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Publication D Un Inedit Le Rapport
Le rapport Brazza (1905-1907) =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/publication-d-un-inedit-le-rapport/#content) ![Image 1: rapport_brazza.gif](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/02/rapport_brazza-169x300.gif) * [Congo](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/congo/) Le rapport Brazza (1905-1907) ============================= * 21/02/2014 Pierre Savorgnan de Brazza fut explorateur en Afrique. Il a signé un traité avec Illoy 1er, qui est fondateur de la présence française dans la région. Il a donné son nom à Brazzaville. En 1885, il est commissaire général du Congo. En 1905, à la suite du scandale de l’affaire Toqué-Gaud, il est envoyé à nouveau au Congo pour inspecter les conditions de vie dans les colonies. Au retour de sa mission, atteint de fortes fièvres, il est contraint de débarquer à Dakar, et meurt le 14 septembre 1905. Les informations qu'il avait rassemblées au cours de cette dernière mission sont restées jusqu'à présent inédites car jugées explosives. Elles font l'objet d'une publication sous la direction de Catherine Coquery-Vidrovitch. Catherine Coquery-Vidrovitch est professeure émérite de l’université Paris-Diderot, historienne de l’Afrique et de la colonisation. Elle a publié récemment _Etre esclave_ aux éditions La Découverte. ![Image 2: rapport_brazza.gif](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/02/rapport_brazza.gif) **_Le Rapport Brazza_** . _Mission d’enquête du Congo : rapport et documents (1905-1907)_., Mission Pierre Savorgnan de Brazza / Commission Lanessan. Préface de Catherine Coquery-Vidrovitch, postface de Patrick Farbiaz, mars 2014, éd. Le passager clandestin, 320 pages, 19 €.[1](https://histoirecoloniale.net/publication-d-un-inedit-le-rapport/#easy-footnote-bottom-1-4653 "L’ouvrage est disponible dès maintenant sur le site Internet de l’éditeur : <a href=\"http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/les-transparents/le-rapport-brazza.html\">http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/les-transparents/le-rapport-brazza.html</a>.<br /> <br />Il sera disponible en librairie à partir du 20 mars 2014.") Les éditions Le passager clandestin publient un document exceptionnel dans la collection Les Transparents : le rapport inédit établi entre 1905 et 1907 par le ministère des Colonies, à partir des informations rassemblées par la dernière mission de Pierre Savorgnan de Brazza au Congo, entre juin et septembre 1905. Ce document présenté par Catherine Coquery-Vidrovitch est accompagné de nombreuses autres archives inédites. Un document fondamental pour appréhender l’histoire coloniale européenne au tournant du XXe siècle, ses enjeux, ses pratiques et ses effets. En 1903, le journaliste britannique Edmund Morel entreprend de lancer une campagne européenne contre les abus du « caoutchouc rouge » (sanglant) de l’État indépendant du Congo, le futur Congo belge, alors soumis au pouvoir discrétionnaire de Léopold II, roi des Belges. Côté Congo français, les abus sont réputés moins criants. Néanmoins ils sont assez réels pour provoquer quelques remous dans la presse et au parlement au cours de l’année 1904-1905. En 1905, pour tenter de faire taire les rumeurs et calmer l’impatience des autres puissances coloniales de la région, les autorités françaises se sentent tenues de dépêcher sur place une mission d’inspection. Telle est l’origine de la dernière mission en Afrique de Pierre Savorgnan de Brazza, partie le 5 avril 1905 de Marseille, qui entraîna la mort de l’explorateur, le 14 septembre 1905, à l’escale du retour à Dakar. Le rapport qui fut rédigé par le ministère à partir des archives de la mission, jugé explosif, ne fut jamais publié [2](https://histoirecoloniale.net/publication-d-un-inedit-le-rapport/#easy-footnote-bottom-2-4653 "« Pour rendre [ce rapport] inoffensif, de telles coupures seraient nécessaires qu’en fin de compte il n’existerait plus » (Note au sujet de la publication du rapport, 1906)."). Il fut oublié et on le crut perdu… Le rapport Brazza met en lumière un système inefficace, coûteux pour l’État et surtout à l’origine d’abus massifs et intolérables. Il montre le poids exercé par les intérêts privés sur la politique coloniale. Il prouve que l’administration française ne pouvait ignorer ces dérives, qu’elle les tolérait et que, dans une certaine mesure, elle les couvrait. À travers cette histoire singulière c’est la question même de la mémoire et de l’écriture de l’histoire coloniale française et européenne qui est posée à nouveaux frais, comme l’explique Catherine Coquery-Vidrovitch, seule historienne française à avoir eu connaissance du rapport, dès 1965 : Un extrait de la préface « Tout se passe comme si on avait affaire à un cas d’amnésie collective, ou plutôt à une volonté collective de ne pas savoir, de ne pas se souvenir. Pendant des décennies, ce n’est pas qu’on oubliât Pierre Savorgnan de Brazza lui-même – on le célèbre encore aujourd’hui –, mais on ne s’intéressa pas à son ultime rapport. Pire, on se convainquit qu’il était désormais impossible d’en prendre connaissance. Lorsqu’il était cité, c’était bien souvent pour en déplorer l’absence ou la disparition. On supposa en outre qu’il ne présentait pas d’intérêt, puisqu’il avait été établi par une commission coloniale peu transparente. En définitive, personne ne semble avoir eu l’idée toute simple d’aller le chercher là où d’évidence il se trouvait : dans les archives du ministère des Colonies d’une part, ouvertes jusqu’en 1920 dès la deuxième moitié du XXe siècle, et dans celles du Quai d’Orsay d’autre part. Ce manque de curiosité, ou plutôt ce désir, inconscient ou non, de ne pas inventorier le passé colonial, dure encore aujourd’hui. La raison d’être de la présente édition est, sur des faits précis, d’établir aussi fidèlement que possible le savoir tel que nous l’ont transmis des documents originaux, inédits, abondants et librement consultables, seule façon de prendre sereinement connaissance de la totalité de notre passé ». **Catherine Coquery-Vidrovitch** [![Image 3: rapport_brazza.gif](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/02/rapport_brazza-150x150.gif)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/02/rapport_brazza.gif) 1. L’ouvrage est disponible dès maintenant sur le site Internet de l’éditeur : [http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/les-transparents/le-rapport-brazza.html](http://lepassagerclandestin.fr/catalogue/les-transparents/le-rapport-brazza.html). Il sera disponible en librairie à partir du 20 mars 2014.[](https://histoirecoloniale.net/publication-d-un-inedit-le-rapport/#easy-footnote-1-4653) 2. « Pour rendre \[ce rapport\] inoffensif, de telles coupures seraient nécessaires qu’en fin de compte il n’existerait plus » (Note au sujet de la publication du rapport, 1906).[](https://histoirecoloniale.net/publication-d-un-inedit-le-rapport/#easy-footnote-2-4653) * [Catherine Coquery-Vidrovitch](https://histoirecoloniale.net/tag/catherine-coquery-vidrovitch/), [Congo](https://histoirecoloniale.net/tag/congo/), [Livre](https://histoirecoloniale.net/tag/livre/), [Pierre Savorgnan de Brazza](https://histoirecoloniale.net/tag/pierre-savorgnan-de-brazza/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3)
Afrique Subsaharienne et Océan Indien
Congo
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Le Rapport Brazza 1905
