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Pendant l’allocution télévisée du président argentin Mauricio Macri annonçant des mesures sociales pour la classe moyenne, à Buenos Aires, le 14 août. AGUSTIN MARCARIAN / REUTERS Mauricio Macri cherche à redorer son blason auprès des classes moyennes, peu après sa lourde défaite aux primaires, dimanche. Le président argentin a annoncé, mercredi 14 août, une hausse du salaire minimal, des primes ponctuelles, des réductions d’impôts et le gel des prix de l’essence durant trois mois. Destinées aux classes moyennes, ces mesures visent à « donner un coup de pouce aux Argentins », a déclaré le chef de l’Etat, qui brigue un nouveau mandat, lors d’un discours télévisé avant l’ouverture des marchés. « Ce que je vous ai demandé était très difficile, c’était comme d’escalader l’Aconcagua [plus haute montagne des Andes] », a reconnu M. Macri à propos des efforts demandés aux Argentins depuis son arrivée au pouvoir. Parmi le paquet de mesures annoncées figure une hausse du salaire minimal, qui se situe actuellement à 12 500 pesos (190 euros), dont le montant n’a pas été précisé. Une aide sociale extraordinaire de 2 000 pesos (30 euros) sera aussi versée aux employés et une autre de 5 000 pesos (76 euros) aux fonctionnaires et aux forces de sécurité. Une réduction d’impôts sur le revenu est également mise en place pour les salariés. Lire l’analyse économique : Les marchés secoués en Argentine après le revers électoral infligé à Mauricio Macri Dix-sept millions de travailleurs concernés Les petites et moyennes entreprises pourront étaler sur dix ans le remboursement de leur dette auprès des impôts et le prix de l’essence sera gelé durant quatre-vingt-dix jours. Ces annonces concernent « dix-sept millions de travailleurs et leurs familles ainsi que toutes les petites et moyennes entreprises », a ajouté le chef de l’Etat. Mauricio Macri espère ainsi combler son retard avant le scrutin présidentiel du 27 octobre et calmer la grogne sociale dans ce pays englué dans la récession. Alberto Fernandez, un péroniste modéré, et sa colistière Cristina Kirchner, l’ancienne présidente de centre gauche inculpée dans plusieurs affaires de corruption, ont obtenu dimanche 47 % des suffrages aux primaires, contre 32 % pour le tandem composé de Mauricio Macri et du dirigeant péroniste Miguel Angel Pichetto. Si un tel résultat se confirmait lors de la présidentielle, M. Fernandez, 60 ans, serait proclamé vainqueur dès le premier tour : selon la loi électorale, pour être élu, il faut obtenir au moins 45 % des suffrages ou 40 % et une avance de dix points sur le deuxième.
Ces mesures, qui concerneront 17 millions de personnes, sont destinées à la classe moyenne, a dit le chef de l’Etat, qui brigue toujours un nouveau mandat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/14/hausse-du-salaire-minimal-et-baisses-d-impots-en-argentine_5499460_3210.html
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LASSE RUSSE Alors que je ne suis pas personnellement adepte de ce nouvel art de vivre, je dois me rendre à l’évidence : au fil des mois, mon fils de 8 ans s’est progressivement transformé en survivaliste en culottes courtes. Désormais, la moindre virée au Monoprix, le plus petit ­déplacement hors de notre cocon domestique ne ­s’envisage plus sans l’indispensable paquetage qui l’accompagne jusque dans son lit. Ce petit sac à dos, qu’il désigne lui-même comme son « kit de survie », doit permettre – en théorie – de parer à toute situation d’urgence (tsunami, famine, écharde dans le doigt). Il concentre un ensemble d’éléments disparates que mon fils a amassés au fil du temps, avec la patience d’un écureuil qui thésauriserait les noisettes en vue de l’hiver. Le premier de ces objets visant à conjurer l’angoisse d’un avenir incertain est une lampe de poche à manivelle, achetée chez ­Decathlon. Sa fonction est de prodiguer un éclairage suffisant pour lire Picsou Magazine (également présent dans le paquetage) en cas de panne généralisée du réseau électrique. J’en ai donc tiré un premier enseignement : survivre, c’est non seulement assurer au quotidien l’entretien de ses fonctions vitales, mais aussi être en mesure de continuer à s’amuser, soit une ­façon de perpétuer la culture commune. A quoi bon se forcer à avaler des insectes et dormir dans une hutte de branchages si c’est pour ­s’ennuyer à mourir ? Aspivenin, lampe frontale et boussole Font également partie de la liste de choses indispensables : quatre boîtes d’allumettes récupérées dans un resto routier, deux mousquetons, un paquet de mouchoirs à moitié entamé, une paire de jumelles, une boussole, un cadran solaire portatif, une minitrousse de premiers soins, un sifflet, une bougie, un poignard et un Opinel à bout rond, un petit canif à bout pointu, un outil multifonction intégrant cuillère et fourchette, un Aspivenin, une lampe frontale, une gourde, un pointeur laser, des fruits secs, un stick fluorescent, des lingettes. En discutant avec mon fils, j’appris que ce kit n’était pas tout à fait complet et qu’il manquait, pour bien faire, une bouteille permettant de filtrer l’eau et une pierre à feu. Ce qui est étonnant dans cet engouement, me dis-je, c’est qu’il ne procède ni d’une dynamique imitative ni de la conformation à une volonté extérieure. Même si j’aime bien le voir ramasser des mûres avec ses grands-parents pendant les vacances et attraper des lézards pour se distraire durant les après-midi d’été, je ne lui ai jamais dit : « Tu seras survivaliste, mon fils ! » J’aurais d’ailleurs été fort mal placé pour l’encourager dans cette voie. Car, en la matière, ma compétence se ­limite à ce que j’ai pu mémoriser depuis mon canapé en regardant la série Seul face à la nature (Man vs Wild), soit un ensemble de préceptes difficilement applicables en centre-ville. Si j’ai cognitivement intégré le fait que l’on pouvait dormir dans la carcasse d’un chameau éventré pour se protéger des nuits glaciales du désert et se nourrir de grosses larves gluantes prélevées sous les écorces d’arbres, tout ce savoir reste exclusivement théorique.
L’éducation est une science (moyennement) exacte. Cette semaine, Nicolas Santolaria nous plonge dans ces nouvelles angoisses enfantines liées à la théorie de l’effondrement. Quand le kit de survie évince le doudou.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/08/31/parentologie-mon-fils-est-un-survivaliste_5504770_4497916.html
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Entretien. Maîtresse de conférences en droit privé à l’université de Rennes-I, Marie Mesnil est spécialiste du droit de la procréation. Elle a réalisé sa thèse sur le sujet et publié plusieurs articles dans des revues juridiques sur la persistance des stéréotypes de genre dans le droit de la santé. Dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, le gouvernement a mis à l’agenda simultanément l’ouverture de la PMA à toutes les femmes et la question de l’accès aux origines des enfants nés de PMA avec tiers donneur. Faut-il lier ces deux aspects ? Je crois au contraire qu’il est nécessaire de les dissocier. Le mode d’établissement de la filiation pour la seconde mère et l’accès aux origines des enfants issus de la PMA sont deux questions distinctes. Certes il est évident que l’ouverture de la PMA, en banalisant la diversité des façons de « faire famille », conduira la société à changer son regard sur le don de gamètes. C’est une bonne chose, et c’est toute une « culture du secret » qui finira par être remise en cause. L’établissement de la filiation de la seconde mère, selon les règles existantes et mises en œuvre pour les couples hétérosexuels, permettrait de sécuriser la filiation de l’enfant Mais au vu des annonces de la ministre de la santé, Agnès Buzyn, des incertitudes subsistent quant à l’imbrication de ces deux questions. Avec la « déclaration commune anticipée de filiation », le rapport Théry-Leroyer [rendu public en avril 2014, le rapport « Filiation, origines, parentalité » avait été commandé en 2013 par la ministre de la famille de François Hollande, Dominique Bertinotti] donne l’impression d’un régime unifié pour tous les couples ayant recours à la PMA, mais il présente en fait le risque de stigmatiser les seuls couples lesbiens. En effet, on peut s’attendre à ce que les couples hétérosexuels contournent le système et ne mentionnent pas à l’officier d’état civil l’existence de cette déclaration. Cette déclaration commune anticipée de filiation ne pourrait-elle pas résoudre la question de l’accès aux origines ? En réalité, non, et d’ailleurs plusieurs associations d’enfants conçus par PMA y sont réticentes. Il faut savoir qu’avec cette procédure, la mention sur l’acte d’état civil du mode d’établissement de la filiation n’apporte aucune information supplémentaire sur le donneur, mais révèle seulement l’existence d’un don de sperme ou d’ovocyte. Et encore une fois, les couples hétérosexuels auraient toujours la possibilité de contourner cette obligation. Quand bien même on établirait une transmission directe entre les centres de PMA et l’officier d’état civil, il leur suffirait d’aller à l’étranger pour que cela ne soit pas mentionné sur l’acte de naissance.
La spécialiste du droit de la santé Marie Mesnil considère, dans un entretien au « Monde », que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes doit prendre la forme d’une extension des modalités applicables aux couples hétérosexuels, pour ne pas créer de différences entre les régimes de filiation.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/01/la-genealogie-des-enfants-nes-de-pma-n-est-pas-donnee-par-la-biologie-mais-par-le-droit_5483594_3232.html
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Valérie Gauvin après son but face à la Norvège, le 12 juin à Nice. CHRISTOPHE SIMON / AFP La Coupe du monde de Valérie Gauvin avait mal commencé. Déambulant sur la pelouse du Parc des Princes, les yeux rougis, soutenue par la gardienne remplaçante et amie Pauline Peyraud-Magnin, après avoir appris qu’elle ne serait pas titulaire pour le match d’ouverture entre la France et la Corée du Sud. La raison ? Deux retards et une sanction immédiate de la sélectionneuse, Corine Diacre. Mais Valérie Gauvin est une forte tête. Titularisée face à la Norvège, elle a marqué son premier but en Coupe du monde, avec le titre de joueuse du match à la clé. Un début de Mondial à l’image de la carrière et du caractère de la jeune attaquante de Montpellier, carrière semée d’embûches, mais toujours prête à rebondir. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine 2019 : à Nice, les Bleues testent leur esprit d’équipe « J’étais déçue sur le premier match, mais j’ai montré que je peux être présente et j’ai donné le meilleur de moi, a-t-elle commenté après la rencontre face aux Scandinaves. Pourquoi j’ai été écartée au premier match ? J’ai eu des retards, pas à l’entraînement, mais des retards. Voilà, c’est passé. Mon but, j’espère que c’est le premier d’une longue lignée. » Avec 11 buts inscrits en 21 sélections, la Réunionnaise de 23 ans est déjà sur de bonnes bases. Respect mutuel Rencontrée avant le début de la Coupe du monde au Domaine de Grammont, le centre d’entraînement de l’équipe féminine de Montpellier, Valérie Gauvin ne cachait pas son excitation – toute relative, vu sa timidité – à l’idée de disputer la compétition ultime. « Depuis petite, j’avais pour objectif d’intégrer l’équipe de France. J’ai tout fait pour. Le fait de jouer un Mondial en France est quelque chose d’exceptionnel. Il faut saisir sa chance. » Sa non-titularisation face à la Corée du Sud a donc été d’autant plus difficile à vivre. Valérie Gauvin avait pourtant toutes les cartes en main depuis l’annonce de la liste des 23 Bleues amenées à disputer la Coupe du monde et l’absence de Marie-Antoinette Katoto, la jeune et talentueuse attaquante du PSG, sa principale concurrente sur le front de l’attaque tricolore. Elle s’est appuyée sur son mental d’acier pour rebondir, et rendre la confiance qui lui a été accordée. « Elle avait à cœur de montrer ce qu’elle pouvait apporter à cette équipe, a apprécié Corine Diacre, qui connaît bien la propension de sa joueuse à devoir se faire violence pour avancer. C’est bien, mais il ne faut surtout pas qu’elle s’arrête là. » Les deux femmes se vouent un respect mutuel. Valérie Gauvin a connu sa première sélection avec les Bleues en octobre 2015, lors d’une défaite contre les Pays-Bas (1-2), après avoir été appelée par Philippe Bergeroo. Il lui a fallu attendre deux ans et la nomination de Corinne Diacre pour être convoquée une deuxième fois.
La joueuse de 23 ans a démontré sa force de caractère et son apport à la pointe de l’attaque française après un début de Mondial compliqué.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/16/coupe-du-monde-feminine-valerie-gauvin-la-forte-tete_5476890_1616938.html
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« Ça, chapitre 2 », d’Andrés Muschietti, marque le retour d’It, la créature protéiforme qui aime se maquiller en clown. BROOKE PALMER / WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. L’AVIS DU « MONDE » - ON PEUT ÉVITER Pendant presque trois heures, la projection de Ça, chapitre 2 est scandée par un gag à répétition : Bill Denbrough (James McAvoy), le garçon gauche et bègue de Ça, chapitre 1, est devenu écrivain et scénariste, non sans succès. Mais encore et encore, ses interlocuteurs lui demandent quand il réussira à terminer ses histoires aussi brillamment qu’il les commence. L’humour ne réside pas tant dans le badinage littéraire (les dialogues du film sont d’une extrême platitude) que dans le fait indéniable que le deuxième long-métrage qu’Andrés Muschietti a tiré de l’énorme (par le nombre de pages comme par celui des exemplaires vendus) best-seller de Stephen King peut se prévaloir de l’une des fins les plus calamiteuses de l’histoire du cinéma. Le premier chapitre a rapporté presque un milliard de dollars de par le monde Non seulement elle occupe presque un tiers du film, mais elle en défait la cohérence, remplaçant les angoisses (pourtant bien édulcorées) du premier volet par des cataractes d’hémoglobine dans lesquelles pataugent des créatures qui ont l’air d’avoir été récemment licenciées d’un train fantôme de troisième catégorie. Ça, chapitre I avançait prudemment, mais avec une relative subtilité, entre la représentation horrifique de l’american way of life sorti de l’esprit de Stephen King et la nécessité de contenir l’imagination du romancier dans les limites du commerce en gros du cinéma, perfectionnant au passage la notion de cinéma d’horreur familial. Le second chapitre a été conçu pour rééditer cet exploit, si fructueux pour la Warner, puisque le premier chapitre a rapporté presque un milliard de dollars de par le monde. On voit mal comment ce récit boursouflé et interminable y parviendra. Démons intérieurs Vingt-sept ans après les événements rapportés dans Ça, chapitre I, un meurtre homophobe signale le retour d’It, créature protéiforme qui aime se maquiller en clown, dans la ville de Derry (Maine). Des sept adolescents qui avaient réussi à contenir cette force maléfique, seul Mike (Isaiah Mustafa) vit toujours dans la petite ville. Se prévalant d’un serment prononcé un quart de siècle plus tôt, il convoque ses anciens camarades afin de faire barrage au mal. Sans que l’on comprenne bien pourquoi des adultes pour la plupart installés dans la vie laisseraient tout tomber alors qu’ils ne se souviennent pas des événements qui les ont amenés à jurer de se retrouver (le scénario de Gary Dauberman révèle presque systématiquement les incohérences du récit de Stephen King, que le romancier avait réussi à maquiller), un écrivain, une styliste (Jessica Chastain), un architecte (Jay Ryan) et un comique (Bill Hader) à succès prennent le chemin de Derry. Stanley, le petit garçon juif, manquera à l’appel, au contraire d’Eddie (James Ransone), qui tient le rôle du raté de la bande.
Les interprètes adultes de cette deuxième partie de l’adaptation du best-seller de l’auteur de « Carrie » sont soumis à rude épreuve.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/13/cinema-ca-chapitre-2-stephen-king-noye-dans-l-hemoglobine_5509800_3246.html
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Avant de s’atteler au « pentester » de l’entreprise, il faut établir ses besoins. QUENTIN HUGON / PIXELS Certaines choses sont trop belles pour être vraies. Comme ce courriel reçu par Marc en janvier 2018. A l’occasion de la nomination de Star Wars 8 aux Oscars, son comité d’entreprise lui annonce qu’un jeu-concours est organisé pour les salariés. A la clé, des mugs, des sabres lasers et des costumes. Pour tenter sa chance, il faut seulement remplir le document Word joint. Les images représentant les lots ne se chargent pas. Le texte suggère d’« activer les macros » pour qu’elles apparaissent. Le salarié s’exécute et lance alors le téléchargement discret d’un logiciel malveillant qui permettra de prendre le contrôle de son ordinateur. Cette fois, Marc a eu de la chance. Le courriel qu’il a reçu n’est pas issu de l’une des 1 869 attaques – pas forcément réussies – signalées en 2018 à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). Il a été envoyé par Sylvain Hajri, un consultant mandaté par son employeur pour tester la sécurité de son réseau informatique. Un manquement grave à la sécurité des données de leurs clients peut coûter très cher aux entreprises depuis l’entrée en vigueur du RGPD La démarche est de plus en plus courante au sein des grandes entreprises, conscientes que leurs secrets industriels font l’objet de convoitises, mais aussi qu’un manquement grave à la sécurité des données de leurs clients peut coûter très cher depuis l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD) en mai 2018 – jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % de leur chiffre d’affaires mondial. Pour cartographier leur niveau d’exposition, certaines organisations font donc appel à des experts en intrusion, désignés par le terme anglais pentester (contraction de penetration et tester). Lire aussi En Suisse, on encourage les hackers à pirater le système de vote électronique Evaluer toutes les menaces Avant de s’atteler au test, il faut établir les besoins du client. S’agit-il de trouver des failles ou d’évaluer aussi la réactivité des systèmes de détection internes ? Quelles menaces pèsent sur l’entreprise ? Veut-elle se protéger d’un potentiel employé malveillant, d’un attaquant opportuniste qui chercherait à gagner rapidement de l’argent ou d’une organisation professionnelle qui dispose, elle, de temps et de moyens pour chercher une faille durant des mois ? Faut-il tester seulement un site Web ou aussi les services des sous-traitants et la sécurité du siège social ? L’entreprise et les « pentesteurs » décident également des personnes au courant des tests. Moins les salariés sont informés, plus on s’approche des conditions réelles. Ils doivent aussi s’accorder sur les techniques autorisées. Un e-commerçant appréciera peu qu’un pentesteur paralyse son site pour montrer qu’il est en capacité de le faire.
« Où va le travail ? » – Les entreprises font de plus en plus appel à des consultants pour protéger leurs secrets industriels et les données de leurs clients.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/11/11/profession-pentester-expert-en-intrusion-des-systemes-informatiques_6018758_4408996.html
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Il faut avoir l’estomac bien accroché pour visionner ces images. Dans un bâtiment fermé, six vaches, chacune dans un enclos, avec sur leur flanc… un hublot en plastique d’une quinzaine de centimètres Un technicien vient ouvrir l’équipement avec une clé, effectue un prélèvement, puis met tout son poids pour refermer le clapet. La manipulation est répétée à intervalles réguliers. Nous sommes à Saint-Symphorien, dans la Sarthe, dans une station expérimentale de l’entreprise d’alimentation animale Sanders, filiale du groupe agroalimentaire Avril (Matines, Lesieur, Puget…). Ces images de vaches porteuses de canules, aussi appelées vaches fistulées, tournées en février et mai, ont été obtenues par l’association L214. Les canules, qui permettent un accès direct à la panse des bovins, servent à observer et à étudier leur digestion. Une pratique peu connue du grand public, mais ancienne. Dans les archives de l’Institut national de l’audiovisuel, un documentaire datant de 1970 décrit ces technologies tout en poésie : « Les fistules sont un livre ouvert sur les mystères de la genèse de nos plats favoris. » En France aujourd’hui, quelques dizaines de vaches tout au plus sont concernées. Une trentaine d’animaux sont ainsi appareillés par l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), deux fois moins qu’il y a dix ans, selon Jean-Baptiste Coulon, président du centre de Theix, près de Clermont-Ferrand. Avec quatre poches distinctes d’estomac, parmi lesquelles le rumen fonctionne comme une cuve de fermentation, les vaches ont un fonctionnement digestif particulièrement complexe. « Ces recherches servent plusieurs objectifs, explique M. Coulon : tout d’abord, optimiser l’apport alimentaire des animaux ; limiter les problèmes sanitaires, par exemple les troubles liés au fonctionnement du rumen ; améliorer la qualité des produits, en maîtrisant les matières grasses du lait, qui dépendent de la façon dont sont dégradés les aliments dans la panse ; et enfin, étudier comment limiter les émissions de méthane. » D’autres laboratoires de recherche dans le monde recourent aux bovins fistulés, en Suisse, au Canada ou aux Etats-Unis. La particularité de l’enquête de L214 est de montrer l’usage de « vaches à hublot » par un centre de recherche privé, dont le propriétaire, Sanders, fournit 26 000 élevages en alimentation animale. Contactée, la maison mère, Avril, a précisé que ces expériences sont soumises à l’approbation d’un comité d’éthique et que « l’objectif est de remplacer d’ici à 2025 l’essentiel des tests sur animaux par des méthodes alternatives ». Des canules posées à vie L’INRA, qui assure ne pas fournir d’animaux à des centres privés, travaille notamment à développer d’autres techniques, comme des modélisations, des rumens artificiels ou des capteurs avalés dans le tube digestif animal. Mais pour l’heure, selon Jean-Baptiste Coulon, ces technologies ne permettent pas de se passer complètement de l’observation directe du rumen permise par les canules. « Les canules sont impressionnantes vu de l’extérieur, mais pour nous vétérinaires, c’est très fréquent d’utiliser cette technique pour traiter des vaches qui ont des problèmes digestifs, détaille Bérénice Senez, vétérinaire auprès de bovins à Lamastre (Ardèche). On place, sous anesthésie locale, un trocart, pour permettre aux gaz de s’échapper et ainsi soulager l’animal. » Ces interventions curatives, sur des diamètres de 2 à 3 cm, sont temporaires et la vache cicatrise généralement en quelques jours. En expérimentation scientifique, en revanche, les canules sont posées à vie. Difficile de dire si les vaches souffrent de la pratique. L’intervention chirurgicale en elle-même nécessite la prise d’antalgiques et d’antidouleurs pendant plusieurs jours. Ensuite, une fois la plaie cicatrisée, y a-t-il douleur physique ? Pour l’association L214, cela relève en tout cas d’une « mutilation ». « Ces pratiques sont symptomatiques de comment on traite les animaux et de la course à la performance, estime Sébastien Arsac, responsable des enquêtes pour L214. On considère les vaches comme des rumens sur pattes. » L’association a annoncé son intention de porter plainte auprès du procureur de la République du Mans, en contestant notamment le « caractère strictement nécessaire » des expérimentations menées par Sanders, et demande l’interdiction de ces recherches, privées et publiques.
