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970.txt | 1,858 | -CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE.. 299 chez elle qu'après avoir vaqué à ses affaires. Il se leva de fort bonne heure le ciel était pur, l'air doux, le soleil écla-tant. Aucun signe fâcheux, rien qui fût de nature à attrister l'âme. D'ailleurs Ludovic était d'humeur à voir tout en beau et à envisager les choses à travers le prisme de son propre contentement. Gommant s'y prit-il ? Par quel hasard se trompa-t-il de riftstinalion ? Ceux qui aiment on qui ont aimé s'en rendront compte. Toujours est-il qu'au lieu de prendre le chemin de l'étude, il se dirigea vers la rue- qu'habitait Marguerite, non pas qu'il soulùt troubler son sommeil ni devancer l'heure à laquelle il devait être reçu mais il se faisait une fête de passer sous son croisées et de les saluer d'un regard. Que si par hasard elle aussi s'était levée avec le soleil, 11 abrégerait les délais et irait reprendre cet entretien charmant ipter-rompu la veillé et qui devait désormais recommencer chaque jour. A Page de Ludovic, et dans les conditions où il se trouvait, les distances- ne sont jamais longues. Il eut bientôt franchi celle qui le séparait du logement de sa future, et put s'assu-rer que rien n'y avait bougé. Il s'y attendait, et pourtant ce lui fut un petit désappointement bien vite réprimé. -Elle dort encore, se dit-il quoi de plus naturel? Pas-sons. Il poursuivit sa promenade en réglant son pas de manière à se retrouver d'heure en heure sur le même point. A cha-cun de ces retours, le coeur lui battait violemment, et il s'i-maginait de voir Marguerite en vedette et l'accueillant par un geste familier, illusion de bien courte durée, et qui s'éva-nouissait à mesure qu'il se rapprochait !. Cependant aucun soupçon ne se mêlait encore à son impatience il cherchait même à justifier ces retards. - Elle a abusé hier, disait-il. Elle porte la peine de son imprudence. Quand j'y songe, je suis étonné qu'elle ait pu me tenir tête si longtemps. Après trois heures de léthargip mortelle 1 J'aurais dû l'en empêcher. Aussi elle paye cela aujourd'hui. Peut-être la force lui manque-t-elle pour se lever. Cependant le temps s'écoulait, et l'heure fixée la veille venait de sonner. Ludovic se présenta dans la maison. Per- | -CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE.. 299 chez elle qu'après avoir vaqué à ses affaires. Il se leva de fort bonne heure le ciel était pur, l'air doux, le soleil écla-tant. Aucun signe fâcheux, rien qui fût de nature à attrister l'âme. D'ailleurs Ludovic était d'humeur à voir tout en beau et à envisager les choses à travers le prisme de son propre contentement. Gommant s'y prit-il ? Par quel hasard se trompa-t-il de riftstinalion ? Ceux qui aiment on qui ont aimé s'en rendront compte. Toujours est-il qu'au lieu de prendre le chemin de l'étude, il se dirigea vers la rue- qu'habitait Marguerite, non pas qu'il soulùt troubler son sommeil ni devancer l'heure à laquelle il devait être reçu mais il se faisait une fête de passer sous son croisées et de les saluer d'un regard. Que si par hasard elle aussi s'était levée avec le soleil, 11 abrégerait les délais et irait reprendre cet entretien charmant ipter-rompu la veillé et qui devait désormais recommencer chaque jour. A @Page de Ludovic, et dans les conditions où il se trouvait, les distances- ne sont jamais longues. Il eut bientôt franchi celle qui le séparait du logement de sa future, et put s'assu-rer que rien n'y avait bougé. Il s'y attendait, et pourtant ce lui fut un petit désappointement bien vite réprimé. -Elle dort encore, se dit-il quoi de plus naturel? Pas-sons. Il poursuivit sa promenade en réglant son pas de manière à se retrouver d'heure en heure sur le même point. A cha-cun de ces retours, le coeur lui battait violemment, et il s'i-maginait de voir Marguerite en vedette et l'accueillant par un geste familier, illusion de bien courte durée, et qui s'éva-nouissait à mesure qu'il se rapprochait !@@. Cependant aucun soupçon ne se mêlait encore à son impatience il cherchait même à justifier ces retards. - Elle a abusé hier, disait-il. Elle porte la peine de son imprudence. Quand j'y songe, je suis étonné qu'elle ait pu me tenir tête si longtemps. Après trois heures de léthargip mortelle 1 J'aurais dû l'en empêcher. Aussi elle paye cela aujourd'hui. Peut-être la force lui manque-t-elle pour se lever. Cependant le temps s'écoulait, et l'heure fixée la veille venait de sonner. Ludovic se présenta dans la maison. Per- | ### QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE@. 299 chez elle qu'après avoir vaqué à ses affaires. Il se leva de fort bonne heure le ciel était pur, l'air doux, le soleil écla-tant. Aucun signe fâcheux, rien qui fût de nature à attrister l'âme. D'ailleurs Ludovic était d'humeur à voir tout en beau et à envisager les choses à travers le prisme de son propre contentement. Comment s'y prit-il ? Par quel hasard se trompa-t-il de @@destination ? Ceux qui aiment ou qui ont aimé s'en rendront compte. Toujours est-il qu'au lieu de prendre le chemin de l'étude, il se dirigea vers la rue@ qu'habitait Marguerite, non pas qu'il voulût troubler son sommeil ni devancer l'heure à laquelle il devait être reçu mais il se faisait une fête de passer sous ses croisées et de les saluer d'un regard. Que si par hasard elle aussi s'était levée avec le soleil, il abrégerait les délais et irait reprendre cet entretien charmant inter-rompu la veille et qui devait désormais recommencer chaque jour. A l'âge de Ludovic, et dans les conditions où il se trouvait, les distances@ ne sont jamais longues. Il eut bientôt franchi celle qui le séparait du logement de sa future, et put s'assu-rer que rien n'y avait bougé. Il s'y attendait, et pourtant ce lui fut un petit désappointement bien vite réprimé. -Elle dort encore, se dit-il quoi de plus naturel? Pas-sons. Il poursuivit sa promenade en réglant son pas de manière à se retrouver d'heure en heure sur le même point. A cha-cun de ces retours, le coeur lui battait violemment, et il s'i-maginait de voir Marguerite en vedette et l'accueillant par un geste familier, illusion de bien courte durée, et qui s'éva-nouissait à mesure qu'il se rapprochait !... Cependant aucun soupçon ne se mêlait encore à son impatience il cherchait même à justifier ces retards. -@Elle a abusé hier, disait-il. Elle porte la peine de son imprudence. Quand j'y songe, je suis étonné qu'elle ait pu me tenir tête si longtemps. Après trois heures de léthargie mortelle ! J'aurais dû l'en empêcher. Aussi elle paye cela aujourd'hui. Peut-être la force lui manque-t-elle pour se lever. Cependant le temps s'écoulait, et l'heure fixée la veille venait de sonner. Ludovic se présenta dans la maison. Per- | -CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE@. 299 chez elle qu'après avoir vaqué à ses affaires. Il se leva de fort bonne heure le ciel était pur, l'air doux, le soleil écla-tant. Aucun signe fâcheux, rien qui fût de nature à attrister l'âme. D'ailleurs Ludovic était d'humeur à voir tout en beau et à envisager les choses à travers le prisme de son propre contentement. Comment s'y prit-il ? Par quel hasard se trompa-t-il de @@destination ? Ceux qui aiment ou qui ont aimé s'en rendront compte. Toujours est-il qu'au lieu de prendre le chemin de l'étude, il se dirigea vers la rue@ qu'habitait Marguerite, non pas qu'il voulût troubler son sommeil ni devancer l'heure à laquelle il devait être reçu mais il se faisait une fête de passer sous ses croisées et de les saluer d'un regard. Que si par hasard elle aussi s'était levée avec le soleil, il abrégerait les délais et irait reprendre cet entretien charmant inter-rompu la veille et qui devait désormais recommencer chaque jour. A l'âge de Ludovic, et dans les conditions où il se trouvait, les distances@ ne sont jamais longues. Il eut bientôt franchi celle qui le séparait du logement de sa future, et put s'assu-rer que rien n'y avait bougé. Il s'y attendait, et pourtant ce lui fut un petit désappointement bien vite réprimé. -Elle dort encore, se dit-il quoi de plus naturel? Pas-sons. Il poursuivit sa promenade en réglant son pas de manière à se retrouver d'heure en heure sur le même point. A cha-cun de ces retours, le coeur lui battait violemment, et il s'i-maginait de voir Marguerite en vedette et l'accueillant par un geste familier, illusion de bien courte durée, et qui s'éva-nouissait à mesure qu'il se rapprochait !... Cependant aucun soupçon ne se mêlait encore à son impatience il cherchait même à justifier ces retards. -@Elle a abusé hier, disait-il. Elle porte la peine de son imprudence. Quand j'y songe, je suis étonné qu'elle ait pu me tenir tête si longtemps. Après trois heures de léthargie mortelle ! J'aurais dû l'en empêcher. Aussi elle paye cela aujourd'hui. Peut-être la force lui manque-t-elle pour se lever. Cependant le temps s'écoulait, et l'heure fixée la veille venait de sonner. Ludovic se présenta dans la maison. Per- | -CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 299 chez elle qu'après avoir vaqué à ses affaires. Il se leva de fort bonne heure le ciel était pur, l'air doux, le soleil écla-tant. Aucun signe fâcheux, rien qui fût de nature à attrister l'âme. D'ailleurs Ludovic était d'humeur à voir tout en beau et à envisager les choses à travers le prisme de son propre contentement. Comment s'y prit-il ? Par quel hasard se trompa-t-il de destination ? Ceux qui aiment ou qui ont aimé s'en rendront compte. Toujours est-il qu'au lieu de prendre le chemin de l'étude, il se dirigea vers la rue qu'habitait Marguerite, non pas qu'il voulût troubler son sommeil ni devancer l'heure à laquelle il devait être reçu mais il se faisait une fête de passer sous ses croisées et de les saluer d'un regard. Que si par hasard elle aussi s'était levée avec le soleil, il abrégerait les délais et irait reprendre cet entretien charmant inter-rompu la veille et qui devait désormais recommencer chaque jour. A l'âge de Ludovic, et dans les conditions où il se trouvait, les distances ne sont jamais longues. Il eut bientôt franchi celle qui le séparait du logement de sa future, et put s'assu-rer que rien n'y avait bougé. Il s'y attendait, et pourtant ce lui fut un petit désappointement bien vite réprimé. -Elle dort encore, se dit-il quoi de plus naturel? Pas-sons. Il poursuivit sa promenade en réglant son pas de manière à se retrouver d'heure en heure sur le même point. A cha-cun de ces retours, le coeur lui battait violemment, et il s'i-maginait de voir Marguerite en vedette et l'accueillant par un geste familier, illusion de bien courte durée, et qui s'éva-nouissait à mesure qu'il se rapprochait !... Cependant aucun soupçon ne se mêlait encore à son impatience il cherchait même à justifier ces retards. -Elle a abusé hier, disait-il. Elle porte la peine de son imprudence. Quand j'y songe, je suis étonné qu'elle ait pu me tenir tête si longtemps. Après trois heures de léthargie mortelle ! J'aurais dû l'en empêcher. Aussi elle paye cela aujourd'hui. Peut-être la force lui manque-t-elle pour se lever. Cependant le temps s'écoulait, et l'heure fixée la veille venait de sonner. Ludovic se présenta dans la maison. Per- | 27 | 0.012295 | 0.063084 |
227.txt | 1,857 | VIE DE L'ABBE NICOLLE 69 comme une mouche, au milieu des canonnades les plus vives et les plu s fréquentes bruyant, chantant im-pitoyablement, glapissant les plus beaux airs, fertile ce en citations les plus folles au milieu des coups défusil, et jugeant néanmoins de tout à merveille. La guerre ne l'enivre pas, mais il y est ardent de la plus jolie ar-deur. Il a déjà-été blessé deux fois. Toujours Français dans l'âme, il est Russe pour la subordination. Aima-ble, aimé de tout le monde, ce qui s'appelle un joli Français, un brave garçon, un seigneur de bon goût de la Cour de France, voilà ce qu'est Roger deDamas. Jaloux de se joindre à lui, Richelieu demandé à l'Im-pératrice l'honneur de la servir. Il reçoit aussitôt le commandement d'un des bataillons destinés à prendre d'assaut la ville d'Istnaïl, que défendent les Turcs. Bouillant de.courage, il s'avance avec ses soldats, que sa parole électrise, attaque l'ennemi dans une dé ses sorties, le culbute, le force de fuir, et facilite ainsi l'en-trée des Russes dans la ville. Ce haut fait lui mérita une épée à poignée d'or et le grade dé général-major. Richelieu quitta momentanément la Russie pour se rendre à l'armée des Princes, et combattit sous les or-dres du prince de Condé. Les événements le ramenèrent ensuite en Russie où l'Empereur Alexandre, qui s'était attaché à lui pendant qu'il n'était encore que grand-duc, le reçut avec la plus affectueuse bonté et lui confia le gouvernement de la Russie méridionale. Ce fut dès cette époque que Richelieu commence à | VIE DE L'ABBE NICOLLE 69 comme une mouche, au milieu des canonnades les plus vives et les plu s fréquentes bruyant, chantant im-@pitoyablement, glapissant les plus beaux airs, fertile ce en citations les plus folles au milieu des coups d@éfusil, et jugeant néanmoins de tout à merveille. La guerre ne l'enivre pas, mais il y est ardent de la plus jolie ar-@deur. Il a déjà-été blessé deux fois. Toujours Français dans l'âme, il est Russe pour la subordination. Aima-ble, aimé de tout le monde, ce qui s'appelle un joli Français, un brave garçon, un seigneur de bon goût de la Cour de France, voilà ce qu'est Roger deDamas. Jaloux de se joindre à lui, Richelieu demandé à l'Im-pératrice l'honneur de la servir. Il reçoit aussitôt le commandement d'un des bataillons destinés à prendre d'assaut la ville d'Istnaïl, que défendent les Turcs. Bouillant de.courage, il s'avance avec ses soldats, que sa parole électrise, attaque l'ennemi dans une dé ses sorties, le culbute, le force de fuir, et facilite ainsi l'en-trée des Russes dans la ville. Ce haut fait lui mérita une épée à poignée d'or et le grade dé général-major. Richelieu quitta momentanément la Russie pour se rendre à l'armée des Princes, et combattit sous les or-dres du prince de Condé. Les événements le ramenèrent ensuite en Russie où l'Empereur Alexandre, qui s'était attaché à lui pendant qu'il n'était encore que grand-duc, le reçut avec la plus affectueuse bonté et lui confia le gouvernement de la Russie méridionale. Ce fut dès cette époque que Richelieu commence à | ################################################################### les plus vives et les plu@s fréquentes bruyant, chantant im- pitoyablement, glapissant les plus beaux airs, fertil@@@e en citations les plus folles au milieu des coups de fusil, et jugeant néanmoins de tout à merveille. La guerre ne l'enivre pas, mais il y est ardent de la plus jolie ar- deur. Il a déjà-été blessé deux fois. Toujours Français dans l'âme, il est Russe pour la subordination. Aima-ble, aimé de tout le monde, ce qui s'appelle un joli Français, un brave garçon, un seigneur de bon goût de la Cour de France, voilà ce qu'est Roger deDamas. Jaloux de se joindre à lui, Richelieu demandé à l'Im-pératrice l'honneur de la servir. Il reçoit aussitôt le commandement d'un des bataillons destinés à prendre d'assaut la ville d'Is@maïl, que défendent les Turcs. Bouillant de courage, il s'avance avec ses soldats, que sa parole électrise, attaque l'ennemi dans une de ses sorties, le culbute, le force de fuir, et facilite ainsi l'en-trée des Russes dans la ville. Ce haut fait lui mérita une épée à poignée d'or et le grade dé général-major. Richelieu quitta momentanément la Russie pour se rendre à l'armée des Princes, et combattit sous les or-dres du prince de Condé. Les événements le ramenèrent ensuite en Russie où l'Empereur Alexandre, qui s'était attaché à lui pendant qu'il n'était encore que grand-duc, le reçut avec la plus affectueuse bonté et lui confia le gouvernement de la Russie méridionale. Ce fut dès cette époque que Richelieu commence à | VIE DE L'ABBE NICOLLE 69 comme une mouche, au milieu des canonnades les plus vives et les plu@s fréquentes bruyant, chantant im- pitoyablement, glapissant les plus beaux airs, fertil@@@e en citations les plus folles au milieu des coups de fusil, et jugeant néanmoins de tout à merveille. La guerre ne l'enivre pas, mais il y est ardent de la plus jolie ar- deur. Il a déjà-été blessé deux fois. Toujours Français dans l'âme, il est Russe pour la subordination. Aima-ble, aimé de tout le monde, ce qui s'appelle un joli Français, un brave garçon, un seigneur de bon goût de la Cour de France, voilà ce qu'est Roger deDamas. Jaloux de se joindre à lui, Richelieu demandé à l'Im-pératrice l'honneur de la servir. Il reçoit aussitôt le commandement d'un des bataillons destinés à prendre d'assaut la ville d'Is@maïl, que défendent les Turcs. Bouillant de courage, il s'avance avec ses soldats, que sa parole électrise, attaque l'ennemi dans une de ses sorties, le culbute, le force de fuir, et facilite ainsi l'en-trée des Russes dans la ville. Ce haut fait lui mérita une épée à poignée d'or et le grade dé général-major. Richelieu quitta momentanément la Russie pour se rendre à l'armée des Princes, et combattit sous les or-dres du prince de Condé. Les événements le ramenèrent ensuite en Russie où l'Empereur Alexandre, qui s'était attaché à lui pendant qu'il n'était encore que grand-duc, le reçut avec la plus affectueuse bonté et lui confia le gouvernement de la Russie méridionale. Ce fut dès cette époque que Richelieu commence à | VIE DE L'ABBE NICOLLE 69 comme une mouche, au milieu des canonnades les plus vives et les plus fréquentes bruyant, chantant im- pitoyablement, glapissant les plus beaux airs, fertile en citations les plus folles au milieu des coups de fusil, et jugeant néanmoins de tout à merveille. La guerre ne l'enivre pas, mais il y est ardent de la plus jolie ar- deur. Il a déjà-été blessé deux fois. Toujours Français dans l'âme, il est Russe pour la subordination. Aima-ble, aimé de tout le monde, ce qui s'appelle un joli Français, un brave garçon, un seigneur de bon goût de la Cour de France, voilà ce qu'est Roger deDamas. Jaloux de se joindre à lui, Richelieu demandé à l'Im-pératrice l'honneur de la servir. Il reçoit aussitôt le commandement d'un des bataillons destinés à prendre d'assaut la ville d'Ismaïl, que défendent les Turcs. Bouillant de courage, il s'avance avec ses soldats, que sa parole électrise, attaque l'ennemi dans une de ses sorties, le culbute, le force de fuir, et facilite ainsi l'en-trée des Russes dans la ville. Ce haut fait lui mérita une épée à poignée d'or et le grade dé général-major. Richelieu quitta momentanément la Russie pour se rendre à l'armée des Princes, et combattit sous les or-dres du prince de Condé. Les événements le ramenèrent ensuite en Russie où l'Empereur Alexandre, qui s'était attaché à lui pendant qu'il n'était encore que grand-duc, le reçut avec la plus affectueuse bonté et lui confia le gouvernement de la Russie méridionale. Ce fut dès cette époque que Richelieu commence à | 12 | 0.007848 | 0.041096 |
541.txt | 1,842 | 7 d'enfants, on ne peut se dissimuler que les mêmes causes, ep supprimant ou restreignant cette sorte de départ que la nature tend à exécuter dans le premier âge de la vie entre les sujets faibles et les sujets robustes, n'aient multiplié la proportion des pre-miers parmi la population adulte 1 . L'économie politique transcendante qui ne regarde pas le nombre comme le seul facteur essentiel de la puissance des nations et qui place avant lui l'énergie physique et morale des hommes, peut déplorer ce résultat , mais la religion et la philanthropie doivent s'en applaudir. Toutefois, de l'heureuse réduction apportée aux anciens chiffres de la mortalité par les progrès de la science, il naît pour les médecins et pour les gouver-nements une obligation nouvelle, le devoir de re-chercher les moyens d'atténuer les conséquences qui résultent pour respèce humaine, considérée relative-ment à son type et à sa vigueur physique, des influen-ces diverses que tendent à exercer sur elle l'extension des arts industriels d'une part, et de l'autre, la mul-tiplication des individus nativement débiles, soustraits 1 Non-seulement la variole éliminait en général la portion la plus débile de la population , mais il est encore probable qu'elle n'était pas sans influence quant au perfectionnement de la constitution chez les sujets qui avaient résisté à son atteinte. La dépuration qu'elle produi-sait dans les lluides de l'économie n'a pas été niée par les promoteurs les plus ardents de la vaccine car ils allèguent en faveur de celle-ci une action analogue, moins sujette à des éventualités périlleuses, mais , par compensation , moins étendue. Ainsi, en accordant qu'au point de vue individuel et humanitaire l'inoculation jennerienne a été un bienfait de l'art, on a pu tans paradoxe contester ses avantages sous le rapport d l'intérêt politique le plus élevé, celui de la puissance nationale. | 7 d'enfants, on ne peut se dissimuler que les mêmes causes, ep supprimant ou restreignant cette sorte de départ que la nature tend à exécuter dans le premier âge de la vie entre les sujets faibles et les sujets robustes, n'aient multiplié la proportion des pre-miers parmi la population adulte 1 . L'économie politique transcendante qui ne regarde pas le nombre comme le seul facteur essentiel de la puissance des nations et qui place avant lui l'énergie physique et morale des hommes, peut déplorer ce résultat , mais la religion et la philanthropie doivent s'en applaudir. Toutefois, de l'heureuse réduction apportée aux anciens chiffres de la mortalité par les progrès de la science, il naît pour les médecins et pour les gouver-nements une obligation nouvelle, le devoir de re-chercher les moyens d'atténuer les conséquences qui résultent pour @respèce humaine, considérée relative-ment à son type et à sa vigueur physique, des influen-ces diverses que tendent à exercer sur elle l'extension des arts industriels d'une part, et de l'autre, la mul-tiplication des individus nativement débiles, soustraits 1 Non-seulement la variole éliminait en général la portion la plus débile de la population , mais il est encore probable qu'elle n'était pas sans influence quant au perfectionnement de la constitution chez les sujets qui avaient résisté à son atteinte. La dépuration qu'elle produi-sait dans les lluides de l'économie n'a pas été niée par les promoteurs les plus ardents de la vaccine car ils allèguent en faveur de celle-ci une action analogue, moins sujette à des éventualités périlleuses, mais , par compensation , moins étendue. Ainsi, en accordant qu'au point de vue individuel et humanitaire l'inoculation jennerienne a été un bienfait de l'art, on a pu tans paradoxe contester ses avantages sous le rapport d@ l'intérêt politique le plus élevé, celui de la puissance nationale. | ############ on ne peut se dissimuler que les mêmes causes, en supprimant ou restreignant cette sorte de départ que la nature tend à exécuter dans le premier âge de la vie entre les sujets faibles et les sujets robustes, n'aient multiplié la proportion des pre-miers parmi la population adulte 1 . L'économie politique transcendante qui ne regarde pas le nombre comme le seul facteur essentiel de la puissance des nations et qui place avant lui l'énergie physique et morale des hommes, peut déplorer ce résultat@, mais la religion et la philanthropie doivent s'en applaudir. Toutefois, de l'heureuse réduction apportée aux anciens chiffres de la mor@alité par les progrès de la science, il naît pour les médecins et pour les gouver-nements une obligation nouvelle, le devoir de re-chercher les moyens d'atténuer les conséquences qui résultent pour l'espèce humaine, considérée relative-ment à son type et à sa vigueur physique, des influen-ces diverses que tendent à exercer sur elle l'extension des arts industriels d'une part, et de l'autre, la mul-tiplication des individus nativement débiles, soustraits 1 Non-seulement la variole éliminait en général la portion la plus débile de la population@, mais il est encore probable q@'elle n'était pas sans influence quant au perfectionnement de la constitution chez les sujets qui avaient résisté à son atteinte. La dépuration qu'elle produi-sait dans les fluides de l'économie n'a pas été niée par les promoteurs les plus ardents de la vaccine car ils allèguent en faveur de celle-ci une action analogue, moins sujette à des éventualités périlleuses, mais@, par compensation@, moins étendue. Ainsi, en accordant qu'au point de vue individuel et humanitaire l'inoculation jennerienne a été un bienfait de l'art, on a pu sans paradoxe contester ses avantages sous le rapport de l'intérêt politique le plus élevé, celui de la puissance nationale. | 7 d'enfants, on ne peut se dissimuler que les mêmes causes, en supprimant ou restreignant cette sorte de départ que la nature tend à exécuter dans le premier âge de la vie entre les sujets faibles et les sujets robustes, n'aient multiplié la proportion des pre-miers parmi la population adulte 1 . L'économie politique transcendante qui ne regarde pas le nombre comme le seul facteur essentiel de la puissance des nations et qui place avant lui l'énergie physique et morale des hommes, peut déplorer ce résultat@, mais la religion et la philanthropie doivent s'en applaudir. Toutefois, de l'heureuse réduction apportée aux anciens chiffres de la mor@alité par les progrès de la science, il naît pour les médecins et pour les gouver-nements une obligation nouvelle, le devoir de re-chercher les moyens d'atténuer les conséquences qui résultent pour l'espèce humaine, considérée relative-ment à son type et à sa vigueur physique, des influen-ces diverses que tendent à exercer sur elle l'extension des arts industriels d'une part, et de l'autre, la mul-tiplication des individus nativement débiles, soustraits 1 Non-seulement la variole éliminait en général la portion la plus débile de la population@, mais il est encore probable q@'elle n'était pas sans influence quant au perfectionnement de la constitution chez les sujets qui avaient résisté à son atteinte. La dépuration qu'elle produi-sait dans les fluides de l'économie n'a pas été niée par les promoteurs les plus ardents de la vaccine car ils allèguent en faveur de celle-ci une action analogue, moins sujette à des éventualités périlleuses, mais@, par compensation@, moins étendue. Ainsi, en accordant qu'au point de vue individuel et humanitaire l'inoculation jennerienne a été un bienfait de l'art, on a pu sans paradoxe contester ses avantages sous le rapport de l'intérêt politique le plus élevé, celui de la puissance nationale. | 7 d'enfants, on ne peut se dissimuler que les mêmes causes, en supprimant ou restreignant cette sorte de départ que la nature tend à exécuter dans le premier âge de la vie entre les sujets faibles et les sujets robustes, n'aient multiplié la proportion des pre-miers parmi la population adulte 1 . L'économie politique transcendante qui ne regarde pas le nombre comme le seul facteur essentiel de la puissance des nations et qui place avant lui l'énergie physique et morale des hommes, peut déplorer ce résultat, mais la religion et la philanthropie doivent s'en applaudir. Toutefois, de l'heureuse réduction apportée aux anciens chiffres de la moralité par les progrès de la science, il naît pour les médecins et pour les gouver-nements une obligation nouvelle, le devoir de re-chercher les moyens d'atténuer les conséquences qui résultent pour l'espèce humaine, considérée relative-ment à son type et à sa vigueur physique, des influen-ces diverses que tendent à exercer sur elle l'extension des arts industriels d'une part, et de l'autre, la mul-tiplication des individus nativement débiles, soustraits 1 Non-seulement la variole éliminait en général la portion la plus débile de la population, mais il est encore probable q'elle n'était pas sans influence quant au perfectionnement de la constitution chez les sujets qui avaient résisté à son atteinte. La dépuration qu'elle produi-sait dans les fluides de l'économie n'a pas été niée par les promoteurs les plus ardents de la vaccine car ils allèguent en faveur de celle-ci une action analogue, moins sujette à des éventualités périlleuses, mais, par compensation, moins étendue. Ainsi, en accordant qu'au point de vue individuel et humanitaire l'inoculation jennerienne a été un bienfait de l'art, on a pu sans paradoxe contester ses avantages sous le rapport de l'intérêt politique le plus élevé, celui de la puissance nationale. | 12 | 0.006363 | 0.024768 |
555.txt | 1,886 | 14 L'ART DE MAGNÉTISER La Bible appelle les prophètes, indifféremment, prophètes, voyants, visionnaires, extatiques, songeurs les uns inspirés, par l'esprit de Dieu, les autres obéissant à un esprit de mensonge, et qu'on appelait faux prophètes. Or, tout me semble indiquer que les prophètes ou voyants étaient de véritables extatiques somnambules, les uns de bomïe foi, les autres mêlant un peu de charlatanisme dans leurs spéculations, tout comme aujourd'hui. Joël ch. II, v. 28 dit que le nombre des prophètes chez les Hébreux et même chez les peuples voisins était immense sans compter les prophètes du Seigneur, nous voyons, près d'Achab, sept cents prophètes de Baal. Hommes, femmes, jeunes, vieux, tous prophétisaient, comme au temps des dragonnades, sous Louis XIV, chez les trembleurs des Cévennes, où les enfants même faisaient des prédictions. Quancl l'esprit prophétique ne les portait pas vers les choses saintes, ils en faisaient usage pour les choses ordi-naires de la vie. Ils guérissaient les malades ou faisaient retrouver les objets perdus. On disait Allons consulter le voyant, comme le prouve l'exemple de Saül, qui, ayant perdu les ânesses de son père, venait consulter Samuel et lui apportait le petit salaire usité en ce cas I Samuel, ch. ix, v. 17 . En Egypte, les prêtres qui étaient préposés à tout ce qui était religion, sciences et arts, avaient acquis sur la ques-tion que nous traitons des notions plus complètes que celles que nous possédons aujourd'hui. Si les oeuvres des médecins d'Egypte ne sont pas arrivées jusqu'aux modernes, on ne doute pas que ce ne soit près d'eux que les médecins grecs avaient puisé une partie de leur science, puisque plusieurs monuments de la reconnais-sance des malades égyptiens ont été conservés par les Grecs et même par les Romains. En Égypte, ceux qui obtenaient la guérison de leurs maux déposaient dans les temples des tablettes sur lesquelles ils indiquaient la nature de la maladie et le remède qui avait opéré la guérison. Les Grecs ont emporté dans leur pays un grand nombre | 14 L'ART DE MAGNÉTISER La Bible appelle les prophètes, indifféremment, prophètes, voyants, visionnaires, extatiques, songeurs les uns inspirés, par l'esprit de Dieu, les autres obéissant à un esprit de mensonge, et qu'on appelait faux prophètes. Or, tout me semble indiquer que les prophètes ou voyants étaient de véritables extatiques somnambules, les uns de bomïe foi, les autres mêlant un peu de charlatanisme dans leurs spéculations, tout comme aujourd'hui. Joël ch. II, v. 28 dit que le nombre des prophètes chez les Hébreux et même chez les peuples voisins était immense sans compter les prophètes du Seigneur, nous voyons, près d'Achab, sept cents prophètes de Baal. Hommes, femmes, jeunes, vieux, tous prophétisaient, comme au temps des dragonnades, sous Louis XIV, chez les trembleurs des Cévennes, où les enfants même faisaient des prédictions. Quancl l'esprit prophétique ne les portait pas vers les choses saintes, ils en faisaient usage pour les choses ordi-naires de la vie. Ils guérissaient les malades ou faisaient retrouver les objets perdus. On disait Allons consulter le voyant, comme le prouve l'exemple de Saül, qui, ayant perdu les ânesses de son père, venait consulter Samuel et lui apportait le petit salaire usité en ce cas I Samuel, ch. ix, v. 17 . En Egypte, les prêtres qui étaient préposés à tout ce qui était religion, sciences et arts, avaient acquis sur la ques-tion que nous traitons des notions plus complètes que celles que nous possédons aujourd'hui. Si les oeuvres des médecins d'Egypte ne sont pas arrivées jusqu'aux modernes, on ne doute pas que ce ne soit près d'eux que les médecins grecs avaient puisé une partie de leur science, puisque plusieurs monuments de la reconnais-sance des malades égyptiens ont été conservés par les Grecs et même par les Romains. En Égypte, ceux qui obtenaient la guérison de leurs maux déposaient dans les temples des tablettes sur lesquelles ils indiquaient la nature de la maladie et le remède qui avait opéré la guérison. Les Grecs ont emporté dans leur pays un grand nombre | 14 L'ART DE MAGNÉTISER La Bible appelle les prophètes, indifféremment, prophètes, voyants, visionnaires, extatiques, songeurs les uns inspirés, par l'esprit de Dieu, les autres obéissant à un esprit de mensonge, et qu'on appelait faux prophètes. Or, tout me semble indiquer que les prophètes ou voyants étaient de véritables extatiques somnambules, les uns de bonne foi, les autres mêlant un peu de charlatanisme dans leurs spéculations, tout comme aujourd'hui. Joël ch. II, V. 28 dit que le nombre des prophètes chez les Hébreux et même chez les peuples voisins était immense sans compter les prophètes du Seigneur, nous voyons, près d'Achab, sept cents prophètes de Baal. Hommes, femmes, jeunes, vieux, tous prophétisaient, comme au temps des dragonnades, sous Louis XIV, chez les trembleurs des Cévennes, où les enfants même faisaient des prédictions. Quan@d l'esprit prophétique ne les portait pas vers les choses saintes, ils en faisaient usage pour les choses ordi-naires de la vie. Ils guérissaient les malades ou faisaient retrouver les objets perdus. On disait Allons consulter le voyant, comme le prouve l'exemple de Saül, qui, ayant perdu les ânesses de son père, venait consulter Samuel et lui apportait le petit salaire usité en ce cas I Samuel, ch. IX, v. 17 . En Egypte, les prêtres qui étaient préposés à tout ce qui était religion, sciences et arts, avaient acquis sur la ques-tion que nous traitons des notions plus complètes que celles que nous possédons aujourd'hui. Si les oeuvres des médecins d'Égypte ne sont pas arrivées jusqu'aux modernes, on ne doute pas que ce ne soit près d'eux que les médecins grecs avaient puisé une partie de leur science, puisque plusieurs monuments de la reconnais-sance des malades égyptiens ont été conservés par les Grecs et même par les Romains. En Égypte, ceux qui obtenaient la guérison de leurs maux déposaient dans les temples des tablettes sur lesquelles ils indiquaient la nature de la maladie et le remède qui avait opéré la guérison. Les Grecs ont emporté dans leur pays un grand nombre | 14 L'ART DE MAGNÉTISER La Bible appelle les prophètes, indifféremment, prophètes, voyants, visionnaires, extatiques, songeurs les uns inspirés, par l'esprit de Dieu, les autres obéissant à un esprit de mensonge, et qu'on appelait faux prophètes. Or, tout me semble indiquer que les prophètes ou voyants étaient de véritables extatiques somnambules, les uns de bonne foi, les autres mêlant un peu de charlatanisme dans leurs spéculations, tout comme aujourd'hui. Joël ch. II, V. 28 dit que le nombre des prophètes chez les Hébreux et même chez les peuples voisins était immense sans compter les prophètes du Seigneur, nous voyons, près d'Achab, sept cents prophètes de Baal. Hommes, femmes, jeunes, vieux, tous prophétisaient, comme au temps des dragonnades, sous Louis XIV, chez les trembleurs des Cévennes, où les enfants même faisaient des prédictions. Quan@d l'esprit prophétique ne les portait pas vers les choses saintes, ils en faisaient usage pour les choses ordi-naires de la vie. Ils guérissaient les malades ou faisaient retrouver les objets perdus. On disait Allons consulter le voyant, comme le prouve l'exemple de Saül, qui, ayant perdu les ânesses de son père, venait consulter Samuel et lui apportait le petit salaire usité en ce cas I Samuel, ch. IX, v. 17 . En Egypte, les prêtres qui étaient préposés à tout ce qui était religion, sciences et arts, avaient acquis sur la ques-tion que nous traitons des notions plus complètes que celles que nous possédons aujourd'hui. Si les oeuvres des médecins d'Égypte ne sont pas arrivées jusqu'aux modernes, on ne doute pas que ce ne soit près d'eux que les médecins grecs avaient puisé une partie de leur science, puisque plusieurs monuments de la reconnais-sance des malades égyptiens ont été conservés par les Grecs et même par les Romains. En Égypte, ceux qui obtenaient la guérison de leurs maux déposaient dans les temples des tablettes sur lesquelles ils indiquaient la nature de la maladie et le remède qui avait opéré la guérison. Les Grecs ont emporté dans leur pays un grand nombre | 14 L'ART DE MAGNÉTISER La Bible appelle les prophètes, indifféremment, prophètes, voyants, visionnaires, extatiques, songeurs les uns inspirés, par l'esprit de Dieu, les autres obéissant à un esprit de mensonge, et qu'on appelait faux prophètes. Or, tout me semble indiquer que les prophètes ou voyants étaient de véritables extatiques somnambules, les uns de bonne foi, les autres mêlant un peu de charlatanisme dans leurs spéculations, tout comme aujourd'hui. Joël ch. II, V. 28 dit que le nombre des prophètes chez les Hébreux et même chez les peuples voisins était immense sans compter les prophètes du Seigneur, nous voyons, près d'Achab, sept cents prophètes de Baal. Hommes, femmes, jeunes, vieux, tous prophétisaient, comme au temps des dragonnades, sous Louis XIV, chez les trembleurs des Cévennes, où les enfants même faisaient des prédictions. Quand l'esprit prophétique ne les portait pas vers les choses saintes, ils en faisaient usage pour les choses ordi-naires de la vie. Ils guérissaient les malades ou faisaient retrouver les objets perdus. On disait Allons consulter le voyant, comme le prouve l'exemple de Saül, qui, ayant perdu les ânesses de son père, venait consulter Samuel et lui apportait le petit salaire usité en ce cas I Samuel, ch. IX, v. 17 . En Egypte, les prêtres qui étaient préposés à tout ce qui était religion, sciences et arts, avaient acquis sur la ques-tion que nous traitons des notions plus complètes que celles que nous possédons aujourd'hui. Si les oeuvres des médecins d'Égypte ne sont pas arrivées jusqu'aux modernes, on ne doute pas que ce ne soit près d'eux que les médecins grecs avaient puisé une partie de leur science, puisque plusieurs monuments de la reconnais-sance des malades égyptiens ont été conservés par les Grecs et même par les Romains. En Égypte, ceux qui obtenaient la guérison de leurs maux déposaient dans les temples des tablettes sur lesquelles ils indiquaient la nature de la maladie et le remède qui avait opéré la guérison. Les Grecs ont emporté dans leur pays un grand nombre | 8 | 0.003906 | 0.020942 |
233.txt | 1,845 | -12 -parole qu'on lui avait donnée fut bientôt retirée ce père, plein de tendresse et d'estime pour son fils, mais trop sensible aux intérêts temporels, trouva des prétextes pour se dispenser de ré-pondre encore à ses voeux. Les difficultés que l'on opposait à la vocation du jeune Musart ne firent qu'enflammer le désir qu'il avait de se donner entièrement a. Dieu il crut enfin en avoir trouvé l'occasion. Ayant appris, dans la même année, qu'il pourrait être reçu dans un couvent de Récollets, à Yerdun, il partit en toute diligence mais il trouva quel-ques obstacles à son admission, et revint avec le chagrin de n'avoir pas réussi, quoique toujours ferme dans la résolution d'être à Dieu. Enfin ses parents, vaincus par sa persévé-rance, craignirent de résister plus longtemps à la volonté divine, et quoique la mort leur eût nouvellement enlevé le plus jeune de leurs fils, ils consentirent à ce que leur aîné, premier sou-tien de la famille, s'en séparât pour entrer dans la carrière des études. Il avait alors vingt-trois ans. Un âge aussi avancé eût été pour Jbien d'autres un obstacle insurmontable ce ne fut pour lui qu'un nouvel aiguillon qui le pressait sans cesse de réparer par le travail les années de sa jeunesse qui s'étaient écoulées sans aucun fruit pour son instruction. On le plaça d'abord | -12 -parole qu'on lui avait donnée fut bientôt retirée ce père, plein de tendresse et d'estime pour son fils, mais trop sensible aux intérêts temporels, trouva des prétextes pour se dispenser de ré-pondre encore à ses voeux. Les difficultés que l'on opposait à la vocation du jeune Musart ne firent qu'enflammer le désir qu'il avait de se donner entièrement a. Dieu il crut enfin en avoir trouvé l'occasion. Ayant appris, dans la même année, qu'il pourrait être reçu dans un couvent de Récollets, à Yerdun, il partit en toute diligence mais il trouva quel-ques obstacles à son admission, et revint avec le chagrin de n'avoir pas réussi, quoique toujours ferme dans la résolution d'être à Dieu. Enfin ses parents, vaincus par sa persévé-rance, craignirent de résister plus longtemps à la volonté divine, et quoique la mort leur eût nouvellement enlevé le plus jeune de leurs fils, ils consentirent à ce que leur aîné, premier sou-tien de la famille, s'en séparât pour entrer dans la carrière des études. Il avait alors vingt-trois ans. Un âge aussi avancé eût été pour Jbien d'autres un obstacle insurmontable ce ne fut pour lui qu'un nouvel aiguillon qui le pressait sans cesse de réparer par le travail les années de sa jeunesse qui s'étaient écoulées sans aucun fruit pour son instruction. On le plaça d'abord | ########### qu'on lui avait donnée fut bientôt retirée ce père, plein de tendresse et d'estime pour son fils, mais trop sensible aux intérêts temporels, trouva des prétextes pour se dispenser de ré-pondre encore à ses voeux. Les difficultés que l'on opposait à la vocation du jeune Musart ne firent qu'enflammer le désir qu'il avait de se donner entièrement @à Dieu il crut enfin en avoir trouvé l'occasion. Ayant appris, dans la même année, qu'il pourrait être reçu dans un couvent de Récollets, à Verdun, il partit en toute diligence mais il trouva quel-ques obstacles à son admission, et revint avec le chagrin de n'avoir pas réussi, quoique toujours ferme dans la résolution d'être à Dieu. Enfin ses parents, vaincus par sa persévé-rance, craignirent de résister plus longtemps à la volonté divine, et quoique la mort leur eût nouvellement enlevé le plus jeune de leurs fils, ils consentirent à ce que leur aîné, premier sou-tien de la famille, s'en séparât pour entrer dans la carrière des études. Il avait alors vingt-trois ans. Un âge aussi avancé eût été pour @bien d'autres un obstacle insurmontable ce ne fut pour lui qu'un nouvel aiguillon qui le pressait sans cesse de réparer par le travail les années de sa jeunesse qui s'étaient écoulées sans aucun fruit pour son instruction. On le plaça d'abord | -12 -parole qu'on lui avait donnée fut bientôt retirée ce père, plein de tendresse et d'estime pour son fils, mais trop sensible aux intérêts temporels, trouva des prétextes pour se dispenser de ré-pondre encore à ses voeux. Les difficultés que l'on opposait à la vocation du jeune Musart ne firent qu'enflammer le désir qu'il avait de se donner entièrement @à Dieu il crut enfin en avoir trouvé l'occasion. Ayant appris, dans la même année, qu'il pourrait être reçu dans un couvent de Récollets, à Verdun, il partit en toute diligence mais il trouva quel-ques obstacles à son admission, et revint avec le chagrin de n'avoir pas réussi, quoique toujours ferme dans la résolution d'être à Dieu. Enfin ses parents, vaincus par sa persévé-rance, craignirent de résister plus longtemps à la volonté divine, et quoique la mort leur eût nouvellement enlevé le plus jeune de leurs fils, ils consentirent à ce que leur aîné, premier sou-tien de la famille, s'en séparât pour entrer dans la carrière des études. Il avait alors vingt-trois ans. Un âge aussi avancé eût été pour @bien d'autres un obstacle insurmontable ce ne fut pour lui qu'un nouvel aiguillon qui le pressait sans cesse de réparer par le travail les années de sa jeunesse qui s'étaient écoulées sans aucun fruit pour son instruction. On le plaça d'abord | -12 -parole qu'on lui avait donnée fut bientôt retirée ce père, plein de tendresse et d'estime pour son fils, mais trop sensible aux intérêts temporels, trouva des prétextes pour se dispenser de ré-pondre encore à ses voeux. Les difficultés que l'on opposait à la vocation du jeune Musart ne firent qu'enflammer le désir qu'il avait de se donner entièrement à Dieu il crut enfin en avoir trouvé l'occasion. Ayant appris, dans la même année, qu'il pourrait être reçu dans un couvent de Récollets, à Verdun, il partit en toute diligence mais il trouva quel-ques obstacles à son admission, et revint avec le chagrin de n'avoir pas réussi, quoique toujours ferme dans la résolution d'être à Dieu. Enfin ses parents, vaincus par sa persévé-rance, craignirent de résister plus longtemps à la volonté divine, et quoique la mort leur eût nouvellement enlevé le plus jeune de leurs fils, ils consentirent à ce que leur aîné, premier sou-tien de la famille, s'en séparât pour entrer dans la carrière des études. Il avait alors vingt-trois ans. Un âge aussi avancé eût été pour bien d'autres un obstacle insurmontable ce ne fut pour lui qu'un nouvel aiguillon qui le pressait sans cesse de réparer par le travail les années de sa jeunesse qui s'étaient écoulées sans aucun fruit pour son instruction. On le plaça d'abord | 4 | 0.003056 | 0.016598 |
569.txt | 1,886 | LES FLUIDES MAGNÉTIQUES MINÉRAL ET ANIMAL 35 jusqu'à la boule, à laquelle on peut imprimer à volonté tel ou tel mouvement dans tel ou tel sens. J'ai déjà dit, à propos de l'anneau magique qui agit de la même manière, que cette expérience n'est point convain-cante, faite dans les conditions indiquées. M. l'abbé Lou-bert 1 , comprenant que les effets de cette espèce d'électro-mètre magnétique peuvent être facilement attribués à un mouvement imperceptible de la main ou des doigts, s'est servi d'une autre méthode pendant qu'une personne tenait le fil du pendule, il posait ses doigts sur ceux de cette per-sonne, et alors il obtenait le même résultat. Cette expérience n'était pas plus exacte que les premières, et ne pouvait être convaincante, car il y a toujours chez l'homme une espèce de petite vibration causée par la circu-lation du sang, et qui, sous l'empire de l'idée connue, vient en aide à l'expérience et M. Loubert pouvait, dans cette position, être le plus fort, puisqu'il devait y mettre plus de volonté et par conséquent avoir plus de tremblement. Il n'est qu'une seule manière concluante de faire cette expérience. Il faut prendre une aiguille de cuivre, de platine, d'or ou d'argent, percée au milieu la suspendre horizontalement par un fil de soie non filé, dans un vase en verre, de vingt à trente centimètres de hauteur, hermétiquement fermé. Puis alors, vouloir agir sur cette aiguille, en présentant à une de ses pointes, le bout des doigts à travers le verre, à une distance de cinq à dix centimètres. Sous l'influence magnétique, on verra l'aiguille tourner à droite ou à gauche suivant la volonté de l'expérimentateur. Voulant arriver à prouver d'une manière péremptoire non seulement l'existence, la force, la puissance du fluide magné-tique animal, mais encore son analogie avec le fluide magné-tique minéral, avec lequel il me présentait plus de similitude, par les attractions que j'obtenais sur les corps vivants, j'ai pensé qu'il devait avoir aussi une action sur la matière. J'ai 1 LOUBERT, le Magnétisme et le Somnambulisme devant les corps savants, la cour de Rome et les théologiens 1844, 4 vol. in-8. | LES FLUIDES MAGNÉTIQUES MINÉRAL ET ANIMAL 35 jusqu'à la boule, à laquelle on peut imprimer à volonté tel ou tel mouvement dans tel ou tel sens. J'ai déjà dit, à propos de l'anneau magique qui agit de la même manière, que cette expérience n'est point convain-cante, faite dans les conditions indiquées. M. l'abbé Lou-bert 1 , comprenant que les effets de cette espèce d'électro-mètre magnétique peuvent être facilement attribués à un mouvement imperceptible de la main ou des doigts, s'est servi d'une autre méthode pendant qu'une personne tenait le fil du pendule, il posait ses doigts sur ceux de cette per-sonne, et alors il obtenait le même résultat. Cette expérience n'était pas plus exacte que les premières, et ne pouvait être convaincante, car il y a toujours chez l'homme une espèce de petite vibration causée par la circu-lation du sang, et qui, sous l'empire de l'idée connue, vient en aide à l'expérience et M. Loubert pouvait, dans cette position, être le plus fort, puisqu'il devait y mettre plus de volonté et par conséquent avoir plus de tremblement. Il n'est qu'une seule manière concluante de faire cette expérience. Il faut prendre une aiguille de cuivre, de platine, d'or ou d'argent, percée au milieu la suspendre horizontalement par un fil de soie non filé, dans un vase en verre, de vingt à trente centimètres de hauteur, hermétiquement fermé. Puis alors, vouloir agir sur cette aiguille, en présentant à une de ses pointes, le bout des doigts à travers le verre, à une distance de cinq à dix centimètres. Sous l'influence magnétique, on verra l'aiguille tourner à droite ou à gauche suivant la volonté de l'expérimentateur. Voulant arriver à prouver d'une manière péremptoire non seulement l'existence, la force, la puissance du fluide magné-tique animal, mais encore son analogie avec le fluide magné-tique minéral, avec lequel il me présentait plus de similitude, par les attractions que j'obtenais sur les corps vivants, j'ai pensé qu'il devait avoir aussi une action sur la matière. J'ai 1 LOUBERT, le Magnétisme et le Somnambulisme devant les corps savants, la cour de Rome et les théologiens 1844, 4 vol. in-8. | LES FLUIDES MAGNÉTIQUES MINÉRAL ET ANIMAL 35 jusqu'à la boule, à laquelle on peut imprimer à volonté tel ou tel mouvement dans tel ou tel sens. J'ai déjà dit, à propos de l'anneau magique qui agit de la même manière, que cette expérience n'est point convain-cante, faite dans les conditions indiquées. M. l'abbé Lou-bert 1 , comprenant que les effets de cette espèce d'électro-mètre magnétique peuvent être facilement attribués à un mouvement imperceptible de la main ou des doigts, s'est servi d'une autre méthode pendant qu'une personne tenait le fil du pendule, il posait ses doigts sur ceux de cette per-sonne, et alors il obtenait le même résultat. Cette expérience n'était pas plus exacte que les premières, et ne pouvait être convaincante, car il y a toujours chez l'homme une espèce de petite vibration causée par la circu-lation du sang, et qui, sous l'empire de l'idée connue, vient en aide à l'expérience et M. Loubert pouvait, dans cette position, être le plus fort, puisqu'il devait y mettre plus de volonté et par conséquent avoir plus de tremblement. Il n'est qu'une seule manière concluante de faire cette expérience. Il faut prendre une aiguille de cuivre, de platine, d'or ou d'argent, percée au milieu la suspendre horizontalement par un fil de soie non filé, dans un vase en verre, de vingt à trente centimètres de hauteur, hermétiquement fermé. Puis alors, vouloir agir sur cette aiguille, en présentant à une de ses pointes, le bout des doigts à travers le verre, à une distance de cinq à dix centimètres. Sous l'influence magnétique, on verra l'aiguille tourner à droite ou à gauche suivant la volonté de l'expérimentateur. Voulant arriver à prouver d'une manière péremptoire non seulement l'existence, la force, la puissance du fluide magné-tique animal, mais encore son analogie avec le fluide magné-tique minéral, avec lequel il me présentait plus de similitude, par les attractions que j'obtenais sur les corps vivants, j'ai pensé qu'il devait avoir aussi une action sur la matière. J'ai 1 LOUBERT, le Magnétisme et le Somnambulisme devant les corps savants, la cour de Rome et les théologiens 1814, 4 vol. in-8. | LES FLUIDES MAGNÉTIQUES MINÉRAL ET ANIMAL 35 jusqu'à la boule, à laquelle on peut imprimer à volonté tel ou tel mouvement dans tel ou tel sens. J'ai déjà dit, à propos de l'anneau magique qui agit de la même manière, que cette expérience n'est point convain-cante, faite dans les conditions indiquées. M. l'abbé Lou-bert 1 , comprenant que les effets de cette espèce d'électro-mètre magnétique peuvent être facilement attribués à un mouvement imperceptible de la main ou des doigts, s'est servi d'une autre méthode pendant qu'une personne tenait le fil du pendule, il posait ses doigts sur ceux de cette per-sonne, et alors il obtenait le même résultat. Cette expérience n'était pas plus exacte que les premières, et ne pouvait être convaincante, car il y a toujours chez l'homme une espèce de petite vibration causée par la circu-lation du sang, et qui, sous l'empire de l'idée connue, vient en aide à l'expérience et M. Loubert pouvait, dans cette position, être le plus fort, puisqu'il devait y mettre plus de volonté et par conséquent avoir plus de tremblement. Il n'est qu'une seule manière concluante de faire cette expérience. Il faut prendre une aiguille de cuivre, de platine, d'or ou d'argent, percée au milieu la suspendre horizontalement par un fil de soie non filé, dans un vase en verre, de vingt à trente centimètres de hauteur, hermétiquement fermé. Puis alors, vouloir agir sur cette aiguille, en présentant à une de ses pointes, le bout des doigts à travers le verre, à une distance de cinq à dix centimètres. Sous l'influence magnétique, on verra l'aiguille tourner à droite ou à gauche suivant la volonté de l'expérimentateur. Voulant arriver à prouver d'une manière péremptoire non seulement l'existence, la force, la puissance du fluide magné-tique animal, mais encore son analogie avec le fluide magné-tique minéral, avec lequel il me présentait plus de similitude, par les attractions que j'obtenais sur les corps vivants, j'ai pensé qu'il devait avoir aussi une action sur la matière. J'ai 1 LOUBERT, le Magnétisme et le Somnambulisme devant les corps savants, la cour de Rome et les théologiens 1814, 4 vol. in-8. | LES FLUIDES MAGNÉTIQUES MINÉRAL ET ANIMAL 35 jusqu'à la boule, à laquelle on peut imprimer à volonté tel ou tel mouvement dans tel ou tel sens. J'ai déjà dit, à propos de l'anneau magique qui agit de la même manière, que cette expérience n'est point convain-cante, faite dans les conditions indiquées. M. l'abbé Lou-bert 1 , comprenant que les effets de cette espèce d'électro-mètre magnétique peuvent être facilement attribués à un mouvement imperceptible de la main ou des doigts, s'est servi d'une autre méthode pendant qu'une personne tenait le fil du pendule, il posait ses doigts sur ceux de cette per-sonne, et alors il obtenait le même résultat. Cette expérience n'était pas plus exacte que les premières, et ne pouvait être convaincante, car il y a toujours chez l'homme une espèce de petite vibration causée par la circu-lation du sang, et qui, sous l'empire de l'idée connue, vient en aide à l'expérience et M. Loubert pouvait, dans cette position, être le plus fort, puisqu'il devait y mettre plus de volonté et par conséquent avoir plus de tremblement. Il n'est qu'une seule manière concluante de faire cette expérience. Il faut prendre une aiguille de cuivre, de platine, d'or ou d'argent, percée au milieu la suspendre horizontalement par un fil de soie non filé, dans un vase en verre, de vingt à trente centimètres de hauteur, hermétiquement fermé. Puis alors, vouloir agir sur cette aiguille, en présentant à une de ses pointes, le bout des doigts à travers le verre, à une distance de cinq à dix centimètres. Sous l'influence magnétique, on verra l'aiguille tourner à droite ou à gauche suivant la volonté de l'expérimentateur. Voulant arriver à prouver d'une manière péremptoire non seulement l'existence, la force, la puissance du fluide magné-tique animal, mais encore son analogie avec le fluide magné-tique minéral, avec lequel il me présentait plus de similitude, par les attractions que j'obtenais sur les corps vivants, j'ai pensé qu'il devait avoir aussi une action sur la matière. J'ai 1 LOUBERT, le Magnétisme et le Somnambulisme devant les corps savants, la cour de Rome et les théologiens 1814, 4 vol. in-8. | 1 | 0.000468 | 0.002506 |
582.txt | 1,886 | 70 L'ART DE MAGNÉTISER membres du parlement et quelques savants, de magnétiser son domestique j'acceptai. On le fit entrer et asseoir, sans le prévenir de ce qu'on voulait lui faire. Après vingt minutes, le croyant magnétisé, je lui adressai une question mais il ne me répondit pas. Le docteur crut que c'était parce qu'il ne comprenait pas le français mais à la question qu'il lui fit, il ne reçut pas de réponse. Ce garçon était devenu statue, mais il ne dormait pas il entendait, mais il ne pouvait parler ni mouvoir un bras, une jambe, ni même un doigt il était entièrement paralysé. Je lui dégageai les yeux et les mâchoires, afin qu'il pût répondre, mais en laissant paralysé tout le reste du corps. Alors il put nous dire qu'il n'avait pas dormi, qu'ayant été plusieurs fois sur le point de céder au sommeil, les quelques paroles que l'on échangeait de temps en temps, quoique à voix basse, l'en avaient constamment empêché. Plusieurs fois il avait voulu nous le dire, et il n'avait jamais pu parler il-avait voulu aussi se lever et s'enfuir, mais cela lui avait été également impossible maintenant il faisait tous ses efforts pour lever les mains, et il ne le pouvait pas. Le docteur Mayo lui ordonna impérativement de se lever il fit un violent effort, mais il ne bougea pas. Sa figure exprimait la frayeur. Je lui dégageai une main, puis un pied alors il commença à sourire. Je lui pris le bras que j'avais dégagé, je le cataleptisai et le piquai sans qu'il le sentît les traits de sa figure se bouleversèrent, la frayeur se répandit sur toute sa physionomie je le dégageai com-plètement. Lorsqu'il put remuer, il prit la fuite en s'écriant T'is the devil that man ! c'est le diable que cet homme ! Il ne reparut plus le soir pour faire son service, et le docteur ne put jamais le décider à revenir au salon. Quelques jours après, je sonnai à la porte du docteur, ce fut ce domestique .qui vint m'ouvrir mais, aussitôt qu'il m'aperçut, il se sauva, me laissant là, sans me répondre. Il nous avait accusé la sensation du fluide en petites secousses, dans tout le corps. Pour produire cet effet, j'avais tenu les pouces pendant vingt minutes sans faire | 70 L'ART DE MAGNÉTISER membres du parlement et quelques savants, de magnétiser son domestique j'acceptai. On le fit entrer et asseoir, sans le prévenir de ce qu'on voulait lui faire. Après vingt minutes, le croyant magnétisé, je lui adressai une question mais il ne me répondit pas. Le docteur crut que c'était parce qu'il ne comprenait pas le français mais à la question qu'il lui fit, il ne reçut pas de réponse. Ce garçon était devenu statue, mais il ne dormait pas il entendait, mais il ne pouvait parler ni mouvoir un bras, une jambe, ni même un doigt il était entièrement paralysé. Je lui dégageai les yeux et les mâchoires, afin qu'il pût répondre, mais en laissant paralysé tout le reste du corps. Alors il put nous dire qu'il n'avait pas dormi, qu'ayant été plusieurs fois sur le point de céder au sommeil, les quelques paroles que l'on échangeait de temps en temps, quoique à voix basse, l'en avaient constamment empêché. Plusieurs fois il avait voulu nous le dire, et il n'avait jamais pu parler il-avait voulu aussi se lever et s'enfuir, mais cela lui avait été également impossible maintenant il faisait tous ses efforts pour lever les mains, et il ne le pouvait pas. Le docteur Mayo lui ordonna impérativement de se lever il fit un violent effort, mais il ne bougea pas. Sa figure exprimait la frayeur. Je lui dégageai une main, puis un pied alors il commença à sourire. Je lui pris le bras que j'avais dégagé, je le cataleptisai et le piquai sans qu'il le sentît les traits de sa figure se bouleversèrent, la frayeur se répandit sur toute sa physionomie je le dégageai com-plètement. Lorsqu'il put remuer, il prit la fuite en s'écriant T'is the devil that man ! c'est le diable que cet homme ! Il ne reparut plus le soir pour faire son service, et le docteur ne put jamais le décider à revenir au salon. Quelques jours après, je sonnai à la porte du docteur, ce fut ce domestique .qui vint m'ouvrir mais, aussitôt qu'il m'aperçut, il se sauva, me laissant là, sans me répondre. Il nous avait accusé la sensation du fluide en petites secousses, dans tout le corps. Pour produire cet effet, j'avais tenu les pouces pendant vingt minutes sans faire | 70 L'ART DE MAGNÉTISER membres du parlement et quelques savants, de magnétiser son domestique j'acceptai. On le fit entrer et asseoir, sans le prévenir de ce qu'on voulait lui faire. Après vingt minutes, le croyant magnétisé, je lui adressai une question mais il ne me répondit pas. Le docteur crut que c'était parce qu'il ne comprenait pas le français mais à la question qu'il lui fit, il ne reçut pas de réponse. Ce garçon était devenu statue, mais il ne dormait pas il entendait, mais il ne pouvait parler ni mouvoir un bras, une jambe, ni même un doigt il était entièrement paralysé. Je lui dégageai les yeux et les mâchoires, afin qu'il pût répondre, mais en laissant paralysé tout le reste du corps. Alors il put nous dire qu'il n'avait pas dormi, qu'ayant été plusieurs fois sur le point de céder au sommeil, les quelques paroles que l'on échangeait de temps en temps, quoique à voix basse, l'en avaient constamment empêché. Plusieurs fois il avait voulu nous le dire, et il n'avait jamais pu parler il avait voulu aussi se lever et s'enfuir, mais cela lui avait été également impossible maintenant il faisait tous ses efforts pour lever les mains, et il ne le pouvait pas. Le docteur Mayo lui ordonna impérativement de se lever il fit un violent effort, mais il ne bougea pas. Sa figure exprimait la frayeur. Je lui dégageai une main, puis un pied alors il commença à sourire. Je lui pris le bras que j'avais dégagé, je le cataleptisai et le piquai sans qu'il le sentit les traits de sa figure se bouleversèrent, la frayeur se répandit sur toute sa physionomie je le dégageai com-plètement. Lorsqu'il put remuer, il prit la fuite en s'écriant T'is the devil that man ! c'est le diable que cet homme ! Il ne reparut plus le soir pour faire son service, et le docteur ne put jamais le décider à revenir au salon. Quelques jours après, je sonnai à la porte du docteur, ce fut ce domestique @qui vint m'ouvrir mais, aussitôt qu'il m'aperçut, il se sauva, me laissant là, sans me répondre. Il nous avait accusé la sensation du fluide en petites secousses, dans tout le corps. Pour produire cet effet, j'avais tenu les pouces pendant vingt minutes sans faire | 70 L'ART DE MAGNÉTISER membres du parlement et quelques savants, de magnétiser son domestique j'acceptai. On le fit entrer et asseoir, sans le prévenir de ce qu'on voulait lui faire. Après vingt minutes, le croyant magnétisé, je lui adressai une question mais il ne me répondit pas. Le docteur crut que c'était parce qu'il ne comprenait pas le français mais à la question qu'il lui fit, il ne reçut pas de réponse. Ce garçon était devenu statue, mais il ne dormait pas il entendait, mais il ne pouvait parler ni mouvoir un bras, une jambe, ni même un doigt il était entièrement paralysé. Je lui dégageai les yeux et les mâchoires, afin qu'il pût répondre, mais en laissant paralysé tout le reste du corps. Alors il put nous dire qu'il n'avait pas dormi, qu'ayant été plusieurs fois sur le point de céder au sommeil, les quelques paroles que l'on échangeait de temps en temps, quoique à voix basse, l'en avaient constamment empêché. Plusieurs fois il avait voulu nous le dire, et il n'avait jamais pu parler il avait voulu aussi se lever et s'enfuir, mais cela lui avait été également impossible maintenant il faisait tous ses efforts pour lever les mains, et il ne le pouvait pas. Le docteur Mayo lui ordonna impérativement de se lever il fit un violent effort, mais il ne bougea pas. Sa figure exprimait la frayeur. Je lui dégageai une main, puis un pied alors il commença à sourire. Je lui pris le bras que j'avais dégagé, je le cataleptisai et le piquai sans qu'il le sentit les traits de sa figure se bouleversèrent, la frayeur se répandit sur toute sa physionomie je le dégageai com-plètement. Lorsqu'il put remuer, il prit la fuite en s'écriant T'is the devil that man ! c'est le diable que cet homme ! Il ne reparut plus le soir pour faire son service, et le docteur ne put jamais le décider à revenir au salon. Quelques jours après, je sonnai à la porte du docteur, ce fut ce domestique @qui vint m'ouvrir mais, aussitôt qu'il m'aperçut, il se sauva, me laissant là, sans me répondre. Il nous avait accusé la sensation du fluide en petites secousses, dans tout le corps. Pour produire cet effet, j'avais tenu les pouces pendant vingt minutes sans faire | 70 L'ART DE MAGNÉTISER membres du parlement et quelques savants, de magnétiser son domestique j'acceptai. On le fit entrer et asseoir, sans le prévenir de ce qu'on voulait lui faire. Après vingt minutes, le croyant magnétisé, je lui adressai une question mais il ne me répondit pas. Le docteur crut que c'était parce qu'il ne comprenait pas le français mais à la question qu'il lui fit, il ne reçut pas de réponse. Ce garçon était devenu statue, mais il ne dormait pas il entendait, mais il ne pouvait parler ni mouvoir un bras, une jambe, ni même un doigt il était entièrement paralysé. Je lui dégageai les yeux et les mâchoires, afin qu'il pût répondre, mais en laissant paralysé tout le reste du corps. Alors il put nous dire qu'il n'avait pas dormi, qu'ayant été plusieurs fois sur le point de céder au sommeil, les quelques paroles que l'on échangeait de temps en temps, quoique à voix basse, l'en avaient constamment empêché. Plusieurs fois il avait voulu nous le dire, et il n'avait jamais pu parler il avait voulu aussi se lever et s'enfuir, mais cela lui avait été également impossible maintenant il faisait tous ses efforts pour lever les mains, et il ne le pouvait pas. Le docteur Mayo lui ordonna impérativement de se lever il fit un violent effort, mais il ne bougea pas. Sa figure exprimait la frayeur. Je lui dégageai une main, puis un pied alors il commença à sourire. Je lui pris le bras que j'avais dégagé, je le cataleptisai et le piquai sans qu'il le sentit les traits de sa figure se bouleversèrent, la frayeur se répandit sur toute sa physionomie je le dégageai com-plètement. Lorsqu'il put remuer, il prit la fuite en s'écriant T'is the devil that man ! c'est le diable que cet homme ! Il ne reparut plus le soir pour faire son service, et le docteur ne put jamais le décider à revenir au salon. Quelques jours après, je sonnai à la porte du docteur, ce fut ce domestique qui vint m'ouvrir mais, aussitôt qu'il m'aperçut, il se sauva, me laissant là, sans me répondre. Il nous avait accusé la sensation du fluide en petites secousses, dans tout le corps. Pour produire cet effet, j'avais tenu les pouces pendant vingt minutes sans faire | 3 | 0.00139 | 0.006977 |
1002.txt | 1,822 | 4 geuse mettait le grand, nombre de vais-seaux qui entraient dans ce port, quand la mer était pleine, à l'abri des mauvais vents i . Nous ne nous attacherons pas ici à prou-ver que le port de Boulogne est celui que César nomme Jcius, où il s'embarqua deux années de suite poui la Grande-Bretagne nous en parlerons dans la suite de ces Re-cherches. Nous dirons seulement que, comme ce général d'armée trouva que le port Jcius était le port le plus commode de tous ceux de cette côte, le port de Bou-logne est le seul où les empereurs qui lui ont succédé, à commencer par Auguste, i Voyez Strabon, liv. IV de sa Géographie iti-néraire d'Antonin, tables de Peutinger, célèbre juris-consulte d'Ausbourg, mort le 28 décembre 1547, à 82 ans il avait reçu de Conrad, celte, une carte dressée vers la fin du 4e siècle, sous l'empire de Théo-dose-le-Grand, où sont marquées les routes que te-naient alors les armées romaines. On nomma cette carte la Table de Peutinger Marc Diusler la fit im-primer à Venise en 19910 Les savans en font beau-coup de cas. | 4 geuse mettait le grand, nombre de vais-seaux qui entraient dans ce port, quand la mer était pleine, à l'abri des mauvais vents i . Nous ne nous attacherons pas ici à prou-ver que le port de Boulogne est celui que César nomme Jcius, où il s'embarqua deux années de suite poui la Grande-Bretagne nous en parlerons dans la suite de ces Re-cherches. Nous dirons seulement que, comme ce général d'armée trouva que le port Jcius était le port le plus commode de tous ceux de cette côte, le port de Bou-logne est le seul où les empereurs qui lui ont succédé, à commencer par Auguste, i Voyez Strabon, liv. IV de sa Géographie iti-néraire d'Antonin, tables de Peutinger, célèbre juris-consulte d'Ausbourg, mort le 28 décembre 1547, à 82 ans il avait reçu de Conrad, celte, une carte dressée vers la fin du 4e siècle, sous l'empire de Théo-dose-le-Grand, où sont marquées les routes que te-naient alors les armées romaines. On nomma cette carte la Table de Peutinger Marc Diusler la fit im-primer à Venise en 19910 Les savans en font beau-coup de cas. | ####### mettait le grand@ nombre de vais-seaux qui entraient dans ce port, quand la mer était pleine, à l'abri des mauvais vents I . Nous ne nous attacherons pas ici à prou-ver que le port de Boulogne est celui que César nomme Jcius, où il s'embarqua deux années de suite pour la Grande-Bretagne nous en parlerons dans la suite de ces Re-cherches. Nous dirons seulement que, comme ce général d'armée trouva que le port Jcius était le port le plus commode de tous ceux de cette côte, le port de Bou-logne est le seul où les empereurs qui lui ont succédé, à commencer par Auguste, I Voyez Strabon, liv. IV de sa Géographie iti-néraire d'Antonin, tables de Peutinger, célèbre juris-consulte d'Ausbourg, mort le 28 décembre 1547, à 82 ans il avait reçu de Conrad, celte, une carte dressée vers la fin du 4e siècle, sous l'empire de Théo-dose-le-Grand, où sont marquées les routes que te-naient alors les armées romaines. On nomma cette carte la Table de Peutinger Marc Diusler la fit im-primer à Venise en 1991. Les savans en font beau-coup de cas. | 4 geuse mettait le grand@ nombre de vais-seaux qui entraient dans ce port, quand la mer était pleine, à l'abri des mauvais vents I . Nous ne nous attacherons pas ici à prou-ver que le port de Boulogne est celui que César nomme Jcius, où il s'embarqua deux années de suite pour la Grande-Bretagne nous en parlerons dans la suite de ces Re-cherches. Nous dirons seulement que, comme ce général d'armée trouva que le port Jcius était le port le plus commode de tous ceux de cette côte, le port de Bou-logne est le seul où les empereurs qui lui ont succédé, à commencer par Auguste, I Voyez Strabon, liv. IV de sa Géographie iti-néraire d'Antonin, tables de Peutinger, célèbre juris-consulte d'Ausbourg, mort le 28 décembre 1547, à 82 ans il avait reçu de Conrad, celte, une carte dressée vers la fin du 4e siècle, sous l'empire de Théo-dose-le-Grand, où sont marquées les routes que te-naient alors les armées romaines. On nomma cette carte la Table de Peutinger Marc Diusler la fit im-primer à Venise en 1991. Les savans en font beau-coup de cas. | 4 geuse mettait le grand nombre de vais-seaux qui entraient dans ce port, quand la mer était pleine, à l'abri des mauvais vents I . Nous ne nous attacherons pas ici à prou-ver que le port de Boulogne est celui que César nomme Jcius, où il s'embarqua deux années de suite pour la Grande-Bretagne nous en parlerons dans la suite de ces Re-cherches. Nous dirons seulement que, comme ce général d'armée trouva que le port Jcius était le port le plus commode de tous ceux de cette côte, le port de Bou-logne est le seul où les empereurs qui lui ont succédé, à commencer par Auguste, I Voyez Strabon, liv. IV de sa Géographie iti-néraire d'Antonin, tables de Peutinger, célèbre juris-consulte d'Ausbourg, mort le 28 décembre 1547, à 82 ans il avait reçu de Conrad, celte, une carte dressée vers la fin du 4e siècle, sous l'empire de Théo-dose-le-Grand, où sont marquées les routes que te-naient alors les armées romaines. On nomma cette carte la Table de Peutinger Marc Diusler la fit im-primer à Venise en 1991. Les savans en font beau-coup de cas. | 5 | 0.004794 | 0.034146 |
596.txt | 1,886 | 102 L'ART DE MAGNÉTISER quer l'heure. Après quelque hésitation, que devait néces-sairement produire l'impression d'une première expérience, Mme de V. annonça neuf heures un quart puis on déplaça les aiguilles deux fois de suite , et deux fois l'heure fut indiquée avec la plus grande exactitude. Cette première expérience terminée, M. Lafontaine prit un autre objet, le plaça au-dessus de la tête de Mme de V. et lui demanda quelle en était la couleur, la forme et la nature elle répon-dit alors aussitôt C'est vert, c'est carré enfin c'est un portefeuille ce dernier mot fut dit avec un léger mouve-ment d'impatience. Ces deux expériences terminées aux applaudissements unanimes des spectateurs émerveillés, M. Lafontaine prit la main d'une dame, la plaça dans celle de la magnétisée, et lui demanda quelle était la personne qui lui donnait la main la réponse, faite sans la moindre hésitation, fut on ne peut plus satisfaisante, et donna lieu aux questions sui-vantes, adressées sans prétention et pour la première fois à Mme de V. D. Vous reconnaissez bien la dame qui vous donne la main ? R. d'un ton d'humeur . Mais je vous l'ai déjà dit c'est jyjme D. Pourriez-vous me dire si cette dame jouit d'une bonne santé ? c R. Physiquement, oui! mentalement, non! D. Pourriez-vous nous dire les causes du mal et les moyens de le guérir? R. Oui! Ici la discrétion du magnétiseur s'opposa à ce que de nouvelles questions fussent adressées à Mme de V. malgré les pressantes instances de la dame, peut-être plus curieuse de savoir si la cause d'un mal peu grave, sans doute, pou-vait être ainsi révélée, qu'elle ne l'était de connaître les moyens de s'en guérir. Vint ensuite le tour d'un quasi jeune homme, qui prit la main de la somnambule, et fut reconnu aussitôt. On lui dit qu'il souffrait d'un étouffement, qu'il avait la respiration | 102 L'ART DE MAGNÉTISER quer l'heure. Après quelque hésitation, que devait néces-sairement produire l'impression d'une première expérience, Mme de V@@. annonça neuf heures un quart puis on déplaça les aiguilles deux fois de suite , et deux fois l'heure fut indiquée avec la plus grande exactitude. Cette première expérience terminée, M. Lafontaine prit un autre objet, le plaça au-dessus de la tête de Mme de V.@@ et lui demanda quelle en était la couleur, la forme et la nature elle répon-dit alors aussitôt C'est vert, c'est carré enfin c'est un portefeuille ce dernier mot fut dit avec un léger mouve-ment d'impatience. Ces deux expériences terminées aux applaudissements unanimes des spectateurs émerveillés, M. Lafontaine prit la main d'une dame, la plaça dans celle de la magnétisée, et lui demanda quelle était la personne qui lui donnait la main la réponse, faite sans la moindre hésitation, fut on ne peut plus satisfaisante, et donna lieu aux questions sui-vantes, adressées sans prétention et pour la première fois à Mme de V.@@ D. Vous reconnaissez bien la dame qui vous donne la main ? R. d'un ton d'humeur . Mais je vous l'ai déjà dit c'est jyjme D. Pourriez-vous me dire si cette dame jouit d'une bonne santé ? c R. Physiquement, oui! mentalement, non! D. Pourriez-vous nous dire les causes du mal et les moyens de le guérir? R. Oui! Ici la discrétion du magnétiseur s'opposa à ce que de nouvelles questions fussent adressées à Mme de V.@@ malgré les pressantes instances de la dame, peut-être plus curieuse de savoir si la cause d'un mal peu grave, sans doute, pou-vait être ainsi révélée, qu'elle ne l'était de connaître les moyens de s'en guérir. Vint ensuite le tour d'un quasi jeune homme, qui prit la main de la somnambule, et fut reconnu aussitôt. On lui dit qu'il souffrait d'un étouffement, qu'il avait la respiration | 102 L'ART DE MAGNÉTISER quer l'heure. Après quelque hésitation, que devait néces-sairement produire l'impression d'une première expérience, Mme de V... annonça neuf heures un quart puis on déplaça les aiguilles deux fois de suite@, et deux fois l'heure fut indiquée avec la plus grande exactitude. Cette première expérience terminée, M. Lafontaine prit un autre objet, le plaça au-dessus de la tête de Mme de V... et lui demanda quelle en était la couleur, la forme et la nature elle répon-dit alors aussitôt C'est vert, c'est carré enfin c'est un portefeuille ce dernier mot fut dit avec un léger mouve-ment d'impatience. Ces deux expériences terminées aux applaudissements unanimes des spectateurs émerveillés, M. Lafontaine prit la main d'une dame, la plaça dans celle de la magnétisée, et lui demanda quelle était la personne qui lui donnait la main la réponse, faite sans la moindre hésitation, fut on ne peut plus satisfaisante, et donna lieu aux questions sui-vantes, adressées sans prétention et pour la première fois à Mme de V... D. Vous reconnaissez bien la dame qui vous donne la main@? R. d'un ton d'humeur . Mais je vous l'ai déjà dit c'est @@Mme D. Pourriez-vous me dire si cette dame jouit d'une bonne santé@? @@R. Physiquement, oui! mentalement, non! D. Pourriez-vous nous dire les causes du mal et les moyens de le guérir? R. Oui! Ici la discrétion du magnétiseur s'opposa à ce que de nouvelles questions fussent adressées à Mme de V... malgré les pressantes instances de la dame, peut-être plus curieuse de savoir si la cause d'un mal peu grave, sans doute, pou-vait être ainsi révélée, qu'elle ne l'était de connaître les moyens de s'en guérir. Vint ensuite le tour d'un quasi jeune homme, qui prit la main de la somnambule, et fut reconnu aussitôt. On lui dit qu'il souffrait d'un étouffement, qu'il avait la respiration | 102 L'ART DE MAGNÉTISER quer l'heure. Après quelque hésitation, que devait néces-sairement produire l'impression d'une première expérience, Mme de V... annonça neuf heures un quart puis on déplaça les aiguilles deux fois de suite@, et deux fois l'heure fut indiquée avec la plus grande exactitude. Cette première expérience terminée, M. Lafontaine prit un autre objet, le plaça au-dessus de la tête de Mme de V... et lui demanda quelle en était la couleur, la forme et la nature elle répon-dit alors aussitôt C'est vert, c'est carré enfin c'est un portefeuille ce dernier mot fut dit avec un léger mouve-ment d'impatience. Ces deux expériences terminées aux applaudissements unanimes des spectateurs émerveillés, M. Lafontaine prit la main d'une dame, la plaça dans celle de la magnétisée, et lui demanda quelle était la personne qui lui donnait la main la réponse, faite sans la moindre hésitation, fut on ne peut plus satisfaisante, et donna lieu aux questions sui-vantes, adressées sans prétention et pour la première fois à Mme de V... D. Vous reconnaissez bien la dame qui vous donne la main@? R. d'un ton d'humeur . Mais je vous l'ai déjà dit c'est @@Mme D. Pourriez-vous me dire si cette dame jouit d'une bonne santé@? @@R. Physiquement, oui! mentalement, non! D. Pourriez-vous nous dire les causes du mal et les moyens de le guérir? R. Oui! Ici la discrétion du magnétiseur s'opposa à ce que de nouvelles questions fussent adressées à Mme de V... malgré les pressantes instances de la dame, peut-être plus curieuse de savoir si la cause d'un mal peu grave, sans doute, pou-vait être ainsi révélée, qu'elle ne l'était de connaître les moyens de s'en guérir. Vint ensuite le tour d'un quasi jeune homme, qui prit la main de la somnambule, et fut reconnu aussitôt. On lui dit qu'il souffrait d'un étouffement, qu'il avait la respiration | 102 L'ART DE MAGNÉTISER quer l'heure. Après quelque hésitation, que devait néces-sairement produire l'impression d'une première expérience, Mme de V... annonça neuf heures un quart puis on déplaça les aiguilles deux fois de suite, et deux fois l'heure fut indiquée avec la plus grande exactitude. Cette première expérience terminée, M. Lafontaine prit un autre objet, le plaça au-dessus de la tête de Mme de V... et lui demanda quelle en était la couleur, la forme et la nature elle répon-dit alors aussitôt C'est vert, c'est carré enfin c'est un portefeuille ce dernier mot fut dit avec un léger mouve-ment d'impatience. Ces deux expériences terminées aux applaudissements unanimes des spectateurs émerveillés, M. Lafontaine prit la main d'une dame, la plaça dans celle de la magnétisée, et lui demanda quelle était la personne qui lui donnait la main la réponse, faite sans la moindre hésitation, fut on ne peut plus satisfaisante, et donna lieu aux questions sui-vantes, adressées sans prétention et pour la première fois à Mme de V... D. Vous reconnaissez bien la dame qui vous donne la main? R. d'un ton d'humeur . Mais je vous l'ai déjà dit c'est Mme D. Pourriez-vous me dire si cette dame jouit d'une bonne santé? R. Physiquement, oui! mentalement, non! D. Pourriez-vous nous dire les causes du mal et les moyens de le guérir? R. Oui! Ici la discrétion du magnétiseur s'opposa à ce que de nouvelles questions fussent adressées à Mme de V... malgré les pressantes instances de la dame, peut-être plus curieuse de savoir si la cause d'un mal peu grave, sans doute, pou-vait être ainsi révélée, qu'elle ne l'était de connaître les moyens de s'en guérir. Vint ensuite le tour d'un quasi jeune homme, qui prit la main de la somnambule, et fut reconnu aussitôt. On lui dit qu'il souffrait d'un étouffement, qu'il avait la respiration | 16 | 0.008724 | 0.049275 |
594.txt | 1,886 | EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 97 cataleptiques, de la même manière et avec autant de succès que ceux de la somnambule présentée dans la séance. Plusieurs médecins, parmi lesquels se trouvait le doc-teur Packenham, de Mary street, examinèrent minutieuse-ment M. Ford pendant qu'il se trouvait dans cet état, et ils furent d'accord pour déclarer qu'ils n'avaient jamais vu un cas de catalepsie aussi bien prononcé que celui présenté par les jambes de ce jeune homme. On piqua M. Ford sans qu'il le sentît on lui fit respirer du soufre, on tira des coups de pistolet enfin, on le soumit au choc d'une batterie galva-nique il n'y eut chez M. Ford aucun signe de sensation, pas la plus petite contraction, c'était un cadavre. Le succès de cette expérience sembla faire beaucoup d'impression sur l'assemblée, d'autant plus que Ford n'avait pas vu M. Lafontaine avant cette expérience et n'avait jamais été magnétisé, et que les médecins qui, avant la séance, avaient exprimé leur incrédulité, se déclarèrent convaincus de la réalité des effets produits par le magné-tisme. J'ai fait souvent une expérience qui est de nature à mériter l'attention des savants. Placez, sur un tabouret isolant, un sujet magnétisé et mis dans un état complet d'insensibilité mettez-le, par un fil de fer ou de cuivre, en rapport avec une machine électrique. Si vous le chargez d'électricité, il reste complètement insen-sible à toutes les étincelles que vous pouvez tirer de toutes les parties de son corps. Mais, si vous dégagez un côté du visage, par exemple, vous obtenez simultanément la sensibilité du côté dégagé, et l'insensibilité du côté que vous avez laissé saturé du fluide. La ligne de démarcation est tellement tranchée, que j'ai vu souvent un côté du nez sensible, et l'autre côté insensible à chaque étincelle. Vous pouvez changer à volonté cette sensibilité et rendre sensible tantôt un côté, tantôt l'autre, soit en dégageant le côté insensible, soit en chargemtie côté sensible. | EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 97 cataleptiques, de la même manière et avec autant de succès que ceux de la somnambule présentée dans la séance. Plusieurs médecins, parmi lesquels se trouvait le doc-teur Packenham, de Mary street, examinèrent minutieuse-ment M. Ford pendant qu'il se trouvait dans cet état, et ils furent d'accord pour déclarer qu'ils n'avaient jamais vu un cas de catalepsie aussi bien prononcé que celui présenté par les jambes de ce jeune homme. On piqua M. Ford sans qu'il le sentît on lui fit respirer du soufre, on tira des coups de pistolet enfin, on le soumit au choc d'une batterie galva-nique il n'y eut chez M. Ford aucun signe de sensation, pas la plus petite contraction, c'était un cadavre. Le succès de cette expérience sembla faire beaucoup d'impression sur l'assemblée, d'autant plus que Ford n'avait pas vu M. Lafontaine avant cette expérience et n'avait jamais été magnétisé, et que les médecins qui, avant la séance, avaient exprimé leur incrédulité, se déclarèrent convaincus de la réalité des effets produits par le magné-tisme. J'ai fait souvent une expérience qui est de nature à mériter l'attention des savants. Placez, sur un tabouret isolant, un sujet magnétisé et mis dans un état complet d'insensibilité mettez-le, par un fil de fer ou de cuivre, en rapport avec une machine électrique. Si vous le chargez d'électricité, il reste complètement insen-sible à toutes les étincelles que vous pouvez tirer de toutes les parties de son corps. Mais, si vous dégagez un côté du visage, par exemple, vous obtenez simultanément la sensibilité du côté dégagé, et l'insensibilité du côté que vous avez laissé saturé du fluide. La ligne de démarcation est tellement tranchée, que j'ai vu souvent un côté du nez sensible, et l'autre côté insensible à chaque étincelle. Vous pouvez changer à volonté cette sensibilité et rendre sensible tantôt un côté, tantôt l'autre, soit en dégageant le côté insensible, soit en charge@mt@ie côté sensible. | EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 97 cataleptiques, de la même manière et avec autant de succès que ceux de la somnambule présentée dans la séance. Plusieurs médecins, parmi lesquels se trouvait le doc-teur Packenham, de Mary street, examinèrent minutieuse-ment M. Ford pendant qu'il se trouvait dans cet état, et ils furent d'accord pour déclarer qu'ils n'avaient jamais vu un cas de catalepsie aussi bien prononcé que celui présenté par les jambes de ce jeune homme. On piqua M. Ford sans qu'il le sentit on lui fit respirer du soufre, on tira des coups de pistolet enfin, on le soumit au choc d'une batterie galva-nique il n'y eut chez M. Ford aucun signe de sensation, pas la plus petite contraction, c'était un cadavre. Le succès de cette expérience sembla faire beaucoup d'impression sur l'assemblée, d'autant plus que Ford n'avait pas vu M. Lafontaine avant cette expérience et n'avait jamais été magnétisé, et que les médecins qui, avant la séance, avaient exprimé leur incrédulité, se déclarèrent convaincus de la réalité des effets produits par le magné-tisme. J'ai fait souvent une expérience qui est de nature à mériter l'attention des savants. Placez, sur un tabouret isolant, un sujet magnétisé et mis dans un état complet d'insensibilité mettez-le, par un fil de fer ou de cuivre, en rapport avec une machine électrique. Si vous le chargez d'électricité, il reste complètement insen-sible à toutes les étincelles que vous pouvez tirer de toutes les parties de son corps. Mais, si vous dégagez un côté du visage, par exemple, vous obtenez simultanément la sensibilité du côté dégagé, et l'insensibilité du côté que vous avez laissé saturé du fluide. La ligne de démarcation est tellement tranchée, que j'ai vu souvent un côté du nez sensible, et l'autre côté insensible à chaque étincelle. Vous pouvez changer à volonté cette sensibilité et rendre sensible tantôt un côté, tantôt l'autre, soit en dégageant le côté insensible, soit en chargeant le côté sensible. | EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 97 cataleptiques, de la même manière et avec autant de succès que ceux de la somnambule présentée dans la séance. Plusieurs médecins, parmi lesquels se trouvait le doc-teur Packenham, de Mary street, examinèrent minutieuse-ment M. Ford pendant qu'il se trouvait dans cet état, et ils furent d'accord pour déclarer qu'ils n'avaient jamais vu un cas de catalepsie aussi bien prononcé que celui présenté par les jambes de ce jeune homme. On piqua M. Ford sans qu'il le sentit on lui fit respirer du soufre, on tira des coups de pistolet enfin, on le soumit au choc d'une batterie galva-nique il n'y eut chez M. Ford aucun signe de sensation, pas la plus petite contraction, c'était un cadavre. Le succès de cette expérience sembla faire beaucoup d'impression sur l'assemblée, d'autant plus que Ford n'avait pas vu M. Lafontaine avant cette expérience et n'avait jamais été magnétisé, et que les médecins qui, avant la séance, avaient exprimé leur incrédulité, se déclarèrent convaincus de la réalité des effets produits par le magné-tisme. J'ai fait souvent une expérience qui est de nature à mériter l'attention des savants. Placez, sur un tabouret isolant, un sujet magnétisé et mis dans un état complet d'insensibilité mettez-le, par un fil de fer ou de cuivre, en rapport avec une machine électrique. Si vous le chargez d'électricité, il reste complètement insen-sible à toutes les étincelles que vous pouvez tirer de toutes les parties de son corps. Mais, si vous dégagez un côté du visage, par exemple, vous obtenez simultanément la sensibilité du côté dégagé, et l'insensibilité du côté que vous avez laissé saturé du fluide. La ligne de démarcation est tellement tranchée, que j'ai vu souvent un côté du nez sensible, et l'autre côté insensible à chaque étincelle. Vous pouvez changer à volonté cette sensibilité et rendre sensible tantôt un côté, tantôt l'autre, soit en dégageant le côté insensible, soit en chargeant le côté sensible. | EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 97 cataleptiques, de la même manière et avec autant de succès que ceux de la somnambule présentée dans la séance. Plusieurs médecins, parmi lesquels se trouvait le doc-teur Packenham, de Mary street, examinèrent minutieuse-ment M. Ford pendant qu'il se trouvait dans cet état, et ils furent d'accord pour déclarer qu'ils n'avaient jamais vu un cas de catalepsie aussi bien prononcé que celui présenté par les jambes de ce jeune homme. On piqua M. Ford sans qu'il le sentit on lui fit respirer du soufre, on tira des coups de pistolet enfin, on le soumit au choc d'une batterie galva-nique il n'y eut chez M. Ford aucun signe de sensation, pas la plus petite contraction, c'était un cadavre. Le succès de cette expérience sembla faire beaucoup d'impression sur l'assemblée, d'autant plus que Ford n'avait pas vu M. Lafontaine avant cette expérience et n'avait jamais été magnétisé, et que les médecins qui, avant la séance, avaient exprimé leur incrédulité, se déclarèrent convaincus de la réalité des effets produits par le magné-tisme. J'ai fait souvent une expérience qui est de nature à mériter l'attention des savants. Placez, sur un tabouret isolant, un sujet magnétisé et mis dans un état complet d'insensibilité mettez-le, par un fil de fer ou de cuivre, en rapport avec une machine électrique. Si vous le chargez d'électricité, il reste complètement insen-sible à toutes les étincelles que vous pouvez tirer de toutes les parties de son corps. Mais, si vous dégagez un côté du visage, par exemple, vous obtenez simultanément la sensibilité du côté dégagé, et l'insensibilité du côté que vous avez laissé saturé du fluide. La ligne de démarcation est tellement tranchée, que j'ai vu souvent un côté du nez sensible, et l'autre côté insensible à chaque étincelle. Vous pouvez changer à volonté cette sensibilité et rendre sensible tantôt un côté, tantôt l'autre, soit en dégageant le côté insensible, soit en chargeant le côté sensible. | 5 | 0.002524 | 0.01385 |
219.txt | 1,857 | 58 -VIE DE L'ABBE NICOLLE de s'attacher à sa personne ils l'aideront dans ses dé-marches ils feront les courses nécessaires dans la ville, et de ce concert, bien établi entre vous, ajoute le vê-nérable prélat, il en résultera pour nos malheureux compatriotes, prêtres et autres, dont les maux ne sont pas encore près de finir, les effets les plus avanta-geux. M. le Riche vous a informé des terribles-évé-nements qui se passent à Paris depuis le 4 de ce mois ils sont désespérants. On avait vu luire une aurore de justice et de retour à l'ordre les espérances se rele-vaient mais tout à coup elles sont anéanties, et voilà tous les Français attachés à leur Dieu et à leur Roi précipités de nouveau dans un abîme plus profond en-core que celui dont on espérait sortir. Oh ! combien les aumônes que vous voudrez bien recueillir nous seront nécessaires ! combien nous avons besoin de la générosité et de la compassion des âmes sensibles! Dès le moment de son installation, le Directoire avait en effet continué, avec l'assentiment de la majorité des doux Conseils, la réaction des conventionnels contre les prêtres et le culte. Désolez leur patience, disait-il à ses commissaires dans leurs instructions, environnez-les de votre surveillance qu'elle les inquiète le jour, qu'elle les trouble la nuit ne leur donnez pas un.in-stant de relâche. Désolez leur patience! Ce seul mol exprime énergiquement la haine du Directoire pour les prêtres, et la fureur de la persécution qui se ralluma | 58 -VIE DE L'ABBE NICOLLE de s'attacher à sa personne ils l'aideront dans ses dé-marches ils feront les courses nécessaires dans la ville, et de ce concert, bien établi entre vous, ajoute le vê-@nérable prélat, il en résultera pour nos malheureux compatriotes, prêtres et autres, dont les maux ne sont pas encore près de finir, les effets les plus avanta-@geux. M. le Riche vous a informé des terribles-évé-@nements qui se passent à Paris depuis le 4 de ce mois ils sont désespérants. On avait vu luire une aurore de justice et de retour à l'ordre les espérances se rele-@vaient mais tout à coup elles sont anéanties, et voilà tous les Français attachés à leur Dieu et à leur Roi précipités de nouveau dans un abîme plus profond en-@core que celui dont on espérait sortir. Oh ! combien les aumônes que vous voudrez bien recueillir nous seront nécessaires ! combien nous avons besoin de la générosité et de la compassion des âmes sensibles! Dès le moment de son installation, le Directoire avait en effet continué, avec l'assentiment de la majorité des doux Conseils, la réaction des conventionnels contre les prêtres et le culte. Désolez leur patience, disait-il à ses commissaires dans leurs instructions, environnez-@les de votre surveillance qu'elle les inquiète le jour, qu'elle les trouble la nuit ne leur donnez pas un.in-@stant de relâche. Désolez leur patience! Ce seul mol exprime énergiquement la haine du Directoire pour les prêtres, et la fureur de la persécution qui se ralluma | ####################################### à sa personne ils l'aideront dans ses dé-marches ils feront les courses nécessaires dans la ville, et de ce concert, bien établi entre vous, ajoute le vê- nérable prélat, il en résultera pour nos malheureux compatriotes, prêtres et autres, dont les maux ne sont pas encore près de finir, les effets les plus avanta- geux. M. le Riche vous a informé des terribles-évé- nements qui se passent à Paris depuis le 4 de ce mois ils sont désespérants. On avait vu luire une aurore de justice et de retour à l'ordre les espérances se rele- vaient mais tout à coup elles sont anéanties, et voilà tous les Français attachés à leur Dieu et à leur Roi précipités de nouveau dans un abîme plus profond en- core que celui dont on espérait sortir. Oh ! combien les aumônes que vous voudrez bien recueillir nous seront nécessaires ! combien nous avons besoin de la générosité et de la compassion des âmes sensibles! Dès le moment de son installation, le Directoire avait en effet continué, avec l'assentiment de la majorité des doux Conseils, la réaction des conventionnels contre les prêtres et le culte. Désolez leur patience, disait-il à ses commissaires dans leurs instructions, environnez- les de votre surveillance qu'elle les inquiète le jour, qu'elle les trouble la nuit ne leur donnez pas un in- stant de relâche. Désolez leur patience! Ce seul mol exprime énergiquement la haine du Directoire pour les prêtres, et la fureur de la persécution qui se ralluma | 58 -VIE DE L'ABBE NICOLLE de s'attacher à sa personne ils l'aideront dans ses dé-marches ils feront les courses nécessaires dans la ville, et de ce concert, bien établi entre vous, ajoute le vê- nérable prélat, il en résultera pour nos malheureux compatriotes, prêtres et autres, dont les maux ne sont pas encore près de finir, les effets les plus avanta- geux. M. le Riche vous a informé des terribles-évé- nements qui se passent à Paris depuis le 4 de ce mois ils sont désespérants. On avait vu luire une aurore de justice et de retour à l'ordre les espérances se rele- vaient mais tout à coup elles sont anéanties, et voilà tous les Français attachés à leur Dieu et à leur Roi précipités de nouveau dans un abîme plus profond en- core que celui dont on espérait sortir. Oh ! combien les aumônes que vous voudrez bien recueillir nous seront nécessaires ! combien nous avons besoin de la générosité et de la compassion des âmes sensibles! Dès le moment de son installation, le Directoire avait en effet continué, avec l'assentiment de la majorité des doux Conseils, la réaction des conventionnels contre les prêtres et le culte. Désolez leur patience, disait-il à ses commissaires dans leurs instructions, environnez- les de votre surveillance qu'elle les inquiète le jour, qu'elle les trouble la nuit ne leur donnez pas un in- stant de relâche. Désolez leur patience! Ce seul mol exprime énergiquement la haine du Directoire pour les prêtres, et la fureur de la persécution qui se ralluma | 58 -VIE DE L'ABBE NICOLLE de s'attacher à sa personne ils l'aideront dans ses dé-marches ils feront les courses nécessaires dans la ville, et de ce concert, bien établi entre vous, ajoute le vê- nérable prélat, il en résultera pour nos malheureux compatriotes, prêtres et autres, dont les maux ne sont pas encore près de finir, les effets les plus avanta- geux. M. le Riche vous a informé des terribles-évé- nements qui se passent à Paris depuis le 4 de ce mois ils sont désespérants. On avait vu luire une aurore de justice et de retour à l'ordre les espérances se rele- vaient mais tout à coup elles sont anéanties, et voilà tous les Français attachés à leur Dieu et à leur Roi précipités de nouveau dans un abîme plus profond en- core que celui dont on espérait sortir. Oh ! combien les aumônes que vous voudrez bien recueillir nous seront nécessaires ! combien nous avons besoin de la générosité et de la compassion des âmes sensibles! Dès le moment de son installation, le Directoire avait en effet continué, avec l'assentiment de la majorité des doux Conseils, la réaction des conventionnels contre les prêtres et le culte. Désolez leur patience, disait-il à ses commissaires dans leurs instructions, environnez- les de votre surveillance qu'elle les inquiète le jour, qu'elle les trouble la nuit ne leur donnez pas un in- stant de relâche. Désolez leur patience! Ce seul mol exprime énergiquement la haine du Directoire pour les prêtres, et la fureur de la persécution qui se ralluma | 8 | 0.005369 | 0.028881 |
543.txt | 1,842 | 30 talion appropriées aux différentes classes de la société, oit les jeunes sujets des deux sexes pourraient être exercés séparément, avec sûreté et décence , à l'art de nager. Une pareille institution hygiénique, fondée dans des conditions convenables avec une partie du luxe qui se déploie ailleurs si inutilement, ferait non-seulement les délices du jeune âge, pour lequel le bain frais, quand il se concilie avec la liberté des mouvements, a un si vif attrait, mais encore elle modifierait promptement une foule de constitutions débiles que toutes les ressources de la pharmaceu-tique sont impuissantes à restaurer 1 . La transformation du sang veineux en sang ar-tériel qui est le principe essentiel ruiie bonne nu-trition peut être activée par une expansion plus grande des cellules pulmonaires ou par une accélé-ration dans les mouvements respiratoires la gymnas-1 Si le projet d'amener à la hauteur du réservoir du Jardin-des-Plantes les eaux réunies des sources de Raye et de Neuville se réalisait, l'établissement d'une machine à vapeur en ce point, pour le service de la zône supérieure , ferait naître la possibilité de créer à peu de frais, dans ce quartier central, une école de natation qui pourrait être fréquentée pendant la plus grande partie de l'année. L'eau de condensation , fournie par une machine à basse pression de la force de vingt chevaux, mêlée avec une quantité égale d'eau froide à i2 degrés, suffirait pour remplir chaque jour un bassin de 60 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur, et lm, 5 de profondeur moyenne. La température du mélange varierait, suivant les saisons, de 28 à 30 degrés centigrades. Il est présumable qu'en limitant le prix de la leçon de natation à 1 fr. 50 c. , l'affluence des baigneurs serait assez considérable pour donner à cette entreprise d'intérêt public autant que de spéculation in-dustrille, des bénéfices qui couvriraient amplement les frais du combus-tible nécessaire au service de la machine à feu. | 30 talion appropriées aux différentes classes de la société, oit les jeunes sujets des deux sexes pourraient être exercés séparément, avec sûreté et décence , à l'art de nager. Une pareille institution hygiénique, fondée dans des conditions convenables avec une partie du luxe qui se déploie ailleurs si inutilement, ferait non-seulement les délices du jeune âge, pour lequel le bain frais, quand il se concilie avec la liberté des mouvements, a un si vif attrait, mais encore elle modifierait promptement une foule de constitutions débiles que toutes les ressources de la pharmaceu-tique sont impuissantes à restaurer 1 . La transformation du sang veineux en sang ar-tériel qui est le principe essentiel ruiie bonne nu-trition peut être activée par une expansion plus grande des cellules pulmonaires ou par une accélé-ration dans les mouvements respiratoires la gymnas-@1 Si le projet d'amener à la hauteur du réservoir du Jardin-des-Plantes les eaux réunies des sources de Raye et de Neuville se réalisait, l'établissement d'une machine à vapeur en ce point, pour le service de la zône supérieure , ferait naître la possibilité de créer à peu de frais, dans ce quartier central, une école de natation qui pourrait être fréquentée pendant la plus grande partie de l'année. L'eau de condensation , fournie par une machine à basse pression de la force de vingt chevaux, mêlée avec une quantité égale d'eau froide à i2 degrés, suffirait pour remplir chaque jour un bassin de 60 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur, et lm, 5 de profondeur moyenne. La température du mélange varierait, suivant les saisons, de 28 à 30 degrés centigrades. Il est présumable qu'en limitant le prix de la leçon de natation à 1 fr. 50 c. , l'affluence des baigneurs serait assez considérable pour donner à cette entreprise d'intérêt public autant que de spéculation in-dustri@lle, des bénéfices qui couvriraient amplement les frais du combus-tible nécessaire au service de la machine à feu. | 30 tation appropriées aux différentes classes de la société, o@ù les jeunes sujets des deux sexes pourraient être exercés séparément, avec sûreté et décence@, à l'art de nager. Une pareille institution hygiénique, fondée dans des conditions convenables avec une partie du luxe qui se déploie ailleurs si inutilement, ferait non-seulement les délices du jeune âge, pour lequel le bain frais, quand il se concilie avec la liberté des mouvements, a un si vif attrait, mais encore elle modifierait promptement une foule de constitutions débiles que toutes les ressources de la pharmaceu-tique sont impuissantes à restaurer 1 . La transformation du sang veineux en sang ar-tériel qui est le principe essentiel d'une bonne nu-trition peut être activée par une expansion plus grande des cellules pulmonaires ou par une accélé-ration dans les mouvements respiratoires la gymnas- 1 Si le projet d'amener à la hauteur du réservoir du Jardin-des-Plantes les eaux réunies des sources de Roye et de Neuville se réalisait, l'établissement d'une machine à vapeur en ce point, pour le service de la zône supérieure@, ferait naître la possibilité de créer à peu de frais, dans ce quartier central, une école de natation qui pourrait être fréquentée pendant la plus grande partie de l'année. L'eau de condensation@, fournie par une machine à basse pression de la force de vingt chevaux, mêlée avec une quantité égale d'eau froide à 12 degrés, suffirait pour remplir chaque jour un bassin de 60 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur, et 1m, 5 de profondeur moyenne. La température du mélange varierait, suivant les saisons, de 28 à 30 degrés centigrades. Il est présumable qu'en limitant le prix de la leçon de natation à 1 fr. 50 c.@, l'affluence des baigneurs serait assez considérable pour donner à cette entreprise d'intérêt public autant que de spéculation in-dustrielle, des bénéfices qui couvriraient amplement les frais du combus-tible nécessaire au service de la machine à feu. | 30 tation appropriées aux différentes classes de la société, o@ù les jeunes sujets des deux sexes pourraient être exercés séparément, avec sûreté et décence@, à l'art de nager. Une pareille institution hygiénique, fondée dans des conditions convenables avec une partie du luxe qui se déploie ailleurs si inutilement, ferait non-seulement les délices du jeune âge, pour lequel le bain frais, quand il se concilie avec la liberté des mouvements, a un si vif attrait, mais encore elle modifierait promptement une foule de constitutions débiles que toutes les ressources de la pharmaceu-tique sont impuissantes à restaurer 1 . La transformation du sang veineux en sang ar-tériel qui est le principe essentiel d'une bonne nu-trition peut être activée par une expansion plus grande des cellules pulmonaires ou par une accélé-ration dans les mouvements respiratoires la gymnas- 1 Si le projet d'amener à la hauteur du réservoir du Jardin-des-Plantes les eaux réunies des sources de Roye et de Neuville se réalisait, l'établissement d'une machine à vapeur en ce point, pour le service de la zône supérieure@, ferait naître la possibilité de créer à peu de frais, dans ce quartier central, une école de natation qui pourrait être fréquentée pendant la plus grande partie de l'année. L'eau de condensation@, fournie par une machine à basse pression de la force de vingt chevaux, mêlée avec une quantité égale d'eau froide à 12 degrés, suffirait pour remplir chaque jour un bassin de 60 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur, et 1m, 5 de profondeur moyenne. La température du mélange varierait, suivant les saisons, de 28 à 30 degrés centigrades. Il est présumable qu'en limitant le prix de la leçon de natation à 1 fr. 50 c.@, l'affluence des baigneurs serait assez considérable pour donner à cette entreprise d'intérêt public autant que de spéculation in-dustrielle, des bénéfices qui couvriraient amplement les frais du combus-tible nécessaire au service de la machine à feu. | 30 tation appropriées aux différentes classes de la société, où les jeunes sujets des deux sexes pourraient être exercés séparément, avec sûreté et décence, à l'art de nager. Une pareille institution hygiénique, fondée dans des conditions convenables avec une partie du luxe qui se déploie ailleurs si inutilement, ferait non-seulement les délices du jeune âge, pour lequel le bain frais, quand il se concilie avec la liberté des mouvements, a un si vif attrait, mais encore elle modifierait promptement une foule de constitutions débiles que toutes les ressources de la pharmaceu-tique sont impuissantes à restaurer 1 . La transformation du sang veineux en sang ar-tériel qui est le principe essentiel d'une bonne nu-trition peut être activée par une expansion plus grande des cellules pulmonaires ou par une accélé-ration dans les mouvements respiratoires la gymnas- 1 Si le projet d'amener à la hauteur du réservoir du Jardin-des-Plantes les eaux réunies des sources de Roye et de Neuville se réalisait, l'établissement d'une machine à vapeur en ce point, pour le service de la zône supérieure, ferait naître la possibilité de créer à peu de frais, dans ce quartier central, une école de natation qui pourrait être fréquentée pendant la plus grande partie de l'année. L'eau de condensation, fournie par une machine à basse pression de la force de vingt chevaux, mêlée avec une quantité égale d'eau froide à 12 degrés, suffirait pour remplir chaque jour un bassin de 60 mètres de longueur sur 12 mètres de largeur, et 1m, 5 de profondeur moyenne. La température du mélange varierait, suivant les saisons, de 28 à 30 degrés centigrades. Il est présumable qu'en limitant le prix de la leçon de natation à 1 fr. 50 c., l'affluence des baigneurs serait assez considérable pour donner à cette entreprise d'intérêt public autant que de spéculation in-dustrielle, des bénéfices qui couvriraient amplement les frais du combus-tible nécessaire au service de la machine à feu. | 16 | 0.00813 | 0.034682 |
225.txt | 1,857 | VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 67 l'abbé pour Moscou ce Votre résolution, monsieur l'abbé, a été le plus grand de mes chagrins mais j'ose vous supplier, pour ma consolation et pour le bonheur à venir de mes enfants, de leur continuer vos bons conseils, vous qui savez si bien inspirer à vos élèves l'amour de leurs parents et de leurs devoirs. Tant de témoignages d'universelle douleur étaient un baume sur le coeur affligé de l'abbé Nicolle. Déjà la tendre amitié de la famille des Galitzin avait adouci la rigueur de son mal par la gracieuse hospitalité qu'elle lui avait offerte, et par les soins affectueux qu'elle lui prodiguait Son esprit avait retrouvé du calme son coeur renaissait à la vie intime sa santé devenait meil-leure. Il commençait à bénir ce repos bienfaisant, lors-que Dieu l'appela à de nouvelles fatigues. Un ordre de l'empereur Alexandre F lui confiait la délicate mission de visiter les églises catholiques de la Russie méridio-nale. Toutes ces provinces avaient à cette époque pour les gouverner, au nom du czar, un homme dont un écrivain célèbre, Charles Nodier, a dit qu'il était doué de toutes les facultés qui peuvent contribuer au pro-grès des sociétés naissantes, d'une extrême pénétra-tion, d'une prudence infaillible, d'une constance à ce toute épreuve, le duc de Richelieu. L'affection la plus tendre unit, dès ce moment, le noble duc et l'abbé Nicolle ne les séparons donc plus dans le récit de leur existence. | VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 67 l'abbé pour Moscou ce Votre résolution, monsieur l'abbé, a été le plus grand de mes chagrins mais j'ose vous supplier, pour ma consolation et pour le bonheur à venir de mes enfants, de leur continuer vos bons conseils, vous qui savez si bien inspirer à vos élèves l'amour de leurs parents et de leurs devoirs. Tant de témoignages d'universelle douleur étaient un baume sur le coeur affligé de l'abbé Nicolle. Déjà la tendre amitié de la famille des Galitzin avait adouci la rigueur de son mal par la gracieuse hospitalité qu'elle lui avait offerte, et par les soins affectueux qu'elle lui prodiguait@ Son esprit avait retrouvé du calme son coeur renaissait à la vie intime sa santé devenait meil-leure. Il commençait à bénir ce repos bienfaisant, lors-que Dieu l'appela à de nouvelles fatigues. Un ordre de l'empereur Alexandre @@F lui confiait la délicate mission de visiter les églises catholiques de la Russie méridio-nale. Toutes ces provinces avaient à cette époque pour les gouverner, au nom du czar, un homme dont un écrivain célèbre, Charles Nodier, a dit qu'il était doué de toutes les facultés qui peuvent contribuer au pro-@grès des sociétés naissantes, d'une extrême pénétra-@tion, d'une prudence infaillible, d'une constance à ce toute épreuve, le duc de Richelieu. L'affection la plus tendre unit, dès ce moment, le noble duc et l'abbé Nicolle ne les séparons donc plus dans le récit de leur existence. | ############################### pour Moscou@@@ Votre résolution, monsieur l'abbé, a été le plus grand de mes chagrins mais j'ose vous supplier, pour ma consolation et pour le bonheur à venir de mes enfants, de leur continuer vos bons conseils, vous qui savez si bien inspirer à vos élèves l'amour de leurs parents et de leurs devoirs. Tant de témoignages d'universelle douleur étaient un baume sur le coeur affligé de l'abbé Nicolle. Déjà la tendre amitié de la famille des Galitzin avait adouci la rigueur de son mal par la gracieuse hospitalité qu'elle lui avait offerte, et par les soins affectueux qu'elle lui prodiguait. Son esprit avait retrouvé du calme son coeur renaissait à la vie intime sa santé devenait meil-leure. Il commençait à bénir ce repos bienfaisant, lors-que Dieu l'appela à de nouvelles fatigues. Un ordre de l'empereur Alexandre Iee lui confiait la délicate mission de visiter les églises catholiques de la Russie méridio-nale. Toutes ces provinces avaient à cette époque pour les gouverner, au nom du czar, un homme dont un écrivain célèbre, Charles Nodier, a dit qu'il était doué de toutes les facultés qui peuvent contribuer au pro- grès des sociétés naissantes, d'une extrême pénétra- tion, d'une prudence infaillible, d'une constance à@@@ toute épreuve, le duc de Richelieu. L'affection la plus tendre unit, dès ce moment, le noble duc et l'abbé Nicolle ne les séparons donc plus dans le récit de leur existence. | VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 67 l'abbé pour Moscou@@@ Votre résolution, monsieur l'abbé, a été le plus grand de mes chagrins mais j'ose vous supplier, pour ma consolation et pour le bonheur à venir de mes enfants, de leur continuer vos bons conseils, vous qui savez si bien inspirer à vos élèves l'amour de leurs parents et de leurs devoirs. Tant de témoignages d'universelle douleur étaient un baume sur le coeur affligé de l'abbé Nicolle. Déjà la tendre amitié de la famille des Galitzin avait adouci la rigueur de son mal par la gracieuse hospitalité qu'elle lui avait offerte, et par les soins affectueux qu'elle lui prodiguait. Son esprit avait retrouvé du calme son coeur renaissait à la vie intime sa santé devenait meil-leure. Il commençait à bénir ce repos bienfaisant, lors-que Dieu l'appela à de nouvelles fatigues. Un ordre de l'empereur Alexandre Iee lui confiait la délicate mission de visiter les églises catholiques de la Russie méridio-nale. Toutes ces provinces avaient à cette époque pour les gouverner, au nom du czar, un homme dont un écrivain célèbre, Charles Nodier, a dit qu'il était doué de toutes les facultés qui peuvent contribuer au pro- grès des sociétés naissantes, d'une extrême pénétra- tion, d'une prudence infaillible, d'une constance à@@@ toute épreuve, le duc de Richelieu. L'affection la plus tendre unit, dès ce moment, le noble duc et l'abbé Nicolle ne les séparons donc plus dans le récit de leur existence. | VIE DE L'ABBÉ NICOLLE 67 l'abbé pour Moscou Votre résolution, monsieur l'abbé, a été le plus grand de mes chagrins mais j'ose vous supplier, pour ma consolation et pour le bonheur à venir de mes enfants, de leur continuer vos bons conseils, vous qui savez si bien inspirer à vos élèves l'amour de leurs parents et de leurs devoirs. Tant de témoignages d'universelle douleur étaient un baume sur le coeur affligé de l'abbé Nicolle. Déjà la tendre amitié de la famille des Galitzin avait adouci la rigueur de son mal par la gracieuse hospitalité qu'elle lui avait offerte, et par les soins affectueux qu'elle lui prodiguait. Son esprit avait retrouvé du calme son coeur renaissait à la vie intime sa santé devenait meil-leure. Il commençait à bénir ce repos bienfaisant, lors-que Dieu l'appela à de nouvelles fatigues. Un ordre de l'empereur Alexandre Iee lui confiait la délicate mission de visiter les églises catholiques de la Russie méridio-nale. Toutes ces provinces avaient à cette époque pour les gouverner, au nom du czar, un homme dont un écrivain célèbre, Charles Nodier, a dit qu'il était doué de toutes les facultés qui peuvent contribuer au pro- grès des sociétés naissantes, d'une extrême pénétra- tion, d'une prudence infaillible, d'une constance à toute épreuve, le duc de Richelieu. L'affection la plus tendre unit, dès ce moment, le noble duc et l'abbé Nicolle ne les séparons donc plus dans le récit de leur existence. | 12 | 0.008362 | 0.04943 |
231.txt | 1,845 | -9-en avait distingué un entre autres qui lui parut avoir des inclinations semblables aux siennes il se lia donc avec lui, mais d'une amitié sage, pure, fondée plus encore sur la piété que sur la ressemblance du caractère et des moeurs. Cet ami se nommait Etienne Lallent il lui a sur-vécu, et l'on tient de lui quelques particularités édifiantes qu'il ne faut pas laisser dans l'oubli car les vertus du jeune âge, ne fussent elles que des fleurs de printemps, ont du moins une odeur suave qui promet des fruits pour l'âge mûr. C'est donc M. Lallent qui nous apprendra que plus d'une fois son ami, même avant l'époque de sa première communion, lui confia le désir qu'il avait de répandre son sang pour le nom de Jésus-Christ et pour le salut d'un grand nombre d'âmes. De temps en temps, et souvent les jours de fêtes ou de dimanches, les deux jeunes amis allaient ensemble visiter le Saint-Sacrement. Un jour de l'arrière-saison, ayant prolongé leur visite au-delà des bornes ordinaires, ils y furent surpris parla nuit elle sacristain, qui, au mo-ment de fermer l'église, ne les avait point aper-çus, les y emprisonna. Le jeune Musart, voyant son ami inquiet et affligé, le consola et le ras-sura Il ne fait pas froid, lui dit-il si nous ne pouvons sortir, eh bien ! nous coucherons ici. 1 | -9-en avait distingué un entre autres qui lui parut avoir des inclinations semblables aux siennes il se lia donc avec lui, mais d'une amitié sage, pure, fondée plus encore sur la piété que sur la ressemblance du caractère et des moeurs. Cet ami se nommait Etienne Lallent il lui a sur-vécu, et l'on tient de lui quelques particularités édifiantes qu'il ne faut pas laisser dans l'oubli car les vertus du jeune âge, ne fussent elles que des fleurs de printemps, ont du moins une odeur suave qui promet des fruits pour l'âge mûr. C'est donc M. Lallent qui nous apprendra que plus d'une fois son ami, même avant l'époque de sa première communion, lui confia le désir qu'il avait de répandre son sang pour le nom de Jésus-Christ et pour le salut d'un grand nombre d'âmes. De temps en temps, et souvent les jours de fêtes ou de dimanches, les deux jeunes amis allaient ensemble visiter le Saint-Sacrement. Un jour de l'arrière-saison, ayant prolongé leur visite au-delà des bornes ordinaires, ils y furent surpris par@la nuit e@lle sacristain, qui, au mo-ment de fermer l'église, ne les avait point aper-çus, les y emprisonna. Le jeune Musart, voyant son ami inquiet et affligé, le consola et le ras-sura Il ne fait pas froid, lui dit-il si nous ne pouvons sortir, eh bien ! nous coucherons ici. 1 | ##### avait distingué un entre autres qui lui parut avoir des inclinations semblables aux siennes il se lia donc avec lui, mais d'une amitié sage, pure, fondée plus encore sur la piété que sur la ressemblance du caractère et des moeurs. Cet ami se nommait Etienne Lallent il lui a sur-vécu, et l'on tient de lui quelques particularités édifiantes qu'il ne faut pas laisser dans l'oubli car les vertus du jeune âge, ne fussent elles que des fleurs de printemps, ont du moins une odeur suave qui promet des fruits pour l'âge mûr. C'est donc M. Lallent qui nous apprendra que plus d'une fois son ami, même avant l'époque de sa première communion, lui confia le désir qu'il avait de répandre son sang pour le nom de Jésus-Christ et pour le salut d'un grand nombre d'âmes. De temps en temps, et souvent les jours de fêtes ou de dimanches, les deux jeunes amis allaient ensemble visiter le Saint-Sacrement. Un jour de l'arrière-saison, ayant prolongé leur visite au-delà des bornes ordinaires, ils y furent surpris par la nuit et le sacristain, qui, au mo-ment de fermer l'église, ne les avait point aper-çus, les y emprisonna. Le jeune Musart, voyant son ami inquiet et affligé, le consola et le ras-sura Il ne fait pas froid, lui dit-il si nous ne pouvons sortir, eh bien ! nous coucherons ici. # | -9-en avait distingué un entre autres qui lui parut avoir des inclinations semblables aux siennes il se lia donc avec lui, mais d'une amitié sage, pure, fondée plus encore sur la piété que sur la ressemblance du caractère et des moeurs. Cet ami se nommait Etienne Lallent il lui a sur-vécu, et l'on tient de lui quelques particularités édifiantes qu'il ne faut pas laisser dans l'oubli car les vertus du jeune âge, ne fussent elles que des fleurs de printemps, ont du moins une odeur suave qui promet des fruits pour l'âge mûr. C'est donc M. Lallent qui nous apprendra que plus d'une fois son ami, même avant l'époque de sa première communion, lui confia le désir qu'il avait de répandre son sang pour le nom de Jésus-Christ et pour le salut d'un grand nombre d'âmes. De temps en temps, et souvent les jours de fêtes ou de dimanches, les deux jeunes amis allaient ensemble visiter le Saint-Sacrement. Un jour de l'arrière-saison, ayant prolongé leur visite au-delà des bornes ordinaires, ils y furent surpris par la nuit et le sacristain, qui, au mo-ment de fermer l'église, ne les avait point aper-çus, les y emprisonna. Le jeune Musart, voyant son ami inquiet et affligé, le consola et le ras-sura Il ne fait pas froid, lui dit-il si nous ne pouvons sortir, eh bien ! nous coucherons ici. 1 | -9-en avait distingué un entre autres qui lui parut avoir des inclinations semblables aux siennes il se lia donc avec lui, mais d'une amitié sage, pure, fondée plus encore sur la piété que sur la ressemblance du caractère et des moeurs. Cet ami se nommait Etienne Lallent il lui a sur-vécu, et l'on tient de lui quelques particularités édifiantes qu'il ne faut pas laisser dans l'oubli car les vertus du jeune âge, ne fussent elles que des fleurs de printemps, ont du moins une odeur suave qui promet des fruits pour l'âge mûr. C'est donc M. Lallent qui nous apprendra que plus d'une fois son ami, même avant l'époque de sa première communion, lui confia le désir qu'il avait de répandre son sang pour le nom de Jésus-Christ et pour le salut d'un grand nombre d'âmes. De temps en temps, et souvent les jours de fêtes ou de dimanches, les deux jeunes amis allaient ensemble visiter le Saint-Sacrement. Un jour de l'arrière-saison, ayant prolongé leur visite au-delà des bornes ordinaires, ils y furent surpris par la nuit et le sacristain, qui, au mo-ment de fermer l'église, ne les avait point aper-çus, les y emprisonna. Le jeune Musart, voyant son ami inquiet et affligé, le consola et le ras-sura Il ne fait pas froid, lui dit-il si nous ne pouvons sortir, eh bien ! nous coucherons ici. 1 | 3 | 0.002322 | 0.011858 |
557.txt | 1,886 | 16 L'ART DE MAGNÉTISER une main levée, ayant au bout des doigts une flamme qui, d'après les Indiens, s'élance du ciel suivant la volonté du dieu. L'autre main fait le même geste que nous avons vu en Egypte les mages l'appellent abéaston, c'est-à-dire ayez foi. Ayez foi en votre puissance, comme M. de Puységur, qui prenait pour maxime fondamentale de sa doctrine Croyez et veuillez. Apollonius de Thyane nous fournit plusieurs matériaux précieux pour l'histoire du magnétisme il dit que lui-même rappela à la vie une jeune fille qu'on allait enterrer. Il la Joucha, il se pencha sur elle, et elle revint à la vie. Rome ancienne connaissait et pratiquait aussi le magné-tisme on en trouve des preuves chez un grand nombre d'auteurs. Les nombreuses citations que nous avons tirées d'auteurs connus, et prises chez tous les peuples, nous permettent de penser, avec juste raison, que le magnétisme est le résultat de la nature de l'homme, et qu'il est aussi ancien que le monde, puisqu'on le retrouve dans tous les temps et sur tous les points de la terre, non pas sous le nom moderne qu'il porte aujourd'hui, mais sous des formes différentes et mêlé à des sciences plus ou moins positives, plus ou moins mystérieuses. Le magnétisme a subi le sort de toutes les grandes et sublimes vérités il a été l'objet de l'enthousiasme des uns et de la réprobation des autres plus ses effets étaient extraordinaires, évidents, irrécusables, plus ses partisans étaient en butte à l'injure et aux persécutions. Il y eut des hommes consciencieux et reconnus comme tels qui bravèrent cette opinion systématique le sarcasme et le ridicule ne leur furent point épargnés heureusement l'opinion publique, ce juge souverain, se déclara pour eux et pour le magnétisme. Quelques savants ne dédaignèrent pas d'étudier cet' agent mystérieux, et bientôt, grâce à la persistance des uns et à la bonne foi des autres, les effets qui paraissaient les plus extraordinaires, examinés sérieu-sement et sans prévention, rentrèrent dans le domaine des | 16 L'ART DE MAGNÉTISER une main levée, ayant au bout des doigts une flamme qui, d'après les Indiens, s'élance du ciel suivant la volonté du dieu. L'autre main fait le même geste que nous avons vu en Egypte les mages l'appellent abéaston, c'est-à-dire ayez foi. Ayez foi en votre puissance, comme M. de Puységur, qui prenait pour maxime fondamentale de sa doctrine Croyez et veuillez. Apollonius de Thyane nous fournit plusieurs matériaux précieux pour l'histoire du magnétisme il dit que lui-même rappela à la vie une jeune fille qu'on allait enterrer. Il la Joucha, il se pencha sur elle, et elle revint à la vie. Rome ancienne connaissait et pratiquait aussi le magné-tisme on en trouve des preuves chez un grand nombre d'auteurs. Les nombreuses citations que nous avons tirées d'auteurs connus, et prises chez tous les peuples, nous permettent de penser, avec juste raison, que le magnétisme est le résultat de la nature de l'homme, et qu'il est aussi ancien que le monde, puisqu'on le retrouve dans tous les temps et sur tous les points de la terre, non pas sous le nom moderne qu'il porte aujourd'hui, mais sous des formes différentes et mêlé à des sciences plus ou moins positives, plus ou moins mystérieuses. Le magnétisme a subi le sort de toutes les grandes et sublimes vérités il a été l'objet de l'enthousiasme des uns et de la réprobation des autres plus ses effets étaient extraordinaires, évidents, irrécusables, plus ses partisans étaient en butte à l'injure et aux persécutions. Il y eut des hommes consciencieux et reconnus comme tels qui bravèrent cette opinion systématique le sarcasme et le ridicule ne leur furent point épargnés heureusement l'opinion publique, ce juge souverain, se déclara pour eux et pour le magnétisme. Quelques savants ne dédaignèrent pas d'étudier cet' agent mystérieux, et bientôt, grâce à la persistance des uns et à la bonne foi des autres, les effets qui paraissaient les plus extraordinaires, examinés sérieu-sement et sans prévention, rentrèrent dans le domaine des | 16 L'ART DE MAGNÉTISER une main levée, ayant au bout des doigts une flamme qui, d'après les Indiens, s'élance du ciel suivant la volonté du dieu. L'autre main fait le même geste que nous avons vu en Égypte les mages l'appellent abéaston, c'est-à-dire ayez foi. Ayez foi en votre puissance, comme M. de Puységur, qui prenait pour maxime fondamentale de sa doctrine Croyez et veuillez. Apollonius de Thyane nous fournit plusieurs matériaux précieux pour l'histoire du magnétisme il dit que lui-même rappela à la vie une jeune fille qu'on allait enterrer. Il la toucha, il se pencha sur elle, et elle revint à la vie. Rome ancienne connaissait et pratiquait aussi le magné-tisme on en trouve des preuves chez un grand nombre d'auteurs. Les nombreuses citations que nous avons tirées d'auteurs connus, et prises chez tous les peuples, nous permettent de penser, avec juste raison, que le magnétisme est le résultat de la nature de l'homme, et qu'il est aussi ancien que le monde, puisqu'on le retrouve dans tous les temps et sur tous les points de la terre, non pas sous le nom moderne qu'il porte aujourd'hui, mais sous des formes différentes et mêlé à des sciences plus ou moins positives, plus ou moins mystérieuses. Le magnétisme a subi le sort de toutes les grandes et sublimes vérités il a été l'objet de l'enthousiasme des uns et de la réprobation des autres plus ses effets étaient extraordinaires, évidents, irrécusables, plus ses partisans étaient en butte à l'injure et aux persécutions. Il y eut des hommes consciencieux et reconnus comme tels qui bravèrent cette opinion systématique le sarcasme et le ridicule ne leur furent point épargnés heureusement l'opinion publique, ce juge souverain, se déclara pour eux et pour le magnétisme. Quelques savants ne dédaignèrent pas d'étudier cet@ agent mystérieux, et bientôt, grâce à la persistance des uns et à la bonne foi des autres, les effets qui paraissaient les plus extraordinaires, examinés sérieu-sement et sans prévention, rentrèrent dans le domaine des | 16 L'ART DE MAGNÉTISER une main levée, ayant au bout des doigts une flamme qui, d'après les Indiens, s'élance du ciel suivant la volonté du dieu. L'autre main fait le même geste que nous avons vu en Égypte les mages l'appellent abéaston, c'est-à-dire ayez foi. Ayez foi en votre puissance, comme M. de Puységur, qui prenait pour maxime fondamentale de sa doctrine Croyez et veuillez. Apollonius de Thyane nous fournit plusieurs matériaux précieux pour l'histoire du magnétisme il dit que lui-même rappela à la vie une jeune fille qu'on allait enterrer. Il la toucha, il se pencha sur elle, et elle revint à la vie. Rome ancienne connaissait et pratiquait aussi le magné-tisme on en trouve des preuves chez un grand nombre d'auteurs. Les nombreuses citations que nous avons tirées d'auteurs connus, et prises chez tous les peuples, nous permettent de penser, avec juste raison, que le magnétisme est le résultat de la nature de l'homme, et qu'il est aussi ancien que le monde, puisqu'on le retrouve dans tous les temps et sur tous les points de la terre, non pas sous le nom moderne qu'il porte aujourd'hui, mais sous des formes différentes et mêlé à des sciences plus ou moins positives, plus ou moins mystérieuses. Le magnétisme a subi le sort de toutes les grandes et sublimes vérités il a été l'objet de l'enthousiasme des uns et de la réprobation des autres plus ses effets étaient extraordinaires, évidents, irrécusables, plus ses partisans étaient en butte à l'injure et aux persécutions. Il y eut des hommes consciencieux et reconnus comme tels qui bravèrent cette opinion systématique le sarcasme et le ridicule ne leur furent point épargnés heureusement l'opinion publique, ce juge souverain, se déclara pour eux et pour le magnétisme. Quelques savants ne dédaignèrent pas d'étudier cet@ agent mystérieux, et bientôt, grâce à la persistance des uns et à la bonne foi des autres, les effets qui paraissaient les plus extraordinaires, examinés sérieu-sement et sans prévention, rentrèrent dans le domaine des | 16 L'ART DE MAGNÉTISER une main levée, ayant au bout des doigts une flamme qui, d'après les Indiens, s'élance du ciel suivant la volonté du dieu. L'autre main fait le même geste que nous avons vu en Égypte les mages l'appellent abéaston, c'est-à-dire ayez foi. Ayez foi en votre puissance, comme M. de Puységur, qui prenait pour maxime fondamentale de sa doctrine Croyez et veuillez. Apollonius de Thyane nous fournit plusieurs matériaux précieux pour l'histoire du magnétisme il dit que lui-même rappela à la vie une jeune fille qu'on allait enterrer. Il la toucha, il se pencha sur elle, et elle revint à la vie. Rome ancienne connaissait et pratiquait aussi le magné-tisme on en trouve des preuves chez un grand nombre d'auteurs. Les nombreuses citations que nous avons tirées d'auteurs connus, et prises chez tous les peuples, nous permettent de penser, avec juste raison, que le magnétisme est le résultat de la nature de l'homme, et qu'il est aussi ancien que le monde, puisqu'on le retrouve dans tous les temps et sur tous les points de la terre, non pas sous le nom moderne qu'il porte aujourd'hui, mais sous des formes différentes et mêlé à des sciences plus ou moins positives, plus ou moins mystérieuses. Le magnétisme a subi le sort de toutes les grandes et sublimes vérités il a été l'objet de l'enthousiasme des uns et de la réprobation des autres plus ses effets étaient extraordinaires, évidents, irrécusables, plus ses partisans étaient en butte à l'injure et aux persécutions. Il y eut des hommes consciencieux et reconnus comme tels qui bravèrent cette opinion systématique le sarcasme et le ridicule ne leur furent point épargnés heureusement l'opinion publique, ce juge souverain, se déclara pour eux et pour le magnétisme. Quelques savants ne dédaignèrent pas d'étudier cet agent mystérieux, et bientôt, grâce à la persistance des uns et à la bonne foi des autres, les effets qui paraissaient les plus extraordinaires, examinés sérieu-sement et sans prévention, rentrèrent dans le domaine des | 3 | 0.00149 | 0.010899 |
966.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 295 - Rien qui vous soit hostile, mon ami. - Qui le sait? - Tenez, Ludovic, dit Marguerite avec un peu d'impa-tience, ne me poussez pas là-dessus. Je ne sais où j'en suis je n'ai des idées nettes sur aucune chose. Il y a un brouillard dans mon esprit attendez qu'il se soit dissipé pour m'inter-roger. Le jeune homme vit qu'il fallait appuyer plus fort, et le prendre sur un ton plus sévère. - Marguerite, dit-il, je vous répète que vous me cachez quelque chose. - Et quoi donc, bon Dieu? - Vous attendez que je sois loin, pour recommencer. - Et quand cela serait! s'écria-t-elle, vaincue par l'évi-dence et dédaignant d'user plus longtemps de dissimulation. Ce fut au tour de Ludovic d y mettre de la vivacité. - Quand cela serait? dit-il. Voilà un mot que j'attendais, et sur lequel il est bon que nous nous expliquions. Quand cela serait? comme si vous étiez libre d'en agir à votre gré ! Comme si vous ne releviez que de vous-même 1 - Mais il me semble. a - Écoutez-moi jusqu'au bout, Marguerite, et puis vous vous prononcerez. Que vous ayez pu une fois disposer de votre vie que vous n'ayez pas voulu survivre au naufrage de votre honneur et de vos illusions, c'est un acte sur lequel je n'ai rien à dire et qu'excuse l'excès de vos malheurs. - Vous l'avouez donc? - Mais aujourd'hui, reprit Ludovic avec plus de solen-nité, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Vous vous êtes confiée à moi, vous m'avez choisi pour arbitre et pour juge, vous m'avez donné des titres sur votre conscience et imposé une responsabilité. J'ai donc le droit d'être écouté et le droit aussi de désarmer votre bras. - Qu'exigez-vous, Ludovic, et ne pouvez-vous laisser mourir l a paix une pauvre créature? - Non, poursuivit-il, vous ne vous appartenez plus, vous n'êtes plus libre comme vous l'étiez. Sur l'appel que vous m'avez fait, je suis accouru. Ce n'est pas la pitié seule qui me poussait, c'était un sentiment plus tendre, plus vif, et qui a survécu à toutes les épreuves, même à l'abandon. Je | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 295 - Rien qui vous soit hostile, mon ami. - Qui le sait@? - Tenez, Ludovic, dit Marguerite avec un peu d'impa-tience, ne me poussez pas là-dessus. Je ne sais où j'en suis je n'ai des idées nettes sur aucune chose. Il y a un brouillard dans mon esprit attendez qu'il se soit dissipé pour m'inter-roger. Le jeune homme vit qu'il fallait appuyer plus fort, et le prendre sur un ton plus sévère. - Marguerite, dit-il, je vous répète que vous me cachez quelque chose. - Et quoi donc, bon Dieu? - Vous attendez que je sois loin, pour recommencer. - Et quand cela serait@! s'écria-t-elle, vaincue par l'évi-dence et dédaignant d'user plus longtemps de dissimulation. Ce fut au tour de Ludovic d y mettre de la vivacité. - Quand cela serait@? dit-il. Voilà un mot que j'attendais, et sur lequel il est bon que nous nous expliquions. Quand cela serait@? comme si vous étiez libre d'en agir à votre gré ! Comme si vous ne releviez que de vous-même 1 - Mais il me semble. a - Écoutez-moi jusqu'au bout, Marguerite, et puis vous vous prononcerez. Que vous ayez pu une fois disposer de votre vie que vous n'ayez pas voulu survivre au naufrage de votre honneur et de vos illusions, c'est un acte sur lequel je n'ai rien à dire et qu'excuse l'excès de vos malheurs. - Vous l'avouez donc@? - Mais aujourd'hui, reprit Ludovic avec plus de solen-nité, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Vous vous êtes confiée à moi, vous m'avez choisi pour arbitre et pour juge, vous m'avez donné des titres sur votre conscience et imposé une responsabilité. J'ai donc le droit d'être écouté et le droit aussi de désarmer votre bras. - Qu'exigez-vous, Ludovic, et ne pouvez-vous laisser mourir l a paix une pauvre créature? - Non, poursuivit-il, vous ne vous appartenez plus, vous n'êtes plus libre comme vous l'étiez. Sur l'appel que vous m'avez fait, je suis accouru. Ce n'est pas la pitié seule qui me poussait, c'était un sentiment plus tendre, plus vif, et qui a survécu à toutes les épreuves, même à l'abandon. Je | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 295 -@Rien qui vous soit hostile, mon ami. -@Qui le sait ? -@Tenez, Ludovic, dit Marguerite avec un peu d'impa-tience, ne me poussez pas là-dessus. Je ne sais où j'en suis je n'ai des idées nettes sur aucune chose. Il y a un brouillard dans mon esprit attendez qu'il se soit dissipé pour m'inter-roger. Le jeune homme vit qu'il fallait appuyer plus fort, et le prendre sur un ton plus sévère. -@Marguerite, dit-il, je vous répète que vous me cachez quelque chose. -@Et quoi donc, bon Dieu? -@Vous attendez que je sois loin, pour recommencer. -@Et quand cela serait ! s'écria-t-elle, vaincue par l'évi-dence et dédaignant d'user plus longtemps de dissimulation. Ce fut au tour de Ludovic d'y mettre de la vivacité. -@Quand cela serait ? dit-il. Voilà un mot que j'attendais, et sur lequel il est bon que nous nous expliquions. Quand cela serait ? comme si vous étiez libre d'en agir à votre gré ! Comme si vous ne releviez que de vous-même ! -@Mais il me semble... -@Écoutez-moi jusqu'au bout, Marguerite, et puis vous vous prononcerez. Que vous avez pu une fois disposer de votre vie que vous n'ayez pas voulu survivre au naufrage de votre honneur et de vos illusions, c'est un acte sur lequel je n'ai rien à dire et qu'excuse l'excès de vos malheurs. -@Vous l'avouez donc ? -@Mais aujourd'hui, reprit Ludovic avec plus de solen-nité, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Vous vous êtes confiée à moi, vous m'avez choisi pour arbitre et pour juge, vous m'avez donné des titres sur votre conscience et imposé une responsabilité. J'ai donc le droit d'être écouté et le droit aussi de désarmer votre bras. -@Qu'exigez-vous, Ludovic, et ne pouvez-vous laisser mourir @en paix une pauvre créature? -@Non, poursuivit-il, vous ne vous appartenez plus, vous n'êtes plus libre comme vous l'étiez. Sur l'appel que vous m'avez fait, je suis accouru. Ce n'est pas la pitié seule qui me poussait, c'était un sentiment plus tendre, plus vif, et qui a survécu à toutes les épreuves, même à l'abandon. Je | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 295 -@Rien qui vous soit hostile, mon ami. -@Qui le sait ? -@Tenez, Ludovic, dit Marguerite avec un peu d'impa-tience, ne me poussez pas là-dessus. Je ne sais où j'en suis je n'ai des idées nettes sur aucune chose. Il y a un brouillard dans mon esprit attendez qu'il se soit dissipé pour m'inter-roger. Le jeune homme vit qu'il fallait appuyer plus fort, et le prendre sur un ton plus sévère. -@Marguerite, dit-il, je vous répète que vous me cachez quelque chose. -@Et quoi donc, bon Dieu? -@Vous attendez que je sois loin, pour recommencer. -@Et quand cela serait ! s'écria-t-elle, vaincue par l'évi-dence et dédaignant d'user plus longtemps de dissimulation. Ce fut au tour de Ludovic d'y mettre de la vivacité. -@Quand cela serait ? dit-il. Voilà un mot que j'attendais, et sur lequel il est bon que nous nous expliquions. Quand cela serait ? comme si vous étiez libre d'en agir à votre gré ! Comme si vous ne releviez que de vous-même ! -@Mais il me semble... -@Écoutez-moi jusqu'au bout, Marguerite, et puis vous vous prononcerez. Que vous avez pu une fois disposer de votre vie que vous n'ayez pas voulu survivre au naufrage de votre honneur et de vos illusions, c'est un acte sur lequel je n'ai rien à dire et qu'excuse l'excès de vos malheurs. -@Vous l'avouez donc ? -@Mais aujourd'hui, reprit Ludovic avec plus de solen-nité, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Vous vous êtes confiée à moi, vous m'avez choisi pour arbitre et pour juge, vous m'avez donné des titres sur votre conscience et imposé une responsabilité. J'ai donc le droit d'être écouté et le droit aussi de désarmer votre bras. -@Qu'exigez-vous, Ludovic, et ne pouvez-vous laisser mourir @en paix une pauvre créature? -@Non, poursuivit-il, vous ne vous appartenez plus, vous n'êtes plus libre comme vous l'étiez. Sur l'appel que vous m'avez fait, je suis accouru. Ce n'est pas la pitié seule qui me poussait, c'était un sentiment plus tendre, plus vif, et qui a survécu à toutes les épreuves, même à l'abandon. Je | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 295 -Rien qui vous soit hostile, mon ami. -Qui le sait ? -Tenez, Ludovic, dit Marguerite avec un peu d'impa-tience, ne me poussez pas là-dessus. Je ne sais où j'en suis je n'ai des idées nettes sur aucune chose. Il y a un brouillard dans mon esprit attendez qu'il se soit dissipé pour m'inter-roger. Le jeune homme vit qu'il fallait appuyer plus fort, et le prendre sur un ton plus sévère. -Marguerite, dit-il, je vous répète que vous me cachez quelque chose. -Et quoi donc, bon Dieu? -Vous attendez que je sois loin, pour recommencer. -Et quand cela serait ! s'écria-t-elle, vaincue par l'évi-dence et dédaignant d'user plus longtemps de dissimulation. Ce fut au tour de Ludovic d'y mettre de la vivacité. -Quand cela serait ? dit-il. Voilà un mot que j'attendais, et sur lequel il est bon que nous nous expliquions. Quand cela serait ? comme si vous étiez libre d'en agir à votre gré ! Comme si vous ne releviez que de vous-même ! -Mais il me semble... -Écoutez-moi jusqu'au bout, Marguerite, et puis vous vous prononcerez. Que vous avez pu une fois disposer de votre vie que vous n'ayez pas voulu survivre au naufrage de votre honneur et de vos illusions, c'est un acte sur lequel je n'ai rien à dire et qu'excuse l'excès de vos malheurs. -Vous l'avouez donc ? -Mais aujourd'hui, reprit Ludovic avec plus de solen-nité, les choses ne sont plus ce qu'elles étaient. Vous vous êtes confiée à moi, vous m'avez choisi pour arbitre et pour juge, vous m'avez donné des titres sur votre conscience et imposé une responsabilité. J'ai donc le droit d'être écouté et le droit aussi de désarmer votre bras. -Qu'exigez-vous, Ludovic, et ne pouvez-vous laisser mourir en paix une pauvre créature? -Non, poursuivit-il, vous ne vous appartenez plus, vous n'êtes plus libre comme vous l'étiez. Sur l'appel que vous m'avez fait, je suis accouru. Ce n'est pas la pitié seule qui me poussait, c'était un sentiment plus tendre, plus vif, et qui a survécu à toutes les épreuves, même à l'abandon. Je | 27 | 0.013406 | 0.057072 |
972.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 301 longue vous reparti, je suis retombée dans ma fange. Vous -m'aviez ouvert le ciel restée seule, j'ai retrouvé mon enfer. c Non, Ludovic, nous nous abusions tous deux je ne puis - être votre femme. C'est un mauvais marché que nous ferions, et plus tard nous en serions aux regrets. Le monde est ainsi fait, qu'une première tache ne s'y efface pas et qu'il en reste toujours l'empreinte sur la vie. Voyons, raisonnons ensemble le malheur apprend à raisonner raisonnons, et puis vous me condamnerez si vous en avez le courage. Je vous connais, Ludovic une fois que vous m'auriez eue pour compagne, mon honneur eût été le vôtre et vous auriez, en me respectant, donné à autrui l'exemple du res-pect. Mais croyez-le, un respect qui ne se commande pas de lui-même n'est jamais sûr ni sérieux. Il faut si peu de chose pour l'altérer ou le détruire un propos, un bruit 1 N'en jouit pas qui veut. Le respect? Y avais-je quelque droit, moi, une fille déshonorée? Pouvais-je empêcher que, dans notre monde à nous, si réduit que vous le fassiez, le récit de mes désordres ne parvint aux oreilles de quelqu'un et ne passât ensuite de bouche en bouche, comme cela arrive en pareil cas? Et alors quelle situation eût été la mienne? Comment supporter les regards des honnêtes gens? Voyez-vous d'ici les rires ironiques, les chuchotements, les grands airs et les petites allusions, toutes les impertinences à l'usage des pimbêches qui cachent leurs péchés mignons. Voyez-vous les malices des vieux débauchés qui se croiraient autorisés à me débiter quelques gravelures I Voyez-vous des mères de famille dé-fendant à leurs filles de me parler, et les maris circonspects me mettant à l'index de leurs femmes. Je suis avilie, Ludo-vic, mais je suis fière encore, Dieu merci 1 Jamais je ne sup-- porterais de pareilles hontes 1 J'en mourrais la catastrophe ne serait que différée. -' Et vous-même, savez-vous seulement si vous avez la trempe nécessaire pour résister à de semblables épreuves ? Savez-vous si vous n'y fléchiriez pas? Non, dites-vous. Illu-sion de l'amour illusion des premières heures. Le prestige est encore là il agit, vous ne voyez que moi vous m'em-porteriez dans un désert, s'il le fallait, pour me soustraire | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 301 longue vous reparti, je suis retombée dans ma fange. Vous -m'aviez ouvert le ciel restée seule, j'ai retrouvé mon enfer. c Non, Ludovic, nous nous abusions tous deux je ne puis - être votre femme. C'est un mauvais marché que nous ferions, et plus tard nous en serions aux regrets. Le monde est ainsi fait, qu'une première tache ne s'y efface pas et qu'il en reste toujours l'empreinte sur la vie. Voyons, raisonnons ensemble le malheur apprend à raisonner raisonnons, et puis vous me condamnerez si vous en avez le courage. Je vous connais, Ludovic une fois que vous m'auriez eue pour compagne, mon honneur eût été le vôtre et vous auriez, en me respectant, donné à autrui l'exemple du res-pect. Mais croyez-le, un respect qui ne se commande pas de lui-même n'est jamais sûr ni sérieux. Il faut si peu de chose pour l'altérer ou le détruire un propos, un bruit 1 N'en jouit pas qui veut. Le respect@? Y avais-je quelque droit, moi, une fille déshonorée@? Pouvais-je empêcher que, dans notre monde à nous, si réduit que vous le fassiez, le récit de mes désordres ne parvint aux oreilles de quelqu'un et ne passât ensuite de bouche en bouche, comme cela arrive en pareil cas@? Et alors quelle situation eût été la mienne@? Comment supporter les regards des honnêtes gens@? Voyez-vous d'ici les rires ironiques, les chuchotements, les grands airs et les petites allusions, toutes les impertinences à l'usage des pimbêches qui cachent leurs péchés mignons. Voyez-vous les malices des vieux débauchés qui se croiraient autorisés à me débiter quelques gravelures I Voyez-vous des mères de famille dé-fendant à leurs filles de me parler, et les maris circonspects me mettant à l'index de leurs femmes. Je suis avilie, Ludo-vic, mais je suis fière encore, Dieu merci 1 Jamais je ne sup-- porterais de pareilles hontes 1 J'en mourrais la catastrophe ne serait que différée. -' Et vous-même, savez-vous seulement si vous avez la trempe nécessaire pour résister à de semblables épreuves ? Savez-vous si vous n'y fléchiriez pas@? Non, dites-vous. Illu-sion de l'amour illusion des premières heures. Le prestige est encore là il agit, vous ne voyez que moi vous m'em-porteriez dans un désert, s'il le fallait, pour me soustraire | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 301 longue vous reparti, je suis retombée dans ma fange. Vous @m'aviez ouvert le ciel restée seule, j'ai retrouvé mon enfer. @@Non, Ludovic, nous nous abusions tous deux je ne puis@@ être votre femme. C'est un mauvais marché que nous ferions, et plus tard nous en serions aux regrets. Le monde est ainsi fait, qu'une première tache ne s'y efface pas et qu'il en reste toujours l'empreinte sur la vie. Voyons, raisonnons ensemble le malheur apprend à raisonner raisonnons, et puis vous me condamnerez si vous en avez le courage. Je vous connais, Ludovic une fois que vous m'auriez eue pour compagne, mon honneur eût été le vôtre et vous auriez, en me respectant, donné à autrui l'exemple du res-pect. Mais croyez-le, un respect qui ne se commande pas de lui-même n'est jamais sûr ni sérieux. Il faut si peu de chose pour l'altérer ou le détruire un propos, un bruit ! N'en jouit pas qui veut. Le respect ? Y avais-je quelque droit, moi, une fille déshonorée ? Pouvais-je empêcher que, dans notre monde à nous, si réduit que vous le fassiez, le récit de mes désordres ne parvînt aux oreilles de quelqu'un et ne passât ensuite de bouche en bouche, comme cela arrive en pareil cas ? Et alors quelle situation eût été la mienne ? Comment supporter les regards des honnêtes gens ? Voyez-vous d'ici les rires ironiques, les chuchotements, les grands airs et les petites allusions, toutes les impertinences à l'usage des pimbèches qui cachent leurs péchés mignons. Voyez-vous les malices des vieux débauchés qui se croiraient autorisés à me débiter quelques gravelures ! Voyez-vous des mères de famille dé-fendant à leurs filles de me parler, et les maris circonspects me mettant à l'index de leurs femmes. Je suis avilie, Ludo-vic, mais je suis fière encore, Dieu merci ! Jamais je ne sup-@@porterais de pareilles hontes ! J'en mourrais la catastrophe ne serait que différée.@@@ Et vous-même, savez-vous seulement si vous avez la trempe nécessaire pour résister à de semblables épreuves ? Savez-vous si vous n'y fléchiriez pas ? Non, dites-vous. Illu-sion de l'amour illusion des premières heures. Le prestige est encore là il agit, vous ne voyez que moi vous m'em-porteriez dans un désert, s'il le fallait, pour me soustraire | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 301 longue vous reparti, je suis retombée dans ma fange. Vous @m'aviez ouvert le ciel restée seule, j'ai retrouvé mon enfer. @@Non, Ludovic, nous nous abusions tous deux je ne puis@@ être votre femme. C'est un mauvais marché que nous ferions, et plus tard nous en serions aux regrets. Le monde est ainsi fait, qu'une première tache ne s'y efface pas et qu'il en reste toujours l'empreinte sur la vie. Voyons, raisonnons ensemble le malheur apprend à raisonner raisonnons, et puis vous me condamnerez si vous en avez le courage. Je vous connais, Ludovic une fois que vous m'auriez eue pour compagne, mon honneur eût été le vôtre et vous auriez, en me respectant, donné à autrui l'exemple du res-pect. Mais croyez-le, un respect qui ne se commande pas de lui-même n'est jamais sûr ni sérieux. Il faut si peu de chose pour l'altérer ou le détruire un propos, un bruit ! N'en jouit pas qui veut. Le respect ? Y avais-je quelque droit, moi, une fille déshonorée ? Pouvais-je empêcher que, dans notre monde à nous, si réduit que vous le fassiez, le récit de mes désordres ne parvînt aux oreilles de quelqu'un et ne passât ensuite de bouche en bouche, comme cela arrive en pareil cas ? Et alors quelle situation eût été la mienne ? Comment supporter les regards des honnêtes gens ? Voyez-vous d'ici les rires ironiques, les chuchotements, les grands airs et les petites allusions, toutes les impertinences à l'usage des pimbèches qui cachent leurs péchés mignons. Voyez-vous les malices des vieux débauchés qui se croiraient autorisés à me débiter quelques gravelures ! Voyez-vous des mères de famille dé-fendant à leurs filles de me parler, et les maris circonspects me mettant à l'index de leurs femmes. Je suis avilie, Ludo-vic, mais je suis fière encore, Dieu merci ! Jamais je ne sup-@@porterais de pareilles hontes ! J'en mourrais la catastrophe ne serait que différée.@@@ Et vous-même, savez-vous seulement si vous avez la trempe nécessaire pour résister à de semblables épreuves ? Savez-vous si vous n'y fléchiriez pas ? Non, dites-vous. Illu-sion de l'amour illusion des premières heures. Le prestige est encore là il agit, vous ne voyez que moi vous m'em-porteriez dans un désert, s'il le fallait, pour me soustraire | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 301 longue vous reparti, je suis retombée dans ma fange. Vous m'aviez ouvert le ciel restée seule, j'ai retrouvé mon enfer. Non, Ludovic, nous nous abusions tous deux je ne puis être votre femme. C'est un mauvais marché que nous ferions, et plus tard nous en serions aux regrets. Le monde est ainsi fait, qu'une première tache ne s'y efface pas et qu'il en reste toujours l'empreinte sur la vie. Voyons, raisonnons ensemble le malheur apprend à raisonner raisonnons, et puis vous me condamnerez si vous en avez le courage. Je vous connais, Ludovic une fois que vous m'auriez eue pour compagne, mon honneur eût été le vôtre et vous auriez, en me respectant, donné à autrui l'exemple du res-pect. Mais croyez-le, un respect qui ne se commande pas de lui-même n'est jamais sûr ni sérieux. Il faut si peu de chose pour l'altérer ou le détruire un propos, un bruit ! N'en jouit pas qui veut. Le respect ? Y avais-je quelque droit, moi, une fille déshonorée ? Pouvais-je empêcher que, dans notre monde à nous, si réduit que vous le fassiez, le récit de mes désordres ne parvînt aux oreilles de quelqu'un et ne passât ensuite de bouche en bouche, comme cela arrive en pareil cas ? Et alors quelle situation eût été la mienne ? Comment supporter les regards des honnêtes gens ? Voyez-vous d'ici les rires ironiques, les chuchotements, les grands airs et les petites allusions, toutes les impertinences à l'usage des pimbèches qui cachent leurs péchés mignons. Voyez-vous les malices des vieux débauchés qui se croiraient autorisés à me débiter quelques gravelures ! Voyez-vous des mères de famille dé-fendant à leurs filles de me parler, et les maris circonspects me mettant à l'index de leurs femmes. Je suis avilie, Ludo-vic, mais je suis fière encore, Dieu merci ! Jamais je ne sup-porterais de pareilles hontes ! J'en mourrais la catastrophe ne serait que différée. Et vous-même, savez-vous seulement si vous avez la trempe nécessaire pour résister à de semblables épreuves ? Savez-vous si vous n'y fléchiriez pas ? Non, dites-vous. Illu-sion de l'amour illusion des premières heures. Le prestige est encore là il agit, vous ne voyez que moi vous m'em-porteriez dans un désert, s'il le fallait, pour me soustraire | 22 | 0.009813 | 0.04157 |
782.txt | 1,858 | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 75 apprécié les avantages, car, depuis qu'il y commandait, les portes restaient toujours fermées, et, pour qu'elles s'ouvris- -sent, il fallait recourir à une cloche comme on n'en fait plus dans notre époque dégénérée, et qui exigeait une certaine force musculaire chez celui qui entreprenait de l'ébranler. Le son était à Favenant on eût dit un tocsin. Garantie pré-cieuse pour le comte personne n'entrait dans son château qu'il ne le sût. Gaston comprit qu'il n'y avait rien à faire de ce côté. Im-possible de se glisser le long des murs et d'attendre un mo-ment favorable à la manière des amants espagnols. A aucun prix, le jeune homme n'eût voulu jouer au rôman, ni expo-ser Clémence à des suppositions fâcheuses. Quelque vif que fût son désir de la revoir, la crainte de la compromettre était bien plus vive encore. Comment concilier ces deux senti-ments ? Un amour véritable est toujours ingénieux voici ce que Gaston imagina. XVII Le chemin qui conduisait à Beaupré était une de ces voies de communication que les départements ouvrent à leurs frais, d'un chef-lieu à l'autre, et qui sont le siège d'un charroi fré-quent et d'une .circulation active. Seulement, aux abords de la résidence, une courte avenue de marronniers débouchait d'un côté sur le chemin d'un usage commun, et aboutissait de l'autre au pont-levis et à la cour d'honneur. Durant la belle saison, il était difficile d'apercevoir du -château cette route départementale. Quoique peu distante, elle était voilée par un triple rideau de végétation. En hiver seulement, et après la chute des feuilles, la perspective se dégageait, et alors on découvrait au loin les carrioles des villageois avec leurs cerceaux d'osier et les attelages des mareyeurs se convoyant et marchant par longues files. Cette | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 75 apprécié les avantages, car, depuis qu'il y commandait, les portes restaient toujours fermées, et, pour qu'elles s'ouvris- -sent, il fallait recourir à une cloche comme on n'en fait plus dans notre époque dégénérée, et qui exigeait une certaine force musculaire chez celui qui entreprenait de l'ébranler. Le son était à @Favenant on eût dit un tocsin. Garantie pré-cieuse pour le comte personne n'entrait dans son château qu'il ne le sût. Gaston comprit qu'il n'y avait rien à faire de ce côté. Im-possible de se glisser le long des murs et d'attendre un mo-ment favorable à la manière des amants espagnols. A aucun prix, le jeune homme n'eût voulu jouer au rôman, ni expo-ser Clémence à des suppositions fâcheuses. Quelque vif que fût son désir de la revoir, la crainte de la compromettre était bien plus vive encore. Comment concilier ces deux senti-ments ? Un amour véritable est toujours ingénieux voici ce que Gaston imagina. XVII Le chemin qui conduisait à Beaupré était une de ces voies de communication que les départements ouvrent à leurs frais, d'un chef-lieu à l'autre, et qui sont le siège d'un charroi fré-quent et d'une .circulation active. Seulement, aux abords de la résidence, une courte avenue de marronniers débouchait d'un côté sur le chemin d'un usage commun, et aboutissait de l'autre au pont-levis et à la cour d'honneur. Durant la belle saison, il était difficile d'apercevoir du -château cette route départementale. Quoique peu distante, elle était voilée par un triple rideau de végétation. En hiver seulement, et après la chute des feuilles, la perspective se dégageait, et alors on découvrait au loin les carrioles des villageois avec leurs cerceaux d'osier et les attelages des mareyeurs se convoyant et marchant par longues files. Cette | CE ##### PEUT VOIR DANS UNE RUE. 75 apprécié les avantages, car, depuis qu'il y commandait, les portes restaient toujours fermées, et, pour qu'elles s'ouvris-@@sent, il fallait recourir à une cloche comme on n'en fait plus dans notre époque dégénérée, et qui exigeait une certaine force musculaire chez celui qui entreprenait de l'ébranler. Le son était à l'avenant on eût dit un tocsin. Garantie pré-cieuse pour le comte personne n'entrait dans son château qu'il ne le sût. Gaston comprit qu'il n'y avait rien à faire de ce côté. Im-possible de se glisser le long des murs et d'attendre un mo-ment favorable à la manière des amants espagnols. A aucun prix, le jeune homme n'eût voulu jouer au roman, ni expo-ser Clémence à des suppositions fâcheuses. Quelque vif que fût son désir de la revoir, la crainte de la compromettre était bien plus vive encore. Comment concilier ces deux senti-ments ? Un amour véritable est toujours ingénieux voici ce que Gaston imagina. XVII Le chemin qui conduisait à Beaupré était une de ces voies de communication que les départements ouvrent à leurs frais, d'un chef-lieu à l'autre, et qui sont le siége d'un charroi fré-quent et d'une @circulation active. Seulement, aux abords de la résidence, une courte avenue de marronniers débouchait d'un côté sur le chemin d'un usage commun, et aboutissait de l'autre au pont-levis et à la cour d'honneur. Durant la belle saison, il était difficile d'apercevoir du @château cette route départementale. Quoique peu distante, elle était voilée par un triple rideau de végétation. En hiver seulement, et après la chute des feuilles, la perspective se dégageait, et alors on découvrait au loin les carrioles des villageois avec leurs cerceaux d'osier et les attelages des mareyeurs se convoyant et marchant par longues files. Cette | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 75 apprécié les avantages, car, depuis qu'il y commandait, les portes restaient toujours fermées, et, pour qu'elles s'ouvris-@@sent, il fallait recourir à une cloche comme on n'en fait plus dans notre époque dégénérée, et qui exigeait une certaine force musculaire chez celui qui entreprenait de l'ébranler. Le son était à l'avenant on eût dit un tocsin. Garantie pré-cieuse pour le comte personne n'entrait dans son château qu'il ne le sût. Gaston comprit qu'il n'y avait rien à faire de ce côté. Im-possible de se glisser le long des murs et d'attendre un mo-ment favorable à la manière des amants espagnols. A aucun prix, le jeune homme n'eût voulu jouer au roman, ni expo-ser Clémence à des suppositions fâcheuses. Quelque vif que fût son désir de la revoir, la crainte de la compromettre était bien plus vive encore. Comment concilier ces deux senti-ments ? Un amour véritable est toujours ingénieux voici ce que Gaston imagina. XVII Le chemin qui conduisait à Beaupré était une de ces voies de communication que les départements ouvrent à leurs frais, d'un chef-lieu à l'autre, et qui sont le siége d'un charroi fré-quent et d'une @circulation active. Seulement, aux abords de la résidence, une courte avenue de marronniers débouchait d'un côté sur le chemin d'un usage commun, et aboutissait de l'autre au pont-levis et à la cour d'honneur. Durant la belle saison, il était difficile d'apercevoir du @château cette route départementale. Quoique peu distante, elle était voilée par un triple rideau de végétation. En hiver seulement, et après la chute des feuilles, la perspective se dégageait, et alors on découvrait au loin les carrioles des villageois avec leurs cerceaux d'osier et les attelages des mareyeurs se convoyant et marchant par longues files. Cette | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 75 apprécié les avantages, car, depuis qu'il y commandait, les portes restaient toujours fermées, et, pour qu'elles s'ouvris-sent, il fallait recourir à une cloche comme on n'en fait plus dans notre époque dégénérée, et qui exigeait une certaine force musculaire chez celui qui entreprenait de l'ébranler. Le son était à l'avenant on eût dit un tocsin. Garantie pré-cieuse pour le comte personne n'entrait dans son château qu'il ne le sût. Gaston comprit qu'il n'y avait rien à faire de ce côté. Im-possible de se glisser le long des murs et d'attendre un mo-ment favorable à la manière des amants espagnols. A aucun prix, le jeune homme n'eût voulu jouer au roman, ni expo-ser Clémence à des suppositions fâcheuses. Quelque vif que fût son désir de la revoir, la crainte de la compromettre était bien plus vive encore. Comment concilier ces deux senti-ments ? Un amour véritable est toujours ingénieux voici ce que Gaston imagina. XVII Le chemin qui conduisait à Beaupré était une de ces voies de communication que les départements ouvrent à leurs frais, d'un chef-lieu à l'autre, et qui sont le siége d'un charroi fré-quent et d'une circulation active. Seulement, aux abords de la résidence, une courte avenue de marronniers débouchait d'un côté sur le chemin d'un usage commun, et aboutissait de l'autre au pont-levis et à la cour d'honneur. Durant la belle saison, il était difficile d'apercevoir du château cette route départementale. Quoique peu distante, elle était voilée par un triple rideau de végétation. En hiver seulement, et après la chute des feuilles, la perspective se dégageait, et alors on découvrait au loin les carrioles des villageois avec leurs cerceaux d'osier et les attelages des mareyeurs se convoyant et marchant par longues files. Cette | 8 | 0.004449 | 0.024242 |
796.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 91 que la victime lui tenait par des liens plus étroits. Ses yeux pétillaient, ses narines se dilataient elle prenait goût aux moindres détails'et les savourait avec une volupté évidente. Parfois elle insistait, et par un mot placé à dessein amenait la répétition d'un fait, d'une circonstance qui l'avaient plus particulièrement charmée. Elle n'eût pas donné sa séance pour un bien grand prix. De loin en loin, et comme pour s'as-surer d'un faux-fuyant, elle disait -Qu'y puis-je, mon frère? Ou bien, pour éloigner d'elle jusqu'à l'ombre d'une res-ponsabilité - Vous l'avez voulu, mon frère ! Ces formules étaient peu encourageantes pour Sigismond, et pourtant il persista. Il essuya sans broncher ce feu rou-lant de sarcasmes, cette ironie amère, ces paroles de conso-lation mêlées de fiel. Puis, quand il eut achevé ses révéla-tions, il ajouta - Voilà mon histoire, Pulchérie vous voyez maintenant pourquoi j'aivbesoin de vous. - De moi, mon frère? - De vous. - Et comment donc cela, mon frère? - Vous allez voir. - Volontiers, mon frère vous piquez ma curiosité. Son attitude restait hostile au plus haut degré. Elle se posa , carrément sur son siège, comme pour mieux préparer son refus et le rendre le plus dur possible. Tirer Sigismond du guêpier où il était tombé, l'assister dans ses mésaventures conjugales, allons donc 1 Pourquoi s'était-il marié? Il subis-sait les chances de l'état, et le spectacle n'en était pas sans charme pour les personnes qui n'avaient pas voulu s'enga-ger dans de semblables liens. Ainsi pensait-elle, très-mal disposée, comme on le voit, et n'hésitant pas sur le parti qu'elle avait à prendre. Ce fut sous d'aussi défavorables auspices que le comte fit ses premières ouvertures et expliqua son projét. Désormais, disait-il, plus de confiance possible vis-à-vis d'une femme deux fois surprise dans ses trahisons. Contre elle, il n'y avait qu'une garantie sérieuse, c'était une surveillance de toutes les heures et de tous les instants. A ce prix seulement il ob- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 91 que la victime lui tenait par des liens plus étroits. Ses yeux pétillaient, ses narines se dilataient elle prenait goût aux moindres détails'et les savourait avec une volupté évidente. Parfois elle insistait, et par un mot placé à dessein amenait la répétition d'un fait, d'une circonstance qui l'avaient plus particulièrement charmée. Elle n'eût pas donné sa séance pour un bien grand prix. De loin en loin, et comme pour s'as-surer d'un faux-fuyant, elle disait -Qu'y puis-je, mon frère? Ou bien, pour éloigner d'elle jusqu'à l'ombre d'une res-ponsabilité - Vous l'avez voulu, mon frère ! Ces formules étaient peu encourageantes pour Sigismond, et pourtant il persista. Il essuya sans broncher ce feu rou-lant de sarcasmes, cette ironie amère, ces paroles de conso-lation mêlées de fiel. Puis, quand il eut achevé ses révéla-tions, il ajouta - Voilà mon histoire, Pulchérie vous voyez maintenant pourquoi j'aivbesoin de vous. - De moi, mon frère@? - De vous. - Et comment donc cela, mon frère? - Vous allez voir. - Volontiers, mon frère vous piquez ma curiosité. Son attitude restait hostile au plus haut degré. Elle se posa , carrément sur son siège, comme pour mieux préparer son refus et le rendre le plus dur possible. Tirer Sigismond du guêpier où il était tombé, l'assister dans ses mésaventures conjugales, allons donc 1 Pourquoi s'était-il marié@? Il subis-sait les chances de l'état, et le spectacle n'en était pas sans charme pour les personnes qui n'avaient pas voulu s'enga-ger dans de semblables liens. Ainsi pensait-elle, très-mal disposée, comme on le voit, et n'hésitant pas sur le parti qu'elle avait à prendre. Ce fut sous d'aussi défavorables auspices que le comte fit ses premières ouvertures et expliqua son projét. Désormais, disait-il, plus de confiance possible vis-à-vis d'une femme deux fois surprise dans ses trahisons. Contre elle, il n'y avait qu'une garantie sérieuse, c'était une surveillance de toutes les heures et de tous les instants. A ce prix seulement il ob- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 91 que la victime lui tenait par des liens plus étroits. Ses yeux pétillaient, ses narines se dilataient elle prenait goût aux moindres détails et les savourait avec une volupté évidente. Parfois elle insistait, et par un mot placé à dessein amenait la répétition d'un fait, d'une circonstance qui l'avaient plus particulièrement charmée. Elle n'eût pas donné sa séance pour un bien grand prix. De loin en loin, et comme pour s'as-surer d'un faux-fuyant, elle disait -Qu'y puis-je, mon frère? Ou bien, pour éloigner d'elle jusqu'à l'ombre d'une res-ponsabilité -@Vous l'avez voulu, mon frère ! Ces formules étaient peu encourageantes pour Sigismond, et pourtant il persista. Il essuya sans broncher ce feu rou-lant de sarcasmes, cette ironie amère, ces paroles de conso-lation mêlées de fiel. Puis, quand il eut achevé ses révéla-tions, il ajouta -@Voilà mon histoire, Pulchérie vous voyez maintenant pourquoi j'ai besoin de vous. -@De moi, mon frère ? -@De vous. -@Et comment donc cela, mon frère? -@Vous allez voir. -@Volontiers, mon frère vous piquez ma curiosité. Son attitude restait hostile au plus haut degré. Elle se posa@@ carrément sur son siége, comme pour mieux préparer son refus et le rendre le plus dur possible. Tirer Sigismond du guêpier où il était tombé, l'assister dans ses mésaventures conjugales, allons donc ! Pourquoi s'était-il marié ? Il subis-sait les chances de l'état, et le spectacle n'en était pas sans charme pour les personnes qui n'avaient pas voulu s'enga-ger dans de semblables liens. Ainsi pensait-elle, très-mal disposée, comme on le voit, et n'hésitant pas sur le parti qu'elle avait à prendre. Ce fut sous d'aussi défavorables auspices que le comte fit ses premières ouvertures et expliqua son projet. Désormais, disait-il, plus de confiance possible vis-à-vis d'une femme deux fois surprise dans ses trahisons. Contre elle, il n'y avait qu'une garantie sérieuse, c'était une surveillance de toutes les heures et de tous les instants. A ce prix seulement il ob- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 91 que la victime lui tenait par des liens plus étroits. Ses yeux pétillaient, ses narines se dilataient elle prenait goût aux moindres détails et les savourait avec une volupté évidente. Parfois elle insistait, et par un mot placé à dessein amenait la répétition d'un fait, d'une circonstance qui l'avaient plus particulièrement charmée. Elle n'eût pas donné sa séance pour un bien grand prix. De loin en loin, et comme pour s'as-surer d'un faux-fuyant, elle disait -Qu'y puis-je, mon frère? Ou bien, pour éloigner d'elle jusqu'à l'ombre d'une res-ponsabilité -@Vous l'avez voulu, mon frère ! Ces formules étaient peu encourageantes pour Sigismond, et pourtant il persista. Il essuya sans broncher ce feu rou-lant de sarcasmes, cette ironie amère, ces paroles de conso-lation mêlées de fiel. Puis, quand il eut achevé ses révéla-tions, il ajouta -@Voilà mon histoire, Pulchérie vous voyez maintenant pourquoi j'ai besoin de vous. -@De moi, mon frère ? -@De vous. -@Et comment donc cela, mon frère? -@Vous allez voir. -@Volontiers, mon frère vous piquez ma curiosité. Son attitude restait hostile au plus haut degré. Elle se posa@@ carrément sur son siége, comme pour mieux préparer son refus et le rendre le plus dur possible. Tirer Sigismond du guêpier où il était tombé, l'assister dans ses mésaventures conjugales, allons donc ! Pourquoi s'était-il marié ? Il subis-sait les chances de l'état, et le spectacle n'en était pas sans charme pour les personnes qui n'avaient pas voulu s'enga-ger dans de semblables liens. Ainsi pensait-elle, très-mal disposée, comme on le voit, et n'hésitant pas sur le parti qu'elle avait à prendre. Ce fut sous d'aussi défavorables auspices que le comte fit ses premières ouvertures et expliqua son projet. Désormais, disait-il, plus de confiance possible vis-à-vis d'une femme deux fois surprise dans ses trahisons. Contre elle, il n'y avait qu'une garantie sérieuse, c'était une surveillance de toutes les heures et de tous les instants. A ce prix seulement il ob- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 91 que la victime lui tenait par des liens plus étroits. Ses yeux pétillaient, ses narines se dilataient elle prenait goût aux moindres détails et les savourait avec une volupté évidente. Parfois elle insistait, et par un mot placé à dessein amenait la répétition d'un fait, d'une circonstance qui l'avaient plus particulièrement charmée. Elle n'eût pas donné sa séance pour un bien grand prix. De loin en loin, et comme pour s'as-surer d'un faux-fuyant, elle disait -Qu'y puis-je, mon frère? Ou bien, pour éloigner d'elle jusqu'à l'ombre d'une res-ponsabilité -Vous l'avez voulu, mon frère ! Ces formules étaient peu encourageantes pour Sigismond, et pourtant il persista. Il essuya sans broncher ce feu rou-lant de sarcasmes, cette ironie amère, ces paroles de conso-lation mêlées de fiel. Puis, quand il eut achevé ses révéla-tions, il ajouta -Voilà mon histoire, Pulchérie vous voyez maintenant pourquoi j'ai besoin de vous. -De moi, mon frère ? -De vous. -Et comment donc cela, mon frère? -Vous allez voir. -Volontiers, mon frère vous piquez ma curiosité. Son attitude restait hostile au plus haut degré. Elle se posa carrément sur son siége, comme pour mieux préparer son refus et le rendre le plus dur possible. Tirer Sigismond du guêpier où il était tombé, l'assister dans ses mésaventures conjugales, allons donc ! Pourquoi s'était-il marié ? Il subis-sait les chances de l'état, et le spectacle n'en était pas sans charme pour les personnes qui n'avaient pas voulu s'enga-ger dans de semblables liens. Ainsi pensait-elle, très-mal disposée, comme on le voit, et n'hésitant pas sur le parti qu'elle avait à prendre. Ce fut sous d'aussi défavorables auspices que le comte fit ses premières ouvertures et expliqua son projet. Désormais, disait-il, plus de confiance possible vis-à-vis d'une femme deux fois surprise dans ses trahisons. Contre elle, il n'y avait qu'une garantie sérieuse, c'était une surveillance de toutes les heures et de tous les instants. A ce prix seulement il ob- | 16 | 0.007901 | 0.036842 |
769.txt | 1,858 | iio CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Pour Gaston, il y eut là un étrange moment. Clémence une fois sauvée, son exaltation s'était éteinte il retrouva ses esprits, descendit des régions imaginaires qu'il venait d'ha-biter et quitta le ciel pour la terre. Que l'on se fasse, si c'est possible,® une idée de sa situation. Ce n'était plus un ange qu'il avait entre les bras c'était une femme, la femme de ses rêves et de ses désirs ce n'était plus un corps insensible, mais un être animé et d'une beauté qui éclatait mieux dans ce désordre ce sein qui reposait sur sa poitrine battait main-tenant, et la vie circulait dans ses formes dont il était le point d'appui. Voilà à quelle impression Gaston était alors en butte. Il était enivré et troublé, troublé surtout il n'osait plus bouger, de peur qu'un mouvement ne trahît ce combat de ses sens et ce tumulte de sa pensée il se sentait consumer sur placé et n'osait pas s'avouer ce qu'il éprouvait. Des rougeurs soudaines lui montaient au front, à l'aspect de ce soleil qui brillait sur sa tête et de cette plage si voisine, confus sans doute de ce que cette scène avait tant de témoins. Un dernier incident allait y mettre fin. Après bien des tâ-tonnements et des délais, la barque échouée sur la grève ve-nait d'être poussée à la mer trois hommes de Saint-Martin-en-Port en formaient l'équipage, et deux passagers, le comte et le baron de Montréal, s'étaient joints à eux. Déjà les avi-rons jouaient, et, de minute en minute, on pouvait voir l'em-barcation se rapprocher du groupe naufragé sur l'écueil. Cependant, la syncope n'avait pas cessé la jeune femme était toujours évanouie. Que faire? Attendre ainsi? Gaston, à aucun prix, ne s'y fût résigné. Il fit un effort - Clémence, dit-il, Clémence! Elle ne bougeait pas il insista - Clémence, répéta-t-il, on vient. On eût pu croire qu'elle avait compris ses bras se rai-dirent, et elle rouvrit les yeux, mais péniblement, à demi, et comme si elle eût cédé à une contrainte. - Pourquoi me réveiller? dit-elle, j'étais si bien. Elle promenait çà et là des regards étonnés, et cherchait à rappeler ses souvenirs. Le sentiment de son état, la con-science des objets extérieurs lui échappaient encore cepen-dant elle dut comprendre que son corps portait sur le bras | iio CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Pour Gaston, il y eut là un étrange moment. Clémence une fois sauvée, son exaltation s'était éteinte il retrouva ses esprits, descendit des régions imaginaires qu'il venait d'ha-biter et quitta le ciel pour la terre. Que l'on se fasse, si c'est possible,® une idée de sa situation. Ce n'était plus un ange qu'il avait entre les bras c'était une femme, la femme de ses rêves et de ses désirs ce n'était plus un corps insensible, mais un être animé et d'une beauté qui éclatait mieux dans ce désordre ce sein qui reposait sur sa poitrine battait main-tenant, et la vie circulait dans ses formes dont il était le point d'appui. Voilà à quelle impression Gaston était alors en butte. Il était enivré et troublé, troublé surtout il n'osait plus bouger, de peur qu'un mouvement ne trahît ce combat de ses sens et ce tumulte de sa pensée il se sentait consumer sur placé et n'osait pas s'avouer ce qu'il éprouvait. Des rougeurs soudaines lui montaient au front, à l'aspect de ce soleil qui brillait sur sa tête et de cette plage si voisine, confus sans doute de ce que cette scène avait tant de témoins. Un dernier incident allait y mettre fin. Après bien des tâ-tonnements et des délais, la barque échouée sur la grève ve-nait d'être poussée à la mer trois hommes de Saint-Martin-en-Port en formaient l'équipage, et deux passagers, le comte et le baron de Montréal, s'étaient joints à eux. Déjà les avi-rons jouaient, et, de minute en minute, on pouvait voir l'em-barcation se rapprocher du groupe naufragé sur l'écueil. Cependant, la syncope n'avait pas cessé la jeune femme était toujours évanouie. Que faire@? Attendre ainsi@? Gaston, à aucun prix, ne s'y fût résigné. Il fit un effort - Clémence, dit-il, Clémence@! Elle ne bougeait pas il insista - Clémence, répéta-t-il, on vient. On eût pu croire qu'elle avait compris ses bras se rai-dirent, et elle rouvrit les yeux, mais péniblement, à demi, et comme si elle eût cédé à une contrainte. - Pourquoi me réveiller@? dit-elle, j'étais si bien. Elle promenait çà et là des regards étonnés, et cherchait à rappeler ses souvenirs. Le sentiment de son état, la con-science des objets extérieurs lui échappaient encore cepen-dant elle dut comprendre que son corps portait sur le bras | ###### QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Pour Gaston, il y eut là un étrange moment. Clémence une fois sauvée, son exaltation s'était éteinte il retrouva ses esprits, descendit des régions imaginaires qu'il venait d'ha-biter et quitta le ciel pour la terre. Que l'on se fasse, si c'est possible,@ une idée de sa situation. Ce n'était plus un ange qu'il avait entre les bras c'était une femme, la femme de ses rêves et de ses désirs ce n'était plus un corps insensible, mais un être animé et d'une beauté qui éclatait mieux dans ce désordre ce sein qui reposait sur sa poitrine battait main-tenant, et la vie circulait dans ses formes dont il était le point d'appui. Voilà à quelle impression Gaston était alors en butte. Il était enivré et troublé, troublé surtout il n'osait plus bouger, de peur qu'un mouvement ne trahît ce combat de ses sens et ce tumulte de sa pensée il se sentait consumer sur place et n'osait pas s'avouer ce qu'il éprouvait. Des rougeurs soudaines lui montaient au front, à l'aspect de ce soleil qui brillait sur sa tête et de cette plage si voisine, confus sans doute de ce que cette scène avait tant de témoins. Un dernier incident allait y mettre fin. Après bien des tâ-tonnements et des délais, la barque échouée sur la grève ve-nait d'être poussée à la mer trois hommes de Saint-Martin-en-Port en formaient l'équipage, et deux passagers, le comte et le baron de Montréal, s'étaient joints à eux. Déjà les avi-rons jouaient, et, de minute en minute, on pouvait voir l'em-barcation se rapprocher du groupe naufragé sur l'écueil. Cependant, la syncope n'avait pas cessé la jeune femme était toujours évanouie. Que faire ? Attendre ainsi ? Gaston, à aucun prix, ne s'y fût résigné. Il fit un effort -@Clémence, dit-il, Clémence ! Elle ne bougeait pas il insista -@Clémence, répéta-t-il, on vient. On eût pu croire qu'elle avait compris ses bras se rai-dirent, et elle rouvrit les yeux, mais péniblement, à demi, et comme si elle eût cédé à une contrainte. -@Pourquoi me réveiller ? dit-elle, j'étais si bien. Elle promenait çà et là des regards étonnés, et cherchait à rappeler ses souvenirs. Le sentiment de son état, la con-science des objets extérieurs lui échappaient encore cepen-dant elle dut comprendre que son corps portait sur le bras | iio CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Pour Gaston, il y eut là un étrange moment. Clémence une fois sauvée, son exaltation s'était éteinte il retrouva ses esprits, descendit des régions imaginaires qu'il venait d'ha-biter et quitta le ciel pour la terre. Que l'on se fasse, si c'est possible,@ une idée de sa situation. Ce n'était plus un ange qu'il avait entre les bras c'était une femme, la femme de ses rêves et de ses désirs ce n'était plus un corps insensible, mais un être animé et d'une beauté qui éclatait mieux dans ce désordre ce sein qui reposait sur sa poitrine battait main-tenant, et la vie circulait dans ses formes dont il était le point d'appui. Voilà à quelle impression Gaston était alors en butte. Il était enivré et troublé, troublé surtout il n'osait plus bouger, de peur qu'un mouvement ne trahît ce combat de ses sens et ce tumulte de sa pensée il se sentait consumer sur place et n'osait pas s'avouer ce qu'il éprouvait. Des rougeurs soudaines lui montaient au front, à l'aspect de ce soleil qui brillait sur sa tête et de cette plage si voisine, confus sans doute de ce que cette scène avait tant de témoins. Un dernier incident allait y mettre fin. Après bien des tâ-tonnements et des délais, la barque échouée sur la grève ve-nait d'être poussée à la mer trois hommes de Saint-Martin-en-Port en formaient l'équipage, et deux passagers, le comte et le baron de Montréal, s'étaient joints à eux. Déjà les avi-rons jouaient, et, de minute en minute, on pouvait voir l'em-barcation se rapprocher du groupe naufragé sur l'écueil. Cependant, la syncope n'avait pas cessé la jeune femme était toujours évanouie. Que faire ? Attendre ainsi ? Gaston, à aucun prix, ne s'y fût résigné. Il fit un effort -@Clémence, dit-il, Clémence ! Elle ne bougeait pas il insista -@Clémence, répéta-t-il, on vient. On eût pu croire qu'elle avait compris ses bras se rai-dirent, et elle rouvrit les yeux, mais péniblement, à demi, et comme si elle eût cédé à une contrainte. -@Pourquoi me réveiller ? dit-elle, j'étais si bien. Elle promenait çà et là des regards étonnés, et cherchait à rappeler ses souvenirs. Le sentiment de son état, la con-science des objets extérieurs lui échappaient encore cepen-dant elle dut comprendre que son corps portait sur le bras | iio CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Pour Gaston, il y eut là un étrange moment. Clémence une fois sauvée, son exaltation s'était éteinte il retrouva ses esprits, descendit des régions imaginaires qu'il venait d'ha-biter et quitta le ciel pour la terre. Que l'on se fasse, si c'est possible, une idée de sa situation. Ce n'était plus un ange qu'il avait entre les bras c'était une femme, la femme de ses rêves et de ses désirs ce n'était plus un corps insensible, mais un être animé et d'une beauté qui éclatait mieux dans ce désordre ce sein qui reposait sur sa poitrine battait main-tenant, et la vie circulait dans ses formes dont il était le point d'appui. Voilà à quelle impression Gaston était alors en butte. Il était enivré et troublé, troublé surtout il n'osait plus bouger, de peur qu'un mouvement ne trahît ce combat de ses sens et ce tumulte de sa pensée il se sentait consumer sur place et n'osait pas s'avouer ce qu'il éprouvait. Des rougeurs soudaines lui montaient au front, à l'aspect de ce soleil qui brillait sur sa tête et de cette plage si voisine, confus sans doute de ce que cette scène avait tant de témoins. Un dernier incident allait y mettre fin. Après bien des tâ-tonnements et des délais, la barque échouée sur la grève ve-nait d'être poussée à la mer trois hommes de Saint-Martin-en-Port en formaient l'équipage, et deux passagers, le comte et le baron de Montréal, s'étaient joints à eux. Déjà les avi-rons jouaient, et, de minute en minute, on pouvait voir l'em-barcation se rapprocher du groupe naufragé sur l'écueil. Cependant, la syncope n'avait pas cessé la jeune femme était toujours évanouie. Que faire ? Attendre ainsi ? Gaston, à aucun prix, ne s'y fût résigné. Il fit un effort -Clémence, dit-il, Clémence ! Elle ne bougeait pas il insista -Clémence, répéta-t-il, on vient. On eût pu croire qu'elle avait compris ses bras se rai-dirent, et elle rouvrit les yeux, mais péniblement, à demi, et comme si elle eût cédé à une contrainte. -Pourquoi me réveiller ? dit-elle, j'étais si bien. Elle promenait çà et là des regards étonnés, et cherchait à rappeler ses souvenirs. Le sentiment de son état, la con-science des objets extérieurs lui échappaient encore cepen-dant elle dut comprendre que son corps portait sur le bras | 9 | 0.003982 | 0.013605 |
741.txt | 1,858 | 30 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. En parlant ainsi, je savais bien ce que je faisai_c'éta.it verser du vinaigre sur une blessure saignante. Rfen de tel que la douleur pour provoquer des aveux. Le résultat dé-passa mon attente. - Ah! il était là? s'écria le père Vincent. Son visage s'allumait de nouveau, son oeil lançait des éclairs, ses lèvres frémissaient de colère. - Ah ! il était là, répétait-il. - Oui, comme toujours, à prendre ses côtes au long. - Il en est bien capable, le bon à rien. - Et à fumer du matin an soir. - Ah! il fume, l'intrigant. Ah! il fume 1 A chaque mot l'irritation montait d'un degré le moment arriva où elle n'eut plus de bornes. L'idée de cet homme, fumant sur le seuil de la porte où il avait si longtemps ré-gné, occupant une loge qu'il s'était accoutumé à regarder comme son inaliénable domaine, tenait le cerveau de l'ancien concierge sous le poids d'une obsession qui menaçait d'aller jusqu'à l'égarement. -- Ah! il fume J dit-il pour la vingtième fois voilà un bel agrément pour des maîtres. Un estaminet dans leur maison ! Tenez, monsieur l'agent, quand j'y songe, il me prend des envies d'aller l'étrangler de mes mains, ce maraud-là. Lui, me supplanter! Coucher dans mon local ! Un va-nu-pieds que j'ai tiré de l'écurie! un soulard! un cafard! un être pétri de vices ! Le vieux concierge' s'échauffait de plus en plus c'était le cas de le presser il allait débiter tout ce qu'il avait sur le coeur. - Ah çà! lui dis-je, comment un garnement pareil a-t-il pu réussir ? - Belle demande ! à force de bassesses. -- Là, voyez-vous, il n'y en a que pour ces chiens cou-chants. Quelle engeance i En flattant ses haines, je m'emparais peu à peu de lui. - Mais vous, monsieur Vincent, ajoutai-je, quel prétexte a-t-on pu vous objecter? Que diable ! on ne met pas les gens à la porte sans leur signifier pourquoi. - Oh! moi, moi, c'était un coup monté de longue main, répondit-il d'une voix sourde. | 30 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. En parlant ainsi, je savais bien ce que je faisai@_c'éta.it verser du vinaigre sur une blessure saignante. Rfen de tel que la douleur pour provoquer des aveux. Le résultat dé-passa mon attente. - Ah@! il était là@? s'écria le père Vincent. Son visage s'allumait de nouveau, son oeil lançait des éclairs, ses lèvres frémissaient de colère. - Ah ! il était là, répétait-il. - Oui, comme toujours, à prendre ses côtes au long. - Il en est bien capable, le bon à rien. - Et à fumer du matin an soir. - Ah@! il fume, l'intrigant. Ah@! il fume 1 A chaque mot l'irritation montait d'un degré le moment arriva où elle n'eut plus de bornes. L'idée de cet homme, fumant sur le seuil de la porte où il avait si longtemps ré-gné, occupant une loge qu'il s'était accoutumé à regarder comme son inaliénable domaine, tenait le cerveau de l'ancien concierge sous le poids d'une obsession qui menaçait d'aller jusqu'à l'égarement. -- Ah@! il fume J dit-il pour la vingtième fois voilà un bel agrément pour des maîtres. Un estaminet dans leur maison ! Tenez, monsieur l'agent, quand j'y songe, il me prend des envies d'aller l'étrangler de mes mains, ce maraud-là. Lui, me supplanter@! Coucher dans mon local ! Un va-nu-pieds que j'ai tiré de l'écurie@! un soulard@! un cafard@! un être pétri de vices ! Le vieux concierge' s'échauffait de plus en plus c'était le cas de le presser il allait débiter tout ce qu'il avait sur le coeur. - Ah çà@! lui dis-je, comment un garnement pareil a-t-il pu réussir ? - Belle demande ! à force de bassesses. -- Là, voyez-vous, il n'y en a que pour ces chiens cou-chants. Quelle engeance i En flattant ses haines, je m'emparais peu à peu de lui. - Mais vous, monsieur Vincent, ajoutai-je, quel prétexte a-t-on pu vous objecter@? Que diable ! on ne met pas les gens à la porte sans leur signifier pourquoi. - Oh@! moi, moi, c'était un coup monté de longue main, répondit-il d'une voix sourde. | 30 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. En parlant ainsi, je savais bien ce que je faisais c'éta@it verser du vinaigre sur une blessure saignante. Rien de tel que la douleur pour provoquer des aveux. Le résultat dé-passa mon attente. -@Ah ! il était là ? s'écria le père Vincent. Son visage s'allumait de nouveau, son oeil lançait des éclairs, ses lèvres frémissaient de colère. -@Ah ! il était là, répétait-il. -@Oui, comme toujours, à prendre ses côtes au long. -@Il en est bien capable, le bon à rien. -@Et à fumer du matin au soir. -@Ah ! il fume, l'intrigant. Ah ! il fume ! A chaque mot l'irritation montait d'un degré le moment arriva où elle n'eut plus de bornes. L'idée de cet homme, fumant sur le seuil de la porte où il avait si longtemps ré-gné, occupant une loge qu'il s'était accoutumé à regarder comme son inaliénable domaine, tenait le cerveau de l'ancien concierge sous le poids d'une obsession qui menaçait d'aller jusqu'à l'égarement. @-@Ah ! il fume ! dit-il pour la vingtième fois voilà un bel agrément pour des maîtres. Un estaminet dans leur maison ! Tenez, monsieur l'agent, quand j'y songe, il me prend des envies d'aller l'étrangler de mes mains, ce maraud-là. Lui, me supplanter ! Coucher dans mon local ! Un va-nu-pieds que j'ai tiré de l'écurie ! un soulard ! un cafard ! un être pétri de vices ! Le vieux concierge@ s'échauffait de plus en plus c'était le cas de le presser il allait débiter tout ce qu'il avait sur le coeur. -@Ah çà ! lui dis-je, comment un garnement pareil a-t-il pu réussir ? -@Belle demande ! à force de bassesses. @-@Là, voyez-vous, il n'y en a que pour ces chiens cou-chants. Quelle engeance ! En flattant ses haines, je m'emparais peu à peu de lui. -@Mais vous, monsieur Vincent, ajoutai-je, quel prétexte a-t-on pu vous objecter ? Que diable ! on ne met pas les gens à la porte sans leur signifier pourquoi. -@Oh ! moi, moi, c'était un coup monté de longue main, répondit-il d'une voix sourde. | 30 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. En parlant ainsi, je savais bien ce que je faisais c'éta@it verser du vinaigre sur une blessure saignante. Rien de tel que la douleur pour provoquer des aveux. Le résultat dé-passa mon attente. -@Ah ! il était là ? s'écria le père Vincent. Son visage s'allumait de nouveau, son oeil lançait des éclairs, ses lèvres frémissaient de colère. -@Ah ! il était là, répétait-il. -@Oui, comme toujours, à prendre ses côtes au long. -@Il en est bien capable, le bon à rien. -@Et à fumer du matin au soir. -@Ah ! il fume, l'intrigant. Ah ! il fume ! A chaque mot l'irritation montait d'un degré le moment arriva où elle n'eut plus de bornes. L'idée de cet homme, fumant sur le seuil de la porte où il avait si longtemps ré-gné, occupant une loge qu'il s'était accoutumé à regarder comme son inaliénable domaine, tenait le cerveau de l'ancien concierge sous le poids d'une obsession qui menaçait d'aller jusqu'à l'égarement. @-@Ah ! il fume ! dit-il pour la vingtième fois voilà un bel agrément pour des maîtres. Un estaminet dans leur maison ! Tenez, monsieur l'agent, quand j'y songe, il me prend des envies d'aller l'étrangler de mes mains, ce maraud-là. Lui, me supplanter ! Coucher dans mon local ! Un va-nu-pieds que j'ai tiré de l'écurie ! un soulard ! un cafard ! un être pétri de vices ! Le vieux concierge@ s'échauffait de plus en plus c'était le cas de le presser il allait débiter tout ce qu'il avait sur le coeur. -@Ah çà ! lui dis-je, comment un garnement pareil a-t-il pu réussir ? -@Belle demande ! à force de bassesses. @-@Là, voyez-vous, il n'y en a que pour ces chiens cou-chants. Quelle engeance ! En flattant ses haines, je m'emparais peu à peu de lui. -@Mais vous, monsieur Vincent, ajoutai-je, quel prétexte a-t-on pu vous objecter ? Que diable ! on ne met pas les gens à la porte sans leur signifier pourquoi. -@Oh ! moi, moi, c'était un coup monté de longue main, répondit-il d'une voix sourde. | 30 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. En parlant ainsi, je savais bien ce que je faisais c'était verser du vinaigre sur une blessure saignante. Rien de tel que la douleur pour provoquer des aveux. Le résultat dé-passa mon attente. -Ah ! il était là ? s'écria le père Vincent. Son visage s'allumait de nouveau, son oeil lançait des éclairs, ses lèvres frémissaient de colère. -Ah ! il était là, répétait-il. -Oui, comme toujours, à prendre ses côtes au long. -Il en est bien capable, le bon à rien. -Et à fumer du matin au soir. -Ah ! il fume, l'intrigant. Ah ! il fume ! A chaque mot l'irritation montait d'un degré le moment arriva où elle n'eut plus de bornes. L'idée de cet homme, fumant sur le seuil de la porte où il avait si longtemps ré-gné, occupant une loge qu'il s'était accoutumé à regarder comme son inaliénable domaine, tenait le cerveau de l'ancien concierge sous le poids d'une obsession qui menaçait d'aller jusqu'à l'égarement. -Ah ! il fume ! dit-il pour la vingtième fois voilà un bel agrément pour des maîtres. Un estaminet dans leur maison ! Tenez, monsieur l'agent, quand j'y songe, il me prend des envies d'aller l'étrangler de mes mains, ce maraud-là. Lui, me supplanter ! Coucher dans mon local ! Un va-nu-pieds que j'ai tiré de l'écurie ! un soulard ! un cafard ! un être pétri de vices ! Le vieux concierge s'échauffait de plus en plus c'était le cas de le presser il allait débiter tout ce qu'il avait sur le coeur. -Ah çà ! lui dis-je, comment un garnement pareil a-t-il pu réussir ? -Belle demande ! à force de bassesses. -Là, voyez-vous, il n'y en a que pour ces chiens cou-chants. Quelle engeance ! En flattant ses haines, je m'emparais peu à peu de lui. -Mais vous, monsieur Vincent, ajoutai-je, quel prétexte a-t-on pu vous objecter ? Que diable ! on ne met pas les gens à la porte sans leur signifier pourquoi. -Oh ! moi, moi, c'était un coup monté de longue main, répondit-il d'une voix sourde. | 35 | 0.018154 | 0.059553 |
999.txt | 1,822 | AVERTISSEMENT. LES diverses parties de cet ouvrage ont été composées en, 1768 par feu M. François Abot , seigneur de Ba-zinghen , conseiller en la - cour des monnaies de Paris, auteur du Traité des monnaies et de la Juridiction de la Cour des monnaies Après le décès de M. Bazinghen, elles furent trou-vées , dans sa bibliothèque , en ma-nuscrit qui n'avait pas encore été im-primé. L'auteur se proposait d'y faire quelques changemens il est mort sans les avoir effectués , et le manuscrit a passé daris les mains de madame la baronne Vàttier, sa petite-fille. Cette dame , que les qualités du coeur et de l'esprit rendaient chère à tous ceux qui la connaissaient, vient elle-même de payer le fatal tribut elle laisse un époux et une mère in- | AVERTISSEMENT. LES diverses parties de cet ouvrage ont été composées en, 1768 par feu M. François Abot , seigneur de Ba-zinghen , conseiller en la - cour des monnaies de Paris, auteur du Traité des monnaies et de la Juridiction de la Cour des monnaies@ Après le décès de M. Bazinghen, elles furent trou-vées , dans sa bibliothèque , en ma-nuscrit qui n'avait pas encore été im-primé. L'auteur se proposait d'y faire quelques changemens il est mort sans les avoir effectués , et le manuscrit a passé daris les mains de madame la baronne Vàttier, sa petite-fille. Cette dame , que les qualités du coeur et de l'esprit rendaient chère à tous ceux qui la connaissaient, vient elle-même de payer le fatal tribut elle laisse un époux et une mère in- | AVERTISSEMENT. LES diverses parties de cet ouvrage ont été composées en@ 1768 par feu M. François Abot , seigneur de Ba-zinghen , conseiller en la@@ cour des monnaies de Paris, auteur du Traité des monnaies et de la Juridiction de la Cour des monnaies. Après le décès de M. Bazinghen, elles furent trou-vées , dans sa bibliothèque , en ma-nuscrit qui n'avait pas encore été im-primé. L'auteur se proposait d'y faire quelques changemens il est mort sans les avoir effectués , et le manuscrit a passé da@ns les mains de madame la baronne Vattier, sa petite-fille. Cette dame , que les qualités du coeur et de l'esprit rendaient chère à tous ceux qui la connaissaient, vient elle-même de payer le fatal tribut elle laisse un époux et une mère in- | AVERTISSEMENT. LES diverses parties de cet ouvrage ont été composées en@ 1768 par feu M. François Abot , seigneur de Ba-zinghen , conseiller en la@@ cour des monnaies de Paris, auteur du Traité des monnaies et de la Juridiction de la Cour des monnaies. Après le décès de M. Bazinghen, elles furent trou-vées , dans sa bibliothèque , en ma-nuscrit qui n'avait pas encore été im-primé. L'auteur se proposait d'y faire quelques changemens il est mort sans les avoir effectués , et le manuscrit a passé da@ns les mains de madame la baronne Vattier, sa petite-fille. Cette dame , que les qualités du coeur et de l'esprit rendaient chère à tous ceux qui la connaissaient, vient elle-même de payer le fatal tribut elle laisse un époux et une mère in- | AVERTISSEMENT. LES diverses parties de cet ouvrage ont été composées en 1768 par feu M. François Abot , seigneur de Ba-zinghen , conseiller en la cour des monnaies de Paris, auteur du Traité des monnaies et de la Juridiction de la Cour des monnaies. Après le décès de M. Bazinghen, elles furent trou-vées , dans sa bibliothèque , en ma-nuscrit qui n'avait pas encore été im-primé. L'auteur se proposait d'y faire quelques changemens il est mort sans les avoir effectués , et le manuscrit a passé dans les mains de madame la baronne Vattier, sa petite-fille. Cette dame , que les qualités du coeur et de l'esprit rendaient chère à tous ceux qui la connaissaient, vient elle-même de payer le fatal tribut elle laisse un époux et une mère in- | 7 | 0.009472 | 0.064286 |
46.txt | 1,863 | _65 -l'avait chargée. Son amour pour Dieu, amour qui prit possession de son coeur dès ses plus tendres années, n'avait de-bornes que celles de l'impuissance humaine biens, honneurs, beauté, tout ne fut à ses yeux que de la boue en comparaison du Créateur. 0 Dieu, s'é-criait-elle en poussant des soupirs enflammés, ô Dieu de mon coeur! que vous êtes bon à ceux qui vous aiment ! Un demi-quart d'heure de vos consolations vaut infiniment mieux que tout ce que le monde entier pourrait procu rer de délices et de plaisirs dans l'espace de mille années. Mais que de vertus devait pro-duire cette charité, qui est la reine de toutes les autres ! Un de ses effets les plus marqués fut un désir insatiable d'établir le règne de Dieu dans les âmes, et d'y détruire l'empire du démon en y détruisant le péché. Il n'y avait rien qu'elle ne souffrît pour y réussir. Les gibets et les plus affreux supplices l'ef-frayaient moins que la plus légère offense de son Dieu. Oui, disait-elle, j'aimerais mieux descendre toute vivante en enfer que d'en commettre une seule de propos délibéré. L'image de Jésus-Christ attaché à la croix, et qui n'y a été attaché que pour, expier nos fautes, contribuait beaucoup à nourrir en elle | _65 -l'avait chargée. Son amour pour Dieu, amour qui prit possession de son coeur dès ses plus tendres années, n'avait de-bornes que celles de l'impuissance humaine biens, honneurs, beauté, tout ne fut à ses yeux que de la boue en comparaison du Créateur. 0 Dieu, s'é-criait-elle en poussant des soupirs enflammés, ô Dieu de mon coeur! que vous êtes bon à ceux qui vous aiment ! Un demi-quart d'heure de vos consolations vaut infiniment mieux que tout ce que le monde entier pourrait procu rer de délices et de plaisirs dans l'espace de mille années. Mais que de vertus devait pro-duire cette charité, qui est la reine de toutes les autres ! Un de ses effets les plus marqués fut un désir insatiable d'établir le règne de Dieu dans les âmes, et d'y détruire l'empire du démon en y détruisant le péché. Il n'y avait rien qu'elle ne souffrît pour y réussir. Les gibets et les plus affreux supplices l'ef-frayaient moins que la plus légère offense de son Dieu. Oui, disait-elle, j'aimerais mieux descendre toute vivante en enfer que d'en commettre une seule de propos délibéré. L'image de Jésus-Christ attaché à la croix, et qui n'y a été attaché que pour, expier nos fautes, contribuait beaucoup à nourrir en elle | ############ chargée. Son amour pour Dieu, amour qui prit possession de son coeur dès ses plus tendres années, n'avait de-bornes que celles de l'impuissance humaine biens, honneurs, beauté, tout ne fut à ses yeux que de la boue en comparaison du Créateur. O Dieu, s'é-criait-elle en poussant des soupirs enflammés, ô Dieu de mon coeur! que vous êtes bon à ceux qui vous aiment ! Un demi-quart d'heure de vos consolations vaut infiniment mieux que tout ce que le monde entier pourrait procu rer de délices et de plaisirs dans l'espace de mille années. Mais que de vertus devait pro-duire cette charité, qui est la reine de toutes les autres ! Un de ses effets les plus marqués fut un désir insatiable d'établir le règne de Dieu dans les âmes, et d'y détruire l'empire du démon en y détruisant le péché. Il n'y avait rien qu'elle ne souffrît pour y réussir. Les gibets et les plus affreux supplices l'ef-frayaient moins que la plus légère offense de son Dieu. Oui, disait-elle, j'aimerais mieux descendre toute vivante en enfer que d'en commettre une seule de propos délibéré. L'image de Jésus-Christ attaché à la croix, et qui n'y a été attaché que pour@ expier nos fautes, contribuait beaucoup à nourrir en elle | _65 -l'avait chargée. Son amour pour Dieu, amour qui prit possession de son coeur dès ses plus tendres années, n'avait de-bornes que celles de l'impuissance humaine biens, honneurs, beauté, tout ne fut à ses yeux que de la boue en comparaison du Créateur. O Dieu, s'é-criait-elle en poussant des soupirs enflammés, ô Dieu de mon coeur! que vous êtes bon à ceux qui vous aiment ! Un demi-quart d'heure de vos consolations vaut infiniment mieux que tout ce que le monde entier pourrait procu rer de délices et de plaisirs dans l'espace de mille années. Mais que de vertus devait pro-duire cette charité, qui est la reine de toutes les autres ! Un de ses effets les plus marqués fut un désir insatiable d'établir le règne de Dieu dans les âmes, et d'y détruire l'empire du démon en y détruisant le péché. Il n'y avait rien qu'elle ne souffrît pour y réussir. Les gibets et les plus affreux supplices l'ef-frayaient moins que la plus légère offense de son Dieu. Oui, disait-elle, j'aimerais mieux descendre toute vivante en enfer que d'en commettre une seule de propos délibéré. L'image de Jésus-Christ attaché à la croix, et qui n'y a été attaché que pour@ expier nos fautes, contribuait beaucoup à nourrir en elle | _65 -l'avait chargée. Son amour pour Dieu, amour qui prit possession de son coeur dès ses plus tendres années, n'avait de-bornes que celles de l'impuissance humaine biens, honneurs, beauté, tout ne fut à ses yeux que de la boue en comparaison du Créateur. O Dieu, s'é-criait-elle en poussant des soupirs enflammés, ô Dieu de mon coeur! que vous êtes bon à ceux qui vous aiment ! Un demi-quart d'heure de vos consolations vaut infiniment mieux que tout ce que le monde entier pourrait procu rer de délices et de plaisirs dans l'espace de mille années. Mais que de vertus devait pro-duire cette charité, qui est la reine de toutes les autres ! Un de ses effets les plus marqués fut un désir insatiable d'établir le règne de Dieu dans les âmes, et d'y détruire l'empire du démon en y détruisant le péché. Il n'y avait rien qu'elle ne souffrît pour y réussir. Les gibets et les plus affreux supplices l'ef-frayaient moins que la plus légère offense de son Dieu. Oui, disait-elle, j'aimerais mieux descendre toute vivante en enfer que d'en commettre une seule de propos délibéré. L'image de Jésus-Christ attaché à la croix, et qui n'y a été attaché que pour expier nos fautes, contribuait beaucoup à nourrir en elle | 2 | 0.001653 | 0.012552 |
806.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. i03 - Eh bien! monsieur le comte, dit-elle, que décidez-vous? - Caprice d'enfant, répondit-il. Cela vous passera comme cela vous est venu. - Non, monsieur le comte, il n'y a point de caprice là-dedans il y a une résolution bien arrêtée. - Vraiment, dit-il en s'irritant de cette résistance, à la-qiialle il n'était point accoutumé. Vous persistez? - Je persiste, répliqua-t-elle avec fermeté. - Alors, madame la comtesse, vous m'obligez à parler plus nettement. Vous voulez quitter la maison, n'est-ce pas? - Oui, monsieur le comte. - Faire un éclat, me mettre à l'index, livrer notre nom à la malignité publique ? - Dieu sait de quel côté sont les premiers torts. - Je vous le dirai tout à l'heure chaque chose en son temps. Et par je ne sais quelle fantaisie vous demandez à entrer dans un couvent. Est-ce bien là votre désir ? - Mon désir très-formel. - Et vous voulez savoir quel est le mien, et si je consens à cette équipée? - Dites à ce sacrifice. - Eh bien ! non, madame la comtesse, je n'y consens pas non, non, trois fois non. Vous resterez dans cet hôtel, vous n'irez pas au couvent. Tout à l'heure vous me demandiez de la franchise elle voilà, je l'espère. - C'est donc la guerre, Monsieur? - J'aime mieux la guerre, Madame, que la trahison. Vous m'y forcez, d'ailleurs, et puisque nous en sommes aux expli-cations, j'irai jusqu'au bout. Clémence ne savait pas ce que son mari allait lui dire, et pourtant le, coeur commençait à lui faillir. Elle avait son se-cret, bien léger sans doute, mais qui lui pesait, tout léger qu'il fût. Peut-être alors eût-elle reculé mais Sigismond était entraîné par la colère, il continua - Vous parlez de couvent, Madame, lui dit-il, croyez-vous que je sois dupe de cette belle imagination? Croyez-vous que je prenne cela pour une inspiration d'en haut, une voca-tion subite ou même un besoin de vous recueillir? Il faudrait que j'y misse bien de la complaisance, ou bien de la naïveté. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. i03 - Eh bien@! monsieur le comte, dit-elle, que décidez-vous@? - Caprice d'enfant, répondit-il. Cela vous passera comme cela vous est venu. - Non, monsieur le comte, il n'y a point de caprice là-dedans il y a une résolution bien arrêtée. - Vraiment, dit-il en s'irritant de cette résistance, à la-qiialle il n'était point accoutumé. Vous persistez@? - Je persiste, répliqua-t-elle avec fermeté. - Alors, madame la comtesse, vous m'obligez à parler plus nettement. Vous voulez quitter la maison, n'est-ce pas@? - Oui, monsieur le comte. - Faire un éclat, me mettre à l'index, livrer notre nom à la malignité publique ? - Dieu sait de quel côté sont les premiers torts. - Je vous le dirai tout à l'heure chaque chose en son temps. Et par je ne sais quelle fantaisie vous demandez à entrer dans un couvent. Est-ce bien là votre désir ? - Mon désir très-formel. - Et vous voulez savoir quel est le mien, et si je consens à cette équipée@? - Dites à ce sacrifice. - Eh bien ! non, madame la comtesse, je n'y consens pas non, non, trois fois non. Vous resterez dans cet hôtel, vous n'irez pas au couvent. Tout à l'heure vous me demandiez de la franchise elle voilà, je l'espère. - C'est donc la guerre, Monsieur? - J'aime mieux la guerre, Madame, que la trahison. Vous m'y forcez, d'ailleurs, et puisque nous en sommes aux expli-cations, j'irai jusqu'au bout. Clémence ne savait pas ce que son mari allait lui dire, et pourtant le, coeur commençait à lui faillir. Elle avait son se-cret, bien léger sans doute, mais qui lui pesait, tout léger qu'il fût. Peut-être alors eût-elle reculé mais Sigismond était entraîné par la colère, il continua - Vous parlez de couvent, Madame, lui dit-il, croyez-vous que je sois dupe de cette belle imagination@? Croyez-vous que je prenne cela pour une inspiration d'en haut, une voca-tion subite ou même un besoin de vous recueillir@? Il faudrait que j'y misse bien de la complaisance, ou bien de la naïveté. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 103 -@Eh bien ! monsieur le comte, dit-elle, que décidez-vous ? -@Caprice d'enfant, répondit-il. Cela vous passera comme cela vous est venu. -@Non, monsieur le comte, il n'y a point de caprice là-dedans il y a une résolution bien arrêtée. -@Vraiment, dit-il en s'irritant de cette résistance, à la-q@uelle il n'était point accoutumé. Vous persistez ? -@Je persiste, répliqua-t-elle avec fermeté. -@Alors, madame la comtesse, vous m'obligez à parler plus nettement. Vous voulez quitter la maison, n'est-ce pas ? -@Oui, monsieur le comte. -@Faire un éclat, me mettre à l'index, livrer notre nom à la malignité publique ? -@Dieu sait de quel côté sont les premiers torts. -@Je vous le dirai tout à l'heure chaque chose en son temps. Et par je ne sais quelle fantaisie vous demandez à entrer dans un couvent. Est-ce bien là votre désir ? -@Mon désir très-formel. -@Et vous voulez savoir quel est le mien, et si je consens à cette équipée ? -@Dites à ce sacrifice. -@Eh bien ! non, madame la comtesse, je n'y consens pas non, non, trois fois non. Vous resterez dans cet hôtel, vous n'irez pas au couvent. Tout à l'heure vous me demandiez de la franchise e@@n voilà, je l'espère. -@C'est donc la guerre, Monsieur? -@J'aime mieux la guerre, Madame, que la trahison. Vous m'y forcez, d'ailleurs, et puisque nous en sommes aux expli-cations, j'irai jusqu'au bout. Clémence ne savait pas ce que son mari allait lui dire, et pourtant le@ coeur commencait à lui faillir. Elle avait son se-cret, bien léger sans doute, mais qui lui pesait, tout léger qu'il fût. Peut-être alors eût-elle reculé mais Sigismond était entraîné par la colère, il continua -@Vous parlez de couvent, Madame, lui dit-il, croyez-vous que je sois dupe de cette belle imagination ? Croyez-vous que je prenne cela pour une inspiration d'en haut, une voca-tion subite ou même un besoin de vous recueillir ? Il faudrait que j'y misse bien de la complaisance, ou bien de la naïveté. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 103 -@Eh bien ! monsieur le comte, dit-elle, que décidez-vous ? -@Caprice d'enfant, répondit-il. Cela vous passera comme cela vous est venu. -@Non, monsieur le comte, il n'y a point de caprice là-dedans il y a une résolution bien arrêtée. -@Vraiment, dit-il en s'irritant de cette résistance, à la-q@uelle il n'était point accoutumé. Vous persistez ? -@Je persiste, répliqua-t-elle avec fermeté. -@Alors, madame la comtesse, vous m'obligez à parler plus nettement. Vous voulez quitter la maison, n'est-ce pas ? -@Oui, monsieur le comte. -@Faire un éclat, me mettre à l'index, livrer notre nom à la malignité publique ? -@Dieu sait de quel côté sont les premiers torts. -@Je vous le dirai tout à l'heure chaque chose en son temps. Et par je ne sais quelle fantaisie vous demandez à entrer dans un couvent. Est-ce bien là votre désir ? -@Mon désir très-formel. -@Et vous voulez savoir quel est le mien, et si je consens à cette équipée ? -@Dites à ce sacrifice. -@Eh bien ! non, madame la comtesse, je n'y consens pas non, non, trois fois non. Vous resterez dans cet hôtel, vous n'irez pas au couvent. Tout à l'heure vous me demandiez de la franchise e@@n voilà, je l'espère. -@C'est donc la guerre, Monsieur? -@J'aime mieux la guerre, Madame, que la trahison. Vous m'y forcez, d'ailleurs, et puisque nous en sommes aux expli-cations, j'irai jusqu'au bout. Clémence ne savait pas ce que son mari allait lui dire, et pourtant le@ coeur commencait à lui faillir. Elle avait son se-cret, bien léger sans doute, mais qui lui pesait, tout léger qu'il fût. Peut-être alors eût-elle reculé mais Sigismond était entraîné par la colère, il continua -@Vous parlez de couvent, Madame, lui dit-il, croyez-vous que je sois dupe de cette belle imagination ? Croyez-vous que je prenne cela pour une inspiration d'en haut, une voca-tion subite ou même un besoin de vous recueillir ? Il faudrait que j'y misse bien de la complaisance, ou bien de la naïveté. | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 103 -Eh bien ! monsieur le comte, dit-elle, que décidez-vous ? -Caprice d'enfant, répondit-il. Cela vous passera comme cela vous est venu. -Non, monsieur le comte, il n'y a point de caprice là-dedans il y a une résolution bien arrêtée. -Vraiment, dit-il en s'irritant de cette résistance, à la-quelle il n'était point accoutumé. Vous persistez ? -Je persiste, répliqua-t-elle avec fermeté. -Alors, madame la comtesse, vous m'obligez à parler plus nettement. Vous voulez quitter la maison, n'est-ce pas ? -Oui, monsieur le comte. -Faire un éclat, me mettre à l'index, livrer notre nom à la malignité publique ? -Dieu sait de quel côté sont les premiers torts. -Je vous le dirai tout à l'heure chaque chose en son temps. Et par je ne sais quelle fantaisie vous demandez à entrer dans un couvent. Est-ce bien là votre désir ? -Mon désir très-formel. -Et vous voulez savoir quel est le mien, et si je consens à cette équipée ? -Dites à ce sacrifice. -Eh bien ! non, madame la comtesse, je n'y consens pas non, non, trois fois non. Vous resterez dans cet hôtel, vous n'irez pas au couvent. Tout à l'heure vous me demandiez de la franchise en voilà, je l'espère. -C'est donc la guerre, Monsieur? -J'aime mieux la guerre, Madame, que la trahison. Vous m'y forcez, d'ailleurs, et puisque nous en sommes aux expli-cations, j'irai jusqu'au bout. Clémence ne savait pas ce que son mari allait lui dire, et pourtant le coeur commencait à lui faillir. Elle avait son se-cret, bien léger sans doute, mais qui lui pesait, tout léger qu'il fût. Peut-être alors eût-elle reculé mais Sigismond était entraîné par la colère, il continua -Vous parlez de couvent, Madame, lui dit-il, croyez-vous que je sois dupe de cette belle imagination ? Croyez-vous que je prenne cela pour une inspiration d'en haut, une voca-tion subite ou même un besoin de vous recueillir ? Il faudrait que j'y misse bien de la complaisance, ou bien de la naïveté. | 33 | 0.016923 | 0.067164 |
190.txt | 1,857 | 22 VIE DE L'ABBE NICOLLE tremblent, à chaque instant, pour la vie de leurs parents, de leurs amis, de tout ce qui leur est cher. L'inquiétude agitait le coeur du solitaire et triste abbé Septavaux, que les événements avaient conduit à Bruxelles. Là se trouvaient, exilés comme lui, les ab-bés Borderies, Dubois et Mercier. A cette époque, où, de jour en jour, arrivaient des nouvelles de mort, toute amitié était craintive, et celle de l'abbé Nicolle était chère à tous ces proscrits. Cette, lettre leur fut une douce consolation l'abbé Septavaux se hâte de lui dire sa joie Janvier, 1794. Avec quel plaisir j'ai reçu ta lettre, mon ami. Je le vois, les glaces du Nord n'ont refroidi ni ton amitié ni ton style. Après avoir traversé les mers, visité les Romains et les Turcs, les Grecs et les barbares, te voilà donc à Saint-Pétersbourg, comme à Paris, avec ta santé, tes projets, ton esprit et ton coeur. Dieu soit loué! Placé maintenant à l'extrémité du monde pour en voir la chute sans en être ébranlé, tu m'ap-pelles à partager ta tranquillité je t'en remercie. Cette idée me pénètre de plaisir et de reconnaissance pour Dieu, puisqu'elle mé montre toujours en toi un bon et tendre ami, et l'enfant gâté de la Provi-'ée dence. La France attirait alors sur elle les yeux de tous les gouveruements ils s'en préoccupaient et redoutaient | 22 VIE DE L'ABBE NICOLLE tremblent, à chaque instant, pour la vie de leurs parents, de leurs amis, de tout ce qui leur est cher. L'inquiétude agitait le coeur du solitaire et triste abbé Septavaux, que les événements avaient conduit à Bruxelles. Là se trouvaient, exilés comme lui, les ab-bés Borderies, Dubois et Mercier. A cette époque, où, de jour en jour, arrivaient des nouvelles de mort, toute amitié était craintive, et celle de l'abbé Nicolle était chère à tous ces proscrits. Cette, lettre leur fut une douce consolation l'abbé Septavaux se hâte de lui dire sa joie Janvier, 1794. Avec quel plaisir j'ai reçu ta lettre, mon ami. Je le vois, les glaces du Nord n'ont refroidi ni ton amitié ni ton style. Après avoir traversé les mers, visité les Romains et les Turcs, les Grecs et les barbares, te voilà donc à Saint-Pétersbourg, comme à Paris, avec ta santé, tes projets, ton esprit et ton coeur. Dieu soit loué! Placé maintenant à l'extrémité du monde pour en voir la chute sans en être ébranlé, tu m'ap-@pelles à partager ta tranquillité je t'en remercie. Cette idée me pénètre de plaisir et de reconnaissance pour Dieu, puisqu'elle mé montre toujours en toi un bon et tendre ami, et l'enfant gâté de la Provi-'ée dence. La France attirait alors sur elle les yeux de tous les gouveruements ils s'en préoccupaient et redoutaient | ###### DE L'ABBÉ NICOLLE tremblent, à chaque instant, pour la vie de leurs parents, de leurs amis, de tout ce qui leur est cher. L'inquiétude agitait le coeur du solitaire et triste abbé Septavaux, que les événements avaient conduit à Bruxelles. Là se trouvaient, exilés comme lui, les ab-bés Borderies, Dubois et Mercier. A cette époque, où, de jour en jour, arrivaient des nouvelles de mort, toute amitié était craintive, et celle de l'abbé Nicolle était chère à tous ces proscrits. Cette, lettre leur fut une douce consolation l'abbé Septavaux se hâte de lui dire sa joie Janvier, 1794. Avec quel plaisir j'ai reçu ta lettre, mon ami. Je le vois, les glaces du Nord n'ont refroidi ni ton amitié ni ton style. Après avoir traversé les mers, visité les Romains et les Turcs, les Grecs et les barbares, te voilà donc à Saint-Pétersbourg, comme à Paris, avec ta santé, tes projets, ton esprit et ton coeur. Dieu soit loué! Placé maintenant à l'extrémité du monde pour en voir la chute sans en être ébranlé, tu m'ap- pelles à partager ta tranquillité je t'en remercie. Cette idée me pénètre de plaisir et de reconnaissance pour Dieu, puisqu'elle me montre toujours en toi un bon et tendre ami, et l'enfant gâté de la Provi-@@@ dence. La France attirait alors sur elle les yeux de tous les gouveruements ils s'en préoccupaient et redoutaient | 22 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE tremblent, à chaque instant, pour la vie de leurs parents, de leurs amis, de tout ce qui leur est cher. L'inquiétude agitait le coeur du solitaire et triste abbé Septavaux, que les événements avaient conduit à Bruxelles. Là se trouvaient, exilés comme lui, les ab-bés Borderies, Dubois et Mercier. A cette époque, où, de jour en jour, arrivaient des nouvelles de mort, toute amitié était craintive, et celle de l'abbé Nicolle était chère à tous ces proscrits. Cette, lettre leur fut une douce consolation l'abbé Septavaux se hâte de lui dire sa joie Janvier, 1794. Avec quel plaisir j'ai reçu ta lettre, mon ami. Je le vois, les glaces du Nord n'ont refroidi ni ton amitié ni ton style. Après avoir traversé les mers, visité les Romains et les Turcs, les Grecs et les barbares, te voilà donc à Saint-Pétersbourg, comme à Paris, avec ta santé, tes projets, ton esprit et ton coeur. Dieu soit loué! Placé maintenant à l'extrémité du monde pour en voir la chute sans en être ébranlé, tu m'ap- pelles à partager ta tranquillité je t'en remercie. Cette idée me pénètre de plaisir et de reconnaissance pour Dieu, puisqu'elle me montre toujours en toi un bon et tendre ami, et l'enfant gâté de la Provi-@@@ dence. La France attirait alors sur elle les yeux de tous les gouveruements ils s'en préoccupaient et redoutaient | 22 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE tremblent, à chaque instant, pour la vie de leurs parents, de leurs amis, de tout ce qui leur est cher. L'inquiétude agitait le coeur du solitaire et triste abbé Septavaux, que les événements avaient conduit à Bruxelles. Là se trouvaient, exilés comme lui, les ab-bés Borderies, Dubois et Mercier. A cette époque, où, de jour en jour, arrivaient des nouvelles de mort, toute amitié était craintive, et celle de l'abbé Nicolle était chère à tous ces proscrits. Cette, lettre leur fut une douce consolation l'abbé Septavaux se hâte de lui dire sa joie Janvier, 1794. Avec quel plaisir j'ai reçu ta lettre, mon ami. Je le vois, les glaces du Nord n'ont refroidi ni ton amitié ni ton style. Après avoir traversé les mers, visité les Romains et les Turcs, les Grecs et les barbares, te voilà donc à Saint-Pétersbourg, comme à Paris, avec ta santé, tes projets, ton esprit et ton coeur. Dieu soit loué! Placé maintenant à l'extrémité du monde pour en voir la chute sans en être ébranlé, tu m'ap- pelles à partager ta tranquillité je t'en remercie. Cette idée me pénètre de plaisir et de reconnaissance pour Dieu, puisqu'elle me montre toujours en toi un bon et tendre ami, et l'enfant gâté de la Provi- dence. La France attirait alors sur elle les yeux de tous les gouveruements ils s'en préoccupaient et redoutaient | 6 | 0.004494 | 0.022222 |
184.txt | 1,857 | VIE DE L'ABBE NICOLLE 13 rèté aussitôt il tombe percé de coups, de sabre. Les nobles hommes qui l'accompagnaient sont massacrés à leur tour, coupables du crime de résistance à l'État, qui voulait leurs biens. Pendant que, triste de ces lamentables catastrophés, le jeune abbé cherchait à Rouie une diversion forte à ses pensées, une lettre du comte de Choiseul vint l'ar-racher à ses préoccupations douloureuses elle l'ap-pelait à Constantinople avec son élève, et l'itinéraire du voyage y était tracé. L'ambassadeur voulait qu'ils visitassent la Grèce. Le voyage était beau il devait plaire à l'ardente imagi-nation du jeune précepteur mais il était périlleux dans un temps où le danger naissait partout et presque à chaque pas. De nobles amis, exilés comme lui, s'effor-cent de le retenir sous le beau ciel de l'Italie. Le comte Durfort de Chastellux s'en fait l'interprète. Sa lettre est de 1792. Je vous sais bon gré, cher monsieur l'abbé, de me donner de vos nouvelles et de celles de votre élève, Ce cher enfant manque à notre petite société, et, si ce n'était battre un homme à terre, je vous repro-cherais son absence et la vôtre. Il est certain que, sans mon respect pour votre religion à suivre les moindres désirs de ses parents j'aurais cherché à vous détourner de votre résolution. Sous aucun râp-port, ce départ ne peut vous procurer la tranquillité et les ressources que vous trouvez ici. J'en suis si | VIE DE L'ABBE NICOLLE 13 rèté aussitôt il tombe percé de coups, de sabre. Les nobles hommes qui l'accompagnaient sont massacrés à leur tour, coupables du crime de résistance à l'État, qui voulait leurs biens. Pendant que, triste de ces lamentables catastrophés, le jeune abbé cherchait à Rouie une diversion forte à ses pensées, une lettre du comte de Choiseul vint l'ar-racher à ses préoccupations douloureuses elle l'ap-pelait à Constantinople avec son élève, et l'itinéraire du voyage y était tracé. L'ambassadeur voulait qu'ils visitassent la Grèce. Le voyage était beau il devait plaire à l'ardente imagi-nation du jeune précepteur mais il était périlleux dans un temps où le danger naissait partout et presque à chaque pas. De nobles amis, exilés comme lui, s'effor-cent de le retenir sous le beau ciel de l'Italie. Le comte Durfort de Chastellux s'en fait l'interprète. Sa lettre est de 1792. Je vous sais bon gré, cher monsieur l'abbé, de me donner de vos nouvelles et de celles de votre élève, Ce cher enfant manque à notre petite société, et, si ce n'était battre un homme à terre, je vous repro-@cherais son absence et la vôtre. Il est certain que, sans mon respect pour votre religion à suivre les moindres désirs de ses parents j'aurais cherché à vous détourner de votre résolution. Sous aucun râp-@port, ce départ ne peut vous procurer la tranquillité et les ressources que vous trouvez ici. J'en suis si | ############################# aussitôt il tombe percé de coups@ de sabre. Les nobles hommes qui l'accompagnaient sont massacrés à leur tour, coupables du crime de résistance à l'État, qui voulait leurs biens. Pendant que, triste de ces lamentables catastrophes, le jeune abbé cherchait à Ro@me une diversion forte à ses pensées, une lettre du comte de Choiseul vint l'ar-racher à ses préoccupations douloureuses elle l'ap-pelait à Constantinople avec son élève, et l'itinéraire du voyage y était tracé. L'ambassadeur voulait qu'ils visitassent la Grèce. Le voyage était beau il devait plaire à l'ardente imagi-nation du jeune précepteur mais il était périlleux dans un temps où le danger naissait partout et presque à chaque pas. De nobles amis, exilés comme lui, s'effor-cent de le retenir sous le beau ciel de l'Italie. Le comte Durfort de Chastellux s'en fait l'interprète. Sa lettre est de 1792. Je vous sais bon gré, cher monsieur l'abbé, de me donner de vos nouvelles et de celles de votre élève, Ce cher enfant manque à notre petite société, et, si ce n'était battre un homme à terre, je vous repro- cherais son absence et la vôtre. Il est certain que, sans mon respect pour votre religion à suivre les moindres désirs de ses parents j'aurais cherché à vous détourner de votre résolution. Sous aucun rap- port, ce départ ne peut vous procurer la tranquillité et les ressources que vous trouvez ici. J'en suis si | VIE DE L'ABBE NICOLLE 13 rèté aussitôt il tombe percé de coups@ de sabre. Les nobles hommes qui l'accompagnaient sont massacrés à leur tour, coupables du crime de résistance à l'État, qui voulait leurs biens. Pendant que, triste de ces lamentables catastrophes, le jeune abbé cherchait à Ro@me une diversion forte à ses pensées, une lettre du comte de Choiseul vint l'ar-racher à ses préoccupations douloureuses elle l'ap-pelait à Constantinople avec son élève, et l'itinéraire du voyage y était tracé. L'ambassadeur voulait qu'ils visitassent la Grèce. Le voyage était beau il devait plaire à l'ardente imagi-nation du jeune précepteur mais il était périlleux dans un temps où le danger naissait partout et presque à chaque pas. De nobles amis, exilés comme lui, s'effor-cent de le retenir sous le beau ciel de l'Italie. Le comte Durfort de Chastellux s'en fait l'interprète. Sa lettre est de 1792. Je vous sais bon gré, cher monsieur l'abbé, de me donner de vos nouvelles et de celles de votre élève, Ce cher enfant manque à notre petite société, et, si ce n'était battre un homme à terre, je vous repro- cherais son absence et la vôtre. Il est certain que, sans mon respect pour votre religion à suivre les moindres désirs de ses parents j'aurais cherché à vous détourner de votre résolution. Sous aucun rap- port, ce départ ne peut vous procurer la tranquillité et les ressources que vous trouvez ici. J'en suis si | VIE DE L'ABBE NICOLLE 13 rèté aussitôt il tombe percé de coups de sabre. Les nobles hommes qui l'accompagnaient sont massacrés à leur tour, coupables du crime de résistance à l'État, qui voulait leurs biens. Pendant que, triste de ces lamentables catastrophes, le jeune abbé cherchait à Rome une diversion forte à ses pensées, une lettre du comte de Choiseul vint l'ar-racher à ses préoccupations douloureuses elle l'ap-pelait à Constantinople avec son élève, et l'itinéraire du voyage y était tracé. L'ambassadeur voulait qu'ils visitassent la Grèce. Le voyage était beau il devait plaire à l'ardente imagi-nation du jeune précepteur mais il était périlleux dans un temps où le danger naissait partout et presque à chaque pas. De nobles amis, exilés comme lui, s'effor-cent de le retenir sous le beau ciel de l'Italie. Le comte Durfort de Chastellux s'en fait l'interprète. Sa lettre est de 1792. Je vous sais bon gré, cher monsieur l'abbé, de me donner de vos nouvelles et de celles de votre élève, Ce cher enfant manque à notre petite société, et, si ce n'était battre un homme à terre, je vous repro- cherais son absence et la vôtre. Il est certain que, sans mon respect pour votre religion à suivre les moindres désirs de ses parents j'aurais cherché à vous détourner de votre résolution. Sous aucun rap- port, ce départ ne peut vous procurer la tranquillité et les ressources que vous trouvez ici. J'en suis si | 7 | 0.004944 | 0.030075 |