Mémoire coloniale et le rapport Brazza (1905-1907) =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/le-rapport-brazza-1905/#content) ![Image 1: M. de Brazza, d'après une photographie faite par M. Pottier la veille du départ de l'explorateur pour la Sangha (L'Illustration du 23 Février 1895)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/04/brazza_1895-300x242.jpg) * [Congo](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/congo/) Mémoire coloniale et le rapport Brazza (1905-1907) ================================================== * 10/04/2014 Il aura fallu plus d'un siècle pour que soit publié par les éditions _Le passager clandestin_ le dernier rapport de Pierre Savorgnan de Brazza. Occulté au nom de la raison d'État, il a été retrouvé en 1965 par Catherine Coquery-Vidrovitch, dans un dossier du fonds Gabon-Congo de l'ancienne AEF, et il est maintenant accessible à tous[3](https://histoirecoloniale.net/le-rapport-brazza-1905/#easy-footnote-bottom-3-4707 "L'ouvrage a déjà été présenté sur ce site : <a href=\"5769\">5769</a>. <br />La postface de Patrick Farbiaz est reprise sur le site <a href=\"http://campvolant.com/2014/04/08/le-rapport-brazza-enfin-publie-apres-un-siecle-crimes-coloniaux-secrets-detat/\">Camp-Volant</a>."). Pour prendre conscience de ce qu'a été la colonisation de l'Afrique centrale, il faut lire ces pages écrites un siècle avant la tentative de graver dans la loi du 23 février 2005 une glorification de l'«œuvre positive» de la colonisation, et qui concernent une région dont une partie constitue aujourd'hui la République centrafricaine.... Nous reprenons en bonne feuille, et avec son autorisation, deux larges extraits de la préface que Catherine Coquery-Vidrovitch a écrite pour présenter cet ouvrage[4](https://histoirecoloniale.net/le-rapport-brazza-1905/#easy-footnote-bottom-4-4707 "Les deux parties reprises de la préface vont de la page 9 à la page 14 pour la première, et de la page 40 à la page 43 pour la seconde. <br />Sauf exception, nous n'avons pas repris les notes de Catherine Coquery-Vidrovitch. <br />© 2014 Le passager clandestin."). Catherine Coquery-Vidrovitch est professeure émérite de l'université Paris-Diderot. Ses travaux sur l'Afrique portent sur la politique de colonisation et les notions d'impérialisme et de capitalisme sur ce continent. Elle est notamment l'auteure de _Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, 1898-1930_ (1972), Paris, Éditions de l'EHESS, 2001 (2e édition), 2 volumes, et de _Enjeux politiques de l'histoire coloniale_, Marseille, Agone, 2009. ![Image 2: M. de Brazza, d'après une photographie faite par M. Pottier la veille du départ de l'explorateur pour la Sangha (L'Illustration du 23 Février 1895)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/04/brazza_1895.jpg) M. de Brazza, d’après une photographie faite par M. Pottier la veille du départ de l’explorateur pour la Sangha (L’Illustration du 23 Février 1895) En 1903, le journaliste britannique Edmund Morel entreprend de lancer une campagne européenne internationale contre les abus du « caoutchouc rouge » (sanglant) de l’État indépendant du Congo, le futur Congo belge, alors soumis au pouvoir discrétionnaire du roi des Belges Léopold II. Côté Congo français, les abus sont réputés moins criants. Néanmoins ils existent, et le ministre des Colonies était au courant, qui les étouffa au nom de la raison d’État. Telle est l’origine de la dernière mission en Afrique de Pierre Savorgnan de Brazza, partie le 5 avril 1905 de Marseille, qui entraîna la mort de l’explorateur, le 14 septembre 1905, à l’escale du retour à Dakar. Le rapport qui fut rédigé par le ministère à partir des archives de la mission, jugé explosif, ne fut pas publié. Il fut oublié et on le crut perdu, jusqu’à ce qu’un exemplaire en soit retrouvé dans les archives d’outremer en 1965. Il est publié ici pour la première fois. **Rappelons brièvement les origines de l’histoire.** La vie de Brazza a été explorée dans les archives, à l’exception de sa dernière mission, pourtant la plus percutante. À partir des années 1875, alors jeune Italien naturalisé devenu officier de la Marine française, il s’était rendu célèbre pour avoir exploré le fleuve Ogooué (dans le futur Gabon) lors de sa première mission, en 1875-1879. Au cours de sa deuxième mission (1880-1882), il explora le bas Congo et fit signer un traité de protectorat, ou plutôt fit apposer sa croix en guise de signature par le « roi » Ilo, Makoko des Batéké. L’expansion coloniale française commençait : le traité fut reconnu comme tel par le parlement ; le « Congo français » – composé en fait de trois territoires : le Gabon, le Moyen-Congo, et l’Oubangui-Chari – devenait colonie. Brazza en prit possession lors de sa troisième mission (1883-1885). En 1886, il fut désigné commissaire général de l’ensemble et le resta jusqu’en 1897. Explorateur visionnaire, ce fut un piètre administrateur. Cependant, il préconisait une méthode novatrice, faite, autant que possible, d’approches ouvertes et diplomates avec les populations récemment conquises ou encore à conquérir. Ce n’était pas pour autant un militant de la non-violence. Il ordonna parfois la manière forte, mais sans abus notoire, même s’il s’en produisit du temps de son gouvernorat car il était souvent impossible de contrôler l’opération des troupes. Brazza était aussi convaincu de la richesse du territoire qui lui était confié et ne cessa de réclamer des moyens – en hommes et en infrastructure – pour le « mettre en valeur », selon l’expression du temps. Il préconisa de bonne heure la construction d’une ligne de chemin de fer (la ligne Congo-Océan, reliant Brazzaville à Pointe-Noire, qui ne sera entreprise qu’en 1921). Enfin, après avoir favorisé, en 1891-1893, l’idée de compagnies privées à monopole d’exploitation afin d’encourager le commerce français aux dépens des maisons étrangères dominantes, il comprit plus tard le danger de cette politique. Or le gouvernement et les entreprises coloniales venaient d’instituer un système de concessions territoriales, à l’imitation du territoire voisin qui, depuis la conférence internationale de Berlin (1885), avait été confié sans condition au pouvoir absolu du roi des Belges sous le nom d’État indépendant du Congo. L’attitude peu conciliante de Brazza, qui était un homme de caractère, lui valut d’être remercié par le ministère des Colonies. Il fut mis en disponibilité début 1898 et se retira avec sa famille à Alger (il demanda sa mise à la retraite l’année suivante). Quand, à la faveur de la campagne de presse d’Edmund Morel, éclata le scandale international de l’État indépendant du Congo, les autorités coloniales françaises entrèrent en alerte. Grâce au boom du caoutchouc de cueillette, l’État indépendant du Congo était devenu rentable dès 1898 ; la France caressait l’espoir d’y prendre pied, espoirs renforcés par les déboires du roi des Belges. Mais toute mise en cause du Congo français risquait de compromettre ses intérêts dans la région, comme le comprit aussitôt le ministère des Affaires étrangères. Or, une affaire qui s’y produisit en 1903 – et dont nous reparlerons – fit elle aussi, en février 1905, l’objet d’une révélation par la presse métropolitaine. Sous le choc, la Chambre des députés décida de lancer une mission d’inspection extraordinaire chargée de démontrer que le Congo français restait irréprochable, mission à laquelle fut alloué un budget de six mois. Parallèlement, le ministre des Colonies Étienne Clémentel, interpellé par les députés Gustave Rouanet et René Le Hérissé, entreprit, pour ne laisser aucun doute sur l’excellence de la gestion française, de s’adresser à un homme dont la réputation d’honnêteté et de pacifisme n’avait fait que grandir. On fit donc appel à Brazza, heureux de reprendre du service dans un pays auquel il était si fort attaché. Brazza, informé de la mission d’inspection prévue au même moment, obtint qu’elle fût placée sous ses ordres. La mission fut dotée de pouvoirs étendus. Le ministre ne cachait pas qu’elle serait probablement amenée à faire de durs constats : > Il y a lieu de craindre que l’établissement de la domination française n’ait été marquée quelquefois par des excès \[…\]. Il convient de juger sans indulgence et de déférer à toutes les rigueurs prévues par la loi des faits récents qui se seraient produits en pleine paix, sans l’excuse d’une rébellion armée \[…\] sous prétexte, soit de faire accepter le principe de l’impôt, soit de réquisitionner des porteurs, soit simplement d’appliquer à des coupables des procédés trop expéditifs et barbares de la justice indigène. Dès avant son départ, Brazza se heurta néanmoins à des manœuvres d’obstruction quand il chercha à enquêter aux ministères des Colonies et de la Guerre sur des plaintes éventuelles de tirailleurs et « laptots » sénégalais[1](https://histoirecoloniale.net/le-rapport-brazza-1905/#easy-footnote-bottom-1-4707 "Laptot : employé de l’administration coloniale en Afrique."). Il partit accompagné de plusieurs inspecteurs des colonies, d’un membre du cabinet du ministre des Affaires étrangères, et enfin du jeune agrégé de philosophie Félicien Challaye, professeur au lycée Chaptal détaché par le ministère de l’Instruction publique, et qui avait été recommandé à Brazza par Charles Péguy, fondateur de la revue socialiste les _Cahiers de la Quinzaine_. Challaye fut le seul qui tint la presse française au courant des progrès de la mission, les autres étant tenus par l’obligation de réserve. Brazza obtint aussi que le journaliste Robert de Jouvenel fût « mis à sa disposition ». Il se fit adjoindre deux officiers mis en congé par le ministre de la Guerre pour assurer son intendance et son secrétariat. Arrivé à la colonie, Savorgnan de Brazza s’était assuré de disposer du vapeur _Dolisie_ pour parcourir le fleuve. Le commissaire général en exercice, Émile Gentil, lui fournit l’administrateur Noufflard (qui allait servir d’informateur au pouvoir en place) et le médecin militaire Trautman. Enfin, furent mis à sa disposition trois secrétaires « indigènes », quatre interprètes, des porteurs et des pagayeurs. Le budget total était de 300 000 francs, dont la moitié affectée au coût du personnel français et le reste adressé au trésorier payeur de Brazzaville. Telle fut l’origine de la mission programmée de mars à août 1905. Le rapport qui en découla, rédigé par le ministère, effraya le gouvernement qui, sur les injonctions du ministre des Affaires étrangères, refusa sa publication. C’est cet épisode, lourd de conséquence pour la connaissance historique de cette période de la colonisation française, que nous allons éclairer. \_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_ ---------------------------------------------------- **Histoire, mémoire, oubli** On ne sait ce qu’il serait advenu d’un rapport final effectivement rédigé par Savorgnan de Brazza si celui-ci n’était pas mort prématurément, ni quel aurait été son sort au sein de l’establishment… Mais Brazza n’ignorait pas que le message aurait du mal à être entendu, et il avait pris ses précautions en informant plusieurs journalistes : le jour même où les rapports de la mission furent remis au ministère (23 septembre 1905), Paul Bourde fit publier dans _Le Temps_ la lettre que Brazza lui avait adressée dénonçant les manquements de Gentil. Le ministère, qui en avait reçu copie, garda le silence. Il y eut quelques remous jusqu’en 1907, puis plus rien, ou presque. Seul le journal _L’Humanité_ s’attarda encore quelques années sur la question. Tout se passe comme si on avait affaire à un cas d’amnésie collective, ou plutôt à une volonté collective de ne pas savoir, de ne pas se souvenir. Les gens de l’époque n’étaient guère préparés à entendre la sévérité du diagnostic. Ils eurent donc vite fait de faire écho à d’autres actualités coloniales : au même moment éclatait l’« incident de Tanger » (31 mars 1905) où l’empereur Guillaume II proclama dans un discours retentissant son soutien au sultan du Maroc, Moulay Abd al-Aziz, à qui la France voulait imposer son protectorat. L’affaire, qui provoqua la chute du ministre Delcassé le 6 juin 1906, fut soldée momentanément, la même année, à Algésiras, puis seulement en 1911 à la suite du « coup d’Agadir »[2](https://histoirecoloniale.net/le-rapport-brazza-1905/#easy-footnote-bottom-2-4707 "Envoi par l’empereur, le 1er juillet 1911, d’une canonnière au large du Maroc pour s’opposer aux Français. L’affaire, qui secoua l’opinion bien davantage que le rapport Brazza désormais passé aux oubliettes, se solda en 1912 par le protectorat français sur le Maroc […]."). Pourtant, des mises en garde récurrentes sur les scandales du Congo intervinrent entre les deux guerres, après la refonte précipitée des sociétés concessionnaires (1911) : on a déjà cité le _Voyage au Congo_ d’André Gide en 1927 et _Terre d’ébène. La traite des Noirs_ d’Albert Londres en 1929 ; mentionnons aussi l’interpellation communiste à la Chambre en 1929 sur les massacres de la vaste révolte des Baya dans la même région et pour les mêmes raisons. Rien d’étonnant à ce que la zone connaisse une révolte généralisée des populations de culture baya poussées à bout. Elle toucha, durant quatre ans, non seulement l’Oubangui-Chari, mais aussi les confins du Cameroun, du Moyen-Congo et du Tchad. C’est que, depuis 1905, rien n’avait changé : en sus de l’exigence du portage épuisant sur l’interfluve séparant le bassin du Congo du bassin du Chari et du Tchad, les Baya devaient fournir un latex acheté au plus bas pour payer l’impôt. Cette guerre, aussi dure que celle du Rif vers la même époque, passa à nouveau quasi inaperçue. Pourquoi ? C’est que l’oubli de la mission Brazza, la première à avoir donné l’alerte, tout comme celui du scandale révélé par Guibet, furent durables et répétés. Pendant des décennies, ce n’est pas qu’on oubliât Pierre Savorgnan de Brazza lui-même – on le célèbre encore aujourd’hui –, mais on ne s’intéressa pas à son ultime rapport. Pire, on se convainquit qu’il était désormais impossible d’en prendre connaissance. Lorsqu’il était cité, c’était bien souvent pour déplorer son absence ou sa disparition. On supposa en outre qu’il ne présentait pas d’intérêt, puisqu’il avait été établi par une commission coloniale peu transparente. En définitive, personne ne semble avoir eu l’idée toute simple d’aller le chercher là où d’évidence il se trouvait : dans les archives du ministère des Colonies d’une part, ouvertes jusqu’en 1920 dès la deuxième moitié du XXe siècle, et dans celles du Quai d’Orsay d’autre part. Ce manque de curiosité, ou plutôt ce désir, inconscient ou non, de ne pas inventorier le passé colonial, dure encore aujourd’hui. En témoignent, notamment, les polémiques de ce début de XXIe siècle, à l’occasion de lois dites « mémorielles » : la loi Taubira de 2001 sur l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, d’une part, et la tentative d’adjoindre à la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » un article sur les « effets positifs » de la colonisation, d’autre part. En témoigne aussi, sur le cas particulier de la Centrafrique, l’ignorance de son passé martyrisé, entre l’Est ravagé par trois sultans esclavagistes dont le dernier fut toléré par le pouvoir colonial jusqu’en 1940, et l’Ouest où presque rien ne changea puisque rien ou presque ne fut reconnu. C’est comme si l’omerta survenue lors de la mission Brazza se poursuivait. Elle se poursuit jusqu’à aujourd’hui, puisque personne en France ne connaissant ce passé, on continue de faire comme si la Centrafrique n’existait que depuis 1960. Or, sur place, les traces sont multiples et les souvenirs demeurent. La raison d’être de la présente édition est, sur des faits précis, d’établir aussi fidèlement que possible le savoir tel que nous l’ont transmis des documents originaux, inédits, abondants et librement consultables, seule façon de prendre sereinement connaissance de la totalité du passé. **Catherine Coquery-Vidrovitch** [![Image 3: M. de Brazza, d'après une photographie faite par M. Pottier la veille du départ de l'explorateur pour la Sangha (L'Illustration du 23 Février 1895)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/04/brazza_1895-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2014/04/brazza_1895.jpg) M. de Brazza, d’après une photographie faite par M. Pottier la veille du départ de l’explorateur pour la Sangha (L’Illustration du 23 Février 1895) 1. Laptot : employé de l’administration coloniale en Afrique.[](https://histoirecoloniale.net/le-rapport-brazza-1905/#easy-footnote-1-4707) 2. Envoi par l’empereur, le 1er juillet 1911, d’une canonnière au large du Maroc pour s’opposer aux Français. L’affaire, qui secoua l’opinion bien davantage que le rapport Brazza désormais passé aux oubliettes, se solda en 1912 par le protectorat français sur le Maroc \[…\].[](https://histoirecoloniale.net/le-rapport-brazza-1905/#easy-footnote-2-4707) * [Catherine Coquery-Vidrovitch](https://histoirecoloniale.net/tag/catherine-coquery-vidrovitch/), [Congo](https://histoirecoloniale.net/tag/congo/), [Livre](https://histoirecoloniale.net/tag/livre/), [Mémoire de la colonisation](https://histoirecoloniale.net/tag/memoire-de-la-colonisation/), [Pierre Savorgnan de Brazza](https://histoirecoloniale.net/tag/pierre-savorgnan-de-brazza/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3)
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Un numéro de la « Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique » sur Patrice Lumumba =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/un-numero-de-la-revue-dhistoire-contemporaine-de-lafrique-sur-patrice-lumumba/#content) ![Image 1](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2024/02/cover_issue_88_fr_FR-223x300.jpg) * [Articles](https://histoirecoloniale.net/rubrique/articles/), [Congo](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/congo/) Un numéro de la « Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique » sur Patrice Lumumba =================================================================================== * 14/02/2024 **_L_a _Revue d’Histoire Contemporaine de l’Afrique_ (_RHCA_), créée en 2019, est une revue d’histoire contemporaine francophone avec comité de rédaction international qui s’intéresse à l’histoire contemporaine du continent africain (XIXème – XXIème siècle). Entièrement en _open access_, elle publie des numéros thématiques (2 par an) ainsi que des articles varias, des comptes-rendus de lecture, des entretiens et une rubrique « sources, terrains & contextes ». _RHCA_, se veut être un lieu à la fois de publication d’articles en français mais aussi de rencontres et d’échanges pour les historien·ne·s de l’Afrique, qu’ils et elles soient basé·e·s en Europe, en Amérique du Nord et sur le continent africain.