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L'industrie française rattrapée par la taxe carbone
Une note chiffre le montant que devraient acquitter un millier de sites industriels avec un impôt à taux plein
Tout devait aller très vite : trois semaines pour rédiger un nouveau projet de loi après l'annulation de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre ; un mois de plus pour faire voter le Parlement. Mardi 5 janvier, le gouvernement a admis qu'il ne pourrait pas tenir ce calendrier. Le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, ne présentera donc pas, comme prévu, un nouveau projet au conseil des ministres du 20 janvier, mais y fera une simple communication évoquant les options du dispositif à venir. Car l'équation est complexe : une note confidentielle de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), transmise le 2 janvier aux ministères concernés, montre que l'instauration d'une taxe carbone à taux plein - soit à 17 euros la tonne de CO 2 , comme celle que supporteront les ménages et les petites entreprises - fragiliserait l'existence d'une centaine de sites industriels sur les 1 018 potentiellement appelés à payer la taxe carbone. La nécessité de répondre aux critiques des sages, qui concernaient principalement l'exonération de la taxe carbone dont devaient bénéficier les grandes entreprises, sans mettre pour autant en danger "la compétitivité" de celles-ci, comme l'a rappelé la ministre de l'économie, Christine Lagarde, a dissuadé le gouvernement d'agir dans la précipitation. Une période de concertation de plusieurs semaines avec les industriels s'ouvrira donc après le 20 janvier. Le projet de loi devrait être présenté après les élections régionales et la nouvelle taxe carbone ne deviendrait effective qu'au 1er juillet 2010. Secteurs fragiles Ces 1 018 installations industrielles très polluantes sont, depuis 2005, soumises au système européen d'échanges de quotas d'émissions, et avaient à ce titre été exclues du champ d'application de la taxe carbone. Cette disparité avec les petites entreprises, exclues du système européen, a été jugée contraire au principe d'égalité devant l'impôt posé par la Constitution. Les évaluations de l'Ademe montrent que "le poids de la taxe carbone en pourcentage de la valeur ajoutée pourrait s'élever à 0,4 % pour l'industrie et 3,6 % pour le secteur énergétique". Mais ces chiffres masquent des disparités importantes. Une douzaine de secteurs très énergivores et fragiles économiquement pourraient être bien plus taxés : il s'agit notamment de la fabrication d'aluminium, du verre, ou de la pâte à papier. Pour la chimie de base, la taxe carbone pourrait représenter près de 6 % de la valeur ajoutée. La production d'électricité à partir d'énergies fossiles est, elle aussi, dans le viseur du Conseil constitutionnel. Et le gouvernement se doit d'intégrer ce secteur dans la nouvelle assiette. Ces centrales thermiques, qui ont assuré 10 % de la consommation nationale d'électricité en 2008, pourraient devoir verser 650 millions d'euros. Au total, la facture pour ce gros millier de sites, responsables de 93 % des émissions de CO 2 d'origine industrielle en France, pourrait s'élever à 2,1 milliards d'euros. Mais l'intention du gouvernement est de la réduire au maximum. D'où la piste avancée par Christine Lagarde d'appliquer à ces installations une taxe carbone fortement minorée. Le Conseil constitutionnel en admet la possibilité, dès lors qu'il s'agit de "la sauvegarde de la compétitivité de secteurs économiques exposés à la concurrence internationale". Bercy considère qu'il n'aura pas de mal à entrer dans ce cadre puisque la Commission européenne elle-même tiendra compte de ce paramètre pour mettre aux enchères les quotas de CO 2 à partir de 2013. Mardi, l'exécutif bruxellois a rendu publique la liste de secteurs industriels qui pourront continuer à recevoir des quotas gratuitement pour préserver leur compétitivité. La plupart des industries hors électricité y figurent. Le gouvernement devra ensuite trouver le moyen de restituer les sommes qu'il aura perçues "malgré lui". Pas question de reverser sans contrepartie la taxe carbone aux entreprises : la ficelle serait trop grosse. D'où l'idée d'un crédit d'impôt octroyé sur la base des investissements "verts" réalisés par les entreprises. A ce stade, les fonctionnaires chargés de plancher sur le nouveau projet admettent que tout reste ouvert. Ils déplorent cependant une chose : le nouveau dispositif ne pourra que rendre encore plus complexe une réforme déjà peu lisible aux yeux de l'opinion. Ils redoutent aussi que ce nouvel épisode ne dissuade le gouvernement d'augmenter la taxe carbone en 2011 et les années suivantes, comme cela était prévu. Laurence Caramel
06/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/06/l-industrie-francaise-rattrapee-par-la-taxe-carbone_1288045_3244.html
La Chine freine de nouvelles sanctions contre l'Iran
Pékin entrave le processus souhaité par les Occidentaux au Conseil de sécurité de l'ONU
Passé l'horizon que l'administration Barack Obama avait fixé - la fin 2009 - comme le moment d'évaluer les résultats de son ouverture diplomatique à l'Iran, s'enclenche la phase de préparation de nouvelles sanctions, du moins de nouvelles pressions, sur la République islamique. Cette étape intervient au moment où l'Iran s'enfonce dans un cycle de contestation-repression dont l'issue est bien difficile à prévoir. Trouver la bonne articulation entre le contexte intérieur iranien et l'effort extérieur de sanctions est ainsi devenu l'une des préoccupations des diplomates. Un nouveau train de sanctions n'offrirait-il pas au régime iranien l'occasion rêvée de ressouder autour de lui la population, après des mois de troubles politiques qui ont ébranlé sa légitimité ? La diplomatie française fait pour sa part l'analyse que de telles inquiétudes sont désormais exagérées, voire infondées. La cassure entre le régime iranien et la population serait telle que la mise sous pression du pays à propos de son programme nucléaire ne suffirait pas pour susciter un sursaut d'unité nationaliste. "Il y a trop de types en prison" en Iran, résume-t-on . Faut-il concentrer toutefois le "tir" de nouvelles sanctions sur les puissants Gardiens de la révolution (pasdarans), qui ont la double caractéristique d'être au coeur de l'appareil répressif iranien et de piloter les programmes nucléaire et balistique du pays ? L'idée a été mise en avant publiquement par la sécrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, afin de "ne pas contribuer à la souffrance des Iraniens". Côté français, on indique que si l'idée d'un embargo sur les ventes à l'Iran de produits pétroliers raffinés (le pays importe 40 % de ses besoins en la matière) a été écartée "depuis un certain temps déjà", c'est notamment parce que sa mise en oeuvre aurait posé de grands problèmes. "Il est embêtant de cibler la population, et une telle mesure aurait été facilement contournable, par toutes les frontières de l'Iran ", commente un officiel. Le secteur énergétique devrait toutefois être ciblé, dans une logique consistant à élargir le périmètre des mesures adoptées depuis 2006 au niveau de l'ONU puis de l'Union européenne (UE). D'abord concentrées sur des entités (entreprises, structures, individus) liées aux secteurs nucléaire et balistique de l'Iran, les sanctions internationales se sont peu à peu élargies au domaine bancaire ou à celui des transports. Une tendance que Paris souhaite voir accentuer. Il est question de limiter des importations d'équipements ou de technologies nécessaires au bon fonctionnement du secteur pétrolier iranien, voire d'entraver certaines exportations énergétiques iraniennes. Quel scénario se prépare ? Les Occidentaux ont décidé de procéder dans un premier temps au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU. L'objectif n'est pas tant de parvenir à des mesures fortes - les diplomates estimant que les chances sont maigres étant donné les réticences russes et chinoises - que de sauvegarder un front diplomatique consensuel face à Téhéran. L'ONU servirait avant tout d'habillage, de signal politique, pour permettre de passer à des sanctions plus intenses sur le plan européen, ou au sein d'un groupe de pays "volontaires". En décembre, les pays de l'UE se sont déjà accordés sur l'idée d'"accompagner" l'ONU dans sa stratégie vis-à-vis de Téhéran. Se ménageant ainsi la possibilité d'aller plus loin. Des pays comme l'Italie et, dans une moindre mesure, l'Allemagne, ont fait savoir qu'il serait difficile d'envisager de nouvelles sanctions européennes autonomes sans avoir au préalable franchi l'étape d'un vote aux Nations unies. Mais, à l'ONU, où les dernières sanctions remontent à mars 2008, le processus s'annonce long et difficile. L'obstacle numéro un désigné par les diplomates occidentaux est la Chine, qui semble ménager un axe stratégique avec l'Iran, important fournisseur de pétrole. Pékin a été apparemment moins choqué que Moscou par la révélation en septembre d'un nouveau site iranien clandestin d'enrichissement d'uranium. Le pouvoir chinois appelle à "un peu plus de temps et de patience ". La "fenêtre d'opportunité", juge-t-on à Paris, est "limitée". La France espère parvenir à un résultat en février lorsqu'elle présidera à son tour le Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qui ouvrirait la voie à des décisions des Vingt-Sept lors d'un Conseil européen prévu en mars. "Mais ça paraît optimiste", jugent certains. Les Chinois tardent à confirmer la tenue d'une réunion, prévue ce mois-ci, des directeurs politiques des six pays traitant le dossier nucléaire (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne). Entretemps, les Occidentaux s'emploient à expliquer leur stratégie aux grands pays musulmans, et aux "émergents", telles l'Arabie saoudite, l'Indonésie, l'Inde, afin de convaincre que la porte d'une résolution pacifique du contentieux nucléaire restera ouverte même si l'on en vient à de nouvelles sanctions. Ce pourrait être d'ailleurs là le sens des propos récents d'Hillary Clinton soulignant que Washington évitait de parler d'"ultimatum" adressé à l'Iran. En matière de sanctions, les Etats-Unis disposent quoi qu'il en soit d'une carte majeure : leur capacité à limiter les activités sur leur sol de toute entité économique qui traiterait à leurs yeux de trop près avec l'Iran. Ces pressions-là, unilatérales, peuvent passer par différents biais, pas forcément législatifs. La brutalité policière en Iran et les multiples provocations extérieures du régime, ont accompagné l'échec du projet américain d'évacuation d'uranium enrichi hors d'Iran, qui visait à réduire la tension internationale autour du nucléaire. Ces mêmes facteurs sont aujourd'hui considérés comme "positifs" pour rallier un soutien à des sanctions. Pendant qu'Israël patienterait. Natalie Nougayrède
06/01/2010
international
https://www.lemonde.fr/international/article/2010/01/06/la-chine-freine-de-nouvelles-sanctions-contre-l-iran_1288053_3210.html
Climat : les nouvelles cibles industrielles de la taxe carbone
Un rapport confidentiel chiffre le poids financier que cette fiscalité va représenter pour différents secteurs Les parlementaires de la majorité ont convaincu Nicolas Sarkozy qu'il fallait prendre un peu plus de temps
Enclencher symboliquement le 20 janvier, au cours du conseil des ministres, l'acte II de la grande affaire de la contribution carbone, pourquoi pas ? Concrètement, c'est autre chose. Une note détaillée de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) le montre à l'envi. Dans l'industrie, explique cet organisme officiel dans la version du 2 janvier que Le Monde a pu consulter, la contribution carbone pourrait remettre en cause 0,4 % de la valeur ajoutée (sur la base de 17 euros par tonne de CO 2 ). Et 3,6 % pour la branche énergie. Il s'agit là de moyennes. Si elles sont "modestes", elles "cachent, explique l'Ademe, des disparités catégorielles plus importantes". Dans la sidérurgie, la taxe carbone pourrait amputer d'un peu plus de 1 % la valeur ajoutée ; le double dans l'industrie du verre ; le triple dans le secteur de la chimie minérale ; et 4,93 % dans l'industrie sucrière, dont le profit brut resterait toutefois élevé. Cette dernière nuance, l'Ademe l'introduit aussi à propos de la fabrication de plâtre, chaux et ciment : un versement potentiel équivalant à 6 % de la valeur ajoutée, mais un taux de marge qui resterait "le plus élevé de l'industrie (56 %), plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale". La sidérurgie garderait aussi un taux de marge élevé. Des perspectives à distinguer du sort possible de la chimie minérale : moins 3,45 % de valeur ajoutée, mais de possibles difficultés en raison d'un faible taux de marge. L'industrie pharmaceutique, l'automobile, la construction aéronautique, la transformation des matières plastiques figurent en revanche au nombre des secteurs qui seraient les moins touchés. "Hâte-toi lentement..." Cette prescription attribuée à un empereur romain pourrait donc trouver un destinataire et un cadre d'application contemporains et inattendus : Nicolas Sarkozy et la taxe carbone. Le chef de l'Etat avait d'abord fait du 20 janvier la date de lancement d'un processus qui, dans son esprit, aurait dû s'achever dès la fin du mois de février. Irréaliste et dangereux, lui ont fait valoir les parlementaires de sa majorité. D'où la nouvelle fin annoncée de l'acte II : le 1er juillet. En principe.
06/01/2010
a-la-une
https://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2010/01/06/climat-les-nouvelles-cibles-industrielles-de-la-taxe-carbone_1288032_3208.html
La Chine freine de nouvelles sanctions contre l'Iran
Pékin entrave le processus souhaité par les Occidentaux au Conseil de sécurité de l'ONU.
Passé l'horizon que l'administration Barack Obama avait fixé – la fin 2009 – comme le moment d'évaluer les résultats de son ouverture diplomatique à l'Iran, s'enclenche la phase de préparation de nouvelles sanctions, du moins de nouvelles pressions, sur la République islamique. Cette étape intervient au moment où l'Iran s'enfonce dans un cycle de contestation-repression dont l'issue est bien difficile à prévoir. Trouver la bonne articulation entre le contexte intérieur iranien et l'effort extérieur de sanctions est ainsi devenu l'une des préoccupations des diplomates. Un nouveau train de sanctions n'offrirait-il pas au régime iranien l'occasion rêvée de ressouder autour de lui la population, après des mois de troubles politiques qui ont ébranlé sa légitimité ? La diplomatie française fait pour sa part l'analyse que de telles inquiétudes sont désormais exagérées, voire infondées. La cassure entre le régime iranien et la population serait telle que la mise sous pression du pays à propos de son programme nucléaire ne suffirait pas pour susciter un sursaut d'unité nationaliste. "Il y a trop de types en prison" en Iran, résume-t-on. Faut-il concentrer toutefois le "tir" de nouvelles sanctions sur les puissants Gardiens de la révolution (pasdarans), qui ont la double caractéristique d'être au coeur de l'appareil répressif iranien et de piloter les programmes nucléaire et balistique du pays ? L'idée a été mise en avant publiquement par la sécrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, afin de "ne pas contribuer à la souffrance des Iraniens". "EMBÊTANT DE CIBLER LA POPULATION" Côté français, on indique que si l'idée d'un embargo sur les ventes à l'Iran de produits pétroliers raffinés (le pays importe 40% de ses besoins en la matière) a été écartée "depuis un certain temps déjà", c'est notamment parce que sa mise en oeuvre aurait posé de grands problèmes. "Il est embêtant de cibler la population, et une telle mesure aurait été facilement contournable, par toutes les frontières de l'Iran", commente un officiel. Le secteur énergétique devrait toutefois être ciblé, dans une logique consistant à élargir le périmètre des mesures adoptées depuis 2006 au niveau de l'ONU puis de l'Union européenne (UE). D'abord concentrées sur des entités (entreprises, structures, individus) liées aux secteurs nucléaire et balistique de l'Iran, les sanctions internationales se sont peu à peu élargies au domaine bancaire ou à celui des transports. Une tendance que Paris souhaite voir accentuer. Il est question de limiter des importations d'équipements ou de technologies nécessaires au bon fonctionnement du secteur pétrolier iranien, voire d'entraver certaines exportations énergétiques iraniennes. Quel scénario se prépare? Les Occidentaux ont décidé de procéder dans un premier temps au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU. L'objectif n'est pas tant de parvenir à des mesures fortes – les diplomates estimant que les chances sont maigres étant donné les réticences russes et chinoises – que de sauvegarder un front diplomatique consensuel face à Téhéran. L'ONU servirait avant tout d'habillage, de signal politique, pour permettre de passer à des sanctions plus intenses sur le plan européen, ou au sein d'un groupe de pays "volontaires". En décembre, les pays de l'UE se sont déjà accordés sur l'idée d'"accompagner" l'ONU dans sa stratégie à l'encontre de Téhéran. Se ménageant ainsi la possibilité d'aller plus loin. Des pays comme l'Italie et, dans une moindre mesure, l'Allemagne, ont fait savoir qu'il serait difficile d'envisager de nouvelles sanctions européennes autonomes sans avoir au préalable franchi l'étape d'un vote aux Nations unies. Mais, à l'ONU, où les dernières sanctions remontent à mars 2008, le processus s'annonce long et difficile. L'obstacle numéro un désigné par les diplomates occidentaux est la Chine, qui semble ménager un axe stratégique avec l'Iran, important fournisseur de pétrole. Pékin a été apparemment moins choqué que Moscou par la révélation en septembre d'un nouveau site iranien clandestin d'enrichissement d'uranium. Le pouvoir chinois appelle à "un peu plus de temps et de patience". La "fenêtre d'opportunité", juge-t-on à Paris, est "limitée". La France espère parvenir à un résultat en février lorsqu'elle présidera à son tour le Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qui ouvrirait la voie à des décisions des Vingt-Sept lors d'un Conseil européen prévu en mars. "Mais ça paraît optimiste", jugent certains. Les Chinois tardent à confirmer la tenue d'une réunion, prévue ce mois-ci, des directeurs politiques des six pays traitant le dossier nucléaire (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne). Entretemps, les Occidentaux s'emploient à expliquer leur stratégie aux grands pays musulmans, et aux "émergents", telles l'Arabie saoudite, l'Indonésie, l'Inde, afin de convaincre que la porte d'une résolution pacifique du contentieux nucléaire restera ouverte même si l'on en vient à de nouvelles sanctions. Ce pourrait être d'ailleurs là le sens des propos récents d'Hillary Clinton soulignant que Washington évitait de parler d'"ultimatum" adressé à l'Iran. En matière de sanctions, les Etats-Unis disposent quoi qu'il en soit d'une carte majeure : leur capacité à limiter les activités sur leur sol de toute entité économique qui traiterait à leurs yeux de trop près avec l'Iran. Ces pressions-là, unilatérales, peuvent passer par différents biais, pas forcément législatifs. La brutalité policière en Iran et les multiples provocations extérieures du régime, ont accompagné l'échec du projet américain d'évacuation d'uranium enrichi hors d'Iran, qui visait à réduire la tension internationale autour du nucléaire. Ces mêmes facteurs sont aujourd'hui considérés comme "positifs" pour rallier un soutien à des sanctions. Pendant qu'Israël patienterait. Natalie Nougayrède
06/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/06/la-chine-freine-de-nouvelles-sanctions-contre-l-iran_1287985_3218.html
"Pour la création d'un pôle ""génocides et crimes contre l'humanité"" au TGI de Paris, par Michèle Alliot-Marie et Bernard Kouchner"
"Le jugement des responsables des génocides et crimes contre l'humanité ne saurait se limiter au seul tribunal de l'Histoire", estiment les ministres dans un point de vue au "Monde".
Le XXe siècle aura abandonné des millions de femmes, d'hommes et d'enfants à des "atrocités qui défient l'imagination et heurtent la conscience humaine" (préambule du statut de Rome de la Cour pénale internationale): génocides, massacres organisés, viols collectifs, transferts forcés de population dans des conflits qui, aujourd'hui encore, ensanglantent le monde. Quel plus grand scandale que l'impunité des criminels contre l'humanité ? Quel plus grand outrage pour les victimes et, au-delà, pour l'humanité tout entière ? Le jugement des responsables des génocides et crimes contre l'humanité ne saurait se limiter au seul tribunal de l'Histoire. Les victimes de la barbarie humaine ont le droit de voir leurs bourreaux poursuivis et condamnés. Les sociétés meurtries par des crimes qui révoltent la conscience ont le droit de se voir offrir une possibilité de réconciliation. L'humanité a le droit de se défendre contre l'oubli. Patrie des droits de l'homme, la France ne sera jamais un sanctuaire pour les auteurs de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité. La création d'un pôle "génocides et crimes contre l'humanité" au tribunal de grande instance (TGI) de Paris réaffirme la volonté de la France de lutter sans faiblesse contre leur impunité. Aujourd'hui, le traitement judiciaire des génocides et crimes contre l'humanité rencontre nombre de difficultés spécifiques. Les faits incriminés se situent hors de nos frontières. La dispersion géographique des informations, des preuves, des témoignages complexifie la tâche des enquêteurs et des juges. La technicité des affaires en cause nécessite des compétences particulières et de haut niveau. La complexité des contentieux ralentit inévitablement les procédures. L'augmentation du nombre d'affaires en suspens, concernant notamment plus de quinze Rwandais en attente d'un jugement, nous incite à agir vite. La création du pôle "génocides et crimes contre l'humanité" s'inscrit dans le prolongement du regroupement des procédures, déjà opéré au profit des juges d'instruction du TGI de Paris. Elle repose sur une méthode éprouvée dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et dans le domaine de la santé publique. Elle permettra de regrouper autour d'un seul pôle spécialisé l'ensemble des contentieux des génocides et crimes contre l'humanité. Elle favorisera la mutualisation des compétences, en réunissant des magistrats spécialisés, ainsi que les traducteurs, interprètes, experts et chercheurs indispensables au traitement d'affaires aussi sensibles que complexes. Elle s'inscrira en complémentarité de l'intervention de la Cour pénale internationale de LaHaye. Il ne s'agit pas de mettre en place la compétence universelle, mais de faire valoir les principes du droit international au sein des juridictions nationales, dans le respect du traité de Rome de 1998. La création du pôle "génocides et crimes contre l'humanité" est prévue dans le projet de loi sur la spécialisation des juridictions et des contentieux, qui sera discuté au Parlement au premier semestre 2010. Les personnes suspectes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité doivent être jugées. Elles le seront. La France s'inscrit résolument dans la lutte contre l'impunité. Seule la justice permettra à tous de tourner la page en faisant enfin émerger la vérité. Fidèle à ses principes, fière de sa justice rendue au nom du peuple français, la France saura se montrer à la hauteur de son histoire, de ses valeurs et de son idéal. Bernard Kouchner est ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie est ministre de la justice
06/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/06/pour-la-creation-d-un-pole-genocides-et-crimes-contre-l-humanite-au-tgi-de-paris-par-michele-alliot-marie-et-bernard-kouchner_1287995_3232.html
Le grand argentier nippon démissionne pour raisons de santé
Le ministre des finances japonais, Hirohisa Fujii, a démissionné pour raisons de santé et sera remplacé par l'actuel premier ministre adjoint, Naoto Kan.
Le ministre des finances japonais, Hirohisa Fujii, a démissionné mercredi pour raisons de santé et sera remplacé par l'actuel premier ministre adjoint, Naoto Kan. "J'ai accepté sa démission. C'est une question de santé. On n'y peut rien", a déclaré le premier ministre, Yukio Hatoyama. M. Fujii, 77 ans, avait été hospitalisé le 28 décembre en raison de problèmes d'hypertension, épuisé par la préparation du budget de l'Etat pour l'exercice 2010-2011 qui doit être débattu au Parlement à partir du 18 janvier. Il sera remplacé par l'actuel premier ministre adjoint, chargé du bureau de la stratégie d'Etat, Naoto Kan, 62 ans. Le départ de M. Fujii, un pilier du gouvernement Hatoyama dont il était le membre le plus expérimenté, constitue un coup dur pour le premier ministre, confronté depuis quelques semaines à une forte baisse de sa popularité. M. Kan sera, quant à lui, remplacé à son poste par l'actuel secrétaire d'Etat à la réforme de la fonction publique, Yoshito Sengoku.
06/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/06/le-grand-argentier-nippon-demissionne-pour-raisons-de-sante_1288006_3216.html
Arrestation d'un responsable présumé d'Al-Qaida au Yémen
Mohammad Ahmed Al-Hanak a été arrêté dans un hôpital de la province d'Amran à Raïda, à 80 km au nord de Sanaa, avec deux membres présumés de sa cellule.
Un chef local présumé d'Al-Qaida, à l'origine de menaces contre l'ambassade américaine à Sanaa, Mohammad Ahmed Al-Hanak, a été arrêté dans un hôpital de la province d'Amran à Raïda, à 80 km au nord de Sanaa, avec deux membres présumés de sa cellule qui ont été blessés lors d'une opération le visant lundi. Les autorités ont indiqué que lors de l'opération de lundi à Arhab (40 km au nord de Sanaa), deux membres présumés de la cellule dirigée par Al-Hanak avaient été tués et deux autres membres blessés avaient été arrêtés sur place. Lors de cette opération, le chef présumé de la cellule avait réussi à prendre la fuite, selon les autorités yéménites. Les autorités ont annoncé la poursuite d'une vaste opération antiterroriste dans plusieurs provinces du pays, affirmant qu'elle était destinée à "mettre la pression sur les terroristes de manière à les empêcher de reconstituer leurs cellules et à reprendre leur souffle". Selon une source de sécurité, les opérations se concentrent dans les provinces de Jouf, Marib, Chabwa et Abyane, au nord-ouest et à l'est de la capitale, Sanaa. Les ambassades de France et de Grande-Bretagne à Sanaa ont rouvert mercredi après des fermetures respectives de deux et trois jours dues à des menaces d'attentat d'Al-Qaida, qui a revendiqué l'attaque manquée de Noël contre un avion de ligne américain. L'ambassade américaine au Yémen a, de son côté, rouvert mardi après une fermeture de deux jours, les Etats-Unis saluant l'action des autorités yéménites. Mardi, lors de le réouverture de l'ambassade américaine, le ministère de l'intérieur a affirmé avoir encerclé "les éléments terroristes du réseau d'Al-Qaida dans tous les endroits et toutes les régions où ils peuvent se trouver".
06/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/06/arrestation-d-un-responsable-presume-d-al-qaida-au-yemen_1287980_3218.html
Le fils de Laurent Fabius en garde à vue pour escroquerie
Thomas Fabius est visé depuis septembre 2009 par plusieurs plaintes pour "abus de confiance" et "escroquerie" déposées par deux chefs d'entreprise.
Thomas Fabius, fils aîné de l'ex-premier ministre Laurent Fabius, visé par plusieurs plaintes pour escroquerie, a été placé en garde à vue, mercredi matin 6 janvier, à la Brigade de répression de la délinquance astucieuse. Cette audition sous le régime de la garde à vue est susceptible de durer quarante-huit heures. Chef d'entreprise, Thomas Fabius est visé depuis septembre 2009 par plusieurs plaintes pour "abus de confiance" et "escroquerie" déposées par deux chefs d'entreprises. Les deux plaignants, un temps en affaires avec Thomas Fabius dans un projet de cartes à puce, auraient déposé à plusieurs reprises au restaurant Le Fouquet's, à Paris, des sommes en espèces de plusieurs milliers d'euros qui lui étaient destinées. L'avocat de M. Fabius, Me Cyril Bonan, n'a pas souhaité faire de commentaires. Fils de Laurent Fabius et de la productrice de télévision Françoise Castro, Thomas Fabius, 27 ans, dirige la société People and Baby, qui propose des crèches clés en main aux entreprises et zones industrielles. Ancien directeur d'hôtel, il a également été chroniqueur dans l'émission de TF1 "Langues de VIP" et possède une société de production de longs-métrages.
06/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/06/le-fils-de-laurent-fabius-en-garde-a-vue-pour-escroquerie_1287990_3224.html
Les services de renseignement américains priés de se réformer en Afghanistan
Le chef du renseignement militaire américain publie un rapport accablant sur l'activité de ses services, dont le travail "revient plus à dire la bonne aventure qu'à mener des enquêtes".
L'attentat du 30 décembre 2009 à la base de Khost, en Afghanistan, fait figure d'échec pour les services de renseignement américains. Au lendemain de cette attaque, le général Michael Flynn, chef du renseignement militaire en Afghanistan, a publié un rapport — rédigé avant l'attaque-suicide — accablant sur le travail de ses propres services, distincts de ceux de la CIA. Dans ce rapport accessible sur le site du Center for a New American Security, un groupe de réflexion de Washington, le général Michael Flynn dénonce l'amateurisme et l'ignorance de la réalité locale dont feraient preuve les agents de la CIA. Le général appelle à réformer radicalement "un appareil de renseignement toujours incapable de trouver des réponses à des questions fondamentales sur l'environnement dans lequel nous évoluons et sur les gens que nous essayons de protéger et de convaincre" de collaborer : les Afghans. "Le problème est que ces analystes (...) n'obtiennent pas du terrain les informations dont ils ont besoin pour se nourrir, à tel point que plusieurs estiment que leur travail revient plus à dire la bonne aventure qu'à mener des enquêtes sérieuses", note-t-il. S'IMMERGER SUR LE TERRAIN Dans ce rapport, le général recommande à ses agents de s'immerger sur le terrain et collecter les informations disponibles au niveau local, dans l'esprit d'une stratégie de contre-insurrection, et non de focaliser leur attention sur les talibans et la détection des bombes artisanales. Le général Flynn dresse un portrait au vitriol des agents du renseignement déployés sur le sol afghan. Ces derniers "ignorent tout de l'économie locale et des propriétaires fonciers", ont une idée "vague de l'identité des vrais chefs et de la manière de les influencer", et "se tiennent éloignés des gens les mieux placés pour obtenir les réponses", accuse-t-il dans cette étude cosignée par un de ses conseillers, Matt Pottinger, un capitaine des marines, et Paul Batchelor, de l'Agence américaine de renseignement militaire (DIA). Dès lors, les analystes du renseignement ne peuvent que "hausser les épaules lorsque leur hiérarchie leur demande des informations et des analyses nécessaires à un combat efficace contre la rébellion". Le chef du renseignement américain (DNI) chapeautant tous les services secrets du pays, Dennis Blair, avait déjà affirmé en mars que les Etats-Unis devaient renforcer leur capacité de renseignement en Afghanistan, et déploré que Washington en sache "beaucoup plus sur l'Irak que sur l'Afghanistan".
06/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/06/les-services-de-renseignement-americains-pries-de-se-reformer-en-afghanistan_1287904_3216.html
Pour le régime yéménite, Al-Qaida ne constitue pas la principale menace
Les autorités de Sanaa estiment à "quelques centaines" le nombre de djihadistes potentiels.
Que représente Al-Qaida pour la péninsule Arabique (AQPA), "filiale" de la nébuleuse terroriste qui a revendiqué, le 28 décembre, l'attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit, le 25 décembre 2009 ? Rencontré début novembre, à Sanaa, le vice-premier ministre chargé de la sécurité, Rashad Al-Alimi, estimait le noyau dur de l'AQPA à une soixantaine de membres. Après la revendication de l'attentat raté de Detroit, le ministre des affaires étrangères du Yémen, Abou Bakr Al-Kourbi, a avancé une estimation de "plusieurs centaines". Cette incertitude s'explique en partie parce que l'AQPA n'est pas seulement composée de djihadistes yéménites dont certains sont bien connus des autorités pour avoir déjà été arrêtés et jugés. La "filiale" compte également en son sein de nombreux Saoudiens venus trouver refuge dans une zone plus propice que le royaume voisin où ils sont traqués par les forces du ministère de l'intérieur, dirigé par le prince Nayef et par son bras droit, son fils Mohammed, victime d'une tentative d'attentat raté en août 2009. Ce qui renvoie à la nature de la présence djihadiste au Yémen. Ce pays constitua tout d'abord une base opérationnelle contre les intérêts occidentaux avec notamment l'attaque spectaculaire contre le bâtiment de guerre américain Cole, en 2000, puis contre le pétrolier battant pavillon français Limburg, en octobre 2002. Ces deux attentats, revendiqués par Al-Qaida, auraient été coordonnés par un Saoudien d'origine yéménite, Abdel Rahim Al-Nashiri, capturé en novembre par les Etats-Unis et détenu à Guantanamo –avec des dizaines de Yéménites–, où il aurait été soumis à la torture. Cellules démantelées En février 2009, la juge responsable des procès d'exception a cependant décidé l'abandon des poursuites le concernant. Coïncidant avec sa capture, l'un des principaux responsables d'Al-Qaida au Yémen, Qaid Sinan Al-Harithi, avait été tué par un missile tiré depuis un drone américain dans la province de Marib, à l'est de Sanaa. A la suite des attentats perpétrés en Arabie saoudite à partir de 2003, la virulente réaction des autorités saoudiennes a incité les djihadistes à se replier dans les provinces yéménites où le contrôle de l'Etat reste très théorique, principalement Al-Jauf, Marib, Chaboua et Abyane, même si des cellules ont été démantelées dans d'autres endroits, dont la capitale Sanaa. C'est dans les provinces d'Abyane et de Chaboua que des raids avaient été conduits le 17 et le 24 décembre contre les positions présumées d'Al-Qaida pour la péninsule Arabique. Ces raids, qui avaient fait des victimes civiles, avaient été vivement critiqués par l'opposition yéménite. Tant que le phénomène djihadiste ne le menaçait pas directement, le pouvoir yéménite a tenté de jouer du clientélisme et de la cooptation pour essayer de le neutraliser. Pour lui, la rébellion armée dans le Nord, à partir de 2004, et la contestation de plus en plus virulente du Sud présentaient des dangers d'une tout autre nature. Cette politique a cependant montré ses limites avec le phénomène –difficilement quantifiable– de retour à la lutte armée de miliciens passés par des programmes de réinsertion. Et les activités de l'AQPA ont gagné en intensité après l'évasion en 2006 de responsables détenus dans une prison de haute sécurité. Les opérations se sont concentrées à nouveau contre les étrangers présents au Yémen : un groupe de touristes espagnols en juillet 2007, l'ambassade des Etats-Unis à Sanaa en septembre 2008, puis des visiteurs sud-coréens en mars 2009. A l'été 2009, selon la presse américaine, les Etats-Unis auraient convaincu le président Ali Abdallah Saleh de la nécessité de lutter plus activement contre la nébuleuse en lui assurant qu'il comptait désormais parmi ses cibles. Mercredi 6 janvier, le Yémen a annoncé l'arrestation d'un membre présenté comme important de l'AQPA, Mohammad Ahmed Al-Hanak, et les ambassades britanniques et françaises, brièvement fermées pour raison de sécurité, ont rouvert. Gilles Paris
06/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/06/pour-le-regime-yemenite-al-qaida-ne-constitue-pas-la-principale-menace_1287952_3218.html
Attentat-suicide meurtrier au Daghestan
Six policiers ont été tués et quatorze personnes ont été blessées dans un attentat-suicide mercredi au Daghestan, où Moscou doit faire face à une insurrection islamiste.
Six policiers ont été tués et quatorze personnes ont été blessées dans une attaque-suicide commise, mercredi 6 janvier, au Daghestan, république russe du Caucase du Nord, où Moscou doit faire face à une insurrection islamiste. Le kamikaze, au volant d'une voiture, a pénétré dans une caserne de la police routière dans la capitale, Makhatchkala, avant d'être intercepté par un véhicule de police et d'exploser. La police a estimé que le bilan des victimes aurait été beaucoup plus important si l'assaillant n'avait pas été intercepté par les policiers qui ont été tués dans l'explosion. Le président russe, Dmitri Medvedev, a exprimé son inquiétude à propos de la montée des violences au Daghestan, jugeant qu'elles constituaient le problème le plus important que le Kremlin ait à gérer sur le plan intérieur.
06/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/06/attentat-suicide-meurtrier-au-daghestan_1287972_3216.html
Des propositions pour aider les 3,4 millions de ménages en précarité énergétique
Remises mercredi, les conclusions du groupe de travail commandé par Valérie Létard proposent notamment la création d'un chèque énergie.
Quelque 3,4 millions de ménages consacrent plus de 10 % de leur budget aux factures d'énergie, alors que la moyenne des foyers dépense sur ce poste 5,5 % de ses revenus. Pour aider ces familles en situation de précarité énergétique, la secrétaire d'Etat au développement durable, Valérie Létard, a chargé, en septembre 2009, un groupe de travail, présidé par Philippe Pelletier du comité stratégique du plan Bâtiment Grenelle, de lui faire des propositions. Remis officiellement mercredi 6 janvier, le résultat de cette réflexion a été mené avec les associations, notamment la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés, l'Agence nationale de l'habitat (ANAH), ou l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Les rapporteurs ont choisi de cibler leurs préconisations sur 425 000 ménages, noyau dur de la précarité énergétique, pour lesquels les dispositifs existants sont mal adaptés ou insuffisants. Pour améliorer l'efficacité des aides au paiement des factures (ou des impayés), le groupe de travail plaide pour la création d'un chèque énergie, dont le montant varierait selon le revenu des familles et ses besoins en chauffage. UN CHÈQUE ÉNERGIE Une mesure simple et efficace quand la moitié des personnes éligibles aux tarifs dits sociaux (qui donnent droit à une réduction sur les factures d'électricité) n'en fait pas la demande. Les aides aux impayés accordées par la collectivité (Etat, conseils généraux, Caisse d'allocations familiales…) ou par des associations se fondent sur des critères variables et ne concernent pas toutes les énergies. Au sein d'un ensemble de neuf propositions, deux émergent. Outre le chèque énergie, le groupe plaide pour une généralisation des dispositifs locaux de lutte contre la précarité énergétique. Ces programmes existent déjà dans une quinzaine de départements. Ils tablent sur des actions de prévention, de repérage, et d'accompagnement. L'ensemble de ce plan nécessiterait selon les experts un investissement de 3,9 milliards sur dix ans, dont 1,7 milliard financé directement par l'Etat. Le reste serait porté par les collectivités locales, les fournisseurs d'énergie et par les ménages. Selon les rapporteurs, ces mesures "modestes en apparence" permettraient de multiplier par 30 le nombre de situations et de logements traités actuellement. "Nous partons de très loin, estime Franck Dimitropoulos, animateur du réseau Rappel, un lieu d'échange qui regroupe les principaux acteurs qui travaillent sur le sujet. Si les propositions sont retenues et financées, ce sera un bon début. Mais attention à ce que ce ne soit pas qu'une simple redistribution de moyens." De son côté, l'entourage de Mme Létard précise qu'il "ne s'agit pas de remettre en cause les dispositifs existants efficaces, mais de les optimiser et d'en inventer de nouveaux". Il faudra attendre le 20 janvier, date de la présentation du grand emprunt en conseil des ministres, pour connaître les propositions retenues. Nicolas Sarkozy avait annoncé, le 14 décembre, que 500 millions issus de cet emprunt iraient à la lutte contre la précarité énergétique. Catherine Rollot
06/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/06/des-propositions-pour-aider-les-3-4-millions-de-menages-en-precarite-energetique_1287950_3224.html
Démission d'un des dirigeants du Medef
Jean-Charles Simon a démissionné de ses fonctions mardi, selon "Le Figaro". Il codirigeait le Medef avec Hélène Molinari depuis novembre 2008.
Un des deux directeurs généraux délégués du Medef, Jean-Charles Simon, a démissionné de ses fonctions mardi, affirme le site Internet du Figaro, quelques semaines après le départ de l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA). Jean-Charles Simon codirigeait le Medef avec Hélène Molinari depuis novembre 2008. Il s'agit d'une décision "irrationnelle, imprévisible et incompréhensible", selon un proche de la présidente du Medef, Laurence Parisot, cité par Le Figaro.fr. Selon le site, elle a été prise après une réunion houleuse des directeurs mardi. Le Medef n'a pas souhaité commenter ces informations. Le 17 décembre, l'ANIA avait décidé de claquer la porte du Medef, fragilisant ainsi Laurence Parisot, qui perd l'un de ses soutiens avant de briguer, dans six mois, un second mandat à la tête de l'organisation patronale.
06/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/06/demission-d-un-des-dirigeants-du-medef_1287925_823448.html
Pas de poursuites contre le pilote responsable d'une mort dans le Dakar
La justice argentine a décidé de classer l'affaire et de ne pas engager de poursuites contre le pilote allemand Mirco Schultis, impliqué dans l'accident qui a causé la mort d'une spectatrice, samedi, lors de la première étape du Dakar 2010.
La justice argentine a décidé de classer l'affaire et de ne pas engager de poursuites contre le pilote allemand Mirco Schultis, impliqué dans l'accident qui a causé la mort d'une spectatrice, samedi, lors de la première étape du Dakar 2010. "Une course implique un certain type de conduite, avec les risques que cela comporte, et la spectatrice [tuée] se trouvait dans une zone non autorisée, où toute personne pouvait raisonnablement imaginer ce qui pouvait arriver", a expliqué le procureur de Rio Cuarto, Walter Guzman, à la presse. Un responsable de la police avait expliqué, samedi, les circonstances du drame : "Trois concurrents sont arrivés dans un virage. Deux d'entre eux ont essayé de le négocier. Mais le nuage de poussière [dû à leur passage] a empêché [le troisième] de bien voir. Et il est sorti trop large." Dans cet accident, outre la spectatrice de 28 ans qui a été tuée, quatre personnes ont été blessées. Schultis a aussitôt abandonné la course. La réputation du Dakar, déjà largement écornée, notamment après la mort d'un concurrent en 2009, se trouve davantage ternie. "La fatalité est là", plaide Etienne Lavigne, le directeur du Dakar.
06/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/06/pas-de-poursuites-contre-le-pilote-responsable-d-une-mort-dans-le-dakar_1287964_3242.html
A400M : Berlin refuse de céder à la pression d'EADS
L'Allemagne refuse de se laisser mettre sous pression par le groupe aéronautique EADS pour participer à l'explosion des coûts du programme d'avion militaire A400M, à en croire les réactions de responsables politiques mercredi dans la presse allemande.
L'Allemagne refuse de se laisser mettre sous pression par le groupe aéronautique EADS pour participer à l'explosion des coûts du programme d'avion militaire A400M, à en croire les réactions de responsables politiques mercredi dans la presse allemande. "C'est très bien que l'avion ait décollé à Séville [pour son premier vol le 11 décembre 2009]. Mais cela ne suffit pas à remplir une quelconque condition" prévue par le contrat de vente de l'A400M, souligne le ministère de la défense allemand, cité par le Handelsblatt. Le programme A400M, lancé en 2003 pour un coût initial de 20 milliards d'euros, a pris des années de retard et, selon les experts, a déjà dépassé de 8 à 11 milliards d'euros son budget de départ. EADS et sa filiale Airbus qui construit l'avion, négocient depuis plusieurs mois avec les sept pays déjà clients (Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Turquie et Luxembourg) pour faire face au surcoût. La date butoir du 31 janvier a été fixée pour ces discussions. Le Handelsblatt cite une source proche du ministère de la défense outre-Rhin qui affirme : "Il est hors de question que nous payions davantage que la rallonge de 650 millions d'euros prévue par le contrat." "Je ne vois aucune marge de manœuvre pour répondre aux demandes en milliards d'euros d'Airbus. Le contribuable n'a pas à payer pour des erreurs d'entreprise", a déclaré au quotidien Rheinische Post Elke Hoff, experte des questions de défense du parti libéral FDP, qui participe au gouvernement. Berlin n'a guère apprécié les informations de la presse, lundi, selon lesquelles le patron d'Airbus, Thomas Enders, aurait dit "ne plus croire à une poursuite du programme". Ces propos ont été interprétés comme une tentative de mettre l'Allemagne sous pression, alors que d'autres pays comme la France semblent plus diposés à mettre la main à la poche. Selon la presse, le gouvernement allemand redoute que ses avions soient livrés après le retrait des troupes qu'il a déployées en Afghanistan, ce qui ne manquerait pas d'être critiqué. L'opposition de gauche est aussi montée au créneau. "Peu avant le coup de sifflet final, M. Enders joue son va-tout de manière théâtrale. Mais avant de demander plus d'argent, il devrait remplir les contrats", a dit au Handelsblatt Hans-Peter Bartels, expert du parti SPD.