609.txt | 1,886 | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 133 Il ne s'agissait pas de prendre les pouces au milieu de tous ces mouvements convulsifs et désordonnés pour cher-cher à calmer il fallait agir fortement et avec brusquerie aussi j'attaquai vigoureusement l'estomac en appuyant avec le bout des doigts et en les retirant vivement. Bientôt, par ce moyen, je fis cesser la contraction du diaphragme puis, après deux ou trois insufflations chaudes sur l'épigastre, les membres tremblèrent un moment, puis ils se détendirent je fus alors entièrement maître des convulsions le calme était rétabli physiquement, mais l'harmonie entre l'intelli-gence et la matière était loin de l'être aussi lorsque, après dix minutes de grandes passes, je réveillai, je reconnus, non plus un état de folie, mais un état d'hébétement, qui continua toute la journée. Le lendemain, je magnétisai pendant une heure. Quoique j'eusse travaillé fortement le cerveau par des passes et des insufflations, je trouvai encore le même état au réveil la jeune fille avait les yeux ternes et sans vie intellectuelle elle répondait avec justesse aux questions qu'on lui faisait, mais elle restait sans initiative pendant des heures entières. La seconde journée se passa sans aucune nouvelle convulsion. Le surlendemain, voyant que cet état persistait, même après la magnétisation, je l'endormis de nouveau, et je pro-voquai avec intention des convulsions ce fut alors une lutte horrible de mouvements convulsifs, de folie furieuse, de cris ie maintins cet état pendant une demi-heure puis, le faisant cesser brusquement et instantanément par les moyens quej'ai indiqués plus haut, je magnétisai pendant deux heures à grandes passes, répétant souvent des insufflations chaudes sur la tête, sur l'estomac, et imposant les mains sur le cer-velet et sur le bas-ventre, j'eus, après un travail de trois heures, le plaisir de voir, au réveil, reparaître entièrement l'intelligence. Depuis ce moment, le calme fut rétabli, et Mlle R. ne se ressentit en rien d'un si déplorable accident, qui avait duré trois jours, et qui aurait pu ne pas être détruit. | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 133 Il ne s'agissait pas de prendre les pouces au milieu de tous ces mouvements convulsifs et désordonnés pour cher-cher à calmer il fallait agir fortement et avec brusquerie aussi j'attaquai vigoureusement l'estomac en appuyant avec le bout des doigts et en les retirant vivement. Bientôt, par ce moyen, je fis cesser la contraction du diaphragme puis, après deux ou trois insufflations chaudes sur l'épigastre, les membres tremblèrent un moment, puis ils se détendirent je fus alors entièrement maître des convulsions le calme était rétabli physiquement, mais l'harmonie entre l'intelli-gence et la matière était loin de l'être aussi lorsque, après dix minutes de grandes passes, je réveillai, je reconnus, non plus un état de folie, mais un état d'hébétement, qui continua toute la journée. Le lendemain, je magnétisai pendant une heure. Quoique j'eusse travaillé fortement le cerveau par des passes et des insufflations, je trouvai encore le même état au réveil la jeune fille avait les yeux ternes et sans vie intellectuelle elle répondait avec justesse aux questions qu'on lui faisait, mais elle restait sans initiative pendant des heures entières. La seconde journée se passa sans aucune nouvelle convulsion. Le surlendemain, voyant que cet état persistait, même après la magnétisation, je l'endormis de nouveau, et je pro-voquai avec intention des convulsions ce fut alors une lutte horrible de mouvements convulsifs, de folie furieuse, de cris ie maintins cet état pendant une demi-heure puis, le faisant cesser brusquement et instantanément par les moyens que@j'ai indiqués plus haut, je magnétisai pendant deux heures à grandes passes, répétant souvent des insufflations chaudes sur la tête, sur l'estomac, et imposant les mains sur le cer-velet et sur le bas-ventre, j'eus, après un travail de trois heures, le plaisir de voir, au réveil, reparaître entièrement l'intelligence. Depuis ce moment, le calme fut rétabli, et Mlle R@@@. ne se ressentit en rien d'un si déplorable accident, qui avait duré trois jours, et qui aurait pu ne pas être détruit. | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 133 Il ne s'agissait pas de prendre les pouces au milieu de tous ces mouvements convulsifs et désordonnés pour cher-cher à calmer il fallait agir fortement et avec brusquerie aussi j'attaquai vigoureusement l'estomac en appuyant avec le bout des doigts et en les retirant vivement. Bientôt, par ce moyen, je fis cesser la contraction du diaphragme puis, après deux ou trois insufflations chaudes sur l'épigastre, les membres tremblèrent un moment, puis ils se détendirent je fus alors entièrement maître des convulsions le calme était rétabli physiquement, mais l'harmonie entre l'intelli-gence et la matière était loin de l'être aussi lorsque, après dix minutes de grandes passes, je réveillai, je reconnus, non plus un état de folie, mais un état d'hébétement, qui continua toute la journée. Le lendemain, je magnétisai pendant une heure. Quoique j'eusse travaillé fortement le cerveau par des passes et des insufflations, je trouvai encore le même état au réveil la jeune fille avait les yeux ternes et sans vie intellectuelle elle répondait avec justesse aux questions qu'on lui faisait, mais elle restait sans initiative pendant des heures entières. La seconde journée se passa sans aucune nouvelle convulsion. Le surlendemain, voyant que cet état pe@sistait, même après la magnétisation, je l'endormis de nouveau, et je pro-voquai avec intention des convulsions ce fut alors une lutte horrible de mouvements convulsifs, de folie furieuse, de cris je maintins cet état pendant une demi-heure puis, le faisant cesser brusquement et instantanément par les moyens que j'ai indiqués plus haut, je magnétisai pendant deux heures à grandes passes, répétant souvent des insufflations chaudes sur la tête, sur l'estomac, et imposant les mains sur le cer-velet et sur le bas-ventre, j'eus, après un travail de trois heures, le plaisir de voir, au réveil, reparaitre entièrement l'intelligence. Depuis ce moment, le calme fut rétabli, et Mlle R.... ne se ressentit en rien d'un si déplorable accident, qui avait duré trois jours, et qui aurait pu ne pas être détruit. | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 133 Il ne s'agissait pas de prendre les pouces au milieu de tous ces mouvements convulsifs et désordonnés pour cher-cher à calmer il fallait agir fortement et avec brusquerie aussi j'attaquai vigoureusement l'estomac en appuyant avec le bout des doigts et en les retirant vivement. Bientôt, par ce moyen, je fis cesser la contraction du diaphragme puis, après deux ou trois insufflations chaudes sur l'épigastre, les membres tremblèrent un moment, puis ils se détendirent je fus alors entièrement maître des convulsions le calme était rétabli physiquement, mais l'harmonie entre l'intelli-gence et la matière était loin de l'être aussi lorsque, après dix minutes de grandes passes, je réveillai, je reconnus, non plus un état de folie, mais un état d'hébétement, qui continua toute la journée. Le lendemain, je magnétisai pendant une heure. Quoique j'eusse travaillé fortement le cerveau par des passes et des insufflations, je trouvai encore le même état au réveil la jeune fille avait les yeux ternes et sans vie intellectuelle elle répondait avec justesse aux questions qu'on lui faisait, mais elle restait sans initiative pendant des heures entières. La seconde journée se passa sans aucune nouvelle convulsion. Le surlendemain, voyant que cet état pe@sistait, même après la magnétisation, je l'endormis de nouveau, et je pro-voquai avec intention des convulsions ce fut alors une lutte horrible de mouvements convulsifs, de folie furieuse, de cris je maintins cet état pendant une demi-heure puis, le faisant cesser brusquement et instantanément par les moyens que j'ai indiqués plus haut, je magnétisai pendant deux heures à grandes passes, répétant souvent des insufflations chaudes sur la tête, sur l'estomac, et imposant les mains sur le cer-velet et sur le bas-ventre, j'eus, après un travail de trois heures, le plaisir de voir, au réveil, reparaitre entièrement l'intelligence. Depuis ce moment, le calme fut rétabli, et Mlle R.... ne se ressentit en rien d'un si déplorable accident, qui avait duré trois jours, et qui aurait pu ne pas être détruit. | DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME 133 Il ne s'agissait pas de prendre les pouces au milieu de tous ces mouvements convulsifs et désordonnés pour cher-cher à calmer il fallait agir fortement et avec brusquerie aussi j'attaquai vigoureusement l'estomac en appuyant avec le bout des doigts et en les retirant vivement. Bientôt, par ce moyen, je fis cesser la contraction du diaphragme puis, après deux ou trois insufflations chaudes sur l'épigastre, les membres tremblèrent un moment, puis ils se détendirent je fus alors entièrement maître des convulsions le calme était rétabli physiquement, mais l'harmonie entre l'intelli-gence et la matière était loin de l'être aussi lorsque, après dix minutes de grandes passes, je réveillai, je reconnus, non plus un état de folie, mais un état d'hébétement, qui continua toute la journée. Le lendemain, je magnétisai pendant une heure. Quoique j'eusse travaillé fortement le cerveau par des passes et des insufflations, je trouvai encore le même état au réveil la jeune fille avait les yeux ternes et sans vie intellectuelle elle répondait avec justesse aux questions qu'on lui faisait, mais elle restait sans initiative pendant des heures entières. La seconde journée se passa sans aucune nouvelle convulsion. Le surlendemain, voyant que cet état pesistait, même après la magnétisation, je l'endormis de nouveau, et je pro-voquai avec intention des convulsions ce fut alors une lutte horrible de mouvements convulsifs, de folie furieuse, de cris je maintins cet état pendant une demi-heure puis, le faisant cesser brusquement et instantanément par les moyens que j'ai indiqués plus haut, je magnétisai pendant deux heures à grandes passes, répétant souvent des insufflations chaudes sur la tête, sur l'estomac, et imposant les mains sur le cer-velet et sur le bas-ventre, j'eus, après un travail de trois heures, le plaisir de voir, au réveil, reparaitre entièrement l'intelligence. Depuis ce moment, le calme fut rétabli, et Mlle R.... ne se ressentit en rien d'un si déplorable accident, qui avait duré trois jours, et qui aurait pu ne pas être détruit. | 7 | 0.00334 | 0.021505 |
91.txt | 1,821 | 4o qu'elle a été trouvée également dans les lacs du Mexi-que et rapprochée de la grande salamandre des monts Alléghanys, il paraît certain que cet animal intermé-diaire n'est que l'axolotl ou larve d'une grosse espèce de salamandre. Parvenu dans les marais salins du Kentucky, à très-peu de profondeur en terre, sur l'une et l'autre rive de l'Ohm , il a ramassé plusieurs grosses dents molaires très-bien conservées, et deux mâchoires inférieures de ce colosse animal que l'on nommé vulgairement mam-mouth et que les naturalistes appellent avec M. CIIVIER au-dehors et par toute sa forme, mais elle n'a que deux pattes. LINNÉ en avait fait un ordre à part amphihia meantes . D'autres naturalistes la regardèrent comme une simple arve , et la rayèrent entièrement du système des animaux, - CAMPER la déclara un poisson, et cette opinion fut adoptée par GMELIN , qui l'a' placée auprès des anguilles, sous le nom de muroena sifen. Cependant c'est un véritable reptile ses pattes sont de vraies pattes composées d'humérus, de radius, de cubitus, et de tous les autres os et muscles qui appartiennent à des pattes, et n'ont aucun rapport avec des nageoires la langue est osseuse, et porte , comme celle des poissons, de chaque côté, quatre osselets demi-Circulaires pour Soutenir les branchies mais au milieu de cette langue de poisson, est un vrai larynx de reptile, qui conduit dans des poumons très-longs, et semblables à ceux des salamandres. Le resté dés intestins ressemblé aussi beaucoup à ceux de ces rep-tiles, PALISOT DE BEABVOIS croit que Cet animal ne changé pas de forme, ce qui le ferait soupçonner amphibie en effet, il réunit en même temps les organes propres à res-pirer l'eau et ceux propres à respirer l'air. | 4o qu'elle a été trouvée également dans les lacs du Mexi-que et rapprochée de la grande salamandre des monts Alléghanys, il paraît certain que cet animal intermé-diaire n'est que l'axolotl ou larve d'une grosse espèce de salamandre. Parvenu dans les marais salins du Kentucky, à très-peu de profondeur en terre, sur l'une et l'autre rive de l'Oh@m , il a ramassé plusieurs grosses dents molaires très-bien conservées, et deux mâchoires inférieures de ce colosse animal que l'on nommé vulgairement mam-mouth et que les naturalistes appellent avec M. CIIVIER au-dehors et par toute sa forme, mais elle n'a que deux pattes. LINNÉ en avait fait un ordre à part amphihia meantes . D'autres naturalistes la regardèrent comme une simple arve , et la rayèrent entièrement du système des animaux, - CAMPER la déclara un poisson, et cette opinion fut adoptée par GMELIN , qui l'a' placée auprès des anguilles, sous le nom de muroena sifen. Cependant c'est un véritable reptile ses pattes sont de vraies pattes composées d'humérus, de radius, de cubitus, et de tous les autres os et muscles qui appartiennent à des pattes, et n'ont aucun rapport avec des nageoires la langue est osseuse, et porte , comme celle des poissons, de chaque côté, quatre osselets demi-Circulaires pour Soutenir les branchies mais au milieu de cette langue de poisson, est un vrai larynx de reptile, qui conduit dans des poumons très-longs, et semblables à ceux des salamandres. Le resté dés intestins ressemblé aussi beaucoup à ceux de ces rep-tiles, PALISOT DE BEABVOIS croit que Cet animal ne changé pas de forme, ce qui le ferait soupçonner amphibie en effet, il réunit en même temps les organes propres à res-pirer l'eau et ceux propres à respirer l'air. | ########## a été trouvée également dans les lacs du Mexi-que et rapprochée de la grande salamandre des monts Alléghanys, il paraît certain que cet animal intermé-diaire n'est que l'axolotl ou larve d'une grosse espèce de salamandre. Parvenu dans les marais salins du Kentucky, à très-peu de profondeur en terre, sur l'une et l'autre rive de l'Ohio , il a ramassé plusieurs grosses dents molaires très-bien conservées, et deux mâchoires inférieures de ce colosse animal que l'on nommé vulgairement mam-mouth et que les naturalistes appellent avec M. C@UVIER au-dehors et par toute sa forme, mais elle n'a que deux pattes. LINNÉ en avait fait un ordre à part amphibia meantes . D'autres naturalistes la regardèrent comme une simple arve , et la rayèrent entièrement du système des animaux, -@CAMPER la déclara un poisson, et cette opinion fut adoptée par GMELIN , qui l'a' placée auprès des anguilles, sous le nom de muroena sifen. Cependant c'est un véritable reptile ses pattes sont de vraies pattes composées d'humérus, de radius, de cubitus, et de tous les autres os et muscles qui appartiennent à des pattes, et n'ont aucun rapport avec des nageoires la langue est osseuse, et porte , comme celle des poissons, de chaque côté, quatre osselets demi-Circulaires pour Soutenir les branchies mais au milieu de cette langue de poisson, est un vrai larynx de reptile, qui conduit dans des poumons très-longs, et semblables à ceux des salamandres. Le reste des intestins ressemblé aussi beaucoup à ceux de ces rep-tiles, PALISOT DE BEAUVOIS croit que cet animal ne change pas de forme, ce qui le ferait soupçonner amphibie en effet, il réunit en même temps les organes propres à res-pirer l'eau et ceux propres à respirer l'air. | 4o qu'elle a été trouvée également dans les lacs du Mexi-que et rapprochée de la grande salamandre des monts Alléghanys, il paraît certain que cet animal intermé-diaire n'est que l'axolotl ou larve d'une grosse espèce de salamandre. Parvenu dans les marais salins du Kentucky, à très-peu de profondeur en terre, sur l'une et l'autre rive de l'Ohio , il a ramassé plusieurs grosses dents molaires très-bien conservées, et deux mâchoires inférieures de ce colosse animal que l'on nommé vulgairement mam-mouth et que les naturalistes appellent avec M. C@UVIER au-dehors et par toute sa forme, mais elle n'a que deux pattes. LINNÉ en avait fait un ordre à part amphibia meantes . D'autres naturalistes la regardèrent comme une simple arve , et la rayèrent entièrement du système des animaux, -@CAMPER la déclara un poisson, et cette opinion fut adoptée par GMELIN , qui l'a' placée auprès des anguilles, sous le nom de muroena sifen. Cependant c'est un véritable reptile ses pattes sont de vraies pattes composées d'humérus, de radius, de cubitus, et de tous les autres os et muscles qui appartiennent à des pattes, et n'ont aucun rapport avec des nageoires la langue est osseuse, et porte , comme celle des poissons, de chaque côté, quatre osselets demi-Circulaires pour Soutenir les branchies mais au milieu de cette langue de poisson, est un vrai larynx de reptile, qui conduit dans des poumons très-longs, et semblables à ceux des salamandres. Le reste des intestins ressemblé aussi beaucoup à ceux de ces rep-tiles, PALISOT DE BEAUVOIS croit que cet animal ne change pas de forme, ce qui le ferait soupçonner amphibie en effet, il réunit en même temps les organes propres à res-pirer l'eau et ceux propres à respirer l'air. | 4o qu'elle a été trouvée également dans les lacs du Mexi-que et rapprochée de la grande salamandre des monts Alléghanys, il paraît certain que cet animal intermé-diaire n'est que l'axolotl ou larve d'une grosse espèce de salamandre. Parvenu dans les marais salins du Kentucky, à très-peu de profondeur en terre, sur l'une et l'autre rive de l'Ohio , il a ramassé plusieurs grosses dents molaires très-bien conservées, et deux mâchoires inférieures de ce colosse animal que l'on nommé vulgairement mam-mouth et que les naturalistes appellent avec M. CUVIER au-dehors et par toute sa forme, mais elle n'a que deux pattes. LINNÉ en avait fait un ordre à part amphibia meantes . D'autres naturalistes la regardèrent comme une simple arve , et la rayèrent entièrement du système des animaux, -CAMPER la déclara un poisson, et cette opinion fut adoptée par GMELIN , qui l'a' placée auprès des anguilles, sous le nom de muroena sifen. Cependant c'est un véritable reptile ses pattes sont de vraies pattes composées d'humérus, de radius, de cubitus, et de tous les autres os et muscles qui appartiennent à des pattes, et n'ont aucun rapport avec des nageoires la langue est osseuse, et porte , comme celle des poissons, de chaque côté, quatre osselets demi-Circulaires pour Soutenir les branchies mais au milieu de cette langue de poisson, est un vrai larynx de reptile, qui conduit dans des poumons très-longs, et semblables à ceux des salamandres. Le reste des intestins ressemblé aussi beaucoup à ceux de ces rep-tiles, PALISOT DE BEAUVOIS croit que cet animal ne change pas de forme, ce qui le ferait soupçonner amphibie en effet, il réunit en même temps les organes propres à res-pirer l'eau et ceux propres à respirer l'air. | 11 | 0.006388 | 0.0347 |
85.txt | 1,821 | et graduellement, en balançant, en conciliant les diverses convenances sociales, les intérêts des Colons et ceux de l'Africain lui-même que l'abolition subite exposerait à des maux incalculables 1 . Plus familiarisé avec les mystères dé l'histoire natu-relle qu'avec les lois d'une haute philosophie , PALISOT DE BEAUVOIS s'est laissé entranîer dans une erreur grave elle fut plutôt unécart de son esprit, que celui de son coeur essentiellement boa, essentiellement généreux et ami delà liberté. Il ne calcula point les suites quépou-vait avoir et qu'amena malheureusement la résistance des Celions à une loi de la mère-patrie. Une collection d'in-dividus dont la direction, les intérêts et les passions varient Sans cesse ne peut ni ne doit jamais s'opposer à la velonté générale , dent la puissance est perpétuelle et régulière j dont l'énergie- est incommensurable. Le spec-tacle, hideux de l'esclavage sur la côte occidentale d'A-frique, avait donné à PAMSOT DE BEAOTOIS , de fausses idées sur lés Nègres. On ne peut pas juger sainement d'un être abruti, par le plus dur servage ses facultés engourdies le ravalent au rang des animaux les plus stupides , dont le sort est moins cruel. Délivrez-le du joug qui le dégrade sans cesse qu'il connaisse la pro-priété qu'il acquière les droits d'époux et dé père qu'il vive en un mot pour lui, pour les siens, et vous le verrez-porter avec honneur lés augustes traits de l'homme, Mais , parce quele-Nègre est victime du despotisme le plus absolu sous la zone torride, parce qu'un trafic infâme 1 En octobre 1814, il reproduisit les mêmes idées dansr sa Réfutation d'un. écrit de M. CLARKSON intitulé Résumé du témoignage... . touchant ta traite des. Nègres, in-8° de xvj et 56 pages. Paris, 1814. | et graduellement, en balançant, en conciliant les diverses convenances sociales, les intérêts des Colons et ceux de l'Africain lui-même que l'abolition subite exposerait à des maux incalculables 1 . Plus familiarisé avec les mystères dé l'histoire natu-relle qu'avec les lois d'une haute philosophie , PALISOT DE BEAUVOIS s'est laissé entranîer dans une erreur grave elle fut plutôt un@écart de son esprit, que celui de son coeur essentiellement boa, essentiellement généreux et ami delà liberté. Il ne calcula point les suites qu@épou-vait avoir et qu'amena malheureusement la résistance des Celions à une loi de la mère-patrie. Une collection d'in-dividus dont la direction, les intérêts et les passions varient Sans cesse @@ne peut ni ne doit jamais s'opposer à la velonté générale , dent la puissance est perpétuelle et régulière j dont l'énergie- est incommensurable. Le spec-tacle, hideux de l'esclavage sur la côte occidentale d'A-frique, avait donné à PA@MSOT DE BEAOTOIS , de fausses idées sur lés Nègres. On ne peut pas juger sainement d'un être abruti, par le plus dur servage ses facultés engourdies le ravalent au rang des animaux les plus stupides , dont le sort est moins cruel. Délivrez-le du joug qui le dégrade sans cesse qu'il connaisse la pro-priété qu'il acquière les droits d'époux et dé père qu'il vive en un mot pour lui, pour les siens, et vous le verrez-porter avec honneur lés augustes traits de l'homme, Mais , parce que@le-Nègre est victime du despotisme le plus absolu sous la zone torride, parce qu'un trafic infâme 1 En octobre 1814, il reproduisit les mêmes idées dansr sa Réfutation d'un. écrit de M. CLARKSON intitulé Résumé du témoignage... . touchant ta traite des. Nègres, in-8° de xvj et 56 pages. Paris, 1814. | et graduellement, en balançant, en conciliant les diverses convenances sociales, les intérêts des Colons et ceux de l'Africain lui-même que l'abolition subite exposerait à des maux incalculables 1 . Plus familiarisé avec les mystères dé l'histoire natu-relle qu'avec les lois d'une haute philosophie , PALISOT DE BEAUVOIS s'est laissé entraîner dans une erreur grave elle fut plutôt un écart de son esprit, que celui de son coeur essentiellement bon, essentiellement généreux et ami delà liberté. Il ne calcula point les suites que pou-vait avoir et qu'amena malheureusement la résistance des Col@ons à une loi de la mère-patrie. Une collection d'in-dividus dont la direction, les intérêts et les passions varient sans cesse , ne peut ni ne doit jamais s'opposer à la volonté générale , dont la puissance est perpétuelle et régulière , dont l'énergie@ est incommensurable. Le spec-tacle, hideux de l'esclavage sur la côte occidentale d'A-frique, avait donné à PALISOT DE BEAUVOIS , de fausses idées sur les Nègres. On ne peut pas juger sainement d'un être abruti, par le plus dur servage ses facultés engourdies le ravalent au rang des animaux les plus stupides , dont le sort est moins cruel. Délivrez-le du joug qui le dégrade sans cesse qu'il connaisse la pro-priété qu'il acquière les droits d'époux et de père qu'il vive en un mot pour lui, pour les siens, et vous le verrez-porter avec honneur lés augustes traits de l'homme, Mais , parce que le-Nègre est victime du despotisme le plus absolu sous la zone torride, parce qu'un trafic infâme 1 En octobre 1814, il reproduisit les mêmes idées dans@ sa Réfutation d'un. écrit de M. CLARKSON intitulé Résumé du témoignage... . touchant la traite des. Nègres, in-8° de xvj et 56 pages. Paris, 1814. | et graduellement, en balançant, en conciliant les diverses convenances sociales, les intérêts des Colons et ceux de l'Africain lui-même que l'abolition subite exposerait à des maux incalculables 1 . Plus familiarisé avec les mystères dé l'histoire natu-relle qu'avec les lois d'une haute philosophie , PALISOT DE BEAUVOIS s'est laissé entraîner dans une erreur grave elle fut plutôt un écart de son esprit, que celui de son coeur essentiellement bon, essentiellement généreux et ami delà liberté. Il ne calcula point les suites que pou-vait avoir et qu'amena malheureusement la résistance des Col@ons à une loi de la mère-patrie. Une collection d'in-dividus dont la direction, les intérêts et les passions varient sans cesse , ne peut ni ne doit jamais s'opposer à la volonté générale , dont la puissance est perpétuelle et régulière , dont l'énergie@ est incommensurable. Le spec-tacle, hideux de l'esclavage sur la côte occidentale d'A-frique, avait donné à PALISOT DE BEAUVOIS , de fausses idées sur les Nègres. On ne peut pas juger sainement d'un être abruti, par le plus dur servage ses facultés engourdies le ravalent au rang des animaux les plus stupides , dont le sort est moins cruel. Délivrez-le du joug qui le dégrade sans cesse qu'il connaisse la pro-priété qu'il acquière les droits d'époux et de père qu'il vive en un mot pour lui, pour les siens, et vous le verrez-porter avec honneur lés augustes traits de l'homme, Mais , parce que le-Nègre est victime du despotisme le plus absolu sous la zone torride, parce qu'un trafic infâme 1 En octobre 1814, il reproduisit les mêmes idées dans@ sa Réfutation d'un. écrit de M. CLARKSON intitulé Résumé du témoignage... . touchant la traite des. Nègres, in-8° de xvj et 56 pages. Paris, 1814. | et graduellement, en balançant, en conciliant les diverses convenances sociales, les intérêts des Colons et ceux de l'Africain lui-même que l'abolition subite exposerait à des maux incalculables 1 . Plus familiarisé avec les mystères dé l'histoire natu-relle qu'avec les lois d'une haute philosophie , PALISOT DE BEAUVOIS s'est laissé entraîner dans une erreur grave elle fut plutôt un écart de son esprit, que celui de son coeur essentiellement bon, essentiellement généreux et ami delà liberté. Il ne calcula point les suites que pou-vait avoir et qu'amena malheureusement la résistance des Colons à une loi de la mère-patrie. Une collection d'in-dividus dont la direction, les intérêts et les passions varient sans cesse , ne peut ni ne doit jamais s'opposer à la volonté générale , dont la puissance est perpétuelle et régulière , dont l'énergie est incommensurable. Le spec-tacle, hideux de l'esclavage sur la côte occidentale d'A-frique, avait donné à PALISOT DE BEAUVOIS , de fausses idées sur les Nègres. On ne peut pas juger sainement d'un être abruti, par le plus dur servage ses facultés engourdies le ravalent au rang des animaux les plus stupides , dont le sort est moins cruel. Délivrez-le du joug qui le dégrade sans cesse qu'il connaisse la pro-priété qu'il acquière les droits d'époux et de père qu'il vive en un mot pour lui, pour les siens, et vous le verrez-porter avec honneur lés augustes traits de l'homme, Mais , parce que le-Nègre est victime du despotisme le plus absolu sous la zone torride, parce qu'un trafic infâme 1 En octobre 1814, il reproduisit les mêmes idées dans sa Réfutation d'un. écrit de M. CLARKSON intitulé Résumé du témoignage... . touchant la traite des. Nègres, in-8° de xvj et 56 pages. Paris, 1814. | 24 | 0.013746 | 0.075949 |
153.txt | 1,864 | -110 -lettre. Les uns disent qu'elle était écrite par M. le duc de Courlande d'autres, par M. de la Ché-tardie A l'égard du paquet qui vous est adressé je vous prie de le remettre à Madame sans nom, ni autre désignation. M. Amelot fut fort embarrassé, ne devinant pas pour qui était ce paquet. Était-il pour Mesdames de France? Après le conseil il en parla au roi devant les autres mi-nistres tous furent aussi intrigués que lui. M. de Maurepas, secrétaire d'État dit Mais ce pourrait être pour Madame de Mailly qui connaissant M. de la Chétardie, lui aura donné quelque commis-sion il faudra s'éclaircir sur ce fait. Le soir à son petit souper, le roi avec ses seigneurs et Ma-dame de Mailly la railla sur ce qu'elle recevait des présents des Cours étrangères sans rien en dire Madame de Mailly qui se fait un point d'honneur de ne demander aucune grâce ni pour elle, ni pour qui que ce soit, se sentit piquée de la raillerie, elle prit son sérieux et répondit au roi qu'elle ne recevait de présents de personne et qu'elle n'était ni la femme, ni la fille de ses mi-nistres. Disant cela elle tomba sur mesdames de Maurepas, Amelot, Fulvy, belle-soeur du contrô-leur général elle dit, entre autres, que celle-ci avait un pot de vin sur toutes les marchandises de la Compagnie des Indes. La scène devint grave, | -110 -lettre. Les uns disent qu'elle était écrite par M. le duc de Courlande d'autres, par M. de la Ché-tardie A l'égard du paquet qui vous est adressé je vous prie de le remettre à Madame sans nom, ni autre désignation. M. Amelot fut fort embarrassé, ne devinant pas pour qui était ce paquet. Était-il pour Mesdames de France? Après le conseil il en parla au roi devant les autres mi-nistres tous furent aussi intrigués que lui. M. de Maurepas, secrétaire d'État dit Mais ce pourrait être pour Madame de Mailly qui connaissant M. de la Chétardie, lui aura donné quelque commis-sion il faudra s'éclaircir sur ce fait. Le soir à son petit souper, le roi avec ses seigneurs et Ma-dame de Mailly la railla sur ce qu'elle recevait des présents des Cours étrangères sans rien en dire Madame de Mailly qui se fait un point d'honneur de ne demander aucune grâce ni pour elle, ni pour qui que ce soit, se sentit piquée de la raillerie, elle prit son sérieux et répondit au roi qu'elle ne recevait de présents de personne et qu'elle n'était ni la femme, ni la fille de ses mi-nistres. Disant cela elle tomba sur mesdames de Maurepas, Amelot, Fulvy, belle-soeur du contrô-leur général elle dit, entre autres, que celle-ci avait un pot de vin sur toutes les marchandises de la Compagnie des Indes. La scène devint grave, | ############# Les uns disent qu'elle était écrite par M. le duc de Courlande d'autres, par M. de la Che-tardie A l'égard du paquet qui vous est adressé je vous prie de le remettre à Madame sans nom, ni autre désignation. M. Amelot fut fort embarrassé, ne devinant pas pour qui était ce paquet. Était-il pour Mesdames de France? Après le conseil il en parla au roi devant les autres mi-nistres tous furent aussi intrigués que lui. M. de Maurepas, secrétaire d'État dit Mais ce pourrait être pour Madame de Mailly qui connaissant M. de la Chétardie, lui aura donné quelque commis-sion il faudra s'éclaircir sur ce fait. Le soir à son petit souper, le roi avec ses seigneurs et Ma-dame de Mailly la railla sur ce qu'elle recevait des présents des Cours étrangères sans rien en dire Madame de Mailly qui se fait un point d'honneur de ne demander aucune grâce ni pour elle, ni pour qui que ce soit, se sentit piquée de la raillerie, elle prit son sérieux et répondit au roi qu'elle ne recevait de présents de personne et qu'elle n'était ni la femme, ni la fille de ses mi-nistres. Disant cela elle tomba sur mesdames de Maurepas, Amelot, Fulvy, belle-soeur du contrô-leur général elle dit, entre autres, que celle-ci avait un pot de vin sur toutes les marchandises de la Compagnie des Indes. La scène devint grave, | -110 -lettre. Les uns disent qu'elle était écrite par M. le duc de Courlande d'autres, par M. de la Che-tardie A l'égard du paquet qui vous est adressé je vous prie de le remettre à Madame sans nom, ni autre désignation. M. Amelot fut fort embarrassé, ne devinant pas pour qui était ce paquet. Était-il pour Mesdames de France? Après le conseil il en parla au roi devant les autres mi-nistres tous furent aussi intrigués que lui. M. de Maurepas, secrétaire d'État dit Mais ce pourrait être pour Madame de Mailly qui connaissant M. de la Chétardie, lui aura donné quelque commis-sion il faudra s'éclaircir sur ce fait. Le soir à son petit souper, le roi avec ses seigneurs et Ma-dame de Mailly la railla sur ce qu'elle recevait des présents des Cours étrangères sans rien en dire Madame de Mailly qui se fait un point d'honneur de ne demander aucune grâce ni pour elle, ni pour qui que ce soit, se sentit piquée de la raillerie, elle prit son sérieux et répondit au roi qu'elle ne recevait de présents de personne et qu'elle n'était ni la femme, ni la fille de ses mi-nistres. Disant cela elle tomba sur mesdames de Maurepas, Amelot, Fulvy, belle-soeur du contrô-leur général elle dit, entre autres, que celle-ci avait un pot de vin sur toutes les marchandises de la Compagnie des Indes. La scène devint grave, | -110 -lettre. Les uns disent qu'elle était écrite par M. le duc de Courlande d'autres, par M. de la Che-tardie A l'égard du paquet qui vous est adressé je vous prie de le remettre à Madame sans nom, ni autre désignation. M. Amelot fut fort embarrassé, ne devinant pas pour qui était ce paquet. Était-il pour Mesdames de France? Après le conseil il en parla au roi devant les autres mi-nistres tous furent aussi intrigués que lui. M. de Maurepas, secrétaire d'État dit Mais ce pourrait être pour Madame de Mailly qui connaissant M. de la Chétardie, lui aura donné quelque commis-sion il faudra s'éclaircir sur ce fait. Le soir à son petit souper, le roi avec ses seigneurs et Ma-dame de Mailly la railla sur ce qu'elle recevait des présents des Cours étrangères sans rien en dire Madame de Mailly qui se fait un point d'honneur de ne demander aucune grâce ni pour elle, ni pour qui que ce soit, se sentit piquée de la raillerie, elle prit son sérieux et répondit au roi qu'elle ne recevait de présents de personne et qu'elle n'était ni la femme, ni la fille de ses mi-nistres. Disant cela elle tomba sur mesdames de Maurepas, Amelot, Fulvy, belle-soeur du contrô-leur général elle dit, entre autres, que celle-ci avait un pot de vin sur toutes les marchandises de la Compagnie des Indes. La scène devint grave, | 1 | 0.000764 | 0.003906 |
635.txt | 1,886 | 4 THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 195 Vu par nous, sous-préfet de l'arrondissement de Pont-Audemer, pour légalisation de la signature de M. Lecompte apposée ci-dessus, et attestation que les faits mentionnés au certificat sont exacts. Pont-Audemer, 15 avril 1841. Le sous-préfet, Constant LEROY. J'ai fait entendre bien des sourds-muets, et j'ai constam-ment rencontré une opposition malveillante dans les institu-tions de sourds-muets elles m'ont toutes fermé leur porte, sous le prétexte que les enfants leur étaient confiés pour recevoir de l'instruction et non pour être guéris. Cependant l'essai du magnétisme sur un sourd-muet est tout à fait inoffensif, on ne l'endort pas, on tourne les doigts devant Tes oreilles et on souffle sur la tête. Ce n'est pas très effrayant, et certes il fallait y mettre plus que de la mau-vaise volonté pour se refuser à un essai que je voulais faire devant les médecins qui le demandaient eux-mêmes. J'ai parcouru la Belgique, la France, l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande, et, dans tous mes voyages, pendant toute ma carrière, je n'ai rencontré que deux institutions qui m'aient permis de pénétrer dans leur sein l'une est Claremont, institution à Dublin Irlande , où je fis entendre un sourd-muet devant plusieurs médecins et tout récemment Tou-louse, où le directeur de l'institution, le bienveillant abbé Chazotte, mit à ma disposition tous ses enfants sourds-muets, en mevremerciant des efforts que je faisais pour être utile à ces malheureux parias. Aussi je fis entendre neuf sourds-muets dans la ville de Toulouse, devant plus de quarante médecins et auparavant tous ces sourds-muets n'entendaient absolument rien, pas même des coups de pistolet, sauf un seul qui entendait un grand bruit sans pouvoir rien distinguer. Ce fut à Nantes que je fis entendre pour la première fois un sourd-muet. C'était un homme de trente-deux ans, ouvrier imprimeur, qui travaillait depuis plusieurs années dans l'imprimerie du National de l'Ouest. | 4 THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 195 Vu par nous, sous-préfet de l'arrondissement de Pont-Audemer, pour légalisation de la signature de M. Lecompte apposée ci-dessus, et attestation que les faits mentionnés au certificat sont exacts. Pont-Audemer, 15 avril 1841. Le sous-préfet, Constant LEROY. J'ai fait entendre bien des sourds-muets, et j'ai constam-ment rencontré une opposition malveillante dans les institu-tions de sourds-muets elles m'ont toutes fermé leur porte, sous le prétexte que les enfants leur étaient confiés pour recevoir de l'instruction et non pour être guéris. Cependant l'essai du magnétisme sur un sourd-muet est tout à fait inoffensif, on ne l'endort pas, on tourne les doigts devant Tes oreilles et on souffle sur la tête. Ce n'est pas très effrayant, et certes il fallait y mettre plus que de la mau-vaise volonté pour se refuser à un essai que je voulais faire devant les médecins qui le demandaient eux-mêmes. J'ai parcouru la Belgique, la France, l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande, et, dans tous mes voyages, pendant toute ma carrière, je n'ai rencontré que deux institutions qui m'aient permis de pénétrer dans leur sein l'une est Claremont, institution à Dublin Irlande , où je fis entendre un sourd-muet devant plusieurs médecins et tout récemment Tou-louse, où le directeur de l'institution, le bienveillant abbé Chazotte, mit à ma disposition tous ses enfants sourds-muets, en mevremerciant des efforts que je faisais pour être utile à ces malheureux parias. Aussi je fis entendre neuf sourds-muets dans la ville de Toulouse, devant plus de quarante médecins et auparavant tous ces sourds-muets n'entendaient absolument rien, pas même des coups de pistolet, sauf un seul qui entendait un grand bruit sans pouvoir rien distinguer. Ce fut à Nantes que je fis entendre pour la première fois un sourd-muet. C'était un homme de trente-deux ans, ouvrier imprimeur, qui travaillait depuis plusieurs années dans l'imprimerie du National de l'Ouest. | ############### ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 195 Vu par nous, sous-préfet de l'arrondissement de Pont-Audemer, pour légalisation de la signature de M. Lecompte apposée ci-dessus, et attestation que les faits mentionnés au certificat sont exacts. Pont-Audemer, 15 avril 1841. Le sous-préfet, Constant LEROY. J'ai fait entendre bien des sourds-muets, et j'ai constam-ment rencontré une opposition malveillante dans les institu-tions de sourds-muets elles m'ont toutes fermé leur porte, sous le prétexte que les enfants leur étaient confiés pour recevoir de l'instruction et non pour être guéris. Cependant l'essai du magnétisme sur un sourd-muet est tout à fait inoffensif, on ne l'endort pas, on tourne les doigts devant les oreilles et on souffle sur la tête. Ce n'est pas très effrayant, et certes il fallait y mettre plus que de la mau-vaise volonté pour se refuser à un essai que je voulais faire devant les médecins qui le demandaient eux-mêmes. J'ai parcouru la Belgique, la France, l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande, et, dans tous mes voyages, pendant toute ma carrière, je n'ai rencontré que deux institutions qui m'aient permis de pénétrer dans leur sein l'une est Claremont, institution à Dublin Irlande , où je fis entendre un sourd-muet devant plusieurs médecins et tout récemment Tou-louse, où le directeur de l'institution, le bienveillant abbé Chazotte, mit à ma disposition tous ses enfants sourds-muets, en me remerciant des efforts que je faisais pour être utile à ces malheureux parias. Aussi je fis entendre neuf sourds-muets dans la ville de Toulouse, devant plus de quarante médecins et auparavant tous ces sourds-muets n'entendaient absolument rien, pas même des coups de pistolet, sauf un seul qui entendait un grand bruit sans pouvoir rien distinguer. Ce fut à Nantes que je fis entendre pour la première fois un sourd-muet. C'était un homme de trente-deux ans, ouvrier imprimeur, qui travaillait depuis plusieurs années dans l'imprimerie du National de l'Ouest. | 4 THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 195 Vu par nous, sous-préfet de l'arrondissement de Pont-Audemer, pour légalisation de la signature de M. Lecompte apposée ci-dessus, et attestation que les faits mentionnés au certificat sont exacts. Pont-Audemer, 15 avril 1841. Le sous-préfet, Constant LEROY. J'ai fait entendre bien des sourds-muets, et j'ai constam-ment rencontré une opposition malveillante dans les institu-tions de sourds-muets elles m'ont toutes fermé leur porte, sous le prétexte que les enfants leur étaient confiés pour recevoir de l'instruction et non pour être guéris. Cependant l'essai du magnétisme sur un sourd-muet est tout à fait inoffensif, on ne l'endort pas, on tourne les doigts devant les oreilles et on souffle sur la tête. Ce n'est pas très effrayant, et certes il fallait y mettre plus que de la mau-vaise volonté pour se refuser à un essai que je voulais faire devant les médecins qui le demandaient eux-mêmes. J'ai parcouru la Belgique, la France, l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande, et, dans tous mes voyages, pendant toute ma carrière, je n'ai rencontré que deux institutions qui m'aient permis de pénétrer dans leur sein l'une est Claremont, institution à Dublin Irlande , où je fis entendre un sourd-muet devant plusieurs médecins et tout récemment Tou-louse, où le directeur de l'institution, le bienveillant abbé Chazotte, mit à ma disposition tous ses enfants sourds-muets, en me remerciant des efforts que je faisais pour être utile à ces malheureux parias. Aussi je fis entendre neuf sourds-muets dans la ville de Toulouse, devant plus de quarante médecins et auparavant tous ces sourds-muets n'entendaient absolument rien, pas même des coups de pistolet, sauf un seul qui entendait un grand bruit sans pouvoir rien distinguer. Ce fut à Nantes que je fis entendre pour la première fois un sourd-muet. C'était un homme de trente-deux ans, ouvrier imprimeur, qui travaillait depuis plusieurs années dans l'imprimerie du National de l'Ouest. | 4 THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME 195 Vu par nous, sous-préfet de l'arrondissement de Pont-Audemer, pour légalisation de la signature de M. Lecompte apposée ci-dessus, et attestation que les faits mentionnés au certificat sont exacts. Pont-Audemer, 15 avril 1841. Le sous-préfet, Constant LEROY. J'ai fait entendre bien des sourds-muets, et j'ai constam-ment rencontré une opposition malveillante dans les institu-tions de sourds-muets elles m'ont toutes fermé leur porte, sous le prétexte que les enfants leur étaient confiés pour recevoir de l'instruction et non pour être guéris. Cependant l'essai du magnétisme sur un sourd-muet est tout à fait inoffensif, on ne l'endort pas, on tourne les doigts devant les oreilles et on souffle sur la tête. Ce n'est pas très effrayant, et certes il fallait y mettre plus que de la mau-vaise volonté pour se refuser à un essai que je voulais faire devant les médecins qui le demandaient eux-mêmes. J'ai parcouru la Belgique, la France, l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande, et, dans tous mes voyages, pendant toute ma carrière, je n'ai rencontré que deux institutions qui m'aient permis de pénétrer dans leur sein l'une est Claremont, institution à Dublin Irlande , où je fis entendre un sourd-muet devant plusieurs médecins et tout récemment Tou-louse, où le directeur de l'institution, le bienveillant abbé Chazotte, mit à ma disposition tous ses enfants sourds-muets, en me remerciant des efforts que je faisais pour être utile à ces malheureux parias. Aussi je fis entendre neuf sourds-muets dans la ville de Toulouse, devant plus de quarante médecins et auparavant tous ces sourds-muets n'entendaient absolument rien, pas même des coups de pistolet, sauf un seul qui entendait un grand bruit sans pouvoir rien distinguer. Ce fut à Nantes que je fis entendre pour la première fois un sourd-muet. C'était un homme de trente-deux ans, ouvrier imprimeur, qui travaillait depuis plusieurs années dans l'imprimerie du National de l'Ouest. | 2 | 0.001008 | 0.00578 |
392.txt | 1,882 | ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE 15 organes du ventre et de la poitrine, le centre des opérations affec-tives et morales, pour l'enfermer dans le cerveau, il faut l'étendre à tout. Il faut dire que le coeur est l'agent de la circulation san-guine et n'est ni la source ni la mesure du courage, de la colère, de l'ambition et de toutes ces passions vigoureuses mêlées de bien et de mal que la haine ne vient pas du foie ni de l'estomac que le sens maternel lui-même, quoique si profondément organique, ne vient pas de l'utérus seul. Toutes les impressions viscérales ont besoin de la coopération cérébrale et de l'intervention de l'esprit, pour devenir des affections et des sentiments. Même chez les ani-maux, le travail nerveux est nécessaire mais si vous voulez savoir ce que l'esprit y ajoute dans l'homme, comparez l'instinct d'une poule qui protège ses poussins pendant des jours, ou d'une chienne qui allaite ses petits, avec le spectacle de vertu sublime que nous montre, chaque jour, la femme qui aime ses enfants. V. Notre exposition ne peut être utile, que si elle est claire et si elle explique graduellement les choses obscures, en avançant vers la vérité. Nous arrivons à ce point-ci pourquoi, entre tous les organes, l'homme a-t il choisi le coeur pour le représenter après la mort? Deux premiers motifs ont pu décider ce choix. Nous allons les indiquer puis nous verrons s'il n'en existe pas un troisième. En premier lieu, on aura reconnu que le coeur est un organe nécessaire à la vie, le plus essentiel peut-être. En second lieu, on aura reconnu facilement qu'il est peu volumineux, qu'il doit être aisé à retirer du corps et même assez facile à conserver. Ces appréciations sont exactes. Pourtant on va voir que, histo-riquement au moins, la première n'a pas dû avoir une influence marquée. Les anciens connaissaient à peine le coeur ils ignoraient son rôle et son action. Aristote, si savant pour son temps, le regarde comme le centre des vaisseaux du sang et, à cause de cela, comme étant le foyer de la chaleur innée . On croyait qu'il envoie de l'air irvsOfjux dans le corps par les tuyaux artériels qui, sur le cadavre, sont vides, tandis que les veines sont remplies de sang. Galion crut que le sang se formait dans le foie, d'où il allait au coeur, et que celui-ci en lançant dans le cerveau de l'air par les artères céré-brales, y faisait naître les esprits animaux qui sont les instruments do l'âme raisonnable, ainsi que Descartes a continué de le dire. A | ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE 15 organes du ventre et de la poitrine, le centre des opérations affec-tives et morales, pour l'enfermer dans le cerveau, il faut l'étendre à tout. Il faut dire que le coeur est l'agent de la circulation san-guine et n'est ni la source ni la mesure du courage, de la colère, de l'ambition et de toutes ces passions vigoureuses mêlées de bien et de mal que la haine ne vient pas du foie ni de l'estomac que le sens maternel lui-même, quoique si profondément organique, ne vient pas de l'utérus seul. Toutes les impressions viscérales ont besoin de la coopération cérébrale et de l'intervention de l'esprit, pour devenir des affections et des sentiments. Même chez les ani-maux, le travail nerveux est nécessaire mais si vous voulez savoir ce que l'esprit y ajoute dans l'homme, comparez l'instinct d'une poule qui protège ses poussins pendant des jours, ou d'une chienne qui allaite ses petits, avec le spectacle de vertu sublime que nous montre, chaque jour, la femme qui aime ses enfants. V. Notre exposition ne peut être utile, que si elle est claire et si elle explique graduellement les choses obscures, en avançant vers la vérité. Nous arrivons à ce point-ci pourquoi, entre tous les organes, l'homme a-t il choisi le coeur pour le représenter après la mort? Deux premiers motifs ont pu décider ce choix. Nous allons les indiquer puis nous verrons s'il n'en existe pas un troisième. En premier lieu, on aura reconnu que le coeur est un organe nécessaire à la vie, le plus essentiel peut-être. En second lieu, on aura reconnu facilement qu'il est peu volumineux, qu'il doit être aisé à retirer du corps et même assez facile à conserver. Ces appréciations sont exactes. Pourtant on va voir que, histo-riquement au moins, la première n'a pas dû avoir une influence marquée. Les anciens connaissaient à peine le coeur ils ignoraient son rôle et son action. Aristote, si savant pour son temps, le regarde comme le centre des vaisseaux du sang et, à cause de cela, comme étant le foyer de la chaleur innée . On croyait qu'il envoie de l'air irvsOfjux dans le corps par les tuyaux artériels qui, sur le cadavre, sont vides, tandis que les veines sont remplies de sang. Galion crut que le sang se formait dans le foie, d'où il allait au coeur, et que celui-ci en lançant dans le cerveau de l'air par les artères céré-brales, y faisait naître les esprits animaux qui sont les instruments do l'âme raisonnable, ainsi que Descartes a continué de le dire. A | ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE 15 organes du ventre et de la poitrine, le centre des opérations affec-tives et morales, pour l'enfermer dans le cerveau, il faut l'étendre à tout. Il faut dire que le coeur est l'agent de la circulation san-guine et n'est ni la source ni la mesure du courage, de la colère, de l'ambition et de toutes ces passions vigoureuses mêlées de bien et de mal que la haine ne vient pas du foie ni de l'estomac que le sens maternel lui-même, quoique si profondément organique, ne vient pas de l'utérus seul. Toutes les impressions viscérales ont besoin de la coopération cérébrale et de l'intervention de l'esprit, pour devenir des affections et des sentiments. Même chez les ani-maux, le travail nerveux est nécessaire mais si vous voulez savoir ce que l'esprit y ajoute dans l'homme, comparez l'instinct d'une poule qui protège ses poussins pendant des jours, ou d'une chienne qui allaite ses petits, avec le spectacle de vertu sublime que nous montre, chaque jour, la femme qui aime ses enfants. V. Notre exposition ne peut être utile, que si elle est claire et si elle explique graduellement les choses obscures, en avançant vers la vérité. Nous arrivons à ce point-ci pourquoi, entre tous les organes, l'homme a-t il choisi le coeur pour le représenter après la mort? Deux premiers motifs ont pu décider ce choix. Nous allons les indiquer puis nous verrons s'il n'en existe pas un troisième. En premier lieu, on aura reconnu que le coeur est un organe nécessaire à la vie, le plus essentiel peut-être. En second lieu, on aura reconnu facilement qu'il est peu volumineux, qu'il doit être aisé à retirer du corps et même assez facile à conserver. Ces appréciations sont exactes. Pourtant on va voir que, histo-riquement au moins, la première n'a pas dû avoir une influence marquée. Les anciens connaissaient à peine le coeur ils ignoraient son rôle et son action. Aristote, si savant pour son temps, le regarde comme le centre des vaisseaux du sang et, à cause de cela, comme étant le foyer de la chaleur innée . On croyait qu'il envoie de ############### dans le corps par les tuyaux artériels qui, sur le cadavre, sont vides, tandis que les veines sont remplies de sang. Galien crut que le sang se formait dans le foie, d'où il allait au coeur, et que celui-ci en lançant dans le cerveau de l'air par les artères céré-brales, y faisait naître les esprits animaux qui sont les instruments de l'âme raisonnable, ainsi que Descartes a continué de le dire. A | ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE 15 organes du ventre et de la poitrine, le centre des opérations affec-tives et morales, pour l'enfermer dans le cerveau, il faut l'étendre à tout. Il faut dire que le coeur est l'agent de la circulation san-guine et n'est ni la source ni la mesure du courage, de la colère, de l'ambition et de toutes ces passions vigoureuses mêlées de bien et de mal que la haine ne vient pas du foie ni de l'estomac que le sens maternel lui-même, quoique si profondément organique, ne vient pas de l'utérus seul. Toutes les impressions viscérales ont besoin de la coopération cérébrale et de l'intervention de l'esprit, pour devenir des affections et des sentiments. Même chez les ani-maux, le travail nerveux est nécessaire mais si vous voulez savoir ce que l'esprit y ajoute dans l'homme, comparez l'instinct d'une poule qui protège ses poussins pendant des jours, ou d'une chienne qui allaite ses petits, avec le spectacle de vertu sublime que nous montre, chaque jour, la femme qui aime ses enfants. V. Notre exposition ne peut être utile, que si elle est claire et si elle explique graduellement les choses obscures, en avançant vers la vérité. Nous arrivons à ce point-ci pourquoi, entre tous les organes, l'homme a-t il choisi le coeur pour le représenter après la mort? Deux premiers motifs ont pu décider ce choix. Nous allons les indiquer puis nous verrons s'il n'en existe pas un troisième. En premier lieu, on aura reconnu que le coeur est un organe nécessaire à la vie, le plus essentiel peut-être. En second lieu, on aura reconnu facilement qu'il est peu volumineux, qu'il doit être aisé à retirer du corps et même assez facile à conserver. Ces appréciations sont exactes. Pourtant on va voir que, histo-riquement au moins, la première n'a pas dû avoir une influence marquée. Les anciens connaissaient à peine le coeur ils ignoraient son rôle et son action. Aristote, si savant pour son temps, le regarde comme le centre des vaisseaux du sang et, à cause de cela, comme étant le foyer de la chaleur innée . On croyait qu'il envoie de l'air irvsOfjux dans le corps par les tuyaux artériels qui, sur le cadavre, sont vides, tandis que les veines sont remplies de sang. Galien crut que le sang se formait dans le foie, d'où il allait au coeur, et que celui-ci en lançant dans le cerveau de l'air par les artères céré-brales, y faisait naître les esprits animaux qui sont les instruments de l'âme raisonnable, ainsi que Descartes a continué de le dire. A | ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE 15 organes du ventre et de la poitrine, le centre des opérations affec-tives et morales, pour l'enfermer dans le cerveau, il faut l'étendre à tout. Il faut dire que le coeur est l'agent de la circulation san-guine et n'est ni la source ni la mesure du courage, de la colère, de l'ambition et de toutes ces passions vigoureuses mêlées de bien et de mal que la haine ne vient pas du foie ni de l'estomac que le sens maternel lui-même, quoique si profondément organique, ne vient pas de l'utérus seul. Toutes les impressions viscérales ont besoin de la coopération cérébrale et de l'intervention de l'esprit, pour devenir des affections et des sentiments. Même chez les ani-maux, le travail nerveux est nécessaire mais si vous voulez savoir ce que l'esprit y ajoute dans l'homme, comparez l'instinct d'une poule qui protège ses poussins pendant des jours, ou d'une chienne qui allaite ses petits, avec le spectacle de vertu sublime que nous montre, chaque jour, la femme qui aime ses enfants. V. Notre exposition ne peut être utile, que si elle est claire et si elle explique graduellement les choses obscures, en avançant vers la vérité. Nous arrivons à ce point-ci pourquoi, entre tous les organes, l'homme a-t il choisi le coeur pour le représenter après la mort? Deux premiers motifs ont pu décider ce choix. Nous allons les indiquer puis nous verrons s'il n'en existe pas un troisième. En premier lieu, on aura reconnu que le coeur est un organe nécessaire à la vie, le plus essentiel peut-être. En second lieu, on aura reconnu facilement qu'il est peu volumineux, qu'il doit être aisé à retirer du corps et même assez facile à conserver. Ces appréciations sont exactes. Pourtant on va voir que, histo-riquement au moins, la première n'a pas dû avoir une influence marquée. Les anciens connaissaient à peine le coeur ils ignoraient son rôle et son action. Aristote, si savant pour son temps, le regarde comme le centre des vaisseaux du sang et, à cause de cela, comme étant le foyer de la chaleur innée . On croyait qu'il envoie de l'air irvsOfjux dans le corps par les tuyaux artériels qui, sur le cadavre, sont vides, tandis que les veines sont remplies de sang. Galien crut que le sang se formait dans le foie, d'où il allait au coeur, et que celui-ci en lançant dans le cerveau de l'air par les artères céré-brales, y faisait naître les esprits animaux qui sont les instruments de l'âme raisonnable, ainsi que Descartes a continué de le dire. A | 2 | 0.000809 | 0.004175 |
386.txt | 1,890 | L'ÉVASION. 155 Ma pauvre mère parlait avec tant d'instance, son cha-grin aurait été si grand de me voir partir dans cette nuit même, que je n'osai résister à son désir. Il faut le dire aussi, j'étais accablé de fatigue mes jambes pouvaient à peine me supporter, et ce n'est qu'au prix d'efforts sur-humains que j'aurais pu faire un nouveau voyage sans prendre quelque repos. D'ailleurs, le seul danger qui m'au-rait engagé à parlir n'était plus à craindre, puisque nous allions nous installer chez notre vieille amie Suzanne, où l'on ne penserait guère à venir me chercher. Il fut donc décidé que je resterais quelques jours. Nous traversâmes le jardin et allâmes frapper à la fe-nêtre de mon amie. Ma mère avait l'habitude d'y passer toutes les soirées aussi Suzanne vint-elle ouvrir avec em-pressement. Jugez de sa surprise, mêlée de joie, en me voyant entrer. Elle ne pouvait en croire ses yeux. Comment 1 Vous ici, Monsieur Christian ? La guerre est-elle donc finie ? Qu'y a-t-il de nouveau ? Nous mîmes la bonne demoiselle au courant delà situa-tion et lui fimes part de notre projet. Soyez le bienvenu, me dit-elle, et merci de votre con-fiance. Ici vous serez chez vous, et les Prussiens n'auront guère l'idée de faire une visite dans ma maison. Vous êtes bien fatigué, ajouta-t-elle nous allons vouspréparer tout de suite votre chambre. Pendant que Suzanne disposait la pièce voisine, ma mère était sortie pour aller à la maison prendre des draps et autres choses nécessaires. Tout à coup, je la vis rentrer toute pâle, elle ferma la porte du jardin au verrou et s'écria en tremblant LesPrussicns sont chez nous. Ils ont enfoncé la porte et cherchent partout plusieurs sont dans le jardin, et je crains qu'ils ne m'aient suivie. A peine achevait-elle ces mots qu'on frappait à la porte. | L'ÉVASION. 155 Ma pauvre mère parlait avec tant d'instance, son cha-grin aurait été si grand de me voir partir dans cette nuit même, que je n'osai résister à son désir. Il faut le dire aussi, j'étais accablé de fatigue mes jambes pouvaient à peine me supporter, et ce n'est qu'au prix d'efforts sur-humains que j'aurais pu faire un nouveau voyage sans prendre quelque repos. D'ailleurs, le seul danger qui m'au-rait engagé à parlir n'était plus à craindre, puisque nous allions nous installer chez notre vieille amie Suzanne, où l'on ne penserait guère à venir me chercher. Il fut donc décidé que je resterais quelques jours. Nous traversâmes le jardin et allâmes frapper à la fe-nêtre de mon amie. Ma mère avait l'habitude d'y passer toutes les soirées aussi Suzanne vint-elle ouvrir avec em-pressement. Jugez de sa surprise, mêlée de joie, en me voyant entrer. Elle ne pouvait en croire ses yeux. @Comment 1 Vous ici, Monsieur Christian ? La guerre est-elle donc finie ? Qu'y a-t-il de nouveau ? Nous mîmes la bonne demoiselle au courant de@là situa-tion et lui fimes part de notre projet. @Soyez le bienvenu, me dit-elle, et merci de votre con-fiance. Ici vous serez chez vous, et les Prussiens n'auront guère l'idée de faire une visite dans ma maison. Vous êtes bien fatigué, ajouta-t-elle nous allons vous@préparer tout de suite votre chambre. Pendant que Suzanne disposait la pièce voisine, ma mère était sortie pour aller à la maison prendre des draps et autres choses nécessaires. Tout à coup, je la vis rentrer toute pâle, elle ferma la porte du jardin au verrou et s'écria en tremblant @Les@Prussicns sont chez nous. Ils ont enfoncé la porte et cherchent partout plusieurs sont dans le jardin, et je crains qu'ils ne m'aient suivie. A peine achevait-elle ces mots qu'on frappait à la porte. | L'ÉVASION. 155 Ma pauvre mère parlait avec tant d'instance, son cha-grin aurait été si grand de me voir partir dans cette nuit même, que je n'osai résister à son désir. Il faut le dire aussi, j'étais accablé de fatigue mes jambes pouvaient à peine me supporter, et ce n'est qu'au prix d'efforts sur-humains que j'aurais pu faire un nouveau voyage sans prendre quelque repos. D'ailleurs, le seul danger qui m'au-rait engagé à partir n'était plus à craindre, puisque nous allions nous installer chez notre vieille amie Suzanne, où l'on ne penserait guère à venir me chercher. Il fut donc décidé que je resterais quelques jours. Nous traversâmes le jardin et allâmes frapper à la fe-nêtre de mon amie. Ma mère avait l'habitude d'y passer toutes les soirées aussi Suzanne vint-elle ouvrir avec em-pressement. Jugez de sa surprise, mêlée de joie, en me voyant entrer. Elle ne pouvait en croire ses yeux. -Comment@! Vous ici, Monsieur Christian ? La guerre est-elle donc finie@? Qu'y a-t-il de nouveau@? Nous mîmes la bonne demoiselle au courant de la situa-tion et lui fîmes part de notre projet. -Soyez le bienvenu, me dit-elle, et merci de votre con-fiance. Ici vous serez chez vous, et les Prussiens n'auront guère l'idée de faire une visite dans ma maison. Vous êtes bien fatigué, ajouta-t-elle nous allons vous préparer tout de suite votre chambre. Pendant que Suzanne disposait la pièce voisine, ma mère était sortie pour aller à la maison prendre des draps et autres choses nécessaires. Tout à coup, je la vis rentrer toute pâle, elle ferma la porte du jardin au verrou et s'écria en tremblant -Les Prussiens sont chez nous. Ils ont enfoncé la porte et cherchent partout plusieurs sont dans le jardin, et je crains qu'ils ne m'aient suivie. A peine achevait-elle ces mots qu'on frappait à la porte. | L'ÉVASION. 155 Ma pauvre mère parlait avec tant d'instance, son cha-grin aurait été si grand de me voir partir dans cette nuit même, que je n'osai résister à son désir. Il faut le dire aussi, j'étais accablé de fatigue mes jambes pouvaient à peine me supporter, et ce n'est qu'au prix d'efforts sur-humains que j'aurais pu faire un nouveau voyage sans prendre quelque repos. D'ailleurs, le seul danger qui m'au-rait engagé à partir n'était plus à craindre, puisque nous allions nous installer chez notre vieille amie Suzanne, où l'on ne penserait guère à venir me chercher. Il fut donc décidé que je resterais quelques jours. Nous traversâmes le jardin et allâmes frapper à la fe-nêtre de mon amie. Ma mère avait l'habitude d'y passer toutes les soirées aussi Suzanne vint-elle ouvrir avec em-pressement. Jugez de sa surprise, mêlée de joie, en me voyant entrer. Elle ne pouvait en croire ses yeux. -Comment@! Vous ici, Monsieur Christian ? La guerre est-elle donc finie@? Qu'y a-t-il de nouveau@? Nous mîmes la bonne demoiselle au courant de la situa-tion et lui fîmes part de notre projet. -Soyez le bienvenu, me dit-elle, et merci de votre con-fiance. Ici vous serez chez vous, et les Prussiens n'auront guère l'idée de faire une visite dans ma maison. Vous êtes bien fatigué, ajouta-t-elle nous allons vous préparer tout de suite votre chambre. Pendant que Suzanne disposait la pièce voisine, ma mère était sortie pour aller à la maison prendre des draps et autres choses nécessaires. Tout à coup, je la vis rentrer toute pâle, elle ferma la porte du jardin au verrou et s'écria en tremblant -Les Prussiens sont chez nous. Ils ont enfoncé la porte et cherchent partout plusieurs sont dans le jardin, et je crains qu'ils ne m'aient suivie. A peine achevait-elle ces mots qu'on frappait à la porte. | L'ÉVASION. 155 Ma pauvre mère parlait avec tant d'instance, son cha-grin aurait été si grand de me voir partir dans cette nuit même, que je n'osai résister à son désir. Il faut le dire aussi, j'étais accablé de fatigue mes jambes pouvaient à peine me supporter, et ce n'est qu'au prix d'efforts sur-humains que j'aurais pu faire un nouveau voyage sans prendre quelque repos. D'ailleurs, le seul danger qui m'au-rait engagé à partir n'était plus à craindre, puisque nous allions nous installer chez notre vieille amie Suzanne, où l'on ne penserait guère à venir me chercher. Il fut donc décidé que je resterais quelques jours. Nous traversâmes le jardin et allâmes frapper à la fe-nêtre de mon amie. Ma mère avait l'habitude d'y passer toutes les soirées aussi Suzanne vint-elle ouvrir avec em-pressement. Jugez de sa surprise, mêlée de joie, en me voyant entrer. Elle ne pouvait en croire ses yeux. -Comment! Vous ici, Monsieur Christian ? La guerre est-elle donc finie? Qu'y a-t-il de nouveau? Nous mîmes la bonne demoiselle au courant de la situa-tion et lui fîmes part de notre projet. -Soyez le bienvenu, me dit-elle, et merci de votre con-fiance. Ici vous serez chez vous, et les Prussiens n'auront guère l'idée de faire une visite dans ma maison. Vous êtes bien fatigué, ajouta-t-elle nous allons vous préparer tout de suite votre chambre. Pendant que Suzanne disposait la pièce voisine, ma mère était sortie pour aller à la maison prendre des draps et autres choses nécessaires. Tout à coup, je la vis rentrer toute pâle, elle ferma la porte du jardin au verrou et s'écria en tremblant -Les Prussiens sont chez nous. Ils ont enfoncé la porte et cherchent partout plusieurs sont dans le jardin, et je crains qu'ils ne m'aient suivie. A peine achevait-elle ces mots qu'on frappait à la porte. | 14 | 0.007791 | 0.031792 |
379.txt | 1,890 | L'ÉVASION. 139 tagnes du Hunsrück et vint éclairer ma route d'une lu-mière douce et blanche. La température était très agréable c'était une de ces belles nuits d'automne où la nature calme et silencieuse semble disposer les âmes à la rê-verie. Aussi je songeais, tout en marchant. Je pensais à la France je me demandais ce qui se passait là-bas, au delà des frontières. Qu'étaient devenues nos armées ? Avions-nous repris le dessus? La victoire avait-elle enfin récom-pensé les efforts du peuple français?. Ou bien. ô triste pensée! les Allemands continuaient-ils à marcher victo-- rieux vers le centre de la France? Etaient-ils maîtres de Metz, l'invincible citadelle? Avaient-ils, comme le préten-daient nos gardiens à Mayence, enlevé peu à peu nos forteresses de l'Est, battu l'armée de Mac-Mahon à Sedan -et enveloppé la capitale de leurs troupes innombrables ? Je me posais toutes ces questions, le coeur plein d'an-goisse, et, comme si mon secours pouvait ajouter beau-coup à la force de mon pays, je m'élançais en avant, je marchais plus vite, pour arriver plus tôt en France. Je fis de cette façon beaucoup de chemin je tra-versai plusieurs villages où les chiens seuls , de leur voix lugubre, signalaient mon passage et lorsque, vers l'est, le ciel se rougit des premières lueurs du jour, j'étais arrivé sur le vaste plateau de Hunsrück, sur les hauteurs boisées qui séparent la Moselle du Rhin, aux environs d'Oberstein. Je m'arrêtai quelques instants pour respirer et pour admirer l'immense panorama qui se dé-roulait devant mes yeux. Quel merveilleux spectacle! A l'ouest, devant moi, s'étendait la longue chaîne du Huns-, rück, découpée dans le sens du nord-est au sud-ouest par de profondes et larges vallées, où les villes et les vil-lages paraissaient ne faire qu'une seule cité riche et -beau pays des antiques Trévires, qui revendiquaient avec | L'ÉVASION. 139 tagnes du Hunsrück et vint éclairer ma route d'une lu-mière douce et blanche. La température était très agréable c'était une de ces belles nuits d'automne où la nature calme et silencieuse semble disposer les âmes à la rê-verie. Aussi je songeais, tout en marchant. Je pensais à la France je me demandais ce qui se passait là-bas, au delà des frontières. Qu'étaient devenues nos armées ? Avions-nous repris le dessus? La victoire avait-elle enfin récom-pensé les efforts du peuple français?.@@@@@ Ou bien.@@@ ô triste pensée@! les Allemands continuaient-ils à marcher victo-- rieux vers le centre de la France? Etaient-ils maîtres de Metz, l'invincible citadelle? Avaient-ils, comme le préten-daient nos gardiens à Mayence, enlevé peu à peu nos forteresses de l'Est, battu l'armée de Mac-Mahon à Sedan -et enveloppé la capitale de leurs troupes innombrables ?@@@@@ Je me posais toutes ces questions, le coeur plein d'an-goisse, et, comme si mon secours pouvait ajouter beau-coup à la force de mon pays, je m'élançais en avant, je marchais plus vite, pour arriver plus tôt en France. Je fis de cette façon beaucoup de chemin je tra-versai plusieurs villages où les chiens seuls , de leur voix lugubre, signalaient mon passage et lorsque, vers l'est, le ciel se rougit des premières lueurs du jour, j'étais arrivé sur le vaste plateau de Hunsrück, sur les hauteurs boisées qui séparent la Moselle du Rhin, aux environs d'Oberstein. Je m'arrêtai quelques instants pour respirer et pour admirer l'immense panorama qui se dé-roulait devant mes yeux. Quel merveilleux spectacle! A l'ouest, devant moi, s'étendait la longue chaîne du Huns-, rück, découpée dans le sens du nord-est au sud-ouest par de profondes et larges vallées, où les villes et les vil-lages paraissaient ne faire qu'une seule cité riche et -beau pays des antiques Trévires, qui revendiquaient avec | L'ÉVASION. 139 tagnes du Hunsrück et vint éclairer ma route d'une lu-mière douce et blanche. La température était très agréable c'était une de ces belles nuits d'automne où la nature calme et silencieuse semble disposer les âmes à la rê-verie. Aussi je songeais, tout en marchant. Je pensais à la France je me demandais ce qui se passait là-bas, au delà des frontières. Qu'étaient devenues nos armées ? Avions-nous repris le dessus? La victoire avait-elle enfin récom-pensé les efforts du peuple français?...... Ou bien.... ô triste pensée ! les Allemands continuaient-ils à marcher victo-@@rieux vers le centre de la France? Etaient-ils maîtres de Metz, l'invincible citadelle? Avaient-ils, comme le préten-daient nos gardiens à Mayence, enlevé peu à peu nos forteresses de l'Est, battu l'armée de Mac-Mahou à Sedan @et enveloppé la capitale de leurs troupes innombrables ?..... Je me posais toutes ces questions, le coeur plein d'an-goisse, et, comme si mon secours pouvait ajouter beau-coup à la force de mon pays, je m'élançais en avant, je marchais plus vite, pour arriver plus tôt en France. Je fis de cette façon beaucoup de chemin je tra-versai plusieurs villages où les chiens seuls@, de leur voix lugubre, signalaient mon passage et lorsque, vers l'est, le ciel se rougit des premières lueurs du jour, j'étais arrivé sur le vaste plateau de Hunsrück, sur les hauteurs boisées qui séparent la Moselle du Rhin, aux environs d'Oberstein. Je m'arrêtai quelques instants pour respirer et pour admirer l'immense panorama qui se dé-roulait devant mes yeux. Quel merveilleux spectacle! A l'ouest, devant moi, s'étendait la longue chaîne du Huns-@@rück, découpée dans le sens du nord-est au sud-ouest par de profondes et larges vallées, où les villes et les vil-lages paraissaient ne faire qu'une seule cité riche et @beau pays des antiques Trévires, qui revendiquaient avec | L'ÉVASION. 139 tagnes du Hunsrück et vint éclairer ma route d'une lu-mière douce et blanche. La température était très agréable c'était une de ces belles nuits d'automne où la nature calme et silencieuse semble disposer les âmes à la rê-verie. Aussi je songeais, tout en marchant. Je pensais à la France je me demandais ce qui se passait là-bas, au delà des frontières. Qu'étaient devenues nos armées ? Avions-nous repris le dessus? La victoire avait-elle enfin récom-pensé les efforts du peuple français?...... Ou bien.... ô triste pensée ! les Allemands continuaient-ils à marcher victo-@@rieux vers le centre de la France? Etaient-ils maîtres de Metz, l'invincible citadelle? Avaient-ils, comme le préten-daient nos gardiens à Mayence, enlevé peu à peu nos forteresses de l'Est, battu l'armée de Mac-Mahou à Sedan @et enveloppé la capitale de leurs troupes innombrables ?..... Je me posais toutes ces questions, le coeur plein d'an-goisse, et, comme si mon secours pouvait ajouter beau-coup à la force de mon pays, je m'élançais en avant, je marchais plus vite, pour arriver plus tôt en France. Je fis de cette façon beaucoup de chemin je tra-versai plusieurs villages où les chiens seuls@, de leur voix lugubre, signalaient mon passage et lorsque, vers l'est, le ciel se rougit des premières lueurs du jour, j'étais arrivé sur le vaste plateau de Hunsrück, sur les hauteurs boisées qui séparent la Moselle du Rhin, aux environs d'Oberstein. Je m'arrêtai quelques instants pour respirer et pour admirer l'immense panorama qui se dé-roulait devant mes yeux. Quel merveilleux spectacle! A l'ouest, devant moi, s'étendait la longue chaîne du Huns-@@rück, découpée dans le sens du nord-est au sud-ouest par de profondes et larges vallées, où les villes et les vil-lages paraissaient ne faire qu'une seule cité riche et @beau pays des antiques Trévires, qui revendiquaient avec | L'ÉVASION. 139 tagnes du Hunsrück et vint éclairer ma route d'une lu-mière douce et blanche. La température était très agréable c'était une de ces belles nuits d'automne où la nature calme et silencieuse semble disposer les âmes à la rê-verie. Aussi je songeais, tout en marchant. Je pensais à la France je me demandais ce qui se passait là-bas, au delà des frontières. Qu'étaient devenues nos armées ? Avions-nous repris le dessus? La victoire avait-elle enfin récom-pensé les efforts du peuple français?...... Ou bien.... ô triste pensée ! les Allemands continuaient-ils à marcher victo-rieux vers le centre de la France? Etaient-ils maîtres de Metz, l'invincible citadelle? Avaient-ils, comme le préten-daient nos gardiens à Mayence, enlevé peu à peu nos forteresses de l'Est, battu l'armée de Mac-Mahou à Sedan et enveloppé la capitale de leurs troupes innombrables ?..... Je me posais toutes ces questions, le coeur plein d'an-goisse, et, comme si mon secours pouvait ajouter beau-coup à la force de mon pays, je m'élançais en avant, je marchais plus vite, pour arriver plus tôt en France. Je fis de cette façon beaucoup de chemin je tra-versai plusieurs villages où les chiens seuls, de leur voix lugubre, signalaient mon passage et lorsque, vers l'est, le ciel se rougit des premières lueurs du jour, j'étais arrivé sur le vaste plateau de Hunsrück, sur les hauteurs boisées qui séparent la Moselle du Rhin, aux environs d'Oberstein. Je m'arrêtai quelques instants pour respirer et pour admirer l'immense panorama qui se dé-roulait devant mes yeux. Quel merveilleux spectacle! A l'ouest, devant moi, s'étendait la longue chaîne du Huns-rück, découpée dans le sens du nord-est au sud-ouest par de profondes et larges vallées, où les villes et les vil-lages paraissaient ne faire qu'une seule cité riche et beau pays des antiques Trévires, qui revendiquaient avec | 22 | 0.011777 | 0.068047 |
437.txt | 1,891 | 26 sont des chiens entêtés et assez durs .à dresser ils sont' de plus assez batailleurs. A côté de cette race, il convient de citer les griffons blancs et orange de M. Guerlain. Cet éleveur, voulant des chiens plus rustiques que les Saint-Germain, avait adopté les griffons poil long, mais trouvant que ce genre de chiens souffrait en été de la cha-leur et que ses grands poils se prenaient dans les ronces et faisaient ainsi souffrir le chien, il se mit à l'élevage du griffon poil dur. '-En 1864 il ramena de Picardie des griffons poil dur blanc et orange et blanc et noir. Il faut croire que le Nord de la France est la patrie des griffons, car M. Boulet a trouvé sa première chienne près d'Arras, et M. Korthals dit aussi que ses chiens lui vien-nent du Nord de la France. A partir de ce moment M. Guer-lain a fait de l'élevage toujours avec des griffons de cette contrée, sauf en 1870. M. de Cherville, qui s'occupait du griffon depuis 1848, lui fit alors cadeau d'un griffon Khédif ce chien avait un peu de- sang pointer, car M. de Cherville avait fait un croisement avec un chien de cette race deux ou trois géné-rations auparavant. Il y aurait donc un peu de sang étranger dans - cet éle-vage, mais il est-bon d'ajouter que si le sang pointer a pu améliorer le nez du griffon, il né s'est pas traduit autre-ment, car les chiens de M. Guerlain sont non seulement très bien typés comme griffons, mais en ont conservé toutes les qualités. , Tout le monde a pu admirer sa chienne Sacquine qui a gagné le premier prix au premier field-trial de France, et et dont les journaux ont donné le portrait. Et tout ceux qui ont été à l'exposition canine de Paris en 1888 ont dû remar-quer le magnifique lot d'élevage présenté par cet éleveur, lot qui lui a valu du reste, outre la plus haute récompense, les compliments du jury. Le goût du chien griffon, qui est actuellement de tous les chiens français celui le plus en vogue, décidera certai-nement d'autres amateurs à en faire l'élevage, mais il est déjà très facile de s'en procurer, car même pour les grif-fons Korthals plusieurs éleveurs et entre autres M. Boulet, d'Elbeuf, pratiquent l'élevage de cette race. Description du Griffon iïarrêt à poils durs. TÊTE. Longue, garnie de poils durs, formant moustaches et sourcils, crâne long et étroit, museau carré. OEIL. Grand, découvert, plein d'expres-sion, iris jaune ou brun clair. OREILLES. De grandeur moyenne, plates ou quelquefois très légèrement pa-pillotées, attachées un peu haut, très légèrement garnies de poils. NEZ. Toujours de couleur brune. CouPlutôt long, pas de fanon. ÉPAULES Longues, obliques. COTES. Légèrement arrondies POITRINE Profonde, pas trop large. PATTES DE DEVANT. Très droites, musculeuses, garnies de poils durs assez courts. PATTES DE DERRIÈRE Garnies de poils rudes assez courts, la cuisse longue et bien développée. PIEDS.. Ronds, solides, bien fermés. QUEUE. Portée droite ou gaiement, garnie de poils durs, sans panache, généra-lement coupée au tiers de sa Ion- • gueur. | 26 sont des chiens entêtés et assez durs .à dresser ils sont' de plus assez batailleurs. A côté de cette race, il convient de citer les griffons blancs et orange de M. Guerlain. Cet éleveur, voulant des chiens plus rustiques que les Saint-Germain, avait adopté les griffons poil long, mais trouvant que ce genre de chiens souffrait en été de la cha-leur et que ses grands poils se prenaient dans les ronces et faisaient ainsi souffrir le chien, il se mit à l'élevage du griffon poil dur. '-En 1864 il ramena de Picardie des griffons poil dur blanc et orange et blanc et noir. Il faut croire que le Nord de la France est la patrie des griffons, car M. Boulet a trouvé sa première chienne près d'Arras, et M. Korthals dit aussi que ses chiens lui vien-nent du Nord de la France. A partir de ce moment M. Guer-lain a fait de l'élevage toujours avec des griffons de cette contrée, sauf en 1870. M. de Cherville, qui s'occupait du griffon depuis 1848, lui fit alors cadeau d'un griffon Khédif ce chien avait un peu de- sang pointer, car M. de Cherville avait fait un croisement avec un chien de cette race deux ou trois géné-rations auparavant. Il y aurait donc un peu de sang étranger dans - cet éle-vage, mais il est-bon d'ajouter que si le sang pointer a pu améliorer le nez du griffon, il né s'est pas traduit autre-ment, car les chiens de M. Guerlain sont non seulement très bien typés comme griffons, mais en ont conservé toutes les qualités. , Tout le monde a pu admirer sa chienne Sacquine qui a gagné le premier prix au premier field-trial de France, et et dont les journaux ont donné le portrait. Et tout ceux qui ont été à l'exposition canine de Paris en 1888 ont dû remar-quer le magnifique lot d'élevage présenté par cet éleveur, lot qui lui a valu du reste, outre la plus haute récompense, les compliments du jury. Le goût du chien griffon, qui est actuellement de tous les chiens français celui le plus en vogue, décidera certai-nement d'autres amateurs à en faire l'élevage, mais il est déjà très facile de s'en procurer, car même pour les grif-fons Korthals plusieurs éleveurs et entre autres M. Boulet, d'Elbeuf, pratiquent l'élevage de cette race. Description du Griffon iïarrêt à poils durs. TÊTE. Longue, garnie de poils durs, formant moustaches et sourcils, crâne long et étroit, museau carré. OEIL. Grand, découvert, plein d'expres-sion, iris jaune ou brun clair. OREILLES. De grandeur moyenne, plates ou quelquefois très légèrement pa-pillotées, attachées un peu haut, très légèrement garnies de poils. NEZ. Toujours de couleur brune. Cou@@Plutôt long, pas de fanon. ÉPAULES@ Longues, obliques. COTES. Légèrement arrondies POITRINE@ Profonde, pas trop large. PATTES DE DEVANT. Très droites, musculeuses, garnies de poils durs assez courts. PATTES DE DERRIÈRE Garnies de poils rudes assez courts, la cuisse longue et bien développée. PIEDS.. Ronds, solides, bien fermés. QUEUE. Portée droite ou gaiement, garnie de poils durs, sans panache, généra-lement coupée au tiers de sa Ion- • gueur. | 26 sont des chiens entêtés et assez durs @à dresser ils sont@ de plus assez batailleurs. A côté de cette race, il convient de citer les griffons blancs et orange de M. Guerlain. Cet éleveur, voulant des chiens plus rustiques que les Saint-Germain, avait adopté les griffons poil long, mais trouvant que ce genre de chiens souffrait en été de la cha-leur et que ses grands poils se prenaient dans les ronces et faisaient ainsi souffrir le chien, il se mit à l'élevage du griffon poil dur. @@En 1864 il ramena de Picardie des griffons poil dur blanc et orange et blanc et noir. Il faut croire que le Nord de la France est la patrie des griffons, car M. Boulet a trouvé sa première chienne près d'Arras, et M. Korthals dit aussi que ses chiens lui vien-nent du Nord de la France. A partir de ce moment M. Guer-lain a fait de l'élevage toujours avec des griffons de cette contrée, sauf en 1870. M. de Cherville, qui s'occupait du griffon depuis 1848, lui fit alors cadeau d'un griffon Khédif ce chien avait un peu de@ sang pointer, car M. de Cherville avait fait un croisement avec un chien de cette race deux ou trois géné-rations auparavant. Il y aurait donc un peu de sang étranger dans @@cet éle-vage, mais il est bon d'ajouter que si le sang pointer a pu améliorer le nez du griffon, il ne s'est pas traduit autre-ment, car les chiens de M. Guerlain sont non seulement très bien typés comme griffons, mais en ont conservé toutes les qualités.@@ Tout le monde a pu admirer sa chienne Sacquine qui a gagné le premier prix au premier field-trial de France, et et dont les journaux ont donné le portrait. Et tout ceux qui ont été à l'exposition canine de Paris en 1888 ont dû remar-quer le magnifique lot d'élevage présenté par cet éleveur, lot qui lui a valu du reste, outre la plus haute récompense, les compliments du jury. Le goût du chien griffon, qui est actuellement de tous les chiens français celui le plus en vogue, décidera certai-nement d'autres amateurs à en faire l'élevage, mais il est déjà très facile de s'en procurer, car même pour les grif-fons Korthals plusieurs éleveurs et entre autres M. Boulet@ d'Elbeuf, pratiquent l'élevage de cette race. Description du Griffon d'arrêt à poils durs. TÊTE. Longue, garnie de poils durs, formant moustaches et sourcils, crâne long et étroit, museau carré. OEIL. Grand, découvert, plein d'expres-sion, iris jaune ou brun clair. OREILLES. De grandeur moyenne, plates ou quelquefois très légèrement pa-pillotées, attachées un peu haut, très légèrement garnies de poils. NEZ. Toujours de couleur brune. COU. Plutôt long, pas de fanon. ÉPAULES. Longues, obliques. COTES. Légèrement arrondies POITRINE. Profonde, pas trop large. PATTES DE DEVANT. Très droites, musculeuses, garnies de poils durs assez courts. PATTES DE DERRIÈRE Garnies de poils rudes assez courts, la cuisse longue et bien développée. PIEDS.@ Ronds, solides, bien fermés. QUEUE. Portée droite ou gaiement, garnie de poils durs, sans panache, généra-lement coupée au tiers de sa lon-@@@gueur. | 26 sont des chiens entêtés et assez durs @à dresser ils sont@ de plus assez batailleurs. A côté de cette race, il convient de citer les griffons blancs et orange de M. Guerlain. Cet éleveur, voulant des chiens plus rustiques que les Saint-Germain, avait adopté les griffons poil long, mais trouvant que ce genre de chiens souffrait en été de la cha-leur et que ses grands poils se prenaient dans les ronces et faisaient ainsi souffrir le chien, il se mit à l'élevage du griffon poil dur. @@En 1864 il ramena de Picardie des griffons poil dur blanc et orange et blanc et noir. Il faut croire que le Nord de la France est la patrie des griffons, car M. Boulet a trouvé sa première chienne près d'Arras, et M. Korthals dit aussi que ses chiens lui vien-nent du Nord de la France. A partir de ce moment M. Guer-lain a fait de l'élevage toujours avec des griffons de cette contrée, sauf en 1870. M. de Cherville, qui s'occupait du griffon depuis 1848, lui fit alors cadeau d'un griffon Khédif ce chien avait un peu de@ sang pointer, car M. de Cherville avait fait un croisement avec un chien de cette race deux ou trois géné-rations auparavant. Il y aurait donc un peu de sang étranger dans @@cet éle-vage, mais il est bon d'ajouter que si le sang pointer a pu améliorer le nez du griffon, il ne s'est pas traduit autre-ment, car les chiens de M. Guerlain sont non seulement très bien typés comme griffons, mais en ont conservé toutes les qualités.@@ Tout le monde a pu admirer sa chienne Sacquine qui a gagné le premier prix au premier field-trial de France, et et dont les journaux ont donné le portrait. Et tout ceux qui ont été à l'exposition canine de Paris en 1888 ont dû remar-quer le magnifique lot d'élevage présenté par cet éleveur, lot qui lui a valu du reste, outre la plus haute récompense, les compliments du jury. Le goût du chien griffon, qui est actuellement de tous les chiens français celui le plus en vogue, décidera certai-nement d'autres amateurs à en faire l'élevage, mais il est déjà très facile de s'en procurer, car même pour les grif-fons Korthals plusieurs éleveurs et entre autres M. Boulet@ d'Elbeuf, pratiquent l'élevage de cette race. Description du Griffon d'arrêt à poils durs. TÊTE. Longue, garnie de poils durs, formant moustaches et sourcils, crâne long et étroit, museau carré. OEIL. Grand, découvert, plein d'expres-sion, iris jaune ou brun clair. OREILLES. De grandeur moyenne, plates ou quelquefois très légèrement pa-pillotées, attachées un peu haut, très légèrement garnies de poils. NEZ. Toujours de couleur brune. COU. Plutôt long, pas de fanon. ÉPAULES. Longues, obliques. COTES. Légèrement arrondies POITRINE. Profonde, pas trop large. PATTES DE DEVANT. Très droites, musculeuses, garnies de poils durs assez courts. PATTES DE DERRIÈRE Garnies de poils rudes assez courts, la cuisse longue et bien développée. PIEDS.@ Ronds, solides, bien fermés. QUEUE. Portée droite ou gaiement, garnie de poils durs, sans panache, généra-lement coupée au tiers de sa lon-@@@gueur. | 26 sont des chiens entêtés et assez durs à dresser ils sont de plus assez batailleurs. A côté de cette race, il convient de citer les griffons blancs et orange de M. Guerlain. Cet éleveur, voulant des chiens plus rustiques que les Saint-Germain, avait adopté les griffons poil long, mais trouvant que ce genre de chiens souffrait en été de la cha-leur et que ses grands poils se prenaient dans les ronces et faisaient ainsi souffrir le chien, il se mit à l'élevage du griffon poil dur. En 1864 il ramena de Picardie des griffons poil dur blanc et orange et blanc et noir. Il faut croire que le Nord de la France est la patrie des griffons, car M. Boulet a trouvé sa première chienne près d'Arras, et M. Korthals dit aussi que ses chiens lui vien-nent du Nord de la France. A partir de ce moment M. Guer-lain a fait de l'élevage toujours avec des griffons de cette contrée, sauf en 1870. M. de Cherville, qui s'occupait du griffon depuis 1848, lui fit alors cadeau d'un griffon Khédif ce chien avait un peu de sang pointer, car M. de Cherville avait fait un croisement avec un chien de cette race deux ou trois géné-rations auparavant. Il y aurait donc un peu de sang étranger dans cet éle-vage, mais il est bon d'ajouter que si le sang pointer a pu améliorer le nez du griffon, il ne s'est pas traduit autre-ment, car les chiens de M. Guerlain sont non seulement très bien typés comme griffons, mais en ont conservé toutes les qualités. Tout le monde a pu admirer sa chienne Sacquine qui a gagné le premier prix au premier field-trial de France, et et dont les journaux ont donné le portrait. Et tout ceux qui ont été à l'exposition canine de Paris en 1888 ont dû remar-quer le magnifique lot d'élevage présenté par cet éleveur, lot qui lui a valu du reste, outre la plus haute récompense, les compliments du jury. Le goût du chien griffon, qui est actuellement de tous les chiens français celui le plus en vogue, décidera certai-nement d'autres amateurs à en faire l'élevage, mais il est déjà très facile de s'en procurer, car même pour les grif-fons Korthals plusieurs éleveurs et entre autres M. Boulet d'Elbeuf, pratiquent l'élevage de cette race. Description du Griffon d'arrêt à poils durs. TÊTE. Longue, garnie de poils durs, formant moustaches et sourcils, crâne long et étroit, museau carré. OEIL. Grand, découvert, plein d'expres-sion, iris jaune ou brun clair. OREILLES. De grandeur moyenne, plates ou quelquefois très légèrement pa-pillotées, attachées un peu haut, très légèrement garnies de poils. NEZ. Toujours de couleur brune. COU. Plutôt long, pas de fanon. ÉPAULES. Longues, obliques. COTES. Légèrement arrondies POITRINE. Profonde, pas trop large. PATTES DE DEVANT. Très droites, musculeuses, garnies de poils durs assez courts. PATTES DE DERRIÈRE Garnies de poils rudes assez courts, la cuisse longue et bien développée. PIEDS. Ronds, solides, bien fermés. QUEUE. Portée droite ou gaiement, garnie de poils durs, sans panache, généra-lement coupée au tiers de sa lon-gueur. | 25 | 0.00835 | 0.050761 |
345.txt | 1,820 | ET PIÈCES OFFICIELLES. 4 7 I. 27 que M. le maire répondrait à M. le président pour lui rendre compte de ce qui a été fait èt de l'arrêté qui a été pris, de la nomination des commissaires envoyés au Gros-Caillou et même qu'il serait adressé à M. le président expédition de l'arrêté pris à ce sujet. Il a été en outre arrêté qu'il serait adressé, à M. le prési-dent de l'Assemblée nationale, copie de la lettre que viennent d'écrire MM. les commissaires , députés au Gros-Caillou , par laquelle ils confirment la nouvelle du meurtre des deux particuliers dans le quartier du Gros-Caillou. Le corps municipal avait déjà reçu, de la part des com-missaires envoyés dans le quartier de la Bastille, la décla-ration que tout était tranquille, qu'il n'y avait dans cette partie de la capitale aucun rassemblement, et qu'il ne semblait pas que la municipalité dût avoir de plus lon-gues inquiétudes sur les mouvemens dont on avait été menacé. Cependant les momens s'écoulaient, l'attention du corps municipal était toujours fixée sur ce qui se passait au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération. Les courriers se succé-daient, les nouvelles devenaient plus inquiétantes la tran-quillité publique recevait à chaque instant de nouvelles at-teintes les citoyens étaient en alarmes des bruits , qui se sont convertis en certitude, annonçaient que la garde natio-nale avait été insultée les citoyens armés sur la place et dans la maison commune , partageaient les mêmes inquié-tudes. Déjà le commandant général avait fait conduire à l'hôtel-de-ville quatre particuliers qui avaient été arrêtés au Champ de la Fédération et aux environs , pour avoir lancé des pierres sur la garde nationale. L'un des rebelles, inter-rogé par un administrateur de la police, avait été trouvé saisi d'un pistolet chargé il est même convenu , dans son interrogatoire, qu'il avait jeté une forte pierre à un officier de la garde nationale, à cheval. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 4 7 I. 27 que M. le maire répondrait à M. le président pour lui rendre compte de ce qui a été fait èt de l'arrêté qui a été pris, de la nomination des commissaires envoyés au Gros-Caillou et même qu'il serait adressé à M. le président expédition de l'arrêté pris à ce sujet. Il a été en outre arrêté qu'il serait adressé, à M. le prési-dent de l'Assemblée nationale, copie de la lettre que viennent d'écrire MM. les commissaires , députés au Gros-Caillou , par laquelle ils confirment la nouvelle du meurtre des deux particuliers dans le quartier du Gros-Caillou. Le corps municipal avait déjà reçu, de la part des com-missaires envoyés dans le quartier de la Bastille, la décla-ration que tout était tranquille, qu'il n'y avait dans cette partie de la capitale aucun rassemblement, et qu'il ne semblait pas que la municipalité dût avoir de plus lon-gues inquiétudes sur les mouvemens dont on avait été menacé. Cependant les momens s'écoulaient, l'attention du corps municipal était toujours fixée sur ce qui se passait au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération. Les courriers se succé-daient, les nouvelles devenaient plus inquiétantes la tran-quillité publique recevait à chaque instant de nouvelles at-teintes les citoyens étaient en alarmes des bruits , qui se sont convertis en certitude, annonçaient que la garde natio-nale avait été insultée les citoyens armés sur la place et dans la maison commune , partageaient les mêmes inquié-tudes. Déjà le commandant général avait fait conduire à l'hôtel-de-ville quatre particuliers qui avaient été arrêtés au Champ de la Fédération et aux environs , pour avoir lancé des pierres sur la garde nationale. L'un des rebelles, inter-rogé par un administrateur de la police, avait été trouvé saisi d'un pistolet chargé il est même convenu , dans son interrogatoire, qu'il avait jeté une forte pierre à un officier de la garde nationale, à cheval. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 4@@@@@@17 que M. le maire répondrait à M. le président pour lui rendre compte de ce qui a été fait et de l'arrêté qui a été pris, de la nomination des commissaires envoyés au Gros-Caillou et même qu'il serait adressé à M. le président expédition de l'arrêté pris à ce sujet. Il a été en outre arrêté qu'il serait adressé, à M. le prési-dent de l'Assemblée nationale, copie de la lettre que viennent d'écrire MM. les commissaires@, députés au Gros-Caillou@, par laquelle ils confirment la nouvelle du meurtre des deux particuliers dans le quartier du Gros-Caillou. Le corps municipal avait déjà reçu, de la part des com-missaires envoyés dans le quartier de la Bastille, la décla-ration que tout était tranquille, qu'il n'y avait dans cette partie de la capitale aucun rassemblement, et qu'il ne semblait pas que la municipalité dût avoir de plus lon-gues inquiétudes sur les mouvemens dont on avait été menacé. Cependant les momens s'écoulaient, l'attention du corps municipal était toujours fixée sur ce qui se passait au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération. Les courriers se succé-daient, les nouvelles devenaient plus inquiétantes la tran-quillité publique recevait à chaque instant de nouvelles at-teintes les citoyens étaient en alarmes des bruits@, qui se sont convertis en certitude, annonçaient que la garde natio-nale avait été insultée les citoyens armés sur la place et dans la maison commune@, partageaient les mêmes inquié-tudes. Déjà le commandant général avait fait conduire à l'hôtel-de-ville quatre particuliers qui avaient été arrêtés au Champ de la Fédération et aux environs@, pour avoir lancé des pierres sur la garde nationale. L'un des rebelles, inter-rogé par un administrateur de la police, avait été trouvé saisi d'un pistolet chargé il est même convenu@, dans son interrogatoire, qu'il avait jeté une forte pierre à un officier de la garde nationale, à cheval. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 4@@@@@@17 que M. le maire répondrait à M. le président pour lui rendre compte de ce qui a été fait et de l'arrêté qui a été pris, de la nomination des commissaires envoyés au Gros-Caillou et même qu'il serait adressé à M. le président expédition de l'arrêté pris à ce sujet. Il a été en outre arrêté qu'il serait adressé, à M. le prési-dent de l'Assemblée nationale, copie de la lettre que viennent d'écrire MM. les commissaires@, députés au Gros-Caillou@, par laquelle ils confirment la nouvelle du meurtre des deux particuliers dans le quartier du Gros-Caillou. Le corps municipal avait déjà reçu, de la part des com-missaires envoyés dans le quartier de la Bastille, la décla-ration que tout était tranquille, qu'il n'y avait dans cette partie de la capitale aucun rassemblement, et qu'il ne semblait pas que la municipalité dût avoir de plus lon-gues inquiétudes sur les mouvemens dont on avait été menacé. Cependant les momens s'écoulaient, l'attention du corps municipal était toujours fixée sur ce qui se passait au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération. Les courriers se succé-daient, les nouvelles devenaient plus inquiétantes la tran-quillité publique recevait à chaque instant de nouvelles at-teintes les citoyens étaient en alarmes des bruits@, qui se sont convertis en certitude, annonçaient que la garde natio-nale avait été insultée les citoyens armés sur la place et dans la maison commune@, partageaient les mêmes inquié-tudes. Déjà le commandant général avait fait conduire à l'hôtel-de-ville quatre particuliers qui avaient été arrêtés au Champ de la Fédération et aux environs@, pour avoir lancé des pierres sur la garde nationale. L'un des rebelles, inter-rogé par un administrateur de la police, avait été trouvé saisi d'un pistolet chargé il est même convenu@, dans son interrogatoire, qu'il avait jeté une forte pierre à un officier de la garde nationale, à cheval. | ET PIÈCES OFFICIELLES. 417 que M. le maire répondrait à M. le président pour lui rendre compte de ce qui a été fait et de l'arrêté qui a été pris, de la nomination des commissaires envoyés au Gros-Caillou et même qu'il serait adressé à M. le président expédition de l'arrêté pris à ce sujet. Il a été en outre arrêté qu'il serait adressé, à M. le prési-dent de l'Assemblée nationale, copie de la lettre que viennent d'écrire MM. les commissaires, députés au Gros-Caillou, par laquelle ils confirment la nouvelle du meurtre des deux particuliers dans le quartier du Gros-Caillou. Le corps municipal avait déjà reçu, de la part des com-missaires envoyés dans le quartier de la Bastille, la décla-ration que tout était tranquille, qu'il n'y avait dans cette partie de la capitale aucun rassemblement, et qu'il ne semblait pas que la municipalité dût avoir de plus lon-gues inquiétudes sur les mouvemens dont on avait été menacé. Cependant les momens s'écoulaient, l'attention du corps municipal était toujours fixée sur ce qui se passait au Gros-Caillou et au Champ de la Fédération. Les courriers se succé-daient, les nouvelles devenaient plus inquiétantes la tran-quillité publique recevait à chaque instant de nouvelles at-teintes les citoyens étaient en alarmes des bruits, qui se sont convertis en certitude, annonçaient que la garde natio-nale avait été insultée les citoyens armés sur la place et dans la maison commune, partageaient les mêmes inquié-tudes. Déjà le commandant général avait fait conduire à l'hôtel-de-ville quatre particuliers qui avaient été arrêtés au Champ de la Fédération et aux environs, pour avoir lancé des pierres sur la garde nationale. L'un des rebelles, inter-rogé par un administrateur de la police, avait été trouvé saisi d'un pistolet chargé il est même convenu, dans son interrogatoire, qu'il avait jeté une forte pierre à un officier de la garde nationale, à cheval. | 14 | 0.007353 | 0.026706 |
423.txt | 1,876 | -38 -nouvel épanchement est en train de se former toujours à droite. Les douleurs articulaires ont également reparu. Pouls, ,102 temp., 38° 4. Le 21. Etat stationnaire. Vésicatoire en arrière et à droite un autre vésicatoire sur la région précordiale. Pouls, 100, temp., 38°2. Les 23 et 24. La malade a très-bien reposé elle respire sans diffi-culté. Pouls, 90 temp., 37° 8. Le 26 Mieux sensible. L'épanchement est à peu près complètement résorbé. L'auscultation du coeur fait simplement constater un reste de bruit de frottement vers la pointe. Pas de fièvre. Pouls, 80 temp., 37° 6. Le 27. La malade veut se lever, mais à peine hors de son lit, elle est prise d'éblouissements et forcée de se coucher aussitôt. On attribue cet accident à l'anémie profonde qui résulte de la manifestation rhumatis-male. Julep avec teinture de Bestuch'eff, 20 gouttes. Le 28. Epistaxis abondantes la température et le pouls sont redes-cendus aux chiffres normaux. 3. mai. La malade se lève de nouveau et cette fois sans éprouver de vertiges. Le mouvement provoque seulement chez elle de violentes pal-pitations. Quelques jours après elle part pour le Vésinet. OBS. VI. - Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie gauche. Le 30 avril 1875 entrait à l'hôpital Lariboisière, salle St-Vincent, n° 10, le nommé Martin Henri, âgé de 19 ans. Ce jeune homme a récem-ment quitté la province pour venir à Paris. Depuis 4 jours il éprouve du malaise, de l'inappétence, la langue est saburrale des douleurs vagues se sont fait sentir sur différents points, et ont fini par se fixer sur le genou droit qui est gonflé et très-douloureux. Il est d'ailleurs impos-sible de rapporter ce phénomène morbide à une blennorrhagie. On remarque des sueurs très-abondantes. Interrogé sur son état de santé habituel, le malade répond que dans son enfance il a eu la danse de St-Gui et que depuis un an il est sujet à des battements de coeur. On pratique la percussion et l'auscultation de cet organe. L'examen révèle une hypertrophie très-marquée, en même temps qu'une insuffisance de la valvule mitrale. A la date du 3 mai, les phénomènes aigus prennent une intensité nouvelle la fièvre est ardente. Pouls, 96 temp., 390. 4 mai. Le genou gauche et le cou de pied du même côté sont pris la fièvre persiste. Pouls, 98 temp., 38e 6. Pendant les jours suivants, le rhumatisme envahit successivement la plupart des articulations. Le 10. Matité à la base du poumon gauche les douleurs articulaires ont presqu'entièrement cessé. | -38 -nouvel épanchement est en train de se former toujours à droite. Les douleurs articulaires ont également reparu. Pouls, ,102 temp., 38° 4. Le 21. Etat stationnaire. Vésicatoire en arrière et à droite un autre vésicatoire sur la région précordiale. Pouls, 100, temp., 38°2. Les 23 et 24. La malade a très-bien reposé elle respire sans diffi-culté. Pouls, 90 temp., 37° 8. Le 26@ Mieux sensible. L'épanchement est à peu près complètement résorbé. L'auscultation du coeur fait simplement constater un reste de bruit de frottement vers la pointe. Pas de fièvre. Pouls, 80 temp., 37° 6. Le 27. La malade veut se lever, mais à peine hors de son lit, elle est prise d'éblouissements et forcée de se coucher aussitôt. On attribue cet accident à l'anémie profonde qui résulte de la manifestation rhumatis-male. Julep avec teinture de Bestuch'eff, 20 gouttes. Le 28. Epistaxis abondantes la température et le pouls sont redes-cendus aux chiffres normaux. 3. mai. La malade se lève de nouveau et cette fois sans éprouver de vertiges. Le mouvement provoque seulement chez elle de violentes pal-pitations. Quelques jours après elle part pour le Vésinet. OBS. VI. - Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie gauche. Le 30 avril 1875 entrait à l'hôpital Lariboisière, salle St-Vincent, n° 10, le nommé Martin Henri, âgé de 19 ans. Ce jeune homme a récem-ment quitté la province pour venir à Paris. Depuis 4 jours il éprouve du malaise, de l'inappétence, la langue est saburrale des douleurs vagues se sont fait sentir sur différents points, et ont fini par se fixer sur le genou droit qui est gonflé et très-douloureux. Il est d'ailleurs impos-sible de rapporter ce phénomène morbide à une blennorrhagie. On remarque des sueurs très-abondantes. Interrogé sur son état de santé habituel, le malade répond que dans son enfance il a eu la danse de St-Gui et que depuis un an il est sujet à des battements de coeur. On pratique la percussion et l'auscultation de cet organe. L'examen révèle une hypertrophie très-marquée, en même temps qu'une insuffisance de la valvule mitrale. A la date du 3 mai, les phénomènes aigus prennent une intensité nouvelle la fièvre est ardente. Pouls, 96 temp., 390. 4 mai. Le genou gauche et le cou de pied du même côté sont pris la fièvre persiste. Pouls, 98 temp., 38e 6. Pendant les jours suivants, le rhumatisme envahit successivement la plupart des articulations. Le 10. Matité à la base du poumon gauche les douleurs articulaires ont presqu'entièrement cessé. | -38 -nouvel épanchement est en train de se former toujours à droite. Les douleurs articulaires ont également reparu. Pouls, @102 temp., 38° 4. Le 21. Etat stationnaire. Vésicatoire en arrière et à droite un autre vésicatoire sur la région précordiale. Pouls, 100, temp., 38°2. Les 23 et 24. La malade a très-bien reposé elle respire sans diffi-culté. Pouls, 90 temp., 37°@8. Le 26. Mieux sensible. L'épanchement est à peu près complétement résorbé. L'auscultation du coeur fait simplement constater un reste de bruit de frottement vers la pointe. Pas de fièvre. Pouls, 80 temp., 37°@6. Le 27. La malade veut se lever, mais à peine hors de son lit, elle est prise d'éblouissements et forcée de se coucher aussitôt. On attribue cet accident à l'anémie profonde qui résulte de la manifestation rhumatis-male. Julep avec teinture de Bestuch@eff, 20 gouttes. Le 28. Epistaxis abondantes la température et le pouls sont redes-cendus aux chiffres normaux. 3. mai. La malade se lève de nouveau et cette fois sans éprouver de vertiges. Le mouvement provoque seulement chez elle de violentes pal-pitations. Quelques jours après elle part pour le Vésinet. OBS. VI. -@Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie gauche. Le 30 avril 1875 entrait à l'hôpital Lariboisière, salle St-Vincent, n° 10, le nommé Martin Henri, âgé de 19 ans. Ce jeune homme a récem-ment quitté la province pour venir à Paris. Depuis 4 jours il éprouve du malaise, de l'inappétence, la langue est saburrale des douleurs vagues se sont fait sentir sur différents points, et ont fini par se fixer sur le genou droit qui est gonflé et très-douloureux. Il est d'ailleurs impos-sible de rapporter ce phénomène morbide à une blennorrhagie. On remarque des sueurs très-abondantes. Interrogé sur son état de santé habituel, le malade répond que dans son enfance il a eu la danse de St-Gui et que depuis un an il est sujet à des battements de coeur. On pratique la percussion et l'auscultation de cet organe. L'examen révèle une hypertrophie très-marquée, en même temps qu'une insuffisance de la valvule mitrale. A la date du 3 mai, les phénomènes aigus prennent une intensité nouvelle la fièvre est ardente. Pouls, 96 temp., 39°. 4 mai. Le genou gauche et le cou de pied du même côté sont pris la fièvre persiste. Pouls, 98 temp., 38@°6. Pendant les jours suivants, le rhumatisme envahit successivement la plupart des articulations. Le 10. Matité à la base du poumon gauche les douleurs articulaires ont presqu'entièrement cessé. | -38 -nouvel épanchement est en train de se former toujours à droite. Les douleurs articulaires ont également reparu. Pouls, @102 temp., 38° 4. Le 21. Etat stationnaire. Vésicatoire en arrière et à droite un autre vésicatoire sur la région précordiale. Pouls, 100, temp., 38°2. Les 23 et 24. La malade a très-bien reposé elle respire sans diffi-culté. Pouls, 90 temp., 37°@8. Le 26. Mieux sensible. L'épanchement est à peu près complétement résorbé. L'auscultation du coeur fait simplement constater un reste de bruit de frottement vers la pointe. Pas de fièvre. Pouls, 80 temp., 37°@6. Le 27. La malade veut se lever, mais à peine hors de son lit, elle est prise d'éblouissements et forcée de se coucher aussitôt. On attribue cet accident à l'anémie profonde qui résulte de la manifestation rhumatis-male. Julep avec teinture de Bestuch@eff, 20 gouttes. Le 28. Epistaxis abondantes la température et le pouls sont redes-cendus aux chiffres normaux. 3. mai. La malade se lève de nouveau et cette fois sans éprouver de vertiges. Le mouvement provoque seulement chez elle de violentes pal-pitations. Quelques jours après elle part pour le Vésinet. OBS. VI. -@Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie gauche. Le 30 avril 1875 entrait à l'hôpital Lariboisière, salle St-Vincent, n° 10, le nommé Martin Henri, âgé de 19 ans. Ce jeune homme a récem-ment quitté la province pour venir à Paris. Depuis 4 jours il éprouve du malaise, de l'inappétence, la langue est saburrale des douleurs vagues se sont fait sentir sur différents points, et ont fini par se fixer sur le genou droit qui est gonflé et très-douloureux. Il est d'ailleurs impos-sible de rapporter ce phénomène morbide à une blennorrhagie. On remarque des sueurs très-abondantes. Interrogé sur son état de santé habituel, le malade répond que dans son enfance il a eu la danse de St-Gui et que depuis un an il est sujet à des battements de coeur. On pratique la percussion et l'auscultation de cet organe. L'examen révèle une hypertrophie très-marquée, en même temps qu'une insuffisance de la valvule mitrale. A la date du 3 mai, les phénomènes aigus prennent une intensité nouvelle la fièvre est ardente. Pouls, 96 temp., 39°. 4 mai. Le genou gauche et le cou de pied du même côté sont pris la fièvre persiste. Pouls, 98 temp., 38@°6. Pendant les jours suivants, le rhumatisme envahit successivement la plupart des articulations. Le 10. Matité à la base du poumon gauche les douleurs articulaires ont presqu'entièrement cessé. | -38 -nouvel épanchement est en train de se former toujours à droite. Les douleurs articulaires ont également reparu. Pouls, 102 temp., 38° 4. Le 21. Etat stationnaire. Vésicatoire en arrière et à droite un autre vésicatoire sur la région précordiale. Pouls, 100, temp., 38°2. Les 23 et 24. La malade a très-bien reposé elle respire sans diffi-culté. Pouls, 90 temp., 37°8. Le 26. Mieux sensible. L'épanchement est à peu près complétement résorbé. L'auscultation du coeur fait simplement constater un reste de bruit de frottement vers la pointe. Pas de fièvre. Pouls, 80 temp., 37°6. Le 27. La malade veut se lever, mais à peine hors de son lit, elle est prise d'éblouissements et forcée de se coucher aussitôt. On attribue cet accident à l'anémie profonde qui résulte de la manifestation rhumatis-male. Julep avec teinture de Bestucheff, 20 gouttes. Le 28. Epistaxis abondantes la température et le pouls sont redes-cendus aux chiffres normaux. 3. mai. La malade se lève de nouveau et cette fois sans éprouver de vertiges. Le mouvement provoque seulement chez elle de violentes pal-pitations. Quelques jours après elle part pour le Vésinet. OBS. VI. -Rhumatisme articulaire aigu. Pleurésie gauche. Le 30 avril 1875 entrait à l'hôpital Lariboisière, salle St-Vincent, n° 10, le nommé Martin Henri, âgé de 19 ans. Ce jeune homme a récem-ment quitté la province pour venir à Paris. Depuis 4 jours il éprouve du malaise, de l'inappétence, la langue est saburrale des douleurs vagues se sont fait sentir sur différents points, et ont fini par se fixer sur le genou droit qui est gonflé et très-douloureux. Il est d'ailleurs impos-sible de rapporter ce phénomène morbide à une blennorrhagie. On remarque des sueurs très-abondantes. Interrogé sur son état de santé habituel, le malade répond que dans son enfance il a eu la danse de St-Gui et que depuis un an il est sujet à des battements de coeur. On pratique la percussion et l'auscultation de cet organe. L'examen révèle une hypertrophie très-marquée, en même temps qu'une insuffisance de la valvule mitrale. A la date du 3 mai, les phénomènes aigus prennent une intensité nouvelle la fièvre est ardente. Pouls, 96 temp., 39°. 4 mai. Le genou gauche et le cou de pied du même côté sont pris la fièvre persiste. Pouls, 98 temp., 38°6. Pendant les jours suivants, le rhumatisme envahit successivement la plupart des articulations. Le 10. Matité à la base du poumon gauche les douleurs articulaires ont presqu'entièrement cessé. | 10 | 0.004045 | 0.023013 |
344.txt | 1,820 | 416 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES arrêté que deux de ses membres, MM. Cousin et Charton, 1 se transporteraient dans les environs de la Bastille, pour s'assurer, par eux-mêmes , s'il se forme dans ce quartier un rassemblement d'hommes , et d'en référer sans aucun délai I au corps municipal, qui statuera ainsi qu'il appartiendra. M. Charton , chef de la première division , a été ensuite introduit. Il a annoncé qu'il avait été envoyé à l'hôtel-de-ville pour y prendre les ordres du corps municipal que la garde nalionale était commandée , et qu'une grande partie j était déjà réunie sur la place de l'hôtel-de-ville. A onze heures, un de MM. les administrateurs a an-noncé qu'on l'instruisait 9 l'instant que deux particuliers venaient d'être attaqués dans le quartier du Gros-Caillou qu'ils avaient l'un et l'autre succombé sous les coups d'un nombre de personnes attroupées, et qu'au moment actuel leurs têtes étaient promenées au bout de deux piques. Le corps municipal s'occupant, au même instant, des moyens de réprimer le désordre et d'en prévenir les suites, après avoir entendu le second substitut-adjoint du procu-reur de la commune A arrêté, que trois dç ses membres, MM. J.-J. le floulx, Regnaalt et Hardy se transporteraient à l'instant au Gros-Caillou qu'ils seraient accompagnés par un bataillon de la garde nationale, qu'ils employeraient tous les moyens que la prudence pourrait leur suggérer pour dissiper l'attroupe-ment, et même , dans le cas où il y aurait effectivement eu meurtre, qu'ils pourraient publier la loi martiale et dé-ployer la force publique le corps municipal arrêtant en même temps que MM. les commissaires l'instruiront, sans délai, des événemens qui se sont passés ou qui se passeront sous leurs yeux Le corps municipal a reçu, à une heure après midi, une lettre de M. le président de l'Assemblée nationale , relative aux événemens du jour , et aux autres mesures que la mu-nicipalité doit prendre dans cette conjoncture. Il a été arrêté | 416 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES arrêté que deux de ses membres, MM. Cousin et Charton, 1 se transporteraient dans les environs de la Bastille, pour s'assurer, par eux-mêmes , s'il se forme dans ce quartier un rassemblement d'hommes , et d'en référer sans aucun délai I au corps municipal@, qui statuera ainsi qu'il appartiendra. M. Charton , chef de la première division , a été ensuite introduit. Il a annoncé qu'il avait été envoyé à l'hôtel-de-ville pour y prendre les ordres du corps municipal que la garde nalionale était commandée , et qu'une grande partie j était déjà réunie sur la place de l'hôtel-de-ville. A onze heures, un de MM. les administrateurs a an-noncé qu'on l'instruisait 9 l'instant que deux particuliers venaient d'être attaqués dans le quartier du Gros-Caillou qu'ils avaient l'un et l'autre succombé sous les coups d'un nombre de personnes attroupées@, et qu'au moment actuel leurs têtes étaient promenées au bout de deux piques. Le corps municipal s'occupant@, au même instant, des moyens de réprimer le désordre et d'en prévenir les suites, après avoir entendu le second substitut-adjoint du procu-reur de la commune A arrêté, que trois dç ses membres, MM. J.-J. le floulx, Regnaalt et Hardy se transporteraient à l'instant au Gros-Caillou qu'ils seraient accompagnés par un bataillon de la garde nationale@, qu'ils employeraient tous les moyens que la prudence pourrait leur suggérer pour dissiper l'attroupe-ment, et même , dans le cas où il y aurait effectivement eu meurtre, qu'ils pourraient publier la loi martiale et dé-ployer la force publique le corps municipal arrêtant en même temps que MM. les commissaires l'instruiront, sans délai, des événemens qui se sont passés ou qui se passeront sous leurs yeux@ Le corps municipal a reçu, à une heure après midi, une lettre de M. le président de l'Assemblée nationale , relative aux événemens du jour , et aux autres mesures que la mu-nicipalité doit prendre dans cette conjoncture. Il a été arrêté | 416 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES arrêté que deux de ses membres, MM. Cousin et Charton, @@se transporteraient dans les environs de la Bastille, pour s'assurer, par eux-mêmes , s'il se forme dans ce quartier un rassemblement d'hommes , et d'en référer sans aucun délai @@au corps municipal , qui statuera ainsi qu'il appartiendra. M. Charton@, chef de la première division , a été ensuite introduit. Il a annoncé qu'il avait été envoyé à l'hôtel-de-ville pour y prendre les ordres du corps municipal que la garde nationale était commandée , et qu'une grande partie@@ était déjà réunie sur la place de l'hôtel-de-ville. A onze heures, un de MM. les administrateurs a an-noncé qu'on l'instruisait à l'instant que deux particuliers venaient d'être attaqués dans le quartier du Gros-Caillou qu'ils avaient l'un et l'autre succombé sous les coups d'un nombre de personnes attroupées , et qu'au moment actuel leurs têtes étaient promenées au bout de deux piques. Le corps municipal s'occupant , au même instant, des moyens de réprimer le désordre et d'en prévenir les suites, après avoir entendu le second substitut-adjoint du procu-reur de la comm@@e A arrêté, que trois de ses membres, MM. J.-J. le @Roulx, Regnault et Hardy se transporteraient à l'instant au Gros-Caillou qu'ils seraient accompagnés par un bataillon de la garde nationale , qu'ils employeraient tous les moyens que la prudence pourrait leur suggérer pour dissiper l'attroupe-ment, et même , dans le cas où il y aurait effectivement eu meurtre, qu'ils pourraient publier la loi martiale et dé-ployer la force publique le corps municipal arrêtant en même temps que MM. les commissaires l'instruiront, sans délai, des événemens qui se sont passés ou qui se passeront sous leurs yeux. Le corps municipal a reçu, à une heure après midi, une lettre de M. le président de l'Assemblée nationale , relative aux événemens du jour , et aux autres mesures que la mu-nicipalité doit prendre dans cette conjoncture. Il a été arrêté | 416 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES arrêté que deux de ses membres, MM. Cousin et Charton, @@se transporteraient dans les environs de la Bastille, pour s'assurer, par eux-mêmes , s'il se forme dans ce quartier un rassemblement d'hommes , et d'en référer sans aucun délai @@au corps municipal , qui statuera ainsi qu'il appartiendra. M. Charton@, chef de la première division , a été ensuite introduit. Il a annoncé qu'il avait été envoyé à l'hôtel-de-ville pour y prendre les ordres du corps municipal que la garde nationale était commandée , et qu'une grande partie@@ était déjà réunie sur la place de l'hôtel-de-ville. A onze heures, un de MM. les administrateurs a an-noncé qu'on l'instruisait à l'instant que deux particuliers venaient d'être attaqués dans le quartier du Gros-Caillou qu'ils avaient l'un et l'autre succombé sous les coups d'un nombre de personnes attroupées , et qu'au moment actuel leurs têtes étaient promenées au bout de deux piques. Le corps municipal s'occupant , au même instant, des moyens de réprimer le désordre et d'en prévenir les suites, après avoir entendu le second substitut-adjoint du procu-reur de la comm@@e A arrêté, que trois de ses membres, MM. J.-J. le @Roulx, Regnault et Hardy se transporteraient à l'instant au Gros-Caillou qu'ils seraient accompagnés par un bataillon de la garde nationale , qu'ils employeraient tous les moyens que la prudence pourrait leur suggérer pour dissiper l'attroupe-ment, et même , dans le cas où il y aurait effectivement eu meurtre, qu'ils pourraient publier la loi martiale et dé-ployer la force publique le corps municipal arrêtant en même temps que MM. les commissaires l'instruiront, sans délai, des événemens qui se sont passés ou qui se passeront sous leurs yeux. Le corps municipal a reçu, à une heure après midi, une lettre de M. le président de l'Assemblée nationale , relative aux événemens du jour , et aux autres mesures que la mu-nicipalité doit prendre dans cette conjoncture. Il a été arrêté | 416 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES arrêté que deux de ses membres, MM. Cousin et Charton, se transporteraient dans les environs de la Bastille, pour s'assurer, par eux-mêmes , s'il se forme dans ce quartier un rassemblement d'hommes , et d'en référer sans aucun délai au corps municipal , qui statuera ainsi qu'il appartiendra. M. Charton, chef de la première division , a été ensuite introduit. Il a annoncé qu'il avait été envoyé à l'hôtel-de-ville pour y prendre les ordres du corps municipal que la garde nationale était commandée , et qu'une grande partie était déjà réunie sur la place de l'hôtel-de-ville. A onze heures, un de MM. les administrateurs a an-noncé qu'on l'instruisait à l'instant que deux particuliers venaient d'être attaqués dans le quartier du Gros-Caillou qu'ils avaient l'un et l'autre succombé sous les coups d'un nombre de personnes attroupées , et qu'au moment actuel leurs têtes étaient promenées au bout de deux piques. Le corps municipal s'occupant , au même instant, des moyens de réprimer le désordre et d'en prévenir les suites, après avoir entendu le second substitut-adjoint du procu-reur de la comme A arrêté, que trois de ses membres, MM. J.-J. le Roulx, Regnault et Hardy se transporteraient à l'instant au Gros-Caillou qu'ils seraient accompagnés par un bataillon de la garde nationale , qu'ils employeraient tous les moyens que la prudence pourrait leur suggérer pour dissiper l'attroupe-ment, et même , dans le cas où il y aurait effectivement eu meurtre, qu'ils pourraient publier la loi martiale et dé-ployer la force publique le corps municipal arrêtant en même temps que MM. les commissaires l'instruiront, sans délai, des événemens qui se sont passés ou qui se passeront sous leurs yeux. Le corps municipal a reçu, à une heure après midi, une lettre de M. le président de l'Assemblée nationale , relative aux événemens du jour , et aux autres mesures que la mu-nicipalité doit prendre dans cette conjoncture. Il a été arrêté | 20 | 0.010157 | 0.045977 |
350.txt | 1,820 | 422 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES La garde nationale ne pouvant retenir son indignation, a j fait feu , mais elle a eu la modération de diriger les coups en l'air , et personne n'a été blessé à cette première décharge. L'audace des séditieux était telle que quelques-uns sont revenus sur le haut du glacis braver la loi et la force. Cependant le corps municipal employait tous ses efforts pour faire cesser le feu, et M. le commandant général, qui était plus avancédans le Champ de la Fédération, était ac-couru pour rétablir l'ordre et seconder les efforts de la mu-nicipalité. Le corps municipal et les troupes sont entrés dans le Champ de la Fédération et comme l'autel de la patrie pa-raissait alors presque entièrement évacué , ils ont dirigé leur marche vers l'Ecole militaire , à distance à peu près égale de l'autel de la patrie et du glacis qui se trouve du côté du Gros-Caillou. Cette partie du glacis et celle du même côté qui se pro-longe vers la rivière , étaient couvertes de séditieux qui ont insulté la garde nationale, qui lui ont lancé des pierres, et qui ont même tiré des coups de fusils et de pistolets. Le corps municipal n'ayant pu exécuter l'article VI de la loi martiale, la garde nationale a usé du pouvoir que donne l'article VII i elle a déployé la force, parce que les vio-lences les plus criminelles ont rendu les sommations impos-sibles , et c'est à cet endroit qu'a été fait le plus grand feu. Au moment ou le corps municipal rédige le présent pro-cès-verbal, on évalue le nombre des morts à onze ou douze, ~w i Cet article était ainsi conçu a Dans le cas où, soit avant,soit pendant le prononce des sommations, l'attroupement commettrait quelques violences, et pareillement dans le cas où, après les sommations faites, les personnes attroupées ne se reti-reraient pas paisiblement, la force des armes sera à l'instant déployée contre les séditieux, sans que personne soit responsable des événemens qui pourront en résulter. | 422 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES La garde nationale ne pouvant retenir son indignation, a j fait feu , mais elle a eu la modération de diriger les coups en l'air , et personne n'a été blessé à cette première décharge. L'audace des séditieux était telle que quelques-uns sont revenus sur le haut du glacis braver la loi et la force. Cependant le corps municipal employait tous ses efforts pour faire cesser le feu, et M. le commandant général, qui était plus avancé@dans le Champ de la Fédération, était ac-couru pour rétablir l'ordre et seconder les efforts de la mu-nicipalité. Le corps municipal et les troupes sont entrés dans le Champ de la Fédération et comme l'autel de la patrie pa-raissait alors presque entièrement évacué , ils ont dirigé leur marche vers l'Ecole militaire , à distance à peu près égale de l'autel de la patrie et du glacis qui se trouve du côté du Gros-Caillou. Cette partie du glacis et celle du même côté qui se pro-longe vers la rivière , étaient couvertes de séditieux qui ont insulté la garde nationale, qui lui ont lancé des pierres, et qui ont même tiré des coups de fusils et de pistolets. Le corps municipal n'ayant pu exécuter l'article VI de la loi martiale, la garde nationale a usé du pouvoir que donne l'article VII i elle a déployé la force, parce que les vio-lences les plus criminelles ont rendu les sommations impos-sibles , et c'est à cet endroit qu'a été fait le plus grand feu. Au moment ou le corps municipal rédige le présent pro-cès-verbal, on évalue le nombre des morts à onze ou douze, ~w i Cet article était ainsi conçu a Dans le cas où, soit avant,@soit pendant le prononce des sommations, l'attroupement commettrait quelques violences, et pareillement dans le cas où, après les sommations faites, les personnes attroupées ne se reti-reraient pas paisiblement, la force des armes sera à l'instant déployée contre les séditieux, sans que personne soit responsable des événemens qui pourront en résulter. | 422 ÈCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES La garde nationale ne pouvant retenir son indignation, a a fait feu@, mais elle a eu la modération de diriger les coups en l'air@, et personne n'a été blessé à cette première décharge. L'audace des séditieux était telle que quelques-uns sont revenus sur le haut du glacis braver la loi et la force. Cependant le corps municipal employait tous ses efforts pour faire cesser le feu, et M. le commandant général, qui était plus avancé dans le Champ de la Fédération, était ac-couru pour rétablir l'ordre et seconder les efforts de la mu-nicipalité. Le corps municipal et les troupes sont entrés dans le Champ de la Fédération et comme l'autel de la partie pa-raissait alors presque entièrement évacué@, ils ont dirigé leur marche vers l'Ecole militaire@, à distance à peu près égale de l'autel de la partie et du glacis qui se trouve du côté du Gros-Caillou. Cette partie du glacis et celle du même côté qui se pro-longe vers la rivière@, étaient couvertes de séditieux qui ont insulté la garde nationale, qui lui ont lancé des pierres, et qui ont même tiré des coups de fusils et de pistolets. Le corps municipal n'ayant pu exécuter l'article VI de la loi martiale, la garde nationale a usé du pouvoir que donne l'article VII 1 elle a déployé la force, parce que les vio-lences les plus criminelles ont rendu les sommations impos-sibles@, et c'est à cet endroit qu'a été fait le plus grand feu. Au moment où le corps municipal rédige le présent pro-cès-verbal, on évalue le nombre des morts à onze ou douze,ze, 1 Cet article était ainsi conçu@@ Dans le cas où, soit avant, soit pendant le prononcé des sommations, l'attroupement commettrait quelques violences, et pareillement dans le cas où, après les sommations faites, les personnes attroupées ne se reti-reraient pas paisiblement, la force des armes sera à l'instant déployée contre les séditieux, sans que personne soit responsable des événemens qui pourront en résulter. | 422 ÈCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES La garde nationale ne pouvant retenir son indignation, a a fait feu@, mais elle a eu la modération de diriger les coups en l'air@, et personne n'a été blessé à cette première décharge. L'audace des séditieux était telle que quelques-uns sont revenus sur le haut du glacis braver la loi et la force. Cependant le corps municipal employait tous ses efforts pour faire cesser le feu, et M. le commandant général, qui était plus avancé dans le Champ de la Fédération, était ac-couru pour rétablir l'ordre et seconder les efforts de la mu-nicipalité. Le corps municipal et les troupes sont entrés dans le Champ de la Fédération et comme l'autel de la partie pa-raissait alors presque entièrement évacué@, ils ont dirigé leur marche vers l'Ecole militaire@, à distance à peu près égale de l'autel de la partie et du glacis qui se trouve du côté du Gros-Caillou. Cette partie du glacis et celle du même côté qui se pro-longe vers la rivière@, étaient couvertes de séditieux qui ont insulté la garde nationale, qui lui ont lancé des pierres, et qui ont même tiré des coups de fusils et de pistolets. Le corps municipal n'ayant pu exécuter l'article VI de la loi martiale, la garde nationale a usé du pouvoir que donne l'article VII 1 elle a déployé la force, parce que les vio-lences les plus criminelles ont rendu les sommations impos-sibles@, et c'est à cet endroit qu'a été fait le plus grand feu. Au moment où le corps municipal rédige le présent pro-cès-verbal, on évalue le nombre des morts à onze ou douze,ze, 1 Cet article était ainsi conçu@@ Dans le cas où, soit avant, soit pendant le prononcé des sommations, l'attroupement commettrait quelques violences, et pareillement dans le cas où, après les sommations faites, les personnes attroupées ne se reti-reraient pas paisiblement, la force des armes sera à l'instant déployée contre les séditieux, sans que personne soit responsable des événemens qui pourront en résulter. | 422 ÈCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES La garde nationale ne pouvant retenir son indignation, a a fait feu, mais elle a eu la modération de diriger les coups en l'air, et personne n'a été blessé à cette première décharge. L'audace des séditieux était telle que quelques-uns sont revenus sur le haut du glacis braver la loi et la force. Cependant le corps municipal employait tous ses efforts pour faire cesser le feu, et M. le commandant général, qui était plus avancé dans le Champ de la Fédération, était ac-couru pour rétablir l'ordre et seconder les efforts de la mu-nicipalité. Le corps municipal et les troupes sont entrés dans le Champ de la Fédération et comme l'autel de la partie pa-raissait alors presque entièrement évacué, ils ont dirigé leur marche vers l'Ecole militaire, à distance à peu près égale de l'autel de la partie et du glacis qui se trouve du côté du Gros-Caillou. Cette partie du glacis et celle du même côté qui se pro-longe vers la rivière, étaient couvertes de séditieux qui ont insulté la garde nationale, qui lui ont lancé des pierres, et qui ont même tiré des coups de fusils et de pistolets. Le corps municipal n'ayant pu exécuter l'article VI de la loi martiale, la garde nationale a usé du pouvoir que donne l'article VII 1 elle a déployé la force, parce que les vio-lences les plus criminelles ont rendu les sommations impos-sibles, et c'est à cet endroit qu'a été fait le plus grand feu. Au moment où le corps municipal rédige le présent pro-cès-verbal, on évalue le nombre des morts à onze ou douze,ze, 1 Cet article était ainsi conçu Dans le cas où, soit avant, soit pendant le prononcé des sommations, l'attroupement commettrait quelques violences, et pareillement dans le cas où, après les sommations faites, les personnes attroupées ne se reti-reraient pas paisiblement, la force des armes sera à l'instant déployée contre les séditieux, sans que personne soit responsable des événemens qui pourront en résulter. | 23 | 0.011807 | 0.046575 |
378.txt | 1,890 | 130 L'ÉVASION. au collège de Thionville, traduit le beau poème la Mosella d'Ausone, le chantre latin de notre région. Il avait, lui aussi, il y a plusieurs siècles, traversé le pays où farrivais, et c'est en bateau qu'il avait remonté le cours de la Nahe. Pour moi, j'étais loin d'avoir pour l'instant l'enthou-siasme du poète je n'avais plus de forces, et c'est avec em-pressement, sans penser au danger qui pouvait me mena-cer, que j'entrai dans une auberge qui se trouvait être la première maison du bourg. L'unique salle du rez-de-chaussée était remplie d'une fumée épaisse qui permettait à peine de distinguer les buveurs qui occupaient toutes les tables. Mais, au bruit, à l'éclat des voix, on jugeait tout de suite que la pièce était pleine de monde. D'ailleurs, la rue m'avait paru elle-même très animée les femmes se promenaient en toilette et les enfants jouaient aux boules. Alors seulement je me rappelai que cette journée était un dimanche. Je fus fâché de me trouver au milieu d'une si grande foule, et j'aurais bien voulu n'être pas entré. Mais il n'était plus temps, et le meilleur était de me tirer hardiment d'affaire. Je me fis donc servir de la bière, du pain et du fromage, et me mis à manger rapidement, sans m'occuper des regards fixés sur moi et des propos tenus sur mon compte. J'étais assis depuis peu de temps, lorsqu'une troupe de jeunes gens entra bruyamment dans la salle, en chantant un air patriotique, le WachtamRhein. C'étaientdesgarçons de seize à vingt ans, dont l'entrée ne m'eût point inquiété si, en levant les yeux, je ne m'étais aperçu qu'ilstraînaie un de ces petits drapeaux français que les marchands met-tent à leur étalage les jours de foire. Ils le lançaient en l'air, se le renvoyaient avec le poing comme un volant, le piétinaient en hurlant et accompa-gnaient leur misérable jeu d'insultes grossières. | 130 L'ÉVASION. au collège de Thionville, traduit le beau poème la Mosella d'Ausone, le chantre latin de notre région. Il avait, lui aussi, il y a plusieurs siècles, traversé le pays où @farrivais, et c'est en bateau qu'il avait remonté le cours de la Nahe. Pour moi, j'étais loin d'avoir pour l'instant l'enthou-siasme du poète je n'avais plus de forces, et c'est avec em-pressement, sans penser au danger qui pouvait me mena-cer, que j'entrai dans une auberge qui se trouvait être la première maison du bourg. L'unique salle du rez-de-chaussée était remplie d'une fumée épaisse qui permettait à peine de distinguer les buveurs qui occupaient toutes les tables. Mais, au bruit, à l'éclat des voix, on jugeait tout de suite que la pièce était pleine de monde. D'ailleurs, la rue m'avait paru elle-même très animée les femmes se promenaient en toilette et les enfants jouaient aux boules. Alors seulement je me rappelai que cette journée était un dimanche. Je fus fâché de me trouver au milieu d'une si grande foule, et j'aurais bien voulu n'être pas entré. Mais il n'était plus temps, et le meilleur était de me tirer hardiment d'affaire. Je me fis donc servir de la bière, du pain et du fromage, et me mis à manger rapidement, sans m'occuper des regards fixés sur moi et des propos tenus sur mon compte. J'étais assis depuis peu de temps, lorsqu'une troupe de jeunes gens entra bruyamment dans la salle, en chantant un air patriotique, le Wachtam@Rhein. C'étaient@des@garçons de seize à vingt ans, dont l'entrée ne m'eût point inquiété si, en levant les yeux, je ne m'étais aperçu qu'ils@traînaie un de ces petits drapeaux français que les marchands met-tent à leur étalage les jours de foire. Ils le lançaient en l'air, se le renvoyaient avec le poing comme un volant, le piétinaient en hurlant et accompa-gnaient leur misérable jeu d'insultes grossières. | 130 L'ÉVASION. au collège de Thionville, traduit le beau poème la Mosella d'Ausone, le chantre latin de notre région. Il avait, lui aussi, il y a plusieurs siècles, traversé le pays où j'arrivais, et c'est en bateau qu'il avait remonté le cours de la Nahe. Pour moi, j'étais loin d'avoir pour l'instant l'enthou-siasme du poète je n'avais plus de forces, et c'est avec em-pressement, sans penser au danger qui pouvait me mena-cer, que j'entrai dans une auberge qui se trouvait être la première maison du bourg. L'unique salle du rez-de-chaussée était remplie d'une fumée épaisse qui permettait à peine de distinguer les buveurs qui occupaient toutes les tables. Mais, au bruit, à l'éclat des voix, on jugeait tout de suite que la pièce était pleine de monde. D'ailleurs, la rue m'avait paru elle-même très animée les femmes se promenaient en toilette et les enfants jouaient aux boules. Alors seulement je me rappelai que cette journée était un dimanche. Je fus fâché de me trouver au milieu d'une si grande foule, et j'aurais bien voulu n'être pas entré. Mais il n'était plus temps, et le meilleur était de me tirer hardiment d'affaire. Je me fis donc servir de la bière, du pain et du fromage, et me mis à manger rapidement, sans m'occuper des regards fixés sur moi et des propos tenus sur mon compte. J'étais assis depuis peu de temps, lorsqu'une troupe de jeunes gens entra bruyamment dans la salle, en chantant un air patriotique, le Wachtam Rhein. C'étaient des garçons de seize à vingt ans, dont l'entrée ne m'eût point inquiété si, en levant les yeux, je ne m'étais aperçu qu'ils traînaie un de ces petits drapeaux français que les marchands met-tent à leur étalage les jours de foire. Ils le lançaient en l'air, se le renvoyaient avec le poing comme un volant, le piétinaient en hurlant et accompa-gnaient leur misérable jeu d'insultes grossières. | 130 L'ÉVASION. au collège de Thionville, traduit le beau poème la Mosella d'Ausone, le chantre latin de notre région. Il avait, lui aussi, il y a plusieurs siècles, traversé le pays où j'arrivais, et c'est en bateau qu'il avait remonté le cours de la Nahe. Pour moi, j'étais loin d'avoir pour l'instant l'enthou-siasme du poète je n'avais plus de forces, et c'est avec em-pressement, sans penser au danger qui pouvait me mena-cer, que j'entrai dans une auberge qui se trouvait être la première maison du bourg. L'unique salle du rez-de-chaussée était remplie d'une fumée épaisse qui permettait à peine de distinguer les buveurs qui occupaient toutes les tables. Mais, au bruit, à l'éclat des voix, on jugeait tout de suite que la pièce était pleine de monde. D'ailleurs, la rue m'avait paru elle-même très animée les femmes se promenaient en toilette et les enfants jouaient aux boules. Alors seulement je me rappelai que cette journée était un dimanche. Je fus fâché de me trouver au milieu d'une si grande foule, et j'aurais bien voulu n'être pas entré. Mais il n'était plus temps, et le meilleur était de me tirer hardiment d'affaire. Je me fis donc servir de la bière, du pain et du fromage, et me mis à manger rapidement, sans m'occuper des regards fixés sur moi et des propos tenus sur mon compte. J'étais assis depuis peu de temps, lorsqu'une troupe de jeunes gens entra bruyamment dans la salle, en chantant un air patriotique, le Wachtam Rhein. C'étaient des garçons de seize à vingt ans, dont l'entrée ne m'eût point inquiété si, en levant les yeux, je ne m'étais aperçu qu'ils traînaie un de ces petits drapeaux français que les marchands met-tent à leur étalage les jours de foire. Ils le lançaient en l'air, se le renvoyaient avec le poing comme un volant, le piétinaient en hurlant et accompa-gnaient leur misérable jeu d'insultes grossières. | 130 L'ÉVASION. au collège de Thionville, traduit le beau poème la Mosella d'Ausone, le chantre latin de notre région. Il avait, lui aussi, il y a plusieurs siècles, traversé le pays où j'arrivais, et c'est en bateau qu'il avait remonté le cours de la Nahe. Pour moi, j'étais loin d'avoir pour l'instant l'enthou-siasme du poète je n'avais plus de forces, et c'est avec em-pressement, sans penser au danger qui pouvait me mena-cer, que j'entrai dans une auberge qui se trouvait être la première maison du bourg. L'unique salle du rez-de-chaussée était remplie d'une fumée épaisse qui permettait à peine de distinguer les buveurs qui occupaient toutes les tables. Mais, au bruit, à l'éclat des voix, on jugeait tout de suite que la pièce était pleine de monde. D'ailleurs, la rue m'avait paru elle-même très animée les femmes se promenaient en toilette et les enfants jouaient aux boules. Alors seulement je me rappelai que cette journée était un dimanche. Je fus fâché de me trouver au milieu d'une si grande foule, et j'aurais bien voulu n'être pas entré. Mais il n'était plus temps, et le meilleur était de me tirer hardiment d'affaire. Je me fis donc servir de la bière, du pain et du fromage, et me mis à manger rapidement, sans m'occuper des regards fixés sur moi et des propos tenus sur mon compte. J'étais assis depuis peu de temps, lorsqu'une troupe de jeunes gens entra bruyamment dans la salle, en chantant un air patriotique, le Wachtam Rhein. C'étaient des garçons de seize à vingt ans, dont l'entrée ne m'eût point inquiété si, en levant les yeux, je ne m'étais aperçu qu'ils traînaie un de ces petits drapeaux français que les marchands met-tent à leur étalage les jours de foire. Ils le lançaient en l'air, se le renvoyaient avec le poing comme un volant, le piétinaient en hurlant et accompa-gnaient leur misérable jeu d'insultes grossières. | 6 | 0.003233 | 0.016854 |
393.txt | 1,882 | 18 ETUDES DE PHYSIOLOGIE VI Peut-être, avons-nous dit, la préférence accordée au coeur est-elle venue de l'idée que cet organe serait plus facile que d'autres à être recueilli et conservé probablement, il en a été ainsi nous disons probablement, car cette pensée a été une sorte d'instinct sur lequel on ne s'est pas expliqué. Ce motif a dû se joindre à l'autre, basé sur l'importance extrême de l'organe et, à eux deux, ils ont dû faire une raison déterminante et suffisante. Que l'on remarque ce mot, employé par nous pensée instinc-tive. Si, en effet, on avait adopté une opinion réfléchie, peut-être aurait-on renoncé à un désir, naturel sans aucun doute, mais irréalisable. Certes, les momies égyptiennes sont un témoignage d'une vie antérieure, témoignage conservé pendant des siècles, avec piété, survivant même aux nations disparues. Mais que sont ces représentations, comme pétrifiées, d'un corps qui était vivant, et d'une'âme qui sentait et souffrait? Il faut les respecter, les admirer même puisqu'elles sont le reste d'hommes et l'oeuvre de la volonté humaine. Nous, si savants et si civilisés, nous sommes loin d'espérer atteindre une pareille conservation. Et si on le pouvait, car la chimie le pourrait peut-être, on semble ne vouloir pas Le désirer, comme si ces images imparfaites et mortes étaient trop loin de la vérité. Et alors on se réduit à une partie de soi-même, étroite et petite. Depuis combien de temps? Ce serait à rechercher. J'ai déjà indiqué que je n'avais pas l'intention de faire à ce sujet un travail historique. L'homme a varié ses désirs et ses coutumes d'après la mort. Il a voulu être brûlé, et l'on a conservé ses cendres, les exposant dans des urnes sur la voie publique hors des villes, tantôt pour la vanité du mort, tantôt pour la reconnaissance intéressée des héritiers. Le christianisme a établi la coutume respectueuse de déposer dans la terre un corps qui doit revivre entier un jour 1. Et ce n'est que dans des cas rares que l'on a ôté le coeur, pour le conserver séparément. Ce dernier usage était suivi généralement dans les maisons 1 Aux derniers temps de l'État romain et à l'époque gallo-romaine, sur le corps mis en terre et sur la pierre qui le couvrait, on inscrivait cette épi-graphe CA. DA. VER. caro data vermibus, d'où on a fait cadaver, cadavre, qui veut dire chair donnée aux vers. | 18 ETUDES DE PHYSIOLOGIE VI Peut-être, avons-nous dit, la préférence accordée au coeur est-elle venue de l'idée que cet organe serait plus facile que d'autres à être recueilli et conservé probablement, il en a été ainsi nous disons probablement, car cette pensée a été une sorte d'instinct sur lequel on ne s'est pas expliqué. Ce motif a dû se joindre à l'autre, basé sur l'importance extrême de l'organe et, à eux deux, ils ont dû faire une raison déterminante et suffisante. Que l'on remarque ce mot, employé par nous pensée instinc-tive. Si, en effet, on avait adopté une opinion réfléchie, peut-être aurait-on renoncé à un désir, naturel sans aucun doute, mais irréalisable. Certes, les momies égyptiennes sont un témoignage d'une vie antérieure, témoignage conservé pendant des siècles, avec piété, survivant même aux nations disparues. Mais que sont ces représentations, comme pétrifiées, d'un corps qui était vivant, et d'une'âme qui sentait et souffrait? Il faut les respecter, les admirer même puisqu'elles sont le reste d'hommes et l'oeuvre de la volonté humaine. Nous, si savants et si civilisés, nous sommes loin d'espérer atteindre une pareille conservation. Et si on le pouvait, car la chimie le pourrait peut-être, on semble ne vouloir pas Le désirer, comme si ces images imparfaites et mortes étaient trop loin de la vérité. Et alors on se réduit à une partie de soi-même, étroite et petite. Depuis combien de temps? Ce serait à rechercher. J'ai déjà indiqué que je n'avais pas l'intention de faire à ce sujet un travail historique. L'homme a varié ses désirs et ses coutumes d'après la mort. Il a voulu être brûlé, et l'on a conservé ses cendres, les exposant dans des urnes sur la voie publique hors des villes, tantôt pour la vanité du mort, tantôt pour la reconnaissance intéressée des héritiers. Le christianisme a établi la coutume respectueuse de déposer dans la terre un corps qui doit revivre entier un jour 1. Et ce n'est que dans des cas rares que l'on a ôté le coeur, pour le conserver séparément. Ce dernier usage était suivi généralement dans les maisons 1 Aux derniers temps de l'État romain et à l'époque gallo-romaine, sur le corps mis en terre et sur la pierre qui le couvrait, on inscrivait cette épi-graphe CA. DA. VER. caro data vermibus, d'où on a fait cadav@er, cadavre, qui veut dire chair donnée aux vers. | 18 ETUDES DE PHYSIOLOGIE VI Peut-être, avons-nous dit, la préférence accordée au coeur est-elle venue de l'idée que cet organe serait plus facile que d'autres à être recueilli et conservé probablement, il en a été ainsi nous disons probablement, car cette pensée a été une sorte d'instinct sur lequel on ne s'est pas expliqué. Ce motif a dû se joindre à l'autre, basé sur l'importance extrême de l'organe et, à eux deux, ils ont dû faire une raison déterminante et suffisante. Que l'on remarque ce mot, employé par nous pensée instinc-tive. Si, en effet, on avait adopté une opinion réfléchie, peut-être aurait-on renoncé à un désir, naturel sans aucun doute, mais irréalisable. Certes, les momies égyptiennes sont un témoignage d'une vie antérieure, témoignage conservé pendant des siècles, avec piété, survivant même aux nations disparues. Mais que sont ces représentations, comme pétrifiées, d'un corps qui était vivant, et d'une âme qui sentait et souffrait? Il faut les respecter, les admirer même puisqu'elles sont le reste d'hommes et l'oeuvre de la volonté humaine. Nous, si savants et si civilisés, nous sommes loin d'espérer atteindre une pareille conservation. Et si on le pouvait, car la chimie le pourrait peut-être, on semble ne vouloir pas le désirer, comme si ces images imparfaites et mortes étaient trop loin de la vérité. Et alors on se réduit à une partie de soi-même, étroite et petite. Depuis combien de temps? Ce serait à rechercher. J'ai déjà indiqué que je n'avais pas l'intention de faire à ce sujet un travail historique. L'homme a varié ses désirs et ses coutumes d'après la mort. Il a voulu être brûlé, et l'on a conservé ses cendres, les exposant dans des urnes sur la voie publique hors des villes, tantôt pour la vanité du mort, tantôt pour la reconnaissance intéressée des héritiers. Le christianisme a établi la coutume respectueuse de déposer dans la terre un corps qui doit revivre entier un jour 1. Et ce n'est que dans des cas rares que l'on a ôté le coeur, pour le conserver séparément. Ce dernier usage était suivi généralement dans les maisons 1 Aux derniers temps de l'État romain et à l'époque gallo-romaine, sur le corps mis en terre et sur la pierre qui le couvrait, on inscrivait cette épi-graphe CA. DA. VER. caro data vermibus, d'où on a fait cadavrer, cadavre, qui veut dire chair donnée aux vers. | 18 ETUDES DE PHYSIOLOGIE VI Peut-être, avons-nous dit, la préférence accordée au coeur est-elle venue de l'idée que cet organe serait plus facile que d'autres à être recueilli et conservé probablement, il en a été ainsi nous disons probablement, car cette pensée a été une sorte d'instinct sur lequel on ne s'est pas expliqué. Ce motif a dû se joindre à l'autre, basé sur l'importance extrême de l'organe et, à eux deux, ils ont dû faire une raison déterminante et suffisante. Que l'on remarque ce mot, employé par nous pensée instinc-tive. Si, en effet, on avait adopté une opinion réfléchie, peut-être aurait-on renoncé à un désir, naturel sans aucun doute, mais irréalisable. Certes, les momies égyptiennes sont un témoignage d'une vie antérieure, témoignage conservé pendant des siècles, avec piété, survivant même aux nations disparues. Mais que sont ces représentations, comme pétrifiées, d'un corps qui était vivant, et d'une âme qui sentait et souffrait? Il faut les respecter, les admirer même puisqu'elles sont le reste d'hommes et l'oeuvre de la volonté humaine. Nous, si savants et si civilisés, nous sommes loin d'espérer atteindre une pareille conservation. Et si on le pouvait, car la chimie le pourrait peut-être, on semble ne vouloir pas le désirer, comme si ces images imparfaites et mortes étaient trop loin de la vérité. Et alors on se réduit à une partie de soi-même, étroite et petite. Depuis combien de temps? Ce serait à rechercher. J'ai déjà indiqué que je n'avais pas l'intention de faire à ce sujet un travail historique. L'homme a varié ses désirs et ses coutumes d'après la mort. Il a voulu être brûlé, et l'on a conservé ses cendres, les exposant dans des urnes sur la voie publique hors des villes, tantôt pour la vanité du mort, tantôt pour la reconnaissance intéressée des héritiers. Le christianisme a établi la coutume respectueuse de déposer dans la terre un corps qui doit revivre entier un jour 1. Et ce n'est que dans des cas rares que l'on a ôté le coeur, pour le conserver séparément. Ce dernier usage était suivi généralement dans les maisons 1 Aux derniers temps de l'État romain et à l'époque gallo-romaine, sur le corps mis en terre et sur la pierre qui le couvrait, on inscrivait cette épi-graphe CA. DA. VER. caro data vermibus, d'où on a fait cadavrer, cadavre, qui veut dire chair donnée aux vers. | 18 ETUDES DE PHYSIOLOGIE VI Peut-être, avons-nous dit, la préférence accordée au coeur est-elle venue de l'idée que cet organe serait plus facile que d'autres à être recueilli et conservé probablement, il en a été ainsi nous disons probablement, car cette pensée a été une sorte d'instinct sur lequel on ne s'est pas expliqué. Ce motif a dû se joindre à l'autre, basé sur l'importance extrême de l'organe et, à eux deux, ils ont dû faire une raison déterminante et suffisante. Que l'on remarque ce mot, employé par nous pensée instinc-tive. Si, en effet, on avait adopté une opinion réfléchie, peut-être aurait-on renoncé à un désir, naturel sans aucun doute, mais irréalisable. Certes, les momies égyptiennes sont un témoignage d'une vie antérieure, témoignage conservé pendant des siècles, avec piété, survivant même aux nations disparues. Mais que sont ces représentations, comme pétrifiées, d'un corps qui était vivant, et d'une âme qui sentait et souffrait? Il faut les respecter, les admirer même puisqu'elles sont le reste d'hommes et l'oeuvre de la volonté humaine. Nous, si savants et si civilisés, nous sommes loin d'espérer atteindre une pareille conservation. Et si on le pouvait, car la chimie le pourrait peut-être, on semble ne vouloir pas le désirer, comme si ces images imparfaites et mortes étaient trop loin de la vérité. Et alors on se réduit à une partie de soi-même, étroite et petite. Depuis combien de temps? Ce serait à rechercher. J'ai déjà indiqué que je n'avais pas l'intention de faire à ce sujet un travail historique. L'homme a varié ses désirs et ses coutumes d'après la mort. Il a voulu être brûlé, et l'on a conservé ses cendres, les exposant dans des urnes sur la voie publique hors des villes, tantôt pour la vanité du mort, tantôt pour la reconnaissance intéressée des héritiers. Le christianisme a établi la coutume respectueuse de déposer dans la terre un corps qui doit revivre entier un jour 1. Et ce n'est que dans des cas rares que l'on a ôté le coeur, pour le conserver séparément. Ce dernier usage était suivi généralement dans les maisons 1 Aux derniers temps de l'État romain et à l'époque gallo-romaine, sur le corps mis en terre et sur la pierre qui le couvrait, on inscrivait cette épi-graphe CA. DA. VER. caro data vermibus, d'où on a fait cadavrer, cadavre, qui veut dire chair donnée aux vers. | 3 | 0.001279 | 0.006623 |
620.txt | 1,886 | 154 L'ART DE MAGNÉTISER d'un phénomène très connu, transporté au sein de la machine humaine, où l'on n'a pas l'habitude de le voir se produire, mais où il se réalisera infailliblement si l'on n'y prend garde. C'est toujours avec une répugnance extrême que l'on doit voir surgir toute invention qui tend à répandre dans la vie commune l'usage des liquides combustibles. L'éther est un des plus à craindre. Manié dans des laboratoires par des mains exercées, il ne laisse pas que de donner lieu, de temps en temps, à des événements déplorables qne sera-ce donc si l'on s'en sert inconsidérément dans une salle d'hôpital ? C'est aux chefs de service et aux internes en pharmacie, qui ont des connaissances précises à ce sujet, d'apporter, dans les essais très louables qui vont se faire de toutes parts, une extrême circonspection. Ces réflexions nous étaient suggérées, en 1846, par l'éther et le chloroforme. Les conséquences, les accidents nom-breux, et même la mort, sont venus désenchanter les parti-sans de ces deux anesthésiques, et maintenant il est peu de médecins qui., hors des hôpitaux, osent les employer, malgré toutes les précautions et l'expérience acquise par la pratique. Aujourd'hui, c'est l'hypnotisme qui surgit quoique nous ayons parlé autrefois du moyen prôné par M. Braid, nous ne pouvons nous dispenser, au moment où le monde savant semble s'en occuper sérieusement comme d'un nouveau moyen anesthésique, de rapporter ici ce que nous en disions, et d'en dire ce que nous en pensons auj ourd'hui, puisque 4'une des plus grandes notabilités médicales lui a accordé son patronage et l'a présenté à l'Académie. En 1841, lorsque M. Braid présenta, à Manchester, ces effets qu'on appelle aujourd'hui hypnotisme, ce fut surtout pDur démontrer que le magnétisme n'existait pas. C'était à l'aide d'un bouchon placé sur le front qu'il opé-rait et qu'il prétendait obtenir du sommeil, de l'insensibilité, de la catalepsie il alla même jusqu'à prétendre présenter le phénomène de la lucidité. Voulant alors nous rendre compte des phénomènes qui pouvaient être produits par ce moyen, nous fîmes, de concert avec plusieurs médecins et plusieurs savants, des expé- | 154 L'ART DE MAGNÉTISER d'un phénomène très connu, transporté au sein de la machine humaine, où l'on n'a pas l'habitude de le voir se produire, mais où il se réalisera infailliblement si l'on n'y prend garde. C'est toujours avec une répugnance extrême que l'on doit voir surgir toute invention qui tend à répandre dans la vie commune l'usage des liquides combustibles. L'éther est un des plus à craindre. Manié dans des laboratoires par des mains exercées, il ne laisse pas que de donner lieu, de temps en temps, à des événements déplorables qne sera-ce donc si l'on s'en sert inconsidérément dans une salle d'hôpital ? C'est aux chefs de service et aux internes en pharmacie, qui ont des connaissances précises à ce sujet, d'apporter, dans les essais très louables qui vont se faire de toutes parts, une extrême circonspection. Ces réflexions nous étaient suggérées, en 1846, par l'éther et le chloroforme. Les conséquences, les accidents nom-breux, et même la mort, sont venus désenchanter les parti-sans de ces deux anesthésiques, et maintenant il est peu de médecins qui., hors des hôpitaux, osent les employer, malgré toutes les précautions et l'expérience acquise par la pratique. Aujourd'hui, c'est l'hypnotisme qui surgit quoique nous ayons parlé autrefois du moyen prôné par M. Braid, nous ne pouvons nous dispenser, au moment où le monde savant semble s'en occuper sérieusement comme d'un nouveau moyen anesthésique, de rapporter ici ce que nous en disions, et d'en dire ce que nous en pensons auj ourd'hui, puisque 4'une des plus grandes notabilités médicales lui a accordé son patronage et l'a présenté à l'Académie. En 1841, lorsque M. Braid présenta, à Manchester, ces effets qu'on appelle aujourd'hui hypnotisme, ce fut surtout pDur démontrer que le magnétisme n'existait pas. C'était à l'aide d'un bouchon placé sur le front qu'il opé-rait et qu'il prétendait obtenir du sommeil, de l'insensibilité, de la catalepsie il alla même jusqu'à prétendre présenter le phénomène de la lucidité. Voulant alors nous rendre compte des phénomènes qui pouvaient être produits par ce moyen, nous fîmes, de concert avec plusieurs médecins et plusieurs savants, des expé- | 154 L'ART DE MAGNÉTISER d'un phènomène très connu, transporté au sein de la machine humaine, où l'on n'a pas l'habitude de le voir se produire, mais où il se réalisera infailliblement si l'on n'y prend garde. C'est toujours avec une répugnance extrême que l'on doit voir surgir toute invention qui tend à répandre dans la vie commune l'usage des liquides combustibles. L'éther est un des plus à craindre. Manié dans des laboratoires par des mains exercées, il ne laisse pas que de donner lieu, de temps en temps, à des événements déplorables que sera-ce donc si l'on s'en sert inconsidérément dans une salle d'hôpital@? C'est aux chefs de service et aux internes en pharmacie, qui ont des connaissances précises à ce sujet, d'apporter, dans les essais très louables qui vont se faire de toutes parts, une extrême circonspection. Ces réflexions nous étaient suggérées, en 1846, par l'éther et le chloroforme. Les conséquences, les accidents nom-breux, et même la mort, sont venus désenchanter les parti-sans de ces deux anesthésiques, et maintenant il est peu de médecins qui@, hors des hôpitaux, osent les employer, malgré toutes les précautions et l'expérience acquise par la pratique. Aujourd'hui, c'est l'hypnotisme qui surgit quoique nous ayons parlé autrefois du moyen prôné par M. Braid, nous ne pouvons nous dispenser, au moment où le monde savant semble s'en occuper sérieusement comme d'un nouveau moyen anesthésique, de rapporter ici ce que nous en disions, et d'en dire ce que nous en pensons auj@ourd'hui, puisque l'une des plus grandes notabilités médicales lui a accordé son patronage et l'a présenté à l'Académie. En 1841, lorsque M. Braid présenta, à Manchester, ces effets qu'on appelle aujourd'hui hypnotisme, ce fut surtout pour démontrer que le magnétisme n'existait pas. C'était à l'aide d'un bouchon placé sur le front qu'il opé-rait et qu'il prétendait obtenir du sommeil, de l'insensibilité, de la catalepsie il alla même jusqu'à prétendre présenter le phénomène de la lucidité. Voulant alors nous rendre compte des phénomènes qui pouvaient être produits par ce moyen, nous fîmes, de concert avec plusieurs médecins et plusieurs savants, des expé- | 154 L'ART DE MAGNÉTISER d'un phènomène très connu, transporté au sein de la machine humaine, où l'on n'a pas l'habitude de le voir se produire, mais où il se réalisera infailliblement si l'on n'y prend garde. C'est toujours avec une répugnance extrême que l'on doit voir surgir toute invention qui tend à répandre dans la vie commune l'usage des liquides combustibles. L'éther est un des plus à craindre. Manié dans des laboratoires par des mains exercées, il ne laisse pas que de donner lieu, de temps en temps, à des événements déplorables que sera-ce donc si l'on s'en sert inconsidérément dans une salle d'hôpital@? C'est aux chefs de service et aux internes en pharmacie, qui ont des connaissances précises à ce sujet, d'apporter, dans les essais très louables qui vont se faire de toutes parts, une extrême circonspection. Ces réflexions nous étaient suggérées, en 1846, par l'éther et le chloroforme. Les conséquences, les accidents nom-breux, et même la mort, sont venus désenchanter les parti-sans de ces deux anesthésiques, et maintenant il est peu de médecins qui@, hors des hôpitaux, osent les employer, malgré toutes les précautions et l'expérience acquise par la pratique. Aujourd'hui, c'est l'hypnotisme qui surgit quoique nous ayons parlé autrefois du moyen prôné par M. Braid, nous ne pouvons nous dispenser, au moment où le monde savant semble s'en occuper sérieusement comme d'un nouveau moyen anesthésique, de rapporter ici ce que nous en disions, et d'en dire ce que nous en pensons auj@ourd'hui, puisque l'une des plus grandes notabilités médicales lui a accordé son patronage et l'a présenté à l'Académie. En 1841, lorsque M. Braid présenta, à Manchester, ces effets qu'on appelle aujourd'hui hypnotisme, ce fut surtout pour démontrer que le magnétisme n'existait pas. C'était à l'aide d'un bouchon placé sur le front qu'il opé-rait et qu'il prétendait obtenir du sommeil, de l'insensibilité, de la catalepsie il alla même jusqu'à prétendre présenter le phénomène de la lucidité. Voulant alors nous rendre compte des phénomènes qui pouvaient être produits par ce moyen, nous fîmes, de concert avec plusieurs médecins et plusieurs savants, des expé- | 154 L'ART DE MAGNÉTISER d'un phènomène très connu, transporté au sein de la machine humaine, où l'on n'a pas l'habitude de le voir se produire, mais où il se réalisera infailliblement si l'on n'y prend garde. C'est toujours avec une répugnance extrême que l'on doit voir surgir toute invention qui tend à répandre dans la vie commune l'usage des liquides combustibles. L'éther est un des plus à craindre. Manié dans des laboratoires par des mains exercées, il ne laisse pas que de donner lieu, de temps en temps, à des événements déplorables que sera-ce donc si l'on s'en sert inconsidérément dans une salle d'hôpital? C'est aux chefs de service et aux internes en pharmacie, qui ont des connaissances précises à ce sujet, d'apporter, dans les essais très louables qui vont se faire de toutes parts, une extrême circonspection. Ces réflexions nous étaient suggérées, en 1846, par l'éther et le chloroforme. Les conséquences, les accidents nom-breux, et même la mort, sont venus désenchanter les parti-sans de ces deux anesthésiques, et maintenant il est peu de médecins qui, hors des hôpitaux, osent les employer, malgré toutes les précautions et l'expérience acquise par la pratique. Aujourd'hui, c'est l'hypnotisme qui surgit quoique nous ayons parlé autrefois du moyen prôné par M. Braid, nous ne pouvons nous dispenser, au moment où le monde savant semble s'en occuper sérieusement comme d'un nouveau moyen anesthésique, de rapporter ici ce que nous en disions, et d'en dire ce que nous en pensons aujourd'hui, puisque l'une des plus grandes notabilités médicales lui a accordé son patronage et l'a présenté à l'Académie. En 1841, lorsque M. Braid présenta, à Manchester, ces effets qu'on appelle aujourd'hui hypnotisme, ce fut surtout pour démontrer que le magnétisme n'existait pas. C'était à l'aide d'un bouchon placé sur le front qu'il opé-rait et qu'il prétendait obtenir du sommeil, de l'insensibilité, de la catalepsie il alla même jusqu'à prétendre présenter le phénomène de la lucidité. Voulant alors nous rendre compte des phénomènes qui pouvaient être produits par ce moyen, nous fîmes, de concert avec plusieurs médecins et plusieurs savants, des expé- | 7 | 0.003229 | 0.015113 |
146.txt | 1,864 | -88 -dire Vous êtes des rebelles et des coupables dont ma colère aura raison. Le roi multipliait les lettres de cachet et d'exil contre les parlemen-taires 1 les plus violents pour empêcher le dé-sordre, mesures qui ne faisaient qu'irriter l'opi-nion et accroître la popularité des opposants. A toutes les époques l'opposition a ses héros, esprits inquiets pour le plupart, qu'elle élève faslueuse-ment à la taille des grands hommes quelques années plus tard on n'en parle plus, et c'est le châtiment des ovations extrêmes. Le jansénisme, s'exaltanttoujours, voulut avoir son bienheureux faisant miracles, objet d'un culte particulier, et bientôt retentit le nom du diacre Paris, de race parlementaire, d'un caractère au reste fort respectable et dévoué aux bonnes oeu-vres son manteau, il l'aurait partagé comme saint Martin entre les pauvres rien n'était à lui, pas même les fruits de son jardin 2 mais toutes ces vertus n'auraient mérité que des respects particu-liers si le diacre Paris, janséniste outré, n'avait été le plus bruyant ennemi de la bulle Unigenitus. Le diacre approchait à peine des sacrements, car il ne 1 Les registres du Parlement, 1730-1736, contiennent un grand nombre de ces arrêts et des remontrances. 2 Un grave magistrat, M. de Montgeron, a écrit la Vie et les miracles du diacre Pâris 1 vol. in-fol. Il demeurait dans le faubourg Saint-Marcel, où se faisaient les miracles. | -88 -dire Vous êtes des rebelles et des coupables dont ma colère aura raison. Le roi multipliait les lettres de cachet et d'exil contre les parlemen-taires 1 les plus violents pour empêcher le dé-sordre, mesures qui ne faisaient qu'irriter l'opi-nion et accroître la popularité des opposants. A toutes les époques l'opposition a ses héros, esprits inquiets pour le plupart, qu'elle élève faslueuse-ment à la taille des grands hommes quelques années plus tard on n'en parle plus, et c'est le châtiment des ovations extrêmes. Le jansénisme, s'exaltant@toujours, voulut avoir son bienheureux faisant miracles, objet d'un culte particulier, et bientôt retentit le nom du diacre Paris, de race parlementaire, d'un caractère au reste fort respectable et dévoué aux bonnes oeu-vres son manteau, il l'aurait partagé comme saint Martin entre les pauvres rien n'était à lui, pas même les fruits de son jardin 2 mais toutes ces vertus n'auraient mérité que des respects particu-liers si le diacre Paris, janséniste outré, n'avait été le plus bruyant ennemi de la bulle Unigenitus. Le diacre approchait à peine des sacrements, car il ne 1 Les registres du Parlement, 1730-1736, contiennent un grand nombre de ces arrêts et des remontrances. 2 Un grave magistrat, M. de Montgeron, a écrit la Vie et les miracles du diacre Pâris 1 vol. in-fol. Il demeurait dans le faubourg Saint-Marcel, où se faisaient les miracles. | ######### Vous êtes des rebelles et des coupables dont ma colère aura raison. Le roi multipliait les lettres de cachet et d'exil contre les parlemen-taires 1 les plus violents pour empêcher le dé-sordre, mesures qui ne faisaient qu'irriter l'opi-nion et accroître la popularité des opposants. A toutes les époques l'opposition a ses héros, esprits inquiets pour le plupart, qu'elle élève faslueuse-ment à la taille des grands hommes quelques années plus tard on n'en parle plus, et c'est le châtiment des ovations extrêmes. Le jansénisme, s'exaltant toujours, voulut avoir son bienheureux faisant miracles, objet d'un culte particulier, et bientôt retentit le nom du diacre Pâris, de race parlementaire, d'un caractère au reste fort respectable et dévoué aux bonnes oeu-vres son manteau, il l'aurait partagé comme saint Martin entre les pauvres rien n'était à lui, pas même les fruits de son jardin 2 mais toutes ces vertus n'auraient mérité que des respects particu-liers si le diacre Pâris, janséniste outré, n'avait été le plus bruyant ennemi de la bulle Unigenitus. Le diacre approchait à peine des sacrements, car il ne 1 Les registres du Parlement, 1730-1736, contiennent un grand nombre de ces arrêts et des remontrances. 2 Un grave magistrat, M. de Montgeron, a écrit la Vie et les miracles du diacre Pâris 1 vol. in-fol. Il demeurait dans le faubourg Saint-Marcel, où se faisaient les miracles. | -88 -dire Vous êtes des rebelles et des coupables dont ma colère aura raison. Le roi multipliait les lettres de cachet et d'exil contre les parlemen-taires 1 les plus violents pour empêcher le dé-sordre, mesures qui ne faisaient qu'irriter l'opi-nion et accroître la popularité des opposants. A toutes les époques l'opposition a ses héros, esprits inquiets pour le plupart, qu'elle élève faslueuse-ment à la taille des grands hommes quelques années plus tard on n'en parle plus, et c'est le châtiment des ovations extrêmes. Le jansénisme, s'exaltant toujours, voulut avoir son bienheureux faisant miracles, objet d'un culte particulier, et bientôt retentit le nom du diacre Pâris, de race parlementaire, d'un caractère au reste fort respectable et dévoué aux bonnes oeu-vres son manteau, il l'aurait partagé comme saint Martin entre les pauvres rien n'était à lui, pas même les fruits de son jardin 2 mais toutes ces vertus n'auraient mérité que des respects particu-liers si le diacre Pâris, janséniste outré, n'avait été le plus bruyant ennemi de la bulle Unigenitus. Le diacre approchait à peine des sacrements, car il ne 1 Les registres du Parlement, 1730-1736, contiennent un grand nombre de ces arrêts et des remontrances. 2 Un grave magistrat, M. de Montgeron, a écrit la Vie et les miracles du diacre Pâris 1 vol. in-fol. Il demeurait dans le faubourg Saint-Marcel, où se faisaient les miracles. | -88 -dire Vous êtes des rebelles et des coupables dont ma colère aura raison. Le roi multipliait les lettres de cachet et d'exil contre les parlemen-taires 1 les plus violents pour empêcher le dé-sordre, mesures qui ne faisaient qu'irriter l'opi-nion et accroître la popularité des opposants. A toutes les époques l'opposition a ses héros, esprits inquiets pour le plupart, qu'elle élève faslueuse-ment à la taille des grands hommes quelques années plus tard on n'en parle plus, et c'est le châtiment des ovations extrêmes. Le jansénisme, s'exaltant toujours, voulut avoir son bienheureux faisant miracles, objet d'un culte particulier, et bientôt retentit le nom du diacre Pâris, de race parlementaire, d'un caractère au reste fort respectable et dévoué aux bonnes oeu-vres son manteau, il l'aurait partagé comme saint Martin entre les pauvres rien n'était à lui, pas même les fruits de son jardin 2 mais toutes ces vertus n'auraient mérité que des respects particu-liers si le diacre Pâris, janséniste outré, n'avait été le plus bruyant ennemi de la bulle Unigenitus. Le diacre approchait à peine des sacrements, car il ne 1 Les registres du Parlement, 1730-1736, contiennent un grand nombre de ces arrêts et des remontrances. 2 Un grave magistrat, M. de Montgeron, a écrit la Vie et les miracles du diacre Pâris 1 vol. in-fol. Il demeurait dans le faubourg Saint-Marcel, où se faisaient les miracles. | 3 | 0.002138 | 0.011858 |
152.txt | 1,864 | -108 -chasses du roi à Rambouillet. On s'était vu dans les soupers à la Richelieu, la tête un peu ardente et par conséquent avec le coeur facile. Rieuse, un peu bacchante à table, madame de Mailly répé-tait les plus spirituels propos, et par-dessus tout d'unebonté, d'une indulgence incomparables dire comment le roi l'aima, ce serait raconter une de ces intrigues qui ont toujours la même origine, le même dénoûment les pamphlets en parlent tous dans des termes lascifs, mais tous répètent aussi que la comtesse de Mailly aimait le roi pour lui-même avec un rare désintéressement on pouvait même dire que ce désintéressement avait quelque chose d'affecté, et un journaliste du temps raconte l'anecdote que voici Madame de Mailly connaissait le marquis de la Chatardie, nommé ambassadeur auprès de la czarine quand le marquis alla prendre congé de la comtesse, il lui offrit ses ser-vices à la cour de Russie. Madame de Mailly le remercia puis, comme toutes les femmes, elle fit réflexion que c'était dans ce pays qu'on avait les belles peaux elles riches fourrures elle pria donc le marquis de lui faire l'emplette d'une fourrure et de deux perses, en lui recommandant que la fourrure ne dépassât pas trois cents livres et les deux perses à proportion, parce qu'elle ne voulait pas du beau, qu'elle n'était pas assez riche pour | -108 -chasses du roi à Rambouillet. On s'était vu dans les soupers à la Richelieu, la tête un peu ardente et par conséquent avec le coeur facile. Rieuse, un peu bacchante à table, madame de Mailly répé-tait les plus spirituels propos, et par-dessus tout d'une@bonté, d'une indulgence incomparables dire comment le roi l'aima, ce serait raconter une de ces intrigues qui ont toujours la même origine, le même dénoûment les pamphlets en parlent tous dans des termes lascifs, mais tous répètent aussi que la comtesse de Mailly aimait le roi pour lui-même avec un rare désintéressement on pouvait même dire que ce désintéressement avait quelque chose d'affecté, et un journaliste du temps raconte l'anecdote que voici Madame de Mailly connaissait le marquis de la Chatardie, nommé ambassadeur auprès de la czarine quand le marquis alla prendre congé de la comtesse, il lui offrit ses ser-vices à la cour de Russie. Madame de Mailly le remercia puis, comme toutes les femmes, elle fit réflexion que c'était dans ce pays qu'on avait les belles peaux e@lles riches fourrures elle pria donc le marquis de lui faire l'emplette d'une fourrure et de deux perses, en lui recommandant que la fourrure ne dépassât pas trois cents livres et les deux perses à proportion, parce qu'elle ne voulait pas du beau, qu'elle n'était pas assez riche pour | ############# du roi à Rambouillet. On s'était vu dans les soupers à la Richelieu, la tête un peu ardente et par conséquent avec le coeur facile. Rieuse, un peu bacchante à table, madame de Mailly répé-tait les plus spirituels propos, et par-dessus tout d'une bonté, d'une indulgence incomparables dire comment le roi l'aima, ce serait raconter une de ces intrigues qui ont toujours la même origine, le même dénoûment les pamphlets en parlent tous dans des termes lascifs, mais tous répètent aussi que la comtesse de Mailly aimait le roi pour lui-même avec un rare désintéressement on pouvait même dire que ce désintéressement avait quelque chose d'affecté, et un journaliste du temps raconte l'anecdote que voici Madame de Mailly connaissait le marquis de la Chatardie, nommé ambassadeur auprès de la czarine quand le marquis alla prendre congé de la comtesse, il lui offrit ses ser-vices à la cour de Russie. Madame de Mailly le remercia puis, comme toutes les femmes, elle fit réflexion que c'était dans ce pays qu'on avait les belles peaux et les riches fourrures elle pria donc le marquis de lui faire l'emplette d'une fourrure et de deux perses, en lui recommandant que la fourrure ne dépassât pas trois cents livres et les deux perses à proportion, parce qu'elle ne voulait pas du beau, qu'elle n'était pas assez riche pour | -108 -chasses du roi à Rambouillet. On s'était vu dans les soupers à la Richelieu, la tête un peu ardente et par conséquent avec le coeur facile. Rieuse, un peu bacchante à table, madame de Mailly répé-tait les plus spirituels propos, et par-dessus tout d'une bonté, d'une indulgence incomparables dire comment le roi l'aima, ce serait raconter une de ces intrigues qui ont toujours la même origine, le même dénoûment les pamphlets en parlent tous dans des termes lascifs, mais tous répètent aussi que la comtesse de Mailly aimait le roi pour lui-même avec un rare désintéressement on pouvait même dire que ce désintéressement avait quelque chose d'affecté, et un journaliste du temps raconte l'anecdote que voici Madame de Mailly connaissait le marquis de la Chatardie, nommé ambassadeur auprès de la czarine quand le marquis alla prendre congé de la comtesse, il lui offrit ses ser-vices à la cour de Russie. Madame de Mailly le remercia puis, comme toutes les femmes, elle fit réflexion que c'était dans ce pays qu'on avait les belles peaux et les riches fourrures elle pria donc le marquis de lui faire l'emplette d'une fourrure et de deux perses, en lui recommandant que la fourrure ne dépassât pas trois cents livres et les deux perses à proportion, parce qu'elle ne voulait pas du beau, qu'elle n'était pas assez riche pour | -108 -chasses du roi à Rambouillet. On s'était vu dans les soupers à la Richelieu, la tête un peu ardente et par conséquent avec le coeur facile. Rieuse, un peu bacchante à table, madame de Mailly répé-tait les plus spirituels propos, et par-dessus tout d'une bonté, d'une indulgence incomparables dire comment le roi l'aima, ce serait raconter une de ces intrigues qui ont toujours la même origine, le même dénoûment les pamphlets en parlent tous dans des termes lascifs, mais tous répètent aussi que la comtesse de Mailly aimait le roi pour lui-même avec un rare désintéressement on pouvait même dire que ce désintéressement avait quelque chose d'affecté, et un journaliste du temps raconte l'anecdote que voici Madame de Mailly connaissait le marquis de la Chatardie, nommé ambassadeur auprès de la czarine quand le marquis alla prendre congé de la comtesse, il lui offrit ses ser-vices à la cour de Russie. Madame de Mailly le remercia puis, comme toutes les femmes, elle fit réflexion que c'était dans ce pays qu'on avait les belles peaux et les riches fourrures elle pria donc le marquis de lui faire l'emplette d'une fourrure et de deux perses, en lui recommandant que la fourrure ne dépassât pas trois cents livres et les deux perses à proportion, parce qu'elle ne voulait pas du beau, qu'elle n'était pas assez riche pour | 3 | 0.002256 | 0.012346 |
634.txt | 1,886 | 190 L'ART DE MAGNÉTISER sation générale. J'avais obtenu cet effet après un mois de magnétisation seulement tout le monde reconnut que c'était un fort beau résultat. Bientôt l'amélioration devint plus grande et plus continue et enfin, après deux mois et demi, M. Thilorier entendait comme tout le monde. C'était un bien grand changement pour lui qui n'avait jamais entendu sonner la pendule du salon de Mme Bonvalet, sa tante, et qui, la première fois qu'il l'entendît, demanda naïvement si autrefois elle sonnait . La guérison de M. Thilorier est une des plus remarquables que j'ai obtenues, car, chez lui, il y avait surdité de naissance et surdité produite et augmentée ensuite par un accident. Pour magnétiser dans un cas de surdité, il faut prendre les pouces afin de s'emparer du système nerveux, puis imposer les mains au-dessus de la tête à un ou deux pouces de distance faire ensuite quelques passes en descendant devant les oreilles jusqu'aux épaules. Puis, réunissant vos doigts en faisceaux, vous en pré-sentez la pointe devant les oreilles, vous tournez de gauche à droite à un pouce de distance. Après quinze minutes, vous soufflez chaud deux ou trois fois dans l'intérieur des oreilles. Vous recommencez le mouvement de rotation, puis vous touchez de temps en temps, avec le bout des doigts, le devant des oreilles pour réveiller la sensibilité vous descendez ensuite en partant des oreilles jusqu'aux épaules, en touchant le cou, afin d'entraîner s'il y a engorgement. J'ai souvent vu paraître de très grosses glandes au cou après une séance. Après ces passes, vous reprenez la première opération. Le tournoiement des doigts en face des oreilles semble mettre en mouvement les fluides et les humeurs qui se trouvent dans les oreilles et en dégager les organes qu'ils embarrassaient. Il faut aussi souffler chaud sur-le sommet de la tête. | 190 L'ART DE MAGNÉTISER sation générale. J'avais obtenu cet effet après un mois de magnétisation seulement tout le monde reconnut que c'était un fort beau résultat. Bientôt l'amélioration devint plus grande et plus continue et enfin, après deux mois et demi, M. Thilorier entendait comme tout le monde. C'était un bien grand changement pour lui qui n'avait jamais entendu sonner la pendule du salon de Mme Bonvalet, sa tante, et qui, la première fois qu'il l'entendît, demanda naïvement si autrefois elle sonnait . La guérison de M. Thilorier est une des plus remarquables que j'ai obtenues, car, chez lui, il y avait surdité de naissance et surdité produite et augmentée ensuite par un accident. Pour magnétiser dans un cas de surdité, il faut prendre les pouces afin de s'emparer du système nerveux, puis imposer les mains au-dessus de la tête à un ou deux pouces de distance faire ensuite quelques passes en descendant devant les oreilles jusqu'aux épaules. Puis, réunissant vos doigts en faisceaux, vous en pré-sentez la pointe devant les oreilles, vous tournez de gauche à droite à un pouce de distance. Après quinze minutes, vous soufflez chaud deux ou trois fois dans l'intérieur des oreilles. Vous recommencez le mouvement de rotation, puis vous touchez de temps en temps, avec le bout des doigts, le devant des oreilles pour réveiller la sensibilité vous descendez ensuite en partant des oreilles jusqu'aux épaules, en touchant le cou, afin d'entraîner s'il y a engorgement. J'ai souvent vu paraître de très grosses glandes au cou après une séance. Après ces passes, vous reprenez la première opération. Le tournoiement des doigts en face des oreilles semble mettre en mouvement les fluides et les humeurs qui se trouvent dans les oreilles et en dégager les organes qu'ils embarrassaient. Il faut aussi souffler chaud sur-le sommet de la tête. | 190 L'ART DE MAGNÉTISER sation générale. J'avais obtenu cet effet après un mois de magnétisation seulement tout le monde reconnut que c'était un fort beau résultat. Bientôt l'amélioration devint plus grande et plus continue et enfin, après deux mois et demi, M. Thilorier entendait comme tout le monde. C'était un bien grand changement pour lui qui n'avait jamais entendu sonner la pendule du salon de Mme Bonvalet, sa tante, et qui, la première fois qu'il l'entendit, demanda naïvement si autrefois elle sonnait . La guérison de M. Thilorier est une des plus remarquables que j'ai obtenues, car, chez lui, il y avait surdité de naissance et surdité produite et augmentée ensuite par un accident. Pour magnétiser dans un cas de surdité, il faut prendre les pouces afin de s'emparer du système nerveux, puis imposer les mains au-dessus de la tête à un ou deux pouces de distance faire ensuite quelques passes en descendant devant les oreilles jusqu'aux épaules. Puis, réunissant vos doigts en faisceaux, vous en pré-sentez la pointe devant les oreilles, vous tournez de gauche à droite à un pouce de distance. Après quinze minutes, vous soufflez chaud deux ou trois fois dans l'intérieur des oreilles. Vous recommencez le mouvement de rotation, puis vous touchez de temps en temps, avec le bout des doigts, le devant des oreilles pour réveiller la sensibilité vous descendez ensuite en partant des oreilles jusqu'aux épaules, en touchant le cou, afin d'entrainer s'il y a engorgement. J'ai souvent vu paraître de très grosses glandes au cou après une séance. Après ces passes, vous reprenez la première opération. Le tournoiement des doigts en face des oreilles semble mettre en mouvement les fluides et les humeurs qui se trouvent dans les oreilles et en dégager les organes qu'ils embarrassaient. Il faut aussi souffler chaud sur le sommet de la tête. | 190 L'ART DE MAGNÉTISER sation générale. J'avais obtenu cet effet après un mois de magnétisation seulement tout le monde reconnut que c'était un fort beau résultat. Bientôt l'amélioration devint plus grande et plus continue et enfin, après deux mois et demi, M. Thilorier entendait comme tout le monde. C'était un bien grand changement pour lui qui n'avait jamais entendu sonner la pendule du salon de Mme Bonvalet, sa tante, et qui, la première fois qu'il l'entendit, demanda naïvement si autrefois elle sonnait . La guérison de M. Thilorier est une des plus remarquables que j'ai obtenues, car, chez lui, il y avait surdité de naissance et surdité produite et augmentée ensuite par un accident. Pour magnétiser dans un cas de surdité, il faut prendre les pouces afin de s'emparer du système nerveux, puis imposer les mains au-dessus de la tête à un ou deux pouces de distance faire ensuite quelques passes en descendant devant les oreilles jusqu'aux épaules. Puis, réunissant vos doigts en faisceaux, vous en pré-sentez la pointe devant les oreilles, vous tournez de gauche à droite à un pouce de distance. Après quinze minutes, vous soufflez chaud deux ou trois fois dans l'intérieur des oreilles. Vous recommencez le mouvement de rotation, puis vous touchez de temps en temps, avec le bout des doigts, le devant des oreilles pour réveiller la sensibilité vous descendez ensuite en partant des oreilles jusqu'aux épaules, en touchant le cou, afin d'entrainer s'il y a engorgement. J'ai souvent vu paraître de très grosses glandes au cou après une séance. Après ces passes, vous reprenez la première opération. Le tournoiement des doigts en face des oreilles semble mettre en mouvement les fluides et les humeurs qui se trouvent dans les oreilles et en dégager les organes qu'ils embarrassaient. Il faut aussi souffler chaud sur le sommet de la tête. | 190 L'ART DE MAGNÉTISER sation générale. J'avais obtenu cet effet après un mois de magnétisation seulement tout le monde reconnut que c'était un fort beau résultat. Bientôt l'amélioration devint plus grande et plus continue et enfin, après deux mois et demi, M. Thilorier entendait comme tout le monde. C'était un bien grand changement pour lui qui n'avait jamais entendu sonner la pendule du salon de Mme Bonvalet, sa tante, et qui, la première fois qu'il l'entendit, demanda naïvement si autrefois elle sonnait . La guérison de M. Thilorier est une des plus remarquables que j'ai obtenues, car, chez lui, il y avait surdité de naissance et surdité produite et augmentée ensuite par un accident. Pour magnétiser dans un cas de surdité, il faut prendre les pouces afin de s'emparer du système nerveux, puis imposer les mains au-dessus de la tête à un ou deux pouces de distance faire ensuite quelques passes en descendant devant les oreilles jusqu'aux épaules. Puis, réunissant vos doigts en faisceaux, vous en pré-sentez la pointe devant les oreilles, vous tournez de gauche à droite à un pouce de distance. Après quinze minutes, vous soufflez chaud deux ou trois fois dans l'intérieur des oreilles. Vous recommencez le mouvement de rotation, puis vous touchez de temps en temps, avec le bout des doigts, le devant des oreilles pour réveiller la sensibilité vous descendez ensuite en partant des oreilles jusqu'aux épaules, en touchant le cou, afin d'entrainer s'il y a engorgement. J'ai souvent vu paraître de très grosses glandes au cou après une séance. Après ces passes, vous reprenez la première opération. Le tournoiement des doigts en face des oreilles semble mettre en mouvement les fluides et les humeurs qui se trouvent dans les oreilles et en dégager les organes qu'ils embarrassaient. Il faut aussi souffler chaud sur le sommet de la tête. | 3 | 0.00162 | 0.008902 |
84.txt | 1,821 | 30 sciences et des arts du Cap-Français, de l'Assemblée pro-vinciale du Nord et de la deuxième Assemblée coloniale J enfin, élu conseiller au Conseil supérieur du Gap, il se fit également distinguer par ses travaux, par son intégrité par son patriotisme comme savant et comme administra-' teur. Les secousses politiques dont la Colonie a été le théâtre du moment que la révolution française y fut connue, mirent de grands obstacles aux études favorites de PALISOT DE BEAU VOIS. Obligé de prendre part à la guerre terrible des blancs et des noirs , il se prononça contre l'affran-chissement de ceux-ci il publia même, en 1790, un écrit dans lequel, tout en s'élevant contre la traite querepoùs-sent également la raison, la prudence, la justice éter-nelle et même la politique, il improuve son abolition comme intempestive. Il en accuse les Anglais qui, voyant arec peine le haut degré de splendeur et de prospérité dés colonies, veulent arracher à la France, à l'Espagne et au Portugal, les moyens de les conserver s'emparer du monopole général de leurs denrées , et s'établir en maîtres sur les côtes de l'Afrique, comme ils l'ont fait sur lés-plages de l'Inde il en accuse WILBERFORCE qui, le premier, en 1788, se constitua l'appui des noirs il en accuse ceux qui, oubliant les plus chers intérêts dé la patrie, consentent aux plans des Anglais-, ses plus cruels ennemis et ne voyent pas qu'ils abusent des principes sacrés delà philantropie, non pas, comme les s 1 . pour défendre les droits de l'opprimé, mais peur détruire les revenus delà-France. Il consent bien à ce que là traite soit prohibée, mais il veut qu'elle le soit partiellement 1 Ils ont les premiers , en 1792 décrété l'abolition de la traite. | 30 sciences et des arts du Cap-Français, de l'Assemblée pro-vinciale du Nord et de la deuxième Assemblée coloniale J enfin, élu conseiller au Conseil supérieur du Gap, il se fit également distinguer par ses travaux, par son intégrité@@ par son patriotisme comme savant et comme administra-' teur. Les secousses politiques dont la Colonie a été le théâtre du moment que la révolution française y fut connue, mirent de grands obstacles aux études favorites de PALISOT DE BEAU VOIS. Obligé de prendre part à la guerre terrible des blancs et des noirs , il se prononça contre l'affran-chissement de ceux-ci il publia même, en 1790, un écrit dans lequel, tout en s'élevant contre la traite que@repoùs-sent également la raison, la prudence, la justice éter-nelle et même la politique, il improuve son abolition comme intempestive. Il en accuse les Anglais qui, voyant arec peine le haut degré de splendeur et de prospérité dés colonies, veulent arracher à la France, à l'Espagne et au Portugal, les moyens de les conserver s'emparer du monopole général de leurs denrées , et s'établir en maîtres sur les côtes de l'Afrique, comme ils l'ont fait sur lés-plages de l'Inde il en accuse WILBERFORCE qui, le premier, en 1788, se constitua l'appui des noirs il en accuse ceux qui, oubliant les plus chers intérêts dé la patrie, consentent aux plans des Anglais-, ses plus cruels ennemis et ne voyent pas qu'ils abusent des principes sacrés de@là philantropie, non pas, comme les @@@@@s 1 . pour défendre les droits de l'opprimé, mais peur détruire les revenus de@là-France. Il consent bien à ce que là traite soit prohibée, mais il veut qu'elle le soit partiellement @@@1 Ils ont les premiers , en 1792 décrété l'abolition de la traite. | ########### et des arts du Cap-Français, de l'Assemblée pro-vinciale du Nord et de la deuxième Assemblée coloniale@@ enfin, élu conseiller au Conseil supérieur du Cap, il se fit également distinguer par ses travaux, par son intégrité , par son patriotisme comme savant et comme administra-' teur. Les secousses politiques dont la Colonie a été le théâtre du moment que la révolution française y fut connue, mirent de grands obstacles aux études favorites de PALISOT DE BEAU@VOIS. Obligé de prendre part à la guerre terrible des blancs et des noirs , il se prononça contre l'affran-chissement de ceux-ci il publia même, en 1790, un écrit dans lequel, tout en s'élevant contre la traite que repoùs-sent également la raison, la prudence, la justice éter-nelle et même la politique, il improuve son abolition comme intempestive. Il en accuse les Anglais qui, voyant avec peine le haut degré de splendeur et de prospérité des colonies, veulent arracher à la France, à l'Espagne et au Portugal, les moyens de les conserver s'emparer du monopole général de leurs denrées , et s'établir en maîtres sur les côtes de l'Afrique, comme ils l'ont fait sur les-plages de l'Inde il en accuse WILBERFORCE qui, le premier, en 1788, se constitua l'appui des noirs il en accuse ceux qui, oubliant les plus chers intérêts dé la patrie, consentent aux plans des Anglais-, ses plus cruels ennemis et ne voyent pas qu'ils abusent des principes sacrés de la philantropie, non pas, comme les Danois 1 . pour défendre les droits de l'opprimé, mais peur détruire les revenus de la France. Il consent bien à ce que là traite soit prohibée, mais il veut qu'elle le soit partiellement 30 1 Ils ont les premiers , en 1792 décrété l'abolition de la traite. | 30 sciences et des arts du Cap-Français, de l'Assemblée pro-vinciale du Nord et de la deuxième Assemblée coloniale@@ enfin, élu conseiller au Conseil supérieur du Cap, il se fit également distinguer par ses travaux, par son intégrité , par son patriotisme comme savant et comme administra-' teur. Les secousses politiques dont la Colonie a été le théâtre du moment que la révolution française y fut connue, mirent de grands obstacles aux études favorites de PALISOT DE BEAU@VOIS. Obligé de prendre part à la guerre terrible des blancs et des noirs , il se prononça contre l'affran-chissement de ceux-ci il publia même, en 1790, un écrit dans lequel, tout en s'élevant contre la traite que repoùs-sent également la raison, la prudence, la justice éter-nelle et même la politique, il improuve son abolition comme intempestive. Il en accuse les Anglais qui, voyant avec peine le haut degré de splendeur et de prospérité des colonies, veulent arracher à la France, à l'Espagne et au Portugal, les moyens de les conserver s'emparer du monopole général de leurs denrées , et s'établir en maîtres sur les côtes de l'Afrique, comme ils l'ont fait sur les-plages de l'Inde il en accuse WILBERFORCE qui, le premier, en 1788, se constitua l'appui des noirs il en accuse ceux qui, oubliant les plus chers intérêts dé la patrie, consentent aux plans des Anglais-, ses plus cruels ennemis et ne voyent pas qu'ils abusent des principes sacrés de la philantropie, non pas, comme les Danois 1 . pour défendre les droits de l'opprimé, mais peur détruire les revenus de la France. Il consent bien à ce que là traite soit prohibée, mais il veut qu'elle le soit partiellement 30 1 Ils ont les premiers , en 1792 décrété l'abolition de la traite. | 30 sciences et des arts du Cap-Français, de l'Assemblée pro-vinciale du Nord et de la deuxième Assemblée coloniale enfin, élu conseiller au Conseil supérieur du Cap, il se fit également distinguer par ses travaux, par son intégrité , par son patriotisme comme savant et comme administra-' teur. Les secousses politiques dont la Colonie a été le théâtre du moment que la révolution française y fut connue, mirent de grands obstacles aux études favorites de PALISOT DE BEAUVOIS. Obligé de prendre part à la guerre terrible des blancs et des noirs , il se prononça contre l'affran-chissement de ceux-ci il publia même, en 1790, un écrit dans lequel, tout en s'élevant contre la traite que repoùs-sent également la raison, la prudence, la justice éter-nelle et même la politique, il improuve son abolition comme intempestive. Il en accuse les Anglais qui, voyant avec peine le haut degré de splendeur et de prospérité des colonies, veulent arracher à la France, à l'Espagne et au Portugal, les moyens de les conserver s'emparer du monopole général de leurs denrées , et s'établir en maîtres sur les côtes de l'Afrique, comme ils l'ont fait sur les-plages de l'Inde il en accuse WILBERFORCE qui, le premier, en 1788, se constitua l'appui des noirs il en accuse ceux qui, oubliant les plus chers intérêts dé la patrie, consentent aux plans des Anglais-, ses plus cruels ennemis et ne voyent pas qu'ils abusent des principes sacrés de la philantropie, non pas, comme les Danois 1 . pour défendre les droits de l'opprimé, mais peur détruire les revenus de la France. Il consent bien à ce que là traite soit prohibée, mais il veut qu'elle le soit partiellement 30 1 Ils ont les premiers , en 1792 décrété l'abolition de la traite. | 23 | 0.013364 | 0.070988 |
90.txt | 1,821 | 39 Sur les hauteurs bien boisées du district de Pendleton même État et au milieu des hydrangées hydrangea arborescens, L. , des palmistes chamoerops humili s , des tulipiers liriodendron tulipifera , des pavies oes-culus pavia et dés bignones toujours vertes bignonia coerulea , il a recueilli deux espèces nouvelles de lobélies, le tobelia appendiculata aux fleurs d'un bleu pâle, et le lobelia tenuis qui est fort joli 1 le splenandria cordifolia, très - belle bruyère aux petites fleurs d'un blanc pur, qui se plaît sur les points les plus élevés 2 le pleurogonis, arbrisseau à racine odorante et à drupe pyriforme dont l'amande fournit une huile bonne à man-ger , et le trichospermum 3 qu'on a, depuis les recti-fications d'ORTEGA et de CAVANILLES , rendu au genre parthénie, dont PALISOT DE BEAUVOIS l'avait détaché d'après des caractères faussement attribués au parthe-nium hysterophbrum. Dans les lieux inondés des deux Carolines, il a décou-vert , sous les troncs d'arbres abattus, une nouvelle es-pèce de sirène qu'il nomme operculée 4 mais, depuis i Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 frimaire an VII 6 décembre 1798 . 1 2 Elle est décrite et figurée dans le Jardin de la Mal-maison , par VENTENAT, P. 169, pl. LXIX. 3 Mémoire inédit lu à l'Institut le. 26 pluviôse an VII 14 février 1799 . 4 Memoir on à new species of Sircn -, lu à la So-ciété de Philadelphie le 19 février 1796, et inséré dans le IVe. vol. de ses actes, pag. 277 à 279. D'après la déscrip-tionqu'en adonnée M. OBVIER, la,siren lacertina ressem-ble aux larves des salamandres, par ses branchies visibles- | 39 Sur les hauteurs bien boisées du district de Pendleton même État et au milieu des hydrangées hydrangea arborescens, L. , des palmistes chamoerops humili s , des tulipiers liriodendron tulipifera , des pavies oes-culus pavia et dés bignones toujours vertes bignonia coerulea , il a recueilli deux espèces nouvelles de lobélies, le tobelia appendiculata aux fleurs d'un bleu pâle, et le lobelia tenuis qui est fort joli 1 le splenandria cordifolia, très - belle bruyère aux petites fleurs d'un blanc pur, qui se plaît sur les points les plus élevés 2 le pleurogonis, arbrisseau à racine odorante et à drupe pyriforme dont l'amande fournit une huile bonne à man-ger , et le trichospermum 3 qu'on a, depuis les recti-fications d'ORTEGA et de CAVANILLES , rendu au genre parthénie, dont PALISOT DE BEAUVOIS l'avait détaché d'après des caractères faussement attribués au parthe-nium hysterophbrum. Dans les lieux inondés des deux Carolines, il a décou-vert , sous les troncs d'arbres abattus, une nouvelle es-pèce de sirène qu'il nomme operculée 4 mais, depuis@@@ i Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 frimaire an VII 6 décembre 1798 . 1 2 Elle est décrite et figurée dans le Jardin de la Mal-maison , par VENTENAT, P. 169, pl. LXIX. 3 Mémoire inédit lu à l'Institut le. 26 pluviôse an VII 14 février 1799 . 4 Memoir on à new species of Sircn -, lu à la So-ciété de Philadelphie le 19 février 1796, et inséré dans le IVe. vol. de ses actes, pag. 277 à 279. D'après la déscrip-tionqu'en adonnée M. OBVIER, la,siren lacertina ressem-ble aux larves des salamandres, par ses branchies visibles- | ###### les hauteurs bien boisées du district de Pendleton même État et au milieu des hydrangées hydrangea arborescens, L. , des palmistes chamoerops humili@s , des tulipiers liriodendron tulipifera , des pavies oes-culus pavia et des bignones toujours vertes bignonia coerulea , il a recueilli deux espèces nouvelles de lobélies, le tobelia appendiculata aux fleurs d'un bleu pâle, et le lobelia tenuis qui est fort joli 1 le solenandria cordifolia, très -@belle bruyère aux petites fleurs d'un blanc pur, qui se plaît sur les points les plus élevés 2 le pleurogonis, arbrisseau à racine odorante et à drupe pyriforme dont l'amande fournit une huile bonne à man-ger , et le trichospermum 3 qu'on a, depuis les recti-fications d'ORTEGA et de CAVANILLES , rendu au genre parthénie, dont PALISOT DE BEAUVOIS l'avait détaché d'après des caractères faussement attribués au parthe-nium hysterophorum. Dans les lieux inondés des deux Carolines, il a décou-vert , sous les troncs d'arbres abattus, une nouvelle es-pèce de sirène qu'il nomme operculée 4 mais, depuis 39 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 frimaire an VII 6 décembre 1798 . @@2 Elle est décrite et figurée dans le Jardin de la Mal-maison , par VENTENAT, P. 169, pl. LXIX. 3 Mémoire inédit lu à l'Institut le. 26 pluviôse an VII 14 février 1799 . 4 Memoir on à new species of Siren @, lu à la So-ciété de Philadelphie le 19 février 1796, et inséré dans le IVe. vol. de ses actes, pag. 277 à 279. D'après la descrip-tionqu'en adonnée M. CUVIER, la siren lacertina ressem-ble aux larves des salamandres, par ses branchies visibles- | 39 Sur les hauteurs bien boisées du district de Pendleton même État et au milieu des hydrangées hydrangea arborescens, L. , des palmistes chamoerops humili@s , des tulipiers liriodendron tulipifera , des pavies oes-culus pavia et des bignones toujours vertes bignonia coerulea , il a recueilli deux espèces nouvelles de lobélies, le tobelia appendiculata aux fleurs d'un bleu pâle, et le lobelia tenuis qui est fort joli 1 le solenandria cordifolia, très -@belle bruyère aux petites fleurs d'un blanc pur, qui se plaît sur les points les plus élevés 2 le pleurogonis, arbrisseau à racine odorante et à drupe pyriforme dont l'amande fournit une huile bonne à man-ger , et le trichospermum 3 qu'on a, depuis les recti-fications d'ORTEGA et de CAVANILLES , rendu au genre parthénie, dont PALISOT DE BEAUVOIS l'avait détaché d'après des caractères faussement attribués au parthe-nium hysterophorum. Dans les lieux inondés des deux Carolines, il a décou-vert , sous les troncs d'arbres abattus, une nouvelle es-pèce de sirène qu'il nomme operculée 4 mais, depuis 39 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 frimaire an VII 6 décembre 1798 . @@2 Elle est décrite et figurée dans le Jardin de la Mal-maison , par VENTENAT, P. 169, pl. LXIX. 3 Mémoire inédit lu à l'Institut le. 26 pluviôse an VII 14 février 1799 . 4 Memoir on à new species of Siren @, lu à la So-ciété de Philadelphie le 19 février 1796, et inséré dans le IVe. vol. de ses actes, pag. 277 à 279. D'après la descrip-tionqu'en adonnée M. CUVIER, la siren lacertina ressem-ble aux larves des salamandres, par ses branchies visibles- | 39 Sur les hauteurs bien boisées du district de Pendleton même État et au milieu des hydrangées hydrangea arborescens, L. , des palmistes chamoerops humilis , des tulipiers liriodendron tulipifera , des pavies oes-culus pavia et des bignones toujours vertes bignonia coerulea , il a recueilli deux espèces nouvelles de lobélies, le tobelia appendiculata aux fleurs d'un bleu pâle, et le lobelia tenuis qui est fort joli 1 le solenandria cordifolia, très -belle bruyère aux petites fleurs d'un blanc pur, qui se plaît sur les points les plus élevés 2 le pleurogonis, arbrisseau à racine odorante et à drupe pyriforme dont l'amande fournit une huile bonne à man-ger , et le trichospermum 3 qu'on a, depuis les recti-fications d'ORTEGA et de CAVANILLES , rendu au genre parthénie, dont PALISOT DE BEAUVOIS l'avait détaché d'après des caractères faussement attribués au parthe-nium hysterophorum. Dans les lieux inondés des deux Carolines, il a décou-vert , sous les troncs d'arbres abattus, une nouvelle es-pèce de sirène qu'il nomme operculée 4 mais, depuis 39 1 Mémoire inédit lu à l'Institut le 16 frimaire an VII 6 décembre 1798 . 2 Elle est décrite et figurée dans le Jardin de la Mal-maison , par VENTENAT, P. 169, pl. LXIX. 3 Mémoire inédit lu à l'Institut le. 26 pluviôse an VII 14 février 1799 . 4 Memoir on à new species of Siren , lu à la So-ciété de Philadelphie le 19 février 1796, et inséré dans le IVe. vol. de ses actes, pag. 277 à 279. D'après la descrip-tionqu'en adonnée M. CUVIER, la siren lacertina ressem-ble aux larves des salamandres, par ses branchies visibles- | 17 | 0.010739 | 0.064846 |
608.txt | 1,886 | 126 L'ART DE MAGNÉTISER passes depuis les épaules jusqu'aux pieds ces passes doivent être faites les mains entièrement ouvertes et sans force, afin que l'émission du fluide s'effectue doucement et n'ait point l'intensité que vous obtenez en agissant avec la pointe des doigts dans ce cas, vous produisez l'effet d'un arro-soir percé d'une grande quantité de pertuis les jets d'eau sont beaucoup plus minces et plus doux que lorsqu'ils s'échap-pent à travers de larges orifices la comparaison n'est pas élégante, mais elle rend parfaitement ma pensée . Dans la même leçon, M. , maître clerc chez un notaire, magnétisait une femme tout à coup il produisit, en agissant trop fortement sur le cerveau, un seul mouvement convulsif qui mit le corps en cerceau la tête touchait les talons et y semblait adhérente. Les efforts physiques que lui et plusieurs personnes pré-sentes firent pour redresser le corps furent tout à fait inutiles. Je lui indiquai comment il fallait agir, mais il était si troublé, si inquiet, qu'il fut impuissant à détruire cet effet de tétanos qui pouvait devenir dangereux en se prolongeant. On avait enlevé le sujet pour le placer sur une table son corps présentait littéralement la forme d'un cerceau. Je me mis à l'oeuvre, et, joignant l'action à la démonstration, je touchai l'épigastre avec le bout des doigts à l'instant même les muscles se détendirent, et le corps s'allongea sur la table, de sorte que le sujet se trouva couché sur le dos-Avec quelques passes, la parole revint et l'équilibre fut rétabli. Cette femme ne dormait pas, elle était seulement dans cet état de torpeur dans lequel on ne s'appartient plus, parce que le système nerveux est envahi, mais pendant lequel on ne perd pas la conscience de son moi, sans cependant pou-voir en donner connaissance à l'extérieur. Impossibilité de réveiller Pendant mon séjour à Rennes, on fit venir de Janzé un jeune garçon de quinze ans, qui avait été plusieurs fois | 126 L'ART DE MAGNÉTISER passes depuis les épaules jusqu'aux pieds ces passes doivent être faites les mains entièrement ouvertes et sans force, afin que l'émission du fluide s'effectue doucement et n'ait point l'intensité que vous obtenez en agissant avec la pointe des doigts dans ce cas, vous produisez l'effet d'un arro-soir percé d'une grande quantité de pertuis les jets d'eau sont beaucoup plus minces et plus doux que lorsqu'ils s'échap-pent à travers de larges orifices la comparaison n'est pas élégante, mais elle rend parfaitement ma pensée . Dans la même leçon, M. , maître clerc chez un notaire, magnétisait une femme tout à coup il produisit, en agissant trop fortement sur le cerveau, un seul mouvement convulsif qui mit le corps en cerceau la tête touchait les talons et y semblait adhérente. Les efforts physiques que lui et plusieurs personnes pré-sentes firent pour redresser le corps furent tout à fait inutiles. Je lui indiquai comment il fallait agir, mais il était si troublé, si inquiet, qu'il fut impuissant à détruire cet effet de tétanos qui pouvait devenir dangereux en se prolongeant. On avait enlevé le sujet pour le placer sur une table son corps présentait littéralement la forme d'un cerceau. Je me mis à l'oeuvre, et, joignant l'action à la démonstration, je touchai l'épigastre avec le bout des doigts à l'instant même les muscles se détendirent, et le corps s'allongea sur la table, de sorte que le sujet se trouva couché sur le dos@-Avec quelques passes, la parole revint et l'équilibre fut rétabli. Cette femme ne dormait pas, elle était seulement dans cet état de torpeur dans lequel on ne s'appartient plus, parce que le système nerveux est envahi, mais pendant lequel on ne perd pas la conscience de son moi, sans cependant pou-voir en donner connaissance à l'extérieur. Impossibilité de réveiller Pendant mon séjour à Rennes, on fit venir de Janzé un jeune garçon de quinze ans, qui avait été plusieurs fois | 126 L'ART DE MAGNÉTISER passes depuis les épaules jusqu'aux pieds ces passes doivent être faites les mains entièrement ouvertes et sans force, afin que l'émission du fluide s'effectue doucement et n'ait point l'intensité que vous obtenez en agissant avec la pointe des doigts dans ce cas, vous produisez l'effet d'un arro-soir percé d'une grande quantité de pertuis les jets d'eau sont beaucoup plus minces et plus doux que lorsqu'ils s'échap-pent à travers de larges orifices la comparaison n'est pas élégante, mais elle rend parfaitement ma pensée . Dans la même leçon, M. , maitre clerc chez un notaire, magnétisait une femme tout à coup il produisit, en agissant trop fortement sur le cerveau, un seul mouvement convulsif qui mit le corps en cerveau la tête touchait les talons et y semblait adhérente. Les efforts physiques que lui et plusieurs personnes pré-sentes firent pour redresser le corps furent tout à fait inutiles. Je lui indiquai comment il fallait agir, mais il était si troublé, si inquiet, qu'il fut impuissant à détruire cet effet de tétanos qui pouvait devenir dangereux en se prolongeant. On avait enlevé le sujet pour le placer sur une table son corps présentait littéralement la forme d'un cerveau. Je me mis à l'oeuvre, et, joignant l'action à la démonstration, je touchai l'épigastre avec le bout des doigts à l'instant même les muscles se détendirent, et le corps s'allongea sur la table, de sorte que le sujet se trouva couché sur le dos. Avec quelques passes, la parole revint et l'équilibre fut rétabli. Cette femme ne dormait pas, elle était seulement dans cet état de torpeur dans lequel on ne s'appartient plus, parce que le système nerveux est envahi, mais pendant lequel on ne perd pas la conscience de son moi, sans cependant pou-voir en donner connaissance à l'extérieur. Impossibilité de réveiller Pendant mon séjour à Rennes, on fit venir de Janzé un jeune garçon de quinze ans, qui avait été plusieurs fois | 126 L'ART DE MAGNÉTISER passes depuis les épaules jusqu'aux pieds ces passes doivent être faites les mains entièrement ouvertes et sans force, afin que l'émission du fluide s'effectue doucement et n'ait point l'intensité que vous obtenez en agissant avec la pointe des doigts dans ce cas, vous produisez l'effet d'un arro-soir percé d'une grande quantité de pertuis les jets d'eau sont beaucoup plus minces et plus doux que lorsqu'ils s'échap-pent à travers de larges orifices la comparaison n'est pas élégante, mais elle rend parfaitement ma pensée . Dans la même leçon, M. , maitre clerc chez un notaire, magnétisait une femme tout à coup il produisit, en agissant trop fortement sur le cerveau, un seul mouvement convulsif qui mit le corps en cerveau la tête touchait les talons et y semblait adhérente. Les efforts physiques que lui et plusieurs personnes pré-sentes firent pour redresser le corps furent tout à fait inutiles. Je lui indiquai comment il fallait agir, mais il était si troublé, si inquiet, qu'il fut impuissant à détruire cet effet de tétanos qui pouvait devenir dangereux en se prolongeant. On avait enlevé le sujet pour le placer sur une table son corps présentait littéralement la forme d'un cerveau. Je me mis à l'oeuvre, et, joignant l'action à la démonstration, je touchai l'épigastre avec le bout des doigts à l'instant même les muscles se détendirent, et le corps s'allongea sur la table, de sorte que le sujet se trouva couché sur le dos. Avec quelques passes, la parole revint et l'équilibre fut rétabli. Cette femme ne dormait pas, elle était seulement dans cet état de torpeur dans lequel on ne s'appartient plus, parce que le système nerveux est envahi, mais pendant lequel on ne perd pas la conscience de son moi, sans cependant pou-voir en donner connaissance à l'extérieur. Impossibilité de réveiller Pendant mon séjour à Rennes, on fit venir de Janzé un jeune garçon de quinze ans, qui avait été plusieurs fois | 126 L'ART DE MAGNÉTISER passes depuis les épaules jusqu'aux pieds ces passes doivent être faites les mains entièrement ouvertes et sans force, afin que l'émission du fluide s'effectue doucement et n'ait point l'intensité que vous obtenez en agissant avec la pointe des doigts dans ce cas, vous produisez l'effet d'un arro-soir percé d'une grande quantité de pertuis les jets d'eau sont beaucoup plus minces et plus doux que lorsqu'ils s'échap-pent à travers de larges orifices la comparaison n'est pas élégante, mais elle rend parfaitement ma pensée . Dans la même leçon, M. , maitre clerc chez un notaire, magnétisait une femme tout à coup il produisit, en agissant trop fortement sur le cerveau, un seul mouvement convulsif qui mit le corps en cerveau la tête touchait les talons et y semblait adhérente. Les efforts physiques que lui et plusieurs personnes pré-sentes firent pour redresser le corps furent tout à fait inutiles. Je lui indiquai comment il fallait agir, mais il était si troublé, si inquiet, qu'il fut impuissant à détruire cet effet de tétanos qui pouvait devenir dangereux en se prolongeant. On avait enlevé le sujet pour le placer sur une table son corps présentait littéralement la forme d'un cerveau. Je me mis à l'oeuvre, et, joignant l'action à la démonstration, je touchai l'épigastre avec le bout des doigts à l'instant même les muscles se détendirent, et le corps s'allongea sur la table, de sorte que le sujet se trouva couché sur le dos. Avec quelques passes, la parole revint et l'équilibre fut rétabli. Cette femme ne dormait pas, elle était seulement dans cet état de torpeur dans lequel on ne s'appartient plus, parce que le système nerveux est envahi, mais pendant lequel on ne perd pas la conscience de son moi, sans cependant pou-voir en donner connaissance à l'extérieur. Impossibilité de réveiller Pendant mon séjour à Rennes, on fit venir de Janzé un jeune garçon de quinze ans, qui avait été plusieurs fois | 5 | 0.002568 | 0.016997 |
807.txt | 1,858 | 104 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. Non, je pénètre mieux vos intentions, je lis dans votre coeur plus clair que vous-même. Si vous voulez quitter cette mai-son pour un cloître, c'est afin d'être plus libre, entendez-vous? plus libre dans vos pensées, plus libre dans vos actes, plus libre et moins surveillée de toutes les façons. - Ah! Monsieur, quels soupçons odieux! - Vous avez voulu de la sincérité j'en mets autant qu'on en peut mettre je joue cartes sur table, puisqu'il le faut. - C'est trop cruel, souffrez que je me retire. - Non, vous saurez tout. Ah! des soupçons ! Vous parlez de soupçons! Est-ce donc une chose étrange que j'en aie? - Interrogez votre coeur, Madame, etqu'il vous dise si j'ai le droit d'en avoir, si vous n'y avez pas donné lieu, et si les précau-tions que je prends contre vous sont dénuées de fondement et de justice. Voyons, un examen de conscience, et qu'il soit complet. - Clémence avait vainement essayé de répondre il y avait dans l'accent du comte, dans ses manières, dans sa pose, quelque chose de si menaçant, qu'elle en fut comme acca-blée. Le vague même dans lequel l'accusation était envelop-pée ne servit qu'à accroître l'impression qu'elle en reçut. A son âge, on s'exagère si facilement rnr premier tort! Et en-core n'était-elle pas au bout de cette épreuve. - Des soupçons! reprit le comte portant le fer dans la plaie et arrivant jusqu'au vif, ce ne serait rien que des soupçons mais si j'avais des preuves ! - Ah 1 mon Dieu! s'écria Clémence éperdue. - Oui, madame la comtesse. Si bien qu'on se cache, on est toujours trahi. Me prenez-vous pour un aveugle ou pour un enfant? - Monsieur le comte ! Monsieur le comte -- Calmez-vous, Madame, dit Sigismond, touché de cet appel, je n'exige point d'aveux, ils seraient d'ailleurs super-flus. Je sais ce qui s'est passé sous les murs du château de Beaupré et sur le parvis de l'église. Vous voyez que je suis bien informé. -, Ce fut le coup de grâce pour la pauvre Clémence elle n'y résista pas et tomba comme foudroyée sur un fauteuil. Son mari avait le secret de sa faiblesse. Elle aurait pu se dé-fendre, s'expliquer, prouver que le châtiment avait excédé la | 104 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. Non, je pénètre mieux vos intentions, je lis dans votre coeur plus clair que vous-même. Si vous voulez quitter cette mai-son pour un cloître, c'est afin d'être plus libre, entendez-vous@? plus libre dans vos pensées, plus libre dans vos actes, plus libre et moins surveillée de toutes les façons. - Ah@! Monsieur, quels soupçons odieux@! - Vous avez voulu de la sincérité j'en mets autant qu'on en peut mettre je joue cartes sur table, puisqu'il le faut. - C'est trop cruel, souffrez que je me retire. - Non, vous saurez tout. Ah@! des soupçons ! Vous parlez de soupçons@! Est-ce donc une chose étrange que j'en aie? - Interrogez votre coeur, Madame, et@qu'il vous dise si j'ai le droit d'en avoir, si vous n'y avez pas donné lieu, et si les précau-tions que je prends contre vous sont dénuées de fondement et de justice. Voyons, un examen de conscience, et qu'il soit complet. - Clémence avait vainement essayé de répondre il y avait dans l'accent du comte, dans ses manières, dans sa pose, quelque chose de si menaçant, qu'elle en fut comme acca-blée. Le vague même dans lequel l'accusation était envelop-pée ne servit qu'à accroître l'impression qu'elle en reçut. A son âge, on s'exagère si facilement rnr premier tort@! Et en-core n'était-elle pas au bout de cette épreuve. - Des soupçons@! reprit le comte portant le fer dans la plaie et arrivant jusqu'au vif, ce ne serait rien que des soupçons mais si j'avais des preuves ! - Ah 1 mon Dieu@! s'écria Clémence éperdue. - Oui, madame la comtesse. Si bien qu'on se cache, on est toujours trahi. Me prenez-vous pour un aveugle ou pour un enfant@? - Monsieur le comte ! Monsieur le comte -- Calmez-vous, Madame, dit Sigismond, touché de cet appel, je n'exige point d'aveux, ils seraient d'ailleurs super-flus. Je sais ce qui s'est passé sous les murs du château de Beaupré et sur le parvis de l'église. Vous voyez que je suis bien informé. -, Ce fut le coup de grâce pour la pauvre Clémence elle n'y résista pas et tomba comme foudroyée sur un fauteuil. Son mari avait le secret de sa faiblesse. Elle aurait pu se dé-fendre, s'expliquer, prouver que le châtiment avait excédé la | 104 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Non, je pénètre mieux vos intentions, je lis dans votre coeur plus clair que vous-même. Si vous voulez quitter cette mai-son pour un cloître, c'est afin d'être plus libre, entendez-vous ? plus libre dans vos pensées, plus libre dans vos actes, plus libre et moins surveillée de toutes les façons. -@Ah ! Monsieur, quels soupçons odieux ! -@Vous avez voulu de la sincérité j'en mets autant qu'on en peut mettre je joue cartes sur table, puisqu'il le faut. -@C'est trop cruel, souffrez que je me retire. -@Non, vous saurez tout. Ah ! des soupçons ! Vous parlez de soupçons ! Est-ce donc une chose étrange que j'en aie@ ? Interrogez votre coeur, Madame, et qu'il vous dise si j'ai le droit d'en avoir, si vous n'y avez pas donné lieu, et si les précau-tions que je prends contre vous sont dénuées de fondement et de justice. Voyons, un examen de conscience, et qu'il soit complet. @@Clémence avait vainement essayé de répondre il y avait dans l'accent du comte, dans ses manières, dans sa pose, quelque chose de si menaçant, qu'elle en fut comme acca-blée. Le vague même dans lequel l'accusation était envelop-pée ne servit qu'à accroître l'impression qu'elle en reçut. A son âge, on s'exagère si facilement un@ premier tort ! Et en-core n'était-elle pas au bout de cette épreuve. -@Des soupçons ! reprit le comte portant le fer dans la plaie et arrivant jusqu'au vif, ce ne serait rien que des soupçons mais si j'avais des preuves ! -@Ah ! mon Dieu ! s'écria Clémence éperdue. -@Oui, madame la comtesse. Si bien qu'on se cache, on est toujours trahi. Me prenez-vous pour un aveugle ou pour un enfant ? -@Monsieur le comte ! Monsieur le comte ! -Calmez-vous, Madame, dit Sigismond, touché de cet appel, je n'exige point d'aveux, ils seraient d'ailleurs super-flus. Je sais ce qui s'est passé sous les murs du château de Beaupré et sur le parvis de l'église. Vous voyez que je suis bien informé.@@@ Ce fut le coup de grâce pour la pauvre Clémence elle n'y résista pas et tomba comme foudroyée sur un fauteuil. Son mari avait le secret de sa faiblesse. Elle aurait pu se dé-fendre, s'expliquer, prouver que le châtiment avait excédé la | 104 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Non, je pénètre mieux vos intentions, je lis dans votre coeur plus clair que vous-même. Si vous voulez quitter cette mai-son pour un cloître, c'est afin d'être plus libre, entendez-vous ? plus libre dans vos pensées, plus libre dans vos actes, plus libre et moins surveillée de toutes les façons. -@Ah ! Monsieur, quels soupçons odieux ! -@Vous avez voulu de la sincérité j'en mets autant qu'on en peut mettre je joue cartes sur table, puisqu'il le faut. -@C'est trop cruel, souffrez que je me retire. -@Non, vous saurez tout. Ah ! des soupçons ! Vous parlez de soupçons ! Est-ce donc une chose étrange que j'en aie@ ? Interrogez votre coeur, Madame, et qu'il vous dise si j'ai le droit d'en avoir, si vous n'y avez pas donné lieu, et si les précau-tions que je prends contre vous sont dénuées de fondement et de justice. Voyons, un examen de conscience, et qu'il soit complet. @@Clémence avait vainement essayé de répondre il y avait dans l'accent du comte, dans ses manières, dans sa pose, quelque chose de si menaçant, qu'elle en fut comme acca-blée. Le vague même dans lequel l'accusation était envelop-pée ne servit qu'à accroître l'impression qu'elle en reçut. A son âge, on s'exagère si facilement un@ premier tort ! Et en-core n'était-elle pas au bout de cette épreuve. -@Des soupçons ! reprit le comte portant le fer dans la plaie et arrivant jusqu'au vif, ce ne serait rien que des soupçons mais si j'avais des preuves ! -@Ah ! mon Dieu ! s'écria Clémence éperdue. -@Oui, madame la comtesse. Si bien qu'on se cache, on est toujours trahi. Me prenez-vous pour un aveugle ou pour un enfant ? -@Monsieur le comte ! Monsieur le comte ! -Calmez-vous, Madame, dit Sigismond, touché de cet appel, je n'exige point d'aveux, ils seraient d'ailleurs super-flus. Je sais ce qui s'est passé sous les murs du château de Beaupré et sur le parvis de l'église. Vous voyez que je suis bien informé.@@@ Ce fut le coup de grâce pour la pauvre Clémence elle n'y résista pas et tomba comme foudroyée sur un fauteuil. Son mari avait le secret de sa faiblesse. Elle aurait pu se dé-fendre, s'expliquer, prouver que le châtiment avait excédé la | 104 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. Non, je pénètre mieux vos intentions, je lis dans votre coeur plus clair que vous-même. Si vous voulez quitter cette mai-son pour un cloître, c'est afin d'être plus libre, entendez-vous ? plus libre dans vos pensées, plus libre dans vos actes, plus libre et moins surveillée de toutes les façons. -Ah ! Monsieur, quels soupçons odieux ! -Vous avez voulu de la sincérité j'en mets autant qu'on en peut mettre je joue cartes sur table, puisqu'il le faut. -C'est trop cruel, souffrez que je me retire. -Non, vous saurez tout. Ah ! des soupçons ! Vous parlez de soupçons ! Est-ce donc une chose étrange que j'en aie ? Interrogez votre coeur, Madame, et qu'il vous dise si j'ai le droit d'en avoir, si vous n'y avez pas donné lieu, et si les précau-tions que je prends contre vous sont dénuées de fondement et de justice. Voyons, un examen de conscience, et qu'il soit complet. Clémence avait vainement essayé de répondre il y avait dans l'accent du comte, dans ses manières, dans sa pose, quelque chose de si menaçant, qu'elle en fut comme acca-blée. Le vague même dans lequel l'accusation était envelop-pée ne servit qu'à accroître l'impression qu'elle en reçut. A son âge, on s'exagère si facilement un premier tort ! Et en-core n'était-elle pas au bout de cette épreuve. -Des soupçons ! reprit le comte portant le fer dans la plaie et arrivant jusqu'au vif, ce ne serait rien que des soupçons mais si j'avais des preuves ! -Ah ! mon Dieu ! s'écria Clémence éperdue. -Oui, madame la comtesse. Si bien qu'on se cache, on est toujours trahi. Me prenez-vous pour un aveugle ou pour un enfant ? -Monsieur le comte ! Monsieur le comte ! -Calmez-vous, Madame, dit Sigismond, touché de cet appel, je n'exige point d'aveux, ils seraient d'ailleurs super-flus. Je sais ce qui s'est passé sous les murs du château de Beaupré et sur le parvis de l'église. Vous voyez que je suis bien informé. Ce fut le coup de grâce pour la pauvre Clémence elle n'y résista pas et tomba comme foudroyée sur un fauteuil. Son mari avait le secret de sa faiblesse. Elle aurait pu se dé-fendre, s'expliquer, prouver que le châtiment avait excédé la | 35 | 0.016264 | 0.061927 |