** * * * **Présentation du numéro 5 (2023) consacré à Patrice Lumumba** Ce nouveau numéro de la RHCA n’a pas vocation à être un numéro biographique consacré à Patrice Lumumba (1925-1961), le premier Premier ministre de la République du Congo. En effet, ce dossier cherche moins à dresser un bilan historiographique de l’ascension, de la chute du leader congolais ou encore de la crise congolaise (1960-1965), qu’à comprendre la généalogie d’un phénomène global à partir de l’objet d’étude « Lumumba ». Ainsi, ce dossier cherche à saisir la portée et la signification du nom de Lumumba dans le monde par le biais de différents matériaux afin de comprendre les mécanismes de construction internationale d’une figure politique africaine, mondialement connue notamment en raison de son assassinat. ![Image 2](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2024/02/cover_issue_88_fr_FR-762x1024.jpg) * * * [Lire en ligne ce numéro de la Revue d’histoire contemporaine de l’Afrique](https://oap.unige.ch/journals/rhca/issue/view/05lumumba) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ * * * Lire aussi sur notre site [](https://histoirecoloniale.net/lumumba-le-deshonneur-des-belges/) ------------------------------------------------------------------- [Une « relique » de Patrice Lumumba restituée à la RDC (ex Congo belge)](https://histoirecoloniale.net/une-relique-de-patrice-lumumba-restituee-a-la-rdc-ex-congo-belge/) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- [Lumumba, le déshonneur des Belges](https://histoirecoloniale.net/lumumba-le-deshonneur-des-belges/) ==================================================================================================== * [Congo belge](https://histoirecoloniale.net/tag/congo-belge/), [Patrice Lumumba](https://histoirecoloniale.net/tag/patrice-lumumba/), [Revue d'Histoire Contemporaine de l'Afrique](https://histoirecoloniale.net/tag/revue-dhistoire-contemporaine-de-lafrique/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3)
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Brazza Derangerait Il Encore
Brazza dérangerait-il encore ? =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/#content) ![Image 1: brazza_la_tribune2.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/12/brazza_la_tribune2-153x300.jpg) * [Congo](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/congo/) Brazza dérangerait-il encore ? ============================== * 04/12/2005 Il y a cent ans mourait ce libérateur des esclaves en Afrique. Commémoration bien discrète en France... Un article de Christian Campiche publié sous le titre _Brazza dérange encore_ dans _La Liberté_ du 4 décembre 2005 [3](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/#easy-footnote-bottom-3-1016 "Cet article a été publié, le 4 décembre 2005, dans le magazine du quotidien romand <em>La Liberté</em>, édité à Fribourg (Confédération Helvétique). La photo de Pierre Savorgnan de Brazza a été reprise du site du journal <br />http://www1.laliberte.ch/news_magazine.cfm?id=194293.") Cet article complète la page [976](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/976) du site de la LDH de Toulon, qu'il cite à plusieurs reprises. **En 1905, l’explorateur français d’origine romaine Pierre Savorgnan de Brazza meurt en revenant d’une dernière expédition en Afrique centrale. La France fait des obsèques nationales à ce héros pacifique de l’époque de la colonisation.** ![Image 2: brazza_la_tribune2.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/12/brazza_la_tribune2.jpg) Une carrière dont le premier événement marquant remonte à 1875. Cette année-là, en effet, débute la première mission de Brazza. Elle le mènera à ouvrir deux ans plus tard une voie d’accès entre la côte et l’énorme bassin du moyen Congo. Parallèlement, Brazza libère de leur joug les esclaves qui se placent sous sa protection. **Un seul récit** Bizarrement, un seul récit de Brazza nous est parvenu à ce jour, il relate la première expédition, menée entre 1875 et 1877. Voici ce qu’écrit le jeune explorateur: « _Chez tous ces peuples, depuis longtemps courtiers d’esclaves, l’appât du gain a faussé l’idée première de la justice, et ce n’est plus un coupable qu’on punit, mais une marchandise qu’on vend. Et qui sait si, par la suite des temps, le descendant du chef obamba, aujourd’hui fier de ses nombreux guerriers, ne se trouvera pas, à son tour, faible et isolé, pour avoir peu à peu vendu les siens afin de se procurer du sel pour sa cuisine ou des colliers congolos pour ses favorites._ » Et de s’interroger sur les migrations, source potentielle, à ses yeux, de l’abâtardissement des ethnies. La décadence de certains peuples « _n’est-elle pas dûe à la démoralisation produite de proche en proche, et depuis des siècles, par l’esclavage_ »? **Brazza s’extasie** Brazza s’extasie devant « _l’extrême richesse des terres qui ne demandent à l’homme que peu d’efforts pour le nourrir». Mais il déplore que les indigènes préfèrent se livrer à la chasse et surtout au commerce, alors que «l’avenir du pays est intimement lié à l’organisation du travail indigène, seul apte à mettre en valeur la fertilité de la contrée par la culture du café, du cacao, de la canne à sucre, qui poussent admirablement_ ». Responsable de cet état de choses: la structure des échanges qui implique une multitude d’intermédiaires. Situés sur la côte, les comptoirs tirent les ficelles entre les mandants européens et le petit producteur africain. A tous les maillons de la chaîne, chacun se sert au passage. « _Tel est le commerce d’avances, source d’abus, de conflits, de luttes et de gaspillage_ », se désole Brazza. « _Le producteur reçoit ainsi à peine la centième partie des marchandises données par la maison de commerce (…). De là quantité de petits monopoles, des jalousies et guerres permanentes entre un village et l’autre._ » **Manière «négrophile»** En 1886, Brazza est nommé commissaire général du Congo français. Mais il tombe en disgrâce en 1897. Sa manière «négrophile» de gérer la colonie, le respect des rythmes locaux, tranche avec la hâte de la métropole. Tandis que Brazza encourage un développement sur une base agricole et familiale, l’Etat colonial soutient les sociétés de commerce aux mains d’aventuriers de tout poil. Les années passent, Brazza a élu domicile à Alger où il vit avec sa famille. Au printemps 1905, alors qu’il se croit oublié, il est contacté par Paris. La France a mauvaise conscience. Missionnaires au Congo, les Pères du Saint-Esprit lui font parvenir des signaux inquiétants. Soumise au régime des concessions, la région est livrée à la violence et à l’arbitraire. Avec la complicité de l’armée française, les affairistes font régner la terreur. Se souvenant de l’existence du « _Père des esclaves_ », le ministre des Colonies le charge d’enquêter sur la situation. Brazza part au Congo, mais son voyage tourne à la tragédie. L’explorateur à la barbe de prophète ne reconnaît plus le territoire qu’il a parcouru autrefois pacifiquement. Partout règne l’exploitation humaine la plus inique. Ce qu’il voit dépasse l’entendement. Dans un camp s’entassent pêle-mêle femmes, enfants et vieillards retenus en otages. **Une mort suspecte** Brazza tombe malade. Il rend l’âme le 14 septembre 1905 à Dakar, sur le chemin du retour. Sa femme, qui l’a accompagné, est convaincue (elle le restera toute sa vie) qu’il a été empoisonné. Si rien ne permet de confirmer ces soupçons à ce jour, le fait est que Brazza dérangeait. Et continue de déranger encore aujourd’hui. Mais où est passé son carnet? ----------------------------- Mais où est passé le carnet de bord de Brazza, celui dans lequel l’explorateur consignait toutes ses observations? De précieuses notes qu’il cachait dans le double-fond de sa malle Vuitton et dont tout porte à croire qu’elles ne contenaient rien de glorieux pour le mandant de Brazza, l’Etat français. De fait, après le décès de l’explorateur, la malle fut aussitôt réquisitionnée et emmenée à Paris. Etonnante est aujourd’hui l’extrême discrétion de la France, d’habitude point avare en cérémonies élégiaques quand il s’agit d’honorer par la mémoire un de ses grands personnages. **Incontestablement**, Pierre Savorgnan de Brazza en fut un. A son enterrement, le Tout-Paris suivit le cercueil jusqu’au Père-Lachaise. Certes, relève la section de Toulon de la Ligue des droits de l’homme (LDH) [1](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/#easy-footnote-bottom-1-1016 "Voir <a href=\"976\">976</a>."), « le Haut comité des célébrations nationales a prévu de commémorer (à la rubrique des _Sciences et techniques_ !) le décès il y a un siècle de celui qui  » _reste une des plus hautes figures de la geste coloniale française_ « . Pour reprendre les termes de l’historien Jean Martin:  » _un héros naïf et désintéressé