand Canal, le Canal de la Giudecca et la lagune autour de la ville, sont le moyen de transport public. Venise est une ville unique où l'on se déplace presque exclusivement à pied. On y trouve aussi des taxis d'eau – petits bateaux motorisés qui peuvent transporter de huit à dix personnes – et des « gondoles » – petites embarcations d'avirons très légères ; le transport privé des Vénitiens au moyen des bateaux motorisés ou à avirons est limité aux excursions dominicales. D'autres modèles d'embarcations plus ou moins grosses sont destinés aux transports commerciaux. Chateaubriand constatait que Venise était « une ville contre nature ». Le Vénitien de son point de vue, l'estime unique ville naturelle « dans un monde contre nature ».
62
+
63
+ Le climat de Venise, comme celui de la plaine du Pô, est de type continental humide à été chaud (climat Cfa dans la classification de Köppen) assez humide à l'année longue. Les étés sont très moites. Les hivers sont froids, comportant du gel en janvier et du brouillard. Les précipitations, minimales en hiver, tombent en été sous forme d’orages parfois violents, ainsi qu'en automne sous forme de pluie continue[7].
64
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65
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66
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+ La situation géographique de Venise au milieu de la lagune fait que l'essentiel du transport de personnes et de marchandises se fait par voie d'eau. Si Venise ne représente pas la plus grande concentration humaine au monde sans voitures, place occupée par la Médina de Fès el Bali, la cité demeure au XXIe siècle la plus grande île au monde à être libre d'automobiles et de camions, malgré des aménagements importants[8].
68
+
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+ Le transport individuel traditionnel est la gondole vénitienne, bien qu'elle ne soit quasiment plus utilisée que par les touristes ou pour des occasions particulières (cérémonies, mariages et enterrements). Son coût est en effet prohibitif. D'ailleurs, il n'en reste que 425 en 2009.
70
+
71
+ Les Vénitiens utilisent surtout des bateaux-bus, appelés vaporetti qui, gérés par l'ACTV, desservent les différentes îles en sillonnant les principaux canaux, ainsi que les traghetti, des gondoles à deux rameurs pour piétons qui assurent la traversée du Grand Canal à quelques endroits dépourvus de ponts.
72
+
73
+ Traghetto permettant aux piétons de traverser le Grand Canal.
74
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+ Motonave : pour le transport des piétons vers les grandes îles en dehors de Venise.
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+
77
+ Vaporetto pour le transport des piétons sur le Grand Canal.
78
+
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+ Motoscafo, embarcation plus petite.
80
+
81
+ Ferry pour le transport des automobiles et des camions de Tronchetto au Lido.
82
+
83
+ À cela s'ajoutent toutes sortes d'embarcations publiques et privées tels que les canots à moteur et le transport commercial.
84
+
85
+ Taxi.
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+
87
+ Embarcation de police.
88
+
89
+ Ambulance.
90
+
91
+ Remorqueur.
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93
+ Transport commercial.
94
+
95
+ Vedette de pompiers dans le bassin de saint Marc.
96
+
97
+ Barque sur le rio san Zuane Evangelista.
98
+
99
+ La navigation maritime et lagunaire resta le seul moyen de transport existant à Venise jusqu'à la construction au XIXe siècle d'un pont ferroviaire, le Pont des Lagunes. Inauguré en 1846, il permit de relier la gare de Venise-Santa-Lucia, construite en 1860, au reste du continent. La gare devint un terminus des trains de nuit, amenant au cœur de la cité, à deux pas du grand canal, les voyageurs venant des capitales européennes.
100
+
101
+ Sous le régime fasciste, une liaison routière, le pont de la Liberté (Ponte della Libertà), inauguré en 1933, fut également établie, menant à un grand parking sur l'île artificielle de Tronchetto en périphérie nord.
102
+ Une navette monorail (people mover) relie Tronchetto à Piazza Roma.
103
+
104
+ Venise est également desservie par l'aéroport de Venise - Marco Polo, en l'honneur de cet ancien et célèbre citoyen vénitien. L'aéroport est situé au bord de la lagune, mais sur le continent, de sorte que les arrivants doivent emprunter, soit un bus, soit un bateau-taxi ou un bateau-bus pour se rendre dans la ville.
105
+
106
+ Pendant un millénaire, Venise a été une ville de marchands et ses institutions ont été rédigées à leur profit. Le commerce a contribué à sa puissance et celle-ci était associée à la mer. Après la décadence du XIXe siècle, la ville a vu se développer, au cours du XXe siècle, les industries du tourisme, générant 1,5 milliard d'euros par an, et de la chimie.
107
+
108
+ Le secteur dominant de l’économie vénitienne est celui des services (tourisme, transports, activité financière et immobilière) : 44 % des entreprises et 40 % des emplois. Le deuxième secteur d’activité est le commerce (28 % des entreprises et 20 % des emplois), suivent les entreprises du bâtiment (14 % des entreprises et 10 % des emplois). Cette dernière activité est en régression depuis les dernières décennies (données 2001)[9]. En 2007, Venise a accueilli 21 millions de touristes. Le tourisme génère un chiffre d'affaires d'environ 1,5 milliard d'euros par an. Un montant sans doute sous-estimé car de multiples transactions sont effectuées au noir.
109
+
110
+ Le port de Venise est l'un des plus importants d'Italie avec plus de 30 millions de tonnes de marchandises y transitant chaque année. Le port de croisières est lui l'un des plus importants d'Europe et de Méditerranée, et a vu passer plus de 1 700 000 passagers en 2014.
111
+
112
+ Les bâtiments de Venise sont construits sur des piliers de bois (voir ci-dessous). Ils sont exposés à la menace de marées, notamment entre l'automne et le début du printemps. La ville est périodiquement inondée. C'est ce que les Vénitiens appellent acqua alta. Ce phénomène s'explique par la réunion de plusieurs facteurs naturels : attraction lunaire, et surtout le sirocco, vent chaud venu d'Afrique qui empêche la lagune de se vider, les marées hautes se succédant les unes aux autres.
113
+
114
+ Ce phénomène a toujours existé, mais s'est largement amplifié ces dernières décennies sous l'influence conjuguée de plusieurs causes relatives au climat et à l'activité humaine :
115
+
116
+ Les conséquences sont importantes dans la vie quotidienne des habitants, qui doivent abandonner les niveaux inférieurs des maisons et emprunter des systèmes de passerelles pour se déplacer. Mais les conséquences les plus importantes sont la détérioration inexorable des monuments historiques et de l'habitat due à la montée des eaux et l'apport qui s'ensuit de produits nocifs à la pierre et à la brique.
117
+
118
+ On ne sait pas mesurer avec précision l'affaissement de Venise, et son évolution est un sujet de controverse. Un récent projet, présenté par un consortium d'industriels italiens, consiste à poser 78 portes mobiles dans les trois passes de la lagune pour protéger la ville. En temps normal, ces portes, sortes de ponts-levis, seraient remplies d'eau et donc submergées. Lors des marées supérieures à un mètre, une injection d'air comprimé évacuerait l'eau, permettant ainsi aux portes de se redresser et de fermer le passage, séparant alors la lagune de la mer.
119
+
120
+ Le projet, nommé MOSE (Module expérimental électromécanique) a démarré en 2003 et les travaux dont l'échéance était initialement prévue pour 2011[13], n'à sans cesse été repoussée et ne sont pas achevés à ce jour. Il suscite aujourd'hui de nombreuses polémiques notamment par son coût pharaonique et par le doute de plus en plus répandu parmi les scientifiques et les spécialistes des marées quant à l'efficacité de ce système qui ne serait réellement utile que pour les très grandes marées. Ce projet, surtout, ne résoudra pas l'autre grand problème de la ville, celui des vagues en lagune.
121
+
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+ Après un certain temps d'exposition dans la lagune, le projet a révélé plusieurs erreurs techniques. Tout d'abord lorsque les barrières sont élevées une quantité importante de sables s'accumule dans les emplacements originaux des barrières, de plus la vie marine continue son court et des animaux marins tels que des moules se sont implantés au même endroit rendant également impossible le rangement correct des barrières lors des marées basse. Un autre problème majeur fut la corrosion des barrières par l'eau salée de la mer Adriatique, ils ont également remarqué que les barrières de remplacements se dégradaient aussi à l'air libre[13].
123
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+ Les îlots de la lagune de Venise, composés de matériaux de remblais et alluvionnaires, ne permettaient pas de construction traditionnelle car le sol humide et instable ne pouvait supporter le poids des bâtiments. La solution a été l'utilisation de pilotis, permettant la construction au-dessus de l’eau. La technique consiste à enfoncer ceux-ci dans le sol afin de leur faire porter une plate-forme constituée de madriers en chêne et en mélèze solidement attachés les uns aux autres, consolidant et nivelant le terrain. Ainsi par exemple, afin d’ériger la Basilique Santa Maria della salute, les Vénitiens utilisèrent 1 006 657 pilotis de 4 mètres de long, en chêne, aulne et mélèze.
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+ Les contraintes liées à une construction sur l’eau avec des pilotis comme fondations font que les palais sont conçus à l’inverse des règles traditionnelles de l’architecture. En effet, si dans les palais terrestres, l'usage veut que l’on commence par les fondations sur lesquelles on pose l’infrastructure destinée à supporter le poids de l’ensemble architectural, à Venise la méthode est totalement inversée : on pose d’abord une grande « boîte » sur des portiques afin de transmettre la charge directement aux pilotis des fondations par un système d'arcs et de voûtes appropriés.
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+ Dans Venise, il y a près de 84 églises pratiquement intactes. Parmi les plus connues :
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les campaniles sont des clochers qui ont pour particularité d'être excentrés et parfois non attenants à leur église. Ils ont tous une architecture différente et servent de points de repère dans la ville.
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+ Campanile San Marco
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+ Le campanile de San Francesco della Vigna 68 mètres
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+ Le campanile de San Giorgio Maggiore: 63 mètres
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+ Le campanile de Santo Stefano : 61 mètres extrêmement penché
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+ Le campanile San Giorgio dei Greci : 44 mètres extrêmement penché
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+ Le campanile de San Giovanni Elemosinaro
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+ Le campanile de Santa Sofia
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+ Le Campanile de Santa Margherita
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+ Campanile de San Boldo
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+ L'île de San Michele
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+ Burano et ses façades colorées
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+ L'île de Murano
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+ Torcello
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+ Mazzorbo
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+ San Francesco del Deserto
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+ San Servolo
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+ Porte du Palais des Doges
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+ Les Gallerie dell'Accademia de Venise
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+ Scuola di San Giorgio degli Schiavoni
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+ Ca' Corner della Regina - Fondation Prada
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+
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+ Palais Grassi (Palazzo Grassi)
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+ Le Ca' Rezzonico
177
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178
+ Maison de Carlo Goldoni
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+ Museo di storia naturale
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Le Palais des Doges
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+ Ca' d'Oro
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188
+ Palais Vendramin Calergi
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+ Le Palais Malipiero
191
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+ Le Palais Corner della Regina
193
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194
+ La Palais Salviati Art nouveau
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196
+ Le Palais Surian Bellotto à Cannaregio
197
+
198
+ Campo San Polo
199
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+ Campo del Ghetto novo
201
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202
+ Campo san Trovaso
203
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+ Campo dei Gesuiti
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+ Campo Santo Stefano
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+ Campo San Zanipolo : Scuola Grande di San Marco et Église
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+ La place Saint-Marc et ses pigeons
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+ Place Saint-MarcPhoto de Carlo Naya
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+ Campo San Zaccharia
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+ Ponte Chiodo : sans rambarde
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+ Ponte de Gheto Novo en fonte
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+ Pont de la Liberté (Ponte della Libertà).
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+ Ponte Maria Callas à la Fenice
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+ Le Pont du Rialto
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+ Le Pont des Soupirs
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+ Ponte dei Tre Archi à Cannaregio
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La première bottega del caffè ouvre sous les Procuraties en 1683. Rapidement, les cafés se multiplient. Beaucoup tiennent de la taverne : bas plafond et dépourvus de fenêtres, ils sont souvent mal éclairés et sommairement meublé. Un siècle plus tard, on en comptera vingt-quatre sur la seule place Saint-Marc.
235
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+ Ces lieux publics ont acquis une telle importance au XVIIIe siècle que Carlo Goldoni fait dire à un cafetier dans la Bottega del caffè : « J'exerce [...] un métier qui est nécessaire à la gloire de notre ville, à la santé des hommes et à l'honnête divertissement de ceux qui ont besoin de respirer un peu. » De fait, des gens de tout âge et de toute catégorie sociale fréquentent ces lieux publics.
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+ Le Grand Canal de Venise.
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+ L'arsenal de Venise.
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+ Le Ghetto de Venise.
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+ Le campanile de Saint Marc.
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+ Tombe de Serge Diaghilev dans le cimetière San Michele.
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+ Punta della Dogana (« Pointe de la douane »).
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+ Couple pendant le carnaval de Venise. L'homme porte la bauta.
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+ Il Gobbo di Rialto.
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+ Nicolas Régnier., peintre, né à Maubeuge, décédé à Venise.
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+ Pas fasciné, Jean-Jacques Rousseau y séjourne en 1743 et 1744 comme secrétaire de l'Ambassade de France.
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+ Au XIXe siècle, à la suite de Lord Byron, Alfred de Musset et George Sand créent la légende de Venise. Ce célèbre couple a participé à lancer la mode de cette ville comme étant une destination idéale pour les amoureux. Cette ville, comme d'autre d'Italie où ils se rendirent, fut d'ailleurs le théâtre de la relation tumultueuse entre eux deux, s'ajoutant au fait que chacun tomba successivement malade. Ironiquement, ces pionniers du voyage en amoureux italien rompirent quelque temps plus tard. Ce voyage aura néanmoins servi à l'une pour l'autobiographique Histoire de ma vie, avec une très belle description de la ville (la seule au monde qu'elle puisse aimer ainsi, car au-dessus de la ville dont elle avait rêvé, qui lui a toujours fait l'effet d'une prison qu'elle supporte à cause de ses compagnons de captivité, qu'elle chérit non comme une chose mais comme un être) et au second le drame romantique Lorenzaccio.
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+ John Ruskin contribue à l'étude de son architecture, comme on le voit dans son ouvrage The Stones of Venice (en).
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+ Venise est alors la ville des esthète britanniques et, avec Fiesole, leur deuxième lieu de fréquentation.
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+ À la fin du XIXe siècle, Maurice Barrès, Marcel Proust contribuent à son essor. Le premier apprit au second la triste et fatale beauté de la reine des lagunes. Celui-ci, en s'y rendant pour la première fois, effectua le voyage (que l'on fait classiquement à cette époque en amoureux) accompagné de sa mère, à laquelle il était profondément attaché. Ils logèrent à l'Hôtel Danieli, où séjournèrent autrefois Alfred de Musset et George Sand. Ayant effectué d'autres voyages vénitiens depuis, l'auteur en a profité pour s'en servir de décors pour certains de ses romans, tels qu'Albertine disparue, sixième tome de À la recherche du temps perdu.
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266
+ Plus tard les Guallino — Patrick Guallino et Anne Poiré — ont souvent travaillé sur ce thème, qu'il s'agisse de sculptures ou de toiles. Ces œuvres sont exposées dans le monde entier. On peut citer aussi Roger de Montebello qui peint et vit à Venise et expose dans le monde entier. Henri Landier a également consacré nombre de ses œuvres à Venise.
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+ « Les palais se dégradent lentement au bord des canaux, la musique ne frappe plus à chaque instant l'oreille. Ces jours-là sont passés ; La beauté seule est restée. »
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+ — Lord Byron. Beppo[25].
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+ Dès le XIIIe siècle, la République de Venise, qui étend progressivement son contrôle à une bonne partie de l'Italie du Nord, s'impose comme une grande puissance méditerranéenne, dont l'empire gagne les portes de l'Orient. La stabilité de ses institutions, pratiquement inchangées de 1297 à 1797, sera pour beaucoup un modèle de gouvernement et alimentera un véritable mythe politique dans l'Europe de l'Ancien Régime.[réf. nécessaire]
273
+
274
+ Issu d'une vieille famille toscane, Pétrarque entreprit des études juridiques à Bologne, qu'il abandonna à l'âge de vingt-deux ans pour se consacrer à la littérature. Après un premier séjour à Venise, en 1354, comme ambassadeur du duc de Milan, Giovanni Visconti, il s'y établit en 1362, dans un palais de la Riva degli Schiavoni que lui offrit la Sérénissime dans l'espoir qu'il lui lègue sa précieuse bibliothèque.
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276
+ « La cité très auguste des Vénètes est aujourd'hui l'unique demeure de la liberté, de la paix et de la justice, l'unique refuge des bons, l'unique port vers lequel tendent, brisés de tous côtés par les tempêtent des guerres et des tyrannies, les vaisseaux de ceux qui désirent vivre bien, cité riche en or, mais plus riche en beauté, puissante par ses ressources, mais plus puissante par sa vertu fondée sur des marbres solides, mais confirmée dans sa stabilité par le fondement plus solide encore de la concorde civile, ceinte de fleuves salés, mais combien plus grande de tout le sel de son esprit. »
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+ — Pétrarque, Lettere[26], 1364.
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+ À son retour de Rome en 1557, après avoir passé quatre années difficiles au service de son cousin le cardinal Jean du Bellay, Joachim Du Bellay publie Les Regrets, un recueil de sonnets où se mêlent élégie et satire. Les us et coutumes de la République maritime — et particulièrement la traditionnelle cérémonie des épousailles symboliques du doge avec la mer —, loin d’émerveiller le poète par leur faste, ne l'impressionnent que par leur ridicule.
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+ « Il fait bon voir, Magny, ces couillons magnifiques,Leurs superbe Arsenal, leurs vaisseaux, leur abord,Leur Saint-Marc, leur Palais, leur Réalte, leur port,Leurs changes, leurs profits, leur banque et leurs trafiques :[...]Il fait bon voir de tout leur Sénat ballotter,Il fait bon voir partout leurs gondoles flotter ;Leurs femmes, leurs festins, leur vivre solitaire :
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+ Mais ce que l'on doit le meilleur estimer,C'est quand ces vieux cocus vont épouser la mer,Dont ils sont les maris, et le Turc l'adultère. »
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+ — Joachim Du Bellay, Les Regrets, 1558.
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+ À l'automne 1816, alors que l'Autriche occupe à nouveau la Sérénissime et la Vénétie depuis deux ans, Lord Byron, qui vient de quitter sa femme, arrive à Venise. Il s'installe sur le Grand Canal, à l'hôtel de Grande-Bretagne, où il vivra cinq ans, défrayant la chronique par son libertinage. Dans le IVe chant de Childe Harold's, Byron abandonne le personnage fictif du chevalier Harold et se plaît à décrire une Venise « désolée », gloire mourante, « encore plus chère en ses jours de malheur que lorsqu'elle et magnificence », mais qui reste vivante par son art.
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290
+ « L'Adriatique sans époux pleure son seigneur,et, l'annuel mariage ne se renouvelant plus désormais,le Bucentaure reste à pourrir à l'abandon,vêtement délaissé, maintenant qu'elle est veuve !Où il se dressait, Saint-Marc voit toujours son lionqui se dresse, mais semble railler sa puissance flétrie,sur l'orgueilleuse Place où un Empereur se prosterna,et que les monarques contemplaient et enviaient, à l'heureoù Venise était une reine à la dot sans égale.[...]Ah ! que reviennent seulement une heure le vieux Dandolo aveugle,le chef octogénaire, l'ennemi vainqueur de Byzance. »
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+ — Lord Byron, Childe Harold's Pilgrimage, 1818, trad. R. Martin, Le Chevalier Harold, Aubier-Montaigne, Paris, 1971[27].
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+
294
+ En septembre 1786, Johann Wolfgang von Goethe quitte Weimar et sa charge de ministre pour se rendre en Italie afin de réaliser son rêve de jeunesse le plus cher « En Italie ! En Italie ! Paris sera mon école, Rome mon université ; qui l'a vue a tout vu. » D'abord, il fait halte à Venise, la tant admirée, mais qui pourtant, dans son cœur, ne réussira jamais à l'emporter sur Rome.
295
+
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+ « Le 29 septembre 1786, jour de la Saint-Michel, au soir. Après dîner, je me hâtai de m'assurer d'abord une idée de l'ensemble et je me jetai, sans guide, m'étant simplement orienté, dans le labyrinthe de la ville qui, bien que découpée entièrement par des canaux, grands et petits, forme un tout relié par des ponts et des passerelles. On ne peut se faire une idée de l'étroitesse et de l'entassement de l'ensemble si on ne l'a vu. D'ordinaire il est possible de mesurer entièrement ou presque la largeur de la rue des deux bras étendus ; dans les plus étroites, on touche déjà les côtés du coude si on met les poings sur les hanches. Il y en a bien de plus larges, ou bien çà et là se trouve une petite place, mais toutes proportions gardées, on peut dire que tout est étroit.[...]Quand j'eus senti la fatigue, je m'assis dans une gondole, quittai les ruelles étroites et, pour être près du spectacle opposé, traversai la partie nord du Grand Canal. [...] Tout ce qui m'entoure est vénérable, c'est une grandeur respectable des forces unies des hommes, un monument magnifique, non pas d'un souverain, mais d'un peuple. Et même si leurs lagunes graduellement se comblent, si de perfides brumes planent sur les marais, si leur commerce est affaibli et leur puissance en décadence, toute la fondation et le caractère de la République n'en seront pas un instant moins vénérables pour l'observateur. »
297
+
298
+ — Johann Wolfgang von Goethe, « Italienische Reise », In Goethes Werke-Vollständigen Ausgabe Letzter Hand, 1827-1842, trad. J. Naujac[28].
299
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300
+ À la suite d'une dispute avec Minna, sa première femme, Richard Wagner s'enfuit à Venise en compagnie de son ami le poète-géographe Carl Ritter. Il demeure dans le palais Vendramin, au bord du Grand Canal, du 29 août 1858 au 24 mars 1859, le temps d'achever, dans la plus grande solitude, la composition de Tristan et Iseult. Des années plus tard, Wagner reviendra à Venise, où il mourra dans l'appartement qu'il a autrefois occupé.
301
+
302
+ « Pendant une nuit d'insomnie, étant allé sur mon balcon vers trois heures du matin, j'entendis pour la première fois le célèbre et ancien chant des gondoliers. Je crus reconnaître que le premier appel, rauque et plaintif, qui résonna dans la nuit silencieuse venait du Rialto, situé à une distance d'un quart d'heure environ. Une mélopée analogue lui répondit de plus loin encore. Ce dialogue extraordinaire et mélancolique continua ainsi par intervalles parfois assez longs et j'en fus si impressionné qu'il me fut impossible de fixer dans ma mémoire les quelques notes sans doute fort simples qui le modulaient.[...]Au même instant, celui-ci poussa un cri qui ressemblait à un hurlement d'animal : c'était un profond gémissement qui montait en crescendo jusqu'à un « Oh ! » prolongé et finissait par la simple exclamation « Venezia ! » Il venait encore quelque chose, mais j'avais reçu une commotion si violente de ce cri que je ne pus me rappeler le reste. Les sensations que j'éprouvai là furent caractéristiques et ne s'effacèrent point de tout mon séjour à Venise ; elles sont demeurées en moi jusqu'à l'achèvement du deuxième acte de Tristan et peut-être m'ont-elles suggéré les sons plaintifs et traînants du chalumeau, au commencement du troisième acte. »
303
+
304
+ — Richard Wagner, Mein Leben, 1911, trad. M. Hulot, Ma Vie, 1978[29],[30].
305
+
306
+ La Venise projetée et rêvée par les romantiques pouvait décevoir le voyageur à son arrivée dans la ville. Ainsi, au printemps 1837, Honoré de Balzac, logé au Danieli, dans l'appartement occupé trois ans auparavant par George Sand et Alfred de Musset, exprime-t-il son désappointement dans une lettre adressée à son amie milanaise la comtesse Clara Maffei. Sa première impression, négative, s'estompera cependant quelques jours plus tard, alors qu'il reconnaîtra qu' « il faut, pour voir Venise, plus de temps et de loisir ».
307
+
308
+ « Venise, mardi 14 mars 1837
309
+ Cara ContessinaNous sommes arrivés ici ce matin,mon compagnon de voyage et moi, escortés par une pluie à verse qui ne nous avait pas quittés depuis Vérone, en sorte qu'il était difficile que je ne visse pas Venise sortant des eaux. Si vous me permettez d'être sincère et si vous voulez ne montrer ma lettre à personne, je vous avouerai que sans fatuité ni dédain, je n'ai pas reçu de Venise l'impression que j'en attendais, et ce n'est pas faute d'admirer des tas de pierres et les œuvres humaines, car j'ai le plus saint respect pour l'art ; la faute en est à ces misérables gravures anglaises qui foisonnent dans les Keepsakes[31], à ces tableaux de la légion de ces exécrables peintres de genre, lesquels m'ont si souvent montré le Palais ducal, la Piazza et la Piazzetta, sous tant de jours vrais ou faux, dans tant de postures, sous tant d'aspect débauchés, avec tant de licencieuses fantaisies de lumière que je n'avais plus rien à prêter au vrai et que mon imagination était comme une coquette qui a tant fatigué l'amour sous toutes ses formes intellectuelles que, quand elle arrive à l'amour véritable, à celui qui s'adresse à la tête, au cœur et aux sens, elle n'est saisie nulle part par ce saint amour. Puis, j'avais tant vu de marbres sur le Dôme que je n'avais plus faim des marbres de Venise.Les marbres de Venise sont une vieille femme qui a dû être belle et qui a joui de tous ses avantages, tandis que votre Dôme est encore tout pimpant, tout jeune, tout paré comme une mariée d'hier avec ses blondes, ses mantilles découpées, brodées, ses tulles frais, ses cheveux brossés et lissés, son cou d'albâtre. Enfin, la pluie mettait sur Venise un manteau gris qui pouvait être poétique pour cette pauvre ville qui craque de tous côtés et qui s'enfonce d'heure en heure dans la tombe, mais il était très peu agréable pour un Parisien qui jouit, les deux tiers de l'année, de cette mante de brouillards et de cette tunique de pluie. Il est un point qui me ravit, c'est le silence de cette moribonde, et cela seul me fait aimer l'habitation de Venise et va à mes secrètes inclinations, qui, malgré les apparences, tendent à la mélancolie... »
310
+
311
+ — Honoré de Balzac, « Lettre à la Comtesse Clara Maffei », in Revue de France[32], 1er décembre 1927.
312
+
313
+ Sous le charme de Venise dès 1908, Paul Morand attendra plus de soixante ans pour nous livrer ses souvenirs : « Venise jalonne mes jours comme les espars à tête goudronnée balisent la lagune... Venise ce n'est pas toute ma vie, mais quelques morceaux de ma vie, sans lien entre eux ; les rides de l'eau s'effacent ; les miennes, pas. »
314
+
315
+ « Au sommet du campanile j'embrassais Venise, aussi étalée que New York est verticale, aussi saumonée que Londres s'offre en noir et or. L'ensemble est lavé d'averses, très aquarelle, avec des blancs rompus, des beiges morts, relevés par le cramoisi sombre de façades pareilles à la chair du thon. Un air violant secoue la lagune, poussant des nuages aussi légers que ces nouvelles voile en nylon des régates, au Lido.A travers la résille de fer du dernier étage, qui dissuade les candidats au suicide de passer à l'action, je voyais Saint-Marc collé au Palais, à la fois refuge, trésor, porte de sortie d'une coulisse de la sérénissime machine. De la plate-forme, on comprenait mieux le vrai rôle de Saint-Marc, chapelle privée du palais, non pas édifice public comme aujourd'hui, non pas basilique, comme on le croit.Je distinguais, à l'entrée, les quatre chevaliers de porphyre avec leurs nez cassés de boxeur ; les quatre chevaux de Lysippe[33] sautaient dans les nuages, courbant leurs encolures où l'or adhère encore, fiers d'être en vue, mais déplorant, en vieux champions, de ne pouvoir s'aligner contre la monture du Colleone, ou, à la rigueur, contre le palefroi caracolant de Victor-Emmanuel II, seuls chevaux de Venise. »
316
+
317
+ — Paul Morand, Venises - Edition originale, 1971[34],[35].
318
+
319
+ Rainer Maria Rilke ressent pour l'Italie une affection toute particulière. Dès 1907, il effectue des séjours prolongés dans la cité des doges. Le poète allemand se plaît à décrire la vie à la vénitienne, l'ennui qui règne dans ces salons « où des étrangers se rencontrent passagèrement devant une maîtresse de maison étrangère comme eux-mêmes », et s'indigne du « malentendu délayé dans toutes leurs paroles ».
320
+
321
+ « Cette Venise molle et opiacée de leurs préjugés et de leurs besoins disparaît avec ces étrangers somnolents et, un matin, l'autre Venise est là, réelle, lucide, cassante comme du verre, nullement issue de rêves : cette Venise voulue dans le néant sur des forêts coulées à fond, créée de force, et enfin parvenue à ce degré d'existence ; ce corps endurci, réduit au plus nécessaire, à travers lequel l'arsenal qui ne dort jamais chasse le sang de son travail ; et l'esprit insinuant de ce corps qui sans cesse élargit son domaine, cet esprit plus fort que le parfum des pays aromatiques. L'Etat inventif qui échangeait le sel et le verre de sa pauvreté contre les trésors des peuples. Le beau contrepoids du monde qui, jusque dans ses ornements, est plein d'énergies latentes qui se ramifiaient toujours plus finement : Venise.
322
+
323
+ La conscience que je connaissais cette ville s'emparait de moi et, au milieu de ces gens qui voulaient se tromper, m'animait d'un tel besoin d'opposition que je levai les yeux pour en parler n'importe comment. Était-il possible qu'il n'y eût, dans ces salles, personne qui, involontairement, attendît d'être éclairé sur l'essence de ce milieu ? Un jeune homme qui comprendrait aussitôt que ce qui était proposé là n'était pas une jouissance, mais un exemple de volonté, tel qu'on n'en pourrait trouver nulle part de plus exigeant et de plus sévère ? »
324
+
325
+ — Rainer Maria Rilke, Les cahiers de malte laurids brigge, (janvier 1927)[36],[37].
326
+
327
+ En 1879, Friedrich Nietzsche, malade, se rend à Venise et s'installe chez son ami musicien, Peter Gast : étape heureuse pendant laquelle il écrit « Aurore, l'ombre de Venise ». Pour célébrer « le seul endroit de terre » qu'il aime, et qui évoque pour lui, avant tout, la musique, le philosophe se fait poète.
328
+
329
+ « Les pigeons de Saint-Marc, je les revois :Silencieuse est la place, le matin s'y repose,Par la douce fraîcheur, oisif, j'envoie mes chantsComme autant de pigeons dans l'azur,Puis les rappelle à moiPour accrocher une nouvelle rime à leur plumage —Ma chance ! ma chanceToit tranquille du ciel, soyeux et limpide,Comme tu abrites, léger, l'édifice bigarré,Objet d'amour — que dis-je ?Objet d'amour, de crainte et d'envie !Volontiers j'en absorberais l'âme :Saurais-je jamais la lui rendre ?Non, silence, pâture de mes yeux ! —Ma chance ! ma chance ! »
330
+
331
+ — Friedrich Nietzsche, Le gai savoir[38].
332
+
333
+ « Couche-toi Venise, sous la lagune [...] L'océan roule dans la nuit. Et ses vagues en déferlant orchestrent l'éternel motif de la mort par excès d'amour de la vie. »
334
+
335
+ — Maurice Barrès. Amori et Dolori sacrum. La mort de Venise[39].
336
+
337
+ La Mort à Venise, de Thomas Mann, conte l'aventure d'un écrivain désabusé, Gustave von Aschenbach, établi à Venise pour y trouver calme et repos. Sa rencontre avec un jeune Polonais d'une grande beauté éveille en lui une exaltation panthéiste et mystique. Dans une Venise où sévit le choléra, Aschenbach est partagé entre son œuvre à achever et la passion violente et muette qui le hante.
338
+
339
+ « Au bord du flot il s'arrêta, la tête basse, traçant de la pointe des pieds des figures dans le sable humide ; puis il entra dans la flaque marine qui à son endroit le plus profond ne lui montait pas au genou ; il la traversa et avançant nonchalamment il atteignit le banc de sable. Là il s'arrêta un instant, le visage tourné vers le large ; puis se mit à parcourir lentement la longue et étroite langue de sable que la mer découvrait. Séparé de la terre ferme par une étendu d'eau, séparé de ses compagnons par un caprice de fierté, il allait, vison sans attache et parfaitement à part du reste, les cheveux au vent, là-bas, dans la mer et le vent, dressé sur l'infini brumeux.[...]Aschenbach était assislà-bas, comme le jour où pour la première fois repoussé du seuil, son regard avait rencontré le regard de ces yeux couleur d'aube. Sa tête, glissant sur le dossier de la chaise, s'était lentement tournée pour accompagner le mouvement de celui qui s'avançait là-bas ; maintenant elle se redressait comme pour aller au-devant de son regard, puis elle s'affaissa sur la poitrine, les yeux retournéspour voir encore, tandis que le visage prenait l'expression relâchée et fervente du dormeur qui tombe dans un profond sommeil. Il semblait à Aschenbach que le psychagogue[40] pâle et digne d'amour lui souriait là-bas, lui montrait le large ; que, détachant la main de sa hanche, il tendait le doigt vers le lointain, et prenant les devants s'élançait comme une ombre dans le vide énorme et plein de promesse. Comme tant de fois déjà il voulut se lever pour le suivre.Qelques minutes sécoulèrent avant que l'on accourût au secours du poète dont le corps s'était affaissé sur le bord de la chaise. On le monta dans sa chambre.Et le jour même la nouvelle de sa mort se répandit par le monde où elle fut accueillie avec une religieuse émotion. »
340
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+ — Thomas Mann, La Mort à Venise[41] (Der Tod in Venedig).
342
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+ Carlo Fruttero et Franco Lucentini, inséparables auteurs turinois, choisissent dans chacun de leurs romans une ville pour cadre à leur intrigue, tantôt policière, tantôt fantastique. Ils décident de situer L'Amant sans domicile fixe dans une Venise hivernale toujours envahie de touristes !
344
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345
+ « Dans chaque groupe, il y a toujours une adolescente qui tombe amoureuse de Mr. Silvera, toujours une paires de vieilles demoiselles à l'inépuisable énergie, toujours un couple de conjoints querelleurs, toujours un hypocondriaque, toujours un tatillon pédant et mécomptant de tout, toujours un fouinard cancanier. C'est comme voyager avec un échantillonnage, pense Mr. Silvera, qui dans sa carrière itinérante a été aussi représentant en bijoux de fantaisie. D'une fois sur l'autre, les pierres, les modèles, les métaux changent, mais les colliers sont toujours des colliers et les broches, des broches.En qualité de chef de groupe, il est déjà passé par Venise à d'autres reprises, mais il connaît bien la cité pour y être venu précédemment et en des circonstances moins superficielles. Toutefois, de ses autres Venise, Mr. Silvera ne parle jamais, il les tient rigoureusement à l'écart, il ne s'en sert pas pour son travail actuel. Il pourrait indiquer aux vingt-huit un palazzo moins évident, enrichi d'une anecdote un campanile, attirer l'attention sur certain jardin, illuminer certaine coupole ; mais il s'en tient au minimum indispensable, pont des Scalzi, canal de Cannaregio, Fondaco dei Turchi, Ca' d'Oro, pont du Rialto... Il omet la riva del Vin, et après un instant d'hésitation, également le palazzo Bernardo.« Look, look, Mr. Silvera, a réal gondola !— Ah, dit Mr. Silvera, yes, indeed. »Il connaît d'autres noms d'embarcations locales (gondolino, caorlina, mascareta...) mais ne les révèle point. Parce que ce serait gaspiller son souffle, se dit-il, parce que certaines choses n'intéressent plus personne, et ses vingt-huit moins que quiconque.Mais la vérité est que sa Venise secrète de brocarts, d'ors, de pourpres, de cristaux, on ne peut pas même l'effleurer sans peine, et que, surtout, elle n'a rien en commun avec la Venise schématique, impersonnelle, de l’Impérial.S. Angelo, S. Tomà, Ca' Rezzonicco, Accademia. Le vaporetto passe de l'une à l'autre rive du Grand Canal, accoste, débarque trente Danois, embarque trente enfants qui rentrent de l'école, repart vers le prochain ponton avec un soubresaut prosaïque, laborieux, de mule aquatique.Le groupe doit descendre à Saint-Marc, pour visiter la place homonyme, la basilique homonyme et le palais des Doges. Mais en premier lieu pour manger. Mr. Silvera sait que s'ils ne mangent pas à l'heure fixée ils deviennent nerveux. »
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+
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+ — Carlo Fruttero, Franco Lucentini et François Rosso (traduction), L'amant sans domicile fixe, Robert Laffont, 2007[42].
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+ La présence de canaux ou de chenaux dans plusieurs villes du monde fait qu'on les compare à Venise, telles que :
350
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351
+ Plusieurs villes du nord de l'Europe, revendiquent l'appellation de « Venise du nord (en) en égard à leurs canaux, à laquelle s'ajoutent d'autres appellations :
352
+
353
+ Nombre de villes allemandes sont comparées à Venise, telles que :
354
+
355
+ Nombre de villes françaises sont comparées à Venise, telles que :
356
+
357
+ Nombre de villes norvégiennes, telles que :
358
+
359
+ Nombre de villes britanniques, telles que :
360
+
361
+ Plusieurs villes asiatiques revendiquent le surnom de Venise de l'Orient (en). Par exemple :
362
+
363
+ Nombre de villes chinoises, dont :
364
+
365
+ Nombre de villes japonaises, telles que[83] :
366
+
367
+ Le pays tirerait son nom d'une référence à Venise (Venizziola, petite Venise, Klein-VenedigKlein-Venedig)
368
+
369
+ En France, dans le Doubs, une ville s'appelant autrefois Vanisia se nomme aujourd'hui Venise.
370
+
371
+ Le territoire de la commune de Venise comprend plusieurs municipalités distinctes :
372
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373
+ Le maire de Venise n'est pas élu par la seule partie dite historique de Venise, mais par l'ensemble des municipalités du territoire, qui pèsent nettement plus en termes de population que les habitants du centre historique de Venise. Venise fut longtemps un fief du PCI, le Parti communiste italien, dont Massimo Cacciari était membre. À la mort d'Enrico Berlinguer, il s'éloigna du parti, devenant proche de Romano Prodi.
374
+
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+ Depuis 1171, la cité des doges comporte six quartiers appelés sestiere : Cannaregio, Castello, Dorsoduro avec l'île de la Giudecca, San Marco, San Polo et Santa Croce, auxquels s'ajoutent Murano, Pellestrina et le Lido. Les autres îles importantes (Burano, Torcello, San Erasmo) comme les localités de la terre ferme (Mestre, Marghera, Favaro Veneto, Zelarino et Chirignago) font partie du territoire de la Commune de Venise.
376
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+ L'ensemble des territoires de la Commune représente une superficie totale de 41 317 hectares dont 25 302 sont recouverts par les eaux lagunaires. Les localités de la terre ferme occupent une superficie de 13 028 hectares, le Centre historique mesure à peu près 800 hectares et les principales îles, environ 2 186 hectares.
378
+
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+ Campagna Lupia, Cavallino-Treporti, Chioggia, Jesolo, Marcon, Martellago, Mira, Mogliano Veneto (Trévise), Musile di Piave, Quarto d'Altino, Scorzè, Spinea.
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+ Au 31 décembre 2007, la population totale de la commune de Venise est de 268 993 habitants (autant que le centre historique au XVIIIe siècle qui est aujourd'hui compté dans ce que l'on appelle la Venise insulaire : Venise plus les îles de Burano, Murano, Torcello, Sant' Erasmo et la Giudecca, qui compte 69 656 habitants). Sans les îles de Burano, Torcello et Murano, la population du centre historique (dont la Giudecca et Sacca Fisola) est au 31 décembre 2007 de 60 755 habitants.
382
+
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+ La Venise dite littorale (Lido, Pellestrina) compte 21 688 habitants, celle de Mestre 88 178, celle de Favaro 23 488, celle de Marghera 28 301 et celles de Chirignago - Zelarino 37 682.
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+
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+ L'avenir et la sauvegarde de Venise passent par le maintien des populations dans leur habitat d'origine et des activités artisanales, commerciales et administratives qui permettent à la population de vivre. Contrairement aux idées reçues, le tourisme n'enrichit pas la ville[réf. nécessaire] et il contribue, par sa massification et sa pendularité (à certaines heures de la journée, il y a beaucoup de touristes et à d'autres, il y en a très peu) à chasser les habitants du centre historique. L'actuelle municipalité s'emploie à renverser cette situation en favorisant l'accès au logement pour les plus défavorisés et en veillant au maintien des activités traditionnelles, des commerces, des écoles et des entreprises du tertiaire qui ont leur siège dans le centre historique.
386
+
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+ Mais, dans le même temps, les hôtels ont été autorisés à ouvrir des chambres dans des appartements situés dans des maisons voisines et le nombre d'appartements loués en tant que locations de vacances à la semaine, ne cesse d'augmenter sans que la municipalité n'intervienne. D'où une nouvelle flambée des prix de l'immobilier qui oblige les jeunes Vénitiens à partir habiter sur la terre ferme, n'étant plus capables d'acheter dans le centre historique.
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+
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+ Habitants recensés
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+
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+ En 2012, la ville affichait les jumelages suivants[84] :
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+
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+ Par ailleurs, elle a conclu des accords de coopération avec les villes suivantes :
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Art rupestre du Valcamonica (1979) · Centre historique de Rome, les biens du Saint-Siège situés dans cette ville bénéficiant des droits d'extra-territorialité et Saint-Paul-hors-les-Murs (1980) (avec le Vatican) · L'église et le couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie avec « La Cène » de Léonard de Vinci (1980) · Centre historique de Florence (1982) · Piazza del Duomo à Pise (1987) · Venise et sa lagune (1987) · Centre historique de San Gimignano (1990) · Les Sassi et le parc des églises rupestres de Matera (1993) · Ville de Vicence et les villas de Palladio en Vénétie (1994) · Centre historique de Naples (1995) · Centre historique de Sienne (1995) · Crespi d'Adda (1995) · Ferrare, ville de la Renaissance, et son delta du Pô (1995) · Castel del Monte (1996) · Centre historique de la ville de Pienza (1996) · Les trulli d'Alberobello (1996) · Monuments paléochrétiens de Ravenne (1996) · Cathédrale, Torre Civica et Piazza Grande, Modène (1997) · Côte amalfitaine (1997) · Jardin botanique (Orto botanico), Padoue (1997) · Résidences des Savoie (1997) · Su Nuraxi de Barumini (1997) · Palais royal du XVIIIe siècle de Caserte avec le parc, l’aqueduc de Vanvitelli et l’ensemble de San Leucio (1997) · Portovenere, Cinque Terre et les îles (Palmaria, Tino et Tinetto) (1997) · Villa romaine du Casale (1997) · Zone archéologique d’Agrigente (1997) · Zones archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata (1997) · Centre historique d’Urbino (1998) · Parc national du Cilento et du Vallo Diano, avec les sites archéologiques de Paestum et Velia et la Chartreuse de Padula (1998) · Zone archéologique et la basilique patriarcale d'Aquilée (1998) · Villa Adriana (Tivoli) (1999) · Assise, la Basilique de San Francesco et autres sites franciscains (2000) · Ville de Vérone (2000) · Villa d'Este, Tivoli (2001) · Villes du baroque tardif de la vallée de Noto (sud-est de la Sicile) (2002) · Sacri Monti du Piémont et de Lombardie (2003) · Nécropoles étrusques de Cerveteri et de Tarquinia (2004) · Vallée de l'Orcia (2004) · Syracuse et la nécropole rocheuse de Pantalica (2005) · Gênes, les Strade Nuove et le système des palais des Rolli (2006) · Chemin de fer rhétique dans les paysages de l’Albula et de la Bernina (2008) (avec la Suisse) · Mantoue et Sabbioneta (2008) · Les Lombards en Italie. Lieux de pouvoir (568-774 après J.-C.) (2011) · Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (avec cinq autres pays) (2011) · Paysage viticole du Piémont (2014) · Palerme arabo-normande et les cathédrales de Cefalú et Monreale (2015) · Ouvrages de défense vénitiens du XVIe siècle au XVIIe siècle : Stato da Terra - Stato da Mar occidental (avec la Croatie et le Monténégro) (2017) · Ivrée, cité industrielle du XXe siècle (2018) · Les Collines du Prosecco de Conegliano et Valdobbiadene (2019)
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+ Isole Eolie (Îles Éoliennes) (2000) · Monte San Giorgio (2003) (avec la Suisse) · Les Dolomites (2009) · Mont Etna (2013) · Forêts primaires de hêtres des Carpates et d’autres régions d’Europe (avec 12 pays) (2017)
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+ Venise (en italien : Venezia /veˈnɛtʦja/ ; en vénitien : Venexia /veˈnɛˑsja/) est une ville côtière du nord-est de l'Italie, sur les rives de la mer Adriatique. Elle s'étend sur un ensemble de 121 petites îles séparées par un réseau de canaux et reliées par 435 ponts. Située au milieu de la lagune vénète, entre les estuaires du Pô et du Piave, Venise est renommée pour cet emplacement exceptionnel ainsi que pour son architecture et son patrimoine culturel, qui lui valent une inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO.
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+ Venise est la capitale de la région de la Vénétie. En 2012, la commune compte 269 810 habitants, dont 58 666 intra-muros (Centro storico[1]). 176 000 résident sur les rives (Terraferma), pour la plupart dans les frazioni de Mestre et Marghera, et les 31 000 habitants restants résident dans d'autres îles de la lagune. Avec Padoue et Trévise, Venise constitue l'aire métropolitaine Padoue-Trévise-Venise (PATREVE), une entité statistique de 1 600 000 habitants.
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+ Fondée peu après 528 par des réfugiés fuyant l'invasion lombarde, elle fut la capitale pendant onze siècles, de 697-1797 de la république de Venise. Durant le Moyen Âge et la Renaissance, la ville fut une grande puissance maritime, à l'origine de la Quatrième croisade et victorieuse lors de la bataille de Lépante en 1571 contre l'Empire ottoman. Grâce à ses liens avec l'Asie et le Proche-Orient, dont le marchand et explorateur Marco Polo fut l'initiateur, elle devint également l'une des principales places commerciales d'Europe, notamment de la soie, des céréales et des épices. Enfin, elle est un centre culturel majeur, du XIIIe à la fin du XVIIe siècle, dont les peintres de l’École vénitienne (dont Titien, Véronèse et le Tintoret), Carlo Goldoni et Antonio Vivaldi sont les principaux représentants.
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+ Son nom provient du peuple qui habitait la région avant le Xe siècle, les Vénètes. Dénommée Venetiae en latin, elle est parfois surnommée la « Cité des Doges », la « Sérénissime », la « Reine de l'Adriatique », la « Cité des Eaux », la « Cité des Masques », la « Cité des Ponts » ou encore la « Cité flottante ». La ville est aujourd'hui célèbre pour ses canaux — notamment le Grand Canal — et ses gondoles, ses nombreuses églises, la place Saint-Marc, le palais des Doges, le Pont des Soupirs, sa Biennale ainsi que son carnaval.
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19
+ Les clés de la domination économique de Venise sur l'Italie au Moyen Âge sont l'insularité et l'aisance navale des Vénitiens qui n'a cessé de croître pendant plus d'un millénaire.
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+ La région à l'extrémité nord-ouest de la mer Adriatique, où se jettent plusieurs fleuves issus des Alpes, est habitée dès l'Antiquité par des pêcheurs, mariniers et saulniers. Cette zone faisait partie de la région X créée par Auguste. Cette région fut nommée ensuite Venetia du nom des Vénètes, ancien peuple italique intégré dans la République romaine dès le IIe siècle av. J.-C. ; Aquilée — sur la terre ferme — était le centre religieux et portuaire important.
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+ Les invasions des Goths d'Alaric Ier et des Huns d'Attila poussèrent les populations locales à se réfugier dans les îles des marais situés le long de la mer Adriatique, près du delta du Pô. Selon la légende développée ultérieurement par les Vénitiens pour démontrer l'ancienneté de leur cité et la lointaine origine de leur liberté, Venise aurait été fondée le 25 mars 421 dans les îlots du rivus altus, qui est devenu le Rialto.
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+ En 452, un premier établissement est fondé par des réfugiés de Padoue et d'Aquilée. La région échut par la suite au royaume ostrogoth puis fut reconquise avec le reste de l'Italie par le général Bélisaire, devenant une province de l'Empire romain d'Orient sous Justinien Ier.
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+ La ville de Venise a été fondée vers la fin du VIe siècle par des habitants des régions voisines, venus se réfugier en nombre dans les îles de la lagune formée par l'estuaire du Pô après l'invasion de l'Italie du nord par les Lombards en 568. En effet, cette zone marécageuse, difficile d'accès pour des navires à quille, était restée sous la juridiction de l'exarchat de Ravenne, province de l'Empire romain d'Orient. Elle fut donc initialement un refuge de la civilisation romano-byzantine mais au fur et à mesure de son développement, son autonomie s'accrut pour aboutir à l'indépendance.
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+ Profitant de l'antagonisme entre l'exarchat de Ravenne et les Lombards, les Vénitiens élargirent leur marge de manœuvre politique et se dotèrent d'un pouvoir local incarné par le premier duc ou « doge », Paolucio Anafesto (697-717), personnage aux confins de la légende et de l'histoire. La ville de Venise ne devint réellement indépendante qu'après le retrait des Byzantins de l'Adriatique, peu après l'an 1000, lors de l'émergence du royaume de Hongrie. La cité-État s'appuya dès lors sur la mer pour étendre son pouvoir.
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+
31
+ Venise n'eut pas de constitution propre. En effet, la définition des attributions et le mécanisme des institutions gouvernementales relevaient à Venise du droit coutumier. Les organes de décision gouvernementaux formaient une pyramide dont l'Assemblée populaire était la base et le doge le sommet. Entre les deux siégeaient le Grand Conseil, les Quarante et le Sénat, puis le Conseil ducal. Cette organisation politique dont les traits se dessinent au XIIIe siècle se maintient jusqu'en 1797[2]. Le quadruplement de la puissance navale dans le premier tiers du XVe siècle, fait de l'Arsenal de Venise la plus grande usine du monde, employant jusqu'à 16 000 personnes, derrière une enceinte secrète de 25 hectares. L'activité navale est portée par le dynamisme du quartier d'affaires vénitien.
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+ Le commerce du sel, puis l'expansion commerciale vers la Méditerranée orientale, entraînèrent une forte croissance de la ville. Après la 4e croisade, que Venise détourna sur Constantinople, la République s'empare des richesses de l'Empire byzantin et constitue son propre empire maritime constitué par la plupart des îles grecques et dalmates. Elle le complète en conquérant la Dalmatie continentale, l'Istrie et un vaste domaine entre les Alpes et le Pô, incluant les cités de Bergame, Brescia, Vérone, Padoue, Trévise et Udine. Elle entre en conflit avec Gênes, sa grande rivale en Italie du nord et en Méditerranée. L'apogée de cette lutte est la quatrième guerre génoise, autrement nommée guerre de Chioggia. Venise sortit vainqueur du conflit, mais très épuisée. Le traité de Turin, en 1381, ne lui fut pas particulièrement avantageux : malgré sa victoire, Venise dut renoncer à des territoires et concéder certains droits à sa rivale. Elle perdait Trévise et la Dalmatie qui revenait au roi de Hongrie. Cependant elle conservait ses institutions et ses principales colonies.
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+ La ville a armé une flotte de 6 000 galères, lui permettant de prendre des risques, sous forme de convois réguliers, pour régner sur la mer Méditerranée. Le quartier du Rialto est la première bourse organisée, selon l’historien Fernand Braudel. Les marchands y échangent des participations dans les galères vénitiennes, mises aux enchères selon le système de l’Incanto des galées du marché[3]. Venise devient ainsi le plus important port de Méditerranée, surclassant Constantinople. Il lui fallut conquérir des terres sur la lagune.
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+ Le déclin commença avec la progression ottomane en Méditerranée, qui la priva progressivement de toutes ses terres grecques, à l'exception des Îles Ioniennes, et de ses accès aux débouchés de la Route de la Soie. Elle fut en plus très touchée par la peste noire. Malgré la victoire sur les Ottomans à Lépante en 1571, la république de Venise perdit encore de son importance commerciale à cause du détournement du commerce européen vers les océans après la découverte de l'Amérique.
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+ Venise maintient son rayonnement culturel, en devenant la ville européenne la plus élégante et raffinée du XVIIIe siècle, avec une forte influence sur l'art, l'architecture et la littérature.
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+ Redevenue politiquement un État italien parmi d'autres, Venise fut annexée par Napoléon Bonaparte le 12 mai 1797, durant la Première Coalition. L'invasion des Français mit un terme à près de 800 ans d'indépendance. Bonaparte fut cependant perçu comme une sorte de libérateur par la population pauvre et juive de Venise (it), république aristocratique où le pouvoir et la plupart des richesses étaient monopolisés par quelques familles. Bonaparte supprima les barrières du Ghetto ainsi que les restrictions de circulation imposées aux Juifs.
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+ En 1797, par le traité de Campo-Formio, Bonaparte livra Venise et ses territoires aux Habsbourg en échange de la Belgique, puis il la leur reprit en 1805 pour l'intégrer au royaume d'Italie dont il se fit couronner roi, avant que la ville ne fût intégrée dans l'Empire d'Autriche de 1815 à 1866. La domination autrichienne sur Venise et la Vénétie ne s'acheva que le 3 octobre 1866 après sa défaite de Sadowa contre l'alliance prusso-italienne. Venise devint un chef-lieu de province italien et l'un des hauts lieux du tourisme mondial.
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+ Après la Première Guerre mondiale, l'Italie revendiqua à l'Autriche vaincue l'ensemble des territoires jadis vénitiens, mais se heurta aux revendications yougoslaves et n'obtint au Traité de Rapallo que l'Istrie, la ville de Zara en Dalmatie et les îles de Veglia, Cherso et Lagosta. Le ressentiment développé à ce moment contribua au succès ultérieur de Mussolini.
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+
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+ Le 29 avril 1945, la ville est libérée par des unités de la VIIIe Armée britannique.
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49
+ Après la Seconde Guerre mondiale, l'Italie perdit aussi ces possessions au profit de la Yougoslavie, ne conservant que Trieste, qui ne fait pas partie des territoires jadis vénitiens, mais où se réfugièrent les populations italophones expulsées de Yougoslavie.
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+ Venise occupe une situation géographique exceptionnelle, dans une lagune de la mer Adriatique. Les Vénitiens établirent leur ville en enfonçant des pieux en chêne et en aulne dans le sol sablonneux. Sur ces fondations, ils bâtirent des maisons et des palais et entamèrent un combat contre le mouvement continuel des marées.
52
+
53
+ Les principales autres îles de la lagune sont : le Lido, Murano, Burano, Torcello. Sans oublier : San Michele (l'île cimetière de la ville), San Erasmo, Mazzorbo, Le Vignole, Certosa, San Francesco del Deserto, San Giacomo in Paludo, San Servolo, San Lazzaro degli Armeni.
54
+
55
+ Venise s'étend sur 415 km2, dont plus de la moitié (253 km2) sont occupés par les eaux. La Lagune de Venise couvre au total 550 km2.
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+
57
+ La ville est parcourue par 177 canaux (dont le plus important est le Grand Canal) et 455 ponts[4],[5] (le plus souvent arqués pour laisser passer les bateaux). Elle possède 123 églises et elle s'étend sur 118 îles situées entre l'embouchure de l'Adige (au sud) et du Piave (au nord).
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+
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+ Elle est découpée en six quartiers historiques appelés les sestieri : San Marco, Castello et Cannaregio sur la rive gauche du Grand Canal et Santa Croce, San Polo et Dorsoduro sur l'autre rive.
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+
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+ Le centre historique est entièrement piétonnier, les canaux faisant fonction de route, et les divers bateaux qui traversent seulement le Grand Canal, le Canal de la Giudecca et la lagune autour de la ville, sont le moyen de transport public. Venise est une ville unique où l'on se déplace presque exclusivement à pied. On y trouve aussi des taxis d'eau – petits bateaux motorisés qui peuvent transporter de huit à dix personnes – et des « gondoles » – petites embarcations d'avirons très légères ; le transport privé des Vénitiens au moyen des bateaux motorisés ou à avirons est limité aux excursions dominicales. D'autres modèles d'embarcations plus ou moins grosses sont destinés aux transports commerciaux. Chateaubriand constatait que Venise était « une ville contre nature ». Le Vénitien de son point de vue, l'estime unique ville naturelle « dans un monde contre nature ».
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+
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+ Le climat de Venise, comme celui de la plaine du Pô, est de type continental humide à été chaud (climat Cfa dans la classification de Köppen) assez humide à l'année longue. Les étés sont très moites. Les hivers sont froids, comportant du gel en janvier et du brouillard. Les précipitations, minimales en hiver, tombent en été sous forme d’orages parfois violents, ainsi qu'en automne sous forme de pluie continue[7].
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+
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+ La situation géographique de Venise au milieu de la lagune fait que l'essentiel du transport de personnes et de marchandises se fait par voie d'eau. Si Venise ne représente pas la plus grande concentration humaine au monde sans voitures, place occupée par la Médina de Fès el Bali, la cité demeure au XXIe siècle la plus grande île au monde à être libre d'automobiles et de camions, malgré des aménagements importants[8].
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+ Le transport individuel traditionnel est la gondole vénitienne, bien qu'elle ne soit quasiment plus utilisée que par les touristes ou pour des occasions particulières (cérémonies, mariages et enterrements). Son coût est en effet prohibitif. D'ailleurs, il n'en reste que 425 en 2009.
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+
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+ Les Vénitiens utilisent surtout des bateaux-bus, appelés vaporetti qui, gérés par l'ACTV, desservent les différentes îles en sillonnant les principaux canaux, ainsi que les traghetti, des gondoles à deux rameurs pour piétons qui assurent la traversée du Grand Canal à quelques endroits dépourvus de ponts.
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+ Traghetto permettant aux piétons de traverser le Grand Canal.
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+
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+ Motonave : pour le transport des piétons vers les grandes îles en dehors de Venise.
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+
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+ Vaporetto pour le transport des piétons sur le Grand Canal.
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+ Motoscafo, embarcation plus petite.
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+
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+ Ferry pour le transport des automobiles et des camions de Tronchetto au Lido.
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+ À cela s'ajoutent toutes sortes d'embarcations publiques et privées tels que les canots à moteur et le transport commercial.
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+ Taxi.
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+ Embarcation de police.
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+ Ambulance.
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+ Remorqueur.
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+ Transport commercial.
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+ Vedette de pompiers dans le bassin de saint Marc.
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+ Barque sur le rio san Zuane Evangelista.
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+ La navigation maritime et lagunaire resta le seul moyen de transport existant à Venise jusqu'à la construction au XIXe siècle d'un pont ferroviaire, le Pont des Lagunes. Inauguré en 1846, il permit de relier la gare de Venise-Santa-Lucia, construite en 1860, au reste du continent. La gare devint un terminus des trains de nuit, amenant au cœur de la cité, à deux pas du grand canal, les voyageurs venant des capitales européennes.
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+
101
+ Sous le régime fasciste, une liaison routière, le pont de la Liberté (Ponte della Libertà), inauguré en 1933, fut également établie, menant à un grand parking sur l'île artificielle de Tronchetto en périphérie nord.
102
+ Une navette monorail (people mover) relie Tronchetto à Piazza Roma.
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+
104
+ Venise est également desservie par l'aéroport de Venise - Marco Polo, en l'honneur de cet ancien et célèbre citoyen vénitien. L'aéroport est situé au bord de la lagune, mais sur le continent, de sorte que les arrivants doivent emprunter, soit un bus, soit un bateau-taxi ou un bateau-bus pour se rendre dans la ville.
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+
106
+ Pendant un millénaire, Venise a été une ville de marchands et ses institutions ont été rédigées à leur profit. Le commerce a contribué à sa puissance et celle-ci était associée à la mer. Après la décadence du XIXe siècle, la ville a vu se développer, au cours du XXe siècle, les industries du tourisme, générant 1,5 milliard d'euros par an, et de la chimie.
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+
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+ Le secteur dominant de l’économie vénitienne est celui des services (tourisme, transports, activité financière et immobilière) : 44 % des entreprises et 40 % des emplois. Le deuxième secteur d’activité est le commerce (28 % des entreprises et 20 % des emplois), suivent les entreprises du bâtiment (14 % des entreprises et 10 % des emplois). Cette dernière activité est en régression depuis les dernières décennies (données 2001)[9]. En 2007, Venise a accueilli 21 millions de touristes. Le tourisme génère un chiffre d'affaires d'environ 1,5 milliard d'euros par an. Un montant sans doute sous-estimé car de multiples transactions sont effectuées au noir.
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+
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+ Le port de Venise est l'un des plus importants d'Italie avec plus de 30 millions de tonnes de marchandises y transitant chaque année. Le port de croisières est lui l'un des plus importants d'Europe et de Méditerranée, et a vu passer plus de 1 700 000 passagers en 2014.
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+ Les bâtiments de Venise sont construits sur des piliers de bois (voir ci-dessous). Ils sont exposés à la menace de marées, notamment entre l'automne et le début du printemps. La ville est périodiquement inondée. C'est ce que les Vénitiens appellent acqua alta. Ce phénomène s'explique par la réunion de plusieurs facteurs naturels : attraction lunaire, et surtout le sirocco, vent chaud venu d'Afrique qui empêche la lagune de se vider, les marées hautes se succédant les unes aux autres.
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+
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+ Ce phénomène a toujours existé, mais s'est largement amplifié ces dernières décennies sous l'influence conjuguée de plusieurs causes relatives au climat et à l'activité humaine :
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+ Les conséquences sont importantes dans la vie quotidienne des habitants, qui doivent abandonner les niveaux inférieurs des maisons et emprunter des systèmes de passerelles pour se déplacer. Mais les conséquences les plus importantes sont la détérioration inexorable des monuments historiques et de l'habitat due à la montée des eaux et l'apport qui s'ensuit de produits nocifs à la pierre et à la brique.
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+
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+ On ne sait pas mesurer avec précision l'affaissement de Venise, et son évolution est un sujet de controverse. Un récent projet, présenté par un consortium d'industriels italiens, consiste à poser 78 portes mobiles dans les trois passes de la lagune pour protéger la ville. En temps normal, ces portes, sortes de ponts-levis, seraient remplies d'eau et donc submergées. Lors des marées supérieures à un mètre, une injection d'air comprimé évacuerait l'eau, permettant ainsi aux portes de se redresser et de fermer le passage, séparant alors la lagune de la mer.
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+
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+ Le projet, nommé MOSE (Module expérimental électromécanique) a démarré en 2003 et les travaux dont l'échéance était initialement prévue pour 2011[13], n'à sans cesse été repoussée et ne sont pas achevés à ce jour. Il suscite aujourd'hui de nombreuses polémiques notamment par son coût pharaonique et par le doute de plus en plus répandu parmi les scientifiques et les spécialistes des marées quant à l'efficacité de ce système qui ne serait réellement utile que pour les très grandes marées. Ce projet, surtout, ne résoudra pas l'autre grand problème de la ville, celui des vagues en lagune.
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+
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+ Après un certain temps d'exposition dans la lagune, le projet a révélé plusieurs erreurs techniques. Tout d'abord lorsque les barrières sont élevées une quantité importante de sables s'accumule dans les emplacements originaux des barrières, de plus la vie marine continue son court et des animaux marins tels que des moules se sont implantés au même endroit rendant également impossible le rangement correct des barrières lors des marées basse. Un autre problème majeur fut la corrosion des barrières par l'eau salée de la mer Adriatique, ils ont également remarqué que les barrières de remplacements se dégradaient aussi à l'air libre[13].
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+ Les îlots de la lagune de Venise, composés de matériaux de remblais et alluvionnaires, ne permettaient pas de construction traditionnelle car le sol humide et instable ne pouvait supporter le poids des bâtiments. La solution a été l'utilisation de pilotis, permettant la construction au-dessus de l’eau. La technique consiste à enfoncer ceux-ci dans le sol afin de leur faire porter une plate-forme constituée de madriers en chêne et en mélèze solidement attachés les uns aux autres, consolidant et nivelant le terrain. Ainsi par exemple, afin d’ériger la Basilique Santa Maria della salute, les Vénitiens utilisèrent 1 006 657 pilotis de 4 mètres de long, en chêne, aulne et mélèze.
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+ Les contraintes liées à une construction sur l’eau avec des pilotis comme fondations font que les palais sont conçus à l’inverse des règles traditionnelles de l’architecture. En effet, si dans les palais terrestres, l'usage veut que l’on commence par les fondations sur lesquelles on pose l’infrastructure destinée à supporter le poids de l’ensemble architectural, à Venise la méthode est totalement inversée : on pose d’abord une grande « boîte » sur des portiques afin de transmettre la charge directement aux pilotis des fondations par un système d'arcs et de voûtes appropriés.
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+ Dans Venise, il y a près de 84 églises pratiquement intactes. Parmi les plus connues :
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Les campaniles sont des clochers qui ont pour particularité d'être excentrés et parfois non attenants à leur église. Ils ont tous une architecture différente et servent de points de repère dans la ville.
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+ Campanile San Marco
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+ Le campanile de San Francesco della Vigna 68 mètres
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+ Le campanile de San Giorgio Maggiore: 63 mètres
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+ Le campanile de Santo Stefano : 61 mètres extrêmement penché
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+ Le campanile San Giorgio dei Greci : 44 mètres extrêmement penché
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+ Le campanile de San Giovanni Elemosinaro
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+ Le campanile de Santa Sofia
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+ Le Campanile de Santa Margherita
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+ Campanile de San Boldo
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+ L'île de San Michele
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+ Burano et ses façades colorées
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+ L'île de Murano
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+ Torcello
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+ Mazzorbo
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+ San Francesco del Deserto
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+ San Servolo
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+
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+ Porte du Palais des Doges
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+ Les Gallerie dell'Accademia de Venise
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+ Scuola di San Giorgio degli Schiavoni
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+ Ca' Corner della Regina - Fondation Prada
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+
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+ Palais Grassi (Palazzo Grassi)
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+ Le Ca' Rezzonico
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+ Maison de Carlo Goldoni
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+ Museo di storia naturale
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Le Palais des Doges
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+ Ca' d'Oro
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+ Palais Vendramin Calergi
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+ Le Palais Malipiero
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+
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+ Le Palais Corner della Regina
193
+
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+ La Palais Salviati Art nouveau
195
+
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+ Le Palais Surian Bellotto à Cannaregio
197
+
198
+ Campo San Polo
199
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+ Campo del Ghetto novo
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+
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+ Campo san Trovaso
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+
204
+ Campo dei Gesuiti
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+
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+ Campo Santo Stefano
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+
208
+ Campo San Zanipolo : Scuola Grande di San Marco et Église
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+
210
+ La place Saint-Marc et ses pigeons
211
+
212
+ Place Saint-MarcPhoto de Carlo Naya
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+
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+ Campo San Zaccharia
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+
216
+ Ponte Chiodo : sans rambarde
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+
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+ Ponte de Gheto Novo en fonte
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+
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+ Pont de la Liberté (Ponte della Libertà).
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+
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+ Ponte Maria Callas à la Fenice
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+
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+ Le Pont du Rialto
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+
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+ Le Pont des Soupirs
227
+
228
+ Ponte dei Tre Archi à Cannaregio
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+
230
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
233
+
234
+ La première bottega del caffè ouvre sous les Procuraties en 1683. Rapidement, les cafés se multiplient. Beaucoup tiennent de la taverne : bas plafond et dépourvus de fenêtres, ils sont souvent mal éclairés et sommairement meublé. Un siècle plus tard, on en comptera vingt-quatre sur la seule place Saint-Marc.
235
+
236
+ Ces lieux publics ont acquis une telle importance au XVIIIe siècle que Carlo Goldoni fait dire à un cafetier dans la Bottega del caffè : « J'exerce [...] un métier qui est nécessaire à la gloire de notre ville, à la santé des hommes et à l'honnête divertissement de ceux qui ont besoin de respirer un peu. » De fait, des gens de tout âge et de toute catégorie sociale fréquentent ces lieux publics.
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+
238
+ Le Grand Canal de Venise.
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+
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+ L'arsenal de Venise.
241
+
242
+ Le Ghetto de Venise.
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+
244
+ Le campanile de Saint Marc.
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+
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+ Tombe de Serge Diaghilev dans le cimetière San Michele.
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248
+ Punta della Dogana (« Pointe de la douane »).
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+ Couple pendant le carnaval de Venise. L'homme porte la bauta.
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252
+ Il Gobbo di Rialto.
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+
254
+ Nicolas Régnier., peintre, né à Maubeuge, décédé à Venise.
255
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+ Pas fasciné, Jean-Jacques Rousseau y séjourne en 1743 et 1744 comme secrétaire de l'Ambassade de France.
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+
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+ Au XIXe siècle, à la suite de Lord Byron, Alfred de Musset et George Sand créent la légende de Venise. Ce célèbre couple a participé à lancer la mode de cette ville comme étant une destination idéale pour les amoureux. Cette ville, comme d'autre d'Italie où ils se rendirent, fut d'ailleurs le théâtre de la relation tumultueuse entre eux deux, s'ajoutant au fait que chacun tomba successivement malade. Ironiquement, ces pionniers du voyage en amoureux italien rompirent quelque temps plus tard. Ce voyage aura néanmoins servi à l'une pour l'autobiographique Histoire de ma vie, avec une très belle description de la ville (la seule au monde qu'elle puisse aimer ainsi, car au-dessus de la ville dont elle avait rêvé, qui lui a toujours fait l'effet d'une prison qu'elle supporte à cause de ses compagnons de captivité, qu'elle chérit non comme une chose mais comme un être) et au second le drame romantique Lorenzaccio.
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260
+ John Ruskin contribue à l'étude de son architecture, comme on le voit dans son ouvrage The Stones of Venice (en).
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+
262
+ Venise est alors la ville des esthète britanniques et, avec Fiesole, leur deuxième lieu de fréquentation.
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264
+ À la fin du XIXe siècle, Maurice Barrès, Marcel Proust contribuent à son essor. Le premier apprit au second la triste et fatale beauté de la reine des lagunes. Celui-ci, en s'y rendant pour la première fois, effectua le voyage (que l'on fait classiquement à cette époque en amoureux) accompagné de sa mère, à laquelle il était profondément attaché. Ils logèrent à l'Hôtel Danieli, où séjournèrent autrefois Alfred de Musset et George Sand. Ayant effectué d'autres voyages vénitiens depuis, l'auteur en a profité pour s'en servir de décors pour certains de ses romans, tels qu'Albertine disparue, sixième tome de À la recherche du temps perdu.
265
+
266
+ Plus tard les Guallino — Patrick Guallino et Anne Poiré — ont souvent travaillé sur ce thème, qu'il s'agisse de sculptures ou de toiles. Ces œuvres sont exposées dans le monde entier. On peut citer aussi Roger de Montebello qui peint et vit à Venise et expose dans le monde entier. Henri Landier a également consacré nombre de ses œuvres à Venise.
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+
268
+ « Les palais se dégradent lentement au bord des canaux, la musique ne frappe plus à chaque instant l'oreille. Ces jours-là sont passés ; La beauté seule est restée. »
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+
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+ — Lord Byron. Beppo[25].
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+
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+ Dès le XIIIe siècle, la République de Venise, qui étend progressivement son contrôle à une bonne partie de l'Italie du Nord, s'impose comme une grande puissance méditerranéenne, dont l'empire gagne les portes de l'Orient. La stabilité de ses institutions, pratiquement inchangées de 1297 à 1797, sera pour beaucoup un modèle de gouvernement et alimentera un véritable mythe politique dans l'Europe de l'Ancien Régime.[réf. nécessaire]
273
+
274
+ Issu d'une vieille famille toscane, Pétrarque entreprit des études juridiques à Bologne, qu'il abandonna à l'âge de vingt-deux ans pour se consacrer à la littérature. Après un premier séjour à Venise, en 1354, comme ambassadeur du duc de Milan, Giovanni Visconti, il s'y établit en 1362, dans un palais de la Riva degli Schiavoni que lui offrit la Sérénissime dans l'espoir qu'il lui lègue sa précieuse bibliothèque.
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+
276
+ « La cité très auguste des Vénètes est aujourd'hui l'unique demeure de la liberté, de la paix et de la justice, l'unique refuge des bons, l'unique port vers lequel tendent, brisés de tous côtés par les tempêtent des guerres et des tyrannies, les vaisseaux de ceux qui désirent vivre bien, cité riche en or, mais plus riche en beauté, puissante par ses ressources, mais plus puissante par sa vertu fondée sur des marbres solides, mais confirmée dans sa stabilité par le fondement plus solide encore de la concorde civile, ceinte de fleuves salés, mais combien plus grande de tout le sel de son esprit. »
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+ — Pétrarque, Lettere[26], 1364.
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+ À son retour de Rome en 1557, après avoir passé quatre années difficiles au service de son cousin le cardinal Jean du Bellay, Joachim Du Bellay publie Les Regrets, un recueil de sonnets où se mêlent élégie et satire. Les us et coutumes de la République maritime — et particulièrement la traditionnelle cérémonie des épousailles symboliques du doge avec la mer —, loin d’émerveiller le poète par leur faste, ne l'impressionnent que par leur ridicule.
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+ « Il fait bon voir, Magny, ces couillons magnifiques,Leurs superbe Arsenal, leurs vaisseaux, leur abord,Leur Saint-Marc, leur Palais, leur Réalte, leur port,Leurs changes, leurs profits, leur banque et leurs trafiques :[...]Il fait bon voir de tout leur Sénat ballotter,Il fait bon voir partout leurs gondoles flotter ;Leurs femmes, leurs festins, leur vivre solitaire :
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+ Mais ce que l'on doit le meilleur estimer,C'est quand ces vieux cocus vont épouser la mer,Dont ils sont les maris, et le Turc l'adultère. »
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+ — Joachim Du Bellay, Les Regrets, 1558.
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+ À l'automne 1816, alors que l'Autriche occupe à nouveau la Sérénissime et la Vénétie depuis deux ans, Lord Byron, qui vient de quitter sa femme, arrive à Venise. Il s'installe sur le Grand Canal, à l'hôtel de Grande-Bretagne, où il vivra cinq ans, défrayant la chronique par son libertinage. Dans le IVe chant de Childe Harold's, Byron abandonne le personnage fictif du chevalier Harold et se plaît à décrire une Venise « désolée », gloire mourante, « encore plus chère en ses jours de malheur que lorsqu'elle et magnificence », mais qui reste vivante par son art.
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+
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+ « L'Adriatique sans époux pleure son seigneur,et, l'annuel mariage ne se renouvelant plus désormais,le Bucentaure reste à pourrir à l'abandon,vêtement délaissé, maintenant qu'elle est veuve !Où il se dressait, Saint-Marc voit toujours son lionqui se dresse, mais semble railler sa puissance flétrie,sur l'orgueilleuse Place où un Empereur se prosterna,et que les monarques contemplaient et enviaient, à l'heureoù Venise était une reine à la dot sans égale.[...]Ah ! que reviennent seulement une heure le vieux Dandolo aveugle,le chef octogénaire, l'ennemi vainqueur de Byzance. »
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+
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+ — Lord Byron, Childe Harold's Pilgrimage, 1818, trad. R. Martin, Le Chevalier Harold, Aubier-Montaigne, Paris, 1971[27].
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+
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+ En septembre 1786, Johann Wolfgang von Goethe quitte Weimar et sa charge de ministre pour se rendre en Italie afin de réaliser son rêve de jeunesse le plus cher « En Italie ! En Italie ! Paris sera mon école, Rome mon université ; qui l'a vue a tout vu. » D'abord, il fait halte à Venise, la tant admirée, mais qui pourtant, dans son cœur, ne réussira jamais à l'emporter sur Rome.
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+
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+ « Le 29 septembre 1786, jour de la Saint-Michel, au soir. Après dîner, je me hâtai de m'assurer d'abord une idée de l'ensemble et je me jetai, sans guide, m'étant simplement orienté, dans le labyrinthe de la ville qui, bien que découpée entièrement par des canaux, grands et petits, forme un tout relié par des ponts et des passerelles. On ne peut se faire une idée de l'étroitesse et de l'entassement de l'ensemble si on ne l'a vu. D'ordinaire il est possible de mesurer entièrement ou presque la largeur de la rue des deux bras étendus ; dans les plus étroites, on touche déjà les côtés du coude si on met les poings sur les hanches. Il y en a bien de plus larges, ou bien çà et là se trouve une petite place, mais toutes proportions gardées, on peut dire que tout est étroit.[...]Quand j'eus senti la fatigue, je m'assis dans une gondole, quittai les ruelles étroites et, pour être près du spectacle opposé, traversai la partie nord du Grand Canal. [...] Tout ce qui m'entoure est vénérable, c'est une grandeur respectable des forces unies des hommes, un monument magnifique, non pas d'un souverain, mais d'un peuple. Et même si leurs lagunes graduellement se comblent, si de perfides brumes planent sur les marais, si leur commerce est affaibli et leur puissance en décadence, toute la fondation et le caractère de la République n'en seront pas un instant moins vénérables pour l'observateur. »
297
+
298
+ — Johann Wolfgang von Goethe, « Italienische Reise », In Goethes Werke-Vollständigen Ausgabe Letzter Hand, 1827-1842, trad. J. Naujac[28].
299
+
300
+ À la suite d'une dispute avec Minna, sa première femme, Richard Wagner s'enfuit à Venise en compagnie de son ami le poète-géographe Carl Ritter. Il demeure dans le palais Vendramin, au bord du Grand Canal, du 29 août 1858 au 24 mars 1859, le temps d'achever, dans la plus grande solitude, la composition de Tristan et Iseult. Des années plus tard, Wagner reviendra à Venise, où il mourra dans l'appartement qu'il a autrefois occupé.
301
+
302
+ « Pendant une nuit d'insomnie, étant allé sur mon balcon vers trois heures du matin, j'entendis pour la première fois le célèbre et ancien chant des gondoliers. Je crus reconnaître que le premier appel, rauque et plaintif, qui résonna dans la nuit silencieuse venait du Rialto, situé à une distance d'un quart d'heure environ. Une mélopée analogue lui répondit de plus loin encore. Ce dialogue extraordinaire et mélancolique continua ainsi par intervalles parfois assez longs et j'en fus si impressionné qu'il me fut impossible de fixer dans ma mémoire les quelques notes sans doute fort simples qui le modulaient.[...]Au même instant, celui-ci poussa un cri qui ressemblait à un hurlement d'animal : c'était un profond gémissement qui montait en crescendo jusqu'à un « Oh ! » prolongé et finissait par la simple exclamation « Venezia ! » Il venait encore quelque chose, mais j'avais reçu une commotion si violente de ce cri que je ne pus me rappeler le reste. Les sensations que j'éprouvai là furent caractéristiques et ne s'effacèrent point de tout mon séjour à Venise ; elles sont demeurées en moi jusqu'à l'achèvement du deuxième acte de Tristan et peut-être m'ont-elles suggéré les sons plaintifs et traînants du chalumeau, au commencement du troisième acte. »
303
+
304
+ — Richard Wagner, Mein Leben, 1911, trad. M. Hulot, Ma Vie, 1978[29],[30].
305
+
306
+ La Venise projetée et rêvée par les romantiques pouvait décevoir le voyageur à son arrivée dans la ville. Ainsi, au printemps 1837, Honoré de Balzac, logé au Danieli, dans l'appartement occupé trois ans auparavant par George Sand et Alfred de Musset, exprime-t-il son désappointement dans une lettre adressée à son amie milanaise la comtesse Clara Maffei. Sa première impression, négative, s'estompera cependant quelques jours plus tard, alors qu'il reconnaîtra qu' « il faut, pour voir Venise, plus de temps et de loisir ».
307
+
308
+ « Venise, mardi 14 mars 1837
309
+ Cara ContessinaNous sommes arrivés ici ce matin,mon compagnon de voyage et moi, escortés par une pluie à verse qui ne nous avait pas quittés depuis Vérone, en sorte qu'il était difficile que je ne visse pas Venise sortant des eaux. Si vous me permettez d'être sincère et si vous voulez ne montrer ma lettre à personne, je vous avouerai que sans fatuité ni dédain, je n'ai pas reçu de Venise l'impression que j'en attendais, et ce n'est pas faute d'admirer des tas de pierres et les œuvres humaines, car j'ai le plus saint respect pour l'art ; la faute en est à ces misérables gravures anglaises qui foisonnent dans les Keepsakes[31], à ces tableaux de la légion de ces exécrables peintres de genre, lesquels m'ont si souvent montré le Palais ducal, la Piazza et la Piazzetta, sous tant de jours vrais ou faux, dans tant de postures, sous tant d'aspect débauchés, avec tant de licencieuses fantaisies de lumière que je n'avais plus rien à prêter au vrai et que mon imagination était comme une coquette qui a tant fatigué l'amour sous toutes ses formes intellectuelles que, quand elle arrive à l'amour véritable, à celui qui s'adresse à la tête, au cœur et aux sens, elle n'est saisie nulle part par ce saint amour. Puis, j'avais tant vu de marbres sur le Dôme que je n'avais plus faim des marbres de Venise.Les marbres de Venise sont une vieille femme qui a dû être belle et qui a joui de tous ses avantages, tandis que votre Dôme est encore tout pimpant, tout jeune, tout paré comme une mariée d'hier avec ses blondes, ses mantilles découpées, brodées, ses tulles frais, ses cheveux brossés et lissés, son cou d'albâtre. Enfin, la pluie mettait sur Venise un manteau gris qui pouvait être poétique pour cette pauvre ville qui craque de tous côtés et qui s'enfonce d'heure en heure dans la tombe, mais il était très peu agréable pour un Parisien qui jouit, les deux tiers de l'année, de cette mante de brouillards et de cette tunique de pluie. Il est un point qui me ravit, c'est le silence de cette moribonde, et cela seul me fait aimer l'habitation de Venise et va à mes secrètes inclinations, qui, malgré les apparences, tendent à la mélancolie... »
310
+
311
+ — Honoré de Balzac, « Lettre à la Comtesse Clara Maffei », in Revue de France[32], 1er décembre 1927.
312
+
313
+ Sous le charme de Venise dès 1908, Paul Morand attendra plus de soixante ans pour nous livrer ses souvenirs : « Venise jalonne mes jours comme les espars à tête goudronnée balisent la lagune... Venise ce n'est pas toute ma vie, mais quelques morceaux de ma vie, sans lien entre eux ; les rides de l'eau s'effacent ; les miennes, pas. »
314
+
315
+ « Au sommet du campanile j'embrassais Venise, aussi étalée que New York est verticale, aussi saumonée que Londres s'offre en noir et or. L'ensemble est lavé d'averses, très aquarelle, avec des blancs rompus, des beiges morts, relevés par le cramoisi sombre de façades pareilles à la chair du thon. Un air violant secoue la lagune, poussant des nuages aussi légers que ces nouvelles voile en nylon des régates, au Lido.A travers la résille de fer du dernier étage, qui dissuade les candidats au suicide de passer à l'action, je voyais Saint-Marc collé au Palais, à la fois refuge, trésor, porte de sortie d'une coulisse de la sérénissime machine. De la plate-forme, on comprenait mieux le vrai rôle de Saint-Marc, chapelle privée du palais, non pas édifice public comme aujourd'hui, non pas basilique, comme on le croit.Je distinguais, à l'entrée, les quatre chevaliers de porphyre avec leurs nez cassés de boxeur ; les quatre chevaux de Lysippe[33] sautaient dans les nuages, courbant leurs encolures où l'or adhère encore, fiers d'être en vue, mais déplorant, en vieux champions, de ne pouvoir s'aligner contre la monture du Colleone, ou, à la rigueur, contre le palefroi caracolant de Victor-Emmanuel II, seuls chevaux de Venise. »
316
+
317
+ — Paul Morand, Venises - Edition originale, 1971[34],[35].
318
+
319
+ Rainer Maria Rilke ressent pour l'Italie une affection toute particulière. Dès 1907, il effectue des séjours prolongés dans la cité des doges. Le poète allemand se plaît à décrire la vie à la vénitienne, l'ennui qui règne dans ces salons « où des étrangers se rencontrent passagèrement devant une maîtresse de maison étrangère comme eux-mêmes », et s'indigne du « malentendu délayé dans toutes leurs paroles ».
320
+
321
+ « Cette Venise molle et opiacée de leurs préjugés et de leurs besoins disparaît avec ces étrangers somnolents et, un matin, l'autre Venise est là, réelle, lucide, cassante comme du verre, nullement issue de rêves : cette Venise voulue dans le néant sur des forêts coulées à fond, créée de force, et enfin parvenue à ce degré d'existence ; ce corps endurci, réduit au plus nécessaire, à travers lequel l'arsenal qui ne dort jamais chasse le sang de son travail ; et l'esprit insinuant de ce corps qui sans cesse élargit son domaine, cet esprit plus fort que le parfum des pays aromatiques. L'Etat inventif qui échangeait le sel et le verre de sa pauvreté contre les trésors des peuples. Le beau contrepoids du monde qui, jusque dans ses ornements, est plein d'énergies latentes qui se ramifiaient toujours plus finement : Venise.
322
+
323
+ La conscience que je connaissais cette ville s'emparait de moi et, au milieu de ces gens qui voulaient se tromper, m'animait d'un tel besoin d'opposition que je levai les yeux pour en parler n'importe comment. Était-il possible qu'il n'y eût, dans ces salles, personne qui, involontairement, attendît d'être éclairé sur l'essence de ce milieu ? Un jeune homme qui comprendrait aussitôt que ce qui était proposé là n'était pas une jouissance, mais un exemple de volonté, tel qu'on n'en pourrait trouver nulle part de plus exigeant et de plus sévère ? »
324
+
325
+ — Rainer Maria Rilke, Les cahiers de malte laurids brigge, (janvier 1927)[36],[37].
326
+
327
+ En 1879, Friedrich Nietzsche, malade, se rend à Venise et s'installe chez son ami musicien, Peter Gast : étape heureuse pendant laquelle il écrit « Aurore, l'ombre de Venise ». Pour célébrer « le seul endroit de terre » qu'il aime, et qui évoque pour lui, avant tout, la musique, le philosophe se fait poète.
328
+
329
+ « Les pigeons de Saint-Marc, je les revois :Silencieuse est la place, le matin s'y repose,Par la douce fraîcheur, oisif, j'envoie mes chantsComme autant de pigeons dans l'azur,Puis les rappelle à moiPour accrocher une nouvelle rime à leur plumage —Ma chance ! ma chanceToit tranquille du ciel, soyeux et limpide,Comme tu abrites, léger, l'édifice bigarré,Objet d'amour — que dis-je ?Objet d'amour, de crainte et d'envie !Volontiers j'en absorberais l'âme :Saurais-je jamais la lui rendre ?Non, silence, pâture de mes yeux ! —Ma chance ! ma chance ! »
330
+
331
+ — Friedrich Nietzsche, Le gai savoir[38].
332
+
333
+ « Couche-toi Venise, sous la lagune [...] L'océan roule dans la nuit. Et ses vagues en déferlant orchestrent l'éternel motif de la mort par excès d'amour de la vie. »
334
+
335
+ — Maurice Barrès. Amori et Dolori sacrum. La mort de Venise[39].
336
+
337
+ La Mort à Venise, de Thomas Mann, conte l'aventure d'un écrivain désabusé, Gustave von Aschenbach, établi à Venise pour y trouver calme et repos. Sa rencontre avec un jeune Polonais d'une grande beauté éveille en lui une exaltation panthéiste et mystique. Dans une Venise où sévit le choléra, Aschenbach est partagé entre son œuvre à achever et la passion violente et muette qui le hante.
338
+
339
+ « Au bord du flot il s'arrêta, la tête basse, traçant de la pointe des pieds des figures dans le sable humide ; puis il entra dans la flaque marine qui à son endroit le plus profond ne lui montait pas au genou ; il la traversa et avançant nonchalamment il atteignit le banc de sable. Là il s'arrêta un instant, le visage tourné vers le large ; puis se mit à parcourir lentement la longue et étroite langue de sable que la mer découvrait. Séparé de la terre ferme par une étendu d'eau, séparé de ses compagnons par un caprice de fierté, il allait, vison sans attache et parfaitement à part du reste, les cheveux au vent, là-bas, dans la mer et le vent, dressé sur l'infini brumeux.[...]Aschenbach était assislà-bas, comme le jour où pour la première fois repoussé du seuil, son regard avait rencontré le regard de ces yeux couleur d'aube. Sa tête, glissant sur le dossier de la chaise, s'était lentement tournée pour accompagner le mouvement de celui qui s'avançait là-bas ; maintenant elle se redressait comme pour aller au-devant de son regard, puis elle s'affaissa sur la poitrine, les yeux retournéspour voir encore, tandis que le visage prenait l'expression relâchée et fervente du dormeur qui tombe dans un profond sommeil. Il semblait à Aschenbach que le psychagogue[40] pâle et digne d'amour lui souriait là-bas, lui montrait le large ; que, détachant la main de sa hanche, il tendait le doigt vers le lointain, et prenant les devants s'élançait comme une ombre dans le vide énorme et plein de promesse. Comme tant de fois déjà il voulut se lever pour le suivre.Qelques minutes sécoulèrent avant que l'on accourût au secours du poète dont le corps s'était affaissé sur le bord de la chaise. On le monta dans sa chambre.Et le jour même la nouvelle de sa mort se répandit par le monde où elle fut accueillie avec une religieuse émotion. »
340
+
341
+ — Thomas Mann, La Mort à Venise[41] (Der Tod in Venedig).
342
+
343
+ Carlo Fruttero et Franco Lucentini, inséparables auteurs turinois, choisissent dans chacun de leurs romans une ville pour cadre à leur intrigue, tantôt policière, tantôt fantastique. Ils décident de situer L'Amant sans domicile fixe dans une Venise hivernale toujours envahie de touristes !
344
+
345
+ « Dans chaque groupe, il y a toujours une adolescente qui tombe amoureuse de Mr. Silvera, toujours une paires de vieilles demoiselles à l'inépuisable énergie, toujours un couple de conjoints querelleurs, toujours un hypocondriaque, toujours un tatillon pédant et mécomptant de tout, toujours un fouinard cancanier. C'est comme voyager avec un échantillonnage, pense Mr. Silvera, qui dans sa carrière itinérante a été aussi représentant en bijoux de fantaisie. D'une fois sur l'autre, les pierres, les modèles, les métaux changent, mais les colliers sont toujours des colliers et les broches, des broches.En qualité de chef de groupe, il est déjà passé par Venise à d'autres reprises, mais il connaît bien la cité pour y être venu précédemment et en des circonstances moins superficielles. Toutefois, de ses autres Venise, Mr. Silvera ne parle jamais, il les tient rigoureusement à l'écart, il ne s'en sert pas pour son travail actuel. Il pourrait indiquer aux vingt-huit un palazzo moins évident, enrichi d'une anecdote un campanile, attirer l'attention sur certain jardin, illuminer certaine coupole ; mais il s'en tient au minimum indispensable, pont des Scalzi, canal de Cannaregio, Fondaco dei Turchi, Ca' d'Oro, pont du Rialto... Il omet la riva del Vin, et après un instant d'hésitation, également le palazzo Bernardo.« Look, look, Mr. Silvera, a réal gondola !— Ah, dit Mr. Silvera, yes, indeed. »Il connaît d'autres noms d'embarcations locales (gondolino, caorlina, mascareta...) mais ne les révèle point. Parce que ce serait gaspiller son souffle, se dit-il, parce que certaines choses n'intéressent plus personne, et ses vingt-huit moins que quiconque.Mais la vérité est que sa Venise secrète de brocarts, d'ors, de pourpres, de cristaux, on ne peut pas même l'effleurer sans peine, et que, surtout, elle n'a rien en commun avec la Venise schématique, impersonnelle, de l’Impérial.S. Angelo, S. Tomà, Ca' Rezzonicco, Accademia. Le vaporetto passe de l'une à l'autre rive du Grand Canal, accoste, débarque trente Danois, embarque trente enfants qui rentrent de l'école, repart vers le prochain ponton avec un soubresaut prosaïque, laborieux, de mule aquatique.Le groupe doit descendre à Saint-Marc, pour visiter la place homonyme, la basilique homonyme et le palais des Doges. Mais en premier lieu pour manger. Mr. Silvera sait que s'ils ne mangent pas à l'heure fixée ils deviennent nerveux. »
346
+
347
+ — Carlo Fruttero, Franco Lucentini et François Rosso (traduction), L'amant sans domicile fixe, Robert Laffont, 2007[42].
348
+
349
+ La présence de canaux ou de chenaux dans plusieurs villes du monde fait qu'on les compare à Venise, telles que :
350
+
351
+ Plusieurs villes du nord de l'Europe, revendiquent l'appellation de « Venise du nord (en) en égard à leurs canaux, à laquelle s'ajoutent d'autres appellations :
352
+
353
+ Nombre de villes allemandes sont comparées à Venise, telles que :
354
+
355
+ Nombre de villes françaises sont comparées à Venise, telles que :
356
+
357
+ Nombre de villes norvégiennes, telles que :
358
+
359
+ Nombre de villes britanniques, telles que :
360
+
361
+ Plusieurs villes asiatiques revendiquent le surnom de Venise de l'Orient (en). Par exemple :
362
+
363
+ Nombre de villes chinoises, dont :
364
+
365
+ Nombre de villes japonaises, telles que[83] :
366
+
367
+ Le pays tirerait son nom d'une référence à Venise (Venizziola, petite Venise, Klein-VenedigKlein-Venedig)
368
+
369
+ En France, dans le Doubs, une ville s'appelant autrefois Vanisia se nomme aujourd'hui Venise.
370
+
371
+ Le territoire de la commune de Venise comprend plusieurs municipalités distinctes :
372
+
373
+ Le maire de Venise n'est pas élu par la seule partie dite historique de Venise, mais par l'ensemble des municipalités du territoire, qui pèsent nettement plus en termes de population que les habitants du centre historique de Venise. Venise fut longtemps un fief du PCI, le Parti communiste italien, dont Massimo Cacciari était membre. À la mort d'Enrico Berlinguer, il s'éloigna du parti, devenant proche de Romano Prodi.
374
+
375
+ Depuis 1171, la cité des doges comporte six quartiers appelés sestiere : Cannaregio, Castello, Dorsoduro avec l'île de la Giudecca, San Marco, San Polo et Santa Croce, auxquels s'ajoutent Murano, Pellestrina et le Lido. Les autres îles importantes (Burano, Torcello, San Erasmo) comme les localités de la terre ferme (Mestre, Marghera, Favaro Veneto, Zelarino et Chirignago) font partie du territoire de la Commune de Venise.
376
+
377
+ L'ensemble des territoires de la Commune représente une superficie totale de 41 317 hectares dont 25 302 sont recouverts par les eaux lagunaires. Les localités de la terre ferme occupent une superficie de 13 028 hectares, le Centre historique mesure à peu près 800 hectares et les principales îles, environ 2 186 hectares.
378
+
379
+ Campagna Lupia, Cavallino-Treporti, Chioggia, Jesolo, Marcon, Martellago, Mira, Mogliano Veneto (Trévise), Musile di Piave, Quarto d'Altino, Scorzè, Spinea.
380
+
381
+ Au 31 décembre 2007, la population totale de la commune de Venise est de 268 993 habitants (autant que le centre historique au XVIIIe siècle qui est aujourd'hui compté dans ce que l'on appelle la Venise insulaire : Venise plus les îles de Burano, Murano, Torcello, Sant' Erasmo et la Giudecca, qui compte 69 656 habitants). Sans les îles de Burano, Torcello et Murano, la population du centre historique (dont la Giudecca et Sacca Fisola) est au 31 décembre 2007 de 60 755 habitants.
382
+
383
+ La Venise dite littorale (Lido, Pellestrina) compte 21 688 habitants, celle de Mestre 88 178, celle de Favaro 23 488, celle de Marghera 28 301 et celles de Chirignago - Zelarino 37 682.
384
+
385
+ L'avenir et la sauvegarde de Venise passent par le maintien des populations dans leur habitat d'origine et des activités artisanales, commerciales et administratives qui permettent à la population de vivre. Contrairement aux idées reçues, le tourisme n'enrichit pas la ville[réf. nécessaire] et il contribue, par sa massification et sa pendularité (à certaines heures de la journée, il y a beaucoup de touristes et à d'autres, il y en a très peu) à chasser les habitants du centre historique. L'actuelle municipalité s'emploie à renverser cette situation en favorisant l'accès au logement pour les plus défavorisés et en veillant au maintien des activités traditionnelles, des commerces, des écoles et des entreprises du tertiaire qui ont leur siège dans le centre historique.
386
+
387
+ Mais, dans le même temps, les hôtels ont été autorisés à ouvrir des chambres dans des appartements situés dans des maisons voisines et le nombre d'appartements loués en tant que locations de vacances à la semaine, ne cesse d'augmenter sans que la municipalité n'intervienne. D'où une nouvelle flambée des prix de l'immobilier qui oblige les jeunes Vénitiens à partir habiter sur la terre ferme, n'étant plus capables d'acheter dans le centre historique.
388
+
389
+ Habitants recensés
390
+
391
+
392
+
393
+ En 2012, la ville affichait les jumelages suivants[84] :
394
+
395
+ Par ailleurs, elle a conclu des accords de coopération avec les villes suivantes :
396
+
397
+ Sur les autres projets Wikimedia :
398
+
399
+ Art rupestre du Valcamonica (1979) · Centre historique de Rome, les biens du Saint-Siège situés dans cette ville bénéficiant des droits d'extra-territorialité et Saint-Paul-hors-les-Murs (1980) (avec le Vatican) · L'église et le couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie avec « La Cène » de Léonard de Vinci (1980) · Centre historique de Florence (1982) · Piazza del Duomo à Pise (1987) · Venise et sa lagune (1987) · Centre historique de San Gimignano (1990) · Les Sassi et le parc des églises rupestres de Matera (1993) · Ville de Vicence et les villas de Palladio en Vénétie (1994) · Centre historique de Naples (1995) · Centre historique de Sienne (1995) · Crespi d'Adda (1995) · Ferrare, ville de la Renaissance, et son delta du Pô (1995) · Castel del Monte (1996) · Centre historique de la ville de Pienza (1996) · Les trulli d'Alberobello (1996) · Monuments paléochrétiens de Ravenne (1996) · Cathédrale, Torre Civica et Piazza Grande, Modène (1997) · Côte amalfitaine (1997) · Jardin botanique (Orto botanico), Padoue (1997) · Résidences des Savoie (1997) · Su Nuraxi de Barumini (1997) · Palais royal du XVIIIe siècle de Caserte avec le parc, l’aqueduc de Vanvitelli et l’ensemble de San Leucio (1997) · Portovenere, Cinque Terre et les îles (Palmaria, Tino et Tinetto) (1997) · Villa romaine du Casale (1997) · Zone archéologique d’Agrigente (1997) · Zones archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata (1997) · Centre historique d’Urbino (1998) · Parc national du Cilento et du Vallo Diano, avec les sites archéologiques de Paestum et Velia et la Chartreuse de Padula (1998) · Zone archéologique et la basilique patriarcale d'Aquilée (1998) · Villa Adriana (Tivoli) (1999) · Assise, la Basilique de San Francesco et autres sites franciscains (2000) · Ville de Vérone (2000) · Villa d'Este, Tivoli (2001) · Villes du baroque tardif de la vallée de Noto (sud-est de la Sicile) (2002) · Sacri Monti du Piémont et de Lombardie (2003) · Nécropoles étrusques de Cerveteri et de Tarquinia (2004) · Vallée de l'Orcia (2004) · Syracuse et la nécropole rocheuse de Pantalica (2005) · Gênes, les Strade Nuove et le système des palais des Rolli (2006) · Chemin de fer rhétique dans les paysages de l’Albula et de la Bernina (2008) (avec la Suisse) · Mantoue et Sabbioneta (2008) · Les Lombards en Italie. Lieux de pouvoir (568-774 après J.-C.) (2011) · Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes (avec cinq autres pays) (2011) · Paysage viticole du Piémont (2014) · Palerme arabo-normande et les cathédrales de Cefalú et Monreale (2015) · Ouvrages de défense vénitiens du XVIe siècle au XVIIe siècle : Stato da Terra - Stato da Mar occidental (avec la Croatie et le Monténégro) (2017) · Ivrée, cité industrielle du XXe siècle (2018) · Les Collines du Prosecco de Conegliano et Valdobbiadene (2019)
400
+
401
+ Isole Eolie (Îles Éoliennes) (2000) · Monte San Giorgio (2003) (avec la Suisse) · Les Dolomites (2009) · Mont Etna (2013) · Forêts primaires de hêtres des Carpates et d’autres régions d’Europe (avec 12 pays) (2017)
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1
+ Une enchère est une « offre d’un prix supérieur à la mise à prix, ou au prix qu’un autre a déjà offert, en parlant des choses qui se vendent ou s’afferment au plus offrant »[1]. Le terme synonyme de « vente aux enchères » au Québec est « encan ».
2
+
3
+ Une vente aux enchères est « un mécanisme structuré de négociation par lequel un agent économique (vendeur ou acheteur) met en concurrence plusieurs autres agents, durant un laps de temps limité, en vue de leur vendre ou de leur acheter des biens ou des services aux meilleures conditions. La finalité d'une vente aux enchères consiste à déterminer de manière objective le prix de réalisation d'une transaction commerciale »[2].
4
+
5
+ Deux éléments essentiels ressortent de cette définition :
6
+
7
+ Les enchères sont des mécanismes d’allocation de ressources rares dont l’utilisation remonte à l’Antiquité. On reconnaît généralement que l’histoire des enchères a débuté vers 500 av. J.-C. avec le marché du mariage de Babylone. Dans ces écrits, Hérodote décrit des enchères au premier prix au cours desquelles la main des jeunes femmes était accordée au plus offrant.
8
+
9
+ Dans la Rome antique, il était fréquent que les biens confisqués lors de guerres de conquête soient vendus aux enchères publiques.
10
+
11
+ Le terme auctio désignait toutes les ventes aux enchères, celles des particuliers et de l'Etat, les ventes volontaires comme les ventes forcées. Diverses formalités les entouraient. Elles étaient précédées de publicité par affiches ou annonces verbales faites par le praeco, le crieur ; donnaient lieu à la rédaction d'un cahier des charges, appelé lex bonorum vedendorum[3]. Elles avaient lieu par l'intermédiaire d'un officier public, le magister et d'officiers publics intermédiaires, les auctionatores. Les auctionatores réalisaient les ventes aux enchères à l'aide du crieur, le praeco, dans la salle de vente appelée atrium auctionarium.
12
+
13
+ Après les invasions barbares du Ve siècle, la profession d’auctionator disparaît pour ne réapparaitre véritablement qu'à l'époque moderne.
14
+
15
+ En France, une ordonnance de Saint Louis de 1254 relative à l’organisation du guet de Paris, différencie les ventes volontaires, confiées aux marchands fripiers et les ventes judiciaires confiées aux sergents à verge dans Paris et sa banlieue et aux sergents à cheval dans les baillages et sénéchaussées.
16
+
17
+ C’est Henri II par un édit de 1556 qui introduit en France le commissaire-priseur moderne par la création : « d’offices formels et perpétuels de Maîtres priseurs de biens meubles pour, privativement à tous autres, faire les prisées, estimations et ventes, partages et lots de biens meubles qui seraient requis et nécessaires pour faire cesser esdits lieux les fraudes, intelligences et pratiques, abus et autres malversations ».
18
+
19
+ Louis XV confirme par un édit de 1758 le maintien  dans leurs fonctions des Huissiers-Commissaires-priseurs vendeurs de meubles moyennant finances. C’est la première apparition du terme « commissaire-priseur » dans les textes.
20
+
21
+ Lors de la Révolution Française, les huissiers-priseurs de province furent supprimés en juillet 1790, puis ce fut au tour des huissiers-priseurs parisiens en septembre 1793.
22
+
23
+ C’est en mars 1801 (27 ventôse an IX) que Napoléon Bonaparte, premier consul, rétablit des offices de commissaires-priseurs à Paris, avec la création de 80 charges. Les nominations sont effectuées par le tribunal d’instance de la Seine, une chambre de discipline est créée et la rémunération des commissaires-priseurs devient décroissante par tranche.
24
+
25
+ La province suit par une ordonnance de Louis XVIII en 1816 qui rétablit des offices de commissaires-priseurs en province, « au chef lieu d’arrondissement ou siège un tribunal de grande instance ou une agglomération de plus de 5 000 âmes ».
26
+
27
+ L’ordonnance de 1816 maintes fois modifiée est toujours en vigueur à ce jour et reste l’un des fondements de la profession actuelle de commissaire-priseur judiciaire[4].
28
+
29
+ Dans les sociétés contemporaines, les mécanismes de vente aux enchères ont été traditionnellement utilisés pour les produits de l’agriculture et de l’élevage. Parallèlement, les objets pour lesquels il est difficile d’estimer les coûts de production et ceux pour lesquels les coûts ne reflètent pas la valeur font également l’objet de ventes aux enchères (comme c’est le cas pour les objets et œuvres d’art).
30
+
31
+ Plus récemment[Quand ?], les enchères sont devenues un mode d’achat et de vente de plus en plus répandu. Ainsi les ventes aux enchères concernent des biens ou des services de plus en plus complexes comme des concessions pétrolières, des licences de téléphonie mobile ou encore des fréquences radio et des biens ayant une valeur de plus en plus grande.
32
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33
+ Avec l'apparition des premières ventes aux enchères sur Internet en 1995 sur le site Onsale, puis sur le site eBay[5], acheter et vendre aux enchères s'est popularisé de manière exponentielle. Les enchères en ligne ont permis la suppression des contraintes géographiques et de temps : les acheteurs potentiels peuvent enchérir n'importe quand, à domicile. Ce mode d’achat et de vente a aussi permis d’étendre considérablement la diversité des produits mis en vente, qu'il s'agisse de biens neufs ou d'occasion.
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+ Il existe une très grande diversité de mécanismes d'enchères que l'on peut classer dans trois grandes catégories[2] :
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+ La classification des différents mécanismes est complexe car chaque grande catégorie peut se décliner en sous-catégories : enchères anglaises standards, enchères anglaises inversées, enchères inversées sous pli cacheté, enchères adjudications multiples séquentielles ou simultanées...
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+ On peut aujourd’hui recenser plus de trente mécanismes différents[2] si l'on reprend ceux plus atypiques ou inclassables tels que les enchères doubles de type boursiers (où les deux côtés du marché sont en concurrence), les enchères de type Google Adwords, les enchères Real time Bidding, les enchères silencieuses...
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+ La performance des différents types de mécanismes varie en fonction de nombreux paramètres comme la stratégie poursuivie par le vendeur, les enchérisseurs, la nature des informations communiquées à chacun...
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+ À titre d'exemple, voici quelques mécanismes courants expliqués :
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+ Ces enchères sont certainement les plus populaires et les plus communes de toutes. Il s'agit d'enchères ascendantes (le prix augmente durant la vente) où l'organisateur de la vente (en France, on parle d'un commissaire-priseur) commence avec un prix de départ, chaque intéressé offre dès lors successivement un prix plus élevé, tout en respectant une surenchère minimum (aussi appelé incrément minimal). Le processus d'élimination s'arrête lorsqu'il ne reste plus en lice qu'un candidat. Le bien est attribué au candidat « le plus offrant » (s'il atteint ou dépasse le prix de réserve fixé par le vendeur) soit au prix que ce dernier a proposé « au premier prix », soit à un prix de cession égal à l'offre la plus élevée parmi celles des candidats éliminés, appelé « deuxième prix » (version japonaise). Ce dernier cas est donc stratégiquement analogue à celui d'une enchère fermée au second prix. L'enchère ascendante est le processus courant dans les salles de ventes.
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+ Il s'agit d'enchères descendantes ou dégressives (le prix baisse continuellement durant le processus). Dans ce mécanisme, l'organisateur de la vente annonce un prix de départ élevé, puis l’abaisse par étapes, jusqu'à ce qu'un enchérisseur se déclare preneur. Le bien est alors attribué à cet enchérisseur « le plus offrant », à un prix de cession égal à son offre, appelé « premier prix » (les offres des autres candidats restent, dans cette procédure, inconnues). Ce type d'enchère rend la procédure d'allocation très rapide, c'est pourquoi elle est utilisée pour la vente de denrées périssables, comme aux Pays-Bas pour la vente des fromages et des fleurs coupées et au Japon sur les marchés au poisson.
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+ Dans ce cas de figure, il s'agit d'un acheteur qui initie la vente en demandant à des vendeurs/fournisseurs potentiels de lui remettre leur meilleure offre de prix pour s’approvisionner chez eux. C'est un type d'enchères descendantes vu que le prix baisse à chaque nouvelle enchère. Ce mécanisme d'enchères se rencontre très fréquemment au niveau des processus d'attribution des marchés publics. Il s'agit bien d'enchères anglaises vu que les différents fournisseurs/vendeurs sont constamment informés des offres faites par les enchérisseurs concurrents et peuvent réagir en proposant un prix plus bas[2]. À la fin des enchères, le vendeur ayant proposé le prix le moins élevé remporte le marché et c'est donc à ce prix que l’acheteur devra lui acheter le bien ou le service.
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+ Remarque : Le terme « enchère inversée » est très fréquemment utilisé sur internet pour désigner les sites d'enchères aux centimes[6] ou enchères à un sou. En réalité, ces sites appliquent des enchères ludiques et non pas de réelles ventes aux enchères. Leur fonctionnement est basé sur le principe de loterie (voir aussi enchères Pay to bid).
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+ L'enchère la plus connue du grand public est celle où un vendeur offre un produit/service pour lequel des acheteurs font des offres compétitives. Les enchères inversées fonctionnent de manière opposée : C'est l'acheteur qui prend l'initiative en diffusant les détails de son cahier des charges vers une cible de vendeurs/fournisseurs qui, s'ils sont intéressés, disposent alors d'un temps limité pour faire des propositions de prix de manière compétitive.
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+ L'information donnée au fournisseur quant à son positionnement dans l'enchère peut être de deux types : (1) visibilité totale, le fournisseur a connaissance des offres effectuées par ses concurrents en tout anonymat ou (2) classement, le fournisseur est informé qu'il est le premier ou pas le premier, ou qu'il est 1er, 2e, 3e, etc. Les mécanismes d'enchère vus précédemment (anglais, hollandais...) sont également applicables. Ainsi lors d'enchères inversées au format anglais, les différents fournisseurs-vendeurs font des offres descendantes. Par contre, lors d'enchères inversées hollandaises, l'acheteur augmente son prix jusqu'à ce qu'un des fournisseurs-vendeurs se déclare preneur.
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+ En théorie, le principe des enchères anglaises inversées peut être utilisé pour pourvoir des postes d'emploi. Ainsi, une entreprise pourrait proposer une rémunération maximale pour un poste. Les différents candidats à ce poste peuvent enchérir à la baisse, celui proposant le salaire le moins élevé 'remporte' le poste.
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+ Une mauvaise publicité[Par qui ?] a été faite autour de l'enchère inversée en raison de l'usage abusif d'acheteurs professionnels qui ne se focalisent que sur le prix et qui voient dans l'enchère un instrument pour des performances rapides portées à leur crédit[réf. nécessaire]. Pour pallier cet inconvénient les Directions d'Achat responsables ont mis en place l'enchère multicritère ou multi-paramètres qui permet la prise en compte, non seulement du prix, mais de nombreux autres paramètres quantifiés au travers d'une formule de « coût total d'acquisition »[réf. nécessaire].
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+ Internet a donné un regain de vie aux enchères. Initialement mises en œuvre par des « commissaires priseurs » appartenant à des institutions ou sociétés spécialisées, elles peuvent maintenant, grâce à Internet, être montées ou utilisées par un large public.
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+ À la vente, certains sites marchands proposent aux particuliers de mettre aux enchères des articles sur un site web internet. Dans ce cas, il s'agit le plus souvent d'une application de l'enchère de Vickrey où le vainqueur paie en réalité le prix proposé par le second (à un delta près). Mais tous les types de format sont potentiellement utilisables.
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+ À l'achat, les Places de Marché sont des sites Internet spécialisés dans l'aide à la fonction achat des entreprises. Elles peuvent être soit « publiques », propriété d'un actionnaire indépendant, soit « privées », propriété d'une entreprise ou d'un club d'entreprises. Elles proposent de nombreux outils parmi lesquels des outils pour mettre en ligne des enchères inversées.
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+ Pour participer à ce type d'enchères, chaque participant doit payer pour participer à la vente un montant non remboursable. Finalement il n'y aura cependant qu'un seul gagnant. Par exemple, lors d'une vente aux enchères caritatives organisée à l'occasion d'un gala, les participants ont dû s'acquitter préalablement d'un droit d'entrée au gala. Par analogie, c'est le même principe qui s'applique pour des sportifs participant à une compétition sportive (tous fournissent des efforts pour s'entraîner) ou pour des hommes politiques participant à une élection (ils payent de leur temps et pour leur campagne)[7].
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+ Chaque fois qu'un enchérisseur veut déposer une enchère, il doit payer à l'organiseur de la vente un montant déterminé à titre de frais. L'enchérisseur va par conséquent essayer de remporter la vente en déposant le moins d'offre possible afin d'éviter les frais. C'est cette modalité qui est aussi utilisée comme mode de financement des sites « d'enchères aux centimes »[8].
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+ Le principe de l'enchère au cadran est celui de la traditionnelle vente au cadran : les prix décroissent sur des durées prédéterminées et le premier qui fait acte d'achat remporte la vente. Ce type d'enchère dégressive est utilisée principalement dans le commerce alimentaire (fruits et légumes), dans le domaine agricole (marchés aux bestiaux) ou dans l'horticulture. Elle fait également son apparition depuis peu dans l'immobilier, avec l'enchère immobilière dégressive[9].
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+ La vente à la bougie, aussi appelée "vente à la chandelle", est une pratique très ancienne. Le principe de l'enchère « à la bougie » est celui d'une vente aux enchères ascendantes classique, la bougie servant à déterminer la dernière enchère. À chaque enchère, une bougie est allumée. Si elle s'éteint sans nouvelle enchère, une seconde bougie est allumée, puis une troisième. À son extinction, le dernier enchérisseur emporte l'objet. Les bougies en question sont suffisamment petites pour que le temps de combustion soit réduit, habituellement d'un temps de 30 secondes. Elle est aujourd'hui toujours utilisée dans certaines salles d'enchères par les notaires de France, bien que les bougies traditionnelles soient souvent remplacées par des signaux lumineux ou sonores[10].
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+ Il s'agit d'une vente aux enchères qui se déroule en deux tours. Le premier tour sert à qualifier les enchérisseurs qui pourront participer à la deuxième phase de la vente. Le premier tour se déroule en utilisant un mécanisme d'enchères anglaises (standards ou inversées), les x enchérisseurs ayant fait la meilleure offre sont retenus pour participer au deuxième tour qui se déroule alors selon un mécanisme d'enchères hollandaises.
76
+ Voir Klemperer 2002
77
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+ La procédure est effectuée par un tiers, par exemple un commissaire-priseur ou un site internet spécialisé. Les enchères sont triées prioritairement par prix (l'offre la plus élevée arrive en premier), puis par quantité, puis par heure de placement, ce qui détermine l'adjudication.
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+ S'il y a un prix de réserve qui n'est pas atteint, la procédure est annulée. Très souvent un délai supplémentaire est accordé pour faire une surenchère.
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+ Il y a des enchères spéciales, par exemple, lorsque les prix suivent un changement vers le moindre et l'adjudicataire (donc unique) est celui qui accepte la transaction aux conditions de ce moment.
83
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+ Il existe également une variante assez ancienne : la vente à la bougie, encore pratiquée de nos jours.
85
+
86
+ Les appels d'offres pour les contrats publics de concessions, travaux, prestations ou fournitures obéissent à un système d'enchères sous enveloppe cachetée.
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88
+ Régulièrement des records sont battus dans les grandes sociétés internationales de vente aux enchères comme Sotheby's pour des objets de renommée particulière.
89
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90
+ Il existe également des enchères immobilières où sont vendus des biens immobiliers (comme les ventes judiciaires, les ventes notariales et les ventes des domaines).
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+
92
+ Lorsque quelqu'un désire acheter ou vendre un bien ou un service par un mécanisme d’enchère, elle désire maximiser le gain qu’elle en retirera.
93
+ On peut se demander quel mécanisme d’enchère permet de maximiser ce gain ou encore d’assurer l’efficacité allocative. L’intuition seule ne permet pas de répondre à cette question et il est nécessaire de procéder à une analyse formelle des mécanismes d’enchères.
94
+
95
+ Cette démarche de formalisation est relativement récente. C’est Milton Friedman qui a publié en 1955 la première étude conceptuelle majeure dédiée aux enchères. Selon celle-ci, la stratégie des enchérisseurs est fondée sur une stratégie de « mise » définie qui permet de maximiser son espérance de gain compte tenu de la valeur qu’il accorde au bien mis en vente. Cependant, la portée de cette première étude est limitée car elle suppose que les autres enchérisseurs n’élaborent pas de stratégie et que leur comportement actuel est déterminé par leur comportement passé.