1.txt | 1,859 | SALON DE 1859. 1 I. Le Jury. - Les Sculpteurs-Peintres et les Peintres-Scnlpteurs.-La Loterie.-Classement des Ouvrages. L'Exposition des Beaux-Arts a été ouverte au public le 15 avril, ainsi qu'on l'avait annoncé, et, malgré son organisation qu'on savait in-complète, malgré un temps affreux, les artistes, les hommes de lettres et les gens du monde y étaient accourus en foule, comme pour donner un démenti à ceux qui prétendent que le goût des arts et des lettres s'éteint en France. Il est de notre devoir, avant de pénétrer, avec la foule, dans les galeries de peinture, de signaler deux modifications importantes apportées, cette an-née, au règlement de l'Exposition. L'une est relative au jury d'admission, et l'autre à la créa-tion d'une loterie d'objets d'art. Anciennement, les oeuvres des membres de l'Institut étaient seules admises sans passer à l'examen du jury, et cela ne pouvait être au-trement, le jury n'étant composé que de mem-bres de l'Institut, qui, certes, ne se seraient pas amusés à refuser leurs productions. Depuis quelques années, cette faveur a été accordée également aux artistes décorés pour leurs tra-vaux. C'était un acte de justice qu'on avait ré-damé depuis longtemps, et qu'on obtenait en-fin. Mais là ne devaient pas s'arrêter les sages et bienveillantes réformes de l'administration actuelle elle a étendu encore d'un degré le droit d'exemption elle a décidé, cette année, que seraient reçues sans examen les oeuvres des artistes ayant obtenu soit une médaille de première classe aux Expositions annuelles, soit une médaille de deuxième classe à l'Ex-position universelle. Nous espérons que l'administration des Beaux-Arts ne s'arrêtera pas dans la voie des réformes nous pensons que, avant peu d'années, elle accordera aussi l'admission sans examen aux ouvrages des ar-tistes ayant obtenu une médaille de deuxième et même de troisième classe aux Expositions an-nuelles. Cette mesure satisferait les artistes et sim-plifierait énormément les opérations du jury d'admission qui, n'ayant plus alors que quel-ques centaines de tableaux et de statues soumis à son examen, pourrait y apporter une atten-tion qui assurerait l'intégrité de ses jugements, intégrité qu'on ne peut exiger dans l'état actuel des choses. En effet, comment ne pas commet-tre d'erreur dans l'examen rapide de huit à dix mille ouvrages présentés souvent dans de mau-vaises conditions de lumière ou de voisinage? Nous croyons que le seul moyen d'éviter au jury des erreurs déplorables et si fatales aux artistes qui en sont victimes, c'est de simplifier sa mis-sion, de restreindre l'étendue de son travail c'est de lui donner moins d'oeuvres à examiner pour que son examen soit consciencieux. Pour atteindre ce but, deux choses sont à faire 1° Admettre sans examen les ouvrages des mem-bres de l'Institut, des artistes décorés pour leurs travaux, des artistes ayant obtenu des médailles de première, deuxième et troisième classes aux Expositions annuelles, afin de diminuer d au-tant la besogne du jury 20 n'autoriser chaque artiste à n'envoyer que trois ouvrages, ce qui réduirait bien davantage encore le fatigant tra-vail du jury. Tout le monde y gagnerait. L' Ex-position ressemblerait moins à un bazar ou à une salte de vente elle serait sans doute un peu moins nombreuse en productions, mais elle deviendrait certainement beaucoup plus inté-ressante sous le rapport du mérite, puisque membres de l'Institut, artistes, décorés, mé-daillés et autres auraient choisi eux-mêmes, pour les exposer, leurs trois meilleurs ou-vrages. A propos de cette grave question d'exemption du jury, un incident nouveau se présente cette année, par le fait que deux sculpteurs décorés, par conséquent exempts du jury, ont exposé des peintures sans les soumettre au jury d'admis-sion. Les peintres se demandent si un artiste exempté du jury, comme peintre, peut exposer de la sculpture sans la présenter au jury de sculpture? si un artiste, exempté comme sculp-teur, a le droit d'exposer de la peinture sans la sanction du jury de peinture? Nous ne sommes pas de ceux qui voudraient imposer des limites aux facultésde l'intelligence, car nous-meme nous avons exposé dans plus d'un genre mais de ce qu'un sculpteur peut être un peintre excellent, de ce qu'un peintre peut être un sculpteur remarquable, ne peut-il pas arriver, cependant, que le peintre de talent, que le sculpteur de mérite, exemptés tous deux du jury, fassent et envoient à l'Exposition, le sculpteur, de la mauvaise peinture, le peintre, de la sculpture détestable? Cela pouvant être, pourquoi ne pas soumettre au jury des oeuvres en dehors du genre pour lequel l'artiste a obtenu la récompense qui 1 exempte du jury? Voilà les observations qu'on nous adresse et que nous soumettons à la sagesse de l'administration. Passons maintenant à la seconde modifica-tion apportée au réglement du Salon parlons de la loterie. Dès l'année 1853, nous avions demandé, conjointement avec beaucoup de nos confrères, l'institution d'une loterie à la suite de l'Expoistion. Cette proposition, nous le re-connaissons, demandait à être étudiée elle l'a été par l'administration qui vient de décider l'organisation d'une loterie d'objets d'art, ac-quis parmi ceux qui figureront à l'Exposition de cette année, et dont le prix du billet est fixé à un franc. Cette institution, si désirée par la majorité des artistes, si favorable aux intérêts des artistes exposants, a-t-elle été accueillie fa-vorablement par tous? Mon Dieu, non ! est-ce que l'esprit de controverse et de dénigrement ne s'attaque pas aux créations les plus belles, les plus utiles? Ceux-ci voulaient que le prix d'entrée à l'Exposition fut supprimé et rem-placé par le billet de loterie, supprimant ainsi les sommes eonsidérables produites par le droit d'entrée et employées à l'acquisition des ouvra-ges destinés aux musées de l'Etat et des dépar-tements ceux-là, croyant voir dans la loterie la suppression des commandes et des achats faits par l'Etat, se sont écriés Dans quel but cette loterie? à quel propos jeter à la fortu-ne des numéros gagnants les oeuvres destinées, par leurs auteurs, à des regards exercés ? est-ce qu'on ne se soucierait plus de préserver l'Art d'aussi indignes ballottements ? aurait-on ré-solu de lui retrancher les subsides qui l'aident à soutenir son niveau ?. Des honneurs, de no-bles encouragements, s'il se peut, mais, de grâce ! pas de gros sous. Où l'auteur de ces gnes a-t-il vu que l'Etat allait suspendre ses commandes, supprimer les honneurs, les en-couragements qu'il accorde à la suite de cha-que exposition ? Qu'il se rassure, jamais les arts n'ont été plus encouragés et les artistes mieux récompensés, et, pour s'en convaincre, il suffit de consulter le livret du Salon de 1859. On y voit figurer 255 commandes faites par l'État, 146 peintures, 68 sculptures, 7 gravures, 2 lithographies et 10 prbjets d'architecture. Dans ces chiffres ne figurent pas les ouvrages exposés, commandés par M. le préfet de la Seine. Aucun livret des expositions précédentes n'offre un tel chiffre de commandes. Quant aux récompenses, elles seront tout'aussi nombreu-ses qu aux autres Expositions, et les fonds du budget des Beaux-Arts, ainsi que ceux prove-nant du droit d'entrée, serviront,, comme par le passé, à l'achat des meilleurs ouvrages expo-sés, destinés aux musées, aux églises de Paris et des départements, tandis que le produit des billets de loterie viendra ajouter une immense ressource de plus à celles de l'Etat, et permet-tre l'acquisition d'une foule d'ouvrages que le sort distribuera dans toutes les classes de la société, et qu'on n'aurait pas acheté sans cette institution nouvelle Il en sera de la loterie comme de l'Exposition de sculpture, faite, pour la première fois, en 1857, dans le jardin du local actuel. Dès les premiers jours, plusieurs sculpteurs, dont les ouvrages étaient placés dans ce charmant jardin émaillé de fleurs , se récrièrent, disant qu'ils n'avaient point fait des statues pour un jardin. Mais, huit jours plus tard, tous les statuaires qui avaient leurs figures dans les salons de peinture , demandèrent à ce qu'elles fussent de suite descendues dans les allées du jardin, tout à l'heure si dédaignées. La même trans-formation d'opinion aura lieu pour la lote-rie quand les artistes, auxquels le gouvernement n'aurait rien acheté, verront que, grâce à la lo-terie, ils ont vendu une oeuvre qui leur serait restée, et que, pour en tirer parti, ils auraient dû donner pour rien à un marchand de ta-bleaux. Oh ! alors, appréciant les résultats de la loterie, ils la réclameront pour chaque Exposi-tion comme les sculpteurs réclament un jardin pour exposer leurs statues. La grande sculpture sera donc, commeen 1857, placée dans ce gracieux jardin qu'on achève en ce moment, où viendront respirer et se reposer les visiteurs fatigués du parcours des quinze salons et galeries consacrés à la peinture. La disposition de ces pièces, désignées par des nu-méros, est plus heureuse que la succession des sept grands salons de la dernière Exposition, qui présentait quelque monotonie. L'architecte, M. Viel, a partagé toute l'immense aile du Nord en trois vastes salons un au centre, un autre au pavillon Nord-Est, le dernier au pa-villon Nord-Ouest. L'espace qui sépare le salon central de ceux des extrémités a été divisé, de chaque côté, sur la longueur, en deux galeries dont les parois peu élevés laissent les tableaux à une hauteur convenable. L'aile qui fait face à la place de la Concorde est aussi divisée en galeries et en petits salons qui ont reçu les dessins, les aquarelles, les pastels, les minia-tures, les émaux, les camées et les pierres gra-vées. Dans l'étroite galerie qui fait le tour de la nef et d'où la vue plonge sur cette vaste nef métamorphosée en jardin, sont exposés les pro-jets d'architecture, les gravures, les lithogra-phies, les statuettes et les bustes, ces derniers placés beaucoup trop bas M. Viel sait aussi bien que nous que les bustes modelés, pour être vus à hauteur d'homme, ne doivent pas être posés à hauteur de ceinture. 11 suffira de quel-ques madriers pour exhausser les sculptures de cette galerie et faire ainsi droit à notre juste réclamation. On le voit, l'espace occupé par la présente Exposition est beaucoup plus considérable que celui du Salon de 1857. Il n'y a cependant, cette année, que 213 oeuvres de plus inscrites au livret, qui contient 5,887 numéros 5,045 peintures, 472 sculptures, 160 gravures, 96 lithographies et 114 projets d'architecture. Il est vrai que beaucoup de tableaux exposés ne figurent pas encore au livret ils n'y seront por-tés qu'à la prochaine édition, en même temps que les envois des artistes anglais, si toutefois ils se décident à venir occuper la salle qui leur est réservée. On doit savoir gré à M. le comte de Nieuwerkerke de sa couitoisie à l'égard des artistes étrangers. De tous temps les artistes de tous pays ont été admis à nos Expositions des Beaux-Arts, et ont eu, comme nous, leur part aux récompenses. Mais l'hospitalité qu'on leur offre, cette année, est encore plus grande, plus digne et plus en rapport avec l'esprit gé-néreux de la France. M. le directeur général des Musées a également eu le bon goût de réunir, dans un même salon, presque tous les tableaux de sujets religieux, nous disons presque tous, parce que ce salon se trouvant trop petit, il a bien fallu laisser quelques tableaux religieux parmi les autres peintures. Du reste, le classement des ouvrages nous paraît mieux entendu. Nous savons l'impossi-bilité de placer, au goût de tout le monde, trois mille quarante-cinq tableaux et dessins nous savons les réclamations, les récrimindtions qui éclatent à l'ouverture des Expositions mais cependant, en distribuant dans chaque salle, dans chaque galerie, un certain nombre d'oeu-vres de mérite, au lieu de les agglomérer dans une ou deux pièces seulement, comme aux an-nées précédente, M. de Chennevières a su jeter de l'intérêt dans toutes les parties de l'Exposi-tion il a su attirer l'attention du public par-tout, et rendre, par ce moyen, la circulation beaucoup plus libre.Ainsi, le visiteur trouvera, dans les différentes salles , des peintures de MM. Gérôme, Delacroix, Hébert, Beaudry, Henriette Browne, Troyon, etc., et des sculp-tures de MM. Clessinger, Cavalier, Dantan aîné. Debay, etc. Selon notre habitude, nous commencerons notre revue par la peinture historique puis, viendront les tableaux de genre, les portraits, les intérieurs, les paysages, les animaux, les ma-rines les pastels, aquarelles , miniatures, émaux et peintures sur porcelaine les sculp-tures et gravures en médailles les gravures et lithographies, et l'architecture. Un dernier cha-pitre sera consacré à la séance des récom-penses. II. PEINTURES HISTORIQUES. MM. Yvon, - Barrias.- Muller. - Gêrôme. - Eugène Delacroix. - Benouville. - Baudry.- Diaz. - Ma-zerolle. - Bellangé. - Pils. - Lies. - Hamman.-Dobbelcere. - Lévy. - Lazerges. - Ilamon.- Au-bert. - Bouguereau. - Curzon. - Hillemacher. -Bailly.- Ciésinger. - Etex. - Court.- Glaize père. - Glaize fils. - Larivière. - Philippoleaux. - De-caen. - Couverchel. - Beaucé.- Pielion. - Duval-le-Camus. -Cartellier.- Dumas. - Rigo. - Mey-nier. - Hesse. - Henri Scheffer, - Legras. - Abel. - Caraud. - Comte. - E. Devéria. - Jacquand.-Heilburth. - Mottez. La grande peinture, la peinture historique, est abandonnée en France, s'écrie-t-on à cha-cune de nos Expositions des Beaux-Arts. Cette année encore, ce sont les tableaux de genre qui dominent, et leur mérite, leur nombre toujours croissant, prouvent que la majorité des artistes s'y adonnent de préférence. Il y a deux ans, dès l'ouverture du Salon, nous avons expliqué les causes de cet abandon survenu depuis 4850, époque qui a brusquement, trop brusquement peut-être, changé le goût du public et modifié les études artistiques. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet traité par nous en 1857 nous nous bornerons à faire observer que le Salon actuel semble accuser une tendance de retour à la grande peinture historique. En effet, les grandes toiles sont nombreuses quelques-unes ont trait à l'histoire de l'antiquité, quelques autres aux événements contemporains, mais la presque to-talité des grands tableaux du Salon représentent des sujets religieux. Malheureusement, peu d'entre ces derniers sont traités avec le goùt et le talent qu'on voudrait toujours rencontrer dans ce genre de peinture. Ce qui n'a pas peu contribué, de notre temps, à égarer les jeunes artistes lorsqu'ils avaient à rendre un sujet de sainteté, c'est bien assuré-ment l'engouement, la mode du gothique, que peintres, sculpteurs, architectes, appliquent à toute sauce. De ce qu'on a dit et écrit que le style gothique était essentiellement religieux, qu'il était le plus convenable pour les temples chrétiens et pour la traduction des faits de l'histoire sacrée, beaucoup d'artistes se sont pénétrés de cette idée que leurs compositions n'auraient pas le caractère religieux s'ils s'écar-taient de la raideur gothique, s'ils n'affublaient tous les personnages de la Bible des costumes de l'époque du moven-âge, laissant de côté toutes traditions historiques. Certainement, nous apprécions infiniment le sentiment naïf, l'expression pleine de foi d'un grand nombre de peintures et de sculp-tures des xi et XIIe siècles mais on nous per-mettra de ne pas admirer tout dans le gothi-que, de ne pas le mêler à tout on nous permettra de penser qu'un sujet d'histoire sainte peut être d'un caractère très religieux, quoique traité avec indépendance, dans des données de vérité de costume, d'action et de modelé. Nous ne comprenous les peintures et sculptures de style gothique que lorsque ces ou-vrages sont destinés à l'ornementation d'un édifice de ce genre d'architecture il serait ri-dicule alors de ne pas s'inspirer, de ne pas imiter le mieux possible les chefs-d'oeuvre de cette époque. De môme que rien n'est plus dis-parate, plus choquant que de rencontrer, dans un temple d'architecture grecque ou romaine, une peinture ou une sculpture moderne imitée du gothique, sous prétexte que c'est plus chré-tien. Ces anachronismes révolteront toujours les hommes de goût. Pourquoi oublier que la peinture et la sculpture sont les auxiliaires de l'architecture, que leur rôle est de concourir à l'harmonie du monument qu'elles sont appelées à décorer? L'unité de style devrait être la pre-mière préoccupntion de l'artiste chargé d'une oeuvre monumentale, car les anachronismes que commettent les peintres, les sculpteurs, sont tout aussi blâmables et de tout aussi mauvais goût que ceux commis par les architectes, lors-que, dans une restauration, ils accolent une laçade d'architecture romaine à un édifice go-thique ou renaissance, ainsi qu'à Saint-Eusta-che, par exem ple, il est temps que, comme les architectes, les peintres et les sculpteurs se rendent à cette vérité qu'ils étudient tous les genres, tous les styles pour les appliquer au besoin il est temps qu'ils cessent de croire que c'est le style d'une époque, plutôt que le senti-ment, la naïveté d'une école primitive plutôt que la sévérité et la pureté de lorme qui don-nent le caractère religieux à une composition tirée de l'histoire sainte. Dégagé de ces préven-tions, l'artiste retrouvera son indépendance, son originalité il se livrera sans préoccupation a des études sérieuses, qui doteront ses oeuvres des qualités qui manquent à beaucoup trop d ? grandes toiles de t Exposition de 1859. Parmi les compositions historiques, celles ti? MM. Yvon et Gérôme occupent encore cette fois le premier rang. Cependant, quoique très remarquables sous plus d'un rapport, les pein-tures exposées par ces éminents artistes n'exci-tent pas les mêmes sympathies, le même concours d'unanime approbation querellesqui figuraient au dernier Salon. Des deux grandes pages de M. Yvon, une seulement est exposée, l'autre n'est pas ache-vée encore c'est par elle que nous terminerons probablement ce chapitre consacré au tableaux d'histoire et de genre historique. La Gorge de llalakoff, tel est le sujet traité cette année par M. Yvori. Les premiers épaulementsdeMalakoll étant escaladés, les troupes de la division Mac-Mahon se trouvèrent en face de tout un système de barricades en terre d'où elles durent succes-sivement déloger les Russes. Après de sanglants efforts, nos troupes réussirent à expulser com-plètement l'ennemi, et arrivèrent à la gorge de l'ouvrage, espace ouvert, large de quatre mètres environ, qui servait de porte de communication entre la redoute et la ville de Sébastopol. Le 20e et le 27e de Jigne, commandés par le général Vinoy, pénétrent les premiers dans ce labyrin-the, et. après des pertes douloureuses, occupent la gorge, soutenus par les zouaves de la garde, colonel Jannin, par les voltigeurs de la garde, colonel Douay, dont les généreux ellorts réus-sissentà contenir les retoursonensifsdcs Russes, mais nu prix de bien du sang ! Déjà, à la base de cette digue héroïque, gisent le colonel Adam de cette 1 !,~,tie liéro i I tie, et le commandant tratsoqui, du 20e de ligne, dont le drapeau Hotte au milieu de la fumée de la mousqueterie et. des gabionnades incen-iié.cs de l'épaulcment conquis, et sur lequel il vient d'être planté. A la droite du tableau, an sommet d'une traverse, on aperçoit le général Vinoy,debout, appuyé sur son épée. et dirigeant les mouvements de a troupe. Enlin, arrive le général Wimpffen à la tête de la brigade de réserve. Ce sont les tirailleurs algériens, con-duits par le colonel llose, qui se précipitent comme un torrent et jettent à l'envi, pour fer-mer la terrible ouverture, sacs-à-terre, gabions et leurs propres corps. Au milieu d'eux, leur brave lieutenant-colonel Roques est frappé mortellement en plantant le premier gabion. Au centre du tableau, sur l'épaulement où est planté le drapeau, un Arabe, le sergent Musta-pha, pour animer la lutte, et sous le feu le plus terrible. joue les airs indigènes sur l'instrument national kenob . Le 50e de ligne les suit de près, etsur le premier plan du tableau, à droite, on voit le 3e régiment de zouaves, colonel Pol-hès. Cette description du tableau de M. Yvou donne une idée des difficultés qu'il avait à sur-monter et dont on doit lui tenir compte. Faire mouvoir tous ces divers corps d'armées dans un espace limité comme la gorge de Malakolf n'é-tait pas chose facile, et nous croyons que peu d'artistes s'en seraient tiré aussi bien que M. Yvon, malgré les reproches qu'on peut adresser à sa composition. Si quelques groupes du secoud plan, au centre du tableau, manquent de relief, si l'air ne circule pas bien partout, si le mou-vement de l'officier de tirailleurs algériens. por-tant un sac-à-terre, est maniéré, ces défauts ne sont-ils pas rachetés par les qualités les plus sérieuses, par l'excellente entente d'une aussi vaste composition, par un dessin toujours vrai. toujours correct, par une couleur solide et une exécution large? Si la scène est moins drama-tique que dans la Prise de la lotir Malakoff exposée en 1857, c'est qu'ici c'était une mèlec et que, dans le tableau que nous examinons, les Russes, étant repoussés en dehors de la gorge. les combattants sont séparés par un espace qui ne permet pas de s'aborder à la baïonnette. Sans quitter le Salon central où nous sommes, nous trouvons, en face, un autre épisode de cette glorieuse campagne de Crimée nous as-sistons au Débarquement de l'armée française à Old-Port, en Crimée, le 14- septembre 1854. Ce tableau, peint par M. iiarrias, donne une par-faite idée du débarquement de l'armée l'oeil embrasse une grande étendue de la côte et de la mer on aperçoit les chalands, les chaloupes, les canots-tambours, les canots ordinaires rem-plis de soldats abordant le rivage, sur trois points à la fois on voit les trois divisions se former et leurs colonnes venir déliler devant le maréchal Saint-Arnaud et son état-major, au cris de Vive l'Empereur !. Il y a de l'élan, de l'enthousiasme dans cette composition qui se recommande encore par la couleur et le mé-rite de l'exécution. Un autre tableau d'une exécution remarqua-ble, c'est celui de M. Muller la Proscription des jeunes Irlandaises caloliques, en 1G55, scène d'un intérêt on ne peut plus pathétique, et ren-due avec une grande puissance d'expression et de couleur. La protestante Angleterre voulant qu'il n'y eût plus de catholique en Irlande, et qu'à leur place il s'établît dcs protestants, au lieu de se borner à tuer, prend le parti de les déporter de force. Une fois, dit la notice du livret, on enleva d'un seul coup mille jeunes filles irlandaises qu'on arracha aux bras de leurs mères pour les conduire à la Jamaïque, où elle furent vendues comme esclaves. C'est à cet acte de fanatisme anglais que l'artiste nous fait assister. Par un temps brumeux, de grand ma-tin sans doute, une soldatesque brutale, sou les ordres de leur capitaine, embarque de force les jeunes filles en proie au désespoir. Les unes se débattent énergiquement, se réfugient dans les bras de leurs mères qui les défendent en vain les autres, résignées, pleines de foi en Dieu, acceptent comme un martyre le sort affreux qui les attend. La figure du capitaine est belle et énergique, mais le groupe le plus saisissant c'est celui du centre du tableau l'expression de résignation de la jeune fille est remplie de no-blesse. Nous avons dit que les ouvrages de M. Gérôme n'ont pas, cette année, te succès obtenu par soit Duel au sortir d'un liai masqué, par les Re-crues égyptiennes, par sa Prière chez un Chef arnaule, autour desquels on se pressait au Sa-Ion de 1857. Celui des trois tableaux de cet ar-tiste qui, par son ujet, aurait dù impressionner le plus la Mort de César , est justement celui devant lequel la foule s'arrête le moins. Pour-quoi cela? serait-ce son voisinage qui lui nui-rait? peut-être faudrait-il le voir seul, sur un fond et d lns un jour p'us convenables? Pour-tant, il est composé de manière à produire une profonde sensation le cadavre de César, frappé de trente-cinq coups de poignard, est là, étendu au pied de la statue de Pompée, gisant dans l'ombre, sur le pavé de cette Vitste salle du Sé-nat, maintenant déserte, silencieuse, abandon-née des conjurés qui ont fui épouvantés de leur crime. Le désordre des vêtements, la main droite coupée, lacérée, pleine de sang, la chaise curule renversée, les traces de pas ensanglan-tés, tout témoigne de la lutte soutenue par Cé-sar contre ses nombreux assassins. Ce manuscrit déchiré, taché de sang, qu'on voit près du corps de César, est sans doute la note confi-dentielle qu'il n'a pas eu le temps de lire, et qui révélait Ja conspiration. Le demi-jour qui règne dans cette salle ajoute encore au froid qu'inspirent ces dalles, ces murs de marbre, ce vide immense qui s'est ait autour d'un cadavre. Au point de vue de l'exécution, on reproche à M. Gérôme d'avoir fait du bronze et non de la chair. Ce reproche est surtout fondé pour les tons vert-de-gris du masque mais le raccourci est bien senti, le désordre de la draperie est na-ture!, sans la recherche ou le laisser-aller de mauvais goût. dans lequel serait tombé un ar-tiste moins capable. Ave, Coesar imperalor, morituri te salutant, le Salut des Gladiateurs, du même peintre, n'est pas mo'ns dramatique que le précédent sujet. Des milliers de spectateurs occupent les innombrables gradins de l'amphithéâtre du Cir-que une lutte vient de finir les employés du Cirque harponnent et traînent hors de l'arène les cadavres des gladiateurs qui ont succombé, comme on le fait des taureaux tués dans les cirques espagnols d'autres jonchent de sable nouveau les parties de l'arène qui ont été fou-lées dans la lutte et les marcs de silng formées à et là enfin, les nouveaux combattants vien-nent saluer César, qui, dans sa loge, assiste à ce spectacle aimé des liomairis. Autant le grand tableau de la Mort de César est vide de per-lonnages, autant celui-ci, de petite dimension, est rempli. La lumière est savamment répartie, la couleur a de l'éclat, mais le dessin laisse à désirer dans quelques-unes des figurt s du pre-mier plan. Nous adresserons le même repro-che à la ligure principale du troisième tableau, le Roi Candaule. Lysias est d'un dessin na-ture, mais les formes manquent d'élégance, de finesse. Du reste, cette petite composition est charmante elle est arrangée avec un goùt exquis et d'une harmonie de couleur on ne peut plus agréable. M. Eugène Delacroix, qui n'avait rien au dernier Salon, a envoyé, cette fois, huit ta-bleaux la Montée au Calvaire, 819 - le Christ descendu, au Tombeau, 8.0 - Saint Sébastien, 821 - Ovide en exil chez les Scy-thes, 822 - Hermiivie et les Bergers, 825 -Rébecca enlevée par le Temp lier, 824 - llam-let, 823 - les Bords du fleuve Sébou, 826. Que dire de ces peintures? Bornons-nous à sténographier un entretien qui résume les di-verses opinions racontons notre conversation avec une personne qui. un journal à la main, et après avoir cherché en vain, vint nous de-mander où étaient les tableaux de Delacroix. -Devant vous, lui répondîmes-nous. - Ca? -Oui. - Cela n'est pas possible ! - Vovez la si-gnature. - En ellet.. Delacroix. Eh bien ! ça n'est pas beau vraiment, je ne comprends pas que mon journal trouve cela admirable. -Pourquoi vous étonner? n'avez-vous pas lu et entendu dire que Paul Delaroche n'était pas uu peintre que M. Vernct n'était qu'un crétin, OH badigeonneur à la toise? Qu'on dénigre ce qui p t bien et beau, qu'on loue ce qui est laiil et faux, cela ne change rien aux choses elles restent toujours ce qu'elles sont réellement. D'ailleurs, il y a des gens qui, par goût, ai-ment la laideur. épousent des êtres repous-sants, hideux. - Sans doute mais ces goûts-fà ne sont pas ceux de la majorité -Regardez, voyez-vous beaucoup de monde s'arrêter aux ta-bleaux de M. Delacroix? - C'est vrai , per-sonne. Aussi, ne puis-je croire que mon jour-Jlal ait sérieusement trouvé cette peinture admi-rable.- V ous avez tort tous les goûts sont dans la nature. - Mais enfin, Monsieur, de deux choses l'une ou les peintures du Musée du Lou-vre, qui nous montrent la nature sous de si jo-lis aspects, avec des formes si belles,si variée?, avec une richesse, une harmonie de couleur qui séduisent, sont des chefs-d'oeuvre, et celles que nous avons là, sous les yeux, ne sont que des po-chades, ou bien les huit tableaux de M. Dela-croix sont admirables, et les tableaux du Louvr les llaphaël, les Titien, les Véronèse, les Poussin, ceux des maîtres anciens et modernes, ne sont que des croûtes, car, entre les tableaux que nous examinons et ceux des grands maîtres, il y a la distance du laid au beau il n'existe enfin aucun rapport.-Ce jugement estsévère, et c'est probablement parce que lesoeuvre de M. Dela-croix n'ont de rapports avec aucune autre qu'el-les excitent l'admiialion de quelques hommes. -Je le croirais volontiers, puisque j'ai lu, il y peu de jours, que ce qu'il y a surtout d'admi-rable dans cette jument sauvage du tableau 822 , c'est que ce n'est pas un cheval, et, je vous l'a-voue, Monsieur, j'avais toujours pensé que. pour représenter un cheval, il Htait faire M. cheval, qu'un arbre en peinture devait ressem-bler à un arbre je comprends maintenant pourquoi personne ne s'adresse à cet artiste pour faire faire son portrait. - Décidément, vous n'aimez pas ce genre de peinture cepen-dant, je veux vous réconcilier avec quelques-unes des oeuvres de cet artiste. - Ce serait dif-ficile. - Moins que vous le supposez. Allez au Musée du Luxembourg, allez voir le Dante aux Enfers, tableau qui date de plus de trente ans, et qui n'a rien de la manière adoptée depuis par M. Eugène Delacroix. Ce tableau sera toujours compté parmi les meilleurs de l'Ecole moderne, et j'en suis sûr, il vous plaira. Passons à l'examen des oeuvres d'un artiste trop tôt enlevé aux arts parlons des tableaux laissés par Benouville, jeune peintre d'un talent sérieux, et qui promettait d'arriver au premiei rang dans la grande peinture historique Sa Jeanne d'Arc est vraiment inspirée elle tressaille en écoutant ta voix divine qui lui crie Jeanne la Pucelle. fille de Dieu, va en France, va en France. Hâte-toi, hâte-toi. La pose est éner-gique et simple on sent, au mouvement ner-veux avec lequel cette jeune tille presse la quenouille de lin qu'elle était occupée à filer, on sent à la fierté, à l'éclat de son regard qu'un transport divin l'anime et qu'elle aura la puis-sance d'accomplir de grandes choses. Cette com-position est l'oeuvre la plus complète de Benoù-ville, comme pensée, comme dessin, comme couleur et comme exécution. Sainte Claire recevant le corps de saint François d' Assise, du même, est une scène plus compliquée, dont L s groupes nombreux sont bien disposés, dont les ligures principales sont touchées avec délica-tesse, mais dont le modelé est moins vrai et le faire moins large que dans la Jeanne d'Arc. De ses deux sujets La Madeleine pénitente et la Toilette de Venus, exposés par M. Heaudry, nous proférons le dernier. L'effet général est agréable, le groupe est gracieux, les formes de Vénus sont élégantes, d'un dessin plus arrêté que celui de la Madeleine, dont le modelé est cotonneux et la couleur blafarde. Nous enga-geons cet artiste de ne pas sacrifier son talent a la mode. de ne pas chercher à faire du Diaz, dont l'iusuccès de cette année dégoûtera, nouiv l'espérons, ses trop faciles imitateurs. Nous invitons nos lecteurs à voir les neufs tableaux de M. Diaz Galalhee, 887, - l'Education de Amour, £ 88, - Venus et Adonis, 889, -l'Amour puni, 890, - N'entrez pas, 891, -la Fée aux Joujoux, 892. - la Mare aux ri-pères, 893, - Portrait de lIme A. P., 894, -Portrait de Mme S.,895. Ils regretteront comme nous qu'avec du talent cet artiste arrive à ne plus prendre la peine d'étudier, de dessiner et bientôt de modeler le coloris des chairs. Encore un pas dans cette voie et ses tableaux ne seront plus que des ébauches informes, incompréhen-sibles. M. Mazerolle aime les scènes dramatiques. If avait au dernier Salon, Chi périe et Frédégonde devant le cadavre de Galsuinthe cette fois, c'est Néron et Locuste, essayant des poisons sur un es-clave, qui meurt en sedébattantdans des douleurs horribles. Le cruel Néron, assis, la tête appuyée ,,ur les deux mains, observe d'un oeil farouche les ravages que font les poisons sur l'esclave, qui se roule à ses pieds et à ceux de Locuste, vieille et ignoble femme dont l'aspect inspire le dégoût. Cette composition est vigoureuse-ment touchée la figure nue de l'esclave est d'un dessin large et puissant la tête de Nérort n'est peut-être pas assez largement dessinée, ce qui lui donne un peu l'air d' une vieille femme. L'inventaire d'une casemate russe après la prise de Malakoff, par M. Bellangé, est d'une si grande vérité de détails qu'on doit croire que cette scène a été peinte d'après nature, ainsi que cette autre toile Jipisode de la Prise de Malakoff, d'un intérêt plus dramatique. Mais le tableau qui impressionne le dus par son su-jet, c'est Le Salul d'adieux, scène de tranchée devant Sébaslopol. Un ollicier supérieur de zouaves vient d'être tué, deux zouaves l'empor-tent couché sur un brancard et recouvert de son caban partout sur son passage les zouaves cessent le feu et font face au convois pour ren-dre, par le salut militaire, un dernier hom-mage de respect et de regret au courage mal-heureux. L'expression de r, calme et d énergie empreinte sur ces mâles visages est saisissante. Ces têtes sont touchées de main de maître et nous ne pouvons que féliciter la Commission de la loterie de l'Exposition d'avoir fait l'acquisi-tion de ce tableau, ainsi qu'un autre du même genre, de M. Pils Défilé des zouaves dans la tranchée Siège de Sébaslopol . llien de plus vrai que les poses de ces troupiers qui mar-chent à la file, et courbés pour n'être pas aper-çus ni éveiller t'attention de l'ennemi. Cette pe-tite toile, d'une couleur vigoureuse, est le digne pendant de celle de M. Bellangé. Heureux ceux que le sort favorisera decesdeux intérsesantes et lemarquables compositions. Nous sommes con-vaincu que ces deux sujets, si sympathiques au peuple, ne sont pas étrangers à l'empressement qu'il montre à prendre des billets de la loterie, lorsqu'après avoir quitté l'atelier ou le maga-sin, il vient, le dimanche, visiter l'Exposition. Pour quiaimelesarts, gagner pour un franc, soit une jolie gravure d'une valeur de cent francs, soit un charmant tableau de mille francs et plus, soit une b lie sculpture en marbre ou bronze de mille à deux mille francs et peut-être davan-tage c'est touchant pour tout le monde 1 . Personne n'ignore que, depuis longtemps, les ouvrages des artistes étrangers étaient admis à nos Expositions des Beaux-Arts, qu'ils y étaient traités sur le mêma pied que ceux des artistes français, qu'ils y avaient les mêmes droits aux achats et aux récompenses du gouvernement. Cette courtoisie, - toute française, - l'admi-nistration l'a poussée plus loin encore, cette an-née elle a accordé des salles particulières aux peintures des artistes étrangers .une pour les 1 Voici la liste des autres acquisitions déjà faite pour la loterie elle donnera une idée du goût que la Commission apporte dans ses choix - Rèverie, par M. Aubert. - Le Renard et les Raisins, par M. Ualleroy. - Le Viatique en Bretagne, par M. Bau-dit. - Paysage, prière dlns les environs de la Brie, par M. Bluhm -Troupeaux de vaches, souvenir des Pyrénées, par M. Auguste Bonheur. - Planta-tion d'un Calvaire, par M. Breton. - Une Coutu-rière, par le même. - Les Soeurs de Charité, par Mme Henriette Browne. - Avant la Messe, par M. Capelle. - Représentation d'AthaLie devant le roi Louis XIV, par les demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , par M. Caraud. - Femmede Mala di Goëte, par M. de Curzon. - Groupe d'Arbres au bord de la mer, par M. Desjobeit,-L'Hospitalité, par M. Du-Belges, les Hollandais et les Allemands, et uni' entièrement réservéeauxAnglais.qui, vu l'époque avancée, n'enverront probablement aucun ou-vrage au Salon actuel. Parmi les artistes étran-gers qui ont répondu à l'appel qui leur était fait, les Belges sont, comme de coutume, les plu? nombreux et les plus remarquables. Il est vrai que beaucoup d'entre eux habitent Paris, que presque tous sont venusétudier et se perfection-ner ici, et que le visiteur, en parcourant le Salon occupé par les ouvrages belges, peut se croire en lace de peintures françaises. Il faut cepen-dall t en excepter le tableau - Les Maux de la iuerre, - de M. Lies, d'Anvers, dont la ma-nière estuneimitation de l'ancienne école alle-mande. Nous regrettons qu'avec un talent de pre-mier ordre, cet artiste consacre son temps, sa patience à imiter les procédés, les trucs de te! maître, de telle école, au lieu d'être lui, d'être original, d'être vrai, non seulement par la pen-verger.-Le Déjeuner, par M. Fichel. - Un Paysage, par M. Hanoteau. - Souvenir du Château de Pé-tersheim, par M. Knyff. - Un Paysage, par M. La. morihicre - Le Coûter des cueilleuses d'oeillet-te , par M. Langée. - L'Étang de la ferme de Buurcq, par M. E. Lavieille. - Le Benedicite, par M. Lechevalier-Chevignard. - Faits divers, llllé-i ieur suisse, ar Armand Leleux. - La Vigie, par M. Le Poitevin.- Pêche au saumon, par M. Charles Lerou. - Animaux, par M. Van Marck. - Une Konde d'ofliciers du temps de Charles-Quint, par M. Pinguilly-L'Haridou. - Un Novice du l'ordre Saint-François, par M. Ruipérez. - La Leçon, par M, Toulmouche. - Halte de contrebandiers, par M. Achille Zo. sée et le contour, mais encore par le modelé et la couleur. Cette scène des Maux de la Guerre au temps de la féodalité, est pleine d'intérêt. Deux sei-gneurs étaient en guerre le vainqueur a pillé, dévasté, incendié le château de son adversaire qu'il emmène prisonnier ainsi que tous les mem-bres de sa famille. Ce vieillard marche accablé, avant à ses côtés ses deux fils garottés comme lui l'aîné, blessé à la tête, indigné des bruta-lités auxquelles son père est en but, cherche à rompre ses liens pour pouvoir le défendre et protéger sa mère et sa jeune soeur contre les propos, les grossièretés des chevaliers qui es-cortent lacharette sur laquelle on les a placées. Les têtes de ces nobles chevaliers dévaliseurs, ont du caractère celles des deux femmes sont jolies, expressives mais les chevaux laissent bien à désirer, et cette composition qui, n'a qu'un premier plan, manque de perspective aérienne. Un autre peintre belge, M. Ilaraman, d'Os-tende, a le bon esprit de chercher à ne singer au-cun maître il ne se préoccupe que de l'étude de la nature, qu'il s'applique à interpréter de son mieux, comme le prouve son tableau de André Vésale professant à Padoue en 154G. On sait qu'ayant appris qu'en Italie on attaquait son système avec acharnement, Vésale y lit annon-cer qu'il donnerait publiquement, à des jours déterminés, à Padoue, des conférences atin de onfondre ses adversaires en démontrant ses découvertes sur le cadavre humain même. On sait que les savants accoururent de toutes les parties de l'Europe, que Vésale se surpassa d.ul' s conférences, et que son triomphe fut com-plet. C'est là le sujet que M. Hamman a su traiter avec esprit et talent. Son amphithéâtre est complètement rempli de spectateurs, et ce-pendant l'air circule bien parmi ces nombreux groupes heureusement disposés. La lumière est savamment répartie et fait valoir le groupe principal l'attention est portée tout entière sur Vésale et le cadavre sur lequel il fait ses dé-monstrations. La pose de ce savant est simple, le geste noble, la tête inspirée, le dessin est vrai et plein de finesse de modelé, la couleur est puissante d'effet, quoique d'une exécution soignée dans toutes les parties du tableau. On retrouve les mêmes qualités de couleur et de dessin dans deux autres compositions moins im-portantes de cet artiste le Dante à Ravennes et Stradivarius. Les deux tableaux de M. Dobbelaere, de Bruges, sont inférieurs au mérite de ceux que nous venons de décrire. Sa peinture est d'un ton trop uniforme, trop monotone elle man-que de chaleur, de relief. Il y a un peu plus d'ef-fet dans la toile qui représente l'Assassinat de Charles-le-IJon. comte de Flandre, que dans celle qui nous montre Memling, malade à Bru-ges, peignant la châsse de Sainte-Ursule mais ce dernier sujet est mieux dessiné, mieux com-posé. M. Lévy, jeune pensionnaire de l'école fran-caise à Rome, se montre meilleur coloriste dans sa grande composition intitulée le Souper libre. Ce souper précédait le jour où les condamnés devaient être livrés aux bêtes dans les cirques romains. La salle où ils mangeaient était pleine de peuple, et nos saints martyrs lui adressaient la parole, tantôt le menaçant de la colère de Dieu, quelquefois lui reprochant, avec ironie, M curiosité brutale. C'est une semblable scène que M. Lévy a voulu rendre c'est saint Sature di-sant à cette foule qui entoure la table où lui d d'autres marlyrs prennent le souper libre - Le jour de demain ne vous suffira-t il pas pour nous contempler à votre aise et pour as-souvir la haine que vous nous portez?.. Remar-quez bien nos visages, afin de nous reconnaître à ce jour terrible où tous les hommes serontju-gés. Il y a dans ce tableau deux jolies têtes de femmes, mais on regrette la froideur des autres personnages, et surtout des groupes po-pulaires auxquels le saint adresse des reproches. liuth cl Noémi, du même artiste, est un ta-bleau moins considérable, mais qui se distingue par la couleur et le dessin. Un artiste dont les oeuvres ont le caractère éminemment religieux,M. Lazerges,a exposé Jé-sus embrassant la Croix, - Reniement de Saint Pierre - et les Dernières Larmes de la Vierge. CcUe dern ière composition rappelle, parla ben uté du sentiment et le charme de la couleur, le ta-bleau de la Mort de la Vierge, qui a val lu à cet artiste un beau succès au Sd Ion de 1855 et qui a été acheté pour la chapelle du palais des Tui-leries M. Lazerges ne s'est pas borné à traiter des su jets de sainteté nous axons vu de lui deux charmantes toiles Rêverie et le Printemps. Dans cette allégorie, le Printempsest représenta par une jeune et belle femme nue, entou-rée de leurs, de verdure, caressée par les zé-phyrs et les amours qui voltigent autour d'elle. Mette toile est d'une grande fraîcheur de colo-ns, mais cette fraîcheur n'a rien de la fadeur du coloris de YAmourcn Visite de M. Hammi. j Il y a deux ans. en nous plaignant de la conti-nuelle répétition de ces petites ligures de con-vention, nous disions à M. Hamon que nous avions foi en son talent, qu'il saurait trouver une variante même dans le néo-grec, en admet-tant qu'il ne puisse quitter ce genre. Hélas ? nous nous reprochons ce conseil, car ce gros poupart rosé qui ne peut se tenir sur ces jam-bes, nous fait legretter l'éternelle jeune fille de es compositions d'autrefois. Ce fiasco nous af-flige, et nous engageons cet artiste distingué à revenir à ses moutons, aux gracieuses com-positions des précédentes Expositions, au néo-grec, genre dans lequel il réussit, et dans le-que!. il est vrai, plusieurs artistes l'ont surpassé sous le rapport du dessin. Ainsi, cette année, M. Aubert s'est montré plus sérieux dessina-teur dans son charmant tableau Rêverie, que la Commission de la loterie s'est hâtée d'acheter dans la crainte de se le voir enlever par quel-que riche amateur. L'Amour blessé, de M. Bou-gereau, placé auprès de l'Amour en visite, de M. Hamon, nuit à ce dernier par la comparai-son facile à faireet toute à l'avantage de la com-position gracieuse de M. Bouguereau, dont l'amour est joli. malicieux et svelte. M. Curzon s'est également montré un char-mant peintre dans sa Psyché rapportant à Vé-nus la botte que lui a donnée Proserpine. C'est une jolie étude de femme. La composition du Tasse à Sorrante, par le même artiste , est aussi rendue avec une grande vérité de sentiment, de dessin et de couleur. Nous en di-rons autant des deux tableaux de M. Hillema-cher Boileau et son jardinier - Molière con-sultant sa servante. Ce dernier est d'un coloris-très vigoureux la servante rit bien aux éclats en écoutant la lecture de Molière. Le Supplice de Dolet, en 1546, par M. Bailly, est encore une composition bien comprise. Opprimus et plu-sieurs écoliers, profitant de ce que la foule force le cortége à ralentir sa marche, désunissent su-bitement l'enceinte formée par les soldats, et se précipitent auprès du chariot Adieu, Dolet! s'écrie Opprimus en s'élançant sur les rayons de la roue et s'elevant jusqu'à Dolet, qui lui serre la main avec effusion et lui dit Ne pleure donc pas, enfant vois comme je suis tran-quille il est beau de mourir pour une belle cause, et c'est un bonheurique l'homme doit envier. Il n'en dit pas plus un soldat ar-rache violemment Opprimus et le jette à terre. Cette scène, malgré la difficulté qu'elle offrait, est rendue sans confusion l'effet général du tableau est heureux et intéressant. m Si les peintures de M. Etex sont d'une lai-deur, d'une médiocrité incontestées, si celles de M. Clésinger, quoique moins désagréables, moins dépourvues de toutes qualités, sont ce-pendant très faibles, n'est-ce pas un devoir que d'engager ces deux sculpteurs à garder pour eux leurs essais en peinture? Ils ne sont pas les seuls sculpteurs qui s'amusent à peindre nous avons connu plusieurs statuaires académiciens qui se livraient à ce délassement, mais ils avaient le bon goût de ne pas exposer, comme des oeuvres sérieuses, des essais plus ou moins réussis. Es-pérons que l'accueil fait à Y Eve 629 et aux deux paysages 650-651 de M. Clésinger au Christ prêchant sur le lac de Génézareth 1002 , au Printemps, à Y Eté, à l'Automne, à Y Hi-ver 1005 à 1006 , à l'Europe 1007 et à l'Afri-que 1008 , de M.Etex, rendra plus modestes ces deux statuaires espérons d'ailleurs qu'à l'ave-nir les récompenses obtenues en sculptures n'exempteront plus du jury de peinture, les ta-bleaux envoyés par des sculpteurs, et ainsi de même rour les autres branches des beaux-arts. Un très grand tableau qui, à coup sûr, aurait été refusé si son auteur, M. Glaize père, n'était, par ses récompenses, exempté du jury, c'est la Distribution des Aigles par l'empereur Napo-léon Ill, le 10 mai 1854. On ne comprend pas qu'un artiste du talent de M. Glaize se soit égaré d'une manière aussi étrange, aussi com-plète. Ce q.u'il y a de fâcheux, c'est que cette énorme caricature soit destinée au Musée de Versailles. Après avoir dit sincèrement notre opinion à M. Glaize père, nous applaudirons au début de son fils, M. Pierre-Paul-Léon Glaize, qui se présente pour la première fois aux Ex-positions, avec une grande composition, la Trahison de Dalila. Ce n'est pas une oeuvre ir-réprochable, sous le rapport de la couleur sur-tout mais quelques-unes des figures sont bien dessinées, les mouvements, les situations sont vrais tous les personnages concourent bien à l'action principale. L'auteur de cette grande toile n'a que dix-sept ans, dit-on il promet un bon peintre d'histoire s'il continue par des études sérieuses. En face de la Distribution des Aigles par l'Empereur, se trouve une autre grande toile due au pinceau de M. Court. Elle a pour sujet la Commission du Musée Napoléon présentant à LL. MM. Il., au palais de Saint-Cloud, les plans du Musée fondé à Amiens par l'Empe-reur. Autant l'aspect du tableau de M. Glaize père est désagréable, autant celui de M. Courl est satisfaisant. Tous les portraits sont très res-semblants et largement peints c'est une des meilleures peintures de cet artiste. Un autre tableau officiel, sagemet composé, c'est la Ren-trée dans Paris de S. A. le Prince Prési-dent, au retour de son voyage dans le midi de la France, en 1852. On retrouve dans cette toile, commandée pour le musée de Versailles, les qualités sérieuses du talent de M. Larivière tlessin et couleur. Parmi les autres tableaux destinés au muséc historique de Versailles, nousciterons la Charge des chasseurs d'Afrique au combat de Bala-klava, le 25 octobre 1854, peinte par M. Phi-lippoteaux avec un élan tout français la Prise de Tiguert-IJala, dans la Kabylie, par la division du général baron Renault, le 2.j. mai 1857. composition de M. Decaen qui promet un peintre de bataille de plus deux Combats de Kanghil, en Crimée, le 49 septembre 1855, l'un par M. Couvcrchel, et l'autre par M. Jkaucé. Ce dernier artiste, pour rendre les ac-tions militaires avec plus de vérité, suit nos états-majors dans leurs expéditions. Après avoir fait ainsi les campagnes d'Algérie, de Crimée, le voilà maintenant en Italie, disposé a suivre tous les mouvements de l'armée, à re-produire sur la toile les mémorables faits d'ar-mes de cette guerre de délivrance et d'indé-pendance italienne. Les commandes destinées à la décoration des églises sont encore nombreuses cette année. M. le ministre d'État et M. le préfet de la Seine trouvent là un encouragement à donner à la grande peinture historique, et les artistes du notre époque pourraient s'y appliquer plus sé-rieusement s'ils avaient le bon esprit de se dé-barrasser de tout système, de toute coterie d'é-cole. Un élève de M. Ingres, facile à reconnaî-tre au ton gris et froid de sa couleur, M. Pichon, a exposé l'Annonciation, commandée par le ministre d'État, et Saint Clément, pape, envoyant les premiers apôtres évangiliser les Gaules, commandé par la ville de Paris pour l' église Saint-Séverin. Cette dernière composi-tion a du style, les poses sont simples, le geste est noble. Le coloris de M. Duval-le-Camus est moins froid il vise plus à l'effet de lumière et d'expression dans son grand tableau Jésus au M oui des Oliviers, commandé par le minis-tre d'Etat. Une composition plus considérable, faite aussi pour le compte de l'État, Saint Paul frappé de cécitésur la route de Damas, est d'une couleur plus solide et d'un dessin plus ferme, plus arrêté. Son auteur, M. Cartillier, auquel, il y a deux ans, nous reprochions de n'être pas coloriste, a voulu nous prouver qu'il pouvait le devenir. En effet, il y a progrès. Les Disciples d'Emmaiis, sage composition, vigoureusement peinte par M. Dumas, pour l'église Saint-Louis-d'Antin, est bien préférable au Baptême de Clovis 496 , grande toile commandée par le ministère à M. Rigo, qui réussit mieux les su-jets militaires que la grande peinture historique où les nus et les draperies demandent du style. Malgré le talent que l'artiste a mis dans l'exé-cution de cette grande page, la couleur est d'un ton si froid, l'effet si monotone qu'on a peine à croire que c'est l' oeuvre de l'auteur de cet autre tableau plus petit et plus vigoureusement tou-ché Le Général en chef Canrobert venant le matin, visiter une tranchée attaquée pendant la nuit par les Russes, distribue aux blessés des récompenses et des encouragements. Quelques autres sujets religieux ont encore nttiré notre attention Le Sermon sur la Mon-tagne, de M. Meynier, d'un coloris plein de fraîcheur la Descente de Croix, savamment composée par M. liesse la Vierge, Saint-Jeart et la Madeleine au pied de la Croix, d'un ton u n peu noir, mais d'un bon sentiment, par .M Henry Scheffer le Retour des Saintes Fem-mes après la mise au tombeau, bien dessiné. bien composé par M. Legras, et le même sujet traité avec beaucoup de sentiment par un jeune-il rtiste, M. Marius Abel. Il y a de l'abattement 1 ans la pose de la Vierge, une expression der noble et profonde douleur sur ses trai ts. L'effet il u crépuscule complète l'impression de mélan-co lie qu'inspire ce petit tableau Nous ne terminerons pas notre revue de la re inture d'histoire et de genre historique sans no us arrêter quelques instants devant plusieurs t h armants tableaux celui de M. Caraud, re-présentant les Demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , jouant Athalie devant L ,uis XIV, à Versailles, est encore une des perles de l' Ei po-ition achetée par la Commission de la loterie. Le mérite des sujets exposés par M. Comte est moins complet que ceux qu'il avait à la der-nière Exposition. Le Cardinal Richelieu et ses. fit ats. que nous préférons comme composition, manque cependantd'harmonie de ton. Il y en a d avantage dans le second tableau Alain Char-ticr endormi recevant fin baiser de Marguerite Lcosse, mais l'exécution laisse à désirer. M lU-véria est toujours coloriste, comme te ptowc-ses deux tableaux Mort du Fils de la Sunamiter et une scène de Y Henri VIII de Shakspeare M. Jaequand ne l'est pas moins en nous mon-trant Pcrugin peignant chez les moines, à Pé-rouze. Des cinq tableaux de M. Heilburth, de Hambourg, nous préférons celui représentant Lucos Signorelli, peintre florentin, contemplant son fils lue dans une rixe la scène est bien dis-posée, les figures mieux dessinées. Le Zeuxis de M. Mottez est une jolie composition qui excite l'intérêt. Pline nous apprend qu'avant de-travailler à sa Junon Lueinienne, dédiée par les Agrégentins au temple de cette déesse. Zeu-xis obtint de voir leurs filles nues, parmi les-quelles il en choisit cinq nour copier ce qu'il y avait de plus beau en chacune et en former ,- sa Junon. Ce sujet est traité avec convenance et avec talent l'artiste a su éviter le côté tri-vial qu'il onrait. Fermée aux visiteurs pendant huit jours pour la permutation des tableaux qui a lieu habi-luellement vers le milieu de sa durée, l'Expo-sition a été rendue publique lundi dernier. Quelques toiles qui méritaient aussi une place au salon d'honneur, y sont venues occuper celles d'un certain nombre de peintures transportées, à leur tour, dans les galeries voisines. A la. place du Débarquement des troupes en Crimée, J.eiut par M. ttarrias, on voit maintenant le second tableau de M. Yvon, qui, n'étant pas achevé, n'avait pu figurer encore à l'Exposition. Le fait d armes que cet artiste a été chargé de représen er est encore un épisode de la prise •le Sébastopol. le 8 septembre 1855 c'est la Coin tine de Malakoff. La division du général IjfinKitUirougGr s'étant élancée sur l i courtine-qui relie Malakoff auPetit-Redan, envahit la se conde ligne de défense. Mais la mitraille écrasse les tètes de colonnes de cette brave troupe, et, pour lépondre à l'artillerie russe, qui cause dans nos rangs de si cruels ravages, l'ordre est donnée au commandant Souty d'amener devant la courtine les deux batteries du 10e régiment qu'il commande. Les pièces traversent au ga-lop le terrain effondré que labourent les projec-tiles, et engagent résolument une lutte héroï-que, mais inégale, dans laquelle hommes, che-vaux, affûts, caissons sont bientôt broyés par les calibres supérieurs de l'ennemi. Cependant, la division Dulac et les réserves de la garde s'élancent pour la soutenir. C'est le bataillon de chasseurs a pied de la garde, dont l'intrépide commandant Cornulier de Lucinière est frappé à mort en entraînant sa troupe ce sont les lrr et 2° régiments de grenadiers de la garde, co-lonels Blanchard et d'Altan, conduits par le gé-nérai Mettinet.qui franchissent audacieusement les épaulements de nos tranchées c'est le géné-rai de Fdillv, à la tête des voltigeurs de la garde, colonel Montera, qui reçoit une blessure mortelle. M. Yvona répondu, comme nous l'espérions, aux attaques passionnées auxquelles son tableau, la Gorge de Malakoff que nous avons analysé en commençant ce chapitre, a été en butte. L'air circule partout dans cette mêlée l'oeil saisit bien l'ensemble de l'action l'intérêt, répandu partout, est cependant attiré plus particulière-ment sur le personnage principal de la composi-tion placé au centre du tableau le général Bos-quet, qui, dirigeant l'ensemble des attaques, est atteint d'un éclat de bombe au liane droit, un peu au-dessous de l'épaule , sent ses forces trahir son courage.On l'emporte sur une civière mais la pluie de projectiles est telle, que le fa-nion du général est brisé dans les mains du ma-réchal des logis Rigodit, et que, à plusieurs re-prises, les porteurs du brancard sont tués. Ce groupe est palpitant d'intérêt il exprime un sentiment inconnu dans les armées étrangères il peint l'amour, l'affection du soldat. C'est qu'en France on n'achète pas ses grades, c'est que chacun doit les gagner sur le champ de bataille, c'est que les chefs partagent le danger et les privations du soldat, c'est que le général est vé-ritablement le compagnon d'armes du soldat qui sacrifierait sa vie pour lui , comme ce zouave qui meurt en pressant la main du géné-ral Bosquet, dont il a si souvent apprécié le cou-rage, et pour lequel il eût donné dix fois sa vie. Cette grande toile, qui fait pendant à celle qui l'a précédée à l'Exposition, la Gorge de Malakoffsera l'objet des critiques malveillantes, il faut que son auteur s'y attende. Le grand succès qu'il a obtenu au dernier Salon a excité l'envie, et la jalousie va le poursuivre comme elle a poursuivi Horace Vernet. Ceux qui. par esprit d'opposition, ont !e plus décrié les ouvrages de ce grand artiste vont le louer pour nuire à M. Yvon, comme si deux artistes, d'un mérite différent, ne pou-vaient pas briller dans le même genre de pein-ture. Il en a été de même pour notre célèbre tragédienne Rachel dans les derniers moments de sa vie, on lui opposait, on exhaltait, par dé-nigrement, le mérite de MmcRistori, qui, depuis la mort de Rachel, a vu la vogue, le succès de-venir presque de l'indifférence, sans que son talent ait été moins grand cette année qu'il n'était il y a deux ou trois ans. Les qualités du mérite de M. Yvon reposent sur des études sérieuses et non sur telle niaiserie de métier, sur tel truc à la mode ou en vogue il pourra, comme tout artiste, se montrer inférieur dans une composi-tion qui l'aura moins inspiré, mais saura bien-tôt se montrer supérieur dans une autre. III. TABLEAUX DE GENRE. Mu, Henriette Browne. - MM. Hébert. - Curzon. -Breton. - Luminais. - Brion. - Zo. - Knaus, - Anker. - Henri Baron. - Cabanel. - Compte-- Calix. - Duverger. - Fichel. - Vetter. - Chevet. - Guérard. - Girardet. - Bouvin. - A. Leleux. - Toulmouche. - Trayer. - Castan. - Roenh. -- Plasson.- Landelle. - Hillemacher. - Vibert,-Briiiouin. - Gendron. - Ruiperez. Nous l'avons dit en commençant notre revue du Salon, les tableaux de genre y sont encore, comme aux années précédentes, très nombreux et très remarquables. Quelques-uns sont traités avec l'ampleur et la puissance de la grande pein-ture historique de l'Ecole française. En tête de ceux-ci, il faut placer les ouvrages de Mme Henriette Browne, artiste du plus grand mé-rite, d'un talent si vrai, si réel, qu'il plaît à tout le monde, à celui qui a la prétention de se connaître en peinture, comme à celui qui dit Ça me plaît parce que c'est beau, parce que i a impressionne , ça parle, ça vit, et aussi à l'artiste impartial qui aime le choix et la vérité dans l'imitation de la nature. Mme Henriette Browne a représenté, sur une toile de grande di. mension, deux Soeurs de charité l'une tient sur ses genoux un enfant malade, enveloppé d'une chaude couverture de laine elle le re-garde avec intérêt, tout en consultant les pul-sations du pouls du pauvre enfant, pâli, amai-gri par la fièvre, abattu par des crises nerveuses l'autre Soeur jette un regard inquiet sur ce jeune malade pour lequel elle prépare une potion cal-mante. Cette scène, simple, touchante, est sai-sissante d'effet elle est grassement et franche-ment peinte, d'un dessin et d'un modelé na-ture. Il n'y a pas jusqu'aux accessoires qui n'aient été traités en maître la couverture de laine est un véritable trompe-l'oeil. Aussi cette admirable peinture a-t-elle été achetée pour la loterie et payée, dit-on, 12,000 francs par la commission. Que Mme Henriette Browne conti-nue à marcher dans cette voie, qu'elle fasse toujours de la peinture pour tout le monde, c'est-à-dire de la peinture qui parle à tous par la simplicité, la vérité du sentiment et de l'exé-cution qu'elle ne consulte que la nature en résistant aux gens à système qui inventent une nature, qui fontdu bizarre, du hideux, en croyant faire du nouveau, de l'original qu'elle reste enfin l'interprète fidèle de la nature, et nous lui prédisons de nouveaux et plus grands succès en-core aux prochaines Expositions. Plusieurs petites toiles de cette artiste prou-vent que son pinceau large et mâle sait devenir, au besoin, d'une grande finesse sans perdre de sa vigueur. La Toilette est un petit tableau char-mant de simplicité et de vérité c'est une toute jeune fille qui habille son plus jeune frère. Mme Henriette Browne a encore un Intérieur et un Portrait sur lesquels nous reviendrons plus tard. M. Hébert est un artiste de talent qui s'é-gare ou que la camaraderie égare par ses flat-teries. Un certain charme de coloris ne suffit pas pour remplacer la vérité et intéresser, quand même cette manière paraîtrait nouvelle et se-rait à la mode. Des types laids, maladifs des femmes, des enfants en haillons des chairs jaunes, vertes, violettes, en décomposition des figures tristes, silencieuses, indifférentes les unes aux autres, quoique réunies et groupées une peinture riche de tons, mais délayée, con-fuse et comme effacée par la pluie ou par tout autre frottement telles sont les qualités et les défauts des deux tableaux que M. Hébert a ex-posés sous ces titres les Cervarolles Etats-Romains et Rosa Nera à la fontaine. Au pre-mier aspect, ces tableaux attirent, mais l'examen de ces femmes inspire l'éloignement. Il n'en est pas de même des compositions de M. Curzon, dont le coloris est un peu froid, le ton des chairs un peu rouge. Ses moindres su-jets sont intéressants, ses types sont nature et tien choisis. La plus grande toile de cette ar-tiste représente Une jeune Mère souvenir de Picinesca, royaume de Naples . Cette jeune mère est une belle Italienne qui file et regarde avec bonheur son enfant endormi. La manière large de cette peinture, te style qu'on trouve dans les grandes et petites toiles de M. Curzon, annon-cent en lui un homme capable d'aborder avec succès la grande peinture historique, à laquelle nous espérons le voir se livrer bientôt. Son petit tableau acheté par la commission de la loterie nous plaît beaucoup ces Femmes de Mola di Guete sont d'un dessin vrai, fin et joli. Nous aimons moins la Moisson dansJes Montagnes de Picinesca. M. Breton est un véritable peintre de genre les scènes familières conviennent mieux à son talent que celles d'un sentiment élevé. Son meilleur tableau est certainement le Rappel des Glaneuses. L'effet de lumière du so!eil cou-chant était favorable à la couleur toujours un peu grise, un peu monotone de cet artiste, qui rachète ce défaut par une parfaite entende de la composition et un dessin toujours vrai. Le groupe des glaneuses, qui occupe le centre du tableau, est très imposant il y a de la noblesse dans la marche de ces trois paysannes qui rap-pellent, au souvenir, les moissonneurs de Léo-pold Robert. La Plantation d'un Calvaire, ta-bleau acheté pour la loterie, est une composition bien ordonnée dont les physionomies semblent être autant de portraits. On croit connaître tous ces personnages tant ils sont nature. Mais c'est surtout cette autre petite toile, également ache-tée pour la loterie. qui a un cachet di vérité. Comme cette couturière est bien à son travait ! Et cette scène de cabafet - Le Lundi, -comme elle est vraie aussi ! comme tous les per-sonnages concourent bien à l'unité de l'action ! Nous préférons de beaucoup cette scène de ca-baret, de M. Breton, à cette autre scène de ca-baret, d'un caractère ignoble, peinte par M. Luminais. il y a plus de couleur, de fougue, dans cette dernière, mais les types sont affreux, repoussant, tandis qu'ils sont nature, mais sans laideur, dans le tableau de M. Breton. En f.nt de types bretons, nous aimons assez la Porte d Eglise pendant la messe en Bretagne, par M. Brion ces paysans, qui se tiennent debout à la porte de l'église au lieu d'y entrer, ne sont pas laids. C'est une erreur que de croire qu'onre-présente mieux un homme du peuple en en fai-sant un cretin qu'en lui donnant le caractère mâle, énergique, qui convient au travailleur et à l'homme des champs,chez lesquels se trouvent développées les forces physiques qui font la beauté des formes. Nous avons encore remarqué, du même artiste, une composition pleine de sentiment c'est Un Enterrement bords du Rhin . La commission de la loterie a acheté encore Une Halte de Contrebandiers espagnols, par M. Zo. Cette petite toile est d'une couleur chaude. puissante, qui séduit on se croirait sous le beau ciel de l'Andalousie. Les groupes sont heureusement disposés, les figures sont correc-tement dessinées, les femmes surtout sont jolies ce sont de belles Espagnoles. Dans un autre chapitre, nous parlerons des deux aquarelles exposées par ce peintre. Un peintre de genre, de l'école de Dussel-dorf, dont nous avons eu occasion de louer le talent, M. Knaus, qui avait, au Salon de 4857, deux charmants tableaux, n'a exposé, cette an-née, qu'une seule toile la Cinquantaine. Cette composition est d'un sentiment si vrai qu'elle attire la foule des visiteurs. Si nous en jugeons d'après les types et les costumes des personna-ges, la scène se passe dans la campagne du du-ché de Bade. La joie contenue, la gravité alle-mande des deux viellards qui dansent sous un vieux chêne, au milieu de leur famille et de leurs amis réunis le bonheur de cette jeune femme, leur fille, qui allaite son enfant la gaîté bruyante des jeunes enfants, et le calme imperturbable de ces gros Allemands qui fument assis au pied du gros arbre, tout cela est rendu avec une finesse d'observation parfaite et une grande vérité de dessin. Rien de plus joli que cette jeune mère et que ces blonds enfants rien de plus séduisant, de plus harmonieux que la couleur de ce délicieux tableau. Le coloris brillant de M. Anker n'est pas le seul point de ressemblance qu'il ait avec M. Knaus il s'est montré aussi bon observateur, aussi bon dessinateur dans le tableau qu'il a exposé sous ce titre Une Ecole de Village dans la Forêt-Noire. Il y a là de charmantes têtes d'enfants, d'une variété d'expression bien ap-propriée à l'action le type du maître d'école a le cachet d'originalité du métier il a été si heureusement choisi, qu'on doit croire que l'ar-tiste s'est glissé sournoisement dans un coin de cette école de village, parmi les écoliers, pour rendre cette scène intime avec autant de vérité. - La Fille de l' llôtesse, grande toile du même artiste, prouve, une fois de plus, la puissance de sa couleur et la science de son dessin. Mais cette composition, tirée d'une ballade de Uh-land, est moins complète que la première. Puisque nous parlons de coloristes, citons l'Entrée d'un Cabaret vénitien où les maîtres peintres allaient fêter leur patron saint Luc. M. Henri Baron s'est montré à la hauteur de son sujet, il s'est fait peintre vénitien il a mis dans cette petite toile l'éclat, la vigueur, le charme de la couleur, la richesse de la mise en scène, l'action et le mouvement, toutes les qua-lités qui distinguent les maîtres de l'école véni-tienne. Nous lui reprocherons cependant d'à-voir négligé un peu le dessin de quelques-unes des figures. - Citons la Veuve du Maître de Chapelle, d'un effet de lumière savamment combiné et parfaitement en harmonie avec ce sujet. M. Cabanel y a mis un sentiment tout artistique. L'expression de douleur de la veuve du maître de chapelle est navrante il y a des larmes dans son regard, en entendant exécuter, sur l'orgue, par ses enfants, le meilleur orato-rio, le dernier morceau composé par l'artiste qu'elle pleure, par le père chéri de ses enfants, par l'époux adoré qu'elle a perdu ces figures sont jolies, d'un dessin fin, élégant. - Le Chant du Rossignol, composition gracieuse qui représente de jeunes et belles personnes écou-tant en silence, la nuit, dans le parc du châ-teau, par un magnifique clair de lune, le chant du rossignol. Cette peinture, de M. Compte-Calix, est pleine de poésie elle fait rêver, elle rappelle de doux souvenirs de la vie de château. -Citons aussi Y Hospitalité, petit tableau de M. Duverger, qui a été acheté par la loterie et qui est encore une peinture de la vie des champs. Une dame surprise, pendant sa promenade, par la pluie et l'orage, vient demander à s'abriter chez un brave paysan qui l'accueille de son mieux. Cette scène si simple intéresse par la vérité avec laquelle elle est rendue elle séduit par la finesse du dessin et la vigueur du coloris. La commission de la loterie, qui a fait preuve d'infiniment de goût dans ses choix, a acheté un tableau très finement touché par M. Fichel, un des plus intelligents peintres de l'école Meis-sonnier. Le Déjeûner, tel est le titre du tout petit cadre dans lequel l'artiste nous montre un célibataire admirant, avant de le déguster, le ton chaud et doré d'un vin blanc d'Espagne. Ses autres très petites toiles,d'une grande finesse, sont Des Amateurs dans un atelier de Peintre Un Café de province au XVIIIe siècle Une Bi-bliothèque d'Estampes Un Fumeur Un Gentil-homme de garde, et le portrait de M. Louis Monrose, de la Comédie-Française. - De ce genre miniature à l'huile, nous devons signaler le Départ pour la promenade, par M. Vetter, d'une touche plus franche, plus hardie sans être moins délicate. Ce jeune seigneur, qui met ses gants en se mirant, est fièrement campé la satisfaction règne sur ses traits ce beau garçon est content de lui. Enfin, M. Chevet, le plus habile de l'école Meissonnier, a exposé six très petites toiles, parmi lesquels nous avons remar-qué tout particulièrement Un Peintre regardant son tableau dans un miroir noir. C'est un petit hef-d'oeuvre de dessin et de couleur. Nous avons encore à parler de quelques pein-tres de genre d'une école plus originale, d'un pinceau plus large, plus franc. Une Messe du matin à Monter fil Ille-et-Vilaine , par M. Gué-rard, est une peinture aussi vraie, aussi naïve-ment vraie que l'Ecole de Village de M. Anker Nous aimons encore du même artiste Vive la Fermière! la Parbltlte Fête après le battage des Grains Ille-et-Vilaine . La physionomie de cette bonne fermière, qu'on porte en triomphe, est vraiment heureuse, et l'on éprouve du plai-sir en voyant l'entrain joyeux des groupes qui la suivent en chantant et en dansant. La cou-leur de ce tableau a beaucoup d'éclat et de fraî-cheur, trop de fraîcheur peut-être pour des teints hôlés par le soleil des champs. - Nous adres-serons le même reproche au tableau de M, Edouard Girardet Noce de Village, gracieuse composition d'un ton par trop rosé. La peinture de M. Bouvin est plus solide, plus vraie. Il entend à merveille l'effet de clair-obscur. La Lettre de recommandation est, sous ce rapport, un vrai trompe-l'oeil. La tête de la soeur abbesse, qui lit la lettre, est un portrait plein de finesse et de bonhomie qui con-traste avec la raideur des deux novices. En tête des autres tableaux du même peintre, nous pla-çons la Ilavaudeuse, type on ne peut plus vrai. Puis vient le Liseur et 'Intérieur de Cuisine. M. Armnnd Leleux est également un peintre des scènes familières de la vie, qu'il rend avec un sentiment vrai. C'est en Suisse que cet ar-tiste est allé chercher les sujets des tableaux qu'il a exposés. Les deux meilleurs sont, à notre avis la Leçon de Couture intérieur suisse , et Faits dwirs intérieur suisse . Ce dernier, quf a été achelu par la loterie, est une composition pleine d'j ntérêt. - La commission de la loterie aussi acheté à M. Toulmouche un charmant petit tableau d'un sentiment déiicat et d'une exécution irréprochable. C'est une mère faisant dire la leçon à sa jeune fille. On retrouve le même charme de coloris, la même finesse de modelé dans les deux autres toiles la Prière et le Château de Car-les. Il nous est impossible d'analyser lous les ta-bleaux de genre qui mériteraient de l'être le nombre en est trop grand. Nous ne pouvons cependant terminer ce chapitre sans mentionner ta Famille, époque des vacances, parM.Trayer - Une Mère allaitant son enfant après le bain, par M. Castan - Iravail et Lecture, par M. Rochu -Eva, par 31. Plasson - Les Deux Soeurs, costume d'Alvito, par M. Landelle -La Prière du matin et la Partie de Billard, par M. Hillemacher - Une Visite domicilière sous la Terreur, par M. Vibert - Amateurs de Pein-ture en visite, par M. Brillouin - L'Amour de l'Art et la Délivrance, par M. Gendron -Un Philosophe et un Novice de l'ordre de Saint-François, par M. Ruiperez ce dernier tableau est acquis pour la loterie de l'Exposition. IV. PORTRAITS. MM. H. Fiandrm. - P. Flanilrin. - Mme Browne. -Hébert. - Baudry. - Ricard. - Lazerges. - Ro-berl. - Winterlialller. - Duhufe fils. - Lelimann. - Landelle. - Cabanel. - Muller. - Motet. - E. Giraud. - Bonnegrace. - Scheffer Henri . - Bin. - Mme Schneider. - Madrazo. - Jobbé-Duval. -Pils. - Schopin. - Louis Boulanger. - Xliie O'Coti-nel. - Mlle Léonie Lescuyer. - Va'adon. - Glaizt père. Les portraits sont encore nombreux à l'Ex-position de 1859, mais on les a disséminés avec tant de tact dans les salles et les galeries, que le regard du visiteur en est moins fatigué qu'aux années précédentes. Pourtant, il y a là beau-coup de types laids, de physionomies insigni-fiantes, de poses prétentieuses, de toilettes C ri-dicules, qui ont du faire la désolation de l'artiste condamné à peindre de pareilles choses. Ce sont la vanité et la sottise peintes d'après na-ture c'est la preuve nouvelle que, malgré le progrès de la civilisatiou, le goût n'a pu péné-trer partout, et que celte anecdote, que nous empruntons à Diderot, sera mie longtemps encore Un jeune homme fut consulté sur la manière dont il voulait qu'on peignît son père. C'était un ouvrier en fer. - Mettez-lui, dit-il, son habit de travail, son bonnet de forge, son tablier que je le voie à son établi avec un ouvrage à la main, qu'il éprouve ou qu'il repasse, et surtout n'oubliez pas de lui faire mettre ses lunettes sur le nez. Ce projet ne fut pas suivi on lui envoya un beau portrait de son père, en pied, avec une belle perruque, un bel habit, de beaux bas, une belle tabatière à la main. Le jeune homme, qui avait du goût et de la vérité dans le caractère, dit à sa famille en la remerciant Vous n'avez rien fait qui vaille, ni vous ni le peintre je vous avais demandé mon père de tous les jours , vous ne m'avez envoyé que mon père de tous les d manches. De tous temps les maîtres de la grande pein-ture historique, de la peinture monumentale, ont été en même temps les plus grands pein-tres de portraits. Les chefs-d'oeuvre de Raphaël, Titien, Murillo, Velasquez, Rubens, Van Dyck, et bien d'autres, chez les anciens de David, Gros, Gérard, Ingres, H. Vernet, Paul Delaro-che, et d'autres peintres modernes, l'attestent d'une manière irrécusable. Pour qu'un portrait frappe l'attention, il ne suffit pas qu'il soit res-semblant, il faut qu'il vive par la physionono-mie, il faut que le talent de peintre et de des-sinateur s'y trouve réuni à ce degré de supério-rité qu'on ne rencontre guère que chez les meilleurs peintres d'histoire. Nous en trouvons des exemples à l'Exposition actuelle. M. Hippolyte Flandrin , l'auteur des resques de Sai iit-Vincent-de- Paule et de Saint-Germain-des-Prés, a exposé trois portrait qui ont un mérite tellement réel, que les artistes des diverses écoles les proclament au-dessus de tous ceux qui figurent au Salon. Cependant. à en juger au fini extrême de la peinture de M. H. Flandrin, on se dit que ce travail de patience doit fatiguer la personne qui pose et qui doit poser si souvent, si longtemps, que l'ennui devrait décomposer les traits de !a physio-nomie. Certes, ce serait là un écueil pour un artiste ordinaire, mais non pour un talent com-me celui de M. II. Flandrin. Le portrait de Mme S. vêtue d'une robe de satin noir, le bras droit accoudé sur le dossier d'un fauteuil, est vivant le regard est sympathique, la pose gracieuse les bras, les mains sont dessinés et peints avec une pureté, une finesse de modelé telles qu'on dirait de la chair. Ce tableau est tout simplement un chef-d'oeuvre digne des plus grands maîtres. Les portraits de Mlles M., qui probablement sont deux soeurs, ont égale-ment droits aux plus grands éloges. Celui où la jeune personne tient un coffret en ivoire est touché plus hardiment que les deux précédents, et celui de l'autre jeune personne, ayant un oeillet à la main, est d'un dessin si vrai, si cor-rect, d'une expression si naturelle qu'on dirait qu'elle va parler. Il est des familles si heureusement parta-gées, que le talent semble échu à chacun de ses membres comme un droit de naissance. Nous vendns de mentionner les oeuvres de M. Ilippolyte Flandrin, le peintre d'histoire et de portraits, maintenant nous avons à parler de M. Paul Flandrin, qui ne se borne pas à être un grand paysagiste, mais qui s'est fait, lui aussi, un de nos meilleurs portraitistes. Il y a de si grands rapports entre ses portraits et ceux de son frère que la plupart des visiteurs les lui at-tribuent.Cette similitude est très sensible dans le portrait de Mme B. tant pour la pureté du dessin, la finesse du modelé, que pour le coloris qui pourtant est un peu plus noir. Un des portraits les plus vivants , les plus franchement faits, les plus grassement modelés, c'est le portrait de M. de G., peint par Mme Henriette Browne, avec cette couleur puissante, chaleureuse, que nous avons déjà signalée dans un précédent chapitre. A la hardiesse avec la-quelle ce tableau est touché, personne ne le croirait l'oeuvre d'une femme, d'une femme du monde, qui se cache, assure-t-on , sou? un pseudonyme. Pourquoi se cacher lorsqu'on a le front ceint d'une auréole de gloire? Est-ce modestie? Mais, à une renommée aussi bien acquise, la modestie est au moins inutile. Est-ce vanité, préjugé aristocratique? Mais y a-t-il une meilleure, une plus grande noblesse que celle du mérite? Quel est le noble de naissance qui ne serait glorieux-d'avoir produit les chefs-d'oeuvre de Raphaël. de Michel-Ange, de Pierre Corneille, d'avoir pris Malakoff ou vaincu les Autrichiens à Magenta ? Non, de mesquins préjugés de société sont incompatibles avec une nature aussi élevée on n'est pas artiste sans aimer la gloire, et quand on aime la gloire, on met le mérite au-dessus des hasards de la nais-sance on est bien autrement fier de la renom-mée couquise qu'on ne l'est d'un nom de famille, tel ancien qu'il soit. Les motifs d'incognito de l'éminente artiste qui se fait appeler Henriette iirowne, nous les devinons sans peine. Sa posi -tion dans le monde l'obligeait à ne s'y montrer artiste qu'avec une célébrité solidement établie elle a donc, avant tout, voulu acquérir un re-nom. Nous ne pouvons qu'applaudir à une conduite aussi sage et à un succès aussi com-plet. Si M. Flandrin, si Mme Henriette Browne ne sacrifient aucune partie dans un tableau, si tout y est étudié, terminé, sans nuire à l'effet général, il n'en est pas de même pour M. Hé-bert qui a pour système de sacrifier tout ce qui s'éloigne du centre de la toile cela facilite, contribue à l'effet, mais c'est tourner la diffi-culté et non la vaincre. Le difficile est d'obte-nir un fini sans détruire l'harmonie de l'effet, sans éteindre la verve de pinceau qu'on met dans une ébauche. Dans le portrait de Mme la marquise de L., la lumière, l'étude sont don-nées à la tète qui est, du reste, très remarqua-ble sous le rapport du coloris et de l'expres-sion mais tout le reste, les vêtements et les mains, est entièrement sacrifié, à peine indi-qué , et comme enveloppé d'un nuage de suie. M. Baudry appartient au même système, non à la même école il sacrifie beaucoup dans ses portraits. Une dame qui regardait le portrait d'enfant exposé sous le titre de Guillemelte, demandait à son mari pourquoi l'artiste n'avait pas achevé cette peinture? - Parce qu'il en a été empêché par la mort, lui l'ut-il répondu c'est l'oeuvre dernière de Benouville, jeune ar-tiste que nous venons de perdre il y a quelques mois. - Alors, mon ami, je comprends que le jury ait admis cette peinture à peine ébauchée. Cette confusion a eu lieu pour beaucoup de monde, et le simple B. de la signature n'a pu que confirmer, dans cette idée, ceux qui ne pre-naient pas le temps de consulter le livret. Si la demande avait été adressée directement à J'auteur, à M. Baudry, il eût sans doute répon-du, avec bonne foi - Je ne finis pas, parce que cela est trop difficile parce que je détrui-rais les qualités qui font de ce rien quelque chose. C'est surtout le langage de la camara-derie, de la flatterie qui entraîne t'artiste dans cette voie - Pour l'amour de Dieu, arrêtez-vous, lui dit-on plus un coup de pinceau ou vous gâtez ce petit chef-d'oeuvre! c'est admira-ble, admirable, mon cher! Cependant, il nous semble que ,pour avoir terminé un peu plus le portrait de M. le baron Jard-Panvil-lier, M. Baudry n'a rien gâté il y a, au contraire, dans cette oeuvre, la vie en plus, et personne ne dira pour ce portrait - C'est dommage que ce ne soit qu'une ébauche il eût été bien beau, achevé. Parmi les portraits de M. Ricard, nous en remarquons plusieurs qui semblent encore à l'état d'ébauche ainsi, la manche et la main du Portrait de Mlle L. S. sont à peine indi-qués celui que nous préférons des huit por-traits de cet artiste, c'est le Portrait de Mme E. le modelé est toujours un peu vague, mais la couleur est d'une harmonie qui séduit le re-gard. Plus consciencieusement modelé, plus finement peint et tout aussi séduisant, le Por-trait de M. le comte de F., par M. Lazerges, est un des plus beaux du Salon. Nous en dirons autant du Portrait de M. le comte de Morny, d'une grande ressemblance, peint par M. Robert, artiste belge. Mais les portraitistes qui ont le mérite de sé-duire plus particulièrement les visiteurs, c'est d'abord M. Winterhalter, la palette la plus chatoyante des peintres modernes. Son portrait en pied de cette belle et jeune princesse, en robe de soie aventurine, est d'une richesse de ton dont cet artiste a seul le secret. J'entends dire que cette couleur n'est pas toujours vraie. C'est possible elle est au moins aussi vraie que celle de certains coloristes dont la couleur, sans être plus vraie, a le désavantage de déplaire par des tons sales et des carnations flétries ou ma-ladives. - Puis, IVJ. Dubufe fils, autre char-meur, aux tons dorés, nacrés, diaphanes, le peintre par excellence des grandes dames, des robes de soie, des écharpes de gaze, des plumes et des lambris dorés, luxe qu'il aime et qu'il imite dans la perfection, sans négliger l'étude de la figure qu'il rend toujours gracieuse. Les cinq jolis portraits qu'il a exposés sont d'un dessin élégant celui de Mme la comtesse de R. est surtout très remarquable. - Ensuite, MM. H. Lehmann, Landelle, Cabanel, qui se distinguent aussi par le goût et le fini qu'ils ap-portent dans leurs peintures. M. Lehmann a exposé six portraits, parmi lesquels nous signa-lerons celui de Mlle J.-M. d'O., représentée appuyée sur le dossier d'une chaise, et dont le raccourci de la main droite est bien réussi. Nous signalerons encore le très remarquable Portrait de Mme , par M. Cabanel, et celui de Mme P. F., par M. Landelle. Le pinceau plus mâle, plus sérieux de M. Muller, a peint, avec une sobriété de détails, une sévérité de tons convenables, le Portrait de la Supérieure des Filles de la Compassion. Cette peinture large et solide nous rappelle le beau Portrait du Frère Philippe, par Horace Vernet. Un portrait d'une vérité de modelé, comme on en rencontre rarement, c'est cette Tête de vieillard peinte par M. Matet, et inscrite au Livret sous le n° 2115 ce n'est pas de la peinture, c'est la nature même. Un autre por-trait bien vivant est celui de M. l'abbé Moret, chanoine de Saint-Denis, directeur de i'OEuvre des Jeunes Incurables, fondée par S. A. I. Mme la princesse Mathilde. Cette toile, de M. E. Gi-raud, est d'une couleur très vigoureuse les ligures sortent du cadre. Le Portrait de M. Louis Jourdan, du Siècle, est une excellente peinture de M. Bonnegrace la physionomie du spirituel et profond écrivain a été parfaitement saisie. La ressemblance de M. le docteur Chur-chill est aussi très grande dans le portrait peint par M. Henri Schefler, le digne frère du grand peintre de ce nom, dont tout Paris court admi-rer les oeuvres réunies, en ce moment, dans une exposition particulière faite au profit de la caisse des artistes. Les portraits en pied ne sont pas très nom-breux nous ne nous arrêterons qu'à trois d'entre eux. Celui de S. Exc. le maréchal comte de Castellane, commandé pour le musée de Versailles, à M. Bin, est une bonne peinture qui occupera bien sa place dans cette galerie qui compte de si beaux portraits. Le portrait en pied de Mme la marquise de D., exposé par Mme Schneider, est remarquable par l'har-monie générale de l'effet, la vigueur du coloris, la noblesse de la pose et le goût de l'agence-ment. Nous adresserons les mêmes éloges au portrait de Mme A., peint par M. Madrazo, qui a encore exposé deux beaux portraits l'un de S. A. l'infante dona Josefa, l'autre de Mgr. Guëll y Rente, époux de S. A. l'infante Josefa. L'un de nos bons peintres d'histoire, M. Jobbé-Duval, occupé à décorer de quatre su-jets la chapelle Saint-Charles-Borromée à l'é-glise Saint-Séverin, et de deux autres sujets la chapelle Saint-Denis à l'église Saint-Sulpice, n'a pu envoyer que trois portraits très largement peints. M. Pils a égalemeut deux portraits tou-chés avec la hardiesse qu'on lui connaît. Le portrait de Mme O. est une gracieuse peinture de M. Schopin. ainsi que le portrait de femme, par M. Louis Boulanger, qui a encore le por-trait de M. Dumas, et celui de M. Granier de Cassagnac, tous deux ressemblants. Des por-traits non moins ressemblants sont ceux de M. Edmond Texier, le spirituel rédacteur du Siècle, et de M. Charles-Edmond L. peints par Mme O'Connel celui de Mme D. par Mlle Léonie Lescuyer, et ceux de deux jeunes artistes par M. Valadon. Nous avons dit franchement notre opinion sur le tableau de M. Glaize père la Distribu-tion des aigles par VEmpereur, le 10 mai 1852. Nous avions le droit de nous montrer d'autant plus sévère envers cette oeuvre incroyable, que nous n'avons laissé échapper aucune occasion de faire ressortir le talent de cet artiste,et nous vou-lons, en terminant ce chapitre, rendre hommage nu mérite de son portrait de M. Louis Figuier. C'est une tête pleine d'expression, dans laquelle nous retrouvons les belles qualités de coloriste et de dessinateur que nous aimions dans M. Glaize père. V. INTÉRIEURS, PAYSAGES, ANIMAUX, MARINES, FLEURS ET NATURES MORTES. MM. Troyon. - Aug. Bonheur. - Marck. - Palizzi. - Rodolphe Lehmann. - Jadin. - Balleroy. - Mite Léonie Lescuyer. - MM. Dubnisson. - U ïlaussy. - Salmon. - P. Rousseau. - T. Rousseau. -Knyff. - Daubigny. - Besson. - Lapierre. - Leroux. -K. Ctranto. - Cabat. - Anaslafie. - André. -P. Flandrin. - Corot. - A. de Dreux. - Laugée.-Capelle. - Desand.-Baudit. - Lavieille. - Lamo-rinière. - Harpignies. - Hédouin. - Hauoteau. -Desjobcrt. - Justin Oavrié. Si, aux veux de quelques-uns de nos confrères, les oeuvresde MM.Yvon, Gérôme, Muller, Cur-zon, Lazerges, Bouguereau, Pichon, Lévy, Ma-zerolle, Henriette Brown, sont des toiles indi-gnes de soutenir la réputation de notre école de Eeinture historique, opinion que nous sommes bien loin de partager, il est un point sur lequel nous sommes parfaitement d'accord avec eux, c'est qu'à aucune époque on n'a muux fait le paysage et les animaux c'est qu'à aucun Salon on n'en a vu d'aussi remarquables et en aussi grand nombre Quoi de plus admirable que l'exposition de M. Troyon? où rencontrer quelque chose de plus vraie et de mieux peint? quel délicieux paysage que cette Vue des hauteurs de Suresne Seine-et-Oise ! l'oeil aime à se promener dans cette belle vallée, animée par des bestiaux qu'un jeune paysan a peine à surveiller, tant la richesse du pâturage semble réjouir ces animaux qui se ré-pandent un peu partout. Cette grande toile est admirable de couleur les fonds sont fins, légers, sans être sacrifiés. Dans le Départ pour le Mar-ché, l'effet est encore plus saisissant c'est la na-ture qui s'éveille. Le soleil perce de ses rayons les fraîches vapeurs de la terre on sent l'humi-dité de la rosée, on voit l'haleine des bestiaux l'illusion est complète. La température change dans le Retour à la Ferme le soleil décline, mais ses derniers rayons dorent encore la cam-pagne c'est la lin d'une belle journée, c'est le calme de la nuit qui commence c'est l'heure du repos pour la nature comme pour l'homme des champs. Après avoir passé des heures à con-templer les six tableaux de M. Troyon, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, des animaux ou du paysage, car paysage et animaux sont rendus avec un charme, une vérité que personne n'a réussit à un si haut degré. Connaît-on une peinture plus sérieusement belle, plus vraie. plus vivante que cette grande Elude de Chien? On lit dans son regard qu'il est fier d'avoir saisi la perdrix qu'il tient dans sa gueule et qu'il offre tout joyeux à son maître. Nous ne connaissons rien d'aussi complet. M. Auguste Bonheur, le frère de Rosa Bon-heur, est un peintre qui réussit avec talent les ani maux et le paysage. Sa couleur est solide et brillante tout à la fois son pinceau est plus ferme, plus hardi que celui de sa soeur. Son Troupeau de Vaches, souvenirs des Pyrénées, acheté pour la loterie, et l' Abreuvoir, souvenir de liretagne, sont deux charmants tableaux. Une autre jolie toile a été acheté aussi pour la le-terie à M. Marck c'est un paysage avec ani-maux dans la saison d'automne. On sent au fini et à certains tons que M. Marck a l'habitude de peindre sur porcelaine et qu'il a été élève de M. Troyon. Le plus grand paysage avec animaux parmi ceux exposés et peut-être parmi tous ceux qui ont été faits jusqu'à ce jour, c'est la Traite des Veaux dans la vallée de Touque Normandie , par M. Palizzi, l'émule et non l'imitateur de M. Troyon, dont il diffère surtout par la cou-leur. Il vise à l'effet, tient à séduire par l'éclat et la fraîcheur, tout en restant dans le vrai. Aussi, cettegrande toile est-elle resplendissante de lumière, de soleil on croit sentir la chaleur suffoquante de l'air chaud dans cette vaste plaine où arrivent de tous côtés des veaux pour la traite ou la foire qui s'y tient. M. Palizzi nous a jirouvé qu'il savait surmonter les difficultés, qu il pei-gnait avec la même supériorité les ligures, le paysage et ILS animaux. C'est un mérite dont M. Rodolphe Lehmann nous donne également la preuve dans son tableau intitulé les Marais ponlins. Une barque, chargée de fruits et de maïs, glisse lentement sur l'eau d'une rivière bourbeuse, qu'un troupeau de buffles sillonne en tous sens afin d'en enlever les herbes épaisses qui l'obstruaient. Au loin, l'horizon est borné par le mont Avic. Quelques-uns des personna-ges couchés sur la barque ont de ces beaux types qu'on rencontre dans la campagne en Italie. MM. Jadin et Balleroy sont deux peintres qui réussissent les scènes de chasse, et entre les ta-bleaux desquels il existe la même différence qu'entre ceux de MM. Troyon et Palizzi la cou-leur de M. Jadin est vigoureuse, son exécution franche, mais un peu lâchée le coloris de M. Balleroy est frais et le modelé soigné dans ses moindres détails. Le Départ d'uue meute de Chiens pour un rendez vous de chasse est le meilleur des cinq tableaux exposés par cet ar-tiste. Dans les sept envois de M. Jadili, nous signalerons surtout Merveillou, llocador, Chiens d'attaque de la vénerie de l'Empereur, et Pas commode, le plus chaleureusement peint. - Mlle Léo nie Lescuyer a aussi un pinceau large et ferme elle peint les chevaux avec une vigueur de ton qu'on rencontre rarement chez les dames peintres. Deux de ses tableaux Un mot en passant et l'A breuvoir sont d'une couleur puissante et d'un effet charmant. Les chevaux de poste, dans le tableau de M. Dubuisson, sont d'un ton moins chaleureux, mais ils sont savamment dessinés. Le soleil éclaire bien la Cour de Ferme, de M. d'Haussy les poules et le coq sont finement touchés, ainsi que les ac-cessoires du premier plan. Les arbres sont moins bien réussis. Avant de passer a l'examen des paysages les plus remarquables de l'Exposition, signalons la Gardeuse de Dindons, jolie peinture de M. Sal-mon, et le grand tableau Uniuur de gala, par M. Philippe llousseau. Tout est étudié, tout est consciencieusement peint dans cette toile, mais les trop nombreux détails nuisent à l'effet général du tableau, y jettent un peu de confu-sion. - Son homonyme ou son parent. M. T. liousseau, est un paysagiste distingué son co-loris est quelquefois monotone, comme dans son tableau des Bords de la Sèvres, mais il re-prend parfois de l'éclat comme dans celui du Bornage du Barbison forêt de Fontainebleau dont les plans sont plus netLement accusés, les arbres plus franchement touchés. Aucun des paysagistes exposants n'a ni la puissance de couleur, ni la vigueur du modelé, ni la finesse, la vérité de détails des tableaux de M. KnylF. Le Jlarais de la Campirie et les Souvenirs du châteall de Petershiem, achetés pour la loterie, sont d'un effet saisissant les arbres, les feuilles, les herbes, les accidents de terrains, semblent en relief et augmentent l'ef-fet sans nuire à l'harmonie, et cela à un degré de perfection qui produit l'illusion. Rien de vague,. rien de sacrifié, et pourtant l'effet est harmo-nieux, irréprochable. M. Knyff n'est pas un ar-tiste à système il ne voit pas la nature en myope, avec les yeux d'un homme épuisé et chétif il la voit avec des yeux sains, pénétrants, avec les yeux d'un homme en bonne santé et solidement constitué. Au contraire, M. Daubigny aime le vague, il ferme les yeux à moitié pour regarder et voir la nature comme à travers un voile léger. Aussi ses paysages demandent-ils à être vus à distance pour produire leurs délicieux effets. Le plus ravissant des cinq tableaux de ce charmant peintre, c'est, à notre avis, celui dans lequel il a reproduit les Bords de l'Oise. Moins vague dans l'exécution et plus fins de ton, le grand paysage de M. Français peut être vu de près ou de loin, sans perdre aucune de ses qualités. Regardé de loin, ce grand tableau est très harmonieux, et, en s'en approchant, on trouve tous les détails soigneusement étudiés. C'est là une nouvelle preuve que le fini, quand on sait l'atteindre sans détruire la vigueur et l'harmonie, est la perfection des oeuvres d'art. C'est ce que cherche M. Busson, élève de M. Français. Ses deux paysages des Landes sont d'une grande fraîcheur de coloris les lointains de celui aux trois arbres sont très fins de tons. La Forêt au Printemps est peinte dans les mêmes données par M. Lapierre finesse et vé-rité. Il en est de même des Marais de la Char-bière au mois de juin, jolie petite toile de M. Leroux, achetée pour la loterie,et de la vue prise sur les bords de l'Eure, par M. liirardet, qui a mis là toute la fraîcheur et la délicatesse de son pinceau. M. Cabat n'a qu'un paysage, mais il est d'un effet on ne peut plus poétique c'est un Etang des Bois, éclairé par un soleil couchant. Un co-loriste non moins séduisant, c'estM. Anastasie son Groupe de Chênes en aulomne est d'une vi-gueur peu commune. Le plus granddes tableaux de M. André, sa Vue de la Bonnieure, à Puy-reaux, est aussi d'un aspect agréable pour la couleur et le rendu. Mais ces diverses toiles n'ont pas les grandes lignes des paysages histo-riques de M. Paul Flandrin on retrouve ce grand aspect dans deux des ouvrages qu'il a au Salon les Environs de Marseille. Il y a un très grand progrès dans l'exécution des figures qui animent le paysage. On sait qu'autrefois la majorité des paysagistes faisaient peindre les figures de leurs tableaux, tant ils étaient incapables de les dessiner. Quelques-unes des toiles de M. Corot sont là pour attes-ter cette impuissance regrettable nous enga-geons cet artiste à s'en tenir au paysage. Il n'en est pas de même de M. A. de Dreux qui a peint, avec le même talent, le paysage et les fi-gures de son tableau le Retour de la Chasse La couleur dn tableau de M. Laugée est moins chatoyante, mais elle est plus vraie et ses figu-res sont bien plus nature dans son tableau le Goûter des ciieilleuses d'oeillettes, en Picardie, acheté pour la loterie. Uue peinture qui étonne par la vigueur de l'effet de lumière et par la naïveté de son exécution, c'est le tableau acheté pour la loterie et inscrit au livret sous ce titre Avant la éMesse', cette peinture de M. Capelle a la netteté, le découpé des ombres et-des clairs d'une image daguerréen.ne. Nous aimons mieux le Campemejit de nomades dans la plaine d'El. Outaïa et le Marabout Sidi-Barkate, aux envi-rons de Biskra Sahara , par- M. Degand, c'est plus artistique les personnages sont bien, grou-pes, bien dessinés, et la couleur est locale, -Un des paysages les plus saisissants, les plus sympathiques, c'est celui acheté pour la loterie à M. Bandit, représentant un prêtre traversant h campagne, la nuit,, par la pluie, suivi d'un seul entant de choeur, pour aller porter le Via-tique au moribond qui habite -cette chaumière bretonne qu'on aperçoit éclairéé dans le loin-tain du tableau. La Commission de la loterie a encore acheté un paysage d'une vérité de ton et de détails très intéressants letang et la Fer-me de Bourcq, par M. Lavieille, et un autre paysage, tout aussi remarquable, à M. Lamori-nière. M. Hargrogines est un peintre du Nord qui ne peut oublier là couleur locale des contrées qui l'ont vu naître. ,S m Canal des Environs de Nevcrs ressembla passablement aux Vues de notre bonne et brumeuse Flandre Nous aimons trop notre pays pour .lui faire uu crime de ce léger défaut, qui n empêche pas que son grand tableau Un Orage sur les bords de la Loire, soit un des meilleurs du Salon, tant il est sim-ple de procédé et vrai d'effet. Dans le Retour, nous retrouvons le peintre original des précé-dentes Expositions, avec un grand progrès dans le dessin des figures. - Son confrère, M. Mé-doin, a pris domicile à Chambaudoin, car il a envoyé Un Semeur à Chambaudoin, Un Berger à Chambaudoin, et Une Porcine à Chambau-doin, compositions simples et d'une grande vé-rité. M. Hanoteau, lui, s'est fixé dans la Niè-vre, et il a envoyé cinq Vues de cette province. La plus remarquable Une Prairie sur les bords de la Laudarge Nièvre , a été achetée pour la loterie. Un joli site, Groupe d'Arbres sur le bord de la mer Calvados , a été acheté aussi à M. Desjobert pour la loterie. Nous ne saurions mieux terminer notre revue des paysages qu'en citant la Vue de Rotterdam, de M. Justin Ou-vrié, si riche de ton, d'effet de lumière, et si parfaite de perspective. M. Saint-Jean est toujours le peintre par excellence des fleurs et des fruits. il n'a envoyé qu'un tableau la Vierge à la Chaise, médail-lon en bois sculpté, entouré de fleurs mais qu'il est beau! quelle vérité! quelle finesse! quelle transparence! Les meilleurs peintres de fleurs paraissent froids quand on quitte ce tableau. Pourtant le Vase de Fleurs et la Pâquerette des Champs, de M. Regnier, sont deux jolis ta-bleaux pleins de charme, ainsi que le Rossignol et le Paon, de M. Léon Rousseau. Mais ça ne fait pas illusion comme la peinture de M. Saint-Jean. Citons cependant les Fruits dans un Paysage, joli groupe chaleureusement peint par M. Dussauce. Les marines sont peu nombreuses, et plu-sieurs d'entre elles sont consacrées à la Récep-tion de S. JI. la reine d'Angleterre par S. M. l'Empereur Napoléon III, à bord du vaisseau LA BRETAGNE, rade de Cherbourg, le 5 août 1858. MM. Morel-Fatio, Noël et Barry sont les peintres qui ont le mieux rendu le grandiose de cette scène. Dans les huits tableaux de M. Le Poittevin, nous avons remarqué deux pe-tites toiles pleines d'intérêts les Pilotes Hol-landais et la Vigie. Ce dernier a été acheté pour la loterie. La couleur de M. Suchet se rappro-che de celle de M. Morel-Fatio les values sont bien transparente dans sa Pêche aux Thons sur les côtes de Provence. Quant à M. Ziem, il a prodigué tous les trésors de sa palette dans ses deux vues de Constantinople. Les reflets des flots sont ce que nous avons de plus éblouis-sants. Les intérieurs ne sont guère en plus grand nombre que les marines. Le plus célèbre de nos peintres d'intérieurs , M. Danzats, n'a que deux tableaux, mais il s'est montré vraiment coloriste dans la Cour de la maison Coussifa au Caire. Nous ne parlerons ni de l'ellet perspectif ni de l'exactitnde des détails on sait quelle perfection cet artiste y apporte. Comme perspec-tive, comme entende des ombres et de la lu-mière, nous ne connaissons pas d'intérieur ca-pable d'être comparé à celui de Mme Henriette Browne Intérieur de Pharmacie chez les Soeurs. L oeil pénètre bien dans les différentes pièces, tout y est visible, l'air et la lumière y circule, on sent que ces religieuses doivent y respirer à l'aise. Il n'en est pas de même de l' intérieur de la Pharmacie du couvent des Capucines de Mes-sine, peint par M. Charles Giraud. Il y fait sombre, triste, l'air et le soleil y manquent. Heureusement, on se sent plus à l'aise vis-à-vis. de l'Intérieur du cabinet de M. le directeur général des Musées impériaux, au Louvre, et de l'Intérieur du Salon de S. A. 1. Mme la prin-cesse Mathilde, du même artiste. Le regard circule avec plaisir sur les riches lambris de ces deux salons et les merveilles qui s'y trouvent accumulées. M. Th. Frère ne compte que qua-torze vues de l'Egypte. On conçoit qu'il nous est tout aussi impossible qu'au jury d'analyser chacun de ces ouvrages. Nous nous arrêterons seulement à cet intérieur d'Un Bain au Caire, d'un charmant effet de lumière et d'une jolie couleur. La Chapelle sixtine pendant la prédi-cation d'un franciscain à la messe, et devant le pape Pie IX, par M. Clère, est un tableau qui rappelle M. Ingres. L'effet est savamment mé-nagé, l'ensemble de la composition a ce calme qui convient au sujet, les figures bien dessinées et bien peintes. M. Ricard-Cavaro s'est montré un brillant coloriste en peignant la salle du Sénat de Vénise ses figurent laissent bien à dé-sirer. L'atelier de Paul Delaroche, par M. Roux, est une intéressante composition qui nous mon-tre le grand maître occupé à méditer quelque chef-d'oeuvre nouveau, pendant que deux ou trois élèves travaillent un peu plus loin. VI. PASTELS, AQUARELLES, MINIATURES, PEINTURE SUR PORCELAINE, PEINTURE SUR ÉMAIL ET DESSINS. MM. E. Giraud. - Mme Ceoffier. -M. Sebron. -Aubin. - Mme Becq de Fuuquières. - Tour-neux. - M. Bouquet. - Mlle M. Paigné. -Hildebrandt. - Pils. - E. Lami. - Ilamon. -Français. - Vidal. - Henri. - Baron. - Ed. Moreau. - S. A. 1. la princesse Mathilde. -Mme Herblin. - Mme Monvoisin. - M. David. - Gave. - Mlle Piédagnel. - Mlle Bloc. -Mme Cool. - M. Hudel. - Baud. - Corplet. -Mme Apoil. - M. Heim. - Flandrin. - Bida. - Zo. - Job. - Galimard. - Yerchères. -Merle. - Michel. - Maillot. - Soulié. - Zier. Le pastel est une des plus agréables expres-sions de l'art, c'est l'un des genres de peintures le plus généralement goûtés du public et dans lequel s'exercent aujourd'hui presque tous les portraitistes. Le maître du genre, M. Eugène Giraud, a exposé plusieurs portraits qui sont moins finis que ceux des années précédentes ils sont un peu trop touchés à la manière des peintres de décors. Nous en exceptons cepen-dant celui de S. A. 1. Mme la princesse Clotilde, dont le Uni est plus soigné et qui se distingue par une grande fraîcheur de coloris. Les grands pastels de Mme Coeffier sont très beaux de couleur. Le portrait de Mme L est surtout dessiné et modelé avec beaucoup de ta-lent. - Deux autres grands pastels, qui ont at-tiré notre attention, ce sont les portraits de Mme S et de Mme la baronne de C' -', dessinés par M. Sebron. Le bras droit en rac-courci du dernier laisse à désirer, mais le dessin du premier est fin et correct. - Dans de moins grandes dimensions, les trois pastels de M. Au-bin sont d'un crayon fin etmoelleux leportrait de Mlle A., jeune fille qui tient une levrette en laisse, est d'une couleur charmante. - La Prière, tel est le titre donné par MmeBecq de Fouquières à son grand pas lei représentant une jeune bretonne agenouillée et priant. Cette grande étude est d'une couleur sévère d'un très bon effet. - Un Point d'Orgue est une jolie composition de M. Tourneiu, qui nous montre le maestro Gabrieli faisant répéter un de ses motets. Ce pas'el à la vigueur d'une peinture vénitienne. - Les Bords du Scorf. près de Lo-rient Morbihan et les Bords de l'Ellc Finistère sont deux bons paysages au pastel, largement dessinés par M. Michel Bouquet les premiers plans sont très rigoureux.-Une des élèves les plu distinguées de M. Maréchat de Metz, Ml!e Mélanie Paigné, a envoyé trois charmants postels liouqnet de Pavots du Caucase Pavots et Liserons lïouquet de lioses trémières avec li-serons bleus. Ce dernier est d' un effet, d' un ton délicieux les pétales, les feuilles, ont une transparence qu'on obtient rarement et qu'on ne rencontre guère que dans les tableaux de M. Saint Jean. L'aquarelle qui avait une si grande vogue, il y a une vingtaine d'années, est aujourd'hui un peu délaissée pour le pastel d'un effet beaucoup plus flatteur. Cependant, l'Exposition de 1S U compte encore un bon nombre d'aquarelles, grâce à un artiste prussien qui en a envoyé trente-huit pour sa part. Trente-huit ! il nous semble que c'est là abuser de l'hospitalité, et nous engageons de nouveau l'administration à limiter le nombre des ouvrages qu'un artiste aura le droit d'exposer. Car admettons que cha-que exposant envoie trente-huit ouvrages, le palais des Champs-Elysées ne deviendra-t-il pas trop petit pour contenir les quarante à cin-quante mille objets qui formeraient alors l'Ex-position? D'ailleurs, le public aura-t-il le cou-rage de voir avec attention le trente-huit aqua-reiies de M. Hildebrandt? Oui, sans doute, s'il n'avait que cela à examiner. Mais déjà fatigué par la vue de plusieurs centaines de tableaux, le visiteur, en présence des trente-huit aqua-relles, fera comme le critique, il se retirera effrayé par la besogne d'une telle analyse. Arrêtons-nous à un artiste plus discret, à M. Pils, qui n'a qu'une aquarelle l'Ecole à feu, à Vincennes artillerie à pied, 2me régiment . Cette composition à toute la largeur d'exécu-tion et la vérité d'action qui distinguent lef oeuvres de ce jeune artiste. Le Bal d'Opéra, êe M. Lami Eugène , a l'éclat des aquarelles de ce peintre qui a mis plus de finesse dans ses autres petits sujets tirés des oeuvres d'Alfred de Musset, ainsi que dans le médaillon d'un éven-tail peint en collaboration avec MM. Hamon, Français, Vidal et Henri Baron. Les ornements de cet éventail, qu'on dit destiné à l'Impératrice Eugénie, sont dûs au talent de M. Edouard Moreau, aquarelliste très distingué, qui a exposé pour son compte une belle gouache, représen-tant Jésus-Christ reconnu par ses disciples à Emmaàs, et trois médaillons d'une couleur co-quette le Théâtre de l'A mour, -la Danse,-la Musique. Avant de passer à l'examen des miniatures, disons deux mots des aquarelles de S. A. I. Mme la princesse Mathilde. Si Mme Li princesse Mathilde n'est pas la seule personne de son rang qui ait eu des ouvrages à nos expo-sitions, elle est la première qui ait permis d'inscrire son nom parmi les nôtres au livret du Salon. C'est un fait, un progrès que nous tenons à constater. Oui, nous remercions S. A. I. de n'avoir pas déguisé son grand nom sous un pseudonyme, comme si la culture des Beaux-Arts pouvait humilier, ravaler les personnes d'une certaine position sociale nous la félici-tons d'avoir dédaigné un préjugé indigne de notre époque d'avoir, en mêlant ses oeuvres à celles de tous les artistes, relevé l'art dans l' o-pinion d'un monde pour qui le mérite, le talent, ne sont rien anprèsde ces avantages de hasard la naissance et la fortune. Les trois aquarelles de S. A. I. sont des portraits grands comme nature ils ont la vigueur de peinture à l'huile, on y retrouve les qualités et les défauts du pro-fesseur M. E. Giraud. Les portraits de la prin-cesse A., et de Mlle V., sont largement peints, mais nous voudrions un peu plus d'étude dans le modelé. Nous préférons, sous ce rapport. la copie d'après Rembrandt, qui est rendue avec une richesse et une justesse de ton que tout le monde a appréciées. Les miniatures sont assez nombreuses, assez remarquables, et celles de Mme llerbelin occu-pent comme toujours la première place. Des six. portraits, celui deRossini est des plus ressem-blants et des mieux peints. Les trois médaillons de Mme Monvoisin sont aussi des miniatures d'une grande finesse de modelé, et les douze portraits de M. Maxime David se recomman-dent surtout par le charme du coloris. Enfin, les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, commandés par le ministère d'Etat, à M. Gaye, sont de grandes et belles miniatures qui rappel-lent parfaitement les tableaux d'après lesquels elles ont été peintes. Il y a, cette année, peu de peintures sur por-celaine. Celle exposée par Mlle Piédagnel nous a paru d'une grande finesse de ton et de dessin. C'est une copie du beau portrait d'Elisabeth de France, par Rubens. La réconciliation de Jacob, d'après Pierre de Cortone, est d'une exactitude de dessin et de coloris qui fait honneur à Mlle Bloc. Nous en dirons autant des deux plaques de Mme de Cool l'une, est une copie de la Vierge à la Grappe, d'après Mignard l'autre, la Naissance de Louis XIII, d'après Ruben . Quant au Labourage Nivernais, d'après Rosa Bonheur, par M. Hudel, c'est un peu trop ilou et trop rosé de ton. Quelques émaux méritent d'être mentionnées d'une manière toute particulière c'est d'abord Agar, d'après le Dominiquin, par M. Baud -Adam et Eve, d'après Raphaël, par M. Corplet - et l' Enlèvement de Déjavire, d'après Guido Réni, par Mme Apoil. Quant aux dessins, ils sont toujours très nom-breux et généralement assez remarquables. A tout seigneur tout honneur. Nous commence-rons par l'examen des dessins de M. Heim, de l'Institut, l'auteur des grandes et belles pein-tures historiques et de l'intéressante collection de portraits dessinés au crayon noir, aujour-d'hui placée au Musée du Luxembourg. C'est la continuation de cette série des portraits des membres de l'Institut que nous trouvons expo-sés au nombre de soixante-quatre. Ces dessins sont des études qui n'ont pas le léché des oeu-vres qui plaisent aux bourgeois et aux élèves des pensionnats, mais ils ont cette vigueur de crayon, cette vérité de physionomie que recher-che l'artiste. Ceux de ses portraits qui nous ont le plus frappé comme ressemblance, ce sont ceux de MM. Horace Vernet, Dumont, Lafuel, Abel de Pujol, Nieuwerkerke, Mercey et Nanteuil. - Les dessins de M. Paul Flandrin sont plus soignés que ceux de M. Heim, et cela devrait être puisqu'ici ce sont des portraits bourgeois et non des études pouvant servir à un tableau dans le genre de celui représentant le Roi Charles X distribuant des récompenses aux ar-tistes à la fin de l'Exposition de 1824. Les por-traits de M. P. Flandrin sont dessinés avec une grande pureté et une grande finesse. M. Bida, dont les dessins ont le fini et le charme de la gravure, a trois grands dessins aussi remarquables sous le rapport de la compo-sition que sous celui de l'exécution. Ce sont de véritable peinture tant le crayon de cet artiste a de couleur, tant il a d'harmonie dans les effets de lumières. Le plus magnifique des trois c'est la Prédication maronnite dans le Liban'M scène est des plus imposantes. Le Corps de Gardes d'Arnautes, ait Caire, dessin acheté pour la loterie, est charmant il réunit des types d'un caractère original. - Les dessins de M. Achille Zo se raprochent beaucoup de ceux de M. Bida la Devineresse nous plaît moins que les Aven-turiers où se trouvent toutes les qualités de ce peintre dessin correcte, vigueur de ton et com-position bien ordonnée. Mais comme vigueur de crayons nous citerons surtout deux dessins au fusain de M. Verchères de Reffye ce sont deux études habillement touchées et intitulées, l'une Souvenir de la Corrèze, l'autre Souve-nir du Dauphiné. L'auteur p de la Léda, M. A. Galiraard, n'a exposé qu'un carton à la sanguine La Sainte Vierge Marie en adoration. Nous espérions trou-ver au Salon le tableau qu'il a peint pour la cha-pelle des Tuileries il n'aura pas été possible, sans doute, de le déplacer nous le regrettons. Le carton que nous avons sous les yeux se distingue par le stYle religieux que M. Galimard entend si bien il a été composé pour un vitrail d'une chapelle de l'église Saint-Philippc-Ju-Houle.-Nous avons aussi remarqué l'Annonciation, la Visitation, la Nativité, cartons dessinés avec talent par M. Job, qui s'est montré aussi bon coloriste que bon dessinateur dans quatre ta-bleaux qu'il a exposés Jeune Fille de Brientz canton de Berne , Au Temple pendant la Prière, Scène de la vie de Cottage Etats-Unis d'Améri-que , et Jésus Christ en Flandre. Nous ne pouvons quitter les peintures et les dessins sans attirer l'attention du lecteur sur une composition de M. Merle et que l'auteur a intitulée Mort de l'Amo'ir. C'est une pluie d'or qui a tué l'Amour qu'on voit gissant aux pieds d'une jeune et belle femme, presque nue et mol-lement couchée. La couleur est jolie, le dessi n élégant, les raccourcis bien réussis. Cet artiste a encore deux bons tableaux Bepos de la Sainte Famille en Fgypte, et la Lecture de la Bible. -M. Charles Michel est un peintre qui a le senti-ment des sujets religieux. Sa Vierge aux Anges est une conception sage et gracieuse le style est simple et la couleur agréable. Il y a dans le Crucifiement grande composition du même artiste un groupe très remarquable c'est celui de saint Jean qui éloigne de cette scène la Vierge et la Madcteine. - Un autre grand ta-bleau, Saint-Antoine de Padoue, peint par M. Maillot, est d'un coloris puissant dans la ma-nière de l'école espagnole la tête du saint est pleine d'expression..- Dans le genre familié, nous avons aussi remarqué une composition charmante de naïveté peinte avec talent par M. Soulié c'est une Jeune Fille effeuillant une Marguerite. - Enfin, nous terminerons en ci-tant le joli Portrait de Mlle Léonore L., par M. Victor Zier, d'une grande ressemblait et d'un modelé nature. VII. SCULPTURE ET GRAVURE EN MÉDAILLES MM. Farochon. - Clésinger. - Grabowski. - Tra-vaux.-Loison.-Oudiné.-Eude. - G. Crauck. - Prouha. - Chambard. - Lanzirotti. -Courtet. - Maillet. - Millet. - Chatrousse. -Ktex.- Gruyère.- Desprey. - Cheva!ier. -Moreau. - Clère. - Debay père. - Lepère. -Carpeaux. - Marcellin. -Allasseur. - Gumery. - Ramus. - Poitevin. - Cocheret. - Garnier. - Begas. - Montagne.- Lequesn1, - Rochet. - Lebarivel. - Ferrât. - Badiou. -Diebolt. -- Carrier. - Montagny. - Foyatier. - Jean Debay. - Fabisch. - Mène. - Rouillard. -Delabrière. - Oliva. - Desprey. - Isclin. -Cavalier. - Nieuwerkerke. - Dantan aîné. -Dantan jeune. - Dieudonné. -. Robinet. -Pollet. - Mathieu-Mcusnier. - Vilain. L'Exposition de sculpture donne lieu, cette année, à des jugements curieux. Selon quel-ques critiques, la statuaire surpasse en mérite, cette fois encore, l'Exposition de peinture elle oil're, malgré les nombreux ouvrages qui la composent, peu de médiocrités. Selon d'autres, au contraire, elle marche à sa décadence en vi-sant à l'idée, à l'esprit, au pittoresque. Il y a là évidemment erreur. Il ne faut certainement pas, en sculpture surtout, sacrifier la forme à l'idée, parce qne la statuaire est, avant tout, un art essentiellement plastique. Mais vouloir proscrire l'idée, voire même l'esprit des oeuvres de sculpture, ce serait porter atteinte au senti-ment, à l'expression, et réduire la statuaire au rôle assez insignifiant d'un détail d'architecture. Si la sculpture des anciens est si calme, si peu vivante si, chez eux, la forme a cette simpli-cité et cette pureté de contours qu'on appelle le beau idéal, parce que, en etfet, c'est une forme de convention arrangée pour être en harmonie avec les contours, avec la forme, avec les lignes sévères de l'architecture grecque ou romaine si, disons-nous, les statues antiques ont pres-que toutes l'aspect calme, sévère, c'est que les anciens ne faisaient que de la statuaire mo-numentale, de la statuaire devant s'adapter, se marier au style du monument dont elle était un des détails architecloniques. Au lieu que, de nos jours, les monuments n'étant plus exclusi-vement d'architecture grecque ou romaine, la sculpture monumentale doit prendre le carac-tère des différents styles des monuments à la décoration desquels elle concourt. Puis, de nos jours, il y a une sculpture qui était inconnue aux anciens , sculpture isolée, indépendante, destinée aux galeries, aux musées, aux collec-tions d'oeuvres d'art. Ici, l'artiste n'a à s'oc-cuper d'aucun style, d'aucun entourage. Le vaste champ de l'imagination est à lui tout en-tier il peut choisir un sujet gracieux ou dra-matique, le traiter dans le style académique, ou l'exécuter dans la manière de Jean Goujon, de Puget, de Coustou, etc. L'Exposition actuelle de sculpture accuse donc un progrès irrécusable pour quiconque a observé la marche que les Beaux-Arts ont suivie depuis trente ans. Sous le premier Empire, sous la Restauration, tous les ouvrages de sculpture se ressemblaient ils étaient tous des imitations plus ou moins adroitçs de-l'antiaue. Les sculp-tures gothiques, renaissances, celles des règnes de Louis XIV et Louis XV étaient oubliées, mé-ou b liées, m ë-prisées, reléguées dans les greniers, dans les magasins de l'Etat. L'artiste, à cette époque. ne faisait que du grec ou du romain il vous aurait ri au nez si vous lui aviez demandé une statue gothique, par exemple. Il ne sortait pas -de l'antique, quelle que fût la destination de l'oeuvre qu'on lui commandait nos monu-ments publics sont pleins de ces anachro-niques. Il n'en est plus de même aujour-d'hui les artistes de la Bouvelle école ont étudié tous les genres, tous le's styles beau-coup d'entre eux traitent avec le même talent une statue gothique ou renaissance, une figure dans le goût Louis XIV ou Louis XV, et si, 'lorsqu'il fait une commande, l'architecte avait 'fe soin de dire dans quel style le travail doit être exécuté, il éviterait bien des anachronis-mes qu'on rencontre et qu'on rencontrera longtemps encore parmi les Sculptures qui dé-corent nos monuments. Mais, dira-t-on, ces divers avantages ont été acquis aux dépens de l'étude du style antique qu'on a négligé, sinon abandonné - Nouvelle erreuT, et, pour s'en convaincre, il suffira de comparer les statues de. ce genre faites de nos jours à celles faites sous l'Empire et la Restau-ration. A tous les points de. vue de l'art et du goût, ces dernières ne peuvent soutenir la com-paraison. Bien que les deux maîtres qui excel-lent dans ce genre, MM. Dùret et Duraont n'aient rien à l'Exposition, nous trouverons ce-pendant dans les sculptures exposées quelques statues qui attesteront qu'à aucune époque on n'a su mieux comprendre le style grec dans la statuaire, malgré notre goût et nos études pour les autres genres de sculpture. La Mère, groupe en marbre exécuté par M. Farochon, est une charmante composition des-tinée aux salons de réception de M. le président du Sénat au palais du Luxembourg. Cette jeune femme préside à la naissance intellectuelle de deux bt-aux enfants qui l'écoutent avec la naï-veté curieuse de leur âge. M. Farochon nous prouve que, dans le modelé d'une figure, on peut être vrai, être nature et avoir du style. Tout est joli, gracieux dans ce groupe tout y est rendu, étudié avec une facilité d'exécution peu commune. C'est, à notre avis, l'oeuvre la plus complète de l'Exposition de sculpture. Nous trouvons ce groupe bien supérieur am statues de Sapho envoyées de Rome par M. Clé-singer, et dont la réclame avait fait tant de bruit avant l'ouverture du Salon. Le dernier envoi fait par cet artiste n'est pas porté au Livret il se compose de deux bustes en marbre colorié, et d'une statue de Sapho, aussi en marbre et coloriée. C'est avec chagrin que nous voyons un sculpteur de mérite cher-cher des trucs, des ficelles pour attirer l'atten-tion du public. N'est-ce pas un malheur de voir badigeonner une si belle et si précieuse ma-tière que le marbre, de voir elracer, anéantir, sous une couche de couleur, l'étude du modelé, le talent du statuaire? Et pour atteindre quel résultat? Pour arriver à donner à une statue en marbre l'aspect de ces ignobles figures de cire. qu'on montre dans les foires ou qu'on voit aux. étalages des perruquiers-coiffeurs. Autant nous aimons la vie, la conleur données au marbre par le ciseau de l'artiste, autant notre goût est blessé par la vue d'uae statue, - et surtout d'une statue en marbre, - dont les nus sont peints en couleur de chair. le manteau en bleu et les cheveux d'un ton châtain. Nous ne vou-drions de sculpture polychrôme que lorsqu'elle est destinée à un monument d'architecture po-lychrôme, parce que, avant tout, nous tenons à l'unité du style mais, en dehors de ces condi-tions, nous demandons qu'on laisse au talent du statuaire la difficile mission de donner la vie et la couleur au marbre, sans autre ressource que la science du modelé et l'habileté du ci-seau. Nous l'avons dit plus haut, M. Clésinger a trois Saphos à l'Exposition. Ne pouvant parler du mérite de la plus grande de ces statues, de celle qui est coloriée, puisque le modelé a dis-paru sous un badigeon, nous ne nous occupe-rons que des deux autres. Pourquoi l'auteur a-t-il intitulé la plus petite des trois statues .Jeunesse de Sapho? Elle n'a pourtant pas fa physionomie plus jeune que les deux autres le sentiment qu'elle exprime est le même c'est le chagrin, le découragement. Du reste, cette statuette est l'oeuvre la plus faible de M. Clé-singer, qui s'est montié plus praticien dans l'exécution de Sapho terminant son dernier chant. Il y a de la verve dans cette composi-tion, mais la tête manque de caractère, et les draperies de style. Nous préférons la Zingara cette danseuse au tambour de basque n'est pas légère c'est une belle et forte Italienne qui danse avec un abandon tout méridional. Le mouvement est juste, les nus grassement mo-delés et les grandes difficultés d'exécution heu-reusement surmontées. Mais ce que nous pré-férons par-dessus tout, c'est d'abord son Taureau romain qui a les beautés d'une oeuvre de l'an-tiquité, et ensuite ses bustes non coloriés, largement modelés, de deux belles Italiennes. Depuis la Sapho de Pradier, c'est à qui trai-tera ce sujet. Cette année, nous en comptons six, y compris les trois de M. Clésinger. La Sapho de M. Grabowski est assise sur le rocher d'où bientôt elle se précipitera dans les flots, car de sombres pensées sont empreintes sur ses traits. Cette figure n'est peut-être pas tout à fait dans le caractère du su jet, mais le marbre est très habilement exécutée. M. Travaux a composé sa Sapho pour l'une des niches de la cour du Louvre cette figure en marbre est d'un bon sentiment, le torse est bien modelé et les dra-peries agencées avec goût. La Sapho la mieux comprise est celle de M. Loison Sapho sur le rocher de Leucade, statue en marbre destinée sans doute aussi à l'une des niches de la cour du Louvre. Cet artiste a été moins heureux en représentant Pénélope apportant à Ulysse son arc et ses flèches, aa moment-où le héros va partir pour la guerre de Troie. Le mouvement est faux Pénélope n'apporte pas l'arc au contraire, elle est au repos et s'appuie dessus les draperies sont par trop mouillées enfin, cette statue sent le poncis académique. Puisque nous sommes en face de figures com-mandées pour la cour du Louvre, continuons l'examen de toutes celles qui ont cette desti-nation. Pour le moment, nous n'examinerons pas si ces statues, destinées à la décoration du même monument, sont en rapport les unes avec les autres, si elles sont composées et exécutées dans le style de l'architecture de l'édifice et des sculptures du temps qui font partie de l'orne-mentation. Nous ne nous occuperons que du mérite de chaque statue. - La Uelhzabée de M Oudiné est bien certainement la meilleure des dix ou quinze figures faites pour le Lou-vre. La pose est gracieuse, la tète jolie, les formes fines, élégantes le torse et les jam-bes sont d'un modelé vrai et gras. M. Oudiné est un des artistes auxquels nous faisions allu-sion au début de ce chapitre. Son talent se plie à tous les styles, ainsi que l'atteste ce groupe en marbre commandé pour l'église de Tournemire Aveyron . La Vierge et VEnfant Jésus ont le caractère des sculptures gothiques sans eu avoir la raideur les nus sont bien étudiés les dra-peries, agencées avec goût, ont une souplesse dont la sculpture ollre de rares exemples. Le bas-reliefen marbre, Ave Maria, est encore une gracieuse composition de style gothique. Après avoir parlé du statuaire, parlons maintenant des médailles exposées par le même artiste, car M. Oudiné est surtout graveur en médailles, et il a réuni dans un même cadre onze médailles d'une grande finesse de modelé et d'une grande pureté d'exécution. - Deux statues d'Omphale ont été commandées pour le Louvre. Celle de M. Eude est bien dans le caractère, bien po-sée et les chairs grassement modelées la pose de l'Omphale de G. Crauck est plus recher-choc le petit Amour qui tient la massue est par trop petit néanmoins, cette composition est gracieuse, exécutée avec talent et mieux étudiée que celle de Bacchante èt Satyre, du même artiste. M. G. Crauck a encore deux bus-tes en marbre d'une grande ressemblance et une statuette en bronze représentant le Maré-chal Pélissier, duc de Malakoff. Le Louvre aura non seulement deux et peut-être trois Omphale, mais il aura aussi deux Mases de VInspiration. Si l'inspiration a élu domicile quelque part, c'est certainement au Louvre, et lesdeux muses yscront très judicieu-sement placées. La Muse de l'Inspiration, de M. Prouha, n'est pas celle qu'invoquent les poètes et les artistes, celle qui est l'inspiration même, celle qui inspire. Son mouvement indi-que, au contraire, qu'elle cherche, qu'elle at-tend l'inspiration. Comme la statue de Jeanne d'Arc de Rude, la muse de M. Prouha penche la tète, approche la main de l'oreille, écoute la voix céleste de l'inspiration. Cette figure doit être une muse quelconque qui a besoin d'être inspirée, mais, à coup sur, elle n'est pas l'inspi-ration même il y a là erreur de nom. -Nous préférons, sous tous les rapports, l'inspiration de M. Chambard il y a de l'exaltation dans le regard, de l'inspiration dans l'expression gé-nérale de la figure la pose est noble, la dra-perie est traitée dans le goût de la renaissance, ce dont nous loueront l'artiste, puisque cette sculpture doit s'allier à une architecture renais-sance. M. Chambard a une seconde statue d'un tout autre caractère c'est une Bacchante, mais une vraie bacchante, dansant avec la gaîté, l'entrain, la folle ivresse inhérente à sa nature. - La Pcnsicrosa, dont le modèle en plâlre figu-rait à l'Exposition de 1857, a été commandé en marbre pour le Louvre à M. Lanzirotti. C'est un premier succès que vient justifier une con-sciencieuse exécution en marbre. Cette jolie figure a gagné à être reproduite en marbre on en apprécie mieux la finesse et la vérité du modelé. Ces qualités sont surtout très remar-quables dans l'Esclave, statue en bronze du même sculpteur. Il règne sur cette figure un sentiment de douce mélancoliequi impressionne, un charme dans l'élégance des formes qui séduit tout d'abord. Un buste en plâtre et deux mé-daillons en albâtre très ressemblants, complè-tent l'exposition de M. Lanzirotti. Nymphe.-laquelle?-l'artiste, M. Courtet, n'en sait rien lui-même puisqu'il ne le dit pas mais cette nymphe, destinée au Louvre, est bien maniérée elle pose mal et les bras sont mal attachés. Puis, pourquoi cette plinthe dé-coupée et à baguettes, quand celles des autres figures sont droites, pleines, unies? Nous en-gageons M. Courtet à traiter plus sérieusement à l'avenir la sculpture monumenlalc.-L'Abon-dance, de M. Maillet, est mieux comprise et bien autrement modelée. Ce modèle en plâtre, que nous avions vu déjà dans la niche d'essai au Louvre, nous paraît préférable à cette autre sta-tue en plâtre du même artiste Ayrippine por-tant les cendres de Germanicus. - L'auteur de VAriane, dont nous avons fait l'éloge il y a deux iins M. Millet, a fait une statue de Mercure pour le Louvre mais, hélas1 nous ne pouvons plus louer, c ir mus ko connaissons rien d'aussi maniéré que ce Mercure qui va danser un' menuet. Pourquoi cette figure, qui est bien modelée, n'a-t-elle pas la pose aussi naturelle que celle de la statuette en marbre de Mme M. R. du même sculpteur? - M. Chatrousse est plus simple, et il a raison. Sa figure, comman-dée pour le Louvre, l'Art chrétien, est sagement composée, sobre d'effet et de mouvement, comme il convenait au sujet. L'artiste a mis plus d'expression, de mouvement dans la statue en marbre Résignation, commandée pour l'église Saint-Sulpice. La tête est pleine de sen-timent elle est, ainsi que les mains, d'une grande vérité de modelé. Nous avons revu avec plaisir le groupe dHéloïse et Abeillard, que nous avions vu en plâtre au Salon de 1857. Cette charmante composition est plus sédui-sante encore en marbre les détails ont plus de délicatesse, le modelé plus de finesse. - Com-ment M. Etex a-t-il accepté de reproduire pour le Louvre deux types de la beauté antique Hélène et Paris, deux figures contraire à la na-ture de son talent? Aussi, voyez quels traits, quelles formes et surtout quelles mains! des mains à faire envi aux romains de la Porte-Saint-Martin. Qu'on demande à M. Etex un for-geron, un cultivateur, un type vulgaire ou éner-gique, rien de mieux, mais le beau Pâris, mais la belle Hélène, cela n'était ni dans son goût ni dans sa manière. Nous ne parlerons pas de sa Douleur maternelle. Il y a dans ce groupe en marbre une intention de sentiment, mais 1 exécution est plus faible encore que celle des deux précédentes statues. C m nc Gruyère s'est montré bien supé-. rieur dans une composition du même genre la Tendresse maternellel Tout s'explique facile-ment, tout est gracieux, tout est joli et étudié dans ce groupe - La Béatitude maternelle, autre groupe dans le même sentiment, par M. Desprey, est non moins gracieux, non moins étudié l'agencement des draperies a du style.-M. Chevalier a eu le malheur d'avoir un mar-bre affreusement vainé, ce qui nuit au bon effet de son groupe de la Jeune Mère, auquel cepen-dant il a mis son savoir de praticien. La tête du jeune enfant est bien modelée. -Une des figures des plus gracieuses et des mieux réussies, c'est la statue en bronze la Fi-leuse, de M. Mathurin Moreau. Cette statue peut aller de pair avec le groupe de M. Faro-chon comme style et comme modelé. Aussi la j commission de la loterie s'est elle empressée de l'acheter. - La Vénus agreste, de M. Clèrc, 4 est une bonne étude en marbre la pose est gracieuse, mais les formes un peu lourdes, quoi-que bien modelées. - Nous ne ferons pas ce reproche à M. De Bay père les formes de cette jeune fille le Choix difficile sont sveltes, cor-rectes, élégantes, mais d'un modelé qui rappelle la sculpture de l'Empire. Passé, Présent, Avenir, tel est le titre d'un projet de monument du même artiste,, composée avec beaucoup de goût. - Nous retrouvons ici deux ligures que nous avons vues dans les envois des pensionnaires de l'école de Rome nous voulons parler de la sta-tue en marbre de Lysias, reine de Lydie, femme du roi Candaule, par -NI. Lepère, et de la statue en bronze alors appelé l'Enfant au Coquil-lage, auiourd'huï simplement Jeune Pécheur, par M. Carpeaux. Nous avons dit, il y a neuf mois, notre opinion sur ces deux ouvrages nous avons critiqué les formes un peu lourdes, un peu ronde de Lysias, et nous avons loué la grâce, l'expression et la finesse de modelé du jeune pêcheur. Nous avons également parlé, dans notre revue du Salon de 1857, du groupe de M. Marcellin le corps de Zénobie, reine d'Arménie, retiré de l'Araxe. Ce groupe, qui était alors en plâtre, a beaucoup gagné sous le rapport du modelé depuis qu'il est traduit en marbre. - Nous en dirons autant du Moïse sauvé des eaux, que nous revoyons en mar-bre, exécuté par M. Allasseur avec le fini le plus consciencieux. Parmi les figures d'étude, il faut citer, en première ligne, Un Moissonneur, statue en bronze de M. Gumery la pose est simple, na-turelle les nus, d'un modelé ferme et vrai. Nous aimons moins la Persévérance et la Bien-faisance, statues en marbre destinées à un ton-beau mais la Fontaine de l'Amour est uns gracieuse petite composition du même auteur puis, une statue de David, par M. Ramus, qui a aussi une charmante petite figure en marbre Jeune Pâtre jouant avec un chevreau. Ces deux marbres sont modelés avec le soin et le talent bien connus de l'artiste. - Le Joueur de Billes, statue en bronze de M. Poitevin, est une figure bien étudiée, qui rappelle par trop le Joueur de Billes, de M. Frison. - La Prière est une petite statue en marbre à laquelle M. Cocheret a donné tous ses soins la pose est simple, gracieuse, la tête jolie et d'une char-mante expression. - Le Pécheur endormi, de M. Garnier, est une figure d'étude qui se rc-commande par la conscience et la vérité du modelé. - Le groupe en plâtre de M. Begas est à peine ébauché, mais il intéresse par l'origina-lité de l'idée et la vérité de l'expression. li re-présente Pan consolant Psyché. Nous ne chica-nerons pas M. Begas sur l'intervention de Pan pour consoler la curieuse Psyché nous nous bornerons à décrire sa composition. Assis et nonchalamment accoudé sur un tertre, Pan, avec un sourire goguenard, semble donner les conseils de sa grande expérience à la pauvre Psyché, qui pleure sa faute. - La Rebecca, de M. Montagne, est une des meilleures figures du Salon. C'est le beau type juif, le type biblique l'agencement des draperies est bien dans le caractère oriental la pose est noble et simple. Cette statue est largement modelée. Les sujets de l'histoire contemporaine sont peu nombreux. M. Lequesne a reproduit en marbre la statue du Maréchal Saint-Arnaud, destinée au Musée historique de Versailles, et M. Louis Rochet a fait fondre, en bronze et ar-gent, la petite statue de Napoléon Bonaparte, écolier de Brienne 1794 , dont les modèles en plâtre avaient été exposés au Salon de 1857. - La statue en marbre exécutée par M. Leha-rivel-Durocher est destinée au tombeau du cé-lèbre architecte du Louvre. Visconti est repré-senté couché, accoudé sur le bras gauche, la tète baissée et le regard porté sur un plan du Louvre qu'il tient dans la main droite. Le cos-tume du membre de l'Institut prête peu à la statuaire mais, en y ajoutant un manteau, l'artiste aurait pu tirer un meilleur parti, ob-tenir des masses plus larges et d'un ellet 1. monumental. - Si l'effet est plus monume tal, dans la statue en marbre du jurisconsulte Tronchet, nous reprocherons à son auteur, M. Ferrât, une exécution un peu trop sèche et an-guleuse. - Le modelé du groupe en marbre de M. Badiou de Latronchère est plus vrai. Le plâtre de ce groupe, qui représente Ilaiiy, fon-dateur de l'institution des Jeunes-Aveugles, était à l'Exposition de 1857. Une statue de la Prodigalité, du même artiste, est bien infé-rieure à cette oeuvre et comme composition et comme exécution. - Les modèles en plâtre du Grenadier de ligne et du Zouave en tenue de campagne, exécutés par M. Diebolt au pont de l'Alma, sont deux types bien choisis nous félicitons l'artiste de ne s'être pas cru obligé de prendre des figures laides et canailles, comme tant d'autres le font, pour représenter nos sol-dats. La laideur n'ajoute rien au courage elle n'a que le triste avantage de déplaire et d'ef-frayer les enfants. - M. Carrier a entrepris une tâche difficile dont il s'est heureusement tiré en représentant la Mort du général Desaix à la bataille de Marengo le 14 juin 1800. Ce groupe est bien disposé l'action s'explique bien le mouvement de Desaix est vrai, le geste noble et ex pressif. L'effet de l'ensemble est très satisfai-sant. M. Carrier a encore un joli groupe en bronze, Jupiter et Ilébé, et quatre bons bustes. En dehors des sculptures religieuses déjà mentionnées dans ce chapitre, nous devons ci-ter le modèle en plâtre d'une statue de la Vierge et l'Enfant Jésus, commandée à M. Montagny pour une église de Saint-Etienne Loire . L'a-gencement des draperies est joli et d'un style sévère les têtes, les mains son t modelées avec soin. - L'auteur de l'un des chefs-d'oeuvre de la statuaire moderne, de l'ceuvre la plus con-nue, M. Foyatier, l'auteur de Spartacus, a ex-posé, cette année, une statue d'un tout autre caractère Y Immaculée Conception de la Sainte Vierge. Le Livret ne dit pas quelle est la desti-nation de cette nouvelle production du célèbre sculpteur. - Saint Ihibaud, patron des mi-neurs de Commentry, est une petite statue en marbre exécutée avec le goût et le talent que tout le monde reconnaît à M. Jean De Bay. N'oublions pas son étude en terre cuite le Pe-tit Vendangeur, charmante et spirituelle con-ception qu'on s'est empressé d'acheter pour la loterie. - M. Fabiscli a exposé le Sauveur, statue en marbre qui nous rappelle le Christ aux plaies, de M. Emile Thomas, artiste qui a renoncé, depuis 1855, à envoyer ses ouvrages au jury des Expositions il a pris la détermina-tion de hs exposer dans son atelier. Nous y avons vu dernièrement une oeuvre très recom-mandable au point de vue de l'art. On pourrait appeler cette statue la Femme à la Chaise. C'est une femme déjà d'un certain âge, simple-ment vêtue, debout, légèrement agenouillée sur le bord d'une chaise ordinaire, les mains jointes et appuyées sur le dossier cette femme fait sa prière. Cette statue, qui sera fondue en bronze, est destinée, dit-on, à un tombeau du Père-Lachaise, où certainement elle produira beau-coup d'effet, tbnt il y a de vérité et d'expression dans cette figure. Pour la reproduction des animaux, M. Mène a toujours le même succès il a exposé de charmants petits groupes de Chevreuils Ju-ment et Chien Chienne et ses Petits. Ce dernier sujet a été traité, dans de grandes dimensions, par M. Rouillard mais ici, c'est une Chienne-Dogue de forte race avec ses Petits elle aboie avec fureur et défend l'approche de ses petits. Ce groupe, si vrai, si vigoureusement modelé. a été commandé à son auteur pour décorer l'un des côtés de l'escalier de la cour des écuries de l'Empereur, au Louvre. - Un autre groupe, non moins vrai, non moins bien exécuté, c'est celui de M. Delabrierre Une Panthère de l'Inde dévorant un Héron. Les bustes et les statuettes occupent la ga-lerie du haut qui donne sur le jardin, et dans laquelle ils seraient très bien éclairés s'ils étaient placés moins bas. Nous l'avons dit et nous le répétons à dessein, les bustes sont modelés pour être vus à hauteur d'homme et non à hauteur de ceinture. Tout le monde l'a senti, et quel-ques artistes, MM. de Nieuwerkerke, Clésin-ger, Oudiné, ont obtenu la faveur d'exhausser à la hauteur convenable les bustes qu'ils avaient exposés. Il est donc permis d'espérer qu'à la prochaine Exposition les bustes et les statuettes seront tous posés sur uns estrade plus élevée que celle de cette année. Beaucoup de nos meilleurs statuaires n'ont exposé que des bustes, et c'est de ces bustes que nous allons parler. Deux bustes de M. Oliva ont surtout attiré l'attention des praticiens, et les opinions sont restées partagées. A notre a vis, il y a deux espèces de bustes, et ils demandent à être traités d'unemanière diflérente. Le buste mo-numental, celui qui fait partie de la décoration d'un monument, doit avoir un certain style, qu'il serait ridicule de donner aux bustes qui ne sont que des ressemblances, de simples por-traits d'individualité. La principale des condi-tions pour ceux-ci, c'est la vérité, la vie, la phy-sionomie, et, sous ce rapport, quoi de plus rai, de plus vivant que le Buste en marbre de II. de Mercey'l N'est-ce pas là son regard ob-servateur, son air doux, réfléchi? Et quelle exé-cution ! c'est aussi hardi et plus fini que les Justes si célèbres de Caftieri. Nous savons qu'on i fait un reproche à M. Oliva d'avoir imité ce maître nous, nous le félicitons d'avoir fait lussi bien que lui sans l'avoir copié et avec d'autres procédés. - Un buste qui est encore bien vivant, c'est celui d'un bon vivant, d'un gros réjoui, modelé avec une grande vérité par M. Desprey. - Les Bustes de Al. J.-N. Bonaparte, de N. J.-N. Bonaparte, lieute-nant au 1erchasseurs d'Afrique, par M. Iselin, se rapprochent de la manière de faire de M. Oliva, surtout dans le Buste en marbre de Picard. - Si l'exécution des bustes de M. Ca-vali er est moins hardie, ils sont toujours sa-vamment modelés témoins ceux de M. IIen-riquel-Dupont et de Ary Scheffer.. - Le Por-trait de Mme F., que nous avons quelquefois rencontrée dans le monde, est un buste très gracieux, très ressemblant, dû au ciseau de M. Nieuwerkerke, ainsi que celui de S. A. la prin-cesse Murât, non moins bien modelé. - Les Bustes de l'Empereur et de l'Impératrice, com-mandés à M. Pollet, sont des marbres travaillés avec soin. - tt y a plus d'étude, plus de fermeté dans l'exécution du Buste du générnl de divi-sion comte de Guyon, par M. Dieudonné des Bustes de JI. Coste, de M. Iluzard, membres de l'Institut, par M. Robinet du général Per-rin-Jonquière, par M. Dantan aîné de M. Bi-neau, ministre des finances, par M. Dantan jeune, et de M. Sainte-Beuve, par M. Mathieu-Meusnier. - On comprendra qu'ayant exposé un Buste en marbre au peintre de Walteau, qui nous a été commandé par le- ministère d'E-tat, nous nous abstenions de toute observation sur ceJui exposé par notre confrère, M. Vilain, commandé également par le ministère d'Etat. -Parmi les statuettes exposées, - il, en est plu-sieurs sur lesquelles nous n'avons pas à nous prononcer, puisqu'elles sont des réductions de statues dont nous avons parlé dans notre revue du Salon de i857 telles sont la Psyché et la Chaste Suzanne, statuettes en marbre par M. Hu-guenin, et la Jeune Fille à sa toilette, statuette en bronze par M. Frison. - Quant à M. Fre-miet, c'est le Raffet de la sculpture personne ne touche mieux que lui les statuettesnes trou-piers français. Il a exposé un Cent-Garde, un Artilleur de la Garde, un Zouave de la Garée, un Sapeur, un Chasseur à cheval, un Hussard, un Cheval de tfroupe, toutes statuettes en bronze commandées pour la collection des différentes armes de l'armée française. VIII. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE MM- Mercury. - François. - E. Girardet.- Jouannin. - Lefèvre. - Nyon. - Leroy. - Brévière. - Rif-faut. - Aubry. - Lecomte. - Mouilleron. - Sou-lange-Tessier. - Raffet. - Marc. - Sudre. La gravure est un art dans lequel l'habileté du métier tient la première place aussi ya-t-il plus d'une manière de l'apprécier. Dans l'exa-men d'une estampe, le graveur se préoccupe, avant tout, de la valeur et de l'intelligence des tailles les peintres, les artistes, en général, donnent la préférence aux gravures qui repro-duisent le plus fidèlement 1 effet, la couleur du tableau, et jusqu'à la touche du maître, quelle que soit la nature des tailles du burin et des procédés employés les amateurs, comme les marchands, recherchent les estampes rares, an-ciennes, qui se paient cher, les épreuves avant la lettre, les tirages blonds ou vigoureux, selon le goût du moment. Sous le rapport de la parfaite entente des tail-les, la plancne de M. Mercury est sans repro-che, mais elle ne rend pas complètement la couleur de la Jane Gray,de P. Delaroche. Nous voudrions un peu plus de fermeté, un peu plus de vigueur. - M. François semble avoir mieux compris le coloris de ce maître dans les Enfants d'Edouard, la blater Dolorosa et Jésus au jar-din des Oliviers, qu'il a gravés d'après Delaro-che. - Ce maître a été encore bien interprété par M. Edouard Girardet, qui a reproduit les Girondins et la Cenci, deux des meilleures toiles de Paul Delaroche. - Une gravure qui rappelle parfaitement l'effet, la couleur et même la tou-che du peintre, c'est le Portrait de S. M. l'Im-pératrice gravé par M. Jouannin, d'après M. Winterhalter. Cette planche a valu à son au-teur le titre de graveur de Sa Majesté. - Le burin de M. Lefèvre est intelligent, il a de la Vigueur il convient particulièrement à la re-production des tableaux des écoles italienne et espagnole c'est du moins ce que nous autori-sent à penser sa gravure de Sainte Cécile, d'a-près Raphaël, et celle de l'Immaculée Concep-tion , d'après Murillo. - La Vue prise à la Gorge- aux-Loups, forêt de Fontainebleau, est une planche habilement et hardiment burinée par M. Nyon, qui entend si bien ce genre de gravure. Les gravures fac-similé des dessins de nos grands maîtres sont très nombreux. M. Leroy en a exposé vingt et une, exécutées d'après les dessins de la collection du Musée du Louvre pour l'ouvrage publié par l'auteur, sous ce ti-tre Collection de Dessins originaux des grands maîtres publiés en fac-similé. - Mais deux fac-simile curieux, ce sont ceux d'un procédé nou-veau inventé par M. Brévière, auquel on doit la régénération de la gravure sur bois en France. Le fac-similé du dessin de Géricault, Centaure enlevant une femme, a la fermeté d'un croquis à la plume, et le fac-simile du Vieillard, dessin à la sanguine du Primatice, a tout le moelleux et le grené du crayon, et cependant, ce sont des gra-vures en relief tirées à la presse typographi-que. -r- Un graveur plein d'intelligence, que la mort vient d'enlever au milieu de ses travaux, M. Riffaut, a exposé trois beaux Portraits de M. de Queslus. de Mme de Sauve et de M. de Maugiron, fac-similé dè dessins conservés à la Bibliothèque impériale. Cet artiste laborieux, infatigable, était arrivé, à force de recherches, à trouver les éléments de la gravure héliogrr-phique les planches qu'il a envoyées à l'Expo-sition de photographie sont très intéressantes, et pouvaient faire espérer une complète réus-site. Si la gravure a perdu en M. Riffaut un esprit inventif, capable d'améliorer les procédés em-ployés, la lithographie a perdu, en M. Aubry-Lecomte, l'artiste.qui a le plus contrihué à la perfection jque cet art-a atteint de nos jours. M. Mouilleron a su, avec le crayon lithographi-que, reproduire la transparence du clair-obscur dulableau de Rembrandt, la Ronde de Nuit, du Musée d'Amsterdam, où l'avait envoyé le mi-nistère d'Etat pour exécuter cette belle litho-graphie. - M. le ministre a également com-mandé à M. Soulange-Tessier, si nous ne nous trompons, une lithographie du tableau de la Prise de la tour Malakoff, peint par M. Yvon elle rend fidèlement tous les caractères et l'éclat du coloris de cette grande composition. - Les sept lithographies exposées par M. Raffet, font partie du bel ouvrage qu'il a publié sur le siège de Rome. Ces dessins sont de véritables ta-bleaux, tant le crayon de cet artiste a de cou-leur et de vigueur, tant il y à d'action, de mou-vsmentdans ces scènes militaires, et de vérité dans ces types de troupiers dessinés d'après na-ture. - Le crayon facile et correct de M. Marc a reproduit avec fidélité, et surtout avec talent, sur la pierre lithographique, l'oeuvre complète de David d'Angers . Les seize cadres exposés contiennent un joli choix de lithograhies dessi-nées d'après les groupes, statues, bas-reliefs, bustes et médaillons de ce grand sculpteur. -Un des maîtres dans l'art de la lithographie, M. Sudre, le traducteur des peintures de M. In-gres, a exposé deux nouvelles et belles litho-graphies d'après ce célèbre artiste Tête d'Oda-lisque et le Portrait de Mme S,.. IX. ARCHITECTURE. MM. Hittorff. - Garnaud. - V. Baltard, -Mangeant. - Huguenet. - Beau. - Racinet. Si les projets d'architecture sont en moins grand nombre qu'en 1857, ils offrent néanmoins un très grand intérêt ils témoignent des études sérieuses faites dans toutes les branches qui se rattachent à cet art, le plus ancien, le plus grand entre tous les arts, et cependant le moins apprécié, le moins goûté de la majorité des vi-siteurs. Il y a pourtant, à l'Exposition d'ar-chitecture, une oeuvre qui devrait attirer l'at-tention d'une certaine classe d'amateurs nous parlons du modèle en stucs de couleurs di-verses d'un temple grec, avec ornements et sta-tues coloriés, exécuté d'après les dessins de M. Hittorff. Comment se fait-il que personne ne se presse autour du temple Hypoethre-amphi-prostyle-pseudoperiptère de M. Hittorff? Est-ce cet assemblage de mots qui a effrayé, ou cet autre assemblage non moins dur, non moins criard des tons de l'architecture polychrôme ?,.. Cette architecture peut plaire aux Anglais, aux Allemands mais les Français ne s'y habitue-ront guère, malgré la ténacité des efforts de M. Hittorff pour en introduire le goût parmi nous. Voyez-vous l'effet de nos monuments ba-digeonnés comme ceux que nous avons vus à Munich? Voyez-vous la Madeleine, le Pan-théon, la colonnade du Louvre avec entablement bleu, colonnes roses, murailles rouges?. Non, non notre oeil est, de longue date, habitué à l'harmonie, au jeu merveilleux des rayons lumi-neux sur la pierre et le marbre de nos monu-ments nous préférons la couleur que la lu-mière donne à nos monuments en éclairant vi-goureusement les saillies de l'architecture nous préférons les effets magiques des clairs et des ombres si harmonieusement tempérés par les demi-tons, par la transparence du clair-obs-cur, effets calmes, mystérieux, poétiques, que détruit le tapage des tons durs et criards de l'architecture polychrôme. Tout en repoussant l'introduction en France de cette architecture, nous n'en sommes pas moins très disposé à ren-dre justice et à admirer, au point de vue de la science archéologique, le savoir que M. Hittorff a déployé dans la Restitution du temple grec que lui avait commandée S. A. I. le prince Na-poléon pour son cabinet particulier. M. Garnaud fait également preuve de talent et d'érudition dans ses Etudes d'architecture chrétienne, depuis l'église de hameau, de vil-lage, de petite ville, jusqu'à l'église paroissiale et métropolitaine des grandes cités. Ce sont de bons types que MM. tes maires et les curés de-vraient consulter lorsqu Ils ont une église à faire construire. Le projet qui nous a le plus intéressé, nous l'avouons, c'est le Projet d'achèvement et de modification dé la façade de l'église Saint-Eas-tac.he et de la construction d'une flèche cen-trale, par M. Victor Baltard. Nous souhaitions depuis tant d'années la restauratiojn de cette belle église d'architecture renaissance! C'est avec le plus g-rand soin que nous avons examiné les dessins de ce projet, et nous ne pouvons qu'adresser nos compliments à M. Baltard. Cet artiste s'est inspiré de l'architecture du monu-ment il en -rappelle les principaux détails dans la façade et dans la flèche il tira tout le parti que l'on pouvait tirer du gros oeuvre de la fa-çade actuelle qui sera métamorphosée en élé-gaflte architecture renaissance. Nous doutons fu' n ait pu fairequelquechosedemeilleur goût que la composition exposée par cet architecte. M. Mangeant a exposé un travaij très cu-rieux à propos d'un Projet d'arrangement de Vile de la Cité d Paris, lequel se compose de six dessins f Lutèce habitée par les nautes parisiens, sous la domination romaine ses mo-numents sont la forteresse municipale, l'au-tel de Jupiter la Voie Sacrée qui la traverse du Petit-Pont au Grànd Pont. - 2° Parisii sous la setonde race ses monuments sont le pa-lais, l'église ôalhédrale sur l'emplacement du temple de Jupiter, la maison de l'église ou hos-pice, le bapti rê i, Jftkole, le Petit et le Grand-9 Chàtelet. - 50 La Cité, xve siècle, entre l'Urti. versité, sur la rive gauche, et la ville, sur la rive droite, ses monuments sont le Palais desRois, la Sainte-Chapelle, Notre-Dame, l'Hô-tet-Dieu. - 40 La Cité, état actuel. - 5° Vue générale du projet. - 60 Plan général du projet, Il y a quelques années, le graveur qui repro-duisait un monument, la cathédrale de Reims, par exemple, était classé à l'Exposition parmi les architectes. Nous avons fait observer qu'il y avait confusion, qu'un graveur n'étant pas ar-chitecte devait être avec ses pairs, avec les gra- -veurs. Aujourd'hui, les graveurs, les lithogra-phes qui reproduisent des monuments, des fragments de monuments, des horloges même ne t sont plus mêlés avec les architectes pur sang ils sont catalogués à la suite sous ces ti-tres Architecture-Gravure, Architecture-Li-thographie. Ne serait-il pas logique de placer ces graveurs d'architecture, ces lithographes d'architecture dans des divisions faisant suite à la gravure et à la lithographie plutôt qu'à l'ar-chitecture, puisque c'est le travail du graveur et du lithographe qu'on expose, et non l'oeuvre de l'architecte? N'est-ce pas le burin de M. Hu-gunet, le crayon lithographique de M. E. Beau qu'on récompense lorsqu'on leur accorde des médailles? Qu'ont de commun, avec les projets d'architecture, les dessins d'horloges et de mon-tres du xvie siècle, de la collection de M. le prince Sollykolï, exposés par M. Racinet fils? Un projet d'architecture est l'oeuvre d'un ar-chitecte, et une gravure, d'après l'oeuvre d'un architecte ou d'après l'oeuvre d'un sculpteur,d'un peintre, d'un horloger, sera toujours une gravure t classée comme telle dans nos collections. X. .,. 'dC ,. RÉCOMPENSES. La distribution des récompenses décernées aux artistes, à la suite de l'Exposition de 1859, a eu lieu le 15 juillet, à neuf heures du matin, au palais des Champs-Elysées, sous la prési-dence de S. Exc. M. Achille Fould, ministre d'Etat. Le grand Salon carré de l'Exposition avait été disposé et décoré pour cette cérémonie. A neuf heures précises, S. Exc. le ministre d'Etat a pris place sur l'estrade qu'on avait pré-parée pour le recevoir. Il avait à sa droite M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des Musées impériaux, intendant des Beaux-Arts de la maison de l'Empereur à sa gauche, M. Gautier, secrétaire général de la maison de l'Empereur Son Excellence était aussi accom-pagnée par M. le conseiller d'Etat Pelletier, se-crétaire général du ministère d'Etat, par M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées impériaux, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts, et MM. les membres de l'Institut, section des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Exc. le ministre d'Etat a prononcé un discours qui a été fort ap-plaudi par tous les artistes exposants, et que, pour notre part, nous nous empressons de re-produire dans son entier Je ne répondrais pas au sentiment qui nous anime tous, si ma première pensée n'était pas pour l'Empereur et pour l'armée. La nouvelle campagne d'Italie, immortalisée par d'éclatantes victoires, est aujourd'hui couronnée par une paix glorieuse. Il était permis de craindre que le spectacle de ces grands événements ne fût nuisible à cette Exposition en détournant d'elle l'attention du public. Il n'en a pas été ainsi. Confiante dans ses armées et dans son souverain, calme sous la ré-gence de l'Impératrice, la nation ne s'est dé-tournée ni de ses travaux, ni de ses délasse-ments. L'empressement avec lequel ce palais a été visité, les acquisitions nombreuses qui y ont été faites, ont prouvé l'intérêt qui s'attache toujours, dans notre pays, aux oeuvres de l'art, aux travaux de l'intelligence. Je me plais à constater. Messieurs, que l'ensemble mérite les éloges du public éclairé et délicat. S'il n'a pas eu à admirer une de ces pages hors ligne par lesquelles un génie nou-veau se révèle, il n'a pas été choqué non plus de ces présomptueuses singularités qu'inspire un faux goût. La trace de l'étude est ptus sensible ici que dans les Expositions précédentes. Il y a moins de ces oeuvres enfantées à la hâte et qui sont en-core plus promptement oubliées qu'elles n'ont été conçues. Nous avons vu avec satisfaction di-minuer aussi le nombre de ces essais que l'on nous présentait avec assurance pour des oeuvres sérieuses. Les ébauches que nous avons recueillies des anciens maîtres, et que nous conservons pré-cieusement, tiennent leur prix autant du sou-venir de leur auteur que des grandes qualités qu'elles indiquent mais l'admiration qu'elles inspirent ne fait qu'augmenter le regret de ne pas les voir plus complètes. On revient au vrai principe de l'art, aux saines traditions, à celles qui ont le travail pour base et le bon goût pour règle. On comprend que l'étude n'a jamais comprimé lé génie, et que l'application a souvent développé le talent. J'attribue, Messieurs, cet heureux progrès aux conseils éclairés de vos maîtres, qui viennent d'être vos juges, et à la sollicitude dont le gou-vernement de l'Empereur vous entoure. Il accueillera tous les moyens qui lui sont offerts de vous la témoigner. Cette année, c'est une loterie placée sous le patronage d'hommes éminents, et dont le dévoûment à l'art est de-puis longtemps venu augmenter les sommes or-dinaires employées en acquisitions. De nombreuses commandes, de glorieuses distinctions encouragent tous les efforts et ré-compensent le mérite dans toutes les branches des arts que vous cultivez. Enfin, Messieurs, vous trouverez tout à l'heure, dans le nombre et le choix des distinctions qui vous ont été ac-cordées, un témoignage de la haute satisfaction de S. M. l'Impératrice-Régente. Tant de soins ne doivent pas être perdus, et vous les reconnaîtrez en donnant la gloire des arts à un règne qui en a déjà tant d'au-tres. M. le comte de Nicuwerkerkc, directeur gé-nérai des Musées, a pris ensuite lu parole pour expliquer le but des rappels de médailles et des mentions honorables comme récompenses aux exposants. Ce discours est une nouvelle preuve de l'intérêt que M. le directeur des Musées porte aux artistes ceux-ci ont répondu à ses bonnes intentions par les plus chaleureux ap-plaudissements. M. le comte Nieuwerkerke a ensuite proclamé les récompenses dans l'ordre suivant Officier M. Ch. Muller, peintre. Chevaliers MM Norbin, peintre Mathieu, id. Palizzy, id. Daubigny, id. Ch. Lefèvre, id. Du-val-Leeamu, id. Bonguerau , id. Barrias , id. Knaus, id. Plassan, id. Baron, id. Chavet, id. Fromentin, id. Ch. Leroux, ic Farochon, sta-tuaire Loison , id. Aimé Milet, id. François Jules , graveur Soulange-Teissier, lithographe. PEINTURE. Rappel des médailles de lre classe. - MM. Fortin, Daubigny, Knaüs, Bézard. Médailles de lre classe. - MM. Breton, Fromen-tin, Leleux. Rappel des médailles de 2e classe. - MM. Lau-gée, Heilbuth, Lacmlein, de Curzon, Roux, Bou- , langer, Roehn, Timbal, Guillemin, Brion, Richter, Leroux. Médailles de 2e classe. - MM. Rigo, Belly, Ham-man, Janmot, Leighton, Bonheur. Rappel des médailles de 3e classe.- Mme Browne MM. Brendel, Devilly, Toulmouehe, Plassan, Mar-quis, de Knytf. Compte-Calix, Busson, Rivoulon Mlle Théveniri M. Mazerotte Mme Besnard. Médailles de 3e classe. - MM. Levy, Achenbach, Caraud, Lechevalier-Chevignard, Ulman, Deneu-ville, Boulangé, Delaunay, Pasini, Baudit, Janet-Lange, Berchère. Mentions honorables. - Mlle Allain MM. Alle-mand, Aubert, Bonnat, Brissot Mme Becq de Fou-quières MM. Chrétien, Clere, Cock, Coroenne, Crauk, Decaen Mme Gaggioti-Richards MM. Gassies, Giaize, Grenet, Grisée, Grolig, Hanoteau, Herbstofftr, iiintz, Houzez, Hubner, Job, Jumel, Kate , Lalaisse, Lamoriuière, Lobrichon, Magy , Marquerie, Merle, Meynier Mlle Morin Mme la comtesse de Nadaillac MM. Papeleu, Perrachon , Pina, Protais MmeRobelet MM. Rothermel, Rui-perez, Sain Mme Schneider MM. Tabar, Valerio, Villevieille. SCULPTURE. Rappel des médailles de lre classe. - M. Loison. Médailles de 1re classe. -MM. Moreau etAlIasseur. Rappel des médailles de 2° classe. - MM. Gu-niery, Schroder, Grabowski, Farochon, Marcellin, Maindron. Médailles de 2e classe. - MM. Begas, Crauk, Dar-peaux, Salmson. Rappel des médailles de 3° classe. - MM. Oliva, Chabaud, Borrel, Le Bourg, Travaux. Médailles de 38 classe. - MM. Lepere, Truphème, Varnier, Eupe, Aizelin, Ponsearme. Mentions honorables. - MM. Badiou de la Tron-chère, Bangiilon, Barthélémy, Brian, Carrier de Relieuse, Chatreusse, Chevalier, Clère, Cocheret, David, Delabrière, Deunbergue, Durand, Fabisch, Franceschi, François Funnère, Giandfils, Hébert, Kaltenheuser, Lanzirotti, Lavune, Moignez, Morel Ladeuil, Poitevin, Prouha, lloubaud, Valette, Wa-trinelle. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE. Rappel des médailles de lre classe. - MM. Blan. chard, François, Lasalle, Mercury. Médailles de 1 classe. - M. Keller. Rappel des médaille de 2. classe. - MM. Bridoux, Gaucheret, Girurdet Edouard , Girardet Paul , GI-rard, Salmon. Soulange-Teissicr, Webcr. Médailles de 2e classe. - MM. Bal, Eichens. Rappel des médailles de 3e classe. - MM. Aubert, Laurens, Lavielle, Leroy, Varill. Médailles dt, 3P classe. - MM. Jouannin, Joubert, Sirouy, Valerio. Mentions honorables. - MM. Bertinot, Caret, Chevron, Constantin, Fleischmann, Gibert, Lehner, Levasseur, Manccau, Martinet, Pichard, Riffaut, Sau-nier, Stang, Sulpis, Thomas, Verswyvel, Wacquez, Wismes. ARCHITECTURE. Rappel des médailles de lre classe. - MM. Gar-naud, Verdier. Médailles de lre classe. - M. Tetaz. Rappel des médailles de 2° classe. - M. Denuelle. Médailles de 28 classe. - MM. Thomas, Hénard. Rappel des médailles de 31 classe. - M. Trilhe. Médailles de 3e classe. - MM. Villain, Moll, Mauss. Mentions honorables. - MM. Arangoïti, Reiber. Schmitz. Nous saisissons l'occasion qui nous est offerte pour démontrer que le nombre des récom-penses n'est plus en rapport avec l'état actuel des Expositions. Il y a trente à quarante ans. le Salon se composait à peine de douze cents ouvrages l'Exposition qui vient de finir en comptait trois mille neuf cents environ, c'est-à-dire près de trois fois plus. Comment se fait-il qu'en présence de cette énorme augmenta-tion des ouvrages exposés, le nombre des mé-dailles soit resté le même qu'autrefois? Si alors le nombre des récompenses était parfaitement en accord avec le nombre des ouvrages exposés, il est évident qu'il ne l'est plus aujourd'hui. C'est en vain que l'administration a cherché à réparer ce tort, à com bler cette lacune en créant les rappels de médailles et les mentions hono-rables cette mesure, qui ne date que de 1857, n'a pas satisfait les artistes et ne les satisfera pas, malgré les bonnes intentions de M. le di-recteur général des Musées et les explications qu'il a données dans son discours. En effet, tout le monde reconnaît l'insuffisance de trois mé-dailles de i r. classe, de six de 28 classe et de douze de 5e classe, eu tout vingt-une médailles pour plus de trois mille peintures comprenant les sections d'histoire, de genre, portraits, ani-maux, paysages, intérieurs, marines, miniatu-res, pastels, aquarelles et dessins. C'est encore pire pour la sculpture, qui occupe, de nos jours, une si belle et si importante place à nos Expo-sitions pour cinq cents ouvrages environ, on ne lui accorde que douze médailles, dont deux de III re classe, quatre de 2- classe et six de 5 classe encore faut-il les partager avec les graveurs en médailles. Pour établir l'équilibre entre les récompenses et la valeur des ouvrages qui figurent aux Ex-positions de notre époque, pour mettre ces ré-compenses en harmonie avec lés progrès qui ont grandi certaines branches de l'art, jadis négli-gées, dédaignées et, pour ainsi dire, inconnues, il faudrait augmenter le nombre des médailles et, en quelque sorte, les distribuer par genre, car il est impossible qu'avec ses trois médailles de ire classe l'administration puisse récompen-ser, à mérite égal, une peinture historique, un. tableau de genre, un portrait, un paysage, un intérieur, une marine, une miniature, un pas-tel et un dessin. Nous savons qu'il est rare de rencontrer à la même Exposition des oeuvres du premier mérite dans tous ces genres mais, cependant, cela pourrait arri ver, et nous croyons que si, cette année, le jury.avait eu à disposer de six médailles de 1re classe pour la peinture, il aurait été beaucoup moins embarrassé qu'en n'en ayant que trois seulement pour récom-penser tant d'oeuvres remarquables.' XI. Tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts. Le dimanche, 2V juillet, à deux heures, il a été procédé, dans la grande nef du Palais de l'Industrie, au tirage de la loterie de l'ExpQsition des Beaux-Arts, organisée par un arrêté de S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, en date du 7 mars dernier. Au fond, dans la partie ouest de la nef, a été élevé une riche estrade sur laquelle ont été disposés deux bureaux pour les membres de la Commission et pour les fonctionnaires supérieurs du ministère de la Maison de l'Empereur. L'instru-ment du tirage de la loterie a été placé derrière les bureaux sur une plate-forme beaucoup plus élevée, de manière que les opérations du tirage soient aperçues de tous les points de l'enceinte. Le fond de la nef est orné de faisceaux, d'écussons et de riches draperies sur lesquels se détachent les objets d'art acquis pour la loterie. Lescentvingt-trois tableaux, dessins, aquarelles et pastels garnissent le fond et les deux côtés de l'estrade, et de chaque côté du bureau on a placé sur des piédestaux les trois seules sculptures achetées la Fileuse, statue en bronze, de M. Mathurin Morpau le Petit Ven-dangeur, statue terre cuite, de M. Jean De Bay la Jfiune Femme couronnée de lierre, buste en marbre, de M. Louis Auvray et aussi le Vase renaissance, argent repoussé , de M. Deunbergue, ainsi que l'Italie, terre émaillée de M. Devers. A deux heures , S. Ex. M. le comte de Morny, président du Corps législatif, président de la Com-mission de la loterie, est entré accompagné des membres de la Commission , de M. Gautier, con-seiller d'État, secrétaire général du ministère de la Maison de l'Empereur, et de M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Ex. M. le comte de Morny donne lecture d'une lettre qu'il a adressée le 22 juillet à S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, pour lui annoncer la clôture des travaux de la Commission. Il communique ensuite à l'assemblée la réponse de S. Ex. le ministre d'État de la Maison de l'Empereur, qui charge la Commis-sion de procéder à l'opération du tirage de la loterie. Après cette lecture, M. le président expose, dans un discours bien senti, les heureux résultats obte-nus par la Commission, les avantages de cette loterie déjà appréciés par les artistes, l'influence qu'elle aura sur le goût du public, et l'extension qu'elle est appelée à prendre dans l'avenir. Puis il entre dans de minutieux détails sur le mode de tirage adopté par la Commission, et il termine en annonçant que le droit de reproduction de leurs ouvrages a été réservé aux artistes. Sur l'invitation de M. le président, les enfants chargés de tirer les numéros sont introduits dans la salle, et le tirage cummence au milieu de l'atten-tion générale des nombreux spectateurs qui, malgré le mauvais temps, avaient voulu assister à cette in-téressante opération. Nous ne reproduirons pas ici la liste des lots pu-bliée par le Moniteur nous les avons déjà mention-nés dans cette revue de l'Exposition. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Le jury. - Les sculpteurs-peintres. - La loterie.. 3 Peintures historiques. il Tableaux de genre. 38 Portraits. 47 Intérieurs, Paysages, Animaux, Marines, Fleurs et Natures mortes. 56 Pastels, Aquarelle, Miniatures, Peinture sur por-celaine, Peinture sur émail, Dessins. 66 Sculpture et Gravure en médailles 74 Gravure et Lithographie. 92 Architecture. 95 Récompenses. 99 Tirage de la loterie. 106 ERRATA. Page 22, lignes 10 et 11, lisez Nous engageons cet artiste à me pas sacrifier. à ne pas chercher. Page 24, ligne 10, lisez C'est tentant pour to 1 - e . , n. m j . FIN. | SALON DE 1859. 1 I. Le Jury. - Les Sculpteurs-Peintres et les Peintres-Scnlpteurs.@-@La Loterie.@-@Classement des Ouvrages. L'Exposition des Beaux-Arts a été ouverte au public le 15 avril, ainsi qu'on l'avait annoncé, et, malgré son organisation qu'on savait in-complète, malgré un temps affreux, les artistes, les hommes de lettres et les gens du monde y étaient accourus en foule, comme pour donner un démenti à ceux qui prétendent que le goût des arts et des lettres s'éteint en France. Il est de notre devoir, avant de pénétrer, avec la foule, dans les galeries de peinture, de signaler deux modifications importantes apportées, cette an-née, au règlement de l'Exposition. L'une est relative au jury d'admission, et l'autre à la créa-tion d'une loterie d'objets d'art. Anciennement, les oeuvres des membres de l'Institut étaient seules admises sans passer à l'examen du jury, et cela ne pouvait être au-trement, le jury n'étant composé que de mem-bres de l'Institut, qui, certes, ne se seraient pas amusés à refuser leurs productions. Depuis quelques années, cette faveur a été accordée également aux artistes décorés pour leurs tra-vaux. C'était un acte de justice qu'on avait ré@-damé depuis longtemps, et qu'on obtenait en-fin. Mais là ne devaient pas s'arrêter les sages et bienveillantes réformes de l'administration actuelle elle a étendu encore d'un degré le droit d'exemption elle a décidé, cette année, que seraient reçues sans examen les oeuvres des artistes ayant obtenu soit une médaille de première classe aux Expositions annuelles, soit une médaille de deuxième classe à l'Ex-position universelle. Nous espérons que l'administration des Beaux-Arts ne s'arrêtera pas dans la voie des réformes nous pensons que, avant peu d'années, elle accordera aussi l'admission sans examen aux ouvrages des ar-tistes ayant obtenu une médaille de deuxième et même de troisième classe aux Expositions an-nuelles@. Cette mesure satisferait les artistes et sim-plifierait énormément les opérations du jury d'admission qui, n'ayant plus alors que quel-ques centaines de tableaux et de statues soumis à son examen, pourrait y apporter une atten-tion qui assurerait l'intégrité de ses jugements, intégrité qu'on ne peut exiger dans l'état actuel des choses. En effet, comment ne pas commet-tre d'erreur dans l'examen rapide de huit à dix mille ouvrages présentés souvent dans de mau-vaises conditions de lumière ou de voisinage@? Nous croyons que le seul moyen d'éviter au jury des erreurs déplorables et si fatales aux artistes qui en sont victimes, c'est de simplifier sa mis-sion, de restreindre l'étendue de son travail c'est de lui donner moins d'oeuvres à examiner pour que son examen soit consciencieux. Pour atteindre ce but, deux choses sont à faire 1° Admettre sans examen les ouvrages des mem-bres de l'Institut, des artistes décorés pour leurs travaux, des artistes ayant obtenu des médailles de première, deuxième et troisième classes aux Expositions annuelles@, afin de diminuer d au-tant la besogne du jury 20 n'autoriser chaque artiste à n'envoyer que trois ouvrages@, ce qui réduirait bien davantage encore le fatigant tra-vail du jury. Tout le monde y gagnerait. L' Ex-position ressemblerait moins à un bazar ou à une salte de vente elle serait sans doute un peu moins nombreuse en productions, mais elle deviendrait certainement beaucoup plus inté-ressante sous le rapport du mérite, puisque membres de l'Institut, artistes, décorés, mé-daillés et autres auraient choisi eux-mêmes, pour les exposer, leurs trois meilleurs ou-vrages. A propos de cette grave question d'exemption du jury, un incident nouveau se présente cette année, par le fait que deux sculpteurs décorés, par conséquent exempts du jury, ont exposé des peintures sans les soumettre au jury d'admis-sion. Les peintres se demandent si un artiste exempté du jury, comme peintre, peut exposer de la sculpture sans la présenter au jury de sculpture@? si un artiste, exempté comme sculp-teur, a le droit d'exposer de la peinture sans la sanction du jury de peinture@? Nous ne sommes pas de ceux qui voudraient imposer des limites aux facultés@de l'intelligence, car nous-meme nous avons exposé dans plus d'un genre mais de ce qu'un sculpteur peut être un peintre excellent, de ce qu'un peintre peut être un sculpteur remarquable, ne peut-il pas arriver, cependant, que le peintre de talent, que le sculpteur de mérite, exemptés tous deux du jury, fassent et envoient à l'Exposition, le sculpteur, de la mauvaise peinture, le peintre, de la sculpture détestable@? Cela pouvant être, pourquoi ne pas soumettre au jury des oeuvres en dehors du genre pour lequel l'artiste a obtenu la récompense qui 1 exempte du jury@? Voilà les observations qu'on nous adresse et que nous soumettons à la sagesse de l'administration. Passons maintenant à la seconde modifica-tion apportée au réglement du Salon parlons de la loterie. Dès l'année 1853, nous avions demandé, conjointement avec beaucoup de nos confrères, l'institution d'une loterie à la suite de l'Expoistion. Cette proposition, nous le re-connaissons, demandait à être étudiée elle l'a été par l'administration qui vient de décider l'organisation d'une loterie d'objets d'art, ac-quis parmi ceux qui figureront à l'Exposition de cette année, et dont le prix du billet est fixé à un franc. Cette institution, si désirée par la majorité des artistes, si favorable aux intérêts des artistes exposants, a-t-elle été accueillie fa-vorablement par tous@? Mon Dieu, non ! est-ce que l'esprit de controverse et de dénigrement ne s'attaque pas aux créations les plus belles, les plus utiles@? Ceux-ci voulaient que le prix d'entrée à l'Exposition fut supprimé et rem-placé par le billet de loterie, supprimant ainsi les sommes eonsidérables produites par le droit d'entrée et employées à l'acquisition des ouvra-ges destinés aux musées de l'Etat et des dépar-tements ceux-là, croyant voir dans la loterie la suppression des commandes et des achats faits par l'Etat, se sont écriés Dans quel but cette loterie? à quel propos jeter à la fortu-ne des numéros gagnants les oeuvres destinées, par leurs auteurs, à des regards exercés ? est-ce qu'on ne se soucierait plus de préserver l'Art d'aussi indignes ballottements ? aurait-on ré-solu de lui retrancher les subsides qui l'aident à soutenir son niveau ?.@@ Des honneurs, de no-bles encouragements, s'il se peut, mais, de grâce ! pas de gros sous. Où l'auteur de ces @@gnes a-t-il vu que l'Etat allait suspendre ses commandes, supprimer les honneurs, les en-couragements qu'il accorde à la suite de cha-que exposition ? Qu'il se rassure, jamais les arts n'ont été plus encouragés et les artistes mieux récompensés, et, pour s'en convaincre, il suffit de consulter le livret du Salon de 1859. On y voit figurer 255 commandes faites par l'État, 146 peintures, 68 sculptures, 7 gravures, 2 lithographies et 10 prbjets d'architecture. Dans ces chiffres ne figurent pas les ouvrages exposés, commandés par M. le préfet de la Seine. Aucun livret des expositions précédentes n'offre un tel chiffre de commandes. Quant aux récompenses, elles seront tout'aussi nombreu-ses qu aux autres Expositions, et les fonds du budget des Beaux-Arts, ainsi que ceux prove-nant du droit d'entrée, serviront,, comme par le passé, à l'achat des meilleurs ouvrages expo-sés, destinés aux musées, aux églises de Paris et des départements, tandis que le produit des billets de loterie viendra ajouter une immense ressource de plus à celles de l'Etat, et permet-tre l'acquisition d'une foule d'ouvrages que le sort distribuera dans toutes les classes de la société, et qu'on n'aurait pas acheté sans cette institution nouvelle@ Il en sera de la loterie comme de l'Exposition de sculpture, faite, pour la première fois, en 1857, dans le jardin du local actuel. Dès les premiers jours, plusieurs sculpteurs, dont les ouvrages étaient placés dans ce charmant jardin émaillé de fleurs , se récrièrent, disant qu'ils n'avaient point fait des statues pour un jardin. Mais, huit jours plus tard, tous les statuaires qui avaient leurs figures dans les salons de peinture , demandèrent à ce qu'elles fussent de suite descendues dans les allées du jardin, tout à l'heure si dédaignées. La même trans-formation d'opinion aura lieu pour la lote-rie quand les artistes, auxquels le gouvernement n'aurait rien acheté, verront que, grâce à la lo-terie, ils ont vendu une oeuvre qui leur serait restée, et que, pour en tirer parti, ils auraient dû donner pour rien à un marchand de ta-bleaux. Oh ! alors, appréciant les résultats de la loterie, ils la réclameront pour chaque Exposi-tion comme les sculpteurs réclament un jardin pour exposer leurs statues. La grande sculpture sera donc, comme@en 1857, placée dans ce gracieux jardin qu'on achève en ce moment, où viendront respirer et se reposer les visiteurs fatigués du parcours des quinze salons et galeries consacrés à la peinture. La disposition de ces pièces, désignées par des nu-méros, est plus heureuse que la succession des sept grands salons de la dernière Exposition, qui présentait quelque monotonie. L'architecte, M. Viel, a partagé toute l'immense aile du Nord en trois vastes salons un au centre, un autre au pavillon Nord-Est, le dernier au pa-villon Nord-Ouest. L'espace qui sépare le salon central de ceux des extrémités a été divisé, de chaque côté, sur la longueur, en deux galeries dont les parois peu élevés laissent les tableaux à une hauteur convenable. L'aile qui fait face à la place de la Concorde est aussi divisée en galeries et en petits salons qui ont reçu les dessins, les aquarelles, les pastels, les minia-tures, les émaux, les camées et les pierres gra-vées. Dans l'étroite galerie qui fait le tour de la nef et d'où la vue plonge sur cette vaste nef métamorphosée en jardin, sont exposés les pro-jets d'architecture, les gravures, les lithogra-phies, les statuettes et les bustes, ces derniers placés beaucoup trop bas M. Viel sait aussi bien que nous que les bustes modelés, pour être vus à hauteur d'homme, ne doivent pas être posés à hauteur de ceinture. 11 suffira de quel-ques madriers pour exhausser les sculptures de cette galerie et faire ainsi droit à notre juste réclamation. On le voit, l'espace occupé par la présente Exposition est beaucoup plus considérable que celui du Salon de 1857. Il n'y a cependant, cette année, que 213 oeuvres de plus inscrites au livret, qui contient 5,887 numéros 5,045 peintures, 472 sculptures, 160 gravures, 96 lithographies et 114 projets d'architecture. Il est vrai que beaucoup de tableaux exposés ne figurent pas encore au livret ils n'y seront por-tés qu'à la prochaine édition, en même temps que les envois des artistes anglais, si toutefois ils se décident à venir occuper la salle qui leur est réservée. On doit savoir gré à M. le comte de Nieuwerkerke de sa couitoisie à l'égard des artistes étrangers. De tous temps les artistes de tous pays ont été admis à nos Expositions des Beaux-Arts, et ont eu, comme nous, leur part aux récompenses. Mais l'hospitalité qu'on leur offre, cette année, est encore plus grande, plus digne et plus en rapport avec l'esprit gé-néreux de la France. M. le directeur général des Musées a également eu le bon goût de réunir, dans un même salon, presque tous les tableaux de sujets religieux, nous disons presque tous, parce que ce salon se trouvant trop petit, il a bien fallu laisser quelques tableaux religieux parmi les autres peintures. Du reste, le classement des ouvrages nous paraît mieux entendu. Nous savons l'impossi-bilité de placer, au goût de tout le monde, trois mille quarante-cinq tableaux et dessins nous savons les réclamations, les récrimindtions qui éclatent à l'ouverture des Expositions mais cependant, en distribuant dans chaque salle, dans chaque galerie, un certain nombre d'oeu-vres de mérite, au lieu de les agglomérer dans une ou deux pièces seulement, comme aux an-nées précédente, M. de Chennevières a su jeter de l'intérêt dans toutes les parties de l'Exposi-tion il a su attirer l'attention du public par-tout, et rendre, par ce moyen, la circulation beaucoup plus libre.@Ainsi, le visiteur trouvera, dans les différentes salles , des peintures de MM. Gérôme, Delacroix, Hébert, Beaudry, Henriette Browne, Troyon, etc., et des sculp-tures de MM. Clessinger, Cavalier, Dantan aîné. Debay, etc. Selon notre habitude, nous commencerons notre revue par la peinture historique puis, viendront les tableaux de genre, les portraits, les intérieurs, les paysages, les animaux, les ma-rines les pastels, aquarelles , miniatures, émaux et peintures sur porcelaine les sculp-tures et gravures en médailles les gravures et lithographies, et l'architecture. Un dernier cha-pitre sera consacré à la séance des récom-penses. II. PEINTURES HISTORIQUES. MM. Yvon, - Barrias.@- Muller. - Gêrôme. - Eugène Delacroix. - Benouville. - Baudry.@- Diaz. - Ma-zerolle. - Bellangé. - Pils. - Lies. - Hamman.-@Dobbelcere. - Lévy. - Lazerges. - Ilamon.@- Au-bert. - Bouguereau. - Curzon. - Hillemacher. -@Bailly.@- Ciésinger. - Etex. - Court.@- Glaize père. - Glaize fils. - Larivière. - Philippoleaux. - De-caen. - Couverchel. - Beaucé.@- Pielion. - Duval-le-Camus. -@Cartellier.@- Dumas. - Rigo. - Mey-nier. - Hesse. - Henri Scheffer, - Legras. - Abel. - Caraud. - Comte. - E. Devéria. - Jacquand.@-@Heilburth. - Mottez. La grande peinture, la peinture historique, est abandonnée en France, s'écrie-t-on à cha-cune de nos Expositions des Beaux-Arts. Cette année encore, ce sont les tableaux de genre qui dominent, et leur mérite, leur nombre toujours croissant, prouvent que la majorité des artistes s'y adonnent de préférence. Il y a deux ans, dès l'ouverture du Salon, nous avons expliqué les causes de cet abandon survenu depuis 4850, époque qui a brusquement, trop brusquement peut-être, changé le goût du public et modifié les études artistiques. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet traité par nous en 1857 nous nous bornerons à faire observer que le Salon actuel semble accuser une tendance de retour à la grande peinture historique. En effet, les grandes toiles sont nombreuses quelques-unes ont trait à l'histoire de l'antiquité, quelques autres aux événements contemporains, mais la presque to-talité des grands tableaux du Salon représentent des sujets religieux. Malheureusement, peu d'entre ces derniers sont traités avec le goùt et le talent qu'on voudrait toujours rencontrer dans ce genre de peinture. Ce qui n'a pas peu contribué, de notre temps, à égarer les jeunes artistes lorsqu'ils avaient à rendre un sujet de sainteté, c'est bien assuré-ment l'engouement, la mode du gothique, que peintres, sculpteurs, architectes, appliquent à toute sauce. De ce qu'on a dit et écrit que le style gothique était essentiellement religieux, qu'il était le plus convenable pour les temples chrétiens et pour la traduction des faits de l'histoire sacrée, beaucoup d'artistes se sont pénétrés de cette idée que leurs compositions n'auraient pas le caractère religieux s'ils s'écar-taient de la raideur gothique, s'ils n'affublaient tous les personnages de la Bible des costumes de l'époque du moven-âge, laissant de côté toutes traditions historiques. Certainement, nous apprécions infiniment le sentiment naïf, l'expression pleine de foi d'un grand nombre de peintures et de sculp-tures des xi@@ et XII@e siècles mais on nous per-mettra de ne pas admirer tout dans le gothi-que, de ne pas le mêler à tout on nous permettra de penser qu'un sujet d'histoire sainte peut être d'un caractère très religieux, quoique traité avec indépendance, dans des données de vérité de costume, d'action et de modelé. Nous ne comprenous les peintures et sculptures de style gothique que lorsque ces ou-vrages sont destinés à l'ornementation d'un édifice de ce genre d'architecture il serait ri-dicule alors de ne pas s'inspirer, de ne pas imiter le mieux possible les chefs-d'oeuvre de cette époque. De môme que rien n'est plus dis-parate, plus choquant que de rencontrer, dans un temple d'architecture grecque ou romaine, une peinture ou une sculpture moderne imitée du gothique, sous prétexte que c'est plus chré-tien. Ces anachronismes révolteront toujours les hommes de goût. Pourquoi oublier que la peinture et la sculpture sont les auxiliaires de l'architecture, que leur rôle est de concourir à l'harmonie du monument qu'elles sont appelées à décorer@? L'unité de style devrait être la pre-mière préoccupntion de l'artiste chargé d'une oeuvre monumentale, car les anachronismes que commettent les peintres, les sculpteurs, sont tout aussi blâmables et de tout aussi mauvais goût que ceux commis par les architectes, lors-que, dans une restauration, ils accolent une laçade d'architecture romaine à un édifice go-thique ou renaissance, ainsi qu'à Saint-Eusta-che, par exem ple, il est temps que, comme les architectes, les peintres et les sculpteurs se rendent à cette vérité qu'ils étudient tous les genres, tous les styles pour les appliquer au besoin il est temps qu'ils cessent de croire que c'est le style d'une époque, plutôt que le senti-ment, la naïveté d'une école primitive plutôt que la sévérité et la pureté de lorme qui don-nent le caractère religieux à une composition tirée de l'histoire sainte. Dégagé de ces préven-tions, l'artiste retrouvera son indépendance, son originalité il se livrera sans préoccupation a des études sérieuses, qui doteront ses oeuvres des qualités qui manquent à beaucoup trop d ? grandes toiles de t Exposition de 1859. Parmi les compositions historiques, celles ti? MM. Yvon et Gérôme occupent encore cette fois le premier rang. Cependant, quoique très remarquables sous plus d'un rapport, les pein-tures exposées par ces éminents artistes n'exci-tent pas les mêmes sympathies, le même concours d'unanime approbation que@relles@qui figuraient au dernier Salon. Des deux grandes pages de M. Yvon, une seulement est exposée, l'autre n'est pas ache-vée encore c'est par elle que nous terminerons probablement ce chapitre consacré au@ tableaux d'histoire et de genre historique. La Gorge de llalakoff@, tel est le sujet traité cette année par M. Yvori. Les premiers épaulements@de@Malakoll étant escaladés, les troupes de la division Mac-Mahon se trouvèrent en face de tout un système de barricades en terre d'où elles durent succes-sivement déloger les Russes. Après de sanglants efforts, nos troupes réussirent à expulser com-plètement l'ennemi, et arrivèrent à la gorge de l'ouvrage, espace ouvert, large de quatre mètres environ, qui servait de porte de communication entre la redoute et la ville de Sébastopol. Le 20e et le 27@e de Jigne, commandés par le général Vinoy, pénétrent les premiers dans ce labyrin-the, et. après des pertes douloureuses, occupent la gorge, soutenus par les zouaves de la garde, colonel Jannin, par les voltigeurs de la garde, colonel Douay, dont les généreux ellorts réus-sissentà contenir les retours@o@nensifs@dcs Russes, mais nu prix de bien du sang ! Déjà, à la base de cette digue héroïque, gisent le colonel Adam de cette 1 !,~,tie liéro i I tie, et le commandant tratsoqui, du 20@e de ligne, dont le drapeau @Hotte au milieu de la fumée de la mousqueterie et. des gabionnades incen-iié.cs de l'épaulcment conquis, et sur lequel il vient d'être planté. A la droite du tableau, an sommet d'une traverse, on aperçoit le général Vinoy,@debout, appuyé sur son épée. et dirigeant les mouvements de @a troupe. Enlin, arrive le général Wimpffen à la tête de la brigade de réserve. Ce sont les tirailleurs algériens, con-duits par le colonel llose, qui se précipitent comme un torrent et jettent à l'envi, pour fer-mer la terrible ouverture, sacs-à-terre, gabions et leurs propres corps. Au milieu d'eux, leur brave lieutenant-colonel Roques est frappé mortellement en plantant le premier gabion. Au centre du tableau, sur l'épaulement où est planté le drapeau, un Arabe, le sergent Musta-pha, pour animer la lutte, et sous le feu le plus terrible. joue les airs indigènes sur l'instrument national kenob . Le 50@e de ligne les suit de près, et@sur le premier plan du tableau, à droite, on voit le 3@e régiment de zouaves, colonel Pol-hès. Cette description du tableau de M. Yvou donne une idée des difficultés qu'il avait à sur-monter et dont on doit lui tenir compte. Faire mouvoir tous ces divers corps d'armées dans un espace limité comme la gorge de Malakolf n'é-tait pas chose facile, et nous croyons que peu d'artistes s'en seraient tiré aussi bien que M. Yvon, malgré les reproches qu'on peut adresser à sa composition. Si quelques groupes du secoud plan, au centre du tableau, manquent de relief, si l'air ne circule pas bien partout, si le mou-vement de l'officier de tirailleurs algériens. por-tant un sac-à-terre, est maniéré, ces défauts ne sont-ils pas rachetés par les qualités les plus sérieuses, par l'excellente entente d'une aussi vaste composition, par un dessin toujours vrai. toujours correct, par une couleur solide et une exécution large@? Si la scène est moins drama-tique que dans la Prise de la lotir Malakoff exposée en 1857, c'est qu'ici c'était une mèlec et que, dans le tableau que nous examinons, les Russes, étant repoussés en dehors de la gorge. les combattants sont séparés par un espace qui ne permet pas de s'aborder à la baïonnette. Sans quitter le Salon central où nous sommes, nous trouvons, en face, un autre épisode de cette glorieuse campagne de Crimée nous as-sistons au Débarquement de l'armée française à Old-Port, en Crimée, le 14- septembre 1854. Ce tableau, peint par M. iiarrias, donne une par-faite idée du débarquement de l'armée l'oeil embrasse une grande étendue de la côte et de la mer on aperçoit les chalands, les chaloupes, les canots-tambours, les canots ordinaires rem-plis de soldats abordant le rivage, sur trois points à la fois on voit les trois divisions se former et leurs colonnes venir déliler devant le maréchal Saint-Arnaud et son état-major, au cris de Vive l'Empereur !.@@ Il y a de l'élan, de l'enthousiasme dans cette composition qui se recommande encore par la couleur et le mé-rite de l'exécution. Un autre tableau d'une exécution remarqua-ble, c'est celui de M. Muller la Proscription des jeunes Irlandaises caloliques@, en 1G55, scène d'un intérêt on ne peut plus pathétique, et ren-due avec une grande puissance d'expression et de couleur. La protestante Angleterre voulant qu'il n'y eût plus de catholique en Irlande, et qu'à leur place il s'établît dcs protestants, au lieu de se borner à tuer, prend le parti de les déporter de force. Une fois, dit la notice du livret, on enleva d'un seul coup mille jeunes filles irlandaises qu'on arracha aux bras de leurs mères pour les conduire à la Jamaïque, où elle furent vendues comme esclaves. C'est à cet acte de fanatisme anglais que l'artiste nous fait assister. Par un temps brumeux, de grand ma-tin sans doute, une soldatesque brutale, sou@ les ordres de leur capitaine, embarque de force les jeunes filles en proie au désespoir. Les unes se débattent énergiquement, se réfugient dans les bras de leurs mères qui les défendent en vain les autres, résignées, pleines de foi en Dieu, acceptent comme un martyre le sort affreux qui les attend. La figure du capitaine est belle et énergique, mais le groupe le plus saisissant c'est celui du centre du tableau l'expression de résignation de la jeune fille est remplie de no-blesse. Nous avons dit que les ouvrages de M. Gérôme n'ont pas, cette année, te succès obtenu par soit Duel au sortir d'un liai masqué@, par les Re-crues égyptiennes@, par sa Prière chez un Chef arnaule@, autour desquels on se pressait au Sa-Ion de 1857. Celui des trois tableaux de cet ar-tiste qui, par son @ujet, aurait dù impressionner le plus la Mort de César , est justement celui devant lequel la foule s'arrête le moins. Pour-quoi cela@? serait-ce son voisinage qui lui nui-rait@? peut-être faudrait-il le voir seul, sur un fond et d lns un jour p'us convenables@? Pour-tant, il est composé de manière à produire une profonde sensation le cadavre de César, frappé de trente-cinq coups de poignard, est là, étendu au pied de la statue de Pompée, gisant dans l'ombre, sur le pavé de cette Vitste salle du Sé-nat, maintenant déserte, silencieuse, abandon-née des conjurés qui ont fui épouvantés de leur crime. Le désordre des vêtements, la main droite coupée, lacérée, pleine de sang, la chaise curule renversée, les traces de pas ensanglan-tés, tout témoigne de la lutte soutenue par Cé-sar contre ses nombreux assassins. Ce manuscrit déchiré, taché de sang, qu'on voit près du corps de César, est sans doute la note confi-dentielle qu'il n'a pas eu le temps de lire, et qui révélait Ja conspiration. Le demi-jour qui règne dans cette salle ajoute encore au froid qu'inspirent ces dalles, ces murs de marbre, ce vide immense qui s'est ait autour d'un cadavre. Au point de vue de l'exécution, on reproche à M. Gérôme d'avoir fait du bronze et non de la chair. Ce reproche est surtout fondé pour les tons vert-de-gris du masque mais le raccourci est bien senti, le désordre de la draperie est na-ture!, sans la recherche ou le laisser-aller de mauvais goût. dans lequel serait tombé un ar-tiste moins capable. Ave@, Coesar imperalor@, morituri te salutant@, le Salut des Gladiateurs@, du même peintre, n'est pas mo'ns dramatique que le précédent sujet. Des milliers de spectateurs occupent les innombrables gradins de l'amphithéâtre du Cir-que une lutte vient de finir les employés du Cirque harponnent et traînent hors de l'arène les cadavres des gladiateurs qui ont succombé, comme on le fait des taureaux tués dans les cirques espagnols d'autres jonchent de sable nouveau les parties de l'arène qui ont été fou-lées dans la lutte et les marcs de silng formées @à et là enfin, les nouveaux combattants vien-nent saluer César, qui, dans sa loge, assiste à ce spectacle aimé des liomairis. Autant le grand tableau de la Mort de César est vide de per-lonnages, autant celui-ci, de petite dimension, est rempli. La lumière est savamment répartie, la couleur a de l'éclat, mais le dessin laisse à désirer dans quelques-unes des figurt s du pre-mier plan. Nous adresserons le même repro-che à la ligure principale du troisième tableau, le Roi Candaule@. Lysias est d'un dessin na-ture, mais les formes manquent d'élégance, de finesse. Du reste, cette petite composition est charmante elle est arrangée avec un goùt exquis et d'une harmonie de couleur on ne peut plus agréable. M. Eugène Delacroix, qui n'avait rien au dernier Salon, a envoyé, cette fois, huit ta-bleaux la Montée au Calvaire@, 819 - le Christ descendu, au Tombeau@, 8.0 - Saint Sébastien@, 821 - Ovide en exil chez les Scy-thes@, 822 - Hermiivie et les Bergers@, 825 -Rébecca enlevée par le Temp lie@r, 824 - llam-let, 823 - les Bords du fleuve Sébou@, 826. Que dire de ces peintures@? Bornons-nous à sténographier un entretien qui résume les di-verses opinions racontons notre conversation avec une personne qui. un journal à la main, et après avoir cherché en vain, vint nous de-mander où étaient les tableaux de Delacroix. -@Devant vous, lui répondîmes-nous. - Ca@? -@Oui. - Cela n'est pas possible ! - Vovez la si-gnature. - En ellet.. Delacroix@@. Eh bien ! ça n'est pas beau vraiment, je ne comprends pas que mon journal trouve cela admirable. -@Pourquoi vous étonner@? n'avez-vous pas lu et entendu dire que Paul Delaroche n'était pas uu peintre que M. Vernct n'était qu'un crétin, OH badigeonneur à la toise? Qu'on dénigre ce qui p t bien et beau, qu'on loue ce qui est laiil et faux, cela ne change rien aux choses elles restent toujours ce qu'elles sont réellement. D'ailleurs, il y a des gens qui, par goût, ai-ment la laideur. épousent des êtres repous-sants, hideux. - Sans doute mais ces goûts-fà ne sont pas ceux de la majorité -@Regardez, voyez-vous beaucoup de monde s'arrêter aux ta-bleaux de M. Delacroix? - C'est vrai , per-sonne. Aussi, ne puis-je croire que mon jour-Jlal ait sérieusement trouvé cette peinture admi-rable.@- V ous avez tort tous les goûts sont dans la nature. - Mais enfin, Monsieur, de deux choses l'une ou les peintures du Musée du Lou-vre, qui nous montrent la nature sous de si jo-lis aspects, avec des formes si belles,@si variée?, avec une richesse, une harmonie de couleur qui séduisent, sont des chefs-d'oeuvre, et celles que nous avons là, sous les yeux, ne sont que des po-chades, ou bien les huit tableaux de M. Dela-croix sont admirables, et les tableaux du Louvr@@ les llaphaël, les Titien, les Véronèse, les Poussin, ceux des maîtres anciens et modernes, ne sont que des croûtes, car, entre les tableaux que nous examinons et ceux des grands maîtres, il y a la distance du laid au beau il n'existe enfin aucun rapport.@-@Ce jugement est@sévère, et c'est probablement parce que lesoeuvre@ de M. Dela-croix n'ont de rapports avec aucune autre qu'el-les excitent l'admiialion de quelques hommes. -@Je le croirais volontiers, puisque j'ai lu, il y peu de jours, que ce qu'il y a surtout d'admi-rable dans cette jument sauvage du tableau 822 , c'est que ce n'est pas un cheval@, et, je vous l'a-voue, Monsieur, j'avais toujours pensé que. pour représenter un cheval, il @@Htait faire M. cheval, qu'un arbre en peinture devait ressem-bler à un arbre je comprends maintenant pourquoi personne ne s'adresse à cet artiste pour faire faire son portrait@@. - Décidément, vous n'aimez pas ce genre de peinture cepen-dant, je veux vous réconcilier avec quelques-unes des oeuvres de cet artiste. - Ce serait dif-ficile. - Moins que vous le supposez. Allez au Musée du Luxembourg, allez voir le Dante aux Enfers, tableau qui date de plus de trente ans, et qui n'a rien de la manière adoptée depuis par M. Eugène Delacroix. Ce tableau sera toujours compté parmi les meilleurs de l'Ecole moderne, et j'en suis sûr, il vous plaira. Passons à l'examen des oeuvres d'un artiste trop tôt enlevé aux arts parlons des tableaux laissés par Benouville, jeune peintre d'un talent sérieux, et qui promettait d'arriver au premiei rang dans la grande peinture historique Sa Jeanne d'Arc est vraiment inspirée elle tressaille en écoutant ta voix divine qui lui crie Jeanne la Pucelle. fille de Dieu, va en France, va en France. Hâte-toi, hâte-toi. La pose est éner-gique et simple on sent, au mouvement ner-veux avec lequel cette jeune tille presse la quenouille de lin qu'elle était occupée à filer, on sent à la fierté, à l'éclat de son regard qu'un transport divin l'anime et qu'elle aura la puis-sance d'accomplir de grandes choses. Cette com-position est l'oeuvre la plus complète de Benoù-ville, comme pensée, comme dessin, comme couleur et comme exécution. Sainte Claire recevant le corps de saint François d' Assise@, du même, est une scène plus compliquée, dont L s groupes nombreux sont bien disposés, dont les ligures principales sont touchées avec délica-tesse, mais dont le modelé est moins vrai et le faire moins large que dans la Jeanne d'Arc. De ses deux sujets La Madeleine pénitente et la Toilette de Venus@, exposés par M. Heaudry, nous proférons le dernier. L'effet général est agréable, le groupe est gracieux, les formes de Vénus sont élégantes, d'un dessin plus arrêté que celui de la Madeleine, dont le modelé est cotonneux et la couleur blafarde. Nous enga-geons cet artiste de ne pas sacrifier son talent a la mode. de ne pas chercher à faire du Diaz, dont l'iusuccès de cette année dégoûtera, nouiv l'espérons, ses trop faciles imitateurs. Nous invitons nos lecteurs à voir les neufs tableaux de M. Diaz Galalh@ee, 887, - l'@Education de@@@ Amour@, £ 88, - Venus et Adonis@, 889, -@l'@Amour puni@, 890, - N'entrez pas, 891, -la Fée aux Joujoux, 892. - la Mare aux ri-pères@, 893, - Portrait de lIme A@. P., 894, -Portrait de Mme S.,@895. Ils regretteront comme nous qu'avec du talent cet artiste arrive à ne plus prendre la peine d'étudier, de dessiner et bientôt de modeler le coloris des chairs. Encore un pas dans cette voie et ses tableaux ne seront plus que des ébauches informes, incompréhen-sibles. M. Mazerolle aime les scènes dramatiques. If avait au dernier Salon, Chi périe et Frédégonde devant le cadavre de Galsuinthe cette fois, c'est Néron et Locuste, essayant des poisons sur un es-clave@, qui meurt en se@débattant@dans des douleurs horribles. Le cruel Néron, assis, la tête appuyée ,,ur les deux mains, observe d'un oeil farouche les ravages que font les poisons sur l'esclave, qui se roule à ses pieds et à ceux de Locuste, vieille et ignoble femme dont l'aspect inspire le dégoût. Cette composition est vigoureuse-ment touchée la figure nue de l'esclave est d'un dessin large et puissant la tête de Nérort n'est peut-être pas assez largement dessinée, ce qui lui donne un peu l'air d' une vieille femme. L'inventaire d'une casemate russe après la prise de Malakoff@, par M. Bellangé, est d'une si grande vérité de détails qu'on doit croire que cette scène a été peinte d'après nature, ainsi que cette autre toile Jipisode de la Prise de Malakoff@, d'un intérêt plus dramatique. Mais le tableau qui impressionne le @dus par son su-jet, c'est Le Salul d'adieux@, scène de tranchée devant Sébaslopol@. Un ollicier supérieur de zouaves vient d'être tué, deux zouaves l'empor-tent couché sur un brancard et recouvert de son caban partout sur son passage les zouaves cessent le feu et font face au convois pour ren-dre, par le salut militaire, un dernier hom-mage de respect et de regret au courage mal-heureux. L'expression de r, calme et d énergie empreinte sur ces mâles visages est saisissante. Ces têtes sont touchées de main de maître et nous ne pouvons que féliciter la Commission de la loterie de l'Exposition d'avoir fait l'acquisi-tion de ce tableau, ainsi qu'un autre du même genre, de M. Pils Défilé des zouaves dans la tranchée Siège de Sébaslopol . llien de plus vrai que les poses de ces troupiers qui mar-chent à la file, et courbés pour n'être pas aper-çus ni éveiller t'attention de l'ennemi. Cette pe-tite toile, d'une couleur vigoureuse, est le digne pendant de celle de M. Bellangé. Heureux ceux que le sort favorisera de@ces@deux intérsesantes et lemarquables compositions. Nous sommes con-vaincu que ces deux sujets, si sympathiques au peuple, ne sont pas étrangers à l'empressement qu'il montre à prendre des billets de la loterie, lorsqu'après avoir quitté l'atelier ou le maga-sin, il vient, le dimanche, visiter l'Exposition. Pour qui@aime@les@arts, gagner pour un franc, soit une jolie gravure d'une valeur de cent francs, soit un charmant tableau de mille francs et plus, soit une b lie sculpture en marbre ou bronze de mille à deux mille francs et peut-être davan-tage c'est touchant pour tout le monde 1 . Personne n'ignore que, depuis longtemps, les ouvrages des artistes étrangers étaient admis à nos Expositions des Beaux-Arts, qu'ils y étaient traités sur le mêma pied que ceux des artistes français, qu'ils y avaient les mêmes droits aux achats et aux récompenses du gouvernement. Cette courtoisie, - toute française, - l'admi-nistration l'a poussée plus loin encore, cette an-née elle a accordé des salles particulières aux peintures des artistes étrangers .une pour les 1 Voici la liste des autres acquisitions déjà faite pour la loterie elle donnera une idée du goût que la Commission apporte dans ses choix - Rèverie, par M. Aubert. - Le Renard et les Raisins, par M. Ualleroy. - Le Viatique en Bretagne, par M. Bau-dit. - Paysage, prière dlns les environs de la Brie, par M. Bluhm -Troupeaux de vaches, souvenir des Pyrénées, par M. Auguste Bonheur. - Planta-tion d'un Calvaire, par M. Breton. - Une Coutu-rière, par le même. - Les Soeurs de Charité, par Mme Henriette Browne. - Avant la Messe, par M. Capelle. - Représentation d'AthaLie devant le roi Louis XIV, par les demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , par M. Caraud. - Femme@de Mala di Goëte, par M. de Curzon. - Groupe d'Arbres au bord de la mer, par M. Desjobeit,@-L'Hospitalité, par M. Du-Belges, les Hollandais et les Allemands, et uni' entièrement réservée@aux@Anglais@.qui, vu l'époque avancée, n'enverront probablement aucun ou-vrage au Salon actuel. Parmi les artistes étran-gers qui ont répondu à l'appel qui leur était fait, les Belges sont, comme de coutume, les plu? nombreux et les plus remarquables. Il est vrai que beaucoup d'entre eux habitent Paris, que presque tous sont venus@étudier et se perfection-ner ici, et que le visiteur, en parcourant le Salon occupé par les ouvrages belges, peut se croire en lace de peintures françaises. Il faut cepen-dall t en excepter le tableau - Les Maux de la iuerre, - de M. Lies, d'Anvers, dont la ma-nière est@une@imitation de l'ancienne école alle-mande. Nous regrettons qu'avec un talent de pre-mier ordre, cet artiste consacre son temps, sa patience à imiter les procédés, les trucs de te! maître, de telle école, au lieu d'être lui, d'être original, d'être vrai, non seulement par la pen-verger.-Le Déjeuner, par M. Fichel. - Un Paysage, par M. Hanoteau. - Souvenir du Château de Pé-tersheim, par M. Knyff. - Un Paysage, par M. La. morihicre - Le Coûter des cueilleuses d'oeillet-te , par M. Langée. - L'Étang de la ferme de Buurcq, par M. E. Lavieille. - Le Benedicite, par M. Lechevalier-Chevignard. - Faits divers, llllé-i ieur suisse, @ar Armand Leleux. - La Vigie, par M. Le Poitevin.- Pêche au saumon, par M. Charles Lerou. - Animaux, par M. Van Marck. - Une Konde d'ofliciers du temps de Charles-Quint, par M. Pinguilly-L'Haridou. - Un Novice du l'ordre Saint-François, par M. Ruipérez. - La Leçon, par M, Toulmouche. - Halte de contrebandiers, par M. Achille Zo. sée et le contour, mais encore par le modelé et la couleur. Cette scène des Maux de la Guerre au temps de la féodalité, est pleine d'intérêt. Deux sei-gneurs étaient en guerre le vainqueur a pillé, dévasté, incendié le château de son adversaire qu'il emmène prisonnier ainsi que tous les mem-bres de sa famille. Ce vieillard marche accablé, avant à ses côtés ses deux fils garottés comme lui l'aîné, blessé à la tête, indigné des bruta-lités auxquelles son père est en but, cherche à rompre ses liens pour pouvoir le défendre et protéger sa mère et sa jeune soeur contre les propos, les grossièretés des chevaliers qui es-cortent la@charette sur laquelle on les a placées. Les têtes de ces nobles chevaliers dévaliseurs, ont du caractère celles des deux femmes sont jolies, expressives mais les chevaux laissent bien à désirer, et cette composition qui, n'a qu'un premier plan, manque de perspective aérienne. Un autre peintre belge, M. Ilaraman, d'Os-tende, a le bon esprit de chercher à ne singer au-cun maître il ne se préoccupe que de l'étude de la nature, qu'il s'applique à interpréter de son mieux, comme le prouve son tableau de André Vésale professant à Padoue en 154G. On sait qu'ayant appris qu'en Italie on attaquait son système avec acharnement, Vésale y lit annon-cer qu'il donnerait publiquement, à des jours déterminés, à Padoue, des conférences atin de @onfondre ses adversaires en démontrant ses découvertes sur le cadavre humain même. On sait que les savants accoururent de toutes les parties de l'Europe, que Vésale se surpassa d.ul' s conférences, et que son triomphe fut com-plet. C'est là le sujet que M. Hamman a su traiter avec esprit et talent. Son amphithéâtre est complètement rempli de spectateurs, et ce-pendant l'air circule bien parmi ces nombreux groupes heureusement disposés. La lumière est savamment répartie et fait valoir le groupe principal l'attention est portée tout entière sur Vésale et le cadavre sur lequel il fait ses dé-monstrations. La pose de ce savant est simple, le geste noble, la tête inspirée, le dessin est vrai et plein de finesse de modelé, la couleur est puissante d'effet, quoique d'une exécution soignée dans toutes les parties du tableau. On retrouve les mêmes qualités de couleur et de dessin dans deux autres compositions moins im-portantes de cet artiste le Dante à Ravennes et Stradivarius@. Les deux tableaux de M. Dobbelaere, de Bruges, sont inférieurs au mérite de ceux que nous venons de décrire. Sa peinture est d'un ton trop uniforme, trop monotone elle man-que de chaleur, de relief. Il y a un peu plus d'ef-fet dans la toile qui représente l'Assassinat de Charles-le-IJon. comte de Flandre@, que dans celle qui nous montre Memling@, malade à Bru-ges, peignant la châsse de Sainte-Ursule mais ce dernier sujet est mieux dessiné, mieux com-posé. M. Lévy, jeune pensionnaire de l'école fran-caise à Rome, se montre meilleur coloriste dans sa grande composition intitulée le Souper libre@. Ce souper précédait le jour où les condamnés devaient être livrés aux bêtes dans les cirques romains. La salle où ils mangeaient était pleine de peuple, et nos saints martyrs lui adressaient la parole, tantôt le menaçant de la colère de Dieu, quelquefois lui reprochant, avec ironie, @M curiosité brutale. C'est une semblable scène que M. Lévy a voulu rendre c'est saint Sature di-sant à cette foule qui entoure la table où lui @d d'autres marlyrs prennent le souper libre - Le jour de demain ne vous suffira-t il pas pour nous contempler à votre aise et pour as-souvir la haine que vous nous portez?.. Remar-quez bien nos visages, afin de nous reconnaître à ce jour terrible où tous les hommes serontju-gés. Il y a dans ce tableau deux jolies têtes de femmes, mais on regrette la froideur des autres personnages, et surtout des groupes po-pulaires auxquels le saint adresse des reproches. liuth cl Noémi@, du même artiste, est un ta-bleau moins considérable, mais qui se distingue par la couleur et le dessin. Un artiste dont les oeuvres ont le caractère éminemment religieux,@M. Lazerges,@a exposé Jé-sus embrassant la Croix@, - Reniement de Saint Pierre - et les Dernières Larmes de la Vierge@. C@cUe dern ière composition rappelle, par@la ben uté du sentiment et le charme de la couleur, le ta-bleau de la Mort de la Vierge, qui a val lu à cet artiste un beau succès au Sd Ion de 1855 et qui a été acheté pour la chapelle du palais des Tui-leries M. Lazerges ne s'est pas borné à traiter des su jets de sainteté nous axons vu de lui deux charmantes toiles Rêverie et le Printemps@. Dans cette allégorie, le Printempsest représenta par une jeune et belle femme nue, entou-rée de @leurs, de verdure, caressée par les zé-phyrs et les amours qui voltigent autour d'elle. Mette toile est d'une grande fraîcheur de colo-ns, mais cette fraîcheur n'a rien de la fadeur du coloris de @YAmour@cn Visite de M. Hammi. j Il y a deux ans. en nous plaignant de la conti-nuelle répétition de ces petites ligures de con-vention, nous disions à M. Hamon que nous avions foi en son talent, qu'il saurait trouver une variante même dans le néo-grec, en admet-tant qu'il ne puisse quitter ce genre. Hélas ? nous nous reprochons ce conseil, car ce gros poupart rosé qui ne peut se tenir sur ces jam-bes, nous fait legretter l'éternelle jeune fille de @es compositions d'autrefois. Ce fiasco nous af-flige, et nous engageons cet artiste distingué à revenir à ses moutons, aux gracieuses com-positions des précédentes Expositions, au néo-grec, genre dans lequel il réussit, et dans le-que!. il est vrai, plusieurs artistes l'ont surpassé sous le rapport du dessin. Ainsi, cette année, M. Aubert s'est montré plus sérieux dessina-teur dans son charmant tableau Rêverie@, que la Commission de la loterie s'est hâtée d'acheter dans la crainte de se le voir enlever par quel-que riche amateur. L'@Amour blessé@, de M. Bou-gereau, placé auprès de l'@Amour en visite, de M. Hamon, nuit à ce dernier par la comparai-son facile à faire@et toute à l'avantage de la com-position gracieuse de M. Bouguereau, dont l'amour est joli. malicieux et svelte. M. Curzon s'est également montré un char-mant peintre dans sa Psyché rapportant à Vé-nus la botte que lui a donnée Proserpine@. C'est une jolie étude de femme. La composition du Tasse à Sorrante@, par le même artiste , est aussi rendue avec une grande vérité de sentiment, de dessin et de couleur. Nous en di-rons autant des deux tableaux de M. Hillema-cher Boileau et son jardinier - Molière con-sultant sa servante@. Ce dernier est d'un coloris-très vigoureux la servante rit bien aux éclats en écoutant la lecture de Molière. Le Supplice de Dolet@, en 1546, par M. Bailly, est encore une composition bien comprise. Opprimus et plu-sieurs écoliers, profitant de ce que la foule force le cortége à ralentir sa marche, désunissent su-bitement l'enceinte formée par les soldats, et se précipitent auprès du chariot Adieu, Dolet@! s'écrie Opprimus en s'élançant sur les rayons de la roue et s'elevant jusqu'à Dolet, qui lui serre la main avec effusion et lui dit Ne pleure donc pas, enfant vois comme je suis tran-quille il est beau de mourir pour une belle cause, et c'est un bonheurique l'homme doit envier@@. Il n'en dit pas plus un soldat ar-rache violemment Opprimus et le jette à terre. Cette scène, malgré la difficulté qu'elle offrait, est rendue sans confusion l'effet général du tableau est heureux et intéressant. m Si les peintures de M. Etex sont d'une lai-deur, d'une médiocrité incontestées, si celles de M. Clésinger, quoique moins désagréables, moins dépourvues de toutes qualités, sont ce-pendant très faibles, n'est-ce pas un devoir que d'engager ces deux sculpteurs à garder pour eux leurs essais en peinture@? Ils ne sont pas les seuls sculpteurs qui s'amusent à peindre nous avons connu plusieurs statuaires académiciens qui se livraient à ce délassement, mais ils avaient le bon goût de ne pas exposer, comme des oeuvres sérieuses, des essais plus ou moins réussis. Es-pérons que l'accueil fait à @Y Eve 629 et aux deux paysages 650-651 de M. Clésinger au Christ prêchant sur le lac de Génézareth 1002 , au Printemps, à @Y Eté, à l'@Automne@, à @Y Hi-ver 1005 à 1006 , à l'@Europe 1007 et à l'@Afri-que 1008 , de M.@Etex, rendra plus modestes ces deux statuaires espérons d'ailleurs qu'à l'ave-nir les récompenses obtenues en sculptures n'exempteront plus du jury de peinture, les ta-bleaux envoyés par des sculpteurs, et ainsi de même rour les autres branches des beaux-arts. Un très grand tableau qui, à coup sûr, aurait été refusé si son auteur, M. Glaize père, n'était, par ses récompenses, exempté du jury, c'est la Distribution des Aigles par l'empereur Napo-léon Ill, le 10 mai 1854. On ne comprend pas qu'un artiste du talent de M. Glaize se soit égaré d'une manière aussi étrange, aussi com-plète. Ce q.u'il y a de fâcheux, c'est que cette énorme caricature soit destinée au Musée de Versailles. Après avoir dit sincèrement notre opinion à M. Glaize père, nous applaudirons au début de son fils, M. Pierre-Paul-Léon Glaize, qui se présente pour la première fois aux Ex-positions, avec une grande composition, la Trahison de Dalila. Ce n'est pas une oeuvre ir-réprochable, sous le rapport de la couleur sur-tout mais quelques-unes des figures sont bien dessinées, les mouvements, les situations sont vrais tous les personnages concourent bien à l'action principale. L'auteur de cette grande toile n'a que dix-sept ans, dit-on il promet un bon peintre d'histoire s'il continue par des études sérieuses. En face de la Distribution des Aigles par l'Empereur@, se trouve une autre grande toile due au pinceau de M. Court. Elle a pour sujet la Commission du Musée Napoléon présentant à LL. MM. Il., au palais de Saint-Cloud, les plans du Musée fondé à Amiens par l'Empe-reur@. Autant l'aspect du tableau de M. Glaize père est désagréable, autant celui de M. Courl est satisfaisant. Tous les portraits sont très res-semblants et largement peints c'est une des meilleures peintures de cet artiste. Un autre tableau officiel, sagemet composé, c'est la Ren-trée dans Paris de S.@ A. le Prince Prési-dent, au retour de son voyage dans le midi de la France@, en 1852. On retrouve dans cette toile, commandée pour le musée de Versailles, les qualités sérieuses du talent de M. Larivière tlessin et couleur. Parmi les autres tableaux destinés au muséc historique de Versailles, nous@citerons la Charge des chasseurs d'Afrique au combat de Bala-klava@, le 25 octobre 1854, peinte par M. Phi-lippoteaux avec un élan tout français la Prise de Tiguert-IJala@, dans la Kabylie, par la division du général baron Renault, le 2.j. mai 1857. composition de M. Decaen qui promet un peintre de bataille de plus deux Combats de Kanghil@, en Crimée, le 49 septembre 1855, l'un par M. Couvcrchel, et l'autre par M. Jkaucé. Ce dernier artiste, pour rendre les ac-tions militaires avec plus de vérité, suit nos états-majors dans leurs expéditions. Après avoir fait ainsi les campagnes d'Algérie, de Crimée, le voilà maintenant en Italie, disposé a suivre tous les mouvements de l'armée, à re-produire sur la toile les mémorables faits d'ar-mes de cette guerre de délivrance et d'indé-pendance italienne. Les commandes destinées à la décoration des églises sont encore nombreuses cette année. M. le ministre d'État et M. le préfet de la Seine trouvent là un encouragement à donner à la grande peinture historique, et les artistes du notre époque pourraient s'y appliquer plus sé-rieusement s'ils avaient le bon esprit de se dé-barrasser de tout système, de toute coterie d'é-cole. Un élève de M. Ingres, facile à reconnaî-tre au ton gris et froid de sa couleur, M. Pichon, a exposé l'Annonciation@, commandée par le ministre d'État, et Saint Clément@, pape@, envoyant les premiers apôtres évangiliser les Gaules@, commandé par la ville de Paris pour l' église Saint-Séverin. Cette dernière composi-tion a du style, les poses sont simples, le geste est noble. Le coloris de M. Duval-le-Camus est moins froid il vise plus à l'effet de lumière et d'expression dans son grand tableau Jésus au M oui des Oliviers@, commandé par le minis-tre d'Etat. Une composition plus considérable, faite aussi pour le compte de l'État, Saint Paul frappé de cécité@sur la route de Damas@, est d'une couleur plus solide et d'un dessin plus ferme, plus arrêté. Son auteur, M. Cartillier, auquel, il y a deux ans, nous reprochions de n'être pas coloriste, a voulu nous prouver qu'il pouvait le devenir. En effet, il y a progrès. Les Disciples d'Emmaiis, sage composition, vigoureusement peinte par M. Dumas, pour l'église Saint-Louis-d'Antin, est bien préférable au Baptême de Clovis 496 , grande toile commandée par le ministère à M. Rigo, qui réussit mieux les su-jets militaires que la grande peinture historique où les nus et les draperies demandent du style. Malgré le talent que l'artiste a mis dans l'exé-cution de cette grande page, la couleur est d'un ton si froid, l'effet si monotone qu'on a peine à croire que c'est l' oeuvre de l'auteur de cet autre tableau plus petit et plus vigoureusement tou-ché Le Général en chef Canrobert venant le matin, visiter une tranchée attaquée pendant la nuit par les Russes@, distribue aux blessés des récompenses et des encouragements@. Quelques autres sujets religieux ont encore nttiré notre attention Le Sermon sur la Mon-tagne@, de M. Meynier, d'un coloris plein de fraîcheur la Descente de Croix@, savamment composée par M. liesse la Vierge@, Saint-Jeart et la Madeleine au pied de la Croix@, d'un ton u n peu noir, mais d'un bon sentiment, par .M Henry Scheffer le Retour des Saintes Fem-mes après la mise au tombeau@, bien dessiné. bien composé par M. Legras, et le même sujet traité avec beaucoup de sentiment par un jeune-il rtiste, M. Marius Abel. Il y a de l'abattement 1 ans la pose de la Vierge@, une expression der noble et profonde douleur sur ses trai ts. L'effet il u crépuscule complète l'impression de mélan-co lie qu'inspire ce petit tableau Nous ne terminerons pas notre revue de la re inture d'histoire et de genre historique sans no us arrêter quelques instants devant plusieurs t h armants tableaux celui de M. Caraud, re-présentant les Demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , jouant Athalie devant L ,uis XIV@, à Versailles@, est encore une des perles de l' Ei po-ition achetée par la Commission de la loterie. Le mérite des sujets exposés par M. Comte est moins complet que ceux qu'il avait à la der-nière Exposition. Le Cardinal Richelieu et ses. fit ats. que nous préférons comme composition, manque cependant@d'harmonie de ton. Il y en a d avantage dans le second tableau Alain Char-ticr endormi recevant fin baiser de Marguerite @@Lcosse, mais l'exécution laisse à désirer. M lU-véria est toujours coloriste, comme te pto@wc-ses deux tableaux Mort du Fils de la Sunamite@r et une scène de @Y Henri VIII de Shakspeare M. Jaequand ne l'est pas moins en nous mon-trant Pcrugin peignant chez les moines@, à Pé-rouze. Des cinq tableaux de M. Heilburth, de Hambourg, nous préférons celui représentant Lucos Signorelli@, peintre florentin@, contemplant son fils lue dans une rixe la scène est bien dis-posée, les figures mieux dessinées. Le Zeuxis de M. Mottez est une jolie composition qui excite l'intérêt. Pline nous apprend qu'avant de-travailler à sa Junon Lueinienne, dédiée par les Agrégentins au temple de cette déesse. Zeu-xis obtint de voir leurs filles nues, parmi les-quelles il en choisit cinq nour copier ce qu'il y avait de plus beau en chacune et en former ,- sa Junon. Ce sujet est traité avec convenance et avec talent l'artiste a su éviter le côté tri-vial qu'il o@nrait. Fermée aux visiteurs pendant huit jours pour la permutation des tableaux qui a lieu habi-luellement vers le milieu de sa durée, l'Expo-sition a été rendue publique lundi dernier. Quelques toiles qui méritaient aussi une place au salon d'honneur, y sont venues occuper celles d'un certain nombre de peintures transportées, à leur tour, dans les galeries voisines. A la. place du Débarquement des troupes en Crimée@, J.eiut par M. ttarrias, on voit maintenant le second tableau de M. Yvon, qui, n'étant pas achevé, n'avait pu figurer encore à l'Exposition. Le fait d@ armes que cet artiste a été chargé de représen er est encore un épisode de la prise •le Sébastopol. le 8 septembre 1855 c'est la Coin tine de Malakoff@. La division du général IjfinKitUirougGr s'étant élancée sur l i courtine-qui relie Malakoff au@Petit-Redan, envahit la se conde ligne de défense. Mais la mitraille écrasse les tètes de colonnes de cette brave troupe, et, pour lépondre à l'artillerie russe, qui cause dans nos rangs de si cruels ravages, l'ordre est donnée au commandant Souty d'amener devant la courtine les deux batteries du 10@e régiment qu'il commande. Les pièces traversent au ga-lop le terrain effondré que labourent les projec-tiles, et engagent résolument une lutte héroï-que, mais inégale, dans laquelle hommes, che-vaux, affûts, caissons sont bientôt broyés par les calibres supérieurs de l'ennemi. Cependant, la division Dulac et les réserves de la garde s'élancent pour la soutenir. C'est le bataillon de chasseurs a pied de la garde, dont l'intrépide commandant Cornulier de Lucinière est frappé à mort en entraînant sa troupe ce sont les @lrr et 2° régiments de grenadiers de la garde, co-lonels Blanchard et d'Altan, conduits par le gé-nérai Mettinet@.qui franchissent audacieusement les épaulements de nos tranchées c'est le géné-rai de Fdillv, à la tête des voltigeurs de la garde, colonel Montera, qui reçoit une blessure mortelle. M. Yvon@a répondu, comme nous l'espérions, aux attaques passionnées auxquelles son tableau, la Gorge de Malakoff que nous avons analysé en commençant ce chapitre, a été en butte. L'air circule partout dans cette mêlée l'oeil saisit bien l'ensemble de l'action l'intérêt, répandu partout, est cependant attiré plus particulière-ment sur le personnage principal de la composi-tion placé au centre du tableau le général Bos-quet, qui, dirigeant l'ensemble des attaques, est atteint d'un éclat de bombe au liane droit, un peu au-dessous de l'épaule , sent ses forces trahir son courage.@On l'emporte sur une civière mais la pluie de projectiles est telle, que le fa-nion du général est brisé dans les mains du ma-réchal des logis Rigodit, et que, à plusieurs re-prises, les porteurs du brancard sont tués. Ce groupe est palpitant d'intérêt il exprime un sentiment inconnu dans les armées étrangères il peint l'amour, l'affection du soldat. C'est qu'en France on n'achète pas ses grades, c'est que chacun doit les gagner sur le champ de bataille, c'est que les chefs partagent le danger et les privations du soldat, c'est que le général est vé-ritablement le compagnon d'armes du soldat qui sacrifierait sa vie pour lui , comme ce zouave qui meurt en pressant la main du géné-ral Bosquet, dont il a si souvent apprécié le cou-rage, et pour lequel il eût donné dix fois sa vie. Cette grande toile, qui fait pendant à celle qui l'a précédée à l'Exposition, la Gorge de Malakoff@@@sera l'objet des critiques malveillantes, il faut que son auteur s'y attende. Le grand succès qu'il a obtenu au dernier Salon a excité l'envie, et la jalousie va le poursuivre comme elle a poursuivi Horace Vernet. Ceux qui. par esprit d'opposition, ont !e plus décrié les ouvrages de ce grand artiste vont le louer pour nuire à M. Yvon, comme si deux artistes, d'un mérite différent, ne pou-vaient pas briller dans le même genre de pein-ture. Il en a été de même pour notre célèbre tragédienne Rachel dans les derniers moments de sa vie, on lui opposait, on exhaltait, par dé-nigrement, le mérite de M@m@cRistori, qui, depuis la mort de Rachel, a vu la vogue, le succès de-venir presque de l'indifférence, sans que son talent ait été moins grand cette année qu'il n'était il y a deux ou trois ans. Les qualités du mérite de M. Yvon reposent sur des études sérieuses et non sur telle niaiserie de métier, sur tel truc à la mode ou en vogue il pourra, comme tout artiste, se montrer inférieur dans une composi-tion qui l'aura moins inspiré, mais saura bien-tôt se montrer supérieur dans une autre. III. TABLEAUX DE GENRE. Mu, Henriette Browne. - MM. Hébert. - Curzon. -@Breton. - Luminais. - Brion. - Zo. - Knaus, - Anker. - Henri Baron. - Cabanel. - Compte-- Calix. - Duverger. - Fichel. - Vetter. - Chevet. - Guérard. - Girardet. - Bouvin. - A. Leleux. - Toulmouche. - Trayer. - Castan. - Roenh. -- Plasson.