qui n’a pas usurpé l’estime de ses contemporains car nul n’a sans doute mieux que lui illustré les thèmes, récurrents dans le discours colonial, de la conquête pacifique et de la mission civilisatrice._  » » Reste, ajoute la LDH, que le centenaire de son décès a été « discrètement oublié ». **Seule ville d’Afrique** qui a gardé, et pour cause, le nom de son fondateur, Brazzaville aimerait de son côté récupérer les restes de celui « _dont la mémoire est pure de sang humain_ » et qui repose face à la mer au cimetière d’Alger [2](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/#easy-footnote-bottom-2-1016 "Pour suivre le retour éventuel des restes de Savorgnan de Brazza, on pourra consulter <a href=\"http://www.congopage.com/article.php3?id_article=3075\">http://www.congopage.com/article.php3?id_article=3075</a>."). En mars 2005, le président français Jacques Chirac a participé « _avec une certaine émotion_ » à la pose de la première pierre d’un monument Savorgnan de Brazza à Brazzaville, un mausolée qui a déjà coûté au gouvernement de la République du Congo la bagatelle de 4 millions d’euros. Mais l’initiative est source de polémique au sein de la diaspora congolaise et pour cause: le pays compte parmi les plus pauvres. D’ailleurs parmi les descendants de l’explorateur, il en est pour craindre une douteuse opération de prestige au détriment de la communauté des batékés, avec qui Brazza signa un traité de paix. Cette population qui vit à l’intérieur du pays ne sera pas associée aux événements. **Marraine de l’opération**, la France se garde bien de contredire le régime en place. Le territoire du Congo est trop riche en pétrole et la compagnie Elf un acteur économique important du lieu. Comme ailleurs en Afrique, le sous-sol est l’objet d’intenses convoitises, la lutte armée pour le contrôle de l’exploitation des matières premières un but en soi. Brazza peut se retourner dans sa tombe. S’il revenait sur terre, le « _Père des Esclaves_ » et prophète de l’Afrique serait bien navré de constater que peu de choses ont changé, finalement. La présence des grandes puissances entretient une corruption qui exclut les populations de la prospérité. L’antique politique coloniale a repris ses droits. **Christian Campiche** [![Image 3: brazza_la_tribune2.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/12/brazza_la_tribune2-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/12/brazza_la_tribune2.jpg) 1. Voir [976](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/976).[](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/#easy-footnote-1-1016) 2. Pour suivre le retour éventuel des restes de Savorgnan de Brazza, on pourra consulter [http://www.congopage.com/article.php3?id\_article=3075](http://www.congopage.com/article.php3?id_article=3075).[](https://histoirecoloniale.net/brazza-derangerait-il-encore/#easy-footnote-2-1016) * [Colonisation](https://histoirecoloniale.net/tag/colonisation/), [Commémoration](https://histoirecoloniale.net/tag/commemoration/), [Congo](https://histoirecoloniale.net/tag/congo/), [Pierre Savorgnan de Brazza](https://histoirecoloniale.net/tag/pierre-savorgnan-de-brazza/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3)
Afrique Subsaharienne et Océan Indien
Congo
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La Situation Des Indigenes Au
Le travail forcé au Congo au début du XXe siècle =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/la-situation-des-indigenes-au/#content) * [Congo](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/congo/) Le travail forcé au Congo au début du XXe siècle ================================================ * 14/11/2005 Félicien Challaye fit partie de la commission présidée par Savorgnan de Brazza chargée en 1905 par le gouvernement français d'enquêter sur "la condition matérielle et morale des indigènes au Congo". Il publia ses notes en 1935 dans un ouvrage intitulé « _Souvenirs sur la colonisation_ ». Ces textes furent repris en 1998 dans « _Un livre noir du colonialisme_ » édité par Les nuits rouges. En voici quelques extraits. L'article consacré à [976](https://histoirecoloniale.net/la-situation-des-indigenes-au/976) vous donnera des précisions sur le contexte de l'époque. La situation des indigènes -------------------------- Depuis le début du vingtième siècle, les noirs du Congo sont soumis à un régime de travail forcé comparable à l’esclavage, pire que l’esclavage sous certains rapports. Autour de 1900, un certain nombre de capitalistes et de parlementaires commencent à réclamer la création de compagnies privilégiées, destinées à exploiter les richesses naturelles des colonies en général, du Congo français en particulier. Le principal défenseur de cette thèse est Eugène Etienne, alors sous-secrétaire d’État aux Colonies. Un autre sous-secrétaire d’État aux Colonies, Delcassé accorde discrètement, sans publication officielle du contrat, une concession de 11 millions d’hectares (soit 1/5 de la France), située dans le Haut-Ogooué. Puis, de mars à juillet 1899, le ministre des Colonies Guillain accorde, par décret, quarante concessions au Congo français. Les concessionnaires reçoivent pour trente ans d’immenses domaines variant entre 200 000 et 14 millions d’hectares. Pendant cette période, toutes les richesses naturelles de ces domaines appartiennent aux concessionnaires : ivoire, bois précieux, caoutchouc. La compagnie doit payer à la colonie une redevance fixe de 15 % de ses bénéfices. Les terres que l’Etat, pour les concéder, baptisait « terres vacantes », étaient en réalité les propriétés collectives des tribus indigènes. Celles-ci utilisaient à leur profit ces vastes étendues de savanes et de forêts, sur lesquelles elles revendiquaient des droits exclusifs, reconnus et respectés par les tribus voisines. Par suite de l’établissement du régime concessionnaire, les noirs sont victimes d’une immense expropriation. D’un trait de plume, on leur arrache toutes les richesses naturelles de leur sol, c’est-à-dire leurs seules richesses. Puis les compagnies, rémunérant trop mal le travail des noirs, ne peuvent compter sur leur coopération volontaire ; elles sont conduites à employer la menace et la violence. Elles fixent elles-mêmes, aussi bas que possible, le prix du caoutchouc qu’elles achètent. Considérant que le latex leur appartient, en vertu de l’acte de concession, elles déclarent ne payer aux indigènes que le travail nécessaire à le récolter; et elles évaluent ce travail au plus bas prix. Elles paient aussi le caoutchouc cinq ou dix fois moins que ne le payent les commerçants dans les régions de commerce libre où les acheteurs se font concurrence. Puis, les compagnies payent souvent les produits du sol, ou plutôt (selon leur thèse) le travail nécessaire à leur récolte, non pas en argent, mais en marchandises, évaluées à très haut prix, souvent à 300, 400, 500 % et plus, de leur valeur réelle, parfois imposées d’office à des indigènes qui ne savent qu’en faire. Ainsi, en échange de leur caoutchouc, évalué à un prix dérisoire, les indigènes reçoivent des marchandises évaluées à des prix exorbitants. Ils se sentent incapables d’obtenir facilement les produits d’Europe qu’ils désirent; ils ne sont pas encouragés à travailler, ils ne font spontanément aucun effort pour sortir de leur misérable condition. Les compagnies concessionnaires ne peuvent compter sur le travail volontaire des noirs. Aussi ont-elles, dès l’origine, réclamé le droit de forcer les indigènes à travailler pour elles. Ayant reçu en concession les produits du sol. elles estiment que l’Etat leur a concédé la main-d’œuvre nécessaire à les récolter; elles regardent les indigènes comme leur propriété, leur chose, leur instrument. L’Etat ne leur accorde pas officiellement le droit de contraindre les noirs au travail. Mais toutes les fois, qu’elles le peuvent, elles se l’attribuent. Certaines compagnies équipent elles-mêmes des _travailleurs armés_ ; d’autres utilisent et paient des gardes régionaux prêtés par l’Etat Travailleurs armés et gardes régionaux servent à terroriser les indigènes par la vue de leurs fusils. Souvent la menace suffit, appliquée à des populations faibles et sans armes modernes. Quand la menace ne suffit pas, on emploie la violence pour obliger les noirs à chercher le caoutchouc. On les emprisonne ; on les passe à la chicote (c’est – on l’a vu déjà – une cravache en cuir d’hippopotame, qui inflige de cruelles souffrances). On arrête, on amarre» (comme on dit là-bas) le chef du village. On enlève comme otages les femmes et les enfants; on ne les relâche que contre une certaine quantité de caoutchouc ou d’ivoire. On fusille les récalcitrants. Quand un village s’obstine à faire preuve de mauvaise volonté, on organise contre lui une « _expédition punitive_ » : on brûle les cases, on détruit les plantations, on massacre hommes, femmes et enfants, pour l’exemple. En 1905, accompagnant le noble Savorgnan de Brazza au Congo français, j’ai recueilli, sur les violences et les crimes des compagnies concessionnaires, des témoignages accablants. Le passage de la mission Brazza ne met pas fin à ces atrocités. En 1906, une compagnie concessionnaire, la M’Poko, pour l’exemple, massacre quinze cents indigènes. \_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_\_ ------------------------------------------------ Sur ces malheureuses populations victimes des compagnies concessionnaires s’abat, en outre, la tyrannie toute puissante d’une administration complice. L’Etat exige de ces noirs, auxquels il ne rend aucun service, un impôt de capitation, payé en caoutchouc; il remet ce caoutchouc aux compagnies concessionnaires ; les prix de rétrocession sont très favorables à ces sociétés. Le 19 mars 1903, le commissaire général Gentil envoie aux fonctionnaires une circulaire par laquelle il leur annonce qu’il se basera, pour les noter, sur les résultats obtenus au point de vue de l’impôt indigène. Désormais, les administrateurs vont employer tous les moyens pour faire rentrer l’impôt. J’ai cité précédemment le drame des femmes de Bangui. En avril 1904, un administrateur envoie de Bangui un commis des Affaires indigènes lever l’impôt dans les environs de Mongoumba. Le commis, accompagné d’un agent de la compagnie concessionnaire, fait enlever, dans deux villages mauvais payeurs, 68 otages (58 femmes et 10 enfants). Emmenés à Bangui, ces otages sont entassés dans un étroit espace, une sorte de cave, sans lumière, empestée par les respirations et les déjections; on oublie de les nourrir ou on les nourrit à peine. Quand un jeune docteur, récemment arrivé, exige la libération des survivants, on constate qu’il reste 21 otages sur 68 (13 femmes et 8 enfants); 47 otages (45 femmes et 2 enfants) sont morts de faim et de manque d’air dans cette prison maudite. L’administrateur qui a ordonné l’expédition obtient de la justice un non-lieu ; alors il est déplacé avantageusement, envoyé de Bangui, poste alors détestable, à Brazzaville, capitale de la colonie, poste unanimement désiré… Au moment où la mission Brazza était au Congo se continuaient dans le secret des razzias de femmes et d’enfants. En mai 1905, l’administrateur de Fort-Sibut (Krébedjé), M. Gaboriaud, fait enlever de villages en révolte, et garde comme otages 119 femmes et fillettes. Une trentaine de ces femmes sont atteintes de maladies vénériennes communiquées par les gardes régionaux du détachement, qui les ont violées. A la même époque dans le Haut-Chari, l’administration emploie, pour se procurer des porteurs, les pires procédés de violence – on l’a vu plus haut, en étudiant l’affaire Toqué-Gaud. On fait enlever les hommes dans les villages, par des gardes régionaux noirs, souvent très brutaux. On s’empare des femmes et des enfants qu’on garde dans des « camps d’otages »; on ne les relâche que quand l’homme a fait sa corvée. Ces camps d’otages sont des séjours d’intolérable misère : les femmes, les enfants, entassés dans un étroit espace, y sont l’objet de toutes les violences, de tous les outrages; beaucoup meurent, de variole ou de faim. **Félicien Challaye** * [Congo](https://histoirecoloniale.net/tag/congo/), [Félicien Challaye](https://histoirecoloniale.net/tag/felicien-challaye/), [Pierre Savorgnan de Brazza](https://histoirecoloniale.net/tag/pierre-savorgnan-de-brazza/), [Travail forcé](https://histoirecoloniale.net/tag/travail-force/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3)
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Pierre Savorgnan De Brazza 1852
Pierre Savorgnan de Brazza (1852 – 1905) =============== [Aller au contenu](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#content) ![Image 1: pierre_savoragnan_de_brazza.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/pierre_savoragnan_de_brazza.jpg) * [Congo](https://histoirecoloniale.net/rubrique/afrique-subsaharienne-et-ocean-indien/congo/) Pierre Savorgnan de Brazza (1852 – 1905) ======================================== * 14/11/2005 Il a conquis une vaste colonie pour la France. Il a longtemps été présenté comme un héros et un modèle pour la jeunesse. En France, le centenaire de son décès a été discrètement oublié. Cet article a une suite : [1059](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/1059). D'autre part, le rapport de Brazza évoqué ci-dessous comme n'ayant jamais été publié le sera en mars 2014 – voir [5769](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/5769) . \[Mis en ligne le 14 novembre 2005, mis à jour le 21 février 2014\] ![Image 2: pierre_savoragnan_de_brazza.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/pierre_savoragnan_de_brazza.jpg) C’est un jeune enseigne de vaisseau, d’origine italienne, Pierre Savorgnan de Brazza, qui permit à la France de se constituer une vaste colonie en Afrique centrale. Il entreprit plusieurs expéditions en Afrique. Après une première mission (1875-1879) au cours de laquelle il remonte l’Ogooué, Pierre Savorgnan de Brazza atteint le Congo en 1880. Le 10 septembre 1880, il conclut avec Makoko Ilôo, chef politique et religieux des Batéké, un traité de protectorat au profit de la France. ![Image 3: brazza3.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza3.jpg) **Le traité de Brazza avec Makoko** [1](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-bottom-1-938) Pendant la visite que me firent les chefs chez Makoko, je leur expliquai que le but que se proposaient les Blancs en établissant des villages était de tenir ouvertes les routes par lesquelles les marchandises viendraient dans le pays. Et il fallait que ces villages fussent situés au bord des rivières parce que les Blancs allaient venir avec des pirogues marchant avec le feu. \[…\] Je fis à Makoko présent de dix-huit brasses de bonne étoffe, de glaces et d’un collier en exprimant le regret de ne pouvoir, vu la longueur de la route que j’avais encore à parcourir, faire un cadeau plus considérable. ![Image 4: Le roi Makoko.](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/makoko_ilo.jpg) Le roi Makoko. Makoko se montra satisfait et il me donna, à son tour, cinquante brasses d’étoffe européenne et trois cents pièces d’étoffe du pays. Puis réunissant pour le jour de mon départ tous les chefs voisins (c’était le 10 septembre) en leur présence, il prit ma main et la mettant dans celle de Nganscumo, il lui dit : « _Je te confie le Blanc qui est venu nous voir ; si, lorsqu’il aura terminé ce qu’il a à faire, il veut aller à Nkouna par la rivière, tu l’y mèneras. S’il veut aller par terre, tu le mèneras ici._ » Puis se tournant vers moi, il me dit : « _Tu es venu ici nous apporter des paroles amies, tu as vécu parmi nous et tu nous a fait oublier tout ce que nous avions entendu des Blancs: aussi ceux qui viendront après toi seront les bienvenus et pourront s’établir dans le pays s’ils le désirent._ » Après m’avoir accompagné jusqu’aux dernières cases de son village, il se sépara de moi en m’embrassant. \[…\] **Savorgnan de Brazza** Le Parlement français ratifia l’accord de Savorgnan de Brazza en 1882, et la conférence de Berlin (1884-1885) reconnut les droits de la France sur la rive droite du Congo. Devenu commissaire général, puis gouverneur du Congo français (1887 – 1897), Savorgnan de Brazza étendit les possessions françaises vers le nord – amorce de ce qui allait constituer l’Afrique équatoriale française. Remercié en 1897, Savorgnan de Brazza se retire et s’installe à Alger. Commence alors une période sombre pour les peuples du Congo. La colonie devient une colonie « d’exploitation », au pire sens du terme : livrée aux compagnies concessionnaires, chargées d’exploiter ses ressources, essentiellement le caoutchouc et l’ivoire. Le travail forcé se révèle un aspect inattendu de la mission civilisatrice de la France ! ![Image 5: M. Savorgnan de Brazza. Le vaillant explorateur au milieu de son escorte pendant son dernier voyage au Congo (détail de la page de couverture du Petit Journal, le 19 mars 1905).](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_petitjournal_detail_.jpg) M. Savorgnan de Brazza. Le vaillant explorateur au milieu de son escorte pendant son dernier voyage au Congo (détail de la page de couverture du Petit Journal, le 19 mars 1905). En 1905, le gouvernement rappelle Savorgnan de Brazza et le nomme à la tête d’une commission chargée d’enquêter sur la condition matérielle et morale des indigènes et le recouvrement de l’impôt. Au cours de son retour vers la France, il meurt à Dakar, vaincu par la malaria. Le rapport de Brazza ne fut jamais publié. Parmi les quelques fonctionnaires de