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Hughie Campbell (Jack Quaid). AMAZON VIDEO AMAZON PRIME VIDEO - À LA DEMANDE - SÉRIE Les adeptes des super-héros et, plus particulièrement, de la bande dessinée The Boys, de Garth Ennis (pour les textes) et Darick Robertson (dessins), parue en 72 livraisons entre 2006 et 2012, retrouveront sûrement avec plaisir les personnages devenus chair et os surpuissants dans cette nouvelle série que propose Amazon Prime Video au cœur de l’été. On peut aussi imaginer que certains regretteront les inévitables distorsions qu’occasionne le passage à l’écran. Mais ceux – dont nous sommes – qui ne sont pas familiers de cet univers de comic book ne s’ennuieront probablement pas au cours de ces huit épisodes trépidants auxquels est déjà annoncée une suite. L’un des points saillants de The Boys est qu’elle place au centre de son propos un « Clan des Sept » de super-héros qui sont tous ou presque des « pourris » au service et à la solde de Vought International, une sorte de vaste maison close où les anabolisants coulent à flots et dont les services de sauvetage sont lourdement tarifés auprès de municipalités et d’organisations publiques nord-américaines. La patronne profite d’ailleurs à l’occasion, dans son bureau même, des performances exceptionnelles de Homelander, le chef des « Sept », dont la combinaison moulante ne cache rien de l’anatomie avantageuse – quand elle ne donne pas le sein à un bébé dont on imagine que ses futures super-capacités ne devront pas tout au lait maternel. Une mise en scène trépidante Jeune et récente recrue, Annie Starlight (Erin Moriarty) est, dès son arrivée, agressée sexuellement par l’homme-poisson Kevin The Deep – qu’elle admirait avant d’intégrer les « Sept ». Progressivement, elle se rend compte des dysfonctionnements de cette puissante organisation qu’elle croyait juste et bienfaitrice. Parallèlement, les « Boys », une unité placée sous la gouverne rugueuse de Billy « Le Boucher » (Karl Urban), tente de débusquer les méfaits des super-héros véreux. On y trouve « le Français », un rôle qui n’est bien entendu pas joué par un Français, mais par l’acteur israélien Tomer Kapon, ce qui rend un peu ridicule la chose quand il prononce avec un fort accent les nombreux mots français de ses dialogues. Les « Boys » approchent bientôt Hughie (Jack Quaid), un geek employé d’un magasin de produits électroniques dont la petite amie a été tuée par l’un des « Sept », le coureur ultrarapide nommé A-Train. Hughie se trouve bientôt lié à la jeune Annie Starlight : un faux pas chez les « Boys », où il ne se fait pas de courir le jupon super-héroïque, mais qui pourrait s’avérer utile en matière d’infiltration… Cette fable fait passer ses grosses ficelles moralisantes (la drogue, les anabolisants, les ravages du privé sur le service public, les faux-semblants de la religion évangélique, etc.) par une mise en scène trépidante et très sexualisée dans ses images et ses propos. On entend par exemple Billy dire du système de sécurité d’un rallye religieux qu’essaient d’infiltrer les « Boys » qu’« il est aussi verrouillé que le cul d’un enfant de chœur… » Par les temps qui courent, on osera dire que c’est culotté – même sur une plate-forme de vidéo à la demande. Sinon, et autrement dit, on aura compris que The Boys n’est pas destinée aux jeunes gens encore peu informés de ces choses. The Boys, saison 1, série créée par Eric Kripke. Avec Karl Urban, Jack Quaid, Tomer Kapon, Anthony Starr, Erin Moriarty, Dominique McElligott, Jessie Usher, Chace Crawford (US., 2019, 8 x 55-66 min.)
Adaptée d’une bande dessinée, la série inverse les valeurs morales dans un propos aux images et paroles très crues.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/17/the-boys-des-super-heros-sexuels-et-vereux_5500328_3246.html
mlsum-fr-4902
Hommage à l’avocat Derk Wiersum, à Amsterdam, le 19 septembre. KOEN VAN WEEL / AFP LETTRE DES PAYS-BAS Cela a été un coup de tonnerre dans le ciel, gris mais généralement si tranquille, des Pays-Bas : le 18 septembre, Derk Wiersum tombait sous les balles d’un tueur à Amsterdam. Il était l’avocat de Nabil B., un repenti dont le frère avait déjà été assassiné en 2018, et le témoin clé dans une affaire de trafic de drogue. L’une de celles – nombreuses – qui empoisonnent la vie du royaume depuis avril 2012, et l’époque des premières liquidations et de ce qu’on a appelé la « Mocro War », une impitoyable guerre de la cocaïne lancée par des réseaux d’origine marocaine. Elle aurait fait, jusqu’ici, une centaine de victimes un peu partout en Europe. Elle a été émaillée d’une décapitation devant un bar à chicha à Amsterdam, d’attentats contre un magazine et un quotidien, de menaces contre des journalistes d’investigation forcés de se cacher ou d’être constamment protégés. Et, pour couronnement, l’assassinat de l’avocat renommé qu’était Me Wiersum. Autant dire que le royaume qui, longtemps a été préservé du terrorisme, est sous le choc. Il découvre désormais un phénomène de guerre de la drogue. « Tous les Pays-Bas ont peur » Me Wiersum avait refusé toute protection policière mais, aujourd’hui, certains de ses confrères et des magistrats, cibles possibles, sont étroitement surveillés. « On a délibérément, stratégiquement, liquidé un acteur du système judiciaire et tous les Pays-Bas ont peur », a expliqué Mick van Wely, un journaliste spécialiste de la criminalité à De Telegraaf. Il explique avoir interrogé un juge antimafia italien qui, même habitué au pire, s’est dit « choqué » par ce qui se déroulait aux Pays-Bas. Au cœur de cette guerre, un homme de 42 ans, Redouane Taghi, est soupçonné d’avoir commandité cinq assassinats – six autres tentatives ont échoué. Nabil B. serait en mesure de prouver que le chef du réseau, en fuite avec son principal lieutenant, aurait en réalité davantage de meurtres à son actif. Après avoir organisé un trafic de haschisch à partir du Maroc, Taghi aurait noué des contacts avec des cartels sud-américains et monté, à partir du Panama, une filière d’acheminement de la cocaïne vers les ports de Rotterdam et d’Anvers (Belgique), principales portes d’entrée du marché européen et bases d’un trafic devenu mondial. En 2018, Rotterdam a saisi 19 tonnes de cocaïne tandis que les douanes belges interceptaient 50 tonnes, confirmant que la ville flamande, où liquidations et attaques à la grenade se sont multipliées ces derniers mois, est un autre terrain d’action des bandes criminelles.
La « Mocro War », qui implique des réseaux de narcotrafiquants d’origine marocaine, dure depuis 2012. La dernière victime a été Derk Wiersum, avocat renommé tombé sous les balles d’un tueur à Amsterdam.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/03/aux-pays-bas-la-mocro-war-sanglante-entre-trafiquants-de-cocaine_6014002_3210.html
mlsum-fr-4903
Le siège de « Nice-Matin », à Nice , en 2012. Eric Gaillard / REUTERS Nice-Matin va-t-il sortir du flou dans lequel le journal est plongé depuis que Nethys, son actionnaire belge à hauteur de 34 % a annoncé vouloir se désengager, fin décembre ? Le tribunal de commerce de Nice doit, vendredi 14 juin, décider de maintenir ou non la procédure de sauvegarde déclenchée le 6 mars par la direction du quotidien, malgré le recours formulé par Nethys. L’industriel franco-libanais Iskandar Safa s’est manifesté pour reprendre les parts de Nethys et des 66 % des salariés-actionnaires du titre niçois, par l’intermédiaire de sa filiale Privinvest Medias. Celle-ci détient déjà le groupe Valmonde, l’éditeur du magazine Valeurs actuelles. Mais les discussions entre Privinvest Médias et l’actionnaire belge sont au point mort, et ce dernier reste muet sur ses intentions. La procédure de sauvegarde doit donc « permettre au tribunal de commerce de contraindre Nethys à céder ses parts à Iskandar Safa ou à un autre repreneur, alors que le pacte d’actionnaire lui donne le droit de refuser une offre », explique Romain Maksymowycz, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ) de Nice-Matin. Faire monter les enchères Les négociations bloquent sur la valorisation du groupe de presse réunissant Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin. Iskandar Safa proposerait un peu plus de 17 millions d’euros à Nethys. Insuffisant selon le belge, qui affirme avoir investi près de 21 millions d’euros dans le quotidien niçois depuis 2016. Le recours déposé par Nethys est alors interprété comme une façon de « gagner du temps » et de faire monter les enchères. « A moins qu’il n’ait reçu une autre offre, mais dans ce cas le pacte d’actionnaire l’oblige à nous en informer », relève Jean-François Roubaud, le président du conseil de surveillance de Nice-Matin. Iskandar Safa avait déjà tenté de mettre la main sur Nice-Matin en 2014, en déposant une offre commune avec l’éditeur belge Rossel (Le Soir, La Voix du Nord) et le groupe de BTP Marzocco. Le tribunal de commerce avait finalement opté pour une reprise par les salariés sous forme de coopérative. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les intentions floues de l’actionnaire de « Nice Matin » inquiètent les salariés Des inquiétudes au sein de la rédaction Au total, l’enveloppe promise par Privinvest atteindrait 40 millions d’euros. Cette somme recouvre l’ensemble du capital, la reprise de la dette et un plan d’investissement dans le numérique et la diversification du journal. L’offre est jugée salvatrice par les dirigeants de Nice-Matin, dont les pertes devraient atteindre entre 3 et 4 millions d’euros en 2019. Depuis 2014, le titre s’est séparé de plus de 300 salariés sur 1 106.
Le placement du quotidien en procédure de sauvegarde pourrait contraindre son actionnaire belge Nethys à céder ses parts à l’homme d’affaires franco-libanais Iskandar Safa.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/13/le-proprietaire-de-valeurs-actuelles-en-position-pour-racheter-le-journal-nice-matin_5475740_3234.html
mlsum-fr-4904
Nasser Al-Khelaïfi, lors la cérémonie de tirage au sort de la phase de groupes de l’UEFA, en 2016. MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / AFP Deux jours. Pas mieux. Selon nos calculs, c’est la durée, entre mi-juin et début août, qu’a passé Nasser Al-Khelaïfi, dit « NAK », dans son immense bureau de président qatari du Paris-Saint-Germain (PSG). Pour compter jusqu’à deux, on s’est fait aider du directeur de la communication du club et homme de confiance de NAK, Jean-Martial Ribes, avec qui on a aussi essayé de le géolocaliser. Ribes nous a fait une réponse de patron d’agence de voyages : « Là, il est en Europe. Mais je ne peux pas vous dire où. Il a quitté Doha, la capitale du Qatar, où il fait très chaud l’été. Il peut se trouver à Londres. Ou ailleurs. » Mais il peut aussi être à Hollywood. Le groupe qatari BeIN Media a racheté la société de production Miramax il y a trois ans, aux frères Weinstein, pour 500 millions d’euros. « Il a passé du temps à Los Angeles pour comprendre le monde du cinéma. NAK, il prend l’avion comme nous on prend le taxi. » Pourtant, en théorie, c’est dans le bureau du président que se joue le sort du club le plus ambitieux de la galaxie. C’est d’autant plus curieux, ce bureau vide, qu’en ce moment, au PSG, comme dans tous les autres clubs de la planète, c’est la grande effervescence des transferts… Celle du carnet de chèque, des coups de bluff et des négociations à trois bandes. En clair, c’est le moment des présidents. Sans compter que, au PSG, il y a le dossier Neymar en suspens, l’attaquant star brésilien, et probable héros du grand feuilleton de l’été. Partira ? Partira pas ? Le PSG laissera-t-il filer son chef-d’œuvre sportif et sa mine d’or marketing ? Le FC Barcelone est déjà sur les rangs. Stratégie de la rareté Sur tous ces sujets brûlants, on aurait aimé interroger Nasser Al-Khelaïfi, mais il persistait à briller par son absence. Peut-être était-il en Chine, avec l’équipe qui y joue son premier match officiel de la nouvelle saison, contre Rennes, pour le Trophée des champions (le 3 août) ; même Neymar y était. « Non, il ne fait jamais les tournées. » NAK est même tellement jamais là qu’on se demande comment il fait pour être président du PSG. Comme on tenait vraiment à le croiser, on s’est rendu au siège du club, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), tout près de Paris. Le siège s’appelle la Factory, mais il ne doit rien à Andy Warhol. Comme prévu, il n’y avait personne dans le bureau du président, mais celui de Ribes, son voyagiste de confiance, semblait très animé. On est entré. Ribes était affairé à préparer le club du futur, avec tout un tas de schémas très compliqués au tableau. Il faisait des grands gestes, comme un entraîneur en bord du terrain qui montre la direction du but : « Le développement du PSG passe par la production de contenu à l’international sur nos marchés phares ! C’est ça l’avenir ! Développer un PSG News sur plein de thématiques ! Comme la santé, la performance, la nutrition… » On n’est pas sûr d’avoir tout compris, alors on lui a demandé : « Vous croyez que c’est possible d’envisager éventuellement de parler avec NAK ? » « Non. »
Depuis 2011, le président qatari incarne l’ambition d’un club prêt à tout pour arriver au sommet du foot. En interne, c’est une tout autre image qui se dessine.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/02/nasser-al-khelaifi-le-patron-fantome-du-psg_5495706_4500055.html
mlsum-fr-4905
« Transfigurations in ritual time » (2019), de Chelsea Culprit. AURÉLIEN MOLE Michel Berger et le groupe de rap le 113, deux styles, mais une fascination partagée pour les « princes des villes ». Rappelez-vous : « Briller comme une étoile filante/C’est l’aventure qui les tente (…) Mais rien n’est vraiment sûr/Et l’avenir fragile/Pour les princes des villes », chantait le premier en 1983 quand, au tournant des années 2000, le trio de Vitry entonnait « On est jeunes et ambitieux/Parfois vicieux/Faut qu’tu te dises que/Tu peux être le prince de la ville, si tu veux. » L’image a inspiré le nom, joyeusement inclusif, de l’exposition estivale du Palais de Tokyo : « Prince.sse.s des villes ». Les villes dont il est ici question sont cinq mégapoles en plein bouillonnement : LAGOS, MANILLE, MEXICO, DACCA ET TÉHÉRAN. Pourquoi elles ? « L’idée était avant tout de décentrer le regard, de sortir des réflexes du monde de l’art contemporain à se tourner toujours vers les mêmes pôles et les mêmes artistes. Après, le choix s’est fait de manière subjective, il aurait pu tout aussi bien y avoir Le Caire, par exemple », résument les commissaires de l’exposition, Hugo Vitrani et Fabien Danesi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cinq expos anti-canicule à visiter cet été en France Tant sur le fond que sur la forme de sa prospection, le binôme savait surtout ce qu’il ne voulait pas : « Pas cerner une scène artistique, pas une expo qui parle de chaque ville, avec des regroupements géographiques. Pas non plus une exposition sur une génération : il y a de très jeunes artistes qui galèrent et d’autres qui commencent à bien marcher », égrène Hugo Vitrani. Au cœur du projet, pas de direction préétablie, donc, mais la volonté de capter des « énergies singulières ou collectives dans chacun de ces contextes urbains ». L’exposition prend donc moins le pouls de ces archi-villes qu’elle n’en adopte des tempos : ceux de « tempéraments forts », d’« innovateurs », de « créateurs du système D, celui de la démesure », qu’ils soient plasticiens, photographes, performeurs, cinéastes, musiciens, créateurs de mode, tatoueurs… Jeux d’échelle, de textures et de rythmes A la recherche de ces princes et princesses qui tirent leur pedigree du bitume ou de la vie dense, le rôle d’Instagram a été « énorme » dans les repérages, explique le duo. « Puis sur place, l’idée était de chercher sans ornières de goût. Plutôt que de faire le tour des galeries, nous nous sommes laissé guider à travers le réseau des artistes et les rencontres », précise Hugo Vitrani. La cinquantaine d’artistes ou collectifs sélectionnés (environ dix par ville) est donc forcément hétérogène. « Ce qui peut être déroutant, mais ce sont tous des exceptions, des artistes qu’on ne peut jamais enfermer dans des cases », souligne Fabien Danesi.
L’exposition rassemble une cinquantaine d’artistes ou collectifs repérés dans cinq intenses contextes urbains : Lagos, Mexico, Dacca, Manille et Téhéran.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/29/le-palais-de-tokyo-qg-des-princes-et-princesses-des-villes-cet-ete_5494435_3246.html
mlsum-fr-4906
Manifestation contre le franc CFA à Dakar, le 16 septembre 2017. SEYLLOU / AFP Elle s’appellera « eco ». Voilà au moins un point qui ne fait pas débat concernant le projet d’une monnaie commune pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Les dirigeants des quinze Etats membres ont adopté ce nom lors d’une réunion samedi 29 juin, à Abuja (Nigeria). Le lancement de cette devise, présentée comme un futur vecteur d’intégration régionale, est prévu pour 2020. Une échéance irréaliste selon tous les observateurs. L’objectif d’une monnaie unique a beau être discuté depuis une trentaine d’années, les préparatifs techniques n’ont pas avancé d’un iota. Et les critères de convergence requis pour intégrer la zone, en matière de dette, de déficit public ou d’inflation, ne sont respectés que par une poignée de pays. Renoncer à utiliser le franc CFA Les différences de structures économiques entre pays risquent aussi de compliquer l’élaboration d’une politique monétaire commune. Des disparités illustrées par le poids du Nigeria, qui représente à lui seul les deux tiers du produit intérieur brut du futur ensemble. Le cycle économique de ce gros exportateur de pétrole est très dépendant des cours mondiaux de l’or noir, à rebours de la plupart des autres pays de la zone qui en sont importateurs nets. Pour adopter l’eco, huit des membres de la Cedeao devraient renoncer à utiliser une autre monnaie commune : le franc CFA, arrimé à l’euro par une parité fixe, et garanti par le Trésor français. L’utilisation de cette devise fait polémique, compte tenu des liens qu’elle entretient avec l’ancien colonisateur. Mais elle a aussi des vertus, comme la stabilité du taux de change qui envoie un signal positif aux investisseurs. « Ils ne s’en déferont pas tant que les avantages et la solidité de l’eco n’auront pas été clairement démontrés », présume un observateur averti établi à Abidjan. Lire aussi Le marché commun africain : un immense potentiel mais encore beaucoup de travail
Quinze Etats souhaiteraient lancer l’« eco » en 2020 mais cet objectif semble irréaliste. Les préparatifs techniques n’ont, en effet, pas du tout avancé depuis trente ans.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/04/en-afrique-de-l-ouest-un-projet-risque-de-monnaie-commune_5485313_3234.html
mlsum-fr-4907
Dominique Méda. Philippe Matsas/Leemage Chronique. L’enquête récente consacrée par Le Monde aux méthodes employées par Coca-Cola pour s’exonérer de toute responsabilité dans la pandémie mondiale d’obésité et de diabète a pleinement confirmé ce que les sociologues de sciences ont établi de manière rigoureuse depuis plusieurs années : les procédures nécessaires pour contrôler et réguler les pratiques des grandes entreprises, mais plus généralement pour protéger les consommateurs et les citoyens d’informations fausses ou biaisées, font encore cruellement défaut. Un livre publié en 2010 par Naomi Oreskes et Erik M. Conway, traduit en 2012 sous le titre Les Marchands de doute (éditions Le Pommier), a magistralement démontré, au terme de plusieurs années d’enquête, comment de grandes entreprises, souvent soutenues par des groupes d’intérêt et des organisations farouchement hostiles à l’idée même de régulation, étaient parvenues à mettre massivement en doute les résultats scientifiques les mieux établis, qu’il s’agisse des méfaits du tabagisme, des agents chimiques (CFC) responsables du trou d’ozone, ou du CO 2 . De nombreux travaux ont depuis été consacrés à la mise en évidence de ces pratiques, par exemple celle des industriels de l’amiante dans Ignorance scientifique & inaction publique (Emmanuel Henry, Les Presses de Sciences Po, 2017). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Enquête sur la science sous influence des millions de Coca-Cola Dans tous les cas, les méthodes des semeurs de doute sont les mêmes : profiter du fait qu’il n’est scientifiquement pas toujours possible d’affirmer qu’un fait A est de manière absolument certaine, exclusivement et à 100 %, la cause d’un fait B (le soda de l’obésité, le tabac du cancer, l’activité humaine du réchauffement climatique…), c’est-à-dire profiter de ce qui caractérise précisément l’éthique scientifique pour remettre massivement en cause les résultats de la science. Il suffit alors de disposer des voix de quelques scientifiques égarés, non spécialistes de la discipline, aveuglés par une idéologie ou plus rarement corrompus, qui soutiendront des positions contraires immédiatement surmédiatisées, de requalifier l’ensemble en « controverse » au sein de laquelle les différentes positions apparaîtront pourvues de la même légitimité, puis de focaliser l’attention, grâce au financement de chercheurs embarqués dans ces croisades, sur d’autres causes probables des problèmes (l’absence d’activité physique, la teneur en goudron, le soleil…). Empêcher les producteurs de « fake news » d’agir Le chapitre VI des Marchands de doute, intitulé « Le déni du changement climatique », devrait devenir une lecture obligée pour tous les étudiants : il explique de façon extrêmement précise comment le rapport publié en 1983 par un comité constitué (habilement) au sein de l’Académie nationale des sciences américaine, dénommé Changement climatique : rapport du comité d’évaluation sur le dioxyde de carbone, a vu les conclusions des spécialistes du climat considérablement amoindries par deux parties rédigées par des économistes, dont le futur « prix Nobel » d’économie William Nordhaus. L’usage du raisonnement probabiliste permettait, en effet, à ces derniers d’affirmer que les changements majeurs se produiraient sans doute dans très longtemps, et qu’il était donc urgent, sinon de ne rien faire, au mieux de s’adapter, lorsque le temps serait venu, à un monde à haute température.
Seuls des chercheurs indépendants et bien payés peuvent s’opposer aux « marchands de doute » qui dissimulent la nocivité de produits industriels pour la santé et l’environnement, explique la sociologue dans sa chronique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/13/dominique-meda-rendre-inoperante-la-production-de-fausse-science_5488911_3232.html
mlsum-fr-4908
Agathe Dahyot/Le Monde Tribune. Le sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui s’est tenu samedi 29 juin à Abuja, au Nigeria, a été l’occasion de faire le point sur l’éco, la monnaie unique que les quinze pays de ce bloc régional projettent de lancer en 2020. Sa création pourrait être une excellente nouvelle pour ceux d’entre eux qui utilisent le franc CFA, soit huit Etats. Elle entraînerait de facto la fin de cette monnaie née pendant la période coloniale et toujours placée sous la tutelle du ministère français des finances, avec l’obligation pour les pays africains de déposer la moitié de leurs réserves de change auprès du Trésor français et la présence de responsables français dans les instances de leurs banques centrales. Pour nombre d’intellectuels et de militants panafricanistes, il est temps de tourner la page du franc CFA au profit d’une intégration monétaire entre Africains qui transcenderait les legs du colonialisme. Le projet éco pourra, pensent-ils, permettre d’y parvenir. Or une critique économique conséquente du franc CFA, se situant au-delà d’une critique politico-symbolique, montre que la monnaie unique de la Cédéao, telle qu’elle a été conçue jusqu’ici, ne constitue pas la meilleure voie à suivre. Faiblesse du commerce intra-régional Une objection importante contre le franc CFA est que les deux blocs qui l’utilisent, c’est-à-dire l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac), ne présentent pas les caractéristiques de « zones monétaires optimales ». Cela veut dire que leur existence ne se justifie pas économiquement : les inconvénients à partager la même monnaie pour les pays membres pris individuellement sont supérieurs aux avantages à la maintenir. Partant de ce fait relevé par des travaux empiriques, on peut difficilement concevoir qu’une union monétaire plus large permettra d’inverser la tendance. Le comité ministériel de la Cédéao note lui-même, dans son dernier rapport, qu’aucun pays de la région n’avait rempli en 2018 les critères requis pour faire partie de la zone monétaire éco. Dans le cas des pays de l’UEMOA, cette observation est plutôt dévastatrice. Elle signifie qu’ils ne satisfont toujours pas les préalables en vue d’une intégration monétaire, malgré près de soixante ans de partage d’une même monnaie ! Soulignons au passage que les pays de l’UEMOA n’ont toujours pas présenté le plan de divorce d’avec le Trésor français exigé par le Nigeria depuis 2017. A supposer que l’éco voie le jour, ses bénéfices risquent d’être limités au regard de la faiblesse du commerce intra-Cédéao (9,4 % en 2017). L’argument selon lequel l’intégration monétaire va changer la donne est sujet à caution. Il suffit de se référer par exemple à l’expérience des pays de la Cémac : le commerce intra-régional y est de l’ordre de 5 %, en dépit de plus de soixante-dix ans d’intégration monétaire. Il est par ailleurs probable que la politique monétaire et de change s’alignera sur la conjoncture du Nigeria, lequel représente les deux tiers du PIB de la région et la moitié de sa population. Le Nigeria, qui acceptera difficilement d’être dans une union monétaire dont il ne sera pas le patron, est un exportateur de pétrole, alors que les autres pays sont pour la plupart des importateurs nets de pétrole. En raison de ces différences de spécialisation, les cycles économiques des uns et des autres seront rarement synchrones. Or les Etats ayant intérêt à partager la même monnaie, et donc une même politique monétaire, sont ceux dont les cycles économiques sont synchrones. Dans cette configuration, les pays exposés à des chocs asymétriques négatifs ne pourront pas avoir recours à la politique monétaire et de change pour s’ajuster. Ils n’auront pour option que la « dévaluation interne », concept qui désigne les politiques d’austérité. Un scénario d’autant plus probable que le projet éco ne prévoit, en l’état actuel, aucun mécanisme de solidarité budgétaire afin de faire face à des conjonctures différenciées entre les pays membres. Pire, ce projet est conçu dans une optique d’orthodoxie budgétaire (limitation du déficit et de l’endettement publics) qui sape d’emblée toute capacité de réaction positive des Etats confrontés à des chocs asymétriques. Laisser grossir les rangs des chômeurs et des sous-employés et ponctionner les classes moyennes et populaires : tel sera le mode d’ajustement en cas de crise. Une grossière copie de l’euro Que les architectes du projet éco aient copié dans le détail le « modèle » de l’Eurozone, sans s’être souciés de ses défauts devenus apparents avec la crise des subprimes, semble assez paradoxal. S’il y a bien une leçon à retenir de l’Eurozone, c’est qu’une zone monétaire sans fédéralisme budgétaire est vouée à l’échec. Wolfgang Schaüble, l’ex-ministre allemand des finances, a récemment admis que « l’erreur originelle avait été de vouloir créer une monnaie unique sans une politique commune dans les domaines de l’économie, de l’emploi et de la politique sociale ». En raison de cette faille originelle, les disparités économiques entre les pays européens se sont accentuées. Comme le montre une étude récente du Fonds monétaire international (FMI), les crises dans les pays de la zone euro ont été plus fréquentes et plus sévères que dans les autres pays riches. Les reprises y ont aussi été plus lentes. Pour aller vers une monnaie unique, il faudrait d’abord mettre en place un gouvernement fédéral sur une base démocratique avec des pouvoirs fiscaux forts. Avoir la gestion monétaire au niveau supranational et laisser la gestion budgétaire au niveau national est une terrible erreur de conception. Le projet éco risque, tout comme la zone de libre-échange continentale (ZLEC), d’être un échec cuisant parce qu’il n’aura pas été fondé sur un socle politique fédéraliste. L’avertissement de Cheikh Anta Diop formulé en 1976 à propos de la Cédéao alors naissante reste actuel et pertinent : « L’organisation rationnelle des économies africaines ne peut précéder l’organisation politique de l’Afrique. » Le fait que les pays africains ne soient pas encore prêts pour l’unité politique ne les condamne pas pour autant à choisir entre le statu quo monétaire et l’adoption d’une grossière copie de l’euro. Fort heureusement, de brillants économistes africains comme Samir Amin, Mamadou Diarra et Joseph T. Pouemi ont ébauché une alternative pratique et féconde : un système de monnaies nationales solidaires. Concrètement, il s’agirait de faire en sorte que chaque pays de la zone franc ait sa propre monnaie nationale, gérée par sa banque centrale. Ces monnaies seraient liées par une unité de compte commune qui servirait à régler les échanges entre eux. Un système de paiement africain serait mis en place. Les réserves de change seraient en partie gérées de manière solidaire, afin que les monnaies se soutiennent mutuellement. Des politiques communes seraient mises en œuvre pour obtenir l’autosuffisance alimentaire et énergétique, et donc limiter les importations dans ces deux secteurs. Ce système a l’avantage de permettre une solidarité entre pays africains et une flexibilité macroéconomique au niveau national. Ce que n’autorise pas le projet éco. Ndongo Samba Sylla est économiste. Il a co-écrit, avec Fanny Pigeaud, L’Arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA (La Découverte, 2018). Chaque dimanche, le rendez-vous des idées du « Monde Afrique » Le Monde Afrique vous propose un nouveau rendez-vous, tous les dimanches, consacré au débat d’idées sur le continent et dans ses diasporas. Un regard singulier qui prendra la forme d’un entretien, d’un portrait, d’une tribune ou d’une analyse : c’est « le rendez-vous des idées ». Ndongo Samba Sylla
LE RENDEZ-VOUS DES IDÉES. Pour l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla, le projet de monnaie de la Cédéao ne sera pas une alternative efficace au franc CFA.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/30/la-monnaie-unique-ouest-africaine-risque-d-etre-un-echec-cuisant_5483447_3212.html
mlsum-fr-4909
Est-il vraiment possible de transformer le périphérique parisien en un boulevard comme un autre, un axe routier « apaisé » ? Peut-on réellement réduire la taille de cet anneau, qui ne suffit déjà pas à tous les véhicules qui voudraient l’emprunter aujourd’hui ? Le premier test ne devrait guère tarder. Il consistera à amputer le périphérique d’une de ses trois ou quatre voies, pour la réserver à certains types de véhicules, triés sur le volet. Dans son dossier de candidature pour l’organisation des Jeux olympiques de 2024, la France s’est engagée à mettre en place une voie de ce type durant la durée de cette compétition mondiale multisport. Elle doit permettre aux athlètes et aux délégations de rouler sans encombre, notamment pour se rendre de leur lieu de résidence aux stades, aux piscines, etc. Pour le moment, « l’idée consiste à avoir une voie olympique sur les trois quarts du périphérique, de Bercy jusqu’au pont de Sèvres par le nord », précise un responsable de la Mairie. Cependant, une expérience pourrait être tentée avant même les JO, dès 2020, a indiqué, mardi 11 juin, Jean-Louis Missika, l’un des adjoints d’Anne Hidalgo, la maire de Paris. Et la voie réservée pourrait ensuite devenir définitive. C’est ce qu’ont recommandé les élus de toutes tendances dans le cadre de leur mission d’étude sur l’avenir du périphérique, débattue début juin au Conseil de Paris. Lutter contre l’« autosolisme » Il s’agirait alors de réserver une voie non pas aux sportifs, mais aux véhicules propres, aux transports en commun, au covoiturage, aux taxis et aux véhicules de secours. Une façon de donner un avantage aux véhicules jugés vertueux ou prioritaires et de lutter contre l’« autosolisme », alors que les voitures sont en moyenne occupées par seulement 1,1 personne. Lire aussi Un tiers des automobilistes urbains prêts à se passer de leur voiture Le projet se heurte, toutefois, à deux problèmes majeurs. Le premier est de savoir comment, concrètement, réserver la fameuse voie à tel ou tel type de véhicules. Cela implique des panneaux affichant la consigne… et des dispositifs pour surveiller et punir les contrevenants. « Nous allons devoir moderniser le parc actuel de caméras et en ajouter », indique-t-on à la Mairie de Paris. Un appel d’offres devrait être bientôt lancé pour préparer ce chantier. La Ville est aussi en négociations pour acheter à l’Etat les quatre portiques écotaxe posés en 2013, qui n’ont jamais servi. Ils sont équipés de caméras qui permettent de lire les plaques d’immatriculation et pourraient donc aider à faire respecter la future voie réservée.