96
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97
+ La théorie des jeux permet de dépasser ces limites et de prendre en compte le comportement stratégique des acteurs et les interactions entre stratégies individuelles. Développée dans les années 1940 et appliquée pour la première fois à la théorie des enchères par William Vickrey en 1961, la théorie des jeux permet de décrire l’enchère comme un jeu et d’analyser le comportement des participants. On est dès lors en mesure d’identifier un équilibre stratégique du jeu qui détermine la stratégie optimale pour chaque joueur, étant donné les stratégies des autres joueurs.
98
+
99
+ Enfin, grâce aux travaux de l'économie expérimentale plusieurs théories ont pu être confirmées ou réfutées. C'est l'exemple du théorème d'équivalence des revenus (Vickrey (1961), Meyerson(1981), Riley et Samuelson (1981)) selon lequel pour des joueurs neutres face au risque, le prix espéré payé par l'acheteur (revenu espéré dans le cas du vendeur) est le même dans les quatre enchères : premier prix et second prix, anglaise et hollandaise. Ce théorème n'est, selon les expérimentalistes, absolument pas valable (voir résultats dans la section enchères standards sous plis cachetés).
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+ Au XIXe siècle, les commissaires-priseurs se préoccupent déjà de la publicité des ventes, que favorise l'essor de la presse. On y découvre la Gazette de l'Hôtel Drouot, l'hebdomadaire traitant de toutes les ventes aux enchères.
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+ En plus des affiches apposées directement sur la façade du bâtiment, les ventes sont annoncées dans des journaux spécialisés tels que Le Gratis (créé en 1834) et qui était distribué dans les diligences parisiennes. Il deviendra par la suite Le Moniteur des ventes.
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+ En 1999, des écrans d'ordinateurs placés à tous les étages de l'actuel Hôtel des ventes informent les visiteurs des expositions et ventes du jour.
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+ Aujourd'hui, les ventes aux enchères se font de plus en plus sur Internet.
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+ Quel que soit le système d'enchère, on observe un grand nombre de dérives à la fois du côté des opérateurs de ventes ainsi que du côté des acheteurs qu'ils soient institutionnels, professionnels ou encore particuliers.
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+ Le 20 janvier 2014, le Conseil des ventes, organisme disciplinaire, condamne la société Europ Auction et deux de ses commissaires priseurs à une interdiction d'exercer allant jusqu'à 9 mois pour une série de manquements et d'infractions (enchères fictives, publication de faux résultats, non-paiement des vendeurs...) révélateurs des difficultés de la profession à assurer la transparence de ses activités[11].
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+ Les enchères fictives, appelée aussi « bourrage », sont une atteinte au droit des acquéreurs. Elles consistent pour un commissaire priseur à faire monter le prix d'un bien entre un acheteur réel et un ou plusieurs acheteurs fictifs, ou à faire monter le prix entre uniquement des personnes fictives. Cette pratique ancienne trouve différentes justifications. La première est de lutter contre la pratique de la « Révision ». Pour autant cette justification est très régulièrement contestée par les acheteurs témoins de cette pratique d'enchère fictive déloyale, systématisée dans de nombreux hôtel de ventes. Les commissaires priseurs usant de cette pratique font, entre autres, usage d'enchérisseurs fictifs par téléphone[12]. Il y a également l'expression « C'est pris à la table à X €, en voulez-vous », signifiant que le commissaire priseur joue à la fois le rôle d'adjudicateur et de commissionnaires ayant eu une offre d'achat avant la vente par un ou plusieurs acheteurs fictifs. L'opérateur peut également faire semblant d'observer des signes dans la salle : les clients étant placés face au commissaires, il leur est difficile de savoir si un enchérisseur a réellement fait un geste. La législation varie d'un État à l'autre. Pour autant, cette pratique reste très largement autorisée. La jurisprudence est très clémente et donne raison à l'opérateur. Par exemple, concernant la vente d’une œuvre de Max Ernst, le jugement a retenu que le commissaire-priseur « qui a implicitement reconnu avoir recours à des tiers connus pour animer les enchères, était, vis-à-vis des acquéreurs, libre d’adopter l’attitude la plus conforme aux intérêts de son client, et de déterminer conformément à son mandat si les enchères étaient suffisantes »[13].
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+ Dans de nombreux pays, et notamment en France depuis la loi du 20 juillet 2011[14], les commissaires priseurs peuvent, suivant leur volonté, vendre un bien qui leur est confié, soit en le soumettant aux enchères lors d'une vente publique ayant fait suite à une publicité préalable, soit en procédant à une vente de gré à gré. La vente de gré à gré est une simple vente entre l'opérateur de vente et un acheteur de son choix. Les règles diffèrent d'un État à un autre. Pour autant, les dérives demeurent similaires dans les faits. La vente de gré à gré est normalement prévue dans un mandat[14] signé par le vendeur, ce qui autorise le mandataire à user de cette procédure s'il le souhaite. La dérive consiste ici à favoriser un ou plusieurs acheteurs au détriment d'autres acheteurs potentiels qui ignoreront l'existence de cette vente. Les acheteurs favorisés pourront ainsi acheter le bien moins cher, puisqu'il n'y a plus de risques de surenchères et de concurrences. La publicité de la vente reste peu visible quand bien même un procès-verbal doit être dressé si la vente de gré à gré se finalise. Le vendeur est quant à lui lésé également puisque son bien se vendra moins cher et par la signature du mandat, il ne peut plus faire appel.
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+ Quel que soit le pays, tout opérateur de vente aux enchères à des obligations légales de publicité. Avant toute vente aux enchères, le commissaire-priseur doit faire de la publicité sous toute forme qu'il juge appropriée. Il peut recourir à la presse, à la radio ou à un ou plusieurs autres médias. Cette publicité comprend une description des biens à vendre, la date et le lieu de la vente, les garanties financières de l'organisme chargé de la vente, la dénomination sociale...
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+ Pour qu'une vente aux enchères ait des chances de réussir, il est important de réunir le plus d'acheteurs potentiels pour un même bien. L'opérateur de la vente aux enchères doit faire de la publicité par tout moyen qu'il jugera utile[15]. Il va de soi qu'une vente ayant fait l'objet d'une publicité faible voire inexistante, rend les chances de réussite de la vente peu effective. Un acheteur potentiel peut ignorer l'existence de la vente et donc perdra toute occasion de porter une enchère. L'opérateur des ventes en procédant de la sorte privilégie les acheteurs de son choix en les informant de l'existence de la vente. Certains commissaires priseurs ont tendance à créer une distinction hiérarchique dans la qualité de leur vente en parlant de « vente courante » et de « belle vente ». Les ventes dites courantes sont en principe de qualité moindre en raison des biens à vendre qui sont de faible valeur ou qui n'ont pas un prestige particulier. Une vente courante fait l'objet d'une couverture publicitaire beaucoup plus faible. Il y a là aussi le fait de placer un bien de grande valeur dans une vente courante et non pas dans une belle vente, en vue là encore d'écarter un certain nombre d'acheteurs.
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+ Bien que les législations divergent, un certain nombre de règles tendent à s'harmoniser. En matière de publicité des ventes aux enchères, on trouve comme constante l'obligation de donner une description précise des biens à vendre. L'opérateur de vente doit indiquer l'état général de l'objet, préciser s'il est abîm��, s'il a fait l'objet d'une restauration, indiquer s'il s'agit d'un bien neuf ou d'un bien ancien, préciser si le vendeur est un professionnel ou un particulier[15]... Il s'agit là d'une des dérives les plus pratiquées par certains opérateurs de ventes aux enchères. Tout bien ayant fait l'objet d'une restauration substantielle doit avoir une description précise de son état d'origine et des démarches réparatrices entreprises[16]. Plus couramment à titre d'exemple, beaucoup de peintures font l'objet de retouche à la suite de destructions partielles (manques, toiles percées...), des sculptures retouchées, des verreries recoupées... Autre dérive du même ordre et qui ne porte plus sur l'état mais sur la nature du bien. L'exemple type est la contrefaçon. Les opérateurs de ventes peuvent parfois fermer les yeux sur des peintures ayant une fausse signature, ou sur une copie d'un bronze ayant fait l'objet d'une refonte (la datation étant très complexe et difficilement vérifiable par l'adjudicataire)... Afin de se prémunir de tout recours judiciaire, certains opérateurs acceptent de prendre certains biens à la vente en sachant qu'il s'agit sûrement de faux en ajoutant sur leur catalogue la mention « Attribué à » ou « Attr. à »[17]. En procédant ainsi, l'opérateur laisse entendre qu'il s'agit sûrement de tel artiste de tel type de bien mais qu'il préfère rester prudent sur l'authenticité et qu'il se peut qu'il se trompe. Cette mention, est donc double : elle signifie qu'un bien est l’œuvre d'un artiste ou peut-être pas et qu'en dernier chef, c'est à l'adjudicataire que revient la responsabilité de juger de quoi il s'agit. Cette ambivalence prête à confusion et favorise les abus comme la vente de faux fonds d'atelier...
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+ Les « ventes montées » sont des ventes préparées, organisées et réalisées, non pas par un opérateur de vente (commissaire priseur, notaire...), mais par un tiers (un marchand, un expert, un particulier...) qui en assure le suivi[18]. Les ventes montées sont l'une des dérives les plus courantes. Elles sont en partie tolérées dans les faits, bien que les législations les interdisent formellement. Ce type de ventes recouvre plusieurs réalités.
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+ Une vente montée peut servir à créer et à fausser les cotations des artistes, qu'ils soient morts ou vivants. De nombreuses sociétés de cotations se basent sur les procès-verbaux dressés par les opérateurs de ventes pour constituer leur base de données. Les résultats de ventes servent ainsi de références vénales.
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+ Un sculpteur peut ainsi utiliser les hôtels de ventes pour se créer une cote en enchérissant sur ses propres œuvres, directement (par téléphone en général) ou indirectement, par le biais d'une tierce personne. Cet artiste ne devra payer que les frais de l'opérateur, puisqu'en tant que vendeur il récupère une partie du fruit de la vente. Il est à la fois acheteur et vendeur. Un tiers peut donc, en association de fait avec un opérateur, organiser des ventes aux enchères et influencer le cours des cotations. Ce tiers peut être un artiste, comme dans l'exemple précédent, ou un marchand n'ayant pas pignon sur rue. Ce dernier se constitue un ensemble de biens à vendre correspondant de préférence à une thématique (vente d'art russe, de peinture maritime, de meubles de style...). Une fois cet ensemble suffisamment dense pour permettre le montage d'une vente, le tiers se charge de préparer la vente[18] (constitution et impression de catalogues, définition des prix, des descriptions, des moyens publicitaires...) et en assure le suivi. Puis, lors de la vente, ce tiers fait en sorte que les prix pour une partie de ces biens soient très élevés, grâce à des enchères fictives, soit par la complicité de l'opérateur, soit par des enchères d'hommes de paille. Il est ainsi possible, en répétant l'opération sur plusieurs ventes successives, de créer de toutes pièces un marché avec une cote fictive qui augmente le prix des biens, qu'il est ensuite possible de revendre directement, ou lors de ventes montées sans enchères fictives, les enchères étant cette fois portées par des investisseurs ou des collectionneurs non avertis.
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+ Dans certains États, comme la France, l'exercice d'une profession d'opérateurs de ventes aux enchères est réglementée. Un tiers qui souhaiterait exercer ce type de professions doit posséder des titres, des diplômes, des habilitations... Or l'accession à ces professions est très rigide dans certains territoires. Ainsi, un tiers peut décider d'organiser des ventes, pratiquer tous les actes habituellement effectués par un opérateur de ventes[18]. Puis le jour de la vente, laisser l'opérateur adjuger les différents lots mis aux enchères, ce qui en apparence laisse penser que la vente est le fruit unique du travail de l'opérateur. Le tiers peut dans ce cas être condamné pour exercice illégal de la profession d'opérateur de ventes (commissaire priseur...).
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+ La concurrence dans le monde des ventes aux enchères est importante. La marchandise tend à se raréfier[19]. Beaucoup d'opérateurs de ventes ont tendance à se spécialiser dans un domaine (instruments de musique, véhicules, spiritueux...) afin de se créer une notoriété. De même que certains opérateurs tentent de s'imposer sur un territoire et jouent la proximité. La pratique de ventes montées permet pour tous ces opérateurs d'obtenir une forme de promotion publique sur un marché. Un tiers qui par exemple va réunir un ensemble de lots ayant trait par exemple à la Provence, au bord de mer (globe, compas, meubles provençaux...) et qui monte sa vente sous couvert d'opérateur. Le tiers exerce illégalement des prérogatives normalement dévolues à un opérateur de ventes. L'opérateur de vente accepte de couvrir cette vente montée, qui lui offre une notoriété dans le domaine visé par la vente. Il n'est pas rare de voir ainsi plusieurs fois dans l'année ou sur plusieurs années, les mêmes biens régulièrement remis en vente, passant pour être vendus à chaque fois. En effet, certains tiers organisent non pas une mais plusieurs ventes montées en utilisant et en enrichissant régulièrement leur ensemble de biens. Ce phénomène, avec l'avènement de l'outil internet, rend particulièrement visible cette pratique frauduleuse. On peut, par exemple, constater qu'un tableau a été mis en vente dans une grande ville au mois de janvier, puis le revoir en vente quatre mois plus tard dans une autre salle des ventes en province, avec à chaque fois des résultats de ventes. Cela permet à certains opérateurs, notamment les plus faibles sur le marché (certains opérateurs en province...) de présenter des biens en vente, sans quoi ils ne pourraient pas organiser de ventes aux enchères normales, car n'ayant pas assez de clients prêts à leur confier des biens à la vente.
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+ Les frais sont, la plupart du temps, calculés d'après un pourcentage fixe. Les acquéreurs et vendeurs peuvent ignorer qu'à ces frais, ils vont devoir, suivant les législations en vigueur dans leur pays, devoir s’acquitter d'un droit de suite pour les ayants droit (l'artiste ou ses descendants). Il y a également, de plus en plus, des droits de garde à payer pour les acquéreurs ce qui est une contrainte de prix car si l'acheteur ne peut pas prendre le lot le jour même, il devra alors s'acquitter de frais supplémentaires pour le stockage du bien acquis. Enfin, avec l'émergence des nouvelles technologies, les enchères se font également par voie informatique, les opérateurs classiques (commissaires priseurs...) de ventes ajoutent environ 3 à 4 % de frais supplémentaires. Suivant la qualité d'un objet, certains commissaires priseurs imposent l'obtention d'un certificat d'expertise par des cabinets partenaires dont le montant de cette prestation est calculé d'après un pourcentage sur la vente ou sur la base d'un forfait fixe.
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+ Suivant les pays où sont organisées les ventes, les opérateurs de vente ont pour obligation de dresser un procès verbal signifiant les résultats de vente. Le public doit être informé des résultats. Pour autant, certains commissaires priseurs ne transmettent pas les résultats, en usant de formule comme « Prix de vente non communiqué » ou « Prix non communicable »... Cette absence d'informations à plusieurs conséquences déloyales. La non communication des résultats permet aux acquéreurs des lots de les revendre a un prix plus élevé sans que le nouvel acquéreur sache combien son vendeur l'a acheté précédemment aux enchères. Il y a donc une discrimination entre les acquéreurs au sein d'un même hôtel des ventes, voire sur une même vente aux enchères. Par ailleurs, cacher les résultats, permet à des vendeurs qui organisent des ventes montées de cacher au public les lots n'ayant pas été vendus. Le commissaire-priseur préserve la valeur illusoire des objets invendus de son vendeur. Un objet invendu relevant d'une cote peut donc faire baisser le niveau de cotation globale d'un artiste (peintre, sculpteur...) ou d'un type de biens (style Empire, Horlogerie...). Certains vendeurs proposent parfois le même objet dans plusieurs hôtels des ventes. Par exemple, une première fois dans une ville où le bien ne se vend pas, puis une seconde fois dans une autre ville et ainsi de suite jusqu'à que l'objet trouve preneur. Tant que le résultat d'objet invendu n'est pas transmis au public, le vendeur peut facilement le vendre plus cher. En revanche, si l'objet invendu a été correctement annoncé comme invendu lors des ventes précédentes, alors les futurs acquéreurs potentiels peuvent tenter d'enchérir en toute connaissance de cause. Sachant l'objet invendu auparavant, ils seront donc tentés d'enchérir moins haut car sachant que l'objet intéresse peu de personnes. En dernier lieu, les lots invendus sont une très mauvaise publicité pour les commissaires priseurs. La non communication des résultats permet aux hôtels des ventes non respectueux de cette obligation d'information de jouir d'une meilleure image auprès de futurs vendeurs potentiels. Un particulier souhaitant vendre un objet sera davantage en confiance en traitant avec un commissaire priseur ayant très peu de lots invendus.
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+ Voici une liste non exhaustive de dérives pratiquées par certains opérateurs.
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+ Avant qu'une vente aux enchères débute, un groupe d'acheteurs désigne l'un d'entre eux pour enchérir sur un bien. Si celui-ci remporte les enchères, il paye les frais imposés par l'opérateur des ventes (commissaires priseurs...), puis, dans un second temps, il rejoint son groupe d'acheteurs pour relancer à huis clos les enchères au sein de ce groupe. De cette façon, les frais d'achat sont réduits pour l'acheteur qui remporte les enchères à huis clos, puisqu'il ne paye pas la totalité des frais imposés par l'opérateur des ventes. Cette pratique illégale permet aussi à ces groupes d'acheteurs de fausser la concurrence en diminuant artificiellement le nombre d'enchérisseurs[13].
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+ Un fol enchérisseur, l'adjudicataire, se rend acquéreur d'un bien qu'il ne voulait pas, soit parce qu'il n'a pas les fonds nécessaires à son achat, soit parce qu'il s'est trompé en pensant acheter un autre bien lors d'une même vente. La législation varie suivant les pays : pour la France c'est l’article L321-14 du Code de commerce qui édicte la procédure. Généralement le bien acquis peut être remis en vente par le vendeur. Le fol enchérisseur doit ensuite payer la différence entre le prix de la première adjudication et le prix de la seconde, à condition que le bien soit vendu. Des dommages et intérêts peuvent également être réclamés auprès des tribunaux[13].
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+ La folle enchère d'apparence anodine est en réalité une pratique beaucoup plus complexe. Certains utilisent cette pratique pour de nombreuses raisons, parfois louables, parfois moins. Cela va de l'association de malfaiteurs utilisant un homme de paille irresponsable juridiquement (sous tutelle...) qui fait des achats non provisionnés, jusqu'aux acheteurs souhaitant acheter un bien qu'ils savent faux ou dont la présentation est délictueuse (omission dans les descriptions de vices cachés, de manques, de restaurations...) de la part d'un opérateur de ventes, ce qui permet à l'adjudicataire de réclamer des dommages et intérêts.
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+ Une scène très célèbre de folle enchère se déroule dans La Mort aux trousses (1959) d'Alfred Hitchcock.
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+ Le vent est le mouvement au sein d’une atmosphère, masse de gaz située à la surface d'une planète, d'une partie de ce gaz. Les vents sont globalement provoqués par un réchauffement inégalement réparti à la surface de la planète provenant du rayonnement stellaire (énergie solaire), et par la rotation de la planète. Sur Terre, ce déplacement est essentiel à l'explication de tous les phénomènes météorologiques. Le vent est mécaniquement décrit par les lois de la dynamique des fluides, comme les courants marins. Il existe une interdépendance entre ces deux circulations de fluides.
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+ Les vents sont généralement classifiés selon leur ampleur spatiale, leur vitesse (ex : échelle de Beaufort), leur localisation géographique, le type de force qui les produit et leurs effets. La vitesse du vent est mesurée avec un anémomètre mais peut être estimée par une manche à air, un drapeau, etc. Les vents les plus violents actuellement connus ont lieu sur Neptune et sur Saturne.
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+ Le vent est l'acteur principal de l'oxygénation des océans ainsi que des lacs de haute montagne, par agitation et mise en mouvement de leurs surfaces. Il permet le déplacement de nombreux agents organiques et minéraux et d'expliquer la formation de certaines roches sédimentaires (ex: Lœss[1]). Il influence le déplacement des populations d’insectes volants, la migration des oiseaux, il façonne la forme des plantes et participe à la reproduction de certains végétaux. L'érosion éolienne participe parfois à la morphologie du relief local (ex: congère de neige, dunes). Le vent a inspiré dans les civilisations humaines de nombreuses mythologies. Il a influé sur les transports, voire les guerres, mais également fourni des sources d’énergie pour le travail purement mécanique (ex. : moulins à vent, éoliennes) et pour l’électricité. Il participe même aux loisirs.
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+ Le vent fait le plus souvent référence aux mouvements de l’air dans l'atmosphère terrestre. Par extension, le mouvement de gaz ou de particules polarisées allant du Soleil vers l’espace extérieur est appelé vent solaire et l’échappement gazeux de particules légères d’une atmosphère planétaire vers l’espace est nommé le vent planétaire.
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+ Les vents sont souvent classifiés selon leur force et la direction d’où ils soufflent. Il existe plusieurs échelles de classification des vents dont les plus connues sont l'échelle de Beaufort et l'échelle de Fujita. La première classe la force des vents selon treize niveaux qui vont du calme à celui des vents de force d'ouragan, en passant par la brise, le coup de vent et la tempête. La seconde classifie la force des vents dans une tornade.
10
+
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+ Les pointes de vents au-dessus du vent moyen sont appelées rafales[2]. Lorsque le vent moyen augmente durant une courte période, il s'agit de bourrasques de vents[3]. Des vents violents associés à un orage sont appelés rafales descendantes[4], connues en mer comme des grains[5]. Des vents violents sont associés avec plusieurs autres phénomènes météorologiques tels les cyclones tropicaux, les tempêtes et les tornades.
12
+
13
+ Le premier instrument de mesure du vent est la girouette, invention de la Grèce antique destinée à indiquer la direction du vent. Nous devons la première description scientifique des phénomènes éoliens à Evangelista Torricelli qui mit en évidence la pression atmosphérique de l'air avec son baromètre et à Blaise Pascal qui fut le premier à décrire le vent comme un mouvement de l'air[6], un courant d'air plus ou moins puissant ainsi que la diminution de pression avec l'altitude puis Robert Hooke construira le premier anémomètre. Benjamin Franklin se lancera lui dans les premières descriptions et analyses de vents dominants et de systèmes météorologiques[7].
14
+
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+ Lorsqu’un véhicule ou une personne se déplace, le vent ressenti au cours du déplacement peut être très différent du vent généré par les conditions météorologiques avec des conséquences parfois importantes. On distingue :
16
+
17
+ En météorologie, on ne considère une tendance comme crédible qu'après au moins 30 ans de mesures. En 2019, la revue Science a publié un travail réalisé par l'Université de Melbourne basé sur l’analyse d'environ 4 milliards de mesures (de vitesse de vent et de hauteur de vagues), issues de 33 ans de suivi météorologique (1985-2018) dont par 31 missions satellitaires ayant utilisé 3 instruments indépendants : altimètres, radiomètres et diffusiomètres. C’est l’étude la plus complète jamais faite sur le sujet[10].
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+
19
+ Elle confirme qu'au-dessus des mers, depuis 33 ans la vitesse moyenne des vents n’a que faiblement augmenté. Par contre la vitesse des vents forts (90e centile) tend, elle, à fortement augmenter (ainsi par conséquent que la hauteur des vagues). Ces résultats ont un degré de confiance élevé car 3 types d’instruments différents rapportent tous la même augmentation[10].
20
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21
+ Curieusement, alors qu'habituellement c'est l’hémisphère nord qui semble le plus touché par les changements rapides du climat, pour ce qui concerne le vent et la hauteur des vagues, c’est l’hémisphère sud qui se montre le plus fortement touché (la vitesse des vents de tempêtes a augmenté de 1,5 m/s, soit + 8 %, en 33 ans)[10]. Cette augmentation correspond à une énorme quantité d’énergie qui anime les masses d'air, en entraînant une hausse de 30 cm (+5 %) de la hauteur moyenne des vagues). Au nord la tendance est la même, mais avec une augmentation moins rapide et/ou moins forte, de même au centre du pacifique[10]. L’Europe de l’ouest est sur les cartes faites par cette étude située dans une zone « rouge », alors que l'ouest des États-Unis semblent presque épargnés[10].
22
+
23
+ Les effets indirects de ce phénomène sont encore mal compris, mais outre un risque accru d’accidents maritimes et une hausse de consommation d’énergie pour la marine (marchande et de guerre), et outre les dégâts érosifs croissants observés sur les îles, récifs, mangroves, certains estuaires et littoraux, le vent et les vagues modifient le trait de côte et les sédiments, la turbidité de l’eau (et donc la pénétration de la lumière nécessaire à la photosynthèse), les courants, l’oxygénation et l’absorption/désorption de CO2 et de méthane, la fracturation de la banquise antarctique ou encore la répartition et la distance parcourue par les embruns salés (un sol trop salinisé devient improductif). Le vol des oiseaux (et plus encore des insectes) ou la circulation des pollens, des particules et de certains polluants, envols de microplastiques, etc. peuvent en être changés…L’augmentation combiné du vent de tempête (+8% au sud) et des vagues aggrave fortement les phénomènes de surcote[10].
24
+
25
+ Selon Ian Young de l'Université de Melbourne et co-auteur du rapport, le fait que le changement soit plus rapide et intense au sud de la planète est « particulièrement inquiétant car la houle de l'océan Austral détermine la stabilité de la majeure partie de l'hémisphère Sud » (communiqué de l'université)[11]. Pour le rapport du GIEC, en préparation en 2019, de nouveaux modèles climatiques sont en construction ou en test dans le monde. Ceux-ci devraient éclairer ce phénomène si ce n’est l’expliquer[11].
26
+
27
+ Plusieurs échelle de classification des vents existent, la plus commune est celle de Beaufort utilisée par les marins. Celle-ci est une échelle de mesure empirique, comportant 13 degrés (de 0 à 12), de la vitesse moyenne du vent sur une durée de dix minutes utilisée dans les milieux maritimes. Initialement, le degré Beaufort correspond à un état de la mer associé à une « fourchette » de la vitesse moyenne du vent. Même si, de nos jours, cette vitesse peut être mesurée avec une bonne précision à l'aide d'un anémomètre, il reste commode, en mer, d'estimer cette vitesse par la seule observation des effets du vent sur la surface de la mer.
28
+
29
+ L'échelle de Fujita est une échelle de classement de la force des tornades selon les dommages causés. Elle est utilisée aux États-Unis pour remplacer l'échelle originale de Fujita depuis la saison estivale 2007. Elle a été développée pour pallier les faiblesses notées dans l'échelle originale qui montraient des incertitudes quant à la force des vents nécessaires pour causer certains dommages et à l'évaluation de situations similaires mais ayant affecté des constructions de différentes solidités.
30
+
31
+ Finalement, l'échelle de Saffir-Simpson pour les cyclones tropicaux, nommés « ouragans », se formant dans l'hémisphère ouest, qui inclut les bassins cycloniques de l'océan Atlantique et l'océan Pacifique nord à l'est de la ligne de changement de date. Elle est graduée en cinq niveaux d'intensité, correspondant à des intervalles de vitesses de vents normalisés. Pour classer un cyclone sur cette échelle, la vitesse des vents soutenus est enregistrée pendant une minute à une hauteur de 10 mètres (33 pieds), la moyenne ainsi obtenue est comparée aux intervalles (Voir les catégories d'intensité).
32
+
33
+ On distingue trois zones de circulation des vents entre l'équateur et les Pôles. La première zone est celle de Hadley qui se situe entre l'équateur et 30 degrés Nord et Sud où l'on retrouve des vents réguliers soufflant du nord-est dans l'hémisphère nord et du sud-est dans celui du sud : les alizés. Les navigateurs à voile ont depuis longtemps utilisé cette zone de vents réguliers pour traverser les océans. La seconde se situe aux latitudes moyennes et est caractérisée par des systèmes dépressionnaires transitoires ou les vents sont surtout d'ouest, c'est la cellule de Ferrel. Finalement, la cellule polaire se retrouve au nord et au sud du 60e parallèle avec une circulation de surface généralement d'est[12]. Entre ces trois zones, on retrouve les courant-jets, des corridors de vents circulant autour de la planète à une altitude variant entre 10 et 15 km et qui sont le lieu de frontogenèses.
34
+
35
+ Ces traits généraux de la circulation atmosphérique se subdivisent en sous-secteurs selon le relief, la proportion mer/terre et d'autres effets locaux. Certains donnent des vents ou des effets sur de grandes étendues alors que d'autres sont très locaux.
36
+
37
+ La cellule du Pacifique, entièrement océanique, est particulièrement importante. On lui a donné le nom de cellule de Walker en l'honneur de Sir Gilbert Walker, dont le travail a conduit à la découverte d'une variation périodique de pression entre les océans Indien et Pacifique, qu'il dénomma l’oscillation australe. Le courant de Humboldt, venant de l'Antarctique, refroidit la côte occidentale de l'Amérique du Sud, créant une grande différence de température entre l'ouest et l'est du continent, laquelle donne lieu à une circulation directe semblable à celle de Hadley mais limitée à la zone Pacifique[13]. El Niño est un courant d'eau chaude de surface qui envahit la partie orientale du Pacifique Sud à la suite d'un affaiblissement des alizés, vents équatoriaux, déplaçant la cellule de Walker et permettant à l'eau plus chaude du Pacifique Sud-Ouest de se déplacer vers l'est[14]. Les remontées d'eau froide qui se retrouve habituellement le long de la côte de l'Amérique du Sud sont coupées ce qui modifie grandement le climat, non seulement dans le Pacifique Sud mais également la circulation atmosphérique générale à des degrés divers. Par exemple, El Niño empêche la formation de tempêtes tropicales et d'ouragans sur l'océan Atlantique, mais augmente le nombre de tempêtes tropicales qui touchent l'est et le centre de l'océan Pacifique[14].
38
+
39
+ La Niña est l'inverse du phénomène El Niño alors que l'eau chaude de surface se déplace plus vers l'Asie[15]. Il ne s'agit pas d'un retour vers la situation normale mais un extrême de l'autre côté. Il n'y a pas de symétrie entre les deux phénomènes, on a relevé par le passé davantage d'épisodes El Niño que d'épisodes La Niña[15].
40
+
41
+ La mousson est le nom d'un système de vents périodiques des régions tropicales, actif particulièrement dans l'océan Indien et l'Asie du Sud. Il est appliqué aux inversions saisonnières de direction du vent le long des rivages de l'océan Indien, particulièrement dans la mer d'Arabie et le golfe du Bengale, qui souffle du sud-ouest pendant six mois et du nord-est pendant l'autre semestre. La mousson est un exemple extrême des brises de terre et brises de mer car elle ne s'inverse pas sur un mode nocturne/diurne
42
+ [17].
43
+
44
+ Il existe également des systèmes météorologiques si anciens et si stables que ces vents ont reçu un nom, voire étaient parfois considérés comme des divinités comme au Japon pour les kami kaze[18]. De très nombreux vents célèbres existent autour du monde tels le couple Mistral/Tramontane, le sirocco, le Chinook, le Khamsin ou encore le Simoun.
45
+
46
+ Les causes principales des grands flux de circulation atmosphérique sont : la différence de température entre l’équateur et les pôles, qui provoque une différence de pression, et la rotation de la Terre qui dévie le flot d'air qui s'établit entre ces régions. Des différences locales de pression et de températures vont quant à elle donner des circulations particulières comme les brises de mer ou les tornades sous les orages.
47
+
48
+ La pression atmosphérique en un point est la résultante surfacique du poids de la colonne d’air au-dessus de ce point. Les différences de pression qu’on note sur le globe terrestre sont dues à un réchauffement différentiel entre ces points[19]. En effet, l’angle d’incidence du rayonnement solaire varie de l’équateur aux pôles. Dans le premier cas, il est normal à la surface de la Terre alors que dans le second, il est rasant. Cette variation conditionne le pourcentage d’énergie solaire reçue en chaque point de la surface terrestre. De plus, les nuages reflètent une partie de cette énergie vers l’espace et elle est absorbée différemment selon le type de surface (mer, forêt, neige, etc.).
49
+
50
+ La différence de pression ainsi créée induit un déplacement d’air des zones de haute pression vers les zones de basse pression. Si la Terre ne tournait pas sur son axe, la circulation serait rectiligne entre les régions de haute et les régions de basse pression. Cependant, la rotation de la Terre entraîne une déviation de la circulation sous l'effet de la force de Coriolis[19],[20], cette déviation étant vers la droite dans l'hémisphère Nord et vers la gauche dans l'hémisphère Sud. L'air subit ainsi une somme vectorielle des deux forces (force de Coriolis et résultante des forces de pression).
51
+
52
+ À mesure que les parcelles d'air changent de direction, la force de Coriolis change également de direction. Lorsque les deux sont presque égales et de directions opposées, la direction du déplacement de l’air se stabilise pour être presque perpendiculaire au gradient de pression (voir figure ci-contre). La petite différence qui subsiste laisse une accélération vers la plus basse pression, la direction du vent reste donc orientée un peu plus vers les basses pressions ce qui fait que le vent tourne autour des systèmes météorologiques. Aux forces de pression et de Coriolis, il faut ajouter le frottement près du sol, la force centrifuge de courbure du flux et la tendance isallobarique, pour correctement évaluer le vent dans le cas général.
53
+
54
+ À grande échelle dans l'hémisphère nord, les vents tournent donc dans le sens horaire autour d'un anticyclone, et anti-horaire autour des dépressions. L'inverse est vrai pour l'hémisphère sud où la force de Coriolis est inverse[20]. On peut déterminer sa position entre ces deux types de systèmes selon la loi de Buys-Ballot : un observateur situé dans l'hémisphère nord qui se place dos au vent a la dépression à sa gauche et l'anticyclone à sa droite. La position des zones de pressions est inversée dans l'hémisphère sud.
55
+
56
+ La force de Coriolis s’exerce sur de longues distances ; elle est nulle à l’équateur et maximale aux pôles. Dans certaines situations, le déplacement d’air ne s’exerce pas sur une distance suffisante pour que cette force ait une influence notable. Le vent est alors causé seulement par le différentiel de pression, le frottement et la force centrifuge. Voici quelques cas qui se produisent lorsque la circulation générale des vents est nulle, très faible ou quand on doit tenir compte d'effets locaux[21]:
57
+
58
+ Les montagnes ont différents effets sur les vents. Le premier est l’onde orographique lorsque le vent soufflant perpendiculairement à une barrière montagneuse doit remonter la pente. Si l'environnement est stable, la masse d'air redescendra du côté aval de l'obstacle et entrera en oscillation autour d'une hauteur qui peut être largement supérieure au sommet de celui-ci. Par contre, si l'air est instable, l'air continuera de s'élever, avec ou sans oscillation. Dans ces conditions, le frottement et la poussée d'Archimède doivent être pris en compte lors de la modélisation du vent, comme c'est le cas pour le foehn. Les pluies en sont modifiées.
59
+
60
+ L’air froid plus dense en haut d’une montagne y crée une pression plus forte que dans la vallée et provoque un autre effet. Le gradient de pression fait alors dévaler la pente à l’air sur une distance insuffisante pour que la force de Coriolis le dévie. Cela engendre donc un vent catabatique[22]. On rencontre ce genre d’effet le plus souvent la nuit. Ils sont également très communs au front d’un glacier, par exemple, sur la côte du Groenland et de l’Antarctique à toute heure.
61
+
62
+ Le vent anabatique est un vent ascensionnel d'une masse d'air le long d'un relief géographique dû au réchauffement de celui-ci et donc l'opposé du vent précédent[23]. Diverses conditions météorologiques peuvent créer un vent anabatique, mais il s'agit toujours de la formation d'une différence de température entre les masses d’air au-dessus des vallées et celles réchauffées sur leurs pentes qui cause une circulation d’air. Il est donc aussi appelé vent de pente et se produit le plus souvent le jour.
63
+
64
+ La rugosité du paysage et en particulier la rugosité "molle" (celle des forêts, bocages, savanes, par rapport aux roches et immeubles qui ne bougent pas) des arbres a un impact sur les vents et les turbulences, et indirectement sur les envols ou dépôts de poussières, la température, l'évaporation, le mélange de la partie basse de la colonne d'air (de la hauteur des pots d'échappement à la hauteur où sont émis les panaches de cheminées d'usines ou de chaudières urbaines par exemple), la régularité du vent (important pour les installations d'éoliennes ou de fermes éoliennes), etc. À cet effet, Kalnay et Cai dans la revue Nature, avaient en 2003 posé l'hypothèse que les arbres freinaient significativement le vent[24]. En forêt tropicale dense, hormis lors des tempêtes, au sol on ne sent presque plus les effets du vent. La plupart des arbres n'y produisent leurs puissants contreforts que quand ils émergent au niveau de la canopée où ils sont alors exposés à un éventuel déracinement par le vent.
65
+
66
+ On a récemment réanalysé les données météorologiques de mesure des vents de surface (vent à 10 mètres de hauteur) qui confirment dans l’hémisphère nord une tendance au ralentissement. Il semble que les forêts puissent, dans une certaine mesure, freiner le vent et la désertification l'exacerber. Là où la forêt a regagné du terrain, la force du vent a diminué (de 5 à 15 %)[25], de manière d'autant plus visible que le vent est fort. Les vents géostrophiques (induits par les variations de pression atmosphérique) n'ont pas diminué, et les radiosondes ne montrent pas de tendance au ralentissement en altitude[26]. Le bocage est une structure écopaysagère qui modifie également les effets du vent en créant des microclimats atténuant le vent, mais aussi les chocs thermo-hygrométriques et l'érosion des sols.
67
+
68
+ Durant le jour, près des côtes d’un lac ou de la mer, le soleil réchauffe plus rapidement le sol que l’eau. L’air prend donc plus d’expansion sur terre et s’élève créant une pression plus basse que sur le plan d’eau. Une fois encore cette différence de pression se crée sur une distance très faible et ne peut être contrebalancée par les forces de Coriolis. Une brise de mer (lac) s’établit donc. La même chose se produit la nuit mais en direction inverse, la brise de terre[27],[28].
69
+
70
+ On observe des différences de pressions jusqu'à deux millibars et proportionnelles aux masses de terre et d'eau en présence. Cette brise peut résister à un autre vent jusque de l'ordre de 15 km/h (8 nœuds) ; au-delà, elle est en général annulée ce qui ne signifiera pas un calme plat mais plutôt un système météo instable. Ceci explique également pourquoi il y a très rarement un calme plat en bord de mer mais aussi des vents plus tourmentés qu'à l'intérieur des terres ou en mer.
71
+
72
+ Dans certaines conditions de contraintes, par exemple dans des vallées très encaissées, l’air ne peut que suivre un chemin. Si le gradient de pression devient perpendiculaire à la vallée, le vent sera généré exclusivement par la différence de pression. C'est le vent antitriptique. On trouve aussi des accélérations dans les resserrements par effet Venturi qui donne un « vent de goulet » et un « courant-jet de sortie de vallée » alors que l'air descendant la vallée envahit la plaine.
73
+
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+ Dans d’autres cas, la pression et la force centrifuge sont en équilibre. C’est le cas des tornades et des tourbillons de poussières où le taux de rotation est trop grand et la surface de la trombe est trop petite pour que la force de Coriolis ait le temps d’agir.
75
+
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+ Finalement, dans le cas de nuages convectifs comme les orages, ce n’est pas la différence de pression mais l’instabilité de l’air qui donne les vents. Les précipitations ainsi que l’injection d’air froid et sec dans les niveaux moyens amènent une poussée d'Archimède négative (vers le bas) dans le nuage. Cela donne des vents descendants qui forment des fronts de rafales localisés[29].
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+ Le vent dépend donc de plusieurs facteurs. Il est la résultante des forces qui s’exercent sur la parcelle d’air : la pression, la force de Coriolis, le frottement et la force centrifuge. Le calcul complet se fait avec les équations du mouvement horizontal des équations primitives atmosphériques. En général, la force centrifuge est négligée car la vitesse de rotation autour de la dépression est trop lente et sa valeur est donc très petite par rapport aux autres forces. Cependant, dans une circulation rapide comme celle d’une tornade, il faut en tenir compte.
79
+
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+ Avec ces équations, les cartes météorologiques permettent d’estimer le vent en connaissant la pression, la latitude, le type de terrain et les effets locaux même si on n’a pas de mesure directe. Pour l’aviation au-dessus de la couche limite atmosphérique, où le frottement est nul, on utilise une approximation du vent réel que l'on peut obtenir par les équations du vent géostrophique[30]. Il est le résultat de l'équilibre entre les forces de Coriolis et de la variation horizontale de pression seulement. Ce vent se déplace parallèlement aux isobares et sa vitesse est définie approximativement par le gradient de pression[31].
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+
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+ Le vent du gradient est similaire au vent géostrophique mais en reprenant en plus la force centrifuge (ou accélération centripète) quand la courbure du flux est significative[32]. Il est, par exemple, une meilleure approximation du vent autour d'une dépression ou d'un anticyclone.
83
+
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+ Près du sol, dans la couche limite, le frottement cause une diminution des vents par rapport à l’estimation précédente selon ce qu’on appelle la spirale d'Ekman. En général[30], le vent est de 50 à 70 % du vent géostrophique sur l’eau et entre 30 et 50 % de ce vent sur la terre ferme. Plus le vent est diminué par le frottement, plus il tourne vers la plus basse pression ce qui donne un changement vers la gauche dans l’hémisphère nord et vers la droite dans celui du sud. Cette différence entre les vents réels et géostrophiques se nomme le vent agéostrophique[33]. Il est donc particulièrement important dans la couche limite mais existe également au-dessus de celle-ci car le vent géostrophique n'est qu'une approximation. Le vent agéostrophique est important dans l'alimentation en air humide des dépressions ce qui leur fournit de l'énergie[34].
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+
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+ Dans les endroits accidentés où le flux d’air est canalisé ou dans les situations où le vent n’est pas dû à un équilibre entre pression, force de Coriolis et frottement comme mentionné précédemment, le calcul est beaucoup plus difficile. Parmi ces cas figurent :
87
+
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+ Pour calculer la variation du vent avec l'altitude, le concept de vent thermique a été développé. Il s'agit de la différence du vent géostrophique entre deux niveaux de l'atmosphère[35]. Il porte le nom de thermique parce que la variation du vent avec l'altitude dépend de la variation horizontale de température comme vu antérieurement. Ainsi dans une masse d'air isotherme, dite barotrope, le vent ne varie pas avec l'altitude alors qu'il variera dans une atmosphère barocline. C'est dans cette dernière situation, près des fronts météorologiques, que l'on retrouve des vents qui augmentent rapidement avec l'altitude pour donner un corridor de vent maximal juste sous la tropopause que l'on appelle un courant-jet.
89
+
90
+ Pour une altitude inférieure à 1 000 mètres environ, là où se trouvent les ouvrages bâtis, les forces de frottement dues à la rugosité du sol et les phénomènes thermiques régissent en grande partie les écoulements d’air. Ces phénomènes engendrent des fluctuations de la vitesse du vent, dans le temps et dans l’espace, susceptibles d’exciter les structures les plus souples. Cette zone est appelée couche limite de turbulence atmosphérique.
91
+
92
+ L’analyse spectrale de la vitesse du vent dans la couche limite turbulente permet de mettre en évidence plusieurs échelles temporelles de fluctuation. La figure ci-contre montre l’allure d’un spectre de densité de puissance représentatif de la vitesse horizontale du vent à 100 mètres au-dessus du sol d’après Van der Hoven. Il s'agit d'une représentation statistique de la répétitivité des fluctuations de puissance du vent en ce point : « La turbulence atmosphérique peut être illustrée par l'existence de tourbillons au sein d’un écoulement. La turbulence est ainsi constituée de mouvements parfaitement aléatoires balayant un large spectre d’échelles spatiales et temporelles »
93
+ [36].
94
+
95
+ La partie gauche du graphe concerne les systèmes à l'échelle planétaire qui ont une périodicité entre 1 jour et un an, ce qui correspond à une période de retour de différents types de systèmes météorologiques synoptiques. Ainsi, un an représente les vents annuels comme les alizés, quatre jours les vents associés avec la période moyenne entre deux dépressions météorologiques et 12 heures les vents diurnes et nocturnes en alternance. La partie droite du graphe concerne les conditions locales reliées à des conditions de relief ou autres effets de méso-échelle comme la distribution des nuages, le gradient thermique vertical, la vitesse moyenne du vent, la rugosité des sols, etc. Le « trou » entre une heure et dix minutes au milieu correspond à des périodes de grand calme quand les turbulences s'annulent elles-mêmes[36],[37].
96
+
97
+ Les sollicitations répétées et aléatoires des turbulences peuvent solliciter les modes propres de certains ouvrages et conduire à leur ruine si cela n’a pas été pris en compte lors du dimensionnement (comme le pont du détroit de Tacoma en 1940).
98
+
99
+ Le vent en tant que médium de transport des particules et aérosols et impliqué dans les transferts d'humidité et de chaleur est un élément majeur des systèmes météorologiques. La Terre étant très irrégulière dans la forme de ses continents et l'ensoleillement il est cependant difficile à modéliser et anticiper ; il dépend des saisons mais aussi de la couverture nuageuse qui est soumise au vent qui tire son énergie des différences de températures qui sont une des résultantes de l'ensoleillement.
100
+
101
+ Le modélisateur doit tenir compte de nombreux facteurs pour une prévisibilité encore relative : Le vent qui se nourrit de multiples sources : d'autres vents, les différences de températures entre deux zones géographiques ou entre deux couches d'atmosphère, la rotation de la Terre, l'attraction terrestre, les effets sur le relief, etc[38]. obéit ainsi aux lois de l' « effet domino ».
102
+
103
+ Par exemple, un ouragan né dans l'Atlantique peut très bien rentrer par le golfe du Mexique et venir mourir aux Grands Lacs, perturbant tous les vents locaux sur et autour de sa trajectoire. L'origine de la création de ce cyclone tropical peut très bien être un déséquilibre engendré par un creux barométrique en altitude venant du Sahara qui a été déporté jusque dans l'Atlantique par l'anticyclone des Açores. La prévision des vents jusqu'à plusieurs jours est possible de façon déterministe grâce à la résolution des équations primitives atmosphériques des forces en présence si on tient compte de tous ces facteurs[38].
104
+
105
+ Cependant, les valeurs de chaque variable de ces équations ne sont connues qu'en des points distincts de l'atmosphère selon les observations météorologiques. Une légère erreur de ces valeurs peut causer de grande variation et c'est pourquoi l'on peut dire que la théorie du chaos, les systèmes complexes et plus particulièrement l'effet papillon s'appliquent très bien à la prévision des vents. Edward Lorenz a démontré que les prévisions n'étaient possibles à long terme (un an) que de façon probabiliste car le nombre de facteurs d'environnement est immense mais aussi qu'ils interagissent entre eux ce qui donne une instabilité temporelle à la résolution des équations.
106
+
107
+ Plusieurs sites internet offrent des visualisation de données prédictives ou en temps réel du vent et des déplacements des masses d'air[39]. Plusieurs sont cités dans la section des liens externes et on y voit :
108
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109
+ Les roses des vents sont aussi utiles aux architectes et urbanistes, notamment pour la construction bioclimatique. Par exemple, dans l'image de droite, la rose des vents montre les vents dominants et leur variation de force moyenne selon leur orientation et direction. Les vents les plus forts se superposent globalement aux courants et à la direction (résultante) du déplacement de la masse d'eau de la Manche vers la Mer du Nord. Ces vents quand ils vont dans le même sens que la marée peuvent causer des "surcotes" de marée haute, c'est-à-dire une mer plus haute qu'annoncée par le calcul du simple coefficient de marée, dont la hauteur est estimée par la partie du bas.
110
+
111
+ Au sol, en mer et en altitude, le vent est mesuré en kilomètres par heure, en mètres par seconde ou en nœuds. Des stations météorologiques en font des mesures directes sur terre ou en mer grâce à un anémomètre, qui en donne la vitesse, et une girouette (ou une manche à air), qui en donne la direction. Les anémomètres mécaniques sont formés de coupelles qui tournent autour d'un axe quand le vent souffle. Il existe d'autres versions dont celles dites à fil chaud où le changement de température d'un thermistor causé par le flux d'air correspond à la vitesse de ce dernier.
112
+
113
+ La variation des vents selon l'altitude est suivie par radiosondage ou via le mouvement d’un ballon-sonde mesuré depuis le sol. La mesure du déplacement d'un ballon ascensionnel dépourvu de sonde à l'aide d'un théodolite constitue une alternative économique au radiosondage. Les radars météorologiques Doppler, les profileurs de vent, les lidars Doppler et les sodars sont aussi des instruments de télédétection au sol capables de mesurer la vitesse du vent en altitude.
114
+
115
+ Depuis l’espace, grâce à certains instruments radars embarqués de satellites météorologiques, on estime les vents partout sur Terre dont dans les lieux inhabités (déserts, haute montagne, océans. C'est également de cette façon que les vents sur les autres planètes sont estimés. En 2018, un nouvel instrument appelé Aladin, mesurant le vent au moyen d'un laser, est mis en orbite (satellite Aeolus) pour mieux cartographier (en temps réel) les vents dans la colonne atmosphérique, dans le cadre du programme « Living planet » de l'ESA. Ce programme vise à mieux observer la Terre et comporte également les missions CryoSat, SMOS ou GOCE[41].
116
+
117
+ En aviation, la vitesse du vent est estimée en utilisant deux tubes de Pitot, le premier dans la direction opposée au déplacement et le second perpendiculairement à celui-ci.
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+ Les marins estiment sa force en utilisant l’échelle de Beaufort (échelle fermée à 13 niveaux de force 0 à force 12) s’ils n’ont pas d’instruments pour la mesurer. Cette échelle relie l’effet du vent sur la mer (hauteur des vagues, production d’embruns, etc.) à sa vitesse. L'échelle de Fujita et l'échelle de Fujita améliorée utilisent les dommages causés par une tornade pour estimer la force qu'avaient ses vents.
120
+
121
+ L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a homologué début 2010 le record du vent le plus violent jamais observé scientifiquement sur Terre, hors ceux des tornades. Il s'agit de rafales de 408 km/h enregistrées le 10 avril 1996 à l’île de Barrow (Australie-Occidentale) lors du passage du cyclone Olivia[42]. Le précédent record de 372 km/h datait d'avril 1934 au sommet du mont Washington aux États-Unis[42]. Cependant, le cyclone Olivia n'est pas considéré lui-même comme le plus violent à avoir affecté la région australienne car ce record ne représente pas l'intensité générale du système.
122
+
123
+ La mesure record dans une tornade a été effectuée à Moore en Oklahoma lors de la série de tornades de l'Oklahoma du 3 mai 1999. À 18 h 54, un radar météorologique Doppler mobile a détecté des vents de 484 km/h ± 32 km/h[43] dans le tourbillon près de Bridge Creek à une hauteur de 32 mètres au-dessus du sol[44]. Le record précédent était de 414 à 431 km/h mesuré dans une tornade près de Red Rock (Oklahoma)[45]. Cependant, les vents au sol ont pu être plus faibles à cause du frottement.
124
+
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+ Le record du monde de vent enregistré par une station au niveau de la mer dans des conditions non reliées aux tornades ou aux cyclones tropicaux est celui de la station météorologique de la base antarctique Dumont d'Urville en Terre Adélie. Celle-ci est en opération depuis 1948 et les vents catabatiques y soufflent presque constamment. Leur moyenne annuelle est d'environ 35 km/h et le nombre de jours avec des vents de plus de 60 km/h est d'environ 300. Le record à cette station date du 16 juin 1972 à 17 h 30 locale, lors d'un phénomène de Loewe de changement brusque de la force des vents catabatiques, alors que le vent atteignit 320 km/h pendant 5 minutes, avec une pointe de 326 km/h[46].
126
+
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+ Enfin, lors de la tempête Martin, le 27 décembre 1999 à minuit, un radiosondage effectué par Météo-France a enregistré une vitesse du vent exceptionnelle de 529 km/h dans le courant-jet à 8 138 mètres d'altitude au-dessus de Brest[47].
128
+
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+ Des vents de plus de 300 km/h soufflent sur Vénus et font que ses nuages font le tour de la planète en 4 à 5 jours terrestres[48].
130
+
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+ Lorsque les pôles de la planète Mars sont exposés aux rayons du soleil à la fin de l'hiver, le CO2 congelé est sublimé, créant ainsi des vents quittant les pôles à plus de 400 km/h ce qui va alors transporter des quantités importantes de poussière et de vapeur d'eau à travers tous les paysages martiens[49]. Il existe également des vents subits et liés à l'activité solaire qui ont été surnommés cleaning event par la NASA parce qu'ils apparaissaient subitement et dépoussiéraient tout, y compris les panneaux solaires[50],[51].
132
+
133
+ Sur Jupiter, les vents soufflent jusqu'à 100 m/s (360 km/h) dans les zones de courant-jet[52]. Saturne fait partie des records du système solaire avec des pointes à plus de 375 m/s (1 350 km/h)[53]. Sur Uranus, dans l'hémisphère nord jusqu'à 50° de latitude, la vitesse peut monter à 240 m/s (864 km/h) « seulement »[54],[55],[56]. Finalement, par-dessus les nuages de Neptune, les vents dominants peuvent atteindre 400 m/s (1 440 km/h) le long de l'équateur et jusqu'à 250 m/s (900 km/h) à ses pôles. Il existe en outre un courant-jet extrêmement puissant à 70° de latitude Sud qui peut atteindre 300 m/s (1 080 km/h)[57],[58].
134
+
135
+ Les vents sont une source d’énergie renouvelable, et ont été utilisés par l'Homme à travers les siècles à divers usages, comme les moulins à vent, la navigation à voile ou plus simplement le séchage. Différents sports utilisent le vent dont le char à voile, le cerf-volant, le vol à voile, la planche à voile et le kitesurf. Il sert également à aérer, assainir, rafraîchir les milieux urbains et les bâtiments. Le vent est une de nos plus anciennes sources d'énergie et une grande partie de toutes nos productions tire parti du vent ou lui est adapté. Aujourd'hui encore, il est un intense sujet de recherche car son potentiel d'utilisation demeure encore largement inutilisé tant via des éoliennes que des systèmes de pompe à chaleur ou pour assainir l'air urbain par une urbanisation raisonnée des villes en tenant compte du vent.
136
+
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+ La première utilisation du vent par l'Homme fut simplement l'aération et le séchage. En effet, un lieu où l'air stagne va assez rapidement se charger en odeur mais aussi permettre le développement de différentes maladies et développement de moisissures (s'il y a un minimum d'humidité).
138
+
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+ Très vite, l'Homme découvrit que des objets laissés au vent séchaient plus vite, cela est dû à deux phénomènes distincts : d'une part, l'air en mouvement vient frapper l'objet désiré et va donc communiquer une énergie qui permet d'arracher l'humidité à l'objet, poreux ou non, si l'objet est poreux et se laisse traverser par le vent, l'efficacité sera renforcée. D'autre part, l'air et les objets en contact avec celui-ci ont tendance à vouloir équilibrer leur taux d'humidité. Cependant, l'eau, même sous forme de vapeur, a une forte valeur de tension superficielle (comme une bulle d'air dans l'eau) et si elle va se dissiper dans les environs immédiats de l'objet qui sèche, les forces de tension vont globalement créer une bulle d'humidité, et ce d'autant que l'air chargé d'humidité est plus lourd et voit sa montée contrariée par l'air plus froid au-dessus de lui, ce qui crée une colonne de pression locale prenant la forme d'une demi-bulle en l'absence de vent. Le soleil ne va aider ici qu'à augmenter la quantité de vapeur soluble dans l'air. Sans vent, le séchage va s'arrêter même en plein air car la diffusion de l'humidité dans l'air se fera de manière très lente et même freinée par les forces intermoléculaires mais aussi par le fait que l'air ne se sature pas plus en humidité que son point de rosée ne le permet. Ce point de rosée dépend de la température de l'air. La température engendre un mouvement brownien permettant le transfert léger au sein de la masse d'air. Cet effet a été mis en évidence, étudié et très bien calculé dans le séchage du bois[59]. Toute masse d'air est donc hydrophile jusqu'au maximum de son point de rosée. Dans une atmosphère non renouvelé, le séchage ne pourrait s'achever que si la quantité d'eau à extraire était inférieure au point d'équilibre du milieu.
140
+
141
+ De même, dans le cas des marais salants, le soleil va fournir l'énergie de réchauffement qui optimisera la présence de vapeur d'eau libre en surface de l'eau et augmentera la quantité d'eau captable dans l'air. C'est le vent qui va alors emporter cette eau via l'air déplacé et donc contribuer au séchage en renouvelant l'atmosphère ce qui empêche le milieu d'atteindre son point de saturation.
142
+
143
+ L'aération est donc également une méthode pour éviter la prolifération d'humidité due aux activités diverses dans un bâtiment, or l'aération dépend de la présence de vent[60].
144
+
145
+ Exemples de relation sécheresse d'un bois/paramètres de séchage[59].
146
+
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+ Selon ce tableau, on voit bien que pour sécher un bois jusqu'au bout, il faut renouveler l'atmosphère, sans quoi il ne descendra jamais en dessous d'un certain seuil d'hygrométrie.
148
+
149
+ Les montgolfières utilisent le vent pour des petits voyages. Le vent de face augmente la portance lors du décollage d'un avion et augmente la vitesse de ce dernier s'il est dans la même direction que le vol, ce qui aide à l'économie de carburant. Cependant, en règle générale le vent gêne le mouvement des aéronefs lors de voyages aller-retour. En effet soit v la vitesse du vent et soit a la vitesse relative de l'aéronef par rapport à la masse d'air. En vent arrière, la vitesse de l'aéronef est v + a et en vent de face, la vitesse de l'aéronef est v - a. On note que cette quantité peut être négative si v > a. Dans ce cas, l'aéronef ne peut pas revenir à son point de départ.
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+
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+ La vitesse moyenne au cours de l'aller retour est
152
+
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+
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+
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+
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+
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+ 2
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+
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+
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+
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+ 1
165
+
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+ a
167
+ +
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+ v
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+
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+
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+
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+ +
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+
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+
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+ 1
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+
177
+ a
178
+
179
+ v
180
+
181
+
182
+
183
+
184
+ )
185
+ =
186
+
187
+
188
+
189
+
190
+ a
191
+
192
+ 2
193
+
194
+
195
+
196
+
197
+ v
198
+
199
+ 2
200
+
201
+
202
+
203
+ a
204
+
205
+
206
+
207
+
208
+
209
+ {\displaystyle \textstyle {2/({1 \over a+v}+{1 \over a-v}})={a^{2}-v^{2} \over a}}
210
+
211
+ . La perte de performance est du second ordre, ce qui signifie que pour des vents faibles, cette perte de performance est négligeable. Toutefois, en cas de vitesses et/ou directions de vent variables en fonction de l'altitude, les avions à moteur peuvent effectuer des économies de carburant en exploitant ces différentiels. En outre, les planeurs peuvent aussi exploiter ces différentiels de vitesse de vent en effectuant un piqué dos au vent et une ressource face au vent à la manière de certains oiseaux à la surface de la mer. Comme la vitesse du vent augmente avec l'altitude, le planeur peut gagner de l'énergie de cette manière. Il a été prouvé qu'un gradient de 0,03 m/s par mètre est suffisant[61].
212
+
213
+ Le système le plus efficace actuellement est celui du cerf-volant (ou du parachute ascensionnel). La force du vent tend à faire monter l'engin si celui-ci est face au vent. Les planeurs peuvent aussi directement utiliser l'énergie éolienne en effectuant un vol de pente. Lorsque le vent rencontre une chaîne de montagnes continue, la masse d'air doit s'élever. Ceci est aussi vrai pour les parapentes et les deltaplanes. En règle générale, le planeur ayant le taux de chute le plus faible sera le plus efficace pour exploiter le vol de pente et des pilotes ont ainsi pu parcourir des distances de plus de 1 000 km. Dans certains cas, le parapente peut être plus efficace car il pourra exploiter des ascendances de petite dimension grâce à sa vitesse réduite. Cependant, le fait que seuls certains lieux géographiques et saisons soient propices à leur utilisation les cantonnent essentiellement à un loisir et pas à un mode de transport.
214
+
215
+ Les zones de cisaillement des vents causées par des conditions météorologiques diverses peuvent devenir extrêmement dangereuses pour les avions et leurs passagers[62].
216
+
217
+ La marine à voile existe depuis les temps les plus anciens, au Néolithique, avant même la naissance de l'écriture, et s'est perfectionnée jusqu'à nos jours où malgré les simulations par ordinateur, les calculs de profils, les nouveaux matériaux et les essais en soufflerie, les découvertes continuent. Aujourd'hui, dans les pays développés, les bateaux à voile sont essentiellement devenus des bateaux de loisirs, mais il reste encore l'un des modes de locomotion le plus utilisé à travers le monde car simple, propre, nécessitant peu d'entretien et surtout qui se passe de carburant. La marine à voile est intimement liée à toute notre histoire que ce soit pour migrer, peupler, commercer, échanger, communiquer, se battre ou conquérir. L'Homme fit le tour de la Terre dans ces bateaux bien avant l'invention du bateau à vapeur ou autres engins modernes.
218
+
219
+ C'est l'utilisation la plus marginale du vent car assez peu adaptée. Il existe, pour le loisir, des chars à voile essentiellement utilisés dans des grandes plaines mais surtout en bord de mer. Des traîneaux à voile ont parfois été utilisés en zones enneigées et praticables comme les pôles. Les zones terrestres sont souvent très encombrées, pas très planes et avec des vents déformés, la liberté de mouvement réduite et les trajets tortueux rendent donc cet usage compliqué et dangereux. Le traîneau à voile apparaît dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours[63].
220
+
221
+ Depuis l'Antiquité, des moulins à vent convertissent le vent en énergie mécanique pour moudre du grain, presser des produits oléifères, battre le métal ou les fibres et pomper de l'eau. Ils seront introduits en Europe par l'Espagne, grâce aux Maures.
222
+ Il faudra attendre Zénobe Gramme et sa dynamo en 1869 pour que le moulin puisse donner naissance à l'éolienne. En 1888, Charles F. Brush est le premier à avoir construit une petite éolienne pour alimenter sa maison en électricité, avec un stockage par batterie d'accumulateurs. La première éolienne « industrielle » génératrice d'électricité est développée par le Danois Poul La Cour en 1890, pour fabriquer de l'hydrogène par électrolyse[64]. Les recherches les plus intenses actuellement sur l'utilisation du vent portent sur les éoliennes afin d'augmenter leur rendement en prise sur le vent, résistance aux fluctuations, rendement en production électrique et la meilleure détermination des corridors de vent.
223
+
224
+ Eole Water est une entreprise française dans le domaine des systèmes de production d’eau par condensation de l’air. Elle a développé des capacités de production d'eau potable à partir de l'énergie éolienne ou solaire[65].
225
+
226
+ Le vent interagit avec toute chose, y compris les constructions humaines. Nos villes ont d'ailleurs parfois généré un urbanisme si particulier que certaines grandes places publiques deviennent infréquentables à pied si le vent se lève un peu. En effet, bloquer le vent par des structures urbaines ne fait que le canaliser tout en l'intensifiant. Par contre, un bon arrangement des lieux aère, nettoie, contrôle la température et purifie les lieux.
227
+
228
+ Les différents types d'effets des vents urbains :
229
+
230
+ Un bâtiment, suivant son affectation et sa localisation, est conçu pour profiter ou éviter des propriétés particulières du vent. Le vent, par convection, dissipe ou accélère la dissipation de la chaleur par les parois. L'effet produit est un refroidissement des murs et de l'atmosphère, ce qui peut être bénéfique dans les climat chauds, mais préjudiciable dans les climats septentrionaux.
231
+ Le vent contribue d'autre part à la ventilation du bâtiment et à l'évacuation de l'humidité ambiante, ou stockée dans les murs. Le tirage thermique des cheminées peut être affecté par le vent.
232
+
233
+ Dans les régions chaudes, pour refroidir les habitations, on ajoure les murs d'un bâtiment par des fenêtres ornées ou non de grilles ou de Moucharabieh (fermeture d'une ouverture conçue pour laisser passer l'air et la lumière mais ne permettre de voir que depuis l'intérieur) mais également grâce à des conditionnements d'air mécaniques comme les tours à vents ou Badgir qui permettent de puiser un air d'altitude plus frais mais également moins chargé en sable[67]. Ce système est à ce point efficace qu'il permet même de fournir en permanence un refroidissement des réservoirs d'eau. Un projet actuellement réalisé reprend ce même principe en Égypte, il s'agit du marché de New Baris. Il permet aussi de faire l'inverse, de réchauffer les habitations en hiver en capturant la chaleur de l'air pour le quartier de Bedzed à Beddington au Royaume-Uni[68].
234
+
235
+ Les moulins à vents comme les éoliennes quant à eux cherchent les points les plus exposés au vent pour profiter de l'énergie cinétique éolienne.
236
+
237
+ Le vent est parfois utilisé pour les distractions comme dans les cas des cerf-volants, pour les sports nautiques (kitesurf, planche à voile), le vol à voile voire dans les vols de montgolfières. Les bulles de savon demandent également un léger vent pour pouvoir être utilisées, tout comme les moulins à vent de plage ou les maquettes de voilier. Le vent sert aussi indirectement en créant des vagues qui seront utilisées pour le surf.
238
+
239
+ Il existe certains équipements destinés à produire un son par le vent, tels les mobiles-carillons ou la tuile à loups auvergnate qui était orientée de manière à provoquer un ronflement caractéristique lorsque les vents venaient du nord. Les vents du nord provoquent un refroidissement de la région et diminuent le gibier disponible rendant les loups affamés et donc dangereux pour le bétail et même les hommes, c'était donc un signal d'alerte[69],[70].
240
+
241
+ Le vent a inspiré dans les civilisations humaines de nombreuses mythologies ayant influencé le sens de l’Histoire. Beaucoup de traditions religieuses personnifient le vent :
242
+
243
+ La tradition orale canadienne française raconte que « lorsqu'on aperçoit un pied-de-vent, c'est que le bon Dieu descend sur Terre ».
244
+
245
+ Le vent étant omniprésent, il a suscité beaucoup d'expressions populaires dont quelques-unes sont détaillées ici car ne décrivant pas de vents mais s'inspirant de son comportement. Ces expressions se réfèrent au vent pour sa vitesse, sa force, son homogénéité, son symbolisme ou au fait que c'est juste un mouvement d'air donc sans substance réelle ou à l'inverse soulignent la tendance aléatoire et anarchique du vent.
246
+
247
+ En voici quelques-unes des principales[74],[75] :
248
+
249
+ Le vent est présent dans le dessin, la peinture, les infographies mais aussi les sculptures. Il existe des arts spécifiques sur le vent : les mobiles. Il existe essentiellement deux catégories de mobiles : les solides en équilibre et les mobiles suspendus. Dans les suspendus, certains sont faits d'agencements de solides mis en mouvement par le vent comme dans les cultures asiatiques ou bien d'autres sont des suspensions plus éthérées comme les attrapeurs de rêves de la culture amérindienne[76]. Tous ont cependant la même philosophie : accueillir le vent et avoir des effets de mouvement sur les différentes parties de l'assemblage. Certains ont des fonctions symboliques comme les pièges à rêves censés protéger des mauvais esprits, d'autres produisent des sons comme les mobiles suspendus traditionnels chinois que l'on nomme d'ailleurs parfois carillons ou carillons-mobiles qui sont parfois aussi des porte-bonheur.
250
+
251
+ Le vent est aussi d'une importance primordiale dans certains romans, notamment dans La Horde du Contrevent de Alain Damasio, où le vent, son étude, son utilisation, et la résistance contre lui deviennent l'objet principal de l'intrigue et les personnages nombreux évoluent tous par rapport au vent.
252
+
253
+ Victor Hugo, dans son poème Guitare, repris par Georges Brassens dans la chanson Gastibelza (L'Homme à la carabine), évoque à la fin de chaque quatrain, un vers devenu célèbre[77] :
254
+
255
+ — Le vent qui vient à travers la montagne
256
+ Me rendra fou ! ».
257
+
258
+ En français un aérophone est aussi dénommé Instrument à vent. Ce qui est également vrai pour l'anglais (wind instrument) ou l'espagnol (instrumento de viento) ne l'est pas pour d'autres langues comme l'italien (strumento a fiato) ou l'allemand (Blasinstrument) qui basent le nom de l'instrument sur le souffle plutôt que sur le vent. Ce n'est que par une convention de langage que ces instruments sont, en français, associés au vent : le son de ces instruments n'est pas produit librement par le vent mais de manière volontaire par le souffle de l'instrumentiste ou par une soufflerie mécanique. L'émission de ce souffle crée une colonne d'air sous pression produisant des vibrations modulées par le jeu de l'instrument indiqué par la partition du compositeur ou l'invention du musicien improvisateur. Par métonymie, le pupitre qui regroupe les instrumentistes à vent à l'orchestre est appelé le pupitre des « vents », qui réunit les bois et les cuivres. La voix est le plus ancien des instruments à vent. L'éoliphone ou « machine à vent » porte plus exactement son nom puisque l'instrument est employé à l'opéra pour reproduire le son du vent.
259
+
260
+ Le vent est souvent une source d'inspiration pour les artistes. Anne Sylvestre l'utilise dans ses chansons La Femme du vent, Monsieur le vent, son album Par les chemins du vent ou sa comédie musicale pour enfants Lala et le cirque du vent. Bob Dylan fut également inspiré par le vent avec la chanson Blowin' in the Wind (La réponse est soufflée dans le vent).
261
+
262
+ Le vent est essentiel à tous les phénomènes météorologiques et donc au cycle de l'eau sans lequel nulle vie à base d'eau comme nous la connaissons sur Terre ne serait possible hors des océans. Le vent est également l'acteur principal de l'oxygénation des océans par agitation de sa surface. La circulation engendrée par les vents permet de disperser de nombreux agents minéraux et organiques. Ainsi, le vent a un rôle important pour aider les plantes et autres organismes immobiles à disperser leurs graines (anémochorie), spores, pollen, etc. Même si le vent n'est pas le vecteur principal de dispersion des graines chez les plantes, il fournit néanmoins ce service pour un très large pourcentage de la biomasse des plantes terrestres existantes. Il façonne également la forme des plantes par thigmomorphogenèse (ou anémomorphose). Le vent influence le déplacement des populations d’insectes volants et la migration des oiseaux.
263
+
264
+ Les vents sculptent également les terrains via une variété de phénomènes d’érosion éolienne qui permettent par exemple de créer des sols fertiles comme les lœss. Dans les climats arides, la principale source d'érosion est éolienne[78]. Le vent entraîne de petites particules telles la poussière ou le sable fin parfois par-dessus des océans entiers, sur des milliers de kilomètres de leur point d'origine[79], qui est désigné comme le site de déflation. Par exemple, des vents du Sahara qui provoquent régulièrement des pluies sablonneuses en Europe centrale[80].
265
+
266
+ Le vent a aussi des effets sur l’ampleur des feux de forêt, tant par l’alimentation plus ou moins abondante en oxygène des flammes que par le transport d’éléments enflammés ou incandescents permettant ainsi à l’incendie de « sauter » les obstacles.
267
+
268
+ Quand le vent se combine avec des basses ou des hautes températures, il a une influence sur le bétail et les humains. Le refroidissement éolien peut radicalement modifier les rendements du cheptel ou même tuer par perte de chaleur corporelle. Le vent influe également sur les ressources alimentaires de la faune sauvage mais aussi sur les stratégies de chasse et de défense des animaux voire des chasseurs. Finalement, le vent est également un facteur important de la régulation thermique, hygrométrique ou de niveau de pollution des régions[81].
269
+
270
+ L'érosion peut être le résultat du mouvement de déplacement par le vent. Il y a deux effets principaux. D'abord, les petites particules sont soulevées à cause du vent et se retrouvent donc déplacées dans une autre région. Ceci s'appelle la déflation. En second lieu, ces particules suspendues peuvent se frotter sur des objets pleins causant l'érosion par l'abrasion (succession écologique). L'érosion par le vent se produit généralement dans les secteurs avec peu ou pas de végétation, souvent dans les secteurs où il y a des précipitations insuffisantes pour soutenir la végétation. Un exemple est la formation des dunes, sur une plage ou dans un désert[82].
271
+
272
+ Le lœss est une roche homogène, en général non-stratifiée, poreuse, friable, sédimentaire (éolien) souvent calcaire, à grain fin, vaseuse, jaune pâle ou de couleur chamois, ébouriffée par le vent[1]. Il se produit généralement comme un dépôt qui recouvre des superficies de centaines de kilomètres carrés et des dizaines de mètres en profondeur[83]. Le lœss se retrouve souvent dans les paysages raides ou verticaux et tend à se développer en sols fertiles. Dans des conditions climatiques appropriées, les secteurs avec le lœss sont parmi les plus productifs au monde sur le plan agricole. Les gisements de lœss sont géologiquement instables et s'éroderont donc très aisément[84]. Par conséquent, des coupe-vent (tels que de grands arbres et buissons) sont souvent plantés par des fermiers pour réduire l'érosion par le vent du lœss.
273
+
274
+ Les océans sont des zones à surfaces relativement plates mais également majoritairement des zones d'eaux trop profondes pour permettre le développement d'algues à photosynthèse. Les mécanismes qui fonctionnent en eau douce (agitation, chute, algues, etc.) ne suffisent donc pas pour les océans. L'action du vent en créant des vagues mais aussi grâce au ressac sur les côtes crée donc l'oxygénation principale des océans.
275
+
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+ La hausse du taux de CO2 dans l'atmosphère modifie le phénomène en accentuant plus l'acidification que l'oxygénation[85]. Ceci n'est pas irréversible car les milieux océaniques ont toujours joué leur rôle de tampon et transformé le CO2 en acide carbonique qui acidifie l'eau avant de précipiter avec le temps en carbonate de calcium ou d'être absorbé par les organismes marins. Mais c'est un phénomène lent et, en attendant, le taux d'acide carbonique augmente l'acidité des océans mais diminue également la solubilité de l'oxygène dans cette même eau[86].
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+
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+ Le vent joue donc globalement le rôle d'un agent mécanique de solubilisation grâce à une agitation qui augmente la surface de contact entre l'air et l'eau, par les vagues, peu importe le gaz. C'est moins évident avec l'azote de l'air parce qu'il est beaucoup moins soluble : 0,017 g/l à 20 °C, contre 1,1 g/l à 20 °C pour l'oxygène et 2 g/l à 20 °C pour le dioxyde de carbone. La majorité de l'azote injecté dans les océans l'est via la pollution par les fleuves lorsqu'ils se jettent dans la mer et non par le vent.
279
+
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+ La dispersion de graines par le vent ou anémochorie ainsi que la dispersion de pollen ou fécondation anémophile est un des moyens les plus primitifs de dispersion du vivant. Cette dispersion peut prendre deux formes principales : un entraînement direct des graines, sporanges, pollens dans un vent (comme le pissenlit) ou bien le transport d'une structure contenant les graines ou les pollens et qui va les disperser au fur et à mesure de leur déplacement par le vent (exemple des virevoltants). Le transport de pollen requiert à la fois des masses très importantes mais aussi des zones à vents complexes. En effet, la circulation d'air doit être très fluctuante afin que ces pollens rencontrent un arbre de la même espèce, surtout si ce ne sont pas des plantes auto-fertilisantes qui comportent des plants mâles et femelles distincts. De plus, il faut une synchronisation entre la production de pollen (mâle) sur des étamines mûres et la disponibilité de pistils (femelles) mûrs au même moment[87].
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+
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+ Certaines plantes ont développé un système aérien complémentaire permettant une autonomie de transport par le vent plus grande. Ce sont les aigrettes, comme le pissenlit ou le salsifis, et les ailettes greffées à l'akène. Ces dernières semblent une adaptation évolutive de ces plantes au vent afin de maximaliser leur aire de dispersion. Les ailettes se divisent en deux groupes : les samares (par exemple l'orme) et les disamares (par exemple l'érable).
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+ La productivité par dispersion aérienne est une technique très aléatoire qui requiert un nombre énorme de graines car chacune ne peut germer que dans un endroit favorable et si les conditions de milieu le permettent. Par contre, sur certaines îles, des plantes semblent s'adapter et réduire leur aire de dispersion, en effet, les graines qui tombent à l'eau sont perdues[88].
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+ Le vent a également une influence sur le type de végétation, comme dans les régions à fort vent, où les sols sont soumis à une forte érosion éolienne qui les amincit voire les dénude. Les végétaux développent alors des formes résistantes aux vents. Celles-ci sont mieux enracinées et plus trapues car elles combinent des efforts sur la structure aérienne de la plante et des sols minces donc moins riches[89]. Le vent est également un important agent sélecteur des arbres en éliminant les plus affaiblis ou ceux malades en les brisant ou en les déracinant. On observe de plus que certaines plantes côtières sont comme taillées en arrière, vers les terres, à cause du flux de sel apporté par le vent depuis la mer[90],[91]. Les effets d'un vent salé, en zones montagneuses ou en zones d'érosion forte sur la flore locale est également un facteur. Tous ces effets du vent sur la forme et la croissance des plantes se nomment anémomorphose et sont en grande partie dus à la thigmomorphogenèse.
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+
288
+ Le vent est autant utilisé que subi par les espèces animales mais on observe une adaptation au vent chez beaucoup d'espèces.
289
+ Les protections de poils ou de laine des bovidés sont par exemple inefficaces si une combinaison de basses températures et d'un vent de plus de 40 km/h survient[92].
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+
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+ Les manchots, qui sont pourtant bien équipés contre le froid par leurs plumes et leur graisse, sont plus sensibles au niveau de leurs ailes et de leurs pieds. Dans ces deux cas de figure, ils adoptent un comportement de rassemblement en un groupe compact qui alterne sans cesse les positions de ses membres entre une position intérieure ou extérieure permettant ainsi de réduire la perte de chaleur jusqu'à 50 %[93].
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+ Les insectes volants, un sous-ensemble d'arthropodes, sont balayés par les vents dominants ; cela influe énormément sur leur dispersion et leur migration[94].
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+ Les oiseaux migrateurs tirent beaucoup plus parti du vent au lieu de le subir. Ils s'en servent afin de planer au maximum après avoir utilisé des courants thermiques ascendants pour prendre le plus d'altitude possible. La sterne arctique est un des plus grands champions de la discipline en réussissant des vols transatlantiques, voire plus, de cette manière. Le champion de l'océan Pacifique est le puffin fuligineux et l'un des vols les plus impressionnants sur des vents d'altitude est le grand albatros. Les records d'altitudes sont tenus par les oies à 9 000 mètres et les vautours jusqu'à 11 000 mètres. On remarque également que les axes de migration utilisent les vents dominants saisonniers[95],[96].
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297
+ Certains animaux se sont adaptés au vent tel le pika qui crée un mur de cailloux pour stocker des plantes et herbes sèches à l'abri[97]. Les cancrelats savent tirer parti des vents légers pour échapper à leurs prédateurs. Les animaux herbivores se positionnent en fonction du vent et de la topographie afin de bénéficier du transport des odeurs, comme des bruits, par le vent et ainsi percevoir l'approche d'un prédateur qui s'est lui-même adapté en approchant autant que possible sous le vent donc avec un vent soufflant de sa proie vers lui[98].
298
+
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+ Des rapaces et autres oiseaux prédateurs utilisent les vents pour planer sans effort jusqu'à repérer une proie tels les goélands bourgmestre qui attendent que les vents dépassent les 15 km/h pour accentuer leurs attaques sur les colonies de guillemots[99].
300
+
301
+ Le bruit du vent est appelé sifflement. Le sifflement du vent est réputé aigu, lugubre, oppressant, etc.[100]. Le vent est un mouvement de l'air et ne produit pas de sons au sein d'un système homogène à même vitesse mais par frottement sur des systèmes d'air de vitesses différentes ou à la suite du frottement sur des solides ou des liquides[101]
302
+
303
+ Parfois aussi le son du vent est modulé par la forme des solides qu'il traverse et selon sa direction comme dans les gorges ou les grottes. Même au sein des habitations, le vent peut générer des bruits. Les instruments à vent sont exactement basés sur ce même principe naturel mais en modulant la pression, l'ampleur et la vitesse, le tout combiné parfois à des volumes de résonance. Cet effet sonore du vent est d'ailleurs une grande source de nuisance lorsque l'on fait des enregistrements en extérieur et les micros doivent être enveloppés d'une couche protectrice poreuse afin que le vent ne rende pas tous les sons alentour inaudibles en traversant la structure interne du récepteur du microphone.
304
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305
+ Lorsque le vent est sauvage, on parle souvent des hurlements ou des rugissements du vent pendant les tempêtes, tornades, à travers des arbres dénudés de leur feuillage ou avec des violentes rafales. Les sons sont plus apaisants à l'oreille humaine lorsque des brises roulent du sable sur une grève, font bruisser les feuilles des arbres ou frisent la surface de l'eau de vaguelettes. Lorsque le vent est très aigu, on dit qu'il fait des miaulements.
306
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307
+ Le vent porte également les bruits en déformant l'onde circulaire naturelle de tout bruit. En plus de son bruit propre, il change également la répartition de tous les bruits environnementaux. On étudie désormais sérieusement les effets des vents dominants sur le transport du bruit des avions, des autoroutes ou des industries car le vent peut autant augmenter la distance de perception de bruits qu'aider à les étouffer plus vite, selon sa direction[102].
308
+
309
+ Le vent n'est pas que pacifique, il est essentiel à l'écosystème mais parfois le système s'emballe et le vent devient alors une force destructrice que l'on ne peut maîtriser.
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+ Le vent peut se déchaîner dans une tempête, comme un cyclone tropical, et détruire des régions entières. Les vents de force d'ouragan peuvent endommager ou détruire des véhicules, des bâtiments, des ponts, etc. Les vents forts peuvent aussi transformer des débris en projectiles, ce qui rend l'environnement extérieur encore plus dangereux. Les vents peuvent également venir s'ajouter à d'autres phénomènes comme des vagues, se combiner aux éruptions volcaniques, aux feux de forêts… comme détaillé ci-dessous.
312
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313
+ Le vent peut accentuer des grandes marées comme lors de la tempête Xynthia en France en 2010 où sa direction est venue s'additionner au sens de montée de la mer. En se déplaçant, l'air agit par friction sur la surface de la mer. Cet effet crée une accumulation d'eau dans les régions sous le vent, similaire à celui qui crée un effet de seiche, qui est inversement proportionnel à la profondeur et proportionnel à la distance sur laquelle le vent s'exerce[103],[104]. Ceci s'ajoute à l'augmentation du niveau de la mer créé par la pression plus faible au centre du système météorologique et à d'autres facteurs[104]. On appelle ce phénomène une onde de tempête.
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+ Le coup de mer est une perturbation de la mer, souvent brève, localisée, due aux vents et pouvant être très violente alors qu'il n'y a pas de tempête au lieu où l'effet est noté. Il s'agit de la combinaison d'une dépression et de vents violents directionnels près d'une dépression qui se situe loin au large et provoque un effet de succion sur la surface de la mer. Cette colline liquide va donc augmenter jusqu'à l'équilibre puis s'effondrer lors du déplacement de la dépression. Si le mouvement du système est rapide, la chute est brutale ; elle va créer des fronts de vagues plus ou moins importants qui seront entretenus en partie par des vents de surfaces s'ils existent. Si ceux-ci sont violents, ils peuvent même l'alimenter[105]. Si ces vagues ont une ampleur telle qu'elles commettent des dégâts sur les côtes ou causent des naufrages, on les appellera « vagues-submersion »[106]. Comme ce phénomène a lieu au large, si la dépression ne se dissipe pas d'elle-même l'ampleur des vagues explosera en se rapprochant de la côte parce que le volume d'eau déplacé par la dépression restera le même alors que la profondeur diminue jusqu'à devenir nulle.
316
+
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+ Les différences entre un coup de mer et un tsunami sont l'origine éolienne au lieu de géologique, l'aspect limité de son action géographique et temporelle, mais aussi que les vagues sont formées dès le large et non par la collision des fronts d'onde sur le plateau continental qui ici ne fera qu'amplifier des vagues déjà existantes. Ce phénomène est par exemple observable deux à quatre fois par an sur la Côte d'Azur[107] ou en Corse comme à Cannes en 2010[108] où ce phénomène habituellement limité à des vagues de 4 à 5 mètres culmina avec des lames de 6 à 10 mètres emportant tout sur leur passage.
318
+
319
+ Sur les structures des ponts suspendus, il a déjà provoqué des phénomènes de mise en résonance allant jusqu'à la destruction de l'ouvrage comme pour le pont du détroit de Tacoma en 1940, le pont de la Basse-Chaîne (Angers) en 1850 ou le pont de La Roche-Bernard en 1852. Dans ces cas, il a un échange d’énergie mécanique qui se produit entre le vent et le pont qui oscille. En condition normale, l’énergie mécanique engendrée par une petite oscillation initiale extérieure est transférée du pont vers le vent qui la dissipe. Mais si la vitesse moyenne du vent est suffisamment élevée, au-dessus de ce que l’on appelle la « vitesse critique », le pont est instable et l’oscillation initiale s’amplifie. L'énergie se transfère alors du vent vers le pont et les oscillations s’amplifient à cause du couplage aéroélastique jusqu'à entraîner parfois la rupture des structures du pont.
320
+
321
+ Lorsqu'il érode des sols, il peut aller jusqu'à la roche et/ou désertifier complètement une région comme pour la mer de sable du Hoge Veluwe aux Pays-Bas, phénomène se nomme également déflation. Le vent peut également provoquer des tempêtes de sables comme par le chammal ou de poudrerie (chasse-neige) comme le blizzard. En outre, si l'érosion éolienne, pluviale, maritime et fluviale n'était pas contrebalancée par les mouvements magmatiques divers, la Terre serait recouverte d'eau depuis longtemps car cette érosion aurait effrité tous les solides dépassant une couche de boue sous-marine. Le vent érode et transporte les roches qui finiront par s'accumuler dans la mer jusqu'à une modification de relief terrestre à la suite de mouvements tectoniques qui pousseront ces sédiments comprimés par la pression de l'eau vers le haut. C'est donc un des mécanismes de création des roches sédimentaires qui seront alors à nouveau érodées par le vent dès qu'elles seront découvertes à l'air libre.
322
+
323
+ Les orages sont souvent accompagnés de rafales violentes ou de tornades qui produisent des dégâts importants le long d'un corridor au sol. Ils sont également accompagnés de turbulence, par cisaillement des vents dans le nuage, qui peut endommager des avions ou même les faire écraser si elle se produit relativement près du sol[109].
324
+
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+ La production de foudre est causée par la différence de charges électriques entre la base et le sommet du nuage orageux, entre le nuage et le sol ou entre deux nuages. Ces charges sont produites par collisions des gouttelettes et cristaux de glaces dans le courant ascendant, ou vent vertical, dans le nuage.
326
+
327
+ Dans des cas de pollution, il permet d'épurer les régions touchées mais va répandre celle-ci sur d'autres régions jusqu'à dilution des polluants ou précipitation par la pluie comme dans le cas du nuage de Tchernobyl ou dans les cas de pluie acide. Plus récemment, l'éruption de l'Eyjafjöll a paralysé les trois quarts du trafic aérien européen.
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+ Bien des maladies sont transportées par les vents, peu importe qu'elles soient virales, bactériennes ou fongiques. Souvent, le vent ne va permettre que des petits sauts de quelques centimètres à plusieurs mètres. Mais, les grands vents ou des cyclones peuvent transporter des infections sur des centaines de kilomètres[110]. Quelques infections courantes utilisant le vent : la rouille noire, la rouille du maïs, le mildiou, les fusarium… Il importe d'ailleurs peu que le vent charrie directement l'infection (certains organismes peuvent aussi s'encapsuler durant le transport pour mieux résister) ou transporte des matériaux contaminés.
330
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331
+ Les insectes volants bénéficient souvent ou se sont adaptés à des régimes de vent particuliers. Ce qui permet à ces bêtes assez petites de franchir des très longues distances que leurs seules forces ne leur permettraient pas.
332
+ Les ravageurs les plus courants sont actuellement les cicadelles, sauterelles, fourmis, les abeilles tueuses ou le criquet pèlerin[111],[112].
333
+
334
+ Le vent agit également dans les cadres des incendies de forêt auxquels il fournit une force de déplacement d'une part mais également une alimentation en oxygène qui entretient voire attise les flammes comme l'Homme s'en est inspiré pour créer les soufflets. Le vent permet également ce que l'on appelle les sauts de feu, que ce soit sous forme de touffes enflammées ou simplement de braises qui permettent de franchir des obstacles tels les rivières, failles ou les coupe-feu.
335
+
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+ Le vent solaire est assez différent du vent terrestre car il se compose de particules polarisées qui sont éjectées de l'atmosphère du Soleil. Par contre, le vent planétaire est lui semblable au vent solaire et est composé de gaz légers qui s'échappent de l'atmosphère de leur planète. Sur de longues périodes de temps, ce vent planétaire peut radicalement changer la composition de l'atmosphère d'une planète.
337
+
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+ Des vents hydrodynamiques dans les couches supérieures de l'atmosphère permettent à des éléments chimiques légers comme l'hydrogène de se déplacer vers l’exobase, partie inférieure de l'exosphère où ces gaz peuvent acquérir la vitesse de libération et donc s'échapper dans l'espace interplanétaire sans que d'autres particules ne contrarient leur mouvement ; c'est un peu une forme d'érosion gazeuse[113].
339
+ Ce type de processus sur des temps extrêmement longs, de l'ordre de milliards d'années, peut faire que des planètes riches comme la Terre évoluent en des planètes comme Vénus[114].
340
+ Des planètes avec une atmosphère basse très chaude peuvent générer une atmosphère haute très humide et donc accélérer le processus de perte de l'hydrogène[115].
341
+ L'énergie nécessaire à l'arrachage de ces éléments légers étant fournie par le vent solaire.
342
+
343
+ À la différence de l'air, le vent solaire est à l'origine un flux de particules polarisées comparable à un courant électrique ou à un plasma éjecté par la couronne solaire dont la chaleur permet des vitesses de fuite de plus de 400 km/s (1 440 000 km/h). Il est majoritairement constitué d'électrons et de protons avec une énergie de l'ordre de 1 keV. Ce flux de particules varie en température et en vitesse au fur et à mesure du temps[116]. Il existerait également des mécanismes internes au Soleil permettant de transmettre à ces particules une haute énergie cinétique mais leur fonctionnement reste encore actuellement un mystère. Le vent solaire crée l'héliosphère, vaste bulle qui contient tout le système solaire et s'étend jusque dans l'espace interstellaire[117].
344
+
345
+ C'est aussi ce qui explique que seules des planètes disposant d'un très puissant champ magnétique peuvent supporter sans dommage ce vent solaire continuel, réduisant ainsi l'ionisation de la haute atmosphère. Divers phénomènes observables sont dérivés du vent solaire telles les tempêtes électromagnétiques qui peuvent affecter les équipements électriques[118], les aurores boréales[119] ou encore le fait que les comètes qui traversent le système solaire ont toujours leur queue dirigée à l'opposé du Soleil[120].
346
+
347
+ Cependant, au fur et à mesure que ce vent solaire croise des planètes, il est alimenté par le vent planétaire et prend alors des caractéristiques plus proche des vents terrestres dans certains de ses effets, des systèmes solaires très denses pourraient ainsi en arriver à avoir une atmosphère ténue.
348
+
349
+ Certains tests sont actuellement effectués sur les voiles solaires et il avait même été imaginé une course de voiles solaires[121]. Le principe est semblable à celui des voiliers, à ceci près qu'il s'appuie sur la lumière (les photons) émis par le Soleil. Compte tenu de la faible propulsion générée, le procédé ne permet pas de quitter la surface d'une planète (même dénuée d'atmosphère, et donc de friction). Il est en revanche utilisable sur un appareil ayant déjà atteint la vitesse de satellisation minimale, voire la vitesse de libération. La difficulté de mise en œuvre réside dans la faiblesse de la poussée : une voile de 220 000 m2 est nécessaire pour obtenir une poussée de 1 kg.m.s−1.
350
+
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+ Cependant, cet effet est déjà utilisé sur les sondes spatiales afin de rectifier une trajectoire ou de fournir une poussée supplémentaire comme pour la sonde Mariner 10.
352
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
354
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+ Plusieurs sites internet offrent des visualisation de données prédictives ou en temps réel du vent et des déplacements des masses d'air, dont :
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+ L’abdomen (du latin, de même sens) est une partie du corps humain ou du corps d'un animal. Chez l'être humain, il est également appelé ventre.
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+
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+ Chez l'être humain, l'abdomen est la région du corps située entre le thorax en haut et le petit bassin en bas, contenant la plus grande partie des organes digestifs.
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+
5
+ Schématiquement, on peut diviser l'abdomen en deux parties :
6
+
7
+ L'abdomen humain a une forme de cylindre vertical dont on décrit essentiellement quatre faces délimitant la cavité abdominale. La partie supérieure de l'abdomen est séparée de la cavité thoracique par le muscle diaphragme qui prend l'aspect d'un dôme à convexité supérieure. La cavité abdominale n'est pas matériellement séparée de la cavité périnéale en bas puisqu'il n'y a pas de séparation autre que théorique. Cette séparation est définie par l'entrée du bassin et la limite du péritoine reposant sur les organes pelviens. La cavité abdominale est limitée en avant et en dehors par une ceinture musculaire faite du croisement de plusieurs muscles abdominaux décrits plus bas, et limitée en arrière par le rachis lombaire, la face antérieure des ailes des os iliaques et par les dernières côtes flottantes (XIe à XIIe).
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+
9
+ La face antéro-externe de la cavité abdominale est limitée par une succession de couches musculaires et aponévrotiques constituées des muscles : droit, oblique externe, oblique interne et transverse.
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+
11
+ Dans sa partie postérieure, la paroi de l'abdomen présente les muscles : petit dentelé inférieur, grand dorsal et carré des lombes.
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13
+ La cavité abdominale contient le foie qui est attaché à la vésicule biliaire, et l'intestin grêle relié à l'estomac, et au côlon, ainsi que la rate.
14
+ Il contient également le Pancréas. Le grand bassin est compris dans la cavité abdominale, contrairement au petit bassin qui appartient à la cavité pelvienne.
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+
16
+ Le rétropéritoine contient latéralement les reins, les glandes surrénales, les uretères, pancréas, et médialement des vaisseaux sanguins importants comme l'aorte abdominale et la veine cave inférieure.
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18
+ Chez l'humain, on note la cicatrice ombilicale centrale, entre les deux muscles droits de l'abdomen, source parfois d'une déhiscence et d'une hernie ombilicale.
19
+
20
+ Le périmètre ombilical permet de mesurer un paramètre prédictif de maladie cardiovasculaire. Il reflète la masse grasse abdominale responsable de la résistance insulinique des diabétiques non insulino-dépendants et des syndromes métaboliques.
21
+
22
+ Chez les insectes, l'abdomen correspond au segment situé à l'extrémité caudale du corps. Il fait suite à la tête (A sur le schéma) et à la partie thoracique (B sur le schéma).
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+
24
+ La cavité abdominale n'existe que chez les vertébrés supérieurs.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L’abdomen (du latin, de même sens) est une partie du corps humain ou du corps d'un animal. Chez l'être humain, il est également appelé ventre.
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+ Chez l'être humain, l'abdomen est la région du corps située entre le thorax en haut et le petit bassin en bas, contenant la plus grande partie des organes digestifs.
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+ Schématiquement, on peut diviser l'abdomen en deux parties :
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+ L'abdomen humain a une forme de cylindre vertical dont on décrit essentiellement quatre faces délimitant la cavité abdominale. La partie supérieure de l'abdomen est séparée de la cavité thoracique par le muscle diaphragme qui prend l'aspect d'un dôme à convexité supérieure. La cavité abdominale n'est pas matériellement séparée de la cavité périnéale en bas puisqu'il n'y a pas de séparation autre que théorique. Cette séparation est définie par l'entrée du bassin et la limite du péritoine reposant sur les organes pelviens. La cavité abdominale est limitée en avant et en dehors par une ceinture musculaire faite du croisement de plusieurs muscles abdominaux décrits plus bas, et limitée en arrière par le rachis lombaire, la face antérieure des ailes des os iliaques et par les dernières côtes flottantes (XIe à XIIe).
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+ La face antéro-externe de la cavité abdominale est limitée par une succession de couches musculaires et aponévrotiques constituées des muscles : droit, oblique externe, oblique interne et transverse.
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+ Dans sa partie postérieure, la paroi de l'abdomen présente les muscles : petit dentelé inférieur, grand dorsal et carré des lombes.
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+ La cavité abdominale contient le foie qui est attaché à la vésicule biliaire, et l'intestin grêle relié à l'estomac, et au côlon, ainsi que la rate.
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+ Il contient également le Pancréas. Le grand bassin est compris dans la cavité abdominale, contrairement au petit bassin qui appartient à la cavité pelvienne.
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+ Le rétropéritoine contient latéralement les reins, les glandes surrénales, les uretères, pancréas, et médialement des vaisseaux sanguins importants comme l'aorte abdominale et la veine cave inférieure.
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+ Chez l'humain, on note la cicatrice ombilicale centrale, entre les deux muscles droits de l'abdomen, source parfois d'une déhiscence et d'une hernie ombilicale.
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+ Le périmètre ombilical permet de mesurer un paramètre prédictif de maladie cardiovasculaire. Il reflète la masse grasse abdominale responsable de la résistance insulinique des diabétiques non insulino-dépendants et des syndromes métaboliques.
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+ Chez les insectes, l'abdomen correspond au segment situé à l'extrémité caudale du corps. Il fait suite à la tête (A sur le schéma) et à la partie thoracique (B sur le schéma).
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+ La cavité abdominale n'existe que chez les vertébrés supérieurs.
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+ La Vénus de Milo est une statue en marbre représentant vraisemblablement la déesse Aphrodite, retrouvée sans ses bras dans l'île grecque de Milos en 1820. C'est une œuvre de l'époque hellénistique, créée vers 150-130 av. J.-C.
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+ Son exposition au musée du Louvre en 1821 a fait sensation : c'était la première statue venue de Grèce dans les collections, et la première à être montrée incomplète. Sa célébrité est due à la grande beauté de son corps à demi dénudé, mais aussi aux polémiques suscitées par son identité et la position de ses bras. Parmi les nombreuses propositions pour restituer son attitude, les archéologues en privilégient deux, celle où la Vénus de Milo tient la pomme du jugement de Pâris ou celle où elle se regarde dans le bouclier d'Arès.
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+ Entre le 4 mars et le 14 avril 1820, plusieurs navires de l'escadre française du Levant, parmi lesquels l'Estafette, stationnent ou font escale dans la rade de l'île de Milo[1]. Un aspirant de l'Estafette, Olivier Voutier, assiste un jour à la découverte par un paysan grec[2] d'une statue de Vénus en deux parties[3]. Le premier à réagir officiellement est un commandant de navire, M. Dauriac, arrivé le 10 avril à Milo. Il écrit dès le 11 au consul général à Smyrne, pour signaler la découverte « trois jours avant » de la Vénus, déjà évaluée à 1 000 piastres. Le lendemain, Louis Brest, l'agent consulaire français de Milo, écrit[4] lui aussi à son supérieur, en faisant état de la statue « un peu mutilée, aux bras cassés » et de deux piliers à tête sculptée. Il s'inquiète de savoir s'il doit acheter la statue et ajoute que les dignitaires de l'île souhaitent de leur côté la proposer au fonctionnaire grec dont ils dépendent à Constantinople[5]. Les deux lettres parviennent le 24 avril à Smyrne, et le consul général écrit le 25 à l'ambassadeur de France à Constantinople, le marquis de Rivière pour l'avertir et lui demander s'il veut acquérir la statue « pour le Musée Royal » à Paris[6].
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+ Le 16 avril, un navire chargé d'un voyage d'exploration dans le Pont-Euxin, la Chevrette, fait une brève escale à Milo. À son bord se trouve l'enseigne de vaisseau Jules Dumont d'Urville. Botaniste, il va le 19 avril examiner par curiosité la statue de Vénus récemment découverte et note ses observations[7]. La Chevrette poursuit sa route et fait escale du 29 avril au 5 mai 1820 à Constantinople. Invité à l'ambassade, Dumont d'Urville est interrogé sur la statue par M. de Rivière, puis il remet le 3 mai une courte notice[8] sur le sujet au vicomte de Marcellus, secrétaire d'ambassade.
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+ Enfin le 6 mai, l'Estafette, basée à Smyrne, arrive à Constantinople pour emmener M. de Marcellus dans une tournée des établissements français du Levant prévue de longue date ; son commandant, M. Robert, s'entretient aussi de la statue avec l'ambassadeur. Sur la foi de ces différents témoignages, M. de Rivière décide d'acheter la statue à son propre compte et il demande à M. de Marcellus de se rendre d'abord à Milo pour traiter l'affaire[9].
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+ Or dans l'intervalle à Milo, un religieux nommé Verghi s'était chargé d'acheter la statue au paysan pour le compte du fonctionnaire grec de Constantinople : il en avait offert 718 piastres, mais en ne versant qu'une très petite avance[10]. Et quand l'Estafette approche l'île le 22 mai 1820, le moine fait rapidement embarquer la statue sur un navire prêt à partir. Malgré cela, M. de Marcellus est déterminé à la récupérer et à l'acheter. Deux jours de négociations très tendues avec les dignitaires de l'île et l'offre d'un paiement argent comptant de 836 piastres[11] sont nécessaires pour qu'il puisse faire passer à son bord la statue, avec « quelques fragments de marbre » et trois piliers à tête sculptée. Il quitte Milo dès le 25, et dans la dépêche[12] qu'il expédie le 28 de Rhodes à l'ambassadeur pour lui narrer les faits, il précise avoir refusé de recourir à la force comme le lui suggéraient ses compagnons. De son côté, Brest écrit[13] pour demander à l'ambassadeur d'intervenir pour éviter des sanctions aux habitants de l'île[14]. En 1826 seulement, M. de Rivière leur remboursera les 7000 piastres qu'ils avaient dû payer comme amende au drogman.
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+ Puis l'Estafette entreprend son périple en Méditerranée orientale, fait escale entre autres au Pirée le 20 septembre, où l'archéologue Louis Fauvel admire la statue sur le pont du navire la nuit, « à la lueur des flambeaux »[15]. La mission de M. de Marcellus se termine le 10 octobre à Smyrne, et les sculptures sont transbordées sur le navire la Lionne qui doit ramener en France M. de Rivière, relevé de son poste d'ambassadeur. Sur le chemin du retour, ce dernier fait escale à Milo le 15 novembre et emporte encore quelques fragments de marbres.
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17
+ Arrivés le 23 décembre 1820 à Toulon, les objets sont acheminés le mois suivant par voie fluviale jusqu'à Paris où ils parviennent à la mi-février[16]. Cela permet à M. de Rivière d'offrir la statue au roi Louis XVIII lors d'une audience qui lui est accordée le 1er mars 1821 au palais des Tuileries. Le roi l'accepte et l'offre à la France pour enrichir les collections du musée du Louvre[17], mais il n'ira jamais la voir[18].
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19
+ Plusieurs récits de ces événements paraissent au cours du XIXe siècle, de plus en plus bavards et imprécis à mesure que le temps passe.
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21
+ a) en mars 1821, Dumont d'Urville publie la relation du voyage[19] que la Chevrette a fait l'année précédente. Pour la statue de Milo, il copie sa note du 3 mai, augmentée de ce qu'on lui a dit de la suite des événements. C'est le témoignage le plus direct que l'on possède de la trouvaille et de son contexte.
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23
+ b) en mars-avril 1821, Marcellus fait parvenir au directeur du Musée Royal une note[20] très détaillée sur les conditions de l'acquisition de la Vénus, où il a en effet joué un rôle essentiel et déterminant par la négociation. Le peu qu'il dit sur la découverte, qu'il date fin février, est de seconde main.
24
+
25
+ c) en 1821, le comte de Clarac, conservateur des Sculptures au Louvre, publie une étude[21] sur la Vénus de Milo. Il reprend les notes de Dumont d'Urville et de Marcellus, et les complète avec les informations que lui fournit de vive voix M. Duval d'Ailly, commandant de la Lionne, également présent à Milo en avril 1820.
26
+
27
+ d) en 1839, Marcellus consacre un chapitre de ses Souvenirs de l'Orient[22] à l'acquisition de la statue, qu'il appelle « sa pupille ». Il recopie pour l'essentiel sa note de 1821, qu'il enfle pompeusement ; mais il ajoute sa tentative, jusque-là dissimulée, de monter à bord du navire en partance pour voir la statue avant de l'acheter.
28
+
29
+ e) en 1862, Brest rédige un rapport[23] à la demande de l'ambassadeur de France à Athènes. Il donne pour la première fois le nom de Théodoros Kendrotas au paysan grec qui avait découvert la statue. Mais oublieux de ce qu'il avait lui-même écrit en 1820, il s'attribue tout le mérite de l'acquisition de la statue pour la France.
30
+
31
+ f) en 1874 paraît le récit de Matterer[24], lieutenant sur la Chevrette en 1820. Il affirme que les bras de la Vénus ont été cassés dans une violente bagarre entre les Français et les Grecs survenue lors de son embarquement en mai 1820 sur le port de Milo : la scène est inventée car la Chevrette naviguait à ce moment-là dans le Pont-Euxin.
32
+
33
+ g) Voutier réagit en publiant la même année sa version des faits[25] : il peut assurer que la statue a été trouvée les bras cassés, puisque c'est lui qui l'a fait exhumer par le paysan grec - sinon elle serait restée enfouie ; et ne parvenant pas à convaincre Brest de l'acheter, il est parti aussitôt sur l'Estafette prévenir l'ambassadeur à Constantinople. Son récit est pittoresque mais rarement plausible, voire erroné (à la mi-avril, son navire a quitté Milo pour regagner sa base à Smyrne)[26].
34
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35
+ h) en 1892 est publié le calque d'un dessin[27] fait par Voutier, représentant la Vénus en deux morceaux disjoints et deux piliers à tête sculptée sur des bases inscrites. Voutier a vu les objets quelques jours en avril à Milo et de mai à octobre sur l'Estafette.
36
+
37
+ La découverte de la statue par le paysan grec s'est faite par hasard et sans aucune méthode. Dauriac la place « trois jours avant » sa lettre du 11 avril, soit le 8 avril 1820. L'agent consulaire de Milo écrit à Smyrne le 12 avril qu’« un paysan vient de trouver » la statue, sans plus de précision. Dumont d'Urville situe la découverte un mois environ avant le rapport qu'il rédige le 3 mai à Constantinople[28], soit vers le 5 avril. Il s'est écoulé un certain temps entre la découverte de la statue et son exhumation complète. Le paysan met vite le haut de la statue à l'abri chez lui où Dauriac l'a vu le 11 avril, et laisse la partie inférieure sur place où Dumont d'Urville l'examine le 19 avril. Aucun des témoignages de 1820 ne renvoie à la « fin février », date donnée par Marcellus, reprise par Clarac et d'autres[29] par la suite.
38
+
39
+ Les renseignements les plus complets se trouvent dans l'étude de Clarac[30]. Le paysan grec travaillait « […] à 500 pas (300 m) de l'amphithéâtre (du théâtre) et au-dessus des grottes sépulcrales creusées sur la droite de la vallée qui conduit à la mer ». Cela correspond à l'emplacement de la ville antique de Mèlos, à flanc de montagne entre le village de Tripiti et la mer, le long de la vallée de Klima. Les fouilles modernes ont permis d'identifier deux temples, dont un de Poséidon, une agora avec des portiques, un stade et, en contrebas sur la pente, le théâtre. L'endroit où a été découverte la Vénus se trouve tout à côté du stade[31].
40
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+ Le paysan repère des blocs de marbre bien taillés affleurant le terrain et continue de creuser pour en récupérer davantage. Ils proviennent du haut des murs d'une construction alors complètement enterrée, qualifiée dans les premiers récits de « grotte », « niche » ou « petite chapelle », « cintrée » ou « voûtée ». C'est une pièce carrée d'environ quatre pieds de large (1,40 m), enfouie de sept ou huit pieds (2,50 à 2,80 m) sous le niveau du sol moderne. Seul Dumont d'Urville signale[32] que l'entrée était surmontée d'un marbre de quatre pieds et demi de long sur six à huit pouces de large (1,50 × 0,20 m), soit la taille d'un linteau. Il portait gravée la dédicace, d'époque hellénistique d'après la forme des lettres[33], du petit bâtiment nommé « exèdre ». Il ne reste plus rien aujourd'hui de cette exèdre.
42
+
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+ Dans cet espace restreint étaient enfouies plusieurs sculptures de marbre, accompagnées de fragments[34], mais on ignore s'il s'agit de leur emplacement antique ou d'un regroupement postérieur[35]. D'après les premiers témoignages, s'y trouvaient certainement :
44
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+ Marcellus dit avoir emporté aussi :
46
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+ Il est plus difficile d'identifier les fragments de bras mentionnés en avril près de la statue ou ceux emportés en mai et novembre[38], avec ceux répertoriés au Louvre, qui sont :
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+ Grâce à Dumont d'Urville, on sait qu'il y avait aussi dans l'exèdre :
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+ Théodoridas fils de Laistratos, à Hermès.
52
+
53
+ Βάκχιος Σάτ[τ]ου ὑπογυ[μνασιαρχήσ]ας / τάν τε ἐξέδραν καὶ τὸ [ἄγαλμα(?)] / Ἑρμᾶι Ἡρακλεῖ. Bacchios fils de Sattos étant hypogymnasiarque [a dédié] l'exèdre et [la statue ?] à Hermès et à Héraclès .
54
+
55
+ Mais le lieu de découverte de la dernière inscription est incertain. Dumont d'Urville, pourtant attentif aux inscriptions, ne la mentionne pas dans l'exèdre :
56
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57
+ « -ανδρος Μηνίδου / [Ἀντ]ιοχεὑς ἀπὸ Μαιάνδρου / ἐποίησεν » ...andros fils Ménidès, de la ville d'Antioche du Méandre a fait [la statue].
58
+
59
+ Le fragment, brisé à gauche, comporte un trou d'encastrement de pilier. Il est dessiné par Voutier comme base du pilier avec la tête d'Héraclès, et représenté avec soin comme partie de la plinthe de la statue dans l'étude de Clarac. Parvenu au Louvre en 1821, il a ensuite été perdu.
60
+
61
+ La statue est plus grande (2,02 m) que la taille naturelle. Elle représente vraisemblablement la déesse grecque Aphrodite (Vénus chez les Romains), debout, le torse dénudé et les jambes drapées.
62
+
63
+ La déesse est coiffée très simplement : les cheveux, divisés par une raie en épais bandeaux ondulés, forment derrière la tête un chignon rond d'où s'échappent trois mèches tombant dans le cou. La tête était ornée d'un diadème en métal fixé sur une bande lisse (les trous de fixation sont visibles), et les oreilles de boucles en métal. Le visage est plein et lisse, le nez droit, les yeux petits et peu enfoncés, la bouche à la lèvre inférieure charnue est à peine entrouverte. C'est un visage calme et sans expression, encore très classique.
64
+
65
+ Le haut du corps dénudé est parfaitement proportionné. Les seins sont écartés et très fermes, le torse est modelé par la ligne blanche et les muscles abdominaux, le ventre est légèrement bombé. Le bras droit, conservé jusqu'au milieu du biceps, est dirigé vers le bas, pressé contre le sein ; au-dessus de la fracture, deux trous servaient sans doute à fixer un bracelet en métal. Le dos est modelé par la dépression de la colonne vertébrale, les fesses sont peu volumineuses.
66
+
67
+ La jambe droite tendue porte le poids du corps, le pied nu bien à plat. La jambe gauche, à la cuisse un peu trop courte, est légèrement fléchie, car le pied maintenant disparu était posé sur un support bas. Le bas du ventre et les jambes sont couverts d'une draperie qui n'est pas celle d'un himation, manteau que les femmes ne portaient pas à même la peau, mais celle d'une grande étoffe, qui pouvait servir à la sortie du bain. Roulée en bourrelet sous les hanches, elle drape d'abord l'avant, puis l'arrière des jambes, revient à l'avant sur la cuisse gauche relevée, et se termine en tombant à l'intérieur de la jambe. Cette disposition dans la réalité devait permettre à une étoffe de tenir en place toute seule, sans l'aide des mains[42]. Très inhabituelle, elle permet d'identifier toutes les statues d'Aphrodite du même type.
68
+
69
+ Les mesures principales de la Vénus de Milo sont les suivantes :
70
+
71
+ La statue est en marbre de Paros d'excellente qualité. Son corps a été fabriqué dès l'origine en deux blocs superposés. Cette technique de fabrication s'est répandue à l'époque hellénistique en Asie mineure et dans les Cyclades[43]. Elle permettait d'extraire des carrières des blocs de marbre moins importants donc moins rares et moins coûteux que pour un corps entier.
72
+
73
+ Les surfaces jointives se raccordent horizontalement au milieu du bourrelet de draperie. Les deux blocs étaient fixés l'un à l'autre par deux goujons de fer, implantés à l'intérieur de chaque hanche. Du côté de la hanche droite, au bloc supérieur, une pièce horizontale a été découpée dès l'origine pour réparer un gros accident du marbre, dû sans doute à la proximité du tenon métallique[44].
74
+
75
+ D'autres parties de la statue étaient rapportées sur le corps :
76
+
77
+ Le travail de la draperie à l'arrière et sur le côté gauche des jambes est délibérément plus sommaire, ces parties n'étant pas destinées à être vues par le spectateur. Cette différence ne se retrouve pas dans la partie supérieure.
78
+
79
+ Dès le début, la Vénus de Milo a frappé les commentateurs par la qualité de sa sculpture. Ils ont tout de suite fait la différence entre elle et les copies romaines auxquelles ils étaient habitués. Les sculptures grecques étaient encore rares à l'époque dans les musées européens[45], la seule référence étant la frise et les statues des frontons du Parthénon exposées à Londres (les marbres Elgin). La Vénus de Milo a été rapprochée successivement des écoles de Praxitèle ou de Scopas[46], puis les progrès de l'archéologie au XIXe siècle ont mis en lumière les caractéristiques de la sculpture hellénistique.
80
+
81
+ Le style de la sculpture de la Vénus de Milo n'est pas uniforme. À la partie supérieure, le visage peu expressif est empreint de classicisme, tout comme le modelé des parties nues sans ruptures ni effets d'ombre. À la partie inférieure au contraire, le rendu des plis de la draperie est très graphique et l'emporte visuellement sur la forme des jambes. Une telle disparité a fait penser que la partie inférieure pouvait être une restauration antique tardive[47]. Elle relève en fait d'une volonté de créer un fort contraste entre le nu et le drapé. La combinaison de ces effets de style très marqués en même temps qu'un retour au classicisme caractérise le goût de l'époque hellénistique. À la fin du XIXe siècle, Adolf Furtwängler propose de dater la Vénus de Milo dans la seconde moitié du IIe siècle av. J.-C.[48]
82
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83
+ En 1954, Jean Charbonneaux compare le profil de la Vénus de Milo à celui du torse dit l'Inopos conservé au Louvre[49], qu'il identifie comme un portrait de Mithridate VI, roi du Pont de 111 à 63 av. J.-C. Jugeant les profils similaires, il en conclut que les deux statues sont l'œuvre du même sculpteur, donc contemporaines, et propose de dater vers 100 av. J.-C. la statue de Milo. Mais le profil de l'Inopos était une restauration en plâtre du XIXe siècle, maintenant supprimée[50] : il n'y a donc plus d'argument pour dater la Vénus de Milo tout à la fin du IIe siècle av. J.-C.
84
+
85
+ Le nom du sculpteur de la Vénus n'est pas connu. Pourtant, le fragment avec la signature d'un sculpteur d'Antioche du Méandre, même s'il n'appartient pas à la statue, est important car il témoigne de l'activité à Milo, comme dans tout l'archipel des Cyclades, de sculpteurs venus d'Asie mineure, sans doute en lien avec la fin des travaux du Grand autel de Pergame[51]. D'où aussi la comparaison souvent faite entre la Vénus de Milo et une tête d'Aphrodite trouvée à Tralles[52], datée vers 150 av. J.-C.
86
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87
+ Plusieurs indices font penser que la statue avait subi des dommages dans l'Antiquité, et avait été réparée[53]. L'avant-bras droit avec le coude avait été complété en marbre et il était maintenu par une tige métallique fixée dans le torse sous le sein droit. L'avant de la plinthe a été retaillé parallèle au plan des épaules à grands coups de pointe[54]. La restauration ne devait pas être très soignée. Et pour certains archéologues, le fragment de bras gauche, la main avec le fruit, et le fragment de base avec la signature sont aussi les restes de cette restauration antique[55].
88
+
89
+ La statue, dont le cou est intact, n'a plus ses bras : le gauche est absent à partir de l'épaule, et le droit fracturé au milieu du biceps. Il manque également la partie droite de la plinthe, le pied gauche, et quelques petits fragments (une partie du nez, les lobes des oreilles, le bout du sein gauche, le pouce du pied droit et de petites portions de plis). La surface du marbre est arrachée dans le dos, notamment derrière l'épaule droite, et celle des plis posés sur la cuisse gauche est érodée.