06/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/06/a400m-berlin-refuse-de-ceder-a-la-pression-d-eads_1287937_3214.html
Les quotidiens nationaux absents des kiosques du tiers nord de la France
Les ouvriers du Livre de Presstalis (ex-NMPP) ont bloqué dans la nuit leurs imprimeries. Le blocage touche l'ensemble des titres pour la partie distribuée à partir du centre de Gonesse (Val-d'Oise).
Le tiers nord de la France est privé, mercredi 6 janvier, de quotidiens nationaux à la suite du blocage dans la nuit de leurs imprimeries par des ouvriers du Livre de Presstalis (ex-NMPP). Le blocage touche l'ensemble des titres pour la partie distribuée à partir du centre de Gonesse (Val-d'Oise). Les opérations ont été menées par le Syndicat général du livre et de la communication écrite (SGLCE), une des composantes du Syndicat du livre, qui assure notamment la maintenance des imprimeries et le départ des journaux à la sortie des rotatives. Les zones touchées vont de la Normandie à la région Champagne-Ardenne et toutes les régions au nord de cet axe ainsi que l'Ile-de-France, comme une partie de la région Centre. En revanche, les tirages et la distribution se sont déroulés normalement dans le Grand Ouest, tout le Sud-Ouest et le Sud-Est, en Rhône-Alpes et dans l'Est, a-t-on précisé chez Presstalis. Le SGLCE entend protester contre la mise en place prévue en janvier du plan d'économies de Presstalis, notamment le non-renouvellement de certains contrats à durée déterminée pour des personnels chargés d'assurer la transition de certaines tâches. Certaines branches du Syndicat du livre CGT n'ont pas, de leur côté, appelé au blocage. Dans une opération distincte, le SGLCE a appelé au blocage de la sortie du quotidien Le Monde pour la deuxième journée consécutive, s'opposant, contrairement à d'autres composantes du Livre, au désengagement du groupe Le Monde de son activité d'imprimeur. La version PDF du quotidien sera disponible gratuitement en milieu de journée sur Le Monde.fr. Presstalis, principale société chargée de la distribution de la presse, s'est lancé fin 2007 dans un vaste plan de modernisation, "Défi 2010", qui doit se traduire par des économies de l'ordre de 50 millions d'euros (soit 15 % des charges) sur 2009 et 2010. Une partie de ces économies ont été réalisées notamment grâce au déménagement du siège, à des économies de frais généraux, à la fermeture de centres de production et à des départs de salariés qui avaient fait l'objet d'accords entre direction et partenaires sociaux. Les messageries pâtissent en outre de la crise de la presse écrite, qui a essuyé un recul des ventes de journaux estimé à 7 % en 2009. Presstalis est détenu à 51 % par cinq coopératives d'éditeurs et à 49 % par Hachette, qui en est l'opérateur.
06/01/2010
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/06/les-quotidiens-nationaux-absents-des-kiosques-du-tiers-nord-de-la-france_1287954_3236.html
L'industrie française rattrapée par la taxe carbone
Une note de l'Ademe chiffre le montant que devraient acquitter un millier de sites industriels avec un impôt à taux plein.
Tout devait aller très vite : trois semaines pour rédiger un nouveau projet de loi après l'annulation de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel, le 29 décembre ; un mois de plus pour faire voter le Parlement. Mardi 5 janvier, le gouvernement a admis qu'il ne pourrait pas tenir ce calendrier. Le ministre de l'écologie, Jean-Louis Borloo, ne présentera donc pas, comme prévu, un nouveau projet au conseil des ministres du 20 janvier, mais y fera une simple communication évoquant les options du dispositif à venir. Car l'équation est complexe : une note confidentielle de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), transmise le 2 janvier aux ministères concernés, montre que l'instauration d'une taxe carbone à taux plein – soit à 17 euros la tonne de CO2, comme celle que supporteront les ménages et les petites entreprises – fragiliserait l'existence d'une centaine de sites industriels sur les 1018 potentiellement appelés à payer la taxe carbone. La nécessité de répondre aux critiques des sages, qui concernaient principalement l'exonération de la taxe carbone dont devaient bénéficier les grandes entreprises, sans mettre pour autant en danger "la compétitivité" de celles-ci, comme l'a rappelé la ministre de l'économie, Christine Lagarde, a dissuadé le gouvernement d'agir dans la précipitation. Une période de concertation de plusieurs semaines avec les industriels s'ouvrira donc après le 20 janvier. Le projet de loi devrait être présenté après les élections régionales et la nouvelle taxe carbone ne deviendrait effective qu'au 1er juillet 2010. SECTEURS FRAGILES Ces 1018 installations industrielles très polluantes sont, depuis 2005, soumises au système européen d'échanges de quotas d'émissions, et avaient à ce titre été exclues du champ d'application de la taxe carbone. Cette disparité avec les petites entreprises, exclues du système européen, a été jugée contraire au principe d'égalité devant l'impôt posé par la Constitution. Les évaluations de l'Ademe montrent que "le poids de la taxe carbone en pourcentage de la valeur ajoutée pourrait s'élever à 0,4 % pour l'industrie et 3,6 % pour le secteur énergétique". Mais ces chiffres masquent des disparités importantes. Une douzaine de secteurs très énergivores et fragiles économiquement pourraient être bien plus taxés : il s'agit notamment de la fabrication d'aluminium, du verre, ou de la pâte à papier. Pour la chimie de base, la taxe carbone pourrait représenter près de 6 % de la valeur ajoutée. La production d'électricité à partir d'énergies fossiles est, elle aussi, dans le viseur du Conseil constitutionnel. Et le gouvernement se doit d'intégrer ce secteur dans la nouvelle assiette. Ces centrales thermiques, qui ont assuré 10 % de la consommation nationale d'électricité en 2008, pourraient devoir verser 650 millions d'euros. Au total, la facture pour ce gros millier de sites, responsables de 93 % des émissions de CO2 d'origine industrielle en France, pourrait s'élever à 2,1 milliards d'euros. Mais l'intention du gouvernement est de la réduire au maximum. D'où la piste avancée par Christine Lagarde d'appliquer à ces installations une taxe carbone fortement minorée. Le Conseil constitutionnel en admet la possibilité, dès lors qu'il s'agit de "la sauvegarde de la compétitivité de secteurs économiques exposés à la concurrence internationale". Bercy considère qu'il n'aura pas de mal à entrer dans ce cadre puisque la Commission européenne elle-même tiendra compte de ce paramètre pour mettre aux enchères les quotas de CO2 à partir de 2013. Mardi, l'exécutif bruxellois a rendu publique la liste de secteurs industriels qui pourront continuer à recevoir des quotas gratuitement pour préserver leur compétitivité. La plupart des industries hors électricité y figurent. Le gouvernement devra ensuite trouver le moyen de restituer les sommes qu'il aura perçues "malgré lui". Pas question de reverser sans contrepartie la taxe carbone aux entreprises : la ficelle serait trop grosse. D'où l'idée d'un crédit d'impôt octroyé sur la base des investissements "verts" réalisés par les entreprises. A ce stade, les fonctionnaires chargés de plancher sur le nouveau projet admettent que tout reste ouvert. Ils déplorent cependant une chose : le nouveau dispositif ne pourra que rendre encore plus complexe une réforme déjà peu lisible aux yeux de l'opinion. Ils redoutent aussi que ce nouvel épisode ne dissuade le gouvernement d'augmenter la taxe carbone en 2011 et les années suivantes, comme cela était prévu. Laurence Caramel
06/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/06/l-industrie-francaise-rattrapee-par-la-taxe-carbone_1287933_3244.html
La Coupe du monde en tête de gondole de la télévision en 3D
La chaîne américaine ESPN devrait retransmettre au moins 25 matchs du Mondial 2010 sur ce nouveau format de visionnage.
Plusieurs acteurs des secteurs des médias et de la technologie pourraient faire de 2010 l'année où s'impose la télévision en trois dimensions, avec plusieurs programmes de prestige annoncés pour mieux faire goûter à ce nouveau mode de visionnage. Le jour même où la chaîne de télévision sportive américaine ESPN annonçait, mardi, qu'elle allait retransmettre certains matchs de la Coupe du monde de football 2010 en Afrique du Sud en 3D, le géant japonais de l'électronique Sony, le groupe de chaînes éducatives Discovery et Imax annonçaient un nouveau partenariat autour de cette technologie. Côté ESPN (groupe Disney à 80 %), on promet au moins 85 événements sportifs en direct et en 3D cette année, à commencer par le match d'ouverture du Mondial entre l'Afrique du Sud et le Mexique le 11 juin. "Jusqu'à 25 matchs" de la Coupe du monde seront ainsi visibles dans ce format, ainsi que des compétitions sportives américaines (basket-ball, football américain, sports de glisse), a ajouté ESPN dans un communiqué, ainsi que divers matches des championnats universitaires de basket et de football américain. De leur côté, Sony, Discovery Communications et Imax ont annoncé une coentreprise à parts égales "pour développer la première chaîne de télévision dédiée au 3D vingt-quatre heures sur vingt-quatre". Avec un lancement prévu cette année aux Etats-Unis, et ultérieurement dans le reste du monde, cette chaîne promet "des programmes de qualité dans des catégories particulièrement adaptées à la 3D, l'histoire naturelle, l'espace, l'exploration, l'aventure, la mécanique, les sciences et technologies et les programmes pour enfants". "Il est évident que les consommateurs privilégieront toujours un divertissement meilleur et plus riche, et nous sommes décidés à être leaders dans le monde pour leur apporter cette expérience", a déclaré le patron de Sony, Howard Stringer, dans un communiqué. LYON-PSG EN TEST Ces deux annonces sont intervenues à la veille du coup d'envoi du grand Salon de l'électronique (CES, Consumer Electronic Show) de Las Vegas (Nevada, ouest des Etats-Unis), où les fabricants asiatiques de téléviseurs devraient de nouveau vanter leurs appareils visant à imposer dans le Salon une technologie dont la popularité au cinéma vient d'être confirmée avec le succès du film Avatar. Les organisateurs du CES se sont montrés rassurants sur le succès à attendre pour cette technologie: "Pour la 3D comme pour les autres technologies", a expliqué un analyste de l'association organisatrice, Shawn Dubravac, "ça commence avec une progression lente, et puis ça va très vite durant la quatrième, la cinquième et la sixième année". Pour l'association américaine de l'électronique grand public (CEA), 27 % des adultes américains connectés à Internet ont déjà vu un programme en 3D durant les douze derniers mois, et le tiers d'entre eux disent vouloir pouvoir regarder tous leurs programmes TV en trois dimensions. La CEA prévoit que les téléviseurs 3D seront parmi les produits connaissant la plus forte progression de vente cette année, jusqu'à conquérir 25 % du marché dès 2013. Cette technologie nécessite de filmer avec des caméras 3D. ESPN, qui n'a pas indiqué si ses abonnés devraient payer un supplément pour bénéficier de cette technologie testée depuis plus de deux ans, n'a pas non plus annoncé combien il y aurait de caméras de ce genre dans les stades sud-africains. Pour la troisième édition consécutive, le producteur exclusif des retransmissions de la Coupe du monde de football est Host Broadcast Services (HBS), une société domiciliée en Suisse, mais dont le siège opérationnel est en France. HBS a déjà testé en avril une retransmission en 3D d'un match de la Ligue 1, Lyon-Paris-SG. De son côté, la FIFA a annoncé en décembre un partenariat avec Sony, qui proposera des retransmissions en 3D et en différé dans des espaces de démonstration ouverts au public dans sept villes sur trois continents.
06/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/06/la-coupe-du-monde-en-tete-de-gondole-de-la-television-en-3d_1287927_3242.html
Le PS contre une loi interdisant le port de la burqa
Le Parti socialiste n'est pas favorable à une loi interdisant le port de la burqa en France, a déclaré mercredi son porte-parole, Benoît Hamon.
Le premier parti d'opposition a débattu mardi soir de ce sujet pour tenter de trouver une position commune après avoir laissé apparaître, comme la majorité présidentielle, de grandes divergences d'opinions sur l'opportunité de légiférer. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a annoncé fin décembre le dépôt d'une proposition visant à bannir le port du voile islamique intégral dans l'espace public. "Le Parti socialiste n'est pas favorable à une loi de circonstances", a déclaré Benoît Hamon sur RTL, renvoyant là aux accusations de calcul électoraliste déjà lancées à la droite sur cette question, à trois mois des élections régionales. "Nous pensons que plutôt que de faire une loi de circonstances, il faut (...) qu'on voie comment, par les instruments que nous donne le droit, on peut contribuer à ce que des femmes abandonnent la burqa", a-t-il ajouté. "Il ne revient pas à un Etat d'apprécier ce qui est la bonne interprétation des écritures, sur ce qui serait dans le Coran ou pas dans le Coran", a expliqué M. Hamon. Pour le PS, a souligné Benoît Hamon, une interdiction générale de la burqa dans l'espace public pose la question de ses fondements juridiques et de sa mise en œuvre. "De quelle manière les forces de l'ordre arriveraient-elles à amener une femme à abandonner cette burqa, la pousseraient-elles à retirer son voile, c'est une vraie question", a-t-il dit. Plusieurs députés socialistes, dont Manuel Valls et Aurélie Filippetti, ont réclamé ces dernières semaines une loi interdisant le port de la burqa dans tout l'espace public et non dans les seuls bâtiments publics. "Nous sommes totalement opposés à la burqa, la burqa est une prison pour les femmes, dans la République elle n'a pas sa place. Mais une loi de circonstances n'aurait pas les effets escomptés", a insisté Benoît Hamon.
06/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/06/le-ps-contre-une-loi-interdisant-le-port-de-la-burqa_1287910_3224.html
Autour de Lionel Jospin, des socialistes triés sur le volet
"Lionel raconte Jospin", le documentaire de Patrick Rotman, était diffusé en avant-première, mardi dans une salle de cinéma des Halles, à Paris.
Ils étaient nombreux, quoique triés sur le volet. "J'ai invité beaucoup d'anciens collaborateurs, mais pas tous et beaucoup de socialistes, mais pas tous", avait confié Lionel Jospin quelques jours auparavant. Parmi le public convié mardi soir 5 janvier dans une salle de cinéma des Halles, à Paris, pour découvrir en avant-première "Lionel raconte Jospin" le documentaire de Patrick Rotman diffusé les 14 et 21 janvier sur France 2, se pressaient ceux qui furent ses ministres entre 1997 et 2002, dont Martine Aubry. Il y avait aussi François Hollande, Pierre Mauroy, Bertrand Delanoë et Jean-Pierre Jouyet, ex-directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin et ancien ministre d'ouverture de Nicolas Sarkozy. Pour les socialistes, ce "récit d'une vie", selon l'expression du principal intéressé qui publie simultanément un livre d'entretiens, compose une sorte de séquence-émotion. Harlem Désir se dit ému de "ce retour sur une tranche de notre histoire, glorieuse et dramatique à la fois". "Jospin livre son testament politique et cela rend le moment assez fort", avoue Olivier Ferrand, président de la fondation Terra Nova, persuadé que "le jugement de l'histoire sur la législature Jospin sera extrêmement positif, en termes de résultats comme d'éthique". Quant à la députée Marylise Lebranchu, elle remarque que "les militants sont fiers du travail accompli mais il reste la blessure du 21 avril 2002. Pour la cicatriser, il faut en parler et c'est ce que nous faisons". L'ancienne Garde des sceaux "n'attend aucun mea-culpa de Jospin car les erreurs furent collectives". "DROIT D'INVENTAIRE SUR NOUS-MÊMES" Près de huit ans après l'échec du candidat socialiste au premier tour de l'élection présidentielle de 2002, une catharsis en douceur semble se dessiner dans le sillage de l'autocritique - modérée - de l'ancien premier ministre qui admet avoir "surestimé la perception positive de notre bilan, de mon bilan de la part des Français". "Je sais à quel point c'est difficile pour lui de dire ces choses-là", observe Vincent Peillon qui voit dans le regard que Lionel Jospin porte sur son action "un moyen d'aider à débloquer l'ouverture de la boîte du droit d'inventaire sur nous-mêmes". Selon le député européen, "les socialistes n'ont toujours pas encore vraiment admis que leur échec de 2002 ne fut pas seulement le fait de la division de la gauche mais aussi le résultat de leus propres carences en matière de politique fiscale, de sécurité ou de rapport à l'Europe". Avant de rejoindre la salle de projection, Lionel Jospin avait pris soin de prendre de la distance avec l'évènement. "S'il y a (...) des enseignements à tirer de cet itinéraire, a-t-il dit, c'est à ceux qui sont les responsables [du Parti socialiste] de le faire ". Jean-Michel Normand
06/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/06/autour-de-lionel-jospin-des-socialistes-tries-sur-le-volet_1287920_823448.html
Boursiers : la réticence des grandes écoles est indigne !, par Alain Minc et François Pinault
Dans une tribune, publiée par "Le Monde", Alain Minc et François Pinault estiment que "l'équilibre de la société passe par le rétablissement de la promotion sociale".
Nous avons eu, l'un et l'autre, un haut-le-cœur en lisant la déclaration de la Conférence des grandes écoles sur les 30 % de boursiers. Que deux individus aussi différents – indépendamment de l'amitié qui nous lie – réagissent ainsi est peut-être révélateur ! Autodidacte et major de l'ENA, entrepreneur et intellectuel, capitaliste et technocrate – ce que nous sommes –, nous avons eu le même réflexe d'indignation. Comment peut-on dans la société contemporaine être aussi réactionnaire ? Comment croire que le niveau des concours doit être intangible afin de fixer à jamais une hiérarchie entre jeunes Français à l'âge de 20 ans ? PROMOTION SOCIALE Comment ne pas comprendre que l'équilibre de la société passe par le rétablissement de la promotion sociale et qu'à cette aune-là le respect absolu des modes de recrutement traditionnels est suicidaire ? Quelle bonne conscience aveugle-t-elle les patrons de grandes écoles au point de leur faire croire que le système actuel de recrutement est la garantie absolue, pour la France, de disposer des meilleures élites ? Nous ne nions naturellement pas la réussite, pendant des décennies, d'un mode de sélection qui a fourni à l'économie française des gestionnaires et des ingénieurs d'un excellent niveau international. Mais, parce que justement ce système est solide et efficace, il n'est pas menacé par une inflexion à la marge. Qui peut imaginer que le rayonnement de l'Ecole polytechnique ou d'HEC disparaîtra parce que le recrutement aura été légèrement transformé à des fins de promotion sociale ? Ceux qui ont, en toute sérénité, signé ce manifeste méconnaissent le grondement qui vient du fond de la société. Ils ne mesurent ni les urgences ni les priorités du moment. Ils pourraient au moins faire leur, à défaut d'une réaction plus ouverte, la philosophie du prince de Lampedusa : "Il faut que tout change pour que tout reste pareil." Mais s'ils acceptaient d'aller plus loin et de mettre leur incontestable intelligence au service d'un minimum de changement social, ils penseraient qu'il faut qu'un peu change afin que tout change vraiment. Alain MincFrançois Pinault , consultant et essayiste ; , président d'honneur du groupe PPR.
06/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/06/boursiers-la-reticence-des-grandes-ecoles-est-indigne-par-alain-minc-et-francois-pinault_1287909_3232.html
Les avocats de Polanski devant un tribunal de Los Angeles
Les avocats du cinéaste Roman Polanski sont attendus mercredi devant un tribunal de Los Angeles, où ils devraient présenter leurs prochaines actions dans le but de refermer la procédure vieille de trente ans qui pèse sur le réalisateur.
Les avocats du cinéaste Roman Polanski sont attendus, mercredi 6 janvier, devant un tribunal de Los Angeles, où ils devraient présenter leurs prochaines actions dans le but de refermer la procédure vieille de trente ans qui pèse sur le réalisateur. Ils avaient initialement requis une réunion à huis clos, mais les services du procureur de Los Angeles ont déclaré : "Nous avons dit au juge que selon nous, toute conférence devait se faire de façon publique. Le juge en a convenu et a fixé la date de la conférence." L'audience de mercredi, annoncée de façon inattendue, pourrait répondre à la suggestion émise en décembre par une cour d'appel californienne, qui proposait que Polanski demande à être condamné par contumace pour avoir eu des relations sexuelles illégales en 1977 avec une adolescente de 13 ans. Aujourd'hui âgé de 76 ans, Roman Polanski est aux arrêts à domicile dans un chalet suisse, et tente d'éviter une extradition aux Etats-Unis, pays qu'il a fui en 1978 après avoir plaidé coupable et alors qu'une condamnation allait être prononcée contre lui. En décembre, une cour d'appel de Californie a rejeté la demande de classement sans suite formulée par Polanski, selon qui la procédure a été entachée d'irrégularités. La cour a toutefois souligné que ces allégations d'irrégularités étaient "extrêmement sérieuses" et qu'un jugement par contumace pourrait permettre de clore "l'une des plus longues sagas" de l'histoire judiciaire de l'Etat. Les autorités suisses ont indiqué qu'elle prendraient, début 2010, une décision sur une éventuelle extradition du réalisateur. Ce dernier risque une peine maximale de deux ans de prison en raison de sa reconnaissance de culpabilité. Marié et père de deux enfants, Roman Polanski a reçu un Oscar pour son film Le Pianiste. Il est également l'auteur de Rosemary's Baby, du Locataire et de Chinatown. Son dernier film, The Ghost Writer, doit être présenté en février au Festival du film de Berlin.
06/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/06/les-avocats-de-polanski-devant-un-tribunal-de-los-angeles_1287897_3224.html
Pourquoi Escalettes relance le débat sur l'après-Domenech
Contre toute attente, et non sans arrière-pensées, le président de la FFF a relancé un débat où il a souvent été malmené.
En annonçant mardi soir sur Europe 1 sa volonté de désigner le successeur de Raymond Domenech à la tête de l'équipe de France, Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football (FFF), a visiblement décidé de reprendre l'initiative dans un débat où il a souvent été malmené. Cette "sortie" est aussi inattendue qu'intéressante. LA LISTE D'ESCALETTES : Le président de la Fédération cite quatre noms pour reprendre l'équipe de France après le Mondial : Laurent Blanc, Alain Boghossian, Didier Deschamps et Jean Tigana. Premier constat, les champions du monde 98 sont en position de force, avec 3 candidats, même si celle d'Alain Boghossian, aujourd'hui adjoint de Domenech, est particulière. Escalettes a un mot pour chacun : Boghossian a le mérite d'être "venu pour épauler" les Bleus (est-ce là un compliment ?) ; Laurent Blanc, "c'est Monsieur le Président, il a son aura" ; Didier Deschamps est "un grand entraîneur, qui a prouvé [ce qu'il savait faire] à Monaco, la Juventus et à Marseille" ; et Jean Tigana, "on ne refait pas son histoire". De cette liste, on retient aussi les absents, et un en particulier : Arsène Wenger, que beaucoup aimeraient voir arriver à la tête des Bleus, lui qui a un parcours intéressant au plus haut niveau, et qui a formé nombre de Bleus passés et présents. Evoquant sa short-list, Escalettes dit "ce sont quatre grands, il y en d'autres", mais on voit mal pourquoi il aurait cité ces noms-là et pas d'autres. ESCALETTES A-T-IL UN FAVORI ? Les déclarations d'Escalettes sont étonnantes car elles interviennent à un moment où le débat sur le nom du sélectionneur était retombé. Mais, affirme le président de la FFF, "gouverner étant prévoir", M. Escalettes veut pouvoir partir en quête du nouveau sélectionneur dès ce début d'année et arrêter son choix suffisamment tôt, "ne serait-ce que par respect et courtoisie pour le club si le sélectionneur retenu est en poste dans un club, ce qui est possible", a détaillé M. Escalettes sur la radio RMC. Or qui cette remarque concerne-t-elle ? Tigana n'est pas sous contrat, Boghossian est déjà dans la place... Restent Deschamps et Blanc. Le premier vient d'arriver à l'OM et n'a pas des résultats très satisfaisants, quoi qu'en dise Escalettes. Le second, qui a toujours déclaré sa flamme pour les Bleus, est auréolé d'un titre de champion de France conquis l'an passé, et a surtout donné à Bordeaux un style de jeu et une âme qui en font aujourd'hui l'équipe la plus forte et la plus séduisante de l'Hexagone (sans oublier les bons résultats, cette saison, en Ligue des champions). "Laurent Blanc est un homme exemplaire, il l'a prouvé en tant que joueur (...) mais aussi en tant qu'entraîneur. Il réalise un parcours magnifique avec Bordeaux. C'est sûr que c'est un bon candidat, ce serait un mensonge de dire le contraire", a reconnu Jean-Pierre Escalettes sur Europe 1, mais pas question "de se focaliser sur un seul nom", assure-t-il. POURQUOI MAINTENANT ? Peut-être Escalettes est-il habile en annonçant ouverte la course à la succession. Au moins donne-t-il une échéance à ceux, nombreux, dans le public et au sein même de la fédération, qui souhaitent le départ de Domenech. L'après-Mondial ne s'ouvrira pas sur une période de doute, et l'heure du bilan sera d'autant plus vite chassée qu'un nouveau projet pourra se mettre en place rapidement. Par ailleurs, cette annonce ne fragilise pas un sélectionneur qui n'a rien à perdre et ira de toute façon au bout de son contrat. Par contre, Escalettes se range désormais derrière l'avis d'Aimé Jacquet, qui avait récemment estimé que le sélectionneur ne devait pas rester en place plus de quatre ans : "Je considère, moi, maintenant, à l'aune de ce que nous venons de vivre, qu'Aimé Jacquet a raison (...), le nouvel entraîneur ne s'engagera peut-être que sur deux ans, sur un objectif, un Euro ou un Mondial." Vincent Fagot
06/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/06/pourquoi-escalettes-relance-le-debat-sur-l-apres-domenech_1287906_3242.html
Lutte antiterroriste : Hortefeux veut élargir la liste des zones à risque
Le ministre de l'intérieur souhaite élargir la liste des zones à risque de "sept à trente pays" pour prendre en compte la nouvelle menace terroriste.
Le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, souhaite élargir la liste des zones à risque de "sept à trente pays" pour prendre en compte la nouvelle menace terroriste, selon Le Figaro du mercredi 6 janvier."Il ne s'agit pas, précise le ministre, de stigmatiser les pays concernés, mais il faut bien prendre en compte les points de passage des filières de l'islamisme radical, qui veulent 'porter le fer' en Occident." Jusqu'à présent, les pays "à risques" concernés sont le Yémen, la Syrie, le Pakistan, l'Iran, l'Afghanistan, l'Algérie et le Mali. Le ministre envisagerait d'inclure d'autres pays en se basant sur une liste de l'Unité de coordination et de lutte antiterroriste. Washington a annoncé dimanche un renforcement des contrôles des passagers embarquant sur des avions à destination des Etats-Unis, après l'attentat manqué le 25 décembre contre le vol Amsterdam-Detroit de la compagnie Northwest Airlines par un Nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdulmutallab. Le Nigeria devrait figurer dans la liste élargie française. Les compagnies aériennes desservant ces pays seront contraintes de livrer à l'avance les informations sur les personnes voyageant dans leurs avions à destination de la France. "A terme, [la Place] Beauvau souhaite que les données voyageurs soient recueillies, non plus à l'embarquement, mais dès la réservation du billet", souligne le quotidien. Par ailleurs, et toujours dans le cadre de la lutte antiterroriste, Brice Hortefeux a annoncé mercredi sur Europe 1 qu'un groupe de travail sur les scanners corporels dans les aéroports français avait été mis en place et devait "faire des propositions" rapidement. Interrogé sur le point précis des scanners corporels, M. Hortefeux a déclaré que "le président de la République a souhaité qu'il y ait un groupe qui se mette au travail" et "fasse des propositions dans un délai rapproché de moins d'un mois". "Il y a d'un côté les scanners corporels qui permettent de voir effectivement beaucoup de choses", a-t-il ajouté. "Il y a aussi des appareils qui détectent les traces de poudres d'explosifs et les chiens [de recherche d'explosifs] qui sont très efficaces", selon le ministre, des aspects que ce groupe de travail examinera également.
06/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/06/lutte-antiterroriste-hortefeux-veut-elargir-la-liste-des-zones-a-risque_1287894_3224.html
L'Ouest sous la neige, circulation perturbée
La fin de l'alerte orange a été annoncée pour quatre départements de l'ouest de la France, mais certains connaissent des difficultés de circulation.
La fin de l'alerte orange a été annoncée pour la Loire-Atlantique, le Maine-et-Loire, le Morbihan et la Vendée, mais certains départements connaissent des difficultés de circulation, notamment pour les poids lourds, ont annoncé mercredi Météo France et le Centre national d'informations routières (CNIR). Le maintien de l'alerte ne concerne plus désormais que quatorze départements : ceux situés en Basse-Normandie, en Haute-Normandie, en Poitou-Charentes, ainsi que les Côtes-d'Armor, le Finistère, l'Ille-et-Vilaine, la Mayenne et la Sarthe. Dix-huit départements de l'Ouest avaient été placés en vigilance orange par Météo France après une chute des températures nettement au-dessous des normales saisonnières et en prévision d'averses de neige abondantes mardi soir, qui devraient perturber fortement les transports. La circulation dans la plupart des départements de l'ouest de la France connaît des difficultés, notamment sur les axes secondaires. "Ça roule sur les autoroutes, mais la circulation est plus délicate sur les axes secondaires", selon le CNIR. Dans certains départements, la circulation des poids lourds de plus de 7,5 tonnes a été interdite partiellement. Dans la Manche, ces poids lourds sont interdits sur plusieurs tronçons des nationale 175 et 176. Dans les Côtes-d'Armor, l'interdiction concerne les nationales 12, 164 et 175, et en Ille-et-Vilaine plusieurs parties de la nationale 176, a précisé le CNIR, ajoutant que l'autoroute A 84 (Caen-Rennes) a également été interdite aux poids lourds. En raison de ces conditions de circulation, les transports scolaires sont interdits mercredi en Haute et Basse-Normandie, l'interdiction étant étendue dans l'Orne aux transports interurbains par autocar (sauf les lignes SNCF). En Bretagne, les transports scolaires sont interdits en Ille-et-Vilaine, dans le Morbihan et dans les Côtes-d'Armor.
06/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/06/l-ouest-sous-la-neige-circulation-perturbee_1287893_3224.html
Raid israélien meurtrier sur la bande de Gaza
Un activiste palestinien a été tué et trois autres ont été blessés, mardi soir 5 janvier, lors d'un raid aérien israélien sur la bande de Gaza.
Un activiste palestinien a été tué et trois autres ont été blessés, mardi soir 5 janvier, lors d'un raid aérien israélien sur la bande de Gaza, selon des médecins palestiniens. L'armée israélienne a confirmé ce raid lancé près de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, précisant que celui-ci "a visé un groupe de terroristes qui s'apprêtaient à tirer des roquettes contre Israël, tuant l'un d'eux et en blessant trois autres, tous membres des comités de la résistance populaire". Des témoins ont indiqué que l'attaque a visé un groupe d'activistes de la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le mouvement islamiste Hamas. Un groupe armé palestinien, les "Brigades Al-Nasser Salaheddine", a annoncé qu'un de ses militants, "Jihad Smeiri, est mort en martyr" dans ce raid. Un des trois blessés a été grièvement touché, a indiqué à l'AFP le chef du service des urgences de l'hôpital de Gaza. Israël répond généralement aux tirs de roquettes de Gaza par des raids aériens. Les violences à la frontière en Israël et la bande de Gaza ont nettement diminué depuis l'offensive israélienne de l'hiver 2009 contre le mouvement islamiste Hamas. Cette offensive avait fait plus de 1 400 morts côté palestinien. Le cessez-le-feu entré en vigueur le 18 janvier 2009 a tenu, en dépit d'actes de violence sporadiques.
06/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/06/raid-israelien-meurtrier-sur-la-bande-de-gaza_1287891_3218.html
Les ambassades française et britannique rouvrent au Yémen
L'ambassade de France à Sanaa a rouvert, mercredi 6 janvier, après une fermeture de deux jours due à une menace d'attentat, a indiqué un responsable de la représentation diplomatique.
L'ambassade de France à Sanaa a rouvert, mercredi 6 janvier, après une fermeture de deux jours due à une menace d'attentat, a indiqué un responsable de la représentation diplomatique. L'ambassade britannique a rouvert également mercredi après trois jours de fermeture, mais ses services consulaires restent fermés. L'ambassade américaine au Yémen avait, de son côté, rouvert mardi après une fermeture de deux jours, les Etats-Unis saluant l'action des autorités yéménites, qui ont tué ou arrêté depuis dimanche plusieurs membres présumés du réseau Al-Qaida.
06/01/2010
afrique
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2010/01/06/les-ambassades-francaise-et-britannique-rouvrent-au-yemen_1287890_3212.html
Coup d'envoi des soldes d'hiver
Les soldes d'hiver commencent à 8 heures dans les magasins et sur le Net, proposant des remises de 30, 50, voire 70 % dès le premier jour.
Ça y est, la grand-messe des soldes d'hiver commence mercredi à 8 heures dans les magasins et sur Internet, par un temps glacial. Après une année noire pour le textile, les commerçants espèrent que les consommateurs, sensibles aux prix avec la crise, vont se ruer pour profiter de remises de 30, 50, voire 70 %. Les soldes sont les seuls moments de l'année où les commerçants peuvent vendre à perte pour écouler les stocks – qu'ils doivent financer – et faire de la place à la nouvelle collection. Or, en 2009, les ventes de l'habillement ont été particulièrement mauvaises, avec une chute estimée à 4 % en valeur, en raison de la crise, de l'été indien qui a retardé les ventes de vêtements chauds et de la prime à la casse qui a dopé les achats d'automobiles au détriment d'autres dépenses. L'année dernière les commerçants s'étaient laissé surprendre par la récession avec des stocks très importants, et beaucoup auraient adopté une stratégie plus prudente cette année. Les rayons pourraient donc se vider plus vite. Mais un bon démarrage, aidé par le froid, ne garantira pas un bon bilan au bout de cinq semaines. Car le rendez-vous tend à se banaliser, avec la multiplication des occasions d'acheter à prix barré : promotions, ventes privées, soldes privés, et depuis début 2009, deux semaines de soldes flottants dont les commerçants peuvent choisir la date. Les Français viennent de consentir de fortes dépenses pour Noël, parfois à crédit, et leur prudence est susceptible d'être renforcée par la remontée attendue du chômage. Depuis un an, "la consommation est moins vécue comme un plaisir en raison de la crise", analyse Pascale Hébel au Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), estimant qu'un tiers des consommateurs fait les soldes par plaisir, pour faire des affaires, et les deux tiers par nécessité. Les soldes sont une opération commerciale très encadrée par la loi : les produits soldés doivent avoir été proposés à la vente depuis au moins un mois et être clairement différenciés des produits non soldés. Le commerçant doit offrir les mêmes garanties en matière de défauts de fabrication non apparents ou de service après-vente.
06/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/06/coup-d-envoi-des-soldes-d-hiver_1287886_3224.html
"Obama : ""Quand le système échoue, c'est moi qui suis responsable"""
Pour la deuxième fois cette semaine, le président des Etats-Unis s'est adressé à ses concitoyens, après l'attentat raté contre le vol Amsterdam-Detroit. Il a annoncé une série de mesures pour que les erreurs des services de renseignements ne se reproduisent pas.
Le président américain, Barack Obama, s'est adressé à ses concitoyens, jeudi 7 janvier, pour leur faire part des mesures que prendra son administration pour pallier les échecs des services de renseignements, qui ont permis à un jeune Nigérian d'embarquer dans un avion reliant Amsterdam à Detroit, le 25 décembre. M. Obama a répété le constat qu'il avait fait, mardi, concernant les manquements des services de renseignements américains. Les Etats-Unis n'ont pas réussi à "relier les informations". Selon lui, les différents services de renseignements savaient que la branche d'Al-Qaida au Yémen voulait s'en prendre à son pays et connaissaient également les liens entre le jeune Abdulmuttalab et la nébuleuse terroriste. Il a dit qu'aucun des responsables ne paierait de sa place ces erreurs collectives. "Je suis moins intéressé par les reproches que par apprendre de ces erreurs et les corriger pour que nous soyons plus en sécurité." Il a endossé la responsabilité des dysfonctionnements des procédures de sécurité. "En fin de compte, la responsabilité m'en incombe", a-t-il déclaré. Le président a annoncé une série de mesures pour "corriger" ces erreurs, même s'il a admis qu'il n'y avait pas de "solution infaillible pour éviter les attaques terroristes". Il a appelé à un renforcement des fichiers regroupant les personnes suspectées de terrorisme en élargissant certains critères. Par ailleurs, ces nouvelles règles seront établies pour que la circulation des informations entre les différents service de renseignements se fasse mieux et plus rapidement. Le locataire de la Maison Blanche a également insisté sur le fait que les aéroports américains devaient se doter d'appareils permettant de détecter les explosifs semblables à ceux utilisés par Abdulmuttalab le jour de Noël. Il a expliqué que les Etats-Unis feraient des "investissements majeurs" pour acquérir ces technologies de "nouvelle génération". Après avoir évoqué ces mesures, M. Obama a rappelé que l'Amérique était "en guerre contre Al-Qaida" et que son pays avait déjà gagné des batailles depuis le 11-Septembre. Il a insisté sur le fait que "l'immense majorité des musulmans du monde" ne partageaient pas les desseins de l'organisation terroriste. En conclusion, le président a expliqué que l'Amérique ne sacrifierait pas sa liberté à sa sécurité, ce qui serait une victoire des terroristes. Immédiatement après cette allocution, la Maison Blanche a diffusé un premier rapport émanant des services de sécurité sur l'attentat raté contre le vol Amsterdam-Detroit.
07/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/07/obama-quand-le-systeme-echoue-c-est-moi-qui-suis-responsable_1288942_3222.html
"Deux employés de Blackwater poursuivis pour ""meurtres sans préméditation"""
Deux anciens employés de la société militaire privée ont été arrêtés. Ils sont accusé d'avoir tué deux Afghans en 2007.
Deux anciens employés de la compagnie de sécurité privée Blackwater – rebaptisée Xe en février dernier – ont été arrêtés, jeudi 7 janvier aux Etats-Unis, pour avoir tué deux Afghans et en avoir blessé un troisième, en mai 2009 à Kaboul. Les deux hommes, Justin Cannon et Chris Drotleff, âgés de 27 et 29 ans, ont été arrêtés respectivement au Texas et en Virginie. Ils sont notamment poursuivis pour deux "meurtres sans préméditation" et pour une "tentative de meurtre", selon le texte de la plainte. Les deux hommes avaient été licenciés par Blackwater après la fusillade. Récemment interviewés par l'agence Associated Press, ces ex-employés, qui risquent la peine de mort, ont indiqué que les tirs étaient justifiés. D'autres anciens employés de cette société militaire privée sont également inquiétés pour des actes commis en Irak. Jeudi, des experts de l'Organisation des Nations unies ont recommandé à l'Irak et aux Etats-Unis de veiller à ce qu'une action en justice soit intentée contre l'entreprise. En 2007, quatorze civils irakiens avaient été tués lors d'une fusillade qui avait éclaté lorsque les employés escortaient un convoi de diplomates américains. La semaine dernière, un tribunal américain avait abandonné les charges en faisant valoir que les droits constitutionnels des accusés n'avaient pas été respectés.
07/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/07/deux-employes-de-blackwater-poursuivis-pour-meurtres-sans-premeditation_1288939_3222.html
"""Philippe Séguin a renforcé l'indépendance de la Cour des comptes"""
Son prédécesseur à la tête de la Cour des comptes fait le bilan d'"une personnalité forte" qui a "réellement servi l'institution".
François Logerot a été premier président de la Cour des comptes de 2001 à 2004 avant de laisser sa place à Philippe Séguin. Pour ce magistrat aujourd'hui président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements, la carrière politique et la forte personnalité de Séguin ont réellement servi l'institution. Que pensez-vous du bilan de Philippe Séguin comme premier président de la Cour des comptes ? Philippe Séguin, grâce à son envergure, a pu bénéficier d'une audience beaucoup plus forte auprès des médias, et donc auprès de l'opinion. Dans la continuité des présidences précédentes, il a également renforcé l'indépendance de la Cour en coupant les derniers liens avec le ministère des finances. Le budget de la Cour ne dépend plus de Bercy. Il a également mené les réflexions qui ont abouti au projet de loi récent sur la réforme des chambres régionales des Cours des comptes, même si les mesures qu'il a proposées sont peut-être un peu trop radicales. Philippe Séguin était aussi très largement reconnu par ses pairs internationaux. Il a montré qu'une personnalité forte était nécessaire à la tête de la Cour des comptes. Cette aura médiatique a-t-elle vraiment permis à la Cour de voir ses observations plus souvent suivies d'effets ? Philippe Séguin a accentué le suivi des observations. Une partie des rapports annuels y est désormais consacrée et liste ce qui a été obtenu et fait sinon une piqûre de rappel. Mais l'influence de la Cour ne se mesure pas à six mois. L'Etat reste une lourde machine qu'on ne remue pas si facilement. Par ailleurs, la Cour n'a pas à dicter sa loi au président ou aux parlementaires. Elle apporte sa pierre d'une façon impartiale au débat public et c'est déjà très important. Quels sont à vos yeux les rapports les plus marquants de la présidence de Philippe Séguin ? Le rapport de juillet 2009 sur la gestion de la présidence de la République est un symbole très fort, même si l'impact financier reste limité. C'est une avancée très importante. A cette occasion, Philippe Séguin a d'ailleurs bien montré son indépendance. Il a pris un véritable risque. D'ailleurs la polémique sur les sondages l'a bien montré. Le récent rapport sur les effectifs de l'Etat est aussi très marquant. Jamais un tel rapport sur les effectifs globaux n'avait été fait. La Cour a montré qu'on ne pouvait pas couper à la hache dans les effectifs sans réfléchir aux missions. A ce titre, la nomination du président par l'Elysée n'est-elle pas inquiétante ? Il suffisait d'assister aux conférences de presse de Philippe Séguin pour voir qu'il savait défendre les observations de la Cour, même si elles n'étaient pas toujours très agréables pour les gouvernants actuels. De l'intérieur de la Cour, on a toujours été convaincu de son indépendance. Les gouvernants font attention dans ce type de nomination. S'ils voulaient rendre la Cour un peu moins indépendante ou dérangeante, cela finirait pas se retourner contre eux. L'institution elle-même secréterait des anticorps et saurait défendre son indépendance. Le premier président reste soumis à la collégialité : il peut ne pas être suivi par une majorité de magistrats. Propos recueillis par Jean-Baptiste Chastand
07/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/07/philippe-seguin-a-renforce-l-independance-de-la-cour-des-comptes_1288855_3382.html
Besson ne débattra finalement pas avec Marine Le Pen
Un temps annoncé à ce débat sur l'identité nationale qui aura lieu à Liévin, dans le Pas-de-Calais, le ministre de l'immigration a annulé pour assister à la présentation de vœux du président de la République aux parlementaires.