@- Landelle. - Hillemacher. - Vibert@,-@Briiiouin. - Gendron. - Ruiperez. Nous l'avons dit en commençant notre revue du Salon, les tableaux de genre y sont encore, comme aux années précédentes, très nombreux et très remarquables. Quelques-uns sont traités avec l'ampleur et la puissance de la grande pein-ture historique de l'Ecole française. En tête de ceux-ci, il faut placer les ouvrages de Mme Henriette Browne, artiste du plus grand mé-rite, d'un talent si vrai, si réel, qu'il plaît à tout le monde, à celui qui a la prétention de se connaître en peinture, comme à celui qui dit Ça me plaît parce que c'est beau, parce que i a impressionne , ça parle, ça vit, et aussi à l'artiste impartial qui aime le choix et la vérité dans l'imitation de la nature. Mme Henriette Browne a représenté, sur une toile de grande di. mension, deux Soeurs de charité l'une tient sur ses genoux un enfant malade, enveloppé d'une chaude couverture de laine elle le re-garde avec intérêt, tout en consultant les pul-sations du pouls du pauvre enfant, pâli, amai-gri par la fièvre, abattu par des crises nerveuses l'autre Soeur jette un regard inquiet sur ce jeune malade pour lequel elle prépare une potion cal-mante. Cette scène, simple, touchante, est sai-sissante d'effet elle est grassement et franche-ment peinte, d'un dessin et d'un modelé na-ture. Il n'y a pas jusqu'aux accessoires qui n'aient été traités en maître la couverture de laine est un véritable trompe-l'oeil. Aussi cette admirable peinture a-t-elle été achetée pour la loterie et payée, dit-on, 12,000 francs par la commission. Que Mme Henriette Browne conti-nue à marcher dans cette voie, qu'elle fasse toujours de la peinture pour tout le monde, c'est-à-dire de la peinture qui parle à tous par la simplicité, la vérité du sentiment et de l'exé-cution qu'elle ne consulte que la nature en résistant aux gens à système qui inventent une nature, qui fontdu bizarre, du hideux, en croyant faire du nouveau, de l'original qu'elle reste enfin l'interprète fidèle de la nature, et nous lui prédisons de nouveaux et plus grands succès en-core aux prochaines Expositions. Plusieurs petites toiles de cette artiste prou-vent que son pinceau large et mâle sait devenir, au besoin, d'une grande finesse sans perdre de sa vigueur. La Toilette est un petit tableau char-mant de simplicité et de vérité c'est une toute jeune fille qui habille son plus jeune frère. Mme Henriette Browne a encore un Intérieur et un Portrait sur lesquels nous reviendrons plus tard. M. Hébert est un artiste de talent qui s'é-gare ou que la camaraderie égare par ses flat-teries. Un certain charme de coloris ne suffit pas pour remplacer la vérité et intéresser, quand même cette manière paraîtrait nouvelle et se-rait à la mode. Des types laids, maladifs des femmes, des enfants en haillons des chairs jaunes, vertes, violettes, en décomposition des figures tristes, silencieuses, indifférentes les unes aux autres, quoique réunies et groupées une peinture riche de tons, mais délayée, con-fuse et comme effacée par la pluie ou par tout autre frottement telles sont les qualités et les défauts des deux tableaux que M. Hébert a ex-posés sous ces titres les Cervarolles Etats-Romains et Rosa Nera à la fontaine. Au pre-mier aspect, ces tableaux attirent, mais l'examen de ces femmes inspire l'éloignement. Il n'en est pas de même des compositions de M. Curzon, dont le coloris est un peu froid, le ton des chairs un peu rouge. Ses moindres su-jets sont intéressants, ses types sont nature et tien choisis. La plus grande toile de cette ar-tiste représente Une jeune Mère souvenir de Picinesca, royaume de Naples . Cette jeune mère est une belle Italienne qui file et regarde avec bonheur son enfant endormi. La manière large de cette peinture, te style qu'on trouve dans les grandes et petites toiles de M. Curzon, annon-cent en lui un homme capable d'aborder avec succès la grande peinture historique, à laquelle nous espérons le voir se livrer bientôt. Son petit tableau acheté par la commission de la loterie nous plaît beaucoup ces Femmes de Mola di Guete sont d'un dessin vrai, fin et joli. Nous aimons moins la Moisson dansJes Montagnes de Picinesca@. M. Breton est un véritable peintre de genre les scènes familières conviennent mieux à son talent que celles d'un sentiment élevé. Son meilleur tableau est certainement le Rappel des Glaneuses@. L'effet de lumière du so!eil cou-chant était favorable à la couleur toujours un peu grise, un peu monotone de cet artiste, qui rachète ce défaut par une parfaite entende de la composition et un dessin toujours vrai. Le groupe des glaneuses, qui occupe le centre du tableau, est très imposant il y a de la noblesse dans la marche de ces trois paysannes qui rap-pellent, au souvenir, les moissonneurs de Léo-pold Robert. La Plantation d'un Calvaire@, ta-bleau acheté pour la loterie, est une composition bien ordonnée dont les physionomies semblent être autant de portraits. On croit connaître tous ces personnages tant ils sont nature. Mais c'est surtout cette autre petite toile, également ache-tée pour la loterie. qui a un cachet di vérité. Comme cette couturière est bien à son travait ! Et cette scène de cabafet - Le Lundi@, -@comme elle est vraie aussi ! comme tous les per-sonnages concourent bien à l'unité de l'action ! Nous préférons de beaucoup cette scène de ca-baret, de M. Breton, à cette autre scène de ca-baret@, d'un caractère ignoble, peinte par M. Luminais. il y a plus de couleur, de fougue, dans cette dernière, mais les types sont affreux, repoussant, tandis qu'ils sont nature, mais sans laideur, dans le tableau de M. Breton. En f.nt de types bretons, nous aimons assez la Porte d Eglise pendant la messe en Bretagne@, par M. Brion ces paysans, qui se tiennent debout à la porte de l'église au lieu d'y entrer, ne sont pas laids. C'est une erreur que de croire qu'onre-présente mieux un homme du peuple en en fai-sant un cretin qu'en lui donnant le caractère mâle, énergique, qui convient au travailleur et à l'homme des champs,@chez lesquels se trouvent développées les forces physiques qui font la beauté des formes. Nous avons encore remarqué, du même artiste, une composition pleine de sentiment c'est Un Enterrement bords du Rhin . La commission de la loterie a acheté encore Une Halte de Contrebandiers espagnols@, par M. Zo. Cette petite toile est d'une couleur chaude. puissante, qui séduit on se croirait sous le beau ciel de l'Andalousie. Les groupes sont heureusement disposés, les figures sont correc-tement dessinées, les femmes surtout sont jolies ce sont de belles Espagnoles. Dans un autre chapitre, nous parlerons des deux aquarelles exposées par ce peintre. Un peintre de genre, de l'école de Dussel-dorf, dont nous avons eu occasion de louer le talent, M. Knaus, qui avait, au Salon de 4857, deux charmants tableaux, n'a exposé, cette an-née, qu'une seule toile la Cinquantaine@. Cette composition est d'un sentiment si vrai qu'elle attire la foule des visiteurs. Si nous en jugeons d'après les types et les costumes des personna-ges, la scène se passe dans la campagne du du-ché de Bade. La joie contenue, la gravité alle-mande des deux viellards qui dansent sous un vieux chêne, au milieu de leur famille et de leurs amis réunis le bonheur de cette jeune femme, leur fille, qui allaite son enfant la gaîté bruyante des jeunes enfants, et le calme imperturbable de ces gros Allemands qui fument assis au pied du gros arbre, tout cela est rendu avec une finesse d'observation parfaite et une grande vérité de dessin. Rien de plus joli que cette jeune mère et que ces blonds enfants rien de plus séduisant, de plus harmonieux que la couleur de ce délicieux tableau. Le coloris brillant de M. Anker n'est pas le seul point de ressemblance qu'il ait avec M. Knaus il s'est montré aussi bon observateur, aussi bon dessinateur dans le tableau qu'il a exposé sous ce titre Une Ecole de Village dans la Forêt-Noire@. Il y a là de charmantes têtes d'enfants, d'une variété d'expression bien ap-propriée à l'action le type du maître d'école a le cachet d'originalité du métier il a été si heureusement choisi, qu'on doit croire que l'ar-tiste s'est glissé sournoisement dans un coin de cette école de village, parmi les écoliers, pour rendre cette scène intime avec autant de vérité. - La Fille de l' llôtesse@, grande toile du même artiste, prouve, une fois de plus, la puissance de sa couleur et la science de son dessin. Mais cette composition, tirée d'une ballade de Uh-land, est moins complète que la première. Puisque nous parlons de coloristes, citons l'@Entrée d'un Cabaret vénitien où les maîtres peintres allaient fêter leur patron saint Luc@. M. Henri Baron s'est montré à la hauteur de son sujet, il s'est fait peintre vénitien il a mis dans cette petite toile l'éclat, la vigueur, le charme de la couleur, la richesse de la mise en scène, l'action et le mouvement, toutes les qua-lités qui distinguent les maîtres de l'école véni-tienne. Nous lui reprocherons cependant d'à-voir négligé un peu le dessin de quelques-unes des figures. - Citons la Veuve du Maître de Chapelle, d'un effet de lumière savamment combiné et parfaitement en harmonie avec ce sujet. M. Cabanel y a mis un sentiment tout artistique. L'expression de douleur de la veuve du maître de chapelle est navrante il y a des larmes dans son regard, en entendant exécuter, sur l'orgue, par ses enfants, le meilleur orato-rio, le dernier morceau composé par l'artiste qu'elle pleure, par le père chéri de ses enfants, par l'époux adoré qu'elle a perdu ces figures sont jolies, d'un dessin fin, élégant. - Le Chant du Rossignol, composition gracieuse qui représente de jeunes et belles personnes écou-tant en silence, la nuit, dans le parc du châ-teau, par un magnifique clair de lune, le chant du rossignol. Cette peinture, de M. Compte-Calix, est pleine de poésie elle fait rêver, elle rappelle de doux souvenirs de la vie de château. -@Citons aussi @Y Hospitalité@, petit tableau de M. Duverger, qui a été acheté par la loterie et qui est encore une peinture de la vie des champs. Une dame surprise, pendant sa promenade, par la pluie et l'orage, vient demander à s'abriter chez un brave paysan qui l'accueille de son mieux. Cette scène si simple intéresse par la vérité avec laquelle elle est rendue elle séduit par la finesse du dessin et la vigueur du coloris. La commission de la loterie, qui a fait preuve d'infiniment de goût dans ses choix, a acheté un tableau très finement touché par M. Fichel, un des plus intelligents peintres de l'école Meis-sonnier. Le Déjeûner@, tel est le titre du tout petit cadre dans lequel l'artiste nous montre un célibataire admirant, avant de le déguster, le ton chaud et doré d'un vin blanc d'Espagne. Ses autres très petites toiles,@d'une grande finesse, sont Des Amateurs dans un atelier de Peintre Un Café de province au XVIII@e siècle Une Bi-bliothèque d'Estampes Un Fumeur Un Gentil-homme de garde@, et le portrait de M. Louis Monrose, de la Comédie-Française. - De ce genre miniature à l'huile, nous devons signaler le Départ pour la promenade, par M. Vetter, d'une touche plus franche, plus hardie sans être moins délicate. Ce jeune seigneur, qui met ses gants en se mirant, est fièrement campé la satisfaction règne sur ses traits ce beau garçon est content de lui. Enfin, M. Chevet, le plus habile de l'école Meissonnier, a exposé six très petites toiles, parmi lesquels nous avons remar-qué tout particulièrement Un Peintre regardant son tableau dans un miroir noir. C'est un petit @hef-d'oeuvre de dessin et de couleur. Nous avons encore à parler de quelques pein-tres de genre d'une école plus originale, d'un pinceau plus large, plus franc. Une Messe du matin à Monter fil Ille-et-Vilaine , par M. Gué-rard, est une peinture aussi vraie, aussi naïve-ment vraie que l'@Ecole de Village de M. Anker Nous aimons encore du même artiste Vive la Fermière! la Parbltlte Fête après le battage des Grains Ille-et-Vilaine . La physionomie de cette bonne fermière, qu'on porte en triomphe, est vraiment heureuse, et l'on éprouve du plai-sir en voyant l'entrain joyeux des groupes qui la suivent en chantant et en dansant. La cou-leur de ce tableau a beaucoup d'éclat et de fraî-cheur, trop de fraîcheur peut-être pour des teints hôlés par le soleil des champs. - Nous adres-serons le même reproche au tableau de M, Edouard Girardet Noce de Village@, gracieuse composition d'un ton par trop rosé. La peinture de M. Bouvin est plus solide, plus vraie. Il entend à merveille l'effet de clair-obscur. La Lettre de recommandation est, sous ce rapport, un vrai trompe-l'oeil. La tête de la soeur abbesse, qui lit la lettre, est un portrait plein de finesse et de bonhomie qui con-traste avec la raideur des deux novices. En tête des autres tableaux du même peintre, nous pla-çons la Ilavaudeuse@, type on ne peut plus vrai. Puis vient le Liseur et @'@Intérieur de Cuisine@. M. Armnnd Leleux est également un peintre des scènes familières de la vie, qu'il rend avec un sentiment vrai. C'est en Suisse que cet ar-tiste est allé chercher les sujets des tableaux qu'il a exposés. Les deux meilleurs sont, à notre avis la Leçon de Couture intérieur suisse , et Faits d@wirs intérieur suisse . Ce dernier, quf a été achelu par la loterie, est une composition pleine d'j ntérêt. - La commission de la loterie aussi acheté à M. Toulmouche un charmant petit tableau d'un sentiment déiicat et d'une exécution irréprochable. C'est une mère faisant dire la leçon à sa jeune fille. On retrouve le même charme de coloris, la même finesse de modelé dans les deux autres toiles la Prière et le Château de Car-les@. Il nous est impossible d'analyser lous les ta-bleaux de genre qui mériteraient de l'être le nombre en est trop grand. Nous ne pouvons cependant terminer ce chapitre sans mentionner ta Famille@, époque des vacances@, par@M.@Trayer - Une Mère allaitant son enfant après le bain@, par M. Castan - Iravail et Lecture@, par M. Rochu -Eva@, par 31. Plasson - Les Deux Soeurs@, costume d'Alvito@, par M. Landelle -@La Prière du matin et la Partie de Billard, par M. Hillemacher - Une Visite domicilière sous la Terreur, par M. Vibert - Amateurs de Pein-ture en visite, par M. Brillouin - L'@Amour de l'Art et la Délivrance@, par M. Gendron -Un Philosophe et un Novice de l'ordre de Saint-François@, par M. Ruiperez ce dernier tableau est acquis pour la loterie de l'Exposition. IV. PORTRAITS. MM. H. Fiandr@m. - P. Flanilrin. - Mme Browne. -@Hébert. - Baudry. - Ricard. - Lazerges. - Ro-berl. - Winterlialller. - Duhufe fils. - Lelimann. - Landelle. - Cabanel. - Muller. - Motet. - E. Giraud. - Bonnegrace. - Scheffer Henri . - Bin. - Mme Schneider. - Madrazo. - Jobbé-Duval. -@Pils. - Schopin. - Louis Boulanger. - Xliie O'Coti-nel. - Mlle Léonie Lescuyer. - Va'adon. - Glaizt père. Les portraits sont encore nombreux à l'Ex-position de 1859, mais on les a disséminés avec tant de tact dans les salles et les galeries, que le regard du visiteur en est moins fatigué qu'aux années précédentes. Pourtant, il y a là beau-coup de types laids, de physionomies insigni-fiantes, de poses prétentieuses, de toilettes C ri-dicules, qui ont du faire la désolation de l'artiste condamné à peindre de pareilles choses. Ce sont la vanité et la sottise peintes d'après na-ture c'est la preuve nouvelle que, malgré le progrès de la civilisatiou, le goût n'a pu péné-trer partout, et que celte anecdote, que nous empruntons à Diderot, sera @@mie longtemps encore Un jeune homme fut consulté sur la manière dont il voulait qu'on peignît son père. C'était un ouvrier en fer. - Mettez-lui, dit-il, son habit de travail, son bonnet de forge, son tablier que je le voie à son établi avec un ouvrage à la main, qu'il éprouve ou qu'il repasse, et surtout n'oubliez pas de lui faire mettre ses lunettes sur le nez. Ce projet ne fut pas suivi on lui envoya un beau portrait de son père, en pied, avec une belle perruque, un bel habit, de beaux bas, une belle tabatière à la main. Le jeune homme, qui avait du goût et de la vérité dans le caractère, dit à sa famille en la remerciant Vous n'avez rien fait qui vaille, ni vous ni le peintre je vous avais demandé mon père de tous les jours , vous ne m'avez envoyé que mon père de tous les d manches. De tous temps les maîtres de la grande pein-ture historique, de la peinture monumentale, ont été en même temps les plus grands pein-tres de portraits. Les chefs-d'oeuvre de Raphaël, Titien, Murillo, Velasquez, Rubens, Van Dyck, et bien d'autres, chez les anciens de David, Gros, Gérard, Ingres, H. Vernet, Paul Delaro-che, et d'autres peintres modernes, l'attestent d'une manière irrécusable. Pour qu'un portrait frappe l'attention, il ne suffit pas qu'il soit res-semblant, il faut qu'il vive par la physionono-mie, il faut que le talent de peintre et de des-sinateur s'y trouve réuni à ce degré de supério-rité qu'on ne rencontre guère que chez les meilleurs peintres d'histoire. Nous en trouvons des exemples à l'Exposition actuelle. M. Hippolyte Flandrin , l'auteur des resques de Sai iit-Vincent-de- Paule et de Saint-Germain-des-Prés, a exposé trois portrait@ qui ont un mérite tellement réel, que les artistes des diverses écoles les proclament au-dessus de tous ceux qui figurent au Salon. Cependant. à en juger au fini extrême de la peinture de M. H. Flandrin, on se dit que ce travail de patience doit fatiguer la personne qui pose et qui doit poser si souvent, si longtemps, que l'ennui devrait décomposer les traits de !a physio-nomie. Certes, ce serait là un écueil pour un artiste ordinaire, mais non pour un talent com-me celui de M. II. Flandrin. Le portrait de Mme S.@@ vêtue d'une robe de satin noir, le bras droit accoudé sur le dossier d'un fauteuil, est vivant le regard est sympathique, la pose gracieuse les bras, les mains sont dessinés et peints avec une pureté, une finesse de modelé telles qu'on dirait de la chair. Ce tableau est tout simplement un chef-d'oeuvre digne des plus grands maîtres. Les portraits de Mlles M@@., qui probablement sont deux soeurs, ont égale-ment droits aux plus grands éloges. Celui où la jeune personne tient un coffret en ivoire est touché plus hardiment que les deux précédents, et celui de l'autre jeune personne, ayant un oeillet à la main, est d'un dessin si vrai, si cor-rect, d'une expression si naturelle qu'on dirait qu'elle va parler. Il est des familles si heureusement parta-gées, que le talent semble échu à chacun de ses membres comme un droit de naissance. Nous vendns de mentionner les oeuvres de M. Ilippolyte Flandrin, le peintre d'histoire et de portraits, maintenant nous avons à parler de M. Paul Flandrin, qui ne se borne pas à être un grand paysagiste, mais qui s'est fait, lui aussi, un de nos meilleurs portraitistes. Il y a de si grands rapports entre ses portraits et ceux de son frère que la plupart des visiteurs les lui at-tribuent.@Cette similitude est très sensible dans le portrait de Mme B@@. tant pour la pureté du dessin, la finesse du modelé, que pour le coloris qui pourtant est un peu plus noir. Un des portraits les plus vivants , les plus franchement faits, les plus grassement modelés, c'est le portrait de M. de G., peint par Mme Henriette Browne, avec cette couleur puissante, chaleureuse, que nous avons déjà signalée dans un précédent chapitre. A la hardiesse avec la-quelle ce tableau est touché, personne ne le croirait l'oeuvre d'une femme, d'une femme du monde, qui se cache, assure-t-on , sou? un pseudonyme. Pourquoi se cacher lorsqu'on a le front ceint d'une auréole de gloire@? Est-ce modestie@? Mais, à une renommée aussi bien acquise, la modestie est au moins inutile. Est-ce vanité, préjugé aristocratique@? Mais y a-t-il une meilleure, une plus grande noblesse que celle du mérite@? Quel est le noble de naissance qui ne serait glorieux-d'avoir produit les chefs-d'oeuvre de Raphaël. de Michel-Ange, de Pierre Corneille, d'avoir pris Malakoff ou vaincu les Autrichiens à Magenta ? Non, de mesquins préjugés de société sont incompatibles avec une nature aussi élevée on n'est pas artiste sans aimer la gloire, et quand on aime la gloire, on met le mérite au-dessus des hasards de la nais-sance on est bien autrement fier de la renom-mée couquise qu'on ne l'est d'un nom de famille, tel ancien qu'il soit. Les motifs d'incognito de l'éminente artiste qui se fait appeler Henriette iirowne, nous les devinons sans peine. Sa posi -tion dans le monde l'obligeait à ne s'y montrer artiste qu'avec une célébrité solidement établie elle a donc, avant tout, voulu acquérir un re-nom. Nous ne pouvons qu'applaudir à une conduite aussi sage et à un succès aussi com-plet. Si M. Flandrin, si Mme Henriette Browne ne sacrifient aucune partie dans un tableau, si tout y est étudié, terminé, sans nuire à l'effet général, il n'en est pas de même pour M. Hé-bert qui a pour système de sacrifier tout ce qui s'éloigne du centre de la toile cela facilite, contribue à l'effet, mais c'est tourner la diffi-culté et non la vaincre. Le difficile est d'obte-nir un fini sans détruire l'harmonie de l'effet, sans éteindre la verve de pinceau qu'on met dans une ébauche. Dans le portrait de Mme la marquise de L.@@, la lumière, l'étude sont don-nées à la tète qui est, du reste, très remarqua-ble sous le rapport du coloris et de l'expres-sion mais tout le reste, les vêtements et les mains, est entièrement sacrifié, à peine indi-qué , et comme enveloppé d'un nuage de suie. M. Baudry appartient au même système, non à la même école il sacrifie beaucoup dans ses portraits. Une dame qui regardait le portrait d'enfant exposé sous le titre de Guillemelte@, demandait à son mari pourquoi l'artiste n'avait pas achevé cette peinture@? - Parce qu'il en a été empêché par la mort, lui l'ut-il répondu c'est l'oeuvre dernière de Benouville, jeune ar-tiste que nous venons de perdre il y a quelques mois. - Alors, mon ami, je comprends que le jury ait admis cette peinture à peine ébauchée. Cette confusion a eu lieu pour beaucoup de monde, et le simple B. de la signature n'a pu que confirmer, dans cette idée, ceux qui ne pre-naient pas le temps de consulter le livret. Si la demande avait été adressée directement à J'auteur, à M. Baudry, il eût sans doute répon-du, avec bonne foi - Je ne finis pas, parce que cela est trop difficile parce que je détrui-rais les qualités qui font de ce rien quelque chose. C'est surtout le langage de la camara-derie, de la flatterie qui entraîne t'artiste dans cette voie - Pour l'amour de Dieu, arrêtez-vous, lui dit-on plus un coup de pinceau ou vous gâtez ce petit chef-d'oeuvre@! c'est admira-ble, admirable, mon cher! Cependant, il nous semble que ,pour avoir terminé un peu plus le portrait de M. le baron Jard-Panvil-lier@, M. Baudry n'a rien gâté il y a, au contraire, dans cette oeuvre, la vie en plus, et personne ne dira pour ce portrait - C'est dommage que ce ne soit qu'une ébauche il eût été bien beau, achevé. Parmi les portraits de M. Ricard, nous en remarquons plusieurs qui semblent encore à l'état d'ébauche ainsi, la manche et la main du Portrait de Mlle L. S. sont à peine indi-qués celui que nous préférons des huit por-traits de cet artiste, c'est le Portrait de Mme E.@@ le modelé est toujours un peu vague, mais la couleur est d'une harmonie qui séduit le re-gard. Plus consciencieusement modelé, plus finement peint et tout aussi séduisant, le Por-trait de M. le comte de @@F., par M. Lazerges, est un des plus beaux du Salon. Nous en dirons autant du Portrait de M@. le comte de Morny@, d'une grande ressemblance, peint par M. Robert, artiste belge. Mais les portraitistes qui ont le mérite de sé-duire plus particulièrement les visiteurs, c'est d'abord M. Winterhalter, la palette la plus chatoyante des peintres modernes. Son portrait en pied de cette belle et jeune princesse, en robe de soie aventurine, est d'une richesse de ton dont cet artiste a seul le secret. J'entends dire que cette couleur n'est pas toujours vraie. C'est possible elle est au moins aussi vraie que celle de certains coloristes dont la couleur, sans être plus vraie, a le désavantage de déplaire par des tons sales et des carnations flétries ou ma-ladives. - Puis, IVJ. Dubufe fils, autre char-meur, aux tons dorés, nacrés, diaphanes, le peintre par excellence des grandes dames, des robes de soie, des écharpes de gaze, des plumes et des lambris dorés, luxe qu'il aime et qu'il imite dans la perfection, sans négliger l'étude de la figure qu'il rend toujours gracieuse. Les cinq jolis portraits qu'il a exposés sont d'un dessin élégant celui de Mme la comtesse de R@@. est surtout très remarquable. - Ensuite, MM. H. Lehmann, Landelle, Cabanel, qui se distinguent aussi par le goût et le fini qu'ils ap-portent dans leurs peintures. M. Lehmann a exposé six portraits, parmi lesquels nous signa-lerons celui de Mlle J.-M. d'O.@@@, représentée appuyée sur le dossier d'une chaise, et dont le raccourci de la main droite est bien réussi. Nous signalerons encore le très remarquable Portrait de Mme , par M. Cabanel, et celui de Mme P. F.@@, par M. Landelle. Le pinceau plus mâle, plus sérieux de M. Muller, a peint, avec une sobriété de détails, une sévérité de tons convenables, le Portrait de la Supérieure des Filles de la Compassion. Cette peinture large et solide nous rappelle le beau Portrait du Frère Philippe@, par Horace Vernet. Un portrait d'une vérité de modelé, comme on en rencontre rarement, c'est cette Tête de vieillard peinte par M. Matet, et inscrite au Livret sous le n° 2115 ce n'est pas de la peinture, c'est la nature même. Un autre por-trait bien vivant est celui de M@. l'abbé Moret@, chanoine de Saint-Denis, directeur de i'OEuvre des Jeunes Incurables, fondée par S. A. I. Mme la princesse Mathilde. Cette toile, de M. E. Gi-raud, est d'une couleur très vigoureuse les ligures sortent du cadre. Le Portrait de M@. Louis Jourdan@, du Siècle, est une excellente peinture de M. Bonnegrace la physionomie du spirituel et profond écrivain a été parfaitement saisie. La ressemblance de M@. le docteur Chur-chill est aussi très grande dans le portrait peint par M. Henri Schefler, le digne frère du grand peintre de ce nom, dont tout Paris court admi-rer les oeuvres réunies, en ce moment, dans une exposition particulière faite au profit de la caisse des artistes. Les portraits en pied ne sont pas très nom-breux nous ne nous arrêterons qu'à trois d'entre eux. Celui de S. Exc. le maréchal comte de Castellane, commandé pour le musée de Versailles, à M. Bin, est une bonne peinture qui occupera bien sa place dans cette galerie qui compte de si beaux portraits. Le portrait en pied de Mme la marquise de D@@., exposé par Mme Schneider, est remarquable par l'har-monie générale de l'effet, la vigueur du coloris, la noblesse de la pose et le goût de l'agence-ment. Nous adresserons les mêmes éloges au portrait de Mme A@@., peint par M. Madrazo, qui a encore exposé deux beaux portraits l'un de S. A. l'infante dona Josefa, l'autre de Mgr. Guëll y Rente, époux de S. A. l'infante Josefa. L'un de nos bons peintres d'histoire, M. Jobbé-Duval, occupé à décorer de quatre su-jets la chapelle Saint-Charles-Borromée à l'é-glise Saint-Séverin, et de deux autres sujets la chapelle Saint-Denis à l'église Saint-Sulpice, n'a pu envoyer que trois portraits très largement peints. M. Pils a égalemeut deux portraits tou-chés avec la hardiesse qu'on lui connaît. Le portrait de Mme O.@@ est une gracieuse peinture de M. Schopin. ainsi que le portrait de femme, par M. Louis Boulanger, qui a encore le por-trait de M. Dumas, et celui de M. Granier de Cassagnac, tous deux ressemblants. Des por-traits non moins ressemblants sont ceux de M. Edmond Texier, le spirituel rédacteur du Siècle, et de M. Charles-Edmond L. peints par Mme O'Connel celui de Mme D@@. par Mlle Léonie Lescuyer, et ceux de deux jeunes artistes par M. Valadon. Nous avons dit franchement notre opinion sur le tableau de M. Glaize père la Distribu-tion des aigles par @VEmpereur@, le 10 mai 1852. Nous avions le droit de nous montrer d'autant plus sévère envers cette oeuvre incroyable, que nous n'avons laissé échapper aucune occasion de faire ressortir le talent de cet artiste,et nous vou-lons, en terminant ce chapitre, rendre hommage nu mérite de son portrait de M@. Louis Figuier@. C'est une tête pleine d'expression, dans laquelle nous retrouvons les belles qualités de coloriste et de dessinateur que nous aimions dans M. Glaize père. V. INTÉRIEURS, PAYSAGES, ANIMAUX, MARINES, FLEURS ET NATURES MORTES. MM. Troyon. - Aug. Bonheur. - Marck. - Palizzi. - Rodolphe Lehmann. - Jadin. - Balleroy. - Mite Léonie Lescuyer. - MM. Dubnisson. - U ïlaussy. - Salmon. - P. Rousseau. - T. Rousseau. -@Knyff. - Daubigny. - Besson. - Lapierre. - Leroux. -@K. Ctra@nto. - Cabat. - Anaslafie. - André. -@P. Flandrin. - Corot. - A. de Dreux. - Laugée.@-@Capelle. - Desand.@-@Baudit. - Lavieille. - Lamo-rinière. - Harpignies. - Hédouin. - Hauoteau. -@Desjobcrt. - Justin Oavrié. Si, aux veux de quelques-uns de nos confrères, les oeuvres@de MM.@Yvon, Gérôme, Muller, Cur-zon, Lazerges, Bouguereau, Pichon, Lévy, Ma-zerolle, Henriette Brown, sont des toiles indi-gnes de soutenir la réputation de notre école de Eeinture historique, opinion que nous sommes bien loin de partager, il est un point sur lequel nous sommes parfaitement d'accord avec eux, c'est qu'à aucune époque on n'a m@uux fait le paysage et les animaux c'est qu'à aucun Salon on n'en a vu d'aussi remarquables et en aussi grand nombre Quoi de plus admirable que l'exposition de M. Troyon@? où rencontrer quelque chose de plus vraie et de mieux peint@? quel délicieux paysage que cette Vue des hauteurs de Suresne Seine-et-Oise ! l'oeil aime à se promener dans cette belle vallée, animée par des bestiaux qu'un jeune paysan a peine à surveiller, tant la richesse du pâturage semble réjouir ces animaux qui se ré-pandent un peu partout. Cette grande toile est admirable de couleur les fonds sont fins, légers, sans être sacrifiés. Dans le Départ pour le Mar-ché@, l'effet est encore plus saisissant c'est la na-ture qui s'éveille. Le soleil perce de ses rayons les fraîches vapeurs de la terre on sent l'humi-dité de la rosée, on voit l'haleine des bestiaux l'illusion est complète. La température change dans le Retour à la Ferme le soleil décline, mais ses derniers rayons dorent encore la cam-pagne c'est la lin d'une belle journée, c'est le calme de la nuit qui commence c'est l'heure du repos pour la nature comme pour l'homme des champs. Après avoir passé des heures à con-templer les six tableaux de M. Troyon, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, des animaux ou du paysage, car paysage et animaux sont rendus avec un charme, une vérité que personne n'a réussit à un si haut degré. Connaît-on une peinture plus sérieusement belle, plus vraie. plus vivante que cette grande Elude de Chien@? On lit dans son regard qu'il est fier d'avoir saisi la perdrix qu'il tient dans sa gueule et qu'il offre tout joyeux à son maître. Nous ne connaissons rien d'aussi complet. M. Auguste Bonheur, le frère de Rosa Bon-heur, est un peintre qui réussit avec talent les ani maux et le paysage. Sa couleur est solide et brillante tout à la fois son pinceau est plus ferme, plus hardi que celui de sa soeur. Son Troupeau de Vaches@, souvenirs des Pyrénées@, acheté pour la loterie, et l' Abreuvoir@, souvenir de liretagne@, sont deux charmants tableaux. Une autre jolie toile a été acheté aussi pour la le-terie à M. Marck c'est un paysage avec ani-maux dans la saison d'automne. On sent au fini et à certains tons que M. Marck a l'habitude de peindre sur porcelaine et qu'il a été élève de M. Troyon. Le plus grand paysage avec animaux parmi ceux exposés et peut-être parmi tous ceux qui ont été faits jusqu'à ce jour, c'est la Traite des Veaux dans la vallée de Touque Normandie , par M. Palizzi, l'émule et non l'imitateur de M. Troyon, dont il diffère surtout par la cou-leur. Il vise à l'effet, tient à séduire par l'éclat et la fraîcheur, tout en restant dans le vrai. Aussi, cette@grande toile est-elle resplendissante de lumière, de soleil on croit sentir la chaleur suffoquante de l'air chaud dans cette vaste plaine où arrivent de tous côtés des veaux pour la traite ou la foire qui s'y tient. M. Palizzi nous a jirouvé qu'il savait surmonter les difficultés, qu il pei-gnait avec la même supériorité les ligures, le paysage et ILS animaux. C'est un mérite dont M. Rodolphe Lehmann nous donne également la preuve dans son tableau intitulé les Marais ponlins@. Une barque, chargée de fruits et de maïs, glisse lentement sur l'eau d'une rivière bourbeuse, qu'un troupeau de buffles sillonne en tous sens afin d'en enlever les herbes épaisses qui l'obstruaient. Au loin, l'horizon est borné par le mont Avic. Quelques-uns des personna-ges couchés sur la barque ont de ces beaux types qu'on rencontre dans la campagne en Italie. MM. Jadin et Balleroy sont deux peintres qui réussissent les scènes de chasse, et entre les ta-bleaux desquels il existe la même différence qu'entre ceux de MM. Troyon et Palizzi la cou-leur de M. Jadin est vigoureuse, son exécution franche, mais un peu lâchée le coloris de M. Balleroy est frais et le modelé soigné dans ses moindres détails. Le Départ d'uue meute de Chiens pour un rendez vous de chasse est le meilleur des cinq tableaux exposés par cet ar-tiste. Dans les sept envois de M. Jadili, nous signalerons surtout Merveillou@, llocador@, Chiens d'attaque de la vénerie de l'Empereur@, et Pas commode@, le plus chaleureusement peint. - Mlle Léo nie Lescuyer a aussi un pinceau large et ferme elle peint les chevaux avec une vigueur de ton qu'on rencontre rarement chez les dames peintres. Deux de ses tableaux Un mot en passant et l'A breuvoir sont d'une couleur puissante et d'un effet charmant. Les chevaux de poste, dans le tableau de M. Dubuisson, sont d'un ton moins chaleureux, mais ils sont savamment dessinés. Le soleil éclaire bien la Cour de Ferme@, de M. d'Haussy les poules et le coq sont finement touchés, ainsi que les ac-cessoires du premier plan. Les arbres sont moins bien réussis. Avant de passer a l'examen des paysages les plus remarquables de l'Exposition, signalons la Gardeuse de Dindons@, jolie peinture de M. Sal-mon, et le grand tableau Un@iuur de gala@, par M. Philippe llousseau. Tout est étudié, tout est consciencieusement peint dans cette toile, mais les trop nombreux détails nuisent à l'effet général du tableau, y jettent un peu de confu-sion. - Son homonyme ou son parent. M. T. liousseau, est un paysagiste distingué son co-loris est quelquefois monotone, comme dans son tableau des Bords de la Sèvres@, mais il re-prend parfois de l'éclat comme dans celui du Bornage du Barbison forêt de Fontainebleau@@ dont les plans sont plus netLement accusés, les arbres plus franchement touchés. Aucun des paysagistes exposants n'a ni la puissance de couleur, ni la vigueur du modelé, ni la finesse, la vérité de détails des tableaux de M. KnylF. Le Jlarais de la Campirie et les Souvenirs du châteall de Petershiem@, achetés pour la loterie, sont d'un effet saisissant les arbres, les feuilles, les herbes, les accidents de terrains, semblent en relief et augmentent l'ef-fet sans nuire à l'harmonie, et cela à un degré de perfection qui produit l'illusion. Rien de vague,. rien de sacrifié, et pourtant l'effet est harmo-nieux, irréprochable. M. Knyff n'est pas un ar-tiste à système il ne voit pas la nature en myope, avec les yeux d'un homme épuisé et chétif il la voit avec des yeux sains, pénétrants, avec les yeux d'un homme en bonne santé et solidement constitué. Au contraire, M. Daubigny aime le vague, il ferme les yeux à moitié pour regarder et voir la nature comme à travers un voile léger. Aussi ses paysages demandent-ils à être vus à distance pour produire leurs délicieux effets. Le plus ravissant des cinq tableaux de ce charmant peintre, c'est, à notre avis, celui dans lequel il a reproduit les Bords de l'Oise. Moins vague dans l'exécution et plus fins de ton, le grand paysage de M. Français peut être vu de près ou de loin, sans perdre aucune de ses qualités. Regardé de loin, ce grand tableau est très harmonieux, et, en s'en approchant, on trouve tous les détails soigneusement étudiés. C'est là une nouvelle preuve que le fini, quand on sait l'atteindre sans détruire la vigueur et l'harmonie, est la perfection des oeuvres d'art. C'est ce que cherche M. Busson, élève de M. Français. Ses deux paysages des Landes sont d'une grande fraîcheur de coloris les lointains de celui aux trois arbres sont très fins de tons. La Forêt au Printemps est peinte dans les mêmes données par M. Lapierre finesse et vé-rité. Il en est de même des Marais de la Char-bière au mois de juin, jolie petite toile de M. Leroux, achetée pour la loterie,@et de la vue prise sur les bords de l'Eure, par M. liirardet, qui a mis là toute la fraîcheur et la délicatesse de son pinceau. M. Cabat n'a qu'un paysage, mais il est d'un effet on ne peut plus poétique c'est un Etang des Bois@, éclairé par un soleil couchant. Un co-loriste non moins séduisant, c'est@M. Anastasie son Groupe de Chênes en aulomne est d'une vi-gueur peu commune. Le plus grand@des tableaux de M. André, sa Vue de la Bonnieure@, à Puy-reaux@, est aussi d'un aspect agréable pour la couleur et le rendu. Mais ces diverses toiles n'ont pas les grandes lignes des paysages histo-riques de M. Paul Flandrin on retrouve ce grand aspect dans deux des ouvrages qu'il a au Salon les Environs de Marseille@. Il y a un très grand progrès dans l'exécution des figures qui animent le paysage. On sait qu'autrefois la majorité des paysagistes faisaient peindre les figures de leurs tableaux, tant ils étaient incapables de les dessiner. Quelques-unes des toiles de M. Corot sont là pour attes-ter cette impuissance regrettable nous enga-geons cet artiste à s'en tenir au paysage. Il n'en est pas de même de M. A. de Dreux qui a peint, avec le même talent, le paysage et les fi-gures de son tableau le Retour de la Chasse La couleur dn tableau de M. Laugée est moins chatoyante, mais elle est plus vraie et ses figu-res sont bien plus nature dans son tableau le Goûter des ciieilleuses d'oeillettes@, en Picardie@, acheté pour la loterie. Uue peinture qui étonne par la vigueur de l'effet de lumière et par la naïveté de son exécution, c'est le tableau acheté pour la loterie et inscrit au livret sous ce titre Avant la éMesse', cette peinture de M. Capelle a la netteté, le découpé des ombres et-des clairs d'une image daguerréen.ne. Nous aimons mieux le Campemejit de nomades dans la plaine d'El. Outaïa et le Marabout Sidi-Barkate, aux envi-rons de Biskra Sahara , par- M. Degand, c'est plus artistique les personnages sont bien, grou-pes, bien dessinés, et la couleur est locale, -@Un des paysages les plus saisissants, les plus sympathiques, c'est celui acheté pour la loterie à M. Bandit, représentant un prêtre traversant @h campagne, la nuit,, par la pluie, suivi d'un seul entant de choeur, pour aller porter le Via-tique au moribond qui habite -cette chaumière bretonne qu'on aperçoit éclairéé dans le loin-tain du tableau. La Commission de la loterie a encore acheté un paysage d'une vérité de ton et de détails très intéressants l@etang et la Fer-me de Bourcq@, par M. Lavieille, et un autre paysage, tout aussi remarquable, à M. Lamori-nière. M. Hargrogines est un peintre du Nord qui ne peut oublier là couleur locale des contrées qui l'ont vu naître. ,S m Canal des Environs de Nevcrs ressembla passablement aux Vues de notre bonne et brumeuse Flandre Nous aimons trop notre pays pour .lui faire uu crime de ce léger défaut, qui n empêche pas que son grand tableau Un Orage sur les bords de la Loire@, soit un des meilleurs du Salon, tant il est sim-ple de procédé et vrai d'effet. Dans le Retour@, nous retrouvons le peintre original des précé-dentes Expositions, avec un grand progrès dans le dessin des figures. - Son confrère, M. Mé-doin, a pris domicile à Chambaudoin, car il a envoyé Un Semeur à Chambaudoin@, Un Berger à Chambaudoin, et Une Porcine à Chambau-doin@, compositions simples et d'une grande vé-rité. M. Hanoteau, lui, s'est fixé dans la Niè-vre, et il a envoyé cinq Vues de cette province. La plus remarquable Une Prairie sur les bords de la Laudarge Nièvre , a été achetée pour la loterie. Un joli site, Groupe d'Arbres sur le bord de la mer Calvados , a été acheté aussi à M. Desjobert pour la loterie. Nous ne saurions mieux terminer notre revue des paysages qu'en citant la Vue de Rotterdam@, de M. Justin Ou-vrié, si riche de ton, d'effet de lumière, et si parfaite de perspective. M. Saint-Jean est toujours le peintre par excellence des fleurs et des fruits. il n'a envoyé qu'un tableau la Vierge à la Chaise@, médail-lon en bois sculpté@, entouré de fleurs mais qu'il est beau@! quelle vérité@! quelle finesse@! quelle transparence@! Les meilleurs peintres de fleurs paraissent froids quand on quitte ce tableau. Pourtant le Vase de Fleurs et la Pâquerette des Champs@, de M. Regnier, sont deux jolis ta-bleaux pleins de charme, ainsi que le Rossignol et le Paon@, de M. Léon Rousseau. Mais ça ne fait pas illusion comme la peinture de M. Saint-Jean. Citons cependant les Fruits dans un Paysage, joli groupe chaleureusement peint par M. Dussauce. Les marines sont peu nombreuses, et plu-sieurs d'entre elles sont consacrées à la Récep-tion de S. JI. la reine d'Angleterre@@ par S. M. l'Empereur Napoléon III@, à bord du vaisseau LA BRETAGNE, rade de Cherbourg@, le 5 août 1858. MM. Morel-Fatio, Noël et Barry sont les peintres qui ont le mieux rendu le grandiose de cette scène. Dans les huits tableaux de M. Le Poittevin, nous avons remarqué deux pe-tites toiles pleines d'intérêts les Pilotes Hol-landais et la Vigie@. Ce dernier a été acheté pour la loterie. La couleur de M. Suchet se rappro-che de celle de M. Morel-Fatio les values sont bien transparente dans sa Pêche aux Thons sur les côtes de Provence@. Quant à M. Ziem, il a prodigué tous les trésors de sa palette dans ses deux vues de Constantinople@. Les reflets des flots sont ce que nous avons de plus éblouis-sants. Les intérieurs ne sont guère en plus grand nombre que les marines. Le plus célèbre de nos peintres d'intérieurs , M. Danzats, n'a que deux tableaux, mais il s'est montré vraiment coloriste dans la Cour de la maison Coussifa au Caire@. Nous ne parlerons ni de l'ellet perspectif ni de l'exactitnde des détails on sait quelle perfection cet artiste y apporte. Comme perspec-tive, comme entende des ombres et de la lu-mière, nous ne connaissons pas d'intérieur ca-pable d'être comparé à celui de Mme Henriette Browne Intérieur de Pharmacie chez les Soeurs@. L oeil pénètre bien dans les différentes pièces, tout y est visible, l'air et la lumière y circule, on sent que ces religieuses doivent y respirer à l'aise. Il n'en est pas de même de l' intérieur de la Pharmacie du couvent des Capucines de Mes-sine, peint par M. Charles Giraud. Il y fait sombre, triste, l'air et le soleil y manquent. Heureusement, on se sent plus à l'aise vis-à-vis. de l'@Intérieur du cabinet de M. le directeur général des Musées impériaux@, au Louvre, et de l'@Intérieur du Salon de S. A. 1. Mme la prin-cesse Mathilde@, du même artiste. Le regard circule avec plaisir sur les riches lambris de ces deux salons et les merveilles qui s'y trouvent accumulées. M. Th. Frère ne compte que qua-torze vues de l'Egypte. On conçoit qu'il nous est tout aussi impossible qu'au jury d'analyser chacun de ces ouvrages. Nous nous arrêterons seulement à cet intérieur d'@Un Bain au Caire@, d'un charmant effet de lumière et d'une jolie couleur. La Chapelle sixtine pendant la prédi-cation d'un franciscain à la messe@, et devant le pape Pie IX@, par M. Clère, est un tableau qui rappelle M. Ingres. L'effet est savamment mé-nagé, l'ensemble de la composition a ce calme qui convient au sujet, les figures bien dessinées et bien peintes. M. Ricard-Cavaro s'est montré un brillant coloriste en peignant la salle du Sénat de Vénise ses figurent laissent bien à dé-sirer. L'atelier de Paul Delaroche, par M. Roux, est une intéressante composition qui nous mon-tre le grand maître occupé à méditer quelque chef-d'oeuvre nouveau, pendant que deux ou trois élèves travaillent un peu plus loin. VI. PASTELS, AQUARELLES, MINIATURES, PEINTURE SUR PORCELAINE, PEINTURE SUR ÉMAIL ET DESSINS. MM. E. Giraud. - Mme Ceoffier. -M. Sebron. -@Aubin. - Mme Becq de Fuuquières. - Tour-neux. - M. Bouquet. - Mlle M. Paigné. -@Hildebrandt. - Pils. - E. Lami. - Ilamon. -@Français. - Vidal. - Henri. - Baron. - Ed. Moreau. - S. A. 1. la princesse Mathilde. -@Mme Herblin. - Mme Monvoisin. - M. David. - Gave. - Mlle Piédagnel. - Mlle Bloc. -@Mme Cool. - M. Hudel. - Baud. - Corplet. -@Mme Apoil. - M. Heim. - Flandrin. - Bida. - Zo. - Job. - Galimard. - Yerchères. -@Merle. - Michel. - Maillot. - Soulié. - Zier. Le pastel est une des plus agréables expres-sions de l'art, c'est l'un des genres de peintures le plus généralement goûtés du public et dans lequel s'exercent aujourd'hui presque tous les portraitistes. Le maître du genre, M. Eugène Giraud, a exposé plusieurs portraits qui sont moins finis que ceux des années précédentes ils sont un peu trop touchés à la manière des peintres de décors. Nous en exceptons cepen-dant celui de S. A. 1. Mme la princesse Clotilde, dont le @Uni est plus soigné et qui se distingue par une grande fraîcheur de coloris. Les grands pastels de Mme Coeffier sont très beaux de couleur. Le portrait de Mme L est surtout dessiné et modelé avec beaucoup de ta-lent. - Deux autres grands pastels, qui ont at-tiré notre attention, ce sont les portraits de Mme S et de Mme la baronne de C' -', dessinés par M. Sebron. Le bras droit en rac-courci du dernier laisse à désirer, mais le dessin du premier est fin et correct. - Dans de moins grandes dimensions, les trois pastels de M. Au-bin sont d'un crayon fin et@moelleux le@portrait de Mlle A.@@, jeune fille qui tient une levrette en laisse, est d'une couleur charmante. - La Prière@, tel est le titre donné par MmeBecq de Fouquières à son grand pas lei représentant une jeune bretonne agenouillée et priant. Cette grande étude est d'une couleur sévère d'un très bon effet. - Un Point d'Orgue est une jolie composition de M. Tourneiu, qui nous montre le maestro Gabrieli faisant répéter un de ses motets. Ce pas'el à la vigueur d'une peinture vénitienne. - Les Bords du Scorf. près de Lo-rient Morbihan et les Bords de l'Ellc Finistère sont deux bons paysages au pastel, largement dessinés par M. Michel Bouquet les premiers plans sont très rigoureux.@-@Une des élèves les plu@ distinguées de M. Maréchat de Metz, Ml!e Mélanie Paigné, a envoyé trois charmants postels liouqnet de Pavots du Caucase Pavots et Liserons lïouquet de lioses trémières avec li-serons bleus@. Ce dernier est d' un effet, d' un ton délicieux les pétales, les feuilles, ont une transparence qu'on obtient rarement et qu'on ne rencontre guère que dans les tableaux de M. Saint Jean. L'aquarelle qui avait une si grande vogue, il y a une vingtaine d'années, est aujourd'hui un peu délaissée pour le pastel d'un effet beaucoup plus flatteur. Cependant, l'Exposition de 1S U compte encore un bon nombre d'aquarelles, grâce à un artiste prussien qui en a envoyé trente-huit pour sa part@. Trente-huit ! il nous semble que c'est là abuser de l'hospitalité, et nous engageons de nouveau l'administration à limiter le nombre des ouvrages qu'un artiste aura le droit d'exposer. Car admettons que cha-que exposant envoie trente-huit ouvrages, le palais des Champs-Elysées ne deviendra-t-il pas trop petit pour contenir les quarante à cin-quante mille objets qui formeraient alors l'Ex-position@? D'ailleurs, le public aura-t-il le cou-rage de voir avec attention le trente-huit aqua-reiies de M. Hildebrandt@? Oui, sans doute, s'il n'avait que cela à examiner. Mais déjà fatigué par la vue de plusieurs centaines de tableaux, le visiteur, en présence des trente-huit aqua-relles, fera comme le critique, il se retirera effrayé par la besogne d'une telle analyse. Arrêtons-nous à un artiste plus discret, à M. Pils, qui n'a qu'une aquarelle l'@Ecole à feu@, à Vincennes artillerie à pied@, 2@me régiment . Cette composition à toute la largeur d'exécu-tion et la vérité d'action qui distinguent lef oeuvres de ce jeune artiste. Le Bal d'Opéra, êe M. Lami Eugène , a l'éclat des aquarelles de ce peintre qui a mis plus de finesse dans ses autres petits sujets tirés des oeuvres d'Alfred de Musset@, ainsi que dans le médaillon d'un éven-tail peint en collaboration avec MM. Hamon, Français, Vidal et Henri Baron. Les ornements de cet éventail, qu'on dit destiné à l'Impératrice Eugénie, sont dûs au talent de M. Edouard Moreau, aquarelliste très distingué, qui a exposé pour son compte une belle gouache, représen-tant Jésus-Christ reconnu par ses disciples à Emmaàs, et trois médaillons d'une couleur co-quette le Théâtre de l'A mour@, -la Danse,@-la Musique@. Avant de passer à l'examen des miniatures, disons deux mots des aquarelles de S. A. I. Mme la princesse Mathilde. Si Mme Li princesse Mathilde n'est pas la seule personne de son rang qui ait eu des ouvrages à nos expo-sitions, elle est la première qui ait permis d'inscrire son nom parmi les nôtres au livret du Salon. C'est un fait, un progrès que nous tenons à constater. Oui, nous remercions S. A. I. de n'avoir pas déguisé son grand nom sous un pseudonyme, comme si la culture des Beaux-Arts pouvait humilier, ravaler les personnes d'une certaine position sociale nous la félici-tons d'avoir dédaigné un préjugé indigne de notre époque d'avoir, en mêlant ses oeuvres à celles de tous les artistes, relevé l'art dans l' o-pinion d'un monde pour qui le mérite, le talent, ne sont rien anprès@de ces avantages de hasard la naissance et la fortune. Les trois aquarelles de S. A. I. sont des portraits grands comme nature ils ont la vigueur de peinture à l'huile, on y retrouve les qualités et les défauts du pro-fesseur M. E. Giraud. Les portraits de la prin-cesse A.@@, et de Mlle V.@@, sont largement peints, mais nous voudrions un peu plus d'étude dans le modelé. Nous préférons, sous ce rapport. la copie d'après Rembrandt, qui est rendue avec une richesse et une justesse de ton que tout le monde a appréciées. Les miniatures sont assez nombreuses, assez remarquables, et celles de Mme llerbelin occu-pent comme toujours la première place. Des six. portraits, celui de@Rossini est des plus ressem-blants et des mieux peints. Les trois médaillons de Mme Monvoisin sont aussi des miniatures d'une grande finesse de modelé, et les douze portraits de M. Maxime David se recomman-dent surtout par le charme du coloris. Enfin, les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, commandés par le ministère d'Etat, à M. Gaye, sont de grandes et belles miniatures qui rappel-lent parfaitement les tableaux d'après lesquels elles ont été peintes. Il y a, cette année, peu de peintures sur por-celaine. Celle exposée par Mlle Piédagnel nous a paru d'une grande finesse de ton et de dessin. C'est une copie du beau portrait d'@Elisabeth de France@, par Rubens. La réconciliation de Jacob@, d'après Pierre de Cortone, est d'une exactitude de dessin et de coloris qui fait honneur à Mlle Bloc. Nous en dirons autant des deux plaques de Mme de Cool l'une, est une copie de la Vierge à la Grappe@, d'après Mignard l'autre, la Naissance de Louis XIII@, d'après Ruben . Quant au Labourage Nivernais@, d'après Rosa Bonheur, par M. Hudel, c'est un peu trop ilou et trop rosé de ton. Quelques émaux méritent d'être mentionnées d'une manière toute particulière c'est d'abord Agar, d'après le Dominiquin, par M. Baud -Adam et Eve, d'après Raphaël, par M. Corplet - et l' Enlèvement de Déjavire@, d'après Guido Réni, par Mme Apoil. Quant aux dessins, ils sont toujours très nom-breux et généralement assez remarquables. A tout seigneur tout honneur. Nous commence-rons par l'examen des dessins de M. Heim, de l'Institut, l'auteur des grandes et belles pein-tures historiques et de l'intéressante collection de portraits dessinés au crayon noir, aujour-d'hui placée au Musée du Luxembourg. C'est la continuation de cette série des portraits des membres de l'Institut que nous trouvons expo-sés au nombre de soixante-quatre. Ces dessins sont des études qui n'ont pas le léché des oeu-vres qui plaisent aux bourgeois et aux élèves des pensionnats, mais ils ont cette vigueur de crayon, cette vérité de physionomie que recher-che l'artiste. Ceux de ses portraits qui nous ont le plus frappé comme ressemblance, ce sont ceux de MM. Horace Vernet, Dumont, Lafuel, Abel de Pujol, Nieuwerkerke, Mercey et Nanteuil. - Les dessins de M. Paul Flandrin sont plus soignés que ceux de M. Heim, et cela devrait être puisqu'ici ce sont des portraits bourgeois et non des études pouvant servir à un tableau dans le genre de celui représentant le Roi Charles X distribuant des récompenses aux ar-tistes à la fin de l'Exposition de 1824. Les por-traits de M. P. Flandrin sont dessinés avec une grande pureté et une grande finesse. M. Bida, dont les dessins ont le fini et le charme de la gravure, a trois grands dessins aussi remarquables sous le rapport de la compo-sition que sous celui de l'exécution. Ce sont de véritable peinture tant le crayon de cet artiste a de couleur, tant il a d'harmonie dans les effets de lumières. Le plus magnifique des trois c'est la Prédication maronnite dans le Liban@'M scène est des plus imposantes. Le Corps de Gardes d'Arnautes@, ait Caire@, dessin acheté pour la loterie, est charmant il réunit des types d'un caractère original. - Les dessins de M. Achille Zo se raprochent beaucoup de ceux de M. Bida la Devineresse nous plaît moins que les Aven-turiers où se trouvent toutes les qualités de ce peintre dessin correcte, vigueur de ton et com-position bien ordonnée. Mais comme vigueur de crayons nous citerons surtout deux dessins au fusain de M. Verchères de Reffye ce sont deux études habillement touchées et intitulées, l'une Souvenir de la Corrèze@, l'autre Souve-nir du Dauphiné@. L'auteur p de la Léda@, M. A. Galiraard, n'a exposé qu'un carton à la sanguine La Sainte Vierge Marie en adoration@. Nous espérions trou-ver au Salon le tableau qu'il a peint pour la cha-pelle des Tuileries il n'aura pas été possible, sans doute, de le déplacer nous le regrettons. Le carton que nous avons sous les yeux se distingue par le stYle religieux que M. Galimard entend si bien il a été composé pour un vitrail d'une chapelle de l'église Saint-Philippc-Ju-Houle.-@Nous avons aussi remarqué l'Annonciation@, la Visitation@, la Nativité@, cartons dessinés avec talent par M. Job, qui s'est montré aussi bon coloriste que bon dessinateur dans quatre ta-bleaux qu'il a exposés Jeune Fille de Brientz canton de Berne , Au Temple pendant la Prière@, Scène de la vie de Cottage Etats-Unis d'Améri-que , et Jésus Christ en Flandre@. Nous ne pouvons quitter les peintures et les dessins sans attirer l'attention du lecteur sur une composition de M. Merle et que l'auteur a intitulée Mort de l'Amo'ir. C'est une pluie d'or qui a tué l'Amour qu'on voit gissant aux pieds d'une jeune et belle femme, presque nue et mol-lement couchée. La couleur est jolie, le dessi n élégant, les raccourcis bien réussis. Cet artiste a encore deux bons tableaux Bepos de la Sainte Famille en Fgypte@, et la Lecture de la Bible@. -@M. Charles Michel est un peintre qui a le senti-ment des sujets religieux. Sa Vierge aux Anges est une conception sage et gracieuse le style est simple et la couleur agréable. Il y a dans le Crucifiement grande composition du même artiste un groupe très remarquable c'est celui de saint Jean qui éloigne de cette scène la Vierge et la Madcteine. - Un autre grand ta-bleau, Saint-Antoine de Padoue@, peint par M. Maillot, est d'un coloris puissant dans la ma-nière de l'école espagnole la tête du saint est pleine d'expression..- Dans le genre familié, nous avons aussi remarqué une composition charmante de naïveté peinte avec talent par M. Soulié c'est une Jeune Fille effeuillant une Marguerite@. - Enfin, nous terminerons en ci-tant le joli Portrait de Mlle Léonore L@.@@, par M. Victor Zier, d'une grande ressembla@it et d'un modelé nature. VII. SCULPTURE ET GRAVURE EN MÉDAILLES@ MM. Farochon. - Clésinger. - Grabowski. - Tra-vaux.@-@Loison.@-@Oudiné.@-@Eude. - G. Crauck. - Prouha. - Chambard. - Lanzirotti. -@Courtet. - Maillet. - Millet. - Chatrousse. -@Ktex.@- Gruyère.@- Desprey. - Cheva!ier. -@Moreau. - Clère. - Debay père. - Lepère. -@Carpeaux. - Marcellin. -@Allasseur. - Gumery. - Ramus. - Poitevin. - Cocheret. - Garnier. - Begas. - Montagne.@- Lequesn1, - Rochet. - Lebarivel. - Ferrât. - Badiou. -@Diebolt. -@- Carrier. - Montagny. - Foyatier. - Jean Debay. - Fabisch. - Mène. - Rouillard. -@Delabrière. - Oliva. - Desprey. - Isclin. -@Cavalier. - Nieuwerkerke. - Dantan aîné. -@Dantan jeune. - Dieudonné. -. Robinet. -@Pollet. - Mathieu-Mcusnier. - Vilain. L'Exposition de sculpture donne lieu, cette année, à des jugements curieux. Selon quel-ques critiques, la statuaire surpasse en mérite, cette fois encore, l'Exposition de peinture elle oil're, malgré les nombreux ouvrages qui la composent, peu de médiocrités. Selon d'autres, au contraire, elle marche à sa décadence en vi-sant à l'idée, à l'esprit, au pittoresque. Il y a là évidemment erreur. Il ne faut certainement pas, en sculpture surtout, sacrifier la forme à l'idée, parce qne la statuaire est, avant tout, un art essentiellement plastique. Mais vouloir proscrire l'idée, voire même l'esprit des oeuvres de sculpture, ce serait porter atteinte au senti-ment, à l'expression, et réduire la statuaire au rôle assez insignifiant d'un détail d'architecture. Si la sculpture des anciens est si calme, si peu vivante si, chez eux, la forme a cette simpli-cité et cette pureté de contours qu'on appelle le beau idéal, parce que, en etfet, c'est une forme de convention arrangée pour être en harmonie avec les contours, avec la forme, avec les lignes sévères de l'architecture grecque ou romaine si, disons-nous, les statues antiques ont pres-que toutes l'aspect calme, sévère, c'est que les anciens ne faisaient que de la statuaire mo-numentale, de la statuaire devant s'adapter, se marier au style du monument dont elle était un des détails architecloniques. Au lieu que, de nos jours, les monuments n'étant plus exclusi-vement d'architecture grecque ou romaine, la sculpture monumentale doit prendre le carac-tère des différents styles des monuments à la décoration desquels elle concourt. Puis, de nos jours, il y a une sculpture qui était inconnue aux anciens , sculpture isolée, indépendante, destinée aux galeries, aux musées, aux collec-tions d'oeuvres d'art. Ici, l'artiste n'a à s'oc-cuper d'aucun style, d'aucun entourage. Le vaste champ de l'imagination est à lui tout en-tier il peut choisir un sujet gracieux ou dra-matique, le traiter dans le style académique, ou l'exécuter dans la manière de Jean Goujon, de Puget, de Coustou, etc. L'Exposition actuelle de sculpture accuse donc un progrès irrécusable pour quiconque a observé la marche que les Beaux-Arts ont suivie depuis trente ans. Sous le premier Empire, sous la Restauration, tous les ouvrages de sculpture se ressemblaient ils étaient tous des imitations plus ou moins adroitçs de-l'antiaue. Les sculp-tures gothiques, renaissances, celles des règnes de Louis XIV et Louis XV étaient oubliées, mé-ou b liées, m ë-prisées, reléguées dans les greniers, dans les magasins de l'Etat. L'artiste, à cette époque. ne faisait que du grec ou du romain il vous aurait ri au nez si vous lui aviez demandé une statue gothique, par exemple. Il ne sortait pas -de l'antique, quelle que fût la destination de l'oeuvre qu'on lui commandait nos monu-ments publics sont pleins de ces anachro-niques. Il n'en est plus de même aujour-d'hui les artistes de la Bouvelle école ont étudié tous les genres, tous le's styles beau-coup d'entre eux traitent avec le même talent une statue gothique ou renaissance, une figure dans le goût Louis XIV ou Louis XV, et si, 'lorsqu'il fait une commande, l'architecte avait 'fe soin de dire dans quel style le travail doit être exécuté, il éviterait bien des anachronis-mes qu'on rencontre et qu'on rencontrera longtemps encore parmi les Sculptures qui dé-corent nos monuments. Mais, dira-t-on, ces divers avantages ont été acquis aux dépens de l'étude du style antique qu'on a négligé, sinon abandonné - Nouvelle erreuT, et, pour s'en convaincre, il suffira de comparer les statues de. ce genre faites de nos jours à celles faites sous l'Empire et la Restau-ration. A tous les points de. vue de l'art et du goût, ces dernières ne peuvent soutenir la com-paraison. Bien que les deux maîtres qui excel-lent dans ce genre, MM. Dùret et Duraont@ n'aient rien à l'Exposition, nous trouverons ce-pendant dans les sculptures exposées quelques statues qui attesteront qu'à aucune époque on n'a su mieux comprendre le style grec dans la statuaire, malgré notre goût et nos études pour les autres genres de sculpture. La Mère@, groupe en marbre exécuté par M. Farochon, est une charmante composition des-tinée aux salons de réception de M. le président du Sénat au palais du Luxembourg. Cette jeune femme préside à la naissance intellectuelle de deux bt-aux enfants qui l'écoutent avec la naï-veté curieuse de leur âge. M. Farochon nous prouve que, dans le modelé d'une figure, on peut être vrai, être nature et avoir du style. Tout est joli, gracieux dans ce groupe tout y est rendu, étudié avec une facilité d'exécution peu commune. C'est, à notre avis, l'oeuvre la plus complète de l'Exposition de sculpture. Nous trouvons ce groupe bien supérieur a@m statues de Sapho envoyées de Rome par M. Clé-singer, et dont la réclame avait fait tant de bruit avant l'ouverture du Salon. Le dernier envoi fait par cet artiste n'est pas porté au Livret il se compose de deux bustes en marbre colorié, et d'une statue de Sapho@, aussi en marbre et coloriée. C'est avec chagrin que nous voyons un sculpteur de mérite cher-cher des trucs, des ficelles pour attirer l'atten-tion du public. N'est-ce pas un malheur de voir badigeonner une si belle et si précieuse ma-tière que le marbre, de voir elracer, anéantir, sous une couche de couleur, l'étude du modelé, le talent du statuaire@? Et pour atteindre quel résultat@? Pour arriver à donner à une statue en marbre l'aspect de ces ignobles figures de cire. qu'on montre dans les foires ou qu'on voit aux. étalages des perruquiers-coiffeurs. Autant nous aimons la vie, la conleur données au marbre par le ciseau de l'artiste, autant notre goût est blessé par la vue d'uae statue, - et surtout d'une statue en marbre, - dont les nus sont peints en couleur de chair. le manteau en bleu et les cheveux d'un ton châtain. Nous ne vou-drions de sculpture polychrôme que lorsqu'elle est destinée à un monument d'architecture po-lychrôme, parce que, avant tout, nous tenons à l'unité du style mais, en dehors de ces condi-tions, nous demandons qu'on laisse au talent du statuaire la difficile mission de donner la vie et la couleur au marbre, sans autre ressource que la science du modelé et l'habileté du ci-seau. Nous l'avons dit plus haut, M. Clésinger a trois Saphos à l'Exposition. Ne pouvant parler du mérite de la plus grande de ces statues, de celle qui est coloriée, puisque le modelé a dis-paru sous un badigeon, nous ne nous occupe-rons que des deux autres. Pourquoi l'auteur a-t-il intitulé la plus petite des trois statues .Jeunesse de Sapho@? Elle n'a pourtant pas fa physionomie plus jeune que les deux autres le sentiment qu'elle exprime est le même c'est le chagrin, le découragement. Du reste, cette statuette est l'oeuvre la plus faible de M. Clé-singer, qui s'est montié plus praticien dans l'exécution de Sapho terminant son dernier chant@. Il y a de la verve dans cette composi-tion, mais la tête manque de caractère, et les draperies de style. Nous préférons la Zingara cette danseuse au tambour de basque n'est pas légère c'est une belle et forte Italienne qui danse avec un abandon tout méridional. Le mouvement est juste, les nus grassement mo-delés et les grandes difficultés d'exécution heu-reusement surmontées. Mais ce que nous pré-férons par-dessus tout, c'est d'abord son Taureau romain qui a les beautés d'une oeuvre de l'an-tiquité, et ensuite ses bustes non coloriés, largement modelés, de deux belles Italiennes. Depuis la Sapho de Pradier, c'est à qui trai-tera ce sujet. Cette année, nous en comptons six, y compris les trois de M. Clésinger. La Sapho de M. Grabowski est assise sur le rocher d'où bientôt elle se précipitera dans les flots, car de sombres pensées sont empreintes sur ses traits. Cette figure n'est peut-être pas tout à fait dans le caractère du su jet, mais le marbre est très habilement exécutée. M. Travaux a composé sa Sapho pour l'une des niches de la cour du Louvre cette figure en marbre est d'un bon sentiment, le torse est bien modelé et les dra-peries agencées avec goût. La Sapho la mieux comprise est celle de M. Loison Sapho sur le rocher de Leucade@, statue en marbre destinée sans doute aussi à l'une des niches de la cour du Louvre. Cet artiste a été moins heureux en représentant Pénélope apportant à Ulysse son arc et ses flèches@, aa moment-où le héros va partir pour la guerre de Troie. Le mouvement est faux Pénélope n'apporte pas l'arc au contraire, elle est au repos et s'appuie dessus les draperies sont par trop mouillées enfin, cette statue sent le poncis académique. Puisque nous sommes en face de figures com-mandées pour la cour du Louvre, continuons l'examen de toutes celles qui ont cette desti-nation. Pour le moment, nous n'examinerons pas si ces statues, destinées à la décoration du même monument, sont en rapport les unes avec les autres, si elles sont composées et exécutées dans le style de l'architecture de l'édifice et des sculptures du temps qui font partie de l'orne-mentation. Nous ne nous occuperons que du mérite de chaque statue. - La Uelhzabée de M@ Oudiné est bien certainement la meilleure des dix ou quinze figures faites pour le Lou-vre. La pose est gracieuse, la tète jolie, les formes fines, élégantes le torse et les jam-bes sont d'un modelé vrai et gras. M. Oudiné est un des artistes auxquels nous faisions allu-sion au début de ce chapitre. Son talent se plie à tous les styles, ainsi que l'atteste ce groupe en marbre commandé pour l'église de Tournemire Aveyron . La Vierge et @VEnfant Jésus ont le caractère des sculptures gothiques sans eu avoir la raideur les nus sont bien étudiés les dra-peries, agencées avec goût, ont une souplesse dont la sculpture ollre de rares exemples. Le bas-relief@en marbre, Ave Maria@, est encore une gracieuse composition de style gothique. Après avoir parlé du statuaire, parlons maintenant des médailles exposées par le même artiste, car M. Oudiné est surtout graveur en médailles, et il a réuni dans un même cadre onze médailles d'une grande finesse de modelé et d'une grande pureté d'exécution. - Deux statues d'@Omphale ont été commandées pour le Louvre. Celle de M. Eude est bien dans le caractère, bien po-sée et les chairs grassement modelées la pose de l'Omphale de G. Crauck est plus recher-choc le petit Amour qui tient la massue est par trop petit néanmoins, cette composition est gracieuse, exécutée avec talent et mieux étudiée que celle de Bacchante èt Satyre@, du même artiste. M. G. Crauck a encore deux bus-tes en marbre d'une grande ressemblance et une statuette en bronze représentant le Maré-chal Pélissier@, duc de Malakoff@. Le Louvre aura non seulement deux et peut-être trois Omphale@, mais il aura aussi deux Mases de @VInspiration. Si l'inspiration a élu domicile quelque part, c'est certainement au Louvre, et les@deux muses yscront très judicieu-sement placées. La Muse de l'Inspiration@, de M. Prouha, n'est pas celle qu'invoquent les poètes et les artistes, celle qui est l'inspiration même, celle qui inspire. Son mouvement indi-que, au contraire, qu'elle cherche, qu'elle at-tend l'inspiration. Comme la statue de Jeanne d'Arc de Rude, la muse de M. Prouha penche la tète, approche la main de l'oreille, écoute la voix céleste de l'inspiration. Cette figure doit être une muse quelconque qui a besoin d'être inspirée, mais, à coup sur, elle n'est pas l'inspi-ration même il y a là erreur de nom. -@Nous préférons, sous tous les rapports, l'inspiration de M. Chambard il y a de l'exaltation dans le regard, de l'inspiration dans l'expression gé-nérale de la figure la pose est noble, la dra-perie est traitée dans le goût de la renaissance, ce dont nous loueront l'artiste, puisque cette sculpture doit s'allier à une architecture renais-sance. M. Chambard a une seconde statue d'un tout autre caractère c'est une Bacchante@, mais une vraie bacchante, dansant avec la gaîté, l'entrain, la folle ivresse inhérente à sa nature. - La Pcnsicrosa@, dont le modèle en plâlre figu-rait à l'Exposition de 1857, a été commandé en marbre pour le Louvre à M. Lanzirotti. C'est un premier succès que vient justifier une con-sciencieuse exécution en marbre. Cette jolie figure a gagné à être reproduite en marbre on en apprécie mieux la finesse et la vérité du modelé. Ces qualités sont surtout très remar-quables dans l'@Esclave@, statue en bronze du même sculpteur. Il règne sur cette figure un sentiment de douce mélancolie@qui impressionne, un charme dans l'élégance des formes qui séduit tout d'abord. Un buste en plâtre et deux mé-daillons en albâtre très ressemblants, complè-tent l'exposition de M. Lanzirotti. Nymphe@@@.@-@laquelle@?@-@l'artiste, M. Courtet, n'en sait rien lui-même puisqu'il ne le dit pas mais cette nymphe, destinée au Louvre, est bien maniérée elle pose mal et les bras sont mal attachés. Puis, pourquoi cette plinthe dé-coupée et à baguettes, quand celles des autres figures sont droites, pleines, unies@? Nous en-gageons M. Courtet à traiter plus sérieusement à l'avenir la sculpture monumenlalc.@-@L'@Abon-dance@, de M. Maillet, est mieux comprise et bien autrement modelée. Ce modèle en plâtre, que nous avions vu déjà dans la niche d'essai au Louvre, nous paraît préférable à cette autre sta-tue en plâtre du même artiste Ayrippine por-tant les cendres de Germanicus@. - L'auteur de @@VAriane@, dont nous avons fait l'éloge il y a deux iins M. Millet, a fait une statue de Mercure pour le Louvre mais, hélas@1 nous ne pouvons plus louer, c ir @mus ko connaissons rien d'aussi maniéré que ce Mercure qui va danser un' menuet. Pourquoi cette figure, qui est bien modelée, n'a-t-elle pas la pose aussi naturelle que celle de la statuette en marbre de Mme M. R. du même sculpteur@? - M. Chatrousse est plus simple, et il a raison. Sa figure, comman-dée pour le Louvre, l'@Art chrétien@, est sagement composée, sobre d'effet et de mouvement, comme il convenait au sujet. L'artiste a mis plus d'expression, de mouvement dans la statue en marbre Résignation@, commandée pour l'église Saint-Sulpice. La tête est pleine de sen-timent elle est, ainsi que les mains, d'une grande vérité de modelé. Nous avons revu avec plaisir le groupe d@@Héloïse et Abeillard@, que nous avions vu en plâtre au Salon de 1857. Cette charmante composition est plus sédui-sante encore en marbre les détails ont plus de délicatesse, le modelé plus de finesse. - Com-ment M. Etex a-t-il accepté de reproduire pour le Louvre deux types de la beauté antique Hélène et Paris@, deux figures contraire à la na-ture de son talent@? Aussi, voyez quels traits, quelles formes et surtout quelles mains@! des mains à faire envi aux romains de la Porte-Saint-Martin. Qu'on demande à M. Etex un for-geron, un cultivateur, un type vulgaire ou éner-gique, rien de mieux, mais le beau Pâris, mais la belle Hélène, cela n'était ni dans son goût ni dans sa manière. Nous ne parlerons pas de sa Douleur maternelle@. Il y a dans ce groupe en marbre une intention de sentiment, mais 1 exécution est plus faible encore que celle des deux précédentes statues. C m nc Gruyère s'est montré bien supé-. rieur dans une composition du même genre la Tendresse maternelle@l Tout s'explique facile-ment, tout est gracieux, tout est joli et étudié dans ce groupe - La Béatitude maternelle@, autre groupe dans le même sentiment, par M. Desprey, est non moins gracieux, non moins étudié l'agencement des draperies a du style.@-@M. Chevalier a eu le malheur d'avoir un mar-bre affreusement vainé, ce qui nuit au bon effet de son groupe de la Jeune Mère@, auquel cepen-dant il a mis son savoir de praticien. La tête du jeune enfant est bien modelée. -Une des figures des plus gracieuses et des mieux réussies, c'est la statue en bronze la Fi-leuse@, de M. Mathurin Moreau. Cette statue peut aller de pair avec le groupe de M. Faro-chon comme style et comme modelé. Aussi la j commission de la loterie s'est elle empressée de l'acheter. - La Vénus agreste@, de M. Clèrc, 4 est une bonne étude en marbre la pose est gracieuse, mais les formes un peu lourdes, quoi-que bien modelées. - Nous ne ferons pas ce reproche à M. De Bay père les formes de cette jeune fille le Choix difficile sont sveltes, cor-rectes, élégantes, mais d'un modelé qui rappelle la sculpture de l'Empire. Passé@, Présent@, Avenir@, tel est le titre d'un projet de monument du même artiste,, composée avec beaucoup de goût. - Nous retrouvons ici deux ligures que nous avons vues dans les envois des pensionnaires de l'école de Rome nous voulons parler de la sta-tue en marbre de Lysias, reine de Lydie@, femme du roi Candaule@, par -NI. Lepère, et de la statue en bronze alors appelé l'@Enfant au Coquil-lage@, auiourd'huï simplement Jeune Pécheur@, par M. Carpeaux. Nous avons dit, il y a neuf mois, notre opinion sur ces deux ouvrages nous avons critiqué les formes un peu lourdes, un peu ronde de Lysias, et nous avons loué la grâce, l'expression et la finesse de modelé du jeune pêcheur. Nous avons également parlé, dans notre revue du Salon de 1857, du groupe de M. Marcellin le corps de Zénobie@, reine d'Arménie@, retiré de l'Araxe@. Ce groupe, qui était alors en plâtre, a beaucoup gagné sous le rapport du modelé depuis qu'il est traduit en marbre. - Nous en dirons autant du Moïse sauvé des eaux, que nous revoyons en mar-bre, exécuté par M. Allasseur avec le fini le plus consciencieux. Parmi les figures d'étude, il faut citer, en première ligne, Un Moissonneur@, statue en bronze de M. Gumery la pose est simple, na-turelle les nus, d'un modelé ferme et vrai. Nous aimons moins la Persévérance et la Bien-faisance, statues en marbre destinées à un ton-beau mais la Fontaine de l'Amour est uns gracieuse petite composition du même auteur puis, une statue de David, par M. Ramus, qui a aussi une charmante petite figure en marbre Jeune Pâtre jouant avec un chevreau@. Ces deux marbres sont modelés avec le soin et le talent bien connus de l'artiste. - Le Joueur de Billes@, statue en bronze de M. Poitevin, est une figure bien étudiée, qui rappelle par trop le Joueur de Billes@, de M. Frison. - La Prière est une petite statue en marbre à laquelle M. Cocheret a donné tous ses soins la pose est simple, gracieuse, la tête jolie et d'une char-mante expression. - Le Pécheur endormi@, de M. Garnier, est une figure d'étude qui se rc-commande par la conscience et la vérité du modelé. - Le groupe en plâtre de M. Begas est à peine ébauché, mais il intéresse par l'origina-lité de l'idée et la vérité de l'expression. li re-présente Pan consolant Psyché@. Nous ne chica-nerons pas M. Begas sur l'intervention de Pan pour consoler la curieuse Psyché nous nous bornerons à décrire sa composition. Assis et nonchalamment accoudé sur un tertre, Pan, avec un sourire goguenard, semble donner les conseils de sa grande expérience à la pauvre Psyché, qui pleure sa faute. - La Rebecca, de M. Montagne, est une des meilleures figures du Salon. C'est le beau type juif, le type biblique l'agencement des draperies est bien dans le caractère oriental la pose est noble et simple. Cette statue est largement modelée. Les sujets de l'histoire contemporaine sont peu nombreux. M. Lequesne a reproduit en marbre la statue du Maréchal Saint-Arnaud@, destinée au Musée historique de Versailles, et M. Louis Rochet a fait fondre, en bronze et ar-gent, la petite statue de Napoléon Bonaparte@, écolier de Brienne 1794 , dont les modèles en plâtre avaient été exposés au Salon de 1857. - La statue en marbre exécutée par M. Leha-rivel-Durocher est destinée au tombeau du cé-lèbre architecte du Louvre. Visconti est repré-senté couché, accoudé sur le bras gauche, la tète baissée et le regard porté sur un plan du Louvre qu'il tient dans la main droite. Le cos-tume du membre de l'Institut prête peu à la statuaire mais, en y ajoutant un manteau, l'artiste aurait pu tirer un meilleur parti, ob-tenir des masses plus larges et d'un ellet 1. monumental. - Si l'effet est plus monume@ tal, dans la statue en marbre du jurisconsulte Tronchet, nous reprocherons à son auteur, M. Ferrât, une exécution un peu trop sèche et an-guleuse. - Le modelé du groupe en marbre de M. Badiou de Latronchère est plus vrai. Le plâtre de ce groupe, qui représente Ilaiiy, fon-dateur de l'institution des Jeunes-Aveugles@, était à l'Exposition de 1857. Une statue de la Prodigalité@, du même artiste, est bien infé-rieure à cette oeuvre et comme composition et comme exécution. - Les modèles en plâtre du Grenadier de ligne et du Zouave en tenue de campagne@, exécutés par M. Diebolt au pont de l'Alma, sont deux types bien choisis nous félicitons l'artiste de ne s'être pas cru obligé de prendre des figures laides et canailles, comme tant d'autres le font, pour représenter nos sol-dats. La laideur n'ajoute rien au courage elle n'a que le triste avantage de déplaire et d'ef-frayer les enfants. - M. Carrier a entrepris une tâche difficile dont il s'est heureusement tiré en représentant la Mort du général Desaix à la bataille de Marengo le 14 juin 1800. Ce groupe est bien disposé l'action s'explique bien le mouvement de Desaix est vrai, le geste noble et ex pressif. L'effet de l'ensemble est très satisfai-sant. M. Carrier a encore un joli groupe en bronze, Jupiter et Ilébé@, et quatre bons bustes. En dehors des sculptures religieuses déjà mentionnées dans ce chapitre, nous devons ci-ter le modèle en plâtre d'une statue de la Vierge et l'Enfant Jésus@, commandée à M. Montagny pour une église de Saint-Etienne Loire . L'a-gencement des draperies est joli et d'un style sévère les têtes, les mains son t modelées avec soin. - L'auteur de l'un des chefs-d'oeuvre de la statuaire moderne, de l'ceuvre la plus con-nue, M. Foyatier, l'auteur de Spartacus@, a ex-posé, cette année, une statue d'un tout autre caractère @Y Immaculée Conception de la Sainte Vierge@. Le Livret ne dit pas quelle est la desti-nation de cette nouvelle production du célèbre sculpteur. - Saint Ihibaud@, patron des mi-neurs de Commentry@, est une petite statue en marbre exécutée avec le goût et le talent que tout le monde reconnaît à M. Jean De Bay. N'oublions pas son étude en terre cuite le Pe-tit Vendangeur@, charmante et spirituelle con-ception qu'on s'est empressé d'acheter pour la loterie. - M. Fabiscli a exposé le Sauveur@, statue en marbre qui nous rappelle le Christ aux plaies@, de M. Emile Thomas, artiste qui a renoncé, depuis 1855, à envoyer ses ouvrages au jury des Expositions il a pris la détermina-tion de @hs exposer dans son atelier. Nous y avons vu dernièrement une oeuvre très recom-mandable au point de vue de l'art. On pourrait appeler cette statue la Femme à la Chaise@. C'est une femme déjà d'un certain âge, simple-ment vêtue, debout, légèrement agenouillée sur le bord d'une chaise ordinaire, les mains jointes et appuyées sur le dossier cette femme fait sa prière. Cette statue, qui sera fondue en bronze, est destinée, dit-on, à un tombeau du Père-Lachaise, où certainement elle produira beau-coup d'effet, tbnt il y a de vérité et d'expression dans cette figure. Pour la reproduction des animaux, M. Mène a toujours le même succès il a exposé de charmants petits groupes de Chevreuils Ju-ment et Chien Chienne et ses Petits@. Ce dernier sujet a été traité@, dans de grandes dimensions, par M. Rouillard mais ici, c'est une Chienne-Dogue de forte race avec ses Petits elle aboie avec fureur et défend l'approche de ses petits. Ce groupe, si vrai, si vigoureusement modelé. a été commandé à son auteur pour décorer l'un des côtés de l'escalier de la cour des écuries de l'Empereur, au Louvre. - Un autre groupe, non moins vrai, non moins bien exécuté, c'est celui de M. Delabrierre Une Panthère de l'@Inde dévorant un Héron@. Les bustes et les statuettes occupent la ga-lerie du haut qui donne sur le jardin, et dans laquelle ils seraient très bien éclairés s'ils étaient placés moins bas. Nous l'avons dit et nous le répétons à dessein, les bustes sont modelés pour être vus à hauteur d'homme et non à hauteur de ceinture. Tout le monde l'a senti, et quel-ques artistes, MM. de Nieuwerkerke, Clésin-ger, Oudiné, ont obtenu la faveur d'exhausser à la hauteur convenable les bustes qu'ils avaient exposés. Il est donc permis d'espérer qu'à la prochaine Exposition les bustes et les statuettes seront tous posés sur uns estrade plus élevée que celle de cette année. Beaucoup de nos meilleurs statuaires n'ont exposé que des bustes, et c'est de ces bustes que nous allons parler. Deux bustes de M. Oliva ont surtout attiré l'attention des praticiens, et les opinions sont restées partagées. A notre a vis, il y a deux espèces de bustes, et ils demandent à être traités d'une@manière diflérente. Le buste mo-numental, celui qui fait partie de la décoration d'un monument, doit avoir un certain style, qu'il serait ridicule de donner aux bustes qui ne sont que des ressemblances, de simples por-traits d'individualité. La principale des condi-tions pour ceux-ci, c'est la vérité, la vie, la phy-sionomie, et, sous ce rapport, quoi de plus rai, de plus vivant que le Buste en marbre de II. de Mercey'l N'est-ce pas là son regard ob-servateur, son air doux, réfléchi@? Et quelle exé-cution ! c'est aussi hardi et plus fini que les Justes si célèbres de Caftieri. Nous savons qu'on i fait un reproche à M. Oliva d'avoir imité ce maître nous, nous le félicitons d'avoir fait lussi bien que lui sans l'avoir copié et avec d'autres procédés. - Un buste qui est encore bien vivant, c'est celui d'un bon vivant, d'un gros réjoui, modelé avec une grande vérité par M. Desprey. - Les Bustes de Al. J.-N. Bonaparte@, de N. J.-N. Bonaparte@, lieute-nant au 1@er@chasseurs d'Afrique, par M. Iselin, se rapprochent de la manière de faire de M. Oliva, surtout dans le Buste en marbre de Picard. - Si l'exécution des bustes de M. Ca-vali er est moins hardie, ils sont toujours sa-vamment modelés témoins ceux de M@. IIen-riquel-Dupont et de Ary Scheffer@.. - Le Por-trait de Mme F.@@, que nous avons quelquefois rencontrée dans le monde, est un buste très gracieux, très ressemblant, dû au ciseau de M. Nieuwerkerke, ainsi que celui de S. A. la prin-cesse Murât@, non moins bien modelé. - Les Bustes de l'Empereur et de l'Impératrice@, com-mandés à M. Pollet, sont des marbres travaillés avec soin. - tt y a plus d'étude, plus de fermeté dans l'exécution du Buste du générnl de divi-sion comte de Guyon, par M. Dieudonné des Bustes de JI. Coste@, de M@. Iluzard@, membres de l'@Institut@, par M. Robinet du général Per-rin-Jonquière@, par M. Dantan aîné de M. Bi-neau@, ministre des finances@, par M. Dantan jeune, et de M@. Sainte-Beuve@, par M. Mathieu-Meusnier. - On comprendra qu'ayant exposé un Buste en marbre au peintre de Walteau@, qui nous a été commandé par le- ministère d'E-tat, nous nous abstenions de toute observation sur ceJui exposé par notre confrère, M. Vilain, commandé également par le ministère d'Etat. -Parmi les statuettes exposées, - il, en est plu-sieurs sur lesquelles nous n'avons pas à nous prononcer, puisqu'elles sont des réductions de statues dont nous avons parlé dans notre revue du Salon de i857 telles sont la Psyché et la Chaste Suzanne@, statuettes en marbre par M. Hu-guenin, et la Jeune Fille à sa toilette, statuette en bronze par M. Frison. - Quant à M. Fre-miet, c'est le Raffet de la sculpture personne ne touche mieux que lui les statuettes@nes trou-piers français. Il a exposé un Cent-Garde@, un Artilleur de la Garde@, un Zouave de la Garée, un Sapeur@, un Chasseur à cheval@, un Hussard@, un Cheval de tfroupe@, toutes statuettes en bronze commandées pour la collection des différentes armes de l'armée française. VIII. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE MM- Mercury. - François. - E. Girardet.@- Jouannin. - Lefèvre. - Nyon. - Leroy. - Brévière. - Rif-faut. - Aubry. - Lecomte. - Mouilleron. - Sou-lange-Tessier. - Raffet. - Marc. - Sudre. La gravure est un art dans lequel l'habileté du métier tient la première place aussi ya-t-il plus d'une manière de l'apprécier. Dans l'exa-men d'une estampe, le graveur se préoccupe, avant tout, de la valeur et de l'intelligence des tailles les peintres, les artistes, en général, donnent la préférence aux gravures qui repro-duisent le plus fidèlement 1 effet, la couleur du tableau, et jusqu'à la touche du maître, quelle que soit la nature des tailles du burin et des procédés employés les amateurs, comme les marchands, recherchent les estampes rares, an-ciennes, qui se paient cher, les épreuves avant la lettre, les tirages blonds ou vigoureux, selon le goût du moment. Sous le rapport de la parfaite entente des tail-les, la plancne de M. Mercury est sans repro-che, mais elle ne rend pas complètement la couleur de la Jane Gray@,@de P. Delaroche. Nous voudrions un peu plus de fermeté, un peu plus de vigueur. - M. François semble avoir mieux compris le coloris de ce maître dans les Enfants d'Edouard, la blater Dolorosa et Jésus au jar-din des Oliviers@, qu'il a gravés d'après Delaro-che. - Ce maître a été encore bien interprété par M. Edouard Girardet, qui a reproduit les Girondins et la Cenci@, deux des meilleures toiles de Paul Delaroche. - Une gravure qui rappelle parfaitement l'effet, la couleur et même la tou-che du peintre, c'est le Portrait de S. M. l'Im-pératrice gravé par M. Jouannin, d'après M. Winterhalter. Cette planche a valu à son au-teur le titre de graveur de Sa Majesté. - Le burin de M. Lefèvre est intelligent, il a de la Vigueur il convient particulièrement à la re-production des tableaux des écoles italienne et espagnole c'est du moins ce que nous autori-sent à penser sa gravure de Sainte Cécile@, d'a-près Raphaël, et celle de l'@Immaculée Concep-tion , d'après Murillo. - La Vue prise à la Gorge- aux-Loups@, forêt de Fontainebleau@, est une planche habilement et hardiment burinée par M. Nyon, qui entend si bien ce genre de gravure. Les gravures fac-similé des dessins de nos grands maîtres sont très nombreux. M. Leroy en a exposé vingt et une, exécutées d'après les dessins de la collection du Musée du Louvre pour l'ouvrage publié par l'auteur, sous ce ti-tre Collection de Dessins originaux des grands maîtres publiés en fac-simil@é. - Mais deux fac-simile curieux, ce sont ceux d'un procédé nou-veau inventé par M. Brévière, auquel on doit la régénération de la gravure sur bois en France. Le fac-similé du dessin de Géricault, Centaure enlevant une femme@, a la fermeté d'un croquis à la plume, et le fac-simile du Vieillard@, dessin à la sanguine du Primatice, a tout le moelleux et le grené du crayon, et cependant, ce sont des gra-vures en relief tirées à la presse typographi-que. -r- Un graveur plein d'intelligence, que la mort vient d'enlever au milieu de ses travaux, M. Riffaut, a exposé trois beaux Portraits de M@. de Queslus@. de Mme de Sauve et de M. de Maugiron@, fac-similé dè dessins conservés à la Bibliothèque impériale. Cet artiste laborieux, infatigable, était arrivé, à force de recherches, à trouver les éléments de la gravure héliogrr-phique les planches qu'il a envoyées à l'Expo-sition de photographie sont très intéressantes, et pouvaient faire espérer une complète réus-site. Si la gravure a perdu en M. Riffaut un esprit inventif, capable d'améliorer les procédés em-ployés, la lithographie a perdu, en M. Aubry-Lecomte, l'artiste.qui a le plus contrihué à la perfection jque cet art-a atteint de nos jours. M. Mouilleron a su, avec le crayon lithographi-que, reproduire la transparence du clair-obscur du@lableau de Rembrandt, la Ronde de Nuit@, du Musée d'Amsterdam, où l'avait envoyé le mi-nistère d'Etat pour exécuter cette belle litho-graphie. - M. le ministre a également com-mandé à M. Soulange-Tessier, si nous ne nous trompons, une lithographie du tableau de la Prise de la tour Malakoff@, peint par M. Yvon elle rend fidèlement tous les caractères et l'éclat du coloris de cette grande composition. - Les sept lithographies exposées par M. Raffet, font partie du bel ouvrage qu'il a publié sur le siège de Rome. Ces dessins sont de véritables ta-bleaux, tant le crayon de cet artiste a de cou-leur et de vigueur, tant il y à d'action, de mou-vsment@dans ces scènes militaires, et de vérité dans ces types de troupiers dessinés d'après na-ture. - Le crayon facile et correct de M. Marc a reproduit avec fidélité, et surtout avec talent, sur la pierre lithographique, l'@oeuvre complète de David d'Angers . Les seize cadres exposés contiennent un joli choix de lithograhies dessi-nées d'après les groupes, statues, bas-reliefs, bustes et médaillons de ce grand sculpteur. -@Un des maîtres dans l'art de la lithographie, M. Sudre, le traducteur des peintures de M. In-gres, a exposé deux nouvelles et belles litho-graphies d'après ce célèbre artiste Tête d'Oda-lisque et le Portrait de Mme S,.. IX. ARCHITECTURE. MM. Hittorff. - Garnaud. - V. Baltard, -@Mangeant. - Huguenet. - Beau. - Racinet. Si les projets d'architecture sont en moins grand nombre qu'en 1857, ils offrent néanmoins un très grand intérêt ils témoignent des études sérieuses faites dans toutes les branches qui se rattachent à cet art, le plus ancien, le plus grand entre tous les arts, et cependant le moins apprécié, le moins goûté de la majorité des vi-siteurs. Il y a pourtant, à l'Exposition d'ar-chitecture, une oeuvre qui devrait attirer l'at-tention d'une certaine classe d'amateurs nous parlons du modèle en stucs de couleurs di-verses d'un temple grec, avec ornements et sta-tues coloriés, exécuté d'après les dessins de M. Hittorff. Comment se fait-il que personne ne se presse autour du temple Hypoethre-amphi-prostyle-pseudoperiptère de M. Hittorff@? Est-ce cet assemblage de mots qui a effrayé, ou cet autre assemblage non moins dur, non moins criard des tons de l'architecture polychrôme ?,.. Cette architecture peut plaire aux Anglais, aux Allemands mais les Français ne s'y habitue-ront guère, malgré la ténacité des efforts de M. Hittorff pour en introduire le goût parmi nous. Voyez-vous l'effet de nos monuments ba-digeonnés comme ceux que nous avons vus à Munich@? Voyez-vous la Madeleine, le Pan-théon, la colonnade du Louvre avec entablement bleu, colonnes roses, murailles rouges@?@@. Non, non notre oeil est, de longue date, habitué à l'harmonie, au jeu merveilleux des rayons lumi-neux sur la pierre et le marbre de nos monu-ments nous préférons la couleur que la lu-mière donne à nos monuments en éclairant vi-goureusement les saillies de l'architecture nous préférons les effets magiques des clairs et des ombres si harmonieusement tempérés par les demi-tons, par la transparence du clair-obs-cur, effets calmes, mystérieux, poétiques, que détruit le tapage des tons durs et criards de l'architecture polychrôme. Tout en repoussant l'introduction en France de cette architecture, nous n'en sommes pas moins très disposé à ren-dre justice et à admirer, au point de vue de la science archéologique, le savoir que M. Hittorff a déployé dans la Restitution du temple grec que lui avait commandée S. A. I. le prince Na-poléon pour son cabinet particulier. M. Garnaud fait également preuve de talent et d'érudition dans ses Etudes d'architecture chrétienne@, depuis l'église de hameau, de vil-lage, de petite ville, jusqu'à l'église paroissiale et métropolitaine des grandes cités. Ce sont de bons types que MM. tes maires et les curés de-vraient consulter lorsqu Ils ont une église à faire construire. Le projet qui nous a le plus intéressé, nous l'avouons, c'est le Projet d'achèvement et de modification dé la façade de l'église Saint-Eas-tac.he et de la construction d'une flèche cen-trale, par M. Victor Baltard. Nous souhaitions depuis tant d'années la restauratiojn de cette belle église d'architecture renaissance@! C'est avec le plus g-rand soin que nous avons examiné les dessins de ce projet, et nous ne pouvons qu'adresser nos compliments à M. Baltard. Cet artiste s'est inspiré de l'architecture du monu-ment il en -rappelle les principaux détails dans la façade et dans la flèche il tira tout le parti que l'on pouvait tirer du gros oeuvre de la fa-çade actuelle qui sera métamorphosée en élé-gaflte architecture renaissance. Nous doutons fu' n ait pu faire@quelque@chose@de@meilleur goût que la composition exposée par cet architecte. M. Mangeant a exposé un travaij très cu-rieux à propos d'un Projet d'arrangement de @Vile de la Cité d@ Paris@, lequel se compose de six dessins @f Lutèce habitée par les nautes parisiens, sous la domination romaine ses mo-numents sont la forteresse municipale, l'au-tel de Jupiter la Voie Sacrée qui la traverse du Petit-Pont au Grànd Pont. - 2° Parisii sous la setonde race ses monuments sont le pa-lais, l'église ôalhédrale sur l'emplacement du temple de Jupiter, la maison de l'église ou hos-pice, le bapti rê i, Jftkole, le Petit et le Grand-9 Chàtelet. - 50 La Cité, xv@e siècle, entre l'Urti. versité, sur la rive gauche, et la ville, sur la rive droite, ses monuments sont le Palais des@Rois, la Sainte-Chapelle, Notre-Dame, l'Hô-tet-Dieu. - 40 La Cité, état actuel. - 5° Vue générale du projet. - 60 Plan général du projet, Il y a quelques années, le graveur qui repro-duisait un monument, la cathédrale de Reims, par exemple, était classé à l'Exposition parmi les architectes. Nous avons fait observer qu'il y avait confusion, qu'un graveur n'étant pas ar-chitecte devait être avec ses pairs, avec les gra- -veurs. Aujourd'hui, les graveurs, les lithogra-phes qui reproduisent des monuments, des fragments de monuments, des horloges même ne t sont plus mêlés avec les architectes pur sang ils sont catalogués à la suite sous ces ti-tres Architecture-Gravure@, Architecture-Li-thographie. Ne serait-il pas logique de placer ces graveurs d'architecture, ces lithographes d'architecture dans des divisions faisant suite à la gravure et à la lithographie plutôt qu'à l'ar-chitecture, puisque c'est le travail du graveur et du lithographe qu'on expose, et non l'oeuvre de l'architecte@? N'est-ce pas le burin de M. Hu-gunet, le crayon lithographique de M. E. Beau qu'on récompense lorsqu'on leur accorde des médailles@? Qu'ont de commun, avec les projets d'architecture, les dessins d'horloges et de mon-tres du xvi@e siècle, de la collection de M. le prince Sollykolï, exposés par M. Racinet fils? Un projet d'architecture est l'oeuvre d'un ar-chitecte, et une gravure, d'après l'oeuvre d'un architecte ou d'après l'oeuvre d'un sculpteur,@d'un peintre, d'un horloger, sera toujours une gravure @t classée comme telle dans nos collections. X. .,. 'dC ,. RÉCOMPENSES. La distribution des récompenses décernées aux artistes, à la suite de l'Exposition de 1859, a eu lieu le 15 juillet, à neuf heures du matin, au palais des Champs-Elysées, sous la prési-dence de S. Exc. M. Achille Fould, ministre d'Etat. Le grand Salon carré de l'Exposition avait été disposé et décoré pour cette cérémonie. A neuf heures précises, S. Exc. le ministre d'Etat a pris place sur l'estrade qu'on avait pré-parée pour le recevoir. Il avait à sa droite M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des Musées impériaux, intendant des Beaux-Arts de la maison de l'Empereur à sa gauche, M. Gautier, secrétaire général de la maison de l'Empereur Son Excellence était aussi accom-pagnée par M. le conseiller d'Etat Pelletier, se-crétaire général du ministère d'Etat, par M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées impériaux, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts, et MM. les membres de l'Institut, section des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Exc. le ministre d'Etat a prononcé un discours qui a été fort ap-plaudi par tous les artistes exposants, et que, pour notre part, nous nous empressons de re-produire dans son entier Je ne répondrais pas au sentiment qui nous anime tous, si ma première pensée n'était pas pour l'Empereur et pour l'armée. La nouvelle campagne d'Italie, immortalisée par d'éclatantes victoires, est aujourd'hui couronnée par une paix glorieuse. Il était permis de craindre que le spectacle de ces grands événements ne fût nuisible à cette Exposition en détournant d'elle l'attention du public. Il n'en a pas été ainsi. Confiante dans ses armées et dans son souverain, calme sous la ré-gence de l'Impératrice, la nation ne s'est dé-tournée ni de ses travaux, ni de ses délasse-ments. L'empressement avec lequel ce palais a été visité, les acquisitions nombreuses qui y ont été faites, ont prouvé l'intérêt qui s'attache toujours, dans notre pays, aux oeuvres de l'art, aux travaux de l'intelligence. Je me plais à constater. Messieurs, que l'ensemble mérite les éloges du public éclairé et délicat. S'il n'a pas eu à admirer une de ces pages hors ligne par lesquelles un génie nou-veau se révèle, il n'a pas été choqué non plus de ces présomptueuses singularités qu'inspire un faux goût. La trace de l'étude est ptus sensible ici que dans les Expositions précédentes. Il y a moins de ces oeuvres enfantées à la hâte et qui sont en-core plus promptement oubliées qu'elles n'ont été conçues. Nous avons vu avec satisfaction di-minuer aussi le nombre de ces essais que l'on nous présentait avec assurance pour des oeuvres sérieuses. Les ébauches que nous avons recueillies des anciens maîtres, et que nous conservons pré-cieusement, tiennent leur prix autant du sou-venir de leur auteur que des grandes qualités qu'elles indiquent mais l'admiration qu'elles inspirent ne fait qu'augmenter le regret de ne pas les voir plus complètes. On revient au vrai principe de l'art, aux saines traditions, à celles qui ont le travail pour base et le bon goût pour règle. On comprend que l'étude n'a jamais comprimé lé génie, et que l'application a souvent développé le talent. J'attribue, Messieurs, cet heureux progrès aux conseils éclairés de vos maîtres, qui viennent d'être vos juges, et à la sollicitude dont le gou-vernement de l'Empereur vous entoure. Il accueillera tous les moyens qui lui sont offerts de vous la témoigner. Cette année, c'est une loterie placée sous le patronage d'hommes éminents, et dont le dévoûment à l'art est de-puis longtemps venu augmenter les sommes or-dinaires employées en acquisitions. De nombreuses commandes, de glorieuses distinctions encouragent tous les efforts et ré-compensent le mérite dans toutes les branches des arts que vous cultivez. Enfin, Messieurs, vous trouverez tout à l'heure, dans le nombre et le choix des distinctions qui vous ont été ac-cordées, un témoignage de la haute satisfaction de S. M. l'Impératrice-Régente. Tant de soins ne doivent pas être perdus, et vous les reconnaîtrez en donnant la gloire des arts à un règne qui en a déjà tant d'au-tres. M. le comte de Nicuwerkerkc, directeur gé-nérai des Musées, a pris ensuite lu parole pour expliquer le but des rappels de médailles et des mentions honorables comme récompenses aux exposants. Ce discours est une nouvelle preuve de l'intérêt que M. le directeur des Musées porte aux artistes ceux-ci ont répondu à ses bonnes intentions par les plus chaleureux ap-plaudissements. M. le comte Nieuwerkerke a ensuite proclamé les récompenses dans l'ordre suivant Officier M. Ch. Muller, peintre. Chevaliers MM Norbin, peintre Mathieu, id. Palizzy, id. Daubigny, id. Ch. Lefèvre, id. Du-val-Leeamu, id. Bonguerau , id. Barrias , id. Knaus, id. Plassan, id. Baron, id. Chavet, id. Fromentin, id. Ch. Leroux, i@c Farochon, sta-tuaire Loison , id. Aimé Milet, id. François Jules , graveur Soulange-Teissier, lithographe. PEINTURE. Rappel des médailles de @lre classe. - MM. Fortin, Daubigny, Knaüs, Bézard. Médailles de @lre classe. - MM. Breton, Fromen-tin, Leleux. Rappel des médailles de 2@e classe. - MM. Lau-gée, Heilbuth, Lacmlein, de Curzon, Roux, Bou- , langer, Roehn, Timbal, Guillemin, Brion, Richter, Leroux. Médailles de 2@e classe. - MM. Rigo, Belly, Ham-man, Janmot, Leighton, Bonheur. Rappel des médailles de 3@e classe@.@- Mme Browne MM. Brendel, Devilly, Toulmouehe, Plassan, Mar-quis, de Knytf. Compte-Calix, Busson, Rivoulon Mlle Théveniri M. Mazerotte Mme Besnard. Médailles de 3@e classe. - MM. Levy, Achenbach, Caraud, Lechevalier-Chevignard, Ulman, Deneu-ville, Boulangé, Delaunay, Pasini, Baudit, Janet-Lange, Berchère. Mentions honorables. - Mlle Allain MM. Alle-mand, Aubert, Bonnat, Brissot Mme Becq de Fou-quières MM. Chrétien, Clere, Cock, Coroenne, Crauk, Decaen Mme Gaggioti-Richards MM. Gassies, Giaize, Grenet, Grisée, Grolig, Hanoteau, Herbstofftr, iiintz, Houzez, Hubner, Job, Jumel, Kate , Lalaisse, Lamoriuière, Lobrichon, Magy , Marquerie, Merle, Meynier Mlle Morin Mme la comtesse de Nadaillac MM. Papeleu, Perrachon , Pina, Protais Mme@Robelet MM. Rothermel, Rui-perez, Sain Mme Schneider MM. Tabar, Valerio, Villevieille. SCULPTURE. Rappel des médailles de @lre classe. - M. Loison. Médailles de 1@re classe@. -@MM. Moreau et@AlIasseur. Rappel des médailles de 2@° classe. - MM. Gu-niery, Schroder, Grabowski, Farochon, Marcellin, Maindron. Médailles de 2@e classe. - MM. Begas, Crauk, Dar-peaux, Salmson. Rappel des médailles de 3@° classe. - MM. Oliva, Chabaud, Borrel, Le Bourg, Travaux. Médailles de 3@8 classe. - MM. Lepere, Truphème, Varnier, Eupe, Aizelin, Ponsearme. Mentions honorables@. - MM. Badiou de la Tron-chère, Bangiilon, Barthélémy, Brian, Carrier de Relieuse, Chatreusse, Chevalier, Clère, Cocheret, David, Delabrière, Deunbergue, Durand, Fabisch, Franceschi, François Funnère, Giandfils, Hébert, Kaltenheuser, Lanzirotti, Lav@une, Moignez, Morel @@Ladeuil, Poitevin, Prouha, lloubaud, Valette, Wa-trinelle. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE. Rappel des médailles de @lre classe. - MM. Blan. chard, François, Lasalle, Mercury. Médailles de 1 @@@classe. - M. Keller. Rappel des médaille@ de 2@. classe. - MM. Bridoux, Gaucheret, Girurdet Edouard , Girardet Paul , GI-rard, Salmon. Soulange-Teissicr, Webcr. Médailles de 2@e classe. - MM. Bal, Eichens. Rappel des médailles de 3@e classe. - MM. Aubert, Laurens, Lavielle, Leroy, Varill. Médailles dt, 3@P classe. - MM. Jouannin, Joubert, Sirouy, Valerio. Mentions honorables@. - MM. Bertinot, Caret, Chevron, Constantin, Fleischmann, Gibert, Lehner, Levasseur, Manccau, Martinet, Pichard, Riffaut, Sau-nier, Stang, Sulpis, Thomas, Verswyvel, Wacquez, Wismes. ARCHITECTURE. Rappel des médailles de @lre classe. - MM. Gar-naud, Verdier. Médailles de @lre classe. - M. Tetaz. Rappel des médailles de 2@° classe. - M. Denuelle. Médailles de 2@8 classe. - MM. Thomas, Hénard. Rappel des médailles de 3@1 classe. - M. Trilhe. Médailles de 3@e classe. - MM. Villain, Moll, Mauss. Mentions honorables@. - MM. Arangoïti, Reiber. Schmitz. Nous saisissons l'occasion qui nous est offerte pour démontrer que le nombre des récom-penses n'est plus en rapport avec l'état actuel des Expositions. Il y a trente à quarante ans. le Salon se composait à peine de douze cents ouvrages l'Exposition qui vient de finir en comptait trois mille neuf cents environ, c'est-à-dire près de trois fois plus. Comment se fait-il qu'en présence de cette énorme augmenta-tion des ouvrages exposés, le nombre des mé-dailles soit resté le même qu'autrefois@? Si alors le nombre des récompenses était parfaitement en accord avec le nombre des ouvrages exposés, il est évident qu'il ne l'est plus aujourd'hui. C'est en vain que l'administration a cherché à réparer ce tort, à com bler cette lacune en créant les rappels de médailles et les mentions hono-rables cette mesure, qui ne date que de 1857, n'a pas satisfait les artistes et ne les satisfera pas, malgré les bonnes intentions de M. le di-recteur général des Musées et les explications qu'il a données dans son discours. En effet, tout le monde reconnaît l'insuffisance de trois mé-dailles de i r. classe, de six de 2@8 classe et de douze de @5e classe, eu tout vingt-une médailles pour plus de trois mille peintures comprenant les sections d'histoire, de genre, portraits, ani-maux, paysages, intérieurs, marines, miniatu-res, pastels, aquarelles et dessins. C'est encore pire pour la sculpture, qui occupe, de nos jours, une si belle et si importante place à nos Expo-sitions pour cinq cents ouvrages environ, on ne lui accorde que douze médailles, dont deux de III re classe, quatre de 2@- classe et six de@@ 5 classe encore faut-il les partager avec les graveurs en médailles. Pour établir l'équilibre entre les récompenses et la valeur des ouvrages qui figurent aux Ex-positions de notre époque, pour mettre ces ré-compenses en harmonie avec lés progrès qui ont grandi certaines branches de l'art, jadis négli-gées, dédaignées et, pour ainsi dire, inconnues, il faudrait augmenter le nombre des médailles et, en quelque sorte, les distribuer par genre, car il est impossible qu'avec ses trois médailles de @ire classe l'administration puisse récompen-ser@, à mérite égal, une peinture historique, un. tableau de genre, un portrait, un paysage, un intérieur, une marine, une miniature, un pas-tel et un dessin. Nous savons qu'il est rare de rencontrer à la même Exposition des oeuvres du premier mérite dans tous ces genres mais, cependant, cela pourrait arri ver, et nous croyons que si, cette année, le jury.avait eu à disposer de six médailles de 1@re classe pour la peinture, il aurait été beaucoup moins embarrassé qu'en n'en ayant que trois seulement pour récom-penser tant d'oeuvres remarquables.' XI. Tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts. Le dimanche, 2V juillet, à deux heures, il a été procédé, dans la grande nef du Palais de l'Industrie, au tirage de la loterie de l'ExpQsition des Beaux-Arts, organisée par un arrêté de S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, en date du 7 mars dernier. Au fond, dans la partie ouest de la nef, a été élevé une riche estrade sur laquelle ont été disposés deux bureaux pour les membres de la Commission et pour les fonctionnaires supérieurs du ministère de la Maison de l'Empereur. L'instru-ment du tirage de la loterie a été placé derrière les bureaux sur une plate-forme beaucoup plus élevée, de manière que les opérations du tirage soient aperçues de tous les points de l'enceinte. Le fond de la nef est orné de faisceaux, d'écussons et de riches draperies sur lesquels se détachent les objets d'art acquis pour la loterie. Les@cent@vingt-trois tableaux, dessins, aquarelles et pastels garnissent le fond et les deux côtés de l'estrade, et de chaque côté du bureau on a placé sur des piédestaux les trois seules sculptures achetées la Fileuse@, statue en bronze, de M. Mathurin Morpau le Petit Ven-dangeur, statue terre cuite, de M. Jean De Bay la Jfiune Femme couronnée de lierre@, buste en marbre, de M. Louis Auvray et aussi le Vase renaissance, argent repoussé , de M. Deunbergue, ainsi que l'Italie@, terre émaillée de M. Devers. A deux heures , S. Ex. M. le comte de Morny, président du Corps législatif, président de la Com-mission de la loterie, est entré accompagné des membres de la Commission , de M. Gautier, con-seiller d'État, secrétaire général du ministère de la Maison de l'Empereur, et de M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Ex. M. le comte de Morny donne lecture d'une lettre qu'il a adressée le 22 juillet à S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, pour lui annoncer la clôture des travaux de la Commission. Il communique ensuite à l'assemblée la réponse de S. Ex. le ministre d'État de la Maison de l'Empereur, qui charge la Commis-sion de procéder à l'opération du tirage de la loterie. Après cette lecture, M. le président expose, dans un discours bien senti, les heureux résultats obte-nus par la Commission, les avantages de cette loterie déjà appréciés par les artistes, l'influence qu'elle aura sur le goût du public, et l'extension qu'elle est appelée à prendre dans l'avenir. Puis il entre dans de minutieux détails sur le mode de tirage adopté par la Commission, et il termine en annonçant que le droit de reproduction de leurs ouvrages a été réservé aux artistes. Sur l'invitation de M. le président, les enfants chargés de tirer les numéros sont introduits dans la salle, et le tirage cummence au milieu de l'atten-tion générale des nombreux spectateurs qui, malgré le mauvais temps, avaient voulu assister à cette in-téressante opération. Nous ne reproduirons pas ici la liste des lots pu-bliée par le Moniteur nous les avons déjà mention-nés dans cette revue de l'Exposition. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Le jury. - Les sculpteurs-peintres. - La loterie.. 3 Peintures historiques. il Tableaux de genre. 38 Portraits. 47 Intérieurs, Paysages, Animaux, Marines, Fleurs et Natures mortes. 56 Pastels, Aquarelle, Miniatures, Peinture sur por-celaine, Peinture sur émail, Dessins. 66 Sculpture et Gravure en médailles 74 Gravure et Lithographie. 92 Architecture. 95 Récompenses. 99 Tirage de la loterie. 106 ERRATA. Page 22, lignes 10 et 11, lisez Nous engageons cet artiste à me pas sacrifier. à ne pas chercher. Page 24, ligne 10, lisez C'est tentant pour to 1 - e . , n. m j . FIN. | SALON DE 1859.@@ I. Le Jury. - Les Sculpteurs-Peintres et les Peintres-Sculpteurs. - La Loterie. - Classement des Ouvrages. L'Exposition des Beaux-Arts a été ouverte au public le 15 avril, ainsi qu'on l'avait annoncé, et, malgré son organisation qu'on savait in@complète, malgré un temps affreux, les artistes, les hommes de lettres et les gens du monde y étaient accourus en foule, comme pour donner un démenti à ceux qui prétendent que le goût des arts et des lettres s'éteint en France. Il est de notre devoir, avant de pénétrer, avec la foule, dans les galeries de peinture, de signaler deux modifications importantes apportées, cette an@née, au réglement de l'Exposition. L'une est relative au jury d'admission, et l'autre à la créa@tion d'une loterie d'objets d'art. Anciennement, les oeuvres des membres de l'Institut étaient seules admises sans passer à l'examen du jury, et cela ne pouvait être au@trement, le jury n'étant composé que de mem@bres de l'Institut, qui, certes, ne se seraient pas amusés à refuser leurs productions. Depuis quelques années, cette faveur a été accordée également aux artistes décorés pour leurs tra@vaux. C'était un acte de justice qu'on avait ré clamé depuis longtemps, et qu'on obtenait en@fin. Mais là ne devaient pas s'arrêter les sages et bienveillantes réformes de l'administration actuelle elle a étendu encore d'un degré le droit d'exemption elle a décidé, cette année, que seraient reçues sans examen les oeuvres des artistes ayant obtenu soit une médaille de première classe aux Expositions annuelles, soit une médaille de deuxième classe à l'Ex@position universelle. Nous espérons que l'administration des Beaux-Arts ne s'arrêtera pas dans la voie des réformes nous pensons que, avant peu d'années, elle accordera aussi l'admission sans examen aux ouvrages des ar@tistes ayant obtenu une médaille de deuxième et même de troisième classe aux Expositions an@nuelles . Cette mesure satisferait les artistes et sim@plifierait énormément les opérations du jury d'admission qui, n'ayant plus alors que quel@ques centaines de tableaux et de statues soumis à son examen, pourrait y apporter une atten@tion qui assurerait l'intégrité de ses jugements, intégrité qu'on ne peut exiger dans l'état actuel des choses. En effet, comment ne pas commet@tre d'erreur dans l'examen rapide de huit à dix mille ouvrages présentés souvent dans de mau@vaises conditions de lumière ou de voisinage ? Nous croyons que le seul moyen d'éviter au jury des erreurs déplorables et si fatales aux artistes qui en sont victimes, c'est de simplifier sa mis@sion, de restreindre l'étendue de son travail c'est de lui donner moins d'oeuvres à examiner pour que son examen soit consciencieux. Pour atteindre ce but, deux choses sont à faire 1° Admettre sans examen les ouvrages des mem bres de l'Institut, des artistes décorés pour leurs travaux, des artistes ayant obtenu des médailles de première, deuxième et troisième classes aux Expositions annuelles , afin de diminuer d'au@tant la besogne du jury 2° n'autoriser chaque artiste à n'envoyer que trois ouvrages , ce qui réduirait bien davantage encore le fatigant tra@vail du jury. Tout le monde y gagnerait. L'@Ex@position ressemblerait moins à un bazar ou à une salle de vente elle serait sans doute un peu moins nombreuse en productions, mais elle deviendrait certainement beaucoup plus inté@ressante sous le rapport du mérite, puisque membres de l'Institut, artistes, décorés, mé@daillés et autres auraient choisi eux-mêmes, pour les exposer, leurs trois meilleurs ou@vrages. A propos de cette grave question d'exemption du jury, un incident nouveau se présente cette année, par le fait que deux sculpteurs décorés, par conséquent exempts du jury, ont exposé des peintures sans les soumettre au jury d'admis@sion. Les peintres se demandent si un artiste exempté du jury, comme peintre, peut exposer de la sculpture sans la présenter au jury de sculpture ? si un artiste, exempté comme sculp@teur, a le droit d'exposer de la peinture sans la sanction du jury de peinture ? Nous ne sommes pas de ceux qui voudraient imposer des limites aux facultés de l'intelligence, car nous-même nous avons exposé dans plus d'un genre mais de ce qu'un sculpteur peut être un peintre excellent, de ce qu'un peintre peut être un sculpteur remarquable, ne peut-il pas arriver, cependant, que le peintre de talent, que le sculpteur de mérite, exemptés tous deux du jury, fassent et envoient à l'Exposition, le sculpteur, de la mauvaise peinture, le peintre, de la sculpture détestable ? Cela pouvant être, pourquoi ne pas soumettre au jury des oeuvres en dehors du genre pour lequel l'artiste a obtenu la récompense qui l'exempte du jury ? Voilà les observations qu'on nous adresse et que nous soumettons à la sagesse de l'administration. Passons maintenant à la seconde modifica@tion apportée au réglement du Salon parlons de la loterie. Dès l'année 1853, nous avions demandé, conjointement avec beaucoup de nos confrères, l'institution d'une loterie à la suite de l'Expoistion. Cette proposition, nous le re@connaissons, demandait à être étudiée elle l'a été par l'administration qui vient de décider l'organisation d'une loterie d'objets d'art, ac@quis parmi ceux qui figureront à l'Exposition de cette année, et dont le prix du billet est fixé à un franc. Cette institution, si désirée par la majorité des artistes, si favorable aux intérêts des artistes exposants, a-t-elle été accueillie fa@vorablement par tous ? Mon Dieu, non ! est-ce que l'esprit de controverse et de dénigrement ne s'attaque pas aux créations les plus belles, les plus utiles ? Ceux-ci voulaient que le prix d'entrée à l'Exposition fut supprimé et rem@placé par le billet de loterie, supprimant ainsi les sommes considérables produites par le droit d'entrée et employées à l'acquisition des ouvra@ges destinés aux musées de l'Etat et des dépar@tements ceux-là, croyant voir dans la loterie la suppression des commandes et des achats faits par l'Etat, se sont écriés Dans quel but cette loterie? à quel propos jeter à la fortu@ne des numéros gagnants les oeuvres destinées, par leurs auteurs, à des regards exercés ? est-ce qu'on ne se soucierait plus de préserver l'Art d'aussi indignes ballottements ? aurait-on ré@solu de lui retrancher les subsides qui l'aident à soutenir son niveau ?... Des honneurs, de no@bles encouragements, s'il se peut, mais, de grâce ! pas de gros sous. Où l'auteur de ces lignes a-t-il vu que l'État allait suspendre ses commandes, supprimer les honneurs, les en@couragements qu'il accorde à la suite de cha@que exposition ? Qu'il se rassure, jamais les arts n'ont été plus encouragés et les artistes mieux récompensés, et, pour s'en convaincre, il suffit de consulter le livret du Salon de 1859. On y voit figurer 233 commandes faites par l'État, 146 peintures, 68 sculptures, 7 gravures, 2 lithographies et 10 projets d'architecture. Dans ces chiffres ne figurent pas les ouvrages exposés, commandés par M. le préfet de la Seine. Aucun livret des expositions précédentes n'offre un tel chiffre de commandes. Quant aux récompenses, elles seront tout aussi nombreu@ses qu'aux autres Expositions, et les fonds du budget des Beaux-Arts, ainsi que ceux prove@nant du droit d'entrée, serviront,@ comme par le passé, à l'achat des meilleurs ouvrages expo@sés, destinés aux musées, aux églises de Paris et des départements, tandis que le produit des billets de loterie viendra ajouter une immense ressource de plus à celles de l'Etat, et permet@tre l'acquisition d'une foule d'ouvrages que le sort distribuera dans toutes les classes de la société, et qu'on n'aurait pas acheté sans cette institution nouvelle. Il en sera de la loterie comme de l'Exposition de sculpture, faite, pour la première fois, en 1857, dans le jardin du local actuel. Dès les premiers jours, plusieurs sculpteurs, dont les ouvrages étaient placés dans ce charmant jardin émaillé de fleurs@, se récrièrent, disant qu'ils n'avaient point fait des statues pour un jardin. Mais, huit jours plus tard, tous les statuaires qui avaient leurs figures dans les salons de peinture@, demandèrent à ce qu'elles fussent de suite descendues dans les allées du jardin, tout à l'heure si dédaignées. La même trans@formation d'opinion aura lieu pour la lote@rie quand les artistes, auxquels le gouvernement n'aurait rien acheté, verront que, grâce à la lo@terie, ils ont vendu une oeuvre qui leur serait restée, et que, pour en tirer parti, ils auraient dû donner pour rien à un marchand de ta@bleaux. Oh ! alors, appréciant les résultats de la loterie, ils la réclameront pour chaque Exposi@tion comme les sculpteurs réclament un jardin pour exposer leurs statues. La grande sculpture sera donc, comme en 1857, placée dans ce gracieux jardin qu'on achève en ce moment, où viendront respirer et se reposer les visiteurs fatigués du parcours des quinze salons et galeries consacrés à la peinture. La disposition de ces pièces, désignées par des nu@méros, est plus heureuse que la succession des sept grands salons de la dernière Exposition, qui présentait quelque monotonie. L'architecte, M. Viel, a partagé toute l'immense aile du Nord en trois vastes salons un au centre, un autre au pavillon Nord-Est, le dernier au pa@villon Nord-Ouest. L'espace qui sépare le salon central de ceux des extrémités a été divisé, de chaque côté, sur la longueur, en deux galeries dont les parois peu élevés laissent les tableaux à une hauteur convenable. L'aile qui fait face à la place de la Concorde est aussi divisée en galeries et en petits salons qui ont reçu les dessins, les aquarelles, les pastels, les minia@tures, les émaux, les camées et les pierres gra@vées. Dans l'étroite galerie qui fait le tour de la nef et d'où la vue plonge sur cette vaste nef métamorphosée en jardin, sont exposés les pro@jets d'architecture, les gravures, les lithogra@phies, les statuettes et les bustes, ces derniers placés beaucoup trop bas M. Viel sait aussi bien que nous que les bustes modelés, pour être vus à hauteur d'homme, ne doivent pas être posés à hauteur de ceinture. Il suffira de quel@ques madriers pour exhausser les sculptures de cette galerie et faire ainsi droit à notre juste réclamation. On le voit, l'espace occupé par la présente Exposition est beaucoup plus considérable que celui du Salon de 1857. Il n'y a cependant, cette année, que 213 oeuvres de plus inscrites au livret, qui contient 3,887 numéros 3,045 peintures, 472 sculptures, 160 gravures, 96 lithographies et 114 projets d'architecture. Il est vrai que beaucoup de tableaux exposés ne figurent pas encore au livret ils n'y seront por@tés qu'à la prochaine édition, en même temps que les envois des artistes anglais, si toutefois ils se décident à venir occuper la salle qui leur est réservée. On doit savoir gré à M. le comte de Nieuwerkerke de sa courtoisie à l'égard des artistes étrangers. De tous temps les artistes de tous pays ont été admis à nos Expositions des Beaux-Arts, et ont eu, comme nous, leur part aux récompenses. Mais l'hospitalité qu'on leur offre, cette année, est encore plus grande, plus digne et plus en rapport avec l'esprit gé@néreux de la France. M. le directeur général des Musées a également eu le bon goût de réunir, dans un même salon, presque tous les tableaux de sujets religieux, nous disons presque tous, parce que ce salon se trouvant trop petit, il a bien fallu laisser quelques tableaux religieux parmi les autres peintures. Du reste, le classement des ouvrages nous paraît mieux entendu. Nous savons l'impossi@bilité de placer, au goût de tout le monde, trois mille quarante-cinq tableaux et dessins nous savons les réclamations, les récriminations qui éclatent à l'ouverture des Expositions mais cependant, en distribuant dans chaque salle, dans chaque galerie, un certain nombre d'oeu@vres de mérite, au lieu de les agglomérer dans une ou deux pièces seulement, comme aux an@nées précédente, M. de Chennevières a su jeter de l'intérêt dans toutes les parties de l'Exposi@tion il a su attirer l'attention du public par@tout, et rendre, par ce moyen, la circulation beaucoup plus libre. Ainsi, le visiteur trouvera, dans les différentes salles@, des peintures de MM. Gérôme, Delacroix, Hébert, Beaudry, Henriette Browne, Troyon, etc., et des sculp@tures de MM. Clessinger, Cavalier, Dantan aîné. Debay, etc. Selon notre habitude, nous commencerons notre revue par la peinture historique puis, viendront les tableaux de genre, les portraits, les intérieurs, les paysages, les animaux, les ma@rines les pastels, aquarelles@, miniatures, émaux et peintures sur porcelaine les sculp@tures et gravures en médailles les gravures et lithographies, et l'architecture. Un dernier cha@pitre sera consacré à la séance des récom@penses. II. PEINTURES HISTORIQUES. MM. Yvon, - Barrias. - Muller. - Gêrôme. - Eugène Delacroix. - Benouville. - Baudry. - Diaz. - Ma@zerolle. - Bellangé. - Pils. - Lies. - Hamman.- Dobbelcere. - Lévy. - Lazerges. - @Hamon. - Au@bert. - Bouguereau. - Curzon. - Hillemacher. - Bailly. - Clésinger. - Etex. - Court. - Glaize père. - Glaize fils. - Larivière. - Philippoteaux. - De@caen. - Couverchel. - Beaucé. - Pi@chon. - Duval-le-Camus. - Cartellier. - Dumas. - Rigo. - Mey@nier. - Hesse. - Henri Scheffer. - Legras. - Abel. - Caraud. - Comte. - E. Devéria. - Jacquand. - Heilburth. - Mottez. La grande peinture, la peinture historique, est abandonnée en France, s'écrie-t-on à cha@cune de nos Expositions des Beaux-Arts. Cette année encore, ce sont les tableaux de genre qui dominent, et leur mérite, leur nombre toujours croissant, prouvent que la majorité des artistes s'y adonnent de préférence. Il y a deux ans, dès l'ouverture du Salon, nous avons expliqué les causes de cet abandon survenu depuis 1830, époque qui a brusquement, trop brusquement peut-être, changé le goût du public et modifié les études artistiques. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet traité par nous en 1857 nous nous bornerons à faire observer que le Salon actuel semble accuser une tendance de retour à la grande peinture historique. En effet, les grandes toiles sont nombreuses quelques-unes ont trait à l'histoire de l'antiquité, quelques autres aux événements contemporains, mais la presque to talité des grands tableaux du Salon représentent des sujets religieux. Malheureusement, peu d'entre ces derniers sont traités avec le goût et le talent qu'on voudrait toujours rencontrer dans ce genre de peinture. Ce qui n'a pas peu contribué, de notre temps, à égarer les jeunes artistes lorsqu'ils avaient à rendre un sujet de sainteté, c'est bien assuré@ment l'engouement, la mode du gothique, que peintres, sculpteurs, architectes, appliquent à toute sauce. De ce qu'on a dit et écrit que le style gothique était essentiellement religieux, qu'il était le plus convenable pour les temples chrétiens et pour la traduction des faits de l'histoire sacrée, beaucoup d'artistes se sont pénétrés de cette idée que leurs compositions n'auraient pas le caractère religieux s'ils s'écar@taient de la raideur gothique, s'ils n'affublaient tous les personnages de la Bible des costumes de l'époque du moyen-âge, laissant de côté toutes traditions historiques. Certainement, nous apprécions infiniment le sentiment naïf, l'expression pleine de foi d'un grand nombre de peintures et de sculp@tures des XI e et XII e siècles mais on nous per@mettra de ne pas admirer tout dans le gothi@que, de ne pas le mêler à tout on nous permettra de penser qu'un sujet d'histoire sainte peut être d'un caractère très religieux, quoique traité avec indépendance, dans des données de vérité de costume, d'action et de modelé. Nous ne comprenons les peintures et sculptures de style gothique que lorsque ces ou@vrages sont destinés à l'ornementation d'un édifice de ce genre d'architecture il serait ri@dicule alors de ne pas s'inspirer, de ne pas imiter le mieux possible les chefs-d'oeuvre de cette époque. De même que rien n'est plus dis@parate, plus choquant que de rencontrer, dans un temple d'architecture grecque ou romaine, une peinture ou une sculpture moderne imitée du gothique, sous prétexte que c'est plus chré@tien. Ces anachronismes révolteront toujours les hommes de goût. Pourquoi oublier que la peinture et la sculpture sont les auxiliaires de l'architecture, que leur rôle est de concourir à l'harmonie du monument qu'elles sont appelées à décorer ? L'unité de style devrait être la pre@mière préoccupation de l'artiste chargé d'une oeuvre monumentale, car les anachronismes que commettent les peintres, les sculpteurs, sont tout aussi blâmables et de tout aussi mauvais goût que ceux commis par les architectes, lors@que, dans une restauration, ils accolent une façade d'architecture romaine à un édifice go@thique ou renaissance, ainsi qu'à Saint-Eusta@che, par exem@ple. Il est temps que, comme les architectes, les peintres et les sculpteurs se rendent à cette vérité qu'ils étudient tous les genres, tous les styles pour les appliquer au besoin il est temps qu'ils cessent de croire que c'est le style d'une époque, plutôt que le senti@ment, la naïveté d'une école primitive plutôt que la sévérité et la pureté de forme qui don@nent le caractère religieux à une composition tirée de l'histoire sainte. Dégagé de ces préven@tions, l'artiste retrouvera son indépendance, son originalité il se livrera sans préoccupation a des études sérieuses, qui doteront ses oeuvres des qualités qui manquent à beaucoup trop d@e grandes toiles de l'Exposition de 1859. Parmi les compositions historiques, celles @de MM. Yvon et Gérôme occupent encore cette fois le premier rang. Cependant, quoique très remarquables sous plus d'un rapport, les pein@tures exposées par ces éminents artistes n'exci@tent pas les mêmes sympathies, le même concours d'unanime approbation que celles qui figuraient au dernier Salon. Des deux grandes pages de M. Yvon, une seulement est exposée, l'autre n'est pas ache@vée encore c'est par elle que nous terminerons probablement ce chapitre consacré aux tableaux d'histoire et de genre historique. La Gorge de @Malakoff , tel est le sujet traité cette année par M. Yvo@n. Les premiers épaulements de Malakoff étant escaladés, les troupes de la division Mac-Mahon se trouvèrent en face de tout un système de barricades en terre d'où elles durent succes@sivement déloger les Russes. Après de sanglants efforts, nos troupes réussirent à expulser com@plétement l'ennemi, et arrivèrent à la gorge de l'ouvrage, espace ouvert, large de quatre mètres environ, qui servait de porte de communication entre la redoute et la ville de Sébastopol. Le 20e et le 27 e de ligne, commandés par le général Vinoy, pénétrent les premiers dans ce labyrin@the, et, après des pertes douloureuses, occupent la gorge, soutenus par les zouaves de la garde, colonel Jannin, par les voltigeurs de la garde, colonel Douay, dont les généreux efforts réus@sissentà contenir les retours offensifs des Russes, mais au prix de bien du sang ! Déjà, à la base de cette digue héroïque, gisent le colonel ###################################### et le commandant Fratsoqui, du 20 e de ligne, dont le drapeau flotte au milieu de la fumée de la mousqueterie et@ des gabionnades incen@dié@es de l'épaulement conquis, et sur lequel il vient d'être planté. A la droite du tableau, au sommet d'une traverse, on aperçoit le général Vinoy, debout, appuyé sur son épée. et dirigeant les mouvements de sa troupe. Enfin, arrive le général Wimpffen à la tête de la brigade de réserve. Ce sont les tirailleurs algériens, con@duits par le colonel @Rose, qui se précipitent comme un torrent et jettent à l'envi, pour fer@mer la terrible ouverture, sacs-à-terre, gabions et leurs propres corps. Au milieu d'eux, leur brave lieutenant-colonel Roques est frappé mortellement en plantant le premier gabion. Au centre du tableau, sur l'épaulement où est planté le drapeau, un Arabe, le sergent Musta@pha, pour animer la lutte, et sous le feu le plus terrible. joue les airs indigènes sur l'instrument national kenob . Le 50 e de ligne les suit de près, et sur le premier plan du tableau, à droite, on voit le 3 e régiment de zouaves, colonel Pol@hès. Cette description du tableau de M. Yvon donne une idée des difficultés qu'il avait à sur@monter et dont on doit lui tenir compte. Faire mouvoir tous ces divers corps d'armées dans un espace limité comme la gorge de Malakolf n'é@tait pas chose facile, et nous croyons que peu d'artistes s'en seraient tiré aussi bien que M. Yvon, malgré les reproches qu'on peut adresser à sa composition. Si quelques groupes du second plan, au centre du tableau, manquent de relief, si l'air ne circule pas bien partout, si le mou@vement de l'officier de tirailleurs algériens, por@tant un sac-à-terre, est maniéré, ces défauts ne sont-ils pas rachetés par les qualités les plus sérieuses, par l'excellente entente d'une aussi vaste composition, par un dessin toujours vrai. toujours correct, par une couleur solide et une exécution large ? Si la scène est moins drama@tique que dans la Prise de la to@ur Malakoff exposée en 1857, c'est qu'ici c'était une mêlée et que, dans le tableau que nous examinons, les Russes, étant repoussés en dehors de la gorge. les combattants sont séparés par un espace qui ne permet pas de s'aborder à la baïonnette. Sans quitter le Salon central où nous sommes, nous trouvons, en face, un autre épisode de cette glorieuse campagne de Crimée nous as@sistons au Débarquement de l'armée française à Old-Port, en Crimée, le 14@ septembre 1854. Ce tableau, peint par M. @Barrias, donne une par@faite idée du débarquement de l'armée l'oeil embrasse une grande étendue de la côte et de la mer on aperçoit les chalands, les chaloupes, les canots-tambours, les canots ordinaires rem@plis de soldats abordant le rivage, sur trois points à la fois on voit les trois divisions se former et leurs colonnes venir défiler devant le maréchal Saint-Arnaud et son état-major, au cris de Vive l'Empereur !... Il y a de l'élan, de l'enthousiasme dans cette composition qui se recommande encore par la couleur et le mé@rite de l'exécution. Un autre tableau d'une exécution remarqua@ble, c'est celui de M. Muller la Proscription des jeunes Irlandaises catoliques , en 1655, scène d'un intérêt on ne peut plus pathétique, et ren@due avec une grande puissance d'expression et de couleur. La protestante Angleterre voulant qu'il n'y eût plus de catholique en Irlande, et qu'à leur place il s'établît des protestants, au lieu de se borner à tuer, prend le parti de les déporter de force. Une fois, dit la notice du livret, on enleva d'un seul coup mille jeunes filles irlandaises qu'on arracha aux bras de leurs mères pour les conduire à la Jamaïque, où elle furent vendues comme esclaves. C'est à cet acte de fanatisme anglais que l'artiste nous fait assister. Par un temps brumeux, de grand ma@tin sans doute, une soldatesque brutale, sous les ordres de leur capitaine, embarque de force les jeunes filles en proie au désespoir. Les unes se débattent énergiquement, se réfugient dans les bras de leurs mères qui les défendent en vain les autres, résignées, pleines de foi en Dieu, acceptent comme un martyre le sort affreux qui les attend. La figure du capitaine est belle et énergique, mais le groupe le plus saisissant c'est celui du centre du tableau l'expression de résignation de la jeune fille est remplie de no@blesse. Nous avons dit que les ouvrages de M. Gérôme n'ont pas, cette année, te succès obtenu par soit Duel au sortir d'un @Bal masqué , par les Re crues égyptiennes , par sa Prière chez un Chef arnaule , autour desquels on se pressait au Sa@lon de 1857. Celui des trois tableaux de cet ar@tiste qui, par son sujet, aurait dû impressionner le plus la Mort de César , est justement celui devant lequel la foule s'arrête le moins. Pour@quoi cela ? serait-ce son voisinage qui lui nui@rait ? peut-être faudrait-il le voir seul, sur un fond et d@ans un jour plus convenables ? Pour@tant, il est composé de manière à produire une profonde sensation le cadavre de César, frappé de trente-cinq coups de poignard, est là, étendu au pied de la statue de Pompée, gisant dans l'ombre, sur le pavé de cette v@aste salle du Sé@nat, maintenant déserte, silencieuse, abandon née des conjurés qui ont fui épouvantés de leur crime. Le désordre des vêtements, la main droite coupée, lacérée, pleine de sang, la chaise curule renversée, les traces de pas ensanglan@tés, tout témoigne de la lutte soutenue par Cé@sar contre ses nombreux assassins. Ce manuscrit déchiré, taché de sang, qu'on voit près du corps de César, est sans doute la note confi@dentielle qu'il n'a pas eu le temps de lire, et qui révélait la conspiration. Le demi-jour qui règne dans cette salle ajoute encore au froid qu'inspirent ces dalles, ces murs de marbre, ce vide immense qui s'est ait autour d'un cadavre. Au point de vue de l'exécution, on reproche à M. Gérôme d'avoir fait du bronze et non de la chair. Ce reproche est surtout fondé pour les tons vert-de-gris du masque mais le raccourci est bien senti, le désordre de la draperie est na@turel, sans la recherche ou le laisser-aller de mauvais goût@ dans lequel serait tombé un ar@tiste moins capable. Ave , Coesar imperator , morituri te salutant , le Salut des Gladiateurs , du même peintre, n'est pas moins dramatique que le précédent sujet. Des milliers de spectateurs occupent les innombrables gradins de l'amphithéâtre du Cir@que une lutte vient de finir les employés du Cirque harponnent et traînent hors de l'arène les cadavres des gladiateurs qui ont succombé, comme on le fait des taureaux tués dans les cirques espagnols d'autres jonchent de sable nouveau les parties de l'arène qui ont été fou@lées dans la lutte et les marcs de silng formées çà et là enfin, les nouveaux combattants vien@nent saluer César, qui, dans sa loge, assiste à ce spectacle aimé des @Romai@ns. Autant le grand tableau de la Mort de César est vide de per@sonnages, autant celui-ci, de petite dimension, est rempli. La lumière est savamment répartie, la couleur a de l'éclat, mais le dessin laisse à désirer dans quelques-unes des figur@es du pre@mier plan. Nous adresserons le même repro@che à la figure principale du troisième tableau, le Roi Candaule . Lysias est d'un dessin na@ture, mais les formes manquent d'élégance, de finesse. Du reste, cette petite composition est charmante elle est arrangée avec un goût exquis et d'une harmonie de couleur on ne peut plus agréable. M. Eugène Delacroix, qui n'avait rien au dernier Salon, a envoyé, cette fois, huit ta@bleaux la Montée au Calvaire , 819 - le Christ descendu@ au Tombeau , 820 -@Saint Sébastien , 821 - Ovide en exil chez les Scy@thes , 822 -@Hermi@nie et les Bergers , 823 -Rébecca enlevée par le Temp@lie r, 824 -@@Ham let, 823 - les Bords du fleuve Sébou , 826. Que dire de ces peintures ? Bornons-nous à sténographier un entretien qui résume les di@verses opinions racontons notre conversation avec une personne qui. un journal à la main, et après avoir cherché en vain, vint nous de@mander où étaient les tableaux de Delacroix. - Devant vous, lui répondîmes-nous. - Ça ? - Oui. - Cela n'est pas possible ! - Voyez la si@gnature. - En effet@. Delacroix... Eh bien ! ça n'est pas beau vraiment, je ne comprends pas que mon journal trouve cela admirable. - Pourquoi vous étonner ? n'avez-vous pas lu et entendu dire que Paul Delaroche n'était pas un peintre que H. Vernet n'était qu'un crétin, un badigeonneur à la toise? Qu'on dénigre ce qui est bien et beau, qu'on loue ce qui est lai@d et faux, cela ne change rien aux choses elles restent toujours ce qu'elles sont réellement. D'ailleurs, il y a des gens qui, par goût, ai@ment la laideur, épousent des êtres repous@sants, hideux. - Sans doute mais ces goûts-là ne sont pas ceux de la majorité - Regardez, voyez-vous beaucoup de monde s'arrêter aux ta@bleaux de M. Delacroix? - C'est vrai@, per@sonne. Aussi, ne puis-je croire que mon jour@@nal ait sérieusement trouvé cette peinture admi@rable. - V@ous avez tort tous les goûts sont dans la nature. - Mais enfin, Monsieur, de deux choses l'une ou les peintures du Musée du Lou@vre, qui nous montrent la nature sous de si jo@lis aspects, avec des formes si belles, si variées. avec une richesse, une harmonie de couleur qui séduisent, sont des chefs-d'oeuvre, et celles que nous avons là, sous les yeux, ne sont que des po@chades, ou bien les huit tableaux de M. Dela@croix sont admirables, et les tableaux du Louvre, les @Raphaël, les Titien, les Véronèse, les Poussin, ceux des maîtres anciens et modernes, ne sont que des croûtes, car, entre les tableaux que nous examinons et ceux des grands maîtres, il y a la distance du laid au beau il n'existe enfin aucun rapport. - Ce jugement est sévère, et c'est probablement parce que lesoeuvres de M. Dela@croix n'ont de rapports avec aucune autre qu'el@les excitent l'admiration de quelques hommes. - Je le croirais volontiers, puisque j'ai lu, il y peu de jours, que ce qu'il y a surtout d'admi@rable dans cette jument sauvage du tableau 822 , c'est que ce n'est pas un cheval , et, je vous l'a@voue, Monsieur, j'avais toujours pensé que. pour représenter un cheval, il fallait faire un cheval, qu'un arbre en peinture devait ressem@bler à un arbre je comprends maintenant pourquoi personne ne s'adresse à cet artiste pour faire faire son portrait... - Décidément, vous n'aimez pas ce genre de peinture cepen@dant, je veux vous réconcilier avec quelques-unes des oeuvres de cet artiste. - Ce serait dif@ficile. - Moins que vous le supposez. Allez au Musée du Luxembourg, allez voir le Dante aux Enfers, tableau qui date de plus de trente ans, et qui n'a rien de la manière adoptée depuis par M. Eugène Delacroix. Ce tableau sera toujours compté parmi les meilleurs de l'Ecole moderne, et j'en suis sûr, il vous plaira. Passons à l'examen des oeuvres d'un artiste trop tôt enlevé aux arts parlons des tableaux laissés par Benouville, jeune peintre d'un talent sérieux, et qui promettait d'arriver au premier rang dans la grande peinture historique Sa Jeanne d'Arc est vraiment inspirée elle tressaille en écoutant ta voix divine qui lui crie Jeanne la Pucelle. fille de Dieu, va en France, va en France. Hâte-toi, hâte-toi. La pose est éner@gique et simple on sent, au mouvement ner@veux avec lequel cette jeune fille presse la quenouille de lin qu'elle était occupée à filer, on sent à la fierté, à l'éclat de son regard qu'un transport divin l'anime et qu'elle aura la puis@sance d'accomplir de grandes choses. Cette com@position est l'oeuvre la plus complète de Beno@uville, comme pensée, comme dessin, comme couleur et comme exécution. Sainte Claire recevant le corps de saint François d' Assise , du même, est une scène plus compliquée, dont les groupes nombreux sont bien disposés, dont les figures principales sont touchées avec délica tesse, mais dont le modelé est moins vrai et le faire moins large que dans la Jeanne d'Arc. De ses deux sujets La Madeleine pénitente et la Toilette de Vénus , exposés par M. Beaudry, nous préférons le dernier. L'effet général est agréable, le groupe est gracieux, les formes de Vénus sont élégantes, d'un dessin plus arrêté que celui de la Madeleine, dont le modelé est cotonneux et la couleur blafarde. Nous enga@geons cet artiste de ne pas sacrifier son talent à la mode@ de ne pas chercher à faire du Diaz, dont l'insuccès de cette année dégoûtera, nou@s l'espérons, ses trop faciles imitateurs. Nous invitons nos lecteurs à voir les neufs tableaux de M. Diaz Galathée , 887, - l' Education de l' Amour , @888, -@Vénus et Adonis , 889, - l' Amour puni , 890, -@N'entrez pas, 891, -la Fée aux Joujoux, 892. -@la Mare aux Vi@pères , 893, -@Portrait de @Mme A . P., 894, -Portrait de Mme S., 895. Ils regretteront comme nous qu'avec du talent cet artiste arrive à ne plus prendre la peine d'étudier, de dessiner et bientôt de modeler le coloris des chairs. Encore un pas dans cette voie et ses tableaux ne seront plus que des ébauches informes, incompréhen@sibles. M. Mazerolle aime les scènes dramatiques. Il avait au dernier Salon, Chilpérie et Frédégonde devant le cadavre de Galsuinthe cette fois, c'est Néron et Locuste, essayant des poisons sur un es@clave , qui meurt en se débattant dans des douleurs horribles. Le cruel Néron, assis, la tête appuyée @sur les deux mains, observe d'un oeil farouche les ravages que font les poisons sur l'esclave, qui se roule à ses pieds et à ceux de Locuste, vieille et ignoble femme dont l'aspect inspire le dégoût. Cette composition est vigoureuse@ment touchée la figure nue de l'esclave est d'un dessin large et puissant la tête de Néro@n n'est peut-être pas assez largement dessinée, ce qui lui donne un peu l'air d' une vieille femme. L'inventaire d'une casemate russe après la prise de Malakoff , par M. Bellangé, est d'une si grande vérité de détails qu'on doit croire que cette scène a été peinte d'après nature, ainsi que cette autre toile @Episode de la Prise de Malakoff , d'un intérêt plus dramatique. Mais le tableau qui impressionne le plus par son su@jet, c'est Le Salut d'adieux , scène de tranchée devant Sébastopol . Un officier supérieur de zouaves vient d'être tué, deux zouaves l'empor@tent couché sur un brancard et recouvert de son caban partout sur son passage les zouaves cessent le feu et font face au convois pour ren@dre, par le salut militaire, un dernier hom@mage de respect et de regret au courage mal@heureux. L'expression de @@@calme et d'énergie empreinte sur ces mâles visages est saisissante. Ces têtes sont touchées de main de maître et nous ne pouvons que féliciter la Commission de la loterie de l'Exposition d'avoir fait l'acquisi@tion de ce tableau, ainsi qu'un autre du même genre, de M. Pils Défilé des zouaves dans la tranchée Siége de Sébastopol . @Rien de plus vrai que les poses de ces troupiers qui mar@chent à la file, et courbés pour n'être pas aper@çus ni éveiller l'attention de l'ennemi. Cette pe@tite toile, d'une couleur vigoureuse, est le digne pendant de celle de M. Bellangé. Heureux ceux que le sort favorisera de ces deux intéressantes et remarquables compositions. Nous sommes con@vaincu que ces deux sujets, si sympathiques au peuple, ne sont pas étrangers à l'empressement qu'il montre à prendre des billets de la loterie, lorsqu'après avoir quitté l'atelier ou le maga@sin, il vient, le dimanche, visiter l'Exposition. Pour qui aime les arts, gagner pour un franc, soit une jolie gravure d'une valeur de cent francs, soit un charmant tableau de mille francs et plus, soit une belle sculpture en marbre ou bronze de mille à deux mille francs et peut-être davan@tage c'est touchant pour tout le monde 1 . Personne n'ignore que, depuis longtemps, les ouvrages des artistes étrangers étaient admis à nos Expositions des Beaux-Arts, qu'ils y étaient traités sur le même pied que ceux des artistes français, qu'ils y avaient les mêmes droits aux achats et aux récompenses du gouvernement. Cette courtoisie, - toute française, - l'admi@nistration l'a poussée plus loin encore, cette an@née elle a accordé des salles particulières aux peintures des artistes étrangers @une pour les 1 Voici la liste des autres acquisitions déjà faite pour la loterie elle donnera une idée du goût que la Commission apporte dans ses choix -@Rèverie, par M. Aubert. -@Le Renard et les Raisins, par M. Balleroy. -@Le Viatique en Bretagne, par M. Bau@dit. -@Paysage, prière dans les environs de la Brie, par M. Bluhm -Troupeaux de vaches, souvenir des Pyrénées, par M. Auguste Bonheur. -@Planta@tion d'un Calvaire, par M. Breton. -@Une Coutu@rière, par le même. -@Les Soeurs de Charité, par Mme Henriette Browne. -@Avant la Messe, par M. Capelle. -@Représentation d'Athalie devant le roi Louis XIV, par les demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , par M. Caraud. -@Femme de Mala di Goëte, par M. de Curzon. -@Groupe d'Arbres au bord de la mer, par M. Desjobert, -L'Hospitalité, par M. ################################################### entièrement réservée aux Anglais, qui, vu l'époque avancée, n'enverront probablement aucun ou@vrage au Salon actuel. Parmi les artistes étran@gers qui ont répondu à l'appel qui leur était fait, les Belges sont, comme de coutume, les plus nombreux et les plus remarquables. Il est vrai que beaucoup d'entre eux habitent Paris, que presque tous sont venus étudier et se perfection@ner ici, et que le visiteur, en parcourant le Salon occupé par les ouvrages belges, peut se croire en face de peintures françaises. Il faut cepen@da@@nt en excepter le tableau -@Les Maux de la Guerre, - de M. Lies, d'Anvers, dont la ma@nière est une imitation de l'ancienne école alle@mande. Nous regrettons qu'avec un talent de pre@mier ordre, cet artiste consacre son temps, sa patience à imiter les procédés, les trucs de tel maître, de telle école, au lieu d'être lui, d'être original, d'être vrai, non seulement par la ##################################################### par M. Hanoteau. -@Souvenir du Château de Pé@tersheim, par M. Knyff. -@Un Paysage, par M. La -morinière -@Le Goûter des cueilleuses d'oeillet@tes, par M. Langée. -@L'Étang de la ferme de Bourcq, par M.@E. Lavieille. -@Le Benedicite, par M. Lechevalier-Chevignard. -@Faits divers, @Inté@@rieur suisse, par Armand Leleux. -@La Vigie, par M. Le Poitevin. -Pêche au saumon, par M. Charles Lerou. -@Animaux, par M. Van Marck. -@Une Ronde d'officiers du temps de Charles-Quint, par M. Pinguilly-L'Haridou. -@Un Novice de l'ordre Saint-François, par M. Ruipérez. -@La Leçon, par M. Toulmouche. -@Halte de contrebandiers, par M. Achille Zo. ########################################################################### Maux de la Guerre au temps de la féodalité, est pleine d'intérêt. Deux sei@gneurs étaient en guerre le vainqueur a pillé, dévasté, incendié le château de son adversaire qu'il emmène prisonnier ainsi que tous les mem@bres de sa famille. Ce vieillard marche accablé, avant à ses côtés ses deux fils garottés comme lui l'aîné, blessé à la tête, indigné des bruta@lités auxquelles son père est en but, cherche à rompre ses liens pour pouvoir le défendre et protéger sa mère et sa jeune soeur contre les propos, les grossièretés des chevaliers qui es@cortent la charette sur laquelle on les a placées. Les têtes de ces nobles chevaliers dévaliseurs, ont du caractère celles des deux femmes sont jolies, expressives mais les chevaux laissent bien à désirer, et cette composition qui, n'a qu'un premier plan, manque de perspective aérienne. Un autre peintre belge, M. @Ha@mman, d'Os@tende, a le bon esprit de chercher à ne singer au@cun maître il ne se préoccupe que de l'étude de la nature, qu'il s'applique à interpréter de son mieux, comme le prouve son tableau de André Vésale professant à Padoue en 1546. On sait qu'ayant appris qu'en Italie on attaquait son système avec acharnement, Vésale y fit annon@cer qu'il donnerait publiquement, à des jours déterminés, à Padoue, des conférences afin de confondre ses adversaires en démontrant ses découvertes sur le cadavre humain même. On sait que les savants accoururent de toutes les parties de l'Europe, que Vésale se surpassa dans es conférences, et que son triomphe fut com plet. C'est là le sujet que M. Hamman a su traiter avec esprit et talent. Son amphithéâtre est complétement rempli de spectateurs, et ce@pendant l'air circule bien parmi ces nombreux groupes heureusement disposés. La lumière est savamment répartie et fait valoir le groupe principal l'attention est portée tout entière sur Vésale et le cadavre sur lequel il fait ses dé@monstrations. La pose de ce savant est simple, le geste noble, la tête inspirée, le dessin est vrai et plein de finesse de modelé, la couleur est puissante d'effet, quoique d'une exécution soignée dans toutes les parties du tableau. On retrouve les mêmes qualités de couleur et de dessin dans deux autres compositions moins im@portantes de cet artiste le Dante à Ravennes et Stradivarius . Les deux tableaux de M. Dobbelaere, de Bruges, sont inférieurs au mérite de ceux que nous venons de décrire. Sa peinture est d'un ton trop uniforme, trop monotone elle man@que de chaleur, de relief. Il y a un peu plus d'ef@fet dans la toile qui représente l'Assassinat de Charles-le-@Bon@ comte de Flandre , que dans celle qui nous montre Memling , malade à Bru@ges, peignant la châsse de Sainte-Ursule mais ce dernier sujet est mieux dessiné, mieux com@posé. M. Lévy, jeune pensionnaire de l'école fran@çaise à Rome, se montre meilleur coloriste dans sa grande composition intitulée le Souper libre . Ce souper précédait le jour où les condamnés devaient être livrés aux bêtes dans les cirques romains. La salle où ils mangeaient était pleine de peuple, et nos saints martyrs lui adressaient la parole, tantôt le menaçant de la colère de Dieu, quelquefois lui reprochant, avec ironie, sa curiosité brutale. C'est une semblable scène que M. Lévy a voulu rendre c'est saint Sature di@sant à cette foule qui entoure la table où lui et d'autres martyrs prennent le souper libre @@Le jour de demain ne vous suffira-t-il pas pour nous contempler à votre aise et pour as@souvir la haine que vous nous portez?.. Remar@quez bien nos visages, afin de nous reconnaître à ce jour terrible où tous les hommes serontju@gés. Il y a dans ce tableau deux jolies têtes de femmes, mais on regrette la froideur des autres personnages, et surtout des groupes po@pulaires auxquels le saint adresse des reproches. @Ruth et Noémi , du même artiste, est un ta@bleau moins considérable, mais qui se distingue par la couleur et le dessin. Un artiste dont les oeuvres ont le caractère éminemment religieux, M. Lazerges, a exposé Jé@sus embrassant la Croix , -@Reniement de Saint Pierre - et les Dernières Larmes de la Vierge . Cette dern@ière composition rappelle, par la be@auté du sentiment et le charme de la couleur, le ta@bleau de la Mort de la Vierge, qui a val lu à cet artiste un beau succès au S@alon de 1853 et qui a été acheté pour la chapelle du palais des Tui@leries M. Lazerges ne s'est pas borné à traiter des su@jets de sainteté nous avons vu de lui deux charmantes toiles Rêverie et le Printemps . Dans cette allégorie, le Printempsest représenté par une jeune et belle femme nue, entou@rée de fleurs, de verdure, caressée par les zé@phyrs et les amours qui voltigent autour d'elle. Cette toile est d'une grande fraîcheur de coloris, mais cette fraîcheur n'a rien de la fadeur du coloris de l'Amour en Visite de M. Hamon. @@Il y a deux ans, en nous plaignant de la conti@nuelle répétition de ces petites figures de con@vention, nous disions à M. Hamon que nous avions foi en son talent, qu'il saurait trouver une variante même dans le néo-grec, en admet@tant qu'il ne puisse quitter ce genre. Hélas ? nous nous reprochons ce conseil, car ce gros poupart rosé qui ne peut se tenir sur ces jam@bes, nous fait regretter l'éternelle jeune fille de ses compositions d'autrefois. Ce fiasco nous af@flige, et nous engageons cet artiste distingué à revenir à ses moutons, aux gracieuses com@positions des précédentes Expositions, au néo-grec, genre dans lequel il réussit, et dans le@quel, il est vrai, plusieurs artistes l'ont surpassé sous le rapport du dessin. Ainsi, cette année, M. Aubert s'est montré plus sérieux dessina@teur dans son charmant tableau Rêverie , que la Commission de la loterie s'est hâtée d'acheter dans la crainte de se le voir enlever par quel@que riche amateur. L' Amour blessé , de M. Bou@gereau, placé auprès de l' Amour en visite, de M. Hamon, nuit à ce dernier par la comparai@son facile à faire et toute à l'avantage de la com@position gracieuse de M. Bouguereau, dont l'amour est joli, malicieux et svelte. M. Curzon s'est également montré un char@mant peintre dans sa Psyché rapportant à Vé@nus la boîte que lui a donnée Proserpine . C'est une jolie étude de femme. La composition du Tasse à Sorrante , par le même artiste@, est aussi rendue avec une grande vérité de sentiment, de dessin et de couleur. Nous en di@rons autant des deux tableaux de M. Hillema@cher Boileau et son jardinier -@Molière con@sultant sa servante . Ce dernier est d'un coloris-très vigoureux la servante rit bien aux éclats en écoutant la lecture de Molière. Le Supplice de Dolet , en 1546, par M. Bailly, est encore une composition bien comprise. Opprimus et plu@sieurs écoliers, profitant de ce que la foule force le cortége à ralentir sa marche, désunissent su@bitement l'enceinte formée par les soldats, et se précipitent auprès du chariot Adieu, Dolet ! s'écrie Opprimus en s'élançant sur les rayons de la roue et s'élevant jusqu'à Dolet, qui lui serre la main avec effusion et lui dit Ne pleure donc pas, enfant vois comme je suis tran@quille il est beau de mourir pour une belle cause, et c'est un bonheur que l'homme doit envier... Il n'en dit pas plus un soldat ar@rache violemment Opprimus et le jette à terre. Cette scène, malgré la difficulté qu'elle offrait, est rendue sans confusion l'effet général du tableau est heureux et intéressant.@@ Si les peintures de M. Etex sont d'une lai@deur, d'une médiocrité incontestées, si celles de M. Clésinger, quoique moins désagréables, moins dépourvues de toutes qualités, sont ce@pendant très faibles, n'est-ce pas un devoir que d'engager ces deux sculpteurs à garder pour eux leurs essais en peinture ? Ils ne sont pas les seuls sculpteurs qui s'amusent à peindre nous avons connu plusieurs statuaires académiciens qui se livraient à ce délassement, mais ils avaient le bon goût de ne pas exposer, comme des oeuvres sérieuses, des essais plus ou moins réussis. Es@pérons que l'accueil fait à l' Eve 629 et aux deux paysages 630-631 de M. Clésinger au Christ prêchant sur le lac de Génézareth 1002 , au Printemps, à l' Eté, à l' Automne , à l' Hi@ver 1003 à 1006 , à l' Europe 1007 et à l' Afri que 1008 , de M. Etex, rendra plus modestes ces deux statuaires espérons d'ailleurs qu'à l'ave@nir les récompenses obtenues en sculptures n'exempteront plus du jury de peinture, les ta@bleaux envoyés par des sculpteurs, et ainsi de même pour les autres branches des beaux-arts. Un très grand tableau qui, à coup sûr, aurait été refusé si son auteur, M. Glaize père, n'était, par ses récompenses, exempté du jury, c'est la Distribution des Aigles par l'empereur Napo@léon III, le 10 mai 1852. On ne comprend pas qu'un artiste du talent de M. Glaize se soit égaré d'une manière aussi étrange, aussi com@plète. Ce q@u'il y a de fâcheux, c'est que cette énorme caricature soit destinée au Musée de Versailles. Après avoir dit sincèrement notre opinion à M. Glaize père, nous applaudirons au début de son fils, M. Pierre-Paul-Léon Glaize, qui se présente pour la première fois aux Ex@positions, avec une grande composition, la Trahison de Dalila. Ce n'est pas une oeuvre ir@réprochable, sous le rapport de la couleur sur@tout mais quelques-unes des figures sont bien dessinées, les mouvements, les situations sont vrais tous les personnages concourent bien à l'action principale. L'auteur de cette grande toile n'a que dix-sept ans, dit-on il promet un bon peintre d'histoire s'il continue par des études sérieuses. En face de la Distribution des Aigles par l'Empereur , se trouve une autre grande toile due au pinceau de M. Court. Elle a pour sujet la Commission du Musée Napoléon présentant à LL. MM. II., au palais de Saint-Cloud, les plans du Musée fondé à Amiens par l'Empe@reur . Autant l'aspect du tableau de M. Glaize père est désagréable, autant celui de M. Court est satisfaisant. Tous les portraits sont très res@semblants et largement peints c'est une des meilleures peintures de cet artiste. Un autre tableau officiel, sagemet composé, c'est la Ren@trée dans Paris de S.A.I. le Prince Prési dent, au retour de son voyage dans le midi de la France , en 1852. On retrouve dans cette toile, commandée pour le musée de Versailles, les qualités sérieuses du talent de M. Larivière @dessin et couleur. Parmi les autres tableaux destinés au musée historique de Versailles, nous citerons la Charge des chasseurs d'Afrique au combat de Bala@klava , le 25 octobre 1854, peinte par M. Phi@lippoteaux avec un élan tout français la Prise de Tiguert-@Hala , dans la Kabylie, par la division du général baron Renault, le 2@@4 mai 1857. composition de M. Decaen qui promet un peintre de bataille de plus deux Combats de Kanghil , en Crimée, le 29 septembre 1855, l'un par M. Couverchel, et l'autre par M. Beaucé. Ce dernier artiste, pour rendre les ac@tions militaires avec plus de vérité, suit nos états-majors dans leurs expéditions. Après avoir fait ainsi les campagnes d'Algérie, de Crimée, le voilà maintenant en Italie, disposé a suivre tous les mouvements de l'armée, à re@produire sur la toile les mémorables faits d'ar@mes de cette guerre de délivrance et d'indé@pendance italienne. Les commandes destinées à la décoration des églises sont encore nombreuses cette année. M. le ministre d'État et M. le préfet de la Seine trouvent là un encouragement à donner à la grande peinture historique, et les artistes du notre époque pourraient s'y appliquer plus sé@rieusement s'ils avaient le bon esprit de se dé@barrasser de tout système, de toute coterie d'é@cole. Un élève de M. Ingres, facile à reconnaî@tre au ton gris et froid de sa couleur, M. Pichon, a exposé l'Annonciation , commandée par le ministre d'État, et Saint Clément , pape , envoyant les premiers apôtres évangiliser les Gaules , commandé par la ville de Paris pour l'@église Saint-Séverin. Cette dernière composi@tion a du style, les poses sont simples, le geste est noble. Le coloris de M. Duval-le-Camus est moins froid il vise plus à l'effet de lumière et d'expression dans son grand tableau Jésus au M@ont des Oliviers , commandé par le minis@tre d'Etat. Une composition plus considérable, faite aussi pour le compte de l'État, Saint Paul frappé de cécité sur la route de Damas , est d'une couleur plus solide et d'un dessin plus ferme, plus arrêté. Son auteur, M. Cartillier, auquel, il y a deux ans, nous reprochions de n'être pas coloriste, a voulu nous prouver qu'il pouvait le devenir. En effet, il y a progrès. Les Disciples d'Emmaüs , sage composition, vigoureusement peinte par M. Dumas, pour l'église Saint-Louis-d'Antin, est bien préférable au Baptême de Clovis 496 , grande toile commandée par le ministère à M. Rigo, qui réussit mieux les su@jets militaires que la grande peinture historique où les nus et les draperies demandent du style. Malgré le talent que l'artiste a mis dans l'exé@cution de cette grande page, la couleur est d'un ton si froid, l'effet si monotone qu'on a peine à croire que c'est l' oeuvre de l'auteur de cet autre tableau plus petit et plus vigoureusement tou@ché Le Général en chef Canrobert venant le matin, visiter une tranchée attaquée pendant la nuit par les Russes , distribue aux blessés des récompenses et des encouragements . Quelques autres sujets religieux ont encore attiré notre attention Le Sermon sur la Mon tagne , de M. Meynier, d'un coloris plein de fraîcheur la Descente de Croix , savamment composée par M. @Hesse la Vierge , Saint-Jea@n et la Madeleine au pied de la Croix , d'un ton u@n peu noir, mais d'un bon sentiment, par @M Henry Scheffer le Retour des Saintes Fem@mes après la mise au tombeau , bien dessiné@ bien composé par M. Legras, et le même sujet traité avec beaucoup de sentiment par un jeune@@ artiste, M. Marius Abel. Il y a de l'abattement @dans la pose de la Vierge , une expression de@ noble et profonde douleur sur ses trai@ts. L'effet @@du crépuscule complète l'impression de mélan@co lie qu'inspire ce petit tableau Nous ne terminerons pas notre revue de la pe@inture d'histoire et de genre historique sans no@us arrêter quelques instants devant plusieurs @ch@armants tableaux celui de M. Caraud, re@présentant les Demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , jouant Athalie devant L@ouis XIV , à Versailles , est encore une des perles de l'@E@xpo@ition achetée par la Commission de la loterie. Le mérite des sujets exposés par M. Comte est moins complet que ceux qu'il avait à la der@nière Exposition. Le Cardinal Richelieu et ses@ @@chats, que nous préférons comme composition, manque cependant d'harmonie de ton. Il y en a d@avantage dans le second tableau Alain Char@tier endormi recevant @un baiser de Marguerite d'Ecosse, mais l'exécution laisse à désirer. M. Devéria est toujours coloriste, comme le prouve ses deux tableaux Mort du Fils de la Sunamite , et une scène de l' Henri VIII de Shakspeare M. Jacquand ne l'est pas moins en nous mon@trant Pérugin peignant chez les moines , à Pé rouze. Des cinq tableaux de M. Heilburth, de Hambourg, nous préférons celui représentant Lucos Signorelli , peintre florentin , contemplant son fils tué dans une rixe la scène est bien dis@posée, les figures mieux dessinées. Le Zeuxis de M. Mottez est une jolie composition qui excite l'intérêt. Pline nous apprend qu'avant de travailler à sa Junon Lucinienne, dédiée par les Agrégentins au temple de cette déesse. Zeu@xis obtint de voir leurs filles nues, parmi les@quelles il en choisit cinq pour copier ce qu'il y avait de plus beau en chacune et en formermer sa Junon. Ce sujet est traité avec convenance et avec talent l'artiste a su éviter le côté tri@vial qu'il offrait. Fermée aux visiteurs pendant huit jours pour la permutation des tableaux qui a lieu habi@tuellement vers le milieu de sa durée, l'Expo@sition a été rendue publique lundi dernier. Quelques toiles qui méritaient aussi une place au salon d'honneur, y sont venues occuper celles d'un certain nombre de peintures transportées, à leur tour, dans les galeries voisines. A la@ place du Débarquement des troupes en Crimée , @peint par M. @Barrias, on voit maintenant le second tableau de M. Yvon, qui, n'étant pas achevé, n'avait pu figurer encore à l'Exposition. Le fait d' armes que cet artiste a été chargé de représenter est encore un épisode de la prise @de Sébastopol. le 8 septembre 1835 c'est la Co@urtine de Malakoff . La division du général ################ s'étant élancée sur l@a courtine qui relie Malakoff au Petit-Redan, envahit la se@conde ligne de défense. Mais la mitraille écrasse les têtes de colonnes de cette brave troupe, et, pour répondre à l'artillerie russe, qui cause dans nos rangs de si cruels ravages, l'ordre est donnée au commandant Souty d'amener devant la courtine les deux batteries du 10 e régiment qu'il commande. Les pièces traversent au ga@lop le terrain effondré que labourent les projec@tiles, et engagent résolument une lutte héroï@que, mais inégale, dans laquelle hommes, che@vaux, affûts, caissons sont bientôt broyés par les calibres supérieurs de l'ennemi. Cependant, la division Dulac et les réserves de la garde s'élancent pour la soutenir. C'est le bataillon de chasseurs à pied de la garde, dont l'intrépide commandant Cornulier de Lucinière est frappé à mort en entraînant sa troupe ce sont les 1 er et 2° régiments de grenadiers de la garde, co@lonels Blanchard et d'Altan, conduits par le gé@néral Mettinet, qui franchissent audacieusement les épaulements de nos tranchées c'est le géné@ral de Failly, à la tête des voltigeurs de la garde, colonel Montera, qui reçoit une blessure mortelle. M. Yvon a répondu, comme nous l'espérions, aux attaques passionnées auxquelles son tableau, la Gorge de Malakoff que nous avons analysé en commençant ce chapitre, a été en butte. L'air circule partout dans cette mêlée l'oeil saisit bien l'ensemble de l'action l'intérêt, répandu partout, est cependant attiré plus particulière@ment sur le personnage principal de la composi@tion placé au centre du tableau le général Bos@quet, qui, dirigeant l'ensemble des attaques, est atteint d'un éclat de bombe au flanc droit, un peu au-dessous de l'épaule@, sent ses forces trahir son courage. On l'emporte sur une civière mais la pluie de projectiles est telle, que le fa@nion du général est brisé dans les mains du ma@réchal des logis Rigodit, et que, à plusieurs re@prises, les porteurs du brancard sont tués. Ce groupe est palpitant d'intérêt il exprime un sentiment inconnu dans les armées étrangères il peint l'amour, l'affection du soldat. C'est qu'en France on n'achète pas ses grades, c'est que chacun doit les gagner sur le champ de bataille, c'est que les chefs partagent le danger et les privations du soldat, c'est que le général est vé@ritablement le compagnon d'armes du soldat qui sacrifierait sa vie pour lui@, comme ce zouave qui meurt en pressant la main du géné@ral Bosquet, dont il a si souvent apprécié le cou@rage, et pour lequel il eût donné dix fois sa vie. Cette grande toile, qui fait pendant à celle qui l'a précédée à l'Exposition, la Gorge de Malakoff , sera l'objet des critiques malveillantes, il faut que son auteur s'y attende. Le grand succès qu'il a obtenu au dernier Salon a excité l'envie, et la jalousie va le poursuivre comme elle a poursuivi Horace Vernet. Ceux qui, par esprit d'opposition, ont le plus décrié les ouvrages de ce grand artiste vont le louer pour nuire à M. Yvon, comme si deux artistes, d'un mérite différent, ne pou@vaient pas briller dans le même genre de pein@ture. Il en a été de même pour notre célèbre tragédienne Rachel dans les derniers moments de sa vie, on lui opposait, on exhaltait, par dé@nigrement, le mérite de M me Ristori, qui, depuis la mort de Rachel, a vu la vogue, le succès de venir presque de l'indifférence, sans que son talent ait été moins grand cette année qu'il n'était il y a deux ou trois ans. Les qualités du mérite de M. Yvon reposent sur des études sérieuses et non sur telle niaiserie de métier, sur tel truc à la mode ou en vogue il pourra, comme tout artiste, se montrer inférieur dans une composi@tion qui l'aura moins inspiré, mais saura bien@tôt se montrer supérieur dans une autre. ########################################################### - Curzon. - Breton. - Luminais. - Brion. - Zo. - Knaus, - Anker. - Henri Baron. - Cabanel. - Compte@-@Calix. - Duverger. - Fichel. - Vetter. - Chevet. - Guérard. - Girardet. - Bouvin. - A. Leleux. - Toulmouche. - Trayer. - Castan. - Roenh. @- Plasson. - Landelle. - Hillemacher. - Vibert. - Brillouin. - Gendron. - Ruiperez. Nous l'avons dit en commençant notre revue du Salon, les tableaux de genre y sont encore, comme aux années précédentes, très nombreux et très remarquables. Quelques-uns sont traités avec l'ampleur et la puissance de la grande pein@ture historique de l'Ecole française. En tête de ceux-ci, il faut placer les ouvrages de Mme Henriette Browne, artiste du plus grand mé@rite, d'un talent si vrai, si réel, qu'il plaît à tout le monde, à celui qui a la prétention de se connaître en peinture, comme à celui qui dit Ça me plaît parce que c'est beau, parce que @ça impressionne@, ça parle, ça vit, et aussi à l'artiste impartial qui aime le choix et la vérité dans l'imitation de la nature. Mme Henriette Browne a représenté, sur une toile de grande di@@mension, deux Soeurs de charité l'une tient sur ses genoux un enfant malade, enveloppé d'une chaude couverture de laine elle le re@garde avec intérêt, tout en consultant les pul@sations du pouls du pauvre enfant, pâli, amai@gri par la fièvre, abattu par des crises nerveuses l'autre Soeur jette un regard inquiet sur ce jeune malade pour lequel elle prépare une potion cal@mante. Cette scène, simple, touchante, est sai@sissante d'effet elle est grassement et franche@ment peinte, d'un dessin et d'un modelé na@ture. Il n'y a pas jusqu'aux accessoires qui n'aient été traités en maître la couverture de laine est un véritable trompe-l'oeil. Aussi cette admirable peinture a-t-elle été achetée pour la loterie et payée, dit-on, 12,000 francs par la commission. Que Mme Henriette Browne conti@nue à marcher dans cette voie, qu'elle fasse toujours de la peinture pour tout le monde, c'est-à-dire de la peinture qui parle à tous par la simplicité, la vérité du sentiment et de l'exé@cution qu'elle ne consulte que la nature en résistant aux gens à système qui inventent une nature, qui fontdu bizarre, du hideux, en croyant faire du nouveau, de l'original qu'elle reste enfin l'interprète fidèle de la nature, et nous lui prédisons de nouveaux et plus grands succès en@core aux prochaines Expositions. Plusieurs petites toiles de cette artiste prou@vent que son pinceau large et mâle sait devenir, au besoin, d'une grande finesse sans perdre de sa vigueur. La Toilette est un petit tableau char@mant de simplicité et de vérité c'est une toute jeune fille qui habille son plus jeune frère. Mme Henriette Browne a encore un Intérieur et un Portrait sur lesquels nous reviendrons plus tard. M. Hébert est un artiste de talent qui s'é@gare ou que la camaraderie égare par ses flat@teries. Un certain charme de coloris ne suffit pas pour remplacer la vérité et intéresser, quand même cette manière paraîtrait nouvelle et se@rait à la mode. Des types laids, maladifs des femmes, des enfants en haillons des chairs jaunes, vertes, violettes, en décomposition des figures tristes, silencieuses, indifférentes les unes aux autres, quoique réunies et groupées une peinture riche de tons, mais délayée, con@fuse et comme effacée par la pluie ou par tout autre frottement telles sont les qualités et les défauts des deux tableaux que M. Hébert a ex@posés sous ces titres les Cervarolles Etats-Romains et Rosa Nera à la fontaine. Au pre@mier aspect, ces tableaux attirent, mais l'examen de ces femmes inspire l'éloignement. Il n'en est pas de même des compositions de M. Curzon, dont le coloris est un peu froid, le ton des chairs un peu rouge. Ses moindres su@jets sont intéressants, ses types sont nature et bien choisis. La plus grande toile de cette ar@tiste représente Une jeune Mère souvenir de Picinesca, royaume de Naples . Cette jeune mère est une belle Italienne qui file et regarde avec bonheur son enfant endormi. La manière large de cette peinture, le style qu'on trouve dans les grandes et petites toiles de M. Curzon, annon@cent en lui un homme capable d'aborder avec succès la grande peinture historique, à laquelle nous espérons le voir se livrer bientôt. Son petit tableau acheté par la commission de la loterie nous plaît beaucoup ces Femmes de Mola di Guëte sont d'un dessin vrai, fin et joli. Nous aimons moins la Moisson dansles Montagnes de Picinesca . M. Breton est un véritable peintre de genre les scènes familières conviennent mieux à son talent que celles d'un sentiment élevé. Son meilleur tableau est certainement le Rappel des Glaneuses . L'effet de lumière du soleil cou@chant était favorable à la couleur toujours un peu grise, un peu monotone de cet artiste, qui rachète ce défaut par une parfaite entende de la composition et un dessin toujours vrai. Le groupe des glaneuses, qui occupe le centre du tableau, est très imposant il y a de la noblesse dans la marche de ces trois paysannes qui rap@pellent, au souvenir, les moissonneurs de Léo@pold Robert. La Plantation d'un Calvaire , ta@bleau acheté pour la loterie, est une composition bien ordonnée dont les physionomies semblent être autant de portraits. On croit connaître tous ces personnages tant ils sont nature. Mais c'est surtout cette autre petite toile, également ache@tée pour la loterie. qui a un cachet de vérité. Comme cette couturière est bien à son travail ! Et cette scène de cabaret -@Le Lundi , - comme elle est vraie aussi ! comme tous les per@sonnages concourent bien à l'unité de l'action ! Nous préférons de beaucoup cette scène de ca@baret, de M. Breton, à cette autre scène de ca@baret , d'un caractère ignoble, peinte par M. Luminais. il y a plus de couleur, de fougue, dans cette dernière, mais les types sont affreux, repoussant, tandis qu'ils sont nature, mais sans laideur, dans le tableau de M. Breton. En fait de types bretons, nous aimons assez la Porte d'Eglise pendant la messe en Bretagne , par M. Brion ces paysans, qui se tiennent debout à la porte de l'église au lieu d'y entrer, ne sont pas laids. C'est une erreur que de croire qu'onre-présente mieux un homme du peuple en en fai@sant un cretin qu'en lui donnant le caractère mâle, énergique, qui convient au travailleur et à l'homme des champs, chez lesquels se trouvent développées les forces physiques qui font la beauté des formes. Nous avons encore remarqué, du même artiste, une composition pleine de sentiment c'est Un Enterrement bords du Rhin . La commission de la loterie a acheté encore Une Halte de Contrebandiers espagnols , par M. Zo. Cette petite toile est d'une couleur chaude. puissante, qui séduit on se croirait sous le beau ciel de l'Andalousie. Les groupes sont heureusement disposés, les figures sont correc@tement dessinées, les femmes surtout sont jolies ce sont de belles Espagnoles. Dans un autre chapitre, nous parlerons des deux aquarelles exposées par ce peintre. Un peintre de genre, de l'école de Dussel@dorf, dont nous avons eu occasion de louer le talent, M. Knaus, qui avait, au Salon de 1857, deux charmants tableaux, n'a exposé, cette an@née, qu'une seule toile la Cinquantaine . Cette composition est d'un sentiment si vrai qu'elle attire la foule des visiteurs. Si nous en jugeons d'après les types et les costumes des personna@ges, la scène se passe dans la campagne du du@ché de Bade. La joie contenue, la gravité alle@mande des deux viellards qui dansent sous un vieux chêne, au milieu de leur famille et de leurs amis réunis le bonheur de cette jeune femme, leur fille, qui allaite son enfant la gaîté bruyante des jeunes enfants, et le calme imperturbable de ces gros Allemands qui fument assis au pied du gros arbre, tout cela est rendu avec une finesse d'observation parfaite et une grande vérité de dessin. Rien de plus joli que cette jeune mère et que ces blonds enfants rien de plus séduisant, de plus harmonieux que la couleur de ce délicieux tableau. Le coloris brillant de M. Anker n'est pas le seul point de ressemblance qu'il ait avec M. Knaus il s'est montré aussi bon observateur, aussi bon dessinateur dans le tableau qu'il a exposé sous ce titre Une Ecole de Village dans la Forêt-Noire . Il y a là de charmantes têtes d'enfants, d'une variété d'expression bien ap@propriée à l'action le type du maître d'école a le cachet d'originalité du métier il a été si heureusement choisi, qu'on doit croire que l'ar@tiste s'est glissé sournoisement dans un coin de cette école de village, parmi les écoliers, pour rendre cette scène intime avec autant de vérité. -@La Fille de l' @Hôtesse , grande toile du même artiste, prouve, une fois de plus, la puissance de sa couleur et la science de son dessin. Mais cette composition, tirée d'une ballade de Uh@land, est moins complète que la première. Puisque nous parlons de coloristes, citons l' Entrée d'un Cabaret vénitien où les maîtres peintres allaient fêter leur patron saint Luc . M. Henri Baron s'est montré à la hauteur de son sujet, il s'est fait peintre vénitien il a mis dans cette petite toile l'éclat, la vigueur, le charme de la couleur, la richesse de la mise en scène, l'action et le mouvement, toutes les qua@lités qui distinguent les maîtres de l'école véni@tienne. Nous lui reprocherons cependant d'a voir négligé un peu le dessin de quelques-unes des figures. - Citons la Veuve du Maître de Chapelle, d'un effet de lumière savamment combiné et parfaitement en harmonie avec ce sujet. M. Cabanel y a mis un sentiment tout artistique. L'expression de douleur de la veuve du maître de chapelle est navrante il y a des larmes dans son regard, en entendant exécuter, sur l'orgue, par ses enfants, le meilleur orato@rio, le dernier morceau composé par l'artiste qu'elle pleure, par le père chéri de ses enfants, par l'époux adoré qu'elle a perdu ces figures sont jolies, d'un dessin fin, élégant. - Le Chant du Rossignol, composition gracieuse qui représente de jeunes et belles personnes écou@tant en silence, la nuit, dans le parc du châ@teau, par un magnifique clair de lune, le chant du rossignol. Cette peinture, de M. Compte-Calix, est pleine de poésie elle fait rêver, elle rappelle de doux souvenirs de la vie de château. - Citons aussi l' Hospitalité , petit tableau de M. Duverger, qui a été acheté par la loterie et qui est encore une peinture de la vie des champs. Une dame surprise, pendant sa promenade, par la pluie et l'orage, vient demander à s'abriter chez un brave paysan qui l'accueille de son mieux. Cette scène si simple intéresse par la vérité avec laquelle elle est rendue elle séduit par la finesse du dessin et la vigueur du coloris. La commission de la loterie, qui a fait preuve d'infiniment de goût dans ses choix, a acheté un tableau très finement touché par M. Fichel, un des plus intelligents peintres de l'école Meis@sonnier. Le Déjeûner , tel est le titre du tout petit cadre dans lequel l'artiste nous montre un célibataire admirant, avant de le déguster, le ton chaud et doré d'un vin blanc d'Espagne. Ses autres très petites toiles, d'une grande finesse, sont Des Amateurs dans un atelier de Peintre Un Café de province au XVIII e siècle Une Bi@bliothèque d'Estampes Un Fumeur Un Gentil@homme de garde , et le portrait de M. Louis Monrose, de la Comédie-Française. - De ce genre miniature à l'huile, nous devons signaler le Départ pour la promenade, par M. Vetter, d'une touche plus franche, plus hardie sans être moins délicate. Ce jeune seigneur, qui met ses gants en se mirant, est fièrement campé la satisfaction règne sur ses traits ce beau garçon est content de lui. Enfin, M. Chevet, le plus habile de l'école Meissonnier, a exposé six très petites toiles, parmi lesquels nous avons remar@qué tout particulièrement Un Peintre regardant son tableau dans un miroir noir. C'est un petit chef-d'oeuvre de dessin et de couleur. Nous avons encore à parler de quelques pein@tres de genre d'une école plus originale, d'un pinceau plus large, plus franc. Une Messe du matin à Monter fil Ille-et-Vilaine , par M. Gué@rard, est une peinture aussi vraie, aussi naïve@ment vraie que l' Ecole de Village de M. Anker Nous aimons encore du même artiste Vive la Fermière! la Parbut@te Fête après le battage des Grains Ille-et-Vilaine . La physionomie de cette bonne fermière, qu'on porte en triomphe, est vraiment heureuse, et l'on éprouve du plai@sir en voyant l'entrain joyeux des groupes qui la suivent en chantant et en dansant. La cou@leur de ce tableau a beaucoup d'éclat et de fraî@cheur, trop de fraîcheur peut-être pour des teints hâlés par le soleil des champs. - Nous adres@serons le même reproche au tableau de M. Edouard Girardet Noce de Village , gracieuse composition d'un ton par trop rosé. La peinture de M. Bouvin est plus solide, plus vraie. Il entend à merveille l'effet de clair-obscur. La Lettre de recommandation est, sous ce rapport, un vrai trompe-l'oeil. La tête de la soeur abbesse, qui lit la lettre, est un portrait plein de finesse et de bonhomie qui con@traste avec la raideur des deux novices. En tête des autres tableaux du même peintre, nous pla@çons la @Ravaudeuse , type on ne peut plus vrai. Puis vient le Liseur et l' Intérieur de Cuisine . M. Armand Leleux est également un peintre des scènes familières de la vie, qu'il rend avec un sentiment vrai. C'est en Suisse que cet ar@tiste est allé chercher les sujets des tableaux qu'il a exposés. Les deux meilleurs sont, à notre avis la Leçon de Couture intérieur suisse , et Faits divers intérieur suisse . Ce dernier, qui a été acheté par la loterie, est une composition pleine d'@intérêt. - La commission de la loterie aussi acheté à M. Toulmouche un charmant petit tableau d'un sentiment délicat et d'une exécution irréprochable. C'est une mère faisant dire la leçon à sa jeune fille. On retrouve le même charme de coloris, la même finesse de modelé dans les deux autres toiles la Prière et le Château de Car@tes . Il nous est impossible d'analyser tous les ta@bleaux de genre qui mériteraient de l'être le nombre en est trop grand. Nous ne pouvons cependant terminer ce chapitre sans mentionner la Famille , époque des vacances , par M. Trayer -@Une Mère allaitant son enfant après le bain , par M. Castan -@Travail et Lecture , par M. Roehn -Eva , par @M. Plasson -@Les Deux Soeurs , costume d'Alvito , par M. Landelle - La Prière du matin et la Partie de Billard, par M. Hillemacher -@Une Visite domicilière sous la Terreur, par M. Vibert -@Amateurs de Pein ture en visite, par M. Brillouin - L' Amour de l'Art et la Délivrance , par M. Gendron -Un Philosophe et un Novice de l'ordre de Saint-François , par M. Ruiperez ce dernier tableau est acquis pour la loterie de l'Exposition. IV. PORTRAITS. MM. H. Flandrin. - P. Flan@drin. - Mme Browne. - Hébert. - Baudry. - Ricard. - Lazerges. - Ro@bert. - Winter@haltter. - Duhufe fils. - Le@hmann. - Landelle. - Cabanel. - Muller. - Motet. - E. Giraud. - Bonnegrace. - Scheffer Henri . - Bin. - Mme Schneider. - Madrazo. - Jobbé-Duval. - Pils. - Schopin. - Louis Boulanger. - @@Mme O'Co@@nnel. - Mlle Léonie Lescuyer. - Valadon. - Glaize père. Les portraits sont encore nombreux à l'Ex@position de 1859, mais on les a disséminés avec tant de tact dans les salles et les galeries, que le regard du visiteur en est moins fatigué qu'aux années précédentes. Pourtant, il y a là beau@coup de types laids, de physionomies insigni@fiantes, de poses prétentieuses, de toilettes@@ ri@dicules, qui ont du faire la désolation de l'artiste condamné à peindre de pareilles choses. Ce sont la vanité et la sottise peintes d'après na@ture c'est la preuve nouvelle que, malgré le progrès de la civilisation, le goût n'a pu péné@trer partout, et que cette anecdote, que nous empruntons à Diderot, sera vraie longtemps encore Un jeune homme fut consulté sur la manière dont il voulait qu'on peignît son père. C'était un ouvrier en fer. - Mettez-lui, dit-il, son habit de travail, son bonnet de forge, son tablier que je le voie à son établi avec un ouvrage à la main, qu'il éprouve ou qu'il repasse, et surtout n'oubliez pas de lui faire mettre ses lunettes sur le nez. Ce projet ne fut pas suivi on lui envoya un beau portrait de son père, en pied, avec une belle perruque, un bel habit, de beaux bas, une belle tabatière à la main. Le jeune homme, qui avait du goût et de la vérité dans le caractère, dit à sa famille en la remerciant Vous n'avez rien fait qui vaille, ni vous ni le peintre je vous avais demandé mon père de tous les jours@, vous ne m'avez envoyé que mon père de tous les d manches. De tous temps les maîtres de la grande pein@ture historique, de la peinture monumentale, ont été en même temps les plus grands pein@tres de portraits. Les chefs-d'oeuvre de Raphaël, Titien, Murillo, Velasquez, Rubens, Van Dyck, et bien d'autres, chez les anciens de David, Gros, Gérard, Ingres, H. Vernet, Paul Delaro@che, et d'autres peintres modernes, l'attestent d'une manière irrécusable. Pour qu'un portrait frappe l'attention, il ne suffit pas qu'il soit res@semblant, il faut qu'il vive par la physionono@mie, il faut que le talent de peintre et de des@sinateur s'y trouve réuni à ce degré de supério@rité qu'on ne rencontre guère que chez les meilleurs peintres d'histoire. Nous en trouvons des exemples à l'Exposition actuelle. M. Hippolyte Flandrin@, l'auteur des resques de Sa@@int-Vincent-de-@Paule et de Saint-Germain-des-Prés, a exposé trois portraits qui ont un mérite tellement réel, que les artistes des diverses écoles les proclament au-dessus de tous ceux qui figurent au Salon. Cependant. à en juger au fini extrême de la peinture de M.@H. Flandrin, on se dit que ce travail de patience doit fatiguer la personne qui pose et qui doit poser si souvent, si longtemps, que l'ennui devrait décomposer les traits de la physio@nomie. Certes, ce serait là un écueil pour un artiste ordinaire, mais non pour un talent com@me celui de M.@@H. Flandrin. Le portrait de Mme S... vêtue d'une robe de satin noir, le bras droit accoudé sur le dossier d'un fauteuil, est vivant le regard est sympathique, la pose gracieuse les bras, les mains sont dessinés et peints avec une pureté, une finesse de modelé telles qu'on dirait de la chair. Ce tableau est tout simplement un chef-d'oeuvre digne des plus grands maîtres. Les portraits de Mlles M..., qui probablement sont deux soeurs, ont égale@ment droits aux plus grands éloges. Celui où la jeune personne tient un coffret en ivoire est touché plus hardiment que les deux précédents, et celui de l'autre jeune personne, ayant un oeillet à la main, est d'un dessin si vrai, si cor@rect, d'une expression si naturelle qu'on dirait qu'elle va parler. Il est des familles si heureusement parta@gées, que le talent semble échu à chacun de ses membres comme un droit de naissance. Nous venons de mentionner les oeuvres de M. @Hippolyte Flandrin, le peintre d'histoire et de portraits, maintenant nous avons à parler de M. Paul Flandrin, qui ne se borne pas à être un grand paysagiste, mais qui s'est fait, lui aussi, un de nos meilleurs portraitistes. Il y a de si grands rapports entre ses portraits et ceux de son frère que la plupart des visiteurs les lui at@tribuent. Cette similitude est très sensible dans le portrait de Mme B... tant pour la pureté du dessin, la finesse du modelé, que pour le coloris qui pourtant est un peu plus noir. Un des portraits les plus vivants@, les plus franchement faits, les plus grassement modelés, c'est le portrait de M. de G., peint par Mme Henriette Browne, avec cette couleur puissante, chaleureuse, que nous avons déjà signalée dans un précédent chapitre. A la hardiesse avec la@quelle ce tableau est touché, personne ne le croirait l'oeuvre d'une femme, d'une femme du monde, qui se cache, assure-t-on@, sous un pseudonyme. Pourquoi se cacher lorsqu'on a le front ceint d'une auréole de gloire ? Est-ce modestie ? Mais, à une renommée aussi bien acquise, la modestie est au moins inutile. Est-ce vanité, préjugé aristocratique ? Mais y a-t-il une meilleure, une plus grande noblesse que celle du mérite ? Quel est le noble de naissance qui ne serait glorieux d'avoir produit les chefs-d'oeuvre de Raphaël@ de Michel-Ange, de Pierre Corneille, d'avoir pris Malakoff ou vaincu les Autrichiens à Magenta ? Non, de mesquins préjugés de société sont incompatibles avec une nature aussi élevée on n'est pas artiste sans aimer la gloire, et quand on aime la gloire, on met le mérite au-dessus des hasards de la nais@sance on est bien autrement fier de la renom@mée couquise qu'on ne l'est d'un nom de famille, tel ancien qu'il soit. Les motifs d'incognito de l'éminente artiste qui se fait appeler Henriette @Browne, nous les devinons sans peine. Sa posi @tion dans le monde l'obligeait à ne s'y montrer artiste qu'avec une célébrité solidement établie elle a donc, avant tout, voulu acquérir un re@nom. Nous ne pouvons qu'applaudir à une conduite aussi sage et à un succès aussi com@plet. Si M. Flandrin, si Mme Henriette Browne ne sacrifient aucune partie dans un tableau, si tout y est étudié, terminé, sans nuire à l'effet général, il n'en est pas de même pour M. Hé@bert qui a pour système de sacrifier tout ce qui s'éloigne du centre de la toile cela facilite, contribue à l'effet, mais c'est tourner la diffi@culté et non la vaincre. Le difficile est d'obte@nir un fini sans détruire l'harmonie de l'effet, sans éteindre la verve de pinceau qu'on met dans une ébauche. Dans le portrait de Mme la marquise de L..., la lumière, l'étude sont don@nées à la tête qui est, du reste, très remarqua@ble sous le rapport du coloris et de l'expres@sion mais tout le reste, les vêtements et les mains, est entièrement sacrifié, à peine indi@qué@, et comme enveloppé d'un nuage de suie. M. Baudry appartient au même système, non à la même école il sacrifie beaucoup dans ses portraits. Une dame qui regardait le portrait d'enfant exposé sous le titre de Guillemette , demandait à son mari pourquoi l'artiste n'avait pas achevé cette peinture ? - Parce qu'il en a été empêché par la mort, lui @fut-il répondu c'est l'oeuvre dernière de Benouville, jeune ar@tiste que nous venons de perdre il y a quelques mois. - Alors, mon ami, je comprends que le jury ait admis cette peinture à peine ébauchée. Cette confusion a eu lieu pour beaucoup de monde, et le simple B. de la signature n'a pu que confirmer, dans cette idée, ceux qui ne pre@naient pas le temps de consulter le livret. Si la demande avait été adressée directement à l'auteur, à M. Baudry, il eût sans doute répon@du, avec bonne foi - Je ne finis pas, parce que cela est trop difficile parce que je détrui@rais les qualités qui font de ce rien quelque chose. C'est surtout le langage de la camara@derie, de la flatterie qui entraîne l'artiste dans cette voie - Pour l'amour de Dieu, arrêtez-vous, lui dit-on plus un coup de pinceau ou vous gâtez ce petit chef-d'oeuvre ! c'est admira@ble, admirable, mon cher! Cependant, il nous semble que, pour avoir terminé un peu plus le portrait de M. le baron Jard-Panvil@lier , M. Baudry n'a rien gâté il y a, au contraire, dans cette oeuvre, la vie en plus, et personne ne dira pour ce portrait - C'est dommage que ce ne soit qu'une ébauche il eût été bien beau, achevé. Parmi les portraits de M. Ricard, nous en remarquons plusieurs qui semblent encore à l'état d'ébauche ainsi, la manche et la main du Portrait de Mlle L.@S. sont à peine indi@qués celui que nous préférons des huit por@traits de cet artiste, c'est le Portrait de Mme E... le modelé est toujours un peu vague, mais la couleur est d'une harmonie qui séduit le re@gard. Plus consciencieusement modelé, plus finement peint et tout aussi séduisant, le Por@trait de M. le comte de V..., par M. Lazerges, est un des plus beaux du Salon. Nous en dirons autant du Portrait de M . le comte de Morny , d'une grande ressemblance, peint par M. Robert, artiste belge. Mais les portraitistes qui ont le mérite de sé@duire plus particulièrement les visiteurs, c'est d'abord M. Winterhalter, la palette la plus chatoyante des peintres modernes. Son portrait en pied de cette belle et jeune princesse, en robe de soie aventurine, est d'une richesse de ton dont cet artiste a seul le secret. J'entends dire que cette couleur n'est pas toujours vraie. C'est possible elle est au moins aussi vraie que celle de certains coloristes dont la couleur, sans être plus vraie, a le désavantage de déplaire par des tons sales et des carnations flétries ou ma@ladives. - Puis, @@M. Dubufe fils, autre char@meur, aux tons dorés, nacrés, diaphanes, le peintre par excellence des grandes dames, des robes de soie, des écharpes de gaze, des plumes et des lambris dorés, luxe qu'il aime et qu'il imite dans la perfection, sans négliger l'étude de la figure qu'il rend toujours gracieuse. Les cinq jolis portraits qu'il a exposés sont d'un dessin élégant celui de Mme la comtesse de R... est surtout très remarquable. - Ensuite, MM. H. Lehmann, Landelle, Cabanel, qui se distinguent aussi par le goût et le fini qu'ils ap@portent dans leurs peintures. M. Lehmann a exposé six portraits, parmi lesquels nous signa@lerons celui de Mlle J.-M. d'O.. ., représentée appuyée sur le dossier d'une chaise, et dont le raccourci de la main droite est bien réussi. Nous signalerons encore le très remarquable Portrait de Mme , par M. Cabanel, et celui de Mme P. F..., par M. Landelle. Le pinceau plus mâle, plus sérieux de M. Muller, a peint, avec une sobriété de détails, une sévérité de tons convenables, le Portrait de la Supérieure des Filles de la Compassion. Cette peinture large et solide nous rappelle le beau Portrait du Frère Philippe , par Horace Vernet. Un portrait d'une vérité de modelé, comme on en rencontre rarement, c'est cette Tête de vieillard peinte par M. Matet, et inscrite au Livret sous le n° 2115 ce n'est pas de la peinture, c'est la nature même. Un autre por@trait bien vivant est celui de M . l'abbé Moret , chanoine de Saint-Denis, directeur de l'OEuvre des Jeunes Incurables, fondée par S.@A.@I. Mme la princesse Mathilde. Cette toile, de M.@E. Gi@raud, est d'une couleur très vigoureuse les figures sortent du cadre. Le Portrait de M . Louis Jourdan , du Siècle, est une excellente peinture de M. Bonnegrace la physionomie du spirituel et profond écrivain a été parfaitement saisie. La ressemblance de M . le docteur Chur chill est aussi très grande dans le portrait peint par M. Henri Scheffer, le digne frère du grand peintre de ce nom, dont tout Paris court admi@rer les oeuvres réunies, en ce moment, dans une exposition particulière faite au profit de la caisse des artistes. Les portraits en pied ne sont pas très nom@breux nous ne nous arrêterons qu'à trois d'entre eux. Celui de S. Exc. le maréchal comte de Castellane, commandé pour le musée de Versailles, à M. Bin, est une bonne peinture qui occupera bien sa place dans cette galerie qui compte de si beaux portraits. Le portrait en pied de Mme la marquise de D..., exposé par Mme Schneider, est remarquable par l'har@monie générale de l'effet, la vigueur du coloris, la noblesse de la pose et le goût de l'agence@ment. Nous adresserons les mêmes éloges au portrait de Mme A..., peint par M. Madrazo, qui a encore exposé deux beaux portraits l'un de S.@A. l'infante dona Josefa, l'autre de Mgr. Guëll y Renté, époux de S.@A. l'infante Josefa. L'un de nos bons peintres d'histoire, M. Jobbé-Duval, occupé à décorer de quatre su@jets la chapelle Saint-Charles-Borromée à l'é@glise Saint-Séverin, et de deux autres sujets la chapelle Saint-Denis à l'église Saint-Sulpice, n'a pu envoyer que trois portraits très largement peints. M. Pils a également deux portraits tou@chés avec la hardiesse qu'on lui connaît. Le portrait de Mme O... est une gracieuse peinture de M. Schopin@ ainsi que le portrait de femme, par M. Louis Boulanger, qui a encore le por@trait de M. Dumas, et celui de M. Granier de Cassagnac, tous deux ressemblants. Des por@traits non moins ressemblants sont ceux de M. Edmond Texier, le spirituel rédacteur du Siècle, et de M. Charles-Edmond L. peints par Mme O'Connel celui de Mme D... par Mlle Léonie Lescuyer, et ceux de deux jeunes artistes par M. Valadon. Nous avons dit franchement notre opinion sur le tableau de M. Glaize père la Distribu@tion des aigles par l'Empereur , le 10 mai 1852. Nous avions le droit de nous montrer d'autant plus sévère envers cette oeuvre incroyable, que nous n'avons laissé échapper aucune occasion de faire ressortir le talent de cet artiste,et nous vou@lons, en terminant ce chapitre, rendre hommage nu mérite de son portrait de M . Louis Figuier . C'est une tête pleine d'expression, dans laquelle nous retrouvons les belles qualités de coloriste et de dessinateur que nous aimions dans M. Glaize père. V. INTÉRIEURS, PAYSAGES, ANIMAUX, MARINES, FLEURS ET NATURES MORTES. MM. Troyon. - Aug. Bonheur. - Marck. - Palizzi. - Rodolphe Lehmann. - Jadin. - Balleroy. - Mlle Léonie Lescuyer. - MM. Dubuisson. - @D'Raussy. - Salmon. - P. Rousseau. - T. Rousseau. - Knyff. - Daubigny. - Besson. - Lapierre. - Leroux. - K. Girardet. - Cabat. - Anastasie. - André. - P. Flandrin. - Corot. - A. de Dreux. - Laugée. - Capelle. - Desand. - Baudit. - Lavieille. - Lamo@rinière. - Harpignies. - Hédouin. - Hanoteau. - Desjobert. - Justin Ouvrié. Si, aux yeux de quelques-uns de nos confrères, les oeuvres de MM. Yvon, Gérôme, Muller, Cur@zon, Lazerges, Bouguereau, Pichon, Lévy, Ma@zerolle, Henriette Brown, sont des toiles indi@gnes de soutenir la réputation de notre école de peinture historique, opinion que nous sommes bien loin de partager, il est un point sur lequel nous sommes parfaitement d'accord avec eux, c'est qu'à aucune époque on n'a mieux fait le paysage et les animaux c'est qu'à aucun Salon on n'en a vu d'aussi remarquables et en aussi grand nombre Quoi de plus admirable que l'exposition de M. Troyon ? où rencontrer quelque chose de plus vraie et de mieux peint ? quel délicieux paysage que cette Vue des hauteurs de Suresne Seine-et-Oise ! l'oeil aime à se promener dans cette belle vallée, animée par des bestiaux qu'un jeune paysan a peine à surveiller, tant la richesse du pâturage semble réjouir ces animaux qui se ré@pandent un peu partout. Cette grande toile est admirable de couleur les fonds sont fins, légers, sans être sacrifiés. Dans le Départ pour le Mar ché , l'effet est encore plus saisissant c'est la na@ture qui s'éveille. Le soleil perce de ses rayons les fraîches vapeurs de la terre on sent l'humi@dité de la rosée, on voit l'haleine des bestiaux l'illusion est complète. La température change dans le Retour à la Ferme le soleil décline, mais ses derniers rayons dorent encore la cam@pagne c'est la lin d'une belle journée, c'est le calme de la nuit qui commence c'est l'heure du repos pour la nature comme pour l'homme des champs. Après avoir passé des heures à con@templer les six tableaux de M. Troyon, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, des animaux ou du paysage, car paysage et animaux sont rendus avec un charme, une vérité que personne n'a réussit à un si haut degré. Connaît-on une peinture plus sérieusement belle, plus vraie@ plus vivante que cette grande Etude de Chien ? On lit dans son regard qu'il est fier d'avoir saisi la perdrix qu'il tient dans sa gueule et qu'il offre tout joyeux à son maître. Nous ne connaissons rien d'aussi complet. M. Auguste Bonheur, le frère de Rosa Bon@heur, est un peintre qui réussit avec talent les ani@maux et le paysage. Sa couleur est solide et brillante tout à la fois son pinceau est plus ferme, plus hardi que celui de sa soeur. Son Troupeau de Vaches , souvenirs des Pyrénées , acheté pour la loterie, et l' Abreuvoir , souvenir de @Bretagne , sont deux charmants tableaux. Une autre jolie toile a été acheté aussi pour la le terie à M. Marck c'est un paysage avec ani@maux dans la saison d'automne. On sent au fini et à certains tons que M. Marck a l'habitude de peindre sur porcelaine et qu'il a été élève de M. Troyon. Le plus grand paysage avec animaux parmi ceux exposés et peut-être parmi tous ceux qui ont été faits jusqu'à ce jour, c'est la Traite des Veaux dans la vallée de Touque Normandie , par M. Palizzi, l'émule et non l'imitateur de M. Troyon, dont il diffère surtout par la cou@leur. Il vise à l'effet, tient à séduire par l'éclat et la fraîcheur, tout en restant dans le vrai. Aussi, cette grande toile est-elle resplendissante de lumière, de soleil on croit sentir la chaleur suffoquante de l'air chaud dans cette vaste plaine où arrivent de tous côtés des veaux pour la traite ou la foire qui s'y tient. M. Palizzi nous a @prouvé qu'il savait surmonter les difficultés, qu@il pei@gnait avec la même supériorité les figures, le paysage et les animaux. C'est un mérite dont M. Rodolphe Lehmann nous donne également la preuve dans son tableau intitulé les Marais pontins . Une barque, chargée de fruits et de maïs, glisse lentement sur l'eau d'une rivière bourbeuse, qu'un troupeau de buffles sillonne en tous sens afin d'en enlever les herbes épaisses qui l'obstruaient. Au loin, l'horizon est borné par le mont Avic. Quelques-uns des personna@ges couchés sur la barque ont de ces beaux types qu'on rencontre dans la campagne en Italie. MM. Jadin et Balleroy sont deux peintres qui réussissent les scènes de chasse, et entre les ta@bleaux desquels il existe la même différence qu'entre ceux de MM. Troyon et Palizzi la cou leur de M. Jadin est vigoureuse, son exécution franche, mais un peu lâchée le coloris de M. Balleroy est frais et le modelé soigné dans ses moindres détails. Le Départ d'une meute de Chiens pour un rendez-vous de chasse est le meilleur des cinq tableaux exposés par cet ar@tiste. Dans les sept envois de M. Jadi@n, nous signalerons surtout Merveillou , @Rocador , Chiens d'attaque de la vénerie de l'Empereur , et Pas commode , le plus chaleureusement peint. - Mlle Léo nie Lescuyer a aussi un pinceau large et ferme elle peint les chevaux avec une vigueur de ton qu'on rencontre rarement chez les dames peintres. Deux de ses tableaux Un mot en passant et l' Abreuvoir sont d'une couleur puissante et d'un effet charmant. Les chevaux de poste, dans le tableau de M. Dubuisson, sont d'un ton moins chaleureux, mais ils sont savamment dessinés. Le soleil éclaire bien la Cour de Ferme , de M. d'Haussy les poules et le coq sont finement touchés, ainsi que les ac@cessoires du premier plan. Les arbres sont moins bien réussis. Avant de passer à l'examen des paysages les plus remarquables de l'Exposition, signalons la Gardeuse de Dindons , jolie peinture de M. Sal@mon, et le grand tableau Un jour de gala , par M. Philippe @Rousseau. Tout est étudié, tout est consciencieusement peint dans cette toile, mais les trop nombreux détails nuisent à l'effet général du tableau, y jettent un peu de confu@sion. - Son homonyme ou son parent. M.@T. @Rousseau, est un paysagiste distingué son co@loris est quelquefois monotone, comme dans son tableau des Bords de la Sèvres , mais il re@prend parfois de l'éclat comme dans celui du Bonnage du Barbison forêt de Fontainebleau , dont les plans sont plus nettement accusés, les arbres plus franchement touchés. Aucun des paysagistes exposants n'a ni la puissance de couleur, ni la vigueur du modelé, ni la finesse, la vérité de détails des tableaux de M. Knyff. Le @Marais de la Campi@ne et les Souvenirs du châtea@u de Petershiem , achetés pour la loterie, sont d'un effet saisissant les arbres, les feuilles, les herbes, les accidents de terrains, semblent en relief et augmentent l'ef@fet sans nuire à l'harmonie, et cela à un degré de perfection qui produit l'illusion. Rien de vague,@ rien de sacrifié, et pourtant l'effet est harmo@nieux, irréprochable. M. Knyff n'est pas un ar@tiste à système il ne voit pas la nature en myope, avec les yeux d'un homme épuisé et chétif il la voit avec des yeux sains, pénétrants, avec les yeux d'un homme en bonne santé et solidement constitué. Au contraire, M. Daubigny aime le vague, il ferme les yeux à moitié pour regarder et voir la nature comme à travers un voile léger. Aussi ses paysages demandent-ils à être vus à distance pour produire leurs délicieux effets. Le plus ravissant des cinq tableaux de ce charmant peintre, c'est, à notre avis, celui dans lequel il a reproduit les Bords de l'Oise. Moins vague dans l'exécution et plus fins de ton, le grand paysage de M. Français peut être vu de près ou de loin, sans perdre aucune de ses qualités. Regardé de loin, ce grand tableau est très harmonieux, et, en s'en approchant, on trouve tous les détails soigneusement étudiés. C'est là une nouvelle preuve que le fini, quand on sait l'atteindre sans détruire la vigueur et l'harmonie, est la perfection des oeuvres d'art. C'est ce que cherche M. Busson, élève de M. Français. Ses deux paysages des Landes sont d'une grande fraîcheur de coloris les lointains de celui aux trois arbres sont très fins de tons. La Forêt au Printemps est peinte dans les mêmes données par M. Lapierre finesse et vé@rité. Il en est de même des Marais de la Char bière au mois de juin, jolie petite toile de M. Leroux, achetée pour la loterie, et de la vue prise sur les bords de l'Eure, par M. @Girardet, qui a mis là toute la fraîcheur et la délicatesse de son pinceau. M. Cabat n'a qu'un paysage, mais il est d'un effet on ne peut plus poétique c'est un Etang des Bois , éclairé par un soleil couchant. Un co@loriste non moins séduisant, c'est M. Anastasie son Groupe de Chênes en automne est d'une vi@gueur peu commune. Le plus grand des tableaux de M. André, sa Vue de la Bonnieure , à Puy reaux , est aussi d'un aspect agréable pour la couleur et le rendu. Mais ces diverses toiles n'ont pas les grandes lignes des paysages histo@riques de M. Paul Flandrin on retrouve ce grand aspect dans deux des ouvrages qu'il a au Salon les Environs de Marseille . Il y a un très grand progrès dans l'exécution des figures qui animent le paysage. On sait qu'autrefois la majorité des paysagistes faisaient peindre les figures de leurs tableaux, tant ils étaient incapables de les dessiner. Quelques-unes des toiles de M. Corot sont là pour attes@ter cette impuissance regrettable nous enga@geons cet artiste à s'en tenir au paysage. Il n'en est pas de même de M.@A. de Dreux qui a peint, avec le même talent, le paysage et les fi@gures de son tableau le Retour de la Chasse La couleur du tableau de M. Laugée est moins chatoyante, mais elle est plus vraie et ses figu@res sont bien plus nature dans son tableau le Goûter des c@ueilleuses d'oeillettes , en Picardie , acheté pour la loterie. Une peinture qui étonne par la vigueur de l'effet de lumière et par la naïveté de son exécution, c'est le tableau acheté pour la loterie et inscrit au livret sous ce titre Avant la @Messe@@ cette peinture de M. Capelle a la netteté, le découpé des ombres et des clairs d'une image daguerréen@ne. Nous aimons mieux le Campeme@nt de nomades dans la plaine d'El@-Outaïa et le Marabout Sidi-Barkate, aux envi@rons de Biskra Sahara , par@ M. Degand, c'est plus artistique les personnages sont bien, grou@pés, bien dessinés, et la couleur est locale, - Un des paysages les plus saisissants, les plus sympathiques, c'est celui acheté pour la loterie à M. Bandit, représentant un prêtre traversant la campagne, la nuit@, par la pluie, suivi d'un seul entant de choeur, pour aller porter le Via@tique au moribond qui habite @cette chaumière bretonne qu'on aperçoit éclairéé dans le loin@tain du tableau. La Commission de la loterie a encore acheté un paysage d'une vérité de ton et de détails très intéressants l'Etang et la Fer@me de Bourcq , par M. Lavieille, et un autre paysage, tout aussi remarquable, à M. Lamori@nière. M. Harpingines est un peintre du Nord qui ne peut oublier là couleur locale des contrées qui l'ont vu naître. @Son Canal des Environs de Nevers ressembla passablement aux Vues de notre bonne et brumeuse Flandre Nous aimons trop notre pays pour @lui faire un crime de ce léger défaut, qui n'empêche pas que son grand tableau Un Orage sur les bords de la Loire , soit un des meilleurs du Salon, tant il est sim@ple de procédé et vrai d'effet. Dans le Retour , nous retrouvons le peintre original des précé@dentes Expositions, avec un grand progrès dans le dessin des figures. - Son confrère, M. Hé@doin, a pris domicile à Chambaudoin, car il a envoyé Un Semeur à Chambaudoin , Un Berger à Chambaudoin, et Une Porcine à Chambau@doin , compositions simples et d'une grande vé@rité. M. Hanoteau, lui, s'est fixé dans la Niè@vre, et il a envoyé cinq Vues de cette province. La plus remarquable Une Prairie sur les bords de la Laudarge Nièvre , a été achetée pour la loterie. Un joli site, Groupe d'Arbres sur le bord de la mer Calvados , a été acheté aussi à M. Desjobert pour la loterie. Nous ne saurions mieux terminer notre revue des paysages qu'en citant la Vue de Rotterdam , de M. Justin Ou@vrié, si riche de ton, d'effet de lumière, et si parfaite de perspective. M. Saint-Jean est toujours le peintre par excellence des fleurs et des fruits. Il n'a envoyé qu'un tableau la Vierge à la Chaise , médail lon en bois sculpté , entouré de fleurs mais qu'il est beau ! quelle vérité ! quelle finesse ! quelle transparence ! Les meilleurs peintres de fleurs paraissent froids quand on quitte ce tableau. Pourtant le Vase de Fleurs et la Paquerette des Champs , de M. Regnier, sont deux jolis ta@bleaux pleins de charme, ainsi que le Rossignol et le Paon , de M. Léon Rousseau. Mais ça ne fait pas illusion comme la peinture de M. Saint-Jean. Citons cependant les Fruits dans un Paysage, joli groupe chaleureusement peint par M. Dussauce. Les marines sont peu nombreuses, et plu@sieurs d'entre elles sont consacrées à la Récep@tion de S.@@M. la reine d'Angleterre , par S.M . l'Empereur Napoléon III , à bord du vaisseau LA BRETAGNE, rade de Cherbourg , le 5 août 1858. MM. Morel-Fatio, Noël et Barry sont les peintres qui ont le mieux rendu le grandiose de cette scène. Dans les huits tableaux de M. Le Poittevin, nous avons remarqué deux pe@tites toiles pleines d'intérêts les Pilotes Hol landais et la Vigie . Ce dernier a été acheté pour la loterie. La couleur de M. Suchet se rappro@che de celle de M. Morel-Fatio les values sont bien transparente dans sa Pêche aux Thons sur les côtes de Provence . Quant à M. Ziem, il a prodigué tous les trésors de sa palette dans ses deux vues de Constantinople . Les reflets des flots sont ce que nous avons de plus éblouis@sants. Les intérieurs ne sont guère en plus grand nombre que les marines. Le plus célèbre de nos peintres d'intérieurs@, M. Danzats, n'a que deux tableaux, mais il s'est montré vraiment coloriste dans la Cour de la maison Coussifa au Caire . Nous ne parlerons ni de l'effet perspectif ni de l'exactitude des détails on sait quelle perfection cet artiste y apporte. Comme perspec@tive, comme entende des ombres et de la lu@mière, nous ne connaissons pas d'intérieur ca@pable d'être comparé à celui de Mme Henriette Browne Intérieur de Pharmacie chez les Soeurs . L'oeil pénètre bien dans les différentes pièces, tout y est visible, l'air et la lumière y circule, on sent que ces religieuses doivent y respirer à l'aise. Il n'en est pas de même de l' Intérieur de la Pharmacie du couvent des Capucines de Mes sine, peint par M. Charles Giraud. Il y fait sombre, triste, l'air et le soleil y manquent. Heureusement, on se sent plus à l'aise vis-à-vis@ de l' Intérieur du cabinet de M. le directeur général des Musées impériaux , au Louvre, et de l' Intérieur du Salon de S. A. I. Mme la prin cesse Mathilde , du même artiste. Le regard circule avec plaisir sur les riches lambris de ces deux salons et les merveilles qui s'y trouvent accumulées. M. Th. Frère ne compte que qua@torze vues de l'Egypte. On conçoit qu'il nous est tout aussi impossible qu'au jury d'analyser chacun de ces ouvrages. Nous nous arrêterons seulement à cet intérieur d' Un Bain au Caire , d'un charmant effet de lumière et d'une jolie couleur. La Chapelle sixtine pendant la prédi@cation d'un franciscain à la messe , et devant le pape Pie IX , par M. Clère, est un tableau qui rappelle M. Ingres. L'effet est savamment mé@nagé, l'ensemble de la composition a ce calme qui convient au sujet, les figures bien dessinées et bien peintes. M. Ricard-Cavaro s'est montré un brillant coloriste en peignant la salle du Sénat de Vénise ses figurent laissent bien à dé@sirer. L'atelier de Paul Delaroche, par M. Roux, est une intéressante composition qui nous mon@tre le grand maître occupé à méditer quelque chef-d'oeuvre nouveau, pendant que deux ou trois élèves travaillent un peu plus loin. VI. PASTELS, AQUARELLES, MINIATURES, PEINTURE SUR PORCELAINE, PEINTURE SUR ÉMAIL ET DESSINS. MM. E. Giraud. - Mme Ceoffier. -M. Sebron. - Aubin. - Mme Becq de Fouquières. - Tour@neux. - M. Bouquet. - Mlle M. Paigné. - Hildebrandt. - Pils. - E. Lami. - @Hamon. - Français. - Vidal. - Henri. - Baron. - Ed. Moreau. - S.@A.@I. la princesse Mathilde. - Mme Herblin. - Mme Monvoisin. - M. David. - Gaye. - Mlle Piédagnel. - Mlle Bloc. - Mme Cool. - M. Hudel. - Baud. - Corplet. - Mme Apoil. - M. Heim. - Flandrin. - Bida. - Zo. - Job. - Galimard. - Verchères. - Merle. - Michel. - Maillot. - Soulié. - Zier. Le pastel est une des plus agréables expres@sions de l'art, c'est l'un des genres de peintures le plus généralement goûtés du public et dans lequel s'exercent aujourd'hui presque tous les portraitistes. Le maître du genre, M. Eugène Giraud, a exposé plusieurs portraits qui sont moins finis que ceux des années précédentes ils sont un peu trop touchés à la manière des peintres de décors. Nous en exceptons cepen@dant celui de S.@A.@I. Mme la princesse Clotilde, dont le fini est plus soigné et qui se distingue par une grande fraîcheur de coloris. Les grands pastels de Mme Coeffier sont très beaux de couleur. Le portrait de Mme L est surtout dessiné et modelé avec beaucoup de ta lent. - Deux autres grands pastels, qui ont at@tiré notre attention, ce sont les portraits de Mme S et de Mme la baronne de C@ @@, dessinés par M. Sebron. Le bras droit en rac@courci du dernier laisse à désirer, mais le dessin du premier est fin et correct. - Dans de moins grandes dimensions, les trois pastels de M. Au@bin sont d'un crayon fin et moelleux le portrait de Mlle A..., jeune fille qui tient une levrette en laisse, est d'une couleur charmante. -@La Prière , tel est le titre donné par MmeBecq de Fouquières à son grand pas tel représentant une jeune bretonne agenouillée et priant. Cette grande étude est d'une couleur sévère d'un très bon effet. -@Un Point d'Orgue est une jolie composition de M. Tourneux, qui nous montre le maestro Gabrieli faisant répéter un de ses motets. Ce pastel à la vigueur d'une peinture vénitienne. -@Les Bords du Scorf@ près de Lo@rient Morbihan et les Bords de l'Ellé Finistère sont deux bons paysages au pastel, largement dessinés par M. Michel Bouquet les premiers plans sont très vigoureux. - Une des élèves les plus distinguées de M. Maréchat de Metz, Mlle Mélanie Paigné, a envoyé trois charmants pastels @Bouquet de Pavots du Caucase Pavots et Liserons @Bouquet de @Roses trémières avec li@serons bleus . Ce dernier est d'@un effet, d' un ton délicieux les pétales, les feuilles, ont une transparence qu'on obtient rarement et qu'on ne rencontre guère que dans les tableaux de M. Saint Jean. L'aquarelle qui avait une si grande vogue, il y a une vingtaine d'années, est aujourd'hui un peu délaissée pour le pastel d'un effet beaucoup plus flatteur. Cependant, l'Exposition de 1859 compte encore un bon nombre d'aquarelles, grâce à un artiste prussien qui en a envoyé trente-huit pour sa part . Trente-huit ! il nous semble que c'est là abuser de l'hospitalité, et nous engageons de nouveau l'administration à limiter le nombre des ouvrages qu'un artiste aura le droit d'exposer. Car admettons que cha@que exposant envoie trente-huit ouvrages, le palais des Champs-Elysées ne deviendra-t-il pas trop petit pour contenir les quarante à cin@quante mille objets qui formeraient alors l'Ex@position ? D'ailleurs, le public aura-t-il le cou@rage de voir avec attention le trente-huit aqua@relles de M. Hildebrandt ? Oui, sans doute, s'il n'avait que cela à examiner. Mais déjà fatigué par la vue de plusieurs centaines de tableaux, le visiteur, en présence des trente-huit aqua@relles, fera comme le critique, il se retirera effrayé par la besogne d'une telle analyse. Arrêtons-nous à un artiste plus discret, à M. Pils, qui n'a qu'une aquarelle l' Ecole à feu , à Vincennes artillerie à pied , 2 me régiment . Cette composition à toute la largeur d'exécu@tion et la vérité d'action qui distinguent les oeuvres de ce jeune artiste. Le Bal d'Opéra, de M. Lami Eugène , a l'éclat des aquarelles de ce peintre qui a mis plus de finesse dans ses autres petits sujets tirés des oeuvres d'Alfred de Musset , ainsi que dans le médaillon d'un éven@tail peint en collaboration avec MM. Hamon, Français, Vidal et Henri Baron. Les ornements de cet éventail, qu'on dit destiné à l'Impératrice Eugénie, sont dûs au talent de M. Edouard Moreau, aquarelliste très distingué, qui a exposé pour son compte une belle gouache, représen@tant Jésus-Christ reconnu par ses disciples à Emmaüs, et trois médaillons d'une couleur co@quette le Théâtre de l'A@mour , -la Danse, -la Musique . Avant de passer à l'examen des miniatures, disons deux mots des aquarelles de S.@A.@I. Mme la princesse Mathilde. Si Mme la princesse Mathilde n'est pas la seule personne de son rang qui ait eu des ouvrages à nos expo@sitions, elle est la première qui ait permis d'inscrire son nom parmi les nôtres au livret du Salon. C'est un fait, un progrès que nous tenons à constater. Oui, nous remercions S.@A.@I. de n'avoir pas déguisé son grand nom sous un pseudonyme, comme si la culture des Beaux-Arts pouvait humilier, ravaler les personnes d'une certaine position sociale nous la félici@tons d'avoir dédaigné un préjugé indigne de notre époque d'avoir, en mêlant ses oeuvres à celles de tous les artistes, relevé l'art dans l'@o@pinion d'un monde pour qui le mérite, le talent, ne sont rien auprès de ces avantages de hasard la naissance et la fortune. Les trois aquarelles de S.@A.@I. sont des portraits grands comme nature ils ont la vigueur de peinture à l'huile, on y retrouve les qualités et les défauts du pro@fesseur M.@E. Giraud. Les portraits de la prin cesse A..., et de Mlle V..., sont largement peints, mais nous voudrions un peu plus d'étude dans le modelé. Nous préférons, sous ce rapport, la copie d'après Rembrandt, qui est rendue avec une richesse et une justesse de ton que tout le monde a appréciées. Les miniatures sont assez nombreuses, assez remarquables, et celles de Mme @Herbelin occu@pent comme toujours la première place. Des six@ portraits, celui de Rossini est des plus ressem@blants et des mieux peints. Les trois médaillons de Mme Monvoisin sont aussi des miniatures d'une grande finesse de modelé, et les douze portraits de M. Maxime David se recomman@dent surtout par le charme du coloris. Enfin, les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, commandés par le ministère d'Etat, à M. Gaye, sont de grandes et belles miniatures qui rappel@lent parfaitement les tableaux d'après lesquels elles ont été peintes. Il y a, cette année, peu de peintures sur por@celaine. Celle exposée par Mlle Piédagnel nous a paru d'une grande finesse de ton et de dessin. C'est une copie du beau portrait d' Elisabeth de France , par Rubens. La réconciliation de Jacob , d'après Pierre de Cortone, est d'une exactitude de dessin et de coloris qui fait honneur à Mlle Bloc. Nous en dirons autant des deux plaques de Mme de Cool l'une, est une copie de la Vierge à la Grappe , d'après Mignard l'autre, la Naissance de Louis XIII , d'après Rubens. Quant au Labourage Nivernais , d'après Rosa Bonheur, par M. Hudel, c'est un peu trop flou et trop rosé de ton. Quelques émaux méritent d'être mentionnées d'une manière toute particulière c'est d'abord Agar, d'après le Dominiquin, par M. Baud -Adam et Eve, d'après Raphaël, par M. Corplet - et l' Enlèvement de Déjavire , d'après Guido Réni, par Mme Apoil. Quant aux dessins, ils sont toujours très nom@breux et généralement assez remarquables. A tout seigneur tout honneur. Nous commence@rons par l'examen des dessins de M. Heim, de l'Institut, l'auteur des grandes et belles pein@tures historiques et de l'intéressante collection de portraits dessinés au crayon noir, aujour d'hui placée au Musée du Luxembourg. C'est la continuation de cette série des portraits des membres de l'Institut que nous trouvons expo@sés au nombre de soixante-quatre. Ces dessins sont des études qui n'ont pas le léché des oeu@vres qui plaisent aux bourgeois et aux élèves des pensionnats, mais ils ont cette vigueur de crayon, cette vérité de physionomie que recher@che l'artiste. Ceux de ses portraits qui nous ont le plus frappé comme ressemblance, ce sont ceux de MM. Horace Vernet, Dumont, Lafuel, Abel de Pujol, Nieuwerkerke, Mercey et Nanteuil. - Les dessins de M. Paul Flandrin sont plus soignés que ceux de M. Heim, et cela devrait être puisqu'ici ce sont des portraits bourgeois et non des études pouvant servir à un tableau dans le genre de celui représentant le Roi Charles X distribuant des récompenses aux ar@tistes à la fin de l'Exposition de 1824. Les por@traits de M.@P. Flandrin sont dessinés avec une grande pureté et une grande finesse. M. Bida, dont les dessins ont le fini et le charme de la gravure, a trois grands dessins aussi remarquables sous le rapport de la compo@sition que sous celui de l'exécution. Ce sont de véritable peinture tant le crayon de cet artiste a de couleur, tant il a d'harmonie dans les effets de lumières. Le plus magnifique des trois c'est la Prédication maronnite dans le Liban la scène est des plus imposantes. Le Corps de Gardes d'Arnautes , a@u Caire , dessin acheté pour la loterie, est charmant il réunit des types d'un caractère original. - Les dessins de M. Achille Zo se raprochent beaucoup de ceux de M. Bida la Devineresse nous plaît moins que les Aven@turiers où se trouvent toutes les qualités de ce peintre dessin correcte, vigueur de ton et com@position bien ordonnée. Mais comme vigueur de crayons nous citerons surtout deux dessins au fusain de M. Verchères de Reffye ce sont deux études habillement touchées et intitulées, l'une Souvenir de la Corrèze , l'autre Souve@nir du Dauphiné . L'auteur @@de la Léda , M. A. Gali@mard, n'a exposé qu'un carton à la sanguine La Sainte Vierge Marie en adoration . Nous espérions trou@ver au Salon le tableau qu'il a peint pour la cha@pelle des Tuileries il n'aura pas été possible, sans doute, de le déplacer nous le regrettons. Le carton que nous avons sous les yeux se distingue par le style religieux que M. Galimard entend si bien il a été composé pour un vitrail d'une chapelle de l'église Saint-Philippe-du-Roule.