la commission figurait un jeune agrégé de philosophie, Félicien Challaye, qui représentait le ministre de l’instruction publique. Le seul témoignage écrit qui nous soit parvenu est celui de Félicien Challaye dont vous trouverez des extraits ci-dessous [2](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-bottom-2-938). Souvenirs sur la colonisation ----------------------------- Au début de 1905, on apprit en France que, dans un poste lointain du Congo français, deux fonctionnaires avaient fait sauter un noir à la dynamite le 14 juillet 1903. Cette singulière façon de célébrer la fête nationale émut l’opinion publique. Une interpellation fut déposée à la Chambre. Le ministre des Colonies décida de faire faire une enquête sur la situation d’une colonie où se passaient des faits aussi étranges; il chargea de cette tâche un grand explorateur célèbre par son esprit d’humanité, Savorgnan de Brazza. Savorgnan de Brazza me demanda de l’accompagner. J’acceptai avec enthousiasme Ce fut pour moi l’occasion incomparable de comprendre le caractère essentiel de la colonisation moderne, en voyant de mes propres yeux toute une population livrée à ses exploiteurs capitalistes par une administration complice. Je résumerai dans un chapitre postérieur le résultat des recherches accomplies par Savorgnan de Brazza et par les membres de sa mission, en ce qui concerne la situation des indigènes. Il convient de commencer par quelques impressions directes, découvrant peu à peu la vraie nature de la colonisation en ce Congo français, appelé depuis Afrique équatoriale française. C’est en la vallée de l’Ogôoué, le 5 mai 1905, que j’entends critiquer pour la première fois les compagnies concessionnaires et le régime de l’impôt. Les chefs pahouins sont venus saluer Savorgnan de Brazza. Ils sont accompagnés d’une suite nombreuse. Beaucoup ont le visage couvert de raies plus noires que leur peau : c’est par élégance, pour faire faraud, me dit un jeune Pahouin. Un seul parle pour tout un groupe avec une éloquente animation et de grands gestes ; il tire de son chapeau crasseux ou d’une boîte en fer-blanc les reçus des impôts versés. Parfois les autres l’approuvent d’un formidable cri : « Hé! » Tous se plaignent du prix des objets vendus par les sociétés concessionnaires, du nombre trop grand de boules de caoutchouc exigées pour un objet, vendu jadis meilleur marché. Tous se plaignent de l’impôt, qu’ils appellent l’amende. Il est trop élevé, selon eux; puis, comme les compagnies payent en marchandises les produits du pays, spécialement le caoutchouc, les noirs n’ont pas d’argent pour payer l’impôt. C’est, disent-il pour échapper à l’impôt que les Pahouins abandonnent les bords du fleuve, cachent leurs villages dans la brousse. Brazza a, en effet, constaté que les villages indigènes ont beaucoup diminué en nombre et en importance. **8 Mai 1905, à Sindara** Pour descendre les bagages de deux passagers qui s’arrêtent ici, on a fait venir des prisonniers. En ce poste perdu, on a oublié d’ordonner (comme on l’a fait ailleurs) d’ôter aux prisonniers leurs chaînes, pendant le séjour de M. de Brazza. Les prisonniers arrivent enchaînés deux à deux : la chaîne, fixée au cou du premier, descend long de son dos, puis sur la poitrine du second et lui serre le cou. C’est l’usage antique du pays; il est peut-être indispensable de le suivre; d’autant plus que quatre miliciens seulement gardent au poste quinze prisonniers. Tout de même, la première fois, on éprouve quelque émotion à voir sur ces cous de nègres des chaînes françaises. **20 Mai 1905 …** \[…\] nous visitons un poste à caoutchouc. Deux cent soixante-quinze noirs, Loangos et Bakongos, y sont employés. Ils arrachent des herbes à caoutchouc d’où l’on extrait, à Brazzaville, le précieux latex. Ces travailleurs, dits volontaires, ont été amenés de Loango à Brazzaville et de Brazzaville à ce poste, sans savoir où ils allaient, sans savoir quel travail ils allaient entreprendre; ils ont cru s’engager pour un an, leur contrat porte deux ans. Ils demandent avec anxiété combien de mois, combien de lunes ils ont encore à rester ici. Ils se plaignent du travail, trop dur, de la nourriture, insuffisante ; beaucoup d’entre eux sont d’une navrante maigreur. Les livrets, qui devaient leur être remis, sont entre les mains de leur contremaître blanc : qu’en feraient-ils, d’ailleurs ? Ils ne savent pas lire. La plupart de ces livrets, qui devraient être visés par un administrateur, ne portent aucune signature. Tous renferment cette mention: « Le contrat sera résilié sans aucune indemnité de résiliation, lorsque, pour un motif quelconque, le travailleur ne rendra plus de services à la compagnie. » Avis à ceux qui se blesseraient ou qui tomberaient malades au service de la généreuse société ! **Félicien Challaye** [3](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-bottom-3-938) ![Image 6: Sur le chantier du Congo-Océan (1921-1934).](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/travail_force.jpg) Sur le chantier du Congo-Océan (1921-1934). En France, Brazza fut fêté en héros, présenté comme l’ami des Noirs et le libérateur des esclaves, un explorateur de légende. Voici comment il est présenté en 1913 dans le chapitre intitulé _Les conquêtes de la France_ de l’_Histoire de France_ d’Ernest Lavisse [4](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-bottom-4-938) Dans beaucoup de pays d’Amérique habités par les _nègres_, il y a des marchés où l’on vend des hommes. Ces malheureux s’appellent des esclaves. Un esclave appartient à l’homme qui l’a acheté, comme une bête appartient à son maître.\[…\] _L’esclavage est donc une chose abominable. Aussi la France ne veut pas qu’il y ait des esclaves dans les pays qu’elle possède._ Regardez l’image. Vous y voyez un homme debout près d’un drapeau. Cet homme est un Français qui s’appelle Brazza. Il porte des vêtements tout blancs et un chapeau en liège, recouvert de toile blanche. Deux autres Français sont vêtus de la même façon. C’est à cause de la grande chaleur qu’ils sont ainsi habillés. ![Image 7: Brazza délivre des esclaves](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2003/06/lavis_p169.gif) Brazza délivre des esclaves Brazza fut un homme admirable. Il voyagea dans un grand pays d’Afrique appelé le _Congo_. Il ne fit pas de mal aux habitants. Il leur parlait doucement, et leur demandait d’obéir à la France. Quand ils avaient promis, il plantait par terre une grande perche, en haut de laquelle on hissait le drapeau français. Cela voulait dire que ce pays-là appartenait à la France. Un jour où le drapeau fut hissé près d’un village du Congo, une troupe d’esclaves passa. Brazza la fit arrêter et il dit : « _Partout où est le drapeau de la France, il ne doit pas y avoir d’esclaves._ » Et vous voyez que l’on enlève aux esclaves les colliers qui emprisonnent leurs cous et les cordes qui lient leurs jambes. \[…\] _Cela prouve encore que la France est bonne et généreuse pour les peuples qu’elle a soumis._ Pendant la première moitié du XXème siècle, Savorgan de Brazza est très visible : sur une carte de publicité d’un dentiste [5](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-bottom-5-938), comme héros d’un livre pour la jeunesse [6](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-bottom-6-938), sur des timbres … ![Image 8: Expédition au Congo de l'explorateur français de Brazza. Une attaque de nuit du campement.](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_explorateur.jpg) Expédition au Congo de l’explorateur français de Brazza. Une attaque de nuit du campement. ![Image 9: brazza_gen_chambrun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_gen_chambrun.jpg) ![Image 10: Timbres de 1938 : Pierre Savorgnan de Brazza, Emile Gentile et hydravion survolant Pointe - Noire.](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/timbres_aef_1938.jpg) Timbres de 1938 : Pierre Savorgnan de Brazza, Emile Gentile et hydravion survolant Pointe – Noire. Plus récemment, un manuel d’histoire datant de 1952 comportait l’illustration reproduite ci-dessous avec son commentaire : ![Image 11: Brazza et ses amis de l'Afrique noireNotre premier livre d'Histoire, 1952](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_et_amis_africains.jpg) Brazza et ses amis de l’Afrique noireNotre premier livre d’Histoire, 1952 1\. Montrez Brazza ; voyez son geste qui signifie « _soyez le bienvenu parmi nous_ ». Tout près, le drapeau tricolore gardé par un tirailleur. 