Le ministre de l'immigration, Eric Besson, un temps annoncé à une réunion publique sur l'identité nationale qui doit se tenir mercredi 13 janvier à Liévin (Pas-de-Calais), a fait savoir jeudi qu'il ne pourrait finalement s'y rendre. Cette annulation intervient quelques heures après que Marine Le Pen a déclaré qu'elle participerait à cette réunion. M. Besson a fait savoir jeudi qu'il ne s'y rendrait finalement pas afin d'assister à la présentation des vœux du président de la République aux parlementaires. Vœux auxquels sont conviés les membres du gouvernement. "Il fuit un débat qu'il ne maîtrise pas, ni sur le plan intellectuel ni sur le plan politique", a accusé Marine Le Pen. "Ils ont lancé le débat en pensant qu'il leur permettrait d'avoir la sympathie d'un électorat qui souffre dans son identité mais, sur ce sujet, le gouvernement est KO debout (...). Eric Besson n'a aucune conscience de ce qu'est l'identité nationale et nie même qu'elle existe", a déclaré la vice-présidente du Front national et conseillère municipale d'Hénin-Beaumont, commune proche de Liévin. Elle a indiqué qu'elle participerait à ce débat malgré tout. Mme Le Pen devrait toutefois s'opposer à Eric Besson et à l'eurodéputé socialiste Vincent Peillon, dans l'émission "A vous de juger" de France 2, vendredi 15 janvier. Le sénateur socialiste et président du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, Daniel Percheron, a également fait savoir, jeudi après-midi, qu'il ne ferait pas le déplacement, contrairement à ce qu'avait indiqué la préfecture. Ses services ont précisé que l'annonce de sa participation était due à une "erreur d'agenda".
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/besson-ne-debattra-finalement-pas-avec-marine-le-pen_1288932_823448.html
Un imam intégriste expulsé en urgence vers l'Egypte
Ali Ibrahim El Soudany, un "imam islamiste radical", auteur de prêches "incitant à la violence", a été expulsé, jeudi 7 janvier, en urgence vers l'Egypte, a annoncé le ministre de l'intérieur Brice Hortefeux.
Ali Ibrahim el-Soudany, un "imam islamiste radical", auteur de prêches "incitant à la violence", a été expulsé, jeudi 7 janvier, en urgence vers l'Egypte, a annoncé le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, dans un communiqué. Selon M. Hortefeux, "les services spécialisés avaient identifié cet individu dangereux qui se livrait depuis plusieurs mois, dans des mosquées de Seine-Saint-Denis, à des prêches appelant à la lutte contre l'Occident, méprisant les valeurs de notre société et incitant à la violence". Le ministre souligne qu'il a demandé à ses services "de redoubler de vigilance" et prévient qu'il n'hésitera pas "à procéder aux mesures d'expulsion qui s'imposent". Si la République "respecte la liberté religieuse", "les prêcheurs de haine, qui n'ont rien à voir avec la liberté religieuse, n'ont pas leur place sur notre territoire", ajoute le ministre de l'intérieur. "Depuis 2001, ce sont cent vingt-neuf islamistes radicaux – dont vingt-neuf imams ou prédicateurs – qui ont été expulsés du territoire national", précise le communiqué. Ali Ibrahim el-Soudany, né en Egypte en 1973, officiait dans plusieurs mosquées de l'Est parisien, principalement à Pantin ou à Montreuil (Seine-Saint-Denis), mais aussi dans certaines autres de la capitale, notamment dans les 18e et 19e arrondissements. Ses prêches constituaient "une apologie du djihad", selon des sources proches du dossier. Il faisait l'objet d'une surveillance particulière depuis 2008. L'arrêté ministériel d'expulsion "en urgence absolue" a été immédiatement exécuté, et l'imam a quitté le territoire français à bord d'un avion à destination du Caire qui a décollé jeudi en fin d'après-midi. Selon une association islamique qui ne souhaite pas donner son nom, Ali Ibrahim el-Soudany était en situation irrégulière en France.
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/un-imam-integriste-expulse-en-urgence-vers-l-egypte_1288908_3224.html
Séguin le communicant ou la parfaite maîtrise des codes de la rhétorique
Le sociologue Philippe Riutort décrypte la maîtrise du discours politique par Philippe Séguin, dont le verbe tranche dans le règne actuel des "communicants" sur la parole politique.
Chercheur associé au laboratoire Communication et politique du CNRS, Philippe Riutort est l'auteur de Sociologie de la communication politique (La Découverte, 2007). Il décrypte la maîtrise du discours politique par Philippe Séguin, dont le verbe tranche dans le règne actuel des "communicants" sur la parole politique. Philippe Séguin était connu pour son franc-parler et sa verve. Est-ce que ce "parler vrai" et sa gouaille étaient sincères ou bien y avait-il une part de calcul politique ? Philippe Riutort : Chez un homme politique, il y a forcement une part de calcul. Mais il faut reconnaître à Philippe Séguin une forme de conviction et de hauteur de vue : il avait une vision de la politique comme étant une fonction noble et il était prêt à renoncer à certains honneurs pour ses convictions. Quant à son franc-parler, cela relève de sa personnalité. C'était quelqu'un au caractère entier, aux colères célèbres, qui pouvait s'emporter. Il ne s'exprimait pas, dans ces cas-là, dans une langue policée, qui est la langue des politiques, même s'il en avait tous les moyens, en tant énarque, haut fonctionnaire, etc. Il a bien entendu bénéficié de conseils en communication, en particulier en tant que ministre des affaires sociales, lorsqu'il a organisé, en 1987, les Etats généraux de la Sécurité sociale. C'est une grand-messe qui a été oubliée, mais qui était une véritable mise en scène médiatique. Philippe Séguin était certes entouré de conseillers en communication, mais les écoutait-il ? Il refusait qu'on écrive ses discours pour lui. Le fait d'être l'auteur de son propre discours politique accroît la sincérité et témoigne d'un refus d'une forme de délégation de la parole. L'orateur s'investit totalement dans ce qu'il dit. C'est une façon de concevoir la parole politique qui tranche avec ce que l'on voit aujourd'hui. Il y a très peu d'hommes politiques qui écrivent désormais leurs discours, pour ne pas dire aucun. Et on constate la même parole, d'un ministre à un autre, car des éléments de langage leur ont été conseillés préalablement par des communicants. Pourquoi Philippe Séguin gardera-t-il cette image de bon orateur ? Est-ce parce qu'il maîtrisait parfaitement les codes du langage et de la communication ? Il ne faut pas être obsédé par la communication. Si l'on prend les discours politiques qui ont produit le plus d'effet – ceux prononcés devant la Chambre de la IIIe République par Jaurès ou Clemenceau – ils ne relevaient pas des techniques de la communication moderne. A partir du moment où quelqu'un maîtrise la rhétorique, a fait des études littéraires et sait se servir des formules, il sait communiquer. On a beaucoup vanté la culture politique, historique et littéraire de Philippe Séguin : ces caractéristiques permettent de produire un discours politique concis et à trouver les formules capables de faire mouche, ce que les journalistes appelleront les "petites phrases". Ce ne sont pas forcément les politiques qui passent le plus par les logiques de la communication qui se font le plus entendre, dans la mesure où l'un des effets de la communication est justement d'aplanir les discours. La maîtrise littéraire de la langue et de la formule permet aussi de s'exprimer face à des publics très différents. De ce point de vue, les origines sociales et le milieu dans lequel a évolué Philippe Séguin dans son enfance étaient un atout pour pouvoir s'adresser à des publics assez composites. Autrement dit, pour ne pas tenir un "discours d'énarque". Depuis qu'il présidait la Cour des comptes, son discours s'était assagi, mais il avait su rester incisif dans ses rapports, notamment au sujet du gouvernement. Est-ce qu'il a policé son image ? L'effet de lissage est un effet de la fonction. Il n'y a guère que Nicolas Sarkozy dont le discours n'a pas varié en même temps que la fonction. Lorsque l'on est nommé à un poste qui nécessite une prise de hauteur, cela requiert une parole beaucoup plus rare. On n'entend pas le président de la Cour des comptes tous les quatre matins. Généralement, c'est lorsque sort le rapport annuel de la Cour. Par ailleurs, sa parole est soumise à un devoir de réserve. Mais on a pu voir chez Philippe Séguin à la Cour des comptes comme chez Jean-Louis Debré au Conseil constitutionnel – ce n'est pas un hasard s'il s'agit de deux chiraquiens se réclamant du gaullisme – des interventions publiques tranchant avec le devoir de réserve. Séguin est intervenu sur la gestion des deniers publics et a mis en garde contre plusieurs décisions gouvernementales ou présidentielles, tranchant avec la neutralité et le silence généralement requis par sa fonction. Même des fonctions qui étaient jusqu'alors tenues au silence sont amenées – et c'est aussi un effet de la communication – à s'ouvrir de plus en plus. Propos recueillis par Mathilde Gérard
07/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/07/seguin-le-communiquant-ou-la-parfaite-maitrise-des-codes-de-la-rhetorique_1288886_3382.html
Obsèques aux Invalides et inhumation dans le Var pour Philippe Séguin
Il sera enterré dans le caveau familial aux côtés de sa mère et de son demi frère.
Les obsèques de Philippe Séguin auront lieu lundi 11 janvier dans l'après-midi en l'église Saint-Louis-des-Invalides, à Paris, en présence du président de la République Nicolas Sarkozy, qui devrait être le seul à prendre la parole pendant la cérémonie. Selon le service de communication de la Cour des comptes, la famille de M. Séguin a donné son accord sur ce protocole, qui sera pris en charge par l'Elysée.Un hommage à M. Seguin sera également organisé mardi à l'Assemblée nationale. M. Séguin, qui est mort dans la nuit du jeudi 7 janvier à l'âge de 66 ans, sera inhumé à Bagnols-en-Forêt, dans le Var. "Nous avons été contactés par les pompes funèbres, qui nous ont informés de l'inhumation, la semaine prochaine, dans le caveau familial. Pour l'instant, la date précise n'est pas arrêtée. Elle devrait l'être vendredi", a déclaré le secrétariat de la mairie de la commune. La famille possède un caveau dans ce petit village situé au nord de Fréjus, où sont installés des membres de la famille de M. Séguin. Philippe Séguin sera inhumé notamment aux côtés de son demi-frère, de sa mère, décédée en octobre 2009, et de ses grands-parents.
07/01/2010
disparitions
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2010/01/07/obseques-aux-invalides-et-inhumation-dans-le-var-pour-philippe-seguin_1288889_3382.html
"Google et ""carte musique"", Sarkozy valide l'essentiel des propositions de la mission Zelnik"
Lors de ses vœux au monde de la culture, le président a émis le souhait que l'autorité de la concurrence enquête sur un éventuel abus de position dominante dans la publicité en ligne.
L'autorité de la concurrence sera saisie sur un éventuel abus de position dominante de Google dans le secteur de la publicité en ligne, et une expertise sera lancée pour tenter de mieux "appréhender fiscalement" les revenus publicitaires des moteurs de recherche et des portails Web. Nicolas Sarkozy a validé, jeudi, l'une des principales propositions de la mission Zelnik, chargée de réfléchir au moyen de développer l'offre culturelle sur Internet, lors de ses vœux au monde de la culture. La mission présidée par le PDG du label Naïve, Patrick Zelnik, éditeur notamment de Mirwais ou de Carla Bruni, avait rendu mercredi ses conclusions, contenant des propositions dans les domaines du livre numérique et de la vidéo ou de la musique en ligne. Parmi ces ajustements fiscaux ou législatifs, qui pourraient donner lieu à une proposition de loi visant à compléter le volet répressif de la loi Hadopi, la mission recommandait notamment la création d'une "taxe Google", sur les revenus publicitaires réalisés pas les portails et moteurs de recherche (Yahoo!, Facebook...), de l'ordre de 1 % à 2 %. Estimant que "ces entreprises sont taxées dans le pays siège, alors qu'elles ponctionnent une part importante de notre marché publicitaire", le chef de l'Etat a souhaité qu'une taxation plus précise soit mise en place, sans préciser s'il s'agirait d'une nouvelle taxe. De son côté, Google a espéré jeudi que le gouvernement privilégierait "les solutions innovantes" sur une "logique de la taxation" qui relève, selon lui, d'une "logique d'opposition entre les mondes de l'internet et de la culture". "Notre contribution à la mission confiée à Patrick Zelnik a insisté sur la nécessité de coopération entre les acteurs de l'internet et les filières culturelles pour développer des nouveaux modèles", a expliqué Olivier Esper, directeur des affaires publiques chez Google France. "Nous espérons que, parmi les recommandations faites par le rapport, ce seront bien celles privilégiant la coopération qui seront retenues", dit-il. UNE CARTE DE TÉLÉCHARGEMENT POUR LES JEUNES Le président de la République a également validé une autre des propositions clef de la mission Zelnik : une "carte musique jeune", financée en partie par l'Etat, pour inciter les jeunes à utiliser les services de téléchargement légaux, devrait voir le jour d'ici à l'été 2010. Concrètement, cette carte, d'une valeur de 50 euros, permettrait de télécharger de la musique sur tous les sites qui s'associeront à l'opération. Ces partenaires contribueraient au financement de la carte, à hauteur de 5 à 10 euros, tandis que l'Etat prendrait 20 euros à sa charge. L'internaute ne paierait ainsi que la moitié du prix. La mission, présidée par Patrick Zelnik et codirigée par l'ancien ministre Jacques Toubon et le PDG de Sotheby's France Cerrutti, estime que cette mesure créera un effet vertueux en encourageant les internautes les plus jeunes à passer par les sites de vente de musique plutôt que par le téléchargement illégal. S'appuyant sur un sondage mené auprès d'un millier de personne, la mission Zelnik constate que le prix de la musique en ligne est l'obstacle le plus souvent cité à l'achat de musique sur les sites de vente. Le coût de la mesure est estimé à 20 millions d'euros par an.
07/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/07/google-dans-le-colimateur-de-nicolas-sarkozy_1288901_651865.html
Routes enneigées : à qui la faute ?
Des centaines de milliers de kilomètres de route étaient sous la neige jeudi 7 janvier. Qui est responsable du désenneigement ? Comment se fait le choix des routes prioritaires ?
Si certains s'enthousiasment devant les paysages enneigés, les automobilistes, eux, ne sont pas à la fête lorsque les flocons envahissent la chaussée. Jeudi 7 janvier, la neige rendait difficile, voire dangereuse, la circulation routière en région parisienne, dans le Nord, dans la région de Grenoble et même dans le sud-ouest du pays. Trente et un départements du Sud et de l'Est ont été placés en alerte orange jusqu'à vendredi 16 heures par Météo France pour des chutes de neige et du verglas. Dans l'Ouest parisien particulièrement, la neige est tombée en abondance. Si la circulation était à peu près normale sur les grands axes, qui ont été salés par la direction interdépartementale des routes de la région, des routes communales ou départementales n'étaient pas dégagées. "La France possède un réseau routier de près de un million de kilomètres", explique-t-on à la direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM) du ministère de l'écologie et du développement durable. "Il est difficile d'être partout en même temps." Sur le million de kilomètres de routes, près de six cent mille sont communales, gérées et entretenues par des mairies ou des communautés d'agglomérations lorsque les services de la voirie sont mutualisés. Les départements gèrent les routes départementales (reconnaissables à leurs bornes kilométriques jaunes), soit environ 380 000 kilomètres de bitume. Pour ce faire, les conseils généraux reçoivent, selon le ministère de l'écologie, "le transfert d'une partie des personnels du ministère de l'équipement". Les autoroutes concédées par l'Etat sont entretenues par les sociétés en charge de leur exploitation (environ 8 000 kilomètres). Enfin, les routes nationales (reconnaissables à leurs bornes kilométriques rouges) ainsi que les autoroutes dont l'Etat n'a pas concédé l'exploitation (12 000 kilomètres), sont gérées et entretenues, depuis 2006, par onze directions interdépartementales des routes (DIR), sous l'autorité du ministère de l'écologie et du développement durable. Ces DIR assurent notamment la viabilité du réseau en période hivernale. "L'IMPORTANCE ÉCONOMIQUE DE CHAQUE ROUTE DICTE L'ORDRE DES INTERVENTIONS" "Le réseau national est maillé, environ tous les 50 kilomètres, par un centre d'intervention. Chaque centre dispose des moyens humains et matériels nécessaires pour l'entretien de son secteur" assure le ministère. Au niveau national, les DIR sont composées de six mille hommes et comptent sept cent quatre-vingts camions. Les patrouilles de salage, ou de désenneigement, sont réalisées en fonction d'un plan organisationnel revu annuellement, de l'expérience du terrain des équipes et des prévisions météorologiques. "Souvent, les automobilistes pestent et nous reprochent de ne pas intervenir avant les chutes de neige. Mais il faut qu'elle soit tombée pour que nous puissions l'enlever,rappelle la direction générale des infrastructures. Saler une route enneigée est presque inutile, et nous prendrions le risque de glacer la chaussée. Le remède est alors pire que le mal." En cas de fortes intempéries, les grands axes sont la priorité des hommes de la DIR. "L'importance économique de chaque route dicte l'ordre des interventions, explique le ministère. "Les routes secondaires, souvent sous la responsabilité des départements, ne sont pas traitées aussi vite, reconnaît-on. Chaque département doit gérer en moyenne 4 000 kilomètres de chaussée et ils ne disposent pas tous des mêmes équipements." Pour en savoir plus : Prévisions et conditions de circulation sont consultables sur le site de Bison futé. Eric Nunès
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/routes-enneigees-a-qui-la-faute_1288867_3224.html
Iran : de quel bois la contestation est-elle faite ?, par Farida Adelkhah et Jean-François Bayart
Depuis la proclamation de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique, dès le premier tour de scrutin, la contestation s'est emparée de la rue iranienne et ne semble pas devoir se démentir, en dépit de la dureté de la répression.
Depuis la proclamation de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République islamique, dès le premier tour du scrutin, la contestation s'est emparée de la rue iranienne et ne semble pas devoir se démentir en dépit de la dureté de la répression. Quelle est la teneur, quels sont les objectifs de ce "mouvement vert" – la couleur que le sort avait donnée à la candidature de Mir Hossein Moussavi et qui est devenue le signe de ralliement des protestataires ? Il s'inscrit clairement dans la continuité de tout une série de mobilisations qui ont agité la société iranienne depuis le milieu des années 1990 : forte participation lors des élections législatives de 1996, notamment en faveur de candidats "reconstructeurs" et "autres penseurs" ; soutien populaire impressionnant à Mohammad Khatami en 1997 ; manifestations spectaculaires des supporteurs de l'équipe nationale de football en 1997-1998 ; mouvement étudiant de 1999 ; grèves des instituteurs, des ouvriers et des chauffeurs de bus depuis le début du millénaire ; et, surtout, campagne Un million de signatures contre les discriminations à l'encontre des femmes. De ce point de vue, la contestation de ces derniers mois est irréductible au leadership de Mir Hossein Moussavi et de Mehdi Karroubi, même si elle s'est reconnue dans leurs candidatures et si elle s'est nourrie du refus de la fraude qui a de toute évidence entaché le scrutin du 12 juin. Inversement, Mir Hossein Moussavi semble quelque peu débordé par un mouvement sur lequel il surfe depuis les dernières semaines de sa campagne électorale, mais dont il aurait sans doute eu de la peine à combler les attentes s'il avait accédé au pouvoir. Sa dernière lettre au guide de la révolution, en date du 31 décembre, dans laquelle il lui propose un scénario de sortie de crise, montre qu'il reste attaché à un dirigisme et à un tiers-mondisme nationaliste désuets, par exemple quand il déplore que le bazar soit devenu la vitrine de ces produits étrangers importés dont raffole pourtant son électorat. Dans le même temps, le sort de la contestation et celui de Mir Hossein Moussavi paraissent désormais indissolubles, au moins pour un proche avenir. Celui-ci tire sa force de l'ampleur et du pluralisme de la mobilisation populaire. Et cette dernière la sienne de la légitimité républicaine dont peuvent se targuer les leaders qu'elle s'est choisis, dès lors que les candidatures de Mir Hossein Moussavi et de Mehdi Karroubi aux élections présidentielles ont été adoubées par le Conseil des gardiens de la Constitution. Les manifestants (et auparavant les électeurs) ont décidé de rester dans le périmètre du régime. En d'autres termes, le "mouvement vert" est un mouvement endogène, interne à la République islamique, qu'il ne remet pas en question. D'une part, les ténors de l'opposition à Mahmoud Ahmadinejad sont des hiérarques de cette dernière, qu'ils ont servie depuis la Révolution et dont ils continuent d'occuper des positions de pouvoir importantes, notamment au sein du Conseil de discernement. D'autre part, les manifestants demandent "où est leur vote", investissent les cérémonies religieuses et officielles pour avancer leurs revendications, crient "Allah est grand !", célèbrent la mémoire du premier dauphin de l'imam Khomeyni, l'ayatollah Montazeri, dont ils ont accompagné en masse la dépouille en donnant à ses funérailles la portée d'un deuil national. L'objectif du "mouvement vert" n'est pas de renverser la République islamique, mais de desserrer son étreinte et d'assurer à la société l'espace qui doit lui revenir, ce qui passe inévitablement par une réforme du système électoral, voire de la Constitution, du système judiciaire et d'une partie de la législation. Il récuse la violence, celle du pouvoir naturellement, mais aussi celle qui pourrait naître de sa contestation : des manifestants se sont ainsi interposés à plusieurs reprises pour protéger de la foule des policiers qui avaient été blessés. Les destructions, les provocations antireligieuses qui ont ponctué les démonstrations d'Ashoura, le 27 décembre, ont également fait l'objet d'une sourde désapprobation de la part des "verts". Une partie de l'opposition en exil, Abolhassan Bani Sadr en tête, a demandé d'éviter tout débordement pour préserver les acquis du mouvement. L'Iran n'est donc probablement pas à la veille d'une révolution dont chacun connaît le coût et les limites, à commencer par les réformateurs d'aujourd'hui, qui étaient les radicaux d'hier. Néanmoins, son destin est très incertain. En effet, le mouvement de contestation est divisé dans ses revendications et ses objectifs. Il pose la question du "despotisme", mais se partage sur la manière politique ou constitutionnelle d'en sortir : faut-il, par exemple, changer de guide de la révolution ou le remplacer par un collège de jurisconsultes, comme cela avait été évoqué lors de la mort de l'imam Khomeyni ? La mobilisation comporte un courant extrémiste qui rendra le compromis d'autant plus difficile que les entourages du guide et du président de la République comptent eux aussi leurs ultras. La tentative de négociation que Mir Hossein Moussavi a amorcée, et qui a bénéficié de l'appui de Mohsen Rezai, ainsi que – selon toute probabilité – de l'entremise d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, peut avorter en laissant la place soit à une restauration autoritaire, soit à une situation de quasi-guerre civile. Mais cette alternative, plausible dans l'abstrait, ne tient pas compte de la différenciation et du pluralisme de la société iranienne, dont le "mouvement vert" est l'expression politique. Ce dernier consacre le dépassement des clivages de la période révolutionnaire et de ses lendemains en rassemblant des sensibilités longtemps antagonistes. Dans le pays, l'heure est au dialogue, au débat, au respect des droits, à la soif de progrès, de prospérité et de croissance, à l'acceptation de la différence, à la réconciliation beaucoup plus qu'aux déchirements factionnels. Sans compter que la classe politique et le peuple communient dans un même nationalisme, et très largement dans un même registre moral. Le drame du guide de la révolution et de certains de ses conseillers est de ne pas l'avoir compris. Pas plus que les leaders du "mouvement vert", enclins à minimiser les soutiens populaires dont dispose Mahmoud Ahmadinejad et dont la fraude électorale a paradoxalement empêché de prendre l'exacte mesure. Les uns et les autres demeurent prisonniers de leur langue de bois, sans pouvoir admettre que, trente ans après la révolution, le pays a changé, et aussi le reste du monde. Fariba Adelkhah est directrice de recherche à Sciences Po-CERI Jean-François Bayart est directeur de recherche au CNRS (Sciences Po-CERI)
07/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/07/iran-de-quel-bois-la-contestation-est-elle-faite-par-farida-adelkhah-et-jean-francois-bayart_1288861_3232.html
Un dernier baiser sème le trouble à l'aéroport de Newark
Un homme a franchi une porte de sécurité pour un faire un dernier baiser à une femme qui allait prendre l'avion. L'aéroport de Newark a dû être fermé pendant plusieurs heures.
Depuis qu'un jeune Nigérian a tenté de faire exploser l'avion reliant Amsterdam à Detroit, les fausses alertes se multiplient dans les aéroports américains, signe que l'Amérique est à cran. Dimanche 3 janvier, l'aéroport de Newark, dans le New Jersey, a dû être fermé pendant plusieurs heures, retardant des milliers de voyageurs. Aucun terroriste n'était pourtant venu perturber cet aéroport proche de New York. Un enregistrement des caméras de sécurité a montré que ce bazar avait été causé par un homme qui a franchi un point où aurait dû se trouver un agent pour faire un dernier baiser à sa dulcinée avant que celle-ci ne prenne l'avion. Ils partent ensuite main dans la main en direction de la zone d'embarquement avant de disparaître du champ de la caméra. L'homme en question n'a pas pu être identifié pour le moment. En revanche, l'agent de sécurité qui n'était pas à son poste a d'ores et déjà subi les foudres de sa hiérarchie. Il a immédiatement été mis en congé administratif. La vidéo a même été visionnée par le sénateur du New Jersey, Frank Lautenberg. Lors d'une conférence de presse conjointe avec deux autres élus de l'Etat, ils ont déploré cette "négligence majeure". La Transportation security administration (TSA) a indiqué avoir "modifié l'encadrement et la configuration" des agents de sécurité dans la zone incriminée.
07/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/07/un-dernier-baiser-seme-le-trouble-a-l-aeroport-de-newark_1288882_3222.html
Le bon n'est plus nécessaire pour se faire vacciner contre la grippe A
A partir de mardi, la vaccination ne se fera plus exclusivement dans les centres de vaccination, mais aussi dans les cabinets des médecins libéraux.
La vaccination contre la grippe A(H1N1) va entrer dans une nouvelle phase. La ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a appelé, jeudi 7 janvier, les Français à se faire vacciner avec ou sans bon de vaccination. Jusqu'à présent, la consigne était claire : nul ne pouvait se faire vacciner sans ce fameux bon nominatif envoyé par courrier. Mais la donne a changé puisque, à partir de mardi, la vaccination ne se fera plus exclusivement dans les centres dédiés, mais également chez les médecins de ville. C'est d'ailleurs à l'issue d'une rencontre avec les médecins libéraux que Mme Bachelot a appelé les Français à se passer de bon. "Vous pouvez vous faire vacciner si évidemment vous avez déjà reçu votre bon de vaccination. Mais si vous n'avez pas reçu votre bon de vaccination, allez vous faire vacciner évidemment", a déclaré la ministre. Les personnes arrivant sans bon dans un centre de vaccination se voient remettre un bon édité sur place. Ce sera également le cas lorsque la vaccination se fera dans un cabinet médical informatisé, notamment chez les généralistes et les pédiatres. On peut également se faire éditer un bon dans son centre de Sécurité sociale. Dans un premier temps, les médecins libéraux devront se procurer les vaccins dans les centres de vaccination, "puisque la plus grande partie des vaccins sont toujours sous forme de flacons de dix doses", a précisé la ministre. "Mais nous avons d'ores et déjà deux millions de vaccins unidoses qui seront réservés aux généralistes", a-t-elle ajouté. Par la suite, "un certain nombre de pharmacies" pourront aussi approvisionner les médecins.
07/01/2010
epidemie-grippe-a
https://www.lemonde.fr/epidemie-grippe-a/article/2010/01/07/le-bon-n-est-plus-necessaire-pour-se-faire-vacciner-contre-la-grippe-a_1288878_1225408.html
29 000 sans-papiers expulsés en 2009 par la France
Ce chiffre, comparable à celui de l'année précédente, est supérieur à l'objectif assigné par Nicolas Sarkozy.
La France a expulsé de son territoire quelque 29 000 étrangers en situation irrégulière en 2009, un chiffre comparable à celui de l'année précédente, mais supérieur à l'objectif assigné par Nicolas Sarkozy. Eric Besson, promu il y a un an au poste de ministre de l'immigration, n'a pas précisé le chiffre exact. Mais il aura donc fait autant que son prédécesseur Brice Hortefeux qui, en 2008, avait expulsé 29 799 étrangers en situation irrégulière contre un objectif de 26 000. Le transfuge du PS, qui est sévèrement critiqué par les associations de défense des droits des immigrés, a répété sans cesse ces derniers mois que les étrangers en situation irrégulière avaient vocation à être expulsés. Malgré un concert de protestations, il a renvoyé neuf Afghans dans leur pays en décembre 2009, après en avoir expulsé trois autres en septembre. Soit au total 12 Afghans expulsés alors que 250 autres ont bénéficié, dans le même temps, du statut de réfugié, a-t-il précisé. En annonçant jeudi sur Europe 1 le chiffre de 29 000 expulsions en 2009, M. Besson a souligné que la Grande-Bretagne, destination privilégiée des Afghans, en avait reconduit 1 000 pendant la même période. S'agissant des 29 000 reconduites annoncées, M. Besson n'a pas précisé la part des retours contraints et celle des retours volontaires. Il n'a pas non plus précisé le nombre des sans-papiers expulsés hors du territoire de l'Union européenne. LES ROUMAINS EN TÊTE DES EXPULSIONS Selon un document de l'Assemblée nationale analysant les 14 844 reconduites exécutées au premier semestre 2009, les Roumains arrivent en tête (4 346), suivis des Algériens (1 552) et des Marocains (1 550). "Je ne fais pas du chiffre", s'est défendu M. Besson, qui a assuré mener une politique migratoire "ferme et juste". L'Association des travailleurs maghrébins de France a dénoncé dans un communiqué une "politique anti-immigrés de Sarkozy-Besson" marquée, selon elle, par la "renvoi de personnes vers des pays où elles n'ont plus aucune attache" ou "des pays où leur sécurité est en péril". L'éloignement des étrangers en situation irrégulière coûte à l'Etat environ 232 millions d'euros par an, soit 12 000 euros par reconduite, selon des chiffres communiqués il y a quelques mois par le ministère. La Cimade a évalué à 27 000 euros le prix de chacune des 20 000 reconduites forcées réalisées en 2008. 107 000 NATURALISATIONS EN 2008 Le ministre a par ailleurs annoncé que 175 000 étrangers étaient rentrés de manière régulière en France au titre du long séjour et que 107 000 autres avaient été naturalisés. En 2008, il y a eu 107 000 naturalisations, dont 91 000 par décrets et 16 000 par mariage. Environ la moitié des naturalisés sont originaires d'un pays du Maghreb, 13 % d'Afrique, 13 % d'Asie, 6 % de pays de l'UE, 7,2 % d'autres pays européens et 5 % d'Amérique. La lutte contre l'immigration clandestine reste un des objectifs majeurs de M. Besson pour 2010, conjuguée avec la volonté de parvenir à un équilibre entre l'immigration professionnelle et l'immigration familiale, qui reste la principale porte d'entrée en France. Son ministère souhaite conclure cette année trois nouveaux accords de gestion des flux migratoires, après les neuf signés depuis 2007 (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap Vert, Congo, Maurice, Gabon, Sénégal et Tunisie). Des négociations seraient en cours avec des pays de l'Afrique subsaharienne, des pays émergents (Brésil, Chine et Vietnam) et la zone des Balkans occidentaux, où M. Besson s'est rendu en décembre 2009.
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/29-000-sans-papiers-expulses-en-2009-par-la-france_1288854_3224.html
Des parlementaires du Conseil de l'Europe veulent une enquête sur la grippe A
Des parlementaires du Conseil de l'Europe réclament la création d'une commission d'enquête pour évaluer "la menace des fausses pandémies pour la santé".
Des parlementaires du Conseil de l'Europe réclament la création d'une commission d'enquête pour évaluer "la menace des fausses pandémies pour la santé", un sujet dont ils doivent débattre fin janvier à Strasbourg, a indiqué jeudi 7 janvier l'un d'eux, Wolfgang Wodarg. Epidémiologiste critique à l'égard du traitement contre le virus H1N1, selon lui qualifié faussement de pandémie "sous la pression de laboratoires", cet élu socialiste allemand veut que le Conseil de l'Europe demande à ses membres "des enquêtes sur les conséquences du déclenchement de la pandémie et sa prise en charge aux niveaux nationaux et européen". Il s'agira aussi de savoir comment et sur quelles bases scientifiques l'OMS a décrété qu'il s'agit d'une pandémie "afin de prévenir d'autres fausses alertes". L'Assemblée parlementaire (APCE), réunie en session du 25 au 29 janvier, doit mettre la pandémie au programme de sa session. Sa commission "social et santé" a par ailleurs invité la même semaine l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des laboratoires pharmaceutiques pour un débat à huis clos, a-t-il précisé. M. Wodarg prétend que les sociétés pharmaceutiques "ont influencé les scientifiques et les autorités de santé publique pour qu'ils alertent les gouvernements sur une pandémie". Dans un texte cosigné par des parlementaires de dix pays, il affirme que les laboratoires "ont incité à gaspiller des ressources destinées aux soins de santé en faveur de stratégies de vaccination inefficaces". "Elles exposent inutilement des millions de personnes en bonne santé au risque d'effets secondaires non connus de vaccins qui n'ont pas été suffisamment testés". Cette charge contre les laboratoires, qui n'engage à ce stade que les signataires, devrait être soumise au terme du débat à un vote de l'APCE. Dans un entretien accordé à l'Humanité, il estime que "rien ne justifiait de sonner l'alerte à ce niveau. "C'est une grippe tout ce qu'il y a de plus normale, affirme-t-il. Elle ne provoque qu'un dixième des décès occasionnés par la grippe saisonnière classique. Tout ce qui importait et tout ce qui a conduit à la formidable campagne de panique à laquelle on a assisté, c'est qu'elle constituait une occasion en or pour les représentants des labos qui savaient qu'ils toucheraient le gros lot en cas de proclamation de pandémie."
07/01/2010
epidemie-grippe-a
https://www.lemonde.fr/epidemie-grippe-a/article/2010/01/07/des-parlementaires-du-conseil-de-l-europe-veulent-une-enquete-sur-la-grippe-a_1288841_1225408.html
Les spectacles phares de la rentrée
Du monologue théâtral au grand ballet contemporain, tour d'horizon du début 2010.
Contrairement aux années précédentes, le mois de janvier ne représente pas un pic dans la saison théâtrale. Beaucoup de créations ont eu lieu à l'automne 2009, comme Une maison de poupée et Rosmerholm, les deux pièces d'Ibsen mises en scène par Stéphane Braunschweig au Théâtre national de la Colline (Le Monde du 17 novembre 2009). Après la trêve des fêtes, le passionnant diptyque norvégien reprend jusqu'au 16 janvier. Suivront deux nouveautés : Manhattan Medea, de Dea Loher, mise en scène par Sophie Loucachevski (à partir du 21 janvier), et La Pierre, de Marius von Mayenburg, dans la mise en scène de Bernard Sobel (à partir du 22 janvier). Au Théâtre de la Ville, Emmanuel Demarcy-Mota revient à Casimir et Caroline, d'Odon von Horvath (Le Monde du 13 mars 2009), avec un changement de distribution : Elodie Bouchez succède à Sylvie Testud dans le rôle de Caroline (19 au 23 janvier). A l'Odéon - Théâtre de l'Europe, Caterina Gozzi créée Le Vertige des animaux avant l'abattage, une pièce du Grec Dimitris Dimitriadis (à partir du 27 janvier). Puis viendra le très attendu Tramway, d'après Tennessee Williams, mis en scène par Krzysztov Warlikowski, avec Isabelle Huppert (à partir du 4 février). Les Bouffes du Nord accueillent la nouvelle création de Joël Pommerat, Cercles/Frictions (à partir du 26 janvier). A Chaillot, Denis Podalydès joue Le Cas Jekyll, de Christine Montalbetti (jusqu'au 25 janvier). Il est seul en scène, dans une rentrée riche en monologues : Guillaume Gallienne, autre star de la Comédie-Française, présente Les Garçons et Guillaume, à table !, à l'Athénée (à partir du 21 janvier). Jacques Gamblin crée à Amiens (jusqu'au 15 janvier) Tout est normal, mon coeur scintille. A Nanterre-Amandiers, le Burkinabé Moussa Sanou lance Je t'appelle de Paris (à partir du 9 janvier), et Jeroen Willems fait entendre Deux voix, de Pasolini et Cor Herkströter (jusqu'au 10 février). Dans le théâtre privé, qui annoncera sa rentrée le 12 janvier, Sami Frey prolonge à l'Atelier, jusqu'au 16 janvier, sa merveilleuse interprétation en solitaire de Premier amour, de Beckett. Version japonaise Parmi les reprises, on notera La Menzogna, de Pippo Delbono, au Théâtre du Rond-Point (à partir du 20 janvier) et Tous les Algériens sont des mécaniciens, de Fellag, aux Bouffes parisiens (à partir du 21 janvier). Côté auteurs, Hanokh Levin s'annonce au Rond-Point avec Yaacobi et Leidental, mis en scène par Frédéric Bélier-Garcia (à partir du 19 janvier), Gorki à Rennes, avec Les Estivants, montés par Eric Lacascade (à partir du 12 janvier), Michel Vinaver à Caen (les 13 et 14 janvier), avec une version japonaise de Par-dessus bord, mise en scène par Arnaud Meunier. Ces spectacles tourneront, comme le font deux créations d'Avignon : l'exceptionnelle Ode maritime, de Fernando Pessoa, mise en scène par Claude Régy, ou Angelo, tyran de Padoue, de Victor Hugo, dirigé par Christophe Honoré. Au rang des créations de janvier, Pascal Rambert livre à Gennevilliers Une (micro) histoire économique du monde, dansée, avec le philosophe Eric Méchoulan (à partir du 8 janvier). A Bobigny, Patrick Sommier met en scène les élèves de l'école d'opéra de Pékin dans Au bord de l'eau, d'après le roman de Shi Nai-An (à partir du 8 janvier), et Patrick Pineau monte La Noce, d'après Brecht (à partir du 9 janvier). Quant à Ariane Mnouchkine, elle prépare pour le 27 janvier une création coécrite avec Hélène Cixous : Les Naufragés du fol espoir. Un bon titre pour aujourd'hui. Artistes-performers La danse, elle, reprend la saison sur les chapeaux de roue avec le festival hip-hop Suresnes Cités Danse (du 8 au 31 janvier) et celui, plus contemporain, de Faits d'hiver, distribué dans sept lieux parisiens (du 12 janvier au 5 février). C'est au tour ensuite de C'est de la danse contemporaine, manifestation pilotée par le Centre de développement chorégraphique de Toulouse, de prendre le relais en ouvrant large son horizon avec une vingtaine de chorégraphes d'une dizaine de pays (du 21 janvier au 12 février). A Avignon, Les Hivernales, quant à elles, se concentrent sur les artistes originaires du continent africain (13-20 février). Du côté de la pointe ouest, à Brest, Les Antipodes enfoncent le clou de la modernité expérimentale avec la jeune génération d'artistes-performers comme Cecilia Bengolea ou Jonathan Capdevielle (2 au 13 mars). L'aventure est aussi au rendez-vous au Théâtre de la Ville, à Paris, où, parallèlement à des noms repérés (Lucinda Childs, Sankai Juku), on attend avec impatience les nouvelles pièces de Brigitte Seth et Roser Montlo (du 9 au 13 mars) ou de Peeping Tom (23-27 mars). Deux événements à ne pas rater. José Montalvo et Dominique Hervieu, directeurs du Théâtre de Chaillot, à Paris, planchent sur Orphée (19 mai au 19 juin). A l'Opéra Bastille, Angelin Preljocaj met en scène pour le Ballet de l'Opéra Siddharta, titre du roman fameux de Hermann Hesse qui lui a servi de tremplin mais qu'il se gardera d'illustrer (18 mars-11 avril). Rosita Boisseau et Brigitte Salino
07/01/2010
culture
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Le Museo del Barrio, un nouveau visage de New York
Rénovée, l'institution de la communauté hispanique célèbre la cité cosmopolite.
C'est à quelques encablures du Museum Mile, qui réunit sur quelques centaines de mètres les plus grands musées de New York, du Metropolitan au Guggenheim. A deux stations de métro du très chic Upper East Side. Mais c'est déjà dans un autre monde que s'est installé le Museo del Barrio. Fleuron de Spanish Harlem, il est posé près de cités HLM où vivent Portoricains, Cubains, Dominicains et Mexicains. Pour ses 40 ans, ce musée dévolu à la culture hispanique vient de s'offrir une rénovation de 40 millions de dollars (26,5 millions d'euros), qui lui permet de se rapprocher du niveau des institutions voisines. Des sculptures taïnos, culture ancestrale de Porto-Rico, aux graphistes contemporains, en passant par Frida Kahlo, toute la culture visuelle latino s'y déploie. Créé en 1969, le Museo symbolise tout un pan de l'histoire des Etats-Unis. "C'était l'époque du combat pour les droits civiques et des mouvements sociaux, et le musée participe pleinement de cette volonté nouvelle de reconnaître les minorités", raconte son directeur Julian Zugazagoitia. A l'origine de l'institution, un artiste bien établi d'origine portoricaine, Rafael Montañez Ortiz. La ville de New York souhaitait offrir à la communauté un département éducatif. Lui invite à pousser plus loin, et à ouvrir un musée. "Très vite, toute la communauté s'en est emparée", raconte le directeur, fier de faire partie des trente-trois institutions culturelles jugées "essentielles" par la ville. D'abord situé dans la IIIe Avenue, le musée investit en 1977 ses espaces d'aujourd'hui. "Mais, établi dans un ancien orphelinat, il n'avait aucune visibilité. Il ressemblait à l'hôpital qui le jouxtait", rappelle le directeur. Derrière une généreuse baie vitrée, orange et vert se disputent désormais pour accueillir les visiteurs dans les espaces d'exposition. Point fondamental dans ce quartier populaire, l'impact économique sur la ville : "Avec notre budget de 8 millions de dollars par an (5,3 millions d'euros), nos retombées ont été estimées à 56 millions de dollars (37 millions d'euros), en emplois, déplacements, restauration", s'enorgueillit le directeur. Revue dada En 2007, avant la fermeture pour travaux, quelque 125 000 visiteurs avaient franchi la porte. En 2009, ce chiffre devrait être dépassé. Reste à convaincre une population pauvre et faiblement éduquée qu'elle a toute sa place au musée. Sont ainsi multipliés les concerts, films, fêtes, rencontres littéraires et visites scolaires. A l'heure où la France s'enferre dans son débat sur l'identité nationale, le très francophile Julian Zugazagoitia rappelle combien "l'intégration des diversités culturelles fait partie de l'ADN des Etats-Unis. Notre offre culturelle doit refléter le cosmopolitisme du quartier, qui fut un temps essentiellement portoricain mais accueille aujourd'hui toute l'Amérique latine, poursuit-il. Mais notre but est aussi de faire comprendre aux non-latinos combien l'art que nous présentons est universel". C'est notamment le but de la passionnante exposition actuellement proposée, "Nexus New York". Son pari : rappeler combien les artistes latinos ont influencé la naissance de l'art moderne dans les années 1920-1930, à travers une série d'exemples merveilleusement documentés. La revue dada 391, fondée par Picabia, aurait été différente sans Marius de Zayas, dessinateur mexicain qui fraya aussi avec le photographe Alfred Stieglitz ; quant aux muralistes mexicains comme Diego Rivera ou José Clemente Orozco, ils bouleversèrent le jeune Jackson Pollock. "En contribuant à ces lectures multiples, nous rappelons que la création est toujours une question d'échange", conclut M. Zugazagoitia. Démonstration imparable qui, loin des clichés ethno-centrés, dépouille l'histoire de l'art du mythe américain de l'artiste, héros self-made-man de la modernité. Finalement, près de la 104e Rue, le Museo del Barrio n'est pas si loin du centre. Un nouveau centre. Museo del Barrio, 1230 Ve Avenue (au croisement de la 104e Rue), New York. Tél. : (001) 212-831-72-72. Sur le Web : www.elmuseo.org. Emmanuelle Lequeux
07/01/2010
culture
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Blanc ne veut plus entendre parler des Bleus
L'entraîneur bordelais a choisi le silence radio après les déclarations du président de la FFF, qui le plaçait parmi la short list de prétendants à la succession de Domenech.