- Nous avons aussi remarqué l'Annonciation , la Visitation , la Nativité , cartons dessinés avec talent par M. Job, qui s'est montré aussi bon coloriste que bon dessinateur dans quatre ta@bleaux qu'il a exposés Jeune Fille de Brientz canton de Berne , Au Temple pendant la Prière , Scène de la vie de Cottage Etats-Unis d'Améri@que , et Jésus Christ en Flandre . Nous ne pouvons quitter les peintures et les dessins sans attirer l'attention du lecteur sur une composition de M. Merle et que l'auteur a intitulée Mort de l'Amour . C'est une pluie d'or qui a tué l'Amour qu'on voit gissant aux pieds d'une jeune et belle femme, presque nue et mol@lement couchée. La couleur est jolie, le dessi@n élégant, les raccourcis bien réussis. Cet artiste a encore deux bons tableaux Repos de la Sainte Famille en Egypte , et la Lecture de la Bible . - M. Charles Michel est un peintre qui a le senti ment des sujets religieux. Sa Vierge aux Anges est une conception sage et gracieuse le style est simple et la couleur agréable. Il y a dans le Crucifiement grande composition du même artiste un groupe très remarquable c'est celui de saint Jean qui éloigne de cette scène la Vierge et la Madeleine. - Un autre grand ta@bleau, Saint-Antoine de Padoue , peint par M. Maillot, est d'un coloris puissant dans la ma@nière de l'école espagnole la tête du saint est pleine d'expression. - Dans le genre familié, nous avons aussi remarqué une composition charmante de naïveté peinte avec talent par M. Soulié c'est une Jeune Fille effeuillant une Marguerite . - Enfin, nous terminerons en ci@tant le joli Portrait de Mlle Léonore L ..., par M. Victor Zier, d'une grande ressemblance et d'un modelé nature. VII. SCULPTURE ET GRAVURE EN MÉDAILLES. MM. Farochon. - Clésinger. - Grabowski. - Tra@vaux. - Loison. - Oudiné. - Eude. - G. Crauck. - Prouha. - Chambard. - Lanzirotti. - Courtet. - Maillet. - Millet. - Chatrousse. - Etex. - Gruyère. - Desprey. - Chevalier. - Moreau. - Clère. - Debay père. - Lepère. - Carpeaux. - Marcellin. - Allasseur. - Gumery. - Ramus. - Poitevin. - Cocheret. - Garnier. - Begas. - Montagne. - Lequesn°. - Rochet. - Leharivel. - Ferrat. - Badiou. - Diebolt. - - Carrier. - Montagny. - Foyatier. - Jean Debay. - Fabisch. - Mène. - Rouillard. - Delabrière. - Oliva. - Desprey. - Iselin. - Cavalier. - Nieuwerkerke. - Dantan aîné. - Dantan jeune. - Dieudonné. -@ Robinet. - Pollet. - Mathieu-Meusnier. - Vilain. L'Exposition de sculpture donne lieu, cette année, à des jugements curieux. Selon quel@ques critiques, la statuaire surpasse en mérite, cette fois encore, l'Exposition de peinture elle o@ffre, malgré les nombreux ouvrages qui la composent, peu de médiocrités. Selon d'autres, au contraire, elle marche à sa décadence en vi@sant à l'idée, à l'esprit, au pittoresque. Il y a là évidemment erreur. Il ne faut certainement pas, en sculpture surtout, sacrifier la forme à l'idée, parce que la statuaire est, avant tout, un art essentiellement plastique. Mais vouloir proscrire l'idée, voire même l'esprit des oeuvres de sculpture, ce serait porter atteinte au senti@ment, à l'expression, et réduire la statuaire au rôle assez insignifiant d'un détail d'architecture. Si la sculpture des anciens est si calme, si peu vivante si, chez eux, la forme a cette simpli@cité et cette pureté de contours qu'on appelle le beau idéal, parce que, en effet, c'est une forme de convention arrangée pour être en harmonie avec les contours, avec la forme, avec les lignes sévères de l'architecture grecque ou romaine si, disons-nous, les statues antiques ont pres@que toutes l'aspect calme, sévère, c'est que les anciens ne faisaient que de la statuaire mo@numentale, de la statuaire devant s'adapter, se marier au style du monument dont elle était un des détails architectoniques. Au lieu que, de nos jours, les monuments n'étant plus exclusi@vement d'architecture grecque ou romaine, la sculpture monumentale doit prendre le carac@tère des différents styles des monuments à la décoration desquels elle concourt. Puis, de nos jours, il y a une sculpture qui était inconnue aux anciens@, sculpture isolée, indépendante, destinée aux galeries, aux musées, aux collec@tions d'oeuvres d'art. Ici, l'artiste n'a à s'oc@cuper d'aucun style, d'aucun entourage. Le vaste champ de l'imagination est à lui tout en@tier il peut choisir un sujet gracieux ou dra@matique, le traiter dans le style académique, ou l'exécuter dans la manière de Jean Goujon, de Puget, de Coustou, etc. L'Exposition actuelle de sculpture accuse donc un progrès irrécusable pour quiconque a observé la marche que les Beaux-Arts ont suivie depuis trente ans. Sous le premier Empire, sous la Restauration, tous les ouvrages de sculpture se ressemblaient ils étaient tous des imitations plus ou moins adroites de l'antique. Les sculp@tures gothiques, renaissances, celles des règnes de Louis XIV et Louis XV étaient oubliées, ########################### reléguées dans les greniers, dans les magasins de l'Etat. L'artiste, à cette époque, ne faisait que du grec ou du romain il vous aurait ri au nez si vous lui aviez demandé une statue gothique, par exemple. Il ne sortait pas @de l'antique, quelle que fût la destination de l'oeuvre qu'on lui commandait nos monu@ments publics sont pleins de ces anachro@niques. Il n'en est plus de même aujour@d'hui les artistes de la nouvelle école ont étudié tous les genres, tous le@s styles beau@coup d'entre eux traitent avec le même talent une statue gothique ou renaissance, une figure @ans le goût Louis XIV ou Louis XV, et si, @lorsqu'il fait une commande, l'architecte avait @le soin de dire dans quel style le travail doit être exécuté, il éviterait bien des anachronis@mes qu'on rencontre et qu'on rencontrera longtemps encore parmi les sculptures qui dé@corent nos monuments. Mais, dira-t-on, ces divers avantages ont été acquis aux dépens de l'étude du style antique qu'on a négligé, sinon abandonné - Nouvelle erreur, et, pour s'en convaincre, il suffira de comparer les statues de@ ce genre faites de nos jours à celles faites sous l'Empire et la Restau@ration. A tous les points de@ vue de l'art et du goût, ces dernières ne peuvent soutenir la com@paraison. Bien que les deux maîtres qui excel@lent dans ce genre, MM. Duret et Du@mont, n'aient rien à l'Exposition, nous trouverons ce pendant dans les sculptures exposées quelques statues qui attesteront qu'à aucune époque on n'a su mieux comprendre le style grec dans la statuaire, malgré notre goût et nos études pour les autres genres de sculpture. La Mère , groupe en marbre exécuté par M. Farochon, est une charmante composition des@tinée aux salons de réception de M. le président du Sénat au palais du Luxembourg. Cette jeune femme préside à la naissance intellectuelle de deux b@eaux enfants qui l'écoutent avec la naï@veté curieuse de leur âge. M. Farochon nous prouve que, dans le modelé d'une figure, on peut être vrai, être nature et avoir du style. Tout est joli, gracieux dans ce groupe tout y est rendu, étudié avec une facilité d'exécution peu commune. C'est, à notre avis, l'oeuvre la plus complète de l'Exposition de sculpture. Nous trouvons ce groupe bien supérieur aux statues de Sapho envoyées de Rome par M. Clé@singer, et dont la réclame avait fait tant de bruit avant l'ouverture du Salon. Le dernier envoi fait par cet artiste n'est pas porté au Livret il se compose de deux bustes en marbre colorié, et d'une statue de Sapho , aussi en marbre et coloriée. C'est avec chagrin que nous voyons un sculpteur de mérite cher@cher des trucs, des ficelles pour attirer l'atten@tion du public. N'est-ce pas un malheur de voir badigeonner une si belle et si précieuse ma@tière que le marbre, de voir effacer, anéantir, sous une couche de couleur, l'étude du modelé, le talent du statuaire ? Et pour atteindre quel résultat ? Pour arriver à donner à une statue en marbre l'aspect de ces ignobles figures de cire. qu'on montre dans les foires ou qu'on voit aux@ étalages des perruquiers-coiffeurs. Autant nous aimons la vie, la couleur données au marbre par le ciseau de l'artiste, autant notre goût est blessé par la vue d'une statue, - et surtout d'une statue en marbre, - dont les nus sont peints en couleur de chair. le manteau en bleu et les cheveux d'un ton châtain. Nous ne vou drions de sculpture polychrôme que lorsqu'elle est destinée à un monument d'architecture po@lychrôme, parce que, avant tout, nous tenons à l'unité du style mais, en dehors de ces condi@tions, nous demandons qu'on laisse au talent du statuaire la difficile mission de donner la vie et la couleur au marbre, sans autre ressource que la science du modelé et l'habileté du ci@seau. Nous l'avons dit plus haut, M. Clésinger a trois Saphos à l'Exposition. Ne pouvant parler du mérite de la plus grande de ces statues, de celle qui est coloriée, puisque le modelé a dis@paru sous un badigeon, nous ne nous occupe@rons que des deux autres. Pourquoi l'auteur a-t-il intitulé la plus petite des trois statues @Jeunesse de Sapho ? Elle n'a pourtant pas la physionomie plus jeune que les deux autres le sentiment qu'elle exprime est le même c'est le chagrin, le découragement. Du reste, cette statuette est l'oeuvre la plus faible de M. Clé@singer, qui s'est montré plus praticien dans l'exécution de Sapho terminant son dernier chant . Il y a de la verve dans cette composi@tion, mais la tête manque de caractère, et les draperies de style. Nous préférons la Zingara cette danseuse au tambour de basque n'est pas légère c'est une belle et forte Italienne qui danse avec un abandon tout méridional. Le mouvement est juste, les nus grassement mo@delés et les grandes difficultés d'exécution heu@reusement surmontées. Mais ce que nous pré@férons par-dessus tout, c'est d'abord son Taureau romain qui a les beautés d'une oeuvre de l'an@tiquité, et ensuite ses bustes non coloriés, largement modelés, de deux belles Italiennes. Depuis la Sapho de Pradier, c'est à qui trai@tera ce sujet. Cette année, nous en comptons six, y compris les trois de M. Clésinger. La Sapho de M. Grabowski est assise sur le rocher d'où bientôt elle se précipitera dans les flots, car de sombres pensées sont empreintes sur ses traits. Cette figure n'est peut-être pas tout à fait dans le caractère du su@jet, mais le marbre est très habilement exécutée. M. Travaux a composé sa Sapho pour l'une des niches de la cour du Louvre cette figure en marbre est d'un bon sentiment, le torse est bien modelé et les dra@peries agencées avec goût. La Sapho la mieux comprise est celle de M. Loison Sapho sur le rocher de Leucade , statue en marbre destinée sans doute aussi à l'une des niches de la cour du Louvre. Cet artiste a été moins heureux en représentant Pénélope apportant à Ulysse son arc et ses flèches , au moment-où le héros va partir pour la guerre de Troie. Le mouvement est faux Pénélope n'apporte pas l'arc au contraire, elle est au repos et s'appuie dessus les draperies sont par trop mouillées enfin, cette statue sent le poncis académique. Puisque nous sommes en face de figures com@mandées pour la cour du Louvre, continuons l'examen de toutes celles qui ont cette desti@nation. Pour le moment, nous n'examinerons pas si ces statues, destinées à la décoration du même monument, sont en rapport les unes avec les autres, si elles sont composées et exécutées dans le style de l'architecture de l'édifice et des sculptures du temps qui font partie de l'orne@mentation. Nous ne nous occuperons que du mérite de chaque statue. - La Bethzabée de M. Oudiné est bien certainement la meilleure des dix ou quinze figures faites pour le Lou@vre. La pose est gracieuse, la tête jolie, les formes fines, élégantes le torse et les jam@bes sont d'un modelé vrai et gras. M. Oudiné est un des artistes auxquels nous faisions allu@sion au début de ce chapitre. Son talent se plie à tous les styles, ainsi que l'atteste ce groupe en marbre commandé pour l'église de Tournemire Aveyron . La Vierge et l'Enfant Jésus ont le caractère des sculptures gothiques sans eu avoir la raideur les nus sont bien étudiés les dra@peries, agencées avec goût, ont une souplesse dont la sculpture offre de rares exemples. Le bas-relief en marbre, Ave Maria , est encore une gracieuse composition de style gothique. Après avoir parlé du statuaire, parlons maintenant des médailles exposées par le même artiste, car M. Oudiné est surtout graveur en médailles, et il a réuni dans un même cadre onze médailles d'une grande finesse de modelé et d'une grande pureté d'exécution. - Deux statues d' Omphale ont été commandées pour le Louvre. Celle de M. Eude est bien dans le caractère, bien po@sée et les chairs grassement modelées la pose de l'Omphale de G. Crauck est plus recher chée le petit Amour qui tient la massue est par trop petit néanmoins, cette composition est gracieuse, exécutée avec talent et mieux étudiée que celle de Bacchante et Satyre , du même artiste. M.@G. Crauck a encore deux bus@tes en marbre d'une grande ressemblance et une statuette en bronze représentant le Maré@chal Pélissier , duc de Malakoff . Le Louvre aura non seulement deux et peut-être trois Omphale , mais il aura aussi deux Muses de l'Inspiration. Si l'inspiration a élu domicile quelque part, c'est certainement au Louvre, et les deux muses yseront très judicieu@sement placées. La Muse de l'Inspiration , de M. Prouha, n'est pas celle qu'invoquent les poètes et les artistes, celle qui est l'inspiration même, celle qui inspire. Son mouvement indi@que, au contraire, qu'elle cherche, qu'elle at@tend l'inspiration. Comme la statue de Jeanne d'Arc de Rude, la muse de M. Prouha penche la tête, approche la main de l'oreille, écoute la voix céleste de l'inspiration. Cette figure doit être une muse quelconque qui a besoin d'être inspirée, mais, à coup sûr, elle n'est pas l'inspi@ration même il y a là erreur de nom. - Nous préférons, sous tous les rapports, l'inspiration de M. Chambard il y a de l'exaltation dans le regard, de l'inspiration dans l'expression gé@nérale de la figure la pose est noble, la dra@perie est traitée dans le goût de la renaissance, ce dont nous loueront l'artiste, puisque cette sculpture doit s'allier à une architecture renais@sance. M. Chambard a une seconde statue d'un tout autre caractère c'est une Bacchante , mais une vraie bacchante, dansant avec la gaîté, l'entrain, la folle ivresse inhérente à sa nature. - La Pensierosa , dont le modèle en plâlre figu@rait à l'Exposition de 1857, a été commandé en marbre pour le Louvre à M. Lanzirotti. C'est un premier succès que vient justifier une con@sciencieuse exécution en marbre. Cette jolie figure a gagné à être reproduite en marbre on en apprécie mieux la finesse et la vérité du modelé. Ces qualités sont surtout très remar@quables dans l' Esclave , statue en bronze du même sculpteur. Il règne sur cette figure un sentiment de douce mélancolie qui impressionne, un charme dans l'élégance des formes qui séduit tout d'abord. Un buste en plâtre et deux mé@daillons en albâtre très ressemblants, complè@tent l'exposition de M. Lanzirotti. Nymphe ... - laquelle ? - l'artiste, M. Courtet, n'en sait rien lui-même puisqu'il ne le dit pas mais cette nymphe, destinée au Louvre, est bien maniérée elle pose mal et les bras sont mal attachés. Puis, pourquoi cette plinthe dé@coupée et à baguettes, quand celles des autres figures sont droites, pleines, unies ? Nous en@gageons M. Courtet à traiter plus sérieusement à l'avenir la sculpture monumentale. - L' Abon dance , de M. Maillet, est mieux comprise et bien autrement modelée. Ce modèle en plâtre, que nous avions vu déjà dans la niche d'essai au Louvre, nous paraît préférable à cette autre sta@tue en plâtre du même artiste Agrippine por@tant les cendres de Germanicus . - L'auteur de l' Ariane , dont nous avons fait l'éloge il y a deux @ans M. Millet, a fait une statue de Mercure pour le Louvre mais, hélas ! nous ne pouvons plus louer, c@ar nous ne connaissons rien d'aussi maniéré que ce Mercure qui va danser un@ menuet. Pourquoi cette figure, qui est bien modelée, n'a-t-elle pas la pose aussi naturelle que celle de la statuette en marbre de Mme M. R. du même sculpteur ? - M. Chatrousse est plus simple, et il a raison. Sa figure, comman@dée pour le Louvre, l' Art chrétien , est sagement composée, sobre d'effet et de mouvement, comme il convenait au sujet. L'artiste a mis plus d'expression, de mouvement dans la statue en marbre Résignation , commandée pour l'église Saint-Sulpice. La tête est pleine de sen@timent elle est, ainsi que les mains, d'une grande vérité de modelé. Nous avons revu avec plaisir le groupe d' Héloïse et Abeillard , que nous avions vu en plâtre au Salon de 1857. Cette charmante composition est plus sédui@sante encore en marbre les détails ont plus de délicatesse, le modelé plus de finesse. - Com@ment M. Etex a-t-il accepté de reproduire pour le Louvre deux types de la beauté antique Hélène et Pâris , deux figures contraire à la na@ture de son talent ? Aussi, voyez quels traits, quelles formes et surtout quelles mains ! des mains à faire envi aux romains de la Porte-Saint-Martin. Qu'on demande à M. Etex un for@geron, un cultivateur, un type vulgaire ou éner@gique, rien de mieux, mais le beau Pâris, mais la belle Hélène, cela n'était ni dans son goût ni dans sa manière. Nous ne parlerons pas de sa Douleur maternelle . Il y a dans ce groupe en marbre une intention de sentiment, mais l'exécution est plus faible encore que celle des deux précédentes statues. Com@me Gruyère s'est montré bien supé-. rieur dans une composition du même genre la Tendresse maternelle ! Tout s'explique facile@ment, tout est gracieux, tout est joli et étudié dans ce groupe -@La Béatitude maternelle , autre groupe dans le même sentiment, par M. Desprey, est non moins gracieux, non moins étudié l'agencement des draperies a du style. - M. Chevalier a eu le malheur d'avoir un mar@bre affreusement vainé, ce qui nuit au bon effet de son groupe de la Jeune Mère , auquel cepen@dant il a mis son savoir de praticien. La tête du jeune enfant est bien modelée. @Une des figures des plus gracieuses et des mieux réussies, c'est la statue en bronze la Fi@leuse , de M. Mathurin Moreau. Cette statue peut aller de pair avec le groupe de M. Faro@chon comme style et comme modelé. Aussi la@@ commission de la loterie s'est-elle empressée de l'acheter. -@La Vénus agreste , de M. Clère,@@ est une bonne étude en marbre la pose est gracieuse, mais les formes un peu lourdes, quoi@que bien modelées. - Nous ne ferons pas ce reproche à M. De Bay père les formes de cette jeune fille le Choix difficile sont sveltes, cor@rectes, élégantes, mais d'un modelé qui rappelle la sculpture de l'Empire. Passé , Présent , Avenir , tel est le titre d'un projet de monument du même artiste@, composée avec beaucoup de goût. - Nous retrouvons ici deux figures que nous avons vues dans les envois des pensionnaires de l'école de Rome nous voulons parler de la sta@tue en marbre de Lysias, reine de Lydie , femme du roi Candaule , par @@M. Lepère, et de la statue en bronze alors appelé l' Enfant au Coquil lage , aujourd'hui simplement Jeune Pêcheur , par M. Carpeaux. Nous avons dit, il y a neuf mois, notre opinion sur ces deux ouvrages nous avons critiqué les formes un peu lourdes, un peu ronde de Lysias, et nous avons loué la grâce, l'expression et la finesse de modelé du jeune pêcheur. Nous avons également parlé, dans notre revue du Salon de 1857, du groupe de M. Marcellin le corps de Zénobie , reine d'Arménie , retiré de l'Araxe . Ce groupe, qui était alors en plâtre, a beaucoup gagné sous le rapport du modelé depuis qu'il est traduit en marbre. - Nous en dirons autant du Moïse sauvé des eaux, que nous revoyons en mar@bre, exécuté par M. Allasseur avec le fini le plus consciencieux. Parmi les figures d'étude, il faut citer, en première ligne, Un Moissonneur , statue en bronze de M. Gumery la pose est simple, na@turelle les nus, d'un modelé ferme et vrai. Nous aimons moins la Persévérance et la Bien@faisance, statues en marbre destinées à un to@mbeau mais la Fontaine de l'Amour est une gracieuse petite composition du même auteur puis, une statue de David, par M. Ramus, qui a aussi une charmante petite figure en marbre Jeune Pâtre jouant avec un chevreau . Ces deux marbres sont modelés avec le soin et le talent bien connus de l'artiste. - Le Joueur de Billes , statue en bronze de M. Poitevin, est une figure bien étudiée, qui rappelle par trop le Joueur de Billes , de M. Frison. - La Prière est une petite statue en marbre à laquelle M. Cocheret a donné tous ses soins la pose est simple, gracieuse, la tête jolie et d'une char@mante expression. - Le Pécheur endormi , de M. Garnier, est une figure d'étude qui se re commande par la conscience et la vérité du modelé. - Le groupe en plâtre de M. Begas est à peine ébauché, mais il intéresse par l'origina@lité de l'idée et la vérité de l'expression. Il re@présente Pan consolant Psyché . Nous ne chica@nerons pas M. Begas sur l'intervention de Pan pour consoler la curieuse Psyché nous nous bornerons à décrire sa composition. Assis et nonchalamment accoudé sur un tertre, Pan, avec un sourire goguenard, semble donner les conseils de sa grande expérience à la pauvre Psyché, qui pleure sa faute. - La Rebecca, de M. Montagne, est une des meilleures figures du Salon. C'est le beau type juif, le type biblique l'agencement des draperies est bien dans le caractère oriental la pose est noble et simple. Cette statue est largement modelée. Les sujets de l'histoire contemporaine sont peu nombreux. M. Lequesne a reproduit en marbre la statue du Maréchal Saint-Arnaud , destinée au Musée historique de Versailles, et M. Louis Rochet a fait fondre, en bronze et ar@gent, la petite statue de Napoléon Bonaparte , écolier de Brienne 1794 , dont les modèles en plâtre avaient été exposés au Salon de 1857. - La statue en marbre exécutée par M. Leha@rivel-Durocher est destinée au tombeau du cé@lèbre architecte du Louvre. Visconti est repré@senté couché, accoudé sur le bras gauche, la tête baissée et le regard porté sur un plan du Louvre qu'il tient dans la main droite. Le cos@tume du membre de l'Institut prête peu à la statuaire mais, en y ajoutant un manteau, l'artiste aurait pu tirer un meilleur parti, ob@tenir des masses plus larges et d'un effet@@@ monumental. - Si l'effet est plus monumen tal, dans la statue en marbre du jurisconsulte Tronchet, nous reprocherons à son auteur, M. Ferrat, une exécution un peu trop sèche et an@guleuse. - Le modelé du groupe en marbre de M. Badiou de Latronchère est plus vrai. Le plâtre de ce groupe, qui représente @Haüy , fon@dateur de l'institution des Jeunes-Aveugles , était à l'Exposition de 1857. Une statue de la Prodigalité , du même artiste, est bien infé@rieure à cette oeuvre et comme composition et comme exécution. - Les modèles en plâtre du Grenadier de ligne et du Zouave en tenue de campagne , exécutés par M. Diebolt au pont de l'Alma, sont deux types bien choisis nous félicitons l'artiste de ne s'être pas cru obligé de prendre des figures laides et canailles, comme tant d'autres le font, pour représenter nos sol@dats. La laideur n'ajoute rien au courage elle n'a que le triste avantage de déplaire et d'ef@frayer les enfants. - M. Carrier a entrepris une tâche difficile dont il s'est heureusement tiré en représentant la Mort du général Desaix à la bataille de Marengo le 14 juin 1800. Ce groupe est bien disposé l'action s'explique bien le mouvement de Desaix est vrai, le geste noble et ex@pressif. L'effet de l'ensemble est très satisfai@sant. M. Carrier a encore un joli groupe en bronze, Jupiter et @Hébé , et quatre bons bustes. En dehors des sculptures religieuses déjà mentionnées dans ce chapitre, nous devons ci@ter le modèle en plâtre d'une statue de la Vierge et l'Enfant Jésus , commandée à M. Montagny pour une église de Saint-Etienne Loire . L'a@gencement des draperies est joli et d'un style sévère les têtes, les mains son@t modelées avec soin. - L'auteur de l'un des chefs-d'oeuvre de la statuaire moderne, de l'oeuvre la plus con@nue, M. Foyatier, l'auteur de Spartacus , a ex@posé, cette année, une statue d'un tout autre caractère l' Immaculée Conception de la Sainte Vierge . Le Livret ne dit pas quelle est la desti@nation de cette nouvelle production du célèbre sculpteur. -@Saint Thibaud , patron des mi@neurs de Commentry , est une petite statue en marbre exécutée avec le goût et le talent que tout le monde reconnaît à M. Jean De Bay. N'oublions pas son étude en terre cuite le Pe@tit Vendangeur , charmante et spirituelle con@ception qu'on s'est empressé d'acheter pour la loterie. - M. Fabisc@h a exposé le Sauveur , statue en marbre qui nous rappelle le Christ aux plaies , de M. Emile Thomas, artiste qui a renoncé, depuis 1855, à envoyer ses ouvrages au jury des Expositions il a pris la détermina@tion de les exposer dans son atelier. Nous y avons vu dernièrement une oeuvre très recom@mandable au point de vue de l'art. On pourrait appeler cette statue la Femme à la Chaise . C'est une femme déjà d'un certain âge, simple@ment vêtue, debout, légèrement agenouillée sur le bord d'une chaise ordinaire, les mains jointes et appuyées sur le dossier cette femme fait sa prière. Cette statue, qui sera fondue en bronze, est destinée, dit-on, à un tombeau du Père-Lachaise, où certainement elle produira beau@coup d'effet, tant il y a de vérité et d'expression dans cette figure. Pour la reproduction des animaux, M. Mène a toujours le même succès il a exposé de charmants petits groupes de Chevreuils Ju@ment et Chien Chienne et ses Petits . Ce dernier sujet a été traité , dans de grandes dimensions, par M. Rouillard mais ici, c'est une Chienne-Dogue de forte race avec ses Petits elle aboie avec fureur et défend l'approche de ses petits. Ce groupe, si vrai, si vigoureusement modelé. a été commandé à son auteur pour décorer l'un des côtés de l'escalier de la cour des écuries de l'Empereur, au Louvre. - Un autre groupe, non moins vrai, non moins bien exécuté, c'est celui de M. Delabrierre Une Panthère de l' Inde dévorant un Héron . Les bustes et les statuettes occupent la ga@lerie du haut qui donne sur le jardin, et dans laquelle ils seraient très bien éclairés s'ils étaient placés moins bas. Nous l'avons dit et nous le répétons à dessein, les bustes sont modelés pour être vus à hauteur d'homme et non à hauteur de ceinture. Tout le monde l'a senti, et quel@ques artistes, MM. de Nieuwerkerke, Clésin@ger, Oudiné, ont obtenu la faveur d'exhausser à la hauteur convenable les bustes qu'ils avaient exposés. Il est donc permis d'espérer qu'à la prochaine Exposition les bustes et les statuettes seront tous posés sur une estrade plus élevée que celle de cette année. Beaucoup de nos meilleurs statuaires n'ont exposé que des bustes, et c'est de ces bustes que nous allons parler. Deux bustes de M. Oliva ont surtout attiré l'attention des praticiens, et les opinions sont restées partagées. A notre a vis, il y a deux espèces de bustes, et ils demandent à être traités d'une manière différente. Le buste mo@numental, celui qui fait partie de la décoration d'un monument, doit avoir un certain style, qu'il serait ridicule de donner aux bustes qui ne sont que des ressemblances, de simples por@traits d'individualité. La principale des condi tions pour ceux-ci, c'est la vérité, la vie, la phy@sionomie, et, sous ce rapport, quoi de plus rai, de plus vivant que le Buste en marbre de @M. de Mercey ? N'est-ce pas là son regard ob@servateur, son air doux, réfléchi ? Et quelle exé@cution ! c'est aussi hardi et plus fini que les Justes si célèbres de Caffieri. Nous savons qu'on@@ fait un reproche à M. Oliva d'avoir imité ce maître nous, nous le félicitons d'avoir fait aussi bien que lui sans l'avoir copié et avec d'autres procédés. - Un buste qui est encore bien vivant, c'est celui d'un bon vivant, d'un gros réjoui, modelé avec une grande vérité par M. Desprey. - Les Bustes de @M.@J.-N. Bonaparte , de M.@J.-N. Bonaparte , lieute nant au 1 er chasseurs d'Afrique, par M. Iselin, se rapprochent de la manière de faire de M. Oliva, surtout dans le Buste en marbre de Picard. - Si l'exécution des bustes de M. Ca@vali er est moins hardie, ils sont toujours sa@vamment modelés témoins ceux de M . @Hen@riquel-Dupont et de Ary Scheffer .. - Le Por@trait de Mme F..., que nous avons quelquefois rencontrée dans le monde, est un buste très gracieux, très ressemblant, dû au ciseau de M. Nieuwerkerke, ainsi que celui de S.@A. la prin@cesse Murat , non moins bien modelé. - Les Bustes de l'Empereur et de l'Impératrice , com@mandés à M. Pollet, sont des marbres travaillés avec soin. - Il y a plus d'étude, plus de fermeté dans l'exécution du Buste du général de divi@sion comte de Guyon, par M. Dieudonné des Bustes de @M. Coste , de M . @Huzard , membres de l' Institut , par M. Robinet du général Per rin-Jonquière , par M. Dantan aîné de M. Bi neau , ministre des finances , par M. Dantan jeune, et de M . Sainte-Beuve , par M. Mathieu-Meusnier. - On comprendra qu'ayant exposé un Buste en marbre du peintre de Watteau , qui nous a été commandé par le@ ministère d'E@tat, nous nous abstenions de toute observation sur celui exposé par notre confrère, M. Vilain, commandé également par le ministère d'Etat. @Parmi les statuettes exposées,@@ il@ en est plu@sieurs sur lesquelles nous n'avons pas à nous prononcer, puisqu'elles sont des réductions de statues dont nous avons parlé dans notre revue du Salon de 1857 telles sont la Psyché et la Chaste Suzanne , statuettes en marbre par M. Hu@guenin, et la Jeune Fille à sa toilette, statuette en bronze par M. Frison. - Quant à M. Fre@miet, c'est le Raffet de la sculpture personne ne touche mieux que lui les statuettes des trou@piers français. Il a exposé un Cent-Garde , un Artilleur de la Garde , un Zouave de la Garde, un Sapeur , un Chasseur à cheval , un Hussard , un Cheval de t@roupe , toutes statuettes en bronze commandées pour la collection des différentes armes de l'armée française. VIII. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE MM. Mercury. - François. - E. Girardet. - Jouannin. - Lefèvre. - Nyon. - Leroy. - Brévière. - Rif@faut. - Aubry. - Lecomte. - Mouilleron. - Sou@lange-Tessier. - Raffet. - Marc. - Sudre. La gravure est un art dans lequel l'habileté du métier tient la première place aussi ya-t-il plus d'une manière de l'apprécier. Dans l'exa@men d'une estampe, le graveur se préoccupe, avant tout, de la valeur et de l'intelligence des tailles les peintres, les artistes, en général, donnent la préférence aux gravures qui repro@duisent le plus fidèlement l'effet, la couleur du tableau, et jusqu'à la touche du maître, quelle que soit la nature des tailles du burin et des procédés employés les amateurs, comme les marchands, recherchent les estampes rares, an@ciennes, qui se paient cher, les épreuves avant la lettre, les tirages blonds ou vigoureux, selon le goût du moment. Sous le rapport de la parfaite entente des tail@les, la planche de M. Mercury est sans repro@che, mais elle ne rend pas complétement la couleur de la Jane Gray , de P. Delaroche. Nous voudrions un peu plus de fermeté, un peu plus de vigueur. - M. François semble avoir mieux compris le coloris de ce maître dans les Enfants d'Edouard, la @Mater Dolorosa et Jésus au jar@din des Oliviers , qu'il a gravés d'après Delaro che. - Ce maître a été encore bien interprété par M. Edouard Girardet, qui a reproduit les Girondins et la Cenci , deux des meilleures toiles de Paul Delaroche. - Une gravure qui rappelle parfaitement l'effet, la couleur et même la tou@che du peintre, c'est le Portrait de S.M . l'Im@pératrice gravé par M. Jouannin, d'après M. Winterhalter. Cette planche a valu à son au@teur le titre de graveur de Sa Majesté. - Le burin de M. Lefèvre est intelligent, il a de la vigueur il convient particulièrement à la re@production des tableaux des écoles italienne et espagnole c'est du moins ce que nous autori@sent à penser sa gravure de Sainte Cécile , d'a@près Raphaël, et celle de l' Immaculée Concep@tion , d'après Murillo. - La Vue prise à la Gorge-@aux-Loups , forêt de Fontainebleau , est une planche habilement et hardiment burinée par M. Nyon, qui entend si bien ce genre de gravure. Les gravures fac-simile des dessins de nos grands maîtres sont très nombreux. M. Leroy en a exposé vingt et une, exécutées d'après les dessins de la collection du Musée du Louvre pour l'ouvrage publié par l'auteur, sous ce ti@tre Collection de Dessins originaux des grands maîtres publiés en fac-simile . - Mais deux fac@simile curieux, ce sont ceux d'un procédé nou@veau inventé par M. Brévière, auquel on doit la régénération de la gravure sur bois en France. Le fac-simile du dessin de Géricault, Centaure enlevant une femme , a la fermeté d'un croquis à la plume, et le fac-simile du Vieillard , dessin à la sanguine du Primatice, a tout le moelleux et le grené du crayon, et cependant, ce sont des gra@vures en relief tirées à la presse typographi que. -@@ Un graveur plein d'intelligence, que la mort vient d'enlever au milieu de ses travaux, M. Riffaut, a exposé trois beaux Portraits de M . de Queslus , de Mme de Sauve et de M. de Maugiron , fac-simile de dessins conservés à la Bibliothèque impériale. Cet artiste laborieux, infatigable, était arrivé, à force de recherches, à trouver les éléments de la gravure héliog@raphique les planches qu'il a envoyées à l'Expo@sition de photographie sont très intéressantes, et pouvaient faire espérer une complète réus@site. Si la gravure a perdu en M. Riffaut un esprit inventif, capable d'améliorer les procédés em@ployés, la lithographie a perdu, en M. Aubry-Lecomte, l'artiste qui a le plus contribué à la perfection @que cet art a atteint de nos jours. M. Mouilleron a su, avec le crayon lithographi@que, reproduire la transparence du clair-obscur du Tableau de Rembrandt, la Ronde de Nuit , du Musée d'Amsterdam, où l'avait envoyé le mi@nistère d'Etat pour exécuter cette belle litho@graphie. - M. le ministre a également com@mandé à M. Soulange-Tessier, si nous ne nous trompons, une lithographie du tableau de la Prise de la tour Malakoff , peint par M. Yvon elle rend fidèlement tous les caractères et l'éclat du coloris de cette grande composition. - Les sept lithographies exposées par M. Raffet, font partie du bel ouvrage qu'il a publié sur le siége de Rome. Ces dessins sont de véritables ta@bleaux, tant le crayon de cet artiste a de cou@leur et de vigueur, tant il y à d'action, de mou@vement dans ces scènes militaires, et de vérité dans ces types de troupiers dessinés d'après na@ture. - Le crayon facile et correct de M. Marc a reproduit avec fidélité, et surtout avec talent, sur la pierre lithographique, l' oeuvre complète de David d'Angers . Les seize cadres exposés contiennent un joli choix de lithograhies dessi@nées d'après les groupes, statues, bas-reliefs, bustes et médaillons de ce grand sculpteur. - Un des maîtres dans l'art de la lithographie, M. Sudre, le traducteur des peintures de M. In@gres, a exposé deux nouvelles et belles litho@graphies d'après ce célèbre artiste Tête d'Oda@lisque et le Portrait de Mme S... IX. ARCHITECTURE. MM. Hittorff. - Garnaud. - V. Baltard. - Mangeant. - Huguenet. - Beau. - Racinet. Si les projets d'architecture sont en moins grand nombre qu'en 1857, ils offrent néanmoins un très grand intérêt ils témoignent des études sérieuses faites dans toutes les branches qui se rattachent à cet art, le plus ancien, le plus grand entre tous les arts, et cependant le moins apprécié, le moins goûté de la majorité des vi@siteurs. Il y a pourtant, à l'Exposition d'ar@chitecture, une oeuvre qui devrait attirer l'at@tention d'une certaine classe d'amateurs nous parlons du modèle en stucs de couleurs di@verses d'un temple grec, avec ornements et sta@tues coloriés, exécuté d'après les dessins de M. Hittorff. Comment se fait-il que personne ne se presse autour du temple Hypoethre-amphi@prostyle-pseudoperiptère de M. Hittorff ? Est-ce cet assemblage de mots qui a effrayé, ou cet autre assemblage non moins dur, non moins criard des tons de l'architecture polychrôme ?... Cette architecture peut plaire aux Anglais, aux Allemands mais les Français ne s'y habitue@ront guère, malgré la ténacité des efforts de M. Hittorff pour en introduire le goût parmi nous. Voyez-vous l'effet de nos monuments ba@digeonnés comme ceux que nous avons vus à Munich ? Voyez-vous la Madeleine, le Pan@théon, la colonnade du Louvre avec entablement bleu, colonnes roses, murailles rouges ?... Non, non notre oeil est, de longue date, habitué à l'harmonie, au jeu merveilleux des rayons lumi@neux sur la pierre et le marbre de nos monu@ments nous préférons la couleur que la lu@mière donne à nos monuments en éclairant vi@goureusement les saillies de l'architecture nous préférons les effets magiques des clairs et des ombres si harmonieusement tempérés par les demi-tons, par la transparence du clair-obs@cur, effets calmes, mystérieux, poétiques, que détruit le tapage des tons durs et criards de l'architecture polychrôme. Tout en repoussant l'introduction en France de cette architecture, nous n'en sommes pas moins très disposé à ren@dre justice et à admirer, au point de vue de la science archéologique, le savoir que M. Hittorff a déployé dans la Restitution du temple grec que lui avait commandée S.@A.@I. le prince Na@poléon pour son cabinet particulier. M. Garnaud fait également preuve de talent et d'érudition dans ses Etudes d'architecture chrétienne , depuis l'église de hameau, de vil@lage, de petite ville, jusqu'à l'église paroissiale et métropolitaine des grandes cités. Ce sont de bons types que MM. tes maires et les curés de@vraient consulter lorsqu'ils ont une église à faire construire. Le projet qui nous a le plus intéressé, nous l'avouons, c'est le Projet d'achèvement et de modification de la façade de l'église Saint-Eus@tac@he et de la construction d'une flèche cen@trale, par M. Victor Baltard. Nous souhaitions depuis tant d'années la restauratio@n de cette belle église d'architecture renaissance ! C'est avec le plus g@rand soin que nous avons examiné les dessins de ce projet, et nous ne pouvons qu'adresser nos compliments à M. Baltard. Cet artiste s'est inspiré de l'architecture du monu@ment il en @rappelle les principaux détails dans la façade et dans la flèche il tire tout le parti que l'on pouvait tirer du gros oeuvre de la fa@çade actuelle qui sera métamorphosée en élé@ga@nte architecture renaissance. Nous doutons qu'on ait pu faire quelque chose de meilleur goût que la composition exposée par cet architecte. M. Mangeant a exposé un travail très cu@rieux à propos d'un Projet d'arrangement de l'île de la Cité de Paris , lequel se compose de six dessins 1° Lutèce habitée par les nautes parisiens, sous la domination romaine ses mo@numents sont la forteresse municipale, l'au@tel de Jupiter la Voie Sacrée qui la traverse du Petit-Pont au Grand-Pont. - 2° Parisii sous la seconde race ses monuments sont le pa@lais, l'église cathédrale sur l'emplacement du temple de Jupiter, la maison de l'église ou hos@pice, le #################### le Petit et le Grand-@@Châtelet. - 3° La Cité, XV e siècle, entre l'U@ni@@versité, sur la rive gauche, et la ville, sur la rive droite, ses monuments sont le Palais des Rois, la Sainte-Chapelle, Notre-Dame, l'Hô@tel-Dieu. - 4° La Cité, état actuel. - 5° Vue générale du projet. - 6° Plan général du projet, Il y a quelques années, le graveur qui repro@duisait un monument, la cathédrale de Reims, par exemple, était classé à l'Exposition parmi les architectes. Nous avons fait observer qu'il y avait confusion, qu'un graveur n'étant pas ar@chitecte devait être avec ses pairs, avec les gra@@@veurs. Aujourd'hui, les graveurs, les lithogra@phes qui reproduisent des monuments, des fragments de monuments, des horloges même ne @@sont plus mêlés avec les architectes pur sang ils sont catalogués à la suite sous ces ti@tres Architecture-Gravure , Architecture-Li@thographie. Ne serait-il pas logique de placer ces graveurs d'architecture, ces lithographes d'architecture dans des divisions faisant suite à la gravure et à la lithographie plutôt qu'à l'ar@chitecture, puisque c'est le travail du graveur et du lithographe qu'on expose, et non l'oeuvre de l'architecte ? N'est-ce pas le burin de M. Hu@gunet, le crayon lithographique de M.@E. Beau qu'on récompense lorsqu'on leur accorde des médailles ? Qu'ont de commun, avec les projets d'architecture, les dessins d'horloges et de mon@tres du XVI e siècle, de la collection de M. le prince Sollykoff, exposés par M. Racinet fils? Un projet d'architecture est l'oeuvre d'un ar@chitecte, et une gravure, d'après l'oeuvre d'un architecte ou d'après l'oeuvre d'un sculpteur, d'un peintre, d'un horloger, sera toujours une gravure et classée comme telle dans nos collections. ########################## La distribution des récompenses décernées aux artistes, à la suite de l'Exposition de 1859, a eu lieu le 15 juillet, à neuf heures du matin, au palais des Champs-Elysées, sous la prési@dence de S. Exc. M. Achille Fould, ministre d'Etat. Le grand Salon carré de l'Exposition avait été disposé et décoré pour cette cérémonie. A neuf heures précises, S. Exc. le ministre d'Etat a pris place sur l'estrade qu'on avait pré@parée pour le recevoir. Il avait à sa droite M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des Musées impériaux, intendant des Beaux-Arts de la maison de l'Empereur à sa gauche, M. Gautier, secrétaire général de la maison de l'Empereur Son Excellence était aussi accom@pagnée par M. le conseiller d'Etat Pelletier, se@crétaire général du ministère d'Etat, par M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées impériaux, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts, et MM. les membres de l'Institut, section des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Exc. le ministre d'Etat a prononcé un discours qui a été fort ap@plaudi par tous les artistes exposants, et que, pour notre part, nous nous empressons de re@produire dans son entier Je ne répondrais pas au sentiment qui nous anime tous, si ma première pensée n'était pas pour l'Empereur et pour l'armée. La nouvelle campagne d'Italie, immortalisée par d'éclatantes victoires, est aujourd'hui couronnée par une paix glorieuse. Il était permis de craindre que le spectacle de ces grands événements ne fût nuisible à cette Exposition en détournant d'elle l'attention du public. Il n'en a pas été ainsi. Confiante dans ses armées et dans son souverain, calme sous la ré@gence de l'Impératrice, la nation ne s'est dé@tournée ni de ses travaux, ni de ses délasse@ments. L'empressement avec lequel ce palais a été visité, les acquisitions nombreuses qui y ont été faites, ont prouvé l'intérêt qui s'attache toujours, dans notre pays, aux oeuvres de l'art, aux travaux de l'intelligence. Je me plais à constater. Messieurs, que l'ensemble mérite les éloges du public éclairé et délicat. S'il n'a pas eu à admirer une de ces pages hors ligne par lesquelles un génie nou@veau se révèle, il n'a pas été choqué non plus de ces présomptueuses singularités qu'inspire un faux goût. La trace de l'étude est plus sensible ici que dans les Expositions précédentes. Il y a moins de ces oeuvres enfantées à la hâte et qui sont en@core plus promptement oubliées qu'elles n'ont été conçues. Nous avons vu avec satisfaction di@minuer aussi le nombre de ces essais que l'on nous présentait avec assurance pour des oeuvres sérieuses. Les ébauches que nous avons recueillies des anciens maîtres, et que nous conservons pré@cieusement, tiennent leur prix autant du sou@venir de leur auteur que des grandes qualités qu'elles indiquent mais l'admiration qu'elles inspirent ne fait qu'augmenter le regret de ne pas les voir plus complètes. On revient au vrai principe de l'art, aux saines traditions, à celles qui ont le travail pour base et le bon goût pour règle. On comprend que l'étude n'a jamais comprimé le génie, et que l'application a souvent développé le talent. J'attribue, Messieurs, cet heureux progrès aux conseils éclairés de vos maîtres, qui viennent d'être vos juges, et à la sollicitude dont le gou@vernement de l'Empereur vous entoure. Il accueillera tous les moyens qui lui sont offerts de vous la témoigner. Cette année, c'est une loterie placée sous le patronage d'hommes éminents, et dont le dévoûment à l'art est de@puis longtemps venu augmenter les sommes or@dinaires employées en acquisitions. De nombreuses commandes, de glorieuses distinctions encouragent tous les efforts et ré@compensent le mérite dans toutes les branches des arts que vous cultivez. Enfin, Messieurs, vous trouverez tout à l'heure, dans le nombre et le choix des distinctions qui vous ont été ac@cordées, un témoignage de la haute satisfaction de S.@M. l'Impératrice-Régente. Tant de soins ne doivent pas être perdus, et vous les reconnaîtrez en donnant la gloire des arts à un règne qui en a déjà tant d'au@tres. M. le comte de Nieuwerkerke, directeur gé@néral des Musées, a pris ensuite la parole pour expliquer le but des rappels de médailles et des mentions honorables comme récompenses aux exposants. Ce discours est une nouvelle preuve de l'intérêt que M. le directeur des Musées porte aux artistes ceux-ci ont répondu à ses bonnes intentions par les plus chaleureux ap@plaudissements. M. le comte Nieuwerkerke a ensuite proclamé les récompenses dans l'ordre suivant Officier M. Ch. Muller, peintre. Chevaliers MM Norbin, peintre Mathieu, id. Palizzy, id. Daubigny, id. Ch. Lefèvre, id. Du@val-Lecamu, id. Bonguerau@, id. Barrias@, id. Knaus, id. Plassan, id. Baron, id. Chavet, id. Fromentin, id. Ch. Leroux, id. Farochon, sta@tuaire Loison@, id. Aimé Milet, id. François Jules , graveur Soulange-Teissier, lithographe. PEINTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Fortin, Daubigny, Knaüs, Bézard. Médailles de 1 re classe. - MM. Breton, Fromen@tin, Leleux. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Lau@gée, Heilbuth, Laemlein, de Curzon, Roux, Bou@@@@langer, Roehn, Timbal, Guillemin, Brion, Richter, Leroux. Médailles de 2 e classe. - MM. Rigo, Belly, Ham@man, Janmot, Leighton, Bonheur. Rappel des médailles de 3 e classe . - Mme Browne MM. Brendel, Devilly, Toulmouche, Plassan, Mar@quis, de Knytf. Compte-Calix, Busson, Rivoulon Mlle Théveni@n M. Mazerolle Mme Besnard. Médailles de 3 e classe. - MM. Levy, Achenbach, Caraud, Lechevalier-Chevignard, Ulman, Deneu@ville, Boulangé, Delaunay, Pasini, Baudit, Janet-Lange, Berchère. Mentions honorables. - Mlle Allain MM. Alle@mand, Aubert, Bonnat, Brissot Mme Becq de Fou@quières MM. Chretien, Clere, Cock, Coroenne, Crauk, Decaen Mme Gaggioti-Richards MM. Gassies, Graize, Grenet, Grisée, Grolig, Hanoteau, Herbstoffer, @Hintz, Houzez, Hubner, Job, Jumel, Kate@, Lalaisse, Lamorinière, Lobrichon, Magy@, Marquerie, Merle, Meynier Mlle Morin Mme la comtesse de Nadaillac MM. Papeleu, Perrachon@, Pina, Protais Mme Robelet MM. Rothermel, Rui@perez, Sain Mme Schneider MM. Tabar, Valerio, Villevieille. SCULPTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - M. Loison. Médailles de 1 re classe . - MM. Moreau et Allasseur. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Gu@@mery, Schroder, Grabowski, Farochon, Marcellin, Maindron. Médailles de 2 e classe. - MM. Begas, Crauk, Dar@peaux, Salmson. Rappel des médailles de 3 e classe. - MM. Oliva, Chabaud, Borrel, Le Bourg, Travaux. Médailles de 3 e classe. - MM. Lepere, Truphème, Varnier, Eupe, Aizelin, Ponscarme. Mentions honorables . - MM. Badiou de la Tron-chère, Bangillon, Barthélémy, Brian, Carrier de Belleuse, Chatreusse, Chevalier, Clère, Cocheret, David, Delabrière, Deunbergue, Durand, Fabisch, Franceschi, François Funnère, Grandfils, Hébert, Kaltenheuser, Lanzirotti, Lavigne, Moignez, Morel - Ladeuil, Poitevin, Prouha, @Roubaud, Valette, Wa@trinelle. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Blan@@chard, François, Lasalle, Mercury. Médailles de 1 re classe. - M. Keller. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Bridoux, Gaucheret, Girardet Edouard , Girardet Paul , Gi@rard, Salmon. Soulange-Teissier, Weber. Médailles de 2 e classe. - MM. Bal, Eichens. Rappel des médailles de 3 e classe. - MM. Aubert, Laurens, Lavielle, Leroy, Vari@n. Médailles d@e 3 e classe. - MM. Jouannin, Joubert, Sirouy, Valerio. Mentions honorables . - MM. Bertinot, Caret, Chevron, Constantin, Fleischmann, Gibert, Lehner, Levasseur, Manceau, Martinet, Pichard, Riffaut, Sau@nier, Stang, Sulpis, Thomas, Verswyvel, Wacquez, Wismes. ARCHITECTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Gar@naud, Verdier. Médailles de 1 re classe. - M. Tetaz. Rappel des médailles de 2 e classe. - M. Denuelle. Médailles de 2 e classe. - MM. Thomas, Hénard. Rappel des médailles de 3 e classe. - M. Trilhe. Médailles de 3 e classe. - MM. Villain, Moll, Mauss. Mentions honorables . - MM. Arangoïti, Reiber. Schmitz. Nous saisissons l'occasion qui nous est offerte pour démontrer que le nombre des récom@penses n'est plus en rapport avec l'état actuel des Expositions. Il y a trente à quarante ans, le Salon se composait à peine de douze cents ouvrages l'Exposition qui vient de finir en comptait trois mille neuf cents environ, c'est-à-dire près de trois fois plus. Comment se fait-il qu'en présence de cette énorme augmenta@tion des ouvrages exposés, le nombre des mé@dailles soit resté le même qu'autrefois ? Si alors le nombre des récompenses était parfaitement en accord avec le nombre des ouvrages exposés, il est évident qu'il ne l'est plus aujourd'hui. C'est en vain que l'administration a cherché à réparer ce tort, à com@bler cette lacune en créant les rappels de médailles et les mentions hono@rables cette mesure, qui ne date que de 1857, n'a pas satisfait les artistes et ne les satisfera pas, malgré les bonnes intentions de M. le di@recteur général des Musées et les explications qu'il a données dans son discours. En effet, tout le monde reconnaît l'insuffisance de trois mé@dailles de 1 re classe, de six de 2 e classe et de douze de 3 e classe, eu tout vingt-une médailles pour plus de trois mille peintures comprenant les sections d'histoire, de genre, portraits, ani@maux, paysages, intérieurs, marines, miniatu@res, pastels, aquarelles et dessins. C'est encore pire pour la sculpture, qui occupe, de nos jours, une si belle et si importante place à nos Expo@sitions pour cinq cents ouvrages environ, on ne lui accorde que douze médailles, dont deux de @@1 re classe, quatre de 2 e classe et six de 3 e classe encore faut-il les partager avec les graveurs en médailles. Pour établir l'équilibre entre les récompenses et la valeur des ouvrages qui figurent aux Ex@positions de notre époque, pour mettre ces ré@compenses en harmonie avec les progrès qui ont grandi certaines branches de l'art, jadis négli@gées, dédaignées et, pour ainsi dire, inconnues, il faudrait augmenter le nombre des médailles et, en quelque sorte, les distribuer par genre, car il est impossible qu'avec ses trois médailles de 1 re classe l'administration puisse récompen ser , à mérite égal, une peinture historique, un@ tableau de genre, un portrait, un paysage, un intérieur, une marine, une miniature, un pas@tel et un dessin. Nous savons qu'il est rare de rencontrer à la même Exposition des oeuvres du premier mérite dans tous ces genres mais, cependant, cela pourrait arri@ver, et nous croyons que si, cette année, le jury avait eu à disposer de six médailles de 1 re classe pour la peinture, il aurait été beaucoup moins embarrassé qu'en n'en ayant que trois seulement pour récom@penser tant d'oeuvres remarquables.@ XI. Tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts. Le dimanche, 24 juillet, à deux heures, il a été procédé, dans la grande nef du Palais de l'Industrie, au tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts, organisée par un arrêté de S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, en date du 7 mars dernier. Au fond, dans la partie ouest de la nef, a été élevé une riche estrade sur laquelle ont été disposés deux bureaux pour les membres de la Commission et pour les fonctionnaires supérieurs du ministère de la Maison de l'Empereur. L'instru@ment du tirage de la loterie a été placé derrière les bureaux sur une plate-forme beaucoup plus élevée, de manière que les opérations du tirage soient aperçues de tous les points de l'enceinte. Le fond de la nef est orné de faisceaux, d'écussons et de riches draperies sur lesquels se détachent les objets d'art acquis pour la loterie. Les cent vingt-trois tableaux, dessins, aquarelles et pastels garnissent le fond et les deux côtés de l'estrade, et de chaque côté du bureau on a placé sur des piédestaux les trois seules sculptures achetées la Fileuse , statue en bronze, de M. Mathurin Moreau le Petit Ven@dangeur, statue terre cuite, de M. Jean De Bay la J@eune Femme couronnée de lierre , buste en marbre, de M. Louis Auvray et aussi le Vase renaissance, argent repoussé@, de M. Deunbergue, ainsi que l'Italie , terre émaillée de M. Devers. A deux heures@, S. Ex. M. le comte de Morny, président du Corps législatif, président de la Com@mission de la loterie, est entré accompagné des membres de la Commission@, de M. Gautier, con seiller d'État, secrétaire général du ministère de la Maison de l'Empereur, et de M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Ex. M. le comte de Morny donne lecture d'une lettre qu'il a adressée le 22 juillet à S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, pour lui annoncer la clôture des travaux de la Commission. Il communique ensuite à l'assemblée la réponse de S. Ex. le ministre d'État de la Maison de l'Empereur, qui charge la Commis@sion de procéder à l'opération du tirage de la loterie. Après cette lecture, M. le président expose, dans un discours bien senti, les heureux résultats obte@nus par la Commission, les avantages de cette loterie déjà appréciés par les artistes, l'influence qu'elle aura sur le goût du public, et l'extension qu'elle est appelée à prendre dans l'avenir. Puis il entre dans de minutieux détails sur le mode de tirage adopté par la Commission, et il termine en annonçant que le droit de reproduction de leurs ouvrages a été réservé aux artistes. Sur l'invitation de M. le président, les enfants chargés de tirer les numéros sont introduits dans la salle, et le tirage commence au milieu de l'atten@tion générale des nombreux spectateurs qui, malgré le mauvais temps, avaient voulu assister à cette in@téressante opération. Nous ne reproduirons pas ici la liste des lots pu@bliée par le Moniteur nous les avons déjà mention@nés dans cette revue #################################################################################### ##################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################################### | SALON DE 1859.@@ I. Le Jury. - Les Sculpteurs-Peintres et les Peintres-Sculpteurs. - La Loterie. - Classement des Ouvrages. L'Exposition des Beaux-Arts a été ouverte au public le 15 avril, ainsi qu'on l'avait annoncé, et, malgré son organisation qu'on savait in@complète, malgré un temps affreux, les artistes, les hommes de lettres et les gens du monde y étaient accourus en foule, comme pour donner un démenti à ceux qui prétendent que le goût des arts et des lettres s'éteint en France. Il est de notre devoir, avant de pénétrer, avec la foule, dans les galeries de peinture, de signaler deux modifications importantes apportées, cette an@née, au réglement de l'Exposition. L'une est relative au jury d'admission, et l'autre à la créa@tion d'une loterie d'objets d'art. Anciennement, les oeuvres des membres de l'Institut étaient seules admises sans passer à l'examen du jury, et cela ne pouvait être au@trement, le jury n'étant composé que de mem@bres de l'Institut, qui, certes, ne se seraient pas amusés à refuser leurs productions. Depuis quelques années, cette faveur a été accordée également aux artistes décorés pour leurs tra@vaux. C'était un acte de justice qu'on avait ré clamé depuis longtemps, et qu'on obtenait en@fin. Mais là ne devaient pas s'arrêter les sages et bienveillantes réformes de l'administration actuelle elle a étendu encore d'un degré le droit d'exemption elle a décidé, cette année, que seraient reçues sans examen les oeuvres des artistes ayant obtenu soit une médaille de première classe aux Expositions annuelles, soit une médaille de deuxième classe à l'Ex@position universelle. Nous espérons que l'administration des Beaux-Arts ne s'arrêtera pas dans la voie des réformes nous pensons que, avant peu d'années, elle accordera aussi l'admission sans examen aux ouvrages des ar@tistes ayant obtenu une médaille de deuxième et même de troisième classe aux Expositions an@nuelles . Cette mesure satisferait les artistes et sim@plifierait énormément les opérations du jury d'admission qui, n'ayant plus alors que quel@ques centaines de tableaux et de statues soumis à son examen, pourrait y apporter une atten@tion qui assurerait l'intégrité de ses jugements, intégrité qu'on ne peut exiger dans l'état actuel des choses. En effet, comment ne pas commet@tre d'erreur dans l'examen rapide de huit à dix mille ouvrages présentés souvent dans de mau@vaises conditions de lumière ou de voisinage ? Nous croyons que le seul moyen d'éviter au jury des erreurs déplorables et si fatales aux artistes qui en sont victimes, c'est de simplifier sa mis@sion, de restreindre l'étendue de son travail c'est de lui donner moins d'oeuvres à examiner pour que son examen soit consciencieux. Pour atteindre ce but, deux choses sont à faire 1° Admettre sans examen les ouvrages des mem bres de l'Institut, des artistes décorés pour leurs travaux, des artistes ayant obtenu des médailles de première, deuxième et troisième classes aux Expositions annuelles , afin de diminuer d'au@tant la besogne du jury 2° n'autoriser chaque artiste à n'envoyer que trois ouvrages , ce qui réduirait bien davantage encore le fatigant tra@vail du jury. Tout le monde y gagnerait. L'@Ex@position ressemblerait moins à un bazar ou à une salle de vente elle serait sans doute un peu moins nombreuse en productions, mais elle deviendrait certainement beaucoup plus inté@ressante sous le rapport du mérite, puisque membres de l'Institut, artistes, décorés, mé@daillés et autres auraient choisi eux-mêmes, pour les exposer, leurs trois meilleurs ou@vrages. A propos de cette grave question d'exemption du jury, un incident nouveau se présente cette année, par le fait que deux sculpteurs décorés, par conséquent exempts du jury, ont exposé des peintures sans les soumettre au jury d'admis@sion. Les peintres se demandent si un artiste exempté du jury, comme peintre, peut exposer de la sculpture sans la présenter au jury de sculpture ? si un artiste, exempté comme sculp@teur, a le droit d'exposer de la peinture sans la sanction du jury de peinture ? Nous ne sommes pas de ceux qui voudraient imposer des limites aux facultés de l'intelligence, car nous-même nous avons exposé dans plus d'un genre mais de ce qu'un sculpteur peut être un peintre excellent, de ce qu'un peintre peut être un sculpteur remarquable, ne peut-il pas arriver, cependant, que le peintre de talent, que le sculpteur de mérite, exemptés tous deux du jury, fassent et envoient à l'Exposition, le sculpteur, de la mauvaise peinture, le peintre, de la sculpture détestable ? Cela pouvant être, pourquoi ne pas soumettre au jury des oeuvres en dehors du genre pour lequel l'artiste a obtenu la récompense qui l'exempte du jury ? Voilà les observations qu'on nous adresse et que nous soumettons à la sagesse de l'administration. Passons maintenant à la seconde modifica@tion apportée au réglement du Salon parlons de la loterie. Dès l'année 1853, nous avions demandé, conjointement avec beaucoup de nos confrères, l'institution d'une loterie à la suite de l'Expoistion. Cette proposition, nous le re@connaissons, demandait à être étudiée elle l'a été par l'administration qui vient de décider l'organisation d'une loterie d'objets d'art, ac@quis parmi ceux qui figureront à l'Exposition de cette année, et dont le prix du billet est fixé à un franc. Cette institution, si désirée par la majorité des artistes, si favorable aux intérêts des artistes exposants, a-t-elle été accueillie fa@vorablement par tous ? Mon Dieu, non ! est-ce que l'esprit de controverse et de dénigrement ne s'attaque pas aux créations les plus belles, les plus utiles ? Ceux-ci voulaient que le prix d'entrée à l'Exposition fut supprimé et rem@placé par le billet de loterie, supprimant ainsi les sommes considérables produites par le droit d'entrée et employées à l'acquisition des ouvra@ges destinés aux musées de l'Etat et des dépar@tements ceux-là, croyant voir dans la loterie la suppression des commandes et des achats faits par l'Etat, se sont écriés Dans quel but cette loterie? à quel propos jeter à la fortu@ne des numéros gagnants les oeuvres destinées, par leurs auteurs, à des regards exercés ? est-ce qu'on ne se soucierait plus de préserver l'Art d'aussi indignes ballottements ? aurait-on ré@solu de lui retrancher les subsides qui l'aident à soutenir son niveau ?... Des honneurs, de no@bles encouragements, s'il se peut, mais, de grâce ! pas de gros sous. Où l'auteur de ces lignes a-t-il vu que l'État allait suspendre ses commandes, supprimer les honneurs, les en@couragements qu'il accorde à la suite de cha@que exposition ? Qu'il se rassure, jamais les arts n'ont été plus encouragés et les artistes mieux récompensés, et, pour s'en convaincre, il suffit de consulter le livret du Salon de 1859. On y voit figurer 233 commandes faites par l'État, 146 peintures, 68 sculptures, 7 gravures, 2 lithographies et 10 projets d'architecture. Dans ces chiffres ne figurent pas les ouvrages exposés, commandés par M. le préfet de la Seine. Aucun livret des expositions précédentes n'offre un tel chiffre de commandes. Quant aux récompenses, elles seront tout aussi nombreu@ses qu'aux autres Expositions, et les fonds du budget des Beaux-Arts, ainsi que ceux prove@nant du droit d'entrée, serviront,@ comme par le passé, à l'achat des meilleurs ouvrages expo@sés, destinés aux musées, aux églises de Paris et des départements, tandis que le produit des billets de loterie viendra ajouter une immense ressource de plus à celles de l'Etat, et permet@tre l'acquisition d'une foule d'ouvrages que le sort distribuera dans toutes les classes de la société, et qu'on n'aurait pas acheté sans cette institution nouvelle. Il en sera de la loterie comme de l'Exposition de sculpture, faite, pour la première fois, en 1857, dans le jardin du local actuel. Dès les premiers jours, plusieurs sculpteurs, dont les ouvrages étaient placés dans ce charmant jardin émaillé de fleurs@, se récrièrent, disant qu'ils n'avaient point fait des statues pour un jardin. Mais, huit jours plus tard, tous les statuaires qui avaient leurs figures dans les salons de peinture@, demandèrent à ce qu'elles fussent de suite descendues dans les allées du jardin, tout à l'heure si dédaignées. La même trans@formation d'opinion aura lieu pour la lote@rie quand les artistes, auxquels le gouvernement n'aurait rien acheté, verront que, grâce à la lo@terie, ils ont vendu une oeuvre qui leur serait restée, et que, pour en tirer parti, ils auraient dû donner pour rien à un marchand de ta@bleaux. Oh ! alors, appréciant les résultats de la loterie, ils la réclameront pour chaque Exposi@tion comme les sculpteurs réclament un jardin pour exposer leurs statues. La grande sculpture sera donc, comme en 1857, placée dans ce gracieux jardin qu'on achève en ce moment, où viendront respirer et se reposer les visiteurs fatigués du parcours des quinze salons et galeries consacrés à la peinture. La disposition de ces pièces, désignées par des nu@méros, est plus heureuse que la succession des sept grands salons de la dernière Exposition, qui présentait quelque monotonie. L'architecte, M. Viel, a partagé toute l'immense aile du Nord en trois vastes salons un au centre, un autre au pavillon Nord-Est, le dernier au pa@villon Nord-Ouest. L'espace qui sépare le salon central de ceux des extrémités a été divisé, de chaque côté, sur la longueur, en deux galeries dont les parois peu élevés laissent les tableaux à une hauteur convenable. L'aile qui fait face à la place de la Concorde est aussi divisée en galeries et en petits salons qui ont reçu les dessins, les aquarelles, les pastels, les minia@tures, les émaux, les camées et les pierres gra@vées. Dans l'étroite galerie qui fait le tour de la nef et d'où la vue plonge sur cette vaste nef métamorphosée en jardin, sont exposés les pro@jets d'architecture, les gravures, les lithogra@phies, les statuettes et les bustes, ces derniers placés beaucoup trop bas M. Viel sait aussi bien que nous que les bustes modelés, pour être vus à hauteur d'homme, ne doivent pas être posés à hauteur de ceinture. Il suffira de quel@ques madriers pour exhausser les sculptures de cette galerie et faire ainsi droit à notre juste réclamation. On le voit, l'espace occupé par la présente Exposition est beaucoup plus considérable que celui du Salon de 1857. Il n'y a cependant, cette année, que 213 oeuvres de plus inscrites au livret, qui contient 3,887 numéros 3,045 peintures, 472 sculptures, 160 gravures, 96 lithographies et 114 projets d'architecture. Il est vrai que beaucoup de tableaux exposés ne figurent pas encore au livret ils n'y seront por@tés qu'à la prochaine édition, en même temps que les envois des artistes anglais, si toutefois ils se décident à venir occuper la salle qui leur est réservée. On doit savoir gré à M. le comte de Nieuwerkerke de sa courtoisie à l'égard des artistes étrangers. De tous temps les artistes de tous pays ont été admis à nos Expositions des Beaux-Arts, et ont eu, comme nous, leur part aux récompenses. Mais l'hospitalité qu'on leur offre, cette année, est encore plus grande, plus digne et plus en rapport avec l'esprit gé@néreux de la France. M. le directeur général des Musées a également eu le bon goût de réunir, dans un même salon, presque tous les tableaux de sujets religieux, nous disons presque tous, parce que ce salon se trouvant trop petit, il a bien fallu laisser quelques tableaux religieux parmi les autres peintures. Du reste, le classement des ouvrages nous paraît mieux entendu. Nous savons l'impossi@bilité de placer, au goût de tout le monde, trois mille quarante-cinq tableaux et dessins nous savons les réclamations, les récriminations qui éclatent à l'ouverture des Expositions mais cependant, en distribuant dans chaque salle, dans chaque galerie, un certain nombre d'oeu@vres de mérite, au lieu de les agglomérer dans une ou deux pièces seulement, comme aux an@nées précédente, M. de Chennevières a su jeter de l'intérêt dans toutes les parties de l'Exposi@tion il a su attirer l'attention du public par@tout, et rendre, par ce moyen, la circulation beaucoup plus libre. Ainsi, le visiteur trouvera, dans les différentes salles@, des peintures de MM. Gérôme, Delacroix, Hébert, Beaudry, Henriette Browne, Troyon, etc., et des sculp@tures de MM. Clessinger, Cavalier, Dantan aîné. Debay, etc. Selon notre habitude, nous commencerons notre revue par la peinture historique puis, viendront les tableaux de genre, les portraits, les intérieurs, les paysages, les animaux, les ma@rines les pastels, aquarelles@, miniatures, émaux et peintures sur porcelaine les sculp@tures et gravures en médailles les gravures et lithographies, et l'architecture. Un dernier cha@pitre sera consacré à la séance des récom@penses. II. PEINTURES HISTORIQUES. MM. Yvon, - Barrias. - Muller. - Gêrôme. - Eugène Delacroix. - Benouville. - Baudry. - Diaz. - Ma@zerolle. - Bellangé. - Pils. - Lies. - Hamman.- Dobbelcere. - Lévy. - Lazerges. - @Hamon. - Au@bert. - Bouguereau. - Curzon. - Hillemacher. - Bailly. - Clésinger. - Etex. - Court. - Glaize père. - Glaize fils. - Larivière. - Philippoteaux. - De@caen. - Couverchel. - Beaucé. - Pi@chon. - Duval-le-Camus. - Cartellier. - Dumas. - Rigo. - Mey@nier. - Hesse. - Henri Scheffer. - Legras. - Abel. - Caraud. - Comte. - E. Devéria. - Jacquand. - Heilburth. - Mottez. La grande peinture, la peinture historique, est abandonnée en France, s'écrie-t-on à cha@cune de nos Expositions des Beaux-Arts. Cette année encore, ce sont les tableaux de genre qui dominent, et leur mérite, leur nombre toujours croissant, prouvent que la majorité des artistes s'y adonnent de préférence. Il y a deux ans, dès l'ouverture du Salon, nous avons expliqué les causes de cet abandon survenu depuis 1830, époque qui a brusquement, trop brusquement peut-être, changé le goût du public et modifié les études artistiques. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet traité par nous en 1857 nous nous bornerons à faire observer que le Salon actuel semble accuser une tendance de retour à la grande peinture historique. En effet, les grandes toiles sont nombreuses quelques-unes ont trait à l'histoire de l'antiquité, quelques autres aux événements contemporains, mais la presque to talité des grands tableaux du Salon représentent des sujets religieux. Malheureusement, peu d'entre ces derniers sont traités avec le goût et le talent qu'on voudrait toujours rencontrer dans ce genre de peinture. Ce qui n'a pas peu contribué, de notre temps, à égarer les jeunes artistes lorsqu'ils avaient à rendre un sujet de sainteté, c'est bien assuré@ment l'engouement, la mode du gothique, que peintres, sculpteurs, architectes, appliquent à toute sauce. De ce qu'on a dit et écrit que le style gothique était essentiellement religieux, qu'il était le plus convenable pour les temples chrétiens et pour la traduction des faits de l'histoire sacrée, beaucoup d'artistes se sont pénétrés de cette idée que leurs compositions n'auraient pas le caractère religieux s'ils s'écar@taient de la raideur gothique, s'ils n'affublaient tous les personnages de la Bible des costumes de l'époque du moyen-âge, laissant de côté toutes traditions historiques. Certainement, nous apprécions infiniment le sentiment naïf, l'expression pleine de foi d'un grand nombre de peintures et de sculp@tures des XI e et XII e siècles mais on nous per@mettra de ne pas admirer tout dans le gothi@que, de ne pas le mêler à tout on nous permettra de penser qu'un sujet d'histoire sainte peut être d'un caractère très religieux, quoique traité avec indépendance, dans des données de vérité de costume, d'action et de modelé. Nous ne comprenons les peintures et sculptures de style gothique que lorsque ces ou@vrages sont destinés à l'ornementation d'un édifice de ce genre d'architecture il serait ri@dicule alors de ne pas s'inspirer, de ne pas imiter le mieux possible les chefs-d'oeuvre de cette époque. De même que rien n'est plus dis@parate, plus choquant que de rencontrer, dans un temple d'architecture grecque ou romaine, une peinture ou une sculpture moderne imitée du gothique, sous prétexte que c'est plus chré@tien. Ces anachronismes révolteront toujours les hommes de goût. Pourquoi oublier que la peinture et la sculpture sont les auxiliaires de l'architecture, que leur rôle est de concourir à l'harmonie du monument qu'elles sont appelées à décorer ? L'unité de style devrait être la pre@mière préoccupation de l'artiste chargé d'une oeuvre monumentale, car les anachronismes que commettent les peintres, les sculpteurs, sont tout aussi blâmables et de tout aussi mauvais goût que ceux commis par les architectes, lors@que, dans une restauration, ils accolent une façade d'architecture romaine à un édifice go@thique ou renaissance, ainsi qu'à Saint-Eusta@che, par exem@ple. Il est temps que, comme les architectes, les peintres et les sculpteurs se rendent à cette vérité qu'ils étudient tous les genres, tous les styles pour les appliquer au besoin il est temps qu'ils cessent de croire que c'est le style d'une époque, plutôt que le senti@ment, la naïveté d'une école primitive plutôt que la sévérité et la pureté de forme qui don@nent le caractère religieux à une composition tirée de l'histoire sainte. Dégagé de ces préven@tions, l'artiste retrouvera son indépendance, son originalité il se livrera sans préoccupation a des études sérieuses, qui doteront ses oeuvres des qualités qui manquent à beaucoup trop d@e grandes toiles de l'Exposition de 1859. Parmi les compositions historiques, celles @de MM. Yvon et Gérôme occupent encore cette fois le premier rang. Cependant, quoique très remarquables sous plus d'un rapport, les pein@tures exposées par ces éminents artistes n'exci@tent pas les mêmes sympathies, le même concours d'unanime approbation que celles qui figuraient au dernier Salon. Des deux grandes pages de M. Yvon, une seulement est exposée, l'autre n'est pas ache@vée encore c'est par elle que nous terminerons probablement ce chapitre consacré aux tableaux d'histoire et de genre historique. La Gorge de @Malakoff , tel est le sujet traité cette année par M. Yvo@n. Les premiers épaulements de Malakoff étant escaladés, les troupes de la division Mac-Mahon se trouvèrent en face de tout un système de barricades en terre d'où elles durent succes@sivement déloger les Russes. Après de sanglants efforts, nos troupes réussirent à expulser com@plétement l'ennemi, et arrivèrent à la gorge de l'ouvrage, espace ouvert, large de quatre mètres environ, qui servait de porte de communication entre la redoute et la ville de Sébastopol. Le 20e et le 27 e de ligne, commandés par le général Vinoy, pénétrent les premiers dans ce labyrin@the, et, après des pertes douloureuses, occupent la gorge, soutenus par les zouaves de la garde, colonel Jannin, par les voltigeurs de la garde, colonel Douay, dont les généreux efforts réus@sissentà contenir les retours offensifs des Russes, mais au prix de bien du sang ! Déjà, à la base de cette digue héroïque, gisent le colonel Adam de cette 1 !,~,tie liéro i I tie, et le commandant Fratsoqui, du 20 e de ligne, dont le drapeau flotte au milieu de la fumée de la mousqueterie et@ des gabionnades incen@dié@es de l'épaulement conquis, et sur lequel il vient d'être planté. A la droite du tableau, au sommet d'une traverse, on aperçoit le général Vinoy, debout, appuyé sur son épée. et dirigeant les mouvements de sa troupe. Enfin, arrive le général Wimpffen à la tête de la brigade de réserve. Ce sont les tirailleurs algériens, con@duits par le colonel @Rose, qui se précipitent comme un torrent et jettent à l'envi, pour fer@mer la terrible ouverture, sacs-à-terre, gabions et leurs propres corps. Au milieu d'eux, leur brave lieutenant-colonel Roques est frappé mortellement en plantant le premier gabion. Au centre du tableau, sur l'épaulement où est planté le drapeau, un Arabe, le sergent Musta@pha, pour animer la lutte, et sous le feu le plus terrible. joue les airs indigènes sur l'instrument national kenob . Le 50 e de ligne les suit de près, et sur le premier plan du tableau, à droite, on voit le 3 e régiment de zouaves, colonel Pol@hès. Cette description du tableau de M. Yvon donne une idée des difficultés qu'il avait à sur@monter et dont on doit lui tenir compte. Faire mouvoir tous ces divers corps d'armées dans un espace limité comme la gorge de Malakolf n'é@tait pas chose facile, et nous croyons que peu d'artistes s'en seraient tiré aussi bien que M. Yvon, malgré les reproches qu'on peut adresser à sa composition. Si quelques groupes du second plan, au centre du tableau, manquent de relief, si l'air ne circule pas bien partout, si le mou@vement de l'officier de tirailleurs algériens, por@tant un sac-à-terre, est maniéré, ces défauts ne sont-ils pas rachetés par les qualités les plus sérieuses, par l'excellente entente d'une aussi vaste composition, par un dessin toujours vrai. toujours correct, par une couleur solide et une exécution large ? Si la scène est moins drama@tique que dans la Prise de la to@ur Malakoff exposée en 1857, c'est qu'ici c'était une mêlée et que, dans le tableau que nous examinons, les Russes, étant repoussés en dehors de la gorge. les combattants sont séparés par un espace qui ne permet pas de s'aborder à la baïonnette. Sans quitter le Salon central où nous sommes, nous trouvons, en face, un autre épisode de cette glorieuse campagne de Crimée nous as@sistons au Débarquement de l'armée française à Old-Port, en Crimée, le 14@ septembre 1854. Ce tableau, peint par M. @Barrias, donne une par@faite idée du débarquement de l'armée l'oeil embrasse une grande étendue de la côte et de la mer on aperçoit les chalands, les chaloupes, les canots-tambours, les canots ordinaires rem@plis de soldats abordant le rivage, sur trois points à la fois on voit les trois divisions se former et leurs colonnes venir défiler devant le maréchal Saint-Arnaud et son état-major, au cris de Vive l'Empereur !... Il y a de l'élan, de l'enthousiasme dans cette composition qui se recommande encore par la couleur et le mé@rite de l'exécution. Un autre tableau d'une exécution remarqua@ble, c'est celui de M. Muller la Proscription des jeunes Irlandaises catoliques , en 1655, scène d'un intérêt on ne peut plus pathétique, et ren@due avec une grande puissance d'expression et de couleur. La protestante Angleterre voulant qu'il n'y eût plus de catholique en Irlande, et qu'à leur place il s'établît des protestants, au lieu de se borner à tuer, prend le parti de les déporter de force. Une fois, dit la notice du livret, on enleva d'un seul coup mille jeunes filles irlandaises qu'on arracha aux bras de leurs mères pour les conduire à la Jamaïque, où elle furent vendues comme esclaves. C'est à cet acte de fanatisme anglais que l'artiste nous fait assister. Par un temps brumeux, de grand ma@tin sans doute, une soldatesque brutale, sous les ordres de leur capitaine, embarque de force les jeunes filles en proie au désespoir. Les unes se débattent énergiquement, se réfugient dans les bras de leurs mères qui les défendent en vain les autres, résignées, pleines de foi en Dieu, acceptent comme un martyre le sort affreux qui les attend. La figure du capitaine est belle et énergique, mais le groupe le plus saisissant c'est celui du centre du tableau l'expression de résignation de la jeune fille est remplie de no@blesse. Nous avons dit que les ouvrages de M. Gérôme n'ont pas, cette année, te succès obtenu par soit Duel au sortir d'un @Bal masqué , par les Re crues égyptiennes , par sa Prière chez un Chef arnaule , autour desquels on se pressait au Sa@lon de 1857. Celui des trois tableaux de cet ar@tiste qui, par son sujet, aurait dû impressionner le plus la Mort de César , est justement celui devant lequel la foule s'arrête le moins. Pour@quoi cela ? serait-ce son voisinage qui lui nui@rait ? peut-être faudrait-il le voir seul, sur un fond et d@ans un jour plus convenables ? Pour@tant, il est composé de manière à produire une profonde sensation le cadavre de César, frappé de trente-cinq coups de poignard, est là, étendu au pied de la statue de Pompée, gisant dans l'ombre, sur le pavé de cette v@aste salle du Sé@nat, maintenant déserte, silencieuse, abandon née des conjurés qui ont fui épouvantés de leur crime. Le désordre des vêtements, la main droite coupée, lacérée, pleine de sang, la chaise curule renversée, les traces de pas ensanglan@tés, tout témoigne de la lutte soutenue par Cé@sar contre ses nombreux assassins. Ce manuscrit déchiré, taché de sang, qu'on voit près du corps de César, est sans doute la note confi@dentielle qu'il n'a pas eu le temps de lire, et qui révélait la conspiration. Le demi-jour qui règne dans cette salle ajoute encore au froid qu'inspirent ces dalles, ces murs de marbre, ce vide immense qui s'est ait autour d'un cadavre. Au point de vue de l'exécution, on reproche à M. Gérôme d'avoir fait du bronze et non de la chair. Ce reproche est surtout fondé pour les tons vert-de-gris du masque mais le raccourci est bien senti, le désordre de la draperie est na@turel, sans la recherche ou le laisser-aller de mauvais goût@ dans lequel serait tombé un ar@tiste moins capable. Ave , Coesar imperator , morituri te salutant , le Salut des Gladiateurs , du même peintre, n'est pas moins dramatique que le précédent sujet. Des milliers de spectateurs occupent les innombrables gradins de l'amphithéâtre du Cir@que une lutte vient de finir les employés du Cirque harponnent et traînent hors de l'arène les cadavres des gladiateurs qui ont succombé, comme on le fait des taureaux tués dans les cirques espagnols d'autres jonchent de sable nouveau les parties de l'arène qui ont été fou@lées dans la lutte et les marcs de silng formées çà et là enfin, les nouveaux combattants vien@nent saluer César, qui, dans sa loge, assiste à ce spectacle aimé des @Romai@ns. Autant le grand tableau de la Mort de César est vide de per@sonnages, autant celui-ci, de petite dimension, est rempli. La lumière est savamment répartie, la couleur a de l'éclat, mais le dessin laisse à désirer dans quelques-unes des figur@es du pre@mier plan. Nous adresserons le même repro@che à la figure principale du troisième tableau, le Roi Candaule . Lysias est d'un dessin na@ture, mais les formes manquent d'élégance, de finesse. Du reste, cette petite composition est charmante elle est arrangée avec un goût exquis et d'une harmonie de couleur on ne peut plus agréable. M. Eugène Delacroix, qui n'avait rien au dernier Salon, a envoyé, cette fois, huit ta@bleaux la Montée au Calvaire , 819 - le Christ descendu@ au Tombeau , 820 -@Saint Sébastien , 821 - Ovide en exil chez les Scy@thes , 822 -@Hermi@nie et les Bergers , 823 -Rébecca enlevée par le Temp@lie r, 824 -@@Ham let, 823 - les Bords du fleuve Sébou , 826. Que dire de ces peintures ? Bornons-nous à sténographier un entretien qui résume les di@verses opinions racontons notre conversation avec une personne qui. un journal à la main, et après avoir cherché en vain, vint nous de@mander où étaient les tableaux de Delacroix. - Devant vous, lui répondîmes-nous. - Ça ? - Oui. - Cela n'est pas possible ! - Voyez la si@gnature. - En effet@. Delacroix... Eh bien ! ça n'est pas beau vraiment, je ne comprends pas que mon journal trouve cela admirable. - Pourquoi vous étonner ? n'avez-vous pas lu et entendu dire que Paul Delaroche n'était pas un peintre que H. Vernet n'était qu'un crétin, un badigeonneur à la toise? Qu'on dénigre ce qui est bien et beau, qu'on loue ce qui est lai@d et faux, cela ne change rien aux choses elles restent toujours ce qu'elles sont réellement. D'ailleurs, il y a des gens qui, par goût, ai@ment la laideur, épousent des êtres repous@sants, hideux. - Sans doute mais ces goûts-là ne sont pas ceux de la majorité - Regardez, voyez-vous beaucoup de monde s'arrêter aux ta@bleaux de M. Delacroix? - C'est vrai@, per@sonne. Aussi, ne puis-je croire que mon jour@@nal ait sérieusement trouvé cette peinture admi@rable. - V@ous avez tort tous les goûts sont dans la nature. - Mais enfin, Monsieur, de deux choses l'une ou les peintures du Musée du Lou@vre, qui nous montrent la nature sous de si jo@lis aspects, avec des formes si belles, si variées. avec une richesse, une harmonie de couleur qui séduisent, sont des chefs-d'oeuvre, et celles que nous avons là, sous les yeux, ne sont que des po@chades, ou bien les huit tableaux de M. Dela@croix sont admirables, et les tableaux du Louvre, les @Raphaël, les Titien, les Véronèse, les Poussin, ceux des maîtres anciens et modernes, ne sont que des croûtes, car, entre les tableaux que nous examinons et ceux des grands maîtres, il y a la distance du laid au beau il n'existe enfin aucun rapport. - Ce jugement est sévère, et c'est probablement parce que lesoeuvres de M. Dela@croix n'ont de rapports avec aucune autre qu'el@les excitent l'admiration de quelques hommes. - Je le croirais volontiers, puisque j'ai lu, il y peu de jours, que ce qu'il y a surtout d'admi@rable dans cette jument sauvage du tableau 822 , c'est que ce n'est pas un cheval , et, je vous l'a@voue, Monsieur, j'avais toujours pensé que. pour représenter un cheval, il fallait faire un cheval, qu'un arbre en peinture devait ressem@bler à un arbre je comprends maintenant pourquoi personne ne s'adresse à cet artiste pour faire faire son portrait... - Décidément, vous n'aimez pas ce genre de peinture cepen@dant, je veux vous réconcilier avec quelques-unes des oeuvres de cet artiste. - Ce serait dif@ficile. - Moins que vous le supposez. Allez au Musée du Luxembourg, allez voir le Dante aux Enfers, tableau qui date de plus de trente ans, et qui n'a rien de la manière adoptée depuis par M. Eugène Delacroix. Ce tableau sera toujours compté parmi les meilleurs de l'Ecole moderne, et j'en suis sûr, il vous plaira. Passons à l'examen des oeuvres d'un artiste trop tôt enlevé aux arts parlons des tableaux laissés par Benouville, jeune peintre d'un talent sérieux, et qui promettait d'arriver au premier rang dans la grande peinture historique Sa Jeanne d'Arc est vraiment inspirée elle tressaille en écoutant ta voix divine qui lui crie Jeanne la Pucelle. fille de Dieu, va en France, va en France. Hâte-toi, hâte-toi. La pose est éner@gique et simple on sent, au mouvement ner@veux avec lequel cette jeune fille presse la quenouille de lin qu'elle était occupée à filer, on sent à la fierté, à l'éclat de son regard qu'un transport divin l'anime et qu'elle aura la puis@sance d'accomplir de grandes choses. Cette com@position est l'oeuvre la plus complète de Beno@uville, comme pensée, comme dessin, comme couleur et comme exécution. Sainte Claire recevant le corps de saint François d' Assise , du même, est une scène plus compliquée, dont les groupes nombreux sont bien disposés, dont les figures principales sont touchées avec délica tesse, mais dont le modelé est moins vrai et le faire moins large que dans la Jeanne d'Arc. De ses deux sujets La Madeleine pénitente et la Toilette de Vénus , exposés par M. Beaudry, nous préférons le dernier. L'effet général est agréable, le groupe est gracieux, les formes de Vénus sont élégantes, d'un dessin plus arrêté que celui de la Madeleine, dont le modelé est cotonneux et la couleur blafarde. Nous enga@geons cet artiste de ne pas sacrifier son talent à la mode@ de ne pas chercher à faire du Diaz, dont l'insuccès de cette année dégoûtera, nou@s l'espérons, ses trop faciles imitateurs. Nous invitons nos lecteurs à voir les neufs tableaux de M. Diaz Galathée , 887, - l' Education de l' Amour , @888, -@Vénus et Adonis , 889, - l' Amour puni , 890, -@N'entrez pas, 891, -la Fée aux Joujoux, 892. -@la Mare aux Vi@pères , 893, -@Portrait de @Mme A . P., 894, -Portrait de Mme S., 895. Ils regretteront comme nous qu'avec du talent cet artiste arrive à ne plus prendre la peine d'étudier, de dessiner et bientôt de modeler le coloris des chairs. Encore un pas dans cette voie et ses tableaux ne seront plus que des ébauches informes, incompréhen@sibles. M. Mazerolle aime les scènes dramatiques. Il avait au dernier Salon, Chilpérie et Frédégonde devant le cadavre de Galsuinthe cette fois, c'est Néron et Locuste, essayant des poisons sur un es@clave , qui meurt en se débattant dans des douleurs horribles. Le cruel Néron, assis, la tête appuyée @sur les deux mains, observe d'un oeil farouche les ravages que font les poisons sur l'esclave, qui se roule à ses pieds et à ceux de Locuste, vieille et ignoble femme dont l'aspect inspire le dégoût. Cette composition est vigoureuse@ment touchée la figure nue de l'esclave est d'un dessin large et puissant la tête de Néro@n n'est peut-être pas assez largement dessinée, ce qui lui donne un peu l'air d' une vieille femme. L'inventaire d'une casemate russe après la prise de Malakoff , par M. Bellangé, est d'une si grande vérité de détails qu'on doit croire que cette scène a été peinte d'après nature, ainsi que cette autre toile @Episode de la Prise de Malakoff , d'un intérêt plus dramatique. Mais le tableau qui impressionne le plus par son su@jet, c'est Le Salut d'adieux , scène de tranchée devant Sébastopol . Un officier supérieur de zouaves vient d'être tué, deux zouaves l'empor@tent couché sur un brancard et recouvert de son caban partout sur son passage les zouaves cessent le feu et font face au convois pour ren@dre, par le salut militaire, un dernier hom@mage de respect et de regret au courage mal@heureux. L'expression de @@@calme et d'énergie empreinte sur ces mâles visages est saisissante. Ces têtes sont touchées de main de maître et nous ne pouvons que féliciter la Commission de la loterie de l'Exposition d'avoir fait l'acquisi@tion de ce tableau, ainsi qu'un autre du même genre, de M. Pils Défilé des zouaves dans la tranchée Siége de Sébastopol . @Rien de plus vrai que les poses de ces troupiers qui mar@chent à la file, et courbés pour n'être pas aper@çus ni éveiller l'attention de l'ennemi. Cette pe@tite toile, d'une couleur vigoureuse, est le digne pendant de celle de M. Bellangé. Heureux ceux que le sort favorisera de ces deux intéressantes et remarquables compositions. Nous sommes con@vaincu que ces deux sujets, si sympathiques au peuple, ne sont pas étrangers à l'empressement qu'il montre à prendre des billets de la loterie, lorsqu'après avoir quitté l'atelier ou le maga@sin, il vient, le dimanche, visiter l'Exposition. Pour qui aime les arts, gagner pour un franc, soit une jolie gravure d'une valeur de cent francs, soit un charmant tableau de mille francs et plus, soit une belle sculpture en marbre ou bronze de mille à deux mille francs et peut-être davan@tage c'est touchant pour tout le monde 1 . Personne n'ignore que, depuis longtemps, les ouvrages des artistes étrangers étaient admis à nos Expositions des Beaux-Arts, qu'ils y étaient traités sur le même pied que ceux des artistes français, qu'ils y avaient les mêmes droits aux achats et aux récompenses du gouvernement. Cette courtoisie, - toute française, - l'admi@nistration l'a poussée plus loin encore, cette an@née elle a accordé des salles particulières aux peintures des artistes étrangers @une pour les 1 Voici la liste des autres acquisitions déjà faite pour la loterie elle donnera une idée du goût que la Commission apporte dans ses choix -@Rèverie, par M. Aubert. -@Le Renard et les Raisins, par M. Balleroy. -@Le Viatique en Bretagne, par M. Bau@dit. -@Paysage, prière dans les environs de la Brie, par M. Bluhm -Troupeaux de vaches, souvenir des Pyrénées, par M. Auguste Bonheur. -@Planta@tion d'un Calvaire, par M. Breton. -@Une Coutu@rière, par le même. -@Les Soeurs de Charité, par Mme Henriette Browne. -@Avant la Messe, par M. Capelle. -@Représentation d'Athalie devant le roi Louis XIV, par les demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , par M. Caraud. -@Femme de Mala di Goëte, par M. de Curzon. -@Groupe d'Arbres au bord de la mer, par M. Desjobert, -L'Hospitalité, par M. Du-Belges, les Hollandais et les Allemands, et uni' entièrement réservée aux Anglais, qui, vu l'époque avancée, n'enverront probablement aucun ou@vrage au Salon actuel. Parmi les artistes étran@gers qui ont répondu à l'appel qui leur était fait, les Belges sont, comme de coutume, les plus nombreux et les plus remarquables. Il est vrai que beaucoup d'entre eux habitent Paris, que presque tous sont venus étudier et se perfection@ner ici, et que le visiteur, en parcourant le Salon occupé par les ouvrages belges, peut se croire en face de peintures françaises. Il faut cepen@da@@nt en excepter le tableau -@Les Maux de la Guerre, - de M. Lies, d'Anvers, dont la ma@nière est une imitation de l'ancienne école alle@mande. Nous regrettons qu'avec un talent de pre@mier ordre, cet artiste consacre son temps, sa patience à imiter les procédés, les trucs de tel maître, de telle école, au lieu d'être lui, d'être original, d'être vrai, non seulement par la pen-verger.-Le Déjeuner, par M. Fichel. - Un Paysage, par M. Hanoteau. -@Souvenir du Château de Pé@tersheim, par M. Knyff. -@Un Paysage, par M. La -morinière -@Le Goûter des cueilleuses d'oeillet@tes, par M. Langée. -@L'Étang de la ferme de Bourcq, par M.@E. Lavieille. -@Le Benedicite, par M. Lechevalier-Chevignard. -@Faits divers, @Inté@@rieur suisse, par Armand Leleux. -@La Vigie, par M. Le Poitevin. -Pêche au saumon, par M. Charles Lerou. -@Animaux, par M. Van Marck. -@Une Ronde d'officiers du temps de Charles-Quint, par M. Pinguilly-L'Haridou. -@Un Novice de l'ordre Saint-François, par M. Ruipérez. -@La Leçon, par M. Toulmouche. -@Halte de contrebandiers, par M. Achille Zo. sée et le contour, mais encore par le modelé et la couleur. Cette scène des Maux de la Guerre au temps de la féodalité, est pleine d'intérêt. Deux sei@gneurs étaient en guerre le vainqueur a pillé, dévasté, incendié le château de son adversaire qu'il emmène prisonnier ainsi que tous les mem@bres de sa famille. Ce vieillard marche accablé, avant à ses côtés ses deux fils garottés comme lui l'aîné, blessé à la tête, indigné des bruta@lités auxquelles son père est en but, cherche à rompre ses liens pour pouvoir le défendre et protéger sa mère et sa jeune soeur contre les propos, les grossièretés des chevaliers qui es@cortent la charette sur laquelle on les a placées. Les têtes de ces nobles chevaliers dévaliseurs, ont du caractère celles des deux femmes sont jolies, expressives mais les chevaux laissent bien à désirer, et cette composition qui, n'a qu'un premier plan, manque de perspective aérienne. Un autre peintre belge, M. @Ha@mman, d'Os@tende, a le bon esprit de chercher à ne singer au@cun maître il ne se préoccupe que de l'étude de la nature, qu'il s'applique à interpréter de son mieux, comme le prouve son tableau de André Vésale professant à Padoue en 1546. On sait qu'ayant appris qu'en Italie on attaquait son système avec acharnement, Vésale y fit annon@cer qu'il donnerait publiquement, à des jours déterminés, à Padoue, des conférences afin de confondre ses adversaires en démontrant ses découvertes sur le cadavre humain même. On sait que les savants accoururent de toutes les parties de l'Europe, que Vésale se surpassa dans es conférences, et que son triomphe fut com plet. C'est là le sujet que M. Hamman a su traiter avec esprit et talent. Son amphithéâtre est complétement rempli de spectateurs, et ce@pendant l'air circule bien parmi ces nombreux groupes heureusement disposés. La lumière est savamment répartie et fait valoir le groupe principal l'attention est portée tout entière sur Vésale et le cadavre sur lequel il fait ses dé@monstrations. La pose de ce savant est simple, le geste noble, la tête inspirée, le dessin est vrai et plein de finesse de modelé, la couleur est puissante d'effet, quoique d'une exécution soignée dans toutes les parties du tableau. On retrouve les mêmes qualités de couleur et de dessin dans deux autres compositions moins im@portantes de cet artiste le Dante à Ravennes et Stradivarius . Les deux tableaux de M. Dobbelaere, de Bruges, sont inférieurs au mérite de ceux que nous venons de décrire. Sa peinture est d'un ton trop uniforme, trop monotone elle man@que de chaleur, de relief. Il y a un peu plus d'ef@fet dans la toile qui représente l'Assassinat de Charles-le-@Bon@ comte de Flandre , que dans celle qui nous montre Memling , malade à Bru@ges, peignant la châsse de Sainte-Ursule mais ce dernier sujet est mieux dessiné, mieux com@posé. M. Lévy, jeune pensionnaire de l'école fran@çaise à Rome, se montre meilleur coloriste dans sa grande composition intitulée le Souper libre . Ce souper précédait le jour où les condamnés devaient être livrés aux bêtes dans les cirques romains. La salle où ils mangeaient était pleine de peuple, et nos saints martyrs lui adressaient la parole, tantôt le menaçant de la colère de Dieu, quelquefois lui reprochant, avec ironie, sa curiosité brutale. C'est une semblable scène que M. Lévy a voulu rendre c'est saint Sature di@sant à cette foule qui entoure la table où lui et d'autres martyrs prennent le souper libre @@Le jour de demain ne vous suffira-t-il pas pour nous contempler à votre aise et pour as@souvir la haine que vous nous portez?.. Remar@quez bien nos visages, afin de nous reconnaître à ce jour terrible où tous les hommes serontju@gés. Il y a dans ce tableau deux jolies têtes de femmes, mais on regrette la froideur des autres personnages, et surtout des groupes po@pulaires auxquels le saint adresse des reproches. @Ruth et Noémi , du même artiste, est un ta@bleau moins considérable, mais qui se distingue par la couleur et le dessin. Un artiste dont les oeuvres ont le caractère éminemment religieux, M. Lazerges, a exposé Jé@sus embrassant la Croix , -@Reniement de Saint Pierre - et les Dernières Larmes de la Vierge . Cette dern@ière composition rappelle, par la be@auté du sentiment et le charme de la couleur, le ta@bleau de la Mort de la Vierge, qui a val lu à cet artiste un beau succès au S@alon de 1853 et qui a été acheté pour la chapelle du palais des Tui@leries M. Lazerges ne s'est pas borné à traiter des su@jets de sainteté nous avons vu de lui deux charmantes toiles Rêverie et le Printemps . Dans cette allégorie, le Printempsest représenté par une jeune et belle femme nue, entou@rée de fleurs, de verdure, caressée par les zé@phyrs et les amours qui voltigent autour d'elle. Cette toile est d'une grande fraîcheur de coloris, mais cette fraîcheur n'a rien de la fadeur du coloris de l'Amour en Visite de M. Hamon. @@Il y a deux ans, en nous plaignant de la conti@nuelle répétition de ces petites figures de con@vention, nous disions à M. Hamon que nous avions foi en son talent, qu'il saurait trouver une variante même dans le néo-grec, en admet@tant qu'il ne puisse quitter ce genre. Hélas ? nous nous reprochons ce conseil, car ce gros poupart rosé qui ne peut se tenir sur ces jam@bes, nous fait regretter l'éternelle jeune fille de ses compositions d'autrefois. Ce fiasco nous af@flige, et nous engageons cet artiste distingué à revenir à ses moutons, aux gracieuses com@positions des précédentes Expositions, au néo-grec, genre dans lequel il réussit, et dans le@quel, il est vrai, plusieurs artistes l'ont surpassé sous le rapport du dessin. Ainsi, cette année, M. Aubert s'est montré plus sérieux dessina@teur dans son charmant tableau Rêverie , que la Commission de la loterie s'est hâtée d'acheter dans la crainte de se le voir enlever par quel@que riche amateur. L' Amour blessé , de M. Bou@gereau, placé auprès de l' Amour en visite, de M. Hamon, nuit à ce dernier par la comparai@son facile à faire et toute à l'avantage de la com@position gracieuse de M. Bouguereau, dont l'amour est joli, malicieux et svelte. M. Curzon s'est également montré un char@mant peintre dans sa Psyché rapportant à Vé@nus la boîte que lui a donnée Proserpine . C'est une jolie étude de femme. La composition du Tasse à Sorrante , par le même artiste@, est aussi rendue avec une grande vérité de sentiment, de dessin et de couleur. Nous en di@rons autant des deux tableaux de M. Hillema@cher Boileau et son jardinier -@Molière con@sultant sa servante . Ce dernier est d'un coloris-très vigoureux la servante rit bien aux éclats en écoutant la lecture de Molière. Le Supplice de Dolet , en 1546, par M. Bailly, est encore une composition bien comprise. Opprimus et plu@sieurs écoliers, profitant de ce que la foule force le cortége à ralentir sa marche, désunissent su@bitement l'enceinte formée par les soldats, et se précipitent auprès du chariot Adieu, Dolet ! s'écrie Opprimus en s'élançant sur les rayons de la roue et s'élevant jusqu'à Dolet, qui lui serre la main avec effusion et lui dit Ne pleure donc pas, enfant vois comme je suis tran@quille il est beau de mourir pour une belle cause, et c'est un bonheur que l'homme doit envier... Il n'en dit pas plus un soldat ar@rache violemment Opprimus et le jette à terre. Cette scène, malgré la difficulté qu'elle offrait, est rendue sans confusion l'effet général du tableau est heureux et intéressant.@@ Si les peintures de M. Etex sont d'une lai@deur, d'une médiocrité incontestées, si celles de M. Clésinger, quoique moins désagréables, moins dépourvues de toutes qualités, sont ce@pendant très faibles, n'est-ce pas un devoir que d'engager ces deux sculpteurs à garder pour eux leurs essais en peinture ? Ils ne sont pas les seuls sculpteurs qui s'amusent à peindre nous avons connu plusieurs statuaires académiciens qui se livraient à ce délassement, mais ils avaient le bon goût de ne pas exposer, comme des oeuvres sérieuses, des essais plus ou moins réussis. Es@pérons que l'accueil fait à l' Eve 629 et aux deux paysages 630-631 de M. Clésinger au Christ prêchant sur le lac de Génézareth 1002 , au Printemps, à l' Eté, à l' Automne , à l' Hi@ver 1003 à 1006 , à l' Europe 1007 et à l' Afri que 1008 , de M. Etex, rendra plus modestes ces deux statuaires espérons d'ailleurs qu'à l'ave@nir les récompenses obtenues en sculptures n'exempteront plus du jury de peinture, les ta@bleaux envoyés par des sculpteurs, et ainsi de même pour les autres branches des beaux-arts. Un très grand tableau qui, à coup sûr, aurait été refusé si son auteur, M. Glaize père, n'était, par ses récompenses, exempté du jury, c'est la Distribution des Aigles par l'empereur Napo@léon III, le 10 mai 1852. On ne comprend pas qu'un artiste du talent de M. Glaize se soit égaré d'une manière aussi étrange, aussi com@plète. Ce q@u'il y a de fâcheux, c'est que cette énorme caricature soit destinée au Musée de Versailles. Après avoir dit sincèrement notre opinion à M. Glaize père, nous applaudirons au début de son fils, M. Pierre-Paul-Léon Glaize, qui se présente pour la première fois aux Ex@positions, avec une grande composition, la Trahison de Dalila. Ce n'est pas une oeuvre ir@réprochable, sous le rapport de la couleur sur@tout mais quelques-unes des figures sont bien dessinées, les mouvements, les situations sont vrais tous les personnages concourent bien à l'action principale. L'auteur de cette grande toile n'a que dix-sept ans, dit-on il promet un bon peintre d'histoire s'il continue par des études sérieuses. En face de la Distribution des Aigles par l'Empereur , se trouve une autre grande toile due au pinceau de M. Court. Elle a pour sujet la Commission du Musée Napoléon présentant à LL. MM. II., au palais de Saint-Cloud, les plans du Musée fondé à Amiens par l'Empe@reur . Autant l'aspect du tableau de M. Glaize père est désagréable, autant celui de M. Court est satisfaisant. Tous les portraits sont très res@semblants et largement peints c'est une des meilleures peintures de cet artiste. Un autre tableau officiel, sagemet composé, c'est la Ren@trée dans Paris de S.A.I. le Prince Prési dent, au retour de son voyage dans le midi de la France , en 1852. On retrouve dans cette toile, commandée pour le musée de Versailles, les qualités sérieuses du talent de M. Larivière @dessin et couleur. Parmi les autres tableaux destinés au musée historique de Versailles, nous citerons la Charge des chasseurs d'Afrique au combat de Bala@klava , le 25 octobre 1854, peinte par M. Phi@lippoteaux avec un élan tout français la Prise de Tiguert-@Hala , dans la Kabylie, par la division du général baron Renault, le 2@@4 mai 1857. composition de M. Decaen qui promet un peintre de bataille de plus deux Combats de Kanghil , en Crimée, le 29 septembre 1855, l'un par M. Couverchel, et l'autre par M. Beaucé. Ce dernier artiste, pour rendre les ac@tions militaires avec plus de vérité, suit nos états-majors dans leurs expéditions. Après avoir fait ainsi les campagnes d'Algérie, de Crimée, le voilà maintenant en Italie, disposé a suivre tous les mouvements de l'armée, à re@produire sur la toile les mémorables faits d'ar@mes de cette guerre de délivrance et d'indé@pendance italienne. Les commandes destinées à la décoration des églises sont encore nombreuses cette année. M. le ministre d'État et M. le préfet de la Seine trouvent là un encouragement à donner à la grande peinture historique, et les artistes du notre époque pourraient s'y appliquer plus sé@rieusement s'ils avaient le bon esprit de se dé@barrasser de tout système, de toute coterie d'é@cole. Un élève de M. Ingres, facile à reconnaî@tre au ton gris et froid de sa couleur, M. Pichon, a exposé l'Annonciation , commandée par le ministre d'État, et Saint Clément , pape , envoyant les premiers apôtres évangiliser les Gaules , commandé par la ville de Paris pour l'@église Saint-Séverin. Cette dernière composi@tion a du style, les poses sont simples, le geste est noble. Le coloris de M. Duval-le-Camus est moins froid il vise plus à l'effet de lumière et d'expression dans son grand tableau Jésus au M@ont des Oliviers , commandé par le minis@tre d'Etat. Une composition plus considérable, faite aussi pour le compte de l'État, Saint Paul frappé de cécité sur la route de Damas , est d'une couleur plus solide et d'un dessin plus ferme, plus arrêté. Son auteur, M. Cartillier, auquel, il y a deux ans, nous reprochions de n'être pas coloriste, a voulu nous prouver qu'il pouvait le devenir. En effet, il y a progrès. Les Disciples d'Emmaüs , sage composition, vigoureusement peinte par M. Dumas, pour l'église Saint-Louis-d'Antin, est bien préférable au Baptême de Clovis 496 , grande toile commandée par le ministère à M. Rigo, qui réussit mieux les su@jets militaires que la grande peinture historique où les nus et les draperies demandent du style. Malgré le talent que l'artiste a mis dans l'exé@cution de cette grande page, la couleur est d'un ton si froid, l'effet si monotone qu'on a peine à croire que c'est l' oeuvre de l'auteur de cet autre tableau plus petit et plus vigoureusement tou@ché Le Général en chef Canrobert venant le matin, visiter une tranchée attaquée pendant la nuit par les Russes , distribue aux blessés des récompenses et des encouragements . Quelques autres sujets religieux ont encore attiré notre attention Le Sermon sur la Mon tagne , de M. Meynier, d'un coloris plein de fraîcheur la Descente de Croix , savamment composée par M. @Hesse la Vierge , Saint-Jea@n et la Madeleine au pied de la Croix , d'un ton u@n peu noir, mais d'un bon sentiment, par @M Henry Scheffer le Retour des Saintes Fem@mes après la mise au tombeau , bien dessiné@ bien composé par M. Legras, et le même sujet traité avec beaucoup de sentiment par un jeune@@ artiste, M. Marius Abel. Il y a de l'abattement @dans la pose de la Vierge , une expression de@ noble et profonde douleur sur ses trai@ts. L'effet @@du crépuscule complète l'impression de mélan@co lie qu'inspire ce petit tableau Nous ne terminerons pas notre revue de la pe@inture d'histoire et de genre historique sans no@us arrêter quelques instants devant plusieurs @ch@armants tableaux celui de M. Caraud, re@présentant les Demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , jouant Athalie devant L@ouis XIV , à Versailles , est encore une des perles de l'@E@xpo@ition achetée par la Commission de la loterie. Le mérite des sujets exposés par M. Comte est moins complet que ceux qu'il avait à la der@nière Exposition. Le Cardinal Richelieu et ses@ @@chats, que nous préférons comme composition, manque cependant d'harmonie de ton. Il y en a d@avantage dans le second tableau Alain Char@tier endormi recevant @un baiser de Marguerite d'Ecosse, mais l'exécution laisse à désirer. M. Devéria est toujours coloriste, comme le prouve ses deux tableaux Mort du Fils de la Sunamite , et une scène de l' Henri VIII de Shakspeare M. Jacquand ne l'est pas moins en nous mon@trant Pérugin peignant chez les moines , à Pé rouze. Des cinq tableaux de M. Heilburth, de Hambourg, nous préférons celui représentant Lucos Signorelli , peintre florentin , contemplant son fils tué dans une rixe la scène est bien dis@posée, les figures mieux dessinées. Le Zeuxis de M. Mottez est une jolie composition qui excite l'intérêt. Pline nous apprend qu'avant de travailler à sa Junon Lucinienne, dédiée par les Agrégentins au temple de cette déesse. Zeu@xis obtint de voir leurs filles nues, parmi les@quelles il en choisit cinq pour copier ce qu'il y avait de plus beau en chacune et en formermer sa Junon. Ce sujet est traité avec convenance et avec talent l'artiste a su éviter le côté tri@vial qu'il offrait. Fermée aux visiteurs pendant huit jours pour la permutation des tableaux qui a lieu habi@tuellement vers le milieu de sa durée, l'Expo@sition a été rendue publique lundi dernier. Quelques toiles qui méritaient aussi une place au salon d'honneur, y sont venues occuper celles d'un certain nombre de peintures transportées, à leur tour, dans les galeries voisines. A la@ place du Débarquement des troupes en Crimée , @peint par M. @Barrias, on voit maintenant le second tableau de M. Yvon, qui, n'étant pas achevé, n'avait pu figurer encore à l'Exposition. Le fait d' armes que cet artiste a été chargé de représenter est encore un épisode de la prise @de Sébastopol. le 8 septembre 1835 c'est la Co@urtine de Malakoff . La division du général IjfinKitUirougGr s'étant élancée sur l@a courtine qui relie Malakoff au Petit-Redan, envahit la se@conde ligne de défense. Mais la mitraille écrasse les têtes de colonnes de cette brave troupe, et, pour répondre à l'artillerie russe, qui cause dans nos rangs de si cruels ravages, l'ordre est donnée au commandant Souty d'amener devant la courtine les deux batteries du 10 e régiment qu'il commande. Les pièces traversent au ga@lop le terrain effondré que labourent les projec@tiles, et engagent résolument une lutte héroï@que, mais inégale, dans laquelle hommes, che@vaux, affûts, caissons sont bientôt broyés par les calibres supérieurs de l'ennemi. Cependant, la division Dulac et les réserves de la garde s'élancent pour la soutenir. C'est le bataillon de chasseurs à pied de la garde, dont l'intrépide commandant Cornulier de Lucinière est frappé à mort en entraînant sa troupe ce sont les 1 er et 2° régiments de grenadiers de la garde, co@lonels Blanchard et d'Altan, conduits par le gé@néral Mettinet, qui franchissent audacieusement les épaulements de nos tranchées c'est le géné@ral de Failly, à la tête des voltigeurs de la garde, colonel Montera, qui reçoit une blessure mortelle. M. Yvon a répondu, comme nous l'espérions, aux attaques passionnées auxquelles son tableau, la Gorge de Malakoff que nous avons analysé en commençant ce chapitre, a été en butte. L'air circule partout dans cette mêlée l'oeil saisit bien l'ensemble de l'action l'intérêt, répandu partout, est cependant attiré plus particulière@ment sur le personnage principal de la composi@tion placé au centre du tableau le général Bos@quet, qui, dirigeant l'ensemble des attaques, est atteint d'un éclat de bombe au flanc droit, un peu au-dessous de l'épaule@, sent ses forces trahir son courage. On l'emporte sur une civière mais la pluie de projectiles est telle, que le fa@nion du général est brisé dans les mains du ma@réchal des logis Rigodit, et que, à plusieurs re@prises, les porteurs du brancard sont tués. Ce groupe est palpitant d'intérêt il exprime un sentiment inconnu dans les armées étrangères il peint l'amour, l'affection du soldat. C'est qu'en France on n'achète pas ses grades, c'est que chacun doit les gagner sur le champ de bataille, c'est que les chefs partagent le danger et les privations du soldat, c'est que le général est vé@ritablement le compagnon d'armes du soldat qui sacrifierait sa vie pour lui@, comme ce zouave qui meurt en pressant la main du géné@ral Bosquet, dont il a si souvent apprécié le cou@rage, et pour lequel il eût donné dix fois sa vie. Cette grande toile, qui fait pendant à celle qui l'a précédée à l'Exposition, la Gorge de Malakoff , sera l'objet des critiques malveillantes, il faut que son auteur s'y attende. Le grand succès qu'il a obtenu au dernier Salon a excité l'envie, et la jalousie va le poursuivre comme elle a poursuivi Horace Vernet. Ceux qui, par esprit d'opposition, ont le plus décrié les ouvrages de ce grand artiste vont le louer pour nuire à M. Yvon, comme si deux artistes, d'un mérite différent, ne pou@vaient pas briller dans le même genre de pein@ture. Il en a été de même pour notre célèbre tragédienne Rachel dans les derniers moments de sa vie, on lui opposait, on exhaltait, par dé@nigrement, le mérite de M me Ristori, qui, depuis la mort de Rachel, a vu la vogue, le succès de venir presque de l'indifférence, sans que son talent ait été moins grand cette année qu'il n'était il y a deux ou trois ans. Les qualités du mérite de M. Yvon reposent sur des études sérieuses et non sur telle niaiserie de métier, sur tel truc à la mode ou en vogue il pourra, comme tout artiste, se montrer inférieur dans une composi@tion qui l'aura moins inspiré, mais saura bien@tôt se montrer supérieur dans une autre. III. TABLEAUX DE GENRE. Mu, Henriette Browne. - MM. Hébert. - Curzon. - Breton. - Luminais. - Brion. - Zo. - Knaus, - Anker. - Henri Baron. - Cabanel. - Compte@-@Calix. - Duverger. - Fichel. - Vetter. - Chevet. - Guérard. - Girardet. - Bouvin. - A. Leleux. - Toulmouche. - Trayer. - Castan. - Roenh. @- Plasson. - Landelle. - Hillemacher. - Vibert. - Brillouin. - Gendron. - Ruiperez. Nous l'avons dit en commençant notre revue du Salon, les tableaux de genre y sont encore, comme aux années précédentes, très nombreux et très remarquables. Quelques-uns sont traités avec l'ampleur et la puissance de la grande pein@ture historique de l'Ecole française. En tête de ceux-ci, il faut placer les ouvrages de Mme Henriette Browne, artiste du plus grand mé@rite, d'un talent si vrai, si réel, qu'il plaît à tout le monde, à celui qui a la prétention de se connaître en peinture, comme à celui qui dit Ça me plaît parce que c'est beau, parce que @ça impressionne@, ça parle, ça vit, et aussi à l'artiste impartial qui aime le choix et la vérité dans l'imitation de la nature. Mme Henriette Browne a représenté, sur une toile de grande di@@mension, deux Soeurs de charité l'une tient sur ses genoux un enfant malade, enveloppé d'une chaude couverture de laine elle le re@garde avec intérêt, tout en consultant les pul@sations du pouls du pauvre enfant, pâli, amai@gri par la fièvre, abattu par des crises nerveuses l'autre Soeur jette un regard inquiet sur ce jeune malade pour lequel elle prépare une potion cal@mante. Cette scène, simple, touchante, est sai@sissante d'effet elle est grassement et franche@ment peinte, d'un dessin et d'un modelé na@ture. Il n'y a pas jusqu'aux accessoires qui n'aient été traités en maître la couverture de laine est un véritable trompe-l'oeil. Aussi cette admirable peinture a-t-elle été achetée pour la loterie et payée, dit-on, 12,000 francs par la commission. Que Mme Henriette Browne conti@nue à marcher dans cette voie, qu'elle fasse toujours de la peinture pour tout le monde, c'est-à-dire de la peinture qui parle à tous par la simplicité, la vérité du sentiment et de l'exé@cution qu'elle ne consulte que la nature en résistant aux gens à système qui inventent une nature, qui fontdu bizarre, du hideux, en croyant faire du nouveau, de l'original qu'elle reste enfin l'interprète fidèle de la nature, et nous lui prédisons de nouveaux et plus grands succès en@core aux prochaines Expositions. Plusieurs petites toiles de cette artiste prou@vent que son pinceau large et mâle sait devenir, au besoin, d'une grande finesse sans perdre de sa vigueur. La Toilette est un petit tableau char@mant de simplicité et de vérité c'est une toute jeune fille qui habille son plus jeune frère. Mme Henriette Browne a encore un Intérieur et un Portrait sur lesquels nous reviendrons plus tard. M. Hébert est un artiste de talent qui s'é@gare ou que la camaraderie égare par ses flat@teries. Un certain charme de coloris ne suffit pas pour remplacer la vérité et intéresser, quand même cette manière paraîtrait nouvelle et se@rait à la mode. Des types laids, maladifs des femmes, des enfants en haillons des chairs jaunes, vertes, violettes, en décomposition des figures tristes, silencieuses, indifférentes les unes aux autres, quoique réunies et groupées une peinture riche de tons, mais délayée, con@fuse et comme effacée par la pluie ou par tout autre frottement telles sont les qualités et les défauts des deux tableaux que M. Hébert a ex@posés sous ces titres les Cervarolles Etats-Romains et Rosa Nera à la fontaine. Au pre@mier aspect, ces tableaux attirent, mais l'examen de ces femmes inspire l'éloignement. Il n'en est pas de même des compositions de M. Curzon, dont le coloris est un peu froid, le ton des chairs un peu rouge. Ses moindres su@jets sont intéressants, ses types sont nature et bien choisis. La plus grande toile de cette ar@tiste représente Une jeune Mère souvenir de Picinesca, royaume de Naples . Cette jeune mère est une belle Italienne qui file et regarde avec bonheur son enfant endormi. La manière large de cette peinture, le style qu'on trouve dans les grandes et petites toiles de M. Curzon, annon@cent en lui un homme capable d'aborder avec succès la grande peinture historique, à laquelle nous espérons le voir se livrer bientôt. Son petit tableau acheté par la commission de la loterie nous plaît beaucoup ces Femmes de Mola di Guëte sont d'un dessin vrai, fin et joli. Nous aimons moins la Moisson dansles Montagnes de Picinesca . M. Breton est un véritable peintre de genre les scènes familières conviennent mieux à son talent que celles d'un sentiment élevé. Son meilleur tableau est certainement le Rappel des Glaneuses . L'effet de lumière du soleil cou@chant était favorable à la couleur toujours un peu grise, un peu monotone de cet artiste, qui rachète ce défaut par une parfaite entende de la composition et un dessin toujours vrai. Le groupe des glaneuses, qui occupe le centre du tableau, est très imposant il y a de la noblesse dans la marche de ces trois paysannes qui rap@pellent, au souvenir, les moissonneurs de Léo@pold Robert. La Plantation d'un Calvaire , ta@bleau acheté pour la loterie, est une composition bien ordonnée dont les physionomies semblent être autant de portraits. On croit connaître tous ces personnages tant ils sont nature. Mais c'est surtout cette autre petite toile, également ache@tée pour la loterie. qui a un cachet de vérité. Comme cette couturière est bien à son travail ! Et cette scène de cabaret -@Le Lundi , - comme elle est vraie aussi ! comme tous les per@sonnages concourent bien à l'unité de l'action ! Nous préférons de beaucoup cette scène de ca@baret, de M. Breton, à cette autre scène de ca@baret , d'un caractère ignoble, peinte par M. Luminais. il y a plus de couleur, de fougue, dans cette dernière, mais les types sont affreux, repoussant, tandis qu'ils sont nature, mais sans laideur, dans le tableau de M. Breton. En fait de types bretons, nous aimons assez la Porte d'Eglise pendant la messe en Bretagne , par M. Brion ces paysans, qui se tiennent debout à la porte de l'église au lieu d'y entrer, ne sont pas laids. C'est une erreur que de croire qu'onre-présente mieux un homme du peuple en en fai@sant un cretin qu'en lui donnant le caractère mâle, énergique, qui convient au travailleur et à l'homme des champs, chez lesquels se trouvent développées les forces physiques qui font la beauté des formes. Nous avons encore remarqué, du même artiste, une composition pleine de sentiment c'est Un Enterrement bords du Rhin . La commission de la loterie a acheté encore Une Halte de Contrebandiers espagnols , par M. Zo. Cette petite toile est d'une couleur chaude. puissante, qui séduit on se croirait sous le beau ciel de l'Andalousie. Les groupes sont heureusement disposés, les figures sont correc@tement dessinées, les femmes surtout sont jolies ce sont de belles Espagnoles. Dans un autre chapitre, nous parlerons des deux aquarelles exposées par ce peintre. Un peintre de genre, de l'école de Dussel@dorf, dont nous avons eu occasion de louer le talent, M. Knaus, qui avait, au Salon de 1857, deux charmants tableaux, n'a exposé, cette an@née, qu'une seule toile la Cinquantaine . Cette composition est d'un sentiment si vrai qu'elle attire la foule des visiteurs. Si nous en jugeons d'après les types et les costumes des personna@ges, la scène se passe dans la campagne du du@ché de Bade. La joie contenue, la gravité alle@mande des deux viellards qui dansent sous un vieux chêne, au milieu de leur famille et de leurs amis réunis le bonheur de cette jeune femme, leur fille, qui allaite son enfant la gaîté bruyante des jeunes enfants, et le calme imperturbable de ces gros Allemands qui fument assis au pied du gros arbre, tout cela est rendu avec une finesse d'observation parfaite et une grande vérité de dessin. Rien de plus joli que cette jeune mère et que ces blonds enfants rien de plus séduisant, de plus harmonieux que la couleur de ce délicieux tableau. Le coloris brillant de M. Anker n'est pas le seul point de ressemblance qu'il ait avec M. Knaus il s'est montré aussi bon observateur, aussi bon dessinateur dans le tableau qu'il a exposé sous ce titre Une Ecole de Village dans la Forêt-Noire . Il y a là de charmantes têtes d'enfants, d'une variété d'expression bien ap@propriée à l'action le type du maître d'école a le cachet d'originalité du métier il a été si heureusement choisi, qu'on doit croire que l'ar@tiste s'est glissé sournoisement dans un coin de cette école de village, parmi les écoliers, pour rendre cette scène intime avec autant de vérité. -@La Fille de l' @Hôtesse , grande toile du même artiste, prouve, une fois de plus, la puissance de sa couleur et la science de son dessin. Mais cette composition, tirée d'une ballade de Uh@land, est moins complète que la première. Puisque nous parlons de coloristes, citons l' Entrée d'un Cabaret vénitien où les maîtres peintres allaient fêter leur patron saint Luc . M. Henri Baron s'est montré à la hauteur de son sujet, il s'est fait peintre vénitien il a mis dans cette petite toile l'éclat, la vigueur, le charme de la couleur, la richesse de la mise en scène, l'action et le mouvement, toutes les qua@lités qui distinguent les maîtres de l'école véni@tienne. Nous lui reprocherons cependant d'a voir négligé un peu le dessin de quelques-unes des figures. - Citons la Veuve du Maître de Chapelle, d'un effet de lumière savamment combiné et parfaitement en harmonie avec ce sujet. M. Cabanel y a mis un sentiment tout artistique. L'expression de douleur de la veuve du maître de chapelle est navrante il y a des larmes dans son regard, en entendant exécuter, sur l'orgue, par ses enfants, le meilleur orato@rio, le dernier morceau composé par l'artiste qu'elle pleure, par le père chéri de ses enfants, par l'époux adoré qu'elle a perdu ces figures sont jolies, d'un dessin fin, élégant. - Le Chant du Rossignol, composition gracieuse qui représente de jeunes et belles personnes écou@tant en silence, la nuit, dans le parc du châ@teau, par un magnifique clair de lune, le chant du rossignol. Cette peinture, de M. Compte-Calix, est pleine de poésie elle fait rêver, elle rappelle de doux souvenirs de la vie de château. - Citons aussi l' Hospitalité , petit tableau de M. Duverger, qui a été acheté par la loterie et qui est encore une peinture de la vie des champs. Une dame surprise, pendant sa promenade, par la pluie et l'orage, vient demander à s'abriter chez un brave paysan qui l'accueille de son mieux. Cette scène si simple intéresse par la vérité avec laquelle elle est rendue elle séduit par la finesse du dessin et la vigueur du coloris. La commission de la loterie, qui a fait preuve d'infiniment de goût dans ses choix, a acheté un tableau très finement touché par M. Fichel, un des plus intelligents peintres de l'école Meis@sonnier. Le Déjeûner , tel est le titre du tout petit cadre dans lequel l'artiste nous montre un célibataire admirant, avant de le déguster, le ton chaud et doré d'un vin blanc d'Espagne. Ses autres très petites toiles, d'une grande finesse, sont Des Amateurs dans un atelier de Peintre Un Café de province au XVIII e siècle Une Bi@bliothèque d'Estampes Un Fumeur Un Gentil@homme de garde , et le portrait de M. Louis Monrose, de la Comédie-Française. - De ce genre miniature à l'huile, nous devons signaler le Départ pour la promenade, par M. Vetter, d'une touche plus franche, plus hardie sans être moins délicate. Ce jeune seigneur, qui met ses gants en se mirant, est fièrement campé la satisfaction règne sur ses traits ce beau garçon est content de lui. Enfin, M. Chevet, le plus habile de l'école Meissonnier, a exposé six très petites toiles, parmi lesquels nous avons remar@qué tout particulièrement Un Peintre regardant son tableau dans un miroir noir. C'est un petit chef-d'oeuvre de dessin et de couleur. Nous avons encore à parler de quelques pein@tres de genre d'une école plus originale, d'un pinceau plus large, plus franc. Une Messe du matin à Monter fil Ille-et-Vilaine , par M. Gué@rard, est une peinture aussi vraie, aussi naïve@ment vraie que l' Ecole de Village de M. Anker Nous aimons encore du même artiste Vive la Fermière! la Parbut@te Fête après le battage des Grains Ille-et-Vilaine . La physionomie de cette bonne fermière, qu'on porte en triomphe, est vraiment heureuse, et l'on éprouve du plai@sir en voyant l'entrain joyeux des groupes qui la suivent en chantant et en dansant. La cou@leur de ce tableau a beaucoup d'éclat et de fraî@cheur, trop de fraîcheur peut-être pour des teints hâlés par le soleil des champs. - Nous adres@serons le même reproche au tableau de M. Edouard Girardet Noce de Village , gracieuse composition d'un ton par trop rosé. La peinture de M. Bouvin est plus solide, plus vraie. Il entend à merveille l'effet de clair-obscur. La Lettre de recommandation est, sous ce rapport, un vrai trompe-l'oeil. La tête de la soeur abbesse, qui lit la lettre, est un portrait plein de finesse et de bonhomie qui con@traste avec la raideur des deux novices. En tête des autres tableaux du même peintre, nous pla@çons la @Ravaudeuse , type on ne peut plus vrai. Puis vient le Liseur et l' Intérieur de Cuisine . M. Armand Leleux est également un peintre des scènes familières de la vie, qu'il rend avec un sentiment vrai. C'est en Suisse que cet ar@tiste est allé chercher les sujets des tableaux qu'il a exposés. Les deux meilleurs sont, à notre avis la Leçon de Couture intérieur suisse , et Faits divers intérieur suisse . Ce dernier, qui a été acheté par la loterie, est une composition pleine d'@intérêt. - La commission de la loterie aussi acheté à M. Toulmouche un charmant petit tableau d'un sentiment délicat et d'une exécution irréprochable. C'est une mère faisant dire la leçon à sa jeune fille. On retrouve le même charme de coloris, la même finesse de modelé dans les deux autres toiles la Prière et le Château de Car@tes . Il nous est impossible d'analyser tous les ta@bleaux de genre qui mériteraient de l'être le nombre en est trop grand. Nous ne pouvons cependant terminer ce chapitre sans mentionner la Famille , époque des vacances , par M. Trayer -@Une Mère allaitant son enfant après le bain , par M. Castan -@Travail et Lecture , par M. Roehn -Eva , par @M. Plasson -@Les Deux Soeurs , costume d'Alvito , par M. Landelle - La Prière du matin et la Partie de Billard, par M. Hillemacher -@Une Visite domicilière sous la Terreur, par M. Vibert -@Amateurs de Pein ture en visite, par M. Brillouin - L' Amour de l'Art et la Délivrance , par M. Gendron -Un Philosophe et un Novice de l'ordre de Saint-François , par M. Ruiperez ce dernier tableau est acquis pour la loterie de l'Exposition. IV. PORTRAITS. MM. H. Flandrin. - P. Flan@drin. - Mme Browne. - Hébert. - Baudry. - Ricard. - Lazerges. - Ro@bert. - Winter@haltter. - Duhufe fils. - Le@hmann. - Landelle. - Cabanel. - Muller. - Motet. - E. Giraud. - Bonnegrace. - Scheffer Henri . - Bin. - Mme Schneider. - Madrazo. - Jobbé-Duval. - Pils. - Schopin. - Louis Boulanger. - @@Mme O'Co@@nnel. - Mlle Léonie Lescuyer. - Valadon. - Glaize père. Les portraits sont encore nombreux à l'Ex@position de 1859, mais on les a disséminés avec tant de tact dans les salles et les galeries, que le regard du visiteur en est moins fatigué qu'aux années précédentes. Pourtant, il y a là beau@coup de types laids, de physionomies insigni@fiantes, de poses prétentieuses, de toilettes@@ ri@dicules, qui ont du faire la désolation de l'artiste condamné à peindre de pareilles choses. Ce sont la vanité et la sottise peintes d'après na@ture c'est la preuve nouvelle que, malgré le progrès de la civilisation, le goût n'a pu péné@trer partout, et que cette anecdote, que nous empruntons à Diderot, sera vraie longtemps encore Un jeune homme fut consulté sur la manière dont il voulait qu'on peignît son père. C'était un ouvrier en fer. - Mettez-lui, dit-il, son habit de travail, son bonnet de forge, son tablier que je le voie à son établi avec un ouvrage à la main, qu'il éprouve ou qu'il repasse, et surtout n'oubliez pas de lui faire mettre ses lunettes sur le nez. Ce projet ne fut pas suivi on lui envoya un beau portrait de son père, en pied, avec une belle perruque, un bel habit, de beaux bas, une belle tabatière à la main. Le jeune homme, qui avait du goût et de la vérité dans le caractère, dit à sa famille en la remerciant Vous n'avez rien fait qui vaille, ni vous ni le peintre je vous avais demandé mon père de tous les jours@, vous ne m'avez envoyé que mon père de tous les d manches. De tous temps les maîtres de la grande pein@ture historique, de la peinture monumentale, ont été en même temps les plus grands pein@tres de portraits. Les chefs-d'oeuvre de Raphaël, Titien, Murillo, Velasquez, Rubens, Van Dyck, et bien d'autres, chez les anciens de David, Gros, Gérard, Ingres, H. Vernet, Paul Delaro@che, et d'autres peintres modernes, l'attestent d'une manière irrécusable. Pour qu'un portrait frappe l'attention, il ne suffit pas qu'il soit res@semblant, il faut qu'il vive par la physionono@mie, il faut que le talent de peintre et de des@sinateur s'y trouve réuni à ce degré de supério@rité qu'on ne rencontre guère que chez les meilleurs peintres d'histoire. Nous en trouvons des exemples à l'Exposition actuelle. M. Hippolyte Flandrin@, l'auteur des resques de Sa@@int-Vincent-de-@Paule et de Saint-Germain-des-Prés, a exposé trois portraits qui ont un mérite tellement réel, que les artistes des diverses écoles les proclament au-dessus de tous ceux qui figurent au Salon. Cependant. à en juger au fini extrême de la peinture de M.@H. Flandrin, on se dit que ce travail de patience doit fatiguer la personne qui pose et qui doit poser si souvent, si longtemps, que l'ennui devrait décomposer les traits de la physio@nomie. Certes, ce serait là un écueil pour un artiste ordinaire, mais non pour un talent com@me celui de M.@@H. Flandrin. Le portrait de Mme S... vêtue d'une robe de satin noir, le bras droit accoudé sur le dossier d'un fauteuil, est vivant le regard est sympathique, la pose gracieuse les bras, les mains sont dessinés et peints avec une pureté, une finesse de modelé telles qu'on dirait de la chair. Ce tableau est tout simplement un chef-d'oeuvre digne des plus grands maîtres. Les portraits de Mlles M..., qui probablement sont deux soeurs, ont égale@ment droits aux plus grands éloges. Celui où la jeune personne tient un coffret en ivoire est touché plus hardiment que les deux précédents, et celui de l'autre jeune personne, ayant un oeillet à la main, est d'un dessin si vrai, si cor@rect, d'une expression si naturelle qu'on dirait qu'elle va parler. Il est des familles si heureusement parta@gées, que le talent semble échu à chacun de ses membres comme un droit de naissance. Nous venons de mentionner les oeuvres de M. @Hippolyte Flandrin, le peintre d'histoire et de portraits, maintenant nous avons à parler de M. Paul Flandrin, qui ne se borne pas à être un grand paysagiste, mais qui s'est fait, lui aussi, un de nos meilleurs portraitistes. Il y a de si grands rapports entre ses portraits et ceux de son frère que la plupart des visiteurs les lui at@tribuent. Cette similitude est très sensible dans le portrait de Mme B... tant pour la pureté du dessin, la finesse du modelé, que pour le coloris qui pourtant est un peu plus noir. Un des portraits les plus vivants@, les plus franchement faits, les plus grassement modelés, c'est le portrait de M. de G., peint par Mme Henriette Browne, avec cette couleur puissante, chaleureuse, que nous avons déjà signalée dans un précédent chapitre. A la hardiesse avec la@quelle ce tableau est touché, personne ne le croirait l'oeuvre d'une femme, d'une femme du monde, qui se cache, assure-t-on@, sous un pseudonyme. Pourquoi se cacher lorsqu'on a le front ceint d'une auréole de gloire ? Est-ce modestie ? Mais, à une renommée aussi bien acquise, la modestie est au moins inutile. Est-ce vanité, préjugé aristocratique ? Mais y a-t-il une meilleure, une plus grande noblesse que celle du mérite ? Quel est le noble de naissance qui ne serait glorieux d'avoir produit les chefs-d'oeuvre de Raphaël@ de Michel-Ange, de Pierre Corneille, d'avoir pris Malakoff ou vaincu les Autrichiens à Magenta ? Non, de mesquins préjugés de société sont incompatibles avec une nature aussi élevée on n'est pas artiste sans aimer la gloire, et quand on aime la gloire, on met le mérite au-dessus des hasards de la nais@sance on est bien autrement fier de la renom@mée couquise qu'on ne l'est d'un nom de famille, tel ancien qu'il soit. Les motifs d'incognito de l'éminente artiste qui se fait appeler Henriette @Browne, nous les devinons sans peine. Sa posi @tion dans le monde l'obligeait à ne s'y montrer artiste qu'avec une célébrité solidement établie elle a donc, avant tout, voulu acquérir un re@nom. Nous ne pouvons qu'applaudir à une conduite aussi sage et à un succès aussi com@plet. Si M. Flandrin, si Mme Henriette Browne ne sacrifient aucune partie dans un tableau, si tout y est étudié, terminé, sans nuire à l'effet général, il n'en est pas de même pour M. Hé@bert qui a pour système de sacrifier tout ce qui s'éloigne du centre de la toile cela facilite, contribue à l'effet, mais c'est tourner la diffi@culté et non la vaincre. Le difficile est d'obte@nir un fini sans détruire l'harmonie de l'effet, sans éteindre la verve de pinceau qu'on met dans une ébauche. Dans le portrait de Mme la marquise de L..., la lumière, l'étude sont don@nées à la tête qui est, du reste, très remarqua@ble sous le rapport du coloris et de l'expres@sion mais tout le reste, les vêtements et les mains, est entièrement sacrifié, à peine indi@qué@, et comme enveloppé d'un nuage de suie. M. Baudry appartient au même système, non à la même école il sacrifie beaucoup dans ses portraits. Une dame qui regardait le portrait d'enfant exposé sous le titre de Guillemette , demandait à son mari pourquoi l'artiste n'avait pas achevé cette peinture ? - Parce qu'il en a été empêché par la mort, lui @fut-il répondu c'est l'oeuvre dernière de Benouville, jeune ar@tiste que nous venons de perdre il y a quelques mois. - Alors, mon ami, je comprends que le jury ait admis cette peinture à peine ébauchée. Cette confusion a eu lieu pour beaucoup de monde, et le simple B. de la signature n'a pu que confirmer, dans cette idée, ceux qui ne pre@naient pas le temps de consulter le livret. Si la demande avait été adressée directement à l'auteur, à M. Baudry, il eût sans doute répon@du, avec bonne foi - Je ne finis pas, parce que cela est trop difficile parce que je détrui@rais les qualités qui font de ce rien quelque chose. C'est surtout le langage de la camara@derie, de la flatterie qui entraîne l'artiste dans cette voie - Pour l'amour de Dieu, arrêtez-vous, lui dit-on plus un coup de pinceau ou vous gâtez ce petit chef-d'oeuvre ! c'est admira@ble, admirable, mon cher! Cependant, il nous semble que, pour avoir terminé un peu plus le portrait de M. le baron Jard-Panvil@lier , M. Baudry n'a rien gâté il y a, au contraire, dans cette oeuvre, la vie en plus, et personne ne dira pour ce portrait - C'est dommage que ce ne soit qu'une ébauche il eût été bien beau, achevé. Parmi les portraits de M. Ricard, nous en remarquons plusieurs qui semblent encore à l'état d'ébauche ainsi, la manche et la main du Portrait de Mlle L.@S. sont à peine indi@qués celui que nous préférons des huit por@traits de cet artiste, c'est le Portrait de Mme E... le modelé est toujours un peu vague, mais la couleur est d'une harmonie qui séduit le re@gard. Plus consciencieusement modelé, plus finement peint et tout aussi séduisant, le Por@trait de M. le comte de V..., par M. Lazerges, est un des plus beaux du Salon. Nous en dirons autant du Portrait de M . le comte de Morny , d'une grande ressemblance, peint par M. Robert, artiste belge. Mais les portraitistes qui ont le mérite de sé@duire plus particulièrement les visiteurs, c'est d'abord M. Winterhalter, la palette la plus chatoyante des peintres modernes. Son portrait en pied de cette belle et jeune princesse, en robe de soie aventurine, est d'une richesse de ton dont cet artiste a seul le secret. J'entends dire que cette couleur n'est pas toujours vraie. C'est possible elle est au moins aussi vraie que celle de certains coloristes dont la couleur, sans être plus vraie, a le désavantage de déplaire par des tons sales et des carnations flétries ou ma@ladives. - Puis, @@M. Dubufe fils, autre char@meur, aux tons dorés, nacrés, diaphanes, le peintre par excellence des grandes dames, des robes de soie, des écharpes de gaze, des plumes et des lambris dorés, luxe qu'il aime et qu'il imite dans la perfection, sans négliger l'étude de la figure qu'il rend toujours gracieuse. Les cinq jolis portraits qu'il a exposés sont d'un dessin élégant celui de Mme la comtesse de R... est surtout très remarquable. - Ensuite, MM. H. Lehmann, Landelle, Cabanel, qui se distinguent aussi par le goût et le fini qu'ils ap@portent dans leurs peintures. M. Lehmann a exposé six portraits, parmi lesquels nous signa@lerons celui de Mlle J.-M. d'O.. ., représentée appuyée sur le dossier d'une chaise, et dont le raccourci de la main droite est bien réussi. Nous signalerons encore le très remarquable Portrait de Mme , par M. Cabanel, et celui de Mme P. F..., par M. Landelle. Le pinceau plus mâle, plus sérieux de M. Muller, a peint, avec une sobriété de détails, une sévérité de tons convenables, le Portrait de la Supérieure des Filles de la Compassion. Cette peinture large et solide nous rappelle le beau Portrait du Frère Philippe , par Horace Vernet. Un portrait d'une vérité de modelé, comme on en rencontre rarement, c'est cette Tête de vieillard peinte par M. Matet, et inscrite au Livret sous le n° 2115 ce n'est pas de la peinture, c'est la nature même. Un autre por@trait bien vivant est celui de M . l'abbé Moret , chanoine de Saint-Denis, directeur de l'OEuvre des Jeunes Incurables, fondée par S.@A.@I. Mme la princesse Mathilde. Cette toile, de M.@E. Gi@raud, est d'une couleur très vigoureuse les figures sortent du cadre. Le Portrait de M . Louis Jourdan , du Siècle, est une excellente peinture de M. Bonnegrace la physionomie du spirituel et profond écrivain a été parfaitement saisie. La ressemblance de M . le docteur Chur chill est aussi très grande dans le portrait peint par M. Henri Scheffer, le digne frère du grand peintre de ce nom, dont tout Paris court admi@rer les oeuvres réunies, en ce moment, dans une exposition particulière faite au profit de la caisse des artistes. Les portraits en pied ne sont pas très nom@breux nous ne nous arrêterons qu'à trois d'entre eux. Celui de S. Exc. le maréchal comte de Castellane, commandé pour le musée de Versailles, à M. Bin, est une bonne peinture qui occupera bien sa place dans cette galerie qui compte de si beaux portraits. Le portrait en pied de Mme la marquise de D..., exposé par Mme Schneider, est remarquable par l'har@monie générale de l'effet, la vigueur du coloris, la noblesse de la pose et le goût de l'agence@ment. Nous adresserons les mêmes éloges au portrait de Mme A..., peint par M. Madrazo, qui a encore exposé deux beaux portraits l'un de S.@A. l'infante dona Josefa, l'autre de Mgr. Guëll y Renté, époux de S.@A. l'infante Josefa. L'un de nos bons peintres d'histoire, M. Jobbé-Duval, occupé à décorer de quatre su@jets la chapelle Saint-Charles-Borromée à l'é@glise Saint-Séverin, et de deux autres sujets la chapelle Saint-Denis à l'église Saint-Sulpice, n'a pu envoyer que trois portraits très largement peints. M. Pils a également deux portraits tou@chés avec la hardiesse qu'on lui connaît. Le portrait de Mme O... est une gracieuse peinture de M. Schopin@ ainsi que le portrait de femme, par M. Louis Boulanger, qui a encore le por@trait de M. Dumas, et celui de M. Granier de Cassagnac, tous deux ressemblants. Des por@traits non moins ressemblants sont ceux de M. Edmond Texier, le spirituel rédacteur du Siècle, et de M. Charles-Edmond L. peints par Mme O'Connel celui de Mme D... par Mlle Léonie Lescuyer, et ceux de deux jeunes artistes par M. Valadon. Nous avons dit franchement notre opinion sur le tableau de M. Glaize père la Distribu@tion des aigles par l'Empereur , le 10 mai 1852. Nous avions le droit de nous montrer d'autant plus sévère envers cette oeuvre incroyable, que nous n'avons laissé échapper aucune occasion de faire ressortir le talent de cet artiste,et nous vou@lons, en terminant ce chapitre, rendre hommage nu mérite de son portrait de M . Louis Figuier . C'est une tête pleine d'expression, dans laquelle nous retrouvons les belles qualités de coloriste et de dessinateur que nous aimions dans M. Glaize père. V. INTÉRIEURS, PAYSAGES, ANIMAUX, MARINES, FLEURS ET NATURES MORTES. MM. Troyon. - Aug. Bonheur. - Marck. - Palizzi. - Rodolphe Lehmann. - Jadin. - Balleroy. - Mlle Léonie Lescuyer. - MM. Dubuisson. - @D'Raussy. - Salmon. - P. Rousseau. - T. Rousseau. - Knyff. - Daubigny. - Besson. - Lapierre. - Leroux. - K. Girardet. - Cabat. - Anastasie. - André. - P. Flandrin. - Corot. - A. de Dreux. - Laugée. - Capelle. - Desand. - Baudit. - Lavieille. - Lamo@rinière. - Harpignies. - Hédouin. - Hanoteau. - Desjobert. - Justin Ouvrié. Si, aux yeux de quelques-uns de nos confrères, les oeuvres de MM. Yvon, Gérôme, Muller, Cur@zon, Lazerges, Bouguereau, Pichon, Lévy, Ma@zerolle, Henriette Brown, sont des toiles indi@gnes de soutenir la réputation de notre école de peinture historique, opinion que nous sommes bien loin de partager, il est un point sur lequel nous sommes parfaitement d'accord avec eux, c'est qu'à aucune époque on n'a mieux fait le paysage et les animaux c'est qu'à aucun Salon on n'en a vu d'aussi remarquables et en aussi grand nombre Quoi de plus admirable que l'exposition de M. Troyon ? où rencontrer quelque chose de plus vraie et de mieux peint ? quel délicieux paysage que cette Vue des hauteurs de Suresne Seine-et-Oise ! l'oeil aime à se promener dans cette belle vallée, animée par des bestiaux qu'un jeune paysan a peine à surveiller, tant la richesse du pâturage semble réjouir ces animaux qui se ré@pandent un peu partout. Cette grande toile est admirable de couleur les fonds sont fins, légers, sans être sacrifiés. Dans le Départ pour le Mar ché , l'effet est encore plus saisissant c'est la na@ture qui s'éveille. Le soleil perce de ses rayons les fraîches vapeurs de la terre on sent l'humi@dité de la rosée, on voit l'haleine des bestiaux l'illusion est complète. La température change dans le Retour à la Ferme le soleil décline, mais ses derniers rayons dorent encore la cam@pagne c'est la lin d'une belle journée, c'est le calme de la nuit qui commence c'est l'heure du repos pour la nature comme pour l'homme des champs. Après avoir passé des heures à con@templer les six tableaux de M. Troyon, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, des animaux ou du paysage, car paysage et animaux sont rendus avec un charme, une vérité que personne n'a réussit à un si haut degré. Connaît-on une peinture plus sérieusement belle, plus vraie@ plus vivante que cette grande Etude de Chien ? On lit dans son regard qu'il est fier d'avoir saisi la perdrix qu'il tient dans sa gueule et qu'il offre tout joyeux à son maître. Nous ne connaissons rien d'aussi complet. M. Auguste Bonheur, le frère de Rosa Bon@heur, est un peintre qui réussit avec talent les ani@maux et le paysage. Sa couleur est solide et brillante tout à la fois son pinceau est plus ferme, plus hardi que celui de sa soeur. Son Troupeau de Vaches , souvenirs des Pyrénées , acheté pour la loterie, et l' Abreuvoir , souvenir de @Bretagne , sont deux charmants tableaux. Une autre jolie toile a été acheté aussi pour la le terie à M. Marck c'est un paysage avec ani@maux dans la saison d'automne. On sent au fini et à certains tons que M. Marck a l'habitude de peindre sur porcelaine et qu'il a été élève de M. Troyon. Le plus grand paysage avec animaux parmi ceux exposés et peut-être parmi tous ceux qui ont été faits jusqu'à ce jour, c'est la Traite des Veaux dans la vallée de Touque Normandie , par M. Palizzi, l'émule et non l'imitateur de M. Troyon, dont il diffère surtout par la cou@leur. Il vise à l'effet, tient à séduire par l'éclat et la fraîcheur, tout en restant dans le vrai. Aussi, cette grande toile est-elle resplendissante de lumière, de soleil on croit sentir la chaleur suffoquante de l'air chaud dans cette vaste plaine où arrivent de tous côtés des veaux pour la traite ou la foire qui s'y tient. M. Palizzi nous a @prouvé qu'il savait surmonter les difficultés, qu@il pei@gnait avec la même supériorité les figures, le paysage et les animaux. C'est un mérite dont M. Rodolphe Lehmann nous donne également la preuve dans son tableau intitulé les Marais pontins . Une barque, chargée de fruits et de maïs, glisse lentement sur l'eau d'une rivière bourbeuse, qu'un troupeau de buffles sillonne en tous sens afin d'en enlever les herbes épaisses qui l'obstruaient. Au loin, l'horizon est borné par le mont Avic. Quelques-uns des personna@ges couchés sur la barque ont de ces beaux types qu'on rencontre dans la campagne en Italie. MM. Jadin et Balleroy sont deux peintres qui réussissent les scènes de chasse, et entre les ta@bleaux desquels il existe la même différence qu'entre ceux de MM. Troyon et Palizzi la cou leur de M. Jadin est vigoureuse, son exécution franche, mais un peu lâchée le coloris de M. Balleroy est frais et le modelé soigné dans ses moindres détails. Le Départ d'une meute de Chiens pour un rendez-vous de chasse est le meilleur des cinq tableaux exposés par cet ar@tiste. Dans les sept envois de M. Jadi@n, nous signalerons surtout Merveillou , @Rocador , Chiens d'attaque de la vénerie de l'Empereur , et Pas commode , le plus chaleureusement peint. - Mlle Léo nie Lescuyer a aussi un pinceau large et ferme elle peint les chevaux avec une vigueur de ton qu'on rencontre rarement chez les dames peintres. Deux de ses tableaux Un mot en passant et l' Abreuvoir sont d'une couleur puissante et d'un effet charmant. Les chevaux de poste, dans le tableau de M. Dubuisson, sont d'un ton moins chaleureux, mais ils sont savamment dessinés. Le soleil éclaire bien la Cour de Ferme , de M. d'Haussy les poules et le coq sont finement touchés, ainsi que les ac@cessoires du premier plan. Les arbres sont moins bien réussis. Avant de passer à l'examen des paysages les plus remarquables de l'Exposition, signalons la Gardeuse de Dindons , jolie peinture de M. Sal@mon, et le grand tableau Un jour de gala , par M. Philippe @Rousseau. Tout est étudié, tout est consciencieusement peint dans cette toile, mais les trop nombreux détails nuisent à l'effet général du tableau, y jettent un peu de confu@sion. - Son homonyme ou son parent. M.@T. @Rousseau, est un paysagiste distingué son co@loris est quelquefois monotone, comme dans son tableau des Bords de la Sèvres , mais il re@prend parfois de l'éclat comme dans celui du Bonnage du Barbison forêt de Fontainebleau , dont les plans sont plus nettement accusés, les arbres plus franchement touchés. Aucun des paysagistes exposants n'a ni la puissance de couleur, ni la vigueur du modelé, ni la finesse, la vérité de détails des tableaux de M. Knyff. Le @Marais de la Campi@ne et les Souvenirs du châtea@u de Petershiem , achetés pour la loterie, sont d'un effet saisissant les arbres, les feuilles, les herbes, les accidents de terrains, semblent en relief et augmentent l'ef@fet sans nuire à l'harmonie, et cela à un degré de perfection qui produit l'illusion. Rien de vague,@ rien de sacrifié, et pourtant l'effet est harmo@nieux, irréprochable. M. Knyff n'est pas un ar@tiste à système il ne voit pas la nature en myope, avec les yeux d'un homme épuisé et chétif il la voit avec des yeux sains, pénétrants, avec les yeux d'un homme en bonne santé et solidement constitué. Au contraire, M. Daubigny aime le vague, il ferme les yeux à moitié pour regarder et voir la nature comme à travers un voile léger. Aussi ses paysages demandent-ils à être vus à distance pour produire leurs délicieux effets. Le plus ravissant des cinq tableaux de ce charmant peintre, c'est, à notre avis, celui dans lequel il a reproduit les Bords de l'Oise. Moins vague dans l'exécution et plus fins de ton, le grand paysage de M. Français peut être vu de près ou de loin, sans perdre aucune de ses qualités. Regardé de loin, ce grand tableau est très harmonieux, et, en s'en approchant, on trouve tous les détails soigneusement étudiés. C'est là une nouvelle preuve que le fini, quand on sait l'atteindre sans détruire la vigueur et l'harmonie, est la perfection des oeuvres d'art. C'est ce que cherche M. Busson, élève de M. Français. Ses deux paysages des Landes sont d'une grande fraîcheur de coloris les lointains de celui aux trois arbres sont très fins de tons. La Forêt au Printemps est peinte dans les mêmes données par M. Lapierre finesse et vé@rité. Il en est de même des Marais de la Char bière au mois de juin, jolie petite toile de M. Leroux, achetée pour la loterie, et de la vue prise sur les bords de l'Eure, par M. @Girardet, qui a mis là toute la fraîcheur et la délicatesse de son pinceau. M. Cabat n'a qu'un paysage, mais il est d'un effet on ne peut plus poétique c'est un Etang des Bois , éclairé par un soleil couchant. Un co@loriste non moins séduisant, c'est M. Anastasie son Groupe de Chênes en automne est d'une vi@gueur peu commune. Le plus grand des tableaux de M. André, sa Vue de la Bonnieure , à Puy reaux , est aussi d'un aspect agréable pour la couleur et le rendu. Mais ces diverses toiles n'ont pas les grandes lignes des paysages histo@riques de M. Paul Flandrin on retrouve ce grand aspect dans deux des ouvrages qu'il a au Salon les Environs de Marseille . Il y a un très grand progrès dans l'exécution des figures qui animent le paysage. On sait qu'autrefois la majorité des paysagistes faisaient peindre les figures de leurs tableaux, tant ils étaient incapables de les dessiner. Quelques-unes des toiles de M. Corot sont là pour attes@ter cette impuissance regrettable nous enga@geons cet artiste à s'en tenir au paysage. Il n'en est pas de même de M.@A. de Dreux qui a peint, avec le même talent, le paysage et les fi@gures de son tableau le Retour de la Chasse La couleur du tableau de M. Laugée est moins chatoyante, mais elle est plus vraie et ses figu@res sont bien plus nature dans son tableau le Goûter des c@ueilleuses d'oeillettes , en Picardie , acheté pour la loterie. Une peinture qui étonne par la vigueur de l'effet de lumière et par la naïveté de son exécution, c'est le tableau acheté pour la loterie et inscrit au livret sous ce titre Avant la @Messe@@ cette peinture de M. Capelle a la netteté, le découpé des ombres et des clairs d'une image daguerréen@ne. Nous aimons mieux le Campeme@nt de nomades dans la plaine d'El@-Outaïa et le Marabout Sidi-Barkate, aux envi@rons de Biskra Sahara , par@ M. Degand, c'est plus artistique les personnages sont bien, grou@pés, bien dessinés, et la couleur est locale, - Un des paysages les plus saisissants, les plus sympathiques, c'est celui acheté pour la loterie à M. Bandit, représentant un prêtre traversant la campagne, la nuit@, par la pluie, suivi d'un seul entant de choeur, pour aller porter le Via@tique au moribond qui habite @cette chaumière bretonne qu'on aperçoit éclairéé dans le loin@tain du tableau. La Commission de la loterie a encore acheté un paysage d'une vérité de ton et de détails très intéressants l'Etang et la Fer@me de Bourcq , par M. Lavieille, et un autre paysage, tout aussi remarquable, à M. Lamori@nière. M. Harpingines est un peintre du Nord qui ne peut oublier là couleur locale des contrées qui l'ont vu naître. @Son Canal des Environs de Nevers ressembla passablement aux Vues de notre bonne et brumeuse Flandre Nous aimons trop notre pays pour @lui faire un crime de ce léger défaut, qui n'empêche pas que son grand tableau Un Orage sur les bords de la Loire , soit un des meilleurs du Salon, tant il est sim@ple de procédé et vrai d'effet. Dans le Retour , nous retrouvons le peintre original des précé@dentes Expositions, avec un grand progrès dans le dessin des figures. - Son confrère, M. Hé@doin, a pris domicile à Chambaudoin, car il a envoyé Un Semeur à Chambaudoin , Un Berger à Chambaudoin, et Une Porcine à Chambau@doin , compositions simples et d'une grande vé@rité. M. Hanoteau, lui, s'est fixé dans la Niè@vre, et il a envoyé cinq Vues de cette province. La plus remarquable Une Prairie sur les bords de la Laudarge Nièvre , a été achetée pour la loterie. Un joli site, Groupe d'Arbres sur le bord de la mer Calvados , a été acheté aussi à M. Desjobert pour la loterie. Nous ne saurions mieux terminer notre revue des paysages qu'en citant la Vue de Rotterdam , de M. Justin Ou@vrié, si riche de ton, d'effet de lumière, et si parfaite de perspective. M. Saint-Jean est toujours le peintre par excellence des fleurs et des fruits. Il n'a envoyé qu'un tableau la Vierge à la Chaise , médail lon en bois sculpté , entouré de fleurs mais qu'il est beau ! quelle vérité ! quelle finesse ! quelle transparence ! Les meilleurs peintres de fleurs paraissent froids quand on quitte ce tableau. Pourtant le Vase de Fleurs et la Paquerette des Champs , de M. Regnier, sont deux jolis ta@bleaux pleins de charme, ainsi que le Rossignol et le Paon , de M. Léon Rousseau. Mais ça ne fait pas illusion comme la peinture de M. Saint-Jean. Citons cependant les Fruits dans un Paysage, joli groupe chaleureusement peint par M. Dussauce. Les marines sont peu nombreuses, et plu@sieurs d'entre elles sont consacrées à la Récep@tion de S.@@M. la reine d'Angleterre , par S.M . l'Empereur Napoléon III , à bord du vaisseau LA BRETAGNE, rade de Cherbourg , le 5 août 1858. MM. Morel-Fatio, Noël et Barry sont les peintres qui ont le mieux rendu le grandiose de cette scène. Dans les huits tableaux de M. Le Poittevin, nous avons remarqué deux pe@tites toiles pleines d'intérêts les Pilotes Hol landais et la Vigie . Ce dernier a été acheté pour la loterie. La couleur de M. Suchet se rappro@che de celle de M. Morel-Fatio les values sont bien transparente dans sa Pêche aux Thons sur les côtes de Provence . Quant à M. Ziem, il a prodigué tous les trésors de sa palette dans ses deux vues de Constantinople . Les reflets des flots sont ce que nous avons de plus éblouis@sants. Les intérieurs ne sont guère en plus grand nombre que les marines. Le plus célèbre de nos peintres d'intérieurs@, M. Danzats, n'a que deux tableaux, mais il s'est montré vraiment coloriste dans la Cour de la maison Coussifa au Caire . Nous ne parlerons ni de l'effet perspectif ni de l'exactitude des détails on sait quelle perfection cet artiste y apporte. Comme perspec@tive, comme entende des ombres et de la lu@mière, nous ne connaissons pas d'intérieur ca@pable d'être comparé à celui de Mme Henriette Browne Intérieur de Pharmacie chez les Soeurs . L'oeil pénètre bien dans les différentes pièces, tout y est visible, l'air et la lumière y circule, on sent que ces religieuses doivent y respirer à l'aise. Il n'en est pas de même de l' Intérieur de la Pharmacie du couvent des Capucines de Mes sine, peint par M. Charles Giraud. Il y fait sombre, triste, l'air et le soleil y manquent. Heureusement, on se sent plus à l'aise vis-à-vis@ de l' Intérieur du cabinet de M. le directeur général des Musées impériaux , au Louvre, et de l' Intérieur du Salon de S. A. I. Mme la prin cesse Mathilde , du même artiste. Le regard circule avec plaisir sur les riches lambris de ces deux salons et les merveilles qui s'y trouvent accumulées. M. Th. Frère ne compte que qua@torze vues de l'Egypte. On conçoit qu'il nous est tout aussi impossible qu'au jury d'analyser chacun de ces ouvrages. Nous nous arrêterons seulement à cet intérieur d' Un Bain au Caire , d'un charmant effet de lumière et d'une jolie couleur. La Chapelle sixtine pendant la prédi@cation d'un franciscain à la messe , et devant le pape Pie IX , par M. Clère, est un tableau qui rappelle M. Ingres. L'effet est savamment mé@nagé, l'ensemble de la composition a ce calme qui convient au sujet, les figures bien dessinées et bien peintes. M. Ricard-Cavaro s'est montré un brillant coloriste en peignant la salle du Sénat de Vénise ses figurent laissent bien à dé@sirer. L'atelier de Paul Delaroche, par M. Roux, est une intéressante composition qui nous mon@tre le grand maître occupé à méditer quelque chef-d'oeuvre nouveau, pendant que deux ou trois élèves travaillent un peu plus loin. VI. PASTELS, AQUARELLES, MINIATURES, PEINTURE SUR PORCELAINE, PEINTURE SUR ÉMAIL ET DESSINS. MM. E. Giraud. - Mme Ceoffier. -M. Sebron. - Aubin. - Mme Becq de Fouquières. - Tour@neux. - M. Bouquet. - Mlle M. Paigné. - Hildebrandt. - Pils. - E. Lami. - @Hamon. - Français. - Vidal. - Henri. - Baron. - Ed. Moreau. - S.@A.@I. la princesse Mathilde. - Mme Herblin. - Mme Monvoisin. - M. David. - Gaye. - Mlle Piédagnel. - Mlle Bloc. - Mme Cool. - M. Hudel. - Baud. - Corplet. - Mme Apoil. - M. Heim. - Flandrin. - Bida. - Zo. - Job. - Galimard. - Verchères. - Merle. - Michel. - Maillot. - Soulié. - Zier. Le pastel est une des plus agréables expres@sions de l'art, c'est l'un des genres de peintures le plus généralement goûtés du public et dans lequel s'exercent aujourd'hui presque tous les portraitistes. Le maître du genre, M. Eugène Giraud, a exposé plusieurs portraits qui sont moins finis que ceux des années précédentes ils sont un peu trop touchés à la manière des peintres de décors. Nous en exceptons cepen@dant celui de S.@A.@I. Mme la princesse Clotilde, dont le fini est plus soigné et qui se distingue par une grande fraîcheur de coloris. Les grands pastels de Mme Coeffier sont très beaux de couleur. Le portrait de Mme L est surtout dessiné et modelé avec beaucoup de ta lent. - Deux autres grands pastels, qui ont at@tiré notre attention, ce sont les portraits de Mme S et de Mme la baronne de C@ @@, dessinés par M. Sebron. Le bras droit en rac@courci du dernier laisse à désirer, mais le dessin du premier est fin et correct. - Dans de moins grandes dimensions, les trois pastels de M. Au@bin sont d'un crayon fin et moelleux le portrait de Mlle A..., jeune fille qui tient une levrette en laisse, est d'une couleur charmante. -@La Prière , tel est le titre donné par MmeBecq de Fouquières à son grand pas tel représentant une jeune bretonne agenouillée et priant. Cette grande étude est d'une couleur sévère d'un très bon effet. -@Un Point d'Orgue est une jolie composition de M. Tourneux, qui nous montre le maestro Gabrieli faisant répéter un de ses motets. Ce pastel à la vigueur d'une peinture vénitienne. -@Les Bords du Scorf@ près de Lo@rient Morbihan et les Bords de l'Ellé Finistère sont deux bons paysages au pastel, largement dessinés par M. Michel Bouquet les premiers plans sont très vigoureux. - Une des élèves les plus distinguées de M. Maréchat de Metz, Mlle Mélanie Paigné, a envoyé trois charmants pastels @Bouquet de Pavots du Caucase Pavots et Liserons @Bouquet de @Roses trémières avec li@serons bleus . Ce dernier est d'@un effet, d' un ton délicieux les pétales, les feuilles, ont une transparence qu'on obtient rarement et qu'on ne rencontre guère que dans les tableaux de M. Saint Jean. L'aquarelle qui avait une si grande vogue, il y a une vingtaine d'années, est aujourd'hui un peu délaissée pour le pastel d'un effet beaucoup plus flatteur. Cependant, l'Exposition de 1859 compte encore un bon nombre d'aquarelles, grâce à un artiste prussien qui en a envoyé trente-huit pour sa part . Trente-huit ! il nous semble que c'est là abuser de l'hospitalité, et nous engageons de nouveau l'administration à limiter le nombre des ouvrages qu'un artiste aura le droit d'exposer. Car admettons que cha@que exposant envoie trente-huit ouvrages, le palais des Champs-Elysées ne deviendra-t-il pas trop petit pour contenir les quarante à cin@quante mille objets qui formeraient alors l'Ex@position ? D'ailleurs, le public aura-t-il le cou@rage de voir avec attention le trente-huit aqua@relles de M. Hildebrandt ? Oui, sans doute, s'il n'avait que cela à examiner. Mais déjà fatigué par la vue de plusieurs centaines de tableaux, le visiteur, en présence des trente-huit aqua@relles, fera comme le critique, il se retirera effrayé par la besogne d'une telle analyse. Arrêtons-nous à un artiste plus discret, à M. Pils, qui n'a qu'une aquarelle l' Ecole à feu , à Vincennes artillerie à pied , 2 me régiment . Cette composition à toute la largeur d'exécu@tion et la vérité d'action qui distinguent les oeuvres de ce jeune artiste. Le Bal d'Opéra, de M. Lami Eugène , a l'éclat des aquarelles de ce peintre qui a mis plus de finesse dans ses autres petits sujets tirés des oeuvres d'Alfred de Musset , ainsi que dans le médaillon d'un éven@tail peint en collaboration avec MM. Hamon, Français, Vidal et Henri Baron. Les ornements de cet éventail, qu'on dit destiné à l'Impératrice Eugénie, sont dûs au talent de M. Edouard Moreau, aquarelliste très distingué, qui a exposé pour son compte une belle gouache, représen@tant Jésus-Christ reconnu par ses disciples à Emmaüs, et trois médaillons d'une couleur co@quette le Théâtre de l'A@mour , -la Danse, -la Musique . Avant de passer à l'examen des miniatures, disons deux mots des aquarelles de S.@A.@I. Mme la princesse Mathilde. Si Mme la princesse Mathilde n'est pas la seule personne de son rang qui ait eu des ouvrages à nos expo@sitions, elle est la première qui ait permis d'inscrire son nom parmi les nôtres au livret du Salon. C'est un fait, un progrès que nous tenons à constater. Oui, nous remercions S.@A.@I. de n'avoir pas déguisé son grand nom sous un pseudonyme, comme si la culture des Beaux-Arts pouvait humilier, ravaler les personnes d'une certaine position sociale nous la félici@tons d'avoir dédaigné un préjugé indigne de notre époque d'avoir, en mêlant ses oeuvres à celles de tous les artistes, relevé l'art dans l'@o@pinion d'un monde pour qui le mérite, le talent, ne sont rien auprès de ces avantages de hasard la naissance et la fortune. Les trois aquarelles de S.@A.@I. sont des portraits grands comme nature ils ont la vigueur de peinture à l'huile, on y retrouve les qualités et les défauts du pro@fesseur M.@E. Giraud. Les portraits de la prin cesse A..., et de Mlle V..., sont largement peints, mais nous voudrions un peu plus d'étude dans le modelé. Nous préférons, sous ce rapport, la copie d'après Rembrandt, qui est rendue avec une richesse et une justesse de ton que tout le monde a appréciées. Les miniatures sont assez nombreuses, assez remarquables, et celles de Mme @Herbelin occu@pent comme toujours la première place. Des six@ portraits, celui de Rossini est des plus ressem@blants et des mieux peints. Les trois médaillons de Mme Monvoisin sont aussi des miniatures d'une grande finesse de modelé, et les douze portraits de M. Maxime David se recomman@dent surtout par le charme du coloris. Enfin, les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, commandés par le ministère d'Etat, à M. Gaye, sont de grandes et belles miniatures qui rappel@lent parfaitement les tableaux d'après lesquels elles ont été peintes. Il y a, cette année, peu de peintures sur por@celaine. Celle exposée par Mlle Piédagnel nous a paru d'une grande finesse de ton et de dessin. C'est une copie du beau portrait d' Elisabeth de France , par Rubens. La réconciliation de Jacob , d'après Pierre de Cortone, est d'une exactitude de dessin et de coloris qui fait honneur à Mlle Bloc. Nous en dirons autant des deux plaques de Mme de Cool l'une, est une copie de la Vierge à la Grappe , d'après Mignard l'autre, la Naissance de Louis XIII , d'après Rubens. Quant au Labourage Nivernais , d'après Rosa Bonheur, par M. Hudel, c'est un peu trop flou et trop rosé de ton. Quelques émaux méritent d'être mentionnées d'une manière toute particulière c'est d'abord Agar, d'après le Dominiquin, par M. Baud -Adam et Eve, d'après Raphaël, par M. Corplet - et l' Enlèvement de Déjavire , d'après Guido Réni, par Mme Apoil. Quant aux dessins, ils sont toujours très nom@breux et généralement assez remarquables. A tout seigneur tout honneur. Nous commence@rons par l'examen des dessins de M. Heim, de l'Institut, l'auteur des grandes et belles pein@tures historiques et de l'intéressante collection de portraits dessinés au crayon noir, aujour d'hui placée au Musée du Luxembourg. C'est la continuation de cette série des portraits des membres de l'Institut que nous trouvons expo@sés au nombre de soixante-quatre. Ces dessins sont des études qui n'ont pas le léché des oeu@vres qui plaisent aux bourgeois et aux élèves des pensionnats, mais ils ont cette vigueur de crayon, cette vérité de physionomie que recher@che l'artiste. Ceux de ses portraits qui nous ont le plus frappé comme ressemblance, ce sont ceux de MM. Horace Vernet, Dumont, Lafuel, Abel de Pujol, Nieuwerkerke, Mercey et Nanteuil. - Les dessins de M. Paul Flandrin sont plus soignés que ceux de M. Heim, et cela devrait être puisqu'ici ce sont des portraits bourgeois et non des études pouvant servir à un tableau dans le genre de celui représentant le Roi Charles X distribuant des récompenses aux ar@tistes à la fin de l'Exposition de 1824. Les por@traits de M.@P. Flandrin sont dessinés avec une grande pureté et une grande finesse. M. Bida, dont les dessins ont le fini et le charme de la gravure, a trois grands dessins aussi remarquables sous le rapport de la compo@sition que sous celui de l'exécution. Ce sont de véritable peinture tant le crayon de cet artiste a de couleur, tant il a d'harmonie dans les effets de lumières. Le plus magnifique des trois c'est la Prédication maronnite dans le Liban la scène est des plus imposantes. Le Corps de Gardes d'Arnautes , a@u Caire , dessin acheté pour la loterie, est charmant il réunit des types d'un caractère original. - Les dessins de M. Achille Zo se raprochent beaucoup de ceux de M. Bida la Devineresse nous plaît moins que les Aven@turiers où se trouvent toutes les qualités de ce peintre dessin correcte, vigueur de ton et com@position bien ordonnée. Mais comme vigueur de crayons nous citerons surtout deux dessins au fusain de M. Verchères de Reffye ce sont deux études habillement touchées et intitulées, l'une Souvenir de la Corrèze , l'autre Souve@nir du Dauphiné . L'auteur @@de la Léda , M. A. Gali@mard, n'a exposé qu'un carton à la sanguine La Sainte Vierge Marie en adoration . Nous espérions trou@ver au Salon le tableau qu'il a peint pour la cha@pelle des Tuileries il n'aura pas été possible, sans doute, de le déplacer nous le regrettons. Le carton que nous avons sous les yeux se distingue par le style religieux que M. Galimard entend si bien il a été composé pour un vitrail d'une chapelle de l'église Saint-Philippe-du-Roule.- Nous avons aussi remarqué l'Annonciation , la Visitation , la Nativité , cartons dessinés avec talent par M. Job, qui s'est montré aussi bon coloriste que bon dessinateur dans quatre ta@bleaux qu'il a exposés Jeune Fille de Brientz canton de Berne , Au Temple pendant la Prière , Scène de la vie de Cottage Etats-Unis d'Améri@que , et Jésus Christ en Flandre . Nous ne pouvons quitter les peintures et les dessins sans attirer l'attention du lecteur sur une composition de M. Merle et que l'auteur a intitulée Mort de l'Amour . C'est une pluie d'or qui a tué l'Amour qu'on voit gissant aux pieds d'une jeune et belle femme, presque nue et mol@lement couchée. La couleur est jolie, le dessi@n élégant, les raccourcis bien réussis. Cet artiste a encore deux bons tableaux Repos de la Sainte Famille en Egypte , et la Lecture de la Bible . - M. Charles Michel est un peintre qui a le senti ment des sujets religieux. Sa Vierge aux Anges est une conception sage et gracieuse le style est simple et la couleur agréable. Il y a dans le Crucifiement grande composition du même artiste un groupe très remarquable c'est celui de saint Jean qui éloigne de cette scène la Vierge et la Madeleine. - Un autre grand ta@bleau, Saint-Antoine de Padoue , peint par M. Maillot, est d'un coloris puissant dans la ma@nière de l'école espagnole la tête du saint est pleine d'expression. - Dans le genre familié, nous avons aussi remarqué une composition charmante de naïveté peinte avec talent par M. Soulié c'est une Jeune Fille effeuillant une Marguerite . - Enfin, nous terminerons en ci@tant le joli Portrait de Mlle Léonore L ..., par M. Victor Zier, d'une grande ressemblance et d'un modelé nature. VII. SCULPTURE ET GRAVURE EN MÉDAILLES. MM. Farochon. - Clésinger. - Grabowski. - Tra@vaux. - Loison. - Oudiné. - Eude. - G. Crauck. - Prouha. - Chambard. - Lanzirotti. - Courtet. - Maillet. - Millet. - Chatrousse. - Etex. - Gruyère. - Desprey. - Chevalier. - Moreau. - Clère. - Debay père. - Lepère. - Carpeaux. - Marcellin. - Allasseur. - Gumery. - Ramus. - Poitevin. - Cocheret. - Garnier. - Begas. - Montagne. - Lequesn°. - Rochet. - Leharivel. - Ferrat. - Badiou. - Diebolt. - - Carrier. - Montagny. - Foyatier. - Jean Debay. - Fabisch. - Mène. - Rouillard. - Delabrière. - Oliva. - Desprey. - Iselin. - Cavalier. - Nieuwerkerke. - Dantan aîné. - Dantan jeune. - Dieudonné. -@ Robinet. - Pollet. - Mathieu-Meusnier. - Vilain. L'Exposition de sculpture donne lieu, cette année, à des jugements curieux. Selon quel@ques critiques, la statuaire surpasse en mérite, cette fois encore, l'Exposition de peinture elle o@ffre, malgré les nombreux ouvrages qui la composent, peu de médiocrités. Selon d'autres, au contraire, elle marche à sa décadence en vi@sant à l'idée, à l'esprit, au pittoresque. Il y a là évidemment erreur. Il ne faut certainement pas, en sculpture surtout, sacrifier la forme à l'idée, parce que la statuaire est, avant tout, un art essentiellement plastique. Mais vouloir proscrire l'idée, voire même l'esprit des oeuvres de sculpture, ce serait porter atteinte au senti@ment, à l'expression, et réduire la statuaire au rôle assez insignifiant d'un détail d'architecture. Si la sculpture des anciens est si calme, si peu vivante si, chez eux, la forme a cette simpli@cité et cette pureté de contours qu'on appelle le beau idéal, parce que, en effet, c'est une forme de convention arrangée pour être en harmonie avec les contours, avec la forme, avec les lignes sévères de l'architecture grecque ou romaine si, disons-nous, les statues antiques ont pres@que toutes l'aspect calme, sévère, c'est que les anciens ne faisaient que de la statuaire mo@numentale, de la statuaire devant s'adapter, se marier au style du monument dont elle était un des détails architectoniques. Au lieu que, de nos jours, les monuments n'étant plus exclusi@vement d'architecture grecque ou romaine, la sculpture monumentale doit prendre le carac@tère des différents styles des monuments à la décoration desquels elle concourt. Puis, de nos jours, il y a une sculpture qui était inconnue aux anciens@, sculpture isolée, indépendante, destinée aux galeries, aux musées, aux collec@tions d'oeuvres d'art. Ici, l'artiste n'a à s'oc@cuper d'aucun style, d'aucun entourage. Le vaste champ de l'imagination est à lui tout en@tier il peut choisir un sujet gracieux ou dra@matique, le traiter dans le style académique, ou l'exécuter dans la manière de Jean Goujon, de Puget, de Coustou, etc. L'Exposition actuelle de sculpture accuse donc un progrès irrécusable pour quiconque a observé la marche que les Beaux-Arts ont suivie depuis trente ans. Sous le premier Empire, sous la Restauration, tous les ouvrages de sculpture se ressemblaient ils étaient tous des imitations plus ou moins adroites de l'antique. Les sculp@tures gothiques, renaissances, celles des règnes de Louis XIV et Louis XV étaient oubliées, mé-ou b liées, m ë-prisées, reléguées dans les greniers, dans les magasins de l'Etat. L'artiste, à cette époque, ne faisait que du grec ou du romain il vous aurait ri au nez si vous lui aviez demandé une statue gothique, par exemple. Il ne sortait pas @de l'antique, quelle que fût la destination de l'oeuvre qu'on lui commandait nos monu@ments publics sont pleins de ces anachro@niques. Il n'en est plus de même aujour@d'hui les artistes de la nouvelle école ont étudié tous les genres, tous le@s styles beau@coup d'entre eux traitent avec le même talent une statue gothique ou renaissance, une figure @ans le goût Louis XIV ou Louis XV, et si, @lorsqu'il fait une commande, l'architecte avait @le soin de dire dans quel style le travail doit être exécuté, il éviterait bien des anachronis@mes qu'on rencontre et qu'on rencontrera longtemps encore parmi les sculptures qui dé@corent nos monuments. Mais, dira-t-on, ces divers avantages ont été acquis aux dépens de l'étude du style antique qu'on a négligé, sinon abandonné - Nouvelle erreur, et, pour s'en convaincre, il suffira de comparer les statues de@ ce genre faites de nos jours à celles faites sous l'Empire et la Restau@ration. A tous les points de@ vue de l'art et du goût, ces dernières ne peuvent soutenir la com@paraison. Bien que les deux maîtres qui excel@lent dans ce genre, MM. Duret et Du@mont, n'aient rien à l'Exposition, nous trouverons ce pendant dans les sculptures exposées quelques statues qui attesteront qu'à aucune époque on n'a su mieux comprendre le style grec dans la statuaire, malgré notre goût et nos études pour les autres genres de sculpture. La Mère , groupe en marbre exécuté par M. Farochon, est une charmante composition des@tinée aux salons de réception de M. le président du Sénat au palais du Luxembourg. Cette jeune femme préside à la naissance intellectuelle de deux b@eaux enfants qui l'écoutent avec la naï@veté curieuse de leur âge. M. Farochon nous prouve que, dans le modelé d'une figure, on peut être vrai, être nature et avoir du style. Tout est joli, gracieux dans ce groupe tout y est rendu, étudié avec une facilité d'exécution peu commune. C'est, à notre avis, l'oeuvre la plus complète de l'Exposition de sculpture. Nous trouvons ce groupe bien supérieur aux statues de Sapho envoyées de Rome par M. Clé@singer, et dont la réclame avait fait tant de bruit avant l'ouverture du Salon. Le dernier envoi fait par cet artiste n'est pas porté au Livret il se compose de deux bustes en marbre colorié, et d'une statue de Sapho , aussi en marbre et coloriée. C'est avec chagrin que nous voyons un sculpteur de mérite cher@cher des trucs, des ficelles pour attirer l'atten@tion du public. N'est-ce pas un malheur de voir badigeonner une si belle et si précieuse ma@tière que le marbre, de voir effacer, anéantir, sous une couche de couleur, l'étude du modelé, le talent du statuaire ? Et pour atteindre quel résultat ? Pour arriver à donner à une statue en marbre l'aspect de ces ignobles figures de cire. qu'on montre dans les foires ou qu'on voit aux@ étalages des perruquiers-coiffeurs. Autant nous aimons la vie, la couleur données au marbre par le ciseau de l'artiste, autant notre goût est blessé par la vue d'une statue, - et surtout d'une statue en marbre, - dont les nus sont peints en couleur de chair. le manteau en bleu et les cheveux d'un ton châtain. Nous ne vou drions de sculpture polychrôme que lorsqu'elle est destinée à un monument d'architecture po@lychrôme, parce que, avant tout, nous tenons à l'unité du style mais, en dehors de ces condi@tions, nous demandons qu'on laisse au talent du statuaire la difficile mission de donner la vie et la couleur au marbre, sans autre ressource que la science du modelé et l'habileté du ci@seau. Nous l'avons dit plus haut, M. Clésinger a trois Saphos à l'Exposition. Ne pouvant parler du mérite de la plus grande de ces statues, de celle qui est coloriée, puisque le modelé a dis@paru sous un badigeon, nous ne nous occupe@rons que des deux autres. Pourquoi l'auteur a-t-il intitulé la plus petite des trois statues @Jeunesse de Sapho ? Elle n'a pourtant pas la physionomie plus jeune que les deux autres le sentiment qu'elle exprime est le même c'est le chagrin, le découragement. Du reste, cette statuette est l'oeuvre la plus faible de M. Clé@singer, qui s'est montré plus praticien dans l'exécution de Sapho terminant son dernier chant . Il y a de la verve dans cette composi@tion, mais la tête manque de caractère, et les draperies de style. Nous préférons la Zingara cette danseuse au tambour de basque n'est pas légère c'est une belle et forte Italienne qui danse avec un abandon tout méridional. Le mouvement est juste, les nus grassement mo@delés et les grandes difficultés d'exécution heu@reusement surmontées. Mais ce que nous pré@férons par-dessus tout, c'est d'abord son Taureau romain qui a les beautés d'une oeuvre de l'an@tiquité, et ensuite ses bustes non coloriés, largement modelés, de deux belles Italiennes. Depuis la Sapho de Pradier, c'est à qui trai@tera ce sujet. Cette année, nous en comptons six, y compris les trois de M. Clésinger. La Sapho de M. Grabowski est assise sur le rocher d'où bientôt elle se précipitera dans les flots, car de sombres pensées sont empreintes sur ses traits. Cette figure n'est peut-être pas tout à fait dans le caractère du su@jet, mais le marbre est très habilement exécutée. M. Travaux a composé sa Sapho pour l'une des niches de la cour du Louvre cette figure en marbre est d'un bon sentiment, le torse est bien modelé et les dra@peries agencées avec goût. La Sapho la mieux comprise est celle de M. Loison Sapho sur le rocher de Leucade , statue en marbre destinée sans doute aussi à l'une des niches de la cour du Louvre. Cet artiste a été moins heureux en représentant Pénélope apportant à Ulysse son arc et ses flèches , au moment-où le héros va partir pour la guerre de Troie. Le mouvement est faux Pénélope n'apporte pas l'arc au contraire, elle est au repos et s'appuie dessus les draperies sont par trop mouillées enfin, cette statue sent le poncis académique. Puisque nous sommes en face de figures com@mandées pour la cour du Louvre, continuons l'examen de toutes celles qui ont cette desti@nation. Pour le moment, nous n'examinerons pas si ces statues, destinées à la décoration du même monument, sont en rapport les unes avec les autres, si elles sont composées et exécutées dans le style de l'architecture de l'édifice et des sculptures du temps qui font partie de l'orne@mentation. Nous ne nous occuperons que du mérite de chaque statue. - La Bethzabée de M. Oudiné est bien certainement la meilleure des dix ou quinze figures faites pour le Lou@vre. La pose est gracieuse, la tête jolie, les formes fines, élégantes le torse et les jam@bes sont d'un modelé vrai et gras. M. Oudiné est un des artistes auxquels nous faisions allu@sion au début de ce chapitre. Son talent se plie à tous les styles, ainsi que l'atteste ce groupe en marbre commandé pour l'église de Tournemire Aveyron . La Vierge et l'Enfant Jésus ont le caractère des sculptures gothiques sans eu avoir la raideur les nus sont bien étudiés les dra@peries, agencées avec goût, ont une souplesse dont la sculpture offre de rares exemples. Le bas-relief en marbre, Ave Maria , est encore une gracieuse composition de style gothique. Après avoir parlé du statuaire, parlons maintenant des médailles exposées par le même artiste, car M. Oudiné est surtout graveur en médailles, et il a réuni dans un même cadre onze médailles d'une grande finesse de modelé et d'une grande pureté d'exécution. - Deux statues d' Omphale ont été commandées pour le Louvre. Celle de M. Eude est bien dans le caractère, bien po@sée et les chairs grassement modelées la pose de l'Omphale de G. Crauck est plus recher chée le petit Amour qui tient la massue est par trop petit néanmoins, cette composition est gracieuse, exécutée avec talent et mieux étudiée que celle de Bacchante et Satyre , du même artiste. M.@G. Crauck a encore deux bus@tes en marbre d'une grande ressemblance et une statuette en bronze représentant le Maré@chal Pélissier , duc de Malakoff . Le Louvre aura non seulement deux et peut-être trois Omphale , mais il aura aussi deux Muses de l'Inspiration. Si l'inspiration a élu domicile quelque part, c'est certainement au Louvre, et les deux muses yseront très judicieu@sement placées. La Muse de l'Inspiration , de M. Prouha, n'est pas celle qu'invoquent les poètes et les artistes, celle qui est l'inspiration même, celle qui inspire. Son mouvement indi@que, au contraire, qu'elle cherche, qu'elle at@tend l'inspiration. Comme la statue de Jeanne d'Arc de Rude, la muse de M. Prouha penche la tête, approche la main de l'oreille, écoute la voix céleste de l'inspiration. Cette figure doit être une muse quelconque qui a besoin d'être inspirée, mais, à coup sûr, elle n'est pas l'inspi@ration même il y a là erreur de nom. - Nous préférons, sous tous les rapports, l'inspiration de M. Chambard il y a de l'exaltation dans le regard, de l'inspiration dans l'expression gé@nérale de la figure la pose est noble, la dra@perie est traitée dans le goût de la renaissance, ce dont nous loueront l'artiste, puisque cette sculpture doit s'allier à une architecture renais@sance. M. Chambard a une seconde statue d'un tout autre caractère c'est une Bacchante , mais une vraie bacchante, dansant avec la gaîté, l'entrain, la folle ivresse inhérente à sa nature. - La Pensierosa , dont le modèle en plâlre figu@rait à l'Exposition de 1857, a été commandé en marbre pour le Louvre à M. Lanzirotti. C'est un premier succès que vient justifier une con@sciencieuse exécution en marbre. Cette jolie figure a gagné à être reproduite en marbre on en apprécie mieux la finesse et la vérité du modelé. Ces qualités sont surtout très remar@quables dans l' Esclave , statue en bronze du même sculpteur. Il règne sur cette figure un sentiment de douce mélancolie qui impressionne, un charme dans l'élégance des formes qui séduit tout d'abord. Un buste en plâtre et deux mé@daillons en albâtre très ressemblants, complè@tent l'exposition de M. Lanzirotti. Nymphe ... - laquelle ? - l'artiste, M. Courtet, n'en sait rien lui-même puisqu'il ne le dit pas mais cette nymphe, destinée au Louvre, est bien maniérée elle pose mal et les bras sont mal attachés. Puis, pourquoi cette plinthe dé@coupée et à baguettes, quand celles des autres figures sont droites, pleines, unies ? Nous en@gageons M. Courtet à traiter plus sérieusement à l'avenir la sculpture monumentale. - L' Abon dance , de M. Maillet, est mieux comprise et bien autrement modelée. Ce modèle en plâtre, que nous avions vu déjà dans la niche d'essai au Louvre, nous paraît préférable à cette autre sta@tue en plâtre du même artiste Agrippine por@tant les cendres de Germanicus . - L'auteur de l' Ariane , dont nous avons fait l'éloge il y a deux @ans M. Millet, a fait une statue de Mercure pour le Louvre mais, hélas ! nous ne pouvons plus louer, c@ar nous ne connaissons rien d'aussi maniéré que ce Mercure qui va danser un@ menuet. Pourquoi cette figure, qui est bien modelée, n'a-t-elle pas la pose aussi naturelle que celle de la statuette en marbre de Mme M. R. du même sculpteur ? - M. Chatrousse est plus simple, et il a raison. Sa figure, comman@dée pour le Louvre, l' Art chrétien , est sagement composée, sobre d'effet et de mouvement, comme il convenait au sujet. L'artiste a mis plus d'expression, de mouvement dans la statue en marbre Résignation , commandée pour l'église Saint-Sulpice. La tête est pleine de sen@timent elle est, ainsi que les mains, d'une grande vérité de modelé. Nous avons revu avec plaisir le groupe d' Héloïse et Abeillard , que nous avions vu en plâtre au Salon de 1857. Cette charmante composition est plus sédui@sante encore en marbre les détails ont plus de délicatesse, le modelé plus de finesse. - Com@ment M. Etex a-t-il accepté de reproduire pour le Louvre deux types de la beauté antique Hélène et Pâris , deux figures contraire à la na@ture de son talent ? Aussi, voyez quels traits, quelles formes et surtout quelles mains ! des mains à faire envi aux romains de la Porte-Saint-Martin. Qu'on demande à M. Etex un for@geron, un cultivateur, un type vulgaire ou éner@gique, rien de mieux, mais le beau Pâris, mais la belle Hélène, cela n'était ni dans son goût ni dans sa manière. Nous ne parlerons pas de sa Douleur maternelle . Il y a dans ce groupe en marbre une intention de sentiment, mais l'exécution est plus faible encore que celle des deux précédentes statues. Com@me Gruyère s'est montré bien supé-. rieur dans une composition du même genre la Tendresse maternelle ! Tout s'explique facile@ment, tout est gracieux, tout est joli et étudié dans ce groupe -@La Béatitude maternelle , autre groupe dans le même sentiment, par M. Desprey, est non moins gracieux, non moins étudié l'agencement des draperies a du style. - M. Chevalier a eu le malheur d'avoir un mar@bre affreusement vainé, ce qui nuit au bon effet de son groupe de la Jeune Mère , auquel cepen@dant il a mis son savoir de praticien. La tête du jeune enfant est bien modelée. @Une des figures des plus gracieuses et des mieux réussies, c'est la statue en bronze la Fi@leuse , de M. Mathurin Moreau. Cette statue peut aller de pair avec le groupe de M. Faro@chon comme style et comme modelé. Aussi la@@ commission de la loterie s'est-elle empressée de l'acheter. -@La Vénus agreste , de M. Clère,@@ est une bonne étude en marbre la pose est gracieuse, mais les formes un peu lourdes, quoi@que bien modelées. - Nous ne ferons pas ce reproche à M. De Bay père les formes de cette jeune fille le Choix difficile sont sveltes, cor@rectes, élégantes, mais d'un modelé qui rappelle la sculpture de l'Empire. Passé , Présent , Avenir , tel est le titre d'un projet de monument du même artiste@, composée avec beaucoup de goût. - Nous retrouvons ici deux figures que nous avons vues dans les envois des pensionnaires de l'école de Rome nous voulons parler de la sta@tue en marbre de Lysias, reine de Lydie , femme du roi Candaule , par @@M. Lepère, et de la statue en bronze alors appelé l' Enfant au Coquil lage , aujourd'hui simplement Jeune Pêcheur , par M. Carpeaux. Nous avons dit, il y a neuf mois, notre opinion sur ces deux ouvrages nous avons critiqué les formes un peu lourdes, un peu ronde de Lysias, et nous avons loué la grâce, l'expression et la finesse de modelé du jeune pêcheur. Nous avons également parlé, dans notre revue du Salon de 1857, du groupe de M. Marcellin le corps de Zénobie , reine d'Arménie , retiré de l'Araxe . Ce groupe, qui était alors en plâtre, a beaucoup gagné sous le rapport du modelé depuis qu'il est traduit en marbre. - Nous en dirons autant du Moïse sauvé des eaux, que nous revoyons en mar@bre, exécuté par M. Allasseur avec le fini le plus consciencieux. Parmi les figures d'étude, il faut citer, en première ligne, Un Moissonneur , statue en bronze de M. Gumery la pose est simple, na@turelle les nus, d'un modelé ferme et vrai. Nous aimons moins la Persévérance et la Bien@faisance, statues en marbre destinées à un to@mbeau mais la Fontaine de l'Amour est une gracieuse petite composition du même auteur puis, une statue de David, par M. Ramus, qui a aussi une charmante petite figure en marbre Jeune Pâtre jouant avec un chevreau . Ces deux marbres sont modelés avec le soin et le talent bien connus de l'artiste. - Le Joueur de Billes , statue en bronze de M. Poitevin, est une figure bien étudiée, qui rappelle par trop le Joueur de Billes , de M. Frison. - La Prière est une petite statue en marbre à laquelle M. Cocheret a donné tous ses soins la pose est simple, gracieuse, la tête jolie et d'une char@mante expression. - Le Pécheur endormi , de M. Garnier, est une figure d'étude qui se re commande par la conscience et la vérité du modelé. - Le groupe en plâtre de M. Begas est à peine ébauché, mais il intéresse par l'origina@lité de l'idée et la vérité de l'expression. Il re@présente Pan consolant Psyché . Nous ne chica@nerons pas M. Begas sur l'intervention de Pan pour consoler la curieuse Psyché nous nous bornerons à décrire sa composition. Assis et nonchalamment accoudé sur un tertre, Pan, avec un sourire goguenard, semble donner les conseils de sa grande expérience à la pauvre Psyché, qui pleure sa faute. - La Rebecca, de M. Montagne, est une des meilleures figures du Salon. C'est le beau type juif, le type biblique l'agencement des draperies est bien dans le caractère oriental la pose est noble et simple. Cette statue est largement modelée. Les sujets de l'histoire contemporaine sont peu nombreux. M. Lequesne a reproduit en marbre la statue du Maréchal Saint-Arnaud , destinée au Musée historique de Versailles, et M. Louis Rochet a fait fondre, en bronze et ar@gent, la petite statue de Napoléon Bonaparte , écolier de Brienne 1794 , dont les modèles en plâtre avaient été exposés au Salon de 1857. - La statue en marbre exécutée par M. Leha@rivel-Durocher est destinée au tombeau du cé@lèbre architecte du Louvre. Visconti est repré@senté couché, accoudé sur le bras gauche, la tête baissée et le regard porté sur un plan du Louvre qu'il tient dans la main droite. Le cos@tume du membre de l'Institut prête peu à la statuaire mais, en y ajoutant un manteau, l'artiste aurait pu tirer un meilleur parti, ob@tenir des masses plus larges et d'un effet@@@ monumental. - Si l'effet est plus monumen tal, dans la statue en marbre du jurisconsulte Tronchet, nous reprocherons à son auteur, M. Ferrat, une exécution un peu trop sèche et an@guleuse. - Le modelé du groupe en marbre de M. Badiou de Latronchère est plus vrai. Le plâtre de ce groupe, qui représente @Haüy , fon@dateur de l'institution des Jeunes-Aveugles , était à l'Exposition de 1857. Une statue de la Prodigalité , du même artiste, est bien infé@rieure à cette oeuvre et comme composition et comme exécution. - Les modèles en plâtre du Grenadier de ligne et du Zouave en tenue de campagne , exécutés par M. Diebolt au pont de l'Alma, sont deux types bien choisis nous félicitons l'artiste de ne s'être pas cru obligé de prendre des figures laides et canailles, comme tant d'autres le font, pour représenter nos sol@dats. La laideur n'ajoute rien au courage elle n'a que le triste avantage de déplaire et d'ef@frayer les enfants. - M. Carrier a entrepris une tâche difficile dont il s'est heureusement tiré en représentant la Mort du général Desaix à la bataille de Marengo le 14 juin 1800. Ce groupe est bien disposé l'action s'explique bien le mouvement de Desaix est vrai, le geste noble et ex@pressif. L'effet de l'ensemble est très satisfai@sant. M. Carrier a encore un joli groupe en bronze, Jupiter et @Hébé , et quatre bons bustes. En dehors des sculptures religieuses déjà mentionnées dans ce chapitre, nous devons ci@ter le modèle en plâtre d'une statue de la Vierge et l'Enfant Jésus , commandée à M. Montagny pour une église de Saint-Etienne Loire . L'a@gencement des draperies est joli et d'un style sévère les têtes, les mains son@t modelées avec soin. - L'auteur de l'un des chefs-d'oeuvre de la statuaire moderne, de l'oeuvre la plus con@nue, M. Foyatier, l'auteur de Spartacus , a ex@posé, cette année, une statue d'un tout autre caractère l' Immaculée Conception de la Sainte Vierge . Le Livret ne dit pas quelle est la desti@nation de cette nouvelle production du célèbre sculpteur. -@Saint Thibaud , patron des mi@neurs de Commentry , est une petite statue en marbre exécutée avec le goût et le talent que tout le monde reconnaît à M. Jean De Bay. N'oublions pas son étude en terre cuite le Pe@tit Vendangeur , charmante et spirituelle con@ception qu'on s'est empressé d'acheter pour la loterie. - M. Fabisc@h a exposé le Sauveur , statue en marbre qui nous rappelle le Christ aux plaies , de M. Emile Thomas, artiste qui a renoncé, depuis 1855, à envoyer ses ouvrages au jury des Expositions il a pris la détermina@tion de les exposer dans son atelier. Nous y avons vu dernièrement une oeuvre très recom@mandable au point de vue de l'art. On pourrait appeler cette statue la Femme à la Chaise . C'est une femme déjà d'un certain âge, simple@ment vêtue, debout, légèrement agenouillée sur le bord d'une chaise ordinaire, les mains jointes et appuyées sur le dossier cette femme fait sa prière. Cette statue, qui sera fondue en bronze, est destinée, dit-on, à un tombeau du Père-Lachaise, où certainement elle produira beau@coup d'effet, tant il y a de vérité et d'expression dans cette figure. Pour la reproduction des animaux, M. Mène a toujours le même succès il a exposé de charmants petits groupes de Chevreuils Ju@ment et Chien Chienne et ses Petits . Ce dernier sujet a été traité , dans de grandes dimensions, par M. Rouillard mais ici, c'est une Chienne-Dogue de forte race avec ses Petits elle aboie avec fureur et défend l'approche de ses petits. Ce groupe, si vrai, si vigoureusement modelé. a été commandé à son auteur pour décorer l'un des côtés de l'escalier de la cour des écuries de l'Empereur, au Louvre. - Un autre groupe, non moins vrai, non moins bien exécuté, c'est celui de M. Delabrierre Une Panthère de l' Inde dévorant un Héron . Les bustes et les statuettes occupent la ga@lerie du haut qui donne sur le jardin, et dans laquelle ils seraient très bien éclairés s'ils étaient placés moins bas. Nous l'avons dit et nous le répétons à dessein, les bustes sont modelés pour être vus à hauteur d'homme et non à hauteur de ceinture. Tout le monde l'a senti, et quel@ques artistes, MM. de Nieuwerkerke, Clésin@ger, Oudiné, ont obtenu la faveur d'exhausser à la hauteur convenable les bustes qu'ils avaient exposés. Il est donc permis d'espérer qu'à la prochaine Exposition les bustes et les statuettes seront tous posés sur une estrade plus élevée que celle de cette année. Beaucoup de nos meilleurs statuaires n'ont exposé que des bustes, et c'est de ces bustes que nous allons parler. Deux bustes de M. Oliva ont surtout attiré l'attention des praticiens, et les opinions sont restées partagées. A notre a vis, il y a deux espèces de bustes, et ils demandent à être traités d'une manière différente. Le buste mo@numental, celui qui fait partie de la décoration d'un monument, doit avoir un certain style, qu'il serait ridicule de donner aux bustes qui ne sont que des ressemblances, de simples por@traits d'individualité. La principale des condi tions pour ceux-ci, c'est la vérité, la vie, la phy@sionomie, et, sous ce rapport, quoi de plus rai, de plus vivant que le Buste en marbre de @M. de Mercey ? N'est-ce pas là son regard ob@servateur, son air doux, réfléchi ? Et quelle exé@cution ! c'est aussi hardi et plus fini que les Justes si célèbres de Caffieri. Nous savons qu'on@@ fait un reproche à M. Oliva d'avoir imité ce maître nous, nous le félicitons d'avoir fait aussi bien que lui sans l'avoir copié et avec d'autres procédés. - Un buste qui est encore bien vivant, c'est celui d'un bon vivant, d'un gros réjoui, modelé avec une grande vérité par M. Desprey. - Les Bustes de @M.@J.-N. Bonaparte , de M.@J.-N. Bonaparte , lieute nant au 1 er chasseurs d'Afrique, par M. Iselin, se rapprochent de la manière de faire de M. Oliva, surtout dans le Buste en marbre de Picard. - Si l'exécution des bustes de M. Ca@vali er est moins hardie, ils sont toujours sa@vamment modelés témoins ceux de M . @Hen@riquel-Dupont et de Ary Scheffer .. - Le Por@trait de Mme F..., que nous avons quelquefois rencontrée dans le monde, est un buste très gracieux, très ressemblant, dû au ciseau de M. Nieuwerkerke, ainsi que celui de S.@A. la prin@cesse Murat , non moins bien modelé. - Les Bustes de l'Empereur et de l'Impératrice , com@mandés à M. Pollet, sont des marbres travaillés avec soin. - Il y a plus d'étude, plus de fermeté dans l'exécution du Buste du général de divi@sion comte de Guyon, par M. Dieudonné des Bustes de @M. Coste , de M . @Huzard , membres de l' Institut , par M. Robinet du général Per rin-Jonquière , par M. Dantan aîné de M. Bi neau , ministre des finances , par M. Dantan jeune, et de M . Sainte-Beuve , par M. Mathieu-Meusnier. - On comprendra qu'ayant exposé un Buste en marbre du peintre de Watteau , qui nous a été commandé par le@ ministère d'E@tat, nous nous abstenions de toute observation sur celui exposé par notre confrère, M. Vilain, commandé également par le ministère d'Etat. @Parmi les statuettes exposées,@@ il@ en est plu@sieurs sur lesquelles nous n'avons pas à nous prononcer, puisqu'elles sont des réductions de statues dont nous avons parlé dans notre revue du Salon de 1857 telles sont la Psyché et la Chaste Suzanne , statuettes en marbre par M. Hu@guenin, et la Jeune Fille à sa toilette, statuette en bronze par M. Frison. - Quant à M. Fre@miet, c'est le Raffet de la sculpture personne ne touche mieux que lui les statuettes des trou@piers français. Il a exposé un Cent-Garde , un Artilleur de la Garde , un Zouave de la Garde, un Sapeur , un Chasseur à cheval , un Hussard , un Cheval de t@roupe , toutes statuettes en bronze commandées pour la collection des différentes armes de l'armée française. VIII. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE MM. Mercury. - François. - E. Girardet. - Jouannin. - Lefèvre. - Nyon. - Leroy. - Brévière. - Rif@faut. - Aubry. - Lecomte. - Mouilleron. - Sou@lange-Tessier. - Raffet. - Marc. - Sudre. La gravure est un art dans lequel l'habileté du métier tient la première place aussi ya-t-il plus d'une manière de l'apprécier. Dans l'exa@men d'une estampe, le graveur se préoccupe, avant tout, de la valeur et de l'intelligence des tailles les peintres, les artistes, en général, donnent la préférence aux gravures qui repro@duisent le plus fidèlement l'effet, la couleur du tableau, et jusqu'à la touche du maître, quelle que soit la nature des tailles du burin et des procédés employés les amateurs, comme les marchands, recherchent les estampes rares, an@ciennes, qui se paient cher, les épreuves avant la lettre, les tirages blonds ou vigoureux, selon le goût du moment. Sous le rapport de la parfaite entente des tail@les, la planche de M. Mercury est sans repro@che, mais elle ne rend pas complétement la couleur de la Jane Gray , de P. Delaroche. Nous voudrions un peu plus de fermeté, un peu plus de vigueur. - M. François semble avoir mieux compris le coloris de ce maître dans les Enfants d'Edouard, la @Mater Dolorosa et Jésus au jar@din des Oliviers , qu'il a gravés d'après Delaro che. - Ce maître a été encore bien interprété par M. Edouard Girardet, qui a reproduit les Girondins et la Cenci , deux des meilleures toiles de Paul Delaroche. - Une gravure qui rappelle parfaitement l'effet, la couleur et même la tou@che du peintre, c'est le Portrait de S.M . l'Im@pératrice gravé par M. Jouannin, d'après M. Winterhalter. Cette planche a valu à son au@teur le titre de graveur de Sa Majesté. - Le burin de M. Lefèvre est intelligent, il a de la vigueur il convient particulièrement à la re@production des tableaux des écoles italienne et espagnole c'est du moins ce que nous autori@sent à penser sa gravure de Sainte Cécile , d'a@près Raphaël, et celle de l' Immaculée Concep@tion , d'après Murillo. - La Vue prise à la Gorge-@aux-Loups , forêt de Fontainebleau , est une planche habilement et hardiment burinée par M. Nyon, qui entend si bien ce genre de gravure. Les gravures fac-simile des dessins de nos grands maîtres sont très nombreux. M. Leroy en a exposé vingt et une, exécutées d'après les dessins de la collection du Musée du Louvre pour l'ouvrage publié par l'auteur, sous ce ti@tre Collection de Dessins originaux des grands maîtres publiés en fac-simile . - Mais deux fac@simile curieux, ce sont ceux d'un procédé nou@veau inventé par M. Brévière, auquel on doit la régénération de la gravure sur bois en France. Le fac-simile du dessin de Géricault, Centaure enlevant une femme , a la fermeté d'un croquis à la plume, et le fac-simile du Vieillard , dessin à la sanguine du Primatice, a tout le moelleux et le grené du crayon, et cependant, ce sont des gra@vures en relief tirées à la presse typographi que. -@@ Un graveur plein d'intelligence, que la mort vient d'enlever au milieu de ses travaux, M. Riffaut, a exposé trois beaux Portraits de M . de Queslus , de Mme de Sauve et de M. de Maugiron , fac-simile de dessins conservés à la Bibliothèque impériale. Cet artiste laborieux, infatigable, était arrivé, à force de recherches, à trouver les éléments de la gravure héliog@raphique les planches qu'il a envoyées à l'Expo@sition de photographie sont très intéressantes, et pouvaient faire espérer une complète réus@site. Si la gravure a perdu en M. Riffaut un esprit inventif, capable d'améliorer les procédés em@ployés, la lithographie a perdu, en M. Aubry-Lecomte, l'artiste qui a le plus contribué à la perfection @que cet art a atteint de nos jours. M. Mouilleron a su, avec le crayon lithographi@que, reproduire la transparence du clair-obscur du Tableau de Rembrandt, la Ronde de Nuit , du Musée d'Amsterdam, où l'avait envoyé le mi@nistère d'Etat pour exécuter cette belle litho@graphie. - M. le ministre a également com@mandé à M. Soulange-Tessier, si nous ne nous trompons, une lithographie du tableau de la Prise de la tour Malakoff , peint par M. Yvon elle rend fidèlement tous les caractères et l'éclat du coloris de cette grande composition. - Les sept lithographies exposées par M. Raffet, font partie du bel ouvrage qu'il a publié sur le siége de Rome. Ces dessins sont de véritables ta@bleaux, tant le crayon de cet artiste a de cou@leur et de vigueur, tant il y à d'action, de mou@vement dans ces scènes militaires, et de vérité dans ces types de troupiers dessinés d'après na@ture. - Le crayon facile et correct de M. Marc a reproduit avec fidélité, et surtout avec talent, sur la pierre lithographique, l' oeuvre complète de David d'Angers . Les seize cadres exposés contiennent un joli choix de lithograhies dessi@nées d'après les groupes, statues, bas-reliefs, bustes et médaillons de ce grand sculpteur. - Un des maîtres dans l'art de la lithographie, M. Sudre, le traducteur des peintures de M. In@gres, a exposé deux nouvelles et belles litho@graphies d'après ce célèbre artiste Tête d'Oda@lisque et le Portrait de Mme S... IX. ARCHITECTURE. MM. Hittorff. - Garnaud. - V. Baltard. - Mangeant. - Huguenet. - Beau. - Racinet. Si les projets d'architecture sont en moins grand nombre qu'en 1857, ils offrent néanmoins un très grand intérêt ils témoignent des études sérieuses faites dans toutes les branches qui se rattachent à cet art, le plus ancien, le plus grand entre tous les arts, et cependant le moins apprécié, le moins goûté de la majorité des vi@siteurs. Il y a pourtant, à l'Exposition d'ar@chitecture, une oeuvre qui devrait attirer l'at@tention d'une certaine classe d'amateurs nous parlons du modèle en stucs de couleurs di@verses d'un temple grec, avec ornements et sta@tues coloriés, exécuté d'après les dessins de M. Hittorff. Comment se fait-il que personne ne se presse autour du temple Hypoethre-amphi@prostyle-pseudoperiptère de M. Hittorff ? Est-ce cet assemblage de mots qui a effrayé, ou cet autre assemblage non moins dur, non moins criard des tons de l'architecture polychrôme ?... Cette architecture peut plaire aux Anglais, aux Allemands mais les Français ne s'y habitue@ront guère, malgré la ténacité des efforts de M. Hittorff pour en introduire le goût parmi nous. Voyez-vous l'effet de nos monuments ba@digeonnés comme ceux que nous avons vus à Munich ? Voyez-vous la Madeleine, le Pan@théon, la colonnade du Louvre avec entablement bleu, colonnes roses, murailles rouges ?... Non, non notre oeil est, de longue date, habitué à l'harmonie, au jeu merveilleux des rayons lumi@neux sur la pierre et le marbre de nos monu@ments nous préférons la couleur que la lu@mière donne à nos monuments en éclairant vi@goureusement les saillies de l'architecture nous préférons les effets magiques des clairs et des ombres si harmonieusement tempérés par les demi-tons, par la transparence du clair-obs@cur, effets calmes, mystérieux, poétiques, que détruit le tapage des tons durs et criards de l'architecture polychrôme. Tout en repoussant l'introduction en France de cette architecture, nous n'en sommes pas moins très disposé à ren@dre justice et à admirer, au point de vue de la science archéologique, le savoir que M. Hittorff a déployé dans la Restitution du temple grec que lui avait commandée S.@A.@I. le prince Na@poléon pour son cabinet particulier. M. Garnaud fait également preuve de talent et d'érudition dans ses Etudes d'architecture chrétienne , depuis l'église de hameau, de vil@lage, de petite ville, jusqu'à l'église paroissiale et métropolitaine des grandes cités. Ce sont de bons types que MM. tes maires et les curés de@vraient consulter lorsqu'ils ont une église à faire construire. Le projet qui nous a le plus intéressé, nous l'avouons, c'est le Projet d'achèvement et de modification de la façade de l'église Saint-Eus@tac@he et de la construction d'une flèche cen@trale, par M. Victor Baltard. Nous souhaitions depuis tant d'années la restauratio@n de cette belle église d'architecture renaissance ! C'est avec le plus g@rand soin que nous avons examiné les dessins de ce projet, et nous ne pouvons qu'adresser nos compliments à M. Baltard. Cet artiste s'est inspiré de l'architecture du monu@ment il en @rappelle les principaux détails dans la façade et dans la flèche il tire tout le parti que l'on pouvait tirer du gros oeuvre de la fa@çade actuelle qui sera métamorphosée en élé@ga@nte architecture renaissance. Nous doutons qu'on ait pu faire quelque chose de meilleur goût que la composition exposée par cet architecte. M. Mangeant a exposé un travail très cu@rieux à propos d'un Projet d'arrangement de l'île de la Cité de Paris , lequel se compose de six dessins 1° Lutèce habitée par les nautes parisiens, sous la domination romaine ses mo@numents sont la forteresse municipale, l'au@tel de Jupiter la Voie Sacrée qui la traverse du Petit-Pont au Grand-Pont. - 2° Parisii sous la seconde race ses monuments sont le pa@lais, l'église cathédrale sur l'emplacement du temple de Jupiter, la maison de l'église ou hos@pice, le bapti rê i, Jftkole, le Petit et le Grand-@@Châtelet. - 3° La Cité, XV e siècle, entre l'U@ni@@versité, sur la rive gauche, et la ville, sur la rive droite, ses monuments sont le Palais des Rois, la Sainte-Chapelle, Notre-Dame, l'Hô@tel-Dieu. - 4° La Cité, état actuel. - 5° Vue générale du projet. - 6° Plan général du projet, Il y a quelques années, le graveur qui repro@duisait un monument, la cathédrale de Reims, par exemple, était classé à l'Exposition parmi les architectes. Nous avons fait observer qu'il y avait confusion, qu'un graveur n'étant pas ar@chitecte devait être avec ses pairs, avec les gra@@@veurs. Aujourd'hui, les graveurs, les lithogra@phes qui reproduisent des monuments, des fragments de monuments, des horloges même ne @@sont plus mêlés avec les architectes pur sang ils sont catalogués à la suite sous ces ti@tres Architecture-Gravure , Architecture-Li@thographie. Ne serait-il pas logique de placer ces graveurs d'architecture, ces lithographes d'architecture dans des divisions faisant suite à la gravure et à la lithographie plutôt qu'à l'ar@chitecture, puisque c'est le travail du graveur et du lithographe qu'on expose, et non l'oeuvre de l'architecte ? N'est-ce pas le burin de M. Hu@gunet, le crayon lithographique de M.@E. Beau qu'on récompense lorsqu'on leur accorde des médailles ? Qu'ont de commun, avec les projets d'architecture, les dessins d'horloges et de mon@tres du XVI e siècle, de la collection de M. le prince Sollykoff, exposés par M. Racinet fils? Un projet d'architecture est l'oeuvre d'un ar@chitecte, et une gravure, d'après l'oeuvre d'un architecte ou d'après l'oeuvre d'un sculpteur, d'un peintre, d'un horloger, sera toujours une gravure et classée comme telle dans nos collections. X. .,. 'dC ,. RÉCOMPENSES. La distribution des récompenses décernées aux artistes, à la suite de l'Exposition de 1859, a eu lieu le 15 juillet, à neuf heures du matin, au palais des Champs-Elysées, sous la prési@dence de S. Exc. M. Achille Fould, ministre d'Etat. Le grand Salon carré de l'Exposition avait été disposé et décoré pour cette cérémonie. A neuf heures précises, S. Exc. le ministre d'Etat a pris place sur l'estrade qu'on avait pré@parée pour le recevoir. Il avait à sa droite M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des Musées impériaux, intendant des Beaux-Arts de la maison de l'Empereur à sa gauche, M. Gautier, secrétaire général de la maison de l'Empereur Son Excellence était aussi accom@pagnée par M. le conseiller d'Etat Pelletier, se@crétaire général du ministère d'Etat, par M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées impériaux, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts, et MM. les membres de l'Institut, section des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Exc. le ministre d'Etat a prononcé un discours qui a été fort ap@plaudi par tous les artistes exposants, et que, pour notre part, nous nous empressons de re@produire dans son entier Je ne répondrais pas au sentiment qui nous anime tous, si ma première pensée n'était pas pour l'Empereur et pour l'armée. La nouvelle campagne d'Italie, immortalisée par d'éclatantes victoires, est aujourd'hui couronnée par une paix glorieuse. Il était permis de craindre que le spectacle de ces grands événements ne fût nuisible à cette Exposition en détournant d'elle l'attention du public. Il n'en a pas été ainsi. Confiante dans ses armées et dans son souverain, calme sous la ré@gence de l'Impératrice, la nation ne s'est dé@tournée ni de ses travaux, ni de ses délasse@ments. L'empressement avec lequel ce palais a été visité, les acquisitions nombreuses qui y ont été faites, ont prouvé l'intérêt qui s'attache toujours, dans notre pays, aux oeuvres de l'art, aux travaux de l'intelligence. Je me plais à constater. Messieurs, que l'ensemble mérite les éloges du public éclairé et délicat. S'il n'a pas eu à admirer une de ces pages hors ligne par lesquelles un génie nou@veau se révèle, il n'a pas été choqué non plus de ces présomptueuses singularités qu'inspire un faux goût. La trace de l'étude est plus sensible ici que dans les Expositions précédentes. Il y a moins de ces oeuvres enfantées à la hâte et qui sont en@core plus promptement oubliées qu'elles n'ont été conçues. Nous avons vu avec satisfaction di@minuer aussi le nombre de ces essais que l'on nous présentait avec assurance pour des oeuvres sérieuses. Les ébauches que nous avons recueillies des anciens maîtres, et que nous conservons pré@cieusement, tiennent leur prix autant du sou@venir de leur auteur que des grandes qualités qu'elles indiquent mais l'admiration qu'elles inspirent ne fait qu'augmenter le regret de ne pas les voir plus complètes. On revient au vrai principe de l'art, aux saines traditions, à celles qui ont le travail pour base et le bon goût pour règle. On comprend que l'étude n'a jamais comprimé le génie, et que l'application a souvent développé le talent. J'attribue, Messieurs, cet heureux progrès aux conseils éclairés de vos maîtres, qui viennent d'être vos juges, et à la sollicitude dont le gou@vernement de l'Empereur vous entoure. Il accueillera tous les moyens qui lui sont offerts de vous la témoigner. Cette année, c'est une loterie placée sous le patronage d'hommes éminents, et dont le dévoûment à l'art est de@puis longtemps venu augmenter les sommes or@dinaires employées en acquisitions. De nombreuses commandes, de glorieuses distinctions encouragent tous les efforts et ré@compensent le mérite dans toutes les branches des arts que vous cultivez. Enfin, Messieurs, vous trouverez tout à l'heure, dans le nombre et le choix des distinctions qui vous ont été ac@cordées, un témoignage de la haute satisfaction de S.@M. l'Impératrice-Régente. Tant de soins ne doivent pas être perdus, et vous les reconnaîtrez en donnant la gloire des arts à un règne qui en a déjà tant d'au@tres. M. le comte de Nieuwerkerke, directeur gé@néral des Musées, a pris ensuite la parole pour expliquer le but des rappels de médailles et des mentions honorables comme récompenses aux exposants. Ce discours est une nouvelle preuve de l'intérêt que M. le directeur des Musées porte aux artistes ceux-ci ont répondu à ses bonnes intentions par les plus chaleureux ap@plaudissements. M. le comte Nieuwerkerke a ensuite proclamé les récompenses dans l'ordre suivant Officier M. Ch. Muller, peintre. Chevaliers MM Norbin, peintre Mathieu, id. Palizzy, id. Daubigny, id. Ch. Lefèvre, id. Du@val-Lecamu, id. Bonguerau@, id. Barrias@, id. Knaus, id. Plassan, id. Baron, id. Chavet, id. Fromentin, id. Ch. Leroux, id. Farochon, sta@tuaire Loison@, id. Aimé Milet, id. François Jules , graveur Soulange-Teissier, lithographe. PEINTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Fortin, Daubigny, Knaüs, Bézard. Médailles de 1 re classe. - MM. Breton, Fromen@tin, Leleux. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Lau@gée, Heilbuth, Laemlein, de Curzon, Roux, Bou@@@@langer, Roehn, Timbal, Guillemin, Brion, Richter, Leroux. Médailles de 2 e classe. - MM. Rigo, Belly, Ham@man, Janmot, Leighton, Bonheur. Rappel des médailles de 3 e classe . - Mme Browne MM. Brendel, Devilly, Toulmouche, Plassan, Mar@quis, de Knytf. Compte-Calix, Busson, Rivoulon Mlle Théveni@n M. Mazerolle Mme Besnard. Médailles de 3 e classe. - MM. Levy, Achenbach, Caraud, Lechevalier-Chevignard, Ulman, Deneu@ville, Boulangé, Delaunay, Pasini, Baudit, Janet-Lange, Berchère. Mentions honorables. - Mlle Allain MM. Alle@mand, Aubert, Bonnat, Brissot Mme Becq de Fou@quières MM. Chretien, Clere, Cock, Coroenne, Crauk, Decaen Mme Gaggioti-Richards MM. Gassies, Graize, Grenet, Grisée, Grolig, Hanoteau, Herbstoffer, @Hintz, Houzez, Hubner, Job, Jumel, Kate@, Lalaisse, Lamorinière, Lobrichon, Magy@, Marquerie, Merle, Meynier Mlle Morin Mme la comtesse de Nadaillac MM. Papeleu, Perrachon@, Pina, Protais Mme Robelet MM. Rothermel, Rui@perez, Sain Mme Schneider MM. Tabar, Valerio, Villevieille. SCULPTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - M. Loison. Médailles de 1 re classe . - MM. Moreau et Allasseur. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Gu@@mery, Schroder, Grabowski, Farochon, Marcellin, Maindron. Médailles de 2 e classe. - MM. Begas, Crauk, Dar@peaux, Salmson. Rappel des médailles de 3 e classe. - MM. Oliva, Chabaud, Borrel, Le Bourg, Travaux. Médailles de 3 e classe. - MM. Lepere, Truphème, Varnier, Eupe, Aizelin, Ponscarme. Mentions honorables . - MM. Badiou de la Tron-chère, Bangillon, Barthélémy, Brian, Carrier de Belleuse, Chatreusse, Chevalier, Clère, Cocheret, David, Delabrière, Deunbergue, Durand, Fabisch, Franceschi, François Funnère, Grandfils, Hébert, Kaltenheuser, Lanzirotti, Lavigne, Moignez, Morel - Ladeuil, Poitevin, Prouha, @Roubaud, Valette, Wa@trinelle. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Blan@@chard, François, Lasalle, Mercury. Médailles de 1 re classe. - M. Keller. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Bridoux, Gaucheret, Girardet Edouard , Girardet Paul , Gi@rard, Salmon. Soulange-Teissier, Weber. Médailles de 2 e classe. - MM. Bal, Eichens. Rappel des médailles de 3 e classe. - MM. Aubert, Laurens, Lavielle, Leroy, Vari@n. Médailles d@e 3 e classe. - MM. Jouannin, Joubert, Sirouy, Valerio. Mentions honorables . - MM. Bertinot, Caret, Chevron, Constantin, Fleischmann, Gibert, Lehner, Levasseur, Manceau, Martinet, Pichard, Riffaut, Sau@nier, Stang, Sulpis, Thomas, Verswyvel, Wacquez, Wismes. ARCHITECTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Gar@naud, Verdier. Médailles de 1 re classe. - M. Tetaz. Rappel des médailles de 2 e classe. - M. Denuelle. Médailles de 2 e classe. - MM. Thomas, Hénard. Rappel des médailles de 3 e classe. - M. Trilhe. Médailles de 3 e classe. - MM. Villain, Moll, Mauss. Mentions honorables . - MM. Arangoïti, Reiber. Schmitz. Nous saisissons l'occasion qui nous est offerte pour démontrer que le nombre des récom@penses n'est plus en rapport avec l'état actuel des Expositions. Il y a trente à quarante ans, le Salon se composait à peine de douze cents ouvrages l'Exposition qui vient de finir en comptait trois mille neuf cents environ, c'est-à-dire près de trois fois plus. Comment se fait-il qu'en présence de cette énorme augmenta@tion des ouvrages exposés, le nombre des mé@dailles soit resté le même qu'autrefois ? Si alors le nombre des récompenses était parfaitement en accord avec le nombre des ouvrages exposés, il est évident qu'il ne l'est plus aujourd'hui. C'est en vain que l'administration a cherché à réparer ce tort, à com@bler cette lacune en créant les rappels de médailles et les mentions hono@rables cette mesure, qui ne date que de 1857, n'a pas satisfait les artistes et ne les satisfera pas, malgré les bonnes intentions de M. le di@recteur général des Musées et les explications qu'il a données dans son discours. En effet, tout le monde reconnaît l'insuffisance de trois mé@dailles de 1 re classe, de six de 2 e classe et de douze de 3 e classe, eu tout vingt-une médailles pour plus de trois mille peintures comprenant les sections d'histoire, de genre, portraits, ani@maux, paysages, intérieurs, marines, miniatu@res, pastels, aquarelles et dessins. C'est encore pire pour la sculpture, qui occupe, de nos jours, une si belle et si importante place à nos Expo@sitions pour cinq cents ouvrages environ, on ne lui accorde que douze médailles, dont deux de @@1 re classe, quatre de 2 e classe et six de 3 e classe encore faut-il les partager avec les graveurs en médailles. Pour établir l'équilibre entre les récompenses et la valeur des ouvrages qui figurent aux Ex@positions de notre époque, pour mettre ces ré@compenses en harmonie avec les progrès qui ont grandi certaines branches de l'art, jadis négli@gées, dédaignées et, pour ainsi dire, inconnues, il faudrait augmenter le nombre des médailles et, en quelque sorte, les distribuer par genre, car il est impossible qu'avec ses trois médailles de 1 re classe l'administration puisse récompen ser , à mérite égal, une peinture historique, un@ tableau de genre, un portrait, un paysage, un intérieur, une marine, une miniature, un pas@tel et un dessin. Nous savons qu'il est rare de rencontrer à la même Exposition des oeuvres du premier mérite dans tous ces genres mais, cependant, cela pourrait arri@ver, et nous croyons que si, cette année, le jury avait eu à disposer de six médailles de 1 re classe pour la peinture, il aurait été beaucoup moins embarrassé qu'en n'en ayant que trois seulement pour récom@penser tant d'oeuvres remarquables.@ XI. Tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts. Le dimanche, 24 juillet, à deux heures, il a été procédé, dans la grande nef du Palais de l'Industrie, au tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts, organisée par un arrêté de S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, en date du 7 mars dernier. Au fond, dans la partie ouest de la nef, a été élevé une riche estrade sur laquelle ont été disposés deux bureaux pour les membres de la Commission et pour les fonctionnaires supérieurs du ministère de la Maison de l'Empereur. L'instru@ment du tirage de la loterie a été placé derrière les bureaux sur une plate-forme beaucoup plus élevée, de manière que les opérations du tirage soient aperçues de tous les points de l'enceinte. Le fond de la nef est orné de faisceaux, d'écussons et de riches draperies sur lesquels se détachent les objets d'art acquis pour la loterie. Les cent vingt-trois tableaux, dessins, aquarelles et pastels garnissent le fond et les deux côtés de l'estrade, et de chaque côté du bureau on a placé sur des piédestaux les trois seules sculptures achetées la Fileuse , statue en bronze, de M. Mathurin Moreau le Petit Ven@dangeur, statue terre cuite, de M. Jean De Bay la J@eune Femme couronnée de lierre , buste en marbre, de M. Louis Auvray et aussi le Vase renaissance, argent repoussé@, de M. Deunbergue, ainsi que l'Italie , terre émaillée de M. Devers. A deux heures@, S. Ex. M. le comte de Morny, président du Corps législatif, président de la Com@mission de la loterie, est entré accompagné des membres de la Commission@, de M. Gautier, con seiller d'État, secrétaire général du ministère de la Maison de l'Empereur, et de M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Ex. M. le comte de Morny donne lecture d'une lettre qu'il a adressée le 22 juillet à S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, pour lui annoncer la clôture des travaux de la Commission. Il communique ensuite à l'assemblée la réponse de S. Ex. le ministre d'État de la Maison de l'Empereur, qui charge la Commis@sion de procéder à l'opération du tirage de la loterie. Après cette lecture, M. le président expose, dans un discours bien senti, les heureux résultats obte@nus par la Commission, les avantages de cette loterie déjà appréciés par les artistes, l'influence qu'elle aura sur le goût du public, et l'extension qu'elle est appelée à prendre dans l'avenir. Puis il entre dans de minutieux détails sur le mode de tirage adopté par la Commission, et il termine en annonçant que le droit de reproduction de leurs ouvrages a été réservé aux artistes. Sur l'invitation de M. le président, les enfants chargés de tirer les numéros sont introduits dans la salle, et le tirage commence au milieu de l'atten@tion générale des nombreux spectateurs qui, malgré le mauvais temps, avaient voulu assister à cette in@téressante opération. Nous ne reproduirons pas ici la liste des lots pu@bliée par le Moniteur nous les avons déjà mention@nés dans cette revue de l'Exposition. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Le jury. - Les sculpteurs-peintres. - La loterie.. 3 Peintures historiques. il Tableaux de genre. 38 Portraits. 47 Intérieurs, Paysages, Animaux, Marines, Fleurs et Natures mortes. 56 Pastels, Aquarelle, Miniatures, Peinture sur por-celaine, Peinture sur émail, Dessins. 66 Sculpture et Gravure en médailles 74 Gravure et Lithographie. 92 Architecture. 95 Récompenses. 99 Tirage de la loterie. 106 ERRATA. Page 22, lignes 10 et 11, lisez Nous engageons cet artiste à me pas sacrifier. à ne pas chercher. Page 24, ligne 10, lisez C'est tentant pour to 1 - e . , n. m j . FIN. | SALON DE 1859. I. Le Jury. - Les Sculpteurs-Peintres et les Peintres-Sculpteurs. - La Loterie. - Classement des Ouvrages. L'Exposition des Beaux-Arts a été ouverte au public le 15 avril, ainsi qu'on l'avait annoncé, et, malgré son organisation qu'on savait incomplète, malgré un temps affreux, les artistes, les hommes de lettres et les gens du monde y étaient accourus en foule, comme pour donner un démenti à ceux qui prétendent que le goût des arts et des lettres s'éteint en France. Il est de notre devoir, avant de pénétrer, avec la foule, dans les galeries de peinture, de signaler deux modifications importantes apportées, cette année, au réglement de l'Exposition. L'une est relative au jury d'admission, et l'autre à la création d'une loterie d'objets d'art. Anciennement, les oeuvres des membres de l'Institut étaient seules admises sans passer à l'examen du jury, et cela ne pouvait être autrement, le jury n'étant composé que de membres de l'Institut, qui, certes, ne se seraient pas amusés à refuser leurs productions. Depuis quelques années, cette faveur a été accordée également aux artistes décorés pour leurs travaux. C'était un acte de justice qu'on avait ré clamé depuis longtemps, et qu'on obtenait enfin. Mais là ne devaient pas s'arrêter les sages et bienveillantes réformes de l'administration actuelle elle a étendu encore d'un degré le droit d'exemption elle a décidé, cette année, que seraient reçues sans examen les oeuvres des artistes ayant obtenu soit une médaille de première classe aux Expositions annuelles, soit une médaille de deuxième classe à l'Exposition universelle. Nous espérons que l'administration des Beaux-Arts ne s'arrêtera pas dans la voie des réformes nous pensons que, avant peu d'années, elle accordera aussi l'admission sans examen aux ouvrages des artistes ayant obtenu une médaille de deuxième et même de troisième classe aux Expositions annuelles . Cette mesure satisferait les artistes et simplifierait énormément les opérations du jury d'admission qui, n'ayant plus alors que quelques centaines de tableaux et de statues soumis à son examen, pourrait y apporter une attention qui assurerait l'intégrité de ses jugements, intégrité qu'on ne peut exiger dans l'état actuel des choses. En effet, comment ne pas commettre d'erreur dans l'examen rapide de huit à dix mille ouvrages présentés souvent dans de mauvaises conditions de lumière ou de voisinage ? Nous croyons que le seul moyen d'éviter au jury des erreurs déplorables et si fatales aux artistes qui en sont victimes, c'est de simplifier sa mission, de restreindre l'étendue de son travail c'est de lui donner moins d'oeuvres à examiner pour que son examen soit consciencieux. Pour atteindre ce but, deux choses sont à faire 1° Admettre sans examen les ouvrages des mem bres de l'Institut, des artistes décorés pour leurs travaux, des artistes ayant obtenu des médailles de première, deuxième et troisième classes aux Expositions annuelles , afin de diminuer d'autant la besogne du jury 2° n'autoriser chaque artiste à n'envoyer que trois ouvrages , ce qui réduirait bien davantage encore le fatigant travail du jury. Tout le monde y gagnerait. L'Exposition ressemblerait moins à un bazar ou à une salle de vente elle serait sans doute un peu moins nombreuse en productions, mais elle deviendrait certainement beaucoup plus intéressante sous le rapport du mérite, puisque membres de l'Institut, artistes, décorés, médaillés et autres auraient choisi eux-mêmes, pour les exposer, leurs trois meilleurs ouvrages. A propos de cette grave question d'exemption du jury, un incident nouveau se présente cette année, par le fait que deux sculpteurs décorés, par conséquent exempts du jury, ont exposé des peintures sans les soumettre au jury d'admission. Les peintres se demandent si un artiste exempté du jury, comme peintre, peut exposer de la sculpture sans la présenter au jury de sculpture ? si un artiste, exempté comme sculpteur, a le droit d'exposer de la peinture sans la sanction du jury de peinture ? Nous ne sommes pas de ceux qui voudraient imposer des limites aux facultés de l'intelligence, car nous-même nous avons exposé dans plus d'un genre mais de ce qu'un sculpteur peut être un peintre excellent, de ce qu'un peintre peut être un sculpteur remarquable, ne peut-il pas arriver, cependant, que le peintre de talent, que le sculpteur de mérite, exemptés tous deux du jury, fassent et envoient à l'Exposition, le sculpteur, de la mauvaise peinture, le peintre, de la sculpture détestable ? Cela pouvant être, pourquoi ne pas soumettre au jury des oeuvres en dehors du genre pour lequel l'artiste a obtenu la récompense qui l'exempte du jury ? Voilà les observations qu'on nous adresse et que nous soumettons à la sagesse de l'administration. Passons maintenant à la seconde modification apportée au réglement du Salon parlons de la loterie. Dès l'année 1853, nous avions demandé, conjointement avec beaucoup de nos confrères, l'institution d'une loterie à la suite de l'Expoistion. Cette proposition, nous le reconnaissons, demandait à être étudiée elle l'a été par l'administration qui vient de décider l'organisation d'une loterie d'objets d'art, acquis parmi ceux qui figureront à l'Exposition de cette année, et dont le prix du billet est fixé à un franc. Cette institution, si désirée par la majorité des artistes, si favorable aux intérêts des artistes exposants, a-t-elle été accueillie favorablement par tous ? Mon Dieu, non ! est-ce que l'esprit de controverse et de dénigrement ne s'attaque pas aux créations les plus belles, les plus utiles ? Ceux-ci voulaient que le prix d'entrée à l'Exposition fut supprimé et remplacé par le billet de loterie, supprimant ainsi les sommes considérables produites par le droit d'entrée et employées à l'acquisition des ouvrages destinés aux musées de l'Etat et des départements ceux-là, croyant voir dans la loterie la suppression des commandes et des achats faits par l'Etat, se sont écriés Dans quel but cette loterie? à quel propos jeter à la fortune des numéros gagnants les oeuvres destinées, par leurs auteurs, à des regards exercés ? est-ce qu'on ne se soucierait plus de préserver l'Art d'aussi indignes ballottements ? aurait-on résolu de lui retrancher les subsides qui l'aident à soutenir son niveau ?... Des honneurs, de nobles encouragements, s'il se peut, mais, de grâce ! pas de gros sous. Où l'auteur de ces lignes a-t-il vu que l'État allait suspendre ses commandes, supprimer les honneurs, les encouragements qu'il accorde à la suite de chaque exposition ? Qu'il se rassure, jamais les arts n'ont été plus encouragés et les artistes mieux récompensés, et, pour s'en convaincre, il suffit de consulter le livret du Salon de 1859. On y voit figurer 233 commandes faites par l'État, 146 peintures, 68 sculptures, 7 gravures, 2 lithographies et 10 projets d'architecture. Dans ces chiffres ne figurent pas les ouvrages exposés, commandés par M. le préfet de la Seine. Aucun livret des expositions précédentes n'offre un tel chiffre de commandes. Quant aux récompenses, elles seront tout aussi nombreuses qu'aux autres Expositions, et les fonds du budget des Beaux-Arts, ainsi que ceux provenant du droit d'entrée, serviront, comme par le passé, à l'achat des meilleurs ouvrages exposés, destinés aux musées, aux églises de Paris et des départements, tandis que le produit des billets de loterie viendra ajouter une immense ressource de plus à celles de l'Etat, et permettre l'acquisition d'une foule d'ouvrages que le sort distribuera dans toutes les classes de la société, et qu'on n'aurait pas acheté sans cette institution nouvelle. Il en sera de la loterie comme de l'Exposition de sculpture, faite, pour la première fois, en 1857, dans le jardin du local actuel. Dès les premiers jours, plusieurs sculpteurs, dont les ouvrages étaient placés dans ce charmant jardin émaillé de fleurs, se récrièrent, disant qu'ils n'avaient point fait des statues pour un jardin. Mais, huit jours plus tard, tous les statuaires qui avaient leurs figures dans les salons de peinture, demandèrent à ce qu'elles fussent de suite descendues dans les allées du jardin, tout à l'heure si dédaignées. La même transformation d'opinion aura lieu pour la loterie quand les artistes, auxquels le gouvernement n'aurait rien acheté, verront que, grâce à la loterie, ils ont vendu une oeuvre qui leur serait restée, et que, pour en tirer parti, ils auraient dû donner pour rien à un marchand de tableaux. Oh ! alors, appréciant les résultats de la loterie, ils la réclameront pour chaque Exposition comme les sculpteurs réclament un jardin pour exposer leurs statues. La grande sculpture sera donc, comme en 1857, placée dans ce gracieux jardin qu'on achève en ce moment, où viendront respirer et se reposer les visiteurs fatigués du parcours des quinze salons et galeries consacrés à la peinture. La disposition de ces pièces, désignées par des numéros, est plus heureuse que la succession des sept grands salons de la dernière Exposition, qui présentait quelque monotonie. L'architecte, M. Viel, a partagé toute l'immense aile du Nord en trois vastes salons un au centre, un autre au pavillon Nord-Est, le dernier au pavillon Nord-Ouest. L'espace qui sépare le salon central de ceux des extrémités a été divisé, de chaque côté, sur la longueur, en deux galeries dont les parois peu élevés laissent les tableaux à une hauteur convenable. L'aile qui fait face à la place de la Concorde est aussi divisée en galeries et en petits salons qui ont reçu les dessins, les aquarelles, les pastels, les miniatures, les émaux, les camées et les pierres gravées. Dans l'étroite galerie qui fait le tour de la nef et d'où la vue plonge sur cette vaste nef métamorphosée en jardin, sont exposés les projets d'architecture, les gravures, les lithographies, les statuettes et les bustes, ces derniers placés beaucoup trop bas M. Viel sait aussi bien que nous que les bustes modelés, pour être vus à hauteur d'homme, ne doivent pas être posés à hauteur de ceinture. Il suffira de quelques madriers pour exhausser les sculptures de cette galerie et faire ainsi droit à notre juste réclamation. On le voit, l'espace occupé par la présente Exposition est beaucoup plus considérable que celui du Salon de 1857. Il n'y a cependant, cette année, que 213 oeuvres de plus inscrites au livret, qui contient 3,887 numéros 3,045 peintures, 472 sculptures, 160 gravures, 96 lithographies et 114 projets d'architecture. Il est vrai que beaucoup de tableaux exposés ne figurent pas encore au livret ils n'y seront portés qu'à la prochaine édition, en même temps que les envois des artistes anglais, si toutefois ils se décident à venir occuper la salle qui leur est réservée. On doit savoir gré à M. le comte de Nieuwerkerke de sa courtoisie à l'égard des artistes étrangers. De tous temps les artistes de tous pays ont été admis à nos Expositions des Beaux-Arts, et ont eu, comme nous, leur part aux récompenses. Mais l'hospitalité qu'on leur offre, cette année, est encore plus grande, plus digne et plus en rapport avec l'esprit généreux de la France. M. le directeur général des Musées a également eu le bon goût de réunir, dans un même salon, presque tous les tableaux de sujets religieux, nous disons presque tous, parce que ce salon se trouvant trop petit, il a bien fallu laisser quelques tableaux religieux parmi les autres peintures. Du reste, le classement des ouvrages nous paraît mieux entendu. Nous savons l'impossibilité de placer, au goût de tout le monde, trois mille quarante-cinq tableaux et dessins nous savons les réclamations, les récriminations qui éclatent à l'ouverture des Expositions mais cependant, en distribuant dans chaque salle, dans chaque galerie, un certain nombre d'oeuvres de mérite, au lieu de les agglomérer dans une ou deux pièces seulement, comme aux années précédente, M. de Chennevières a su jeter de l'intérêt dans toutes les parties de l'Exposition il a su attirer l'attention du public partout, et rendre, par ce moyen, la circulation beaucoup plus libre. Ainsi, le visiteur trouvera, dans les différentes salles, des peintures de MM. Gérôme, Delacroix, Hébert, Beaudry, Henriette Browne, Troyon, etc., et des sculptures de MM. Clessinger, Cavalier, Dantan aîné. Debay, etc. Selon notre habitude, nous commencerons notre revue par la peinture historique puis, viendront les tableaux de genre, les portraits, les intérieurs, les paysages, les animaux, les marines les pastels, aquarelles, miniatures, émaux et peintures sur porcelaine les sculptures et gravures en médailles les gravures et lithographies, et l'architecture. Un dernier chapitre sera consacré à la séance des récompenses. II. PEINTURES HISTORIQUES. MM. Yvon, - Barrias. - Muller. - Gêrôme. - Eugène Delacroix. - Benouville. - Baudry. - Diaz. - Mazerolle. - Bellangé. - Pils. - Lies. - Hamman.