2\. Voici un des rois du Congo ; il se nomme Makoko : « _Les Français seront nos amis_, répond-il à Brazza, _ils nous protègeront._ » **Savorgnan de Brazza en 2005** Certes le Haut comité des célébrations nationales a prévu de commémorer (à la rubrique _Sciences et techniques_ !) le décès il y a un siècle de celui qui “ reste une des plus hautes figures de la geste coloniale française ” ainsi que l’écrit l’historien Jean Martin [7](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-bottom-7-938) : > “ Ce héros naïf et désintéressé n’a pas usurpé l’estime de ses contemporains. Nul n’a sans doute mieux que lui illustré les thèmes, récurrents dans le discours colonial, de la conquête pacifique et de la mission civilisatrice. ” (Jean Martin) [![Image 12: Brazza délivre des esclaves](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2003/06/lavis_p169-150x150.gif)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2003/06/lavis_p169.gif) Brazza délivre des esclaves [![Image 13: pierre_savoragnan_de_brazza.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/pierre_savoragnan_de_brazza-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/pierre_savoragnan_de_brazza.jpg) [![Image 14: brazza3.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza3-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza3.jpg) [![Image 15: brazza_recu_par_roi_des_tekes_1880.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_recu_par_roi_des_tekes_1880-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_recu_par_roi_des_tekes_1880.jpg) [![Image 16: Brazza et ses amis de l'Afrique noireNotre premier livre d'Histoire, 1952](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_et_amis_africains-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_et_amis_africains.jpg) Brazza et ses amis de l’Afrique noireNotre premier livre d’Histoire, 1952 [![Image 17: Le roi Makoko.](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/makoko_ilo-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/makoko_ilo.jpg) Le roi Makoko. [![Image 18: Expédition au Congo de l'explorateur français de Brazza. Une attaque de nuit du campement.](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_explorateur-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_explorateur.jpg) Expédition au Congo de l’explorateur français de Brazza. Une attaque de nuit du campement. [![Image 19: Timbres de 1938 : Pierre Savorgnan de Brazza, Emile Gentile et hydravion survolant Pointe - Noire.](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/timbres_aef_1938-150x121.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/timbres_aef_1938.jpg) Timbres de 1938 : Pierre Savorgnan de Brazza, Emile Gentile et hydravion survolant Pointe – Noire. [![Image 20: brazza_gen_chambrun.jpg](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_gen_chambrun-146x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_gen_chambrun.jpg) [![Image 21: M. Savorgnan de Brazza. Le vaillant explorateur au milieu de son escorte pendant son dernier voyage au Congo (détail de la page de couverture du Petit Journal, le 19 mars 1905).](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_petitjournal_detail_-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/brazza_petitjournal_detail_.jpg) M. Savorgnan de Brazza. Le vaillant explorateur au milieu de son escorte pendant son dernier voyage au Congo (détail de la page de couverture du Petit Journal, le 19 mars 1905). [![Image 22: Sur le chantier du Congo-Océan (1921-1934).](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/travail_force-150x150.jpg)](https://histoirecoloniale.net/wp-content/uploads/2005/11/travail_force.jpg) Sur le chantier du Congo-Océan (1921-1934). 1. Correspondance de Brazza, in _Brazza, l’explorateur_, par Henri Brunschwig, Mouton, Paris-La Haye, 1972\] – cité par Anne Hugon, _L’Afrique des explorateurs_, coll. Découvertes Gallimard n°117.[](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-1-938) 2. Félicien Challaye publia son témoignage en 1935 dans un ouvrage intitulé « Souvenirs sur la colonisation ». Ces textes furent repris en 1998 dans « Un livre noir du colonialisme » édité par Les nuits rouges. Un autre texte de Félicien Challaye vous donnera des précisions sur le système des concessions qui a saigné le Congo : [998](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/998).[](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-2-938) 3. Pour en savoir plus sur Félicien Challaye, voyez l’article : [193](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/193).[](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-3-938) 4. _Histoire de France – cours élémentaire_, Ernest Lavisse, éd. Armand Colin, 1913, chapitre XXII. Nous ne donnons ici que des extraits de ce texte ; mais vous pourrez lire [le chapitre tout entier](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/87) si vous le souhaitez.[](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-4-938) 5. John PARAIN (Paris), Docteur américain – dentiste diplômé « Inventeur de dents artificielles montées sans aucun appareil » \[sic\]. Source : [http://www2004.free.fr/sujets/chromos.htm](http://www2004.free.fr/sujets/chromos.htm).[](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-5-938) 6. Première édition 1930, éd. Plon.[](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-6-938) 7. Jean Martin, professeur à l’université de Lille III, membre de l’École doctorale de Paris-Sorbonne (Paris IV), est l’auteur de [la notice consacrée à Savorgnan de Brazza](http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2005/debrazza.htm) dans l’ouvrage _Célébrations nationales 2005_.[](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/#easy-footnote-7-938) * [Colonisation](https://histoirecoloniale.net/tag/colonisation/), [Commémoration](https://histoirecoloniale.net/tag/commemoration/), [Congo](https://histoirecoloniale.net/tag/congo/), [Pierre Savorgnan de Brazza](https://histoirecoloniale.net/tag/pierre-savorgnan-de-brazza/) Facebook Twitter Email [**Objectif : 8 000€** derniers jours **pour apporter votre soutien \>\>\>**](https://www.helloasso.com/associations/histoire-coloniale-et-postcoloniale/formulaires/3) Correspondance de Brazza, in _Brazza, l’explorateur_, par Henri Brunschwig, Mouton, Paris-La Haye, 1972\] – cité par Anne Hugon, _L’Afrique des explorateurs_, coll. Découvertes Gallimard n°117. Félicien Challaye publia son témoignage en 1935 dans un ouvrage intitulé « Souvenirs sur la colonisation ». Ces textes furent repris en 1998 dans « Un livre noir du colonialisme » édité par Les nuits rouges. Un autre texte de Félicien Challaye vous donnera des précisions sur le système des concessions qui a saigné le Congo : [998](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/998). Pour en savoir plus sur Félicien Challaye, voyez l’article : [193](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/193). _Histoire de France – cours élémentaire_, Ernest Lavisse, éd. Armand Colin, 1913, chapitre XXII. Nous ne donnons ici que des extraits de ce texte ; mais vous pourrez lire [le chapitre tout entier](https://histoirecoloniale.net/pierre-savorgnan-de-brazza-1852/87) si vous le souhaitez. John PARAIN (Paris), Docteur américain – dentiste diplômé « Inventeur de dents artificielles montées sans aucun appareil » \[sic\]. Source : [http://www2004.free.fr/sujets/chromos.htm](http://www2004.free.fr/sujets/chromos.htm). Première édition 1930, éd. Plon. Jean Martin, professeur à l’université de Lille III, membre de l’École doctorale de Paris-Sorbonne (Paris IV), est l’auteur de [la notice consacrée à Savorgnan de Brazza](http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2005/debrazza.htm) dans l’ouvrage _Célébrations nationales 2005_.
Afrique Subsaharienne et Océan Indien
Congo
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L’histoire de la colonisation française

Depuis les années 2000, la mémoire et l’histoire de la colonisation continuent de susciter des débats dans l’actualité française, tout comme dans d’autres anciennes métropoles coloniales occidentales et les anciennes colonies. Cela a engendré une demande croissante d’informations historiques, tant de la part d’un public large que des spécialistes, notamment les universitaires.

Pour répondre à cette demande et refléter le renouveau spectaculaire des travaux historiographiques sur ce sujet, le site « Histoire coloniale et postcoloniale » a été lancé en 2017, succédant à une première version en ligne dès 2004. Ce site offre un vaste corpus de référence en libre accès, régulièrement actualisé. Il compile des documents, des études, des analyses et des ressources concernant l’histoire coloniale de la France (première et seconde colonisation) et ses impacts sur la société française postcoloniale contemporaine.

L’objectif de ce dataset est de collecter ces articles et d’en faire une base de référence essentielle pour enrichir les modèles de langage (LLM) dans leurs capacités d’analyse et de compréhension historique.

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