L’équipe d’Anne Hidalgo envisage d’expérimenter dès 2020 la mise en place d’une voie destinée exclusivement aux véhicules propres ou occupés par plusieurs passagers.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/28/grand-paris-la-voie-reservee-un-premier-test-pour-la-mairie-de-paris_5482507_3234.html
mlsum-fr-4910
Ils ont connu leur heure de gloire en vidéo : mais comment gérer « la vie après YouTube » ? Bientôt quinze ans que la plate-forme vidéo de Google est entrée dans notre quotidien. Près de 70 % des Français la visitent chaque mois. A l’heure où être youtubeur est devenu pour certains un métier, Le Monde s’est penché sur le cas des premiers « retraités » francophones de YouTube. Nous avons rencontré trois personnalités, Adèle Castillon, Morsay et DiabloX9, qui publiaient respectivement trois genres de vidéos populaires sur le YouTube francophone : l’humour, le clash et le jeu vidéo. Leurs trajectoires personnelles et professionnelles ont marqué leur époque. Qu’ils aient ensuite arrêté YouTube au profit de leur vie privée, pour s’épanouir dans un autre domaine artistique, qu’ils ralentissent leur rythme de publication, ou qu’ils s’accrochent coûte que coûte à leur notoriété, tous ont en commun le fait que YouTube a changé leur vie. Qu’en retirent-ils aujourd’hui ? « Il y a tous mes potes, ma famille… et j’ai une angine. Rha ! », tempête Adèle Castillon. Pas le temps de se poser. Angine ou pas, sa silhouette élancée papillonne autour des techniciens qui s’affairent au Nid, bar installé au sommet de la tour Bretagne, à 120 mètres de hauteur, offrant une vue à 360 degrés sur les toits de Nantes. Grande première ce soir du 11 avril : elle troque son sweat à capuche de youtubeuse humoristique contre une panoplie de rock star – tee-shirt du groupe américain de funk Parliament, jupe en jean noire, collants en résille et paire de Converse. Avec son copain Matthieu Reynaud, 17 ans et de longs cheveux bruns lui aussi, Adèle a créé, fin 2018, le duo électro-pop Vidéoclub. Pourtant habituée au public (sa chaîne YouTube plafonne à plus de 600 000 abonnés), la jeune femme est pétrifiée. « Un live est très différent d’une vidéo ! », justifie-t-elle. Et si Matthieu avoue qu’il « savait à peine qu’elle était youtubeuse » à leur rencontre, les spectateurs de ce premier concert l’ont pour beaucoup suivie depuis ses débuts sur la plate-forme de vidéos en ligne, à qui elle doit sa notoriété. Et la centaine de jeunes dans le public sont aussi béats que lors d’une convention sur les stars de YouTube. Gloire précoce Née entourée d’artistes (un père écrivain, mère peintre, grande sœur danseuse…), personne ne s’est étonné de voir Adèle Castillon publier, dès le collège, ses premières vidéos : des pastilles humoristiques diffusées alors sur Facebook, Vine ou Instagram. « Très vite, je suis passée à YouTube. Percer comme Natoo ou Norman, en 2014, c’était le super goal ! », raconte-t-elle. A 13 ans, l’adolescente lance sa chaîne YouTube « Adèle ta chérie d’amour ». Son jeune âge intrigue, mais le succès est vite au rendez-vous. Anne-Pascale, sa mère, se souvient : « Le vidéaste Jérôme Jarre est venu à Nantes pour un rendez-vous et a discuté avec elle. Il nous a alors dit que notre fille avait un talent extraordinaire. » S’ensuit un stage de troisième à Studio Bagel, obtenu grâce à un rap décalé et le soutien de personnalités comme l’humoriste Monsieur Poulpe. Sur YouTube, son humour fait mouche. Elle totalise six millions de vues et « des dizaines de milliers d’abonnés d’un coup » grâce à une parodie des youtubeuses beauté et un clip sur les pâtes. Résultat : en tombant sur ses vidéos, le jeune entrepreneur Valentin Reverdi se rue sur son téléphone. « Je lançais un média destiné aux jeunes, Dissemblances, et je voulais qu’Adèle l’incarne. Elle avait un ton unique. Frais, insolent. » Elle accepte et interviewe en 2015 l’actrice Léa Seydoux pour le lancement du magazine. Une interview du dalaï-lama Valentin, aujourd’hui âgé de 21 ans, réunit à cette époque une équipe de vidéastes prometteurs, devenus stars de YouTube : Sébastien Frit (dit « Seb la Frite »), Maxence Lapérouse, Sofyan Boudouni… « On en a passé, des nuits blanches à rire ! », se souvient Adèle. Le groupe enchaîne les projets. Malgré des succès éphémères, comme l’application de vidéos Vertical, tout capote. « Il y a eu des désastres », tranche Valentin. Des désastres ? Pas que ! A l’image de ce coup de poker réussi en 2017 : un voyage d’une semaine à Dharamsala, en Inde, durant lequel Adèle interviewe… le dalaï-lama. « L’entretien tournait autour de la jeunesse. Je ne m’en souviens plus en détail… Juste que, pour ma première question, je lui montrais mes biceps ! », se rappelle, amusée, Adèle Castillon, la bouche en cœur. Un documentaire sur ce voyage, en attente de diffuseur, devrait voir le jour. Mais ce moment marque un tournant : les médias s’intéressent à son parcours atypique ; on voit en elle une jeune « de son temps » qui a su « buzzer sur YouTube ». Le sociologue Jean-Samuel Beuscart, spécialiste de la construction de la notoriété sur Internet, explique : « Sur cette plate-forme, les règles du jeu sont claires : la compétition est ouverte, et on doit démarrer plus vite, plus fort. Une fois intégré comment construire un public, soit les vidéastes abandonnent, soit ils stabilisent leur pratique dans un cercle restreint d’amateurs, soit, comme Adèle Castillon, ils visent un public anonyme et solidifient un projet professionnel. » « Elle n’a jamais voulu être seulement youtubeuse » Ce que confirme Adèle Castillon, qui explique : « Quand tu atteins un but, tu veux plus ! » Et depuis 2016, elle boude progressivement sa chaîne. Elle n’a posté qu’une quinzaine de vidéos en trois ans. « J’ai essayé de garder un rythme de publication sur YouTube. Au début… » « Je ne me suis jamais servi de YouTube comme d’un tremplin. Quand je fais des castings, je n’en parle jamais. C’est plus fair-play ! » Pendant ce temps, la Nantaise a tenté sa chance dans le cinéma. Elle affirme aujourd’hui avec aplomb : « Je ne me suis jamais servi de YouTube comme d’un tremplin. C’était un but en soi. Quand je fais des castings, je n’en parle jamais. C’est plus fair-play ! » Mais l’organisatrice d’un premier casting raté alors qu’elle avait 11 ans la retrouve sur Instagram. Elle décroche en 2017 un rôle dans le film Sous le même toit, de Dominique Farrugia. Rebelote en 2019 avec L’Heure de la sortie, de Sébastien Marnier, aux côtés de Laurent Lafitte et Emmanuelle Bercot. Difficile de dire que sa notoriété ne joue pas en sa faveur. « Embaucher un acteur, c’est embaucher une réputation !, explique Jean-Samuel Beuscart. Soit les vidéastes utilisent YouTube pour en vivre, grâce à la monétisation, soit comme un “bac à sable” avant un transfert de réputation vers des mondes professionnels voisins : télévision, cinéma, stand-up, musique… Ce projet se construit en arrière-plan, en fonction des opportunités. » Sous ses airs affectés de petite fille modèle, celle qui se présente comme une « adolescente touche-à-tout au CV farfelu » est consciente de ses atouts : précocité et popularité. Et même si « c’est un peu dur d’être sur tous les fronts », ses parents la soutiennent. « Ils ont toujours eu un regard bienveillant sur mon travail », confirme Adèle. En ce mois d’avril, la perspective de passer son bac littéraire ne la tracasse pas : « Je suis dans le même collège-lycée privé depuis la sixième. Mon établissement est relax tant que j’ai de bonnes notes. » Benoît, son père, un tantinet gaga de sa fille, en est convaincu : « Elle a une bonne étoile ! » Plus pragmatique, son meilleur ami Valentin assure : « Je pense qu’Adèle n’a jamais voulu être seulement youtubeuse. Au bureau, elle imitait souvent des stars comme Louane. » Vidéoclub : 20 000 abonnés dès la création de la chaîne Après le grand écran, la musique. En 2018, Adèle rencontre Matthieu Reynaud et pose sa voix sur une de ses compositions. Coup de foudre. Son premier clip avoisine les dix millions de vues en quelques mois. Régis Reynaud, le père de Matthieu et producteur de Vidéoclub, se rappelle : « A la création de la chaîne, YouTube Music nous a envoyé un e-mail pour nous demander comment se faisait-il que nous ayons 20 000 abonnés sans le moindre contenu ! » Pour Adèle Castillon, la réponse est simple : « Ma communauté est avec moi, au cinéma, ils m’ont suivie, à la sortie de mon premier morceau, ils m’ont suivie. » Preuve de l’engouement samedi 11 avril, au Nid. « Je suis venue de Nice pour voir le concert ! » dit Pauline, 14 ans, tout sourire malgré trois heures d’attente. A la Tour Bretagne, on n’avait jamais vu ça. « Une queue jusque dans la rue, c’est une première ! », s’amuse un guichetier. En dépit de quelques couacs techniques, le public applaudit à tout rompre Adèle Castillon. De son côté, la vidéaste, actrice, chanteuse peine à retenir ses larmes quand les groupies reprennent les paroles des chansons en chœur. « Je suis trop sensible, moi ! », lâche-t-elle en plein milieu d’une chanson. « Dans la rue, maintenant, on regarde plus Adèle comme une chanteuse que comme une youtubeuse », assure Matthieu. Après son bac, elle consacrera une année sabbatique à Vidéoclub. Un « projet » est prévu début 2020. D’ici là, le duo veut publier un nouveau clip par trimestre. Et YouTube ? « Cela fait partie de moi, mais c’est devenu secondaire. La musique, elle, est primordiale », assure-t-elle.
La vie après YouTube (1/3). A 17 ans, elle s’est fait connaître avec sa chaîne aux 600 000 abonnés. Elle délaisse désormais YouTube pour le monde artistique.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/21/adele-castillon-l-apres-youtube-comme-horizon_5491786_4408996.html
mlsum-fr-4911
Cérémonie en hommage aux quatre victimes de la tuerie du jeudi 3 octobre, à la Préfecture de police, à Paris, le 8 octobre. Jean-Claude Coutausse pour "Le Monde" La tuerie de la Préfecture de police (PP) est un attentat à mèche longue, dont on découvre davantage, chaque jour qui passe, le tribut exorbitant qu’il pourrait exiger des forces de l’ordre, des institutions et de l’ensemble de la société. En frappant l’Etat de l’intérieur, au cœur de l’une de ses plus imprenables citadelles, Mickaël Harpon n’a pas seulement tué quatre de ses collègues, laissant autant de familles endeuillées avant d’être lui-même abattu, il a jeté une bombe à déflagration lente dans une France à court de larmes, qui avait cru un peu vite à la toute-puissance de sa capacité de résilience. En désignant l’ennemi – « l’hydre islamiste » – et en appelant à une « société de vigilance », Emmanuel Macron a vu basculer son quinquennat, comme avant lui François Hollande. Si une semaine après l’attaque qui a eu lieu au sein de la direction du renseignement de la Préfecture de police (DRPP), les enquêteurs restent prudents sur la qualification terroriste de l’attaque, le profil de l’auteur laisse peu de doute sur le substrat, celui d’une radicalisation islamiste passée inaperçue de la hiérarchie policière. Une défaillance qui interroge tout le système de contrôle, qui sème le germe de la psychose au sein des forces de l’ordre et qui vient travailler les sutures d’une société française déjà au bord de la rupture. Dans la police nationale, le jour d’après Aucun superlatif ne semble excessif pour qualifier l’onde de choc au sein de la police nationale. « Catastrophe », lâche un commissaire. « Séisme », renchérit un officier. « C’est Armageddon à la préfecture », résume un gardien de la paix. Même le grand patron s’y met. « Ça a été une déflagration, confie au Monde Eric Morvan, le directeur général de la police nationale. Il y a de la sidération, de la tristesse, de la stupeur aussi. C’est le pire des scénarios auxquels on pouvait penser. Ce qui nous questionne tous, c’est qu’un signal faible n’a pas été exploité comme il aurait dû l’être mais j’ai la conviction qu’aucun service de police ne peut prétendre être à l’abri. C’est donc un échec pour tout le monde. Il y aura un avant et un après. » Une semaine après l’attentat, le sentiment que rien ne sera plus jamais pareil domine. La minute de silence observée mardi 8 octobre en hommage aux victimes, dans la cour de la Préfecture et dans tous les commissariats de France, a été vécue comme un moment de forte émotion par nombre d’agents. Le choc est au moins aussi intense qu’après l’attentat de Magnanville (Yvelines), en juin 2016, où un policier et son épouse avaient été tués à coups de couteau à leur domicile, en présence de leur enfant. Ce nouveau carnage souligne la vulnérabilité au quotidien des policiers, à leur domicile et désormais sur le lieu même de leur travail.
Mickaël Harpon a tué quatre personnes à Paris, mais il a aussi durement traumatisé toute la police. Et, au-delà, les conséquences de cet acte, politiquement et dans la société, sont nombreuses.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/10/tuerie-a-la-prefecture-l-onde-de-choc-d-une-attaque-au-c-ur-de-l-etat_6014951_3224.html
mlsum-fr-4912
Cérémonie de passation des pouvoirs entre Francois de Rugy et Elisabeth Borne au ministère de la transition écologique et solidaire, le 17 juillet. JULIEN MUGUET POUR LE MONDE Tribune. Voici une quinzaine d’années que la transparence de la vie publique progresse chaque jour dans notre pays. Alors que moins de 1 % du personnel politique connaît des déboires judiciaires, plus de 70 % de nos concitoyens continuent à penser que leurs élus sont corrompus. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ? Nos concitoyens auraient-ils raison de penser que M. de Rugy est corrompu ? Aucunement. M. de Rugy a été pris en flagrant délit de contradiction. Il a tenu un discours d’exemplarité très exigeant lorsqu’il était à la tête de son institution et s’est montré manifestement incapable de se l’appliquer pleinement à lui-même. Il a donné l’impression, à tort ou à raison, d’avoir mené la vie de château. Par sa geste indécente, il a ruiné sa parole autant qu’il a jeté un peu plus le discrédit sur l’ensemble du personnel politique. Si l’éthique de responsabilité commandait à M. de Rugy de démissionner, l’honnêteté exige que l’on reconnaisse qu’il est le président de l’Assemblée qui a le plus œuvré en faveur de la transparence parlementaire sous la Ve République. L’épisode des visiteurs du soir de l’Hôtel de Lassay [la résidence du président de l’Assemblée] ne saurait faire oublier qu’il a fait baisser le train de vie de la présidence de 15 % ! N’est-ce pas lui qui, par ailleurs, a orchestré la réforme des régimes de retraite et d’allocation-chômage des députés ainsi que la suppression de certains avantages conférés aux anciens députés ? D’aucuns argueront que, si M. de Rugy a fait la transparence pour son institution, la robe ne fait pas le médecin, et que l’exemplarité bien ordonnée commence par soi-même. Des réserves sur la méthode Du reste, l’institution politique à laquelle appartenait M. de Rugy, l’Assemblée nationale, n’a-t-elle pas sa part de responsabilité dans cette histoire ? Au nom de la séparation des pouvoirs, les Chambres parlementaires jouissent constitutionnellement d’une autonomie financière. A ce titre, elles ont leurs propres règles de préparation, d’adoption, d’exécution et de contrôle de leur budget. Elles fixent notamment leur dotation budgétaire sans discussion en séance publique, tandis que leurs dépenses sont contrôlées essentiellement par des organes internes, à savoir la questure et la commission d’apurement des comptes. Si la culture de la transparence budgétaire s’est progressivement imposée dans l’ordre intérieur du Parlement, les théoriciens comme les praticiens du droit parlementaire savaient que le train de vie des présidents de Chambre constituait une zone sismique susceptible d’abriter un prochain scandale.
Matthieu Caron, directeur de l’Observatoire de l’éthique publique, estime, dans une tribune au « Monde », que l’affaire des frais de mandat de l’ancien président du Parlement doit conduire le pouvoir exécutif à prendre de nouvelles mesures pour faire la transparence sur le train de vie de nos élus.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/18/francois-de-rugy-a-ete-pris-en-flagrant-delit-de-contradiction_5490605_3232.html
mlsum-fr-4913
Philippe Zdar dans son appartement de Montmartre, le 31 mai. JULIE BALAGUÉ POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » La French touch est en deuil. Philippe Cerboneschi, dit « Zdar », membre du duo Cassius, pionnier de l’électro à la française, DJ, compositeur, réalisateur artistique et personnalité parmi les plus appréciées de la scène pop internationale, est mort, mercredi 19 juin, à l’âge de 52 ans. L’accident est survenu aux alentours de 17 h 40, dans le 18e arrondissement de Paris. Selon le témoignage d’une voisine, recueilli par Le Monde, l’artiste se trouvait sur un balcon dont le garde-corps, retrouvé à côté de la dépouille, a cédé. Huit ans après la chute mortelle de son ami et camarade de label (Ed Banger), DJ Mehdi, à travers le plancher de verre de sa mezzanine, c’est donc en chutant accidentellement que cet élégant hédoniste, à l’enthousiasme communicatif, s’est tué, deux jours avant la sortie du cinquième album de Cassius, Dreems, dont les danses semblaient annoncer un été radieux. Ces derniers mois, Zdar avait en effet retrouvé son vieux complice, Hubert Blanc-Francard, dit Boom Bass, avec lequel il avait formé Cassius en 1996 et signé des tubes comme Toop Toop ou I . En pleine période de promotion de leur nouvel album, à paraître le 21 juin, ils multipliaient rendez-vous et fêtes de lancement, après avoir mis en ligne des clips marquant un retour festif aux rythmes des dancefloor, comme Don’t Let Me Be, avec la chanteuse Owlle, ou Rock Non Stop, où avaient été montées des images vidéo traversant leur carrière. « Le hip-hop nous a permis de mettre un pied dans la création, mais c’est la techno qui a fait de nous des vrais acteurs de la musique » Fils d’hôteliers d’Aix-les-Bains (Savoie), où il est né en 1967, Philippe Cerboneschi a d’abord été chanteur dans un groupe punk et batteur de speed metal avant de tomber un jour en arrêt devant une photo d’Eurythmics enregistrant dans le studio du Palais des Congrès, à Paris. « J’ai plaqué mon boulot de serveur pour retrouver cette magie-là », nous confiait-il en 2011. Il pénètre alors le monde de la production : « Un matin, j’arrive au studio Marcadet. Ils avaient déjà un assistant. L’ingénieur du son lui demande s’il sait rouler des joints. Il ne savait pas. Moi, oui. Le soir, il m’a proposé de rester. » Une dose de pop-rock Dans les années 1980, le garçon apprend son métier à l’ancienne, côtoie Serge Gainsbourg, Vanessa Paradis, Etienne Daho (avec lequel il gardera de forts liens d’amitié), aux côtés de réalisateurs artistiques vedettes, parmi lesquels Dominique Blanc-Francard, le papa d’Hubert. « Un jour mon père me dit : “Tu devrais rencontrer mon assistant, il est complètement allumé”, se souvenait Boom Bass. On est tout de suite devenu potes. »
Le DJ, compositeur et remixeur formait la moitié du légendaire duo électro Cassius. Il est mort à l’âge de 52 ans à Paris.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/06/20/mort-de-philippe-zdar-pionnier-de-la-french-touch_5478922_3382.html
mlsum-fr-4914
Michel Duclos, diplomate. INSTITUT MONTAIGNE Diplomate, ancien ambassadeur à Damas, Michel Duclos est aujourd’hui conseiller spécial à l’Institut Montaigne. Dans son ouvrage, La Longue Nuit syrienne (Editions de l’Observatoire, 238 pages, 19 euros), il livre une analyse implacable de l’impuissance occidentale face au conflit syrien. L’interminable conflit syrien est-il « la guerre d’Espagne » du début du XXIe siècle ? A la fin de la première année du conflit, à l’été 2012, j’ai eu le sentiment que la Syrie était la « guerre d’Espagne » de notre temps. Les situations historiques ne se reproduisent jamais à l’identique et le monde d’aujourd’hui n’est pas celui des années 1930. Cependant, les similitudes sont suffisamment frappantes pour éclairer les défis que pose la guerre de Syrie à nos démocraties à bout de souffle, tout comme l’étaient les démocraties des années 1930. Dans les deux cas, le même problème s’est posé à nous : faut-il intervenir dans une guerre civile, pour soutenir ceux que nous considérons proches ou, du moins, qui luttent contre nos adversaires ? Certes, en 1936, le gouvernement du Frente Popular faisait face à un soulèvement militaire, alors qu’en Syrie un soulèvement populaire s’est heurté à la répression des autorités en place. Un lien fondamental relie néanmoins les républicains espagnols aux révoltés syriens : les premiers ont tenté de résister à la menace d’une dictature en voie de formation, les seconds ont cru pouvoir affronter une dictature établie. N’y a-t-il pas aussi des similitudes dans les soutiens extérieurs dont ont disposé les deux camps ? Dans les deux cas, les démocraties occidentales ont opté pour la retenue, cependant que les adversaires de la démocratie, eux, n’ont pas eu de telles hésitations : l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste soutinrent massivement Franco, y compris en intervenant militairement, tout comme l’Iran et la Russie aujourd’hui soutiennent [le président syrien] Bachar Al-Assad. Les démocraties, avec leur politique de non-intervention, ont à chaque fois laissé d’autres parties agir : l’URSS de Staline a aidé la République espagnole en imposant au camp républicain ses travers politiques. De façon similaire, les pays du Golfe et la Turquie ont eu le champ libre pour orienter l’opposition armée syrienne dans un sens islamiste. Autre point commun, les chancelleries occidentales et les pouvoirs établis dans nos pays ont conçu un même préjugé : le Frente Popular faisait peur ; la rébellion syrienne aussi, soupçonnée d’être islamiste d’entrée de jeu, alors qu’elle ne l’était nullement au départ et qu’elle luttait pacifiquement pour des idées proches des nôtres.
Bachar Al-Assad est parvenu à se maintenir au pouvoir par la violence et la terreur. Il a aussi remporté la guerre de la propagande, qui satisfait une opinion oublieuse des forfaits commis, même avant la guerre civile, souligne l’ancien ambassadeur à Damas dans un entretien au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/05/michel-duclos-le-regime-syrien-ne-changera-pas-d-autant-qu-il-pense-avoir-gagne-la-guerre_5485784_3210.html
mlsum-fr-4915
Carlos Santana (à gauche) avec son groupe, le 16 août 1969 à Woodstock. Bill Eppridge/The LIFE Picture Collection via Getty Images Avec le recul, la programmation du festival de Woodstock, qui a eu lieu aux Etats-Unis sur un site de la commune de Bethel, du 15 au 18 août 1969, a des allures de Panthéon du rock (beaucoup) et du folk (un peu). Mais seul un tiers des trente-deux groupes avait alors un statut de vedettes : The Grateful Dead, Jefferson Airplane, le « all-star » Crosby, Stills, Nash & Young, qui venait de se constituer, la chanteuse Janis Joplin, le guitariste Jimi Hendrix, Blood, Sweat & Tears, Sly & The Family Stone – dont le passage nocturne à 4 heures, dimanche 17, fut le point culminant du festival –, Creedence Clearwater Revival et, pour défendre la vieille Europe britannique, The Who. Joan Baez, égérie du folk new-yorkais et The Band, le groupe qui a accompagné Bob Dylan en 1966, palliaient l’absence de ce dernier. Les autres étaient surtout connus par des spécialistes du folk (dont Incredible String Band, Melanie…) et du blues (Johnny Winter, Paul Butterfield Blues Band, Canned Heat…). Et puis il y avait ceux pour qui le passage à Woodstock, et surtout les séquences de leurs concerts gardées dans le film documentaire réalisé par Michael Wadleigh, sorti en mars 1970, auront eu un impact indéniable. Blues-rock un peu psyché Country Joe McDonald, qui fait chanter les initiales « F.U.C.K. » au public. Les Anglais Joe Cocker et Ten Years After, groupe mené par le guitariste Alvin Lee, que les Etats-Unis commencent juste à connaître, et qui seront régulièrement résumés à leurs prestations de With a Little Help From My Friends pour le premier et au solo virtuose sur I’m Going Home pour le second. Tout comme Richie Havens avec son improvisation, Freedom. Le groupe Santana, qui vient d’enregistrer son premier album, qui sortira fin août 1969, est aussi une grande révélation du festival. A l’opposé, qui se souvient de la venue de Bert Sommer, Tim Hardin, du Keef Hartley Band ou de Quill, tous par ailleurs oubliés sur la plaque commémorative installée en 1984 sur le site du festival ? La palme de la malchance revenant à Quill. Formé à Boston en 1967, le quintette mené par les frères Cole – Dan au chant et Jon à la basse – est en plein essor. La presse musicale loue leur énergie scénique et leur blues-rock un peu psyché. Ahmet Ertegun, puissant patron d’Atlantic Records, vient de les signer pour l’un de ses labels. Et Michael Lang, co-organisateur du festival, est leur manageur. Quill, qui a joué pour les équipes du festival durant les jours précédents et dans des salles aux environs, est programmé en ouverture du samedi 16, avant plein de vedettes (Joplin, Grateful Dead, Creedence, The Who…). Woodstock doit être sa consécration.
Les 50 ans de Woodstock (3/6). Si le festival a marqué les débuts de Santana ou Joe Cocker, Bert Sommer et Quill sont tombés dans l’oubli.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/07/woodstock-des-revelations-et-des-gloires-ephemeres_5497482_4415198.html
mlsum-fr-4916
Chercheur en économie au CNRS et au Centre de recherche en économie et management (CREM) à l’Université de Rennes 1, secrétaire de l’Association française d’économie du droit/AFED « Ouvrir les exploitations permettra à chacune et chacun de constater la réalité de l’élevage en France, et permettra de retisser un lien de confiance entre les Français et leur agriculture » Francois Le Divenah / Photononstop Tribune. Les lanceurs d’alerte jouent un rôle croissant dans nos démocraties. Qu’il s’agisse d’Edward Snowden, d’Irène Frachon (Médiator), des Monsanto Papers, ou des Panama Papers, les lanceurs d’alerte contribuent à informer la société sur de graves agissements, au prix parfois de lourdes conséquences sur leur vie. La question des mécanismes mis en place pour assurer leur protection est donc centrale pour le bon fonctionnement et l’avenir de nos démocraties. Car si un lanceur d’alerte commet un délit en violant un accord de confidentialité ou un droit de propriété, il le fait afin de dénoncer des agissements bien plus délétères. Protéger les lanceurs d’alerte, c’est aussi leur donner les moyens d’informer la population sur des agissements graves d’acteurs privés ou publics dont elle est victime afin qu’elle puisse y répondre. Les vidéos embarquées des associations de défense des droits des animaux ont ces dernières années largement contribué à informer l’opinion publique sur les pratiques qui ont lieu derrière les portes de certains abattoirs et élevages intensifs. En 2014, l’association L214 dénonçait ainsi les agissements d’une entreprise où des milliers de poussins étaient étouffés dans des sacs en plastique. Le bien-être animal n’est plus une question privée En 2018, la même association montrait, vidéo à l’appui, un élevage de visons dans un état d’« extrême salubrité » avec des médicaments périmés depuis plusieurs années qui avait pourtant reçu un avis favorable de la part des services de l’État. En octobre, l’association Welfarm bouleversait l’opinion publique en diffusant une vidéo de DxE montrant l’étendue de l’horreur de la castration à vif des porcelets. Force est de constater que les pratiques dénoncées par ces vidéos sont également rejetées par une large majorité de Françaises et Français. La classe politique semble consciente du souci croissant de la population sur le sujet : le gouvernement vient d’annoncer son intention d’interdire le broyage de poussins vivants ainsi que la probable interdiction de la castration à vif des porcelets. Il apparaît aujourd’hui évident que le bien-être animal n’est plus une question privée reléguée aux seuls éleveurs et abatteurs, mais relève plus que jamais du débat public : les Françaises et Françaises veulent décider collectivement du traitement des animaux, et les lanceurs d’alerte sont une précieuse source d’information sur le sujet. Le cœur de nos démocraties L’opinion publique aurait-elle simplement entendu parler de ces pratiques sans le travail des lanceurs d’alerte ? Sans être informés sur ces pratiques, comment aurions-nous pu décider de légiférer pour les interdire ?