- Dobbelcere. - Lévy. - Lazerges. - Hamon. - Aubert. - Bouguereau. - Curzon. - Hillemacher. - Bailly. - Clésinger. - Etex. - Court. - Glaize père. - Glaize fils. - Larivière. - Philippoteaux. - Decaen. - Couverchel. - Beaucé. - Pichon. - Duval-le-Camus. - Cartellier. - Dumas. - Rigo. - Meynier. - Hesse. - Henri Scheffer. - Legras. - Abel. - Caraud. - Comte. - E. Devéria. - Jacquand. - Heilburth. - Mottez. La grande peinture, la peinture historique, est abandonnée en France, s'écrie-t-on à chacune de nos Expositions des Beaux-Arts. Cette année encore, ce sont les tableaux de genre qui dominent, et leur mérite, leur nombre toujours croissant, prouvent que la majorité des artistes s'y adonnent de préférence. Il y a deux ans, dès l'ouverture du Salon, nous avons expliqué les causes de cet abandon survenu depuis 1830, époque qui a brusquement, trop brusquement peut-être, changé le goût du public et modifié les études artistiques. Nous ne reviendrons pas sur ce sujet traité par nous en 1857 nous nous bornerons à faire observer que le Salon actuel semble accuser une tendance de retour à la grande peinture historique. En effet, les grandes toiles sont nombreuses quelques-unes ont trait à l'histoire de l'antiquité, quelques autres aux événements contemporains, mais la presque to talité des grands tableaux du Salon représentent des sujets religieux. Malheureusement, peu d'entre ces derniers sont traités avec le goût et le talent qu'on voudrait toujours rencontrer dans ce genre de peinture. Ce qui n'a pas peu contribué, de notre temps, à égarer les jeunes artistes lorsqu'ils avaient à rendre un sujet de sainteté, c'est bien assurément l'engouement, la mode du gothique, que peintres, sculpteurs, architectes, appliquent à toute sauce. De ce qu'on a dit et écrit que le style gothique était essentiellement religieux, qu'il était le plus convenable pour les temples chrétiens et pour la traduction des faits de l'histoire sacrée, beaucoup d'artistes se sont pénétrés de cette idée que leurs compositions n'auraient pas le caractère religieux s'ils s'écartaient de la raideur gothique, s'ils n'affublaient tous les personnages de la Bible des costumes de l'époque du moyen-âge, laissant de côté toutes traditions historiques. Certainement, nous apprécions infiniment le sentiment naïf, l'expression pleine de foi d'un grand nombre de peintures et de sculptures des XI e et XII e siècles mais on nous permettra de ne pas admirer tout dans le gothique, de ne pas le mêler à tout on nous permettra de penser qu'un sujet d'histoire sainte peut être d'un caractère très religieux, quoique traité avec indépendance, dans des données de vérité de costume, d'action et de modelé. Nous ne comprenons les peintures et sculptures de style gothique que lorsque ces ouvrages sont destinés à l'ornementation d'un édifice de ce genre d'architecture il serait ridicule alors de ne pas s'inspirer, de ne pas imiter le mieux possible les chefs-d'oeuvre de cette époque. De même que rien n'est plus disparate, plus choquant que de rencontrer, dans un temple d'architecture grecque ou romaine, une peinture ou une sculpture moderne imitée du gothique, sous prétexte que c'est plus chrétien. Ces anachronismes révolteront toujours les hommes de goût. Pourquoi oublier que la peinture et la sculpture sont les auxiliaires de l'architecture, que leur rôle est de concourir à l'harmonie du monument qu'elles sont appelées à décorer ? L'unité de style devrait être la première préoccupation de l'artiste chargé d'une oeuvre monumentale, car les anachronismes que commettent les peintres, les sculpteurs, sont tout aussi blâmables et de tout aussi mauvais goût que ceux commis par les architectes, lorsque, dans une restauration, ils accolent une façade d'architecture romaine à un édifice gothique ou renaissance, ainsi qu'à Saint-Eustache, par exemple. Il est temps que, comme les architectes, les peintres et les sculpteurs se rendent à cette vérité qu'ils étudient tous les genres, tous les styles pour les appliquer au besoin il est temps qu'ils cessent de croire que c'est le style d'une époque, plutôt que le sentiment, la naïveté d'une école primitive plutôt que la sévérité et la pureté de forme qui donnent le caractère religieux à une composition tirée de l'histoire sainte. Dégagé de ces préventions, l'artiste retrouvera son indépendance, son originalité il se livrera sans préoccupation a des études sérieuses, qui doteront ses oeuvres des qualités qui manquent à beaucoup trop de grandes toiles de l'Exposition de 1859. Parmi les compositions historiques, celles de MM. Yvon et Gérôme occupent encore cette fois le premier rang. Cependant, quoique très remarquables sous plus d'un rapport, les peintures exposées par ces éminents artistes n'excitent pas les mêmes sympathies, le même concours d'unanime approbation que celles qui figuraient au dernier Salon. Des deux grandes pages de M. Yvon, une seulement est exposée, l'autre n'est pas achevée encore c'est par elle que nous terminerons probablement ce chapitre consacré aux tableaux d'histoire et de genre historique. La Gorge de Malakoff , tel est le sujet traité cette année par M. Yvon. Les premiers épaulements de Malakoff étant escaladés, les troupes de la division Mac-Mahon se trouvèrent en face de tout un système de barricades en terre d'où elles durent successivement déloger les Russes. Après de sanglants efforts, nos troupes réussirent à expulser complétement l'ennemi, et arrivèrent à la gorge de l'ouvrage, espace ouvert, large de quatre mètres environ, qui servait de porte de communication entre la redoute et la ville de Sébastopol. Le 20e et le 27 e de ligne, commandés par le général Vinoy, pénétrent les premiers dans ce labyrinthe, et, après des pertes douloureuses, occupent la gorge, soutenus par les zouaves de la garde, colonel Jannin, par les voltigeurs de la garde, colonel Douay, dont les généreux efforts réussissentà contenir les retours offensifs des Russes, mais au prix de bien du sang ! Déjà, à la base de cette digue héroïque, gisent le colonel Adam de cette 1 !,~,tie liéro i I tie, et le commandant Fratsoqui, du 20 e de ligne, dont le drapeau flotte au milieu de la fumée de la mousqueterie et des gabionnades incendiées de l'épaulement conquis, et sur lequel il vient d'être planté. A la droite du tableau, au sommet d'une traverse, on aperçoit le général Vinoy, debout, appuyé sur son épée. et dirigeant les mouvements de sa troupe. Enfin, arrive le général Wimpffen à la tête de la brigade de réserve. Ce sont les tirailleurs algériens, conduits par le colonel Rose, qui se précipitent comme un torrent et jettent à l'envi, pour fermer la terrible ouverture, sacs-à-terre, gabions et leurs propres corps. Au milieu d'eux, leur brave lieutenant-colonel Roques est frappé mortellement en plantant le premier gabion. Au centre du tableau, sur l'épaulement où est planté le drapeau, un Arabe, le sergent Mustapha, pour animer la lutte, et sous le feu le plus terrible. joue les airs indigènes sur l'instrument national kenob . Le 50 e de ligne les suit de près, et sur le premier plan du tableau, à droite, on voit le 3 e régiment de zouaves, colonel Polhès. Cette description du tableau de M. Yvon donne une idée des difficultés qu'il avait à surmonter et dont on doit lui tenir compte. Faire mouvoir tous ces divers corps d'armées dans un espace limité comme la gorge de Malakolf n'était pas chose facile, et nous croyons que peu d'artistes s'en seraient tiré aussi bien que M. Yvon, malgré les reproches qu'on peut adresser à sa composition. Si quelques groupes du second plan, au centre du tableau, manquent de relief, si l'air ne circule pas bien partout, si le mouvement de l'officier de tirailleurs algériens, portant un sac-à-terre, est maniéré, ces défauts ne sont-ils pas rachetés par les qualités les plus sérieuses, par l'excellente entente d'une aussi vaste composition, par un dessin toujours vrai. toujours correct, par une couleur solide et une exécution large ? Si la scène est moins dramatique que dans la Prise de la tour Malakoff exposée en 1857, c'est qu'ici c'était une mêlée et que, dans le tableau que nous examinons, les Russes, étant repoussés en dehors de la gorge. les combattants sont séparés par un espace qui ne permet pas de s'aborder à la baïonnette. Sans quitter le Salon central où nous sommes, nous trouvons, en face, un autre épisode de cette glorieuse campagne de Crimée nous assistons au Débarquement de l'armée française à Old-Port, en Crimée, le 14 septembre 1854. Ce tableau, peint par M. Barrias, donne une parfaite idée du débarquement de l'armée l'oeil embrasse une grande étendue de la côte et de la mer on aperçoit les chalands, les chaloupes, les canots-tambours, les canots ordinaires remplis de soldats abordant le rivage, sur trois points à la fois on voit les trois divisions se former et leurs colonnes venir défiler devant le maréchal Saint-Arnaud et son état-major, au cris de Vive l'Empereur !... Il y a de l'élan, de l'enthousiasme dans cette composition qui se recommande encore par la couleur et le mérite de l'exécution. Un autre tableau d'une exécution remarquable, c'est celui de M. Muller la Proscription des jeunes Irlandaises catoliques , en 1655, scène d'un intérêt on ne peut plus pathétique, et rendue avec une grande puissance d'expression et de couleur. La protestante Angleterre voulant qu'il n'y eût plus de catholique en Irlande, et qu'à leur place il s'établît des protestants, au lieu de se borner à tuer, prend le parti de les déporter de force. Une fois, dit la notice du livret, on enleva d'un seul coup mille jeunes filles irlandaises qu'on arracha aux bras de leurs mères pour les conduire à la Jamaïque, où elle furent vendues comme esclaves. C'est à cet acte de fanatisme anglais que l'artiste nous fait assister. Par un temps brumeux, de grand matin sans doute, une soldatesque brutale, sous les ordres de leur capitaine, embarque de force les jeunes filles en proie au désespoir. Les unes se débattent énergiquement, se réfugient dans les bras de leurs mères qui les défendent en vain les autres, résignées, pleines de foi en Dieu, acceptent comme un martyre le sort affreux qui les attend. La figure du capitaine est belle et énergique, mais le groupe le plus saisissant c'est celui du centre du tableau l'expression de résignation de la jeune fille est remplie de noblesse. Nous avons dit que les ouvrages de M. Gérôme n'ont pas, cette année, te succès obtenu par soit Duel au sortir d'un Bal masqué , par les Re crues égyptiennes , par sa Prière chez un Chef arnaule , autour desquels on se pressait au Salon de 1857. Celui des trois tableaux de cet artiste qui, par son sujet, aurait dû impressionner le plus la Mort de César , est justement celui devant lequel la foule s'arrête le moins. Pourquoi cela ? serait-ce son voisinage qui lui nuirait ? peut-être faudrait-il le voir seul, sur un fond et dans un jour plus convenables ? Pourtant, il est composé de manière à produire une profonde sensation le cadavre de César, frappé de trente-cinq coups de poignard, est là, étendu au pied de la statue de Pompée, gisant dans l'ombre, sur le pavé de cette vaste salle du Sénat, maintenant déserte, silencieuse, abandon née des conjurés qui ont fui épouvantés de leur crime. Le désordre des vêtements, la main droite coupée, lacérée, pleine de sang, la chaise curule renversée, les traces de pas ensanglantés, tout témoigne de la lutte soutenue par César contre ses nombreux assassins. Ce manuscrit déchiré, taché de sang, qu'on voit près du corps de César, est sans doute la note confidentielle qu'il n'a pas eu le temps de lire, et qui révélait la conspiration. Le demi-jour qui règne dans cette salle ajoute encore au froid qu'inspirent ces dalles, ces murs de marbre, ce vide immense qui s'est ait autour d'un cadavre. Au point de vue de l'exécution, on reproche à M. Gérôme d'avoir fait du bronze et non de la chair. Ce reproche est surtout fondé pour les tons vert-de-gris du masque mais le raccourci est bien senti, le désordre de la draperie est naturel, sans la recherche ou le laisser-aller de mauvais goût dans lequel serait tombé un artiste moins capable. Ave , Coesar imperator , morituri te salutant , le Salut des Gladiateurs , du même peintre, n'est pas moins dramatique que le précédent sujet. Des milliers de spectateurs occupent les innombrables gradins de l'amphithéâtre du Cirque une lutte vient de finir les employés du Cirque harponnent et traînent hors de l'arène les cadavres des gladiateurs qui ont succombé, comme on le fait des taureaux tués dans les cirques espagnols d'autres jonchent de sable nouveau les parties de l'arène qui ont été foulées dans la lutte et les marcs de silng formées çà et là enfin, les nouveaux combattants viennent saluer César, qui, dans sa loge, assiste à ce spectacle aimé des Romains. Autant le grand tableau de la Mort de César est vide de personnages, autant celui-ci, de petite dimension, est rempli. La lumière est savamment répartie, la couleur a de l'éclat, mais le dessin laisse à désirer dans quelques-unes des figures du premier plan. Nous adresserons le même reproche à la figure principale du troisième tableau, le Roi Candaule . Lysias est d'un dessin nature, mais les formes manquent d'élégance, de finesse. Du reste, cette petite composition est charmante elle est arrangée avec un goût exquis et d'une harmonie de couleur on ne peut plus agréable. M. Eugène Delacroix, qui n'avait rien au dernier Salon, a envoyé, cette fois, huit tableaux la Montée au Calvaire , 819 - le Christ descendu au Tombeau , 820 -Saint Sébastien , 821 - Ovide en exil chez les Scythes , 822 -Herminie et les Bergers , 823 -Rébecca enlevée par le Templie r, 824 -Ham let, 823 - les Bords du fleuve Sébou , 826. Que dire de ces peintures ? Bornons-nous à sténographier un entretien qui résume les diverses opinions racontons notre conversation avec une personne qui. un journal à la main, et après avoir cherché en vain, vint nous demander où étaient les tableaux de Delacroix. - Devant vous, lui répondîmes-nous. - Ça ? - Oui. - Cela n'est pas possible ! - Voyez la signature. - En effet. Delacroix... Eh bien ! ça n'est pas beau vraiment, je ne comprends pas que mon journal trouve cela admirable. - Pourquoi vous étonner ? n'avez-vous pas lu et entendu dire que Paul Delaroche n'était pas un peintre que H. Vernet n'était qu'un crétin, un badigeonneur à la toise? Qu'on dénigre ce qui est bien et beau, qu'on loue ce qui est laid et faux, cela ne change rien aux choses elles restent toujours ce qu'elles sont réellement. D'ailleurs, il y a des gens qui, par goût, aiment la laideur, épousent des êtres repoussants, hideux. - Sans doute mais ces goûts-là ne sont pas ceux de la majorité - Regardez, voyez-vous beaucoup de monde s'arrêter aux tableaux de M. Delacroix? - C'est vrai, personne. Aussi, ne puis-je croire que mon journal ait sérieusement trouvé cette peinture admirable. - Vous avez tort tous les goûts sont dans la nature. - Mais enfin, Monsieur, de deux choses l'une ou les peintures du Musée du Louvre, qui nous montrent la nature sous de si jolis aspects, avec des formes si belles, si variées. avec une richesse, une harmonie de couleur qui séduisent, sont des chefs-d'oeuvre, et celles que nous avons là, sous les yeux, ne sont que des pochades, ou bien les huit tableaux de M. Delacroix sont admirables, et les tableaux du Louvre, les Raphaël, les Titien, les Véronèse, les Poussin, ceux des maîtres anciens et modernes, ne sont que des croûtes, car, entre les tableaux que nous examinons et ceux des grands maîtres, il y a la distance du laid au beau il n'existe enfin aucun rapport. - Ce jugement est sévère, et c'est probablement parce que lesoeuvres de M. Delacroix n'ont de rapports avec aucune autre qu'elles excitent l'admiration de quelques hommes. - Je le croirais volontiers, puisque j'ai lu, il y peu de jours, que ce qu'il y a surtout d'admirable dans cette jument sauvage du tableau 822 , c'est que ce n'est pas un cheval , et, je vous l'avoue, Monsieur, j'avais toujours pensé que. pour représenter un cheval, il fallait faire un cheval, qu'un arbre en peinture devait ressembler à un arbre je comprends maintenant pourquoi personne ne s'adresse à cet artiste pour faire faire son portrait... - Décidément, vous n'aimez pas ce genre de peinture cependant, je veux vous réconcilier avec quelques-unes des oeuvres de cet artiste. - Ce serait difficile. - Moins que vous le supposez. Allez au Musée du Luxembourg, allez voir le Dante aux Enfers, tableau qui date de plus de trente ans, et qui n'a rien de la manière adoptée depuis par M. Eugène Delacroix. Ce tableau sera toujours compté parmi les meilleurs de l'Ecole moderne, et j'en suis sûr, il vous plaira. Passons à l'examen des oeuvres d'un artiste trop tôt enlevé aux arts parlons des tableaux laissés par Benouville, jeune peintre d'un talent sérieux, et qui promettait d'arriver au premier rang dans la grande peinture historique Sa Jeanne d'Arc est vraiment inspirée elle tressaille en écoutant ta voix divine qui lui crie Jeanne la Pucelle. fille de Dieu, va en France, va en France. Hâte-toi, hâte-toi. La pose est énergique et simple on sent, au mouvement nerveux avec lequel cette jeune fille presse la quenouille de lin qu'elle était occupée à filer, on sent à la fierté, à l'éclat de son regard qu'un transport divin l'anime et qu'elle aura la puissance d'accomplir de grandes choses. Cette composition est l'oeuvre la plus complète de Benouville, comme pensée, comme dessin, comme couleur et comme exécution. Sainte Claire recevant le corps de saint François d' Assise , du même, est une scène plus compliquée, dont les groupes nombreux sont bien disposés, dont les figures principales sont touchées avec délica tesse, mais dont le modelé est moins vrai et le faire moins large que dans la Jeanne d'Arc. De ses deux sujets La Madeleine pénitente et la Toilette de Vénus , exposés par M. Beaudry, nous préférons le dernier. L'effet général est agréable, le groupe est gracieux, les formes de Vénus sont élégantes, d'un dessin plus arrêté que celui de la Madeleine, dont le modelé est cotonneux et la couleur blafarde. Nous engageons cet artiste de ne pas sacrifier son talent à la mode de ne pas chercher à faire du Diaz, dont l'insuccès de cette année dégoûtera, nous l'espérons, ses trop faciles imitateurs. Nous invitons nos lecteurs à voir les neufs tableaux de M. Diaz Galathée , 887, - l' Education de l' Amour , 888, -Vénus et Adonis , 889, - l' Amour puni , 890, -N'entrez pas, 891, -la Fée aux Joujoux, 892. -la Mare aux Vipères , 893, -Portrait de Mme A . P., 894, -Portrait de Mme S., 895. Ils regretteront comme nous qu'avec du talent cet artiste arrive à ne plus prendre la peine d'étudier, de dessiner et bientôt de modeler le coloris des chairs. Encore un pas dans cette voie et ses tableaux ne seront plus que des ébauches informes, incompréhensibles. M. Mazerolle aime les scènes dramatiques. Il avait au dernier Salon, Chilpérie et Frédégonde devant le cadavre de Galsuinthe cette fois, c'est Néron et Locuste, essayant des poisons sur un esclave , qui meurt en se débattant dans des douleurs horribles. Le cruel Néron, assis, la tête appuyée sur les deux mains, observe d'un oeil farouche les ravages que font les poisons sur l'esclave, qui se roule à ses pieds et à ceux de Locuste, vieille et ignoble femme dont l'aspect inspire le dégoût. Cette composition est vigoureusement touchée la figure nue de l'esclave est d'un dessin large et puissant la tête de Néron n'est peut-être pas assez largement dessinée, ce qui lui donne un peu l'air d' une vieille femme. L'inventaire d'une casemate russe après la prise de Malakoff , par M. Bellangé, est d'une si grande vérité de détails qu'on doit croire que cette scène a été peinte d'après nature, ainsi que cette autre toile Episode de la Prise de Malakoff , d'un intérêt plus dramatique. Mais le tableau qui impressionne le plus par son sujet, c'est Le Salut d'adieux , scène de tranchée devant Sébastopol . Un officier supérieur de zouaves vient d'être tué, deux zouaves l'emportent couché sur un brancard et recouvert de son caban partout sur son passage les zouaves cessent le feu et font face au convois pour rendre, par le salut militaire, un dernier hommage de respect et de regret au courage malheureux. L'expression de calme et d'énergie empreinte sur ces mâles visages est saisissante. Ces têtes sont touchées de main de maître et nous ne pouvons que féliciter la Commission de la loterie de l'Exposition d'avoir fait l'acquisition de ce tableau, ainsi qu'un autre du même genre, de M. Pils Défilé des zouaves dans la tranchée Siége de Sébastopol . Rien de plus vrai que les poses de ces troupiers qui marchent à la file, et courbés pour n'être pas aperçus ni éveiller l'attention de l'ennemi. Cette petite toile, d'une couleur vigoureuse, est le digne pendant de celle de M. Bellangé. Heureux ceux que le sort favorisera de ces deux intéressantes et remarquables compositions. Nous sommes convaincu que ces deux sujets, si sympathiques au peuple, ne sont pas étrangers à l'empressement qu'il montre à prendre des billets de la loterie, lorsqu'après avoir quitté l'atelier ou le magasin, il vient, le dimanche, visiter l'Exposition. Pour qui aime les arts, gagner pour un franc, soit une jolie gravure d'une valeur de cent francs, soit un charmant tableau de mille francs et plus, soit une belle sculpture en marbre ou bronze de mille à deux mille francs et peut-être davantage c'est touchant pour tout le monde 1 . Personne n'ignore que, depuis longtemps, les ouvrages des artistes étrangers étaient admis à nos Expositions des Beaux-Arts, qu'ils y étaient traités sur le même pied que ceux des artistes français, qu'ils y avaient les mêmes droits aux achats et aux récompenses du gouvernement. Cette courtoisie, - toute française, - l'administration l'a poussée plus loin encore, cette année elle a accordé des salles particulières aux peintures des artistes étrangers une pour les 1 Voici la liste des autres acquisitions déjà faite pour la loterie elle donnera une idée du goût que la Commission apporte dans ses choix -Rèverie, par M. Aubert. -Le Renard et les Raisins, par M. Balleroy. -Le Viatique en Bretagne, par M. Baudit. -Paysage, prière dans les environs de la Brie, par M. Bluhm -Troupeaux de vaches, souvenir des Pyrénées, par M. Auguste Bonheur. -Plantation d'un Calvaire, par M. Breton. -Une Couturière, par le même. -Les Soeurs de Charité, par Mme Henriette Browne. -Avant la Messe, par M. Capelle. -Représentation d'Athalie devant le roi Louis XIV, par les demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , par M. Caraud. -Femme de Mala di Goëte, par M. de Curzon. -Groupe d'Arbres au bord de la mer, par M. Desjobert, -L'Hospitalité, par M. Du-Belges, les Hollandais et les Allemands, et uni' entièrement réservée aux Anglais, qui, vu l'époque avancée, n'enverront probablement aucun ouvrage au Salon actuel. Parmi les artistes étrangers qui ont répondu à l'appel qui leur était fait, les Belges sont, comme de coutume, les plus nombreux et les plus remarquables. Il est vrai que beaucoup d'entre eux habitent Paris, que presque tous sont venus étudier et se perfectionner ici, et que le visiteur, en parcourant le Salon occupé par les ouvrages belges, peut se croire en face de peintures françaises. Il faut cependant en excepter le tableau -Les Maux de la Guerre, - de M. Lies, d'Anvers, dont la manière est une imitation de l'ancienne école allemande. Nous regrettons qu'avec un talent de premier ordre, cet artiste consacre son temps, sa patience à imiter les procédés, les trucs de tel maître, de telle école, au lieu d'être lui, d'être original, d'être vrai, non seulement par la pen-verger.-Le Déjeuner, par M. Fichel. - Un Paysage, par M. Hanoteau. -Souvenir du Château de Pétersheim, par M. Knyff. -Un Paysage, par M. La -morinière -Le Goûter des cueilleuses d'oeillettes, par M. Langée. -L'Étang de la ferme de Bourcq, par M.E. Lavieille. -Le Benedicite, par M. Lechevalier-Chevignard. -Faits divers, Intérieur suisse, par Armand Leleux. -La Vigie, par M. Le Poitevin. -Pêche au saumon, par M. Charles Lerou. -Animaux, par M. Van Marck. -Une Ronde d'officiers du temps de Charles-Quint, par M. Pinguilly-L'Haridou. -Un Novice de l'ordre Saint-François, par M. Ruipérez. -La Leçon, par M. Toulmouche. -Halte de contrebandiers, par M. Achille Zo. sée et le contour, mais encore par le modelé et la couleur. Cette scène des Maux de la Guerre au temps de la féodalité, est pleine d'intérêt. Deux seigneurs étaient en guerre le vainqueur a pillé, dévasté, incendié le château de son adversaire qu'il emmène prisonnier ainsi que tous les membres de sa famille. Ce vieillard marche accablé, avant à ses côtés ses deux fils garottés comme lui l'aîné, blessé à la tête, indigné des brutalités auxquelles son père est en but, cherche à rompre ses liens pour pouvoir le défendre et protéger sa mère et sa jeune soeur contre les propos, les grossièretés des chevaliers qui escortent la charette sur laquelle on les a placées. Les têtes de ces nobles chevaliers dévaliseurs, ont du caractère celles des deux femmes sont jolies, expressives mais les chevaux laissent bien à désirer, et cette composition qui, n'a qu'un premier plan, manque de perspective aérienne. Un autre peintre belge, M. Hamman, d'Ostende, a le bon esprit de chercher à ne singer aucun maître il ne se préoccupe que de l'étude de la nature, qu'il s'applique à interpréter de son mieux, comme le prouve son tableau de André Vésale professant à Padoue en 1546. On sait qu'ayant appris qu'en Italie on attaquait son système avec acharnement, Vésale y fit annoncer qu'il donnerait publiquement, à des jours déterminés, à Padoue, des conférences afin de confondre ses adversaires en démontrant ses découvertes sur le cadavre humain même. On sait que les savants accoururent de toutes les parties de l'Europe, que Vésale se surpassa dans es conférences, et que son triomphe fut com plet. C'est là le sujet que M. Hamman a su traiter avec esprit et talent. Son amphithéâtre est complétement rempli de spectateurs, et cependant l'air circule bien parmi ces nombreux groupes heureusement disposés. La lumière est savamment répartie et fait valoir le groupe principal l'attention est portée tout entière sur Vésale et le cadavre sur lequel il fait ses démonstrations. La pose de ce savant est simple, le geste noble, la tête inspirée, le dessin est vrai et plein de finesse de modelé, la couleur est puissante d'effet, quoique d'une exécution soignée dans toutes les parties du tableau. On retrouve les mêmes qualités de couleur et de dessin dans deux autres compositions moins importantes de cet artiste le Dante à Ravennes et Stradivarius . Les deux tableaux de M. Dobbelaere, de Bruges, sont inférieurs au mérite de ceux que nous venons de décrire. Sa peinture est d'un ton trop uniforme, trop monotone elle manque de chaleur, de relief. Il y a un peu plus d'effet dans la toile qui représente l'Assassinat de Charles-le-Bon comte de Flandre , que dans celle qui nous montre Memling , malade à Bruges, peignant la châsse de Sainte-Ursule mais ce dernier sujet est mieux dessiné, mieux composé. M. Lévy, jeune pensionnaire de l'école française à Rome, se montre meilleur coloriste dans sa grande composition intitulée le Souper libre . Ce souper précédait le jour où les condamnés devaient être livrés aux bêtes dans les cirques romains. La salle où ils mangeaient était pleine de peuple, et nos saints martyrs lui adressaient la parole, tantôt le menaçant de la colère de Dieu, quelquefois lui reprochant, avec ironie, sa curiosité brutale. C'est une semblable scène que M. Lévy a voulu rendre c'est saint Sature disant à cette foule qui entoure la table où lui et d'autres martyrs prennent le souper libre Le jour de demain ne vous suffira-t-il pas pour nous contempler à votre aise et pour assouvir la haine que vous nous portez?.. Remarquez bien nos visages, afin de nous reconnaître à ce jour terrible où tous les hommes serontjugés. Il y a dans ce tableau deux jolies têtes de femmes, mais on regrette la froideur des autres personnages, et surtout des groupes populaires auxquels le saint adresse des reproches. Ruth et Noémi , du même artiste, est un tableau moins considérable, mais qui se distingue par la couleur et le dessin. Un artiste dont les oeuvres ont le caractère éminemment religieux, M. Lazerges, a exposé Jésus embrassant la Croix , -Reniement de Saint Pierre - et les Dernières Larmes de la Vierge . Cette dernière composition rappelle, par la beauté du sentiment et le charme de la couleur, le tableau de la Mort de la Vierge, qui a val lu à cet artiste un beau succès au Salon de 1853 et qui a été acheté pour la chapelle du palais des Tuileries M. Lazerges ne s'est pas borné à traiter des sujets de sainteté nous avons vu de lui deux charmantes toiles Rêverie et le Printemps . Dans cette allégorie, le Printempsest représenté par une jeune et belle femme nue, entourée de fleurs, de verdure, caressée par les zéphyrs et les amours qui voltigent autour d'elle. Cette toile est d'une grande fraîcheur de coloris, mais cette fraîcheur n'a rien de la fadeur du coloris de l'Amour en Visite de M. Hamon. Il y a deux ans, en nous plaignant de la continuelle répétition de ces petites figures de convention, nous disions à M. Hamon que nous avions foi en son talent, qu'il saurait trouver une variante même dans le néo-grec, en admettant qu'il ne puisse quitter ce genre. Hélas ? nous nous reprochons ce conseil, car ce gros poupart rosé qui ne peut se tenir sur ces jambes, nous fait regretter l'éternelle jeune fille de ses compositions d'autrefois. Ce fiasco nous afflige, et nous engageons cet artiste distingué à revenir à ses moutons, aux gracieuses compositions des précédentes Expositions, au néo-grec, genre dans lequel il réussit, et dans lequel, il est vrai, plusieurs artistes l'ont surpassé sous le rapport du dessin. Ainsi, cette année, M. Aubert s'est montré plus sérieux dessinateur dans son charmant tableau Rêverie , que la Commission de la loterie s'est hâtée d'acheter dans la crainte de se le voir enlever par quelque riche amateur. L' Amour blessé , de M. Bougereau, placé auprès de l' Amour en visite, de M. Hamon, nuit à ce dernier par la comparaison facile à faire et toute à l'avantage de la composition gracieuse de M. Bouguereau, dont l'amour est joli, malicieux et svelte. M. Curzon s'est également montré un charmant peintre dans sa Psyché rapportant à Vénus la boîte que lui a donnée Proserpine . C'est une jolie étude de femme. La composition du Tasse à Sorrante , par le même artiste, est aussi rendue avec une grande vérité de sentiment, de dessin et de couleur. Nous en dirons autant des deux tableaux de M. Hillemacher Boileau et son jardinier -Molière consultant sa servante . Ce dernier est d'un coloris-très vigoureux la servante rit bien aux éclats en écoutant la lecture de Molière. Le Supplice de Dolet , en 1546, par M. Bailly, est encore une composition bien comprise. Opprimus et plusieurs écoliers, profitant de ce que la foule force le cortége à ralentir sa marche, désunissent subitement l'enceinte formée par les soldats, et se précipitent auprès du chariot Adieu, Dolet ! s'écrie Opprimus en s'élançant sur les rayons de la roue et s'élevant jusqu'à Dolet, qui lui serre la main avec effusion et lui dit Ne pleure donc pas, enfant vois comme je suis tranquille il est beau de mourir pour une belle cause, et c'est un bonheur que l'homme doit envier... Il n'en dit pas plus un soldat arrache violemment Opprimus et le jette à terre. Cette scène, malgré la difficulté qu'elle offrait, est rendue sans confusion l'effet général du tableau est heureux et intéressant. Si les peintures de M. Etex sont d'une laideur, d'une médiocrité incontestées, si celles de M. Clésinger, quoique moins désagréables, moins dépourvues de toutes qualités, sont cependant très faibles, n'est-ce pas un devoir que d'engager ces deux sculpteurs à garder pour eux leurs essais en peinture ? Ils ne sont pas les seuls sculpteurs qui s'amusent à peindre nous avons connu plusieurs statuaires académiciens qui se livraient à ce délassement, mais ils avaient le bon goût de ne pas exposer, comme des oeuvres sérieuses, des essais plus ou moins réussis. Espérons que l'accueil fait à l' Eve 629 et aux deux paysages 630-631 de M. Clésinger au Christ prêchant sur le lac de Génézareth 1002 , au Printemps, à l' Eté, à l' Automne , à l' Hiver 1003 à 1006 , à l' Europe 1007 et à l' Afri que 1008 , de M. Etex, rendra plus modestes ces deux statuaires espérons d'ailleurs qu'à l'avenir les récompenses obtenues en sculptures n'exempteront plus du jury de peinture, les tableaux envoyés par des sculpteurs, et ainsi de même pour les autres branches des beaux-arts. Un très grand tableau qui, à coup sûr, aurait été refusé si son auteur, M. Glaize père, n'était, par ses récompenses, exempté du jury, c'est la Distribution des Aigles par l'empereur Napoléon III, le 10 mai 1852. On ne comprend pas qu'un artiste du talent de M. Glaize se soit égaré d'une manière aussi étrange, aussi complète. Ce qu'il y a de fâcheux, c'est que cette énorme caricature soit destinée au Musée de Versailles. Après avoir dit sincèrement notre opinion à M. Glaize père, nous applaudirons au début de son fils, M. Pierre-Paul-Léon Glaize, qui se présente pour la première fois aux Expositions, avec une grande composition, la Trahison de Dalila. Ce n'est pas une oeuvre irréprochable, sous le rapport de la couleur surtout mais quelques-unes des figures sont bien dessinées, les mouvements, les situations sont vrais tous les personnages concourent bien à l'action principale. L'auteur de cette grande toile n'a que dix-sept ans, dit-on il promet un bon peintre d'histoire s'il continue par des études sérieuses. En face de la Distribution des Aigles par l'Empereur , se trouve une autre grande toile due au pinceau de M. Court. Elle a pour sujet la Commission du Musée Napoléon présentant à LL. MM. II., au palais de Saint-Cloud, les plans du Musée fondé à Amiens par l'Empereur . Autant l'aspect du tableau de M. Glaize père est désagréable, autant celui de M. Court est satisfaisant. Tous les portraits sont très ressemblants et largement peints c'est une des meilleures peintures de cet artiste. Un autre tableau officiel, sagemet composé, c'est la Rentrée dans Paris de S.A.I. le Prince Prési dent, au retour de son voyage dans le midi de la France , en 1852. On retrouve dans cette toile, commandée pour le musée de Versailles, les qualités sérieuses du talent de M. Larivière dessin et couleur. Parmi les autres tableaux destinés au musée historique de Versailles, nous citerons la Charge des chasseurs d'Afrique au combat de Balaklava , le 25 octobre 1854, peinte par M. Philippoteaux avec un élan tout français la Prise de Tiguert-Hala , dans la Kabylie, par la division du général baron Renault, le 24 mai 1857. composition de M. Decaen qui promet un peintre de bataille de plus deux Combats de Kanghil , en Crimée, le 29 septembre 1855, l'un par M. Couverchel, et l'autre par M. Beaucé. Ce dernier artiste, pour rendre les actions militaires avec plus de vérité, suit nos états-majors dans leurs expéditions. Après avoir fait ainsi les campagnes d'Algérie, de Crimée, le voilà maintenant en Italie, disposé a suivre tous les mouvements de l'armée, à reproduire sur la toile les mémorables faits d'armes de cette guerre de délivrance et d'indépendance italienne. Les commandes destinées à la décoration des églises sont encore nombreuses cette année. M. le ministre d'État et M. le préfet de la Seine trouvent là un encouragement à donner à la grande peinture historique, et les artistes du notre époque pourraient s'y appliquer plus sérieusement s'ils avaient le bon esprit de se débarrasser de tout système, de toute coterie d'école. Un élève de M. Ingres, facile à reconnaître au ton gris et froid de sa couleur, M. Pichon, a exposé l'Annonciation , commandée par le ministre d'État, et Saint Clément , pape , envoyant les premiers apôtres évangiliser les Gaules , commandé par la ville de Paris pour l'église Saint-Séverin. Cette dernière composition a du style, les poses sont simples, le geste est noble. Le coloris de M. Duval-le-Camus est moins froid il vise plus à l'effet de lumière et d'expression dans son grand tableau Jésus au Mont des Oliviers , commandé par le ministre d'Etat. Une composition plus considérable, faite aussi pour le compte de l'État, Saint Paul frappé de cécité sur la route de Damas , est d'une couleur plus solide et d'un dessin plus ferme, plus arrêté. Son auteur, M. Cartillier, auquel, il y a deux ans, nous reprochions de n'être pas coloriste, a voulu nous prouver qu'il pouvait le devenir. En effet, il y a progrès. Les Disciples d'Emmaüs , sage composition, vigoureusement peinte par M. Dumas, pour l'église Saint-Louis-d'Antin, est bien préférable au Baptême de Clovis 496 , grande toile commandée par le ministère à M. Rigo, qui réussit mieux les sujets militaires que la grande peinture historique où les nus et les draperies demandent du style. Malgré le talent que l'artiste a mis dans l'exécution de cette grande page, la couleur est d'un ton si froid, l'effet si monotone qu'on a peine à croire que c'est l' oeuvre de l'auteur de cet autre tableau plus petit et plus vigoureusement touché Le Général en chef Canrobert venant le matin, visiter une tranchée attaquée pendant la nuit par les Russes , distribue aux blessés des récompenses et des encouragements . Quelques autres sujets religieux ont encore attiré notre attention Le Sermon sur la Mon tagne , de M. Meynier, d'un coloris plein de fraîcheur la Descente de Croix , savamment composée par M. Hesse la Vierge , Saint-Jean et la Madeleine au pied de la Croix , d'un ton un peu noir, mais d'un bon sentiment, par M Henry Scheffer le Retour des Saintes Femmes après la mise au tombeau , bien dessiné bien composé par M. Legras, et le même sujet traité avec beaucoup de sentiment par un jeune artiste, M. Marius Abel. Il y a de l'abattement dans la pose de la Vierge , une expression de noble et profonde douleur sur ses traits. L'effet du crépuscule complète l'impression de mélanco lie qu'inspire ce petit tableau Nous ne terminerons pas notre revue de la peinture d'histoire et de genre historique sans nous arrêter quelques instants devant plusieurs charmants tableaux celui de M. Caraud, représentant les Demoiselles de Saint-Cyr classe bleue , jouant Athalie devant Louis XIV , à Versailles , est encore une des perles de l'Expoition achetée par la Commission de la loterie. Le mérite des sujets exposés par M. Comte est moins complet que ceux qu'il avait à la dernière Exposition. Le Cardinal Richelieu et ses chats, que nous préférons comme composition, manque cependant d'harmonie de ton. Il y en a davantage dans le second tableau Alain Chartier endormi recevant un baiser de Marguerite d'Ecosse, mais l'exécution laisse à désirer. M. Devéria est toujours coloriste, comme le prouve ses deux tableaux Mort du Fils de la Sunamite , et une scène de l' Henri VIII de Shakspeare M. Jacquand ne l'est pas moins en nous montrant Pérugin peignant chez les moines , à Pé rouze. Des cinq tableaux de M. Heilburth, de Hambourg, nous préférons celui représentant Lucos Signorelli , peintre florentin , contemplant son fils tué dans une rixe la scène est bien disposée, les figures mieux dessinées. Le Zeuxis de M. Mottez est une jolie composition qui excite l'intérêt. Pline nous apprend qu'avant de travailler à sa Junon Lucinienne, dédiée par les Agrégentins au temple de cette déesse. Zeuxis obtint de voir leurs filles nues, parmi lesquelles il en choisit cinq pour copier ce qu'il y avait de plus beau en chacune et en formermer sa Junon. Ce sujet est traité avec convenance et avec talent l'artiste a su éviter le côté trivial qu'il offrait. Fermée aux visiteurs pendant huit jours pour la permutation des tableaux qui a lieu habituellement vers le milieu de sa durée, l'Exposition a été rendue publique lundi dernier. Quelques toiles qui méritaient aussi une place au salon d'honneur, y sont venues occuper celles d'un certain nombre de peintures transportées, à leur tour, dans les galeries voisines. A la place du Débarquement des troupes en Crimée , peint par M. Barrias, on voit maintenant le second tableau de M. Yvon, qui, n'étant pas achevé, n'avait pu figurer encore à l'Exposition. Le fait d' armes que cet artiste a été chargé de représenter est encore un épisode de la prise de Sébastopol. le 8 septembre 1835 c'est la Courtine de Malakoff . La division du général IjfinKitUirougGr s'étant élancée sur la courtine qui relie Malakoff au Petit-Redan, envahit la seconde ligne de défense. Mais la mitraille écrasse les têtes de colonnes de cette brave troupe, et, pour répondre à l'artillerie russe, qui cause dans nos rangs de si cruels ravages, l'ordre est donnée au commandant Souty d'amener devant la courtine les deux batteries du 10 e régiment qu'il commande. Les pièces traversent au galop le terrain effondré que labourent les projectiles, et engagent résolument une lutte héroïque, mais inégale, dans laquelle hommes, chevaux, affûts, caissons sont bientôt broyés par les calibres supérieurs de l'ennemi. Cependant, la division Dulac et les réserves de la garde s'élancent pour la soutenir. C'est le bataillon de chasseurs à pied de la garde, dont l'intrépide commandant Cornulier de Lucinière est frappé à mort en entraînant sa troupe ce sont les 1 er et 2° régiments de grenadiers de la garde, colonels Blanchard et d'Altan, conduits par le général Mettinet, qui franchissent audacieusement les épaulements de nos tranchées c'est le général de Failly, à la tête des voltigeurs de la garde, colonel Montera, qui reçoit une blessure mortelle. M. Yvon a répondu, comme nous l'espérions, aux attaques passionnées auxquelles son tableau, la Gorge de Malakoff que nous avons analysé en commençant ce chapitre, a été en butte. L'air circule partout dans cette mêlée l'oeil saisit bien l'ensemble de l'action l'intérêt, répandu partout, est cependant attiré plus particulièrement sur le personnage principal de la composition placé au centre du tableau le général Bosquet, qui, dirigeant l'ensemble des attaques, est atteint d'un éclat de bombe au flanc droit, un peu au-dessous de l'épaule, sent ses forces trahir son courage. On l'emporte sur une civière mais la pluie de projectiles est telle, que le fanion du général est brisé dans les mains du maréchal des logis Rigodit, et que, à plusieurs reprises, les porteurs du brancard sont tués. Ce groupe est palpitant d'intérêt il exprime un sentiment inconnu dans les armées étrangères il peint l'amour, l'affection du soldat. C'est qu'en France on n'achète pas ses grades, c'est que chacun doit les gagner sur le champ de bataille, c'est que les chefs partagent le danger et les privations du soldat, c'est que le général est véritablement le compagnon d'armes du soldat qui sacrifierait sa vie pour lui, comme ce zouave qui meurt en pressant la main du général Bosquet, dont il a si souvent apprécié le courage, et pour lequel il eût donné dix fois sa vie. Cette grande toile, qui fait pendant à celle qui l'a précédée à l'Exposition, la Gorge de Malakoff , sera l'objet des critiques malveillantes, il faut que son auteur s'y attende. Le grand succès qu'il a obtenu au dernier Salon a excité l'envie, et la jalousie va le poursuivre comme elle a poursuivi Horace Vernet. Ceux qui, par esprit d'opposition, ont le plus décrié les ouvrages de ce grand artiste vont le louer pour nuire à M. Yvon, comme si deux artistes, d'un mérite différent, ne pouvaient pas briller dans le même genre de peinture. Il en a été de même pour notre célèbre tragédienne Rachel dans les derniers moments de sa vie, on lui opposait, on exhaltait, par dénigrement, le mérite de M me Ristori, qui, depuis la mort de Rachel, a vu la vogue, le succès de venir presque de l'indifférence, sans que son talent ait été moins grand cette année qu'il n'était il y a deux ou trois ans. Les qualités du mérite de M. Yvon reposent sur des études sérieuses et non sur telle niaiserie de métier, sur tel truc à la mode ou en vogue il pourra, comme tout artiste, se montrer inférieur dans une composition qui l'aura moins inspiré, mais saura bientôt se montrer supérieur dans une autre. III. TABLEAUX DE GENRE. Mu, Henriette Browne. - MM. Hébert. - Curzon. - Breton. - Luminais. - Brion. - Zo. - Knaus, - Anker. - Henri Baron. - Cabanel. - Compte-Calix. - Duverger. - Fichel. - Vetter. - Chevet. - Guérard. - Girardet. - Bouvin. - A. Leleux. - Toulmouche. - Trayer. - Castan. - Roenh. - Plasson. - Landelle. - Hillemacher. - Vibert. - Brillouin. - Gendron. - Ruiperez. Nous l'avons dit en commençant notre revue du Salon, les tableaux de genre y sont encore, comme aux années précédentes, très nombreux et très remarquables. Quelques-uns sont traités avec l'ampleur et la puissance de la grande peinture historique de l'Ecole française. En tête de ceux-ci, il faut placer les ouvrages de Mme Henriette Browne, artiste du plus grand mérite, d'un talent si vrai, si réel, qu'il plaît à tout le monde, à celui qui a la prétention de se connaître en peinture, comme à celui qui dit Ça me plaît parce que c'est beau, parce que ça impressionne, ça parle, ça vit, et aussi à l'artiste impartial qui aime le choix et la vérité dans l'imitation de la nature. Mme Henriette Browne a représenté, sur une toile de grande dimension, deux Soeurs de charité l'une tient sur ses genoux un enfant malade, enveloppé d'une chaude couverture de laine elle le regarde avec intérêt, tout en consultant les pulsations du pouls du pauvre enfant, pâli, amaigri par la fièvre, abattu par des crises nerveuses l'autre Soeur jette un regard inquiet sur ce jeune malade pour lequel elle prépare une potion calmante. Cette scène, simple, touchante, est saisissante d'effet elle est grassement et franchement peinte, d'un dessin et d'un modelé nature. Il n'y a pas jusqu'aux accessoires qui n'aient été traités en maître la couverture de laine est un véritable trompe-l'oeil. Aussi cette admirable peinture a-t-elle été achetée pour la loterie et payée, dit-on, 12,000 francs par la commission. Que Mme Henriette Browne continue à marcher dans cette voie, qu'elle fasse toujours de la peinture pour tout le monde, c'est-à-dire de la peinture qui parle à tous par la simplicité, la vérité du sentiment et de l'exécution qu'elle ne consulte que la nature en résistant aux gens à système qui inventent une nature, qui fontdu bizarre, du hideux, en croyant faire du nouveau, de l'original qu'elle reste enfin l'interprète fidèle de la nature, et nous lui prédisons de nouveaux et plus grands succès encore aux prochaines Expositions. Plusieurs petites toiles de cette artiste prouvent que son pinceau large et mâle sait devenir, au besoin, d'une grande finesse sans perdre de sa vigueur. La Toilette est un petit tableau charmant de simplicité et de vérité c'est une toute jeune fille qui habille son plus jeune frère. Mme Henriette Browne a encore un Intérieur et un Portrait sur lesquels nous reviendrons plus tard. M. Hébert est un artiste de talent qui s'égare ou que la camaraderie égare par ses flatteries. Un certain charme de coloris ne suffit pas pour remplacer la vérité et intéresser, quand même cette manière paraîtrait nouvelle et serait à la mode. Des types laids, maladifs des femmes, des enfants en haillons des chairs jaunes, vertes, violettes, en décomposition des figures tristes, silencieuses, indifférentes les unes aux autres, quoique réunies et groupées une peinture riche de tons, mais délayée, confuse et comme effacée par la pluie ou par tout autre frottement telles sont les qualités et les défauts des deux tableaux que M. Hébert a exposés sous ces titres les Cervarolles Etats-Romains et Rosa Nera à la fontaine. Au premier aspect, ces tableaux attirent, mais l'examen de ces femmes inspire l'éloignement. Il n'en est pas de même des compositions de M. Curzon, dont le coloris est un peu froid, le ton des chairs un peu rouge. Ses moindres sujets sont intéressants, ses types sont nature et bien choisis. La plus grande toile de cette artiste représente Une jeune Mère souvenir de Picinesca, royaume de Naples . Cette jeune mère est une belle Italienne qui file et regarde avec bonheur son enfant endormi. La manière large de cette peinture, le style qu'on trouve dans les grandes et petites toiles de M. Curzon, annoncent en lui un homme capable d'aborder avec succès la grande peinture historique, à laquelle nous espérons le voir se livrer bientôt. Son petit tableau acheté par la commission de la loterie nous plaît beaucoup ces Femmes de Mola di Guëte sont d'un dessin vrai, fin et joli. Nous aimons moins la Moisson dansles Montagnes de Picinesca . M. Breton est un véritable peintre de genre les scènes familières conviennent mieux à son talent que celles d'un sentiment élevé. Son meilleur tableau est certainement le Rappel des Glaneuses . L'effet de lumière du soleil couchant était favorable à la couleur toujours un peu grise, un peu monotone de cet artiste, qui rachète ce défaut par une parfaite entende de la composition et un dessin toujours vrai. Le groupe des glaneuses, qui occupe le centre du tableau, est très imposant il y a de la noblesse dans la marche de ces trois paysannes qui rappellent, au souvenir, les moissonneurs de Léopold Robert. La Plantation d'un Calvaire , tableau acheté pour la loterie, est une composition bien ordonnée dont les physionomies semblent être autant de portraits. On croit connaître tous ces personnages tant ils sont nature. Mais c'est surtout cette autre petite toile, également achetée pour la loterie. qui a un cachet de vérité. Comme cette couturière est bien à son travail ! Et cette scène de cabaret -Le Lundi , - comme elle est vraie aussi ! comme tous les personnages concourent bien à l'unité de l'action ! Nous préférons de beaucoup cette scène de cabaret, de M. Breton, à cette autre scène de cabaret , d'un caractère ignoble, peinte par M. Luminais. il y a plus de couleur, de fougue, dans cette dernière, mais les types sont affreux, repoussant, tandis qu'ils sont nature, mais sans laideur, dans le tableau de M. Breton. En fait de types bretons, nous aimons assez la Porte d'Eglise pendant la messe en Bretagne , par M. Brion ces paysans, qui se tiennent debout à la porte de l'église au lieu d'y entrer, ne sont pas laids. C'est une erreur que de croire qu'onre-présente mieux un homme du peuple en en faisant un cretin qu'en lui donnant le caractère mâle, énergique, qui convient au travailleur et à l'homme des champs, chez lesquels se trouvent développées les forces physiques qui font la beauté des formes. Nous avons encore remarqué, du même artiste, une composition pleine de sentiment c'est Un Enterrement bords du Rhin . La commission de la loterie a acheté encore Une Halte de Contrebandiers espagnols , par M. Zo. Cette petite toile est d'une couleur chaude. puissante, qui séduit on se croirait sous le beau ciel de l'Andalousie. Les groupes sont heureusement disposés, les figures sont correctement dessinées, les femmes surtout sont jolies ce sont de belles Espagnoles. Dans un autre chapitre, nous parlerons des deux aquarelles exposées par ce peintre. Un peintre de genre, de l'école de Dusseldorf, dont nous avons eu occasion de louer le talent, M. Knaus, qui avait, au Salon de 1857, deux charmants tableaux, n'a exposé, cette année, qu'une seule toile la Cinquantaine . Cette composition est d'un sentiment si vrai qu'elle attire la foule des visiteurs. Si nous en jugeons d'après les types et les costumes des personnages, la scène se passe dans la campagne du duché de Bade. La joie contenue, la gravité allemande des deux viellards qui dansent sous un vieux chêne, au milieu de leur famille et de leurs amis réunis le bonheur de cette jeune femme, leur fille, qui allaite son enfant la gaîté bruyante des jeunes enfants, et le calme imperturbable de ces gros Allemands qui fument assis au pied du gros arbre, tout cela est rendu avec une finesse d'observation parfaite et une grande vérité de dessin. Rien de plus joli que cette jeune mère et que ces blonds enfants rien de plus séduisant, de plus harmonieux que la couleur de ce délicieux tableau. Le coloris brillant de M. Anker n'est pas le seul point de ressemblance qu'il ait avec M. Knaus il s'est montré aussi bon observateur, aussi bon dessinateur dans le tableau qu'il a exposé sous ce titre Une Ecole de Village dans la Forêt-Noire . Il y a là de charmantes têtes d'enfants, d'une variété d'expression bien appropriée à l'action le type du maître d'école a le cachet d'originalité du métier il a été si heureusement choisi, qu'on doit croire que l'artiste s'est glissé sournoisement dans un coin de cette école de village, parmi les écoliers, pour rendre cette scène intime avec autant de vérité. -La Fille de l' Hôtesse , grande toile du même artiste, prouve, une fois de plus, la puissance de sa couleur et la science de son dessin. Mais cette composition, tirée d'une ballade de Uhland, est moins complète que la première. Puisque nous parlons de coloristes, citons l' Entrée d'un Cabaret vénitien où les maîtres peintres allaient fêter leur patron saint Luc . M. Henri Baron s'est montré à la hauteur de son sujet, il s'est fait peintre vénitien il a mis dans cette petite toile l'éclat, la vigueur, le charme de la couleur, la richesse de la mise en scène, l'action et le mouvement, toutes les qualités qui distinguent les maîtres de l'école vénitienne. Nous lui reprocherons cependant d'a voir négligé un peu le dessin de quelques-unes des figures. - Citons la Veuve du Maître de Chapelle, d'un effet de lumière savamment combiné et parfaitement en harmonie avec ce sujet. M. Cabanel y a mis un sentiment tout artistique. L'expression de douleur de la veuve du maître de chapelle est navrante il y a des larmes dans son regard, en entendant exécuter, sur l'orgue, par ses enfants, le meilleur oratorio, le dernier morceau composé par l'artiste qu'elle pleure, par le père chéri de ses enfants, par l'époux adoré qu'elle a perdu ces figures sont jolies, d'un dessin fin, élégant. - Le Chant du Rossignol, composition gracieuse qui représente de jeunes et belles personnes écoutant en silence, la nuit, dans le parc du château, par un magnifique clair de lune, le chant du rossignol. Cette peinture, de M. Compte-Calix, est pleine de poésie elle fait rêver, elle rappelle de doux souvenirs de la vie de château. - Citons aussi l' Hospitalité , petit tableau de M. Duverger, qui a été acheté par la loterie et qui est encore une peinture de la vie des champs. Une dame surprise, pendant sa promenade, par la pluie et l'orage, vient demander à s'abriter chez un brave paysan qui l'accueille de son mieux. Cette scène si simple intéresse par la vérité avec laquelle elle est rendue elle séduit par la finesse du dessin et la vigueur du coloris. La commission de la loterie, qui a fait preuve d'infiniment de goût dans ses choix, a acheté un tableau très finement touché par M. Fichel, un des plus intelligents peintres de l'école Meissonnier. Le Déjeûner , tel est le titre du tout petit cadre dans lequel l'artiste nous montre un célibataire admirant, avant de le déguster, le ton chaud et doré d'un vin blanc d'Espagne. Ses autres très petites toiles, d'une grande finesse, sont Des Amateurs dans un atelier de Peintre Un Café de province au XVIII e siècle Une Bibliothèque d'Estampes Un Fumeur Un Gentilhomme de garde , et le portrait de M. Louis Monrose, de la Comédie-Française. - De ce genre miniature à l'huile, nous devons signaler le Départ pour la promenade, par M. Vetter, d'une touche plus franche, plus hardie sans être moins délicate. Ce jeune seigneur, qui met ses gants en se mirant, est fièrement campé la satisfaction règne sur ses traits ce beau garçon est content de lui. Enfin, M. Chevet, le plus habile de l'école Meissonnier, a exposé six très petites toiles, parmi lesquels nous avons remarqué tout particulièrement Un Peintre regardant son tableau dans un miroir noir. C'est un petit chef-d'oeuvre de dessin et de couleur. Nous avons encore à parler de quelques peintres de genre d'une école plus originale, d'un pinceau plus large, plus franc. Une Messe du matin à Monter fil Ille-et-Vilaine , par M. Guérard, est une peinture aussi vraie, aussi naïvement vraie que l' Ecole de Village de M. Anker Nous aimons encore du même artiste Vive la Fermière! la Parbutte Fête après le battage des Grains Ille-et-Vilaine . La physionomie de cette bonne fermière, qu'on porte en triomphe, est vraiment heureuse, et l'on éprouve du plaisir en voyant l'entrain joyeux des groupes qui la suivent en chantant et en dansant. La couleur de ce tableau a beaucoup d'éclat et de fraîcheur, trop de fraîcheur peut-être pour des teints hâlés par le soleil des champs. - Nous adresserons le même reproche au tableau de M. Edouard Girardet Noce de Village , gracieuse composition d'un ton par trop rosé. La peinture de M. Bouvin est plus solide, plus vraie. Il entend à merveille l'effet de clair-obscur. La Lettre de recommandation est, sous ce rapport, un vrai trompe-l'oeil. La tête de la soeur abbesse, qui lit la lettre, est un portrait plein de finesse et de bonhomie qui contraste avec la raideur des deux novices. En tête des autres tableaux du même peintre, nous plaçons la Ravaudeuse , type on ne peut plus vrai. Puis vient le Liseur et l' Intérieur de Cuisine . M. Armand Leleux est également un peintre des scènes familières de la vie, qu'il rend avec un sentiment vrai. C'est en Suisse que cet artiste est allé chercher les sujets des tableaux qu'il a exposés. Les deux meilleurs sont, à notre avis la Leçon de Couture intérieur suisse , et Faits divers intérieur suisse . Ce dernier, qui a été acheté par la loterie, est une composition pleine d'intérêt. - La commission de la loterie aussi acheté à M. Toulmouche un charmant petit tableau d'un sentiment délicat et d'une exécution irréprochable. C'est une mère faisant dire la leçon à sa jeune fille. On retrouve le même charme de coloris, la même finesse de modelé dans les deux autres toiles la Prière et le Château de Cartes . Il nous est impossible d'analyser tous les tableaux de genre qui mériteraient de l'être le nombre en est trop grand. Nous ne pouvons cependant terminer ce chapitre sans mentionner la Famille , époque des vacances , par M. Trayer -Une Mère allaitant son enfant après le bain , par M. Castan -Travail et Lecture , par M. Roehn -Eva , par M. Plasson -Les Deux Soeurs , costume d'Alvito , par M. Landelle - La Prière du matin et la Partie de Billard, par M. Hillemacher -Une Visite domicilière sous la Terreur, par M. Vibert -Amateurs de Pein ture en visite, par M. Brillouin - L' Amour de l'Art et la Délivrance , par M. Gendron -Un Philosophe et un Novice de l'ordre de Saint-François , par M. Ruiperez ce dernier tableau est acquis pour la loterie de l'Exposition. IV. PORTRAITS. MM. H. Flandrin. - P. Flandrin. - Mme Browne. - Hébert. - Baudry. - Ricard. - Lazerges. - Robert. - Winterhaltter. - Duhufe fils. - Lehmann. - Landelle. - Cabanel. - Muller. - Motet. - E. Giraud. - Bonnegrace. - Scheffer Henri . - Bin. - Mme Schneider. - Madrazo. - Jobbé-Duval. - Pils. - Schopin. - Louis Boulanger. - Mme O'Connel. - Mlle Léonie Lescuyer. - Valadon. - Glaize père. Les portraits sont encore nombreux à l'Exposition de 1859, mais on les a disséminés avec tant de tact dans les salles et les galeries, que le regard du visiteur en est moins fatigué qu'aux années précédentes. Pourtant, il y a là beaucoup de types laids, de physionomies insignifiantes, de poses prétentieuses, de toilettes ridicules, qui ont du faire la désolation de l'artiste condamné à peindre de pareilles choses. Ce sont la vanité et la sottise peintes d'après nature c'est la preuve nouvelle que, malgré le progrès de la civilisation, le goût n'a pu pénétrer partout, et que cette anecdote, que nous empruntons à Diderot, sera vraie longtemps encore Un jeune homme fut consulté sur la manière dont il voulait qu'on peignît son père. C'était un ouvrier en fer. - Mettez-lui, dit-il, son habit de travail, son bonnet de forge, son tablier que je le voie à son établi avec un ouvrage à la main, qu'il éprouve ou qu'il repasse, et surtout n'oubliez pas de lui faire mettre ses lunettes sur le nez. Ce projet ne fut pas suivi on lui envoya un beau portrait de son père, en pied, avec une belle perruque, un bel habit, de beaux bas, une belle tabatière à la main. Le jeune homme, qui avait du goût et de la vérité dans le caractère, dit à sa famille en la remerciant Vous n'avez rien fait qui vaille, ni vous ni le peintre je vous avais demandé mon père de tous les jours, vous ne m'avez envoyé que mon père de tous les d manches. De tous temps les maîtres de la grande peinture historique, de la peinture monumentale, ont été en même temps les plus grands peintres de portraits. Les chefs-d'oeuvre de Raphaël, Titien, Murillo, Velasquez, Rubens, Van Dyck, et bien d'autres, chez les anciens de David, Gros, Gérard, Ingres, H. Vernet, Paul Delaroche, et d'autres peintres modernes, l'attestent d'une manière irrécusable. Pour qu'un portrait frappe l'attention, il ne suffit pas qu'il soit ressemblant, il faut qu'il vive par la physiononomie, il faut que le talent de peintre et de dessinateur s'y trouve réuni à ce degré de supériorité qu'on ne rencontre guère que chez les meilleurs peintres d'histoire. Nous en trouvons des exemples à l'Exposition actuelle. M. Hippolyte Flandrin, l'auteur des resques de Saint-Vincent-de-Paule et de Saint-Germain-des-Prés, a exposé trois portraits qui ont un mérite tellement réel, que les artistes des diverses écoles les proclament au-dessus de tous ceux qui figurent au Salon. Cependant. à en juger au fini extrême de la peinture de M.H. Flandrin, on se dit que ce travail de patience doit fatiguer la personne qui pose et qui doit poser si souvent, si longtemps, que l'ennui devrait décomposer les traits de la physionomie. Certes, ce serait là un écueil pour un artiste ordinaire, mais non pour un talent comme celui de M.H. Flandrin. Le portrait de Mme S... vêtue d'une robe de satin noir, le bras droit accoudé sur le dossier d'un fauteuil, est vivant le regard est sympathique, la pose gracieuse les bras, les mains sont dessinés et peints avec une pureté, une finesse de modelé telles qu'on dirait de la chair. Ce tableau est tout simplement un chef-d'oeuvre digne des plus grands maîtres. Les portraits de Mlles M..., qui probablement sont deux soeurs, ont également droits aux plus grands éloges. Celui où la jeune personne tient un coffret en ivoire est touché plus hardiment que les deux précédents, et celui de l'autre jeune personne, ayant un oeillet à la main, est d'un dessin si vrai, si correct, d'une expression si naturelle qu'on dirait qu'elle va parler. Il est des familles si heureusement partagées, que le talent semble échu à chacun de ses membres comme un droit de naissance. Nous venons de mentionner les oeuvres de M. Hippolyte Flandrin, le peintre d'histoire et de portraits, maintenant nous avons à parler de M. Paul Flandrin, qui ne se borne pas à être un grand paysagiste, mais qui s'est fait, lui aussi, un de nos meilleurs portraitistes. Il y a de si grands rapports entre ses portraits et ceux de son frère que la plupart des visiteurs les lui attribuent. Cette similitude est très sensible dans le portrait de Mme B... tant pour la pureté du dessin, la finesse du modelé, que pour le coloris qui pourtant est un peu plus noir. Un des portraits les plus vivants, les plus franchement faits, les plus grassement modelés, c'est le portrait de M. de G., peint par Mme Henriette Browne, avec cette couleur puissante, chaleureuse, que nous avons déjà signalée dans un précédent chapitre. A la hardiesse avec laquelle ce tableau est touché, personne ne le croirait l'oeuvre d'une femme, d'une femme du monde, qui se cache, assure-t-on, sous un pseudonyme. Pourquoi se cacher lorsqu'on a le front ceint d'une auréole de gloire ? Est-ce modestie ? Mais, à une renommée aussi bien acquise, la modestie est au moins inutile. Est-ce vanité, préjugé aristocratique ? Mais y a-t-il une meilleure, une plus grande noblesse que celle du mérite ? Quel est le noble de naissance qui ne serait glorieux d'avoir produit les chefs-d'oeuvre de Raphaël de Michel-Ange, de Pierre Corneille, d'avoir pris Malakoff ou vaincu les Autrichiens à Magenta ? Non, de mesquins préjugés de société sont incompatibles avec une nature aussi élevée on n'est pas artiste sans aimer la gloire, et quand on aime la gloire, on met le mérite au-dessus des hasards de la naissance on est bien autrement fier de la renommée couquise qu'on ne l'est d'un nom de famille, tel ancien qu'il soit. Les motifs d'incognito de l'éminente artiste qui se fait appeler Henriette Browne, nous les devinons sans peine. Sa posi tion dans le monde l'obligeait à ne s'y montrer artiste qu'avec une célébrité solidement établie elle a donc, avant tout, voulu acquérir un renom. Nous ne pouvons qu'applaudir à une conduite aussi sage et à un succès aussi complet. Si M. Flandrin, si Mme Henriette Browne ne sacrifient aucune partie dans un tableau, si tout y est étudié, terminé, sans nuire à l'effet général, il n'en est pas de même pour M. Hébert qui a pour système de sacrifier tout ce qui s'éloigne du centre de la toile cela facilite, contribue à l'effet, mais c'est tourner la difficulté et non la vaincre. Le difficile est d'obtenir un fini sans détruire l'harmonie de l'effet, sans éteindre la verve de pinceau qu'on met dans une ébauche. Dans le portrait de Mme la marquise de L..., la lumière, l'étude sont données à la tête qui est, du reste, très remarquable sous le rapport du coloris et de l'expression mais tout le reste, les vêtements et les mains, est entièrement sacrifié, à peine indiqué, et comme enveloppé d'un nuage de suie. M. Baudry appartient au même système, non à la même école il sacrifie beaucoup dans ses portraits. Une dame qui regardait le portrait d'enfant exposé sous le titre de Guillemette , demandait à son mari pourquoi l'artiste n'avait pas achevé cette peinture ? - Parce qu'il en a été empêché par la mort, lui fut-il répondu c'est l'oeuvre dernière de Benouville, jeune artiste que nous venons de perdre il y a quelques mois. - Alors, mon ami, je comprends que le jury ait admis cette peinture à peine ébauchée. Cette confusion a eu lieu pour beaucoup de monde, et le simple B. de la signature n'a pu que confirmer, dans cette idée, ceux qui ne prenaient pas le temps de consulter le livret. Si la demande avait été adressée directement à l'auteur, à M. Baudry, il eût sans doute répondu, avec bonne foi - Je ne finis pas, parce que cela est trop difficile parce que je détruirais les qualités qui font de ce rien quelque chose. C'est surtout le langage de la camaraderie, de la flatterie qui entraîne l'artiste dans cette voie - Pour l'amour de Dieu, arrêtez-vous, lui dit-on plus un coup de pinceau ou vous gâtez ce petit chef-d'oeuvre ! c'est admirable, admirable, mon cher! Cependant, il nous semble que, pour avoir terminé un peu plus le portrait de M. le baron Jard-Panvillier , M. Baudry n'a rien gâté il y a, au contraire, dans cette oeuvre, la vie en plus, et personne ne dira pour ce portrait - C'est dommage que ce ne soit qu'une ébauche il eût été bien beau, achevé. Parmi les portraits de M. Ricard, nous en remarquons plusieurs qui semblent encore à l'état d'ébauche ainsi, la manche et la main du Portrait de Mlle L.S. sont à peine indiqués celui que nous préférons des huit portraits de cet artiste, c'est le Portrait de Mme E... le modelé est toujours un peu vague, mais la couleur est d'une harmonie qui séduit le regard. Plus consciencieusement modelé, plus finement peint et tout aussi séduisant, le Portrait de M. le comte de V..., par M. Lazerges, est un des plus beaux du Salon. Nous en dirons autant du Portrait de M . le comte de Morny , d'une grande ressemblance, peint par M. Robert, artiste belge. Mais les portraitistes qui ont le mérite de séduire plus particulièrement les visiteurs, c'est d'abord M. Winterhalter, la palette la plus chatoyante des peintres modernes. Son portrait en pied de cette belle et jeune princesse, en robe de soie aventurine, est d'une richesse de ton dont cet artiste a seul le secret. J'entends dire que cette couleur n'est pas toujours vraie. C'est possible elle est au moins aussi vraie que celle de certains coloristes dont la couleur, sans être plus vraie, a le désavantage de déplaire par des tons sales et des carnations flétries ou maladives. - Puis, M. Dubufe fils, autre charmeur, aux tons dorés, nacrés, diaphanes, le peintre par excellence des grandes dames, des robes de soie, des écharpes de gaze, des plumes et des lambris dorés, luxe qu'il aime et qu'il imite dans la perfection, sans négliger l'étude de la figure qu'il rend toujours gracieuse. Les cinq jolis portraits qu'il a exposés sont d'un dessin élégant celui de Mme la comtesse de R... est surtout très remarquable. - Ensuite, MM. H. Lehmann, Landelle, Cabanel, qui se distinguent aussi par le goût et le fini qu'ils apportent dans leurs peintures. M. Lehmann a exposé six portraits, parmi lesquels nous signalerons celui de Mlle J.-M. d'O.. ., représentée appuyée sur le dossier d'une chaise, et dont le raccourci de la main droite est bien réussi. Nous signalerons encore le très remarquable Portrait de Mme , par M. Cabanel, et celui de Mme P. F..., par M. Landelle. Le pinceau plus mâle, plus sérieux de M. Muller, a peint, avec une sobriété de détails, une sévérité de tons convenables, le Portrait de la Supérieure des Filles de la Compassion. Cette peinture large et solide nous rappelle le beau Portrait du Frère Philippe , par Horace Vernet. Un portrait d'une vérité de modelé, comme on en rencontre rarement, c'est cette Tête de vieillard peinte par M. Matet, et inscrite au Livret sous le n° 2115 ce n'est pas de la peinture, c'est la nature même. Un autre portrait bien vivant est celui de M . l'abbé Moret , chanoine de Saint-Denis, directeur de l'OEuvre des Jeunes Incurables, fondée par S.A.I. Mme la princesse Mathilde. Cette toile, de M.E. Giraud, est d'une couleur très vigoureuse les figures sortent du cadre. Le Portrait de M . Louis Jourdan , du Siècle, est une excellente peinture de M. Bonnegrace la physionomie du spirituel et profond écrivain a été parfaitement saisie. La ressemblance de M . le docteur Chur chill est aussi très grande dans le portrait peint par M. Henri Scheffer, le digne frère du grand peintre de ce nom, dont tout Paris court admirer les oeuvres réunies, en ce moment, dans une exposition particulière faite au profit de la caisse des artistes. Les portraits en pied ne sont pas très nombreux nous ne nous arrêterons qu'à trois d'entre eux. Celui de S. Exc. le maréchal comte de Castellane, commandé pour le musée de Versailles, à M. Bin, est une bonne peinture qui occupera bien sa place dans cette galerie qui compte de si beaux portraits. Le portrait en pied de Mme la marquise de D..., exposé par Mme Schneider, est remarquable par l'harmonie générale de l'effet, la vigueur du coloris, la noblesse de la pose et le goût de l'agencement. Nous adresserons les mêmes éloges au portrait de Mme A..., peint par M. Madrazo, qui a encore exposé deux beaux portraits l'un de S.A. l'infante dona Josefa, l'autre de Mgr. Guëll y Renté, époux de S.A. l'infante Josefa. L'un de nos bons peintres d'histoire, M. Jobbé-Duval, occupé à décorer de quatre sujets la chapelle Saint-Charles-Borromée à l'église Saint-Séverin, et de deux autres sujets la chapelle Saint-Denis à l'église Saint-Sulpice, n'a pu envoyer que trois portraits très largement peints. M. Pils a également deux portraits touchés avec la hardiesse qu'on lui connaît. Le portrait de Mme O... est une gracieuse peinture de M. Schopin ainsi que le portrait de femme, par M. Louis Boulanger, qui a encore le portrait de M. Dumas, et celui de M. Granier de Cassagnac, tous deux ressemblants. Des portraits non moins ressemblants sont ceux de M. Edmond Texier, le spirituel rédacteur du Siècle, et de M. Charles-Edmond L. peints par Mme O'Connel celui de Mme D... par Mlle Léonie Lescuyer, et ceux de deux jeunes artistes par M. Valadon. Nous avons dit franchement notre opinion sur le tableau de M. Glaize père la Distribution des aigles par l'Empereur , le 10 mai 1852. Nous avions le droit de nous montrer d'autant plus sévère envers cette oeuvre incroyable, que nous n'avons laissé échapper aucune occasion de faire ressortir le talent de cet artiste,et nous voulons, en terminant ce chapitre, rendre hommage nu mérite de son portrait de M . Louis Figuier . C'est une tête pleine d'expression, dans laquelle nous retrouvons les belles qualités de coloriste et de dessinateur que nous aimions dans M. Glaize père. V. INTÉRIEURS, PAYSAGES, ANIMAUX, MARINES, FLEURS ET NATURES MORTES. MM. Troyon. - Aug. Bonheur. - Marck. - Palizzi. - Rodolphe Lehmann. - Jadin. - Balleroy. - Mlle Léonie Lescuyer. - MM. Dubuisson. - D'Raussy. - Salmon. - P. Rousseau. - T. Rousseau. - Knyff. - Daubigny. - Besson. - Lapierre. - Leroux. - K. Girardet. - Cabat. - Anastasie. - André. - P. Flandrin. - Corot. - A. de Dreux. - Laugée. - Capelle. - Desand. - Baudit. - Lavieille. - Lamorinière. - Harpignies. - Hédouin. - Hanoteau. - Desjobert. - Justin Ouvrié. Si, aux yeux de quelques-uns de nos confrères, les oeuvres de MM. Yvon, Gérôme, Muller, Curzon, Lazerges, Bouguereau, Pichon, Lévy, Mazerolle, Henriette Brown, sont des toiles indignes de soutenir la réputation de notre école de peinture historique, opinion que nous sommes bien loin de partager, il est un point sur lequel nous sommes parfaitement d'accord avec eux, c'est qu'à aucune époque on n'a mieux fait le paysage et les animaux c'est qu'à aucun Salon on n'en a vu d'aussi remarquables et en aussi grand nombre Quoi de plus admirable que l'exposition de M. Troyon ? où rencontrer quelque chose de plus vraie et de mieux peint ? quel délicieux paysage que cette Vue des hauteurs de Suresne Seine-et-Oise ! l'oeil aime à se promener dans cette belle vallée, animée par des bestiaux qu'un jeune paysan a peine à surveiller, tant la richesse du pâturage semble réjouir ces animaux qui se répandent un peu partout. Cette grande toile est admirable de couleur les fonds sont fins, légers, sans être sacrifiés. Dans le Départ pour le Mar ché , l'effet est encore plus saisissant c'est la nature qui s'éveille. Le soleil perce de ses rayons les fraîches vapeurs de la terre on sent l'humidité de la rosée, on voit l'haleine des bestiaux l'illusion est complète. La température change dans le Retour à la Ferme le soleil décline, mais ses derniers rayons dorent encore la campagne c'est la lin d'une belle journée, c'est le calme de la nuit qui commence c'est l'heure du repos pour la nature comme pour l'homme des champs. Après avoir passé des heures à contempler les six tableaux de M. Troyon, on ne sait ce qu'on doit admirer le plus, des animaux ou du paysage, car paysage et animaux sont rendus avec un charme, une vérité que personne n'a réussit à un si haut degré. Connaît-on une peinture plus sérieusement belle, plus vraie plus vivante que cette grande Etude de Chien ? On lit dans son regard qu'il est fier d'avoir saisi la perdrix qu'il tient dans sa gueule et qu'il offre tout joyeux à son maître. Nous ne connaissons rien d'aussi complet. M. Auguste Bonheur, le frère de Rosa Bonheur, est un peintre qui réussit avec talent les animaux et le paysage. Sa couleur est solide et brillante tout à la fois son pinceau est plus ferme, plus hardi que celui de sa soeur. Son Troupeau de Vaches , souvenirs des Pyrénées , acheté pour la loterie, et l' Abreuvoir , souvenir de Bretagne , sont deux charmants tableaux. Une autre jolie toile a été acheté aussi pour la le terie à M. Marck c'est un paysage avec animaux dans la saison d'automne. On sent au fini et à certains tons que M. Marck a l'habitude de peindre sur porcelaine et qu'il a été élève de M. Troyon. Le plus grand paysage avec animaux parmi ceux exposés et peut-être parmi tous ceux qui ont été faits jusqu'à ce jour, c'est la Traite des Veaux dans la vallée de Touque Normandie , par M. Palizzi, l'émule et non l'imitateur de M. Troyon, dont il diffère surtout par la couleur. Il vise à l'effet, tient à séduire par l'éclat et la fraîcheur, tout en restant dans le vrai. Aussi, cette grande toile est-elle resplendissante de lumière, de soleil on croit sentir la chaleur suffoquante de l'air chaud dans cette vaste plaine où arrivent de tous côtés des veaux pour la traite ou la foire qui s'y tient. M. Palizzi nous a prouvé qu'il savait surmonter les difficultés, quil peignait avec la même supériorité les figures, le paysage et les animaux. C'est un mérite dont M. Rodolphe Lehmann nous donne également la preuve dans son tableau intitulé les Marais pontins . Une barque, chargée de fruits et de maïs, glisse lentement sur l'eau d'une rivière bourbeuse, qu'un troupeau de buffles sillonne en tous sens afin d'en enlever les herbes épaisses qui l'obstruaient. Au loin, l'horizon est borné par le mont Avic. Quelques-uns des personnages couchés sur la barque ont de ces beaux types qu'on rencontre dans la campagne en Italie. MM. Jadin et Balleroy sont deux peintres qui réussissent les scènes de chasse, et entre les tableaux desquels il existe la même différence qu'entre ceux de MM. Troyon et Palizzi la cou leur de M. Jadin est vigoureuse, son exécution franche, mais un peu lâchée le coloris de M. Balleroy est frais et le modelé soigné dans ses moindres détails. Le Départ d'une meute de Chiens pour un rendez-vous de chasse est le meilleur des cinq tableaux exposés par cet artiste. Dans les sept envois de M. Jadin, nous signalerons surtout Merveillou , Rocador , Chiens d'attaque de la vénerie de l'Empereur , et Pas commode , le plus chaleureusement peint. - Mlle Léo nie Lescuyer a aussi un pinceau large et ferme elle peint les chevaux avec une vigueur de ton qu'on rencontre rarement chez les dames peintres. Deux de ses tableaux Un mot en passant et l' Abreuvoir sont d'une couleur puissante et d'un effet charmant. Les chevaux de poste, dans le tableau de M. Dubuisson, sont d'un ton moins chaleureux, mais ils sont savamment dessinés. Le soleil éclaire bien la Cour de Ferme , de M. d'Haussy les poules et le coq sont finement touchés, ainsi que les accessoires du premier plan. Les arbres sont moins bien réussis. Avant de passer à l'examen des paysages les plus remarquables de l'Exposition, signalons la Gardeuse de Dindons , jolie peinture de M. Salmon, et le grand tableau Un jour de gala , par M. Philippe Rousseau. Tout est étudié, tout est consciencieusement peint dans cette toile, mais les trop nombreux détails nuisent à l'effet général du tableau, y jettent un peu de confusion. - Son homonyme ou son parent. M.T. Rousseau, est un paysagiste distingué son coloris est quelquefois monotone, comme dans son tableau des Bords de la Sèvres , mais il reprend parfois de l'éclat comme dans celui du Bonnage du Barbison forêt de Fontainebleau , dont les plans sont plus nettement accusés, les arbres plus franchement touchés. Aucun des paysagistes exposants n'a ni la puissance de couleur, ni la vigueur du modelé, ni la finesse, la vérité de détails des tableaux de M. Knyff. Le Marais de la Campine et les Souvenirs du château de Petershiem , achetés pour la loterie, sont d'un effet saisissant les arbres, les feuilles, les herbes, les accidents de terrains, semblent en relief et augmentent l'effet sans nuire à l'harmonie, et cela à un degré de perfection qui produit l'illusion. Rien de vague, rien de sacrifié, et pourtant l'effet est harmonieux, irréprochable. M. Knyff n'est pas un artiste à système il ne voit pas la nature en myope, avec les yeux d'un homme épuisé et chétif il la voit avec des yeux sains, pénétrants, avec les yeux d'un homme en bonne santé et solidement constitué. Au contraire, M. Daubigny aime le vague, il ferme les yeux à moitié pour regarder et voir la nature comme à travers un voile léger. Aussi ses paysages demandent-ils à être vus à distance pour produire leurs délicieux effets. Le plus ravissant des cinq tableaux de ce charmant peintre, c'est, à notre avis, celui dans lequel il a reproduit les Bords de l'Oise. Moins vague dans l'exécution et plus fins de ton, le grand paysage de M. Français peut être vu de près ou de loin, sans perdre aucune de ses qualités. Regardé de loin, ce grand tableau est très harmonieux, et, en s'en approchant, on trouve tous les détails soigneusement étudiés. C'est là une nouvelle preuve que le fini, quand on sait l'atteindre sans détruire la vigueur et l'harmonie, est la perfection des oeuvres d'art. C'est ce que cherche M. Busson, élève de M. Français. Ses deux paysages des Landes sont d'une grande fraîcheur de coloris les lointains de celui aux trois arbres sont très fins de tons. La Forêt au Printemps est peinte dans les mêmes données par M. Lapierre finesse et vérité. Il en est de même des Marais de la Char bière au mois de juin, jolie petite toile de M. Leroux, achetée pour la loterie, et de la vue prise sur les bords de l'Eure, par M. Girardet, qui a mis là toute la fraîcheur et la délicatesse de son pinceau. M. Cabat n'a qu'un paysage, mais il est d'un effet on ne peut plus poétique c'est un Etang des Bois , éclairé par un soleil couchant. Un coloriste non moins séduisant, c'est M. Anastasie son Groupe de Chênes en automne est d'une vigueur peu commune. Le plus grand des tableaux de M. André, sa Vue de la Bonnieure , à Puy reaux , est aussi d'un aspect agréable pour la couleur et le rendu. Mais ces diverses toiles n'ont pas les grandes lignes des paysages historiques de M. Paul Flandrin on retrouve ce grand aspect dans deux des ouvrages qu'il a au Salon les Environs de Marseille . Il y a un très grand progrès dans l'exécution des figures qui animent le paysage. On sait qu'autrefois la majorité des paysagistes faisaient peindre les figures de leurs tableaux, tant ils étaient incapables de les dessiner. Quelques-unes des toiles de M. Corot sont là pour attester cette impuissance regrettable nous engageons cet artiste à s'en tenir au paysage. Il n'en est pas de même de M.A. de Dreux qui a peint, avec le même talent, le paysage et les figures de son tableau le Retour de la Chasse La couleur du tableau de M. Laugée est moins chatoyante, mais elle est plus vraie et ses figures sont bien plus nature dans son tableau le Goûter des cueilleuses d'oeillettes , en Picardie , acheté pour la loterie. Une peinture qui étonne par la vigueur de l'effet de lumière et par la naïveté de son exécution, c'est le tableau acheté pour la loterie et inscrit au livret sous ce titre Avant la Messe cette peinture de M. Capelle a la netteté, le découpé des ombres et des clairs d'une image daguerréenne. Nous aimons mieux le Campement de nomades dans la plaine d'El-Outaïa et le Marabout Sidi-Barkate, aux environs de Biskra Sahara , par M. Degand, c'est plus artistique les personnages sont bien, groupés, bien dessinés, et la couleur est locale, - Un des paysages les plus saisissants, les plus sympathiques, c'est celui acheté pour la loterie à M. Bandit, représentant un prêtre traversant la campagne, la nuit, par la pluie, suivi d'un seul entant de choeur, pour aller porter le Viatique au moribond qui habite cette chaumière bretonne qu'on aperçoit éclairéé dans le lointain du tableau. La Commission de la loterie a encore acheté un paysage d'une vérité de ton et de détails très intéressants l'Etang et la Ferme de Bourcq , par M. Lavieille, et un autre paysage, tout aussi remarquable, à M. Lamorinière. M. Harpingines est un peintre du Nord qui ne peut oublier là couleur locale des contrées qui l'ont vu naître. Son Canal des Environs de Nevers ressembla passablement aux Vues de notre bonne et brumeuse Flandre Nous aimons trop notre pays pour lui faire un crime de ce léger défaut, qui n'empêche pas que son grand tableau Un Orage sur les bords de la Loire , soit un des meilleurs du Salon, tant il est simple de procédé et vrai d'effet. Dans le Retour , nous retrouvons le peintre original des précédentes Expositions, avec un grand progrès dans le dessin des figures. - Son confrère, M. Hédoin, a pris domicile à Chambaudoin, car il a envoyé Un Semeur à Chambaudoin , Un Berger à Chambaudoin, et Une Porcine à Chambaudoin , compositions simples et d'une grande vérité. M. Hanoteau, lui, s'est fixé dans la Nièvre, et il a envoyé cinq Vues de cette province. La plus remarquable Une Prairie sur les bords de la Laudarge Nièvre , a été achetée pour la loterie. Un joli site, Groupe d'Arbres sur le bord de la mer Calvados , a été acheté aussi à M. Desjobert pour la loterie. Nous ne saurions mieux terminer notre revue des paysages qu'en citant la Vue de Rotterdam , de M. Justin Ouvrié, si riche de ton, d'effet de lumière, et si parfaite de perspective. M. Saint-Jean est toujours le peintre par excellence des fleurs et des fruits. Il n'a envoyé qu'un tableau la Vierge à la Chaise , médail lon en bois sculpté , entouré de fleurs mais qu'il est beau ! quelle vérité ! quelle finesse ! quelle transparence ! Les meilleurs peintres de fleurs paraissent froids quand on quitte ce tableau. Pourtant le Vase de Fleurs et la Paquerette des Champs , de M. Regnier, sont deux jolis tableaux pleins de charme, ainsi que le Rossignol et le Paon , de M. Léon Rousseau. Mais ça ne fait pas illusion comme la peinture de M. Saint-Jean. Citons cependant les Fruits dans un Paysage, joli groupe chaleureusement peint par M. Dussauce. Les marines sont peu nombreuses, et plusieurs d'entre elles sont consacrées à la Réception de S.M. la reine d'Angleterre , par S.M . l'Empereur Napoléon III , à bord du vaisseau LA BRETAGNE, rade de Cherbourg , le 5 août 1858. MM. Morel-Fatio, Noël et Barry sont les peintres qui ont le mieux rendu le grandiose de cette scène. Dans les huits tableaux de M. Le Poittevin, nous avons remarqué deux petites toiles pleines d'intérêts les Pilotes Hol landais et la Vigie . Ce dernier a été acheté pour la loterie. La couleur de M. Suchet se rapproche de celle de M. Morel-Fatio les values sont bien transparente dans sa Pêche aux Thons sur les côtes de Provence . Quant à M. Ziem, il a prodigué tous les trésors de sa palette dans ses deux vues de Constantinople . Les reflets des flots sont ce que nous avons de plus éblouissants. Les intérieurs ne sont guère en plus grand nombre que les marines. Le plus célèbre de nos peintres d'intérieurs, M. Danzats, n'a que deux tableaux, mais il s'est montré vraiment coloriste dans la Cour de la maison Coussifa au Caire . Nous ne parlerons ni de l'effet perspectif ni de l'exactitude des détails on sait quelle perfection cet artiste y apporte. Comme perspective, comme entende des ombres et de la lumière, nous ne connaissons pas d'intérieur capable d'être comparé à celui de Mme Henriette Browne Intérieur de Pharmacie chez les Soeurs . L'oeil pénètre bien dans les différentes pièces, tout y est visible, l'air et la lumière y circule, on sent que ces religieuses doivent y respirer à l'aise. Il n'en est pas de même de l' Intérieur de la Pharmacie du couvent des Capucines de Mes sine, peint par M. Charles Giraud. Il y fait sombre, triste, l'air et le soleil y manquent. Heureusement, on se sent plus à l'aise vis-à-vis de l' Intérieur du cabinet de M. le directeur général des Musées impériaux , au Louvre, et de l' Intérieur du Salon de S. A. I. Mme la prin cesse Mathilde , du même artiste. Le regard circule avec plaisir sur les riches lambris de ces deux salons et les merveilles qui s'y trouvent accumulées. M. Th. Frère ne compte que quatorze vues de l'Egypte. On conçoit qu'il nous est tout aussi impossible qu'au jury d'analyser chacun de ces ouvrages. Nous nous arrêterons seulement à cet intérieur d' Un Bain au Caire , d'un charmant effet de lumière et d'une jolie couleur. La Chapelle sixtine pendant la prédication d'un franciscain à la messe , et devant le pape Pie IX , par M. Clère, est un tableau qui rappelle M. Ingres. L'effet est savamment ménagé, l'ensemble de la composition a ce calme qui convient au sujet, les figures bien dessinées et bien peintes. M. Ricard-Cavaro s'est montré un brillant coloriste en peignant la salle du Sénat de Vénise ses figurent laissent bien à désirer. L'atelier de Paul Delaroche, par M. Roux, est une intéressante composition qui nous montre le grand maître occupé à méditer quelque chef-d'oeuvre nouveau, pendant que deux ou trois élèves travaillent un peu plus loin. VI. PASTELS, AQUARELLES, MINIATURES, PEINTURE SUR PORCELAINE, PEINTURE SUR ÉMAIL ET DESSINS. MM. E. Giraud. - Mme Ceoffier. -M. Sebron. - Aubin. - Mme Becq de Fouquières. - Tourneux. - M. Bouquet. - Mlle M. Paigné. - Hildebrandt. - Pils. - E. Lami. - Hamon. - Français. - Vidal. - Henri. - Baron. - Ed. Moreau. - S.A.I. la princesse Mathilde. - Mme Herblin. - Mme Monvoisin. - M. David. - Gaye. - Mlle Piédagnel. - Mlle Bloc. - Mme Cool. - M. Hudel. - Baud. - Corplet. - Mme Apoil. - M. Heim. - Flandrin. - Bida. - Zo. - Job. - Galimard. - Verchères. - Merle. - Michel. - Maillot. - Soulié. - Zier. Le pastel est une des plus agréables expressions de l'art, c'est l'un des genres de peintures le plus généralement goûtés du public et dans lequel s'exercent aujourd'hui presque tous les portraitistes. Le maître du genre, M. Eugène Giraud, a exposé plusieurs portraits qui sont moins finis que ceux des années précédentes ils sont un peu trop touchés à la manière des peintres de décors. Nous en exceptons cependant celui de S.A.I. Mme la princesse Clotilde, dont le fini est plus soigné et qui se distingue par une grande fraîcheur de coloris. Les grands pastels de Mme Coeffier sont très beaux de couleur. Le portrait de Mme L est surtout dessiné et modelé avec beaucoup de ta lent. - Deux autres grands pastels, qui ont attiré notre attention, ce sont les portraits de Mme S et de Mme la baronne de C , dessinés par M. Sebron. Le bras droit en raccourci du dernier laisse à désirer, mais le dessin du premier est fin et correct. - Dans de moins grandes dimensions, les trois pastels de M. Aubin sont d'un crayon fin et moelleux le portrait de Mlle A..., jeune fille qui tient une levrette en laisse, est d'une couleur charmante. -La Prière , tel est le titre donné par MmeBecq de Fouquières à son grand pas tel représentant une jeune bretonne agenouillée et priant. Cette grande étude est d'une couleur sévère d'un très bon effet. -Un Point d'Orgue est une jolie composition de M. Tourneux, qui nous montre le maestro Gabrieli faisant répéter un de ses motets. Ce pastel à la vigueur d'une peinture vénitienne. -Les Bords du Scorf près de Lorient Morbihan et les Bords de l'Ellé Finistère sont deux bons paysages au pastel, largement dessinés par M. Michel Bouquet les premiers plans sont très vigoureux. - Une des élèves les plus distinguées de M. Maréchat de Metz, Mlle Mélanie Paigné, a envoyé trois charmants pastels Bouquet de Pavots du Caucase Pavots et Liserons Bouquet de Roses trémières avec liserons bleus . Ce dernier est d'un effet, d' un ton délicieux les pétales, les feuilles, ont une transparence qu'on obtient rarement et qu'on ne rencontre guère que dans les tableaux de M. Saint Jean. L'aquarelle qui avait une si grande vogue, il y a une vingtaine d'années, est aujourd'hui un peu délaissée pour le pastel d'un effet beaucoup plus flatteur. Cependant, l'Exposition de 1859 compte encore un bon nombre d'aquarelles, grâce à un artiste prussien qui en a envoyé trente-huit pour sa part . Trente-huit ! il nous semble que c'est là abuser de l'hospitalité, et nous engageons de nouveau l'administration à limiter le nombre des ouvrages qu'un artiste aura le droit d'exposer. Car admettons que chaque exposant envoie trente-huit ouvrages, le palais des Champs-Elysées ne deviendra-t-il pas trop petit pour contenir les quarante à cinquante mille objets qui formeraient alors l'Exposition ? D'ailleurs, le public aura-t-il le courage de voir avec attention le trente-huit aquarelles de M. Hildebrandt ? Oui, sans doute, s'il n'avait que cela à examiner. Mais déjà fatigué par la vue de plusieurs centaines de tableaux, le visiteur, en présence des trente-huit aquarelles, fera comme le critique, il se retirera effrayé par la besogne d'une telle analyse. Arrêtons-nous à un artiste plus discret, à M. Pils, qui n'a qu'une aquarelle l' Ecole à feu , à Vincennes artillerie à pied , 2 me régiment . Cette composition à toute la largeur d'exécution et la vérité d'action qui distinguent les oeuvres de ce jeune artiste. Le Bal d'Opéra, de M. Lami Eugène , a l'éclat des aquarelles de ce peintre qui a mis plus de finesse dans ses autres petits sujets tirés des oeuvres d'Alfred de Musset , ainsi que dans le médaillon d'un éventail peint en collaboration avec MM. Hamon, Français, Vidal et Henri Baron. Les ornements de cet éventail, qu'on dit destiné à l'Impératrice Eugénie, sont dûs au talent de M. Edouard Moreau, aquarelliste très distingué, qui a exposé pour son compte une belle gouache, représentant Jésus-Christ reconnu par ses disciples à Emmaüs, et trois médaillons d'une couleur coquette le Théâtre de l'Amour , -la Danse, -la Musique . Avant de passer à l'examen des miniatures, disons deux mots des aquarelles de S.A.I. Mme la princesse Mathilde. Si Mme la princesse Mathilde n'est pas la seule personne de son rang qui ait eu des ouvrages à nos expositions, elle est la première qui ait permis d'inscrire son nom parmi les nôtres au livret du Salon. C'est un fait, un progrès que nous tenons à constater. Oui, nous remercions S.A.I. de n'avoir pas déguisé son grand nom sous un pseudonyme, comme si la culture des Beaux-Arts pouvait humilier, ravaler les personnes d'une certaine position sociale nous la félicitons d'avoir dédaigné un préjugé indigne de notre époque d'avoir, en mêlant ses oeuvres à celles de tous les artistes, relevé l'art dans l'opinion d'un monde pour qui le mérite, le talent, ne sont rien auprès de ces avantages de hasard la naissance et la fortune. Les trois aquarelles de S.A.I. sont des portraits grands comme nature ils ont la vigueur de peinture à l'huile, on y retrouve les qualités et les défauts du professeur M.E. Giraud. Les portraits de la prin cesse A..., et de Mlle V..., sont largement peints, mais nous voudrions un peu plus d'étude dans le modelé. Nous préférons, sous ce rapport, la copie d'après Rembrandt, qui est rendue avec une richesse et une justesse de ton que tout le monde a appréciées. Les miniatures sont assez nombreuses, assez remarquables, et celles de Mme Herbelin occupent comme toujours la première place. Des six portraits, celui de Rossini est des plus ressemblants et des mieux peints. Les trois médaillons de Mme Monvoisin sont aussi des miniatures d'une grande finesse de modelé, et les douze portraits de M. Maxime David se recommandent surtout par le charme du coloris. Enfin, les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, commandés par le ministère d'Etat, à M. Gaye, sont de grandes et belles miniatures qui rappellent parfaitement les tableaux d'après lesquels elles ont été peintes. Il y a, cette année, peu de peintures sur porcelaine. Celle exposée par Mlle Piédagnel nous a paru d'une grande finesse de ton et de dessin. C'est une copie du beau portrait d' Elisabeth de France , par Rubens. La réconciliation de Jacob , d'après Pierre de Cortone, est d'une exactitude de dessin et de coloris qui fait honneur à Mlle Bloc. Nous en dirons autant des deux plaques de Mme de Cool l'une, est une copie de la Vierge à la Grappe , d'après Mignard l'autre, la Naissance de Louis XIII , d'après Rubens. Quant au Labourage Nivernais , d'après Rosa Bonheur, par M. Hudel, c'est un peu trop flou et trop rosé de ton. Quelques émaux méritent d'être mentionnées d'une manière toute particulière c'est d'abord Agar, d'après le Dominiquin, par M. Baud -Adam et Eve, d'après Raphaël, par M. Corplet - et l' Enlèvement de Déjavire , d'après Guido Réni, par Mme Apoil. Quant aux dessins, ils sont toujours très nombreux et généralement assez remarquables. A tout seigneur tout honneur. Nous commencerons par l'examen des dessins de M. Heim, de l'Institut, l'auteur des grandes et belles peintures historiques et de l'intéressante collection de portraits dessinés au crayon noir, aujour d'hui placée au Musée du Luxembourg. C'est la continuation de cette série des portraits des membres de l'Institut que nous trouvons exposés au nombre de soixante-quatre. Ces dessins sont des études qui n'ont pas le léché des oeuvres qui plaisent aux bourgeois et aux élèves des pensionnats, mais ils ont cette vigueur de crayon, cette vérité de physionomie que recherche l'artiste. Ceux de ses portraits qui nous ont le plus frappé comme ressemblance, ce sont ceux de MM. Horace Vernet, Dumont, Lafuel, Abel de Pujol, Nieuwerkerke, Mercey et Nanteuil. - Les dessins de M. Paul Flandrin sont plus soignés que ceux de M. Heim, et cela devrait être puisqu'ici ce sont des portraits bourgeois et non des études pouvant servir à un tableau dans le genre de celui représentant le Roi Charles X distribuant des récompenses aux artistes à la fin de l'Exposition de 1824. Les portraits de M.P. Flandrin sont dessinés avec une grande pureté et une grande finesse. M. Bida, dont les dessins ont le fini et le charme de la gravure, a trois grands dessins aussi remarquables sous le rapport de la composition que sous celui de l'exécution. Ce sont de véritable peinture tant le crayon de cet artiste a de couleur, tant il a d'harmonie dans les effets de lumières. Le plus magnifique des trois c'est la Prédication maronnite dans le Liban la scène est des plus imposantes. Le Corps de Gardes d'Arnautes , au Caire , dessin acheté pour la loterie, est charmant il réunit des types d'un caractère original. - Les dessins de M. Achille Zo se raprochent beaucoup de ceux de M. Bida la Devineresse nous plaît moins que les Aventuriers où se trouvent toutes les qualités de ce peintre dessin correcte, vigueur de ton et composition bien ordonnée. Mais comme vigueur de crayons nous citerons surtout deux dessins au fusain de M. Verchères de Reffye ce sont deux études habillement touchées et intitulées, l'une Souvenir de la Corrèze , l'autre Souvenir du Dauphiné . L'auteur de la Léda , M. A. Galimard, n'a exposé qu'un carton à la sanguine La Sainte Vierge Marie en adoration . Nous espérions trouver au Salon le tableau qu'il a peint pour la chapelle des Tuileries il n'aura pas été possible, sans doute, de le déplacer nous le regrettons. Le carton que nous avons sous les yeux se distingue par le style religieux que M. Galimard entend si bien il a été composé pour un vitrail d'une chapelle de l'église Saint-Philippe-du-Roule.- Nous avons aussi remarqué l'Annonciation , la Visitation , la Nativité , cartons dessinés avec talent par M. Job, qui s'est montré aussi bon coloriste que bon dessinateur dans quatre tableaux qu'il a exposés Jeune Fille de Brientz canton de Berne , Au Temple pendant la Prière , Scène de la vie de Cottage Etats-Unis d'Amérique , et Jésus Christ en Flandre . Nous ne pouvons quitter les peintures et les dessins sans attirer l'attention du lecteur sur une composition de M. Merle et que l'auteur a intitulée Mort de l'Amour . C'est une pluie d'or qui a tué l'Amour qu'on voit gissant aux pieds d'une jeune et belle femme, presque nue et mollement couchée. La couleur est jolie, le dessin élégant, les raccourcis bien réussis. Cet artiste a encore deux bons tableaux Repos de la Sainte Famille en Egypte , et la Lecture de la Bible . - M. Charles Michel est un peintre qui a le senti ment des sujets religieux. Sa Vierge aux Anges est une conception sage et gracieuse le style est simple et la couleur agréable. Il y a dans le Crucifiement grande composition du même artiste un groupe très remarquable c'est celui de saint Jean qui éloigne de cette scène la Vierge et la Madeleine. - Un autre grand tableau, Saint-Antoine de Padoue , peint par M. Maillot, est d'un coloris puissant dans la manière de l'école espagnole la tête du saint est pleine d'expression. - Dans le genre familié, nous avons aussi remarqué une composition charmante de naïveté peinte avec talent par M. Soulié c'est une Jeune Fille effeuillant une Marguerite . - Enfin, nous terminerons en citant le joli Portrait de Mlle Léonore L ..., par M. Victor Zier, d'une grande ressemblance et d'un modelé nature. VII. SCULPTURE ET GRAVURE EN MÉDAILLES. MM. Farochon. - Clésinger. - Grabowski. - Travaux. - Loison. - Oudiné. - Eude. - G. Crauck. - Prouha. - Chambard. - Lanzirotti. - Courtet. - Maillet. - Millet. - Chatrousse. - Etex. - Gruyère. - Desprey. - Chevalier. - Moreau. - Clère. - Debay père. - Lepère. - Carpeaux. - Marcellin. - Allasseur. - Gumery. - Ramus. - Poitevin. - Cocheret. - Garnier. - Begas. - Montagne. - Lequesn°. - Rochet. - Leharivel. - Ferrat. - Badiou. - Diebolt. - - Carrier. - Montagny. - Foyatier. - Jean Debay. - Fabisch. - Mène. - Rouillard. - Delabrière. - Oliva. - Desprey. - Iselin. - Cavalier. - Nieuwerkerke. - Dantan aîné. - Dantan jeune. - Dieudonné. - Robinet. - Pollet. - Mathieu-Meusnier. - Vilain. L'Exposition de sculpture donne lieu, cette année, à des jugements curieux. Selon quelques critiques, la statuaire surpasse en mérite, cette fois encore, l'Exposition de peinture elle offre, malgré les nombreux ouvrages qui la composent, peu de médiocrités. Selon d'autres, au contraire, elle marche à sa décadence en visant à l'idée, à l'esprit, au pittoresque. Il y a là évidemment erreur. Il ne faut certainement pas, en sculpture surtout, sacrifier la forme à l'idée, parce que la statuaire est, avant tout, un art essentiellement plastique. Mais vouloir proscrire l'idée, voire même l'esprit des oeuvres de sculpture, ce serait porter atteinte au sentiment, à l'expression, et réduire la statuaire au rôle assez insignifiant d'un détail d'architecture. Si la sculpture des anciens est si calme, si peu vivante si, chez eux, la forme a cette simplicité et cette pureté de contours qu'on appelle le beau idéal, parce que, en effet, c'est une forme de convention arrangée pour être en harmonie avec les contours, avec la forme, avec les lignes sévères de l'architecture grecque ou romaine si, disons-nous, les statues antiques ont presque toutes l'aspect calme, sévère, c'est que les anciens ne faisaient que de la statuaire monumentale, de la statuaire devant s'adapter, se marier au style du monument dont elle était un des détails architectoniques. Au lieu que, de nos jours, les monuments n'étant plus exclusivement d'architecture grecque ou romaine, la sculpture monumentale doit prendre le caractère des différents styles des monuments à la décoration desquels elle concourt. Puis, de nos jours, il y a une sculpture qui était inconnue aux anciens, sculpture isolée, indépendante, destinée aux galeries, aux musées, aux collections d'oeuvres d'art. Ici, l'artiste n'a à s'occuper d'aucun style, d'aucun entourage. Le vaste champ de l'imagination est à lui tout entier il peut choisir un sujet gracieux ou dramatique, le traiter dans le style académique, ou l'exécuter dans la manière de Jean Goujon, de Puget, de Coustou, etc. L'Exposition actuelle de sculpture accuse donc un progrès irrécusable pour quiconque a observé la marche que les Beaux-Arts ont suivie depuis trente ans. Sous le premier Empire, sous la Restauration, tous les ouvrages de sculpture se ressemblaient ils étaient tous des imitations plus ou moins adroites de l'antique. Les sculptures gothiques, renaissances, celles des règnes de Louis XIV et Louis XV étaient oubliées, mé-ou b liées, m ë-prisées, reléguées dans les greniers, dans les magasins de l'Etat. L'artiste, à cette époque, ne faisait que du grec ou du romain il vous aurait ri au nez si vous lui aviez demandé une statue gothique, par exemple. Il ne sortait pas de l'antique, quelle que fût la destination de l'oeuvre qu'on lui commandait nos monuments publics sont pleins de ces anachroniques. Il n'en est plus de même aujourd'hui les artistes de la nouvelle école ont étudié tous les genres, tous les styles beaucoup d'entre eux traitent avec le même talent une statue gothique ou renaissance, une figure ans le goût Louis XIV ou Louis XV, et si, lorsqu'il fait une commande, l'architecte avait le soin de dire dans quel style le travail doit être exécuté, il éviterait bien des anachronismes qu'on rencontre et qu'on rencontrera longtemps encore parmi les sculptures qui décorent nos monuments. Mais, dira-t-on, ces divers avantages ont été acquis aux dépens de l'étude du style antique qu'on a négligé, sinon abandonné - Nouvelle erreur, et, pour s'en convaincre, il suffira de comparer les statues de ce genre faites de nos jours à celles faites sous l'Empire et la Restauration. A tous les points de vue de l'art et du goût, ces dernières ne peuvent soutenir la comparaison. Bien que les deux maîtres qui excellent dans ce genre, MM. Duret et Dumont, n'aient rien à l'Exposition, nous trouverons ce pendant dans les sculptures exposées quelques statues qui attesteront qu'à aucune époque on n'a su mieux comprendre le style grec dans la statuaire, malgré notre goût et nos études pour les autres genres de sculpture. La Mère , groupe en marbre exécuté par M. Farochon, est une charmante composition destinée aux salons de réception de M. le président du Sénat au palais du Luxembourg. Cette jeune femme préside à la naissance intellectuelle de deux beaux enfants qui l'écoutent avec la naïveté curieuse de leur âge. M. Farochon nous prouve que, dans le modelé d'une figure, on peut être vrai, être nature et avoir du style. Tout est joli, gracieux dans ce groupe tout y est rendu, étudié avec une facilité d'exécution peu commune. C'est, à notre avis, l'oeuvre la plus complète de l'Exposition de sculpture. Nous trouvons ce groupe bien supérieur aux statues de Sapho envoyées de Rome par M. Clésinger, et dont la réclame avait fait tant de bruit avant l'ouverture du Salon. Le dernier envoi fait par cet artiste n'est pas porté au Livret il se compose de deux bustes en marbre colorié, et d'une statue de Sapho , aussi en marbre et coloriée. C'est avec chagrin que nous voyons un sculpteur de mérite chercher des trucs, des ficelles pour attirer l'attention du public. N'est-ce pas un malheur de voir badigeonner une si belle et si précieuse matière que le marbre, de voir effacer, anéantir, sous une couche de couleur, l'étude du modelé, le talent du statuaire ? Et pour atteindre quel résultat ? Pour arriver à donner à une statue en marbre l'aspect de ces ignobles figures de cire. qu'on montre dans les foires ou qu'on voit aux étalages des perruquiers-coiffeurs. Autant nous aimons la vie, la couleur données au marbre par le ciseau de l'artiste, autant notre goût est blessé par la vue d'une statue, - et surtout d'une statue en marbre, - dont les nus sont peints en couleur de chair. le manteau en bleu et les cheveux d'un ton châtain. Nous ne vou drions de sculpture polychrôme que lorsqu'elle est destinée à un monument d'architecture polychrôme, parce que, avant tout, nous tenons à l'unité du style mais, en dehors de ces conditions, nous demandons qu'on laisse au talent du statuaire la difficile mission de donner la vie et la couleur au marbre, sans autre ressource que la science du modelé et l'habileté du ciseau. Nous l'avons dit plus haut, M. Clésinger a trois Saphos à l'Exposition. Ne pouvant parler du mérite de la plus grande de ces statues, de celle qui est coloriée, puisque le modelé a disparu sous un badigeon, nous ne nous occuperons que des deux autres. Pourquoi l'auteur a-t-il intitulé la plus petite des trois statues Jeunesse de Sapho ? Elle n'a pourtant pas la physionomie plus jeune que les deux autres le sentiment qu'elle exprime est le même c'est le chagrin, le découragement. Du reste, cette statuette est l'oeuvre la plus faible de M. Clésinger, qui s'est montré plus praticien dans l'exécution de Sapho terminant son dernier chant . Il y a de la verve dans cette composition, mais la tête manque de caractère, et les draperies de style. Nous préférons la Zingara cette danseuse au tambour de basque n'est pas légère c'est une belle et forte Italienne qui danse avec un abandon tout méridional. Le mouvement est juste, les nus grassement modelés et les grandes difficultés d'exécution heureusement surmontées. Mais ce que nous préférons par-dessus tout, c'est d'abord son Taureau romain qui a les beautés d'une oeuvre de l'antiquité, et ensuite ses bustes non coloriés, largement modelés, de deux belles Italiennes. Depuis la Sapho de Pradier, c'est à qui traitera ce sujet. Cette année, nous en comptons six, y compris les trois de M. Clésinger. La Sapho de M. Grabowski est assise sur le rocher d'où bientôt elle se précipitera dans les flots, car de sombres pensées sont empreintes sur ses traits. Cette figure n'est peut-être pas tout à fait dans le caractère du sujet, mais le marbre est très habilement exécutée. M. Travaux a composé sa Sapho pour l'une des niches de la cour du Louvre cette figure en marbre est d'un bon sentiment, le torse est bien modelé et les draperies agencées avec goût. La Sapho la mieux comprise est celle de M. Loison Sapho sur le rocher de Leucade , statue en marbre destinée sans doute aussi à l'une des niches de la cour du Louvre. Cet artiste a été moins heureux en représentant Pénélope apportant à Ulysse son arc et ses flèches , au moment-où le héros va partir pour la guerre de Troie. Le mouvement est faux Pénélope n'apporte pas l'arc au contraire, elle est au repos et s'appuie dessus les draperies sont par trop mouillées enfin, cette statue sent le poncis académique. Puisque nous sommes en face de figures commandées pour la cour du Louvre, continuons l'examen de toutes celles qui ont cette destination. Pour le moment, nous n'examinerons pas si ces statues, destinées à la décoration du même monument, sont en rapport les unes avec les autres, si elles sont composées et exécutées dans le style de l'architecture de l'édifice et des sculptures du temps qui font partie de l'ornementation. Nous ne nous occuperons que du mérite de chaque statue. - La Bethzabée de M. Oudiné est bien certainement la meilleure des dix ou quinze figures faites pour le Louvre. La pose est gracieuse, la tête jolie, les formes fines, élégantes le torse et les jambes sont d'un modelé vrai et gras. M. Oudiné est un des artistes auxquels nous faisions allusion au début de ce chapitre. Son talent se plie à tous les styles, ainsi que l'atteste ce groupe en marbre commandé pour l'église de Tournemire Aveyron . La Vierge et l'Enfant Jésus ont le caractère des sculptures gothiques sans eu avoir la raideur les nus sont bien étudiés les draperies, agencées avec goût, ont une souplesse dont la sculpture offre de rares exemples. Le bas-relief en marbre, Ave Maria , est encore une gracieuse composition de style gothique. Après avoir parlé du statuaire, parlons maintenant des médailles exposées par le même artiste, car M. Oudiné est surtout graveur en médailles, et il a réuni dans un même cadre onze médailles d'une grande finesse de modelé et d'une grande pureté d'exécution. - Deux statues d' Omphale ont été commandées pour le Louvre. Celle de M. Eude est bien dans le caractère, bien posée et les chairs grassement modelées la pose de l'Omphale de G. Crauck est plus recher chée le petit Amour qui tient la massue est par trop petit néanmoins, cette composition est gracieuse, exécutée avec talent et mieux étudiée que celle de Bacchante et Satyre , du même artiste. M.G. Crauck a encore deux bustes en marbre d'une grande ressemblance et une statuette en bronze représentant le Maréchal Pélissier , duc de Malakoff . Le Louvre aura non seulement deux et peut-être trois Omphale , mais il aura aussi deux Muses de l'Inspiration. Si l'inspiration a élu domicile quelque part, c'est certainement au Louvre, et les deux muses yseront très judicieusement placées. La Muse de l'Inspiration , de M. Prouha, n'est pas celle qu'invoquent les poètes et les artistes, celle qui est l'inspiration même, celle qui inspire. Son mouvement indique, au contraire, qu'elle cherche, qu'elle attend l'inspiration. Comme la statue de Jeanne d'Arc de Rude, la muse de M. Prouha penche la tête, approche la main de l'oreille, écoute la voix céleste de l'inspiration. Cette figure doit être une muse quelconque qui a besoin d'être inspirée, mais, à coup sûr, elle n'est pas l'inspiration même il y a là erreur de nom. - Nous préférons, sous tous les rapports, l'inspiration de M. Chambard il y a de l'exaltation dans le regard, de l'inspiration dans l'expression générale de la figure la pose est noble, la draperie est traitée dans le goût de la renaissance, ce dont nous loueront l'artiste, puisque cette sculpture doit s'allier à une architecture renaissance. M. Chambard a une seconde statue d'un tout autre caractère c'est une Bacchante , mais une vraie bacchante, dansant avec la gaîté, l'entrain, la folle ivresse inhérente à sa nature. - La Pensierosa , dont le modèle en plâlre figurait à l'Exposition de 1857, a été commandé en marbre pour le Louvre à M. Lanzirotti. C'est un premier succès que vient justifier une consciencieuse exécution en marbre. Cette jolie figure a gagné à être reproduite en marbre on en apprécie mieux la finesse et la vérité du modelé. Ces qualités sont surtout très remarquables dans l' Esclave , statue en bronze du même sculpteur. Il règne sur cette figure un sentiment de douce mélancolie qui impressionne, un charme dans l'élégance des formes qui séduit tout d'abord. Un buste en plâtre et deux médaillons en albâtre très ressemblants, complètent l'exposition de M. Lanzirotti. Nymphe ... - laquelle ? - l'artiste, M. Courtet, n'en sait rien lui-même puisqu'il ne le dit pas mais cette nymphe, destinée au Louvre, est bien maniérée elle pose mal et les bras sont mal attachés. Puis, pourquoi cette plinthe découpée et à baguettes, quand celles des autres figures sont droites, pleines, unies ? Nous engageons M. Courtet à traiter plus sérieusement à l'avenir la sculpture monumentale. - L' Abon dance , de M. Maillet, est mieux comprise et bien autrement modelée. Ce modèle en plâtre, que nous avions vu déjà dans la niche d'essai au Louvre, nous paraît préférable à cette autre statue en plâtre du même artiste Agrippine portant les cendres de Germanicus . - L'auteur de l' Ariane , dont nous avons fait l'éloge il y a deux ans M. Millet, a fait une statue de Mercure pour le Louvre mais, hélas ! nous ne pouvons plus louer, car nous ne connaissons rien d'aussi maniéré que ce Mercure qui va danser un menuet. Pourquoi cette figure, qui est bien modelée, n'a-t-elle pas la pose aussi naturelle que celle de la statuette en marbre de Mme M. R. du même sculpteur ? - M. Chatrousse est plus simple, et il a raison. Sa figure, commandée pour le Louvre, l' Art chrétien , est sagement composée, sobre d'effet et de mouvement, comme il convenait au sujet. L'artiste a mis plus d'expression, de mouvement dans la statue en marbre Résignation , commandée pour l'église Saint-Sulpice. La tête est pleine de sentiment elle est, ainsi que les mains, d'une grande vérité de modelé. Nous avons revu avec plaisir le groupe d' Héloïse et Abeillard , que nous avions vu en plâtre au Salon de 1857. Cette charmante composition est plus séduisante encore en marbre les détails ont plus de délicatesse, le modelé plus de finesse. - Comment M. Etex a-t-il accepté de reproduire pour le Louvre deux types de la beauté antique Hélène et Pâris , deux figures contraire à la nature de son talent ? Aussi, voyez quels traits, quelles formes et surtout quelles mains ! des mains à faire envi aux romains de la Porte-Saint-Martin. Qu'on demande à M. Etex un forgeron, un cultivateur, un type vulgaire ou énergique, rien de mieux, mais le beau Pâris, mais la belle Hélène, cela n'était ni dans son goût ni dans sa manière. Nous ne parlerons pas de sa Douleur maternelle . Il y a dans ce groupe en marbre une intention de sentiment, mais l'exécution est plus faible encore que celle des deux précédentes statues. Comme Gruyère s'est montré bien supé-. rieur dans une composition du même genre la Tendresse maternelle ! Tout s'explique facilement, tout est gracieux, tout est joli et étudié dans ce groupe -La Béatitude maternelle , autre groupe dans le même sentiment, par M. Desprey, est non moins gracieux, non moins étudié l'agencement des draperies a du style. - M. Chevalier a eu le malheur d'avoir un marbre affreusement vainé, ce qui nuit au bon effet de son groupe de la Jeune Mère , auquel cependant il a mis son savoir de praticien. La tête du jeune enfant est bien modelée. Une des figures des plus gracieuses et des mieux réussies, c'est la statue en bronze la Fileuse , de M. Mathurin Moreau. Cette statue peut aller de pair avec le groupe de M. Farochon comme style et comme modelé. Aussi la commission de la loterie s'est-elle empressée de l'acheter. -La Vénus agreste , de M. Clère, est une bonne étude en marbre la pose est gracieuse, mais les formes un peu lourdes, quoique bien modelées. - Nous ne ferons pas ce reproche à M. De Bay père les formes de cette jeune fille le Choix difficile sont sveltes, correctes, élégantes, mais d'un modelé qui rappelle la sculpture de l'Empire. Passé , Présent , Avenir , tel est le titre d'un projet de monument du même artiste, composée avec beaucoup de goût. - Nous retrouvons ici deux figures que nous avons vues dans les envois des pensionnaires de l'école de Rome nous voulons parler de la statue en marbre de Lysias, reine de Lydie , femme du roi Candaule , par M. Lepère, et de la statue en bronze alors appelé l' Enfant au Coquil lage , aujourd'hui simplement Jeune Pêcheur , par M. Carpeaux. Nous avons dit, il y a neuf mois, notre opinion sur ces deux ouvrages nous avons critiqué les formes un peu lourdes, un peu ronde de Lysias, et nous avons loué la grâce, l'expression et la finesse de modelé du jeune pêcheur. Nous avons également parlé, dans notre revue du Salon de 1857, du groupe de M. Marcellin le corps de Zénobie , reine d'Arménie , retiré de l'Araxe . Ce groupe, qui était alors en plâtre, a beaucoup gagné sous le rapport du modelé depuis qu'il est traduit en marbre. - Nous en dirons autant du Moïse sauvé des eaux, que nous revoyons en marbre, exécuté par M. Allasseur avec le fini le plus consciencieux. Parmi les figures d'étude, il faut citer, en première ligne, Un Moissonneur , statue en bronze de M. Gumery la pose est simple, naturelle les nus, d'un modelé ferme et vrai. Nous aimons moins la Persévérance et la Bienfaisance, statues en marbre destinées à un tombeau mais la Fontaine de l'Amour est une gracieuse petite composition du même auteur puis, une statue de David, par M. Ramus, qui a aussi une charmante petite figure en marbre Jeune Pâtre jouant avec un chevreau . Ces deux marbres sont modelés avec le soin et le talent bien connus de l'artiste. - Le Joueur de Billes , statue en bronze de M. Poitevin, est une figure bien étudiée, qui rappelle par trop le Joueur de Billes , de M. Frison. - La Prière est une petite statue en marbre à laquelle M. Cocheret a donné tous ses soins la pose est simple, gracieuse, la tête jolie et d'une charmante expression. - Le Pécheur endormi , de M. Garnier, est une figure d'étude qui se re commande par la conscience et la vérité du modelé. - Le groupe en plâtre de M. Begas est à peine ébauché, mais il intéresse par l'originalité de l'idée et la vérité de l'expression. Il représente Pan consolant Psyché . Nous ne chicanerons pas M. Begas sur l'intervention de Pan pour consoler la curieuse Psyché nous nous bornerons à décrire sa composition. Assis et nonchalamment accoudé sur un tertre, Pan, avec un sourire goguenard, semble donner les conseils de sa grande expérience à la pauvre Psyché, qui pleure sa faute. - La Rebecca, de M. Montagne, est une des meilleures figures du Salon. C'est le beau type juif, le type biblique l'agencement des draperies est bien dans le caractère oriental la pose est noble et simple. Cette statue est largement modelée. Les sujets de l'histoire contemporaine sont peu nombreux. M. Lequesne a reproduit en marbre la statue du Maréchal Saint-Arnaud , destinée au Musée historique de Versailles, et M. Louis Rochet a fait fondre, en bronze et argent, la petite statue de Napoléon Bonaparte , écolier de Brienne 1794 , dont les modèles en plâtre avaient été exposés au Salon de 1857. - La statue en marbre exécutée par M. Leharivel-Durocher est destinée au tombeau du célèbre architecte du Louvre. Visconti est représenté couché, accoudé sur le bras gauche, la tête baissée et le regard porté sur un plan du Louvre qu'il tient dans la main droite. Le costume du membre de l'Institut prête peu à la statuaire mais, en y ajoutant un manteau, l'artiste aurait pu tirer un meilleur parti, obtenir des masses plus larges et d'un effet monumental. - Si l'effet est plus monumen tal, dans la statue en marbre du jurisconsulte Tronchet, nous reprocherons à son auteur, M. Ferrat, une exécution un peu trop sèche et anguleuse. - Le modelé du groupe en marbre de M. Badiou de Latronchère est plus vrai. Le plâtre de ce groupe, qui représente Haüy , fondateur de l'institution des Jeunes-Aveugles , était à l'Exposition de 1857. Une statue de la Prodigalité , du même artiste, est bien inférieure à cette oeuvre et comme composition et comme exécution. - Les modèles en plâtre du Grenadier de ligne et du Zouave en tenue de campagne , exécutés par M. Diebolt au pont de l'Alma, sont deux types bien choisis nous félicitons l'artiste de ne s'être pas cru obligé de prendre des figures laides et canailles, comme tant d'autres le font, pour représenter nos soldats. La laideur n'ajoute rien au courage elle n'a que le triste avantage de déplaire et d'effrayer les enfants. - M. Carrier a entrepris une tâche difficile dont il s'est heureusement tiré en représentant la Mort du général Desaix à la bataille de Marengo le 14 juin 1800. Ce groupe est bien disposé l'action s'explique bien le mouvement de Desaix est vrai, le geste noble et expressif. L'effet de l'ensemble est très satisfaisant. M. Carrier a encore un joli groupe en bronze, Jupiter et Hébé , et quatre bons bustes. En dehors des sculptures religieuses déjà mentionnées dans ce chapitre, nous devons citer le modèle en plâtre d'une statue de la Vierge et l'Enfant Jésus , commandée à M. Montagny pour une église de Saint-Etienne Loire . L'agencement des draperies est joli et d'un style sévère les têtes, les mains sont modelées avec soin. - L'auteur de l'un des chefs-d'oeuvre de la statuaire moderne, de l'oeuvre la plus connue, M. Foyatier, l'auteur de Spartacus , a exposé, cette année, une statue d'un tout autre caractère l' Immaculée Conception de la Sainte Vierge . Le Livret ne dit pas quelle est la destination de cette nouvelle production du célèbre sculpteur. -Saint Thibaud , patron des mineurs de Commentry , est une petite statue en marbre exécutée avec le goût et le talent que tout le monde reconnaît à M. Jean De Bay. N'oublions pas son étude en terre cuite le Petit Vendangeur , charmante et spirituelle conception qu'on s'est empressé d'acheter pour la loterie. - M. Fabisch a exposé le Sauveur , statue en marbre qui nous rappelle le Christ aux plaies , de M. Emile Thomas, artiste qui a renoncé, depuis 1855, à envoyer ses ouvrages au jury des Expositions il a pris la détermination de les exposer dans son atelier. Nous y avons vu dernièrement une oeuvre très recommandable au point de vue de l'art. On pourrait appeler cette statue la Femme à la Chaise . C'est une femme déjà d'un certain âge, simplement vêtue, debout, légèrement agenouillée sur le bord d'une chaise ordinaire, les mains jointes et appuyées sur le dossier cette femme fait sa prière. Cette statue, qui sera fondue en bronze, est destinée, dit-on, à un tombeau du Père-Lachaise, où certainement elle produira beaucoup d'effet, tant il y a de vérité et d'expression dans cette figure. Pour la reproduction des animaux, M. Mène a toujours le même succès il a exposé de charmants petits groupes de Chevreuils Jument et Chien Chienne et ses Petits . Ce dernier sujet a été traité , dans de grandes dimensions, par M. Rouillard mais ici, c'est une Chienne-Dogue de forte race avec ses Petits elle aboie avec fureur et défend l'approche de ses petits. Ce groupe, si vrai, si vigoureusement modelé. a été commandé à son auteur pour décorer l'un des côtés de l'escalier de la cour des écuries de l'Empereur, au Louvre. - Un autre groupe, non moins vrai, non moins bien exécuté, c'est celui de M. Delabrierre Une Panthère de l' Inde dévorant un Héron . Les bustes et les statuettes occupent la galerie du haut qui donne sur le jardin, et dans laquelle ils seraient très bien éclairés s'ils étaient placés moins bas. Nous l'avons dit et nous le répétons à dessein, les bustes sont modelés pour être vus à hauteur d'homme et non à hauteur de ceinture. Tout le monde l'a senti, et quelques artistes, MM. de Nieuwerkerke, Clésinger, Oudiné, ont obtenu la faveur d'exhausser à la hauteur convenable les bustes qu'ils avaient exposés. Il est donc permis d'espérer qu'à la prochaine Exposition les bustes et les statuettes seront tous posés sur une estrade plus élevée que celle de cette année. Beaucoup de nos meilleurs statuaires n'ont exposé que des bustes, et c'est de ces bustes que nous allons parler. Deux bustes de M. Oliva ont surtout attiré l'attention des praticiens, et les opinions sont restées partagées. A notre a vis, il y a deux espèces de bustes, et ils demandent à être traités d'une manière différente. Le buste monumental, celui qui fait partie de la décoration d'un monument, doit avoir un certain style, qu'il serait ridicule de donner aux bustes qui ne sont que des ressemblances, de simples portraits d'individualité. La principale des condi tions pour ceux-ci, c'est la vérité, la vie, la physionomie, et, sous ce rapport, quoi de plus rai, de plus vivant que le Buste en marbre de M. de Mercey ? N'est-ce pas là son regard observateur, son air doux, réfléchi ? Et quelle exécution ! c'est aussi hardi et plus fini que les Justes si célèbres de Caffieri. Nous savons qu'on fait un reproche à M. Oliva d'avoir imité ce maître nous, nous le félicitons d'avoir fait aussi bien que lui sans l'avoir copié et avec d'autres procédés. - Un buste qui est encore bien vivant, c'est celui d'un bon vivant, d'un gros réjoui, modelé avec une grande vérité par M. Desprey. - Les Bustes de M.J.-N. Bonaparte , de M.J.-N. Bonaparte , lieute nant au 1 er chasseurs d'Afrique, par M. Iselin, se rapprochent de la manière de faire de M. Oliva, surtout dans le Buste en marbre de Picard. - Si l'exécution des bustes de M. Cavali er est moins hardie, ils sont toujours savamment modelés témoins ceux de M . Henriquel-Dupont et de Ary Scheffer .. - Le Portrait de Mme F..., que nous avons quelquefois rencontrée dans le monde, est un buste très gracieux, très ressemblant, dû au ciseau de M. Nieuwerkerke, ainsi que celui de S.A. la princesse Murat , non moins bien modelé. - Les Bustes de l'Empereur et de l'Impératrice , commandés à M. Pollet, sont des marbres travaillés avec soin. - Il y a plus d'étude, plus de fermeté dans l'exécution du Buste du général de division comte de Guyon, par M. Dieudonné des Bustes de M. Coste , de M . Huzard , membres de l' Institut , par M. Robinet du général Per rin-Jonquière , par M. Dantan aîné de M. Bi neau , ministre des finances , par M. Dantan jeune, et de M . Sainte-Beuve , par M. Mathieu-Meusnier. - On comprendra qu'ayant exposé un Buste en marbre du peintre de Watteau , qui nous a été commandé par le ministère d'Etat, nous nous abstenions de toute observation sur celui exposé par notre confrère, M. Vilain, commandé également par le ministère d'Etat. Parmi les statuettes exposées, il en est plusieurs sur lesquelles nous n'avons pas à nous prononcer, puisqu'elles sont des réductions de statues dont nous avons parlé dans notre revue du Salon de 1857 telles sont la Psyché et la Chaste Suzanne , statuettes en marbre par M. Huguenin, et la Jeune Fille à sa toilette, statuette en bronze par M. Frison. - Quant à M. Fremiet, c'est le Raffet de la sculpture personne ne touche mieux que lui les statuettes des troupiers français. Il a exposé un Cent-Garde , un Artilleur de la Garde , un Zouave de la Garde, un Sapeur , un Chasseur à cheval , un Hussard , un Cheval de troupe , toutes statuettes en bronze commandées pour la collection des différentes armes de l'armée française. VIII. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE MM. Mercury. - François. - E. Girardet. - Jouannin. - Lefèvre. - Nyon. - Leroy. - Brévière. - Riffaut. - Aubry. - Lecomte. - Mouilleron. - Soulange-Tessier. - Raffet. - Marc. - Sudre. La gravure est un art dans lequel l'habileté du métier tient la première place aussi ya-t-il plus d'une manière de l'apprécier. Dans l'examen d'une estampe, le graveur se préoccupe, avant tout, de la valeur et de l'intelligence des tailles les peintres, les artistes, en général, donnent la préférence aux gravures qui reproduisent le plus fidèlement l'effet, la couleur du tableau, et jusqu'à la touche du maître, quelle que soit la nature des tailles du burin et des procédés employés les amateurs, comme les marchands, recherchent les estampes rares, anciennes, qui se paient cher, les épreuves avant la lettre, les tirages blonds ou vigoureux, selon le goût du moment. Sous le rapport de la parfaite entente des tailles, la planche de M. Mercury est sans reproche, mais elle ne rend pas complétement la couleur de la Jane Gray , de P. Delaroche. Nous voudrions un peu plus de fermeté, un peu plus de vigueur. - M. François semble avoir mieux compris le coloris de ce maître dans les Enfants d'Edouard, la Mater Dolorosa et Jésus au jardin des Oliviers , qu'il a gravés d'après Delaro che. - Ce maître a été encore bien interprété par M. Edouard Girardet, qui a reproduit les Girondins et la Cenci , deux des meilleures toiles de Paul Delaroche. - Une gravure qui rappelle parfaitement l'effet, la couleur et même la touche du peintre, c'est le Portrait de S.M . l'Impératrice gravé par M. Jouannin, d'après M. Winterhalter. Cette planche a valu à son auteur le titre de graveur de Sa Majesté. - Le burin de M. Lefèvre est intelligent, il a de la vigueur il convient particulièrement à la reproduction des tableaux des écoles italienne et espagnole c'est du moins ce que nous autorisent à penser sa gravure de Sainte Cécile , d'après Raphaël, et celle de l' Immaculée Conception , d'après Murillo. - La Vue prise à la Gorge-aux-Loups , forêt de Fontainebleau , est une planche habilement et hardiment burinée par M. Nyon, qui entend si bien ce genre de gravure. Les gravures fac-simile des dessins de nos grands maîtres sont très nombreux. M. Leroy en a exposé vingt et une, exécutées d'après les dessins de la collection du Musée du Louvre pour l'ouvrage publié par l'auteur, sous ce titre Collection de Dessins originaux des grands maîtres publiés en fac-simile . - Mais deux facsimile curieux, ce sont ceux d'un procédé nouveau inventé par M. Brévière, auquel on doit la régénération de la gravure sur bois en France. Le fac-simile du dessin de Géricault, Centaure enlevant une femme , a la fermeté d'un croquis à la plume, et le fac-simile du Vieillard , dessin à la sanguine du Primatice, a tout le moelleux et le grené du crayon, et cependant, ce sont des gravures en relief tirées à la presse typographi que. - Un graveur plein d'intelligence, que la mort vient d'enlever au milieu de ses travaux, M. Riffaut, a exposé trois beaux Portraits de M . de Queslus , de Mme de Sauve et de M. de Maugiron , fac-simile de dessins conservés à la Bibliothèque impériale. Cet artiste laborieux, infatigable, était arrivé, à force de recherches, à trouver les éléments de la gravure héliographique les planches qu'il a envoyées à l'Exposition de photographie sont très intéressantes, et pouvaient faire espérer une complète réussite. Si la gravure a perdu en M. Riffaut un esprit inventif, capable d'améliorer les procédés employés, la lithographie a perdu, en M. Aubry-Lecomte, l'artiste qui a le plus contribué à la perfection que cet art a atteint de nos jours. M. Mouilleron a su, avec le crayon lithographique, reproduire la transparence du clair-obscur du Tableau de Rembrandt, la Ronde de Nuit , du Musée d'Amsterdam, où l'avait envoyé le ministère d'Etat pour exécuter cette belle lithographie. - M. le ministre a également commandé à M. Soulange-Tessier, si nous ne nous trompons, une lithographie du tableau de la Prise de la tour Malakoff , peint par M. Yvon elle rend fidèlement tous les caractères et l'éclat du coloris de cette grande composition. - Les sept lithographies exposées par M. Raffet, font partie du bel ouvrage qu'il a publié sur le siége de Rome. Ces dessins sont de véritables tableaux, tant le crayon de cet artiste a de couleur et de vigueur, tant il y à d'action, de mouvement dans ces scènes militaires, et de vérité dans ces types de troupiers dessinés d'après nature. - Le crayon facile et correct de M. Marc a reproduit avec fidélité, et surtout avec talent, sur la pierre lithographique, l' oeuvre complète de David d'Angers . Les seize cadres exposés contiennent un joli choix de lithograhies dessinées d'après les groupes, statues, bas-reliefs, bustes et médaillons de ce grand sculpteur. - Un des maîtres dans l'art de la lithographie, M. Sudre, le traducteur des peintures de M. Ingres, a exposé deux nouvelles et belles lithographies d'après ce célèbre artiste Tête d'Odalisque et le Portrait de Mme S... IX. ARCHITECTURE. MM. Hittorff. - Garnaud. - V. Baltard. - Mangeant. - Huguenet. - Beau. - Racinet. Si les projets d'architecture sont en moins grand nombre qu'en 1857, ils offrent néanmoins un très grand intérêt ils témoignent des études sérieuses faites dans toutes les branches qui se rattachent à cet art, le plus ancien, le plus grand entre tous les arts, et cependant le moins apprécié, le moins goûté de la majorité des visiteurs. Il y a pourtant, à l'Exposition d'architecture, une oeuvre qui devrait attirer l'attention d'une certaine classe d'amateurs nous parlons du modèle en stucs de couleurs diverses d'un temple grec, avec ornements et statues coloriés, exécuté d'après les dessins de M. Hittorff. Comment se fait-il que personne ne se presse autour du temple Hypoethre-amphiprostyle-pseudoperiptère de M. Hittorff ? Est-ce cet assemblage de mots qui a effrayé, ou cet autre assemblage non moins dur, non moins criard des tons de l'architecture polychrôme ?... Cette architecture peut plaire aux Anglais, aux Allemands mais les Français ne s'y habitueront guère, malgré la ténacité des efforts de M. Hittorff pour en introduire le goût parmi nous. Voyez-vous l'effet de nos monuments badigeonnés comme ceux que nous avons vus à Munich ? Voyez-vous la Madeleine, le Panthéon, la colonnade du Louvre avec entablement bleu, colonnes roses, murailles rouges ?... Non, non notre oeil est, de longue date, habitué à l'harmonie, au jeu merveilleux des rayons lumineux sur la pierre et le marbre de nos monuments nous préférons la couleur que la lumière donne à nos monuments en éclairant vigoureusement les saillies de l'architecture nous préférons les effets magiques des clairs et des ombres si harmonieusement tempérés par les demi-tons, par la transparence du clair-obscur, effets calmes, mystérieux, poétiques, que détruit le tapage des tons durs et criards de l'architecture polychrôme. Tout en repoussant l'introduction en France de cette architecture, nous n'en sommes pas moins très disposé à rendre justice et à admirer, au point de vue de la science archéologique, le savoir que M. Hittorff a déployé dans la Restitution du temple grec que lui avait commandée S.A.I. le prince Napoléon pour son cabinet particulier. M. Garnaud fait également preuve de talent et d'érudition dans ses Etudes d'architecture chrétienne , depuis l'église de hameau, de village, de petite ville, jusqu'à l'église paroissiale et métropolitaine des grandes cités. Ce sont de bons types que MM. tes maires et les curés devraient consulter lorsqu'ils ont une église à faire construire. Le projet qui nous a le plus intéressé, nous l'avouons, c'est le Projet d'achèvement et de modification de la façade de l'église Saint-Eustache et de la construction d'une flèche centrale, par M. Victor Baltard. Nous souhaitions depuis tant d'années la restauration de cette belle église d'architecture renaissance ! C'est avec le plus grand soin que nous avons examiné les dessins de ce projet, et nous ne pouvons qu'adresser nos compliments à M. Baltard. Cet artiste s'est inspiré de l'architecture du monument il en rappelle les principaux détails dans la façade et dans la flèche il tire tout le parti que l'on pouvait tirer du gros oeuvre de la façade actuelle qui sera métamorphosée en élégante architecture renaissance. Nous doutons qu'on ait pu faire quelque chose de meilleur goût que la composition exposée par cet architecte. M. Mangeant a exposé un travail très curieux à propos d'un Projet d'arrangement de l'île de la Cité de Paris , lequel se compose de six dessins 1° Lutèce habitée par les nautes parisiens, sous la domination romaine ses monuments sont la forteresse municipale, l'autel de Jupiter la Voie Sacrée qui la traverse du Petit-Pont au Grand-Pont. - 2° Parisii sous la seconde race ses monuments sont le palais, l'église cathédrale sur l'emplacement du temple de Jupiter, la maison de l'église ou hospice, le bapti rê i, Jftkole, le Petit et le Grand-Châtelet. - 3° La Cité, XV e siècle, entre l'Université, sur la rive gauche, et la ville, sur la rive droite, ses monuments sont le Palais des Rois, la Sainte-Chapelle, Notre-Dame, l'Hôtel-Dieu. - 4° La Cité, état actuel. - 5° Vue générale du projet. - 6° Plan général du projet, Il y a quelques années, le graveur qui reproduisait un monument, la cathédrale de Reims, par exemple, était classé à l'Exposition parmi les architectes. Nous avons fait observer qu'il y avait confusion, qu'un graveur n'étant pas architecte devait être avec ses pairs, avec les graveurs. Aujourd'hui, les graveurs, les lithographes qui reproduisent des monuments, des fragments de monuments, des horloges même ne sont plus mêlés avec les architectes pur sang ils sont catalogués à la suite sous ces titres Architecture-Gravure , Architecture-Lithographie. Ne serait-il pas logique de placer ces graveurs d'architecture, ces lithographes d'architecture dans des divisions faisant suite à la gravure et à la lithographie plutôt qu'à l'architecture, puisque c'est le travail du graveur et du lithographe qu'on expose, et non l'oeuvre de l'architecte ? N'est-ce pas le burin de M. Hugunet, le crayon lithographique de M.E. Beau qu'on récompense lorsqu'on leur accorde des médailles ? Qu'ont de commun, avec les projets d'architecture, les dessins d'horloges et de montres du XVI e siècle, de la collection de M. le prince Sollykoff, exposés par M. Racinet fils? Un projet d'architecture est l'oeuvre d'un architecte, et une gravure, d'après l'oeuvre d'un architecte ou d'après l'oeuvre d'un sculpteur, d'un peintre, d'un horloger, sera toujours une gravure et classée comme telle dans nos collections. X. .,. 'dC ,. RÉCOMPENSES. La distribution des récompenses décernées aux artistes, à la suite de l'Exposition de 1859, a eu lieu le 15 juillet, à neuf heures du matin, au palais des Champs-Elysées, sous la présidence de S. Exc. M. Achille Fould, ministre d'Etat. Le grand Salon carré de l'Exposition avait été disposé et décoré pour cette cérémonie. A neuf heures précises, S. Exc. le ministre d'Etat a pris place sur l'estrade qu'on avait préparée pour le recevoir. Il avait à sa droite M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des Musées impériaux, intendant des Beaux-Arts de la maison de l'Empereur à sa gauche, M. Gautier, secrétaire général de la maison de l'Empereur Son Excellence était aussi accompagnée par M. le conseiller d'Etat Pelletier, secrétaire général du ministère d'Etat, par M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées impériaux, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts, et MM. les membres de l'Institut, section des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Exc. le ministre d'Etat a prononcé un discours qui a été fort applaudi par tous les artistes exposants, et que, pour notre part, nous nous empressons de reproduire dans son entier Je ne répondrais pas au sentiment qui nous anime tous, si ma première pensée n'était pas pour l'Empereur et pour l'armée. La nouvelle campagne d'Italie, immortalisée par d'éclatantes victoires, est aujourd'hui couronnée par une paix glorieuse. Il était permis de craindre que le spectacle de ces grands événements ne fût nuisible à cette Exposition en détournant d'elle l'attention du public. Il n'en a pas été ainsi. Confiante dans ses armées et dans son souverain, calme sous la régence de l'Impératrice, la nation ne s'est détournée ni de ses travaux, ni de ses délassements. L'empressement avec lequel ce palais a été visité, les acquisitions nombreuses qui y ont été faites, ont prouvé l'intérêt qui s'attache toujours, dans notre pays, aux oeuvres de l'art, aux travaux de l'intelligence. Je me plais à constater. Messieurs, que l'ensemble mérite les éloges du public éclairé et délicat. S'il n'a pas eu à admirer une de ces pages hors ligne par lesquelles un génie nouveau se révèle, il n'a pas été choqué non plus de ces présomptueuses singularités qu'inspire un faux goût. La trace de l'étude est plus sensible ici que dans les Expositions précédentes. Il y a moins de ces oeuvres enfantées à la hâte et qui sont encore plus promptement oubliées qu'elles n'ont été conçues. Nous avons vu avec satisfaction diminuer aussi le nombre de ces essais que l'on nous présentait avec assurance pour des oeuvres sérieuses. Les ébauches que nous avons recueillies des anciens maîtres, et que nous conservons précieusement, tiennent leur prix autant du souvenir de leur auteur que des grandes qualités qu'elles indiquent mais l'admiration qu'elles inspirent ne fait qu'augmenter le regret de ne pas les voir plus complètes. On revient au vrai principe de l'art, aux saines traditions, à celles qui ont le travail pour base et le bon goût pour règle. On comprend que l'étude n'a jamais comprimé le génie, et que l'application a souvent développé le talent. J'attribue, Messieurs, cet heureux progrès aux conseils éclairés de vos maîtres, qui viennent d'être vos juges, et à la sollicitude dont le gouvernement de l'Empereur vous entoure. Il accueillera tous les moyens qui lui sont offerts de vous la témoigner. Cette année, c'est une loterie placée sous le patronage d'hommes éminents, et dont le dévoûment à l'art est depuis longtemps venu augmenter les sommes ordinaires employées en acquisitions. De nombreuses commandes, de glorieuses distinctions encouragent tous les efforts et récompensent le mérite dans toutes les branches des arts que vous cultivez. Enfin, Messieurs, vous trouverez tout à l'heure, dans le nombre et le choix des distinctions qui vous ont été accordées, un témoignage de la haute satisfaction de S.M. l'Impératrice-Régente. Tant de soins ne doivent pas être perdus, et vous les reconnaîtrez en donnant la gloire des arts à un règne qui en a déjà tant d'autres. M. le comte de Nieuwerkerke, directeur général des Musées, a pris ensuite la parole pour expliquer le but des rappels de médailles et des mentions honorables comme récompenses aux exposants. Ce discours est une nouvelle preuve de l'intérêt que M. le directeur des Musées porte aux artistes ceux-ci ont répondu à ses bonnes intentions par les plus chaleureux applaudissements. M. le comte Nieuwerkerke a ensuite proclamé les récompenses dans l'ordre suivant Officier M. Ch. Muller, peintre. Chevaliers MM Norbin, peintre Mathieu, id. Palizzy, id. Daubigny, id. Ch. Lefèvre, id. Duval-Lecamu, id. Bonguerau, id. Barrias, id. Knaus, id. Plassan, id. Baron, id. Chavet, id. Fromentin, id. Ch. Leroux, id. Farochon, statuaire Loison, id. Aimé Milet, id. François Jules , graveur Soulange-Teissier, lithographe. PEINTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Fortin, Daubigny, Knaüs, Bézard. Médailles de 1 re classe. - MM. Breton, Fromentin, Leleux. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Laugée, Heilbuth, Laemlein, de Curzon, Roux, Boulanger, Roehn, Timbal, Guillemin, Brion, Richter, Leroux. Médailles de 2 e classe. - MM. Rigo, Belly, Hamman, Janmot, Leighton, Bonheur. Rappel des médailles de 3 e classe . - Mme Browne MM. Brendel, Devilly, Toulmouche, Plassan, Marquis, de Knytf. Compte-Calix, Busson, Rivoulon Mlle Thévenin M. Mazerolle Mme Besnard. Médailles de 3 e classe. - MM. Levy, Achenbach, Caraud, Lechevalier-Chevignard, Ulman, Deneuville, Boulangé, Delaunay, Pasini, Baudit, Janet-Lange, Berchère. Mentions honorables. - Mlle Allain MM. Allemand, Aubert, Bonnat, Brissot Mme Becq de Fouquières MM. Chretien, Clere, Cock, Coroenne, Crauk, Decaen Mme Gaggioti-Richards MM. Gassies, Graize, Grenet, Grisée, Grolig, Hanoteau, Herbstoffer, Hintz, Houzez, Hubner, Job, Jumel, Kate, Lalaisse, Lamorinière, Lobrichon, Magy, Marquerie, Merle, Meynier Mlle Morin Mme la comtesse de Nadaillac MM. Papeleu, Perrachon, Pina, Protais Mme Robelet MM. Rothermel, Ruiperez, Sain Mme Schneider MM. Tabar, Valerio, Villevieille. SCULPTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - M. Loison. Médailles de 1 re classe . - MM. Moreau et Allasseur. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Gumery, Schroder, Grabowski, Farochon, Marcellin, Maindron. Médailles de 2 e classe. - MM. Begas, Crauk, Darpeaux, Salmson. Rappel des médailles de 3 e classe. - MM. Oliva, Chabaud, Borrel, Le Bourg, Travaux. Médailles de 3 e classe. - MM. Lepere, Truphème, Varnier, Eupe, Aizelin, Ponscarme. Mentions honorables . - MM. Badiou de la Tron-chère, Bangillon, Barthélémy, Brian, Carrier de Belleuse, Chatreusse, Chevalier, Clère, Cocheret, David, Delabrière, Deunbergue, Durand, Fabisch, Franceschi, François Funnère, Grandfils, Hébert, Kaltenheuser, Lanzirotti, Lavigne, Moignez, Morel - Ladeuil, Poitevin, Prouha, Roubaud, Valette, Watrinelle. GRAVURE ET LITHOGRAPHIE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Blanchard, François, Lasalle, Mercury. Médailles de 1 re classe. - M. Keller. Rappel des médailles de 2 e classe. - MM. Bridoux, Gaucheret, Girardet Edouard , Girardet Paul , Girard, Salmon. Soulange-Teissier, Weber. Médailles de 2 e classe. - MM. Bal, Eichens. Rappel des médailles de 3 e classe. - MM. Aubert, Laurens, Lavielle, Leroy, Varin. Médailles de 3 e classe. - MM. Jouannin, Joubert, Sirouy, Valerio. Mentions honorables . - MM. Bertinot, Caret, Chevron, Constantin, Fleischmann, Gibert, Lehner, Levasseur, Manceau, Martinet, Pichard, Riffaut, Saunier, Stang, Sulpis, Thomas, Verswyvel, Wacquez, Wismes. ARCHITECTURE. Rappel des médailles de 1 re classe. - MM. Garnaud, Verdier. Médailles de 1 re classe. - M. Tetaz. Rappel des médailles de 2 e classe. - M. Denuelle. Médailles de 2 e classe. - MM. Thomas, Hénard. Rappel des médailles de 3 e classe. - M. Trilhe. Médailles de 3 e classe. - MM. Villain, Moll, Mauss. Mentions honorables . - MM. Arangoïti, Reiber. Schmitz. Nous saisissons l'occasion qui nous est offerte pour démontrer que le nombre des récompenses n'est plus en rapport avec l'état actuel des Expositions. Il y a trente à quarante ans, le Salon se composait à peine de douze cents ouvrages l'Exposition qui vient de finir en comptait trois mille neuf cents environ, c'est-à-dire près de trois fois plus. Comment se fait-il qu'en présence de cette énorme augmentation des ouvrages exposés, le nombre des médailles soit resté le même qu'autrefois ? Si alors le nombre des récompenses était parfaitement en accord avec le nombre des ouvrages exposés, il est évident qu'il ne l'est plus aujourd'hui. C'est en vain que l'administration a cherché à réparer ce tort, à combler cette lacune en créant les rappels de médailles et les mentions honorables cette mesure, qui ne date que de 1857, n'a pas satisfait les artistes et ne les satisfera pas, malgré les bonnes intentions de M. le directeur général des Musées et les explications qu'il a données dans son discours. En effet, tout le monde reconnaît l'insuffisance de trois médailles de 1 re classe, de six de 2 e classe et de douze de 3 e classe, eu tout vingt-une médailles pour plus de trois mille peintures comprenant les sections d'histoire, de genre, portraits, animaux, paysages, intérieurs, marines, miniatures, pastels, aquarelles et dessins. C'est encore pire pour la sculpture, qui occupe, de nos jours, une si belle et si importante place à nos Expositions pour cinq cents ouvrages environ, on ne lui accorde que douze médailles, dont deux de 1 re classe, quatre de 2 e classe et six de 3 e classe encore faut-il les partager avec les graveurs en médailles. Pour établir l'équilibre entre les récompenses et la valeur des ouvrages qui figurent aux Expositions de notre époque, pour mettre ces récompenses en harmonie avec les progrès qui ont grandi certaines branches de l'art, jadis négligées, dédaignées et, pour ainsi dire, inconnues, il faudrait augmenter le nombre des médailles et, en quelque sorte, les distribuer par genre, car il est impossible qu'avec ses trois médailles de 1 re classe l'administration puisse récompen ser , à mérite égal, une peinture historique, un tableau de genre, un portrait, un paysage, un intérieur, une marine, une miniature, un pastel et un dessin. Nous savons qu'il est rare de rencontrer à la même Exposition des oeuvres du premier mérite dans tous ces genres mais, cependant, cela pourrait arriver, et nous croyons que si, cette année, le jury avait eu à disposer de six médailles de 1 re classe pour la peinture, il aurait été beaucoup moins embarrassé qu'en n'en ayant que trois seulement pour récompenser tant d'oeuvres remarquables. XI. Tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts. Le dimanche, 24 juillet, à deux heures, il a été procédé, dans la grande nef du Palais de l'Industrie, au tirage de la loterie de l'Exposition des Beaux-Arts, organisée par un arrêté de S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, en date du 7 mars dernier. Au fond, dans la partie ouest de la nef, a été élevé une riche estrade sur laquelle ont été disposés deux bureaux pour les membres de la Commission et pour les fonctionnaires supérieurs du ministère de la Maison de l'Empereur. L'instrument du tirage de la loterie a été placé derrière les bureaux sur une plate-forme beaucoup plus élevée, de manière que les opérations du tirage soient aperçues de tous les points de l'enceinte. Le fond de la nef est orné de faisceaux, d'écussons et de riches draperies sur lesquels se détachent les objets d'art acquis pour la loterie. Les cent vingt-trois tableaux, dessins, aquarelles et pastels garnissent le fond et les deux côtés de l'estrade, et de chaque côté du bureau on a placé sur des piédestaux les trois seules sculptures achetées la Fileuse , statue en bronze, de M. Mathurin Moreau le Petit Vendangeur, statue terre cuite, de M. Jean De Bay la Jeune Femme couronnée de lierre , buste en marbre, de M. Louis Auvray et aussi le Vase renaissance, argent repoussé, de M. Deunbergue, ainsi que l'Italie , terre émaillée de M. Devers. A deux heures, S. Ex. M. le comte de Morny, président du Corps législatif, président de la Commission de la loterie, est entré accompagné des membres de la Commission, de M. Gautier, con seiller d'État, secrétaire général du ministère de la Maison de l'Empereur, et de M. le marquis de Chennevières, conservateur-adjoint des Musées, chargé de la direction des Expositions des Beaux-Arts. La séance étant ouverte, S. Ex. M. le comte de Morny donne lecture d'une lettre qu'il a adressée le 22 juillet à S. Ex. le ministre d'Etat et de la Maison de l'Empereur, pour lui annoncer la clôture des travaux de la Commission. Il communique ensuite à l'assemblée la réponse de S. Ex. le ministre d'État de la Maison de l'Empereur, qui charge la Commission de procéder à l'opération du tirage de la loterie. Après cette lecture, M. le président expose, dans un discours bien senti, les heureux résultats obtenus par la Commission, les avantages de cette loterie déjà appréciés par les artistes, l'influence qu'elle aura sur le goût du public, et l'extension qu'elle est appelée à prendre dans l'avenir. Puis il entre dans de minutieux détails sur le mode de tirage adopté par la Commission, et il termine en annonçant que le droit de reproduction de leurs ouvrages a été réservé aux artistes. Sur l'invitation de M. le président, les enfants chargés de tirer les numéros sont introduits dans la salle, et le tirage commence au milieu de l'attention générale des nombreux spectateurs qui, malgré le mauvais temps, avaient voulu assister à cette intéressante opération. Nous ne reproduirons pas ici la liste des lots publiée par le Moniteur nous les avons déjà mentionnés dans cette revue de l'Exposition. TABLE DES MATIÈRES. Pages. Le jury. - Les sculpteurs-peintres. - La loterie.. 3 Peintures historiques. il Tableaux de genre. 38 Portraits. 47 Intérieurs, Paysages, Animaux, Marines, Fleurs et Natures mortes. 56 Pastels, Aquarelle, Miniatures, Peinture sur por-celaine, Peinture sur émail, Dessins. 66 Sculpture et Gravure en médailles 74 Gravure et Lithographie. 92 Architecture. 95 Récompenses. 99 Tirage de la loterie. 106 ERRATA. Page 22, lignes 10 et 11, lisez Nous engageons cet artiste à me pas sacrifier. à ne pas chercher. Page 24, ligne 10, lisez C'est tentant pour to 1 - e . , n. m j . FIN. | 2,705 | 0.016259 | 0.080069 |
53.txt | 1,863 | -103 -vices ? Allez de ce pas lui donner une place dans vos écuries qu'il soit tenu à l'égal- de vos autres animaux domestiques, sans quoi je ne vous tiens plus vous-même pour loyal chevalier , et je vous retire mes bonnes grâces. Loin de nous les satires amères , les cen-sures outrageantes contre ceux que nous de-vons honorer et que nous respectons. Mais le désir de rendre cet ouvrage utile à toutes les conditions, ou, si l'on veut, à la jeunesse qui doit remplir un jour les différents états de la société, nous invite à vous adresser aussi la parole, ô vous à qui les princes ont confié une des plus importantes et des plus redouta-bles parties de leur puissance. Chargés d'être parmi nous les interprètes de la loi, les or ganes de l'équité, les arbitres de la fortune, de l'honneur et de la vie des citoyens, vous devez approfondir les affaires portées devant vos tribunaux, étudier les droits , discuter les preuves, éclaircir les nuages que l'artifice et la chicane ont le talent de répandre , et peser mûrement toutes les raisons dans la balance de la justice. Combattez, détruisez l'hydre dé la chicane, Veillez pour l'orphelin, secourez l'innocent | -103 -vices ? Allez de ce pas lui donner une place dans vos écuries qu'il soit tenu à l'égal- de vos autres animaux domestiques, sans quoi je ne vous tiens plus vous-même pour loyal chevalier , et je vous retire mes bonnes grâces. Loin de nous les satires amères , les cen-sures outrageantes contre ceux que nous de-vons honorer et que nous respectons. Mais le désir de rendre cet ouvrage utile à toutes les conditions, ou, si l'on veut, à la jeunesse qui doit remplir un jour les différents états de la société, nous invite à vous adresser aussi la parole, ô vous à qui les princes ont confié une des plus importantes et des plus redouta-bles parties de leur puissance. Chargés d'être parmi nous les interprètes de la loi, les or ganes de l'équité, les arbitres de la fortune, de l'honneur et de la vie des citoyens, vous devez approfondir les affaires portées devant vos tribunaux, étudier les droits , discuter les preuves, éclaircir les nuages que l'artifice et la chicane ont le talent de répandre , et peser mûrement toutes les raisons dans la balance de la justice. Combattez, détruisez l'hydre dé la chicane, Veillez pour l'orphelin, secourez l'innocent | ########### ? 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Chargés d'être parmi nous les interprètes de la loi, les or-ganes de l'équité, les arbitres de la fortune, de l'honneur et de la vie des citoyens, vous devez approfondir les affaires portées devant vos tribunaux, étudier les droits , discuter les preuves, éclaircir les nuages que l'artifice et la chicane ont le talent de répandre , et peser mûrement toutes les raisons dans la balance de la justice. Combattez, détruisez l'hydre de la chicane, Veillez pour l'orphelin, secourez l'innocent | -103 -vices ? Allez de ce pas lui donner une place dans vos écuries qu'il soit tenu à l'égal@ de vos autres animaux domestiques, sans quoi je ne vous tiens plus vous-même pour loyal chevalier , et je vous retire mes bonnes grâces. Loin de nous les satires amères , les cen-sures outrageantes contre ceux que nous de-vons honorer et que nous respectons. Mais le désir de rendre cet ouvrage utile à toutes les conditions, ou, si l'on veut, à la jeunesse qui doit remplir un jour les différents états de la société, nous invite à vous adresser aussi la parole, ô vous à qui les princes ont confié une des plus importantes et des plus redouta-bles parties de leur puissance. Chargés d'être parmi nous les interprètes de la loi, les or-ganes de l'équité, les arbitres de la fortune, de l'honneur et de la vie des citoyens, vous devez approfondir les affaires portées devant vos tribunaux, étudier les droits , discuter les preuves, éclaircir les nuages que l'artifice et la chicane ont le talent de répandre , et peser mûrement toutes les raisons dans la balance de la justice. Combattez, détruisez l'hydre de la chicane, Veillez pour l'orphelin, secourez l'innocent | -103 -vices ? Allez de ce pas lui donner une place dans vos écuries qu'il soit tenu à l'égal de vos autres animaux domestiques, sans quoi je ne vous tiens plus vous-même pour loyal chevalier , et je vous retire mes bonnes grâces. Loin de nous les satires amères , les cen-sures outrageantes contre ceux que nous de-vons honorer et que nous respectons. Mais le désir de rendre cet ouvrage utile à toutes les conditions, ou, si l'on veut, à la jeunesse qui doit remplir un jour les différents états de la société, nous invite à vous adresser aussi la parole, ô vous à qui les princes ont confié une des plus importantes et des plus redouta-bles parties de leur puissance. Chargés d'être parmi nous les interprètes de la loi, les or-ganes de l'équité, les arbitres de la fortune, de l'honneur et de la vie des citoyens, vous devez approfondir les affaires portées devant vos tribunaux, étudier les droits , discuter les preuves, éclaircir les nuages que l'artifice et la chicane ont le talent de répandre , et peser mûrement toutes les raisons dans la balance de la justice. Combattez, détruisez l'hydre de la chicane, Veillez pour l'orphelin, secourez l'innocent | 3 | 0.002586 | 0.013699 |
768.txt | 1,858 | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 59 tendre, et dans ce langage familier auquel, tout enfants, ils s'étaient accoutumés -- Clémence, lui disait-il d'une voix sourde et plaintive, revenez à vous. Pourquoi nous quitter ainsi ? Elle ne bougeait pas et il continuait comme s'il se fût adressé à un ange, déjà accueilli dans un séjour plus parfait. Sa tête s'égarait sous le coup de la douleur et des émotions de la journée. Il serépandaiten reproches mêlés de tendresses infinies, lui rappelait ceux qu'elle laissait sur cette terre li-vrés à d'éternels regrets, sa mère, sa soeur, lui enfin tous ceux qui l'aimaient et qu'elle aimait, trouvant, pour expri-mer son amour, des mots si chastes et si purs, qu'ils ne semblaient pas sortir d'une bouche humaine, puis allant jus-qu'à la menace, afin deSa toucher plus vivement - Clémence, ajouta-t-il, vous voulez donc que j'aille vous rejoindre, puisque vous ne voulez pas revenir vers nous 1 C'est bien cruel de votre part. Que vous ai-je donc fait que vous ne me répondez pas? Et il l'agitait doucement, et comme s'il eût voulu se faire mieux entendre, il rapprochait son visage du sien, et le cou-vrait du souffle ardent de la jeunesse. Est-oe à cette circon-stance que tint le retour à la vie? On ne saurait le dire mais, au moment où Gaston exhala sa dernière plainte, un soupir y répondit, et la jeune femme ouvrit les yeux. - Ahl c'est vous, Gaston, dit-elle. Où suis-je donc? Puis, étonnée de se trouver entre les bras d'un homme, seule au milieu des flots, dans une position et un costume si étranges, elle inclina de nouveau la tête et retomba dans son évanouissement. Mais cette crise n'avait pas le caractère de celle qui l'avait précédée, et tout inexpérimenté que fût Gaston, il ne put s'y méprendre les symptômes étaient trop évidents. Le sein reprenait son mouvement, la peau sa chaleur les lèvres se coloraient, les pauptères étaient le siège d'un frémissement nerveux, les ailes des narines se dilataient sous l'action d'un souffle encore inégal, les membres recouvraient peu à peu leur flexibilité c'était le retour des fonctions vitales qui s'o-pérait régulièrement avec tous les phénomènes qui le carac-térisent. On eût dit que les sens cherchaient dans un nouveau sommeil la force nécessaire pour une activité suivie. | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 59 tendre, et dans ce langage familier auquel, tout enfants, ils s'étaient accoutumés -- Clémence, lui disait-il d'une voix sourde et plaintive, revenez à vous. Pourquoi nous quitter ainsi ? Elle ne bougeait pas et il continuait comme s'il se fût adressé à un ange, déjà accueilli dans un séjour plus parfait. Sa tête s'égarait sous le coup de la douleur et des émotions de la journée. Il se@répandait@en reproches mêlés de tendresses infinies, lui rappelait ceux qu'elle laissait sur cette terre li-vrés à d'éternels regrets, sa mère, sa soeur, lui enfin@ tous ceux qui l'aimaient et qu'elle aimait, trouvant, pour expri-mer son amour, des mots si chastes et si purs, qu'ils ne semblaient pas sortir d'une bouche humaine, puis allant jus-qu'à la menace, afin de@Sa toucher plus vivement - Clémence, ajouta-t-il, vous voulez donc que j'aille vous rejoindre, puisque vous ne voulez pas revenir vers nous 1 C'est bien cruel de votre part. Que vous ai-je donc fait que vous ne me répondez pas@? Et il l'agitait doucement, et comme s'il eût voulu se faire mieux entendre, il rapprochait son visage du sien, et le cou-vrait du souffle ardent de la jeunesse. Est-oe à cette circon-stance que tint le retour à la vie? On ne saurait le dire mais, au moment où Gaston exhala sa dernière plainte, un soupir y répondit, et la jeune femme ouvrit les yeux. - Ah@l c'est vous, Gaston, dit-elle. Où suis-je donc@? Puis, étonnée de se trouver entre les bras d'un homme, seule au milieu des flots, dans une position et un costume si étranges, elle inclina de nouveau la tête et retomba dans son évanouissement. Mais cette crise n'avait pas le caractère de celle qui l'avait précédée, et tout inexpérimenté que fût Gaston, il ne put s'y méprendre les symptômes étaient trop évidents. Le sein reprenait son mouvement, la peau sa chaleur les lèvres se coloraient, les pauptères étaient le siège d'un frémissement nerveux, les ailes des narines se dilataient sous l'action d'un souffle encore inégal, les membres recouvraient peu à peu leur flexibilité c'était le retour des fonctions vitales qui s'o-pérait régulièrement avec tous les phénomènes qui le carac-térisent. On eût dit que les sens cherchaient dans un nouveau sommeil la force nécessaire pour une activité suivie. | CE ##### PEUT VOIR DANS UNE RUE. 59 tendre, et dans ce langage familier auquel, tout enfants, ils s'étaient accoutumés @-@Clémence, lui disait-il d'une voix sourde et plaintive, revenez à vous. Pourquoi nous quitter ainsi ? Elle ne bougeait pas et il continuait comme s'il se fût adressé à un ange, déjà accueilli dans un séjour plus parfait. Sa tête s'égarait sous le coup de la douleur et des émotions de la journée. Il se répandait en reproches mêlés de tendresses infinies, lui rappelait ceux qu'elle laissait sur cette terre li-vrés à d'éternels regrets, sa mère, sa soeur, lui enfin, tous ceux qui l'aimaient et qu'elle aimait, trouvant, pour expri-mer son amour, des mots si chastes et si purs, qu'ils ne semblaient pas sortir d'une bouche humaine, puis allant jus-qu'à la menace, afin de la toucher plus vivement -@Clémence, ajouta-t-il, vous voulez donc que j'aille vous rejoindre, puisque vous ne voulez pas revenir vers nous ! C'est bien cruel de votre part. Que vous ai-je donc fait que vous ne me répondez pas ? Et il l'agitait doucement, et comme s'il eût voulu se faire mieux entendre, il rapprochait son visage du sien, et le cou-vrait du souffle ardent de la jeunesse. Est-ce à cette circon-stance que tint le retour à la vie? On ne saurait le dire mais, au moment où Gaston exhala sa dernière plainte, un soupir y répondit, et la jeune femme ouvrit les yeux. -@Ah ! c'est vous, Gaston, dit-elle. Où suis-je donc ? Puis, étonnée de se trouver entre les bras d'un homme, seule au milieu des flots, dans une position et un costume si étranges, elle inclina de nouveau la tête et retomba dans son évanouissement. Mais cette crise n'avait pas le caractère de celle qui l'avait précédée, et tout inexpérimenté que fût Gaston, il ne put s'y méprendre les symptômes étaient trop évidents. Le sein reprenait son mouvement, la peau sa chaleur les lèvres se coloraient, les paupières étaient le siège d'un frémissement nerveux, les ailes des narines se dilataient sous l'action d'un souffle encore inégal, les membres recouvraient peu à peu leur flexibilité c'était le retour des fonctions vitales qui s'o-pérait régulièrement avec tous les phénomènes qui le carac-térisent. On eût dit que les sens cherchaient dans un nouveau sommeil la force nécessaire pour une activité suivie. | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 59 tendre, et dans ce langage familier auquel, tout enfants, ils s'étaient accoutumés @-@Clémence, lui disait-il d'une voix sourde et plaintive, revenez à vous. Pourquoi nous quitter ainsi ? Elle ne bougeait pas et il continuait comme s'il se fût adressé à un ange, déjà accueilli dans un séjour plus parfait. Sa tête s'égarait sous le coup de la douleur et des émotions de la journée. Il se répandait en reproches mêlés de tendresses infinies, lui rappelait ceux qu'elle laissait sur cette terre li-vrés à d'éternels regrets, sa mère, sa soeur, lui enfin, tous ceux qui l'aimaient et qu'elle aimait, trouvant, pour expri-mer son amour, des mots si chastes et si purs, qu'ils ne semblaient pas sortir d'une bouche humaine, puis allant jus-qu'à la menace, afin de la toucher plus vivement -@Clémence, ajouta-t-il, vous voulez donc que j'aille vous rejoindre, puisque vous ne voulez pas revenir vers nous ! C'est bien cruel de votre part. Que vous ai-je donc fait que vous ne me répondez pas ? Et il l'agitait doucement, et comme s'il eût voulu se faire mieux entendre, il rapprochait son visage du sien, et le cou-vrait du souffle ardent de la jeunesse. Est-ce à cette circon-stance que tint le retour à la vie? On ne saurait le dire mais, au moment où Gaston exhala sa dernière plainte, un soupir y répondit, et la jeune femme ouvrit les yeux. -@Ah ! c'est vous, Gaston, dit-elle. Où suis-je donc ? Puis, étonnée de se trouver entre les bras d'un homme, seule au milieu des flots, dans une position et un costume si étranges, elle inclina de nouveau la tête et retomba dans son évanouissement. Mais cette crise n'avait pas le caractère de celle qui l'avait précédée, et tout inexpérimenté que fût Gaston, il ne put s'y méprendre les symptômes étaient trop évidents. Le sein reprenait son mouvement, la peau sa chaleur les lèvres se coloraient, les paupières étaient le siège d'un frémissement nerveux, les ailes des narines se dilataient sous l'action d'un souffle encore inégal, les membres recouvraient peu à peu leur flexibilité c'était le retour des fonctions vitales qui s'o-pérait régulièrement avec tous les phénomènes qui le carac-térisent. On eût dit que les sens cherchaient dans un nouveau sommeil la force nécessaire pour une activité suivie. | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 59 tendre, et dans ce langage familier auquel, tout enfants, ils s'étaient accoutumés -Clémence, lui disait-il d'une voix sourde et plaintive, revenez à vous. Pourquoi nous quitter ainsi ? Elle ne bougeait pas et il continuait comme s'il se fût adressé à un ange, déjà accueilli dans un séjour plus parfait. Sa tête s'égarait sous le coup de la douleur et des émotions de la journée. Il se répandait en reproches mêlés de tendresses infinies, lui rappelait ceux qu'elle laissait sur cette terre li-vrés à d'éternels regrets, sa mère, sa soeur, lui enfin, tous ceux qui l'aimaient et qu'elle aimait, trouvant, pour expri-mer son amour, des mots si chastes et si purs, qu'ils ne semblaient pas sortir d'une bouche humaine, puis allant jus-qu'à la menace, afin de la toucher plus vivement -Clémence, ajouta-t-il, vous voulez donc que j'aille vous rejoindre, puisque vous ne voulez pas revenir vers nous ! C'est bien cruel de votre part. Que vous ai-je donc fait que vous ne me répondez pas ? Et il l'agitait doucement, et comme s'il eût voulu se faire mieux entendre, il rapprochait son visage du sien, et le cou-vrait du souffle ardent de la jeunesse. Est-ce à cette circon-stance que tint le retour à la vie? On ne saurait le dire mais, au moment où Gaston exhala sa dernière plainte, un soupir y répondit, et la jeune femme ouvrit les yeux. -Ah ! c'est vous, Gaston, dit-elle. Où suis-je donc ? Puis, étonnée de se trouver entre les bras d'un homme, seule au milieu des flots, dans une position et un costume si étranges, elle inclina de nouveau la tête et retomba dans son évanouissement. Mais cette crise n'avait pas le caractère de celle qui l'avait précédée, et tout inexpérimenté que fût Gaston, il ne put s'y méprendre les symptômes étaient trop évidents. Le sein reprenait son mouvement, la peau sa chaleur les lèvres se coloraient, les paupières étaient le siège d'un frémissement nerveux, les ailes des narines se dilataient sous l'action d'un souffle encore inégal, les membres recouvraient peu à peu leur flexibilité c'était le retour des fonctions vitales qui s'o-pérait régulièrement avec tous les phénomènes qui le carac-térisent. On eût dit que les sens cherchaient dans un nouveau sommeil la force nécessaire pour une activité suivie. | 16 | 0.007008 | 0.033937 |
797.txt | 1,858 | 92 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tiendrait quelque repos. Il fallait que du matin au soir et dans tous les actes de sa vie, la comtesse eût un témoin et un gardien qu'elle ne pût faire un pas sans l'avoir à ses cô-tés que hors de l'hôtel comme dans l'hôtel, à pied ou en voiture, elle sentit près d'elle une main pour la contenir et un regard pour l'épier qu'ainsi conduite elle s'amenderait, ne fût-ce que par impuissance de mal faire, tandis qu'abandon-née à elle-même, elle irait, de degré en degré, à l'oubli com-plet et irréparable de ses devoirs. Quand il eut ainsi défini la besogne, le comte en vint à parler de l'instrument. Il n'y avait pas à hésiter sur le-choix Pulchérie seule réunissait toutes les conditions requises, et c'était à raison de ce motif que Sigismond s'adressait à elle. Comme proche parente, elle avait naturellement sa place dans la maison elle savait, en outre, comment on impose et de quelle façon on se fait obéir. Toute latitude lui serait lais- v sée pour cela. Une fois installée à l'hôtel Montréal, elle y exercerait une autorité sans limites les gens auraient à prendre ses ordres el à y déférer responsable comme elle le serait, il fallait qu'elle.fût à peu près souveraine. Le comte lui-même abdiquerait entre ses mains. Il n'y mettait qu'une condition c'était que sa soeur userait de ses pouvoirs de telle sorte que sa tranquillité, à lui, fût complétement assurée, et qu'il n'eût plus rien à redouter désormais ni des impru- -dences ni des faiblesses de Clémence. A mesure que Sigismond avançait dans son discours, on voyait mademoiselle Pulchérie passer par des impressions bien diverses. Au début elle avait un parti pris, et les coups de poing tout faits pour ainsi dire. L'idée de servir de chape-ron à sa belle-soeur lui souriait médiocrement encore moins se sentait-elle du goût pour un changement de domicile. De-puis trente ans bientôt elle habitait ce couvent, auquel la rattachaient oien des souvenirs elle y avait son monde, sa • police, sa famille. Le peu qu'elle était susceptible d'éprou-ver, elle l'avait éprouvé dans cette enceinte elle en aimait le calme, le recueillement, les habitudes régulières. Il n'était pas jusqu'à son modeste appartement auquel elle ne tint elle l'avait arrangé et orné de ses mains c'était son orgueil et sa -joie. Si elle avait pu s'attacher à quelque chose, c'eût été à cela. D'où il suit qu'elle, n'était guère d'humeur à souscrire | 92 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tiendrait quelque repos. Il fallait que du matin au soir et dans tous les actes de sa vie, la comtesse eût un témoin et un gardien qu'elle ne pût faire un pas sans l'avoir à ses cô-tés que hors de l'hôtel comme dans l'hôtel, à pied ou en voiture, elle sentit près d'elle une main pour la contenir et un regard pour l'épier qu'ainsi conduite elle s'amenderait, ne fût-ce que par impuissance de mal faire, tandis qu'abandon-née à elle-même, elle irait, de degré en degré, à l'oubli com-plet et irréparable de ses devoirs. Quand il eut ainsi défini la besogne, le comte en vint à parler de l'instrument. Il n'y avait pas à hésiter sur le-choix Pulchérie seule réunissait toutes les conditions requises, et c'était à raison de ce motif que Sigismond s'adressait à elle. Comme proche parente, elle avait naturellement sa place dans la maison elle savait, en outre, comment on impose et de quelle façon on se fait obéir. Toute latitude lui serait lais- v sée pour cela. Une fois installée à l'hôtel Montréal, elle y exercerait une autorité sans limites les gens auraient à prendre ses ordres el à y déférer responsable comme elle le serait, il fallait qu'elle.fût à peu près souveraine. Le comte lui-même abdiquerait entre ses mains. Il n'y mettait qu'une condition c'était que sa soeur userait de ses pouvoirs de telle sorte que sa tranquillité, à lui, fût complétement assurée, et qu'il n'eût plus rien à redouter désormais ni des impru- -dences ni des faiblesses de Clémence. A mesure que Sigismond avançait dans son discours, on voyait mademoiselle Pulchérie passer par des impressions bien diverses. Au début elle avait un parti pris, et les coups de poing tout faits pour ainsi dire. L'idée de servir de chape-ron à sa belle-soeur lui souriait médiocrement encore moins se sentait-elle du goût pour un changement de domicile. De-puis trente ans bientôt elle habitait ce couvent, auquel la rattachaient oien des souvenirs elle y avait son monde, sa • police, sa famille. Le peu qu'elle était susceptible d'éprou-ver, elle l'avait éprouvé dans cette enceinte elle en aimait le calme, le recueillement, les habitudes régulières. Il n'était pas jusqu'à son modeste appartement auquel elle ne tint elle l'avait arrangé et orné de ses mains c'était son orgueil et sa -joie. Si elle avait pu s'attacher à quelque chose, c'eût été à cela. D'où il suit qu'elle, n'était guère d'humeur à souscrire | 92 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tiendrait quelque repos. Il fallait que du matin au soir et dans tous les actes de sa vie, la comtesse eût un témoin et un gardien qu'elle ne pût faire un pas sans l'avoir à ses cô-tés que hors de l'hôtel comme dans l'hôtel, à pied ou en voiture, elle sentit près d'elle une main pour la contenir et un regard pour l'épier qu'ainsi conduite elle s'amenderait, ne fût-ce que par impuissance de mal faire, tandis qu'abandon-née à elle-même, elle irait, de degré en degré, à l'oubli com-plet et irréparable de ses devoirs. Quand il eut ainsi défini la besogne, le comte en vint à parler de l'instrument. Il n'y avait pas à hésiter sur le choix Pulchérie seule réunissait toutes les conditions requises, et c'était à raison de ce motif que Sigismond s'adressait à elle. Comme proche parente, elle avait naturellement sa place dans la maison elle savait, en outre, comment on impose et de quelle façon on se fait obéir. Toute latitude lui serait lais-@@@sée pour cela. Une fois installée à l'hôtel Montréal, elle y exercerait une autorité sans limites les gens auraient à prendre ses ordres et à y déférer responsable comme elle le serait, il fallait qu'elle fût à peu près souveraine. Le comte lui-même abdiquerait entre ses mains. Il n'y mettait qu'une condition c'était que sa soeur userait de ses pouvoirs de telle sorte que sa tranquillité, à lui, fût complétement assurée, et qu'il n'eût plus rien à redouter désormais ni des impru@@-dences ni des faiblesses de Clémence. A mesure que Sigismond avançait dans son discours, on voyait mademoiselle Pulchérie passer par des impressions bien diverses. Au début elle avait un parti pris, et les coups de poing tout faits pour ainsi dire. L'idée de servir de chape-ron à sa belle-soeur lui souriait médiocrement encore moins se sentait-elle du goût pour un changement de domicile. De-puis trente ans bientôt elle habitait ce couvent, auquel la rattachaient bien des souvenirs elle y avait son monde, sa@@ police, sa famille. Le peu qu'elle était susceptible d'éprou-ver, elle l'avait éprouvé dans cette enceinte elle en aimait le calme, le recueillement, les habitudes régulières. Il n'était pas jusqu'à son modeste appartement auquel elle ne tint elle l'avait arrangé et orné de se@ mains c'était son orgueil et sa @joie. Si elle avait pu s'attacher à quelque chose, c'eût été à cela. D'où il suit qu'elle@ n'était guère d'humeur à souscrire | 92 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tiendrait quelque repos. Il fallait que du matin au soir et dans tous les actes de sa vie, la comtesse eût un témoin et un gardien qu'elle ne pût faire un pas sans l'avoir à ses cô-tés que hors de l'hôtel comme dans l'hôtel, à pied ou en voiture, elle sentit près d'elle une main pour la contenir et un regard pour l'épier qu'ainsi conduite elle s'amenderait, ne fût-ce que par impuissance de mal faire, tandis qu'abandon-née à elle-même, elle irait, de degré en degré, à l'oubli com-plet et irréparable de ses devoirs. Quand il eut ainsi défini la besogne, le comte en vint à parler de l'instrument. Il n'y avait pas à hésiter sur le choix Pulchérie seule réunissait toutes les conditions requises, et c'était à raison de ce motif que Sigismond s'adressait à elle. Comme proche parente, elle avait naturellement sa place dans la maison elle savait, en outre, comment on impose et de quelle façon on se fait obéir. Toute latitude lui serait lais-@@@sée pour cela. Une fois installée à l'hôtel Montréal, elle y exercerait une autorité sans limites les gens auraient à prendre ses ordres et à y déférer responsable comme elle le serait, il fallait qu'elle fût à peu près souveraine. Le comte lui-même abdiquerait entre ses mains. Il n'y mettait qu'une condition c'était que sa soeur userait de ses pouvoirs de telle sorte que sa tranquillité, à lui, fût complétement assurée, et qu'il n'eût plus rien à redouter désormais ni des impru@@-dences ni des faiblesses de Clémence. A mesure que Sigismond avançait dans son discours, on voyait mademoiselle Pulchérie passer par des impressions bien diverses. Au début elle avait un parti pris, et les coups de poing tout faits pour ainsi dire. L'idée de servir de chape-ron à sa belle-soeur lui souriait médiocrement encore moins se sentait-elle du goût pour un changement de domicile. De-puis trente ans bientôt elle habitait ce couvent, auquel la rattachaient bien des souvenirs elle y avait son monde, sa@@ police, sa famille. Le peu qu'elle était susceptible d'éprou-ver, elle l'avait éprouvé dans cette enceinte elle en aimait le calme, le recueillement, les habitudes régulières. Il n'était pas jusqu'à son modeste appartement auquel elle ne tint elle l'avait arrangé et orné de se@ mains c'était son orgueil et sa @joie. Si elle avait pu s'attacher à quelque chose, c'eût été à cela. D'où il suit qu'elle@ n'était guère d'humeur à souscrire | 92 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. tiendrait quelque repos. Il fallait que du matin au soir et dans tous les actes de sa vie, la comtesse eût un témoin et un gardien qu'elle ne pût faire un pas sans l'avoir à ses cô-tés que hors de l'hôtel comme dans l'hôtel, à pied ou en voiture, elle sentit près d'elle une main pour la contenir et un regard pour l'épier qu'ainsi conduite elle s'amenderait, ne fût-ce que par impuissance de mal faire, tandis qu'abandon-née à elle-même, elle irait, de degré en degré, à l'oubli com-plet et irréparable de ses devoirs. Quand il eut ainsi défini la besogne, le comte en vint à parler de l'instrument. Il n'y avait pas à hésiter sur le choix Pulchérie seule réunissait toutes les conditions requises, et c'était à raison de ce motif que Sigismond s'adressait à elle. Comme proche parente, elle avait naturellement sa place dans la maison elle savait, en outre, comment on impose et de quelle façon on se fait obéir. Toute latitude lui serait lais-sée pour cela. Une fois installée à l'hôtel Montréal, elle y exercerait une autorité sans limites les gens auraient à prendre ses ordres et à y déférer responsable comme elle le serait, il fallait qu'elle fût à peu près souveraine. Le comte lui-même abdiquerait entre ses mains. Il n'y mettait qu'une condition c'était que sa soeur userait de ses pouvoirs de telle sorte que sa tranquillité, à lui, fût complétement assurée, et qu'il n'eût plus rien à redouter désormais ni des impru-dences ni des faiblesses de Clémence. A mesure que Sigismond avançait dans son discours, on voyait mademoiselle Pulchérie passer par des impressions bien diverses. Au début elle avait un parti pris, et les coups de poing tout faits pour ainsi dire. L'idée de servir de chape-ron à sa belle-soeur lui souriait médiocrement encore moins se sentait-elle du goût pour un changement de domicile. De-puis trente ans bientôt elle habitait ce couvent, auquel la rattachaient bien des souvenirs elle y avait son monde, sa police, sa famille. Le peu qu'elle était susceptible d'éprou-ver, elle l'avait éprouvé dans cette enceinte elle en aimait le calme, le recueillement, les habitudes régulières. Il n'était pas jusqu'à son modeste appartement auquel elle ne tint elle l'avait arrangé et orné de se mains c'était son orgueil et sa joie. Si elle avait pu s'attacher à quelque chose, c'eût été à cela. D'où il suit qu'elle n'était guère d'humeur à souscrire | 14 | 0.005802 | 0.03268 |
783.txt | 1,858 | 76 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. circonstance frappa Gaston, un jour qu'il rôdait sur les lieux, en quête d'informations un peu au hasard et en se fiant à son étoile. Les vents avaient soufflé la veille avec une grande violence et ouvert de larges éclaircies au milieu des arbres dépouillés. Çà et là des vides s'étaient faits, et à travers ces vides, il voyait se dessiner les façades de Beaupré et distin-guait nettement les appartements de la comtesse. Que l'au-tomne achevât son oeuvre, et, de la route à ce point du châ-feau, il y aurait un rapprochement possible pour les yeux perçants de la jeunesse. - -A l'instant même, Gaston fit ce calcul. Il avait trouvé ce qu'il cherchait, un champ d'observations qui lui fut acces-sible, sans qu'on en prît ombrage dans aucun cas. Le chemin départemental était un terrain neutre où sa présence aurait toujours, si on l'y voyait, une explication naturelle. Il con-duisait à Yalmont, à Fécamp, à Cany, à Ourville, à Vitte-fleur, partout où l'appelaient ses distractions ou ses affaires. On lui connaissait de ce côté des métairies, des champs, des pacages, des moulins, et il était naturel qu'il y donnât le coup d'oeil du maître. Voilà pour les apparences quant au -reste, Gaston s'en remettait au dieu des amours sincères il n'avait point de plan, mais seulement l'espoir vague qu'une occasion se présenterait il ne voulait pas forcer la destinée, il en attendrait les arrêts. Qui le sait? Clémence aurait un de ces mystérieux avertissements, si habituels aux âmes tou-chée elle saurait qu'il est là, qu'il y est pour elle, à son intention, et avec l'ardent désir de recueillir sur son passage un geste, un regard, le plus furtif et le plus léger témoi- -gnage d'affection. A peine cet espoir fut-il entré dans l'esprit de Gaston, qu'il se sentit renaître. Dès le lendemain, il montait à cheval et suivait lentement l'itinéraire qu'il s'était tracé. Jusqu'aux approches de Beaupré, il rendit la main à sa monture et brûla le chemin arriva sur les lieux, il prit le pas de manière à rester, en vue le plus de temps possible et à mettre de son côté autant de chances qu'il le pourrait. Ces chances étaient, hélas ! bien petites dix minutes à peine, en gardant l'allure la plus modérée. Le succès dépendait de ce moment fugitif. Il fallait que le hasard amenât Clémence à sa croisée, qu'elle jetât les yeux de son côté, qu'elle l'aperçût, le reconnût, et, | 76 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. circonstance frappa Gaston, un jour qu'il rôdait sur les lieux, en quête d'informations un peu au hasard et en se fiant à son étoile. Les vents avaient soufflé la veille avec une grande violence et ouvert de larges éclaircies au milieu des arbres dépouillés. Çà et là des vides s'étaient faits, et à travers ces vides, il voyait se dessiner les façades de Beaupré et distin-guait nettement les appartements de la comtesse. Que l'au-tomne achevât son oeuvre, et, de la route à ce point du châ-feau, il y aurait un rapprochement possible pour les yeux perçants de la jeunesse. - -A l'instant même, Gaston fit ce calcul. Il avait trouvé ce qu'il cherchait, un champ d'observations qui lui fut acces-sible, sans qu'on en prît ombrage dans aucun cas. Le chemin départemental était un terrain neutre où sa présence aurait toujours, si on l'y voyait, une explication naturelle. Il con-duisait à Yalmont, à Fécamp, à Cany, à Ourville, à Vitte-fleur, partout où l'appelaient ses distractions ou ses affaires. On lui connaissait de ce côté des métairies, des champs, des pacages, des moulins, et il était naturel qu'il y donnât le coup d'oeil du maître. Voilà pour les apparences quant au -reste, Gaston s'en remettait au dieu des amours sincères il n'avait point de plan, mais seulement l'espoir vague qu'une occasion se présenterait il ne voulait pas forcer la destinée, il en attendrait les arrêts. Qui le sait? Clémence aurait un de ces mystérieux avertissements, si habituels aux âmes tou-chée@ elle saurait qu'il est là, qu'il y est pour elle, à son intention, et avec l'ardent désir de recueillir sur son passage un geste, un regard, le plus furtif et le plus léger témoi- -gnage d'affection. A peine cet espoir fut-il entré dans l'esprit de Gaston, qu'il se sentit renaître. Dès le lendemain, il montait à cheval et suivait lentement l'itinéraire qu'il s'était tracé. Jusqu'aux approches de Beaupré, il rendit la main à sa monture et brûla le chemin arriva sur les lieux, il prit le pas de manière à rester, en vue le plus de temps possible et à mettre de son côté autant de chances qu'il le pourrait. Ces chances étaient, hélas ! bien petites dix minutes à peine, en gardant l'allure la plus modérée. Le succès dépendait de ce moment fugitif. Il fallait que le hasard amenât Clémence à sa croisée, qu'elle jetât les yeux de son côté, qu'elle l'aperçût, le reconnût, et, | 76 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. circonstance frappa Gaston, un jour qu'il rôdait sur les lieux, en quête d'informations un peu au hasard et en se fiant à son étoile. Les vents avaient soufflé la veille avec une grande violence et ouvert de larges éclaircies au milieu des arbres dépouillés. Ca et là des vides s'étaient faits, et à travers ces vides, il voyait se dessiner les façades de Beaupré et distin-guait nettement les appartements de la comtesse. Que l'au-tomne achevât son oeuvre, et, de la route à ce point du châ-teau, il y aurait un rapprochement possible pour les yeux perçants de la jeunesse. @@@A l'instant même, Gaston fit ce calcul. Il avait trouvé ce qu'il cherchait, un champ d'observations qui lui fût acces-sible, sans qu'on en prît ombrage dans aucun cas. Le chemin départemental était un terrain neutre où sa présence aurait toujours, si on l'y voyait, une explication naturelle. Il con-duisait à Valmont, à Fécamp, à Cany, à Ourville, à Vitte-fleur, partout où l'appelaient ses distractions ou ses affaires. On lui connaissait de ce côté des métairies, des champs, des pacages, des moulins, et il était naturel qu'il y donnât le coup d'oeil du maître. Voilà pour les apparences quant au @reste, Gaston s'en remettait au dieu des amours sincères il n'avait point de plan, mais seulement l'espoir vague qu'une occasion se présenterait il ne voulait pas forcer la destinée, il en attendrait les arrêts. Qui le sait? Clémence aurait un de ces mystérieux avertissements, si habituels aux âmes tou-chées elle saurait qu'il est là, qu'il y est pour elle, à son intention, et avec l'ardent désir de recueillir sur son passage un geste, un regard, le plus furtif et le plus léger témoi-@@gnage d'affection. A peine cet espoir fut-il entré dans l'esprit de Gaston, qu'il se sentit renaître. Dès le lendemain, il montait à cheval et suivait lentement l'itinéraire qu'il s'était tracé. Jusqu'aux approches de Beaupré, il rendit la main à sa monture et brûla le chemin arrivé sur les lieux, il prit le pas de manière à rester@ en vue le plus de temps possible et à mettre de son côté autant de chances qu'il le pourrait. Ces chances étaient, hélas ! bien petites dix minutes à peine, en gardant l'allure la plus modérée. Le succès dépendait de ce moment fugitif. Il fallait que le hasard amenât Clémence à sa croisée, qu'elle jetât les yeux de son côté, qu'elle l'aperçût, le reconnût, et, | 76 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. circonstance frappa Gaston, un jour qu'il rôdait sur les lieux, en quête d'informations un peu au hasard et en se fiant à son étoile. Les vents avaient soufflé la veille avec une grande violence et ouvert de larges éclaircies au milieu des arbres dépouillés. Ca et là des vides s'étaient faits, et à travers ces vides, il voyait se dessiner les façades de Beaupré et distin-guait nettement les appartements de la comtesse. Que l'au-tomne achevât son oeuvre, et, de la route à ce point du châ-teau, il y aurait un rapprochement possible pour les yeux perçants de la jeunesse. @@@A l'instant même, Gaston fit ce calcul. Il avait trouvé ce qu'il cherchait, un champ d'observations qui lui fût acces-sible, sans qu'on en prît ombrage dans aucun cas. Le chemin départemental était un terrain neutre où sa présence aurait toujours, si on l'y voyait, une explication naturelle. Il con-duisait à Valmont, à Fécamp, à Cany, à Ourville, à Vitte-fleur, partout où l'appelaient ses distractions ou ses affaires. On lui connaissait de ce côté des métairies, des champs, des pacages, des moulins, et il était naturel qu'il y donnât le coup d'oeil du maître. Voilà pour les apparences quant au @reste, Gaston s'en remettait au dieu des amours sincères il n'avait point de plan, mais seulement l'espoir vague qu'une occasion se présenterait il ne voulait pas forcer la destinée, il en attendrait les arrêts. Qui le sait? Clémence aurait un de ces mystérieux avertissements, si habituels aux âmes tou-chées elle saurait qu'il est là, qu'il y est pour elle, à son intention, et avec l'ardent désir de recueillir sur son passage un geste, un regard, le plus furtif et le plus léger témoi-@@gnage d'affection. A peine cet espoir fut-il entré dans l'esprit de Gaston, qu'il se sentit renaître. Dès le lendemain, il montait à cheval et suivait lentement l'itinéraire qu'il s'était tracé. Jusqu'aux approches de Beaupré, il rendit la main à sa monture et brûla le chemin arrivé sur les lieux, il prit le pas de manière à rester@ en vue le plus de temps possible et à mettre de son côté autant de chances qu'il le pourrait. Ces chances étaient, hélas ! bien petites dix minutes à peine, en gardant l'allure la plus modérée. Le succès dépendait de ce moment fugitif. Il fallait que le hasard amenât Clémence à sa croisée, qu'elle jetât les yeux de son côté, qu'elle l'aperçût, le reconnût, et, | 76 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. circonstance frappa Gaston, un jour qu'il rôdait sur les lieux, en quête d'informations un peu au hasard et en se fiant à son étoile. Les vents avaient soufflé la veille avec une grande violence et ouvert de larges éclaircies au milieu des arbres dépouillés. Ca et là des vides s'étaient faits, et à travers ces vides, il voyait se dessiner les façades de Beaupré et distin-guait nettement les appartements de la comtesse. Que l'au-tomne achevât son oeuvre, et, de la route à ce point du châ-teau, il y aurait un rapprochement possible pour les yeux perçants de la jeunesse. A l'instant même, Gaston fit ce calcul. Il avait trouvé ce qu'il cherchait, un champ d'observations qui lui fût acces-sible, sans qu'on en prît ombrage dans aucun cas. Le chemin départemental était un terrain neutre où sa présence aurait toujours, si on l'y voyait, une explication naturelle. Il con-duisait à Valmont, à Fécamp, à Cany, à Ourville, à Vitte-fleur, partout où l'appelaient ses distractions ou ses affaires. On lui connaissait de ce côté des métairies, des champs, des pacages, des moulins, et il était naturel qu'il y donnât le coup d'oeil du maître. Voilà pour les apparences quant au reste, Gaston s'en remettait au dieu des amours sincères il n'avait point de plan, mais seulement l'espoir vague qu'une occasion se présenterait il ne voulait pas forcer la destinée, il en attendrait les arrêts. Qui le sait? Clémence aurait un de ces mystérieux avertissements, si habituels aux âmes tou-chées elle saurait qu'il est là, qu'il y est pour elle, à son intention, et avec l'ardent désir de recueillir sur son passage un geste, un regard, le plus furtif et le plus léger témoi-gnage d'affection. A peine cet espoir fut-il entré dans l'esprit de Gaston, qu'il se sentit renaître. Dès le lendemain, il montait à cheval et suivait lentement l'itinéraire qu'il s'était tracé. Jusqu'aux approches de Beaupré, il rendit la main à sa monture et brûla le chemin arrivé sur les lieux, il prit le pas de manière à rester en vue le plus de temps possible et à mettre de son côté autant de chances qu'il le pourrait. Ces chances étaient, hélas ! bien petites dix minutes à peine, en gardant l'allure la plus modérée. Le succès dépendait de ce moment fugitif. Il fallait que le hasard amenât Clémence à sa croisée, qu'elle jetât les yeux de son côté, qu'elle l'aperçût, le reconnût, et, | 14 | 0.005841 | 0.031847 |
973.txt | 1,858 | 302 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. aux rigueurs de l'opinion et vivriez avec moi dans la soli-tude. Oui, mon ami, mais ces folies n'ont qu'un temps on en revient, si sincère et si aimant que l'on soit il faut tôt ou tard compter avec le monde et avec ses manières d'agir. Laissez-moi seulement vous poser une question je vous demande d'y répondre dans la sincérité de votre âme. Je suis votre femme, je suppose, et marche désormais à votre bras. Nous allons, on nous reçoit, on nous fait bon visage. Peut-être y a-t-il là-dessous quelques caquetages nous les igno-rons, c'est l'essentiel. Mais vous voici dans une foule où vous êtes à peine connu. Le salon est plein, et quelques hommes, entassés aux portes, passent en revue les personnes qui le garnissent. On parle des toilettes, on cite des noms, on raconte des anecdotes, tout cela un peu à la légère, comme vous le pensez. Il y a des langnes intempérantes, surtout en fait de scandale, et la police aurait fort à faire si elle se char-geait de les réprimer. On en arrive à moi, et quelques mots s'échangent il y a du vrai et du faux, comme toujours mais tout à coup une voix s'écrie Cette femme ! elle a vécu avec Melchior. Voilà à quoi vous êtes exposé, Ludovic, et dites-moi si vous pourriez supporter de pareils chocs, si votre amour y résisterait, si vous n'aimeriez pas mieux recevoir un coup de poignard que d'essuyer de pareilles insultes et de ne pou-voir les punir. Car j'ai connu bien des gens dans le cours de ma vie déréglée Melchior me montrait à qui voulait me voir, m'amenait ses amis, me conduisait à des parties de plaisir où ils étaient en nombre. Autant de témoins que je ne puis supprimer, autant d'accusateurs qui peuvent me dénoncer, quelque part que je me trouve et quelle que soit ma condi-tion nouvelle, autant d'échos de ma chute et de mon déshon-neur. Eh bien 1 Ludovic, qu'en dites-vous? Auriez-vous pris une compagne pour avoir sans cesse à en rougir? Ces souf-flets, auxquels je serais exposée, ne rejailliraient-ils pas sur vous? Ces insultes, dont je serais abreuvée, n'en auriez-vous pas votre part? Non, croyez-moi, n'en faisons pas l'expé-rience. Le résultat n'en serait que trop certain. L'ivresse des premiers moments une fois passée, peu à peu vous vous dé-tacheriez d'une femme qui vous exposerait à de tels mépris | 302 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. aux rigueurs de l'opinion et vivriez avec moi dans la soli-tude. Oui, mon ami, mais ces folies n'ont qu'un temps on en revient, si sincère et si aimant que l'on soit il faut tôt ou tard compter avec le monde et avec ses manières d'agir. Laissez-moi seulement vous poser une question je vous demande d'y répondre dans la sincérité de votre âme. Je suis votre femme, je suppose, et marche désormais à votre bras. Nous allons, on nous reçoit, on nous fait bon visage. Peut-être y a-t-il là-dessous quelques caquetages nous les igno-rons, c'est l'essentiel. Mais vous voici dans une foule où vous êtes à peine connu. Le salon est plein, et quelques hommes, entassés aux portes, passent en revue les personnes qui le garnissent. On parle des toilettes, on cite des noms, on raconte des anecdotes, tout cela un peu à la légère, comme vous le pensez. Il y a des langnes intempérantes, surtout en fait de scandale, et la police aurait fort à faire si elle se char-geait de les réprimer. On en arrive à moi, et quelques mots s'échangent il y a du vrai et du faux, comme toujours mais tout à coup une voix s'écrie Cette femme ! elle a vécu avec Melchior. Voilà à quoi vous êtes exposé, Ludovic, et dites-moi si vous pourriez supporter de pareils chocs, si votre amour y résisterait, si vous n'aimeriez pas mieux recevoir un coup de poignard que d'essuyer de pareilles insultes et de ne pou-voir les punir. Car j'ai connu bien des gens dans le cours de ma vie déréglée Melchior me montrait à qui voulait me voir, m'amenait ses amis, me conduisait à des parties de plaisir où ils étaient en nombre. Autant de témoins que je ne puis supprimer, autant d'accusateurs qui peuvent me dénoncer, quelque part que je me trouve et quelle que soit ma condi-tion nouvelle, autant d'échos de ma chute et de mon déshon-neur. Eh bien 1 Ludovic, qu'en dites-vous@? Auriez-vous pris une compagne pour avoir sans cesse à en rougir@? Ces souf-flets, auxquels je serais exposée, ne rejailliraient-ils pas sur vous@? Ces insultes, dont je serais abreuvée, n'en auriez-vous pas votre part@? Non, croyez-moi, n'en faisons pas l'expé-rience. Le résultat n'en serait que trop certain. L'ivresse des premiers moments une fois passée, peu à peu vous vous dé-tacheriez d'une femme qui vous exposerait à de tels mépris | 302 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. aux rigueurs de l'opinion et vivriez avec moi dans la soli-tude. Oui, mon ami, mais ces folies n'ont qu'un temps on en revient, si sincère et si aimant que l'on soit il faut tôt ou tard compter avec le monde et avec ses manières d'agir. Laissez-moi seulement vous poser une question je vous demande d'y répondre dans la sincérité de votre âme. Je suis votre femme, je suppose, et marche désormais à votre bras. Nous allons, on nous reçoit, on nous fait bon visage. Peut-être y a-t-il là-dessous quelques caquetages nous les igno-rons, c'est l'essentiel. Mais vous voici dans une foule où vous êtes à peine connu. Le salon est plein, et quelques hommes, entassés aux portes, passent en revue les personnes qui le garnissent. On parle des toilettes, on cite des noms, on raconte des anecdotes, tout cela un peu à la légère, comme vous le pensez. Il y a des langues intempérantes, surtout en fait de scandale, et la police aurait fort à faire si elle se char-geait de les réprimer. On en arrive à moi, et quelques mots s'échangent il y a du vrai et du faux, comme toujours mais tout à coup une voix s'écrie Cette femme ! elle a vécu avec Melchior. Voilà à quoi vous êtes exposé, Ludovic, et dites-moi si vous pourriez supporter de pareils chocs, si votre amour y résisterait, si vous n'aimeriez pas mieux recevoir un coup de poignard que d'essuyer de pareilles insultes et de ne pou-voir les punir. Car j'ai connu bien des gens dans le cours de ma vie déréglée Melchior me montrait à qui voulait me voir, m'amenait ses amis, me conduisait à des parties de plaisir où ils étaient en nombre. Autant de témoins que je ne puis supprimer, autant d'accusateurs qui peuvent me dénoncer, quelque part que je me trouve et quelle que soit ma condi-tion nouvelle, autant d'échos de ma chute et de mon déshon-neur. Eh bien ! Ludovic, qu'en dites-vous ? Auriez-vous pris une compagne pour avoir sans cesse à en rougir ? Ces souf-flets, auxquels je serais exposée, ne rejailliraient-ils pas sur vous ? Ces insultes, dont je serais abreuvée, n'en auriez-vous pas votre part ? Non, croyez-moi, n'en faisons pas l'expé-rience. Le résultat n'en serait que trop certain. L'ivresse des premiers moments une fois passée, peu à peu vous vous dé-tacheriez d'une femme qui vous exposerait à de tels mépris | 302 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. aux rigueurs de l'opinion et vivriez avec moi dans la soli-tude. Oui, mon ami, mais ces folies n'ont qu'un temps on en revient, si sincère et si aimant que l'on soit il faut tôt ou tard compter avec le monde et avec ses manières d'agir. Laissez-moi seulement vous poser une question je vous demande d'y répondre dans la sincérité de votre âme. Je suis votre femme, je suppose, et marche désormais à votre bras. Nous allons, on nous reçoit, on nous fait bon visage. Peut-être y a-t-il là-dessous quelques caquetages nous les igno-rons, c'est l'essentiel. Mais vous voici dans une foule où vous êtes à peine connu. Le salon est plein, et quelques hommes, entassés aux portes, passent en revue les personnes qui le garnissent. On parle des toilettes, on cite des noms, on raconte des anecdotes, tout cela un peu à la légère, comme vous le pensez. Il y a des langues intempérantes, surtout en fait de scandale, et la police aurait fort à faire si elle se char-geait de les réprimer. On en arrive à moi, et quelques mots s'échangent il y a du vrai et du faux, comme toujours mais tout à coup une voix s'écrie Cette femme ! elle a vécu avec Melchior. Voilà à quoi vous êtes exposé, Ludovic, et dites-moi si vous pourriez supporter de pareils chocs, si votre amour y résisterait, si vous n'aimeriez pas mieux recevoir un coup de poignard que d'essuyer de pareilles insultes et de ne pou-voir les punir. Car j'ai connu bien des gens dans le cours de ma vie déréglée Melchior me montrait à qui voulait me voir, m'amenait ses amis, me conduisait à des parties de plaisir où ils étaient en nombre. Autant de témoins que je ne puis supprimer, autant d'accusateurs qui peuvent me dénoncer, quelque part que je me trouve et quelle que soit ma condi-tion nouvelle, autant d'échos de ma chute et de mon déshon-neur. Eh bien ! Ludovic, qu'en dites-vous ? Auriez-vous pris une compagne pour avoir sans cesse à en rougir ? Ces souf-flets, auxquels je serais exposée, ne rejailliraient-ils pas sur vous ? Ces insultes, dont je serais abreuvée, n'en auriez-vous pas votre part ? Non, croyez-moi, n'en faisons pas l'expé-rience. Le résultat n'en serait que trop certain. L'ivresse des premiers moments une fois passée, peu à peu vous vous dé-tacheriez d'une femme qui vous exposerait à de tels mépris | 302 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. aux rigueurs de l'opinion et vivriez avec moi dans la soli-tude. Oui, mon ami, mais ces folies n'ont qu'un temps on en revient, si sincère et si aimant que l'on soit il faut tôt ou tard compter avec le monde et avec ses manières d'agir. Laissez-moi seulement vous poser une question je vous demande d'y répondre dans la sincérité de votre âme. Je suis votre femme, je suppose, et marche désormais à votre bras. Nous allons, on nous reçoit, on nous fait bon visage. Peut-être y a-t-il là-dessous quelques caquetages nous les igno-rons, c'est l'essentiel. Mais vous voici dans une foule où vous êtes à peine connu. Le salon est plein, et quelques hommes, entassés aux portes, passent en revue les personnes qui le garnissent. On parle des toilettes, on cite des noms, on raconte des anecdotes, tout cela un peu à la légère, comme vous le pensez. Il y a des langues intempérantes, surtout en fait de scandale, et la police aurait fort à faire si elle se char-geait de les réprimer. On en arrive à moi, et quelques mots s'échangent il y a du vrai et du faux, comme toujours mais tout à coup une voix s'écrie Cette femme ! elle a vécu avec Melchior. Voilà à quoi vous êtes exposé, Ludovic, et dites-moi si vous pourriez supporter de pareils chocs, si votre amour y résisterait, si vous n'aimeriez pas mieux recevoir un coup de poignard que d'essuyer de pareilles insultes et de ne pou-voir les punir. Car j'ai connu bien des gens dans le cours de ma vie déréglée Melchior me montrait à qui voulait me voir, m'amenait ses amis, me conduisait à des parties de plaisir où ils étaient en nombre. Autant de témoins que je ne puis supprimer, autant d'accusateurs qui peuvent me dénoncer, quelque part que je me trouve et quelle que soit ma condi-tion nouvelle, autant d'échos de ma chute et de mon déshon-neur. Eh bien ! Ludovic, qu'en dites-vous ? Auriez-vous pris une compagne pour avoir sans cesse à en rougir ? Ces souf-flets, auxquels je serais exposée, ne rejailliraient-ils pas sur vous ? Ces insultes, dont je serais abreuvée, n'en auriez-vous pas votre part ? Non, croyez-moi, n'en faisons pas l'expé-rience. Le résultat n'en serait que trop certain. L'ivresse des premiers moments une fois passée, peu à peu vous vous dé-tacheriez d'une femme qui vous exposerait à de tels mépris | 6 | 0.002592 | 0.004329 |
967.txt | 1,858 | 296 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. suis venu vous étiez là, mourante, presque morte sousmes -yeux. Le ciel m'est témoin que s'il eût fallu donner tout mon sang pour vous sauver, je l'eusse fait. Vous êtes revenue d'aussi loin qu'on peut aller. Quand je dis que vous en êtes, revenue, ce n'est pas vous C'est une autre femme dont le salut est mon oeuvre, qui me doit le souffle qui l'anime-, qui est ma propre vie, mon sang, mon bien et que je disputerai à la mort, de toute la puissance de ma volonté. En parlant ainsi, Ludovic cédait à une émotion profonde et qui passait dans son langage et dans ses mouvements. L'amour seul, un amour sincère, a de ces élans qui en-traînent. Marguerite l'écoutait éperdue et ne pouvait en croire ni ses oreilles ni ses yeux. Jamais elle ne l'avait vu animé d'un feu pareil. - Ludovic, s'écria-t-elle, vous m'effrayez, c'est à une autre que vous croyez parler. - Non, Marguerite, reprit-il avec plus de calme ce n'est point à une autre, c'est à vous. -- Une malheureuse pécheresse ! - Soit- mais sincère du moins. Marguerite, j'ai bien ré- -fléchi sur ce qui nous est arrivé. J'ai pesé mes torts et les vôtres, et je ne suis pas convaincu que les plus graves ne soient pas de mon côté. - Vous êtes trop généreux, Ludovic. - Généreux ou égoïste, sait-on bien ce que l'on est? Et en défendant votre vie, Marguerite, qui vous dit que ce n'est pas la mienne que je défends ? Vous me manquiez depuis si longtemps, et vous aviez été tout pour moi. On ne comble pas facilement de pareils vides. Si je vous racontais ce que j'ai souffert, le détail en serait long. Que de fois votre image m'est apparue 1 J'avais beau me dire que vous aviez brisé notre lien et que vous aimer encore était une lâcheté et une faiblesse, j'y revenais malgré tout, je ne guérissais pas et ne voulais pas guérir et aujourd'hui que je vous retrouve et que vous m'êtes rendue, vous voulez que je vous laisse par-tir pour les régions d'où l'on ne revient pas, que je vous abandonne sans défense aux inspirations de votre désespoir ! Non, Marguerite, non, e,t, s'il faut parler en maître, je le ferai. L'ascendant du jeune homme prenait de plus en plus le dessus Marguerite se sentait désarmée, et, pour la première | 296 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. suis venu vous étiez là, mourante, presque morte sous@mes -yeux. Le ciel m'est témoin que s'il eût fallu donner tout mon sang pour vous sauver, je l'eusse fait. Vous êtes revenue d'aussi loin qu'on peut aller. Quand je dis que vous en êtes, revenue, ce n'est pas vous C'est une autre femme dont le salut est mon oeuvre, qui me doit le souffle qui l'anime-, qui est ma propre vie, mon sang, mon bien et que je disputerai à la mort, de toute la puissance de ma volonté. En parlant ainsi, Ludovic cédait à une émotion profonde et qui passait dans son langage et dans ses mouvements. L'amour seul, un amour sincère, a de ces élans qui en-traînent. Marguerite l'écoutait éperdue et ne pouvait en croire ni ses oreilles ni ses yeux. Jamais elle ne l'avait vu animé d'un feu pareil. - Ludovic, s'écria-t-elle, vous m'effrayez, c'est à une autre que vous croyez parler. - Non, Marguerite, reprit-il avec plus de calme ce n'est point à une autre, c'est à vous. -- Une malheureuse pécheresse ! - Soit- mais sincère du moins. Marguerite, j'ai bien ré- -fléchi sur ce qui nous est arrivé. J'ai pesé mes torts et les vôtres, et je ne suis pas convaincu que les plus graves ne soient pas de mon côté. - Vous êtes trop généreux, Ludovic. - Généreux ou égoïste, sait-on bien ce que l'on est@? Et en défendant votre vie, Marguerite, qui vous dit que ce n'est pas la mienne que je défends ? Vous me manquiez depuis si longtemps, et vous aviez été tout pour moi. On ne comble pas facilement de pareils vides. Si je vous racontais ce que j'ai souffert, le détail en serait long. Que de fois votre image m'est apparue 1 J'avais beau me dire que vous aviez brisé notre lien et que vous aimer encore était une lâcheté et une faiblesse, j'y revenais malgré tout, je ne guérissais pas et ne voulais pas guérir et aujourd'hui que je vous retrouve et que vous m'êtes rendue, vous voulez que je vous laisse par-tir pour les régions d'où l'on ne revient pas, que je vous abandonne sans défense aux inspirations de votre désespoir ! Non, Marguerite, non, e,t, s'il faut parler en maître, je le ferai. L'ascendant du jeune homme prenait de plus en plus le dessus Marguerite se sentait désarmée, et, pour la première | 296 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. suis venu vous étiez là, mourante, presque morte sous mes @yeux. Le ciel m'est témoin que s'il eût fallu donner tout mon sang pour vous sauver, je l'eusse fait. Vous êtes revenue d'aussi loin qu'on peut aller. Quand je dis que vous en êtes@ revenue, ce n'est pas vous c'est une autre femme dont le salut est mon oeuvre, qui me doit le souffle qui l'anime@, qui est ma propre vie, mon sang, mon bien et que je disputerai à la mort, de toute la puissance de ma volonté. En parlant ainsi, Ludovic cédait à une émotion profonde et qui passait dans son langage et dans ses mouvements. L'amour seul, un amour sincère, a de ces élans qui en-traînent. Marguerite l'écoutait éperdue et ne pouvait en croire ni ses oreilles ni ses yeux. Jamais elle ne l'avait vu animé d'un feu pareil. -@Ludovic, s'écria-t-elle, vous m'effrayez, c'est à une autre que vous croyez parler. -@Non, Marguerite, reprit-il avec plus de calme ce n'est point à une autre, c'est à vous. -@@Une malheureuse pécheresse ! -@Soit@ mais sincère du moins. Marguerite, j'ai bien ré-@@fléchi sur ce qui nous est arrivé. J'ai pesé mes torts et les vôtres, et je ne suis pas convaincu que les plus graves ne soient pas de mon côté. -@Vous êtes trop généreux, Ludovic. -@Généreux ou égoïste, sait-on bien ce que l'on est ? Et en défendant votre vie, Marguerite, qui vous dit que ce n'est pas la mienne que je défends ? Vous me manquiez depuis si longtemps, et vous aviez été tout pour moi. On ne comble pas facilement de pareils vides. Si je vous racontais ce que j'ai souffert, le détail en serait long. Que de fois votre image m'est apparue ! J'avais beau me dire que vous aviez brisé notre lien et que vous aimer encore était une lâcheté et une faiblesse, j'y revenais malgré tout, je ne guérissais pas et ne voulais pas guérir et aujourd'hui que je vous retrouve et que vous m'êtes rendue, vous voulez que je vous laisse par-tir pour les régions d'où l'on ne revient pas, que je vous abandonne sans défense aux inspirations de votre désespoir ! Non, Marguerite, non, e@t, s'il faut parler en maître, je le ferai. L'ascendant du jeune homme prenait de plus en plus le dessus Marguerite se sentait désarmée, et, pour la première | 296 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. suis venu vous étiez là, mourante, presque morte sous mes @yeux. Le ciel m'est témoin que s'il eût fallu donner tout mon sang pour vous sauver, je l'eusse fait. Vous êtes revenue d'aussi loin qu'on peut aller. Quand je dis que vous en êtes@ revenue, ce n'est pas vous c'est une autre femme dont le salut est mon oeuvre, qui me doit le souffle qui l'anime@, qui est ma propre vie, mon sang, mon bien et que je disputerai à la mort, de toute la puissance de ma volonté. En parlant ainsi, Ludovic cédait à une émotion profonde et qui passait dans son langage et dans ses mouvements. L'amour seul, un amour sincère, a de ces élans qui en-traînent. Marguerite l'écoutait éperdue et ne pouvait en croire ni ses oreilles ni ses yeux. Jamais elle ne l'avait vu animé d'un feu pareil. -@Ludovic, s'écria-t-elle, vous m'effrayez, c'est à une autre que vous croyez parler. -@Non, Marguerite, reprit-il avec plus de calme ce n'est point à une autre, c'est à vous. -@@Une malheureuse pécheresse ! -@Soit@ mais sincère du moins. Marguerite, j'ai bien ré-@@fléchi sur ce qui nous est arrivé. J'ai pesé mes torts et les vôtres, et je ne suis pas convaincu que les plus graves ne soient pas de mon côté. -@Vous êtes trop généreux, Ludovic. -@Généreux ou égoïste, sait-on bien ce que l'on est ? Et en défendant votre vie, Marguerite, qui vous dit que ce n'est pas la mienne que je défends ? Vous me manquiez depuis si longtemps, et vous aviez été tout pour moi. On ne comble pas facilement de pareils vides. Si je vous racontais ce que j'ai souffert, le détail en serait long. Que de fois votre image m'est apparue ! J'avais beau me dire que vous aviez brisé notre lien et que vous aimer encore était une lâcheté et une faiblesse, j'y revenais malgré tout, je ne guérissais pas et ne voulais pas guérir et aujourd'hui que je vous retrouve et que vous m'êtes rendue, vous voulez que je vous laisse par-tir pour les régions d'où l'on ne revient pas, que je vous abandonne sans défense aux inspirations de votre désespoir ! Non, Marguerite, non, e@t, s'il faut parler en maître, je le ferai. L'ascendant du jeune homme prenait de plus en plus le dessus Marguerite se sentait désarmée, et, pour la première | 296 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. suis venu vous étiez là, mourante, presque morte sous mes yeux. Le ciel m'est témoin que s'il eût fallu donner tout mon sang pour vous sauver, je l'eusse fait. Vous êtes revenue d'aussi loin qu'on peut aller. Quand je dis que vous en êtes revenue, ce n'est pas vous c'est une autre femme dont le salut est mon oeuvre, qui me doit le souffle qui l'anime, qui est ma propre vie, mon sang, mon bien et que je disputerai à la mort, de toute la puissance de ma volonté. En parlant ainsi, Ludovic cédait à une émotion profonde et qui passait dans son langage et dans ses mouvements. L'amour seul, un amour sincère, a de ces élans qui en-traînent. Marguerite l'écoutait éperdue et ne pouvait en croire ni ses oreilles ni ses yeux. Jamais elle ne l'avait vu animé d'un feu pareil. -Ludovic, s'écria-t-elle, vous m'effrayez, c'est à une autre que vous croyez parler. -Non, Marguerite, reprit-il avec plus de calme ce n'est point à une autre, c'est à vous. -Une malheureuse pécheresse ! -Soit mais sincère du moins. Marguerite, j'ai bien ré-fléchi sur ce qui nous est arrivé. J'ai pesé mes torts et les vôtres, et je ne suis pas convaincu que les plus graves ne soient pas de mon côté. -Vous êtes trop généreux, Ludovic. -Généreux ou égoïste, sait-on bien ce que l'on est ? Et en défendant votre vie, Marguerite, qui vous dit que ce n'est pas la mienne que je défends ? Vous me manquiez depuis si longtemps, et vous aviez été tout pour moi. On ne comble pas facilement de pareils vides. Si je vous racontais ce que j'ai souffert, le détail en serait long. Que de fois votre image m'est apparue ! J'avais beau me dire que vous aviez brisé notre lien et que vous aimer encore était une lâcheté et une faiblesse, j'y revenais malgré tout, je ne guérissais pas et ne voulais pas guérir et aujourd'hui que je vous retrouve et que vous m'êtes rendue, vous voulez que je vous laisse par-tir pour les régions d'où l'on ne revient pas, que je vous abandonne sans défense aux inspirations de votre désespoir ! Non, Marguerite, non, et, s'il faut parler en maître, je le ferai. L'ascendant du jeune homme prenait de plus en plus le dessus Marguerite se sentait désarmée, et, pour la première | 18 | 0.008156 | 0.043764 |