L’association L214 diffuse des images de bovins équipés de canules en plastique permettant un accès direct à leur système digestif, provenant d’un centre de recherche privé sur la nutrition animale.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/20/des-hublots-dans-la-panse-de-vaches-pour-etudier-leur-digestion_5478758_3244.html
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Quoi de mieux qu’un sondage pour réussir à se déterminer ? Depuis plusieurs semaines, Benjamin Griveaux et Cédric Villani guettent le choix du MoDem, qui n’a toujours pas décidé quel candidat soutenir aux élections municipales Paris en mars 2020. Celui officiellement investi par La République en marche (LRM) comme son dissident aimeraient obtenir l’appui du parti centriste pour démontrer leur capacité à rassembler, et ainsi faire la différence avec l’adversaire. Las, le parti de François Bayrou semble avoir d’autres plans en tête. Selon plusieurs sources au sein de LRM, le MoDem aurait en effet commandé un sondage testant les candidatures dans la capitale… d’Agnès Buzyn, ministre de la santé, et de Jean-Louis Borloo, ancien ministre de Nicolas Sarkozy. François Bayrou rechigne en effet à soutenir Benjamin Griveaux, qu’il trouve trop clivant, et craint que son duel fratricide avec Cédric Villani ne conduise la majorité à la défaite face à la maire sortante Anne Hidalgo. « François pense que c’est mal barré, qu’il faut trouver une porte de sortie, souffle un proche. On ne peut pas rester dans une impasse à six mois d’une élection. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Municipales 2020 à Paris : entre Benjamin Griveaux et Cédric Villani, la bataille des frères ennemis Bayrou cherche un troisième homme Du côté du MoDem, on feint l’ignorance ou on dément (mollement) avoir commandé une telle enquête. « Je ne suis pas au courant, je n’ai pas vu ce sondage », assure Maud Gatel, présidente de la fédération parisienne du parti centriste. « Ce n’est pas le MoDem qui l’a commandé, contrairement à ce que beaucoup croient », jure de son côté un cadre bayrouiste, qui assure néanmoins avoir vu le dit sondage : « On m’a montré que Borloo et Buzyn étaient testés, mais je n’ai pas les résultats. » « François compile beaucoup de sondages, il regarde attentivement », évacue-t-on dans l’entourage de M. Bayrou. Ces atermoiements irritent au sein de LRM. « Comme Bayrou s’est toujours rêvé en troisième homme, il en cherche un pour Paris », s’agace un cadre macroniste. Si les relations du maire de Pau sont fraîches avec Jean-Louis Borloo, son vieux rival centriste, « il a, en revanche, beaucoup d’affection pour Agnès Buzyn », rappelle un proche. M. Bayrou avait déjà essayé d’imposer sa candidature comme tête de liste aux élections européennes, en mai. « Elle a toujours dit qu’elle n’avait pas l’intention d’être candidate compte tenu des dossiers qui sont les siens et du fait, qu’étant parisienne, le sujet était clos avec la désignation du candidat LRM », insiste-t-on dans l’entourage de Mme Buzyn. « Borloo n’est pas crédible, et Buzyn n’a pas assez de charisme et n’est pas assez politique », tranche pour sa part un dirigeant macroniste. La formation de François Bayrou, elle, donne rendez-vous « fin octobre » pour dévoiler son choix. « Je me souviens de précédentes élections où les candidats de l’automne n’étaient pas ceux de janvier. Beaucoup de choses peuvent se passer », estime Maud Gatel. Article réservé à nos abonnés Lire aussi François Bayrou, allié agile et affectif de Macron
Le MoDem aurait commandé un sondage pour évaluer les candidatures de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy et de l’actuelle ministre de la santé.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/11/municipales-le-mysterieux-sondage-qui-teste-les-candidatures-borloo-et-buzyn-a-paris_6015106_823448.html
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HSBC à New York, le 7 août 2019. La banque britannique a annoncé, le 5 août, la suppression de 2 % de ses effectifs, soit près de 4 000 postes. BRENDAN MCDERMID / REUTERS « Les perspectives ont changé. » Le communiqué du géant bancaire britannique HSBC, publié à l’occasion de ses résultats semestriels, lundi 5 août, ne laisse planer aucun doute sur la période d’austérité qui attend l’institution. Le conseil d’administration a exclu John Flint, patron du groupe depuis moins de deux ans, et son programme d’investissement de plus de 15 milliards de dollars ( 13,4 milliards d’euros). Place désormais à un plan de restructuration, la banque ayant annoncé la suppression de 2 % de ses effectifs, soit près de 4 000 postes. Le groupe, sis à Londres mais très puissant en Asie, est fragilisé à la fois par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et par les incertitudes entourant le Brexit. Comme lui, toutes les banques européennes adoptent une approche défensive. « Le rythme de croissance en Europe est aujourd’hui très bas, autour de 1 % à 1,5 %, et il est difficile de voir où nous en sommes dans le cycle économique. Les banques ne peuvent donc plus fonder leur stratégie sur un développement de leur activité », note Laurent Quignon, responsable de l’équipe d’économie bancaire au sein de BNP Paribas. Début juillet, c’est Deutsche Bank, la première banque allemande, en crise chronique depuis plusieurs années, qui annonçait le plus grand plan de restructuration de son histoire, avec la suppression de 18 000 emplois – un cinquième de ses effectifs. La britannique Barclays a de son côté indiqué qu’elle avait supprimé 3 000 postes au cours du second trimestre. UniCredit a revu à la baisse son objectif de chiffre d’affaires D’autres plans massifs sont attendus. UniCredit, la première banque italienne, a déjà supprimé 14 000 emplois depuis l’arrivée à sa tête du banquier français Jean-Pierre Mustier, il y a trois ans. Selon l’agence Bloomberg, l’établissement envisagerait de supprimer à nouveau jusqu’à 10 000 emplois (près de 10 % des postes) dans le cadre de son futur plan stratégique, qui doit être présenté en décembre. Sans confirmer l’ampleur de la restructuration, le patron de l’institution a averti ses salariés que « toute évolution du groupe (...) [serait] gérée à travers le système de retraite anticipée ». Lors de la présentation de ses comptes à mi-année, le 7 août, UniCredit a dû revoir à la baisse son objectif de chiffre d’affaires pour 2019, mettant en cause le contexte de taux d’intérêt bas. Pour les mêmes raisons, en début d’année, BNP Paribas et Société générale avaient, elles aussi, dû renoncer à certains objectifs financiers de leurs plans stratégiques et annoncer de nouvelles mesures d’économie, dont un plan de suppression de 1 600 postes chez Société générale.
Sous la pression des taux bas, des tensions sino-américaines et du Brexit, les établissements financiers du Vieux Continent multiplient les mesures draconiennes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/13/les-banques-europeennes-suppriment-des-milliers-d-emplois-et-delocalisent_5499022_3234.html
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Il est loin le temps où les premiers festivaliers arpentaient la cour de l’Epita, école d’ingénieurs du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) pour une kermesse estudiantine. En vingt ans, Japan Expo, qui se tient du 4 au 7 juillet au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), est devenu le rendez-vous le plus important d’Europe en matière de pop culture japonaise. Aujourd’hui, plus de 240 000 visiteurs bravent la chaleur écrasante dans la bonne humeur pour assister à l’événement, à la croisée de la convention culturelle et de la foire commerciale ; soit 60 000 visiteurs en moyenne par jour. Un chiffre qui n’a pas à rougir face au très plébiscité Salon de l’agriculture, qui a reçu, cette année, 70 000 personnes par jour en moyenne. De mémoire d’anciens, Japan Expo a toujours attiré du monde. « Au début il s’agissait d’un rendez-vous de passionnés à travers la France qui se connaissaient et discutaient manga, jeux vidéo et animes sur des forums et des tchats IRC. C’était une rare occasion de rencontrer, de se retrouver. Les créateurs viennent de la communauté des fanzines », se remémore Karim Talbi, qui a fait partie un temps de l’équipe d’organisation avant de devenir commissaire d’exposition free-lance pour le salon. Un succès qui tranche avec les clichés folkloriques En 2004, « c’était la folie ». Japan Expo, qui avait pris ses quartiers au CNIT près du quartier d’affaires de la Défense, n’était pas en mesure de faire entrer tous les visiteurs. La file d’attente avait atteint rapidement l’arche de la Défense. « C’était absurde, il y avait autant de gens dehors que dedans. C’est probablement la seule fois où ils ont dû refuser l’accès à des gens », ajoute Karim Talbi. C’est aussi à cette époque que commence à péricliter son principal concurrent : le festival Cartoonist. Japan Expo devient trop gros et trop rentable pour une organisation associative qui se repose sur des centaines de bénévoles. Après une année sans édition, le festival s’agrandit et se délocalise au Parc des expositions de Villepinte en 2006. Et il se professionnalise : l’année suivante, Thomas Sirdey, Jean-François Dufour et Sandrine Dufour, les trois amis à l’origine du salon, s’associent en entreprise, SEFA Event, dont le chiffre d’affaires avoisine aujourd’hui 7 millions d’euros. La société emploie une équipe permanente d’une trentaine de personnes et quelque 300 saisonniers pour l’événement. L’énorme succès de Japan Expo tranche avec l’image folklorique qui colle parfois à la peau des participants : celle d’otakus déguisés et de fans bruyants d’une culture de niche. « On a réussi à devenir les représentants d’un marché culturel invisibilisé, qui poursuit sa croissance et touche une large frange de la population », se félicite l’un des patrons, Thomas Sirdey. « Il y a eu au fil des années différentes innovations pour casser cette image de centre commercial géant » Si le manga et les animes restent le cœur de la programmation avec l’espace consacré au jeu vidéo, les cofondateurs défendent un élargissement à 360 degrés des animations. « Il y a eu au fil des années différentes innovations pour amener les gens à rester et casser cette image de centre commercial géant, résume Pascal Lafine, directeur éditorial pour le manga chez Delcourt. Ils ont su s’adapter aux goûts et aux mœurs en organisant des spectacles, des concerts de J-Pop, des démonstrations de culture traditionnelle, des avant-premières de films ou de séries. Mais surtout en devenant la Mecque du cosplay en hébergeant des compétitions européennes. » « Il y a un côté shopping assumé chez nos visiteurs qui économisent parfois toute l’année pour acheter sur place. En moyenne, ils dépensent 138 euros hors billet d’entrée, expliquent Thomas Sirdey et Jean-François Dufour. Mais Japan Expo est désormais un festival de contenus avec 216 invités, une scène de 500 mètres carrés, des spectacles et aussi un nouvel espace dédié à l’e-sport. Il y a des centaines d’heures de programmation. » Un thermomètre pour les éditeurs japonais Désormais, le rassemblement, que d’aucuns estiment très bon enfant, est fréquenté par autant d’hommes que de femmes dont 54 % viennent de province. Une démographie qui concorde avec le profil des Français consommateurs de manga et d’animes. « Ce qui fait le succès de Japan Expo, c’est que chacun se sent représenté. Le public est une radiographie de la communauté de fans de son époque », analyse Matthieu Pinon, journaliste spécialiste de la pop culture japonaise et auteur d’Histoire(s) du manga moderne (Ynnis). Le cosplay est l’une des disciplines les plus plébiscitées pendant le salon. NICOLAS SIX / « LE MONDE » Cette grand-messe est aussi un rendez-vous incontournable pour les professionnels. A commencer par les éditeurs de mangas et d’animes qui, comme s’il s’agissait de leur rentrée littéraire, lancent de nombreuses nouveautés et multiplient les animations pendant le salon. Quand bien même leur stand leur « coûte un bras ; les frais ne cessent d’augmenter », estiment-ils. « Cela représente environ un tiers de notre budget de communication de l’année », évalue par exemple Arnaud Plumeri, directeur éditorial des mangas Doki-Doki. Un investissement à peine rentabilisé en vente de manga lors du salon en ce qui le concerne, même si les volumes achetés par les lecteurs peuvent être dans l’ensemble colossaux. « Mais c’est un moment important de rencontre avec nos lecteurs qu’on a rarement l’occasion de croiser, cela permet aussi d’installer notre marque et de fidéliser. C’est aussi l’occasion de rendez-vous professionnels stratégiques. » Une grande majorité de maisons d’édition et d’ayants droit japonais font d’ailleurs le déplacement à Japan Expo, devenu un thermomètre du marché français, dans un secteur habituellement très insulaire, replié sur lui. « C’est l’occasion de briller et de rebattre les cartes auprès des ayants droit nippons », assure Ahmed Agne, fondateur des éditions Ki-oon. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Japan Expo 2019 : nos 20 mangas cultes Esprit « start-up » et mécontentements Par le biais des éditeurs ou simplement « avec [leur] bâton de pèlerin, [leur] naïveté et l’aide de Français sur place », les époux Dufour et leur acolyte Thomas Sirdey ont, au fil des ans, su convaincre les institutions de l’Archipel mais aussi des superstars de soutenir leur convention. A l’instar de la rockstar Yoshiki ou du père de Goldorak Go Nagai, qui ont accepté de revenir pour l’édition 2019. Sandrine Dufour, Jean-François Dufour et Thomas Sirdey ont cofondé Japan Expo. ARCHIVES PERSONNELLES SEFA EVENT Dans un article de 2006, Le Monde comparaît la communauté de fans de manga et d’animation japonaise avec « la scène rock née dans la foulée du mouvement punk britannique », parce « qu’amateurs et professionnels s’y côtoient et que son développement s’est fait quasiment à l’insu du reste de la société ». Mais d’après certains critiques de Japan Expo, qui ne s’expriment que sous condition d’anonymat, c’est plutôt les mauvais côtés d’un « esprit start-up » qui peut être reproché aujourd’hui à SEFA Event. Sous des dehors sympathiques et passionnés, la personnalité écrasante des trois fondateurs et une certaine pression dans l’organisation conduiraient à un fort turnover parmi les salariés. A ses 900 exposants, l’entreprise ne ferait aucun cadeau et ne laisserait aucune marge de négociation des tarifs. Pis, pour certains d’éditeurs, ils manqueraient d’égards et de soutien. « C’est fini le côté bricolage comme il y a pu avoir au début. On a beaucoup évolué, nos attentes ne sont pas les mêmes. De plus nous avons affaire à des interlocuteurs japonais tatillons, ça a pu alourdir la machine », se défend Jean-François Dufour, qui ajoute : « Pour les départs, le taux est toujours plus ou moins resté le même. On embauche souvent des gens qui sortent d’école, dont c’est le premier job. Il n’est pas anormal qu’ils souhaitent au bout de trois, cinq ans se tourner vers autre chose. » Malgré les mécontentements, Japan Expo semble pour l’heure indétrônable. « Ou alors il faudrait un salon Livre Paris du manga pour le déboulonner, imagine Pascal Lafine, de la maison d’édition Delcourt. Mais tant qu’ils continuent de mettre le visiteur au centre des décisions, cela continuera de marcher. »
Passé de petite convention étudiante de 3 000 visiteurs à grande célébration de la pop culture japonaise en France, l’événement attire désormais 240 000 festivaliers.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/04/japan-expo-comment-le-salon-est-devenu-en-vingt-ans-l-un-des-plus-imposants-de-france_5485087_4408996.html
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A Lion-sur-Mer (Calvados), le 27 février. CHARLY TRIBALLEAU / AFP Tribune. Le vieillissement a, de tout temps, été considéré comme la simple phase d’un cycle de vie. Cette vérité simple ne peut plus cacher que nous vivons aujourd’hui une rupture unique dans l’histoire de l’humanité. On prête à Fernand Braudel ce trait : « L’histoire du monde, c’est l’histoire de la démographie. » Nous voici plongés dans l’ère de la société du vieillissement, dans laquelle un tiers de la population passera un tiers de sa vie en tant que senior. Toutes les recherches académiques, toutes les politiques ont jusqu’alors considéré que les problèmes du vieillissement devaient être traités comme des problèmes spécifiques, abordés selon les techniques traditionnelles de l’économie, de la sociologie et de la politique. Nous défendons, à l’inverse, l’idée que la progression vers la société du vieillissement, tant dans les pays avancés qu’émergents, constitue, avec les révolutions technologiques et le choc environnemental, le triptyque de l’évolution du monde. Nous ne pouvons plus nous contenter de mettre en œuvre des solutions partielles, mais nous appuyer sur une approche globale d’un nouveau modèle de société. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Retraites : l’exécutif face à un choix périlleux Cette rupture est celle de tous les dangers. En effet, la génération des retraités possède l’essentiel des patrimoines et de l’expérience ; elle pourrait être à l’origine d’une captation inédite du pouvoir politique. La véritable ambition politique pour une société du vieillissement sera de parvenir à une harmonie entre les générations tout en augmentant le bien-être de chacun. Subtil équilibre Une société du vieillissement harmonieuse est une société où les conditions de vie des seniors sont satisfaisantes ; où se généralise une activité socialisée, engageante et altruiste pour chacune et chacun ; où est reconnu comme valeur première le souci de soi, c’est-à-dire la permanence de l’acquisition de connaissances, le développement des activités réflexives, physiques, intellectuelles et spirituelles ; où la priorité est donnée à la recherche de la longévité en bonne santé. Et surtout, ne l’oublions pas, l’implication des seniors dans la vie de la société est une contrepartie essentielle des transferts monétaires dont ils bénéficieront de plus en plus. En fait, c’est à un nouveau contrat social entre les générations que nous appelons. Dans cette perspective, il faut repenser tous les transferts publics et collectifs, lesquels vont principalement aux plus de 60 ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Retraites : l’« âge d’équilibre » en débat Comment y parvenir de manière équilibrée et acceptable par toutes les générations ? Les jeunes sont paradoxalement les premiers concernés. Il faut leur garantir deux principes fondamentaux : la volonté absolue de concentrer prioritairement tous les efforts sur l’éducation et la formation, afin de surmonter le délitement de notre système éducatif. Par ailleurs, l’immense majorité de la jeunesse ne croit plus au système de retraite. Il faut donc constitutionnaliser l’existence d’un régime de retraite universel et unique. Le montant de 14 % du poids des retraites dans le produit intérieur brut ne doit pas être dépassé, sauf à créer des phénomènes violents de rejet de la part de la jeunesse.