Dans une tribune au « Monde » le chercheur Romain Espinosa explique qu’il est utile de protéger les lanceurs d’alerte dans les élevages car ils sont les acteurs majeurs pour l’instauration d’une société de confiance.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/12/l-industrie-agroalimentaire-a-plus-que-jamais-besoin-des-lanceurs-d-alerte_6018873_3232.html
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KATRIEN DE BLAUWER POUR M LE MAGAZINE DU MONDE, D'APRÈS UNE PHOTO BRIDGEMAN Ce fragment d’ivoire sculpté du VIIIe siècle avant J.-C. mesure à peine dix centimètres de longueur et autant de hauteur. Dans la salle du British Museum consacrée aux objets assyriens, il pourrait presque passer inaperçu. Ce n’est pas la vedette du musée londonien, contrairement à la pierre de Rosette qui fait crépiter les flashs des touristes ou aux opulents sarcophages égyptiens arrachant des cris admiratifs aux enfants. Pourtant, à bien la regarder, cette petite plaque sort du lot. Plus luxueuse et travaillée que les autres ivoires de la vitrine, recouverte de feuille d’or et incrustée de cornaline et de lapis-lazuli, elle devait orner un siège d’exception, peut-être même un trône. Le sujet, d’ailleurs, est royal : une lionne, symbole du pouvoir, terrasse un Nubien sur un fond de fleurs de papyrus et de lotus. Il en existe une seconde version quasiment jumelle, issue comme elle du palais de Nimroud, capitale de l’Assyrie, un empire dont le territoire recouvrait au IIe millénaire avant J.-C. l’Irak, la Syrie et le Liban actuels. Hélas, cette lionne-là s’est échappée. Exposée au musée de Bagdad, elle fut volée en 2003 lors de l’invasion américaine en Irak. « Celle de Bagdad était plus raffinée et mieux conservée, notamment le placage d’or », précise Gareth Brereton. Ce conservateur du British Museum avait 21 ans au déclenchement de la guerre. Il se souvient avoir découvert aux informations le pillage du Musée national d’Irak, à Bagdad. « Un choc absolu » qui a fait dévier le jeune étudiant de sa spécialité initiale – l’archéologie égyptienne – au profit de la Mésopotamie. Parmi ses tout premiers sujets de recherche, cette petite lionne. « Cette lionne me hante toujours car elle me rappelle que ma mission a été un échec » Matthew Bogdanos, magistrat et marine réserviste Curieuse aura que celle émanant de ce minuscule objet devenu l’un des emblèmes du plus grand pillage culturel de ce début de millénaire. En 2005, Matthew Bogdanos, adjoint au procureur de New York ayant travaillé en Irak, l’avait mise en couverture de son livre Thieves of Baghdad, narrant sa traque épique des collections volées au musée irakien. Près de 15 000 objets se sont alors volatilisés, un tiers aurait été retrouvé, un chiffre sur lequel Irakiens et Américains n’arrivent pas à s’accorder. La lionne, elle, est toujours portée disparue. Quand il en parle, l’ancien marine au regard sévère s’anime soudain. « C’est la pièce la plus importante sur le plan historique qui manque encore », affirme-t-il sans ciller. Combien vaut-elle ? Des millions de dollars peut-être, difficile à dire. Mais l’intérêt que lui porte l’Américain est surtout d’ordre symbolique. Cette miniature concentre selon lui la complexité d’un conflit qui, en deux jours, a amputé les Irakiens de leur histoire millénaire.
En 2003, pendant la seconde guerre du Golfe, le Musée national d’Irak, à Bagdad, est pillé. En deux jours sont dérobés 15 000 objets, dont un fauve en ivoire provenant de l’ancienne capitale de l’Empire assyrien.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/02/a-la-recherche-de-la-lionne-de-nimroud_5495939_4500055.html
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Editorial du « Monde ». Bien que la pratique de l’excision ait quasiment disparu en France depuis une quinzaine d’années, grâce à une loi de 2004 et à une politique volontariste de prévention et de santé publique, le nombre de femmes adultes excisées y a doublé en dix ans, selon un rapport du Bulletin épidémiologique hebdomadaire publié fin juillet. 124 355 femmes seraient concernées, contre 62 000 une décennie auparavant. Rappelons que l’excision (l’ablation du clitoris) est, au-delà de la coutume sociale, tribale ou religieuse évoquée par ses défenseurs, un acte de torture condamné par la loi dans presque tous les pays du monde. Cette mutilation génitale féminine entraîne hémorragies, infections, douleurs, complications lors des accouchements, et souvent des traumatismes qui resurgissent à l’âge adulte, voire le décès de la victime. La pratique n’en demeure pas moins courante et concerne plus de 200 millions de femmes sur la planète, selon l’Unicef. Lire aussi Après l’excision, un long chemin pour se réapproprier son corps En Afrique, de loin le continent le plus touché avec 80 % des cas recensés, la pratique est désormais illégale dans la plupart des pays, à l’exception notable du Mali et de la Sierra Leone. Pourtant cinq Etats d’Afrique de l’Ouest francophone se distinguent toujours par une pratique relativement importante de la mutilation (Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Mali et Guinée, par ordre décroissant). Les autres principaux foyers d’excision sont l’Egypte, la Corne de l’Afrique et l’Indonésie. Le deuxième pays concerné en Europe La poursuite de la pratique de l’excision en Afrique francophone et les migrations des dernières décennies sont la raison principale de l’augmentation des chiffres en France. Soit les migrantes arrivent déjà excisées, soit les fillettes subissent l’ablation du clitoris pendant des vacances dans leur pays d’origine. La France est ainsi le deuxième pays pour le nombre de femmes excisées en Europe, après le Royaume-Uni et devant l’Italie, les Pays-Bas et l’Allemagne. 530 000 femmes seraient concernées sur le continent. Le rapport du Bulletin épidémiologique hebdomadaire estime que la France est plutôt bien armée pour faire face à ce déplorable phénomène social. Une quinzaine d’unités médicales spécialisées sont réparties sur le territoire pour proposer un accompagnement aux femmes excisées. Contrairement à l’approche uniquement chirurgicale qui prévalait au siècle dernier, ces unités sont désormais pluridisciplinaires et proposent un accompagnement complet, notamment psychologique. Les femmes ont en effet des raisons très variées de consulter, et toutes ne vont pas jusqu’à faire réparer leur clitoris. La forte augmentation du nombre de femmes excisées doit toutefois alerter et faire prendre conscience qu’il ne faut pas baisser la garde. Non seulement cet accompagnement médical doit prendre en compte le nombre de patientes potentielles, mais il est nécessaire de lutter contre l’excision des futures générations. Pour cela, il est important d’informer les familles récemment arrivées en France de l’illégalité de la pratique. Dialogue et éducation sont nécessaires pour lutter contre un phénomène dont ces fillettes sont victimes dès le plus jeune âge, y compris parfois contre le gré de leurs parents, qui découvrent la mutilation de leur enfant après un séjour estival dans le pays d’origine. La Maison des femmes, située à l’hôpital Delafontaine, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), accueille une unité de prise en charge des mutilations sexuelles féminines, parmi la quinzaine existant sur le territoire français. LIONEL BONAVENTURE / AFP Le Monde
Editorial. Le nombre de femmes ayant subi cette mutilation génitale a doublé en France en dix ans. Des structure médicales pluridisciplinaires réparties sur le territoire viennent en aide aux victimes, mais il est également nécessaire de renforcer les actions de prévention.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/17/accompagner-les-femmes-excisees-un-defi_5500252_3232.html
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Randall Stephenson, PDG d’AT&T, le 20 mars 2019, à Washington. MANDEL NGAN / AFP Chronique. Randall Stephenson aspirait à une retraite paisible. Sa carrière était exemplaire. Entré jeune ingénieur en 1982 à la Southwestern Bell Company (SBC), il avait réussi à prendre la tête du plus gros opérateur régional américain des télécoms, descendant de l’éclatement du monopole national AT&T en 1984. Puis en 2005, il avait orchestré, avec son patron de l’époque, Ed Whitacre, le plus grand tour de passe-passe de l’histoire de cette industrie en rachetant ce qui restait d’AT & T, dont il a repris le nom pour ressusciter l’ancienne gloire nationale désormais active dans le téléphone fixe, mobile, le câble et les médias. Randall Stephenson avait même réussi à défaire le président Donald Trump qui s’opposait à sa dernière acquisition, celle du géant des médias Time Warner. Sagement, il s’est investi dans la Business Roundtable, cénacle des grands patrons américains. Celui-ci s’est fendu, en août, d’un texte noble, rappelant l’engagement de leur entreprise pour servir, en priorité, leurs clients, leurs employés, leurs fournisseurs, la société, avant même les actionnaires. Lire aussi La justice américaine donne son accord à la fusion d’AT&T et de Time Warner Mais l’Amérique reste ce qu’elle est. L’encre de ce manifeste, signé par 182 des plus grands patrons américains, à peine sèche, le conseil des investisseurs institutionnels, réunissant la plupart des grands fonds de pension du pays, a publié un communiqué trempé dans le vinaigre, affirmant qu’il ne saurait être question de diluer la responsabilité des dirigeants qui doivent en premier lieu répondre devant les actionnaires. Accusant, entre les lignes, les patrons de dresser un rempart pour éviter que l’on vienne critiquer leur management. Le débat est aussi vieux que le capitalisme Le débat est aussi vieux que le capitalisme. L’actionnaire n’est pas toujours bien intentionné, mais il est un contre-pouvoir naturel à celui des gestionnaires. Le fonds Elliott Management s’est chargé de rappeler le patron d’AT & T à ces réalités très concrètes. En même temps qu’il investissait 3,2 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros) dans l’entreprise, il a envoyé, ce lundi 9 septembre, à Randall Stephenson une lettre de 23 pages, démontrant, graphiques à l’appui, qu’il n’est pas si bon gestionnaire que cela. Le vautour s’attaque au mammouth des télécoms. Sa politique d’acquisition dans les médias, notamment le groupe de télévision payante DirecTV et Time Warner, a été ruineuse (200 milliards de dollars), l’a distrait de ses activités principales et n’a pas démontré son intérêt stratégique. Elliott est un vautour coriace, capable d’attendre des années avant de parvenir à ses fins. Engagé aussi bien dans Vivendi, Pernod Ricard ou Samsung, il pousse généralement à vendre des actifs mal valorisés. Ses préoccupations sont uniquement financières et il n’aime pas ces histoires de responsabilité de l’entreprise devant la société. Mais, comme tous les vautours, il est assez efficace pour repérer les animaux, trop gras ou trop faibles et imposer sa discipline.
Alors que les entreprises américaines affirment vouloir réduire le pouvoir des actionnaires, le fonds Elliott s’attaque à la compagnie historique américaine des télécoms et critique sa stratégie. Un rappel du rôle de contre-pouvoir qu’entendent jouer les actionnaires face aux gestionnaires, affirme Philippe Escande, éditorialiste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/10/at-t-le-vautour-s-attaque-au-mammouth-des-telecoms_5508546_3234.html
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Le rapport 2019 du Secours catholique, publié jeudi 7 novembre, dresse un portrait saisissant de la pauvreté en France. Les 66 000 bénévoles de cette association ont accueilli 1,347 million de personnes, dont 631 000 enfants, en 2018. « Les gens s’enfoncent dans la pauvreté, qu’ils soient Français ou migrants, dont les conditions d’accueil se durcissent, constate Véronique Fayet, présidente du Secours catholique. Le revenu moyen de notre public est de 535 euros [par unité de consommation], en baisse de 15 euros, en euros constants, par rapport à 2017. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi En 2018, les pauvres ont été plus nombreux en France Ce constat recoupe celui de l’Insee qui, fin septembre, estimait à 14,7 % de la population, soit 9,3 millions de personnes, la proportion de ménages vivant sous le seuil de pauvreté établi à 1 015 euros par mois. Après trois ans de stagnation à 14,1 %, ce taux est reparti à la hausse. Ainsi, 65 % des personnes accueillies par le Secours catholique vivent même dans l’extrême pauvreté (soit 1,3 point de plus qu’en 2017), avec moins de 666 euros par mois. Le diplôme ne protège plus de la précarité : 45 % des personnes aidées ont suivi des études secondaires et 16 % ont un niveau bac ou plus (dix points de plus qu’en 2008). « Ce qui me frappe, c’est que nous accueillons désormais une majorité (52 %) de personnes inactives, soit dix points de plus qu’en 2008. Ce sont des marginaux éloignés de l’emploi, des personnes inaptes ou trop malades pour travailler mais aussi beaucoup d’étrangers sans statut légal qui n’ont pas même le droit de travailler, détaille Mme Fayet. Quant à ceux qui ont un emploi, il s’agit dans les trois quarts des cas de postes précaires ou de temps partiels. » Lire notre enquête : Les travailleurs pauvres, ces invisibles « On fragilise tout le monde » Le gouvernement a, en septembre 2018, lancé sa stratégie de lutte contre la pauvreté, avec un effort de 8,5 milliards d’euros étalés sur quatre ans. « Il y a de bonnes mesures, comme les repas à 1 euro dans les cantines, mais elles dépendent des municipalités et mettent du temps à être opérationnelles, constate Mme Fayet. Il faut une cohérence globale des politiques, mais elle manque. Des pans essentiels sont oubliés, comme l’emploi, le logement, la santé. » La réforme de l’assurance-chômage risque, en effet, de priver d’indemnisation nombre de personnes dès ce mois de novembre. Pire, en avril 2020, le nouveau mode de calcul du salaire de référence réduira les indemnités elles-mêmes. Sur le front du logement, trois personnes sur dix n’en ont pas de stable et vivent en caravane, en squat ou à l’hôtel. Parmi ceux qui ont un logement, 40 % sont criblés d’impayés. Quant à l’accès à la santé, les projets de restrictions aux migrants inquiètent le Secours catholique. « Au nom de quelques abus montés en épingle, on punit et on fragilise tout le monde, regrette Mme Fayet. Nous sentons une méfiance envers les pauvres et des préjugés très forts contre les migrants alors que tous ont un farouche désir de s’insérer et contribuer à la collectivité, en travaillant ou dans des missions bénévoles. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pauvreté : les enfants, premières victimes des déterminismes sociaux
Le Secours catholique, qui a aidé plus de 1,3 million de personnes en 2018, dit, dans son rapport annuel, que deux tiers de ses bénéficiaires vivent dans l’extrême pauvreté.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/07/le-secours-catholique-constate-une-aggravation-de-la-pauvrete-en-france_6018287_3224.html
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i-même. Rudy Giuliani et Donald Trump au Trump International Golf Club à Bedminster, dans le New Jersey, en novembre 2016. DREW ANGERER / AFP Récemment encore, Ken Frydman, patron d’une agence de communication new-yorkaise, conservait dans son portefeuille une photographie du jour de son mariage, le 8 octobre 1994 : on le voit avec son épouse et le maire de New York, Rudolph Giuliani, qui vient de célébrer leur union. Frydman a désormais remisé le cliché dans un tiroir, dont il ne sortira sans doute jamais plus. « Qu’est-il arrivé à Rudy Giuliani ? », s’interroge-t-il comme tant d’Américains, dans une tribune publiée par le New York Times. Celui qui aida autrefois Giuliani à conquérir la mairie de New York poursuit, profondément déçu : « L’homme pour qui j’ai travaillé en 1993 n’est pas l’homme qui ment aujourd’hui pour Donald Trump. » Incompréhensible itinéraire que celui de ce New-Yorkais d’origine italienne, apparu lors des attentats du 11 septembre 2001 comme le « maire de l’Amérique », capable de trouver les mots justes et réconfortants après la destruction des tours jumelles du World Trade Center quand le président George W. Bush semblait terriblement absent. A défaut d’être « tous américains », les habitants de la planète étaient, ce jour-là, « tous new-yorkais », derrière Giuliani. Dans la foulée, le magazine Time l’avait habilement désigné « homme de l’année », ce qui permettait d’éviter le choix du chef terroriste Oussama Ben Laden. Depuis, les années ont passé, et Rudy Giuliani, 75 ans, est devenu l’avocat de Donald Trump. Plus trumpiste que Trump, on le retrouve dans tous les mauvais coups, notamment dans l’affaire ukrainienne, où le président des Etats-Unis fait l’objet d’une procédure de destitution ouverte par la majorité démocrate de la Chambre des représentants. Le scandale a éclaté avec un coup de téléphone du président américain, le 25 juillet, à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, en quête d’aides financières américaines. Ce jour-là, Trump demande avec insistance à Zelensky d’enquêter sur le fils du démocrate Joe Biden, son rival potentiel à l’élection présidentielle de 2020 et ancien vice-président de Barack Obama. « Je vais vous faire appeler par M. Giuliani », insiste Trump, selon la retranscription de la conversation. Un service demandé à un dirigeant étranger désargenté pour éliminer un adversaire politique : le « crime » semble établi. Homme lige Depuis des mois, M. Giuliani est l’homme lige de Trump sur ce dossier. Il cherche à raviver cette vieille affaire pas très claire et claironne que Biden a poussé le gouvernement de Kiev à limoger un procureur, non pas parce qu’il était corrompu, mais afin d’arrêter une enquête sur son fils, rémunéré quelque 50 000 dollars par mois au conseil d’administration d’une firme gazière, Burisma. « Expliquez-moi pourquoi Biden ne devrait pas faire l’objet d’une enquête s’il a permis à son fils d’obtenir des millions d’un oligarque ukrainien escroc et amoureux de la Russie ? », attaquait M. Giuliani sur Twitter dès le mois de mai. L’homme assume le procédé. « Nous n’interférons pas dans une élection. Nous interférons dans une enquête judiciaire, ce que nous avons le droit de faire. »
Il s’est fait connaître, après les attentats de 2001, comme le « maire de l’Amérique ». Désormais, il est l’avocat et homme lige du président des Etats-Unis, plus trumpiste que Trump lui-même.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/21/les-deux-vies-de-rudy-giuliani_6016259_3210.html
mlsum-fr-4922
Donald Trump, son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, et son conseiller, John Bolton. MANDEL NGAN / AFP Donald Trump poursuit sa politique de « pression maximale » sur l’Iran. Dans une série de tweet, le président américain a confirmé vendredi 21 juin qu’une riposte armée avait été lancée contre l’Iran mais que, « dix minutes avant la frappe », le président l’avait stoppée. D’après le New York Times, qui a révélé cette opération avortée, les tirs ont été annulés à 19 h 30 jeudi, heure de Washington (1 h 30 du matin vendredi, à Paris). « J’ai demandé combien de personnes allaient mourir. 150 personnes, Monsieur, a répondu un général. [Ce n’était] pas proportionné par rapport à une attaque contre un drone » a précisé le président américain vendredi matin. « Je ne suis pas pressé, notre armée est (…) prête et de loin la meilleure au monde », a ajouté Donald Trump, qui a discuté de la « menace » que représenterait l’Iran avec le prince héritier saoudien dans l’après-midi. Plus tôt dans la matinée, le quotidien de New York avait révélé ce revirement de dernière minute, précisant que les avions de chasse avaient décollé et les navires de guerre s’étaient mis en position. Trois sites avaient été désignés comme cibles, a précisé le président sur twitter. Selon le New York Times, il pourrait s’agir de radars ou des batteries de missiles. Vendredi après-midi, les Etats-Unis ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de se réunir à huis clos lundi pour discuter des « derniers développements liés à l’Iran et [des] récents incidents concernant des pétroliers ». L’Iran dit avoir des preuves « irréfutables » Washington voulait punir Téhéran, qui a abattu un drone RQ-4 Global Hawk américain jeudi dans le Golfe. L’Iran soutient qu’il se trouvait dans son espace aérien, près du détroit d’Ormuz, ce que contestent les Etats-Unis. L’Iran a affirmé disposer de preuves « irréfutables » montrant que le drone américain abattu jeudi était entré dans son espace aérien. « Des débris du drone ont même été retrouvés dans les eaux territoriales de l’Iran », a affirmé le ministre des affaires étrangères adjoint Abbas Araghchi lors d’une discussion avec l’ambassadeur de Suisse à Téhéran, qui représente les intérêts américains. Le diplomate a affirmé à l’intention des Etats-Unis que son pays « ne cherche pas la guerre » mais qu’il défendrait « résolument son territoire contre toute agression ». La tension ne cesse de monter entre les deux pays depuis les attaques, attribuées par Washington à Téhéran, contre deux tankers qui naviguaient en mer d’Oman, près du détroit d’Ormuz, un passage maritime stratégique à l’échelle mondiale. Plusieurs compagnies suspendent le survol du golfe d’Oman Le porte-avions « Abraham-Lincoln » en mer d’Arabie, le 3 juin 2019. JON GAMBRELL / AP Les principaux élus au Congrés, parmi lesquels la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et des membres des comités du renseignement et des forces armées de la Chambre et du Sénat ont été informés, jeudi à la Maison Blanche, de la situation. Le chef de la minorité républicaine de la Chambre, Kevin McCarthy, a cosigné un communiqué qui appelle les Etats-Unis à réagir de manière « mesurée » face à l’Iran. Mardi, après l’annonce de l’envoi de mille militaires supplémentaires dans la région pour faire face au « comportement hostile » de Téhéran, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avait déclaré : « Nous devons être prêts à répondre à toute menace de l’Iran », tout en assurant que « le président Trump ne [voulait] pas la guerre » avec l’Iran. Dans une note d’urgence diffusée jeudi soir, l’Aviation civile américaine (FAA) a interdit aux compagnies aériennes américaines de survoler le détroit d’Ormuz et le golfe d’Oman. La compagnie United Airlines a suspendu ses vols prévus au départ de l’aéroport de Newark, dans le New Jersey, à destination de Bombay, en Inde, car ils empruntent l’espace aérien iranien. D’autres compagnies ont suivi : KLM, Delta Air Lines, British Airways, Lufthansa, Qantas (Australie), Japan Airlines et ANA Holdings (compagnie japonaise). Singapore Airlines et Malaysia Airlines ont annoncé que leurs appareils éviteraient le survol du détroit d’Ormuz ainsi que certaines parties de l’espace aérien iranien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après l’attaque de pétroliers en mer d’Oman, les options limitées de Washington face à l’Iran
Décidée au lendemain de l’interception d’un drone américain par les gardiens de la révolution, la riposte a été approuvée puis arrêtée in extremis par le président américain, qui ne l’a pas jugée « proportionnée ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/21/trump-annule-au-dernier-moment-des-frappes-sur-l-iran_5479488_3210.html
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Le 9 septembre 2019, des militantes féministes brandissent le portrait de Hajar Raissouni devant le tribunal de Rabat, au Maroc, où la jeune journaliste est poursuivi pour « avortement illégal » et « débauche ». Youssef Boudlal/REUTERS Tribune. L’arrestation, la détention et les poursuites judiciaires contre la journaliste Hajar Raissouni et son entourage pour « débauche » (fassade en arabe), c’est-à-dire relations sexuelles hors mariage, et « avortement clandestin » relancent le débat sur les libertés individuelles et plus particulièrement celui sur le contrôle des corps des femmes au Maroc. En plus de risquer jusqu’à deux ans de prison et d’être en ce moment en détention provisoire, comme si elle représentait un danger pour la société, Hajar Raissouni a dû se soumettre à des examens gynécologiques humiliants imposés dans le cadre de l’enquête qui ont tout, ou presque, révélé de son intimité. C’est un véritable cauchemar ! Nous nous sommes endormis au XXIe siècle et nous nous sommes réveillés, hébétés, au XIXe ! Mais que se passe-t-il au royaume du Maroc ? Nous vivons dans une dictature des mœurs, qui nous impose des normes surannées, faisant reposer l’essentiel de la responsabilité sur les femmes, garantes de l’ordre social. Ceci n’est pas nouveau. Durant des siècles, et jusqu’à très récemment, la société marocaine s’est construite en opposant à l’avènement de l’individu les mêmes obstacles que le système makhzénien – une forme de féodalisme à la marocaine pour l’expliquer rapidement – a dressé contre l’avènement de la citoyenneté et de la liberté. Ces deux autoritarismes illibéraux se sont historiquement nourris l’un l’autre, voire ne faisaient qu’un. Mais la spécificité de la dictature des mœurs, c’est que ce système de contrôle social qui fait reposer sur les femmes la responsabilité du maintien de l’ordre, a survécu, contrairement au féodalisme, aux changements politiques que le Maroc a connus, de la résistance à l’oppression coloniale à la constitution d’une nation moderne. Les hommes acteurs du changement Si, dans la sphère politique, ce sont toujours les hommes qui dirigent, ordonnent, contrôlent, châtient et pardonnent, dans la vie sociale l’angoisse du changement est renvoyée aux femmes. Elles seraient la cause des défaites, des sécheresses, des tremblements de terre, des mœurs légères des jeunes hommes, etc. Une femme trop libre, trop puissante, « comme » un homme, serait une malédiction, comme le voudrait un obscur hadith* : « Ne connaîtra jamais la prospérité le peuple qui confie ses affaires à une femme ! » Or, de nos jours, les Marocaines luttent pour que leurs droits soient effectifs dans leur quotidien et pas seulement sur le papier. Il y a de plus en plus de femmes directrices, policières, universitaires, propriétaires etc. Un tiers des ménages marocains a une femme comme chef de famille. Les Marocaines se marient de plus en plus tard (29 ans en ville et 26 ans dans les campagnes) font trois fois moins d’enfants que dans les années 1980 (2,19) et attendent en moyenne un an et demi après leur mariage pour avoir leur premier enfant. Cela signifie sociologiquement que la sexualité a pris une place très importante dans la vie personnelle des Marocaines et des Marocains et que le mariage n’a plus pour seule fonction de produire de la parentalité. Ce ne sont donc pas seulement les femmes qui ont changé, mais les hommes aussi ! Pourtant, l’angoisse persiste, et les femmes sont mises en demeure de jouer le rôle de gardienne de la tradition, comme le souhaitait Abdel-Ilah Benkirane, ancien chef du gouvernement, pour qui les femmes sont les « tria » (les lustres) qui éclairent les foyers, une façon de les assigner au rôle de ménagère. Certains hommes croient que le contrôle des femmes permettrait de limiter toute évolution de l’ordre social. Terrible angoisse masculine que de se demander ce que nous adviendront si les femmes n’avaient plus besoin de nous. La masculinité marocaine est finalement très fragile ! Raisonnement absurde, car les hommes sont eux aussi les acteurs de ces changements. L’obsession de la virginité des femmes, par exemple, est proportionnelle aux désirs des hommes d’avoir des relations sexuelles. Or si on se marie aussi tard, cela signifierait que les hommes devraient également attendre l’âge de 29 ans avant d’avoir leur premier rapport sexuel… mais si les hommes souhaitent avoir des rapports hétérosexuels avant le mariage, alors le nombre de femmes vierges ne peut que diminuer ! C’est pourquoi l’une des principales violences symboliques de la dictature des mœurs se concentre sur l’hymen des femmes. Comme si, avec un bout de peau, nous pouvions construire une société. Cette absurdité est la conséquence directe du nombre important d’interruption de grossesse au Maroc. Les études de l’Amlac évoque 600 à 800 avortements clandestins par jour ! Puisque nous ne sommes pas censés avoir de rapports sexuels hors mariage ou extra-conjugaux, pourquoi alors s’y préparer ? Pourquoi éduquer nos enfants en ce sens ? Pourquoi en parler ? Alors, les Marocaines et les Marocains vivent comme si cela n’existait pas vraiment, comme si cela était extérieur à eux et que parfois un « djin » (démon) s’emparait d’eux et les poussait « à faire la chose »... Et quand cela arrive dans un coin de rue, dans les toilettes, sur la plage, derrière un arbre dans un jardin public, dans une voiture, dans une sordide chambre d’hôtel, puisque cela n’est pas vraiment prévu, cela se fait souvent sans préservatif, sans contraceptif. C’est cela la réalité de la sexualité clandestine. Elle surgit là où on ne l’attend pas car la majorité des Marocaines et des Marocains n’ont pas les moyens d’avoir des espaces où exprimer librement leur désir à l’abri des inquisiteurs de la police des mœurs. Ce n’est que le privilège d’une classe moyenne supérieure et d’une bourgeoisie hypocrite qui s’arrangent avec les normes. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir une résidence secondaire à Marrakech ou à Kabila – station balnéaire à côté de Tétouan. C’est ainsi que l’avortement est devenu un mode de contraception, le résultat inverse de ce qu’espère obtenir la dictature des mœurs. Dans le Maroc moderne et urbain, le contrôle social traditionnel ne suffisant plus à maîtriser l’hymen et le ventre des femmes, la répression administrativo-juridique s’est imposée. Cette dictature « sociale » s’est transformée en dictature politique et bureaucratique comme le montre le sort de Hajar Raissouni. « Moralité publique » Mais Hajar Raissouni n’est que la partie visible de l’iceberg. Grâce à sa profession de journaliste et à la suspicion d’un coup monté – suspicion qui reste très largement à prouver mais qui est plausible –, cette affaire a pu éclater au grand jour et permet de révéler l’ampleur de cette répression administrativo-juridique. Chaque année, le ministère public publie un rapport sur la mise en œuvre de la politique pénale en donnant des chiffres précis. Et ils font froid dans le dos. En 2018, la justice marocaine a poursuivi 14 503 personnes pour « débauche » (relation sexuelle hors mariage), 3 048 pour « adultère » et 73 pour « avortement ». Si on compile les données depuis 2007, dans la rubrique « crimes et délits contre l’ordre familial et la moralité publique », plus de la moitié des personnes poursuivies l’ont été pour une affaire de mœurs entre adultes consentants : « débauche », « actes impudiques ou contre nature avec un individu de son sexe » (art. 489 du Code pénal qui criminalise l’homosexualité) ou encore pour « avortement », qui est la conséquence d’une volonté de maîtriser sa sexualité et sa natalité. Le reste des instructions judiciaires concernent le viol, l’inceste ou encore l’abandon familial. On comprend mieux comment les autorités judiciaires fonctionnent : elles s’intéressent bien plus à la sexualité entre adultes consentants qu’aux violences sexuelles et à la protection des personnes vulnérables, les enfants et les femmes. Cela en dit long sur l’état de nos libertés et sur la façon dont l’Etat s’immisce dans notre vie privée, considérant que les corps, les sexes, les plaisirs doivent être contrôlés et régulés… jusqu’à l’absurde ! Les Marocaines et les Marocains se sont libérés du despotisme colonial et du pouvoir absolu du sultan pour construire une nation composée de citoyens libres et égaux en droit. S’ils ont gagné le « droit d’avoir des droits », ils ne se sont pas libérés du besoin : la pauvreté et les injustices sociales limitant le plein exercice de leurs libertés individuelles. La véritable transition démocratique du Maroc se situe précisément à ce niveau. Car les inégalités sociales ne sont pas qu’une question d’économie ou de revenu, mais aussi d’accès à la liberté. Pour beaucoup, l’horizon des possibles est bloqué par le contrôle de leur corps et de leurs désirs, aspects fondamentaux de leur exclusion sociale. Un nouveau modèle de développement est donc nécessaire. Pour l’instant, nous ne sommes pas encore « libres d’être libres », selon la formule d’Hannah Arendt … et ce sont les femmes qui sont les victimes expiatoires de l’immense frustration généralisée. *Un hadith est une parole attribuée au prophète Mahomet. L’ensemble des hadith constitue un recueil de principes de vie central dans la tradition musulmane. Mehdi Alioua est professeur associé à l’Université internationale de Rabat, titulaire de la chaire « Migrations, mobilités, cosmopolitisme ». Chaque dimanche, le rendez-vous des idées du « Monde Afrique » Le Monde Afrique vous propose un nouveau rendez-vous, tous les dimanches, consacré au débat d’idées sur le continent et dans ses diasporas. Un regard singulier qui prendra la forme d’un entretien, d’un portrait, d’une tribune ou d’une analyse : c’est « le rendez-vous des idées ». Mehdi Alioua
LE RENDEZ-VOUS DES IDÉES. Le professeur Mehdi Alioua analyse comment le cas de la journaliste poursuivie notamment pour « débauche » révèle le contrôle exercé par l’Etat sur le corps des Marocaines.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/15/affaire-hajar-raissouni-au-maroc-nous-vivons-dans-une-dictature-des-m-urs_5510692_3212.html
mlsum-fr-4924
« 4 Waters : Deep Implicancy (still) », de Denise Ferreira da Silva et Arjuna Neuman (2018). Courtesy of the artists Kathryn Weir, qui est l’initiatrice et la directrice du cycle de manifestations nommé Cosmopolis, ne craint par les sujets difficiles. La première édition, au Centre Pompidou en 2017, portait sur l’intelligence collective, la deuxième, à Chengdu en 2018, sur l’intelligence élargie. La troisième s’intitule « Repenser l’humanité ». « Repenser » se justifie par une constatation largement connue : l’humanité va très mal. A coups de progrès merveilleux, elle détruit son monde à un rythme accéléré. L’inégalité entre puissants et misérables est accablante, et accablante aussi la prolifération des tyrannies. Les guerres de religions prospèrent, en attendant les prochaines guerres pour l’eau et la terre. Il serait temps de corriger la trajectoire, à supposer que ce soit encore possible. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Serge Lasvignes : « L’art contemporain est le secteur qui s’occupe le plus des questions les plus proches des gens » Tout ceci, il est difficile de l’ignorer et les 40 artistes réunis ne peuvent qu’en montrer des preuves et dénoncer les ravages passés et présents de l’industrialisation et de la colonisation. L’exposition opère sur le principe de la collecte et ne néglige aucun continent, bien que l’Asie et l’Amérique latine dominent la sélection. A peu près tous les modes d’expression artistique disponibles sont utilisés, quoique la vidéo soit la plus présente. Rien de surprenant : elle est, à l’évidence, le moyen le plus direct de raconter des histoires, d’accumuler des images frappantes, de faire glisser le reportage vers l’allégorie ou le chant funèbre. Ces capacités ont néanmoins leurs dangers. L’exposé, à force de didactisme, peut glisser du sérieux au laborieux, faute de rythme et de construction visuelle, et perdre de son efficacité en accumulant faits et longs discours. Ou c’est l’inverse : trop d’allusions, trop d’ellipses, trop de complications vaines. La tentation du spectaculaire Les questions posées sont par ailleurs souvent intéressantes : l’appropriation et les manipulations de la culture aztèque par l’Etat mexicain, dont traite Claudia Peña Salinas ; les hybridations culturelles confinant à l’absurde sur fond de supposée « authenticité autochtone » mises à nu par Adrian Balseca. Mais la projection dans un espace muséal est-elle la meilleure façon de faire voir ces films qui demandent du temps et une attention soutenue ? A l’inverse, prévues pour l’exposition muséale, d’autres vidéos cèdent à la tentation du spectaculaire : le montage grandiloquent de Denise Ferreira da Silva et Arjuna Neuman et le gigantisme des trois écrans de Liu Chuang desservent leur propos. Avec des images de moindre format, précisément saisies et montées, Emo de Medeiros en dit bien plus long sur la transformation du monde par l’invasion des smartphones : il y a, ici, adéquation de la forme visuelle et de la pensée, ce qui est assez rare dans l’exposition.