90
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91
+ La statue présente des fractures importantes dans la zone des hanches et du haut des cuisses. Du côté droit, un gros morceau de la cuisse avec la fesse attenante est brisé ainsi que, du côté gauche, deux fragments superposés de la hanche et de la cuisse. M. de Marcellus [56] impute ces dégâts au transport de la statue jusqu'au port, fait sans aucun ménagement, mais il n'énumère pas les fragments parmi ceux qu'il a embarqués avec la statue, alors qu'ils sont pourtant bien parvenus en France.
92
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93
+ À la mi-mars 1821 la statue arrive dans l'atelier de restauration des sculptures du Louvre pour être confiée au sculpteur-restaurateur Bernard Lange. La restauration des bras en marbre est d'abord envisagée. Faute de consensus sur l'attitude générale de la statue (voir ci-dessous), Antoine Quatremère de Quincy, membre éminent de l'Institut dont l'entourage du Roi sollicite l'avis, recommande d'exposer la statue « dans l'état de mutilations où elle se trouve »[57]. Cadeau royal, la statue doit être rapidement exposée, et en moins de trois mois Lange parvient à :
94
+
95
+ La statue ainsi restaurée est exposée à la fin du mois de mai 1821 et un an plus tard elle trouve sa place au centre de la « Salle du Tibre », entourée de sculptures romaines. Elle la quittera en 1853, pour l'extrémité du « Corridor de Pan »[60].
96
+
97
+ Durant la guerre de 1870, la Vénus de Milo est mise à l'abri dans les caves de la Préfecture de Paris, mais à cause de l'humidité, le joint de plâtre entre les deux blocs du corps s'est désagrégé. Félix Ravaisson, le conservateur des antiques du Louvre à l'époque, constate alors que la restauration de 1821, faite trop vite, était défectueuse au niveau de la jonction des deux blocs du corps[61] : le fragment de la cuisse gauche recollé trop haut faisait une saillie sur le lit d'attente du bloc inférieur, compensée dans la partie droite par l'adjonction de cales en bois insuffisantes. Il entreprend une restauration fondamentale de la statue qui a pour effet de redresser l'aplomb vertical du torse. Il supprime le pied gauche en plâtre dont il rebouche le trou de fixation, et inclut la plinthe dans un socle circulaire tournant.
98
+
99
+ Par la suite, la statue n'a pas subi d'autres restaurations que des nettoyages et des interventions ponctuelles rendus nécessaires au fil du temps ou de ses déplacements[62]. Lors du réaménagement des salles du Louvre après la Seconde Guerre mondiale, la plinthe antique, dégagée de son socle, redevient visible. Après le dernier nettoyage réalisé en 2010, durant lequel ont été entrepris des examens scientifiques[63], elle quitte le « Corridor de Pan » pour regagner la salle qu'elle occupait en 1822, qui lui est désormais presque entièrement consacrée.
100
+
101
+ La mutilation des bras de la Vénus de Milo a alimenté la légende, voire les fantasmes. Si les archéologues eux-mêmes en ont proposé des restitutions très différentes, c'est que les informations trop imprécises fournies au moment de la découverte laissent planer le doute sur l'appartenance ou non à la statue d'éléments déterminants pour l'attitude : une main gauche tenant un fruit rond, un morceau de bras gauche, le fragment de base avec encastrement et signature. De plus, la plinthe retaillée permet d'envisager différentes vues principales[64]. La plupart des restitutions peuvent se regrouper autour de trois propositions, auxquelles se rattachent des variantes.
102
+
103
+ La présence dans l'exèdre d'une main gauche tenant un fruit a conduit les premiers témoins à Milo à interpréter la statue comme Vénus tendant la pomme qui lui a été attribuée lors du « Jugement de Pâris », pour l'avoir emporté par sa beauté sur Athéna et Héra. Ils l'appellent pour cela « Vénus Victrix ». La déesse se tient de face, la main gauche portée haut vers l'avant ou vers le côté, la main droite abaissée vers la draperie posée sur la cuisse gauche[65].
104
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105
+ Furtwängler en 1893 défend l'appartenance à la statue dès l'origine du fragment de plinthe avec la signature et un encastrement de pilier. Il dessine alors une variante[66] où Vénus, vue de face, tend la pomme dans la main gauche, l'avant-bras posé sur un pilier assez haut, la main droite abaissée vers la draperie sur la cuisse gauche (transposition du dessin en 3D sur YouTube[67]).
106
+
107
+ Avec ou sans le pilier, cette restitution est communément admise[68], quoique sans comparaison.
108
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109
+ Dès 1821, Quatremère de Quincy compare la Vénus de Milo à plusieurs Vénus romaines au drapé identique enlaçant le dieu Mars[69], et à une monnaie représentant le groupe avec la légende « Vénus Victrix ». Tournée de trois quarts vers le dieu de la guerre debout à sa gauche, la déesse lui enlace les épaules du bras gauche. La main avec la pomme serait une restauration antique, après la disparition de la statue de Mars à la suite d'un accident, tout comme le fragment de base pour compléter la plinthe brisée.
110
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+ Une reconstitution en plâtre du groupe, un peu différent, est publiée par Félix Ravaisson en 1892 : la Vénus de Milo se tourne de profil vers un Mars du type de l'Arès Borghèse, le bras gauche plié, la main tenant la pomme posée sur l'épaule droite du dieu, le bras droit passant à demi fléchi devant le torse[70]. Toutefois, ce groupe semble être une variante romaine du type suivant, où Mars a pris la place du bouclier et de son support.
112
+
113
+ James Millingen en 1826 compare la statue de Milo à la Vénus de Capoue[71], pareillement drapée, qu'il rapproche d'une monnaie de la ville de Corinthe représentant une déesse les deux bras tendus sur le côté, tenant un bouclier. Par la suite, Furtwängler démontre[72] que ce type est celui de la statue de culte créée au IVe siècle av. J.-C. pour le temple d'Aphrodite sur l'acropole de Corinthe[73]. Il en identifie le sujet grâce à un poème grec décrivant une Aphrodite qui se sert du bouclier poli d'Arès pour se regarder : « […] ensuite était représentée la déesse cythéréenne [Aphrodite] aux tresses épaisses, tenant le bouclier facile à manier d'Arès […] ; en face d'elle, de manière très exacte, son image apparaissait visible dans le bouclier d'airain »[74].
114
+
115
+ Au cours du XXe siècle, de nouvelles trouvailles[75] ont renforcé cette hypothèse : à Corinthe même une fresque montrant la déesse portant un bouclier et une statuette flanquée d'un pilier, à Pergé (Turquie) une statue de Vénus de même type écrivant sur un bouclier. En 2017, Marianne Hamiaux propose une restitution[76] de la Vénus de Milo tournée de trois quarts droit, tenant des deux mains un bouclier posé sur un pilier à sa gauche. La déesse, au sortir du bain et parée de ses bijoux, admire son reflet dans le bouclier de son amant guerrier. La tête droite pour se regarder, elle est plus fidèle à l'original du IVe siècle av. J.-C. que les statues de Capoue et de Pergé, qui sont des variantes d'époque romaine où Vénus, la tête penchée, écrit sur le bouclier.
116
+
117
+ On ne connaît pas de représentation grecque d'Amphitrite comparable à la Vénus de Milo[77]. La statue dite d'Amphitrite trouvée à Milo en 1877 avec celle du Poséidon de Milo et exposée au musée national d'Athènes[78] est vêtue d'un chiton et d'un himation.
118
+
119
+ La découverte d'une statue de Victoire en bronze à Brescia (Italie)[79] en 1826 a pu faire penser que la Vénus de Milo était une Victoire écrivant sur un bouclier[80], mais cette hypothèse qui confond l'arrachement en surface du marbre derrière l'épaule droite avec l'attache d'une aile est à exclure.
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+ L'interprétation de la Vénus de Milo comme une fileuse de laine provient d'une mauvaise restauration, au début du XIXe siècle, du geste des mains de la Vénus de Capoue.
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+ Vénus ou Venus peut désigner :
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+ Voir Vénus (mythes sur la planète)
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7
+ Ce nom peut faire référence à :
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+ Par métonymie ou source d'inspiration, la déesse de la beauté donne son nom à plusieurs œuvres artistiques :
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11
+ Vénus est un titre d'œuvre notamment porté par :
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+ Vénus ou Venus est un nom de lieu notamment porté par :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Une batterie est un ensemble d'instruments de percussion (de type fûts et cymbales) disposé pour être joué par une seule personne à l'aide de baguettes et de pédales.
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+ Le terme de « batterie » peut aussi désigner un groupe constitué de plusieurs musiciens jouant de ces instruments, notamment dans les ensembles dit « orchestres de batterie-fanfare ».
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+ La batterie a vu le jour au début du XXe siècle (1906). Les principaux éléments qui la composent (grosse caisse, caisse claire, cymbales…) existaient déjà au sein des orchestres classiques et des fanfares militaires. Leur regroupement en batterie est directement liée à la naissance du jazz, ainsi qu'aux différentes évolutions technologiques du début du XXe siècle. Aussi les premières batteries portaient-elles le nom de « jazz », du nom du style de musique qui leur donna naissance.
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+ Son origine profonde est pluriculturelle et ancienne : la caisse claire (vers 1850) et la grosse caisse (XVIIe siècle) sont d'origine européenne. Les cymbales sont issues d'Orient et sont probablement un des instruments les plus anciens du monde. Ainsi les premières traces d'objets s'apparentant à des cymbales remontent au IIIe millénaire av. J.-C., en Inde. Les toms, quant à eux, trouvent leurs racines dans les percussions amérindiennes et africaines et furent probablement inventés à la même période que les vases en terre cuite. La charleston, bien que travaillé jusqu'à sa forme actuelle par le jazz dans les années 1920, provient d'un instrument de percussion romaine datant de l'Antiquité : le scabellum.
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+
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+ Avec l'évolution du style de La Nouvelle-Orléans, la batterie, qui n'était à l'époque que l'assemblage d'une grosse caisse, d'une caisse claire et d'une cymbale, s'est beaucoup complexifiée au fil du temps, connaissant son véritable développement, surtout à l'âge d'or du jazz, la période bop et hard bop (1945-1969) grâce à des batteurs comme Roy Haynes, Elvin Jones, Max Roach, Kenny Clarke, Louis Hayes ou Art Blakey. Lié à cet enrichissement de ce qu'on appelle le « set » (composition de l'instrument propre à chaque batteur, en fonction d'une époque et d'un style), on peut noter également que, depuis la création de la batterie, les batteurs n'ont jamais cessé d'étendre les possibilités techniques de cet instrument selon leur domaine musical, par exemple indienne (Trilok Gurtu), afro-cubaine (Airto Moreira, Alex Acuna), africaine Paco Séry, Mokhtar Samba), ou plus récemment, dans les années 2000[Quand ?] moyen-orientale (Anouar Brahem).
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+
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+ Les Américains ont toujours été au-devant de cet instrument jazzistique : Elvin Jones, Philly Joe Jones, Joe Morello, Roy Haynes, Louis Hayes, Dannie Richmond, Victor Jones, Max Roach, Connie Kay, Buddy Rich, Kenny Washington, Herlin Riley, Marvin Smith, Terry Line Carrington, Lex Humphries, Joe Chambers, Art Taylor, Vinnie Colaiuta, Steve Gadd, Dave Weckl, Al Foster, Billy Cobham, Dennis Chambers, Tony Williams, Jack DeJohnette, Jeff « Tain » Watts, Bill Stewart, derrière des solistes tels que Kenny Garrett, Chris Potter, Mike Stern, John Scofield, Chick Corea, etc.
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+ En Suisse, on trouve Daniel Humair batteur de Jazz.
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+ En France, il existe également de fortes personnalités musicales qui représentent cet instrument : André Ceccarelli,Bernard Lubat, Christian Vander, Simon Goubert, Cyril Atef, Paco Séry, Jean Philippe Fanfant, Manu Katché, Franky Costanza, Mario Duplantier, etc.
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+
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+ En Belgique, Stéphane Galland, Marc Ysaye, Dirk Verbeuren (Megadeth), etc.
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+
23
+ Les fûts d'une batterie peuvent être constitués de plusieurs matériaux. Pour les toms et la grosse caisse, sont couramment utilisés :
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+ La qualité des modèles en feuilles de bois varie, toutes les essences n'ayant pas les mêmes qualités acoustiques. On peut citer, parmi les bois les plus couramment employés, l'érable, le peuplier, le chêne, l'acajou, le bouleau, etc.
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+
27
+ Il existe — presque exclusivement sur le marché de l'occasion — des modèles de toms tout en acier, fabriqués sur le même principe que des caisses claires de différentes tailles auxquelles on aurait retiré les timbres de résonance. La fabrication de ce genre de matériel a été abandonnée par l'immense majorité des fabricants à la fin des années 1970. Le but de leur conception était de fournir une puissance sonore élevée que le bois ne permettait alors pas d'obtenir. Depuis, les améliorations constantes apportées à la sélection du bois, à son collage et aux parties mécaniques des toms ont rendu l'utilisation d'acier obsolète dans la course à la puissance acoustique. De plus, l'acier présente des défauts assez gênants au nombre desquels un manque de sustain et la présence d'harmoniques parasites difficiles à éliminer mécaniquement ou en sonorisation.
28
+
29
+ Parmi les matériaux employés pour la fabrication de caisses claires, outre ceux déjà cités plus haut, on peut aussi citer divers alliages à base de cuivre (bronze), allant du jaune au « rouge » (qui ressemble plutôt à un rose « saumon ») selon la teneur en autres métaux. L'épaisseur de la « feuille » de métal est variable, là encore, allant d'un peu plus d'un millimètre à près d'un centimètre. Les modèles les plus profonds et employant une feuille de bronze épaisse peuvent atteindre la dizaine de kilogrammes. Les bronzes sont des alliages que l'on emploie également pour la fabrication des cymbales.
30
+
31
+ Comme la grosse caisse et la caisse claire, les toms peuvent se voir appliquer diverses finitions à but esthétique ou acoustique. Généralement, ils sont laqués et vernis à la façon d'un piano, simplement cirés ou encore pourvus d'une couche supérieure faite d'un matériau différent : feuille de rhodoïd pour le bas de gamme, autre revêtement synthétique à motifs peints ou sérigraphiés, tissu (notamment chez Remo), fine feuille d'acier inoxydable, voire liège (anciennes batteries Asba).
32
+
33
+ En ce qui concerne les modèles mélangeant plusieurs essences de bois, celle présentant à la fois l'apparence la plus attrayante et les meilleures qualités acoustiques est généralement collée sur les autres : on parle alors de pli de finition - ex. : un pli de finition en érable collé sur 4, 5 ou 6 feuilles d'acajou.
34
+
35
+ En général, les éléments d'une batterie de gamme moyenne ou haute proviennent de différentes marques. Parmi les plus grands fabricants de batterie, on trouve :
36
+
37
+ Il arrive qu'un fabricant propose un kit complet : il s'agit en général d'une batterie bas de gamme car chaque équipementier est spécialisé dans un domaine propre.
38
+
39
+ La composition d'une batterie peut totalement varier en fonction du musicien ou des sonorités voulues, un même batteur peut ajouter ou retirer des percussions en fonction des occasions.
40
+
41
+ Certains batteurs ont fait de la complexité de leur batterie une vraie marque de fabrique, à l'image de Mike Portnoy (de Dream Theater) ou Simon Phillips (du groupe Toto). Eric Craven (des groupes Hangedup et A Silver Mt. Zion) ajoutait toutes sortes d'éléments, qu'il fabriquait généralement lui-même, sur sa batterie.
42
+
43
+ Pour d'autres batteurs, l'ensemble peut être au contraire minimaliste (voir par exemple les cocktail drums (en)). Une petite batterie est appréciée pour son faible encombrement et sa facilité de transport. Les percussions de taille réduite produisant un son moins puissant, ce choix est adapté aux petits espaces.
44
+
45
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
46
+
47
+ Cocktail drum.
48
+
49
+ Batterie acoustique.
50
+
51
+ Batterie imposante de Simon Phillips.
52
+
53
+ Batterie démesurée de Terry Bozzio.
54
+
55
+ Au nombre des éléments que l'on peut régulièrement retrouver sur les batteries, on peut citer en outre les chimes, Wood Block, tambourin (parfois fixé sur la tige de la charleston), tam-tam, gongs, cencerro, ou cloche[b].
56
+
57
+ Un set de batterie peut être très riche en cymbales, il en existe d'ailleurs d'autres types (splash, china, etc.).
58
+
59
+ Une seconde caisse claire (ou plus) peut être ajoutée, le plus souvent à la gauche du stand de charleston pour les droitiers, et inversement pour les gauchers. Lorsqu'elle est moins épaisse, avec un fût d'une profondeur inférieure à 4", elle est appelée caisse claire piccolo. Lorsqu'elle est de faible diamètre, généralement 10" ou 12", c'est une caisse claire soprano ou sopranino.
60
+
61
+ D'autres types de tom existent : comme pour la caisse claire, il existe des toms piccolo (petits et fins), mais également des rocket toms (petits et très profonds, appelés aussi octobans) ou encore des rototoms, accordables pendant le jeu, au son très sec.
62
+
63
+ La grosse caisse est parfois doublée, afin d'effectuer des roulements avec les deux pieds ou tout autre figure syncopée. Cette technique est très utilisée dans le hard rock, dans les styles de heavy metal, et dans certains styles de punk rock, mais se contente souvent d'une seule grosse caisse avec une double pédale.
64
+
65
+ Les accessoires sont généralement constitués d'un siège de batterie, une pédale de grosse caisse, une pédale de charleston, un pied de caisse claire et des pieds de cymbale.
66
+
67
+ Certaines batteries très complexes peuvent comporter de nombreux toms et cymbales supplémentaires ainsi que plusieurs grosses caisses. Pour soutenir le tout, une armature tubulaire (rack) peut être employée. Cette armature minutieusement inventée par le batteur Jeff Porcaro peut être particulièrement impressionnante, comme celle de Terry Bozzio. Le "rack" procure en outre un son plus riche, du fait que les instruments sont solidaires et sonnent par sympathie[réf. nécessaire].
68
+
69
+ La grosse caisse est posée à quelques centimètres au-dessus du sol[1]. Il existe des surélévateurs de grosse caisse pour les fûts de petites dimensions (ex : batteries de type « jazette » avec grosse caisse de diamètre 18 pouces comme le modèle Manu Katché de chez Yamaha). Deux pieds latéraux la tiennent en équilibre sur trois points d'appui.
70
+
71
+ Pour jouer de la batterie, on utilise généralement des baguettes de bois ou en métal, qui peuvent recouvrir différentes formes (généralement de type viper ou « rondes »), qui sont caractérisées par leur diamètre, la forme/taille/matière de l'olive (bout de la baguette) et la longueur du col (partie entre le manche et l'olive).
72
+
73
+ On peut aussi utiliser des balais qui permettent d'obtenir un son plus doux que les baguettes : on les utilise pour le jazz ou le blues. Ils s'utilisent pour frapper les peaux comme avec des baguettes, mais on peut aussi les écraser et « balayer » la caisse claire, ce qui donne un son de frottement.
74
+
75
+ Existent aussi les rods (en français « fagots »), fins rondins de bois liés qui s'utilisent comme des baguettes et qui permettent de contrôler la frappe plus facilement puisque le poids est moindre. Le son produit est ainsi intermédiaire entre celui des baguettes et des balais. Cependant, la durée de vie d'une paire de rods est assez courte.
76
+
77
+ La prise en main des baguettes peut se faire de deux manières [2] :
78
+
79
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
80
+
81
+ Prise timbale.
82
+
83
+ Prise tambour.
84
+
85
+ Les styles de frappe sont quant à eux très variés. On peut citer pour les plus employés, outre les variations autour de la frappe classique où l'olive de la baguette vient frapper les peaux plus ou moins près du centre des fûts, le cross-stick et le rimshot, souvent confondus, le premier n'étant généralement employé que sur la caisse claire, ou encore la technique Moeller, initiée par Sanford Moeller dans les années 1920, issue du tambour militaire. Celle-ci permet de marier vitesse d'exécution et contrôle des coups accentués. Elle est basée sur le rebond de la baguette, accompagné d'un mouvement combiné de l'avant-bras et du poignet.
86
+
87
+ De plus, le jeu caisse claire/charleston est également sujet à variantes :
88
+
89
+ Il existe également différentes techniques de jeu au pied pour la grosse caisse et la charleston :
90
+
91
+ Il existe aussi une multitudes de rudiments qui permettent l'élaboration de rythmique plus complexes et élaborées ou même, d'un solo de batterie. Les plus populaires sont les suivants :
92
+
93
+ La notation musicale des rythmes de batteries se fait sur une portée où la représentation du temps est classique, elle est cependant munie d'une clef spécifique où chaque percussion est associée à une ligne (ou interligne).
94
+
95
+ La signification de chaque ligne n'est pas définie rigoureusement et varie suivant les sources[3], il est courant de trouver une légende qui attribue à chaque signe (triangle, rond, carré, etc.) et à chaque ligne un instrument à frapper et éventuellement une indication du type de frappe à lui appliquer. Parmi les courants d'écriture, on peut distinguer la notation Agostini de la notation américaine[4]. Néanmoins, certaines conventions sont généralement suivies.
96
+
97
+ Les fûts sont représentés par des notes habituelles :
98
+
99
+
100
+
101
+ Les cymbales sont représentées par des croix :
102
+
103
+
104
+
105
+ Il existe aussi des batteries électroniques, avec lesquelles on joue sur des pads, en caoutchouc, ou en fausse peau (peau résille, maillée, ou en silicone) reproduisant plus ou moins le toucher d'une batterie acoustique, mais sans en produire le volume sonore important. Le son musical de l'instrument est généré électriquement, et peut être écouté sur des enceintes dont on peut régler le niveau, ou à l'aide d'un casque audio, ce qui permet de pratiquer sans gêner son entourage. Un autre avantage de la batterie électronique est de pouvoir configurer précisément le son produit par chaque pad, ce qui permet de jouer avec des kits différents sans pour autant avoir besoin d'acheter du nouveau matériel. De plus, sur certaines batteries électroniques, il est possible d'être accompagné d'un fond musical (blues, samba, jazz, rock, métal). Ces batteries sont également plus faciles à transporter, car, une fois le rack replié, elles prennent une place moins importante que les batteries acoustiques.
106
+
107
+ Ce type de batterie, autrefois très coûteux et fatigant pour les articulations de la main et du poignet, bénéficie depuis quelques années, outre de tarifs de plus en plus intéressants, de performances de plus en plus poussées : les rimshots sont gérés et les sensations de jeu s'approchent au plus près des sensations procurées par une batterie acoustique. Récemment[Quand ?], l'ajout du positionnal sensiting fait encore avancer d'un pas la batterie électronique vers la batterie acoustique[5].
108
+
109
+ Les éléments acoustiques d'une batterie classique peuvent être équipés de capteurs pour les relier à une interface MIDI ; les déclencheurs (triggers) peuvent ensuite être reliés à un générateur électronique de sons de percussions comme la Roland TR-606, équipée de base de connecteurs triggers.
110
+
111
+ La batterie est un instrument à fort niveau sonore, une exposition sans protection auditive sur une longue durée peut aboutir à un traumatisme sonore. Il peut se manifester par des pertes auditives partielles ou totales, des acouphènes et de l'hyperacousie. Les conséquences sont parfois dramatiques dans la vie de l'individu car ces pathologies peuvent être irréversibles[6].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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3
+ Vénus ou Venus peut désigner :
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5
+ Voir Vénus (mythes sur la planète)
6
+
7
+ Ce nom peut faire référence à :
8
+
9
+ Par métonymie ou source d'inspiration, la déesse de la beauté donne son nom à plusieurs œuvres artistiques :
10
+
11
+ Vénus est un titre d'œuvre notamment porté par :
12
+
13
+ Vénus ou Venus est un nom de lieu notamment porté par :
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+
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+
3
+ Vénus est une des quatre planètes telluriques du Système solaire. Elle est la deuxième planète par ordre d'éloignement au Soleil, et la sixième par masse ou par taille décroissantes.
4
+
5
+ La planète Vénus a été baptisée du nom de la déesse Vénus de la mythologie romaine.
6
+
7
+ La planète Vénus est le troisième astre en termes de magnitude apparente, après le soleil et la lune. Elle a donc attiré l'attention des premiers astronomes.
8
+ Vénus apparaît tantôt le matin (Astre du matin), tantôt le soir (Astre du soir), de nombreuses cultures et civilisations ont d'abord pensé à deux astres différents[1].
9
+
10
+ Les anciens Égyptiens voyaient deux astres distincts, une étoile du matin et une étoile du soir. L'étoile du matin était appelée Tioumoutiri et l'étoile du soir Ouaiti[2].
11
+
12
+ les Babyloniens semblent avoir compris très tôt que les « étoiles du matin et du soir » étaient le même objet céleste. C'est ce que l'on déduit d'un sceau-cylindre de la période de Djemdet Nasr et la tablette d'Ammisaduqa de la première dynastie de Babylone[3] [4].
13
+
14
+ La civilisation babylonienne considérait la planète Vénus comme la représentation de la déesse Ninsi'anna (« dame divine, illumination du ciel » du fait de sa luminosité). Plus tard, elle sera nommée Dilbat[5].
15
+
16
+ Les Chinois ont historiquement appelé la Vénus du matin « Grande Blanche » (Tài-bái 太白) ou « Ouvreuse de la Luminosité » (Qǐ-míng 啟明), et la Vénus du soir comme « Excellente de l'Ouest » (Cháng-gēng 長庚)[7].
17
+
18
+ En chinois, la planète est appelée Jīn-xīng (金星), la planète dorée de l'élément métallique[réf. nécessaire].
19
+
20
+ Ptolémée a émis l'hypothèse dans son traité d'astronomie Almageste que Mercure et Vénus sont situées entre le Soleil et la Terre.
21
+
22
+ Les Mayas considéraient Vénus comme le corps céleste le plus important après le Soleil et la Lune. Ils l'ont appelé Chac ek ou Noh Ek, signifiant « la grande étoile » et savaient qu'elle n'était qu'un seul astre[8],[9].
23
+
24
+ Les cycles de Vénus faisaient l'objet d'un calendrier retrouvé dans le Codex de Dresde et les Mayas suivaient les apparitions et conjonctions de Vénus[10],[11]. Ce calendrier reposait notamment sur leur observation que cinq périodes synodiques de la planète correspondent à huit années terrestres, cause du « pentagramme de Vénus »[2].
25
+
26
+ Les astronomes modernes remettent en question l'observation des transits par les astronomes médiévaux arabes, ceux-ci ayant été potentiellement confondus avec des taches solaires[18],[20].
27
+
28
+ Vénus est connue sous le nom de Kejora en indonésien et en malais[réf. nécessaire].
29
+
30
+ Le physicien italien Galilée invente la lunette astronomique en 1609. En mai 1610, il se tourne vers la planète Vénus et constate qu'elle présente des phases, comme la Lune[23],[24]. Il note que Vénus est la planète la plus éloignée du Soleil dans le ciel ; elle montre une phase semi-éclairée, et lorsqu'elle est la plus proche du Soleil dans le ciel, elle apparaît comme un croissant ou une phase complète[23]. Il en déduit que cela ne pourrait être possible que si Vénus était en orbite autour du Soleil. Ce fut l'une des premières observations contredisant clairement le modèle géocentrique deClaude Ptolémée selon lequel le système solaire centré sur la Terre[25],[26].
31
+
32
+ Le transit de Vénus en 1639 avait été prédit avec précision par Jeremiah Horrocks puis observé par lui et son ami, William Crabtree, dans leurs maisons respectives, le 4 décembre 1639 (soit le 24 novembre selon le calendrier julien utilisé à cette époque)[27]. Si l'on considère les observations des astronomes arabes comme contestées, il s'agit donc des premiers hommes à avoir observé un transit de Vénus[28].
33
+
34
+ 1645 : première observation d'un satellite supposé de Vénus, ultérieurement dénommé Neith. Les observations et discussions se poursuivront jusqu'en 1884, mais l'existence de Neith sera réfutée en 1887[29].
35
+
36
+ 1666 : Cassini estime à 23 heures 15 minutes la période de rotation de Vénus[29].
37
+
38
+ Vers 1726, Francesco Bianchini observe, ou croît observer, grâce à une lunette particulièrement puissante des tâches sur la surface de la planète indiquant des étendues similaires aux mers lunaires[30]. Il réalise ainsi le premier planisphère de Vénus[30],[29].
39
+
40
+ L'atmosphère de Vénus a été découverte en 1761 par le polymathe russe Mikhail Lomonosov puis observée en 1792 par l'astronome allemand Johann Schröter[31],[32]. Schröter a découvert que lorsque la planète était un mince croissant, ses pointes s'étendaient sur plus de 180°. Il a donc supposé que cela était dû à la dispersion de la lumière du soleil dans une atmosphère dense[33]. Plus tard, l'astronome américain Chester Lyman a observé un anneau complet autour de la planète alors qu'elle était à une conjonction inférieure, fournissant des preuves supplémentaires d'une atmosphère[34].
41
+
42
+ 1761, 1769, 1874, 1882 : grandes expéditions à travers le monde pour observer les transits suivants afin de mesurer la parallaxe du Soleil. Études de l'atmosphère vénusienne, lors des deux derniers de ces transits[29].
43
+
44
+ L'atmosphère a compliqué les efforts pour déterminer une période de rotation pour la planète, des observateurs tels que Giovanni Cassini et Schröter l'ayant incorrectement estimée à environ 24 heures du fait de ses marques de mouvement sur la surface de la planète[35].
45
+
46
+ En 1890, Schiaparelli et d'autres optent pour une rotation de 225 jours environ, ce qui aurait correspondu à une rotation synchrone avec le Soleil[36],[29].
47
+
48
+ Le disque de Vénus, caché par une épaisse athmosphère, ne donnait aucune indication sur sa surface. Il a fallu attendre le développement des observations spectroscopiques, radar et ultraviolettes pour obtenir plus d'informations.
49
+
50
+ Années 1900 : les observations spectroscopiques ont donné les premiers indices sur la rotation vénusienne. Vesto Slipher a essayé de mesurer le décalage Doppler de la lumière de Vénus, mais a constaté qu'il ne pouvait détecter aucune rotation. Il en a déduit que la planète devait avoir une période de rotation beaucoup plus longue qu'on ne le pensait auparavant[37].
51
+
52
+ Années 1920 : les premières observations ultraviolettes. Frank E. Ross a a constaté que les photographies ultraviolettes révélaient d'importants détails absents dans le rayonnement visible et infrarouge. Il a suggéré que cela était dû à une atmosphère inférieure dense et jaune avec de hauts nuages de cirrus[38].
53
+
54
+ Années 1950 : on découvrit que la rotation était rétrograde.
55
+
56
+ Années 1960 : les observations radar de Vénus, effectuées pour la première fois, ont fourni les premières mesures de la période de rotation, proches de la valeur connue soixante ans plus tard[39].
57
+
58
+ Années 1970 : les observations radar ont révélé pour la première fois des détails de la surface vénusienne. Des impulsions d'ondes radio ont été diffusées sur la planète en utilisant le radio-télescope de 300 mètres à l'Observatoire Arecibo et les échos ont révélé deux régions hautement réfléchissantes, désignées Alpha Regio et Beta Regio. Les observations ont également révélé une région brillante attribuée à une montagne, qui a été appelée Maxwell Montes[40]. Ces trois caractéristiques sont désormais les seules sur Vénus à ne pas avoir de prénom féminin[41].
59
+
60
+ La distance de Vénus au Soleil est comprise entre 0,718 et 0,728 UA, avec une période orbitale de 224,7 jours. Vénus est une planète tellurique, comme le sont également Mercure, la Terre et Mars. Elle possède un champ magnétique très faible et n'a aucun satellite naturel. Elle et Uranus sont les deux seules planètes du Système solaire dont la rotation est rétrograde. De plus, elle est la seule ayant une période de rotation (243 jours) supérieure à sa période de révolution. Vénus présente en outre la particularité d'être quasiment sphérique — son aplatissement peut être considéré comme nul — et de parcourir l'orbite la plus circulaire des planètes du Système solaire, avec une excentricité orbitale de 0,0068 (contre 0,0167 pour la Terre).
61
+
62
+ Vénus est presque aussi grande que la Terre — son diamètre représente 95 % de celui de notre planète — et a une masse équivalente aux quatre cinquièmes de celle de la Terre. Sa surface est dissimulée sous d'épaisses couches de nuages très réfléchissants qui lui confèrent un albédo de Bond de 0,75 et une magnitude apparente dans le ciel pouvant atteindre -4,6, valeur dépassée uniquement par la Lune et le Soleil. Étant plus proche du Soleil que la Terre, elle présente des phases au même titre que la Lune et Mercure selon sa position relative par rapport au Soleil et à la Terre, son élongation ne dépassant jamais 47,8°.
63
+
64
+ L'atmosphère de Vénus est la plus épaisse de celle de toutes les planètes telluriques, avec une pression au sol atteignant 9,3 MPa (91,8 atm) au niveau de référence des altitudes vénusiennes. Cette atmosphère est composée d'environ 96,5 % de dioxyde de carbone et 3,5 % d'azote, avec de faibles concentrations de dioxyde de soufre et de divers autres gaz. Elle contient d'épaisses couches nuageuses opaques constituées de gouttelettes de dioxyde de soufre et d'acide sulfurique surmontées d'une brume de cristaux de glace d'eau qui donne à la planète son aspect laiteux lorsqu'on l'observe depuis l'espace. Ces nuages réfléchissent l'essentiel du rayonnement solaire, de sorte que la puissance solaire parvenant au sol sur Vénus représente moins de 45 % de celle reçue au sol sur Terre, et est même inférieure d'un quart à celle reçue à la surface de la planète Mars[42].
65
+
66
+ L'atmosphère de Vénus est près de cent fois plus massive que celle de la Terre et possède une dynamique propre, indépendante de la planète elle-même, avec une super-rotation dans le sens rétrograde en quatre jours terrestres, ce qui correspond à une vitesse linéaire au sommet des nuages d'environ 100 m/s (360��km/h) par rapport au sol. Compte tenu de sa composition et de sa structure, cette atmosphère génère un très puissant effet de serre à l'origine des températures les plus élevées mesurées à la surface d'une planète du Système solaire : près de 740 K (environ 467 °C) en moyenne à la surface — supérieures à celles de Mercure, pourtant plus proche encore du Soleil, où les températures culminent à 700 K (environ 427 °C) — et ceci bien que l'atmosphère ne laisse passer que le quart de l'énergie solaire incidente.
67
+
68
+ À cette pression (9,3 MPa) et à cette température (740 K), le CO2 n'est plus un gaz, mais un fluide supercritique (intermédiaire entre gaz et liquide), d'une masse volumique voisine de 65 kg/m3.
69
+
70
+ La topographie de Vénus présente peu de reliefs élevés, et consiste essentiellement en de vastes plaines a priori volcaniques géologiquement très jeunes — quelques centaines de millions d'années tout au plus. De très nombreux volcans ont été identifiés à sa surface — mais sans véritables coulées de lave, ce qui constitue une énigme — ainsi que des formations géologiques, parfois uniques dans le Système solaire telles que coronae, arachnoïdes et farra, attribuées à des manifestations atypiques de volcanisme. En l'absence de tectonique des plaques identifiée à la surface de la planète, on pense que Vénus évacue sa chaleur interne périodiquement lors d'éruptions volcaniques massives qui remodèlent entièrement sa surface, ce qui expliquerait que celle-ci soit si récente. Entre ces épisodes de volcanisme global, le refroidissement de la planète serait trop lent pour entretenir un gradient thermique suffisant dans la phase liquide du noyau pour générer un champ magnétique global par effet dynamo[43].
71
+
72
+ Par ailleurs, des mesures d'émissivité à 1,18 µm réalisées en 2008[44] ont suggéré une relative abondance des granites et autres roches felsiques sur les terrains les plus élevés — qui sont généralement les plus anciens — de la planète, ce qui impliquerait l'existence passée d'un océan global assorti d'un mécanisme de recyclage de l'eau dans le manteau susceptible d'avoir produit de telles roches. À l'instar de Mars, Vénus aurait ainsi peut-être connu, il y a plusieurs milliards d'années, des conditions tempérées permettant l'existence d'eau liquide en surface, eau aujourd'hui disparue — par évaporation puis dissociation photochimique dans la haute atmosphère — au point de faire de cette planète l'une des plus sèches du Système solaire.
73
+
74
+ Vénus est l'une des quatre planètes telluriques du système solaire, ce qui signifie qu'elle possède un corps rocheux comme la Terre. Elle est similaire à la Terre en taille et en masse, et est souvent décrite comme la «sœur» ou «jumelle» de la Terre[45],[46]. Son diamètre vaut 95 % de celui de la Terre, et sa masse un peu plus de 80 %[47]. Néanmoins, si sa géologie est sans doute proche de celle de la Terre, les conditions qui règnent à sa surface diffèrent radicalement des conditions terrestres[48]. Vénus est notamment la planète la plus chaude du Système solaire[49]. Les phénomènes géologiques affectant la croûte vénusienne semblent également spécifiques à cette planète.
75
+
76
+ Vénus possède une atmosphère extrêmement dense. Elle se compose majoritairement de dioxyde de carbone (CO2) à 96,5 % et d'une faible quantité de diazote à 3,5 %[50]. Cette atmosphère est occupée par d'épais nuages de dioxyde de soufre[51]. La masse de son atmosphère est 93 fois supérieure à celle de la Terre, tandis que la pression à sa surface est environ 92 fois supérieure à celle de la Terre[52] - une pression équivalente à celle ressentie à une profondeur de près de 1 km sous la mer sur Terre. La densité en surface est de 65 kg/m3, ce qui représente 50 fois la densité de l'atmosphère terrestre à 293 K (20 °C) au niveau de la mer[52]. Cette atmosphère riche en dioxyde de carbone génère le plus fort effet de serre du système solaire, créant des températures de surface d'environ 735 K (462 °C)[53],[54]. Ainsi, la surface de Vénus est plus chaude que celle de Mercure, qui a une température de surface minimale de 53 K (- 220 °C) et maximale de 700 K pour la face exposée au soleil le plus longtemps (427 °C)[55],[56], bien que Vénus soit environ deux fois plus éloignée du Soleil et ne reçoive donc qu'environ 25 % de l'irradiance solaire de Mercure d'après la loi en carré inverse[57].
77
+
78
+ Des études ont suggéré qu'il y a des milliards d'années l'atmosphère de Vénus ressemblait à celle entourant la Terre et qu'il pouvait y avoir des quantités importantes d'eau liquide à la surface[58]. Cependant, après une période pouvant s'étendre de 600 millions à plusieurs milliards d'années, un effet de serre grandissant a été causé par l'évaporation de cette eau originellement présente et aboutissant finalement au niveau critique actuel de gaz à effet de serre dans l'atmosphère[59].
79
+
80
+ L'existence de la foudre dans l'atmosphère de Vénus est controversée[60] depuis les premières hypothèses du programme Veneraprogramme Venera soviétique[61],[62],[63].
81
+
82
+ En 2006 et 2007, Venus Express a détecté des ondes de plasma, signature de la foudre[64]. Leur apparition intermittente suggère une association avec l'activité météorologique. D'après ces mesures, le taux de foudre serait d'au moins la moitié de celui de la Terre[65]. Cependant, d'autres instruments n'ont pas détecté de foudre.
83
+
84
+ L'origine de la foudre reste également incertaine[66],[67].
85
+
86
+ En décembre 2015 (et dans une moindre mesure en avril et mai 2016), des chercheurs travaillant sur la mission japonaise Akatsuki ont observé des formes d'arc dans l'atmosphère de Vénus. Cela a été considéré comme une preuve de l'existence des plus grandes ondes de gravité stationnaires du système solaire découvertes à ce jour[68],[69],[70].
87
+
88
+ L'atmosphère vénusienne peut se diviser sommairement en trois parties : la basse atmosphère, la couche nuageuse et la haute atmosphère[71],[72].
89
+
90
+ La basse atmosphère se situe entre 0 et 48 km d’altitude et est relativement transparente.
91
+
92
+ La composition de la basse atmosphère est décrite dans le tableau ci-dessous[73]. Le dioxyde de carbone y domine largement, le gaz secondaire étant l'azote. Tous les autres sont des constituants mineurs (~300 ppm en tout)[74].
93
+
94
+ L'effusivité thermique et le transfert de chaleur par les vents dans la basse atmosphère signifient que la température de la surface de Vénus ne varie pas de manière significative entre les hémisphères éclairé et obscur malgré la rotation extrêmement lente de la planète[75]. Les vents de surface sont lents, se déplaçant à quelques kilomètres par heure, mais en raison de la forte densité de l'atmosphère en surface, ils exercent une force importante contre les obstacles. Cette force, à elle seule rendrait difficile le déplacement d'un être humain[76].
95
+
96
+ Au-dessus des couches denses de CO2 se trouvent, entre 45 km et 70 km de la surface[77], des couches de nuages épais d'acide sulfurique sous forme de gouttelettes, formé de dioxyde de soufre et d'eau (état solide et gazeux) par une réaction chimique entraînant l'hydrate d'acide sulfurique[57].
97
+
98
+ L'atmosphère contient aussi environ 1% de chlorure ferrique[78],[79].
99
+
100
+ D'autres constituants possibles pour la composition de ces nuages sont le sulfate de fer, le chlorure d'aluminium et le pentoxyde de phosphore.
101
+
102
+ Ces nuages réfléchissent environ 90% de la lumière solaire dans l'espace, empêchent l'observation visuelle de la surface de Vénus[80]. Ceux-ci sont également la cause de sa brillance dans le ciel terrestre[81]. Cette couverture nuageuse permanente signifie que bien que Vénus soit plus proche que la Terre du Soleil, elle reçoit moins de lumière solaire au sol car seulement 5 % des rayons y parviennent[82].
103
+
104
+ Cette couche se subdivise en trois sous-couches[71] :
105
+
106
+ Les vents violents de plus de 300 km/h qui entraînent les plus hauts nuages font le tour de Vénus en quatre à cinq jours terrestres[84]. Ces vents se déplacent jusqu'à soixante fois la vitesse de la rotation de la planète (par comparaison, les vents les plus rapides de la Terre n'ont qu'une vitesse de rotation de 10 à 20% de la vitesse de rotation terrestre)[85].
107
+
108
+ Bien que les conditions de surface sur Vénus ne soient pas propices à la vie, certains spéculent sur la possibilité de vie dans les couches supérieures des nuages de Vénus (où les températures varient entre 30 et 80 °C, ou 303 et 353 °K), malgré un environnement acide[86],[87],[88].
109
+
110
+ Bien que Vénus n'ait pas de saisons en tant que telles, les astronomes ont identifié en 2019 une variation cyclique de l'absorption du rayonnement solaire par l'atmosphère, probablement causée par des particules opaques en suspension dans les nuages supérieurs. La variation provoque des changements observés dans la vitesse des vents de Vénus, et semble augmenter et diminuer avec le cycle de taches solaires du soleil s'écoulant sur onze ans[89].
111
+
112
+ La haute atmosphère se situe entre 68 et 90 km d’altitude. Elle est principalement composée de dioxyde de carbone qui y est majoritaire à plus de 96 % ; le reste étant principalement du diazote (~3,5 %). On trouve aussi des traces de monoxyde de carbone[57].
113
+
114
+ En 2007, Venus Express a découvert l'existence d'un vortex atmosphérique double au pôle sud[90],[91].
115
+
116
+ En 2011, Venus Express a également découvert l'existence d'une couche d'ozone dans les hautes couches de l'atmosphère de Vénus[92]. Cependant, cette couche étant très faible, on considère que Vénus ne possède aucune stratosphère[54].
117
+
118
+ En janvier 2013, l'ESA rapporte que l'ionosphère de Vénus ruisselle vers l'extérieur d'une manière similaire à celle de la queue d'une comète[93],[94].
119
+
120
+ La surface vénusienne a fait l'objet de spéculations, du fait de ses épais nuages renvoyant la lumière visible, jusqu'à ce que l'envoi de sonde spatiales ne permette de l'étudier. Les missions Venera en 1975 et 1982 ont renvoyé des images d'une surface couverte de sédiments et de roches relativement anguleuses[97]. La surface a été cartographiée en détail par Magellan en 1990–91[98],[99]. Le sol montre des signes de volcanisme important, et le soufre relevé dans l'atmosphère semble indiquer des éruptions récentes[100],[101].
121
+
122
+ Vénus ayant un aplatissement nul, les altitudes y sont définies par rapport au rayon moyen volumétrique de la planète, qui vaut 6 051,8 km. C'est une planète au relief assez peu accidenté : les quatre cinquièmes de sa surface sont recouverts de plaines volcaniques à faible pente[102]. La surface vénusienne est principalement occupée à hauteur de 70 % par de vastes plaines sans grand relief[102]. Baptisées planitiae en géomorphologie planétaire, les principales d'entre elles sont Atalanta Planitia, Guinevere Planitia ou encore Lavinia Planitia. Elles sont parsemées de cratères[103]. Ces plaines, de nature a priori volcanique, se creusent par endroits jusqu'à 2 900 m sous le niveau moyen de la surface, au niveau de dépressions couvrant environ un cinquième de la surface de la planète. Les 10% de plaines restantes sont lisses ou lobées[104].
123
+
124
+ Les plateaux (aussi appelés Hautes Terres "Highlands"), reliefs élevés parfois comparés aux continents terrestres[105], représentent ainsi moins de 15 % de la surface de la planète (contrairement aux 30% de surface occupées par des continents sur Terre)[105]. Deux sont particulièrement remarquables par leurs dimensions, l'un se trouvant dans l'hémisphère nord de la planète et l'autre juste au sud de l'équateur :
125
+
126
+ D'autres régions élevées, de moindre importance, existent également. C'est le cas d’Alpha Regio, une série de cuvettes, d'arêtes, et de plis qui s'agencent dans toutes les directions avec une altitude moyenne de 1 à 2 km ; ou encore de Beta Regio, remarquable puisqu'on y aurait trouvé de hautes formations volcaniques dont certains sommets, récents, dépasseraient 5 000 m d'altitude. Avec l'Ovda Regio et les Maxwell Montes, du nom de James Clerk Maxwell, ce sont les seules caractéristiques de la surface vénusienne à être nommées d'après un nom masculin, avant l'adoption du système actuel par l'Union astronomique internationale[108]. La nomenclature planétaire actuelle est de nommer les caractéristiques vénusiennes d'après des femmes historiques et mythologiques[109].
127
+
128
+ La planète a peu de cratères d'impact, ce qui montre que la surface est relativement jeune, vieille d'environ 300 à 600 millions d'années[110],[111]. Vénus possède des caractéristiques de surface uniques en plus des cratères d'impact, des montagnes et des vallées que l'on trouve couramment sur les planètes rocheuses. Parmi ceux-ci se trouvent des éléments volcaniques à sommet plat appelés "farra", ressemblants à des pancakes, et dont le diamètre varie de 20 à 50 km et la hauteur de 100 à 1000 mètres. On y trouve aussi des fractures concentriques ressemblant à des toiles d'araignées appelées « arachnoïdes » et des anneaux de fractures parfois entourés d'une dépression, nommées « coronae ». Ces caractéristiques sont d'origine volcanique[112].
129
+
130
+ La longitude des caractéristiques physiques de Vénus est exprimée par rapport à son méridien principal. Celui-ci était à l'origine défini comme traversant une tache lumineuse appelée Eve, située au sud d'Alpha Regio[113]. Une fois les missions Venera terminées, le méridien principal a été redéfini pour passer par le pic central du cratère Ariadne[114],[108].
131
+
132
+ La température de surface de Vénus varie peu selon les latitudes et longitudes (elle est isotherme). La température est constante non seulement entre les deux hémisphères mais aussi entre l'équateur et les pôles[115],[116]. L'inclinaison de l'axe très faible de Vénus - moins de 3°, contre 23° sur Terre - minimise également les variations saisonnières de température[117]. Ainsi, l'altitude est donc l'un des rares facteurs qui puisse affecter la température vénusienne. Le point culminant de Vénus, Maxwell Montes, est le point le plus froid de Vénus, avec une température d'environ 655 K (380 °C) et une pression atmosphérique de 4.5 MPa (45 bar)[118],[119].
133
+
134
+ En 1995, la sonde spatiale Magellan a pris en image une substance très réfléchissante au sommet des plus hauts sommet montagneux, ressemblant à la neige qu'on trouve aux sommets des montages terrestres[120]. Cette substance s'est probablement formée à partir d'un processus similaire à la neige, bien que celui-ci se déroule à une température beaucoup plus élevée. Trop volatile pour se condenser à la surface de la planète, elle se serait ainsi élevée sous forme gazeuse à des altitudes plus élevées pour finalement y précipiter du fait des températures moins élevées. La composition de cette substance n'est pas connue avec certitude, mais il est supposé qu'elle puisse être du tellure ou du galène (sulfure de plomb)[121].
135
+
136
+ Une grande partie de la surface vénusienne semble avoir ��té façonnée par l'activité volcanique. Vénus compte beaucoup plus de volcans que la Terre, dont 167 grands volcans de plus de 100 km de diamètre tandis que seul complexe volcanique terrestre ayant au moins ce diamètre est la grande île d'Hawaï[112]. Ceci n'est pas la conséquence d'une plus grande activité volcanique sur Vénus, mais surtout de l'ancienneté de sa croûte. La croûte océanique, sur Terre, est continuellement recyclée par subduction aux limites des plaques tectoniques et a une moyenne d'âge d'environ 100 millions d'années[122] tandis que la surface vénusienne est estimée à 300–600 millions d'années[110] .
137
+
138
+ Plusieurs éléments indiquent une activité volcanique en cours sur Vénus. Les concentrations de dioxyde de soufre dans l'atmosphère ont diminué d'un facteur 10 entre 1978 et 1986 puis ont bondi en 2006 avant de, de nouveau, diminuer d'un facteur 10 entre 2006 et 2012[123]. Cela peut signifier que les niveaux avaient augmenté suite à de grandes éruptions volcaniques[124],[125]. Il reste ainsi sur Vénus un volcanisme résiduel, entraînant parfois la présence de lave en fusion au sol[126]. Il a également été suggéré que la foudre vénusienne pourrait provenir de l'activité volcanique, et donc être de la foudre volcanique. En janvier 2020, les astronomes ont rapporté des preuves suggérant que Vénus était actuellement volcaniquement active[127].
139
+
140
+ En 2008 et 2009, la première preuve directe d'un volcanisme en cours a été observée par Venus Express, sous la forme de quatre points chauds infrarouges localisés dans la zone de rift Ganis Chasma[128], près du volcan bouclier Maat Mons culminant à 8 km. Trois des taches ont été observées lors de plusieurs orbites successives. Les géologues pensent ainsi que ces taches représentent de la lave fraîchement libérée par des éruptions volcaniques[129],[130]. Les températures réelles ne sont pas connues, car la taille des points chauds n'a pas pu être mesurée, mais devait être contenue dans un intervale de 800 à 1100 K (527 à 980°C) tandis que la température normale est évaluée à 740 K (467 °C)[131].
141
+
142
+ D'autres Montes sont remarquables, avec par exemple le volcan bouclier Gula Mons atteignant une altitude de 3 000 m dans l'ouest d'Eistla Regio ou encore Theia Mons et Rhea Mons dans la Beta Regio. Séparés de 800 km, ces deux derniers ont été formés par le panache du manteau lors de l'apparition de Devana Chasma[132].
143
+
144
+ Les sondes soviétiques Venera 15 et Venera 16 ont répertorié des cratères d'impact à la surface de Vénus[133]. Il en existe près d'un millier, ceux-ci étant répartis uniformément sur la planète. Sur d'autres corps cratérisés, comme la Terre et la Lune, les cratères montrent une gamme d'états de dégradation. Sur la Lune, la dégradation est causée par des impacts ultérieurs, tandis que sur Terre, elle est causée par l'érosion éolienne et pluviale. Cependant, sur Vénus, environ 85% des cratères sont en parfait état. Le nombre de cratères, ainsi que leur état préservé, indique que la planète a subi un événement de resurfaçage global (c'est-à-dire le renouvellement quasi complet de sa surface) il y a environ 300 à 600 millions d'années[110],[111] suivi d'une décroissance du volcanisme[134]. Aussi, alors que la croûte terrestre est en mouvement continu, Vénus serait incapable de soutenir un tel processus. Sans tectonique des plaques pour dissiper la chaleur de son manteau, Vénus subit plutôt un processus cyclique dans lequel les températures du manteau augmentent jusqu'à atteindre un niveau critique qui affaiblit la croûte. Puis, sur une période d'environ 100 millions d'années, la subduction se produit à grande échelle, recyclant complètement la croûte[112].
145
+
146
+ Les cratères vénusiens ont un diamètre pouvant aller de 3 à 280 km. Aucun cratère n'est plus petit que 3 km, en raison de l'atmosphère dense de la planète : les objets n'ayant pas suffisamment d'énergie cinétique sont tellement ralentis par l'atmosphère qu'ils ne créent pas de cratère d'impact[135]. Ainsi les projectiles entrants ayant un diamètre inférieur à 50 mètres se fragmenteront avant d'atteindre le sol[136].
147
+
148
+ Sans données sismiques ou connaissance de son moment d'inertie, peu d'informations directes sont disponibles sur la structure interne et la géochimie de Vénus[137]. Cependant, Vénus ressemblant à la Terre par sa taille (6 051 km de rayon contre 6 378 km pour la Terre) et par sa densité (5,26 contre 5,52), plusieurs auteurs supposent que les deux planètes ont une structure interne comparable : un noyau, un manteau et une croûte[138],[139],[140],[141].
149
+
150
+ La croûte silicatée, de 20 km d'épaisseur environ, serait plus épaisse que la croûte océanique terrestre (moyenne de 6 km), mais plus fine que la croûte continentale terrestre (moyenne de 30 km). La taille de la croûte vénusienne a été déduite des nombreux épanchements de lave constatés autour des cratères d'impact. Cette croûte ne représenterait que 0,34 % du rayon de la planète et les analyses faites par les différentes sondes Venera ont prouvé que le matériau extérieur de Vénus est semblable au granite et au basalte terrestre (roches riches en silice et ferromagnésiennes). Le système de plaques continentales y serait moins complexe que sur Terre : les roches plus plastiques absorbent fortement les effets de la dérive des continents. Ainsi, Vénus n'a pas de plaques tectoniques[140] comme celles de la Terre.
151
+
152
+ Cette différence fondamentale entre la géologie des deux planètes telluriques les plus ressemblantes peut être attribuée à leur évolution climatique divergente. En effet, le climat vénusien empêche l'eau de se conserver à la surface, desséchant irréversiblement les roches de la croûte. Or, l'eau interstitielle des roches joue un grand rôle dans la subduction sur Terre où elle est conservée dans ses océans. Les roches terrestres contiennent toutes un minimum d'eau résiduelle, ce qui n'est pas le cas dans les conditions du climat à hautes températures de Vénus.
153
+
154
+ Vénus posséderait un manteau rocheux représentant environ 52,5 % du rayon de la planète[142], composé essentiellement de silicates et d'oxydes de métaux. Ce manteau pourrait comporter encore aujourd'hui (comme la Terre pendant 2 ou 3 Ga) un océan magmatique (en), d'une épaisseur de 200 à 400 km[143].
155
+
156
+ Comme celui de la Terre, le noyau vénusien est au moins partiellement liquide car les deux planètes se sont refroidies à peu près au même rythme[144]. La taille légèrement plus petite de Vénus signifie que les pressions sont inférieures d'environ 24% dans son noyau par rapport à celles régnant le noyau terrestre[145]. La principale différence entre les deux planètes est le manque de preuves d'une tectonique des plaques sur Vénus, peut-être parce que sa croûte est trop dure pour qu'il y ait une subduction sans eau pour la rendre moins visqueuse. Il en résulte que la perte de chaleur est réduite sur la planète, l'empêchant de se refroidir. Cela fournit une explication à son absence de champ magnétique interne[146]. A la place, Vénus pourrait surtout réduire sa chaleur interne lors d'événements de resurfaçage majeurs[110].
157
+
158
+ Le noyau de Vénus serait constitué de deux parties : un noyau externe constitué de fer et de nickel liquides qui représenterait environ 30 % du rayon de la planète ; un noyau interne composé de fer et de nickel solides qui représenterait environ 17 % du rayon de Vénus[142]. Mais cela reste spéculatif car, contrairement à la Terre, il n'y a pas eu de mesures sismiques. Il n'est pas impossible que le noyau de Vénus soit entièrement liquide. Certains indices pourraient aller dans ce sens, comme le très faible champ magnétique.
159
+
160
+ En 1967, Venera a découvert que le champ magnétique de Vénus était beaucoup plus faible que celui de la Terre[147],[148] . Ce champ magnétique est créé par une interaction entre la ionosphère et le vent solaire[149] plutôt que par un effet dynamo interne comme dans le noyau terrestre[150],[151]. La magnétosphère presque inexistante de Vénus offre une protection négligeable de l'atmosphère contre le rayonnement cosmique. Il traîne dans le sillage de ce champ une queue de plasma longue de 45 millions de kilomètres, observée pour la première fois par la sonde SoHO en 1997.
161
+
162
+ L'absence d'un champ magnétique intrinsèque à Vénus fut surprenant au moment de cette découverte, la grande similarité de la planète avec la Terre laissant présager un effet dynamo dans son noyau. Pour qu'il y ait une dynamo, il est nécessaire qu'il y ait présence d'un liquide conducteur, d'une rotation et d'une convection. On pense que le noyau est électriquement conducteur et, bien qu'elle soit très lente, les simulations montrent que la rotation de Vénus est suffisante pour produire une dynamo[152],[153]. Cela implique qu'il manque une convection dans le noyau de Vénus pour faire apparaître la dynamo[154].
163
+
164
+ Sur Terre, la convection se produit dans la couche externe liquide du noyau car le bas de la couche liquide est beaucoup plus élevé en température que le haut. Sur Vénus, un des événements de resurfaçage global peut avoir arrêté la tectonique des plaques et conduit à une baisse flux de chaleur à travers la croûte. Ce plus faible gradient thermique entraînerait une augmentation de la température du manteau, réduisant ainsi le flux de chaleur hors du noyau[147]. En conséquence, aucune convection n'est réalisée pour entraîner un champ magnétique. Au lieu de cela, la chaleur du noyau est utilisée pour réchauffer la croûte[155].
165
+
166
+ D'autres possibilités sont que Vénus n'ait pas de noyau interne solide, limitant grandement la séparation des divers constituants et impuretés, et de là les mouvements internes du fluide métallique du noyau qui génèrent le champ magnétique[156], ou que son noyau ne se refroidisse pas, de sorte que toute la partie liquide du noyau est à peu près à la même température, empêchant une nouvelle fois toute convection. Une autre possibilité est que son noyau s'est déjà complètement solidifié. L'état du noyau dépend fortement de sa concentration de soufre, qui est actuellement inconnue et empêche donc de lever les incertitudes[155]. Malgré son faible champ magnétique, des aurores ont été observées[157].
167
+
168
+ La faible magnétosphère autour de Vénus signifie que le vent solaire interagit directement avec les couches supérieures de son atmosphère. À cet endroit, des ions hydrogène et oxygène sont créés par la dissociation de molécules neutres par le rayonnement ultraviolet. Le vent solaire fournit alors une énergie suffisante pour que certains de atteignent une vitesse permettant d'échapper au champ de gravité de Vénus. Ce processus d'érosion entraîne une perte constante d'ions de faible masse (hydrogène, hélium et oxygène) dans l'atmosphère, tandis que les molécules de masse plus élevée, telles que le dioxyde de carbone, sont plus susceptibles d'être retenues. L'érosion atmosphérique par le vent solaire a probablement entraîné la perte de la plupart de l'eau de Vénus au cours du premier milliard d'années après sa formation[158]. L'érosion a également augmenté la proportion de l'isotope deutérium par rapport à l'hydrogène protium sans neutron (donc de masse inférieure et plus facilement emporté), aboutissant à un ratio de deutérieum sur protium dans l'atmosphère supérieur à 100 fois au reste du système solaire[159].
169
+
170
+ Par sa taille et sa masse, Vénus est très similaire à la Terre et a souvent été décrite comme la sœur jumelle de cette dernière[160]. Les deux planètes sont semblables, autant par les aspects physiques qu'orbitaux :
171
+
172
+ Certains spécialistes ont longtemps pensé que, sous ses nuages denses, Vénus pourrait être très similaire à la Terre et peut-être même abriter la vie. Certaines études émettent l'hypothèse qu'il y a quelques milliards d'années, Vénus aurait été bien plus semblable à la Terre qu'elle ne l'est actuellement[161]. Il y aurait eu probablement des quantités importantes d'eau à sa surface. Cette eau se serait évaporée à la suite d'un important effet de serre[162]
173
+
174
+ Vénus orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 108 millions de kilomètres (0,7 AU) et complète une orbite tous les 224,7 jours terrestres, soit environ 1,6 fois plus vite que la Terre[166]. Bien que toutes les orbites planétaires soient elliptiques, l'orbite de Vénus est celle qui est la plus proche d'une orbite circulaire, avec une excentricité inférieure à 0,01[166],[167]. Lorsque Vénus se situe entre la Terre et le Soleil en conjonction inférieure, elle a la distance à la Terre la plus faible de toutes les planètes en conjonction inférieure, à une distance moyenne de 41 millions de kilomètres. Cependant, en moyenne, c'est Mercure et non Vénus la planète la plus proche de la Terre du fait de sa plus faible distance au Soleil[168],[169]. La planète atteint en moyenne sa conjonction inférieure tous les 584 jours, ce qu'on appelle sa période synodique[166].
175
+
176
+ Toutes les planètes du système solaire tournent autour du Soleil dans le sens antihoraire vu depuis le pôle nord de la Terre. Aussi, la plupart des planètes tournent également sur leurs axes dans le sens antihoraire/direct. Ce n'est pas le cas de Vénus (on peut également citer Uranus), qui tourne dans le sens horaire : on parlera de rotation rétrograde. Sa période de rotation est de 243 jours terrestres — la rotation la plus lente de toutes les planètes du système solaire[167]. Celle-ci n'est connue que depuis 1962, date à laquelle des observations radar menées par le Jet Propulsion Laboratory ont permis d'observer la surface de la planète au travers de l'épaisse atmosphère[170].
177
+
178
+ Un jour sidéral vénusien dure donc plus longtemps qu'une année vénusienne (243 contre 224,7 jours terrestres)[171]. Du fait de cette rotation rétrograde, un observateur à la surface de Vénus verrait le Soleil se lever à l'ouest et se coucher à l'est[172]. En pratique, les nuages opaques de Vénus empêchent d'observer le Soleil depuis la surface de la planète[173].
179
+
180
+ En raison de la rotation rétrograde, la durée d'un jour solaire sur Vénus est significativement plus courte que le jour sidéral, durant 116,75 jours terrestres, alors qu'ils sont plus longs pour les planètes avec une rotation dans le sens direct[174]. Une année vénusienne représente donc environ 1,92 jours solaires vénusiens[175] et les journées et les nuits vénusiennes s'étendent sur près de deux mois terrestres : 58 j 9 h.
181
+
182
+ Parce que sa rotation est si lente, Vénus est très proche d'une sphère avec un aplatissement presque nul[176]. Aussi, l'équateur de Vénus tourne à 6,52 km/h tandis que celui de la Terre tourne à 1674 km/h[177]. La rotation de Vénus a ralenti pendant les 16 ans s'étant écoulés entre les visites des véhicules spatiaux Magellan et Venus Express : le jour sidéral vénusien a augmenté de 6,5 minutes dans ce laps de temps[178],[179].
183
+
184
+ Les causes de la rotation rétrograde de Vénus sont encore mal comprises et elle peut s'être formée à partir de la nébuleuse solaire avec une période de rotation et une obliquité différentes de celles qu'elle connaît actuellement. L'explication la plus souvent avancée est une collision gigantesque avec un autre corps de grande taille, pendant la phase de formation des planètes du Système solaire[180],[181],[182].
185
+
186
+ Une autre explication met en jeu l'atmosphère vénusienne qui, du fait de sa forte densité, a pu influencer la rotation de la planète. Des travaux de Jacques Laskar et Alexandre C. M. Correia prenant en compte les effets de marée thermique atmosphérique montrent le comportement chaotique de l'obliquité et de la période de rotation de Vénus[183],[184]. Vénus aurait donc pu évoluer naturellement sur plusieurs milliards d'années vers une rotation rétrograde sans avoir à faire intervenir de collision avec un corps massif. La période de rotation observée aujourd'hui pourrait ainsi être un état d'équilibre entre un verrouillage par effet de marée dû à la gravitation du Soleil, qui a tendance à ralentir la rotation, et une marée atmosphérique créée par le chauffage solaire de l'atmosphère vénusienne épaisse qui l’accélérerait[185],[186]. Il n'est cependant pas possible de savoir si l'obliquité de Vénus est passée brusquement de 0° à 180° au cours de son histoire ou si sa vitesse de rotation s'est ralentie jusqu'à une vitesse nulle pour ensuite devenir négative. Les deux scénarios sont possibles et aboutissent au même état d'équilibre actuel[b].
187
+
188
+ Vénus est quasiment en rotation synchrone avec la Terre, de sorte que toutes les fois où Vénus est en conjonction inférieure, Vénus présente presque exactement la même face à la Terre. Cela est dû au fait que l'intervalle moyen de 583,92 jours terrestres entre les approches rapprochées successives de la Terre (période synodique) est presque égal à 5 jours solaires vénusiens (car 583,92/116,75 ≈ 5,0015)[166],[187].
189
+
190
+ Ainsi, il a été discuté d'une synchronisation Terre-Vénus. Cependant, ce ratio n'est pas exactement égal à 5, tandis que le verrouillage gravitationnel de la Lune sur la Terre (1:1) ou de celui de la rotation de Mercure sur sa révolution (3:2) sont exacts et stabilisés[188]. Aussi, les forces de marée impliquées dans la synchronisation Vénus-Terre sont extrêmement faibles. L'hypothèse d'une résonance spin-orbite avec la Terre a donc été écartée[189], la synchronisation observée pouvant être une coïncidence uniquement observable à notre époque astronomique[188].
191
+
192
+ Vénus ne possède pas de satellites naturels[190]. Elle possède cependant plusieurs astéroïdes troyens : le quasi-satellite 2002 VE68 avec une orbite en fer à cheval[191],[192],[193] et deux troyens temporaires, 2001 CK32[194] et 2012 XE133[195].
193
+
194
+ En 1645, Francesco Fontana[196] puis Giovanni Cassini rapportent la présence d'une lune en orbite autour de Vénus, qui a ensuite été nommée Neith[197],[198]. De nombreuses observations ont été rapportées au cours des deux siècles suivants, dont d'astronomes réputés tels que Joseph-Louis Lagrange en 1761, et Johann Heinrich Lambert calcule son orbite en 1773. Cependant, la plupart de ces observations ont ensuite été correctement attribuées à des étoiles voisines ou à des illusions d'optique[197],[199].
195
+
196
+ Une étude de modélisation réalisée en 2006 au California Institute of Technology par Alex Alemi et David Stevenson sur l'origine du système solaire montre que Vénus a probablement eu au moins une lune créée par un grand impact cosmique il y a plusieurs milliards d'années[200],[201]. Puis, environ 10 millions d'années plus tard, selon l'étude, un autre impact aurait inversé la direction de rotation de la planète et a provoqué une accélération par effet de marée de la lune vénusienne vers Vénus jusqu'à ce qu'elle entre en collision avec elle[201]. Si des impacts ultérieurs créaient des lunes, celles-ci étaient supprimées de la même manière. Une autre explication du manque de satellites est l'effet de fortes marées solaires, qui peuvent déstabiliser les gros satellites en orbite autour des planètes terrestres intérieures, comme c'est également le cas pour Mercure[202],[203].
197
+
198
+ À l'œil nu, Vénus est le troisième objet naturel le plus brillant du ciel (après le Soleil et la Lune)[204],[205]. Elle apparaît comme un point blanc brillant avec une magnitude apparente variant entre -4,6 et -3,7 (moyenne de -4,14 et écart-type de 0,31)[206],[207], et un diamètre apparent compris entre 9,7 et 66 secondes d'arc. La magnitude la plus brillante se produit pendant la phase de croissant environ un mois avant ou après la conjonction inférieure. La planète est suffisamment brillante pour être vue dans un ciel clair en journée[208] mais est plus facilement visible lorsque le soleil est bas à l'horizon ou en train de se coucher. En tant que planète inférieure de la Terre, son élongation (c'est-à-dire l'angle marqué entre la planète et le Soleil dans le ciel terrestre) connaît une valeur maximale, à savoir 47°[209].
199
+
200
+ Vénus dépasse la Terre tous les 584 jours en ce qui concerne leur orbite autour du Soleil[210]. Ce faisant, elle passe de "l'étoile du soir", visible après le coucher du soleil, à "l'étoile du matin", visible avant le lever du soleil. À l'inverse de Mercure, l'autre planète inférieure qui possède elle une élongation maximale de 28° et qui est souvent difficile à discerner au crépuscule, Vénus est très facilement visible, surtout lorsqu'elle est à son plus fort. Le crépuscule astronomique (moment où le Soleil est suffisamment sous l'horizon pour qu'il y ait un ciel totalement sombre) étant d'environ 18°, elle peut atteindre jusqu'à un angle de 47-18 = 29° dans un ciel noir et rester visible jusqu'à plusieurs heures après le coucher du soleil[211].
201
+
202
+ Ces caractéristiques ont contribué à surnom dans la culture populaire d’« étoile du berger » (quant bien même le terme « étoile » soit impropre car il s'agit d'une planète) car elle peut être facilement visible dans le ciel, ce qui historiquement permettait de guider les gardiens de troupeaux pour aller aux pâturages ou en revenir[212]. En tant qu'objet ponctuel le plus brillant du ciel, Vénus est également communément prise pour un objet volant non identifié[213],[214],[215].
203
+
204
+ Au cours de son orbite autour du Soleil, Vénus affiche des phases comme celles de la Lune lorsque vue au télescope[216]. La planète apparaît comme un petit disque "plein" lorsqu'elle est située de l'autre côté du Soleil par rapport à la Terre (à une conjonction supérieure). Vénus montre un disque plus grand et une "phase quart" à ses allongements maximaux par rapport au Soleil, et apparaît alors à son plus brillant dans le ciel nocturne. La planète présente un croissant mince beaucoup plus grand en vue télescopique lorsqu'elle passe le long du côté proche entre la Terre et le Soleil. Enfin, Vénus affiche sa plus grande taille et sa "nouvelle phase" lorsqu'elle se situe entre la Terre et le Soleil (à conjonction inférieure). Son atmosphère est visible au télescope du fait du halo de lumière solaire réfractée autour d'elle[209].
205
+
206
+ Leur observation a été faite pour la première fois au début du XVIIe siècle par Galilée à l'aide de sa lunette astronomique. Elles ont été un argument utilisé par ce dernier pour se rallier à la théorie héliocentrique de Copernic[217].
207
+
208
+ On appelle « transit de Vénus » le passage de la planète Vénus entre la Terre et le Soleil, où l'ombre de Vénus apparaît devant le disque solaire. L'orbite vénusienne étant légèrement inclinée par rapport à l'orbite terrestre, lorsque la planète passe entre la Terre et le Soleil elle ne traverse généralement pas la face du Soleil. Ainsi, les transits de Vénus se produisent alors lorsque la conjonction inférieure la planète coïncide avec sa présence dans le plan de l'orbite terrestre, plus précisément quand elles croisent la ligne d'intersection de leurs plans orbitaux. Cet événement est rare à l'échelle de temps humaine du fait des critères nécessaires à cette observation : les transits de Vénus se produisent par cycles de 243 ans, le schéma actuel étant des paires de transit séparée de huit ans et se produisant à des intervalles d'environ 105.5 ans ou 121.5 ans[218]. Ce modèle fut découvert pour la première fois en 1639 par l'astronome anglais Jeremiah Horrocks[219].
209
+
210
+ Au cours du transit de Vénus, il apparaît un effet d'optique appelé « phénomène de la goutte noire ». Lors du deuxième contact et juste avant le troisième contact, une petite larme noire semble connecter le disque de la planète avec la frontière du limbe solaire, rendant difficile de dater précisément lesdits contacts[220].
211
+
212
+ Historiquement, l'observation des transits de Vénus est importante car ils permettaient aux astronomes de déterminer la la valeur de la distance Terre-Soleil (l'unité astronomique) par la méthode de la parallaxe, comme l'a fait Horroks en premier lors du transit de 1639[221]. Le XVIIIe siècle a ainsi vu de grandes expéditions de la part des astronomes européens pour mesurer les deux transits de 1761 et 1769[222],[223], auxquels le nom de l'astronome français Guillaume Le Gentil est resté attaché en raison de la malchance qui l'empêcha d'effectuer les observations auxquelles il avait consacré des années de préparation[224],[225]. Aussi, l'exploration du capitaine Cook de la côte est de l'Australie intervint après qu'il ait navigué jusqu'à Tahiti en 1768 pour observer le transit de Vénus de 1769[226],[227].
213
+
214
+ La paire de transits suivante s'est produite en décembre 1874 et décembre 1882. Le transit de 1874[228] a fait l'objet de la plus ancienne expérimentation de film connue, le Passage de Vénus par l'astronome français Pierre Janssen[229],[230].
215
+
216
+ La dernière paire de transit s'est produite les 8 juin 2004 et 5-6 juin 2012. Le transit pouvait à cette occasion être regardé en direct sur Internet à partir de nombreux streaming ou observé localement avec le bon équipement et les bonnes conditions[231]. Le prochain transit aura lieu le 11 décembre 2117[232],[233].
217
+
218
+ Des observations à l'œil nu de Vénus en journée sont notées dans plusieurs anecdotes et enregistrements.
219
+
220
+ L'astronome Edmund Halley a calculé sa luminosité maximale à l'œil nu en 1716, lorsque de nombreux Londoniens ont été alarmés par son apparition en plein jour[234]. L'empereur français Napoléon Bonaparte a été témoin d'une apparition diurne de la planète lors d'une réception au Luxembourg[234]. Une autre observation historique diurne célèbre de la planète a eu lieu lors de la cérémonie d'inauguration pour du second terme du président américain Abraham Lincoln à Washington, DC, le 4 mars 1865[208],[235],[236]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le navire de guerre américain USS Houston (CA-30) tira 250 coups vers le ciel le 9 décembre 1941 (deux jours après l'attaque de Pearl Harbor) pour tenter d'abattre Vénus, la prenant pour un avion ennemi[234],[237].
221
+
222
+ Bien que la visibilité à l'œil nu des phases de Vénus soit contestée, il existe des enregistrements d'observations de son croissant[238].
223
+
224
+ Le pentagramme de Vénus est le chemin que Vénus trace comme observé depuis la Terre. Il résulte du fait que les conjonctions inférieures successives de Vénus se répètent très près d'un rapport de 13:8 (la Terre faisant 8 révolutions quand Vénus en fait 13), donnant ainsi un angle constant de 144 ° sur les conjonctions inférieures séquentielles, c'est-à-dire à chaque période synodique[239],[c]. Ce ratio est une approximation : en réalité 8/13 vaut 0.61538 tandis que Vénus orbite autour du Soleil en 0,61519 années terrestres[240]. Comme il faut 5 périodes synodiques de Vénus pour former le pentagramme, cela se produit toutes les 8 années terrestres[241].
225
+
226
+ Aussi, le pentagramme fut également utilisé comme symbole de Vénus et de la féminité en général, en lien avec la Déesse mère[242].
227
+
228
+ Un mystère de longue date des observations de Vénus est la soi-disante lumière cendrée. Il s'agit d'un phénomène lumineux évanescent qui se présenterait sous la forme d'une lueur diffuse à peine discernable éclairant la partie sombre du disque de Vénus lorsque la planète est en phase de croissant[217],[160]. La première observation revendiquée de la lumière cendrée a été faite en 1643, mais l'existence de l'illumination n'a jamais été confirmée de manière fiable. Les observateurs ont émis l'hypothèse que cela pourrait résulter d'une activité électrique dans l'atmosphère vénusienne, mais cela pourrait également être une illusion d'optique, résultant de l'effet physiologique de l'observation d'un objet brillant en forme de croissant[243],[244].
229
+
230
+ L'exploration de Vénus à l'aide de sondes spatiales commence au début des années 1960. Une vingtaine d'entre elles ont depuis visité la planète, que ce soit pour de simples survols, pour des séjours plus longs en orbite autour de Vénus, ou encore pour larguer des modules d'observation dans l'atmosphère et à la surface de Vénus.
231
+
232
+ La première mission d'envoi de sonde spatiale sur Vénus, et d'une façon générale sur une autre planète que la Terre, commence avec le programme soviétique Venera en 1961[245]. Cependant, ce sont les États-Unis qui connaissent le premier succès avec la mission Mariner 2 le 14 décembre 1962, devenant la première mission interplanétaire réussie de l'histoire, passant à près de 35 km au-dessus de la surface de Vénus et collectant des données sur l'atmosphère de la planète et sa température de surface évaluée à près de 700 K (427 °C). [246],[247]. La sonde ne détecte pas de champ magnétique au voisinage de la planète et met en évidence la quasi-absence d'eau dans l'atmosphère vénusienne[248],[249]. Les informations envoyées par Mariner 2 complètent les observations radar réalisées depuis le sol terrestre la même année, notamment à l'observatoire Goldstone en Californie, qui ont permis d'estimer la période de rotation de la planète, inconnue jusqu'alors[250].
233
+
234
+ Le 18 octobre 1967, Venera 4 entre avec succès dans l'atmosphère vénusienne et réalise des expériences. La sonde montre que la température de surface est plus chaude que ce que Mariner 2 avait calculé, à près de 500 °C, détermine que l'atmosphère est composé à 95% de dioxyde de carbone et découvre que l'atmosphère de Vénus était considérablement plus dense que ce que les concepteurs de la sonde n'avaient prévu[251]. La sonde Venera 4 parvient à lancer une capsule vers le sol vénusien, et celle-ci transmit des données sur la composition de l'atmosphère vénusienne jusqu'à une altitude de 24 km. En parallèle, les américains lancent Mariner 5 dont les données seront analysées conjointement avec celles de Venera 4 par une équipe scientifique soviéto-américaine dans une série de colloques au cours de l'année suivante[252], ce qui consistue un premier exemple de coopération spatiale en pleine Guerre Froide[253].
235
+
236
+ En 1974, Mariner 10 transite par Vénus lors d'une manœuvre d'assistance gravitationnelle lui permettant de se diriger vers Mercure. La sonde a pu prendre des photographies ultraviolettes des nuages pendant le survol, révélant des vitesses de vent très élevées dans l'atmosphère vénusienne.
237
+
238
+ En 1975, les atterrisseurs soviétiques Venera 9 et 10 transmettent les premières images de la surface de Vénus, qui étaient alors en noir et blanc. En mars 1982, les premières images couleur de la surface ont été obtenues par les atterrisseurs soviétiques Venera 13 et 14 à quelques jours d'intervalle[248].
239
+
240
+ La NASA obtient des données supplémentaires en 1978 avec le projet Pioneer Venus qui comprend deux missions distinctes : Pioneer Venus Orbiter et Pioneer Venus Multiprobe[254],[255]. Le programme soviétique Venera prend en octobre 1983, lorsque les sondes Venera 15 et 16 sont placées en orbite pour effectuer une cartographie détaillée de 25% du terrain de Vénus (du pôle nord à 30 ° de latitude nord)[256].
241
+
242
+ Par la suite, Vénus est de nouveau régulièrement survolée afin de réaliser des maneuvres d'assistance gravitationnelle, notamment Vega 1 et Vega 2 (1985) avant d'aller visiter la Comète de Halley, Galileo (1990) avant d'aller sur Jupiter, Cassini – Huygens (1998) avant d'aller sur Saturne et MESSENGER (2006) avant d'aller sur Mercure. Lors de son survol, la sonde Galileo fait des observations en proche infrarouge[257].
243
+
244
+ En orbite pendant 4 ans autour de Vénus, entre 1990 et 1994, la sonde Magellan réalise une cartographie complète et très précise (avec une résolution horizontale inférieure à 100 m) de la surface de la planète. La sonde spatiale a utilisé pour cela un radar, seul instrument capable de percer l'épaisse atmosphère de Vénus. Un relevé altimétrique est également effectué. Cette cartographie détaillée montre un sol remarquablement jeune géologiquement parlant (de l'ordre de 500 millions d'années), la présence de milliers de volcans[248],[258] et une absence de tectonique des plaques telle qu'on la connait sur Terre mais de nouvelles analyses suggèrent que la surface est divisée en blocs rocheux, « ramollis » par la chaleur intense de l'environnement et semblent se déplacer entre eux à la manière des blocs de glace de la banquise terrestre[259].
245
+
246
+ La sonde Vénus Express de l'Agence spatiale européenne est lancée en novembre 2005 et a observé Vénus depuis avril 2006 jusqu'au 16 décembre 2014. Elle permet de réaliser plusieurs découvertes importantes dont une possible activité volcanique récente, le ralentissement de sa vitesse de rotation ou encore la présence d'une « queue magnétique »[260].
247
+
248
+ En 2007, une mission européenne Venus Entry Probe est prévue pour permettre l'exploration in situ de l'atmosphère vénusienne grâce entre autres à un ballon naviguant à une altitude de 55 km, mais elle n'aboutit finalement pas[261].
249
+
250
+ En 2014, des chercheurs de la NASA présentent le projet High Altitude Venus Operational Concept qui vise à établir une colonie humaine installée dans des dirigeables à 50 kilomètres d'altitude où la température n'est que de 75 °C et la pression proche de celle de la Terre[262],[263]. À la fin des années 1960, la NASA avait déjà étudié la possibilité d'utiliser des éléments du programme Apollo afin de réaliser un survol habité de Vénus avec un équipage de trois astronautes qui auraient effectué le voyage aller-retour en une année environ[264].
251
+
252
+ En 2016, le programme Institute for Advanced Concepts de la NASA commence à étudier un rover (astromobile), l'Automaton Rover for Extreme Environments, conçu pour survivre longtemps dans les conditions environnementales de Vénus. Il serait contrôlé par un ordinateur mécanique et alimenté par l'énergie éolienne[265].
253
+
254
+ Depuis 2016, une sonde de la JAXA, Akatsuki, est sur une orbite très elliptique autour de Vénus[266],[267]. Lancée en 2010 mais arrivée avec cinq ans de retard à cause d'une panne de propulseur lors de son insertion initiale, il s'agit de la seule sonde en orbite autour de Vénus en 2020. Elle a pour objectif de mieux comprendre ce qui a mené la planète à son état actuel, notamment son effet de serre[268]. L'engin a permis de découvrir la présence, à 64 km d'altitude, d'une onde de gravité longue de 10 000 km et 65 km de large, stationnaire par rapport au sol et pouvant perdurer plusieurs jours (contrairement aux ondes de gravité sur Terre qui disparaissent très vite)[269]. Akatsuki a également pris des clichés dans l'infrarouge de la face nocturne de Vénus[270].
255
+
256
+ La planète Vénus doit son nom à la déesse Vénus, déesse de l'amour dans la mythologie romaine (assimilée à l'Aphrodite de la mythologie grecque).
257
+
258
+ La représentation la plus célèbre de Vénus reste celle de Vincent Van Gogh dans La Nuit étoilée, vue depuis la chambre de son asile du monastère Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence en mai 1889[275],[276]. Une étude du ciel au pritemps de 1889 permet de confirmer qu'il s'agit bien de Vénus, entourée de blanc en bas à droite du grand cyprès, ce qui est aussi confirmé dans les lettres du peintre[277].
259
+
260
+ La planète est également visible dans ses peintures Route avec un cyprès et une étoile[278] et La Maison blanche, la nuit, réalisées en 1890 et peu avant la mort de l'artiste[279].
261
+
262
+ La Nuit étoilée, Vincent Van Gogh (1889)
263
+
264
+ Route avec un cyprès et une étoile, Vincent Van Gogh (mai 1890)
265
+
266
+ La Maison blanche, la nuit, Vincent Van Gogh (1890)
267
+
268
+ Des poètes préromantiques et romantiques tels que William Blake, Robert Frost, Letitia Elizabeth Landon, Alfred Lord Tennyson et William Wordsworth ont écrit des poèmes au sujet de la planète[280].
269
+
270
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+
2
+
3
+ Vénus est une des quatre planètes telluriques du Système solaire. Elle est la deuxième planète par ordre d'éloignement au Soleil, et la sixième par masse ou par taille décroissantes.
4
+
5
+ La planète Vénus a été baptisée du nom de la déesse Vénus de la mythologie romaine.
6
+
7
+ La planète Vénus est le troisième astre en termes de magnitude apparente, après le soleil et la lune. Elle a donc attiré l'attention des premiers astronomes.
8
+ Vénus apparaît tantôt le matin (Astre du matin), tantôt le soir (Astre du soir), de nombreuses cultures et civilisations ont d'abord pensé à deux astres différents[1].
9
+
10
+ Les anciens Égyptiens voyaient deux astres distincts, une étoile du matin et une étoile du soir. L'étoile du matin était appelée Tioumoutiri et l'étoile du soir Ouaiti[2].
11
+
12
+ les Babyloniens semblent avoir compris très tôt que les « étoiles du matin et du soir » étaient le même objet céleste. C'est ce que l'on déduit d'un sceau-cylindre de la période de Djemdet Nasr et la tablette d'Ammisaduqa de la première dynastie de Babylone[3] [4].
13
+
14
+ La civilisation babylonienne considérait la planète Vénus comme la représentation de la déesse Ninsi'anna (« dame divine, illumination du ciel » du fait de sa luminosité). Plus tard, elle sera nommée Dilbat[5].
15
+
16
+ Les Chinois ont historiquement appelé la Vénus du matin « Grande Blanche » (Tài-bái 太白) ou « Ouvreuse de la Luminosité » (Qǐ-míng 啟明), et la Vénus du soir comme « Excellente de l'Ouest » (Cháng-gēng 長庚)[7].
17
+
18
+ En chinois, la planète est appelée Jīn-xīng (金星), la planète dorée de l'élément métallique[réf. nécessaire].
19
+
20
+ Ptolémée a émis l'hypothèse dans son traité d'astronomie Almageste que Mercure et Vénus sont situées entre le Soleil et la Terre.
21
+
22
+ Les Mayas considéraient Vénus comme le corps céleste le plus important après le Soleil et la Lune. Ils l'ont appelé Chac ek ou Noh Ek, signifiant « la grande étoile » et savaient qu'elle n'était qu'un seul astre[8],[9].
23
+
24
+ Les cycles de Vénus faisaient l'objet d'un calendrier retrouvé dans le Codex de Dresde et les Mayas suivaient les apparitions et conjonctions de Vénus[10],[11]. Ce calendrier reposait notamment sur leur observation que cinq périodes synodiques de la planète correspondent à huit années terrestres, cause du « pentagramme de Vénus »[2].
25
+
26
+ Les astronomes modernes remettent en question l'observation des transits par les astronomes médiévaux arabes, ceux-ci ayant été potentiellement confondus avec des taches solaires[18],[20].
27
+
28
+ Vénus est connue sous le nom de Kejora en indonésien et en malais[réf. nécessaire].
29
+
30
+ Le physicien italien Galilée invente la lunette astronomique en 1609. En mai 1610, il se tourne vers la planète Vénus et constate qu'elle présente des phases, comme la Lune[23],[24]. Il note que Vénus est la planète la plus éloignée du Soleil dans le ciel ; elle montre une phase semi-éclairée, et lorsqu'elle est la plus proche du Soleil dans le ciel, elle apparaît comme un croissant ou une phase complète[23]. Il en déduit que cela ne pourrait être possible que si Vénus était en orbite autour du Soleil. Ce fut l'une des premières observations contredisant clairement le modèle géocentrique deClaude Ptolémée selon lequel le système solaire centré sur la Terre[25],[26].
31
+
32
+ Le transit de Vénus en 1639 avait été prédit avec précision par Jeremiah Horrocks puis observé par lui et son ami, William Crabtree, dans leurs maisons respectives, le 4 décembre 1639 (soit le 24 novembre selon le calendrier julien utilisé à cette époque)[27]. Si l'on considère les observations des astronomes arabes comme contestées, il s'agit donc des premiers hommes à avoir observé un transit de Vénus[28].
33
+
34
+ 1645 : première observation d'un satellite supposé de Vénus, ultérieurement dénommé Neith. Les observations et discussions se poursuivront jusqu'en 1884, mais l'existence de Neith sera réfutée en 1887[29].
35
+
36
+ 1666 : Cassini estime à 23 heures 15 minutes la période de rotation de Vénus[29].
37
+
38
+ Vers 1726, Francesco Bianchini observe, ou croît observer, grâce à une lunette particulièrement puissante des tâches sur la surface de la planète indiquant des étendues similaires aux mers lunaires[30]. Il réalise ainsi le premier planisphère de Vénus[30],[29].
39
+
40
+ L'atmosphère de Vénus a été découverte en 1761 par le polymathe russe Mikhail Lomonosov puis observée en 1792 par l'astronome allemand Johann Schröter[31],[32]. Schröter a découvert que lorsque la planète était un mince croissant, ses pointes s'étendaient sur plus de 180°. Il a donc supposé que cela était dû à la dispersion de la lumière du soleil dans une atmosphère dense[33]. Plus tard, l'astronome américain Chester Lyman a observé un anneau complet autour de la planète alors qu'elle était à une conjonction inférieure, fournissant des preuves supplémentaires d'une atmosphère[34].
41
+
42
+ 1761, 1769, 1874, 1882 : grandes expéditions à travers le monde pour observer les transits suivants afin de mesurer la parallaxe du Soleil. Études de l'atmosphère vénusienne, lors des deux derniers de ces transits[29].
43
+
44
+ L'atmosphère a compliqué les efforts pour déterminer une période de rotation pour la planète, des observateurs tels que Giovanni Cassini et Schröter l'ayant incorrectement estimée à environ 24 heures du fait de ses marques de mouvement sur la surface de la planète[35].
45
+
46
+ En 1890, Schiaparelli et d'autres optent pour une rotation de 225 jours environ, ce qui aurait correspondu à une rotation synchrone avec le Soleil[36],[29].
47
+
48
+ Le disque de Vénus, caché par une épaisse athmosphère, ne donnait aucune indication sur sa surface. Il a fallu attendre le développement des observations spectroscopiques, radar et ultraviolettes pour obtenir plus d'informations.
49
+
50
+ Années 1900 : les observations spectroscopiques ont donné les premiers indices sur la rotation vénusienne. Vesto Slipher a essayé de mesurer le décalage Doppler de la lumière de Vénus, mais a constaté qu'il ne pouvait détecter aucune rotation. Il en a déduit que la planète devait avoir une période de rotation beaucoup plus longue qu'on ne le pensait auparavant[37].
51
+
52
+ Années 1920 : les premières observations ultraviolettes. Frank E. Ross a a constaté que les photographies ultraviolettes révélaient d'importants détails absents dans le rayonnement visible et infrarouge. Il a suggéré que cela était dû à une atmosphère inférieure dense et jaune avec de hauts nuages de cirrus[38].
53
+
54
+ Années 1950 : on découvrit que la rotation était rétrograde.
55
+
56
+ Années 1960 : les observations radar de Vénus, effectuées pour la première fois, ont fourni les premières mesures de la période de rotation, proches de la valeur connue soixante ans plus tard[39].
57
+
58
+ Années 1970 : les observations radar ont révélé pour la première fois des détails de la surface vénusienne. Des impulsions d'ondes radio ont été diffusées sur la planète en utilisant le radio-télescope de 300 mètres à l'Observatoire Arecibo et les échos ont révélé deux régions hautement réfléchissantes, désignées Alpha Regio et Beta Regio. Les observations ont également révélé une région brillante attribuée à une montagne, qui a été appelée Maxwell Montes[40]. Ces trois caractéristiques sont désormais les seules sur Vénus à ne pas avoir de prénom féminin[41].
59
+
60
+ La distance de Vénus au Soleil est comprise entre 0,718 et 0,728 UA, avec une période orbitale de 224,7 jours. Vénus est une planète tellurique, comme le sont également Mercure, la Terre et Mars. Elle possède un champ magnétique très faible et n'a aucun satellite naturel. Elle et Uranus sont les deux seules planètes du Système solaire dont la rotation est rétrograde. De plus, elle est la seule ayant une période de rotation (243 jours) supérieure à sa période de révolution. Vénus présente en outre la particularité d'être quasiment sphérique — son aplatissement peut être considéré comme nul — et de parcourir l'orbite la plus circulaire des planètes du Système solaire, avec une excentricité orbitale de 0,0068 (contre 0,0167 pour la Terre).
61
+
62
+ Vénus est presque aussi grande que la Terre — son diamètre représente 95 % de celui de notre planète — et a une masse équivalente aux quatre cinquièmes de celle de la Terre. Sa surface est dissimulée sous d'épaisses couches de nuages très réfléchissants qui lui confèrent un albédo de Bond de 0,75 et une magnitude apparente dans le ciel pouvant atteindre -4,6, valeur dépassée uniquement par la Lune et le Soleil. Étant plus proche du Soleil que la Terre, elle présente des phases au même titre que la Lune et Mercure selon sa position relative par rapport au Soleil et à la Terre, son élongation ne dépassant jamais 47,8°.
63
+
64
+ L'atmosphère de Vénus est la plus épaisse de celle de toutes les planètes telluriques, avec une pression au sol atteignant 9,3 MPa (91,8 atm) au niveau de référence des altitudes vénusiennes. Cette atmosphère est composée d'environ 96,5 % de dioxyde de carbone et 3,5 % d'azote, avec de faibles concentrations de dioxyde de soufre et de divers autres gaz. Elle contient d'épaisses couches nuageuses opaques constituées de gouttelettes de dioxyde de soufre et d'acide sulfurique surmontées d'une brume de cristaux de glace d'eau qui donne à la planète son aspect laiteux lorsqu'on l'observe depuis l'espace. Ces nuages réfléchissent l'essentiel du rayonnement solaire, de sorte que la puissance solaire parvenant au sol sur Vénus représente moins de 45 % de celle reçue au sol sur Terre, et est même inférieure d'un quart à celle reçue à la surface de la planète Mars[42].
65
+
66
+ L'atmosphère de Vénus est près de cent fois plus massive que celle de la Terre et possède une dynamique propre, indépendante de la planète elle-même, avec une super-rotation dans le sens rétrograde en quatre jours terrestres, ce qui correspond à une vitesse linéaire au sommet des nuages d'environ 100 m/s (360��km/h) par rapport au sol. Compte tenu de sa composition et de sa structure, cette atmosphère génère un très puissant effet de serre à l'origine des températures les plus élevées mesurées à la surface d'une planète du Système solaire : près de 740 K (environ 467 °C) en moyenne à la surface — supérieures à celles de Mercure, pourtant plus proche encore du Soleil, où les températures culminent à 700 K (environ 427 °C) — et ceci bien que l'atmosphère ne laisse passer que le quart de l'énergie solaire incidente.
67
+
68
+ À cette pression (9,3 MPa) et à cette température (740 K), le CO2 n'est plus un gaz, mais un fluide supercritique (intermédiaire entre gaz et liquide), d'une masse volumique voisine de 65 kg/m3.
69
+
70
+ La topographie de Vénus présente peu de reliefs élevés, et consiste essentiellement en de vastes plaines a priori volcaniques géologiquement très jeunes — quelques centaines de millions d'années tout au plus. De très nombreux volcans ont été identifiés à sa surface — mais sans véritables coulées de lave, ce qui constitue une énigme — ainsi que des formations géologiques, parfois uniques dans le Système solaire telles que coronae, arachnoïdes et farra, attribuées à des manifestations atypiques de volcanisme. En l'absence de tectonique des plaques identifiée à la surface de la planète, on pense que Vénus évacue sa chaleur interne périodiquement lors d'éruptions volcaniques massives qui remodèlent entièrement sa surface, ce qui expliquerait que celle-ci soit si récente. Entre ces épisodes de volcanisme global, le refroidissement de la planète serait trop lent pour entretenir un gradient thermique suffisant dans la phase liquide du noyau pour générer un champ magnétique global par effet dynamo[43].
71
+
72
+ Par ailleurs, des mesures d'émissivité à 1,18 µm réalisées en 2008[44] ont suggéré une relative abondance des granites et autres roches felsiques sur les terrains les plus élevés — qui sont généralement les plus anciens — de la planète, ce qui impliquerait l'existence passée d'un océan global assorti d'un mécanisme de recyclage de l'eau dans le manteau susceptible d'avoir produit de telles roches. À l'instar de Mars, Vénus aurait ainsi peut-être connu, il y a plusieurs milliards d'années, des conditions tempérées permettant l'existence d'eau liquide en surface, eau aujourd'hui disparue — par évaporation puis dissociation photochimique dans la haute atmosphère — au point de faire de cette planète l'une des plus sèches du Système solaire.
73
+
74
+ Vénus est l'une des quatre planètes telluriques du système solaire, ce qui signifie qu'elle possède un corps rocheux comme la Terre. Elle est similaire à la Terre en taille et en masse, et est souvent décrite comme la «sœur» ou «jumelle» de la Terre[45],[46]. Son diamètre vaut 95 % de celui de la Terre, et sa masse un peu plus de 80 %[47]. Néanmoins, si sa géologie est sans doute proche de celle de la Terre, les conditions qui règnent à sa surface diffèrent radicalement des conditions terrestres[48]. Vénus est notamment la planète la plus chaude du Système solaire[49]. Les phénomènes géologiques affectant la croûte vénusienne semblent également spécifiques à cette planète.
75
+
76
+ Vénus possède une atmosphère extrêmement dense. Elle se compose majoritairement de dioxyde de carbone (CO2) à 96,5 % et d'une faible quantité de diazote à 3,5 %[50]. Cette atmosphère est occupée par d'épais nuages de dioxyde de soufre[51]. La masse de son atmosphère est 93 fois supérieure à celle de la Terre, tandis que la pression à sa surface est environ 92 fois supérieure à celle de la Terre[52] - une pression équivalente à celle ressentie à une profondeur de près de 1 km sous la mer sur Terre. La densité en surface est de 65 kg/m3, ce qui représente 50 fois la densité de l'atmosphère terrestre à 293 K (20 °C) au niveau de la mer[52]. Cette atmosphère riche en dioxyde de carbone génère le plus fort effet de serre du système solaire, créant des températures de surface d'environ 735 K (462 °C)[53],[54]. Ainsi, la surface de Vénus est plus chaude que celle de Mercure, qui a une température de surface minimale de 53 K (- 220 °C) et maximale de 700 K pour la face exposée au soleil le plus longtemps (427 °C)[55],[56], bien que Vénus soit environ deux fois plus éloignée du Soleil et ne reçoive donc qu'environ 25 % de l'irradiance solaire de Mercure d'après la loi en carré inverse[57].
77
+
78
+ Des études ont suggéré qu'il y a des milliards d'années l'atmosphère de Vénus ressemblait à celle entourant la Terre et qu'il pouvait y avoir des quantités importantes d'eau liquide à la surface[58]. Cependant, après une période pouvant s'étendre de 600 millions à plusieurs milliards d'années, un effet de serre grandissant a été causé par l'évaporation de cette eau originellement présente et aboutissant finalement au niveau critique actuel de gaz à effet de serre dans l'atmosphère[59].
79
+
80
+ L'existence de la foudre dans l'atmosphère de Vénus est controversée[60] depuis les premières hypothèses du programme Veneraprogramme Venera soviétique[61],[62],[63].
81
+
82
+ En 2006 et 2007, Venus Express a détecté des ondes de plasma, signature de la foudre[64]. Leur apparition intermittente suggère une association avec l'activité météorologique. D'après ces mesures, le taux de foudre serait d'au moins la moitié de celui de la Terre[65]. Cependant, d'autres instruments n'ont pas détecté de foudre.
83
+
84
+ L'origine de la foudre reste également incertaine[66],[67].
85
+
86
+ En décembre 2015 (et dans une moindre mesure en avril et mai 2016), des chercheurs travaillant sur la mission japonaise Akatsuki ont observé des formes d'arc dans l'atmosphère de Vénus. Cela a été considéré comme une preuve de l'existence des plus grandes ondes de gravité stationnaires du système solaire découvertes à ce jour[68],[69],[70].
87
+
88
+ L'atmosphère vénusienne peut se diviser sommairement en trois parties : la basse atmosphère, la couche nuageuse et la haute atmosphère[71],[72].
89
+
90
+ La basse atmosphère se situe entre 0 et 48 km d’altitude et est relativement transparente.
91
+
92
+ La composition de la basse atmosphère est décrite dans le tableau ci-dessous[73]. Le dioxyde de carbone y domine largement, le gaz secondaire étant l'azote. Tous les autres sont des constituants mineurs (~300 ppm en tout)[74].
93
+
94
+ L'effusivité thermique et le transfert de chaleur par les vents dans la basse atmosphère signifient que la température de la surface de Vénus ne varie pas de manière significative entre les hémisphères éclairé et obscur malgré la rotation extrêmement lente de la planète[75]. Les vents de surface sont lents, se déplaçant à quelques kilomètres par heure, mais en raison de la forte densité de l'atmosphère en surface, ils exercent une force importante contre les obstacles. Cette force, à elle seule rendrait difficile le déplacement d'un être humain[76].
95
+
96
+ Au-dessus des couches denses de CO2 se trouvent, entre 45 km et 70 km de la surface[77], des couches de nuages épais d'acide sulfurique sous forme de gouttelettes, formé de dioxyde de soufre et d'eau (état solide et gazeux) par une réaction chimique entraînant l'hydrate d'acide sulfurique[57].
97
+
98
+ L'atmosphère contient aussi environ 1% de chlorure ferrique[78],[79].
99
+
100
+ D'autres constituants possibles pour la composition de ces nuages sont le sulfate de fer, le chlorure d'aluminium et le pentoxyde de phosphore.
101
+
102
+ Ces nuages réfléchissent environ 90% de la lumière solaire dans l'espace, empêchent l'observation visuelle de la surface de Vénus[80]. Ceux-ci sont également la cause de sa brillance dans le ciel terrestre[81]. Cette couverture nuageuse permanente signifie que bien que Vénus soit plus proche que la Terre du Soleil, elle reçoit moins de lumière solaire au sol car seulement 5 % des rayons y parviennent[82].
103
+
104
+ Cette couche se subdivise en trois sous-couches[71] :
105
+
106
+ Les vents violents de plus de 300 km/h qui entraînent les plus hauts nuages font le tour de Vénus en quatre à cinq jours terrestres[84]. Ces vents se déplacent jusqu'à soixante fois la vitesse de la rotation de la planète (par comparaison, les vents les plus rapides de la Terre n'ont qu'une vitesse de rotation de 10 à 20% de la vitesse de rotation terrestre)[85].
107
+
108
+ Bien que les conditions de surface sur Vénus ne soient pas propices à la vie, certains spéculent sur la possibilité de vie dans les couches supérieures des nuages de Vénus (où les températures varient entre 30 et 80 °C, ou 303 et 353 °K), malgré un environnement acide[86],[87],[88].
109
+
110
+ Bien que Vénus n'ait pas de saisons en tant que telles, les astronomes ont identifié en 2019 une variation cyclique de l'absorption du rayonnement solaire par l'atmosphère, probablement causée par des particules opaques en suspension dans les nuages supérieurs. La variation provoque des changements observés dans la vitesse des vents de Vénus, et semble augmenter et diminuer avec le cycle de taches solaires du soleil s'écoulant sur onze ans[89].
111
+
112
+ La haute atmosphère se situe entre 68 et 90 km d’altitude. Elle est principalement composée de dioxyde de carbone qui y est majoritaire à plus de 96 % ; le reste étant principalement du diazote (~3,5 %). On trouve aussi des traces de monoxyde de carbone[57].
113
+
114
+ En 2007, Venus Express a découvert l'existence d'un vortex atmosphérique double au pôle sud[90],[91].
115
+
116
+ En 2011, Venus Express a également découvert l'existence d'une couche d'ozone dans les hautes couches de l'atmosphère de Vénus[92]. Cependant, cette couche étant très faible, on considère que Vénus ne possède aucune stratosphère[54].
117
+
118
+ En janvier 2013, l'ESA rapporte que l'ionosphère de Vénus ruisselle vers l'extérieur d'une manière similaire à celle de la queue d'une comète[93],[94].
119
+
120
+ La surface vénusienne a fait l'objet de spéculations, du fait de ses épais nuages renvoyant la lumière visible, jusqu'à ce que l'envoi de sonde spatiales ne permette de l'étudier. Les missions Venera en 1975 et 1982 ont renvoyé des images d'une surface couverte de sédiments et de roches relativement anguleuses[97]. La surface a été cartographiée en détail par Magellan en 1990–91[98],[99]. Le sol montre des signes de volcanisme important, et le soufre relevé dans l'atmosphère semble indiquer des éruptions récentes[100],[101].
121
+
122
+ Vénus ayant un aplatissement nul, les altitudes y sont définies par rapport au rayon moyen volumétrique de la planète, qui vaut 6 051,8 km. C'est une planète au relief assez peu accidenté : les quatre cinquièmes de sa surface sont recouverts de plaines volcaniques à faible pente[102]. La surface vénusienne est principalement occupée à hauteur de 70 % par de vastes plaines sans grand relief[102]. Baptisées planitiae en géomorphologie planétaire, les principales d'entre elles sont Atalanta Planitia, Guinevere Planitia ou encore Lavinia Planitia. Elles sont parsemées de cratères[103]. Ces plaines, de nature a priori volcanique, se creusent par endroits jusqu'à 2 900 m sous le niveau moyen de la surface, au niveau de dépressions couvrant environ un cinquième de la surface de la planète. Les 10% de plaines restantes sont lisses ou lobées[104].
123
+
124
+ Les plateaux (aussi appelés Hautes Terres "Highlands"), reliefs élevés parfois comparés aux continents terrestres[105], représentent ainsi moins de 15 % de la surface de la planète (contrairement aux 30% de surface occupées par des continents sur Terre)[105]. Deux sont particulièrement remarquables par leurs dimensions, l'un se trouvant dans l'hémisphère nord de la planète et l'autre juste au sud de l'équateur :
125
+
126
+ D'autres régions élevées, de moindre importance, existent également. C'est le cas d’Alpha Regio, une série de cuvettes, d'arêtes, et de plis qui s'agencent dans toutes les directions avec une altitude moyenne de 1 à 2 km ; ou encore de Beta Regio, remarquable puisqu'on y aurait trouvé de hautes formations volcaniques dont certains sommets, récents, dépasseraient 5 000 m d'altitude. Avec l'Ovda Regio et les Maxwell Montes, du nom de James Clerk Maxwell, ce sont les seules caractéristiques de la surface vénusienne à être nommées d'après un nom masculin, avant l'adoption du système actuel par l'Union astronomique internationale[108]. La nomenclature planétaire actuelle est de nommer les caractéristiques vénusiennes d'après des femmes historiques et mythologiques[109].
127
+
128
+ La planète a peu de cratères d'impact, ce qui montre que la surface est relativement jeune, vieille d'environ 300 à 600 millions d'années[110],[111]. Vénus possède des caractéristiques de surface uniques en plus des cratères d'impact, des montagnes et des vallées que l'on trouve couramment sur les planètes rocheuses. Parmi ceux-ci se trouvent des éléments volcaniques à sommet plat appelés "farra", ressemblants à des pancakes, et dont le diamètre varie de 20 à 50 km et la hauteur de 100 à 1000 mètres. On y trouve aussi des fractures concentriques ressemblant à des toiles d'araignées appelées « arachnoïdes » et des anneaux de fractures parfois entourés d'une dépression, nommées « coronae ». Ces caractéristiques sont d'origine volcanique[112].
129
+
130
+ La longitude des caractéristiques physiques de Vénus est exprimée par rapport à son méridien principal. Celui-ci était à l'origine défini comme traversant une tache lumineuse appelée Eve, située au sud d'Alpha Regio[113]. Une fois les missions Venera terminées, le méridien principal a été redéfini pour passer par le pic central du cratère Ariadne[114],[108].
131
+
132
+ La température de surface de Vénus varie peu selon les latitudes et longitudes (elle est isotherme). La température est constante non seulement entre les deux hémisphères mais aussi entre l'équateur et les pôles[115],[116]. L'inclinaison de l'axe très faible de Vénus - moins de 3°, contre 23° sur Terre - minimise également les variations saisonnières de température[117]. Ainsi, l'altitude est donc l'un des rares facteurs qui puisse affecter la température vénusienne. Le point culminant de Vénus, Maxwell Montes, est le point le plus froid de Vénus, avec une température d'environ 655 K (380 °C) et une pression atmosphérique de 4.5 MPa (45 bar)[118],[119].
133
+
134
+ En 1995, la sonde spatiale Magellan a pris en image une substance très réfléchissante au sommet des plus hauts sommet montagneux, ressemblant à la neige qu'on trouve aux sommets des montages terrestres[120]. Cette substance s'est probablement formée à partir d'un processus similaire à la neige, bien que celui-ci se déroule à une température beaucoup plus élevée. Trop volatile pour se condenser à la surface de la planète, elle se serait ainsi élevée sous forme gazeuse à des altitudes plus élevées pour finalement y précipiter du fait des températures moins élevées. La composition de cette substance n'est pas connue avec certitude, mais il est supposé qu'elle puisse être du tellure ou du galène (sulfure de plomb)[121].
135
+
136
+ Une grande partie de la surface vénusienne semble avoir ��té façonnée par l'activité volcanique. Vénus compte beaucoup plus de volcans que la Terre, dont 167 grands volcans de plus de 100 km de diamètre tandis que seul complexe volcanique terrestre ayant au moins ce diamètre est la grande île d'Hawaï[112]. Ceci n'est pas la conséquence d'une plus grande activité volcanique sur Vénus, mais surtout de l'ancienneté de sa croûte. La croûte océanique, sur Terre, est continuellement recyclée par subduction aux limites des plaques tectoniques et a une moyenne d'âge d'environ 100 millions d'années[122] tandis que la surface vénusienne est estimée à 300–600 millions d'années[110] .
137
+
138
+ Plusieurs éléments indiquent une activité volcanique en cours sur Vénus. Les concentrations de dioxyde de soufre dans l'atmosphère ont diminué d'un facteur 10 entre 1978 et 1986 puis ont bondi en 2006 avant de, de nouveau, diminuer d'un facteur 10 entre 2006 et 2012[123]. Cela peut signifier que les niveaux avaient augmenté suite à de grandes éruptions volcaniques[124],[125]. Il reste ainsi sur Vénus un volcanisme résiduel, entraînant parfois la présence de lave en fusion au sol[126]. Il a également été suggéré que la foudre vénusienne pourrait provenir de l'activité volcanique, et donc être de la foudre volcanique. En janvier 2020, les astronomes ont rapporté des preuves suggérant que Vénus était actuellement volcaniquement active[127].
139
+
140
+ En 2008 et 2009, la première preuve directe d'un volcanisme en cours a été observée par Venus Express, sous la forme de quatre points chauds infrarouges localisés dans la zone de rift Ganis Chasma[128], près du volcan bouclier Maat Mons culminant à 8 km. Trois des taches ont été observées lors de plusieurs orbites successives. Les géologues pensent ainsi que ces taches représentent de la lave fraîchement libérée par des éruptions volcaniques[129],[130]. Les températures réelles ne sont pas connues, car la taille des points chauds n'a pas pu être mesurée, mais devait être contenue dans un intervale de 800 à 1100 K (527 à 980°C) tandis que la température normale est évaluée à 740 K (467 °C)[131].
141
+
142
+ D'autres Montes sont remarquables, avec par exemple le volcan bouclier Gula Mons atteignant une altitude de 3 000 m dans l'ouest d'Eistla Regio ou encore Theia Mons et Rhea Mons dans la Beta Regio. Séparés de 800 km, ces deux derniers ont été formés par le panache du manteau lors de l'apparition de Devana Chasma[132].
143
+
144
+ Les sondes soviétiques Venera 15 et Venera 16 ont répertorié des cratères d'impact à la surface de Vénus[133]. Il en existe près d'un millier, ceux-ci étant répartis uniformément sur la planète. Sur d'autres corps cratérisés, comme la Terre et la Lune, les cratères montrent une gamme d'états de dégradation. Sur la Lune, la dégradation est causée par des impacts ultérieurs, tandis que sur Terre, elle est causée par l'érosion éolienne et pluviale. Cependant, sur Vénus, environ 85% des cratères sont en parfait état. Le nombre de cratères, ainsi que leur état préservé, indique que la planète a subi un événement de resurfaçage global (c'est-à-dire le renouvellement quasi complet de sa surface) il y a environ 300 à 600 millions d'années[110],[111] suivi d'une décroissance du volcanisme[134]. Aussi, alors que la croûte terrestre est en mouvement continu, Vénus serait incapable de soutenir un tel processus. Sans tectonique des plaques pour dissiper la chaleur de son manteau, Vénus subit plutôt un processus cyclique dans lequel les températures du manteau augmentent jusqu'à atteindre un niveau critique qui affaiblit la croûte. Puis, sur une période d'environ 100 millions d'années, la subduction se produit à grande échelle, recyclant complètement la croûte[112].
145
+
146
+ Les cratères vénusiens ont un diamètre pouvant aller de 3 à 280 km. Aucun cratère n'est plus petit que 3 km, en raison de l'atmosphère dense de la planète : les objets n'ayant pas suffisamment d'énergie cinétique sont tellement ralentis par l'atmosphère qu'ils ne créent pas de cratère d'impact[135]. Ainsi les projectiles entrants ayant un diamètre inférieur à 50 mètres se fragmenteront avant d'atteindre le sol[136].
147
+
148
+ Sans données sismiques ou connaissance de son moment d'inertie, peu d'informations directes sont disponibles sur la structure interne et la géochimie de Vénus[137]. Cependant, Vénus ressemblant à la Terre par sa taille (6 051 km de rayon contre 6 378 km pour la Terre) et par sa densité (5,26 contre 5,52), plusieurs auteurs supposent que les deux planètes ont une structure interne comparable : un noyau, un manteau et une croûte[138],[139],[140],[141].
149
+
150
+ La croûte silicatée, de 20 km d'épaisseur environ, serait plus épaisse que la croûte océanique terrestre (moyenne de 6 km), mais plus fine que la croûte continentale terrestre (moyenne de 30 km). La taille de la croûte vénusienne a été déduite des nombreux épanchements de lave constatés autour des cratères d'impact. Cette croûte ne représenterait que 0,34 % du rayon de la planète et les analyses faites par les différentes sondes Venera ont prouvé que le matériau extérieur de Vénus est semblable au granite et au basalte terrestre (roches riches en silice et ferromagnésiennes). Le système de plaques continentales y serait moins complexe que sur Terre : les roches plus plastiques absorbent fortement les effets de la dérive des continents. Ainsi, Vénus n'a pas de plaques tectoniques[140] comme celles de la Terre.
151
+
152
+ Cette différence fondamentale entre la géologie des deux planètes telluriques les plus ressemblantes peut être attribuée à leur évolution climatique divergente. En effet, le climat vénusien empêche l'eau de se conserver à la surface, desséchant irréversiblement les roches de la croûte. Or, l'eau interstitielle des roches joue un grand rôle dans la subduction sur Terre où elle est conservée dans ses océans. Les roches terrestres contiennent toutes un minimum d'eau résiduelle, ce qui n'est pas le cas dans les conditions du climat à hautes températures de Vénus.
153
+
154
+ Vénus posséderait un manteau rocheux représentant environ 52,5 % du rayon de la planète[142], composé essentiellement de silicates et d'oxydes de métaux. Ce manteau pourrait comporter encore aujourd'hui (comme la Terre pendant 2 ou 3 Ga) un océan magmatique (en), d'une épaisseur de 200 à 400 km[143].
155
+
156
+ Comme celui de la Terre, le noyau vénusien est au moins partiellement liquide car les deux planètes se sont refroidies à peu près au même rythme[144]. La taille légèrement plus petite de Vénus signifie que les pressions sont inférieures d'environ 24% dans son noyau par rapport à celles régnant le noyau terrestre[145]. La principale différence entre les deux planètes est le manque de preuves d'une tectonique des plaques sur Vénus, peut-être parce que sa croûte est trop dure pour qu'il y ait une subduction sans eau pour la rendre moins visqueuse. Il en résulte que la perte de chaleur est réduite sur la planète, l'empêchant de se refroidir. Cela fournit une explication à son absence de champ magnétique interne[146]. A la place, Vénus pourrait surtout réduire sa chaleur interne lors d'événements de resurfaçage majeurs[110].
157
+
158
+ Le noyau de Vénus serait constitué de deux parties : un noyau externe constitué de fer et de nickel liquides qui représenterait environ 30 % du rayon de la planète ; un noyau interne composé de fer et de nickel solides qui représenterait environ 17 % du rayon de Vénus[142]. Mais cela reste spéculatif car, contrairement à la Terre, il n'y a pas eu de mesures sismiques. Il n'est pas impossible que le noyau de Vénus soit entièrement liquide. Certains indices pourraient aller dans ce sens, comme le très faible champ magnétique.