Les économistes François-Xavier Albouy, Jean-Hervé Lorenzi et Alain Villemeur appellent, dans une tribune au « Monde », à revisiter les approches traditionnelles de l’économie, de la sociologie et de la politique à travers le prisme de notre entrée dans l’ère de « la société de la longévité ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/05/reforme-des-retraites-le-vieillissement-une-rupture-unique-dans-l-histoire-de-l-humanite_5485728_3232.html
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Cette tribune a été écrite par un groupe d’élèves de classes de première du lycée d’enseignement général et technique Jacques-Feyder d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Leur établissement est en cours de reconstruction, ce qui se traduit par un vaste chantier, démarré à l’été 2018 et qui devrait durer encore au moins deux ans, soit la scolarité complète d’un élève entré en seconde en septembre 2018. Le site se présente aujourd’hui comme un ensemble de modules préfabriqués où les cours sont donnés. Le caractère hors norme et l’inconfort de cette situation, difficilement envisageables dans des endroits plus privilégiés, ont conduit ces lycéens à un questionnement sur leur rapport à la citoyenneté. La rédaction du texte s’est effectuée dans le cadre d’un atelier d’écriture proposé et coordonné par l’association Solidarité laïque. Les prénoms mentionnés dans le premier paragraphe ont été choisis pour l’occasion par les auteurs, que Le Monde a rencontrés.] Tribune. Aujourd’hui, nous qui venons de passer le bac français, nous élèves de Seine-Saint-Denis, Nedjma, Chaïneze, Karim, Claire, Léa, Alex, Thehasna, Amel, Chantal, Chimamanda, Délia, Nelia, Farah, filles et garçons, hétéros, homos, juifs, musulmans, chrétiens, Blancs, Noirs, métisses, Algériens, Iraniens, Soudanais, Sri-Lankais, Ivoiriens, Tunisiens, Maliens, tous Français, nous avons des choses à dire : l’école de la République ne réserve pas les mêmes conditions à la jeunesse de Seine-Saint-Denis, aux fils et filles d’immigrés, aux pauvres qu’aux élèves des centres-villes. Et, pour nous, cela ne peut signifier qu’une seule chose : vous préférez vivre ensemble « entre vous », plutôt que de vivre ensemble « avec nous ». A la rentrée 2018, que nous avons faite trois semaines après le reste de la France en raison de problèmes techniques et administratifs, nous nous frayons un chemin au milieu de ce qui nous est apparu comme un immense chantier au centre duquel étaient alignées et superposées des boîtes, des préfabriqués. Notre lycée ressemble à un camp de regroupement. Un peu plus tard, nous découvrirons la réverbération assourdissante des sons dans ces boîtes que nous apprendrons à nommer salles de classe. Conditions d’examen à peine croyables Notre scolarité est donc censée se dérouler dans le brouhaha des travaux, dans le bruit continu des marteaux piqueurs et des perceuses, dans des salles trop petites pour tous nous accueillir, trop froides en hiver et trop chaudes en été, dans un établissement où il n’y a plus ni cour de récréation, ni aucun espace abrité où nous retrouver, discuter, travailler, vivre…
Des lycéennes et lycéens sont en colère devant les conditions « à peine croyables » dans lesquelles se déroule leur préparation au bac.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/21/sommes-nous-moins-francais-parce-que-nous-vivons-de-l-autre-cote-du-peripherique_5479415_3232.html
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L’écrivaine britannique Nina Allan, en 2013. Fred Kihn/adoc-photos/BN Ce qui caractérise la science-fiction, selon Nina ­Allan, c’est d’abord le brassage d’idées. Il n’y a pas chez elle d’expérimentations scientifiques qui auraient mal tourné ou de projections futuristes fondées sur la technologie. Pour la Britannique, la « science », dans la SF, renvoie à la connaissance tirée d’un vaste éventail de disciplines : linguistique, politique, philosophie, anthropologie, médecine, musique, mathématiques, cosmologie, géographie… Rien qui ne soit de l’ordre de l’explication rationnelle, de l’interprétation mystique ou d’un dénouement tranchant les questionnements existentiels surgis en cours de lecture. Si l’expression « sortir de sa zone de confort » a un sens, il est à chercher dans l’œuvre de cette auteure de 53 ans qui, depuis le recueil de nouvelles Complications (Tristram, 2013, Grand Prix de l’imaginaire 2014), décompose méthodiquement la frontière entre rêve et réalité. Avec La Fracture, prix British Science Fiction 2017, Nina Allan ­livre un fascinant récit alternatif, combinant plusieurs régimes d’écriture afin de fusionner réalisme et fantastique. Désassemblage d’un dispositif littéraire aussi captivant qu’inquiétant. Chronophobie Styliste élégante, Nina Allan est une horlogère qui dérègle, par de légers à-coups, des mécanismes de précision. Diplômée de litté­rature à l’université d’Oxford, auteure d’une thèse sur « Folie, mort et maladie dans les romans de Vladimir ­Nabokov », elle partage, avec le natif de Saint-Pétersbourg, la « chronophobie » que l’écrivain américain d’origine russe évoque dans ses Mémoires, Autres rivages (Gallimard, 1961). « Depuis l’âge de 7 ans, confie-t-elle au “Monde des livres”, j’ai conscience de la finitude des choses, qu’elles ne peuvent durer, au moins sous la même forme. » D’où sa dilection pour les histoires de traumas, de perte, pour le passage du temps et les effets de disjonction que celui-ci produit « sur nos vies, un groupe d’amis, une famille. Par exemple, six semaines de vacances d’été, de la fin des cours à la rentrée des classes, peuvent modifier la nature des liens noués par plusieurs personnes. Pour les uns et les autres, l’expérience de l’absence a été décisive. Face à la fuite du temps et aux métamorphoses qu’elle induit, il est important de déposer des traces mémorielles ». La « fracture » qui donne son titre à son nouveau roman fait référence au vortex entre deux planètes mais aussi au temps, dont la chronologie étale est brisée chez Selena, l’une des deux protagonistes, par la disparition de sa sœur aînée, vingt ans plus tôt. D’où un perpétuel sentiment d’irréalité. « Je n’arrivais pas à m’y habituer, lit-on dans La Fracture, ­probablement parce que cela me faisait douter de tout ce que je croyais savoir – de ma vie et de ce que je pensais avoir vécu, et même de mon identité. Caelly ne cessait d’affirmer que mes souvenirs me reviendraient, mais tous les jours je m’éveillais et j’étais encore moi, je savais que j’étais de Warrington dans le Cheshire, que Caelly, Noah et Fiby n’avaient pas d’existence réelle. »
Tel « La Fracture », son nouveau roman, les captivantes fictions spéculatives de l’écrivaine britannique regorgent de distorsions temporelles, de personnages à éclipses, d’animaux jamais vus, d’êtres venus d’ailleurs. Désassemblage.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/07/dans-les-engrenages-de-nina-allan_5507753_3260.html
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Discrète mais attentive à toutes les évolutions de la musique, notamment dans le domaine de l’électronique en direct, Kaija Saariaho, 66 ans, a produit un abondant catalogue d’œuvres dont l’auteure se reconnaît en quelques secondes, dans des genres aussi variés que ceux de la musique de chambre, de l’orchestre et de l’opéra. Son style, tout en raffinement de timbres et d’harmonies, a valu à la compositrice finlandaise un statut de référence mondiale, que le festival ManiFeste honore en programmant ses pièces dans plusieurs concerts et en lui confiant une académie. L’Ircam a beaucoup compté dans votre développement personnel. Est-ce encore le cas aujourd’hui ? En fait, ces temps-ci je n’y viens plus souvent. Je possède un « home studio » à Paris et j’écris la plupart de mes œuvres à la campagne. La technologie a considérablement changé depuis mes débuts à l’Ircam, en 1982, à l’occasion d’un stage qui, pendant six semaines, permettait de découvrir non seulement des outils qui n’existaient nulle part ailleurs en Europe mais aussi d’aborder des domaines aussi passionnants que celui exploré par le psycho-acousticien Stephen McAdams. Beaucoup de choses attisaient ma curiosité, entre autres la synthèse des sons, que je peux aujourd’hui réaliser chez moi. Si vous aviez 30 ans, comme lors de votre premier séjour à l’Ircam et que, à l’instar de la plupart des jeunes compositeurs d’aujourd’hui, vous disposiez d’un accès par Internet aux outils développés par cette institution, auriez-vous quand même envie de venir y travailler ? Vous connaissez sans doute la boutade qui consiste à dire qu’à l’Ircam la machine la plus importante est la machine à café… Cela signifie que ce sont surtout les rencontres qui importent, en particulier quand on est jeune. Les échanges font souvent émerger des idées et des désirs de collaboration. C’est d’ailleurs ainsi que vous avez rencontré votre futur mari, le compositeur et philosophe Jean-Baptiste Barrière. En effet, ce ne fut pas la moindre de mes rencontres à l’époque de mes débuts ici, car elle a changé ma vie et nous avons depuis aussi beaucoup travaillé ensemble. Et sur le plan technologique ? Je me suis passionnée pour le programme « Chant », sorte de grande bibliothèque des paramètres qui affectent directement le son. Quels paramètres doit-on modifier pour qu’une voix de femme soit perçue comme une voix d’homme ou comme une partie de hautbois ? Des questions de ce type ont beaucoup stimulé mon imagination. Quelle place l’ordinateur occupe-t-il dans votre vie quotidienne ? Je prends beaucoup de notes à la main dans un journal, des petits cahiers et un agenda. Je pense qu’il faut laisser mûrir les choses avant de les noter. Ensuite, je fais une esquisse de l’ensemble et si je n’utilise pas l’ordinateur pour renouveler mon réservoir de sons – ce qu’il m’arrive de faire parfois – je ne m’en sers pas avant de créer un nouveau fichier et d’y entrer les premières données de la pièce. Je l’utilise alors comme une machine à écrire ; je crée des pages, j’écris des notes, j’imprime et je rajoute des dynamiques à la main. Vous arrive-t-il de recourir au piano pour vérifier certains éléments ? Cela m’arrive pour certaines harmonies, mais, en général, je m’en tiens à l’essentiel : imaginer la musique. Comment pouvez-vous imaginer des sons électroniques qui n’existent pas et que vous allez créer de toutes pièces ? Vous les avez en tête ? En général, j’ai une idée. Je trouve plus ou moins rapidement comment la réaliser, mais, souvent, ce sont des idées assez précises. Elles proviennent, bien sûr, de mes expériences avec certains outils. J’éprouve d’ailleurs une frustration dans ce domaine. Pendant des années, j’ai employé des outils informatiques qui dorénavant n’existent plus. Certains types de réverbération, par exemple, dont j’ai aimé la couleur et que je ne retrouve plus… Ce travail aboutit souvent à un « son » qui vous est propre. C’est normal. Si ma musique sonne d’une certaine manière, c’est que je l’ai imaginée ainsi. Il y a des personnes qui pensent que, pour moi, le timbre est le paramètre le plus important. En fait, tous les paramètres sont importants – et je ne les sépare pas – mais peut-être le timbre est-il le plus personnel ? « On ne peut pas construire la musique juste avec des sons. » Au-delà de ces considérations, vous semblez illustrer d’œuvre en œuvre une sorte de développement de la musique spectrale hors de l’époque et de l’esthétique qui l’ont vu naître. Oui, sauf que je ne pense pas être une compositrice spectrale. J’ai gardé beaucoup de Palestrina, de Luigi Nono, de toute mon éducation sérielle et, quand j’ai découvert à Paris les musiques de Gérard Grisey et de Tristan Murail, je me suis sentie libérée et encouragée. Au sortir des études à Fribourg, en Allemagne, avec Klaus Huber et Brian Ferneyhough, je me trouvais soudain confrontée à des compositeurs à l’approche totalement différente, les spectraux, qui soutenaient que la musique est avant tout ce que l’on entend. J’ai trouvé en eux des alliés, mais me ranger dans la catégorie spectrale ne semble pas juste. Pour moi, l’essentiel est de comprendre ce qu’est la perception. Le travail de la composition et le choix des outils en découlent. On ne peut pas construire la musique juste avec des sons. Il faut aussi penser à la mémoire pour percevoir la forme musicale. La musique spectrale pour les simples mortels Un collectif et une pensée. En 1973, un groupe de compositeurs et d’interprètes se réunissent à Paris pour fonder l’Itinéraire, dont l’ensemble instrumental va assurer la création des premières œuvres qualifiées ultérieurement de « spectrales ». En réaction à la musique sérielle, fondée sur une combinatoire manifestant la toute-puissance de l’écrit, de jeunes compositeurs majoritairement issus de la classe d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris proclament la nécessité de déduire des propriétés acoustiques du son le devenir et la cohérence d’une œuvre. En 1973, un groupe de compositeurs et d’interprètes se réunissent à Paris pour fonder l’Itinéraire, dont l’ensemble instrumental va assurer la création des premières œuvres qualifiées ultérieurement de « spectrales ». En réaction à la musique sérielle, fondée sur une combinatoire manifestant la toute-puissance de l’écrit, de jeunes compositeurs majoritairement issus de la classe d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris proclament la nécessité de déduire des propriétés acoustiques du son le devenir et la cohérence d’une œuvre. Un outil et une pratique. L’ordinateur devient l’auxiliaire par excellence du compositeur pour analyser le son, en révéler ses qualités intrinsèques, obtenir son spectre (comme par radiographie). Les partitions consacrent le procédé de la synthèse. Soit instrumentale, en superposant diverses sources acoustiques pour reconstituer un son originel, soit électronique par le recours aux nouvelles technologies. L’ordinateur devient l’auxiliaire par excellence du compositeur pour analyser le son, en révéler ses qualités intrinsèques, obtenir son spectre (comme par radiographie). Les partitions consacrent le procédé de la synthèse. Soit instrumentale, en superposant diverses sources acoustiques pour reconstituer un son originel, soit électronique par le recours aux nouvelles technologies. Une génération (voire deux). Roger Tessier (né en 1939, Clair-obscur), Hugues Dufourt (né en 1943, Saturne), Gérard Grisey (1946-1998, Les Espaces acoustiques), Tristan Murail (né en 1947, Mémoire/Erosion) et Michaël Levinas (né en 1949, Ouverture pour une fête étrange) participent à la naissance d’un mouvement qui sera surtout développé par les trois derniers au-delà des années 1980 et même 1990. Le terme « spectral » est proposé par Hugues Dufourt en 1978, mais Gérard Grisey lui préfère ceux de « liminal », de « différentiel » ou de « transitoire ». Leurs cadets Philippe Hurel (né en 1955, Pour l’image) et Marc-André Dalbavie (né en 1961, Diadèmes) ont figuré une deuxième génération de compositeurs « spectraux » à laquelle ont été associés des musiciens tels que le Britannique George Benjamin et la Finlandaise Kaija Saariaho, qui ont ainsi évité au spectralisme de demeurer un phénomène strictement français. D’autres, plus jeunes, à l’instar de l’Italien Mauro Lanza, ont pu aussi apparaître dans la lignée spectrale. Roger Tessier (né en 1939, Clair-obscur), Hugues Dufourt (né en 1943, Saturne), Gérard Grisey (1946-1998, Les Espaces acoustiques), Tristan Murail (né en 1947, Mémoire/Erosion) et Michaël Levinas (né en 1949, Ouverture pour une fête étrange) participent à la naissance d’un mouvement qui sera surtout développé par les trois derniers au-delà des années 1980 et même 1990. Le terme « spectral » est proposé par Hugues Dufourt en 1978, mais Gérard Grisey lui préfère ceux de « liminal », de « différentiel » ou de « transitoire ». Leurs cadets Philippe Hurel (né en 1955, Pour l’image) et Marc-André Dalbavie (né en 1961, Diadèmes) ont figuré une deuxième génération de compositeurs « spectraux » à laquelle ont été associés des musiciens tels que le Britannique George Benjamin et la Finlandaise Kaija Saariaho, qui ont ainsi évité au spectralisme de demeurer un phénomène strictement français. D’autres, plus jeunes, à l’instar de l’Italien Mauro Lanza, ont pu aussi apparaître dans la lignée spectrale. Déclarations. Grisey : « Si les sons ont un corps vivant, le temps est à la fois leur espace et leur atmosphère. Traiter les sons hors temps, hors de l’air qu’ils respirent, reviendrait à disséquer des cadavres » ; Murail : « La révolution la plus brutale et la plus marquante qui ait affecté le monde musical dans les années récentes n’a pas pris sa source dans une quelconque remise en cause de l’écriture musicale (sérielle ou autre) mais bien plus profondément dans le monde des sons eux-mêmes… » ; Dufourt : « Qu’avons-nous voulu faire, si ce n’est édifier un langage commun sur des bases radicalement neuves, un langage qui soit fondé sur des transitions, sur un art du développement et de la durée ? Nous récusions les manifestations violentes et anarchiques des années 1960-1970, et cherchions à instaurer des formes de continuité et de cohérence. » Grisey : « Si les sons ont un corps vivant, le temps est à la fois leur espace et leur atmosphère. Traiter les sons hors temps, hors de l’air qu’ils respirent, reviendrait à disséquer des cadavres » ; Murail : « La révolution la plus brutale et la plus marquante qui ait affecté le monde musical dans les années récentes n’a pas pris sa source dans une quelconque remise en cause de l’écriture musicale (sérielle ou autre) mais bien plus profondément dans le monde des sons eux-mêmes… » ; Dufourt : « Qu’avons-nous voulu faire, si ce n’est édifier un langage commun sur des bases radicalement neuves, un langage qui soit fondé sur des transitions, sur un art du développement et de la durée ? Nous récusions les manifestations violentes et anarchiques des années 1960-1970, et cherchions à instaurer des formes de continuité et de cohérence. » Paradoxes. Déduite de la structurelle naturelle des sons et vouée à un processus d’écoulement où timbre et harmonie se rejoignent dans une expression lisse, voire consonante, la musique spectrale passe pour une sorte d’idéalisation du « beau son » alors qu’elle comporte souvent des zones à caractère « bruiteux ». Opposants déclarés au postsérialisme alors incarné par Pierre Boulez, les compositeurs spectraux ont développé une grande partie de leurs œuvres dans les studios de l’Ircam, institution fondée par ce même Boulez. Déduite de la structurelle naturelle des sons et vouée à un processus d’écoulement où timbre et harmonie se rejoignent dans une expression lisse, voire consonante, la musique spectrale passe pour une sorte d’idéalisation du « beau son » alors qu’elle comporte souvent des zones à caractère « bruiteux ». Opposants déclarés au postsérialisme alors incarné par Pierre Boulez, les compositeurs spectraux ont développé une grande partie de leurs œuvres dans les studios de l’Ircam, institution fondée par ce même Boulez. Et maintenant ? Si les initiateurs du mouvement, à l’instar de Tristan Murail, ont beaucoup évolué, les principes de base (prise en compte de la perception, développement par processus) continuent d’alimenter la réflexion des jeunes compositeurs, sans toutefois faire école. Comme en témoigne Adrien Trybucki (né en 1993), élève de Philippe Hurel : « On a gardé la boîte façonnée par nos aînés sans en conserver le contenu. » Le spectralisme demeure, mais pas le spectre. Vous êtes aujourd’hui célébrée dans le monde entier comme une référence majeure de la musique contemporaine. Comment le vivez-vous ? On va bientôt me remettre le titre de « doctor honoris causa » de la Juilliard School de New York et, dans cette même ville, il y a deux ans, mon premier opéra, L’Amour de loin, a bénéficié d’une diffusion mondiale depuis le Metropolitan Opera. J’ai reçu des messages d’un peu partout, de l’Afrique au Japon… J’ai été interviewée à l’entracte par Placido Domingo. C’était irréel. Je me suis demandé comment j’en étais arrivée là. Je suis quelqu’un de plutôt réservé et je n’ai jamais recherché une telle notoriété. Le succès de ma musique me donne beaucoup de responsabilités et j’essaie d’être à la hauteur dans toutes mes actions, mais c’est parfois lourd. Qu’écrivez-vous actuellement ? Une pièce d’orchestre qui s’intitule Vista et que j’ai dédiée à Susanna Mälkki pour son orchestre en Finlande, l’Orchestre philharmonique d’Helsinki. Juste avant, j’avais écrit un grand opéra, Innocence, qui sera créé l’an prochain lors du festival d’Aix-en-Provence. Sans aucun doute le travail le plus éprouvant que j’aie jamais effectué. Trois ans de composition, quasiment sans interruption… Alors, quand j’ai pu en sortir, j’ai eu l’impression de voir un nouveau paysage s’ouvrir devant moi, d’où le titre Vista. Lire aussi Le festival ManiFeste ou les sens du son CONCERTS Spectral 1. Terrestre, de Kaija Saariaho ; Metanoia, de Sina Fallahzadeh ; Entrance, de Fausto Romitelli ; In a Large Open Space, de James Tenney. Elise Chauvin (soprano), Mathieu Dubroca (baryton), Julie Brunet-Jailly (flûte), L’Itinéraire, Mathieu Romano (direction), Serge Lemouton et Laurent Pottier (réalisation informatique musicale). Le 12 juin, à 20 h 30, Centre Pompidou, grande salle, place Georges-Pompidou, Paris 4e. De 10 € à 18 €. Spectral 3. Nymphea, de Kaija Saariaho ; Quatrième Quatuor à cordes, de Jonathan Harvey. Quatuor Béla, Gilbert Nouno (réalisation informatique musicale). Le 20 juin, à 20 h 30, Musée de l’Orangerie, salle des Nymphéas, Jardin des Tuileries, Paris 1er. 10,70 € Fête du Quatuor. Nymphea et autres œuvres pour quatuor à cordes, de Kaija Saarioha. Le 21 juin, à 14, 15, 16 et 17 heures, Musée de l’Orangerie, salle des Nymphéas. Entrée libre, sur réservation. Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec l’Ircam.
Rendez-vous musical annuel de l’Ircam, le festival ManiFeste, qui se tient du 1er au 29 juin, honore la compositrice finlandaise au « son » reconnaissable en programmant ses pièces dans plusieurs concerts.
https://www.lemonde.fr/musiques/article/2019/06/03/le-festival-manifeste-consacre-kaija-saariaho_5470659_1654986.html
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Damien Cuypers pour M Le magazine du Monde « Le terrain, vous dis-je ! » Xavier Bertrand, qui a vu la mort politique de près, ne jure que par le terrain. C’est son mantra, son gimmick, sa potion magique, son doudou. Jamais sans mes Hauts-de-France, cher pays, sinon de son enfance (il est né à Châlons-en-Champagne en 1965), du moins de son avenir politique, s’il en a un… Cet enracinement sans doute sincère est à la fois sa force et sa faiblesse. Souvenez-vous : afin de conquérir en 2015 cette région à laquelle il a lié son destin, il a fallu une forte mobilisation de la gauche en sa faveur pour faire barrage à Marine Le Pen. Ce jour où ses ennemis sont devenus ses sauveurs a tout changé. Tel un Paul de Tarse contemporain ayant vu la lumière, il a décidé de jeter au feu ses oripeaux d’homme politique ordinaire et sa carte d’abonné grand voyageur de la ligne qui relie Saint-Quentin (sa ville d’élections, législatives et municipales) à Paris, où, sous des allures débonnaires, cet ancien assureur sorti de nulle part (en tout cas ni de Sciences Po ni de l’ENA – il en est assez fier) mais entré au RPR à 16 ans, en 1981, traçait un plan de carrière implacable, collectionnant les maroquins (ministre de la santé puis du travail), les charges (secrétaire général de l’UMP de 2008 à 2010) et les fidélités (Juppé, Raffarin, Villepin, Sarkozy, Fillon et peut-être un ou deux autres qu’on oublie). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Xavier Bertrand ne perd pas le Nord Tant d’adaptabilité forçait le respect et lui valut d’apparaître comme un possible premier ministre d’Emmanuel Macron – une hypothèse qu’il se fit un plaisir de confirmer. C’est l’avantage d’avoir une tête d’électeur et un physique rondouillard : qui imaginerait que s’y blottissent des ambitions démesurées ? Sorti du bois Au soir de son élection miraculeuse, il abandonne, dans un discours de trois minutes et dix-huit secondes, tout ce qui avait fait sa vie jusqu’alors. « Cela changera à jamais ma façon de faire de la politique. » Adieu Paris, les honneurs, la course à l’échalote… Il lâche les Républicains et s’accroche à ses Hauts-de-France comme un naufragé à sa bouée. « La classe politique est dans un bus qui file à 100 à l’heure dans un mur. Moi, je suis juste descendu du bus », confie-t-il aux Échos en mars 2016. Descendu du bus, peut-être, mais pas rangé des voitures. Pendant presque quatre ans, il laisse les commentateurs lui prêter les ambitions qu’il ne peut avouer. Quatre ans, c’est long, même quand il faut peaufiner des punchlines à destination des journalistes qui continuent de venir le voir. Florilège : « Je n’ai pas changé, je suis redevenu moi-même » (M, mars 2016) ; « Je sais encore nager [dans la politique politicienne] mais je n’ai plus envie de me baigner » (L’Obs, juin 2019) ; « Fini l’auto-mise en scène » (Le Point, septembre 2019).
Chronique. Chaque semaine, Philippe Ridet croque une personnalité qui fait l’actualité. Cette semaine, le président du conseil régional des Hauts-de-France, qui a récemment fait connaître ses ambitions présidentielles.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/28/il-est-comme-ca-xavier-bertrand_6013435_4500055.html
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Aline Bureau « Miss Islande » (Ungfru Island), d’Audur Ava Olafsdottir, traduit de l’islandais par Eric Boury, Zulma, 288 p., 20,50 €. UNE ISLANDAISE ÉRUPTIVE De l’Islande, même sans y être jamais allé, on connaît généralement trois choses. Ses volcans aux noms mythologiques et leur panache de cendres, d’abord. La passion littéraire de son peuple, ensuite. Cette île de l’Atlantique Nord compte en effet, proportionnellement à ses 350 000 habitants, non seulement le plus grand nombre de lecteurs au monde, mais aussi beaucoup d’écrivains qui, des sagas médiévales au polar contemporain en passant par un Prix Nobel (Halldor Kiljan Laxness, en 1955), portent haut la puissance d’une langue millénaire. Son féminisme, enfin : elle a été le premier pays à élire une présidente au suffrage universel et à appliquer un strict programme d’égalité des genres. Volcanique, littéraire, féministe : ces trois clichés sur l’Islande s’avèrent avec bonheur parfaitement justifiés dans le nouveau roman d’Audur Ava Olafsdottir, révélée en France par le très beau Rosa Candida (Zulma, 2010). Contrairement à ce que son titre semble annoncer, Miss Islande n’est pas un livre sur les concours de beauté – ou alors en négatif, puisqu’il s’agit pour l’héroïne d’échapper au destin de ravissante potiche que la société patriarcale voudrait lui imposer. Elle a, de naissance, certaines dispositions à la rébellion incandescente puisque son père l’a baptisée Hekla, du nom d’un volcan qui « bouillonne encore sacrément » et au pied duquel elle apprend dès son jeune âge « la langue des éruptions ». Quand elle quitte, à 21 ans, les terres rurales de la Saga des Gens du Val-au-Saumon (oui, la pêche, aussi, j’oubliais) pour s’installer à Reykjavik, la capitale, elle emporte avec elle Ulysse, de Joyce (1922), sa machine à écrire Remington et trois manuscrits. Car Hekla est écrivain – nous sommes en 1963, on ne dit pas encore « écrivaine », et la fine traduction d’Eric Boury respecte d’autant mieux la vérité historique que l’auteure en fait elle-même le constat : « “Poète” est un mot masculin. » Pour vivre, elle est serveuse dans un café mais elle arrime son rêve ailleurs : « L’écriture est mon ancrage dans la vie. Je n’ai rien d’autre. » Comme ce monde d’hommes, éditeurs compris, n’envisage pas qu’une femme puisse avoir du talent, elle écrit sous pseudonyme. Et quand elle rencontre Starkadur, poète de son état, qui lui déclame parfois d’un air inspiré des vers en toc, elle emménage avec lui en acceptant le seul rôle vacant pour elle, celui de muse. « Tu es ma Pénélope », lui dit-il, sans même imaginer que son métier à tisser est une machine à écrire planquée sous le lit. Seuls quelques proches connaissent son secret et partagent son désir d’accomplissement dans l’art. Son amie d’enfance, Isey, mère et femme au foyer, éprise de littérature, écrit aussi, mais elle dissimule son carnet dans un seau pour que son mari n’en sache rien. Quant à Jon John, son confident, il est homosexuel, passionné de stylisme mais contraint de s’embarquer sur des bateaux de pêche où il subit humiliations, menaces et coups.