Le Centre Pompidou, à Paris, réunit 40 artistes pour évoquer, parfois avec trop de didactisme, les ravages de l’industrialisation et de la colonisation.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/30/le-monde-va-mal-et-l-exposition-cosmopolis-2-a-beaubourg-le-dit-plus-ou-moins-bien_6017416_3246.html
mlsum-fr-4925
« Grâce à toi Gérard, aujourd’hui on est rassemblé. » La présidente d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, est un peu pressée, ce jeudi soir 10 octobre à Sèvres (Hauts-de-Seine), pour la dernière des conventions de Gérard Larcher, aussi passe-t-elle vite sur les quelques absents. Le 4 juin, après la débâcle des européennes, le président du Sénat, troisième personnage de l’Etat, autorité morale à droite, avait réussi l’exploit de réunir au Novotel de la Tour Eiffel les présidents des groupes LR au Parlement, ceux des trois grandes associations d’élus locaux et la plupart des présidents de région de la droite et du centre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le moment Gérard Larcher Des « quatorze » du Novotel, certains manquent à l’appel ce jeudi, « pas beaucoup », souligne Gérard Larcher : ni Laurent Wauquiez ni le président du groupe LR à l’Assemblée, Christian Jacob, dans les dernières heures de sa campagne pour la présidence du parti, ni le président par intérim Jean Leonetti ne sont là. Malgré les préventions répétées du président de la Chambre haute, qui martèle que son initiative « France territoires » est « sans concurrence avec nos formations politiques, qui doivent elles aussi se reconstruire », son tour de France a forcément suscité des parallèles avec une campagne interne en mal de dynamique. « Je n’exclus rien » Depuis juin, Gérard Larcher a sillonné les « territoires » qu’il affectionne en dix étapes, dix rencontres avec des ténors plus ou moins éloignés de l’appareil des Républicains, du président des Hauts-de-France Xavier Bertrand à Valenciennes (Nord) à Laurent Wauquiez à Vichy (Allier), en passant par la Normandie du centriste Hervé Morin. Ce faisant, la rumeur de son ambition personnelle a couru, encouragée par son livre d’entretiens Contre-pouvoir avec la journaliste du Figaro Marion Mourgue, à paraître le 16 octobre aux Editions de l’Observatoire. « Je n’exclus rien. Je déciderai en fonction des circonstances », peut-on y lire. « J’ai toujours privilégié le Sénat. Si les événements et les circonstances politiques le décidaient, j’assumerais. Mais ce n’est pas le rêve de ma vie. » L’incertitude aura duré trois jours. Lundi 7 octobre sur RTL, le troisième personnage de l’Etat lâchait : « Je ne suis pas candidat à l’élection présidentielle de 2022. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les Républicains, un parti exsangue en quête d’un chef Aussi jeudi, passé ces clarifications, le président du Sénat était à l’aise dans ses habits de gardien de la majorité sénatoriale pour cette onzième et dernière convention, où il a d’abord évoqué les municipales. « Les élections territoriales sont, dans les dix-huit mois à venir, les rencontres majeures que nous devons avoir avec les Français », a-t-il dit en conclusion, assurant qu’il rendrait, d’ici un mois, un « référentiel » politique, celui de l’union de la droite et du centre, « mis à la disposition des élus qui partagent nos valeurs ».
Le président du Sénat a conclu, jeudi à Sèvres, une tournée de la droite et du centre qui l’a vu s’ériger en référence morale à droite, si ce n’est en recours pour 2022.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/11/gerard-larcher-metre-etalon-de-l-union-boucle-son-tour-de-france_6015109_823448.html
mlsum-fr-4926
Malgre un record de livraisons et de productions de voitures, l’entreprise Tesla a perdu de l’argent au deuxième trimestre. Lucas Jackson / REUTERS Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme Tesla a accusé une perte nette de 408,3 millions de dollars (environ 366 millions d’euros) au deuxième trimestre, soit un déficit de 1,12 dollar par action une fois retirés les éléments exceptionnels. Ce dernier chiffre, qui fait référence en Amérique du Nord, était plus important que la perte par action de 40 cents à laquelle s’attendaient en moyenne les analystes. L’action dévissait par conséquent de 12 % vers 23 heures GMT (1 heure, heure française, jeudi) dans les échanges électroniques suivant la clôture de séance. Les investisseurs étaient d’autant plus déçus que Tesla a livré un nombre record de 95 356 véhicules au deuxième trimestre, principalement grâce au Model 3, et en a produit 87 048, là aussi un record. Jusqu’à présent, le groupe de Fremont (Californie) n’était parvenu à livrer au maximum que 91 000 voitures et à en produire 86 600, et ce au quatrième trimestre 2018. Si le chiffre d’affaires a bondi de 58,7 % à 6,35 milliards de dollars (environ 5,70 milliards d’euros), il est en dessous des 6,40 milliards de dollars anticipés. Les marges opérationnelles ont aussi diminué, passant de 15,5 % à 14,5 % en un an. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Raz de marée de voitures électriques d’ici à 2025 en Europe Ces résultats sont une déconvenue pour Tesla, qui a du mal à gagner de l’argent depuis sa création il y a plus de seize ans et ce en dépit d’une image de marque saluée par le grand public. D’autant plus que le constructeur s’était engagé récemment dans des réductions drastiques de coûts en promettant de fermer certaines boutiques et en supprimant des emplois ainsi que les versions de base de ses modèles les plus chers – Model S et Model X. Une usine en Europe à venir Pour le reste de l’année, le groupe a promis d’être rentable lors du troisième trimestre en cours mais sa priorité est d’augmenter ses volumes de ventes et de production, de générer des liquidités et d’étendre ses capacités. Le PDG, Elon Musk, a quelque peu tempéré cet objectif lors d’une conférence téléphonique en déclarant : « Nous nous attendons à être aux alentours de l’équilibre ce trimestre et rentables au prochain trimestre. De cela je suis sûr ». Auparavant, l’entreprise avait également répété qu’elle voulait toujours produire 10 000 véhicules par semaine à la fin de l’année et que son objectif principal restait de livrer de 360 000 à 400 000 voitures en 2019. Les marchés étaient sceptiques sur cette dernière prévision après de faibles livraisons de véhicules Tesla au premier trimestre. « Nous nous employons à augmenter nos livraisons un trimestre sur l’autre et annuellement », a souligné Elon Musk. « Il y aura toutefois des fluctuations dues à la saisonnalité ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Batteries électriques : l’Europe sonne la charge Tesla a également indiqué qu’il allait annoncer dans les « prochains trimestres » le nom du lieu qui accueillera son usine européenne. « Nous sommes en train d’accélérer nos efforts concernant notre usine de batteries géante européenne et espérons finaliser le choix du lieu dans les prochains trimestres », a déclaré la société. Elon Musk, qui a par ailleurs annoncé le départ de JB Straubel de ses fonctions de chef des technologies (CTO), a précisé que l’annonce serait faite « avant la fin de l’année ».
Malgré de bonnes ventes, l’action du constructeur de voitures électriques a chuté de 12 % après l’annonce d’une perte nette de 408 millions de dollars au deuxième trimestre.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/25/tesla-a-perdu-plus-d-argent-que-prevu-au-deuxieme-trimestre_5493104_3234.html
mlsum-fr-4927
L’Hôtel des collections (ex-hôtel Montcalm), fer de lance du Mo.Co, à Montpellier, le 24 juin. SANDRA MEHL POUR « LE MONDE » Mo.Co. Toute ressemblance avec des noms ou des lieux ayant déjà existé… n’aurait rien d’involontaire. Derrière les quatre lettres de Montpellier contemporain, le nouveau centre d’art contemporain de la capitale de l’Hérault, qui sera inauguré le 29 juin, flotte comme un air américain. Lacma, MOCA, SFMoMA… Pour imprimer sa marque sur la carte mondiale des lieux artistiques qui comptent, la ville dirigée par Philippe Saurel (divers gauche) a choisi un nom et une communication en phase avec une région dont les inspirations sont à chercher du côté de la Californie. « [Le Mo.Co est] un modèle unique au monde. Il nous a semblé plus rationnel et respectueux des milieux publics de travailler avec cet immense réseau de collectionneurs qui pourraient être intéressés par notre projet artistique. » Nicolas Bourriaud, fondateur du Mo.Co Le Mo.Co n’est pas un lieu unique mais un triptyque. L’ancien hôtel Montcalm, rebaptisé pour l’occasion Hôtel des collections, situé rue de la République, sera le fer de lance de cette nouvelle proposition artistique. C’est là, dans ce bâtiment redessiné par l’architecte Philippe Chiambaretta, avec un jardin repensé par l’artiste Bertrand Lavier, que les visiteurs pourront découvrir, dès le 29 juin, l’exposition consacrée à la collection du créateur de mode japonais Yasuharu Ishikawa. Comment constituer aujourd’hui un musée d’art contemporain en partant d’une feuille blanche ? Le Mo.Co relève le défi avec cet endroit « où naîtront uniquement des projets conçus à partir de collections privées », résume Nicolas Bourriaud, ancien codirecteur du Palais de Tokyo à Paris, commissaire de nombreuses expositions de par le monde et en charge du projet montpelliérain depuis 2016. « Un modèle unique au monde, assure-t-il. De nos jours, il est impossible de se lancer dans la constitution d’une collection à partir de zéro. Cela réclamerait des sommes considérables pour un résultat incertain. Il nous a donc semblé beaucoup plus rationnel et respectueux des milieux publics de travailler avec cet immense réseau de collectionneurs qui pourraient être intéressés par notre projet artistique. » Fort de ce constat, le Mo.Co entend célébrer des « visions du monde » non pas avec un défilé de collections prestigieuses mais en invitant « des gens qui opèrent sur des territoires périphériques, sur des sujets, voire des protocoles, pas forcément habituels, afin d’avoir un point de vue sur l’art ou sur l’époque », estime Nicolas Bourriaud. Cela ne devrait pas manquer avec le prochain accrochage, en octobre, dévolu à l’étonnante collection qu’a constituée l’historien d’art russe Andreï Erofeev dans les années 1990, dans l’optique de créer un musée public autour du Sots Art et des avant-gardes soviétiques des années 1980 à 2000. Ouvrir la création au plus large public La Panacée, c’est la deuxième tête de la « créature » Mo.Co. Un espace singulier de 1 000 m2, ancré dans le cœur historique de Montpellier, et qui a accueilli l’an passé quelque 120 000 visiteurs. Quel rôle joue-t-il dans la structure ? Il s’ouvre aux artistes émergents, sans s’interdire quelques incursions vers des créateurs plus « historiques », et invite d’autres disciplines, à commencer par la performance. Son architecture quadrangulaire, articulée autour d’un vaste patio, autorise la tenue de toutes sortes d’événements, tout comme son auditorium de près de 200 places. « Tiber » (1987), de Lawrence Weiner, exposée au Mo.Co, à Montpellier. SANDRA MEHL POUR « LE MONDE » Voilà des années que La Panacée, ancienne école de médecine de la ville (d’où son nom), proposait des expositions. Mais Nicolas Bourriaud a clarifié son identité, au fur et à mesure que naissait le Mo.Co, et mis l’accent sur la médiation, avec un format d’accompagnement gratuit. Un signe parmi tant d’autres qu’il s’agit ici d’ouvrir la création au plus large public, comme c’est le cas avec l’exposition estivale intitulée « La Rue. Où le monde se crée », riche de mille questions sur ce lieu quotidien. Dès l’automne, trois jeunes artistes investiront le lieu : Astrid Lutz, Caroline Achaintre et Ambera Wellman, pour leur première monographie à toutes les trois. C’est l’axe principal de ce site : servir de laboratoire à des plasticiens guère confirmés en leur offrant leur première exposition. Plus tard, à l’été 2020, changement de génération avec une collaboration entre Betty Tompkins et Marilyn Minter, plus de soixante-dix printemps chacune. La Panacée, c’est aussi l’une des ressources essentielles de l’Ecole supérieure des beaux-arts de la ville, troisième tête de l’« hydre ». Tous les artistes qui y exposent passent également dans les ateliers des étudiants, participent à des jurys blancs, à des workshops. Une façon de sortir de l’isolement cette école longtemps fermée sur elle-même, en l’arrimant à un lieu de production et d’exposition, comme cela peut être le cas au Portikus ou au Städel Museum de Francfort. Lire aussi A Montpellier, Bertrand Lavier crée un atlas végétal Mo.Co. Quatre lettres et trois piliers, donc, pour une même promesse. Inscrire Montpellier sur l’agenda des amateurs d’art contemporain. Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Mo.Co.
Montpellier inaugure son centre d’art contemporain le 29 juin : le Mo.Co, hydre à trois têtes sans fonds permanent, ambitionne de suivre la formation des talents de demain, de les exposer et de présenter sur ses cimaises des collections privées du monde entier.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/28/le-mo-co-ou-la-promesse-de-voir-l-art-grandir_5482717_3246.html
mlsum-fr-4928
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Public figures ask “Le Monde”’s owners to guarantee editorial independance by granting a right of approval for new controlling shareholders.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/13/more-than-500-public-figures-commit-for-the-independence-of-le-monde-group_5510117_3232.html
mlsum-fr-4929
Olivier Rousteing et la réalisatrice Anissa Bonnefont. CANAL+ CANAL+ - MERCREDI 16 OCTOBRE À 21 H 00 - DOCUMENTAIRE Dans l’imaginaire anglo-saxon, un « wonder boy » est un homme pour qui rien n’était gagné d’avance, qui a réussi sa vie sans qu’une fée se soit penchée sur son berceau à la naissance. C’est ce qu’explique Olivier Rousteing, directeur artistique de Balmain et enfant prodige de la mode française, à son chauffeur/confident Mohamed. « Tu crois que je suis un wonder boy ? », lui demande-t-il, sûr de la réponse mais dont on devine qu’il ne la croira pas. Lire aussi Le luxe métissé d’Olivier Rousteing Avec son physique juvénile, ses lèvres pleines et son style flamboyant, mélange de rock et de « bling bling », Olivier Rousteing est à l’heure actuelle un des directeurs artistiques les plus en vogue de la mode parisienne. Propulsé à l’âge de 25 ans à la tête de la vénérable maison de couture créée en 1945, le jeune Olivier est né sous X en 1985 et a été adopté à l’âge d’un mois par un couple de Bordelais blancs. Dans Wonder Boy, la cinéaste Anissa Bonnefont dresse moins le portrait de ce couturier en vue que celui d’un jeune trentenaire beau, riche et célèbre, confronté à la douloureuse amnésie que lui impose le fait de ne pas connaître ses parents biologiques. Il en résulte un film à la fois léger et profondément touchant. Solitude, doute et inquiétude Evoluant dans un monde aux codes superficiels et aux enjeux financiers si colossaux qu’ils ne pardonnent aucune erreur, Olivier Rousteing est, comme ses pairs, soumis à une cadence infernale de travail et à son corollaire amer, la solitude. Dans son appartement opulent, à la salle de sports où son coach l’épuise, dans ses ateliers où de nombreuses petites mains s’agitent en attendant son verdict, en coulisses des défilés où les figures du milieu viennent le féliciter, dans ces scènes de la vie quotidienne, mais peu banale, du directeur artistique se dessine en creux une existence marquée par le doute et l’inquiétude. « Plus je sais où je vais, plus j’ai besoin de savoir d’où je viens », dit-il pour expliquer la démarche qu’il vient d’entreprendre auprès de l’Aide sociale à l’enfance pour tenter de percer le mystère de ses origines. « Quand tes parents ne te veulent pas, tu te demandes pourquoi tu es là. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Etre né sous X, c’est n’être même pas né de quelqu’un » La force de ce film est de donner à voir un personnage évoluant entre deux mondes radicalement différents : d’un côté la star de la fashion week et des réseaux sociaux, qui a multiplié par six le chiffre d’affaires de Balmain depuis sa nomination, de l’autre l’enfant adopté naviguant dans les méandres de l’administration pour obtenir le droit de consulter le maigre dossier constitué à sa naissance. Ce chemin-là, qui est le même pour tous les enfants privés de ces informations, s’avère aussi terrifiant que nécessaire : « Tant que je ne sais pas qui je suis, je ne pourrai pas m’aimer », lâche le couturier. La personnalité attachante d’Olivier Rousteing, filmé avec une grande délicatesse par Anissa Bonnefont, contribue à faire éclore des scènes bouleversantes, comme celle dans laquelle il découvre l’écriture de sa mère biologique – « l’écriture d’une enfant » – et devine la violence et la tristesse qui ont vraisemblablement entouré sa naissance. Ou encore celle qui le voit recevoir de la main de ses parents adoptifs un album photo qui retrace toute son histoire, jusqu’au pays d’origine de ses parents biologiques. Jamais dupe de la mise en scène propre aux personnalités évoluant dans ce milieu, Anissa Bonnefont échappe au piège de la complaisance et signe une œuvre particulièrement juste. « Wonder Boy », réalisé par Anissa Bonnefont (Fr., 2019, 81 min).
Un documentaire juste et émouvant d’Anissa Bonnefont sur le flamboyant directeur artistique de Balmain, à la recherche de ses parents biologiques.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/16/olivier-rousteing-un-wonder-boy-en-quete-d-amour-et-d-identite_6015776_3246.html
mlsum-fr-4930
La Cavale, une librairie coopérative à Montpellier. Librairie La Cavale Tout est discuté, mis en commun, décidé de façon collective dans la librairie La Cavale à Montpellier, l’une des rares dans l’Hexagone à avoir choisi un statut de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). « Quand la librairie a ouvert, le 1er décembre 2018, dans le quartier des Beaux-Arts, nous étions 135 à avoir investi un ticket minimum de 20 euros par part sociale, explique Sylvain Bertschy, président et gérant de la SCIC. Nous sommes 370 aujourd’hui. Et dans ce jeune collectif, on est encore contents de se voir ! », se félicite-t-il. Cela ne va pas de soi. Evoquant un petit phalanstère utopiste digne de Charles Fourier, tout est partagé : le capital, les décisions et les compétences. Au quotidien, deux libraires, Marion Floris et Julien Haution, sont employés à plein temps, mais une quarantaine de coopérateurs s’impliquent aussi directement dans le fonctionnement du lieu. « Pour qu’un jour, La Cavale ne soit pas qu’un lieu de culture aussi mais d’éducation populaire hors les murs », espère M. Bertschy. « Pour ce type de magasin de 90 mètres carrés, le syndicat de la librairie de France estime que le taux de rentabilité à cinq ans s’élève à 0,3 % », selon Sylvain Bertschy Entre quatre et trente coopérateurs argumentent et convainquent leurs pairs dans une douzaine de « comités » consacrés au pilotage, à la commercialisation, à la communication, aux demandes de subventions, à la médiation, aux travaux, à l’animation, aux activités hors les murs, à la gestion du fonds et au choix des ouvrages, ou encore à la stratégie et la finance… L’accès aux débats reste libre, selon un principe fort démocratique : chaque coopérateur détient la même voix en assemblée générale, quel que soit le montant de son investissement. « Je ne prends aucune décision seul », indique le président de la SCIC, dont le mandat sera remis en jeu chaque année. Il a les pieds sur terre, rappelant qu’ouvrir une librairie n’est pas le moyen idoine pour gagner des flots d’or. « Pour ce type de magasin de 90 mètres carrés, le syndicat de la librairie de France estime que le taux de rentabilité à cinq ans s’élève à 0,3 % », précise-t-il… Ce lieu est né d’une déconvenue. Le propriétaire d’une autre plus petite librairie de Montpellier, L’Ivraie, a décidé de partir en Bretagne sans trouver d’accord avec un repreneur. D’où l’idée d’en créer une nouvelle, de façon collective, grâce à « un tiers de fonds propres, un tiers d’emprunt et un tiers de subventions », détaille Sylvain Bertschy. La librairie propose désormais un choix de 11 000 ouvrages, avec un assortiment très fourni dans les sciences sociales mais aussi de la littérature générale, des livres jeunesse et de la BD. Pour l’heure, La Cavale n’est pas encore rentable, mais son chiffre d’affaires (360 000 euros par an) est en ligne avec les prévisions. Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec France Active Conférence « Accélérons l’engagement des entrepreneurs de demain », 52 ter, rue des Vinaigriers, 75010 Paris . le 3 octobre à 17 heures
A Montpellier, deux libraires et une quarantaine de coopérateurs font vivre un lieu de culture où tous ont voix au chapitre.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/03/la-cavale-une-des-rares-librairies-cooperatives_6014015_1657007.html
mlsum-fr-4931
Le « caf’contes » du dimanche 10 novembre 2019, proposé par La Huppe galante, a eu pour thème l’arbre. © HBIESER/PIXABAY Rentrée tardive mais particulièrement riche et intéressante en ce dimanche 10 novembre, de 10 heures à midi, pour les « caf’contes » organisés chaque mois par l’association La Huppe galante (dont le site Internet est en cours de maintenance, d’où l’absence de lien cliquable) dans un petit salon privatif au premier étage du café Bords de Seine (Paris 1er), juste à côté d’un Théâtre du Châtelet entièrement rénové. Malgré un week-end prolongé de trois jours avec le 11-Novembre, ce rendez-vous dominical très apprécié des amateurs et amatrices de contes a fait une nouvelle fois salle comble, avec trente participant(e)s, en comptant l’animatrice de la discussion, la conteuse Nathalie Leone et les deux organisatrices, Odile et Elisabeth, toujours fidèles au poste. Le tout comme d’habitude dans une ambiance conviviale (avec boisson chaude, croissant et jus d’orange au menu), voire presque familiale (la plupart des personnes se connaissant déjà pour fréquenter le milieu du conte à Paris ou en région parisienne, mais avec toujours quelques nouveaux visages, pour élargir le cercle des habitué(e)s). Comme on ne change pas une formule qui désormais a fait ses preuves (les « caf’contes » ont vu le jour en 2015), la séance s’est ouverte par un travail en petits groupes (entre quatre et six personnes) pour permettre aux participant(e)s de discuter autour du thème de novembre, l’arbre, avec deux axes de réflexion principaux proposés en introduction par Nathalie Leone : le rapport personnel de chacun(e) avec un arbre spécifique et les histoires mettant en scène un arbre. Après une bonne vingtaine de minutes passées à échanger des idées et des récits en petits groupes, Nathalie Leone a repris la parole pour élargir la discussion à l’ensemble de l’auditoire. Chaque groupe a été invité à présenter aux autres les fruits de sa réflexion et les contes évoqués. L’arbre omniprésent dans les mythologies Sans trop rentrer dans les détails de cette discussion particulièrement instructive et abondamment nourrie par les interventions des un(e)s et des autres, signalons quand même les grandes lignes directrices qui en sont ressorties. Tout d’abord, une évidence qu’on peut toutefois rappeler : l’arbre est présent dans toutes les mythologies, des légendes nordiques aux mythes amérindiens, en passant par la mythologie grecque (tous les dieux de l’Antiquité ont un arbre qui les représente, comme le frêne pour Poséidon, le chêne pour Zeus, l’olivier pour Athéna, etc.) et les contes de sagesse venus d’Inde, ou la tradition orale africaine (avec le fameux arbre à palabres). Dans un grand nombre de récits, venus de tous les pays, l’arbre est présent et joue un rôle plus ou moins important dans l’intrigue, qu’il soit un élément fondateur de l’univers (comme Yggdrasill, l’arbre cosmique ou arbre de vie dans la mythologie nordique qui unifie les différents mondes, celui des dieux, celui des géants et celui des morts) ; un protagoniste au rôle plutôt positif qui vient aider le héros dans sa quête d’un trésor ou autre ; un élément de décor traversé par les autres personnages (par exemple, les forêts d’arbres en argent, en or et en diamant (ou en cuivre) par où passent les douze princesses dans un conte retranscrit par les frères Grimm, Le Bal des douze princesses ou Les Souliers usés à la danse). Vie et mort des arbres (et des hommes ?) L’arbre se décline aussi à travers toute une série d’éléments qui en sont issus ou qui le prolongent : ses fruits, bien sûr, qu’ils soient bénéfiques ou non (par exemple, dans la célèbre histoire de l’Arbre de vie et de mort, avec ses deux branches, l’une avec des fruits bons à manger et l’autre avec des fruits empoisonnés, mais qui ne peut survivre si l’on coupe l’une des deux) ; ses racines au pied desquelles sont enterrés d’innombrables trésors ou des secrets inavouables (comme dans le tout aussi célèbre Conte du Genévrier recueilli, entre autres, par les frères Grimm, dans lequel une fillette enterre au pied de cet arbre les ossements de son demi-frère tué par une belle-mère jalouse qui ne se contente pas de l’assassiner mais va jusqu’à le cuisiner en ragoût servi lors du repas familial) ; ses branches aux usages multiples, notamment pour venir en aide aux héros, ou les abriter, ou pour faire disparaître les méchants (comme dans L’Oranger magique, un conte venu d’Haïti, dans lequel une petite fille parvient avec ses larmes à faire pousser un oranger qui emporte une marâtre cruelle vers le ciel, prisonnière de ses branches). Innombrables également sont les histoires dans lesquelles un homme ou une femme se transforme en arbre, et inversement, un arbre prend une apparence humaine, masculine ou féminine. C’est le cas notamment pour de nombreuses nymphes dans la mythologie antique, qui, pour échapper à des dieux un peu trop insistants, deviennent des arbres (comme dans Les Métamorphoses d’Ovide). Une illustration parfaite des liens étroits entre les hommes et les arbres, entre l’humanité et la nature. D’où découle l’inévitable question sur l’avenir de l’humanité, si l’on continue de détruire les forêts, notamment en Amazonie. L’homme pourra-t-il survivre une fois tous les arbres disparus ? Une réflexion à prolonger, au-delà de ce petit déjeuner dominical et de sa phrase de conclusion lancée par Nathalie Leone sous forme de clin d’œil, « Plantons des arbres ! », par des lectures glanées au fil des échanges (comme Le Baron perché, d’Italo Calvino ou L’Homme qui plantait des arbres, de Jean Giono) ou par les livres et revues sur le thème de l’arbre proposés par le libraire Dominique Garnier (L’invit’ à lire dans le 10e arrondissement), toujours fidèle au poste, lui aussi, pour ces enrichissants rendez-vous contes du dimanche matin. « Caf’contes », des petits déjeuners thématiques proposés par l’association La Huppe galante, un dimanche par mois, de 10 heures à midi. Café Bords de Seine, 1, place du Châtelet, Paris 1er (au salon du premier étage). Prochaine date de la saison : dimanche 15 décembre sur le thème « Les cadeaux dans les contes ». Adhésion annuelle à La Huppe galante (à verser lors de la première participation de l’année) : 10 € et petit déjeuner : 10 €. Réservation indispensable par mail à : lahuppegalante75@gmail.com. Un coin lectures est toujours proposé par la librairie L’invit’ à lire (12, rue du Château Landon, Paris 10e).