159
+
160
+ En 1967, Venera a découvert que le champ magnétique de Vénus était beaucoup plus faible que celui de la Terre[147],[148] . Ce champ magnétique est créé par une interaction entre la ionosphère et le vent solaire[149] plutôt que par un effet dynamo interne comme dans le noyau terrestre[150],[151]. La magnétosphère presque inexistante de Vénus offre une protection négligeable de l'atmosphère contre le rayonnement cosmique. Il traîne dans le sillage de ce champ une queue de plasma longue de 45 millions de kilomètres, observée pour la première fois par la sonde SoHO en 1997.
161
+
162
+ L'absence d'un champ magnétique intrinsèque à Vénus fut surprenant au moment de cette découverte, la grande similarité de la planète avec la Terre laissant présager un effet dynamo dans son noyau. Pour qu'il y ait une dynamo, il est nécessaire qu'il y ait présence d'un liquide conducteur, d'une rotation et d'une convection. On pense que le noyau est électriquement conducteur et, bien qu'elle soit très lente, les simulations montrent que la rotation de Vénus est suffisante pour produire une dynamo[152],[153]. Cela implique qu'il manque une convection dans le noyau de Vénus pour faire apparaître la dynamo[154].
163
+
164
+ Sur Terre, la convection se produit dans la couche externe liquide du noyau car le bas de la couche liquide est beaucoup plus élevé en température que le haut. Sur Vénus, un des événements de resurfaçage global peut avoir arrêté la tectonique des plaques et conduit à une baisse flux de chaleur à travers la croûte. Ce plus faible gradient thermique entraînerait une augmentation de la température du manteau, réduisant ainsi le flux de chaleur hors du noyau[147]. En conséquence, aucune convection n'est réalisée pour entraîner un champ magnétique. Au lieu de cela, la chaleur du noyau est utilisée pour réchauffer la croûte[155].
165
+
166
+ D'autres possibilités sont que Vénus n'ait pas de noyau interne solide, limitant grandement la séparation des divers constituants et impuretés, et de là les mouvements internes du fluide métallique du noyau qui génèrent le champ magnétique[156], ou que son noyau ne se refroidisse pas, de sorte que toute la partie liquide du noyau est à peu près à la même température, empêchant une nouvelle fois toute convection. Une autre possibilité est que son noyau s'est déjà complètement solidifié. L'état du noyau dépend fortement de sa concentration de soufre, qui est actuellement inconnue et empêche donc de lever les incertitudes[155]. Malgré son faible champ magnétique, des aurores ont été observées[157].
167
+
168
+ La faible magnétosphère autour de Vénus signifie que le vent solaire interagit directement avec les couches supérieures de son atmosphère. À cet endroit, des ions hydrogène et oxygène sont créés par la dissociation de molécules neutres par le rayonnement ultraviolet. Le vent solaire fournit alors une énergie suffisante pour que certains de atteignent une vitesse permettant d'échapper au champ de gravité de Vénus. Ce processus d'érosion entraîne une perte constante d'ions de faible masse (hydrogène, hélium et oxygène) dans l'atmosphère, tandis que les molécules de masse plus élevée, telles que le dioxyde de carbone, sont plus susceptibles d'être retenues. L'érosion atmosphérique par le vent solaire a probablement entraîné la perte de la plupart de l'eau de Vénus au cours du premier milliard d'années après sa formation[158]. L'érosion a également augmenté la proportion de l'isotope deutérium par rapport à l'hydrogène protium sans neutron (donc de masse inférieure et plus facilement emporté), aboutissant à un ratio de deutérieum sur protium dans l'atmosphère supérieur à 100 fois au reste du système solaire[159].
169
+
170
+ Par sa taille et sa masse, Vénus est très similaire à la Terre et a souvent été décrite comme la sœur jumelle de cette dernière[160]. Les deux planètes sont semblables, autant par les aspects physiques qu'orbitaux :
171
+
172
+ Certains spécialistes ont longtemps pensé que, sous ses nuages denses, Vénus pourrait être très similaire à la Terre et peut-être même abriter la vie. Certaines études émettent l'hypothèse qu'il y a quelques milliards d'années, Vénus aurait été bien plus semblable à la Terre qu'elle ne l'est actuellement[161]. Il y aurait eu probablement des quantités importantes d'eau à sa surface. Cette eau se serait évaporée à la suite d'un important effet de serre[162]
173
+
174
+ Vénus orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 108 millions de kilomètres (0,7 AU) et complète une orbite tous les 224,7 jours terrestres, soit environ 1,6 fois plus vite que la Terre[166]. Bien que toutes les orbites planétaires soient elliptiques, l'orbite de Vénus est celle qui est la plus proche d'une orbite circulaire, avec une excentricité inférieure à 0,01[166],[167]. Lorsque Vénus se situe entre la Terre et le Soleil en conjonction inférieure, elle a la distance à la Terre la plus faible de toutes les planètes en conjonction inférieure, à une distance moyenne de 41 millions de kilomètres. Cependant, en moyenne, c'est Mercure et non Vénus la planète la plus proche de la Terre du fait de sa plus faible distance au Soleil[168],[169]. La planète atteint en moyenne sa conjonction inférieure tous les 584 jours, ce qu'on appelle sa période synodique[166].
175
+
176
+ Toutes les planètes du système solaire tournent autour du Soleil dans le sens antihoraire vu depuis le pôle nord de la Terre. Aussi, la plupart des planètes tournent également sur leurs axes dans le sens antihoraire/direct. Ce n'est pas le cas de Vénus (on peut également citer Uranus), qui tourne dans le sens horaire : on parlera de rotation rétrograde. Sa période de rotation est de 243 jours terrestres — la rotation la plus lente de toutes les planètes du système solaire[167]. Celle-ci n'est connue que depuis 1962, date à laquelle des observations radar menées par le Jet Propulsion Laboratory ont permis d'observer la surface de la planète au travers de l'épaisse atmosphère[170].
177
+
178
+ Un jour sidéral vénusien dure donc plus longtemps qu'une année vénusienne (243 contre 224,7 jours terrestres)[171]. Du fait de cette rotation rétrograde, un observateur à la surface de Vénus verrait le Soleil se lever à l'ouest et se coucher à l'est[172]. En pratique, les nuages opaques de Vénus empêchent d'observer le Soleil depuis la surface de la planète[173].
179
+
180
+ En raison de la rotation rétrograde, la durée d'un jour solaire sur Vénus est significativement plus courte que le jour sidéral, durant 116,75 jours terrestres, alors qu'ils sont plus longs pour les planètes avec une rotation dans le sens direct[174]. Une année vénusienne représente donc environ 1,92 jours solaires vénusiens[175] et les journées et les nuits vénusiennes s'étendent sur près de deux mois terrestres : 58 j 9 h.
181
+
182
+ Parce que sa rotation est si lente, Vénus est très proche d'une sphère avec un aplatissement presque nul[176]. Aussi, l'équateur de Vénus tourne à 6,52 km/h tandis que celui de la Terre tourne à 1674 km/h[177]. La rotation de Vénus a ralenti pendant les 16 ans s'étant écoulés entre les visites des véhicules spatiaux Magellan et Venus Express : le jour sidéral vénusien a augmenté de 6,5 minutes dans ce laps de temps[178],[179].
183
+
184
+ Les causes de la rotation rétrograde de Vénus sont encore mal comprises et elle peut s'être formée à partir de la nébuleuse solaire avec une période de rotation et une obliquité différentes de celles qu'elle connaît actuellement. L'explication la plus souvent avancée est une collision gigantesque avec un autre corps de grande taille, pendant la phase de formation des planètes du Système solaire[180],[181],[182].
185
+
186
+ Une autre explication met en jeu l'atmosphère vénusienne qui, du fait de sa forte densité, a pu influencer la rotation de la planète. Des travaux de Jacques Laskar et Alexandre C. M. Correia prenant en compte les effets de marée thermique atmosphérique montrent le comportement chaotique de l'obliquité et de la période de rotation de Vénus[183],[184]. Vénus aurait donc pu évoluer naturellement sur plusieurs milliards d'années vers une rotation rétrograde sans avoir à faire intervenir de collision avec un corps massif. La période de rotation observée aujourd'hui pourrait ainsi être un état d'équilibre entre un verrouillage par effet de marée dû à la gravitation du Soleil, qui a tendance à ralentir la rotation, et une marée atmosphérique créée par le chauffage solaire de l'atmosphère vénusienne épaisse qui l’accélérerait[185],[186]. Il n'est cependant pas possible de savoir si l'obliquité de Vénus est passée brusquement de 0° à 180° au cours de son histoire ou si sa vitesse de rotation s'est ralentie jusqu'à une vitesse nulle pour ensuite devenir négative. Les deux scénarios sont possibles et aboutissent au même état d'équilibre actuel[b].
187
+
188
+ Vénus est quasiment en rotation synchrone avec la Terre, de sorte que toutes les fois où Vénus est en conjonction inférieure, Vénus présente presque exactement la même face à la Terre. Cela est dû au fait que l'intervalle moyen de 583,92 jours terrestres entre les approches rapprochées successives de la Terre (période synodique) est presque égal à 5 jours solaires vénusiens (car 583,92/116,75 ≈ 5,0015)[166],[187].
189
+
190
+ Ainsi, il a été discuté d'une synchronisation Terre-Vénus. Cependant, ce ratio n'est pas exactement égal à 5, tandis que le verrouillage gravitationnel de la Lune sur la Terre (1:1) ou de celui de la rotation de Mercure sur sa révolution (3:2) sont exacts et stabilisés[188]. Aussi, les forces de marée impliquées dans la synchronisation Vénus-Terre sont extrêmement faibles. L'hypothèse d'une résonance spin-orbite avec la Terre a donc été écartée[189], la synchronisation observée pouvant être une coïncidence uniquement observable à notre époque astronomique[188].
191
+
192
+ Vénus ne possède pas de satellites naturels[190]. Elle possède cependant plusieurs astéroïdes troyens : le quasi-satellite 2002 VE68 avec une orbite en fer à cheval[191],[192],[193] et deux troyens temporaires, 2001 CK32[194] et 2012 XE133[195].
193
+
194
+ En 1645, Francesco Fontana[196] puis Giovanni Cassini rapportent la présence d'une lune en orbite autour de Vénus, qui a ensuite été nommée Neith[197],[198]. De nombreuses observations ont été rapportées au cours des deux siècles suivants, dont d'astronomes réputés tels que Joseph-Louis Lagrange en 1761, et Johann Heinrich Lambert calcule son orbite en 1773. Cependant, la plupart de ces observations ont ensuite été correctement attribuées à des étoiles voisines ou à des illusions d'optique[197],[199].
195
+
196
+ Une étude de modélisation réalisée en 2006 au California Institute of Technology par Alex Alemi et David Stevenson sur l'origine du système solaire montre que Vénus a probablement eu au moins une lune créée par un grand impact cosmique il y a plusieurs milliards d'années[200],[201]. Puis, environ 10 millions d'années plus tard, selon l'étude, un autre impact aurait inversé la direction de rotation de la planète et a provoqué une accélération par effet de marée de la lune vénusienne vers Vénus jusqu'à ce qu'elle entre en collision avec elle[201]. Si des impacts ultérieurs créaient des lunes, celles-ci étaient supprimées de la même manière. Une autre explication du manque de satellites est l'effet de fortes marées solaires, qui peuvent déstabiliser les gros satellites en orbite autour des planètes terrestres intérieures, comme c'est également le cas pour Mercure[202],[203].
197
+
198
+ À l'œil nu, Vénus est le troisième objet naturel le plus brillant du ciel (après le Soleil et la Lune)[204],[205]. Elle apparaît comme un point blanc brillant avec une magnitude apparente variant entre -4,6 et -3,7 (moyenne de -4,14 et écart-type de 0,31)[206],[207], et un diamètre apparent compris entre 9,7 et 66 secondes d'arc. La magnitude la plus brillante se produit pendant la phase de croissant environ un mois avant ou après la conjonction inférieure. La planète est suffisamment brillante pour être vue dans un ciel clair en journée[208] mais est plus facilement visible lorsque le soleil est bas à l'horizon ou en train de se coucher. En tant que planète inférieure de la Terre, son élongation (c'est-à-dire l'angle marqué entre la planète et le Soleil dans le ciel terrestre) connaît une valeur maximale, à savoir 47°[209].
199
+
200
+ Vénus dépasse la Terre tous les 584 jours en ce qui concerne leur orbite autour du Soleil[210]. Ce faisant, elle passe de "l'étoile du soir", visible après le coucher du soleil, à "l'étoile du matin", visible avant le lever du soleil. À l'inverse de Mercure, l'autre planète inférieure qui possède elle une élongation maximale de 28° et qui est souvent difficile à discerner au crépuscule, Vénus est très facilement visible, surtout lorsqu'elle est à son plus fort. Le crépuscule astronomique (moment où le Soleil est suffisamment sous l'horizon pour qu'il y ait un ciel totalement sombre) étant d'environ 18°, elle peut atteindre jusqu'à un angle de 47-18 = 29° dans un ciel noir et rester visible jusqu'à plusieurs heures après le coucher du soleil[211].
201
+
202
+ Ces caractéristiques ont contribué à surnom dans la culture populaire d’« étoile du berger » (quant bien même le terme « étoile » soit impropre car il s'agit d'une planète) car elle peut être facilement visible dans le ciel, ce qui historiquement permettait de guider les gardiens de troupeaux pour aller aux pâturages ou en revenir[212]. En tant qu'objet ponctuel le plus brillant du ciel, Vénus est également communément prise pour un objet volant non identifié[213],[214],[215].
203
+
204
+ Au cours de son orbite autour du Soleil, Vénus affiche des phases comme celles de la Lune lorsque vue au télescope[216]. La planète apparaît comme un petit disque "plein" lorsqu'elle est située de l'autre côté du Soleil par rapport à la Terre (à une conjonction supérieure). Vénus montre un disque plus grand et une "phase quart" à ses allongements maximaux par rapport au Soleil, et apparaît alors à son plus brillant dans le ciel nocturne. La planète présente un croissant mince beaucoup plus grand en vue télescopique lorsqu'elle passe le long du côté proche entre la Terre et le Soleil. Enfin, Vénus affiche sa plus grande taille et sa "nouvelle phase" lorsqu'elle se situe entre la Terre et le Soleil (à conjonction inférieure). Son atmosphère est visible au télescope du fait du halo de lumière solaire réfractée autour d'elle[209].
205
+
206
+ Leur observation a été faite pour la première fois au début du XVIIe siècle par Galilée à l'aide de sa lunette astronomique. Elles ont été un argument utilisé par ce dernier pour se rallier à la théorie héliocentrique de Copernic[217].
207
+
208
+ On appelle « transit de Vénus » le passage de la planète Vénus entre la Terre et le Soleil, où l'ombre de Vénus apparaît devant le disque solaire. L'orbite vénusienne étant légèrement inclinée par rapport à l'orbite terrestre, lorsque la planète passe entre la Terre et le Soleil elle ne traverse généralement pas la face du Soleil. Ainsi, les transits de Vénus se produisent alors lorsque la conjonction inférieure la planète coïncide avec sa présence dans le plan de l'orbite terrestre, plus précisément quand elles croisent la ligne d'intersection de leurs plans orbitaux. Cet événement est rare à l'échelle de temps humaine du fait des critères nécessaires à cette observation : les transits de Vénus se produisent par cycles de 243 ans, le schéma actuel étant des paires de transit séparée de huit ans et se produisant à des intervalles d'environ 105.5 ans ou 121.5 ans[218]. Ce modèle fut découvert pour la première fois en 1639 par l'astronome anglais Jeremiah Horrocks[219].
209
+
210
+ Au cours du transit de Vénus, il apparaît un effet d'optique appelé « phénomène de la goutte noire ». Lors du deuxième contact et juste avant le troisième contact, une petite larme noire semble connecter le disque de la planète avec la frontière du limbe solaire, rendant difficile de dater précisément lesdits contacts[220].
211
+
212
+ Historiquement, l'observation des transits de Vénus est importante car ils permettaient aux astronomes de déterminer la la valeur de la distance Terre-Soleil (l'unité astronomique) par la méthode de la parallaxe, comme l'a fait Horroks en premier lors du transit de 1639[221]. Le XVIIIe siècle a ainsi vu de grandes expéditions de la part des astronomes européens pour mesurer les deux transits de 1761 et 1769[222],[223], auxquels le nom de l'astronome français Guillaume Le Gentil est resté attaché en raison de la malchance qui l'empêcha d'effectuer les observations auxquelles il avait consacré des années de préparation[224],[225]. Aussi, l'exploration du capitaine Cook de la côte est de l'Australie intervint après qu'il ait navigué jusqu'à Tahiti en 1768 pour observer le transit de Vénus de 1769[226],[227].
213
+
214
+ La paire de transits suivante s'est produite en décembre 1874 et décembre 1882. Le transit de 1874[228] a fait l'objet de la plus ancienne expérimentation de film connue, le Passage de Vénus par l'astronome français Pierre Janssen[229],[230].
215
+
216
+ La dernière paire de transit s'est produite les 8 juin 2004 et 5-6 juin 2012. Le transit pouvait à cette occasion être regardé en direct sur Internet à partir de nombreux streaming ou observé localement avec le bon équipement et les bonnes conditions[231]. Le prochain transit aura lieu le 11 décembre 2117[232],[233].
217
+
218
+ Des observations à l'œil nu de Vénus en journée sont notées dans plusieurs anecdotes et enregistrements.
219
+
220
+ L'astronome Edmund Halley a calculé sa luminosité maximale à l'œil nu en 1716, lorsque de nombreux Londoniens ont été alarmés par son apparition en plein jour[234]. L'empereur français Napoléon Bonaparte a été témoin d'une apparition diurne de la planète lors d'une réception au Luxembourg[234]. Une autre observation historique diurne célèbre de la planète a eu lieu lors de la cérémonie d'inauguration pour du second terme du président américain Abraham Lincoln à Washington, DC, le 4 mars 1865[208],[235],[236]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le navire de guerre américain USS Houston (CA-30) tira 250 coups vers le ciel le 9 décembre 1941 (deux jours après l'attaque de Pearl Harbor) pour tenter d'abattre Vénus, la prenant pour un avion ennemi[234],[237].
221
+
222
+ Bien que la visibilité à l'œil nu des phases de Vénus soit contestée, il existe des enregistrements d'observations de son croissant[238].
223
+
224
+ Le pentagramme de Vénus est le chemin que Vénus trace comme observé depuis la Terre. Il résulte du fait que les conjonctions inférieures successives de Vénus se répètent très près d'un rapport de 13:8 (la Terre faisant 8 révolutions quand Vénus en fait 13), donnant ainsi un angle constant de 144 ° sur les conjonctions inférieures séquentielles, c'est-à-dire à chaque période synodique[239],[c]. Ce ratio est une approximation : en réalité 8/13 vaut 0.61538 tandis que Vénus orbite autour du Soleil en 0,61519 années terrestres[240]. Comme il faut 5 périodes synodiques de Vénus pour former le pentagramme, cela se produit toutes les 8 années terrestres[241].
225
+
226
+ Aussi, le pentagramme fut également utilisé comme symbole de Vénus et de la féminité en général, en lien avec la Déesse mère[242].
227
+
228
+ Un mystère de longue date des observations de Vénus est la soi-disante lumière cendrée. Il s'agit d'un phénomène lumineux évanescent qui se présenterait sous la forme d'une lueur diffuse à peine discernable éclairant la partie sombre du disque de Vénus lorsque la planète est en phase de croissant[217],[160]. La première observation revendiquée de la lumière cendrée a été faite en 1643, mais l'existence de l'illumination n'a jamais été confirmée de manière fiable. Les observateurs ont émis l'hypothèse que cela pourrait résulter d'une activité électrique dans l'atmosphère vénusienne, mais cela pourrait également être une illusion d'optique, résultant de l'effet physiologique de l'observation d'un objet brillant en forme de croissant[243],[244].
229
+
230
+ L'exploration de Vénus à l'aide de sondes spatiales commence au début des années 1960. Une vingtaine d'entre elles ont depuis visité la planète, que ce soit pour de simples survols, pour des séjours plus longs en orbite autour de Vénus, ou encore pour larguer des modules d'observation dans l'atmosphère et à la surface de Vénus.
231
+
232
+ La première mission d'envoi de sonde spatiale sur Vénus, et d'une façon générale sur une autre planète que la Terre, commence avec le programme soviétique Venera en 1961[245]. Cependant, ce sont les États-Unis qui connaissent le premier succès avec la mission Mariner 2 le 14 décembre 1962, devenant la première mission interplanétaire réussie de l'histoire, passant à près de 35 km au-dessus de la surface de Vénus et collectant des données sur l'atmosphère de la planète et sa température de surface évaluée à près de 700 K (427 °C). [246],[247]. La sonde ne détecte pas de champ magnétique au voisinage de la planète et met en évidence la quasi-absence d'eau dans l'atmosphère vénusienne[248],[249]. Les informations envoyées par Mariner 2 complètent les observations radar réalisées depuis le sol terrestre la même année, notamment à l'observatoire Goldstone en Californie, qui ont permis d'estimer la période de rotation de la planète, inconnue jusqu'alors[250].
233
+
234
+ Le 18 octobre 1967, Venera 4 entre avec succès dans l'atmosphère vénusienne et réalise des expériences. La sonde montre que la température de surface est plus chaude que ce que Mariner 2 avait calculé, à près de 500 °C, détermine que l'atmosphère est composé à 95% de dioxyde de carbone et découvre que l'atmosphère de Vénus était considérablement plus dense que ce que les concepteurs de la sonde n'avaient prévu[251]. La sonde Venera 4 parvient à lancer une capsule vers le sol vénusien, et celle-ci transmit des données sur la composition de l'atmosphère vénusienne jusqu'à une altitude de 24 km. En parallèle, les américains lancent Mariner 5 dont les données seront analysées conjointement avec celles de Venera 4 par une équipe scientifique soviéto-américaine dans une série de colloques au cours de l'année suivante[252], ce qui consistue un premier exemple de coopération spatiale en pleine Guerre Froide[253].
235
+
236
+ En 1974, Mariner 10 transite par Vénus lors d'une manœuvre d'assistance gravitationnelle lui permettant de se diriger vers Mercure. La sonde a pu prendre des photographies ultraviolettes des nuages pendant le survol, révélant des vitesses de vent très élevées dans l'atmosphère vénusienne.
237
+
238
+ En 1975, les atterrisseurs soviétiques Venera 9 et 10 transmettent les premières images de la surface de Vénus, qui étaient alors en noir et blanc. En mars 1982, les premières images couleur de la surface ont été obtenues par les atterrisseurs soviétiques Venera 13 et 14 à quelques jours d'intervalle[248].
239
+
240
+ La NASA obtient des données supplémentaires en 1978 avec le projet Pioneer Venus qui comprend deux missions distinctes : Pioneer Venus Orbiter et Pioneer Venus Multiprobe[254],[255]. Le programme soviétique Venera prend en octobre 1983, lorsque les sondes Venera 15 et 16 sont placées en orbite pour effectuer une cartographie détaillée de 25% du terrain de Vénus (du pôle nord à 30 ° de latitude nord)[256].
241
+
242
+ Par la suite, Vénus est de nouveau régulièrement survolée afin de réaliser des maneuvres d'assistance gravitationnelle, notamment Vega 1 et Vega 2 (1985) avant d'aller visiter la Comète de Halley, Galileo (1990) avant d'aller sur Jupiter, Cassini – Huygens (1998) avant d'aller sur Saturne et MESSENGER (2006) avant d'aller sur Mercure. Lors de son survol, la sonde Galileo fait des observations en proche infrarouge[257].
243
+
244
+ En orbite pendant 4 ans autour de Vénus, entre 1990 et 1994, la sonde Magellan réalise une cartographie complète et très précise (avec une résolution horizontale inférieure à 100 m) de la surface de la planète. La sonde spatiale a utilisé pour cela un radar, seul instrument capable de percer l'épaisse atmosphère de Vénus. Un relevé altimétrique est également effectué. Cette cartographie détaillée montre un sol remarquablement jeune géologiquement parlant (de l'ordre de 500 millions d'années), la présence de milliers de volcans[248],[258] et une absence de tectonique des plaques telle qu'on la connait sur Terre mais de nouvelles analyses suggèrent que la surface est divisée en blocs rocheux, « ramollis » par la chaleur intense de l'environnement et semblent se déplacer entre eux à la manière des blocs de glace de la banquise terrestre[259].
245
+
246
+ La sonde Vénus Express de l'Agence spatiale européenne est lancée en novembre 2005 et a observé Vénus depuis avril 2006 jusqu'au 16 décembre 2014. Elle permet de réaliser plusieurs découvertes importantes dont une possible activité volcanique récente, le ralentissement de sa vitesse de rotation ou encore la présence d'une « queue magnétique »[260].
247
+
248
+ En 2007, une mission européenne Venus Entry Probe est prévue pour permettre l'exploration in situ de l'atmosphère vénusienne grâce entre autres à un ballon naviguant à une altitude de 55 km, mais elle n'aboutit finalement pas[261].
249
+
250
+ En 2014, des chercheurs de la NASA présentent le projet High Altitude Venus Operational Concept qui vise à établir une colonie humaine installée dans des dirigeables à 50 kilomètres d'altitude où la température n'est que de 75 °C et la pression proche de celle de la Terre[262],[263]. À la fin des années 1960, la NASA avait déjà étudié la possibilité d'utiliser des éléments du programme Apollo afin de réaliser un survol habité de Vénus avec un équipage de trois astronautes qui auraient effectué le voyage aller-retour en une année environ[264].
251
+
252
+ En 2016, le programme Institute for Advanced Concepts de la NASA commence à étudier un rover (astromobile), l'Automaton Rover for Extreme Environments, conçu pour survivre longtemps dans les conditions environnementales de Vénus. Il serait contrôlé par un ordinateur mécanique et alimenté par l'énergie éolienne[265].
253
+
254
+ Depuis 2016, une sonde de la JAXA, Akatsuki, est sur une orbite très elliptique autour de Vénus[266],[267]. Lancée en 2010 mais arrivée avec cinq ans de retard à cause d'une panne de propulseur lors de son insertion initiale, il s'agit de la seule sonde en orbite autour de Vénus en 2020. Elle a pour objectif de mieux comprendre ce qui a mené la planète à son état actuel, notamment son effet de serre[268]. L'engin a permis de découvrir la présence, à 64 km d'altitude, d'une onde de gravité longue de 10 000 km et 65 km de large, stationnaire par rapport au sol et pouvant perdurer plusieurs jours (contrairement aux ondes de gravité sur Terre qui disparaissent très vite)[269]. Akatsuki a également pris des clichés dans l'infrarouge de la face nocturne de Vénus[270].
255
+
256
+ La planète Vénus doit son nom à la déesse Vénus, déesse de l'amour dans la mythologie romaine (assimilée à l'Aphrodite de la mythologie grecque).
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258
+ La représentation la plus célèbre de Vénus reste celle de Vincent Van Gogh dans La Nuit étoilée, vue depuis la chambre de son asile du monastère Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence en mai 1889[275],[276]. Une étude du ciel au pritemps de 1889 permet de confirmer qu'il s'agit bien de Vénus, entourée de blanc en bas à droite du grand cyprès, ce qui est aussi confirmé dans les lettres du peintre[277].
259
+
260
+ La planète est également visible dans ses peintures Route avec un cyprès et une étoile[278] et La Maison blanche, la nuit, réalisées en 1890 et peu avant la mort de l'artiste[279].
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+ La Nuit étoilée, Vincent Van Gogh (1889)
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+ Route avec un cyprès et une étoile, Vincent Van Gogh (mai 1890)
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+ La Maison blanche, la nuit, Vincent Van Gogh (1890)
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268
+ Des poètes préromantiques et romantiques tels que William Blake, Robert Frost, Letitia Elizabeth Landon, Alfred Lord Tennyson et William Wordsworth ont écrit des poèmes au sujet de la planète[280].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le verbe (du latin verbum : mot, verbe) constitue avec le nom la catégorie de mots ou partie du discours principale de toute langue. La tradition grammaticale présente le verbe en opposition au nom à cause de sa capacité de pouvoir exprimer un procès, en traduisant une action accomplie (ex. : Il regarde un film) ou subie par le sujet (ex. : Il a été déçu par ce film), ou un état (ex. : Il est satisfait) ou des modifications du sujet (ex. : Il a changé d'avis). À cet aspect sémantique la linguistique contemporaine, de tendance majoritairement distributionnaliste et structuraliste, oppose une approche morphosyntaxique, rejetant toute définition du verbe fondée sur son rapport avec un aspect de la réalité qui le distinguerait du nom (Fonction référentielle) pour privilégier sa fonction de mise en relation des autres composants de la phrase.
2
+
3
+ D'un point de vue morphosyntaxique et actanciel, le verbe joue un rôle majeur dans l'organisation de la plupart des phrases (il y a des phrases nominales, sans verbes). En mettant en relation les autres éléments constitutifs d'une proposition, selon son sens propre et des règles morphosyntaxiques propres à chaque langue, le verbe fait de la proposition un ensemble signifiant en constituant le noyau du prédicat.
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+
5
+ La forme verbale peut se réduire à un radical ou lexème qui lui donne son sens: c'est toujours le cas des langues où il est invariable. Dans celles dotées de conjugaisons, le lexème est susceptible de se combiner à des morphèmes flexionnels ou désinences susceptibles d'indiquer principalement la ou les personnes grammaticales ainsi que le temps, l'aspect, le mode, la voix ou diathèse. Des verbes auxiliaires et semi-auxiliaires peuvent tenir dans certaines langues le rôle des morphèmes verbaux ou les compléter.
6
+
7
+ En outre, un certain nombre de langues, le plus souvent dotées d'une typologie isolante, n'établissent pas de distinction morphologique (comme le font les langues indo-européennes, dont le français) entre verbe et nom, seule la fonction syntaxique du lexème y étant déterminante. C'est le cas de nombreuses langues d'Asie du Sud-Est, tels que le mandarin, le vietnamien, le thaï ou le munda, mais aussi de certaines langues africaines tel que le wolof. Quelques langues construites à visée logique procèdent également de la sorte, tels que le loglan, son descendant le lojban ou encore l'ithkuil.
8
+ Enfin, l'anglais contemporain parlé, qui évolue vers une typologie isolante, semble lui aussi effacer la dichotomie morphologique entre verbe et nom (p.ex. water "eau"/"remplir d'eau", pen "stylo"/"écrire à l'aide d'un stylo", baby "nourrisson"/"s'occuper d'un nourrisson", doll "poupée"/"être apprêtée comme une poupée").
9
+
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+ Comme tout autre partie du discours, le verbe peut être envisagé sous trois aspects :
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12
+ Dans toutes les langues, le nom et le verbe sont les deux principales catégories lexicales. S'appuyant sur des critères sémantiques et la conscience de tout sujet parlant, les grammairiens indo-européens de l'antiquité les définissent en les opposant l'un à l'autre : le nom renvoie aux êtres et aux choses alors que le verbe désigne un processus. Yâska, grammairien indien du VIe ou Ve siècle av. J.-C., considère que fondamentalement le nom se réfère à une essence, une entité (sattva) et le verbe à une existence, un devenir (bhava), en précisant toutefois que certains noms peuvent aussi exprimer un devenir, mais sous une forme figée (comme une marche). Dans Le Sophiste de Platon, Théétète fait dire à son interlocuteur : En effet, nous avons deux espèces de signes pour représenter ce qui est au moyen de la voix (...) Ce qu'on appelle les noms (ὄνομα, ónoma) et ce qu'on appelle les verbes (ῥῆμα, rhêma) (...) Nous appelons verbe le signe représentatif des actions (...) Et nom le signe vocal qu'on applique à ceux qui font ces actions[1]. Pareille distinction relève du bon sens et reflète les Catégories de la pensée définies par Aristote, substance pour les noms, action et passion pour le verbe particulièrement pour les langues indo-européennes et bien d'autres où le verbe est conjugué. C'est littéralement, en allemand comme en polonais, le "mot du temps", Zeitwort et czasownik (de czas, le temps). Même dans les langues où le verbe reste invariable comme le nom et se confond avec lui dans sa forme, on l'associe volontiers à l'action (indonésien : kata kerja, « mot de l'activité ») ou au mouvement (vietnamien : động từ, « mot du mouvement »). L'article sur le verbe dans l'édition chinoise de Wikipédia le définit ainsi : « Le verbe sert à décrire ou représenter divers types de mouvement. Toute phrase complète a un verbe. ». Ce genre de définition reposant principalement sur des critères notionnels (action, état, devenir) se retrouve dans bien des grammaires et dictionnaires contemporains[2] et repose sur l'idée que la dichotomie nom vs verbe reflète deux aspects fondamentaux de la réalité vécue.
13
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14
+ La Grammaire de Port-Royal, en revanche, se fonde sur une caractéristique différente du verbe, ce que la linguistique appelle un porteur d'indice d'ancrage dans la situation d'énonciation : Le verbe n'est rien d'autre qu'un mot dont le principal usage est de signifier l'affirmation, c'est-à-dire de marquer que le discours où ce mot est employé, est le discours d'un homme qui ne conçoit pas seulement les choses, mais qui en juge et qui les affirme[3]. Nombreux aujourd'hui sont ceux qui ont fait remarquer que le nom pouvait tout aussi bien exprimer les mêmes notions que le verbe[4]. La linguistique privilégie les caractéristiques morphosyntaxiques plus rigoureuses pour définir le verbe que son sémantisme tout en adoptant deux approches. L'une exclut tout autre aspect ; ainsi selon Cl. Hagège, Le critère de l'opposition verbo-nominale est morphosyntaxique. S'il ne l'était, comment les langues exprimeraient-elles deux sens plus ou moins voisins par deux choix thématiques différents : ex. Il part bientôt et Son départ est proche, où la même donnée est formulée successivement par un verbe puis par un nom, ne se distinguant pas par le sens, mais par le recours à deux structures différentes[5]. Quelques autres[6], tout en soulignant l'importance de l'aspect morpho-syntactique, estiment qu'il existe plusieurs manières de représenter la réalité selon qu'on recourt à un verbe, un nom, voire un adjectif ou un adverbe, la distinction entre les classes de mots étant inscrite en nous lors de l'apprentissage de notre langue en corrélation avec la période où l'enfant est en mesure de distinguer les évènements et les choses[7]. Cette hypothèse est réfutée par Claude Hagège[5].
15
+
16
+ Le verbe est la catégorie grammaticale qui présente la plus grande variabilité, n'exprimant que son sens ou y ajoutant les valeurs les plus diverses. Voici l'équivalent en chinois et en turc de la phrase : « Tu ne pourras pas le faire attendre. »
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+
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+ Là où le chinois utilise comme le français trois verbes, mais sans indicateur de personne, de temps ou de mode, le turc recourt à une seule forme verbale composée d'un radical complété de cinq suffixes indiquant une causalité (ou factitivité), une modalité négative (le suffixe e n'est utilisé qu'avec la négation pour exprimer l'impossibilité), un temps, une personne.
19
+
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+ Globalement, les formes verbales reflètent les caractéristiques propres aux trois types morphologiques de langues :
21
+
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+ Rien ne le distingue morphologiquement d'un nom ou d'une autre catégorie grammaticale.
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+ Il est éventuellement complété par une particule, un adverbe pour préciser, si nécessaire, un aspect, un temps, une voix ou une modalité. L'expression du temps est souvent lexicalisée (comme c'est le cas en français dans Il part l'an prochain). C'est par exemple le cas des langues chinoises, de la majorité des langues du Sud-Est asiatique - bien qu'elles appartiennent à des familles différentes -, des langues malaises, de certaines langues africaines comme les langues Mandé, l'ewé, le haoussa ou le yoruba. Le verbe aller en vietnamien đi, le verbe partir en ewé dzó se confondent dans tous leurs emplois avec leur racine.
24
+
25
+ Le verbe est composé d'un radical qui lui donne son sens, auquel s'ajoutent éventuellement un ou plusieurs affixes, porteurs de valeurs grammaticales. Dans la forme (nous) écouterions, écout- est le radical qui renvoie à la racine du mot et constitue la partie sémantique du verbe (le lexème), -e- est une voyelle thématique, -r-, -i- et -ons sont des suffixes de nature grammaticale (les morphèmes) qui indiquent, dans l'ordre, le futur, l'imparfait et la première personne du pluriel (morphologiquement le conditionnel présent est un futur du passé). Le changement ou la suppression d'un morphème exprimera un autre temps/mode (écout-ons), une autre personne (écouteri-ez), une autre catégorie grammaticale (écout-eur). La forme verbale (nous) détest-e-r-i-ons renvoie par son radical à une autre lexème, mais appartient par ses suffixes à la même catégorie grammaticale que (nous) écouterions.
26
+
27
+ Le radical d'un même verbe peut être fixe ou se présenter sous différentes formes dues à des évolutions phonétiques ou à des phénomènes d'analogie. Si ces formes sont apparentées, il s'agit d'un radical à plusieurs bases[8]. Ainsi le verbe rester a rest- pour seul radical, alors que le verbe venir a quatre bases : vien- (je viens), ven- (nous venons), vin- (il vint), viend- (je viendrai). Plus rarement, mais il s'agit de verbes très courants, certains verbes recourent dans leur conjugaison à des radicaux différents comme aller (je vais, nous allons, j'irai) ou le verbe être dans de nombreuses langues indo-européennes.
28
+ Ces variations peuvent se manifester dans un seul et même temps comme les nombreuses modifications phonétique des langues romanes, qui entraînent des irrégularités dans les conjugaisons, sans exprimer des valeurs grammaticales différentes. Ainsi, en espagnol, les formes pido (je demande) et pedimos (nous demandons) se réfèrent toutes deux au présent malgré la modification du radical.
29
+
30
+ Il en va tout autrement des différences de radical, spécifiques à certaines langues, qui reflètent des différences grammaticales. Par exemple, les verbes forts des langues germaniques distinguent par l'alternance vocalique d'origine indo-européenne, appelée ablaut, le présent, comme en allemand, ich finde (je trouve) du prétérit ich fand (j'ai trouvé) et du participe passé gefunden (trouvé). De même, les variations vocaliques de la racine le plus souvent trilittère dans les langues sémitiques, procédure fondamentale de dérivation, peuvent traduire des changements de voix. Par exemple en arabe : formes actives : يَضرِبُ / yaḍrib(u) / il frappe ; ضَرَبَ / ḍaraba / il a frappé ; formes passives : يُضرَبُ / yuḍrab / il est frappé ; ضُرِبَ / ḍuriba / il a été frappé. Les changements vocaliques signalent le passage de l'actif au passif [9].
31
+
32
+ Tous les types d'affixes sont susceptibles de s'ajouter au radical pour le doter de traits grammaticaux en faisant varier sa forme. Leur ensemble constitue la conjugaison d'un verbe. Les langues romanes recourent surtout aux suffixes, mais les préfixes sont aussi possibles. Les formes de l'imparfait et de l'aoriste de l'indicatif du sanskrit et du grec sont ainsi pourvus de ce qui est appelé un augment, a- en sanskrit, ε- en grec ancien et pour certains verbes, en grec moderne : abhavat est l'imparfait de bhavati (il est) en sanskrit ; ἔγραψα / έγραψα (j'ai écrit) est l'aoriste de γράφω (j'écris) en grec ancien comme en grec moderne. Les marques de personnes de l'inaccompli (présent) de l'arabe sont aussi des préverbes auxquels s'ajoute un suffixe à certaines personnes : أقول /?aqull/ (je dis), préfixe: ?a-, تقول /taqull/ (tu dis, masc.), préfixe : ta- تقولين /taqullīn/ (tu dis, fém.), préfixe : ta- + suffixe -īn, يقول, /yaqull/ (il dit), préfixe : ya-, تقول /taqull/ (elle dit), préfixe : ta-. Certaines langues emploient aussi des infixes et des circumfixes.
33
+
34
+ Les affixes peuvent aussi être partiellement ou totalement remplacés par un verbe grammaticalisé qui s'ajoute au verbe principal et indique sa personne, son temps, son mode, son aspect, sa voix, cependant que lui- même prend une forme impersonnelle. Ces verbes qui permettent de conjuguer partiellement ou complètement un verbe s'appellent des auxiliaires et se rencontrent dans de nombreuses langues. Le français et toutes les langues romanes recourent ainsi aux verbes être et avoir pour compléter leurs conjugaisons et constituer des temps dits composés ou périphrastiques. Toutes les formes de la majorité des verbes basques sont formées d'un participe et d'un auxiliaire.
35
+
36
+ L'accord du verbe à son sujet, nom ou pronom, et plus rarement à ses compléments, signifie que sa forme comporte un ou plusieurs morphèmes grammaticaux qui indiquent des propriétés de ces noms ou pronoms . Ainsi le français indique par des suffixes la personne et le nombre du sujet : La terminaison -ons renvoie nécessairement à un sujet à la première personne et au pluriel. D'autres langues qui expriment le duel peuvent en doter leurs formes verbales. Outre les personnes et le nombre singulier, pluriel et parfois duel, certaines différencient aussi le genre. Les marques de la conjugaison de l'inaccompli en arabe (qui correspond au présent français) sont les suivantes :
37
+
38
+ Singulier أدرُسُ / 'adrus(u) (j'apprends) ; تَدرُسُ / tadrus(u) (tu apprends, masc.) ; تَدرُسينَ / tadrusīn(a) (tu apprends, fém.) ; يَدرُسُ / yadrus(u) (il apprend) ; تَدرُسُ / tadrus(u) (elle apprend).
39
+ Duel' تَدرُسانِ / ta'drusān(i) (vous deux apprenez) ; يَدرُسانِ / yadrusān(i') (eux deux apprennent) ; تَدرُسانِ / tadrusān(i) (elles deux apprennent)
40
+ Pluriel نَدرُسُ / nadrus(u) (nous apprenons) ; تَدرُسونَ / tadrusun(a) (vous apprenez, masc.) ; نَدرُسنَ / tadrusna (vous apprenez, fém.) ; يَدرُسونَ / yadrusūn(a) (ils apprennent) ; يَدرُسونَ / yadrusna (elles apprennent)[note 1].
41
+
42
+ Pour distinguer les personnes de cette conjugaison, l'arabe classique et l'arabe standard classique recourent soit à un préfixe (à la différence des langues indo-européennes), soit à un préfixe accompagné d'un suffixe (indiqués en caractères gras). Il présente d'autre part des formes distinguant le masculin et le féminin comme les autres langues sémitiques (l'hébreu par exemple) ainsi que des duels aux 2e et 3e personnes. Les terminaisons du duel sont également attestées dans les langues indo-européennes anciennes comme le sanscrit (pour les trois personnes), le grec ancien (une forme commune pour la 2e et la 3e personne, sauf à l'impératif : ποιεῖtoν / poieïton (vous faites tous les deux / ils ou elles font tous/toutes les deux s'oppose aux pluriels, ποιεῖτε / poieïte (vous faites) et ποιοῦσι /poiousi (ils/elles font), le gotique (pour les 1re et 2e personnes), le vieux slave (pour les trois personnes). Il reste très vivant en slovène et dans deux dialectes lituaniens, le tchakavien et le sorabe. Certaines langues non européennes marquent aussi le duel, comme la langue inuit (pour les trois personnes) ou le mapuche[10] (pour les trois personnes), mais d'autres plus nombreuses ont des formes de duel pour les noms et /ou pronoms, et non pour les verbes qui recourent au pluriel pour s'accorder à des sujets au duel.
43
+
44
+ Plusieurs langues caucasiennes comme le géorgien, mais aussi le basque accordent leur verbe non seulement à son sujet, mais aussi à ses compléments d'objet et/ou d'attribution. Ainsi le verbe basque reflète le nombre de son complément d'objet : Nik liburua hartzen dut (Je prends le livre), mais Nik liburua hartzen ditut (je prends les livres)[note 2] et peut comporter jusqu'à trois affixes renvoyant au sujet, au complément d'objet et au complément d'attribution : dans la phrase Guk zuri liburu hau eman dizugu (Nous vous avons donné ce livre), le verbe eman (donner) se conjugue avec l'auxiliaire avoir ainsi formé : D-i-Zu-Gu où le radical de ukan, i est complété par le préfixe D- qui renvoie au complément d'objet liburu hau (ce livre), le suffixe -Zu qui renvoie au complément d'attribution zuri (vous) et le suffixe Gu qui renvoie au sujet Guk (Nous)[11].
45
+
46
+ Ce sont les catégories majeures des formes verbales.
47
+
48
+ Le temps situe le procès par rapport à un repère sur l'axe temporel, ce peut être le moment de l'énonciation ou un autre repère temporel.
49
+
50
+ L'aspect s'intéresse aux différents moments qui le constituent (commencement, fin, durée, instantanéité), à la manière dont son déroulement est envisagé, globalement dans il voyagea ou dans sa durée dans il voyageait., durée,
51
+
52
+ On les oppose souvent en soulignant le caractère déictique du temps et le caractère non déictique de l'aspect , le premier situant le procès en référence à un "ici et maintenant"[12].
53
+
54
+ Le mode exprime l'attitude du locuteur par rapport au contenu de son énoncé : Il regarde un tableau est un constat (indicatif) ; regarde ce tableau est une exhortation (impératif).
55
+
56
+ Ces formes sont généralement classées en conjugaisons qui ne présentent traditionnellement que des temps et des modes ; seules les langues slaves où l'opposition perfectif / imperfectif est essentielle dans leur système verbal prennent explicitement en compte la notion d'aspect . Il est donc nécessaire de distinguer le terme de temps utilisé en grammaire et la notion de temporalité, comme le font l'allemand et l'anglais en employant Tempus et tense pour le premier, Zeit et time, pour la seconde, le temps grammatical réunissant le plus souvent expression de la chronologie et de l'aspect : ce qui différencie en français le passé composé, le passé simple et l'imparfait, ce n'est pas le temps, mais l'aspect, puisque Il a beaucoup voyagé, il voyagea beaucoup, il voyageait beaucoup peuvent parfaitement se référer à un même passé, mais chacune de ces formes représente le procès sous un aspect différent.
57
+
58
+ De plus, les trois notions de temps, aspect et mode sont souvent intrinsèquement liées dans leur expression morphologique, mais aussi dans leurs valeurs. La plupart des langues présentent des formes dotées de marqueurs qui relèvent de deux, voire trois de ces catégories. Les terminaisons de l'imparfait dans les langues romanes expriment à la fois un temps passé et un aspect inaccompli ; un passé composé français peut avoir des emplois où tantôt la valeur temporelle de passé prédomine (Le Titanic a coulé dans la nuit du 13 au 14 avril 1912), tantôt la valeur aspectuelle d'accompli apparaît seule, le contexte pouvant très bien être présent (Maintenant, j'ai compris la stratégie à adopter) ou futur (On est bientôt arrivé). En arabe le système essentiellement aspectuel accompli / non accompli de la langue classique s'est transformé dans la langue moderne en des distinctions temporelles, l'accompli exprimant le plus souvent un passé et l'inaccompli un présent ou un futur, ce dernier étant marqué, si nécessaire, par la particule -ﺳ (sa)[13].
59
+
60
+ C'est pourquoi les linguistes regroupent ces trois catégories sous l'abréviation de T.A.M.(temps, aspect, mode). Pour le français, Jacques Damourette et Édouard Pichon ont proposé au lieu de temps le terme de tiroir verbal pour tenir compte des trois dimensions d'une forme verbale, souvent exprimées par un seul morphème[14]. Des désaccords existent d'ailleurs entre grammairiens et linguistes sur certaines formes comme le conditionnel français considéré par les uns comme un mode, comme un temps par les autres[15]. Pour le turc, Gerd Jendraschek montre que plusieurs suffixes verbaux usuels véhiculent des valeurs aspectuelles alors qu'ils sont généralement présentés comme des marqueurs temporels [16] ; ainsi, le suffixe - iyor- souvent présenté comme celui du présent, et ainsi dénommé en turc, exprime l'aspect progressif comme l'anglais to be + ing ou l'espagnol estar + participe présent, puisqu'on le trouve également associé au suffixe du passé : Le présent gidiyorsun (gid- , aller + -iyor- + -sun, 2e pers. sing.), « you are going » (« tu vas »), est à comparer au passé gidiyordun (gid-aller + -iyor + -du- passé + -n 2e pers.sing.), « you were going », « tu allas », pour constater que le présent ne s'exprime pas par -iyor-, mais qu'il n'a pas de marque propre (gid-iyor-ø-sun) .
61
+
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+ Dans de nombreuses langues le verbe est porteur d'indications chronologiques. Cette caractéristique qui paraît évidente aux usagers des langues européennes est loin d'être universelle. Ainsi le verbe, dans les langues de l'Est et du Sud-Est asiatiques comme les langues chinoises, le malais-indonésien , certaines langues amérindiennes comme le yurok ou le keres, et des langues construites comme le pandunia, n'exprime pas le temps qui est indiqué, si nécessaire, par le lexique toujours beaucoup plus précis que les temps grammaticaux, y compris dans les langues dotées de marques verbales. L'existence du futur peut être ainsi précisé par des adverbes ou des noms compléments comme bientôt, demain, dans deux heures, l'an prochain. C'est d'ailleurs le cas pour de nombreuses langues indo-européennes qui peuvent exprimer un fait futur par un présent (allemand, français, persan, par exemple). Il est de fait tout à fait possible de dire Ils partent s'installer à Londres à la fin de l'année. Certaines langues sont dépourvues de futur comme le finnois et l'estonien et, pour l'exprimer, les langues scandinaves recourent à des auxiliaires modaux. Le nombre de temps est très variable, le hongrois contemporain n'a que des temps simples, le présent, le passé et le futur qui utilise un auxiliaire comme les langues germaniques, alors que les langues romanes ont des temps simples et des temps composés . Il existe des cas où la grammaire exprime des degrés d'éloignement temporel beaucoup plus nombreux ; le Yemba ou bamileke-dschang distingue cinq niveaux parallèles dans le passé et le futur, selon que le procès se situe, par rapport au moment de l'énonciation, dans l'immédiat, le jour même, à la veille et au lendemain, quelques jours avant ou après, dans un passé ou un avenir beaucoup plus lointain[17]. La plupart des langues papoues présentent trois ou quatre temps du passé : immédiat (aujourd'hui), proche (hier), éloigné (avant-hier) par exemple pour l'enga et l'alamblak ; le yimas a quatre temps du passé et deux futurs, pour le lendemain et pour un futur éloigné[18].
63
+
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+ Dans ses emplois usuels, le temps situe chronologiquement un événement par rapport à un ou plusieurs repères. Les temps dits absolus ou plus exactement déictiques sont ceux qui prennent comme seul repère le moment de l'énonciation et localisent l'événement dans le passé, le présent ou l'avenir du locuteur énonciateur, le fait rapporté pouvant lui être antérieur, concomitant ou postérieur ; les temps dits relatifs, comme le passé composé, le plus-que-parfait ou le futur antérieur du français se réfèrent à autre événement qui leur sert de référence. Pour en rendre compte, il faut donc recourir à trois types de repères sur la flèche du temps : le moment de l'énonciation (L =locuteur), l'événement ou les événements (E), le point de référence (R), ces repères pouvant ou non coïncider[19] :
65
+
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+ Il s'agit ici de l'aspect strictement grammatical, marqué par des formes verbales spécifiques et non de l'aspect lexical, lié au sens même du verbe, exprimé dans son radical.
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+ Rares sont les langues où les verbes n'expriment pas l'aspect. On pourrait le dire du hongrois dont la conjugaison se limite à trois temps, mais un de ses nombreux préverbes meg- a perdu son sens originel (vers l'arrière) pour acquérir une valeur perfective : Holnap érkezem (demain ; arriver Prés. indicatif 1ère p.sing.), demain, j'arrive se distingue de Holnap megérkezem (demain ; arriver Prés. indicatif 1ère p.sing.), demain, je serai arrivé. À l'expression pure et simple de l'événement s'oppose l'insistance mise sur le résultat positif du procès[20] .
69
+
70
+ La capacité d'expression de l'aspect par le verbe est très variable. Au français ils habitèrent / ils habitaient ne correspond qu'une forme en allemand, sie wohnten ; à l'espagnol trabajo et estoy trabajando répond une seule forme je travaille (à moins de recourir à la périphrase d'insistance, je suis en train de travailler, optionnelle à la différence de la forme espagnole). Les deux formes anglaises I have washed my car et I have been washing my car présentent des différences de sens que beaucoup de langues ignorent. Le chinois mandarin dispose de trois suffixes qui peuvent s'ajouter au verbe pour exprimer l'accompli (了 , le), l'expérience vécue (过), guo), la prolongation d'un état (着, zhe) : 我 看了 这 本书, wŏ kàn le zhè bĕn shū (je lire-le ce livre), j'ai lu ce livre (j'en ai fini la lecture) ; 我看过 这 本书, wŏ kàn guo zhè bĕn shū (je lire-guo ce livre), j'ai déjà lu ce livre ; 他 坐 着, tā zuò zhe ( il s'asseoir- zhe), il est assis. On peut distinguer ainsi des langues dont le système verbal est essentiellement fondé sur des critères temporels et d'autres foncièrement aspectuelless comme le haoussa où la forme basique du verbe a valeur d'accompli et s'oppose aux deux formes d'inaccompli que sont le continuatif/progressif et l'habituel ; il existe bien deux futurs, mais le principal recourt à un auxiliaire modal comme l'anglais (will) ou le mandarin (要 , yāo). D'autres privilégient les temps comme l'allemand ; d'autres encore expriment les trois temps et pour chacun d'entre eux différents aspects comme l'anglais ou le swahili.
71
+
72
+ Il est important de souligner que l'emploi et le sens d'une forme verbale dépend de son appartenance à un système global propre à chaque langue et qu'ils ne sont donc que très rarement équivalents d'une langue à une autre. Ainsi les emplois de l'aspect progressif anglais ne sont pas exactement les mêmes que celui de l'espagnol ou du turc.
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+
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+ Aspects accompli et inaccompli.
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+ Le procès, qu'il s'agisse d'événements ou d'états, peut être fondamentalement envisagé selon deux points de vue : l'aspect accompli l'envisage de l'extérieur comme achevé, délimité ( il a voyagé) ; l'aspect inaccompli le présente de l'intérieur dans son déroulement , sans indication de limites (il voyageait) . Cette bipartition structure le système verbal de nombreuses langues, même si le système aspectuel a pu devenir un système temporel, l'aspect accompli tendant logiquement à exprimer un passé et l'inaccompli un présent et un futur . C'est le cas du latin où aux temps de l'infectum (qui n'est pas accompli), présent, imparfait, futur, répondent ceux du perfectum (qui est accompli), parfait, plus-que-parfait, futur antérieur [21]. Les langues sémitiques reposent sur ce bipartisme ; l'hébreu biblique, l'araméen, l'arabe, les langues sudarabiques opposent aux suffixes personnels ajoutés à la base verbale pour l'accompli les préfixes verbaux de l'inaccompli (auxquels peuvent s'ajoutent des suffixes au duel et au pluriel) : sudarabique, accompli kətōbən (nous avons écrit), inaccompli nəkōtəb (nous écrivons) [22].
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+
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+ Aspect global.
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+
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+ Ce découpage ne rend pas compte des formes qui s'ajoutent à l'accompli pour exprimer des faits passés comme le passé simple des langues romanes, le prétérit des langues germaniques, le passé du turc . Celles-ci envisagent le procès dans sa globalité, en rupture avec la situation d'énonciation, à la différence d'un accompli qui exprime généralement le résultat d'une action antérieure qui se poursuit ou dont l'effet se fait sentir dans le temps de référence .
81
+
82
+ On peut les considérer comme des temps du passé, dénués de toute valeur aspectuelle , comme on le fait généralement de l'infinitif aoriste du grec ancien dont l'emploi s'oppose à l'infinitif présent à valeur d'inaccompli[23]). Certains linguistes , en revanche, parlent d' l'aspect global [24] [25]. Ainsi les prétérits anglais et espagnol présentent le procès comme un événement complètement terminé, dans un temps révolu, coupé du présent de l'énonciation : I saw them yesterday , los vi ayer , je les ai vus hier (La présence de l'adverbe de temps rend impossible ici l'emploi du present perfect (I have seen) [26],[27] ou du pretérito perfecto (los he visto) [28] qui établirait un lien avec le moment de l'énonciation en contradiction avec la présence de l'adverbe.
83
+
84
+ Différence entre accompli/inaccompli et perfectif /imperfectif
85
+
86
+ Ces termes sont souvent confondus , alors qu'ils renvoient à des notions différentes . L'imperfectif et le perfectif se réfèrent aux langues slaves où une majorité de verbes se présentent en couple, partageant pour la plupart un radical commun et un sens identique voisin. Le premier présente le procès sans en spécifier le terme, le second exprime un procès non seulement accompli (ou devant être accompli), mais au terme duquel il ne peut être poursuivi , différence que le français n'exprime pas par le verbe, mais en ajoutant éventuellement un complément de temps : j'ai lu ce livre pendant deux heures correspond à un imperfectif, mais j'ai lu ce livre en deux heures rend nécessaire en russe l'usage du perfectif. Ainsi à l'infinitif lire correspond en russe tantôt l'imperfectif читáть, tchitát' , tantôt le perfectif прочита́ть, protchitát' : Нáдо читáть, nádo tchitát', il faut lire (imperfectif) , mais Нáдо прочита́ть этo письмó , nádo protchitát' êto pismó, il faut lire cette lettre (perfectif)[29]. De même en bulgare, les deux phrases аз пих еднo кафе (az pix edno kafé) et аз изпих еднo кафе (az izpix edno kafé) correspondent toutes deux à un passé accompli en français , mais seule la seconde indique que l'action a été accomplie et menée à son terme[30] .
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+
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+ Aspect progressif et aspect habituel.
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+
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+ Une langue peut différencier l'accompli de l'inaccompli en ne grammaticalisant que l'une d'entre elles. L'autre ne se repère que par défaut. À l'accompli il a parlé s'oppose l'inaccompli il parle qui signifie tout aussi bien il est capable de parler, il a l'habitude de parler, il est en train de parler.
91
+
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+ Nombreuses en revanche sont les langues qui disposent de marqueurs propres à l'inaccompli , en présentant éventuellement des sous-catégories comme le progressif ou continu et l'habituel . En quechua luru-n rima-n veut dire le perroquet parle ( rima- = parler + -n , marque de la 3ème personne du singulier ) dans le sens où c'est une vérité générale, une capacité du sujet ; riman n'indique rien d'autre qu'une action rapportée à une 3ème personne ; mais si l'on ajoute le suffixe -sha- : lurun rimashan , la forme verbale est à l'aspect progressif : le perroquet est en train de parler. Le procès est saisi dans son développement Ce morphème aspectuel peut se combiner avec des marques temporelles : lurun rimasha-rqa-n ( rima + sha + rqa, suffixe du passé + -n ) , le perroquet était en train de parler[31]. L'anglais, l'espagnol, le portugais, l'italien, le hindi ont une forme progressive constituée d'un auxiliaire suivi ou précédé d'un gérondif ; les langues agglutinantes recourent à un affixe ; par exemple en turc : Ahmet bir elma y-iyor-du ( bir elma=une pomme , ye-mek=manger , -iyor- = suffixe du progressif , * ye + iyor- > yiyor- , -du = suffixe du passé ) , Ahmet était en train de manger une pomme[32] ; en Swahili : ni-na-soma kiswahili ( ni- = préfixe 1ère pers.sing , -na- =progressif , (ku)soma = lire, étudier ), j'étudie actuellement le Swahili [33]
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+
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+ Dans ces langues, comme dans bien d'autres, un autre affixe exprime l'habituel ou des vérités générales, autre sous-aspect de l'inaccompli; par exemple en turc : Ahmet sabahları bir elma y-er-di , les matins, Ahmet avait l'habitude de manger une pomme (sabah-lar-i =les matins ; bir elma=une pomme ; ye-mek=manger, *ye+er➜yer ; - er- =suffixe aspectuel à valeur générale ; -di= suffixe du passé)[32] ; en swahili : mimi hu-soma kiswahili kila siku , j'étudie le swahili chaque jour (mimi = pr. personnel 1ère personne ; hu- = préfixe de l'habituel ; (ku)soma = lire, étudier ; la forme est la même à toutes les personnes, d'où la présence d'un pronom personnel)[33] . Le swahili possède un troisième présent, dit indéfini , beaucoup moins employé, dont l'emploi recoupe partiellement celui de l'habituel. En turc comme en Swahili, l'existence de formes composées avec l'auxiliaire être permet d'exprimer ces sous-catégories aux autres temps.
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+ D'autres morphèmes présents dans la forme verbale expriment ce que la tradition grammaticale occidentale nomme un mode. Ce terme englobe des emplois divers, en premier lieu la traduction d'une modalité , c'est-à-dire la position du locuteur à l'égard des faits rapportés dans son énoncé : il peut avant tout, et c'est dans l'usage des modes une opposition fondamentale, les présenter comme avérés (modalité réalis) ou comme envisagés (modalité irréalis)[34]. Dans le premier cas le locuteur se réfère à l'état du monde tel qu'il est au moment de l'énonciation ; dans le second cas il se réfère à un monde autre que celui qui est au moment de l'énonciation.
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+ Il est rare que cette dichotomie soit rendue en tant que telle par des morphèmes spécifiques comme en birman. Dans cette langue, le verbe n'exprime pas les temps , mais, dans les déclaratives et les relatives, à l'exception de l'impératif, il a nécessairement une terminaison différente selon que le fait, passé ou présent, est avéré ou non encore réalisé , ce qui englobe le futur :
101
+
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+ ဗမာစကားသင်တယ် / bəmazə'ga θiN- tɛ / (birman-langue apprendre-part.réalis dɛ/tɛ), il apprend le birman / il appris le birman ; ဗမာစကားသင်မယ် / bəmazə'ga θiN-mɛ/(birman-langue apprendre-part.irréalis mɛ), il va apprendre/ il apprendra le birman ; ဗမာစကားသင်လိမ့် မယ် / bəmazə'ga θiN-leiN'-mɛ/ (birman-langue apprendre-part.verbale de probabilité- part.irréalis mɛ) , il apprend probablement le birman. L'ajout du morphème verbal de la probabilité leiN' entraîne obligatoirement la terminaison de l'irréalis mɛ [34].
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+
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+ Pour exprimer la modalité réalis , de nombreuses langues n'ont qu'un mode, l'indicatif ; la modalité réalis est d'ailleurs considérée par certains comme une absence de modalité puisque il a réussi est une assertion simple où le locuteur ne traduit aucune attitude personnelle au contraire de il doit réussir ou je veux qu'il réussisse ou qu'il réussisse qui sont des assertions modalisées [35].
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+
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+ La modalité irréalis , de son côté peut s'exprimer par différents modes, puisque l'envisageable, au contraire du réel, peut être, par exemple, objet de désir ou considéré comme possible ou encore nécessaire , modalités qui pourront être exprimées par l'optatif, l'hypothétique, l'impératif, le subjonctif. Le locuteur peut par ailleurs émettre une réserve sur la véracité d'un fait en recourant au médiatif.
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+
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+ La modalité relève du domaine conceptuel et le mode verbal n'en est qu'une traduction linguistique, la plus grammaticalisée, à côté d'autres procédés morphologiques (auxiliaires modaux comme devoir ou pouvoir) ou lexicaux (adverbes comme peut-être). Inversement, un mode dans une langue donnée peut très bien exprimer différentes modalités. Ainsi en est-il du subjonctif en français et dans les autres langues romanes. Le nombre de modes est très variable. Ainsi l'albanais , outre l'indicatif, a un optatif, un subjonctif, un conditionnel et un miratif [36] ; les langues slaves, au contraire, n'ont que l'impératif et un conditionnel périphrastique.La plupart des formes impersonnelles comme les infinitifs, les participes des langues romanes, par exemple, le supin et l'adjectif verbal du Latin, le مصدر (maṣdar) ou nom verbal de l'arabe n'expriment pas, sauf exception, une modalité ; elles dépendent d'un autre verbe et apprtiennent à la fois à la catégorie verbale et à d'autres catégories grammaticales comme le nom, l'adjectif ou l'adverbe.
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+
110
+ Le subjonctif et, beaucoup plus rarement, l'optatif[note 3], peuvent être dotés d'une fonction qui dérive de leur valeur première quand ils marquent la subordination. C'est cet emploi qui donne d'ailleurs son nom au subjonctif dans les langues latines , la grammaire latine le désignant par les termes de modus subjunctivus (de subjungo, mettre sous la dépendance, subordonner) ou de conjunctivus modus (de conjungo, joindre) . Dans ce cas, ce n'est pas le locuteur qui choisit ce mode , mais le verbe principal qui l'impose Dans de très nombreuses langues indo-européennes les subordonnées régies par un verbe principal exprimant lui-même une modalité comme le souhait, la nécessité ou le doute ont un verbe au subjonctif : le verbe vouloir est suivi d'un subjonctif en français comme en arménien[37], persan ou hindi. L'importance de son usage varie d'une langue à l'autre ; presque éliminé des langues scandinaves et de l'anglais britannique, il est un peu plus utilisé en anglais américain . Dans les langues slaves, l'opposition indicatif/ subjonctif des subordonnées d'autres langues n'y est pas exprimée par le verbe mais par le choix du subordonnant[38]. En revanche, l' allemand , y recourt même dans le discours indirect du fait que le locuteur n'est que l'intermédiaire des propos rapportés : Paul hat seine Grammatik vergessen (Paul a oublié sa grammaire ; indicatif) , mais Paul sagt, er habe seine Grammatik vergessen (Paul dit qu'il a oublié sa grammaire ; subjonctif)[39]. Dans la seconde phrase, le subjonctif est devenu le marqueur de la subordination. Certaines langues non indo-européennes ont également un mode propre à certaines subordinations comme l'arabe où les emplois au manṣūb sont très proches du subjonctif : dans لا بدّ أن نتكلّمَ (la budda ʾan natakallama = il faut que nous parlions) , la voyelle caractéristique du manṣūb se substitue à l'indicatif en -u , parce que la complétive introduite par la particule ʾan dépend d'une locution la budda exprimant la nécessité [9]. Il en est de même du swahili où la finale -e remplace le -a de l'indicatif comme dans Lazima niende dukani (lazima = il faut ; ni- préfixe 1ère personne ; -end- radical de kw-enda, aller ; duka=magasin ; -ni suffixe locatif ; il faut que j'aille au magasin) [40]. Ce mode dénommé dhamire tegemezi (idée dépendante) s'emploie même dans toute subordonnée dont le sujet diffère de celui de la principale : amesema nifike asubuhi (a- préfixe 3ème personne ; -me- infixe résultatif ; -sema- radical de ku-sema=dire ; ni- préfixe 1ère personne ; -fik- radical de ku-fika=arriver ; asubuhi = le matin)[40] .
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+ Certaines langues, principalement de type agglutinant, expriment par des suffixes des modalités que les langues indo-européennes traduisent par des auxiliaires modaux (pouvoir, devoir, vouloir). La notion de possibilité, dans ses différentes acceptions, est ainsi rendue en turc par le suffixe -(y)a/ebil- et l'impossibilité par (y)a/ema/e (-y- est ajouté quand le radical verbal se termine par une voyelle ; le choix entre -a- ou -e- dépend de la voyelle précédente selon le principe d'harmonie vocalique) : avec le verbe gitmek (radical git/gid), Ankara'ya gidiyor (il va à Ankara) ⇒ Ankara'ya gidebilir (il peut aller à Ankara) ; Ankara'ya gidemez (il ne peut pas aller à Ankara). De même : Bugün yağmur yağ-ıyor (aujourd'hui il pleut) ⇒ bugün yağmur yağ-abil-ir (aujourd'hui il peut pleuvoir) ; bugün yağmur yağ-mı-yor (aujourd'hui il ne pleut pas) ; bugün yağmur yağ-ma-yamilir (aujourd'hui il ne peut pas pleuvoir)[note 4],[41]. Pour exprimer l'obligation, le turc peut utiliser le suffixe -ma/elı/i : Ankara-ya git-meli-yim (je dois aller à Ankara)[41].
113
+
114
+ En japonais les verbes ou adjectifs auxiliaires , suffixes ajoutés à un des radicaux du verbe, expriment temps, aspects ou modes [42]. Le désir du locuteur de faire quelque chose (désidératif ou volitif) est exprimé par - たい (-tai), suivi éventuellement soit de la copule です (desu), soit du verbe 思います, omoimasu , je pense pour rendre la forme plus polie : 新しい車を買う ou 買います , atarashī kuruma o kau (familier) ou kaimasu (poli), j'achète une nouvelle voiture ⇒ 新しい車を買いた い , atarashī kuruma o kaitai, je veux acheter une nouvelle voiture ou, sous une forme plus polie, 新しい車を買いたいと思います, atarashī kuruma o kaitai to omoimasu , je voudrais [ je pense que je veux ] acheter une nouvelle voiture Ce suffixe ne peut s'employer qu'aux première et deuxième personnes [43] ; pour exprimer le désir d'une tierce personne, un second auxiliaire verbal doit être ajouté au précédent :- た(い) + がる > -たがる , -ta-garu : ainsi, pour les formes familières de 食べる , taberu (manger , je mange) ⇒ 食べたい tabetai (je veux/tu veux manger) ; ⇒ 食べたがる, tabetagaru (il/elle/ils/elles veut/veulent manger [44]. Il existe aussi un suffixe de valeur potentielle utilisable avec certains verbes[45],-られる, -rareru , parfois raccourci dans la langue courante en -れる , -reru : 食べる, taberu, manger ⇒ 食べられる , taberareru ou 食べれる, tabereru, pouvoir manger. Ainsi : 新聞 を 読む , shinbun o yomu , je lis le journal ⇒ 新聞 が 読 める , shinbun ga yomeru , je peux lire le journal.
115
+
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+ En tant que noyau d'un énoncé, le verbe doit être accompagné d'un ou plusieurs actants sans lesquels cet énoncé est agrammatical ( le verbe rencontrer requiert deux actants : *il rencontre ne constitue pas un énoncé. Le nombre d'actants nécessaire à la complémentation d'un verbe définit sa valence. Pour une notion donnée ces actants peuvent occuper des fonctions différentes d'une langue à l'autre ou même d'un verbe à l'autre : les verbes aimer et plaire, malgré leur quasi synonymie, ont des constructions différentes : dans Il aime les chansons de S. Gainsbourg, mais les chansons de S.Gainsbourg lui plaisent, l'expérient est sujet du verbe aimer, mais complément indirect du verbe plaire. Les langues dotées de voix offrent pour un seul et même verbe la possibilité de faire varier sa valence par flexion, auxiliation ou dérivation. Ces variations qui affectent la construction du verbe et le sens de l'énoncé s'appellent une diathèse.
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+ La voix passive est une forme dérivée d'un verbe le plus souvent transitif dont l'usage entraîne une organisation spécifique de la phrase, rendant possible l'effacement de l'agent. Passer de cette construction, appelée diathèse passive où le verbe est intransitif à une diathèse active correspondante rend nécessaire l'ajout d'un agent en position de sujet du verbe , le patient devenant son complément d'objet.
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+ Il existe un classement traditionnel des verbes français qui répartit l'ensemble des verbes en trois groupes.
125
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+ Les verbes du premier groupe rassemblent tous les verbes ayant une terminaison à l'infinitif en « er » à l'exception du verbe aller. Les verbes du premier groupe ont un seul radical.
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+ Exemple :
128
+ Chanter.
129
+
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+ C'est le groupe le plus nombreux. Il est également le plus productif car tous les nouveaux verbes sont forgés sur son modèle (ex : débriefer, réinitialiser, etc), l'exception notable de amerrir, alunir.
131
+
132
+ Le deuxième groupe rassemble tous les verbes ayant leur participe présent finissant par « issant », à l'exception de maudire, qui appartient au troisième groupe (maudissant au participe présent).
133
+ Ils se terminent tous par ir (phonétiquement).
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+
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+ Exemple : Finir (infinitif), au participe présent : finissant ; Haïr (infinitif), au participe présent : haïssant.
136
+
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+ Ce groupe compte plus de 300 verbes[46].
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+
139
+ Le troisième groupe est très disparate. Il regroupe tous les verbes qui n'appartiennent pas aux premier et deuxième groupes. Ce sont notamment tous les verbes avec une terminaison en « ir » qui n'ont pas la terminaison issant au participe présent, « re » et « oir ».
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+
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+ Exemple : Boire, dire, venir.
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+ Il existe un classement traditionnel des verbes anglais en divers groupes selon les modifications morphologiques opérées sur les radicaux des verbes. Ces verbes font partie des verbes dits irréguliers, mais les verbes dits réguliers (dont la conjugaison se fait en -ed) présentent aussi une irrégularité dans leur prononciation de cette particule, qui varie suivant les verbes.
144
+
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+ En néerlandais, tout comme en français, le verbe varie selon la personne, le temps, le mode, et la voix. De plus, selon la manière dont ils forment leur préterit et participe passé, les verbes néerlandais réguliers se font subdiviser en deux groupes principaux : les verbes « forts » (qui ont de l'apophonie dans le radical) et «  faibles  » (qui obtiennent le suffixe -d(e)(n) ou -t(e)(n)).
146
+
147
+ L'emploi des temps en néerlandais et l'emploi des temps français ne correspondent pas exactement entre eux. La dénomination des temps est très longue en néerlandais, les grammairiens et enseignants utilisent fréquemment les abréviations.
148
+
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+ Voici la liste des temps :
150
+
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+ Un verbe est dit défectif lorsque sa conjugaison est incomplète : un certain nombre de temps, de modes ou de personnes sont inusités.
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+
153
+ Il est important de noter que les verbes qui sont défectifs dans une langue ne le sont pas forcément dans une autre, par exemple pleuvoir est défectif en français mais pas en espéranto où l'on peut dire théoriquement mi pluvas (je pleus) alors que la forme est inexistante en français.
154
+
155
+ Exemples :
156
+
157
+ Les verbes dits « défectifs » en anglais sont can, may, must, shall, will, ought, ainsi que dare et need dans certains de leurs emplois : ils ont une conjugaison incomplète, quatre d'entre eux n'ayant que deux formes, un présent et un prétérit (can (could), may (might), shall (should), will (would)), les autres ayant une forme unique.
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+
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+ On les dénomme également « auxiliaires de modalité » en raison de leur rôle d'auxiliaires. Ils ne prennent pas d's à la 3e personne du singulier du présent et ils se conjuguent sans do aux formes interrogative, interronégative et négative (ex : forme affirmative : He can ride a bike - forme négative : He can't ride a bike - forme interrogative : Can he ride a bike? - forme interronégative : Can't he ride a bike?).
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Vercingétorix, né aux environs de 80 av. J.-C.[note 1] sur le territoire des Arvernes (actuelle Auvergne[note 2]), et mort à l'automne -46 à Rome, est un chef et roi des Arvernes[1]. Il fédère une partie des peuples gaulois dans le cadre d'une révolte contre les forces romaines au cours de la dernière phase de la guerre des Gaules de Jules César.
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+ Fils de Celtillos, noble et probable chef arverne, Vercingétorix arrive au pouvoir après sa désignation officielle comme chef des Arvernes en -52. Il établit immédiatement une alliance avec d'autres tribus gauloises, prend la tête du commandement, combine toutes les forces, et les conduit dans la plus importante révolte des Gaulois contre le pouvoir romain. Il remporte la bataille de Gergovie face à Jules César dans laquelle de nombreux Romains et alliés sont tués. En conséquence, les légions romaines de César se retirent d'Arvénie (actuelle Auvergne).
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+ Cependant, César parvient à exploiter les divisions internes entre les peuples gaulois pour facilement subjuguer leurs territoires, et la tentative de Vercingétorix d'unir les Gaulois contre l'invasion romaine arrive tardivement. À la bataille d'Alésia, les Romains assiègent et défont ses forces. Afin de sauver autant de ses hommes que possible, il se livre aux Romains. Il est retenu prisonnier pendant cinq ans. En -46, dans le cadre du triomphe de César, Vercingétorix est exhibé dans les rues de Rome, au sein du défilé triomphal, puis exécuté par étranglement sur ordre de César. Il est principalement connu grâce aux Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César.
8
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+ Oubliée jusqu'au milieu du XIXe siècle, sa figure de représentant de la civilisation gauloise est largement mise en avant sous Napoléon III ; puis, dans le cadre de l'affrontement franco-allemand, il incarne une figure mythique et nationale de tout premier ordre pour la France, dans une partie importante de l'historiographie du temps. Entre 1870 et 1950, l'histoire de la France telle qu'elle est enseignée à des générations d'écoliers, fait de lui le tout premier chef de la nation.
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+ Les documents historiques témoignant de la vie de Vercingétorix sont peu nombreux et doivent être critiqués et interprétés, particulièrement à la lumière de l'archéologie[2]. Ce sont essentiellement des écrits d'auteurs anciens, dont Strabon[3], Plutarque[4], Florus résumant Tite-Live[5], et Dion Cassius[6]. Mais Vercingétorix est avant tout connu au travers des Commentaires sur la Guerre des Gaules, destinés au Sénat romain, que Jules César rédige tout au long de ses campagnes et compile après sa victoire finale d'Alésia sur les Gaulois. Les éléments relatifs à Vercingétorix sont tout entiers contenus dans le livre VII des Commentaires.
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+
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+ Cependant, les progrès importants de l'archéologie de la France gallo-romaine au cours des quarante dernières années ont livré de très nombreux éléments permettant de mieux cerner le personnage et son contexte.
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+ Vercingétorix est probablement né en Auvergne, à Gergovie selon Strabon[7]. Il est aussi possible de songer à la ville de Nemossos, mentionnée par Strabon[8], qui est parfois assimilée à l'actuelle Clermont-Ferrand, mais les fouilles archéologiques les plus récentes semblent révéler la capitale des Arvernes non pas sous l'actuelle Clermont-Ferrand, mais plutôt à Corent. Les fouilles actuelles révèlent l'exceptionnelle urbanisation de cette zone de la Limagne et son développement polycentrique ; il semblerait qu'à l'époque de Jules César coexistaient là trois oppidums fortifiés, celui de Gergovie, celui de Gondole et l'agglomération de Corent. De nouvelles découvertes restent cependant possibles.
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+
17
+ Sa date de naissance n'est pas non plus connue, si ce n'est par une déduction du texte de César qui fait référence à un adulescens en -52[9], soit, en droit romain, à un homme de moins de trente ans. On peut donc en déduire une naissance autour de l'an -80[10], quoique l'on retienne la date de -72 par convention.
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19
+ Il est le fils de Celtillos, chef d'un des principaux clans arvernes, un des peuples gaulois les plus puissants et qui fut opposé à Rome à la fin du IIe siècle av. J.-C. Son père aurait été mis à mort par les familles aristocratiques arvernes pour avoir tenté de rétablir la royauté à son profit (principatus totus Galliae)[11], abolie et remplacée par un régime aristocratique dans les années -120 par Rome, imposant ses conditions de vainqueur et emmenant en captivité Bituitos, le dernier roi vaincu près d'Orange[12]. Ce rejet de la monarchie valait sans doute autant que la crainte d'une dénonciation du traité passé avec Rome, source de paix et de profit pour ce peuple depuis 60 ans[13].
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21
+ Plutarque, dans ses Vies parallèles des hommes illustres, à propos de la biographie de César, estropie son nom en « Ουεργεντοριξ (Ouerguén'torix) » ; Strabon le cite sous une autre forme. Mais tant César lui-même que de nombreuses monnaies font état de ce nom, les monnaies précisant son onomastique exacte : VERCINGETORIXS[15]. Pour l'historien romain Florus, son « nom même semblait fait pour engendrer l'épouvante »[16].
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23
+ Pendant longtemps, après la « redécouverte » des Gaulois et de Vercingétorix au XIXe siècle, les auteurs se sont interrogés pour savoir si le mot « Vercingétorix » était un nom de personne, ou s'il voulait dire « le chef » en langue arverne[17],[18]. Ainsi Jules Michelet le nomme dans son Histoire de France : « le » Vercingétorix[19]. Il y aurait alors plusieurs rois ainsi titrés dans l'histoire gauloise, ce qui expliquerait la relative abondance et la répartition des pièces de monnaie gauloises portant cette inscription. Mais la difficulté restait cependant que « le » Vercingétorix portait alors ce nom avant même que ne lui soit conféré le titre de roi.
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+ D'après des auteurs comme Pierre-Yves Lambert[20], la lettre latine « X » correspond à un Chi grec et se prononce donc comme une jota espagnole adoucie, donc comme le χ grec oriental (l'alphabet grec étant certainement arrivé en Gaule grâce aux Phocéens, qui sont des Grecs orientaux).
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+ Sa signification serait : « grand roi des fantassins » ou, mieux encore, « chef suprême des guerriers »[21] (le terme de fantassin étant vraisemblablement générique), « Roi-suprême-des-Guerriers »[22].
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+ Selon Serge Lewuillon, Vercingétorix avait dû probablement, comme de nombreux aristocrates gaulois du temps de César, frayer avec César, avant de prendre les armes contre lui ; il a pu lui adresser des rapports sur la situation de la Gaule ; ainsi s'expliquerait le fait que César attribue à Vercingétorix un caractère de fourberie. Pour Vincent Guichard, Vercingétorix serait un Gaulois tiraillé, un officier de César qui finit par se révolter. Commentant une tradition selon laquelle Vercingétorix espérait le pardon de César « parce qu'ils avaient été amis », Christian Goudineau explique que Vercingétorix avait dû être un chef allié des Romains, comme César en avait beaucoup ; mais il avait trahi, et fut donc exécuté[23].
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+ Après la défaite des Allobroges à la bataille de Solonion en -61, la Narbonnaise est définitivement soumise, tandis que l'Aquitaine, la Belgique et la Celtique (catégorisation gréco-romaine complètement étrangère aux diverses nations gauloises) restent des territoires encore indépendants de Rome. César, qui est gouverneur de la Gaule cisalpine et de la transalpine (la Narbonnaise), en parle comme constituant les peuples de la Gaule chevelue.
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+ « Gallia est omnis divisa in tres partes », dit César (« la Gaule est divisée en trois parties ») : les Aquitains, les Celtes et les Belges. Après la conquête du Midi de la France, la transalpine, dans les années -125/-122, de nombreux traités commerciaux avaient ébauché des liens importants avec Rome. La Gaule comprend alors plus de soixante peuples, dont certains très connus, comme les Arvernes, les Éduens, les Séquanes, les Rèmes. Au total, ces territoires sont très peuplés et comptent de 9 à 10 millions d'habitants[24].
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+ Depuis le milieu du IIe siècle av. J.-C. et surtout après la conquête romaine du sud, les Éduens ont fait allégeance à Rome et tissé avec elle des liens commerciaux, politiques et militaires très forts. Traditionnellement, les Arvernes, peuple puissant dominant le Massif central, s'y opposent et les conflits sporadiques s'enchaînent jusqu'à la défaite arverne de -121[25].
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+ En -58, Vercingétorix est un jeune homme d'une vingtaine d'années, issu de l'aristocratie et en âge de se battre, lorsque Jules César, prenant prétexte de la migration vers la Saintonge des Helvètes forcés par la pression croissante des Germains d'Arioviste, envahit la Gaule à la tête de ses légions romaines et de contingents alliés gaulois pour venir en aide aux inféodés traditionnels de Rome, les Éduens, menacés à leur tour par les Germains[26]. Il veut soumettre les peuples gaulois à l'autorité de Rome pour servir sa gloire et confisquer leurs légendaires richesses.
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+ Celtillos, l'un des principaux chefs des tribus arvernes, tente alors de prendre la tête du « parti anti-romain » en Gaule, que les Séquanes (affaiblis par le récent affrontement avec Arioviste) avaient dirigé au cours du siècle précédent[27], mais il est exécuté par les familles nobles arvernes favorables au gouvernement aristocratique (l'oncle de Vercingétorix Gobannitio faisant partie de ceux-là) et qui refusent son autorité[28].
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+ Son fils Vercingétorix est alors formé aux armes et comme beaucoup de fils d'aristocrates, entre probablement à ce moment dans l'entourage militaire de César, dont il devient l'un des contubernales (« compagnon de tente »). Il est probablement envoyé par les Arvernes auprès de César, librement, à la tête d'un escadron de cavalerie gauloise et non pas livré comme otage (pratique romaine courante pour s'assurer de la loyauté ou de la neutralité de la nation à qui l'on demande cet otage), comme le suggère Dion Cassius qui décrit leur amitié[29]. Deux éminents historiens, Yann Le Bohec[30] et Paul M.Martin César[31] accréditent pour leur part la thèse d'un Vercingétorix ancien officier de cavalerie de Jules César. César le forme aux méthodes de guerres romaines[32] en échange de sa coopération et de ses connaissances du pays et des pratiques de la Gaule chevelue. Il aurait été le commandant du corps de cavaliers arvernes, réquisitionné au titre des accords conclus en -120[33].
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+ La guerre commence et va durer plus de six ans, César conduisant avec succès les aigles romaines au-delà du Rhin et en Bretagne (l'actuelle Grande-Bretagne). Elle va s'échelonner en de nombreuses campagnes menées chaque année contre les tribus insoumises.
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+ En -58, César décide d'intervenir pour empêcher les Germains d'Arioviste de menacer la paix en Gaule, le bat en Alsace, près de Mulhouse, et fixe pour des siècles la frontière entre Gaulois et Germains sur le Rhin. Ceux-ci ne peuvent plus franchir le fleuve pour s'établir en Gaule sans l'aval des Romains[34].
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+ En 57 av. J.-C., jouant sur la rapidité de déplacement de ses troupes, César se dirige vers le nord-est et décide d'affronter les Belges qui avaient assemblé des masses d'hommes sur les rives de l'Aisne. Il s'enferme dans ses camps et attend de voir la désunion produire ses effets ; puis il affronte successivement et victorieusement les Nerviens de Boduognatos, puis les Bellovaques. Impressionnés, les peuples de l'Armorique se soumettent à leur tour. La Gaule est soumise, la guerre est finie et Rome célèbre le héros en octroyant dix jours de réjouissances[27].
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+ Cependant, César reste en Gaule et doit affronter, à partir de -56, la montée des résistances, particulièrement à l'impôt, et la rébellion des puissants Vénètes du Morbihan et de leurs alliés d'Armorique et d'outre-Manche, les Bretons. La punition des Vénètes est impitoyable, les élites supprimées et le peuple réduit en esclavage.
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+ Au cours de l'hiver 54-53 av. J.-C., une nouvelle révolte d'un peuple de la Meuse, les Éburons, qui réussit à détruire une légion, oblige César à mobiliser une dizaine de légions et il n'hésite pas à pratiquement exterminer ce peuple. Des révoltes sporadiques, comme celle des Carnutes ou des Sénons éclatent au printemps -53. Les Carnutes massacrent à Orléans des négociants romains, le chef sénon Acco est supplicié et Labienus, lieutenant de César, met au pas les Trévires[35].
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53
+ L'hiver -53 arrivant, César rejoint la Gaule cisalpine (Italie du Nord), un de ses commandements militaires. Les Gaulois, connaissant l'anarchie politique qui règne à Rome, tentent un nouveau soulèvement. Vercingétorix se présente désormais en rival[36].
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+ Voulant peut-être profiter de la situation très difficile que connaît Rome avec l'écrasement des légions de Crassus par les Parthes en -53, la fin du Premier triumvirat, et du mécontentement qui couve dans une Gaule lasse de ces années de guerre, Vercingétorix, révoquant l'alliance romaine, revendique à nouveau l'indépendance qui fut fatale à son père :
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57
+ « Le ressentiment de l'indépendance perdue et l'ennui de la domination romaine faisaient dans la Gaule des progrès rapides, et devenaient chaque jour plus vifs, parce que chaque jour aussi, cette domination devenait plus oppressive[37]. »
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+ — Amédée Thierry, Histoire des Gaulois
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+ Dans l'hiver de 53 à 52 av. J.-C., des commerçants romains sont massacrés par les Carnutes à Orléans[38]. À l'annonce du massacre[39], Vercingétorix prend le pouvoir chez les Arvernes et s'impose à la tête du parti anti-romain, notamment grâce à l'art du discours prisé chez les Gaulois comme chez les Romains qu'il a côtoyés. À la fin de -53 et au début de -52, plusieurs armées gauloises alliées traditionnelles des Romains font peu à peu défection et se rangent sous la bannière de Vercingétorix[40].
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+ Selon César, le massacre d'Orléans fut précédé par des réunions tenues « au milieu des bois »[41], bois dans lesquels on reconnaît souvent la forêt des Carnutes. Toujours selon César, le plan du soulèvement général de la Gaule semblait déjà dressé. César toutefois ne nomme aucun des Gaulois présents à cette réunion. Selon C. Goudineau, « ces lignes doivent être lues avec beaucoup de circonspection »[42], le récit de César organisant la mise en scène classique d'une conjuration semblable à celle de Catilina décrite par Salluste. Quoi qu'il en soit, l'annonce du massacre d'Orléans entraîne l'apparition de Vercingétorix dans le récit de César[43]. Vercingétorix, on l'a vu, revendique une position politique forte, semblable sans doute à celle qu'avait eue son père. Selon César, il réunit ses inféodés qui s'arment[43] :
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+ « L'exemple y fut suivi : Vercingétorix, fils de Celtillos, Arverne, jeune homme qui était parmi les plus puissants du pays, dont le père avait eu l'empire de la Gaule et avait été tué par ses compatriotes parce qu'il aspirait à la royauté, convoqua ses partisans et n'eut pas de peine à les enflammer. »
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+ — César, De Bello Gallico, livre VII
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+ Mais Vercingétorix se heurte à l'oligarchie arverne, son oncle Gobannitio en tête, qui est peut-être responsable de l'exécution de son père, et qui le chasse de la ville. Cette opposition de l'oncle au neveu n'est pas fortuite : pour Serge Lewuillon elle est déterminée par le système de parenté gaulois où « la relation avunculaire met en jeu de préférence le côté de la mère, c'est-à-dire la partie la plus sophistiquée du système de la parenté, mais aussi celle qui produit les formules les plus souples et les plus efficaces de l'échange »[44]. L'opposition de Gobannitio à Vercingétorix avait donc des causes politiques mais peut aussi s'expliquer à travers ce que l'anthropologie des systèmes de parenté révèle.
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+ Chassé de Gergovie, Vercingétorix lève des troupes dans la campagne puis revient en force quelques jours plus tard[45], mobilisant le peuple et s'imposant comme le véritable commandant suprême : il est proclamé roi et envoie des ambassades aux principaux peuples de Gaule. Selon Robin Seager[46] le vocabulaire employé par César dans ce récit de la prise de pouvoir est extrêmement connoté et très significatif pour son lectorat romain : les mots qu'il choisit sont à la fois très familiers mais engagent aussi de la part de ces lecteurs des réactions attendues : Vercingétorix est présenté comme un homme au pouvoir considérable, mais la phrase décrivant ses soutiens campagnards utilise des termes propres à le discréditer aux yeux des sénateurs romains, les termes de César sont en effet ceux, utilisés à la même époque pour qualifier les soutiens de Catilina ou Clodius : César dénie donc à Vercingétorix toute légitimité politique et le présente comme un homme dangereux.
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+ Vercingétorix, tout au long de cette année -53, va montrer un réel talent militaire et politique et donner du souci à l'un des stratèges romains les plus talentueux. Son action prend deux formes : il organise la résistance sous forme de guerre de harcèlement (à laquelle la géographie gauloise se prête excellemment) en recourant à la politique de la terre brûlée, ayant compris que l'armée romaine était très dépendante de la logistique de son ravitaillement[47] et il s'emploie à fédérer le plus grand nombre possible de tribus de Gaule contre Jules César.
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+ En janvier 52 av. J.-C., il lance de multiples ambassades auprès des peuples gaulois pour tenter de les rallier, n'hésitant pas à garantir l'alliance par l'échange d'otages. Il tente de s'imposer aux Éduens (dans l'actuelle Saône-et-Loire), alliés des Romains ou, à tout le moins, de les neutraliser. Il envoie un de ses alliés, le Cadurque Lucterios, vers le sud, au contact de la province narbonnaise et réussit à retourner les Rutènes et leurs alliés. La Narbonnaise est ainsi directement menacée. Vercingétorix réussit lui-même à gagner à sa cause les Bituriges, normalement membres de la confédération éduenne. Il inspire rapidement une union des peuples du centre et de l'ouest de la Gaule contre le proconsul[48].
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+ César, sentant le danger imminent d'une insurrection générale de la Gaule, interrompt son séjour en Cisalpine et rejoint fin janvier Narbonne pour rétablir la confiance. Dans un geste tactique audacieux, il traverse la Cévenne enneigée, menaçant le pays arverne, et de là, rapidement, rejoint Agedincum (Sens) plus au nord. Il y retrouve en février six légions cantonnées pour l'hiver pour lutter contre la sédition qui se répand au centre de la Gaule, quatre autres légions restant réparties sur la frontière avec les Trévires et celle avec les Germains[49].
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+ Vercingétorix met en œuvre sa stratégie : éviter l'affrontement direct avec les légions, épuiser l'armée romaine par une course poursuite en créant des « abcès de fixation successifs » et en lui supprimant toute capacité à se nourrir sur l'habitant grâce à la politique de la terre brûlée[50].
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+ Voyant César concentrer ses forces, il reprend l'offensive et affronte les Boïens, un peuple allié de Rome, et surtout membre de la confédération éduenne, testant ainsi sa solidité et défiant le seul peuple gaulois qui lui résiste. Il met le siège devant l'oppidum de Gorgobina (près de Sancerre). Mais le talent et l'intelligence stratégiques de Jules César permettent à ce dernier de bénéficier de l'aide logistique des Boïens, des Rèmes (région de Reims), et surtout des Éduens, en passant des pactes avec tous ceux longtemps réticents à rejoindre les troupes arvernes et la coalition gauloise.
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+ Ainsi, Jules César, après un passage au travers de la Brie ravagée, parvient à prendre la ville de Cenabum (Orléans) qu'il pille et livre aux flammes, puis traverse la Sologne à son tour désertée et assiège Avaricum (Bourges) qui n'a pas brûlé. On s'interroge sur la raison de cette préservation de la ville par les Gaulois, alors que plus de vingt villes des Bituriges avaient brûlé peu avant. César dit que Vercingétorix s'est laissé fléchir par les notables Bituriges qui veulent préserver la ville. Christian Goudineau, résumant les débats historiographiques, penche pour une tactique délibérée de Vercingétorix qui veut « fixer » les légions : les exposer à la guerre d'usure des Gaulois dans un siège long d'une place réputée inexpugnable, pour mieux les détruire lorsqu'elles seront suffisamment affaiblies.
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+ La tactique a échoué grâce à l'art remarquable de César en matière de siège, qui n'hésite pas à créer un camp retranché par ses légionnaires malgré un climat peu agréable, et réussit après de longues semaines à investir la ville. Des dizaines de milliers de défenseurs sont exterminés[51].
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87
+ « Vercingétorix demande aux différents peuples de lui fournir des soldats […] De semblables mesures lui permettent de combler les pertes d'Avaricum. Teutomatos, roi des Nitiobroges (près d'Agen), dont le père avait reçu du Sénat le titre d'ami vint le rejoindre avec une forte troupe de cavaliers et des mercenaires recrutés en Aquitaine »
88
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+ — César, De Bello Gallico, VII, 31
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+ Si la chute d'Avaricum est incontestablement un revers pour Vercingétorix, une partie de sa stratégie est en passe de réussir : les légions souffrent et surtout les alliés de Rome commencent à changer de camp. Encore plus menaçants pour César, les Éduens semblent sur le point de rejoindre la coalition gauloise. En effet, le parti pro-romain mené par Cotos perd le pouvoir au profit de Convictolitavis, d'une famille puissante, comme Dumnorix, l'ancien chef éduen que César avait fait mettre à mort en 55 av. J.-C. En quelques semaines, les Éduens, hésitants, basculent en faveur de Vercingétorix.
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+ Dans le même temps, d'autre peuples de la confédération comme les Parisii et les Sénons se révoltent, obligeant César à envoyer Labienus avec deux légions pour ramener l'ordre[52].
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+ Vercingétorix remonte alors la rive droite de l'Allier ; César le poursuit sur la rive gauche.
96
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97
+ Vercingétorix, fidèle à sa tactique, s'enferme dans Gergovie, près de l'actuel Clermont-Ferrand. César, dans ses Commentaires, prétend qu'il atteint son but de « rabattre la jactance gauloise et redonner du courage aux siens[53] », tout en ayant limité ses pertes à 700 légionnaires, alors que les autres auteurs font état d'un revers inquiétant de César : Plutarque précise que tout allait bien « jusqu'au moment où le peuple éduen entra à son tour dans la guerre. En se joignant aux rebelles, ils provoquèrent un profond découragement dans l'armée de César. C'est pourquoi, celui-ci leva le camp »[54].
98
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99
+ César prend la route du nord-ouest pour faire sa jonction avec les troupes de Labienus et réprimer la révolte des Sénons. Pendant ce temps, l'insurrection se généralise. Vercingétorix parvient à reprendre son titre de chef des Arvernes et à rallier les Éduens à sa cause. Il s'efforce de les lancer contre la province romaine pour achever de déstabiliser César ; mais il n'y réussit pas.
100
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101
+ Vercingétorix s'impose définitivement comme chef de guerre de la coalition gauloise à Bibracte[55]. Une grande partie des peuples gaulois est alors unifiée pour la première fois de son histoire. Il veut probablement défaire César de manière définitive, et croit en sa supériorité, bien que la moitié de ses troupes potentielles ne lui soient pas encore parvenues (elles constitueront l'armée de secours à Alésia).
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+ Jules César a regroupé ses troupes qui forment douze nouvelles légions, soit plus de 50 000 légionnaires, mais il a perdu tous ses auxiliaires gaulois. Il s'efforce de regagner la province, puis l'Italie du Nord. Vercingétorix ne veut pas le laisser échapper et envoie donc sa cavalerie affronter les cavaliers germains de César, à quelques kilomètres d'Alésia : la bataille tourne à l'avantage des Germains[57].
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105
+ Vercingétorix regroupe les forces gauloises (80 000 combattants selon César) à Alésia, oppidum des Mandubiens. Il demande à tous les peuples gaulois de fournir des renforts. Ce sera l'armée de secours, qui atteint plus de 250 000 cavaliers et soldats selon César[58].
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+ Pendant ce temps, César déploie ses dix légions dans des camps placés tout autour et se met en position de siège en faisant construire une énorme double fortification réalisée autour de la place forte, pour empêcher les Gaulois de sortir et se ravitailler, et pour se protéger des attaques des troupes gauloises extérieures[59].
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109
+ Vercingétorix est défait au bout d'une quarantaine de jours de siège, ses troupes mourant de faim. Les armées de renfort gauloises, enfin arrivées, lancent une série d'attaques menées par les chefs lémovices ou éduens : les Romains ne sont pas loin de céder, mais le siège n'est pas brisé. Après que le chef gaulois a envoyé des négociateurs pour traiter de la reddition et que César a répondu en exigeant la livraison des armes et des chefs, le lendemain de la retraite de ses troupes, soit le 27 septembre 52 av. J.-C. selon plusieurs auteurs[60],[61], Vercingetorix lui est livré (Vercingetorix deditur, arma proiciuntur, « on livre Vercingétorix [autre traduction possible : Vercingétorix se livre], on jette les armes »)[62] et selon la mythologie offre sa vie en échange de celle des survivants d'Alésia dans un acte de devotio[63]. Les Gaulois sont désarmés, sortent de la citadelle et sont emmenés en captivité[64]. Selon Plutarque[65], le chef arverne tourne rituellement[66] autour de l'estrade où se tient le vainqueur sur sa sella curulis (siège curule proconsulaire) puis met pied à terre et sans un mot, il jette ses armes (épée, javelot et casque) et ornements (phalère, torque) à ses pieds. Selon Dion Cassius[67], le chef gaulois tombe aux genoux de César, et le supplie en lui pressant les mains. Selon Florus, Vercingétorix s'agenouille et tend les deux mains en disant « Tiens, dit-il, tu as vaincu, toi, le plus valeureux des hommes, un homme valeureux ! », citation probablement apocryphe[68]. La scène est ainsi présentée comme un rituel d’oblation, assez bien attesté chez les peuples celtiques et germaniques[69].
110
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111
+ L'historiographie française nationaliste du XIXe siècle, avec à sa tête Henri Martin, s'est appuyée sur la version brodée de Plutarque[4] pour faire de ce rituel classique de reddition le sacrifice d'un jeune chef gaulois héroïque au destin tragique tout en écornant l’image du vainqueur César, rancunier et impitoyable : le chef gaulois sortant d'Alésia sur son cheval blanc, traversant les lignes romaines et le camp romain avec ses cohortes de légionnaires alignées, se présentant devant César et jetant avec dédain (ultime défi) ses armes au pied du vainqueur, est devenue une image d'Épinal[70].
112
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113
+ Christian Goudineau est fortement opposé à ce scénario qu'il juge irréaliste. En mettant en parallèle, le récit de la reddition d'Alésia et celui de la reddition des Atuatuques en 57 av. J.-C., il émet l'hypothèse que Vercingétorix est livré désarmé après un échange diplomatique — mentionné par César. Alors que celui-ci quitte l’oppidum, ses troupes jettent leurs armes par-dessus le rempart, afin que Jules César puisse constater, de visu, la réalité de leur désarmement[2]. Jean-Louis Brunaux considère qu'il n'est probablement pas arrivé seul, mais enchaîné, encadré par des centurions[71].
114
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115
+ Cette défaite est due aussi bien à la supériorité logistique de son ennemi qu'au manque d'entente entre les peuples et divers chefs gaulois, peu habitués à se battre ensemble, et aux retards pris par la mobilisation des troupes de secours.
116
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117
+ Ce qu'il reste de l'alliance gauloise est d'abord emmené par le chef de l'armée de secours, Lucterios, et résiste jusqu'à la prise d'Uxellodunum en 51 av. J.-C., où elle connaît un terrible châtiment : les mains qui se sont dressées contre Rome sont amputées.
118
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119
+ Jules César exhibe Vercingétorix comme trophée, symbole de sa longue campagne militaire en Gaule, en vue de son triomphe à Rome, cette mode d'exposer à la foule les captifs illustres datant du général Paul Émile[72]. Il est maintenu prisonnier vraisemblablement dans les geôles du Tullianum, jusqu'au triomphe de Jules César, entre août et septembre -46[65],[67]. Il faut cependant considérer cette version avec prudence, Rome n'avait pas pour habitude de maltraiter les chefs vaincus, il était en effet important de les présenter riches et en bonne santé afin que le triomphe de l'armée romaine n'en soit que plus grand[73],[74][source insuffisante].
120
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121
+ Lors du défilé d'un triomphe romain, les chefs vaincus par le général célébré défilaient à la suite des membres du Sénat et il était d'usage de les exécuter à l'issue de ce triomphe. Vercingétorix est donc exhibé à cette occasion, traîné enchaîné derrière le char de César[75]. Aucun historien contemporain de César n'ayant mentionné l'exécution de l'Arverne, on a peut-être douté dès l'Antiquité de sa mise à mort et pensé que Vercingétorix a bénéficié, comme son prédécesseur le roi des Arvernes Bituitos, d'un régime de liberté. Il aurait vécu ses dernières années dans une villa et non pas un cachot, pour finir exécuté sous la pression du Sénat contre la volonté de Jules César. En effet, il est important de rappeler la culture et la clairvoyance dont faisaient preuve ces deux hommes qui s'admiraient mutuellement, d’où leur probable amitié[73],[74][source insuffisante]. Jean-Louis Brunaux considère que la nécessité politique a pris le pas sur toute autre considération : César aurait fait de son ennemi emblématique une victime expiatoire en laissant les geôliers de Vercingétorix l'étrangler dans sa prison, par pitié (lui évitant la multitude de tortures cruelles que subissaient les prisonniers de condition inférieure), peut-être dans les heures qui ont suivi le triomphe. Par cette mort discrète, il aurait effacé le destin héroïque du chef arverne[76]. La version classique telle qu'enseignée jadis dans les manuels scolaires reprend quant à elle la théorie d'une lente agonie ou d'une mort de faim dans un cul de basse-fosse, son corps étant par la suite exposé publiquement dans l'escalier des Gémonies avant d’être jeté dans le Tibre[77].
122
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123
+ Aucune sculpture antique représentant Vercingétorix n'ayant jamais été retrouvée, les peintres, illustrateurs et sculpteurs du XIXe siècle, comme Bartholdi, ont dû imaginer le chef gaulois. Pour ce faire, ils se sont inspirés des descriptions littéraires de Jules César et des auteurs anciens[78], dépeignant les Gaulois comme grands, chevelus et moustachus alors que les monnaies gauloises les représentent plutôt imberbes, avec des cheveux courts et bouclés.
124
+
125
+ Les seuls objets connus qui pourraient représenter Vercingétorix de son vivant sont les monnaies. Depuis les travaux de Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu qui révolutionnèrent la numismatique gauloise dans les années 1950 et 1960[79], on a recensé 25 statères d'or au nom de Vercingétorix et deux de bronze[80]. Ces monnaies sont intéressantes car elles arborent un portrait souligné du nom Vercingetorixs avec une tête imberbe et des cheveux courts bouclés[81], aux antipodes du guerrier moustachu et casqué de l'imagerie scolaire traditionnelle.
126
+
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+ Faut-il pour autant en conclure que le profil — sans particularité — figurant sur ces statères représente Vercingétorix ? Certains spécialistes répondent par la négative et penchent plutôt pour une représentation de type hellénistique[82], d'une divinité qui pourrait être Apollon[83]. Brigitte Fischer, suivant en cela Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, ne voit sur ces monnaies que des représentations d'Apollon imitant en cela le statère de Philippe II de Macédoine[84],[85]. Pour Jean-Louis Brunaux en revanche, ces statères constituent bien la seule représentation physique de Vercingétorix : selon lui si le portrait d'Apollon figurant sur les statères de Philippe II de Macédoine est bien utilisé comme modèle par les graveurs monétaires gaulois du IIIe siècle av. J.-C., ce n'est plus le cas pour ceux du Ier siècle av. J.-C. et le fait que sur les statères de Vercingétorix la légende figure sous le portrait — contrairement aux statères de Philippe II de Macédoine — indique qu'il s'agit bien du portrait du chef gaulois[86].
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+ Paradoxalement, le vrai visage de Vercingétorix pourrait apparaître non pas sur un denier gaulois mais sur un denier romain frappé en 48 av. J.-C. par L. Hostilius Saserna[87],[88]. Il montre le portrait d'un chef[89] gaulois au visage las et émacié, les cheveux coiffés en longues mèches, portant moustache et barbiche, avec un bouclier gaulois muni d'une spina derrière la tête. L'autre face montre un aurige conduisant un bige sur lequel se trouve un guerrier gaulois nu brandissant une lance et tenant un bouclier. Faisant remarquer que ce denier a été frappé par un proche de Jules César à une époque où Vercingétorix était en captivité à Rome, certains numismates retiennent qu'il pourrait s'agir du portrait de Vercingétorix lui-même[90]. En effet, au moment de la réalisation de cette monnaie, Vercingétorix était le Gaulois le plus célèbre présent à Rome et ne pouvait être que le modèle par excellence pour les graveurs. D'autres estiment que le portrait représente un personnage plus âgé que ne l'était Vercingétorix à l'époque (environ 32 ans) et songent à une allégorie de la victoire romaine sur les Gaulois[91].
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+ Les Romains s'enorgueillissaient de montrer sur leurs monnaies des trophées représentant des peuples vaincus (guerriers entravés) ou leurs prestigieux symboles (armes, carnyx)[92] mais la représentation monétaire du visage du chef ennemi reste exceptionnelle. La pièce de L. Hostilius Saserna pourrait s'expliquer par la volonté de présenter un personnage hors du commun, Vercingétorix, le fédérateur des Gaulois. Son portrait émacié serait le reflet de quatre années de captivité éprouvante, ou traduirait la volonté de marquer l'aspect affaibli et désespéré d'un prestigieux ennemi.
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+ L'archéologue Jean-Louis Brunaux rappelle en tout cas que le portrait de Vercingétorix ne peut s'accorder avec la vision traditionnelle des Gaulois en braies, le torse nu sous leur manteau et affichant une forte pilosité (chevelure hirsute, parfois retenue en chignon, longues moustaches tombantes). Les aristocrates arvernes avaient en effet abandonné depuis longtemps cette tenue pour adopter la mode venue de Marseille ou de Rome, celle d'arborer un visage glabre et des cheveux courts, et de porter la toge romaine[93].
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+ Jusqu'au XIXe siècle, les historiens français orientent leurs travaux sur les origines des Francs (par exemple les origines troyennes des dynasties royales) et sur les premiers rois mérovingiens. Néanmoins, plusieurs historiens se sont attachés à mettre en lumière les origines gauloises et ont traité de Vercingétorix, soit d'un point de vue purement historique, soit au point de vue des idées politiques : par exemple Scipion Dupleix (1569-1661), dans ses "Mémoires des Gaules" parus en 1619 (pages 373 à 388).
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+ Dès 1581, l'auteur (sous pseudonyme) du traité De la puissance légitime du prince sur le peuple et du peuple sur le prince, prend l'exemple de Vercingétorix à l'appui de la thèse principale de son ouvrage : « Ambiorix, roy des Eburons ou Liegeons, confesse que lors les Royaumes de la Gaule estoyent tels, que le peuple légitimement assemblé n'avoit pas moins de puissance sur le Roy que le Roy sur le peuple. Ce qui apparaît aussi en Vercingétorix, lequel rend raison de son fait devant l'assemblée du peuple » (page 120).
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+ En 1629, Jean Bodin parle de Vercingétorix dans les Six livres de la République.
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+ Au XIXe siècle, la figure de Vercingétorix est « redécouverte », ainsi que l'importance des Gaulois pour l'histoire de France. Cette redécouverte est l'œuvre d'Amédée Thierry qui publie en 1828, l’Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés et dans laquelle Vercingétorix est présenté comme le défenseur de « l'indépendance de la Gaule »[94]. Bien que suivant au plus près le texte de César, il en donne une version vivante et romantique qui fait de son ouvrage un immense succès populaire. Puis Henri Martin dans son Histoire de France populaire (1867 à 1875) célèbre sous une veine « nationale » les Gaulois, grands blonds aux yeux bleus, et leurs chefs, dont Vercingétorix. Un autre historien, Rémi Mallet dira : « Henri Martin parvient à doter la France et les Français d'ancêtres réels et sympathiques […]. Il réussit à vulgariser et à faire admettre définitivement l'existence de Vercingétorix[95]. »
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+ Napoléon III écrit dans son Histoire de Jules César (1865–1866) - ouvrage où il entendait justifier l'exercice du pouvoir autoritaire, et montrer que « le césarisme fait le bonheur des peuples[96]» : « Tout en honorant la mémoire de Vercingétorix, il ne nous est pas permis de déplorer sa défaite. Admirons l'amour sincère de ce chef gaulois pour l'indépendance de son pays. Mais n'oublions pas que c'est au triomphe des armées romaines qu'est due notre civilisation : institutions, mœurs, langue, tout nous vient de la conquête. Aussi sommes-nous bien plus des fils des vainqueurs que ceux des vaincus[97] ». Napoléon III tient par ailleurs en Algérie en 1865 un discours dans lequel il dit aux Algériens que vaincus, ils sont promis à ressusciter, comme les Gaulois, dans un ordre nouveau, une civilisation nouvelle ; comme celle de Vercingétorix, leur défaite ouvre sur une victoire[98].
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+ Cependant, au cours de ses recherches sur Jules César, qu'il regarde comme porteur de civilisation dans des terres « barbares », Napoléon III est amené à s'intéresser à la Gaule. Il contribue à la redécouverte et à la mise en valeur de l'histoire des peuples gaulois.
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+ En 1866, l'empereur fait ériger une statue de sept mètres de haut de Vercingétorix, par Aimé Millet, sur le site présumé du siège d'Alésia qu'il avait fait fouiller par le colonel Stoffel à Alise-Sainte-Reine, à 60 km au nord-ouest de Dijon, en Bourgogne[99]. Sur le socle, dessiné par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, on peut lire :
148
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+ En pleine époque des nationalismes européens, la figure de Vercingétorix va ainsi jouer un rôle essentiel dans la construction des stéréotypes nationaux de la France, à l'instar d'Hermann le Germain en Allemagne[101].
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+ C'est la Troisième République, surtout, qui instrumentalise Vercingétorix en insistant sur son rôle héroïque de résistant à l'envahisseur et symbole de ce qui fait l'essence française. Cette propagande est destinée à exalter le patriotisme des Français en exacerbant le sentiment de revanche après la défaite de 1870 contre l'Allemagne fraîchement unifiée derrière la Prusse. L'image du patriote gaulois qui se lève contre l'envahisseur est magnifiée par les manuels scolaires, dont le Lavisse : « La Gaule fut conquise par les Romains, malgré la vaillante défense du Gaulois Vercingétorix qui est le premier héros de notre histoire »[102]. Cette vision de l'histoire est reprise par le célèbre Tour de la France par deux enfants de G. Bruno, paru en 1877, imprimé à 7 millions d'exemplaires dans les trente années suivantes, et qui dans un chapitre faisait dialoguer le jeune Alsacien avec un écolier d'Auvergne :
152
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153
+ « Laquelle voudriez-vous avoir en vous, de l'âme héroïque du jeune Gaulois, défenseur de vos ancêtres, ou de l'âme ambitieuse et insensible du conquérant romain ?
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+ - Oh ! s'écria Julien tout ému de sa lecture, je n'hésiterais pas, j'aimerais encore mieux souffrir tout ce qu'a souffert Vercingétorix que d'être cruel comme César. »
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+ Ce n'est qu'avec Camille Jullian qui publie, en 1901, son ouvrage Vercingétorix[103] que se constitue enfin l'image moderne de Vercingétorix. Camille Jullian écrit : « Les historiens de tous les pays et de toutes les tendances, ceux qui n'ont eu que dédain pour la faiblesse des Gaulois, ceux à qui le mirage des idées fait oublier la vie des hommes, et qui se refusent à chercher des héros, Allemands acharnés à flageller la France sous le nom de Gaule, Français qui redoutent de céder à leur patriotisme, tous se sont inclinés de respect devant le sacrifice de Vercingétorix. Et s'il a échoué dans sa tâche, ce fut surtout la faute d'autres hommes. […] Entre lui et César, je n'hésite pas, il était le véritable héros, l'homme digne de commander à des hommes, et de plaire aux dieux. Mais les dieux de ce temps, comme dira le poète, n'aimaient pas les nations vaincues[104] ». Comme l'a dit Albert Grenier, successeur de Camille Jullian au Collège de France : « Cherchant Vercingétorix, Jullian a trouvé la Gaule ». Elle a depuis été constamment précisée, même si l'on a vu que les éléments précis sur sa vie reposent encore essentiellement sur la lecture critique du texte éminemment politique de César.
157
+
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+ Aujourd'hui, loin des circonstances historiques qui ont motivé sa promotion en héros national, la figure de Vercingétorix reste un des puissants symboles de l'identité nationale française en s’inspirant de la tradition historiographique antérieure fossilisée dans les mémoires. Sans doute plus que le reste, l’incertitude qui règne sur la connaissance de nos origines entretient la part de mythe qu’elle recèle[105].
159
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+ Avec la disparition des Gaulois et de Vercingétorix de l'histoire pendant plus de dix-huit siècles, il n'y a pas de représentations de celui-ci dans la statuaire ou la peinture avant le XIXe siècle. Il faut attendre 1865 pour voir se réaliser les statues officielles monumentales de Vercingétorix à Alise-Sainte-Reine (par Millet, 1865) et Clermont-Ferrand (par Frédéric Auguste Bartholdi, 1903). Au XXe siècle, Vercingétorix et Jules César ont été représentés à égalité de stature par deux des trois statues d'honneur de l'étrange palais idéal du facteur Cheval à Hauterives, dans la Drôme.
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+ De très nombreuses représentations de Vercingétorix, images d'Épinal, tableaux, ont été réalisées au cours du XIXe siècle :
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+ Bertin, salon de 1867, Chatrousse, salon de 1877, Mouly, salon de 1886, Segoffin, salon de 1911.
164
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+ Figure radicale du Puy-de-Dôme, Étienne Clémentel lui consacre, avec le librettiste Joseph-Henri Louwyck et le compositeur Joseph Canteloube, une épopée lyrique en quatre actes, dont la première a lieu à l'opéra Garnier le 26 juin 1933.
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+ François-Émile Ehrmann, Vercingétorix appelant les Gaulois à la défense d'Alésia, vers 1869.
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+ Henri-Paul Motte, Vercingétorix se rend à César, 1886.
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+ Durant la seconde partie du XXe siècle, le héros populaire figure à de nombreuses reprises dans la bande dessinée :
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+ Ces trois jeux vidéo sont des jeux de stratégie temps réel conçus pour être joués sur ordinateur personnel. Dans ces trois jeux qui se déroulent pendant l'Antiquité romaine, Vercingétorix apparaît comme chef des Gaulois et ennemi dans la campagne romaine qui retrace la guerre des Gaules du point de vue de César.
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+ Vercingétorix, né aux environs de 80 av. J.-C.[note 1] sur le territoire des Arvernes (actuelle Auvergne[note 2]), et mort à l'automne -46 à Rome, est un chef et roi des Arvernes[1]. Il fédère une partie des peuples gaulois dans le cadre d'une révolte contre les forces romaines au cours de la dernière phase de la guerre des Gaules de Jules César.