Dans une langue à la précision minérale, le nouveau roman de l’auteure de « Rosa Candida » est empreint d’énergie militante.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/10/24/miss-islande-d-audur-ava-olafsdottir-le-feuilleton-litteraire-de-camille-laurens_6016719_5473203.html
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Le gardien lillois Mike Maignan a dû s’incliner trois fois face à l’Ajax, à Amsterdam, le 17 septembre. KENZO TRIBOUILLARD / AFP La marche était trop haute pour Lille : malgré une prestation correcte, le LOSC n’a rien pu faire face à la supériorité de l’Ajax Amsterdam et a été balayé (3-0), mardi 17 septembre lors de la première journée de la Ligue des champions. Les demi-finalistes de la précédente édition ont fait étalage de leurs qualités techniques pour surclasser des Lillois trop maladroits et fébriles. Les Néerlandais l’ont emporté grâce à des buts de Quincy Promes (18e), Edson Alvarez (50e) et Nicolas Tagliafico (62e). Malgré le départ de deux de ses pépites qui avaient grandement contribué au superbe parcours européen la saison dernière – le défenseur central Matthijs de Ligt et le milieu Frenkie de Jong – l’Ajax a montré qu’il n’avait rien perdu de sa superbe durant l’été. Ainsi, les joueurs d’Erik ten Hag ont multiplié les actions et gestes techniques de grande classe tout au long de la rencontre face à des Lillois impuissants, qui n’ont pourtant pas démérité. Mais leur manque de réalisme a empêché toute possibilité de créer la surprise. Les Lillois en manque d’efficacité « Il y a évidemment un écart important, mais je trouve quand même que le score est sévère », analysait l’entraîneur lillois, Christophe Galtier. « On a joué comme on voulait jouer, en créant du danger. Le match se résume sur l’efficacité dans les deux surfaces. Ils ont eu un maximum d’efficacité, et nous, on n’en a pas eu », a-t-il ajouté en rappelant que c’est « le gardien de l’Ajax qui a été élu homme du match, ça montre qu’il a su faire les arrêts. Ils sont terriblement forts offensivement, mais on a pris une leçon de réalisme ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ligue des champions : à Lille, Luis Campos, scénariste dans l’ombre Dès le début de la rencontre, les Lillois auraient pu bénéficier d’un penalty quand l’attaquant nigérian Victor Osimhen se fait retenir le maillot dans la surface par Joël Veltman, mais ni l’arbitre, ni la VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) ne sont intervenus. Après l’ouverture du score de Promes, les Dogues auraient pu égaliser sur une frappe d’Ikoné repoussée par le gardien, André Onana, avant que la reprise d’Osimhen ne passe juste au-dessus (45e). Les Lillois se sont ensuite fait punir au retour des vestiaires sur une belle frappe d’Alvarez (2-0) puis une tête victorieuse de Tagliafico sur corner (3-0). Lille, qui n’a jamais abdiqué, vendange encore deux énormes occasions en seconde période par Osimhen de la tête (58e) et Zeki Celik (78e), qui butent sur un André Onana infranchissable. En réussite, le portier de l’Ajax est ensuite sauvé par son poteau sur une reprise de Yusuf Yazici (89e). Ce 17 septembre restera une journée à oublier pour le LOSC, qui retrouvait la phase de groupes de la Ligue des champions après sept ans d’absence. En effet, avant la rencontre, 303 supporteurs nordistes avaient été arrêtés par la police locale « à la suite de troubles à l’ordre public dans la station de métro Strandvliet », à proximité de la Johan Cruyff ArenA. Lire aussi Ligue des champions : plus de 300 supporteurs lillois arrêtés à Amsterdam Liverpool, champion en titre, battu à Naples Le LOSC a pu mesurer l’écart qui le séparait des grandes équipes européennes et aura encore fort à faire dans deux semaines face à Chelsea, son prochain adversaire en Ligue des champions, qui a mal démarré également sa campagne européenne en étant battu à domicile par Valence sur un but de Rodrigo à la 75e (1-0). Carlo Ancelotti, l’entraîneur napolitain (au deuxième plan) a pris le dessus sur Jürgen Klopp, le technicien allemand de Liverpool, le 17 septembre, à Naples. ALBERTO PIZZOLI / AFP A Naples, le champion en titre Liverpool a été piégé par une formation italienne entreprenante et sans complexe. L’équipe de Carlo Ancelotti a inscrit ses deux buts en fin de match par l’international belge Dries Mertens sur penalty (82e) puis par l’attaquant espagnol Fernando Llorente, à point nommé pour profiter d’une mésentente de la défense anglaise et tromper Adrian, le gardien espagnol des Reds (90e + 2). A Dortmund, le Barça a résisté aux assauts allemands, bien aidé par son gardien de but… allemand Marc-André ter Stegen, qui a notamment stoppé un penalty tiré par Marco Reus (57e). Enfin, le score du jour est venu de Salzbourg qui a surclassé Genk 6 à 2 avec un triplé d’Erling Braut Haland.
Volontaire mais sans efficacité, le LOSC s’est lourdement incliné contre des Néerlandais éliminés il y a cinq mois du dernier carré européen par Tottenham.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/17/ligue-des-champions-l-ajax-amsterdam-demi-finaliste-la-saison-derniere-surclasse-lille-3-0_5511636_3242.html
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Si vous deviez apprendre par cœur les paroles de Sandstorm, la chanson du DJ finlandais Darude, réjouissez-vous. Il n’y en a pas. Mais s’il vous venait l’envie de la fredonner, bon courage. Composée d’une succession ininterrompue et ultrarapide de « tututu » (ou de « dududu », selon les interprétations), elle ne se prête ni au fredonnement matutinal ni au karaoké. Le destin de cette musique était tout tracé. Une sortie sur un label finlandais, en 1999. Un très honnête succès ensuite, lorsque la trance, courant musical issu des musiques électroniques, n’était pas encore au rebut du bon goût musical. Quelques concerts de Darude, d’abord en Finlande puis dans le reste de l’Europe. Et, ensuite, plus grand-chose. C’est ce qu’il s’est passé, jusqu’à l’intervention de la proverbiale espièglerie des internautes. Grâce à eux, le morceau Sandstorm s’est vendu à des millions d’exemplaires et son interprète, de son vrai nom Ville Virtanen, a retrouvé le succès et le chemin de la scène. « Tu viens de te faire daruder » Lorsqu’il compose Sandstorm, ce dernier est un inconnu. Féru de musique électronique, qu’il découvre dans les clubs finlandais, Darude n’a même jamais mixé en boîte de nuit. Cela fait quelques mois à peine qu’il s’essaie à la composition, envoyant des démos à quelques producteurs et DJ du cru, espérant se faire remarquer. Il y parvient grâce à Sandstorm, qui tape dans l’oreille d’un producteur en vue, qui la publie sur son label. Le succès est très rapide, et la chanson commence à résonner dans tous les clubs du monde. Darude est le musicien d’un unique succès : la chanson et son compositeur disparaissent peu à peu des écrans radars. Le titre vivote dans certains coins d’Internet, où quelques internautes multiplient les blagues : quand l’un publie le « texte » sur un site de paroles de chanson, un autre arrose d’un feu nourri ses ennemis dans le jeu vidéo de tir Call of Duty avec Sandstorm en fond sonore tandis qu’une interprétation très habitée de la chanson à la trompette en plastique fait le bonheur des utilisateurs de YouTube. Difficile d’identifier précisément la date à partir de laquelle la chanson prend un nouvel envol. Les exégètes de l’humour en ligne mentionnent cependant le 24 juillet 2013, lorsqu’une vidéo de Brian Wyllie, joueur de League of Legends, un jeu vidéo extrêmement populaire, est mise en ligne. On l’y voit occire des ennemis à la chaîne. En fond sonore, Sandstorm. « Je ne peux pas perdre avec Darude », lance-t-il. « Tu viens de te faire daruder » dit-il en riant à la face d’un ennemi à terre. La vidéo devient extrêmement populaire sur les réseaux sociaux. De là naît un running gag. Lorsqu’un internaute s’enquiert, en commentaire, du nom de la chanson qui illustre une vidéo, se trouvera immanquablement un autre pour lui répondre, « Darude, Sandstorm ». La blague prend particulièrement dans le milieu des joueurs de jeux vidéo. « Ça n’a pas l’air d’être la chanson que je cherche », note ainsi, non sans perspicacité, le premier commentaire YouTube sous la vidéo de Sandstorm (la vraie). A ses côtés, des dizaines d’autres commentaires similaires d’internautes ayant mordu à l’hameçon. Infinie créativité Aussi étrange que cela puisse paraître, cette plaisanterie tire Ville Virtanen de l’oubli. Au printemps 2014, le nombre de recherches sur Google pour la chanson explose. Les internautes commencent à se ruer sur son clip et son téléphone recommence à sonner : partout, on le réclame, et le DJ repart en concert. « Au début, j’ai trouvé ça bizarre. Je ne comprenais pas », a-t-il expliqué en janvier 2015. « Je ne sais toujours pas vraiment comment ça s’est passé ni comment ça a pris de telles proportions », confesse-t-il deux ans plus tard dans un documentaire de Vice. Le Finlandais n’est pas plus troublé que cela de tirer ce regain de célébrité… d’une blague. « Je m’en fiche ! Ces deux dernières années il y a eu une explosion de mes demandes de concert, et on en a tiré parti, les gens en ont fait des mèmes [blagues virales sur Internet]… C’est pour rire, et c’est super qu’on veuille bien encore parler de ma chanson seize ans après ! » De fait, l’infinie créativité – et le temps libre – des internautes a fait des merveilles sur Sandstorm. On trouve sur Internet des centaines de reprises, plus loufoques les unes que les autres : au boomwhacker, un drôle d’instrument de percussion en plastique (4 millions de vues), à la pomme de terre crue évidée et transformée en sifflet (8 millions de visionnages), dans le jeu vidéo Minecraft (5,7 millions de vues) ou avec des disques durs d’ordinateur (4,3 millions de vues)… Même YouTube s’y est mis. Le 1er avril 2015, sur toutes les vidéos apparaît un discret bouton « Ajouter de la musique ». Lorsqu’on le clique, le bouton superpose la vidéo en cours avec Sandstorm. Un canular qui augmentera un peu plus la célébrité du DJ. Désormais, lors de ses concerts, impossible pour Darude de quitter ses platines sans avoir joué son tube, réclamé à cor et à cri par son public. Consécration populaire, le DJ a même été choisi pour représenter son pays au concours 2019 de l’Eurovision. Mais sa popularité numérique ne lui a pas été d’un grand secours : il a été éliminé dès les demi-finales.
Chansons à la mode Web (5/6). Succès éclair en 1999, « Sandstorm », du DJ finlandais, redevient populaire en 2013 grâce à un jeu vidéo.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/19/l-espieglerie-des-internautes-ramene-darude-devant-ses-platines_5491282_4415198.html
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Sean Gallup/Getty Images/AFP « Voilà, c’est l’heure d’une nouvelle vidéo ! » Casquette vissée sur ses cheveux bleus, vêtu d’un hoodie orange, Rezo – c’est son pseudo sur YouTube – prend la parole depuis ce qui ressemble à une chambre d’étudiant. A côté de lui, deux claviers électroniques, une enceinte et deux guitares. D’emblée, le jeune homme explique qu’il est DJ. Mais, aujourd’hui, c’est de la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel, qu’il va parler. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Allemagne, la présidente de la CDU en pleine tourmente « Dans cette vidéo, je vais montrer comment les gens de la CDU mentent, à quel point ils sont incompétents et comment ils font de la politique en se moquant des experts. Je vais montrer comment la CDU détruit nos vies et notre avenir. » Longue de 55 minutes, la vidéo, montée comme un clip et postée sur YouTube le 18 mai, est un réquisitoire contre la politique sociale et environnementale de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne, accusée d’avoir creusé les inégalités, aggravé la précarité, et de ne rien faire de sérieux contre le réchauffement climatique depuis l’arrivée de Mme Merkel au pouvoir, en 2005. Pour autant, Rezo n’appelle pas à voter explicitement pour les Verts. Le 23 mai, alors qu’elle a déjà été vue plus de 4 millions de fois, la présidente du parti décide de réagir. « Je me suis demandé si nous n’étions pas aussi responsables des sept (sic) plaies d’Egypte », ironise Annegret Kramp-Karrenbauer. Au siège du parti, à Berlin, Philipp Amthor, un député de 26 ans, tourne une vidéo pour répondre au youtubeur sur son terrain. Au dernier moment, la direction décide de ne pas la diffuser. Elle répondra par un texte de onze pages, justifiant ce choix par le fait que, « en des temps où les esprits s’échauffent, il est attendu de la CDU qu’elle réfléchisse et argumente en gardant la tête froide ». Le visage d’une jeunesse Trois jours plus tard, aux élections européennes, la CDU recueille 28,9 % des voix, son plus mauvais score depuis la guerre. Auprès des jeunes, la cote du parti, qui n’était déjà pas bien haute, s’est effondrée. Chez les moins de 30 ans, seuls 11 % ont voté CDU, 33 % pour les Verts. Dès le soir du scrutin, l’un des stratèges du parti rédige une analyse sur les causes de ce revers. Le document, qui fuite dans la presse le lendemain, évoque notamment « une série de ratés sur la façon de réagir au mouvement “Fridays for Future” et aux youtubeurs soudainement actifs en politique ». Car Rezo n’est pas le seul à avoir sonné la charge contre la CDU. Le 24 mai, un collectif de quatre-vingt-dix youtubeurs a publié une seconde vidéo appelant à ne voter ni pour le parti de Mme Merkel ni pour ses alliés sociaux-démocrates. Rezo fait partie du groupe. Depuis, il est devenu le visage d’une jeunesse qui, par son irruption soudaine dans le débat public, fait vaciller les vieux partis qui dominaient la vie politique allemande depuis l’après-guerre et menace la coalition d’une chancelière indéboulonnable depuis quatorze ans. Rezo aime regarder en livestream les trois conférences de presse hebdomadaires des porte-parole du gouvernement allemand, qu’il voit comme des personnages de télé-réalité. Mais qui est ce jeune homme qui refuse de donner son vrai nom et dont la photo – consécration s’il en est – a fait la « une » du Spiegel, le 1er juin, avec ce titre : « Rezolutionnaire » ? Agé de 26 ans, il est né à Wuppertal et vit à Aix-la-Chapelle, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Titulaire d’un master d’informatique et passionné de musique, il est présent sur YouTube depuis 2015, où il publie essentiellement des tubes remixés, des chansons de lui mais aussi des vidéos humoristiques. Au fil du temps, celui dont on sait, par quelques rares confidences intimes, qu’il ne mange plus de viande depuis ses 17 ans, s’est constitué un public de fidèles. Ses deux chaînes YouTube comptaient 3,5 millions d’abonnés au 1er juin. Ses vidéos, un peu plus d’une centaine, ont été vues plus de 200 millions de fois. Et la politique ? Dans l’entretien au Spiegel, Rezo, dont le père, la mère, deux tantes et deux oncles, et un des grands-pères sont pasteurs protestants, déclare qu’il ne se considère pas comme chrétien. Mais il ajoute qu’il ressent, « au plus profond de lui, quel genre de mec était Jésus ». Et, pour lui, pas de doute : « Je suis sûr qu’il n’aurait pas voté CDU », assure le jeune homme, qui adore regarder en livestream les trois conférences de presse hebdomadaires des porte-parole du gouvernement allemand, qu’il voit comme des personnages de télé-réalité. « Quand Steffen Seibert [porte-parole de la chancellerie] parle, ça se sent qu’il n’a pas de réponse. Ou, alors, il a une réponse, mais il ne la dit pas. (…) De Steffen, il n’y a pas grand-chose à tirer. Parfois, j’ai l’impression qu’il est mort de l’intérieur », explique le jeune homme, dont la vidéo, le 4 juin, dix-sept jours après sa mise en ligne, avait déjà été vue plus de 14 millions de fois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les tabous de l’Allemagne mis à l’épreuve
Dans une vidéo diffusée avant les élections européennes, Rezo, 26 ans, a sonné la charge contre le parti conservateur allemand. Une diatribe qui a déstabilisé la CDU, dont la cote s’est effondrée auprès des jeunes.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/11/le-youtubeur-qui-fait-mal-a-la-cdu-d-angela-merkel_5474536_4500055.html
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Un épisode de canicule précoce et intense touche depuis lundi une grande partie de la France. Le record de chaleur a été battu vendredi 28 juin, à Carpentras (Vaucluse), à 44,1 °C, puis dépassé ensuite dans la commune de Gallargues-le-Montueux(Gard) où le mercure a atteint 45,8 °C. D’autres records vont-ils être battus dans votre ville ? Pour le savoir, nous avons récupéré, auprès de Météo France, les températures maximales enregistrées dans les 158 principales stations météo de métropole. Une première version de cet article avait été publiée lors de canicule de 2018, mais depuis, cinq records ont été battus en août 2018 à Lille (Nord), Reims (Marne), Alistro (Haute-Corse), Béziers (Hérault) et Leucate (Aude), et trois autres en juin 2019, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), La Rochelle (Charente-Maritime) et à Carpentras – la commune de Gallargues-le-Montueux ne fait pas partie des 158 stations étudiées. Ces données peuvent encore évoluer dans les heures et jours à venir. On découvre ainsi que le mercure a déjà atteint à 40,4 °C à Paris, dans la station Montsouris. C’était le 28 juillet 1947, journée particulièrement chaude d’une année exceptionnelle, puisque six records ont été enregistrés ce jour-là, par exemple à Orléans (40,3 °C), Chartres (40,1 °C) ou Alençon (39 °C). Le seuil des 40 °C a été dépassé dans plus d’un tiers des stations, dont Clermont-Ferrand, Bordeaux, Toulouse, Perpignan, Lyon et Nantes. Seules deux stations météo n’ont jamais dépassé 30 °C : il s’agit d’Ouessant, au large de Brest, et du mont Aigoual, dans le Gard, à 1 500 mètres d’altitude. La température a déjà dépassé 40 °C dans 54 villes en France Maximales enregistrées par Météo-France dans les 158 stations principales (au 25 juin 2019). Source : Météo-France En revanche, il est difficile de déceler quelle année est la plus torride, puisque toutes les stations n’ont pas commencé à mesurer à la même époque. On remarque toutefois que près de la moitié des maximales remontent à l’été 2003, année de canicule meurtrière en France. Retrouvez les records de chaleur enregistrés dans 158 stations météo dans le tableau ci-dessous. Vous pouvez trier les données ou effectuer une recherche par nom ou par département. Records absolus de température par station (au 28 juin 2019) Quels records pour un mois de juin ? La plupart des épisodes de chaleur se déroulent en août, mois qui concentre 60 % des maximales enregistrées, bien avant juillet, mais au moins dix records absolus ont été enregistrés en juin. En juin, 13 villes ont dépassé les 40 °C Records de chaleur au mois de juin dans 158 stations météo (données de Météo-France actualisées au 28 juin) Source : Source : Météo-France Les records enregistrés sont moins concentrés dans le temps. Seuls 33 ont été établis en 2003. En revanche, on repère les mêmes années « chaudes » : en 1947 (où la maximale de 37,6 °C a été atteinte à Paris), en 1976 (9 records battus), en 2011 (24 records) et en 2017 (28 records). Au moins six records ont déjà été battus en juin 2019. Retrouvez les records de chaleur au mois de juin enregistrés dans 158 stations météo dans le tableau ci-dessous. Vous pouvez trier les données ou effectuer une recherche par nom ou par département. Records de température en juin par station météo (au 28 juin 2019)
La température a atteint 44,3 °C vendredi à Carpentras dans le Vaucluse, l’une des 158 principales stations de Météo France, et plus de 45,8 °C dans le Gard.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/25/canicule-quels-sont-les-records-absolus-de-chaleur-dans-votre-ville_5481319_4355770.html
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Jeff Goldblum dans « The Mountain », de Rick Alverson. STRAY DOGS DISTRIBUTION L’avis du « Monde » – Pourquoi pas C’est un épisode atroce, exhumé des annales médicales : les derniers moments de la vogue des lobotomies dans les hôpitaux psychiatriques américains. Ce n’est pourtant pas un film atroce – même si quelques séquences défient la résistance du spectateur. Rick Alverson, qui travaille depuis une décennie aux marges du cinéma américain, a construit autour de ce thème – que reste-t-il d’un humain une fois qu’on a détruit une part essentielle de son être ? – un voyage rêveur, ralenti, filmé dans les paysages hivernaux du Nord-Ouest des Etats-Unis, traversé d’éclairs de violence et de cruauté. Alors que les premiers neuroleptiques font leur apparition, le docteur Wallace Fiennes (Jeff Goldblum, mélancolique et toxique) a de plus en plus de mal à convaincre les directeurs des établissements qu’il démarche à le laisser opérer sur leurs patients. Sa technique, un coup de pic dans les lobes, à travers la cavité oculaire, est pourtant au point. Mais les temps changent et les pérégrinations du praticien vieillissant à travers l’Oregon et le Washington sont de moins en moins fructueuses. Il embarque néanmoins Andy (Tye Sheridan), jeune homme au regard éteint, dans sa Coccinelle Volkswagen, à charge pour son nouveau collaborateur de photographier les opérés, avant et après. Une société cruelle et policée Andy était jusque-là opérateur de Zamboni, la machine qui aplanit la glace des patinoires. On a eu le temps de découvrir son père, un patineur arrogant d’origine allemande (Udo Kier) qui empêche son fils de prendre contact avec sa mère, internée en hôpital psychiatrique. Ces signes (la glace, la mère absente, la ruine matérielle) esquissent un portrait d’une société aussi cruelle que policée. Rick Alverson se refuse à en faire un récit tout à fait lisible. Alors que la ruine du docteur Fiennes est annoncée, qu’Andy est tombé amoureux d’une jeune patiente, voici que le metteur en scène, également scénariste, fait intervenir le père de cette dernière, sous les traits de Denis Lavant. L’acteur français fait du Denis Lavant, improvisant un être dionysiaque qui fait exploser les codes de sa société d’adoption. Au risque de disloquer l’équilibre du film, de transformer son énigme en langage à jamais indéchiffrable. Film américain de Rick Alverson. Avec Jeff Goldblum, Tye Sheridan, Denis Lavant (1 h 48). www.stray-dogs.biz/the-mountain-une-odyssee-americaine
L’étrange et déprimant road movie de Rick Alverson suit les tribulations d’un chirurgien spécialiste de la lobotomie, dans les Etats-Unis des années 1950.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/26/the-mountain-les-perversions-de-la-psychiatrie-au-temps-d-eisenhower_5481526_3246.html