Pour la reprise de ses petits déjeuners dominicaux mensuels, le 10 novembre, l’association a fait le plein de participant(e)s pour raconter et écouter des histoires arboricoles.
https://www.lemonde.fr/contes/article/2019/11/10/la-huppe-galante-a-fait-sa-rentree-avec-un-caf-contes-fertile-sur-le-theme-de-l-arbre_6018699_5470962.html
mlsum-fr-4932
Des manifestants opposés au projet de loi d’extradition affrontent la police, lors d’une marche à Hongkong, le 3 août. TYRONE SIU / REUTERS La tension ne retombe pas à Hongkong, et les mises en garde de Pékin ne font qu’attiser la colère des manifestants. Une nouvelle journée de mobilisation, samedi 3 août, s’est soldée par un face-à-face tendu entre les policiers et la foule impressionnante de plusieurs milliers de militants pro-démocratie, mobilisés depuis plusieurs semaines. En début d’après-midi, des centaines de contestataires masqués ont érigé des barricades improvisées pour bloquer plusieurs rues dans la zone commerciale et touristique de Tsim Sha Tsui, près du port. La police a demandé aux manifestants de « cesser leurs actes illégaux » et au public d’éviter cette partie du territoire. Les forces de l’ordre ont ensuite tiré des grenades lacrymogènes contre des manifestants situés devant un commissariat dans le quartier touristique d’Hongkong. Casques et masques à gaz couvrent les visages des manifestants anti-extradition, à Hongkong, le 3 août. ELOISA LOPEZ / REUTERS Les fonctionnaires rejoignent le mouvement De semaine en semaine, le climat est de plus en plus tendu entre les militants pro-démocratie et le gouvernement chinois, qui voit dans ces manifestations répétées un signe de défiance et une remise en question de l’unité de son territoire. Pékin et les autorités locales ont d’ailleurs haussé le ton cette semaine, en procédant à des dizaines d’arrestations. L’armée chinoise a annoncé qu’elle serait prête à réprimer les troubles « intolérables » si on le lui demandait. Mais les manifestants sont restés inflexibles et ont promis de tenir plusieurs rassemblements et manifestations tout au long du week-end et de la semaine prochaine. « Plus le gouvernement nous réprimera, et plus nous sortirons jusqu’à ce qu’il réponde à nos revendications », a déclaré Ah Kit, un contestataire de 36 ans. Les manifestants ont été arrosés de gaz lacrymogènes lors de la marche organisée à Hongkong, le 3 août. TYRONE SIU / REUTERS Vendredi soir, les fonctionnaires ont rejoint le mouvement alors que le gouvernement les avait appelés à une « loyauté totale », les menaçant de limogeage s’ils descendaient dans les rues. L’appel n’a que peu dissuadé. Dimanche, ce sont deux marches supplémentaires qui sont prévues, l’une sur l’île de Hongkong et l’autre dans le secteur de Tseung Kwan O. Lundi, une grève générale est appelée dans toute la ville, en plus des rassemblements dans sept localités. Dans le même temps et pour organiser la riposte, des milliers de partisans du gouvernement se sont réunis sur un autre site de Hongkong. Beaucoup agitaient des drapeaux chinois et reprenaient des slogans en soutien à la police. Huit week-ends consécutifs La mégapole du sud de la Chine, qui traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession en 1997 par Londres, a déjà connu huit week-ends consécutifs de manifestations massives, souvent suivis d’affrontements entre de petits groupes radicaux et les forces de l’ordre. Les agents de police à l’extérieur d’un commissariat du district de Wong Tai Sin, après avoir arrêté des manifestants, à Hongkong, le 3 août. PHILIP FONG / AFP La crise a démarré il y a deux mois, lorsque l’opposition s’est insurgée contre un projet de loi permettant les extraditions vers la Chine continentale. Le texte a été suspendu, mais le mouvement s’est élargi pour contester le recul des libertés dans l’ex-colonie britannique et exiger des réformes démocratiques. En vertu du principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession de Hongkong par le Royaume-Uni, la ville jouit jusqu’en 2047 de libertés inconnues dans le reste du pays. Mais de plus en plus de voix s’inquiètent de voir Pékin bafouer cet accord. Les protestataires réclament la démission de la chef de l’exécutif, Carrie Lam, et une enquête indépendante sur la stratégie policière, l’amnistie des manifestants incarcérés, le retrait pur et simple du projet de loi et le droit de pouvoir élire leurs dirigeants.
Le gouvernement chinois a haussé le ton toute la semaine, dans l’espoir de décourager les manifestants pro-démocratie qui défient son autorité.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/03/les-manifestants-hongkongais-se-reunissent-malgre-les-avertissements-de-pekin_5496250_3210.html
mlsum-fr-4933
Inspection de plans dans une des serres de l’Icarda à Tribol ( Liban), en 2016. Mohamed Azakir / REUTERS Sous le soleil de la vallée libanaise de la Bekaa, non loin des montagnes qui mènent vers la Syrie, Ali Chehadeh, chercheur au Centre international de recherche agricole en zones arides (Icarda), est intarissable sur les graines cultivées au domaine de Terbol : des variétés d’orge, de blé, de fèves… « L’un de nos buts est d’identifier les cultures les plus résilientes pour affronter le changement climatique », dit ce scientifique syrien au département des ressources génétiques de l’Icarda qui conserve, étudie des semences et en distribue à certains agriculteurs. La préservation de la biodiversité et la recherche de la sécurité alimentaire sont des priorités de cette organisation internationale, dont le siège temporaire est basé à Beyrouth. Elle s’est gagnée une réputation mondiale avec sa banque de graines, vaste patrimoine de semences de céréales, légumineuses et légumineuses fourragères, autrefois active en Syrie, aujourd’hui répliquée à Terbol, au Liban. « Dans notre banque génétique, nous avons identifié de nombreuses variétés, adaptées aux régions arides, tolérantes à la sécheresse, moins demandeuses en eau », poursuit Ali Chehadeh, en ouvrant la porte de chambres froides dans le bâtiment de Terbol, où les collections de semences sont abritées. Le chercheur connaît le domaine libanais depuis la fin des années 1980. Le lieu ne fut longtemps qu’un site secondaire, alors que l’Icarda était basé en Syrie, dans la région d’Alep. A cause de la guerre, le centre a dû délocaliser ses activités. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Svalbard, dans la chambre forte des semences Transfert de copies C’est en 2012 que les équipes commencent à être déplacées. Cette année-là, les combats gagnent la ville d’Alep, qui se retrouve coupée en deux, entre zone gouvernementale et quartiers rebelles. Les trajets vers Tall Hadya, le site agricole de l’Icarda, situé à une trentaine de kilomètres au sud-ouest d’Alep, tournent au périple. Mais il est inconcevable pour les chercheurs, expatriés ou syriens, d’abandonner la banque de semences de Tall Hadya, riche de près de 150 000 échantillons. Dès 2008, des duplicatas avaient été déposés à la réserve mondiale de semences de Svalbard, en Norvège, en plus des copies envoyées à d’autres banques de gènes. Quand, en 2011, la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad éclate en Syrie, les équipes accélèrent le transfert de copies. Elles sont convoyées hors du pays jusqu’en 2014. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des graines syriennes sauvegardées en Norvège Un an plus tard, un premier retrait, exceptionnel, du coffre-fort de Svalbard, contribue à la reconstitution de cette collection par les chercheurs de l’Icarda, au Liban et au Maroc. D’autres retraits, et des envois d’anciennes ou de nouvelles acquisitions, ont eu lieu depuis.
La banque de semences a été sauvegardée dans l’archipel arctique du Svalbard, et son centre de recherche délocalisé au Liban et au Maroc.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/20/le-patrimoine-genetique-agricole-syrien-a-ete-sauve-de-la-guerre_5500940_3210.html
mlsum-fr-4934
Encore aujourd’hui, à 44 ans, le problème, pour Leonardo DiCaprio est de trouver sa place. C’était un souci à 23 ans, à l’époque de Titanic, quand le talent d’acteur de l’icône adolescente posait question. Cela restait un sujet de débat à l’approche de la trentaine quand, sous la direction de Martin Scorsese, il inaugurait, avec Gangs of New York (2002), une collaboration au long cours (cinq films et deux projets en cours), prenant auprès du réalisateur de Raging Bull la succession de Robert De Niro. La comparaison avec son aîné lui pesait. Personne ne pouvait lutter avec une telle figure tutélaire. DiCaprio avait alors, timidement, la tête baissée, demandé à Scorsese s’il l’estimait, un jour, capable de jouer un rôle aussi sombre que le vétéran du Vietnam, devenu chauffeur de taxi, incarné par De Niro dans Taxi Driver. Scorsese avait regardé DiCaprio sans répondre, puis était passé à autre chose. Dans l’immédiat, le réalisateur envisageait d’autres tâches pour son acteur. Celle d’intermédiaire et de négociateur, par exemple. Quentin Tarantino, sur le tournage de « Once Upon a Time... in Hollywood », avec les acteurs Brad Pitt et Elise Nygaard Olson. ANDREW COOPER / SONY PICTURES ENTERTAINMENT A peine avait-il choisi DiCaprio pour Gangs of New York que Scorsese le dépêchait auprès de Daniel Day-Lewis pour le convaincre de tenir, en sa compagnie, le rôle principal du film. La vedette du Temps de l’innocence, alors retiré des écrans, avait reçu l’émissaire chez lui, à Manhattan, et lui avait proposé une balade à Central Park. Sans prononcer un mot pendant plusieurs minutes, assis sur un banc, il avait écouté sans sourciller la proposition de Scorsese. Mais, il ne s’en sentait pas à la hauteur. Plus tard, lors d’un dîner en compagnie de l’acteur Tobey Maguire et de Leonardo DiCaprio, Daniel Day-Lewis donnera finalement son assentiment pour jouer le personnage de Bill le Boucher qui lui vaudra une nomination à l’Oscar du meilleur acteur, éclipsant quelque peu son jeune partenaire. Une fois de plus, la place de Leonardo DiCaprio n’était pas vraiment celle qu’il désirait. Juste celle qu’on lui laissait. Dans l’ombre des grands Règles de la promotion obligent, c’est en compagnie de Brad Pitt que Leonardo DiCaprio a rencontré les journalistes en mai, pendant le Festival de Cannes. Une manière de prolonger le couple formé par les deux hommes à l’écran dans Once Upon a Time… in Hollywood, le nouveau film de Quentin Tarantino, sélectionné en compétition officielle (en salle le 14 août). Situé à Los Angeles, entre février et août 1969, il a pour toile de fond la vague hippie, qui culminera avec le triomphe d’Easy Rider, de Dennis Hopper, en juillet de la même année, et l’assassinat, le 9 août, de l’actrice et épouse de Roman Polanski, Sharon Tate, par les membres de la secte de Charles Manson, dans sa maison de Benedict Canyon.
Dans « Once Upon a Time… in Hollywood », en salle le 14 août, le réalisateur Quentin Tarantino réunit pour la première fois au cinéma Leonardo DiCaprio et Brad Pitt. Deux acteurs aux profils plus contrastés qu’il n’y paraît.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/09/brad-pitt-et-leonardo-dicaprio-les-etoiles-contraires-d-hollywood_5497857_4500055.html
mlsum-fr-4935
Cultures de légumes à El Ejido, dans la province d'Almeria (Espagne), en juin 2017. Le chlorpyrifos y est couramment utilisé. MARCOS GARCIA REY C’est une famille de pesticides qui vole en moyenne 2,5 points de quotient intellectuel (QI) à chaque enfant européen. Son principal représentant, comme beaucoup de produits chimiques, porte un nom compliqué qui lui garantit le confort d’un certain anonymat. Pourtant, il contamine notre vie quotidienne. D’abord pulvérisé sur les cultures pour éliminer pucerons ou chenilles, le chlorpyrifos poursuit son existence sous la forme de traces dans les oranges, les pommes, la laitue, l’urine des enfants et le cordon ombilical des femmes enceintes. Au fil d’un demi-siècle de pulvérisation, les données scientifiques se sont accumulées sur les effets nocifs de cet insecticide. Censé remplacer le DDT et ses effets délétères en 1965, le produit de la firme américaine Dow endommage en fait le cerveau des enfants de manière irréversible. Les éléments scientifiques sont désormais si accablants que, d’après les informations du Monde, la Commission européenne s’apprête à proposer son retrait du marché. Or, notre enquête démontre que les autorités ont mis près de vingt ans avant d’évaluer les données du fabricant. Des données qui, de plus, étaient erronées. Huit pays européens n’autorisent pas, ou plus, le chlorpyrifos pour un usage agricole. Depuis 2016, la France ne permet plus qu’une exception pour les épinards. Une évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a conclu à une absence d’effets nocifs dans les conditions d’usage. Mais l’exposition à l’insecticide ne s’arrête pas aux frontières : elle perdure par le biais des produits importés. « Neurotoxique et perturbateur endocrinien » « On peut se demander pourquoi il n’a pas déjà été interdit, déplore Barbara Demeneix, professeure de biologie au laboratoire Evolution des régulations endocriniennes (CNRS-Muséum national d’histoire naturelle) à Paris. Le chlorpyrifos est toxique pour le système nerveux central, c’est-à-dire neurotoxique, et c’est un perturbateur endocrinien qui agit notamment sur la signalisation thyroïdienne. Il peut donc interférer avec le développement du cerveau. » Mis au point comme gaz innervant pendant la seconde guerre mondiale, les organophosphorés, dont fait partie le chlorpyrifos, ont ensuite été adaptés pour tuer les insectes à des doses plus économiques. Pour ce faire, ce dernier inhibe les circuits d’une enzyme qui dégrade un neurotransmetteur essentiel au bon fonctionnement du système nerveux central, l’acétylcholine. Or, de nombreux animaux sont également équipés de ce circuit. Parmi eux : les êtres humains.
Associé notamment à des déficits de QI chez l’enfant, l’insecticide est toujours autorisé malgré des études scientifiques accablantes. Son processus de renouvellement dans l’UE arrive à son terme.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/17/chlorpyrifos-les-dangers-ignores-d-un-pesticide-toxique_5477084_3244.html
mlsum-fr-4936
L’annulation -pour cause de typhons- des matchs Angleterre-France et Nouvelle Zélande-Italie qui devaient se tenir le samedi 12 octobre 2019 à Yokohama et Tokyo dans le cadre de la coupe du monde de rugby est un coup de sirocco dans le monde déjà bien tempétueux de l’ovalie. Alors que la coupe du monde au Japon semblait être un pas décisif dans la voie d’une mondialisation du rugby, une nouvelle affaire de calendrier absurde jette un discrédit majeur sur l’institution World Rugby (l’organisme qui chapeaute le rugby mondial), déjà malmenée pour son attribution discutable de la coupe du monde 2023 à la France. Une logique pécuniaire En laissant au vestiaire tout esprit chauvin, il convient de rappeler que la France l’avait emporté, en novembre 2017, devant l’Irlande et l’Afrique du sud, à la faveur d’un vote surprise alimentant de lourdes amertumes. Alors que la France a accueilli la coupe du monde en 2007, l’Afrique du sud l’avait accueilli en 1995 et l’Irlande n’a accueilli que des matchs de poule de la coupe du monde 1999. La promesse de recettes substantiellement supérieures à l’occasion d’un tournoi dans l’hexagone semble avoir été un argument décisif aux yeux de World Rugby. L’autre avantage de la candidature française était sans doute que la probabilité d’y subir des typhons en octobre est faible… Rien ne rendait impératif le choix de cette période de l’année Cette probabilité est, à l’opposé, plutôt conséquente dans l’archipel nippon. Et ceci, l’International Rugby Board (l’ancêtre de World Rugby) ne pouvait l’ignorer en 2009 (à l’heure de l’attribution de l’actuelle coupe du monde). Pourtant, rien ne rendait impératif la tenue de la coupe du monde au plus mauvais moment climatique : les coupes du monde de rugby, selon les éditions et les continents, se sont déroulés en mai-juin, en septembre-octobre, ou en octobre-novembre. Alors, quel facteur décisif a conduit World Rugby à organiser cette coupe du monde en septembre-novembre ? Serait-ce la volonté de ne pas perturber les championnats nationaux ? Un aller retour en Top 14 ? Il est sans doute perfide de suggérer que les joueurs du XV de France, au chômage technique pour cause de typhon, pourraient aller renforcer leurs clubs qui évoluent en Top 14 ces samedi 12 et dimanche 13 octobre 2019. Car loin d’être neutralisé à l’occasion de la coupe du monde, le championnat français de rugby (pourtant l’un de ceux dont le poids financier est le plus important) se déroule « normalement » pendant la compétition mondiale. La très longue absence des internationaux fausse ainsi la compétition sportive nationale…tout comme l’annulation de matchs de la coupe du monde fausse la compétition sportive internationale. Contre publicité désastreuse La coupe du monde au Japon, qui suscitait beaucoup d’attente, était l’opportunité d’offrir au rugby une exposition planétaire. L’entorse à l’équité sportive qu’engendre l’annulation pure et simple de rencontres est une contre publicité désastreuse. World Rugby va devoir rendre des comptes, et pas seulement aux fédérations et aux diffuseurs lésés…
Le Mondial au Japon était l’opportunité d’offrir au rugby une exposition planétaire. L’entorse à l’équité sportive qu’engendre l’annulation de matchs est une contre-publicité désastreuse, écrit le blog Money Time.
https://www.lemonde.fr/blog/ecosport/2019/10/11/lovalie-ne-tourne-pas-rond/
mlsum-fr-4937
Il n’y a toujours pas de local de campagne, ni de programme, ni de tête de liste et encore moins de financement ou de porte-parole. Archipel Citoyen, ce mouvement ou collectif né il y a un peu moins de deux ans et qui se lance dans la bataille des élections municipales de mars 2020 ne fait rien, ou presque, comme les autres. C’est en tout cas son désir. « Méthode sociocratique », « horizontalité », « coconstruction », « assemblée militante » ou « démarche commune » sont les piliers édifiés par le petit groupe qui a imaginé l’aventure. Parmi eux, Caroline Honvault, 40 ans, est une ancienne directrice de maison des jeunes et de la culture qui n’avait jamais mis les pieds dans le bain politique. « L’idée est née en juin 2017 autour de plusieurs personnes issues d’horizons assez divers, explique-t-elle. Dès le début, nous voulions peser dans la campagne municipale, en mettant en place un processus hyper-démocratique. » Autour de Maxime Le Texier ou de Jonas George, deux autres chevilles ouvrières du mouvement, les réunions se succèdent. « Nous nous inspirons d’expériences menées dans d’autres villes, comme Barcelone, Valpareiso au Chili, Saillans dans la Drôme ou Kingersheim dans le Haut-Rhin, précise Jonas George. Dans toutes ces villes, on réinvente la démocratie, on implique les citoyens, on redonne de la légitimité aux habitants. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi La démocratie participative, un marché convoité Le jeune homme de 28 ans, qui travaille dans le domaine de l’intelligence collective et l’accompagnement de projets, a mis en place des outils pour construire cette « autre » démocratie : participants rencontrés directement dans la rue, système de tirage au sort après un envoi massif de courriers, votes dits de « plébiscite » lors desquels les adhérents proposent des personnes qu’elles considèrent comme compétentes… EELV et LFI ont rejoint le collectif En moins de deux ans, près de 3 000 personnes auraient déjà participé aux « grands cercles » – sortes de communautés des adhérents – ou aux assemblées militantes. Mi-septembre, ils étaient près de 500 à se réunir dans une salle municipale pour la première grande rencontre publique et la présentation de la démarche. Le succès est tel qu’en début d’année, les élus et militants d’Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) ont rejoint le collectif. Suivis, quelques semaines plus tard, par ceux de La France insoumise (LFI) et par Romain Cujives, suspendu par le Parti socialiste (PS) alors qu’il était en tête des sondages pour les primaires locales. « Avec l’arrivée des partis dits traditionnels, cela prend de l’ampleur. C’est plus compliqué aussi, certains ont l’habitude de s’exprimer, parfois un peu trop… », sourit Caroline Honvault.
Composé d’élus ou de novices en politique, ce collectif de militants présentera une liste aux municipales de 2020 dans la capitale occitane, avec des modes de désignation innovants.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/05/municipales-a-toulouse-la-liste-archipel-citoyen-veut-reinventer-la-democratie_6018133_823448.html
mlsum-fr-4938
« Empoisonneur professionnel depuis 1863 » : un tract anonyme à charge contre la firme allemande Bayer a été partagé des dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. Suit une liste d’actions imputées à l’entreprise et justifiant le titre : « vente d’héroïne », « financement du parti nazi », « trafic d’êtres humains », « sang contaminé », « huile frelatée », « contraceptifs dangereux », « pesticides tueurs d’abeilles », etc. Si aucune de ces affirmations n’est entièrement fausse, il faut pourtant les replacer dans un contexte historique. Affirmation n° 1 : vente d’héroïne Oui, mais c’était alors légal Bayer, qui porte le nom de son créateur, est née en 1863, et produisait des colorants avant de se lancer dans la chimie pharmaceutique. On doit à l’entreprise l’invention de l’aspirine au début du XXe siècle. Et aussi un remède contre les troubles respiratoires, conçu à partir de morphine synthétisée et baptisé « Heroin » par la firme… Elle commercialisera le produit jusqu’en 1913, avant de le stopper lorsque le corps médical constatera la dépendance qu’il entraîne. Il faut rappeler qu’à cette époque, la cocaïne est également légale – un rival de Bayer, Merck, en produit – et employée dans divers produits, comme le vin. Bayer a donc bien vendu, et même inventé le nom commercial, de l’héroïne, mais à une époque où on ne mesurait pas les effets de cette substance. Publicité américaine pour les produits Bayer, dont l’héroïne, datant de 1904. Creative commons Affirmations n° 2 et 3 : production du Zyklon B et financement du parti nazi Bayer faisait partie d’IG Farben, groupement qui a financé les nazis et fabriqué du Zyklon B Bayer fait déjà partie depuis 1905 d’une alliance avec BASF et AGFA. En 1925, ces trois forment avec d’autres sociétés un groupement d’intérêt économique, IG Farben (IG Farbenindustrie AG), opérationnel jusqu’en 1952. Ce groupement, quasi monopolistique dans le secteur de la chimie industrielle et pharmaceutique, est, à l’instar d’autres grandes entreprises allemandes, choyé par le régime nazi, auquel l’entreprise alloue des fonds. IG Farben restera dans l’histoire comme le fabricant du Zyklon B, un insecticide qui a servi à l’extermination des juifs par les nazis. Ce produit n’a toutefois pas été inventé par Bayer, mais par une autre entreprise membre du consortium, Degesch. Affirmation n°4 : achat de femmes cobayes à Auschwitz Bayer a bien « acheté » des prisonniers pour des expériences Plusieurs témoignages de survivants, mais aussi des archives de correspondance découvertes à la libération du camp d’Auschwitz, prouvent qu’IG Farben, et notamment Bayer, a bien acheté des déportées pour des expériences médicales, et recourait au travail forcé de prisonniers. IG Farben a été démantelé dans l’après-guerre, Bayer retrouvant son autonomie. La compagnie assure sur son site officiel n’avoir plus rien à voir avec celle qui était en place durant le nazisme. Et en 1995, le patron de la firme s’était excusé auprès d’Elie Wiesel, survivant des camps, pour les agissements d’IG Farben. Affirmation n° 5 : sang contaminé et transmission du VIH Bayer nie toute responsabilité, mais a indemnisé des victimes L’affaire du sang contaminé a marqué les années 1980 : des dizaines de personnes hémophiles (souffrant de mauvaise coagulation sanguine) ont reçu des transfusions de sang provenant de personnes porteuses du virus du sida, et ont contracté à leur tour la maladie. Bayer, ou plutôt l’une de ses filiales américaines, Cutter, fabriquait des dérivés sanguins utilisés pour les hémophiles. Des associations de victimes ont accusé la firme d’avoir négligé des mesures de sécurité en connaissance de cause, ce que l’entreprise a toujours nié. Néanmoins, Bayer a accepté d’indemniser – sous le sceau du secret – des plaignants, à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros. Affirmation n° 6 : huile frelatée Bayer jamais officiellement accusé L’affaire de l’huile frelatée éclate en Espagne en mai 1981 : un enfant de 8 ans décède d’une « pneumopathie atypique », avant que toute sa famille soit hospitalisée à son tour, puis d’autres personnes. En quelques semaines, 17 800 personnes subissent la même intoxication. On comptera au final plus d’un millier de morts sur plusieurs années. Un élément est identifié : une huile de colza dénaturée, vendue comme étant de l’huile d’olive pure. Mais les médecins se perdent en conjecture sur cette intoxication, qui paralyse les muscles. Une autre thèse, officieuse, voit le jour, portée par des médecins et quelques journaux, qui pointent la possibilité d’une contamination par un pesticide mal appliqué sur des salades. Le médecin qui fait cette hypothèse évoque un produit précis, le Nemacur 10, fabriqué par Bayer et très utilisé dans la région d’Almeira, au sud de l’Espagne, où se pratique une agriculture intensive, alors capitale pour la croissance de la jeune démocratie espagnole. Mais cette thèse ne sera jamais prise au sérieux par les autorités. Presque quarante ans plus tard, on ne sait toujours pas ce qui a causé cette intoxication massive. Affirmation n° 7 : contraceptifs dangereux Plusieurs produits de Bayer mis en cause La firme a connu non pas un mais deux scandales liés à des produits contraceptifs qu’elle commercialise. Ce n’était pas en 1985, comme le prétend le tract, mais bien plus récemment. Le premier concerne une pilule de « troisième génération », nommée Jasmine, accusée en 2012, plainte pénale à l’appui, de favoriser les thromboses. Suite à une plainte en France, la Haute Autorité de santé avait recommandé de ne pas utiliser les pilules de cette génération, non pas seulement celles de Bayer, mais également celles de ces concurrents. Plus récemment, un implant contraceptif, Essure, a été arrêté par la firme suite à plusieurs actions de groupe de patientes, qui l’accusent d’effets secondaires graves (neurologiques, musculaires, hémorragiques et allergiques). Une fois encore, le laboratoire n’est pas le seul à avoir procédé à ce genre de retrait. Affirmation n° 8 : pesticides tueurs d’abeilles Bayer en produisait, mais n’est pas le seul Les néonicotinoïdes sont un pesticide, précisément une famille d’insecticides, composé de sept molécules au total. Bayer n’était pas la seule firme à proposer ces produits, qui existent aussi chez Syngenta, par exemple. Accusés d’attaquer le système nerveux des abeilles et insectes pollinisateurs, certains d’entre eux ont été interdits par la France et par l’Europe en 2018. Affirmation n° 9 : intégration de Monsanto Bayer a bien racheté Monsanto – et s’en mord les doigts Le dernier point du tract rappelle que Bayer a racheté la firme américaine Monsanto, ce qui est exact : l’Allemand a fait l’acquisition du géant américain en 2016, pour 66 milliards de dollars. Monsanto produit effectivement des organismes génétiquement modifiés (OGM), est l’un des producteurs du très controversé glyphosate, sous l’appellation de Roundup, et a bien fait partie des fabricants de « l’agent Orange », ce défoliant utilisé par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam, et ensuite accusé d’avoir contaminé et empoisonné les populations civiles et les militaires américains. La firme allemande a cependant dû gérer la très mauvaise image de Monsanto, qui a provoqué des remous chez ses actionnaires. Affirmation n° 10 : financement du parti La République en marche Bayer a donné quelques milliers d’euros au parti européen ALDE, pas à LRM La fin du tract accuse Bayer de financer le parti d’Emmanuel Macron, ce qui est sinon totalement faux, du moins très déformé. En réalité, Bayer, parmi d’autres multinationales, comme Microsoft ou Hyundai, apparaît comme donateur de l’Alliance des libéraux et des démocrates pour l’Europe (ALDE), parti européen au sein duquel siègent les eurodéputés LRM. Comme l’avait montré CheckNews, Bayer a donné 12 000 euros à la formation en 2017, et 18 000 euros en 2018. En mars, suite à ces révélations, l’ALDE, qui expliquait ces sommes par des paiements de « frais d’organisation », a décidé de refuser à l’avenir toute aide venue d’entreprises.