L'entraîneur de Bordeaux Laurent Blanc, cité par le président de la Fédération française de football (FFF) comme possible successeur du sélectionneur Raymond Domenech, a indiqué jeudi qu'il ne répondrait plus à aucune question concernant son avenir d'ici le 15 mai. "Dorénavant, dès que vous me poserez une question qui concerne mon avenir ou l'équipe de France, je n'y répondrai pas", a déclaré l'entraîneur bordelais, visiblement agacé. Conscient d'avoir provoqué le débat en annonçant lundi que "l'équipe de France, ça peut se refuser, bien sûr", Blanc a peu goûté l'intervention du président Jean-Pierre Escalettes qui l'a cité mardi, de même que Didier Deschamps (entraîneur de Marseille), Jean Tigana et Alain Boghossian (adjoint de Domenech) comme possible futur patron des Bleus. A noter que M. Escalettes a dans un deuxième temps ajouté les noms d'Arsène Wenger, puis de Guy Roux à cette liste, en attendant que Luis Fernandez, Philippe Troussier, ou Robert Herbin ne soient aussi cités à un moment ou un autre par le facétieux président de la FFF. "C'EST UN MANQUE DE RESPECT VIS-À-VIS DU CLUB" "Pour arrêter toute polémique, je ne répondrai pas", a insisté Blanc, précisant "être dans (mon) droit car je suis à Bordeaux et il y a une saison à finir, une saison à faire et c'est un manque de respect vis-à-vis du club de parler de l'équipe nationale." Faisant référence à son staff technique en Gironde, mais aussi à celui des Bleus, le 'Président' a ajouté qu'il "n'aimerait pas que l'on parle dès à présent de l'entraîneur qui arriverait à Bordeaux après (lui)". "Il y a un staff technique en équipe de France qui a du travail, une préparation à faire pour une Coupe du monde, ce qui n'est pas rien, laissons le tranquille. Je ne veux pas alimenter tout ça, c'est stop, c'est niet jusqu'au 15 mai pour moi. C'est noté ?", a conclu l'ancien libero international, sous-contrat en Gironde jusqu'en juin 2011.
07/01/2010
sport
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Kosovo, la guerre « sérieuse et mortelle » de Margaret Thatcher
Lors d'un banquet organisé par le Parti conservateur, en 1999, la guerre du Kosovo a permis à l'ancienne premier ministre de démontrer qu'elle n'avait rien perdu de sa fougue.
A bientôt soixante-quatorze ans, la « dame de fer » ne fait plus guère parler d'elle, exceptées quelques sorties publiques en faveur de son « vieil ami », le sénateur à vie Augusto Pinochet. Lors d'un banquet organisé par le Parti conservateur, mardi soir 20 avril, la guerre du Kosovo a permis à l'ancienne premier ministre de démontrer qu'elle n'avait rien perdu de sa fougue. « Il y a huit ans déjà que j'affirme qu'il faut stopper la Serbie, a dit Margaret Thatcher. On mettait mes avertissements sur le compte de je ne sais quelle idiotie émotionnelle... » Quelle erreur ! « On a gravement sous-estimé les conséquences de l'inaction. Et nous voici maintenant livrant une guerre huit années trop tard, sur un terrain difficile, avec, jusqu'ici, peu de soutien local, des renseignements imparfaits et des objectifs militaires que d'aucuns jugent confus et peu persuasifs. » Ah, si l'on avait écouté Margaret Thatcher... C'est que l'OTAN n'a pas « affaire à un petit voyou dont la brutalité peut offenser de temps en temps notre sensibilité. Milosevic est passé maître dans l'art de déstabiliser ses voisins et d'affaiblir ses adversaires avec des marées de réfugiés. Cela, nous ne pouvons tout simplement pas le permettre. Les pays avoisinants ne peuvent pas absorber deux millions d'Albanais [du Kosovo] sans provoquer une nouvelle spirale de désintégrations violentes, peut-être même dans certains pays membres de l'OTAN ». Non, « le régime Milosevic et son idéologie génocidaire représentent une malfaisance véritablement monstrueuse qu'on ne peut se contenter de surveiller et de contenir. Elle doit être totalement vaincue ». Et c'est peu dire que la baronne de Kesteven - nommée avec ce titre à la Chambre des Lords en 1992 - n'est pas satisfaite de la tournure des événements. « La guerre est une chose sérieuse et mortelle, rappelle-t-elle dans un silence respectueux. Les risques sont inévitables et l'on doit s'attendre à des pertes, y compris civiles malheureusement. » Inutile, donc, de prétendre le contraire. Ces victimes sont évidemment « regrettables, mais il ne faut avoir aucun doute là-dessus : ce ne sont pas nos pilotes qui sont coupables, mais les malfaisants de Belgrade ».
07/01/2010
international
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A Garnier, le Ballet Béjart, loin de ses standards éculés
La compagnie du chorégraphe mort en 2007, originale et convaincante, à l'Opéra de Paris.
Excitante à première vue, intrigante dans un second temps, désuète par moments. La soirée spéciale du Béjart Ballet Lausanne, consacrée à des oeuvres peu connues et peu représentées du chorégraphe décédé en 2007, a tout d'une étrange affaire. Indispensable aussi. Remonter des travaux des années 1960-1970 par exemple, pour ne pas réduire Béjart à quelques tubes inoxydables type Boléro, est tout bonnement une entreprise d'intérêt public. L'inspiration littéraire, la théâtralité et le goût féroce pour la musique, en particulier celle de Pierre Boulez qui soutient deux ballets du programme dont le mythique Marteau sans maître (1973), sont les points d'accroche des quatre pièces à l'affiche, toutes de petits formats (entre deux et douze danseurs). Accompagnées par des musiciens, elles couvrent quarante et un ans de travail de 1957 à 1998. Si la plus ancienne, Sonate à trois, d'après Huis clos, de Jean-Paul Sartre, sur une partition de Bela Bartok, met les nerfs des trois protagonistes à vif jusqu'au tragique, Dialogue de l'ombre double (1998), dont le titre a été emprunté par Boulez au Soulier de satin, de Claudel, montre un visage plus léger, joyeux même, de Béjart. Ce pas de deux burlesque aux accents de bande dessinée cogne un homme et une femme l'un contre l'autre pour mieux tirer sur l'élastique du désir. Un clarinettiste présent sur scène (Alain Damiens) forme la pointe flottante d'un triangle sans cesse recomposé. Aussi contrastés soient-ils, ces deux ballets possèdent un point commun : une écriture découpée, sèche, dynamique, qui bondit vite et rebondit à coups de grands sauts, de tours et d'arabesques. Le vocabulaire classique, sur pointes pour les filles, est passé à la moulinette. Ce graphisme, très présent dans le pas de deux Webern opus V, accompagné par un quatuor à cordes, est soufflé par la gravité. En justaucorps blanc, une danse en majesté qui fait du couple et de l'amour une forme de travail chorégraphique. Sur un ton plus philosophique, Le Marteau sans maître, gros morceau de la soirée avec l'Ensemble intercontemporain dans la fosse, atteste de la singularité des sources d'inspiration de Béjart autour des thèmes de la solitude, de l'individu et du groupe, du destin. Six instrumentistes et une chanteuse pour six danseurs torse nu et en collants face à une femme. Mais six autres personnages tout de noir vêtus les entourent, rappelant les manipulateurs de marionnettes. Des collisions sonores et rythmiques de Boulez jaillit un paysage spectaculaire criblé de lignes. Des déhanchés inspirés par la statuaire indienne, des ondulations, des chutes, affolent la géométrie. La vie n'est pas une autoroute. Sonate à trois, Dialogue de l'ombre double, Webern opus V et Le Marteau sans maître, par le Béjart Ballet Lausanne. Palais Garnier, Paris-9e. Jusqu'au 9 janvier, à 19 h 30. Le samedi 9 à 14 h 30 et 20 heures. Tél. : 08-92-89-90-00. De 6 € à 87 €. Sur le Web : www.operadeparis.fr. Rosita Boisseau
07/01/2010
culture
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Tennis : Fabrice Santoro revient pour une pige à l'Open d'Australie
Fabrice Santoro a déclaré jeudi dans un communiqué qu'il allait participer au prochain Open d'Australie.
Le Français, qui avait annoncé la fin de sa carrière en novembre dernier au tournoi de Paris-Bercy, souhaite "porter à 70 son record des participations à des tournois du Grand Chelem et devenir le seul à en avoir disputé lors de quatre décennies", ses débuts datant de 1989 à Roland-Garros. "Cette participation ne remet absolument pas en question la décision que j'ai prise de mettre fin à ma carrière de joueur professionnel sur le circuit de l'ATP", précise le Toulonnais, âgé de 37 ans, dans son communiqué. "C'est une démarche très personnelle. Il ne faut pas y voir autre chose, et surtout pas un come-back", ajoute-t-il. Santoro s'est entraîné ces derniers jours à Roland-Garros et se dit "en forme et prêt" à jouer en Australie. "Le tennis est ma vie, ma passion. Ma décision de prendre ma retraite n'a jamais été pour moi de mettre pour toujours mes raquettes au placard. Et je jouerai toujours, en interclubs, en exhibition, et pourquoi pas en double de temps en temps, si j'ai bien sûr le niveau pour le faire", dit-il. Santoro, toujours classé 68e à l'ATP, se rendra à Melbourne en début de semaine prochaine, a indiqué son agent Nicolas Lamperin. Santoro va mettre un point final à son parcours dans une ville qui lui tient particulièrement à coeur. C'est à Melbourne que le Varois a remporté la finale de la Coupe Davis (2001), disputé son seul quart de finale en Grand Chelem (2006) et gagné ses deux titres majeurs en double associé à Mickaël Llodra (2003, 2004).
07/01/2010
sport
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"Pour nos lecteurs, ""un Méditerranéen au sang chaud"""
De nombreux lecteurs du Monde.fr ont réagi à la disparition de Philippe Séguin. Nombreux sont ceux qui saluent sa franchise. Quelques-uns regrettent que ses qualités de tribun ne se soient pas concrétisées dans les actes.
"Le dernier vrai gaulliste de gauche", un "esprit libre", un "homme de caractère et de convictions". De nombreux lecteurs du Monde.fr ont réagi, jeudi 7 janvier, à la disparition du président de la Cour des comptes, dans la nuit de mercredi à jeudi. Nombreux sont ceux qui saluent sa franchise. Certains, qui n'étaient pas de son bord, reconnaissent son courage politique. D'autres regrettent que ses qualités de tribun ne se soient pas concrétisées par des actions politiques d'envergure. LA RÉPUBLIQUE "ORPHELINE" "Je suis instituteur", explique Patrick S., qui se souvient que "Philippe Séguin fut à l’initiative en 1994 du Parlement des enfants. Mes classes de cours moyen ont par deux fois participé à cet apprentissage de la démocratie et de la République à travers le 'député junior'. (...) Je salue l’homme libre et le républicain qu’il fut." "La République est orpheline", écrit Laurent G, tandis que Fil déplore la disparition d'"un des derniers hommes de droite à avoir le sens de l'Etat et de l'intérêt général". L'enthousiasme de plusieurs internautes est manifeste, à l'image de Gura4316 : "Un sacré personnage ! Son fichu caractère l'a empêché d'atteindre les sommets qu'il ambitionnait mais c'était un type d'une envergure rare. N'hésitant pas à appeller un chat un chat, il a fait de la Cour des comptes un organisme respecté sinon écouté." UN "GROS NOUNOURS" AU SANG CHAUD Le tempérament fougueux de Philippe Séguin retient justement l'attention. Jean T. se souvient de ses éclats de rire, dont "on ne percevait pas toujours clairement la raison". Yassine A. salue "un vrai bulldozer en politique, un type solide, mais aussi un Méditerranéen au sang chaud." Un sang chaud qui savait, quand il le fallait, faire preuve de retenue, comme lors du débat télévisé de 1992 sur le traîté de Maastricht, où face à un Mitterrand malade, Philippe Séguin avait marqué les esprits par sa réserve. De ce "'gros nounours' qui en avait l'air mais qui ne l'était pas", OR retient ainsi "cette façon un peu lasse de s'exprimer, de débattre, de reformuler le propos de l'adversaire avant de donner l'estocade". Nombreux sont ceux qui soulignent leur divergences politiques avec cet homme de droite, tout en saluant son "éthique de la conviction et de l'action", comme le fait Philippe Q. "Je ne suis pas de son 'bord' politique, mais M. Séguin savait être (...) fidèle aux idées qu'il se faisait sur un sujet." José A. souligne "la très grande intégrité de ses engagements" et Hugo C. renchérit : "Je ne suis pas du même côté de l'échiquier politique que ce grand monsieur, mais je suis vraiment triste de voir sombrer si jeune le dernier représentant de la droite intelligente et républicaine." "IL N'A ABOUTI À RIEN" Si Philippe Séguin est autant apprécié de personnes dont les convictions sont à gauche, c'est qu'il a su incarner, au sein de la droite, une certaine forme d'opposition au gouvernement actuel. JeB note ainsi qu'"à son poste à la Cour des comptes, il faisait partie des meilleurs vigiles devant les dérives budgétaires de ce gouvernement". En épluchant le budget de l'Elysée et du gouvernement, la Cour des comptes avait ainsi mis le doigt sur des dépenses en escalade faisant l'objet d'une vive polémique. Pour Nicole G., il incarnait "un garde-fou", "un personnage qui disait ce qu'il avait à dire et qui grattait là où ça démangeait". D'autres internautes se montrent plus réservés. "La carrière de Séguin est à son image : 'honnête'. C'est-à-dire correcte mais sans plus, dit Sébastien C. C'est dommage et cela démontre surtout que ce n'est pas avec des qualités d''honnêteté' (intellectuelle et morale) que l'on réussit en politique en France." Pour plusieurs lecteurs, si Séguin était un brillant agitateur, ses réalisations politiques concrètes pêchent par leur absence. "Finalement il n'a abouti à rien (...), regrette Jean-Pierre Bernajuzan. En politique, il faut savoir prendre les moyens d'atteindre ses objectifs : ce qu'il n'a jamais su faire. Résultat, ses grandes qualités de talent, d'intégrité et d'humanisme ont été gaspillées. Au final, il a plus été un témoin qu'un homme d'action." Ce manque de résultats s'applique également à son mandat à la tête de la Cour des comptes. DG n'a ainsi "jamais compris à quoi servaient les mises en garde de la Cour", tandis que Gérard B. note qu'"en dehors de constater, la Cour des comptes n'a jamais permis d'importantes économies, ni fait cesser les abus". INCOMPRÉHENSION SUR LES MUTINS DE 17 L'opposition de Philippe Séguin à la proposition de Lionel Jospin de réhabiliter les fusillés pour l'exemple de la Grande Guerre et des mutins de 1917 fait l'objet de nombreux commentaires, la plupart perplexes. "Il fut un petit homme politique quand il s'opposa avec virulence à la propostion juste et courageuse de Lionel Jospin de réhabiliter les mutins de 17", note André B. L'incompréhension de José M. va plus loin, ce lecteur qualifiant Philippe Séguin, sur ce sujet, de "partisan de la haine et de la stupidité". Reste que de nombreux lecteurs s'inquiètent de la succession de M. Séguin. Qui Sarkozy nommera-t-il à la tête de cette institution ? Pierre G. s'inquiète que sa disparition ouvre la porte au président pour qu'il place "un homme qui va enterrer tous les dossiers financiers gênants que la Cour des comptes a soulevés ces derniers mois".
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/philippe-seguin-un-mediterraneen-au-sang-chaud_1288572_823448.html
"Le rapport Zelnik prône une ""taxe Google"""
La mission Création et Internet propose vingt-deux mesures pour aider les industries culturelles.
Taxer Google et les géants du Net pour financer des mesures incitatives en faveur du téléchargement légal : la mission Zelnik a remis, mercredi 6 janvier, une série de propositions destinées à soutenir les industries culturelles dont la survie passe par le développement numérique. Initialement prévu pour la mi-novembre, puis renvoyé à mi-janvier, le rapport de la mission Création et Internet a été finalement avancé de manière à coïncider avec les vœux à la culture présentés par Nicolas Sarkozy, jeudi 7 janvier, sans perdre de prérogatives ni lui voler la vedette. Ce rapport était très attendu des professionnels de la musique, du cinéma mais aussi du livre - même si le livre numérique fait l'objet d'une autre mission, dont les conclusions seront prochainement rendues. Il avait, en effet, été commandité par Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, pour compléter la loi contre le téléchargement illégal (Hadopi). Adoptée le 14 septembre 2009, elle définit le cadre dans lequel l'internaute peut consommer des biens culturels sur le Net. Restait à améliorer les conditions d'usage de la culture sur la Toile, pour dissuader l'internaute du piratage et à rétablir un équilibre des rémunérations en faveur des créateurs et de leur entourage. M. Mitterrand avait confié cette tâche à Patrick Zelnik, PDG de la maison de disques Naïve et président d'Impala, fédération européenne de labels indépendants, à l'ancien ministre de la culture Jacques Toubon et à Guillaume Cerutti, PDG de Sotheby's France. Le trio a suscité l'attente, en particulier de la filière musicale, sinistrée. La mission Zelnik propose vingt-deux mesures, élaborées "dans un souci de pragmatisme et d'inventivité", selon Frédéric Mitterrand. La première touche la musique et les jeunes, confrontés à l'émiettement de l'offre sur le Net. Une carte destinée aux 15-24 ans, baptisée "Musique en ligne", serait vendue "de 20 à 25 euros pour une valeur faciale de 50 euros" par an. L'Etat financerait le complément à hauteur de 20 euros. "Si l'Etat affectait à la mesure environ 25 millions d'euros par an, ce qui est préconisé par la mission comme mise de départ, cela permettrait de toucher potentiellement plus d'un million de bénéficiaires", indique le rapport. Cette carte permettrait de résoudre le délicat problème du paiement en ligne pour un jeune internaute, tout en assurant l'accès à toute forme de consommation musicale payante sur le Net. Elle serait épaulée part la création d'un "portail de référencement des oeuvres musicales disponibles en ligne", le tout dopé par une campagne de communication. Cette volonté unificatrice est aussi appliquée au livre (plate-forme unique de distribution, prix unique du livre numérique) et au cinéma, avec une mise à disposition des films en vidéo à la demande (VOD) par abonnement plus court qu'actuellement après leur sortie en salles. Pour financer ses propositions, chiffrées à environ 50 millions d'euros en 2010, puis de 35 à 40 millions par an en 2011 et 2012, la mission propose l'instauration d'une taxe sur tous les liens sponsorisés et les bannières sur Internet. Elle vise essentiellement Google, Yahoo, AOL, Facebook et Microsoft, accusés de capter le marché publicitaire en ligne. Cette "taxe Google", qui promet de faire parler d'elle, serait compatible avec le droit communautaire européen mais sa mise en route nécessite "le soutien des principaux partenaires européens", disent les rapporteurs. Visant directement le géant américain et son moteur de recherche, la mission Zelnik demande au gouvernement de saisir l'Autorité de la concurrence pour un avis sur le secteur de la publicité en ligne. Les fournisseurs d'accès Internet (FAI) sortent à peu près indemnes de l'examen, alors que de nombreux professionnels réclamaient une taxe sur la musique, comme il en existe une sur le cinéma. Représentant les auteurs et les compositeurs, la Sacem, notamment, s'est dite "fortement déçue". Les FAI pourraient juste voir écorner le cadeau fiscal que l'Etat leur a concédé en 2007. Le taux de TVA réduit (5,5 %), appliqué depuis lors à 50 % du prix de l'abonnement ADSL pour les offres "triple-play" (téléphone, TV, Internet) ne le serait plus qu'à 45 % de cette somme. Bénéfice pour l'Etat : plusieurs millions d'euros, réinjectés dans la carte "Musique en ligne" ou dans le financement d'autres mesures proposées par la mission (déplafonnement du crédit d'impôt pour les producteurs de disques, augmentation des moyens de l'IFCIC, organisme de financement du cinéma, de l'audiovisuel et de la culture...). Les rapporteurs préconisent encore de casser la logique "erronée" des majors du disque, habituées à négocier les droits aux catalogues avec chaque site, ou à prendre des participations dans leur capital. Les sites de streaming, comme Deezer ou DailyMotion, seraient désormais assimilés à une radio, et soumis au régime dit de la "licence légale" (accès illimité aux catalogues contre un pourcentage de leur chiffre d'affaires). Cette mesure, réclamée par les artistes, sera-t-elle retenue ? Comme pour les autres propositions, c'est le gouvernement qui tranchera. Ou le président de la République, qui s'exprime justement sur le sujet, jeudi 7 janvier. Véronique Mortaigne
07/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/07/le-rapport-zelnik-prone-une-taxe-google_1288659_651865.html
Homme-femme, un drôle de couple communiste
Le Musée d'art moderne de Vienne pose la question du genre dans l'Europe de l'Est d'avant la chute du Mur.
"Prolétaires de tous les pays, qui lave vos chaussettes ?" : cette question provocante, surgie d'une mémorable conférence féministe organisée en octobre 1978 au Centre culturel étudiant de Belgrade, alors l'un des viviers de l'art contemporain dans l'Europe communiste, fait écho à l'exposition "Gender Check" (en anglais : vérification du sexe), au Musée d'art moderne de Vienne, le Mumok. A travers 400 oeuvres de plus de 200 plasticiens issus de l'Europe orientale et centrale - 24 pays -, cette ambitieuse rétrospective explore un demi-siècle de représentation des rôles sexuels dans un monde qui avait proclamé l'égalité entre hommes et femmes, et a vécu la servitude des esprits. Depuis la chute du Mur, les musées de l'Ouest - dont le Mumok - ont accueilli nombre d'expositions sur l'art de l'autre Europe. A Vienne, sous la houlette de Sabine Breitwieser, la galerie de la Generali Foundation en a fait connaître les créateurs d'avant-garde. "Mais c'est la première fois que l'on revisite cet art socialiste à la lumière des rôles sexuels, en sortant du cliché de la femme sur le tracteur", souligne la commissaire de l'exposition, Borjana Pejic, Serbe établie à Berlin. Le projet a été financé par la Fondation Erste, de la banque autrichienne du même nom, très implantée dans ces pays, où il a fallu réaliser un long repérage des oeuvres. Seul le Musée national de Tirana, en Albanie, a refusé d'en prêter, et l'on ne peut que rêver aux trésors propagandistes qu'il recèle, peuplés de paysannes aux joues rosies par l'effort. L'exposition amorce son parcours avec cette iconographie commune, dès les années 1950, à toute la sphère socialiste, qui exaltait le travail manuel sur les chantiers de l'économie collectivisée. Résolument prolétaires, l'homme et la femme "nouveaux" du peintre polonais Wojciech Fangor jettent un oeil réprobateur sur la diaphane créature aux ongles laqués qui incarne l'oisiveté capitaliste. Mutti kommt heim ("Maman rentre à la maison"), de l'Allemand Fritz Skade, donne une vision lénifiante de la double journée de travail. Mais l'idylle se fissure. Dès 1981, Wolfgang Peuker peint un couple nu qui n'a plus rien d'édénique, engagé dans un affrontement violent entre quatre murs. Une femme sera toujours une femme, de l'Ukrainien Viktor Zaretsky, campe une blonde en sous-vêtements rouges devant le fourneau d'une aciérie. Pionnière d'un art féministe en Yougoslavie, la Croate Sanja Ivekovic ose une masturbation publique lors d'une visite du maréchal Tito, le chef de l'Etat, qui ameute les agents de sécurité postés sur les toits de Zagreb. C'est l'époque où les corps se dévoilent, où homosexuels et lesbiennes sortent du placard : sans doute plus facile à faire en Hongrie, voire dans la très catholique Pologne, que dans l'austère Albanie du marxiste-léniniste Enver Hodja. Le modèle forgé par la révolution de 1917 cède peu à peu sous les assauts du postmodernisme qui bouillonne à l'Ouest. En 1977, un couple d'artistes russes, les Gerlovin, rampe nu derrière des barreaux, pantomime dérisoire de l'Homo sapiens. Imitant à vingt ans de distance les "actionnistes" viennois, Hongrois ou Est-Allemands profanent les corps et abolissent les frontières entre l'espace public et la sphère privée - des jouissances comme des souffrances. Les photographies de la Polonaise Katarzyna Kozyra mettent en scène maladie et vieillesse. "Gender Check" éclaire de façon pathétique le besoin pour l'art est-européen de rattraper les audaces occidentales. N'a-t-on pas vu naître en Estonie une "société" Valie Export, qui répétait, en 2000, les "actions" subversives menées trois décennies plus tôt par l'artiste autrichienne ? Cette évolution débouche sur la critique du mercantilisme qui a supplanté les idéologies jadis à l'honneur dans le système communiste. La Slovaque Eva Filova fabrique des packs de "lait de Marie", sur lesquels la Madone est remplacée par des starlettes porno. Les Lituaniens Gediminas et Nomeda Urbonas filment des employées de banque chantant en choeur la rengaine du groupe Abba : Money, Money, Money. Les femmes en sont réduites à se vendre - comme dans l'installation MonApoly, du Slovène Tadej Pogacar - ou "cherchent un mari avec passeport de l'UE", telle la jeune Serbe Tanja Ostojic. Pire, elles subissent de plein fouet la violence déchaînée par les conflits intercommunautaires lors des guerres des Balkans. Nationalismes mortifères, que moquent dans des vidéos la Kosovare Nurhan Qehaja, chantant toute nue l'hymne de son pays en agitant mollement le drapeau, ou la Bosniaque Gordana Andjelic-Galic, chancelant sous le poids des vingt et un drapeaux inventés par les factions qui se disputent ce territoire. Leur regard ironique nous rappelle qu'il s'agit bien, malgré tout, d'un morceau d'Europe. "Gender Check. Féminité et masculinité dans l'art d'Europe de l'Est", Musée d'art moderne (Mumok), Museumsplatz, 1, Vienne. Tous les jours, de 10 heures à 18 heures, nocturne le jeudi jusqu'à 21 heures. Jusqu'au 14 février. Sur le Web : www.mumok.at. Joëlle Stolz (Vienne, correspondante) et Joëlle Stolz
07/01/2010
culture
https://www.lemonde.fr/culture/article/2010/01/07/homme-femme-un-drole-de-couple-communiste_1288658_3246.html
Le gouvernement revoit le déficit public à la baisse pour 2009
Il "ne devrait pas dépasser 8 %" du PIB, selon le ministère du budget, qui évoque également une prévision de croissance pour 2010 de "1 % à 1,75 %".
Le gouvernement a indiqué, jeudi 7 janvier, que les prévisions de croissance économique et de déficit public de la France en 2010 seront révisées dans le cadre du projet de loi de finances rectificative, présenté à la fin du mois. "Le déficit public ne devrait pas dépasser 8 % du PIB en 2009", a-t-on affirmé dans l'entourage du ministre du budget Eric Woerth, confirmant une information parue sur le site Internet de L'Express. Dans la loi de finances pour cette année, le gouvernement prévoyait un déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités locales) à 8,2 % du PIB en 2009, un record appelé à être battu en 2010 avec 8,5 %. La nouvelle prévision doit être intégrée au collectif budgétaire. Les prévisions actualisées de déficit public jusqu'à 2013 ne figureront en revanche pas dans le projet de loi, mais seront transmises fin janvier à la Commission européenne, indique Matignon. "ON VA RECALER LES CHIFFRES" Selon Eric Woerth, cité par lexpress.fr, cette nouvelle estimation est liée à des rentrées fiscales un peu meilleures que prévu, l'impôt sur les bénéfices des sociétés devant finalement rapporter en 2009 21 milliards d'euros au lieu des 19 escomptés. Quant à la croissance, M. Woerth a évoqué le chiffre de "1 % à 1,75 %". La loi de finances actuelle prévoit une croissance du PIB de 0,75 %. L'entourage du premier ministre François Fillon avait déjà déclaré que les prévisions de croissance du PIB et de déficit public seraient révisées. "On va recaler les chiffres pour 2010, c'est mécanique", expliquait-on, promettant qu'"il n'y aura(it) pas de scoop majeur". Enfin, le gouvernement a tenu à signaler que le grand emprunt voulu par l'Elysée n'a que peu d'impact sur le déficit. "Ce sera beaucoup moins que les 22 milliards d'euros" qui seront effectivement empruntés, explique Matignon. "Ce qu'on comptabilise dans le déficit maastrichtien, c'est ce qui est dépensé."
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/selon-bercy-le-deficit-public-sera-un-peu-moins-lourd-que-prevu-en-2009_1288834_3234.html
A France Inter, Philippe Val imprime sa marque face à une rédaction méfiante
Bilan d'étape, en janvier, six mois après l'arrivée du directeur de la radio publique. Sa phrase estimant que « l'actionnaire n'est pas très bien traité », qu'il juge mal interprétée, a créé un malaise.
Six mois après son arrivée quelque peu mouvementée à la direction de France Inter, Philippe Val imprime sa marque. Depuis le 4 janvier, la tranche d'information du matin présentée par Nicolas Demorand démarre désormais à 6 h 30 au lieu de 7 heures, pour s'aligner sur celle de sa rivale Europe 1. Cette idée avait été lancée il y a quelques années par les prédécesseurs de M. Val sans jamais aboutir. La radio publique, leader en audience pour le journal de 8 heures, n'arrive pas - ou mal - à capter les auditeurs du petit matin. "Il était nécessaire de le faire, car les habitudes des Français ont changé", explique M. Val. Mais le directeur de France Inter a pris sa décision sans en avertir les producteurs et les journalistes concernés. C'est le cas, notamment, de Patricia Martin, animatrice du "5/7" qui, prévenue deux jours avant son départ en vacances, voit son émission amputée d'une demi-heure. Même chose pour le journaliste Simon Tivol, un des piliers de la station, dont la chronique de 6 h 45 a été supprimée avec prière de trouver, seul, un point de chute dans une autre émission. "J'ai été débordé et je n'ai pas eu le temps de les prévenir", a expliqué M. Val, le 18 décembre 2009 aux membres de la société des producteurs de France Inter, qui, "surpris par la brutalité" de cette décision, avaient demandé à le rencontrer. Il avait profité de la rencontre pour leur faire part de grands changements dans la prochaine grille de septembre. Et sûrement des économies. "France Inter est une radio qui coûte cher à l'actionnaire, qui n'est pourtant pas très bien traité par la station", avait-il alors indiqué. Le lendemain, un tract de la société des producteurs rappelait à M. Val que le seul actionnaire de France Inter était le peuple français, à travers le paiement de la redevance audiovisuelle. Et non pas le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui, désormais, nomme lui-même le PDG de Radio France. "Nous sommes encore dans une forme de nervosité. Il est évident pour moi que l'actionnaire d'Inter n'est pas le président de la République, mais les auditeurs, affirme M. Val. Tout changement est compliqué à faire, mais je ne veux pas que France Inter soit un musée." Il reste que ses propos ont créé un certain malaise à France Inter, où le mot "actionnaire" ne fait pas partie de la "culture maison". D'autant plus qu'à quelques semaines des élections régionales, une tension commence à poindre au sein de la rédaction, et plus particulièrement au sein du service politique. Après la démission en novembre de Françoise Degois, la journaliste chargée du Parti socialiste (PS) qui a rejoint le cabinet de Ségolène Royal au conseil régional de Poitou-Charentes, le poste n'a toujours pas été pourvu. La directrice de la rédaction, Hélène Jouan, souhaite lui trouver un remplaçant en interne. M. Val, lui, a déjà contacté le journaliste Renaud Dely, directeur adjoint de la rédaction de Marianne, pour venir remplacer Mme Degois. AGACEMENT ÉLYSÉEN "Personne n'est dupe, s'insurge un journaliste d'Inter. Si le directeur adjoint de la rédaction de Marianne nous rejoint, ce ne sera pas pour suivre les activités du PS comme un simple reporter. M. Val le fait venir pour remplacer Hélène Jouan." "J'ai effectivement une proposition de Philippe Val pour rejoindre la rédaction d'Inter, mais rien n'est fait, confirme M. Dely. Il reste à définir mon poste, et ce ne sera certainement pas pour prendre la place d'Hélène Jouan." Pourtant, à l'Elysée, on ne cache pas l'agacement qu'inspire la liberté de ton des journalistes politiques de la radio publique. En décembre 2009, lors d'un pot au service de presse de l'Elysée en compagnie de journalistes accrédités, M. Sarkozy n'avait pas hésité à mettre en cause publiquement la directrice de la rédaction d'Inter et plusieurs de ses journalistes. "C'est la fin de la période d'observation. Nous sommes désormais entrés dans un rapport de forces avec le pouvoir et son représentant à la tête d'Inter", résume un journaliste de la station. Sur un ton ironique, il souligne aussi la promotion "par l'actionnaire de l'Elysée", le 1er janvier, du PDG de Radio France, Jean-Luc Hees, au grade d'officier de la Légion d'honneur. Daniel Psenny et Daniel Psenny
07/01/2010
actualite-medias
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/01/07/a-france-inter-philippe-val-imprime-sa-marque-face-a-une-redaction-mefiante_1288651_3236.html
Un débat public sur l'identité nationale avec Besson et Marine Le Pen
Le ministre de l'intérieur Eric Besson et la vice-présidente du Front national Marine Le Pen doivent participer à un débat public sur l'identité nationale le 13 janvier à Liévin (Pas-de-Calais).
Le ministre de l'intérieur Eric Besson et la vice-présidente du Front national Marine Le Pen doivent participer à un débat public sur l'identité nationale le 13 janvier à Liévin (Pas-de-Calais), selon la préfecture et le FN. Le débat se tiendra en présence de Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d'Arras, et d'Eric Sikora, ancien footballeur du RC Lens. La présence d'Eric Besson avait été annoncée lundi dans un communiqué de la préfecture du Pas-de-Calais. Marine Le Pen a qu'elle avait reçu l'assurance des services de l'Etat d'obtenir une invitation. Le débat est ouvert au public sur préinscription auprès de la préfecture. Elle a précisé qu'elle viendrait avec "un certain nombre de militants" du FN pour "écouter Eric Besson dérouler sa non-pensée". Marine Le Pen et Eric Besson doivent par ailleurs débattre le lendemain sur France 2 dans l'émission "A vous de juger".
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/un-debat-public-sur-l-identite-nationale-avec-besson-et-marine-le-pen_1288830_823448.html
Pour vanter son navigateur Chrome, Google découvre les vertus de la publicité
Le groupe veut concurrencer Internet Explorer, de l'autre géant américain Microsoft.
Google découvre les vertus de la publicité... en tant qu'annonceur. Depuis le 5 janvier, les promeneurs peuvent découvrir des affiches vantant les mérites d'un des produits du géant américain de l'Internet : son logiciel de navigation Chrome, qui permet de visualiser des pages Web sur un ordinateur. Cette campagne est diffusée sur Internet dans huit pays européens. En France, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, elle est aussi déclinée en affichage et dans la presse. Aux manettes, l'agence de conseil en médias OMD, du groupe américain Omnicom et l'agence de création BBH. Faire sa promotion dans les médias est banal pour toute entreprise. Pas pour Google, qui n'a presque jamais fait appel à la publicité pour bâtir son succès. Son discours ? Ses produits s'imposent parce ce qu'ils sont efficaces et pensés pour faciliter la vie des internautes. Un comble pour une société (15,1 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2008) qui a fait sa fortune grâce à la vente d'espaces publicitaires, notamment les "liens sponsorisés", mots-clés achetés par les marques pour aiguiller les internautes vers leurs sites lors des recherches en ligne. Nouvelle stratégie Si Google change de politique, c'est qu'il s'attaque à de nouveaux marchés, considérés comme stratégiques, sur lesquels il est loin d'être dominant. Contrairement à la recherche en ligne sur Internet, où il dispose d'une part de marché de plus de 67 %. En 2008, le groupe a décidé d'affronter son compatriote Microsoft, dominant sur le terrain des navigateurs avec Internet Explorer. Parce que les navigateurs sont les portes d'entrée sur le Web, et que s'affranchir de Microsoft, en lançant son propre outil, lui permettrait de drainer plus d'audience vers ses services en ligne (son moteur, sa messagerie, la cartographie, sa bibliothèque numérique...). A ce jour, Google n'a cependant conquis que 4 % de part de marché. Le lancement de sa campagne Chrome a une autre raison : suite à un accord avec la Commission européenne, Microsoft va devoir proposer à partir de mars, à tous les détenteurs d'un ordinateur équipé de ses systèmes d'exploitation Windows, une mise à jour permettant de télécharger un autre navigateur que le sien. Avec sa publicité, Google aide les internautes à mémoriser le logo de Chrome pour qu'ils fassent le bon choix le moment venu. Autre axe de développement stratégique pour Google : l'Internet mobile, auquel on accède via un téléphone multimédia. Ce pourrait être, à terme, le mode d'accès majoritaire au Web. Et les services en ligne doivent s'y adapter. Pour l'instant, c'est Apple qui, avec l'iPhone, en tire les principaux bénéfices. Google a lancé, en 2007, un système d'exploitation pour mobiles, Android, fourni gratuitement aux constructeurs de téléphones. Le 5 janvier, il a franchi un pas supplémentaire en présentant son propre mobile, le Nexus One (Le Monde du 7 janvier). Mais, sur ce marché concurrentiel, il est confronté à Apple et d'autres poids lourds comme Nokia, Samsung, LG, Motorola, Sony-Ericsson ou Rim, concepteur du BlackBerry. Pour sortir du lot, "Google commence à acheter des bandeaux publicitaires sur les téléphones multimédias pour vanter ses services en ligne", relève Laurent Geffroy, de Greenwich Consulting. Cécile Ducourtieux et Laurence Girard
07/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/07/pour-vanter-son-navigateur-chrome-google-decouvre-les-vertus-de-la-publicite_1288650_651865.html
Un arsenal pour lutter contre la pêche illégale
L'Union européenne et la FAO veulent "éradiquer" ce phénomène, qui représenterait 20 % des prises mondiales.
La guerre à la pêche "pirate", responsable de dégâts environnementaux, économiques, et sociaux considérables, est ouverte. Depuis le 1er janvier, trois règlements européens visant à "prévenir, décourager, et éradiquer" la pêche illégale sous toutes ses formes sont en vigueur. L'arsenal de l'Union européenne (UE) entre en application peu après l'adoption par la conférence de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le 25 novembre 2009, d'un traité visant à prohiber l'accès des ports de pêche aux navires pratiquant ces activités. S'il ne sera effectif qu'après ratification par vingt-cinq Etats, son adoption est un signal politique important. "Il était temps !", commente Charles Braine, chargé des océans à WWF France. Le "chiffre d'affaires" global de la pêche illégale représenterait 10 milliards d'euros par an, ce qui ferait de cette filière le deuxième producteur mondial de produits de la mer derrière la Chine. Elle représenterait 20 % des prises mondiales, voire plus dans certaines pêcheries. En 2007, les captures réelles de thon rouge auraient ainsi atteint 60 000 tonnes, contre 34 000 déclarées. L'activité comporte de multiples facettes, de l'infraction à la réglementation (dépassement de quotas, utilisation de techniques de pêche interdites, pêche en dehors de la saison ou de la zone autorisée, etc.), au pillage pur et simple, pratiqué par des bateaux sans licence. Toutes contribuent largement à la surpêche dans le monde : plus de 80 % des stocks de poissons sont exploités au maximum ou surexploités, selon la FAO. Certains navires emploient des techniques particulièrement destructrices : raclage des fonds marins, rejets massifs en mer de poissons morts jugés non rentables... La pêche pirate représente une concurrence déloyale pour les pêcheurs respectueux des lois. Dans les pays en développement, elle compromet la survie des pêcheurs locaux. "L'impact social et économique est considérable dans les pays pauvres, affirme Duncan Copeland, de l'Environnemental Justice Foundation. Le pillage prive les pêcheurs de leurs ressources, empêche le développement de filières d'exportation et la perception de taxes. Elle met également en péril la santé des populations : dans certains pays, 80 % de l'apport en protéines vient des poissons." Tirée par la demande des pays riches, la pêche illégale cible des espèces à forte valeur ajoutée : thons, légine australe, crevettes, homards... Aucune zone du globe n'est épargnée. Même les pays développés n'ont pas les moyens de contrôler efficacement des espaces aussi vastes. Dans les eaux européennes, la probabilité qu'un navire fasse l'objet d'une inspection est de 1 sur 600. Cette probabilité devient nulle en haute mer (au-delà des 200 milles nautiques de la zone économique exclusive) ou au large des pays pauvres. L'Afrique de l'Ouest, le Pacifique et l'océan Indien sont particulièrement touchés. Les hors-la-loi sont souvent européens ou asiatiques. Le système fonctionne aussi grâce à la défaillance de certains Etats, censés contrôler la légalité des activités de la flotte battant leur pavillon. Les pavillons dits de complaisance ne remplissent pas ces obligations. Comme les pétroliers poubelles, les pêcheurs pirates changent, en outre, facilement de pavillon et de nom. Leurs propriétaires se dissimulent derrière des sociétés écrans, domiciliées dans des paradis fiscaux. Pour contrer le phénomène, le traité de la FAO a pour objectif de bloquer l'accès des ports des Etats signataires aux navires hors la loi (ou à leurs soutiens logistiques) en contrôlant leurs activités (demandes d'autorisation préalable d'accès obligatoire, inspections régulières des permis, du matériel de pêche et des livres de bord, etc.). L'UE, de son côté, agit sur plusieurs fronts. Le contrôle de ses propres navires est renforcé : le suivi par satellite de leur position et le report automatique des captures deviennent obligatoires. Les sanctions en cas d'infraction, aujourd'hui ni homogènes ni dissuasives, sont harmonisées et aggravées. Leur montant minimum est porté à 5 000 euros, et un système comparable au permis automobile à points est instauré. En matière d'importations, le rôle de l'UE est important : elle est le premier importateur mondial de produits de la mer (elle importe 65 % de sa consommation). Le nouveau règlement a pour ambition de bannir de l'UE les produits illégaux, en instaurant davantage de contrôles dans les ports, ainsi qu'une "liste noire" communautaire des navires et des Etats fautifs. Surtout, un système de traçabilité des produits importés, reposant sur des certificats de captures qui devront être fournis par les navires et validés par les Etats du pavillon, est instauré. "C'est un bon angle d'attaque, commente Charles Braine, du WWF. C'est plus efficace et beaucoup moins cher que de faire de la surveillance en mer." L'UE est la première région du monde à mettre en place un tel système. "Cela ne permettra pas d'éradiquer toute la pêche illégale, mais c'est un pas important, commente François Chartier, chargé des océans à Greenpeace. Les outils existent. Il reste à voir si les moyens et la volonté politique de les utiliser seront là." Gaëlle Dupont
07/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/07/un-arsenal-pour-lutter-contre-la-peche-illegale_1288585_3244.html
Devant le tribunal de Paris, les producteurs de raisin réclament 500 000 euros à une association écologiste
En cause, une enquête montrant que 99 % des raisins de table contiennent des pesticides.