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Comme depuis plusieurs années, le PSG est le grand favori avant le début de la saison 2019-2020 de la Ligue 1… CHRISTOF STACHE / AFP On aimerait se dire que cette nouvelle saison de Ligue 1, dont le coup d’envoi est donné vendredi 9 août, ne sent pas le réchauffé. Mais dans ce championnat qui s’est trouvé un nouveau partenaire officiel – avec une entreprise de livraison de repas –, c’est bien l’ogre du Paris-Saint-Germain, titré six fois sur les sept dernières années, qui semble désigné pour tout croquer, et ne laisser que des miettes à ses camarades. D’autant que l’équipe de Thomas Tuchel n’a pas brillé la saison passée. C’est-à-dire, selon ses standards, qu’elle n’a remporté que la L1, laissant la Coupe de France aux Rennais, la Coupe de la Ligue aux Strasbourgeois, sans même parler de la Ligue des champions et de la cuisante élimination en huitièmes de finale contre Manchester United. Toujours aussi riche, rassuré par le retour du Brésilien Leonardo en tant que directeur sportif, emmené par sa flopée de stars internationales, dont Kylian M’Bappé (33 buts la saison dernière), Edinson Cavani (18 buts), ou Neymar (dont on ignore encore s’il sera encore parisien, ni même footballeur, la saison prochaine), le PSG entame la saison avec appétit, le ventre presque creux, et l’esprit un brin revanchard. Et le Trophée des champions remporté (2-1) face à Rennes, le 3 août, fait figure de mise en bouche. Lire aussi Leonardo fait son retour au PSG en tant que directeur sportif OL, OM, Lille, Saint-Etienne et Monaco en (plats de) résistance Une fois la question du titre évacuée, reste la course au podium, et surtout à la deuxième place, synonyme de qualification automatique pour la Ligue des champions. Le surprenant dauphin lillois, qui disputera la prestigieuse coupe d’Europe cette année, aura-t-il les moyens de rester compétitif en championnat ? Le club nordiste a dû attendre le transfert à Arsenal de son attaquant ivoirien Nicolas Pépé (22 buts, onze passes décisives la saison dernière), pour quelque 80 millions d’euros, le 1er août, pour y voir plus clair dans son mercato. Pas vraiment dans son assiette avant le début du championnat avec trois victoires en sept matchs de préparation, le LOSC inquiète, et misera sur des joueurs en devenir – comme c’est devenu la norme depuis la politique de « trading » mise en place par Luis Campos – à l’instar du Turc Yusuf Yazici, du Nigérian Victor Osimhen, ou de l’Américain Timothy Weah. L’OL a choisi un duo brésilien pour mener les Gones : l’ex-milieu star Juninho en tant que directeur sportif et l’ancien latéral Sylvinho, qui devient le premier entraîneur étranger du club de l’ère Aulas. JEFF PACHOUD / AFP Plus actif sur le marché des transferts, l’Olympique lyonnais, troisième la saison passée, espère grignoter une meilleure part du gâteau. Après le départ de leur entraîneur Bruno Génésio à la fin du mois de mai, les Gones ont fait leur révolution à la mode auriverde, avec l’arrivée d’une légende au poste de directeur sportif – Juninho, meilleur joueur de l’histoire du club –, et d’un novice en tant qu’entraîneur, son compatriote Sylvinho. Le duo s’est séparé de plusieurs joueurs-clés, dont Ferland Mendy (Real Madrid), Tanguy Ndombélé (Tottenham) et Nabil Fékir (Betis Séville), mais a enregistré plusieurs renforts comme Thiago Mendes (ex-Lille), Andersen (ex-Sampdoria) ou Jean Lucas (ex-Santos). Sur le plan financier, le mercato des Gones est pour l’instant une réussite, avec un bilan record de 309 millions d’euros de revenu (au 30 juin). Reste à voir quelle conséquence cela aura sur le terrain, et comment la « minirévolution » de l’arrivée d’un entraîneur étranger, selon les mots de son président Jean-Michel Aulas, permettra au club rhodanien de passer un palier, ou non. Même engagé dans une saison qui sera forcément de transition, l’OL est un sérieux candidat pour la 2e place. L’autre Olympique, celui de Marseille, qui n’a plus disputé la Ligue des champions depuis six ans, n’a pas de compétition européenne à se mettre sous la dent cette année, récompense d’une saison passée ratée, et marquée par le départ de Rudi Garcia. Ce quatrième exercice de l’ère Frank McCourt est l’occasion rêvée de se concentrer sur le championnat pour les Marseillais qui ont trouvé leur avant-centre en l’Argentin de 29 ans Dario Benedetto (ex-Boca Junior, Argentine). Menés par leur nouvel entraîneur, le Portugais André Villas-Boas, ils ont remporté le titre plus ou moins honorifique des EA Ligue 1 Games cet été ; un tournoi qui rassemblait l’OM, Saint-Etienne, Bordeaux et Montpellier, aux Etats-Unis. La tâche s’annonce en revanche plus difficile mais pas impossible pour Saint-Etienne, 5e l’an dernier. Après le départ de Rémy Cabella (Krasnodar, Russie), et la vente record du jeune William Saliba (30 millions d’Euros, à Arsenal, qui l’a prêté pour la saison… à Saint-Etienne), les Verts affichent un budget plutôt confortable estimé à 100 millions d’euros. Le maintien dans ce top 5 tout en disputant la Ligue Europa sera un challenge de taille. L’autre inconnue, grande comme son rocher, s’appelle l’AS Monaco. L’addition aurait pu être plus salée pour le club de la principauté passé tout près de la relégation l’an dernier. Depuis, l’ASM a enchaîné les déconvenues sur le marché des transferts, avec notamment l’arrivée avortée du Portugais André Silva, recalé à la visite médicale, et fait une préparation mitigée. Les Monégasques ont enregistré quatre victoires, dont une de prestige contre le FC Porto (1-0), mais aussi trois défaites, notamment contre Lokeren, un club de deuxième division belge. Montpellier, Nice, ou Rennes : qui sera la surprise du chef ? Le futur dauphin pourrait aussi ne pas faire partie des ces équipes. L’an dernier la sensation était venue de Lille, les Dogues s’étant hissé dans le gratin de la L1 alors que le club avait fini au 17e rang la saison d’avant. Montpellier s’appuie sur un effectif relativement stable pour une possible année de maturité. Le club a enregistré peu de départs de cadres, hormis le gardien Benjamin Lecomte (Monaco) et le milieu Ellyes Skhiri (Cologne). Et le club s’est adjugé les services de Téji Savanier, meilleur passeur de Ligue 1 l’an dernier avec Nîmes, cependant absent pendant deux mois à cause d’une blessure au genou droit. Montpellier peut espérer un podium avec sa recrue Téji Savanier, ici portant les couleurs de son ancien club de Nîmes, avec lequel il a été le meilleur passeur de Ligue 1 l’an dernier. PASCAL GUYOT / AFP Rennes, tombeur du PSG en finale de la Coupe de France en avril, un titre qui a mis fin à quarante-huit ans de jeûne, semble décomplexé, et peut confirmer, même si les départs des cadres Benjamin André et Mexer, voire celui de l’ailier Ismaïla Sarr, risquent de fragiliser l’équilibre. Nice, septième la saison précédente, est au contraire dans une situation contradictoire. En passe d’être racheté par le milliardaire anglais Jim Ratcliffe, et donc de passer dans une autre dimension financière, les Aiglons sont bloqués tant que la transaction n’est pas conclue, ce qui ne sera pas le cas avant le 15 août. Affaiblis par le départ de leur attaquant Allan Saint-Maximin à Newcastle, les hommes de Patrick Vieira ont connu une préparation qui a tourné au vinaigre, avec 14 buts encaissés en deux rencontres amicales contre Burnley (Premier League) et Wolfsburg (Bundesliga). Brest, Metz et Dijon ont du pain sur la planche… Parmi ceux qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés figurent logiquement les deux promus. Brest, absent de Ligue 1 depuis 2013, se reposera largement sur Gaëtan Charbonnier, auteur de 27 buts et 6 passes décisives en Ligue 2 l’an dernier. Après le départ de Jean-Marc Furlan, c’est Olivier Dall’Oglio qui mènera le club dans le pari du maintien. Une tâche qui a réussi à l’ex-entraîneur de Dijon, artisan de la montée en 2016 et du maintien dans l’élite du club. Le meilleur buteur de Ligue 2 (27 buts sur la saison 2018-2019), Gaëtan Charbonnier, devra confirmer dans l’élite pour y maintenir son club de Brest. SÉBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP Champion de L2, le FC Metz a su garder ses joueurs, mais les Messins manquent peut-être d’un attaquant expérimenté. Ce pourrait être le Sénégalais de 24 ans Habib Diallo, mais il devra s’imposer pour confirmer son statut, acquis à l’échelon inférieur (26 buts en Ligue 2 l’an dernier). Autre équipe qui risque de boire la tasse, Dijon, sauvé in extremis lors d’un barrage face au RC Lens en juin, a enregistré neuf départs. Pour sa cinquième saison en Ligue 1, le club a donné les clés à Stéphane Jobard dont c’est le premier poste en tant qu’entraîneur principal. A moins que, comme la saison dernière, l’AS Monaco ne vienne jouer les trouble-fêtes dans le bas de tableau de cette Ligue 1 où tout semble incertain, mais possible.
Le champion en titre fait évidemment figure de grand favori en Ligue 1, où la course à la deuxième place est ouverte entre des prétendants sans repères.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/08/ligue-1-qui-va-titiller-paris_5497649_3242.html
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A Sydney, le 12 novembre. STRINGER / REUTERS Les habitants de Sydney se sont réveillés, mardi 12 novembre au matin, avec une odeur âcre dans l’air sec et un manteau de fumée enveloppant leur métropole. La veille au soir, l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud était placé en état d’urgence en raison de la violence des dizaines de feux de forêt qui menacent près de 6 millions d’habitants dans cet Etat le plus peuplé du pays. « Cela peut potentiellement être la semaine la plus dangereuse pour les feux de brousse que cette nation a jamais observée », a averti le ministre de la police et des services d’urgence de l’Etat, David Elliot, à propos de cette nouvelle série de feux débutée vendredi sur la côte est australienne. Le niveau de danger d’incendie est qualifié de « catastrophique » par les pompiers de Nouvelle-Galles du Sud, qui font face à la combinaison de températures élevées, dépassant les 30 degrés en ce printemps sec, et de rafales de vent allant jusqu’à 80 km/h, augurant du pire. Pas moins de 78 foyers étaient répertoriés mardi après-midi, dont à peine la moitié sous contrôle. Une cinquantaine de foyers étaient aussi répertoriés dans l’Etat voisin du Queensland, sur le flanc nord-est de l’île-continent, notamment aux abords de la capitale de l’Etat, Brisbane. Les dégagements de fumée sont si conséquents qu’ils sont repérables sur les images satellites. Ces traînées sont même visibles jusqu’aux côtes de la Nouvelle-Calédonie voisine, à 1 800 kilomètres de là. Trois morts durant le week-end Dans un climat d’urgence, plus de 600 écoles sont restées fermées le 12 novembre, ainsi que les parcs nationaux, et les habitants, depuis la ville de Newcastle jusqu’à celle de Wollongong en passant par Sydney sur la côte est, ont reçu pour conseil de se tenir prêts à évacuer. « Dans ces conditions, certains feux peuvent débuter et se répandre si rapidement qu’il y a très peu de temps pour avertir, alors n’attendez pas de voir », intimait dès lundi David Elliot. A raison de plusieurs avertissements par heure mardi, les pompiers de Nouvelle-Galles du Sud ont communiqué en cours de journée l’évolution des feux par région, les Tweet indiquant, dans certains cas : « Il est trop tard pour partir. Trouvez un refuge alors que le feu approche ». The Myall Creek Road fire (in Richmond Valley LGA) has crossed the Pacific Highway at New Italy and is spreading qu… https://t.co/vTw0jxw6Y8 — NSWRFS (@NSW RFS) Le premier ministre conservateur Scott Morrison a assuré, mardi, que « tout était fait pour être prêt à ces conditions d’incendie incroyablement dangereuses en Nouvelle-Galles du Sud et au Queensland. La défense est prompte à assister les Etats et à répondre localement avec tout ce qui est nécessaire ». Environ 3 000 pompiers, des centaines de camions-citernes et 80 aéronefs sont à pied d’œuvre, selon le décompte des services d’incendie de Nouvelle-Galles du Sud. A Bullocky Way, en Nouvelle-Galles du Sud, le 12 novembre. STRINGER / REUTERS Ces incendies de forêt hors de contrôle ont déjà coûté la vie à trois personnes durant le week-end. Le corps d’un homme a été retrouvé calciné dans sa voiture, celui d’une sexagénaire dans les décombres d’un bâtiment ravagé par les flammes et un troisième individu a succombé à ses brûlures, à l’hôpital, après avoir tenté de sauver sa maison. Une centaine d’autres personnes ont été blessées ces derniers jours, dont vingt pompiers. Plus de 150 résidences et près d’un million d’hectares sont déjà partis en fumée en Nouvelles-Galles du Sud, dans une saison des bush fires typique pour l’Australie, mais qui a démarré de manière précoce en septembre. « Ecologistes citadins illuminés » La situation a pris également une tournure politique, lundi, après la déclaration polémique du vice-premier ministre conservateur, Michael McCormack (Parti national), estimant sur les ondes de la radio publique que le lien établi entre l’ampleur des feux et le changement climatique était le fruit du « délire de certains écologistes citadins illuminés ». Ces propos ont déclenché de vives réactions parmi les maires de localités affectées, comme Carol Sparks, maire écologiste de Glen Innes, où deux personnes ont péri par le feu. « Je pense que M. McCormack doit se pencher sur la science (…) Ce n’est pas quelque chose de politique, c’est un fait scientifique que nous traversons un changement climatique », a-t-elle fustigé. Elle a fait part de son courroux dans une tribune publiée dans The Guardian. « La colère est réelle, justifiée, parce que ce désastre était bien anticipé et prévisible », a insisté l’élue. Le Monde Le Bureau météorologique australien confirme que « le changement climatique influence la fréquence et la sévérité des conditions de feux de forêt dangereux ». Dans une Australie en proie à une sécheresse prolongée, le chaos ravive le souvenir du « black saturday » de février 2009, lorsque 180 personnes avaient péri dans les bush fires.
Des conditions « catastrophiques » alimentent près de 80 brasiers dans les régions les plus peuplées du pourtour de Sydney, dans le sud-est de l’île.
https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/11/12/la-cote-est-de-l-australie-confrontee-a-des-incendies-hors-normes_6018853_1652612.html
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La reine Elizabeth II et David Cameron, alors premier ministre, au 10 Downing Street à Londres, en 2012. BEN STANSALL / AFP Un « haussement de sourcil » pour l’Ecosse… Trois fois rien, en apparence : David Cameron a raconté dans un documentaire, diffusé ces jours-ci par la BBC, avoir réclamé à la reine Elizabeth II un geste symbolique de ce type, juste avant le référendum pour l’indépendance de l’Ecosse, en 2014. L’ex-premier ministre commençait à paniquer, alors que les sondages en faveur du oui prenaient l’avantage – c’est finalement le maintien dans le Royaume-Uni qui l’a emporté. Et il a avoué avoir sollicité le secrétaire privé de la souveraine. Cette confidence lui a valu un sévère recadrage de Buckingham Palace, le 19 septembre. Le palais a exprimé son « déplaisir et sa contrariété », après les indiscrétions de M. Cameron, en pleine promotion de ses Mémoires (For the Record, HarperCollins, non traduit). L’ex-premier ministre avait sollicité la reine lors d’une visite à Balmoral, sa résidence écossaise, en septembre 2014. Une semaine plus tard, une dame, en marge d’un service à l’église de Crathie, où la famille royale participe aux offices quand elle réside à Balmoral, jurait que la reine lui avait confié : « Espérons que les gens vont penser avec prudence à leur avenir. » Une réflexion aussitôt interprétée comme un signal contre l’indépendance de l’Ecosse. Politiquement moins sensible, quoique embarrassant : M. Cameron a aussi raconté au Times, dans une interview publiée le 20 septembre, qu’à Balmoral la reine conduisait « à une vitesse vertigineuse » et qu’elle lui aurait dit « être la seule femme à avoir servi de pilote au roi d’Arabie saoudite ». La « panique » de David Cameron M. Cameron a admis au micro de la BBC que « des gens doivent penser que j’en ai déjà trop dit ». L’épisode peut paraître anecdotique, mais il n’en est rien. Tout au long de son très long règne, Elizabeth II s’en est tenue à une règle considérée comme vitale pour la pérennité de la monarchie britannique : ne jamais intervenir dans le jeu politique national. Ni interview ni confidences par médias interposés. Il est par ailleurs d’usage que le contenu de ses entrevues avec les premiers ministres reste strictement confidentiel. « Je ne suis pas surpris que le palais ait répondu de cette manière. La relation entre le chef de l’Etat [la reine] et le chef du gouvernement est des plus spéciales, il n’y a rien de plus élevé en matière de confidentialité », a commenté l’historien Lord Peter Hennessy dans les colonnes du Times.
Alors que la Cour suprême britannique doit déterminer si le premier ministre Boris Johnson a menti à Elizabeth II pour suspendre le Parlement, son prédécesseur affirme avoir obtenu de la reine un soutien lors du référendum écossais de 2014.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/20/royaume-uni-buckingham-embarrasse-par-les-revelations-de-david-cameron_6012468_3210.html
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Féminicides : la mobilisation à Paris et promesse d’un « Grenelle des violences conjugales » Lors du rassemblement pour demander aux pouvoirs publics de prendre « cinq mesures immédiates » pour mieux protéger les femmes des violences de leurs conjoints ou de leurs ex-conjoints. MARTIN BUREAU / AFP Samedi, un rassemblement parisien est venu appuyer cette demande. Deux mille personnes selon les organisateurs, 1 200 d’après la police, ont exigé des mesures immédiates contre les féminicides, à l’initiative des collectifs Osez le Féminisme, Nous Toutes ou encore la Fondation pour les femmes. Le gouvernement lancera en septembre à Matignon un « Grenelle des violences conjugales » afin d’enrayer le phénomène des féminicides, annonce la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) du 7 juillet. Sur BFMTV, Nicole Belloubet, la ministre de la justice, a annoncé une mission d’inspection pour revenir sur les éventuelles défaillances dans les dossiers « classés des années 2015, 2016, 2017 pour voir là où nous aurions dû mieux faire ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Féminicides : l’urgence nationale pour mettre fin au « massacre » Coupe du monde féminine : les Etats-Unis conservent leur titre en battant (2-0) les Pays-Bas Megan Rapinoe à Lyon, le 6 juillet, à la veille du match face aux Pays-Bas. Francois Mori / AP Les Etats-Unis ont battu les Néerlandaises 2-0 lors de la finale de la Coupe du monde féminine, dimanche 7 juillet, au terme d’un match contrôlé, grâce à un penalty de Megan Rapinoe et un but de Rose Lavelle. Les Américaines remportent donc leur deuxième titre de suite, le quatrième de leur histoire après ceux de 1991, 1999 et 2015. La capitaine Megan Rapinoe et Alex Morgan finissent toutes les deux meilleures buteuses de la compétition, à égalité avec l’Anglaise Ellen White (six buts). Revivez le match ici : Les Américaines ont remporté leur quatrième victoire en Coupe du monde Législatives en Grèce : Alexis Tsipras reconnaît sa défaite face à la droite de Mitsotakis Fin de partie pour Alexis Tsipras. Les conservateurs grecs de Kyriakos Mitsotakis ont écrasé, dimanche 7 juillet, la formation de gauche du premier ministre sortant, lors des premières législatives depuis que la Grèce a échappé à la faillite. Alexis Tsipras a reconnu sa défaite face à son adversaire et a appelé au téléphone Kyriakos Mitsotakis pour le féliciter de sa victoire. Trois ans après avoir pris les rênes du parti conservateur, Kyriakos Mitsotakis, perçu comme un réformateur, proche des milieux d’affaires, a promis de « relancer l’économie » et de « laisser la crise derrière nous ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’urne ou la plage ? Jour de vote en Grèce pour les élections législatives anticipées Bras de fer en Méditerranée avec des ONG de secours en mer Les migrants recueillis par l’« Alex » ont débarqué à Lampedusa, dimanche 7 juillet. ELIO DESIDERIO / AP Une semaine après le Sea-Watch 3, un nouveau navire humanitaire, l’Alex, a accosté de force, samedi 6 juillet, dans le port italien de Lampedusa avec 41 migrants, finalement, autorisés à débarquer dimanche au petit matin. D’autre part, les forces armées de Malte ont acheminé dans un de ses ports les 65 migrants se trouvant à bord d’un navire d’une ONG allemande, l’Alan Kurdi, dimanche 7 juillet. Malte, qui a tenu des discussions dimanche avec l’Union européenne et l’Allemagne, précise toutefois qu’aucun de ces migrants ne restera sur son territoire « étant donné que ce cas n’était pas de la responsabilité des autorités maltaises ». Ils seront immédiatement acheminés vers différents pays européens. A Hongkong, les manifestants visent une gare « chinoise » Un manifestant brandit l’Union Jack, le drapeau du Royaume-Uni, à Hongkong, le 7 juillet. Vincent Yu / AP Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Hongkong pour maintenir la pression sur le gouvernement local pro-Pékin devant une gare controversée d’où partent des trains à grande vitesse pour la Chine continentale. En fin de soirée, la police anti-émeutes a chargé des protestataires dans le quartier de Mongkok dans le nord de la ville, après un face-à-face tendu d’une vingtaine de minutes avec un groupe d’environ 300 manifestants, la plupart jeunes et masqués. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face au mouvement de contestation, la Chine perd patience à Hongkong La stratégie du dérapage contrôlé de l’Iran sur le nucléaire Donald Trump a lancé une nouvelle série de sanctions « pour mettre une pression maximale » sur Téhéran. WANA NEWS AGENCY / REUTERS Téhéran a annoncé mettre à exécution dimanche sa menace d’enrichir l’uranium à un degré prohibé par l’accord de 2015. Cette posture, essentiellement politique, ne change néanmoins pas la donne à court terme sur le plan militaire. Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue iranien Hassan Rohani, le président français Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de relancer un dialogue général avant le 15 juillet pour apaiser les tensions. De son coté, le président américain Donald Trump a appelé l’Iran à la « prudence ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nucléaire iranien : la marge de manœuvre limitée de la France Du côté de l’actu sportive Tour de France. Moins d’une minute, c’est la fourchette qui a séparé la quasi-totalité des favoris du Tour de France dans le contre-la-montre par équipes gagné dimanche à Bruxelles par la formation Jumbo du maillot jaune, le Néerlandais Mike Teunissen. Basket. La Serbie a décroché la médaille de bronze de l’Euro féminin en écrasant la Grande-Bretagne 81 à 55 dimanche devant son public à Belgrade. La Grande-Bretagne a créé la surprise en se qualifiant pour la première fois pour le dernier carré. L’Espagne, tenante du titre, a battu la France 86 à 66 en finale de l’Euro.