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+ Fils de Celtillos, noble et probable chef arverne, Vercingétorix arrive au pouvoir après sa désignation officielle comme chef des Arvernes en -52. Il établit immédiatement une alliance avec d'autres tribus gauloises, prend la tête du commandement, combine toutes les forces, et les conduit dans la plus importante révolte des Gaulois contre le pouvoir romain. Il remporte la bataille de Gergovie face à Jules César dans laquelle de nombreux Romains et alliés sont tués. En conséquence, les légions romaines de César se retirent d'Arvénie (actuelle Auvergne).
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+ Cependant, César parvient à exploiter les divisions internes entre les peuples gaulois pour facilement subjuguer leurs territoires, et la tentative de Vercingétorix d'unir les Gaulois contre l'invasion romaine arrive tardivement. À la bataille d'Alésia, les Romains assiègent et défont ses forces. Afin de sauver autant de ses hommes que possible, il se livre aux Romains. Il est retenu prisonnier pendant cinq ans. En -46, dans le cadre du triomphe de César, Vercingétorix est exhibé dans les rues de Rome, au sein du défilé triomphal, puis exécuté par étranglement sur ordre de César. Il est principalement connu grâce aux Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César.
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+ Oubliée jusqu'au milieu du XIXe siècle, sa figure de représentant de la civilisation gauloise est largement mise en avant sous Napoléon III ; puis, dans le cadre de l'affrontement franco-allemand, il incarne une figure mythique et nationale de tout premier ordre pour la France, dans une partie importante de l'historiographie du temps. Entre 1870 et 1950, l'histoire de la France telle qu'elle est enseignée à des générations d'écoliers, fait de lui le tout premier chef de la nation.
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11
+ Les documents historiques témoignant de la vie de Vercingétorix sont peu nombreux et doivent être critiqués et interprétés, particulièrement à la lumière de l'archéologie[2]. Ce sont essentiellement des écrits d'auteurs anciens, dont Strabon[3], Plutarque[4], Florus résumant Tite-Live[5], et Dion Cassius[6]. Mais Vercingétorix est avant tout connu au travers des Commentaires sur la Guerre des Gaules, destinés au Sénat romain, que Jules César rédige tout au long de ses campagnes et compile après sa victoire finale d'Alésia sur les Gaulois. Les éléments relatifs à Vercingétorix sont tout entiers contenus dans le livre VII des Commentaires.
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+ Cependant, les progrès importants de l'archéologie de la France gallo-romaine au cours des quarante dernières années ont livré de très nombreux éléments permettant de mieux cerner le personnage et son contexte.
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+ Vercingétorix est probablement né en Auvergne, à Gergovie selon Strabon[7]. Il est aussi possible de songer à la ville de Nemossos, mentionnée par Strabon[8], qui est parfois assimilée à l'actuelle Clermont-Ferrand, mais les fouilles archéologiques les plus récentes semblent révéler la capitale des Arvernes non pas sous l'actuelle Clermont-Ferrand, mais plutôt à Corent. Les fouilles actuelles révèlent l'exceptionnelle urbanisation de cette zone de la Limagne et son développement polycentrique ; il semblerait qu'à l'époque de Jules César coexistaient là trois oppidums fortifiés, celui de Gergovie, celui de Gondole et l'agglomération de Corent. De nouvelles découvertes restent cependant possibles.
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+ Sa date de naissance n'est pas non plus connue, si ce n'est par une déduction du texte de César qui fait référence à un adulescens en -52[9], soit, en droit romain, à un homme de moins de trente ans. On peut donc en déduire une naissance autour de l'an -80[10], quoique l'on retienne la date de -72 par convention.
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19
+ Il est le fils de Celtillos, chef d'un des principaux clans arvernes, un des peuples gaulois les plus puissants et qui fut opposé à Rome à la fin du IIe siècle av. J.-C. Son père aurait été mis à mort par les familles aristocratiques arvernes pour avoir tenté de rétablir la royauté à son profit (principatus totus Galliae)[11], abolie et remplacée par un régime aristocratique dans les années -120 par Rome, imposant ses conditions de vainqueur et emmenant en captivité Bituitos, le dernier roi vaincu près d'Orange[12]. Ce rejet de la monarchie valait sans doute autant que la crainte d'une dénonciation du traité passé avec Rome, source de paix et de profit pour ce peuple depuis 60 ans[13].
20
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21
+ Plutarque, dans ses Vies parallèles des hommes illustres, à propos de la biographie de César, estropie son nom en « Ουεργεντοριξ (Ouerguén'torix) » ; Strabon le cite sous une autre forme. Mais tant César lui-même que de nombreuses monnaies font état de ce nom, les monnaies précisant son onomastique exacte : VERCINGETORIXS[15]. Pour l'historien romain Florus, son « nom même semblait fait pour engendrer l'épouvante »[16].
22
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23
+ Pendant longtemps, après la « redécouverte » des Gaulois et de Vercingétorix au XIXe siècle, les auteurs se sont interrogés pour savoir si le mot « Vercingétorix » était un nom de personne, ou s'il voulait dire « le chef » en langue arverne[17],[18]. Ainsi Jules Michelet le nomme dans son Histoire de France : « le » Vercingétorix[19]. Il y aurait alors plusieurs rois ainsi titrés dans l'histoire gauloise, ce qui expliquerait la relative abondance et la répartition des pièces de monnaie gauloises portant cette inscription. Mais la difficulté restait cependant que « le » Vercingétorix portait alors ce nom avant même que ne lui soit conféré le titre de roi.
24
+
25
+ D'après des auteurs comme Pierre-Yves Lambert[20], la lettre latine « X » correspond à un Chi grec et se prononce donc comme une jota espagnole adoucie, donc comme le χ grec oriental (l'alphabet grec étant certainement arrivé en Gaule grâce aux Phocéens, qui sont des Grecs orientaux).
26
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27
+ Sa signification serait : « grand roi des fantassins » ou, mieux encore, « chef suprême des guerriers »[21] (le terme de fantassin étant vraisemblablement générique), « Roi-suprême-des-Guerriers »[22].
28
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29
+ Selon Serge Lewuillon, Vercingétorix avait dû probablement, comme de nombreux aristocrates gaulois du temps de César, frayer avec César, avant de prendre les armes contre lui ; il a pu lui adresser des rapports sur la situation de la Gaule ; ainsi s'expliquerait le fait que César attribue à Vercingétorix un caractère de fourberie. Pour Vincent Guichard, Vercingétorix serait un Gaulois tiraillé, un officier de César qui finit par se révolter. Commentant une tradition selon laquelle Vercingétorix espérait le pardon de César « parce qu'ils avaient été amis », Christian Goudineau explique que Vercingétorix avait dû être un chef allié des Romains, comme César en avait beaucoup ; mais il avait trahi, et fut donc exécuté[23].
30
+
31
+ Après la défaite des Allobroges à la bataille de Solonion en -61, la Narbonnaise est définitivement soumise, tandis que l'Aquitaine, la Belgique et la Celtique (catégorisation gréco-romaine complètement étrangère aux diverses nations gauloises) restent des territoires encore indépendants de Rome. César, qui est gouverneur de la Gaule cisalpine et de la transalpine (la Narbonnaise), en parle comme constituant les peuples de la Gaule chevelue.
32
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33
+ « Gallia est omnis divisa in tres partes », dit César (« la Gaule est divisée en trois parties ») : les Aquitains, les Celtes et les Belges. Après la conquête du Midi de la France, la transalpine, dans les années -125/-122, de nombreux traités commerciaux avaient ébauché des liens importants avec Rome. La Gaule comprend alors plus de soixante peuples, dont certains très connus, comme les Arvernes, les Éduens, les Séquanes, les Rèmes. Au total, ces territoires sont très peuplés et comptent de 9 à 10 millions d'habitants[24].
34
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35
+ Depuis le milieu du IIe siècle av. J.-C. et surtout après la conquête romaine du sud, les Éduens ont fait allégeance à Rome et tissé avec elle des liens commerciaux, politiques et militaires très forts. Traditionnellement, les Arvernes, peuple puissant dominant le Massif central, s'y opposent et les conflits sporadiques s'enchaînent jusqu'à la défaite arverne de -121[25].
36
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37
+ En -58, Vercingétorix est un jeune homme d'une vingtaine d'années, issu de l'aristocratie et en âge de se battre, lorsque Jules César, prenant prétexte de la migration vers la Saintonge des Helvètes forcés par la pression croissante des Germains d'Arioviste, envahit la Gaule à la tête de ses légions romaines et de contingents alliés gaulois pour venir en aide aux inféodés traditionnels de Rome, les Éduens, menacés à leur tour par les Germains[26]. Il veut soumettre les peuples gaulois à l'autorité de Rome pour servir sa gloire et confisquer leurs légendaires richesses.
38
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39
+ Celtillos, l'un des principaux chefs des tribus arvernes, tente alors de prendre la tête du « parti anti-romain » en Gaule, que les Séquanes (affaiblis par le récent affrontement avec Arioviste) avaient dirigé au cours du siècle précédent[27], mais il est exécuté par les familles nobles arvernes favorables au gouvernement aristocratique (l'oncle de Vercingétorix Gobannitio faisant partie de ceux-là) et qui refusent son autorité[28].
40
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41
+ Son fils Vercingétorix est alors formé aux armes et comme beaucoup de fils d'aristocrates, entre probablement à ce moment dans l'entourage militaire de César, dont il devient l'un des contubernales (« compagnon de tente »). Il est probablement envoyé par les Arvernes auprès de César, librement, à la tête d'un escadron de cavalerie gauloise et non pas livré comme otage (pratique romaine courante pour s'assurer de la loyauté ou de la neutralité de la nation à qui l'on demande cet otage), comme le suggère Dion Cassius qui décrit leur amitié[29]. Deux éminents historiens, Yann Le Bohec[30] et Paul M.Martin César[31] accréditent pour leur part la thèse d'un Vercingétorix ancien officier de cavalerie de Jules César. César le forme aux méthodes de guerres romaines[32] en échange de sa coopération et de ses connaissances du pays et des pratiques de la Gaule chevelue. Il aurait été le commandant du corps de cavaliers arvernes, réquisitionné au titre des accords conclus en -120[33].
42
+
43
+ La guerre commence et va durer plus de six ans, César conduisant avec succès les aigles romaines au-delà du Rhin et en Bretagne (l'actuelle Grande-Bretagne). Elle va s'échelonner en de nombreuses campagnes menées chaque année contre les tribus insoumises.
44
+
45
+ En -58, César décide d'intervenir pour empêcher les Germains d'Arioviste de menacer la paix en Gaule, le bat en Alsace, près de Mulhouse, et fixe pour des siècles la frontière entre Gaulois et Germains sur le Rhin. Ceux-ci ne peuvent plus franchir le fleuve pour s'établir en Gaule sans l'aval des Romains[34].
46
+
47
+ En 57 av. J.-C., jouant sur la rapidité de déplacement de ses troupes, César se dirige vers le nord-est et décide d'affronter les Belges qui avaient assemblé des masses d'hommes sur les rives de l'Aisne. Il s'enferme dans ses camps et attend de voir la désunion produire ses effets ; puis il affronte successivement et victorieusement les Nerviens de Boduognatos, puis les Bellovaques. Impressionnés, les peuples de l'Armorique se soumettent à leur tour. La Gaule est soumise, la guerre est finie et Rome célèbre le héros en octroyant dix jours de réjouissances[27].
48
+
49
+ Cependant, César reste en Gaule et doit affronter, à partir de -56, la montée des résistances, particulièrement à l'impôt, et la rébellion des puissants Vénètes du Morbihan et de leurs alliés d'Armorique et d'outre-Manche, les Bretons. La punition des Vénètes est impitoyable, les élites supprimées et le peuple réduit en esclavage.
50
+
51
+ Au cours de l'hiver 54-53 av. J.-C., une nouvelle révolte d'un peuple de la Meuse, les Éburons, qui réussit à détruire une légion, oblige César à mobiliser une dizaine de légions et il n'hésite pas à pratiquement exterminer ce peuple. Des révoltes sporadiques, comme celle des Carnutes ou des Sénons éclatent au printemps -53. Les Carnutes massacrent à Orléans des négociants romains, le chef sénon Acco est supplicié et Labienus, lieutenant de César, met au pas les Trévires[35].
52
+
53
+ L'hiver -53 arrivant, César rejoint la Gaule cisalpine (Italie du Nord), un de ses commandements militaires. Les Gaulois, connaissant l'anarchie politique qui règne à Rome, tentent un nouveau soulèvement. Vercingétorix se présente désormais en rival[36].
54
+
55
+ Voulant peut-être profiter de la situation très difficile que connaît Rome avec l'écrasement des légions de Crassus par les Parthes en -53, la fin du Premier triumvirat, et du mécontentement qui couve dans une Gaule lasse de ces années de guerre, Vercingétorix, révoquant l'alliance romaine, revendique à nouveau l'indépendance qui fut fatale à son père :
56
+
57
+ « Le ressentiment de l'indépendance perdue et l'ennui de la domination romaine faisaient dans la Gaule des progrès rapides, et devenaient chaque jour plus vifs, parce que chaque jour aussi, cette domination devenait plus oppressive[37]. »
58
+
59
+ — Amédée Thierry, Histoire des Gaulois
60
+
61
+ Dans l'hiver de 53 à 52 av. J.-C., des commerçants romains sont massacrés par les Carnutes à Orléans[38]. À l'annonce du massacre[39], Vercingétorix prend le pouvoir chez les Arvernes et s'impose à la tête du parti anti-romain, notamment grâce à l'art du discours prisé chez les Gaulois comme chez les Romains qu'il a côtoyés. À la fin de -53 et au début de -52, plusieurs armées gauloises alliées traditionnelles des Romains font peu à peu défection et se rangent sous la bannière de Vercingétorix[40].
62
+
63
+ Selon César, le massacre d'Orléans fut précédé par des réunions tenues « au milieu des bois »[41], bois dans lesquels on reconnaît souvent la forêt des Carnutes. Toujours selon César, le plan du soulèvement général de la Gaule semblait déjà dressé. César toutefois ne nomme aucun des Gaulois présents à cette réunion. Selon C. Goudineau, « ces lignes doivent être lues avec beaucoup de circonspection »[42], le récit de César organisant la mise en scène classique d'une conjuration semblable à celle de Catilina décrite par Salluste. Quoi qu'il en soit, l'annonce du massacre d'Orléans entraîne l'apparition de Vercingétorix dans le récit de César[43]. Vercingétorix, on l'a vu, revendique une position politique forte, semblable sans doute à celle qu'avait eue son père. Selon César, il réunit ses inféodés qui s'arment[43] :
64
+
65
+ « L'exemple y fut suivi : Vercingétorix, fils de Celtillos, Arverne, jeune homme qui était parmi les plus puissants du pays, dont le père avait eu l'empire de la Gaule et avait été tué par ses compatriotes parce qu'il aspirait à la royauté, convoqua ses partisans et n'eut pas de peine à les enflammer. »
66
+
67
+ — César, De Bello Gallico, livre VII
68
+
69
+ Mais Vercingétorix se heurte à l'oligarchie arverne, son oncle Gobannitio en tête, qui est peut-être responsable de l'exécution de son père, et qui le chasse de la ville. Cette opposition de l'oncle au neveu n'est pas fortuite : pour Serge Lewuillon elle est déterminée par le système de parenté gaulois où « la relation avunculaire met en jeu de préférence le côté de la mère, c'est-à-dire la partie la plus sophistiquée du système de la parenté, mais aussi celle qui produit les formules les plus souples et les plus efficaces de l'échange »[44]. L'opposition de Gobannitio à Vercingétorix avait donc des causes politiques mais peut aussi s'expliquer à travers ce que l'anthropologie des systèmes de parenté révèle.
70
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71
+ Chassé de Gergovie, Vercingétorix lève des troupes dans la campagne puis revient en force quelques jours plus tard[45], mobilisant le peuple et s'imposant comme le véritable commandant suprême : il est proclamé roi et envoie des ambassades aux principaux peuples de Gaule. Selon Robin Seager[46] le vocabulaire employé par César dans ce récit de la prise de pouvoir est extrêmement connoté et très significatif pour son lectorat romain : les mots qu'il choisit sont à la fois très familiers mais engagent aussi de la part de ces lecteurs des réactions attendues : Vercingétorix est présenté comme un homme au pouvoir considérable, mais la phrase décrivant ses soutiens campagnards utilise des termes propres à le discréditer aux yeux des sénateurs romains, les termes de César sont en effet ceux, utilisés à la même époque pour qualifier les soutiens de Catilina ou Clodius : César dénie donc à Vercingétorix toute légitimité politique et le présente comme un homme dangereux.
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+ Vercingétorix, tout au long de cette année -53, va montrer un réel talent militaire et politique et donner du souci à l'un des stratèges romains les plus talentueux. Son action prend deux formes : il organise la résistance sous forme de guerre de harcèlement (à laquelle la géographie gauloise se prête excellemment) en recourant à la politique de la terre brûlée, ayant compris que l'armée romaine était très dépendante de la logistique de son ravitaillement[47] et il s'emploie à fédérer le plus grand nombre possible de tribus de Gaule contre Jules César.
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+ En janvier 52 av. J.-C., il lance de multiples ambassades auprès des peuples gaulois pour tenter de les rallier, n'hésitant pas à garantir l'alliance par l'échange d'otages. Il tente de s'imposer aux Éduens (dans l'actuelle Saône-et-Loire), alliés des Romains ou, à tout le moins, de les neutraliser. Il envoie un de ses alliés, le Cadurque Lucterios, vers le sud, au contact de la province narbonnaise et réussit à retourner les Rutènes et leurs alliés. La Narbonnaise est ainsi directement menacée. Vercingétorix réussit lui-même à gagner à sa cause les Bituriges, normalement membres de la confédération éduenne. Il inspire rapidement une union des peuples du centre et de l'ouest de la Gaule contre le proconsul[48].
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+ César, sentant le danger imminent d'une insurrection générale de la Gaule, interrompt son séjour en Cisalpine et rejoint fin janvier Narbonne pour rétablir la confiance. Dans un geste tactique audacieux, il traverse la Cévenne enneigée, menaçant le pays arverne, et de là, rapidement, rejoint Agedincum (Sens) plus au nord. Il y retrouve en février six légions cantonnées pour l'hiver pour lutter contre la sédition qui se répand au centre de la Gaule, quatre autres légions restant réparties sur la frontière avec les Trévires et celle avec les Germains[49].
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+ Vercingétorix met en œuvre sa stratégie : éviter l'affrontement direct avec les légions, épuiser l'armée romaine par une course poursuite en créant des « abcès de fixation successifs » et en lui supprimant toute capacité à se nourrir sur l'habitant grâce à la politique de la terre brûlée[50].
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+ Voyant César concentrer ses forces, il reprend l'offensive et affronte les Boïens, un peuple allié de Rome, et surtout membre de la confédération éduenne, testant ainsi sa solidité et défiant le seul peuple gaulois qui lui résiste. Il met le siège devant l'oppidum de Gorgobina (près de Sancerre). Mais le talent et l'intelligence stratégiques de Jules César permettent à ce dernier de bénéficier de l'aide logistique des Boïens, des Rèmes (région de Reims), et surtout des Éduens, en passant des pactes avec tous ceux longtemps réticents à rejoindre les troupes arvernes et la coalition gauloise.
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+ Ainsi, Jules César, après un passage au travers de la Brie ravagée, parvient à prendre la ville de Cenabum (Orléans) qu'il pille et livre aux flammes, puis traverse la Sologne à son tour désertée et assiège Avaricum (Bourges) qui n'a pas brûlé. On s'interroge sur la raison de cette préservation de la ville par les Gaulois, alors que plus de vingt villes des Bituriges avaient brûlé peu avant. César dit que Vercingétorix s'est laissé fléchir par les notables Bituriges qui veulent préserver la ville. Christian Goudineau, résumant les débats historiographiques, penche pour une tactique délibérée de Vercingétorix qui veut « fixer » les légions : les exposer à la guerre d'usure des Gaulois dans un siège long d'une place réputée inexpugnable, pour mieux les détruire lorsqu'elles seront suffisamment affaiblies.
84
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+ La tactique a échoué grâce à l'art remarquable de César en matière de siège, qui n'hésite pas à créer un camp retranché par ses légionnaires malgré un climat peu agréable, et réussit après de longues semaines à investir la ville. Des dizaines de milliers de défenseurs sont exterminés[51].
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+ « Vercingétorix demande aux différents peuples de lui fournir des soldats […] De semblables mesures lui permettent de combler les pertes d'Avaricum. Teutomatos, roi des Nitiobroges (près d'Agen), dont le père avait reçu du Sénat le titre d'ami vint le rejoindre avec une forte troupe de cavaliers et des mercenaires recrutés en Aquitaine »
88
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+ — César, De Bello Gallico, VII, 31
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+ Si la chute d'Avaricum est incontestablement un revers pour Vercingétorix, une partie de sa stratégie est en passe de réussir : les légions souffrent et surtout les alliés de Rome commencent à changer de camp. Encore plus menaçants pour César, les Éduens semblent sur le point de rejoindre la coalition gauloise. En effet, le parti pro-romain mené par Cotos perd le pouvoir au profit de Convictolitavis, d'une famille puissante, comme Dumnorix, l'ancien chef éduen que César avait fait mettre à mort en 55 av. J.-C. En quelques semaines, les Éduens, hésitants, basculent en faveur de Vercingétorix.
92
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+ Dans le même temps, d'autre peuples de la confédération comme les Parisii et les Sénons se révoltent, obligeant César à envoyer Labienus avec deux légions pour ramener l'ordre[52].
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+ Vercingétorix remonte alors la rive droite de l'Allier ; César le poursuit sur la rive gauche.
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+ Vercingétorix, fidèle à sa tactique, s'enferme dans Gergovie, près de l'actuel Clermont-Ferrand. César, dans ses Commentaires, prétend qu'il atteint son but de « rabattre la jactance gauloise et redonner du courage aux siens[53] », tout en ayant limité ses pertes à 700 légionnaires, alors que les autres auteurs font état d'un revers inquiétant de César : Plutarque précise que tout allait bien « jusqu'au moment où le peuple éduen entra à son tour dans la guerre. En se joignant aux rebelles, ils provoquèrent un profond découragement dans l'armée de César. C'est pourquoi, celui-ci leva le camp »[54].
98
+
99
+ César prend la route du nord-ouest pour faire sa jonction avec les troupes de Labienus et réprimer la révolte des Sénons. Pendant ce temps, l'insurrection se généralise. Vercingétorix parvient à reprendre son titre de chef des Arvernes et à rallier les Éduens à sa cause. Il s'efforce de les lancer contre la province romaine pour achever de déstabiliser César ; mais il n'y réussit pas.
100
+
101
+ Vercingétorix s'impose définitivement comme chef de guerre de la coalition gauloise à Bibracte[55]. Une grande partie des peuples gaulois est alors unifiée pour la première fois de son histoire. Il veut probablement défaire César de manière définitive, et croit en sa supériorité, bien que la moitié de ses troupes potentielles ne lui soient pas encore parvenues (elles constitueront l'armée de secours à Alésia).
102
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103
+ Jules César a regroupé ses troupes qui forment douze nouvelles légions, soit plus de 50 000 légionnaires, mais il a perdu tous ses auxiliaires gaulois. Il s'efforce de regagner la province, puis l'Italie du Nord. Vercingétorix ne veut pas le laisser échapper et envoie donc sa cavalerie affronter les cavaliers germains de César, à quelques kilomètres d'Alésia : la bataille tourne à l'avantage des Germains[57].
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105
+ Vercingétorix regroupe les forces gauloises (80 000 combattants selon César) à Alésia, oppidum des Mandubiens. Il demande à tous les peuples gaulois de fournir des renforts. Ce sera l'armée de secours, qui atteint plus de 250 000 cavaliers et soldats selon César[58].
106
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107
+ Pendant ce temps, César déploie ses dix légions dans des camps placés tout autour et se met en position de siège en faisant construire une énorme double fortification réalisée autour de la place forte, pour empêcher les Gaulois de sortir et se ravitailler, et pour se protéger des attaques des troupes gauloises extérieures[59].
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+ Vercingétorix est défait au bout d'une quarantaine de jours de siège, ses troupes mourant de faim. Les armées de renfort gauloises, enfin arrivées, lancent une série d'attaques menées par les chefs lémovices ou éduens : les Romains ne sont pas loin de céder, mais le siège n'est pas brisé. Après que le chef gaulois a envoyé des négociateurs pour traiter de la reddition et que César a répondu en exigeant la livraison des armes et des chefs, le lendemain de la retraite de ses troupes, soit le 27 septembre 52 av. J.-C. selon plusieurs auteurs[60],[61], Vercingetorix lui est livré (Vercingetorix deditur, arma proiciuntur, « on livre Vercingétorix [autre traduction possible : Vercingétorix se livre], on jette les armes »)[62] et selon la mythologie offre sa vie en échange de celle des survivants d'Alésia dans un acte de devotio[63]. Les Gaulois sont désarmés, sortent de la citadelle et sont emmenés en captivité[64]. Selon Plutarque[65], le chef arverne tourne rituellement[66] autour de l'estrade où se tient le vainqueur sur sa sella curulis (siège curule proconsulaire) puis met pied à terre et sans un mot, il jette ses armes (épée, javelot et casque) et ornements (phalère, torque) à ses pieds. Selon Dion Cassius[67], le chef gaulois tombe aux genoux de César, et le supplie en lui pressant les mains. Selon Florus, Vercingétorix s'agenouille et tend les deux mains en disant « Tiens, dit-il, tu as vaincu, toi, le plus valeureux des hommes, un homme valeureux ! », citation probablement apocryphe[68]. La scène est ainsi présentée comme un rituel d’oblation, assez bien attesté chez les peuples celtiques et germaniques[69].
110
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111
+ L'historiographie française nationaliste du XIXe siècle, avec à sa tête Henri Martin, s'est appuyée sur la version brodée de Plutarque[4] pour faire de ce rituel classique de reddition le sacrifice d'un jeune chef gaulois héroïque au destin tragique tout en écornant l’image du vainqueur César, rancunier et impitoyable : le chef gaulois sortant d'Alésia sur son cheval blanc, traversant les lignes romaines et le camp romain avec ses cohortes de légionnaires alignées, se présentant devant César et jetant avec dédain (ultime défi) ses armes au pied du vainqueur, est devenue une image d'Épinal[70].
112
+
113
+ Christian Goudineau est fortement opposé à ce scénario qu'il juge irréaliste. En mettant en parallèle, le récit de la reddition d'Alésia et celui de la reddition des Atuatuques en 57 av. J.-C., il émet l'hypothèse que Vercingétorix est livré désarmé après un échange diplomatique — mentionné par César. Alors que celui-ci quitte l’oppidum, ses troupes jettent leurs armes par-dessus le rempart, afin que Jules César puisse constater, de visu, la réalité de leur désarmement[2]. Jean-Louis Brunaux considère qu'il n'est probablement pas arrivé seul, mais enchaîné, encadré par des centurions[71].
114
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115
+ Cette défaite est due aussi bien à la supériorité logistique de son ennemi qu'au manque d'entente entre les peuples et divers chefs gaulois, peu habitués à se battre ensemble, et aux retards pris par la mobilisation des troupes de secours.
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117
+ Ce qu'il reste de l'alliance gauloise est d'abord emmené par le chef de l'armée de secours, Lucterios, et résiste jusqu'à la prise d'Uxellodunum en 51 av. J.-C., où elle connaît un terrible châtiment : les mains qui se sont dressées contre Rome sont amputées.
118
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+ Jules César exhibe Vercingétorix comme trophée, symbole de sa longue campagne militaire en Gaule, en vue de son triomphe à Rome, cette mode d'exposer à la foule les captifs illustres datant du général Paul Émile[72]. Il est maintenu prisonnier vraisemblablement dans les geôles du Tullianum, jusqu'au triomphe de Jules César, entre août et septembre -46[65],[67]. Il faut cependant considérer cette version avec prudence, Rome n'avait pas pour habitude de maltraiter les chefs vaincus, il était en effet important de les présenter riches et en bonne santé afin que le triomphe de l'armée romaine n'en soit que plus grand[73],[74][source insuffisante].
120
+
121
+ Lors du défilé d'un triomphe romain, les chefs vaincus par le général célébré défilaient à la suite des membres du Sénat et il était d'usage de les exécuter à l'issue de ce triomphe. Vercingétorix est donc exhibé à cette occasion, traîné enchaîné derrière le char de César[75]. Aucun historien contemporain de César n'ayant mentionné l'exécution de l'Arverne, on a peut-être douté dès l'Antiquité de sa mise à mort et pensé que Vercingétorix a bénéficié, comme son prédécesseur le roi des Arvernes Bituitos, d'un régime de liberté. Il aurait vécu ses dernières années dans une villa et non pas un cachot, pour finir exécuté sous la pression du Sénat contre la volonté de Jules César. En effet, il est important de rappeler la culture et la clairvoyance dont faisaient preuve ces deux hommes qui s'admiraient mutuellement, d’où leur probable amitié[73],[74][source insuffisante]. Jean-Louis Brunaux considère que la nécessité politique a pris le pas sur toute autre considération : César aurait fait de son ennemi emblématique une victime expiatoire en laissant les geôliers de Vercingétorix l'étrangler dans sa prison, par pitié (lui évitant la multitude de tortures cruelles que subissaient les prisonniers de condition inférieure), peut-être dans les heures qui ont suivi le triomphe. Par cette mort discrète, il aurait effacé le destin héroïque du chef arverne[76]. La version classique telle qu'enseignée jadis dans les manuels scolaires reprend quant à elle la théorie d'une lente agonie ou d'une mort de faim dans un cul de basse-fosse, son corps étant par la suite exposé publiquement dans l'escalier des Gémonies avant d’être jeté dans le Tibre[77].
122
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123
+ Aucune sculpture antique représentant Vercingétorix n'ayant jamais été retrouvée, les peintres, illustrateurs et sculpteurs du XIXe siècle, comme Bartholdi, ont dû imaginer le chef gaulois. Pour ce faire, ils se sont inspirés des descriptions littéraires de Jules César et des auteurs anciens[78], dépeignant les Gaulois comme grands, chevelus et moustachus alors que les monnaies gauloises les représentent plutôt imberbes, avec des cheveux courts et bouclés.
124
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125
+ Les seuls objets connus qui pourraient représenter Vercingétorix de son vivant sont les monnaies. Depuis les travaux de Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu qui révolutionnèrent la numismatique gauloise dans les années 1950 et 1960[79], on a recensé 25 statères d'or au nom de Vercingétorix et deux de bronze[80]. Ces monnaies sont intéressantes car elles arborent un portrait souligné du nom Vercingetorixs avec une tête imberbe et des cheveux courts bouclés[81], aux antipodes du guerrier moustachu et casqué de l'imagerie scolaire traditionnelle.
126
+
127
+ Faut-il pour autant en conclure que le profil — sans particularité — figurant sur ces statères représente Vercingétorix ? Certains spécialistes répondent par la négative et penchent plutôt pour une représentation de type hellénistique[82], d'une divinité qui pourrait être Apollon[83]. Brigitte Fischer, suivant en cela Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, ne voit sur ces monnaies que des représentations d'Apollon imitant en cela le statère de Philippe II de Macédoine[84],[85]. Pour Jean-Louis Brunaux en revanche, ces statères constituent bien la seule représentation physique de Vercingétorix : selon lui si le portrait d'Apollon figurant sur les statères de Philippe II de Macédoine est bien utilisé comme modèle par les graveurs monétaires gaulois du IIIe siècle av. J.-C., ce n'est plus le cas pour ceux du Ier siècle av. J.-C. et le fait que sur les statères de Vercingétorix la légende figure sous le portrait — contrairement aux statères de Philippe II de Macédoine — indique qu'il s'agit bien du portrait du chef gaulois[86].
128
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129
+ Paradoxalement, le vrai visage de Vercingétorix pourrait apparaître non pas sur un denier gaulois mais sur un denier romain frappé en 48 av. J.-C. par L. Hostilius Saserna[87],[88]. Il montre le portrait d'un chef[89] gaulois au visage las et émacié, les cheveux coiffés en longues mèches, portant moustache et barbiche, avec un bouclier gaulois muni d'une spina derrière la tête. L'autre face montre un aurige conduisant un bige sur lequel se trouve un guerrier gaulois nu brandissant une lance et tenant un bouclier. Faisant remarquer que ce denier a été frappé par un proche de Jules César à une époque où Vercingétorix était en captivité à Rome, certains numismates retiennent qu'il pourrait s'agir du portrait de Vercingétorix lui-même[90]. En effet, au moment de la réalisation de cette monnaie, Vercingétorix était le Gaulois le plus célèbre présent à Rome et ne pouvait être que le modèle par excellence pour les graveurs. D'autres estiment que le portrait représente un personnage plus âgé que ne l'était Vercingétorix à l'époque (environ 32 ans) et songent à une allégorie de la victoire romaine sur les Gaulois[91].
130
+
131
+ Les Romains s'enorgueillissaient de montrer sur leurs monnaies des trophées représentant des peuples vaincus (guerriers entravés) ou leurs prestigieux symboles (armes, carnyx)[92] mais la représentation monétaire du visage du chef ennemi reste exceptionnelle. La pièce de L. Hostilius Saserna pourrait s'expliquer par la volonté de présenter un personnage hors du commun, Vercingétorix, le fédérateur des Gaulois. Son portrait émacié serait le reflet de quatre années de captivité éprouvante, ou traduirait la volonté de marquer l'aspect affaibli et désespéré d'un prestigieux ennemi.
132
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133
+ L'archéologue Jean-Louis Brunaux rappelle en tout cas que le portrait de Vercingétorix ne peut s'accorder avec la vision traditionnelle des Gaulois en braies, le torse nu sous leur manteau et affichant une forte pilosité (chevelure hirsute, parfois retenue en chignon, longues moustaches tombantes). Les aristocrates arvernes avaient en effet abandonné depuis longtemps cette tenue pour adopter la mode venue de Marseille ou de Rome, celle d'arborer un visage glabre et des cheveux courts, et de porter la toge romaine[93].
134
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135
+ Jusqu'au XIXe siècle, les historiens français orientent leurs travaux sur les origines des Francs (par exemple les origines troyennes des dynasties royales) et sur les premiers rois mérovingiens. Néanmoins, plusieurs historiens se sont attachés à mettre en lumière les origines gauloises et ont traité de Vercingétorix, soit d'un point de vue purement historique, soit au point de vue des idées politiques : par exemple Scipion Dupleix (1569-1661), dans ses "Mémoires des Gaules" parus en 1619 (pages 373 à 388).
136
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137
+ Dès 1581, l'auteur (sous pseudonyme) du traité De la puissance légitime du prince sur le peuple et du peuple sur le prince, prend l'exemple de Vercingétorix à l'appui de la thèse principale de son ouvrage : « Ambiorix, roy des Eburons ou Liegeons, confesse que lors les Royaumes de la Gaule estoyent tels, que le peuple légitimement assemblé n'avoit pas moins de puissance sur le Roy que le Roy sur le peuple. Ce qui apparaît aussi en Vercingétorix, lequel rend raison de son fait devant l'assemblée du peuple » (page 120).
138
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139
+ En 1629, Jean Bodin parle de Vercingétorix dans les Six livres de la République.
140
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141
+ Au XIXe siècle, la figure de Vercingétorix est « redécouverte », ainsi que l'importance des Gaulois pour l'histoire de France. Cette redécouverte est l'œuvre d'Amédée Thierry qui publie en 1828, l’Histoire des Gaulois depuis les temps les plus reculés et dans laquelle Vercingétorix est présenté comme le défenseur de « l'indépendance de la Gaule »[94]. Bien que suivant au plus près le texte de César, il en donne une version vivante et romantique qui fait de son ouvrage un immense succès populaire. Puis Henri Martin dans son Histoire de France populaire (1867 à 1875) célèbre sous une veine « nationale » les Gaulois, grands blonds aux yeux bleus, et leurs chefs, dont Vercingétorix. Un autre historien, Rémi Mallet dira : « Henri Martin parvient à doter la France et les Français d'ancêtres réels et sympathiques […]. Il réussit à vulgariser et à faire admettre définitivement l'existence de Vercingétorix[95]. »
142
+
143
+ Napoléon III écrit dans son Histoire de Jules César (1865–1866) - ouvrage où il entendait justifier l'exercice du pouvoir autoritaire, et montrer que « le césarisme fait le bonheur des peuples[96]» : « Tout en honorant la mémoire de Vercingétorix, il ne nous est pas permis de déplorer sa défaite. Admirons l'amour sincère de ce chef gaulois pour l'indépendance de son pays. Mais n'oublions pas que c'est au triomphe des armées romaines qu'est due notre civilisation : institutions, mœurs, langue, tout nous vient de la conquête. Aussi sommes-nous bien plus des fils des vainqueurs que ceux des vaincus[97] ». Napoléon III tient par ailleurs en Algérie en 1865 un discours dans lequel il dit aux Algériens que vaincus, ils sont promis à ressusciter, comme les Gaulois, dans un ordre nouveau, une civilisation nouvelle ; comme celle de Vercingétorix, leur défaite ouvre sur une victoire[98].
144
+
145
+ Cependant, au cours de ses recherches sur Jules César, qu'il regarde comme porteur de civilisation dans des terres « barbares », Napoléon III est amené à s'intéresser à la Gaule. Il contribue à la redécouverte et à la mise en valeur de l'histoire des peuples gaulois.
146
+
147
+ En 1866, l'empereur fait ériger une statue de sept mètres de haut de Vercingétorix, par Aimé Millet, sur le site présumé du siège d'Alésia qu'il avait fait fouiller par le colonel Stoffel à Alise-Sainte-Reine, à 60 km au nord-ouest de Dijon, en Bourgogne[99]. Sur le socle, dessiné par l'architecte Eugène Viollet-le-Duc, on peut lire :
148
+
149
+ En pleine époque des nationalismes européens, la figure de Vercingétorix va ainsi jouer un rôle essentiel dans la construction des stéréotypes nationaux de la France, à l'instar d'Hermann le Germain en Allemagne[101].
150
+
151
+ C'est la Troisième République, surtout, qui instrumentalise Vercingétorix en insistant sur son rôle héroïque de résistant à l'envahisseur et symbole de ce qui fait l'essence française. Cette propagande est destinée à exalter le patriotisme des Français en exacerbant le sentiment de revanche après la défaite de 1870 contre l'Allemagne fraîchement unifiée derrière la Prusse. L'image du patriote gaulois qui se lève contre l'envahisseur est magnifiée par les manuels scolaires, dont le Lavisse : « La Gaule fut conquise par les Romains, malgré la vaillante défense du Gaulois Vercingétorix qui est le premier héros de notre histoire »[102]. Cette vision de l'histoire est reprise par le célèbre Tour de la France par deux enfants de G. Bruno, paru en 1877, imprimé à 7 millions d'exemplaires dans les trente années suivantes, et qui dans un chapitre faisait dialoguer le jeune Alsacien avec un écolier d'Auvergne :
152
+
153
+ « Laquelle voudriez-vous avoir en vous, de l'âme héroïque du jeune Gaulois, défenseur de vos ancêtres, ou de l'âme ambitieuse et insensible du conquérant romain ?
154
+ - Oh ! s'écria Julien tout ému de sa lecture, je n'hésiterais pas, j'aimerais encore mieux souffrir tout ce qu'a souffert Vercingétorix que d'être cruel comme César. »
155
+
156
+ Ce n'est qu'avec Camille Jullian qui publie, en 1901, son ouvrage Vercingétorix[103] que se constitue enfin l'image moderne de Vercingétorix. Camille Jullian écrit : « Les historiens de tous les pays et de toutes les tendances, ceux qui n'ont eu que dédain pour la faiblesse des Gaulois, ceux à qui le mirage des idées fait oublier la vie des hommes, et qui se refusent à chercher des héros, Allemands acharnés à flageller la France sous le nom de Gaule, Français qui redoutent de céder à leur patriotisme, tous se sont inclinés de respect devant le sacrifice de Vercingétorix. Et s'il a échoué dans sa tâche, ce fut surtout la faute d'autres hommes. […] Entre lui et César, je n'hésite pas, il était le véritable héros, l'homme digne de commander à des hommes, et de plaire aux dieux. Mais les dieux de ce temps, comme dira le poète, n'aimaient pas les nations vaincues[104] ». Comme l'a dit Albert Grenier, successeur de Camille Jullian au Collège de France : « Cherchant Vercingétorix, Jullian a trouvé la Gaule ». Elle a depuis été constamment précisée, même si l'on a vu que les éléments précis sur sa vie reposent encore essentiellement sur la lecture critique du texte éminemment politique de César.
157
+
158
+ Aujourd'hui, loin des circonstances historiques qui ont motivé sa promotion en héros national, la figure de Vercingétorix reste un des puissants symboles de l'identité nationale française en s’inspirant de la tradition historiographique antérieure fossilisée dans les mémoires. Sans doute plus que le reste, l’incertitude qui règne sur la connaissance de nos origines entretient la part de mythe qu’elle recèle[105].
159
+
160
+ Avec la disparition des Gaulois et de Vercingétorix de l'histoire pendant plus de dix-huit siècles, il n'y a pas de représentations de celui-ci dans la statuaire ou la peinture avant le XIXe siècle. Il faut attendre 1865 pour voir se réaliser les statues officielles monumentales de Vercingétorix à Alise-Sainte-Reine (par Millet, 1865) et Clermont-Ferrand (par Frédéric Auguste Bartholdi, 1903). Au XXe siècle, Vercingétorix et Jules César ont été représentés à égalité de stature par deux des trois statues d'honneur de l'étrange palais idéal du facteur Cheval à Hauterives, dans la Drôme.
161
+
162
+ De très nombreuses représentations de Vercingétorix, images d'Épinal, tableaux, ont été réalisées au cours du XIXe siècle :
163
+ Bertin, salon de 1867, Chatrousse, salon de 1877, Mouly, salon de 1886, Segoffin, salon de 1911.
164
+
165
+ Figure radicale du Puy-de-Dôme, Étienne Clémentel lui consacre, avec le librettiste Joseph-Henri Louwyck et le compositeur Joseph Canteloube, une épopée lyrique en quatre actes, dont la première a lieu à l'opéra Garnier le 26 juin 1933.
166
+
167
+
168
+
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+ François-Émile Ehrmann, Vercingétorix appelant les Gaulois à la défense d'Alésia, vers 1869.
170
+
171
+ Henri-Paul Motte, Vercingétorix se rend à César, 1886.
172
+
173
+ Durant la seconde partie du XXe siècle, le héros populaire figure à de nombreuses reprises dans la bande dessinée :
174
+
175
+ Ces trois jeux vidéo sont des jeux de stratégie temps réel conçus pour être joués sur ordinateur personnel. Dans ces trois jeux qui se déroulent pendant l'Antiquité romaine, Vercingétorix apparaît comme chef des Gaulois et ennemi dans la campagne romaine qui retrace la guerre des Gaules du point de vue de César.
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+ Dans les classifications scientifiques, les vers constituent un groupe très hétérogène d'animaux invertébrés qui partagent une caractéristique commune, à savoir un corps mou, flexible, de forme allongée et ne comportant aucune partie dure. Leur morphologie, adaptée autant à la vie parasitaire qu’à des modes de vie autonomes et libres, leur permet de coloniser une large gamme d’environnements terrestres et aquatiques.
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+ Dans le langage courant, le terme ver désigne aussi très souvent la forme larvaire des insectes, bien que les insectes ne soient pas des vers.
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+ Au sens scientifique, ver désigne la forme primitive d'organisation des bilatériens. Les trois groupes d'animaux (vers ronds, vers plats et vers annelés) présentent une symétrie bilatérale fondamentale. Leur apparition, sans doute au tout début du Cambrien (ère primaire), marque une étape importante de l'évolution des êtres vivants. Malgré leur apparente simplicité, ils inaugurent un nouveau type d'organisation anatomique qui sera ensuite repris par toutes les autres espèces animales. Les différents tissus ou organes spécialisés, proviennent de l’un des trois feuillets embryonnaires (endoderme, mésoderme et ectoderme) inaugurés par ces vers.
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+ Traditionnellement, les vers formaient un immense embranchement très hétérogène, regroupant toutes les formes animales molles, à corps étroit et allongé, et dépourvues de membres.
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+ Y étaient inclus les vers plats (Plathelminthes), les nématodes (Némathelmintes), et les vers annelés (Annélides), et en outre d'autres groupes isolés, tels les Rotifères, les Chétognathes, les Bryozoaires, etc.
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+ Les vers ne forment pas un groupe systématique en ce sens qu'ils ne sont pas un groupe monophylétique. En effet, on désigne par ce nom plusieurs animaux :
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+
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+ Les deux premiers embranchements présentent quelques formes libres, mais ils sont essentiellement parasites (ascaris, douve du foie, ténia, schistosome, etc.). Les annélides en revanche, sont plus indépendants. Certains se déplacent activement, quand d’autres vivent de façon sédentaire, dans une grande variété de milieux aquatiques ou terrestres.
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+
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+ Les vers plats comprennent à la fois des espèces mobiles comme la planaire et des espèces parasites telles que le ténia, dit « ver solitaire » ou la douve du foie.
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+ L'embranchement regroupe trois classes : les turbellariés (planaires), les trématodes et les cestodes (tous deux parasites).
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+
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+ Les vers ronds regroupent plusieurs variétés relativement simples de vers non segmentés, dont plusieurs espèces sont nuisibles pour les cultures et d'autres des parasites pour l’homme et le bétail.
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+
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+ Plus de la moitié de ces vers sont libres et vivent dans la mer, en eaux douces ou dans le sol. Ils peuvent être carnivores, détritivores ou consommer des végétaux. Les autres formes sont parasites et particulièrement bien protégées contre les défenses de leur hôte.
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+
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+ L'embranchement compte deux classes : les nématodes, dont le type est l'ascaris, en représentent la quasi-totalité. L'autre petite classe des nématomorphes, sont des parasites d'arthropodes.
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+
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+ Le ver segmenté est un animal invertébré, souvent vermiforme, constitué d’anneaux appelés métamères, très semblables entre eux et contenant chacun des organes de tous les appareils. Ils sont dépourvus de pattes articulées, mais les métamères portent généralement des extensions (parapodes ou soies), qui leur permettent d’exécuter toute une gamme de mouvements, y compris nager et creuser la terre.
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+
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+ Les trois classes de vers à anneaux se distinguent en fonction du volume de parapodes ou de soies grâce au suffixe « chète » (du grec khaitê, crinière) :
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+ Ses représentants les plus célèbres sont le lombric (ou ver de terre) et la sangsue, sans oublier la bonellie (un ver marin), au dimorphisme sexuel remarquable.
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+ Certaines larves d'insectes ont une apparence de ver, comme le ver blanc qui est en fait la larve d'un coléoptère, ou le ver à soie qui n'est autre que la chenille du bombyx du mûrier.
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+ Certaines formes adultes aptères sont aussi appelées vers, telle la femelle du lampyre, que l'on appelle ver luisant en raison de sa luminescence dans le noir.
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+ Nombreux sont les vers qui peuvent être, à l'état adulte ou larvaire, parasites de l'homme ou d'animaux.
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+ Dans le groupe des vers plats, on trouve par exemple le ténia, les bothriocéphales, la douve, le schistosome. Dans les vers ronds, ascaride, oxyure, trichocéphale, ankylostome, strongle, trichine, filaire…
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+
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+ En général, les vers habitent les organes digestifs (ténia), plus rarement les muscles (trichines et cysticerques), le cerveau (cénures, par exemple le ténia multiceps), le foie et le poumon (échinocoques)
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+
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+ Le ver du cœur est un parasite mortel chez le chien. Il fait partie des Dirofilaria.
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+ Le Vermont /vɛʁmɔ̃/[a] Écouter (prononcé en anglais : /vɚˈmɑnt/[b] Écouter) est un État du nord-est des États-Unis. Sa capitale est Montpelier et sa plus grande ville est Burlington. Il est l'un des plus petits États du pays, tant en superficie qu'en nombre d'habitants[2]. Très rural, son territoire est recouvert à 75 % de forêts et seules sept villes dépassent les 10 000 habitants. Seul État de la Nouvelle-Angleterre à ne pas avoir accès à l'océan Atlantique, il est bordé au nord par la province canadienne du Québec, à l'est par le New Hampshire (dont il est séparé par le fleuve Connecticut), au sud par le Massachusetts et à l'ouest par l'État de New York. Son climat est de type continental et ses paysages alternent entre vastes forêts verdoyantes, étendues lacustres (dont le lac Champlain) et montagnes Vertes (mont Mansfield, Mont Ellen).
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+ La région était peuplée par les Iroquois et les Algonquins avant son exploration par Samuel de Champlain en 1609. L'État fait ensuite partie de la Nouvelle-France. La France cède le territoire au Royaume de Grande-Bretagne après sa défaite lors de la guerre de Sept Ans en 1763. En 1777, durant la guerre d'indépendance des États-Unis, est fondée la République du Vermont, prélude à l'admission de l'État dans l'Union en 1791. Avec Hawaï, la Californie et le Texas, le Vermont est l'un des quatre États américains à avoir été un État souverain. Il fut en outre le premier à abolir partiellement l'esclavage. Son héritage colonial a perduré et un quart des habitants déclare avoir des ancêtres français.
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+ Son économie repose aujourd'hui essentiellement sur l'agriculture et le tourisme. Le Vermont est notamment le principal producteur de sirop d'érable des États-Unis. Il compte également plus de cinquante parcs d'État, dont la forêt nationale de Green Mountain (zone protégée), et mène de nombreuses actions de préservation de l'environnement. En outre, le Vermont est considéré comme l'un des États les plus progressistes du pays. Le Parti républicain a longtemps dominé la vie politique interne (de 1850 aux années 1970), mais l'urbanisation et l'immigration en provenance de New York ou de Boston ont propagé des idées plus libérales. Il est aujourd'hui un soutien indéfectible du Parti démocrate. En 2011, le Vermont devient le premier État des États-Unis dans lequel le gouverneur valide un projet d'assurance-santé universel.
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+ À l’arrivée des premiers Européens, les Amérindiens Iroquois qui vivaient dans l’actuel État de New York et les Algonquins de Nouvelle-Angleterre étaient en lutte pour la possession de la région qui fut explorée, pour la première fois, par le Français Samuel de Champlain, en 1609.
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+ Les Français s’implantèrent dans le nord de la région, autour du lac Champlain. En 1666, ils édifièrent le fort Sainte-Anne, sur l’île La Motte du lac Champlain. Ils y avaient plusieurs seigneuries, depuis le lac Champlain jusqu’au fort Carillon.
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+ Quant aux Britanniques, ils s’établirent dans le sud de l’État. En 1724, Brattleboro (ou Fort Dummer) devint la première colonie du Vermont, mais deux autres colonies britanniques, le New Hampshire et New York, en revendiquaient la juridiction. Leur rivalité s’intensifia après l’éviction des Français au terme du traité de Paris de 1763. La colonisation s’accéléra avec l’afflux de colons venus du Connecticut, du Rhode Island et du Massachusetts. En 1770, la province de New York se mit à entreprendre des procédures d’expulsion à l’encontre des concessions accordées par la province du New Hampshire.
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+ Vers le milieu du XVIIIe siècle, la densité de population étant devenue importante sur la côte atlantique, les colons britanniques vont vers l’intérieur, ce qui entraîne un conflit entre les provinces de New York (dont le Vermont faisait alors partie) et du New Hampshire, car les frontières ne sont pas clairement établies entre ces deux colonies britanniques. Benning Wentworth, gouverneur du New Hampshire, malgré les protestations de son vis-à-vis new-yorkais, Georges Clinton, fait cadastrer le territoire qui est aujourd’hui le Vermont (jusque sur la rive ouest du lac Champlain) et crée des townships qu’il donne en concession à ses favoris et sur lesquels des colons vont s’établir. C’est ce qu’on appelle les « Hampshire Grants » ou tout simplement « the Grants ». Il fait aussi construire un avant-poste : le Fort Wentworth .
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+ En 1764, le Parlement britannique déclare que la frontière entre les provinces de New York et de New Hampshire est le fleuve Connecticut. Cette décision a pour effet que de nombreux colons des terres situées sur les « grants », se retrouvent dans la colonie de New York, où leurs concessions n’ont pas été reconnues. En 1765, les arpenteurs new-yorkais envahissent la région et dressent un nouveau cadastre, exigeant que les colons venus du New Hampshire paient des droits pour légaliser leur propriété sur les terres qu’ils occupent. En 1767, les colons adressent une pétition au roi pour être exemptés des droits en question. Le roi décrète que New York doit cesser d’émettre de nouveaux titres et ne pas harceler les colons. En 1769, New York défie le roi et envoie de nouveaux arpenteurs. Les colons se révoltent : en 1770, une soixantaine d’entre eux prennent leurs fusils et chassent les arpenteurs de la ferme d’un certain James Breakenbridge. La cause doit être entendue en Cour Suprême de New York à Albany et les colons élisent un comité de défense appelé « the Bennington Nine » présidé par Ethan Allen, 32 ans, ex-forgeron et chasseur.
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+ La Cour de New York refuse de reconnaître la validité des documents émis par le New Hampshire attestant les titres de propriété des colons (la cour est présidée par Robert Livingston qui possède des titres new-yorkais…). Les colons n’ont aucune chance devant un tribunal aussi biaisé et, par conséquent, perdent leur cause. Allen se rend à Bennington (principal village des « Grants ») et organise environ 200 hommes en une milice : « The Green Mountain Boys ». Les New-yorkais les appellent « The Bennington Mob ».
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+ En 1771, les arpenteurs new-yorkais sont de retour et se font repousser sans ménagement par les « Green Mountain Boys ». Lorsque des colons britanniques envoyés par les spéculateurs new-yorkais tentent de s’établir sur des terres déjà prises, ils sont également repoussés.
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+ Le gouverneur de New York déclare Ethan Allen et ses hommes « Hors-la-loi » et offre une prime pour leur capture. Ethan Allen réplique en offrant une prime pour la capture des officiels new-yorkais. En une série d’escarmouches des colons de New York ou du New Jersey sont expulsés par les Green Mountain Boys. En 1775, un colon est tué par un shérif new-yorkais ; mais simultanément, toute la Nouvelle-Angleterre se lève contre la Couronne britannique, et connaît ses premiers affrontements lors des batailles de Lexington et Concord : c'est le début de la guerre d'indépendance des États-Unis ; or l’agitation révolutionnaire qui a gagné les treize colonies depuis la fin de la guerre de Sept Ans affecte aussi les colons de l’arrière-pays.
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+ Quoique les colons des Grants considèrent que leur ennemi, c’est d'abord New York, ils sont au fond favorables à la cause du Congrès, et s’emparent en mai 1775 de Fort Ticonderoga, place britannique : cette victoire expulse en fait les forces loyalistes de leur territoire. Ainsi les colons évitent que les forces du Congrès interviennent.
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+ En 1777, une convention se tient à Westminster et nomme un gouvernement, tout en proclamant l’indépendance de la république du « New Connecticut ». Une nouvelle convention en juillet baptise le nouvel État « Vermont » en raison de son paysage : de nombreuses montagnes couvertes d'arbres aux feuilles persistantes.
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+ En 1778 ont lieu les premières élections. Thomas Chittenden est élu président. En fait, les frères Allen (Ethan, Ira, Heman) contrôlent le gouvernement. Un autre frère Allen, Levi, est un Loyaliste (Nom donné aux Américains partisans de la Couronne britannique durant la guerre d'indépendance).
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+ L’État de New York refuse de reconnaître le Vermont. La nouvelle république tente de louvoyer mais doit subir quelques incursions d’Indiens alliés aux Britanniques et quelques rébellions de colons new-yorkais « pro-américains ». En 1779, le Vermont expulse des colons du New Hampshire. Ceux-ci créent un gouvernement parallèle. La même année, les Britanniques font des offres de paix au Vermont, tentant de le détacher de toute alliance avec les États-Unis. Chittenden écrit au Congrès que le Vermont était « at liberty to accept terms of cessation of hostilities with Great Britain without the approbation of any other man or body of men. » En fait, c’est Ethan Allen et son frère Ira qui négocient avec les Britanniques qui lui promettent le statut de « province séparée » et le libre-échange garanti avec la Province de Québec (nom donné à l'ancienne Nouvelle-France jusqu'en 1791), ainsi que sa propre armée et la reconnaissance des titres de propriétés des colons en échange d'un appui à la cause britannique. Allen ne veut pas s’engager. Parallèlement, Chittenden offre une alliance plus étroite du Connecticut, de New York et du Vermont contre une invasion britannique ! Ceci, en échange d’un abandon par New York de ses prétentions sur le territoire vermontois.
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+ En 1781, les Britanniques tentent de reprendre Ticonderoga, une escarmouche a lieu avec les Green Mountain Boys et un sergent britannique est tué. Cela fait avorter les négociations… Les Vermontois penchent du côté américain. Finalement, le Traité de Paris, en 1783, considère le Vermont comme faisant partie du territoire américain que les Britanniques doivent évacuer.
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+ Un mouvement se dessine en faveur de l’adhésion aux États-Unis malgré l'opposition du clan Allen. En 1789, une commission mixte « New-York/Vermont » règle la question des frontières (Le Vermont paie 30 000 $ et New York abandonne ses revendications). En 1791, le Vermont entre dans l’Union. Il est le premier État à s'ajouter aux 13 États fondateurs. Il devint alors le 14e État de l'Union.
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+ En 2010, il comptait 625 741 habitants, ce qui en fait le deuxième État le moins peuplé des États-Unis. La capitale de l'État est Montpelier, et la plus grande ville est Burlington. Seules sept villes dépassent les 10 000 habitants. Le Vermont fait partie de la Nouvelle-Angleterre et s'étend sur 24 902 km2 : il est relativement petit comparé aux autres États (45e rang national en termes de superficie).
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+
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+ La rive occidentale du fleuve Connecticut marque la limite du Vermont avec le New Hampshire. Le lac Champlain, la principale étendue d'eau de l'État et la sixième des États-Unis, sépare le Vermont de l'État de New York. Du nord au sud, l'État s'étend sur 256 km pour 143 km d'est en ouest. Au nord-ouest du lac se trouve la vallée fertile du lac Champlain. Le centre géographique du Vermont se trouve à Washington, à 5 km à l'est de Roxbury.
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+
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+ Le Vermont comporte de nombreux reliefs montagneux verdoyants dont la végétation est composée de feuillus et de conifères. L'État est par ailleurs couvert à 77 % par des forêts.
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+ Le Mont Mansfield est le point culminant du Vermont.
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+ L'État du Vermont compte plus de cinquante parcs d'État[3]. L’État fédéral pour sa part, administre la Forêt nationale de Green Mountain qui est une zone protégée.
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+ Le Vermont connait un climat de type continental avec un été chaud et humide et un hiver froid, voire très froid dans les Montagnes Vertes. Ce climat est comparable à celui de villes comme Minsk, Stockholm ou Fargo.
48
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+ Les printemps sont pluvieux, les débuts d'été sont souvent agréables mais le mois d'août est parfois très chaud. Les automnes sont très colorés grâce aux érables.
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+
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+ Les hivers sont particulièrement rigoureux. Le nord et le nord-est de l'État, région appelée « The Northeast Kingdom », sont réputés pour leurs hivers exceptionnellement froids (6 °C de moins en moyenne que le sud de l'État). L'enneigement varie en fonction de l'altitude ; il est d'environ 150 à 250 cm dans les vallées et peut atteindre plus de 850 cm à 1 000 cm en montagne[4]. Cela permet la pratique du ski dans plusieurs stations (Stowe et Jay Peak par exemple).
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+
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+ Les records de températures sont :
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+ L'État du Vermont est divisé en 14 comtés[6].
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+
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+ Ces comtés contiennent au total 255 subdivisions, dont 237 towns, 9 cities, 5 zones non incorporées et 4 gores. Chaque comté dispose de son siège, appelé shire town dans le Vermont. Comme dans le reste de la Nouvelle-Angleterre, ces comtés fonctionnent surtout comme des districts judiciaires, et les attributions qu'ils possèdent dans les autres états sont majoritairement accordées aux towns et aux cities. Tous les services gérés par les comtés sont directement financés par l'État du Vermont.
60
+
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+ La New England town est l'unité élémentaire de gouvernement local dans le Vermont, comme dans les autres États de la Nouvelle-Angleterre. Elle ressemble en partie aux civil townships présents dans d'autres États, mais est une zone incorporée, disposant d'attributions que l'on trouve, ailleurs, dans les municipalités de type city. Le Vermont compte 237 towns. La town est dirigée par un board of selectmen ou Town Council en ce qui concerne l’exécutif (mais seulement en tant que corps administratif ne pouvant s'opposer aux décisions du town meeting), et un town meeting pour le législatif.
62
+
63
+ Certaines towns du Vermont ne sont plus (elles sont alors disincorporated) ou n'ont pas été incorporées (elles sont alors unorganized), après décision de la Législature, en raison d'un nombre insuffisant d'habitants ; leurs affaires sont gérées par un superviseur désigné par l'État. Ce sont les towns d'Averill (en), Ferdinand (en), Glastenbury (en) (anciennement incorporée), Lewis (en), et Somerset (anciennement incorporée).
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+
65
+ Les cities du Vermont sont d'anciens villages qui se sont désolidarisés de leurs towns pour acquérir leur autonomie. Elles diffèrent des towns par leur forme de gouvernement : un maire gère l'exécutif, et un conseil municipal (parfois appelé board of aldermen) le législatif.
66
+
67
+ Les villages sont des localités situées à l'intérieur d'une town incorporée ; ils peuvent être, ou ne pas être, incorporés. Dans le cas où il est incorporé, le village est une municipalité, subordonnée à la town dont elle dépend, fournissant certains services (eau potable, police et pompiers, ramassage des déchets, éclairage des rues, entretien des cimetières, surveillance des normes des bâtiments), les autres relevant des autorités de la town. Les villages incorporés du Vermont sont administrativement similaires aux villages de l'État de New York ; c'est le seul État de Nouvelle-Angleterre à avoir des villages incorporés. En 2005, le Vermont comptait 37 villages incorporés ; il y en avait plus du double autrefois : c'est dû au fait que la plupart des villages ont, dans la seconde moitié du XXe siècle, cédé leurs attributions à leurs towns respectives, ne conservant qu'une existence nominale.
68
+
69
+ Le terme de « village » est parfois utilisé dans l'État pour décrire un hameau ou un quartier distinct dans une town ou une city ; ce peut être un centre-ville du même nom que l'entité dans laquelle il se situe (comme dans la quasi-totalité des towns), d'un nom connexe, ou à part. La town of Brownington, par exemple, comprend les « villages » nommés Evansville, Brownington, et Brownington Center. Toutefois ces « villages » ne sont pas des municipalités incorporées, même si la town peut les reconnaître (par exemple avec des panneaux indicateurs).
70
+
71
+ Un village du Vermont a la possibilité de devenir une city : dans ce cas, il est distingué de la town qui le comprenait et devient une municipalité clairement séparée. La plupart des cities du Vermont sont d'anciens villages plutôt que d'anciennes towns, d'où le fait qu'elles sont bien plus petites qu'une town en termes de superficie. Cette situation explique l'existence de cities et de towns adjacentes partageant le même nom ; dans tous les cas, la city était à l'origine la localité-centre de la town, avant de s'incorporer.
72
+
73
+ Un gore, dans le nord de la Nouvelle-Angleterre, est une zone non incorporée, située dans un comté, qui ne fait pas partie d'une town ; s'il est habité, il peut disposer d'attributions administratives limitées. Le Vermont compte 4 gores ; parmi eux, un seul est habité (12 habitants).
74
+
75
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini une aire métropolitaine et cinq aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État du Vermont[7].
76
+
77
+ (218 466)
78
+
79
+ (217 595)
80
+
81
+ (-0,4 %)
82
+
83
+ (39 361)
84
+
85
+ (38 208)
86
+
87
+ (-2,9 %)
88
+
89
+ En 2010, 73,7 % des Vermontois résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 33,8 % dans une aire métropolitaine et 40,0 % dans une aire micropolitaine.
90
+
91
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population du Vermont à 623 989 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de -0,28 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 625 741 habitants[8]. Depuis 2010, l'État connaît la 5e croissance démographique la moins soutenue des États-Unis.
92
+
93
+ Avec 625 741 habitants en 2010, le Vermont était le 49e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,20 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans l'ouest du comté de Washington dans la ville de Warren[9].
94
+
95
+ Avec 26,21 hab./km2 en 2010, le Vermont était le 30e État le plus dense des États-Unis.
96
+
97
+ Le taux d'urbains était de 38,9 % et celui de ruraux de 61,1 %[10]. L'État comptait le 2e plus fort taux de ruraux du pays après le Maine (61,3 %).
98
+
99
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 9,9 ‰[11] (9,6 ‰ en 2012[12]) et le taux de mortalité à 8,6 ‰[13] (8,8 ‰ en 2012[14]). L'indice de fécondité était de 1,66 enfants par femme[11] (1,61 en 2012[12]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 4,2 ‰[13] (4,3 ‰ en 2012[14]). La population était composée de 20,65 % de personnes de moins de 18 ans, 10,37 % de personnes entre 18 et 24 ans, 23,65 % de personnes entre 25 et 44 ans, 30,78 % de personnes entre 45 et 64 ans et 14,56 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 41,5 ans[15].
100
+
101
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 885) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 2 567) avec un excédent des naissances (19 609) sur les décès (17 042), et d'autre part d'un solde migratoire négatif (- 1 506) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 1 474) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 2 980)[16].
102
+
103
+ Selon des estimations de 2013, 94,8 % des Vermontois étaient nés dans un État fédéré, dont 50,5 % dans l'État du Vermont et 44,3 % dans un autre État (32,3 % dans le Nord-Est, 4,6 % dans le Sud, 4,2 % dans le Midwest, 3,2 % dans l'Ouest), 0,9 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 4,3 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (29,7 % en Europe, 28,5 % en Asie, 21,6 % en Amérique du Nord, 11,0 % en Amérique latine, 8,7 % en Afrique, 0,5 % en Océanie). Parmi ces derniers, 58,9 % étaient naturalisés américain et 41,1 % étaient étrangers[17],[18].
104
+
105
+ Le Vermont possède en outre le plus bas taux de crimes commis par habitant de tous les États-Unis.
106
+
107
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 95,29 % de Blancs, 1,72 % de Métis, 1,27 % d'Asiatiques, 1,00 % de Noirs, 0,35 % d'Amérindiens, 0,03 % d'Océaniens et 0,34 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
108
+
109
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,62 %), principalement blanche et amérindienne (0,72 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,10 %).
110
+
111
+ Les non-hispaniques représentaient 98,53 % de la population avec 94,32 % de Blancs, 1,56 % de Métis, 1,26 % d'Asiatiques, 0,95 % de Noirs, 0,32 % d'Amérindiens, 0,02 % d'Océaniens et 0,09 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 1,47 % de la population[15].
112
+
113
+ En 2010, l'État du Vermont avait la plus forte proportion de Blancs et la 2e plus forte proportion de Blancs non hispaniques après le Maine (94,42 %). A contrario, l'État avait la 2e plus faible proportion d'Océaniens après la Virginie-Occidentale (0,02 %), la 3e plus faible proportion d'Hispaniques après la Virginie-Occidentale (1,20 %) et le Maine (1,27 %) et la 4e plus faible proportion de Noirs après le Montana (0,41 %), l'Idaho (0,63 %) et le Wyoming (0,84 %).
114
+
115
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 98,5 %, dont 94,0 % de Blancs, 1,9 % de Métis, 1,2 % d'Asiatiques et 1,1 % de Noirs, et celle des Hispaniques à 1,5 %[20].
116
+
117
+ En 2000, les Vermontois s'identifiaient principalement comme étant d'origine anglaise (18,4 %), irlandaise (16,4 %), française (14,5 %), allemande (9,1 %), canadienne-française (8,8 %), américaine (8,3 %), italienne (6,4 %), écossaise (4,6 %) et polonaise (3,4 %)[21].
118
+
119
+ En 2000, l'État avait les 2e plus fortes proportions de personnes d'origine française, canadienne-française et écossaise, la 3e plus forte proportion de personnes d'origine anglaise, la 6e plus forte proportion de personnes d'origine irlandaise ainsi que la 10e plus forte proportion de personnes d'origine italienne.
120
+
121
+ L'État abrite la 41e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 5 285 Juifs en 2013 (1 855 en 1971), soit 0,8 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de Burlington-South Burlington (2 500), Bennington (825) et Barre (550)[22].
122
+
123
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires du Mexique (27,5 %), de Porto Rico (24,6 %), d'Espagne (7,6 %), de Cuba (5,5 %), de la Colombie (3,6 %) et de la République dominicaine (3,1 %)[23]. Composée à 65,9 % de Blancs, 10,4 % de Métis, 3,6 % de Noirs, 2,0 % d'Amérindiens, 0,8 % d'Asiatiques, 0,2 % d'Océaniens et 17,0 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 12,5 % des Océaniens, 8,9 % des Métis, 8,3 % des Amérindiens, 5,3 % des Noirs, 1,0 % des Blancs, 0,9 % des Asiatiques et 74,5 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
124
+
125
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Chinois (29,0 %), Indiens (17,1 %), Viêts (12,8 %), Coréens (11,2 %), Philippins (7,0 %) et Japonais (5,1 %)[24].
126
+
127
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (94,3 %), principalement blanche et amérindienne (42,2 %), blanche et noire (21,9 %), blanche et asiatique (19,6 %) et blanche et autre (5,1 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (5,7 %)[25].
128
+
129
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 22 % des habitants du Vermont se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 23 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 56 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[27].
130
+
131
+ L'ordre des chartreux y a fondé un monastère en 1971, la Chartreuse de la Transfiguration.
132
+
133
+ La langue française a commencé à disparaître au Vermont à compter des années 1960[32].
134
+
135
+ La présence francophone dans le Vermont s'explique à la fois par la fuite des Acadiens face à la déportation de 1755 et l'exode rural des Québécois en 1840[33].
136
+
137
+ Le Vermont est un des États considérés comme les plus progressistes des États-Unis. Le Vermont fut l'un des quatre États américains constitués en tant que nation indépendante. Après avoir aboli l'esclavage dès 1777[34],[35], il fut le premier État, durant la Révolution américaine, à instaurer le suffrage universel masculin blanc, sans condition de revenu, alors que les 13 États constitués adoptaient le suffrage censitaire[36].
138
+
139
+ Le Vermont fut aussi le seul État à voter à l'élection présidentielle pour un candidat du parti anti-maçonnique (en 1832) et l'un des deux seuls États à n'avoir jamais voté pour Franklin Delano Roosevelt. Le Vermont fut successivement un bastion whig (première partie du XIXe siècle) puis républicain (1860-1992) avant de devenir démocrate à la fin des années 1990.
140
+
141
+ Le Vermont a longtemps été un état fidèle aux républicains après avoir été un bastion des Whigs libéraux du XIXe siècle. Le Parti démocrate y était notamment perçu comme un parti réactionnaire, adepte d'abord de l'esclavage puis de la ségrégation.
142
+
143
+ Dès l'élection présidentielle de 1824, le Vermont se range sous la bannière de John Quincy Adams, s'oppose aux démocrates de Andrew Jackson (1828) qu'il relègue même en 3e position (1832) et devient un bastion du Parti whig soutenant successivement les candidatures de William Henry Harrison (1836 et 1840), de Henry Clay (1844), de Zachary Taylor (1848) et de Winfield Scott (1852).
144
+
145
+ En 1856, les électeurs du Vermont accordent 77 % de leurs suffrages à John Charles Frémont, premier candidat du jeune Parti républicain. De 1856 à 1960, les électeurs de l'État voteront systématiquement pour les candidats républicains, y compris lors de l'élection présidentielle de 1912 où le président William Howard Taft (37,13 %) est concurrencé par un républicain dissident, le populaire et progressiste Theodore Roosevelt (35,22 %). Lors de l'élection présidentielle de 1936, le Vermont est le seul État, avec le Maine voisin, où les électeurs portent la majorité de leurs suffrages sur le candidat républicain, Alf Landon (56,39 %), qui se présentait contre Franklin Delano Roosevelt[37]. Il demeure avec le Maine le seul état à n'avoir jamais accordé ses grands électeurs à Franklin Roosevelt.
146
+
147
+ Ce n'est qu'en 1964 que les électeurs de l'État votent pour la première fois pour un candidat issu du parti démocrate, en l'occurrence Lyndon B. Johnson contre le républicain Barry Goldwater. Cette alternance reste cependant isolée car dès 1968, le républicain Richard Nixon supplante le démocrate Hubert Humphrey (52,75 % contre 23,50 %) avant d'être plébiscité 4 ans plus tard.
148
+
149
+ En 1988, George H. W. Bush est le dernier républicain à remporter les suffrages des électeurs du Vermont. En 1992, mettant un terme à une série de victoires républicaines quasi-ininterrompue de 136 ans, Bill Clinton devient le deuxième démocrate à remporter le Vermont. Avec 46,11 % des voix, il devance le président sortant Bush (30,42 %) et un candidat conservateur, Ross Perot (22,78 %).
150
+
151
+ En 2000, 2004, 2008 et 2012, les électeurs de l'État ont plébiscité les démocrates Al Gore, John Kerry et Barack Obama, qui reçurent respectivement 50,6 %, 58,9 % et 67 %[38] du vote populaire dans cet État. Le Vermont fut par ailleurs le seul État américain où ne se rendit pas le président George W. Bush durant son mandat. Il fut d'ailleurs le premier candidat républicain à entrer à la Maison-Blanche sans avoir remporté le Vermont.
152
+
153
+ Le Vermont est en outre l'État de naissance des présidents Calvin Coolidge et Chester A. Arthur.
154
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+ Le Parti républicain a longtemps dominé la vie politique interne du Vermont de 1854, année de la fondation du parti jusqu'aux années 1970. L'État était jusque-là essentiellement rural et les villes peu importantes ou négligées. L'urbanisation et l'immigration en provenance d'autres États américains, entamées dans les années 1960, modifièrent profondément le profil politique des électeurs de l'État. Les nouveaux résidents en provenance de New York ou de Boston propagèrent des idées plus libérales ou progressistes. Parallèlement, en vertu d'une décision de la Cour suprême, les circonscriptions électorales furent rééquilibrées au profit des zones urbaines alors sous-représentées politiquement[39]. En conséquence, le petit Parti démocrate du Vermont commença à se développer et à engranger des succès électoraux, surtout après la victoire de Johnson dans l'État à l'élection présidentielle de 1964. Parallèlement, un Parti progressiste du Vermont, situé très à gauche de l'échiquier politique mais comparable aux partis sociaux-démocrates scandinaves, émergea et obtint des représentants au Parlement local à partir des années 1980 (sur un total de 150, 4 élus en 2002, 6 en 2004 et 2006). L'indépendant Bernie Sanders se réclame du socialisme et est rattaché aux démocrates du Sénat. Il fut maire de Burlington et, en 2015, il se présente à l'investiture lors des élections primaires pour la présidence.
156
+
157
+ Du point de vue géographique, les villes de Bennington, Burlington et Brattleboro sont considérées comme les principaux bastions démocrates de l'État. Les régions les plus favorables aux républicains sont généralement le comté de Rutland, la région de Barre, une partie des banlieues nord de Burlington et le Northeast Kingdom[40].
158
+
159
+ Le Vermont est le premier État américain à avoir légalisé les unions civiles homosexuelles par voie législative[41] à la suite d'une décision de la Cour suprême du Vermont qui, en 1999, avait enjoint à l'État du Vermont d'accorder le droit au mariage ou des droits équivalents aux couples homosexuels. La législature du Vermont autorisa des unions civiles garantissant aux homosexuels presque tous les droits et les privilèges accordés aux couples traditionnels dans le cadre du mariage. Le 7 avril 2009, il devint le quatrième État américain à légaliser le mariage des couples homosexuels[42], en dépit du veto du gouverneur de l'État, Jim Douglas.
160
+
161
+ Le Vermont est également un des États des États-Unis à ne pas appliquer la peine de mort. Le 26 mai 2011, le gouverneur Peter Shumlin signe un projet de loi visant à établir une couverture d'assurance-maladie universelle pour tous les résidents du Vermont[43]. Le Vermont devient ainsi le premier État américain à jeter les bases d'un régime universel des soins de santé[44].
162
+
163
+ Les habitants du Vermont élisent tous les deux ans un gouverneur et un lieutenant-gouverneur. L'actuel gouverneur du Vermont est le républicain Phillip Scott. Il a succédé en janvier 2017 au démocrate Peter Shumlin, élu en 2010. Le lieutenant-gouverneur de l'État est David Zuckerman, il devient en 2016 le premier membre du Parti progressiste du Vermont à remporter une élection à l'échelle de l'État. Trois des quatre autres principaux postes élus de l'Exécutif sont détenus par des démocrates.[réf. nécessaire]
164
+
165
+ La législature du Vermont est composée d'une assemblée générale divisée en deux chambres parlementaires: une chambre des représentants et un sénat. Tous les mandats des élus locaux du Vermont sont d'une durée de deux ans. La démocratie participative y est très développée : les Town Meeting Day (assemblée générale des citoyens du Vermont) permettent de débattre des questions politiques.
166
+
167
+ Une centaine de sécessionnistes américains proposèrent en 2004 l'indépendance du Vermont et son association au Québec, en y associant si possible les quatre provinces maritimes : Terre-Neuve et Labrador, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Île-du-Prince-Édouard[45].
168
+
169
+ Il existe également un mouvement proposant l'indépendance du Vermont ou son rattachement au Canada pour en devenir la onzième province[46]. Un ouvrage de Thomas Naylor, professeur d'économie à la retraite de l'Université de Duke et consultant pour le compte de la Russie au moment de l’éclatement de l'URSS[41], intitulé Green Mountain Manifesto, et sous-titré Why and How Tiny Vermont Might Help Save America From Itself by Seceding from the Union a récemment été publié en soutien à l'avènement de la Deuxième République du Vermont (la première datant de 1777-1791). Il y écrit notamment ceci : « My own favorite fantasy would be for Vermont to join Maine, New Hampshire and the four Atlantic provinces of Canada to create a new nation I would call New Acadia (Novacadia)[47]. » (Mon rêve serait que le Vermont se joigne au Maine, au New Hampshire et aux quatre provinces maritimes du Canada afin de former une nation nouvelle que je proposerais d'appeler « Nouvelle Acadie »). Le mouvement séparatiste qu'il dirige s'appelle Second Vermont Republic[48], il a été accusé d'être lié à des organisations racistes (en) néo-confédérées (en), comme la League of the South[49]. Selon Naylor, 8 % des citoyens du Vermont souhaitent que leur État quitte l'Union[41].
170
+
171
+ Au niveau national, le Vermont est représenté par les sénateurs démocrate Patrick Leahy et l'indépendant Bernie Sanders, ancien maire de Burlington, qui se revendique comme socialiste. À la Chambre des représentants, le Vermont est représenté par un unique élu, le démocrate Peter Welch, depuis 2007.
172
+
173
+ Le Vermont a toujours eu une politique fortement marquée dans les domaines de la protection de l'environnement, les services sociaux et l'urbanisation.
174
+
175
+ Le Vermont est à la pointe des États américains en matière de protection de l'environnement. L'État a créé récemment l'Efficiency Vermont, (EVT), un organisme chargé de promouvoir les réductions de consommation d'électricité chez les particuliers comme dans les entreprises. Il applique strictement la norme Energy Star. Une agence des ressources naturelles (Agency of Natural Resources) se préoccupe aussi de la qualité de vie dans le Vermont. De nombreux bâtiments et maisons ont reçu le label Energy Star dans cette région.
176
+
177
+ L'économie du Vermont repose sur l'agriculture et sur les industries agro-alimentaires. L'agriculture contribue à 2,6 milliards de dollars à l'économie locale[50]. La ferme laitière moyenne au Vermont produit 1,3 million de livres de lait annuellement en 2008[51]. Ce lait est transformée en divers produits: beurre, fromage, crème glacée et chocolat. Une quantité importante de ces produits sont livrés sur le marché de Boston.
178
+
179
+ Le Vermont est également le principal producteur de sirop d'érable des États-Unis. Environ 2000 producteurs de produits de l'érable sont établis en 2010[52].
180
+
181
+ Le plus grand employeur dans le Vermont est le centre hospitalier universitaire du Vermont à Burlington, alors que GlobalFoundries à Essex Junction est le plus grand employeur privé[53],[54].
182
+
183
+ En 1968, le Vermont a interdit les panneaux publicitaires le long des routes[55].
184
+
185
+ Le tourisme est une industrie importante. En 2005, il y aurait eu 13,4 millions de voyageurs dans l’État du Vermont et les dépenses de ses voyageurs seraient approximativement de 1,57 milliard de dollars[56].
186
+
187
+ La vocation touristique du Vermont est assurée par les paysages et les activités de plein air sur le lac Champlain et dans les montagnes. Celles-ci attirent de nombreux citadins de la mégalopole voisine, le BosWash.
188
+
189
+ Les tout débuts du tourisme au Vermont étaient les premiers hôtels de villégiature qui se sont développés autour de sources minérales. Ces hôtels promettaient la guérison d'une variété de maladies dans une atmosphère de détente et de relaxation. Dès 1781, Clarendon Ressorts ouvre ses eaux médicinales au public, et au cours des décennies suivantes un nombre important d'hôtels de villégiature sont établis autour de grandes «sources-miracle». L'arrivée du chemin de fer stimule l'essor des hôtels de village. Vers la même époque, les premiers sentiers sont construits dans les montagnes Vertes, menant à des « maisons sommet » construites pour accueillir les visiteurs en quête d'air frais et vues imprenables (la plus célèbre étant l'hôtel Mont-Mansfield à Stowe, ouvert de 1863 à 1957).
190
+
191
+ Le Green Mountain Club est créé en 1910 pour développer un réseau de sentiers le long de la crête principale des Montagnes vertes. Pendant les années de la Grande Dépression, le Civilian Conservation Corps construit des abris rustiques et ouvre des sentiers. Dans les années 1950, la popularité croissante du camping va commencer à éclipser les hôtels de villégiature. L'arrivée de l'automobile contribue au tourisme de masse où les vacanciers ne dépendent plus de la voie ferrée et peuvent s'aventurer dans l'arrière-pays du Vermont à la recherche de terrains de camping isolés. Les cabines (petits motels typiquement nord-américains) sont construites en nombre croissant dans de nombreux villages. Selon le recensement de 2000, près de 15 pour cent de toutes les unités de logement dans le Vermont étaient vacantes et classées « pour une utilisation saisonnière, récréative ou occasionnelle »[57]. Ceci serait le deuxième pourcentage plus élevé des États-Unis, après l'État du Maine.
192
+
193
+ Dans plusieurs villages du Vermont, des maisons de vacances appartenant à des résidents de Boston et de New York constituent le gros des habitations. Selon une estimation, à partir de 2009, 84 pour cent de toutes les maisons de Ludlow, étaient détenues par des non-résidents du Vermont[58]. Fait inusité, Montpelier est la seule capitale d'un État américain à ne pas avoir de restaurant McDonald's[41].
194
+
195
+ Aujourd'hui à chaque hiver, des milliers de touristes fréquentent les nombreuses stations de ski du Vermont comme Burke Mountain Ski Area, Bolton Valley, Stowe, Smugglers Notch, Killington Ski Resort, Mad River Glen, Sugarbush, Stratton, Jay Peak, Okemo, Suicide Six, Mount Snow et Bromley. Ces centres de ski ont reçu 4 125 082 visites durant l'hiver 2009–2010[59].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ On peut distinguer deux définitions du verre :
2
+
3
+ La définition classique du mot « verre » (un matériau dur, fragile et transparent, à base de silice) est insuffisamment précise, notamment parce qu'elle inclurait le quartz parmi les verres[5]. Le développement de nouveaux matériaux transparents, depuis un siècle, a rendu cette définition désuète et source de confusion, notamment parce qu'il est difficile de s'assurer qu'un matériau fragile et transparent est bien réellement dur et réellement fait de silice. L'exemple le plus flagrant est le verre de lunettes qui, bien qu'on l'appelle « verre » ne répond pas à la définition première : les verres actuels ne sont, ni particulièrement durs, ni à base de silice (ce sont des matériaux organiques).
4
+
5
+ On parle également de « perles de verre » pour des matériaux produits depuis plus de 3 000 ans, même si ces perles ne sont pas du tout transparentes (l'aspect vitreux suffit à leur attribuer le nom de verre). Il en va de même pour les millefiori produits depuis l'antiquité. La laine de verre n'a aucune nécessité d'être transparente, elle peut donc être juste translucide, voire noire (de même pour la mousse de verre). On nomme donc « verre » dans le langage courant des objets qui n'en sont pas faits, au sens de la définition commune du verre. À l'inverse, certains matériaux correspondent parfaitement à la définition commune du verre sans en être : outre le quartz certaines céramiques[6] sont des matériaux silicatés, durs, fragiles, transparents dans le visible mais ce ne sont pas des verres.
6
+
7
+ La communauté scientifique internationale donne donc une autre définition du verre : du point de vue physique, le verre est un matériau amorphe (c’est-à-dire non cristallin) présentant le phénomène de transition vitreuse. En dessous de sa température de transition vitreuse, qui varie fortement avec la composition du verre (plus de 1 000 °C pour la silice vitreuse, moins de 40 °C pour le sélénium amorphe), le verre se présente à l’état vitreux. Aujourd'hui, un grand nombre de solides amorphes sont regroupés sous le nom de « verre ». Ainsi, on fabrique non seulement des verres minéraux, mais aussi des verres organiques et même des verres métalliques[7].
8
+
9
+ Il y a un peu plus d'un siècle, n'étaient considérés comme « verre », même pour la communauté scientifique, qu'un matériau ou un alliage dur, fragile (cassant) et transparent à la lumière visible (bien souvent même, ce terme est réservé à un alliage à base de silice). À cette époque, le verre était le plus souvent constitué de dioxyde de silicium (silice SiO2, le constituant principal du sable) et de fondants[1]. Dans le langage courant, cette définition persiste, car aujourd'hui encore, parmi tous les types de verre artificiels, le plus courant est le verre sodocalcique.
10
+
11
+ Il y a plus de quatre mille ans, les céramistes et chaufourniers égyptiens ont découvert qu'en chauffant de la silice SiO2(sable), avec du natron, transformé en soude par dessèchement et purification, et de la chaux vive, ils fabriquaient une matière plus ou moins vitreuse et transparente. En ajoutant certains ingrédients ou poudres minérales colorées au mélange, ces premiers verriers obtenaient des verres spécifiques ou diversement colorés. Les proportions massiques du mélange de départ pour obtenir un verre stable à 650 °C sont d'environ :
12
+
13
+ D'où l'esquisse sans stœchiométrie de la réaction chimique expliquant la formation concrète de matière vitreuse[d] :
14
+
15
+ Depuis les années 1920[8], on a constaté et mis en évidence, par la diffraction de rayons X (DRX), qu'une des spécificités des verres étaient leur absence de structure cristalline (« d'ordre ») détectable par cristallographie aux rayons X. Cette spécificité n'étant pas propre aux oxydes transparents, mais à tous les amorphes, on a, depuis les années 1920, rassemblé sous le terme « verre » la plupart des solides amorphes. Depuis le début du XXe siècle, nombre de définitions[9] ont permis d'élargir la définition désuète du verre (à travers leurs points communs : absence d'ordre, transition vitreuse, etc.) qui le limitait aux matériaux transparents à base d'oxydes. Ainsi, on fabrique non seulement des verres minéraux, mais aussi des verres organiques et même des verres métalliques[7]. On peut regrouper les verres inorganiques sous différentes classes, dont voici la liste exhaustive[10] :
16
+
17
+ Parmi ces verres, beaucoup ne sont pas transparents (verres oxyazotés, verres métalliques…) ou du moins pas dans le visible (verres de chalcogénures). Il est par ailleurs aisé, sans avoir à rajouter des fractions volumiques importantes d'oxydes métalliques, de produire des verres silicatés faiblement transparents voire opaque. L'obsidienne est par exemple un verre volcanique silicaté généralement légèrement translucide, mais noir. Le verre de REFIOM est également un verre d'oxydes, qui n'a rien de transparent.
18
+
19
+ Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. Voir la page de discussion pour plus de détails.
20
+
21
+ Depuis l'invention du verre par les hommes à l'est du bassin méditerranéen avec la chaleur sur du sable, on peut distinguer culturellement par l'usage les objets qui en sont composés[e]. Cette production de matériau hasardeuse est séparée de la volonté d'obtenir quelque chose en le cuisant (ce qui est à l'inverse le cas des métaux et de la céramique) ; elle est résiduelle[pas clair]. La symbolique n'en sera pas forcément la même : pour la céramique qui est aussi une terre transformée, il s'agit de l'alimentaire, jusqu'aux jarres et amphores gauloises standardisées en passant par les coupes. Pour les contenants en verre qui sont plutôt de petite taille jusqu'à l'époque moderne, il s'agit de pharmacie de cosmétique et de funéraire. Ainsi les ampoules à long col donneront la bouteille. Soit le pot dans une taverne, soit les coupes royales à champagne ainsi que les bouteilles de vin de garde. L'aspect économique est essentiel car avant la découverte de la houille, pour obtenir en 48 heures une fusion à 1 600 °C, il faut 22 kg de bois pour obtenir 1 kg de verre. La matière pondéreuse établit à la fois son origine de production, le marché et ses débouchés, les circuits commerciaux dès l'Empire romain[11].
22
+
23
+ Le verre est un des premiers matériaux mis au point, rêvé par l’homme. Il est le symbole de la fragilité, la finesse et la transparence[2] : par exemple, la pantoufle de verre de Cendrillon dans le conte de Charles Perrault et le dessin animé de Walt Disney. Il est souvent considéré que dans le conte original, la pantoufle était de vair, mais Perrault a écrit sa version de l’histoire avec une pantoufle de verre[12],[13], le dessin animé reprend également cette idée.
24
+
25
+ Dans l'univers des Elder Scrolls, le verre est un minerai volcanique précieux utilisé pour forger en particulier des armes et des armures. Elles sont efficaces, mais paradoxalement fragiles. Cependant, dans le dernier opus, Skyrim, aucune précision n'est donnée sur sa solidité, étant donné que la dégradation de l'équipement n'est plus prise en compte dans le jeu.
26
+
27
+ Cette partie aborde le verre et ses caractéristiques d’un point de vue physico-chimique.
28
+ Dans cette partie, nous limiterons notre étude à des verres d’oxydes. Cependant, il existe d’autres grands types de verres (en particulier ceux composés uniquement d’éléments métalliques) non transparents à l'optique mais au magnétisme, les verres métalliques amorphes et les verres de spin, composés cristallisés caractérisés par une absence d’ordre magnétique à grande distance (spin).
29
+
30
+ Le verre est un matériau amorphe, c’est-à-dire non cristallin. De ce fait, il présente un désordre structural important.
31
+ Sa structure microscopique est telle qu’il n’existe aucun ordre à grande distance dans un verre. En cela, et en cela seulement, il est assez analogue à un liquide. Prenons l'exemple de l'eau pure, constituée de molécules d'eau (H2O). Si on isole chaque molécule d'eau, autour de chaque atome d'oxygène, on trouvera toujours deux atomes d'hydrogène : c'est un « ordre » (c'est reproductible d'une molécule à l'autre) à courte distance (à l'échelle de la molécule d'H2O). En revanche, si on prend deux molécules distinctes d'H2O en référence à un instant t et que l'on regarde leurs voisinages, c'est-à-dire l'emplacement exact des molécules d'H2O voisines, on obtiendra deux résultats complètement différents pour nos deux références. Il n'y a pas d'ordre à grande distance (à une distance supérieure à l'échelle de la molécule). On appelle la fonction de distribution radiale, ou fonction de distribution de paires, la fonction donnant probabilité de trouver une particule (dans cet exemple la molécule d'eau) entre un rayon r et r+dr de la référence. La diffraction de neutron permet, par exemple, l'évaluation des fonctions de distribution radiale d'un matériau, pour chaque élément, et montre des pics plus élargis pour des verres que des cristaux, soulignant le caractère aléatoire de la position des voisins de l'élément atomique de référence, dans les verres[14].
32
+
33
+ On retrouve dans les verres l'ordre à courte distance (à l'échelle maximale de quelques distances interatomiques), mais pas au-delà. Ce qui s'illustre par un premier pic fin de fonctions de distribution radiale comme pour un cristal, puis des pics de plus en plus élargis, contrairement à un cristal idéal.
34
+
35
+ Un verre peut même être vu comme un « réseau » tridimensionnel, semblable à celui d’un cristal, mais dans lequel seul l’ordre à courte distance est conservé. Comparons, par exemple, la structure du dioxyde de silicium (SiO2) cristallin (sous sa forme cristobalite) et celle de la silice vitreuse :
36
+
37
+ Silice cristalline (cristobalite).
38
+
39
+ Silice vitreuse.
40
+
41
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
42
+
43
+ Dans les deux cas, chaque atome de silicium est lié à quatre atomes d’oxygène, formant ainsi des tétraèdres SiO4 (ordre à courte distance) ; chaque tétraèdre pouvant être considéré comme une « brique » de l’édifice final. Mais tandis que la cristobalite peut être définie comme un empilement régulier de ces briques SiO4 (elle a un ordre à grande distance), la silice vitreuse peut être considérée comme un empilement anarchique de ces mêmes briques SiO4 (elle n'a plus d'ordre à grande distance).
44
+
45
+ En raison de sa structure amorphe, les verres produisent, en diffraction de rayons X, un halo de diffusion, contrairement aux cristaux qui donnent des pics étroits et intenses.
46
+
47
+ En raison de sa structure amorphe, le verre est soumis à très peu de contraintes stœchiométriques. De ce fait, un verre peut inclure en son sein une très grande variété d’éléments et présenter des compositions très complexes.
48
+
49
+ Dans un verre d’oxydes, ces différents éléments sont sous une forme cationique, afin de former des oxydes avec l’anion oxygène O2-.
50
+
51
+ Les cations intervenant dans la composition de verres peuvent être classés en trois catégories
52
+ selon le rôle structural qu’ils jouent lors de la vitrification (formation du verre) : les formateurs de réseau, les non-formateurs de réseau (ou modificateurs de réseau) et les intermédiaires. Les critères structuraux de cette classification prennent en compte le nombre de coordination (nombre d’atomes d’oxygène auxquels est lié le cation) et les forces de liaison.
53
+
54
+ Dans les verres non-oxydes (chalcogénures, verres métalliques, etc.), on ne peut pas parler en termes de formateurs/modificateurs de réseau. On peut en particulier réaliser des verres avec un unique élément, comme le verre de soufre ou le verre de sélénium (seuls éléments connus aujourd'hui pouvant former, seuls, un verre) : ces éléments ne sont donc classables ni comme formateurs, ni comme modificateurs. Une multitude de verres de chalcogénures peuvent être formés, dont germanium-sélénium, arsenic-sélénium, tellure-arsenic-sélénium[15]. Pour ces verres, on ne parlera pas en termes de formateurs/modificateurs de réseau. Les verres métalliques sont généralement formés à partir d'au moins trois atomes ayant de grandes différences de rayon atomique, de façon à rendre la cristallisation plus difficile, et l'obtention du verre possible avec des vitesses de trempe acceptables[f]. Les verres métalliques n'ont pas de liaisons covalentes, on ne parlera donc également pas en termes de formateurs/modificateurs de réseau.
55
+
56
+ Les formateurs de réseau sont des éléments qui peuvent à eux seuls former un verre. Les éléments formateurs les plus courants sont le silicium Si (sous sa forme oxyde SiO2), le bore B (sous sa forme oxyde B2O3), le phosphore P (sous sa forme oxyde P2O5), le germanium Ge (sous sa forme oxyde GeO2) et l’arsenic As (sous sa forme oxyde As2O3).
57
+
58
+ Ce sont des éléments métalliques de valence assez élevée (généralement 3 ou 4, parfois 5), qui forment des liaisons iono-covalentes (mi-covalentes mi-ioniques) avec les atomes d’oxygène. Ils donnent des polyèdres de faible coordinence (3 ou 4), comme SiO4, BO4 ou BO3. Ces polyèdres sont liés par leurs sommets et forment le réseau vitreux.
59
+
60
+ Les modificateurs de réseau (ou non-formateurs) ne peuvent pas former de verre à eux seuls. Ce sont essentiellement les alcalins, les alcalino-terreux et dans une moindre mesure certains éléments de transition et les terres rares.
61
+
62
+ Ils sont habituellement plus volumineux (rayon ionique plus important) que les formateurs de réseau, faiblement chargés et donnent des polyèdres de grande coordinence. Leurs liaisons avec les atomes d’oxygène sont plus ioniques que celles établies par les formateurs.
63
+
64
+ Ils peuvent avoir deux rôles structuraux bien distincts, soit modificateurs de réseau vrais, soit compensateurs de charge.
65
+
66
+ Les éléments intermédiaires ont différents comportements : certains de ces éléments sont soit formateurs, soit modificateurs selon la composition du verre, tandis que d’autres n’auront ni l’une ni l’autre de ces fonctions mais un rôle intermédiaire.
67
+
68
+ Les principaux éléments intermédiaires dans les verres d’oxydes sont l’aluminium Al, le fer Fe, le titane Ti, le nickel Ni et le zinc Zn.
69
+
70
+ Des métaux et des oxydes métalliques peuvent être ajoutés lors du processus de fabrication du verre pour influer sur sa couleur.
71
+
72
+ D’un point de vue thermodynamique, le verre est obtenu à partir d’une phase liquide surfondue solidifiée au point de transition vitreuse, Tv.
73
+
74
+ Pour une composition donnée, on s’intéresse à la variation d’une grandeur thermodynamique du premier ordre comme le volume occupé par cette phase (en maintenant la pression constante) ou une des fonctions thermodynamiques énergétiques molaires, comme l’enthalpie H, par exemple (on aurait aussi pu choisir l’énergie interne U).
75
+
76
+ Intéressons-nous au refroidissement d’un liquide. A priori, pour des températures inférieures à la température de fusion Tf (Tf dépend de la pression), l’état le plus stable thermodynamiquement correspond à l’état cristallisé (enthalpie la plus faible possible). À Tf, on observe alors une variation de H ou de volume : il s'agit d'une modification d'une grandeur thermodynamique du premier ordre, qui correspond à un changement d'état. Sous la Tf, on observe aussi un changement de pente de H (cette pente est beaucoup plus faible pour un solide que pour un liquide).
77
+
78
+ Mais si, lors du refroidissement du liquide, la viscosité est trop importante ou le refroidissement très rapide, la cristallisation n’a pas le temps de se produire et un liquide surfondu est alors obtenu. Aucune discontinuité de H n’est alors observée à Tf et sa pente reste inchangée. En poursuivant le refroidissement, la viscosité du liquide augmente de façon exponentielle et le liquide surfondu devient quasiment solide. Lorsqu’elle atteint 1013 poises, la rigidité empêche les mouvements microscopiques locaux et on observe un changement de pente de l’enthalpie : il n'y a pas de variation de grandeur thermodynamique du premier ordre, mais un changement de grandeur thermodynamique du second ordre comme le coefficient de dilatation, ou la capacité calorifique (qui s'observent par dilatométrie et calorimétrie différentielle à balayage respectivement). La température à laquelle se produit ce changement s’appelle température de transition vitreuse, Tv. La transition vitreuse est donc appelée « transition thermodynamique du second ordre » (par opposition à la fusion qui est une transition du premier ordre)[g]. La transition vitreuse résulte d'une perte de mobilités atomiques au fur et à mesure du refroidissement. Elle n'est pas intrinsèque et dépend donc de la vitesse de refroidissement[10]: elle augmente si la vitesse de trempe augmente. Pour une température inférieure à Tv, le matériau est un solide avec le désordre structural d’un liquide : c’est un verre. Le désordre, et donc l’entropie, sont plus élevés dans un verre que dans un cristal. Sous la Tv, l'entropie (l'enthalpie ou le volume) varie de la même façon pour le verre et pour le cristal. Mais, en théorie, si le verre est refroidi suffisamment lentement, la Tv s'abaissant, par extrapolation de la variation d'entropie du liquide surfondu, on pourrait obtenir un verre d'entropie plus faible que le cristal équivalent : c'est ce que l'on appelle le paradoxe de Kauzmann[h]. L'alternative à ce paradoxe reste débattue.
79
+
80
+ Le passage continu de l’état liquide à l’état vitreux se fait dans une plage de température délimitée par la température de fusion (Tf) et la température de transition vitreuse (Tv). La zone de transition vitreuse encadre Tv. En dessous de Tv, le verre devient « hors équilibre » : il s'éloigne de son équilibre thermodynamique, puisque les mobilités atomiques ne sont plus suffisantes (la viscosité augmentant) pour que l'équilibre soit atteint (il s'éloigne donc d'autant plus de l'équilibre que la vitesse de refroidissement est élevée). Hors équilibre, on dit que le verre est l'isostructural d'un liquide de température plus élevée (ce qu'on appelle la température fictive[16]). Le temps de relaxation nécessaire pour atteindre l’équilibre de configuration (l'équilibre thermodynamique) est alors supérieur au temps d’expérience. Ainsi, le verre est un matériau métastable, évoluant inévitablement vers l’état d'équilibre (jusqu'à ce que sa température fictive égale sa température effective).
81
+
82
+ Une des caractéristiques essentielles des verres est la possibilité de les mettre en forme pour soufflage ou fibrage. Ceci vient du fait qu'en chauffant du verre, on va continuellement diminuer sa viscosité, alors que pour un solide cristallin, on observe une forte variation de viscosité au moment de la fusion. La glace a une viscosité à température légèrement négative, de l'ordre de 1014 Pas (calcul d'après les bandes de Forbes de la Mer de Glace[17]) alors que la viscosité de l'eau liquide est de l'ordre de 10−3 Pa s. L'eau est donc 100 millions de milliards de fois plus fluide que la glace, et il n'existe pas de forme de glace ayant une viscosité telle qu'on puisse la souffler comme le verre (il n'y a pas de glace à viscosité intermédiaire entre 1014 et 10−3 Pa s à pression ambiante). De même pour l'acier et n'importe quel métal courant. Lorsqu'on chauffe un verre, sa viscosité diminue continuellement, typiquement de 1045−50 Pa s, pour un verre à vitre à température ambiante[i], à 1–10 Pa s, à 1 500–1 550 °C. Il n'y a pas de variation brutale de viscosité car le verre n'a pas de transition thermodynamique du premier ordre (de température de fusion). On peut donc trouver une bonne température pour un verre, s'il ne cristallise pas, où il a exactement la bonne viscosité pour le souffler, le fibrer, le mouler, l'étirer, le couler ou le façonner de tout autre manière.
83
+
84
+ Certaines viscosités sont importantes d'un point de vue industriel et scientifique pour produire le verre. En chauffant progressivement le verre, on passe par des viscosités de[18],[19]:
85
+
86
+ On définit la "longueur" d'un verre par l'écart de température entre son point d'écoulement et son point de travail[20]. Un verre "long" est un verre qu'un souffleur de verre peut travailler pendant un long moment à l'air libre avant que sa viscosité ne devienne trop grande (puisqu'il refroidit). Un verre "court" est un verre qu'il ne peut travailler que pendant un court moment.
87
+
88
+ Le verre est souvent décrit comme un liquide extraordinairement visqueux et son caractère de solide est souvent discuté[21]. Le verre est décrit comme un liquide qui s'ignore, car il aurait la propriété de couler à température ambiante. Rappelons tout d'abord que cette propriété n'est pas propre au verre : la glace, par exemple, pourtant solide cristallin, s'écoule à l'échelle des temps humains avec une viscosité à −13 °C à peine supérieure à celle des verres à leur Tv[j]. Rappelons ensuite que le caractère solide, en rhéologie, ne se définit que par rapport au temps d'observation. Le temps de relaxation mécanique d'un corps est défini, au sens de Maxwell, comme le ratio entre sa viscosité et son module d'élasticité en cisaillement[22]. Il est de l'ordre de grandeur de l'inverse de la fréquence des mouvements atomiques associés à l'écoulement. Le nombre de Deborah est défini comme le ratio entre le temps de relaxation et le temps d'observation. Un corps est dit solide si ce nombre est très supérieur à 1, liquide sinon.
89
+
90
+ La plupart des verres silicatés ont des temps de relaxation à l'ambiante qui dépassent l'âge de l'Univers[i], et donc des nombres de Deborah très supérieurs à 1, même en considérant un temps d'observation de l'ordre de l'âge de l'humanité. Ce sont des solides au sens rhéologique. Ainsi d’après Daniel Bonn, du Laboratoire de physique statistique de l’ENS, si les vitraux des cathédrales ou les glaces de la Galerie des Glaces au château de Versailles sont plus épais à la base qu’à leur sommet, c’est du fait du procédé de fabrication utilisé, la partie la plus épaisse étant disposée vers le bas pour des raisons de stabilité[23],[24]. En revanche, certains verres, dont les verres de chalcogénures, ont des Tv relativement basses, proches de l'ambiante. C'est le cas du sélénium amorphe (sélénium noir[25]) (Tv=42 °C)[26], qui a un temps de relaxation à l'ambiante de l'ordre de 15 000 s (3,7 h). L'écoulement du sélénium amorphe s'observe donc facilement à température ambiante[27] bien qu'il soit sous sa Tv.
91
+
92
+ Cependant, bien que l'idée de « liquides figés » est la première chose assimilée au mot verre, ce n’est qu’une infime partie de ce que ce mot désigne d’un point de vue de la physique des matériaux. Cette image vient du fait que la méthode pour obtenir un verre la plus répandue est de fondre le matériau pour ensuite le refroidir rapidement et éviter la cristallisation, comme indiqué ci-dessus au paragraphe Principaux composants. Il existe d’autres méthodes d’amorphisation comme le broyage mécanique[28], concentration sans cristallisation (condensation d’une vapeur sur une surface froide ou concentration d’un soluté en solution)[29], lyophilisation[30] ou encore atomisation[31]. En français, on utilise parfois le mot « verre » uniquement pour les solides amorphes issus de trempe du liquide[32]. Un verre est, en réalité et d'un point de vue physique des matériaux, un matériau solide amorphe présentant le phénomène de transition vitreuse, et qu'importe la méthode d'obtention du verre utilisée. En anglais notamment, cette distinction n'existe pas.
93
+
94
+ Il existe des différences structurales entre le liquide et l'amorphe pour certains matériaux. Le glucose possède deux formes anomériques, α et β. En spectroscopie Raman, il existe une zone appelée « anomérique », qui permet de différencier ces deux formes. Les spectres Raman des verres de β-glucose obtenus par trempe du liquide et par cryobroyage mécanique représentés ci-contre sont différents, avec la présence de bandes de vibrations dans le liquide trempé supplémentaires dues à la mutarotation du glucose[33] présente dans le glucose liquide. Cela démontre que structuralement, un verre issu d'une trempe d'un liquide et un verre issu d'un broyage mécanique peuvent être différents.
95
+
96
+ L'image de « liquide figé » est donc un cas particulier du solide amorphe. Le consensus actuel pour la définition du verre est « solide non-cristallin »[4].
97
+
98
+ Certains verres sont transparents dans le visible, c'est notamment le cas de la plupart des verres silicatés, et c'est l'une des propriétés les plus exploitées des verres. D'autres sont transparents dans d'autres gammes de longueurs d'onde, comme les verres de chalcogénures. Le verre à vitre courant est transparent de l'UV jusqu'au moyen infrarouge[34], il ne transmet pas les UV-B et les UV-C. Ainsi, on peut bronzer derrière une vitre, puisque les UV-A sont transmis, mais très difficilement attraper des coups de soleil. Les verres qui sont transparents ne le sont toujours que dans une certaine gamme de longueurs d'onde, limitée aux basses longueurs d'onde par l'énergie de bande interdite et aux hautes longueurs d'onde par la coupure multi-phonon.
99
+
100
+ Les verres silicatés, du fait du silicium, possèdent une large bande interdite séparant la bande de valence de la bande de conduction (9 eV[35] pour la silice vitreuse, entre 1 et 3 eV pour les verres de chalcogénures). Pour qu'un photon soit absorbé par le verre, il doit avoir une énergie suffisante pour exciter les électrons de valence vers la bande de conduction. Si le photon a une énergie trop faible (une longueur d'onde trop grande) pour permettre à un électron de franchir la bande interdite, il est transmis et le verre est transparent à cette énergie de photon.
101
+
102
+ Du fait du désordre qui caractérise un verre, les bandes de valence et de conduction s'étendent dans la bande interdite (ils forment ce qu'on appelle des queues de bandes) et réduisent l'énergie séparant bande de valence et bande de conduction. La limite optique d'absorption (limite basse, en longueur d'onde, où le verre commence à transmettre) n'est donc pas abrupte (il n'y a pas un seuil précis d'énergie de photon pour laquelle la transparence commence) mais progressive, une fraction infime des photons pouvant être absorbés même à des énergies bien plus faibles que l'énergie de bande interdite. Cette zone de faible absorption correspond à la « queue d'Urbach »[36].
103
+
104
+ À la vibration du réseau atomique, on associe également une quasi-particule appelée « phonon ». Les phonons interagissent de diverses façons avec les photons (voir la diffusion Raman et la diffusion Brillouin). Des phonons peuvent interagir entre eux et générer un moment électrique qui affectera le rayonnement électromagnétique[37] : c'est ce que l'on appelle l'absorption multi-phonons. Aux longueurs d'onde élevées (énergies faibles), les verres ne transmettent donc plus du fait des interactions photons-phonons. Dans les verres silicatés, la vibration d'élongation de la liaison Si-O correspond à une longueur d'onde de 8,9 μm, et le verre absorbe donc énormément à cette longueur d'onde. Tellement que la première harmonique (fréquence double, donc longueur d'onde deux fois plus faible : 4,5 μm) produit déjà une très forte absorption[10].
105
+
106
+ La fréquence de vibration d'un réseau atomique, et donc l'énergie de phonon, est inversement proportionnelle à la masse des atomes[38]. Les éléments chalcogènes étant relativement lourds, ils repoussent la limite de transparence à de plus grandes longueurs d'onde (de plus faibles énergies) que les verres silicatés. Les verres de chalcogénures sont donc transparents plus loin dans l'infrarouge que les verres silicatés.
107
+
108
+ Chaque type d'impureté dans le verre va induire une ou plusieurs bandes d'absorption perturbant sa transparence ; pour le verre à vitre, le fer (ses oxydes) est l'impureté qui génère la teinte vert-bleutée que l'on peut déceler en regardant une vitre sur la tranche. Des verres de silice contenant énormément d'impuretés, comme le verre de REFIOM, ne sont pas transparents mais noirs.
109
+
110
+ Les verres métalliques (alliages métalliques amorphes) possèdent des électrons libres, ils sont conducteurs et n'ont donc pas de bande interdite. En conséquence, ils ne sont pas transparents.
111
+
112
+ Le verre industriel a de bonnes compatibilités avec la plupart des composés chimiques, par contre l’acide fluorhydrique (HF) dégrade facilement le verre.
113
+
114
+ Les verres ne sont pas insensibles à l’action de l’eau ou de l’air. L'eau affecte la plupart des propriétés du verre, comme par exemple sa viscosité[39]. Un des effets connus de l'eau sur le verre est la « propagation sous-critique »[40] : par réaction d'hydrolyse, les fissures se propagent progressivement dans les verres sous contrainte, ceci pouvant conduire à leur rupture à plus ou moins long terme. Bien sûr, cela n’empêche pas l’existence de verres ayant plusieurs millions d’années et non altérés, car la sensibilité des verres à l’altération dépend de leur composition chimique.
115
+
116
+ Le verre, au sens commun, apparaît comme un matériau fragile. Les verres silicatés, comme la plupart des verres d'oxydes ou de chalcogénures, sont effectivement fragiles à température ambiante dans le sens où ils peuvent être brisés sans générer la moindre déformation permanente (à l'inverse d'un matériau ductile, comme le plomb, qu'on peut déformer, plier, avant de le casser). Il est cependant possible de déformer un verre de façon permanente, sous haute pression : on parle de « densification »[41]. La silice vitreuse peut ainsi voir son volume réduit de près de 25 %. Le caractère fragile des verres, donc l'absence de mécanisme de déformation plastique à température ambiante (en dehors de sous de hautes pressions), est dû à leurs liaisons atomiques fortes (covalentes ou ioniques en majorité). D'une manière générale, on s'attendrait à ce qu'un matériau ayant de fortes énergies de liaison soit très résistant mécaniquement, car il faudrait une grande énergie mécanique pour parvenir à rompre ses liaisons (le diamant est le matériau type qui soutiendrait cette idée). On sait aujourd'hui que la moindre rayure de surface sur ces matériaux va être l'initiateur d'une fissure et d'une rupture (cassure), par un phénomène de concentration de contrainte[42]. Comme il est quasi-inévitable qu'un matériau dur comme le verre présente des défauts anguleux en surface, ce qui compte pour caractériser sa résistance mécanique n'est pas son énergie de liaisons atomiques, mais sa ténacité, c'est-à-dire la résistance à la propagation de ces défauts. La ténacité des verres d'oxyde est relativement faible (0,5-1,0 MPa.√m), soit quasiment cent fois moins que les métaux courants[43]. La ténacité des verres silico-sodo-calciques peut cependant être considérablement augmentée par trempe thermique ou chimique. La plupart des écrans de smartphone et tablette tactile sont aujourd'hui des verres fins trempés chimiquement.
117
+
118
+ Il existe de nombreux témoignages de personnes ayant observé des récipients en verre qui "explosent tout seul", sans qu'on les touche. Ce phénomène n'a rien de paranormal. Pour qu'un verre casse, il faut qu'il présente une fissure, et que cette fissure subisse une contrainte de traction telle qu'elle se propage, c'est la base de la définition de la ténacité. En principe, dans cette approche, si la contrainte est trop faible, la fissure ne bouge pas. Néanmoins, les verres silicatés sont sensibles à l'eau, et une réaction d'hydrolise vient faire avancer la fissure dès lors qu'elle subit une faible contrainte de tension : on appelle cela de la propagation sous-critique[44]. La fissure peut alors avancer très lentement, nanomètre par nanomètre, sous le simple effet de l'humidité de l'air. La contrainte quant à elle peut venir d'un mauvais recuit du verre. Une fois que la fissure a atteint une taille critique ou qu'elle est entrée dans une zone de forte tension, la pièce en verre éclate. Suivant l'humidité, la température, l'histoire thermique du verre et la taille initiale de la fissure, le processus peut très bien prendre des années.
119
+
120
+ Dans les verres trempés thermique, il y a eu un traitement thermique, que l'on peut penser maîtrisé et qui, a-priori, laisse penser que le phénomène peut être évité. Néanmoins, les vitrages peuvent être sujets à une pollution de sulfure de nickel (NiS), venant des matières premières (calcite, dolomite)[45]. À la température de chauffe du traitement thermique, le NiS change de phase (α, stable à partir de 379 °C) et se contracte (de 2 à 4%), et lors de la trempe, il n'a pas le temps de revenir à sa phase stable (β) à la température ambiante et reste en phase α. Mais cette phase étant métastable, elle revient progressivement à la forme β en grossissant à nouveau (ce qui peut demander beaucoup de temps), générant d'énormes contraintes dans le verre et son "explosion spontanée" longtemps après l'installation du vitrage.
121
+
122
+ Le verre, selon son épaisseur, sa composition et son mode de production, est plus ou moins résistant aux chocs, chutes et impacts.
123
+
124
+ Il a été montré[46] que pour un verre donné, le nombre de fissures en étoile compté autour d'un point d'impact (de balle par exemple) traduit la vitesse relative du projectile contre le verre au moment de l'impact. En cas d'accident ou d'utilisation d'arme à feu ayant percuté du verre, il devient donc possible d'obtenir des informations sur la vitesse du projectile (et donc sur la distance du tireur si on connait le type d'arme et de munition utilisées) ; selon des tests ayant porté sur des projectiles lancés à une vitesse de plus en plus élevée jusqu'à 432 km/h, plus la quantité d'énergie cinétique est importante, plus le nombre de fissures est important, avec une équation simple reliant ces deux paramètres. Inversement, on peut maintenant déduire aussi la vitesse d'un véhicule au moment d'un accident, par l'observation des fissures d'un phare ou pare-brise perforé lors de l'accident[46].
125
+
126
+ De plus, selon des mesures d'amateurs[47], la vitesse de propagation des craquelures au sein d'un verre trempé de 5 mm d'épaisseur est d'environ 1 458 m/s.
127
+
128
+ Les valeurs qui suivent ne sont destinées qu’à fournir un ordre de grandeur, car il existe plusieurs variétés de verres, des flints lourds (chargés en plomb ; masse volumique variant de 2 500 à 5 900 kg/m3) au verre à vitre standard (2 500 kg/m3) en passant par les crowns (de 2 200 à 3 800 kg/m3), etc.
129
+
130
+ Les propriétés de verre peuvent être calculées par l’analyse statistique des bases de données de verre[51],[52], par exemple SciGlass[53] et Interglad[54]. Si la propriété de verre désirée n’est pas liée à la cristallisation (par exemple, la température de liquidus) ou à la séparation de phase, la régression linéaire peut être appliquée en utilisant des fonctions polynomiales communes jusqu’au troisième degré. Au-dessous figure une équation d’exemple du deuxième degré. Les C-valeurs sont les concentrations composantes de verre comme Na2O ou CaO en pourcentage ou d’autres fractions, les b-valeurs sont des coefficients, et n est le chiffre total des composants de verre. La composante principale de verre, le dioxyde de silicium SiO2, est exclue dans l’équation ci-dessous en raison de l’au-dessus-paramétrisation, due à la contrainte que tous les composants résument à 100 %. Beaucoup de termes dans l’équation ci-dessous peuvent être négligés au moyen de l’analyse de corrélation et de signification.