Une image, qui circule sur les réseaux sociaux, critique violemment l’entreprise allemande de chimie, en rappelant des faits souvent vrais, mais hors contexte.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/08/19/les-verites-et-les-caricatures-d-un-tract-viral-sur-l-empoisonneur-bayer_5500696_4355770.html
mlsum-fr-4939
Le moteur biodiesel du groupe Avril a des ratés. Cette entreprise, bras armé de la filière colza en France et puissante firme agro-industrielle connue pour ses marques Lesieur, Puget ou Matines, a annoncé, jeudi 7 novembre, la restructuration de sa filiale Saipol, spécialisée dans les agrocarburants. Le couperet est tombé sur deux sites, ceux de Sète (Hérault) et de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), qui emploient au total 116 salariés et dont le groupe souhaite se désengager. La production se recentrerait sur les quatre autres usines françaises. La décision est tombée alors que Saipol souffre depuis plusieurs années de contre-performance économique. Avril, ex-Sofiproteol, estime à 133 millions d’euros la perte cumulée dans cette activité entre 2015 et 2018. « Depuis la fin du soutien fiscal dont bénéficiait le biodiesel en 2015, Saipol est confronté à la volatilité des marchés mondiaux. Des marchés qui se sont structurés autour des matières premières les moins chères, comme l’huile de palme ou le soja », explique Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol. « Le marché s’est effondré » Avril a donc pris de plein fouet la concurrence des agrocarburants à base d’huile de palme de Malaisie, mais aussi de soja quand l’Union européenne a levé des barrières tarifaires douanières sur le biodiesel argentin à base de cette plante. Le groupe a fait du lobbying à Bruxelles, et une plainte y avait été déposée pour concurrence déloyale, et ce afin de tenter de contrer le flux argentin. Des décisions européennes lui ont permis de redresser la barre un temps. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Agrocarburants : la concurrence de l’huile de palme et du soja fait souffrir le groupe Avril « La situation était plutôt favorable au second semestre 2018. Mais, au premier semestre 2019, nous avons subi une grève de nos salariés de trente-six jours [qui demandaient une revalorisation salariale]. Puis, en septembre, le marché s’est effondré. Si la récolte européenne de colza a été compliquée et que la perspective d’une raréfaction a soutenu les cours, les portes de la Chine se sont fermées au canola canadien [colza] qui s’est déversée sur l’Europe », raconte M. Beaunoir. Une nouvelle série de turbulences qui devraient maintenir les comptes de Saipol dans le rouge, en 2019. Et qui a conduit à la décision de restructuration. Pour tenter d’améliorer son équation économique, Avril produisait aussi des agrocarburants avec du canola ou du soja, ou bien encore incorporait de l’huile de palme dans son biodiesel. En particulier dans les deux sites dont le groupe souhaite se défaire pour se recentrer sur ses sites de Bassens (Gironde), Grand-Couronne (Seine-Maritime), Lezoux (Puy-de-Dôme) et Le Mériot (Aube).
Saipol, filiale de la société spécialisée dans le colza, a subi de plein fouet la concurrence mondiale et l’évolution réglementaire du secteur.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/08/le-groupe-avril-restructure-son-activite-agrocarburant_6018459_3234.html
mlsum-fr-4940
Editorial du « Monde ». Tout homme politique qui a maille à partir avec la justice a tendance à voir dans sa mise en cause un complot ourdi contre le combat qu’il mène. A ce jeu de défense, les tribuns excellent. A chaque ennui judiciaire, des personnalités comme Marine Le Pen ou Patrick Balkany invoquent le peuple contre les juges pour tenter de rebondir aussi loin qu’ils le pourront. Mais, pour fonctionner, ce mode de défense suppose de ne pas franchir certaines limites. Or, Jean-Luc Mélenchon a d’emblée opté pour l’outrance en transformant sa comparution devant le tribunal correctionnel de Bobigny, jeudi 19 et vendredi 20 septembre, en une lourde charge contre la justice. Le leader de La France insoumise avait à répondre « d’actes d’intimidation contre l’autorité judiciaire, rébellion et provocation » commis lors de perquisitions menées le 16 octobre 2018 au siège de son parti. Avec plusieurs proches, il avait tenté de s’opposer au travail des enquêteurs et contraint les magistrats à écourter les opérations en hurlant : « Vous ne me touchez pas ! La République c’est moi. » Lire le comte rendu du procès : « Tout ce souk pour ça ! » : trois mois de prison avec sursis requis contre Jean-Luc Mélenchon Fuite en avant Plutôt que de plaider le coup de sang malencontreux, l’« insoumis » n’a cessé de faire monter les enchères, dans le but d’accréditer la thèse selon laquelle les deux enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Paris, l’une liée à des soupçons d’emplois fictifs au Parlement européen, l’autre aux comptes de sa campagne présidentielle de 2017, seraient le fruit d’un complot politique destiné à l’abattre, lui qui prétendait être le premier opposant à Macron. A l’entendre, la justice serait aux ordres, la garde des sceaux « chargée d’assurer le spectacle » et lui victime « d’un procès politique ». Mais, pour soutenir une telle charge, il faut un minimum de preuves. Le chef de La France insoumise n’en a produit aucune, mettant en avant des « violences policières » commises lors des manifestations des « gilets jaunes » ou la noyade non élucidée du jeune Steve Maia Caniço, lors de la Fête de la musique, à Nantes. Dans la foulée, il théorise l’irruption en France du « lawfare » qu’il définit comme « une instrumentalisation délibérée de la justice et de la police par le pouvoir pour atteindre un but d’élimination politique d’un adversaire ». Lire notre enquête : Juges et politiques, la guerre des nerfs Durant l’été, il rend visite à l’ancien président du Brésil Lula, emprisonné pour corruption alors qu’il était candidat déclaré à l’élection présidentielle, cosigne avec lui et d’autres responsables de gauche une déclaration mettant à nu ce processus pernicieux qui, de « dénonciations sans preuves » en « obsédantes campagnes de dénigrement médiatiques », conduit « à la prison, aux amendes » et à « des élections faussées ». La comparaison apparaît tellement outrancière qu’elle peine à convaincre au-delà du petit carré de ses fidèles. Elle n’en est pas moins fondamentalement dangereuse par la remise en cause de l’Etat de droit qu’elle sous-tend. A l’issue du procès, trois mois de prison avec sursis ont été requis contre Jean-Luc Mélenchon. « Tout ce souk pour ça ! », s’est-il exclamé. On peut lui retourner la remarque, car sa fuite en avant s’apparente à une dérive sectaire. Lors de la présidentielle de 2017, il avait obtenu 19,58 % des suffrages exprimés. Aujourd’hui, sa présidentialité est fortement remise en cause. Dans la foulée de son élection, dix-sept députés LFI avaient fait leur entrée à l’Assemblée nationale. Depuis, des personnalités fortes ont émergé – François Ruffin, Adrien Quatennens notamment –, pour qui la question se pose de savoir combien de temps ils accepteront de cautionner sans broncher les outrances du chef. Lire le compte rendu de son livre : En parallèle de son procès, Jean-Luc Mélenchon délivre ses vérités Le Monde
Editorial. En transformant sa comparution en une lourde charge contre la justice, le député « insoumis » remet dangereusement en cause l’Etat de droit.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/21/le-mauvais-proces-de-jean-luc-melenchon_6012541_3232.html
mlsum-fr-4941
Jean Bosco et François de ­Sales, saints patrons respectifs des éditeurs et des écrivains, doivent être forts sollicités. En cette veille de rentrée, l’atmosphère, dans le milieu littéraire, est fébrile – pour dire le moins. Fin juin, le Syndicat national de l’édition (SNE) livrait les chiffres peu réjouissants de ­l’année 2018 avec une baisse du marché global de 4,38 % par rapport à 2017, et un étiolement du nombre d’exemplaires écoulés (– 2,5 %), malgré une augmentation de la production (+ 2 %). La catégorie « littérature » a connu une baisse de 5,7 % de ses ventes en valeur. La rentrée (avec en ligne de mire les prix, remis en novembre, et les fêtes de fin d’année) est une période d’autant plus stra­tégique, représentant un quart des ventes de romans en grand format, selon une étude de ­l’institut GFK. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Plus de livres proposés et moins de ventes : l’amer constat de l’édition en 2018 L’écrivaine Karine Tuil, en mai 2019. FRANCESCA MANTOVANI Réduction du nombre de ­titres proposés Sans être désespérée, la situation paraît suffisamment grave pour avoir amené les éditeurs à admettre que le problème de la surproduction n’est peut-être pas seulement celui de leurs concurrents, et à réduire le nombre de ­titres proposés. Ainsi, ce sont 524 romans qui seront publiés entre la mi-août et la fin octobre, selon le décompte de l’hebdomadaire professionnel Livres Hebdo­ ­ – contre 567 l’année précédente. Soit 188 ouvrages en littérature étrangère, un nombre stable, et 336 pour le domaine francophone (dont 82 premiers romans) : le plus bas depuis vingt ans. L’écrivaine Léonora Miano, à Paris, en 2013. THOMAS SAMSON / AFP Avec ces programmes plus raisonnables, l’un des casse-tête consiste à mettre en majesté les « têtes d’affiche » de son cata­logue, tout en laissant l’espace nécessaire pour émerger aux découvertes et jeunes pousses. L’équation est particulièrement complexe dans une industrie où les noms connus rassurent, mais aussi où plus rien ne semble aller de soi, où un précédent succès n’est plus un gage de réitération, et où les prix littéraires ne viennent plus forcément récompenser les auteurs s’étant patiemment constitué une place sur la scène littéraire : en 2018, les ­Goncourt, Renaudot et Goncourt des lycéens ont coiffé chacun le deuxième livre de leurs auteurs, Nicolas Mathieu (Leurs enfants après eux, Actes Sud), Valérie Manteau (Le Sillon, Le Tripode) et David Diop (Frère d’âme, Seuil). Têtes d’affiche Preuve tout de même que les lecteurs peuvent encore compter sur un certain nombre de repères, Amélie Nothomb participera (avec Soif) pour la vingt-huitième fois consécutive au rituel de la rentrée chez Albin Michel.
Les premiers livres sont parus le 14 août. Plus de 500 romans seront publiés d’ici aux prix de novembre : panorama, tendances et auteur(e)s attendu(e)s.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/08/15/un-avant-gout-de-rentree-litteraire_5499703_3260.html
mlsum-fr-4942
L’équipe européenne G2 Esports en conférence de presse avant la finale de « League of Legends », le 8 novembre à Paris. ALAIN JOCARD / AFP Leur fondateur est espagnol, leur meilleur joueur croate, leur effectif majoritairement scandinave et, dimanche 10 novembre, ils disputeront la finale des championnats du monde 2019 de League of Legends à l’AccorHotels Arena de Paris, à… domicile. Pour quiconque s’intéresse au sport traditionnel, c’est à n’y rien comprendre. Et pourtant. Pour tous ses fans, l’équipe G2 Esports ne représente ni une ville ni un pays, mais bien un continent entier : l’Europe. Pour s’en convaincre, il faut voir les messages de soutien qui ont afflué sur les réseaux sociaux, dimanche 3 novembre, lors de sa qualification en demi-finales face aux triples champions du monde sud-coréens de SK Telecom T1. EUROPE, THIS IS YOUR TEAM AND THIS IS YOUR JERSEY! Don't miss out on your piece of history, get your G2… https://t.co/OkOVSRMSjK — G2esports (@G2 Esports) « Bonjour. Me llamo Europa. Alla ! », s’enthousiasmait un joueur allemand ; « Dieu est mort, et c’est l’Europe qui l’a fait tomber », s’exclamait un Français. Des Italiens, des Britanniques, des Norvégiens, tous étaient derrière la formation, qui elle-même en jouait. « Europe, ceci est votre équipe, et ceci est votre maillot », clamait en avant-match la dernière des trois structures privées issues du Vieux Continent (accessoirement dans un tweet suggérant d’acheter ledit maillot). « La variété fait la puissance de l’Europe » « Dans l’e-sport, et particulièrement dans League of Legends, beaucoup de nationalités sont mélangées dans la plupart des équipes, témoigne Charly Guillard, dit « Djoko », qui a lui-même des coéquipiers grec et finlandais au sein de l’équipe championne de France, LDLC. C’est ce qui fait la puissance de l’Europe. On ne retrouve pas ça dans les autres régions. » De quoi faire rêver Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission européenne. Le circuit de League of Legends, jeu vidéo de conquête territoriale par équipes de cinq qui est au cœur de l’écosystème e-sport et à l’origine de son boom, s’est en effet organisé autour de cinq grandes fédérations : la Chine, la Corée du Sud, Taïwan, l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada) et, la plus hétérogène, l’Europe. Alors qu’en Asie, où l’e-sport est profondément ancré depuis deux décennies, réunir une équipe nationale avec des joueurs locaux compétitifs ne pose aucun souci, il en va autrement chez nous. Résultat : Fnatic, autre équipe européenne, finaliste l’an passé, compte aujourd’hui dans ses rangs un Belge, un Britannique, un Bulgare, un Danois, un Slovène et deux Suédois, tandis que Splyce, éliminée comme elle en quarts de finale, réunit un Danois, un Hongrois, un Norvégien, deux Roumains et un Tchèque. « Parfois il n’y a pas assez de talents dans un pays », explique avec fatalisme Charles Lapassat, dit « Noi », commentateur des mondiaux sur O’Gaming, son diffuseur francophone officiel.
L’équipe G2 Esports représente le Vieux Continent pour la finale mondiale de « League of Legends », dimanche à Paris, face à des Chinois. De quoi susciter de l’europhilie… le temps d’une partie.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/08/en-e-sport-l-union-europeenne-fait-la-force_6018501_4500055.html
mlsum-fr-4943
Tribune. Le 5 septembre, l’organisation L214 lançait un appel contre « l’élevage intensif », cosigné par 200 célébrités, intellectuels, écrivains et artistes. Interpellés par la réorientation du discours de cette association, nous souhaitons répondre aux signataires. Sans ambiguïté, depuis toujours, nous nous battons à la Confédération paysanne contre l’industrialisation du vivant et de l’élevage en particulier. Nos luttes ont été et sont nombreuses depuis la mobilisation contre la ferme des « 1 000 vaches » au côté de l’association Novissen, qui fut un vrai lanceur d’alerte. Une lutte à laquelle l’association L214 a participé. Nous portions alors cette volonté de sortie des modèles de productions animales qui aliènent les paysans et les animaux. Mais toute ressemblance entre nos combats contre les fermes-usines et l’industrialisation de l’agriculture et ceux de L214 est à écarter tant la finalité des moyens politiques souhaités et à mettre en œuvre diffèrent. La Confédération paysanne défend et porte un modèle d’agriculture et d’élevage paysans. L214, elle, a toujours clairement revendiqué sa volonté d’en finir avec l’élevage et la domestication. Nous ne sommes donc pas naïfs quant au changement de discours opéré par cette association. « Nous pensons que cet appel est la mise en œuvre pratique d’une stratégie politique et philosophique abolitionniste » Nous pensons que cet appel est la mise en œuvre pratique d’une stratégie politique et philosophique abolitionniste. Cette stratégie est d’ailleurs clairement exprimée dans le livre Manifeste animaliste (Alma, 2017) de la philosophe et signataire de l’appel Corine Pelluchon : « Il est possible que d’ici quelques années les animalistes, ayant obtenu l’adhésion d’un nombre de plus en plus grand de personnes, parviennent à convaincre la société qu’après avoir réussi à franchir la première étape, le retour progressif à l’élevage extensif, il est temps de passer à la deuxième étape : la transition vers une société sans exploitation animale et donc sans élevage. » A vous, donc, signataires, nous souhaitions vous poser ces questions : comment L214 pourrait être le porte-étendard de cette lutte contre l’élevage intensif, alors que l’abolition de l’élevage qu’elle prône détruirait l’agriculture paysanne et les écosystèmes, en découplant définitivement monde végétal et monde animal ? Comment vous, philosophes, écrivains, intellectuels, artisans de la pensée complexe pouvez-vous croire que nous sortirons des productions industrielles, végétales et animales par l’asservissement à une idéologie végane ? Comment donc adhérer à une cause qui a pour ambition, in fine, de faire disparaître les paysans et les animaux domestiques ?
Membre de la Confédération paysanne, cet éleveur du Jura répond, dans une tribune, au récent appel contre l’élevage intensif, lancé par l’association L214 avec le soutien de nombreuses personnalités. Ce manifeste n’a pas d’autre visée que l’abolition de l’élevage, quel qu’il soit, et pas uniquement des fermes-usines.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/23/nicolas-girod-seule-l-agriculture-paysanne-nous-permettra-de-nous-emanciper-de-l-agrobusiness_6012711_3232.html
mlsum-fr-4944
Dans le village de Yuzhao (province du Zhejiang), en juillet 2015. Aly Song / REUTERS Des triporteurs électriques aux bennes remplies de boîtes en carton traversent à toute allure une large rue cimentée de frais. Ils chargent leur cargaison dans un semi-remorque garé un peu plus loin. Les paquets ne partiront que le lundi 11 novembre, mais le chargement est préparé avant le jour J. Cette zone commerciale, nouvellement construite à Wangying, dans le Henan (centre de la Chine), embauche à tour de bras. Au sein de ce village qui s’est spécialisé dans la vente de noix et de fruits secs, les recrues trient les dattes et empaquettent les mélanges. Tout le monde tente de prendre de l’avance pour gérer au mieux la tornade à venir : « shuangshiyi », « le double 11 » ou « Fête des célibataires ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Chine, la « fête des célibataires », journée test de la vigueur de la consommation Ces soldes démesurés, organisés par le géant du commerce en ligne Alibaba, sont devenus le plus gros événement commercial du monde. En 2018, le groupe avait réalisé 27 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 24 heures, soit 27 % de plus que l’année précédente. L’économie chinoise ralentissant, la consommation tend à se concentrer sur les périodes de soldes. De quoi lui laisser espérer de nouveaux chiffres record et faire les affaires des plus de 4 000 « villages Taobao », du nom du principal site de e-commerce chinois. A l’image de Wangying, ces villages qui vivent du commerce électronique comptent des dizaines de vendeurs en ligne et affichent un chiffre d’affaires total de plus de 10 millions de yuans (1,3 million d’euros). Souvent, ils ne vendent qu’une seule sorte de produits : bonnets de Noël ici, impression de photos là. Développement de l’entrepreneuriat local Trafic Web, marketing, Photoshop… Les petits patrons des campagnes manient en expert le vocabulaire de l’e-commerçant. La plupart n’ont pas fini le lycée ou sont allés en apprentissage. Wang Fenglei, 40 ans, aujourd’hui à la tête de 130 employés, des champs de dattiers à l’emballage des commandes, a commencé à travailler à 13 ans. « Je vendais des fruits sur un tricycle à Zhengzhou [la capitale de la province du Henan]. La nuit, on dormait par terre dans la rue », raconte-t-il. Après deux ans de misère, il ouvre une épicerie avec un partenaire. Les dattes se vendent bien. Il investit dans un premier verger, puis un autre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Chine, le e-commerce à l’heure de la régulation En 2004, il lance son premier magasin sur Taobao, seulement un an après la création du site Web de Jack Ma, le fondateur d’Alibaba. Son succès fait des émules et ses voisins s’y mettent aussi. Désormais, ces anciens paysans ou travailleurs migrants garent leurs 4x4 rutilants devant les grandes portes en bois surmontées de portiques façon Chine impériale à l’entrée de la zone de Wangying, où sont installées vingt-deux entreprises.
Des milliers de bourgs sont en ébullition avant la Fête des célibataires, le plus gros événement commercial du monde, orchestré par Alibaba.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/09/en-chine-ces-villages-taobao-qui-ne-vivent-que-de-l-e-commerce_6018600_3234.html
mlsum-fr-4945
Faut-il craindre les produits gratuits reçus à domicile ? Plusieurs publications alarmistes ont circulé ces dernières semaines sur les réseaux sociaux. Une, en particulier, a été très partagée sur Facebook. L’image postée le 10 septembre montre un petit tube de pommade prétendument envoyé par courrier. La légende qui l’accompagne indique que cet échantillon était déjà ouvert. L’autrice du message « met en garde » car « ceci est du poison » ; des personnes en seraient même mortes. Elle indique cependant ne pas être sûre de ce qu’elle avance. Mais ce que l’internaute ignore, peut-être, c’est qu’elle relaie un vieux canular qui ressurgit régulièrement sur les réseaux sociaux sous différentes formes. POURQUOI C’EST FAUX Le tube en photo existe bien, c’est une pommade qui protège la surface de l’œil et calme les sensations de sécheresse. La lettre que l’on aperçoit au-dessous n’a aucun lien avec le propos du message. Elle nous indique seulement que l’internaute habite en Belgique car le courrier émane du fournisseur d’électricité et de gaz belge Lampiris. L’internaute admet volontiers qu’elle ne dispose d’aucune preuve pour confirmer la présence de poison dans la pommade : « Pour mettre les choses au clair parce que les gens ne lisent qu’à moitié, j’ai mis exprès des guillemets car l’info n’a pas été vérifier [sic]. Je met juste en garde car on ne sais jamais [sic]. Libre à vous de ne pas partager. » Elle précise aussi dans les commentaires avoir reçu une « note vocal [sic] parlant d’échantillon de toute sorte de crème et parfum. J’ai trouvé ce tube dans ma boîte, je ne sais pas ce que contient ce tube ». D’autres messages alarmistes similaires ont été publiés sur Facebook. Le 11 septembre, une femme écrit par exemple : « J’ai reçu un message vocal m’informant que si l’on recevait des échantillons de crème ou autre par la poste, il ne fallait surtout pas les utiliser. » Le 9 septembre, une autre internaute s’alarme : « On m’a envoyé un message vocal sur Messenger annonçant l’envoi par la Poste d’échantillons de crèmes et parfums qu’il ne faut pas utiliser. Sept personnes seraient soi-disant mortes. » Une autre rumeur, qui a d’abord circulé sur Snapchat avant d’atterrir sur Facebook, a également tenté de prévenir d’un « danger de mort ». Le message, comme l’ont repéré nos confrères de 20minutes, pointe du doigt une crème antirides avec un texte exhortant le public à jeter le tube car « il y a eu je sais pas combien de morts avec cette crème ». Enfin, une troisième variante de ce message est, elle, largement antérieure. Au mois de juin, une personne écrivait que « sept femmes sont mortes après avoir inhalé un échantillon de parfum gratuit qui leur a été envoyé par la Poste. Le produit était toxique. » On retrouve la même déclaration en 2018, en 2017, en 2016. Un canular qui trouve ses origines en… 2001 L’histoire des femmes empoisonnées par des échantillons est inventée de toutes pièces. Il s’agit en fait d’une légende urbaine qui circule régulièrement sur les réseaux sociaux et qui provient d’un canular apparu en 2001. Comme le rappelle le site anglophone Snopes, la rumeur est apparue en octobre, soit un mois après les attentats du 11-Septembre. Le message initial était envoyé par mail. Il était signé par un certain « bureau du chef de la police » à Washington, et indiquait : « Urgent ! Des nouvelles de l’hôpital Glen Eagles !!!! Sept femmes sont décédées après avoir inhalé un échantillon de parfum qui leur a été envoyé. Le produit était toxique. Si vous recevez des échantillons par la poste tels que des lotions, des parfums, des couches, etc., jetez-les. Le gouvernement avait peur de ce nouvel acte terroriste. Ils ne l’annonceront pas dans les journaux parce qu’ils ne veulent pas créer de panique ni donner de nouvelles idées aux terroristes. » L’hôpital en question, qui se trouve à Kuala Lumpur (Malaisie), a été contraint en 2013 de faire un rappel à l’ordre, tant la rumeur était tenace. L’établissement a publié un communiqué sur Facebook pour rappeler qu’il fallait cesser de relayer cette histoire. Mais ce démenti n’a pas empêché le message de continuer à se propager sous d’autres formes, comme via cette internaute sur Facebook qui a alerté en 2017 à propos d’échantillons de soupe.
Des messages sur Facebook signalant des produits gratuits contenant du poison sont la énième variante d’un hoax qui circule depuis des années.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/18/la-rumeur-tenace-des-echantillons-empoisonnes-dans-les-boites-aux-lettres_5512055_4355770.html
mlsum-fr-4946
Humbert Balsan et Yves Alfonso dans « Un balcon en forêt » de Michel Mitrani, 1979. INA Rares sont les adaptations à l’écran de l’œuvre envoûtante et méditative de Julien Gracq, dont la transposition en images n’est jamais allée de soi. Celle qui s’est à ce jour le plus approchée de son étrange temporalité demeure sans doute Un balcon en forêt (1979), inspiré du récit de guerre de l’écrivain et exhumé par Luna Park Films dans sa passionnante collection Ciné-club TV, en partenariat avec l’INA. Peu connu, peu montré, ce film unique en son genre, coproduit en dernier recours par Antenne 2 (l’ancêtre de France 2) et sorti brièvement en salle avant sa diffusion télévisée, pâtit de l’injuste obscurité où est tombé le nom de son auteur, Michel Mitrani (1930-1996). Prolifique réalisateur pour le petit et le grand écran (Les Guichets du Louvre, 1974), Mitrani fut l’ardent défenseur d’une télévision exigeante, à même de porter les grands textes à la connaissance du public (il adapta pour elle Beckett, Sartre, Duras ou Ionesco). Il s’est battu pour un service public qu’il disait « rongé de l’intérieur par les pratiques du privé ». « Un balcon en forêt » considère la guerre sous son jour le plus aberrant, celui de l’inaction, du désœuvrement, du vide et de l’absence D’une écriture très moderne, Un balcon en forêt témoigne de cette exigeance, donnant corps à un texte réputé aride, car fondé sur l’attente, l’incertitude et l’indétermination. Et pour cause, puisque celui-ci prend pour cadre la « drôle de guerre », période inexplicablement boudée par la fiction française. En octobre 1939, le lieutenant Grange (Humbert Balsan, que l’on connaît plus pour son activité de producteur, disparu en 2005) est assigné à une maison forte dans les hauteurs de la forêt ardennaise, édifice banalisé abritant un bunker et voué à tromper d’éventuels assaillants allemands. Sur place, il prend sous ses ordres trois bidasses dociles mais sans grande compétence (Yves Afonso, Jacques Villeret et Serge Martina). Une expectative existentielle La troupe vivote, trompe l’ennui, sécurise le périmètre avec les moyens du bord, dans l’attente d’une guerre qui s’acharne à ne pas venir. A ses heures, le lieutenant rend visite à Mona (Aïna Wallé), une veuve esseulée avec laquelle naît une relation amoureuse. Les saisons se succèdent, les troupes passent, les ordres se tarissent et Grange finit par se complaire dans cette expectative qui revêt bientôt une dimension existentielle. Dans le sillon du Désert des Tartares, de Dino Buzzati, Un balcon en forêt considère la guerre sous son jour le plus aberrant, celui de l’inaction, du désœuvrement, du vide et de l’absence. Le perpétuel ajournement du combat, l’invisibilité d’un ennemi dont on vient à douter, ouvrent la parenthèse d’un temps mort qui brouille les contours de la réalité. La beauté du film est de rendre palpable cette temporalité trouble, filandreuse, pour saisir à travers elle l’étrange sentiment de déroute intérieure qui a caractérisé la « drôle de guerre » : les villes vidées de leurs habitants, les femmes restées seules, l’insuffisance matérielle de l’armée, l’impréparation des troupes, le défaitisme cynique des hauts gradés…
Le chef d’œuvre oublié de Michel Mitrani, fabuleusement adapté du roman de Julien Gracq sur le temps suspendu pendant la « drôle de guerre » de 1939 à 1940, ressort en DVD
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/04/selection-dvd-la-temporalite-trouble-d-un-balcon-en-foret_5506202_3246.html
mlsum-fr-4947
Nina Meurisse dans le rôle de Camille, une jeune photographe, dans le film de Boris Lojkine, « Camille », en salle le 16 octobre. PYRAMIDE INTERNATIONAL / LOCARNO FILM FESTIVAL De la projection de Once Upon a Time… in Hollywood sur le plus grand écran d’Europe à la découverte d’un premier film sénégalais arrivé en Suisse sans le secours d’une société de ventes internationales ou d’un distributeur, l’expérience qu’offre le Festival de Locarno, qui s’achève samedi 17 août, est d’une amplitude qui pourrait donner le vertige. Née juste après la seconde guerre mondiale, la manifestation tessinoise appartient à cette génération de festivals balnéaires (Cannes, Saint-Sébastien, Karlovy Vary) fondée sur le modèle de Venise. Mais cette version suisse, nichée au bord du lac Majeur, a suivi une autre voie que celles des mondanités et du grand spectacle, qui en fait à la fois une destination de vacances cinéphiles pour des milliers d’estivants et un lieu d’expérimentation. Cette 72e édition était la première que programmait la Française Lili Hinstin, qui succède à l’Italien Carlo Chatrian, parti pour la Berlinale. S’y est esquissé un rapprochement entre les deux termes de la contradiction de Locarno, entre la vitrine des immenses projections de la Piazza Grande et le foisonnement des films venus de toutes les marges de l’industrie du cinéma qui nourrissent les différentes sections du festival. Lire l’entretien avec Lili Hinstin, directrice artistique de Locarno : « C’était la première année, la meilleure pour se tromper » Les séances en plein air sur la Piazza Grande, grand espace pavé tout en longueur au milieu de la cité médiévale, rassemblent jusqu’à 9 000 spectateurs. Cette année, le neuvième film de Quentin Tarantino représentait seul le cinéma hollywoodien. Pour le reste, la nouvelle directrice artistique a préféré des œuvres moins spectaculaires, comme Notre Dame, de Valérie Donzelli, une comédie ; La Fille au bracelet, de Stéphane Demoustier, un thriller, ou Camille, le deuxième long-métrage de fiction de Boris Lojkine, pour ne parler que des films français. Lire la critique : A Locarno, Valérie Donzelli en première ligne sur le front du genre On trouvera dans ce dernier film une belle illustration de la volonté affichée par la nouvelle équipe de tracer « un trait d’union entre le public et le cinéma d’auteur ». Camille retrace les derniers mois de la photographe française Camille Lepage, tuée à 26 ans dans un accrochage entre factions centrafricaines, en 2014. Boris Lojkine a passé des mois de préparation en Centrafrique, où il a tourné, mêlant ses acteurs français (Nina Meurisse, Bruno Todeschini, Grégoire Colin…) à des débutants centrafricains. La réalité du pays irrigue cette fiction dont la mise en scène modeste et rigoureuse force la réflexion – sur le rôle ambigu du témoin, sur la place des ex-colonisateurs dans les territoires qu’ils ont contribué à (dé) former. Camille sortira dans les salles françaises le 16 octobre.