Vous n’avez pas suivi l’actualité ce week-end ? Voici les principaux titres à retenir du samedi 6 et du dimanche 7 juillet.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/07/feminicides-secours-de-migrants-en-mediterranee-coupe-du-monde-feminine-les-cinq-infos-a-retenir-du-week-end_5486610_4355770.html
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En 2010, leur Atlas des fractures scolaires en France (Autrement, 2010) avait mis en avant les disparités territoriales de l’éducation nationale en matière de répartition des moyens humains et financiers, de carte des formations proposées et d’inégalités sociales des élèves qui fréquentent les établissements publics. Avec le site Fractures scolaires en France, Rémi Rouault et Patrice Caro, professeurs de géographie à l’université Caen-Normandie proposent une reprise actualisée de leur ouvrage sous forme de pages thématiques concises (encore en développement pour certaines) : « apprentissage », « carte scolaire », « handicap », « soutien scolaire », etc. Neuf ans plus tard, ils constatent que « pour une large part les inégalités en matière scolaire n’ont pas beaucoup changé ». Parmi les principaux phénomènes que cette mise à jour de votre atlas met en avant, il y aurait en France une accélération de la « scolarisation à la carte ». C’est-à-dire ? Patrice Caro : Cette scolarisation à la carte était déjà un élément marquant en 2010, mais le phénomène s’est accentué depuis. Nous avons en effet l’impression que le service public de l’éducation, constitué initialement dans une optique de transmission des valeurs républicaines à toute une génération, est en train de se transformer en service à la personne où l’entre-soi est de mise. Cela passe d’abord par un processus de plus en plus fort d’évitement de la carte scolaire par les familles grâce au jeu des dérogations, des options et du recours au privé. Selon nos estimations, aujourd’hui au moins un cinquième des élèves de collège sont inscrits en dérogation ou évitement de la carte scolaire. Rémi Rouault : Dans l’agglomération de Caen par exemple, à l’école élémentaire, plus de 4 000 élèves ne sont pas scolarisés dans leur école publique de secteur. Les familles défavorisées sont les moins informées de ces possibilités, elles contournent donc moins cette carte scolaire, ce qui renforce l’entre-soi. Cette fracture est aggravée par le soutien scolaire qui, selon les rares chiffres dont nous disposons, concerne avant tout les familles favorisées. Il est important de rappeler que ce soutien scolaire est souvent rémunéré en chèques emploi-service universel (CESU), dispositif permettant une déduction fiscale. L’Etat n’est donc pas seulement spectateur de ce phénomène mais accepte une affectation de fonds publics sur initiative privée.
A l’occasion de la mise à jour de leur « Atlas des fractures scolaires en France » publié en 2010, les géographes Rémi Rouault et Patrice Caro reviennent sur la fragmentation et les inégalités territoriales du système éducatif
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/03/le-service-public-de-l-education-est-en-train-de-se-transformer-en-service-a-la-personne_5470868_3224.html
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Editorial du « Monde ». Donald Trump, on ne saurait le lui reprocher, a à cœur de tenir ses promesses de campagne. Il a une autre obsession : se démarquer de ses prédécesseurs, qui, à ses yeux, ont tous failli. L’annonce du retrait des troupes américaines d’Afghanistan, alors qu’il est déjà en campagne pour l’élection présidentielle de 2020, devait lui permettre de cocher les deux cases : « ramener les gars à la maison », comme promis, et réussir là où Barack Obama avait échoué. Un plan de paix pour sortir du bourbier afghan, dix-huit ans après s’y être fourvoyé pour en chasser les talibans et Al-Qaida au lendemain des attentats du 11-Septembre, qui n’en rêverait pas ? M. Trump, lui, a pensé y être arrivé. Il s’est même vu si près du but qu’il avait prévu une mise en scène à la mesure de son ambition, de son goût du spectacle et de son penchant pour la transgression. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Afghanistan : récit du pari diplomatique raté de Donald Trump La signature aurait lieu à Camp David, villégiature dont il goûte peu la rusticité, mais lieu iconique des hauts faits diplomatiques américains, où Jimmy Carter avait réuni l’Israélien Menahem Begin et l’Egyptien Anouar El-Sadate en 1978 ; elle se tiendrait autour de la date hautement symbolique du 11 septembre ; elle rassemblerait autour de lui des leaders talibans – oui, des talibans, à Camp David – et le président afghan Ashraf Ghani. Divisions et confusion Le processus lui paraissait bien engagé. Après neuf rounds de négociations menées au Qatar avec des représentants talibans, l’émissaire américain, l’ambassadeur Zalmay Khalilzad, lui-même d’origine afghane, disait être au seuil d’un accord de principe. Cet accord portait notamment sur le retrait progressif des 14 000 soldats américains encore stationnés en Afghanistan, un premier contingent de 5 000 d’entre eux quittant le pays rapidement. En échange, les talibans s’engageaient à lutter contre le terrorisme et à participer à des pourparlers de réconciliation inter-afghans. De toute évidence, le président américain a vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Compter sur l’approbation du président afghan alors que son gouvernement avait été écarté des négociations de Doha, à la demande des talibans, était sans doute prématuré. Considérer les talibans comme des partenaires fiables était probablement naïf : l’annonce d’un accord de principe par l’ambassadeur Khalilzad, le 2 septembre, à la télévision afghane, avait été saluée par l’explosion d’une bombe visant un complexe fortifié occupé par des étrangers à Kaboul, attentat aussitôt revendiqué par les talibans et qui a fait 16 morts. Mais, surtout, M. Trump semble avoir sous-estimé les divisions et la confusion au sein de sa propre équipe sur le sujet ; selon le New York Times, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton s’est battu contre le projet d’accord, qui était en revanche activement soutenu par le chef de la diplomatie, le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo. Lire aussi Trump rompt les négociations de paix engagées en Afghanistan avec les talibans Fidèle à ses habitudes théâtrales, Donald Trump a donc tout annulé sur Twitter samedi 7 septembre, en justifiant cette décision par un second attentat, jeudi, au cours duquel deux soldats de l’OTAN, un Américain et un Roumain (M. Trump n’a d’ailleurs mentionné que l’Américain), ont été tués. M. Pompeo n’a plus eu qu’à tenter d’expliquer ensuite dans les médias que les talibans, en effet, n’avaient pas tenu parole, mais que ce n’était pas la fin de l’histoire. L’histoire, elle, retiendra surtout que la diplomatie trumpienne sort affaiblie de cet échec, pour avoir voulu privilégier le spectacle sur un dossier notoirement difficile. Une fois de plus. Le Monde
Editorial. En un Tweet, samedi 7 septembre, le président américain a rompu les négociations sur le retrait de ses troupes du pays. C’est un échec majeur pour Washington.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/09/afghanistan-les-talibans-rappellent-trump-a-la-realite_5508154_3232.html
mlsum-fr-28
Une photo de Jagendra Singh, dans la maison de sa famille, à Khutar, dans l’Uttar Pradesh. FORBIDDEN STORIES A 200 kilomètres de Lucknow, la capitale de l’Uttar Pradesh, dans le nord-est de l’Inde, la ville de Shahjahanpur inflige à tout visiteur le prodigieux chaos de la rue indienne. Il faut zigzaguer entre motocyclistes nerveux, vaches errantes et camions brinquebalants avant de trouver une petite place de quartier étonnamment paisible, bordée d’un rectangle de petites maisons de brique. Celle que louait le journaliste Jagendra Singh, 46 ans, est un simple rez-de-chaussée, ouvrant sur une petite cour. C’est là qu’il travaillait, quand il n’était pas auprès de sa femme et de ses enfants, dans un village des alentours. C’est là aussi qu’une descente de la police, le 1er juin 2015, a tourné à la catastrophe : Jagendra Singh a été emmené à l’hôpital, avec des brûlures sur 60 % du corps. Sa famille a recueilli son témoignage en vidéo et l’a diffusé. Enduit de pommade, les chairs à vif, les doigts fondus, le journaliste désigne ses agresseurs : des policiers locaux menés par un inspecteur, accompagnés d’hommes en civil, liés au puissant ministre du gouvernement provincial, Ram Murti Verma, dont il dénonce la corruption depuis des semaines. « Ils ont escaladé le mur et sont entrés. Ils m’ont battu et m’ont aspergé d’essence », dit-il haletant. La famille a également filmé une femme que le journaliste avait interviewée dans le cadre d’une affaire de viol impliquant cet homme. Cette femme confirme que les agresseurs ont tenté de les immoler. Les policiers, eux, ont une autre une version : Jagandra aurait refusé de leur ouvrir à leur arrivée. Après avoir aperçu de la fumée, ils auraient sauté le mur et découvert l’incendie. Jagendra est mort sept jours plus tard d’une septicémie, à l’hôpital de Lucknow, la capitale. Le « triangle de fer » L’histoire de Jagendra Singh, le journaliste brûlé vif, a provoqué un électrochoc en Inde : la presse du pays en a fait le symbole des reporters victimes de la collusion de la police avec les hommes d’affaires et les politiciens corrompus. « C’est un triangle de fer. Un journaliste peut dénoncer le premier ministre. Mais s’il écrit sur des affaires très locales, il est vite neutralisé, très peu osent », explique, à Lucknow, Suman Gupta, membre d’un comité d’enquête de journalistes, formé après la mort du reporter. Jagendra Singh s’est d’ailleurs vu décerner un prix, à titre posthume, par l’association de la presse de Bombay. Mais les enfants du journaliste ont ensuite retiré leur demande d’enquête auprès du Bureau central d’enquête, l’équivalent indien du FBI, en assurant être convaincus que leur père s’était suicidé. L’affaire a été classée, au grand dam des journalistes et militants des droits de l’homme. L’équipe de Forbidden Stories a repris l’enquête sur la mort de Jagendra Singh, qui accusait notamment Ram Murti Verma d’appartenir à la mafia du sable, une nébuleuse qui alimente le secteur des bâtiments et travaux publics, et corrompt les administrations. Elle a assassiné trois autres journalistes depuis 2015 et attaqué une foule de policiers, de journalistes ou de lanceurs d’alerte.
Le journaliste indien s’était engagé dans une bataille sans merci contre un responsable politique corrompu et dénonçait la puissante « mafia du sable ». Il est mort brûlé, en 2015. Troisième épisode de notre série « Green Blood ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/20/l-histoire-tragique-de-jagendra-singh-le-reporter-facebook-de-l-uttar-pradesh_5479232_3210.html
mlsum-fr-29
Vainqueur de Rafael Nadal vendredi 12 juillet, Roger Federer, 37 ans et onze mois, disputera dimanche sa douzième finale à Wimbledon pour tenter d’accrocher sa 21e couronne en Grand Chelem. Andy Couldridge / AP Il y a un mois, après sa demi-finale à Roland-Garros, Roger Federer avait rendu un hommage appuyé à son rival majorquin (vainqueur 6-3, 6-4, 6-2), expliquant à quel point Rafael Nadal est seul au monde sur terre battue. Vendredi 12 juillet, ce fut au tour de l’Espagnol de lui rendre la politesse, après la revanche du Suisse au même stade, à Wimbledon (7-6, 1-6, 6-3, 6-4). « Il se déplace à l’intérieur du court plus rapidement que n’importe quel autre joueur, il a cette capacité à prendre la balle plus tôt que n’importe qui, il ne vous donne pas le temps de vous organiser pour vous ouvrir le court, aujourd’hui, il était dans sa zone de confort, je n’ai pas réussi à l’en déloger », a résumé l’Espagnol, marqué par cette défaite. Dès l’entrée des deux joueurs, il régnait une effervescence inhabituelle sur le vénérable Centre Court où l’on entend d’ordinaire les mouches voler. Onze ans que le public londonien n’avait pas eu le droit à cette affiche. La Royal Box était pleine : Jude Law, David Beckham, Hugh Grant ou encore Sir Alex Ferguson ne voulaient manquer l’événement. Personne n’avait oublié le chef-d’œuvre des deux hommes le 6 juillet 2008, lors d’un match que beaucoup considèrent comme l’un, sinon le plus mémorable de l’histoire du jeu. Une finale en cinq sets, où les interruptions dues à la pluie et les derniers coups délivrés presque à la bougie avaient apporté leur lot de dramaturgie. Et les spectateurs mirent de côté la bienséance… Ce jour-là, Nadal avait eu le dernier mot (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7). L’Espagnol avait 22 ans et « seulement » quatre Roland-Garros à son palmarès, le Suisse 26 ans et 12 Majeurs. Novak Djokovic, lui, ne comptait encore qu’un titre du Grand Chelem, et Cori Gauff – révélation de ce tournoi – était au jardin d’enfants… Onze ans plus tard, l’Espagnol a désormais le cheveu plus ras que le Suisse mais les deux n’ont rien perdu de leur hargne. Le mois dernier, le vent avait gâché le rendez-vous tant attendu. Cette fois, une petite brise rafraîchissait le Centre Court mais rien à voir avec les rafales qui avaient transformé le court Philippe-Chatrier en « bac à sable », pour reprendre les mots de Federer. Et le match, sans atteindre les sommets ni la dramaturgie de 2008, tint cette fois ses promesses. D’entrée de jeu, les deux hommes se rendent coup pour coup. Dans cet écrin où il a déjà été sacré huit fois, Roger Federer est dans son élément : jamais inquiété sur son service, impérial à la volée, très mobile et agressif, il ne se laisse pas piéger en fond de court par l’Espagnol. Les deux joueurs sont contraints de se départager au jeu décisif : le Suisse finit par prendre son adversaire de vitesse, lisant parfaitement son service.
Battu par l’Espagnol à Roland-Garros, le Suisse l’a fait à son tour chuter dans son jardin (7-6, 1-6, 6-3, 6-4). Il retrouvera dimanche en finale Novak Djokovic.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/12/a-wimbledon-federer-prend-sa-revanche-sur-nadal_5488860_3242.html
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Faire d’une pierre deux coups. Lors du sommet du G7 à Biarritz, qui devait se terminer lundi après-midi, Emmanuel Macron a singulièrement fortifié sa stature d’homme d’Etat, en faisant avancer de manière spectaculaire les négociations sur l’Iran. Mais il en a aussi profité pour rafraîchir son costume de héraut de l’écologie, sensiblement terni depuis la démission de Nicolas Hulot il y a tout juste un an. Alors que tout le monde s’attendait à ce que les questions géostratégiques occupent l’essentiel des discussions, le chef de l’Etat a focalisé une partie de l’attention sur les incendies qui ravagent la forêt amazonienne. « Nous devons répondre à l’appel de l’océan et de la forêt qui brûle », a-t-il déclaré en préambule du sommet, promettant des avancées en matière de lutte contre les feux en cours mais aussi de préservation de la biodiversité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi G7 : Emmanuel Macron à la manœuvre sur l’Iran et les autres dossiers brûlants Signe d’une action réfléchie, Emmanuel Macron avait lancé l’offensive dès jeudi soir, en publiant un Tweet dans lequel il fustige l’inaction face aux incendies en Amazonie. « Notre maison brûle. Littéralement », a-t-il écrit en français et en anglais, reprenant une formule déjà utilisée par Jacques Chirac lors d’un sommet climatique à Johannesburg en 2002, ajoutant : « C’est une crise internationale. » Surtout, le chef de l’Etat a mis en scène un affrontement avec Jair Bolsonaro et annoncé qu’il suspendait son soutien à l’accord commercial du Mercosur, accusant le président brésilien de lui avoir « menti » sur les actions menées par Brasilia pour lutter contre la déforestation. « La France ne signera aucun accord commercial avec un pays qui ne respecte pas l’accord de Paris et ne s’engage pas concrètement dans la préservation du climat et de la biodiversité », justifie-t-on à l’Elysée. L’offensive climatique du chef de l’Etat ne s’est pas limitée à l’Amazonie. Dans un entretien accordé vendredi au site Konbini, Emmanuel Macron a dit soutenir « dans ses intentions » le maire de Langouët, une commune bretonne qui a interdit l’utilisation de pesticides à moins de 150 mètres des habitations ou des locaux professionnels et qui est poursuivi en justice par le préfet d’Ille-et-Vilaine. « Il faut arrêter de dire des bêtises » Le glyphosate « a des conséquences pour la santé publique, il faut arrêter de dire des bêtises », y défend le chef de l’Etat, se disant prêt à « changer la loi » pour permettre aux élus locaux de prendre des mesures de protection. En juin, le Conseil d’Etat avait annulé une partie de l’arrêté interministériel de 2017 qui régit l’usage des pesticides en France, estimant qu’il ne protégeait pas suffisamment la santé des citoyens et l’environnement. Un nouvel arrêté est attendu cet automne.
Amazonie, glyphosate, accord de Paris… au G7, à Biarritz, le chef de l’Etat a raffermi son discours sur l’urgence écologique.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/26/sous-la-pression-ecologiste-emmanuel-macron-repasse-au-vert_5502921_823448.html
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Nathalie de Vries et Dominique Perrault lors de la conférence « Quels rêves pour la ville de demain ? », animée par Isabelle Regnier, le samedi 5 octobre, dans le cadre du Monde Festival, à l’Opéra Bastille, à Paris. KAMIL ZIHNIOGLU POUR « LE MONDE » En apparence, tout semble opposer ces deux stars de l’architecture, la Néerlandaise Nathalie de Vries et le Français Dominique Perrault, qui étaient invités, samedi 5 octobre, au Monde Festival, à échanger sur leurs rêves « pour la ville de demain ». A la première, une esthétique pop décomplexée faite de géométries explosées et d’effusions colorées. Au second, une élégance rayonnante, alliant une géométrie épurée et un goût prononcé pour la monumentalité. Deux esthétiques identifiables, deux langages architecturaux qui ont en commun de puiser dans l’imaginaire, de s’inspirer de la matière onirique. Pour Dominique Perrault justement, l’architecture a cette « capacité de créer des possibles ». Et l’architecte d’évoquer, devant le public captivé de l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille, le caractère visionnaire, il y a trente ans, de la bibliothèque François-Mitterrand, « bâtiment le plus durable de tout Paris », qui, avec « plus d’un hectare d’îlot de fraîcheur » et « 200 000 m2 en sous-sol », correspond aux modèles « après lesquels courent aujourd’hui tous les concours Réinventer Paris. » Son seul regret : ne pas avoir pu, à l’époque, utiliser sur les tours des verres photochromies qui se teintent selon l’ensoleillement. Le futur siège de BNP Paribas Real Estate, à Boulogne, va pouvoir en être équipé. Silodam, construit à Amsterdam en 2002, ressemble au premier coup d’œil à un alignement de conteneurs de différentes couleurs Comme en écho, Nathalie de Vries évoque à son tour le « rôle de l’architecte », tenu « d’essayer de nouveaux matériaux, d’avancer, de poser des jalons. » Elle raconte comment, avec ses acolytes cofondateurs de l’agence Winy Maas et Jacob van Rijs (MVRDV), elle a rêvé et réalisé – bien avant que la mixité des usages devienne une valeur montante – le bâtiment multifonctionnel de Silodam, construit à Amsterdam en 2002. Erigé au bout d’un quai tel un bateau amarré, le projet, qui compte 157 logements ainsi que des bureaux, des commerces et des espaces communs, ressemble au premier coup d’œil à un alignement de conteneurs de différentes couleurs. « L’idée était de montrer que l’on peut introduire de la variété au sein d’un même bâtiment, pour répondre à des personnes différentes, des besoins différents », explique l’architecte néerlandaise. Mêler des populations et des usages Pour l’un comme pour l’autre, la ville de demain est une ville où il fait bon vivre, où il y a « de la joie », « où l’on s’épargne de longs trajets pour aller travailler »… Une ville qui ne compte plus de quartiers-dortoirs, de quartiers de simple passage, mais favorise « l’inscription d’une vie dans chaque lieu ». A l’instar du rêve de Dominique Perrault de transformer l’île de la Cité, à Paris. Un espace qui, souligne l’architecte, « a perdu, avant même l’incendie de Notre-Dame, toute visibilité, où l’on ne fait que passer. Il faut faire revivre cet espace public et mutualiser tous les éléments de l’extraordinaire patrimoine architectural qu’il offre : le Palais de justice, l’hôpital et une cathédrale ». Pour lui, la reconstruction de Notre-Dame est une formidable occasion « de faire réapparaître l’île de la Cité comme un lieu de vie. » « La frugalité, c’est bien, mais il ne s’agit pas de construire bio bobo vegan ! », Dominique Perrault La ville de demain, c’est une ville où se mêlent les populations et les usages, insiste Nathalie de Vries. Pune, dans l’Etat de Maharashtra (Inde), a ainsi vu naître en 2018 les Future Towers, un complexe de plus de 1 000 logements réalisé par MVRDV et conçu en un seul et unique bâtiment. Une structure singulière avec des hauteurs variables qui ressemble à une chaîne de montagnes. Comprenant des logements de 45 à 450 m2, l’ensemble favorise un mélange non discriminatoire entre différentes catégories d’habitants. Et, dans les façades, on trouve des ouvertures aux couleurs vives, espaces où sont proposées des activités communes (yoga, minigolf, aires de jeux pour enfant, etc.). « Nous avons vraiment voulu créer des espaces collectifs à l’intérieur même du bâtiment », souligne Nathalie de Vries. Pour l’une comme pour l’autre, la ville de demain sera faite avec de nouveaux matériaux, mais elle n’est certainement pas une ville frugale en matériaux. « La frugalité, c’est bien, mais il ne s’agit pas de construire bio bobo vegan ! lâche Dominique Perrault. Il faut développer de nouveaux matériaux, mais il s’agit aussi de repenser leur mise en œuvre de façon beaucoup plus écologique et économe. Et là, l’industrie de la construction est en retard. » Et Nathalie de Vries d’abonder : « Notre façon de construire doit changer. L’idée n’est pas forcément d’utiliser moins de matériaux mais de penser recyclage, réutilisation, bâtiment adaptable. Penser des bâtiments qui peuvent se transformer, être multi-usages… »
Les deux architectes étaient invités, samedi 5 octobre, au Monde Festival à exposer leur vision de la ville du futur.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/10/08/au-monde-festival-nathalie-de-vries-et-dominique-perrault-ont-reve-la-ville-de-demain_6014691_4415198.html
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🙌@FranckRibery È NOSTRO! 📰➡️https://t.co/8f1EYAxb9H 💜 #WelcomeLegend #ForzaViola #QuestaÈFirenze ⚜️ https://t.co/Idquh2K6E9 — acffiorentina (@ACF Fiorentina) Le Français Franck Ribéry a été accueilli comme une rock star à l’aéroport de Florence, mercredi, acclamé par les supporteurs de la Fiorentina, club où il s’est engagé pour deux saisons. « Bienvenue légende », a écrit sur Twitter le club toscan de Série A, montrant une photo de l’ailier français âgé de 36 ans, polo et écharpe de la Fiorentina sur le dos, avec la mention « Il est des nôtres ». L’ancienne gloire du Bayern Munich était libre de tout contrat depuis son départ de Bavière, cet été, après y avoir passé 12 saisons et remporté 23 titres. Après s’être dit « prêt pour un nouveau défi » lundi sur Instagram, Ribéry a mis en scène mercredi sur ce réseau social son voyage en avion privé puis son arrivée sur le sol italien. On le voit sous ses nouvelles couleurs violettes, signant des autographes et acclamé par des dizaines de tifosi, puis découvrant un panorama de sa nouvelle ville, Florence, en compagnie de dirigeants florentins. « J’aime aussi l’italien » A l’aéroport, il s’est même permis quelques phrases en italien : « Je suis heureux, je suis là avec ma famille. J’ai parlé pendant une semaine avec la Fiorentina, j’ai parlé aussi avec Luca Toni (son ex-coéquipier au Bayern, passé par Florence). Il m’a dit que la Fiorentina était un grand club et que la ville était belle », a t-il affirmé, enthousiaste, dans une vidéo postée par son futur club (toujours sur les réseaux sociaux). « J’aime aussi l’italien, je le parle un peu, même s’il faut que je m’améliore. » Ribéry se balade déjà en italien 👌 https://t.co/v02slLSgBC — DailyMercato (@Daily Mercato) « Pour moi, il était crucial que je signe un contrat pour deux ans », avait-il confié à la chaîne allemande de Sky Sports. « Un autre facteur important est de pouvoir avoir ma famille avec moi. Je suis très heureux de pouvoir jouer au football de haut niveau pendant encore deux ans ». L’ancien joueur de Metz, Galatasaray et Marseille, finaliste de la Coupe du monde 2006 avec la France (81 sélections, 16 buts), était devenu en mai dernier le joueur le plus titré de l’histoire de la Bundesliga, avec neuf sacres, faisant honneur à son surnom : « Kaiser Franck ».