Une association écologiste, le Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF), assignée devant le tribunal de Paris pour dénigrement par une organisation professionnelle, la Fédération nationale des producteurs de raisins de table (FNPRT) : l'affaire, déjà médiatisée à l'époque des faits, a été examinée, mercredi 6 janvier. L'hostilité entre l'association présidée par François Veillerette et les agriculteurs conventionnels est déjà ancienne, mais c'est la première fois qu'elle se manifeste devant la justice. En novembre 2008, le MDRGF, qui est la principale association spécialisée sur l'utilisation des pesticides dans l'agriculture en France, publiait sur son site Internet les résultats d'analyses effectuées par un laboratoire allemand sur du raisin acheté en grande surface, en France. L'enquête, effectuée dans cinq pays européens par cinq associations, concluait à des résidus de pesticides sur 99,2 % des raisins testés. En février 2009, la FNPRT attaquait l'association, lui demandant notamment des dommages et intérêts de 500 000 euros - soit cinq fois le budget annuel du MDRGF - au motif d'une baisse des ventes de raisins. "Propagande" "On ne peut pas véhiculer sur le Net tout et n'importe quoi, et surtout interprété n'importe comment !", s'est insurgé d'entrée Me Patrick Gontard, défenseur de la FNPRT. Brandissant un tract distribué à l'entrée du tribunal, il affirmait que la présence dans la salle d'audience de militants du MDRGF prouvait bien qu'il s'agit d'une "association qui a une énorme capacité de mobilisation" pour faire de la "propagande". L'avocat a accusé le site de l'association de ne pas avoir montré clairement que les résidus de pesticides étaient inférieurs, pour les raisins français, aux normes nationales et européennes. "L'agriculture traditionnelle a toujours utilisé les pesticides, a-t-il poursuivi. La question n'est pas de savoir s'il y a des résidus de pesticides, mais si ces résidus dépassent les normes." Quelques minutes plus tard, l'avocate du MDRGF, Corinne Lepage, lui répondait : "Mais le problème ce n'est pas ça : le problème c'est que ça se sache !" L'ancienne ministre de l'environnement, favorable à un statut pour les "lanceurs d'alerte", n'a pas accepté par hasard de défendre le MDRGF. Selon elle, ce procès relève de "l'intimidation à l'égard des associations qui disent des choses et, derrière, à l'égard de la presse qui les reprend". Pour Me Alexandre Faro, qui défendait également le MDRGF, l'étude, publiée fin novembre 2009, ne peut pas être la cause réelle de la baisse des ventes de raisin, qui s'effectuent majoritairement d'août à octobre. Les avocats de l'association ont réclamé 5 000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 10 février. Agathe Chaigne
07/01/2010
planete
https://www.lemonde.fr/planete/article/2010/01/07/devant-le-tribunal-de-paris-les-producteurs-de-raisin-reclament-500-000-euros-a-une-association-ecologiste_1288587_3244.html
En Allemagne, la CSU affaiblie par un scandale bancaire
Après son mauvais score aux législatives de septembre, l'influence du parti bavarois s'effrite.
Au pied des montagnes bavaroises, le monastère de Wildbad Kreuth est l'endroit idéal pour se ressourcer. Les députés de l'Union chrétienne-sociale (CSU), petite soeur bavaroise de la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel, qui s'y réunissent trois jours depuis le mercredi 6 janvier, en ont bien besoin. Leur parti, qui gouverne cette riche région du sud de l'Allemagne depuis plus de cinquante ans et participe à la nouvelle coalition fédérale de centre droit, accumule les difficultés. Déjà affaiblie par plusieurs revers électoraux, la CSU est actuellement ébranlée par un scandale qui touche la banque régionale Bayern LB. En début de semaine, la presse allemande a révélé que la justice avait ouvert une enquête sur des délits d'initiés au moment de l'acquisition de la Hypo Group Alpe Adria (HGAA) par cette banque, en 2007, pour un montant de 3,7 milliards d'euros. Mi-décembre 2009, la Bayern LB avait été forcée de céder la HGAA, au bord de la faillite, pour 1 euro symbolique à l'Etat autrichien. Un coup dur pour la CSU, qui avait fait de la gestion économique son image de marque. "Un échec", avait concédé le ministre-président de Bavière, Horst Seehofer (CSU). En effet, le contrat de vente de HGAA avait été également validé par des représentants de la CSU, en leur qualité de membres du conseil d'administration de la Bayern LB. Certes, cette affaire est un héritage de la vieille garde de la CSU, notamment de l'ancien ministre-président Edmund Stoiber, qui a gouverné la Bavière entre 1993 et 2007. Mais elle aggrave un peu plus l'état de crise du parti. "Ce scandale n'est pas sans laisser de marques", commente sobrement Thomas Silberhorn, député CSU. Pendant des décennies, "la CSU et la Bavière ne faisaient qu'un", souligne Gero Neugebauer, politologue à l'Université libre de Berlin. Ce parti avait réussi à concilier avec succès modernité et tradition. En même temps, il avait su construire un étroit réseau qui lui permettait d'être continuellement en prise avec l'opinion. La première secousse politique est intervenue en septembre 2008, lors des élections régionales. La CSU a perdu la majorité absolue et a dû former un gouvernement avec les libéraux du FDP. Un an plus tard, en septembre 2009, elle obtenait son plus mauvais résultat lors d'élections législatives, avec 42,5 % des voix. L'arrivée de M. Seehofer à la tête de la Bavière et de la CSU, en octobre 2008, promettait un nouveau départ. Très apprécié de la base, représentant de l'aile sociale du parti, cet ancien ministre de l'agriculture, dont l'adultère en 2007 avait fait les gros titres de la presse, concentrait tous les espoirs. Mais, jusqu'à présent, il a surtout brillé à Berlin en défendant avec hargne les intérêts bavarois. Dans le contrat de coalition, programme de gouvernement des unions chrétiennes CDU-CSU et des libéraux, il a imposé une baisse de la TVA pour les hôteliers et une augmentation des aides pour les producteurs de lait. Les "mesures prises restent superficielles, il manque une réelle volonté pour examiner le passé sous un oeil critique", juge M. Neugebauer. Surtout, il manque de soutiens au sein de son parti. La "fière CSU est devenue un chien battu", souligne le quotidien libéral Süddeutsche Zeitung. Sur un ton moins dramatique, M. Neugebauer considère que "la CSU est en train de devenir un parti comme les autres". Autrement dit, l'époque où elle régnait avec la majorité absolue est révolue. Signe de détresse, ce parti multiplie les exigences malvenues. Ainsi, quelques députés ont récemment réclamé la création d'un poste supplémentaire de vice-chancelier pour la CSU au sein du gouvernement fédéral. Le poste de vice-chancelier est occupé par le ministre des affaires étrangères, le libéral Guido Westerwelle (FDP). Cette demande, officiellement non soutenue par la direction de la CSU, a été accueillie par des quolibets au sein de la CDU et du FDP. Le parti attend désormais son salut de Karl-Theodor zu Guttenberg (CSU). Le ministre de la défense, presque un inconnu sur la scène politique lors de son entrée au gouvernement en février 2009, est devenu en quelques mois une figure de premier plan. Néanmoins, les révélations entourant l'affaire de la bavure de Kunduz (Afghanistan), ce bombardement de l'OTAN ordonné par un colonel allemand le 4 septembre 2009, lui valent à son tour des difficultés politiques. L'année 2010 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour la CSU. Cécile Calla
07/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/07/en-allemagne-la-csu-affaiblie-par-un-scandale-bancaire_1288608_3214.html
Paul Staines, conservateur barbare
Libéral et anarchiste, il est l'un des blogueurs les plus influents du Royaume-Uni. Ses révélations ont poussé un conseiller de Gordon Brown à la démission. Il veut participer activement au débat électoral de 2010.
Il faut adorer la provocation pour se faire appeler Guido Fawkes, du nom de celui qui a tenté, en 1605, de faire exploser le palais de Westminster et d'assassiner le roi protestant Jacques Ier, en visite au Parlement ce jour-là. Un ennemi public numéro un, plus connu sous le nom de Guy Fawkes, qui a été atrocement torturé avant d'être exécuté pour tentative de régicide et que les Britanniques célèbrent, le 5 novembre de chaque année, à coups de feux d'artifice et de pintes de bière. "C'est le seul à être entré dans Westminster avec des intentions honnêtes", explique Paul Staines, qui lui a emprunté son patronyme. Catholique comme son héros, il est bien décidé, lui aussi, à en faire voir de toutes les couleurs à un monde politique qu'il juge "pourri jusqu'à l'os". Ce n'est pas avec 670 kilogrammes de poudre, comme son illustre prédécesseur, qu'il compte agir. Mais avec les mots, acérés comme des lames, qu'il déverse depuis cinq ans sur son blog "Guido Fawkes". Au programme, revendique Paul Staines, les "complots, rumeurs et conspirations" qui rythment la vie des Chambres des communes et des lords. Des cancans et des ragots pour déstabiliser tout ce qui peut l'être. Et notamment le gouvernement travailliste de Gordon Brown. Le "Guido Fawkes" version XXIe siècle a réussi là où son ancêtre de coeur avait échoué : s'imposer dans le petit monde de Westminster. Un brin dodu, en treillis et en tee-shirt noir à l'effigie de son mentor - "Guido Fawkes Membre du complot" -, il savoure sa victoire contre l'establishment, dont il n'est pas, mais qui ne peut plus l'ignorer. Avec plus de 150 000 visiteurs par mois, "il possède l'audience la plus large de tous les blogs politiques au Royaume-Uni", dit son ami Iain Dale, une autre figure de la blogosphère politique britannique de droite. "Je gagne plus d'argent que le Guardian, le Times et l'Independent réunis, qui en perdent tous les trois", s'amuse Paul Staines, d'autant que ce résident irlandais, qui a enregistré sa société dans un paradis fiscal des Caraïbes, sait y faire pour réduire ses impôts. "Désormais, quand j'appelle quelqu'un au gouvernement, j'entends mes interlocuteurs dire : "Merde, c'est Guido"", se délecte-t-il. De fait, cet ancien libertaire radical a déjà plusieurs faits d'armes à son actif. Le dernier en date remonte au mois d'avril quand il a révélé le complot qu'ourdissaient Damian McBride, conseiller en stratégie de M. Brown, et son compère Derek Draper, chargé de développer la présence du Labour sur la Toile. Les deux hommes avaient prévu de lancer un blog "Torchon rouge", sur le modèle de "Guido Fawkes", où ils colporteraient des rumeurs salaces sur les tories. Les éléments étaient prêts quand ils ont échoué entre les mains de Paul Staines. MM. McBride et Draper ont dû démissionner, leur projet a été enterré. Le blog "Guido Fawkes" est "l'un des plus influents dans cette blogosphère politique d'un nouveau genre qui se différencie des médias traditionnels", jugeait récemment le Guardian. David Cameron, le leader des conservateurs, donné gagnant aux prochaines élections prévues d'ici à juin 2010, "le lit presque tous les jours", ajoute Iain Dale, qui, lui, milite chez les tories. Les journalistes du Lobby, les happy few, qui ont accès à Westminster et au gouvernement, également. La presse traditionnelle - de gauche comme de droite - reprend régulièrement ses scoops. Aujourd'hui, Paul Staines fait le jeu des conservateurs. "Je préfère les bleus aux rouges", lance-t-il. Pour autant, David Cameron sait bien que s'il devait entrer au 10 Downing Street, "Guido Fawkes" ne l'épargnerait pas. "Il va décevoir, c'est sûr. Je l'attaquerai sur sa droite", explique le blogueur. Europhobe jusqu'au bout des ongles, anti-étatiste, l'homme n'a rien en commun avec ces tories d'un nouveau genre - des libéraux convertis au social - que veut incarner David Cameron. Le centre n'est pas son dada. Et ne l'a jamais été, même si ses parents - un père anglo-indien "idéaliste", dit-il, et une mère irlandaise - lui ont toujours vanté les mérites de la tolérance et de la modération. Dans les années 1980, Paul Staines a multiplié les collaborations avec des groupes de pression de droite, voire d'extrême droite, militant pour l'accès du tiers-monde au libre-échange, s'acharnant contre les organisations de gauche, défendant l'apartheid (ce qu'il regrette aujourd'hui) ou les rebelles antisandinistes de la Contra au Nicaragua. "Il est avant tout un libertaire anarchiste", commente Iain Dale. "Dans les années 1990, je me suis perdu", dit aujourd'hui Paul Staines. On le voit porte-parole de Sunrise Collective, qui organise des raves, où l'alcool coule à flot et la drogue est abondante. En 1991, dans une revue de la Libertarian Alliance, il fait l'apologie du LSD et de l'ecstasy, "l'expérience la plus incroyable que j'ai eue". Avant de conseiller aux tories, "notamment aux thatcheriens", de s'y mettre. On le retrouve au cours de la décennie champion britannique des jeux vidéo, joueur professionnel de black jack, trader pour un hedge fund à Tokyo... "J'ai gagné énormément d'argent, consommé beaucoup de cocaïne, fréquenté des tas de clubs de stripteaseuses...", se rappelle-t-il. Avant de confesser : "J'ai adoré." On le croit. Car, dans la peau de cet homme de 42 ans, il y a toujours un enfant terrible qui ne tient pas en place. Qui aime la castagne, les émotions fortes, les poussées d'adrénaline, la provocation poussée à son extrême. Les grands huit qui, parfois, se terminent mal. Comme quand, en 2000, il perd "la moitié de sa fortune dans l'éclatement de la bulle Internet". Ou quand, en 2002, il se fait blesser gravement alors qu'il participe à une course de taureaux à Pampelune. Ou encore quand, en 2003, il doit se déclarer en faillite personnelle pour échapper aux poursuites de son ancien associé au Japon. Depuis, il affirme s'être calmé. A l'été 2003, il a épousé une avocate de la City, plus posée que lui. Ils ont eu deux filles, aujourd'hui âgées de 4 et 2 ans, dont il se dit "dingue". "J'ai arrêté de fumer et de me droguer", ajoute-t-il. On peut en témoigner, il apprécie encore le vin rouge. Et goûte même une petite cigarette après le repas, en cachette de sa femme. En devenant "Guido Fawkes", Paul Staines connaît-il encore ces décharges qui l'ont tant fait vibrer par le passé ? Sans doute le pouvoir de décider de la carrière des uns et des autres compense cette vie à 100 à l'heure qu'il a abandonnée. Après avoir révélé l'affaire McBride, il a harcelé sa victime de textos. L'un d'entre eux, inspiré du film Conan le Barbare, disait : "Ce qu'il y a de mieux dans la vie ? Broyer ses ennemis, les voir traînés devant soi, entendre les lamentations de leurs femmes." Un plaisir dont il n'entend pas se priver. Sur le Web : le blog de Paul Staines "Guido Fawkes' blog", http://order-order.com/. Virginie Malingre
07/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/07/paul-staines-conservateur-barbare_1288654_3214.html
Une fusillade a visé la communauté copte en Egypte
Une fusillade visant la communauté copte a fait sept morts, six coptes et un policier, mercredi soir à Nagaa Hamadi, en Haute-Egypte, aggravant l'inquiétude de cette minorité chrétienne dans un pays majoritairement musulman.
Une fusillade visant la communauté copte a fait sept morts, six coptes et un policier, mercredi soir à Nagaa Hamadi, en Haute-Egypte, aggravant l'inquiétude de cette minorité chrétienne dans un pays majoritairement musulman."Nous avons terminé la messe à 23 heures (21 heures GMT) et je me suis dirigé vers l'évêché. J'ai vu un homme à bord d'une voiture en train de tirer à l'arme automatique contre tous les coptes qui passaient devant le bâtiment de l'évêché.""a ensuite continué à tirer dans les rues de la ville sur les coptes""Les gens sont en colère et très inquiets""non à l'oppression""ô croix, nous te défendrons par notre âme et notre sang""fiché""connu des services de police""venger le viol" Neuf autres coptes ont été blessés lors de cette fusillade visant des personnes qui sortaient de la messe ou faisaient des achats à l'occasion du Noël copte, célébré le 7 janvier. Des heurts ont eu lieu jeudi dans la journée entre forces de l'ordre et des manifestants alors que se déroulaient les funérailles des victimes. Selon les premiers éléments de l'enquête judiciaire, trois hommes qui circulaient mercredi soir en voiture ont ouvert le feu dans une rue sur une distance de 400 mètres, aux abords de deux églises et d'un centre commercial. Ils ont aussi tiré dans une rue adjacente sur un couvent et les bâtiments de l'évêché de cette localité située dans le gouvernorat de Qena, à quelque 700 km au sud du Caire. L'évêque copte de la ville Anba Kirolos a raconté : L'homme , a poursuivi Mgr Kirolos, en faisant état de cinq blessés graves. , a-t-il ajouté. Des heurts entre la police et plus de 2 000 manifestants coptes regroupés près de l'hôpital où avaient été transférés les corps ont eu lieu en matinée, selon des sources policières et des témoins. Les manifestants ont lancé des slogans comme ou . Ils ont lancé des pierres sur la police qui a répondu avec des gaz lacrymogènes et des lances à incendie. Des incidents sporadiques ont encore eu lieu après les funérailles, célébrées dans l'après-midi, selon des sources de sécurité. La minorité copte représente environ 8 % des 80 millions d'Egyptiens. Les coptes se plaignent depuis plus de vingt ans de discriminations et de harcèlement systématique. Ils protestent également contre leur mise à l'écart de certains postes-clés au sein de l'armée, de la police, de la justice ou des universités. Mgr Kirolos a d'ailleurs déploré que la police n'ait pas agi préventivement pour neutraliser le principal meurtrier, dont il a assuré qu'il était déjà mais bénéficiait de protections politiques. Les services de sécurité ont reconnu que cet homme, un musulman du nom de Mohamed Ahmed Hussein, était . Mgr Kirolos a également assuré que, depuis une semaine, des chrétiens de la ville recevaient des menaces sur leurs téléphones portables affirmant que les musulmans allaient, à l'occasion de la fête de Noël, d'une fillette musulmane par un jeune copte. Cette agression, qui avait eu lieu en novembre à Farchout, près de Nagaa Hamadi, avait à l'époque provoqué la colère des musulmans qui avaient incendié des maisons et des pharmacies appartenant à des coptes dans la localité. Plusieurs heurts ont eu lieu au cours des dernières années entre musulmans et coptes dans différentes régions d'Egypte, le plus souvent en raison du refus des musulmans de voir les coptes construire de nouvelles églises ou agrandir celles existantes. Les tensions surgissent fréquemment également en raison de liaisons amoureuses entre coptes et musulmans. Les coptes ont été aussi l'une des cibles privilégiées de la vague de violences islamistes que l'Egypte a connue tout au long des années 1990.
07/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/07/une-fusillade-a-vise-la-communaute-copte-en-egypte_1288829_3218.html
Petite histoire européenne des unions homosexuelles
Les premiers débats sur le mariage homosexuel ont été lancés en Scandinavie à la fin des années 1980. La première décennie du XXIe siècle, elle, aura été celle de la reconnaissance.
La première décennie du XXIe siècle aura été celle de la reconnaissance, en Europe, des couples de même sexe. Depuis la création, au Danemark, du premier partenariat homosexuel, en 1989, cinq pays se sont engagés dans la voie du mariage gay : les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne, la Suède et la Norvège. L'Allemagne, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Suisse et la France ont, plus modestement, créé des partenariats civils qui permettent aux couples de même sexe d'organiser leur vie commune. Nés dans la foulée des textes antidiscrimination européens, les premiers débats sur la reconnaissance des couples homosexuels voient le jour en Scandinavie, à la fin des années 1980. "Les pays nordiques portent une attention particulière à l'égalité des droits, au développement de l'individu et à l'intégration des minorités dans l'Etat", souligne Marie Digoix, historienne à l'Institut national d'études démographiques, dans un livre collectif Mariages et homosexualités dans le monde (Autrement, 2 008). Rapports d'enquêtes, commissions de réflexion, débats parlementaires : en 1989, le Danemark ouvre la voie en créant un "partenariat enregistré" réservé aux couples de même sexe. "Dans les années 1970-1980, le Danemark occupe une position particulière dans l'espace nordique, poursuit Marie Digoix. Considéré comme le carrefour scandinave de la vie homosexuelle, le pays est alors reconnu pour son libéralisme sexuel." Quatre ans plus tard, la Norvège suit son exemple en instaurant, elle aussi, un partenariat pour les couples de même sexe. En 1994, le Parlement européen vient consolider ces expériences : à la suite du rapport de la députée néerlandaise Claudia Roth, il demande aux Etats membres de mettre un terme aux discriminations envers les homosexuels avant de lancer un appel en faveur de la reconnaissance des couples de même sexe. Les pays scandinaves, où le débat est déjà bien avancé, décident de s'engager dans cette voie : la Suède crée un contrat inspiré du modèle danois en 1995 ; l'Islande, en 1996. "Affinité élective" En dix ans, ce partenariat, qui paraissait totalement révolutionnaire dans les années 1980, finit par convaincre de nombreux pays européens. La France instaure ainsi en 1999 un "pacte civil de solidarité" (pacs) ouvert à tous les couples, tandis que l'Allemagne crée en 2001 un "partenariat de vie" permettant aux homosexuels de porter le même nom et de bénéficier, en matière d'héritage, des mêmes droits que les couples mariés. Ils sont rejoints en 2002 par la Finlande, en 2006 par la République tchèque, en 2007 par la Suisse. Ces réformes mènent bien vite à un débat plus large sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe. Quelques années suffisent pour que cinq pays européens mettent les couples sur un pied d'égalité : le mariage gay est reconnu en 2001 aux Pays-Bas, en 2003 en Belgique, en 2005 en Espagne, en 2009 en Suède et en Norvège. Signe que les temps ont changé, cette petite révolution est, dans certains pays, approuvée par les autorités religieuses : lors d'un synode réuni en octobre 2009, l'Eglise luthérienne de Suède approuve ainsi officiellement le mariage des homosexuels. Au fil des ans, le mariage gay est entré dans les moeurs : en Espagne, plus de 5 000 couples homosexuels se sont unis entre 2005 et 2008. "Quoi qu'on en pense, l'autorisation du mariage homosexuel est pour ainsi dire inscrite dans le "sens de l'Histoire" pour une raison de fond, écrivait en 2007 le philosophe Luc Ferry dans un rapport du Conseil d'analyse de la société. Depuis l'"invention" du "mariage d'amour" au XVIIe siècle, les motifs traditionnels du mariage - le lignage et la religion - se sont progressivement estompés au profit du sentiment ou, pour parler comme Goethe, de l'affinité élective." Anne Chemin
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/petite-histoire-europeenne-des-unions-homosexuelles_1288609_3224.html
Les députés portugais s'apprêtent à instituer sans heurts le mariage gay
Prévu par le programme des socialistes, au pouvoir, le projet exclut cependant la possibilité d'adopter.
Terre de tradition catholique et société réputée conservatrice, le Portugal s'apprête à légaliser le mariage homosexuel dans un climat dépassionné. C'est dans une quasi-indifférence de l'opinion que les députés vont débattre - et sans doute adopter en première lecture -, vendredi 8 janvier, un projet de loi du gouvernement socialiste autorisant le mariage entre personnes du même sexe. Contrairement à l'Espagne, où l'adoption de cette mesure, en 2005, avait jeté dans la rue des millions de contestataires, le texte adopté en conseil des ministres, le 17 décembre, n'a suscité qu'une faible opposition de la part de quelques associations catholiques. Ni les partis de droite ni la hiérarchie de l'Eglise portugaise ne sont montés frontalement au créneau sur un sujet qui faisait partie du programme socialiste lors des élections législatives de septembre 2008, mais qui avait été éclipsé par les problèmes économiques du pays lors de la campagne. Les conservateurs du Parti social-démocrate (PSD, droite), principale formation de droite, divisés sur la question, ont mis longtemps à formuler une solution alternative. Mais leur "union civile enregistrée" - version allégée du pacs donnant aux couples homosexuels les mêmes droits en matière de protection sociale et de succession qu'aux mariés hétérosexuels - ne devrait pas retenue lors du vote des députés. Tout en rappelant "l'opposition des évêques portugais à ce type d'union", le président de la Conférence épiscopale portugaise (CEP), Mgr Jorge Ortiga, a seulement regretté, début novembre, le caractère précipité de la décision gouvernementale : "Il est important que s'engagent le dialogue et la réflexion étant donné la distance qui s'est installée entre la société civile et le gouvernement, et en particulier avec les organismes législatifs", a-t-il déclaré, estimant qu'un référendum aurait pu être "la conséquence ou l'expression d'un vaste débat". Certains milieux laïcs, y compris des socialistes catholiques, auraient aussi aimé que cette légalisation des unions gays soit soumise à référendum. Une pétition dans ce sens, réunissant quelque 90 000 signatures, a été remise au Parlement, mardi 5 janvier, par une plate-forme civile dénommée Citoyenneté et mariage homosexuel. Il est peu probable qu'elle soit prise en compte, le premier ministre, José Socrates, ne souhaitant pas renouveler l'expérience de la dépénalisation de l'avortement qui avait nécessité l'organisation d'un second référendum en 2007 après l'échec d'une première consultation populaire en 1998. "J'ai assumé cette proposition dans mon programme électoral, je l'ai défendue en débat public, j'ai donc une totale légitimité pour la proposer et la faire approuver par ce Parlement", a-t-il plaidé, début novembre, dans son discours de politique générale. Le gouvernement socialiste, minoritaire à l'Assemblée de la République, peut compter sur les voix des partis de gauche pour faire passer son texte. Le Bloc de Esquerda (BE, extrême gauche) et Los Verdes (écologistes) le voteront d'autant mieux qu'ils avaient présenté un projet similaire lors de la précédente législature. Leur initiative avait été rejetée par... le Parti socialiste, qui détenait alors une majorité absolue et redoutait un impact électoral négatif à quelques mois des législatives. Toutefois, le texte soumis aux députés vendredi est loin de satisfaire la communauté homosexuelle dans la mesure où il exclut de manière explicite la possibilité de l'adoption pour les couples mariés du même sexe. Cette restriction est considérée comme une "discrimination" par les organisations gays et lesbiennes. Elles soulignent que le Portugal sera le seul pays à empêcher l'adoption parmi ceux qui ont déjà légalisé le mariage homosexuel. Les propositions d'initiative populaire présentées vendredi à l'Assemblée par le BE et les Verts pour un "droit des couples homosexuels à l'adoption" n'ont guère de chance d'être votées. Si, selon un sondage de l'institut Eurosondagem, un Portugais sur deux est favorable au mariage homosexuel, ils seraient 68,4 % contre l'adoption par des parents de même sexe. S'il est approuvé vendredi, le projet gouvernemental sera renvoyé en commission pour un examen détaillé, avant de revenir en séance plénière, au printemps, pour une seconde lecture et un vote définitif. La presse portugaise estime que gouvernement et hiérarchie catholique seraient d'accord pour que "tout soit réglé" avant la visite du pape Benoît XVI au Portugal, du 11 au 14 mai. Jean-Jacques Bozonnet
07/01/2010
europe
https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/01/07/les-deputes-portugais-s-appretent-a-instituer-sans-heurts-le-mariage-gay_1288607_3214.html
"Le chef du renseignement de l'OTAN en Afghanistan fustige l'""ignorance"" des services américains"
Il estime que les officiers sont plus occupés à se défendre qu'à comprendre leur environnement.
Dans un rapport en forme de gifle, le chef du renseignement militaire de l'OTAN en Afghanistan, le général Michael Flynn, estime que les renseignements américains, obnubilés par la protection de leurs troupes contre les insurgés, sont "ignorants" du contexte afghan, à la traîne des journalistes, et incapables de soutenir la contre-insurrection ou d'orienter les décideurs politiques. "Huit ans après le début de la guerre en Afghanistan, la communauté du renseignement américain n'est que d'une pertinence marginale", écrit Michael Flynn dans le rapport qu'il a choisi, à la surprise du Pentagone, de publier avec un cercle de réflexion, le Center for a New American Security, afin, dit-il, d'informer toute la communauté du renseignement, y compris en Europe. Consumés par leurs efforts "louables" pour traquer les insurgés, prévenir les embuscades ou diriger les drones, les renseignements américains se font, selon le rapport, "leurrer" en "réagissant aux tactiques de l'ennemi au lieu de chercher à frapper au coeur de l'insurrection". "Le repérage de cibles à abattre n'aidera pas les forces américaines et alliées à gagner en Afghanistan", prévient le général Flynn. "Le simple fait de tuer des insurgés ne sert généralement qu'à multiplier le nombre d'ennemis", rappelle-t-il, surtout parmi les "communautés pachtounes enclines à se venger". Les troupes soviétiques en ont fait l'expérience dans les années 1980, où, "bien qu'ayant tué des centaines de milliers d'Afghans, elles ont fait face à une insurrection plus nombreuse vers la fin du conflit qu'au début". Plus occupés à se défendre qu'à comprendre leur environnement, les officiers de renseignement et les analystes américains sont, selon ce rapport, "ignorants de l'économie locale", "dans le flou sur ceux qui détiennent le pouvoir et sur la façon de les influencer" ou encore "sans curiosité". Le général Stanley McChrystal, qui commande les forces américaines et de l'OTAN en Afghanistan, estime pourtant que "le conflit sera gagné en gagnant la population, et non en détruisant l'ennemi". Mais il juge, selon le rapport, que le président Obama, la hiérarchie militaire et le Congrès "ne reçoivent pas les informations adéquates pour prendre des décisions". Sources "sous-estimées" Les analystes de Washington, censés les guider, manquent cruellement d'informations et "de nombreux preneurs de décisions s'appuient davantage sur les journaux que sur le renseignement militaire pour obtenir "la vérité du terrain"", relève le rapport. Le document ne couvre toutefois pas les activités de la CIA, qui a perdu sept fonctionnaires, le 30 décembre 2009, à Khost, dans l'est de l'Afghanistan, lorsqu'un agent double d'Al-Qaida a commis un attentat-suicide dans leur base, où il avait été admis sans avoir été contrôlé. Le général Flynn reproche à ses officiers de renseignement de ne pas suffisamment puiser dans des sources "sous-estimées", telles que les fermiers et les chefs tribaux, les émissions de radio locales, les soldats afghans, les employés de l'ONU ou des organisations humanitaires. Ces sources offrent "peu d'indices sur la position des insurgés, mais elles fournissent des éléments d'une importance stratégique plus grande encore - une carte pour gagner le soutien populaire et marginaliser l'insurrection", écrit-il. Le rapport recommande notamment la mise en place d'équipes d'analystes autorisés, "à la manière de journalistes, à rendre visite sur le terrain à des relais d'information à la base". Au lieu d'être spécialisées dans un seul domaine (trafic de drogue, insurrection, gouvernance), ces équipes se spécialiseraient par région. Le recrutement pourrait, suggère le rapport, se faire aussi parmi "les journalistes de presse écrite expérimentés licenciés dans le cadre de la réduction des dépenses de ce secteur". Philippe Bolopion et Philippe Bolopion
07/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/07/le-chef-du-renseignement-de-l-otan-en-afghanistan-fustige-l-ignorance-des-services-americains_1288595_3216.html
Le Pakistan s'alarme de la nouvelle stratégie de l'Inde
L'état-major indien vient de développer un concept de "double front" qui vise directement Pékin et Islamabad.
Plus d'un an après l'assaut terroriste sur Bombay (166 morts), le processus de paix entre l'Inde et le Pakistan, les deux puissances nucléaires d'Asie du Sud, demeure plus que jamais dans l'impasse. A défaut d'un affrontement armé, la guerre des mots continue d'opposer les deux Etats rivaux nés de la sanglante partition, en 1947, de l'empire britannique des Indes, nourrissant une crise de confiance qui n'en finit pas d'empoisonner le climat stratégique dans la région. La tension est à nouveau montée ces derniers jours à la suite de la révélation par la presse indienne de la révision de la doctrine militaire engagée par l'armée indienne. Selon le quotidien Times of India, l'état-major des forces indiennes réuni en conclave fin décembre 2009 à Simla, une localité de l'Himachal Pradesh agrippée aux contreforts de l'Himalaya, a décidé d'améliorer sa capacité d'ajustement à un environnement régional jugé de plus en plus menaçant. Les stratèges militaires ont notamment affiné la doctrine du "double front", euphémisme désignant le double péril présenté par le Pakistan et la Chine. Les chefs de l'armée indienne veulent pouvoir mener simultanément des offensives sur leur frontière occidentale, théâtre historique de la rivalité avec le Pakistan, mais aussi dans le nord himalayen, où les contentieux territoriaux avec la Chine (Ladakh, Arunachal Pradesh) ont gagné en gravité tout au long de l'année 2009. Les Chinois n'ont pas encore officiellement réagi à cette révision doctrinale de New Delhi, même si des analystes proches du régime de Pékin avaient déjà décodé dans des termes alarmistes le glissement stratégique indien illustré par une hausse de 29 % des dépenses militaires pour l'année 2009-2010. De leur côté, les Pakistanais ne se sont pas privés de s'émouvoir bruyamment de cette évolution. Outre le concept de "double front", qui vise en fait surtout la Chine, ils s'inquiètent de la notion de "démarrage à froid" (cold start) débattue par le conclave des chefs militaires indiens à Simla. La formule désigne l'aptitude dont serait dotée l'armée de New Delhi de frapper le Pakistan avec le minimum de préparatifs afin de renforcer l'effet de surprise. Les Indiens veulent tirer les leçons d'un fâcheux précédent, celui de la mobilisation de leurs troupes en décembre 2001, suite à l'assaut du Parlement indien par des terroristes pakistanais, où les unités impliquées avaient mis au total un mois à se mettre effectivement en place. Réagissant à ce raidissement stratégique de New Delhi, le chef d'état-major de l'armée pakistanais, le général Ashfaq Kayani, a mis en garde à Islamabad contre "l'aventurisme" indien. Dans la presse, les commentateurs pakistanais s'alarment. L'ex-ambassadeur du Pakistan à Londres et à Washington, Maleeha Lodhi, brandit dans une tribune du quotidien The News la menace d'une nouvelle "course aux armements" en Asie du Sud. L'émotion est d'autant plus vive à Islamabad que le chef d'état-major de l'armée indienne, le général Deepak Kapoor, avait déjà évoqué à l'automne l'hypothèse d'une "guerre limitée". L'attitude de New Delhi semble s'expliquer par la volonté d'exercer une pression psychologique sur son voisin afin d'éviter une réédition de l'assaut sur Bombay, perpétré fin novembre 2008. En dépit des dénégations officielles d'Islamabad, les Indiens sont convaincus que les commanditaires de cette attaque sans précédent sont liés à une faction de l'Inter Service Intelligence (ISI), les fameux services secrets de l'armée pakistanaise. Aussi ont-ils suspendu le processus de paix, conditionnant sa reprise à l'arrestation et la condamnation des véritables instigateurs de l'assaut sur Bombay. Au-delà, ils exigent le "démantèlement" des réseaux djihadistes que les services de l'ISI avaient historiquement couvés pour frapper les intérêts indiens au Cachemire ou en Afghanistan. Pour l'heure, les dirigeants pakistanais ont sacrifié au strict minimum. Dans ce contexte, la question du Cachemire, la principale pomme de discorde entre les deux Etats, demeure d'une brûlante acuité. Les Américains n'ont pas caché leur souhait de voir New Delhi assouplir sa tutelle sur cet Etat fédéré à majorité musulmane - le seul de l'Union indienne - afin de désamorcer un front qui handicapait jusque-là la mobilisation pleine et entière d'Islamabad contre les foyers talibans sanctuarisés le long de l'"autre frontière" - à l'Ouest - dans les zones tribales proches de l'Afghanistan, comme le Sud et le Nord-Waziristan. A l'heure où Barack Obama intensifie son effort de guerre sur le théâtre afghan, le calcul de Washington est que l'apaisement au Cachemire peut contribuer à lever une hypothèque à la coopération du Pakistan dans la lutte anti-Al-Qaida au coeur de la bande frontalière pachtoune. C'est probablement pour complaire aux Américains que New Delhi a récemment consenti quelques gestes. Les Indiens ont annoncé leur intention de réduire leur déploiement militaire au Cachemire - mais sans donner de chiffres -, arguant de la baisse du niveau de violence dans cet Etat, qui fut la cause de trois des quatre guerres (celles de 1947, 1965 et 1999) ayant opposé les deux pays. D'autre part, des discussions secrètes entre le gouvernement de New Delhi et des factions de la guérilla indépendantiste locale seraient en cours. La situation sur place demeure toutefois très volatile, comme l'illustre l'opération de type commando qui a coûté la vie à un policier, mercredi 6 janvier, à Srinagar, le chef-lieu du Cachemire. La presse indienne a relevé qu'il s'agissait de la première opération de type "fedayin" depuis deux ans. Les deux assaillants retranchés dans un hôtel ont été tués par la police jeudi. Le signe que certains groupes djihadistes n'ont pas intérêt à ce que le Cachemire s'apaise. Frédéric Bobin (Tunis, correspondant) et Frédéric Bobin
07/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/07/le-pakistan-s-alarme-de-la-nouvelle-strategie-de-l-inde_1288593_3216.html
Pour promouvoir la culture, la commission Zelnik part en guerre contre Google
Principale surprise du rapport remis ce mardi par la commission Zelnik : un projet de taxe sur les revenus des principaux opérateurs de publicité en ligne, dont Google.
Après le vote de la loi Hadopi, le gouvernement avait mis en place une commission de trois "sages" (le PDG de la maison de disques indépendante Naïve, Patrick Zelnik, l'ancien ministre Jacques Toubon, et Guillaume Cerutti, président de Sotheby's France) pour réfléchir à des mesures concrètes pour améliorer l'offre culturelle légale sur Internet. Ces propositions, qui doivent désormais être arbitrées par Nicolas Sarkozy, doivent constituer un volet "incitatif" complétant le volet répressif de la loi Hadopi contre le téléchargement illégal. Mais si l'essentiel des propositions de la commission consistent en des aménagements fiscaux et légaux (crédits d'impôts, homogénéisation du droit d'auteur pour les services de streaming...), la commission recommande également au gouvernement de s'attaquer à Google. Le rapport Zelnik suspecte le moteur de recherche d'abuser de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne, et de tirer les prix de la publicité en ligne vers le bas, ce qui rend plus difficile le fonctionnement des services culturels sur le Web. Elle recommande donc au gouvernement d'entreprendre une double action : une saisie du Conseil de la concurrence, pour lui demander d'établir s'il y a ou non abus de position dominante, et l'instauration, à court terme, d'une "taxe Google", qui frapperait les revenus de la publicité en ligne des gros opérateurs de publicité (Facebook, Yahoo!...). Les revenus de cet impôt – estimés à 10 à 20 millions d'euros par an pour un taux d'imposition de 1 % à 2 % – permettraient de financer en partie les autres mesures proposées. Avec l'ensemble de ces mesures, la Commission espère récolter au total une cinquantaine de millions d'euros en 2010, puis d'environ 35 à 40 millions d'euros par an au cours des deux années suivantes. En complément, la fixation d'un seuil viserait à exonérer du prélèvement les sociétés ayant des revenus publicitaires modestes. DIFFICULTÉS PRATIQUES Mais comment taxer les revenus publicitaires des moteurs de recherche ? Un tel dispositif poserait essentiellement deux difficultés, dont la première est d'ordre juridique. Comment imposer une taxe en France, alors que les entreprises visées ont leur siège situé aux Etats-Unis ? "Le dispositif pourrait s'inspirer des règles de territorialité s'appliquant à la taxe sur les conventions d'assurance, qui frappe toute convention couvrant un risque localisé en France", répond le rapport de la Commission. Le collège estime aussi que le prélèvement est compatible avec le droit communautaire, "qui n'impose de principe strict et général de territorialité que pour la taxe sur la valeur ajoutée (TVA)". Le second écueil concerne le calcul précis de la part des revenus publicitaires provenant effectivement de France. Seul Google, par exemple, sait exactement combien d'internautes français voient ses publicités. Le contrôle "ne pourrait reposer que sur un régime déclaratif, chaque opérateur de service en ligne connaissant la localisation de ses utilisateurs par l'intermédiaire de leur adresse IP", note la commission. Ces déclarations seraient recoupées par des mesures d'audience plus ciblées et indépendantes. La perception de cette taxe serait d'autant plus complexe que le moteur de recherche est déjà accusé d'évasion fiscale en Europe. Au Royaume-Uni, des députés estiment que le géant du Web ne déclare pas tous ses revenus générés en Grande-Bretagne au fisc britannique, mais en déclare une part importante au fisc irlandais, nettement plus avantageux. Un argument repris, en France, par les éditeurs de presse en ligne [Le Groupement des éditeurs de service en ligne est présidé par Philippe Jannet, PDG du Monde Interactif, ndlr]. C'est désormais à Nicolas Sarkozy de décider s'il souhaite s'attaquer au moteur de recherche. Le président de la République doit donner ce soir, lors de ses vœux au monde de la culture, une première idée des orientations préconiséees par la mission Zelnik qui seront mises en place.
07/01/2010
technologies
https://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/01/07/pour-promouvoir-la-culture-la-commission-zelnik-part-en-guerre-contre-google_1288540_651865.html
Barack Obama oublie ses promesses de transparence
Le président américain, qui avait promis que toutes les négociations entourant la réforme du système de santé se dérouleraient au vu et au su de tous, observe un repli prudent dans la dernière ligne droite.
Les républicains se font une joie de profiter de l'aubaine. Barack Obama, qui avait promis que toutes les négociations entourant la réforme du système de santé se dérouleraient au vu et au su de tous, observe un repli prudent dans la dernière ligne droite. La chaîne parlementaire C-SPAN, qui a vu son audience augmenter grâce aux retransmissions des débats sur la santé qui occupent le Congrès depuis le printemps, a sollicité l'autorisation de couvrir les ultimes tractations entre démocrates. "Alors que vos Chambres respectives travaillent à réconcilier les projets de loi adoptés par la Chambre et le Sénat, C-SPAN demande que les réunions de la commission de conciliation soient ouvertes aux médias électroniques", écrit le PDG de la chaîne, Brian Lamb, dans une lettre adressée aux responsables démocrates et républicains du Congrès. La demande a été rejetée tout net par les démocrates du Sénat, qui estiment que plusieurs centaines d'heures de discussions ont déjà été télévisées, ce qui a suffisamment éclairé le public sur les enjeux. Position partagée par le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs. "Le président veut promulguer une loi le plus vite possible", a-t-il répété, mercredi 6 janvier, visiblement agacé par les questions sur les promesses de transparence faites par le candidat Obama. La Maison Blanche a d'ailleurs encouragé les chefs démocrates à négocier de manière informelle, sans réunir officiellement la commission de conciliation, pour éviter les votes de procédure. Pendant la campagne, M. Obama avait déclaré qu'il refuserait "les négociations à huis clos" sur la réforme de l'assurance-santé. Au contraire, il "rassemblerait toutes les parties concernées" et ferait en sorte que "les négociations soient télévisées par C-SPAN". Arrangements à huis clos M. Obama avait aussi affirmé qu'il laisserait les lois cinq jours à disposition du public sur le site Web de la Maison Blanche, avant de les promulguer. Un délai rarement respecté. Interrogée sur ces écarts, la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a pincé les lèvres : "Il y a un certain nombre de choses dont il était partisan pendant la campagne électorale." La transparence était l'un des points forts de la campagne Obama. La revue de l'école de journalisme de Columbia, à New York, a fait le bilan de cette année. Elle note que M. Obama n'a pas hésité à recourir à la doctrine du secret d'Etat, comme son prédécesseur, même s'il a demandé que l'usage en soit limité. La présidence a également refusé la publication des listes des visiteurs de la Maison Blanche, comme l'avait fait le tandem Bush-Cheney. Poursuivie en justice par une ONG, elle a fléchi et publie désormais un état mensuel des visites. En ce qui concerne la fin des arrangements à huis clos avec les compagnies d'assurance, le site Politifact.com, qui vérifie les dires des hommes politiques, affiche un verdict clair : promesse non tenue.