Parmi les films remarqués lors de la 72e édition du festival suisse : « Camille », de Boris Lojkine, « Les Enfants d’Isadora », de Damien Manivel, « Arguments », d’Olivier Zabat ou « Baamum Nafi », de Mamadou Dia.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/17/entre-reel-et-fiction-folie-et-raison-les-vertiges-de-locarno_5500234_3246.html
mlsum-fr-4948
Au lendemain de la défaite de Boris Johnson, la presse britannique est divisée sur les événements. Le Monde L’espoir d’une partie des Britanniques d’entériner le Brexit, qui domine l’actualité outre-Manche depuis désormais trois ans, s’est une fois de plus envolé samedi 19 octobre, après une journée riche à la Chambre des communes. Lire aussi Brexit : les deux lettres adressées par Boris Johnson aux Européens L’accord trouvé entre Boris Johnson et les Européens n’a pas été mis au vote, au grand dam du premier ministre, défait par les députés comme Theresa May l’a été trois fois avant lui. La faute à Oliver Letwin, un député ex-conservateur et à son amendement (adopté avec 322 voix pour, 306 voix contre) qui suspend l’approbation de l’accord tant que toutes les lois d’application nécessaires ne sont pas votées. Une « police d’assurance » assure M. Letwin, contre un « no deal » accidentel. Une situation résumée par le Sunday Mail, un journal écossais, pour qui Letwin (ici « Ollie ») met Boris Johnson dans un « beau bordel ». The Sunday Mail « Le "pas si super" samedi des Conservateurs : C’est un autre beau pétrin dans lequel tu me mets, Ollie * » « Attaque au sein des Conservateurs alors que Letwin saborde l'accord sur le Brexit de Johnson » « Le premier ministre promet de contourner le vote, mais personne ne sait ce que ça veut dire » * En référence à la célèbre phrase de Laurel & Hardy (appelé aussi "Ollie", comme Oliver Letwin) Letwin a beau assurer qu’il est favorable à cet accord et que sa volonté était de s’assurer que le pays sorte proprement de l’Union européenne, le Mail on Sunday a regretté l’absence d’un vote de fond sur l’accord, insistant comme le gouvernement sur la nécessité d’aller de l’avant pour « panser ses plaies ». The Mail on Sunday « La Chambre des idiots * » « Aujourd’hui, le Royaume-Uni aurait pu commencer à penser ses plaies après le purgatoire du Brexit. Au lieu de ça, la posture des députés nous enchaîne à un nouveau délai angoissant » * En référence à la Chambre des communes Même son de cloche du côté du Sunday Express, pour qui la réaction des élus de la Chambre des communes est incompréhensible, et parle d’un « jour dramatique » lors duquel « les députés ont défié le public en rejetant l’accord sur le Brexit ». Le tabloïd anglais cible particulièrement l’attitude des travaillistes de Jeremy Corbin, coupables de rejeter le Brexit pour « garder le Royaume-Uni dans l’Union européenne pendant des années ». Le journal pro-Brexit se fait notamment l’écho des craintes sur l’économie britannique nourries par l’« incertitude » liée au Brexit. The Sunday Express « Pourquoi ne nous laisseront-ils pas partir ? » « Scandale alors que le Parlement vote pour bloquer l’accord décisif de Boris sur le Brexit » « Le premier ministre provocateur demande à l’UE d’"envoyer un message aux députés" et refuse tout nouveau délai » Au nord du mur d’Hadrien, le Scotland on Sunday titre sur l’esquive du premier ministre, à la fois « vaincu » mais « défiant » le vote des députés en envoyant à Bruxelles deux lettres contradictoires, une que la loi lui impose d’envoyer mais qu’il n’a pas signée, l’autre pour demander à ses homologues européens de ne pas accepter de délai supplémentaire pour le Brexit. Et le journal de souligner, malgré la défaite politique interne : « Peu l’ont cru lorsqu’il a déclaré qu’il pourrait rouvrir les négociations avec l’UE, et encore moins ont cru qu’il abandonnerait le backstop irlandais. » Scotland on Sunday « Vaincu mais récalcitrant » « Boris Johnson perd un vote crucial pour valider l’accord du Brexit » « Le premier ministre rejette la nécessité de demander un nouveau délai à l’UE » Pour The Observer, journal du dimanche du groupe du Guardian, comme pour une partie de la presse anglaise europhile, l’adoption de l’amendement Letwin est en revanche une « humiliation » pour M. Johnson, qui lui reconnaît « peu d’habileté » pour être retourné à Bruxelles et revenir avec « un accord encore pire que celui de Theresa May ». The Observer « Pas de report, promet Johnson après une défaite humiliante aux Communes » « Les députés votent pour suspendre l'adoption du deal avec l'UE » « Refractaire, le premier ministre "ne négociera pas sur la date" » The Independent a pour sa part choisi de mettre l’accent sur le quasi-million de manifestants descendus dans les rues londoniennes pour demander à ce que le dernier mot du Brexit soit donné par le peuple, par le biais d’un deuxièe référendum. Le journal, qui considère l’amendement Letwin comme « judicieux », note également la « double humiliation » pour le premier ministre, qui fait face à de possibles poursuites judiciaires pour avoir contredit sa demande de prolongation de l’échéance aux dirigeants européens. The Independent « Le jour où vous vous êtes fait entendre de Johnson » « Un million de personnes défile à Westminster pour exiger le dernier mot sur le Brexit » « Le premier ministre est vaincu mais refuse de négocier un nouveau délai pour le Royaume-Uni »
Au lendemain d’un coup de théâtre qui a vu Boris Johnson mis en difficulté par la Chambre des communes, la presse hésite entre le respect du vote populaire et le désir d’éviter un divorce sans accord.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/20/brexit-la-presse-britannique-divisee-entre-exasperation-et-espoir-d-eviter-un-no-deal_6016231_3210.html
mlsum-fr-4949
Christophe Lemaitre est sélectionné pour le 200 m des Mondiaux de Doha. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP Christophe Lemaitre disputera bien ses sixièmes championnats du monde en individuel. Le sprinteur tricolore figure, mardi 27 août, dans la liste d’athlètes communiquée par la Fédération française d’athlétisme (FFA) en vue des Mondiaux de Doha (du 27 septembre au 6 octobre). Le médaillé de bronze olympique à Rio participera donc au 200 m et au relais 4 × 100 m. Gêné par des blessures en début de saison, il n’avait pas atteint le niveau de performance requis par la FFA sur 200 m (20 s 35) mais avait obtenu in extremis, samedi 24 août lors du meeting de Paris, les minima fixés par l’IAAF (20 s 40). Dans le même cas de figure, la coureuse de 800 m, Rénelle Lamote, a également été sélectionnée grâce à sa performance lors du meeting parisien : 2 minutes 0 seconde et 40 centièmes, plus rapide que les 2 minutes 0 seconde et 60 centièmes requis par l’IAAF. « Nous avons la volonté de leur donner l’opportunité de réaliser les performances demandées pour se qualifier pour les prochains JO, a expliqué Patrice Gergès, le directeur technique national. Comme en 2017, nous avons donc sélectionné l’ensemble des athlètes ayant réalisé les minima IAAF – qui représentent déjà un niveau élevé –, en considérant que tous ces athlètes apporteraient un bénéfice réel à l’équipe de France dès ces Mondiaux. » Bascou et Lamote à Doha Spécialiste du 110 m haies, Dimitri Bascou intègre aussi la sélection française. Le 3e des JO 2016 sur 110 m haies revient de loin après deux saisons gâchées par les pépins physiques et des résultats en berne. Le hurdleur de 32 ans, qui s’entraîne seul après les ennuis de son coach, Giscard Samba, dont l’enquête pour viol a été classée sans suite en février, a fini par convaincre le comité de sélection après sa belle victoire à Paris samedi dans la course B. Les trois athlètes rejoignent les autres têtes d’affiche tricolores déjà retenues dans les deux premières listes publiées les 5 et 13 août. Au total, la FFA a appelé 57 athlètes pour le grand rendez-vous de la saison au Qatar. La sélection sera complétée le 6 septembre, date de clôture des inscriptions pour les Championnats du monde, par d’éventuelles invitations de la Fédération internationale (IAAF) et une possible qualification du relais 4 × 100 m dames, a précisé la FFA.
Même s’il a échoué à réaliser les minima de la fédération française, le sprinteur s’alignera bien au départ des séries du 200 m à Doha. Il était éligible selon les critères de la fédération internationale (IAAF).
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/27/mondiaux-d-athletisme-christophe-lemaitre-figure-finalement-dans-la-selection-en-individuel_5503394_3242.html
mlsum-fr-4950
L’équipe G2 peut espérer ramener à l’Europe son premier titre mondial depuis celui de Fnatic lors de la première édition des Worlds, jugée peu relevée. Jeff Curry / USA TODAY Sports Rangez les ballons ovales, les protège-dents, les typhons : l’autre énorme événement sportif de l’automne commence ce samedi 12 octobre, avec les mondiaux de LoL. Durant un mois, 16 équipes internationales vont se disputer le prix de champion du monde du jeu vidéo le plus emblématique de la scène e-sport, League of Legends. Cette neuvième édition se disputera à Berlin (Allemagne) jusqu’au 20 octobre pour la phase de poules ; à Madrid (Espagne) les 26 et 27 octobre pour les quarts de finale ; puis à Paris les 2, 3 et 10 novembre pour les demi-finales et la finale. La compétition sera diffusée en direct sur la plate-forme Twitch, sur la chaîne O’gaming pour le flux en français. 100 000 spectateurs simultanés y sont attendus. La France, qui avait déjà organisé les Championnats d’Europe 2017 et le Championnat mondial de mi-saison en 2018, accueillera à cette occasion, et pour la première fois, la finale du plus grand événement annuel de l’e-sport. « C’est une destination qui est prisée par Riot, l’organisateur, pour le public français. Il est réputé être le meilleur public au monde grâce à la super ambiance qu’il met et sa capacité à soutenir toutes les équipes », détaille Charles Lapassat, dit Noi, commentateur chez Ogaming. La ferveur tricolore devrait être à nouveau au rendez-vous : les tickets pour l’ultime rencontre à l’AccorHotels Arena ont été vendus en moins de onze minutes début septembre. Stopper la domination asiatique L’autre intérêt de cette édition 2019 devrait résider dans son plateau très équilibré. « Je n’ai jamais vu des Mondiaux aussi ouverts et avec un niveau aussi élevé, avec une méta [un équilibrage des personnages virtuels] très excitante et des styles très différents selon les régions. Toutes les équipes ont progressé et beaucoup sont très fortes. Ce sera très indécis », s’enthousiasme Paul Arrivé, journaliste e-sportif pour le quotidien L’Equipe, qui couvrira pour la première fois l’intégralité de la compétition en reportage. Surtout, alors que les formations taïwanaise, sud-coréenne et chinoise trustent le palmarès depuis sept éditions, deux équipes européennes peuvent, cette fois, prétendre à la victoire finale. Il s’agit de G2, qui a survolé la saison régulière, et Fnatic, finaliste l’an passé. Une perspective qui réjouit Noi : « C’est peut-être la première fois depuis la saison 1 [en 2011, emportée par Fnatic], dans laquelle les Asiatiques n’étaient pas et qu’on ne comptabilise pas d’habitude, que l’Europe est dans les potentiels favoris du tournoi. Elle a gagné les tournois de mi-saison et accueillle en plus la compétition ! La question, c’est : aura-t-on vraiment une équipe européenne en finale ? » L’an dernier, alors que personne ne l’attendait, Fnatic (FNC) avait créé la sensation en montant sur la deuxième marche du podium, lors d’une édition en Corée du Sud qui a sacré pour la première fois une formation chinoise, Invictus Gaming (IG). Cette édition 2019 pourrait sonner comme une revanche. « Les chances sont les mêmes que l’année dernière, mais elles sont beaucoup plus concrètes, car G2 a progressé. Le fait que ça se passe en Europe, ça peut jouer, on est à domicile. C’est presque écrit, c’est presque une prophétie qui est en train de se se réaliser », veut croire Kevin Rémi, dit Tweekz, présentateur e-sport sur BeIN Sports. Mais de nombreux autres prétendants sont en embuscade, comme les Chinois d’Invictus, tenants du titre, et les Sud-Coréens de SK Telecom 1, dit SKT, équipe la plus titrée au monde (trois victoires aux Mondiaux), ou encore FunPlus Phoenix, la meilleure formation chinoise de l’année. Et s’il fallait miser ? Prudent, Tweekz donne « 30 à 40 % » de chances de gagner aux Coréens de SKT, « 25 % » pour G2, « 20 % » pour FunPlus Phoenix, et « 15-20 % » pour Fnatic. « De ce qu’on entend des entraînements, ça bataille dur. Nous, on mettrait la Corée et l’Europe favoris, mais tout est possible », rappelle Noi. Un choc d’entrée La phase finale de la compétition s’ouvre samedi à 14 heures à Berlin par un premier choc entre les vice-champions du monde, Fnatic, habituellement chouchou du public français, et la formation sud-coréenne aux trois couronnes mondiales, SKT, sorte de Real de Madrid de la scène LoL. Ces deux équipes sont, en outre, tombées dans ce qui est considéré comme le groupe de la mort, la poule 2, aux côtés des Chinois de Royal Never Give Up (RNG) et les Nord-Américains de Clutch Gaming, propriété de la franchise de basket-ball Houston Rockets. « RNG était la meilleure équipe du monde l’an dernier, ils ont survolé le championnat chinois. On pourrait voir SKT ou Fnatic, deux des prétendants au titre, ne pas sortir de la poule, c’est envisageable », prévient Paul Arrivé. Derrière G2 et Fnatic, principales chances de victoire européenne, la troisième et dernière équipe du vieux continent, Splyce, issue des barrages, fera, elle, figure de Petit Poucet de la compétition. En revanche, si celle-ci est entraînée par un coach français, Hadrien Forestier (Duke), aucun joueur français ne figure dans l’effectif des 16 équipes. Deux joueurs francophones prendront toutefois part au tournoi, le Belge Yasin Dinçer, dit Nisqy, très apprécié du public tricolore, et le Québécois Philippe Laflamme, dit Vulcan, respectivement sous le maillot des formations nord-américaines Cloud9 et Clutch Gaming.
Pour la première fois, deux équipes européennes, G2 et Fnatic, figurent parmi les favoris des Worlds, le plus grand événement du sport électronique. La finale se jouera à Paris en novembre.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/12/e-sport-l-europe-espere-enfin-saisir-sa-chance-aux-mondiaux-de-league-of-legends_6015248_4408996.html
mlsum-fr-4951
LA LISTE DE LA MATINALE Châteaux, usines, églises, jardins, ponts, fermes, phares, mairies… : témoin, et parfois acteur de l’histoire, le patrimoine français est considérable avec plus de 44 000 édifices, classés ou inscrits aux Monuments historiques. Par leur singularité ou leur ampleur, les paysages naturels ont aussi favorisé la lisibilité et la compréhension de cet héritage commun. Nous avons sélectionné dix lieux en France répondant, chacun à sa manière, à la thématique « Arts et divertissements » de la 36e édition des Journées européennes du patrimoine qui doit se dérouler les 21 et 22 septembre. Notre-Dame de Paris hors les murs Bien qu’inaccessible au public depuis l’incendie survenu le 15 avril, Notre-Dame sera très présente à Paris lors des Journées européennes du patrimoine. Le Mobilier national expose le grand tapis de laine (25 m x 7,35 m) commandé par Louis XVIII pour la cathédrale parisienne et tissé à la manufacture de la Savonnerie entre 1825 et 1838. Au ministère de la culture, l’exposition éphémère « Revoir Notre-Dame de Paris » permettra notamment de découvrir le coq girouette miraculeusement sauvé des décombres, la tête en cuivre de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, auteur de la flèche emportée par les flammes, sous les traits de Saint-Thomas, de nombreuses archives ainsi que le relevé de la charpente réalisé en 2016. A travers une promenade audioguidée, le collège des Bernardins propose une découverte de « Notre-Dame, de l’intérieur » en prêtant l’oreille à ceux qui la connaissent dans ses intimités : peintres, historiens, musiciens, artistes, etc. Enfin, la Cité de l’architecture et du patrimoine lui rend hommage à travers une exposition dossier présentant l’histoire du monument et le projet de sa restauration. La maison de l’Unesco et sa collection d’art moderne Le siège de la maison de l’Unesco, située dans le 7e arrondissement de Paris. IGNACIO MARIN C’est en toute liberté qu’il sera possible de visiter – jusqu’au bureau de la directrice, Audrey Azoulay – cet ensemble d’édifices construits dans le 7e arrondissement de Paris, à partir de 1955, né de la collaboration entre plusieurs architectes emblématiques du XXe siècle : Marcel Breuer, Luigi Nervi et Bernard Zehrfuss. En 1995, l’architecte japonais Tadao Ando agrandissait la « maison » et y édifiait tout contre un espace de méditation. Les lieux abritent également une remarquable collection de 600 œuvres d’art – signées notamment Picasso, Miro, Calder, Moore, Chillida ou Giacometti. Pour chacune, un étudiant-guide de l’Ecole du Louvre sera présent pour en raconter l’histoire.
Châteaux, usines, églises, jardins… voici nos dix lieux à visiter à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, ce week-end.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/20/a-paris-marseille-ou-bordeaux-dix-lieux-a-decouvrir-lors-des-journees-du-patrimoine_6012326_3246.html
mlsum-fr-4952
Pertes et profits. Chaque civilisation construit ses mythes, grands ou petits. Ces récits fondateurs qui assurent la cohésion d’une société autour de valeurs communes. La technologie en regorge, qui se déploient, puis s’évaporent avant de réapparaître. Ce début d’automne est marqué par la remise en cause de trois d’entre eux. Le premier est justement illustré par un animal mythique, la licorne. Il désigne ces entreprises non cotées en Bourse et dont la valorisation dépasse le milliard de dollars. Seules importent dans cette caste chérie des investisseurs les perspectives de croissance et de rupture des modèles existants. D’où les valorisations stratosphériques d’entreprises superstar dont on ignore si elles gagneront un jour de l’argent, comme Uber ou WeWork. Mais en ce mois d’octobre, les marchés ont changé d’humeur. De licornes à baudets Uber s’est effondré en Bourse et WeWork n’a même pas franchi cette étape, racheté in extremis par son principal actionnaire après un plongeon de 80 % de sa valorisation. Les licornes se sont transformées en baudets. Le deuxième mythe écorné est celui de la téléphonie mobile de 5e génération, la 5G. On nous a, là encore, raconté l’histoire merveilleuse de cette technologie supposée nous connecter à la vitesse de la lumière et nous ouvrir en grand les portes de l’Internet des objets et de la voiture autonome. Pressentant que l’avantage pour le client ne sera pas suffisant pour justifier un prix supérieur de l’abonnement, indispensable pour rentabiliser leur investissement, les opérateurs mettent la pression sur les fournisseurs, comme Nokia. Ce jeudi, la firme à perdu plus de 20 % en Bourse après avoir reconnu une baisse de ses ventes. Troisième mythe, celui de la voiture autonome. Depuis quelques mois une petite musique s’insinue dans nos oreilles. La technologie supposée révolutionner le monde de l’automobile n’est pas près de sortir de sa phase de test. Après le patron de Ford qui avait reconnu en avril que l’avènement de ces véhicules avait été « surestimé », c’est au tour de l’une des dirigeantes de Waymo, la filiale de Google, de reconnaître cette semaine que les gens avaient pris « trop au sérieux » les promesses d’une automobile sans chauffeur avant 2020, blâmant au passage l’enthousiasme excessif des médias. Le monde de la technologie est ainsi, condamné à produire sans cesse des narratifs volontairement trop optimistes pour embarquer dans ses aventures ses financeurs et ses clients.
WeWork, Nokia, Waymo… ces entreprises ont toutes créé des narratifs volontairement trop optimistes pour embarquer dans leurs aventures financeurs et clients, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/25/high-tech-les-trois-mythes-technologiques-de-2019_6016874_3234.html
mlsum-fr-4953
« La complémentaire santé solidaire qui entre en vigueur le 1er novembre présente un seul intérêt, celui de mettre de l’ordre dans les dispositifs existants, en fusionnant CMU-C et ACS. » ÉRIC AUDRAS / ONOKY / PHOTONONSTOP Tribune. Le 1er novembre est entrée en vigueur la nouvelle « complémentaire santé solidaire ». La cotisation dont devront s’acquitter certains de ses bénéficiaires sera variable avec l’âge, un élément de la réforme symptomatique des évolutions que connaît la Sécurité sociale depuis quarante ans. Lorsque la Sécurité sociale vous rembourse une consultation chez le médecin ou une boîte de médicament, votre âge n’est pas pris en considération. Lorsque vous contribuez à son financement par l’intermédiaire des cotisations sociales, votre âge n’entre pas dans le calcul de votre contribution. L’âge n’existe pas à la Sécurité sociale. Il existe en revanche dans le domaine de l’assurance privée : plus vous êtes âgé, plus vous risquez d’être malade, donc plus vous payez. Cette prise en compte du risque peut aller jusqu’à des questions posées sur votre état de santé. La Sécurité sociale en socialisant le risque à grande échelle, grâce à une cotisation sociale unique et obligatoire, évite de tomber dans ces travers. Alors comment en est-on arrivé à cette complémentaire santé solidaire financée pour partie par une cotisation évolutive avec l’âge ? L’histoire de cette aberration est d’abord celle de la réduction de la couverture de la Sécurité sociale, suivie d’un bricolage pour y faire face. La prise en charge par la Sécurité sociale des soins de ville a diminué de plus de dix points entre 1980 et 2018 : elle est passée de 77 % à 66 %. Les soins de ville, ce sont les honoraires que nous payons aux professionnels de santé libéraux. Chacun a pu en faire l’expérience : pour une consultation classique chez un médecin généraliste qui coûte 25 euros, la Sécurité sociale ne rembourse plus que 16,50 euros. Un tiers de la dépense n’est pas socialisé. Voilà comment sont rendus indispensables à la fois le recours aux complémentaires et les aides apportées à ceux qui ne peuvent s’en offrir une. Bricolage Le premier dispositif imaginé pour couvrir les personnes ayant peu de revenus est une complémentaire santé gratuite, créée en 1999 : la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C). Quelques années s’écoulent et les pouvoirs publics se rendent compte que les personnes situées justes au-dessus du plafond de ressources retenu pour en bénéficier rencontrent des difficultés d’accès aux soins : en 2005, ils créent l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) qui prend la forme d’un chèque à utiliser pour diminuer le coût d’une complémentaire. Après avoir réduit la couverture de l’assurance-maladie obligatoire, on subventionne l’achat d’une couverture complémentaire !
Aurélien Purière, cadre supérieur de la Sécurité sociale explique, dans une tribune au « Monde », ce qui a conduit les pouvoirs publics à mettre en place une nouvelle « complémentaire santé solidaire ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/03/l-age-n-existe-pas-a-la-securite-sociale-mais-il-existe-dans-le-secteur-de-l-assurance-privee_6017846_3232.html
mlsum-fr-4954
Le comédien Matthieu Sampeur, en 2018, à Toulouse. Gilles Vidal/Hans Lucas Rennes - envoyée spéciale Un garçon long et fin comme une branche de saule est assis, seul, au milieu de l’immense cafétéria du Théâtre national de Bretagne (TNB), à Rennes. Matthieu Sampeur, 34 ans, écrit, dans un cahier, ce que l’on suppose être ses impressions de Pelléas et Mélisande. Dans quelques semaines, il jouera, au Festival d’Avignon, le héros de Maurice Maeterlinck, sous la direction de Julie Duclos. Une aura de mystère l’enveloppe toujours, comme quand il a débuté, en 2011, avec le grand metteur en scène polonais Krystian Lupa, dans Salle d’attente, de Lars Noren. Comme quand il a joué Treplev dans La Mouette, de Tchekhov, sous la direction de Thomas Ostermeier (2016), ou quand il a été l’un des Ulysse de Christiane Jatahy, dans Ithaque (2018), le premier volet de son diptyque sur L’Odyssée, dont elle présente la suite à Avignon. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Festival d’Avignon, Christiane Jatahy présente son odyssée intérieure Est-ce parce qu’il vit dans le théâtre depuis toujours, ou presque ? Le théâtre que ses parents, steward pour une compagnie aérienne et infirmière libérale, pratiquaient dans le strict cadre familial, pour le plaisir. « A l’occasion d’un anniversaire, ils montaient un petit Feydeau », se souvient, amusé, Matthieu Sampeur. Quand il était enfant, la comédienne Suzy Hannier a ouvert un cours d’art dramatique à Milly-la-Forêt (Essonne), où il vivait avec ses parents. Il avait 7 ans quand il a poussé la porte, et n’a jamais arrêté le théâtre depuis. « Travailler avec ce qu’on est » Dès l’âge de 12 ans, Suzy Hannier lui a fait jouer les grands rôles et les grands auteurs du répertoire, Molière, Shakespeare, Marivaux ou Feydeau. « Il y a eu une sorte d’évidence, et je n’ai jamais voulu faire autre chose. Le plaisir du jeu pur a été là d’emblée, il l’est toujours. » Tout s’est enchaîné – l’école du Studio-théâtre d’Asnières (Hauts-de-Seine) et le Conservatoire national supérieur d’art dramatique –, en un parcours qui aurait pu n’être qu’une autoroute impeccable dans le théâtre d’art à la française, si Matthieu Sampeur n’avait croisé la route de Krystian Lupa. « En voyant “Factory 2”, de Krystian Lupa, j’ai compris qu’il y avait là quelque chose de beaucoup plus grand que d’être simplement acteur sur un plateau. » « J’ai eu le choc théâtral de ma vie en voyant Factory 2, le spectacle de Lupa sur Andy Warhol, au Théâtre de la Colline, en 2010. Quelques jours plus tard, j’ai appris que j’étais convoqué pour une audition avec le maître, qui cherchait de jeunes acteurs pour sa nouvelle création, en français. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si je n’avais pas été pris… En voyant Factory 2, j’ai compris qu’il y avait là quelque chose de beaucoup plus grand que d’être simplement acteur sur un plateau. Je n’avais jamais vu des acteurs comme ceux-là, si mystérieux, si libres, qui ne montrent pas les coutures de leur jeu, qui vous saisissent d’émotion par un geste infime… »
Une technique parfaite, un engagement profond. Le comédien, auréolé d’éloges et de mystère, travaille ses rôles en artisan, soucieux de ne pas montrer les coutures de ses personnages. A Avignon, Sampeur s’empare du rôle de Pelléas.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/05/festival-d-avignon-matthieu-sampeur-dans-les-eaux-profondes-de-pelleas-et-melisande_5485627_3246.html
mlsum-fr-4955
« En zone euro, l’inflation annuelle anticipée à long terme par les marchés financiers a décroché pour atteindre en 2019 des niveaux (+1,2 %) jamais vus et bien plus bas que ceux qui avaient poussé la BCE à lancer ses mesures non conventionnelles. » (drapeaux européens devant la BCE. La zone euro a été créée en 1999.) RALPH ORLOWSKI / REUTERS Tribune. Pourquoi l’inflation dans les économies avancées est restée si faible et si stable ces dernières années ? La grande récession de 2008-2009 n’a pas conduit à la déflation redoutée et l’inflation reste aujourd’hui, aux Etats-Unis et en zone euro, atone et en dessous des niveaux cibles définis par les banques centrales. Pire, en zone euro, l’inflation annuelle anticipée à long terme par les marchés financiers a décroché pour atteindre en 2019 des niveaux (+ 1,2 %) encore jamais vus et bien plus bas que ceux qui avaient poussé la Banque centrale européenne à lancer ses mesures non conventionnelles. Ce défaut des anticipations d’inflation alimente le risque d’une perte de crédibilité des banques centrales quant à leur capacité à respecter leur mandat d’une inflation globalement proche de 2 % à moyen terme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Taux d’intérêt bas : « Le chant des sirènes de l’assouplissement quantitatif » On pourrait se réjouir de cette faiblesse de la progression des prix qui permet, entre autres, de préserver le pouvoir d’achat des ménages. Mais les problèmes associés à une inflation durablement basse sont multiples (augmentation du coût réel de la dette passée, difficile ajustement des salaires réels en cas de choc). Surtout, elle réduit les marges de manœuvre de la politique monétaire lorsque les taux d’intérêt se situent déjà à des niveaux proches de zéro. Plusieurs phénomènes structurels se succèdent ainsi depuis plus de trente ans. Il y a d’abord la priorité donnée à la lutte contre l’inflation prônée par de nombreux économistes et mise en œuvre dès le début des années 1980 par les banquiers centraux. Les recherches de l’économiste Emi Nakamura, récente récipiendaire de la médaille John Bates Clark (2019), révèlent toutefois que les coûts d’une inflation élevée (liés aux changements d’étiquette et à la dispersion des prix) sont moins élevés qu’on ne le pensait. Des juniors moins payés Ensuite, le rapport salarial s’est profondément modifié en réduisant le pouvoir de négociation des salariés et ainsi la progression des salaires et des prix. Le rapport salarial a en effet été lourdement affecté par le déclin de la syndicalisation – le taux de syndicalisation dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a été globalement divisé par deux en trente ans –, l’automatisation de l’industrie, la globalisation des réseaux de production et de distribution, ainsi que la modification de la structure des emplois à la faveur d’emplois de service peu qualifiés et plus précaires (temps partiel subi, intérim, etc.).