230.txt | 1,845 | -6 -trouva assez avancé dans la connaissance de nos mystères et assez instruit de ses devoirs pour mériter d'être admis à faire sa première commu-nion. Cette action, véritablement grande aux yeux de la foi, ne fut pas sans fruit pour un coeur si bien préparé la piété qui s'était fait re-marquer en lui dès l'âge le plus tendre y acquit un nouveau degré de ferveur. Dès lors les petits profits que lui accordaient ses parents en récom-pense de son travail furent employés à acheter de bons livres dont il nourrissait son âme dans les moments de loisir et au milieu même de ses occupations. Il n'était pas rare de le voir, d'une main dirigeant le soc de la charrue, de l'autre tenant un livre ou, à genoux au bout du sillon qu'il venait de tracer, méditant sur quelque vé-. rite dont il avait été frappé. Tout ce qui avait, rapport à la religion avait pour lui beaucoup d'attrait mais les vies des Saints étaient sa lec-ture favorite. Son coeur s'enflammait au récit de leurs vertus, de leurs combats, de leurs, triomphes et il se sentait animé du désir de les imiter présage heureux de ce qu'il devait être lui-même dans la suite. Il sanctifiait les jours consacrés au Seigneur par une assiduité exem-plaire aux instructions et aux offices de l'Eglise, et s'aquitlait de tous ses exercices religieux avec un recueillement qui faisait l'admiration de la | -6 -trouva assez avancé dans la connaissance de nos mystères et assez instruit de ses devoirs pour mériter d'être admis à faire sa première commu-nion. Cette action, véritablement grande aux yeux de la foi, ne fut pas sans fruit pour un coeur si bien préparé la piété qui s'était fait re-marquer en lui dès l'âge le plus tendre y acquit un nouveau degré de ferveur. Dès lors les petits profits que lui accordaient ses parents en récom-pense de son travail furent employés à acheter de bons livres dont il nourrissait son âme dans les moments de loisir et au milieu même de ses occupations. Il n'était pas rare de le voir, d'une main dirigeant le soc de la charrue, de l'autre tenant un livre ou, à genoux au bout du sillon qu'il venait de tracer, méditant sur quelque vé-. rite dont il avait été frappé. Tout ce qui avait, rapport à la religion avait pour lui beaucoup d'attrait mais les vies des Saints étaient sa lec-ture favorite. Son coeur s'enflammait au récit de leurs vertus, de leurs combats, de leurs, triomphes et il se sentait animé du désir de les imiter présage heureux de ce qu'il devait être lui-même dans la suite. Il sanctifiait les jours consacrés au Seigneur par une assiduité exem-plaire aux instructions et aux offices de l'Eglise, et s'aquitlait de tous ses exercices religieux avec un recueillement qui faisait l'admiration de la | ########## assez avancé dans la connaissance de nos mystères et assez instruit de ses devoirs pour mériter d'être admis à faire sa première commu-nion. Cette action, véritablement grande aux yeux de la foi, ne fut pas sans fruit pour un coeur si bien préparé la piété qui s'était fait re-marquer en lui dès l'âge le plus tendre y acquit un nouveau degré de ferveur. Dès lors les petits profits que lui accordaient ses parents en récom-pense de son travail furent employés à acheter de bons livres dont il nourrissait son âme dans les moments de loisir et au milieu même de ses occupations. Il n'était pas rare de le voir, d'une main dirigeant le soc de la charrue, de l'autre tenant un livre ou, à genoux au bout du sillon qu'il venait de tracer, méditant sur quelque vé-. rité dont il avait été frappé. Tout ce qui avait, rapport à la religion avait pour lui beaucoup d'attrait mais les vies des Saints étaient sa lec-ture favorite. Son coeur s'enflammait au récit de leurs vertus, de leurs combats, de leurs, triomphes et il se sentait animé du désir de les imiter présage heureux de ce qu'il devait être lui-même dans la suite. Il sanctifiait les jours consacrés au Seigneur par une assiduité exem-plaire aux instructions et aux offices de l'Eglise, et s'aquittait de tous ses exercices religieux avec un recueillement qui faisait l'admiration de la | -6 -trouva assez avancé dans la connaissance de nos mystères et assez instruit de ses devoirs pour mériter d'être admis à faire sa première commu-nion. Cette action, véritablement grande aux yeux de la foi, ne fut pas sans fruit pour un coeur si bien préparé la piété qui s'était fait re-marquer en lui dès l'âge le plus tendre y acquit un nouveau degré de ferveur. Dès lors les petits profits que lui accordaient ses parents en récom-pense de son travail furent employés à acheter de bons livres dont il nourrissait son âme dans les moments de loisir et au milieu même de ses occupations. Il n'était pas rare de le voir, d'une main dirigeant le soc de la charrue, de l'autre tenant un livre ou, à genoux au bout du sillon qu'il venait de tracer, méditant sur quelque vé-. rité dont il avait été frappé. Tout ce qui avait, rapport à la religion avait pour lui beaucoup d'attrait mais les vies des Saints étaient sa lec-ture favorite. Son coeur s'enflammait au récit de leurs vertus, de leurs combats, de leurs, triomphes et il se sentait animé du désir de les imiter présage heureux de ce qu'il devait être lui-même dans la suite. Il sanctifiait les jours consacrés au Seigneur par une assiduité exem-plaire aux instructions et aux offices de l'Eglise, et s'aquittait de tous ses exercices religieux avec un recueillement qui faisait l'admiration de la | -6 -trouva assez avancé dans la connaissance de nos mystères et assez instruit de ses devoirs pour mériter d'être admis à faire sa première commu-nion. Cette action, véritablement grande aux yeux de la foi, ne fut pas sans fruit pour un coeur si bien préparé la piété qui s'était fait re-marquer en lui dès l'âge le plus tendre y acquit un nouveau degré de ferveur. Dès lors les petits profits que lui accordaient ses parents en récom-pense de son travail furent employés à acheter de bons livres dont il nourrissait son âme dans les moments de loisir et au milieu même de ses occupations. Il n'était pas rare de le voir, d'une main dirigeant le soc de la charrue, de l'autre tenant un livre ou, à genoux au bout du sillon qu'il venait de tracer, méditant sur quelque vé-. rité dont il avait été frappé. Tout ce qui avait, rapport à la religion avait pour lui beaucoup d'attrait mais les vies des Saints étaient sa lec-ture favorite. Son coeur s'enflammait au récit de leurs vertus, de leurs combats, de leurs, triomphes et il se sentait animé du désir de les imiter présage heureux de ce qu'il devait être lui-même dans la suite. Il sanctifiait les jours consacrés au Seigneur par une assiduité exem-plaire aux instructions et aux offices de l'Eglise, et s'aquittait de tous ses exercices religieux avec un recueillement qui faisait l'admiration de la | 2 | 0.001479 | 0.007905 |
556.txt | 1,886 | DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 15 de ces tablettes, et plusieurs auteurs, notamment Strabon et Pline, auxquels Sprengel se réunit, pensent que c'est à ces tablettes que l'on doit l'origine de la médecine 1 . Les monuments qui constatent l'action curative de la main sont en très grand nombre dans les temples. Le temple d'Isis, consacré à la nature, contenait des hiéroglyphes dont la traduction n'est que la science du magnétisme. Pluche, dans son Histoire du ciel, tome Ier, dit Ici on voit un homme couché sur un lit, et devant lequel un autre promène à distance la main de la tête aux pieds là un autre est soumis aux mêmes pratiques, mais il est placé sur un siège et dans l'attitude d'un homme endormi. Plus loin, un opérateur des mystères égyptiens tient un pot de fleurs dans la main gauche, et de la droite exerce l'action magnétique, en agissant du haut en bas ailleurs, c'est un vase rempli d'un liquide qui reçoit la même influence. Prosper Alpinus, dans son Traité de la médecine des Égyptiens, dit Les frictions médicales et les frictions mystérieuses étaient les remèdes secrets dont les prêtres se servaient pour les maladies incurables. Nous pouvons regarder comme étant du somnambulisme ce qui est raconté par le même auteur il dit Après de nombreuses cérémonies, les malades, enve-loppés de peaux de bélier, étaient portés dans le sanctuaire du temple, où le dieu leur apparaissait en songe et leur ré-vélait les remèdes qui devaient les guérir. a Lorsque les malades ne recevaient pas les communica-tions divines, des prêtres appelés onéioropoles s'endor-maient pour eux, et le dieu ne leur refusaient pas le bienfait demandé. Hippocrate dit La meilleure médecine est la médecine des songes. Dans l'Inde, la mythologie représente le dieu Wishnou 1 PLINE, livre XXIV, ch. I STRABON, livre, XIV p. 371 SPRENGEL, Histoire de la, médecine, t. I, page 162. | DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 15 de ces tablettes, et plusieurs auteurs, notamment Strabon et Pline, auxquels Sprengel se réunit, pensent que c'est à ces tablettes que l'on doit l'origine de la médecine 1 . Les monuments qui constatent l'action curative de la main sont en très grand nombre dans les temples. Le temple d'Isis, consacré à la nature, contenait des hiéroglyphes dont la traduction n'est que la science du magnétisme. Pluche, dans son Histoire du ciel, tome Ier, dit Ici on voit un homme couché sur un lit, et devant lequel un autre promène à distance la main de la tête aux pieds là@ un autre est soumis aux mêmes pratiques, mais il est placé sur un siège et dans l'attitude d'un homme endormi. Plus loin, un opérateur des mystères égyptiens tient un pot de fleurs dans la main gauche, et de la droite exerce l'action magnétique, en agissant du haut en bas ailleurs, c'est un vase rempli d'un liquide qui reçoit la même influence. Prosper Alpinus, dans son Traité de la médecine des Égyptiens, dit Les frictions médicales et les frictions mystérieuses étaient les remèdes secrets dont les prêtres se servaient pour les maladies incurables. Nous pouvons regarder comme étant du somnambulisme ce qui est raconté par le même auteur il dit Après de nombreuses cérémonies, les malades, enve-loppés de peaux de bélier, étaient portés dans le sanctuaire du temple, où le dieu leur apparaissait en songe et leur ré-vélait les remèdes qui devaient les guérir. a Lorsque les malades ne recevaient pas les communica-tions divines, des prêtres appelés onéioropoles s'endor-maient pour eux, et le dieu ne leur refusaient pas le bienfait demandé. Hippocrate dit La meilleure médecine est la médecine des songes. Dans l'Inde, la mythologie représente le dieu Wishnou 1 PLINE, livre XXIV, ch. I STRABON, livre, XIV p. 371 SPRENGEL, Histoire de la, médecine, t. I, page 162. | DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 15 de ces tablettes, et plusieurs auteurs, notamment Strabon et Pline, auxquels Sprengel se réunit, pensent que c'est à ces tablettes que l'on doit l'origine de la médecine 1 . Les monuments qui constatent l'action curative de la main sont en très grand nombre dans les temples. Le temple d'Isis, consacré à la nature, contenait des hiéroglyphes dont la traduction n'est que la science du magnétisme. Pluche, dans son Histoire du ciel, tome Ier, dit Ici on voit un homme couché sur un lit, et devant lequel un autre promène à distance la main de la tête aux pieds là, un autre est soumis aux mêmes pratiques, mais il est placé sur un siège et dans l'attitude d'un homme endormi. Plus loin, un opérateur des mystères égyptiens tient un pot de fleurs dans la main gauche, et de la droite exerce l'action magnétique, en agissant du haut en bas ailleurs, c'est un vase rempli d'un liquide qui reçoit la même influence. Prosper Alpinus, dans son Traité de la médecine des Égyptiens, dit Les frictions médicales et les frictions mystérieuses étaient les remèdes secrets dont les prêtres se servaient pour les maladies incurables. Nous pouvons regarder comme étant du somnambulisme ce qui est raconté par le même auteur il dit Après de nombreuses cérémonies, les malades, enve-loppés de peaux de bélier, étaient portés dans le sanctuaire du temple, où le dieu leur apparaissait en songe et leur ré-vélait les remèdes qui devaient les guérir.@@ Lorsque les malades ne recevaient pas les communica-tions divines, des prêtres appelés onéioropoles s'endor-maient pour eux, et le dieu ne leur refusaient pas le bienfait demandé. Hippocrate dit La meilleure médecine est la médecine des songes. Dans l'Inde, la mythologie représente le dieu Wishnou 1 PLINE, livre XXIV, ch. i STRABON, livre, XIV p. 371 SPRENGEL, Histoire de la@ médecine, t. 1, page 162. | DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 15 de ces tablettes, et plusieurs auteurs, notamment Strabon et Pline, auxquels Sprengel se réunit, pensent que c'est à ces tablettes que l'on doit l'origine de la médecine 1 . Les monuments qui constatent l'action curative de la main sont en très grand nombre dans les temples. Le temple d'Isis, consacré à la nature, contenait des hiéroglyphes dont la traduction n'est que la science du magnétisme. Pluche, dans son Histoire du ciel, tome Ier, dit Ici on voit un homme couché sur un lit, et devant lequel un autre promène à distance la main de la tête aux pieds là, un autre est soumis aux mêmes pratiques, mais il est placé sur un siège et dans l'attitude d'un homme endormi. Plus loin, un opérateur des mystères égyptiens tient un pot de fleurs dans la main gauche, et de la droite exerce l'action magnétique, en agissant du haut en bas ailleurs, c'est un vase rempli d'un liquide qui reçoit la même influence. Prosper Alpinus, dans son Traité de la médecine des Égyptiens, dit Les frictions médicales et les frictions mystérieuses étaient les remèdes secrets dont les prêtres se servaient pour les maladies incurables. Nous pouvons regarder comme étant du somnambulisme ce qui est raconté par le même auteur il dit Après de nombreuses cérémonies, les malades, enve-loppés de peaux de bélier, étaient portés dans le sanctuaire du temple, où le dieu leur apparaissait en songe et leur ré-vélait les remèdes qui devaient les guérir.@@ Lorsque les malades ne recevaient pas les communica-tions divines, des prêtres appelés onéioropoles s'endor-maient pour eux, et le dieu ne leur refusaient pas le bienfait demandé. Hippocrate dit La meilleure médecine est la médecine des songes. Dans l'Inde, la mythologie représente le dieu Wishnou 1 PLINE, livre XXIV, ch. i STRABON, livre, XIV p. 371 SPRENGEL, Histoire de la@ médecine, t. 1, page 162. | DU MAGNÉTISME JUSQU'A NOS JOURS 15 de ces tablettes, et plusieurs auteurs, notamment Strabon et Pline, auxquels Sprengel se réunit, pensent que c'est à ces tablettes que l'on doit l'origine de la médecine 1 . Les monuments qui constatent l'action curative de la main sont en très grand nombre dans les temples. Le temple d'Isis, consacré à la nature, contenait des hiéroglyphes dont la traduction n'est que la science du magnétisme. Pluche, dans son Histoire du ciel, tome Ier, dit Ici on voit un homme couché sur un lit, et devant lequel un autre promène à distance la main de la tête aux pieds là, un autre est soumis aux mêmes pratiques, mais il est placé sur un siège et dans l'attitude d'un homme endormi. Plus loin, un opérateur des mystères égyptiens tient un pot de fleurs dans la main gauche, et de la droite exerce l'action magnétique, en agissant du haut en bas ailleurs, c'est un vase rempli d'un liquide qui reçoit la même influence. Prosper Alpinus, dans son Traité de la médecine des Égyptiens, dit Les frictions médicales et les frictions mystérieuses étaient les remèdes secrets dont les prêtres se servaient pour les maladies incurables. Nous pouvons regarder comme étant du somnambulisme ce qui est raconté par le même auteur il dit Après de nombreuses cérémonies, les malades, enve-loppés de peaux de bélier, étaient portés dans le sanctuaire du temple, où le dieu leur apparaissait en songe et leur ré-vélait les remèdes qui devaient les guérir. Lorsque les malades ne recevaient pas les communica-tions divines, des prêtres appelés onéioropoles s'endor-maient pour eux, et le dieu ne leur refusaient pas le bienfait demandé. Hippocrate dit La meilleure médecine est la médecine des songes. Dans l'Inde, la mythologie représente le dieu Wishnou 1 PLINE, livre XXIV, ch. i STRABON, livre, XIV p. 371 SPRENGEL, Histoire de la médecine, t. 1, page 162. | 6 | 0.003209 | 0.02521 |
542.txt | 1,842 | io organes mais encore à leur accroissement rapide. On ne saurait donc trop insister sur remploi de tous les moyens propres à entretenir le renouvelle-ment constant de l'atmosphère , spécialement dans les lieux habités par des réunions nombreuses d'en-fants et d'adolescents , tels que les dortoirs des mai-sons d'éducation, où le méphitisme dévéloppé pendant la nuit a plus d'une fois déterminé de graves épidé-mies de fièvre typhoïde. Des foyers.d'appel analogues à ceux indiqués par M. D'Àfeei devraient y être dis-posés pour suppléer à l'exiguité de leurs dimensions toujours inférieures aux. exigences les plus restreintes d'une aération convenable 1 . J L'insuffisance , quant à la salubrité de l'air , -des dimensions ordi-naires données aux lieux habités., pendant la nuit, par des réunions nombreuses d'hommes, s'est manifestée depuis quelques années par la 'fréquence des' affections typhoïdes, dont nos jeunes soldats ont été at-teints. J'ai signalé la suppression des cheminées dans les chambres des casernes de construction nouvelle, comme une des causes les plus actives de l'excès de mortalité qui a frappé l'armée , particulièrement à Lyon. Certes ! l'espace et lJair n'étaient pas répartis autrefois dans les casernes avec plus de libéralité qu'aujourd'hui mais les foyers , entretenus pen-dant le jour pour la préparation des aliments , exerçaient un appel éner-gique de l'air extérieur, appel qui était maintenu la nuit par l'échauffe-menl des parois des larges conduits de la fumée. En transportant, par des motifs mal entendus de propreté et d'économie, la cuisine de chaque ordi-naire dans un local commun et isolé , on a supprimé un moyen puissant de ventilation qui pouvait seul prévenir l'action des miasmes qui s'échappent Bon-seulement du corps des hommes, mais encore de leurs hardes , trop rarement renouvelées pour _q alelieî ne soient pas imprégnées d'émana-tions facilement putrescibles. -Je n'hésite donc point à proposer , pour la salubrité des casernes , le retour aux anciens usages économiques , de même que je conseille , pour celle des dortoirs des maisons d'éducation , l'établissement de soupiraux en gaine convenablement disposés, où l'aspiration de l'air serait entretenue par une lampe à esprit de vin , de grande dimension. | io organes mais encore à leur accroissement rapide. On ne saurait donc trop insister sur @remploi de tous les moyens propres à entretenir le renouvelle-ment constant de l'atmosphère , spécialement dans les lieux habités par des réunions nombreuses d'en-fants et d'adolescents , tels que les dortoirs des mai-sons d'éducation, où le méphitisme dévéloppé pendant la nuit a plus d'une fois déterminé de graves épidé-mies de fièvre typhoïde. Des foyers.d'appel analogues à ceux indiqués par M. D'Àfeei devraient y être dis-posés pour suppléer à l'exiguité de leurs dimensions toujours inférieures aux. exigences les plus restreintes d'une aération convenable 1 . J L'insuffisance , quant à la salubrité de l'air , -des dimensions ordi-naires données aux lieux habités., pendant la nuit, par des réunions nombreuses d'hommes, s'est manifestée depuis quelques années par la 'fréquence des' affections typhoïdes, dont nos jeunes soldats ont été at-teints. J'ai signalé la suppression des cheminées dans les chambres des casernes de construction nouvelle, comme une des causes les plus actives de l'excès de mortalité qui a frappé l'armée , particulièrement à Lyon. Certes ! l'espace et lJair n'étaient pas répartis autrefois dans les casernes avec plus de libéralité qu'aujourd'hui mais les foyers , entretenus pen-dant le jour pour la préparation des aliments , exerçaient un appel éner-gique de l'air extérieur, appel qui était maintenu la nuit par l'échauffe-menl des parois des larges conduits de la fumée. En transportant, par des motifs mal entendus de propreté et d'économie, la cuisine de chaque ordi-naire dans un local commun et isolé , on a supprimé un moyen puissant de ventilation qui pouvait seul prévenir l'action des miasmes qui s'échappent Bon-seulement du corps des hommes, mais encore de leurs hardes , trop rarement renouvelées pour _q alelieî ne soient pas imprégnées d'émana-tions facilement putrescibles. -Je n'hésite donc point à proposer , pour la salubrité des casernes , le retour aux anciens usages économiques , de même que je conseille , pour celle des dortoirs des maisons d'éducation , l'établissement de soupiraux en gaine convenablement disposés, où l'aspiration de l'air serait entretenue par une lampe à esprit de vin , de grande dimension. | ########## mais encore à leur accroissement rapide. On ne saurait donc trop insister sur l'emploi de tous les moyens propres à entretenir le renouvelle-ment constant de l'atmosphère@, spécialement dans les lieux habités par des réunions nombreuses d'en-fants et d'adolescents@, tels que les dortoirs des mai-sons d'éducation, où le méphitisme développé pendant la nuit a plus d'un@ fois déterminé de graves épidé-mies de fièvre typhoïde. Des foyers d'appel analogues à ceux indiques par M. D'Arcet devraient y être dis-posés pour suppléer à l'exiguité de leurs dimensions toujours inférieures aux@ exigences les plus restreintes d'une aération convenable 1 . 1 L'insuffisance@, quant à la salubrité de l'air@, @des dimensions ordi-naires données aux lieux habités@, pendant le nuit, par des réunions nombreuses d'hommes, s'est manifestée depuis quelques années par la @fréquence des@ affections typhoïdes, dont nos jeunes soldats ont été at-teints. J'ai signalé la suppression des cheminées dans les chambres des casernes de construction nouvelle, comme une des causes les plus actives de l'excès de mortalité qui a frappé l'armée@, particulièrement à Lyon. Certes ! l'espace et l'air n'étaient pas répartie autrefois dans les casernes avec plus de libéralité qu'aujourd'hui mais les foyers@, entretenus pen-dant le jour pour la préparation des aliments@, exerçaient un appel enér-gique de l'air extérieur, appel qui était maintenu la nuit par l'échauffe-ment des parois des larges conduits de la fumée. En transportant, par des motifs mal entendus de propreté et d'économie, la cuisine de chaque ordi-naire dans un local commun et isolé@, on a supprimé un moyen puissant de ventilation qui pouvait seul prévenir l'action des miasmes qui s'échappent non-seulement du corps des hommes, mais encore de leurs hardes@, trop rarement renouvelées pour @q@u'elles ne soient pas imprégnées d'émana-tions facilement putrescibles. @Je n'hésite donc point à proposer@, pour la salubrité des casernes@, le retour aux anciens usages économiques@, de même que je conseille@, pour celle des dortoirs des maisons d'éducation@, l'établissement de soupiraux en gaine convenablement disposés, où l'aspiration de l'air serait entretenue par une lampe à esprit de vin@, de grande dimension. | io organes mais encore à leur accroissement rapide. On ne saurait donc trop insister sur l'emploi de tous les moyens propres à entretenir le renouvelle-ment constant de l'atmosphère@, spécialement dans les lieux habités par des réunions nombreuses d'en-fants et d'adolescents@, tels que les dortoirs des mai-sons d'éducation, où le méphitisme développé pendant la nuit a plus d'un@ fois déterminé de graves épidé-mies de fièvre typhoïde. Des foyers d'appel analogues à ceux indiques par M. D'Arcet devraient y être dis-posés pour suppléer à l'exiguité de leurs dimensions toujours inférieures aux@ exigences les plus restreintes d'une aération convenable 1 . 1 L'insuffisance@, quant à la salubrité de l'air@, @des dimensions ordi-naires données aux lieux habités@, pendant le nuit, par des réunions nombreuses d'hommes, s'est manifestée depuis quelques années par la @fréquence des@ affections typhoïdes, dont nos jeunes soldats ont été at-teints. J'ai signalé la suppression des cheminées dans les chambres des casernes de construction nouvelle, comme une des causes les plus actives de l'excès de mortalité qui a frappé l'armée@, particulièrement à Lyon. Certes ! l'espace et l'air n'étaient pas répartie autrefois dans les casernes avec plus de libéralité qu'aujourd'hui mais les foyers@, entretenus pen-dant le jour pour la préparation des aliments@, exerçaient un appel enér-gique de l'air extérieur, appel qui était maintenu la nuit par l'échauffe-ment des parois des larges conduits de la fumée. En transportant, par des motifs mal entendus de propreté et d'économie, la cuisine de chaque ordi-naire dans un local commun et isolé@, on a supprimé un moyen puissant de ventilation qui pouvait seul prévenir l'action des miasmes qui s'échappent non-seulement du corps des hommes, mais encore de leurs hardes@, trop rarement renouvelées pour @q@u'elles ne soient pas imprégnées d'émana-tions facilement putrescibles. @Je n'hésite donc point à proposer@, pour la salubrité des casernes@, le retour aux anciens usages économiques@, de même que je conseille@, pour celle des dortoirs des maisons d'éducation@, l'établissement de soupiraux en gaine convenablement disposés, où l'aspiration de l'air serait entretenue par une lampe à esprit de vin@, de grande dimension. | io organes mais encore à leur accroissement rapide. On ne saurait donc trop insister sur l'emploi de tous les moyens propres à entretenir le renouvelle-ment constant de l'atmosphère, spécialement dans les lieux habités par des réunions nombreuses d'en-fants et d'adolescents, tels que les dortoirs des mai-sons d'éducation, où le méphitisme développé pendant la nuit a plus d'un fois déterminé de graves épidé-mies de fièvre typhoïde. Des foyers d'appel analogues à ceux indiques par M. D'Arcet devraient y être dis-posés pour suppléer à l'exiguité de leurs dimensions toujours inférieures aux exigences les plus restreintes d'une aération convenable 1 . 1 L'insuffisance, quant à la salubrité de l'air, des dimensions ordi-naires données aux lieux habités, pendant le nuit, par des réunions nombreuses d'hommes, s'est manifestée depuis quelques années par la fréquence des affections typhoïdes, dont nos jeunes soldats ont été at-teints. J'ai signalé la suppression des cheminées dans les chambres des casernes de construction nouvelle, comme une des causes les plus actives de l'excès de mortalité qui a frappé l'armée, particulièrement à Lyon. Certes ! l'espace et l'air n'étaient pas répartie autrefois dans les casernes avec plus de libéralité qu'aujourd'hui mais les foyers, entretenus pen-dant le jour pour la préparation des aliments, exerçaient un appel enér-gique de l'air extérieur, appel qui était maintenu la nuit par l'échauffe-ment des parois des larges conduits de la fumée. En transportant, par des motifs mal entendus de propreté et d'économie, la cuisine de chaque ordi-naire dans un local commun et isolé, on a supprimé un moyen puissant de ventilation qui pouvait seul prévenir l'action des miasmes qui s'échappent non-seulement du corps des hommes, mais encore de leurs hardes, trop rarement renouvelées pour qu'elles ne soient pas imprégnées d'émana-tions facilement putrescibles. Je n'hésite donc point à proposer, pour la salubrité des casernes, le retour aux anciens usages économiques, de même que je conseille, pour celle des dortoirs des maisons d'éducation, l'établissement de soupiraux en gaine convenablement disposés, où l'aspiration de l'air serait entretenue par une lampe à esprit de vin, de grande dimension. | 45 | 0.020045 | 0.086486 |
224.txt | 1,857 | 66 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE avec simplicité et énergie sa profonde gratitude Maintenant que nous sommes séparés, il m'est assurément moins facile de vous faire mes confi-te dences, cher monsieur, qu'à vous de me donner des avis. Cependant je ne balancerai pas dans ma résolu-lion, et, maigre l'éloignement, je vous parlerai, cher ce maître, avec la même franchise que lorsque j'étais ce dans la bibliothèque, à côté de vpus, assis à la même et table, et occupant par mes représentations, souvent importunes, jusqu'à vos loisirs. Je ne vous dirai rien ce de notre amitié et de notre reconnaissance vous savez nos sentiments pour vous, et les miens sont tels, ce que tous vos conseils me seront toujours aussi chers ce que sacrés. Je vous en prie, donnez-les-moi je vous ce les demande avec instances, pour me raffermir quand je serai près de faiblir, et pour me relever quand j'aurai failli. D'autres lettres expriment des sentiments d'égale douleur et d'égale tendresse ce sont ceux des jeunes Paul de Gagarin et de Gourieff ce sont les affectueux accents de son enfant de prédilection, de Wolf, alors à Miltau, et de son cher Alexandre de Benkendorf, qui, de Berlin, où il commençait sa carrière diplomatique, soupirait après ses amis, sa famille et la Russie. Ce sont les regrets des familles, interprètes des regrets de leurs enfants, et, pour ne pas fatiguer par de plus longues citations, c'est ce seul mot de la comtesse A. de Pro-tassoff, qui apprend, à son arrivée à Paris, le départ de | 66 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE avec simplicité et énergie sa profonde gratitude Maintenant que nous sommes séparés, il m'est assurément moins facile de vous faire mes confi-te dences, cher monsieur, qu'à vous de me donner des avis. Cependant je ne balancerai pas dans ma résolu-@lion, et, maigre l'éloignement, je vous parlerai, cher ce maître, avec la même franchise que lorsque j'étais ce dans la bibliothèque, à côté de vpus, assis à la même et table, et occupant par mes représentations, souvent importunes, jusqu'à vos loisirs. Je ne vous dirai rien ce de notre amitié et de notre reconnaissance vous savez nos sentiments pour vous, et les miens sont tels, ce que tous vos conseils me seront toujours aussi chers ce que sacrés. Je vous en prie, donnez-les-moi je vous ce les demande avec instances, pour me raffermir quand je serai près de faiblir, et pour me relever quand j'aurai failli. D'autres lettres expriment des sentiments d'égale douleur et d'égale tendresse ce sont ceux des jeunes Paul de Gagarin et de Gourieff ce sont les affectueux accents de son enfant de prédilection, de Wolf, alors à Miltau, et de son cher Alexandre de Benkendorf, qui, de Berlin, où il commençait sa carrière diplomatique, soupirait après ses amis, sa famille et la Russie. Ce sont les regrets des familles, interprètes des regrets de leurs enfants, et, pour ne pas fatiguer par de plus longues citations, c'est ce seul mot de la comtesse A. de Pro-tassoff, qui apprend, à son arrivée à Paris, le départ de | ######################################## et énergie sa profonde gratitude Maintenant que nous sommes séparés, il m'est assurément moins facile de vous faire mes confi-@@ dences, cher monsieur, qu'à vous de me donner des avis. Cependant je ne balancerai pas dans ma résolu- lion, et, maigre l'éloignement, je vous parlerai, cher @@@maître, avec la même franchise que lorsque j'étais@@@ dans la bibliothèque, à côté de vous, assis à la même @t@@able, et occupant par mes représentations, souvent importunes, jusqu'à vos loisirs. Je ne vous dirai rien @@@de notre amitié et de notre reconnaissance vous savez nos sentiments pour vous, et les miens sont tels, @@@que tous vos conseils me seront toujours aussi chers@@@ que sacrés. Je vous en prie, donnez-les-moi je vousous les demande avec instances, pour me raffermir quand je serai près de faiblir, et pour me relever quand j'aurai failli. D'autres lettres expriment des sentiments d'égale douleur et d'égale tendresse ce sont ceux des jeunes Paul de Gagarin et de Gourieff ce sont les affectueux accents de son enfant de prédilection, de Wolf, alors à Mittau, et de son cher Alexandre de Benkendorf, qui, de Berlin, où il commençait sa carrière diplomatique, soupirait après ses amis, sa famille et la Russie. Ce sont les regrets des familles, interprètes des regrets de leurs enfants, et, pour ne pas fatiguer par de plus longues citations, c'est ce seul mot de la comtesse A. de Pro-tassoff, qui apprend, à son arrivée à Paris, le départ de | 66 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE avec simplicité et énergie sa profonde gratitude Maintenant que nous sommes séparés, il m'est assurément moins facile de vous faire mes confi-@@ dences, cher monsieur, qu'à vous de me donner des avis. Cependant je ne balancerai pas dans ma résolu- lion, et, maigre l'éloignement, je vous parlerai, cher @@@maître, avec la même franchise que lorsque j'étais@@@ dans la bibliothèque, à côté de vous, assis à la même @t@@able, et occupant par mes représentations, souvent importunes, jusqu'à vos loisirs. Je ne vous dirai rien @@@de notre amitié et de notre reconnaissance vous savez nos sentiments pour vous, et les miens sont tels, @@@que tous vos conseils me seront toujours aussi chers@@@ que sacrés. Je vous en prie, donnez-les-moi je vousous les demande avec instances, pour me raffermir quand je serai près de faiblir, et pour me relever quand j'aurai failli. D'autres lettres expriment des sentiments d'égale douleur et d'égale tendresse ce sont ceux des jeunes Paul de Gagarin et de Gourieff ce sont les affectueux accents de son enfant de prédilection, de Wolf, alors à Mittau, et de son cher Alexandre de Benkendorf, qui, de Berlin, où il commençait sa carrière diplomatique, soupirait après ses amis, sa famille et la Russie. Ce sont les regrets des familles, interprètes des regrets de leurs enfants, et, pour ne pas fatiguer par de plus longues citations, c'est ce seul mot de la comtesse A. de Pro-tassoff, qui apprend, à son arrivée à Paris, le départ de | 66 VIE DE L'ABBÉ NICOLLE avec simplicité et énergie sa profonde gratitude Maintenant que nous sommes séparés, il m'est assurément moins facile de vous faire mes confi- dences, cher monsieur, qu'à vous de me donner des avis. Cependant je ne balancerai pas dans ma résolu- lion, et, maigre l'éloignement, je vous parlerai, cher maître, avec la même franchise que lorsque j'étais dans la bibliothèque, à côté de vous, assis à la même table, et occupant par mes représentations, souvent importunes, jusqu'à vos loisirs. Je ne vous dirai rien de notre amitié et de notre reconnaissance vous savez nos sentiments pour vous, et les miens sont tels, que tous vos conseils me seront toujours aussi chers que sacrés. Je vous en prie, donnez-les-moi je vousous les demande avec instances, pour me raffermir quand je serai près de faiblir, et pour me relever quand j'aurai failli. D'autres lettres expriment des sentiments d'égale douleur et d'égale tendresse ce sont ceux des jeunes Paul de Gagarin et de Gourieff ce sont les affectueux accents de son enfant de prédilection, de Wolf, alors à Mittau, et de son cher Alexandre de Benkendorf, qui, de Berlin, où il commençait sa carrière diplomatique, soupirait après ses amis, sa famille et la Russie. Ce sont les regrets des familles, interprètes des regrets de leurs enfants, et, pour ne pas fatiguer par de plus longues citations, c'est ce seul mot de la comtesse A. de Pro-tassoff, qui apprend, à son arrivée à Paris, le départ de | 26 | 0.017663 | 0.089965 |
218.txt | 1,857 | VIE DE L'ABBE NICOLLE 57 tion dont l'honore le Souverain, et il osa espérer que par lui Dieu bénirait de nouveaux efforts il les.fit. Trop heureux de pouvoir user de son crédit pour soulager de si nobles douleurs, M. Nicolle s'empressa d'accéder aux désirs du prélat Dieu était avec lui. Aussitôt il fit à l'Empereur une' demande propre à émouvoir sa charité, et Dieu donna à celle requête un plein succès. Le coeur du bienfaisant archevêque s'épanche alors en tendres sentiments de gratitude. Constance, 15 septembre 1797. Je ne puis me refuser, monsieur l'abbé, la satis-faction de vous exprimer personnellement et directe-ment ma profonde reconnaissance des démarches que vous avez bien voulu faire pour le succès des demandes que nous avons pris la liberté de faire à Sa Majesté l'Empereur, pour obtenir de sa munificence des se-cours pour nos malheureux Français de tout état et de toute condition. M. le Riche, mon secrétaire, ne vous a pas laissé ignorer toute la confiance que j'ai pla-cée dans votre sagesse et votre zèle elle est, j'ose vous l'assurer, bien sincère et bien entière. Personne ne rend plus de justice que moi à vos précieuses qualités. Après ces paroles si douces, le saint archevêque lui annonce l'arrivée à Saint-Pétersbourg de deux prê-très dont il sait, dit-il, le courage, le zèle et le mérite ce sont MM. Gohier et Fromont. Il leur est enjoint | VIE DE L'ABBE NICOLLE 57 tion dont l'honore le Souverain, et il osa espérer que par lui Dieu bénirait de nouveaux efforts il les.fit. Trop heureux de pouvoir user de son crédit pour soulager de si nobles douleurs, M. Nicolle s'empressa d'accéder aux désirs du prélat Dieu était avec lui. Aussitôt il fit à l'Empereur une' demande propre à émouvoir sa charité, et Dieu donna à celle requête un plein succès. Le coeur du bienfaisant archevêque s'épanche alors en tendres sentiments de gratitude. Constance, 15 septembre 1797. Je ne puis me refuser, monsieur l'abbé, la satis-@faction de vous exprimer personnellement et directe-@ment ma profonde reconnaissance des démarches que vous avez bien voulu faire pour le succès des demandes que nous avons pris la liberté de faire à Sa Majesté l'Empereur, pour obtenir de sa munificence des se-@cours pour nos malheureux Français de tout état et de toute condition. M. le Riche, mon secrétaire, ne vous a pas laissé ignorer toute la confiance que j'ai pla-@cée dans votre sagesse et votre zèle elle est, j'ose vous l'assurer, bien sincère et bien entière. Personne ne rend plus de justice que moi à vos précieuses qualités. Après ces paroles si douces, le saint archevêque lui annonce l'arrivée à Saint-Pétersbourg de deux prê-@très dont il sait, dit-il, le courage, le zèle et le mérite ce sont MM. Gohier et Fromont. Il leur est enjoint | ############################# dont l'honore le Souverain, et il osa espérer que par lui Dieu bénirait de nouveaux efforts il les fit. Trop heureux de pouvoir user de son crédit pour soulager de si nobles douleurs, M. Nicolle s'empressa d'accéder aux désirs du prélat Dieu était avec lui. Aussitôt il fit à l'Empereur une@ demande propre à émouvoir sa charité, et Dieu donna à celle requête un plein succès. Le coeur du bienfaisant archevêque s'épanche alors en tendres sentiments de gratitude. Constance, 15 septembre 1797. Je ne puis me refuser, monsieur l'abbé, la satis- faction de vous exprimer personnellement et directe- ment ma profonde reconnaissance des démarches que vous avez bien voulu faire pour le succès des demandes que nous avons pris la liberté de faire à Sa Majesté l'Empereur, pour obtenir de sa munificence des se- cours pour nos malheureux Français de tout état et de toute condition. M. le Riche, mon secrétaire, ne vous a pas laissé ignorer toute la confiance que j'ai pla- cée dans votre sagesse et votre zèle elle est, j'ose vous l'assurer, bien sincère et bien entière. Personne ne rend plus de justice que moi à vos précieuses qualités. Après ces paroles si douces, le saint archevêque lui annonce l'arrivée à Saint-Pétersbourg de deux prê- très dont il sait, dit-il, le courage, le zèle et le mérite ce sont MM. Gohier et Fromont. Il leur est enjoint | VIE DE L'ABBE NICOLLE 57 tion dont l'honore le Souverain, et il osa espérer que par lui Dieu bénirait de nouveaux efforts il les fit. Trop heureux de pouvoir user de son crédit pour soulager de si nobles douleurs, M. Nicolle s'empressa d'accéder aux désirs du prélat Dieu était avec lui. Aussitôt il fit à l'Empereur une@ demande propre à émouvoir sa charité, et Dieu donna à celle requête un plein succès. Le coeur du bienfaisant archevêque s'épanche alors en tendres sentiments de gratitude. Constance, 15 septembre 1797. Je ne puis me refuser, monsieur l'abbé, la satis- faction de vous exprimer personnellement et directe- ment ma profonde reconnaissance des démarches que vous avez bien voulu faire pour le succès des demandes que nous avons pris la liberté de faire à Sa Majesté l'Empereur, pour obtenir de sa munificence des se- cours pour nos malheureux Français de tout état et de toute condition. M. le Riche, mon secrétaire, ne vous a pas laissé ignorer toute la confiance que j'ai pla- cée dans votre sagesse et votre zèle elle est, j'ose vous l'assurer, bien sincère et bien entière. Personne ne rend plus de justice que moi à vos précieuses qualités. Après ces paroles si douces, le saint archevêque lui annonce l'arrivée à Saint-Pétersbourg de deux prê- très dont il sait, dit-il, le courage, le zèle et le mérite ce sont MM. Gohier et Fromont. Il leur est enjoint | VIE DE L'ABBE NICOLLE 57 tion dont l'honore le Souverain, et il osa espérer que par lui Dieu bénirait de nouveaux efforts il les fit. Trop heureux de pouvoir user de son crédit pour soulager de si nobles douleurs, M. Nicolle s'empressa d'accéder aux désirs du prélat Dieu était avec lui. Aussitôt il fit à l'Empereur une demande propre à émouvoir sa charité, et Dieu donna à celle requête un plein succès. Le coeur du bienfaisant archevêque s'épanche alors en tendres sentiments de gratitude. Constance, 15 septembre 1797. Je ne puis me refuser, monsieur l'abbé, la satis- faction de vous exprimer personnellement et directe- ment ma profonde reconnaissance des démarches que vous avez bien voulu faire pour le succès des demandes que nous avons pris la liberté de faire à Sa Majesté l'Empereur, pour obtenir de sa munificence des se- cours pour nos malheureux Français de tout état et de toute condition. M. le Riche, mon secrétaire, ne vous a pas laissé ignorer toute la confiance que j'ai pla- cée dans votre sagesse et votre zèle elle est, j'ose vous l'assurer, bien sincère et bien entière. Personne ne rend plus de justice que moi à vos précieuses qualités. Après ces paroles si douces, le saint archevêque lui annonce l'arrivée à Saint-Pétersbourg de deux prê- très dont il sait, dit-il, le courage, le zèle et le mérite ce sont MM. Gohier et Fromont. Il leur est enjoint | 7 | 0.00508 | 0.030651 |
595.txt | 1,886 | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 101 Mme Vully de Candolle , qui offrit des phénomènes de clair-voyance positifs. Le journal les Feuilles publiques, du 24 septembre 1842, s'exprime ainsi a M. Lafontaine, dont le bon goût ne le cède en rien au talent, avait fait choix d'une jeune et jolie dame était-ce pour prêter plus de charmes à sa magie ? Nous l'ignorons , mais il y a cela de vrai que le talent et la beauté auront toujours le pouvoir de captiver l'esprit, si ce n'est le coeur, et dès lors nous ne serions que faiblement surpris qu'il y ait eu prévoyance ou calcul dans le choix de l'habile magnétiseur. Le choix du sujet une fois fait, vinrent ensuite les expé-riences. Mme V., après s'être commodément assise dans un fauteuil, avait livré complaisamment ses doigts à la pres-sion magnétique, et riait au nez de la science avec infiniment de grâce non pas qu'elle défiât sa puissance, mais plutôt, je crois, parce qu'il me paraît impossible qu'une jolie femme puisse regarder fixement un homme sans lui rire au nez. Je puis me tromper, mais, quoi qu'il en soit, je me résigne. Si le rire est souvent près des larmes, je pense qu'il n'est pas loin du sommeil magnétique en moins de trois minutes, cette jeune femme, si vive, si rieuse, si bien éveillée il y a un instant, était plongée dans un sommeil profond, dans une complète insensibilité. Ici l'observateur devient sérieux ce ne sont plus les préliminaires gais ou bizarres qui tout à l'heure excitaient la raillerie ce sont des choses les plus étranges et les plus curieuses qui viennent captiver vivement sa curiosité. M. Lafontaine nous avait annoncé qu'il existait chez Mme de V. un genre de clairvoyance qui lui permettait de distinguer différents sujets placés au-dessus de sa tête, entre autres l'heure que marquait une montre. Cette expé-rience pourrait prouver sans réplique qu'il y avait un trans-port du sens de la vue au sommet de la tête. En effet, après avoir demandé à Mme de V. si elle pouvait recon-naître les objets qui lui seraient présentés, et sur la réponse affirmative qu'elle fit d'abord avec effort, M. Lafontaine prit une montre qu'il lui plaça sur la tête et la pria d'indi- | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 101 Mme Vully de Candolle , qui offrit des phénomènes de clair-voyance positifs. Le journal les Feuilles publiques, du 24 septembre 1842, s'exprime ainsi a M. Lafontaine, dont le bon goût ne le cède en rien au talent, avait fait choix d'une jeune et jolie dame était-ce pour prêter plus de charmes à sa magie ? Nous l'ignorons , mais il y a cela de vrai que le talent et la beauté auront toujours le pouvoir de captiver l'esprit, si ce n'est le coeur, et dès lors nous ne serions que faiblement surpris qu'il y ait eu prévoyance ou calcul dans le choix de l'habile magnétiseur. Le choix du sujet une fois fait, vinrent ensuite les expé-riences. Mme V.@@, après s'être commodément assise dans un fauteuil, avait livré complaisamment ses doigts à la pres-sion magnétique, et riait au nez de la science avec infiniment de grâce non pas qu'elle défiât sa puissance, mais plutôt, je crois, parce qu'il me paraît impossible qu'une jolie femme puisse regarder fixement un homme sans lui rire au nez. Je puis me tromper, mais, quoi qu'il en soit, je me résigne. Si le rire est souvent près des larmes, je pense qu'il n'est pas loin du sommeil magnétique en moins de trois minutes, cette jeune femme, si vive, si rieuse, si bien éveillée il y a un instant, était plongée dans un sommeil profond, dans une complète insensibilité. Ici l'observateur devient sérieux ce ne sont plus les préliminaires gais ou bizarres qui tout à l'heure excitaient la raillerie ce sont des choses les plus étranges et les plus curieuses qui viennent captiver vivement sa curiosité. M. Lafontaine nous avait annoncé qu'il existait chez Mme de V@@. un genre de clairvoyance qui lui permettait de distinguer différents sujets placés au-dessus de sa tête, entre autres l'heure que marquait une montre. Cette expé-rience pourrait prouver sans réplique qu'il y avait un trans-port du sens de la vue au sommet de la tête. En effet, après avoir demandé à Mme de V@@. si elle pouvait recon-naître les objets qui lui seraient présentés, et sur la réponse affirmative qu'elle fit d'abord avec effort@, M. Lafontaine prit une montre qu'il lui plaça sur la tête et la pria d'indi- | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 101 Mme Vully de Candolle , qui offrit des phénomènes de clair-voyance positifs. Le journal les Feuilles publiques, du 24 septembre 1842, s'exprime ainsisi M. Lafontaine, dont le bon goût ne le cède en rien au talent, avait fait choix d'une jeune et jolie dame était-ce pour prêter plus de charmes à sa magie ? Nous l'ignorons , mais il y a cela de vrai que le talent et la beauté auront toujours le pouvoir de captiver l'esprit, si ce n'est le coeur, et dès lors nous ne serions que faiblement surpris qu'il y ait eu prévoyance ou calcul dans le choix de l'habile magnétiseur. Le choix du sujet une fois fait, vinrent ensuite les expé-riences. Mme V..., après s'être commodément assise dans un fauteuil, avait livré complaisamment ses doigts à la pres-sion magnétique, et riait au nez de la science avec infiniment de grâce non pas qu'elle défiât sa puissance, mais plutôt, je crois, parce qu'il me parait impossible qu'une jolie femme puisse regarder fixement un homme sans lui rire au nez. Je puis me tromper, mais, quoi qu'il en soit, je me résigne. Si le rire est souvent près des larmes, je pense qu'il n'est pas loin du sommeil magnétique en moins de trois minutes, cette jeune femme, si vive, si rieuse, si bien éveillée il y a un instant, était plongée dans un sommeil profond, dans une complète insensibilité. Ici l'observateur devient sérieux ce ne sont plus les préliminaires gais ou bizarres qui tout à l'heure excitaient la raillerie ce sont des choses les plus étranges et les plus curieuses qui viennent captiver vivement sa curiosité. M. Lafontaine nous avait annoncé qu'il existait chez Mme de V... un genre de clairvoyance qui lui permettait de distinguer différents sujets placés au-dessus de sa tête, entre autres l'heure que marquait une montre. Cette expé-rience pourrait prouver sans réplique qu'il y avait un trans-port du sens de la vue au sommet de la tête. En effet, après avoir demandé à Mme de V... si elle pouvait recon-naitre les objets qui lui seraient présentés, et sur la réponse affirmative qu'elle fit d'abord avec effort , M. Lafontaine prit une montre qu'il lui plaça sur la tête et la pria d'indi- | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 101 Mme Vully de Candolle , qui offrit des phénomènes de clair-voyance positifs. Le journal les Feuilles publiques, du 24 septembre 1842, s'exprime ainsisi M. Lafontaine, dont le bon goût ne le cède en rien au talent, avait fait choix d'une jeune et jolie dame était-ce pour prêter plus de charmes à sa magie ? Nous l'ignorons , mais il y a cela de vrai que le talent et la beauté auront toujours le pouvoir de captiver l'esprit, si ce n'est le coeur, et dès lors nous ne serions que faiblement surpris qu'il y ait eu prévoyance ou calcul dans le choix de l'habile magnétiseur. Le choix du sujet une fois fait, vinrent ensuite les expé-riences. Mme V..., après s'être commodément assise dans un fauteuil, avait livré complaisamment ses doigts à la pres-sion magnétique, et riait au nez de la science avec infiniment de grâce non pas qu'elle défiât sa puissance, mais plutôt, je crois, parce qu'il me parait impossible qu'une jolie femme puisse regarder fixement un homme sans lui rire au nez. Je puis me tromper, mais, quoi qu'il en soit, je me résigne. Si le rire est souvent près des larmes, je pense qu'il n'est pas loin du sommeil magnétique en moins de trois minutes, cette jeune femme, si vive, si rieuse, si bien éveillée il y a un instant, était plongée dans un sommeil profond, dans une complète insensibilité. Ici l'observateur devient sérieux ce ne sont plus les préliminaires gais ou bizarres qui tout à l'heure excitaient la raillerie ce sont des choses les plus étranges et les plus curieuses qui viennent captiver vivement sa curiosité. M. Lafontaine nous avait annoncé qu'il existait chez Mme de V... un genre de clairvoyance qui lui permettait de distinguer différents sujets placés au-dessus de sa tête, entre autres l'heure que marquait une montre. Cette expé-rience pourrait prouver sans réplique qu'il y avait un trans-port du sens de la vue au sommet de la tête. En effet, après avoir demandé à Mme de V... si elle pouvait recon-naitre les objets qui lui seraient présentés, et sur la réponse affirmative qu'elle fit d'abord avec effort , M. Lafontaine prit une montre qu'il lui plaça sur la tête et la pria d'indi- | EFFETS PSYCHOLOGIQUES DANS LE SOMNAMBULISME 101 Mme Vully de Candolle , qui offrit des phénomènes de clair-voyance positifs. Le journal les Feuilles publiques, du 24 septembre 1842, s'exprime ainsisi M. Lafontaine, dont le bon goût ne le cède en rien au talent, avait fait choix d'une jeune et jolie dame était-ce pour prêter plus de charmes à sa magie ? Nous l'ignorons , mais il y a cela de vrai que le talent et la beauté auront toujours le pouvoir de captiver l'esprit, si ce n'est le coeur, et dès lors nous ne serions que faiblement surpris qu'il y ait eu prévoyance ou calcul dans le choix de l'habile magnétiseur. Le choix du sujet une fois fait, vinrent ensuite les expé-riences. Mme V..., après s'être commodément assise dans un fauteuil, avait livré complaisamment ses doigts à la pres-sion magnétique, et riait au nez de la science avec infiniment de grâce non pas qu'elle défiât sa puissance, mais plutôt, je crois, parce qu'il me parait impossible qu'une jolie femme puisse regarder fixement un homme sans lui rire au nez. Je puis me tromper, mais, quoi qu'il en soit, je me résigne. Si le rire est souvent près des larmes, je pense qu'il n'est pas loin du sommeil magnétique en moins de trois minutes, cette jeune femme, si vive, si rieuse, si bien éveillée il y a un instant, était plongée dans un sommeil profond, dans une complète insensibilité. Ici l'observateur devient sérieux ce ne sont plus les préliminaires gais ou bizarres qui tout à l'heure excitaient la raillerie ce sont des choses les plus étranges et les plus curieuses qui viennent captiver vivement sa curiosité. M. Lafontaine nous avait annoncé qu'il existait chez Mme de V... un genre de clairvoyance qui lui permettait de distinguer différents sujets placés au-dessus de sa tête, entre autres l'heure que marquait une montre. Cette expé-rience pourrait prouver sans réplique qu'il y avait un trans-port du sens de la vue au sommet de la tête. En effet, après avoir demandé à Mme de V... si elle pouvait recon-naitre les objets qui lui seraient présentés, et sur la réponse affirmative qu'elle fit d'abord avec effort , M. Lafontaine prit une montre qu'il lui plaça sur la tête et la pria d'indi- | 11 | 0.005044 | 0.031553 |
581.txt | 1,886 | EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME 69 en quelques minutes, ses yeux se fermèrent, et il fut plongé dans un état de torpeur qui était interrompu par des mouve-ments spasmodiques tout à coup il ouvrait les yeux, sem-blait sur le point d'étouffer, faisait des mouvements du haut du corps seulement, puis il retombait dans une torpeur pro-fonde. A Liverpool, j'obtins le même résultat sur l'éditeur du Standard et sur un pharmacien. Ces deux faits s'étaient produits sans ma volonté et plutôt comme accidents mais j'ai produit souvent avec intention des spasmes violents il suffit, pour cela, de présenter les doigts en pointe devant l'estomac, et d'émettre le fluide avec secousse. Paralysie entière A Tours, dans le salon de M. Marne, M. Laurent, éditeur du Journal dIndre-et-Laire, se mit à ma disposition. Il fut promptement magnétisé ses yeux se fermèrent, malgré les violents efforts qu'il fit pour les ouvrir. S'apercevant alors qu'il ne pouvait faire un mouvement, et qu'il ne pouvait pas même parler, il s'effraya sa respiration devint gênée, oppres-sée. Je le dégageai. Il me dit alors qu'il avait fait tous ses efforts pour me donner un coup de pied et pour parler, mais qu'il était paralysé complètement, et qu'il n'avait pu lever le pied de terre. Il était dans une colère extrême de se sentir au pouvoir d'un autre. Il avait senti courir dans ses bras et sur tout son corps de petites secousses semblables à celles d'une étincelle électri-que, qui produisaient sur lui un engourdissement complet. Dans la même ville, M. Seri, négociant, fut mis dans le même état chez M. Belluotte, avocat. Lorsque je lui eus dégagé les mâchoires, il s'écria Oh ! c'est horrible et déli-c teu. Il ne voulut jamais nous expliquer le véritable sens de son exclamation, malgré toute l'insistance qu'y mit M. Renard, le proviseur du collège. A Londres, le docteur Mayo, l'un des chirurgiens les plus distingués de cette ville, me proposa, devant plusieurs | EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME 69 en quelques minutes, ses yeux se fermèrent, et il fut plongé dans un état de torpeur qui était interrompu par des mouve-ments spasmodiques tout à coup il ouvrait les yeux, sem-blait sur le point d'étouffer, faisait des mouvements du haut du corps seulement, puis il retombait dans une torpeur pro-fonde. A Liverpool, j'obtins le même résultat sur l'éditeur du Standard et sur un pharmacien. Ces deux faits s'étaient produits sans ma volonté et plutôt comme accidents mais j'ai produit souvent avec intention des spasmes violents il suffit, pour cela, de présenter les doigts en pointe devant l'estomac, et d'émettre le fluide avec secousse. Paralysie entière A Tours, dans le salon de M. Marne, M. Laurent, éditeur du Journal d@Indre-et-Laire, se mit à ma disposition. Il fut promptement magnétisé ses yeux se fermèrent, malgré les violents efforts qu'il fit pour les ouvrir. S'apercevant alors qu'il ne pouvait faire un mouvement, et qu'il ne pouvait pas même parler, il s'effraya sa respiration devint gênée, oppres-sée. Je le dégageai. Il me dit alors qu'il avait fait tous ses efforts pour me donner un coup de pied et pour parler, mais qu'il était paralysé complètement, et qu'il n'avait pu lever le pied de terre. Il était dans une colère extrême de se sentir au pouvoir d'un autre. Il avait senti courir dans ses bras et sur tout son corps de petites secousses semblables à celles d'une étincelle électri-que, qui produisaient sur lui un engourdissement complet. Dans la même ville, M. Seri, négociant, fut mis dans le même état chez M. Belluotte, avocat. Lorsque je lui eus dégagé les mâchoires, il s'écria Oh ! c'est horrible et déli-c teu@. Il ne voulut jamais nous expliquer le véritable sens de son exclamation, malgré toute l'insistance qu'y mit M. Renard, le proviseur du collège. A Londres, le docteur Mayo, l'un des chirurgiens les plus distingués de cette ville, me proposa, devant plusieurs | EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME 69 en quelques minutes, ses yeux se fermèrent, et il fut plongé dans un état de torpeur qui était interrompu par des mouve-ments spasmodiques tout à coup il ouvrait les yeux, sem-blait sur le point d'étouffer, faisait des mouvements du haut du corps seulement, puis il retombait dans une torpeur pro-fonde. A Liverpool, j'obtins le même résultat sur l'éditeur du Standard et sur un pharmacien. Ces deux faits s'étaient produits sans ma volonté et plutôt comme accidents mais j'ai produit souvent avec intention des spasmes violents il suffit, pour cela, de présenter les doigts en pointe devant l'estomac, et d'émettre le fluide avec secousse. Paralysie entière A Tours, dans le salon de M. Ma@me, M. Laurent, éditeur du Journal d'Indre-et-Loire, se mit à ma disposition. Il fut promptement magnétisé ses yeux se fermèrent, malgré les violents efforts qu'il fit pour les ouvrir. S'apercevant alors qu'il ne pouvait faire un mouvement, et qu'il ne pouvait pas même parler, il s'effraya sa respiration devint gênée, oppres-sée. Je le dégageai. Il me dit alors qu'il avait fait tous ses efforts pour me donner un coup de pied et pour parler, mais qu'il était paralysé complètement, et qu'il n'avait pu lever le pied de terre. Il était dans une colère extrême de se sentir au pouvoir d'un autre. Il avait senti courir dans ses bras et sur tout son corps de petites secousses semblables à celles d'une étincelle électri-que, qui produisaient sur lui un engourdissement complet. Dans la même ville, M. Seri, négociant, fut mis dans le même état chez M. Belluotte, avocat. Lorsque je lui eus dégagé les mâchoires, il s'écria Oh@! c'est horrible et déli-c@ieux! Il ne voulut jamais nous expliquer le véritable sens de son exclamation, malgré toute l'insistance qu'y mit M. Renard, le proviseur du collège. A Londres, le docteur Mayo, l'un des chirurgiens les plus distingués de cette ville, me proposa, devant plusieurs | EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME 69 en quelques minutes, ses yeux se fermèrent, et il fut plongé dans un état de torpeur qui était interrompu par des mouve-ments spasmodiques tout à coup il ouvrait les yeux, sem-blait sur le point d'étouffer, faisait des mouvements du haut du corps seulement, puis il retombait dans une torpeur pro-fonde. A Liverpool, j'obtins le même résultat sur l'éditeur du Standard et sur un pharmacien. Ces deux faits s'étaient produits sans ma volonté et plutôt comme accidents mais j'ai produit souvent avec intention des spasmes violents il suffit, pour cela, de présenter les doigts en pointe devant l'estomac, et d'émettre le fluide avec secousse. Paralysie entière A Tours, dans le salon de M. Ma@me, M. Laurent, éditeur du Journal d'Indre-et-Loire, se mit à ma disposition. Il fut promptement magnétisé ses yeux se fermèrent, malgré les violents efforts qu'il fit pour les ouvrir. S'apercevant alors qu'il ne pouvait faire un mouvement, et qu'il ne pouvait pas même parler, il s'effraya sa respiration devint gênée, oppres-sée. Je le dégageai. Il me dit alors qu'il avait fait tous ses efforts pour me donner un coup de pied et pour parler, mais qu'il était paralysé complètement, et qu'il n'avait pu lever le pied de terre. Il était dans une colère extrême de se sentir au pouvoir d'un autre. Il avait senti courir dans ses bras et sur tout son corps de petites secousses semblables à celles d'une étincelle électri-que, qui produisaient sur lui un engourdissement complet. Dans la même ville, M. Seri, négociant, fut mis dans le même état chez M. Belluotte, avocat. Lorsque je lui eus dégagé les mâchoires, il s'écria Oh@! c'est horrible et déli-c@ieux! Il ne voulut jamais nous expliquer le véritable sens de son exclamation, malgré toute l'insistance qu'y mit M. Renard, le proviseur du collège. A Londres, le docteur Mayo, l'un des chirurgiens les plus distingués de cette ville, me proposa, devant plusieurs | EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME 69 en quelques minutes, ses yeux se fermèrent, et il fut plongé dans un état de torpeur qui était interrompu par des mouve-ments spasmodiques tout à coup il ouvrait les yeux, sem-blait sur le point d'étouffer, faisait des mouvements du haut du corps seulement, puis il retombait dans une torpeur pro-fonde. A Liverpool, j'obtins le même résultat sur l'éditeur du Standard et sur un pharmacien. Ces deux faits s'étaient produits sans ma volonté et plutôt comme accidents mais j'ai produit souvent avec intention des spasmes violents il suffit, pour cela, de présenter les doigts en pointe devant l'estomac, et d'émettre le fluide avec secousse. Paralysie entière A Tours, dans le salon de M. Mame, M. Laurent, éditeur du Journal d'Indre-et-Loire, se mit à ma disposition. Il fut promptement magnétisé ses yeux se fermèrent, malgré les violents efforts qu'il fit pour les ouvrir. S'apercevant alors qu'il ne pouvait faire un mouvement, et qu'il ne pouvait pas même parler, il s'effraya sa respiration devint gênée, oppres-sée. Je le dégageai. Il me dit alors qu'il avait fait tous ses efforts pour me donner un coup de pied et pour parler, mais qu'il était paralysé complètement, et qu'il n'avait pu lever le pied de terre. Il était dans une colère extrême de se sentir au pouvoir d'un autre. Il avait senti courir dans ses bras et sur tout son corps de petites secousses semblables à celles d'une étincelle électri-que, qui produisaient sur lui un engourdissement complet. Dans la même ville, M. Seri, négociant, fut mis dans le même état chez M. Belluotte, avocat. Lorsque je lui eus dégagé les mâchoires, il s'écria Oh! c'est horrible et déli-cieux! Il ne voulut jamais nous expliquer le véritable sens de son exclamation, malgré toute l'insistance qu'y mit M. Renard, le proviseur du collège. A Londres, le docteur Mayo, l'un des chirurgiens les plus distingués de cette ville, me proposa, devant plusieurs | 9 | 0.004644 | 0.021918 |
294.txt | 1,845 | -177 -du Doubs le découvrirent, et l'envoyèrent à Ro-chefort. Embarqué sur le navire les Deux-Asso-ciés, il y fut enfermé, avec la multitude des prêtres fidèles, dans l'infect cachot de l'entre-pont, et succomba sous les rigueurs de cette af-freuse prison, au mois d'août 1794, âgé de qua-rante-quatre ans. Tous ceux qui l'ont connu et nous sommes de ce nombre ont parlé de lui comme d'un ecclésiastique d'un grand mérite et d'une vie exemplaire. 4. Le P. Bernard, prêtre et religieux cordelier du couvent de Varennes, diocèse de Reims, ne se vit pas sans douleur expulsé de son cloître lors de l'abolition des ordres monastiques. Le péril où les attentats révolutionnaires mettaient la religion ne fit qu'enflammer son zèle aussi, après avoir refusé tous les serments, travaillât-il à soutenir les fidèles parmi les épreuves qu'ils avaient à subir dans ces temps désastreux. Il fut, comme tant d'autres prêtres, découvert, arrêté, condamné à la déportation au-delà des mers, dans les déserts infects de la Guyane française. En attendant l'époque du départ, on lui donna pour prison le navire le Washington, dans l'en-trepont duquel il souffrit de crueiles incommo-dités qui le firent périr, ou plutôt qui consom-mèrent son sacrifice au mois d'octobre 1794. Il était âgé de cinquante ans. 8 | -177 -du Doubs le découvrirent, et l'envoyèrent à Ro-chefort. Embarqué sur le navire les Deux-Asso-ciés, il y fut enfermé, avec la multitude des prêtres fidèles, dans l'infect cachot de l'entre-pont, et succomba sous les rigueurs de cette af-freuse prison, au mois d'août 1794, âgé de qua-rante-quatre ans. Tous ceux qui l'ont connu et nous sommes de ce nombre ont parlé de lui comme d'un ecclésiastique d'un grand mérite et d'une vie exemplaire. 4. Le P. Bernard, prêtre et religieux cordelier du couvent de Varennes, diocèse de Reims, ne se vit pas sans douleur expulsé de son cloître lors de l'abolition des ordres monastiques. Le péril où les attentats révolutionnaires mettaient la religion ne fit qu'enflammer son zèle aussi, après avoir refusé tous les serments, travaillât-il à soutenir les fidèles parmi les épreuves qu'ils avaient à subir dans ces temps désastreux. Il fut, comme tant d'autres prêtres, découvert, arrêté, condamné à la déportation au-delà des mers, dans les déserts infects de la Guyane française. En attendant l'époque du départ, on lui donna pour prison le navire le Washington, dans l'en-trepont duquel il souffrit de crueiles incommo-dités qui le firent périr, ou plutôt qui consom-mèrent son sacrifice au mois d'octobre 1794. Il était âgé de cinquante ans. 8 | ######## Doubs le découvrirent, et l'envoyèrent à Ro-chefort. Embarqué sur le navire les Deux-Asso-ciés, il y fut enfermé, avec la multitude des prêtres fidèles, dans l'infect cachot de l'entre-pont, et succomba sous les rigueurs de cette af-freuse prison, au mois d'août 1794, âgé de qua-rante-quatre ans. Tous ceux qui l'ont connu et nous sommes de ce nombre ont parlé de lui comme d'un ecclésiastique d'un grand mérite et d'une vie exemplaire. 4. Le P. Bernard, prêtre et religieux cordelier du couvent de Varennes, diocèse de Reims, ne se vit pas sans douleur expulsé de son cloître lors de l'abolition des ordres monastiques. Le péril où les attentats révolutionnaires mettaient la religion ne fit qu'enflammer son zèle aussi, après avoir refusé tous les serments, travaillât-il à soutenir les fidèles parmi les épreuves qu'ils avaient à subir dans ces temps désastreux. Il fut, comme tant d'autres prêtres, découvert, arrêté, condamné à la déportation au-delà des mers, dans les déserts infects de la Guyane française. En attendant l'époque du départ, on lui donna pour prison le navire le Washington, dans l'en-trepont duquel il souffrit de cruelles incommo-dités qui le firent périr, ou plutôt qui consom-mèrent son sacrifice au mois d'octobre 1794. Il était âgé de cinquante ans. # | -177 -du Doubs le découvrirent, et l'envoyèrent à Ro-chefort. Embarqué sur le navire les Deux-Asso-ciés, il y fut enfermé, avec la multitude des prêtres fidèles, dans l'infect cachot de l'entre-pont, et succomba sous les rigueurs de cette af-freuse prison, au mois d'août 1794, âgé de qua-rante-quatre ans. Tous ceux qui l'ont connu et nous sommes de ce nombre ont parlé de lui comme d'un ecclésiastique d'un grand mérite et d'une vie exemplaire. 4. Le P. Bernard, prêtre et religieux cordelier du couvent de Varennes, diocèse de Reims, ne se vit pas sans douleur expulsé de son cloître lors de l'abolition des ordres monastiques. Le péril où les attentats révolutionnaires mettaient la religion ne fit qu'enflammer son zèle aussi, après avoir refusé tous les serments, travaillât-il à soutenir les fidèles parmi les épreuves qu'ils avaient à subir dans ces temps désastreux. Il fut, comme tant d'autres prêtres, découvert, arrêté, condamné à la déportation au-delà des mers, dans les déserts infects de la Guyane française. En attendant l'époque du départ, on lui donna pour prison le navire le Washington, dans l'en-trepont duquel il souffrit de cruelles incommo-dités qui le firent périr, ou plutôt qui consom-mèrent son sacrifice au mois d'octobre 1794. Il était âgé de cinquante ans. 8 | -177 -du Doubs le découvrirent, et l'envoyèrent à Ro-chefort. Embarqué sur le navire les Deux-Asso-ciés, il y fut enfermé, avec la multitude des prêtres fidèles, dans l'infect cachot de l'entre-pont, et succomba sous les rigueurs de cette af-freuse prison, au mois d'août 1794, âgé de qua-rante-quatre ans. Tous ceux qui l'ont connu et nous sommes de ce nombre ont parlé de lui comme d'un ecclésiastique d'un grand mérite et d'une vie exemplaire. 4. Le P. Bernard, prêtre et religieux cordelier du couvent de Varennes, diocèse de Reims, ne se vit pas sans douleur expulsé de son cloître lors de l'abolition des ordres monastiques. Le péril où les attentats révolutionnaires mettaient la religion ne fit qu'enflammer son zèle aussi, après avoir refusé tous les serments, travaillât-il à soutenir les fidèles parmi les épreuves qu'ils avaient à subir dans ces temps désastreux. Il fut, comme tant d'autres prêtres, découvert, arrêté, condamné à la déportation au-delà des mers, dans les déserts infects de la Guyane française. En attendant l'époque du départ, on lui donna pour prison le navire le Washington, dans l'en-trepont duquel il souffrit de cruelles incommo-dités qui le firent périr, ou plutôt qui consom-mèrent son sacrifice au mois d'octobre 1794. Il était âgé de cinquante ans. 8 | 1 | 0.000775 | 0.004255 |
525.txt | 1,873 | -34 -et qu'on évapore de nouveau avec précaution jusqu'à sic -cité, il se forme une vive coloration rose. Si on chauffe une solution d'inosite avec de l'extrait de Saturne, il se forme surtout à chaud une gelée transparente qui, au bout de peu de temps, prend la forme d'empois. L'inosite se fait remarquer en outre par la manière dont elle se comporte envers le nitrate mercurique. § 51. Maladies dans lesquelles on rencontre l'acide lac-tique libre et combiné. i- On a constaté la présence de l'acide lactique dans la fermentation acide de Vurine, et il est probable qu'il n'est qu'un produit de décomposition des matières extractives et colorantes de l'urine. On prétend l'avoir rencontré encore, quand, par suite de troubles occa-sionnés dans la respiration, la digestion, la nutrition, il y a éu oxydation incomplète dans le sang on le trouve éga-lement dans l'urine d'enfants rachitiques et dans la leu-cémie. § 52. Recherche de l'acide lactique. - L'acide lactique n'ayant pas de propriétés chimiques bien tranchées , on a recours pour en constater la présence à la formation de son sel de zinc qui cristallise facilement et d'une manière caractéristique forme de tonneau ou de massue mais il faut employer pour cela de l'urine aussi fraîche que pos-sible. Comme la présence de cet acide est variable, dépen-dant de beaucoup de circonstances, et ne peut par consé-quent donner aucun point d'appui pour le diagnostic, nous ne nous y arrêterons pas davantage. § 53. Maladies dans lesquelles on rencontre dans Vurine de la matière grasse, des acides gras volatils, et moyen de constater leur présence. - La matière grasse ne se pré-sente que très-rarement dans l'urine on la trouve dans la dégénérescence graisseuse des reins morbus Brighti , dans la dégénérescence graisseuse des cellules épithéliales des conduits de l'urine et de la vessie, et dans le cas de sura-bondance de graisse dans le sang urina chylosa, cause | -34 -et qu'on évapore de nouveau avec précaution jusqu'à sic -cité, il se forme une vive coloration rose. Si on chauffe une solution d'inosite avec de l'extrait de Saturne, il se forme surtout à chaud une gelée transparente qui, au bout de peu de temps, prend la forme d'empois. L'inosite se fait remarquer en outre par la manière dont elle se comporte envers le nitrate mercurique. § 51. Maladies dans lesquelles on rencontre l'acide lac-tique libre et combiné. i- On a constaté la présence de l'acide lactique dans la fermentation acide de @Vurine, et il est probable qu'il n'est qu'un produit de décomposition des matières extractives et colorantes de l'urine. On prétend l'avoir rencontré encore, quand, par suite de troubles occa-sionnés dans la respiration, la digestion, la nutrition, il y a éu oxydation incomplète dans le sang on le trouve éga-lement dans l'urine d'enfants rachitiques et dans la leu-cémie. § 52. Recherche de l'acide lactique. - L'acide lactique n'ayant pas de propriétés chimiques bien tranchées , on a recours pour en constater la présence à la formation de son sel de zinc qui cristallise facilement et d'une manière caractéristique forme de tonneau ou de massue mais il faut employer pour cela de l'urine aussi fraîche que pos-sible. Comme la présence de cet acide est variable, dépen-dant de beaucoup de circonstances, et ne peut par consé-quent donner aucun point d'appui pour le diagnostic, nous ne nous y arrêterons pas davantage. § 53. Maladies dans lesquelles on rencontre dans @Vurine de la matière grasse, des acides gras volatils, et moyen de constater leur présence. - La matière grasse ne se pré-sente que très-rarement dans l'urine on la trouve dans la dégénérescence graisseuse des reins morbus Brighti , dans la dégénérescence graisseuse des cellules épithéliales des conduits de l'urine et de la vessie, et dans le cas de sura-bondance de graisse dans le sang urina chylosa, cause | -34 -et qu'on évapore de nouveau avec précaution jusqu'à sic@-cité, il se forme une vive coloration rose. Si on chauffe une solution d'inosite avec de l'extrait de Saturne, il se forme surtout à chaud une gelée transparente qui, au bout de peu de temps, prend la forme d'empois. L'inosite se fait remarquer en outre par la manière dont elle se comporte envers le nitrate mercurique. § 51. Maladies dans lesquelles on rencontre l'acide lac-tique libre et combiné. @-@On a constaté la présence de l'acide lactique dans la fermentation acide de l'urine, et il est probable qu'il n'est qu'un produit de décomposition des matières extractives et colorantes de l'urine. On prétend l'avoir rencontré encore, quand, par suite de troubles occa-sionnés dans la respiration, la digestion, la nutrition, il y a eu oxydation incomplète dans le sang on le trouve éga-lement dans l'urine d'enfants rachitiques et dans la leu-cémie. § 52. Recherche de l'acide lactique. -@L'acide lactique n'ayant pas de propriétés chimiques bien tranchées@, on a recours pour en constater la présence à la formation de son sel de zinc qui cristallise facilement et d'une manière caractéristique forme de tonneau ou de massue mais il faut employer pour cela de l'urine aussi fraîche que pos-sible. Comme la présence de cet acide est variable, dépen-dant de beaucoup de circonstances, et ne peut par consé-quent donner aucun point d'appui pour le diagnostic, nous ne nous y arrêterons pas davantage. § 53. Maladies dans lesquelles on rencontre dans l'urine de la matière grasse, des acides gras volatils, et moyen de constater leur présence. -@La matière grasse ne se pré-sente que très-rarement dans l'urine on la trouve dans la dégénérescence graisseuse des reins morbus Brighti , dans la dégénérescence graisseuse des cellules épithéliales des conduits de l'urine et de la vessie, et dans le cas de sura-bondance de graisse dans le sang urina chylosa, cause | -34 -et qu'on évapore de nouveau avec précaution jusqu'à sic@-cité, il se forme une vive coloration rose. Si on chauffe une solution d'inosite avec de l'extrait de Saturne, il se forme surtout à chaud une gelée transparente qui, au bout de peu de temps, prend la forme d'empois. L'inosite se fait remarquer en outre par la manière dont elle se comporte envers le nitrate mercurique. § 51. Maladies dans lesquelles on rencontre l'acide lac-tique libre et combiné. @-@On a constaté la présence de l'acide lactique dans la fermentation acide de l'urine, et il est probable qu'il n'est qu'un produit de décomposition des matières extractives et colorantes de l'urine. On prétend l'avoir rencontré encore, quand, par suite de troubles occa-sionnés dans la respiration, la digestion, la nutrition, il y a eu oxydation incomplète dans le sang on le trouve éga-lement dans l'urine d'enfants rachitiques et dans la leu-cémie. § 52. Recherche de l'acide lactique. -@L'acide lactique n'ayant pas de propriétés chimiques bien tranchées@, on a recours pour en constater la présence à la formation de son sel de zinc qui cristallise facilement et d'une manière caractéristique forme de tonneau ou de massue mais il faut employer pour cela de l'urine aussi fraîche que pos-sible. Comme la présence de cet acide est variable, dépen-dant de beaucoup de circonstances, et ne peut par consé-quent donner aucun point d'appui pour le diagnostic, nous ne nous y arrêterons pas davantage. § 53. Maladies dans lesquelles on rencontre dans l'urine de la matière grasse, des acides gras volatils, et moyen de constater leur présence. -@La matière grasse ne se pré-sente que très-rarement dans l'urine on la trouve dans la dégénérescence graisseuse des reins morbus Brighti , dans la dégénérescence graisseuse des cellules épithéliales des conduits de l'urine et de la vessie, et dans le cas de sura-bondance de graisse dans le sang urina chylosa, cause | -34 -et qu'on évapore de nouveau avec précaution jusqu'à sic-cité, il se forme une vive coloration rose. Si on chauffe une solution d'inosite avec de l'extrait de Saturne, il se forme surtout à chaud une gelée transparente qui, au bout de peu de temps, prend la forme d'empois. L'inosite se fait remarquer en outre par la manière dont elle se comporte envers le nitrate mercurique. § 51. Maladies dans lesquelles on rencontre l'acide lac-tique libre et combiné. -On a constaté la présence de l'acide lactique dans la fermentation acide de l'urine, et il est probable qu'il n'est qu'un produit de décomposition des matières extractives et colorantes de l'urine. On prétend l'avoir rencontré encore, quand, par suite de troubles occa-sionnés dans la respiration, la digestion, la nutrition, il y a eu oxydation incomplète dans le sang on le trouve éga-lement dans l'urine d'enfants rachitiques et dans la leu-cémie. § 52. Recherche de l'acide lactique. -L'acide lactique n'ayant pas de propriétés chimiques bien tranchées, on a recours pour en constater la présence à la formation de son sel de zinc qui cristallise facilement et d'une manière caractéristique forme de tonneau ou de massue mais il faut employer pour cela de l'urine aussi fraîche que pos-sible. Comme la présence de cet acide est variable, dépen-dant de beaucoup de circonstances, et ne peut par consé-quent donner aucun point d'appui pour le diagnostic, nous ne nous y arrêterons pas davantage. § 53. Maladies dans lesquelles on rencontre dans l'urine de la matière grasse, des acides gras volatils, et moyen de constater leur présence. -La matière grasse ne se pré-sente que très-rarement dans l'urine on la trouve dans la dégénérescence graisseuse des reins morbus Brighti , dans la dégénérescence graisseuse des cellules épithéliales des conduits de l'urine et de la vessie, et dans le cas de sura-bondance de graisse dans le sang urina chylosa, cause | 11 | 0.005729 | 0.02924 |
243.txt | 1,845 | -35-ne se trouvât un certain nombre d'âmes nobles et généreuses, qui, loin de partager les préven-tions et les écarts de leurs turbulents compatrio-tes, demeurèrent constamment attachées à leur curé, et adoucirent ses peines en les partageant Sans entrer dans des détails pénibles à ce sujet, il suffira de dire en général que plus on suscita d'obstacles et de traverses à M. Musart, plus il déploya de calme, de résignation et de doticeur. Loin de se permettre des plaintes, il ne souffrait pas même que l'on en fît aucune en sa présence et jamais il ne cessa d'opposer l'amour à la haine, le silence aux invectives, les bienfaits aux mauvais traitements. Cependant, quoi que nous ayons dit de la pa tience de M. Musart parmi les contradictions qu'il eut à éprouver, il ne faut pas croire que cette patience ait dégénéré en faiblesse ce se-rait se faire une fausse idée de notre saint pas-teur. Il était doux par caractère, indulgent tou-tes les fois qu'il ne s'agissait que de ses intérêts ou de ses droits, facile à s'en relâcher pour le bien de la paix mais il s'armait d'une fermeté inflexible dans les occasions où l'honneur de Dieu était intéressé. Jamais, dans ces sortes de rencontres, ni la crainte, ni le respect humain, ni le désir de la faveur, ni aucune considération quelconque ne lui fit admettre des tempéra- | -35-ne se trouvât un certain nombre d'âmes nobles et généreuses, qui, loin de partager les préven-tions et les écarts de leurs turbulents compatrio-tes, demeurèrent constamment attachées à leur curé, et adoucirent ses peines en les partageant Sans entrer dans des détails pénibles à ce sujet, il suffira de dire en général que plus on suscita d'obstacles et de traverses à M. Musart, plus il déploya de calme, de résignation et de doticeur. Loin de se permettre des plaintes, il ne souffrait pas même que l'on en fît aucune en sa présence et jamais il ne cessa d'opposer l'amour à la haine, le silence aux invectives, les bienfaits aux mauvais traitements. Cependant, quoi que nous ayons dit de la pa tience de M. Musart parmi les contradictions qu'il eut à éprouver, il ne faut pas croire que cette patience ait dégénéré en faiblesse ce se-rait se faire une fausse idée de notre saint pas-teur. Il était doux par caractère, indulgent tou-tes les fois qu'il ne s'agissait que de ses intérêts ou de ses droits, facile à s'en relâcher pour le bien de la paix mais il s'armait d'une fermeté inflexible dans les occasions où l'honneur de Dieu était intéressé. Jamais, dans ces sortes de rencontres, ni la crainte, ni le respect humain, ni le désir de la faveur, ni aucune considération quelconque ne lui fit admettre des tempéra- | ###### se trouvât un certain nombre d'âmes nobles et généreuses, qui, loin de partager les préven-tions et les écarts de leurs turbulents compatrio-tes, demeurèrent constamment attachées à leur curé, et adoucirent ses peines en les partageant Sans entrer dans des détails pénibles à ce sujet, il suffira de dire en général que plus on suscita d'obstacles et de traverses à M. Musart, plus il déploya de calme, de résignation et de do@uceur. Loin de se permettre des plaintes, il ne souffrait pas même que l'on en fît aucune en sa présence et jamais il ne cessa d'opposer l'amour à la haine, le silence aux invectives, les bienfaits aux mauvais traitements. Cependant, quoi que nous ayons dit de la pa tience de M. Musart parmi les contradictions qu'il eut à éprouver, il ne faut pas croire que cette patience ait dégénéré en faiblesse ce se-rait se faire une fausse idée de notre saint pas-teur. Il était doux par caractère, indulgent tou-tes les fois qu'il ne s'agissait que de ses intérêts ou de ses droits, facile à s'en relâcher pour le bien de la paix mais il s'armait d'une fermeté inflexible dans les occasions où l'honneur de Dieu était intéressé. Jamais, dans ces sortes de rencontres, ni la crainte, ni le respect humain, ni le désir de la faveur, ni aucune considération quelconque ne lui fit admettre des tempéra- | -35-ne se trouvât un certain nombre d'âmes nobles et généreuses, qui, loin de partager les préven-tions et les écarts de leurs turbulents compatrio-tes, demeurèrent constamment attachées à leur curé, et adoucirent ses peines en les partageant Sans entrer dans des détails pénibles à ce sujet, il suffira de dire en général que plus on suscita d'obstacles et de traverses à M. Musart, plus il déploya de calme, de résignation et de do@uceur. Loin de se permettre des plaintes, il ne souffrait pas même que l'on en fît aucune en sa présence et jamais il ne cessa d'opposer l'amour à la haine, le silence aux invectives, les bienfaits aux mauvais traitements. Cependant, quoi que nous ayons dit de la pa tience de M. Musart parmi les contradictions qu'il eut à éprouver, il ne faut pas croire que cette patience ait dégénéré en faiblesse ce se-rait se faire une fausse idée de notre saint pas-teur. Il était doux par caractère, indulgent tou-tes les fois qu'il ne s'agissait que de ses intérêts ou de ses droits, facile à s'en relâcher pour le bien de la paix mais il s'armait d'une fermeté inflexible dans les occasions où l'honneur de Dieu était intéressé. Jamais, dans ces sortes de rencontres, ni la crainte, ni le respect humain, ni le désir de la faveur, ni aucune considération quelconque ne lui fit admettre des tempéra- | -35-ne se trouvât un certain nombre d'âmes nobles et généreuses, qui, loin de partager les préven-tions et les écarts de leurs turbulents compatrio-tes, demeurèrent constamment attachées à leur curé, et adoucirent ses peines en les partageant Sans entrer dans des détails pénibles à ce sujet, il suffira de dire en général que plus on suscita d'obstacles et de traverses à M. Musart, plus il déploya de calme, de résignation et de douceur. Loin de se permettre des plaintes, il ne souffrait pas même que l'on en fît aucune en sa présence et jamais il ne cessa d'opposer l'amour à la haine, le silence aux invectives, les bienfaits aux mauvais traitements. Cependant, quoi que nous ayons dit de la pa tience de M. Musart parmi les contradictions qu'il eut à éprouver, il ne faut pas croire que cette patience ait dégénéré en faiblesse ce se-rait se faire une fausse idée de notre saint pas-teur. Il était doux par caractère, indulgent tou-tes les fois qu'il ne s'agissait que de ses intérêts ou de ses droits, facile à s'en relâcher pour le bien de la paix mais il s'armait d'une fermeté inflexible dans les occasions où l'honneur de Dieu était intéressé. Jamais, dans ces sortes de rencontres, ni la crainte, ni le respect humain, ni le désir de la faveur, ni aucune considération quelconque ne lui fit admettre des tempéra- | 2 | 0.001511 | 0.008 |
257.txt | 1,845 | -71 -gneur, et se reconnaissait redevable aux prières des fidèles de la résignation que l'on admirait en lui. La Providence, dans des vues de miséricorde, avait amené, quelques jours auparavant, dans les prisons de Reims, un jeune émigré, qui bien-tôt après fut condamné à mort 1 . Ce fut au charitable Musart ne occasion d'exercer son zèle. Peu inquiet du sort qu'il prévoyait pour lui-même, il s'efforça de ramener à Dieu celte âme égarée, et il eut le bonheur de contribuer à sa conversion elle fut des plus éclatantes. Le jeune homme désavoua hautement les erreurs de sa vie, et mourut avec la résignation d'un chrétien et le courage d'un héros. Au milieu des soins que lui donnait sa brû-lante ardeur pour le salut des âmes, M. Musart n'oubliait pas celles qui devaient être plus spé-cialement l'objet de sa sollicitude et de sa ten-dresse, ses chers paroissiens, que la disgrâce de leur pasteur avait plongés dans l'affliction. Du 1 Louis-Joseph d'Eu-Montigny, né en 1773, d'une famille noble, à Ghavange, vidage entre Vitry-le-Français et Arcis-sur-Aube, guillotiné à Reims le 4 mars 1796. Ni la violence morale que l'on avait employée pour le faire émigrer, ni la maladie qui ne lui permit de rentrer en France qu'après l'expiration du terme fatal, ni trois années passées depuis au service de la ré-publique, rien ne put le soustraire à la férocité des lois révolu-tionnaires. | -71 -gneur, et se reconnaissait redevable aux prières des fidèles de la résignation que l'on admirait en lui. La Providence, dans des vues de miséricorde, avait amené, quelques jours auparavant, dans les prisons de Reims, un jeune émigré, qui bien-tôt après fut condamné à mort 1 . Ce fut au charitable Musart @ne occasion d'exercer son zèle. Peu inquiet du sort qu'il prévoyait pour lui-même, il s'efforça de ramener à Dieu celte âme égarée, et il eut le bonheur de contribuer à sa conversion elle fut des plus éclatantes. Le jeune homme désavoua hautement les erreurs de sa vie, et mourut avec la résignation d'un chrétien et le courage d'un héros. Au milieu des soins que lui donnait sa brû-lante ardeur pour le salut des âmes, M. Musart n'oubliait pas celles qui devaient être plus spé-cialement l'objet de sa sollicitude et de sa ten-dresse, ses chers paroissiens, que la disgrâce de leur pasteur avait plongés dans l'affliction. Du@@@@@@ 1 Louis-Joseph d'Eu-Montigny, né en 1773, d'une famille noble, à Ghavange, vi@dage entre Vitry-le-Français et Arcis-sur-Aube, guillotiné à Reims le 4 mars 1796. Ni la violence morale que l'on avait employée pour le faire émigrer, ni la maladie qui ne lui permit de rentrer en France qu'après l'expiration du terme fatal, ni trois années passées depuis au service de la ré-publique, rien ne put le soustraire à la férocité des lois révolu-tionnaires. | ########### et se reconnaissait redevable aux prières des fidèles de la résignation que l'on admirait en lui. La Providence, dans des vues de miséricorde, avait amené, quelques jours auparavant, dans les prisons de Reims, un jeune émigré, qui bien-tôt après fut condamné à mort 1 . Ce fut au charitable Musart une occasion d'exercer son zèle. Peu inquiet du sort qu'il prévoyait pour lui-même, il s'efforça de ramener à Dieu cette âme égarée, et il eut le bonheur de contribuer à sa conversion elle fut des plus éclatantes. Le jeune homme désavoua hautement les erreurs de sa vie, et mourut avec la résignation d'un chrétien et le courage d'un héros. Au milieu des soins que lui donnait sa brû-lante ardeur pour le salut des âmes, M. Musart n'oubliait pas celles qui devaient être plus spé-cialement l'objet de sa sollicitude et de sa ten-dresse, ses chers paroissiens, que la disgrâce de leur pasteur avait plongés dans l'affliction. Du -71 - 1 Louis-Joseph d'Eu-Montigny, né en 1773, d'une famille noble, à Chavange, village entre Vitry-le-Français et Arcis-sur-Aube, guillotiné à Reims le 4 mars 1796. Ni la violence morale que l'on avait employée pour le faire émigrer, ni la maladie qui ne lui permit de rentrer en France qu'après l'expiration du terme fatal, ni trois années passées depuis au service de la ré-publique, rien ne put le soustraire à la férocité des lois révolu-tionnaires. | -71 -gneur, et se reconnaissait redevable aux prières des fidèles de la résignation que l'on admirait en lui. La Providence, dans des vues de miséricorde, avait amené, quelques jours auparavant, dans les prisons de Reims, un jeune émigré, qui bien-tôt après fut condamné à mort 1 . Ce fut au charitable Musart une occasion d'exercer son zèle. Peu inquiet du sort qu'il prévoyait pour lui-même, il s'efforça de ramener à Dieu cette âme égarée, et il eut le bonheur de contribuer à sa conversion elle fut des plus éclatantes. Le jeune homme désavoua hautement les erreurs de sa vie, et mourut avec la résignation d'un chrétien et le courage d'un héros. Au milieu des soins que lui donnait sa brû-lante ardeur pour le salut des âmes, M. Musart n'oubliait pas celles qui devaient être plus spé-cialement l'objet de sa sollicitude et de sa ten-dresse, ses chers paroissiens, que la disgrâce de leur pasteur avait plongés dans l'affliction. Du -71 - 1 Louis-Joseph d'Eu-Montigny, né en 1773, d'une famille noble, à Chavange, village entre Vitry-le-Français et Arcis-sur-Aube, guillotiné à Reims le 4 mars 1796. Ni la violence morale que l'on avait employée pour le faire émigrer, ni la maladie qui ne lui permit de rentrer en France qu'après l'expiration du terme fatal, ni trois années passées depuis au service de la ré-publique, rien ne put le soustraire à la férocité des lois révolu-tionnaires. | -71 -gneur, et se reconnaissait redevable aux prières des fidèles de la résignation que l'on admirait en lui. La Providence, dans des vues de miséricorde, avait amené, quelques jours auparavant, dans les prisons de Reims, un jeune émigré, qui bien-tôt après fut condamné à mort 1 . Ce fut au charitable Musart une occasion d'exercer son zèle. Peu inquiet du sort qu'il prévoyait pour lui-même, il s'efforça de ramener à Dieu cette âme égarée, et il eut le bonheur de contribuer à sa conversion elle fut des plus éclatantes. Le jeune homme désavoua hautement les erreurs de sa vie, et mourut avec la résignation d'un chrétien et le courage d'un héros. Au milieu des soins que lui donnait sa brû-lante ardeur pour le salut des âmes, M. Musart n'oubliait pas celles qui devaient être plus spé-cialement l'objet de sa sollicitude et de sa ten-dresse, ses chers paroissiens, que la disgrâce de leur pasteur avait plongés dans l'affliction. Du -71 - 1 Louis-Joseph d'Eu-Montigny, né en 1773, d'une famille noble, à Chavange, village entre Vitry-le-Français et Arcis-sur-Aube, guillotiné à Reims le 4 mars 1796. Ni la violence morale que l'on avait employée pour le faire émigrer, ni la maladie qui ne lui permit de rentrer en France qu'après l'expiration du terme fatal, ni trois années passées depuis au service de la ré-publique, rien ne put le soustraire à la férocité des lois révolu-tionnaires. | 11 | 0.007897 | 0.042308 |
531.txt | 1,873 | -59 -Remarque. - La guanine donne une réaction analogue. Il faut donc se mettre sur ses gardes quoique cette subs-tance n'ait pas encore été signalée dans les calculs. Les calculs de xanthine sont très-rares et on n'en a trouvé jusqu'ici que peu d'exemplaires. Ils sont d'une cou-leur brun-clair, sont assez durs, acquièrent par le frotte-ment l'éclat de la cire et consistent en couches concentri-ques amorphes, faciles à enlever par solution. 40 Cystine. - Se dissout dans l'ammoniaque caustique et se sépare par une évaporation lente de cette solution, en cristaux très-caractéristiques formant des tables hexagona-les régulières. Si on dissout dans la potasse caustique une concrétion renfermant de la cystine, que l'on ajoute une petite quantité de solution d'acétate de plomb et que l'on chauffe, il se forme un précipité de sulfure de plomb qui donne au mélange une apparence d'encre. Les calculs de cystine sont également très-rares, ils sont d'un jaune mat et à surface polie, d'une cassure cristalline présentant l'éclat de la cire ou de la graisse. Ils sont assez mous, se laissent racler facilement et leur poudre se comporte au toucher comme la poudre de savon. 5° Substances protéiques. - Ne présentent pas trace de cristallisation, dégagent par la combustion une odeur de corne brûlée, sont insolubles dans l'eau, l'éther et l'alcool, mais solubles dans la potasse caustique, solution dont elles sont précipitées de nouveau par les acides. Elles se gonflent dans l'acide acétique et se dissolvent dans l'acide nitrique bouillant. Les calculs de substances protéiques formés par la coagulation de sang et de fibrine , sont également très-rares. 6° Urostéalithe. - Fond par la chaleur sans bien se flui-difier, se gonfle et développe une odeur très-forte rappelant celle d'un mélange de gomme laque et de benjoin. Elle se dissout dans la potasse en s'émulsionnant elle se dissout également très-bien dans l'éther, et le résidu del'évaporation | -59 -Remarque. - La guanine donne une réaction analogue. Il faut donc se mettre sur ses gardes quoique cette subs-tance n'ait pas encore été signalée dans les calculs. Les calculs de xanthine sont très-rares et on n'en a trouvé jusqu'ici que peu d'exemplaires. Ils sont d'une cou-leur brun-clair, sont assez durs, acquièrent par le frotte-ment l'éclat de la cire et consistent en couches concentri-ques amorphes, faciles à enlever par solution. 40 Cystine. - Se dissout dans l'ammoniaque caustique et se sépare par une évaporation lente de cette solution, en cristaux très-caractéristiques formant des tables hexagona-les régulières. Si on dissout dans la potasse caustique une concrétion renfermant de la cystine, que l'on ajoute une petite quantité de solution d'acétate de plomb et que l'on chauffe, il se forme un précipité de sulfure de plomb qui donne au mélange une apparence d'encre. Les calculs de cystine sont également très-rares, ils sont d'un jaune mat et à surface polie, d'une cassure cristalline présentant l'éclat de la cire ou de la graisse. Ils sont assez mous, se laissent racler facilement et leur poudre se comporte au toucher comme la poudre de savon. 5° Substances protéiques. - Ne présentent pas trace de cristallisation, dégagent par la combustion une odeur de corne brûlée, sont insolubles dans l'eau, l'éther et l'alcool, mais solubles dans la potasse caustique, solution dont elles sont précipitées de nouveau par les acides. Elles se gonflent dans l'acide acétique et se dissolvent dans l'acide nitrique bouillant. Les calculs de substances protéiques formés par la coagulation de sang et de fibrine , sont également très-rares. 6° Urostéalithe. - Fond par la chaleur sans bien se flui-difier, se gonfle et développe une odeur très-forte rappelant celle d'un mélange de gomme laque et de benjoin. Elle se dissout dans la potasse en s'émulsionnant elle se dissout également très-bien dans l'éther, et le résidu del'évaporation | -59 -Remarque. -@La guanine donne une réaction analogue. Il faut donc se mettre sur ses gardes quoique cette subs-tance n'ait pas encore été signalée dans les calculs. Les calculs de xanthine sont très-rares et on n'en a trouvé jusqu'ici que peu d'exemplaires. Ils sont d'une cou-leur brun-clair, sont assez durs, acquièrent par le frotte-ment l'éclat de la cire et consistent en couches concentri-ques amorphes, faciles à enlever par solution. 4° Cystine. -@Se dissout dans l'ammoniaque caustique et se sépare par une évaporation lente de cette solution, en cristaux très-caractéristiques formant des tables hexagona-les régulières. Si on dissout dans la potasse caustique une concrétion renfermant de la cystine, que l'on ajoute une petite quantité de solution d'acétate de plomb et que l'on chauffe, il se forme un précipité de sulfure de plomb qui donne au mélange une apparence d'encre. Les calculs de cystine sont également très-rares, ils sont d'un jaune mat et à surface polie, d'une cassure cristalline présentant l'éclat de la cire ou de la graisse. Ils sont assez mous, se laissent racler facilement et leur poudre se comporte au toucher comme la poudre de savon. 5° Substances protéiques. -@Ne présentent pas trace de cristallisation, dégagent par la combustion une odeur de corne brûlée, sont insolubles dans l'eau, l'éther et l'alcool, mais solubles dans la potasse caustique, solution dont elles sont précipitées de nouveau par les acides. Elles se gonflent dans l'acide acétique et se dissolvent dans l'acide nitrique bouillant. Les calculs de substances protéiques formés par la coagulation de sang et de fibrine , sont également très-rares. 6° Urostéalithe. -@Fond par la chaleur sans bien se flui-difier, se gonfle et développe une odeur très-forte rappelant celle d'un mélange de gomme laque et de benjoin. Elle se dissout dans la potasse en s'émulsionnant elle se dissout également très-bien dans l'éther, et le résidu del'évaporation | -59 -Remarque. -@La guanine donne une réaction analogue. Il faut donc se mettre sur ses gardes quoique cette subs-tance n'ait pas encore été signalée dans les calculs. Les calculs de xanthine sont très-rares et on n'en a trouvé jusqu'ici que peu d'exemplaires. Ils sont d'une cou-leur brun-clair, sont assez durs, acquièrent par le frotte-ment l'éclat de la cire et consistent en couches concentri-ques amorphes, faciles à enlever par solution. 4° Cystine. -@Se dissout dans l'ammoniaque caustique et se sépare par une évaporation lente de cette solution, en cristaux très-caractéristiques formant des tables hexagona-les régulières. Si on dissout dans la potasse caustique une concrétion renfermant de la cystine, que l'on ajoute une petite quantité de solution d'acétate de plomb et que l'on chauffe, il se forme un précipité de sulfure de plomb qui donne au mélange une apparence d'encre. Les calculs de cystine sont également très-rares, ils sont d'un jaune mat et à surface polie, d'une cassure cristalline présentant l'éclat de la cire ou de la graisse. Ils sont assez mous, se laissent racler facilement et leur poudre se comporte au toucher comme la poudre de savon. 5° Substances protéiques. -@Ne présentent pas trace de cristallisation, dégagent par la combustion une odeur de corne brûlée, sont insolubles dans l'eau, l'éther et l'alcool, mais solubles dans la potasse caustique, solution dont elles sont précipitées de nouveau par les acides. Elles se gonflent dans l'acide acétique et se dissolvent dans l'acide nitrique bouillant. Les calculs de substances protéiques formés par la coagulation de sang et de fibrine , sont également très-rares. 6° Urostéalithe. -@Fond par la chaleur sans bien se flui-difier, se gonfle et développe une odeur très-forte rappelant celle d'un mélange de gomme laque et de benjoin. Elle se dissout dans la potasse en s'émulsionnant elle se dissout également très-bien dans l'éther, et le résidu del'évaporation | -59 -Remarque. -La guanine donne une réaction analogue. Il faut donc se mettre sur ses gardes quoique cette subs-tance n'ait pas encore été signalée dans les calculs. Les calculs de xanthine sont très-rares et on n'en a trouvé jusqu'ici que peu d'exemplaires. Ils sont d'une cou-leur brun-clair, sont assez durs, acquièrent par le frotte-ment l'éclat de la cire et consistent en couches concentri-ques amorphes, faciles à enlever par solution. 4° Cystine. -Se dissout dans l'ammoniaque caustique et se sépare par une évaporation lente de cette solution, en cristaux très-caractéristiques formant des tables hexagona-les régulières. Si on dissout dans la potasse caustique une concrétion renfermant de la cystine, que l'on ajoute une petite quantité de solution d'acétate de plomb et que l'on chauffe, il se forme un précipité de sulfure de plomb qui donne au mélange une apparence d'encre. Les calculs de cystine sont également très-rares, ils sont d'un jaune mat et à surface polie, d'une cassure cristalline présentant l'éclat de la cire ou de la graisse. Ils sont assez mous, se laissent racler facilement et leur poudre se comporte au toucher comme la poudre de savon. 5° Substances protéiques. -Ne présentent pas trace de cristallisation, dégagent par la combustion une odeur de corne brûlée, sont insolubles dans l'eau, l'éther et l'alcool, mais solubles dans la potasse caustique, solution dont elles sont précipitées de nouveau par les acides. Elles se gonflent dans l'acide acétique et se dissolvent dans l'acide nitrique bouillant. Les calculs de substances protéiques formés par la coagulation de sang et de fibrine , sont également très-rares. 6° Urostéalithe. -Fond par la chaleur sans bien se flui-difier, se gonfle et développe une odeur très-forte rappelant celle d'un mélange de gomme laque et de benjoin. Elle se dissout dans la potasse en s'émulsionnant elle se dissout également très-bien dans l'éther, et le résidu del'évaporation | 5 | 0.002563 | 0.014881 |
519.txt | 1,873 | -21 -l'anémie, l'hydropisie elle se présente également dans les troubles survenus dans la circulation périphérique, dans les affections du coeur et du foie où, par une différence de pression, l'albumine est expulsée dans l'urine. b Dans les maladies du système uropoiétique, comme par exemple, dans les affections concomitantes des reins, dans le typhus, la péritonite et la phlogose aiguë qui toutes produisent une hyperémie dans les reins. De plus, dans ce qu'on appelle les affections idiopathiques des reins, comme par exemple a Valbuminurie telle qu'elle se présente dans morbus Brighti, dans .la néphrite et dans le neoplasma renis. Ce qu'on appelle les cylindres de Bellini, le dépôt de pus avec réaction acide, et les fragments de neoplosma, caractérisent chacune de ces maladies, dans lesquelles on remarque de l'albumine dans l'urine. ~ L'hématurie, qui peut être ou bien une hématurie hémorrhagique capillaire et ne pas présenter de coagula de fibrine, ou bien une hématurie hémorrhagique vasculaire et présentant une masse coagulée de sang, ou enfin une hématurie séreuse ne présentant pas de corpuscules san-guins, mais où on trouve encore à côté de l'albumine la ma-tière colorante du sang. Quand ces deux dernières subs-tances se présentent dans une urine, dont le poids spécifi-que dépasse 1,020, on peut les regarder presque toujours comme un symptôme urémique. Quand le poids spécifique est au-dessous de 1,020 et qu'on ne trouve pas de corpus-cules sanguins, on peut expliquer la coloration rouge de l'urine et la présence de l'albumine par l'éclatement de. quelques globules sanguins. Mais, si le poids spécifique de l'urine dépasse 1,020, on ne peut expliquer une aussi grande quantité de matière colorante du sang dans l'urine que par la présence du carbonate d'ammoniaque qui dis-sout l'hématosine, et on a ainsi un symptôme urémique spécifique. | -21 -l'anémie, l'hydropisie elle se présente également dans les troubles survenus dans la circulation périphérique, dans les affections du coeur et du foie où, par une différence de pression, l'albumine est expulsée dans l'urine. b Dans les maladies du système uropoiétique, comme par exemple, dans les affections concomitantes des reins, dans le typhus, la péritonite et la phlogose aiguë qui toutes produisent une hyperémie dans les reins. De plus, dans ce qu'on appelle les affections idiopathiques des reins, comme par exemple a @Valbuminurie telle qu'elle se présente dans morbus Brighti, dans .la néphrite et dans le neoplasma renis. Ce qu'on appelle les cylindres de Bellini, le dépôt de pus avec réaction acide, et les fragments de neoplosma, caractérisent chacune de ces maladies, dans lesquelles on remarque de l'albumine dans l'urine. ~ L'hématurie, qui peut être ou bien une hématurie hémorrhagique capillaire et ne pas présenter de coagula de fibrine, ou bien une hématurie hémorrhagique vasculaire et présentant une masse coagulée de sang, ou enfin une hématurie séreuse ne présentant pas de corpuscules san-guins, mais où on trouve encore à côté de l'albumine la ma-tière colorante du sang. Quand ces deux dernières subs-tances se présentent dans une urine, dont le poids spécifi-que dépasse 1,020, on peut les regarder presque toujours comme un symptôme urémique. Quand le poids spécifique est au-dessous de 1,020 et qu'on ne trouve pas de corpus-cules sanguins, on peut expliquer la coloration rouge de l'urine et la présence de l'albumine par l'éclatement de. quelques globules sanguins. Mais, si le poids spécifique de l'urine dépasse 1,020, on ne peut expliquer une aussi grande quantité de matière colorante du sang dans l'urine que par la présence du carbonate d'ammoniaque qui dis-sout l'hématosine, et on a ainsi un symptôme urémique spécifique. | -24 -l'anémie, l'hydropisie elle se présente également dans les troubles survenus dans la circulation périphérique, dans les affections du coeur et du foie où, par une différence de pression, l'albumine est expulsée dans l'urine. b Dans les maladies du système uropoiétique, comme par exemple, dans les affections concomitantes des reins, dans le typhus, la péritonite et la phlogose aiguë qui toutes produisent une hyperémie dans les reins. De plus, dans ce qu'on appelle les affections idiopathiques des reins, comme par exemple a L'albuminurie telle qu'elle se présente dans morbus Brighti, dans @la néphrite et dans le neoplasma renis. Ce qu'on appelle les cylindres de Bellini, le dépôt de pus avec réaction acide, et les fragments de neoplosma, caractérisent chacune de ces maladies, dans lesquelles on remarque de l'albumine dans l'urine. β L'hématurie, qui peut être ou bien une hématurie hémorrhagique capillaire et ne pas présenter de coagula de fibrine, ou bien une hématurie hémorrhagique vasculaire et présentant une masse coagulée de sang, ou enfin une hématurie séreuse ne présentant pas de corpuscules san-guins, mais où on trouve encore à côté de l'albumine la ma-tière colorante du sang. Quand ces deux dernières subs-tances se présentent dans une urine, dont le poids spécifi-que dépasse 1,020, on peut les regarder presque toujours comme un symptôme urémique. Quand le poids spécifique est au-dessous de 1,020 et qu'on ne trouve pas de corpus-cules sanguins, on peut expliquer la coloration rouge de l'urine et la présence de l'albumine par l'éclatement de@ quelques globules sanguins. Mais, si le poids spécifique de l'urine dépasse 1,020, on ne peut expliquer une aussi grande quantité de matière colorante du sang dans l'urine que par la présence du carbonate d'ammoniaque qui dis-sout l'hématosine, et on a ainsi un symptôme urémique spécifique. | -24 -l'anémie, l'hydropisie elle se présente également dans les troubles survenus dans la circulation périphérique, dans les affections du coeur et du foie où, par une différence de pression, l'albumine est expulsée dans l'urine. b Dans les maladies du système uropoiétique, comme par exemple, dans les affections concomitantes des reins, dans le typhus, la péritonite et la phlogose aiguë qui toutes produisent une hyperémie dans les reins. De plus, dans ce qu'on appelle les affections idiopathiques des reins, comme par exemple a L'albuminurie telle qu'elle se présente dans morbus Brighti, dans @la néphrite et dans le neoplasma renis. Ce qu'on appelle les cylindres de Bellini, le dépôt de pus avec réaction acide, et les fragments de neoplosma, caractérisent chacune de ces maladies, dans lesquelles on remarque de l'albumine dans l'urine. β L'hématurie, qui peut être ou bien une hématurie hémorrhagique capillaire et ne pas présenter de coagula de fibrine, ou bien une hématurie hémorrhagique vasculaire et présentant une masse coagulée de sang, ou enfin une hématurie séreuse ne présentant pas de corpuscules san-guins, mais où on trouve encore à côté de l'albumine la ma-tière colorante du sang. Quand ces deux dernières subs-tances se présentent dans une urine, dont le poids spécifi-que dépasse 1,020, on peut les regarder presque toujours comme un symptôme urémique. Quand le poids spécifique est au-dessous de 1,020 et qu'on ne trouve pas de corpus-cules sanguins, on peut expliquer la coloration rouge de l'urine et la présence de l'albumine par l'éclatement de@ quelques globules sanguins. Mais, si le poids spécifique de l'urine dépasse 1,020, on ne peut expliquer une aussi grande quantité de matière colorante du sang dans l'urine que par la présence du carbonate d'ammoniaque qui dis-sout l'hématosine, et on a ainsi un symptôme urémique spécifique. | -24 -l'anémie, l'hydropisie elle se présente également dans les troubles survenus dans la circulation périphérique, dans les affections du coeur et du foie où, par une différence de pression, l'albumine est expulsée dans l'urine. b Dans les maladies du système uropoiétique, comme par exemple, dans les affections concomitantes des reins, dans le typhus, la péritonite et la phlogose aiguë qui toutes produisent une hyperémie dans les reins. De plus, dans ce qu'on appelle les affections idiopathiques des reins, comme par exemple a L'albuminurie telle qu'elle se présente dans morbus Brighti, dans la néphrite et dans le neoplasma renis. Ce qu'on appelle les cylindres de Bellini, le dépôt de pus avec réaction acide, et les fragments de neoplosma, caractérisent chacune de ces maladies, dans lesquelles on remarque de l'albumine dans l'urine. β L'hématurie, qui peut être ou bien une hématurie hémorrhagique capillaire et ne pas présenter de coagula de fibrine, ou bien une hématurie hémorrhagique vasculaire et présentant une masse coagulée de sang, ou enfin une hématurie séreuse ne présentant pas de corpuscules san-guins, mais où on trouve encore à côté de l'albumine la ma-tière colorante du sang. Quand ces deux dernières subs-tances se présentent dans une urine, dont le poids spécifi-que dépasse 1,020, on peut les regarder presque toujours comme un symptôme urémique. Quand le poids spécifique est au-dessous de 1,020 et qu'on ne trouve pas de corpus-cules sanguins, on peut expliquer la coloration rouge de l'urine et la présence de l'albumine par l'éclatement de quelques globules sanguins. Mais, si le poids spécifique de l'urine dépasse 1,020, on ne peut expliquer une aussi grande quantité de matière colorante du sang dans l'urine que par la présence du carbonate d'ammoniaque qui dis-sout l'hématosine, et on a ainsi un symptôme urémique spécifique. | 6 | 0.003214 | 0.021672 |
928.txt | 1,858 | CP QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 247 obstacle à des épanchements complets. Ce n'était pas la dif-férence des âges sous ce rapport, rien de mieux assorti que nous. Etait-ce des nuances dans les caractères ? Je le crois plutôt. Vous avez, Ludovic, une maturité précoce qui, plus d'une fois, a enchaîné sur mes lèvres l'expression de mes sentiments et a jeté quelque embarras dans nos rapports. Vous avez, en outre, si je vous ai bien compris, une manière positive d'envisager la vie qui, à votre insu, s'étend jus-qu'aux affaires du coeur et leur enlève une partie de leur charme. Vous ai-je mal jugé? Est-ce bien ainsi que vous ôtes? Je n'oserais dire ni oui, ni non je n'en suis plus ni à accuser autrui, ni à me défendre. Cette période de ma vie s'est écroulée pour ainsi dire dans la période qui a succédé, et rien ne sert de remuer des ruines. Si je vous en parle, Ludovic, si je cherche, moi si coupable et si désespérée, à atténuer mes torts et vos légitimes griefs, ce n'est pas pour appeler sur ma tête un intérêt dont je ne suis plus digne, mais pour vous expliquer comment et dans quelles condi-tions a eu lieu cette déchéance qui, pour être insaisissable à ses débuts, n'en a pas marché pour cela ni moins fatalement, ni moins rapidement. XXV Ludovic parcourait ces feuillets sous l'empire d'une émo-tion toujours croissante. Quelque douloureux que fût le passé, il goûtait un plaisir amer à le voir évoquer devant lui c'était sa propre destinée dont il obtenait enfin le dernier mot il poursuivit sa lecture. J'en arrive, Ludovic, à la partie délicate de ma confi-dence, et, dussé-je achever de me perdre dans votre esprit, je serai sincère jusqu'au bout. Il vous souvient du jour où le diplôme tant souhaité couronna vos longs efforts. Depuis plus d'un mois il n'était pas question d'autre chose entre nous. Notre avenir, notre | CP QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 247 obstacle à des épanchements complets. Ce n'était pas la dif-férence des âges sous ce rapport, rien de mieux assorti que nous. Etait-ce des nuances dans les caractères ? Je le crois plutôt. Vous avez, Ludovic, une maturité précoce qui, plus d'une fois, a enchaîné sur mes lèvres l'expression de mes sentiments et a jeté quelque embarras dans nos rapports. Vous avez, en outre, si je vous ai bien compris, une manière positive d'envisager la vie qui, à votre insu, s'étend jus-qu'aux affaires du coeur et leur enlève une partie de leur charme. Vous ai-je mal jugé@? Est-ce bien ainsi que vous ôtes@? Je n'oserais dire ni oui, ni non je n'en suis plus ni à accuser autrui, ni à me défendre. Cette période de ma vie s'est écroulée pour ainsi dire dans la période qui a succédé, et rien ne sert de remuer des ruines. Si je vous en parle, Ludovic, si je cherche, moi si coupable et si désespérée, à atténuer mes torts et vos légitimes griefs, ce n'est pas pour appeler sur ma tête un intérêt dont je ne suis plus digne, mais pour vous expliquer comment et dans quelles condi-tions a eu lieu cette déchéance qui, pour être insaisissable à ses débuts, n'en a pas marché pour cela ni moins fatalement, ni moins rapidement. XXV Ludovic parcourait ces feuillets sous l'empire d'une émo-tion toujours croissante. Quelque douloureux que fût le passé, il goûtait un plaisir amer à le voir évoquer devant lui c'était sa propre destinée dont il obtenait enfin le dernier mot il poursuivit sa lecture. J'en arrive, Ludovic, à la partie délicate de ma confi-dence, et, dussé-je achever de me perdre dans votre esprit, je serai sincère jusqu'au bout. Il vous souvient du jour où le diplôme tant souhaité couronna vos longs efforts. Depuis plus d'un mois il n'était pas question d'autre chose entre nous. Notre avenir, notre | ## QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 247 obstacle à des épanchements complets. Ce n'était pas la dif-férence des âges sous ce rapport, rien de mieux assorti que nous. Était-ce des nuances dans les caractères ? Je le crois plutôt. Vous avez, Ludovic, une maturité précoce qui, plus d'une fois, a enchaîné sur mes lèvres l'expression de mes sentiments et a jeté quelque embarras dans nos rapports. Vous avez, en outre, si je vous ai bien compris, une manière positive d'envisager la vie qui, à votre insu, s'étend jus-qu'aux affaires du coeur et leur enlève une partie de leur charme. Vous ai-je mal jugé ? Est-ce bien ainsi que vous êtes ? Je n'oserais dire ni oui, ni non je n'en suis plus ni à accuser autrui, ni à me défendre. Cette période de ma vie s'est écroulée pour ainsi dire dans la période qui a succédé, et rien ne sert de remuer des ruines. Si je vous en parle, Ludovic, si je cherche, moi si coupable et si désespérée, à atténuer mes torts et vos légitimes griefs, ce n'est pas pour appeler sur ma tête un intérêt dont je ne suis plus digne, mais pour vous expliquer comment et dans quelles condi-tions a eu lieu cette déchéance qui, pour être insaisissable à ses débuts, n'en a pas marché pour cela ni moins fatalement, ni moins rapidement. XXV Ludovic parcourait ces feuillets sous l'empire d'une émo-tion toujours croissante. Quelque douloureux que fût le passé, il goûtait un plaisir amer à le voir évoquer devant lui c'était sa propre destinée dont il obtenait enfin le dernier mot il poursuivit sa lecture. J'en arrive, Ludovic, à la partie délicate de ma confi-dence, et, dussé-je achever de me perdre dans votre esprit, je serai sincère jusqu'au bout. Il vous souvient du jour où le diplôme tant souhaité couronna vos longs efforts. Depuis plus d'un mois il n'était pas question d'autre chose entre nous. Notre avenir, notre | CP QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 247 obstacle à des épanchements complets. Ce n'était pas la dif-férence des âges sous ce rapport, rien de mieux assorti que nous. Était-ce des nuances dans les caractères ? Je le crois plutôt. Vous avez, Ludovic, une maturité précoce qui, plus d'une fois, a enchaîné sur mes lèvres l'expression de mes sentiments et a jeté quelque embarras dans nos rapports. Vous avez, en outre, si je vous ai bien compris, une manière positive d'envisager la vie qui, à votre insu, s'étend jus-qu'aux affaires du coeur et leur enlève une partie de leur charme. Vous ai-je mal jugé ? Est-ce bien ainsi que vous êtes ? Je n'oserais dire ni oui, ni non je n'en suis plus ni à accuser autrui, ni à me défendre. Cette période de ma vie s'est écroulée pour ainsi dire dans la période qui a succédé, et rien ne sert de remuer des ruines. Si je vous en parle, Ludovic, si je cherche, moi si coupable et si désespérée, à atténuer mes torts et vos légitimes griefs, ce n'est pas pour appeler sur ma tête un intérêt dont je ne suis plus digne, mais pour vous expliquer comment et dans quelles condi-tions a eu lieu cette déchéance qui, pour être insaisissable à ses débuts, n'en a pas marché pour cela ni moins fatalement, ni moins rapidement. XXV Ludovic parcourait ces feuillets sous l'empire d'une émo-tion toujours croissante. Quelque douloureux que fût le passé, il goûtait un plaisir amer à le voir évoquer devant lui c'était sa propre destinée dont il obtenait enfin le dernier mot il poursuivit sa lecture. J'en arrive, Ludovic, à la partie délicate de ma confi-dence, et, dussé-je achever de me perdre dans votre esprit, je serai sincère jusqu'au bout. Il vous souvient du jour où le diplôme tant souhaité couronna vos longs efforts. Depuis plus d'un mois il n'était pas question d'autre chose entre nous. Notre avenir, notre | CP QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 247 obstacle à des épanchements complets. Ce n'était pas la dif-férence des âges sous ce rapport, rien de mieux assorti que nous. Était-ce des nuances dans les caractères ? Je le crois plutôt. Vous avez, Ludovic, une maturité précoce qui, plus d'une fois, a enchaîné sur mes lèvres l'expression de mes sentiments et a jeté quelque embarras dans nos rapports. Vous avez, en outre, si je vous ai bien compris, une manière positive d'envisager la vie qui, à votre insu, s'étend jus-qu'aux affaires du coeur et leur enlève une partie de leur charme. Vous ai-je mal jugé ? Est-ce bien ainsi que vous êtes ? Je n'oserais dire ni oui, ni non je n'en suis plus ni à accuser autrui, ni à me défendre. Cette période de ma vie s'est écroulée pour ainsi dire dans la période qui a succédé, et rien ne sert de remuer des ruines. Si je vous en parle, Ludovic, si je cherche, moi si coupable et si désespérée, à atténuer mes torts et vos légitimes griefs, ce n'est pas pour appeler sur ma tête un intérêt dont je ne suis plus digne, mais pour vous expliquer comment et dans quelles condi-tions a eu lieu cette déchéance qui, pour être insaisissable à ses débuts, n'en a pas marché pour cela ni moins fatalement, ni moins rapidement. XXV Ludovic parcourait ces feuillets sous l'empire d'une émo-tion toujours croissante. Quelque douloureux que fût le passé, il goûtait un plaisir amer à le voir évoquer devant lui c'était sa propre destinée dont il obtenait enfin le dernier mot il poursuivit sa lecture. J'en arrive, Ludovic, à la partie délicate de ma confi-dence, et, dussé-je achever de me perdre dans votre esprit, je serai sincère jusqu'au bout. Il vous souvient du jour où le diplôme tant souhaité couronna vos longs efforts. Depuis plus d'un mois il n'était pas question d'autre chose entre nous. Notre avenir, notre | 4 | 0.002173 | 0.005464 |
900.txt | 1,858 | 214 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. die avait ravagé, reprit, avec sa régularité, une exnl AMinn.. de sérénité remarquable. Ce fut une courte métamorphose avant le dernier anéantissement. Qu'on juge des impressions qu'un pareil spectacle éveilla chez les deux personnes -qui en étaient témoins ! Marguerite fut tentée de croire à un prodige, tant les symptômes étaient satisfaisants elle s'empressa auprès de madame Morin et voulut aider par quelques soins à cette eure imprévue. Celle-ci la retint par un geste affectueux elle sentait mieux son état et ne se faisait point d'illusion rassemblant toutes ses forces et s'armant de sa volonté 2 -- Ici, ma fille, dit-elle, et donne-moi ta main. L'enfant obéit à cette voix aimée et vint se ranger près du lit. Son aïeule la remercia du regard, puis elle ajouta -- Et vous aussi, monsieur Ludovic, approchez, je vous en prie. C'était la première fois que madame Morin s'adressait di-rectement au jeune homme même il ne croyait pas que, dans son état d'enfance, elle eût retenu son nom. Sa surprise fut donc grande à cet appel il s'y rendit néanmoins et sa plaça près de Marguerite, ail chevet de la mourante, - C'est bien, mes enfants, dit alors la vieille femme j'aime à vous voir ainsi. Marguerite, ajouta-t-elle, c'est au-jourd'hui mon dernier jour 1 - Quelle vilaine idée vous avez là, grand'mère, chassez-la donc bien vite. - - Non, ma fille, je sens ma fin approcher, et je suis prête. C'est une délivrance qui m'arrive après tant de maux souf-ferts. Que faisais-je en ce monde, infirme comme je l'étais devenue ? Si Ditfu né m'en a pas retirée plus tôt, c'est sans doute pour m'éprouver davantage. - Comment pouvtiz-vous parler ainsi, grand'mère? - Tu as raisou, Marguerite jè manque de justice. Le ciel fait bien ce qu'il fait. Tant qüe tu n'as été qu'une enfant, ma présence t'était nécessaire. Quoique malade, je te protégeais, et tu t'es formée sous mes yeux à la rude école du malheur. Mais aujourd'hui, te voici grande et déjà sensée je puis partir avec moins de regret. Je puis allér rejoindre ta mère et mon pauvre Morin, que j'ai tant pleurés. Il y avait dans la voix de la mourante quelque chose de si | 214 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. die avait ravagé, reprit, avec sa régularité, une exnl AMinn.. de sérénité remarquable. Ce fut une courte métamorphose avant le dernier anéantissement. Qu'on juge des impressions qu'un pareil spectacle éveilla chez les deux personnes -qui en étaient témoins ! Marguerite fut tentée de croire à un prodige, tant les symptômes étaient satisfaisants elle s'empressa auprès de madame Morin et voulut aider par quelques soins à cette eure imprévue. Celle-ci la retint par un geste affectueux elle sentait mieux son état et ne se faisait point d'illusion rassemblant toutes ses forces et s'armant de sa volonté 2 -- Ici, ma fille, dit-elle, et donne-moi ta main. L'enfant obéit à cette voix aimée et vint se ranger près du lit. Son aïeule la remercia du regard, puis elle ajouta -- Et vous aussi, monsieur Ludovic, approchez, je vous en prie. C'était la première fois que madame Morin s'adressait di-rectement au jeune homme même il ne croyait pas que, dans son état d'enfance, elle eût retenu son nom. Sa surprise fut donc grande à cet appel il s'y rendit néanmoins et sa plaça près de Marguerite, ail chevet de la mourante, - C'est bien, mes enfants, dit alors la vieille femme j'aime à vous voir ainsi. Marguerite, ajouta-t-elle, c'est au-jourd'hui mon dernier jour 1 - Quelle vilaine idée vous avez là, grand'mère, chassez-la donc bien vite. - - Non, ma fille, je sens ma fin approcher, et je suis prête. C'est une délivrance qui m'arrive après tant de maux souf-ferts. Que faisais-je en ce monde, infirme comme je l'étais devenue ? Si Ditfu né m'en a pas retirée plus tôt, c'est sans doute pour m'éprouver davantage. - Comment pouvtiz-vous parler ainsi, grand'mère@? - Tu as raisou, Marguerite jè manque de justice. Le ciel fait bien ce qu'il fait. Tant qüe tu n'as été qu'une enfant, ma présence t'était nécessaire. Quoique malade, je te protégeais, et tu t'es formée sous mes yeux à la rude école du malheur. Mais aujourd'hui, te voici grande et déjà sensée je puis partir avec moins de regret. Je puis allér rejoindre ta mère et mon pauvre Morin, que j'ai tant pleurés. Il y avait dans la voix de la mourante quelque chose de si | 214 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. die avait ravagé, reprit, avec sa régularité, une expression@@ de sérénité remarquable. Ce fut une courte métamorphose avant le dernier anéantissement. Qu'on juge des impressions qu'un pareil spectacle éveilla chez les deux personnes @qui en étaient témoins ! Marguerite fut tentée de croire à un prodige, tant les symptômes étaient satisfaisants elle s'empressa auprès de madame Morin et voulut aider par quelques soins à cette cure imprévue. Celle-ci la retint par un geste affectueux elle sentait mieux son état et ne se faisait point d'illusion rassemblant toutes ses forces et s'armant de sa volonté@@ @-@Ici, ma fille, dit-elle, et donne-moi ta main. L'enfant obéit à cette voix aimée et vint se ranger près du lit. Son aïeule la remercia du regard, puis elle ajouta @-@Et vous aussi, monsieur Ludovic, approchez, je vous en prie. C'était la première fois que madame Morin s'adressait di-rectement au jeune homme même il ne croyait pas que, dans son état d'enfance, elle eût retenu son nom. Sa surprise fut donc grande à cet appel il s'y rendit néanmoins et se plaça près de Marguerite, a@u chevet de la mourante. -@C'est bien, mes enfants, dit alors la vieille femme j'aime à vous voir ainsi. Marguerite, ajouta-t-elle, c'est au-jourd'hui mon dernier jour ! -@Quelle vilaine idée vous avez là, grand mère, chassez-la donc bien vite. -@@@Non, ma fille, je sens ma fin approcher, et je suis prète. C'est une délivrance qui m'arrive après tant de maux souf-ferts. Que faisais-je en ce monde, infirme comme je l'étais devenue ? Si Di@eu ne m'en a pas retirée plus tôt, c'est sans doute pour m'éprouver davantage. -@Comment pouv@ez-vous parler ainsi, grand'mère ? -@Tu as raison, Marguerite je manque de justice. Le ciel fait bien ce qu'il fait. Tant que tu n'as été qu'une enfant, ma présence t'était nécessaire. Quoique malade, je te protégeais, et tu t'es formée sous mes yeux à la rude école du malheur. Mais aujourd'hui, te voici grande et déjà sensée je puis partir avec moins de regret. Je puis aller rejoindre ta mère et mon pauvre Morin, que j'ai tant pleurés. Il y avait dans la voix de la mourante quelque chose de si | 214 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. die avait ravagé, reprit, avec sa régularité, une expression@@ de sérénité remarquable. Ce fut une courte métamorphose avant le dernier anéantissement. Qu'on juge des impressions qu'un pareil spectacle éveilla chez les deux personnes @qui en étaient témoins ! Marguerite fut tentée de croire à un prodige, tant les symptômes étaient satisfaisants elle s'empressa auprès de madame Morin et voulut aider par quelques soins à cette cure imprévue. Celle-ci la retint par un geste affectueux elle sentait mieux son état et ne se faisait point d'illusion rassemblant toutes ses forces et s'armant de sa volonté@@ @-@Ici, ma fille, dit-elle, et donne-moi ta main. L'enfant obéit à cette voix aimée et vint se ranger près du lit. Son aïeule la remercia du regard, puis elle ajouta @-@Et vous aussi, monsieur Ludovic, approchez, je vous en prie. C'était la première fois que madame Morin s'adressait di-rectement au jeune homme même il ne croyait pas que, dans son état d'enfance, elle eût retenu son nom. Sa surprise fut donc grande à cet appel il s'y rendit néanmoins et se plaça près de Marguerite, a@u chevet de la mourante. -@C'est bien, mes enfants, dit alors la vieille femme j'aime à vous voir ainsi. Marguerite, ajouta-t-elle, c'est au-jourd'hui mon dernier jour ! -@Quelle vilaine idée vous avez là, grand mère, chassez-la donc bien vite. -@@@Non, ma fille, je sens ma fin approcher, et je suis prète. C'est une délivrance qui m'arrive après tant de maux souf-ferts. Que faisais-je en ce monde, infirme comme je l'étais devenue ? Si Di@eu ne m'en a pas retirée plus tôt, c'est sans doute pour m'éprouver davantage. -@Comment pouv@ez-vous parler ainsi, grand'mère ? -@Tu as raison, Marguerite je manque de justice. Le ciel fait bien ce qu'il fait. Tant que tu n'as été qu'une enfant, ma présence t'était nécessaire. Quoique malade, je te protégeais, et tu t'es formée sous mes yeux à la rude école du malheur. Mais aujourd'hui, te voici grande et déjà sensée je puis partir avec moins de regret. Je puis aller rejoindre ta mère et mon pauvre Morin, que j'ai tant pleurés. Il y avait dans la voix de la mourante quelque chose de si | 214 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. die avait ravagé, reprit, avec sa régularité, une expression de sérénité remarquable. Ce fut une courte métamorphose avant le dernier anéantissement. Qu'on juge des impressions qu'un pareil spectacle éveilla chez les deux personnes qui en étaient témoins ! Marguerite fut tentée de croire à un prodige, tant les symptômes étaient satisfaisants elle s'empressa auprès de madame Morin et voulut aider par quelques soins à cette cure imprévue. Celle-ci la retint par un geste affectueux elle sentait mieux son état et ne se faisait point d'illusion rassemblant toutes ses forces et s'armant de sa volonté -Ici, ma fille, dit-elle, et donne-moi ta main. L'enfant obéit à cette voix aimée et vint se ranger près du lit. Son aïeule la remercia du regard, puis elle ajouta -Et vous aussi, monsieur Ludovic, approchez, je vous en prie. C'était la première fois que madame Morin s'adressait di-rectement au jeune homme même il ne croyait pas que, dans son état d'enfance, elle eût retenu son nom. Sa surprise fut donc grande à cet appel il s'y rendit néanmoins et se plaça près de Marguerite, au chevet de la mourante. -C'est bien, mes enfants, dit alors la vieille femme j'aime à vous voir ainsi. Marguerite, ajouta-t-elle, c'est au-jourd'hui mon dernier jour ! -Quelle vilaine idée vous avez là, grand mère, chassez-la donc bien vite. -Non, ma fille, je sens ma fin approcher, et je suis prète. C'est une délivrance qui m'arrive après tant de maux souf-ferts. Que faisais-je en ce monde, infirme comme je l'étais devenue ? Si Dieu ne m'en a pas retirée plus tôt, c'est sans doute pour m'éprouver davantage. -Comment pouvez-vous parler ainsi, grand'mère ? -Tu as raison, Marguerite je manque de justice. Le ciel fait bien ce qu'il fait. Tant que tu n'as été qu'une enfant, ma présence t'était nécessaire. Quoique malade, je te protégeais, et tu t'es formée sous mes yeux à la rude école du malheur. Mais aujourd'hui, te voici grande et déjà sensée je puis partir avec moins de regret. Je puis aller rejoindre ta mère et mon pauvre Morin, que j'ai tant pleurés. Il y avait dans la voix de la mourante quelque chose de si | 40 | 0.018622 | 0.095238 |
914.txt | 1,858 | 230 CE QU'ON PEUT VOIR DANS une RUE. dans un autre quartier. Il combattait ainsi, par tous les moyens en son pouvoir, la puissance de regrets et de sou-venirs persistants. Il voulait se guérir et y employait tous les moyens propres à amener cette cure. Quelques semaines s'écoulèrent ainsi avec une améliora-tion apparente, et qui, aux yeux de ceux qui l'entouraient, devait se maintenir et se consolider. Quand il parut plqs calme et plus résigné à son sort, son père le quitta et reprit le chemin de sa maison qu'il avait longtemps négligée. Lu-dovic ne fut pas des derniers à l'y encourager par les efforts qu'il faisait pour se vaincre. - Bien, mon fils, te voilà sauvé ! lui dit le vieillard au moment des adieux. - Oui, mon père, répondit Ludovic avec un sourire mé-lancolique bien sauvé, et grâce à vous. Soyez-en béni 1 Ils se séparèrent, et le jeune homme resta seul avec sa plaie encore saignante dans le coeur. S'il souriait, c'était comme le Spartiate. XXI Pour Ludovic, il n'y avait point de distractions qui pussent balancer l'influence à laquelle il était soumis. Paris en offre pourtant de bien puissantes, surtout à la jeunesse. Nulle part la vie extérieure n'a plus de séductions et n'étale des spec-tacles plus variés. Ludovic aurait pu en jouir les moyens ne lui manquaient pas son travail était largement rémunéré sa bourse était bien garnie. Il avait trouvé ce que peut dési-rer un homme de son âge la faculté de se suffire et la per-spective d'aller plus haut. Et pourtant, rien ne le tentait ni ne pouvait le détourner de sa douleur. Dans ses heures libres, ce n'était ni les théâtres, ni les promenades publiques qui l'attiraient il n'allait pas où va la foule. De préférence il choisissait les endroits les plus écartés, quelquefois même l'un de ces bois discrets dont | 230 CE QU'ON PEUT VOIR DANS une RUE. dans un autre quartier. Il combattait ainsi, par tous les moyens en son pouvoir, la puissance de regrets et de sou-venirs persistants. Il voulait se guérir et y employait tous les moyens propres à amener cette cure. Quelques semaines s'écoulèrent ainsi avec une améliora-tion apparente, et qui, aux yeux de ceux qui l'entouraient, devait se maintenir et se consolider. Quand il parut plqs calme et plus résigné à son sort, son père le quitta et reprit le chemin de sa maison qu'il avait longtemps négligée. Lu-dovic ne fut pas des derniers à l'y encourager par les efforts qu'il faisait pour se vaincre. - Bien, mon fils, te voilà sauvé ! lui dit le vieillard au moment des adieux. - Oui, mon père, répondit Ludovic avec un sourire mé-lancolique bien sauvé, et grâce à vous. Soyez-en béni 1 Ils se séparèrent, et le jeune homme resta seul avec sa plaie encore saignante dans le coeur. S'il souriait, c'était comme le Spartiate. XXI Pour Ludovic, il n'y avait point de distractions qui pussent balancer l'influence à laquelle il était soumis. Paris en offre pourtant de bien puissantes, surtout à la jeunesse. Nulle part la vie extérieure n'a plus de séductions et n'étale des spec-tacles plus variés. Ludovic aurait pu en jouir les moyens ne lui manquaient pas son travail était largement rémunéré sa bourse était bien garnie. Il avait trouvé ce que peut dési-rer un homme de son âge la faculté de se suffire et la per-spective d'aller plus haut. Et pourtant, rien ne le tentait ni ne pouvait le détourner de sa douleur. Dans ses heures libres, ce n'était ni les théâtres, ni les promenades publiques qui l'attiraient il n'allait pas où va la foule. De préférence il choisissait les endroits les plus écartés, quelquefois même l'un de ces bois discrets dont | 230 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. dans un autre quartier. Il combattait ainsi, par tous les moyens en son pouvoir, la puissance de regrets et de sou-venirs persistants. Il voulait se guérir et y employait tous les moyens propres à amener cette cure. Quelques semaines s'écoulèrent ainsi avec une améliora-tion apparente, et qui, aux yeux de ceux qui l'entouraient, devait se maintenir et se consolider. Quand il parut plus calme et plus résigné à son sort, son père le quitta et reprit le chemin de sa maison qu'il avait longtemps négligée. Lu-dovic ne fut pas des derniers à l'y encourager par les efforts qu'il faisait pour se vaincre. -@Bien, mon fils, te voilà sauvé ! lui dit le vieillard au moment des adieux. -@Oui, mon père, répondit Ludovic avec un sourire mé-lancolique bien sauvé, et grâce à vous. Soyez-en béni ! Ils se séparèrent, et le jeune homme resta seul avec sa plaie encore saignante dans le coeur. S'il souriait, c'était comme le Spartiate. XXI Pour Ludovic, il n'y avait point de distractions qui pussent balancer l'influence à laquelle il était soumis. Paris en offre pourtant de bien puissantes, surtout à la jeunesse. Nulle part la vie extérieure n'a plus de séductions et n'étale des spec-tacles plus variés. Ludovic aurait pu en jouir les moyens ne lui manquaient pas son travail était largement rémunéré sa bourse était bien garnie. Il avait trouvé ce que peut dési-rer un homme de son âge la faculté de se suffire et la per-spective d'aller plus haut. Et pourtant, rien ne le tentait ni ne pouvait le détourner de sa douleur. Dans ses heures libres, ce n'était ni les théâtres, ni les promenades publiques qui l'attiraient il n'allait pas où va la foule. De préférence il choisissait les endroits les plus écartés, quelquefois même l'un de ces bois discrets dont | 230 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. dans un autre quartier. Il combattait ainsi, par tous les moyens en son pouvoir, la puissance de regrets et de sou-venirs persistants. Il voulait se guérir et y employait tous les moyens propres à amener cette cure. Quelques semaines s'écoulèrent ainsi avec une améliora-tion apparente, et qui, aux yeux de ceux qui l'entouraient, devait se maintenir et se consolider. Quand il parut plus calme et plus résigné à son sort, son père le quitta et reprit le chemin de sa maison qu'il avait longtemps négligée. Lu-dovic ne fut pas des derniers à l'y encourager par les efforts qu'il faisait pour se vaincre. -@Bien, mon fils, te voilà sauvé ! lui dit le vieillard au moment des adieux. -@Oui, mon père, répondit Ludovic avec un sourire mé-lancolique bien sauvé, et grâce à vous. Soyez-en béni ! Ils se séparèrent, et le jeune homme resta seul avec sa plaie encore saignante dans le coeur. S'il souriait, c'était comme le Spartiate. XXI Pour Ludovic, il n'y avait point de distractions qui pussent balancer l'influence à laquelle il était soumis. Paris en offre pourtant de bien puissantes, surtout à la jeunesse. Nulle part la vie extérieure n'a plus de séductions et n'étale des spec-tacles plus variés. Ludovic aurait pu en jouir les moyens ne lui manquaient pas son travail était largement rémunéré sa bourse était bien garnie. Il avait trouvé ce que peut dési-rer un homme de son âge la faculté de se suffire et la per-spective d'aller plus haut. Et pourtant, rien ne le tentait ni ne pouvait le détourner de sa douleur. Dans ses heures libres, ce n'était ni les théâtres, ni les promenades publiques qui l'attiraient il n'allait pas où va la foule. De préférence il choisissait les endroits les plus écartés, quelquefois même l'un de ces bois discrets dont | 230 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. dans un autre quartier. Il combattait ainsi, par tous les moyens en son pouvoir, la puissance de regrets et de sou-venirs persistants. Il voulait se guérir et y employait tous les moyens propres à amener cette cure. Quelques semaines s'écoulèrent ainsi avec une améliora-tion apparente, et qui, aux yeux de ceux qui l'entouraient, devait se maintenir et se consolider. Quand il parut plus calme et plus résigné à son sort, son père le quitta et reprit le chemin de sa maison qu'il avait longtemps négligée. Lu-dovic ne fut pas des derniers à l'y encourager par les efforts qu'il faisait pour se vaincre. -Bien, mon fils, te voilà sauvé ! lui dit le vieillard au moment des adieux. -Oui, mon père, répondit Ludovic avec un sourire mé-lancolique bien sauvé, et grâce à vous. Soyez-en béni ! Ils se séparèrent, et le jeune homme resta seul avec sa plaie encore saignante dans le coeur. S'il souriait, c'était comme le Spartiate. XXI Pour Ludovic, il n'y avait point de distractions qui pussent balancer l'influence à laquelle il était soumis. Paris en offre pourtant de bien puissantes, surtout à la jeunesse. Nulle part la vie extérieure n'a plus de séductions et n'étale des spec-tacles plus variés. Ludovic aurait pu en jouir les moyens ne lui manquaient pas son travail était largement rémunéré sa bourse était bien garnie. Il avait trouvé ce que peut dési-rer un homme de son âge la faculté de se suffire et la per-spective d'aller plus haut. Et pourtant, rien ne le tentait ni ne pouvait le détourner de sa douleur. Dans ses heures libres, ce n'était ni les théâtres, ni les promenades publiques qui l'attiraient il n'allait pas où va la foule. De préférence il choisissait les endroits les plus écartés, quelquefois même l'un de ces bois discrets dont | 7 | 0.003906 | 0.02 |
727.txt | 1,858 | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE, 13 Dans les courtes rencontres qui se succédaient, je m'ap-pliquais surtout à observer le maintien des- personnages, objets de mon enquête. Le comte tenait presque toujours son cheval à cent pas en avant, et quand il se rapprochait de la voiture, c'était pour y dire un mot ou deux, en forme de commandement. Il ne se départait pas d'une politesse froide et cérémonieuse point de sourire sur les lèvres, point de geste affectueux- rien qui dérogeât à la plus stricte éti-- quette. Quant à mademoiselle Pulchérie, au retour comme au départ, elle gardait la même pose et les mêmes airs roide comme dans une châsse, busquée, empesée, gourmée, ou bien s'abandonnant à des gestes brusques et secs qui fai-saient contraste avec les mouvements gracieux de la com-tesse. Impossible, du point où je stationnais, d'entendre ce qu'elle disait 4 sa belle-soeur mais, sur l'aspect de la physio-nomie, 011 jugeait aisément la nature de l'entretien ou je me trompe fort, ou c'était aigre comme du verjus, et pénétrant comme l'acier. Un jour, ce souvenir me revient, je me trouvai sur le pas-sage de la voiture dans un moment où, coupant deux rues à angle droit, elle ralentissait son mouvement. Les roues vin-rent effleurer le trottoir, et, pendant quelques secondes, je me trouvai face à face avec les deux grandes dames, presque à les toucher, à une distance d'un ou deux pieds seulement. Précisément les choses - en étaient alors au point que j'aurais pu désirer tout, dans l'intérieur de l'équipage, annonçait une crise les gestes y étaient vifs, les paroles animées. Made-moiselle Pulchérie, rouge comme une pivoine, se démenait sur son coussin, au risque de troubler l'économie de sa toi-lette elle jouait de l'avant-bras pour donner quelque force à ses arguments, et semblait attacher plus de prix à triom-pher que la comtesse n'en mettait à se défendre. J'ignore sur quoi roulait le débat, ni s'il valait ces frais de mise en scène ce que je sais, et d'une manière pertinente, c'est qu'au mo-ment où mon regard se croisa avec celui de madame de Montréal, elle se résignait et capitulait devant l'ennemi une larme coulait sur sa joue, et elle venait de détourner brus-quement la tête vers la portière, afin d'enlever à son bour-reau la satisfaction de l'apercevoir. -Ainsi, sans autre secours que celui de ma propre obser- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE, 13 Dans les courtes rencontres qui se succédaient, je m'ap-pliquais surtout à observer le maintien des- personnages, objets de mon enquête. Le comte tenait presque toujours son cheval à cent pas en avant, et quand il se rapprochait de la voiture, c'était pour y dire un mot ou deux, en forme de commandement. Il ne se départait pas d'une politesse froide et cérémonieuse point de sourire sur les lèvres, point de geste affectueux- rien qui dérogeât à la plus stricte éti-- quette. Quant à mademoiselle Pulchérie, au retour comme au départ, elle gardait la même pose et les mêmes airs roide comme dans une châsse, busquée, empesée, gourmée, ou bien s'abandonnant à des gestes brusques et secs qui fai-saient contraste avec les mouvements gracieux de la com-tesse. Impossible, du point où je stationnais, d'entendre ce qu'elle disait 4 sa belle-soeur mais, sur l'aspect de la physio-nomie, 011 jugeait aisément la nature de l'entretien ou je me trompe fort, ou c'était aigre comme du verjus, et pénétrant comme l'acier. Un jour, ce souvenir me revient, je me trouvai sur le pas-sage de la voiture dans un moment où, coupant deux rues à angle droit, elle ralentissait son mouvement. Les roues vin-rent effleurer le trottoir, et, pendant quelques secondes, je me trouvai face à face avec les deux grandes dames, presque à les toucher, à une distance d'un ou deux pieds seulement. Précisément les choses - en étaient alors au point que j'aurais pu désirer tout, dans l'intérieur de l'équipage, annonçait une crise les gestes y étaient vifs, les paroles animées. Made-moiselle Pulchérie, rouge comme une pivoine, se démenait sur son coussin, au risque de troubler l'économie de sa toi-lette elle jouait de l'avant-bras pour donner quelque force à ses arguments, et semblait attacher plus de prix à triom-pher que la comtesse n'en mettait à se défendre. J'ignore sur quoi roulait le débat, ni s'il valait ces frais de mise en scène ce que je sais, et d'une manière pertinente, c'est qu'au mo-ment où mon regard se croisa avec celui de madame de Montréal, elle se résignait et capitulait devant l'ennemi une larme coulait sur sa joue, et elle venait de détourner brus-quement la tête vers la portière, afin d'enlever à son bour-reau la satisfaction de l'apercevoir. -Ainsi, sans autre secours que celui de ma propre obser- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 13 Dans les courtes rencontres qui se succédaient, je m'ap-pliquais surtout à observer le maintien des@ personnages, objets de mon enquête. Le comte tenait presque toujours son cheval à cent pas en avant, et quand il se rapprochait de la voiture, c'était pour y dire un mot ou deux, en forme de commandement. Il ne se départait pas d'une politesse froide et cérémonieuse point de sourire sur les lèvres, point de geste affectueux@ rien qui dérogeât à la plus stricte éti-@@quette. Quant à mademoiselle Pulchérie, au retour comme au départ, elle gardait la même pose et les mêmes airs roide comme dans une châsse, busquée, empesée, gourmée, ou bien s'abandonnant à des gestes brusques et secs qui fai-saient contraste avec les mouvements gracieux de la com-tesse. Impossible, du point où je stationnais, d'entendre ce qu'elle disait à sa belle-soeur mais, sur l'aspect de la physio-nomie, @on jugeait aisément la nature de l'entretien ou je me trompe fort, ou c'était aigre comme du verjus, et pénétrant comme l'acier. Un jour, ce souvenir me revient, je me trouvai sur le pas-sage de la voiture dans un moment où, coupant deux rues à angle droit, elle ralentissait son mouvement. Les roues vin-rent effleurer le trottoir, et, pendant quelques secondes, je me trouvai face à face avec les deux grandes dames, presque à les toucher, à une distance d'un ou deux pieds seulement. Précisément les choseses en étaient alors au point que j'aurais pu désirer tout, dans l'intérieur de l'équipage, annonçait une crise les gestes y étaient vifs, les paroles animées. Made-moiselle Pulchérie, rouge comme une pivoine, se démenait sur son coussin, au risque de troubler l'économie de sa toi-lette elle jouait de l'avant-bras pour donner quelque force à ses arguments, et semblait attacher plus de prix à triom-pher que la comtesse n'en mettait à se défendre. J'ignore sur quoi roulait le débat, ni s'il valait ces frais de mise en scène ce que je sais, et d'une manière pertinente, c'est qu'au mo-ment où mon regard se croisa avec celui de madame de Montréal, elle se résignait et capitulait devant l'ennemi une larme coulait sur sa joue, et elle venait de détourner brus-quement la tête vers la portière, afin d'enlever à son bour-reau la satisfaction de l'apercevoir. @Ainsi, sans autre secours que celui de ma propre obser- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 13 Dans les courtes rencontres qui se succédaient, je m'ap-pliquais surtout à observer le maintien des@ personnages, objets de mon enquête. Le comte tenait presque toujours son cheval à cent pas en avant, et quand il se rapprochait de la voiture, c'était pour y dire un mot ou deux, en forme de commandement. Il ne se départait pas d'une politesse froide et cérémonieuse point de sourire sur les lèvres, point de geste affectueux@ rien qui dérogeât à la plus stricte éti-@@quette. Quant à mademoiselle Pulchérie, au retour comme au départ, elle gardait la même pose et les mêmes airs roide comme dans une châsse, busquée, empesée, gourmée, ou bien s'abandonnant à des gestes brusques et secs qui fai-saient contraste avec les mouvements gracieux de la com-tesse. Impossible, du point où je stationnais, d'entendre ce qu'elle disait à sa belle-soeur mais, sur l'aspect de la physio-nomie, @on jugeait aisément la nature de l'entretien ou je me trompe fort, ou c'était aigre comme du verjus, et pénétrant comme l'acier. Un jour, ce souvenir me revient, je me trouvai sur le pas-sage de la voiture dans un moment où, coupant deux rues à angle droit, elle ralentissait son mouvement. Les roues vin-rent effleurer le trottoir, et, pendant quelques secondes, je me trouvai face à face avec les deux grandes dames, presque à les toucher, à une distance d'un ou deux pieds seulement. Précisément les choseses en étaient alors au point que j'aurais pu désirer tout, dans l'intérieur de l'équipage, annonçait une crise les gestes y étaient vifs, les paroles animées. Made-moiselle Pulchérie, rouge comme une pivoine, se démenait sur son coussin, au risque de troubler l'économie de sa toi-lette elle jouait de l'avant-bras pour donner quelque force à ses arguments, et semblait attacher plus de prix à triom-pher que la comtesse n'en mettait à se défendre. J'ignore sur quoi roulait le débat, ni s'il valait ces frais de mise en scène ce que je sais, et d'une manière pertinente, c'est qu'au mo-ment où mon regard se croisa avec celui de madame de Montréal, elle se résignait et capitulait devant l'ennemi une larme coulait sur sa joue, et elle venait de détourner brus-quement la tête vers la portière, afin d'enlever à son bour-reau la satisfaction de l'apercevoir. @Ainsi, sans autre secours que celui de ma propre obser- | CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. 13 Dans les courtes rencontres qui se succédaient, je m'ap-pliquais surtout à observer le maintien des personnages, objets de mon enquête. Le comte tenait presque toujours son cheval à cent pas en avant, et quand il se rapprochait de la voiture, c'était pour y dire un mot ou deux, en forme de commandement. Il ne se départait pas d'une politesse froide et cérémonieuse point de sourire sur les lèvres, point de geste affectueux rien qui dérogeât à la plus stricte éti-quette. Quant à mademoiselle Pulchérie, au retour comme au départ, elle gardait la même pose et les mêmes airs roide comme dans une châsse, busquée, empesée, gourmée, ou bien s'abandonnant à des gestes brusques et secs qui fai-saient contraste avec les mouvements gracieux de la com-tesse. Impossible, du point où je stationnais, d'entendre ce qu'elle disait à sa belle-soeur mais, sur l'aspect de la physio-nomie, on jugeait aisément la nature de l'entretien ou je me trompe fort, ou c'était aigre comme du verjus, et pénétrant comme l'acier. Un jour, ce souvenir me revient, je me trouvai sur le pas-sage de la voiture dans un moment où, coupant deux rues à angle droit, elle ralentissait son mouvement. Les roues vin-rent effleurer le trottoir, et, pendant quelques secondes, je me trouvai face à face avec les deux grandes dames, presque à les toucher, à une distance d'un ou deux pieds seulement. Précisément les choseses en étaient alors au point que j'aurais pu désirer tout, dans l'intérieur de l'équipage, annonçait une crise les gestes y étaient vifs, les paroles animées. Made-moiselle Pulchérie, rouge comme une pivoine, se démenait sur son coussin, au risque de troubler l'économie de sa toi-lette elle jouait de l'avant-bras pour donner quelque force à ses arguments, et semblait attacher plus de prix à triom-pher que la comtesse n'en mettait à se défendre. J'ignore sur quoi roulait le débat, ni s'il valait ces frais de mise en scène ce que je sais, et d'une manière pertinente, c'est qu'au mo-ment où mon regard se croisa avec celui de madame de Montréal, elle se résignait et capitulait devant l'ennemi une larme coulait sur sa joue, et elle venait de détourner brus-quement la tête vers la portière, afin d'enlever à son bour-reau la satisfaction de l'apercevoir. Ainsi, sans autre secours que celui de ma propre obser- | 12 | 0.005126 | 0.029412 |
733.txt | 1,858 | 20 CE QU'ON PEHT- VOIR DANS UNE RUE. porte de l'hôtel s'ouvrir et un messager aller en toute hâte à. la recherche du médecin. Mon attente fut trompée la porte ne s'ouvrit pas, aucun valet ne sortit. Seulement les clartés de l'intérieur se déplacèrent, et pendant que la maison re-tombait dans les ténèbres, les cours et le jardin se rem-plirent de feux, que l'on pouvait suivre par-dessus le cha-peron du mur. Cela ressemblait beaucoup à une chasse aux flambeaux et à une expédition nocturne. - A qui en ont-ils donc? répétai-je avec un étcnnement sans cesse accru. Et d'où peut venir cet eselandre? La détonation d'une arme à feu répondit à ma pensée réponse terrible! J'en tressaillis comme si le coup m'eût frappé. Plus d'incertitude, le cas était grave, il exigeait de la résolution. Le sang coulait, on-s'égorgeait à quelques pas de moi il-y avait déjà des victimes je n'hésitai pas. - Au plus pressé, me dis-je mon devoir est là. D'un élan je me trouvai sur le seuil de l'hôtel et agitai le marteau avec la vigueur et l'autorité d'un maître. Si les ais eussent été moins solides, j'aurais jeté la porte en dedans, tant j'avais hâte d'arriver sur le théâtre du combat. Impa-tience légitime, mais à laquelle on ne semblait guère s'as-socier au dedans! Par trois fois déjà le marteau avait retenti, sans que cet appel eût produit un effet sensible. Personne n'accourait, personne ne bougeait. On eût dit même qu'à cette manifestation du dehors correspondait une sorte de pacification intérieure. Les bruits cessaient, les clartés s'étei-gnaient plus d'éclats de voix, plus de mouvements l'habi-tation rentrait dans son état régulier, le silence et les té-nèbres. Je ne me payai pas de ces apparences, et n'en tins pas mon ministère pour moins opportun ni moins urgent. Tout té-moignait qu'il y avait là un drame de famille, une exécution à huis clos qu'on cherchait à étouffer et dont on effaçait mystérieusement les traces. Raison de plus pour agir avec décision. J'ébranlai une fois encore le marteau de cuivre, et y ajoutai une sommation à l'appui. - Ouvrez 1 m'écriai-je. Cette tentative n'eut pas plus de succès que les autres il ne s'en suivit qu'un calme plus profond. - Au nom de la loi, ouvrez ! répétai je. | 20 CE QU'ON PEHT- VOIR DANS UNE RUE. porte de l'hôtel s'ouvrir et un messager aller en toute hâte à. la recherche du médecin. Mon attente fut trompée la porte ne s'ouvrit pas, aucun valet ne sortit. Seulement les clartés de l'intérieur se déplacèrent, et pendant que la maison re-tombait dans les ténèbres, les cours et le jardin se rem-plirent de feux, que l'on pouvait suivre par-dessus le cha-peron du mur. Cela ressemblait beaucoup à une chasse aux flambeaux et à une expédition nocturne. - A qui en ont-ils donc@? répétai-je avec un étcnnement sans cesse accru. Et d'où peut venir cet eselandre@? La détonation d'une arme à feu répondit à ma pensée réponse terrible@! J'en tressaillis comme si le coup m'eût frappé. Plus d'incertitude, le cas était grave, il exigeait de la résolution. Le sang coulait, on-s'égorgeait à quelques pas de moi il-y avait déjà des victimes je n'hésitai pas. - Au plus pressé, me dis-je mon devoir est là. D'un élan je me trouvai sur le seuil de l'hôtel et agitai le marteau avec la vigueur et l'autorité d'un maître. Si les ais eussent été moins solides, j'aurais jeté la porte en dedans, tant j'avais hâte d'arriver sur le théâtre du combat. Impa-tience légitime, mais à laquelle on ne semblait guère s'as-socier au dedans@! Par trois fois déjà le marteau avait retenti, sans que cet appel eût produit un effet sensible. Personne n'accourait, personne ne bougeait. On eût dit même qu'à cette manifestation du dehors correspondait une sorte de pacification intérieure. Les bruits cessaient, les clartés s'étei-gnaient plus d'éclats de voix, plus de mouvements l'habi-tation rentrait dans son état régulier, le silence et les té-nèbres. Je ne me payai pas de ces apparences, et n'en tins pas mon ministère pour moins opportun ni moins urgent. Tout té-moignait qu'il y avait là un drame de famille, une exécution à huis clos qu'on cherchait à étouffer et dont on effaçait mystérieusement les traces. Raison de plus pour agir avec décision. J'ébranlai une fois encore le marteau de cuivre, et y ajoutai une sommation à l'appui. - Ouvrez 1 m'écriai-je. Cette tentative n'eut pas plus de succès que les autres il ne s'en suivit qu'un calme plus profond. - Au nom de la loi, ouvrez ! répétai je. | 20 CE QU'ON PEUT@ VOIR DANS UNE RUE. porte de l'hôtel s'ouvrir et un messager aller en toute hâte à@ la recherche du médecin. Mon attente fut trompée la porte ne s'ouvrit pas, aucun valet ne sortit. Seulement les clartés de l'intérieur se déplacèrent, et pendant que la maison re-tombait dans les ténèbres, les cours et le jardin se rem-plirent de feux, que l'on pouvait suivre par-dessus le cha-peron du mur. Cela ressemblait beaucoup à une chasse aux flambeaux et à une expédition nocturne. -@A qui en ont-ils donc ? répétai-je avec un étonnement sans cesse accru. Et d'où peut venir cet esclandre ? La détonation d'une arme à feu répondit à ma pensée réponse terrible ! J'en tressaillis comme si le coup m'eût frappé. Plus d'incertitude, le cas était grave, il exigeait de la résolution. Le sang coulait, on s'égorgeait à quelques pas de moi il y avait déjà des victimes je n'hésitai pas. -@Au plus pressé, me dis-je mon devoir est là. D'un élan je me trouvai sur le seuil de l'hôtel et agitai le marteau avec la vigueur et l'autorité d'un maître. Si les ais eussent été moins solides, j'aurais jeté la porte en dedans, tant j'avais hâte d'arriver sur le théâtre du combat. Impa-tience légitime, mais à laquelle on ne semblait guère s'as-socier au dedans ! Par trois fois déjà le marteau avait retenti, sans que cet appel eût produit un effet sensible. Personne n'accourait, personne ne bougeait. On eût dit même qu'à cette manifestation du dehors correspondait une sorte de pacification intérieure. Les bruits cessaient, les clartés s'étei-gnaient plus d'éclats de voix, plus de mouvements l'habi-tation rentrait dans son état régulier, le silence et les té-nèbres. Je ne me payai pas de ces apparences, et n'en tins pas mon ministère pour moins opportun ni moins urgent. Tout té-moignait qu'il y avait là un drame de famille, une exécution à huis clos qu'on cherchait à étouffer et dont on effaçait mystérieusement les traces. Raison de plus pour agir avec décision. J'ébranlai une fois encore le marteau de cuivre, et y ajoutai une sommation à l'appui. -@Ouvrez ! m'écriai-je. Cette tentative n'eut pas plus de succès que les autres il ne s'en suivit qu'un calme plus profond. -@Au nom de la loi, ouvrez ! répétai je. | 20 CE QU'ON PEUT@ VOIR DANS UNE RUE. porte de l'hôtel s'ouvrir et un messager aller en toute hâte à@ la recherche du médecin. Mon attente fut trompée la porte ne s'ouvrit pas, aucun valet ne sortit. Seulement les clartés de l'intérieur se déplacèrent, et pendant que la maison re-tombait dans les ténèbres, les cours et le jardin se rem-plirent de feux, que l'on pouvait suivre par-dessus le cha-peron du mur. Cela ressemblait beaucoup à une chasse aux flambeaux et à une expédition nocturne. -@A qui en ont-ils donc ? répétai-je avec un étonnement sans cesse accru. Et d'où peut venir cet esclandre ? La détonation d'une arme à feu répondit à ma pensée réponse terrible ! J'en tressaillis comme si le coup m'eût frappé. Plus d'incertitude, le cas était grave, il exigeait de la résolution. Le sang coulait, on s'égorgeait à quelques pas de moi il y avait déjà des victimes je n'hésitai pas. -@Au plus pressé, me dis-je mon devoir est là. D'un élan je me trouvai sur le seuil de l'hôtel et agitai le marteau avec la vigueur et l'autorité d'un maître. Si les ais eussent été moins solides, j'aurais jeté la porte en dedans, tant j'avais hâte d'arriver sur le théâtre du combat. Impa-tience légitime, mais à laquelle on ne semblait guère s'as-socier au dedans ! Par trois fois déjà le marteau avait retenti, sans que cet appel eût produit un effet sensible. Personne n'accourait, personne ne bougeait. On eût dit même qu'à cette manifestation du dehors correspondait une sorte de pacification intérieure. Les bruits cessaient, les clartés s'étei-gnaient plus d'éclats de voix, plus de mouvements l'habi-tation rentrait dans son état régulier, le silence et les té-nèbres. Je ne me payai pas de ces apparences, et n'en tins pas mon ministère pour moins opportun ni moins urgent. Tout té-moignait qu'il y avait là un drame de famille, une exécution à huis clos qu'on cherchait à étouffer et dont on effaçait mystérieusement les traces. Raison de plus pour agir avec décision. J'ébranlai une fois encore le marteau de cuivre, et y ajoutai une sommation à l'appui. -@Ouvrez ! m'écriai-je. Cette tentative n'eut pas plus de succès que les autres il ne s'en suivit qu'un calme plus profond. -@Au nom de la loi, ouvrez ! répétai je. | 20 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. porte de l'hôtel s'ouvrir et un messager aller en toute hâte à la recherche du médecin. Mon attente fut trompée la porte ne s'ouvrit pas, aucun valet ne sortit. Seulement les clartés de l'intérieur se déplacèrent, et pendant que la maison re-tombait dans les ténèbres, les cours et le jardin se rem-plirent de feux, que l'on pouvait suivre par-dessus le cha-peron du mur. Cela ressemblait beaucoup à une chasse aux flambeaux et à une expédition nocturne. -A qui en ont-ils donc ? répétai-je avec un étonnement sans cesse accru. Et d'où peut venir cet esclandre ? La détonation d'une arme à feu répondit à ma pensée réponse terrible ! J'en tressaillis comme si le coup m'eût frappé. Plus d'incertitude, le cas était grave, il exigeait de la résolution. Le sang coulait, on s'égorgeait à quelques pas de moi il y avait déjà des victimes je n'hésitai pas. -Au plus pressé, me dis-je mon devoir est là. D'un élan je me trouvai sur le seuil de l'hôtel et agitai le marteau avec la vigueur et l'autorité d'un maître. Si les ais eussent été moins solides, j'aurais jeté la porte en dedans, tant j'avais hâte d'arriver sur le théâtre du combat. Impa-tience légitime, mais à laquelle on ne semblait guère s'as-socier au dedans ! Par trois fois déjà le marteau avait retenti, sans que cet appel eût produit un effet sensible. Personne n'accourait, personne ne bougeait. On eût dit même qu'à cette manifestation du dehors correspondait une sorte de pacification intérieure. Les bruits cessaient, les clartés s'étei-gnaient plus d'éclats de voix, plus de mouvements l'habi-tation rentrait dans son état régulier, le silence et les té-nèbres. Je ne me payai pas de ces apparences, et n'en tins pas mon ministère pour moins opportun ni moins urgent. Tout té-moignait qu'il y avait là un drame de famille, une exécution à huis clos qu'on cherchait à étouffer et dont on effaçait mystérieusement les traces. Raison de plus pour agir avec décision. J'ébranlai une fois encore le marteau de cuivre, et y ajoutai une sommation à l'appui. -Ouvrez ! m'écriai-je. Cette tentative n'eut pas plus de succès que les autres il ne s'en suivit qu'un calme plus profond. -Au nom de la loi, ouvrez ! répétai je. | 16 | 0.007217 | 0.028302 |
690.txt | 1,882 | -VIII coeur et de ceux de-l'estomac appartient au système vaso-moteur et que, par conséquent, si l'irritation avait, sur ce système, l'effet paralysant qu'il suppose si gratuitement, nous serions tous morts de paralysie du coeur ou de l'estomac longtemps avant d'arriver à la puberté. Puisque la terre n'est pas encore dépeuplée, il est évident que tout ce que M. Vulpian a dit sur cette prétendue paralysie par irritation est erroné. Je terminerai par une dernière observation. Les physiologistes qui ne se sont pas aperçu qu'en 1822, j'ai démontré, dans ma thèse 1 , que les propriétés vitales ne sont que des propriétés physiques particulières de certains tissus organisés vivants, et que les vaisseaux sanguins se contractent sous l'influence des nerfs de la vie organique qui, trente ans après, gnt applaudi avec raison à la nouvelle démonstration qui a été donnée de cette dernière vérité par M. Brown-Séquard et par Claude Bernard qui ont accepté, sans les discuter, les conclusions, erronées sous beaucoup de rapports, que ce dernier a tirées de ses expériences, font jouer à ce système nerveux un rôle tellement négatif, qu'ils doivent s'étonner qu'il ne se soit pas encore atrophié comme s'atrophient les organes devenus inutiles. Quanta moi, je suis convaincu qu'il est impressionné et qu'il réagit abso-lument comme le système myélencéphalique qu'il préside aux fonctions de la vie intérieure, comme le myélencéphale à celles de la vie de relation qu'il n'y a pas plus de nerfs vaso-dilatateurs ou de nerfs vaso-paralyseurs qu'il n'y a, dans l'autre système nerveux, de nerfs musculo-paralyseurs ou de nerfs musculo-dilatateurs qu'il existe des filets organico-scnsitifs et des filets organico-moteurs que chacun de ces filets peut être mis en action isolément, que cette action est intermittente sur les vaisseaux comme elle l'est sur les différentes parties du coeur, ainsi que sur les autres organes ou tissus contrac-tiles non soumis à la volonté que ce système nerveux, suivant le plus ou -le moins d'intensité des impressions qu'il reçoit, peut agir ou trop, ou trop peu, ou normalement, et que la congestion et l'hémorrhagio actives sont, ainsi que l'inflammation et l'oedème actif, des effets de l'exagération de son action. Je suis convaincu aussi que ce système nerveux, de même que le myélencépha-lique, ne devient incapable d'obéir à ses stimulants habituels et de donner l'incitation motrice aux tissus contractiles que quand son organisation est altérée plus ou moins profondément. Je suis convaincu, enfin, que toute disten-sion des vaisseaux, qui ne résulte pas d'une lésion matérielle du trisplanchnique ou d'un obstacle mécanique à la circulation, est due à une impulsion exagérée résultant d'une augmentation d'action des nerfs vaso-moteurs, sur une partie , plus ou moins étendue du système sanguin, et que c'est également à des v impulsions exagérées que sont dues les ruptures d'artérioles dans certaines t hémorrhagies. ROUSSEAU. Épernay, le 20 juillet 1882. 1 Dissertation sur les Propriétés vitales, par J.-B. ROUSSEAU. Paris, 1822, de l'imprimerie Didot le Jeune. Il 1 | -VIII @coeur et de ceux de-l'estomac appartient au système vaso-moteur et que, par conséquent, si l'irritation avait, sur ce système, l'effet paralysant qu'il suppose si gratuitement, nous serions tous morts de paralysie du coeur ou de l'estomac longtemps avant d'arriver à la puberté. Puisque la terre n'est pas encore dépeuplée, il est évident que tout ce que M. Vulpian a dit sur cette prétendue paralysie par irritation est erroné. Je terminerai par une dernière observation. Les physiologistes qui ne se sont pas aperçu qu'en 1822, j'ai démontré, dans ma thèse 1 , que les propriétés vitales ne sont que des propriétés physiques particulières de certains tissus organisés vivants, et que les vaisseaux sanguins se contractent sous l'influence des nerfs de la vie organique qui, trente ans après, gnt applaudi avec raison à la nouvelle démonstration qui a été donnée de cette dernière vérité par M. Brown-Séquard et par Claude Bernard qui ont accepté, sans les discuter, les conclusions, erronées sous beaucoup de rapports, que ce dernier a tirées de ses expériences, font jouer à ce système nerveux un rôle tellement négatif, qu'ils doivent s'étonner qu'il ne se soit pas encore atrophié comme s'atrophient les organes devenus inutiles. Quant@a moi, je suis convaincu qu'il est impressionné et qu'il réagit abso-lument comme le système myélencéphalique qu'il préside aux fonctions de la vie intérieure, comme le myélencéphale à celles de la vie de relation qu'il n'y a pas plus de nerfs vaso-dilatateurs ou de nerfs vaso-paralyseurs qu'il n'y a, dans l'autre système nerveux, de nerfs musculo-paralyseurs ou de nerfs musculo-dilatateurs qu'il existe des filets organico-scnsitifs et des filets organico-moteurs que chacun de ces filets peut être mis en action isolément, que cette action est intermittente sur les vaisseaux comme elle l'est sur les différentes parties du coeur, ainsi que sur les autres organes ou tissus contrac-tiles non soumis à la volonté que ce système nerveux, suivant le plus ou -le moins d'intensité des impressions qu'il reçoit, peut agir ou trop, ou trop peu, ou normalement, et que la congestion et l'hémorrhagio actives sont, ainsi que l'inflammation et l'oedème actif, des effets de l'exagération de son action. Je suis convaincu aussi que ce système nerveux, de même que le myélencépha-lique, ne devient incapable d'obéir à ses stimulants habituels et de donner l'incitation motrice aux tissus contractiles que quand son organisation est altérée plus ou moins profondément. Je suis convaincu, enfin, que toute disten-sion des vaisseaux, qui ne résulte pas d'une lésion matérielle du trisplanchnique ou d'un obstacle mécanique à la circulation, est due à une impulsion exagérée résultant d'une augmentation d'action des nerfs vaso-moteurs, sur une partie , plus ou moins étendue du système sanguin, et que c'est également à des v impulsions exagérées que sont dues les ruptures d'artérioles dans certaines t hémorrhagies. ROUSSEAU. Épernay, le 20 juillet 1882. 1 Dissertation sur les Propriétés vitales, par J.-B. ROUSSEAU. @Paris, 1822, de l'imprimerie Didot le Jeune. Il 1 | -VIII -coeur et de ceux de l'estomac appartient au système vaso-moteur et que, par conséquent, si l'irritation avait, sur ce système, l'effet paralysant qu'il suppose si gratuitement, nous serions tous morts de paralysie du coeur ou de l'estomac longtemps avant d'arriver à la puberté. Puisque la terre n'est pas encore dépeuplée, il est évident que tout ce que M. Vulpian a dit sur cette prétendue paralysie par irritation est erroné. Je terminerai par une dernière observation. Les physiologistes qui ne se sont pas aperçu qu'en 1822, j'ai démontré, dans ma thèse 1 , que les propriétés vitales ne sont que des propriétés physiques particulières de certains tissus organisés vivants, et que les vaisseaux sanguins se contractent sous l'influence des nerfs de la vie organique qui, trente ans après, ont applaudi avec raison à la nouvelle démonstration qui a été donnée de cette dernière vérité par M. Brown-Séquard et par Claude Bernard qui ont accepté, sans les discuter, les conclusions, erronées sous beaucoup de rapports, que ce dernier a tirées de ses expériences, font jouer à ce système nerveux un rôle tellement négatif, qu'ils doivent s'étonner qu'il ne se soit pas encore atrophié comme s'atrophient les organes devenus inutiles. Quant à moi, je suis convaincu qu'il est impressionné et qu'il réagit abso-lument comme le système myélencéphalique qu'il préside aux fonctions de la vie intérieure, comme le myélencéphale à celles de la vie de relation qu'il n'y a pas plus de nerfs vaso-dilatateurs ou de nerfs vaso-paralyseurs qu'il n'y a, dans l'autre système nerveux, de nerfs musculo-paralyseurs ou de nerfs musculo-dilatateurs qu'il existe des filets organico-sensitifs et des filets organico-moteurs que chacun de ces filets peut être mis en action isolément, que cette action est intermittente sur les vaisseaux comme elle l'est sur les différentes parties du coeur, ainsi que sur les autres organes ou tissus contrac-tiles non soumis à la volonté que ce système nerveux, suivant le plus ou @le moins d'intensité des impressions qu'il reçoit, peut agir ou trop, ou trop peu, ou normalement, et que la congestion et l'hémorrhagie actives sont, ainsi que l'inflammation et l'oedème actif, des effets de l'exagération de son action. Je suis convaincu aussi que ce système nerveux, de même que le myélencépha-lique, ne devient incapable d'obéir à ses stimulants habituels et de donner l'incitation motrice aux tissus contractiles que quand son organisation est altérée plus ou moins profondément. Je suis convaincu, enfin, que toute disten-sion des vaisseaux, qui ne résulte pas d'une lésion matérielle du trisplanchnique ou d'un obstacle mécanique à la circulation, est due à une impulsion exagérée résultant d'une augmentation d'action des nerfs vaso-moteurs@ sur une partieie plus ou moins étendue du système sanguin, et que c'est également à des @@impulsions exagérées que sont dues les ruptures d'artérioles dans certaines@@ hémorrhagies. ROUSSEAU. Épernay, le 20 juillet 1882. 1 Dissertation sur les Propriétés vitales, par J.-B. ROUSSEAU. -Paris, 1822, de l'imprimerie Didot le ########### | -VIII -coeur et de ceux de l'estomac appartient au système vaso-moteur et que, par conséquent, si l'irritation avait, sur ce système, l'effet paralysant qu'il suppose si gratuitement, nous serions tous morts de paralysie du coeur ou de l'estomac longtemps avant d'arriver à la puberté. Puisque la terre n'est pas encore dépeuplée, il est évident que tout ce que M. Vulpian a dit sur cette prétendue paralysie par irritation est erroné. Je terminerai par une dernière observation. Les physiologistes qui ne se sont pas aperçu qu'en 1822, j'ai démontré, dans ma thèse 1 , que les propriétés vitales ne sont que des propriétés physiques particulières de certains tissus organisés vivants, et que les vaisseaux sanguins se contractent sous l'influence des nerfs de la vie organique qui, trente ans après, ont applaudi avec raison à la nouvelle démonstration qui a été donnée de cette dernière vérité par M. Brown-Séquard et par Claude Bernard qui ont accepté, sans les discuter, les conclusions, erronées sous beaucoup de rapports, que ce dernier a tirées de ses expériences, font jouer à ce système nerveux un rôle tellement négatif, qu'ils doivent s'étonner qu'il ne se soit pas encore atrophié comme s'atrophient les organes devenus inutiles. Quant à moi, je suis convaincu qu'il est impressionné et qu'il réagit abso-lument comme le système myélencéphalique qu'il préside aux fonctions de la vie intérieure, comme le myélencéphale à celles de la vie de relation qu'il n'y a pas plus de nerfs vaso-dilatateurs ou de nerfs vaso-paralyseurs qu'il n'y a, dans l'autre système nerveux, de nerfs musculo-paralyseurs ou de nerfs musculo-dilatateurs qu'il existe des filets organico-sensitifs et des filets organico-moteurs que chacun de ces filets peut être mis en action isolément, que cette action est intermittente sur les vaisseaux comme elle l'est sur les différentes parties du coeur, ainsi que sur les autres organes ou tissus contrac-tiles non soumis à la volonté que ce système nerveux, suivant le plus ou @le moins d'intensité des impressions qu'il reçoit, peut agir ou trop, ou trop peu, ou normalement, et que la congestion et l'hémorrhagie actives sont, ainsi que l'inflammation et l'oedème actif, des effets de l'exagération de son action. Je suis convaincu aussi que ce système nerveux, de même que le myélencépha-lique, ne devient incapable d'obéir à ses stimulants habituels et de donner l'incitation motrice aux tissus contractiles que quand son organisation est altérée plus ou moins profondément. Je suis convaincu, enfin, que toute disten-sion des vaisseaux, qui ne résulte pas d'une lésion matérielle du trisplanchnique ou d'un obstacle mécanique à la circulation, est due à une impulsion exagérée résultant d'une augmentation d'action des nerfs vaso-moteurs@ sur une partieie plus ou moins étendue du système sanguin, et que c'est également à des @@impulsions exagérées que sont dues les ruptures d'artérioles dans certaines@@ hémorrhagies. ROUSSEAU. Épernay, le 20 juillet 1882. 1 Dissertation sur les Propriétés vitales, par J.-B. ROUSSEAU. -Paris, 1822, de l'imprimerie Didot le Jeune. Il 1 | -VIII -coeur et de ceux de l'estomac appartient au système vaso-moteur et que, par conséquent, si l'irritation avait, sur ce système, l'effet paralysant qu'il suppose si gratuitement, nous serions tous morts de paralysie du coeur ou de l'estomac longtemps avant d'arriver à la puberté. Puisque la terre n'est pas encore dépeuplée, il est évident que tout ce que M. Vulpian a dit sur cette prétendue paralysie par irritation est erroné. Je terminerai par une dernière observation. Les physiologistes qui ne se sont pas aperçu qu'en 1822, j'ai démontré, dans ma thèse 1 , que les propriétés vitales ne sont que des propriétés physiques particulières de certains tissus organisés vivants, et que les vaisseaux sanguins se contractent sous l'influence des nerfs de la vie organique qui, trente ans après, ont applaudi avec raison à la nouvelle démonstration qui a été donnée de cette dernière vérité par M. Brown-Séquard et par Claude Bernard qui ont accepté, sans les discuter, les conclusions, erronées sous beaucoup de rapports, que ce dernier a tirées de ses expériences, font jouer à ce système nerveux un rôle tellement négatif, qu'ils doivent s'étonner qu'il ne se soit pas encore atrophié comme s'atrophient les organes devenus inutiles. Quant à moi, je suis convaincu qu'il est impressionné et qu'il réagit abso-lument comme le système myélencéphalique qu'il préside aux fonctions de la vie intérieure, comme le myélencéphale à celles de la vie de relation qu'il n'y a pas plus de nerfs vaso-dilatateurs ou de nerfs vaso-paralyseurs qu'il n'y a, dans l'autre système nerveux, de nerfs musculo-paralyseurs ou de nerfs musculo-dilatateurs qu'il existe des filets organico-sensitifs et des filets organico-moteurs que chacun de ces filets peut être mis en action isolément, que cette action est intermittente sur les vaisseaux comme elle l'est sur les différentes parties du coeur, ainsi que sur les autres organes ou tissus contrac-tiles non soumis à la volonté que ce système nerveux, suivant le plus ou le moins d'intensité des impressions qu'il reçoit, peut agir ou trop, ou trop peu, ou normalement, et que la congestion et l'hémorrhagie actives sont, ainsi que l'inflammation et l'oedème actif, des effets de l'exagération de son action. Je suis convaincu aussi que ce système nerveux, de même que le myélencépha-lique, ne devient incapable d'obéir à ses stimulants habituels et de donner l'incitation motrice aux tissus contractiles que quand son organisation est altérée plus ou moins profondément. Je suis convaincu, enfin, que toute disten-sion des vaisseaux, qui ne résulte pas d'une lésion matérielle du trisplanchnique ou d'un obstacle mécanique à la circulation, est due à une impulsion exagérée résultant d'une augmentation d'action des nerfs vaso-moteurs sur une partieie plus ou moins étendue du système sanguin, et que c'est également à des impulsions exagérées que sont dues les ruptures d'artérioles dans certaines hémorrhagies. ROUSSEAU. Épernay, le 20 juillet 1882. 1 Dissertation sur les Propriétés vitales, par J.-B. ROUSSEAU. -Paris, 1822, de l'imprimerie Didot le Jeune. Il 1 | 16 | 0.005156 | 0.03154 |
848.txt | 1,858 | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 155 desle qui, pour être cachée à tous les yeux, n'en avait que plus d'éclat. Cependant les années, en s'écoulant, amenaient de nou-velles charges. Plus on allait, plus la grand'mère exigeait de oins en raison d'infirmités sans cesse accrues. Si elle vivait encore, c'était par un miracle de tendresse. L'héroïque jeune fille suffisait à tout elle ne fléchissait pas sous le poids de tant d'épreuves le sentiment du devoir lui donnait des forces aucun sacrifice ne lui coûtait. Voilà ce qu'apprit Ludovic et ce qu'il vit de ses yeux, une fois admis dans cet intérieur. Marguerite en était l'âme et le bras. Tout s'y réglait comme elle l'entendait point de vo-lonté, ni de responsabilité que les siennes. La pauvre ma-dame Morin en était arrivée à ce point où l'existence est presque machinale les facultés avaient décliné en même temps que les forces le sentiment des choses de ce monde lui échappait de plus en plus. Marguerite restait donc maî-tresse d'elle-même et libre à seize ans comme l'oiseau qui essaye pour la première fois ses ailes elle pouvait aller vers le mal ou le bien, sans que personne l'en empêchât, sans qu'un bon avis la retînt si elle s'engageait dans une mau-vaise voie,ni qu'une main secourable la guidât dans des voies meilleures. Tout pour elle dépendait de ses propres instincts et de cette première inspiration où le hasard joue un si grand rôle et a une si grande part. A cet âge se défie-t-on jamais ? Les coeurs purs ont surtout cette faiblesse de juger les autres d'après eux-mêmes, et c'est ce qui les expose à plus-de périls. Ludovic fut donc reçu comme un ami, et en cela l'étoile de la jeune fille l'avait bien servie il était digne de cet ac-cueil et méritait de s'asseoir à cet honnête foyer. Des deux parts c'était l'esprit dé famille qui se réveillait, chez Mar-guerite, de la famille éteinte chez Ludovic, de la famille absente. Ils se sentaient plus forts l'un près de l'autre et en mettant leur inexpérience en commun. Dès que le jeune homme avait une heure de libre, il accourait chez sa voi-sine, s'asseyait à ses côtés et engageait l'entretien. Il ne lui parlait ni de Paris, ni des plaisirs mélangés qu'il offre à la jeunesse il ne lui faisait ni la chronique du monde, ni celle des théâtres, sujets à l'usage des oisifs il aimait mieux par- | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 155 desle qui, pour être cachée à tous les yeux, n'en avait que plus d'éclat. Cependant les années, en s'écoulant, amenaient de nou-velles charges. Plus on allait, plus la grand'mère exigeait de @oins en raison d'infirmités sans cesse accrues. Si elle vivait encore, c'était par un miracle de tendresse. L'héroïque jeune fille suffisait à tout elle ne fléchissait pas sous le poids de tant d'épreuves le sentiment du devoir lui donnait des forces aucun sacrifice ne lui coûtait. Voilà ce qu'apprit Ludovic et ce qu'il vit de ses yeux, une fois admis dans cet intérieur. Marguerite en était l'âme et le bras. Tout s'y réglait comme elle l'entendait point de vo-lonté, ni de responsabilité que les siennes. La pauvre ma-dame Morin en était arrivée à ce point où l'existence est presque machinale les facultés avaient décliné en même temps que les forces le sentiment des choses de ce monde lui échappait de plus en plus. Marguerite restait donc maî-tresse d'elle-même et libre à seize ans comme l'oiseau qui essaye pour la première fois ses ailes elle pouvait aller vers le mal ou le bien, sans que personne l'en empêchât, sans qu'un bon avis la retînt si elle s'engageait dans une mau-vaise voie,@ni qu'une main secourable la guidât dans des voies meilleures. Tout pour elle dépendait de ses propres instincts et de cette première inspiration où le hasard joue un si grand rôle et a une si grande part. A cet âge se défie-t-on jamais ? Les coeurs purs ont surtout cette faiblesse de juger les autres d'après eux-mêmes, et c'est ce qui les expose à plus-de périls. Ludovic fut donc reçu comme un ami, et en cela l'étoile de la jeune fille l'avait bien servie il était digne de cet ac-cueil et méritait de s'asseoir à cet honnête foyer. Des deux parts c'était l'esprit dé famille qui se réveillait, chez Mar-guerite, de la famille éteinte chez Ludovic, de la famille absente. Ils se sentaient plus forts l'un près de l'autre et en mettant leur inexpérience en commun. Dès que le jeune homme avait une heure de libre, il accourait chez sa voi-sine, s'asseyait à ses côtés et engageait l'entretien. Il ne lui parlait ni de Paris, ni des plaisirs mélangés qu'il offre à la jeunesse il ne lui faisait ni la chronique du monde, ni celle des théâtres, sujets à l'usage des oisifs il aimait mieux par- | CE ##### PEUT VOIR DANS UNE RUE. 155 deste qui, pour être cachée à tous les yeux, n'en avait que plus d'éclat. Cependant les années, en s'écoulant, amenaient de nou-velles charges. Plus on allait, plus la grand'mère exigeait de soins en raison d'infirmités sans cesse accrues. Si elle vivait encore, c'était par un miracle de tendresse. L'héroïque jeune fille suffisait à tout elle ne fléchissait pas sous le poids de tant d'épreuves le sentiment du devoir lui donnait des forces aucun sacrifice ne lui coûtait. Voilà ce qu'apprit Ludovic et ce qu'il vit de ses yeux, une fois admis dans cet intérieur. Marguerite en était l'âme et le bras. Tout s'y réglait comme elle l'entendait point de vo-lonté, ni de responsabilité que les siennes. La pauvre ma-dame Morin en était arrivée à ce point où l'existence est presque machinale les facultés avaient décliné en même temps que les forces le sentiment des choses de ce monde lui échappait de plus en plus. Marguerite restait donc maî-tresse d'elle-même et libre à seize ans comme l'oiseau qui essaye pour la première fois ses ailes elle pouvait aller vers le mal ou le bien, sans que personne l'en empêchât, sans qu'un bon avis la retînt si elle s'engageait dans une mau-vaise voie, ni qu'une main secourable la guidât dans des voies meilleures. Tout pour elle dépendait de ses propres instincts et de cette première inspiration où le hasard joue un si grand rôle et a une si grande part. A cet âge se défie-t-on jamais ? Les coeurs purs ont surtout cette faiblesse de juger les autres d'après eux-mêmes, et c'est ce qui les expose à plus de périls. Ludovic fut donc reçu comme un ami, et en cela l'étoile de la jeune fille l'avait bien servie il était digne de cet ac-cueil et méritait de s'asseoir à cet honnête foyer. Des deux parts c'était l'esprit de famille qui se réveillait, chez Mar-guerite, de la famille éteinte chez Ludovic, de la famille absente. Ils se sentaient plus forts l'un près de l'autre et en mettant leur inexpérience en commun. Dès que le jeune homme avait une heure de libre, il accourait chez sa voi-sine, s'asseyait à ses côtés et engageait l'entretien. Il ne lui parlait ni de Paris, ni des plaisirs mélangés qu'il offre à la jeunesse il ne lui faisait ni la chronique du monde, ni celle des théâtres, sujets à l'usage des oisifs il aimait mieux par- | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 155 deste qui, pour être cachée à tous les yeux, n'en avait que plus d'éclat. Cependant les années, en s'écoulant, amenaient de nou-velles charges. Plus on allait, plus la grand'mère exigeait de soins en raison d'infirmités sans cesse accrues. Si elle vivait encore, c'était par un miracle de tendresse. L'héroïque jeune fille suffisait à tout elle ne fléchissait pas sous le poids de tant d'épreuves le sentiment du devoir lui donnait des forces aucun sacrifice ne lui coûtait. Voilà ce qu'apprit Ludovic et ce qu'il vit de ses yeux, une fois admis dans cet intérieur. Marguerite en était l'âme et le bras. Tout s'y réglait comme elle l'entendait point de vo-lonté, ni de responsabilité que les siennes. La pauvre ma-dame Morin en était arrivée à ce point où l'existence est presque machinale les facultés avaient décliné en même temps que les forces le sentiment des choses de ce monde lui échappait de plus en plus. Marguerite restait donc maî-tresse d'elle-même et libre à seize ans comme l'oiseau qui essaye pour la première fois ses ailes elle pouvait aller vers le mal ou le bien, sans que personne l'en empêchât, sans qu'un bon avis la retînt si elle s'engageait dans une mau-vaise voie, ni qu'une main secourable la guidât dans des voies meilleures. Tout pour elle dépendait de ses propres instincts et de cette première inspiration où le hasard joue un si grand rôle et a une si grande part. A cet âge se défie-t-on jamais ? Les coeurs purs ont surtout cette faiblesse de juger les autres d'après eux-mêmes, et c'est ce qui les expose à plus de périls. Ludovic fut donc reçu comme un ami, et en cela l'étoile de la jeune fille l'avait bien servie il était digne de cet ac-cueil et méritait de s'asseoir à cet honnête foyer. Des deux parts c'était l'esprit de famille qui se réveillait, chez Mar-guerite, de la famille éteinte chez Ludovic, de la famille absente. Ils se sentaient plus forts l'un près de l'autre et en mettant leur inexpérience en commun. Dès que le jeune homme avait une heure de libre, il accourait chez sa voi-sine, s'asseyait à ses côtés et engageait l'entretien. Il ne lui parlait ni de Paris, ni des plaisirs mélangés qu'il offre à la jeunesse il ne lui faisait ni la chronique du monde, ni celle des théâtres, sujets à l'usage des oisifs il aimait mieux par- | CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. 155 deste qui, pour être cachée à tous les yeux, n'en avait que plus d'éclat. Cependant les années, en s'écoulant, amenaient de nou-velles charges. Plus on allait, plus la grand'mère exigeait de soins en raison d'infirmités sans cesse accrues. Si elle vivait encore, c'était par un miracle de tendresse. L'héroïque jeune fille suffisait à tout elle ne fléchissait pas sous le poids de tant d'épreuves le sentiment du devoir lui donnait des forces aucun sacrifice ne lui coûtait. Voilà ce qu'apprit Ludovic et ce qu'il vit de ses yeux, une fois admis dans cet intérieur. Marguerite en était l'âme et le bras. Tout s'y réglait comme elle l'entendait point de vo-lonté, ni de responsabilité que les siennes. La pauvre ma-dame Morin en était arrivée à ce point où l'existence est presque machinale les facultés avaient décliné en même temps que les forces le sentiment des choses de ce monde lui échappait de plus en plus. Marguerite restait donc maî-tresse d'elle-même et libre à seize ans comme l'oiseau qui essaye pour la première fois ses ailes elle pouvait aller vers le mal ou le bien, sans que personne l'en empêchât, sans qu'un bon avis la retînt si elle s'engageait dans une mau-vaise voie, ni qu'une main secourable la guidât dans des voies meilleures. Tout pour elle dépendait de ses propres instincts et de cette première inspiration où le hasard joue un si grand rôle et a une si grande part. A cet âge se défie-t-on jamais ? Les coeurs purs ont surtout cette faiblesse de juger les autres d'après eux-mêmes, et c'est ce qui les expose à plus de périls. Ludovic fut donc reçu comme un ami, et en cela l'étoile de la jeune fille l'avait bien servie il était digne de cet ac-cueil et méritait de s'asseoir à cet honnête foyer. Des deux parts c'était l'esprit de famille qui se réveillait, chez Mar-guerite, de la famille éteinte chez Ludovic, de la famille absente. Ils se sentaient plus forts l'un près de l'autre et en mettant leur inexpérience en commun. Dès que le jeune homme avait une heure de libre, il accourait chez sa voi-sine, s'asseyait à ses côtés et engageait l'entretien. Il ne lui parlait ni de Paris, ni des plaisirs mélangés qu'il offre à la jeunesse il ne lui faisait ni la chronique du monde, ni celle des théâtres, sujets à l'usage des oisifs il aimait mieux par- | 5 | 0.002151 | 0.008969 |
684.txt | 1,882 | -II -l'inflammation, comme l'admet M. Vulpian, cette affection ne pourrait jamais être bornée à une petite étendue le panaris, le furoncle, l'anthrax seraient impossibles. L'inflammation devrait toujours occuper tout l'espace qu'innervait le centre nerveux dont l'action serait suspendue, et elle devrait, en outre, présenter, à sa circonférence, une intensité absolument égale à celle qu'elle offrirait à son centre. B L'inflammation, si elle était due à la suspension de l'action des centres nerveux par une irritation, ne devrait jamais guérir spontanément car l'irritation ne faisant que s'accroître, au moins pendant un certain temps, dans toute partie enflammée, les centres nerveux devraient agir de moins en moins, et la mort, soit locale, soit générale, serait la conséquence nécessaire de toute inflammation abandonnée à elle-même. Or, cette guérison spontanée qui, dans l'hypothèse de M. Vulpian, serait évidemment impossible, elle a lieu cependant et assez fréquemment pour que tout le monde sache que beaucoup d'inflammations guérissent sans aucun traitement. Pour mieux faire sentir combien est peu fondée cette hypothèse d'une suspension de l'action des centres vaso-moteurs dans l'inflammation, je vais prendre un exemple Quand un rhume est causé par un froid aux pieds, quand une transpira-tion abondante est arrêtée brusquement et qu'il survient une pleurésie, une pneumonie ou un rhumatisme articulaire, comment ce froid aux pieds, comment cette suppression de la transpiration ont-ils pu irriter, dans des points éloignés, un ou plusieurs centres nerveux de manière à les paralyser ? Comment aussi pourrait-on comprendre que cette même irritation qui, selon lui, ne peut se faire transmettre aux centres vaso moteurs vol. cité p. 482, 1. 8 qu'en excitant d'une façon plus ou moins violente les nerfs centripètes, sensitifs ou non, par lesquels elle arrive à ces centres, devint, pour ces mêmes. centres, une cause de suspension d'action qui, tout en paralysant les vaisseaux, s'accompagnerait presque toujours d'une augmen-tation de sécrétion, par exemple de ptyalisme dans la stomatite, de larmoiement dans la conjonctivite, etc., etc. ? Comment M. Vulpian peut-il essayer d'expliquer, au moyen de cette prétendue paralysie par irritation, des faits dans lesquels l'irritation n'existe pas ou ne survient que tardivement, par exemple les hémorrhoïdes qui ne deviennent douloureuses que quand le gonflement est effectué, les hémor-rhagies nasales et beaucoup d'autres qui ne causent jamais de douleur, et t. 2, p. 527 et 528 la menstruation qui en cause rarement, fonction d'une indispensable nécessité, fonction sans laquelle l'espèce humaine n'eût jamais existé et que, cependant, il fait dépendre d'un état maladif des centres vaso-moteurs ? 50 Il paraît disposé à placer le siège des propriétés vitales dans les éléments anatomiques. Lettre du 19 décembre 1880. Or, la sensitivité n'existe, dans le filet sensitif, qu'autant qu'il est intact dans toute son étendue. Otez-llli une de ses extrémités ou divisez-le dans un point quelconque de sa longueur, la sensitivité n'existe plus dans aucune de ses parties. Comment existerait-elle dans ses éléments anatomiques ? | -II -l'inflammation, comme l'admet M. Vulpian, cette affection ne pourrait jamais être bornée à une petite étendue le panaris, le furoncle, l'anthrax seraient impossibles. L'inflammation devrait toujours occuper tout l'espace qu'innervait le centre nerveux dont l'action serait suspendue, et elle devrait, en outre, présenter, à sa circonférence, une intensité absolument égale à celle qu'elle offrirait à son centre. B L'inflammation, si elle était due à la suspension de l'action des centres nerveux par une irritation, ne devrait jamais guérir spontanément car l'irritation ne faisant que s'accroître, au moins pendant un certain temps, dans toute partie enflammée, les centres nerveux devraient agir de moins en moins, et la mort, soit locale, soit générale, serait la conséquence nécessaire de toute inflammation abandonnée à elle-même. Or, cette guérison spontanée qui, dans l'hypothèse de M. Vulpian, serait évidemment impossible, elle a lieu cependant et assez fréquemment pour que tout le monde sache que beaucoup d'inflammations guérissent sans aucun traitement. Pour mieux faire sentir combien est peu fondée cette hypothèse d'une suspension de l'action des centres vaso-moteurs dans l'inflammation, je vais prendre un exemple Quand un rhume est causé par un froid aux pieds, quand une transpira-tion abondante est arrêtée brusquement et qu'il survient une pleurésie, une pneumonie ou un rhumatisme articulaire, comment ce froid aux pieds, comment cette suppression de la transpiration ont-ils pu irriter, dans des points éloignés, un ou plusieurs centres nerveux de manière à les paralyser ? Comment aussi pourrait-on comprendre que cette même irritation qui, selon lui, ne peut se faire transmettre aux centres vaso moteurs vol. cité p. 482, 1. 8 qu'en excitant d'une façon plus ou moins violente les nerfs centripètes, sensitifs ou non, par lesquels elle arrive à ces centres, devint, pour ces mêmes. centres, une cause de suspension d'action qui, tout en paralysant les vaisseaux, s'accompagnerait presque toujours d'une augmen-tation de sécrétion, par exemple de ptyalisme dans la stomatite, de larmoiement dans la conjonctivite, etc., etc. ? Comment M. Vulpian peut-il essayer d'expliquer, au moyen de cette prétendue paralysie par irritation, des faits dans lesquels l'irritation n'existe pas ou ne survient que tardivement, par exemple les hémorrhoïdes qui ne deviennent douloureuses que quand le gonflement est effectué, les hémor-rhagies nasales et beaucoup d'autres qui ne causent jamais de douleur, et t. 2, p. 527 et 528 la menstruation qui en cause rarement, fonction d'une indispensable nécessité, fonction sans laquelle l'espèce humaine n'eût jamais existé et que, cependant, il fait dépendre d'un état maladif des centres vaso-moteurs ? 50 Il paraît disposé à placer le siège des propriétés vitales dans les éléments anatomiques. Lettre du 19 décembre 1880. Or, la sensitivité n'existe, dans le filet sensitif, qu'autant qu'il est intact dans toute son étendue. Otez-llli une de ses extrémités ou divisez-le dans un point quelconque de sa longueur, la sensitivité n'existe plus dans aucune de ses parties. Comment existerait-elle dans ses éléments anatomiques ? | -II -l'inflammation, comme l'admet M. Vulpian, cette affection ne pourrait jamais être bornée à une petite étendue le panaris, le furoncle, l'anthrax seraient impossibles. L'inflammation devrait toujours occuper tout l'espace qu'innervait le centre nerveux dont l'action serait suspendue, et elle devrait, en outre, présenter, à sa circonférence, une intensité absolument égale à celle qu'elle offrirait à son centre. B L'inflammation, si elle était due à la suspension de l'action des centres nerveux par une irritation, ne devrait jamais guérir spontanément car l'irritation ne faisant que s'accroître, au moins pendant un certain temps, dans toute partie enflammée, les centres nerveux devraient agir de moins en moins, et la mort, soit locale, soit générale, serait la conséquence nécessaire de toute inflammation abandonnée à elle-même. Or, cette guérison spontanée qui, dans l'hypothèse de M. Vulpian, serait évidemment impossible, elle a lieu cependant et assez fréquemment pour que tout le monde sache que beaucoup d'inflammations guérissent sans aucun traitement. Pour mieux faire sentir combien est peu fondée cette hypothèse d'une suspension de l'action des centres vaso-moteurs dans l'inflammation, je vais prendre un exemple Quand un rhume est causé par un froid aux pieds, quand une transpira-tion abondante est arrêtée brusquement et qu'il survient une pleurésie, une pneumonie ou un rhumatisme articulaire, comment ce froid aux pieds, comment cette suppression de la transpiration ont-ils pu irriter, dans des points éloignés, un ou plusieurs centres nerveux de manière à les paralyser ? Comment aussi pourrait-on comprendre que cette même irritation qui, selon lui, ne peut se faire transmettre aux centres vaso moteurs vol. cité p. 482, 1. 8 qu'en excitant d'une façon plus ou moins violente les nerfs centripètes, sensitifs ou non, par lesquels elle arrive à ces centres, devint, pour ces mêmes@ centres, une cause de suspension d'action qui, tout en paralysant les vaisseaux, s'accompagnerait presque toujours d'une augmen-tation de sécrétion, par exemple de ptyalisme dans la stomatite, de larmoiement dans la conjonctivite, etc., etc. ? Comment M. Vulpian peut-il essayer d'expliquer, au moyen de cette prétendue paralysie par irritation, des faits dans lesquels l'irritation n'existe pas ou ne survient que tardivement, par exemple les hémorrhoïdes qui ne deviennent douloureuses que quand le gonflement est effectué, les hémor-rhagies nasales et beaucoup d'autres qui ne causent jamais de douleur, et t. 2, p. 527 et 528 la menstruation qui en cause rarement, fonction d'une indispensable nécessité, fonction sans laquelle l'espèce humaine n'eût jamais existé et que, cependant, il fait dépendre d'un état maladif des centres vaso-moteurs ? 5° Il parait disposé à placer le siège des propriétés vitales dans les éléments anatomiques. Lettre du 19 décembre 1880. Or, la sensitivité n'existe, dans le filet sensitif, qu'autant qu'il est intact dans toute son étendue. Otez-l@ui une de ses extrémités ou divisez-le dans un point quelconque de sa longueur, la sensitivité n'existe plus dans aucune de ses parties. Comment existerait-elle dans ses éléments anatomiques ? | -II -l'inflammation, comme l'admet M. Vulpian, cette affection ne pourrait jamais être bornée à une petite étendue le panaris, le furoncle, l'anthrax seraient impossibles. L'inflammation devrait toujours occuper tout l'espace qu'innervait le centre nerveux dont l'action serait suspendue, et elle devrait, en outre, présenter, à sa circonférence, une intensité absolument égale à celle qu'elle offrirait à son centre. B L'inflammation, si elle était due à la suspension de l'action des centres nerveux par une irritation, ne devrait jamais guérir spontanément car l'irritation ne faisant que s'accroître, au moins pendant un certain temps, dans toute partie enflammée, les centres nerveux devraient agir de moins en moins, et la mort, soit locale, soit générale, serait la conséquence nécessaire de toute inflammation abandonnée à elle-même. Or, cette guérison spontanée qui, dans l'hypothèse de M. Vulpian, serait évidemment impossible, elle a lieu cependant et assez fréquemment pour que tout le monde sache que beaucoup d'inflammations guérissent sans aucun traitement. Pour mieux faire sentir combien est peu fondée cette hypothèse d'une suspension de l'action des centres vaso-moteurs dans l'inflammation, je vais prendre un exemple Quand un rhume est causé par un froid aux pieds, quand une transpira-tion abondante est arrêtée brusquement et qu'il survient une pleurésie, une pneumonie ou un rhumatisme articulaire, comment ce froid aux pieds, comment cette suppression de la transpiration ont-ils pu irriter, dans des points éloignés, un ou plusieurs centres nerveux de manière à les paralyser ? Comment aussi pourrait-on comprendre que cette même irritation qui, selon lui, ne peut se faire transmettre aux centres vaso moteurs vol. cité p. 482, 1. 8 qu'en excitant d'une façon plus ou moins violente les nerfs centripètes, sensitifs ou non, par lesquels elle arrive à ces centres, devint, pour ces mêmes@ centres, une cause de suspension d'action qui, tout en paralysant les vaisseaux, s'accompagnerait presque toujours d'une augmen-tation de sécrétion, par exemple de ptyalisme dans la stomatite, de larmoiement dans la conjonctivite, etc., etc. ? Comment M. Vulpian peut-il essayer d'expliquer, au moyen de cette prétendue paralysie par irritation, des faits dans lesquels l'irritation n'existe pas ou ne survient que tardivement, par exemple les hémorrhoïdes qui ne deviennent douloureuses que quand le gonflement est effectué, les hémor-rhagies nasales et beaucoup d'autres qui ne causent jamais de douleur, et t. 2, p. 527 et 528 la menstruation qui en cause rarement, fonction d'une indispensable nécessité, fonction sans laquelle l'espèce humaine n'eût jamais existé et que, cependant, il fait dépendre d'un état maladif des centres vaso-moteurs ? 5° Il parait disposé à placer le siège des propriétés vitales dans les éléments anatomiques. Lettre du 19 décembre 1880. Or, la sensitivité n'existe, dans le filet sensitif, qu'autant qu'il est intact dans toute son étendue. Otez-l@ui une de ses extrémités ou divisez-le dans un point quelconque de sa longueur, la sensitivité n'existe plus dans aucune de ses parties. Comment existerait-elle dans ses éléments anatomiques ? | -II -l'inflammation, comme l'admet M. Vulpian, cette affection ne pourrait jamais être bornée à une petite étendue le panaris, le furoncle, l'anthrax seraient impossibles. L'inflammation devrait toujours occuper tout l'espace qu'innervait le centre nerveux dont l'action serait suspendue, et elle devrait, en outre, présenter, à sa circonférence, une intensité absolument égale à celle qu'elle offrirait à son centre. B L'inflammation, si elle était due à la suspension de l'action des centres nerveux par une irritation, ne devrait jamais guérir spontanément car l'irritation ne faisant que s'accroître, au moins pendant un certain temps, dans toute partie enflammée, les centres nerveux devraient agir de moins en moins, et la mort, soit locale, soit générale, serait la conséquence nécessaire de toute inflammation abandonnée à elle-même. Or, cette guérison spontanée qui, dans l'hypothèse de M. Vulpian, serait évidemment impossible, elle a lieu cependant et assez fréquemment pour que tout le monde sache que beaucoup d'inflammations guérissent sans aucun traitement. Pour mieux faire sentir combien est peu fondée cette hypothèse d'une suspension de l'action des centres vaso-moteurs dans l'inflammation, je vais prendre un exemple Quand un rhume est causé par un froid aux pieds, quand une transpira-tion abondante est arrêtée brusquement et qu'il survient une pleurésie, une pneumonie ou un rhumatisme articulaire, comment ce froid aux pieds, comment cette suppression de la transpiration ont-ils pu irriter, dans des points éloignés, un ou plusieurs centres nerveux de manière à les paralyser ? Comment aussi pourrait-on comprendre que cette même irritation qui, selon lui, ne peut se faire transmettre aux centres vaso moteurs vol. cité p. 482, 1. 8 qu'en excitant d'une façon plus ou moins violente les nerfs centripètes, sensitifs ou non, par lesquels elle arrive à ces centres, devint, pour ces mêmes centres, une cause de suspension d'action qui, tout en paralysant les vaisseaux, s'accompagnerait presque toujours d'une augmen-tation de sécrétion, par exemple de ptyalisme dans la stomatite, de larmoiement dans la conjonctivite, etc., etc. ? Comment M. Vulpian peut-il essayer d'expliquer, au moyen de cette prétendue paralysie par irritation, des faits dans lesquels l'irritation n'existe pas ou ne survient que tardivement, par exemple les hémorrhoïdes qui ne deviennent douloureuses que quand le gonflement est effectué, les hémor-rhagies nasales et beaucoup d'autres qui ne causent jamais de douleur, et t. 2, p. 527 et 528 la menstruation qui en cause rarement, fonction d'une indispensable nécessité, fonction sans laquelle l'espèce humaine n'eût jamais existé et que, cependant, il fait dépendre d'un état maladif des centres vaso-moteurs ? 5° Il parait disposé à placer le siège des propriétés vitales dans les éléments anatomiques. Lettre du 19 décembre 1880. Or, la sensitivité n'existe, dans le filet sensitif, qu'autant qu'il est intact dans toute son étendue. Otez-lui une de ses extrémités ou divisez-le dans un point quelconque de sa longueur, la sensitivité n'existe plus dans aucune de ses parties. Comment existerait-elle dans ses éléments anatomiques ? | 5 | 0.001569 | 0.011009 |
34.txt | 1,863 | -40 -jeune gentilhomme qui, dès son plus bas âge, avait embrassé l'état militaire et pour mère, Claude de Magnière, qui, noble comme lui, beaucoup plus âgée, et formée de longue main à la vertu, était propre à lui en inspirer les sentiments. Elisabeth fut l'unique fruit de ce mariage. En peu d'années elle dédommagea sa mère, qui n'était plus jeune, des cruelles douleurs qu'elle lui avait fait souffrir dans son enfante-ment. Le dernier siècle n'a rien vu déplus accompli que cette jeune personne. Les qua-lités du corps se réunirent en elle aux quali-tés de l'âme pour en faire un de ces chefs-d'oeuvre que les romans imaginent et que l'histoire ne rencontre presque jamais. A une taille extrêmement avantageuse, elle joignait un air décent et serain, un port majestueux, un tour de visage si éblouissant, que les peintres n'ont jamais pu le saisir en un mot une beauté si parfaite, qu'elle fut l'Irène de son temps, et que, dans toute l'Europe, il n'y en avait point qu'on pût lui comparer. L'ar-chiduc d'Autriche, qui, en passant par Remi-remont, ne la vit qu'à peine sortie de l'enfance, en fut si frappé, qu'il la demanda avec instance pour la faire élever dans sa cour avec de | -40 -jeune gentilhomme qui, dès son plus bas âge, avait embrassé l'état militaire et pour mère, Claude de Magnière, qui, noble comme lui, beaucoup plus âgée, et formée de longue main à la vertu, était propre à lui en inspirer les sentiments. Elisabeth fut l'unique fruit de ce mariage. En peu d'années elle dédommagea sa mère, qui n'était plus jeune, des cruelles douleurs qu'elle lui avait fait souffrir dans son enfante-ment. Le dernier siècle n'a rien vu d@éplus accompli que cette jeune personne. Les qua-lités du corps se réunirent en elle aux quali-tés de l'âme pour en faire un de ces chefs-d'oeuvre que les romans imaginent et que l'histoire ne rencontre presque jamais. A une taille extrêmement avantageuse, elle joignait un air décent et serain, un port majestueux, un tour de visage si éblouissant, que les peintres n'ont jamais pu le saisir en un mot une beauté si parfaite, qu'elle fut l'Irène de son temps, et que, dans toute l'Europe, il n'y en avait point qu'on pût lui comparer. L'ar-chiduc d'Autriche, qui, en passant par Remi-remont, ne la vit qu'à peine sortie de l'enfance, en fut si frappé, qu'il la demanda avec instance pour la faire élever dans sa cour avec de | ########## gentilhomme qui, dès son plus bas âge, avait embrassé l'état militaire et pour mère, Claude de Magnière, qui, noble comme lui, beaucoup plus âgée, et formée de longue main à la vertu, était propre à lui en inspirer les sentiments. Elisabeth fut l'unique fruit de ce mariage. En peu d'années elle dédommagea sa mère, qui n'était plus jeune, des cruelles douleurs qu'elle lui avait fait souffrir dans son enfante-ment. Le dernier siècle n'a rien vu de plus accompli que cette jeune personne. Les qua-lités du corps se réunirent en elle aux quali-tés de l'âme pour en faire un de ces chefs-d'oeuvre que les romans imaginent et que l'histoire ne rencontre presque jamais. A une taille extrêmement avantageuse, elle joignait un air décent et serain, un port majestueux, un tour de visage si éblouissant, que les peintres n'ont jamais pu le saisir en un mot une beauté si parfaite, qu'elle fut l'Irène de son temps, et que, dans toute l'Europe, il n'y en avait point qu'on pût lui comparer. L'ar-chiduc d'Autriche, qui, en passant par Remi-remont, ne la vit qu'à peine sortie de l'enfance, en fut si frappé, qu'il la demanda avec instance pour la faire élever dans sa cour avec de | -40 -jeune gentilhomme qui, dès son plus bas âge, avait embrassé l'état militaire et pour mère, Claude de Magnière, qui, noble comme lui, beaucoup plus âgée, et formée de longue main à la vertu, était propre à lui en inspirer les sentiments. Elisabeth fut l'unique fruit de ce mariage. En peu d'années elle dédommagea sa mère, qui n'était plus jeune, des cruelles douleurs qu'elle lui avait fait souffrir dans son enfante-ment. Le dernier siècle n'a rien vu de plus accompli que cette jeune personne. Les qua-lités du corps se réunirent en elle aux quali-tés de l'âme pour en faire un de ces chefs-d'oeuvre que les romans imaginent et que l'histoire ne rencontre presque jamais. A une taille extrêmement avantageuse, elle joignait un air décent et serain, un port majestueux, un tour de visage si éblouissant, que les peintres n'ont jamais pu le saisir en un mot une beauté si parfaite, qu'elle fut l'Irène de son temps, et que, dans toute l'Europe, il n'y en avait point qu'on pût lui comparer. L'ar-chiduc d'Autriche, qui, en passant par Remi-remont, ne la vit qu'à peine sortie de l'enfance, en fut si frappé, qu'il la demanda avec instance pour la faire élever dans sa cour avec de | -40 -jeune gentilhomme qui, dès son plus bas âge, avait embrassé l'état militaire et pour mère, Claude de Magnière, qui, noble comme lui, beaucoup plus âgée, et formée de longue main à la vertu, était propre à lui en inspirer les sentiments. Elisabeth fut l'unique fruit de ce mariage. En peu d'années elle dédommagea sa mère, qui n'était plus jeune, des cruelles douleurs qu'elle lui avait fait souffrir dans son enfante-ment. Le dernier siècle n'a rien vu de plus accompli que cette jeune personne. Les qua-lités du corps se réunirent en elle aux quali-tés de l'âme pour en faire un de ces chefs-d'oeuvre que les romans imaginent et que l'histoire ne rencontre presque jamais. A une taille extrêmement avantageuse, elle joignait un air décent et serain, un port majestueux, un tour de visage si éblouissant, que les peintres n'ont jamais pu le saisir en un mot une beauté si parfaite, qu'elle fut l'Irène de son temps, et que, dans toute l'Europe, il n'y en avait point qu'on pût lui comparer. L'ar-chiduc d'Autriche, qui, en passant par Remi-remont, ne la vit qu'à peine sortie de l'enfance, en fut si frappé, qu'il la demanda avec instance pour la faire élever dans sa cour avec de | 2 | 0.001688 | 0.008403 |
874.txt | 1,858 | i84 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. remède souverain il a fait de bien autres cures. Voyons, voulez-vous que je vous y aide? La main d'un ami n'est pas de trop pour de semblables opérations. En même temps, Melchior joignait l'action à la parole, et délivrait Ludovic de ses vêtements puis, moitié de gré, moitié de force, il l'étendait sur son lit. - Et maintenant, ajouta-t-il quand il l'eut arrangé de son mieux, je vais compléter mes bienfaits. Vous voilà emballé pour la nuit le reste me regarde. Après l'un, l'autre il-ne faut pas s'arrêter en chemin quand on se porte au secours d'autrui. Les grandes âmes ne font rien à demi. Ici, je n'ai plus rien à faire la nature va reprendre ses droits..Mais, de , l'autre côté de la rue, il y a une poulette qui attend, qui se lamente, et ne sait que penser de votre abandon. Qui le sait? peut-être est-elle dans les larmes. Dame 1 quoi de plus natu-rel? un garçon comme vous est taillé pour le sentiment, et il va de soi qu'une femme y tienne. Ne vous agitez donc pas ainsi c'est retarder à plaisir la guérison. Bon! comme cela! si je cause, c'est à dessein j'en ai endormi plus d'un avec cette musique. Allons 1 voici que les yeux se ferment bon signe, mon garçon, bon signe 1 Et quand vous y serez, ne -vous gênez pas ébranlez les vitres de vos sons de poitrine. - C'est un moyen réparateur. Demain, vous serez frais comme une pivoine et gai comme un linot. Quelques efforts que fit Ludovic pour lutter contre le som-meil, peu à peu il y céda. Melchior restait maitre de la place. Quand il vit son camarade bien assoupi et désormais hors d'état d'agir, le vétéran se leva. - A mon tour, dit-il. Un petit brin de toilette et que j'achève mon expédition. Ah 1 tuas fait le boutonné, le ca-chottier. Eh bien 1 grand homme, tu sauras ce qu'il en coûte. Tu es avocat d'aujourd'hui, et il est possible que je ne le sois jamais. N'importe 1 c'est moi qui soignerai ta première cause, et tu verras au profit de qui. En attendant, dors, mon garçon, et que ma bière te soit lègère. Un quart d'heure après, Melchior sortait de l'hôtel garni et se dirigeait vers le- logement de Marguerite. | i84 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. remède souverain il a fait de bien autres cures. Voyons, voulez-vous que je vous y aide@? La main d'un ami n'est pas de trop pour de semblables opérations. En même temps, Melchior joignait l'action à la parole, et délivrait Ludovic de ses vêtements puis, moitié de gré, moitié de force, il l'étendait sur son lit. - Et maintenant, ajouta-t-il quand il l'eut arrangé de son mieux, je vais compléter mes bienfaits. Vous voilà emballé pour la nuit le reste me regarde. Après l'un, l'autre il-ne faut pas s'arrêter en chemin quand on se porte au secours d'autrui. Les grandes âmes ne font rien à demi. Ici, je n'ai plus rien à faire la nature va reprendre ses droits..Mais, de , l'autre côté de la rue, il y a une poulette qui attend, qui se lamente, et ne sait que penser de votre abandon. Qui le sait@? peut-être est-elle dans les larmes. Dame 1 quoi de plus natu-rel@? un garçon comme vous est taillé pour le sentiment, et il va de soi qu'une femme y tienne. Ne vous agitez donc pas ainsi c'est retarder à plaisir la guérison. Bon@! comme cela@! si je cause, c'est à dessein j'en ai endormi plus d'un avec cette musique. Allons 1 voici que les yeux se ferment bon signe, mon garçon, bon signe 1 Et quand vous y serez, ne -vous gênez pas ébranlez les vitres de vos sons de poitrine. - C'est un moyen réparateur. Demain, vous serez frais comme une pivoine et gai comme un linot. Quelques efforts que fit Ludovic pour lutter contre le som-meil, peu à peu il y céda. Melchior restait maitre de la place. Quand il vit son camarade bien assoupi et désormais hors d'état d'agir, le vétéran se leva. - A mon tour, dit-il. Un petit brin de toilette et que j'achève mon expédition. Ah 1 tu@as fait le boutonné, le ca-chottier. Eh bien 1 grand homme, tu sauras ce qu'il en coûte. Tu es avocat d'aujourd'hui, et il est possible que je ne le sois jamais. N'importe 1 c'est moi qui soignerai ta première cause, et tu verras au profit de qui. En attendant, dors, mon garçon, et que ma bière te soit lègère. Un quart d'heure après, Melchior sortait de l'hôtel garni et se dirigeait vers le- logement de Marguerite. | ### CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. remède souverain il a fait de bien autres cures. Voyons, voulez-vous que je vous y aide ? La main d'un ami n'est pas de trop pour de semblables opérations. En même temps, Melchior joignait l'action à la parole, et délivrait Ludovic de ses vêtements puis, moitié de gré, moitié de force, il l'étendait sur son lit. -@Et maintenant, ajouta-t-il quand il l'eut arrangé de son mieux, je vais compléter mes bienfaits. Vous voilà emballé pour la nuit le reste me regarde. Après l'un, l'autre il ne faut pas s'arrêter en chemin quand on se porte au secours d'autrui. Les grandes âmes ne font rien à demi. Ici, je n'ai plus rien à faire la nature va reprendre ses droits. Mais, de @@l'autre côté de la rue, il y a une poulette qui attend, qui se lamente, et ne sait que penser de votre abandon. Qui le sait ? peut-être est-elle dans les larmes. Dame ! quoi de plus natu-rel ? un garçon comme vous est taillé pour le sentiment, et il va de soi qu'une femme y tienne. Ne vous agitez donc pas ainsi c'est retarder à plaisir la guérison. Bon ! comme cela ! si je cause, c'est à dessein j'en ai endormi plus d'un avec cette musique. Allons ! voici que les yeux se ferment bon signe, mon garçon, bon signe ! Et quand vous y serez, ne @vous gênez pas ébranlez les vitres de vos sons de poitrine. @@C'est un moyen réparateur. Demain, vous serez frais comme une pivoine et gai comme un linot. Quelques efforts que fît Ludovic pour lutter contre le som-meil, peu à peu il y céda. Melchior restait maître de la place. Quand il vit son camarade bien assoupi et désormais hors d'état d'agir, le vétéran se leva. -@A mon tour, dit-il. Un petit brin de toilette et que j'achève mon expédition. Ah@! tu as fait le boutonné, le ca-chottier. Eh bien ! grand homme, tu sauras ce qu'il en coûte. Tu es avocat d'aujourd'hui, et il est possible que je ne le sois jamais. N'importe ! c'est moi qui soignerai ta première cause, et tu verras au profit de qui. En attendant, dors, mon garçon, et que ma bière te soit lègère. Un quart d'heure après. Melchior sortait de l'hôtel garni et se dirigeait vers le@ logement de Marguerite. | i84 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. remède souverain il a fait de bien autres cures. Voyons, voulez-vous que je vous y aide ? La main d'un ami n'est pas de trop pour de semblables opérations. En même temps, Melchior joignait l'action à la parole, et délivrait Ludovic de ses vêtements puis, moitié de gré, moitié de force, il l'étendait sur son lit. -@Et maintenant, ajouta-t-il quand il l'eut arrangé de son mieux, je vais compléter mes bienfaits. Vous voilà emballé pour la nuit le reste me regarde. Après l'un, l'autre il ne faut pas s'arrêter en chemin quand on se porte au secours d'autrui. Les grandes âmes ne font rien à demi. Ici, je n'ai plus rien à faire la nature va reprendre ses droits. Mais, de @@l'autre côté de la rue, il y a une poulette qui attend, qui se lamente, et ne sait que penser de votre abandon. Qui le sait ? peut-être est-elle dans les larmes. Dame ! quoi de plus natu-rel ? un garçon comme vous est taillé pour le sentiment, et il va de soi qu'une femme y tienne. Ne vous agitez donc pas ainsi c'est retarder à plaisir la guérison. Bon ! comme cela ! si je cause, c'est à dessein j'en ai endormi plus d'un avec cette musique. Allons ! voici que les yeux se ferment bon signe, mon garçon, bon signe ! Et quand vous y serez, ne @vous gênez pas ébranlez les vitres de vos sons de poitrine. @@C'est un moyen réparateur. Demain, vous serez frais comme une pivoine et gai comme un linot. Quelques efforts que fît Ludovic pour lutter contre le som-meil, peu à peu il y céda. Melchior restait maître de la place. Quand il vit son camarade bien assoupi et désormais hors d'état d'agir, le vétéran se leva. -@A mon tour, dit-il. Un petit brin de toilette et que j'achève mon expédition. Ah@! tu as fait le boutonné, le ca-chottier. Eh bien ! grand homme, tu sauras ce qu'il en coûte. Tu es avocat d'aujourd'hui, et il est possible que je ne le sois jamais. N'importe ! c'est moi qui soignerai ta première cause, et tu verras au profit de qui. En attendant, dors, mon garçon, et que ma bière te soit lègère. Un quart d'heure après. Melchior sortait de l'hôtel garni et se dirigeait vers le@ logement de Marguerite. | i84 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. remède souverain il a fait de bien autres cures. Voyons, voulez-vous que je vous y aide ? La main d'un ami n'est pas de trop pour de semblables opérations. En même temps, Melchior joignait l'action à la parole, et délivrait Ludovic de ses vêtements puis, moitié de gré, moitié de force, il l'étendait sur son lit. -Et maintenant, ajouta-t-il quand il l'eut arrangé de son mieux, je vais compléter mes bienfaits. Vous voilà emballé pour la nuit le reste me regarde. Après l'un, l'autre il ne faut pas s'arrêter en chemin quand on se porte au secours d'autrui. Les grandes âmes ne font rien à demi. Ici, je n'ai plus rien à faire la nature va reprendre ses droits. Mais, de l'autre côté de la rue, il y a une poulette qui attend, qui se lamente, et ne sait que penser de votre abandon. Qui le sait ? peut-être est-elle dans les larmes. Dame ! quoi de plus natu-rel ? un garçon comme vous est taillé pour le sentiment, et il va de soi qu'une femme y tienne. Ne vous agitez donc pas ainsi c'est retarder à plaisir la guérison. Bon ! comme cela ! si je cause, c'est à dessein j'en ai endormi plus d'un avec cette musique. Allons ! voici que les yeux se ferment bon signe, mon garçon, bon signe ! Et quand vous y serez, ne vous gênez pas ébranlez les vitres de vos sons de poitrine. C'est un moyen réparateur. Demain, vous serez frais comme une pivoine et gai comme un linot. Quelques efforts que fît Ludovic pour lutter contre le som-meil, peu à peu il y céda. Melchior restait maître de la place. Quand il vit son camarade bien assoupi et désormais hors d'état d'agir, le vétéran se leva. -A mon tour, dit-il. Un petit brin de toilette et que j'achève mon expédition. Ah! tu as fait le boutonné, le ca-chottier. Eh bien ! grand homme, tu sauras ce qu'il en coûte. Tu es avocat d'aujourd'hui, et il est possible que je ne le sois jamais. N'importe ! c'est moi qui soignerai ta première cause, et tu verras au profit de qui. En attendant, dors, mon garçon, et que ma bière te soit lègère. Un quart d'heure après. Melchior sortait de l'hôtel garni et se dirigeait vers le logement de Marguerite. | 26 | 0.012235 | 0.043956 |