07/01/2010
ameriques
https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/01/07/barack-obama-oublie-ses-promesses-de-transparence_1288597_3222.html
Al-Qaida revendique l'attaque contre la CIA en Afghanistan
Al-Qaida a revendiqué, jeudi 7 janvier, l'attentat fin décembre contre des agents de la CIA en Afghanistan, alors que les services de renseignement américains sont sur la sellette pour avoir échoué à prévenir la tentative d'attentat le jour de Noël contre un avion de ligne.
Al-Qaida a revendiqué jeudi l'attentat fin décembre contre des agents de la CIA en Afghanistan, alors que les services de renseignement américains sont sur la sellette pour avoir échoué à prévenir la tentative d'attentat le jour de Noël contre un avion de ligne. De leur côté, les autorités yéménites ont indiqué que l'auteur de la tentative ratée contre le vol Northwest Amsterdam-Detroit avait bien rencontré au Yémen un imam radical américano-yéménite, Anwar Al-Aulaqi, qui serait également lié à l'auteur de la fusillade sur la base militaire américaine de Fort Hood en novembre (13 morts, 42 blessés). Les autorités de Sanaa s'affichent toujours déterminées à lutter contre la branche locale d'Al-Qaida, qui a revendiqué la tentative du 25 décembre. Elles avaient annoncé mercredi l'arrestation de six membres du réseau, dont un de ses chefs présumés à l'origine de menaces ayant entraîné la brève fermeture d'ambassades occidentales. Le vice-premier ministre yéménite aux affaires de la défense et de la sécurité, Rached Al-Alimi, a cependant averti qu'une intervention militaire américaine "pourrait renforcer" le réseau extrémiste. M. Alimi a en revanche appelé les pays occidentaux, dont les Etats-Unis, à apporter une aide en matériel et en formation à Sanaa. Dans cet affrontement planétaire en pleine recrudescence, le réseau d'Oussama Ben Laden a revendiqué la spectaculaire attaque-suicide du 30 décembre au cœur d'une base américaine de Khost (est de l'Afghanistan). Les talibans avaient eux aussi revendiqué l'attentat. UN AGENT INFILTRÉ Un agent double infiltré, un Jordanien du nom de Humam Khalil Abu-Mulal Al-Balawi, présenté comme un membre d'Al-Qaida recruté par les services jordaniens pour travailler pour la CIA, s'y est fait exploser en tuant sept Américains travaillant pour l'agence, pire perte infligée à ce service depuis 1983. Un officier jordanien a également été tué. Le kamikaze entendait venger des combattants talibans "martyrs", tués par des missiles tirés par des drones américains, a déclaré le chef d'Al-Qaida en Afghanistan, Mustafa Abu Al-Yazid, cité par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE. Depuis l'arrivée au pouvoir du président Barack Obama, qui a décidé d'envoyer 30 000 renforts en Afghanistan, les Etats-Unis ont multiplié les frappes aériennes dans les zones tribales pakistanaises. La dernière a tué mercredi treize combattants islamistes selon une source pakistanaise. La violence dans la région se poursuit quoi qu'il en soit. Un attentat-suicide a fait 8 morts et 24 blessés jeudi à Gardez, principale ville du sud-est afghan, a annoncé un porte-parole de la province de Paktia. L'administration américaine devait de son côté publier jeudi un premier rapport sur les failles des services de renseignement dans l'affaire du vol Northwest. UMAR FAROUK ABDULMUTALLAB RISQUE 20 OU 30 ANS DE PRISON Aux Etats-Unis, Umar Farouk Abdulmutallab, le Nigérian de 23 ans qui a tenté de se faire exploser dans l'avion de la Northwest, avec 279 passagers et 11 membres d'équipage, a été formellement inculpé mercredi. Il risque jusqu'à vingt ou trente ans de prison pour chacun des six chefs retenus, "tentative de meurtre" et "tentative d'utilisation d'une arme de destruction massive" notamment, mais pas la peine de mort. Umar Farouk Abdulmutallab a été recruté par Al-Qaida en dehors du Yémen, peut-être à Londres "par les groupes extrémistes en Grande-Bretagne", a affirmé jeudi M. Alimi. Et, selon le Los Angeles Times, la police américaine aux frontières savait qu'un extrémiste présumé se trouvait à bord du vol 253 et l'attendait à l'aéroport. Mais elle n'aurait découvert son nom sur une base de données qu'après son embarquement. Obama avait dénoncé mardi un "échec" du renseignement qui aurait pu avoir des conséquences "désastreuses", s'engageant à "corriger" la situation. "Echec" d'autant plus cuisant, plus de huit ans après les attentats du 11-Septembre (près de 3 000 morts), que Washington a investi des milliards de dollars dans le renseignement et la sécurité, sans parler des opérations militaires en Afghanistan et en Irak. Au Yémen, pays d'origine de la famille Ben Laden, le gouvernement a confirmé qu'Abdulmutallab avait rencontré lors de son séjour dans le pays (août-décembre 2009) l'imam Anwar Al-Aulaqi et au moins un responsable d'Al-Qaida. Enfin, dans cette même région, des services occidentaux ont averti les monarchies pétrolières du Golfe qu'Al-Qaida s'apprêtait à y attaquer des navires, selon le quotidien koweïtien Al-Qabas.
07/01/2010
asie-pacifique
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/01/07/al-qaida-revendique-l-attaque-contre-la-cia-en-afghanistan_1288802_3216.html
Faut-il dès maintenant ouvrir le chantier de la succession de Raymond Domenech ?
Interrogés sur le bien-fondé de la désignation avant le Mondial du futur sélectionneur des Bleus, les internautes du Monde.fr se montrent très critiques à l'égard de la politique de la FFF.
Jean-Pierre Escalettes, le président de la Fédération française de football (FFF), a fait savoir mardi 5 janvier qu'il souhaitait arrêter le nom du futur sélectionneur de l'équipe de France avant le Mondial, et il a livré une liste de successeurs potentiels à Raymond Domenech. Nous vous avons consultés sur le bien-fondé d'une telle annonce. Il en ressort que, pour beaucoup d'entre vous, cette déclaration arrive à contre-temps, et que les dirigeants de la FFF portent eux aussi leur part de responsabilité dans les errements de l'équipe de France. Nous proposons ici une sélection de vos réactions. BEAUCOUP DE DÉTRACTEURS Rendre ce chantier public maintenant est une erreur par Zorro Ma première réaction à cette annonce d'Escalettes a été l'incrédulité... C'était peut-être bien de rechercher le successeur de Domenech dès maintenant, mais c'est une très mauvaise idée de rendre cette recherche publique car cela va accroître les pressions et les tensions avec le sélectionneur actuel et, in fine, malheureusement, ce sera préjudiciable pour l'équipe et ses résultats. Ceci vient s'ajouter au "contexte" douloureux d'une qualification à la Coupe du monde obtenue sans gloire.... Je ne comprends pas bien l'argument avancé par Escalettes. J'ai du mal à croire que cela ne sera pas préjudiciable aux clubs où se trouvent les successeurs potentiels de Domenech (Bordeaux/Marseille), qui eux aussi risquent de subir des tensions dès maintenant et qui s'en seraient volontiers passé. Escalettes n'a semble-t-il pas mis l'ensemble des éléments sur la table ? (...) La seule excuse que je trouve à Escalettes c'est qu'en l'annonçant dès maintenant il atténue le risque d'une information qui aurait pu fuiter juste avant le début de la compétition. Oui et Non par Solsoledad C'est une question à laquelle la FFF aurait dû repondre depuis bien longtemps. (...) Est-ce [maintenant] le bon moment pour se poser la question? Non, le choix de le garder comme selectionneur jusqu'a la Coupe de monde a été enteriné donc maintenant: "wait and see"... Mascarade par Martin Sinkiewicz Je ne sais pas si [M. Escalettes] essaye d'apaiser le monde du football, ou tout simplement [s'il espère] que le public soit de nouveau son ami... C'est loupé, il met mal à l'aise le sélectionneur et l'équipe. Il fallait y penser en silence... Le chaud show d'Escalettes par Bertrand Carnat Le président du football français reste sur l'affligeante réunion ayant conclu à la poursuite du contrat de Raymond Domenech à la tête de l'Equipe de France. L'on y a vu, notamment, les conditions de gouvernance du football français dans les pires conditions imaginables. Des notables hyper-conservateurs, inconscients et ignorants de la séparation entre les supporteurs et cette équipe indigente et sans classe, ont tout simplement refusé d'agir pour sauver la relation entre les supporteurs et l'équipe censée les représenter. JP Escalettes tente maintenant de nous faire croire qu'il gouverne, décide, prévoit. Ce "brave" vieillard (restons polis) tente de manipuler ceux qui lui permettent de négocier de juteux contrats de sponsoring pour son équipe. (...) En livrant ces noms [ceux des potentiels successeurs], il ouvre une nouvelle période de discussions, articles et, surtout, relance artificiellement l'intérêt pour une équipe qui n'est que le fantôme de ce qu'elle fut. Histoire de prouver aux sponsors très inquiets que cette équipe de France intéresse toujours leurs cibles marketting. Lamentable. Ubuesque. Désolant. Juste commercial. Trappatoni aux commandes par Clement Gendaux Il aurait mieux fait d'être plus audacieux sur le départ de Raymond Domenech. Il pouvait le remercier d'avoir qualifié la France et lui dire qu'il serait payé jusqu'à la fin de son contrat tout en restant chez lui et en confiant une mission de six mois et demi à... Trappatoni qui aurait pu être secondé pendant la Coupe du monde par le futur sélectionneur français. Cela aurait eu plus d'allure si, en prime, il avait présenté sa démission... Mais bon il faut faire avec lui et Domenech... Du grand n'importe quoi ! par Anthony S L'équipe de France n'a rien à gagner à demarrer la succession de Domenech avant une Coupe une monde. Il n'y a bien que nous, les Francais, pour opérer de la sorte. J'ai bien peur que nous allions droit dans le mur pour la Coupe du monde. Quoi de mieux... par Steve Pouget Je trouve cela ridicule et le pire, c'est que cela arrive tous les ans et que l'année d'après tout recommence. Les présidents du PSG et de l'OM se rappellent au bon souvenir des supporteurs, qu'en fin d'année dernière ils avaient ouvert les chantiers des transferts (joueurs ET entraîneur) beaucoup trop tôt, jetant un froid sur les équipes respectives. Au final, l'OM rate le titre et le PSG les places européennes. La question à poser est donc simple. Le président de la Fédération française veut-il consciemment perturber un groupe déjà fragile psychologiquement comme nous l'avons constater contre l'Irlande au Stade de France ? C'est prématuré par Jean-Pierre Grandsire En effet, à quoi peut servir une désignation avant la Coupe du monde ? Hypothèse 1 : mettre la pression inutilement sur le sélectionneur actuel car ce dernier a montré qu'il n'était pas sensible à tout ce qui pouvait être dit ou écrit sur lui. Hypothèse 2 : le faire collaborer avec le futur sélectionneur pour préparer la compétition, hypothèse toute gratuite puisque la liste des joueurs aura été arrêtée depuis longtemps et, là encore, je ne crois pas que Domenech pourrait l'accepter. Conclusion : ça ne sert à rien ; il vaut mieux attendre la fin de la compétition pour choisir dans le calme et la sérénité ce nouvel entraîneur qui n'aura été impliqué en aucune manière dans le résultat de l'équipe de France à la Coupe du monde. Messieurs de la fédération par Jean Lou Le president de la FFF commence à gesticuler parce qu'il sait qu'il aurait dû changer de selectionneur apres l'Euro. Moi je souhaite que l'EDF aille le plus loin possible en Coupe du monde mais après les messieurs de la fédération doivent tous partir ! (...) Incohérence (Suite) par Pierre Rodriguez Je pense que nous sommes dans une suite parfaitement logique des péripéties au sujet de Raymond Domenech. On devrait envisager sérieusement, non pas un remplacement individuel, mais celui d'un tandem. Au plus incompétent ! par Hervé Gelin (...) Escalettes est aussi incompétent que Domenech. Normal, qui se ressemble s'assemble (comme au gouvernement). PEU DE SOUTIENS Tout à fait normal par Bernard Genestar Il me paraît tout à fait normal de rechercher le successeur plusieurs mois avant l'échéance (finale éventuelle le 11 juillet 2010). L'argument de J-P Escalettes est parfaitement adéquat. J'aimerais même que le nom du successeur ne soit rendu public qu'après le Mondial mais cela me semble utopique (...). Une initiative inattendue donc intéressante ... par Jamuna H On ne va pas maintenant dire que c'est trop tôt alors qu'on n'a pas arrêté de le réclamer. Certes il aurait mieux valu bien plus tôt mais on ne peut revenir en arrière. Donc soyons pragmatiques. En tout cas le faire maintenant, alors que personne s'y attendait, n'est peut-être pas innocent. La suite pourrait être intéressante. undefined par undefined Jean Pierre Escalettes essaie de dédramatiser ce feuilleton passionnel. Ce n'est pas plus mal. Après s'être acharné à défendre Domenech contre l'évidence, il choisit aujourd'hui l'intervention à froid. OK Domenech c'est fini. Mais il va pouvoir opérer au Mondial en toute tranquillité. Pour l'équipe c'est mieux que de vivre en permanence sur un volcan. Finalement, cet homme un peu agaçant de tergiversations s'en sort par le haut. A mon sens... Un petit coup de boost et un appel d'air par Laurent Pravil (...) Ouvrir tôt les hostilités c'est faire naître un débat public, c'est peut-être favoriser la nomination d'un entraîneur qui convient aux Français. Et mine de rien c'est aussi une manière d'encourager les éventuels postulants. Bref le compte y est non ? En poste ?? par Daniel Conversat Si un choix est fait (le rendre public ou non est une autre question), il faudrait mieux qu'il se porte sur un entraîneur de grand renom, avec résultats prouvés, donc déjà en poste. L'entraîneur miracle au chomdu, je crains qu'il n'existe tout simplement pas !
07/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/07/equipe-de-france-domenech-et-escalettes-dans-le-meme-bateau_1288563_3242.html
La France et la grippe A, un mauvais dosage
La France est l'un des rares pays à avoir décidé d'une stratégie de vaccination de masse contre la grippe A. C'est au mois de juillet, lors d'une réunion à Matignon, qu'ont été arrêtés les principes de la campagne de vaccination.
La pandémie, c'est la guerre. Face à une menace sanitaire, la mobilisation générale est de rigueur. Confronté à la nécessité d'agir dans une situation criblée d'incertitudes, le gouvernement français a opté, à l'été 2009, contrairement à d'autres, en faveur d'une stratégie de vaccination massive. Son objectif : être en mesure d'immuniser contre le virus H1N1 tous les Français qui le souhaitent. Las !, fin décembre, seulement 5 millions de Français avaient choisi de se faire vacciner. Le ministère de la santé a annoncé, lundi 4 janvier, qu'il renonçait à l'achat de 50 millions de doses de vaccin sur les 94 millions commandées à quatre laboratoires. Et des parlementaires du Parti socialiste comme du Nouveau Centre réclament une commission d'enquête parlementaire sur la gestion de la pandémie. Comment et pourquoi en est-on arrivé là ? En laissant le politique primer sur le sanitaire. Le 24 avril 2009, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé une alerte mondiale après l'apparition d'une épidémie due à un nouveau virus grippal au Mexique et aux Etats-Unis. Le 11 juin, l'OMS a annoncé officiellement une pandémie. Le monde est alors pris par surprise : des préparatifs avaient été engagés, mais ils étaient calibrés pour le virus aviaire H5N1, extrêmement virulent mais très peu transmissible entre personnes. Tout le contraire de ce que se révélera être le H1N1. Depuis octobre 2004, la France possède un plan de réponse à une pandémie grippale. La menace du H5N1 et le traumatisme de la canicule d'août 2003 et ses 15 000 morts sont passés par là. Actualisé à plusieurs reprises, ce plan prévoit l'acquisition de moyens de prévention et de lutte et, s'inspirant des préparatifs de réponse à des attaques bioterroristes, il retient un dispositif de vaccination de masse dans des centres ad hoc. Les stocks de Tamiflu et de masques sont déjà constitués. Sitôt le nouveau virus identifié, le Comité de lutte contre la grippe (CLCG), un organisme constitué par décret le 25 juillet 2008, recommande la constitution de stocks de vaccins contre le H1N1. Six jours après l'alerte du 24 avril, Matignon convoque une première réunion interministérielle, qualifiée de "réunion de mise en alerte de l'appareil d'Etat". "A cette date, nous sommes polarisés sur la situation mexicaine, raconte un conseiller du premier ministre. Nous décidons la mise en place de passages particuliers dans les aéroports pour les passagers en provenance du Mexique. Nous activons la cellule interministérielle de crise, prévue dans le plan pandémie grippale." La cellule se réunira chaque semaine. Elle fonctionne autour d'un tandem ministère de l'intérieur-ministère de la santé. Après le passage de témoin entre Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux place Beauvau, en juin, le ministre de l'intérieur s'attache à exécuter la volonté expresse de l'Elysée : contrôler le dispositif. Il peut s'appuyer sur les conclusions du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, publié le 17 juin 2008, qui précise que "le ministère de l'intérieur coordonne en particulier la gestion des crises sur le territoire national", qu'elles soient sanitaires, terroristes ou climatiques. A Brice Hortefeux la gestion et la communication sur le dispositif, les centres de vaccination, la gestion des flux ; à Roselyne Bachelot la communication sanitaire. Place Beauvau, on se garde bien de critiquer la ministre de la santé : "Roselyne Bachelot a fait tout ce qu'il fallait", soutient l'entourage de Brice Hortefeux, répondant à la consigne de solidarité de l'Elysée. Entourage qui prend tout de même soin de préciser que les vaccins ont toujours été "du ressort de la santé". Très vite, le ministre de l'intérieur juge qu'il serait trop coûteux de faire appel aux médecins généralistes pour la vaccination : il aurait alors fallu ajouter le coût d'une consultation ou négocier un tarif. Le ministère de la santé y ajoutera la volonté de préserver le fonctionnement de la médecine de ville, le conditionnement des vaccins en flacons multidoses, les problèmes logistiques... Or le choix de ne pas mettre dans la boucle les médecins de ville et les pharmaciens va obérer sérieusement l'adhésion de la population à la vaccination. Certains experts comme les professeurs François Bricaire et Christian Perronne ont bien suggéré au ministère de la santé d'impliquer les médecins généralistes dans la vaccination, mais "on a considéré que cette question n'était pas de notre ressort d'expert scientifique", affirme François Bricaire. Une "réunion pivot" se tient début juillet à Matignon. C'est là, alors que les incertitudes sont encore loin d'être levées, que sont arrêtés le principe d'une campagne de vaccination sur la base du volontariat, la décision sur les commandes de vaccins et la stratégie vaccinale. "Toutes les décisions ont été prises en accord avec l'Elysée et en collégialité avec les ministères concernés, intérieur, santé, budget, éducation, insiste un conseiller de François Fillon. Un conseiller de Nicolas Sarkozy était présent à toutes les réunions. Nous suivions l'avis des experts." Que disaient-ils, ces experts ? La stratégie préconisée visait à protéger en priorité les soignants, les forces indispensables au bon fonctionnement de l'Etat, tout en réfléchissant au meilleur moyen de protéger la population. "Les enfants constituent des vecteurs importants de la propagation du virus. Leur vaccination systématique avant la circulation du virus pouvait être utile. Vacciner 10 à 12 millions d'enfants aurait eu un effet protecteur de masse bien supérieur au nombre de personnes vaccinées", indique le professeur Bruno Lina, qui dirige le Centre national de référence sur la grippe à Lyon. Certains épidémiologistes, comme le professeur Antoine Flahault, avançaient des hypothèses selon lesquelles une vaccination précoce d'une partie de la population - de l'ordre de 30 % -, serait capable d'infléchir la courbe de l'épidémie. Cette stratégie sera choisie par beaucoup de nos voisins européens. Ce n'est pas l'approche retenue par la France, où le gouvernement reconnaît en quelque sorte aux Français une sorte de "droit au vaccin". "C'est un choix politique et éthique que de proposer la vaccination à tout le monde, justifie un proche collaborateur de Roselyne Bachelot. La ministre est montée au créneau à Matignon pour le défendre. Nous ne voulions pas proposer une simple assurance au tiers." Un communiqué du ministère de la santé daté du 3 janvier 2010 précisera : "La commande de 94 millions de doses était destinée à couvrir la population française sur la base de ce schéma vaccinal (à deux doses) et d'un taux d'attrition (de refus) de 25 %." Cette orientation stratégique était affirmée le 24 juillet par François Fillon lors d'un déplacement en compagnie de Mme Bachelot à Mantes-la-Jolie. Le premier ministre assure alors que le pays est prêt à affronter une pandémie : "Elle ne nous prend pas par surprise, la France se prépare depuis de longues années à ce risque." Le problème est que rien n'a été prévu pour évaluer la manière dont la population accueillerait la proposition de vaccination. "Aucune étude n'avait été mise en place, par exemple à l'occasion d'une vaccination contre la grippe saisonnière", fait remarquer Antoine Flahault. "Au début de l'été, les producteurs de vaccins ont envoyé des signaux indiquant que les ressources allaient être limitées et que les premiers à commander des doses seraient les premiers servis", souligne Bruno Lina. Courant juillet, des contrats ou avenants à des contrats préexistants sont signés avec les laboratoires Novartis, GlaxoSmithKline (GSK) et Sanofi Pasteur, au nom de l'Etat, par l'Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus), dans le cadre des marchés publics. Un contrat portant sur 50 000 doses de vaccin produit par culture cellulaire et destiné aux personnes allergiques à l'oeuf est signé le 1er août avec le laboratoire américain Baxter. 50 millions de doses sont sécurisées auprès de GSK, 28 millions auprès de Sanofi Pasteur et 16 millions auprès de Novartis. La facture globale de ces 94 millions de doses s'élève à 869 millions d'euros. Une option est posée sur 34 millions de doses supplémentaires : 28 millions pour Sanofi Aventis, sans que cela soit formalisé par contrat, et 6 millions pour Novartis, cette "tranche conditionnelle ne faisant pas l'objet de pénalités en cas d'annulation", précisait l'entourage de la ministre. Ce qui pourrait impliquer que c'est, au contraire, le cas pour les commandes fermes. Après celle des professionnels de santé hospitaliers qui a démarré timidement le 20 octobre, la vaccination de la population a été lancée le 12 novembre, avec près de 6 millions de personnes éligibles dans le premier groupe prioritaire : l'entourage des enfants de moins de 6 mois, les professionnels de santé non hospitaliers et de la petite enfance et les adultes fragilisés. La suite est connue : un démarrage poussif des 1 080 centres de vaccination, puis une nette augmentation de la fréquentation des centres après l'ascension rapide du nombre de cas de grippe A, trois semaines après leur ouverture, avec des attentes allant jusqu'à plusieurs heures. Devant cette pagaille, le président de la République a demandé, le 30 novembre, au gouvernement de prendre des "dispositions complémentaires pour assurer un meilleur service à la population" et a réclamé l'ouverture des centres le dimanche. A présent, à mesure que le nombre de cas de grippe diminue en France, le dispositif de vaccination s'élargit : les médecins généralistes et les entreprises ont reçu l'autorisation de vacciner. Les experts comme le gouvernement défendent l'idée que la vaccination n'a rien perdu de son actualité. L'objectif était de pouvoir vacciner 75 % des Français. Avec les quelque 8 % de la population vaccinée début janvier et les stocks de vaccin, difficile de ne pas ressentir un léger décalage. Paul Benkimoun avec Sophie Landrin et Isabelle Mandraud
07/01/2010
epidemie-grippe-a
https://www.lemonde.fr/epidemie-grippe-a/article/2010/01/07/grippe-a-un-mauvais-dosage_1288652_1225408.html
L'épouse de Mehdi Karoubi, figure de la contestation en Iran, inquiète pour sa vie
L'épouse d'une figure de la contestation confie son "inquiétude" au "Monde".
A plusieurs reprises, ces derniers mois, Mehdi Karoubi, ce religieux de 72 ans, ancien président du Parlement et candidat réformateur malheureux à l'élection présidentielle iranienne contestée du 12 juin, où il est arrivé troisième derrière Mahmoud Ahmadinejad et Mir Hossein Moussavi, l'actuel chef de file de l'opposition, a été pris à partie et menacé. Y compris physiquement. Son journal, Ettemad-e-melli, a été fermé, ses conseillers arrêtés. Lors des grandes manifestations qui se sont tenues en marge des fêtes religieuses de l'Achoura, le 27 décembre 2009, au cours desquelles la police a tiré sur la foule (un bilan officiel parle de huit morts, dont le neveu de M. Moussavi), Mehdi Karoubi a été une des cibles privilégiées des attaques des fondamentalistes qui soutiennent M. Ahmadinejad. Plusieurs grands dignitaires religieux ont réclamé son "jugement" et "une punition exemplaire". Le lendemain, alors qu'il quittait une cérémonie de deuil dans une mosquée de l'est de Téhéran, un petit groupe de nervis fondamentalistes l'a attaqué. Il était en voiture, le pare-brise a volé en éclats. La foule a dû disperser les assaillants. M. Karoubi, qui, le premier, a eu le courage de dénoncer les tortures et les viols en prison des manifestants, est devenu l'un des chefs de file les plus écoutés du mouvement "vert" de contestation. Il poursuit sa lutte, mais qu'en est-il de sa sécurité ? Fatemeh, son épouse, qui dirigeait le magazine féminin Irandokht, fermé, lui aussi, manu militari il y a quelques jours, jointe à Téhéran, a répondu à nos questions. Pense-t-elle que le pouvoir ira jusqu'au bain de sang, jusqu'au bout de cette répression qui a déjà fait des dizaines de morts ? "La politique sans compromis n'a pas de sens, estime-t-elle, mais ceux qui détiennent le pouvoir en Iran semblent avoir choisi la voie de la répression. Or, jamais dans notre histoire les méthodes répressives n'ont eu de succès contre le peuple courageux de l'Iran. Je crois qu'elles n'en auront pas davantage cette fois-ci." Et Fatemeh Karoubi, qui dit espérer que les responsables de son pays "changeront bientôt leur vision et leurs méthodes vis-à-vis des revendications du peuple", n'en est pas moins inquiète pour la sécurité de son mari, la sienne et celle de ses enfants. "Actuellement, le pouvoir ne nous assure aucune assistance ou protection notable, précise Fatemeh Karoubi, une ancienne infirmière, qui, par respect, désigne souvent son mari comme "M. Karoubi". En fait, durant ces deux dernières semaines, même l'équipe chargée de la protection de M. Karoubi a manqué à ses devoirs, en raison des ordres mêmes qui lui ont été donnés." "Alors que la situation a beaucoup empiré, le niveau de protection de M. Karoubi et celui de la résidence de notre famille s'est réduit à un niveau très bas, insuffisant. Nous avons dû, nous-mêmes, prendre des mesures pour assurer notre protection...", raconte-t-elle. Cette femme courageuse, elle aussi - tenue à une certaine discrétion -, entend-elle par là que sa famille a été l'objet de menaces accrues ? "Oui, il y a eu, à plusieurs occasions, des agressions et des menaces de la part d'agents qui sont habillés en civil, mais munis d'une arme. Ces mêmes agents sont d'ailleurs soutenus et protégés par les forces de sécurité. La voiture de M. Karoubi a été sabotée." Et elle ajoute : "Ce qui m'a inquiétée et m'a fait réagir, c'était la menace manifeste, lancée contre nous par le président de la commission de la sûreté nationale du Parlement, et celle de certaines figures extrémistes dans les médias nationaux. Le fait que les autorités du pays lancent un appel public pour que "le peuple, lui-même, agisse directement et de sa propre initiative, contre les dirigeants du mouvement vert"." Qu'est-ce que cela signifie ? "Que le pouvoir donne son aval à des mercenaires qui se doivent, au nom du "peuple", d'accomplir leurs devoirs en nous attaquant." Estime-t-elle que sa vie et celle de son mari sont en danger ? "Oui, compte tenu de l'absence de protection adaptée, je suis inquiète pour moi, pour mon époux, et même pour mes enfants. Car les figures extrémistes qui ne pensent qu'à la répression croient en cette idée fausse, selon laquelle, avec la suppression physique de M. Karoubi et de M. Moussavi, ils peuvent jeter les revendications du peuple aux oubliettes." Et elle ajoute ces mots très forts : "Moi, je déclare catégoriquement : si quelque chose de grave arrive à M. Karoubi, c'est le gouvernement qui en sera responsable. Le gouvernement ne doit ni ne peut se décharger de ce crime éventuel, en l'imputant aux étrangers ou à d'autres groupes." Sans aller jusqu'à cette extrémité, que se passerait-il, à son avis, en cas d'arrestation des deux figures de proue de la contestation, son époux et Mir Hossein Moussavi ? "Le mouvement "vert" du peuple d'Iran a des revendications conformes à la Constitution de la République islamique de l'Iran, tient-elle à préciser. M. Karoubi, dans ses déclarations, a réclamé à plusieurs reprises l'application de tous les articles de la Constitution iranienne, et M. Moussavi en a fait autant dans son communiqué n° 17, réclamant que, conformément à la Constitution, une partie des revendications soient prises en compte." "Quiconque voudrait trouver une solution au problème actuel, doit admettre, dit-elle encore, que la loi est souveraine et qu'elle s'applique de la même façon pour tous. Il faut en finir avec les comportements illégaux. Sinon, prévient-elle, la crise actuelle ne s'en approfondira que davantage, chaque jour. L'arrestation de MM. Karoubi et Moussavi, non seulement serait injuste, mais jetterait de l'huile sur le feu, provoquant la colère de la société." Que deviendrait le mouvement "vert" dans ce cas ? "Dans une telle hypothèse, nous devrons tous faire un effort pour que le peuple continue, comme avant, à manifester pacifiquement , et qu'il n'ait pas un lourd prix à payer pour cela." Quant à l'attitude à l'étranger des militants des droits de l'homme et des défenseurs de la démocratie, vis-à-vis de la crise iranienne, Fatemeh Karoubi préfère ne pas se lancer dans des commentaires politiques : "Moi, répond-elle avec humilité, je ne suis pas en mesure de déterminer quel doit être le devoir des autres... Je préfère me référer à ce que mon époux a déclaré à plusieurs reprises : "J'ai accompli mon devoir religieux, légal et national. Je n'attends rien de personne"." Marie-Claude Decamps
07/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/07/vivre-sous-la-menace-en-iran-le-temoignage-de-l-epouse-de-mehdi-karoubi_1288577_3218.html
Agroalimentaire : Bonduelle va reprendre France Champignon
Le leader mondial du légume transformé, Bonduelle, a annoncé, jeudi 7 janvier, être entré en discussion exclusive avec le fonds Butler Capital Partners pour reprendre France Champignon, numéro un européen et deuxième mondial de cette spécialité.
Sauf coup de théâtre, cette acquisition devrait être finalisée dans les prochaines semaines après consultation des partenaires sociaux et des autorités de la concurrence. Repris en 2004 par Butler après sept années passées sous tutelle du Comité interministériel de restructuration industrielle, France Champignon - qui emploie 1 500 personnes dans six usines, dont cinq en France -, a réalisé un chiffre d'affaires de 212 millions d'euros en 2008 et est redevenu rentable en 2007 (le résultat brut d'exploitation se situe aujourd'hui aux alentours de 15 millions d'euros) à la suite de lourds investissements et restructurations. Le rachat par Bonduelle - jusqu'alors absent de ce segment - devrait permettre à France Champignon de se développer davantage à l'international, où il réalise, aujourd'hui, environ 30 % de son chiffre d'affaires. Spécialiste de la reprise d'entreprises en difficulté, Butler Capital Partners, créé en 1991 par le financier Walter Butler, contrôle aujourd'hui les magasins Virgin en France, le spécialiste de la logistique Sernam, ou le fabricant de masques et de déguisements César. Par le passé, il s'était notamment distingué en reprenant la Société nationale Corse-Méditerranée (SNCM) ou les restaurants Flo. Clément Lacombe
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/agroalimentaire-bonduelle-va-reprendre-france-champignon_1288645_3234.html
Londres et La Haye doivent faire preuve de clémence envers l'Islande
Le président islandais vient de refuser de signer une loi impopulaire.
Il s'agissait de promulguer les modalités de remboursement convenues avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas, les deux pays dont l'aide a permis de préserver les intérêts des déposants d'Icesave, filiale de la défunte banque Landsbanki. Selon la législation locale, le texte doit être soumis au vote. Il y a peu de chance que les urnes l'approuvent, puisque 60 000 habitants (20 % de la population), avaient demandé au président Olafur Grimsson de faire obstruction à cette disposition. Leur colère est compréhensible. Selon les termes d'un accord conclu en 2009, les contribuables islandais doivent verser 2,3 milliards de livres sterling au Royaume-Uni (2,5 milliards d'euros) et 1,3 milliard d'euros aux Pays-Bas, soit, au total, 40 % du produit intérieur brut (PIB) de 2009, ou la somme de 11 000 euros par citoyen. Mais en votant non, les Islandais aggraveraient leur situation. Car le Royaume-Uni et les Pays-Bas peuvent décider de faire pression sur le Fonds monétaire international (FMI) et sur les pays nordiques pour retarder le déblocage des fonds d'un plan de sauvetage de 5 milliards de dollars monté en octobre 2009. Les Islandais compromettraient aussi leurs chances d'entrer dans l'Union européenne (UE). Deux éventualités qui mettraient en péril la reprise économique du pays. Ces sanctions seraient improductives. Car Reykjavik veut rembourser. Une victoire du "non" remettrait en cause certaines des exigences ajoutées par les deux pays créanciers dans la version révisée du texte. De toute façon, l'Islande devra respecter les engagements approuvés en août 2009, tant par le Parlement que par la présidence : le remboursement débutera en 2017, et dépendra de la progression du PIB local par rapport à son niveau de 2008. Convalescence Pour que le pays puisse éponger la totalité de sa dette, il faut que la convalescence de son économie se poursuive. De ce point de vue, le plan de sauvetage du FMI est crucial. Il reconstituerait les réserves de devises et fournirait les liquidités nécessaires au service de la dette envers l'étranger. Par ailleurs, l'adhésion à l'UE permettrait d'obtenir de meilleures conditions d'emprunt. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont imposé des termes très sévères à l'Islande. Ils ont notamment refusé tout compromis au sujet du montant à recouvrer et insisté pour être prioritaires par rapport à d'autres créanciers. Les deux pays soutiendront très certainement que voter oui, c'est défendre l'intérêt de l'Islande. Evincer ce pays des marchés de capitaux internationaux ne ferait jamais que retarder le début des remboursements. Le temps est venu pour le Royaume-Uni et les Pays-Bas de faire preuve de clémence. (Traduction de Christine Lahuec.) Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur . Nicholas Paisner
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/londres-et-la-haye-doivent-faire-preuve-de-clemence-envers-l-islande_1288646_3234.html
Affaire Treiber : deux journalistes entendus par la police
La police cherche comment ils ont pu se procurer des lettres écrites par Jean-Pierre Treiber lors de sa cavale.
Un journaliste a été entendu jeudi 7 janvier au matin par la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF) à Nanterre (Hauts-de-Seine) dans le cadre de l'enquête sur la cavale de Jean-Pierre Treiber. La BNRF enquête sur les dernières lettres de Treiber qui avaient été publiées en novembre 2009 par l'hebdomadaire Paris Match, selon une source policière. Le domicile parisien du journaliste, Stéphane Munka, a été perquisitionné jeudi à l'aube avant son audition, selon la même source. M. Munka est notamment l'auteur d'un livre, "L'affaire Giraud, une histoire de femmes", paru en 2009 chez Flammarion, coécrit avec un autre journaliste, Christophe Gautier. Stéphane Munka est ressorti de la BNRF vers 13 heures après avoir été entendu dans le cadre d'une "audition simple", a confirmé le procureur de la République d'Auxerre, François Pérain. Christophe Gautier devait être auditionné de la même manière jeudi après-midi, a-t-on indiqué de source policière. D'après le parquet d'Auxerre, les deux hommes "avaient déjà été entendus dans le cadre de l'enquête sur l'évasion de Jean-Pierre Treiber", qui doit notamment éclaircir le déroulement du premier mois de cavale, encore très flou. Les deux journalistes "sont des proches de l'amie de M. Treiber", Blandine Stassart, a-t-il ajouté. Les enquêteurs cherchent notamment à déterminer dans quelles conditions les lettres de Treiber publiées dans Paris Match sont parvenues aux deux journalistes. Jean-Pierre Treiber, qui doit comparaître devant les assises de l'Yonne à partir du 20 avril pour le double assassinat de Géraldine Giraud et de Katia Lherbier, a été écroué et placé à l'isolement à Fleury-Mérogis (Essonne) après son interpellation le 20 novembre dernier dans un appartement de Melun (Seine-et-Marne). Il était en fuite depuis le 8 septembre après son évasion de la maison d'arrêt d'Auxerre.
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/affaire-treiber-deux-journalistes-entendus-par-la-police_1288817_3224.html
L'expert économique de Barack Obama est l'objet de vives critiques
Lawrence Summers, conseiller économique en chef de la Maison Blanche, est la cible d'une campagne de dénigrement au sein de son propre parti.
Lawrence Summers, conseiller économique en chef de la Maison Blanche, est la cible d'une campagne de dénigrement au sein de son propre parti. Ses détracteurs affirment que sa sainte horreur du déficit a compromis l'efficacité de la relance et empêché la reprise américaine de créer des emplois. Ils ont tort. Il faut au contraire le féliciter pour avoir gardé tout son bon sens budgétaire. Le bon sens est souvent le premier à faire les frais d'une année électorale. De nombreux démocrates craignent que la conjonction d'une croissance factice et d'un chômage obstinément orienté à la hausse ne leur coûte cher en novembre, date de l'élection des membres du Congrès. Pour des libéraux auteurs de blogs influents comme Paul Krugman, éditorialiste au Times, et certains collaborateurs de la Maison Blanche, M. Obama aurait dû engager plus que les quelque 800 milliards de dollars (555 millions d'euros) consacrés à l'effort de relance en 2009, ou en tout cas, il aurait déjà dû tirer une seconde salve. Le choix d'un déficit maîtrisé Mais c'est l'avis de M. Summers qui a prévalu. Il a soutenu que si l'Etat pouvait compenser en partie le recul du produit intérieur brut (PIB), une dépense publique excessive et l'endettement pour la financer pourraient semer la panique sur les marchés obligataires. Un raisonnement qui irrite les libéraux de Washington, comme à l'époque Clinton, lorsque l'idée de se concentrer sur la réduction du déficit avait été écartée. La doléance était alors présentée par le secrétaire au Trésor Robert Rubin, le président de la Réserve fédérale Alan Greenspan et... Larry Summers. Quant à l'aile gauche démocrate, elle reproche à ce dernier d'avoir travaillé pour le fonds spéculatif D. E. Shaw au cours de sa carrière. M. Summers a pourtant bien raison de se préoccuper de la maîtrise du déficit public. Comme il lui faudra lever au bas mot 10 000 milliards de dollars dans les dix prochaines années, l'Oncle Sam ne peut pas se permettre de perdre la confiance des investisseurs. De fait, la perspective de ces énormes emprunts a d'ores et déjà incité le fonds obligataire géant Pimco à lever le pied sur les bons du Trésor américain. Les keynésiens les plus convaincus devraient reconnaître qu'il y a des limites à l'endettement public. L'étude que viennent de réaliser Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff est sans appel : lorsque la dette nationale dépasse 90 % du PIB dans une économie développée, le taux annuel de croissance s'en trouve réduit d'environ un point. Les projections du Fonds monétaire international annoncent que la dette américaine atteindra 94 % du PIB en 2010. Par ailleurs, il n'est pas astucieux de s'attaquer au grand gourou économique de M. Obama quand celui-ci explique que le pays se redresse petit à petit grâce à sa politique. En revanche, si l'économie devait replonger, ou si les élections de novembre s'avéraient désastreuses, il faudrait faire tomber quelques têtes. M. Summers figurerait alors en bonne place sur la liste des victimes sacrificielles possibles. (Traduction de Christine Lahuec.) Plus de commentaires sur l'actualité économique et financière sur . James Pethokoukis
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/l-expert-economique-de-barack-obama-est-l-objet-de-vives-critiques_1288636_3234.html
Plus de deux ans après les faits, Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société générale, sera jugé en juin
Le jeune homme, accusé notamment d'abus de confiance, risque jusqu'à cinq ans de prison.
Le sort de Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société générale accusé d'avoir fait perdre à sa banque 4,9 milliards d'euros, devrait être scellé cet été. Il devrait être jugé devant le tribunal correctionnel de Paris entre le 7 et le 23 juin. Une audience se tiendra le 12 février afin de déterminer définitivement la date du procès. Ce jugement signera l'épilogue d'une affaire érigée comme l'un des symboles des dérives de la finance. Le 24 janvier 2008, dans la stupeur générale, le président de la Société générale, Daniel Bouton, PDG de la banque à l'époque, avait mis au jour des montants inouïs d'investissements frauduleux dépassant plusieurs dizaines de milliards d'euros. Qualifié de "terroriste" par le président de la banque, le jeune trader est aujourd'hui accusé de "faux et usage de faux", "d'introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé" et "d'abus de confiance". Des griefs passibles de cinq ans d'emprisonnement. La tenue du procès en juin intervient après de multiples rebondissements ayant contribué à retarder la clôture du dossier. A deux reprises, Jérôme Kerviel, 31 ans au moment des faits, a changé d'avocats et autant de fois de tactique de défense, afin de faire entendre sa version des faits. "Nous faisons face" Pour la Société générale, partie civile dans ce dossier, qui dit attendre "sereinement" ce procès, ces manoeuvres ne visaient qu'à reculer au maximum l'échéance du jugement. "Le juge (Renaud) Van Ruymbeke voulait clore l'instruction dès juillet 2008. Le premier changement d'avocats de M. Kerviel a retardé d'un an cette étape. Le deuxième changement d'avocats a repoussé le procès d'une année supplémentaire. Ce sont des manoeuvres dilatoires que l'on retrouve chez les délinquants récidivistes", estime Jean Veil, avocat de la Société générale. "Il est en effet notoire que plus le jugement intervient tardivement plus le tribunal est enclin à l'indulgence", explique-t-il. "Nous faisons face", assure de son côté Olivier Metzner, avocat de l'ex-trader. Ce dernier, qui plaidera la relaxe, compte faire valoir au procès des éléments qui n'auraient pas été entendus jusqu'ici. Au centre de sa plaidoirie, les arguments selon lesquels la banque ne pouvait ignorer les actions de Jérôme Kerviel, et qu'elle l'a laissé faire. "Je ne voudrais pas que Jérôme Kerviel paie pour le compte de tous les autres, indique M. Metzner. En deux ans, ses investissements, réels et fictifs, se sont élevés à 800 milliards d'euros. C'est au moins deux fois le budget de la France. Comment cela peut-il passer inaperçu ?" En outre, "ces investissements étaient visibles par 500 personnes dans la banque via le système informatique Eliot, sous le nom de code ultra-secret de... JKerviel", ironise l'avocat. Claire Gatinois
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/plus-de-deux-ans-apres-les-faits-jerome-kerviel-l-ancien-trader-de-la-societe-generale-sera-juge-en-juin_1288635_3234.html
"Au procès Vivendi, la défense plaide ""l'erreur"", pas ""la fraude"""
Aux Etats-Unis, la procédure en nom collectif menée contre Jean-Marie Messier touche à sa fin.