Libre après avoir passé 12 saisons au Bayern Munich, le Français s’est engagé à 36 ans avec la Fiorentina, en Serie A.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/21/football-franck-ribery-voit-la-vie-en-violet_5501345_3242.html
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Renee Soutendijk, marchande de frites dans « Spetters ». PROD DB / ENDEMOL ENTERTAINMENT / VSE FILM Son retour fracassant en France avec Elle (2016) l’a prouvé une nouvelle fois : le cinéaste néerlandais Paul Verhoeven, qui a connu plus d’une vie entre l’Europe et les Etats-Unis, offre aux observateurs l’exemple type du cinéaste palingénésique, toujours capable de se régénérer. Avant de tourner à Hollywood une poignée de blockbusters retors (RoboCop, Total Recall, Starship Troopers) qui l’ont rendu célèbre, sa première carrière hollandaise (1971-1985) avait bien failli voler en éclats après le scandale qu’avait déclenché Spetters (1980), resté depuis injustement méconnu. Lire la critique d’« Elle » : De victime à mythe, l’ultime mutation du professeur Verhoeven Sa réédition en « version intégrale non censurée » et en copie Blu-ray haute définition donne l’occasion de revenir sur ce film ahurissant, accusé en son temps de tous les maux et apparaissant aujourd’hui comme un sommet caché de son œuvre. Bien plus qu’une comédie grivoise Après l’élégant Soldier of Orange (1977) qui racontait l’engagement de l’élite étudiante dans la résistance, Verhoeven et son scénariste Gerard Soeteman ont voulu se pencher sur la jeunesse populaire et ont puisé leurs personnages loin de la capitale, dans la banlieue de Rotterdam, parmi les bandes qui pratiquaient le motocross comme une forme d’exutoire. Rien (Hans Van Tongeren), Eef (Toon Agterberg) et Hans (Maarten Spanjer), trois amis inséparables, fils d’agriculteurs ou de petits commerçants, écument les compétitions de motocross dans l’espoir d’atteindre un jour la notoriété de leur idole, le champion national Gerrit Witkamp (Rutger Hauer, alors âgé de 36 ans). Le reste du temps se dilapide pour eux entre petits boulots, sorties en boîte et rodomontades hormonales. Un beau jour arrive en ville une banale baraque à frites avec à son bord la belle Fientje (Renee Soutendijk), une vendeuse bien résolue à quitter son étroite roulotte. Parmi les trois camarades qui se disputent ses faveurs, elle cherche lequel sera le plus susceptible de l’embarquer dans sa réussite. Spetters, terme qui en néerlandais désigne tout autant les « beaux gosses » motards que les « éclaboussures » de leurs virées à moto, commence ainsi comme une simple comédie grivoise, pour ne cesser ensuite d’approfondir la situation, d’explorer ses composantes sociales et basculer peu à peu dans une dimension amère, voire tragique, de l’existence de ses personnages. Le tableau d’abord potache de cette jeunesse avide de vitesse s’ouvre en une perspective plus large, pour la montrer finalement se fracassant dans le mur du passage à l’âge adulte. Les ombres du handicap, du désespoir, de la délinquance, du viol la guettent au détour du chemin extrême qu’elle s’est choisi.
Sorti en 1980, accusé en son temps de tous les maux, le film du Néerlandais qui s’intéresse aux classes populaires de la Hollande périphérique, ressort en version non censurée.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/11/dvd-spetters-un-verhoeven-reste-cache_5508970_3246.html
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A quelques semaines du retour des étudiants sur les bancs des amphithéâtres, le gouvernement veut donner une tonalité sociale à la rentrée universitaire. Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, a annoncé le 20 août une revalorisation des bourses sur critères sociaux de + 1,1 %, soit une enveloppe de 46 millions d’euros. Un coup de pouce salué par les organisations étudiantes. Même s’il est jugé insuffisant, au regard de l’évolution du coût de la rentrée (+ 1,96 % d’après l’enquête de la FAGE) et de la vie étudiante (+ 2,83 % d’après l’UNEF). Mais, au-delà de cette annonce, c’est un chantier bien plus vaste qu’a décidé d’ouvrir le gouvernement cette année : celui de l’ensemble des aides destinées aux étudiants, dont les bourses ne sont qu’une partie. Elles représentent 2,1 des 5,7 milliards d’euros d’aides de l’Etat au titre de l’action sociale en faveur des étudiants, le reste allant pour une large part aux aides personnalisées au logement (APL). Les bourses étudiantes existeront-elles encore demain sous cette forme ? Une fusion avec les APL est-elle possible, alors que ces dernières, contrairement aux bourses, ne reposent pas sur le revenu de la famille mais sur celui de l’étudiant ? Un soutien financier universel – la revendication historique des syndicats étudiants – est-il envisageable ? Les questions techniques sont nombreuses. Et sensibles. Une aide « universelle » L’une est désormais tranchée : la réflexion autour de cette refonte des aides propres aux étudiants va intervenir dans le cadre de la concertation autour du futur revenu universel d’activité (RUA), le projet de prestation unique regroupant les différents minimas sociaux lancé par Emmanuel Macron dans le cadre du « plan pauvreté ». Ouverte par le gouvernement en juin, celle-ci doit s’achever d’ici à la fin de l’année – avec un projet de loi promis à l’horizon 2020. Depuis son arrivée au ministère de l’enseignement supérieur, en 2017, Frédérique Vidal s’est à plusieurs reprises prononcée en faveur d’une « aide globale d’autonomie » pour les étudiants, sans en définir les contours – les premières années du quinquennat avaient été concentrées sur le rattachement des étudiants au régime général de sécurité sociale, avec la suppression des frais de 217 euros qu’ils versaient auparavant. Une ligne directrice est néanmoins avancée : celle de la simplification. « Il existe une multitude d’aides et de guichets, avec parfois un effet d’éviction, des étudiants qui n’ont pas recours à des aides qu’ils pourraient avoir, explique-t-on au ministère de l’enseignement supérieur. Il s’agit de rendre le système plus lisible et d’améliorer l’accès à ces aides. » Pour le reste, « rien n’est tranché », assure-t-on.
Le projet d’une « aide globale d’autonomie » sera examiné dans le cadre de la concertation sur le revenu universel d’activité. Beaucoup de questions restent à trancher.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/08/31/rentree-universitaire-le-gouvernement-face-au-chantier-des-aides-sociales-aux-etudiants_5504783_4401467.html
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Le bloc-feuillet des TAAF émis lors du Salon philatélique d’automne est mis en page par Aurélie Baras. Petit tirage de 13 500 exemplaires. DR/La Poste « Le service philatélique a un projet « inédit » pour l’inscription des terres et mers australes au patrimoine mondial de l’Unesco », annonce Marc Boukebza, le directeur de la philatélie du territoire des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Car les vingt et un Etats membres du Comité du patrimoine mondial, réunis à Bakou le 5 juillet, en Azerbaïdjan, ont décidé, à l’unanimité, d’inscrire les terres et mers australes françaises, dans le sud de l’océan Indien, à plus de 2 000 kilomètres de tout continent, au Patrimoine mondial de l’Unesco, au titre du patrimoine naturel. Lire aussi 1,74 million de dollars pour un timbre américain de 1918 Il s’agit d’un carnet de timbres de « prestige », dont la sortie est prévue lors de ParisPhilex 2020, manifestation organisée à Paris en juin prochain. Sa mise en page est signée Aurélie Baras, à partir de photos inédites fournies par la Réserve naturelle des Terres australes. Dans un plus proche avenir, les TAAF participeront au Salon philatélique d’automne, organisé à l’Espace Champerret, à Paris, du 7 au 9 novembre. La poste des TAAF émettra un feuillet souvenir avec deux timbres intitulé « Postes du bout du monde 2 », tiré à 13 500 exemplaires accompagné d’une carte, au prix de 5 euros. Un petit prix pour un petit tirage qui mériteront l’attention des collectionneurs… Les visiteurs auront la possibilité d’envoyer du courrier à destination des bases, courrier qui ensuite pourra leur être retourné avec timbres et oblitérations locales. Bloc-feuillet des TAAF en vente lors de la prochaine exposition Monacophil du 28 au 30 novembre à Monaco, dessiné par Julien Norwood. DR/TAAF Trois semaines plus tard, le territoire diffusera un bloc feuillet sur les manchots royaux à l’occasion de l’exposition Monacophil 2019 organisée à Monaco du 28 au 30 novembre. Ce bloc est l’œuvre de Julien Norwood, illustrateur au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), qui a proposé plusieurs croquis avant que le territoire n’arrête son choix et procède à quelques essais : « Il manque des éléments, notamment les poissons, qui vont jouer un rôle important dans l’équilibre et le dynamisme de la mise en page », explique Julien Norwood dans ses explications qui accompagnent l’un d’entre eux. Dessin préparatoire signé Julien Norwood du bloc-feuillet émis par les TAAF pour Monacophil. DR/TAAF Au cours d’un échange avec M. Boukebza, l’artiste explique ses choix pour un autre essai : « J’ai écarté les pattes et affiné le manchot vue ventrale au premier plan (…). J’ai entre-ouvert le bec de celui de dessous pour y ajouter un poisson lanterne (…). J’ai placé ici et là quelques bancs de poisson lanterne. Après plusieurs essais, celui-ci me paraît le plus équilibré »… Histoire postale Les bases des TAAF ont été créées en 1949 (à la base de Port-aux-Français), en 1950 (à Martin-de-Viviès), le 1er janvier 1956 (à Dumont d’Urville) et en 1961 (à Alfred Faure). L’ouverture de l’agence postale aux îles Kerguelen remonte au 12 janvier 1950. A Crozet une agence postale fonctionna du 20 décembre 1961 au 4 février 1962, pendant la mission exploratoire, avant que son activité ne s’établisse définitivement. Pour Saint-Paul et Amsterdam, du courrier a été oblitéré dès 1948 à bord du navire de pêche Cancalais et de la frégate Tonkinois. Une agence postale à terre fonctionna à Amsterdam à partir du 10 janvier 1950. Timbre dessiné par Jean-Michel Folon. DR/TAAF Les premiers timbres propres aux Terres australes et antarctiques françaises ont vu le jour le 17 octobre 1955. Depuis, plus de 900 timbres ont été émis par les TAAF, année de leur autonomie administrative. Cette relative rareté explique la fascination des collectionneurs pour des pièces qui privilégient la taille-douce comme mode d’impression, leur conférant un statut d’œuvre d’art. D’autant plus que l’on relève, parmi les créateurs de timbres du territoire les signatures de Trémois, Folon, Bernard Buffet, Georges Mathieu, Raymond Moretti, Jean-Claude Mézières, Garouste, Michel Granger ou encore C215… Timbre des TAAF signé Trémois. Près de 99 % du courrier qui arrive aux TAAF émane de philatélistes, amateurs de ces régions lointaines et qui se jettent sur chaque nouveau timbre. Des timbres qui participent à l’équilibre du budget du territoire des TAAF, puisque la philatélie rapporte au territoire près de un million d’euros par an. Mais en fait, raconte Pierre Couesnon dans une étude publiée dans « Opus 4 », édité en 2004 par l’Académie européenne de philatélie, « les premiers plis connus des îles Kerguelen sont allemands ». Des expéditions scientifiques allemandes qui séjournèrent aux Kerguelen de 1901 à 1903 suscitèrent un rare courrier, affranchi de timbres « Germania », précurseur de toute collection spécialisée consacrée à ces régions. Une carte postale des Kerguelen transportée par le « Gauss » en 1901: 17 000 dollars. DR/Harmers Une carte postale de 1899 revêtue d’un tampon de la Valdivia (« Dampfschiff-Valdivia/Deutsche Tiefsee-Expedition »), estimée à 4 000 francs suisses, fut mise en vente par la maison Feldman, en Suisse, en 1990. Une carte postale oblitérée en 1901 du Gauss a atteint 17 000 dollars chez Harmer (New York) en 2016. Ces pièces constituent le « must » dont rêvent les amateurs de philatélie polaire… Timbre non-émis sur le Concorde, une des pièces les plus coûteuses de la collection des TAAF. DR/TAAF Pour ce qui est des timbres les plus récents, le dossier de « candidature à l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco » relève (page 113) que « le timbre Albatros à sourcils noirs de 1968, réalisé en taille-douce (technique de gravure), est le plus recherché par les philatélistes : il est coté à 555 euros »… Pas faux mais le non émis Concorde dont la faciale affiche 87 francs (au lieu de 85 francs, la valeur du timbre finalement paru) vaut dans les 5 000 euros neuf, et 1 500 euros oblitéré…
Petits tirages, artistes de renom, exotisme : la philatélie des Terres australes et antarctiques françaises ne manque pas d’atouts.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/12/timbres-des-terres-australes-et-antarctiques-francaises-du-beau-et-du-cher_6015244_1657007.html
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Le niveau « Route de la mort », référence voilée à un massacre commis par les armées occidentales lors de la guerre en Irak, a suscité la polémique. Capture d'écran « Réécriture de l’histoire », « révisionnisme », « propagande volontaire »… Les critiques pleuvent sur Call of Duty : Modern Warfare, jeu vidéo commercialisé depuis le vendredi 26 octobre. Officiellement, Modern Warfare n’a rien à voir avec la réalité. Deux jours avant sa sortie, ses porte-parole David Hodgson et James Mattone ont même assuré sur le blog de leur éditeur qu’il s’agit d’« une histoire fictive qui ne représente pas des événements du monde réel ». Mais, depuis sa sortie, de nombreux joueurs relèvent que les inspirations sont en réalité omniprésentes, parfois à peine voilées, et, parfois, réécrites de manière à exonérer les Etats-Unis. Inspirations appuyées L’organisation terroriste que l’on combat s’appelle ainsi Al-Qatala. Officiellement, elle est fictive, et présentée comme « sans religiosité ». Mais elle a un drapeau de la même couleur que l’Etat Islamique, n’hésite pas à pratiquer comme ses membres la taqîya (la dissimulation) et l’inghimasi (attaque kamikaze), et ses soldats hurlent parfois « mort aux infidèles ! ». Le drapeau de l’organisation terroriste Al-Qatala dans « Call of Duty : Modern Warfare ». Capture d'écran Plus surprenant, les différents niveaux puisent parfois dans des événements historiques tragiques bien précis, comme l’attaque de l’organisation djihadiste Ansar Al-Charia contre le consulat américain en Libye, en 2012, ou l’attaque au gaz sarin contre la population civile de la Ghouta, en Syrie. Sans jamais citer ces événements de manière explicite. Une question de tact, en partie. « Si j’ai le choix entre utiliser des vrais noms et des vrais lieux et en choisir qui soient fictifs, surtout s’il s’agit d’un moment historique sensible, je conseille d’utiliser des noms fictifs pour offrir la distance que procure l’allégorie », dédouane Kate Edwards, consultante en géopolitique pour l’industrie du jeu vidéo. Une question commerciale, aussi. Des distributeurs américains avaient refusé en 2009 de vendre le jeu Six Days in Fallujah, référence explicite à une bataille de 2004, alors que la guerre d’Irak était encore en cours. « L’autoroute de la mort » Le problème c’est qu’Activision ne s’est pas contenté de choisir des noms imaginaires, il a parfois conservé ceux-ci en réécrivant l’histoire. C’est le cas du niveau du jeu au cœur de la polémique principale ayant entouré la sortie de Modern Warfare. Baptisé « Route de la mort » en français, il s’appelle « Highway of Death » en anglais. Soit le nom donné à l’autoroute entre le Koweit et Bassora bombardée par les Etats-Unis, le Canada, la France et le Royaume-Uni lors de la guerre du Golfe, en février 1991. Et ce alors que les forces irakiennes battaient en retrait, en violation de la convention de Genève. L’autoroute 80, aussi appelée « autoroute de la mort », entre le Koweït et l’Irak. Wikipedia Parfois présentée comme un crime de guerre, l’attaque est attribuée dans Modern Warfare à un tout autre responsable. « Les Russes l’ont bombardée lors de l’invasion, tuant les gens qui s’échappaient », y explique Farah, la meneuse de la résistance. Cette réécriture de l’histoire a rendu furieux les joueurs russes, dont certains ont appelé au boycott du jeu. Zoom sur l’« autoroute de la mort« dans « Modern Warfare », depuis le point de vue d’un sniper. Capture d'écran « Il aurait été mieux que le jeu n’utilise pas l’expression “autoroute de la mort”, mais autre chose, comme “route de la dévastation”, suggère Kate Edwards. Je ne vois pas du révisionnisme ici, mais plutôt une allégorie qui ne va pas jusqu’au bout de sa démarche. » « C’est le retour du soft power américain et de la guerre froide, estime de son côté Olivier Mauco, game designer et enseignant en sciences politiques et jeu vidéo à Sciences Po. Les développeurs rejouent le mythe du grand méchant russe, ils le réinterprètent, et la Syrie [dont semble s’inspirer en grande partie le jeu] est un excellent terrain de jeu narratif pour cela. Elle permet de réintroduire l’opposition entre le bloc de l’Est et le bloc de l’Ouest. » Pour Mehdi Derfoufi, chercheur associé à l’Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel à l’université Sorbonne Nouvelle - Paris-III, cela sert notamment à simplifier le récit : « Dans un contexte de prolifération de conflits asymétriques mouvants, complexes et difficiles à saisir, la Russie, c’est facile à identifier, c’est un autre Etat, avec des frontières claires. Et c’est un ennemi perçu comme nous, on peut imaginer les Anglais ou les Allemands : un ennemi héréditaire. » Le studio Infinity Ward prend en effet peu de risques en renouant avec un cliché narratif vieux comme la guerre froide. « La pertinence de cette représentation peut être débattue, mais les créateurs américains ne sont pas les seuls dans ce cas, explique par ailleurs Kate Edwards. Il y a eu plein de jeux, films, séries TV faits en Chine, Russie, etc., montrant les Américains et ses alliés comme des antagonistes, pour satisfaire les inclinations politiques de la majorité de leurs consommateurs. » L’Urzikistan, retour à l’orientalisme Ironiquement, si Modern Warfare n’hésite pas à nommer la Russie, il esquive les références explicites au monde arabe et au Moyen-Orient dont, à l’évidence, il s’inspire pour son pays imaginaire, l’Urzikistan. Il mélange des éléments empruntés à la Syrie, la Libye, l’Irak ou encore l’Afghanistan. « On reconstruit un Orient fantasmé, un peu comme Les Mille et une nuits, ce mélange de traits arabes, perses et musulmans dans une imbrication fantasmatique, analyse Mehdi Derfoufi. C’est un Orient reconfigurable à l’envie, sans avoir à trop se préoccuper de l’authenticité de ce qu’on montre, tout en nourrissant l’efficacité de l’immersion et de la fiction. Le territoire n’a même pas besoin d’être cohérent. » Dans le jeu, l’Urzikistan est ainsi située en pleine mer Noire, au large de la Géorgie, où le climat n’a rien de sec et de désertique : Première apparition du pays, l’Urzikistan, dans le jeu. Capture d'écran Si les coordonnées de l’Urzikistan présentées dans le jeu étaient pointées sur une carte réelle, il serait situé dans la mer Noire, au large des côtes verdoyantes de la Géorgie. Google Maps D’un point de vue linguistique, Modern Warfare navigue aussi dans le flou. D’un niveau à l’autre, les panneaux de signalisation et les drapeaux en Urzikistan sont écrits en russe, quand il s’agit de dénoncer la propagande étatique, en anglais, quand le joueur doit pouvoir se repérer, et en arabe, dans les niveaux centrés sur la menace terroriste. Fausses citations et citations erronées Peu soucieux de rigueur, Modern Warfare mêle même parfois à mauvais escient réel et fictif. Par exemple, à chaque mort du joueur, une citation d’une personnalité historique s’affiche : on y trouve Winston Churchill, Musashi Miyamoto, Anne Frank, Bob Marley (!), Khalil Gibran, mais aussi Hadir Karim et Omar Salaman, deux personnages imaginaires du jeu. Pour ne rien arranger, même les citations « historiques » sont souvent sorties de leur contexte, déformées, voire inventées, à l’image du très va-t-en-guerre « la victoire est réservée à ceux prêts à en payer le prix », attribuée à Sun Tzu…, qui n’est pas dans son œuvre phare, L’Art de la guerre. Il y a au moins une réalité historique sur laquelle Activision s’appuie explicitement : Farah, leadeuse d’une milice armée féminine résistante, une première dans la série, s’inspire des YPJ, les combattantes kurdes, avait expliqué un développeur au Washington Post, en mai. Une combattante kurde de l’YPG, l’Unité de défense du peuple. DELIL SOULEIMAN/AFP Farah, femme combattante, s’inspire des YPG. Capture d'écran « D’un point de vue narratif, les Kurdes, minorité féminine oppressée, résistante, c’est une jolie histoire, a fortiori dans un contexte post-GamerGate », un mouvement néoconservateur s’opposant à l’introduction d’héroïnes féministes dans les jeux vidéo, explique Olivier Mauco. « La référence permet par ailleurs de coller à l’actualité. Cela permet de rentrer dans l’imaginaire global. Les news créent une communauté autour de l’actualité. Or les Call of Duty, leur référentiel, c’est la télévision. »
Le jeu vidéo d’Activision fait l’objet de vives critiques : sous couvert de fiction, il s’inspire de crimes de guerre existants, parfois en réécrivant l’histoire.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/30/call-of-duty-modern-warfare-une-reecriture-suspecte-des-conflits-au-moyen-orient_6017482_4408996.html
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« Boléro », de Mats Ek à l’Opéra Garnier, le 20 juin. ANN RAY Un livre s’ouvre et se referme. Le programme Mats Ek, électrisant, à l’affiche jusqu’au 14 juillet, au Palais Garnier, à Paris, met en miroir deux œuvres mythiques et consistantes. Carmen (1992), et Boléro, une création. Narration d’un côté, abstraction de l’autre. Au milieu, une reliure fragile, précieuse, un trait d’union emblématique : un pas de deux intitulé Another Place, dialogue de couple comme sait les camper impeccablement, entre la chambre et la cuisine, sexe et sentiment, le chorégraphe suédois. Mats Ek, le retour ! En 2016, l’un des maîtres incontesté de la danse aujourd’hui avait dressé un programme d’adieu intitulé From Black to Blue, présenté dans le cadre du festival Transcendanses, au Théâtre des Champs-Elysées. Il y soldait le compte de cinquante ans de chorégraphies majeures avec, entre autres, Yxa, un duo entre lui, saisi la hache à la main en train de jouer les bûcherons, et sa femme, Ana Laguna. Et le revoilà, fonceur, brillant, regardant dans le rétro sa Carmen à succès tout en se payant à 74 ans cet énorme morceau qu’est Boléro ! Et la soirée, acclamée par le public samedi 22 juin, a la saveur profonde d’une somme artistique, épatante, solide, réservant encore et toujours sa dose de mystère et de surprise, qui dit mieux ! Pour chorégraphier l’attirance sexuelle, les trajets du désir, Mats Ek est expert Carmen, d’abord ! Vieillie ? Datée ? Périmée ? En pleine forme ! Le décor d’éventail à gros pois blancs sur fond noir, le gros ballon sur lequel on s’arc-boute ou reste prostré en attendant la mort, les robes bonbons à volants, le foulard rouge que Carmen extirpe de la veste de don José en lui volant son cœur, tous les repères restent imparables. Sur la musique de Georges Bizet et de Rodion Chtchedrine, la chorégraphie en rafales scande la montée tragique comme on cavale pour échapper au drame. Mais aussi solide soit l’armature de ce ballet que nombre d’interprètes ont testé dont Sylvie Guillem, encore faut-il que les interprètes soient raccord avec la méchante fièvre de cet amour à mort. La danseuse étoile Amandine Albisson mord à fond dans le cigare ; le premier danseur Florian Magnenet tient la corde de son don José trahi par son désir. La première danseuse Muriel Zusperreguy, boule de douleur, affirme sa puissance de jeu dramatique dans le rôle de M, la femme trompée, et l’étoile Hugo Marchand fouette la silhouette cambrée de son Escamillo. Incarnation explicite et stylée