860.txt | 1,858 | 168 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. - C'est bien, passons à mon second principe il est aussi net que le premier. Les amours qu'on me cache, je ne les respecte pas, et là où je ne suis pas un confident, je deviens un rival. J'espère, mon garçon, que c'est s'exprimer carré-ment vous voyez que je ne vous prends point en traître. - En effet, dit Ludovic, peu ému de cette bravade. - Vous riez 1 eh bien, nous verrons, reprit le Tieil étu-diant. Je vous apportais la paix dans les plis de mon paletot vous préférez la guerre. Va donc pour la guerre! et, foi de Melchior, elle sera conduite rondement. Vous pouvez y compter j'ai fait mes preuves. Au moment où il achevait cette déclaration fanfaronne, il se fit un mouvement chez la voisine, et ce que Ludovic avait redouté arriva. Marguerite venait de quitter son siége pour donner quelques soins à ses fleurs. A la vue de Melchior, un incarnat subit se répandit sur ses joues. fi n'y avait là sans doute que l'effet d'une surprise elle rougissait d'être ainsi à découvert pour d'autres yeux que ceux de Ludovic. Cependant elle mit à arroser ses élèves plus de temps quelle n'avait coutume de le faire, et semblait goûter, comme toutes les filles d'Ève, le plaisir d'être regardée et admirée par un fort beau garçon. VI Le lendemain, lorsque Ludovic alla rendre à la jeune fille sa visite accoutumée, il remarqua dans son maintien et dans son langage un embarras qui ne lui était point habituel. Marguerite paraissait distraite elle ne répondait que par des monosyllabes aux questions que le jeune homme lui adres-sait il était facile de deviner là-dessous une préoccupation et une arrière-pensée. Ses doigts avaient une activité machi-nale, et un certain frémissement trahissait le travail du cer-veau. Des deux parts, la contrainte était égale et la situation ne pouvait se prolonger. Ce fut la jeune fille qui rompit la glace. | 168 CE qu'on PEUT VOIR DANS UNE RUE. - C'est bien, passons à mon second principe il est aussi net que le premier. Les amours qu'on me cache, je ne les respecte pas, et là où je ne suis pas un confident, je deviens un rival. J'espère, mon garçon, que c'est s'exprimer carré-ment vous voyez que je ne vous prends point en traître. - En effet, dit Ludovic, peu ému de cette bravade. - Vous riez 1 eh bien, nous verrons, reprit le Tieil étu-diant. Je vous apportais la paix dans les plis de mon paletot@ vous préférez la guerre. Va donc pour la guerre@! et, foi de Melchior, elle sera conduite rondement. Vous pouvez y compter j'ai fait mes preuves. Au moment où il achevait cette déclaration fanfaronne, il se fit un mouvement chez la voisine, et ce que Ludovic avait redouté arriva. Marguerite venait de quitter son siége pour donner quelques soins à ses fleurs. A la vue de Melchior, un incarnat subit se répandit sur ses joues. fi n'y avait là sans doute que l'effet d'une surprise elle rougissait d'être ainsi à découvert pour d'autres yeux que ceux de Ludovic. Cependant elle mit à arroser ses élèves plus de temps qu@elle n'avait coutume de le faire, et semblait goûter, comme toutes les filles d'Ève, le plaisir d'être regardée et admirée par un fort beau garçon. VI Le lendemain, lorsque Ludovic alla rendre à la jeune fille sa visite accoutumée, il remarqua dans son maintien et dans son langage un embarras qui ne lui était point habituel. Marguerite paraissait distraite elle ne répondait que par des monosyllabes aux questions que le jeune homme lui adres-sait il était facile de deviner là-dessous une préoccupation et une arrière-pensée. Ses doigts avaient une activité machi-nale, et un certain frémissement trahissait le travail du cer-veau. Des deux parts, la contrainte était égale et la situation ne pouvait se prolonger. Ce fut la jeune fille qui rompit la glace. | 168 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@C'est bien, passons à mon second principe il est aussi net que le premier. Les amours qu'on me cache, je ne les respecte pas, et là où je ne suis pas un confident, je deviens un rival. J'espère, mon garçon, que c'est s'exprimer carré-ment vous voyez que je ne vous prends point en traître. -@En effet, dit Ludovic, peu ému de cette bravade. -@Vous riez ! eh bien, nous verrons, reprit le vieil étu-diant. Je vous apportais la paix dans les plis de mon paletot, vous préférez la guerre. Va donc pour la guerre ! et, foi de Melchior, elle sera conduite rondement. Vous pouvez y compter j'ai fait mes preuves. Au moment où il achevait cette déclaration fanfaronne, il se fit un mouvement chez la voisine, et ce que Ludovic avait redouté arriva. Marguerite venait de quitter son siége pour donner quelques soins à ses fleurs. A la vue de Melchior, un incarnat subit se répandit sur ses joues. Il n'y avait là sans doute que l'effet d'une surprise elle rougissait d'être ainsi à découvert pour d'autres yeux que ceux de Ludovic. Cependant elle mit à arroser ses élèves plus de temps qu'elle n'avait coutume de le faire, et semblait goûter, comme toutes les filles d'Ève, le plaisir d'être regardée et admirée par un fort beau garçon. VI Le lendemain, lorsque Ludovic alla rendre à la jeune fille sa visite accoutumée, il remarqua dans son maintien et dans son langage un embarras qui ne lui était point habituel. Marguerite paraissait distraite elle ne répondait que par des monosyllabes aux questions que le jeune homme lui adres-sait il était facile de deviner là-dessous une préoccupation et une arrière-pensée. Ses doigts avaient une activité machi-nale, et un certain frémissement trahissait le travail du cer-veau. Des deux parts, la contrainte était égale et la situation ne pouvait se prolonger. Ce fut la jeune fille qui rompit la glace. | 168 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -@C'est bien, passons à mon second principe il est aussi net que le premier. Les amours qu'on me cache, je ne les respecte pas, et là où je ne suis pas un confident, je deviens un rival. J'espère, mon garçon, que c'est s'exprimer carré-ment vous voyez que je ne vous prends point en traître. -@En effet, dit Ludovic, peu ému de cette bravade. -@Vous riez ! eh bien, nous verrons, reprit le vieil étu-diant. Je vous apportais la paix dans les plis de mon paletot, vous préférez la guerre. Va donc pour la guerre ! et, foi de Melchior, elle sera conduite rondement. Vous pouvez y compter j'ai fait mes preuves. Au moment où il achevait cette déclaration fanfaronne, il se fit un mouvement chez la voisine, et ce que Ludovic avait redouté arriva. Marguerite venait de quitter son siége pour donner quelques soins à ses fleurs. A la vue de Melchior, un incarnat subit se répandit sur ses joues. Il n'y avait là sans doute que l'effet d'une surprise elle rougissait d'être ainsi à découvert pour d'autres yeux que ceux de Ludovic. Cependant elle mit à arroser ses élèves plus de temps qu'elle n'avait coutume de le faire, et semblait goûter, comme toutes les filles d'Ève, le plaisir d'être regardée et admirée par un fort beau garçon. VI Le lendemain, lorsque Ludovic alla rendre à la jeune fille sa visite accoutumée, il remarqua dans son maintien et dans son langage un embarras qui ne lui était point habituel. Marguerite paraissait distraite elle ne répondait que par des monosyllabes aux questions que le jeune homme lui adres-sait il était facile de deviner là-dessous une préoccupation et une arrière-pensée. Ses doigts avaient une activité machi-nale, et un certain frémissement trahissait le travail du cer-veau. Des deux parts, la contrainte était égale et la situation ne pouvait se prolonger. Ce fut la jeune fille qui rompit la glace. | 168 CE QU'ON PEUT VOIR DANS UNE RUE. -C'est bien, passons à mon second principe il est aussi net que le premier. Les amours qu'on me cache, je ne les respecte pas, et là où je ne suis pas un confident, je deviens un rival. J'espère, mon garçon, que c'est s'exprimer carré-ment vous voyez que je ne vous prends point en traître. -En effet, dit Ludovic, peu ému de cette bravade. -Vous riez ! eh bien, nous verrons, reprit le vieil étu-diant. Je vous apportais la paix dans les plis de mon paletot, vous préférez la guerre. Va donc pour la guerre ! et, foi de Melchior, elle sera conduite rondement. Vous pouvez y compter j'ai fait mes preuves. Au moment où il achevait cette déclaration fanfaronne, il se fit un mouvement chez la voisine, et ce que Ludovic avait redouté arriva. Marguerite venait de quitter son siége pour donner quelques soins à ses fleurs. A la vue de Melchior, un incarnat subit se répandit sur ses joues. Il n'y avait là sans doute que l'effet d'une surprise elle rougissait d'être ainsi à découvert pour d'autres yeux que ceux de Ludovic. Cependant elle mit à arroser ses élèves plus de temps qu'elle n'avait coutume de le faire, et semblait goûter, comme toutes les filles d'Ève, le plaisir d'être regardée et admirée par un fort beau garçon. VI Le lendemain, lorsque Ludovic alla rendre à la jeune fille sa visite accoutumée, il remarqua dans son maintien et dans son langage un embarras qui ne lui était point habituel. Marguerite paraissait distraite elle ne répondait que par des monosyllabes aux questions que le jeune homme lui adres-sait il était facile de deviner là-dessous une préoccupation et une arrière-pensée. Ses doigts avaient une activité machi-nale, et un certain frémissement trahissait le travail du cer-veau. Des deux parts, la contrainte était égale et la situation ne pouvait se prolonger. Ce fut la jeune fille qui rompit la glace. | 14 | 0.007459 | 0.038043 |
653.txt | 1,886 | 256 L'ART DE MAGNÉTISER trouve dans les environs de cette ville elle avait dix centi-mètres de circonférence et deux pieds et demi de longueur. Nous l'avons souvent endormie et réveillée en la magnéti-sant directement à travers le vase de verre dans lequel nous la gardions, jusqu'au jour où nous l'avons tuée par le regard. Quelquefois aussi, pour l'endormir, nous avons employé la musique ou, du moins, des sons musicaux. Nous prenions un verre dans lequel nous mettions un peu d'eau nous posions sur le bord le bout de nos doigts et nous les tournions nous obtenions par ce moyen ces sons que chacun connaît aux premières notes, notre vipère levait la tête, tirait la langue, s'agitait un moment puis, les sons devenant plus pleins, plus sonores, elle se laissait aller à leur influence, ses yeux se fermaient, et elle s'endormait aussi profondément que lorsque nous la magnétisions direc-tement. Maintes fois alors nous l'avons prise dans nos mains et posée en liberté dans notre cabinet, malgré le danger qui aurait pu exister si elle n'eût pas été endormie magnétique-ment, mais elle restait immobile sans donner signe de vie. Nous la réinstallions dans son vase de verre, nous la dégagions pour la réveiller, et aussitôt elle se mettait en mouvement et cherchait une issue pour s'échapper. Expériences sur des fleurs Lorsque ie me trouvais à Caen en 1841, un horticulteur avait deux géraniums, dont l'un se mourait et n'avait jamais plus d'une feuille, qui jaunissait et tombait aussitôt l'autre était constamment vert et se conservait très bien. Je magnétisai celui qui se mourait et, après quelques jours, il eut plusieurs feuilles qui ne jaunirent plus. Le géranium prit de la vie et, bientôt après, il fut couvert de feuilles bien plus, il avait dépassé de beaucoup celui qui n'était pas malade. Je continuai à le magnétiser, et il donna des fleurs avant l'autre. Je dus penser, et l'horticulteur également, que le fluide communiqué à cette plante lui avait donné de la force et de - | 256 L'ART DE MAGNÉTISER trouve dans les environs de cette ville elle avait dix centi-mètres de circonférence et deux pieds et demi de longueur. Nous l'avons souvent endormie et réveillée en la magnéti-sant directement à travers le vase de verre dans lequel nous la gardions, jusqu'au jour où nous l'avons tuée par le regard. Quelquefois aussi, pour l'endormir, nous avons employé la musique ou, du moins, des sons musicaux. Nous prenions un verre dans lequel nous mettions un peu d'eau nous posions sur le bord le bout de nos doigts et nous les tournions nous obtenions par ce moyen ces sons que chacun connaît aux premières notes, notre vipère levait la tête, tirait la langue, s'agitait un moment puis, les sons devenant plus pleins, plus sonores, elle se laissait aller à leur influence, ses yeux se fermaient, et elle s'endormait aussi profondément que lorsque nous la magnétisions direc-tement. Maintes fois alors nous l'avons prise dans nos mains et posée en liberté dans notre cabinet, malgré le danger qui aurait pu exister si elle n'eût pas été endormie magnétique-ment, mais elle restait immobile sans donner signe de vie. Nous la réinstallions dans son vase de verre, nous la dégagions pour la réveiller, et aussitôt elle se mettait en mouvement et cherchait une issue pour s'échapper. Expériences sur des fleurs Lorsque ie me trouvais à Caen en 1841, un horticulteur avait deux géraniums, dont l'un se mourait et n'avait jamais plus d'une feuille, qui jaunissait et tombait aussitôt l'autre était constamment vert et se conservait très bien. Je magnétisai celui qui se mourait et, après quelques jours, il eut plusieurs feuilles qui ne jaunirent plus. Le géranium prit de la vie et, bientôt après, il fut couvert de feuilles bien plus, il avait dépassé de beaucoup celui qui n'était pas malade. Je continuai à le magnétiser, et il donna des fleurs avant l'autre. Je dus penser, et l'horticulteur également, que le fluide communiqué à cette plante lui avait donné de la force et de - | 256 L'ART DE MAGNÉTISER trouve dans les environs de cette ville elle avait dix centi-mètres de circonférence et deux pieds et demi de longueur. Nous l'avons souvent endormie et réveillée en la magnéti-sant directement à travers le vase de verre dans lequel nous la gardions, jusqu'au jour où nous l'avons tuée par le regard. Quelquefois aussi, pour l'endormir, nous avons employé la musique ou, du moins, des sons musicaux. Nous prenions un verre dans lequel nous mettions un peu d'eau nous posions sur le bord le bout de nos doigts et nous les tournions nous obtenions par ce moyen ces sons que chacun connait aux premières notes, notre vipère levait la tête, tirait la langue, s'agitait un moment puis, les sons devenant plus pleins, plus sonores, elle se laissait aller à leur influence, ses yeux se fermaient, et elle s'endormait aussi profondément que lorsque nous la magnétisions direc-tement. Maintes fois alors nous l'avons prise dans nos mains et posée en liberté dans notre cabinet, malgré le danger qui aurait pu exister si elle n'eût pas été endormie magnétique-ment, mais elle restait immobile sans donner signe de vie. Nous la réinstallions dans son vase de verre, nous la dégagions pour la réveiller, et aussitôt elle se mettait en mouvement et cherchait une issue pour s'échapper. Expériences sur des fleurs Lorsque je me trouvais à Caen en 1841, un horticulteur avait deux géraniums, dont l'un se mourait et n'avait jamais plus d'une feuille, qui jaunissait et tombait aussitôt l'autre était constamment vert et se conservait très bien. Je magnétisai celui qui se mourait et, après quelques jours, il eut plusieurs feuilles qui ne jaunirent plus. Le géranium prit de la vie et, bientôt après, il fut couvert de feuilles bien plus, il avait dépassé de beaucoup celui qui n'était pas malade. Je continuai à le magnétiser, et il donna des fleurs avant l'autre. Je dus penser, et l'horticulteur également, que le fluide communiqué à cette plante lui avait donné de la force et #### | 256 L'ART DE MAGNÉTISER trouve dans les environs de cette ville elle avait dix centi-mètres de circonférence et deux pieds et demi de longueur. Nous l'avons souvent endormie et réveillée en la magnéti-sant directement à travers le vase de verre dans lequel nous la gardions, jusqu'au jour où nous l'avons tuée par le regard. Quelquefois aussi, pour l'endormir, nous avons employé la musique ou, du moins, des sons musicaux. Nous prenions un verre dans lequel nous mettions un peu d'eau nous posions sur le bord le bout de nos doigts et nous les tournions nous obtenions par ce moyen ces sons que chacun connait aux premières notes, notre vipère levait la tête, tirait la langue, s'agitait un moment puis, les sons devenant plus pleins, plus sonores, elle se laissait aller à leur influence, ses yeux se fermaient, et elle s'endormait aussi profondément que lorsque nous la magnétisions direc-tement. Maintes fois alors nous l'avons prise dans nos mains et posée en liberté dans notre cabinet, malgré le danger qui aurait pu exister si elle n'eût pas été endormie magnétique-ment, mais elle restait immobile sans donner signe de vie. Nous la réinstallions dans son vase de verre, nous la dégagions pour la réveiller, et aussitôt elle se mettait en mouvement et cherchait une issue pour s'échapper. Expériences sur des fleurs Lorsque je me trouvais à Caen en 1841, un horticulteur avait deux géraniums, dont l'un se mourait et n'avait jamais plus d'une feuille, qui jaunissait et tombait aussitôt l'autre était constamment vert et se conservait très bien. Je magnétisai celui qui se mourait et, après quelques jours, il eut plusieurs feuilles qui ne jaunirent plus. Le géranium prit de la vie et, bientôt après, il fut couvert de feuilles bien plus, il avait dépassé de beaucoup celui qui n'était pas malade. Je continuai à le magnétiser, et il donna des fleurs avant l'autre. Je dus penser, et l'horticulteur également, que le fluide communiqué à cette plante lui avait donné de la force et de - | 256 L'ART DE MAGNÉTISER trouve dans les environs de cette ville elle avait dix centi-mètres de circonférence et deux pieds et demi de longueur. Nous l'avons souvent endormie et réveillée en la magnéti-sant directement à travers le vase de verre dans lequel nous la gardions, jusqu'au jour où nous l'avons tuée par le regard. Quelquefois aussi, pour l'endormir, nous avons employé la musique ou, du moins, des sons musicaux. Nous prenions un verre dans lequel nous mettions un peu d'eau nous posions sur le bord le bout de nos doigts et nous les tournions nous obtenions par ce moyen ces sons que chacun connait aux premières notes, notre vipère levait la tête, tirait la langue, s'agitait un moment puis, les sons devenant plus pleins, plus sonores, elle se laissait aller à leur influence, ses yeux se fermaient, et elle s'endormait aussi profondément que lorsque nous la magnétisions direc-tement. Maintes fois alors nous l'avons prise dans nos mains et posée en liberté dans notre cabinet, malgré le danger qui aurait pu exister si elle n'eût pas été endormie magnétique-ment, mais elle restait immobile sans donner signe de vie. Nous la réinstallions dans son vase de verre, nous la dégagions pour la réveiller, et aussitôt elle se mettait en mouvement et cherchait une issue pour s'échapper. Expériences sur des fleurs Lorsque je me trouvais à Caen en 1841, un horticulteur avait deux géraniums, dont l'un se mourait et n'avait jamais plus d'une feuille, qui jaunissait et tombait aussitôt l'autre était constamment vert et se conservait très bien. Je magnétisai celui qui se mourait et, après quelques jours, il eut plusieurs feuilles qui ne jaunirent plus. Le géranium prit de la vie et, bientôt après, il fut couvert de feuilles bien plus, il avait dépassé de beaucoup celui qui n'était pas malade. Je continuai à le magnétiser, et il donna des fleurs avant l'autre. Je dus penser, et l'horticulteur également, que le fluide communiqué à cette plante lui avait donné de la force et de - | 2 | 0.001003 | 0.005391 |
647.txt | 1,886 | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 235 accepter le magnétisme, sans que nous nous occupions du système de Gall. Si l'on veut étudier ce système, on pourra consulter les ouvrages de Gall 1 , Spurzheim 2 , Combe 3 et Fossati 4 . En magnétisant d'une certaine façon telle ou telle partie du cerveau d'un somnambule, j'ai souvent obtenu le déve-loppement de tel ou tel sentiment ainsi, en magnétisant la partie du cerveau où la phrénologie nous indique la vénéra-tion, j'ai toujours vu le sujet tomber à genoux et joindre les mains en les élevant vers le ciel, et en ouvrant les yeux avec un sentiment de prière. De même, lorsque j'ai magnétisé telle autre partie du cerveau, comme celles où l'on nous indique la peur, la colère, la gaieté, la mélancolie, j'ai toujours obtenu un succès complet dans l'expression de ces sentiments. J'entends déjà les magnétiseurs me dire Mais ce sont des transmissions de pensée. Je répondrai Oui, souvent ce sont en effet des transmissions de pensée, quand j'agis, par exemple, sur des sujets qui sont un peu clairvoyants. Mais lorsque j'agis sur des individus qui ne m'ont jamais donné l'ombre de la moindre lucidité, et que j'obtiens les mêmes résultats, je suis obligé de chercher et de plus, quand, prenant deux sujets, qui n'ont jamais rien vu et qui peuvent à peine répondre quand, dis-je, j'agis simultanément sur les deux et sans penser à rien, en attaquant une partie du cerveau chez l'un et une autre partie chez l'autre, et que j'obtiens alors soit la gaieté sur l'un, soit la peur sur l'autre, je suis bien forcé de reconnaître qu'il y a là aussi un effet physique. Faut-il donc admettre que ces phénomènes soient de deux ordres différents ? que, d'une part, il faille les ranger dans 1 Fonctions du cerveau, 1826. 6 vol. in-8. 2 Spurzheim. Observaliotis sur la phrénolome, 1818. 1 vol. in-8. 3 G. Combe, Traité complet de phrénologie, traduit de l'anglais, par le docteur Lebeau, 1841, 2 vol. in-8, avec fig. 4 Fossati, Manuel pratique de phrénologie ou Physiologie du cerveau, d'après les doctrines de Gall, Spurzbeim, Combe, etc., 1815, 1 vol. gr. in-18, avec 37 portraits d'hommes célèbres et 6 figures d'anatomie, intercalés dans le texte. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 235 accepter le magnétisme, sans que nous nous occupions du système de Gall. Si l'on veut étudier ce système, on pourra consulter les ouvrages de Gall 1 , Spurzheim 2 , Combe 3 et Fossati 4 . En magnétisant d'une certaine façon telle ou telle partie du cerveau d'un somnambule, j'ai souvent obtenu le déve-loppement de tel ou tel sentiment ainsi, en magnétisant la partie du cerveau où la phrénologie nous indique la vénéra-tion, j'ai toujours vu le sujet tomber à genoux et joindre les mains en les élevant vers le ciel, et en ouvrant les yeux avec un sentiment de prière. De même, lorsque j'ai magnétisé telle autre partie du cerveau, comme celles où l'on nous indique la peur, la colère, la gaieté, la mélancolie, j'ai toujours obtenu un succès complet dans l'expression de ces sentiments. J'entends déjà les magnétiseurs me dire Mais ce sont des transmissions de pensée. Je répondrai Oui, souvent ce sont en effet des transmissions de pensée, quand j'agis, par exemple, sur des sujets qui sont un peu clairvoyants. Mais lorsque j'agis sur des individus qui ne m'ont jamais donné l'ombre de la moindre lucidité, et que j'obtiens les mêmes résultats, je suis obligé de chercher et de plus, quand, prenant deux sujets, qui n'ont jamais rien vu et qui peuvent à peine répondre quand, dis-je, j'agis simultanément sur les deux et sans penser à rien, en attaquant une partie du cerveau chez l'un et une autre partie chez l'autre, et que j'obtiens alors soit la gaieté sur l'un, soit la peur sur l'autre, je suis bien forcé de reconnaître qu'il y a là aussi un effet physique. Faut-il donc admettre que ces phénomènes soient de deux ordres différents ? que, d'une part, il faille les ranger dans 1 Fonctions du cerveau, 1826. 6 vol. in-8. 2 Spurzheim. Observaliotis sur la phrénolo@me, 1818. 1 vol. in-8. 3 G. Combe, Traité complet de phrénologie, traduit de l'anglais, par le docteur Lebeau, 1841, 2 vol. in-8, avec fig. 4 Fossati, Manuel pratique de phrénologie ou Physiologie du cerveau, d'après les doctrines de Gall, Spurzbeim, Combe, etc., 1815, 1 vol. gr. in-18, avec 37 portraits d'hommes célèbres et 6 figures d'anatomie, intercalés dans le texte. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 235 accepter le magnétisme, sans que nous nous occupions du système de Gall. Si l'on veut étudier ce système, on pourra consulter les ouvrages de Gall 1 , Spurzheim 2 , Combe 3 et Fossati 4 . En magnétisant d'une certaine façon telle ou telle partie du cerveau d'un somnambule, j'ai souvent obtenu le déve-loppement de tel ou tel sentiment ainsi, en magnétisant la partie du cerveau où la phrénologie nous indique la vénéra-tion, j'ai toujours vu le sujet tomber à genoux et joindre les mains en les élevant vers le ciel, et en ouvrant les yeux avec un sentiment de prière. De même, lorsque j'ai magnétisé telle autre partie du cerveau, comme celles où l'on nous indique la peur, la colère, la gaieté, la mélancolie, j'ai toujours obtenu un succès complet dans l'expression de ces sentiments. J'entends déjà les magnétiseurs me dire Mais ce sont des transmissions de pensée. Je répondrai Oui, souvent ce sont en effet des transmissions de pensée, quand j'agis, par exemple, sur des sujets qui sont un peu clairvoyants. Mais lorsque j'agis sur des individus qui ne m'ont jamais donné l'ombre de la moindre lucidité, et que j'obtiens les mêmes résultats, je suis obligé de chercher et de plus, quand, prenant deux sujets, qui n'ont jamais rien vu et qui peuvent à peine répondre quand, dis-je, j'agis simultanément sur les deux et sans penser à rien, en attaquant une partie du cerveau chez l'un et une autre partie chez l'autre, et que j'obtiens alors soit la gaieté sur l'un, soit la peur sur l'autre, je suis bien forcé de reconnaître qu'il y a là aussi un effet physique. Faut-il donc admettre que ces phénomènes soient de deux ordres différents ? que, d'une part, il faille les ranger dans 1 Fonctions du cerveau, 1826. 6 vol. in-8. 2 Spurzheim. Observatio@ns sur la phrénologie, 1818. 1 vol. in-8. 3 G. Combe, Traité complet de phrénologie, traduit de l'anglais, par le docteur Lebeau, 1814, 2 vol. in-8. avec fig. 4 Fossati, Manuel pratique de phrénologie ou Physiologie du cerveau, d'après les doctrines de Gall, Spurzheim, Combe, etc., 1815, 1 vol. gr. in-18, avec 37 portraits d'hommes célèbres et 6 figures d'anatomie, intercalés dans le texte. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 235 accepter le magnétisme, sans que nous nous occupions du système de Gall. Si l'on veut étudier ce système, on pourra consulter les ouvrages de Gall 1 , Spurzheim 2 , Combe 3 et Fossati 4 . En magnétisant d'une certaine façon telle ou telle partie du cerveau d'un somnambule, j'ai souvent obtenu le déve-loppement de tel ou tel sentiment ainsi, en magnétisant la partie du cerveau où la phrénologie nous indique la vénéra-tion, j'ai toujours vu le sujet tomber à genoux et joindre les mains en les élevant vers le ciel, et en ouvrant les yeux avec un sentiment de prière. De même, lorsque j'ai magnétisé telle autre partie du cerveau, comme celles où l'on nous indique la peur, la colère, la gaieté, la mélancolie, j'ai toujours obtenu un succès complet dans l'expression de ces sentiments. J'entends déjà les magnétiseurs me dire Mais ce sont des transmissions de pensée. Je répondrai Oui, souvent ce sont en effet des transmissions de pensée, quand j'agis, par exemple, sur des sujets qui sont un peu clairvoyants. Mais lorsque j'agis sur des individus qui ne m'ont jamais donné l'ombre de la moindre lucidité, et que j'obtiens les mêmes résultats, je suis obligé de chercher et de plus, quand, prenant deux sujets, qui n'ont jamais rien vu et qui peuvent à peine répondre quand, dis-je, j'agis simultanément sur les deux et sans penser à rien, en attaquant une partie du cerveau chez l'un et une autre partie chez l'autre, et que j'obtiens alors soit la gaieté sur l'un, soit la peur sur l'autre, je suis bien forcé de reconnaître qu'il y a là aussi un effet physique. Faut-il donc admettre que ces phénomènes soient de deux ordres différents ? que, d'une part, il faille les ranger dans 1 Fonctions du cerveau, 1826. 6 vol. in-8. 2 Spurzheim. Observatio@ns sur la phrénologie, 1818. 1 vol. in-8. 3 G. Combe, Traité complet de phrénologie, traduit de l'anglais, par le docteur Lebeau, 1814, 2 vol. in-8. avec fig. 4 Fossati, Manuel pratique de phrénologie ou Physiologie du cerveau, d'après les doctrines de Gall, Spurzheim, Combe, etc., 1815, 1 vol. gr. in-18, avec 37 portraits d'hommes célèbres et 6 figures d'anatomie, intercalés dans le texte. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 235 accepter le magnétisme, sans que nous nous occupions du système de Gall. Si l'on veut étudier ce système, on pourra consulter les ouvrages de Gall 1 , Spurzheim 2 , Combe 3 et Fossati 4 . En magnétisant d'une certaine façon telle ou telle partie du cerveau d'un somnambule, j'ai souvent obtenu le déve-loppement de tel ou tel sentiment ainsi, en magnétisant la partie du cerveau où la phrénologie nous indique la vénéra-tion, j'ai toujours vu le sujet tomber à genoux et joindre les mains en les élevant vers le ciel, et en ouvrant les yeux avec un sentiment de prière. De même, lorsque j'ai magnétisé telle autre partie du cerveau, comme celles où l'on nous indique la peur, la colère, la gaieté, la mélancolie, j'ai toujours obtenu un succès complet dans l'expression de ces sentiments. J'entends déjà les magnétiseurs me dire Mais ce sont des transmissions de pensée. Je répondrai Oui, souvent ce sont en effet des transmissions de pensée, quand j'agis, par exemple, sur des sujets qui sont un peu clairvoyants. Mais lorsque j'agis sur des individus qui ne m'ont jamais donné l'ombre de la moindre lucidité, et que j'obtiens les mêmes résultats, je suis obligé de chercher et de plus, quand, prenant deux sujets, qui n'ont jamais rien vu et qui peuvent à peine répondre quand, dis-je, j'agis simultanément sur les deux et sans penser à rien, en attaquant une partie du cerveau chez l'un et une autre partie chez l'autre, et que j'obtiens alors soit la gaieté sur l'un, soit la peur sur l'autre, je suis bien forcé de reconnaître qu'il y a là aussi un effet physique. Faut-il donc admettre que ces phénomènes soient de deux ordres différents ? que, d'une part, il faille les ranger dans 1 Fonctions du cerveau, 1826. 6 vol. in-8. 2 Spurzheim. Observations sur la phrénologie, 1818. 1 vol. in-8. 3 G. Combe, Traité complet de phrénologie, traduit de l'anglais, par le docteur Lebeau, 1814, 2 vol. in-8. avec fig. 4 Fossati, Manuel pratique de phrénologie ou Physiologie du cerveau, d'après les doctrines de Gall, Spurzheim, Combe, etc., 1815, 1 vol. gr. in-18, avec 37 portraits d'hommes célèbres et 6 figures d'anatomie, intercalés dans le texte. | 9 | 0.004136 | 0.020785 |
121.txt | 1,821 | 73 sages pour les cas d'imprudence et d'entêtement, car il ne faut pas se le dissimuler, les meilleurs champignons causent des accidens très-graveslorsqu'on en mange trop ou même lorsque , sans en avoir fait excès , l'estomac est hors d'état dp les digérer. Le plus prudent serais de n'en manger d'aucune sorte mais comment vaincre l'es-pèce de dépravation qui fait hasarder sa vie pour satis-faire à la sensualité d'un moment ? On trouve très-communément dans les lieux maréca-geux des herbes extrêmement petites, flottantes à la sur-face de l'onde et destinées à en retarder la putréfaction et à absorber l'air malfaisant elles sont appelées lenticu-les et par les botanistes lemna. Jusqu'en 1815 , le genre de ces plantes était mal connu MICHEU, EHRHARDT et WOLF n'avaient fait qu'en effleurer l'histoire. PALISOT DE BEAU VOIS en a le premier recueilli les graines mûres , il les a fait germer, en a suivi très-attentivement les diver-ses périodes de végétation , et a reconnu que la fleur est hermaphrodite, à enveloppe d'une seule pièce, à deux éta-mines qui se montrent et se déployent successivement, à style unique, à ovaire supëre devenant une capsule uniio-culaire, se déchirant circulairement à sa hase, et contenant de une à quatre semences striées. La fructification est située dans le point de réunion des feuilles 1 . La len-dessins corrects des 23 espèces de champignons estimés comestibles qui en feraient connaître les couleurs et les nuances. Je me propose de la publier incessamment dans ma Bibliothèque physico-économique. 1 Mémoires inédits lus à l'Institut les 31 octobre 1814 et 1 1 septembre 1815, et accompagnés de figures. | 73 sages pour les cas d'imprudence et d'entêtement, car il ne faut pas se le dissimuler, les meilleurs champignons causent des accidens très-graveslorsqu'on en mange trop ou même lorsque , sans en avoir fait excès , l'estomac est hors d'état dp les digérer. Le plus prudent serais de n'en manger d'aucune sorte mais comment vaincre l'es-pèce de dépravation qui fait hasarder sa vie pour satis-faire à la sensualité d'un moment ? On trouve très-communément dans les lieux maréca-geux des herbes extrêmement petites, flottantes à la sur-face de l'onde et destinées à en retarder la putréfaction et à absorber l'air malfaisant elles sont appelées lenticu-les et par les botanistes lemna. Jusqu'en 1815 , le genre de ces plantes était mal connu MICHE@U, EHRHARDT et WOLF n'avaient fait qu'en effleurer l'histoire. PALISOT DE BEAU VOIS en a le premier recueilli les graines mûres , il les a fait germer, en a suivi très-attentivement les diver-ses périodes de végétation , et a reconnu que la fleur est hermaphrodite, à enveloppe d'une seule pièce, à deux éta-mines qui se montrent et se déployent successivement, à style unique, à ovaire supëre devenant une capsule uniio-culaire, se déchirant circulairement à sa hase, et contenant de une à quatre semences striées. La fructification est située dans le point de réunion des feuilles 1 . La len-@@@@dessins corrects des 23 espèces de champignons estimés comestibles qui en feraient connaître les couleurs et les nuances. Je me propose de la publier incessamment dans ma Bibliothèque physico-économique. 1 Mémoires inédits lus à l'Institut les 31 octobre 1814 et 1 1 septembre 1815, et accompagnés de figures. | ######## pour les cas d'imprudence et d'entêtement, car il ne faut pas se le dissimuler, les meilleurs champignons causent des accidens très-graveslorsqu'on en mange trop ou même lorsque , sans en avoir fait excès , l'estomac est hors d'état de les digérer. Le plus prudent serais de n'en manger d'aucune sorte mais comment vaincre l'es-pèce de dépravation qui fait hasarder sa vie pour satis-faire à la sensualité d'un moment ? On trouve très-communément dans les lieux maréca-geux des herbes extrêmement petites, flottantes à la sur-face de l'onde et destinées à en retarder la putréfaction et à absorber l'air malfaisant elles sont appelées lenticu-les et par les botanistes lemna. Jusqu'en 1815 , le genre de ces plantes était mal connu MICHELI, EHRHARDT et WOLF n'avaient fait qu'en effleurer l'histoire. PALISOT DE BEAU@VOIS en a le premier recueilli les graines mûres , il les a fait germer, en a suivi très-attentivement les diver-ses périodes de végétation , et a reconnu que la fleur est hermaphrodite, à enveloppe d'une seule pièce, à deux éta-mines qui se montrent et se déployent successivement, à style unique, à ovaire supère devenant une capsule unilo-culaire, se déchirant circulairement à sa base, et contenant de une à quatre semences striées. La fructification est située dans le point de réunion des feuilles 1 . La len- 73 dessins corrects des 23 espèces de champignons estimés comestibles qui en feraient connaître les couleurs et les nuances. Je me propose de la publier incessamment dans ma Bibliothèque physico-économique. 1 Mémoires inédits lus à l'Institut les 31 octobre 1814 et 1@1 septembre 1815, et accompagnés de figures. | 73 sages pour les cas d'imprudence et d'entêtement, car il ne faut pas se le dissimuler, les meilleurs champignons causent des accidens très-graveslorsqu'on en mange trop ou même lorsque , sans en avoir fait excès , l'estomac est hors d'état de les digérer. Le plus prudent serais de n'en manger d'aucune sorte mais comment vaincre l'es-pèce de dépravation qui fait hasarder sa vie pour satis-faire à la sensualité d'un moment ? On trouve très-communément dans les lieux maréca-geux des herbes extrêmement petites, flottantes à la sur-face de l'onde et destinées à en retarder la putréfaction et à absorber l'air malfaisant elles sont appelées lenticu-les et par les botanistes lemna. Jusqu'en 1815 , le genre de ces plantes était mal connu MICHELI, EHRHARDT et WOLF n'avaient fait qu'en effleurer l'histoire. PALISOT DE BEAU@VOIS en a le premier recueilli les graines mûres , il les a fait germer, en a suivi très-attentivement les diver-ses périodes de végétation , et a reconnu que la fleur est hermaphrodite, à enveloppe d'une seule pièce, à deux éta-mines qui se montrent et se déployent successivement, à style unique, à ovaire supère devenant une capsule unilo-culaire, se déchirant circulairement à sa base, et contenant de une à quatre semences striées. La fructification est située dans le point de réunion des feuilles 1 . La len- 73 dessins corrects des 23 espèces de champignons estimés comestibles qui en feraient connaître les couleurs et les nuances. Je me propose de la publier incessamment dans ma Bibliothèque physico-économique. 1 Mémoires inédits lus à l'Institut les 31 octobre 1814 et 1@1 septembre 1815, et accompagnés de figures. | 73 sages pour les cas d'imprudence et d'entêtement, car il ne faut pas se le dissimuler, les meilleurs champignons causent des accidens très-graveslorsqu'on en mange trop ou même lorsque , sans en avoir fait excès , l'estomac est hors d'état de les digérer. Le plus prudent serais de n'en manger d'aucune sorte mais comment vaincre l'es-pèce de dépravation qui fait hasarder sa vie pour satis-faire à la sensualité d'un moment ? On trouve très-communément dans les lieux maréca-geux des herbes extrêmement petites, flottantes à la sur-face de l'onde et destinées à en retarder la putréfaction et à absorber l'air malfaisant elles sont appelées lenticu-les et par les botanistes lemna. Jusqu'en 1815 , le genre de ces plantes était mal connu MICHELI, EHRHARDT et WOLF n'avaient fait qu'en effleurer l'histoire. PALISOT DE BEAUVOIS en a le premier recueilli les graines mûres , il les a fait germer, en a suivi très-attentivement les diver-ses périodes de végétation , et a reconnu que la fleur est hermaphrodite, à enveloppe d'une seule pièce, à deux éta-mines qui se montrent et se déployent successivement, à style unique, à ovaire supère devenant une capsule unilo-culaire, se déchirant circulairement à sa base, et contenant de une à quatre semences striées. La fructification est située dans le point de réunion des feuilles 1 . La len- 73 dessins corrects des 23 espèces de champignons estimés comestibles qui en feraient connaître les couleurs et les nuances. Je me propose de la publier incessamment dans ma Bibliothèque physico-économique. 1 Mémoires inédits lus à l'Institut les 31 octobre 1814 et 11 septembre 1815, et accompagnés de figures. | 12 | 0.007264 | 0.042105 |
109.txt | 1,821 | 61 pour des variétés, rendent cette nouvelle production précieuse pour les botanistes. Les lycopodes , perdus jusqu'ici comme genre, tantôt parmi lès mousses, tantôt parmi les fougères , prennent dans l'selhéogamie le pénultième rang, et deviennent in-termédiaires entre les cinq et septième familles naturelles des plantes à noces insolites Les lycopodes croissent de la même manière que les mousses , dont ils ont à quelques égards le port et le facies, mais ils s'en éloignent par la forme tout-à-fait différente des fleurs ils ont plus de rapports à cet égard avec les fougères, mais ils s'en éloi-gnent par la manière de croître et par l'anneau élastique qui accompagne toujours la fructification. Cette famille contient sept genres bien distincts, quant à la disposition des fleurs mâles 1 . Les fougères forment le septième et dernier échelon des familles oethéogames 2 . Comme toutes les plantes de cette classe, elles sont munies de sexes et ne se ré-génèrent point par des gemmes ou des propagules ainsi que l'ont démontré les expériences de MM. LINDSAY , DE MIRBEL et THOUÏN. Le Prodrome d'cethéogarnie 3 est le travail le plus im-portant qui ait été entrepris sur une classe nombreuse de plantes difficiles à étudier, très-peu connues, et avec lesquelles la plupart des botanistes les plus célèbres ne sont pas eux-mêmes très-familiers c'est donc un service 1 Prodrome d'oethéogamie, pag. 95 à 114. 2 Le travail sur les fougères est demeuré incomplet. 3 Cet ouvrage publié séparément, a été imprimé en entier dans le Magasin encyclopédique, tom. V de la IXe. année, p. 289-330 et 472-483. | 61 pour des variétés, rendent cette nouvelle production précieuse pour les botanistes. Les lycopodes , perdus jusqu'ici comme genre, tantôt parmi lès mousses, tantôt parmi les fougères , prennent dans l'selhéogamie le pénultième rang, et deviennent in-termédiaires entre les cinq et septième familles naturelles des plantes à noces insolites Les lycopodes croissent de la même manière que les mousses , dont ils ont à quelques égards le port et le facies, mais ils s'en éloignent par la forme tout-à-fait différente des fleurs ils ont plus de rapports à cet égard avec les fougères, mais ils s'en éloi-gnent par la manière de croître et par l'anneau élastique qui accompagne toujours la fructification. Cette famille contient sept genres bien distincts, quant à la disposition des fleurs mâles 1 . Les fougères forment le septième et dernier échelon des familles oethéogames 2 . Comme toutes les plantes de cette classe, elles sont munies de sexes et ne se ré-génèrent point par des gemmes ou des propagules ainsi que l'ont démontré les expériences de MM. LINDSAY , DE MIRBEL et THOUÏN. Le Prodrome d'cethéogarnie 3 est le travail le plus im-portant qui ait été entrepris sur une classe nombreuse de plantes difficiles à étudier, très-peu connues, et avec lesquelles la plupart des botanistes les plus célèbres ne sont pas eux-mêmes très-familiers c'est donc un service @1 @@Prodrome d'oethéogamie, pag. 95 à 114. 2 Le travail sur les fougères est demeuré incomplet. 3 Cet ouvrage publié séparément, a été imprimé en entier dans le Magasin encyclopédique, tom. V de la IXe. année, p. 289-330 et 472-483. | ####### des variétés, rendent cette nouvelle production précieuse pour les botanistes. Les lycopodes , perdus jusqu'ici comme genre, tantôt parmi les mousses, tantôt parmi les fougères , prennent dans l'aethéogamie le pénultième rang, et deviennent in-termédiaires entre les cinq et septième familles naturelles des plantes à noces insolites Les lycopodes croissent de la même manière que les mousses , dont ils ont à quelques égards le port et le facies, mais ils s'en éloignent par la forme tout-à-fait différente des fleurs ils ont plus de rapports à cet égard avec les fougères, mais ils s'en éloi-gnent par la manière de croître et par l'anneau élastique qui accompagne toujours la fructification. Cette famille contient sept genres bien distincts, quant à la disposition des fleurs mâles 1 . Les fougères forment le septième et dernier échelon des familles aethéogames 2 . Comme toutes les plantes de cette classe, elles sont munies de sexes et ne se ré-génèrent point par des gemmes ou des propagules ainsi que l'ont démontré les expériences de MM. LINDSAY , DE MIRBEL et THOUÏN. Le Prodrome d'oethéoga@mie 3 est le travail le plus im-portant qui ait été entrepris sur une classe nombreuse de plantes difficiles à étudier, très-peu connues, et avec lesquelles la plupart des botanistes les plus célèbres ne sont pas eux-mêmes très-familiers c'est donc un service 61 1 Prodrome d'oethéogamie, pag. 95 à 114. 2 Le travail sur les fougères est demeuré incomplet. 3 Cet ouvrage publié séparément, a été imprimé en entier dans le Magasin encyclopédique, tom. V de la IXe. année, p. 289-330 et 472-483. | 61 pour des variétés, rendent cette nouvelle production précieuse pour les botanistes. Les lycopodes , perdus jusqu'ici comme genre, tantôt parmi les mousses, tantôt parmi les fougères , prennent dans l'aethéogamie le pénultième rang, et deviennent in-termédiaires entre les cinq et septième familles naturelles des plantes à noces insolites Les lycopodes croissent de la même manière que les mousses , dont ils ont à quelques égards le port et le facies, mais ils s'en éloignent par la forme tout-à-fait différente des fleurs ils ont plus de rapports à cet égard avec les fougères, mais ils s'en éloi-gnent par la manière de croître et par l'anneau élastique qui accompagne toujours la fructification. Cette famille contient sept genres bien distincts, quant à la disposition des fleurs mâles 1 . Les fougères forment le septième et dernier échelon des familles aethéogames 2 . Comme toutes les plantes de cette classe, elles sont munies de sexes et ne se ré-génèrent point par des gemmes ou des propagules ainsi que l'ont démontré les expériences de MM. LINDSAY , DE MIRBEL et THOUÏN. Le Prodrome d'oethéoga@mie 3 est le travail le plus im-portant qui ait été entrepris sur une classe nombreuse de plantes difficiles à étudier, très-peu connues, et avec lesquelles la plupart des botanistes les plus célèbres ne sont pas eux-mêmes très-familiers c'est donc un service 61 1 Prodrome d'oethéogamie, pag. 95 à 114. 2 Le travail sur les fougères est demeuré incomplet. 3 Cet ouvrage publié séparément, a été imprimé en entier dans le Magasin encyclopédique, tom. V de la IXe. année, p. 289-330 et 472-483. | 61 pour des variétés, rendent cette nouvelle production précieuse pour les botanistes. Les lycopodes , perdus jusqu'ici comme genre, tantôt parmi les mousses, tantôt parmi les fougères , prennent dans l'aethéogamie le pénultième rang, et deviennent in-termédiaires entre les cinq et septième familles naturelles des plantes à noces insolites Les lycopodes croissent de la même manière que les mousses , dont ils ont à quelques égards le port et le facies, mais ils s'en éloignent par la forme tout-à-fait différente des fleurs ils ont plus de rapports à cet égard avec les fougères, mais ils s'en éloi-gnent par la manière de croître et par l'anneau élastique qui accompagne toujours la fructification. Cette famille contient sept genres bien distincts, quant à la disposition des fleurs mâles 1 . Les fougères forment le septième et dernier échelon des familles aethéogames 2 . Comme toutes les plantes de cette classe, elles sont munies de sexes et ne se ré-génèrent point par des gemmes ou des propagules ainsi que l'ont démontré les expériences de MM. LINDSAY , DE MIRBEL et THOUÏN. Le Prodrome d'oethéogamie 3 est le travail le plus im-portant qui ait été entrepris sur une classe nombreuse de plantes difficiles à étudier, très-peu connues, et avec lesquelles la plupart des botanistes les plus célèbres ne sont pas eux-mêmes très-familiers c'est donc un service 61 1 Prodrome d'oethéogamie, pag. 95 à 114. 2 Le travail sur les fougères est demeuré incomplet. 3 Cet ouvrage publié séparément, a été imprimé en entier dans le Magasin encyclopédique, tom. V de la IXe. année, p. 289-330 et 472-483. | 10 | 0.006242 | 0.034965 |
492.txt | 1,871 | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 27 Le traducteur, M. Dally, la corvobore dans une longue introduction. Il a voulu donner la raison philosophique du matérialisme. Vous y voyez briller des lumières comme celles-ci il dit avec Alfred Maury a Supprimez le monde, et l'Etre suprême ne devient plus nécessaire le néant seul peut être conçu s. Mais de quel droit suppose-t-on que l'Etre nécessaire ne se suffit pas à lui-même, et que l'infini n'est pas indépendant du fini? Comment soutenir, contre le sens commun, que l'ordre universel et une existence éternelle trouve son principe et sa raison dans une matière brute et inconsciente d'elle-même ? Quoi ! la sagesse, la raison, l'ordre vient de l'absence de raison! vous ne voulez pas de la création de la matière ex nihilo, et vous admettez, ce qui est infiniment plus difficile, la naissance de l'intelligence ex nihilo, comme si la matière pouvait produire ce qu'elle n'a pas. Vous admettez même que le monde marche comme s'il était conduit par une sagesse et une intelligence dont on ne peut pénétrer la profondeur et les admirables effets et cela sans qu'il y ait intelligence. Avani de nous déposséder de nos croyances, donnez vos preuves. M. Dally en a si peu que, à la page 45, il déclare positivement Des causes nous ne savons rien . Avouez du moins qu'il y en a une, et n'admettez plus d'effet sans cause, et d'ordre sans ordonnateur. M. Dally ne se rendra pas il regarde comme dangereuse l'hypothèse d'une force unique, dont l'action secrète déterminerait les formes apparen-tes des choses . Voilà une théophobie bien caractérisée. Cela veut dire qu'on doit se passer de Dieu et qu'on peut expliquer scientifiquement l'univers sans lui. Mais si Dieu y est réellement, comme le sens commun le veut, ces phrases superbes ne l'en chasseront pas et comme Dieu est la première et fonda-mentale vérité, les vérités dérivées ne se débrouilleront pas si ce n'est à la clarté de cette source lumineuse. M. Daily va nous en donner la preuve. Quoiqu'il ne a sache rien des causes , il en a imaginé une et vous allez juger cette invention qui doit supplanter la divinité, p. 21. La voie la plus simple est d'admettre que les germes d'un monde organique dispersés dans l'espace se sont développés le jour où ils ont trouvé dans les mers primitives, ou sur le sol, les conditions nécessaires à leur éclosion D. Mais les mers elles-mêmes, et les continents, et les mondes, viennent-ils ausssi d'un oeuf? Convenons que ces oeufs, en germes, se pro-menant dans les espaces pendant une éternité, et qui trouvent enfin l'à-pro-pos d'une mer et d'un sol tout préparés, remplacent bien avantageusement notre Dieu tout-puissant. Mais, avec ce système de germes partout répandus, nous devons avoir des générations spontanées à l'infini. Pourquoi n'en trouve-t-on nulle part? Et on nous dit gravement que c'est là de la science, et que l'idée de Dieu n'est pas scientifique ! Laissez, s'il vous plaît, ces messieurs entrer dans quelques détails, et vous aurez de plus en plus une idée de la force et de la lucidité de leur science. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 27 Le traducteur, M. Dally, la corvobore dans une longue introduction. Il a voulu donner la raison philosophique du matérialisme. Vous y voyez briller des lumières comme celles-ci il dit avec Alfred Maury a Supprimez le monde, et l'Etre suprême ne devient plus nécessaire le néant seul peut être conçu s. Mais de quel droit suppose-t-on que l'Etre nécessaire ne se suffit pas à lui-même, et que l'infini n'est pas indépendant du fini? Comment soutenir, contre le sens commun, que l'ordre universel et une existence éternelle trouve son principe et sa raison dans une matière brute et inconsciente d'elle-même ? Quoi ! la sagesse, la raison, l'ordre vient de l'absence de raison! vous ne voulez pas de la création de la matière ex nihilo, et vous admettez, ce qui est infiniment plus difficile, la naissance de l'intelligence ex nihilo, comme si la matière pouvait produire ce qu'elle n'a pas. Vous admettez même que le monde marche comme s'il était conduit par une sagesse et une intelligence dont on ne peut pénétrer la profondeur et les admirables effets et cela sans qu'il y ait intelligence. Avani de nous déposséder de nos croyances, donnez vos preuves. M. Dally en a si peu que, à la page 45, il déclare positivement Des causes nous ne savons rien . Avouez du moins qu'il y en a une, et n'admettez plus d'effet sans cause, et d'ordre sans ordonnateur. M. Dally ne se rendra pas il regarde comme dangereuse l'hypothèse d'une force unique, dont l'action secrète déterminerait les formes apparen-tes des choses . Voilà une théophobie bien caractérisée. Cela veut dire qu'on doit se passer de Dieu et qu'on peut expliquer scientifiquement l'univers sans lui. Mais si Dieu y est réellement, comme le sens commun le veut, ces phrases superbes ne l'en chasseront pas et comme Dieu est la première et fonda-mentale vérité, les vérités dérivées ne se débrouilleront pas si ce n'est à la clarté de cette source lumineuse. M. Daily va nous en donner la preuve. Quoiqu'il ne a sache rien des causes , il en a imaginé une et vous allez juger cette invention qui doit supplanter la divinité, p. 21. La voie la plus simple est d'admettre que les germes d'un monde organique dispersés dans l'espace se sont développés le jour où ils ont trouvé dans les mers primitives, ou sur le sol, les conditions nécessaires à leur éclosion D. Mais les mers elles-mêmes, et les continents, et les mondes, viennent-ils ausssi d'un oeuf? Convenons que ces oeufs, en germes, se pro-menant dans les espaces pendant une éternité, et qui trouvent enfin l'à-pro-pos d'une mer et d'un sol tout préparés, remplacent bien avantageusement notre Dieu tout-puissant. Mais, avec ce système de germes partout répandus, nous devons avoir des générations spontanées à l'infini. Pourquoi n'en trouve-t-on nulle part? Et on nous dit gravement que c'est là de la science, et que l'idée de Dieu n'est pas scientifique ! Laissez, s'il vous plaît, ces messieurs entrer dans quelques détails, et vous aurez de plus en plus une idée de la force et de la lucidité de leur science. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 27 Le traducteur, M. Dally, la corrobore dans une longue introduction. Il a voulu donner la raison philosophique du matérialisme. Vous y voyez briller des lumières comme celles-ci il dit avec Alfred Maury@@ Supprimez le monde, et l'Etre suprême ne devient plus nécessaire le néant seul peut être conçu @. Mais de quel droit suppose-t-on que l'Etre nécessaire ne se suffit pas à lui-même, et que l'infini n'est pas indépendant du fini? Comment soutenir, contre le sens commun, que l'ordre universel et une existence éternelle trouve son principe et sa raison dans une matière brute et inconsciente d'elle-même@? Quoi@! la sagesse, la raison, l'ordre vient de l'absence de raison! vous ne voulez pas de la création de la matière ex nihilo, et vous admettez, ce qui est infiniment plus difficile, la naissance de l'intelligence ex nihilo, comme si la matière pouvait produire ce qu'elle n'a pas. Vous admettez même que le monde marche comme s'il était conduit par une sagesse et une intelligence dont on ne peut pénétrer la profondeur et les admirables effets et cela sans qu'il y ait intelligence. Avant de nous déposséder de nos croyances, donnez vos preuves. M. Dally en a si peu que, à la page 15, il déclare positivement Des causes nous ne savons rien . Avouez du moins qu'il y en a une, et n'admettez plus d'effet sans cause, et d'ordre sans ordonnateur. M. Dally ne se rendra pas il regarde comme dangereuse l'hypothèse d'une force unique, dont l'action secrète déterminerait les formes apparen-tes des choses . Voilà une théophobie bien caractérisée. Cela veut dire qu'on doit se passer de Dieu et qu'on peut expliquer scientifiquement l'univers sans lui. Mais si Dieu y est réellement, comme le sens commun le veut, ces phrases superbes ne l'en chasseront pas et comme Dieu est la première et fonda-mentale vérité, les vérités dérivées ne se débrouilleront pas si ce n'est à la clarté de cette source lumineuse. M. Dally va nous en donner la preuve. Quoiqu'il ne@@ sache rien des causes , il en a imaginé une et vous allez juger cette invention qui doit supplanter la divinité. p. 21. La voie la plus simple est d'admettre que les germes d'un monde organique dispersés dans l'espace se sont développés le jour où ils ont trouvé dans les mers primitives, ou sur le sol, les conditions nécessaires à leur éclosion @. Mais les mers elles-mêmes, et les continents, et les mondes, viennent-ils au@ssi d'un oeuf? Convenons que ces oeufs, en germes, se pro-menant dans les espaces pendant une éternité, et qui trouvent enfin l'à-pro-pos d'une mer et d'un sol tout préparés, remplacent bien avantageusement notre Dieu tout-puissant. Mais, avec ce système de germes partout répandus, nous devons avoir des générations spontanées à l'infini. Pourquoi n'en trouve-t-on nulle part? Et on nous dit gravement que c'est là de la science, et que l'idée de Dieu n'est pas scientifique@! Laissez, s'il vous plaît, ces messieurs entrer dans quelques détails, et vous aurez de plus en plus une idée de la force et de la lucidité de leur science. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 27 Le traducteur, M. Dally, la corrobore dans une longue introduction. Il a voulu donner la raison philosophique du matérialisme. Vous y voyez briller des lumières comme celles-ci il dit avec Alfred Maury@@ Supprimez le monde, et l'Etre suprême ne devient plus nécessaire le néant seul peut être conçu @. Mais de quel droit suppose-t-on que l'Etre nécessaire ne se suffit pas à lui-même, et que l'infini n'est pas indépendant du fini? Comment soutenir, contre le sens commun, que l'ordre universel et une existence éternelle trouve son principe et sa raison dans une matière brute et inconsciente d'elle-même@? Quoi@! la sagesse, la raison, l'ordre vient de l'absence de raison! vous ne voulez pas de la création de la matière ex nihilo, et vous admettez, ce qui est infiniment plus difficile, la naissance de l'intelligence ex nihilo, comme si la matière pouvait produire ce qu'elle n'a pas. Vous admettez même que le monde marche comme s'il était conduit par une sagesse et une intelligence dont on ne peut pénétrer la profondeur et les admirables effets et cela sans qu'il y ait intelligence. Avant de nous déposséder de nos croyances, donnez vos preuves. M. Dally en a si peu que, à la page 15, il déclare positivement Des causes nous ne savons rien . Avouez du moins qu'il y en a une, et n'admettez plus d'effet sans cause, et d'ordre sans ordonnateur. M. Dally ne se rendra pas il regarde comme dangereuse l'hypothèse d'une force unique, dont l'action secrète déterminerait les formes apparen-tes des choses . Voilà une théophobie bien caractérisée. Cela veut dire qu'on doit se passer de Dieu et qu'on peut expliquer scientifiquement l'univers sans lui. Mais si Dieu y est réellement, comme le sens commun le veut, ces phrases superbes ne l'en chasseront pas et comme Dieu est la première et fonda-mentale vérité, les vérités dérivées ne se débrouilleront pas si ce n'est à la clarté de cette source lumineuse. M. Dally va nous en donner la preuve. Quoiqu'il ne@@ sache rien des causes , il en a imaginé une et vous allez juger cette invention qui doit supplanter la divinité. p. 21. La voie la plus simple est d'admettre que les germes d'un monde organique dispersés dans l'espace se sont développés le jour où ils ont trouvé dans les mers primitives, ou sur le sol, les conditions nécessaires à leur éclosion @. Mais les mers elles-mêmes, et les continents, et les mondes, viennent-ils au@ssi d'un oeuf? Convenons que ces oeufs, en germes, se pro-menant dans les espaces pendant une éternité, et qui trouvent enfin l'à-pro-pos d'une mer et d'un sol tout préparés, remplacent bien avantageusement notre Dieu tout-puissant. Mais, avec ce système de germes partout répandus, nous devons avoir des générations spontanées à l'infini. Pourquoi n'en trouve-t-on nulle part? Et on nous dit gravement que c'est là de la science, et que l'idée de Dieu n'est pas scientifique@! Laissez, s'il vous plaît, ces messieurs entrer dans quelques détails, et vous aurez de plus en plus une idée de la force et de la lucidité de leur science. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 27 Le traducteur, M. Dally, la corrobore dans une longue introduction. Il a voulu donner la raison philosophique du matérialisme. Vous y voyez briller des lumières comme celles-ci il dit avec Alfred Maury Supprimez le monde, et l'Etre suprême ne devient plus nécessaire le néant seul peut être conçu . Mais de quel droit suppose-t-on que l'Etre nécessaire ne se suffit pas à lui-même, et que l'infini n'est pas indépendant du fini? Comment soutenir, contre le sens commun, que l'ordre universel et une existence éternelle trouve son principe et sa raison dans une matière brute et inconsciente d'elle-même? Quoi! la sagesse, la raison, l'ordre vient de l'absence de raison! vous ne voulez pas de la création de la matière ex nihilo, et vous admettez, ce qui est infiniment plus difficile, la naissance de l'intelligence ex nihilo, comme si la matière pouvait produire ce qu'elle n'a pas. Vous admettez même que le monde marche comme s'il était conduit par une sagesse et une intelligence dont on ne peut pénétrer la profondeur et les admirables effets et cela sans qu'il y ait intelligence. Avant de nous déposséder de nos croyances, donnez vos preuves. M. Dally en a si peu que, à la page 15, il déclare positivement Des causes nous ne savons rien . Avouez du moins qu'il y en a une, et n'admettez plus d'effet sans cause, et d'ordre sans ordonnateur. M. Dally ne se rendra pas il regarde comme dangereuse l'hypothèse d'une force unique, dont l'action secrète déterminerait les formes apparen-tes des choses . Voilà une théophobie bien caractérisée. Cela veut dire qu'on doit se passer de Dieu et qu'on peut expliquer scientifiquement l'univers sans lui. Mais si Dieu y est réellement, comme le sens commun le veut, ces phrases superbes ne l'en chasseront pas et comme Dieu est la première et fonda-mentale vérité, les vérités dérivées ne se débrouilleront pas si ce n'est à la clarté de cette source lumineuse. M. Dally va nous en donner la preuve. Quoiqu'il ne sache rien des causes , il en a imaginé une et vous allez juger cette invention qui doit supplanter la divinité. p. 21. La voie la plus simple est d'admettre que les germes d'un monde organique dispersés dans l'espace se sont développés le jour où ils ont trouvé dans les mers primitives, ou sur le sol, les conditions nécessaires à leur éclosion . Mais les mers elles-mêmes, et les continents, et les mondes, viennent-ils aussi d'un oeuf? Convenons que ces oeufs, en germes, se pro-menant dans les espaces pendant une éternité, et qui trouvent enfin l'à-pro-pos d'une mer et d'un sol tout préparés, remplacent bien avantageusement notre Dieu tout-puissant. Mais, avec ce système de germes partout répandus, nous devons avoir des générations spontanées à l'infini. Pourquoi n'en trouve-t-on nulle part? Et on nous dit gravement que c'est là de la science, et que l'idée de Dieu n'est pas scientifique! Laissez, s'il vous plaît, ces messieurs entrer dans quelques détails, et vous aurez de plus en plus une idée de la force et de la lucidité de leur science. | 15 | 0.004921 | 0.024306 |
486.txt | 1,871 | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 21 la part des naturalistes en grand nombre et de tous les pays. Nous citons d'Archiac1, Flourens 2, Von Baer3, Quaterly Review Edimbourg Review Dublin Review6, Rambler, mars 1850, etc. Nous n'ignorons pas qu'il a eu aussi des approbateurs, mais peu ont osé l'adopter sans de grandes réserves. Nous citons Lyell, Huxley, Scheiden, Rolle, 0. Schmith, etc., et il ne manque pas d'un certain nombre d'adhé-rents en France. Y a-t-il jamais eu un siècle où les nouveautés aventureuses aient eu plus de chances de pousser que dans le nôtre ? Mais, en matière scientifique, ce qui ne peut se prouver est destiné à disparaître. Il n'y a que l'ignorance crasse, dit le docteur Reusch7, qui puisse parler de la théorie de Darwin comme ayant de la solidité ou comme appuyée sur des raisons valables. Cela est si vrai que son auteur dit sans détour, comme déjà nous l'avons remarqué, qu'il ne croit pas'avoir résolu la question de l'origine des espèces, et qu'il n'a guère fait que la soulever. Une telle dé-claration devrait dispenser de s'en occuper jusqu'à ce qu'on ait trouvé des raisons plus sérieuses, ce qui n'arrivera jamais. Mais l'opinion publique est saisie de ce scandale, et il ne manque pas d'écrivains qui l'exploitent dans un sens qui ne favorise guère les princi-pes sur lesquels repose l'ordre public. Ce système a si peu de consistance aux yeux même de ceux qui désirent le plus qu'il soit vrai, que l'incrédule Charles Vogt, qui admet la possibilité de la fusion de deux espèces très-voisines, regarde toutes ces théories simplement comme des absurdités. Qu'on aille, dit-il, dans n'importe quelle basse-cour où l'on fait couver les canards par les poules, et l'on verra qu'il ne pousse point de membranes aux pieds des poules, et que les canards ne perdent point les leurs. Il n'est pas possible qu'un vadipède ait envie d'habiter sur la terre ferme ou dans les bois la raison en est simple, c'est que son organisation le destine à pa-tauger dans les marais car aucun animal ne peut avoir des désirs que son organisation ne lui permet pas de satisfaire, ou qui seraient en contradiction avec elle 8 . Il faut maintenant arriver au point capital de la discussion, là où est le vrai intérêt de la question. Il s'agit de savoir si l'homme peut descendre du singe. C'et t une espérance que veulent se donner les matérialistes. Ils ne se résoudront pas aisément à y renoncer. Tout le bruit qui se fait autour du nom de Darwin, il faut bien l'avouer, ne vient que de là. Les prudents se gardent de l'avouer, et ils n'en restent pas moins passionnés. Mais il y a des savants qui mettent de côté tous les ménagements et qui font presque pu-bliquement des voeux pour que la science découvre que l'homme n'a pas d'autre origine. Oui, il en est ainsi, et Vogt lui-même, qui vientde frapper si vertement le système anglais, ne le fait qu'avec un sentiment de dépit ar-raché par la vérité. Car, ailleurs, il veut bien admettre de ce système tout 1 Introduction, n, p. 65. 1 Examen, eue dans Reusch, p. 442. Annales de théologie allemande, vu, p. 169. Tome CYHI, p, 22. 1 Tome cxl, p. 188. 1 Tome XLVIlI, p. 50. 1 Page 412. Cité par Reusch, ibid. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 21 la part des naturalistes en grand nombre et de tous les pays. Nous citons d'Archiac1, Flourens 2, Von Baer3, Quaterly Review@@ Edimbourg Review@@ Dublin Review6, Rambler, mars 1850, etc. Nous n'ignorons pas qu'il a eu aussi des approbateurs, mais peu ont osé l'adopter sans de grandes réserves. Nous citons Lyell, Huxley, Scheiden, Rolle, 0. Schmith, etc., et il ne manque pas d'un certain nombre d'adhé-rents en France. Y a-t-il jamais eu un siècle où les nouveautés aventureuses aient eu plus de chances de pousser que dans le nôtre ? Mais, en matière scientifique, ce qui ne peut se prouver est destiné à disparaître. Il n'y a que l'ignorance crasse, dit le docteur Reusch7, qui puisse parler de la théorie de Darwin comme ayant de la solidité ou comme appuyée sur des raisons valables. Cela est si vrai que son auteur dit sans détour, comme déjà nous l'avons remarqué, qu'il ne croit pas'avoir résolu la question de l'origine des espèces, et qu'il n'a guère fait que la soulever. Une telle dé-claration devrait dispenser de s'en occuper jusqu'à ce qu'on ait trouvé des raisons plus sérieuses, ce qui n'arrivera jamais. Mais l'opinion publique est saisie de ce scandale, et il ne manque pas d'écrivains qui l'exploitent dans un sens qui ne favorise guère les princi-pes sur lesquels repose l'ordre public. Ce système a si peu de consistance aux yeux même de ceux qui désirent le plus qu'il soit vrai, que l'incrédule Charles Vogt, qui admet la possibilité de la fusion de deux espèces très-voisines, regarde toutes ces théories simplement comme des absurdités. Qu'on aille, dit-il, dans n'importe quelle basse-cour où l'on fait couver les canards par les poules, et l'on verra qu'il ne pousse point de membranes aux pieds des poules, et que les canards ne perdent point les leurs. Il n'est pas possible qu'un vadipède ait envie d'habiter sur la terre ferme ou dans les bois la raison en est simple, c'est que son organisation le destine à pa-tauger dans les marais car aucun animal ne peut avoir des désirs que son organisation ne lui permet pas de satisfaire, ou qui seraient en contradiction avec elle 8 . Il faut maintenant arriver au point capital de la discussion, là où est le vrai intérêt de la question. Il s'agit de savoir si l'homme peut descendre du singe. C'et t une espérance que veulent se donner les matérialistes. Ils ne se résoudront pas aisément à y renoncer. Tout le bruit qui se fait autour du nom de Darwin, il faut bien l'avouer, ne vient que de là. Les prudents se gardent de l'avouer, et ils n'en restent pas moins passionnés. Mais il y a des savants qui mettent de côté tous les ménagements et qui font presque pu-bliquement des voeux pour que la science découvre que l'homme n'a pas d'autre origine. Oui, il en est ainsi, et Vogt lui-même, qui vient@de frapper si vertement le système anglais, ne le fait qu'avec un sentiment de dépit ar-raché par la vérité. Car, ailleurs, il veut bien admettre de ce système tout 1 Introduction, @n, p. 65. 1 Examen, eue dans Reusch, p. 442.@@ Annales de théologie allemande, v@u, p. 169. Tome C@YHI, p, 22. 1 Tome cxl, p. 188. 1 Tome XLVIlI, p. 50. 1 Page 412. @@Cité par Reusch, ibid. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 21 la part des naturalistes en grand nombre et de tous les pays. Nous citons d'Archiac1, Flourens@2, Von Baer3, Quaterly Review4, Edimbourg Review5, Dublin Review6, Rambler, mars 1850, etc. Nous n'ignorons pas qu'il a eu aussi des approbateurs, mais peu ont osé l'adopter sans de grandes réserves. Nous citons Lyell, Huxley, Scheiden, Rolle, O. Schmith, etc., et il ne manque pas d'un certain nombre d'adhé-rents en France. Y a-t-il jamais eu un siècle où les nouveautés aventureuses aient eu plus de chances de pousser que dans le nôtre ? Mais, en matière scientifique, ce qui ne peut se prouver est destiné à disparaître. Il n'y a que l'ignorance crasse, dit le docteur Reusch7, qui puisse parler de la théorie de Darwin comme ayant de la solidité ou comme appuyée sur des raisons valables. Cela est si vrai que son auteur dit sans détour, comme déjà nous l'avons remarqué, qu'il ne croit pas avoir résolu la question de l'origine des espèces, et qu'il n'a guère fait que la soulever. Une telle dé-claration devrait dispenser de s'en occuper jusqu'à ce qu'on ait trouvé des raisons plus sérieuses, ce qui n'arrivera jamais. Mais l'opinion publique est saisie de ce scandale, et il ne manque pas d'écrivains qui l'exploitent dans un sens qui ne favorise guère les princi-pes sur lesquels repose l'ordre public. Ce système a si peu de consistance aux yeux même de ceux qui désirent le plus qu'il soit vrai, que l'incrédule Charles Vogt, qui admet la possibilité de la fusion de deux espèces très-voisines, regarde toutes ces théories simplement comme des absurdités. Qu'on aille, dit-il, dans n'importe quelle basse-cour où l'on fait couver les canards par les poules, et l'on verra qu'il ne pousse point de membranes aux pieds des poules, et que les canards ne perdent point les leurs. Il n'est pas possible qu'un vadipède ait envie d'habiter sur la terre ferme ou dans les bois la raison en est simple, c'est que son organisation le destine à pa-tauger dans les marais car aucun animal ne peut avoir des désirs que son organisation ne lui permet pas de satisfaire, ou qui seraient en contradiction avec elle@8 . Il faut maintenant arriver au point capital de la discussion, là où est le vrai intérêt de la question. Il s'agit de savoir si l'homme peut descendre du singe. C'e@st une espérance que veulent se donner les matérialistes. Ils ne se résoudront pas aisément à y renoncer. Tout le bruit qui se fait autour du nom de Darwin, il faut bien l'avoner, ne vient que de là. Les prudents se gardent de l'avouer, et ils n'en restent pas moins passionnés. Mais il y a des savants qui mettent de côté tous les ménagements et qui font presque pu-bliquement des voeux pour que la science découvre que l'homme n'a pas d'autre origine. Oui, il en est ainsi, et Vogt lui-même, qui vient de frapper si vertement le système anglais, ne le fait qu'avec un sentiment de dépit ar-raché par la vérité. Car, ailleurs, il veut bien admettre de ce système tout 1 Introduction, II, p. 65. 2 Examen, cué dans Reusch, p. 442. 3 Annales de théologie allemande, VII, p. 169. Tome CVIII, p. 22. 5 Tome CXI, p. 188. 6 Tome XLVIII, p. 50. 7 Page 412. 8 Cité par Reusch, ibid. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 21 la part des naturalistes en grand nombre et de tous les pays. Nous citons d'Archiac1, Flourens@2, Von Baer3, Quaterly Review4, Edimbourg Review5, Dublin Review6, Rambler, mars 1850, etc. Nous n'ignorons pas qu'il a eu aussi des approbateurs, mais peu ont osé l'adopter sans de grandes réserves. Nous citons Lyell, Huxley, Scheiden, Rolle, O. Schmith, etc., et il ne manque pas d'un certain nombre d'adhé-rents en France. Y a-t-il jamais eu un siècle où les nouveautés aventureuses aient eu plus de chances de pousser que dans le nôtre ? Mais, en matière scientifique, ce qui ne peut se prouver est destiné à disparaître. Il n'y a que l'ignorance crasse, dit le docteur Reusch7, qui puisse parler de la théorie de Darwin comme ayant de la solidité ou comme appuyée sur des raisons valables. Cela est si vrai que son auteur dit sans détour, comme déjà nous l'avons remarqué, qu'il ne croit pas avoir résolu la question de l'origine des espèces, et qu'il n'a guère fait que la soulever. Une telle dé-claration devrait dispenser de s'en occuper jusqu'à ce qu'on ait trouvé des raisons plus sérieuses, ce qui n'arrivera jamais. Mais l'opinion publique est saisie de ce scandale, et il ne manque pas d'écrivains qui l'exploitent dans un sens qui ne favorise guère les princi-pes sur lesquels repose l'ordre public. Ce système a si peu de consistance aux yeux même de ceux qui désirent le plus qu'il soit vrai, que l'incrédule Charles Vogt, qui admet la possibilité de la fusion de deux espèces très-voisines, regarde toutes ces théories simplement comme des absurdités. Qu'on aille, dit-il, dans n'importe quelle basse-cour où l'on fait couver les canards par les poules, et l'on verra qu'il ne pousse point de membranes aux pieds des poules, et que les canards ne perdent point les leurs. Il n'est pas possible qu'un vadipède ait envie d'habiter sur la terre ferme ou dans les bois la raison en est simple, c'est que son organisation le destine à pa-tauger dans les marais car aucun animal ne peut avoir des désirs que son organisation ne lui permet pas de satisfaire, ou qui seraient en contradiction avec elle@8 . Il faut maintenant arriver au point capital de la discussion, là où est le vrai intérêt de la question. Il s'agit de savoir si l'homme peut descendre du singe. C'e@st une espérance que veulent se donner les matérialistes. Ils ne se résoudront pas aisément à y renoncer. Tout le bruit qui se fait autour du nom de Darwin, il faut bien l'avoner, ne vient que de là. Les prudents se gardent de l'avouer, et ils n'en restent pas moins passionnés. Mais il y a des savants qui mettent de côté tous les ménagements et qui font presque pu-bliquement des voeux pour que la science découvre que l'homme n'a pas d'autre origine. Oui, il en est ainsi, et Vogt lui-même, qui vient de frapper si vertement le système anglais, ne le fait qu'avec un sentiment de dépit ar-raché par la vérité. Car, ailleurs, il veut bien admettre de ce système tout 1 Introduction, II, p. 65. 2 Examen, cué dans Reusch, p. 442. 3 Annales de théologie allemande, VII, p. 169. Tome CVIII, p. 22. 5 Tome CXI, p. 188. 6 Tome XLVIII, p. 50. 7 Page 412. 8 Cité par Reusch, ibid. | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 21 la part des naturalistes en grand nombre et de tous les pays. Nous citons d'Archiac1, Flourens2, Von Baer3, Quaterly Review4, Edimbourg Review5, Dublin Review6, Rambler, mars 1850, etc. Nous n'ignorons pas qu'il a eu aussi des approbateurs, mais peu ont osé l'adopter sans de grandes réserves. Nous citons Lyell, Huxley, Scheiden, Rolle, O. Schmith, etc., et il ne manque pas d'un certain nombre d'adhé-rents en France. Y a-t-il jamais eu un siècle où les nouveautés aventureuses aient eu plus de chances de pousser que dans le nôtre ? Mais, en matière scientifique, ce qui ne peut se prouver est destiné à disparaître. Il n'y a que l'ignorance crasse, dit le docteur Reusch7, qui puisse parler de la théorie de Darwin comme ayant de la solidité ou comme appuyée sur des raisons valables. Cela est si vrai que son auteur dit sans détour, comme déjà nous l'avons remarqué, qu'il ne croit pas avoir résolu la question de l'origine des espèces, et qu'il n'a guère fait que la soulever. Une telle dé-claration devrait dispenser de s'en occuper jusqu'à ce qu'on ait trouvé des raisons plus sérieuses, ce qui n'arrivera jamais. Mais l'opinion publique est saisie de ce scandale, et il ne manque pas d'écrivains qui l'exploitent dans un sens qui ne favorise guère les princi-pes sur lesquels repose l'ordre public. Ce système a si peu de consistance aux yeux même de ceux qui désirent le plus qu'il soit vrai, que l'incrédule Charles Vogt, qui admet la possibilité de la fusion de deux espèces très-voisines, regarde toutes ces théories simplement comme des absurdités. Qu'on aille, dit-il, dans n'importe quelle basse-cour où l'on fait couver les canards par les poules, et l'on verra qu'il ne pousse point de membranes aux pieds des poules, et que les canards ne perdent point les leurs. Il n'est pas possible qu'un vadipède ait envie d'habiter sur la terre ferme ou dans les bois la raison en est simple, c'est que son organisation le destine à pa-tauger dans les marais car aucun animal ne peut avoir des désirs que son organisation ne lui permet pas de satisfaire, ou qui seraient en contradiction avec elle8 . Il faut maintenant arriver au point capital de la discussion, là où est le vrai intérêt de la question. Il s'agit de savoir si l'homme peut descendre du singe. C'est une espérance que veulent se donner les matérialistes. Ils ne se résoudront pas aisément à y renoncer. Tout le bruit qui se fait autour du nom de Darwin, il faut bien l'avoner, ne vient que de là. Les prudents se gardent de l'avouer, et ils n'en restent pas moins passionnés. Mais il y a des savants qui mettent de côté tous les ménagements et qui font presque pu-bliquement des voeux pour que la science découvre que l'homme n'a pas d'autre origine. Oui, il en est ainsi, et Vogt lui-même, qui vient de frapper si vertement le système anglais, ne le fait qu'avec un sentiment de dépit ar-raché par la vérité. Car, ailleurs, il veut bien admettre de ce système tout 1 Introduction, II, p. 65. 2 Examen, cué dans Reusch, p. 442. 3 Annales de théologie allemande, VII, p. 169. Tome CVIII, p. 22. 5 Tome CXI, p. 188. 6 Tome XLVIII, p. 50. 7 Page 412. 8 Cité par Reusch, ibid. | 35 | 0.011017 | 0.060748 |
451.txt | 1,829 | AUX INSTITUTEURS. xxxj C. Dans l'enseignement simultané , le maître, au lieu de faire lui-même toutes les questions auxquelles donne lieu cette analyse, doit exercer les élèves à se proposer les questions entre eux cette marche est d'autant plus ulile à leur instruction , que , dans cet exercice, celui qui fait la demande est oblige de songer à la question et à la ré-ponse en racine temps. Lorsque l'élève a répondu, le maître-doit lui demander ou lui faire demander par un autre élève la raison de sa réponse, raison qu'il trouve toujours dans la définition par ce moyen on s'assure que l'enfant a raisonné et qu'il ne doit pas sa réponse au hasard. Exemple PAUL. Quelle espèce de mot? Som. Pourquoi? Parce qu'il exprime uue personne.-Quelle espèce de nom? Substantif. Pourquoi? Parce qu'il exprime une per-sonne. Quel genre? Masculin. Pomquoi? parce qu'il exprime un mâle. - Quel nombre ? Singulier. Pour-quoi ? parce qu'il exprime une seule personne. - Quel cas? Isa minai ij . Pourquoi? Parce qu'il exprime la personne qui fait l'action de venir. - Quelle espèce de substantif? Propre. Poi-cjuci? Parce qu'il ne con-vient pas à tous Us ludividus de la même espèce. Chaque élève faii à son tour sur le tableau l'analyse d'un mot dt- la phrase lorsqu'il se trompe , il est sur-le-champ remplacé au tableau par l'élève qui l'a corrigé. Pour exercer les élèves à l'analyse grammaticale, il ne faut point attendre qu'ils aieot vu toute la première par-tie de la grammaire il suflit qu'ils sachent ce qu'il faut pour remplir les deux premières colonnes ils remplis-sent successivement les autres à mesure qu'ils avancent dans la grammaire, Les enfans oublient promptement ce qu'ils ont appris pour le graver dans leur mémoire, il y faut revenir soit -vent voici comment on peut le faire. On met dans un sac autant d'étiquettes, ou de boules étiquelées que les élèves savent, dv définitions, et l'on place sous leurs yeux le Tableau .r!Il,!alo ir¡lle des rapports de la grain-maire joint à l'Atlas de grammaire. Chaque élève tira | AUX INSTITUTEURS. xxxj C. Dans l'enseignement simultané , le maître, au lieu de faire lui-même toutes les questions auxquelles donne lieu cette analyse, doit exercer les élèves à se proposer les questions entre eux cette marche est d'autant plus ulile à leur instruction , que , dans cet exercice, celui qui fait la demande est oblige de songer à la question et à la ré-ponse en racine temps. Lorsque l'élève a répondu, le maître-doit lui demander ou lui faire demander par un autre élève la raison de sa réponse, raison qu'il trouve toujours dans la définition par ce moyen on s'assure que l'enfant a raisonné et qu'il ne doit pas sa réponse au hasard. Exemple PAUL. Quelle espèce de mot@? Som. Pourquoi@? Parce qu'il exprime uue personne.@-Quelle espèce de nom@? Substantif. Pourquoi@? Parce qu'il exprime une per-sonne. Quel genre@? Masculin. Po@mquoi@? parce qu'il exprime un mâle. - Quel nombre ? Singulier. Pour-quoi ? parce qu'il exprime une seule personne. - Quel cas? Isa minai ij . Pourquoi@? Parce qu'il exprime la personne qui fait l'action de venir. - Quelle espèce de substantif@? Propre. Poi-cjuci@? Parce qu'il ne con-vient pas à tous @Us ludividus de la même espèce. Chaque élève faii à son tour sur le tableau l'analyse d'un mot dt- la phrase lorsqu'il se trompe , il est sur-le-champ remplacé au tableau par l'élève qui l'a corrigé. Pour exercer les élèves à l'analyse grammaticale, il ne faut point attendre qu'ils aieot vu toute la première par-tie de la grammaire il suflit qu'ils sachent ce qu'il faut pour remplir les deux premières colonnes ils remplis-sent successivement les autres à mesure qu'ils avancent dans la grammaire, Les enfans oublient promptement ce qu'ils ont appris pour le graver dans leur mémoire, il y faut revenir soit -vent voici comment on peut le faire. On met dans un sac autant d'étiquettes, ou de boules étiquelées que les élèves savent, dv définitions, et l'on place sous leurs yeux le Tableau .r!Il,!alo ir¡lle des rapports de la grain-maire joint à l'Atlas de grammaire. Chaque élève tira | AUX INSTITUTEURS. xxxj@@@ Dans l'enseignement simultané@, le maître, au lieu de faire lui-même toutes les questions auxquelles donne lieu cette analyse, doit exercer les élèves à se proposer les questions entre eux cette marche est d'autant plus utile à leur instruction@, que@, dans cet exercice, celui qui fait la demande est obligé de songer à la question et à la ré-ponse en @@même temps. Lorsque l'élève a répondu, le maître doit lui demander ou lui faire demander par un autre élève la raison de sa réponse, raison qu'il trouve toujours dans la définition par ce moyen on s'assure que l'enfant a raisonné et qu'il ne doit pas sa réponse au hasard. Exemple PAUL. Quelle espèce de mot ? Nom. Pourquoi ? Parce qu'il exprime une personne. -Quelle espèce de nom ? Substantif. Pourquoi ? Parce qu'il exprime une per-sonne. Quel genre ? Masculin. Pourquoi ? parce qu'il exprime un mâle. -@Quel nombre ? Singulier. Pour-quoi ? parce qu'il exprime une seule personne. -@Quel cas@ ? ############ Pourquoi ? Parce qu'il exprime la personne qui fait l'action de venir. -@Quelle espèce de substantif ? Propre. Po@urquoi ? Parce qu'il ne con-vient pas à tous les individus de la même espèce. Chaque élève fait à son tour sur le tableau l'analyse d'un mot d@e la phrase lorsqu'il se trompe@, il est sur-le-champ remplacé au tableau par l'élève qui l'a corrigé. Pour exercer les élèves à l'analyse grammaticale, il ne faut point attendre qu'ils aient vu toute la première par-tie de la grammaire il suffit qu'ils sachent ce qu'il faut pour remplir les deux premières colonnes ils remplis-sent successivement les autres à mesure qu'ils avancent dans la grammaire. Les enfans oublient promptement ce qu'ils ont appris pour le graver dans leur mémoire, il y faut revenir so@@u-vent voici comment on peut le faire. On met dans un sac autant d'étiquettes, ou de boules étiquetées que les élèves savent@ de définitions, et l'on place sous leurs yeux le Tableau ################# des rapports de la gra@m-maire joint à @@Atlas de grammaire. Chaque élève #### | AUX INSTITUTEURS. xxxj@@@ Dans l'enseignement simultané@, le maître, au lieu de faire lui-même toutes les questions auxquelles donne lieu cette analyse, doit exercer les élèves à se proposer les questions entre eux cette marche est d'autant plus utile à leur instruction@, que@, dans cet exercice, celui qui fait la demande est obligé de songer à la question et à la ré-ponse en @@même temps. Lorsque l'élève a répondu, le maître doit lui demander ou lui faire demander par un autre élève la raison de sa réponse, raison qu'il trouve toujours dans la définition par ce moyen on s'assure que l'enfant a raisonné et qu'il ne doit pas sa réponse au hasard. Exemple PAUL. Quelle espèce de mot ? Nom. Pourquoi ? Parce qu'il exprime une personne. -Quelle espèce de nom ? Substantif. Pourquoi ? Parce qu'il exprime une per-sonne. Quel genre ? Masculin. Pourquoi ? parce qu'il exprime un mâle. -@Quel nombre ? Singulier. Pour-quoi ? parce qu'il exprime une seule personne. -@Quel cas@ ? a minai ij . Pourquoi ? Parce qu'il exprime la personne qui fait l'action de venir. -@Quelle espèce de substantif ? Propre. Po@urquoi ? Parce qu'il ne con-vient pas à tous les individus de la même espèce. Chaque élève fait à son tour sur le tableau l'analyse d'un mot d@e la phrase lorsqu'il se trompe@, il est sur-le-champ remplacé au tableau par l'élève qui l'a corrigé. Pour exercer les élèves à l'analyse grammaticale, il ne faut point attendre qu'ils aient vu toute la première par-tie de la grammaire il suffit qu'ils sachent ce qu'il faut pour remplir les deux premières colonnes ils remplis-sent successivement les autres à mesure qu'ils avancent dans la grammaire. Les enfans oublient promptement ce qu'ils ont appris pour le graver dans leur mémoire, il y faut revenir so@@u-vent voici comment on peut le faire. On met dans un sac autant d'étiquettes, ou de boules étiquetées que les élèves savent@ de définitions, et l'on place sous leurs yeux le Tableau .r!Il,!alo ir¡lle des rapports de la gra@m-maire joint à @@Atlas de grammaire. Chaque élève tira | AUX INSTITUTEURS. xxxj Dans l'enseignement simultané, le maître, au lieu de faire lui-même toutes les questions auxquelles donne lieu cette analyse, doit exercer les élèves à se proposer les questions entre eux cette marche est d'autant plus utile à leur instruction, que, dans cet exercice, celui qui fait la demande est obligé de songer à la question et à la ré-ponse en même temps. Lorsque l'élève a répondu, le maître doit lui demander ou lui faire demander par un autre élève la raison de sa réponse, raison qu'il trouve toujours dans la définition par ce moyen on s'assure que l'enfant a raisonné et qu'il ne doit pas sa réponse au hasard. Exemple PAUL. Quelle espèce de mot ? Nom. Pourquoi ? Parce qu'il exprime une personne. -Quelle espèce de nom ? Substantif. Pourquoi ? Parce qu'il exprime une per-sonne. Quel genre ? Masculin. Pourquoi ? parce qu'il exprime un mâle. -Quel nombre ? Singulier. Pour-quoi ? parce qu'il exprime une seule personne. -Quel cas ? a minai ij . Pourquoi ? Parce qu'il exprime la personne qui fait l'action de venir. -Quelle espèce de substantif ? Propre. Pourquoi ? Parce qu'il ne con-vient pas à tous les individus de la même espèce. Chaque élève fait à son tour sur le tableau l'analyse d'un mot de la phrase lorsqu'il se trompe, il est sur-le-champ remplacé au tableau par l'élève qui l'a corrigé. Pour exercer les élèves à l'analyse grammaticale, il ne faut point attendre qu'ils aient vu toute la première par-tie de la grammaire il suffit qu'ils sachent ce qu'il faut pour remplir les deux premières colonnes ils remplis-sent successivement les autres à mesure qu'ils avancent dans la grammaire. Les enfans oublient promptement ce qu'ils ont appris pour le graver dans leur mémoire, il y faut revenir sou-vent voici comment on peut le faire. On met dans un sac autant d'étiquettes, ou de boules étiquetées que les élèves savent de définitions, et l'on place sous leurs yeux le Tableau .r!Il,!alo ir¡lle des rapports de la gram-maire joint à Atlas de grammaire. Chaque élève tira | 60 | 0.029703 | 0.128272 |
337.txt | 1,820 | ET PIÈCES OFFICIELLES. 4°7 décharge Ne bougeons pas, on tire en blanc, il faut qu'on vienne ici publier la loi. Les troupes s'avancent, elles font feu pour la deuxième fois. La contenance de ceux qui en-touraient l'autel est la même mais une troisième décharge ayant fait tomber beaucoup de monde, on a fui il n'est resté qu'une centaine de personnes sur l'autel même. Hélas ! elles y ont payé cher leur courage et leur aveugle confiance en la loi. Des hommes , des femmes , un enfant y ont été massacrés massacrés sur l'autel de la patrie! Ah! si dé-sormais nous avons encore des fédérations , il faudra choisir un autre lieu, celui-ci est profané ! Quel spectacle, grand Dieu ! que celui qu'ont éclairé les derniers rayons de ce jour fatal! Les citoyens sans armes fuyaient devant les citoyens armés l'époux emmenait sa femme, traînait ses enfans, appelait son père un plomb meurtrier renversait le vieil-lard. Ici, c'était une épouse que la mort arrachait à son mari là, c'était un enfant assassiné sur le sein de sa mère. Quels cris! quels douloureux accens se sont fait entendre! Ma femme! ma femme ! mon marl! mon fils !. Les canonniers ont demandé l'ordre de tirer la cavalerie a poursuivi jusque dans les champs ceux qui se sauvaient. Des témoins oculaires nous ont assuré avoir vu des gardes nationaux jeter leurs sabres aux jambes de ceux qu'ils ne pouvaient atteindre. Un de ces barbares était sorti de son rang pour poursuivre sa victime il fut arrêté par des grenadiers qui le désarmèrent, et l'entraînèrent au milieu du bataillon. Il faut qu'on ait employé des moyens bien puissana, des manoeuvres bien perfides, pour égarer la garde nationale à ce point! Mal-heureux Parisiens! vous ne vous êtes donc pas rappelé l'his-toire de vos frères de Metz et de Nanci ? Comme vous , ils ont été trompés si vous entendiez leurs gémissemens, leurs cuisans remords ! Oui, vous les entendez oui, vos coeurs sont déjà brisés oui, vous détestez votre facile et barbare vic-toire ! Enfans de la patrie ! qu'avez-vous fait? quel usage avez-vous fait de vos armes? Il en est d'entre vous qui avez | ET PIÈCES OFFICIELLES. 4°7 décharge Ne bougeons pas, on tire en blanc, il faut qu'on vienne ici publier la loi. Les troupes s'avancent, elles font feu pour la deuxième fois. La contenance de ceux qui en-touraient l'autel est la même mais une troisième décharge ayant fait tomber beaucoup de monde, on a fui il n'est resté qu'une centaine de personnes sur l'autel même. Hélas ! elles y ont payé cher leur courage et leur aveugle confiance en la loi. Des hommes , des femmes , un enfant y ont été massacrés massacrés sur l'autel de la patrie@! Ah@! si dé-sormais nous avons encore des fédérations , il faudra choisir un autre lieu, celui-ci est profané ! Quel spectacle, grand Dieu ! que celui qu'ont éclairé les derniers rayons de ce jour fatal! Les citoyens sans armes fuyaient devant les citoyens armés l'époux emmenait sa femme, traînait ses enfans, appelait son père un plomb meurtrier renversait le vieil-lard. Ici, c'était une épouse que la mort arrachait à son mari là, c'était un enfant assassiné sur le sein de sa mère. Quels cris! quels douloureux accens se sont fait entendre! Ma femme! ma femme ! mon marl! mon fils !. Les canonniers ont demandé l'ordre de tirer la cavalerie a poursuivi jusque dans les champs ceux qui se sauvaient. Des témoins oculaires nous ont assuré avoir vu des gardes nationaux jeter leurs sabres aux jambes de ceux qu'ils ne pouvaient atteindre. Un de ces barbares était sorti de son rang pour poursuivre sa victime il fut arrêté par des grenadiers qui le désarmèrent, et l'entraînèrent au milieu du bataillon. Il faut qu'on ait employé des moyens bien puissana, des manoeuvres bien perfides, pour égarer la garde nationale à ce point! Mal-heureux Parisiens@! vous ne vous êtes donc pas rappelé l'his-toire de vos frères de Metz et de Nanci ? Comme vous , ils ont été trompés si vous entendiez leurs gémissemens, leurs cuisans remords ! Oui, vous les entendez oui, vos coeurs sont déjà brisés oui, vous détestez votre facile et barbare vic-toire ! Enfans de la patrie ! qu'avez-vous fait? quel usage avez-vous fait de vos armes? Il en est d'entre vous qui avez | ET PIÈCES OFFICIELLES. 407 décharge Ne bougeons pas, on tire en blanc, il faut qu'on vienne ici publier la loi. Les troupes s'avancent, elles font feu pour la deuxième fois. La contenance de ceux qui en-touraient l'autel est la même mais une troisième décharge ayant fait tomber beaucoup de monde, on a fui il n'est resté qu'une centaine de personnes sur l'autel même. Hélas@! elles y ont payé cher leur courage et leur aveugle confiance en la loi. Des hommes@, des femmes@, un enfant y ont été massacrés massacrés sur l'autel de la patrie ! Ah ! si dé-sormais nous avons encore des fédérations@, il faudra choisir un autre lieu, celui-ci est profané@! Quel spectacle, grand Dieu@! que celui qu'ont éclairé les derniers rayons de ce jour fatal! Les citoyens sans armes fuyaient devant les citoyens armés l'époux emmenait sa femme, traînait ses enfans, appelait son père un plomb meurtrier renversait le vieil-lard. Ici, c'était une épouse que la mort arrachait à son mari là, c'était un enfant assassiné sur le sein de sa mère. Quels cris! quels douloureux accens se sont fait entendre! Ma femme! ma femme@! mon mari! mon fils !. Les canonniers ont demandé l'ordre de tirer la cavalerie a poursuivi jusque dans les champs ceux qui se sauvaient. Des témoins oculaires nous ont assuré avoir vu des gardes nationaux jeter leurs sabres aux jambes de ceux qu'ils ne pouvaient atteindre. Un de ces barbares était sorti de son rang pour poursuivre sa victime il fut arrêté par des grenadiers qui le désarmèrent, et l'entraînèrent au milieu du bataillon. Il faut qu'on ait employé des moyens bien puissans, des manoeuvres bien perfides, pour égarer la garde nationale à ce point! Mal-heureux Parisiens ! vous ne vous êtes donc pas rappelé l'his-toire de vos frères de Metz et de Nanci@? Comme vous@, ils ont été trompés si vous entendiez leurs gémissemens, leurs cuisans remords ! Oui, vous les entendez oui, vos coeurs sont déjà brisés oui, vous détestez votre facile et barbare vic-toire@! Enfans de la patrie@! qu'avez-vous fait? quel usage avez-vous fait de vos armes? Il en est d'entre vous qui avez | ET PIÈCES OFFICIELLES. 407 décharge Ne bougeons pas, on tire en blanc, il faut qu'on vienne ici publier la loi. Les troupes s'avancent, elles font feu pour la deuxième fois. La contenance de ceux qui en-touraient l'autel est la même mais une troisième décharge ayant fait tomber beaucoup de monde, on a fui il n'est resté qu'une centaine de personnes sur l'autel même. Hélas@! elles y ont payé cher leur courage et leur aveugle confiance en la loi. Des hommes@, des femmes@, un enfant y ont été massacrés massacrés sur l'autel de la patrie ! Ah ! si dé-sormais nous avons encore des fédérations@, il faudra choisir un autre lieu, celui-ci est profané@! Quel spectacle, grand Dieu@! que celui qu'ont éclairé les derniers rayons de ce jour fatal! Les citoyens sans armes fuyaient devant les citoyens armés l'époux emmenait sa femme, traînait ses enfans, appelait son père un plomb meurtrier renversait le vieil-lard. Ici, c'était une épouse que la mort arrachait à son mari là, c'était un enfant assassiné sur le sein de sa mère. Quels cris! quels douloureux accens se sont fait entendre! Ma femme! ma femme@! mon mari! mon fils !. Les canonniers ont demandé l'ordre de tirer la cavalerie a poursuivi jusque dans les champs ceux qui se sauvaient. Des témoins oculaires nous ont assuré avoir vu des gardes nationaux jeter leurs sabres aux jambes de ceux qu'ils ne pouvaient atteindre. Un de ces barbares était sorti de son rang pour poursuivre sa victime il fut arrêté par des grenadiers qui le désarmèrent, et l'entraînèrent au milieu du bataillon. Il faut qu'on ait employé des moyens bien puissans, des manoeuvres bien perfides, pour égarer la garde nationale à ce point! Mal-heureux Parisiens ! vous ne vous êtes donc pas rappelé l'his-toire de vos frères de Metz et de Nanci@? Comme vous@, ils ont été trompés si vous entendiez leurs gémissemens, leurs cuisans remords ! Oui, vous les entendez oui, vos coeurs sont déjà brisés oui, vous détestez votre facile et barbare vic-toire@! Enfans de la patrie@! qu'avez-vous fait? quel usage avez-vous fait de vos armes? Il en est d'entre vous qui avez | ET PIÈCES OFFICIELLES. 407 décharge Ne bougeons pas, on tire en blanc, il faut qu'on vienne ici publier la loi. Les troupes s'avancent, elles font feu pour la deuxième fois. La contenance de ceux qui en-touraient l'autel est la même mais une troisième décharge ayant fait tomber beaucoup de monde, on a fui il n'est resté qu'une centaine de personnes sur l'autel même. Hélas! elles y ont payé cher leur courage et leur aveugle confiance en la loi. Des hommes, des femmes, un enfant y ont été massacrés massacrés sur l'autel de la patrie ! Ah ! si dé-sormais nous avons encore des fédérations, il faudra choisir un autre lieu, celui-ci est profané! Quel spectacle, grand Dieu! que celui qu'ont éclairé les derniers rayons de ce jour fatal! Les citoyens sans armes fuyaient devant les citoyens armés l'époux emmenait sa femme, traînait ses enfans, appelait son père un plomb meurtrier renversait le vieil-lard. Ici, c'était une épouse que la mort arrachait à son mari là, c'était un enfant assassiné sur le sein de sa mère. Quels cris! quels douloureux accens se sont fait entendre! Ma femme! ma femme! mon mari! mon fils !. Les canonniers ont demandé l'ordre de tirer la cavalerie a poursuivi jusque dans les champs ceux qui se sauvaient. Des témoins oculaires nous ont assuré avoir vu des gardes nationaux jeter leurs sabres aux jambes de ceux qu'ils ne pouvaient atteindre. Un de ces barbares était sorti de son rang pour poursuivre sa victime il fut arrêté par des grenadiers qui le désarmèrent, et l'entraînèrent au milieu du bataillon. Il faut qu'on ait employé des moyens bien puissans, des manoeuvres bien perfides, pour égarer la garde nationale à ce point! Mal-heureux Parisiens ! vous ne vous êtes donc pas rappelé l'his-toire de vos frères de Metz et de Nanci? Comme vous, ils ont été trompés si vous entendiez leurs gémissemens, leurs cuisans remords ! Oui, vous les entendez oui, vos coeurs sont déjà brisés oui, vous détestez votre facile et barbare vic-toire! Enfans de la patrie! qu'avez-vous fait? quel usage avez-vous fait de vos armes? Il en est d'entre vous qui avez | 17 | 0.008153 | 0.007463 |
479.txt | 1,871 | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. habitation le monde, qui, selon ces historiens, eut quatre âges. Le premier commença à la création et fut nommé soleil des eaux, dans un sens allégo-rique, parce qu'il se termina par un déluge universel qui fit périr tous les hommes et les créatures. Au troisième âge apparaissent des géants . C'est au quatrième âge, qui doit se terminer par le feu, et à une époque qui correspond au troisième siècle avant Jésus Christ, que l'historien mexi-cain place l'arrivée dans la Nouvelle Espagne de la nation toltèque. D'après les traditions quichès, la patrie primitive des Nahoas ou ancêtres des Tol-tèques, se trouvait vers un orient lointain, au-delà des terres et des mers immenses. C'est là qu'ils s'étaient multipliés d'une manière considérable, et qu'ils vivaient sans civilisation. Alors ils n'avaient pas encore pris l'habi-tude de s'éloigner des lieux qui les avaient vus naître ils ne payaient pas de tributs, et tous parlaient la même langue. Ils n'encensaient ni le bois, ni la pierre, et ils se contentaient de lever les yeux au ciel et d'observer les lois du Créateur. , Parmi les familles et les tribus qui supportaient le plus impatiemment ce repos et cette immobilité, celles de Tanub et d'Hocab se décidèrent les premières à s'éloigner de la patrie. Les Nahoas s'embarquèrent dans sept barques ou navires que Sahagun nomme chicomostoc ou les sept grottes. Faisons remarquer en passant que le nombre sept a été de tous les temps un nombre sacré parmi les peuples américains d'un pôle à l'autre. C'est à Panuco, près de Tampièo, que ces étrangers débarquèrent. Ils s'établirent à Paxil, du consentement des Votanides, et leur Etat prit le nom de Huebue llopallan. Ils étaient venus du côté où le soleil se lève. Il suffit, pour que le récit qui précède fasse une grande impression, qu'on soit assuré qu'il ait eu cours en Amérique avant l'arrivée de Christo-phe Colomb. Or, ce dernier point est hors de litige. D'ailleurs les Quichès viennent confirmer cette relation. Et leurs traditions , dit M. Domenech, p. 24, sont plus explicites encore. Ils s'approprient cette première émigra-tion et s'efforcent de rattacher leur berceau à celui des Toltèques auxquels ils avaient emprunté leur civilisation et leurs lois. Guatimala fut le terme de leurs émigrations, et Las Casas raconte à ce sujet que l'on conservait dans cette partie du Yucatan le souvenir de vingt chefs illustres venant d'Orient, débarqués en cet endroit un grand nombre de siècles auparavant. Ils étaient habillés de longs et amples vêtements, ils portaient de grandes barbes . Puis cette histoire raconte les guerres à l'extérieur avec les Vota-nides et les autres. Mais les documents historiques conservés par les Scandinaves, ne lais-sent subsister aucun doute. Domenech, p. 37. Les inscriptions islandaises et celtibériques trouvées dans les Etats du nord et de l'est de l'Union améri-caine, sur des rochers, des pierres et dans des tombeaux, sont venues con-firmer les assertions des archéologues et des écrivains danois. D'autres don-nées portent à croire que, dans le moyen âge, des Biscayens et même des Vénitiens avaient connu l'Amérique avant Christophe Colomb. Ces hardis navigateurs sont revenus après leurs échanges commerciaux, mais quel-ques-uns d'entre eux ont dû rester. Nous avons un passage important de Dicuil, abbé de Pablacht en Irlande, en 825, tiré d'un manuscrit commenté | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. habitation le monde, qui, selon ces historiens, eut quatre âges. Le premier commença à la création et fut nommé soleil des eaux, dans un sens allégo-rique, parce qu'il se termina par un déluge universel qui fit périr tous les hommes et les créatures. Au troisième âge apparaissent des géants . C'est au quatrième âge, qui doit se terminer par le feu, et à une époque qui correspond au troisième siècle avant Jésus Christ, que l'historien mexi-cain place l'arrivée dans la Nouvelle Espagne de la nation toltèque. D'après les traditions quichès, la patrie primitive des Nahoas ou ancêtres des Tol-tèques, se trouvait vers un orient lointain, au-delà des terres et des mers immenses. C'est là qu'ils s'étaient multipliés d'une manière considérable, et qu'ils vivaient sans civilisation. Alors ils n'avaient pas encore pris l'habi-tude de s'éloigner des lieux qui les avaient vus naître ils ne payaient pas de tributs, et tous parlaient la même langue. Ils n'encensaient ni le bois, ni la pierre, et ils se contentaient de lever les yeux au ciel et d'observer les lois du Créateur. , Parmi les familles et les tribus qui supportaient le plus impatiemment ce repos et cette immobilité, celles de Tanub et d'Hocab se décidèrent les premières à s'éloigner de la patrie. Les Nahoas s'embarquèrent dans sept barques ou navires que Sahagun nomme chicomostoc ou les sept grottes. Faisons remarquer en passant que le nombre sept a été de tous les temps un nombre sacré parmi les peuples américains d'un pôle à l'autre. C'est à Panuco, près de Tampièo, que ces étrangers débarquèrent. Ils s'établirent à Paxil, du consentement des Votanides, et leur Etat prit le nom de Huebue llopallan. Ils étaient venus du côté où le soleil se lève. Il suffit, pour que le récit qui précède fasse une grande impression, qu'on soit assuré qu'il ait eu cours en Amérique avant l'arrivée de Christo-phe Colomb. Or, ce dernier point est hors de litige. @D'ailleurs les Quichès viennent confirmer cette relation. Et leurs traditions , dit M. Domenech, p. 24, sont plus explicites encore. Ils s'approprient cette première émigra-tion et s'efforcent de rattacher leur berceau à celui des Toltèques auxquels ils avaient emprunté leur civilisation et leurs lois. Guatimala fut le terme de leurs émigrations, et Las Casas raconte à ce sujet que l'on conservait dans cette partie du Yucatan le souvenir de vingt chefs illustres venant d'Orient, débarqués en cet endroit un grand nombre de siècles auparavant. Ils étaient habillés de longs et amples vêtements, ils portaient de grandes barbes . Puis cette histoire raconte les guerres à l'extérieur avec les Vota-nides et les autres. Mais les documents historiques conservés par les Scandinaves, ne lais-sent subsister aucun doute. Domenech, p. 37. Les inscriptions islandaises et celtibériques trouvées dans les Etats du nord et de l'est de l'Union améri-caine, sur des rochers, des pierres et dans des tombeaux, sont venues con-firmer les assertions des archéologues et des écrivains danois. D'autres don-nées portent à croire que, dans le moyen âge, des Biscayens et même des Vénitiens avaient connu l'Amérique avant Christophe Colomb. Ces hardis navigateurs sont revenus après leurs échanges commerciaux, mais quel-ques-uns d'entre eux ont dû rester. Nous avons un passage important de Dicuil, abbé de Pablacht en Irlande, en 825, tiré d'un manuscrit commenté | ## UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. habitation le monde, qui, selon ces historiens, eut quatre âges. Le premier commença à la création et fut nommé soleil des eaux, dans un sens allégo-rique, parce qu'il se termina par un déluge universel qui fit périr tous les hommes et les créatures. Au troisième âge apparaissent des géants . C'est au quatrième âge, qui doit se terminer par le feu, et à une époque qui correspond au troisième siècle avant Jésus-Christ, que l'historien mexi-cain place l'arrivée dans la Nouvelle Espagne de la nation tol èque. D'après les traditions quichès, la patrie primitive des Nahoas ou ancêtres des Tol- èques, se trouvait vers un orient lointain, au delà des terres et des mers immenses. C'est là qu'ils s'étaient multipliés d'une manière considérable, et qu'ils vivaient sans civilisation. Alors ils n'avaient pas encore pris l'habi-tude de s'éloigner des lieux qui les avaient vus naître ils ne payaient pas de tributs, et tous parlaient la même langue. Ils n'encensaient ni le bois, ni la pierre, et ils se contentaient de lever les yeux au ciel et d'observer les lois du Créateur. @@Parmi les familles et les tribus qui supportaient le plus impatiemment ce repos et cette immobilité, celles de Tanub et d'Hocab se décidèrent les premières à s'éloigner de la patrie. Les Nahoas s'embarquèrent dans sept barques ou navires que Sahagun nomme chicomostoc ou les sept grottes. Faisons remarquer en passant que le nombre sept a été de tous les temps un nombre sacré parmi les peuples américains d'un pôle à l'autre. C'est à Panuco, près de Tampico, que ces étrangers débarquèrent. Ils s'établirent à Paxil, du consentement des Votanides, et leur Etat prit le nom de Huehue @@opallan. Ils étaient venus du côté où le soleil se lève. Il suffit, pour que le récit qui précède fasse une grande impression, qu'on soit assuré qu'il ait eu cours en Amérique avant l'arrivée de Christo-phe Colomb. Or, ce dernier point est hors de litige. -D'ailleurs les Quichès viennent confirmer cette relation. Et leurs traditions , dit M. Domenech, p. 24, sont plus explicites encore. Ils s'approprient cette première émigra-tion et s'efforcent de rattacher leur berceau à celui des Toltèques auxquels ils avaient emprunté leur civilisation et leurs lois. Guatimala fut le terme de leurs émigrations, et Las Casas raconte à ce sujet que l'on conservait dans cette partie du Yucatan le souvenir de vingt chefs illustres venant d'Orient, débarqués en cet endroit un grand nombre de siècles auparavant. Ils étaient habillés de longs et amples vêtements, ils portaient de grandes barbes . Puis cette histoire raconte les guerres à l'extérieur avec les Vota-nides et les autres. Mais les documents historiques conservés par les Scandinaves, ne lais-sent subsister aucun doute. Domenech, p. 37. Les inscriptions islandaises et celtibériques trouvées dans les Etats du nord et de l'est de l'Union améri-caine, sur des rochers, des pierres et dans des tombeaux, sont venues con-firmer les assertions des archéologues et des écrivains danois. D'autres don-nées portent à croire que, dans le moyen âge, des Biscayens et même des Vénitiens avaient connu l'Amérique avant Christophe Colomb. Ces hardis navigateurs sont revenus après leurs échanges commerciaux, mais quel-ques-uns d'entre eux ont dû rester. Nous avons un passage important de Dicuil, abbé de Pahlacht en Irlande, en 825, tiré d'un manuscrit commenté | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. habitation le monde, qui, selon ces historiens, eut quatre âges. Le premier commença à la création et fut nommé soleil des eaux, dans un sens allégo-rique, parce qu'il se termina par un déluge universel qui fit périr tous les hommes et les créatures. Au troisième âge apparaissent des géants . C'est au quatrième âge, qui doit se terminer par le feu, et à une époque qui correspond au troisième siècle avant Jésus-Christ, que l'historien mexi-cain place l'arrivée dans la Nouvelle Espagne de la nation tol èque. D'après les traditions quichès, la patrie primitive des Nahoas ou ancêtres des Tol- èques, se trouvait vers un orient lointain, au delà des terres et des mers immenses. C'est là qu'ils s'étaient multipliés d'une manière considérable, et qu'ils vivaient sans civilisation. Alors ils n'avaient pas encore pris l'habi-tude de s'éloigner des lieux qui les avaient vus naître ils ne payaient pas de tributs, et tous parlaient la même langue. Ils n'encensaient ni le bois, ni la pierre, et ils se contentaient de lever les yeux au ciel et d'observer les lois du Créateur. @@Parmi les familles et les tribus qui supportaient le plus impatiemment ce repos et cette immobilité, celles de Tanub et d'Hocab se décidèrent les premières à s'éloigner de la patrie. Les Nahoas s'embarquèrent dans sept barques ou navires que Sahagun nomme chicomostoc ou les sept grottes. Faisons remarquer en passant que le nombre sept a été de tous les temps un nombre sacré parmi les peuples américains d'un pôle à l'autre. C'est à Panuco, près de Tampico, que ces étrangers débarquèrent. Ils s'établirent à Paxil, du consentement des Votanides, et leur Etat prit le nom de Huehue @@opallan. Ils étaient venus du côté où le soleil se lève. Il suffit, pour que le récit qui précède fasse une grande impression, qu'on soit assuré qu'il ait eu cours en Amérique avant l'arrivée de Christo-phe Colomb. Or, ce dernier point est hors de litige. -D'ailleurs les Quichès viennent confirmer cette relation. Et leurs traditions , dit M. Domenech, p. 24, sont plus explicites encore. Ils s'approprient cette première émigra-tion et s'efforcent de rattacher leur berceau à celui des Toltèques auxquels ils avaient emprunté leur civilisation et leurs lois. Guatimala fut le terme de leurs émigrations, et Las Casas raconte à ce sujet que l'on conservait dans cette partie du Yucatan le souvenir de vingt chefs illustres venant d'Orient, débarqués en cet endroit un grand nombre de siècles auparavant. Ils étaient habillés de longs et amples vêtements, ils portaient de grandes barbes . Puis cette histoire raconte les guerres à l'extérieur avec les Vota-nides et les autres. Mais les documents historiques conservés par les Scandinaves, ne lais-sent subsister aucun doute. Domenech, p. 37. Les inscriptions islandaises et celtibériques trouvées dans les Etats du nord et de l'est de l'Union améri-caine, sur des rochers, des pierres et dans des tombeaux, sont venues con-firmer les assertions des archéologues et des écrivains danois. D'autres don-nées portent à croire que, dans le moyen âge, des Biscayens et même des Vénitiens avaient connu l'Amérique avant Christophe Colomb. Ces hardis navigateurs sont revenus après leurs échanges commerciaux, mais quel-ques-uns d'entre eux ont dû rester. Nous avons un passage important de Dicuil, abbé de Pahlacht en Irlande, en 825, tiré d'un manuscrit commenté | 42 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. habitation le monde, qui, selon ces historiens, eut quatre âges. Le premier commença à la création et fut nommé soleil des eaux, dans un sens allégo-rique, parce qu'il se termina par un déluge universel qui fit périr tous les hommes et les créatures. Au troisième âge apparaissent des géants . C'est au quatrième âge, qui doit se terminer par le feu, et à une époque qui correspond au troisième siècle avant Jésus-Christ, que l'historien mexi-cain place l'arrivée dans la Nouvelle Espagne de la nation tol èque. D'après les traditions quichès, la patrie primitive des Nahoas ou ancêtres des Tol- èques, se trouvait vers un orient lointain, au delà des terres et des mers immenses. C'est là qu'ils s'étaient multipliés d'une manière considérable, et qu'ils vivaient sans civilisation. Alors ils n'avaient pas encore pris l'habi-tude de s'éloigner des lieux qui les avaient vus naître ils ne payaient pas de tributs, et tous parlaient la même langue. Ils n'encensaient ni le bois, ni la pierre, et ils se contentaient de lever les yeux au ciel et d'observer les lois du Créateur. Parmi les familles et les tribus qui supportaient le plus impatiemment ce repos et cette immobilité, celles de Tanub et d'Hocab se décidèrent les premières à s'éloigner de la patrie. Les Nahoas s'embarquèrent dans sept barques ou navires que Sahagun nomme chicomostoc ou les sept grottes. Faisons remarquer en passant que le nombre sept a été de tous les temps un nombre sacré parmi les peuples américains d'un pôle à l'autre. C'est à Panuco, près de Tampico, que ces étrangers débarquèrent. Ils s'établirent à Paxil, du consentement des Votanides, et leur Etat prit le nom de Huehue opallan. Ils étaient venus du côté où le soleil se lève. Il suffit, pour que le récit qui précède fasse une grande impression, qu'on soit assuré qu'il ait eu cours en Amérique avant l'arrivée de Christo-phe Colomb. Or, ce dernier point est hors de litige. -D'ailleurs les Quichès viennent confirmer cette relation. Et leurs traditions , dit M. Domenech, p. 24, sont plus explicites encore. Ils s'approprient cette première émigra-tion et s'efforcent de rattacher leur berceau à celui des Toltèques auxquels ils avaient emprunté leur civilisation et leurs lois. Guatimala fut le terme de leurs émigrations, et Las Casas raconte à ce sujet que l'on conservait dans cette partie du Yucatan le souvenir de vingt chefs illustres venant d'Orient, débarqués en cet endroit un grand nombre de siècles auparavant. Ils étaient habillés de longs et amples vêtements, ils portaient de grandes barbes . Puis cette histoire raconte les guerres à l'extérieur avec les Vota-nides et les autres. Mais les documents historiques conservés par les Scandinaves, ne lais-sent subsister aucun doute. Domenech, p. 37. Les inscriptions islandaises et celtibériques trouvées dans les Etats du nord et de l'est de l'Union améri-caine, sur des rochers, des pierres et dans des tombeaux, sont venues con-firmer les assertions des archéologues et des écrivains danois. D'autres don-nées portent à croire que, dans le moyen âge, des Biscayens et même des Vénitiens avaient connu l'Amérique avant Christophe Colomb. Ces hardis navigateurs sont revenus après leurs échanges commerciaux, mais quel-ques-uns d'entre eux ont dû rester. Nous avons un passage important de Dicuil, abbé de Pahlacht en Irlande, en 825, tiré d'un manuscrit commenté | 12 | 0.003529 | 0.019608 |
478.txt | 1,871 | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. il formé un cycle de soixante caractères. Ce cycle usité à Babylone, où il donna les sosos et les néros cités par Bérose, indiqués dans l'inscription de Rosette en Egypte, où il est question de périodes de trente ans ou demi-cycle, encore en usage aujourd'hui au lieu de nos siècles, dans l'Inde et dans toute la Haute-Asie retrouvé bien que modifié, chez les Muyscas de l'Amérique, et dont les traces antiques se montrent également, soit dans l'arithmétique sexagésimale des. Grecs et de Ptolémée, soit dans notre division actuelle du degré en 60', 60 , 60 ', etc. Nous aurions pu prendre à la même source bien d'autres observations très judicieuses et fort intéressantes, mais les conséquences nous paraissent moins bien déduites. Nous nous contenterons de signaler l'ouvrage aux curieux. Nous avons d'ailleurs tant de preuves, que nous ne pouvons les enre-gistrer toutes, tant la vérité de l'origine unique du genre humain se fait jour de toutes parts. II. -' La direction des migrations de Lous les peuples atteste uti berceau unique du genre humain. Tout ce qui précède acquiert une nouvelle force quand on suit le mou-vement et les migrations des peuples au début de l'histoire. Nous prions le lecteur de se rappeler ce que nous avons dit précé-demment sur le centre unique de civilisation. Tous les historiens sérieux, tous les monuments nous disent que c'est au centre de l'Asie que les fleuves des nations ont pris naissance, et de là se sont divisés jusqu'aux extrémités de la terre. , Bien des indices ont marqué la route suivie par les enfants de Japhet en-deçà et surtout au-delà de la mer Noire et de la mer Caspienne. Cette étude ne fait que commencer, et, sans avoir dit son dernier mot, elle a déjà des données suffisantes pour rattacher toutes les nations de l'Europe au centre de l'Asie. L'important ouvrage de M. Pictet, que nous avons cité, est une démons-tration en règle de ce fait, et nous ne ferons aucun effort pour trouver d'autres preuves. Toute la race sémitique n'a aucun doute sur la même origine, et les .pièces de conviction ne peuvent être récusées nous passons donc aux Américains. Voici les principales pièces qui attestent que l'Amérique a été peuplée par l'ancien monde a L'histoire toltèque , dit M. Domenech Voyage pittoresque, pag. 22 , est la première dans l'ordre des annales américaines dont les fondements sont admis avec quelque certitude, par les écrivains qui ont tenté d'éclaircir les origines obscures de la civilisation mexicaine. Les historiens les plus graves qui existaient avant la conquête, Netyahualwyotsin, Xiciheozatsin, Huitzin et plusieurs antres, racontent que le dieu toltèque Nahuac-hachi-guale-Ipalaemoani-Ilhuacahua-Haltilpac, c'est-à-dire le dieu universel, créateur de toutes choses, à qui obéissent toutes les créatures, Seigneur du ciel et de la terre, ayant formé tous les objets Yisibles, créa lefe premiers parents des hommes, dont tous les autres descendent, et leur d'ohnd pour | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. il formé un cycle de soixante caractères. Ce cycle usité à Babylone, où il donna les sosos et les néros cités par Bérose, indiqués dans l'inscription de Rosette en Egypte, où il est question de périodes de trente ans ou demi-cycle, encore en usage aujourd'hui au lieu de nos siècles, dans l'Inde et dans toute la Haute-Asie retrouvé bien que modifié, chez les Muyscas de l'Amérique, et dont les traces antiques se montrent également, soit dans l'arithmétique sexagésimale des. Grecs et de Ptolémée, soit dans notre division actuelle du degré en 60', 60@ , 60@ ', etc. Nous aurions pu prendre à la même source bien d'autres observations très judicieuses et fort intéressantes, mais les conséquences nous paraissent moins bien déduites. Nous nous contenterons de signaler l'ouvrage aux curieux. Nous avons d'ailleurs tant de preuves, que nous ne pouvons les enre-gistrer toutes, tant la vérité de l'origine unique du genre humain se fait jour de toutes parts. II. -' La direction des migrations de Lous les peuples atteste uti berceau unique du genre humain. Tout ce qui précède acquiert une nouvelle force quand on suit le mou-vement et les migrations des peuples au début de l'histoire. Nous prions le lecteur de se rappeler ce que nous avons dit précé-demment sur le centre unique de civilisation. Tous les historiens sérieux, tous les monuments nous disent que c'est au centre de l'Asie que les fleuves des nations ont pris naissance, et de là se sont divisés jusqu'aux extrémités de la terre. , Bien des indices ont marqué la route suivie par les enfants de Japhet en-deçà et surtout au-delà de la mer Noire et de la mer Caspienne. Cette étude ne fait que commencer, et, sans avoir dit son dernier mot, elle a déjà des données suffisantes pour rattacher toutes les nations de l'Europe au centre de l'Asie. L'important ouvrage de M. Pictet, que nous avons cité, est une démons-tration en règle de ce fait, et nous ne ferons aucun effort pour trouver d'autres preuves. Toute la race sémitique n'a aucun doute sur la même origine, et les .pièces de conviction ne peuvent être récusées nous passons donc aux Américains. Voici les principales pièces qui attestent que l'Amérique a été peuplée par l'ancien monde a L'histoire toltèque , dit M. Domenech Voyage pittoresque, pag. 22 , est la première dans l'ordre des annales américaines dont les fondements sont admis avec quelque certitude, par les écrivains qui ont tenté d'éclaircir les origines obscures de la civilisation mexicaine. Les historiens les plus graves qui existaient avant la conquête, Netyahualwyotsin, Xiciheozatsin, Huitzin et plusieurs antres, racontent que le dieu toltèque Nahuac-hachi-guale-Ipalaemoani-Ilhuacahua-Haltilpac, c'est-à-dire le dieu universel, créateur de toutes choses, à qui obéissent toutes les créatures, Seigneur du ciel et de la terre, ayant formé tous les objets Yisibles, créa lefe premiers parents des hommes, dont tous les autres descendent, et leur d'ohnd pour | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 11 formé un cycle de soixante caractères. Ce cycle usité à Babylone, où il donna les sosos et les néros cités par Bérose, indiqués dans l'inscription de Rosette en Egypte, où il est question de périodes de trente ans ou demi-cycle, encore en usage aujourd'hui au lieu de nos siècles, dans l'Inde et dans toute la Haute-Asie retrouvé bien que modifié, chez les Muyscas de l'Amérique, et dont les traces antiques se montrent également, soit dans l'arithmétique sexagésimale des@ Grecs et de Ptolémée, soit dans notre division actuelle du degré en 60', 60'', 60''', etc. Nous aurions pu prendre à la même source bien d'autres observations très judicieuses et fort intéressantes, mais les conséquences nous paraissent moins bien déduites. Nous nous contenterons de signaler l'ouvrage aux curieux. Nous avons d'ailleurs tant de preuves, que nous ne pouvons les enre-gistrer toutes, tant la vérité de l'origine unique du genre humain se fait jour de toutes parts. II. -@@La direction des migrations de tous les peuples atteste u@n berceau unique du genre humain. Tout ce qui précède acquiert une nouvelle force quand on suit le mou-vement et les migrations des peuples au début de l'histoire. Nous prions le lecteur de se rappeler ce que nous avons dit précè-demment sur le centre unique de civilisation. Tous les historiens sérieux, tous les monuments nous disent que c'est au centre de l'Asie que les fleuves des nations ont pris naissance, et de là se sont divisés jusqu'aux extrémités de la terre. @@Bien des indices ont marqué la route suivie par les enfants de Japhet en-deçà et surtout au-delà de la mer Noire et de la mer Caspienne. Cette étude ne fait que commencer, et, sans avoir dit son dernier mot, elle a déjà des données suffisantes pour rattacher toutes les nations de l'Europe au centre de l'Asie. L'important ouvrage de M. Piclet, que nous avons cité, est une démons-tration en régle de ce fait, et nous ne ferons aucun effort pour trouver d'autres preuves. Toute la race sémitique n'a aucun doute sur la même origine, et les @pièces de conviction ne peuvent être récusées nous passons donc aux Américains. Voici les principales pièces qui attestent que l'Amérique a été peuplée par l'ancien monde @@L'histoire toltèque , dit M. Domenech Voyage pittoresque, pag. 22 , est la première dans l'ordre des annales américaines dont les fondements sont admis avec quelque certitude, par les écrivains qui ont tenté d'éclaircir les origines obscures de la civilisation mexicaine. Les historiens les plus graves qui existaient avant la conquête, Netyahualwyotsin, Xiciheozatsin, Huitzin et plusieurs autres, racontent que le dieu toltèque Nahuac-hachi-guale-Ipalaemoani-Ilhuacahua-Haltilpac, c'est-à-dire le dieu universel, créateur de toutes choses, à qui obéissent toutes les créatures, Seigneur du ciel et de la terre, ayant formé tous les objets visibles, créa le@s premiers parents des hommes, dont tous les autres descendent, et leur d@onna pour | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 11 formé un cycle de soixante caractères. Ce cycle usité à Babylone, où il donna les sosos et les néros cités par Bérose, indiqués dans l'inscription de Rosette en Egypte, où il est question de périodes de trente ans ou demi-cycle, encore en usage aujourd'hui au lieu de nos siècles, dans l'Inde et dans toute la Haute-Asie retrouvé bien que modifié, chez les Muyscas de l'Amérique, et dont les traces antiques se montrent également, soit dans l'arithmétique sexagésimale des@ Grecs et de Ptolémée, soit dans notre division actuelle du degré en 60', 60'', 60''', etc. Nous aurions pu prendre à la même source bien d'autres observations très judicieuses et fort intéressantes, mais les conséquences nous paraissent moins bien déduites. Nous nous contenterons de signaler l'ouvrage aux curieux. Nous avons d'ailleurs tant de preuves, que nous ne pouvons les enre-gistrer toutes, tant la vérité de l'origine unique du genre humain se fait jour de toutes parts. II. -@@La direction des migrations de tous les peuples atteste u@n berceau unique du genre humain. Tout ce qui précède acquiert une nouvelle force quand on suit le mou-vement et les migrations des peuples au début de l'histoire. Nous prions le lecteur de se rappeler ce que nous avons dit précè-demment sur le centre unique de civilisation. Tous les historiens sérieux, tous les monuments nous disent que c'est au centre de l'Asie que les fleuves des nations ont pris naissance, et de là se sont divisés jusqu'aux extrémités de la terre. @@Bien des indices ont marqué la route suivie par les enfants de Japhet en-deçà et surtout au-delà de la mer Noire et de la mer Caspienne. Cette étude ne fait que commencer, et, sans avoir dit son dernier mot, elle a déjà des données suffisantes pour rattacher toutes les nations de l'Europe au centre de l'Asie. L'important ouvrage de M. Piclet, que nous avons cité, est une démons-tration en régle de ce fait, et nous ne ferons aucun effort pour trouver d'autres preuves. Toute la race sémitique n'a aucun doute sur la même origine, et les @pièces de conviction ne peuvent être récusées nous passons donc aux Américains. Voici les principales pièces qui attestent que l'Amérique a été peuplée par l'ancien monde @@L'histoire toltèque , dit M. Domenech Voyage pittoresque, pag. 22 , est la première dans l'ordre des annales américaines dont les fondements sont admis avec quelque certitude, par les écrivains qui ont tenté d'éclaircir les origines obscures de la civilisation mexicaine. Les historiens les plus graves qui existaient avant la conquête, Netyahualwyotsin, Xiciheozatsin, Huitzin et plusieurs autres, racontent que le dieu toltèque Nahuac-hachi-guale-Ipalaemoani-Ilhuacahua-Haltilpac, c'est-à-dire le dieu universel, créateur de toutes choses, à qui obéissent toutes les créatures, Seigneur du ciel et de la terre, ayant formé tous les objets visibles, créa le@s premiers parents des hommes, dont tous les autres descendent, et leur d@onna pour | UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. 11 formé un cycle de soixante caractères. Ce cycle usité à Babylone, où il donna les sosos et les néros cités par Bérose, indiqués dans l'inscription de Rosette en Egypte, où il est question de périodes de trente ans ou demi-cycle, encore en usage aujourd'hui au lieu de nos siècles, dans l'Inde et dans toute la Haute-Asie retrouvé bien que modifié, chez les Muyscas de l'Amérique, et dont les traces antiques se montrent également, soit dans l'arithmétique sexagésimale des Grecs et de Ptolémée, soit dans notre division actuelle du degré en 60', 60'', 60''', etc. Nous aurions pu prendre à la même source bien d'autres observations très judicieuses et fort intéressantes, mais les conséquences nous paraissent moins bien déduites. Nous nous contenterons de signaler l'ouvrage aux curieux. Nous avons d'ailleurs tant de preuves, que nous ne pouvons les enre-gistrer toutes, tant la vérité de l'origine unique du genre humain se fait jour de toutes parts. II. -La direction des migrations de tous les peuples atteste un berceau unique du genre humain. Tout ce qui précède acquiert une nouvelle force quand on suit le mou-vement et les migrations des peuples au début de l'histoire. Nous prions le lecteur de se rappeler ce que nous avons dit précè-demment sur le centre unique de civilisation. Tous les historiens sérieux, tous les monuments nous disent que c'est au centre de l'Asie que les fleuves des nations ont pris naissance, et de là se sont divisés jusqu'aux extrémités de la terre. Bien des indices ont marqué la route suivie par les enfants de Japhet en-deçà et surtout au-delà de la mer Noire et de la mer Caspienne. Cette étude ne fait que commencer, et, sans avoir dit son dernier mot, elle a déjà des données suffisantes pour rattacher toutes les nations de l'Europe au centre de l'Asie. L'important ouvrage de M. Piclet, que nous avons cité, est une démons-tration en régle de ce fait, et nous ne ferons aucun effort pour trouver d'autres preuves. Toute la race sémitique n'a aucun doute sur la même origine, et les pièces de conviction ne peuvent être récusées nous passons donc aux Américains. Voici les principales pièces qui attestent que l'Amérique a été peuplée par l'ancien monde L'histoire toltèque , dit M. Domenech Voyage pittoresque, pag. 22 , est la première dans l'ordre des annales américaines dont les fondements sont admis avec quelque certitude, par les écrivains qui ont tenté d'éclaircir les origines obscures de la civilisation mexicaine. Les historiens les plus graves qui existaient avant la conquête, Netyahualwyotsin, Xiciheozatsin, Huitzin et plusieurs autres, racontent que le dieu toltèque Nahuac-hachi-guale-Ipalaemoani-Ilhuacahua-Haltilpac, c'est-à-dire le dieu universel, créateur de toutes choses, à qui obéissent toutes les créatures, Seigneur du ciel et de la terre, ayant formé tous les objets visibles, créa les premiers parents des hommes, dont tous les autres descendent, et leur donna pour | 27 | 0.009091 | 0.057621 |
322.txt | 1,820 | SUR MADAME ROLAND. XXXI les dénonça du moins avec une indignation courageuse. Depuis que, du haut de la tribune la voix retentissante de Danton avait fait entendre ces paroles Pour vaincre, pour attérer nos ennemis, que faut-il P de l'audace, encore de l'audace, et toujours de l'audace ! la ter-reur avait glacé tous les esprits mais l'assemblée craignait surtout de laisser apercevoir sa crainte. Au milieu de ce Sénat, où la pâleur couvrait tous les visages, et que l'effroi rendait muet , Roland , le 3 septembre, appela la justice des lois sur les forfaits de la veille et la salle retentit tout-à-coup d'applaudissemens. Mais ces coeurs pusillanimes sentaient encore le prix d'un acte de courage sans oser l'imiter , et le ministre qui avait signalé les assassins de septembre fut dès ce moment promis à leur vengeance. Madame Roland fut surtout en butte à leur haine, depuis que dénoncée dans le sein de la Convention, ap-pelée à sa barre , conservant, sous les regards menaçans le ses plus cruels ennemis , sa présence d'esprit ordi-naire, par des réponses précises, par des questions im-prévues, elle mit au jour cette intrigue obscure et confondit ses accusateurs. Ils ne se pardonnaient point de lui avoir ménagé l'occasion d'un triomphe. Dans chaque écrit qui dénonçait leurs complots, dans chaque mesure qui ren-versait leurs projets, dans chaque résolution dont la vi-gueur faisait pâlir Marat, étonnait l'audace de Danton ou démasquait l'hypocrisie de Robespierre, ils s'obstinaient à reconnaître les conseils, l'esprit, le courage de madame Roland elle ne marcha plus qu'environnée d'écueils. Roland restait au ministère, parce qu'il y voyait encore des maux à prévenir et des périls à braver. Sa femme et lui recevaient chaque jour de sinistres avis les plus ef- | SUR MADAME ROLAND. XXXI les dénonça du moins avec une indignation courageuse. Depuis que, du haut de la tribune la voix retentissante de Danton avait fait entendre ces paroles Pour vaincre, pour attérer nos ennemis, que faut-il P de l'audace, encore de l'audace, et toujours de l'audace ! la ter-reur avait glacé tous les esprits mais l'assemblée craignait surtout de laisser apercevoir sa crainte. Au milieu de ce Sénat, où la pâleur couvrait tous les visages, et que l'effroi rendait muet , Roland , le 3 septembre, appela la justice des lois sur les forfaits de la veille et la salle retentit tout-à-coup d'applaudissemens. Mais ces coeurs pusillanimes sentaient encore le prix d'un acte de courage sans oser l'imiter , et le ministre qui avait signalé les assassins de septembre fut dès ce moment promis à leur vengeance. Madame Roland fut surtout en butte à leur haine, depuis que dénoncée dans le sein de la Convention, ap-pelée à sa barre , conservant, sous les regards menaçans le ses plus cruels ennemis , sa présence d'esprit ordi-naire, par des réponses précises, par des questions im-prévues, elle mit au jour cette intrigue obscure et confondit ses accusateurs. Ils ne se pardonnaient point de lui avoir ménagé l'occasion d'un triomphe. Dans chaque écrit qui dénonçait leurs complots, dans chaque mesure qui ren-versait leurs projets, dans chaque résolution dont la vi-gueur faisait pâlir Marat, étonnait l'audace de Danton ou démasquait l'hypocrisie de Robespierre, ils s'obstinaient à reconnaître les conseils, l'esprit, le courage de madame Roland elle ne marcha plus qu'environnée d'écueils. Roland restait au ministère, parce qu'il y voyait encore des maux à prévenir et des périls à braver. Sa femme et lui recevaient chaque jour de sinistres avis les plus ef- | SUR MADAME ROLAND. XXXI les dénonça du moins avec une indignation courageuse. Depuis que, du haut de la tribune la voix retentissante de Danton avait fait entendre ces paroles Pour vaincre, pour attérer nos ennemis, que faut-il ? de l'audace, encore de l'audace, et toujours de l'audace ! la ter-reur avait glacé tous les esprits mais l'assemblée craignait surtout de laisser apercevoir sa crainte. Au milieu de ce Sénat, où la pâleur couvrait tous les visages, et que l'effroi rendait muet@, Roland@, le 3 septembre, appela la justice des lois sur les forfaits de la veille et la salle retentit tout-à-coup d'applaudissemens. Mais ces coeurs pusillanimes sentaient encore le prix d'un acte de courage sans oser l'imiter@, et le ministre qui avait signalé les assassins de septembre fut dès ce moment promis à leur vengeance. Madame Roland fut surtout en butte à leur haine, depuis que dénoncée dans le sein de la Convention, ap-pelée à sa barre@, conservant, sous les regards menaçans de ses plus cruels ennemis@, sa présence d'esprit ordi-naire, par des réponses précises, par des questions im-prévues, elle mit au jour cette intrigue obscure et confondit ses accusateurs. Ils ne se pardonnaient point de lui avoir ménagé l'occasion d'un triomphe. Dans chaque écrit qui dénonçait leurs complots, dans chaque mesure qui ren-versait leurs projets, dans chaque résolution dont la vi-gueur faisait pâlir Marat, étonnait l'audace de Danton ou démasquait l'hypocrisie de Robespierre, ils s'obstinaient à reconnaître les conseils, l'esprit, le courage de madame Roland elle ne marcha plus qu'environnée d'écueils. Roland restait au ministère, parce qu'il y voyait encore des maux à prévenir et des périls à braver. Sa femme et lui recevaient chaque jour de sinistres avis les plus ef- | SUR MADAME ROLAND. XXXI les dénonça du moins avec une indignation courageuse. Depuis que, du haut de la tribune la voix retentissante de Danton avait fait entendre ces paroles Pour vaincre, pour attérer nos ennemis, que faut-il ? de l'audace, encore de l'audace, et toujours de l'audace ! la ter-reur avait glacé tous les esprits mais l'assemblée craignait surtout de laisser apercevoir sa crainte. Au milieu de ce Sénat, où la pâleur couvrait tous les visages, et que l'effroi rendait muet@, Roland@, le 3 septembre, appela la justice des lois sur les forfaits de la veille et la salle retentit tout-à-coup d'applaudissemens. Mais ces coeurs pusillanimes sentaient encore le prix d'un acte de courage sans oser l'imiter@, et le ministre qui avait signalé les assassins de septembre fut dès ce moment promis à leur vengeance. Madame Roland fut surtout en butte à leur haine, depuis que dénoncée dans le sein de la Convention, ap-pelée à sa barre@, conservant, sous les regards menaçans de ses plus cruels ennemis@, sa présence d'esprit ordi-naire, par des réponses précises, par des questions im-prévues, elle mit au jour cette intrigue obscure et confondit ses accusateurs. Ils ne se pardonnaient point de lui avoir ménagé l'occasion d'un triomphe. Dans chaque écrit qui dénonçait leurs complots, dans chaque mesure qui ren-versait leurs projets, dans chaque résolution dont la vi-gueur faisait pâlir Marat, étonnait l'audace de Danton ou démasquait l'hypocrisie de Robespierre, ils s'obstinaient à reconnaître les conseils, l'esprit, le courage de madame Roland elle ne marcha plus qu'environnée d'écueils. Roland restait au ministère, parce qu'il y voyait encore des maux à prévenir et des périls à braver. Sa femme et lui recevaient chaque jour de sinistres avis les plus ef- | SUR MADAME ROLAND. XXXI les dénonça du moins avec une indignation courageuse. Depuis que, du haut de la tribune la voix retentissante de Danton avait fait entendre ces paroles Pour vaincre, pour attérer nos ennemis, que faut-il ? de l'audace, encore de l'audace, et toujours de l'audace ! la ter-reur avait glacé tous les esprits mais l'assemblée craignait surtout de laisser apercevoir sa crainte. Au milieu de ce Sénat, où la pâleur couvrait tous les visages, et que l'effroi rendait muet, Roland, le 3 septembre, appela la justice des lois sur les forfaits de la veille et la salle retentit tout-à-coup d'applaudissemens. Mais ces coeurs pusillanimes sentaient encore le prix d'un acte de courage sans oser l'imiter, et le ministre qui avait signalé les assassins de septembre fut dès ce moment promis à leur vengeance. Madame Roland fut surtout en butte à leur haine, depuis que dénoncée dans le sein de la Convention, ap-pelée à sa barre, conservant, sous les regards menaçans de ses plus cruels ennemis, sa présence d'esprit ordi-naire, par des réponses précises, par des questions im-prévues, elle mit au jour cette intrigue obscure et confondit ses accusateurs. Ils ne se pardonnaient point de lui avoir ménagé l'occasion d'un triomphe. Dans chaque écrit qui dénonçait leurs complots, dans chaque mesure qui ren-versait leurs projets, dans chaque résolution dont la vi-gueur faisait pâlir Marat, étonnait l'audace de Danton ou démasquait l'hypocrisie de Robespierre, ils s'obstinaient à reconnaître les conseils, l'esprit, le courage de madame Roland elle ne marcha plus qu'environnée d'écueils. Roland restait au ministère, parce qu'il y voyait encore des maux à prévenir et des périls à braver. Sa femme et lui recevaient chaque jour de sinistres avis les plus ef- | 7 | 0.003946 | 0.006289 |
444.txt | 1,829 | PRÉLIMINAIRES. xix - b. tes yeux seront Happés, son esprit sera averti par cette langue étrangère ijgs quatre mots qui lui échappaient dans la sienne. Une langue est tou jours un cx-cellciit moyen pour analyser les idées d'une aull c. 5° Les sept monosyllabes L't, LA, LES , DU, DES , AU , AUX , pourront arrêter les enfans dans l'exercice que nous proposons. Comme ces monosyllabes n'expriment que le rapport d'un Yrflt avec un autre, les eufans ne sauront, ni quelle idée attacher à ces mots, ni par quel geste les ren-dre. Il serait donc nécessaire de les en prévenir avant qu'ils commencent leur exercice. On pourra les leur faire ap-prenne par coeur dès les premiers jours, eu leur disant que les monosyllabes sont des mots qui auront une signification réelle pour eux lorsqu'ils seront plus avan-- cés. Eu attendant, ils se contenteront de les appeler des monosyllabes, c'est-à-dire des mots d'une seule syllabe. Ainsi, dans cette phrase, Je flaire la rose du jardin, ils diront JE, mot qui exprime moi, ma personne FLAIRE, mot qui désigne l'action de flairer LA , mouo-sylînhe du mot suivant R.OSE, mot qui indique cette fleur j DU , monosyllabe du mot suivant JARDIN, mot qui signifie l'endroit que vous voyez Is épelleront de même les autres monosyllabes dans les phrases Tu dé-chires IL livre de papa II aime Les ananas des Indes foa jft~r ' n fT domestiques. On leur fera observer que Jes monosyllabes LE , LA, etc., ne tiennent aux mots, rose, livre, etc., que d'une manière accidentelle , puis-que le jnets rose , livre, etc. , signifient d'ailleurs une rose , un livre, sans les mots LA et LE qui les précè-deut rn on ne dit pas Je vous donne une la rose , mais une rose Vous me prêtez un le livre, mais un livre. 6U Les dix monosyllabes , JE , ME , TE, SF. , CE , DE , -NE, LE, LA, QUE, lorsqu'ils sont élidés avant des mots qui commencent par une voyelle, pourronUV-bappeï aussi aux eufans, qui les confondront avecle moLq ii suit el ils di-ront jespère, il malrne J je lècoute elle samuse cest plaisant fleur dorange n'rnlandtz-vous pas lo-race ? | PRÉLIMINAIRES. xix - b. tes yeux seront @Happés, son esprit sera averti par cette langue étrangère ijgs quatre mots qui lui échappaient dans la sienne. Une langue est tou jours un cx-cellciit moyen pour analyser les idées d'une aull c. 5° Les sept monosyllabes L't, LA, LES , DU, DES , AU , AUX , pourront arrêter les enfans dans l'exercice que nous proposons. Comme ces monosyllabes n'expriment que le rapport d'un Yrflt avec un autre, les eufans ne sauront, ni quelle idée attacher à ces mots, ni par quel geste les ren-dre. Il serait donc nécessaire de les en prévenir avant qu'ils commencent leur exercice. On pourra les leur faire ap-pren@ne par coeur dès les premiers jours, eu leur disant que les monosyllabes sont des mots qui auront une signification réelle pour eux lorsqu'ils seront plus avan-- cés. Eu attendant, ils se contenteront de les appeler des monosyllabes, c'est-à-dire des mots d'une seule syllabe. Ainsi, dans cette phrase, Je flaire la rose du jardin, ils diront JE, mot qui exprime moi, ma personne FLAIRE, mot qui désigne l'action de flairer LA , mouo-sylînhe du mot suivant R.OSE, mot qui indique cette fleur j DU , monosyllabe du mot suivant JARDIN, mot qui signifie l'endroit que vous voyez@ I@s épelleront de même les autres monosyllabes dans les phrases Tu dé-chires IL livre de papa II aime Les ananas des Indes foa jft~r ' n fT domestiques. On leur fera observer que Jes monosyllabes LE , LA, etc., ne tiennent aux mots, rose, livre, etc., que d'une manière accidentelle , puis-que le jnets rose , livre, etc. , signifient d'ailleurs une rose , un livre, sans les mots LA et LE qui les précè-deut rn @@@@@@on ne dit pas Je vous donne une la rose , mais une rose Vous me prêtez un le livre, mais un livre. 6U Les dix monosyllabes , JE , ME , TE, SF. , CE , DE , -NE, LE, LA, QUE, lorsqu'ils sont élidés avant des mots qui commencent par une voyelle, pourron@UV-bappeï aussi aux eufans, qui les confondront avecle moLq ii suit el ils di-ront jespère, il malrne J je lècoute elle samuse cest plaisant fleur dorange n'rnlandtz-vous pas lo-race ? | PRÉLIMINAIRES. xix@@@@@ ses yeux seront frappés, son esprit sera averti par cette langue étrangère @des quatre mots qui lui échappaient dans la sienne. Une langue est tou@jours un ex@cell@ent moyen pour analyser les idées d'une au@tre. 5° Les sept monosyllabes L@E, LA, LES@, DU, DES@, AU@, AUX@, pourront arrêter les enfans dans l'exercice que nous proposons. Comme ces monosyllabes n'expriment que le rapport d'un @@mot avec un autre, les enfans ne sauront, ni quelle idée attacher à ces mots, ni par quel geste les ren-dre. Il serait donc nécessaire de les en prévenir avant qu'ils commencent leur exercice. On pourra les leur faire ap-prendre par coeur dès les premiers jours, en leur disant que ces monosyllabes sont des mots qui auront une signification réelle pour eux lorsqu'ils seront plus avan-@@cés. En attendant, ils se contenteront de les appeler des monosyllabes, c'est-à-dire des mots d'une seule syllabe. Ainsi, dans cette phrase, Je flaire la rose du jardin, ils diront JE, mot qui exprime moi, ma personne FLAIRE, mot qui désigne l'action de flairer LA@, mono-syllabe du mot suivant R@OSE, mot qui indique cette fleurur DU@, monosyllabe du mot suivant JARDIN, mot qui signifie l'endroit que vous voyez. Ils épelleront de même les autres monosyllabes dans les phrases Tu dé-chires le livre de papa Il aime les ananas des Indes ############################# On leur fera observer que les monosyllabes LE@, LA, etc., ne tiennent aux mots, rose, livre, etc., que d'une manière accidentelle@, puis-que les mots rose@, livre, etc.@, signifient d'ailleurs une rose@, un livre, sans les mots LA et LE qui les précè-dent en effet on ne dit pas Je vous donne une la rose@, mais une rose Vous me prêtez un le livre, mais un livre. 6° Les dix monosyllabes@, JE@, ME@, TE, S@@E, CE@, DE@, @NE, LE, LA, QUE, lorsqu'ils sont élidés avant des mots qui commencent par une voyelle, pourront échapper aussi aux enfans, qui les confondront avecle mot qui suit et ils di-ront jespère, il ma@ime@, je técoute elle samuse cest plaisant fleur dorange n'entendez-vous pas lo@rage ? | PRÉLIMINAIRES. xix@@@@@ ses yeux seront frappés, son esprit sera averti par cette langue étrangère @des quatre mots qui lui échappaient dans la sienne. Une langue est tou@jours un ex@cell@ent moyen pour analyser les idées d'une au@tre. 5° Les sept monosyllabes L@E, LA, LES@, DU, DES@, AU@, AUX@, pourront arrêter les enfans dans l'exercice que nous proposons. Comme ces monosyllabes n'expriment que le rapport d'un @@mot avec un autre, les enfans ne sauront, ni quelle idée attacher à ces mots, ni par quel geste les ren-dre. Il serait donc nécessaire de les en prévenir avant qu'ils commencent leur exercice. On pourra les leur faire ap-prendre par coeur dès les premiers jours, en leur disant que ces monosyllabes sont des mots qui auront une signification réelle pour eux lorsqu'ils seront plus avan-@@cés. En attendant, ils se contenteront de les appeler des monosyllabes, c'est-à-dire des mots d'une seule syllabe. Ainsi, dans cette phrase, Je flaire la rose du jardin, ils diront JE, mot qui exprime moi, ma personne FLAIRE, mot qui désigne l'action de flairer LA@, mono-syllabe du mot suivant R@OSE, mot qui indique cette fleurur DU@, monosyllabe du mot suivant JARDIN, mot qui signifie l'endroit que vous voyez. Ils épelleront de même les autres monosyllabes dans les phrases Tu dé-chires le livre de papa Il aime les ananas des Indes foa jft~r ' n fT domestiques. On leur fera observer que les monosyllabes LE@, LA, etc., ne tiennent aux mots, rose, livre, etc., que d'une manière accidentelle@, puis-que les mots rose@, livre, etc.@, signifient d'ailleurs une rose@, un livre, sans les mots LA et LE qui les précè-dent en effet on ne dit pas Je vous donne une la rose@, mais une rose Vous me prêtez un le livre, mais un livre. 6° Les dix monosyllabes@, JE@, ME@, TE, S@@E, CE@, DE@, @NE, LE, LA, QUE, lorsqu'ils sont élidés avant des mots qui commencent par une voyelle, pourront échapper aussi aux enfans, qui les confondront avecle mot qui suit et ils di-ront jespère, il ma@ime@, je técoute elle samuse cest plaisant fleur dorange n'entendez-vous pas lo@rage ? | PRÉLIMINAIRES. xix ses yeux seront frappés, son esprit sera averti par cette langue étrangère des quatre mots qui lui échappaient dans la sienne. Une langue est toujours un excellent moyen pour analyser les idées d'une autre. 5° Les sept monosyllabes LE, LA, LES, DU, DES, AU, AUX, pourront arrêter les enfans dans l'exercice que nous proposons. Comme ces monosyllabes n'expriment que le rapport d'un mot avec un autre, les enfans ne sauront, ni quelle idée attacher à ces mots, ni par quel geste les ren-dre. Il serait donc nécessaire de les en prévenir avant qu'ils commencent leur exercice. On pourra les leur faire ap-prendre par coeur dès les premiers jours, en leur disant que ces monosyllabes sont des mots qui auront une signification réelle pour eux lorsqu'ils seront plus avan-cés. En attendant, ils se contenteront de les appeler des monosyllabes, c'est-à-dire des mots d'une seule syllabe. Ainsi, dans cette phrase, Je flaire la rose du jardin, ils diront JE, mot qui exprime moi, ma personne FLAIRE, mot qui désigne l'action de flairer LA, mono-syllabe du mot suivant ROSE, mot qui indique cette fleurur DU, monosyllabe du mot suivant JARDIN, mot qui signifie l'endroit que vous voyez. Ils épelleront de même les autres monosyllabes dans les phrases Tu dé-chires le livre de papa Il aime les ananas des Indes foa jft~r ' n fT domestiques. On leur fera observer que les monosyllabes LE, LA, etc., ne tiennent aux mots, rose, livre, etc., que d'une manière accidentelle, puis-que les mots rose, livre, etc., signifient d'ailleurs une rose, un livre, sans les mots LA et LE qui les précè-dent en effet on ne dit pas Je vous donne une la rose, mais une rose Vous me prêtez un le livre, mais un livre. 6° Les dix monosyllabes, JE, ME, TE, SE, CE, DE, NE, LE, LA, QUE, lorsqu'ils sont élidés avant des mots qui commencent par une voyelle, pourront échapper aussi aux enfans, qui les confondront avecle mot qui suit et ils di-ront jespère, il maime, je técoute elle samuse cest plaisant fleur dorange n'entendez-vous pas lorage ? | 108 | 0.053071 | 0.22439 |
450.txt | 1,829 | c. AVIS AUX INSTITUTEURS. DONNER, une leçon à apprendre et se borner ensuite à la faire réciter, ce n'est pas enseigner la grammaire. Si l'on veut que l'élève apprenue autre chose que des mots, si l'on veut qu'il comprenne cf qu'il apprend et qu'il , re-tienne ce qu'il a compris , il faut se mettre toujours à sa portée, lui faire découvrir les règles par des exemples, l'amener à faire lui-même la définition et lui faire faire, par des exemples variés , l'application de ce qu'il a appris. Telle est la tâche qu'impose hit maître la méthode de Pabbé Gaultier. Les instructions qui précèdent font con-mailre l'esprit de cette méthode l'ouvrage intitulé Le-fons de Grammaire en action en montre la pratique. Nous y renvoyons les parens eL les instituteurs. Nous nous bornerons à donner ici quelques détails sur l'emploi des jetons, à l'aide desquels on peut rendre la leçon si intéressante sur la manière de faire l'analyse gramma-ticale sur le jeu des étiquettes, et enfin sur l'usage qu'on doit faire du volume Exercices qui accompagne cette Grarottiaiie. Si l'enseignement est simultané, l'instituteur donne à chaque élève un certain nombre de jetons pour enjeu. Toutes les fois que l'élève interrogé iépoud bien , il reçoit un jeton toutes les fois qu'il se trompe , il en paie un, soit au maître , soit à l'élève qui le reprend. C'est d'abord au voisin de droite à corriger s'il ne sait pas , la parole passe au suivant et ainsi de suite. Le maître ne doit re-prendre lui-même que lorsque aucun élève n'a pu le faire. A la ûu de la leçon , les élèves comptent leurs jetons celui qui en a gagné le plus est proclamé président, celui qui vient immédiatement après est sc-us-jirésident. à 1a leçon suivante , le pn.-im r se place à la droite de l insti-tuteur et ie second à ca gauche. Le maître doit distribuer | c. AVIS AUX INSTITUTEURS. DONNER, une leçon à apprendre et se borner ensuite à la faire réciter, ce n'est pas enseigner la grammaire. Si l'on veut que l'élève apprenue autre chose que des mots, si l'on veut qu'il comprenne cf qu'il apprend et qu'il , re-tienne ce qu'il a compris , il faut se mettre toujours à sa portée, lui faire découvrir les règles par des exemples, l'amener à faire lui-même la définition et lui faire faire, par des exemples variés , l'application de ce qu'il a appris. Telle est la tâche qu'impose hit maître la méthode de @Pabbé Gaultier. Les instructions qui précèdent font con-mailre l'esprit de cette méthode l'ouvrage intitulé Le-fons de Grammaire en action en montre la pratique. Nous y renvoyons les parens eL les instituteurs. Nous nous bornerons à donner ici quelques détails sur l'emploi des jetons, à l'aide desquels on peut rendre la leçon si intéressante sur la manière de faire l'analyse gramma-ticale sur le jeu des étiquettes, et enfin sur l'usage qu'on doit faire du volume @@Exercices qui accompagne cette Grarottiaiie. Si l'enseignement est simultané, l'instituteur donne à chaque élève un certain nombre de jetons pour enjeu. Toutes les fois que l'élève interrogé iépoud bien , il reçoit un jeton toutes les fois qu'il se trompe , il en paie un, soit au maître , soit à l'élève qui le reprend. C'est d'abord au voisin de droite à corriger s'il ne sait pas , la parole passe au suivant et ainsi de suite. Le maître ne doit re-prendre lui-même que lorsque aucun élève n'a pu le faire. A la @ûu de la leçon , les élèves comptent leurs jetons celui qui en a gagné le plus est proclamé président, celui qui vient immédiatement après est sc-us-jirésident. à 1a leçon suivante , le pn.-im r se place à la droite de l insti-tuteur et ie second à ca gauche. Le maître doit distribuer | ####### AUX INSTITUTEURS. DONNER@ une leçon à apprendre et se borner ensuite à la faire réciter, ce n'est pas enseigner la grammaire. Si l'on veut que l'élève apprenne autre chose que des mots, si l'on veut qu'il comprenne ce qu'il apprend et qu'il@@ re-tienne ce qu'il a compris@, il faut se mettre toujours à sa portée, lui faire découvrir les règles par des exemples, l'amener à faire lui-même la définition et lui faire faire, par des exemples variés@, l'application de ce qu'il a appris. Telle est la tâche qu'impose @au maître la méthode de l'abbé Gaultier. Les instructions qui précèdent font con-naître l'esprit de cette méthode l'ouvrage intitulé Le-çons de Grammaire en action en montre la pratique. Nous y renvoyons les parens et les instituteurs. Nous nous bornerons à donner ici quelques détails sur l'emploi des jetons, à l'aide desquels on peut rendre la leçon si intéressante sur la manière de faire l'analyse gramma-ticale sur le jeu des étiquettes, et enfin sur l'usage qu'en doit faire du volume d'Exercices qui accompagne cette Gra@@@mmaire. Si l'enseignement est simultané, l'instituteur donne à chaque élève un certain nombre de jetons pour enjeu. Toutes les fois que l'élève interrogé répond bien@, il reçoit un jeton toutes les fois qu'il se trompe@, il en paie un, soit au maître@, soit à l'élève qui le reprend. C'est d'abord au voisin de droite à corriger s'il ne sait pas@, la parole passe au suivant et ainsi de suite. Le maître ne doit re-prendre lui-même que lorsque aucun élève n'a pu le faire. A la fin de la leçon@, les élèves comptent leurs jetons celui qui en a gagné le plus est proclamé président, celui qui vient immédiatement après est s@ous-@président. A la leçon suivante@, le premi@er se place à la droite de l'insti-tuteur et le second à la gauche. Le maître doit distribuer | c. AVIS AUX INSTITUTEURS. DONNER@ une leçon à apprendre et se borner ensuite à la faire réciter, ce n'est pas enseigner la grammaire. Si l'on veut que l'élève apprenne autre chose que des mots, si l'on veut qu'il comprenne ce qu'il apprend et qu'il@@ re-tienne ce qu'il a compris@, il faut se mettre toujours à sa portée, lui faire découvrir les règles par des exemples, l'amener à faire lui-même la définition et lui faire faire, par des exemples variés@, l'application de ce qu'il a appris. Telle est la tâche qu'impose @au maître la méthode de l'abbé Gaultier. Les instructions qui précèdent font con-naître l'esprit de cette méthode l'ouvrage intitulé Le-çons de Grammaire en action en montre la pratique. Nous y renvoyons les parens et les instituteurs. Nous nous bornerons à donner ici quelques détails sur l'emploi des jetons, à l'aide desquels on peut rendre la leçon si intéressante sur la manière de faire l'analyse gramma-ticale sur le jeu des étiquettes, et enfin sur l'usage qu'en doit faire du volume d'Exercices qui accompagne cette Gra@@@mmaire. Si l'enseignement est simultané, l'instituteur donne à chaque élève un certain nombre de jetons pour enjeu. Toutes les fois que l'élève interrogé répond bien@, il reçoit un jeton toutes les fois qu'il se trompe@, il en paie un, soit au maître@, soit à l'élève qui le reprend. C'est d'abord au voisin de droite à corriger s'il ne sait pas@, la parole passe au suivant et ainsi de suite. Le maître ne doit re-prendre lui-même que lorsque aucun élève n'a pu le faire. A la fin de la leçon@, les élèves comptent leurs jetons celui qui en a gagné le plus est proclamé président, celui qui vient immédiatement après est s@ous-@président. A la leçon suivante@, le premi@er se place à la droite de l'insti-tuteur et le second à la gauche. Le maître doit distribuer | c. AVIS AUX INSTITUTEURS. DONNER une leçon à apprendre et se borner ensuite à la faire réciter, ce n'est pas enseigner la grammaire. Si l'on veut que l'élève apprenne autre chose que des mots, si l'on veut qu'il comprenne ce qu'il apprend et qu'il re-tienne ce qu'il a compris, il faut se mettre toujours à sa portée, lui faire découvrir les règles par des exemples, l'amener à faire lui-même la définition et lui faire faire, par des exemples variés, l'application de ce qu'il a appris. Telle est la tâche qu'impose au maître la méthode de l'abbé Gaultier. Les instructions qui précèdent font con-naître l'esprit de cette méthode l'ouvrage intitulé Le-çons de Grammaire en action en montre la pratique. Nous y renvoyons les parens et les instituteurs. Nous nous bornerons à donner ici quelques détails sur l'emploi des jetons, à l'aide desquels on peut rendre la leçon si intéressante sur la manière de faire l'analyse gramma-ticale sur le jeu des étiquettes, et enfin sur l'usage qu'en doit faire du volume d'Exercices qui accompagne cette Grammaire. Si l'enseignement est simultané, l'instituteur donne à chaque élève un certain nombre de jetons pour enjeu. Toutes les fois que l'élève interrogé répond bien, il reçoit un jeton toutes les fois qu'il se trompe, il en paie un, soit au maître, soit à l'élève qui le reprend. C'est d'abord au voisin de droite à corriger s'il ne sait pas, la parole passe au suivant et ainsi de suite. Le maître ne doit re-prendre lui-même que lorsque aucun élève n'a pu le faire. A la fin de la leçon, les élèves comptent leurs jetons celui qui en a gagné le plus est proclamé président, celui qui vient immédiatement après est sous-président. A la leçon suivante, le premier se place à la droite de l'insti-tuteur et le second à la gauche. Le maître doit distribuer | 51 | 0.028333 | 0.129032 |
336.txt | 1,820 | 4o6 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES i, un effet tout contraire sur l'ame des gardes nationaux qui couvraient la place ils portaient à leurs chapeaux le pompon rouge et bleu . A l'aspect du drapeau, il ont Il poussé des cris de joie en élevanten l'air leurs armesqu'ils ont ensuite chargées. Nous avons vu un officier municipal en écliarpe aller de rang en rang, et parler à l'oreille des officiers. Glacés d'horreur , nous sommes retournés au Il Champ de la Fédération avertir nos frères de tout ce dont uous avions été les témoins. , Sans croire qu'ils en imposaient, on pensa qu'ils étaient dans l'erreur sur la destination de la force de loi, et l'on conclut qu'il n'était pas possible que l'on vînt disperser des citoyens qui exerçaient paisiblement les droits qui leur sont réservés par la constitution. On entend tout-à-coup le bruitdutambour , on se regarde les membres de diverses sociétés patriotiques s'assemblent ils allaient se retirer, quand ua orateur demande et dit Mes frères, que faisons-nous? On la loi martiale est, ou elle n'est pas dirigée contre nous si elle n'est pas dirigée contre nous, pourquoi nous sauver? Si elle est dirigée contre nous , attendons qu'elle soit publiée , et pour lors nous obéirons mais vous savez qu'on ne peut user de la force sans avoirfaittrois publications. Le peuple se rappelle qu'il était aux termes de la loi, et il demeure. Les batail-lons se présentent avec l'artillerie on pense qu'il y avait à peu près dix mille hommes. On connaît le Champ de la Fédération, on sait que c'est une plaine immense, que l'au-tel de la patrie est au milieu, que les glacis qui entourent la plaine sont coupés de distance en distance, pour faciliter des passages une partie de la troupe entre par l'extrémité du côté de l'École-Militaire , une autre par le passage qui se trouve un peu plus bas, une troisième par celui qui répond à la grande rue de Chaillot c'est là qu'était le drapeau rouge. A peine ceux qui étaient à l'autre , et il y en avait plus de quinze mille, l'eurent-ils aperçu, que l'on entend une | 4o6 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES i, un effet tout contraire sur l'ame des gardes nationaux qui couvraient la place ils portaient à leurs chapeaux le pompon rouge et bleu . A l'aspect du drapeau, il ont Il poussé des cris de joie en élevant@en l'air leurs armes@qu'ils ont ensuite chargées. Nous avons vu un officier municipal en écliarpe aller de rang en rang, et parler à l'oreille des officiers. Glacés d'horreur , nous sommes retournés au Il Champ de la Fédération avertir nos frères de tout ce dont uous avions été les témoins. , Sans croire qu'ils en imposaient, on pensa qu'ils étaient dans l'erreur sur la destination de la force de loi, et l'on conclut qu'il n'était pas possible que l'on vînt disperser des citoyens qui exerçaient paisiblement les droits qui leur sont réservés par la constitution. On entend tout-à-coup le bruit@du@tambour , on se regarde les membres de diverses sociétés patriotiques s'assemblent ils allaient se retirer, quand ua orateur demande et dit Mes frères, que faisons-nous? On la loi martiale est, ou elle n'est pas dirigée contre nous si elle n'est pas dirigée contre nous, pourquoi nous sauver? Si elle est dirigée contre nous , attendons qu'elle soit publiée , et pour lors nous obéirons mais vous savez qu'on ne peut user de la force sans avoir@fait@trois publications. Le peuple se rappelle qu'il était aux termes de la loi, et il demeure. Les batail-lons se présentent avec l'artillerie on pense qu'il y avait à peu près dix mille hommes. On connaît le Champ de la Fédération, on sait que c'est une plaine immense, que l'au-tel de la patrie est au milieu, que les glacis qui entourent la plaine sont coupés de distance en distance, pour faciliter des passages une partie de la troupe entre par l'extrémité du côté de l'École-Militaire , une autre par le passage qui se trouve un peu plus bas, une troisième par celui qui répond à la grande rue de Chaillot c'est là qu'était le drapeau rouge. A peine ceux qui étaient à l'autre , et il y en avait plus de quinze mille, l'eurent-ils aperçu, que l'on entend une | ### ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES@@@ un effet tout contraire sur l'ame des gardes nationaux qui couvraient la place ils portaient à leurs chapeaux le pompon rouge et bleu . A l'aspect du drapeau, il ont @@@poussé des cris de joie en élevant en l'air leurs armes qu'ils ont ensuite chargées. Nous avons vu un officier municipal en éc@hampe aller de rang en rang, et parler à l'oreille des officiers. Glacés d'horreur@, nous sommes retournés au@@@ Champ de la Fédération avertir nos frères de tout ce dont nous avions été les témoins.@@ Sans croire qu'ils en imposaient, on pensa qu'ils étaient dans l'erreur sur la destination de la force de loi, et l'on conclut qu'il n'était pas possible que l'on vînt disperser des citoyens qui exerçaient paisiblement les droits qui leur sont réservés par la constitution. On entend tout-à-coup le bruit du tambour@, on se regarde les membres de diverses sociétés patriotiques s'assemblent ils allaient se retirer, quand un orateur demande et dit Mes frères, que faisons-nous? Ou la loi martiale est, ou elle n'est pas dirigée contre nous si elle n'est pas dirigée contre nous, pourquoi nous sauver? Si elle est dirigée contre nous@, attendons qu'elle soit publiée@, et pour lors nous obéirons mais vous savez qu'on ne peut user de la force sans avoir fait trois publications. Le peuple se rappelle qu'il était aux termes de la loi, et il demeure. Les batail-lons se présentent avec l'artillerie on pense qu'il y avait à peu près dix mille hommes. On connaît le Champ de la Fédération, on sait que c'est une plaine immense, que l'au-tel de la patrie est au milieu, que les glacis qui entourent la plaine sont coupés de distance en distance, pour faciliter des passages une partie de la troupe entre par l'extrémité du côté de l'École-Militaire@, une autre par le passage qui se trouve un peu plus bas, une troisième par celui qui répond à la grande rue de Chaillot c'est là qu'était le drapeau rouge. A peine ceux qui étaient à l'autre@, et il y en avait plus de quinze mille, l'eurent-ils aperçu, que l'on entend une | 4o6 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES@@@ un effet tout contraire sur l'ame des gardes nationaux qui couvraient la place ils portaient à leurs chapeaux le pompon rouge et bleu . A l'aspect du drapeau, il ont @@@poussé des cris de joie en élevant en l'air leurs armes qu'ils ont ensuite chargées. Nous avons vu un officier municipal en éc@hampe aller de rang en rang, et parler à l'oreille des officiers. Glacés d'horreur@, nous sommes retournés au@@@ Champ de la Fédération avertir nos frères de tout ce dont nous avions été les témoins.@@ Sans croire qu'ils en imposaient, on pensa qu'ils étaient dans l'erreur sur la destination de la force de loi, et l'on conclut qu'il n'était pas possible que l'on vînt disperser des citoyens qui exerçaient paisiblement les droits qui leur sont réservés par la constitution. On entend tout-à-coup le bruit du tambour@, on se regarde les membres de diverses sociétés patriotiques s'assemblent ils allaient se retirer, quand un orateur demande et dit Mes frères, que faisons-nous? Ou la loi martiale est, ou elle n'est pas dirigée contre nous si elle n'est pas dirigée contre nous, pourquoi nous sauver? Si elle est dirigée contre nous@, attendons qu'elle soit publiée@, et pour lors nous obéirons mais vous savez qu'on ne peut user de la force sans avoir fait trois publications. Le peuple se rappelle qu'il était aux termes de la loi, et il demeure. Les batail-lons se présentent avec l'artillerie on pense qu'il y avait à peu près dix mille hommes. On connaît le Champ de la Fédération, on sait que c'est une plaine immense, que l'au-tel de la patrie est au milieu, que les glacis qui entourent la plaine sont coupés de distance en distance, pour faciliter des passages une partie de la troupe entre par l'extrémité du côté de l'École-Militaire@, une autre par le passage qui se trouve un peu plus bas, une troisième par celui qui répond à la grande rue de Chaillot c'est là qu'était le drapeau rouge. A peine ceux qui étaient à l'autre@, et il y en avait plus de quinze mille, l'eurent-ils aperçu, que l'on entend une | 4o6 ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES un effet tout contraire sur l'ame des gardes nationaux qui couvraient la place ils portaient à leurs chapeaux le pompon rouge et bleu . A l'aspect du drapeau, il ont poussé des cris de joie en élevant en l'air leurs armes qu'ils ont ensuite chargées. Nous avons vu un officier municipal en échampe aller de rang en rang, et parler à l'oreille des officiers. Glacés d'horreur, nous sommes retournés au Champ de la Fédération avertir nos frères de tout ce dont nous avions été les témoins. Sans croire qu'ils en imposaient, on pensa qu'ils étaient dans l'erreur sur la destination de la force de loi, et l'on conclut qu'il n'était pas possible que l'on vînt disperser des citoyens qui exerçaient paisiblement les droits qui leur sont réservés par la constitution. On entend tout-à-coup le bruit du tambour, on se regarde les membres de diverses sociétés patriotiques s'assemblent ils allaient se retirer, quand un orateur demande et dit Mes frères, que faisons-nous? Ou la loi martiale est, ou elle n'est pas dirigée contre nous si elle n'est pas dirigée contre nous, pourquoi nous sauver? Si elle est dirigée contre nous, attendons qu'elle soit publiée, et pour lors nous obéirons mais vous savez qu'on ne peut user de la force sans avoir fait trois publications. Le peuple se rappelle qu'il était aux termes de la loi, et il demeure. Les batail-lons se présentent avec l'artillerie on pense qu'il y avait à peu près dix mille hommes. On connaît le Champ de la Fédération, on sait que c'est une plaine immense, que l'au-tel de la patrie est au milieu, que les glacis qui entourent la plaine sont coupés de distance en distance, pour faciliter des passages une partie de la troupe entre par l'extrémité du côté de l'École-Militaire, une autre par le passage qui se trouve un peu plus bas, une troisième par celui qui répond à la grande rue de Chaillot c'est là qu'était le drapeau rouge. A peine ceux qui étaient à l'autre, et il y en avait plus de quinze mille, l'eurent-ils aperçu, que l'on entend une | 29 | 0.014265 | 0.062827 |
493.txt | 1,871 | 28 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Tout le système de Darwin et de son école repose sur cette formule qui favorise le transformisme Les organes ne sont pas faits pour les fonc-tions mais les besoins déterminent et font les organes . Ce jargon méta-physique se réduit à ce cercle vicieux Il faut se servir de ses organes avant de les avoir. En effet, où sont les organes sans besoins? et y a-t-il des besoins avant l'existence des organes? Ignoti nulla cupido. Les organes ne sont pas faits pour la fonction c'est comme si on nous disait Vos yeux n'ont pas été faits pour voir, vos oreilles pour entendre, votre langue pour parler, ni les pieds pour marcher c'est un heureux hasard qui les a adaptés aux besoins, et ce sont les besoins qui les ont déter-minés et perfectionnés. Dans la confection du monde le hasard n'a eu ainsi que des chances heureuses à l'infini, et pas une chance de désordre. Jamais les yeux ne se sont placés aux pieds, jamais les muscles n'ont pris naissance pour entraver les mouvements, mais c'est par hasard qu'ils se sont adaptés aux mille combinaisons de la dynamique la plus admirable pour exécuter tous nos mouvements. Cette étrange hypothèse est donc absurde dans son principe, elle l'est encore dans ses conséquences. Les transformistes veulent que tous les organes s'en aillent toujours en se perfectionnant. Nous admettons ce per-fectionnement d'un individu dans la limite de ses facultés et puissances natives , mais nous repoussons la transformation des organes de l'espèce , et nous répondons par l'histoire. Les Grecs du temps de Périclès, qui éle-vèrent le Parthénon avec ses merveilles, et qui ont produit tant de chefs-d'oeuvre, avaient assurément tous leurs sens bien fins et bien développés. Demandez donc aux Athéniens du XIXe siècle , si pendant trois mille ans d'exercice leur regard est plus fin, leur tact plus délicat.? Demandez aux peuples les plus civilisés qu'ils produisent des oeuvres, je ne dis pas plus parfaites, qui s'élèvent à cette perfection. Il suffit de faire ces rapproche-ments pour ruiner les principes fondamentaux du transformisme. Laissons la philosophie de M. Daily, et demandons à M. Huxley s'il a rendu plus plausible la thèse de M. Darwin, et s'il nous prouve que l'homme n'est que le premier des singes. L'ouvrage de M. Huxley, comme celui de M. Darwin, est d'un homme habile et bien renseigné sur la matière qu'il traite, et on ne regrette que plus vivement -qu'il donne à son talent une fausse direction. Apiès toutes les peines qu'il a prises en faveur de ses singes, ses bien-aimés clients, qui cependant ne devaient pas espérer un avocat aussi distingué, nous ne voyons pas qu'il faiile modifier les conclusions que nous avons posées plus haut, qui établissent la supériorité incomparable de l'homme sur le singe. Bien au contraire, ces conclusions se fort.ifient encore. L'ouvrage d'Huxley nous fournit des renseignements très-nombreux et très-precis, qui, sur plusieurs points, rendent la différence entre les deux espèces encore plus tranchée. Il résulte de l'ensemble des faits qui y sont réunis pour déterminer les moeurs et les habitudes des singes, que leur activité et leurs aptitudes ne peuvent se mouvoir que dans un cercle très-restreint. Le singe est un grimpeur, il n'est point conformé pour vivre habituellement sur la terre. Il | 28 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Tout le système de Darwin et de son école repose sur cette formule qui favorise le transformisme Les organes ne sont pas faits pour les fonc-tions mais les besoins déterminent et font les organes . Ce jargon méta-physique se réduit à ce cercle vicieux Il faut se servir de ses organes avant de les avoir. En effet, où sont les organes sans besoins? et y a-t-il des besoins avant l'existence des organes@? Ignoti nulla cupido. Les organes ne sont pas faits pour la fonction c'est comme si on nous disait Vos yeux n'ont pas été faits pour voir, vos oreilles pour entendre, votre langue pour parler, ni les pieds pour marcher c'est un heureux hasard qui les a adaptés aux besoins, et ce sont les besoins qui les ont déter-minés et perfectionnés. Dans la confection du monde le hasard n'a eu ainsi que des chances heureuses à l'infini, et pas une chance de désordre. Jamais les yeux ne se sont placés aux pieds, jamais les muscles n'ont pris naissance pour entraver les mouvements, mais c'est par hasard qu'ils se sont adaptés aux mille combinaisons de la dynamique la plus admirable pour exécuter tous nos mouvements. Cette étrange hypothèse est donc absurde dans son principe, elle l'est encore dans ses conséquences. Les transformistes veulent que tous les organes s'en aillent toujours en se perfectionnant. Nous admettons ce per-fectionnement d'un individu dans la limite de ses facultés et puissances natives , mais nous repoussons la transformation des organes de l'espèce , et nous répondons par l'histoire. Les Grecs du temps de Périclès, qui éle-vèrent le Parthénon avec ses merveilles, et qui ont produit tant de chefs-d'oeuvre, avaient assurément tous leurs sens bien fins et bien développés. Demandez donc aux Athéniens du XIXe siècle , si pendant trois mille ans d'exercice leur regard est plus fin, leur tact plus délicat.@@? Demandez aux peuples les plus civilisés qu'ils produisent des oeuvres, je ne dis pas plus parfaites, qui s'élèvent à cette perfection. Il suffit de faire ces rapproche-ments pour ruiner les principes fondamentaux du transformisme. Laissons la philosophie de M. Daily, et demandons à M. Huxley s'il a rendu plus plausible la thèse de M. Darwin, et s'il nous prouve que l'homme n'est que le premier des singes. L'ouvrage de M. Huxley, comme celui de M. Darwin, est d'un homme habile et bien renseigné sur la matière qu'il traite, et on ne regrette que plus vivement -qu'il donne à son talent une fausse direction. Apiès toutes les peines qu'il a prises en faveur de ses singes, ses bien-aimés clients, qui cependant ne devaient pas espérer un avocat aussi distingué, nous ne voyons pas qu'il faiile modifier les conclusions que nous avons posées plus haut, qui établissent la supériorité incomparable de l'homme sur le singe. Bien au contraire, ces conclusions se fort.ifient encore. L'ouvrage d'Huxley nous fournit des renseignements très-nombreux et très-precis, qui, sur plusieurs points, rendent la différence entre les deux espèces encore plus tranchée. Il résulte de l'ensemble des faits qui y sont réunis pour déterminer les moeurs et les habitudes des singes, que leur activité et leurs aptitudes ne peuvent se mouvoir que dans un cercle très-restreint. Le singe est un grimpeur, il n'est point conformé pour vivre habituellement sur la terre. Il | 28 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Tout le système de Darwin et de son école repose sur cette formule qui favorise le transformisme Les organes ne sont pas faits pour les fonc-tions mais les besoins déterminent et font les organes . Ce jargon méta-physique se réduit à ce cercle vicieux Il faut se servir de ses organes avant de les avoir. En effet, où sont les organes sans besoins? et y a-t-il des besoins avant l'existence des organes ? Ignoti nulla cupido. Les organes ne sont pas faits pour la fonction c'est comme si on nous disait Vos yeux n'ont pas été faits pour voir, vos oreilles pour entendre, votre langue pour parler, ni les pieds pour marcher c'est un heureux hasard qui les a adaptés aux besoins, et ce sont les besoins qui les ont déter-minés et perfectionnés. Dans la confection du monde le hasard n'a eu ainsi que des chances heureuses à l'infini, et pas une chance de désordre. Jamais les yeux ne se sont placés aux pieds, jamais les muscles n'ont pris naissance pour entraver les mouvements, mais c'est par hasard qu'ils se sont adaptés aux mille combinaisons de la dynamique la plus admirable pour exécuter tous nos mouvements. Cette étrange hypothèse est donc absurde dans son principe, elle l'est encore dans ses conséquences. Les transformistes veulent que tous les organes s'en aillent toujours en se perfectionnant. Nous admettons ce per-fectionnement d'un individu dans la limite de ses facultés et puissances natives@, mais nous repoussons la transformation des organes de l'espèce@, et nous répondons par l'histoire. Les Grecs du temps de Périclès, qui éle-vèrent le Parthénon avec ses merveilles, et qui ont produit tant de chefs-d'oeuvre, avaient assurément tous leurs sens bien fins et bien développés. Demandez donc aux Athéniens du XIXe siècle@, si pendant trois mille ans d'exercice leur regard est plus fin, leur tact plus délicat...? Demandez aux peuples les plus civilisés qu'ils produisent des oeuvres, je ne dis pas plus parfaites, qui s'élèvent à cette perfection. Il suffit de faire ces rapproche-ments pour ruiner les principes fondamentaux du transformisme. Laissons la philosophie de M. Dally, et demandons à M. Huxley s'il a rendu plus plausible la thèse de M. Darwin, et s'il nous prouve que l'homme n'est que le premier des singes. L'ouvrage de M. Huxley, comme celui de M. Darwin, est d'un homme habile et bien renseigné sur la matière qu'il traite, et on ne regrette que plus vivement @qu'il donne à son talent une fausse direction. Après toutes les peines qu'il a prises en faveur de ses singes, ses bien-aimés clients, qui cependant ne devaient pas espérer un avocat aussi distingué, nous ne voyons pas qu'il faille modifier les conclusions que nous avons posées plus haut, qui établissent la supériorité incomparable de l'homme sur le signe. Bien au contraire, ces conclusions se fort@ifient encore. L'ouvrage d'Huxley nous fournit des renseignements très-nombreux et très-precis, qui, sur plusieurs points, rendent la différence entre les deux espèces encore plus tranchée. Il résulte de l'ensemble des faits qui y sont réunis pour déterminer les moeurs et les habitudes des singes, que leur activité et leurs aptitudes ne peuvent se mouvoir que dans un cercle très-restreint. Le singe est un grimpeur, il n'est point conformé pour vivre habituellement sur la terre. Il | 28 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Tout le système de Darwin et de son école repose sur cette formule qui favorise le transformisme Les organes ne sont pas faits pour les fonc-tions mais les besoins déterminent et font les organes . Ce jargon méta-physique se réduit à ce cercle vicieux Il faut se servir de ses organes avant de les avoir. En effet, où sont les organes sans besoins? et y a-t-il des besoins avant l'existence des organes ? Ignoti nulla cupido. Les organes ne sont pas faits pour la fonction c'est comme si on nous disait Vos yeux n'ont pas été faits pour voir, vos oreilles pour entendre, votre langue pour parler, ni les pieds pour marcher c'est un heureux hasard qui les a adaptés aux besoins, et ce sont les besoins qui les ont déter-minés et perfectionnés. Dans la confection du monde le hasard n'a eu ainsi que des chances heureuses à l'infini, et pas une chance de désordre. Jamais les yeux ne se sont placés aux pieds, jamais les muscles n'ont pris naissance pour entraver les mouvements, mais c'est par hasard qu'ils se sont adaptés aux mille combinaisons de la dynamique la plus admirable pour exécuter tous nos mouvements. Cette étrange hypothèse est donc absurde dans son principe, elle l'est encore dans ses conséquences. Les transformistes veulent que tous les organes s'en aillent toujours en se perfectionnant. Nous admettons ce per-fectionnement d'un individu dans la limite de ses facultés et puissances natives@, mais nous repoussons la transformation des organes de l'espèce@, et nous répondons par l'histoire. Les Grecs du temps de Périclès, qui éle-vèrent le Parthénon avec ses merveilles, et qui ont produit tant de chefs-d'oeuvre, avaient assurément tous leurs sens bien fins et bien développés. Demandez donc aux Athéniens du XIXe siècle@, si pendant trois mille ans d'exercice leur regard est plus fin, leur tact plus délicat...? Demandez aux peuples les plus civilisés qu'ils produisent des oeuvres, je ne dis pas plus parfaites, qui s'élèvent à cette perfection. Il suffit de faire ces rapproche-ments pour ruiner les principes fondamentaux du transformisme. Laissons la philosophie de M. Dally, et demandons à M. Huxley s'il a rendu plus plausible la thèse de M. Darwin, et s'il nous prouve que l'homme n'est que le premier des singes. L'ouvrage de M. Huxley, comme celui de M. Darwin, est d'un homme habile et bien renseigné sur la matière qu'il traite, et on ne regrette que plus vivement @qu'il donne à son talent une fausse direction. Après toutes les peines qu'il a prises en faveur de ses singes, ses bien-aimés clients, qui cependant ne devaient pas espérer un avocat aussi distingué, nous ne voyons pas qu'il faille modifier les conclusions que nous avons posées plus haut, qui établissent la supériorité incomparable de l'homme sur le signe. Bien au contraire, ces conclusions se fort@ifient encore. L'ouvrage d'Huxley nous fournit des renseignements très-nombreux et très-precis, qui, sur plusieurs points, rendent la différence entre les deux espèces encore plus tranchée. Il résulte de l'ensemble des faits qui y sont réunis pour déterminer les moeurs et les habitudes des singes, que leur activité et leurs aptitudes ne peuvent se mouvoir que dans un cercle très-restreint. Le singe est un grimpeur, il n'est point conformé pour vivre habituellement sur la terre. Il | 28 UNITÉ DE L'ESPÈCE HUMAINE. Tout le système de Darwin et de son école repose sur cette formule qui favorise le transformisme Les organes ne sont pas faits pour les fonc-tions mais les besoins déterminent et font les organes . Ce jargon méta-physique se réduit à ce cercle vicieux Il faut se servir de ses organes avant de les avoir. En effet, où sont les organes sans besoins? et y a-t-il des besoins avant l'existence des organes ? Ignoti nulla cupido. Les organes ne sont pas faits pour la fonction c'est comme si on nous disait Vos yeux n'ont pas été faits pour voir, vos oreilles pour entendre, votre langue pour parler, ni les pieds pour marcher c'est un heureux hasard qui les a adaptés aux besoins, et ce sont les besoins qui les ont déter-minés et perfectionnés. Dans la confection du monde le hasard n'a eu ainsi que des chances heureuses à l'infini, et pas une chance de désordre. Jamais les yeux ne se sont placés aux pieds, jamais les muscles n'ont pris naissance pour entraver les mouvements, mais c'est par hasard qu'ils se sont adaptés aux mille combinaisons de la dynamique la plus admirable pour exécuter tous nos mouvements. Cette étrange hypothèse est donc absurde dans son principe, elle l'est encore dans ses conséquences. Les transformistes veulent que tous les organes s'en aillent toujours en se perfectionnant. Nous admettons ce per-fectionnement d'un individu dans la limite de ses facultés et puissances natives, mais nous repoussons la transformation des organes de l'espèce, et nous répondons par l'histoire. Les Grecs du temps de Périclès, qui éle-vèrent le Parthénon avec ses merveilles, et qui ont produit tant de chefs-d'oeuvre, avaient assurément tous leurs sens bien fins et bien développés. Demandez donc aux Athéniens du XIXe siècle, si pendant trois mille ans d'exercice leur regard est plus fin, leur tact plus délicat...? Demandez aux peuples les plus civilisés qu'ils produisent des oeuvres, je ne dis pas plus parfaites, qui s'élèvent à cette perfection. Il suffit de faire ces rapproche-ments pour ruiner les principes fondamentaux du transformisme. Laissons la philosophie de M. Dally, et demandons à M. Huxley s'il a rendu plus plausible la thèse de M. Darwin, et s'il nous prouve que l'homme n'est que le premier des singes. L'ouvrage de M. Huxley, comme celui de M. Darwin, est d'un homme habile et bien renseigné sur la matière qu'il traite, et on ne regrette que plus vivement qu'il donne à son talent une fausse direction. Après toutes les peines qu'il a prises en faveur de ses singes, ses bien-aimés clients, qui cependant ne devaient pas espérer un avocat aussi distingué, nous ne voyons pas qu'il faille modifier les conclusions que nous avons posées plus haut, qui établissent la supériorité incomparable de l'homme sur le signe. Bien au contraire, ces conclusions se fortifient encore. L'ouvrage d'Huxley nous fournit des renseignements très-nombreux et très-precis, qui, sur plusieurs points, rendent la différence entre les deux espèces encore plus tranchée. Il résulte de l'ensemble des faits qui y sont réunis pour déterminer les moeurs et les habitudes des singes, que leur activité et leurs aptitudes ne peuvent se mouvoir que dans un cercle très-restreint. Le singe est un grimpeur, il n'est point conformé pour vivre habituellement sur la terre. Il | 13 | 0.003923 | 0.016639 |
108.txt | 1,821 | 60 la forme des organes accessoires aux organes immédiats de la génération. MICHELI et LINNÉ ont considéré l'urne comme la partie mâle , et les rosettes comme la partie femelle TOURNEFORT et HEDWIG pensent que l'urne est au contraire une fleur femelle, et regardent les rosettes comme l'organe mâle. PALISOT DE BEAUVOIS, dont les travaux ont démontré qu'il s'est oceupé des mousses d'une manière toute particulière, à qui des analyses suivies d'expériences nombreuses ont donné le droit de faire autorité dans une matière pareille, assure que les deux organes se trouvent réunis dans les mousses. Ce qui confirme son opinion , c'est que l'urne existe dans tous les individus de cette famille intéressante, tandis qu'il est plusieurs genres auxquels on n'a pas encore découvert de rosettes. La division méthodique des mousses 1 , est la plus exacte et la plus naturelle qui ait été proposée jusqu'ici. BRIDEL l'a adoptée presqu'en entier sans en nommer l'auteur PALISOT DE BEAUVOIS , ea rendant compte du Species muscorum de ce botaniste 2 , a été plus juste, plus homme, de bien , puisqu'il le proclame digne sous tous les rapports de l'élève et de l'ami du célèbre HEDWIG l'exactitude des descriptions, dit-il., l'attention que M. BRIDEL a eue de décrire jusqu'aux plus petites parties qui peuvent servir à distinguer des espèces très-voisines, et qu'il serait aisé de prendre 1 Voy. le Prodrome d'oethéogàmie, in-8°. Paris, 1805, pag. 1 à 94. 2 Comptes rendus à l'Institut le 6 juin 1808 et le 15 août 1813. Ilssont l'un et l'autre insérés dans le Journal de Botanique, tom. Ier, pag, 49, et tom. IV le II de las nouvelle série , pag. 153. | 60 la forme des organes accessoires aux organes immédiats de la génération. MICHELI et LINNÉ ont considéré l'urne comme la partie mâle , et les rosettes comme la partie femelle TOURNEFORT et HEDWIG pensent que l'urne est au contraire une fleur femelle, et regardent les rosettes comme l'organe mâle. PALISOT DE BEAUVOIS, dont les travaux ont démontré qu'il s'est oceupé des mousses d'une manière toute particulière, à qui des analyses suivies d'expériences nombreuses ont donné le droit de faire autorité dans une matière pareille, assure que les deux organes se trouvent réunis dans les mousses. Ce qui confirme son opinion , c'est que l'urne existe dans tous les individus de cette famille intéressante, tandis qu'il est plusieurs genres auxquels on n'a pas encore découvert de rosettes. La division méthodique des mousses 1 , est la plus exacte et la plus naturelle qui ait été proposée jusqu'ici. BRIDEL l'a adoptée presqu'en entier sans en nommer l'auteur PALISOT DE BEAUVOIS , ea rendant compte du Species muscorum de ce botaniste 2 , a été plus juste, plus homme, de bien , puisqu'il le proclame digne sous tous les rapports de l'élève et de l'ami du célèbre HEDWIG l'exactitude des descriptions, dit-il., l'attention que M. BRIDEL a eue de décrire jusqu'aux plus petites parties qui peuvent servir à distinguer des espèces très-voisines, et qu'il serait aisé de prendre@@@ 1 Voy. le Prodrome d'oethéogàmie, in-8°. Paris, 1805, pag. 1 à 94. 2 Comptes rendus à l'Institut le 6 juin 1808 et le 15 août 1813. Ils@sont l'un et l'autre insérés dans le Journal de Botanique, tom. Ier, pag, 49, et tom. IV le II de las nouvelle série , pag. 153. | ##### forme des organes accessoires aux organes immédiats de la génération. MICHELI et LINNÉ ont considéré l'urne comme la partie mâle , et les rosettes comme la partie femelle TOURNEFORT et HEDWIG pensent que l'urne est au contraire une fleur femelle, et regardent les rosettes comme l'organe mâle. PALISOT DE BEAUVOIS, dont les travaux ont démontré qu'il s'est occupé des mousses d'une manière toute particulière, à qui des analyses suivies d'expériences nombreuses ont donné le droit de faire autorité dans une matière pareille, assure que les deux organes se trouvent réunis dans les mousses. Ce qui confirme son opinion , c'est que l'urne existe dans tous les individus de cette famille intéressante, tandis qu'il est plusieurs genres auxquels on n'a pas encore découvert de rosettes. La division méthodique des mousses 1 , est la plus exacte et la plus naturelle qui ait été proposée jusqu'ici. BRIDEL l'a adoptée presqu'en entier sans en nommer l'auteur PALISOT DE BEAUVOIS , en rendant compte du Species muscorum de ce botaniste 2 , a été plus juste, plus homme, de bien , puisqu'il le proclame digne sous tous les rapports de l'élève et de l'ami du célèbre HEDWIG l'exactitude des descriptions, dit-il., l'attention que M. BRIDEL a eue de décrire jusqu'aux plus petites parties qui peuvent servir à distinguer des espèces très-voisines, et qu'il serait aisé de prendre 60 1 Voy. le Prodrome d'oethéogàmie, in-8°. Paris, 1805, pag. 1 à 94. 2 Comptes rendus à l'Institut le 6 juin 1808 et le 15 août 1813. Ils sont l'un et l'autre insérés dans le Journal de Botanique, tom. Ier, pag, 49, et tom. IV le II de la@ nouvelle série , pag. 153. | 60 la forme des organes accessoires aux organes immédiats de la génération. MICHELI et LINNÉ ont considéré l'urne comme la partie mâle , et les rosettes comme la partie femelle TOURNEFORT et HEDWIG pensent que l'urne est au contraire une fleur femelle, et regardent les rosettes comme l'organe mâle. PALISOT DE BEAUVOIS, dont les travaux ont démontré qu'il s'est occupé des mousses d'une manière toute particulière, à qui des analyses suivies d'expériences nombreuses ont donné le droit de faire autorité dans une matière pareille, assure que les deux organes se trouvent réunis dans les mousses. Ce qui confirme son opinion , c'est que l'urne existe dans tous les individus de cette famille intéressante, tandis qu'il est plusieurs genres auxquels on n'a pas encore découvert de rosettes. La division méthodique des mousses 1 , est la plus exacte et la plus naturelle qui ait été proposée jusqu'ici. BRIDEL l'a adoptée presqu'en entier sans en nommer l'auteur PALISOT DE BEAUVOIS , en rendant compte du Species muscorum de ce botaniste 2 , a été plus juste, plus homme, de bien , puisqu'il le proclame digne sous tous les rapports de l'élève et de l'ami du célèbre HEDWIG l'exactitude des descriptions, dit-il., l'attention que M. BRIDEL a eue de décrire jusqu'aux plus petites parties qui peuvent servir à distinguer des espèces très-voisines, et qu'il serait aisé de prendre 60 1 Voy. le Prodrome d'oethéogàmie, in-8°. Paris, 1805, pag. 1 à 94. 2 Comptes rendus à l'Institut le 6 juin 1808 et le 15 août 1813. Ils sont l'un et l'autre insérés dans le Journal de Botanique, tom. Ier, pag, 49, et tom. IV le II de la@ nouvelle série , pag. 153. | 60 la forme des organes accessoires aux organes immédiats de la génération. MICHELI et LINNÉ ont considéré l'urne comme la partie mâle , et les rosettes comme la partie femelle TOURNEFORT et HEDWIG pensent que l'urne est au contraire une fleur femelle, et regardent les rosettes comme l'organe mâle. PALISOT DE BEAUVOIS, dont les travaux ont démontré qu'il s'est occupé des mousses d'une manière toute particulière, à qui des analyses suivies d'expériences nombreuses ont donné le droit de faire autorité dans une matière pareille, assure que les deux organes se trouvent réunis dans les mousses. Ce qui confirme son opinion , c'est que l'urne existe dans tous les individus de cette famille intéressante, tandis qu'il est plusieurs genres auxquels on n'a pas encore découvert de rosettes. La division méthodique des mousses 1 , est la plus exacte et la plus naturelle qui ait été proposée jusqu'ici. BRIDEL l'a adoptée presqu'en entier sans en nommer l'auteur PALISOT DE BEAUVOIS , en rendant compte du Species muscorum de ce botaniste 2 , a été plus juste, plus homme, de bien , puisqu'il le proclame digne sous tous les rapports de l'élève et de l'ami du célèbre HEDWIG l'exactitude des descriptions, dit-il., l'attention que M. BRIDEL a eue de décrire jusqu'aux plus petites parties qui peuvent servir à distinguer des espèces très-voisines, et qu'il serait aisé de prendre 60 1 Voy. le Prodrome d'oethéogàmie, in-8°. Paris, 1805, pag. 1 à 94. 2 Comptes rendus à l'Institut le 6 juin 1808 et le 15 août 1813. Ils sont l'un et l'autre insérés dans le Journal de Botanique, tom. Ier, pag, 49, et tom. IV le II de la nouvelle série , pag. 153. | 7 | 0.004258 | 0.022293 |
646.txt | 1,886 | 232 L'ART DE MAGNÉTISER Ah ! celui dont les yeux ont été témoins de pareils effets ne peut douter de la puissance de l'homme et de la grandeur de Dieu c'est dans ces moments où l'âme se dévoile et qu'elle apparaît dans toute sa supériorité, dans toute sa gloire c'est alors que l'on croit à la divinité de son origine. Le coeur plein de joie, je laissai la pauvre enfant dormir pendant une heure d'un sommeil magnétique profond, puis je la réveillai elle se sentait mieux, beaucoup mieux elle était sauvée j'avais réussi. Le 29, elle était mieux, mais il y avait au coeur des élancements qui la faisaient beaucoup souffrir. Du lep février au 10, il y eut un mieux prononcé les forces revinrent doucement, il y eut encore quelques éva-nouissements, mais les bras ne se paralysaient plus, et les jambes revenaient au point qu'en soutenant la malade, elle pût faire quelques pas. Le 12, une petite contrariété provoqua une crise de délire qui dura trois heures, et pendant laquelle elle marcha seule les forces étaient surexcitées par l'état nerveux, cela ne m'annonçait rien de bon. En effet, à minuit, il y eut un évanouissement si profond, si intense que, malgré tous mes efforts, mes insufflations chaudes, je ne pus le faire cesser qu'après deux heures d'un travail continu, et encore, à peine revenue à elle, perdit-elle connaissance plusieurs fois. Le 13, toute la faiblesse reparut, et le délire revint et amena un évanouissement, puis l'extase sans provocation, ce que je vis avec plaisir cela m'annonçait la fin de cette fâcheuse crise. En effet, depuis lors les douleurs diminuèrent et les forces revinrent au point que, dès le 25 février, elle put sortir à pied enfin, le mieux augmenta, et la guérison fut entière. Pendant les mois de mars, avril et mai, il n'y eut plus d'accident, et ces dames purent partir le 27 mai 1854. Depuis cette époque, ces dames m'ont donné de temps en temps des nouvelle de Mlle Eugénie, dont la santé s'est sou-tenue. Les forces ne l'ont point abandonnée, et, à part quelques petites crises nerveuses qui viennent de temps à | 232 L'ART DE MAGNÉTISER Ah ! celui dont les yeux ont été témoins de pareils effets ne peut douter de la puissance de l'homme et de la grandeur de Dieu c'est dans ces moments où l'âme se dévoile et qu'elle apparaît dans toute sa supériorité, dans toute sa gloire c'est alors que l'on croit à la divinité de son origine. Le coeur plein de joie, je laissai la pauvre enfant dormir pendant une heure d'un sommeil magnétique profond, puis je la réveillai elle se sentait mieux, beaucoup mieux elle était sauvée j'avais réussi. Le 29, elle était mieux, mais il y avait au coeur des élancements qui la faisaient beaucoup souffrir. Du lep février au 10, il y eut un mieux prononcé les forces revinrent doucement, il y eut encore quelques éva-nouissements, mais les bras ne se paralysaient plus, et les jambes revenaient au point qu'en soutenant la malade, elle pût faire quelques pas. Le 12, une petite contrariété provoqua une crise de déli@re qui dura trois heures, et pendant laquelle elle marcha seule les forces étaient surexcitées par l'état nerveux, cela ne m'annonçait rien de bon. En effet, à minuit, il y eut un évanouissement si profond, si intense que, malgré tous mes efforts, mes insufflations chaudes, je ne pus le faire cesser qu'après deux heures d'un travail continu, et encore, à peine revenue à elle, perdit-elle connaissance plusieurs fois. Le 13, toute la faiblesse reparut, et le délire revint et amena un évanouissement, puis l'extase sans provocation, ce que je vis avec plaisir cela m'annonçait la fin de cette fâcheuse crise. En effet, depuis lors les douleurs diminuèrent et les forces revinrent au point que, dès le 25 février, elle put sortir à pied enfin, le mieux augmenta, et la guérison fut entière. Pendant les mois de mars, avril et mai, il n'y eut plus d'accident, et ces dames purent partir le 27 mai 1854. Depuis cette époque, ces dames m'ont donné de temps en temps des nouvelle de Mlle Eugénie, dont la santé s'est sou-tenue. Les forces ne l'ont point abandonnée, et, à part quelques petites crises nerveuses qui viennent de temps à | 232 L'ART DE MAGNÉTISER Ah ! celui dont les yeux ont été témoins de pareils effets ne peut douter de la puissance de l'homme et de la grandeur de Dieu c'est dans ces moments où l'âme se dévoile et qu'elle apparait dans toute sa supériorité, dans toute sa gloire c'est alors que l'on croit à la divinité de son origine. Le coeur plein de joie, je laissai la pauvre enfant dormir pendant une heure d'un sommeil magnétique profond, puis je la réveillai elle se sentait mieux, beaucoup mieux elle était sauvée j'avais réussi. Le 29, elle était mieux, mais il y avait au coeur des élancements qui la faisaient beaucoup souffrir. Du 1er février au 10, il y eut un mieux prononcé les forces revinrent doucement, il y eut encore quelques éva-nouissements, mais les bras ne se paralysaient plus, et les jambes revenaient au point qu'en soutenant la malade, elle pût faire quelques pas. Le 12, une petite contrariété provoqua une crise de délivre qui dura trois heures, et pendant laquelle elle marcha seule les forces étaient surexcitées par l'état nerveux, cela ne m'annonçait rien de bon. En effet, à minuit, il y eut un évanouissement si profond, si intense que, malgré tous mes efforts, mes insufflations chaudes, je ne pus le faire cesser qu'après deux heures d'un travail continu, et encore, à peine revenue à elle, perdit-elle connaissance plusieurs fois. Le 13, toute la faiblesse reparut, et le délire revint et amena un évanouissement, puis l'extase sans provocation, ce que je vis avec plaisir cela m'annonçait la fin de cette fâcheuse crise. En effet, depuis lors les douleurs diminuèrent et les forces revinrent au point que, dès le 25 février, elle put sortir à pied enfin, le mieux augmenta, et la guérison fut entière. Pendant les mois de mars, avril et mai, il n'y eut plus d'accident, et ces dames purent partir le 27 mai 1854. Depuis cette époque, ces dames m'ont donné de temps en temps des nouvelle de Mlle Eugénie, dont la santé s'est sou-tenue. Les forces ne l'ont point abandonnée, et, à part quelques petites crises nerveuses qui viennent de temps à | 232 L'ART DE MAGNÉTISER Ah ! celui dont les yeux ont été témoins de pareils effets ne peut douter de la puissance de l'homme et de la grandeur de Dieu c'est dans ces moments où l'âme se dévoile et qu'elle apparait dans toute sa supériorité, dans toute sa gloire c'est alors que l'on croit à la divinité de son origine. Le coeur plein de joie, je laissai la pauvre enfant dormir pendant une heure d'un sommeil magnétique profond, puis je la réveillai elle se sentait mieux, beaucoup mieux elle était sauvée j'avais réussi. Le 29, elle était mieux, mais il y avait au coeur des élancements qui la faisaient beaucoup souffrir. Du 1er février au 10, il y eut un mieux prononcé les forces revinrent doucement, il y eut encore quelques éva-nouissements, mais les bras ne se paralysaient plus, et les jambes revenaient au point qu'en soutenant la malade, elle pût faire quelques pas. Le 12, une petite contrariété provoqua une crise de délivre qui dura trois heures, et pendant laquelle elle marcha seule les forces étaient surexcitées par l'état nerveux, cela ne m'annonçait rien de bon. En effet, à minuit, il y eut un évanouissement si profond, si intense que, malgré tous mes efforts, mes insufflations chaudes, je ne pus le faire cesser qu'après deux heures d'un travail continu, et encore, à peine revenue à elle, perdit-elle connaissance plusieurs fois. Le 13, toute la faiblesse reparut, et le délire revint et amena un évanouissement, puis l'extase sans provocation, ce que je vis avec plaisir cela m'annonçait la fin de cette fâcheuse crise. En effet, depuis lors les douleurs diminuèrent et les forces revinrent au point que, dès le 25 février, elle put sortir à pied enfin, le mieux augmenta, et la guérison fut entière. Pendant les mois de mars, avril et mai, il n'y eut plus d'accident, et ces dames purent partir le 27 mai 1854. Depuis cette époque, ces dames m'ont donné de temps en temps des nouvelle de Mlle Eugénie, dont la santé s'est sou-tenue. Les forces ne l'ont point abandonnée, et, à part quelques petites crises nerveuses qui viennent de temps à | 232 L'ART DE MAGNÉTISER Ah ! celui dont les yeux ont été témoins de pareils effets ne peut douter de la puissance de l'homme et de la grandeur de Dieu c'est dans ces moments où l'âme se dévoile et qu'elle apparait dans toute sa supériorité, dans toute sa gloire c'est alors que l'on croit à la divinité de son origine. Le coeur plein de joie, je laissai la pauvre enfant dormir pendant une heure d'un sommeil magnétique profond, puis je la réveillai elle se sentait mieux, beaucoup mieux elle était sauvée j'avais réussi. Le 29, elle était mieux, mais il y avait au coeur des élancements qui la faisaient beaucoup souffrir. Du 1er février au 10, il y eut un mieux prononcé les forces revinrent doucement, il y eut encore quelques éva-nouissements, mais les bras ne se paralysaient plus, et les jambes revenaient au point qu'en soutenant la malade, elle pût faire quelques pas. Le 12, une petite contrariété provoqua une crise de délivre qui dura trois heures, et pendant laquelle elle marcha seule les forces étaient surexcitées par l'état nerveux, cela ne m'annonçait rien de bon. En effet, à minuit, il y eut un évanouissement si profond, si intense que, malgré tous mes efforts, mes insufflations chaudes, je ne pus le faire cesser qu'après deux heures d'un travail continu, et encore, à peine revenue à elle, perdit-elle connaissance plusieurs fois. Le 13, toute la faiblesse reparut, et le délire revint et amena un évanouissement, puis l'extase sans provocation, ce que je vis avec plaisir cela m'annonçait la fin de cette fâcheuse crise. En effet, depuis lors les douleurs diminuèrent et les forces revinrent au point que, dès le 25 février, elle put sortir à pied enfin, le mieux augmenta, et la guérison fut entière. Pendant les mois de mars, avril et mai, il n'y eut plus d'accident, et ces dames purent partir le 27 mai 1854. Depuis cette époque, ces dames m'ont donné de temps en temps des nouvelle de Mlle Eugénie, dont la santé s'est sou-tenue. Les forces ne l'ont point abandonnée, et, à part quelques petites crises nerveuses qui viennent de temps à | 4 | 0.001937 | 0.009828 |
120.txt | 1,821 | 72 semblable par sa forme et sa contexture, au petit corps central de l'urne , qui, comme lui, renferme des petits grains opaques, et est percé à son sommet pour faciliter leur sortie 9°. enfin que ce dernier organe paraît n'être en maturité et ne s'ouvrir que lorsque la poussière s'é-chappe de l'urne. Ces faits que PALtSOT DE BEAUVOIS m'a rendus palpables, qu'il a exposés avec précision et aveo calme, détruisent entièrement le système d'HEDWIG qu'il a combattu dès 1780 ils ne sont pas opposés aux idées de DILLEN et de LINNÉ , et ils prouvent que tôt ou tard la nature sait révéler ses secrets à ceux qui l'interrogent sans prévention, sans esprit de parti. Une victoire aussi belle fut un triomphe signalé pour le savant botaniste, mais, semblable à ces généraux aus-tères des anciennes républiques qui, pour faire oublier la grande autorité qu'ils avaient exercée pendant les dan-gers, venaient déposer leurs lauriers sur l'autel de la patrie, PALISOT DE BEAUVOIS voulut la consacrer par un bienfait envers les hommes. 11 en trouva l'idée dans la famille des aethéogames , l'aînée de ses favorites. Dans la vue de prévenir, surtout à la campagne, les accidens qui chaque année se renouvellent d'une ma-nière si fâcheuse par l'usage inconsidéré des champi-gnons , il rédigea, en 1815, sous le titre de Manuel à l'usage des amateurs de champignons, une instruction familière propre à éclairer les citoyens de toutes les clas-ses et à la portée de tous. Cet opuscule contient quelques observations nouvelles qui n'échapperont pas. aux bota-nistes mais ce qui n'est pas moins important, il est écrit avec simplicité, clair dans les descriptions qu'il offre des champignons bons à manger 1 , et donne des conseils 1 Cette instruction inédite devait être accompagnée, de | 72 semblable par sa forme et sa contexture, au petit corps central de l'urne , qui, comme lui, renferme des petits grains opaques, et est percé à son sommet pour faciliter leur sortie 9°. enfin que ce dernier organe paraît n'être en maturité et ne s'ouvrir que lorsque la poussière s'é-chappe de l'urne. Ces faits que PALtSOT DE BEAUVOIS m'a rendus palpables, qu'il a exposés avec précision et aveo calme, détruisent entièrement le système d'HEDWIG qu'il a combattu dès 1780 ils ne sont pas opposés aux idées de DILLEN et de LINNÉ , et ils prouvent que tôt ou tard la nature sait révéler ses secrets à ceux qui l'interrogent sans prévention, sans esprit de parti. Une victoire aussi belle fut un triomphe signalé pour le savant botaniste, mais, semblable à ces généraux aus-tères des anciennes républiques qui, pour faire oublier la grande autorité qu'ils avaient exercée pendant les dan-gers, venaient déposer leurs lauriers sur l'autel de la patrie, PALISOT DE BEAUVOIS voulut la consacrer par un bienfait envers les hommes. 11 en trouva l'idée dans la famille des aethéogames , l'aînée de ses favorites. Dans la vue de prévenir, surtout à la campagne, les accidens qui chaque année se renouvellent d'une ma-nière si fâcheuse par l'usage inconsidéré des champi-gnons , il rédigea, en 1815, sous le titre de Manuel à l'usage des amateurs de champignons, une instruction familière propre à éclairer les citoyens de toutes les clas-ses et à la portée de tous. Cet opuscule contient quelques observations nouvelles qui n'échapperont pas. aux bota-nistes mais ce qui n'est pas moins important, il est écrit avec simplicité, clair dans les descriptions qu'il offre des champignons bons à manger 1 , et donne des conseils @@@1 Cette instruction inédite devait être accompagnée, de | ############ par sa forme et sa contexture, au petit corps central de l'urne , qui, comme lui, renferme des petits grains opaques, et est percé à son sommet pour faciliter leur sortie 9°. enfin que ce dernier organe paraît n'être en maturité et ne s'ouvrir que lorsque la poussière s'é-chappe de l'urne. Ces faits que PALISOT DE BEAUVOIS m'a rendus palpables, qu'il a exposés avec précision et avec calme, détruisent entièrement le système d'HEDWIG qu'il a combattu dès 1780 ils ne sont pas opposés aux idées de DILLEN et de LINNÉ , et ils prouvent que tôt ou tard la nature sait révéler ses secrets à ceux qui l'interrogent sans prévention, sans esprit de parti. Une victoire aussi belle fut un triomphe signalé pour le savant botaniste, mais, semblable à ces généraux aus-tères des anciennes républiques qui, pour faire oublier la grande autorité qu'ils avaient exercée pendant les dan-gers, venaient déposer leurs lauriers sur l'autel de la patrie, PALISOT DE BEAUVOIS voulut la consacrer par un bienfait envers les hommes. Il en trouva l'idée dans la famille des aethéogames , l'aînée de ses favorites. Dans la vue de prévenir, surtout à la campagne, les accidens qui chaque année se renouvellent d'une ma-nière si fâcheuse par l'usage inconsidéré des champi-gnons , il rédigea, en 1815, sous le titre de Manuel à l'usage des amateurs de champignons, une instruction familière propre à éclairer les citoyens de toutes les clas-ses et à la portée de tous. Cet opuscule contient quelques observations nouvelles qui n'échapperont pas@ aux bota-nistes mais ce qui n'est pas moins important, il est écrit avec simplicité, clair dans les descriptions qu'il offre des champignons bons à manger 1 , et donne des conseils 72 1 Cette instruction inédite devait être accompagnée@ de | 72 semblable par sa forme et sa contexture, au petit corps central de l'urne , qui, comme lui, renferme des petits grains opaques, et est percé à son sommet pour faciliter leur sortie 9°. enfin que ce dernier organe paraît n'être en maturité et ne s'ouvrir que lorsque la poussière s'é-chappe de l'urne. Ces faits que PALISOT DE BEAUVOIS m'a rendus palpables, qu'il a exposés avec précision et avec calme, détruisent entièrement le système d'HEDWIG qu'il a combattu dès 1780 ils ne sont pas opposés aux idées de DILLEN et de LINNÉ , et ils prouvent que tôt ou tard la nature sait révéler ses secrets à ceux qui l'interrogent sans prévention, sans esprit de parti. Une victoire aussi belle fut un triomphe signalé pour le savant botaniste, mais, semblable à ces généraux aus-tères des anciennes républiques qui, pour faire oublier la grande autorité qu'ils avaient exercée pendant les dan-gers, venaient déposer leurs lauriers sur l'autel de la patrie, PALISOT DE BEAUVOIS voulut la consacrer par un bienfait envers les hommes. Il en trouva l'idée dans la famille des aethéogames , l'aînée de ses favorites. Dans la vue de prévenir, surtout à la campagne, les accidens qui chaque année se renouvellent d'une ma-nière si fâcheuse par l'usage inconsidéré des champi-gnons , il rédigea, en 1815, sous le titre de Manuel à l'usage des amateurs de champignons, une instruction familière propre à éclairer les citoyens de toutes les clas-ses et à la portée de tous. Cet opuscule contient quelques observations nouvelles qui n'échapperont pas@ aux bota-nistes mais ce qui n'est pas moins important, il est écrit avec simplicité, clair dans les descriptions qu'il offre des champignons bons à manger 1 , et donne des conseils 72 1 Cette instruction inédite devait être accompagnée@ de | 72 semblable par sa forme et sa contexture, au petit corps central de l'urne , qui, comme lui, renferme des petits grains opaques, et est percé à son sommet pour faciliter leur sortie 9°. enfin que ce dernier organe paraît n'être en maturité et ne s'ouvrir que lorsque la poussière s'é-chappe de l'urne. Ces faits que PALISOT DE BEAUVOIS m'a rendus palpables, qu'il a exposés avec précision et avec calme, détruisent entièrement le système d'HEDWIG qu'il a combattu dès 1780 ils ne sont pas opposés aux idées de DILLEN et de LINNÉ , et ils prouvent que tôt ou tard la nature sait révéler ses secrets à ceux qui l'interrogent sans prévention, sans esprit de parti. Une victoire aussi belle fut un triomphe signalé pour le savant botaniste, mais, semblable à ces généraux aus-tères des anciennes républiques qui, pour faire oublier la grande autorité qu'ils avaient exercée pendant les dan-gers, venaient déposer leurs lauriers sur l'autel de la patrie, PALISOT DE BEAUVOIS voulut la consacrer par un bienfait envers les hommes. Il en trouva l'idée dans la famille des aethéogames , l'aînée de ses favorites. Dans la vue de prévenir, surtout à la campagne, les accidens qui chaque année se renouvellent d'une ma-nière si fâcheuse par l'usage inconsidéré des champi-gnons , il rédigea, en 1815, sous le titre de Manuel à l'usage des amateurs de champignons, une instruction familière propre à éclairer les citoyens de toutes les clas-ses et à la portée de tous. Cet opuscule contient quelques observations nouvelles qui n'échapperont pas aux bota-nistes mais ce qui n'est pas moins important, il est écrit avec simplicité, clair dans les descriptions qu'il offre des champignons bons à manger 1 , et donne des conseils 72 1 Cette instruction inédite devait être accompagnée de | 9 | 0.005076 | 0.034161 |
134.txt | 1,864 | -36 -Rompis des fers qu'en honneur tu ne peux plus porter Laisse-la désormais et songe à l'éviter. - Le conseil est très-bon et d'un ami sincère, Lui dis-je, et je croirai que l'on ne peut mieux faire, Cher ami, que d'en profiter. Mais son esprit m'amuse, elle a l'art de me plaire, Et je ne l'aime plus assez pour la quitter. Ces ravissantes scènes d'amour, dignes d'Ho-race dans sa villa de Tivoli, se passaient aux riches campagnes que Watteau seul a su repro-duire, sous les berceaux qu'Amour semblait avoir formés pour apaiser les inhumaines, selon les tendres expressions de Chapelle gentils-hommes, poètes, marquises y passaient une exis-tence de spirituelle paresse. Le caractère de cette société c'était d'embellir l'oisiveté de mille grâ-ces et de ne pas donner à la vie cet aspect affairé des sociétés modernes, noire fourmilière où chacun porte son lourd fardeau les esprits les plus occupés savaient se séparer de leurs travaux pour s'abandonner aux aimables noncha-lances, comme les amants heureux dans l'île d'A-mour aux bercements des balançoires de Lancret, toute de jasmin, de muguet et de lilas. Si l'on exa-mine les immenses travaux financiers des quatre frères Paris par exemple, liquidant tous les effets du système cinq milliards dans l'espace de moins de trois années, on est étonné de les voir presque toujours dans leurs châteaux, voluptueuses re- | -36 -Rompis des fers qu'en honneur tu ne peux plus porter Laisse-la désormais et songe à l'éviter. - Le conseil est très-bon et d'un ami sincère, Lui dis-je, et je croirai que l'on ne peut mieux faire, Cher ami, que d'en profiter. Mais son esprit m'amuse, elle a l'art de me plaire, Et je ne l'aime plus assez pour la quitter. Ces ravissantes scènes d'amour, dignes d'Ho-race dans sa villa de Tivoli, se passaient aux riches campagnes que Watteau seul a su repro-duire, sous les berceaux qu'Amour semblait avoir formés pour apaiser les inhumaines, selon les tendres expressions de Chapelle gentils-hommes, poètes, marquises y passaient une exis-tence de spirituelle paresse. Le caractère de cette société c'était d'embellir l'oisiveté de mille grâ-ces et de ne pas donner à la vie cet aspect affairé des sociétés modernes, noire fourmilière où chacun porte son lourd fardeau les esprits les plus occupés savaient se séparer de leurs travaux pour s'abandonner aux aimables noncha-lances, comme les amants heureux dans l'île d'A-mour aux bercements des balançoires de Lancret, toute de jasmin, de muguet et de lilas. Si l'on exa-mine les immenses travaux financiers des quatre frères Paris par exemple, liquidant tous les effets du système cinq milliards dans l'espace de moins de trois années, on est étonné de les voir presque toujours dans leurs châteaux, voluptueuses re- | ########### des fers qu'en honneur tu ne peux plus porter Laisse-la désormais et songe à l'éviter. -@Le conseil est très-bon et d'un ami sincère, Lui dis-je, et je croirai que l'on ne peut mieux faire, Cher ami, que d'en profiter. Mais son esprit m'amuse, elle a l'art de me plaire, Et je ne l'aime plus assez pour la quitter. Ces ravissantes scènes d'amour, dignes d'Ho-race dans sa villa de Tivoli, se passaient aux riches campagnes que Watteau seul a su repro-duire, sous les berceaux qu'Amour semblait avoir formés pour apaiser les inhumaines, selon les tendres expressions de Chapelle gentils-hommes, poëtes, marquises y passaient une exis-tence de spirituelle paresse. Le caractère de cette société c'était d'embellir l'oisiveté de mille grâ-ces et de ne pas donner à la vie cet aspect affairé des sociétés modernes, noire fourmilière où chacun porte son lourd fardeau les esprits les plus occupés savaient se séparer de leurs travaux pour s'abandonner aux aimables noncha-lances, comme les amants heureux dans l'île d'A-mour aux bercements des balançoires de Lancret, toute de jasmin, de muguet et de lilas. Si l'on exa-mine les immenses travaux financiers des quatre frères Pâris par exemple, liquidant tous les effets du système cinq milliards dans l'espace de moins de trois années, on est étonné de les voir presque toujours dans leurs châteaux, voluptueuses re- | -36 -Rompis des fers qu'en honneur tu ne peux plus porter Laisse-la désormais et songe à l'éviter. -@Le conseil est très-bon et d'un ami sincère, Lui dis-je, et je croirai que l'on ne peut mieux faire, Cher ami, que d'en profiter. Mais son esprit m'amuse, elle a l'art de me plaire, Et je ne l'aime plus assez pour la quitter. Ces ravissantes scènes d'amour, dignes d'Ho-race dans sa villa de Tivoli, se passaient aux riches campagnes que Watteau seul a su repro-duire, sous les berceaux qu'Amour semblait avoir formés pour apaiser les inhumaines, selon les tendres expressions de Chapelle gentils-hommes, poëtes, marquises y passaient une exis-tence de spirituelle paresse. Le caractère de cette société c'était d'embellir l'oisiveté de mille grâ-ces et de ne pas donner à la vie cet aspect affairé des sociétés modernes, noire fourmilière où chacun porte son lourd fardeau les esprits les plus occupés savaient se séparer de leurs travaux pour s'abandonner aux aimables noncha-lances, comme les amants heureux dans l'île d'A-mour aux bercements des balançoires de Lancret, toute de jasmin, de muguet et de lilas. Si l'on exa-mine les immenses travaux financiers des quatre frères Pâris par exemple, liquidant tous les effets du système cinq milliards dans l'espace de moins de trois années, on est étonné de les voir presque toujours dans leurs châteaux, voluptueuses re- | -36 -Rompis des fers qu'en honneur tu ne peux plus porter Laisse-la désormais et songe à l'éviter. -Le conseil est très-bon et d'un ami sincère, Lui dis-je, et je croirai que l'on ne peut mieux faire, Cher ami, que d'en profiter. Mais son esprit m'amuse, elle a l'art de me plaire, Et je ne l'aime plus assez pour la quitter. Ces ravissantes scènes d'amour, dignes d'Ho-race dans sa villa de Tivoli, se passaient aux riches campagnes que Watteau seul a su repro-duire, sous les berceaux qu'Amour semblait avoir formés pour apaiser les inhumaines, selon les tendres expressions de Chapelle gentils-hommes, poëtes, marquises y passaient une exis-tence de spirituelle paresse. Le caractère de cette société c'était d'embellir l'oisiveté de mille grâ-ces et de ne pas donner à la vie cet aspect affairé des sociétés modernes, noire fourmilière où chacun porte son lourd fardeau les esprits les plus occupés savaient se séparer de leurs travaux pour s'abandonner aux aimables noncha-lances, comme les amants heureux dans l'île d'A-mour aux bercements des balançoires de Lancret, toute de jasmin, de muguet et de lilas. Si l'on exa-mine les immenses travaux financiers des quatre frères Pâris par exemple, liquidant tous les effets du système cinq milliards dans l'espace de moins de trois années, on est étonné de les voir presque toujours dans leurs châteaux, voluptueuses re- | 3 | 0.002187 | 0.012195 |
652.txt | 1,886 | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 249 LAFONTAINE. 17 Animaux et reptiles tués par le regard L'oeil est le plus puissant conducteur du fluide vital. La fascination était si connue chez les anciens, surtout chez les Orientaux, qu'ils attachaient au bon et au mauvais regard la santé ou la maladie, le malheur ou le bonheur. Chez tous les peuples, on retrouve des expressions qui prouvent que l'oeil est doué d'une propriété magique pour opérer certains effets qui appartiennent au magnétisme animal. Le docteur Passavant dit en parlant de l'oeil 1 La force magique de l'oeil exécute des miracles. Chaque regard fixé constamment, même à une distance assez considérable, rencontrera bientôt l'oeil sur lequel il s'est dirigé et de même, chaque personne qui rencontre un regard fixement attaché sur elle se sentira frappée magique-ment. Il y a action et réaction. Le rapport magnétique est établi. Les hommes d'un - esprit supérieur et d'une grande volonté exercent un pouvoir magique sur ce qui les entoure leur coup d'oeil pénètre au fond des âmes avec l'éclat et la puissance de la foudre. C'est par l'active énergie de l'oeil que le héros terrasse l'ennemi, que l'amant allume les feux de l'amour, que l'inspiré fonde le royaume de Dieu sur la terre. En effet, l'homme commande par le regard à tous les êtres animés. La puissance de l'oeil sur l'homme est immense mais son action est encore bien plus grande sur l'animal elle est si grande qu'elle va jusqu'à lui donner la mort. Mais quelquefois aussi l'oeil de l'animal a son effet sur l'homme. Il y a analogie, réciprocité d'action, magnétisme enfin, de - l'un vers l'autre. C'est un combat à mort, où la vie reste au - plus fort Nous avons connu des hommes forts et courageux qui 1 Docteur PASSAVANT, Recherches sur le magnétisme vital, 1re partie, chap. 11, édition allemande. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 249 LAFONTAINE. 17 Animaux et reptiles tués par le regard L'oeil est le plus puissant conducteur du fluide vital. La fascination était si connue chez les anciens, surtout chez les Orientaux, qu'ils attachaient au bon et au mauvais regard la santé ou la maladie, le malheur ou le bonheur. Chez tous les peuples, on retrouve des expressions qui prouvent que l'oeil est doué d'une propriété magique pour opérer certains effets qui appartiennent au magnétisme animal. Le docteur Passavant dit en parlant de l'oeil 1 La force magique de l'oeil exécute des miracles. Chaque regard fixé constamment, même à une distance assez considérable, rencontrera bientôt l'oeil sur lequel il s'est dirigé et de même, chaque personne qui rencontre un regard fixement attaché sur elle se sentira frappée magique-ment. Il y a action et réaction. Le rapport magnétique est établi. Les hommes d'un - esprit supérieur et d'une grande volonté exercent un pouvoir magique sur ce qui les entoure leur coup d'oeil pénètre au fond des âmes avec l'éclat et la puissance de la foudre. C'est par l'active énergie de l'oeil que le héros terrasse l'ennemi, que l'amant allume les feux de l'amour, que l'inspiré fonde le royaume de Dieu sur la terre. En effet, l'homme commande par le regard à tous les êtres animés. La puissance de l'oeil sur l'homme est immense mais son action est encore bien plus grande sur l'animal elle est si grande qu'elle va jusqu'à lui donner la mort. Mais quelquefois aussi l'oeil de l'animal a son effet sur l'homme. Il y a analogie, réciprocité d'action, magnétisme enfin, de - l'un vers l'autre. C'est un combat à mort, où la vie reste au - plus fort@ Nous avons connu des hommes forts et courageux qui 1 Docteur PASSAVANT, Recherches sur le magnétisme vital, 1re partie, chap. 11, édition allemande. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL ########################## et reptiles tués par le regard L'oeil est le plus puissant conducteur du fluide vital. La fascination était si connue chez les anciens, surtout chez les Orientaux, qu'ils attachaient au bon et au mauvais regard la santé ou la maladie, le malheur ou le bonheur. Chez tous les peuples, on retrouve des expressions qui prouvent que l'oeil est doué d'une propriété magique pour opérer certains effets qui appartiennent au magnétisme animal. Le docteur Passavant dit en parlant de l'oeil 1 La force magique de l'oeil exécute des miracles. Chaque regard fixé constamment, même à une distance assez considérable, rencontrera bientôt l'oeil sur lequel il s'est dirigé et de même, chaque personne qui rencontre un regard fixement attaché sur elle se sentira frappée magique-ment. Il y a action et réaction. Le rapport magnétique est établi. Les hommes d'un @@esprit supérieur et d'une grande volonté exercent un pouvoir magique sur ce qui les entoure leur coup d'oeil pénètre au fond des âmes avec l'éclat et la puissance de la foudre. C'est par l'active énergie de l'oeil que le héros terrasse l'ennemi, que l'amant allume les feux de l'amour, que l'inspiré fonde le royaume de Dieu sur la terre. En effet, l'homme commande par le regard à tous les êtres animés. La puissance de l'oeil sur l'homme est immense mais son action est encore bien plus grande sur l'animal elle est si grande qu'elle va jusqu'à lui donner la mort. Mais quelquefois aussi l'oeil de l'animal a son effet sur l'homme. Il y a analogie, réciprocité d'action, magnétisme enfin, de@@ l'un vers l'autre. C'est un combat à mort, où la vie reste au@@ plus fort. Nous avons connu des hommes forts et courageux qui 1 Docteur PASSAVANT, Recherches sur le magnétisme vital, 1re partie, chap. II, édition allemande. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 249 LAFONTAINE. 17 Animaux et reptiles tués par le regard L'oeil est le plus puissant conducteur du fluide vital. La fascination était si connue chez les anciens, surtout chez les Orientaux, qu'ils attachaient au bon et au mauvais regard la santé ou la maladie, le malheur ou le bonheur. Chez tous les peuples, on retrouve des expressions qui prouvent que l'oeil est doué d'une propriété magique pour opérer certains effets qui appartiennent au magnétisme animal. Le docteur Passavant dit en parlant de l'oeil 1 La force magique de l'oeil exécute des miracles. Chaque regard fixé constamment, même à une distance assez considérable, rencontrera bientôt l'oeil sur lequel il s'est dirigé et de même, chaque personne qui rencontre un regard fixement attaché sur elle se sentira frappée magique-ment. Il y a action et réaction. Le rapport magnétique est établi. Les hommes d'un @@esprit supérieur et d'une grande volonté exercent un pouvoir magique sur ce qui les entoure leur coup d'oeil pénètre au fond des âmes avec l'éclat et la puissance de la foudre. C'est par l'active énergie de l'oeil que le héros terrasse l'ennemi, que l'amant allume les feux de l'amour, que l'inspiré fonde le royaume de Dieu sur la terre. En effet, l'homme commande par le regard à tous les êtres animés. La puissance de l'oeil sur l'homme est immense mais son action est encore bien plus grande sur l'animal elle est si grande qu'elle va jusqu'à lui donner la mort. Mais quelquefois aussi l'oeil de l'animal a son effet sur l'homme. Il y a analogie, réciprocité d'action, magnétisme enfin, de@@ l'un vers l'autre. C'est un combat à mort, où la vie reste au@@ plus fort. Nous avons connu des hommes forts et courageux qui 1 Docteur PASSAVANT, Recherches sur le magnétisme vital, 1re partie, chap. II, édition allemande. | MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL 249 LAFONTAINE. 17 Animaux et reptiles tués par le regard L'oeil est le plus puissant conducteur du fluide vital. La fascination était si connue chez les anciens, surtout chez les Orientaux, qu'ils attachaient au bon et au mauvais regard la santé ou la maladie, le malheur ou le bonheur. Chez tous les peuples, on retrouve des expressions qui prouvent que l'oeil est doué d'une propriété magique pour opérer certains effets qui appartiennent au magnétisme animal. Le docteur Passavant dit en parlant de l'oeil 1 La force magique de l'oeil exécute des miracles. Chaque regard fixé constamment, même à une distance assez considérable, rencontrera bientôt l'oeil sur lequel il s'est dirigé et de même, chaque personne qui rencontre un regard fixement attaché sur elle se sentira frappée magique-ment. Il y a action et réaction. Le rapport magnétique est établi. Les hommes d'un esprit supérieur et d'une grande volonté exercent un pouvoir magique sur ce qui les entoure leur coup d'oeil pénètre au fond des âmes avec l'éclat et la puissance de la foudre. C'est par l'active énergie de l'oeil que le héros terrasse l'ennemi, que l'amant allume les feux de l'amour, que l'inspiré fonde le royaume de Dieu sur la terre. En effet, l'homme commande par le regard à tous les êtres animés. La puissance de l'oeil sur l'homme est immense mais son action est encore bien plus grande sur l'animal elle est si grande qu'elle va jusqu'à lui donner la mort. Mais quelquefois aussi l'oeil de l'animal a son effet sur l'homme. Il y a analogie, réciprocité d'action, magnétisme enfin, de l'un vers l'autre. C'est un combat à mort, où la vie reste au plus fort. Nous avons connu des hommes forts et courageux qui 1 Docteur PASSAVANT, Recherches sur le magnétisme vital, 1re partie, chap. II, édition allemande. | 9 | 0.004961 | 0.029586 |