Fraudeur Vivendi Universal ? Menteur Jean-Marie Messier ? "Allons donc mesdames et messieurs les jurés," ce procès est "injuste" et "infondé" ont plaidé à New York, les 5 et 6 janvier, les avocats de Vivendi et de son ex-PDG Jean-Marie Messier. Le groupe de communication et ses anciens dirigeants, Jean-Marie Messier, et Guillaume Hannezo, directeur financier, ont à répondre depuis le mois d'octobre 2009 à l'accusation d'avoir provoqué une crise de liquidité majeure au coeur de l'hiver 2001 et surtout de l'avoir cachée aux porteurs de titres. Ce procès en nom collectif qui accuse Vivendi de fraude touche aujourd'hui à sa fin. Sauf retard, les jurés populaires se prononceront dans la semaine du 11 janvier. Michael Malone, avocat américain de Jean-Marie Messier, a longuement défendu l'honneur bafoué de son client. "Il a reconnu avoir commis des erreurs, mais il a établi également une évidence : il n'a escroqué personne." Faisant référence au "livre des alertes", pièce maîtresse de l'accusation qui recense l'ensemble des avertissements angoissés adressés par Guillaume Hannezo à Jean-Marie Messier sur l'état financier du groupe, Me Malone explique "le témoignage de Guillaume Hannezo a été très clair, malgré les désaccords sur la stratégie suivie, M. Messier n'a jamais commis de fraude". Les avocats de la défense ont tenté de convaincre les jurés peu au fait des arcanes des fusions et acquisitions que Vivendi Universal a satisfaits à toutes les obligations d'information du marché. "La dette de Vivendi était importante et l'est devenue plus encore entre 2000 et 2002, mais son montant n'a jamais été dissimulé aux investisseurs. Ce n'était pas une fraude d'acheter Maroc Telecom, ni une erreur de prendre le contrôle des éditions Houghton Mifflin sans vendre d'abord des actifs, ce n'était pas une escroquerie d'acheter Echostar, de procéder à des rachats d'action ou d'investir sur l'Internet, c'était des choix industriels. Et ces choix ont été rendus public, ils étaient légaux." Preuve que Jean-Marie Messier n'était préoccupé que de l'intérêt des actionnaires, cette note à ses collaborateurs - en anglais projetée sur un écran - qui "le 24 décembre 2000, à la veille de Noël, s'inquiète de l'absence de réponse à certaines de ses questions". James Quinn, avocat de Vivendi, s'est acharné à prouver que la crise de liquidité n'a existé que dans l'imagination des plaignants. "Nous (Vivendi) avons toujours réglé nos factures, et n'avons jamais dissimulé l'état de notre trésorerie." Pointant du doigt les avocats de l'accusation, Me Quinn s'est défendu contre l'accusation de mensonge. "Ils nous reprochent d'avoir dissimulé un risque de liquidité, mais, mesdames et messieurs, comment révéler un risque que nous n'avons jamais couru ?" Quand Jean-Marie Messier déclare en mars 2002 que le groupe va "mieux que bien" alors qu'il se débat avec une montagne de dettes, il ne s'agit pas d'un mensonge selon Me Quinn, c'est un "argument publicitaire. On ne poursuit pas un vendeur de voitures qui vante le véhicule qu'il commercialise". Le groupe s'endette de 3 milliards d'euros de plus que prévu ? "Oui, c'est vrai, mais c'était écrit dans Fortune, dans Business Week, et les analystes financiers le savaient." En fait, la seule crise de liquidité rencontrée par Vivendi n'aurait eu lieu qu'"en juillet 2002, car les banques ne voulaient plus prêter tant que Jean-Marie Messier serait président, et cela aussi le groupe en a informé le marché". Pour la défense, ce procès est infondé, car "la Bourse est risquée, les achats d'actions sont des opérations risquées" et "tenter de faire payer à d'autres ses erreurs d'investissement est injuste." Paul Saunders, autre avocat de Vivendi, l'a réaffirmé à son tour : "Aucune preuve n'a été donnée ici que Vivendi a délibérément menti directement ou par omission. Jamais." Une affirmation que les avocats de l'accusation qui plaident les 7 et 8 janvier vont évidemment tenter de démonter. Yves Mamou
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/au-proces-vivendi-la-defense-plaide-l-erreur-pas-la-fraude_1288634_3234.html
La réduction des délais de paiement a permis de soulager la trésorerie des PME
Un an après son entrée en vigueur, la loi, qui impose que les factures dues aux fournisseurs soient payées au plus tard 60 jours après leur émission, aurait évité des milliers de faillites.
Un an après son entrée en vigueur, la mesure en faveur de la réduction des délais de paiement, votée dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie (LME) de 2008, semble avoir fait la preuve de son efficacité. Elle a soulagé la trésorerie des PME, qui peuvent désormais exiger de leurs clients que leurs factures leur soient payées au plus tard 60 jours après qu'elles ont été émises, et non plus 90 jours, voire plus, comme cela était le cas avant le 1er janvier 2009. "Les 4 milliards d'euros de trésorerie supplémentaire, pour les PME, que cette mesure devait générer, sont confirmés. Cette mesure a évité des faillites en chaîne", dit-on dans l'entourage du secrétaire d'Etat au commerce, Hervé Novelli, à l'occasion de la remise, le 7 janvier, du Rapport annuel 2 009 de l'Observatoire des délais de paiement, par son président, Jean-Paul Betbèze, à M. Novelli. Ces délais avaient baissé de 2 à 3 jours en moyenne en 2008 ; ils ont été réduits de 8 à 10 jours, entre 2008 et 2009, sans aller néanmoins jusqu'à un paiement dans les 60 jours, note le rapport, citant la société d'assurance-crédit Euler Hermes SFAC. Pour les PME, la réduction serait de 11 jours selon la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS). Les constructeurs automobiles auraient joué le jeu, pour préserver leurs réseaux d'équipementiers. Les sociétés du secteur de la mécanique ont ainsi réduit de 17 jours leurs délais de paiement, selon la Fédération des industries mécaniques (FIM). Une loi bien respectée La loi serait respectée par 90 % des entreprises, estime la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF, dont la dénomination a disparu depuis le 31 décembre 2009) sur la base du contrôle d'un millier de sociétés en 2009. Et "les manquements étaient légers, de l'ordre de 2 à 5 jours, majoritairement", indique une note de cet organisme. Pour l'instant, les sociétés en infraction ne font pas l'objet de sanctions. Simplement, il leur est rappelé qu'elles doivent se mettre en conformité. "Mais nous réservons la possibilité d'actions civiles si ces pratiques persistaient", précise-t-on au ministère. "Les agents de la DGCCRF sont vigilants sur l'utilisation éventuelle de pratiques visant à contourner les nouvelles dispositions légales", précise le rapport. Telle "l'imposition de taux d'escompte excessifs en contrepartie d'une réduction des délais de paiement". Ou la contractualisation de délais de paiement plus longs pour les distributeurs que pour les fournisseurs (lorsque ceux-ci doivent reprendre des invendus, par exemple). Ce type de clauses et d'autres exigences imposées par les donneurs d'ordres à leurs fournisseurs et estimées inéquitables sont à l'origine de l'assignation en justice, mi-novembre 2009, de neuf géants de la grande distribution dont Auchan, Système U, Leclerc, Carrefour Cora ou Casino. "Certains distributeurs gardent leurs mauvaises habitudes", constate un conseiller à Bercy. "Aujourd'hui on respecte la loi", assure-t-on à la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui avait accueilli froidement les mesures de réduction de délais de paiement et essayé d'en retarder la mise en application. Ce sont 39 secteurs qui bénéficient encore de dérogation. Ils ont jusqu'au 1er janvier 2012 pour se mettre en conformité, selon un échéancier négocié par les sociétés de chaque filière. Il s'agit du bâtiment et des travaux publics (BTP), du commerce de gros ou de la distribution de livres. Malgré cette restriction, la France se situe désormais dans la moyenne des pays d'Europe occidentale, pour les délais de paiement des entreprises. En revanche, les retards de paiement y sont les plus faibles, selon l'étude 2009 du groupe Intrum Justitia, spécialisé dans la gestion de créances. Annie Kahn avec Claire Gatinois
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/la-reduction-des-delais-de-paiement-a-permis-de-soulager-la-tresorerie-des-pme_1288633_3234.html
Tous japonais ?
Le Japon et son économie n'intéressent plus grand monde, comme le prouve le peu d'émoi suscité par la démission du ministre des finances, Hirohisa Fujii. Tous les yeux sont fixés sur la Chine, dont on célèbre chaque jour le miracle économique, les taux de croissance à deux chiffres, les excédents commerciaux record et les colossales réserves de change. On aurait pourtant tort d'ignorer ce qui se passe au pays du Soleil-Levant.
Le Japon et son économie n'intéressent plus grand monde, comme le prouve le peu d'émoi suscité par la démission du ministre des finances, Hirohisa Fujii. Tous les yeux sont fixés sur la Chine, dont on célèbre chaque jour le miracle économique, les taux de croissance à deux chiffres, les excédents commerciaux record et les colossales réserves de change. On aurait pourtant tort d'ignorer ce qui se passe au pays du Soleil-Levant. D'abord parce que l'économie nippone reste aujourd'hui encore la deuxième économie mondiale - la Chine ne devrait lui ravir cette place qu'en cours d'année. Son PIB représente près de deux fois celui de la France, et le chômage reste très bas, malgré la récession. Quant à son niveau de vie par habitant, il devance celui de l'Allemagne. Le Japon reste aussi une société d'innovations et de connaissances de tout premier plan, avec un budget recherche et développement parmi les plus élevés au monde, un réseau de transports publics sans équivalent, des entreprises leaders dans les composants électroniques ou dans l'automobile, avec le joyau Toyota. Le Japon est riche d'enseignements sur la difficulté à se relever de l'éclatement d'une bulle immobilière et financière. A la fin des années 1980, les prix des actions et des logements s'étaient envolés. La capitalisation de la Bourse de Tokyo dépassait celle de Wall Street et le stock immobilier nippon valait quatre fois celui des Etats-Unis. Puis la bulle a éclaté, provoquant des faillites bancaires en cascade. Le Japon et son "capitalisme communautaire" ne se sont jamais vraiment remis de ce krach financier. En vingt ans, il est passé d'un statut de nation hyperdynamique et conquérante à celui d'un pays vieillissant, à bout de souffle, repu, replié sur lui-même et timoré. Condamné à une croissance anémique, taraudé par les forces déflationnistes, la montée de la précarité et des inégalités. Et ce malgré des plans de relance à répétition et de sauvetage du système bancaire qui ont porté le niveau de dette publique à 180 % du PIB, un record dans les pays industrialisés. Pour assainir ses comptes, le Japon avait tenté de relever la TVA, il y a dix ans, mais cette mesure avait provoqué une rechute brutale de la croissance. Aujourd'hui, les masses d'emprunts d'Etat émis pour financer les déficits sont achetées par les ménages japonais, une épargne citoyenne qui se fait au détriment de la consommation. Ne pas être condamné, comme le Japon, à la stagnation, c'est aujourd'hui le défi d'après-subprimes qui se pose aux pays occidentaux.
07/01/2010
idees
https://www.lemonde.fr/idees/article/2010/01/07/tous-japonais_1288578_3232.html
Le défi du nouveau ministre des finances japonais sera de maîtriser la dépense publique
Naoto Kan, 63 ans, vient d'être nommé dans un contexte délicat : la croissance est attendue à 0,4 % en 2010 et la déflation guette.
Pressé par l'ouverture le 18 janvier de la session parlementaire et soucieux de limiter les risques politiques, le premier ministre japonais, Yukio Hatoyama, a été prompt à nommer un successeur à Hirohisa Fujii, ministre des finances démissionnaire, mercredi 6 janvier, pour raisons de santé. Le portefeuille est revenu à Naoto Kan, 63 ans, qui cumule désormais cette fonction avec celle de vice-premier ministre. Sa nomination ne surprend guère car, s'il n'a pas l'expertise des questions financières de M. Fujii, ancien haut fonctionnaire du ministère des finances, il a suivi de près l'élaboration du nouveau projet de budget pour l'exercice 2009-2010 et celui de l'exercice 2010-2011. "Naoto Kan est un bon choix, estime Kenji Yamaoka, responsable des affaires parlementaires du Parti démocrate du Japon, le PDJ au pouvoir. Comme Hirohisa Fujii, il donne une image de stabilité." Toutefois, à la différence de M. Fujii, adepte d'une certaine rigueur, M. Kan a l'image d'un keynésien, favorable aux politiques de relance. Cela dit, cet ancien militant politique et ministre de la santé qui a contribué à la formation du PDJ, semble prêt à participer aux débats parlementaires sur les questions budgétaires. Ces discussions - prioritaires aux yeux du premier ministre - s'annoncent délicates, tant l'élaboration des textes a été laborieuse. M. Fujii a peiné pour concilier son souci de maîtrise des dépenses et la volonté du PDJ de mettre en oeuvre le programme élaboré pour arriver au pouvoir le 30 août 2009. Le projet de budget pour l'exercice 2010-2011 atteint les 92 290 milliards de yens (693 milliards d'euros), en hausse de 4,2 % par rapport à 2009. La réduction des dépenses de travaux publics de 18,3 % et les efforts consentis pour réduire les gaspillages ont permis de dégager des fonds. Ils ne compensent pas la concrétisation des promesses de campagne, en direction des familles et des agriculteurs notamment, ni la hausse des dépenses de santé. Pour la première fois depuis 1945, le budget sera majoritairement financé par les émissions de bons, à 44 300 milliards de yens. Les rentrées fiscales ne devraient pas dépasser 37 390 milliards de yens. En 2010, la dette du Japon va dépasser les 180 % du produit intérieur brut (PIB). Un point que ne manquera pas de soulever l'opposition, qui devrait attaquer le gouvernement sur la "dérive" des dépenses, contraire à ses engagements. Créer des emplois Plus généralement, M. Kan devra gérer une conjoncture économique difficile. Le gouvernement table sur une croissance à 0,4 % pour l'exercice 2010 et doit faire face à la persistance des tendances déflationnistes. Passé sous les 50 % de bonnes opinions, il peine également à redonner confiance à une population inquiète de la baisse régulière des revenus et de la dégradation du marché de l'emploi. De quoi compliquer la mise en oeuvre de sa nouvelle stratégie économique. Dévoilée le 30 décembre, elle prévoit de porter la croissance nominale à 3 % par an d'ici à 2020. L'accent est mis sur six grands secteurs, environnement, santé, tourisme et recherche ainsi que développement des régions et des relations avec l'Asie. Objectif majeur de ce projet : la création de 4,76 millions d'emplois notamment pour les femmes, les personnes âgées et les jeunes diplômés. Sur le plan monétaire, M. Kan a souhaité, jeudi 7 janvier, lors de sa première conférence de presse après sa nomination, que le yen s'affaiblisse davantage, et a affirmé que beaucoup d'entreprises nippones se sentiraient satisfaites avec un dollar à 95 yens, contre un peu moins de 93 yens actuellement. "Je pense qu'il serait préférable que le yen s'affaiblisse", a-t-il déclaré. Enfin, au coeur du processus de décision, le nouveau ministre des finances va devoir manoeuvrer dans la perspective des élections sénatoriales de juillet. Sa proximité avec Ichiro Ozawa, secrétaire général et faiseur de rois du PDJ, devrait faciliter son travail. Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance) et Philippe Mesmer
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/le-defi-du-nouveau-ministre-des-finances-japonais-sera-de-maitriser-la-depense-publique_1288632_3234.html
Le français Gemalto, leader mondial de la carte à puce, est jugé responsable
Le groupe, domicilié aux Pays-Bas, résultat de la fusion en 2006 des sociétés Axalto et Gemplus, domine le secteur de la carte à puce avec 40 % de parts de marché.
Le groupe français Gemalto, parce qu'il est le principal fournisseur en cartes de paiement des banques allemandes, est considéré comme l'un des grands responsables du bug qui contraint actuellement des millions d'Allemands à payer en cash. Pourtant, "dès qu'il en a été informé dimanche après-midi, Gemalto (...) a travaillé avec ses clients pour analyser et rétablir la situation", a assuré le groupe mercredi 6 janvier, pour rassurer ses investisseurs et ses clients. En interne, Gemalto est avare de détails : le bug ne concernerait "pas toutes les cartes", il intervient "dans certaines configurations" et provient d'un problème de dialogue avec les terminaux de paiement et-ou de retrait. Lors des processus habituels de vérification, il y a un blocage de la carte à cause d'une non-reconnaissance de la date, due au passage à la nouvelle année. La procédure corrective pourrait coûter cher : de 250 millions à 300 millions d'euros, selon la presse allemande. Gemalto n'a pas précisé quelle part il assumerait. A la Bourse de Paris, son action a cédé 3,37 %, à 29,70 euros, mercredi. Ce dysfonctionnement pourrait-il ternir l'image du premier fabricant mondial de cartes à puce, l'un des rares fleurons de l'industrie high-tech hexagonale ? C'est une mauvaise publicité pour un groupe dont l'essentiel du chiffre d'affaires est réalisé avec des "solutions" de sécurité : les cartes bancaires, mais aussi les cartes SIM (insérées dans les téléphones, elles permettent à ces derniers d'être identifiés sur les réseaux de télécommunication), les cartes d'identité et passeports électroniques, les cartes vitales... Un secteur en expansion Le groupe, domicilié aux Pays-Bas, résultat de la fusion en 2006 des sociétés Axalto et Gemplus, domine le secteur de la carte à puce avec 40 % de parts de marché. Ses principaux rivaux : Oberthur, Sagem Orga ou Giesecke & Devrient sont loin derrière. Par ailleurs, il évolue sur un secteur encore étroit (environ 4 milliards d'euros au niveau mondial), mais en pleine expansion. Il y a notamment la généralisation dans les pays occidentaux des cartes d'identité électroniques ou l'émergence des solutions de paiement par téléphone mobile, qui nécessiteront des cartes SIM encore plus intelligentes. Pour Olivier Piou, le directeur général de Gemalto, le marché de la carte à puce pourrait doubler d'ici cinq ans. Cécile Ducourtieux
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/le-francais-gemalto-leader-mondial-de-la-carte-a-puce-est-juge-responsable_1288631_3234.html
"Cartes bancaires : le ""bug de 2010"" frappe l'Allemagne"
Depuis le 1er janvier, une partie des consommateurs ne peut plus retirer d'argent ou utiliser ce moyen de paiement.
Ce 1er janvier à quatre heures du matin, Thomas, un avocat d'affaires berlinois de 32 ans, aurait bien voulu prendre un dernier verre avec un ami après une soirée, pourtant déjà bien arrosée. A cours d'argent, il s'arrête à l'un des distributeurs de sa banque, la Berliner Sparkasse, pour en retirer. Le distributeur ne reconnaît pas sa carte et finit par l'avaler. "J'étais tellement en colère que j'ai donné un coup de pied dans la machine", raconte ce jeune homme aux boucles blondes. Plus grave : il a dû patienter trois jours - jusqu'à la réouverture de la banque lundi 4 janvier - pour obtenir de l'argent liquide. Comme lui, plusieurs millions d'Allemands ne peuvent plus utiliser leur carte eurochèque ou leur carte de crédit depuis le 1er janvier pour retirer de l'argent liquide ou effectuer des achats. Au total, 30 millions de cartes bancaires sur un total de 120 millions sont concernées. Cette gigantesque panne provient d'un logiciel défectueux installé sur la puce de certaines cartes, l'empêchant de reconnaître la nouvelle année. Particulièrement touchées par ce bug de 2010, les caisses d'épargne et les banques régionales ont tenté de régler rapidement le problème au niveau de leurs distributeurs, du moins pour les cartes eurochèques. Mais dans les magasins, la panne ne devrait pas être résolue avant le début de la semaine prochaine. Outre-Rhin, cette affaire a pris une telle ampleur que la ministre fédérale de la protection à la consommation, Ilse Aigner (CSU), a dû intervenir pour exhorter les établissements bancaires à davantage de "soin, pour assurer la sécurité et le fonctionnement des cartes bancaires". "Les instituts bancaires auraient dû tester les cartes, c'est une erreur de base", a fustigé Udo Reifner, de l'institut des services financiers (IFF) à Hambourg. L'information dispensée au compte-gouttes par les établissements est également dénoncée par les associations de consommateurs. Ils ont appelé les clients des banques à se faire dédommager en cas de frais supplémentaires engendrés par la remise d'argent liquide au comptoir ou le retrait dans des banques étrangères. Les commerçants allemands sont eux aussi très en colère et réclament une compensation pour la perte du chiffre d'affaires généré par ce bug. "Nos clients sont agacés et nos recettes s'envolent", peste Stefan Genth, le directeur de la fédération allemande du commerce de détail (HDE). Le fabricant de ces cartes, le français Gemalto, espère qu'une reconfiguration du logiciel des puces électronique sera suffisante pour mettre fin à ces difficultés. L'objectif étant d'éviter le remplacement des cartes défectueuses. Une telle mesure risquerait de durer "plusieurs mois", souligne Christian Achilles, le porte-parole de la fédération des caisses d'épargne (DSGV). Sans compter que cette action coûterait plusieurs centaines de millions d'euros aux banques. Selon le quotidien Handelsblatt, le rappel et l'échange de 30 millions de cartes coûterait "peut-être plus de 250 millions d'euros" aux banques. En attendant, c'est le "système D" qui prévaut. Les vendeurs des magasins tentent de faire fonctionner les cartes en collant un ruban adhésif sur la puce de manière à ce que les terminaux de paiement se contentent de lire les pistes magnétiques. Seul problème, cette technique offre bien moins de sécurité. Il est donc conseillé aux clients de se munir d'argent liquide pour effectuer leurs achats. Pour les Allemands, méfiants à l'égard des carte bancaire, il n'y a là rien d'inhabituel. Pour eux, payer en cash reste un gage de sécurité. Le 6 janvier, plusieurs commerçants berlinois constataient une légère recrudescence des paiements en liquide. Résultat, presqu'aucune panne n'était à signaler. "Nous n'avons eu qu'un seul problème avec une carte de crédit", raconte le caissier d'un supermarché Kaiser's. Cécile Calla
07/01/2010
economie
https://www.lemonde.fr/economie/article/2010/01/07/cartes-bancaires-le-bug-de-2010-frappe-l-allemagne_1288628_3234.html
Tennis : Monfils dans le dernier carré à Brisbane
Le Français s'est qualifié pour les demi-finales du tournoi en battant l'Américain James Blake (3-6, 6-3, 6-4).
Le Français Gaël Monfils s'est qualifié pour les demi-finales du tournoi de Brisbane, jeudi 7 novembre, en battant l'Américain James Blake (3-6, 6-3, 6-4). Le Français, tête de série n°3, avait pourtant mal commencé en concédant le premier set en à peine 25 minutes, et en perdant son service d'entrée de jeu dans la deuxième manche. Mais le Français remettait les compteurs à égalité dans le jeu suivant. Diminué par une blessure à l'épaule, le Français devait avoir recours aux services d'un kiné. Malgré cet handicap, le 13e mondial réussissait à faire la différence en fin de set à 5-3, et à conserver son avantage. Le Manceau se signalait dans ce jeu par une bonne qualité de 1er service (80 %) et 7 aces contre un seul à son adversaire. Il y eut plus de déchets dans le dernier set, mais le Français répondait présent, repoussait une balle de break et prenait une avance décisive à 4-3 pour s'imposer finalement en 1 h 43. En demi-finale, le Parisien sera opposé au Tchèque Radek Stepanek, tête de série n°2. De son côté, Richard Gasquet aura fort à faire pour rejoindre le dernier carré, puisqu'il lui faudra pour cela écarter, vendredi, Andy Roddick, la tête de série n°1 du tournoi. Suivez en direct tous les matches du tournoi de Brisbane sur Le Monde.fr Sport
07/01/2010
sport
https://www.lemonde.fr/sport/article/2010/01/07/tennis-monfils-dans-le-dernier-carre-a-brisbane_1288812_3242.html
"Pour François Fillon, la France ""perd l'un de ses plus grands serviteurs"""
François Fillon a affirmé qu'avec la mort de Philippe Séguin, l'un de ses mentors politiques, il perdait "un ami" et que la France perdait "l'un de ses plus grands serviteurs" et "l'une de ses plus belles voix politiques", "toujours féconde, parfois tourmentée".
"Aujourd'hui je perds un ami et la France perd l'un de ses plus grands serviteurs et l'une de ses plus belles voix politiques. Une voix tonitruante, profonde, toujours féconde, une voix aussi parfois tourmentée" , a déclaré le premier ministre, François Fillon, dans une déclaration solennelle à Matignon."avait la passion de la France (...) une passion dévorante, tenace, ombrageuse qui le conduisit de son non au traité de Maastricht à sa démission fracassante de la présidence du Rassemblement pour la République, à agir de façon frondeuse""Philippe était fier et inclassable mais il était fidèle aux valeurs du gaullisme comme on est fidèle à une épopée qui exige de tout donner""un gaulliste social""sa profonde tristesse""cette disparition brutale est une déchirure avec des années de complicité politique mais surtout personnelle""un maire exceptionnel""un grand ministre des affaires sociales et de l'emploi""comme l'un des présidents de l'Assemblée nationale parmi les plus brillants et les plus respectés""il était encore et toujours l'homme que l'on écoute""Par-delà les partis et par-delà les clivages politiques et idéologiques, l'aura et la culture de Philippe Séguin s'imposaient à tous. Son autorité et son rayonnement intellectuel ne laissaient personne indifférents" "La République était le fil de la vie de Philippe Séguin. Ce matin ce fil s'est rompu et je pense avec émotion à sa famille""Chacun pressentait que dans son patriotisme ombrageux il y avait en quelque sorte une part de notre histoire nationale""Hier matin, il était ici même et je voyais encore dans ses yeux cette ironie tendre qu'il me réservait en me voyant assumer mes fonctions de premier ministre, lui qui me regardait toujours comme le jeune parlementaire qu'il avait choisi de prendre sous son aile" Philippe Séguin, avec lequel François Fillon a partagé une partie de sa vie politique, , a-t-il affirmé. , a aussi dit le chef du gouvernement, qui se décrit souvent comme dans la lignée de M. Séguin, faisant part de . Pour le chef du gouvernement qui fut notamment aux côtés de Philippe Séguin dans son combat contre le traité de Maastricht en 1992 et lorsqu'il prit la tête du RPR, . Retraçant son parcours, le chef du gouvernement a célébré d'Epinal (Vosges), et qui restera aussi . A la Cour des Comptes que présidait avant son décès M. Séguin, . , a jugé M.Fillon. , a aussi dit M. Fillon, un sanglot dans la voix. , a-t-il ajouté. , s'est souvenu M. Fillon.
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/pour-francois-fillon-la-france-perd-l-un-de-ses-plus-grands-serviteurs_1288795_823448.html
"Nicolas Sarkozy : ""Rien de ce que Philippe Séguin entreprenait n'était médiocre"""
Le président Nicolas Sarkozy a rendu un vibrant hommage à Philippe Séguin.
Le premier président de la Cour des comptes, ancien ministre RPR, a occupé trente ans durant une "place centrale" dans la vie publique, a-t-il déclaré, en ouvrant le colloque "Nouveau monde, nouveau capitalisme" du ministre de l'immigration Eric Besson. "Il aimait les idées (...) et il les défendait avec passion et sans jamais la moindre bassesse", a poursuivi Nicolas Sarkozy. "Philippe Séguin avait ses défauts, ses faiblesses, ses emportements. Mais rien, absolument rien de ce qu'il disait, rien de ce qu'il entreprenait n'était médiocre." Au printemps 1993, Philippe Séguin avait dénoncé la politique économique du gouvernement d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le ministre du budget, en brandissant le spectre d'un "Munich social", à contrepied d'une droite alors convertie dans sa majorité au libéralisme à l'américaine. Deux ans plus tard, Philippe Séguin était un des artisans de la victoire de Jacques Chirac à l'élection présidentielle, alors que Nicolas Sarkozy soutenait la candidature d'Edouard Balladur. Quand Philippe Séguin a démissionné avec fracas de la présidence du RPR en avril 1999, quelques semaines avant les élections européennes, c'est Nicolas Sarkozy qui lui a succédé temporairement – et qui devra assumer la lourde défaite du parti gaulliste à ce scrutin. DES SÉGUINISTES AUPRÈS DE SARKOZY Ironie de l'histoire, Nicolas Sarkozy recrutera douze ans plus tard deux "séguinistes" pur sucre dans son équipe présidentielle, son conseiller spécial Henri Guaino, dont les idées et le style se rapprochent peut-être le plus de ceux de Philippe Séguin, et le premier ministre François Fillon. Cela n'a pas empêché la Cour des comptes et son premier président d'épingler en juillet dernier la présidence de la République pour ses dépenses et de pointer du doigt la boulimie de sondages du chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy n'en a pas moins loué les convictions, la hauteur de vue et le talent de Philippe Séguin. "Il était mon ami, un ami très proche, il va nous manquer beaucoup", a-t-il déclaré. Né à Tunis, fils d'un héros mort au combat pendant la seconde guerre mondiale et d'une mère institutrice, Philippe Séguin "était le pur produit de cette République du mérite qu'il chérissait et qu'il avait mis d'emblée au cœur de sa pensée et de son action politique", a souligné le chef de l'Etat. "Son amour de la République était inséparable de son amour de la France, de sa haute idée de l'Etat", a-t-il ajouté. "Le gaullisme, avec lui, avait gardé quelque chose de vivant. Le mot lui allait comme une évidence." Nicolas Sarkozy avait auparavant fait part, dans un communiqué, de sa "très grande tristesse" et de sa "très vive émotion" à l'annonce de la mort de Philippe Séguin. Il avait salué un homme "particulièrement attachant", à "l'intelligence rare", au tempérament "chaleureux et généreux", "entier et entièrement passionné" par la France, au parcours hors du commun, qui ne transigeait pas avec ses convictions, et une "grande voix" de la vie nationale française.
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/nicolas-sarkozy-rien-de-ce-que-philippe-seguin-entreprenait-n-etait-mediocre_1288798_823448.html
Petits arrangements avec la laïcité à Chavagnes-les-Eaux
Depuis vingt-cinq ans, les élèves de Chavagnes fréquentent l'école publique en maternelle, passent au privé en cours préparatoire, CE1 et CE2 avant de revenir dans le public pour les CM1 et CM2.
Chavagnes-les-Eaux capitale de l'enseignement privé. Si en France, un élève sur deux passe par l'enseignement privé entre la maternelle et la terminale, ce gros village de 1 000 habitants du Maine-et-Loire explose les statistiques puisque là 100 % des enfants zappent d'un système à l'autre entre la maternelle et le CM2. Depuis vingt-cinq ans, les élèves de Chavagnes fréquentent l'école publique en maternelle, passent au privé en cours préparatoire, CE1 et CE2 avant de revenir dans le public pour les CM1 et CM2. Le maire (sans étiquette), Jean-Pierre Cochard, ne voit que des avantages à cette alternance. "Dans un contexte de faibles effectifs, cela permet de réaliser des économies d'échelle. La pédagogie s'y retrouve puisqu'une même classe ne regroupe que deux niveaux et que les enseignants sont obligés de se rencontrer chaque année pour le suivi des élèves." L'initiative est venue de parents soucieux, face à des effectifs scolaires faméliques, d'assurer une sociabilité à leurs enfants. "A l'époque, j'étais parent d'élève, explique Jean-Pierre Cochard. J'en avais assez de voir mon fils seul au cours préparatoire privé quand tous ses petits camarades étaient dans le public." Unique en France Ce dispositif, unique en France, a passé l'épreuve du temps. Aujourd'hui, privé et public tiennent table commune tous les midis à la cantine municipale. En fin d'année, une fête des écoles unique scelle la bonne entente et les enfants ne font pas la différence entre l'école Saint-Germain et l'école publique. D'autant que, une exception là encore, l'école privée est gratuite grâce à l'association pour les enfants de Chavagnes, ASPEC, qui compense les contributions familiales à grands coups de loto et de tournois de belote. Le petit arrangement entre amis n'est pas du goût de tout le monde. Le comité national d'action laïque (CNAL) y voit une attaque du service public d'éducation. Jeudi 7 janvier, ses instances nationales ont pris le chemin de Chavagnes-les-Eaux pour donner le coup d'envoi d'une campagne d'information sur le poids de l'enseignement privé dans le budget de l'Etat, soit 7 milliards d'euros pour un budget éducation nationale de 59 milliards. A cette occasion, le CNAL a rendu publique une lettre à Luc Chatel lui demandant de mettre fin à ce qui lui apparaît comme un scandale : "Cette répartition... crée une double rupture avec les principes de la Constitution de notre République. Tout d'abord, elle ne répond pas au devoir fait à l'Etat d'organiser la continuité du service public d'éducation à tous les degrés et à tous les niveaux ; ensuite, elle porte atteinte au principe de la liberté d'enseignement en imposant la scolarisation dans un établissement privé du fait de l'absence du service public laïque pour certaines sections." Pas du tout rétorque monsieur le maire, "l'école publique reste tenue d'accueillir les enfants de tous niveaux si les parents en expriment la demande". Christian Bonrepaux
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/petits-arrangements-avec-la-laicite-a-chavagnes-les-eaux_1288614_3224.html
Sept morts dans des attentats contre des policiers en Irak
Sept personnes ont été tuées, jeudi 7 janvier avant l'aube, dans des attentats contre des maisons de policiers irakiens.
Sept personnes ont été tuées, jeudi 7 janvier avant l'aube, dans des attentats contre des maisons de policiers irakiens, qui ont notamment visé un chef anti-terroriste dans une localité près de Ramadi, a affirmé un officier de police. Le colonel Walid Al-Hiti, le chef de la lutte antiterroriste de la ville de Hit, 60 km au nord-ouest de Ramadi (à l'ouest de Bagdad), a survécu à l'attaque contre sa maison contrairement à ce qu'avait affirmé dans un premier temps un autre officier. "Son frère Saad Al-Hiti est mort pas Walid", a précisé le lieutenant de police Ezzedine Adel. Il a ajouté toutefois que la femme et la mère du colonel Hiti avaient trouvé la mort dans l'attaque de leur maison, dans le centre de la ville, qui a été détruite par l'explosion de la bombe. Quatre personnes, dont un nourrisson et un policier, ont également été tuées dans l'attaque de trois autres maisons appartenant à d'autres policiers, selon les deux officiers. "Aux environs de 3 heures, des bombes placées à côté des chambres à coucher de quatre maisons appartenant à des policiers, dont Walid Al-Hiti, ont explosé. Sept personnes sont mortes", avait précisé le colonel Fadel. PROVINCE D'AL-ANBAR, ANCIENNE PLACE FORTE DE L'INSURRECTION Il a ajouté que plusieurs personnes avaient été interpellées peu après et les entrées de la ville de Hit étaient bloquées par les forces de sécurité. Walid Al-Hiti fut un des policiers ayant engagé la lutte contre Al-Qaida dans cette région de la province d'Al-Anbar, une ancienne place forte de l'insurrection avant que des chefs tribaux retournent leurs armes contre le réseau d'Oussama Ben Laden. Ces attaques sont intervenues une semaine après le double attentat-suicide de Ramadi, la capitale d'Al-Anbar, qui a fait 23 morts et blessé le gouverneur de la province Qassem Mohammed Abed. Ces attentats ont illustré une nouvelle fois le changement de stratégie de l'insurrection irakienne qui s'attaque depuis août aux symboles de l'Etat, à deux mois des élections législatives pour tenter de déstabiliser le gouvernement. Al-Qaida a revendiqué cet attentat. Le 3 décembre, le chef antiterroriste de la province irakienne de Salaheddine avait été tué dans un attentat-suicide à Tikrit, la capitale de la province de Salaheddine. Le lieutenant-colonel Ahmed Al-Fahal avait participé en 2007 aux opérations pour défaire Al-Qaida dans la province, devenue après l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003 un foyer de l'insurrection sunnite. Agé d'une quarantaine d'années et ancien officier dans l'armée de l'ancien président irakien Saddam Hussein, Ahmed Al-Fahal avait échappé à plusieurs tentatives d'assassinat.
07/01/2010
proche-orient
https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2010/01/07/septs-mort-dans-des-attentats-contre-des-policiers-en-irak_1288792_3218.html
Une encombrante voisine
Le kidnapping d'une avocate par une mère et sa fille a révélé la dérive d'une femme qui a utilisé la justice pour harceler son entourage.
Chantal Clos a changé d'adresse, et nombre de ses anciens voisins du 13e arrondissement de Paris n'en sont pas fâchés. Aucun d'entre eux - ils requièrent l'anonymat - n'imaginait cependant que cette quinquagénaire qui leur empoisonnait l'existence terminerait l'année 2009 en détention provisoire et qu'elle serait mise en examen pour "enlèvement et séquestration sans libération volontaire", tout comme sa fille Anouk, âgée de 18 ans. Les deux femmes sont soupçonnées d'avoir enlevé, lundi 21 décembre, en plein centre de la capitale, l'avocate Pascaline Saint-Arroman Petroff, grimées, et sous la fausse identité de journalistes belges en quête d'une interview. Spécialisée dans le droit de la famille, la juriste a défendu, lors d'un divorce houleux au milieu des années 1990, Yves Phélut : l'ex-mari de Mme Clos et père d'Anouk accusé par trois fois et en vain par son ex-femme d'attouchements sexuels sur l'enfant. Chantal Clos et Anouk auraient arrimé l'avocate à un tronc d'arbre, de nuit et sous la menace d'une arme à feu, dans une forêt enneigée de l'Oise où elles comptaient la laisser mourir. "Pour elle, j'étais le premier maillon d'une institution judiciaire et familiale criminelle et elles devaient s'en prendre ensuite à des magistrats", explique Me Saint-Arroman Petroff. Etant parvenue à se libérer et à rejoindre à pied un village après une trentaine d'heures de calvaire, l'avocate dit avoir identifié ses kidnappeuses grâce à leur discours exalté. Dans le logement social de 93 m2 que ces dernières occupent, la police, qui les a interpellées jeudi 24 décembre, aurait retrouvé du papier à en-tête falsifié au nom de l'avocate. Selon ses voisins, Chantal Clos et sa fille devaient être expulsées à l'issue de la trêve hivernale pour "troubles de jouissance". Sans emploi fixe depuis 1993, Mme Clos - que son avocat commis d'office Nicolas Beker décrit comme "une femme que les événements de la vie ont pu amener à être en souffrance" - s'était en effet muée en envahissante brocanteuse. Peu à peu, elle et sa fille avaient entreposé un insondable bric-à-brac dans dix-huit caves de l'immeuble. Rappelées à l'ordre par la Société de gérance d'immeubles municipaux (SGIM), elles ont transféré leurs possessions dans leur quatre pièces, envahi du sol au plafond, au point d'obturer plusieurs fenêtres et de transformer l'accès aux pièces d'eau en parcours du combattant. De prime abord, Chantal Clos suscitait l'empathie. Issue d'une fratrie pied-noir algérienne de huit enfants, cette ex-attachée de presse dans le milieu de la culture et de l'édition aimait à étaler sa connaissance de l'anglais. Elle présentait sa fille sous les traits d'une victime d'un père incestueux. Emus, les gens se mettaient en quatre. Mais ses exigences distendaient vite les amitiés. Alors, Mme Clos déployait un arsenal à la hauteur de son sentiment de trahison : insultes, menaces, dégradations, diffamation... "Gros connard, tu vas bientôt crever", pouvait-elle ainsi lancer à ce voisin, chaque fois qu'elle le croisait. Un médecin soupçonneux - qui souhaitait garder Anouk en observation plutôt que de consentir à sa mère un certificat attestant de violences sexuelles après un séjour de l'enfant chez Yves Phélut -, a retrouvé sa carrosserie de voiture attaquée au tournevis. Refusant d'intervenir en faveur de Mme Clos dans un énième conflit, la concierge a vu la porte de sa loge badigeonnée de matière fécale. Un autre voisin - que la fille de Mme Clos a accusé d'attouchements sexuels commis dans la cave et qui n'a pas été inquiété par la justice - a trouvé son véhicule tagué : "Violeur", "Il m'a violée". "L'inceste et l'agression sexuelle sont l'obsession de Chantal", explique Yves Phélut, qui considère la situation actuelle comme "l'aboutissement logique" d'une escalade dans laquelle son ex-femme "a entraîné Anouk" qu'il n'a pas revue depuis ses 13 ans. "Tout vaut mieux pour Anouk que l'emprise de sa mère, affirme cet ingénieur à la retraite de 60 ans, qui a témoigné dans un documentaire sur les hommes victimes de violences conjugales diffusé par TF1. Moi, si j'y étais resté, je serais peut-être mort." De fait, les nombreuses plaintes à l'encontre de Mme Clos, connue comme le loup blanc au commissariat du 13e, n'ont pas davantage abouti que deux signalements au 119 (service téléphonique pour l'enfance maltraitée) effectués par des riverains s'étonnant que la jeune Anouk joue, de nuit, le factotum pour sa mère. En revanche, grâce à l'aide juridictionnelle qui assure aux plus démunis une prise en charge par l'Etat des honoraires et frais de justice, Chantal Clos a multiplié les actions, réclamant systématiquement des dommages et intérêts. "Elle disait souvent qu'elle s'achèterait une villa avec l'argent ramassé dans les tribunaux, mais elle perdait toujours", se souvient une voisine. "Chantal revendiquait pour sa fille le statut de victime d'un père incestueux et tentait de le faire savoir en haut lieu, rappelle une cofondatrice du Comité des mères, la minuscule association de Mme Clos avec laquelle cette femme a pris ses distances il y a longtemps. Elle est passée à l'acte parce qu'elle avait épuisé son auditoire potentiel." Son ancien quartier ne restera pas longtemps sans nouvelles de Chantal Clos. Le 27 janvier, elle doit retrouver au tribunal correctionnel un voisin qu'elle accuse de violences physiques. Des faits, selon lui, "totalement imaginaires", pour lesquels il a été relaxé en 2009. Mais, fidèle à sa ligne de conduite, Mme Clos a fait appel. Cette fois, la plaignante arrivera à l'audience menottée. Patricia Jolly
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/une-encombrante-voisine_1288583_3224.html
Des explosifs d'origine militaire utilisés contre des agences de La Poste inquiètent en Seine-Saint-Denis
En quelques mois, seize établissements ont été visés avec de la pentrite et de la tolite.