131
+
132
+ Propriété du verre =
133
+
134
+
135
+
136
+
137
+ b
138
+
139
+ 0
140
+
141
+
142
+ +
143
+
144
+
145
+
146
+ i
147
+ =
148
+ 1
149
+
150
+
151
+ n
152
+
153
+
154
+
155
+ (
156
+
157
+
158
+ b
159
+
160
+ i
161
+
162
+
163
+
164
+ C
165
+
166
+ i
167
+
168
+
169
+ +
170
+
171
+
172
+
173
+ k
174
+ =
175
+ i
176
+
177
+
178
+ n
179
+
180
+
181
+
182
+ b
183
+
184
+ i
185
+ k
186
+
187
+
188
+
189
+ C
190
+
191
+ i
192
+
193
+
194
+
195
+ C
196
+
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+ k
198
+
199
+
200
+
201
+ )
202
+
203
+
204
+
205
+ {\displaystyle b_{0}+\sum _{i=1}^{n}\left(b_{i}C_{i}+\sum _{k=i}^{n}b_{ik}C_{i}C_{k}\right)}
206
+
207
+ Les propriétés d'un verre étant assez difficiles à prédire, notamment par la difficulté de créer des modèles universels[55] pour chaque propriété, les solutions actuelles pour prédire des propriétés de verres et permettre le développement de nouveaux verres à propriétés spécifiques, s'orientent, depuis peu, vers l'apprentissage profond[56]. Schématiquement, le principe consiste à entraîner un réseau de neurone par apprentissage automatique (il s'agit d'intelligence artificielle) à déterminer les propriétés de nombreux verres (typiquement 100 000[55]) déjà connues, pour qu'il soit, par la suite, capable de prédire par extrapolation les propriétés de verres encore jamais élaborés. Cette méthode permet de s'affranchir de tout modèle physique que des décennies de recherche scientifiques n'ont toujours pas réussir à établir.
208
+
209
+ Le verre naturel est tout type de verre formé naturellement. On distingue deux grandes familles : le verre biologique et le verre géologique.
210
+
211
+ L’espèce produisant le plus de verre sur Terre n’est pas l’homme, mais la famille des diatomées. En effet, ces algues unicellulaires sont protégées par une coque de verre[57] aux formes surprenantes et délicates. Constituant du plancton, ce verre a une densité considérable et bien supérieure à celle du verre produit dans l'industrie. Depuis 2008, les scientifiques commencent à identifier le détail de la synthèse : elle part des silicates présents dans l’eau de mer, et ils commencent à savoir reproduire en laboratoire des réactions similaires[58]. Cette fabrication a lieu dans des conditions physiques de la chimie douce, c’est-à-dire qu’elle ne nécessite ni température ni pression élevées.
212
+
213
+ L’intérêt majeur du verre pour la diatomée est de ne pas faire obstacle à la photosynthèse en laissant passer la lumière. Il est synthétisé très rapidement au moment de la méiose.
214
+
215
+ De nombreuses roches silicatées, si elles sont refroidies suffisamment rapidement, ont tendance à vitrifier. On observe en particulier ce phénomène, sur Terre, auprès des volcans, où on peut par exemple observer la formation d'obsidienne, de pierres ponces (de composition généralement proche de l'obsidienne), de tachylyte, de palagonite.
216
+
217
+ Les fulgurites sont un autre exemple de verre naturel produit par un impact de foudre (généralement sur le sable). L'impactite se forme, elle, par l'impact d'une météorite. Sa forme la plus connue est le verre lybique[10]. La Lune possède également, à sa surface, de la roche vitrifiée par des impacts de météorites[10]. On parle alors de verre lunaire.
218
+
219
+ Contrairement aux impactites que l'on retrouve au sein du cratère, les tectites sont éjectées au moment de l'impact hors du cratère jusqu'à des distances pouvant atteindre 2 000 km[59]. A l'impact, l'encaissant rocheux et l'impactant sont fondus car la température dépasse typiquement 1 600 °C. L’atmosphère ayant été soufflée par le projectile météoritique lors de l’impact, les éléments de transition comme le fer sont principalement présents sous forme réduite[60]. Les éjectas fondus constitués d'un mélange d'encaissant et d'impacteur empruntent une trajectoire balistique à plusieurs km/s et subissent de faibles pressions. Au cours de leur trajet dans l'atmosphère, le liquide silicaté subit une trempe extrêmement rapide. Les tectites sont caractérisées par des morphologies diverses et parfois étonnantes (sphère, haltère, goutte, poire, larme, etc.) selon leur histoire thermique, leur vitesse de rotation et leur érosion après la retombée.
220
+
221
+ Les comètes seraient également constituées de « verre d'eau » ou glace amorphe[k].
222
+
223
+ Les verres bioactifs, ou bioverres, sont des matériaux utilisés en chirurgie réparatrice comme substituts osseux.
224
+
225
+ Par extrapolation, le nom de verre est employé pour d’autres matériaux amorphes.
226
+
227
+ Par exemple, des mélanges à base de fluorures de zirconium, baryum, lanthane et aluminium produisent des verres fluorés plus transparents dans l’ultraviolet et le proche infrarouge que le verre de silice. Ils servent donc à fabriquer des instruments optiques pour ces rayonnements[61].
228
+
229
+ Beaucoup de verres de lunettes sont fabriqués avec des verres organiques qui sont des polymères à base de carbone comme le polycarbonate de bisphénol A ou le polycarbonate d’allyle.
230
+
231
+ Certains alliages métalliques peuvent être solidifiés avec une structure amorphe grâce à un refroidissement très rapide, on les appelle alors des verres métalliques. On peut par exemple projeter le métal en fusion sur un tambour de cuivre tournant à grande vitesse. Ces alliages sont utilisés par exemple pour les cœurs de transformateurs. En effet leur cycle d’hystérésis est très faible, ce qui réduit considérablement les pertes.
232
+
233
+ On peut obtenir des dépôts d’alliages métalliques (Al-Cu-Fe) amorphe par dépôt sous vide.
234
+
235
+ En dehors de films minces, déposés suivant diverses méthodes, le processus de synthèse de verre est très souvent le suivant : fusion, trempe et recuit[10] (la méthode de « fusion-trempe » ou melt quenching method, en anglais).
236
+
237
+ Concernant les verres silico-sodocalciques, les éléments nécessaires à la synthèse du verre, généralement des oxydes (silice) et des carbonates (carbonates de calcium, de sodium) sont mélangés puis amenés à fusion. Pour le verre à vitre standard, on utilise du sable blanc, de la soude, de la chaux et du verre cassé (le calcin)[62] qu'on porte à 1 550 °C. Le verre est ensuite souvent affiné, surtout pour des volumes importants : on le débarrasse de ses bulles en le maintenant à haute température. La viscosité assez faible favorise alors la remontée des bulles à la surface. On peut également passer par un processus d'homogénéisation, en mélangeant par exemple le liquide, si les mouvements de convection au sein du liquide ne suffisent pas.
238
+
239
+ Si le mélange en fusion est refroidi doucement, il aura tendance à cristalliser puisque le cristal est la forme solide la plus stable thermodynamiquement. Pour éviter la cristallisation et obtenir une structure amorphe, donc un verre, il faut refroidir violemment le liquide: on parle de trempe, bien que pour les verres, il ne s'agisse que rarement de plonger le mélange en fusion dans l'eau. Les verres silicatés sont le plus souvent trempés dans l'air (ramené brutalement du four de fusion vers l'air ambiant ou vers un autre four à plus basse température). Les verres métalliques nécessitent des trempes plus violentes, puisque le refroidissement doit parfois atteindre plusieurs milliers de kelvins par seconde. Les verres de chalcogénures dont la fusion est faite dans une ampoule de silice sont souvent trempés en plongeant l'ampoule dans l'eau ou la glace.
240
+
241
+ La trempe induit un refroidissement plus rapide de la surface du verre (en contact avec l'air) que du cœur. La surface se refroidissant, se contracte, et se solidifie. Ce phénomène génère des contraintes dans le verre. Ce phénomène est bien connu lors des chocs thermiques: si on prend un plat en verre sorti du four à 200 °C et qu'on le met dans l'évier, sous un jet d'eau froide, il casse car la surface veut se contracter au contact de l'eau froide mais le cœur, chaud, l'en empêche. La surface est donc mis en tension brutale, ce qui entraîne la rupture. Lors de la trempe après fusion, la surface se contracte mais pas le cœur. Mais le cœur, très chaud, a une viscosité assez faible pour accommoder la contraction. Le verre ne casse donc pas, mais reste fortement contraint. Sans traitement, ces contraintes peuvent entraîner un éclatement du verre à long terme. On réalise donc un recuit, à température proche de la température de transition vitreuse pour que la viscosité du verre soit assez faible pour que les contraintes se relaxent en une à quelques heures, selon la nature et le volume de verre.
242
+
243
+ Si l'objet en verre se présente sous une forme fine, le recuit n'est pas indispensable, car le gradient thermique entre la surface et le cœur reste faible: les fibres optiques ou la laine de verre ne sont pas recuits.
244
+
245
+ Si un verre est mal recuit, les contraintes internes peuvent s'observer en lumière polarisée par photoélasticimétrie. Cette expérience peut être réalisé par tout un chacun: un écran d'ordinateur fournit la lumière polarisée, on place l'objet en verre devant et on le regarde avec des lunettes de soleil polarisantes: si un "arc-en-ciel" apparaît dans le verre, il est mal recuit.
246
+
247
+ Le verre peut être mis en forme selon différentes méthodes qui peuvent être classées en continues et en discontinues :
248
+
249
+ Le verre à base de silice est utilisé essentiellement en optique pour ses propriétés réfringentes (lentilles, verres de lunettes) depuis le Moyen Âge.
250
+
251
+ Les verres d'oxydes sont connus pour leur application en optique dans le visible et le proche infrarouge (lentilles, prismes, miroir depuis le Moyen Âge; fibre optique moderne de télécommunication).
252
+
253
+ La transparence des verres silicatés en font un élément majeur dans le développement de l'énergie solaire moderne[64],[65]. Les verres de chalcogénures se développent aujourd'hui pour des applications d'optique infrarouge, dont la vision nocturne, la spectroscopie infrarouge par onde évanescente[66], des applications d'holographie, d'optoélectronique[67]…
254
+ Il est également utilisé en chimie et dans l’industrie agroalimentaire : il réagit très peu avec la plupart des composés utilisés dans ces domaines, c’est donc un matériau idéal pour les contenants (bouteilles, pots de yaourt, béchers, erlenmeyers, colonnes de distillation, éprouvettes, tubes à essai). Un des seuls liquides ayant le pouvoir de dissoudre efficacement le verre est l’acide fluorhydrique (HF).
255
+
256
+ Le verre est le matériau dans lequel sont confinés les déchets radioactifs de haute activité (HAVL) par le procédé de vitrification. Étant désordonné, le verre supporte en effet bien les radiations sur le long terme, à l'inverse des métaux dont la structure a justement tendance à s'amorphiser et donc à perdre ses propriétés mécaniques sous irradiation. De plus, le verre vieillit très bien à l'échelle géologique, même en présence d'eau.
257
+
258
+ Le verre est aussi un matériau de construction très important dans l’architecture. En dehors des vitrages en verre flotté habituels depuis la moitié du XXe siècle, la brique de verre utilisée depuis une centaine d'années réalise des parois translucides horizontales et verticales ; elle a pour origine la dalle de verre carrée antique[11]. La pâte de verre a remplacé les éléments de céramique issus de la mosaïque sur les façades dans l'architecture moderne, sur les étanchéités des piscines ; en 2019, les salles de bains « raffinées » remettent à la mode ce matériau. Le verre est notamment présent maintenant sous forme de laine de verre, isolant léger, imputrescible et ininflammable.
259
+
260
+ Les fibres de verre à base de silice jouent un rôle important dans les ouvrages d'art actuels par des guides optiques véhiculant l'information des différents capteurs permettant la surveillance continue des ouvrages[68].
261
+
262
+ Le verre est aussi un matériau très important dans l’actuelle industrie automobile.
263
+
264
+ Les verres de chalcogénures sont également massivement utilisés dans le DVD où ils sont supports de l'information[66].
265
+ Le verre est également présent dans les éléments de haute technologie du quotidien : disques durs, écrans tactiles[69], verres autonettoyants, et les industriels du verre envisagent de multiples applications futures[70].
266
+
267
+ Certains aciers peuvent être solidifiés sous forme amorphe, « verre métallique ». Les verres métalliques se sont également introduits dans les articles de sports (raquettes, skis, battes)[71].
268
+ Du fait de leur isotropie, ces aciers ont des propriétés non-magnétiques intéressantes notamment spécifiquement pour la construction de sous-marins furtifs. Ils ont également une grande dureté et une très bonne tenue à la corrosion.
269
+
270
+ Dans de nombreuses applications, le verre est actuellement remplacé par des matières plastiques, plus légères et souvent plus résistantes au choc.
271
+
272
+ On peut le rencontrer sous forme de microbilles, de fibres (coupées ou non), de mats (fibres disposées « en vrac ») ou de tissus (mode de tissage « taffetas », par exemple). Incorporées dans la matrice polymère ou déposées en surface, ces présentations sont utilisées notamment comme renfort (fibreux[l] ou non) de résines thermoplastiques (polyamides) ou thermodurcissables (polyesters, époxydes) dans les plastiques, ainsi que dans les matériaux composites.
273
+
274
+ Les utilisations artistiques du verre sont innombrables depuis des siècles. Dans l'art actuel, on trouve aussi bien la glace brisée et recuite[72] que les robes de haute couture lumineuses. Elles ont accompagné ou nécessité de nombreuses innovations techniques (vitraux en verre non sodique médiévaux[11], pâte de verre, fusing, thermo-formage, etc.).
275
+
276
+ Le verre peut subir des modifications pour le renforcer et le sécuriser :
277
+
278
+ Le verre peut aussi subir des traitements de surface, le plus souvent des dépôts :
279
+
280
+ La verrerie constitue une activité artisanale.
281
+
282
+ Depuis l'Antiquité, les artistes-peintres ont adopté la feuille de verre comme support pour peindre; entre autres la peinture sur verre inversé (ou peinture sous verre ou peinture sur verre) est une technique artistique difficile qui s'exécute directement sur une feuille de verre. Le verre supporte la peinture comme le ferait une toile. Soudée au verre, c'est à travers ce support que l'on contemple l'œuvre. Ainsi le verre sert à la fois de support et de vernis protecteur. Précisons que c'est une technique de peinture à froid de sorte que le procédé n'exige pas de cuisson au four. Le pigment est lié au verre par un véhicule huileux le plus souvent à base de vernis. Une grande partie des couleurs utilisées avant notre époque est actuellement interdite à l'emploi (santé des verriers).
283
+
284
+ Le verre, s’il est bien trié (tri sélectif), peut se recycler indéfiniment sans perdre ses qualités. Dans certains pays tels que l'Allemagne, la Belgique, la Suisse ou les pays nordiques, le tri peut différencier le verre blanc, vert et brun pour un recyclage plus performant, et les bouteilles consignées puis réutilisées sont plus fréquemment choisies par les producteurs et consommateurs[réf. souhaitée].
285
+
286
+ Le grésil et le verre pilé issu de la collecte (souillé par des poussières et d'autres déchets) et du nettoyage des routes et sols imperméabilisés urbains sont toutefois refusés par les verreries. D'autres usages leur sont recherchés ou sont testés afin de ne pas avoir à continuer à les envoyer en décharge ou incinérateur[74],[75]). Il peut servir comme élément décoratif (verre de couleur) dans le béton[76],[77].
287
+
288
+ Dans l’asphalte, par exemple en Guyane, depuis fin 2006, les déchets de verre (70 t collectées de fin 2006 avec un premier chantier-test mi 2007 au centre de Cayenne) sont utilisés en fond de couche routière sous forme de verre pilé. Il faut 4 600 t de verre pour 30 km de route. Ce type de réutilisation peut cependant poser des problèmes de dangerosité (lors des chantiers[78] et peut-être pour la faune fouisseuse).
289
+
290
+ Les bouteilles de verre usagées peuvent être fondues. La matière ainsi récupérée permet de fabriquer de nouvelles bouteilles.
291
+
292
+ Le verre peut également être produit à partir de calcin (verre broyé) de récupération. La fabrication du verre à partir de calcin de récupération économise des matières premières et de l’énergie.
293
+
294
+ Avant d’être refondu, le verre subit différents traitements : broyage, lavage, élimination des colles, étiquettes, capsules, séparation du verre et des métaux et élimination des rebuts (porcelaine, cailloux, etc.).
295
+
296
+ En France, le gros du verre est récupéré sous forme de verre brisé. Le verre consigné est récupéré dans l'ensemble des bars et cafés, ainsi que pour les bouteilles de bière en vente publique en Alsace. L'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) pense que le bénéfice de la consigne de contenants en verre n'est pas évident, compte tenu des circuits d'approvisionnement assez longs en France[79].
297
+
298
+ Avec ce système les bouteilles sont récupérées entières, moyennant une contrepartie financière, lavées puis réutilisées.
299
+
300
+ En Europe, la consigne du verre re-remplissable est autorisée à la discrétion des États membres, à condition de ne pas générer de distorsions de concurrence et dans le cadre d'une politique de protection de l’environnement[79].
301
+
302
+ L’Allemagne et la Belgique ont privilégié la consigne. Le Canada utilise un système similaire à l’Allemagne et a uniformisé le format des bouteilles de bière pour faciliter une réutilisation plus rentable et facile par diverses compagnies.
303
+
304
+ Le verre peut se cristalliser et devenir plus ou moins opaque voire pulvérulent.
305
+
306
+ Les verres de fouille peuvent s'iriser au contact des substances présentes dans le sol.
307
+
308
+ Des dépôts ou des altérations chimiques peuvent modifier sa surface.
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+
310
+ Les verres supportent en général une savonnée légère. Attention cependant aux dorures qu'il vaut mieux ne pas frotter.
311
+
312
+ En principe, la corrosion du verre est liée à la présence des ions H+ dans H2O.
313
+
314
+ Les fêlures sont sans solution et les collages sont généralement visibles à cause d'une différence d'indice de réfraction. Les colles cyanoacrylates et les silicones donnent parfois des résultats satisfaisants mais on leur préfère des colles époxyde pour leur plus grande stabilité, leur indice de réfraction proche de celui de certains verres et leur basse viscosité. Autrefois, on utilisait surtout le baume du Canada.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Taxons concernés
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+ Articles sur l'âne commun
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+ Âne est le nom vernaculaire donné à certaines espèces de mammifères quadrupèdes ongulés de la famille des Équidés, plus petit que le cheval, à longues oreilles et à l'échine saillante. Le plus connu des ânes est l'âne domestique (Equus asinus), issu de la domestication de l'âne sauvage d'Afrique (Equus africanus), et à partir duquel de nombreuses races ont pu être sélectionnées.
10
+
11
+ Le substantif masculin[1],[2],[3],[4] « âne » (prononcé [ɑ:n][2]) est issu du latin asinus[1],[2],[3].
12
+
13
+ La plus ancienne forme attestée du nom préindo-européen de l'âne dans les régions méditerranéennes et proche-orientales serait le sumérien anšu[5] par lequel Émile Benveniste explique ὄνος (ónos), grec ancien auquel le latin asinus serait apparenté[4].
14
+
15
+ L'ancien français asne est attesté au Xe siècle[1],[4] : d'après le Trésor de la langue française informatisé[2], sa première occurrence se trouve dans la Passion du Christ dite de Clermont[6]. La graphie ‹ ane › est attestée au XIIIe siècle[4].
16
+
17
+ Le mot désigne l'âne domestique depuis le Xe siècle[4].
18
+
19
+ De par son origine, l'âne n'a pas de nom indo-européen. Celui-ci est un héritage du Proche-Orient qui s'est répandu dans les langues européennes à partir du latin. Ainsi le latin asinus, dérivé du sumérien anshu, est passé dans l'ensemble des langues, sauf dans le roumain. Seul le « A » accentué est présent dans l'ensemble des langues, comme asino en italien, asno en espagnol et portugais, ase en occitan et âne en français.
20
+ Dans le langage familier, le terme « bourrique » est issu de l'espagnol borrico, dérivé lui-même du bas latin burricus désignant un petit cheval[7].
21
+
22
+ L'âne mâle reproducteur est le baudet[8],[9],[10] ; l'âne femelle, l'ânesse[11],[12],[13] ; l'âne juvénile, l'ânon[14],[15],[16].
23
+
24
+ Le cri de l'âne est le braiment[17],[18], ou ‹ braiement ›[19]. Il est représenté par l'onomatopée hi-han[20], ou ‹ hi han ›[21].
25
+
26
+ L'âne ne doit être confondu ni avec le mulet, hybride né d'un âne mâle et d'une jument[22],[23],[24], ni avec le bardot, hybride né d'un cheval mâle et d'une ânesse[25],[26],[27].
27
+
28
+ Les caractéristiques générales des ânes sont celles des équidés[1],[2],[3],[28]. Ce sont des mammifères[1],[3] terrestres. Herbivores, ils consomment fréquemment des végétaux fibreux de qualité très médiocre[28]. Ce sont des ongulés périssodactyles[28], c'est-à-dire avec dans leur cas un doigt unique, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective.
29
+
30
+ Les ânes partagent toutefois plusieurs caractéristiques communes à l'ensemble des espèces. Ils sont plus petits que les chevaux[1],[2],[28]. Leurs oreilles sont plus longues que celles des autres équidés[1],[2],[3],[28]. Bien irriguées, adaptées au désert, elles permettent le refroidissement du corps[29]. La queue ressemble à celle de la vache. Elle est pourvue de poils courts à l'exception de l'extrémité recouverte d'une touffe[29]. Leurs yeux sont plus dirigés vers l'avant que ceux des chevaux domestiques. Contrairement aux chevaux, les ânes ont des châtaignes quasiment inexistantes aux postérieurs[29]. Leur échine est saillante[1]. Les ânes ne possèdent pas de cinquième vertèbre lombaire comme on le retrouve dans le squelette des autres équidés[29].
31
+ Leurs sabots sont également caractéristiques. Plus verticaux, plus petits et plus durs que ceux des chevaux, ils n'ont pas besoin d'être ferrés, sauf s'ils travaillent[29]. Leur poil est long, rude et présente une grande variété de texture[29]. La crinière, au toupet quasiment inexistant, est courte, dressée sur l'encolure et ne dépasse que rarement les douze centimètres[29]. Leur robe est généralement grise sauf sous le ventre, le museau et le contour des yeux qui sont blancs. Des races domestiques peuvent être à dominante noire, comme le Grand noir du Berry, ou brun, comme le Baudet du Poitou, ou blanc, comme l'âne blanc d'Égypte. Les races grises comme l'âne de Provence ont aussi une bande cruciale qui se dessine sur leur dos, appelée « croix de saint André ». Les espèces sauvages présentent une robe allant du gris au brun-sable, voire brun-rouge chez le kiang ou âne sauvage du Tibet.
32
+ Leur cri est le braiment qui est une sorte de « Hi-Han » assez strident et puissant absolument caractéristique.
33
+
34
+ Certaines différences morphologiques, comme la tête, le cou ou les pattes, permettent de distinguer les espèces différentes[30] :
35
+
36
+ Les populations d’ânes sauvages sont menacées et certaines figurent sur la Liste rouge de l’UICN.
37
+
38
+ L'âne domestique a formé des populations redevenues sauvages notamment en Australie et en Amérique : c'est le phénomène du marronnage.
39
+
40
+ Âne commun et ses nombreuses races
41
+
42
+ Âne sauvage d'Afrique
43
+
44
+ Âne sauvage d'Asie
45
+
46
+ Âne sauvage du Tibet
47
+
48
+ † Âne europ��en
49
+
50
+ Âne du Poitou
51
+
52
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
53
+
54
+ À l'échelle de l'Histoire, l'âne demeure le second animal domestiqué mis au service du transport, après le bœuf. Selon les récentes études, il semblerait provenir d'Afrique, et sa présence à l'état sauvage est attestée dans la Vallée du Nil dès le Paléolithique Moyen (en Nubie, à Khor Musa). La présence, en Égypte, de l'âne domestique est effective dès le Ve millénaire av. J.‑C. avant notre ère, à El-Omari, puis au début du IVe millénaire av. J.‑C. à Maadi. Il faut attendre la fin du IVe millénaire av. J.‑C. pour le voir apparaître en Mésopotamie (un signe pictographique rend compte de sa présence à l'époque d'Uruk)
55
+
56
+ Très vite, l'âne devient l'animal de transport terrestre privilégié (bât, débardage, attelage) en raison de ses larges qualités contrastant avec quelques défauts facilement contournables. Intelligent, frugal, rapide (jusqu'à 5 km/h).
57
+ Néanmoins ses besoins journaliers en eau (quarante litres) et sa capacité de charge assez relative (entre cinquante et cent kilogrammes) ont très vite représenté des entraves non négligeables. Si l'archéologie nous renseigne peu sur son utilisation à la fin du Néolithique, l'épigraphie nous en raconte davantage. Ainsi existait-il, aux côtés de caravanes constituées d'une dizaine de bestiaux, de larges convois (jusqu'à mille têtes) destinés à acheminer les grains sur plusieurs centaines de kilomètres.
58
+
59
+ Les traces d'un usage de l'âne comme monture sont relativement récentes. Les plus anciennes remontent à environ 2700 av. J.-C., au Proche Orient[31].
60
+
61
+ Depuis longtemps, les éleveurs d'ovins entraînent spécialement des ânes « bergers » avec plus ou moins de succès pour protéger leur troupeau contre des prédateurs comme les coyotes, les renards et les chiens errants (leur efficacité contre les loups est plus sujette à caution, et nulle contre lynx et ours). Ils exploitent en effet son instinct grégaire naturel qui le porte à s'attacher aux ovins (technique d'imprégnation), et à son agressivité innée à l'encontre des prédateurs[32]. De plus, l'âne a un besoin d'entretien minime, a une bonne longévité et est compatible avec les autres méthodes de lutte contre les prédateurs (notamment les chiens patou ou les lamas également entraînés à cette fin). Enfin, il est capable de manger les feuilles des cardères ou les chardons et participe à l'intérêt environnemental du pastoralisme[33]. Cette utilisation ancestrale explique les nombreux contes qui font intervenir l'âne et le loup[34].
62
+
63
+ Compagnon de l'homme depuis les temps les plus anciens, l'âne a très tôt été utilisé comme symbole. Mais c'est un animal à la symbolique ambiguë. Il peut en effet soit représenter le Bien et ses attributs sont alors l'humilité et la patience, soit le Mal et ce sont alors les adjectifs têtu, bête et borné qui le caractérisent[35].
64
+ Les Égyptiens associaient ainsi l'âne au dieu Seth, à la couleur rouge et à l'esprit du mal. Les chrétiens tiennent, d'un côté, l'âne en estime lorsqu'il est représenté dans la crèche ou lorsqu'il porte Jésus, mais d'un autre côté ils l'associent à la lubricité et à l'obscénité[36].
65
+ Dans la langue française, de nombreuses expressions et proverbes font aussi référence à l'âne. Il est ainsi utilisé pour personnifier l'ignorance, la bêtise, la folie, la disgrâce, la débauche, l'hébétude et l'entêtement[37].
66
+ C'est également un animal fortement représenté dans l'ensemble des arts. C'est ainsi le cas en littérature, où l'âne apparaît depuis les temps les plus anciens, comme dans les Fables d'Ésope ou dans les contes d'Apulée, chez les auteurs classiques comme Jean de La Fontaine, Victor Hugo ou Alphonse Daudet, et jusqu'à nos jours avec Les Aventures de Pinocchio (qui se voit pousser des oreilles d'âne et se transforme même en âne), de Carlo Collodi, Le Petit Âne blanc de Joseph Kessel[36].
67
+ On le retrouve en peinture dans des scènes de vie rurale ou dans les sujets bibliques[36].
68
+ Plus récemment, il trouve aussi sa place au cinéma, et ce, aussi bien dans les films dramatiques comme dans Au hasard Balthazar, que dans les films d'animation avec le personnage de l'Âne dans Shrek[38].
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+ Enfin, il est présent en musique comme dans la chanson d'Hugues Aufray, Le Petit Âne gris[36].
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+ On peut distinguer deux définitions du verre :
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+
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+ La définition classique du mot « verre » (un matériau dur, fragile et transparent, à base de silice) est insuffisamment précise, notamment parce qu'elle inclurait le quartz parmi les verres[5]. Le développement de nouveaux matériaux transparents, depuis un siècle, a rendu cette définition désuète et source de confusion, notamment parce qu'il est difficile de s'assurer qu'un matériau fragile et transparent est bien réellement dur et réellement fait de silice. L'exemple le plus flagrant est le verre de lunettes qui, bien qu'on l'appelle « verre » ne répond pas à la définition première : les verres actuels ne sont, ni particulièrement durs, ni à base de silice (ce sont des matériaux organiques).
4
+
5
+ On parle également de « perles de verre » pour des matériaux produits depuis plus de 3 000 ans, même si ces perles ne sont pas du tout transparentes (l'aspect vitreux suffit à leur attribuer le nom de verre). Il en va de même pour les millefiori produits depuis l'antiquité. La laine de verre n'a aucune nécessité d'être transparente, elle peut donc être juste translucide, voire noire (de même pour la mousse de verre). On nomme donc « verre » dans le langage courant des objets qui n'en sont pas faits, au sens de la définition commune du verre. À l'inverse, certains matériaux correspondent parfaitement à la définition commune du verre sans en être : outre le quartz certaines céramiques[6] sont des matériaux silicatés, durs, fragiles, transparents dans le visible mais ce ne sont pas des verres.
6
+
7
+ La communauté scientifique internationale donne donc une autre définition du verre : du point de vue physique, le verre est un matériau amorphe (c’est-à-dire non cristallin) présentant le phénomène de transition vitreuse. En dessous de sa température de transition vitreuse, qui varie fortement avec la composition du verre (plus de 1 000 °C pour la silice vitreuse, moins de 40 °C pour le sélénium amorphe), le verre se présente à l’état vitreux. Aujourd'hui, un grand nombre de solides amorphes sont regroupés sous le nom de « verre ». Ainsi, on fabrique non seulement des verres minéraux, mais aussi des verres organiques et même des verres métalliques[7].
8
+
9
+ Il y a un peu plus d'un siècle, n'étaient considérés comme « verre », même pour la communauté scientifique, qu'un matériau ou un alliage dur, fragile (cassant) et transparent à la lumière visible (bien souvent même, ce terme est réservé à un alliage à base de silice). À cette époque, le verre était le plus souvent constitué de dioxyde de silicium (silice SiO2, le constituant principal du sable) et de fondants[1]. Dans le langage courant, cette définition persiste, car aujourd'hui encore, parmi tous les types de verre artificiels, le plus courant est le verre sodocalcique.
10
+
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+ Il y a plus de quatre mille ans, les céramistes et chaufourniers égyptiens ont découvert qu'en chauffant de la silice SiO2(sable), avec du natron, transformé en soude par dessèchement et purification, et de la chaux vive, ils fabriquaient une matière plus ou moins vitreuse et transparente. En ajoutant certains ingrédients ou poudres minérales colorées au mélange, ces premiers verriers obtenaient des verres spécifiques ou diversement colorés. Les proportions massiques du mélange de départ pour obtenir un verre stable à 650 °C sont d'environ :
12
+
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+ D'où l'esquisse sans stœchiométrie de la réaction chimique expliquant la formation concrète de matière vitreuse[d] :
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+
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+ Depuis les années 1920[8], on a constaté et mis en évidence, par la diffraction de rayons X (DRX), qu'une des spécificités des verres étaient leur absence de structure cristalline (« d'ordre ») détectable par cristallographie aux rayons X. Cette spécificité n'étant pas propre aux oxydes transparents, mais à tous les amorphes, on a, depuis les années 1920, rassemblé sous le terme « verre » la plupart des solides amorphes. Depuis le début du XXe siècle, nombre de définitions[9] ont permis d'élargir la définition désuète du verre (à travers leurs points communs : absence d'ordre, transition vitreuse, etc.) qui le limitait aux matériaux transparents à base d'oxydes. Ainsi, on fabrique non seulement des verres minéraux, mais aussi des verres organiques et même des verres métalliques[7]. On peut regrouper les verres inorganiques sous différentes classes, dont voici la liste exhaustive[10] :
16
+
17
+ Parmi ces verres, beaucoup ne sont pas transparents (verres oxyazotés, verres métalliques…) ou du moins pas dans le visible (verres de chalcogénures). Il est par ailleurs aisé, sans avoir à rajouter des fractions volumiques importantes d'oxydes métalliques, de produire des verres silicatés faiblement transparents voire opaque. L'obsidienne est par exemple un verre volcanique silicaté généralement légèrement translucide, mais noir. Le verre de REFIOM est également un verre d'oxydes, qui n'a rien de transparent.
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+
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+ Vous pouvez aider en ajoutant des références ou en supprimant le contenu inédit. Voir la page de discussion pour plus de détails.
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+ Depuis l'invention du verre par les hommes à l'est du bassin méditerranéen avec la chaleur sur du sable, on peut distinguer culturellement par l'usage les objets qui en sont composés[e]. Cette production de matériau hasardeuse est séparée de la volonté d'obtenir quelque chose en le cuisant (ce qui est à l'inverse le cas des métaux et de la céramique) ; elle est résiduelle[pas clair]. La symbolique n'en sera pas forcément la même : pour la céramique qui est aussi une terre transformée, il s'agit de l'alimentaire, jusqu'aux jarres et amphores gauloises standardisées en passant par les coupes. Pour les contenants en verre qui sont plutôt de petite taille jusqu'à l'époque moderne, il s'agit de pharmacie de cosmétique et de funéraire. Ainsi les ampoules à long col donneront la bouteille. Soit le pot dans une taverne, soit les coupes royales à champagne ainsi que les bouteilles de vin de garde. L'aspect économique est essentiel car avant la découverte de la houille, pour obtenir en 48 heures une fusion à 1 600 °C, il faut 22 kg de bois pour obtenir 1 kg de verre. La matière pondéreuse établit à la fois son origine de production, le marché et ses débouchés, les circuits commerciaux dès l'Empire romain[11].
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+
23
+ Le verre est un des premiers matériaux mis au point, rêvé par l’homme. Il est le symbole de la fragilité, la finesse et la transparence[2] : par exemple, la pantoufle de verre de Cendrillon dans le conte de Charles Perrault et le dessin animé de Walt Disney. Il est souvent considéré que dans le conte original, la pantoufle était de vair, mais Perrault a écrit sa version de l’histoire avec une pantoufle de verre[12],[13], le dessin animé reprend également cette idée.
24
+
25
+ Dans l'univers des Elder Scrolls, le verre est un minerai volcanique précieux utilisé pour forger en particulier des armes et des armures. Elles sont efficaces, mais paradoxalement fragiles. Cependant, dans le dernier opus, Skyrim, aucune précision n'est donnée sur sa solidité, étant donné que la dégradation de l'équipement n'est plus prise en compte dans le jeu.
26
+
27
+ Cette partie aborde le verre et ses caractéristiques d’un point de vue physico-chimique.
28
+ Dans cette partie, nous limiterons notre étude à des verres d’oxydes. Cependant, il existe d’autres grands types de verres (en particulier ceux composés uniquement d’éléments métalliques) non transparents à l'optique mais au magnétisme, les verres métalliques amorphes et les verres de spin, composés cristallisés caractérisés par une absence d’ordre magnétique à grande distance (spin).
29
+
30
+ Le verre est un matériau amorphe, c’est-à-dire non cristallin. De ce fait, il présente un désordre structural important.
31
+ Sa structure microscopique est telle qu’il n’existe aucun ordre à grande distance dans un verre. En cela, et en cela seulement, il est assez analogue à un liquide. Prenons l'exemple de l'eau pure, constituée de molécules d'eau (H2O). Si on isole chaque molécule d'eau, autour de chaque atome d'oxygène, on trouvera toujours deux atomes d'hydrogène : c'est un « ordre » (c'est reproductible d'une molécule à l'autre) à courte distance (à l'échelle de la molécule d'H2O). En revanche, si on prend deux molécules distinctes d'H2O en référence à un instant t et que l'on regarde leurs voisinages, c'est-à-dire l'emplacement exact des molécules d'H2O voisines, on obtiendra deux résultats complètement différents pour nos deux références. Il n'y a pas d'ordre à grande distance (à une distance supérieure à l'échelle de la molécule). On appelle la fonction de distribution radiale, ou fonction de distribution de paires, la fonction donnant probabilité de trouver une particule (dans cet exemple la molécule d'eau) entre un rayon r et r+dr de la référence. La diffraction de neutron permet, par exemple, l'évaluation des fonctions de distribution radiale d'un matériau, pour chaque élément, et montre des pics plus élargis pour des verres que des cristaux, soulignant le caractère aléatoire de la position des voisins de l'élément atomique de référence, dans les verres[14].
32
+
33
+ On retrouve dans les verres l'ordre à courte distance (à l'échelle maximale de quelques distances interatomiques), mais pas au-delà. Ce qui s'illustre par un premier pic fin de fonctions de distribution radiale comme pour un cristal, puis des pics de plus en plus élargis, contrairement à un cristal idéal.
34
+
35
+ Un verre peut même être vu comme un « réseau » tridimensionnel, semblable à celui d’un cristal, mais dans lequel seul l’ordre à courte distance est conservé. Comparons, par exemple, la structure du dioxyde de silicium (SiO2) cristallin (sous sa forme cristobalite) et celle de la silice vitreuse :
36
+
37
+ Silice cristalline (cristobalite).
38
+
39
+ Silice vitreuse.
40
+
41
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
42
+
43
+ Dans les deux cas, chaque atome de silicium est lié à quatre atomes d’oxygène, formant ainsi des tétraèdres SiO4 (ordre à courte distance) ; chaque tétraèdre pouvant être considéré comme une « brique » de l’édifice final. Mais tandis que la cristobalite peut être définie comme un empilement régulier de ces briques SiO4 (elle a un ordre à grande distance), la silice vitreuse peut être considérée comme un empilement anarchique de ces mêmes briques SiO4 (elle n'a plus d'ordre à grande distance).
44
+
45
+ En raison de sa structure amorphe, les verres produisent, en diffraction de rayons X, un halo de diffusion, contrairement aux cristaux qui donnent des pics étroits et intenses.
46
+
47
+ En raison de sa structure amorphe, le verre est soumis à très peu de contraintes stœchiométriques. De ce fait, un verre peut inclure en son sein une très grande variété d’éléments et présenter des compositions très complexes.
48
+
49
+ Dans un verre d’oxydes, ces différents éléments sont sous une forme cationique, afin de former des oxydes avec l’anion oxygène O2-.
50
+
51
+ Les cations intervenant dans la composition de verres peuvent être classés en trois catégories
52
+ selon le rôle structural qu’ils jouent lors de la vitrification (formation du verre) : les formateurs de réseau, les non-formateurs de réseau (ou modificateurs de réseau) et les intermédiaires. Les critères structuraux de cette classification prennent en compte le nombre de coordination (nombre d’atomes d’oxygène auxquels est lié le cation) et les forces de liaison.
53
+
54
+ Dans les verres non-oxydes (chalcogénures, verres métalliques, etc.), on ne peut pas parler en termes de formateurs/modificateurs de réseau. On peut en particulier réaliser des verres avec un unique élément, comme le verre de soufre ou le verre de sélénium (seuls éléments connus aujourd'hui pouvant former, seuls, un verre) : ces éléments ne sont donc classables ni comme formateurs, ni comme modificateurs. Une multitude de verres de chalcogénures peuvent être formés, dont germanium-sélénium, arsenic-sélénium, tellure-arsenic-sélénium[15]. Pour ces verres, on ne parlera pas en termes de formateurs/modificateurs de réseau. Les verres métalliques sont généralement formés à partir d'au moins trois atomes ayant de grandes différences de rayon atomique, de façon à rendre la cristallisation plus difficile, et l'obtention du verre possible avec des vitesses de trempe acceptables[f]. Les verres métalliques n'ont pas de liaisons covalentes, on ne parlera donc également pas en termes de formateurs/modificateurs de réseau.
55
+
56
+ Les formateurs de réseau sont des éléments qui peuvent à eux seuls former un verre. Les éléments formateurs les plus courants sont le silicium Si (sous sa forme oxyde SiO2), le bore B (sous sa forme oxyde B2O3), le phosphore P (sous sa forme oxyde P2O5), le germanium Ge (sous sa forme oxyde GeO2) et l’arsenic As (sous sa forme oxyde As2O3).
57
+
58
+ Ce sont des éléments métalliques de valence assez élevée (généralement 3 ou 4, parfois 5), qui forment des liaisons iono-covalentes (mi-covalentes mi-ioniques) avec les atomes d’oxygène. Ils donnent des polyèdres de faible coordinence (3 ou 4), comme SiO4, BO4 ou BO3. Ces polyèdres sont liés par leurs sommets et forment le réseau vitreux.
59
+
60
+ Les modificateurs de réseau (ou non-formateurs) ne peuvent pas former de verre à eux seuls. Ce sont essentiellement les alcalins, les alcalino-terreux et dans une moindre mesure certains éléments de transition et les terres rares.
61
+
62
+ Ils sont habituellement plus volumineux (rayon ionique plus important) que les formateurs de réseau, faiblement chargés et donnent des polyèdres de grande coordinence. Leurs liaisons avec les atomes d’oxygène sont plus ioniques que celles établies par les formateurs.
63
+
64
+ Ils peuvent avoir deux rôles structuraux bien distincts, soit modificateurs de réseau vrais, soit compensateurs de charge.
65
+
66
+ Les éléments intermédiaires ont différents comportements : certains de ces éléments sont soit formateurs, soit modificateurs selon la composition du verre, tandis que d’autres n’auront ni l’une ni l’autre de ces fonctions mais un rôle intermédiaire.
67
+
68
+ Les principaux éléments intermédiaires dans les verres d’oxydes sont l’aluminium Al, le fer Fe, le titane Ti, le nickel Ni et le zinc Zn.
69
+
70
+ Des métaux et des oxydes métalliques peuvent être ajoutés lors du processus de fabrication du verre pour influer sur sa couleur.
71
+
72
+ D’un point de vue thermodynamique, le verre est obtenu à partir d’une phase liquide surfondue solidifiée au point de transition vitreuse, Tv.
73
+
74
+ Pour une composition donnée, on s’intéresse à la variation d’une grandeur thermodynamique du premier ordre comme le volume occupé par cette phase (en maintenant la pression constante) ou une des fonctions thermodynamiques énergétiques molaires, comme l’enthalpie H, par exemple (on aurait aussi pu choisir l’énergie interne U).
75
+
76
+ Intéressons-nous au refroidissement d’un liquide. A priori, pour des températures inférieures à la température de fusion Tf (Tf dépend de la pression), l’état le plus stable thermodynamiquement correspond à l’état cristallisé (enthalpie la plus faible possible). À Tf, on observe alors une variation de H ou de volume : il s'agit d'une modification d'une grandeur thermodynamique du premier ordre, qui correspond à un changement d'état. Sous la Tf, on observe aussi un changement de pente de H (cette pente est beaucoup plus faible pour un solide que pour un liquide).
77
+
78
+ Mais si, lors du refroidissement du liquide, la viscosité est trop importante ou le refroidissement très rapide, la cristallisation n’a pas le temps de se produire et un liquide surfondu est alors obtenu. Aucune discontinuité de H n’est alors observée à Tf et sa pente reste inchangée. En poursuivant le refroidissement, la viscosité du liquide augmente de façon exponentielle et le liquide surfondu devient quasiment solide. Lorsqu’elle atteint 1013 poises, la rigidité empêche les mouvements microscopiques locaux et on observe un changement de pente de l’enthalpie : il n'y a pas de variation de grandeur thermodynamique du premier ordre, mais un changement de grandeur thermodynamique du second ordre comme le coefficient de dilatation, ou la capacité calorifique (qui s'observent par dilatométrie et calorimétrie différentielle à balayage respectivement). La température à laquelle se produit ce changement s’appelle température de transition vitreuse, Tv. La transition vitreuse est donc appelée « transition thermodynamique du second ordre » (par opposition à la fusion qui est une transition du premier ordre)[g]. La transition vitreuse résulte d'une perte de mobilités atomiques au fur et à mesure du refroidissement. Elle n'est pas intrinsèque et dépend donc de la vitesse de refroidissement[10]: elle augmente si la vitesse de trempe augmente. Pour une température inférieure à Tv, le matériau est un solide avec le désordre structural d’un liquide : c’est un verre. Le désordre, et donc l’entropie, sont plus élevés dans un verre que dans un cristal. Sous la Tv, l'entropie (l'enthalpie ou le volume) varie de la même façon pour le verre et pour le cristal. Mais, en théorie, si le verre est refroidi suffisamment lentement, la Tv s'abaissant, par extrapolation de la variation d'entropie du liquide surfondu, on pourrait obtenir un verre d'entropie plus faible que le cristal équivalent : c'est ce que l'on appelle le paradoxe de Kauzmann[h]. L'alternative à ce paradoxe reste débattue.
79
+
80
+ Le passage continu de l’état liquide à l’état vitreux se fait dans une plage de température délimitée par la température de fusion (Tf) et la température de transition vitreuse (Tv). La zone de transition vitreuse encadre Tv. En dessous de Tv, le verre devient « hors équilibre » : il s'éloigne de son équilibre thermodynamique, puisque les mobilités atomiques ne sont plus suffisantes (la viscosité augmentant) pour que l'équilibre soit atteint (il s'éloigne donc d'autant plus de l'équilibre que la vitesse de refroidissement est élevée). Hors équilibre, on dit que le verre est l'isostructural d'un liquide de température plus élevée (ce qu'on appelle la température fictive[16]). Le temps de relaxation nécessaire pour atteindre l’équilibre de configuration (l'équilibre thermodynamique) est alors supérieur au temps d’expérience. Ainsi, le verre est un matériau métastable, évoluant inévitablement vers l’état d'équilibre (jusqu'à ce que sa température fictive égale sa température effective).
81
+
82
+ Une des caractéristiques essentielles des verres est la possibilité de les mettre en forme pour soufflage ou fibrage. Ceci vient du fait qu'en chauffant du verre, on va continuellement diminuer sa viscosité, alors que pour un solide cristallin, on observe une forte variation de viscosité au moment de la fusion. La glace a une viscosité à température légèrement négative, de l'ordre de 1014 Pas (calcul d'après les bandes de Forbes de la Mer de Glace[17]) alors que la viscosité de l'eau liquide est de l'ordre de 10−3 Pa s. L'eau est donc 100 millions de milliards de fois plus fluide que la glace, et il n'existe pas de forme de glace ayant une viscosité telle qu'on puisse la souffler comme le verre (il n'y a pas de glace à viscosité intermédiaire entre 1014 et 10−3 Pa s à pression ambiante). De même pour l'acier et n'importe quel métal courant. Lorsqu'on chauffe un verre, sa viscosité diminue continuellement, typiquement de 1045−50 Pa s, pour un verre à vitre à température ambiante[i], à 1–10 Pa s, à 1 500–1 550 °C. Il n'y a pas de variation brutale de viscosité car le verre n'a pas de transition thermodynamique du premier ordre (de température de fusion). On peut donc trouver une bonne température pour un verre, s'il ne cristallise pas, où il a exactement la bonne viscosité pour le souffler, le fibrer, le mouler, l'étirer, le couler ou le façonner de tout autre manière.
83
+
84
+ Certaines viscosités sont importantes d'un point de vue industriel et scientifique pour produire le verre. En chauffant progressivement le verre, on passe par des viscosités de[18],[19]:
85
+
86
+ On définit la "longueur" d'un verre par l'écart de température entre son point d'écoulement et son point de travail[20]. Un verre "long" est un verre qu'un souffleur de verre peut travailler pendant un long moment à l'air libre avant que sa viscosité ne devienne trop grande (puisqu'il refroidit). Un verre "court" est un verre qu'il ne peut travailler que pendant un court moment.
87
+
88
+ Le verre est souvent décrit comme un liquide extraordinairement visqueux et son caractère de solide est souvent discuté[21]. Le verre est décrit comme un liquide qui s'ignore, car il aurait la propriété de couler à température ambiante. Rappelons tout d'abord que cette propriété n'est pas propre au verre : la glace, par exemple, pourtant solide cristallin, s'écoule à l'échelle des temps humains avec une viscosité à −13 °C à peine supérieure à celle des verres à leur Tv[j]. Rappelons ensuite que le caractère solide, en rhéologie, ne se définit que par rapport au temps d'observation. Le temps de relaxation mécanique d'un corps est défini, au sens de Maxwell, comme le ratio entre sa viscosité et son module d'élasticité en cisaillement[22]. Il est de l'ordre de grandeur de l'inverse de la fréquence des mouvements atomiques associés à l'écoulement. Le nombre de Deborah est défini comme le ratio entre le temps de relaxation et le temps d'observation. Un corps est dit solide si ce nombre est très supérieur à 1, liquide sinon.
89
+
90
+ La plupart des verres silicatés ont des temps de relaxation à l'ambiante qui dépassent l'âge de l'Univers[i], et donc des nombres de Deborah très supérieurs à 1, même en considérant un temps d'observation de l'ordre de l'âge de l'humanité. Ce sont des solides au sens rhéologique. Ainsi d’après Daniel Bonn, du Laboratoire de physique statistique de l’ENS, si les vitraux des cathédrales ou les glaces de la Galerie des Glaces au château de Versailles sont plus épais à la base qu’à leur sommet, c’est du fait du procédé de fabrication utilisé, la partie la plus épaisse étant disposée vers le bas pour des raisons de stabilité[23],[24]. En revanche, certains verres, dont les verres de chalcogénures, ont des Tv relativement basses, proches de l'ambiante. C'est le cas du sélénium amorphe (sélénium noir[25]) (Tv=42 °C)[26], qui a un temps de relaxation à l'ambiante de l'ordre de 15 000 s (3,7 h). L'écoulement du sélénium amorphe s'observe donc facilement à température ambiante[27] bien qu'il soit sous sa Tv.
91
+
92
+ Cependant, bien que l'idée de « liquides figés » est la première chose assimilée au mot verre, ce n’est qu’une infime partie de ce que ce mot désigne d’un point de vue de la physique des matériaux. Cette image vient du fait que la méthode pour obtenir un verre la plus répandue est de fondre le matériau pour ensuite le refroidir rapidement et éviter la cristallisation, comme indiqué ci-dessus au paragraphe Principaux composants. Il existe d’autres méthodes d’amorphisation comme le broyage mécanique[28], concentration sans cristallisation (condensation d’une vapeur sur une surface froide ou concentration d’un soluté en solution)[29], lyophilisation[30] ou encore atomisation[31]. En français, on utilise parfois le mot « verre » uniquement pour les solides amorphes issus de trempe du liquide[32]. Un verre est, en réalité et d'un point de vue physique des matériaux, un matériau solide amorphe présentant le phénomène de transition vitreuse, et qu'importe la méthode d'obtention du verre utilisée. En anglais notamment, cette distinction n'existe pas.
93
+
94
+ Il existe des différences structurales entre le liquide et l'amorphe pour certains matériaux. Le glucose possède deux formes anomériques, α et β. En spectroscopie Raman, il existe une zone appelée « anomérique », qui permet de différencier ces deux formes. Les spectres Raman des verres de β-glucose obtenus par trempe du liquide et par cryobroyage mécanique représentés ci-contre sont différents, avec la présence de bandes de vibrations dans le liquide trempé supplémentaires dues à la mutarotation du glucose[33] présente dans le glucose liquide. Cela démontre que structuralement, un verre issu d'une trempe d'un liquide et un verre issu d'un broyage mécanique peuvent être différents.
95
+
96
+ L'image de « liquide figé » est donc un cas particulier du solide amorphe. Le consensus actuel pour la définition du verre est « solide non-cristallin »[4].
97
+
98
+ Certains verres sont transparents dans le visible, c'est notamment le cas de la plupart des verres silicatés, et c'est l'une des propriétés les plus exploitées des verres. D'autres sont transparents dans d'autres gammes de longueurs d'onde, comme les verres de chalcogénures. Le verre à vitre courant est transparent de l'UV jusqu'au moyen infrarouge[34], il ne transmet pas les UV-B et les UV-C. Ainsi, on peut bronzer derrière une vitre, puisque les UV-A sont transmis, mais très difficilement attraper des coups de soleil. Les verres qui sont transparents ne le sont toujours que dans une certaine gamme de longueurs d'onde, limitée aux basses longueurs d'onde par l'énergie de bande interdite et aux hautes longueurs d'onde par la coupure multi-phonon.
99
+
100
+ Les verres silicatés, du fait du silicium, possèdent une large bande interdite séparant la bande de valence de la bande de conduction (9 eV[35] pour la silice vitreuse, entre 1 et 3 eV pour les verres de chalcogénures). Pour qu'un photon soit absorbé par le verre, il doit avoir une énergie suffisante pour exciter les électrons de valence vers la bande de conduction. Si le photon a une énergie trop faible (une longueur d'onde trop grande) pour permettre à un électron de franchir la bande interdite, il est transmis et le verre est transparent à cette énergie de photon.
101
+
102
+ Du fait du désordre qui caractérise un verre, les bandes de valence et de conduction s'étendent dans la bande interdite (ils forment ce qu'on appelle des queues de bandes) et réduisent l'énergie séparant bande de valence et bande de conduction. La limite optique d'absorption (limite basse, en longueur d'onde, où le verre commence à transmettre) n'est donc pas abrupte (il n'y a pas un seuil précis d'énergie de photon pour laquelle la transparence commence) mais progressive, une fraction infime des photons pouvant être absorbés même à des énergies bien plus faibles que l'énergie de bande interdite. Cette zone de faible absorption correspond à la « queue d'Urbach »[36].
103
+
104
+ À la vibration du réseau atomique, on associe également une quasi-particule appelée « phonon ». Les phonons interagissent de diverses façons avec les photons (voir la diffusion Raman et la diffusion Brillouin). Des phonons peuvent interagir entre eux et générer un moment électrique qui affectera le rayonnement électromagnétique[37] : c'est ce que l'on appelle l'absorption multi-phonons. Aux longueurs d'onde élevées (énergies faibles), les verres ne transmettent donc plus du fait des interactions photons-phonons. Dans les verres silicatés, la vibration d'élongation de la liaison Si-O correspond à une longueur d'onde de 8,9 μm, et le verre absorbe donc énormément à cette longueur d'onde. Tellement que la première harmonique (fréquence double, donc longueur d'onde deux fois plus faible : 4,5 μm) produit déjà une très forte absorption[10].
105
+
106
+ La fréquence de vibration d'un réseau atomique, et donc l'énergie de phonon, est inversement proportionnelle à la masse des atomes[38]. Les éléments chalcogènes étant relativement lourds, ils repoussent la limite de transparence à de plus grandes longueurs d'onde (de plus faibles énergies) que les verres silicatés. Les verres de chalcogénures sont donc transparents plus loin dans l'infrarouge que les verres silicatés.
107
+
108
+ Chaque type d'impureté dans le verre va induire une ou plusieurs bandes d'absorption perturbant sa transparence ; pour le verre à vitre, le fer (ses oxydes) est l'impureté qui génère la teinte vert-bleutée que l'on peut déceler en regardant une vitre sur la tranche. Des verres de silice contenant énormément d'impuretés, comme le verre de REFIOM, ne sont pas transparents mais noirs.
109
+
110
+ Les verres métalliques (alliages métalliques amorphes) possèdent des électrons libres, ils sont conducteurs et n'ont donc pas de bande interdite. En conséquence, ils ne sont pas transparents.
111
+
112
+ Le verre industriel a de bonnes compatibilités avec la plupart des composés chimiques, par contre l’acide fluorhydrique (HF) dégrade facilement le verre.
113
+
114
+ Les verres ne sont pas insensibles à l’action de l’eau ou de l’air. L'eau affecte la plupart des propriétés du verre, comme par exemple sa viscosité[39]. Un des effets connus de l'eau sur le verre est la « propagation sous-critique »[40] : par réaction d'hydrolyse, les fissures se propagent progressivement dans les verres sous contrainte, ceci pouvant conduire à leur rupture à plus ou moins long terme. Bien sûr, cela n’empêche pas l’existence de verres ayant plusieurs millions d’années et non altérés, car la sensibilité des verres à l’altération dépend de leur composition chimique.
115
+
116
+ Le verre, au sens commun, apparaît comme un matériau fragile. Les verres silicatés, comme la plupart des verres d'oxydes ou de chalcogénures, sont effectivement fragiles à température ambiante dans le sens où ils peuvent être brisés sans générer la moindre déformation permanente (à l'inverse d'un matériau ductile, comme le plomb, qu'on peut déformer, plier, avant de le casser). Il est cependant possible de déformer un verre de façon permanente, sous haute pression : on parle de « densification »[41]. La silice vitreuse peut ainsi voir son volume réduit de près de 25 %. Le caractère fragile des verres, donc l'absence de mécanisme de déformation plastique à température ambiante (en dehors de sous de hautes pressions), est dû à leurs liaisons atomiques fortes (covalentes ou ioniques en majorité). D'une manière générale, on s'attendrait à ce qu'un matériau ayant de fortes énergies de liaison soit très résistant mécaniquement, car il faudrait une grande énergie mécanique pour parvenir à rompre ses liaisons (le diamant est le matériau type qui soutiendrait cette idée). On sait aujourd'hui que la moindre rayure de surface sur ces matériaux va être l'initiateur d'une fissure et d'une rupture (cassure), par un phénomène de concentration de contrainte[42]. Comme il est quasi-inévitable qu'un matériau dur comme le verre présente des défauts anguleux en surface, ce qui compte pour caractériser sa résistance mécanique n'est pas son énergie de liaisons atomiques, mais sa ténacité, c'est-à-dire la résistance à la propagation de ces défauts. La ténacité des verres d'oxyde est relativement faible (0,5-1,0 MPa.√m), soit quasiment cent fois moins que les métaux courants[43]. La ténacité des verres silico-sodo-calciques peut cependant être considérablement augmentée par trempe thermique ou chimique. La plupart des écrans de smartphone et tablette tactile sont aujourd'hui des verres fins trempés chimiquement.
117
+
118
+ Il existe de nombreux témoignages de personnes ayant observé des récipients en verre qui "explosent tout seul", sans qu'on les touche. Ce phénomène n'a rien de paranormal. Pour qu'un verre casse, il faut qu'il présente une fissure, et que cette fissure subisse une contrainte de traction telle qu'elle se propage, c'est la base de la définition de la ténacité. En principe, dans cette approche, si la contrainte est trop faible, la fissure ne bouge pas. Néanmoins, les verres silicatés sont sensibles à l'eau, et une réaction d'hydrolise vient faire avancer la fissure dès lors qu'elle subit une faible contrainte de tension : on appelle cela de la propagation sous-critique[44]. La fissure peut alors avancer très lentement, nanomètre par nanomètre, sous le simple effet de l'humidité de l'air. La contrainte quant à elle peut venir d'un mauvais recuit du verre. Une fois que la fissure a atteint une taille critique ou qu'elle est entrée dans une zone de forte tension, la pièce en verre éclate. Suivant l'humidité, la température, l'histoire thermique du verre et la taille initiale de la fissure, le processus peut très bien prendre des années.
119
+
120
+ Dans les verres trempés thermique, il y a eu un traitement thermique, que l'on peut penser maîtrisé et qui, a-priori, laisse penser que le phénomène peut être évité. Néanmoins, les vitrages peuvent être sujets à une pollution de sulfure de nickel (NiS), venant des matières premières (calcite, dolomite)[45]. À la température de chauffe du traitement thermique, le NiS change de phase (α, stable à partir de 379 °C) et se contracte (de 2 à 4%), et lors de la trempe, il n'a pas le temps de revenir à sa phase stable (β) à la température ambiante et reste en phase α. Mais cette phase étant métastable, elle revient progressivement à la forme β en grossissant à nouveau (ce qui peut demander beaucoup de temps), générant d'énormes contraintes dans le verre et son "explosion spontanée" longtemps après l'installation du vitrage.
121
+
122
+ Le verre, selon son épaisseur, sa composition et son mode de production, est plus ou moins résistant aux chocs, chutes et impacts.
123
+
124
+ Il a été montré[46] que pour un verre donné, le nombre de fissures en étoile compté autour d'un point d'impact (de balle par exemple) traduit la vitesse relative du projectile contre le verre au moment de l'impact. En cas d'accident ou d'utilisation d'arme à feu ayant percuté du verre, il devient donc possible d'obtenir des informations sur la vitesse du projectile (et donc sur la distance du tireur si on connait le type d'arme et de munition utilisées) ; selon des tests ayant porté sur des projectiles lancés à une vitesse de plus en plus élevée jusqu'à 432 km/h, plus la quantité d'énergie cinétique est importante, plus le nombre de fissures est important, avec une équation simple reliant ces deux paramètres. Inversement, on peut maintenant déduire aussi la vitesse d'un véhicule au moment d'un accident, par l'observation des fissures d'un phare ou pare-brise perforé lors de l'accident[46].
125
+
126
+ De plus, selon des mesures d'amateurs[47], la vitesse de propagation des craquelures au sein d'un verre trempé de 5 mm d'épaisseur est d'environ 1 458 m/s.
127
+
128
+ Les valeurs qui suivent ne sont destinées qu’à fournir un ordre de grandeur, car il existe plusieurs variétés de verres, des flints lourds (chargés en plomb ; masse volumique variant de 2 500 à 5 900 kg/m3) au verre à vitre standard (2 500 kg/m3) en passant par les crowns (de 2 200 à 3 800 kg/m3), etc.
129
+
130
+ Les propriétés de verre peuvent être calculées par l’analyse statistique des bases de données de verre[51],[52], par exemple SciGlass[53] et Interglad[54]. Si la propriété de verre désirée n’est pas liée à la cristallisation (par exemple, la température de liquidus) ou à la séparation de phase, la régression linéaire peut être appliquée en utilisant des fonctions polynomiales communes jusqu’au troisième degré. Au-dessous figure une équation d’exemple du deuxième degré. Les C-valeurs sont les concentrations composantes de verre comme Na2O ou CaO en pourcentage ou d’autres fractions, les b-valeurs sont des coefficients, et n est le chiffre total des composants de verre. La composante principale de verre, le dioxyde de silicium SiO2, est exclue dans l’équation ci-dessous en raison de l’au-dessus-paramétrisation, due à la contrainte que tous les composants résument à 100 %. Beaucoup de termes dans l’équation ci-dessous peuvent être négligés au moyen de l’analyse de corrélation et de signification.
131
+
132
+ Propriété du verre =
133
+
134
+
135
+
136
+
137
+ b
138
+
139
+ 0
140
+
141
+
142
+ +
143
+
144
+
145
+
146
+ i
147
+ =
148
+ 1
149
+
150
+
151
+ n
152
+
153
+
154
+
155
+ (
156
+
157
+
158
+ b
159
+
160
+ i
161
+
162
+
163
+
164
+ C
165
+
166
+ i
167
+
168
+
169
+ +
170
+
171
+
172
+
173
+ k
174
+ =
175
+ i
176
+
177
+
178
+ n
179
+
180
+
181
+
182
+ b
183
+
184
+ i
185
+ k
186
+
187
+
188
+
189
+ C
190
+
191
+ i
192
+
193
+
194
+
195
+ C
196
+
197
+ k
198
+
199
+
200
+
201
+ )
202
+
203
+
204
+
205
+ {\displaystyle b_{0}+\sum _{i=1}^{n}\left(b_{i}C_{i}+\sum _{k=i}^{n}b_{ik}C_{i}C_{k}\right)}
206
+
207
+ Les propriétés d'un verre étant assez difficiles à prédire, notamment par la difficulté de créer des modèles universels[55] pour chaque propriété, les solutions actuelles pour prédire des propriétés de verres et permettre le développement de nouveaux verres à propriétés spécifiques, s'orientent, depuis peu, vers l'apprentissage profond[56]. Schématiquement, le principe consiste à entraîner un réseau de neurone par apprentissage automatique (il s'agit d'intelligence artificielle) à déterminer les propriétés de nombreux verres (typiquement 100 000[55]) déjà connues, pour qu'il soit, par la suite, capable de prédire par extrapolation les propriétés de verres encore jamais élaborés. Cette méthode permet de s'affranchir de tout modèle physique que des décennies de recherche scientifiques n'ont toujours pas réussir à établir.
208
+
209
+ Le verre naturel est tout type de verre formé naturellement. On distingue deux grandes familles : le verre biologique et le verre géologique.
210
+
211
+ L’espèce produisant le plus de verre sur Terre n’est pas l’homme, mais la famille des diatomées. En effet, ces algues unicellulaires sont protégées par une coque de verre[57] aux formes surprenantes et délicates. Constituant du plancton, ce verre a une densité considérable et bien supérieure à celle du verre produit dans l'industrie. Depuis 2008, les scientifiques commencent à identifier le détail de la synthèse : elle part des silicates présents dans l’eau de mer, et ils commencent à savoir reproduire en laboratoire des réactions similaires[58]. Cette fabrication a lieu dans des conditions physiques de la chimie douce, c’est-à-dire qu’elle ne nécessite ni température ni pression élevées.
212
+
213
+ L’intérêt majeur du verre pour la diatomée est de ne pas faire obstacle à la photosynthèse en laissant passer la lumière. Il est synthétisé très rapidement au moment de la méiose.
214
+
215
+ De nombreuses roches silicatées, si elles sont refroidies suffisamment rapidement, ont tendance à vitrifier. On observe en particulier ce phénomène, sur Terre, auprès des volcans, où on peut par exemple observer la formation d'obsidienne, de pierres ponces (de composition généralement proche de l'obsidienne), de tachylyte, de palagonite.
216
+
217
+ Les fulgurites sont un autre exemple de verre naturel produit par un impact de foudre (généralement sur le sable). L'impactite se forme, elle, par l'impact d'une météorite. Sa forme la plus connue est le verre lybique[10]. La Lune possède également, à sa surface, de la roche vitrifiée par des impacts de météorites[10]. On parle alors de verre lunaire.
218
+
219
+ Contrairement aux impactites que l'on retrouve au sein du cratère, les tectites sont éjectées au moment de l'impact hors du cratère jusqu'à des distances pouvant atteindre 2 000 km[59]. A l'impact, l'encaissant rocheux et l'impactant sont fondus car la température dépasse typiquement 1 600 °C. L’atmosphère ayant été soufflée par le projectile météoritique lors de l’impact, les éléments de transition comme le fer sont principalement présents sous forme réduite[60]. Les éjectas fondus constitués d'un mélange d'encaissant et d'impacteur empruntent une trajectoire balistique à plusieurs km/s et subissent de faibles pressions. Au cours de leur trajet dans l'atmosphère, le liquide silicaté subit une trempe extrêmement rapide. Les tectites sont caractérisées par des morphologies diverses et parfois étonnantes (sphère, haltère, goutte, poire, larme, etc.) selon leur histoire thermique, leur vitesse de rotation et leur érosion après la retombée.
220
+
221
+ Les comètes seraient également constituées de « verre d'eau » ou glace amorphe[k].
222
+
223
+ Les verres bioactifs, ou bioverres, sont des matériaux utilisés en chirurgie réparatrice comme substituts osseux.
224
+
225
+ Par extrapolation, le nom de verre est employé pour d’autres matériaux amorphes.
226
+
227
+ Par exemple, des mélanges à base de fluorures de zirconium, baryum, lanthane et aluminium produisent des verres fluorés plus transparents dans l’ultraviolet et le proche infrarouge que le verre de silice. Ils servent donc à fabriquer des instruments optiques pour ces rayonnements[61].
228
+
229
+ Beaucoup de verres de lunettes sont fabriqués avec des verres organiques qui sont des polymères à base de carbone comme le polycarbonate de bisphénol A ou le polycarbonate d’allyle.
230
+
231
+ Certains alliages métalliques peuvent être solidifiés avec une structure amorphe grâce à un refroidissement très rapide, on les appelle alors des verres métalliques. On peut par exemple projeter le métal en fusion sur un tambour de cuivre tournant à grande vitesse. Ces alliages sont utilisés par exemple pour les cœurs de transformateurs. En effet leur cycle d’hystérésis est très faible, ce qui réduit considérablement les pertes.
232
+
233
+ On peut obtenir des dépôts d’alliages métalliques (Al-Cu-Fe) amorphe par dépôt sous vide.
234
+
235
+ En dehors de films minces, déposés suivant diverses méthodes, le processus de synthèse de verre est très souvent le suivant : fusion, trempe et recuit[10] (la méthode de « fusion-trempe » ou melt quenching method, en anglais).
236
+
237
+ Concernant les verres silico-sodocalciques, les éléments nécessaires à la synthèse du verre, généralement des oxydes (silice) et des carbonates (carbonates de calcium, de sodium) sont mélangés puis amenés à fusion. Pour le verre à vitre standard, on utilise du sable blanc, de la soude, de la chaux et du verre cassé (le calcin)[62] qu'on porte à 1 550 °C. Le verre est ensuite souvent affiné, surtout pour des volumes importants : on le débarrasse de ses bulles en le maintenant à haute température. La viscosité assez faible favorise alors la remontée des bulles à la surface. On peut également passer par un processus d'homogénéisation, en mélangeant par exemple le liquide, si les mouvements de convection au sein du liquide ne suffisent pas.
238
+
239
+ Si le mélange en fusion est refroidi doucement, il aura tendance à cristalliser puisque le cristal est la forme solide la plus stable thermodynamiquement. Pour éviter la cristallisation et obtenir une structure amorphe, donc un verre, il faut refroidir violemment le liquide: on parle de trempe, bien que pour les verres, il ne s'agisse que rarement de plonger le mélange en fusion dans l'eau. Les verres silicatés sont le plus souvent trempés dans l'air (ramené brutalement du four de fusion vers l'air ambiant ou vers un autre four à plus basse température). Les verres métalliques nécessitent des trempes plus violentes, puisque le refroidissement doit parfois atteindre plusieurs milliers de kelvins par seconde. Les verres de chalcogénures dont la fusion est faite dans une ampoule de silice sont souvent trempés en plongeant l'ampoule dans l'eau ou la glace.
240
+
241
+ La trempe induit un refroidissement plus rapide de la surface du verre (en contact avec l'air) que du cœur. La surface se refroidissant, se contracte, et se solidifie. Ce phénomène génère des contraintes dans le verre. Ce phénomène est bien connu lors des chocs thermiques: si on prend un plat en verre sorti du four à 200 °C et qu'on le met dans l'évier, sous un jet d'eau froide, il casse car la surface veut se contracter au contact de l'eau froide mais le cœur, chaud, l'en empêche. La surface est donc mis en tension brutale, ce qui entraîne la rupture. Lors de la trempe après fusion, la surface se contracte mais pas le cœur. Mais le cœur, très chaud, a une viscosité assez faible pour accommoder la contraction. Le verre ne casse donc pas, mais reste fortement contraint. Sans traitement, ces contraintes peuvent entraîner un éclatement du verre à long terme. On réalise donc un recuit, à température proche de la température de transition vitreuse pour que la viscosité du verre soit assez faible pour que les contraintes se relaxent en une à quelques heures, selon la nature et le volume de verre.
242
+
243
+ Si l'objet en verre se présente sous une forme fine, le recuit n'est pas indispensable, car le gradient thermique entre la surface et le cœur reste faible: les fibres optiques ou la laine de verre ne sont pas recuits.
244
+
245
+ Si un verre est mal recuit, les contraintes internes peuvent s'observer en lumière polarisée par photoélasticimétrie. Cette expérience peut être réalisé par tout un chacun: un écran d'ordinateur fournit la lumière polarisée, on place l'objet en verre devant et on le regarde avec des lunettes de soleil polarisantes: si un "arc-en-ciel" apparaît dans le verre, il est mal recuit.
246
+
247
+ Le verre peut être mis en forme selon différentes méthodes qui peuvent être classées en continues et en discontinues :
248
+
249
+ Le verre à base de silice est utilisé essentiellement en optique pour ses propriétés réfringentes (lentilles, verres de lunettes) depuis le Moyen Âge.
250
+
251
+ Les verres d'oxydes sont connus pour leur application en optique dans le visible et le proche infrarouge (lentilles, prismes, miroir depuis le Moyen Âge; fibre optique moderne de télécommunication).
252
+
253
+ La transparence des verres silicatés en font un élément majeur dans le développement de l'énergie solaire moderne[64],[65]. Les verres de chalcogénures se développent aujourd'hui pour des applications d'optique infrarouge, dont la vision nocturne, la spectroscopie infrarouge par onde évanescente[66], des applications d'holographie, d'optoélectronique[67]…
254
+ Il est également utilisé en chimie et dans l’industrie agroalimentaire : il réagit très peu avec la plupart des composés utilisés dans ces domaines, c’est donc un matériau idéal pour les contenants (bouteilles, pots de yaourt, béchers, erlenmeyers, colonnes de distillation, éprouvettes, tubes à essai). Un des seuls liquides ayant le pouvoir de dissoudre efficacement le verre est l’acide fluorhydrique (HF).
255
+
256
+ Le verre est le matériau dans lequel sont confinés les déchets radioactifs de haute activité (HAVL) par le procédé de vitrification. Étant désordonné, le verre supporte en effet bien les radiations sur le long terme, à l'inverse des métaux dont la structure a justement tendance à s'amorphiser et donc à perdre ses propriétés mécaniques sous irradiation. De plus, le verre vieillit très bien à l'échelle géologique, même en présence d'eau.
257
+
258
+ Le verre est aussi un matériau de construction très important dans l’architecture. En dehors des vitrages en verre flotté habituels depuis la moitié du XXe siècle, la brique de verre utilisée depuis une centaine d'années réalise des parois translucides horizontales et verticales ; elle a pour origine la dalle de verre carrée antique[11]. La pâte de verre a remplacé les éléments de céramique issus de la mosaïque sur les façades dans l'architecture moderne, sur les étanchéités des piscines ; en 2019, les salles de bains « raffinées » remettent à la mode ce matériau. Le verre est notamment présent maintenant sous forme de laine de verre, isolant léger, imputrescible et ininflammable.
259
+
260
+ Les fibres de verre à base de silice jouent un rôle important dans les ouvrages d'art actuels par des guides optiques véhiculant l'information des différents capteurs permettant la surveillance continue des ouvrages[68].
261
+
262
+ Le verre est aussi un matériau très important dans l’actuelle industrie automobile.
263
+
264
+ Les verres de chalcogénures sont également massivement utilisés dans le DVD où ils sont supports de l'information[66].
265
+ Le verre est également présent dans les éléments de haute technologie du quotidien : disques durs, écrans tactiles[69], verres autonettoyants, et les industriels du verre envisagent de multiples applications futures[70].
266
+
267
+ Certains aciers peuvent être solidifiés sous forme amorphe, « verre métallique ». Les verres métalliques se sont également introduits dans les articles de sports (raquettes, skis, battes)[71].
268
+ Du fait de leur isotropie, ces aciers ont des propriétés non-magnétiques intéressantes notamment spécifiquement pour la construction de sous-marins furtifs. Ils ont également une grande dureté et une très bonne tenue à la corrosion.
269
+
270
+ Dans de nombreuses applications, le verre est actuellement remplacé par des matières plastiques, plus légères et souvent plus résistantes au choc.
271
+
272
+ On peut le rencontrer sous forme de microbilles, de fibres (coupées ou non), de mats (fibres disposées « en vrac ») ou de tissus (mode de tissage « taffetas », par exemple). Incorporées dans la matrice polymère ou déposées en surface, ces présentations sont utilisées notamment comme renfort (fibreux[l] ou non) de résines thermoplastiques (polyamides) ou thermodurcissables (polyesters, époxydes) dans les plastiques, ainsi que dans les matériaux composites.
273
+
274
+ Les utilisations artistiques du verre sont innombrables depuis des siècles. Dans l'art actuel, on trouve aussi bien la glace brisée et recuite[72] que les robes de haute couture lumineuses. Elles ont accompagné ou nécessité de nombreuses innovations techniques (vitraux en verre non sodique médiévaux[11], pâte de verre, fusing, thermo-formage, etc.).
275
+
276
+ Le verre peut subir des modifications pour le renforcer et le sécuriser :
277
+
278
+ Le verre peut aussi subir des traitements de surface, le plus souvent des dépôts :
279
+
280
+ La verrerie constitue une activité artisanale.
281
+
282
+ Depuis l'Antiquité, les artistes-peintres ont adopté la feuille de verre comme support pour peindre; entre autres la peinture sur verre inversé (ou peinture sous verre ou peinture sur verre) est une technique artistique difficile qui s'exécute directement sur une feuille de verre. Le verre supporte la peinture comme le ferait une toile. Soudée au verre, c'est à travers ce support que l'on contemple l'œuvre. Ainsi le verre sert à la fois de support et de vernis protecteur. Précisons que c'est une technique de peinture à froid de sorte que le procédé n'exige pas de cuisson au four. Le pigment est lié au verre par un véhicule huileux le plus souvent à base de vernis. Une grande partie des couleurs utilisées avant notre époque est actuellement interdite à l'emploi (santé des verriers).
283
+
284
+ Le verre, s’il est bien trié (tri sélectif), peut se recycler indéfiniment sans perdre ses qualités. Dans certains pays tels que l'Allemagne, la Belgique, la Suisse ou les pays nordiques, le tri peut différencier le verre blanc, vert et brun pour un recyclage plus performant, et les bouteilles consignées puis réutilisées sont plus fréquemment choisies par les producteurs et consommateurs[réf. souhaitée].
285
+
286
+ Le grésil et le verre pilé issu de la collecte (souillé par des poussières et d'autres déchets) et du nettoyage des routes et sols imperméabilisés urbains sont toutefois refusés par les verreries. D'autres usages leur sont recherchés ou sont testés afin de ne pas avoir à continuer à les envoyer en décharge ou incinérateur[74],[75]). Il peut servir comme élément décoratif (verre de couleur) dans le béton[76],[77].
287
+
288
+ Dans l’asphalte, par exemple en Guyane, depuis fin 2006, les déchets de verre (70 t collectées de fin 2006 avec un premier chantier-test mi 2007 au centre de Cayenne) sont utilisés en fond de couche routière sous forme de verre pilé. Il faut 4 600 t de verre pour 30 km de route. Ce type de réutilisation peut cependant poser des problèmes de dangerosité (lors des chantiers[78] et peut-être pour la faune fouisseuse).
289
+
290
+ Les bouteilles de verre usagées peuvent être fondues. La matière ainsi récupérée permet de fabriquer de nouvelles bouteilles.
291
+
292
+ Le verre peut également être produit à partir de calcin (verre broyé) de récupération. La fabrication du verre à partir de calcin de récupération économise des matières premières et de l’énergie.
293
+
294
+ Avant d’être refondu, le verre subit différents traitements : broyage, lavage, élimination des colles, étiquettes, capsules, séparation du verre et des métaux et élimination des rebuts (porcelaine, cailloux, etc.).
295
+
296
+ En France, le gros du verre est récupéré sous forme de verre brisé. Le verre consigné est récupéré dans l'ensemble des bars et cafés, ainsi que pour les bouteilles de bière en vente publique en Alsace. L'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) pense que le bénéfice de la consigne de contenants en verre n'est pas évident, compte tenu des circuits d'approvisionnement assez longs en France[79].
297
+
298
+ Avec ce système les bouteilles sont récupérées entières, moyennant une contrepartie financière, lavées puis réutilisées.
299
+
300
+ En Europe, la consigne du verre re-remplissable est autorisée à la discrétion des États membres, à condition de ne pas générer de distorsions de concurrence et dans le cadre d'une politique de protection de l’environnement[79].
301
+
302
+ L’Allemagne et la Belgique ont privilégié la consigne. Le Canada utilise un système similaire à l’Allemagne et a uniformisé le format des bouteilles de bière pour faciliter une réutilisation plus rentable et facile par diverses compagnies.
303
+
304
+ Le verre peut se cristalliser et devenir plus ou moins opaque voire pulvérulent.
305
+
306
+ Les verres de fouille peuvent s'iriser au contact des substances présentes dans le sol.
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308
+ Des dépôts ou des altérations chimiques peuvent modifier sa surface.
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+
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+ Les verres supportent en général une savonnée légère. Attention cependant aux dorures qu'il vaut mieux ne pas frotter.
311
+
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+ En principe, la corrosion du verre est liée à la présence des ions H+ dans H2O.
313
+
314
+ Les fêlures sont sans solution et les collages sont généralement visibles à cause d'une différence d'indice de réfraction. Les colles cyanoacrylates et les silicones donnent parfois des résultats satisfaisants mais on leur préfère des colles époxyde pour leur plus grande stabilité, leur indice de réfraction proche de celui de certains verres et leur basse viscosité. Autrefois, on utilisait surtout le baume du Canada.
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+ Vertebrata
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3
+ Sous-embranchement
4
+
5
+ Infra-embranchements de rang inférieur
6
+
7
+ Les Vertébrés, Vertebrata, sont un sous-embranchement du règne animal. Ces animaux bilatériens appartiennent à l'embranchement des Chordés et regroupent l'ensemble des poissons (avec ou sans manchoire) ainsi que les Tétrapodes. Ils possèdent un squelette osseux ou cartilagineux, qui comporte en particulier une colonne vertébrale. On y inclut aujourd'hui les Myxines (des poissons sans mâchoire) bien qu'elles n'aient pas de véritable colonne.
8
+
9
+ La forte diminution de leurs populations entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle, constatée indépendamment par l'ONU et le WWF, est, selon ce dernier, principalement due à des activités humaines. Entre 1970 et 2014, l'indice planète vivante, qui suit les populations de 4 000 espèces de vertébrés dans le monde, a diminué de 60 %[1]. Plus de 500 espèces de vertébrés ont disparu des terres émergées au XXe siècle (autant qu'en 10 000 ans, hors grandes extinctions)[2].
10
+
11
+ La caractéristique la plus intuitive des Vertébrés est qu'ils possèdent un squelette osseux ou cartilagineux interne, qui comporte en particulier une colonne vertébrale, composée de vertèbres qui protègent la partie troncale du système nerveux central. D'autres caractères partagés et exclusifs sont :
12
+
13
+ Les plus anciens fossiles connus sont datés du Cambrien, il y a 530 millions d'années : les plus anciens fossiles seraient Haikouichthys ercaicunensis[3] et Myllokunmingia, chronologiquement précédés par des céphalochordés (Chordés non vertébrés) comme Pikaia gracilens[4]. Au Cambrien moyen, un organisme de transition comme Metaspriggina est emblématique de l'espèce avec un pré-pharynx, sans doute à l'origine des mâchoires. La répartition actuelle est mondiale et concerne tous les habitats ; le groupe contient de l'ordre de 50 000 espèces, de taille extrêmement variée, allant de la gigantesque baleine bleue (30 m, pour un poids avoisinant les 190 tonnes), jusqu'à la minuscule grenouille Paedophryne amauensis (taille moyenne de 7 mm, poids de 0,02 gramme), les groupes les plus importants (en nombre) étant les actinoptérygiens (poissons à nageoires rayonnées, 23 000 espèces) et les sauropsides (« reptiles » et oiseaux, 17 000 espèces).
14
+
15
+ Les Vertébrés tétrapodes (4 membres) ont le même plan d'organisation de base avec des membres antérieurs et postérieurs, ce qui signifie qu'ils descendent d'un ancêtre commun (reptilien et précédemment amphibien) possédant des membres chiridiens. Les Vertébrés non tétrapodes possèdent des structures homologues aux membres chiridiens (les nageoires paires : pectorales et pelviennes).
16
+
17
+ La ceinture scapulaire, composée de la clavicule et de l'omoplate, permet l'insertion des membres antérieurs. La ceinture pelvienne, elle, permet l'insertion des membres postérieurs.
18
+
19
+ Les Vertébrés sont caractérisés par un crâne (structure cartilagineuse ou osseuse plus ou moins fermée) entourant le cerveau et comprenant des capsules qui logent des organes sensoriels (capsules nasales, optiques, otiques).
20
+ Les capsules nasales sont des ébauches embryonnaires dont le développement donne la cavité nasale dans laquelle des chimiorécepteurs assurent le sens de l'odorat ou olfaction. Les vertébrés aquatiques tels que les poissons sont dotés d'une ou de deux paires de narines, chaque narine étant divisée par un pont cutané en une ouverture pour l'entrée de l'eau et une autre ouverture pour la sortie de celle-ci. L'eau traverse ainsi les narines, soit durant la nage, soit par pompage actif, et parvient à des sacs nasaux généralement fermés (ouverts vers une narine interne, le choane, chez les Osteolepiformes et les Porolepiformes, sarcoptérygiens sans doute munis de poumons qui favorisent la terrestrialisation)[5]. Chez les tétrapodes, vertébrés terrestres comprenant les amphibiens et les amniotes (reptiles, oiseaux et mammifères), les capsules nasales ne participent plus seulement à la conduction de l'eau vers des sacs nasaux mais aussi à la conduction de l'air vers les poumons[6]. Le palais, qui forme la voûte de la cavité buccale, sépare la cavité buccale des fosses nasales, ce qui permet la respiration et la mastication simultanées[7].
21
+
22
+ Les Vertébrés sont le concept zoologique d'animaux à vertèbres imposé par Georges Cuvier (Leçons d'anatomie comparée en 1805) et Jean-Baptiste de Lamarck (Discours[8] d'ouverture du cours des animaux sans vertèbres en 1806)[9].
23
+ Les Myxines, qui sont des poissons sans machoires (Agnatha), étaient traditionnellement, de par leur absence de colonne vertébrale, exclues de ce groupe[10],[11]. Mais les études génétiques ont confirmé leur proximité avec les lamproies et le fait qu'elles seraient donc des vertébrés ayant perdu des caractères ancestraux[12],[13]. Cette nouvelle classification des Myxines fait du taxon Craniata Lankester, 1877 un synonyme de Vertebrata Lamarck, 1801.
24
+
25
+ Le taxon classique des Ostéichthyens regroupant les poissons osseux étant paraphylétique au regard des Tétrapodes, il n'est pas présent en tant que tel dans les classifications cladistes mais est toujours présent dans les classifications évolutionnistes. Ce terme est cependant parfois utilisé dans un contexte cladiste pour désigner l'ensemble des Tétrapodes et des Ostéichtyens classiques[14], toutefois de nombreux systématiciens lui préfèrent le synonyme Euteleostomi dont la définition n'est jamais ambigüe.
26
+
27
+ Liste des classes actuelles selon ITIS[15] :
28
+
29
+ Selon World Register of Marine Species[16] :
30
+
31
+ Phylogénie des grands groupes actuels des Vertébrés d'après Betancur-R et al. (2017)[17] et Heimberg et al. (2010)[18] :
32
+
33
+ Cephalaspidomorphi (les lamproies)
34
+
35
+ Myxini (les myxines)
36
+
37
+ Chondrichthyes  (les poissons cartilagineux)
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39
+ Actinopterygii (les poissons à nageoires rayonnées)
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+ Coelacanthi (les cœlacanthes)
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+ Dipnoi (les dipneustes)
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45
+ Tetrapoda (les tétrapodes)
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+
49
+ Selon l'ONU[22], de nombreuses populations sauvages de Vertébrés sont menacées (ou ont récemment disparu).
50
+
51
+ Par exemple, dans le monde, pour 1 200 populations d’oiseaux d’eau étudiées pour leurs tendances démographiques, 44 % déclinent[22]. 42 % des populations d'amphibiens (toutes espèces confondues) et de 40 % des espèces d’oiseaux sont en régression[22].
52
+ En Europe, les oiseaux des champs ont perdu 50 % de leurs effectifs de 1980 à 2006. Pour les oiseaux des prairies
53
+ d’Amérique du Nord la régression a approché 40 % de 1968 à 2003 (avec semble-t-il une légère récupération de 2003 à 2010
54
+ [22]) ; les populations d'oiseaux des zones arides nord-américaines ont perdu presque 30 % de leurs effectifs en 50 ans (de 1960 à 2010)[22].
55
+
56
+ Selon l'indice planète vivante, qui se base sur une étude concernant 16 700 populations, pour 4 000 espèces différentes, les populations de vertébrés sauvages ont chuté de 60 % entre 1970 et 2014. Les activités humaines en sont la cause principale. Cette extinction de masse touche cinq grands groupes : oiseaux, mammifères, amphibiens, coraux et cycadales[23].
57
+
58
+ Mi-2020, on estime qu'au XXème siècle, plus de 500 espèces de vertébrés ont disparu des terres émergées, rythme attendu pour environ 10 000 ans dans la nature en temps normal)[2]. Et 500 autres vertébrés pourraient encore disparaitre dans les prochaines décennies[24] alors que l'anthropisation du monde accroit le rythme des extinctions « vers un point critique de basculement »[2].
59
+ Environ 2% de plus de 29 000 espèces de vertébrés terrestres sont en danger critique d'extinction rappelle le New York Times[25], alors que chacun remplit des fonctions écosystémiques, parfois irremplaçable (comme prédateur, proie, fouisseur, nécrophage, pollinisateur, etc.) et/ou utiles pour la conservation de l'eau potable, la pollinisation de nombreuses cultures, le maintien d'équilibres écologiques et la prévention de maladies[2].
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+ Les Vertébrés, Vertebrata, sont un sous-embranchement du règne animal. Ces animaux bilatériens appartiennent à l'embranchement des Chordés et regroupent l'ensemble des poissons (avec ou sans manchoire) ainsi que les Tétrapodes. Ils possèdent un squelette osseux ou cartilagineux, qui comporte en particulier une colonne vertébrale. On y inclut aujourd'hui les Myxines (des poissons sans mâchoire) bien qu'elles n'aient pas de véritable colonne.
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+ La forte diminution de leurs populations entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle, constatée indépendamment par l'ONU et le WWF, est, selon ce dernier, principalement due à des activités humaines. Entre 1970 et 2014, l'indice planète vivante, qui suit les populations de 4 000 espèces de vertébrés dans le monde, a diminué de 60 %[1]. Plus de 500 espèces de vertébrés ont disparu des terres émergées au XXe siècle (autant qu'en 10 000 ans, hors grandes extinctions)[2].
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+ La caractéristique la plus intuitive des Vertébrés est qu'ils possèdent un squelette osseux ou cartilagineux interne, qui comporte en particulier une colonne vertébrale, composée de vertèbres qui protègent la partie troncale du système nerveux central. D'autres caractères partagés et exclusifs sont :
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+ Les plus anciens fossiles connus sont datés du Cambrien, il y a 530 millions d'années : les plus anciens fossiles seraient Haikouichthys ercaicunensis[3] et Myllokunmingia, chronologiquement précédés par des céphalochordés (Chordés non vertébrés) comme Pikaia gracilens[4]. Au Cambrien moyen, un organisme de transition comme Metaspriggina est emblématique de l'espèce avec un pré-pharynx, sans doute à l'origine des mâchoires. La répartition actuelle est mondiale et concerne tous les habitats ; le groupe contient de l'ordre de 50 000 espèces, de taille extrêmement variée, allant de la gigantesque baleine bleue (30 m, pour un poids avoisinant les 190 tonnes), jusqu'à la minuscule grenouille Paedophryne amauensis (taille moyenne de 7 mm, poids de 0,02 gramme), les groupes les plus importants (en nombre) étant les actinoptérygiens (poissons à nageoires rayonnées, 23 000 espèces) et les sauropsides (« reptiles » et oiseaux, 17 000 espèces).
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+ Les Vertébrés tétrapodes (4 membres) ont le même plan d'organisation de base avec des membres antérieurs et postérieurs, ce qui signifie qu'ils descendent d'un ancêtre commun (reptilien et précédemment amphibien) possédant des membres chiridiens. Les Vertébrés non tétrapodes possèdent des structures homologues aux membres chiridiens (les nageoires paires : pectorales et pelviennes).
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+ La ceinture scapulaire, composée de la clavicule et de l'omoplate, permet l'insertion des membres antérieurs. La ceinture pelvienne, elle, permet l'insertion des membres postérieurs.
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+ Les Vertébrés sont caractérisés par un crâne (structure cartilagineuse ou osseuse plus ou moins fermée) entourant le cerveau et comprenant des capsules qui logent des organes sensoriels (capsules nasales, optiques, otiques).
20
+ Les capsules nasales sont des ébauches embryonnaires dont le développement donne la cavité nasale dans laquelle des chimiorécepteurs assurent le sens de l'odorat ou olfaction. Les vertébrés aquatiques tels que les poissons sont dotés d'une ou de deux paires de narines, chaque narine étant divisée par un pont cutané en une ouverture pour l'entrée de l'eau et une autre ouverture pour la sortie de celle-ci. L'eau traverse ainsi les narines, soit durant la nage, soit par pompage actif, et parvient à des sacs nasaux généralement fermés (ouverts vers une narine interne, le choane, chez les Osteolepiformes et les Porolepiformes, sarcoptérygiens sans doute munis de poumons qui favorisent la terrestrialisation)[5]. Chez les tétrapodes, vertébrés terrestres comprenant les amphibiens et les amniotes (reptiles, oiseaux et mammifères), les capsules nasales ne participent plus seulement à la conduction de l'eau vers des sacs nasaux mais aussi à la conduction de l'air vers les poumons[6]. Le palais, qui forme la voûte de la cavité buccale, sépare la cavité buccale des fosses nasales, ce qui permet la respiration et la mastication simultanées[7].
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+ Les Vertébrés sont le concept zoologique d'animaux à vertèbres imposé par Georges Cuvier (Leçons d'anatomie comparée en 1805) et Jean-Baptiste de Lamarck (Discours[8] d'ouverture du cours des animaux sans vertèbres en 1806)[9].
23
+ Les Myxines, qui sont des poissons sans machoires (Agnatha), étaient traditionnellement, de par leur absence de colonne vertébrale, exclues de ce groupe[10],[11]. Mais les études génétiques ont confirmé leur proximité avec les lamproies et le fait qu'elles seraient donc des vertébrés ayant perdu des caractères ancestraux[12],[13]. Cette nouvelle classification des Myxines fait du taxon Craniata Lankester, 1877 un synonyme de Vertebrata Lamarck, 1801.
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+ Le taxon classique des Ostéichthyens regroupant les poissons osseux étant paraphylétique au regard des Tétrapodes, il n'est pas présent en tant que tel dans les classifications cladistes mais est toujours présent dans les classifications évolutionnistes. Ce terme est cependant parfois utilisé dans un contexte cladiste pour désigner l'ensemble des Tétrapodes et des Ostéichtyens classiques[14], toutefois de nombreux systématiciens lui préfèrent le synonyme Euteleostomi dont la définition n'est jamais ambigüe.
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+ Liste des classes actuelles selon ITIS[15] :
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+ Phylogénie des grands groupes actuels des Vertébrés d'après Betancur-R et al. (2017)[17] et Heimberg et al. (2010)[18] :
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33
+ Cephalaspidomorphi (les lamproies)
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+ Myxini (les myxines)
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+ Chondrichthyes  (les poissons cartilagineux)
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+ Actinopterygii (les poissons à nageoires rayonnées)
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+ Coelacanthi (les cœlacanthes)
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+ Dipnoi (les dipneustes)
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45
+ Tetrapoda (les tétrapodes)
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+ Selon l'ONU[22], de nombreuses populations sauvages de Vertébrés sont menacées (ou ont récemment disparu).
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+ Par exemple, dans le monde, pour 1 200 populations d’oiseaux d’eau étudiées pour leurs tendances démographiques, 44 % déclinent[22]. 42 % des populations d'amphibiens (toutes espèces confondues) et de 40 % des espèces d’oiseaux sont en régression[22].
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+ En Europe, les oiseaux des champs ont perdu 50 % de leurs effectifs de 1980 à 2006. Pour les oiseaux des prairies
53
+ d’Amérique du Nord la régression a approché 40 % de 1968 à 2003 (avec semble-t-il une légère récupération de 2003 à 2010
54
+ [22]) ; les populations d'oiseaux des zones arides nord-américaines ont perdu presque 30 % de leurs effectifs en 50 ans (de 1960 à 2010)[22].
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+ Selon l'indice planète vivante, qui se base sur une étude concernant 16 700 populations, pour 4 000 espèces différentes, les populations de vertébrés sauvages ont chuté de 60 % entre 1970 et 2014. Les activités humaines en sont la cause principale. Cette extinction de masse touche cinq grands groupes : oiseaux, mammifères, amphibiens, coraux et cycadales[23].
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+ Mi-2020, on estime qu'au XXème siècle, plus de 500 espèces de vertébrés ont disparu des terres émergées, rythme attendu pour environ 10 000 ans dans la nature en temps normal)[2]. Et 500 autres vertébrés pourraient encore disparaitre dans les prochaines décennies[24] alors que l'anthropisation du monde accroit le rythme des extinctions « vers un point critique de basculement »[2].
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+ Environ 2% de plus de 29 000 espèces de vertébrés terrestres sont en danger critique d'extinction rappelle le New York Times[25], alors que chacun remplit des fonctions écosystémiques, parfois irremplaçable (comme prédateur, proie, fouisseur, nécrophage, pollinisateur, etc.) et/ou utiles pour la conservation de l'eau potable, la pollinisation de nombreuses cultures, le maintien d'équilibres écologiques et la prévention de maladies[2].
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1
+ Le vert est un champ chromatique regroupant les couleurs situées sur le cercle chromatique entre le jaune et le bleu. Contrairement à d'autres couleurs, qui changent de nom quand elles sont lavées de blanc ou rabattues avec du noir, comme le rouge qui devient rose ou brun, le vert conserve son nom, vert pâle ou vert foncé, vert vif ou vert grisâtre.
2
+
3
+ Le vert dû à la chlorophylle est la couleur de la plupart des feuillages de la végétation.
4
+
5
+ Selon la norme AFNOR X08-010 « Classification méthodique générale des couleurs », les verts sont des couleurs dont la longueur d'onde dominante est comprise entre 490 et 573 nm. Les longueurs d'onde les plus courtes correspondent à des verts tirant vers le bleu, comme le vert turquoise ; les plus longues correspondent à des verts tirant vers le jaune[1].
6
+
7
+ Pour d'autres auteurs, le vert correspond à une longueur d'onde dominante entre 497 et 560 nm[2] ; selon Chevreul, qui repère les couleurs par rapport aux raies de Fraunhofer, le vert type se trouve entre les raies E ( 527 nm) et b 517 nm[3] ; pour Abney de 513 à 578 nm ; pour Rood, 581 nm et pour Fleury, 520 nm[4].
8
+
9
+ Le champ des verts s'étend jusqu'aux noirs et jusqu'au blancs. Il n'y a pas, comme pour le rouge, l'orangé et le jaune, de champ chromatique différent quand la couleur est lavée de blanc. Il suffit, pour qu'une surface presque blanche se désigne comme vert clair, d'une quantité de vert bien inférieure à ce qu'il faudrait de rouge pour en faire un rose clair, ou de bleu pour en faire un bleu clair[5] ; et de même, on dira plus facilement qu'une couleur est vert très sombre que noir tirant sur le vert.
10
+
11
+ La sensibilité d'un œil humain dans l'obscurité (vision scotopique) est la plus grande pour une longueur d'onde d'environ 507 nm, qui serait un vert bleuâtre si on pouvait voir les couleurs dans ces conditions[6], tandis qu'un œil adapté à la lumière (vision photopique) est plus sensible pour une longueur d'onde de 550 à 555 nm soit un vert jaunâtre[7].
12
+
13
+ L'opposition des verts et des rouges forme avec celles entre les jaunes et les bleus et entre le noir et le blanc la base de la perception humaine des couleurs, constituée dès les cellules nerveuses ganglionaires et bipolaires, dans l'œil. Ces six couleurs sont les couleurs élémentaires de Hering[8].
14
+
15
+ En synthèse additive une des couleurs primaires est un vert, avec un rouge et un bleu. Dans les écrans de télévision et d'ordinateur, le vert primaire est un vert jaunâtre, avec une longueur d'onde dominante d'environ 550 nm[9].
16
+
17
+ En peinture, on obtient un vert en mélangeant un jaune et un bleu. Le résultat dépendant de la réflectance spectrale de chacun des composants, varie. Certains mélanges sont vendus tout préparés ; ainsi, la dénomination vert anglais correspond-elle le plus souvent à un mélange de bleu de Prusse avec du jaune de chrome.
18
+
19
+ En imprimerie, la synthèse soustractive utilise des pigments normalisés. Le vert s'obtient par un mélange de bleu cyan et de jaune. On ne peut pas produire un vert à la fois très saturé et lumineux comme celui des écrans, en raison de l'imperfection des pigments cyan, qui absorbent du vert ; mais la nécessité s'en fait assez peu sentir. L'impression maximale de coloration verte est atteinte à une luminosité moindre que le maximum possible.
20
+
21
+ Le vert vif, pur, est reposant pour la vue[10]. Les études montrent qu'un environnement de verdure permet de réduire la fatigue[11].
22
+
23
+
24
+
25
+ modifier
26
+
27
+ Les recommandations UIT 601 et 709, et la norme sRGB placent le vert primaire des écrans dans l'espace de couleurs CIE XYZ au point X = 35,760, Y = 71,520, Z = 11,920.
28
+
29
+ Les concepteurs des noms de couleurs du Web ont adopté le code lime (citron vert) pour le vert primaire pur à pleine intensité (r=0, g=255, b=0), tandis que le mot-clé green (vert) correspond à la moitié de l'intensité (r=0, g=128, b=0), donnant une impression chromatique plus intense. Le mot-clé darkGreen, qui ne fait pas partie des codes de base reconnus par toutes les applications, est la même teinte, au quart de l'intensité maximale (r=0, g=64, b=0).
30
+
31
+ Les autres noms de couleur contenant le mot green (vert) sont
32
+ GreenYellow (vert-jaune) #ADFF2F ;
33
+ LawnGreen (vert gazon) #7CFC00 ; LimeGreen (vert citron) #32CD32 ; PaleGreen (vert pâle) #98FB98 ; LightGreen (vert clair) #90EE90 ; MediumSpringGreen (vert printemps moyen) #00FA9A ; SpringGreen (vert printemps) #00FF7F ; MediumSeaGreen (vert mer moyen) #3CB371 ; SeaGreen (vert mer) #2E8B57 ; ForestGreen (vert forêt) #228B22 ; YellowGreen (jaune-vert) #9ACD32 ; DarkOliveGreen (vert olive foncé) #556B2F ; DarkSeaGreen (vert mer foncé) #8FBC8F ; LightSeaGreen (vert mer clair) #20B2AA. Plusieurs autres mots-clé renvoient des couleurs vertes ou verdâtres.
34
+
35
+ Le mot « vert » vient du latin virĭdis, qui veut dire « vert ».
36
+
37
+ Beaucoup de langues asiatiques n’ont pas de mot distinctif entre le bleu et le vert, bien que des dictionnaires récemment publiés fassent la distinction[12]. Ainsi, le vietnamien[13],[14] n'a pas de mots différents pour le bleu et le vert[15]. Le mot thaï เขียว signifie « vert », mais également « malodorant » et a d'autres significations à mauvaises connotations[16]. En japonais, en dépit de l’existence d’un mot (緑 midori) dans la langue moderne qui signifie « vert », la couleur est parfois décrite comme le bleu de l'objet que l'interlocuteur sait être vert (青 ao), comme dans le cas du feu de circulation où le vert est appelé « bleu feu de circulation » (青信号 ao-shingō) ou lorsque, pour désigner les plantes, on parle du « bleu feuille » (青葉 aoba), reflétant l'absence d'un mot qui signifie « vert » dans le vieux japonais. À noter toutefois que "midori" vient de 水mi (mizu) "eau" et dori "coloration", et signifiait donc "couleur de l'eau", autrement dit une teinte d'ao (groupe bleu-vert).
38
+
39
+ En persan, le mot pour le vert est سبز (sabz), mais ce mot peut aussi vouloir dire « noir » ou « sombre ». En poésie persane, les femmes à peau foncée sont désignées comme « vertes », comme dans des expressions comme سبز گندم گون- (sabz gandom-gun, littéralement « couleur de blé vert ») ou سبز مليح- (sabz malih, « vert de beauté »)[17]. De même, en arabe soudanais, les personnes à peau foncée sont décrites comme أخضر (Akhdar, « verte »), au lieu d'utiliser le mot qui désigne le noir[18].
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+ En langue bretonne également, on emploie le même mot pour les « verts et les bleus naturels » et les « bleus artificiels ». « Glas » est ainsi employé pour la verdure, les plantes et les animaux verts, mais également pour le ciel ou la mer ou pour les objets bleus. On ne fait la distinction entre bleu et vert que pour les objets uniquement, en employant le mot « Gwer » dérivé de « vert » pour ces derniers. Un crayon sera ainsi « Gwer » s'il est dit « vert » en français.
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+ Les colorants, teintures ou pigments verts sont en usage dans de nombreux domaines : encre d'imprimerie, peinture, teinture de tissus, maquillage, teinture pour les cheveux et colorants alimentaires.
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+ La couleur verte est associée commercialement à la menthe et depuis des décennies, les sirops de menthe industriels vendus dans le commerce sont artificiellement colorés en vert, en général par mélange d'un colorant jaune et d'un colorant bleu, le E102 et le E131. Sont également colorés en vert les gommes à la sève de pin et les célèbres pastilles Valda.
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+ Les glaces à la menthe, à la pistache, au thé vert, le wasabi, les loukoums (à la menthe et à la pistache), sont aussi généralement colorés en vert, soit au vert d'épinard ou au thé vert, soit avec des colorants artificiels, comme la pâte d'amande quand elle est colorée en vert. Les bonbons verts sont le plus souvent aromatisés à l'anis, alors que ceux à la menthe sont blancs sauf les gommes ; l'arôme « pomme verte » justifie aussi la coloration en vert, les gommes à la sève de pin,
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+
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+ De nombreux produits de consommation courante se présentent avec la couleur verte : bain moussant, shampooing, liquide pour la vaisselle, produit cosmétique. Et des marques sont associées à la couleur verte de façon durable : les savonettes de la marque Palmolive sont vertes, ainsi que les savons liquides et même les liquides vaisselle de cette marque. Verte également la lotion pour les cheveux Pétrole Hahn, ainsi que ses shampooings, tout comme le bain moussant Badedas, liquide vert, bouteille verte. Habituellement le vert des produits cosmétiques s'obtient avec le C.I. 42090 (bleu) et le C.I. 19140 (jaune), mélangés.
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51
+ En cosmétique, les pâtes de couleur verte sont fréquemment utilisées afin de camoufler les rougeurs sur le visage.
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53
+ La couleur de l'argile verte utilisée pour soigner les œdèmes et inflammations et pour divers soins est naturelle.
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55
+ Quelques minéraux ont fourni des pigments verts. La plupart contiennent du cuivre.
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57
+ Une liste plus complète des minéraux et des pigments verts peut être vue dans la liste générique du Colour Index et ici[35].
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+ Le vert s'obtient couramment par le mélange de pigments bleu et jaune : bleu égyptien et jaune de Naples par les Égyptiens ou bleu de Prusse et jaune de chrome pour les célèbres « verts anglais » du XIXe siècle. Pour être utilisés, il faut que les pigments ne réagissent pas entre eux, ce qui exclut un bon nombre de mélanges, particulièrement entre les pigments minéraux.
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61
+ Il n'y a aucune source naturelle pour les colorants alimentaires verts qui ait été approuvé par l'administration américaine Food and Drug Administration.
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+ Pour créer des étincelles vertes, les feux d'artifices utilisent des sels de baryum, tels que le chlorate de baryum, les cristaux de nitrate de baryum, ou le chlorure de baryum. Habituellement, les sels de baryum en combustion sont bleus, mais le chlorure de cuivre (aussi connu sous le nom de « feu de camp bleu ») peut également produire des flammes vertes. Les fusées pyrotechniques vertes peuvent utiliser un mélange (avec un ratio de 75:25) de bore et de salpêtre[39].
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65
+ La couleur verte peut, comme toutes les autres et tous les symboles en général, s'associer à des idées opposées[40].
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67
+ L'association la plus directe relie la couleur verte à la végétation. On dit de quelqu'un qui travaille bien avec les plantes qu'il a la main verte[41]. Par extension, ou par opposition à l'absence de végétaux dans les villes, le vert désigne la nature. Les récents partis politiques qui ont adopté cette couleur l'ont fait en promotion de la protection de l'environnement, et se considèrent comme des partis écologiques. Cela a conduit à des représentations similaires dans la publicité, avec des entreprises qui vendent des produits verts, respectueux de l'environnement. Si le « whitewashing » d'une marque est l'atténuation du souvenir des infractions auxquelles elle a été associées, le greenwashing est le procédé de marketing utilisé par une organisation dans le but de donner à l'opinion publique une image de l'entreprise écologique et responsable[42].
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+ C'est peut-être l'islam qui a associé le premier vert et nature. La conception occidentale jusqu'au XVIIIe siècle reste imprégnée de la théorie des quatre éléments, considérant que le feu, l'air, l'eau et la terre forment la totalité de la nature[43]. L'oasis est source de vie dans le désert. En outre, Al-Khidr (aussi appelé « le Vert ») est une figure coranique qui a rencontré et a voyagé avec Moïse[44]. En islam, le paradis est présenté comme plein de verdure.
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+
71
+ Par analogie avec le mûrissement des fruits, le vert désigne la jeunesse, l'inexpérience, la crédulité[45], et aussi la vivacité énergique, voire la truculence, comme dans l'expression «langage vert » pour désigner un langage ou un style très libre ou l'argot[46].
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+ En signalisation routière et ferroviaire, le vert communique la sécurité d'un trajet, comme dans les feux de circulation[48]. Le vert autorise le passage, à l'opposé du rouge qui l'interdit.
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75
+ Dans la région de Zaan, on peint les maisons, construites en bois, en diverses nuances de vert[49]. Cette tradition est attestée au XVIIIe et XIXe siècles[réf. souhaitée]. Le vert de Zaan n'est pas un pigment pur mais un mélange variable de vert de Brême, de vert de Frise et de vert-de-gris[réf. souhaitée]. Ces pigments à base de composés de cuivre (oxydes, hydroxydes, carbonates et acétates), étaient produits dans des moulins à vent de la région[réf. souhaitée].
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+ Algérie
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+ Andalousie (Espagne)
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+ Le pavillon de beaupré de la marine irlandaise (héritage du drapeau de l'Irlande aux XVIIIe et XIXe siècles)
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+ République d'Irlande
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+ Suriname
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+ Turkménistan
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+ Royaume du Maroc
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+ Le vert est un champ chromatique regroupant les couleurs situées sur le cercle chromatique entre le jaune et le bleu. Contrairement à d'autres couleurs, qui changent de nom quand elles sont lavées de blanc ou rabattues avec du noir, comme le rouge qui devient rose ou brun, le vert conserve son nom, vert pâle ou vert foncé, vert vif ou vert grisâtre.
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+ Le vert dû à la chlorophylle est la couleur de la plupart des feuillages de la végétation.
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5
+ Selon la norme AFNOR X08-010 « Classification méthodique générale des couleurs », les verts sont des couleurs dont la longueur d'onde dominante est comprise entre 490 et 573 nm. Les longueurs d'onde les plus courtes correspondent à des verts tirant vers le bleu, comme le vert turquoise ; les plus longues correspondent à des verts tirant vers le jaune[1].
6
+
7
+ Pour d'autres auteurs, le vert correspond à une longueur d'onde dominante entre 497 et 560 nm[2] ; selon Chevreul, qui repère les couleurs par rapport aux raies de Fraunhofer, le vert type se trouve entre les raies E ( 527 nm) et b 517 nm[3] ; pour Abney de 513 à 578 nm ; pour Rood, 581 nm et pour Fleury, 520 nm[4].
8
+
9
+ Le champ des verts s'étend jusqu'aux noirs et jusqu'au blancs. Il n'y a pas, comme pour le rouge, l'orangé et le jaune, de champ chromatique différent quand la couleur est lavée de blanc. Il suffit, pour qu'une surface presque blanche se désigne comme vert clair, d'une quantité de vert bien inférieure à ce qu'il faudrait de rouge pour en faire un rose clair, ou de bleu pour en faire un bleu clair[5] ; et de même, on dira plus facilement qu'une couleur est vert très sombre que noir tirant sur le vert.
10
+
11
+ La sensibilité d'un œil humain dans l'obscurité (vision scotopique) est la plus grande pour une longueur d'onde d'environ 507 nm, qui serait un vert bleuâtre si on pouvait voir les couleurs dans ces conditions[6], tandis qu'un œil adapté à la lumière (vision photopique) est plus sensible pour une longueur d'onde de 550 à 555 nm soit un vert jaunâtre[7].
12
+
13
+ L'opposition des verts et des rouges forme avec celles entre les jaunes et les bleus et entre le noir et le blanc la base de la perception humaine des couleurs, constituée dès les cellules nerveuses ganglionaires et bipolaires, dans l'œil. Ces six couleurs sont les couleurs élémentaires de Hering[8].
14
+
15
+ En synthèse additive une des couleurs primaires est un vert, avec un rouge et un bleu. Dans les écrans de télévision et d'ordinateur, le vert primaire est un vert jaunâtre, avec une longueur d'onde dominante d'environ 550 nm[9].
16
+
17
+ En peinture, on obtient un vert en mélangeant un jaune et un bleu. Le résultat dépendant de la réflectance spectrale de chacun des composants, varie. Certains mélanges sont vendus tout préparés ; ainsi, la dénomination vert anglais correspond-elle le plus souvent à un mélange de bleu de Prusse avec du jaune de chrome.
18
+
19
+ En imprimerie, la synthèse soustractive utilise des pigments normalisés. Le vert s'obtient par un mélange de bleu cyan et de jaune. On ne peut pas produire un vert à la fois très saturé et lumineux comme celui des écrans, en raison de l'imperfection des pigments cyan, qui absorbent du vert ; mais la nécessité s'en fait assez peu sentir. L'impression maximale de coloration verte est atteinte à une luminosité moindre que le maximum possible.
20
+
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+ Le vert vif, pur, est reposant pour la vue[10]. Les études montrent qu'un environnement de verdure permet de réduire la fatigue[11].
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+ Les recommandations UIT 601 et 709, et la norme sRGB placent le vert primaire des écrans dans l'espace de couleurs CIE XYZ au point X = 35,760, Y = 71,520, Z = 11,920.
28
+
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+ Les concepteurs des noms de couleurs du Web ont adopté le code lime (citron vert) pour le vert primaire pur à pleine intensité (r=0, g=255, b=0), tandis que le mot-clé green (vert) correspond à la moitié de l'intensité (r=0, g=128, b=0), donnant une impression chromatique plus intense. Le mot-clé darkGreen, qui ne fait pas partie des codes de base reconnus par toutes les applications, est la même teinte, au quart de l'intensité maximale (r=0, g=64, b=0).
30
+
31
+ Les autres noms de couleur contenant le mot green (vert) sont
32
+ GreenYellow (vert-jaune) #ADFF2F ;
33
+ LawnGreen (vert gazon) #7CFC00 ; LimeGreen (vert citron) #32CD32 ; PaleGreen (vert pâle) #98FB98 ; LightGreen (vert clair) #90EE90 ; MediumSpringGreen (vert printemps moyen) #00FA9A ; SpringGreen (vert printemps) #00FF7F ; MediumSeaGreen (vert mer moyen) #3CB371 ; SeaGreen (vert mer) #2E8B57 ; ForestGreen (vert forêt) #228B22 ; YellowGreen (jaune-vert) #9ACD32 ; DarkOliveGreen (vert olive foncé) #556B2F ; DarkSeaGreen (vert mer foncé) #8FBC8F ; LightSeaGreen (vert mer clair) #20B2AA. Plusieurs autres mots-clé renvoient des couleurs vertes ou verdâtres.
34
+
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+ Le mot « vert » vient du latin virĭdis, qui veut dire « vert ».
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+ Beaucoup de langues asiatiques n’ont pas de mot distinctif entre le bleu et le vert, bien que des dictionnaires récemment publiés fassent la distinction[12]. Ainsi, le vietnamien[13],[14] n'a pas de mots différents pour le bleu et le vert[15]. Le mot thaï เขียว signifie « vert », mais également « malodorant » et a d'autres significations à mauvaises connotations[16]. En japonais, en dépit de l’existence d’un mot (緑 midori) dans la langue moderne qui signifie « vert », la couleur est parfois décrite comme le bleu de l'objet que l'interlocuteur sait être vert (青 ao), comme dans le cas du feu de circulation où le vert est appelé « bleu feu de circulation » (青信号 ao-shingō) ou lorsque, pour désigner les plantes, on parle du « bleu feuille » (青葉 aoba), reflétant l'absence d'un mot qui signifie « vert » dans le vieux japonais. À noter toutefois que "midori" vient de 水mi (mizu) "eau" et dori "coloration", et signifiait donc "couleur de l'eau", autrement dit une teinte d'ao (groupe bleu-vert).