Avec « Carmen », « Boléro » et « Another Place », le chorégraphe suédois offre une nouvelle leçon d’écriture.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/01/danse-mats-ek-trois-pieces-pour-une-meme-enigme_5483659_3246.html
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François de Rugy, ministre de la transition écologique, pendant le défilé militaire à l’occasion du 14 juillet 2019. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE » Au centre d’une polémique sur des dépenses excessives et la location d’un appartement à vocation sociale, François de Rugy a annoncé avoir présenté sa démission mardi 16 juillet de son poste de ministre de la transition écologique. Une « décision personnelle » que le président Emmanuel Macron « respecte, pour qu’il puisse se défendre pleinement et librement », a indiqué l’Elysée à l’Agence France-Presse (AFP). S’estimant victime d’un « lynchage médiatique », le ministre a également déclaré avoir déposé une plainte en diffamation contre le site d’informations Mediapart. Dans un communiqué, il explique les raisons qui le conduisent à démissionner : « Les attaques et le lynchage médiatique dont ma famille fait l’objet me conduisent aujourd’hui à prendre le recul nécessaire – ce que chacun comprendra. La mobilisation nécessaire pour me défendre fait que je ne suis pas en mesure d’assumer sereinement et efficacement la mission que m’ont confiée le président de la République et le premier ministre. » Le numéro deux du gouvernement, qui devait présenter mardi au Sénat le projet de loi énergie et climat, s’est entretenu dans la matinée avec Edouard Philippe. Son passage devant les députés lors des questions au gouvernement à 15 heures s’annonçait difficile. Lire aussi Démission de François de Rugy : suivez en direct les réactions politiques Cette démission intervient alors que Mediapart s’apprêtait à publier une nouvelle enquête sur l’utilisation, par François de Rugy, de ses frais professionnels en tant que député. Selon le site d’information, l’ex-numéro 2 du gouvernement a utilisé son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) pour payer une partie de ses cotisations à Europe Ecologie-Les Verts (EELV) en 2013 et 2014. Or l’IRFM n’a pas vocation à être utilisée pour financer un parti politique. De plus, « cette indemnité étant défiscalisée, François de Rugy a déduit ces versements du calcul de son impôt sur le revenu 2015, ce qui interroge sur le plan fiscal, l’IRFM étant défiscalisée », souligne Mediapart. Les révélations par le journal en ligne de dîners fastueux organisés quand il présidait l’Assemblée nationale, de travaux dans son logement de fonction au ministère ou de son appartement près de Nantes avaient sérieusement fragilisé le ministre, qui s’était défendu tout le week-end sur ces informations en cascade. M. de Rugy estime que « depuis le début de la semaine dernière, Mediapart (l’)attaque sur la base de photos volées, de ragots, d’approximations, d’éléments extérieurs à ma fonction ». « La volonté de nuire, de salir, de démolir, ne fait pas de doute. Je suis soumis à un feu roulant de questions nouvelles et contraint de parer sans cesse à de nouvelles attaques. » Homards et grands crus Mercredi 10 juillet, Mediapart avait recensé une dizaine de repas, avec homards et grands crus, qui ont eu lieu entre octobre 2017 et juin 2018 et où étaient reçus à chaque fois entre dix et trente invités appartenant au cercle amical et relationnel de Séverine de Rugy, l’épouse de l’ex-écologiste. Parmi les convives identifiés par le site figuraient aussi des membres de la famille de l’ancien président de l’Assemblée et des amis de son épouse. Les photos montrant Mme de Rugy poser devant une bouteille de Mouton Rothschild 2004 ou M. de Rugy devant une table de Saint-Valentin ornée de pétales de rose ont été abondamment relayées sur les réseaux sociaux et ont fait aussitôt scandale. Le ministre de la transition écologique avait d’abord dénoncé « des propos mensongers » et un « parti pris militant qui est l’habitude de ce site Internet ». S’il avait dit « comprendre » que de telles révélations « suscitent des réactions, et même des incompréhensions, des interrogations » chez les Français, il avait assuré qu’il « n’y a pas eu de dîners entre amis (…) qui auraient été financés par l’Assemblée nationale », préférant parler de « dîners de travail informels » avec « un paléontologue », « un directeur d’études à Sciences Po » ou encore « des chefs d’entreprise ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le gouvernement embarrassé par les dîners fastueux de François de Rugy à l’Assemblée nationale Ces révélations sont mal passées, neuf mois après le début du mouvement des « gilets jaunes », et alors que le gouvernement veut resserrer le budget. La polémique a fait des vagues au sein même du parti présidentiel. Sous couvert d’anonymat, un cadre de La République en marche (LRM) déplorait « l’effet dévastateur » dans l’opinion publique. « C’est scandaleux, cette histoire. C’est précisément ce que nous ont reproché les “gilets jaunes” ! Cela risque d’accréditer l’idée que les ministres sont pleins aux as et se gavent en profitant de l’argent public. Symboliquement, c’est très lourd », jugeait ce responsable national de la formation macroniste, en ne cachant pas sa colère contre « une vraie connerie ». De son côté, la députée et ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho estimait que « sa démission s’impose ». Logement social La polémique a enflé encore davantage le lendemain après de nouvelles révélations. Selon Mediapart jeudi 11 juillet, le ministre a fait réaliser plus de 63 000 euros de travaux, payés par le contribuable, dans les appartements privés du ministère de l’écologie. Parmi ces travaux figurait l’installation d’un dressing à près de 17 000 euros. Le ministre s’était défendu sur Facebook : « Les services en charge de la gestion des bâtiments du ministère ont fait le constat partagé de la nécessité d’effectuer des travaux de rénovation dans l’appartement de fonction du ministère, qualifié, je cite, de “vétuste” ». Le montant des travaux serait lié selon lui « au caractère très particulier des lieux », puisque « l’hôtel de Roquelaure, comme d’autres ministères, est un élément du patrimoine français, construit au début du XVIIIe siècle ». Ce même 11 juillet, Mediapart poursuivait ses révélations en accusant François de Rugy de bénéficier lui-même un logement social, tout comme sa directrice de cabinet (limogée le 10 juillet). Selon le journal en ligne, le ministre d’Etat loue depuis juillet 2016 un appartement dans la commune d’Orvault, en Loire-Atlantique, pour 531 euros par mois, alors que ses revenus seraient bien au-dessus du plafond défini pour ce type de logement. De plus, il ne s’agit pas de sa résidence principale ce qui contrevient aux règles des logements à vocation sociale. Depuis ces révélations, le ministre avait assuré ne pas vouloir démissionner tout en s’engageant à soumettre ses frais de réception aux autorités de contrôle de l’Assemblée nationale et à rembourser si nécessaire « chaque euro contesté ». Concernant les travaux au ministère, le premier ministre avait demandé au secrétariat général du gouvernement de diligenter « une inspection » afin de vérifier que les travaux entrepris se conformaient au « respect des règles » et « au principe d’exemplarité » voulu par le gouvernement. Lundi, M. de Rugy avait nommé son nouveau directeur de cabinet, Jack Azoulay, malgré la polémique. François de Rugy avait été nommé en septembre au gouvernement après la démission surprise de Nicolas Hulot, imposant un style autrement plus politique, pragmatique et policé, avec l’ambition de durer au « ministère de l’impossible ». « Je suis ici pour agir pour l’écologie avec méthode, détermination et persévérance dans le temps », avait-il lancé lors de sa prise de fonction au ministère.
Fragilisé par des révélations de « Mediapart » sur des dépenses au ministère de la transition écologique et à la présidence de l’Assemblée nationale, M. de Rugy annonce avoir déposé une plainte pour diffamation.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/16/le-ministre-de-la-transition-ecologique-francois-de-rugy-a-presente-sa-demission_5490012_823448.html
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Jaroslaw Kaczynski, le chef de fil du Parti droit et justice (PiS) en campagne à Stalowa Wola, en Pologne, le 18 août. KACPER PEMPEL / REUTERS Les Polonais ont une expression pour désigner les généreux transferts sociaux promis par le gouvernement ultraconservateur en pole position pour remporter les élections législatives dimanche 13 octobre : « Kielbasa wyborcza », le « saucisson électoral ». Semaine après semaine, Jaroslaw Kaczynski, le président du parti au pouvoir Droit et Justice (PiS), en débite plusieurs tranches. Dernières en date : le relèvement du salaire brut minimum de 2 250 zlotys à 3 000 (518 à 690 euros) d’ici à 2020, et jusqu’à 4 000 zlotys (912 euros) en 2023, l’instauration d’un 13e et d’un 14e mois pour les retraités, ou bien encore une aide accrue aux agriculteurs. Cette stratégie, couronnée par l’annonce d’un « Etat-providence à la polonaise » formulée par M. Kaczynski le 7 septembre à Lublin, en Pologne orientale, a déjà été éprouvée. Installé au pouvoir depuis 2015, le PiS a mis en œuvre, deux ans plus tard, le programme 500 +, une allocation de 125 euros pour tous, sans condition de ressource, dès le 2e enfant. Fort du succès de cette mesure-phare – qui a permis de réduire le niveau de pauvreté – le PiS a déjà promis de l’étendre dès le premier enfant pendant la campagne des élections européennes de mai. Tout comme il a annoncé l’exonération d’impôts pour les moins de 26 ans au travail. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Pologne, l’opposition libérale démunie face au PiS La conjoncture s’y prête. La Pologne, 7e économie de l’Union européenne – mais qui ne fait pas partie de la zone euro – connaît une croissance ininterrompue depuis 1992. Le taux de chômage, 5,1 % de la population active en septembre, est tombé au plus bas depuis trente ans. L’inflation, quoique repartie à la hausse, reste pour le moment contenue. « Le PiS a choisi la voie populiste et ça marche », constate l’économiste Witold Orlowski, professeur à l’University ofTechnology Business School de Varsovie. En privilégiant la « Pologne B », version locale de la « France d’en-bas », explique-t-il en substance, les ultraconservateurs sont parvenus à s’inféoder des pans entiers de la population. Le risque : « un ralentissement de la croissance » Ce programme ciblé, toujours accompagné d’un calendrier, a littéralement laissé sur le carreau l’opposition démocrate-libérale réduite à proclamer qu’elle ne remettra pas en cause ce qui a été ainsi donné. Les critiques des experts ne sont guère plus audibles. « Le risque de cette politique c’est un ralentissement de la croissance, une augmentation de l’inflation et des déficits publics, relève Witold Orlowski. Nous voyons déjà, en dépit d’un contexte général plutôt bon une baisse des investissements qui a atteint son plus bas niveau depuis des années. » « Mais, concède-t-il, nous ne sommes pas la Grèce et nous ne risquons pas la banqueroute. »
Favori des élections législatives, dimanche, le PiS multiplie les promesses sociales pour écraser ses concurrents libéraux-démocrates, et s’inféoder des pans entiers de la population.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/12/la-strategie-payante-du-saucisson-electoral-des-ultraconservateurs-polonais_6015290_3210.html
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Une vue de Bonifacio, dans le sud de la Corse, la région la plus chère pour louer un logement l’été. Hans Mitterer/Westend61 / Photononstop En période estivale, les tarifs d’une location saisonnière varient du simple au quadruple selon la destination, le mois et le type de logement, révèle une étude réalisée par SeLoger à partir des données compilées par les sites SeLoger Vacances et Amivac. Selon un sondage réalisé par Ipsos pour Europe Assistance, 44 % des Français auraient l’intention de louer un logement pour leurs vacances. Sans surprise, c’est en Corse qu’il coûte le plus cher de louer une maison en été. Louer une maison sur l’Île de Beauté revient, en moyenne, à 1 630 euros par semaine en « haute saison » (à la mi-juillet). Et si vous optez pour la « très haute saison », c’est-à-dire pour la deuxième semaine du mois d’août, la facture passe à 1 835 euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Bordeaux, le quartier Saint-Michel promet des rendements élevés A titre de comparaison, le tarif hebdomadaire moyen pour une maison de vacances en France à la mi-août se monte à 1 133 euros en très haute saison. Il ressort à 696 euros pour un appartement. Pour faire des économies, optez plutôt pour la Bretagne, qui reste l’une des régions les moins chères, surtout les Côtes-d’Armor et le Finistère. Par exemple, louer un appartement la deuxième semaine d’août ne coûte que 688 euros, un tarif qui grimpe à 738 euros sur la Côte d’Azur. De façon générale, les tarifs pratiqués sur la côte atlantique sont systématiquement inférieurs à ceux de la côte méditerranéenne. Lire aussi Airbnb dans le collimateur des municipalités Autre option, privilégier la montagne, nettement plus abordable que le littoral. En moyenne, louer un appartement dans les Alpes revient environ à 600 euros par semaine et un peu moins de 1 000 euros pour une maison. Et les Pyrénées coûtent beaucoup moins cher : jusqu’à 469 euros pour un appartement et 644 euros pour une maison. Mais la montagne peut aussi être une destination de luxe : la location d’un chalet revient en moyenne à 1 267 euros par semaine en très haute saison, avec un record de 1 931 euros dans les Alpes ! Pour un mobil-home, les données auxquelles SeLoger a accès font état d’un tarif hebdomadaire moyen avoisinant 726 euros par semaine en très haute saison. Sur la même période, les prix atteignent 857 euros par semaine en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 787 euros en Corse et 748 euros sur la côte atlantique.
La Corse est, de loin, la région la plus coûteuse pour louer un logement pendant les vacances d’été. En montagne, les Alpes sont beaucoup plus chères que les Pyrénées.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/18/locations-d-ete-quelle-region-choisir-pour-ne-pas-se-ruiner_5478055_1657007.html
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La police scientifique à Sartene, en Corse le 15 juin 2019, après le meutre d’un homme en lien avec la mafia corse. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP Entretien Jean-Toussaint Plasenzotti, enseignant de langue corse, est à l’origine de la création, début octobre, du collectif antimafia Massimu Susini, du nom de son neveu, un nationaliste assassiné le 12 septembre à Cargèse. Il expose, au Monde, la gravité de l’emprise mafieuse sur la société corse. Les membres de ce collectif devaient se réunir, samedi 26 octobre, pour interpeller l’Etat et les élus de l’île sur leur inaction face à ce fléau. Dans la nuit du dimanche 20 octobre, des graffitis associant le nom de votre famille aux « indicateurs de police » sont apparus à Ajaccio. Cela a une signification particulière ? En Corse, quand on vous désigne comme une « balance », cela équivaut à un arrêt de mort. C’est la pire des insultes et elle sert à justifier, à l’avance, de funestes projets en laissant croire que vous méritez ce qui peut vous arriver. Ces menaces de mort existaient avant l’apparition de ces graffitis. On sait qu’il y a une liste de personnes à tuer. Le premier était mon neveu, Maxime Susini, mon fils est le second. Il a, depuis la mort de son cousin, dû abandonner son travail pour échapper aux tueurs. Tout cela parce qu’ils ont ouvertement refusé l’emprise mafieuse sur notre microrégion de Cargèse-Sagone. Ces tags révèlent aussi l’impatience des mafieux. Ils ne pensaient pas que la mort de Maxime susciterait une telle émotion dans la société corse. Ils n’imaginaient pas que nous créerions ce collectif. Et ils ne supportent sans doute pas l’idée que l’on soit présent dans le débat public pour dénoncer leur emprise. Ce pouvoir occulte agit dans l’ombre et il peut tuer alors que nous agissons au grand jour sans arme. Cette parole publique anti­mafia, qui apparaît pour la première fois en Corse, vous met en danger. Avez-vous reçu un soutien ou une protection de la part des autorités ? Non, nous sommes confrontés au silence de l’Etat et de la préfète de la région corse, Josiane Chevalier. On m’a dit que la situation en Corse n’avait rien à voir avec l’Italie. C’est une erreur, liée à de l’indifférence ou de l’ignorance. Car, demain, si je suis tué, ici, personne ne sera surpris. Depuis notre prise de parole, de nombreuses personnes me conseillent de faire attention. En portant cette résistance, je dérange aussi bien les assassins que les services de l’Etat qui laissent faire. On assiste, depuis quatre ans, au renforcement de l’emprise mafieuse sur notre île par le rapprochement de plusieurs bandes dont l’influence pèse sur la vie économique et politique de la Corse au point de devenir un contre-pouvoir défiant celui de l’Etat et celui des élus.
Jean-Toussaint Plasenzotti a créé un collectif antimafia, après l’assassinat de son neveu, Maxime Susini, en septembre. Il dénonce le silence de l’Etat et de la préfète de la région, Josiane Chevalier, sur la montée en puissance des activités mafieuses sur l’île.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/27/jean-toussaint-plasenzotti-la-mafia-corse-c-est-la-violence-mais-aussi-la-porosite-et-la-corruption_6017111_3224.html
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Matteo Salvini prend un bain de foule lors d’un rassemblement de l’opposition de droite, à Rome, le 19 octobre. REMO CASILLI / REUTERS La clameur a résonné sur la façade en marbre de Saint-Jean-de-Latran quand il est monté sur la scène, devant une marée de drapeaux et d’écrans géants. Devant l’imposante basilique du cœur de Rome, le dirigeant de la Ligue (extrême droite) Matteo Salvini a rassemblé ses troupes, samedi 19 octobre dans l’après-midi, et plus largement l’opposition de droite au gouvernement de Giuseppe Conte. Un mois et demi après la formation de l’alliance entre le Parti démocrate (PD, centre gauche) et le Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste, antisystème), celui qui est devenu le chef de l’opposition après la crise politique estivale avait fait de ce grand rendez-vous la première manifestation nationale pour promettre de « renvoyer à la maison » ses anciens alliés au pouvoir tout comme la gauche. Avec plusieurs dizaines de milliers d’Italiens qui ont convergé de toutes les régions de la péninsule – les organisateurs ont annoncé 200 000 personnes –, le pari est réussi pour M. Salvini. Ce meeting organisé sous un beau soleil d’octobre est d’abord le résultat de la puissance d’organisation de la Ligue, qui avait mobilisé plus de 400 cars et une dizaine de trains vers la capitale. Dans la foule, plusieurs générations mêlant les nostalgiques du berlusconisme aux jeunes loups de la Ligue, casquette du « capitaine » (le surnom de Matteo Salvini) vissée sur la tête, jusqu’aux militants de l’ultradroite radicale de CasaPound. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Italie, Matteo Salvini tente le retour aux sources pour rassurer sa base et soigner ses blessures Silvio Berlusconi présent Convoquée autour du slogan « La fierté italienne », cette manifestation populaire avait pour ambition de reformer la coalition de droite rassemblant la Ligue, le parti Forza Italia de Silvio Berlusconi et Fratelli d’Italia, la formation postfasciste de Giorgia Meloni. Avec 37 % des voix, elle avait triomphé aux élections législatives de mars 2018, devant le M5S. « Aujourd’hui c’est la droite qui est plus forte dans ce pays et ce n’est pas elle qui est aux manettes, cherchez l’erreur », souffle Enrico, un ingénieur informaticien. Agitant un drapeau tricolore marqué du logo de Fratelli d’Italia, il a fait le voyage depuis la Calabre avec sa fiancée. Avant de monter sur scène, Matteo Salvini a envoyé ses lieutenants répéter les rengaines du parti d’extrême droite. « Le Parlement ne représente plus le peuple ! », a lancé le sénateur léguiste Alberto Bagnai, déclenchant des appels aux élections dans la foule. Elus locaux, maires et gouverneurs de la Ligue ou de Forza Italia se sont succédé avant que les chefs politiques ne passent derrière le micro.
« Nous reviendrons bientôt au gouvernement, et nous rentrerons par la grande porte », a assuré le chef de file de l’extrême droite devant plusieurs dizaines de milliers de personnes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/20/a-rome-matteo-salvini-reussit-a-rassembler-toutes-les-droites-derriere-sa-banniere_6016209_3210.html

To create this dataset, the test split of MLSUM-FR was filtered by using the code by Aumiller et al. (1) available at https://github.com/dennlinger/summaries/tree/main with following settings

min_length_summary = 18; min_length_reference = 250; length_metric = "whitespace"

The remaining samples were filtered by a function that removed all rows with bi-gram_overlap_fraction between summary and original text >= 0.65, meaning that all summaries in the dataset are on the abstractive side

Finally, 5k random samples were selected and kept in the dataset. All other samples were removed.

(1): Aumiller, D., Fan, J., & Gertz, M. (2023). On the State of German (Abstractive) Text Summarization. arXiv preprint arXiv:2301.07095.

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