Les coffres, situés dans la paroi des façades des bureaux de poste, sautent. Depuis plusieurs mois, ils sont la cible d'attaques à l'explosif, dans le département de la Seine-Saint-Denis. Apparue depuis moins d'un an, cette "spécificité" séquano-dionysienne, - aucun autre fait similaire n'a été signalé ailleurs -, inquiète la police en raison de la nature des explosifs, la pentrite et la tolite, utilisés par les militaires. En un an, seize établissements ont ainsi été visés dans plusieurs communes (Pantin, Noisy-le-Grand, Bagnolet, Saint-Denis, Saint-Ouen, Pierrefitte...). Il s'agit essentiellement de bureaux de la poste, mais trois banques, la BNP, CIC et une Caisse d'épargne, ont également été concernées. Et le rythme s'intensifie : deux attaques en octobre 2009, deux en novembre, cinq en décembre, deux, encore, depuis le début du mois de janvier. "Terrible série noire", s'est ému le socialiste Claude Bartolone, président du conseil général, qui a adressé un nouveau courrier sur le sujet au ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, le 5 janvier. "C'est une tendance nouvelle", reconnaît-on à la préfecture de police. Souvent, l'opération échoue et les malfaiteurs repartent bredouilles. A quatre reprises, ils sont cependant parvenus à dérober des billets : 110 000 euros au mois de décembre 2009 par exemple, ou encore 150 000 euros dans l'attaque, mardi 5 janvier, du bureau de poste à Saint-Denis, dans le quartier des Francs-Moisins. A chaque fois, les explosifs pentrite et tolite sont déclenchés par des détonateurs électriques ou à mèche lente, ce qui laisse à penser aux enquêteurs de la brigade de répression du banditisme (BRB) qu'au moins deux équipes opèrent. Le mode d'action est cependant très proche : les explosions ont lieu entre 6 et 10 heures le matin, au risque de blesser des passants. "Ils mettent la vie d'autrui en danger, s'inquiète un responsable policier. Le maniement de ces explosifs est très dangereux car très incertain. Ça ne peut pas être maîtrisé par des amateurs." D'où proviennent la pentrite et la tolite ? La seule personne interpellée jusqu'ici, grâce à ses traces ADN relevées sur l'un des coffres, n'a rien révélé. Cet homme d'une vingtaine d'années a été écroué. Seule certitude : un stock d'explosifs, peut-être issu du théâtre de guerre des Balkans, est en ce moment utilisé par un ou plusieurs groupes de malfaiteurs qui agissent à partir de la même filière d'approvisionnement. Voire de formation. Des images, prises par des caméras de vidéosurveillance, ont montré des hommes agissant en voiture ou en scooter. "Ces actes extrêmement violents et traumatisants pour la population se multiplient", a souligné M. Bartolone dans son courrier au ministre de l'intérieur. Furieux de la réponse obtenue - la préfecture de police a annoncé, à l'issue d'une réunion qu'il fallait "affiner le plan de prévention existant " -, le président du conseil général a vivement réagi. "Les bras m'en tombent", s'indigne-t-il dans un communiqué. "Les élus de ce département en ont assez des statistiques et des discours rassurants, assez des grandes visites ministérielles à grand renfort de caméras de télévision", poursuit M. Bartolone en réclamant des "actes", notamment un moratoire sur la suppression des postes dans les rangs de la police. Il est vrai que cette série d'explosions inquiétantes en Seine-Saint-Denis s'accompagne d'une recrudescence des braquages de banques et de fourgons. En l'espace de quelques jours, à Gentilly (Val-de-Marne), le 28 décembre, puis à Gémenos (Bouches-du-Rhône) le 4 janvier, des attaques spectaculaires ont été lancées contre des fourgons de transport de fonds, alors qu'il y en avait de moins en moins ces dernières années. Tout ceci intervient au plus mauvais moment pour le gouvernement qui s'apprête à faire un bilan positif de l'année 2009, sur la baisse de la délinquance. A Epinay, mercredi 6 janvier, toujours dans le département de la Seine-Saint-Denis, un bureau de poste a, de nouveau, été victime dans la soirée d'un vol à main armée. Quelques instants plus tard, deux individus ont été interpellés dans un pavillon de Villetaneuse, grâce à un système de sécurité mis en place par La Poste. Isabelle Mandraud
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/des-explosifs-d-origine-militaire-utilises-contre-des-agences-de-la-poste-inquietent-en-seine-saint-denis_1288625_3224.html
Pierre Tapie, un X-Insead au coeur de la polémique
La polémique a propulsé sur le devant de la scène ce président tout juste élu de la Conférence des grandes écoles, par ailleurs directeur général de l'Essec, la prestigieuse école de commerce de Cergy-Pontoise.
Rentrée rude pour Pierre Tapie. La polémique a propulsé sur le devant de la scène ce président tout juste élu de la Conférence des grandes écoles, par ailleurs directeur général de l'Essec, la prestigieuse école de commerce de Cergy-Pontoise. Elu par ses pairs le 9 juin 2009, Pierre Tapie décline un CV parfait : Polytechnique, doctorat de biophysique à Orsay, MBA à l'Insead tout en suivant des études de théologie à l'Institut catholique de Paris. Ce catholique pratiquant dirige ensuite l'Ecole Purpan d'agronomie, liée à l'Institut catholique de Toulouse. A la tête de la CGE, M. Tapie s'est donné pour mission de replacer ce "syndicat" des grandes écoles au coeur des débats de société. Pari réussi, même si l'image des grandes écoles sort aujourd'hui un peu écornée par cette polémique. C'est que l'homme cultive un style assez rigide. "Autant il est brillant en coulisse pour trouver des financements pour son école, autant il est peu diplomate en public", décrit un observateur. Reste que ce baptême du feu est cruel pour cet homme qui se retrouve à freiner l'ouverture sociale des grandes écoles, alors qu'il travaille à faire entrer plus de jeunes défavorisés à l'Essec. Deux ans après Sciences Po Paris, c'est en effet lui qui a mis en place "Une prépa, une grande école ? Pourquoi pas moi ?", un dispositif de soutien aux lycéens de zones défavorisées pour les préparer au supérieur. Philippe Jacqué et Philippe Jacqué
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/pierre-tapie-un-x-insead-au-coeur-de-la-polemique_1288613_3224.html
Cette droite qui ose secouer les établissements de l'élite
Aujourd'hui, le pays ne sélectionne ses élites que dans des milieux sociaux représentant 10 % de la population totale.
Drôle de champ de bataille. Dans l'arène s'affrontent, d'un côté, les représentants des grandes écoles, de l'autre, trois ministres d'un gouvernement de droite, dont l'un (ou plutôt l'une, puisqu'il s'agit de Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur) est issu de deux des plus prestigieuses écoles, HEC et l'ENA. Pendant ce temps, la gauche reste muette. C'est à croire qu'elle est mal à l'aise, elle qui est traditionnellement très attachée aux valeurs républicaines d'égalité. Quelle meilleure garantie, a priori, que le concours, fondé sur l'examen des connaissances académiques, pour assurer l'égalité entre tous les citoyens ? Le mérite républicain est tout entier fondé sur ce dogme. Si la gauche reste paralysée par cet héritage, la droite de Nicolas Sarkozy a singulièrement évolué sur ces questions. Pour le président de la République, l'égalité formelle (donc celle théoriquement assurée par les concours aux grandes écoles) ne peut plus suffire. C'est fort de cette idée qu'en 2003, il lançait, avec fracas, l'idée si peu française d'utiliser la discrimination positive. Parce que le modèle républicain d'intégration connaît des ratés, disait-il, il fallait prendre des mesures fortes, tels que l'instauration de quotas pour les minorités. Dans "l'affaire" des 30 % de boursiers en grandes écoles, c'est cette même question qui refait surface. L'enjeu étant d'adapter le système pour qu'il reste juste. Ne pas mégoter sur l'équité pour assurer l'égalité. La position déplaît d'autant moins au président de la République qu'elle se concilie parfaitement avec ce mérite qu'il affectionne particulièrement. Partout dans tout le système éducatif, le chef de l'Etat cherche le mérite pour le récompenser : celui des enseignants de l'éducation nationale, celui des étudiants, et celui des élèves. La suppression de la carte scolaire doit aussi permettre aux élèves méritants des cités défavorisées de continuer leurs études dans d'autres quartiers. Aux yeux du gouvernement, les impératifs de cohésion et de promotion sociales rejoignent ceux de la compétition internationale. La France ne peut se passer d'aucun de ses talents. En 2006, le Prix Nobel Georges Charpak soulignait que le pays ne sélectionne ses élites que dans des milieux sociaux représentant 10 % de la population totale. Un pays de 65 millions d'habitants qui recrute ses têtes pensantes, ses dirigeants comme s'il n'en comptait que 6,5 millions... c'est une aberration économique. A l'heure où la compétition internationale s'exacerbe, cette base trop étroite devient un problème. Les entreprises ne s'y trompent pas qui sont les premières à rappeler aux grandes écoles qu'elles ont besoin de plus de diversité dans leurs rangs. Benoît Floc'h
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/cette-droite-qui-ose-secouer-les-etablissements-de-l-elite_1288612_3224.html
Les grandes écoles incitées à repenser leurs concours
En refusant des quotas boursiers, les grandes écoles créent une polémique. Valérie Pécresse prône une adaptation des concours pour garantir l'égalité des chances.
Le concours d'entrée aux grandes écoles est apparu ces derniers jours comme l'ennemi numéro un de l'égalité des chances en France. Depuis que les écoles de management et les écoles d'ingénieurs ont fait savoir qu'elles ne voulaient pas entendre parler d'un quota de 30 % de boursiers par école (Le Monde du 5 janvier), les critiques tombent comme des hallebardes sur la citadelle de l'élitisme étudiant, et notamment sur la porte qui en protège l'accès : le concours d'entrée. Pour les contempteurs de celui-ci, le fait qu'il vérifie, notamment, la maîtrise des langues vivantes ou la culture générale rend ce concours trop discriminant socialement pour permettre une réelle ouverture des écoles. Un jeune, qui a pu effectuer des séjours linguistiques, fréquenter les musées ou la bibliothèque familiale, a plus de chances de réussir un concours de grande école que celui qui a grandi dans un milieu défavorisé. Dans un rapport rédigé en 2007, le sénateur Yannick Bodin (Seine-et-Marne, PS) rappelait que la démocratisation des grandes écoles s'est interrompue dans les années 1980. "Alors que 29 % des élèves de ces écoles étaient d'origine "populaire" au début des années 1950, ils ne sont plus que 9 % quarante ans plus tard", écrivait-il en se référant à une étude de 1995 portant sur les plus prestigieuses d'entre elles. Fort du constat que "le contenu même des épreuves peut entraîner une certaine discrimination (sociale)", Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, et Valérie Pécresse, son homologue chargée de l'enseignement supérieur, assurent qu'il faut "réfléchir aux contenus des concours". Pour l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), il faut aller plus loin : "la sacro-sainte sélection à l'entrée des écoles, il faut aujourd'hui la faire voler en éclats", a affirmé Jean-Baptiste Prévost, président de la première organisation étudiante. La Conférence des grandes écoles (CGE), qui a signé le texte à l'origine de la polémique, se montre conciliante. Parallèlement à la mission confiée par le gouvernement, le 23 novembre, aux deux inspections du ministère de l'éducation nationale sur cette même question, le CGE a lancé sa propre enquête pour établir un état des lieux des "épreuves supposées "socialement" sélectives". Un protocole d'analyse a été adopté avec les six principaux opérateurs de concours afin de décortiquer les palmarès des cinq années passées. "Nous attendons les résultats pour le deuxième trimestre, explique Pierre Aliphat, délégué général de la CGE. Ils serviront de base à la réflexion sur les concours : faudra-t-il modifier certaines épreuves, certains coefficients ? Faudra-t-il supprimer des épreuves, en ajouter de nouvelles ? Tout est ouvert." Tout, mais "sans sacrifier l'ambition intellectuelle", prévient la CGE. Au reste, même si beaucoup d'écoles se contentent encore d'un recrutement classique, elles sont nombreuses à avoir bougé. L'INSA de Lyon, école d'ingénieurs réputée, fait passer des "entretiens construits". Ce dispositif qui avait été abandonné a été rétabli il y a quelques années malgré son coût (100 euros par entretien) parce qu'il permet de "mesurer autre chose que les résultats scolaires, explique Alain Storck, le directeur de l'INSA : la motivation, la capacité à exercer le métier d'ingénieur, etc.". "Franchir le premier cap" Ces entretiens sont conduits par un psychologue, un industriel et un enseignant. L'an dernier, 1 500 ont été organisés. Ils concernaient, notamment, la centaine de lycéens issus de milieux défavorisés qui postulent via les partenariats noués entre l'INSA et quelques lycées. L'institut a également mis en place une filière consacrée aux bacheliers technologiques. Un levier pour accroître son pourcentage de boursiers, puisque les filières les moins prisées du secondaire sont aussi celles qui accueillent le plus de jeunes défavorisés. L'Ecole normale supérieure de Cachan a, elle, repoussé les épreuves de français et de langues étrangères de l'admissibilité à l'admission, afin de "donner plus de chance" aux jeunes qui n'ont pas bénéficié du "capital culturel qui dépend du milieu" de "franchir le premier cap" de la sélection. L'école a également mis en place une grande variété de concours d'entrée, selon l'origine scolaire des candidats et la formation qu'ils envisagent. "Nous allons chercher les étudiants là où ils sont, explique Jean-Yves Mérindol, directeur. Cela entraîne de la diversité. Et évite un phénomène de concentration sur les seules prépas d'élite, où l'on retrouve peu de boursiers." Autre approche, l'école de management de Bordeaux (BEM) conserve, à côté de son concours classique après prépa, un recrutement sur titres (brevet de technicien supérieur, diplôme d'institut universitaire de technologie...) accompagné de "tests de logique ou d'analyse de textes d'actualité, par exemple, afin de vérifier d'autres compétences que celles purement scolaires", explique Philip McLaughlin, directeur général de BEM. Mieux tenir compte de la personnalité du candidat, tel est l'enjeu. "Il faudrait réfléchir à des épreuves qui valoriseraient l'intensité du parcours du jeune, son mérite réel, assure Valérie Pécresse au Monde. Le parcours accompli par un jeune qui n'a pu être aidé par ses parents, qui a été scolarisé en ZEP, est d'une intensité plus grande." Pour la ministre, cependant, ce sont les épreuves orales qu'il faut aménager, pas les épreuves écrites, "barrière académique importante". Selon elle, d'ailleurs, "toutes les matières sont socialement discriminantes". Qu'il s'agisse des mathématiques ou de la maîtrise de la langue. "Nous avons été trop laxistes sur l'orthographe, la grammaire ou les apprentissages de culture générale", regrette-t-elle. Et c'est donc dès le lycée ou le collège qu'"il faut repérer les talents, comme cela se faisait sous la IIIe République, et les faire grandir". Elle promet également "une charte pour l'égalité des chances" qui sera signée avec les grandes écoles et un développement de l'apprentissage en leur sein. De fait, l'évolution des concours ne suffira pas, prévient Jean-Yves Mérindol. "Le concours, c'est la cerise sur le gâteau, dit-il. C'est tout le système qu'il faut regarder et mettre en place un ensemble de mesures. L'élément le plus profond, c'est la concentration sociale : les grandes écoles les plus prestigieuses recrutent leurs étudiants dans un nombre limité de prépas d'élite, concentrant le plus souvent une population parisienne où l'on trouve peu de boursiers. Pour eux, le concours ne joue qu'un rôle de validation. Donc, si l'on se contente de changer le concours, les prépas d'élite s'y adapteront. Elles sont organisées pour ça. Et elles le font bien." Benoît Floc'h
07/01/2010
societe
https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/01/07/les-grandes-ecoles-face-au-proces-de-l-elitisme_1288574_3224.html
Jean-Marie Le Pen ravi du débat sur l'identité nationale
Le président du Front national s'est félicité, lors de ses voeux à la presse, mercredi 6 janvier, du débat sur l'identité nationale dont il estime qu'il relancera son parti aux élections régionales.
Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, s'est félicité, lors de ses voeux à la presse, mercredi 6 janvier, du débat sur l'identité nationale dont il estime qu'il relancera son parti aux élections régionales. "En lançant en pleine campagne électorale un débat truqué sur l'identité nationale, aux bons soins du ministre socialiste et immigrationniste de l'immigration, Nicolas Sarkozy a involontairement réveillé les Français", a indiqué M. Le Pen, réclamant un référendum en 2010 sur l'immigration. Le président du FN, qui mène probablement sa dernière campagne, estime son parti en capacité de se maintenir au second tour dans "dix à douze régions". Il a déclaré qu'il passerait la main "fin 2010 ou début 2011" pour "laisser sa chance à la jeunesse". Caroline Monnot
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/jean-marie-le-pen-ravi-du-debat-sur-l-identite-nationale_1288626_823448.html
"Voeux de Nicolas Sarkozy aux forces économiques : ""Notre pays va dans la bonne direction"""
Dans un discours en forme de bilan de son action, le chef de l'Etat a présenté l'emploi et la réduction des déficits comme ses priorités pour 2010.
ues. Dans un discours en forme de bilan de son action, le chef de l'Etat a présenté l'emploi et la réduction des déficits comme ses priorités pour 2010. "Notre pays, a-t-il assuré, va dans la bonne direction et recueillera bientôt le fruit de ses efforts." Auparavant, M. Sarkozy, qui s'adressait à 1 600 représentants du monde économique et élus locaux, est revenu sur les événements de l'année écoulée. "Vous avez vu tant et tant de polémiques en 2009 et maintenant vous avez les résultats, et c'est à vous de juger pour savoir qui avait raison, a-t-il déclaré. En 2009 aucun Français n'a vu son épargne mise en danger. Ce n'était pas si facile quand la crise a failli nous emporter". Le président a critiqué l'opposition, déclarant qu'il aimerait de sa part "un peu plus de sens de l'Etat, de souci de l'intérêt général, d'honnêteté et de sens des responsabilités". Le PS a regretté dans un communiqué que ces voeux "aient été réduits à un exercice déplacé d'autosatisfaction". Arnaud Leparmentier
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/voeux-de-nicolas-sarkozy-aux-forces-economiques-notre-pays-va-dans-la-bonne-direction_1288619_823448.html
"""M. le premier"", ses coups de griffes et ses vieux démons"
C'était mercredi 16 décembre 2009, dans la salle à manger de la Cour des comptes, rue Cambon à Paris. Le dernier fait d'armes de Philippe Séguin.
Son dernier message aussi. "M. le premier", comme il est d'usage d'appeler le premier président de la Cour des comptes, est entouré de quelques magistrats. Il a convié à sa table une brochette de journalistes. Ordre du jour : le dernier rapport thématique de l'année. Un intitulé volontairement technocratique : "Les effectifs de l'Etat 1980-2008, un état des lieux". En réalité une vraie "bombe politique". L'enquête a nécessité deux ans et demi de travail et mobilisé les magistrats des sept chambres. Planté derrière un pupitre, Philippe Séguin, assène : la politique de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite "est dictée par des considérations budgétaires de court terme." Assassin et charmeur L'Etat, englué dans ses déficits est "incapable d'analyser les besoins et de programmer ses effectifs en conséquence." Une pierre dans le jardin de l'Elysée et de Matignon si fiers d'avoir engagé en 2007 la révision générale des politiques publiques (RGPP) censée mettre en oeuvre la grande réforme de l'Etat dont on parle depuis vingt ans. Philippe Séguin passe à table tel qu'en lui-même. A la fois assassin et charmeur. Lorsqu'il veut éviter une question qui fâche, il glousse mais avec forces mimiques et plein de sous-entendus. La fois d'après, il se rattrape en lâchant un nouveau "scud". Cette fois sur la réforme de taxe professionnelle "une vraie usine à gaz". A un moment sa jambe, sous la table, bat la mesure. Il se penche sur sa voisine mine contrite et murmure. "Cela ne vous gêne pas si j'en grille une ?" Des volutes de tabac brun montent au-dessus de la table. Le dessert n'a pas encore été servi. Philippe Séguin se bat avec ses vieux démons. Françoise Fressoz
07/01/2010
politique
https://www.lemonde.fr/politique/article/2010/01/07/m-le-premier-ses-coups-de-griffes-et-ses-vieux-demons_1288618_823448.html
Stupeur du monde politique après le décès de Philippe Séguin
Le premier président de la Cour des comptes est mort d'une crise cardiaque dans la nuit de mercredi 6 à jeudi 7 janvier. Droite et gauche saluent un grand serviteur de l'Etat.
La stupeur, la tristesse, puis un mot : un républicain. La mort de Philippe Séguin, à 66 ans, victime d'une crise cardiaque, à son domicile parisien, dans la nuit du 7 janvier, a suscité une réaction quasi unanime. Le président de la Cour des Comptes, ancien président de l'assemblée nationale, a marqué la vie politique par la force de ses convictions et son attachement à la France. L'Elysée a fait part de la "très grande tristesse" et de la "vive émotion" du président, Nicolas Sarkozy. "Passionné surtout par la France, sa République et son Etat, il a consacré toute sa vie, toute l'étendue de ses talents et la force exceptionnelle de ses convictions à la chose publique" souligne le communiqué, tout comme son "souci constant de concilier sans jamais les opposer le progrès économique et la justice sociale, avec la préoccupation chevillée au corps d'une gestion rigoureuse des deniers publics". "C'est évidemment une nouvelle qui me bouleverse parce que Philippe Séguin était un ami très cher. (...) Pour la France, c'est une grande perte", a déclaré Charles Pasqua sur RTL. De ce compagnon auquel il était lié par l'histoire du RPR et par la lutte contre l'Europe de Maastricht, l'ancien ministre de l'intérieur a aussi déclaré "Il était profondément pénétré par l'idée de la nation, de la République, c'était un grand républicain, un grand gaulliste". Le premier ministre François Fillon, qui fut très proche de lui, devait s'exprimer dans la matinée. Hasard des circonstances, François Fillon qui animait jeudi 6 janvier au soir, une réunion à Matignon, avait eu l'occasion de souligner que Philippe Séguin était "une figure exceptionnelle qui aurait du avoir un destin au sommet", selon un des participants. Il avait pour cela toutes les qualités". Jacques Chirac, ancien président de la République, estime que "la France perd un homme d'honneur et un homme d'Etat d'une exceptionnelle intelligence". Alain Juppé, ancien premier ministre parle d'une "personnalité exceptionnelle" : "c'est à la fois de la stupeur parce que rien ne laissait présager cette disparition très brutale et aussi beaucoup de tristesse". "C'était un fort caractère et un homme qui s'inscrivait dans une tradition gaulliste, a lui aussi souligné l'ancien premier ministre socialiste Lionel Jospin sur France Inter. C'était un serviteur de l'Etat qui présidait aux destinées de la Cour des comptes. Nous devons le regretter." Martine Aubry, première secrétaire du PS, a déclaré que "C'était un homme qui a marqué la vie politique par sa capacité d'indépendance, de résistance et qui a eu toute sa vie une passion pour l'intérêt général".
07/01/2010
politique
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"Identité nationale : ""Le rôle d'un président n'est pas de semer le trouble"""
Autres passages de l'entretien avec Lionel Jospin, ancien premier ministre.
N'avez-vous pas commis un contresens avec les 35 heures ? Un contresens historique ? Sûrement pas. Les progrès techniques et la hausse de la productivité justifiaient la réduction du temps de travail. La refuser, c'était se résigner à voir croître l'armée de réserve des sans-travail. Un contresens économique ? Pas plus, si j'en juge par la baisse massive du nombre de chômeurs et les performances économiques de l'époque. D'ailleurs, les responsables actuels demandent aux entreprises de moins recourir aux heures supplémentaires qu'ils ont imprudemment favorisées. Derrière le "coup de tonnerre" du 21 avril, il y a la dispersion de la gauche mais aussi la déception des milieux populaires et la montée du Front national. N'avez-vous pas minimisé ces phénomènes ? Je défie quiconque de trouver une mesure de mon gouvernement contraire à l'intérêt des milieux populaires ou simplement qui leur ait nui. Si les partis de gauche percevaient une certaine déception dans ces milieux et mesuraient la force intacte du FN, c'était une raison de plus pour ne pas prendre le risque de la division. L'extrême droite en France est trop faible pour représenter une menace pour la République. Mais elle est assez forte pour troubler le débat public. Elle inquiète, elle démoralise, elle recourt à la vieille rhétorique xénophobe du bouc émissaire : désormais l'émigré. Pour la combattre efficacement, il faut démonter ce qu'elle est et non pas pourfendre ce qu'elle n'est pas. Or, elle n'est pas un fascisme. Que pensez-vous du débat sur l'identité nationale ? Nous sommes nombreux à penser que ce débat a été mal engagé et pour de mauvaises raisons (avec des arrière-pensées électoralistes). Le rôle d'un président et d'un gouvernement sur un tel sujet n'est pas de semer le doute ou le trouble. Il n'est pas de laisser la discussion dériver vers des mises en cause religieuses ou ethniques. Son rôle n'est pas d'introduire des ferments de division mais de permettre à chacun de se sentir français. M. Sarkozy est-il à la remorque de l'extrême droite ? Non, mais il joue avec elle, comme il joue d'ailleurs en permanence avec les autres forces politiques. Il a tort parce que jouer n'est pas le rôle d'un président. Propos recueillis par Françoise Fressoz et Michel Noblecourt
07/01/2010
politique
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"Jean-François Copé : ""Le risque, c'est que la burqa devienne du dernier chic"""
Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, député et maire de Meaux était l'invité de l'émission "Les Questions du mercredi" aux côtés de Malek Chebel, écrivain et philosophe.
Le Parti socialiste s'est dit opposé à une loi contre le port du voile intégral en France, Etes-vous toujours décidé à déposer votre proposition de loi ? Jean-François Copé : Je veux bien qu'on tourne autour du pot, qu'on fasse semblant de ne pas voir. Le PS est super-bon pour faire des tas de constats, mais quand il s'agit d'appuyer sur le bouton du courage politique, on est aux abonnés absents. La burqa, c'est à mes yeux deux problèmes : le respect des femmes et la sécurité. Si on n'agit pas vite, le risque est qu'un jour, dans un an, deux ou trois ans, la burqa soit devenue un phénomène de mode. Que ce soit du dernier chic. Le visage découvert, c'est tout de même le premier élément du dialogue et du respect de l'identité. Vous croyez qu'on peut laisser une femme à visage couvert récupérer un enfant à la sortie de l'école sans qu'on voie qui c'est ? Donc, vous déposez votre texte ? J.-F. C : J'y ai travaillé tout au long de cette trêve des confiseurs. Nous présenterons simultanément une résolution, c'est-à-dire un texte de principe dans lequel nous réaffirmons les valeurs de la République par rapport à la protection et au respect des femmes. Et, deuxièmement, un texte de loi interdisant le port de la burqa précédée d'une période de six mois de dialogue. Je n'ai pas eu l'occasion d'en parler directement avec le président de la République, mais je crois comprendre que c'est une position qui est très largement soutenue par mes amis députés. Concrètement, comment ce type de loi peut-il être appliqué ? J.-F. C : Très simplement, comme toutes les lois. Le texte interdira le fait d'avoir le visage couvert sur la voie publique ou dans les espaces ouverts au public. La personne qui ne respecte pas la loi aura une amende. Pas simple... J.-F. C : Ah ! parce que ça ne se fait pas de verbaliser ? C'est quand même fantastique ! La France est un pays républicain, les Français sont légalistes. J'ai l'impression de revenir au débat sur le voile. A l'époque aussi, on disait que ce n'était pas possible de légiférer. Il a fallu toute la volonté du président Chirac pour le faire. Malek Chebel : Je suis de ceux qui militent pour un islam des lumières en France, j'ai milité pour la dignité de la femme et je suis d'accord : il faut interdire la burqa de l'espace public. Mais votre méthode m'effraie parce qu'elle est exagérée, surdimensionnée et, d'une certaine manière, vous aplatissez un peu la dignité de la République à faire une loi. Alors que par un mécanisme de pédagogie, de confrontation, de dialogue, de discussion, peut-être même d'incitation par le biais des associations, par le biais des maris on aurait pu régler le problème. Enfin, je crains que derrière cette question, ce soit le problème de l'islam qui soit en jeu. J.-F. C : Non, je suis désolé, M. Chebel, la burqa ce n'est pas une question religieuse. Il faut refuser cet amalgame. La burqa ce sont des extrémistes qui testent la République. M. C. : Il y a deux problèmes qui se rejoignent et qui se cristallisent en même temps. Une peur de l'islam très nette dans la communauté nationale. Et la difficulté des musulmans à communiquer. Nous ne savons pas collectivement présenter les bons cotés de l'islam. Sur cette carence, tout le monde peut placer son agenda politique et exister momentanément, médiatiquement sur le dos de l'islam. L'islam n'est qu'un véhicule, n'est qu'un alibi pour faire émerger les angoisses et les inquiétudes. J.-F. C : Jamais, à aucun moment, je n'ai pas pensé instrumentaliser qui que ce soit, ni quelque culte que ce soit. Depuis la première minute, j'ai dit et redit que ce n'était pas une affaire religieuse, que c'était une affaire de valeurs de la République et c'est dans cet esprit que cette loi d'interdiction doit être assumée. Jean-François Copé est président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, député et maire de Meaux. Malek Chebel est écrivain et philosophe. Propos recueillis par Jean-François Achilli et Françoise Fressoz
07/01/2010
idees
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Le successeur de Séguin sera nommé par Sarkozy
Après le décès de Philippe Séguin, se pose le problème de sa succession à la tête de la Cour des comptes, un choix qui revient au président Nicolas Sarkozy dont certaines décisions ont été critiquées par les "sages" de la Rue Cambon.
Après le décès de Philippe Séguin, se pose le problème de sa succession à la tête de la Cour des comptes, un choix qui revient au président Nicolas Sarkozy dont certaines décisions ont été critiquées par les "sages" de la Rue Cambon. Dans l'immédiat, le doyen des présidents de chambre de la Cour des comptes, Alain Pichon, 64 ans, assure automatiquement l'intérim au poste de premier président de l'institution. Né le 29 novembre 1945 à Ajaccio, M. Pichon est diplômé de l'Ecole nationale d'administration (ENA). Il a été, de 1987 à 1991, secrétaire général de la Cour des comptes, et a ensuite présidé des chambres régionales des comptes (Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d'Azur) Le successeur de Philippe Séguin, qui exerçait cette fonction depuis juillet 2004, sera nommé par décret pris en conseil des ministres. Le premier président de la Cour des comptes, dont le siège se trouve rue Cambon à Paris, est un magistrat inamovible. Il est chargé de définir l'organisation générale de la juridiction administrative, composée de sept chambres, et préside le Conseil supérieur des chambres régionales des comptes. C'est Napoléon qui est à l'origine de la Cour des comptes : elle a vu le jour par la loi du 19 septembre 1807 et fêté son bicentenaire en 2007. D'après la Constitution de la Ve République, "la Cour des comptes assiste le Parlement dans le contrôle de l'action du gouvernement", mission qu'elle remplit "en toute indépendance". "Par ses rapports publics, elle contribue à l'information des citoyens", ajoute la Loi fondamentale. Le premier président de la Cour est justement chargé d'adresser aux ministres et aux présidents des organismes contrôlés les observations et recommandations de la juridiction, et de communiquer au Parlement les rapports qui lui ont été commandés. Il incarne ainsi la Cour des comptes. C'est dans ce cadre que les "sages", sous la présidence de Philippe Séguin, ont critiqué certaines décisions politiques du gouvernement, dont le principe du non-remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux ou encore la baisse de la TVA dans la restauration. La Cour a aussi récemment publié un rapport critique sur les dépenses liées à la présidence française de l'Union européenne en 2008. A l'issue du premier contrôle jamais réalisé dans les services de la présidence, effectué à la demande de l'Elysée, le Palais Cambon lui avait décerné cet été un satisfecit global, épinglant toutefois au passage la gestion du budget sondages, ce qui a provoqué une longue passe d'armes entre majorité et opposition.
07/01/2010
politique
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Réformer les grandes écoles ou l'université ?, par Guy Burgel
La discrimination positive dans l'enseignement supérieur n'équivaut pas à sa démocratisation.
La polémique qui s'est engagée par presse interposée entre le directeur de Sciences Po et la Conférence des grandes écoles, au sujet de quotas réservés aux boursiers dans leurs concours d'accès, montre bien le trouble des opinions devant la crise structurelle de l'enseignement supérieur et la désorientation des familles politiques. Réputé pour ses idées progressistes, Richard Descoings se fait le défenseur véhément de la politique annoncée par la ministre de l'enseignement supérieur, au risque de faire passer pour d'affreux réactionnaires tous les tenants de grandes écoles, où l'on compte classiquement une bonne proportion d'esprits libres, plutôt classés à gauche. La réalité est évidemment plus complexe et moins manichéenne. Naguère fleurons de l'élitisme républicain et d'un certain brassage social par la sélection progressive des meilleurs élèves de l'enseignement public, les grandes écoles tendent à devenir, avec les mêmes mécanismes de recrutement, le refuge des enfants de la bourgeoisie intellectuelle. Elles en sont plutôt le réceptacle involontaire que l'artisan délibéré. La première cause réside dans la dégradation de l'enseignement supérieur universitaire, qui n'a, ni pu, ni su, à partir des années 1980, faire face à la massification de ses effectifs et aux changements pédagogiques qu'imposait une origine plus populaire de ses étudiants. Devant ce constat, la stratégie des parents les plus avisés, sinon les plus fortunés, était claire : faire en sorte que leurs enfants accèdent aux meilleures filières du secondaire, bac S en priorité, puis aux classes préparatoires. Dans le même temps, confrontés à cet afflux, les grands lycées de Paris et de province intensifiaient pour les mêmes raisons la sélection à l'entrée de leurs classes préparatoires. La lourde procédure informatique de choix mise en place justifiait le résultat, plus qu'elle ne l'infléchissait. Au total, le jugement est sans appel : les grandes écoles actuelles constituent un filtre d'iniquité sociale, et elles se privent d'un sang nouveau issu de couches culturellement différentes. Sur ce point, Richard Descoings a raison. Où l'avis est plus contestable, c'est sur le changement radical que constituerait un recrutement particulier pour les élèves issus de milieux moins favorisés. De bons spécialistes affirment, sur la foi des expériences américaines et de Sciences Po Paris, que la procédure ne fait pas baisser le niveau. Dont acte. Mais le témoin n'est-il pas biaisé ? Les meilleures universités des Etats-Unis, publiques comme privées, mettent en effet en oeuvre des actions généreuses de bourses et de prêts pour couvrir les frais d'inscription et d'entretien élevés d'étudiants motivés et peu fortunés, et attirer des élèves issus de tous les établissements d'enseignement secondaire des Etats concernés. Elles pratiquent ainsi une politique volontariste de brassage social et ethnique, qui n'est pas sans s'apparenter au busing bien connu pour les lycées (transfert quotidien d'adolescents de quartiers pauvres vers des institutions pédagogiques de zones plus aisées). Mais ces procédures de discrimination positive relèvent d'une autre culture du mérite individuel et de l'aide collective, laissée plus à l'initiative des acteurs de la société civile que de l'institution officielle. Dans une France marquée historiquement par l'égalité et par l'Etat, il n'est pas assuré que la greffe massive prenne et n'entraîne pas des réactions de rejet, pires que le mal. Pour Sciences Po, l'analyse est différente. Son directeur fait état de sa cote en progrès auprès des bacheliers et des entreprises. Mais ne la doit-elle pas avant tout au dynamisme de ses formations et à l'affaiblissement de ses concurrents universitaires ? Ni grande école trop sélective, ni université trop dévalorisée, l'Institut d'études politiques de Paris joue sur ce statut ambigu pour séduire et rassurer. Les modifications de son recrutement pèsent finalement de peu de poids face à ces tendances fondamentales. Et pour intéressants et vertueux que soient le repérage de bons éléments dans les zones d'éducation prioritaire (ZEP) et leur soutien pédagogique ultérieur, ils ne constituent qu'un traitement homéopathique de la crise globale du système éducatif. A la limite, ils pourraient même reconstituer une nouvelle filière d'injustice sélective. Il est donc grand temps, ne serait-ce que pour accéder aux voeux de "fraternité" du président de la République, que les oppositions stériles sur un sujet grave cessent, et qu'on arrête de reporter sur les autres la responsabilité d'une faillite inquiétante du système éducatif, qui procède avant tout de la longue myopie à cet égard de la société française dans son ensemble. Les grandes écoles ne doivent pas être le bouc émissaire de la crise de l'université et, dans les conditions actuelles, personne ne gagnerait à les banaliser dans l'enseignement supérieur, sauf à croire qu'il suffit d'une rivière pour dessaler l'eau de mer. Toute l'histoire française montre qu'elles gardent leur légitimité, à condition qu'elles retrouvent, à côté des universités et en collaboration avec elles, leur vocation de formation égalitaire d'une partie des élites de la nation, et cessent d'être la confirmation de sa stratification sociale. Mais la solution n'est pas dans un système de quotas de boursiers, fussent-ils d'objectifs plus que de normes, dans les classes préparatoires ou dans les concours de recrutement, mais dans une réforme sans précédent de l'efficacité globale de notre formation, de l'école à la faculté. De la même façon, toute réforme de l'université, de l'autonomie aux pôles d'excellence, est vouée à l'échec, si ne sont pas rétablies au plus vite au collège et au lycée les conditions d'un enseignement de masse équitable et efficace pour tous et dans tous les lieux de la République. Comme au football, les Coupes du monde se gagnent dans les entraînements dominicaux des petits clubs de la Ligue. Il ne sert à rien de traiter l'exception pour changer la règle. Au total, puisse le débat actuel être l'occasion de convaincre que la "société de la connaissance", que l'on veut promouvoir, n'exige pas seulement des milliards du grand emprunt, mais la conscience politique des gisements inexploités dans le gâchis actuel de l'éducation nationale. Il faut y mettre de la volonté, et aussi de l'imagination dans la révolution des méthodes pédagogiques dans tous les ordres d'enseignement (primaire, secondaire et supérieur) et dans l'évaluation régulière et rapprochée de leur efficacité : enseignements systématiques en petits groupes, voire en soutien individuel, renforcement de l'encadrement, vérifications continues des progressions, éradication progressive de l'échec et du retard scolaires. Le prix à payer en est lourd, bien plus évidemment que quelques bourses supplémentaires ou quelques places offertes dans un concours parallèle d'entrée dans des grandes écoles. Mais il est à la mesure du retard pris depuis des décennies et des défis que nous impose le XXIe siècle. Guy Burgel est professeur à l'université Paris-Ouest-Nanterre-la Défense, auteur d'"Université, une misère française" (Hachette, 2006).
07/01/2010
idees
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Plus que vingt-cinq Noëls à fêter !, par Marie Jégo
La fin du monde est programmée pour 2036, quand la Terre sera percutée par l'astéroïde géant Apophis.
Calendrier julien oblige, le Noël orthodoxe est fêté chaque 7 janvier en Russie. Célébré en famille autour des mets traditionnels - salade "olivier" (des légumes et de la mayonnaise, l'équivalent de la salade dite "russe" en Occident), harengs "en fourrure", volaille ou porc en gelée - arrosés de champanskoïe (vin mousseux) et de vodka, Noël est, avec le Nouvel An, la fête préférée des Russes. Prétexte à toutes sortes de libations, de toasts et de chants, Noël vient en point d'orgue des vacances d'hiver, dix jours fériés durant lesquels le pays tout entier tombe dans une torpeur aussi profonde que la couche de neige qui unifie le paysage. A quoi ont pu penser les hommes et les femmes de ce pays en levant leur verre le 1er et le 7 janvier ? Pour commencer, 2010 marque bel et bien la fin des "années zéro" comme disent les Russes en parlant de la période 2000-2009, perçue comme vide de sens. Tout ne peut donc qu'aller mieux. D'ailleurs, le président Dmitri Medvedev l'a confirmé, la crise économique est terminée, le pire a été évité. "Faisons en sorte que les problèmes restent en 2009", a-t-il conclu. Autre péril en voie de dissipation, l'hémorragie démographique, qui allait crescendo depuis plus de quarante ans, avec un solde négatif et une baisse durable de la population (148,9 millions d'habitants en 1993 ; 141,9 millions en 2009) est en voie d'être jugulée. "Pour la cinquième année d'affilée, la natalité est en hausse ; depuis quatre ans, la mortalité baisse", s'est réjoui le premier ministre, Vladimir Poutine. Et puis, en ce début de 2010, les fondamentaux sont plus solides que jamais. Le prix du baril de pétrole ne cesse de grimper et Vladimir Poutine vient d'être désigné "homme de l'année", selon un sondage du centre d'études de l'opinion publique Levada. Le "leader national" y recueille 67 % des voix, le président Medvedev arrive en deuxième position, avec 50,64 % d'opinions favorables. Les mauvais esprits prompts à détecter la faille dans le tandem risquent d'être déçus. Entre les deux hommes, l'entente est cordiale. Ne l'ont-ils pas prouvé en skiant côte à côte sur les pistes, à Sotchi, le 4 janvier ? Certes, leurs entourages respectifs - les siloviki, ou partisans de la méthode forte côté Poutine, les siviliki, plus civilisés, côté Medvedev - n'ont pas fini de s'écharper ! L'année 2010, rappelle-t-on à Moscou, va servir de lever de rideau à la présidentielle de 2012 pour laquelle le premier ministre et son président se sont d'ores et déjà déclarés candidats. 2012 sera probablement sans surprise : le premier ministre a toutes les chances d'être élu président et le président pourrait devenir premier ministre. Ce jeu de chaises musicales a l'avantage d'être prévisible, ce qui n'est pas fait pour déplaire à une population exténuée par les bouleversements des vingt dernières années. La stabilité, voilà le maître mot. Et puis la prudence commande de ne pas trop se projeter dans l'avenir. "Personne ne veut savoir ce qui se passera dans dix ou vingt ans. La population se garde bien d'épargner, tandis que nos dirigeants, incapables de faire réparer le réseau routier de façon durable, sont exactement sur la même ligne", explique Marina, une mère de famille d'Obninsk, dans les environs de Moscou. Mais voilà que les scientifiques de Roskosmos, l'agence spatiale russe, ont bien failli gâcher la fête. Pour eux, la fin du monde est programmée pour 2036, quand la Terre sera percutée par l'astéroïde géant Apophis, un corps métallique volant de 350 mètres de diamètre pesant 20 millions de tonnes. Une telle collision, d'une force équivalente à 58 000 fois la bombe utilisée à Hiroshima, suffirait à créer un désert grand comme la France si elle venait à se produire sur la terre ferme ; un raz de marée géant si elle survenait en mer. La mauvaise nouvelle a été révélée le 30 décembre, juste à la veille des fêtes. Quel coup porté au moral des Russes ! Aucun détail ne leur a été épargné. On ne leur a pas caché qu'Apophis, nommé ainsi d'après le dieu égyptien Apep (le "destructeur"), menace leur pays. D'après Anatoli Perminov, le numéro un de Roskosmos, il y aurait même un risque d'impact dès 2032 avec, en ligne de mire, le sud de la Fédération. Impossible de rester les bras croisés, en attendant l'astéroïde. "Mieux vaut dépenser quelques millions de dollars pour créer un système permettant de prévenir une collision que d'attendre qu'elle se produise en entraînant la mort de milliers de personnes", a-t-il prévenu. De son côté, l'Agence spatiale américaine (NASA) estime qu'un tel scénario est peu plausible. Une récente estimation américaine, fondée sur de nouvelles observations, explique que la probabilité qu'Apophis "entre en collision avec la Terre, le 13 avril 2036, est passée de 1 sur 45 000, à 1 sur 250 000", a indiqué la NASA dans un communiqué. Roskosmos n'en croit rien. Dès la fin de la trêve festive, le conseil scientifique de l'agence se réunira à huis clos pour élaborer un plan d'action. Il est question d'envoyer un vaisseau spatial programmé pour pulvériser l'astéroïde. On respire en apprenant que la destruction du monstre de métal ne se fera pas à l'arme nucléaire, mais en exploitant "les lois de la physique". Quel soulagement ! On ne peut que rendre grâce à Roskosmos, sans lequel il ne resterait plus que vingt-cinq Noëls à fêter ! Courriel : jego@lemonde.fr. Marie Jégo
07/01/2010
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