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+ En persan, le mot pour le vert est سبز (sabz), mais ce mot peut aussi vouloir dire « noir » ou « sombre ». En poésie persane, les femmes à peau foncée sont désignées comme « vertes », comme dans des expressions comme سبز گندم گون- (sabz gandom-gun, littéralement « couleur de blé vert ») ou سبز مليح- (sabz malih, « vert de beauté »)[17]. De même, en arabe soudanais, les personnes à peau foncée sont décrites comme أخضر (Akhdar, « verte »), au lieu d'utiliser le mot qui désigne le noir[18].
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+ En langue bretonne également, on emploie le même mot pour les « verts et les bleus naturels » et les « bleus artificiels ». « Glas » est ainsi employé pour la verdure, les plantes et les animaux verts, mais également pour le ciel ou la mer ou pour les objets bleus. On ne fait la distinction entre bleu et vert que pour les objets uniquement, en employant le mot « Gwer » dérivé de « vert » pour ces derniers. Un crayon sera ainsi « Gwer » s'il est dit « vert » en français.
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+ Les colorants, teintures ou pigments verts sont en usage dans de nombreux domaines : encre d'imprimerie, peinture, teinture de tissus, maquillage, teinture pour les cheveux et colorants alimentaires.
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+ La couleur verte est associée commercialement à la menthe et depuis des décennies, les sirops de menthe industriels vendus dans le commerce sont artificiellement colorés en vert, en général par mélange d'un colorant jaune et d'un colorant bleu, le E102 et le E131. Sont également colorés en vert les gommes à la sève de pin et les célèbres pastilles Valda.
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+ Les glaces à la menthe, à la pistache, au thé vert, le wasabi, les loukoums (à la menthe et à la pistache), sont aussi généralement colorés en vert, soit au vert d'épinard ou au thé vert, soit avec des colorants artificiels, comme la pâte d'amande quand elle est colorée en vert. Les bonbons verts sont le plus souvent aromatisés à l'anis, alors que ceux à la menthe sont blancs sauf les gommes ; l'arôme « pomme verte » justifie aussi la coloration en vert, les gommes à la sève de pin,
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+ De nombreux produits de consommation courante se présentent avec la couleur verte : bain moussant, shampooing, liquide pour la vaisselle, produit cosmétique. Et des marques sont associées à la couleur verte de façon durable : les savonettes de la marque Palmolive sont vertes, ainsi que les savons liquides et même les liquides vaisselle de cette marque. Verte également la lotion pour les cheveux Pétrole Hahn, ainsi que ses shampooings, tout comme le bain moussant Badedas, liquide vert, bouteille verte. Habituellement le vert des produits cosmétiques s'obtient avec le C.I. 42090 (bleu) et le C.I. 19140 (jaune), mélangés.
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+ En cosmétique, les pâtes de couleur verte sont fréquemment utilisées afin de camoufler les rougeurs sur le visage.
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+ La couleur de l'argile verte utilisée pour soigner les œdèmes et inflammations et pour divers soins est naturelle.
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+ Quelques minéraux ont fourni des pigments verts. La plupart contiennent du cuivre.
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+ Une liste plus complète des minéraux et des pigments verts peut être vue dans la liste générique du Colour Index et ici[35].
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+ Le vert s'obtient couramment par le mélange de pigments bleu et jaune : bleu égyptien et jaune de Naples par les Égyptiens ou bleu de Prusse et jaune de chrome pour les célèbres « verts anglais » du XIXe siècle. Pour être utilisés, il faut que les pigments ne réagissent pas entre eux, ce qui exclut un bon nombre de mélanges, particulièrement entre les pigments minéraux.
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+ Pour créer des étincelles vertes, les feux d'artifices utilisent des sels de baryum, tels que le chlorate de baryum, les cristaux de nitrate de baryum, ou le chlorure de baryum. Habituellement, les sels de baryum en combustion sont bleus, mais le chlorure de cuivre (aussi connu sous le nom de « feu de camp bleu ») peut également produire des flammes vertes. Les fusées pyrotechniques vertes peuvent utiliser un mélange (avec un ratio de 75:25) de bore et de salpêtre[39].
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+ L'association la plus directe relie la couleur verte à la végétation. On dit de quelqu'un qui travaille bien avec les plantes qu'il a la main verte[41]. Par extension, ou par opposition à l'absence de végétaux dans les villes, le vert désigne la nature. Les récents partis politiques qui ont adopté cette couleur l'ont fait en promotion de la protection de l'environnement, et se considèrent comme des partis écologiques. Cela a conduit à des représentations similaires dans la publicité, avec des entreprises qui vendent des produits verts, respectueux de l'environnement. Si le « whitewashing » d'une marque est l'atténuation du souvenir des infractions auxquelles elle a été associées, le greenwashing est le procédé de marketing utilisé par une organisation dans le but de donner à l'opinion publique une image de l'entreprise écologique et responsable[42].
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+ C'est peut-être l'islam qui a associé le premier vert et nature. La conception occidentale jusqu'au XVIIIe siècle reste imprégnée de la théorie des quatre éléments, considérant que le feu, l'air, l'eau et la terre forment la totalité de la nature[43]. L'oasis est source de vie dans le désert. En outre, Al-Khidr (aussi appelé « le Vert ») est une figure coranique qui a rencontré et a voyagé avec Moïse[44]. En islam, le paradis est présenté comme plein de verdure.
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+ Par analogie avec le mûrissement des fruits, le vert désigne la jeunesse, l'inexpérience, la crédulité[45], et aussi la vivacité énergique, voire la truculence, comme dans l'expression «langage vert » pour désigner un langage ou un style très libre ou l'argot[46].
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+ En signalisation routière et ferroviaire, le vert communique la sécurité d'un trajet, comme dans les feux de circulation[48]. Le vert autorise le passage, à l'opposé du rouge qui l'interdit.
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+ La vésicule biliaire est un organe creux, situé dans l'abdomen contre le foie. Faisant partie des voies biliaires, elle est reliée à la voie biliaire principale par le conduit cystique. La principale fonction de la vésicule est le stockage de la bile en vue de sa restitution au cours de la digestion, particulièrement à la suite d'un repas lourd ou gras.
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+ La vésicule biliaire est un organe creux, piriforme (en forme de poire), de couleur gris-bleu et mesurant chez l'adulte 7 à 10 cm de long pour 3 cm de large. Sa capacité est de 50 mL en moyenne. Située dans l'abdomen, c'est un organe sous-hépatique, accolé au foie au niveau du lit vésiculaire, sur la scissure médiane hépatique. Elle est recouverte de péritoine sur son versant libre. La vésicule appartient aux voies biliaires et est reliée à la voie biliaire principale par le conduit cystique.
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+ On lui distingue trois parties : le fundus, le corps et le col. Le fundus est l'extrémité antérieure de la vésicule, libre. Il déborde sous le foie et est en contact avec la paroi abdominale antérieure. Le corps, dirigé obliquement vers le haut, l'arrière et la gauche, est aplati de haut en bas. Il répond en arrière au duodénum. Le col est l'extrémité postérieure de la vésicule, sa direction forme un angle avec le corps. Il se continue en arrière avec le conduit cystique.
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+ La vésicule est vascularisée par l'artère cystique, issue de l'artère hépatique droite. Elle longe la partie antérieure du conduit cystique pour rejoindre la partie supérieure du col de la vésicule. Elle se divise alors en deux, une branche superficielle pour la partie inférieure de la vésicule, et une branche profonde pour sa partie supérieure. La vésicule est drainée par de multiples veines cystiques qui se jettent dans des veines portes segmentaires du foie.
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+ L'innervation est assurée par des branches du plexus hépatique, lui-même partie du plexus cœliaque.
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+ La vésicule biliaire stocke et concentre la bile produite par le foie en attendant que celle-ci soit nécessaire à la digestion. Elle permet ainsi, en complément de la production normale du foie, de faire face à une alimentation importante ou particulièrement grasse. La bile est composée de mucus, de pigments biliaires, de sels biliaires, de cholestérol et de sels minéraux (calcium).
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+ La cholécystographie consiste à utiliser les rayons X avec un produit de contraste pour visualiser la vésicule. Cette technique a été utilisée pour la première fois en 1924[1]. Cela est resté l'examen de référence jusqu'aux années 1980[2] où elle est détronée par l'échographie.
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+ L'échographie abdominale utilise les ultrasons et obtient une imagerie simple et indolore de la vésicule.
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+ Le scanner abdominal ainsi que l'imagerie par résonance magnétique permettent également de visualiser cet organe.
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+ Dans la vésicule, à l'occasion d'une modification hormonale (grossesse) ou de façon fortuite, les éléments de la bile peuvent cristalliser. Il y aura ensuite coalition de calculs pour réaliser une lithiase biliaire, ou calcul biliaire. Il peut contenir principalement du calcium, du cholestérol, ou des pigments biliaires, ou être mixte.
22
+
23
+ La lithiase vésiculaire est très fréquente (20 % de la population), souvent asymptomatique. Elle se complique dans un nombre assez limité de cas (colique hépatique, cholécystite, angiocholite, péritonite, pancréatite). Le traitement chirurgical consiste essentiellement en l'ablation de la vésicule, car la destruction du calcul risquerait de provoquer une obstruction du colédoque par les résidus; une telle ablation n'est indiquée qu'en présence de symptômes compatibles avec ces complications.
24
+
25
+ Le calcul ainsi constitué peut s'enclaver dans le canal cystique. Au moment du repas, quand la contraction de la vésicule tentera d'évacuer la bile vers le tube digestif, le calcul obstruera le cystique et c'est l'augmentation de la pression de la bile à l'intérieur de la vésicule qui provoquera la douleur. La crise durera quelques heures et s'arrêtera spontanément.
26
+ La colique hépatique se manifeste sur le plan clinique par une douleur siégeant dans l'hypochondre droit, irradiant vers l'omoplate droite. Elle peut s'accompagner d'une respiration superficielle. La palpation de l'hypochondre droit ne met pas en évidence de contracture mais révèle le signe de Murphy : douleur provoquée à la palpation avec inhibition respiratoire.
27
+
28
+ La cholecystite est l'inflammation de la vésicule biliaire. Elle est le plus souvent secondaire à une obstruction du canal cystique par un calcul. Elle s'exprime par une douleur accompagnée de fièvre et nécessite en principe un traitement chirurgical.
29
+
30
+ C'est un cancer très rare, qui touche de deux à trois fois plus la femme que l'homme. Il se déclare généralement après 65 ans.
31
+
32
+ Le cancer de la vésicule biliaire ne provoque des symptômes qu'à un stade avancé, c'est-à-dire quand la tumeur a commencé à s'étendre aux organes voisins (foie…). Voici une liste des symptômes possibles : vomissements, ictère, amaigrissement...
33
+
34
+ Si les cellules cancéreuses n'ont pas traversé la muqueuse de la vésicule, le pronostic est généralement très bon. En revanche, si la tumeur s'est propagée à un ou des organes voisins, le pronostic est beaucoup plus réservé.
35
+
36
+ Si la tumeur est décelée à un stade peu avancé, on peut opérer en réséquant la vésicule biliaire. La chimiothérapie et la radiothérapie ne sont pas toujours efficaces et le risque de récidive est important.
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+
38
+ La cholécystectomie est une des interventions chirurgicales les plus fréquentes. Le geste chirurgical consiste en une ablation de la vésicule biliaire. Cette opération a plusieurs indications, notamment les pathologies d'origine lithiasique. Elle n'est pas recommandée lorsque la lithiase vésiculaire est asymptomatique[3].
39
+
40
+ La vésicule biliaire des ours est utilisée dans la médecine traditionnelle chinoise comme aphrodisiaque. Comme ces animaux sont protégés, les seules utilisées sont obtenues soit par trafic illégal d'espèces sauvages[4] ou dans des élevages dont les conditions d'exploitations sont soumises à controverse[5]. Les "fermes à ours" chinoises et coréennes maintiennent ces animaux par milliers dans des conditions d'élevage et d'extraction quotidienne de la bile qui attirent l'attention de nombreuses organisations de défense animale. Les ours sont encagés dans des box de contention en métal de la dimension de leur corps sur des périodes de 20 à 30 ans, sans jamais pouvoir se mouvoir. La bile est extraite sans anesthésie via un cathéter infiltré dans la vésicule biliaire de l'animal. Cette pratique étendue à l'échelle industrielle est décriée pour des raisons éthiques.
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+ 3. Pelvis rénal,
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+ 4. Uretère,
3
+ 5. Vessie,
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+ 6. Urètre,
5
+ 7. Glande surrénale,
6
+ 8. Artère et veine rénales,
7
+ 9. Veine cave inférieure,
8
+ 10. Aorte abdominale,
9
+ 11. Artère et veine iliaques communes,
10
+ 12. Foie,
11
+ 13. Gros intestin,
12
+
13
+ modifier
14
+
15
+ La vessie est l'organe du système urinaire dont la fonction est de recevoir l'urine terminale produite par les reins puis de la conserver avant son évacuation au cours de la miction. L'urine arrive dans la vessie par les uretères et est émise via l'urètre.
16
+
17
+ La vessie est un organe musculaire pelvien creux de la forme d'une pyramide dont l'apex est étirée vers le haut et l'avant. Le point le plus déclive de la vessie est l'urètre par lequel l'urine sera évacuée lors de la miction. Ses parois sont constituées d'un muscle lisse, détrusor. Il est recouvert sur sa face intérieure d'un épithélium transitionnel (stratifié), l'urothélium.
18
+
19
+ Le remplissage maximal habituel de la vessie est d'une capacité physiologique de 300 à 600 ml chez l'adulte. Au-delà, son remplissage est pathologique et la vessie peut acquérir une forme de globe, d'où le nom de globe vésical (elle peut contenir plus d'un litre avant rupture). La sensation de besoin se fait ressentir à partir d'environ 300 ml[1].
20
+
21
+ La vessie est en rapport en avant avec la symphyse pubienne, cela la protège contre les chocs antérieurs. Entre ces deux éléments se trouve l'espace pré-vésical de Retzius, il a un rôle d'amortisseur pour la vessie du fait de la présence de tissu graisseux. Cranialement à travers le péritoine la vessie a des rapports avec des anses grêles et le côlon sigmoïde. Chez l'homme, elle est en rapport caudalement avec la prostate, et dorsalement avec le rectum et les vésicules séminales. Chez la femme, elle possède des rapports postérieurs avec le vagin et craniaux avec l'utérus.
22
+
23
+ Les uretères pénètrent dans la vessie en biais, à la hauteur de sa face dorso-latérale : le trigone vésical. Cette zone triangulaire est histologiquement et embryologiquement distincte du reste de la vessie, ses capacités de dilatation sont moindres. En effet, il s'agit d'un tissu d'origine wolffienne donc du mésoderme intermédiaire, contrairement à la vessie qui dérive du sinus uro-génital qui est, lui, de l'endoderme.
24
+
25
+ L'ouraque est un canal fibreux virtuel imperméable qui relie le pôle antéro-supérieur de la vessie à l'ombilic : c'est un résidu embryologique du canal allantoïdien, qui reste normalement perméable à l'urine. Il permet de tirer la pointe de la vessie vers le haut. Entre les artères ombilicales et l'ouraque est tendu le fascia pré-vésical. À son niveau, l’artère ombilicale est bouchée car après l'obturation du cordon ombilical à la naissance, elle ne possède plus de branche de décharge du sang. Elle se transforme alors en ligament ombilical.
26
+
27
+ La miction est contrôlée par des fibres nerveuses parasympathiques et sympathiques issues des racines nerveuses sacrées S2 à S4. L'inhibition de ce réflexe est un apprentissage dans l'espèce humaine, qui se manifeste par la propreté et la continence. Elle est sous contrôle central, au niveau de centres nerveux du pont (dans le tronc cérébral).
28
+ L'étude des fonctions urinaires est l'urodynamique. Le syndrome de la vessie timide est appelé parurésie.
29
+
30
+ La physiologie de la miction se déroule chronologiquement par :
31
+
32
+ Le BladderScan (scanneur de vessie) utilise le même principe mais de façon beaucoup plus simple, afin de vérifier le contenu d'une vessie chez un patient qui ne maîtrise plus ses mictions. L'appareil donne un volume approximatif de la vessie. Le soignant peut ainsi vérifier qu'elle est bien pleine avant de faire un sondage vésical.
33
+ La cystoscopie consiste en l'introduction d'un tube fin, muni de fibres optiques, par le méat urinaire, ce qui permet de visualiser les parois de la vessie.
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+ Le Vésuve ou mont Vésuve (monte Vesuvio en italien, Vesuvius mons en latin) est un volcan italien d'une altitude de 1 281 mètres, bordant la baie de Naples, à l'est de la ville. Il s'agit du seul volcan d'Europe continentale à être entré en éruption durant les cent dernières années, sa dernière éruption datant de 1944.
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+ Il est à l'origine de la destruction des villes de Pompéi, Herculanum, Oplontis et Stabies, ensevelies en 79 sous une pluie de cendres et de boue qui, ainsi, les a conservées jusqu'à nos jours dans leur état antique. Il est entré en éruption de nombreuses autres fois au cours des derniers millénaires et c'est l'un des volcans les plus dangereux du monde en raison de sa tendance explosive et surtout de la population importante qui vit à ses abords.
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+ Il a inspiré de nombreuses légendes et représentations au cours des siècles. La montagne est classée parc national depuis 1995.
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+ Il existe trois théories autour de l'origine du mot « Vésuve » :
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+
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+ Le Vésuve s'élève à 1 281 mètres d'altitude dans la région italienne de Campanie, au-dessus de la baie de Naples (en mer Tyrrhénienne), à environ neuf kilomètres à l'est du cœur de la deuxième plus grande agglomération du pays avec quatre millions d'habitants. Il se situe au sud de la chaîne principale des Apennins.
12
+
13
+ Il s'agit du seul volcan d'Europe continentale à être entré en éruption durant les cent dernières années, les deux autres en Italie étant situés sur des îles : l'Etna (Sicile) et le Stromboli (îles Éoliennes).
14
+
15
+ La topographie du volcan est constituée de deux éléments : le premier est le mont Somma au nord, entourant partiellement le cône actuel, vestige de l'ancien édifice plus élevé[4], détruit par l'éruption de 79, et le second est le cône du Vésuve (Gran Cono), formé après, dans un ancien volcan préexistant lors de l'éruption de 79[5]. Pour cette raison, le volcan est aussi appelé Somma Vésuve (ou Somma Vesuvio).
16
+
17
+ La caldeira a commencé à se former durant une éruption estimée à 17 000[6] ou 18 300 ans[7] et a été élargie par des éruptions successives jusqu'en l'an 79[8]. Cette structure a donné son nom au terme « volcan Summa », qui décrit tout type de volcan avec une caldeira sommitale entourant un cône plus récent[9].
18
+
19
+ C'est un volcan de type explosif doté d'un cratère conique tronqué de 300 mètres de profondeur pour 400 mètres de diamètre. Ce cratère est cependant bouché : le magma se trouve à une dizaine de kilomètres en dessous. En effet, s'il n'est actuellement plus en éruption, il reste en activité : les secousses telluriques sont importantes (plus de 700 par an) et des fumerolles continuent à relâcher des gaz. Il est donc sous surveillance constante[10].
20
+
21
+ La hauteur du cône principal a constamment changé au cours des éruptions successives, mais est actuellement de 1 281 mètres. Le mont Somma culmine quant à lui à 1 149 mètres, la vallée Atrio di Cavallo, large de 5 kilomètres séparant les deux.
22
+
23
+ Les flancs de la montagne sont couverts de coulées de lave mais généralement densément boisés, avec des broussailles en haute altitude et des vignobles à basse altitude. Actuellement, les coulées de lave de la dernière éruption datant de 1944 sont bien visibles car elles n'ont pas encore été recouvertes par la végétation.
24
+
25
+ La flore autour du Vésuve et du mont Somma varie selon les saisons mais partage des aspects communs, en particulier la forte anthropisation qui caractérise les premières pentes de la montagne. Le cône volcanique est sec et ensoleillé, avec une végétation méditerranéenne typique composée de pinèdes artificielles et d'yeusaies. Le mont Somma est plus humide, avec une végétation similaire à celle des Apennins : châtaigniers, chênes, aulnes, érables, chênes verts et, rarement, le bouleau, peu répandu dans le milieu méditerranéen[11].
26
+
27
+ La richesse de la végétation sur les anciennes coulées de lave est due à l'implantation rapide du Stereocaulon vesuvianum, un lichen gris à l'aspect de corail qui colonise les laves refroidies et prépare le terrain pour les autres plantes. On recense 906 espèces différentes de plantes sur la montagne[11].
28
+
29
+ La faune du volcan est particulièrement intéressante, avec la présence du lérot, rare ailleurs en Italie, de la fouine, du renard, du lapin de garenne et du lièvre. Plus de 100 espèces d'oiseaux se trouvent autour du Vésuve, migrateurs ou non, hibernants ou non. Parmi les reptiles, les espèces les plus communes sont le lézard vert, le Masticophis (un genre de serpent inoffensif) et le gecko turc, et parmi les insectes, les papillons diurnes et nocturnes, les plus colorés durant la période de floraison[11].
30
+
31
+ Les sols volcaniques très fertiles attirent une forte densité humaine malgré le danger des éruptions comme celle de 79. Selon les scientifiques, Naples est construite sur une chambre magmatique d'environ 400 km2, dont l'explosion serait catastrophique. La ville et son agglomération comportent une population de 4 millions d'habitants, ce qui en fait la deuxième d'Italie derrière Milan, parmi lesquels 600 000 personnes vivent en zone rouge directement au pied du volcan[12].
32
+
33
+ Selon des travaux récents, le Vésuve serait un volcan en zone d'extension (rift)[13]. Cette extension, à l'ouest de l'Italie, serait causée par les contraintes imposées par la collision et la subduction des plaques tectoniques africaine et eurasienne, à l'est de l'Italie, la première plaque, plus dense, plongeant profondément sous la seconde. Les matériaux du manteau terrestre s'hydratent et fondent, formant le magma. Celui-ci, moins dense que les roches solides environnantes, remonte à travers les couches les plus fragiles de la surface terrestre, et finit par former le volcan[14].
34
+
35
+ Ce cône volcanique fait partie d'un ensemble d'édifices formant l'arc campanien. Parmi eux, les champs Phlégréens sont une large caldeira à quelques kilomètres au nord-ouest, le mont Époméo se situe 20 kilomètres à l'ouest, sur l'île d'Ischia et plusieurs volcans sous-marins se trouvent au sud. L'arc forme l'extrémité méridionale d'une plus large chaîne volcanique résultant du processus de subduction qui s'étale au nord-ouest le long de la côte tyrrhénienne jusqu'au mont Amiata au sud de la Toscane. Le Vésuve est cependant le seul à être entré en éruption au cours de l'histoire récente, bien que certains autres aient eu une activité durant les quelques dernières centaines d'années. La plupart sont complètement éteints.
36
+
37
+ Le Vésuve aurait connu ses premières éruptions entre −400 000 ans et −300 000 ans, comme en témoignent des roches mises en évidence par forage. La base du volcan, le mont Somma primitif, est vieille de 20 000 ans environ.
38
+
39
+ Les produits et laves volcaniques du Vésuve sont variés et sont issus de magmas alcalins potassiques. Les éruptions historiques ont émis des phono-téphrites, des téphri-phonolites, des phonolites ou encore des trachytes. Ces produits ont été émis sous formes de couches de lave, de scories, de cendres volcaniques et de pierres ponces.
40
+
41
+ Le Vésuve est connu pour ses éruptions de type explosif, comme l'éruption plinienne de l'an 79 qui a enseveli Pompéi. Mais il a aussi connu des éruptions stromboliennes comme celle de 1944, et des coulées de lave plus fluides.
42
+
43
+ Le caractère explosif du volcan est dû à un magma contenant des substances volatiles comme la vapeur d'eau et le gaz carbonique. La présence de ce dernier, dissous, est en partie due à la contamination du magma par des roches carbonatées de la croûte[16].
44
+
45
+ Parmi les événements éruptifs notables, l'éruption de février 1848 a produit une colonne de vapeur d'environ 15 mètres de haut qui a dépassé le cratère, présentant une grande variété de couleurs et suivie à l'aube de dix cercles blancs, noirs et verts sous forme de cône. Une apparition similaire a été observée en 1820.
46
+
47
+ En mai 1855, une coulée de lave incandescente large de 70 mètres s'est précipitée dans une importante crevasse de 300 mètres de profondeur. La première partie de cette fissure est un précipice et à cet endroit la lave a formé une magnifique cascade de feu.
48
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49
+ En 1872, une spectaculaire éruption a créé un vaste nuage en forme de pin et la lave a détruit la région de Massa di Somma et San Sebastiano al Vesuvio.
50
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+ Dans les années d'activité intermédiaire, la lave débordant du cratère a formé deux dômes de stagnation : en 1895, le Colle Margharita (à Atrio del Cavallo, à demi-enterré par la lave de l'éruption de 1944) et en 1898, le Colle Umberto. Ce dernier, encore parfaitement intact, constitue une sorte de barrière naturelle pour l'observatoire, depuis que la lave s'épanchant directement vers lui est déviée par les flancs du dôme.
52
+
53
+ L'éruption de 1906, efficacement décrite par Frank Alvord Perret et Matilde Serao, a été la plus importante survenue au cours du XXe siècle. Il est encore difficile d'établir exactement le volume d'éjecta. Une immense coulée de lave qui prenait la direction de Torre Annunziata a été miraculeusement stoppée par les murs du cimetière[17]. Le 1er avril 1906 une infiltration aquifère dans la chambre magmatique a provoqué la vaporisation violente de l'eau au contact du magma et entraîné, dans l'ultime heure d'activité, une série d'explosions violentes et un abaissement du sommet de 220 mètres[18]. L'effondrement du toit de l'église de San Giuseppe Vesuviano, causé par la pluie de cendres, a tué les 105 personnes qui s'y étaient réfugiées pour prier[19].
54
+
55
+ Une éruption intermédiaire est survenue en 1929, lorsqu'un lac de lave qui s'est formé dans le cratère a fini par déborder sur le versant sud-est pour ne détruire que quelques vignobles.
56
+
57
+ La dernière éruption s'est produite les 16 et 29 mars 1944 et a de nouveau détruit Massa et San Sebastiano al Vesuvio. Elle a parsemé tout le versant méridional de cendres et a été rendue célèbre dans les actualités en raison de la présence de troupes anglo-américaines qui occupaient Naples à l'époque. Des fontaines spectaculaires de lave se sont élevées jusqu'à 800 mètres de haut, alors que 26 personnes étaient tuées par la pluie de cendre et que le cratère subissait une altération radicale.
58
+
59
+ La montagne s'est formée initialement il y a 25 000 ans, résultat de l'éruption plinienne de Codola[20]. Bien que la région ait été sujette à une activité volcanique depuis au moins 400 000 ans, la plus basse couche de matériel éruptif provenant du mont Somma se retrouve au-dessus de l'ignimbrite campanienne datée de 34 000 ans et produite par les champs Phlégréens.
60
+
61
+ Il a été ensuite agrandi par une série de coulées de lave, intercalées avec de plus petites éruptions explosives. Toutefois, le style d'explosion a changé il y a 19 000 ans environ vers une séquence de larges éruptions pliniennes explosives, celle de l'an 79 étant la dernière. Les éruptions sont nommées en fonction des dépôts d'éjecta produits[4],[21] :
62
+
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+ Ensuite, le volcan est entré dans une phase d'éruptions plus fréquentes mais moins violentes jusqu'à l'éruption plinienne la plus récente qui a détruit Pompéi.
64
+
65
+ La dernière de ces éruptions s'est probablement produite en -217[8]. Des tremblements de terre sont attestés en Italie durant cette année et le soleil a été signalé comme étant voilé par une brume ou un brouillard sec. Plutarque écrit que le ciel est en feu près de Naples et Silius Italicus mentionne dans son poème épique Punica que le Vésuve tonnait et produisait des flammes pire que l'Etna cette année-là[26], bien qu'ils soient contemporains d'environ 250 ans de l'événement rapporté. Des échantillons de carottes de glace du Groenland de cette période approximative montrent une acidité relativement élevée supposée avoir été provoquée par le sulfure d'hydrogène de l'atmosphère[27].
66
+
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+ Le volcan a ensuite été calme durant des centaines d'années et était décrit par les écrivains romains comme étant couvert de jardins et vignobles, excepté au sommet qui était rocailleux. À l'intérieur d'un large cercle de falaises presque perpendiculaires se trouvait un espace plat assez large pour abriter le cantonnement de l'armée du rebelle Spartacus en -73. Cette zone était sans aucun doute un cratère. La montagne semble n'avoir eu qu'un seul sommet à cette époque, à en juger par une peinture murale, Bacchus et le Vésuve, découverte dans une habitation pompéienne, la « Maison du Centenaire » (Casa del Centenario).
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+
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+ Plusieurs documents écrits durant les 200 années qui ont précédé l'éruption de 79 décrivent une nature volcanique de la montagne, bien que Pline l'Ancien ne la dépeigne pas de cette façon dans Naturalis Historia[28] :
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71
+ En 79, la région est, comme aujourd’hui, densément peuplée avec des villages, des villes et de petites cités comme Pompéi, et les pentes du volcan sont couvertes de vignobles et de fermes.
72
+
73
+ L'éruption de 79 est précédée 17 ans auparavant par un puissant tremblement de terre, le 5 février 62[32] qui cause des ravages étendus autour de la baie de Naples et particulièrement à Pompéi. De nombreux dégâts n'ont pas été réparés au moment de l'éruption[33]. Toutefois, il se peut qu'il s'agisse d'un simple événement tectonique plutôt qu'un signe du réveil du volcan[34].
74
+
75
+ Un autre plus petit séisme a lieu en 64 ; il est enregistré par Suétone dans sa biographie de Néron, De Vita Caesarum[35], et par Tacite dans le livre XV des Annales[36] car il se déroule alors que l'Empereur est à Naples, pour une première représentation dans un théâtre public. Suétone note qu'il continue à chanter durant les secousses jusqu'à la fin de la chanson, alors que le théâtre s'effondre peu de temps après avoir été évacué.
76
+
77
+ Les Romains prospèrent en s'habituant aux séismes mineurs dans la région ; l'écrivain Pline le Jeune écrit qu'ils « ne sont pas particulièrement alarmants en raison de leur fréquence en Campanie ». Au début du mois d'août 79, les fontaines et les puits s'assèchent[37]. De petits tremblements de terre commencent à se dérouler le 20 août 79[33], devenant plus fréquents au cours des quatre jours suivants. Mais ces avertissements ne sont pas reconnus (les Romains n'ont pas de mot pour désigner un « volcan » et seulement une vague notion des autres montagnes similaires comme l'Etna, demeure de Vulcain), et l'après-midi du 24 août, une éruption catastrophique du volcan démarre. Elle dévaste la région, enfouissant Pompéi et les autres colonies. Par coïncidence, il s'agit du lendemain de Vulcanalia, le festival du dieu romain du feu[38],[39],[40],[41],[42].
78
+
79
+ L'éruption de l'an 79 est documentée par les historiens contemporains et traditionnellement acceptée comme ayant débuté le 24 août. Toutefois, les fouilles archéologiques de Pompéi suggèrent que la ville a été ensevelie quelques mois plus tard[43],[44]. En effet, les victimes retrouvées dans la cendre se révèlent porter des vêtements plus chauds que les claires tuniques d'été auxquelles on s'attendrait pour un mois d'août. La monnaie trouvée dans la bourse d'une femme ensevelie comporte une pièce commémorative censée avoir été frappée fin septembre. Les fruits et légumes frais dans les boutiques sont typiques d'un mois d'octobre et inversement les fruits d'été typiques d'un mois d'août étaient déjà vendus séchés ou en conserves. Les jarres de vin fermenté étaient scellées alors que ça n'arrivait qu'aux alentours de fin octobre.
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+ En 2018, un graffiti est retrouvé dans la maison dite « maison au jardin » : l'inscription contient la date XVI K NOV, le seizième jour avant les calendes de novembre, soit le 17 octobre ; elle n'aurait pas pu être faite si la ville avait été détruite fin août. Ces découvertes portent donc la date d’ensevelissement de Pompéi au 24 octobre[45],[46].
82
+
83
+ L'éruption du Vésuve les 24 et 25 août 79 s'est déroulée en deux phases[47], une éruption plinienne qui a duré 18 à 20 heures et projeté vers le sud une pluie de pierres ponces, pour recouvrir Pompéi d'une épaisseur allant jusqu'à 2,8 mètres, suivie d'une éruption péléenne avec une nuée ardente qui a atteint Misène vers l'ouest et le nord-ouest. Deux nuées ardentes ont envahi Pompéi, brûlant et asphyxiant les retardataires. Oplontis et Herculanum ont reçu la majeure partie des nuées et ont été ensevelies de fine cendre et de dépôts pyroclastiques[48],[49]
84
+
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+ Les ponces sont des téphrites phonolitiques à leucite[50].
86
+
87
+ Le seul témoin oculaire survivant fiable, Pline le Jeune, âgé de 17 ans à l'époque de l'éruption[51], relate l'événement dans deux de ses Lettres adressées en 104 à l'historien Tacite[52]. Observant depuis Misène, à l'opposé de la baie, soit à environ 35 kilomètres du volcan, alors que son oncle navigue plus près, il contemple un nuage extraordinairement dense et croissant rapidement au sommet de la montagne :
88
+
89
+ « Il était difficile de discerner de loin de quelle montagne sortait ce nuage ; l'événement a découvert depuis que c'était du mont de Vésuve. Sa figure approchait de celle d'un arbre, et d'un pin plus que d'aucun autre ; car, après s'être élevé fort haut en forme de tronc, il étendait une espèce de feuillage. Je m'imagine qu'un vent souterrain violent le poussait d'abord avec impétuosité et le soutenait ; mais, soit que l'impulsion diminuât peu à peu, soit que ce nuage fût affaissé par son propre poids, on le voyait se dilater et se répandre ; il paraissait tantôt blanc, tantôt noirâtre, et tantôt de diverses couleurs, selon qu'il était plus chargé ou de cendre ou de terre. »
90
+
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+ — Pline le Jeune, Épîtres, livre VI, lettre 16[53]
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+ Il s'agit d'une colonne éruptive, aujourd'hui estimée à plus de 42 kilomètres de hauteur[54].
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+
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+ Après quelque temps, il décrit le nuage s'élançant au bas des flancs de la montagne et recouvrant tout sur son passage, y compris la côte environnante. On sait aujourd'hui qu'il s'agissait d'une nuée ardente, nuage surchauffé de gaz, cendre et roche crachés par le volcan. Les géologues ont utilisé les caractéristiques magnétiques de plus de 200 roches volcaniques et débris (tels que des tuiles) trouvés à Pompéi pour estimer la température de la nuée. En effet, lorsque les roches en fusion se solidifient, les minéraux magnétiques contenus enregistrent la direction du champ magnétique terrestre. Si le matériau est porté au-delà d'une certaine température, connue en tant que point de Curie, le champ magnétique de la roche peut être modifié voire réinitialisé. La plupart des matériaux analysés ont révélé des températures comprises entre 240 et 340 °C (avec quelques zones avec de plus basses températures avoisinant 180 °C). Cela suggère que le nuage de cendre avait une température de 850 °C lorsqu'il a émergé du Vésuve et a chuté à 350 °C le temps d'atteindre la ville. Il a été modélisé que les turbulences peuvent avoir un mélange d'air frais au sein de la nuée[55]. C'est ce qu'on appelle désormais la phase plinienne de l'éruption, en référence à la fois à Pline le Jeune et Pline l'Ancien.
96
+
97
+ Pline a déclaré que plusieurs secousses telluriques ont été ressenties au moment de l'éruption et ont été suivies par un très violent tremblement de terre. Il a également noté que la cendre tombait en très épaisses particules à tel point que le village où il se trouvait devait être évacué et ensuite que le soleil était masqué par l'éruption si bien qu'il faisait sombre en plein jour. Enfin, la mer a été aspirée et résorbée par un séisme, phénomène appelé aujourd'hui « tsunami ».
98
+
99
+ Pline l'Ancien, oncle et père adoptif de Pline le Jeune, a le commandement de la flotte romaine à Misène et décide en conséquence de prendre plusieurs navires pour étudier le phénomène à portée de main. Alors qu'ils s'apprêtent à quitter le port, un messager arrive pour prévenir Pline qu'un de ses amis l'implore de lui porter secours, et la flotte décide également de tenter une mission de sauvetage pour les personnes vivant au pied du volcan. Il met les voiles à travers la baie mais rencontre d'épaisses averses de cendre chaude, de morceaux de ponce et de fragments de roche qui, altérant le littoral et la profondeur d'eau, bloquent l'approche au rivage et empêchent d'accoster. Les vents de sud dominants compliquent également la tentative mais Pline décide de continuer face au vent en direction de Stabies (environ 4,5 kilomètres de Pompéi), où il débarque et se réfugie chez Pomponianus, un ami. Celui-ci avait déjà chargé un bateau avec ses biens et se préparait à partir, mais le vent était contre lui.
100
+
101
+ Pline et son groupe observent les flammes provenant de plusieurs endroits de la montagne (probablement la nuée ardente responsable de la destruction de Pompéi et Herculanum). Après avoir passé la nuit, ils décident d'évacuer malgré la pluie d'éjectas en raison de la prolongation des conditions violentes menaçant d'effondrer le bâtiment. Pline, Pomponianus et leurs compagnons font route inverse en direction de la plage avec des coussins attachés à leur tête pour se protéger contre les chutes de roche. À ce moment, il y a tellement de cendre dans l'air que le groupe peut à peine se distinguer à travers les ténèbres et a besoin de torches et de lanternes pour trouver son chemin. Ils finissent par arriver sur la plage mais trouvent des eaux trop violemment perturbées par les séismes pour pouvoir espérer s'échapper par la mer.
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+
103
+ Pline l'Ancien s'écroule et meurt. Dans sa première lettre à Tacite, son neveu suppose qu'il a subi les inhalations des gaz sulfuriques empoisonnés. Pourtant Stabies se trouvait à 16 kilomètres du volcan (approximativement à l'emplacement de la ville actuelle de Castellammare di Stabia) et ses compagnons n'ont apparemment pas été affectés par les fumées ; il est alors plus probable que le corpulent Pline[56] soit mort d'une autre cause, comme une apoplexie ou un infarctus du myocarde[57]. Son corps a été retrouvé sans blessure apparente le 26 août, après que le panache s'est dispersé suffisamment pour que la lumière du jour réapparaisse.
104
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105
+ Le 24 août 79, la ville romaine de Pompéi, dans la baie de Naples est entièrement ensevelie lors d'une éruption du Vésuve en même temps que ses voisines Herculanum, Oplontis et Stabies. Cette catastrophe fait plusieurs dizaines de milliers de morts.
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+
107
+ Avec Pline l'Ancien, les seules autres victimes nobles de l'éruption connues par leur nom sont Agrippa, un fils de la princesse juive Drusilla et du procurateur Antonius Felix, et sa femme[58].
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109
+ Les estimations de la population de Pompéi vont de 10 000[59] à 25 000 habitants[42], tandis que Herculanum est supposée avoir eu une population de 5 000 habitants[6]. Le nombre de victimes de l'éruption n'est pas connu avec certitude, bien que 1 150 corps aient été découverts à Pompéi ou dans les alentours[60]. Les restes de 350 corps ont été trouvés à Herculanum, dont 300 sous des voûtes découvertes en 1980[61]. Toutefois, ces chiffres représentent sans conteste une forte sous-estimation du nombre total de morts à travers la région affectée par l'éruption.
110
+
111
+ 38 % des victimes de Pompéi ont été trouvées dans les dépôts de cendre, la majorité à l'intérieur des bâtiments. Elles ont probablement été tuées pour la plupart par l'effondrement des toits, tandis que pour le nombre plus petit de celles trouvées dehors, elles l'ont probablement été par la chute de tuiles ou de plus larges roches crachées par le volcan. Cela diffère des expériences modernes étant donné qu'au cours des 400 dernières années seulement 4 % des victimes ont été tuées par les chutes de cendre durant les éruptions explosives. Les 62 % de victimes restantes ont été trouvées dans les dépôts pyroclastiques[60] et en conséquence ont probablement été tuées par la nuée ardente, à la fois par suffocation due à l'inhalation de cendres et par la déflagration et les débris jetés de tous côtés. À l'opposé des victimes trouvées à Herculanum, l'examen des vêtements, des fresques et des squelettes montrent qu'il est improbable que les hautes températures aient été la cause principale.
112
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113
+ Herculanum, qui se trouvait plus près du cratère, a été sauvée des chutes d'éjectas par la direction du vent mais a été ensevelie sous 23 mètres de boue déposée par plusieurs coulées de boue enflammées[62]. Il est vraisemblable qu'elle ait tué la plupart, si ce n'est toutes les victimes, ceci étant mis en évidence par les effets des hautes températures trouvés sur les squelettes des victimes découvertes sous les voûtes et l'existence de bois carbonisé dans de nombreux bâtiments.
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+
115
+ Pompéi et Herculanum n'ont jamais été reconstruites bien que des citoyens survivants et probablement des pillards aient entrepris un vaste travail de sauvetage après les destructions. L'éruption a changé le cours du Sarno et rehaussé le niveau de la plage, si bien que Pompéi n'est plus désormais ni sur la rivière, ni au bord de la côte.
116
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117
+ La localisation des villes était finalement oubliée jusqu'à leur redécouverte accidentelle au XVIIIe siècle. Le Vésuve lui-même a subi des changements majeurs, ses versants étant dénudés et son sommet changeant considérablement à cause de la force de l'éruption[63],[64],[65],[66],[67],[68],[69].
118
+
119
+ Le site antique de Pompéi est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1997, avec Herculanum et Torre Annunziata.
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121
+ L'éruption a enseveli entièrement la ville, créant une gaine protectrice sur les corps et a provoqué l'oubli de la ville pendant 1 600 ans. Redécouverte par hasard au XVIIe siècle, la ville s'est conservée mieux que si la catastrophe ne s'était pas produite : les fouilles exécutées au XVIIIe siècle ont permis d'exhumer une cité florissante dans un état de conservation inespéré, précieux témoignage de l'urbanisme de l'Empire romain.
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123
+ Les archéologues ont confirmé le récit de Pline le Jeune, qui a assisté adolescent à l'éruption.
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+ Le Vésuve se réveille à nouveau le 16 décembre 1631. Après plusieurs signes précurseurs, comme un renflement du fond du cratère, de légers tremblements de terre et l'assèchement de sources[70], le Vésuve se met à émettre un haut nuage de cendre, suivi quelques heures plus tard par une première émission importante de lave, faisant ses premières victimes à Portici et obligeant la majeure partie de la population à se réfugier à Naples. À cause de pluies incessantes, les chutes de cendre dégénèrent en pluies de boue sur presque toute la région, des flancs de la montagne jusqu'à Naples qui est directement menacée, fait extrêmement rare.
126
+
127
+ Le 18 juillet, l'archevêque de Naples ordonne l'exposition des reliques de San Gennaro, saint patron de Naples, plusieurs processions dans la ville, puis une procession vers le Vésuve jusqu’au pont de la Maddalena, derrière sa statue sortie de la cathédrale, avec l’ampoule contenant son sang.
128
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129
+ Sur le littoral, Portici, Resina (l'antique Herculanum), Torre del Greco et Torre Annunziata sont en partie détruites ; Pietra Bianca (« Pierre Blanche »), hameau de Portici, a été rebaptisé Pietrarsa (« Pierre Brûlée »). En raison de pluies persistantes, des lahars dévalent le versant nord, produisant de terribles destructions jusqu'en janvier, d’Ottaviano à Sant'Anastasia ; on compte entre 3 000 et 4 000 victimes[réf. nécessaire], ainsi que de nombreux animaux domestiques, en particulier des bovins, tués dans les champs par les lahars et les coulées de lave.
130
+
131
+ Un contemporain, Alonso de Contreras, décrit l'éruption à laquelle il a assisté :
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133
+ « Le mardi 16, à l'aube, voilà que s'élève un grand panache de fumée [...] au début de la journée voilà le soleil qui commence de s'obscurcir, le tonnerre de gronder, les cendres de pleuvoir [...] le jour se changeait en nuit [...] outre la cendre [...] il pleuvait de la terre et des pierres de feu, telles les scories que les forgerons tirent de leurs forges, mais dont certaines étaient aussi grandes que la main [...] Au milieu de tout cela un tremblement de terre continuel, au point que dans la nuit trente sept maisons croulèrent et qu'on entendait les cyprès et les orangers se déchirer, comme si on les eût fendus avec une cognée. Tout le monde criait : « Miséricorde ! » c'était terrible à entendre. »
134
+
135
+ — Alonso de Contreras, Mémoires du Capitan Alonso de Contreras[71]
136
+
137
+ À Portici, corso Garibaldi sur la façade du municipio, une stèle monumentale décrit en latin l’éruption - phénomènes précurseurs, paroxysme, durée, effets - et recommande aux générations futures de fuir sans tarder, dès les premières manifestations du réveil du volcan.
138
+
139
+ À Naples, pour rappeler le danger, une statue en marbre de San Gennaro a été érigée en 1777 sur le pont de la Maddalena, où, selon les chroniques du temps, l’éruption de 1631 s’était arrêtée quand la procession suivant la statue y était arrivée. Le saint tend sa main droite vers le Vésuve pour le calmer et protéger la ville.
140
+
141
+ Depuis l'éruption de 79, le Vésuve est entré en éruption plus d'une trentaine de fois. En 203, Dion Cassius en est témoin. En 472, il éjecte un tel volume de cendre que des retombées sont rapportées aussi loin que Constantinople. L'éruption de 512 est si rude que les personnes habitant sur ses flancs se voient accorder une exemption de taxes par Théodoric le Grand, roi ostrogoth d'Italie. Des éruptions successives se déroulent en 685, 787, 968, 991, 999, 1007 et 1036 avec la première coulée de lave consignée. Le volcan entre dans une phase d'inactivité à la fin du XIIIe siècle et les années suivantes il est à nouveau recouvert de jardins et de vignobles. L'intérieur du cratère est également rempli de broussailles.
142
+
143
+ 1631 marque le début d'une nouvelle phase particulièrement destructive et pratiquement continue, avec de violentes éruptions en 1660, 1682, 1694, 1698, 1707, 1737, 1760, 1767, 1779, 1794, 1822, 1834, 1839, 1850, mai 1855, 1861, 1868, 1872, avril 1906, 1926, 1929, et mars 1944. Celle de 1906 notamment tue plus de 100 personnes et éjecte plus de lave qu'il n'en avait jamais été mesuré lors d'une éruption du Vésuve.
144
+
145
+ Le dernier événement majeur se déroule en 1944, détruisant les villages de San Sebastiano al Vesuvio, Massa di Somma, Ottaviano et une partie de San Giorgio a Cremano, ainsi qu'environ 88 avions bombardiers B-25 de l'US Air Force, alors que la Seconde Guerre mondiale continue à faire rage en Italie. Avec la destruction des bombardiers du 340th Bomb Group (en), basé près de Terzigno, l'effort de guerre américain au-dessus de l'Italie a été reporté ou arrêté jusqu'au remplacement des aéronefs[72],[73].
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+
147
+ Ces éruptions peuvent se classer en trois catégories[70] :
148
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149
+ Les larges éruptions pliniennes qui ont émis des quantités de magma égales ou supérieures à 1 km3, la plus récente étant celle qui a enseveli Pompéi, sont survenues après des périodes d'inactivité de quelques milliers d'années. Les éruptions sub-pliniennes qui ont émis des volumes d'approximativement 0,1 km3 comme celles de 472 ou 1631 ont été plus fréquentes avec des intervalles de quelques centaines d'années. Depuis l'éruption de 1631 jusqu'à celle de 1944, presque chaque décennie voit une ou plusieurs relativement petites éruptions qui émet entre 0,001 et 0,01 km3 de magma. Il semble que pour le Vésuve, la quantité de magma expulsé dans une éruption augmente grossièrement de façon linéaire en fonction de l'intervalle avec la dernière à raison de 0,001 km3 par an. Cela donne une prévision très approximative de 0,06 km3 pour une éruption après 60 ans d'inactivité[74].
150
+
151
+ Le magma stagnant dans la chambre magmatique souterraine depuis de nombreuses années commence à cristalliser, formant des constituants avec un point de fusion élevé, comme l'olivine. La conséquence est d'accroître la concentration de gaz dissous (principalement de la vapeur d'eau et du dioxyde de carbone) et l'augmentation de la teneur en silice dans le magma résiduel, rendant l'éruption ultérieure plus violente[27]. Alors que le magma riche en gaz approche de la surface, l'énorme chute de pression causée par la réduction en poids des roches environnantes (égal à zéro à la surface) a pour conséquence l'exsolution des gaz du magma. Celui-ci, contenant des bulles, voit sa densité fortement chuter, ceci favorisant encore plus son ascension et donc sa décompression. Le magma exsolvant ses volatils devient de plus en plus visqueux, cet effet étant accru par la diminution de température qu'il subit. Les bulles de gaz ont alors du mal à s'extraire du liquide silicaté. Arrivé à un certain stade, les forces exercées par les bulles sur le magma sont plus élevées que la force de cohésion propre du liquide silicaté. Il y a alors fragmentation dans le conduit, et expulsion par l'évent du mélange magma/gaz. Ce mélange va former un panache pyroclastique, montant dans l'atmosphère.
152
+
153
+ Le volcan est inactif depuis 1944. Au cours des derniers siècles, les phases d'accalmie ont varié de 18 mois à 7 ans et demi, faisant de la phase actuelle la plus longue de ces 500 dernières années. Bien que le Vésuve ne semble pas devoir s'ébranler dans le futur immédiat, le danger posé est considéré comme très grave au vu de la tendance soudaine extrêmement violente du volcan et de la densité humaine très forte sur le volcan et ses environs.
154
+
155
+ Pour ces raisons, le plan d'urgence suppose que le pire cas serait une éruption similaire à celle de 1631, avec un indice d'explosivité volcanique de 4[75]. Avec ce scenario, les versants de la montagne s'étendant au-delà de 7 kilomètres pourraient être balayés par des nuées ardentes dévalant les pentes, tandis que les zones périphériques pourraient subir des chutes d'éjectas. En raison des vents dominants, les villes au sud et à l'est du volcan sont plus exposées et il est admis qu'une accumulation d'éjectas supérieure à 100 kg/m2, point au-delà duquel les toits menacent de s'effondrer, pourrait survenir jusqu'à Avellino à l'est ou Salerno au sud-est. En direction de Naples, au nord-ouest, ce risque de chutes d'éjectas est supposé s'étendre à peine plus loin que les pentes du volcan[74]. Les zones spécifiques affectées par le nuage de cendre dépendraient des circonstances particulières entourant l'éruption[76].
156
+
157
+ Le plan suppose entre deux semaines et vingt jours[77],[78] de préavis d'une éruption et prévoit l'évacuation d'urgence de 600 000 personnes, comprenant 18 communes sur 200 km2[12] vivant dans la zona rossa (« zone rouge »), au risque maximal de nuée ardente. La « zone jaune » correspond à une zone moins dangereuse que la zone rouge car on considère que la lave s’arrête avant mais subira les retombées de lapilli[12]. L'évacuation par trains, ferries, cars et autobus est conçue pour durer environ sept jours et les réfugiés seraient principalement envoyés dans d'autres régions du pays plutôt que dans des zones sures de Campanie, où ils pourraient avoir à séjourner pendant plusieurs mois. Toutefois, le dilemme pour l'exécution du plan est le moment où débuter cette évacuation massive, dès lors que si elle est décidée trop tard, beaucoup de personnes pourraient être tuées, alors que si elle est décidée trop tôt, les précurseurs de l'éruption pourraient se révéler être une fausse alarme. En 1984, 40 000 personnes ont été évacuées de la région des champs Phlégréens, mais aucune éruption ne s'est produite[78].
158
+
159
+ Les efforts actuels sont focalisés sur la réduction de la population vivant dans la zone rouge, en démolissant les bâtiments construits illégalement, en établissant un parc national autour des flancs supérieurs du volcan pour se prémunir de toute nouvelle construction[78] et en offrant des compensations financières aux personnes déménageant. Le but sous-jacent est de réduire le temps nécessaire pour évacuer la zone d'ici les 20 ou 30 prochaines années à 2 ou 3 jours[79].
160
+
161
+ Le volcan est suivi de près par l'observatoire du Vésuve à Naples avec un vaste réseau de stations sismiques et gravimétriques, la combinaison d'une base géodésique GPS et d'un radar à synthèse d'ouverture par satellite[6] pour mesurer les mouvements du sol, ainsi qu'une surveillance géophysique locale et des analyses chimiques des gaz émis par les fumerolles. Tout ceci vise à surveiller le magma progressant sous le volcan. Jusqu'à présent, aucune montée n'a été détectée dans la limite des 10 kilomètres sous la surface, donc le volcan est, au pire, seulement dans un stade éruptif très initial[74],[80],[81].
162
+
163
+ En 1870, l'ingénieur hongrois Ernesto Emanuele Oblieght confie à Galanti, Sigl et Wolfart le projet de construire un système qui pourrait permettre de monter au sommet du Vésuve tout en restant confortablement assis. Les trois experts conçoivent un projet de funiculaire dont la réalisation incombe à l'ingénieur Emilio Olivieri de Milan. Entre-temps, le 21 décembre 1878, Oblieght se voit accorder par l'État une concession de 9 700 m2 pour 30 ans à hauteur de 150 lires par an et reçoit l'autorisation de réaliser ses projets. Les travaux se terminent un an et demi plus tard, pour un coût de 435 000 lires. Le 6 juin 1880, vers 17 h, le funiculaire du Vésuve est inauguré. Il s'agit à cette époque du seul moyen de transport permettant de gravir un volcan actif : 830 mètres de long, un pourcentage de 45 à 63 % pour un dénivelé de 390 mètres sur la face sud-ouest[82]. Le 10 juin, il est ouvert au public[83].
164
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165
+ Le 13 décembre 1886, Oblieght cède, comme prévu, la concession et le management de l'entreprise pour le montant de 1 200 000 lires aux Français de la Société anonyme du chemin de fer funiculaire du Vésuve. À cette époque, 300 touristes expérimentent chaque jour la montée du volcan. Pourtant, l'entreprise, endettée par les coûts de maintenance et les faibles recettes, est contrainte à son tour de céder la concession à la Thomas Cook and Son Company, pour 170 000 lires, le 24 novembre 1888. John Mason Cook, héritier à la mort de son père en 1892 doit faire face à des pressions financières et des sabotages de la part des guides locaux. La nouvelle ligne de chemin de fer Pugliano-Vésuve, construite en 1903, contribue à doubler le nombre de touristes transportés au cratère. La compagnie doit remplacer l'installation par une plus moderne pour accroître sa capacité[83] : le nombre de sièges passe de 10 à 18[84].
166
+
167
+ Mais l'éruption des 7 et 8 avril 1906 détruit les stations de départ et d'arrivée, le restaurant, les équipements et les deux nouveaux wagons, enfouis sous 20 à 30 mètres de cendre. La voie ferrée est également endommagée et le volcan est transfiguré. Pourtant, tout est reconstruit, et en 1909, un nouveau funiculaire est en service, grâce au projet d'Enrico Treiber. Le 12 mars 1911, une nouvelle éruption nécessite un peu moins d'un an de réparation à la station supérieure. L'installation fonctionne de nouveau à plein régime et échappe à l'éruption de 1929, alors que les frères Cook se retirent en 1928 et cèdent une partie de leurs parts à la Société anonyme italienne des chemins de fer du Vésuve. Finalement, après 1944, le funiculaire, irréparablement endommagé, est laissé à l'abandon[83].
168
+
169
+ Un contrat pour construire un télésiège est accordé en 1951 à Von Roll, de Berne, pour seulement un tiers du prix potentiel de la reconstruction du funiculaire, utilisant de surcroît la station de départ de l'ancien ouvrage[82]. Il est inauguré le 8 juillet 1953 et est le premier à proposer des sièges doubles en Italie, offrant une capacité de 1 000 personnes par jour. Mais il est stoppé en 1984, après avoir transporté environ 100 000 touristes, dont la moitié d'étrangers, car il s'avère inapproprié pour des groupes conséquents[85].
170
+
171
+ Un plan de reconstruction du funiculaire, réalisé par l'architecte Nicola Pagliara, est approuvé en 1988. Les travaux commencent en novembre 1991, mais sont arrêtés peu de temps après, tandis que les vestiges des wagons de 1909 étaient mis au jour[83].
172
+
173
+ Aujourd'hui, le sommet du Vésuve est ouvert aux visiteurs et il existe un petit réseau de sentiers autour de la montagne qui est entretenu par les autorités du parc.
174
+
175
+ Il est possible d'accéder par une route goudronnée de 13 kilomètres, depuis Ercolano, près du péage de l'autoroute Naples-Salerne, jusqu'à 200 mètres du sommet, mais la distance finale se fait à pied uniquement : il y a un chemin en spirale autour du cône, depuis la route jusqu'au cratère[85].
176
+
177
+ La montagne a d'ailleurs servi d'arrivée, le 23 mai 1990, à la troisième étape du Tour d'Italie cycliste, avec la victoire de l'espagnol Eduardo Chozas, ainsi qu'à la 19e étape du Giro 2009, remportée par l'espagnol Carlos Sastre.
178
+
179
+ La zone autour du Vésuve a été officiellement déclarée parc national le 5 juin 1995. Il a été fondé dans le but de préserver la faune et la flore, les associations environnementales, les particularités géologiques, les formations paléontologiques et les biotopes en général. Il a également pour mission de gérer et restaurer le patrimoine anthropologique, archéologique, historique et architectural, ainsi que les traditions pastorales, l'éducation et la recherche[11].
180
+
181
+ Les autorités du parc font face à des difficultés particulières en raison du non-respect des lois interdisant la construction de bâtiments dans la zone protégée, problème unique en Europe[11].
182
+
183
+ L'agriculture sur le Vésuve est fortement développée en raison de la richesse des sols en minerai, du bon drainage et du climat méditerranéen. Parmi les nombreux fruits cultivés figurent l'abricot (en particulier les fameuses espèces Pellecchiella, Boccuccia liscia, Boccuccia spinosa, Cafona et Carpone) et la cerise (Ciliegia Malizia ou Ciliegia del Monte), produite surtout au pied du mont Somma. Les autres produits typiques sont les Pomodorini da serbo qui sont de petites tomates rondes au goût légèrement acidulé dû à la concentration de sucre et de sels minéraux. Elles peuvent être séchées (piennolo) ou servies en sauce. Depuis la Rome antique, le site est fameux pour ses vins rouge, rosé ou blanc : les raisins Falanghina du Vésuve, Coda di volpe (localement appelé Caprettone) ou encore Catalanesca sont cultivés ainsi que le Piedirosso du Vésuve servant à produire le vin Lachryma Christi (« larmes du Christ »). Parmi les légumes, on note le fenouil, le haricot et le brocoli qui sert d'accompagnement dans la cuisine italienne, et parmi les fruits secs, la noix et la noisette. La production de miel est également importante[11].
184
+
185
+ L'artisanat local a des origines anciennes et se mêle fréquemment à l'art traditionnel, très vivant. Il utilise des matériaux et techniques variées : corail en camée, calcaire, cuivre sont montés, découpés, gravés et finalement promus au niveau international[11].
186
+
187
+ En 1987, la société italienne Agip a effectué un forage sur un des versants du Vésuve pour essayer de convertir la chaleur interne du volcan en énergie électrique[86]. Malgré la profondeur de l'excavation, dépassant la base du volcan, aucune source thermique n'a été captée. Pourtant, en 2001[87], du magma a été repéré à 10 kilomètres sous la surface, par conséquent, le volcan continue à être suivi.
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+ L'observatoire du Vésuve est un institut public de recherche dépendant du Ministère italien de l'université et de la recherche[88]. Depuis 2001, il constitue une branche de l'Institut national italien de géophysique et de volcanologie, chargé en particulier du suivi de l'activité volcanique (Vésuve, champs Phlégréens, Ischia).
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+ L'observatoire est le plus ancien du monde dans le domaine de la volcanologie[89]. Lors de sa fondation, décidée en 1841 par Ferdinand II des Deux-Siciles, roi de Naples[88] et terminée en 1845, le bâtiment principal se situait sur les flancs du volcan, à 600 mètres d'altitude. Aujourd'hui, l'ancien site est devenu un musée et une bibliothèque historique, alors que le centre de suivi est installé à Fuorigrotta (Naples)[90].
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+ Dans la gigantomachie, Mimas (l'un des nombreux Géants, fils de Gaïa et du sang d'Ouranos) est enseveli par Héphaïstos sous une masse de métal en fusion dont il reste prisonnier : le Vésuve.
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+ Par ailleurs, il était considéré par les Grecs et les Romains comme une montagne sacrée au demi-dieu Héraclès - Hercule, et le nom de la ville de Herculaneum, construite à sa base, est tiré du héros.
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+ Le Vésuve est représenté par de nombreux artistes depuis des siècles, en particulier Turner en 1817 et, parmi les plus récentes, une série composée par Andy Warhol.
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+ Cybèle protège contre le Vésuve les villes de Stabiae, Herculanum, Pompéi et Résina, par François-Édouard Picot, 1832.
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+ Le Dernier jour de Pompéi, Karl Briullov, 1827-1833.
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+ Pompéi vue du sud-ouest, lithographie de Friedrich Federer, 1850.
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+ Le Vésuve depuis Posíllipo, Joseph Wright, 1788.
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+ Éruption du Vésuve, Joseph Wright, 1774.
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+ Éruption du Vésuve, Jakob Philipp Hackert, 1774.
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+ Dessin de James Dwight Dana, 1834.
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+ Vue sud-ouest du mont Vésuve,Illustration du Gentleman's Magazine, septembre 1747.
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+ Éruption du Vésuve, palais du Belvédère (Vienne), vers 1780.
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+ L'Éruption du Vésuve, Pierre-Jacques Volaire, 1729-avant 1802, Musée des Beaux-Arts de Brest.
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+ Vue sur le golfe de Naples, Joseph Rebell, 1813-1815.
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+ L'Éruption du Vésuve, William Turner, 1817.
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+ La Procession des reliques de saint Janvier pour protéger Naples lors de l'éruption du Vésuve de 1822.
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+ L'Éruption du Vésuve, Johan Christian Dahl, 1826.
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+ Le Vésuve a été une destination privilégiée des écrivains romantiques, en quête de paysages grandioses, dans la première moitié du XIXe siècle. Alphonse de Lamartine évoque son ascension du volcan dans ses Mémoires inédits, de même que Chateaubriand dans son Voyage en Italie (1833), Edgar Quinet dans Allemagne et Italie (1846)[91], etc.
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+ Un vêtement est un article d’habillement servant à couvrir une partie du corps humain. Il est le plus souvent en tissu mais les matériaux utilisés pour sa fabrication tendent à se diversifier au fil des siècles. La raison d’être d'un vêtement varie fortement selon les cultures et les périodes de l’histoire : pratique (protection), symbolique (signaler une posture morale) ou encore sociale (afficher un statut).
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+ Homo sapiens — l'être humain anatomiquement moderne — aurait commencé à se vêtir il y a 83 000 à 170 000 ans[1].
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+ L’histoire du vêtement est indissociable de sa sociologie : étudier les conditions qui ont contribué à sa naissance ne peut être fait sans s’intéresser aux enjeux socioculturels du moment[2]. Il convient ainsi de dissocier les simples habitacles originaux (généralement des peaux de bêtes) des premiers costumes qui leur succéderont, donnant progressivement naissance à la notion de mode. D’un rôle purement utilitaire – protéger le corps humain des intempéries et agressions extérieures, permettre de se mouvoir aisément – le vêtement évolue en s’adjoignant des fonctions immatérielles : orné, il devient parure. Le progrès technique et l’intensification des échanges commerciaux conduisent à une accélération de son rythme de transformation à compter du XIVe siècle. Activité originellement très locale, car dépendante des ressources naturelles d'un territoire, la fabrication des vêtements s'inscrit aujourd'hui au cœur de la globalisation économique.
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+ L'anthropologue Marcel Mauss répartit l'espèce humaine en deux grandes catégories selon le type de vêtement : l'humanité drapée qui appartient d'abord aux civilisations des pays chauds et l'humanité cousue qui domine dans les régions froides en ajustant au plus près du corps les vêtements par la couture afin de lutter contre le froid et faciliter l'équitation[3].
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+ Dans son ouvrage Histoire illustrée du costume : Introduction visuelle, Jean-Noël Vigoureux-Loridon évoque cinq archétypes, qui constituent et ont constitué le vêtement jusqu'aujourd'hui. Le premier étant le "drapé", maintenu par un point d'appui que peuvent être les épaules, la poitrine, la taille, les hanches ou la tête. Le second, l'archétype "enfilé" ouvert à l'encolure, non cousu. Le troisième, "cousu fermé" (hauts par exemple), puis le "cousu ouvert" (vestes, manteaux...) pour finir avec l'archétype "fourreau" qui épouse plus ou moins étroitement le corps (pantalons...)[4].
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11
+ Parmi les pionniers d'un ordonnancement saisonnier du vêtement, il faut citer, Ziryab (789-857), qui fut considéré en Andalousie comme l'arbitre des élégances et du bon goût. Originaire de Bagdad, il vécut à Cordoue. Paul Balta, directeur honoraire du Centre d’études de l’Orient contemporain, explique : « C’est lui qui introduisit la mode saisonnière (étoffes légères de couleurs vives au printemps, vêtements blancs l’été, manteaux et toques de fourrure l’hiver), et créa un institut de beauté d’une étonnante modernité. »[5].
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+ Les fonctions des vêtements sont multiples. Si le linge de corps a une vocation originellement protectrice, il endosse aussi d’autres dimensions, notamment psychologiques, culturelles et sociales.
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+ Les vêtements ont longtemps joué un rôle de « barrière protectrice ». La première des protections à apporter concernait les intempéries. Cela est toujours le cas aujourd’hui, indépendant des changements survenus à travers les siècles :
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+ Au-delà des intempéries, les vêtements ont toujours servi à protéger le corps d’éventuelles agressions extérieures. Ainsi, les médecins du XVIIe siècle utilisaient-ils des étoffes lorsqu’ils étaient amenés à soigner des pestiférés[6].
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19
+ Au XXIe siècle encore, certains vêtements conservent un rôle spécifique de protection notamment contre les risques mécaniques et chimiques. Ce rôle est très important dans les vêtements professionnels qui constituent fréquemment des équipements de protection individuelle (EPI). C'est le cas des blouses, des bleus de travail, des casques, des tabliers, et, dans les cas extrêmes des armures (dont les gilets pare-balles). En contribuant à la propreté du corps, certains vêtements aident enfin à se protéger contre la saleté extérieure, la transpiration et les mauvaises odeurs. Marc-Alain Descamps résume idéalement cette dimension : « Les vêtements nous protègent des éléments (froid, chaleur, pluie, vent, soleil…), des écorchures, des morsures des animaux ou des piqûres d’insectes, des coups des hommes à la guerre ou dans le sport, etc. Mais il ne faut jamais exagérer l’aspect fonctionnel des vêtements. L’utilité dans ce domaine n’explique finalement que bien peu de choses. Si l’on ne tenait compte que du froid, les peuples méditerranéens vivraient nus 10 mois sur 12. D’ailleurs, au lieu de nous protéger du froid, les vêtements affaiblissent notre résistance et nous font perdre notre thermorégulation naturelle. »
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21
+ Les vêtements jouent, dans un second temps, un rôle central en matière de pudeur. Ils visent en effet à cacher le corps, à le dissimuler en l'enveloppant de textiles afin de faire passer la communication verbale et la réflexion avant les instincts. La vue des caractères sexuels primaires et secondaires (organes génitaux, fesses, poitrine féminine) provoque en effet souvent un désir, une attirance ; masquer ces organes permet de voir chez l'autre un être social avant d'y voir un partenaire sexuel potentiel. C’est la raison pour laquelle les organes sexuels ne doivent pas être visibles dans de nombreuses cultures où il est mal vu de dévoiler son corps. La gestion des réactions humaines « primaires » s’en trouve dès lors facilitée : érection et chair de poule sont, par exemple, soustraites du regard. La relation entre le respect de la pudeur et le développement des vêtements demeure complexe et difficile à dater historiquement. Les cache-sexes d'ethnies vivant quasiment nues, comme les étuis péniens d'Océanie ou les pagnes — pourraient faire penser que la pudeur a précédé les vêtements. A contrario, on peut également s'interroger sur le fait de savoir si la pudeur ne résulterait pas plutôt du masquage du corps, rendant la vision de celui-ci inconvenante même lorsque le temps permettrait de le découvrir — voir par exemple l'arrêté municipal de Deauville de 1996 interdisant le torse nu en dehors de la plage, ou bien les témoignages de pratiquants du nudisme (l'émoi serait créé par le manque).
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+ De nouveau, les travaux de Marc-Alain Descamps nous apportent une excellente synthèse de cet aspect : « En fait la sexualité est beaucoup plus importante pour rendre compte du vêtement, le premier et le dernier des vêtements étant toujours le cache-sexe. La pudeur a enclin les hommes (et encore plus les femmes) à cacher leurs organes de reproduction pour ne pas exciter des convoitises. Puis, par proximité des organes d’élimination, s’y est adjoint la honte. Aussi notre corps est-il coupé en deux : les parties nobles ou montrables et les "parties honteuses". Mais la pudeur n’est pas une réalité stable, car il n’y a rien de plus érotique que la pudeur. Aussi sa localisation varie selon les époques et les lieux. Le rôle des vêtements est finalement de cacher pour donner du prix en excitant le désir, et pouvoir après, dévoiler le caché dans un strip-tease sans fin. Ainsi on cache le décolleté par une modestie, que l’on fait ensuite en dentelles et l’on porte une minijupe mais en ayant bien soin de mettre dessous un collant qui cache ce que l’on vient de dévoiler. »
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+ Si les vêtements peuvent servir à cacher le corps, ils peuvent aussi jouer le rôle inverse : le mettre en valeur à des fins séductrices. En effet, nous pouvons difficilement corriger notre apparence physique alors que l’habillement, lui, est aisément modifiable. En jouant avec les vêtements que nous portons, nous pouvons facilement mettre en valeur nos atouts physiques… et faire en sorte que nos défauts soient le moins visibles possibles. Fusionnant avec l’enveloppe charnelle, certains vêtements peuvent ainsi avoir un rôle partiellement « mécanique » : corset, bustier, gaine, chemises à épaulettes… Ce phénomène n’est pas nouveau et, dès l'Antiquité, les femmes se bandaient les seins avec une étoffe afin de répondre aux critères esthétiques de l'époque. Certains vêtements sont expressément conçus pour orienter le regard vers les attributs sexuels, les valoriser ou pour simplement les laisser transparaître, les suggérer. On lira à ce sujet l'article sur les décolletés ou celui sur les vêtements moulants.
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27
+ Une fois encore, Marc-Alain Descamps donne un parfait condensé de ce volet : « Finalement la parure rend mieux compte du vêtement. Son origine doit en effet se trouver dans le trophée de chasse (la peau d’ours, de loup ou du lion de Némée pour Hercule) que le chasseur garde sur son dos pour perpétuer le souvenir de sa victoire. À ce premier rôle d’intimidation se superpose celui d’exaltation générale du corps. Il s’agit toujours de magnifier le corps humain, de grandir avec des talons ou des chapeaux, d’élargir les épaules des hommes puis maintenant des femmes, de resserrer la taille pour bien séparer le haut noble du bas ignoble. Par là ce sont tous les fantasmes collectifs et l’inconscient d’un groupe qui vont s’inscrire dans le corps (l’œuf pour la "mama" méditerranéenne, la guêpe en 1900, l’araignée et l’échassier actuellement...). »
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29
+ Les vêtements sont visibles et porteurs de significations. Ils revêtent une dimension sémiotique : à la fois messages et porteurs de messages. Les vêtements sont souvent utilisés pour mettre en valeur celui ou celle qui les porte, ils sont parfois le signe de la classe sociale, de la fonction (uniforme de police, de sapeur-pompier, de l'armée).
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+ Ils peuvent également constituer un facteur d'intégration dans un groupe. C'est notamment le cas chez les adolescents, très influencés par les phénomènes de mode et les marques commerciales. Certains vêtements professionnels sont dits à « haute visibilité » (couleur jaune ou orange fluorescent, bandes réfléchissantes) afin que les conducteurs d'engin sur les chantiers et de véhicules sur la route puissent mieux les voir, et donc éviter les accidents. A contrario, d'autres vêtements ont pour rôle le camouflage, en rendant difficilement visible la personne dans l'environnement, comme la tenue de combat des fantassins.
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33
+ La forme et la couleur des vêtements sont fréquemment porteuses d'un symbole fort. Ainsi, en Europe, les femmes n'ont-elles longtemps porté que des robes et des jupes, c'est-à-dire des vêtements laissant symboliquement le « libre accès » à leur sexe. D'ailleurs, l’ordonnance de la préfecture de police de Paris interdisant en 1800 aux femmes de s’habiller en homme (et l'ordonnance inverse promulguée en 1907 par Louis Lépine, interdisant aux hommes de se travestir en femme) n’a été abrogée qu'en février 2013. En Europe, le noir est la couleur du deuil et le blanc celle de la pureté, de la virginité, donc la couleur du mariage. En revanche, en Asie, le blanc est la couleur du deuil.
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+
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+ Dans la culture musulmane, il n'existe aucune différence entre la tenue liturgique et la tenue de la vie quotidienne. En islam, la vie religieuse et la vie profane sont beaucoup plus imbriquées l'une dans l'autre, on passe constamment de l'une à l'autre sans aucune transition autre que les ablutions. En effet, la fonction essentielle du vêtement de la vie quotidienne est de permettre et de faciliter l'accomplissement de la prière.
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+ Pour la plupart des vêtements l'usage est de distinguer les hauts (Chemise, Chemisier, T-shirt, Gilet) et les bas (Jupe, Minijupe, Pantalon). Toutefois, certains vêtements se considèrent par ensemble : pour une tenue habillée : complets pour les hommes, tailleurs ou robes pour les femmes. Il existe d'autres ensembles comme les uniformes scolaires, les vêtements militaires (treillis ou uniforme), les vêtements de sport…
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+ Enfin ne font pas partie des vêtements mais composent l'habillement : les chaussures et les accessoires de mode (écharpes, couvre-chef, bijoux, etc.). N'oublions pas non plus les sous-vêtements.
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+ Selon une étude réalisée en 1997[8], un vêtement vendu 10 euros en magasin n'aura en fait, au maximum, coûté que 3 euros à fabriquer. Le coût se répartirait ainsi :
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+ Cela dépend également du nombre intermédiaires qui interviennent entre l'étape de fabrication et le client final. Ainsi certaines marques maîtrisent intégralement la chaîne de valeur de la fabrication (avec leur propres usines) à la distribution (avec leur propre magasins ou via internet).
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+
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+ La plupart des produits textiles sont fabriqués dans le Tiers-Monde, et particulièrement en Asie. Certains matériaux utilisés sont parmi les plus polluants. La culture du coton, par exemple, utilise 28 % des pesticides mondiaux, alors qu’il ne représente pas plus de 2,5 % des terres cultivées. De plus, les conditions de travail et les salaires des ouvriers de base dans cette branche sont souvent parmi les plus déplorables, surtout au regard des profits importants réalisés par les intermédiaires et les marques. La mode a une responsabilité dans les principaux enjeux sociaux et environnementaux. En Europe et au Canada, des créateurs ont pris conscience de ces enjeux et proposent des créations plus respectueuses de l'homme et de l'environnement.
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+ Les vêtements sont classés en fonction de leur taille. On distingue les tailles adultes des tailles enfants.
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+ Les fibres utilisées pour la conception des vêtements sont de deux catégories : les fibres naturelles et les fibres synthétiques. Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans l'industrie textile. Elle confère aux vêtements une isolation thermique et un pouvoir d'absorption de la transpiration. il existe d'autres fibres naturelles comme l'abaca, le chanvre, la fibre de coco, le jute, la laine, le lin, le sisal, la soie, le mohair, la ramie, etc...
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+ L'utilisation de fibre naturelle comme le coton de manière industriel, c'est-à-dire l'utilisation de machine tissage automatique, demande qu'elle soit de bonne qualité. Dans le cas, d'une qualité amoindrie le recours à des fibres synthétiques est nécessaire. Ce qui a aussi pour conséquence de diminuer le coût de production.
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+ Les fibres synthétiques se sont imposées sur le marché depuis les années 2000. L'une des principales fibres utilisées est le polyester autre que le coût, il confère de nouvelles propriétés au vêtement. Il est principalement utilisé dans les vêtements techniques. Les fibres synthétiques sont fabriquées à base de ressource non renouvelable et très difficile à recycler, libérant dans l'environnement de grandes quantités de micro-plastique.
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+ Un vêtement est un article d’habillement servant à couvrir une partie du corps humain. Il est le plus souvent en tissu mais les matériaux utilisés pour sa fabrication tendent à se diversifier au fil des siècles. La raison d’être d'un vêtement varie fortement selon les cultures et les périodes de l’histoire : pratique (protection), symbolique (signaler une posture morale) ou encore sociale (afficher un statut).
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+ Homo sapiens — l'être humain anatomiquement moderne — aurait commencé à se vêtir il y a 83 000 à 170 000 ans[1].
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+ L’histoire du vêtement est indissociable de sa sociologie : étudier les conditions qui ont contribué à sa naissance ne peut être fait sans s’intéresser aux enjeux socioculturels du moment[2]. Il convient ainsi de dissocier les simples habitacles originaux (généralement des peaux de bêtes) des premiers costumes qui leur succéderont, donnant progressivement naissance à la notion de mode. D’un rôle purement utilitaire – protéger le corps humain des intempéries et agressions extérieures, permettre de se mouvoir aisément – le vêtement évolue en s’adjoignant des fonctions immatérielles : orné, il devient parure. Le progrès technique et l’intensification des échanges commerciaux conduisent à une accélération de son rythme de transformation à compter du XIVe siècle. Activité originellement très locale, car dépendante des ressources naturelles d'un territoire, la fabrication des vêtements s'inscrit aujourd'hui au cœur de la globalisation économique.
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+ L'anthropologue Marcel Mauss répartit l'espèce humaine en deux grandes catégories selon le type de vêtement : l'humanité drapée qui appartient d'abord aux civilisations des pays chauds et l'humanité cousue qui domine dans les régions froides en ajustant au plus près du corps les vêtements par la couture afin de lutter contre le froid et faciliter l'équitation[3].
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+ Dans son ouvrage Histoire illustrée du costume : Introduction visuelle, Jean-Noël Vigoureux-Loridon évoque cinq archétypes, qui constituent et ont constitué le vêtement jusqu'aujourd'hui. Le premier étant le "drapé", maintenu par un point d'appui que peuvent être les épaules, la poitrine, la taille, les hanches ou la tête. Le second, l'archétype "enfilé" ouvert à l'encolure, non cousu. Le troisième, "cousu fermé" (hauts par exemple), puis le "cousu ouvert" (vestes, manteaux...) pour finir avec l'archétype "fourreau" qui épouse plus ou moins étroitement le corps (pantalons...)[4].
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+ Parmi les pionniers d'un ordonnancement saisonnier du vêtement, il faut citer, Ziryab (789-857), qui fut considéré en Andalousie comme l'arbitre des élégances et du bon goût. Originaire de Bagdad, il vécut à Cordoue. Paul Balta, directeur honoraire du Centre d’études de l’Orient contemporain, explique : « C’est lui qui introduisit la mode saisonnière (étoffes légères de couleurs vives au printemps, vêtements blancs l’été, manteaux et toques de fourrure l’hiver), et créa un institut de beauté d’une étonnante modernité. »[5].
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+ Les fonctions des vêtements sont multiples. Si le linge de corps a une vocation originellement protectrice, il endosse aussi d’autres dimensions, notamment psychologiques, culturelles et sociales.
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+ Les vêtements ont longtemps joué un rôle de « barrière protectrice ». La première des protections à apporter concernait les intempéries. Cela est toujours le cas aujourd’hui, indépendant des changements survenus à travers les siècles :
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+ Au-delà des intempéries, les vêtements ont toujours servi à protéger le corps d’éventuelles agressions extérieures. Ainsi, les médecins du XVIIe siècle utilisaient-ils des étoffes lorsqu’ils étaient amenés à soigner des pestiférés[6].
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+ Au XXIe siècle encore, certains vêtements conservent un rôle spécifique de protection notamment contre les risques mécaniques et chimiques. Ce rôle est très important dans les vêtements professionnels qui constituent fréquemment des équipements de protection individuelle (EPI). C'est le cas des blouses, des bleus de travail, des casques, des tabliers, et, dans les cas extrêmes des armures (dont les gilets pare-balles). En contribuant à la propreté du corps, certains vêtements aident enfin à se protéger contre la saleté extérieure, la transpiration et les mauvaises odeurs. Marc-Alain Descamps résume idéalement cette dimension : « Les vêtements nous protègent des éléments (froid, chaleur, pluie, vent, soleil…), des écorchures, des morsures des animaux ou des piqûres d’insectes, des coups des hommes à la guerre ou dans le sport, etc. Mais il ne faut jamais exagérer l’aspect fonctionnel des vêtements. L’utilité dans ce domaine n’explique finalement que bien peu de choses. Si l’on ne tenait compte que du froid, les peuples méditerranéens vivraient nus 10 mois sur 12. D’ailleurs, au lieu de nous protéger du froid, les vêtements affaiblissent notre résistance et nous font perdre notre thermorégulation naturelle. »
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+ Les vêtements jouent, dans un second temps, un rôle central en matière de pudeur. Ils visent en effet à cacher le corps, à le dissimuler en l'enveloppant de textiles afin de faire passer la communication verbale et la réflexion avant les instincts. La vue des caractères sexuels primaires et secondaires (organes génitaux, fesses, poitrine féminine) provoque en effet souvent un désir, une attirance ; masquer ces organes permet de voir chez l'autre un être social avant d'y voir un partenaire sexuel potentiel. C’est la raison pour laquelle les organes sexuels ne doivent pas être visibles dans de nombreuses cultures où il est mal vu de dévoiler son corps. La gestion des réactions humaines « primaires » s’en trouve dès lors facilitée : érection et chair de poule sont, par exemple, soustraites du regard. La relation entre le respect de la pudeur et le développement des vêtements demeure complexe et difficile à dater historiquement. Les cache-sexes d'ethnies vivant quasiment nues, comme les étuis péniens d'Océanie ou les pagnes — pourraient faire penser que la pudeur a précédé les vêtements. A contrario, on peut également s'interroger sur le fait de savoir si la pudeur ne résulterait pas plutôt du masquage du corps, rendant la vision de celui-ci inconvenante même lorsque le temps permettrait de le découvrir — voir par exemple l'arrêté municipal de Deauville de 1996 interdisant le torse nu en dehors de la plage, ou bien les témoignages de pratiquants du nudisme (l'émoi serait créé par le manque).
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+ De nouveau, les travaux de Marc-Alain Descamps nous apportent une excellente synthèse de cet aspect : « En fait la sexualité est beaucoup plus importante pour rendre compte du vêtement, le premier et le dernier des vêtements étant toujours le cache-sexe. La pudeur a enclin les hommes (et encore plus les femmes) à cacher leurs organes de reproduction pour ne pas exciter des convoitises. Puis, par proximité des organes d’élimination, s’y est adjoint la honte. Aussi notre corps est-il coupé en deux : les parties nobles ou montrables et les "parties honteuses". Mais la pudeur n’est pas une réalité stable, car il n’y a rien de plus érotique que la pudeur. Aussi sa localisation varie selon les époques et les lieux. Le rôle des vêtements est finalement de cacher pour donner du prix en excitant le désir, et pouvoir après, dévoiler le caché dans un strip-tease sans fin. Ainsi on cache le décolleté par une modestie, que l’on fait ensuite en dentelles et l’on porte une minijupe mais en ayant bien soin de mettre dessous un collant qui cache ce que l’on vient de dévoiler. »
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+ Si les vêtements peuvent servir à cacher le corps, ils peuvent aussi jouer le rôle inverse : le mettre en valeur à des fins séductrices. En effet, nous pouvons difficilement corriger notre apparence physique alors que l’habillement, lui, est aisément modifiable. En jouant avec les vêtements que nous portons, nous pouvons facilement mettre en valeur nos atouts physiques… et faire en sorte que nos défauts soient le moins visibles possibles. Fusionnant avec l’enveloppe charnelle, certains vêtements peuvent ainsi avoir un rôle partiellement « mécanique » : corset, bustier, gaine, chemises à épaulettes… Ce phénomène n’est pas nouveau et, dès l'Antiquité, les femmes se bandaient les seins avec une étoffe afin de répondre aux critères esthétiques de l'époque. Certains vêtements sont expressément conçus pour orienter le regard vers les attributs sexuels, les valoriser ou pour simplement les laisser transparaître, les suggérer. On lira à ce sujet l'article sur les décolletés ou celui sur les vêtements moulants.
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+ Une fois encore, Marc-Alain Descamps donne un parfait condensé de ce volet : « Finalement la parure rend mieux compte du vêtement. Son origine doit en effet se trouver dans le trophée de chasse (la peau d’ours, de loup ou du lion de Némée pour Hercule) que le chasseur garde sur son dos pour perpétuer le souvenir de sa victoire. À ce premier rôle d’intimidation se superpose celui d’exaltation générale du corps. Il s’agit toujours de magnifier le corps humain, de grandir avec des talons ou des chapeaux, d’élargir les épaules des hommes puis maintenant des femmes, de resserrer la taille pour bien séparer le haut noble du bas ignoble. Par là ce sont tous les fantasmes collectifs et l’inconscient d’un groupe qui vont s’inscrire dans le corps (l’œuf pour la "mama" méditerranéenne, la guêpe en 1900, l’araignée et l’échassier actuellement...). »
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+ Les vêtements sont visibles et porteurs de significations. Ils revêtent une dimension sémiotique : à la fois messages et porteurs de messages. Les vêtements sont souvent utilisés pour mettre en valeur celui ou celle qui les porte, ils sont parfois le signe de la classe sociale, de la fonction (uniforme de police, de sapeur-pompier, de l'armée).
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+ Ils peuvent également constituer un facteur d'intégration dans un groupe. C'est notamment le cas chez les adolescents, très influencés par les phénomènes de mode et les marques commerciales. Certains vêtements professionnels sont dits à « haute visibilité » (couleur jaune ou orange fluorescent, bandes réfléchissantes) afin que les conducteurs d'engin sur les chantiers et de véhicules sur la route puissent mieux les voir, et donc éviter les accidents. A contrario, d'autres vêtements ont pour rôle le camouflage, en rendant difficilement visible la personne dans l'environnement, comme la tenue de combat des fantassins.
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+ La forme et la couleur des vêtements sont fréquemment porteuses d'un symbole fort. Ainsi, en Europe, les femmes n'ont-elles longtemps porté que des robes et des jupes, c'est-à-dire des vêtements laissant symboliquement le « libre accès » à leur sexe. D'ailleurs, l’ordonnance de la préfecture de police de Paris interdisant en 1800 aux femmes de s’habiller en homme (et l'ordonnance inverse promulguée en 1907 par Louis Lépine, interdisant aux hommes de se travestir en femme) n’a été abrogée qu'en février 2013. En Europe, le noir est la couleur du deuil et le blanc celle de la pureté, de la virginité, donc la couleur du mariage. En revanche, en Asie, le blanc est la couleur du deuil.
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+ Dans la culture musulmane, il n'existe aucune différence entre la tenue liturgique et la tenue de la vie quotidienne. En islam, la vie religieuse et la vie profane sont beaucoup plus imbriquées l'une dans l'autre, on passe constamment de l'une à l'autre sans aucune transition autre que les ablutions. En effet, la fonction essentielle du vêtement de la vie quotidienne est de permettre et de faciliter l'accomplissement de la prière.
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+ Pour la plupart des vêtements l'usage est de distinguer les hauts (Chemise, Chemisier, T-shirt, Gilet) et les bas (Jupe, Minijupe, Pantalon). Toutefois, certains vêtements se considèrent par ensemble : pour une tenue habillée : complets pour les hommes, tailleurs ou robes pour les femmes. Il existe d'autres ensembles comme les uniformes scolaires, les vêtements militaires (treillis ou uniforme), les vêtements de sport…
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+ Enfin ne font pas partie des vêtements mais composent l'habillement : les chaussures et les accessoires de mode (écharpes, couvre-chef, bijoux, etc.). N'oublions pas non plus les sous-vêtements.
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+ Selon une étude réalisée en 1997[8], un vêtement vendu 10 euros en magasin n'aura en fait, au maximum, coûté que 3 euros à fabriquer. Le coût se répartirait ainsi :
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+ Cela dépend également du nombre intermédiaires qui interviennent entre l'étape de fabrication et le client final. Ainsi certaines marques maîtrisent intégralement la chaîne de valeur de la fabrication (avec leur propres usines) à la distribution (avec leur propre magasins ou via internet).
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+ La plupart des produits textiles sont fabriqués dans le Tiers-Monde, et particulièrement en Asie. Certains matériaux utilisés sont parmi les plus polluants. La culture du coton, par exemple, utilise 28 % des pesticides mondiaux, alors qu’il ne représente pas plus de 2,5 % des terres cultivées. De plus, les conditions de travail et les salaires des ouvriers de base dans cette branche sont souvent parmi les plus déplorables, surtout au regard des profits importants réalisés par les intermédiaires et les marques. La mode a une responsabilité dans les principaux enjeux sociaux et environnementaux. En Europe et au Canada, des créateurs ont pris conscience de ces enjeux et proposent des créations plus respectueuses de l'homme et de l'environnement.
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+ Les vêtements sont classés en fonction de leur taille. On distingue les tailles adultes des tailles enfants.
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+ Les fibres utilisées pour la conception des vêtements sont de deux catégories : les fibres naturelles et les fibres synthétiques. Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans l'industrie textile. Elle confère aux vêtements une isolation thermique et un pouvoir d'absorption de la transpiration. il existe d'autres fibres naturelles comme l'abaca, le chanvre, la fibre de coco, le jute, la laine, le lin, le sisal, la soie, le mohair, la ramie, etc...
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+ L'utilisation de fibre naturelle comme le coton de manière industriel, c'est-à-dire l'utilisation de machine tissage automatique, demande qu'elle soit de bonne qualité. Dans le cas, d'une qualité amoindrie le recours à des fibres synthétiques est nécessaire. Ce qui a aussi pour conséquence de diminuer le coût de production.
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+ Les fibres synthétiques se sont imposées sur le marché depuis les années 2000. L'une des principales fibres utilisées est le polyester autre que le coût, il confère de nouvelles propriétés au vêtement. Il est principalement utilisé dans les vêtements techniques. Les fibres synthétiques sont fabriquées à base de ressource non renouvelable et très difficile à recycler, libérant dans l'environnement de grandes quantités de micro-plastique.
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+ Baudouin (Boudewijn en néerlandais, Balduin en allemand), né au château du Stuyvenberg le 7 septembre 1930 et mort à Motril le 31 juillet 1993, est le cinquième roi des Belges. Il règne du 17 juillet 1951 jusqu’à sa mort. Deuxième enfant et premier fils de Léopold III et de la reine Astrid[1], il porte le titre de comte de Hainaut alors que son père est encore duc de Brabant puis devient duc de Brabant à l'avènement de Léopold III au trône de Belgique. Il est le frère aîné et prédécesseur du roi Albert II et le frère cadet de la grande-duchesse Joséphine-Charlotte de Luxembourg[1].
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+ Son avènement au trône se produit dans une période de crise politique et son long règne est marqué par bien d’autres, dont l’une a été le résultat de l’expression publique de sa foi catholique. Son règne, de plus de 42 ans, est le deuxième plus long de la monarchie belge, après celui du roi Léopold II.
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+ Le prince Baudouin naît le 7 septembre 1930 au château du Stuyvenberg, près de Laeken, à Bruxelles, en Belgique. Il est le deuxième enfant et fils aîné du prince Léopold, duc de Brabant, et de sa première femme, Astrid de Suède. Ses grands-parents paternels sont le très populaire roi Albert Ier et la reine Élisabeth. En 1934, son grand-père, féru d'alpinisme, décède tragiquement dans un accident d'escalade dans la vallée de la Meuse. Son père devient alors roi des Belges, sous le nom de Léopold III, et Baudouin devient ainsi l'héritier de la couronne. À cette occasion, il reçoit le titre de duc de Brabant. L'année suivante, la mère de Baudouin meurt dans un accident de voiture. Ensuite, la Seconde Guerre mondiale éclate. Elle est vécue d'abord dans un bref exode. Celui-ci commence à La Panne[2] et se poursuit en France, au château de Montal, puis, après la défaite française, en Espagne car le roi Léopold III a voulu le soustraire, avec son frère Albert et sa sœur Joséphine-Charlotte, à l'invasion allemande de la Belgique en les évacuant sous la houlette de personnes de confiance, mais sans Juffrouw (Mademoiselle), la gouvernante à laquelle Baudouin s’est particulièrement attaché[2]. Rapatriés à Bruxelles, les enfants royaux y passent quatre ans durant lesquels la deuxième épouse du roi, Lilian Baels, faite princesse de Réthy, s’occupe affectueusement d’eux[3] et veille à leur ménager une vie plus conforme à celle des enfants de la bourgeoisie[réf. nécessaire] que celle que leurs père, grand-père et grands oncles avaient connue. Baudouin, qu’elle appelle familièrement Baud[3], étudie soit au château de Laeken, soit au château de Ciergnon. Il a été scolarisé à l'Institut Le Rosey (Suisse)[4].
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+ Juste après le débarquement, la famille royale, qui s’est agrandie avec la naissance d’Alexandre de Belgique, est emmenée par les nazis en Allemagne dans la forteresse de Hirschstein, puis en Autriche, à Strobl, où elle est libérée le 7 mai 1945 par les troupes américaines.
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+ Commence alors la « question royale ». Confrontée à l'impopularité du roi Léopold III, la famille royale ne rentre pas en Belgique mais s'installe en Suisse, à Pregny, jusqu'en juillet 1950, attendant que le peuple belge débatte sur l'attitude du roi face à l'Allemagne nazie : le roi Léopold devait-il quitter la Belgique après la défaite du 28 mai 1940 ou a-t-il eu raison de rester au pays au nom de son statut monarchique pour s'y dresser comme un rempart contre l'éventuelle division du pays que les Allemands pouvaient sans doute vouloir comme ils l'avaient fait en 1914-1918. Baudouin fréquente le Collège de Genève (aujourd'hui connu sous le nom de Collège Calvin) ; il accompagne son père et sa belle-mère dans un grand voyage aux États-Unis en 1948[2].
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+ En attendant la fin des débats, le prince Charles-Théodore, frère de Léopold III, est nommé Régent du royaume jusqu’à nouvel ordre.
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+ En 1950, après la consultation populaire qui donne des résultats fort différents en Flandre et en Wallonie ou, plus exactement, entre les arrondissements électoraux urbains ou ruraux. Devant la violence opposant « léopoldistes » et « anti-léopoldistes » et à la suite de la fusillade de Grâce-Berleur, le roi, rentré au pays avec ses deux fils aînés, fait nommer Baudouin, le 11 août 1950, « Prince royal », ce qui correspond à une délégation de pouvoirs. En effet, une régence et le titre de régent étaient impossibles puisque la loi sur la fin de l'impossibilité de régner du roi Léopold III avait été votée par les Chambres.
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+ Le prince prête serment de respecter la Constitution et les lois du peuple belge devant les Chambres réunies. C’est lors de cette cérémonie que fuse le cri « Vive la République ! » attribué à Julien Lahaut qui est assassiné sept jours plus tard.
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+ À la suite de l'abdication de son père le 16 juillet 1951, Baudouin, selon la Constitution majeur, devient le cinquième roi des Belges, le 17 juillet 1951, au moment où la deuxième guerre scolaire fait rage.
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+ Pendant plus de 10 ans, le jeune roi subit la forte influence politique de son père et de sa belle-mère, allant jusqu’à refuser de serrer la main de ceux qui, comme Hubert Pierlot, s’étaient opposés à Léopold III pendant la guerre[6],[7].
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23
+ Un an après son mariage, Baudouin choisit de s’éloigner ; il ne rencontrera plus son père et sa belle-mère qu’en de rares occasions, notamment après le décès de la reine Élisabeth en 1965[3].
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+ La naissance de Marie-Christine en 1951 et Maria-Esméralda en 1956 étend la fratrie de Baudouin. Son frère Albert se marie avec Paola Ruffo di Calabria en 1959 et ils ont leur premier enfant en avril 1960.
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+ Le roi Baudouin apparait en public comme un jeune homme réservé, triste et solitaire, sans aventure amoureuse connue ; la rumeur lui attribue l’intention d’entrer dans les ordres. Au fil des années, le célibat d’un roi qui vit toujours au domicile paternel devient une affaire d’État. Le cardinal Suenens a raconté que Baudouin en parla avec une religieuse irlandaise, Veronica O’Brien, et que celle-ci, se mettant en recherche d’une possible épouse, trouva une aristocrate espagnole qui accepta de rencontrer le roi[2]. Les rencontres sont tenues secrètes, ce qui explique l’étonnement des Belges lorsqu’ils apprennent par la voix du Premier ministre Gaston Eyskens, en 161 mots prononcés à la radio le 16 septembre 1960 à 12 h 20 et suivi d’un extrait de La Brabançonne[8], les fiançailles de Baudouin. Les premières photos du couple, lors de la présentation de la jeune femme au château de Ciergnon, montrent des fiancés manifestement amoureux et complices[2].
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+ Le 15 décembre 1960, Baudouin épouse doña Fabiola de Mora y Aragón qui devient ainsi la reine Fabiola. Le mariage civil est célébré au palais de Bruxelles et le mariage religieux en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles et est retransmis à la télévision, une première pour un mariage royal en Belgique.
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+ Léopold et Lilian s’installent en janvier 1961 au château d'Argenteuil avec leurs enfants et la famille royale se divise ; Fabiola et sa belle-mère s’entendant mal, Baudouin et son père se brouillent pour des histoires de meubles emportés ou non de Laeken à Argenteuil.
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33
+ En juin 1961, l'annonce que Baudouin et Fabiola attendent un enfant est faite à la presse, lors d'un voyage du couple à Rome, par le pape Jean XXIII — ce qui soulève une polémique dans les journaux belges de gauche ; trois semaines plus tard, il est annoncé par la cour que l'heureux événement ne se produira pas. En février 1962, la reine est à nouveau enceinte mais accouche d'un enfant mort-né. Une intervention chirurgicale et deux autres fausses couches ne laissent plus d'espoir de voir naitre un héritier[8]. Aucun héritier ne naît donc de cette union.
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+ Le roi Baudouin investit alors beaucoup dans la formation de son neveu, le prince Philippe, qu’il considère comme son successeur[9], bien que l’héritier normal du trône soit le prince Albert.
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37
+ Sur le plan officiel, la famille royale devient celle de Baudouin et des autres enfants de la reine Astrid. Lilian Baels et ses enfants en sont écartés puisque l’arrêté royal du 2 décembre 1991 stipule que « les Princes et Princesses issus de la descendance en ligne directe de S.A.R. le Prince Albert de Belgique seront qualifiés « Princes et Princesses de Belgique » dans les actes publics et privés qui les concernent[3] »[pas clair].
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+ En 1991, les médecins affirment que Baudouin souffre de la maladie de Barlow, « avec présence de calcifications à la valve mitrale »[3] et le roi se fait opérer à cœur ouvert à l’hôpital Broussais à Paris.
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+ Deux ans plus tard, le 31 juillet 1993, le roi meurt d'un arrêt cardiaque lors de vacances dans sa villa de Motril, en Espagne, à l'âge de 62 ans. La princesse Lilian est avertie téléphoniquement, le soir même[3], du décès de Baudouin par son beau-fils Albert. Lilian, vu l’éloignement qui existe depuis de longues années entre elle et le roi, persuadée que sa présence, ou comme son absence, aux funérailles serait critiquée, décide de ne pas assister à la cérémonie mais de se faire représenter par le prince Alexandre et la princesse Marie-Esméralda[3].
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+ L'annonce publique de la mort de Baudouin provoque une vague d'émotion populaire en Belgique[10]. Dès le jour de sa mort, des dizaines de milliers de Belges se rassemblent devant le palais royal pour déposer des fleurs et des bougies et rendre hommage au Roi défunt[10].
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+ La dépouille du roi est ramenée par avion à la base aérienne de Melsbroek dans la nuit du 1er au 2 août puis transférée au château de Laeken puis, avec un arrêt à la colonne du Congrès devant la tombe du Soldat inconnu, jusqu’au palais royal de Bruxelles où les autorités puis la population peuvent lui rendre hommage, plusieurs jours durant. L’émotion est grande et les gens campent jour et nuit, les files d’attente pouvant durer 10 heures. En raison des fortes chaleurs, les services de secours doivent intervenir à de nombreuses reprises. Au total, 500 000 Belges sont allés se recueillir au palais royal[11].
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47
+ Les funérailles se déroulent le 7 août 1993 en la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles lors d’une célébration de gloire et d'espérance demandée par son épouse, qui y assiste habillée de blanc, couleur de la résurrection et couleur de deuil des reines catholiques. La cérémonie est transmise en direct sur un écran géant installé sur la Grand-Place de Bruxelles et par de nombreuses télévisions du monde. Elle rassemble un grand nombre de chefs d'État du monde entier : de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni à l'empereur Akihito du Japon, en passant par le président français François Mitterrand.
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+ Un second office est célébré pour la famille en l’église Notre-Dame de Laeken avant que le corps ne soit descendu dans la crypte royale pour reposer près des précédents rois et reines belges.
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51
+ Le deuil national prend fin le 9 août 1993, après la prestation de serment constitutionnel par Albert II. Pendant quelques semaines, les Belges se sont trouvés réunis par la disparition d'un homme « représentant symbolique de la conscience et de l'identité collectives de la Belgique[12]. » En décembre 2005, il est élu au 2e rang du plus Grand Belge de tous les temps par le public de la RTBF.
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53
+ Bien que la Belgique soit une monarchie parlementaire où le roi ne peut exprimer publiquement d'opinion qu'avec l'accord du gouvernement, le roi Baudouin a eu une influence certaine sur les gouvernements qui se sont succédé pendant ses quarante-deux années de règne. La Constitution donne en effet au roi le pouvoir (purement théorique toutefois) de refuser de valider une loi, ce qui explique que le pouvoir qu'il détient n'est pas symbolique comme celui d'autres monarques. D'autant plus que c'est le roi qui nomme et révoque les ministres. Et même s'il lui faut l'approbation d'au moins un ministre et un vote de confiance par le parlement, cela lui permet de jouer un rôle majeur après chaque élection et lors des crises ministérielles.
54
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55
+ Le roi Baudouin acquiert une expérience supérieure à celle de bien des ministres des gouvernements de compromis qui se succèdent pendant son long règne et dont beaucoup ne resteront ministres que quelques années alors que Baudouin aura régné pendant 42 ans. Ce règne constitue, pour l'État belge, une pierre angulaire qui permet au roi d’avoir de l’ascendant sur ses ministres, voire de « leur savonner royalement les oreilles »[13].
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57
+ S’il défend toujours l'unité de la Belgique[13], il ne peut cependant empêcher les querelles linguistiques et la création d'une frontière linguistique, de trois régions, de quatre régions linguistiques et de trois communautés. C'est sous son règne que, de réforme de l'État en réforme de l'État, la Belgique devient un État fédéral.
58
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59
+ Sur le plan international, le règne est marqué par la création de la CECA en 1951 et de la Communauté économique européenne en 1957, de l'Exposition universelle de Bruxelles en 1958 et par l'indépendance du Congo belge et du Ruanda-Urundi. Au-delà des apparences de réserve qu'exige son statut, le roi Baudouin est très soucieux d'entente entre les hommes et les peuples. Ses nombreuses visites officielles à l'étranger, ainsi que les nombreux visiteurs officiels qu'il reçoit durant son règne sont l'occasion pour lui de révéler une hauteur de vue et un talent politique que beaucoup de ses interlocuteurs découvrent avec étonnement et dont ils témoigneront à l'annonce de sa mort[réf. nécessaire].
60
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61
+ En 1955, accueilli chaleureusement par des populations indigènes, Baudouin effectue une tournée triomphale au Congo belge, visitant toutes les régions d'une colonie qui est alors à son apogée[réf. nécessaire] mais où se manifestent des velléités d'autonomie. En 1959, quatre ans après ce voyage qui n’apporte pas de changement fondamental dans la politique belgo-congolaise[14], il doit annoncer l'intention du Gouvernement d'accorder l'indépendance au Congo. Le 30 juin 1960, le monarque assiste à la transmission des pouvoirs à Léopoldville et prononce un discours, lors des festivités, qui est ressenti internationalement comme ignorant les atrocités commises durant la période de la gestion belge, du même ordre que celles survenues sous l'autorité de toutes les autres puissances colonialistes, et glorifiant l'œuvre coloniale belge[15]. Le Premier ministre Patrice Lumumba, qui sera assassiné[16] plus tard probablement avec l'aide des services secrets belges et américains[17], réplique par un discours très critique vis-à-vis de la colonisation, discours qui sera qualifié d'insultant ou venimeux tant en Belgique qu'à l'étranger[18].
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63
+ Des violences surviennent au Congo, immédiatement après la proclamation de l'indépendance, ainsi qu'une grande incertitude politique et de nombreux troubles. Dans un échange de lettre entre le chef du cabinet du roi et le major Guy Weber, alors chef de l'armée sécessionniste katangaise, Weber annonce que Mobutu et Tshombé neutraliseraient complètement Lumumba, « si possible physiquement »[19]. D'après Ludo De Witte (en), recevant la lettre le 26 octobre, le roi rédige un projet de réponse à Tshombé avec la mention « Monsieur le Président », renforçant sa légitimité. Il se dit « très sensible (…) aux sentiments d'attachement que vous continuez à éprouver pour la Belgique et sa dynastie ». Le brouillon de la lettre comporte, faisant référence à Lumumba, la mention de la « politique haineuse d'un seul homme ». La lettre envoyée se conclut par l'accord de « plausible deniability » du Roi : « C'est ce qui me permet de vous dire ici combien j'apprécie les efforts que vous poursuivez inlassablement en vue d'une politique d'entente entre les divers leaders de l'ancien Congo, telle que vous l'avez définie à plusieurs reprises[20]. » Ludo De Witte pense également que Baudouin, ayant hérité de l'entourage de son père Léopold III, aurait été fortement influencé par celui-ci, composé de personnalités très déterminées et réactionnaires. Certains ont vu dans l’attitude du roi Baudouin, dans cette affaire d’assassinat politique, une non-assistance à personne en danger, peu compatible avec le respect de la vie qu’il manifeste comme croyant catholique[21] et qui va l’amener à provoquer une crise politique belge[pas clair].
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+ Baudouin est connu pour être un homme profondément croyant, catholique, il s'oppose au dépôt dès 1971 d'une proposition de loi de dépénalisation de l’avortement qui échouera. La proposition de loi Lallemand-Michielsen, qui se base notamment sur le livre Abortus pro/contra de l’expert en science éthique Hugo Van den Enden, rencontre ensuite une forte opposition et des pressions de diverses personnalités politiques, comme en a témoigné Roger Lallemand[22], ainsi que du roi.
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67
+ En 1990, celui-ci refuse donc, obéissant à sa conscience, de sanctionner cette loi qui propose la dépénalisation conditionnelle de l'avortement. Le 30 mars, Baudouin écrit au Premier ministre Wilfried Martens : « Ces derniers mois, j’ai pu dire à de nombreux responsables politiques ma grande préoccupation concernant le projet de loi relatif à l’interruption de grossesse. (…) Ce projet de loi soulève en moi un grave problème de conscience. (…) Vous comprendrez donc pourquoi je ne veux pas être associé à cette loi. En signant ce projet de loi et en marquant en ma qualité de troisième branche du pouvoir législatif, mon accord avec ce projet, j’estime que j’assumerais inévitablement une certaine coresponsabilité. Cela, je ne puis le faire pour les motifs exprimés ci-dessus. (…)[23] »,[24]. Le Souverain invite dès lors « le gouvernement et le Parlement à trouver une solution juridique qui concilie le droit du Roi de ne pas être forcé d’agir contre sa conscience et la nécessité du bon fonctionnement de la démocratie parlementaire »[23].
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+ Sur la base de l'article 93 de la Constitution[25], une parade juridique est trouvée : le Conseil des ministres constate que le roi est « dans l'impossibilité de régner » ce qui permet aux ministres réunis en conseil de sanctionner la loi le 3 avril 1990. Le 5 avril suivant, le roi est rétabli dans ses fonctions après un vote des Chambres réunies constatant que l'impossibilité de régner a pris fin. Certains Belges, dont Guy Verhofstadt[26] considèrent cette astuce comme inconstitutionnelle puisque la Constitution n'envisage que les cas de maladie du roi, que la Constitution[27] ne donne les pouvoirs du Roi aux ministres qu'en cas de décès de celui-ci[28], qu’en cas d'impossibilité de régner, c'est aux Chambres réunies de pourvoir à la tutelle et la régence[29].
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+ L’attitude du roi, qui a donc posé un sérieux problème institutionnel, a cependant pour conséquence une augmentation de sa popularité telle qu’il est proclamé « homme de l’année » par les médias.
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+ Au cours de son règne, le roi Baudouin a dénoncé le racisme et la xénophobie dans ses discours, et n'a jamais reçu en audience aucun représentant de l'extrême-droite (Front national et Vlaams Blok). À la fin de sa vie, il s'était investi dans la lutte contre la traite des êtres humains et une prostituée lui a rendu un vibrant hommage lors de ses funérailles.
74
+ N'oubliant pas le Congo, le souverain lance en 1991, un appel au calme face aux troubles ethniques (les incidents de Lubumbashi) qui secouent l'ancienne colonie.[réf. souhaitée]
75
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76
+ Au cours de ses contacts avec les hommes politiques belges et étrangers, ainsi que lors de ses entrevues avec des chefs d'États étrangers, comme à l'occasion de rencontres avec des personnes privées, scientifiques et artistes, le roi Baudouin manifestera un tact et des capacités morales et intellectuelles qui expliquent les éloges à sa mémoire qui s'élevèrent lors de son décès.[réf. souhaitée]
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+
78
+ Ses allocutions à la Nation, annuelles puis deux fois par an[30], retransmises à la radio et à la télévision sont empreintes d'un certain paternalisme[non neutre] et expriment une « éthique quelque peu datée, légèrement apocalyptique »[13], basée sur les valeurs familiales traditionnelles et une morale conservatrice[non neutre], opposée à l’individualisme, au matérialisme et à l’appât du gain. Cela le conduit à affirmer la nécessité de lutter contre la crise, le chômage, la décadence, le racisme, la pauvreté, l’exploitation sexuelle. « Pour le personnaliste qu’il était, tous ces excès étaient la conséquence de lacunes individuelles et de décadence morale, et bien moins des rapports de force politiques ou des structures économiques »[13].
79
+
80
+ Sa constance dans l’expression de ses valeurs est appréciée de bien des gens — comme la simplicité de sa vie au quotidien, semblable à celle de la petite bourgeoisie, telle qu’elle transparait dans les photos de presse. « Scrutant l’album de photos du Roi Baudouin on s’aperçoit qu’au fil du temps, il s’est construit simultanément un visage et un personnage. Son principal transmetteur de signe était son visage[31]. »
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+ Baudouin a réussi, au fil des ans, à faire reconnaître des « valeurs éthiques d’humanisme et de professionnalisme[31] ». Son décès inattendu a choqué une grande partie de la population, suscitant « des réactions de type émotionnel beaucoup plus vives et intenses qu’on aurait pu le prévoir[31] », tant en Belgique qu’à l’étranger. Les hommages qui lui ont été rendus ont été adressés « à la réputation qui lui était faite[31] » et le rituel funéraire a reçu une « importance inaccoutumée[31] », cristallisant les sentiments de don du roi et de contre-don des Belges et rappelant la mort d’un héros antique. « L’idée qui émerge ici, c’est l’exceptionnelle réussite dans la mort d’un roi contemporain. Sa mort ne fut pas ressentie comme une fatalité inhérente au corps, elle a suscité au sein de la population une transcendance ou plutôt une sublimation[31]. »
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+ On relève cependant un soutien du roi, voire des liens d'amitié, pour des personnalités dont l'action politique ou morale a été décriée. Ainsi a-t-il été proche de Mobutu Sese Seko (il fut le parrain d'une de ses filles et a passé des vacances chez lui[32]) et l'a-t-il soutenu, bien que les méthodes du régime qui incluaient la corruption, le non-respect des droits de l'homme et le détournement d'argent public fussent connues, jusqu'en 1988 lorsque Mobutu compara Léopold II de Belgique à Hitler, établissant ainsi une « étrange liaison entre un dictateur sans foi ni loi et un roi très chrétien[33] ». Il était proche aussi de Juvénal Habyarimana qui participa à des groupes de prières du Renouveau charismatique organisés au palais de Bruxelles et le soutint notamment en 1990, en demandant par écrit au gouvernement belge l’envoi de soldats belges pour aider Habyarimana menacé par le Front patriotique rwandais[21]. Il manifesta de la complaisance pour le régime de Francisco Franco[21] aux funérailles duquel il fut empêché d’assister par l’intervention du gouvernement belge[13]. Il accueillit officiellement Jean-Paul II en Belgique en des termes qui s’adressaient au représentant de sa religion plutôt qu’au chef d’État, suscitant la critique du milieu laïque belge[21].
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+ En 1976, lors des célébrations des 25 ans de son règne, le roi Baudouin exprime le souhait de voir une fondation contribuant à l'amélioration des conditions de vie de la population : la Fondation Roi-Baudouin est donc créée à l'aide des fonds récoltés à cette occasion. Fondation d'utilité publique indépendante et pluraliste, elle a pour objet d'améliorer les conditions de vie de la population sur les plans économique, social, culturel et scientifique. Elle soutient l'engagement de tous les acteurs de la société afin de générer des changements durables qui contribuent à davantage de justice, de démocratie et de développement. Elle combine la réflexion de fond, la mise sur pied d'initiatives propres et l'aide financière en faveur de projets de tiers. Elle agit tant à court qu'à long terme.
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+ Tous les deux ans, la Fondation Roi-Baudouin remet le prix international Roi Baudouin pour le développement (d'une valeur de 150 000 euros) afin d'appuyer et faire connaître des projets ayant apporté une contribution majeure au développement des pays du Sud ou à la solidarité entre pays industrialisés et ceux en développement. Anciens lauréats : Dr Walter Plawright (développement d'un vaccin contre la peste bovine), Paulo Freire (alphabétisation au Brésil), la Grameen Bank du Bangladesh (micro-crédit), Aids Support Organisation (lutte contre le Sida en Ouganda), Mouvement des Paysans Sans Terre au Brésil, la commission des droits de l'homme au Pakistan, etc.
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+ La Fondation Roi-Baudouin gère de nombreux fonds d'entreprise et fonds nominatifs, comme le Fonds Reine-Fabiola pour la santé mentale, le Fonds Prince-Albert, le Fonds Prince-Philippe et le Fonds Princesse-Mathilde.
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+ La Fondation Astrida est une fondation ayant le statut juridique belge de « fondation publique » créée par le testament du 15 mars 1992 du roi Baudouin, avant qu'il bénéficie de chirurgie cardiaque[34] un an avant son décès et dont l'objet est de « soutenir financièrement ses neveux et nièces (et leurs conjoints) descendants du Roi Albert II et de sa sœur Joséphine Charlotte et les neveux et nièces de la Reine Fabiola, de générations en générations, dans les domaines religieux, artistiques, scientifiques et pédagogiques »[35].
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+ L’article modifié stipule encore que la fondation pourra aussi aider les neveux et nièces dans leur « établissement dans la vie » sans toutefois soutenir des activités lucratives, quelles qu’elles soient. Cette fondation pourra leur venir en aide en cas de maladie, d’infirmité ou toute autre situation à caractère philanthropique.
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+ Par ailleurs l'objet de la fondation, tel que modifié en 2006, dit que « le Conseil d'Administration veillera dans la mesure de son budget annuel à accorder une aide similaire à toute personne physique ou morale et en particulier (…) à celles qui appartiennent au tiers ou au quart monde »[35]. La fondation est notamment devenue propriétaire du domaine royal d’Opgrimbie.
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+ En 2013, la reine Fabiola transfère un montant de 2,5 millions d'euros à la fondation Astrida[36].
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+ Le vétérinaire est un médecin spécialiste de la médecine vétérinaire et de la chirurgie des animaux, hors homo sapiens.
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+ En France, cette profession est protégée par un diplôme, le diplôme d'État de docteur vétérinaire.
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+ Initialement formés pour soigner les chevaux et les animaux de production (bovins, moutons, chèvres, porcs) en milieu rural et dans un but purement économique, les vétérinaires furent ensuite appelés à soigner de plus en plus les animaux de compagnie, et notamment les carnivores domestiques (chiens, chats, furets) et les lapins.
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+ Outre le maintien des animaux en bonne santé et dans les meilleures conditions pour remplir leurs fonctions de production, le rôle des vétérinaires est important au regard de la santé humaine : tant pour maîtriser les maladies transmissibles à l’humain directement ou indirectement (zoonoses) qui peuvent être dangereuses, comme la rage, la tuberculose, l’influenza aviaire ou l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), que pour assurer le contrôle sanitaire des produits animaux qui entrent dans l’alimentation humaine. Ils furent les précurseurs et demeurent les spécialistes de l’hygiène des denrées animales ou d’origine animale (viande, lait, œufs, miel…), et partant de là, de la sécurité alimentaire.
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11
+ Le vétérinaire actuel est donc un praticien pluridisciplinaire. Son activité comporte soins aux animaux, conseils aux propriétaires, prescription de médicaments, suivi médical, médecine générale ou spécialisée, surveillance alimentaire, suivi des fermes, gestion du troupeau, rural, urbain ou mixte.
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+ Le terme « vétérinaire » dérive du latin veterinarius, relatif aux bêtes de somme[1].
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+ Le mot « vétérinaire » date de l’époque romaine. Il apparaît pour la première fois dans les œuvres de Columelle, au premier siècle de notre ère Medicina veterinaria ou Bestia veterina, signifiant bête de somme. En effet, le traité de Columelle Res rustica aborde la question des maladies du gros bétail.
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+ Zooïatre est un synonyme qui n'a jamais été très utilisé et tombé en désuétude[2].
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19
+ Des textes anciens évoquent le statut de médecin des animaux (« c'est sous le règne du sixième Roi sémite Hammourabi, qui régna à Babylone vers 2000 av. J.-C., que fut édicté un code réglementant toute la vie civile du pays. Cette loi, gravée sur un bloc de diorite, prévoit en détail tout ce qui concerne les personnes et les biens. Les dispositions relatives à l’exercice de la médecine vétérinaire ne constituent qu’une petite partie du texte, mais elles sont néanmoins prévues »[3]).
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+ La domestication du cheval, dont la plus ancienne trace remonte à environ 3000 av. J.-C. (Asie mineure), est un pas en avant vers l'approche animalière. Il servait au déplacement vers des terres plus fertiles.
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23
+ Lors de la période gréco-romaine, des notions de maladies surgissent. L'observation des animaux permet de définir visuellement certaines maladies (gales, rage) ainsi que les manifestations physiologiques (œstrus), voire des problèmes causés par d'autres animaux (vipères)[4]. Le cheval domestiqué a acquis une valeur supérieure par rapport aux autres animaux domestiques (intérêt économique et agricole). Vers 300 av. J.-C., Aristote rédige une encyclopédie parlant de la médecine des animaux (maladies bien connues mais pathogénie hasardeuse).
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25
+ Les Romains s'intéressèrent de près aux microbes et maladies, grâce à leurs agronomes et philosophes (Varron, et son Traité de l'agriculture 116 av. J.-C., traitant de l'élevage et des maladies). Varron a d'ailleurs écrit : « Si dans un lieu quelconque il y a des marécages, là se développent des animaux tellement petits que les yeux ne les peuvent voir, et qui, pénétrant dans le corps avec l’air, par la bouche ou les narines, produisent de graves maladies ».
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27
+ La civilisation égyptienne laissa d'autres traces : des représentations graphiques sur les constructions et papyrus[3]. L'empereur Ashoka, bouddhiste, en 250 av. J.-C., érige deux asiles/hôpitaux : celui des hommes et des animaux. Les maladies des éléphants sont décrites, ainsi que la thérapeutique végétale utilisée.
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+ Columelle, en 40 apr. J.-C. traita dans son ouvrage Re Rustica de la médecine des animaux.
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+ L'empire de Byzance va recevoir l'héritage gréco-romain et rédiger les Hippiatrica, textes écrits par les agronomes, hippiatres et vétérinaires byzantins. Apsyrte (300 apr. J.-C.) y apporta une grande contribution. Il fut vétérinaire de l'armée de Constantin le Grand. Il évoqua les soins aux chevaux pour les militaires. Ce fut ensuite Hiéroclès (400 apr. J.-C.) qui apporta des informations sur l'élevage, la médecine (examen des symptômes).
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33
+ L'ère chrétienne grandissant, la spiritualité se développant, la différence entre hommes et animaux fut posée : l’existence d'une âme immortelle chez l'homme et d'une âme matérielle chez l'animal. Dès le Ier siècle apr. J.-C., une rupture fut observée, la toute-puissance de Dieu mettant un frein à la légitimité des soins aux animaux[3].
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35
+ La période du Moyen Âge n'a pas révélé beaucoup d'évolution[3]. Seules les populations arabes ont entretenu le culte du cheval, à travers ses soins, et ont développé des méthodes d'élevage[4]. Les Celtes et Gaulois conservèrent une sorte d'éthique des soins grâce aux druides et prêtres[5].
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37
+ Des hippiatres rédigèrent des ouvrages, peu accessibles au grand public (notions sur les chevaux). Les maréchaux ferrants s'exerçaient en parallèle dans les campagnes aux soins de base des chevaux[3]. Ce sont eux les prédécesseurs pratiquants et techniciens des vétérinaires. Des méthodes thérapeutiques plus rationnelles ont vu le jour, ainsi que des ouvrages sérieux, marquant dès lors l'entrée dans l'aire scientifique de la médecine vétérinaire.
38
+
39
+ Les guerres ont fait prendre conscience de l'intérêt des mesures sanitaires. Le siècle des lumières donna un essor grandissant à la médecine et la philosophie. Les maladies qui déciment le bétail favorisent la pensée d'une éducation à cette médecine. À cette époque, ce sont les écuyers qui exercent la médecine des animaux, ainsi que la maréchalerie[4]. Claude Bourgelat, qui était alors écuyer à Lyon et directeur de l'Académie fondée par le roi, décide en 1761 de fonder la première école vétérinaire française[6], à Lyon. Il est également l'initiateur de la création de l'école d'Alfort en 1765. Le succès de ces écoles attira des étudiants étrangers. Dès lors, d'autres écoles dans le monde ont vu le jour, comme Copenhague en 1773, Vienne en 1777, Budapest en 1786, Londres et Milan en 1791.
40
+
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+ La relation humain-animal a beaucoup évolué. La domestication, l'animal de production, omniprésent dans les peintures, objet de culture voire de culte[7]. Son statut a changé : la religion ne lui octroyait pas d'âme matérielle. Elle était théocentrique. Puis est venu le concept de l'animal-machine de Descartes. L'animal était un objet au service de l'homme (agriculture par exemple). L'humaniste, poussé par les courants des pays du Nord, a veillé a reconsidérer l'animal. Nos sociétés tendent vers le zoocentrisme (l'animal au centre) et le biocentrisme, grâce à l'écologie notamment. La maltraitance animale prend de l'importance dans la juridiction et la pensée. Désormais on parle de l'animal de production, de compagnie et de laboratoire. La médecine vétérinaire a toute son importance au centre de ces considérations. La notion de bien-être a pris de l'essor dans la pensée commune.
42
+
43
+ Un docteur vétérinaire dispose d'un vaste champ de compétences. En médecine générale, il intervient en milieu rural (animaux d'élevage agricole) ou en milieu urbain (animaux de compagnie) et parfois en milieu mixte. Certains peuvent avoir des compétences en ce qui concerne les nouveaux animaux de compagnie (NAC). Le vétérinaire peut également être spécialisé dans un domaine : ophtalmologie, chirurgie, dermatologie, biologie médicale, comportement... En France et en Europe, des diplômes universitaires permettent au vétérinaire d'acquérir certaines spécialités reconnues[8].
44
+
45
+ En Europe, l'Association européenne des établissements d'enseignement vétérinaire (AEEEV) délivre des accréditations aux établissements, écoles ou facultés, permettant à leurs ressortissants d'exercer dans les autres pays en garantissant un certain niveau de formation. Au sein de l'Union européenne, les vétérinaires diplômés d'un pays membre peuvent exercer dans n'importe quel autre pays membre.
46
+
47
+ Une spécialisation nécessitera quatre années de formation supplémentaires pour obtenir un diplôme européen de l'EBVS.
48
+
49
+ En Belgique, la formation est assurée en six ans d'université vétérinaire. Deux cycles sont nécessaires : celui de bachelier en médecine vétérinaire (BMV) et celui de grade en médecine vétérinaire (GMV), à l'issue duquel l'étudiant défend un travail de fin d'études permettant l'obtention du diplôme de docteur en médecine vétérinaire[9],[10]. Deux universités assurent les six années de formation : la faculté de médecine vétérinaire de l'université de Liège pour les francophones et l'université de Gand pour les néerlandophones. Le premier cycle de bachelier peut aussi se faire à l'université de Namur, à l'université catholique de Louvain, à l'université d'Anvers et à l'université libre de Bruxelles. Le second cycle se fait ensuite obligatoirement à Liège pour les francophones et à Gand pour les néerlandophones.
50
+
51
+ Le cycle de bachelier regroupe des matières générales en premier lieu, puis petit à petit des matières plus spécifiques (éthologie, écologie, anatomie, physiologie, etc.) appréhendant ainsi l'animal dans son ensemble. Chaque université dispose de spécificités, par exemple, l'université de Namur possède une ferme ovine expérimentale[11]. Le cycle de GMV comprend des stages et des cliniques la moitié du temps en 5e année et la totalité du temps en 6e année[12]. S'il le souhaite, l'étudiant peut ensuite compléter ses études avec par exemple une résidence d'un collège européen[13].
52
+
53
+ Depuis l'année 2016-2017, l'accès au études se fait par un concours en fin de première année de bachelier en médecine vétérinaire[14] (dans les 4 universités francophones) afin de limiter à 250 les étudiants de premier master. Le nombre d’étudiants non résidents acceptés est égal a 20 % des étudiants résidents inscrits l'année précédente. De 2005 à 2016, l'accès se faisait par un quota pour les non-résidents, par tirage au sort, sous réserve de ne pas échouer sa 1re année plus de 2 fois. Avant 2005, l'accès se faisait aussi par un concours d’entrée en médecine vétérinaire. À titre d'exemple, lors de la promotion 2010, sur les 230 diplômés on comptait 164 lauréats de nationalité française (= 71 %)[15].
54
+
55
+ En Espagne, le diplôme de Grado en Veterinaria est délivré après cinq ans d'étude en faculté vétérinaire, suite à la défense d'un "trabajo de fin de grado". Les études en université publique sont accessibles par un concours, après le bac, appelé "Selectividad". Il existe également un système d'universités privées. Anciennement, la formation se composait d'une "licenciatura", qui a progressivement disparue, à la suite des réformes européennes d'harmonisation de la formation vétérinaire entre pays et d'équivalence de leurs diplômes.
56
+
57
+ Certaines universités comme l'université Alfonso X el Sabio de Madrid ou l'université CEU Cardinal Herrera de Valence, proposent des cours d'espagnol aux étudiants étrangers.
58
+
59
+ Le diplôme, reconnu en Europe par la directive européenne 2005/36 (système ECTS), permet d'exercer dans tous les domaines des sciences vétérinaires : clinique pour animaux de compagnie, médecine équine, médecine des animaux de production, santé publique.
60
+
61
+ En France, le diplôme d’État de docteur vétérinaire est délivré à bac+7, soit 2 années de préparation aux concours national d'accès au études vétérinaires (classe préparatoire en filière BCPST ou TB, faculté de biologie, DUT, BTS, ou BTSA) suivies de 5 années d'études en école vétérinaire.
62
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+ Les 4 écoles nationales vétérinaires françaises sont, par ordre de création :
64
+
65
+ La formation en école vétérinaire comprend :
66
+
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+ S'il le souhaite, l'étudiant pourra également poursuivre ses études trois ou quatre années de plus afin d'obtenir un diplôme supplémentaire (un PhD, un diplôme d'un collège européen[16]...)
68
+
69
+ Aux Pays Bas, seule l'université d’Utrecht propose un cursus complet d’études vétérinaires en néerlandais. Le nombre d’étudiants est limité à 255. Les candidats sont sélectionnés sur les résultats et certaines places sont attribuées par tirage au sort. Diplome est reconnue par AVMA-COE
70
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71
+ En Suisse, la formation de vétérinaire est une formation universitaire qui se fait soit à l'université de Berne soit à l'université de Zurich.
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+ En Allemagne, les études vétérinaires sont une formation universitaire de 11 semestres. Une fois le diplôme d'État obtenu, les jeunes vétérinaires peuvent choisir de se spécialiser (durée de 3 à 5 ans) ou de s'installer moyennant l'obtention d'une autorisation d'exercice.
74
+
75
+ Durant les études, la formation comprend de nombreuses matières (physique, chimie, anatomie) enseignées en cours magistraux et travaux pratiques. Les études comprennent également des stages, dont le principal est d'une durée de 6 mois. Comme beaucoup de filières d'études en Allemagne, l'admission se fait par le numerus clausus, c'est-à-dire en fonction des notes obtenues à l'Abitur - l'équivalent allemand du baccalauréat français[17].
76
+
77
+ À la rentrée 2015/2016, plus de 1000 étudiants ont été admis en formation dans les différentes universités allemandes dont :
78
+
79
+ En Italie, les études se composent de 5 années d'université vétérinaire.
80
+
81
+ Au royaume, les études durent généralement 5 ans dans une université vétérinaire (cependant certaines universités proposent un programme accéléré en 4 ans dans certains cas et Cambridge propose un programme en 6 ans). Seulement 8 universités proposent ce diplôme : Bristol, Cambridge, Edinburgh, Glasgow, Liverpool, Nottingham, Londres et Surrey.
82
+
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+ École inter-États des sciences et médecine vétérinaires de Dakar.
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+ 1 année CPEV (classe préparatoire).
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+
87
+ 2 années de théorie.
88
+
89
+ 2 années de pratique et de théorie.
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+
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+ 1 année de thèse dont 6 mois d'approfondissement.
92
+
93
+ Donc 6 années au total, car suit le système LMD (licence-master-doctorat).
94
+
95
+ Les étudiants français ayant commencé leurs études peuvent intégrer l’école directement en 2e année.
96
+
97
+ École des sciences et de médecine vétérinaire du Cameroun (ESMV)[18].
98
+
99
+ La médecine vétérinaire est enseignée au Maroc depuis 1969[19]. L'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Rabat, assure le déroulement de la formation qui s’étale sur six ans, une année préparatoire ou APESA commune à toutes les filières de formation de l'IAV Hassan 2 et cinq années d'études purement vétérinaires, les deuxième et troisième années sont consacrées aux sciences vétérinaires de base tandis que la pathologie et la chirurgie sont enseignées durant des trois dernières années. Les étudiants effectuent durant leur formation plusieurs stages cliniques au CHUV de l'IAV Hassan 2 et dans d'autres écoles vétérinaires d'autres pays notamment en France, en Tunisie ou en Italie dans le cadre des programmes d'échange.
100
+
101
+ La médecine vétérinaire est enseignée à l'unique école vétérinaire du pays, l'école nationale de médecine vétérinaire de Sidi Thabet (à 20 km de Tunis). Les études durent six ans : une année préparatoire, quatre années d'études vétérinaires et une année d'internat. L'ENMV de Sidi Thabet dispense aussi une formation de vétérinaires spécialistes, celle-ci dure quatre ans.
102
+
103
+ Au Canada, il existe cinq facultés vétérinaires qui sont situées à Calgary, Charlottetown, Guelph, Saint-Hyacinthe et Saskatoon. Celle de Saint-Hyacinthe est une faculté de l’université de Montréal. Il s'agit du seul établissement vétérinaire francophone en Amérique du Nord.
104
+
105
+ Au Québec, le diplôme de doctorat en médecine vétérinaire est obtenu après deux ans d'études dans un cégep et cinq ans d’études universitaires. Pour avoir le droit de pratiquer, les étudiants doivent, en plus de terminer leurs études, réussir l’examen théorique NAVLE.
106
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107
+ Généralement huit années d'études supérieures (rarement sept) sont nécessaires pour obtenir le diplôme de docteur vétérinaire généraliste (DVM ou VMD). Le VMD (Veterinary Medical Doctorate) a son origine unique à partir des facultés de médecine humaine (Medical Doctorate ou MD), tandis que les DVM ont leur origine à partir des écoles agronomiques (Doctor of Veterinary Medicine) comme en France. Seul la grande école de l'université de Pennsylvanie délivre le VMD a travers les USA.
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+ Les facultés de médecine vétérinaire les plus connues et respectées sont celles de l'université de Pennsylvanie à Philadelphie (Ivy League), de l'université de Californie à Davis, et de l'université Cornell à Ithaca. Elles constituent les leaderships de la médecine vétérinaire dans le monde
110
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+ À la suite du VMD (de l'école vétérinaire de l'université de Pennsylvanie (Ivy League) ou du DVM des autres facultés vétérinaires américaines, il faut réussir des examens, au niveau national US Board) et au niveau de l'État (State Board) pour pouvoir être autorisé à pratiquer dans un État. L'examen permet l'obtention d'un permis de praticien, renouvelable tous les deux ans sous conditions d'avoir complété un certain nombre de cours de conférence avec ou sans test. Les docteurs peuvent, s'ils le désirent, faire des "residencies" de spécialisations (trois / cinq ans) avant de postuler pour les diplômes de diplomate spécialiste (les diplomates). Les Diplomes de Diplomate des American Colleges of Veterinary Specialization sont la base sur laquelle les DEVS européens ont été structurés. Les DVM /VMD peuvent aussi s'ils le désirent faire des Post-Doctorate Fellowships (PDF). Les Diplomates ACLAM doivent être diplômé d'une PDF de trois années avant de postuler au Diplôme de Diplomate ACLAM. Il faut généralement être diplomate pour devenir professeur de faculté vétérinaire aux États-Unis.
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+ Le vétérinaire est surnommé « vaccineur » en Louisiane.
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+ The American Veterinary Medical Association (AVMA) Council on Education (COE) est une association rattachée au gouvernement américain, décernant des accréditations aux établissements d'enseignement vétérinaires a travers le monde. Cette accréditation unique témoigne d'un très haut niveau de qualité en éducation vétérinaire. Lorsqu'un établissement hors-USA est accrédité par l'AVMA celui-ci est respecté au niveau international, ses diplômés n'ont généralement pas à postuler pour l’examen d’équivalence permettant d'exercer sur le territoire des États-Unis car leurs études sont considérées comme similaires aux celles acquises dans une des grandes écoles américaines. Les diplômés des écoles accréditées peuvent alors passer que les examens nationaux et d’État, au même titre que les docteurs vétérinaires diplômés des écoles américaines qui sont elles sont obligées d'obéir aux critères internationaux et être accréditées par l AVMA-COE.
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+ Le vétérinaire est un médecin spécialiste de la médecine vétérinaire et de la chirurgie des animaux, hors homo sapiens.
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+ En France, cette profession est protégée par un diplôme, le diplôme d'État de docteur vétérinaire.
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+ Initialement formés pour soigner les chevaux et les animaux de production (bovins, moutons, chèvres, porcs) en milieu rural et dans un but purement économique, les vétérinaires furent ensuite appelés à soigner de plus en plus les animaux de compagnie, et notamment les carnivores domestiques (chiens, chats, furets) et les lapins.
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+ Outre le maintien des animaux en bonne santé et dans les meilleures conditions pour remplir leurs fonctions de production, le rôle des vétérinaires est important au regard de la santé humaine : tant pour maîtriser les maladies transmissibles à l’humain directement ou indirectement (zoonoses) qui peuvent être dangereuses, comme la rage, la tuberculose, l’influenza aviaire ou l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), que pour assurer le contrôle sanitaire des produits animaux qui entrent dans l’alimentation humaine. Ils furent les précurseurs et demeurent les spécialistes de l’hygiène des denrées animales ou d’origine animale (viande, lait, œufs, miel…), et partant de là, de la sécurité alimentaire.
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+ Le vétérinaire actuel est donc un praticien pluridisciplinaire. Son activité comporte soins aux animaux, conseils aux propriétaires, prescription de médicaments, suivi médical, médecine générale ou spécialisée, surveillance alimentaire, suivi des fermes, gestion du troupeau, rural, urbain ou mixte.
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+ Le terme « vétérinaire » dérive du latin veterinarius, relatif aux bêtes de somme[1].
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+ Le mot « vétérinaire » date de l’époque romaine. Il apparaît pour la première fois dans les œuvres de Columelle, au premier siècle de notre ère Medicina veterinaria ou Bestia veterina, signifiant bête de somme. En effet, le traité de Columelle Res rustica aborde la question des maladies du gros bétail.
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+ Zooïatre est un synonyme qui n'a jamais été très utilisé et tombé en désuétude[2].
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+ Des textes anciens évoquent le statut de médecin des animaux (« c'est sous le règne du sixième Roi sémite Hammourabi, qui régna à Babylone vers 2000 av. J.-C., que fut édicté un code réglementant toute la vie civile du pays. Cette loi, gravée sur un bloc de diorite, prévoit en détail tout ce qui concerne les personnes et les biens. Les dispositions relatives à l’exercice de la médecine vétérinaire ne constituent qu’une petite partie du texte, mais elles sont néanmoins prévues »[3]).
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+ La domestication du cheval, dont la plus ancienne trace remonte à environ 3000 av. J.-C. (Asie mineure), est un pas en avant vers l'approche animalière. Il servait au déplacement vers des terres plus fertiles.
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+ Lors de la période gréco-romaine, des notions de maladies surgissent. L'observation des animaux permet de définir visuellement certaines maladies (gales, rage) ainsi que les manifestations physiologiques (œstrus), voire des problèmes causés par d'autres animaux (vipères)[4]. Le cheval domestiqué a acquis une valeur supérieure par rapport aux autres animaux domestiques (intérêt économique et agricole). Vers 300 av. J.-C., Aristote rédige une encyclopédie parlant de la médecine des animaux (maladies bien connues mais pathogénie hasardeuse).
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+ Les Romains s'intéressèrent de près aux microbes et maladies, grâce à leurs agronomes et philosophes (Varron, et son Traité de l'agriculture 116 av. J.-C., traitant de l'élevage et des maladies). Varron a d'ailleurs écrit : « Si dans un lieu quelconque il y a des marécages, là se développent des animaux tellement petits que les yeux ne les peuvent voir, et qui, pénétrant dans le corps avec l’air, par la bouche ou les narines, produisent de graves maladies ».
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+ La civilisation égyptienne laissa d'autres traces : des représentations graphiques sur les constructions et papyrus[3]. L'empereur Ashoka, bouddhiste, en 250 av. J.-C., érige deux asiles/hôpitaux : celui des hommes et des animaux. Les maladies des éléphants sont décrites, ainsi que la thérapeutique végétale utilisée.
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+ Columelle, en 40 apr. J.-C. traita dans son ouvrage Re Rustica de la médecine des animaux.
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+ L'empire de Byzance va recevoir l'héritage gréco-romain et rédiger les Hippiatrica, textes écrits par les agronomes, hippiatres et vétérinaires byzantins. Apsyrte (300 apr. J.-C.) y apporta une grande contribution. Il fut vétérinaire de l'armée de Constantin le Grand. Il évoqua les soins aux chevaux pour les militaires. Ce fut ensuite Hiéroclès (400 apr. J.-C.) qui apporta des informations sur l'élevage, la médecine (examen des symptômes).
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+ L'ère chrétienne grandissant, la spiritualité se développant, la différence entre hommes et animaux fut posée : l’existence d'une âme immortelle chez l'homme et d'une âme matérielle chez l'animal. Dès le Ier siècle apr. J.-C., une rupture fut observée, la toute-puissance de Dieu mettant un frein à la légitimité des soins aux animaux[3].
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+ La période du Moyen Âge n'a pas révélé beaucoup d'évolution[3]. Seules les populations arabes ont entretenu le culte du cheval, à travers ses soins, et ont développé des méthodes d'élevage[4]. Les Celtes et Gaulois conservèrent une sorte d'éthique des soins grâce aux druides et prêtres[5].
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+ Des hippiatres rédigèrent des ouvrages, peu accessibles au grand public (notions sur les chevaux). Les maréchaux ferrants s'exerçaient en parallèle dans les campagnes aux soins de base des chevaux[3]. Ce sont eux les prédécesseurs pratiquants et techniciens des vétérinaires. Des méthodes thérapeutiques plus rationnelles ont vu le jour, ainsi que des ouvrages sérieux, marquant dès lors l'entrée dans l'aire scientifique de la médecine vétérinaire.
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+ Les guerres ont fait prendre conscience de l'intérêt des mesures sanitaires. Le siècle des lumières donna un essor grandissant à la médecine et la philosophie. Les maladies qui déciment le bétail favorisent la pensée d'une éducation à cette médecine. À cette époque, ce sont les écuyers qui exercent la médecine des animaux, ainsi que la maréchalerie[4]. Claude Bourgelat, qui était alors écuyer à Lyon et directeur de l'Académie fondée par le roi, décide en 1761 de fonder la première école vétérinaire française[6], à Lyon. Il est également l'initiateur de la création de l'école d'Alfort en 1765. Le succès de ces écoles attira des étudiants étrangers. Dès lors, d'autres écoles dans le monde ont vu le jour, comme Copenhague en 1773, Vienne en 1777, Budapest en 1786, Londres et Milan en 1791.
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+ La relation humain-animal a beaucoup évolué. La domestication, l'animal de production, omniprésent dans les peintures, objet de culture voire de culte[7]. Son statut a changé : la religion ne lui octroyait pas d'âme matérielle. Elle était théocentrique. Puis est venu le concept de l'animal-machine de Descartes. L'animal était un objet au service de l'homme (agriculture par exemple). L'humaniste, poussé par les courants des pays du Nord, a veillé a reconsidérer l'animal. Nos sociétés tendent vers le zoocentrisme (l'animal au centre) et le biocentrisme, grâce à l'écologie notamment. La maltraitance animale prend de l'importance dans la juridiction et la pensée. Désormais on parle de l'animal de production, de compagnie et de laboratoire. La médecine vétérinaire a toute son importance au centre de ces considérations. La notion de bien-être a pris de l'essor dans la pensée commune.
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+
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+ Un docteur vétérinaire dispose d'un vaste champ de compétences. En médecine générale, il intervient en milieu rural (animaux d'élevage agricole) ou en milieu urbain (animaux de compagnie) et parfois en milieu mixte. Certains peuvent avoir des compétences en ce qui concerne les nouveaux animaux de compagnie (NAC). Le vétérinaire peut également être spécialisé dans un domaine : ophtalmologie, chirurgie, dermatologie, biologie médicale, comportement... En France et en Europe, des diplômes universitaires permettent au vétérinaire d'acquérir certaines spécialités reconnues[8].
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+ En Europe, l'Association européenne des établissements d'enseignement vétérinaire (AEEEV) délivre des accréditations aux établissements, écoles ou facultés, permettant à leurs ressortissants d'exercer dans les autres pays en garantissant un certain niveau de formation. Au sein de l'Union européenne, les vétérinaires diplômés d'un pays membre peuvent exercer dans n'importe quel autre pays membre.
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+ Une spécialisation nécessitera quatre années de formation supplémentaires pour obtenir un diplôme européen de l'EBVS.
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+ En Belgique, la formation est assurée en six ans d'université vétérinaire. Deux cycles sont nécessaires : celui de bachelier en médecine vétérinaire (BMV) et celui de grade en médecine vétérinaire (GMV), à l'issue duquel l'étudiant défend un travail de fin d'études permettant l'obtention du diplôme de docteur en médecine vétérinaire[9],[10]. Deux universités assurent les six années de formation : la faculté de médecine vétérinaire de l'université de Liège pour les francophones et l'université de Gand pour les néerlandophones. Le premier cycle de bachelier peut aussi se faire à l'université de Namur, à l'université catholique de Louvain, à l'université d'Anvers et à l'université libre de Bruxelles. Le second cycle se fait ensuite obligatoirement à Liège pour les francophones et à Gand pour les néerlandophones.
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+ Le cycle de bachelier regroupe des matières générales en premier lieu, puis petit à petit des matières plus spécifiques (éthologie, écologie, anatomie, physiologie, etc.) appréhendant ainsi l'animal dans son ensemble. Chaque université dispose de spécificités, par exemple, l'université de Namur possède une ferme ovine expérimentale[11]. Le cycle de GMV comprend des stages et des cliniques la moitié du temps en 5e année et la totalité du temps en 6e année[12]. S'il le souhaite, l'étudiant peut ensuite compléter ses études avec par exemple une résidence d'un collège européen[13].
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+ Depuis l'année 2016-2017, l'accès au études se fait par un concours en fin de première année de bachelier en médecine vétérinaire[14] (dans les 4 universités francophones) afin de limiter à 250 les étudiants de premier master. Le nombre d’étudiants non résidents acceptés est égal a 20 % des étudiants résidents inscrits l'année précédente. De 2005 à 2016, l'accès se faisait par un quota pour les non-résidents, par tirage au sort, sous réserve de ne pas échouer sa 1re année plus de 2 fois. Avant 2005, l'accès se faisait aussi par un concours d’entrée en médecine vétérinaire. À titre d'exemple, lors de la promotion 2010, sur les 230 diplômés on comptait 164 lauréats de nationalité française (= 71 %)[15].
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+ En Espagne, le diplôme de Grado en Veterinaria est délivré après cinq ans d'étude en faculté vétérinaire, suite à la défense d'un "trabajo de fin de grado". Les études en université publique sont accessibles par un concours, après le bac, appelé "Selectividad". Il existe également un système d'universités privées. Anciennement, la formation se composait d'une "licenciatura", qui a progressivement disparue, à la suite des réformes européennes d'harmonisation de la formation vétérinaire entre pays et d'équivalence de leurs diplômes.
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+ Certaines universités comme l'université Alfonso X el Sabio de Madrid ou l'université CEU Cardinal Herrera de Valence, proposent des cours d'espagnol aux étudiants étrangers.
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+ Le diplôme, reconnu en Europe par la directive européenne 2005/36 (système ECTS), permet d'exercer dans tous les domaines des sciences vétérinaires : clinique pour animaux de compagnie, médecine équine, médecine des animaux de production, santé publique.
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+ En France, le diplôme d’État de docteur vétérinaire est délivré à bac+7, soit 2 années de préparation aux concours national d'accès au études vétérinaires (classe préparatoire en filière BCPST ou TB, faculté de biologie, DUT, BTS, ou BTSA) suivies de 5 années d'études en école vétérinaire.
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+
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+ Les 4 écoles nationales vétérinaires françaises sont, par ordre de création :
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+ La formation en école vétérinaire comprend :
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+ S'il le souhaite, l'étudiant pourra également poursuivre ses études trois ou quatre années de plus afin d'obtenir un diplôme supplémentaire (un PhD, un diplôme d'un collège européen[16]...)
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+ Aux Pays Bas, seule l'université d’Utrecht propose un cursus complet d’études vétérinaires en néerlandais. Le nombre d’étudiants est limité à 255. Les candidats sont sélectionnés sur les résultats et certaines places sont attribuées par tirage au sort. Diplome est reconnue par AVMA-COE
70
+
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+ En Suisse, la formation de vétérinaire est une formation universitaire qui se fait soit à l'université de Berne soit à l'université de Zurich.
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+ En Allemagne, les études vétérinaires sont une formation universitaire de 11 semestres. Une fois le diplôme d'État obtenu, les jeunes vétérinaires peuvent choisir de se spécialiser (durée de 3 à 5 ans) ou de s'installer moyennant l'obtention d'une autorisation d'exercice.
74
+
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+ Durant les études, la formation comprend de nombreuses matières (physique, chimie, anatomie) enseignées en cours magistraux et travaux pratiques. Les études comprennent également des stages, dont le principal est d'une durée de 6 mois. Comme beaucoup de filières d'études en Allemagne, l'admission se fait par le numerus clausus, c'est-à-dire en fonction des notes obtenues à l'Abitur - l'équivalent allemand du baccalauréat français[17].
76
+
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+ À la rentrée 2015/2016, plus de 1000 étudiants ont été admis en formation dans les différentes universités allemandes dont :
78
+
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+ En Italie, les études se composent de 5 années d'université vétérinaire.
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+
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+ Au royaume, les études durent généralement 5 ans dans une université vétérinaire (cependant certaines universités proposent un programme accéléré en 4 ans dans certains cas et Cambridge propose un programme en 6 ans). Seulement 8 universités proposent ce diplôme : Bristol, Cambridge, Edinburgh, Glasgow, Liverpool, Nottingham, Londres et Surrey.
82
+
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+ École inter-États des sciences et médecine vétérinaires de Dakar.
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+
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+ 1 année CPEV (classe préparatoire).
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+
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+ 2 années de théorie.
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+
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+ 2 années de pratique et de théorie.
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+
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+ 1 année de thèse dont 6 mois d'approfondissement.
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+
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+ Donc 6 années au total, car suit le système LMD (licence-master-doctorat).
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+
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+ Les étudiants français ayant commencé leurs études peuvent intégrer l’école directement en 2e année.
96
+
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+ École des sciences et de médecine vétérinaire du Cameroun (ESMV)[18].
98
+
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+ La médecine vétérinaire est enseignée au Maroc depuis 1969[19]. L'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II à Rabat, assure le déroulement de la formation qui s’étale sur six ans, une année préparatoire ou APESA commune à toutes les filières de formation de l'IAV Hassan 2 et cinq années d'études purement vétérinaires, les deuxième et troisième années sont consacrées aux sciences vétérinaires de base tandis que la pathologie et la chirurgie sont enseignées durant des trois dernières années. Les étudiants effectuent durant leur formation plusieurs stages cliniques au CHUV de l'IAV Hassan 2 et dans d'autres écoles vétérinaires d'autres pays notamment en France, en Tunisie ou en Italie dans le cadre des programmes d'échange.
100
+
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+ La médecine vétérinaire est enseignée à l'unique école vétérinaire du pays, l'école nationale de médecine vétérinaire de Sidi Thabet (à 20 km de Tunis). Les études durent six ans : une année préparatoire, quatre années d'études vétérinaires et une année d'internat. L'ENMV de Sidi Thabet dispense aussi une formation de vétérinaires spécialistes, celle-ci dure quatre ans.
102
+
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+ Au Canada, il existe cinq facultés vétérinaires qui sont situées à Calgary, Charlottetown, Guelph, Saint-Hyacinthe et Saskatoon. Celle de Saint-Hyacinthe est une faculté de l’université de Montréal. Il s'agit du seul établissement vétérinaire francophone en Amérique du Nord.
104
+
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+ Au Québec, le diplôme de doctorat en médecine vétérinaire est obtenu après deux ans d'études dans un cégep et cinq ans d’études universitaires. Pour avoir le droit de pratiquer, les étudiants doivent, en plus de terminer leurs études, réussir l’examen théorique NAVLE.
106
+
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+ Généralement huit années d'études supérieures (rarement sept) sont nécessaires pour obtenir le diplôme de docteur vétérinaire généraliste (DVM ou VMD). Le VMD (Veterinary Medical Doctorate) a son origine unique à partir des facultés de médecine humaine (Medical Doctorate ou MD), tandis que les DVM ont leur origine à partir des écoles agronomiques (Doctor of Veterinary Medicine) comme en France. Seul la grande école de l'université de Pennsylvanie délivre le VMD a travers les USA.
108
+
109
+ Les facultés de médecine vétérinaire les plus connues et respectées sont celles de l'université de Pennsylvanie à Philadelphie (Ivy League), de l'université de Californie à Davis, et de l'université Cornell à Ithaca. Elles constituent les leaderships de la médecine vétérinaire dans le monde
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+
111
+ À la suite du VMD (de l'école vétérinaire de l'université de Pennsylvanie (Ivy League) ou du DVM des autres facultés vétérinaires américaines, il faut réussir des examens, au niveau national US Board) et au niveau de l'État (State Board) pour pouvoir être autorisé à pratiquer dans un État. L'examen permet l'obtention d'un permis de praticien, renouvelable tous les deux ans sous conditions d'avoir complété un certain nombre de cours de conférence avec ou sans test. Les docteurs peuvent, s'ils le désirent, faire des "residencies" de spécialisations (trois / cinq ans) avant de postuler pour les diplômes de diplomate spécialiste (les diplomates). Les Diplomes de Diplomate des American Colleges of Veterinary Specialization sont la base sur laquelle les DEVS européens ont été structurés. Les DVM /VMD peuvent aussi s'ils le désirent faire des Post-Doctorate Fellowships (PDF). Les Diplomates ACLAM doivent être diplômé d'une PDF de trois années avant de postuler au Diplôme de Diplomate ACLAM. Il faut généralement être diplomate pour devenir professeur de faculté vétérinaire aux États-Unis.
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+ Le vétérinaire est surnommé « vaccineur » en Louisiane.
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+ The American Veterinary Medical Association (AVMA) Council on Education (COE) est une association rattachée au gouvernement américain, décernant des accréditations aux établissements d'enseignement vétérinaires a travers le monde. Cette accréditation unique témoigne d'un très haut niveau de qualité en éducation vétérinaire. Lorsqu'un établissement hors-USA est accrédité par l'AVMA celui-ci est respecté au niveau international, ses diplômés n'ont généralement pas à postuler pour l’examen d’équivalence permettant d'exercer sur le territoire des États-Unis car leurs études sont considérées comme similaires aux celles acquises dans une des grandes écoles américaines. Les diplômés des écoles accréditées peuvent alors passer que les examens nationaux et d’État, au même titre que les docteurs vétérinaires diplômés des écoles américaines qui sont elles sont obligées d'obéir aux critères internationaux et être accréditées par l AVMA-COE.
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+ La viande est un aliment constitué des tissus musculaires de certains animaux, notamment les mammifères, les oiseaux, les reptiles, mais aussi certains poissons comme les requins. Le terme peut inclure le gras, les nerfs, et le sang associés à ces tissus, et dans une acception plus générale les abats et les os (moelles, cartilages servant aussi pour réaliser les préparations en gelées, etc.).
2
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+ Les principaux organismes de santé recommandent de limiter la consommation de viande rouge et d'éviter la viande transformée.
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+ La production de viande est en croissance continue dans le monde, atteignant 330 millions de tonnes en 2018. Elle a un impact environnemental élevé, contribuant significativement au réchauffement climatique et à la déforestation.
6
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7
+ En ancien français, « viande » signifiait plutôt « nourriture », vivenda signifiant en latin « ce qui sert à la vie » ; la viande en tant que « chair animale » était désignée par un mot de la même famille, la carne.
8
+
9
+ Selon le Trésor de la langue française[1] :
10
+
11
+ « Viande, Esca, Cibus, Cibaria. Il vient de Viuo Latin, ce que l'Itaþlien represente mieux, disant, Vivanda. et parce viande, c'est ce dont l'homme se paist pour vivre. L'Espagnol conformément à ce dit, Yo biþve con el Duque, pour dire, Je suis au service et desfray du Duc : Mais en la Cour il semble qu'on ait restreint ce mot viande à la chair qui est servie à table, car on n'appelle pas viande le dessert. et si à un jour de poisson quelqu'un mange de la chair, on dit qu'il mange de la viande. »
12
+
13
+ Selon les 4e et 8e éditions du dictionnaire de l’Académie : « Chair des animaux et des oiseaux dont on se nourrit »[2].
14
+
15
+ Jusqu'au début du XXe siècle, le mot viande est utilisé dans un sens plus général qui inclut le poisson ou même toutes sortes de nourriture[3].
16
+
17
+ Selon la réglementation européenne, la viande désigne les parties comestibles de certains animaux terrestres, y compris le sang[4]. La classification utilisée pour le commerce international des marchandises inclut les mammifères et les reptiles marins, mais exclut les abats[5].
18
+
19
+ La fiscalité française distingue également la viande des abats[réf. souhaitée]. Au terme de cette différenciation, l'onglet est un abat, donc pas de la viande. Le cœur est un muscle et pourtant cela a longtemps été un abat et non de la viande. « Abat : ensemble des parties comestibles du cinquième quartier des animaux de boucherie. On désigne sous le nom d'« abats blancs » : la tête, les pieds, l'estomac. Les « abats rouges » comprennent : le cœur, le foie, la langue, la cervelle, la rate, les poumons, le ris[6] ».
20
+
21
+ Selon la réglementation canadienne, la viande comprend toute partie comestible d'une carcasse, y compris les abats tels que la langue, le cœur, le diaphragme et le gésier, mais exclut les muscles des lèvres, du groin, de l'épicrâne et des oreilles ainsi que la viande séparée mécaniquement de la carcasse[7]. Au terme de cette réglementation, les mammifères marins relèvent du poisson, qui désigne tout animal marin[8].
22
+
23
+ De la viande issue de cultures cellulaires est en cours de développement aux États-Unis, mais la question de savoir si ce nouveau produit pourra être légalement appelé « viande » n'est pas encore tranchée, et fait l'objet de débats avec les éleveurs[9],[10].
24
+
25
+ Les viandes sont également classées en :
26
+
27
+ La définition de la viande rouge ci-dessus correspond à celle retenue par les scientifiques et les agences de santé comme le Centre international de recherche sur le cancer[12]. Toutefois, dans le langage courant, le lapin, le porc et certains morceaux du veau sont généralement considérés comme des viandes blanches, tandis que le magret de canard pourra être considéré comme une viande rouge, la couleur de la viande étant alors le critère prépondérant.
28
+
29
+ En dehors de ces catégories, on trouve dans d'autres cultures nombre d'animaux consommés pour leur chair : chiens (dans plusieurs pays d'Asie)[13],[14], chats (dans le sud de la Chine), cochons d'Inde (dans les Andes)[15], dauphins et baleines (en Norvège, au Japon et aux Îles Féroé entre autres).
30
+
31
+ D'autres animaux sont également consommés et constituent une source de protéines dans l'alimentation humaine (poissons, crustacés, mollusques, insectes, etc.), mais leur chair n'est pas considérée comme de la viande.
32
+
33
+ Il y a 2 millions d'années, la viande cuite a commencé à devenir l'une des nourritures les plus consommées, la découverte et la maîtrise du feu et la cuisson des aliments rendant la consommation de la viande beaucoup moins dangereuse. La viande était consommée plus particulièrement pendant certaines saisons (l'hiver par exemple, où la nourriture végétale est plus rare)[16],[17],[18].
34
+
35
+ En 2018, la biomasse des animaux d'élevage (oiseaux et mammifères) est estimée à 0,1 Gt, contre seulement 0,007 Gt pour les mammifères sauvages (y compris les mammifères marins) et environ 0,002 Gt pour les oiseaux sauvages[19].
36
+
37
+ La couleur est avec la flaveur, la jutosité et la tendreté, une des qualités organoleptiques de la viande[20].
38
+
39
+ La myoglobine est le principal pigment qui colore la viande puisque l’hémoglobine résiduelle ne représente qu’environ 5 à 10 % des pigments totaux dans des conditions correctes de saignée de l’animal. La myoglobine possède un groupement héminique, responsable de la fixation de l’oxygène, et la globine (considérée comme le support de la spécificité du pigment musculaire) qui est une protéine globulaire monomérique d’un poids moléculaire voisin de 17 000.
40
+
41
+ La couleur de la viande fraîche est définie par la quantité relative des 3 formes de pigment héminique : la myoglobine réduite, la myoglobine oxygénée ou oxymyoglobine, et la myoglobine oxydée ou metmyoglobine. La myoglobine réduite (Mb-Fe++) est le pigment pourpre de la viande en profondeur et de la viande emballée sous vide. Exposée à l’air, la myoglobine se combine à l’oxygène pour former l’oxymyoglobine de couleur rouge vif (MbO2-Fe++) qui est synonyme de fraîcheur et attractive pour le consommateur de viande.
42
+
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+ Au-delà d’un certain délai, influencée par les propriétés intrinsèques de la viande et les conditions de conservation de celle-ci, la couche d’oxymyoglobine en surface disparaît progressivement au profit de la couche de myoglobine oxydée ou metmyoglobine (MetMb-Fe+++), de couleur brune et souvent liée à une microbiologie indésirable. Quand le pigment en surface contient environ 20 % de metmyoglobine, un consommateur sur deux n’achète plus cette viande.
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+
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+ La viande se colore en présence de fer car l'hémoglobine et la myoglobine sont soutenues par une ou plusieurs molécules de fer qui portent les molécules d'oxygène. Dans certains cas, il faut diminuer au maximum les apports en fer pour obtenir une viande blanche[21].
46
+
47
+ Si la couleur de la viande et des produits carnés dépend de la concentration en myoglobine et de son état physico-chimique, elle dépend aussi des caractéristiques physiques de la surface de la viande qui vont interférer sur les propriétés de réflexion et de diffusion de la lumière incidente[22]). Depuis l’abattage de l'animal jusqu’au stockage de la viande, le taux d’accumulation de metmyoglobine à la surface de la viande est fonction de nombreux facteurs intrinsèques, comme le pH (valeur du pH ultime et/ou vitesse de chute du pH), le type métabolique musculaire, l’animal (et/ou la génétique), l’âge, la race, le sexe, le mode alimentaire (surtout chez le veau), etc., et extrinsèques comme le mode d’élevage, le logement de l’animal (cas du veau), le traitement ante mortem (manipulations par l’éleveur, les conditions de transport jusqu’à l’abattoir, etc.), la stimulation électrique et le mode de réfrigération des carcasses, le mode de désossage[21].
48
+
49
+ De plus, durant le stockage de la viande, de nombreux facteurs physico-chimiques comme la température, la disponibilité de l’oxygène, la croissance microbienne, le mode de stockage (à l’air, sous atmosphère modifiée, sous vide, etc.), le type d’éclairage, etc., vont interférer sur le déterminisme de la couleur de la viande. Dans la viande fraîche, les mécanismes principaux qui conditionnent la stabilité de la couleur sont :
50
+
51
+ Les facteurs d'élevage des animaux ont une forte répercussion sur les qualités sensorielles de la viande comme la couleur, la tendreté, la flaveur et la jutosité. Les deux paramètres essentiels sont le niveau de la ration alimentaire et la nature de la composition de cette même ration. Si toute restriction de la ration alimentaire a un effet plutôt négatif sur la tendreté et la flaveur, au contraire la conduite au pâturage a une incidence bénéfique pour la couleur et la flaveur[23].
52
+
53
+ La viande est un aliment riche en protéines[24] (de 20 à 30 % selon les types de viande[25]) : elle contient notamment des acides aminés essentiels (que l'organisme humain est incapable de synthétiser) en quantité significative. La viande rouge est également une source importante de fer[26] et de vitamines du groupe B, notamment la vitamine B12[25]. Cette dernière est beaucoup plus présente dans la viande que dans les aliments végétaux[27].
54
+
55
+ La viande contient également des quantités notables de lipides (en moyenne 10,7 g/100 g)[25]. Les acides gras de la viande sont essentiellement des acides gras saturés, dont il est généralement recommandé de réduire les apports.
56
+
57
+ Les apports nutritionnels de la viande peuvent varier selon l'espèce, l'alimentation de l'animal[28] et la pièce considérée. En France, le Centre d'information sur la qualité des aliments (Ciqual) propose une table de compositions nutritionnelles des aliments, et notamment des différentes viandes, régulièrement mise à jour[29].
58
+
59
+ Pour une meilleure estimation des apports nutritionnels, il faut également prendre en compte l'assimilation de ces nutriments par l'appareil digestif : celle-ci peut être plus ou moins importante selon la nature de l'aliment et sa préparation.
60
+
61
+ La consommation de viande peut présenter des effets indésirables. Comme sa consommation a fortement augmenté dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale et comme les effets de l'alimentation sur le risque de développer certaines maladies comme le cancer et les maladies circulatoires et cardiaques peuvent n'être visibles qu'après plusieurs décennies, mieux connaître les effets de cette consommation accrue de viande sur la santé et la mortalité est un enjeu important de santé publique et de prospective sanitaire.
62
+
63
+ De nouveaux risques sont apparus avec l'industrialisation de la production de viande : la composition de l'alimentation animale a évolué ; l'élevage est de plus en plus « hors sol » et des animaux qui ne consommaient que de l'herbe sont nourris avec une alimentation pouvant contenir des farines de viande et d'os — pratique interdite depuis 1990 en France et depuis 2000 en Europe[30] —, de farines de poisson, de céréales et de soja, avec utilisation d'antibiotiques, d'hormones de croissance et de divers additifs, selon les pays. Par ailleurs, la viande peut bio-accumuler les polluants émis par d'autres activités agricoles ou industrielles (pesticides, dioxines, etc.).
64
+
65
+ Après diverses études surtout menées aux États-Unis, une étude épidémiologique à grande échelle (échantillon[31] de 448 568 personnes de 35 à 69 ans) en Europe confirme en 2013 un risque augmenté de maladies cardiovasculaires, mais aussi de cancers[32]. Ce double risque (cardiovasculaire et cancers) est plus marqué pour les consommateurs de « viande transformée »[32]. Un lien avec l'obésité est également soupçonné[33].
66
+
67
+ En février 2019, la commission EAT-Lancet publie un rapport dans lequel les auteurs établissent des objectifs pour parvenir à un système alimentaire sain et durable[34]. Le résumé en français indique notamment que « la consommation d'aliments tels que la viande rouge et le sucre devra être réduite de plus de 50 %[35]. »
68
+
69
+ Le ministère des Affaires sociales et de la Santé de la France, dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS4), recommande une « réduction importante des consommations de charcuteries et de viandes hors volailles »[36],[37]. L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) recommande « une limitation de la consommation des viandes hors volailles » (« à moins de 500 grammes par semaine »), « et plus encore des charcuteries »[38],[36].
70
+
71
+ Le Fonds mondial de recherche contre le cancer recommande également aux consommateurs de viande de ne pas dépasser une consommation de 500 g par semaine de viande cuite (équivalent à 700−750 g de viande crue), hors volaille, et conseille par ailleurs d'éviter complètement la viande transformée (fumée, salée, ou contenant des additifs ou conservateurs)[39],[40]. Compte tenu des disparités au sein de la population en matière de consommation de viande, le Fonds fixe par ailleurs comme objectif de santé publique de ne pas dépasser une moyenne de 300 g de viande par semaine et par habitant pour la population dans son ensemble (correspondant à 400−450 g de viande crue par semaine, soit 22 kg par personne et par an) ; cette recommandation inclut la viande contenue dans les plats préparés et la charcuterie mais pas la volaille[41]. Pour la charcuterie, l'objectif recommandé est une quantité minime ou nulle[41].
72
+
73
+ Par ailleurs, selon l'American Dietetic Association[42], la consommation de viande n'est jamais indispensable à un régime alimentaire sain et équilibré, si celui-ci est bien conçu. Selon cette organisation, un régime végétarien peut être bénéfique au traitement et à la prévention de certaines maladies.
74
+
75
+ La consommation de viande rouge (ou viande de boucherie : bœuf, veau, cheval, mouton, agneau, porc, etc.) est associée à un risque augmenté de survenue de maladies cardiovasculaires[43], qu'on ne retrouve pas chez les consommateurs de viande blanche (volaille). La cause en a d'abord été directement attribuée aux graisses saturées et au cholestérol, mais les graisses saturées ne semblent finalement pas être seules en cause. Selon une étude de 2013[44], le microbiome (la communauté d'environ 100 milliards de bactéries qui vivent dans l'intestin humain et participent activement à la digestion) serait aussi en cause[45] : certaines bactéries de l'intestin des mangeurs de viande métabolisent une protéine de la viande rouge, la carnitine (qui contribue normalement au transport des acides gras à l'intérieur des cellules et qui est présente en quantité dans la viande rouge) et cette métabolisation serait le prélude d'une chaine de réaction conduisant à l'athérosclérose (durcissement des artères). Le Dr Hazen[46], coauteur de l'étude, avait déjà démontré en 2011 que certaines bactéries du microbiome pouvaient favoriser l'athérosclérose via la métabolisation de la choline et de la phosphatidylcholine (protéines présente dans les œufs et la viande) qu'elles transforment en triméthylamine ensuite métabolisée dans le foie pour devenir de l'oxyde de triméthylamine ou TMAO, qui favorise l'athérosclérose et la crise cardiaque. La « L-carnitine » est une triméthylamine (proche de la choline), mais densément présente dans la viande rouge et présente dans les produits laitiers. Chez la souris et chez des volontaires humains, l'ingestion d'un repas de steak de viande rouge est suivie d'une augmentation de la teneur sanguine en carnitine et en TMAO, sauf si un traitement antibiotiques tuant les microbes intestinaux leur a été préalablement administré (dans ce cas, le taux sanguin de carnitine s'élève, mais le repas de steak n'induit plus la forte augmentation du taux de TMAO). Ce TMAO semble donc bien être produit par les bactéries ou nécessiter leur présence, et n'est trouvé que dans les selles de consommateurs de viande rouge qui ont des taux élevés de TMAO ; la flore intestinale des végétariens ne contient pas de bactéries spécialisées dans la digestion de la viande. Des végétariens volontaires n'ont pas produit de TMAO après avoir mangé un repas de steak (ou des pilules de carnitine), ce qui suggère que leurs bactéries ne digèrent pas la carnitine. Un lien a été recherché et trouvé entre la survenue d'une affection cardiaque et le niveau de carnitine et de TMAO sur un échantillon de plus de 2 500 personnes, mais uniquement chez les personnes ayant un niveau de TMAO élevé, ce qui est corroboré par les expériences faites sur des souris. Le lien de cause à effet n'est pas encore clairement expliqué, mais il semble que le TMAO interfère négativement avec les enzymes hépatiques qui produisent certaines substances biliaires acides destinées à aider à éliminer l'excès de mauvais cholestérol. Deux groupes de bactéries semblent impliquées dans ces effets aggravant les effets du cholestérol : Clostridium et Fusobacterium[47].
76
+
77
+ Le fer héminique contenu dans la viande étant deux fois plus biodisponible[48] que le fer non-héminique contenu dans les végétaux, sa consommation peut donc faciliter la prévention de l’anémie ferriprive. Cependant, le fer héminique est également à l’origine d’un excès de cancers du côlon : 15 % de ceux-ci seraient dus à une consommation excessive de viande rouge et de charcuterie, principalement en raison du fer héminique que celles-ci contiennent[49]. En effet, le fer héminique est source endogène de composés mutagènes « N-nitroso » (ou mutagenic nitroso compounds dits « NOC ») par « nitrosation » dans le tractus gastro-intestinal[50],[51]. Il est facteur avéré de risque de certains cancers (colorectal notamment[52]), effet qui serait lié à une altération de l'ADN[53] et dose-dépendant et qui apparaîtrait moins ou pas avec la consommation de viande blanche[54].
78
+
79
+ Dans les années 1990-2013, par comparaison avec le régime méditerranéen (pauvre en viande)[55] ou avec des groupes strictement végétariens[56] dont les facteurs de mortalité ont été étudiés[57] ou consommant plus de poisson, des études à large échelle[58] sur la consommation de viande et notamment de charcuterie ont montré un risque accru de mortalité chez les consommateurs de viande rouge[59],[60],[61],[62],[63], notamment par cancer du côlon, du poumon, de l’œsophage et du foie[64],[65]. Cet effet, observé au niveau de l'ensemble de la population, a également été identifié au sein de groupes plus restreints comme les femmes ménopausées[66] ou des personnes très âgées[67].
80
+
81
+ Parmi les causes possibles de ces liens, les chercheurs citent la présence de graisses saturées et de fer dans la viande rouge et la charcuterie, associés à la carcinogénèse et au risque coronarien pour les graisses saturées[68]. Sont également mentionnés les composants mutagènes tels que les hydrocarbures aromatiques ou les hétérocycles engendrés par une cuisson importante ou à haute température.
82
+
83
+ Le 26 octobre 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (organisme dépendant de l'Organisation mondiale de la santé), a classé la viande transformée dans la catégorie des cancérogènes certains (groupe 1), et la viande rouge dans celle des cancérogènes probables (groupe 2A)[69],[70].
84
+
85
+ De nombreuses maladies infectieuses, bactériennes, virales et parasitaires ou toxiques peuvent être transmises par l'alimentation. Elles se manifestent le plus souvent par une symptomatologie digestive, mais également par des syndromes sévères, parfois mortels[71].
86
+
87
+ Plusieurs intoxications alimentaires peuvent être dues à la consommation de viande, notamment quand celle-ci est consommée crue ou peu cuite.
88
+
89
+ Escherichia coli, est une bactérie Intestinale des mammifères, très commune chez l'être humain, mais certaines souches peuvent être pathogènes, pouvant entrainer lorsqu'elles sont ingérées, des gastro-entérites, infections urinaires, méningites, sepsis ou syndrome hémolytique et urémique[71]. Cette dernière maladie, parfois surnommée « maladie du hamburger » car les bactéries généralement en cause se développent mieux sur les viandes hachées saignantes, est une affection grave affectant principalement les enfants de moins de trois ans et pouvant entrainer la mort[72].
90
+
91
+ La bactérie Campylobacter est présente dans l'intestin de nombreux animaux, d'élevage notamment, et est rejetée dans les selles. Elle est considérée comme étant la principale cause bactérienne de gastro-entérite humaine dans le monde. La viande d'animaux infectés peut être contaminée pendant le processus d'abattage. La principale voie de contamination semble être l'alimentation, notamment la consommation de viande crue ou peu cuite et de lait cru ou contaminé. La contribution des différentes sources de contamination est mal connue, mais la consommation de volaille insuffisamment cuite représente sans doute un mode de transmission important[73],[71].
92
+
93
+ La listériose est une infection bactérienne, due à listeria monocytogenes, commune à l’homme et à l’animal. La consommation d’aliments contaminés crus ou mal cuits[74] est la principale voie de transmission[71]. Elle se manifeste principalement sous la forme de méningite et de septicémie chez l’adulte, les enfants et les nouveau-nés, et par des avortements chez la femme enceinte, avec une importante létalité (de 20 à 30 %). Elle touche préférentiellement les femmes enceintes ainsi que les personnes dont le système immunitaire est affaibli (personnes immunodéprimées et personnes âgées). Chaque année, environ 400 personnes sont touchées par la listériose et 65 en meurent[75]. En France, de mars 1992 à février 1993, 282 cas sont diagnostiqués, entraînant 63 décès et 22 avortements, à cause de langue de porc en gelée et de rillettes. En août 2019, en Espagne, la listériose est à l'origine du décès de 2 personnes sur 200 cas confirmés. Toutes les personnes contaminées avaient mangé une préparation de viande de porc confite[76].
94
+
95
+ Le Tæniasis est une infection parasitaire intestinale due à un cestode, taenia saginata. Après une période d'incubation de 2 à 3 mois, l’infection chez l’homme est souvent asymptomatique, limitée à l’émission d’anneaux du ver par l’anus, mais peut se manifester par des troubles digestifs bénins, de l'anorexie, une perte de poids ou de la nervosité[71].
96
+
97
+ On distingue deux espèces principales touchant l'être humain : le taenia saginata, dont l'hôte intermédiaire est le bœuf, et le taenia solium, dont l'hôte intermédiaire est le porc. L’hôte définitif de Taenia saginata est l’homme, les bovins n'étant que des hôtes intermédiaires. L’homme se contamine lors de l’ingestion de viande de bœuf ou de porc crue ou peu cuite[71].
98
+
99
+ La trichinose est transmise par la consommation de viande de cheval ou de porc, ainsi que de gibier (phacochère, chacal, ours ou animaux domestiques). Le parasite est transmis quand la viande d'un animal contaminé par les larves d'un ver rond (nématode) est mangée crue ou insuffisamment cuite. Le parasite le plus souvent responsable est Trichinella spiralis, sa présence se manifeste par des douleurs abdominales avec diarrhée, puis de la fièvre, une gêne à la déglutition, des troubles oculaires (œdème des paupières notamment), et des douleurs musculaires[71].
100
+
101
+ La toxoplasmose est due à un parasite, toxoplasma gondii, qui infecte le plus souvent les animaux à sang chaud, y compris l’être humain, mais son hôte définitif est un félidé. L’homme peut se contaminer en consommant de la viande (principalement de mouton) contenant des kystes, et insuffisamment cuite[71], et plus généralement par la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite, y compris la volaille[77]. La plupart du temps asymptomatique, l’infection primaire ou la réactivation peuvent être à l’origine, chez le sujet immunodéprimé, de formes graves avec atteintes multiviscérales (abcès cérébral, choriorétinite, pneumonie, myocardite, myosite, etc.). Chez la femme enceinte, la primo-infection peut être à l’origine d’une toxoplasmose congénitale qui peut entraîner de grave séquelle pour le fœtus, ou bien la mort fœtale[71].
102
+
103
+ En 1996, la crise de la vache folle éclate au Royaume-Uni à la suite de l'infection de plus de 190 000 bovins atteints d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et de la transmission de cette maladie systématiquement fatale à l'homme par le biais de la consommation de viande contaminée. Cette épizootie fait 223 victimes humaines dans le monde au 24 janvier 2017, dont 27 en France[78] et cause un effondrement de la consommation de viande bovine dans les années 1990[79].
104
+
105
+ Le virus de l’hépatite E se transmet généralement, dans les pays occidentaux, lors de la consommation de viande de porc ou de gibier insuffisamment cuite, y compris certains types de charcuterie[80]. Il se transmet principalement par voie alimentaire par la consommation de produits issus d’un animal réservoir du virus, tels la viande et les abats de sanglier et de cerf, ainsi que le foie cru de porc[81]. Les symptômes de l'hépatite E ressemblent à ceux de l’hépatite A : nausées, vomissements, douleurs abdominales, souvent suivis par une jaunisse. Des formes graves peuvent survenir chez les femmes enceintes (« jusqu’à 20-25 % des femmes enceintes peuvent mourir si elles contractent une hépatite E au cours du troisième trimestre de grossesse[82] »), chez les personnes immunodéprimées ou des personnes présentant déjà des lésions du foie[81].
106
+
107
+ Les viandes transformées (bacon, jambon, salami, saucisson, hot-dogs, etc.) contiennent des produits chimiques ajoutés pour rendre l'aliment plus attrayant (couleur), juteux, meilleur au goût, ou pour le conserver. Ces produits chimiques sont généralement dangereux pour la santé et incluent des nitrates, un composé chimique capable d'endommager l'ADN du système intestinal, augmentant donc le risque de cancer[83],[84]. La consommation de viande transformée augmente significativement le risque de diabète de type 2 (51 %), d'apoplexie (13 %) et de maladies cardiovasculaires (42 %)[85].
108
+
109
+ Les principaux résidus et contaminants chimiques pouvant être présents dans la viande sont[86] :
110
+
111
+ C'est une forme apparemment émergente d'allergie, décrite depuis 2009, d'abord en Amérique du Nord puis en Australie et en Europe. C'est plus précisément une allergie à une molécule présente dans la viande de tous les mammifères non-primates. Sa cause initiale est une réaction du système immunitaire humain à une piqûre de tique qui inocule dans l'organisme humain une molécule présente dans la chair des mammifères. Cette allergie survient un peu plus souvent suite à la consommation d'abats que de viande rouge. Une fois sensibilisée à cette molécule, la personne peut devenir allergique à des produits (ex : gélatine) ou à des médicaments injectés s'ils ont été fabriqués à partir d'organismes de mammifères. Dans tous les cas le patient n’est pas allergique aux viandes de volailles ni à la chair des poissons ni aux protéines végétales.
112
+
113
+ La production de viande repose essentiellement sur l'élevage, une activité particulièrement gourmande en eau et en énergie, et qui nécessite également de grandes étendues de territoires pour la production de la nourriture du bétail, participant ainsi à la déforestation et à la réduction de la biodiversité. Selon un rapport de Greenpeace publié en mars 2018, la production de viande et de produits laitiers serait la source de 80 % de la déforestation de la forêt amazonienne et mobiliserait jusqu'à 80 % de la surface des terres agricoles dans le monde[96].
114
+
115
+ Selon le rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) de 2013, l'élevage est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine dans le monde, notamment via le méthane dégagé par les bovins[97]. La viande bovine est à l'origine de 41 % de ces émissions, alors qu'elle ne représente que 22 % de la consommation totale de viande[96].
116
+
117
+ Il est aussi un facteur important de pollution des eaux (via les lisiers, les fumiers ou les résidus de médicaments vétérinaires).
118
+
119
+ La consommation de viande est soumise à un certain nombre de tabous et interdits culturels et religieux. Ainsi, la consommation du porc est prohibée dans l'islam et le judaïsme. Des règles d'abattage existent pour deux religions, halal pour les musulmans et cacher pour les juifs mais des discussions théologiques existent concernant la vie des animaux avant l'abattage.
120
+
121
+ Dans le judaïsme, selon la Torah, il est permis de manger de la viande mais il est également interdit d'infliger de la douleur à toute créature vivante. Au contraire, il est un devoir de soulager la douleur de toute créature[98],[99]. Selon certains spécialistes de la Torah, Dieu n'aurait donné la permission aux hommes de manger de la viande, à la suite du Déluge, qu'en raison de leur faiblesse, mais l'idéal serait qu'ils soient végétariens[100],[101]. Concernant l’abattage rituel, le rabbin David Rosen pense que « le traitement infligé aux animaux par les méthodes de production commerciales modernes est si cruel que la viande produite dans ces conditions ne peut être considérée comme cacher »[102],[103].
122
+
123
+ Dans l'islam, pour qu'une viande soit halal, il ne suffit pas qu'elle soit issue d'un processus obéissant à certaines règles strictement alimentaires : il faut aussi que le traitement de l'animal vivant suive les principes musulmans[104]. Ainsi, il n'est pas halal d'élever un animal comme une machine (en élevage intensif par exemple), les animaux aussi méritant compassion, puisqu'ils sont, comme les hommes, des créatures de Dieu[105],[106].
124
+
125
+ Dans l'hindouisme, tous les animaux sont sacrés, et dans le panthéon des animaux sacrés, la vache dépasse d'une tête tous les autres. Dénommée Gau Mata, la Mère Vache, ce bovin occupe une place spéciale dans la religion hindoue[107],[108]. En Inde, on s'abstient donc d'en consommer[108]. De façon générale, la consommation de viande en Inde est très faible (35 % de végétariens[103]), la moyenne s'établissant à 5 kilogrammes par habitant et par an[109]. Les jaïns sont tous strictement végétariens par respect pour le premier credo de leur foi : l'ahimsa (non-nuisance).
126
+
127
+ Dans le bouddhisme, le végétarisme est différemment pratiqué selon les écoles et les pays. De manière générale, les fidèles sont des consommateurs de chair animale, à l'exception des moines qui adhèrent au bouddhisme mahayana et sont végétariens.
128
+
129
+ Dans le catholicisme, il n'existe plus de contrainte relative à la nourriture : « Le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Romains, 14, 17). L'approche ritualiste ou rubriciste fait place à la « liberté des enfants de Dieu » (Romains 8, 21). L'Église voit dans les prescriptions antérieures ou bien une annonce prophétique du véritable Agneau offert en sacrifice, ou bien des pratiques ayant une utilité pédagogique pour faire progresser le Peuple de Dieu.
130
+
131
+ La vision rapportée par saint Pierre (Actes 10, 9-16) confirme cette levée de toutes les interdictions alimentaires et des règles d'abattage : « Pierre monta sur la terrasse vers la sixième heure, pour prier. […] Il lui survint une extase : il voit le ciel ouvert, et quelque chose (en) descendre comme une grande nappe, tenu par quatre bouts, et s'abaissant vers la terre ; au dedans se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre, et les oiseaux du ciel. Et il vint une voix vers lui : « Debout, Pierre ! Tue et mange. » Mais Pierre dit : « Oh ! Non, Seigneur, car jamais je n'ai rien mangé de souillé ni d'impur. » Et une voix de nouveau, pour la seconde fois, (vint) vers lui : « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne l'appelle pas souillé. » Et cela se fit par trois fois, et aussitôt la chose fut enlevée dans le ciel. » La suite du texte montre que cette vision correspond aussi au fait que les hommes de tous les peuples sont admis à entrer dans le Peuple de Dieu sans être soumis aux règles de la Loi de Moïse.
132
+
133
+ Saint Paul va dans le même sens dans ses diverses épîtres. Ainsi, il prophétise que certains interdiront « l'usage des viandes, que Dieu a créées pour être reçues avec action de grâce par les fidèles, eux qui connaissent la vérité. Car, tout ce que Dieu a créé est bon, et on ne doit rien rejeter de ce qui se mange avec action de grâces, parce qu'il est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière » (I Timothée 4, 3-5). Pour lui, le fidèle mange ce qu'il veut, ce qui convient au corps, dans la liberté ; l'important étant de « rendre grâce », de remercier Dieu.
134
+
135
+ La décision qu'aurait prise le pape Grégoire III d'interdire en 732 – sans aucune explication – l'hippophagie sauf en période de guerre[réf. nécessaire] (ou de famine) fait figure de contre-exemple : c'est la seule décision en ce sens, elle a été peu suivie (ou du moins pas partout), elle admet qu'on mange de cette viande en cas de besoin, et elle est tombée en désuétude sans controverse. Au surplus, il s'agissait soit de préserver les chevaux en tant que nécessaires pour la défense militaire de l'Europe, soit d'éradiquer des pratiques païennes en Germanie : ces deux motifs n'ont donc pas pour fondement une spécificité de la viande de cheval pour la religion chrétienne.
136
+
137
+ En dehors des religions, de nombreuses personnes à travers le monde sont végétariennes ou végétaliennes pour des raisons éthiques (antispécisme), de santé ou pour protéger l'environnement. Il existe aussi un « mouvement pour l'abolition de la viande ». Certains auteurs de la mouvance antispéciste, comme Melanie Joy, défendent l'idée que la consommation de viande est une pratique soutenue par une idéologie qu'ils appellent le carnisme.
138
+
139
+ La production de viande dans le monde est estimée à 320 millions de tonnes en 2014 (source FAO), dont 36,4 % de viande porcine, 35,0 % de viande de volailles et 20,6 % de viande bovine. En 2018, ce montant atteint 330 millions de tonnes[96]. Selon les projections de la FAO, la production pourrait atteindre 524 millions de tonnes en 2080[96].
140
+
141
+ 2002
142
+
143
+ 2014
144
+
145
+ D'environ 20 millions de tonnes dans les années 1960, la production mondiale de viande porcine est ainsi passée à plus de 100 millions de tonnes à la fin des années 2000 ; la production de volaille, qui était à moins de 10 millions de tonnes, atteint désormais presque 90 millions de tonnes, la Chine en produisant une très grande partie ; la production de viande bovine est passée d'environ 30 millions à 60 millions de tonnes, le Brésil en étant le premier producteur et exportateur mondial[111].
146
+
147
+ Au niveau mondial, la production progresse régulièrement, de 1 à 6 % par an. Le taux moyen de croissance annuel est proche de 3 % (2,4 % pour la période 1998-2008). La Chine est le principal moteur de cette croissance. Sixième producteur mondial en 1961, ce pays est passé premier en 1990 ; sa production a augmenté en moyenne de 7,5 % sur la période 1961-2008, et a fourni en 2008 le quart de la production mondiale.
148
+
149
+ Sur le territoire de l'Union européenne, la production a progressé régulièrement d'environ 2 % par an jusqu'à atteindre un plateau en 1999. Depuis cette date, le taux de croissance est à peu près nul. La production française, quant à elle, a augmenté en moyenne de 1,7 % par an jusqu'en 1999. Depuis cette date, elle connaît une baisse irrégulière, en moyenne de 2 % par an ; seule l'année 2007 contredit cette tendance.
150
+
151
+ En France, le marché de la viande est un marché sensible qui a connu des interventions de l'État au XXe siècle. Une loi du 16 avril 1935 constitue une première grande tentative d'intervention de l'État sur le marché intérieur de la viande : achats de bovins tuberculeux pour les détruire et soutenir les cours, subventions pour la création d'abattoirs régionaux (développer le commerce des carcasses), revaloriser le cinquième quartier, affichage des prix de détail, etc. En 1953, dans un contexte de surproduction de bétail, a été créée la SIBEV (Société interprofessionnelle du bétail et des viandes). La SIBEV était chargée d'acheter des carcasses de viande pour soutenir les cours (en cas de surproduction)[115],[116].
152
+
153
+ Évolution de la consommation de viande en France de 1803 à 2017[117],[118],[119].
154
+
155
+ En matière de consommation, les Américains figurent parmi les plus gros consommateurs de viande, avec 115 kg par habitant et par an en 2013 (contre 89 kg en 1961 et 125 kg en 2004)[118] ; les Brésiliens consommaient 98 kg en 2013 (contre 27 kg en 1961)[118], et les Chinois environ 60 kg en 2013 (contre moins de 4 kg en 1961)[118]. La consommation annuelle moyenne est de 13 kg par habitant en Afrique subsaharienne et de 4 kg en Inde[118],[109].
156
+
157
+ En France, la consommation de viande se situe autour de 90 kg/an/personne[120]. Elle baisse légèrement mais régulièrement depuis 2002. L'année 2007 contredit cette tendance avec un pic à 96,5 kg/hab, poussé par une hausse régulière de la consommation de volaille[121]. De 2007 à 2016, la baisse est d'environ 12 %, et touche particulièrement la charcuterie et la viande de boucherie[122]. Calculée à partir de quantités en tonnes équivalent-carcasse, la consommation de viande correspond à environ 70 kg de viande crue désossée par habitant et par an.
158
+
159
+ En Suisse, la consommation de viande s'établit en 2017 à environ 50 kg/an/personne en équivalent poids vente[123], dont un peu plus de 37 kg de viande de boucherie[124]. Ces chiffres correspondent à des bilans de marché et incluent donc le gaspillage alimentaire, qui s'élevait à 19 % pour la viande en Suisse en 2014[125].
160
+
161
+ Évolution de la consommation de viande dans le monde (1961 à 2017)[118],[119] :
162
+
163
+
164
+
165
+ En 2019, 14 villes parmi les plus grandes du monde, dont Paris, Londres, New York, Tokyo et Milan, se sont engagées à réduire la quantité de viande servie dans leurs institutions publiques. Le but de cet engagement est de contribuer aux efforts pour lutter contre les changements climatiques. L'élevage contribue en effet aux émissions de gaz à effet de serre, notamment à travers la production d'aliments pour les animaux (voir la section Impact environnemental)[126].
166
+
167
+ En raison de son prix élevé, la viande fait l'objet de fraudes portant sur l'origine du produit ou sur sa nature.
168
+
169
+ En juin 2019, une enquête de la DGCCRF révèle que depuis juillet 2018, sept millions de faux steaks hachés fabriqués en Pologne, soit près de 780 tonnes, ont été livrés par une entreprise française à quatre associations d'aide aux plus démunis. Les analyses révèlent que ces steaks, obtenus lors d'un achat groupé d'un montant de 5,2 millions d'euros, bien que sans danger pour la santé humaine, contiennent uniquement du gras et de la peau, mélangés à de l'amidon et du soja[127],[128].
170
+
171
+ En avril 2017, 65 personnes soupçonnées de faire partie d’un réseau criminel organisé commercialisant en Europe de la viande de cheval impropre à la consommation humaine sont arrêtées en Espagne par la garde civile dans le cadre de l’opération « Gazel », en coordination avec Europol et la participation des polices belge, italienne, portugaise, roumaine, suisse, britannique et française[129].
172
+
173
+ En janvier 2013, une fraude à la viande de cheval faisant passer de la viande de cheval pour de la viande de bœuf en modifiant l'étiquetage sur des lots de minerai de viande, est découverte dans les Îles Britanniques et défraie la chronique[130]. Bien qu'aucun risque sanitaire ne soit officiellement invoqué, cette affaire fait scandale car elle implique de très nombreuses marques d'agroalimentaire, porte sur environ 4,5 millions de plats préparés, soit 50 tonnes écoulées dans treize pays[130], et touche à des degrés divers des dizaines de millions de consommateurs entre 2007 et 2015[130].
174
+
175
+ Un substitut de viande, désigné également « succédané de viande », « viande d'imitation » (appellations proches : simili-viande ou simili-carné) ou « viande végétale », est un produit alimentaire dont les qualités esthétiques (principalement la texture, la flaveur et l'apparence) et chimiques sont similaires à un certain type de viande.
176
+
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+ L'utilisation de ces substituts est populaire[131],[132] notamment chez les végétariens, végétaliens, non végétariens qui veulent réduire leur consommation de viande pour des raisons de santé ou d'éthique, ainsi que chez les personnes qui suivent des règles alimentaires religieuses, comme le cacherout, l'halal ou dans la cuisine bouddhiste.
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+ Victor-Emmanuel II (en italien : Vittorio Emanuele II), né le 14 mars 1820 à Turin et mort le 9 janvier 1878 à Rome, est un prince de la maison de Savoie. Il est duc de Savoie, roi de Sardaigne, prince de Piémont et comte de Nice de 1849 à 1861, puis premier roi d'Italie du 17 mars 1861 jusqu'à sa mort.
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+ Comme roi de Sardaigne, il s'entoure de grands ministres comme Massimo d'Azeglio et Camillo Benso, comte de Cavour, qui modernisent le royaume. La réalisation de l'unification italienne lui procure l'appellation de « Padre della Patria » (en français : « Père de la Patrie ») ; il est aussi surnommé « Roi gentilhomme » (en italien : Re galantuomo).
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+ Victor-Emmanuel est l'aîné de Charles-Albert de Savoie-Carignan, prince de Carignan, et de Marie-Thérèse de Toscane, fille du grand-duc Ferdinand III de Toscane.
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+ Il naît à Turin dans le palais de la famille paternelle et passe les premières années de sa vie à Florence, son père s'étant réfugié auprès de son beau-père pour fuir la colère de son oncle après les graves désordres politiques de mars 1821. Dans la capitale toscane, son éducation est confiée au précepteur Giuseppe Dabormida qui éduque les enfants de Charles-Albert avec une discipline militaire.
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+ En raison de l'énorme différence de physionomie avec son père qui apparaît dès le plus jeune âge, des voix commencent à douter que Victor-Emmanuel soit le fils du couple royal, mais qu'il soit un enfant d'origine populaire pris pour remplacer le vrai fils de Charles-Albert, mort au berceau, lors d'un incendie.
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+ Certains auteurs modernes[1],[2] ont donné crédit à cette hypothèse, récusée pendant plus d'un siècle, basant leurs déductions, outre les évidentes disparités physiques, sur les études des procès verbaux rédigés par le caporal des pompiers concernant l'incendie qui s'est développé dans la pièce du palais florentin où se trouvaient le nouveau-né et sa nourrice. Il est peu probable qu'un incendie ait pu tuer la nourrice et épargner l'enfant.
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+ Quant au présumé vrai père de Victor-Emmanuel, déjà au XIXe siècle, circulait le nom de « Tanaca », un boucher ayant un magasin via Senese 16, en dehors de la porte Romana, sous le Poggio Imperiale[3][réf. non conforme].
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+ Néanmoins, la naissance de Ferdinand de Savoie, duc de Gênes, rendait le stratagème plutôt absurde. En effet, la naissance d'un héritier légitime rendait à peu près nulle la « supposée substitution ». Cet élément permet d'affirmer avec certitude que Victor-Emmanuel est bien le fils de Charles Albert de Savoie-Carignan, roi de Sardaigne.
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+ Lorsqu'en 1831 son père Charles-Albert est appelé à succéder à Charles-Félix de Savoie, Victor-Emmanuel le suit à Turin où il est confié au comte Cesare di Saluzzo (it) assisté d'un groupe de précepteurs dont le général Hector Gerbaix de Sonnaz, le théologien Andrea Charvaz, l'historien Lorenzo Isnardi (it) et le juriste Giuseppe Manno. Les efforts des précepteurs ont peu d'effets car Victor-Emmanuel se montre réfractaire aux études préférant les chevaux, la chasse et l'escrime.
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+ Il est nommé général et épouse sa cousine Marie Adélaïde de Habsbourg-Lorraine en 1842. Il a une intense relation avec Laura Bon (it) avec laquelle il a une fille, Emanuela (1853), qu'il fait comtesse de Roverbella.
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+ Charles-Albert, acclamé comme souverain réformateur, concède le statut albertin en 1848 et déclare la guerre à l'Autriche mettant en route le long processus connu comme le Risorgimento italien. Il entre en Lombardie avec les troupes sardes et italiennes accourues à son aide. Les résultats de la première guerre d'indépendance italienne s'avèrent assez mauvais pour le Royaume de Sardaigne, abandonné par ses alliés, le 23 mars 1849, après la bataille de Novare, Charles-Albert envoie le général Luigi Fecia di Cossato traiter la reddition avec l'Autriche. Les conditions sont très dures et prévoient la présence d'une garnison autrichienne dans les places-fortes d'Alexandrie et de Novare. Charles-Albert, en présence de Wojciech Chrzanowski, Carlo Emanuele La Marmora, Alessandro La Marmora, Carlo Cadorna, de Victor-Emmanuel et de son autre fils Ferdinand de Savoie, signe son abdication et avec un faux passeport, passe à Nice où il part en exil pour le Portugal.
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+ La même nuit, peu avant minuit, Victor-Emmanuel II se rend près d'une maison de Vignale où l'attend le général Joseph Radetzky pour traiter la reddition avec les Autrichiens ; c'est sa première action de souverain. En plus d'accepter les conditions des vainqueurs, Victor-Emmanuel II donne des assurances sur sa détermination à agir contre le parti démocratique (dans la terminologie politique de l'époque, tournée vers l'union avec les autres états italiens et la reprise conjointe de la guerre contre l'Autriche) auquel son père avait donné beaucoup de libertés, ce qui l'avait conduit vers la guerre.
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+ Les Autrichiens espèrent que le jeune Victor-Emmanuel II abandonne le statut albertin, mais le roi maintient les garanties constitutionnelles, pour cela il est surnommé « Roi gentilhomme » (Re Galantuomo).
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+ Les entretiens officiels entre Victor-Emmanuel et le feld-maréchal Radetzky se tiennent toute la journée du 24 mars 1849, toujours à Vignale et l’accord est signé le 26 mars à Borgomanero. Victor-Emmanuel promet de dissoudre les corps de volontaires de l’armée et cède aux Autrichiens la forteresse d’Alexandrie et les territoires compris entre le Pô, le Sesia et le Tessin, en plus de rembourser des dommages de guerre à hauteur de 75 millions de francs français, montant astronomique pour l’époque. Les accords de l'armistice, en raison de l’article 5 du statut albertin, doivent être ratifiés par la Chambre afin de signer le traité de paix.
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+ Le 29 mars 1849 le nouveau roi se présente devant le parlement pour jurer fidélité et le jour suivant, il dissout la même institution provoquant des élections.
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+ Les 30 000 électeurs qui se rendent aux urnes le 15 juillet élisent un parlement trop « démocratique » qui se refuse à approuver la paix que le roi a déjà signé avec l’Autriche. Victor-Emmanuel, après avoir promulgué la proclamation de Moncalieri, dissout de nouveau le parlement et fait en sorte que les nouveaux élus aient des idées moins libérales. Le nouveau parlement se compose de deux tiers de modérés favorables au gouvernement de Massimo d'Azeglio. Le 9 janvier 1850 le traité de paix avec l’Autriche est ratifié.
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+ Le lendemain de l’armistice de Vignale, la ville de Gênes, opposée à l’armistice, se soulève contre la monarchie sarde poussée aussi par d’anciens idéaux autonomistes et républicains. L’entière garnison est chassée hors de la ville.
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+ Victor-Emmanuel II envoie un corps de bersagliers appuyé par de l’artillerie et commandé par le général Alfonso La Marmora ; le puissant bombardement et les actions de saccage perpétrés par les bersagliers conduisent à la capitulation de la ville ligure, il y a 500 victimes parmi la population.
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+ Victor-Emmanuel écrit une lettre d’éloge à La Marmora (avril 1849), il qualifie le peuple génois de « vile et infecte race de canailles »[4].
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+ Déjà candidat au parlement en avril 1848, Cavour entre dans la chambre en juin de la même année ayant une ligne politique indépendante. C’est la promulgation des lois Siccardi qui prévoient l’abolition de privilèges envers l’Église, déjà abolis dans de nombreux États européens, qui vont le faire sortir de l’ombre. Ces privilèges sont le for ecclésiastique, tribunal ecclésiastique qui soustrait à la justice laïque les hommes d’église, le droit d’asile, l'impunité juridique de ceux qui demandent refuge à l’église, et la mainmorte[5]. La participation active de Cavour aux discussions sur les lois lui vaut l’intérêt public et à la mort de Santorre di Santa Rosa, il devient le nouveau ministre de l’agriculture, auquel s’ajoute la charge, en 1851, de ministre des finances du gouvernement d'Azeglio.
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+ Promoteur de la politique de l'alliance multi-partie (connubio)[5], Cavour devient le 4 novembre 1852 premier ministre du royaume malgré l’aversion que Victor-Emmanuel II nourrit à son encontre.
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+ Cavour voit dans la guerre de Crimée une occasion de porter la question de la nationalité italienne sur la scène internationale à la faveur de la conférence qui ne va pas manquer de conclure les hostilités. Il s'agit pour lui de s'engager aux côtés de la France et du Royaume-Uni alliés de la Turquie contre Nicolas Ier de Russie, qui occupe la Valachie et la Moldavie, alors possessions ottomanes.
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+ Avec l’approbation de Victor-Emmanuel, Cavour débute les négociations en vue d'obtenir des Français et des Britanniques la garantie que la question sera abordée lors des traités. Finalement, le 7 janvier 1855, les gouvernements français et anglais posent comme condition l'entrée en guerre de la Sardaigne dans les deux jours. Victor-Emmanuel hésite à dissoudre de nouveau la chambre et imposer un gouvernement favorable à la guerre. Aussi, Cavour convoque la nuit même le conseil des ministres et à 9 heures du matin, après une nuit qui voit la démission de Dabormida, il confirme la participation du royaume de Sardaigne à la guerre de Crimée.
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+ C’est Alfonso La Marmora qui commande l’expédition qui s’embarque de Gênes vers l'orient et qui se compose de 15 000 hommes. Relégué à l’arrière sous le commandement britannique, La Marmora réussit à faire participer ses troupes à la victoire de la Tchernaïa ce qui réhabilite l’armée sarde et permet à Victor-Emmanuel II de voyager en roi victorieux à Londres et Paris pour y sensibiliser les gouvernements à la question italienne.
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+ En octobre 1855, la Russie demande la paix qui est signée lors du Congrès de Paris. Comme prévu, la Sardaigne utilise cette réunion internationale pour traiter du cas de l’Italie et condamne le gouvernement absolutiste de Ferdinand II de Naples, le gouvernement sarde annonce de graves désordres et parle d’oppression par un gouvernement étranger.
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+ Le gouvernement autrichien se sent mis en cause et Karl Buol, ministre des affaires extérieures de François-Joseph Ier d'Autriche, s'exprime en ces termes : « L'Autriche ne peut admettre le droit que le comte de Cavour a attribué à la cour de Sardaigne de hausser la voix au nom de l’Italie ».
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+ Des différends naissent entre Turin et Vienne à la suite d'articles de propagande, Buol et Cavour demandent mutuellement des excuses officielles. Le 16 mars les diplomates autrichiens reçoivent l'ordre de quitter Turin ; le 23 mars c'est le tour des diplomates sardes : les rapports diplomatiques sont rompus.
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+ Dans ce climat international tendu, l’attentat de Felice Orsini contre Napoléon III montre la colère des révolutionnaires italiens, ils reprochent à l'empereur français de ne pas prendre parti dans le conflit alors que son frère est mort au combat pour l'Italie, vingt-cinq années auparavant. Napoléon III change d'avis, pris par les sentiments, entraîne alors le rapprochement franco-sarde alors que l’Autriche espère un rapprochement avec la France. L’empereur des Français est habilement convaincu par Cavour que la situation italienne est arrivée à un point critique et nécessite une prise en main par l’État sarde. Pour ce faire, Cavour envoie sa cousine la comtesse de Castiglione, alors âgée de 18 ans, séduire Napoléon III et l'amène à l'engagement en faveur de l'Italie, contrairement à la position de l'Impératrice Eugénie.
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+ Sous prétexte de vacances en Suisse, Cavour se rend à Plombières, où il rencontre secrètement Napoléon III. Les accords prévoient la cession de la Savoie et de Nice à la France en échange de l’aide militaire française en cas d’attaque autrichienne. Si Napoléon accepte la création d’un royaume de la Haute Italie, soucieux de ne pas se mettre à dos les catholiques français, il en exclut les États Pontificaux. Au cours de la même rencontre, Cavour et Napoléon annoncent le mariage du prince Napoléon et Marie-Clotilde de Savoie.
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+ La nouvelle de la rencontre de Plombières filtre malgré toutes les précautions. Napoléon III ne fait pas grand secret de ses intentions, il s'adresse en ces termes à l'ambassadeur autrichien : « Je suis désolé que nos rapports ne soient pas aussi bons que par le passé, je vous prie de communiquer à l'Empereur que mes sentiments personnels à son égard sont inchangés ». Dix jours après, le 10 janvier 1859, Victor-Emmanuel II s'adresse au parlement sarde avec la célèbre phrase des « cris de douleur », dont le texte original est conservé dans le château de Sommariva Perno[6].
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+ Immédiatement, des volontaires arrivent dans le Royaume de Sardaigne convaincus que la guerre est imminente et le Roi commence à masser des troupes sur la frontière lombarde, vers le Tessin, dans le but d'amener l'Autriche à déclarer la guerre et obtenir ainsi l'aide française. En effet, l'Autriche préoccupée, envoie à Victor-Emmanuel II un ultimatum qui est immédiatement repoussé. Le 29 avril 1859, la guerre éclate entre la Sardaigne et l'Autriche. Turin dispose de 63 000 hommes. Victor-Emmanuel prend le commandement de l'armée et laisse le contrôle de la citadelle de Turin (it) à son cousin Eugène de Savoie-Villafranca. François-Joseph ordonne de franchir le Tessin et d'atteindre la capitale sarde avant que les Français n'arrivent à son secours.
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+ Le 29 avril, l’armée autrichienne entre dans le piémont ; le 30, elle occupe Novare, le 2 mai elle est Verceil, le 7 à Biella. L’armée sarde est plus au sud et attend les Français. Les Autrichiens arrivent à 50 km de Turin. Vienne suggère de combattre sur le Mincio, où les Autrichiens avaient battu l’armée sarde en 1848. L’armée autrichienne fait donc demi-tour et perd l'occasion de combattre séparément les Sardes et les Français.
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+ Napoléon III prend le commandement de l’armée franco-sarde le 14 mai et l'armée autrichienne est arrêtée à Montebello (20-21 mai) par les Français. Puis les troupes franco-sardes arrêtent le corps d'armée autrichien vers Palestro et à Magenta et pénètrent dans Milan le 8 juin 1859. Les chasseurs des Alpes (Cacciatori delle Alpi), 3 500 hommes mal équipés, commandés par Giuseppe Garibaldi, occupent rapidement Côme, Bergame, Varèse et Brescia et marchent vers le Trentin. Désormais les troupes autrichiennes se retirent de toute la Lombardie.
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+ Les batailles de Solférino et San Martino sont décisives : peu avant la bataille de San Martino, Victor-Emmanuel II s'adresse aux troupes italiennes en piémontais : « Fiœui, o i piuma San Martin o i auti an fa fé San Martin a nui! » (Les gars, ou nous prenons San Martino ou les autres nous font faire San Martino[7]).
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+ Des mouvements insurrectionnels éclatent un peu partout en Italie : Massa, Carrare, Modène, Reggio, Parme, Plaisance. Léopold II de Toscane, inquiet de la tournure des évènements, décide de s'enfuir vers le nord de l'Italie dans le camp de l'empereur François-Joseph. Napoléon III, observant que la situation ne suit pas les plans de Plombières et commençant à douter que son allié veut s'arrêter à la Haute Italie débute les négociations d'un armistice avec l'Autriche (5 juillet) que Victor-Emmanuel doit accepter alors que les plébiscites en Émilie, Romagne et Toscane permettent leur rattachement au Royaume de Sardaigne : le 1er octobre, Pie IX rompt les rapports diplomatiques avec Victor-Emmanuel.
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+ L'édifice, qui s'est créé, se retrouve en difficulté à l'occasion de la paix de Zurich signée par le royaume de Sardaigne les 10 et 11 novembre 1859 qui prévoit la restauration des souverains dans les duchés et la construction d'une fédération comprenant la Vénétie autrichienne et avec le pape pour chef. Peu de mois après, l'occasion de l'unification entière de la péninsule se présente, Garibaldi souhaite partir avec des volontaires pour la Sicile mais Cavour déclare considérer l'expédition sicilienne comme une action aventureuse et dangereuse pour la survie de l’État sarde tout en laissant faire Garibaldi qui trouve les approvisionnements nécessaires en cartouche à Talamone. Cavour et le roi doivent assurer l'ambassadeur de France et de Prusse de ne pas être au courant des intentions de Garibaldi.
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+ Après avoir battu l'armée napolitaine en Sicile, Garibaldi donne l'île à « Victor-Emmanuel Roi d'Italie ». Il donne déjà l'impression de vouloir continuer en marchant sur Rome. Un tel projet contrarie les projets sardes qui craignent l'intervention de Napoléon III dans le Latium.
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+ Les troupes sardes envahissent les États pontificaux et battent son armée lors de la bataille de Castelfidardo avant de marcher sur Naples[8]. Napoléon III ne peut tolérer l'invasion des terres pontificales et cherche à plusieurs reprises à dissuader Victor-Emmanuel d'envahir les Marches l'informant le 9 septembre, que : « Si les troupes de V.E. devaient entrer dans les États du Saint Père, je serais obligé de m'y opposer... Farini m'avait expliqué tout autre chose de la politique de V.E. ».
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79
+ La rencontre entre Giuseppe Garibaldi et Victor-Emmanuel II, passée à l'histoire sous le nom de « rencontre de Teano » a lieu le 26 octobre 1860 : la souveraineté de Victor-Emmanuel II est reconnue sous tous les territoires de l'ancien royaume des deux-Siciles[9].
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81
+ Viva Verdi est le slogan de l'insurrection anti-autrichienne du nord de l'Italie, qui utilise l'artifice du nom du compositeur Giuseppe Verdi pour faire la propagande de l'unité italienne par Victor Emmanuel Re D' Italia (Victor-Emmanuel roi d'Italie). Avec l'entrée de Victor-Emmanuel à Naples, la proclamation du royaume semble imminente surtout après la capitulation de François II depuis sa forteresse de Gaète.
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+ Victor-Emmanuel fait remplacer le parlement par Cavour. La première séance, le 18 février, comprend des députés de toutes les régions annexées[8]. Le 14 mars, le parlement proclame la naissance du royaume d'Italie, comme indiqué dans l'article : « Victor-Emmanuel II assume pour lui et ses successeurs le titre de roi d'Italie ». La formule est contestée par la gauche, qui aurait préféré un titre associant le peuple. Ainsi le député Brofferio propose de changer l'article en « Victor-Emmanuel est proclamé par le peuple roi d'Italie », éliminant le nombre II en faveur du titre « Victor-Emmanuel I d'Italie ». La proposition n'est pas approuvée. La nouvelle appellation aurait institutionnalisé le premier souverain d'un nouvel État. La conservation du « II » présente cette création comme l'extension de la souveraineté du royaume de Sardaigne sur le reste de l'Italie[10]. Quand, en 1874, Victor-Emmanuel décide de célébrer le jubilé (25 ans du couronnement), il s'attire les critiques de ceux qui ne manquèrent pas de faire observer que Jacques VI d'Écosse avait choisi de s'appeler Jacques Ier d'Angleterre devenant souverain et Henri III de Navarre avait fait la même chose en devenant Henri IV de France.
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+ À l'unité italienne, il manque encore des éléments importants parmi lesquels la Vénétie et le Latium mais aussi le Trentin et Le Frioul . Le projet est de faire de Rome la capitale royale et pour Turin de perdre une primauté vieille de 400 ans. Du 21 au 22 septembre 1864, des émeutes sanglantes éclatent dans la ville à peine la décision de transférer la capitale à Florence connue. Elles ont pour résultat une trentaine de morts et plus de deux cents blessés. Victor-Emmanuel reçoit cependant les honneurs des Florentins et 30 000 fonctionnaires de la cour déménagent pour la nouvelle capitale.
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+ Après l'alliance passée avec la Prusse contre l'Autriche, le 21 juin 1866 Victor-Emmanuel laisse le palais Pitti pour le front afin de conquérir la Vénétie. Le royaume d'Italie est battu à Lissa et à Custoza mais après la victoire prussienne, l'Autriche donne la Vénitie à Napoléon III en paiement de sa neutralité dans ce conflit. La France la rétrocède alors au royaume d'Italie.
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+ Rome reste un des derniers territoires qui n'est pas encore englobé dans le nouveau royaume : Napoléon III soutient toujours les États pontificaux où ses troupes sont stationnées. Victor-Emmanuel ne souhaite pas prendre une décision officielle et Urbano Rattazzi, qui est premier ministre, espère un soulèvement des Romains qui n'a pas lieu. La défaite de la bataille de Mentana (1867) qui oppose de nouveau Garibaldi aux troupes franco-vaticanes crée des doutes quant à la réussite de l'entreprise qui n'interviendra qu'après la chute de Napoléon III en 1870 toujours par l'entremise des Prussiens. Le 8 septembre la dernière tentative d'obtenir Rome par des moyens pacifiques échoue et le 20 septembre le général Raffaele Cadorna ouvre une brèche dans les murs romains. Rome tombe. Un plébiscite est organisé le 2 octobre donnant une forte majorité à l'annexion et le 9 novembre, le parlement propose Rome comme capitale[11].
90
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+ Avec Rome capitale se termine la page du Risorgimento, même s'il manque les terre irredente. Parmi les problèmes qui vont de l'analphabétisme au brigandage, de l'industrialisation au droit de vote, il y a la question romaine. Bien que soient reconnus au pape les honneurs de chef d'État, une rente annuelle et le contrôle sur le Vatican et sur Castel Gandolfo, Pie IX refuse de reconnaître l'État italien et interdit aux catholiques de participer à la vie civile du royaume. De plus, le pape inflige l'excommunication à la Maison de Savoie, à Victor-Emmanuel II et à ses descendants et avec eux à tous ceux qui participent à la vie politique italienne. L'excommunication est retirée seulement au seuil de la mort du souverain.
92
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93
+ Le soir du 5 janvier 1878, après avoir envoyé un télégramme à la famille d'Alfonso La Marmora, mort depuis peu, Victor-Emmanuel II se sent mal. Des signes évidents de fièvres paludéennes apparaissent et le 7 janvier, ses jours sont comptés ; la nouvelle est divulguée auprès de l'opinion.
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95
+ Pie IX, lorsqu'il apprend l'imminence de la disparition du souverain, envoie un ecclésiastique afin de donner au roi les derniers sacrements, ce que son entourage refuse craignant que la générosité de Pie IX cache un but secret. C'est le chapelain de cour qui administre le viatique à Victor-Emmanuel.
96
+
97
+ Victor-Emmanuel II meurt à Rome le 9 janvier 1878, après 28 ans et 9 mois de règne, dans le fauteuil où il avait reçu l'envoyé de Pie IX chargé de lui annoncer son excommunication.
98
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99
+ Le roi avait exprimé le désir d'être enterré dans le Piémont dans la basilique de Superga, mais Humbert Ier, sur la requête de la commune de Rome, accepte que la dépouille reste à Rome dans le Panthéon.
100
+
101
+ L'historien britannique Denis Mack Smith, dont les travaux portent sur l'histoire de l'Italie du Risorgimento à nos jours, porte un jugement négatif sur le personnage de Victor-Emmanuel II dans son livre I Savoia Re d'Italia (1990). Le monarque de l'unité, contrairement au stéréotype de « re galantuomo », est décrit comme une personne de petite carrure morale (surtout en raison de ses nombreuses aventures extra-conjugales et de la dilapidation des deniers publics). Par ailleurs, l'historien a souligné que le premier roi de l'Italie estimait qu'il y avait
102
+
103
+ « seulement deux modes de gouverner les Italiens, avec les baïonnettes ou la corruption », et que, contrairement à l'image d'un monarque constitutionnel, il pensait cette forme de gouvernement inadaptée aux Italiens. Il avait secrètement rassuré Metternich et le pape Pie IX de sa disponibilité à intervenir contre la République romaine mazzinienne et à restaurer l'absolutisme[12].
104
+
105
+ Il épouse à Stupinigi le 12 avril 1842 l'archiduchesse Marie-Adélaïde d'Autriche, sa cousine germaine, fille de l'archiduc Rainier, vice-roi du royaume de Lombardie-Vénétie et de l'archiduchesse née Élisabeth de Savoie-Carignan avec qui il a huit enfants et qui meurt prématurément en 1855 :
106
+
107
+ Le roi contracte une union morganatique à Rome le 7 novembre 1869 avec sa maîtresse Rosa Teresa Vercellana Guerrieri (surnommée La Rosina ou La bella Rosin). Ils eurent deux enfants Vittoria Guerrieri et Emmanuel Guerrieri de Mirafiori dont descend la lignée des comtes de Mirafiori et Fontanafredda.
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+ Alessandro Duroni vers 1859.
110
+
111
+ Alessandro Duroni.
112
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113
+ Tranquillo Cremona.
114
+
115
+ Conçue par Giuseppe Mengoni (en), la galerie Victor-Emmanuel II rejoint la place de la Scala au Dôme de Milan et a été réalisée pendant son règne à partir de 1865. Le projet initial était destiné à réaliser une grande œuvre architecturale égale à celles réalisées en Europe et créer une galerie bourgeoise au cœur de la ville.
116
+
117
+ Pour célébrer le « Père de la Patrie », la ville de Rome établit un projet en 1880 par la volonté de Humbert Ier d'Italie (maison de Savoie) qui nécessita la destruction d'une partie de la ville encore médiévale et la destruction de la tour de Paul III. L'édifice devait rappeler le temple de Athéna Niké, à Athènes. Aujourd'hui, il contient la tombe du soldat inconnu.
118
+
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+ Turin.
120
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+ Milan.
122
+
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+ Verbania.
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+ Pérouse.
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+ Florence.
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+ Gênes.
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+ Rome.
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+ Vérone.
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+ Naples.
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+ Statue équestre à Naples.
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+ Venise.
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+ Victor-Emmanuel III (en italien Vittorio Emanuele III), né à Naples le 11 novembre 1869 et mort en exil à Alexandrie le 28 décembre 1947, est roi d'Italie du 29 juillet 1900 après l'assassinat de son père Humbert Ier, jusqu'au 9 mai 1946, date de son abdication en faveur de son fils Humbert II, peu avant la proclamation de la République. Il porte dès sa naissance le titre de prince de Naples. Il est le fils d'Humbert Ier et de Marguerite de Savoie.
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9
+ Victor-Emmanuel III a également porté les titres d'empereur d'Éthiopie de 1936 à 1941 et de roi d'Albanie de 1939 à 1943.
10
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11
+ Dès la naissance, Victor Emmanuel reçoit le titre de Prince de Naples.
12
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13
+ Victor-Emmanuel de Savoie épouse à Rome le 24 octobre 1896, Hélène de Monténégro (8 janvier 1873 † 28 novembre 1952), fille de Nicolas Ier, roi de Monténégro, et de Milena Vukotic. Ils ont cinq enfants :
14
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+ Il accède au trône d'Italie suite à l'assassinat de son père, le roi Humbert Ier, le 29 juillet 1900.
16
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17
+ Il reprend la politique coloniale de l'Italie avec le débarquement en Libye le 29 septembre 1911 et l'occupation des îles du Dodécanèse en mer Égée en mai 1912. Par la paix de Lausanne du 18 octobre 1912 la Turquie reconnaît à l'Italie les possessions de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque.
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+ Le 28 janvier 1898, un litige opposant la France et le Mexique sur la souveraineté de l'Île de Clipperton est révélé. Le 2 mars 1909, un compromis est proposé par le Mexique à la France, cette dernière l'accepte, et les deux parties le signe le 9 mai 1911. Victor-Emmanuel III est choisi pour être l'arbitre de ce litige. Il répond positivement à la requête et ne donne une réponse développée, et mitigée que le 28 janvier 1931. Il en conclut que la conquête de l'Île par les Français le 17 novembre 1858 est légitime, et que la revendication de l'Île par le Mexique en 1897 est totalement illégitime.
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+ Lors de la Première Guerre mondiale il soutient la position de neutralité de l'Italie. L'irrédentisme politique concernant les provinces du Trentin, de l'Istrie et la ville de Trieste le décide à abandonner la Triple Alliance pour combattre l'Autriche-Hongrie au côté des alliés. Il vient en France et accompagne Albert Ier, le roi des Belges, dans les casernes et bases militaires. Les deux monarques envisagent également le mariage de leurs enfants le prince héritier Humbert et la princesse Marie-José de Belgique au grand dam de l'ex-reine Marie des Deux-Siciles, grand-tante de la princesse dont les États avaient été annexés en 1860 par l'arrière-grand-père du prince italien.
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+ La victoire de 1918 permet à l'Italie d'annexer des territoires comme le Trentin, le Haut-Adige, Trieste et l'Istrie mais pas la Dalmatie, ce qui l'empêche de devenir maîtresse de l'Adriatique et rend la paix impopulaire.
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+ Dans le contexte de crise économique et politique d'entre-deux-guerres, le pays connaît une série d'agitations sociales que les différents gouvernements n'arrivent pas à endiguer, portant les fascistes au pouvoir.
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+ Après la marche sur Rome des troupes fascistes de Mussolini le 28 octobre 1922, le roi demande à ce dernier, le 30 octobre 1922, de former un nouveau gouvernement.
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+ En avril 1924, de nouvelles élections ont lieu, avec de nombreuses irrégularités. Le député socialiste Giacomo Matteotti, qui les a dénoncées, est assassiné le 10 juin suivant. Le 3 janvier 1925, les fascistes revendiquent l'assassinat. C'est le début de la dictature fasciste.
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33
+ En 1927, le chef du PPI anti-fasciste, Alcide De Gasperi, est arrêté en gare de Florence en compagnie de son épouse et condamné à quatre ans de prison. Il sera libéré quelques mois plus tard sur l'intervention du roi et de l'évêque de Trente.
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+ Le 3 octobre 1935, les troupes italiennes basées en Érythrée et en Somalie envahissent l'Éthiopie. La guerre se termine le 9 mai 1936 avec la proclamation de l'empire d'Afrique orientale italienne, qui vaut à Victor-Emmanuel III le titre d'empereur. En avril 1939, l'Albanie est occupée et Victor-Emmanuel III accepte le titre de roi d'Albanie.
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37
+ L'axe Rome-Berlin est proclamé en octobre 1936 et le Pacte d'acier signé le 22 mai 1939. En mai 1938, Hitler se rend en visite en Italie malgré l'opposition du monarque qui n'apprécie guère les Allemands[réf. nécessaire]. Le rapprochement de Mussolini avec Hitler est vécu comme une tragédie par Victor-Emmanuel III.[réf. nécessaire]. Le 10 juin 1940, l'Italie entre en guerre au côté de l'Allemagne nazie contre la volonté du roi[réf. nécessaire]. L'offensive britannique en Afrique fait perdre aux Italiens leurs possessions sur ce continent.
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39
+ Avec les multiples défaites, l'opposition démocratique et militaire à la dictature s'organise et peut compter sur le soutien royal[réf. nécessaire].
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+ Le 25 juillet 1943, le débarquement des Alliés en Sicile entraîne la chute de la dictature fasciste : le 26 juillet 1943, le roi fait arrêter Benito Mussolini et le remplace par un homme de confiance, le maréchal d'Italie Pietro Badoglio. Le souverain lui-même ne voit pas son action comme un coup d'État. Il affirme qu'il a agi par « une application légale de la Constitution »[1].
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+ L'armistice est signé le 3 septembre mais une situation de guerre civile s'instaure dans le Nord du pays du 8 septembre 1943 jusqu'au 25 avril 1945 (république de Salò).
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+ Le roi, qui après le 8 septembre 1943 avait quitté Rome pour se replier dans le Sud occupé par les Alliés, cède les prérogatives royales à son fils Humbert de Savoie le 4 juin 1944, et se retire de la vie publique.
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+ Il abdique en faveur de son fils qui prend le titre d'Humbert II le 9 mai 1946, mais un référendum met fin à la monarchie le 2 juin 1946 et la remplace par une république.
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+ Victor-Emmanuel III meurt en exil à Alexandrie en Égypte (accueilli par le roi Farouk) le 28 décembre 1947, entre la promulgation de la Constitution de la République italienne et son entrée en vigueur ; celle-ci dispose que « l'entrée et le séjour sur le territoire national sont interdits aux anciens rois de la maison de Savoie, à leurs épouses et à leurs descendants mâles »[2].
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+ Il est enterré dans la cathédrale Sainte-Catherine d'Alexandrie, où il repose derrière le maître-autel pendant soixante-dix ans. Le 17 décembre 2017, ses restes sont finalement rapatriés à bord d'un appareil de l'armée de l'air italienne et inhumés au sanctuaire de Vicoforte, auprès de ceux de son épouse[3].
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+ Contrairement à son cousin paternel au second degré, Amédée II de Savoie-Aoste qui était un homme de très grande taille mesurant 1,98 mètre, Victor-Emmanuel était très petit ce qui lui valut le surnom de piccolo rè (« petit roi »), même selon les standards du XIXe siècle avec une taille estimée à 1,53 mètre[4].
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+ Ses armoiries, en relief, à Rhodes (Grèce).
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Victor-Emmanuel III (en italien Vittorio Emanuele III), né à Naples le 11 novembre 1869 et mort en exil à Alexandrie le 28 décembre 1947, est roi d'Italie du 29 juillet 1900 après l'assassinat de son père Humbert Ier, jusqu'au 9 mai 1946, date de son abdication en faveur de son fils Humbert II, peu avant la proclamation de la République. Il porte dès sa naissance le titre de prince de Naples. Il est le fils d'Humbert Ier et de Marguerite de Savoie.
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+ Victor-Emmanuel III a également porté les titres d'empereur d'Éthiopie de 1936 à 1941 et de roi d'Albanie de 1939 à 1943.
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+ Dès la naissance, Victor Emmanuel reçoit le titre de Prince de Naples.
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+ Victor-Emmanuel de Savoie épouse à Rome le 24 octobre 1896, Hélène de Monténégro (8 janvier 1873 † 28 novembre 1952), fille de Nicolas Ier, roi de Monténégro, et de Milena Vukotic. Ils ont cinq enfants :
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+ Il accède au trône d'Italie suite à l'assassinat de son père, le roi Humbert Ier, le 29 juillet 1900.
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+ Il reprend la politique coloniale de l'Italie avec le débarquement en Libye le 29 septembre 1911 et l'occupation des îles du Dodécanèse en mer Égée en mai 1912. Par la paix de Lausanne du 18 octobre 1912 la Turquie reconnaît à l'Italie les possessions de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque.
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+ Le 28 janvier 1898, un litige opposant la France et le Mexique sur la souveraineté de l'Île de Clipperton est révélé. Le 2 mars 1909, un compromis est proposé par le Mexique à la France, cette dernière l'accepte, et les deux parties le signe le 9 mai 1911. Victor-Emmanuel III est choisi pour être l'arbitre de ce litige. Il répond positivement à la requête et ne donne une réponse développée, et mitigée que le 28 janvier 1931. Il en conclut que la conquête de l'Île par les Français le 17 novembre 1858 est légitime, et que la revendication de l'Île par le Mexique en 1897 est totalement illégitime.
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+ Lors de la Première Guerre mondiale il soutient la position de neutralité de l'Italie. L'irrédentisme politique concernant les provinces du Trentin, de l'Istrie et la ville de Trieste le décide à abandonner la Triple Alliance pour combattre l'Autriche-Hongrie au côté des alliés. Il vient en France et accompagne Albert Ier, le roi des Belges, dans les casernes et bases militaires. Les deux monarques envisagent également le mariage de leurs enfants le prince héritier Humbert et la princesse Marie-José de Belgique au grand dam de l'ex-reine Marie des Deux-Siciles, grand-tante de la princesse dont les États avaient été annexés en 1860 par l'arrière-grand-père du prince italien.
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+ La victoire de 1918 permet à l'Italie d'annexer des territoires comme le Trentin, le Haut-Adige, Trieste et l'Istrie mais pas la Dalmatie, ce qui l'empêche de devenir maîtresse de l'Adriatique et rend la paix impopulaire.
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+ Dans le contexte de crise économique et politique d'entre-deux-guerres, le pays connaît une série d'agitations sociales que les différents gouvernements n'arrivent pas à endiguer, portant les fascistes au pouvoir.
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+ Après la marche sur Rome des troupes fascistes de Mussolini le 28 octobre 1922, le roi demande à ce dernier, le 30 octobre 1922, de former un nouveau gouvernement.
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+ En avril 1924, de nouvelles élections ont lieu, avec de nombreuses irrégularités. Le député socialiste Giacomo Matteotti, qui les a dénoncées, est assassiné le 10 juin suivant. Le 3 janvier 1925, les fascistes revendiquent l'assassinat. C'est le début de la dictature fasciste.
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+ En 1927, le chef du PPI anti-fasciste, Alcide De Gasperi, est arrêté en gare de Florence en compagnie de son épouse et condamné à quatre ans de prison. Il sera libéré quelques mois plus tard sur l'intervention du roi et de l'évêque de Trente.
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+ Le 3 octobre 1935, les troupes italiennes basées en Érythrée et en Somalie envahissent l'Éthiopie. La guerre se termine le 9 mai 1936 avec la proclamation de l'empire d'Afrique orientale italienne, qui vaut à Victor-Emmanuel III le titre d'empereur. En avril 1939, l'Albanie est occupée et Victor-Emmanuel III accepte le titre de roi d'Albanie.
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+ L'axe Rome-Berlin est proclamé en octobre 1936 et le Pacte d'acier signé le 22 mai 1939. En mai 1938, Hitler se rend en visite en Italie malgré l'opposition du monarque qui n'apprécie guère les Allemands[réf. nécessaire]. Le rapprochement de Mussolini avec Hitler est vécu comme une tragédie par Victor-Emmanuel III.[réf. nécessaire]. Le 10 juin 1940, l'Italie entre en guerre au côté de l'Allemagne nazie contre la volonté du roi[réf. nécessaire]. L'offensive britannique en Afrique fait perdre aux Italiens leurs possessions sur ce continent.
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+ Avec les multiples défaites, l'opposition démocratique et militaire à la dictature s'organise et peut compter sur le soutien royal[réf. nécessaire].
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+ Le 25 juillet 1943, le débarquement des Alliés en Sicile entraîne la chute de la dictature fasciste : le 26 juillet 1943, le roi fait arrêter Benito Mussolini et le remplace par un homme de confiance, le maréchal d'Italie Pietro Badoglio. Le souverain lui-même ne voit pas son action comme un coup d'État. Il affirme qu'il a agi par « une application légale de la Constitution »[1].
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+ L'armistice est signé le 3 septembre mais une situation de guerre civile s'instaure dans le Nord du pays du 8 septembre 1943 jusqu'au 25 avril 1945 (république de Salò).
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+ Le roi, qui après le 8 septembre 1943 avait quitté Rome pour se replier dans le Sud occupé par les Alliés, cède les prérogatives royales à son fils Humbert de Savoie le 4 juin 1944, et se retire de la vie publique.
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+ Il abdique en faveur de son fils qui prend le titre d'Humbert II le 9 mai 1946, mais un référendum met fin à la monarchie le 2 juin 1946 et la remplace par une république.
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+ Victor-Emmanuel III meurt en exil à Alexandrie en Égypte (accueilli par le roi Farouk) le 28 décembre 1947, entre la promulgation de la Constitution de la République italienne et son entrée en vigueur ; celle-ci dispose que « l'entrée et le séjour sur le territoire national sont interdits aux anciens rois de la maison de Savoie, à leurs épouses et à leurs descendants mâles »[2].
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+ Il est enterré dans la cathédrale Sainte-Catherine d'Alexandrie, où il repose derrière le maître-autel pendant soixante-dix ans. Le 17 décembre 2017, ses restes sont finalement rapatriés à bord d'un appareil de l'armée de l'air italienne et inhumés au sanctuaire de Vicoforte, auprès de ceux de son épouse[3].
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+ Contrairement à son cousin paternel au second degré, Amédée II de Savoie-Aoste qui était un homme de très grande taille mesurant 1,98 mètre, Victor-Emmanuel était très petit ce qui lui valut le surnom de piccolo rè (« petit roi »), même selon les standards du XIXe siècle avec une taille estimée à 1,53 mètre[4].
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+ Ses armoiries, en relief, à Rhodes (Grèce).
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+ Victor-Emmanuel III (en italien Vittorio Emanuele III), né à Naples le 11 novembre 1869 et mort en exil à Alexandrie le 28 décembre 1947, est roi d'Italie du 29 juillet 1900 après l'assassinat de son père Humbert Ier, jusqu'au 9 mai 1946, date de son abdication en faveur de son fils Humbert II, peu avant la proclamation de la République. Il porte dès sa naissance le titre de prince de Naples. Il est le fils d'Humbert Ier et de Marguerite de Savoie.
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+ Victor-Emmanuel III a également porté les titres d'empereur d'Éthiopie de 1936 à 1941 et de roi d'Albanie de 1939 à 1943.
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+ Victor-Emmanuel de Savoie épouse à Rome le 24 octobre 1896, Hélène de Monténégro (8 janvier 1873 † 28 novembre 1952), fille de Nicolas Ier, roi de Monténégro, et de Milena Vukotic. Ils ont cinq enfants :
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+ Il accède au trône d'Italie suite à l'assassinat de son père, le roi Humbert Ier, le 29 juillet 1900.
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+ Il reprend la politique coloniale de l'Italie avec le débarquement en Libye le 29 septembre 1911 et l'occupation des îles du Dodécanèse en mer Égée en mai 1912. Par la paix de Lausanne du 18 octobre 1912 la Turquie reconnaît à l'Italie les possessions de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque.
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