L’économiste Christophe Boucher pointe, dans une tribune au « Monde », les quatre changements majeurs – priorité à une inflation modérée, recul du rapport salarial, démographie en berne et innovations technologiques – qui expliquent l’avènement d’un capitalisme déflationniste au sein des pays industrialisés.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/02/les-desequilibres-du-capitalisme-se-manifestent-plus-par-de-l-instabilite-financiere-que-par-des-crises-inflationnistes_5495763_3232.html
mlsum-fr-4956
L’autobiographie d’Edward Snowden, intitulée « Permanent record » (« Mémoire vive » en France), sur un présentoir à San Francisco, est sortie mardi 17 septembre aux Etats-Unis. JUSTIN SULLIVAN / AFP Après une inculpation au pénal, le gouvernement américain souhaite à présent couper les vivres du lanceur d’alerte Edward Snowden. Washington a réclamé en justice, mardi 17 septembre, la saisie des recettes de son autobiographie, sortie le même jour, et des revenus qu’il tire de ses interventions publiques. Les Etats-Unis ont déposé plainte au civil pour « violation de contrat » contre cet ancien employé de la CIA et ex-contractuel de l’agence de renseignement NSA, exilé en Russie depuis qu’il a dénoncé, en 2013, la surveillance massive des communications et de l’Internet dans son pays. L’ancien informaticien de 36 ans est déjà inculpé au pénal d’espionnage et de vols de secrets d’Etat. « Nous ne permettons pas à des individus de s’enrichir aux dépens des Etats-Unis », a commenté Jody Hunt, haut responsable du ministère de la justice, citée dans un communiqué. Dans la plainte, déposée devant un tribunal fédéral d’Alexandria, près de Washington, le gouvernement lui reproche d’avoir publié un livre contenant des informations sur la CIA et la NSA « sans avoir soumis le manuscrit » à ses anciens employeurs en violation des clauses de confidentialité de ses contrats de travail. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Edward Snowden, informaticien surdoué et patriote américain déçu Les adaptations cinématographiques visées également « C’est dur d’imaginer une meilleure attestation d’authenticité qu’une plainte du gouvernement américain », a réagi M. Snowden sur Twitter. Sorti simultanément dans une vingtaine de pays, l’ouvrage est publié aux Etats-Unis par Metropolitan Books (Macmillan) sous le titre Permanent record. La version française, intitulée Mémoire vive, paraît aux éditions du Seuil. It is hard to think of a greater stamp of authenticity than the US government filing a lawsuit claiming your book i… https://t.co/TFQUdAzwdb — Snowden (@Edward Snowden) Dans sa plainte, le gouvernement reproche également à Edward Snowden d’avoir prononcé ces dernières années plusieurs discours rémunérés sans l’aval de ses anciens employeurs, toujours en violation de ses engagements. Son livre et ses discours ont causé du tort aux Etats-Unis « en érodant la confiance envers la CIA et la NSA » alors que « Snowden s’est injustement enrichi dans le processus », peut-on lire dans la plainte. En guise de dédommagement, le gouvernement réclame l’ensemble des revenus tirés de l’autobiographie d’Edward Snowden et d’éventuelles adaptations cinématographiques, ainsi que les sommes touchées pour ses interventions publiques. Il demande au tribunal de prononcer une injonction en urgence pour empêcher ses éditeurs américains de lui transférer des fonds. La puissante American Civil Liberties Union (ACLU – Union américaine pour les libertés civiles, en français), association de défense des libertés, a volé au secours du lanceur d’alerte. « Le livre ne contient aucun secret gouvernemental qui n’ait pas déjà été publié par des médias respectés », a estimé Ben Wizner, avocat spécialiste des questions de technologies et de droits pour l’ACLU. Lire aussi l’éditorial : La France doit donner asile à Edward Snowden Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le livre d’Edward Snowden, un plaidoyer adressé à l’opinion américaine
L’autobiographie du lanceur d’alerte, exilé en Russie depuis ses révélations, en 2013, sur la CIA et la NSA, est sortie mardi aux Etats-Unis, deux jours avant la France.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/18/les-etats-unis-reclament-en-justice-les-recettes-du-livre-d-edward-snowden_5511721_3210.html
mlsum-fr-4957
Editorial du « Monde ». Ce n’est pas une surprise. Dimanche 1er septembre, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a obtenu des scores particulièrement élevés dans le Brandebourg (23,5 %) et en Saxe (27,5 %), où se tenaient des élections régionales. Dans ces deux Länder d’ex-RDA, l’AfD sera désormais la deuxième force politique au Parlement régional, comme elle l’est déjà depuis 2015 en Saxe-Anhalt et depuis 2016 en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, deux autres régions elles aussi situées à l’est du rideau de fer du temps de la guerre froide. Dans aucun Land d’ex-Allemagne de l’Ouest, l’AfD n’a conquis de telles positions. En 2013, c’est pourtant dans la banlieue de Francfort, à l’Ouest donc, qu’une vingtaine d’économistes et d’essayistes avaient créé ce parti, dont la principale revendication était de prôner la fin de l’euro et le retour du deutschemark. Depuis, la crise des réfugiés est passée par là, l’AfD a mis l’immigration, la sécurité et l’islam au cœur de son agenda, et le centre de gravité du parti s’est déplacé vers l’Est. « L’AfD est le nouveau Volkspartei [parti populaire] de l’Est », a déclaré, dimanche, Björn Höcke, le leader de l’aile dure du parti, chef de la fédération de Thuringe. Alors que l’Allemagne s’apprête à célébrer le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin, cette fracture politique qui continue de traverser le pays est particulièrement préoccupante. Elle l’est d’autant plus que l’AfD n’est pas seulement plus forte à l’Est ; elle est aussi beaucoup plus radicale. Andreas Kalbitz, qui dirige la fédération du Brandebourg, a fréquenté des groupes néonazis dans sa jeunesse. Jörg Urban, l’homme fort de l’AfD en Saxe, a rapproché celui-ci du mouvement islamophobe Pegida. Au sein du parti, les deux hommes appartiennent au courant de Björn Höcke, qui fait l’objet d’une « mise sous surveillance » de la part de l’Office fédéral de protection de la Constitution, le renseignement intérieur allemand. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections en Allemagne : dans l’ex-RDA, l’AfD tente de capitaliser sur la mémoire de 1989 Manque de reconnaissance Le succès de l’AfD en ex-RDA est un symptôme. Il se nourrit d’inquiétudes liées à la situation socio-économique des Länder de l’Est, où la population vieillit plus vite qu’à l’Ouest, où le chômage est en moyenne de 6,6 % (contre 4,7 % à l’Ouest), où le revenu moyen par habitant est de 29 477 euros (contre 40 301 euros à l’Ouest), et où se trouvent les sièges sociaux de seulement 37 des 500 plus grandes entreprises du pays. Il prospère également sur des frustrations, le sentiment d’un manque de reconnaissance et de visibilité. Un exemple : sur les dix-sept ministres du gouvernement fédéral, une seule, Angela Merkel, a sa circonscription en ex-RDA. Une formation politique, Die Linke, et avant elle le PDS, lui-même héritier du SED, le parti au pouvoir en RDA, a longtemps porté la voix de la contestation dans cette partie du pays. Dimanche, Die Linke s’est effondré en Saxe et dans le Brandebourg, laissant l’AfD se poser en porte-parole des déçus de la réunification, au point de promettre une Wende 2.0. (« tournant 2.0 »), trente ans après le « tournant » des années 1989-1990. Que la captation d’héritage soit grossière n’est pas le sujet. Le résultat des urnes montre qu’elle est efficace. Trois décennies après la réunification, l’Allemagne ne peut laisser se dresser un nouveau mur. Elle ne peut laisser se creuser une telle fracture démocratique, au risque d’une terrible régression historique. Le Monde
Editorial. Le parti d’extrême droite est arrivé en deuxième position aux élections régionales dans le Brandebourg et en Saxe. Ce succès de l’AfD en ex-RDA est un symptôme.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/02/allemagne-eviter-un-nouveau-mur_5505412_3232.html
mlsum-fr-4958
Le batteur de jazz Ginger Baker, le 20 octobre 1979. ANL/REX/SIPA Il avait toujours insisté pour être présenté comme un musicien de jazz. Le jazz était la musique de ses débuts, celle vers laquelle il revenait régulièrement et qui lui aura apporté les plus grandes satisfactions artistiques, avec ses explorations des polyrythmies des musiques africaines. Mais c’est pour sa présence, souvent de courte durée, dans des groupes de rock que le batteur Ginger Baker, mort dimanche 6 octobre, à l’âge de 80 ans, dans un hôpital, en Angleterre, reste connu du grand public. Notamment avec le trio Cream, dont il a été le fondateur, créé avec le guitariste Eric Clapton et le bassiste Jack Bruce (mort en 2014). Le « supergroupe » n’a pourtant existé que de juillet 1966 à novembre 1968, puis des concerts de reformation en mai et en octobre 2005. Première batterie bricolée, à l’âge de 15 ans Dans ses Mémoires, Hellraiser. The Autobiography of The World’s Greatest Drummer (John Blake Publishing, 2009), Ginger Baker admettait, entre quelques diatribes contre le monde entier, avoir été son premier ennemi, en raison de son tempérament colérique. A cela s’ajoutent un père loin d’être modèle, un investisseur malchanceux dans des affaires extramusicales et une vingtaine d’années marquées par son addiction à l’héroïne. Né le 19 août 1939, dans le quartier de Lewisham, dans le sud-est de Londres, Peter Edward Baker a été élevé dans un milieu modeste. Son père, maçon, meurt à la guerre, en 1943. Sa mère est vendeuse dans un bureau de tabac. Il doit son surnom, « Ginger », à ses cheveux roux. L’adolescent, agité et un peu délinquant (vols, bagarres), s’épanouit d’abord dans les compétitions cyclistes. A 15 ans, il bricole une batterie avec des éléments d’un instrument pour enfant, des boîtes de biscuits, des morceaux de toile, et apprend en autodidacte. Lire la critique du documentaire (sur Arte en mars 2018) : « Ginger Baker, batteur inconditionnel » A partir de 1956, il commence à gagner sa vie au sein d’orchestres de jazz traditionnel. Ses héros sont les jazzmen Baby Dodds et Sam Woodyard – à un concert de Duke Ellington, en 1966, Woodyard utilise deux grosses caisses et Baker décide de faire de même –, les novateurs Kenny Clarke, Philly Joe Jones et Max Roach, les volcaniques Art Blakey et Elvin Jones. Ginger Baker cite aussi Phil Seamen, musicien de la scène jazz londonienne, qu’il rencontre au début des années 1960 et qui lui donne conseils et cours. Membre du Blues Incorporated d’Alexis Korner En 1962, il rejoint le Blues Incorporated du guitariste et pianiste Alexis Korner, pépinière, tout comme The Bluesbreakers de John Mayall, de jeunes musiciens s’intéressant au blues. C’est là qu’il rencontre l’organiste, saxophoniste et chanteur Graham Bond, le saxophoniste Dick Heckstall-Smith et Jack Bruce. Leur groupe, Graham Bond Organization, publie deux albums en 1965, Baker signant Camels and Elephants, une mélodie orientale qui se transforme en un solo de batterie. Les caractéristiques de son jeu s’y font entendre : régularité et contrôle parfait du volume à la double cymbale charleston, qui marque au pied tous les temps, déploiements mélodiques sur les toms, relances éclatantes sur les cymbales et la caisse claire.
Connu pour sa participation au trio Cream, il fut un des premiers musiciens de sa génération à se tourner vers les sons africains.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/10/06/mort-de-ginger-baker-explosif-batteur-de-jazz-et-de-rock_6014449_3382.html
mlsum-fr-4959
Affiche électorale du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) – « Hier comme aujourd’hui : “Nous sommes le peuple” » –, à Zehdenick, dans le Brandebourg, où auront lieu des élections régionales, dimanche 1er septembre. JOHN MACDOUGALL/AFP Analyse. Trente ans. C’est le temps qui s’est écoulé depuis la « révolution pacifique » qui a provoqué la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, l’effondrement du régime communiste de RDA et la réunification des deux Allemagnes, le 3 octobre 1990. Déjà, dans les livres d’histoire, cette période dite de la « Wende » (« tournant ») n’en continue pas moins de hanter la vie politique allemande. Pendant la campagne des élections régionales prévues dimanche 1er septembre dans le Brandebourg et la Saxe, deux Länder de l’ex-RDA, le souvenir de la Wende a été au cœur de la bataille. Un parti a carrément décidé d’en faire un thème central de sa campagne : Alternative pour l’Allemagne (AfD, extrême droite). Crédité de 20-22 % des voix dans le Brandebourg et de 24-26 % en Saxe, l’AfD a choisi une stratégie très claire : se présenter comme l’héritier de l’élan libérateur de l’automne 1989 en RDA. Sur ses tracts, les références à cette période sont omniprésentes. Trente ans après 1989, l’AfD prône une nouvelle « révolution pacifique ». Trente ans après la Wende, il promet une « Wende 2.0 ». Autre exemple, cette affiche où l’on peut lire : « Hier comme aujourd’hui : “Nous sommes le peuple” » (« Wir sind das Volk »). Là encore, l’allusion est transparente : apparu lors des « manifestations du lundi » d’octobre 1989 à Leipzig, « Wir sind das Volk » est resté dans les mémoires comme le mot d’ordre par excellence du mouvement démocratique de 1989 en RDA. Le discours de l’AfD a provoqué de vives réactions Comment expliquer cette stratégie de campagne ? En réalité, le détour par le passé permet au parti d’extrême droite de déployer un discours sur le présent. En réclamant une nouvelle « révolution pacifique », l’AfD cherche à entretenir l’idée que l’Allemagne d’aujourd’hui serait dans une situation comparable à celle de la RDA finissante. A l’instar d’Andreas Kalbitz, tête de liste AfD dans le Brandebourg, qui déclarait récemment : « Aujourd’hui, les conditions de vie ne sont toujours pas égales entre l’Est et l’Ouest. La liberté d’opinion n’existe pas non plus, et ceux qui pensent “autrement” sont toujours réprimés, comme le faisait la Stasi autrefois. (…) Les gens ne sont pas descendus dans la rue en 1989 pour obtenir en retour ce que nous devons supporter aujourd’hui. » Ce discours n’est pas nouveau. En novembre 2018, lors du congrès de l’AfD à Augsbourg, en Bavière, Alexander Gauland, le coprésident du parti, avait déjà affirmé que la situation actuelle lui « rappel[ait] celle des derniers mois de la RDA ». A l’époque, la formule avait été peu commentée. Ces dernières semaines, en revanche, l’omniprésence des références à 1989 dans le discours de l’AfD a provoqué de vives réactions. Le 20 août, 110 personnalités engagées dans le mouvement des droits civiques à la fin de la RDA ont publié une lettre ouverte sous le titre : « Pas avec nous. Contre le détournement de la révolution pacifique de 1989 à des fins électorales. » Signé notamment par le social-démocrate Wolfgang Thierse, ancien président du Bundestag (1998-2005), Marianne Birthler, ancienne déléguée fédérale chargée des archives de la Stasi, mais aussi par des écrivains, des artistes et des historiens, le texte accuse le parti d’extrême droite de colporter des « mensonges historiques ». « Nous ne sommes pas descendus dans la rue pour les démagogues de l’AfD. Certes, nous vivons dans un pays où il y a encore beaucoup à changer ou à améliorer. Mais c’est justement le propre d’une démocratie, [un régime] qui réclame justement beaucoup d’exigences car il oblige à concilier des intérêts par nature divergents », y est-il notamment expliqué.
Le parti d’extrême droite reprend à son compte les mots d’ordre lancés il y a trente ans, lors de la chute du Mur – « Révolution pacifique » et « Nous sommes le peuple ». Objectif : restaurer une fierté nationale blessée, celle de la République démocratique allemande, analyse notre correspondant à Berlin.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/30/dans-l-ex-rda-l-afd-tente-de-capitaliser-sur-la-memoire-de-1989_5504366_3232.html
mlsum-fr-4960
Lors d’une manifestation à Moscou, le 27 juillet. Alexander Zemlianichenko / AP Il y a encore deux semaines, ils se voyaient en candidats respectables, prêts à affronter les représentants du pouvoir dans les urnes le 8 septembre, pour les élections locales. Aujourd’hui, la quasi-totalité des apprentis candidats, transformés en meneurs de la contestation politique qui secoue Moscou, dorment en prison : Dmitri Goudkov pour trente jours, Vladimir Milov pour trente jours, Ivan Jdanov pour quinze jours, Ilia Iachine pour dix jours… Tous condamnés à des peines administratives pour participation ou appel à des manifestations non autorisées. Plusieurs d’entre eux sont en grève de la faim, dont la candidate Lioubov Sobol qui, laissée en liberté, jeûne depuis le 13 juillet. Parallèlement, le processus d’examen des candidatures refusées se poursuit sans apporter de nouveauté. A Saint-Pétersbourg, deux candidats refusés ont été réintégrés, mais le pouvoir ne semble pas prêt à perdre la face en cédant devant l’adversaire libéral moscovite et les proches d’Alexeï Navalny, principale figure de l’opposition à Vladimir Poutine. Leurs candidatures au scrutin local de septembre avaient été invalidées mi-juillet, comme des centaines d’autres à travers la Russie, pour de prétendues irrégularités ou des vices de forme. La cohorte des emprisonnés s’est aussi enrichie de l’un des dirigeants du Parti libertarien, Mikhaïl Svetov. En l’absence des autres chefs de file, il a tenté lui-même, le 30 juillet, d’obtenir l’accord de la mairie de Moscou pour la tenue d’une nouvelle manifestation samedi 3 août. Après l’échec de ces négociations (l’opposition refuse la solution proposée d’un rassemblement parqué sur une avenue), l’homme a été arrêté… sur le trottoir de la mairie, puis condamné à trente jours de prison. « Troubles massifs à l’ordre public » La peine est similaire à celle que purge Alexeï Navalny, plutôt en retrait dans ce dossier. Mercredi 31 juillet, les services de santé russes ont assuré n’avoir détecté « aucune substance toxique » dans son organisme. Ces derniers jours, une dégradation de son état de santé, nécessitant son transfert à l’hôpital, avait poussé ses proches, avocats et médecins, à évoquer un empoisonnement. L’institut qui a rendu ses conclusions mercredi est toutefois le même que celui qui avait exclu un empoisonnement, en septembre 2018, d’un membre du groupe contestataire Pussy Riots, Piotr Verzilov, plus tard diagnostiqué en Allemagne comme empoisonné. D’autres laboratoires ont refusé d’examiner des échantillons. Ce climat de défiance laisse présager un samedi dur, voire violent, avec cette nouvelle manifestation non autorisée. Le 27 juillet, près de 1 400 personnes avaient été interpellées, et des manifestants pacifiques battus par la police. Le format choisi par l’opposition, une multitude de marches isolées sur les boulevards circulaires du centre de Moscou, devrait compliquer le travail des forces de l’ordre, qui s’étaient déjà montrées incapables, il y a une semaine, de disperser les protestataires avant la tombée du jour.
Une manifestation non autorisée pour protester contre la situation politique dans le pays, samedi 3 août à Moscou, laisse présager de nouvelles violences et arrestations.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/02/russie-climat-de-defiance-politique-a-la-veille-d-elections-locales_5495901_3210.html
mlsum-fr-4961
Jane Goodall à New York, en avril 2017. VICTORIA HILL / INVISION / AP Jane Goodall aime raconter des histoires. Et son auditoire, les écouter. De sa voix douce et posée, elle décrit ses rencontres dans la jungle avec les chimpanzés et son observation directe d’une planète maltraitée ; sa silhouette s’anime quand elle mime le salut des primates ; son regard se durcit quand elle évoque des dirigeants politiques qui, à l’instar de Donald Trump, réfutent l’influence humaine sur le réchauffement climatique. A 85 ans, l’éthologue et primatologue ne cesse de voyager à travers le monde pour narrer son incroyable parcours, celle d’une jeune Britannique passionnée d’Afrique et d’animaux, qui se retrouve, à 26 ans, sans bagage scientifique, à réaliser une mission majeure d’observation des grands singes dans la forêt de Gombe, dans l’ouest de la Tanzanie. Des années plus tard, c’est pour encourager les jeunes générations à prendre soin de la nature qui les entoure que Jane Goodall s’évertue à transmettre ses passions. « Quand je rencontre des gens, je raconte des histoires, j’essaie de les toucher. » Ses interventions partout sur la planète sont ponctuées des mille et une anecdotes qu’elle a vécues. Elles ne font pas l’impasse sur son inquiétude sur l’avenir, mais esquissent des solutions possibles à explorer. L’assistance est galvanisée. « Je me soucie passionnément de l’environnement, je me soucie passionnément des enfants. Et plus les perspectives sont sombres, plus je suis déterminée », confie au Monde Jane Goodall, de passage à Paris par une journée d’été caniculaire pour une conférence (USI Events) au Carrousel du Louvre. « Je sais que chaque année il me reste un peu moins de temps pour vivre. Alors j’essaie chaque année d’en faire un peu plus, explique-t-elle. Je ne me battrais pas si je ne pensais pas que cela pouvait faire la différence. Et même si à la fin j’échoue, je mourrai en me battant. » A l’âge de 8 ans, la petite Valerie-Jane Morris-Goodall lisait les aventures de Tarzan et s’imaginait vivre dans la jungle – « Tarzan a épousé la mauvaise Jane, aime-t-elle raconter. Tout le monde se moquait de moi, sauf ma mère, qui a encouragé mon rêve fou de me rendre en Afrique, poursuit-elle. Aurais-je pu faire ce que j’ai fait sans elle ? Je ne crois pas. » Après un diplôme de secrétariat et deux années de travail pour mettre de l’argent de côté, Jane Goodall est prête à embarquer, en avril 1957, à 23 ans, pour trois semaines de traversée en bateau, direction le Kenya. En provoquant le destin, elle rencontre au Coryndon Memorial Museum de Nairobi le paléontologue Louis Leakey, celui-là même qui codécouvrira, quelques années plus tard, les premiers fossiles d’Homo habilis (l’« homme habile », qui vivait en Afrique de l’Est il y a entre 2,8 millions et 1,5 million d’années) et le convainc de l’employer comme secrétaire.
A 85 ans, la célèbre primatologue poursuit avec énergie son combat pour l’éducation des jeunes générations et la préservation de la planète.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/10/jane-goodall-plus-les-perspectives-sont-sombres-plus-je-suis-determinee_5498247_3244.html
mlsum-fr-4962
Emmanuel Macron, président de la République, participe à une conférence de presse à la fin de la réunion du G7 à Biarritz, lundi 26 août. Jean-Claude Coutausse pour Le Monde Emmanuel Macron a gagné son pari pour le premier sommet du G7 sous sa présidence. S’annonçant pour le moins difficile, la réunion de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), du 24 au 26 août, entre les dirigeants des sept démocraties les plus puissantes économiquement, a été un incontestable succès. Un accord a ainsi été trouvé à propos de la taxation des géants du numérique, des engagements concrets ont été pris pour faire face aux feux qui ravagent l’Amazonie… Surtout, une position commune sur l’Iran a été dégagée – la question a dominé ce sommet, marqué par l’arrivée surprise dans l’après-midi, dimanche 25 août, à l’invitation d’Emmanuel Macron, du chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, ciblé personnellement depuis trois semaines par des sanctions américaines. « J’ai la conviction que s’il y a une rencontre au plus haut niveau, un accord peut être trouvé sur l’Iran », a affirmé le président français lors d’une conférence de presse commune en fin d’après-midi lundi, aux côtés de son homologue américain. Le sommet a créé « les conditions pour cette rencontre » entre Donald Trump et le président iranien, Hassan Rohani, « et donc pour un accord »,a-t-il salué. A la question : « Est-il réaliste que vous rencontriez M. Rohani dans les prochaines semaines ? », Donald Trump a répondu par l’affirmative… si les « circonstances » étaient réunies. Dès mardi, M. Rohani invitait son homologue américain à « faire le premier pas », en levant les sanctions. « Trouver des points de convergence » Quelque chose bouge donc sur l’Iran, même si les négociations avec Téhéran seront longues et difficiles. Emmanuel Macron, qui préfère parler d’« initiative concertée » plus que de « médiation », a rappelé ce sur quoi les membres du G7 étaient d’accord : la nécessité pour l’Iran « de respecter ses obligations sur le nucléaire » et le fait que « jamais l’Iran ne puisse se doter de l’arme nucléaire et qu’il cesse de menacer la sécurité régionale ». A en croire le président français, « il y a des avancées, même si elles restent fragiles et que rien n’est encore fait ». Donald Trump a acquiescé et a évoqué « un fantastique G7 ». L’image des deux présidents qu’apparemment tout oppose, ensemble, à la tribune, est symbolique. « C’était très particulier, deux jours et demi de grande unité », s’est félicité le président américain, grand pourfendeur du multilatéralisme, avant de remercier son homologue français qui se pose en héraut d’un « multilatéralisme rénové ». « Durant ce G7, nous avons réussi à trouver des points de convergence inédits », se félicitait Emmanuel Macron, qui avant le sommet avait annoncé qu’il voulait renouveler le modèle du G7 pour l’empêcher de sombrer dans l’inutilité.
Lors d’une conférence de presse aux côtés de Trump, le président français a notamment réaffirmé la place de la France dans le face-à-face entre les Etats-Unis et l’Iran.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/26/a-biarritz-emmanuel-macron-reussit-son-g7_5503036_3210.html
mlsum-fr-4963
Liebman, Randy Brecker, Marc Copland, Drew Gress et Joey Baron au festival Nancy Jazz Pulsations le 18 octobre 2019. Gabriel George Le Nancy Jazz Pulsations (NJP, fondé en 1973) ne fait rien comme les autres festivals. Et il le fait autrement. Sans rien céder sur son désir et sa bagatelle. En 1973, l’intitulé n’avait rien d’évident. « Nancy » n’était vraiment pas, sous Pompidou et Marcellin, la ville toute désignée pour un cocktail d’avant-garde et de fantaisie guerrière. Sun Râ Arkestra, Art Ensemble of Chicago, l’impensable Frank Wright, plus la horde du délicieux Chris McGregor, ça tenait de la provocation en ville. Jamais on n’avait vu tant de Noirs sans marteaux-piqueurs. Cela dit, Terry Riley, salle Poirel, et tout ce que vous pouvez imaginer d’agaçant aux dents des (bons) amateurs de « jazz », ça n’allait pas de soi. « Jazz », on en reparlera. « Pulsations », voilà la trouvaille. Qui, des deux Einstein du NJP, Claude-Jean Antoine (il est désormais président de la chose, on l’appelle toujours Tito) et Patrick Kader (dit « Patou » pour les dames, désormais « conseil », après avoir concoté près de cinquante saisons ahurissantes), qui donc a eu cette illumination d’adjoindre « Pulsations » à « Nancy Jazz » ? Nancy Jazz Pulsations, ça c’est sonore, incroyable, sans rime ni raison, et bien peu ressemblant à la ville qu’on aime. Ville dont, avant eux, Patou et Tito, excusez-nous, on n’avait pas bien saisi les pulsations. Et ça dure. Les deux gaillards ont été vite compris par quelques édiles même, ça tient debout, avec ce détail qui compte : l’esprit n’a pas changé, l’époque, on n’en parle pas, mais le public, lui, se renouvelle sans barguigner. Selon cette pente, Tito et Patou – ben oui ! ça ne vous a pas l’air très sérieux, business plan, start-up macroniste, etc., on dirait plutôt d’un duo de clowns métaphysiques versés dans le free style –, Tito et Patou se sont débrouillés pour passer la main en douceur, en douce, avec un talent très secret. Le génie de Dave Liebman Le nouveau directeur se nomme Thibaud Rolland. Il prête son soprano à Dave Liebman, artiste de catégorie. Tiens, il est musicien. L’équipe enchaîne, et la vie continue, plus que belle. Oui bon d’accord, nous traversons une sale passe et l’espèce humaine, selon son programme, devrait disparaître sous peu. Pas la planète, l’espèce humaine. La planète, elle, s’en remettra. Elle en a vu d’autres. Or, dans toutes les occasions de se morfondre, ou les raisons de se rebeller, on voudra bien mettre au premier rang le Nancy Jazz Pulsations.
Dave Liebman, Randy Brecker, Marc Copland, Drew Gress et Joey Baron : un « supergroupe » accordé à la folie du festival Nancy Jazz Pulsations.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/18/jazz-un-quintette-de-choc-pour-rappel_6016056_3246.html
mlsum-fr-4964
La télévision sud-coréenne montre dans une gare de Séoul le lancement d’un missile nord-coréen, le 16 août 2019. LEE JIN-MAN / AP La Corée du Nord a tiré vendredi 16 août deux « projectiles non identifiés » qui se sont abattus en mer, a annoncé l’état-major interarmées de la Corée du Sud, un lancement qui est le sixième du genre en trois semaines. L’état-major sud-coréen a rapporté que ces projectiles avaient été tirés depuis les environs de Tongchon, une ville de la province de Kangwon, située dans le sud-est de la Corée du Nord, et étaient tombés dans la mer de l’Est (mer du Japon). « L’armée observe la situation pour le cas où il y aurait d’autres lancements », a ajouté l’état-major sud-coréen. Lire aussi Pyongyang opte pour la stratégie du tir « Un avertissement solennel » Il s’agit du sixième essai effectué par Pyongyang depuis le 25 juillet. Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un a déclaré au début d’août que ces tirs constituaient « un avertissement solennel » adressé à la Corée du Sud et aux Etats-Unis en raison des manœuvres militaires conjointes menées par ces deux pays. Pyongyang réprouve ces exercices conjoints réguliers. Le pouvoir nord-coréen les considère comme des manœuvres hostiles préfigurant une invasion de la Corée du Nord. Il avait prévenu que le démarrage de ces manœuvres annoncées serait de nature à empêcher la reprise des discussions entre Pyongyang et Washington sur l’arsenal nucléaire nord-coréen. Vendredi, la Commission pour la réunification pacifique du pays, une institution du pouvoir nord-coréen, a annoncé vendredi dans un communiqué que Pyongyang rejetait les déclarations faites par le président sud-coréen, Moon Jae-in, sur le processus de paix dans la péninsule. Dans un allocution prononcée à l’occasion de l’anniversaire de la libération de la Corée de l’occupation japonaise (1910-1945), M. Moon avait déclaré que son objectif était d’« atteindre la paix et l’unification d’ici à 2045 », bien que le mandat présidentiel unique auquel il a été élu se termine en 2022. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les tirs de missiles de Pyongyang embarrassent Washington et Séoul « Rien à discuter » Mais la Commission nord-coréenne a accusé Séoul d’être responsable du gel actuel des discussions intercoréennes et de la non-application de « la déclaration historique de Panmunjom ». Cette déclaration avait été adoptée lors d’une rencontre impromptue de M. Kim avec le président des Etats-Unis Donald Trump à Panmunjom, dans la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées. Les deux hommes avaient alors décidé la reprise prochaine des discussions sur l’arsenal nucléaire nord-coréen, mais cette annonce ne s’est pas concrétisée jusqu’à présent. La Corée du Nord a exclu dans le communiqué publié vendredi une reprise prochaine des pourparlers avec la Corée du Sud. « Nous n’avons plus rien à discuter avec les autorités sud-coréennes et nous n’avons aucune intention de nous réunir de nouveau avec elles », déclare le document. Pyongyang aurait par ailleurs refusé d’accepter 500 000 tonnes d’aide alimentaire proposées par Séoul. En 2018, selon les Nations unies, La Corée du Nord avait enregistré ses plus mauvaises récoltes depuis plus de dix ans. Lettre d’« excuses » Après le précédent essai de missiles nord-coréens, le cinquième, le président américain, Donald Trump, a fait savoir samedi 10 août dans un tweet que M. Kim lui avait présenté dans une lettre des « excuses » pour ces lancements. Depuis le début de cette série d’essais, M. Trump en a minimisé l’importance, déclarant notamment qu’il s’agissait de missiles à courte portée dont le lancement ne constituait pas une violation de ce qui a été convenu depuis le début du dialogue entre M. Kim et le président américain. M. Trump a même critiqué une nouvelle fois les manœuvres pourtant menées par sa propre armée avec les forces sud-coréennes, les qualifiant d’« exercices chers et ridicules ». Et le président américain a précisé que dans sa lettre M. Kim déclarait souhaiter reprendre les négociations sur le dossier nucléaire, et ce « dès que les exercices militaires conjoints menés par les Etats-Unis et la Corée du Sud seraient terminés ».
Ce regain d’activité militaire, en réponse à des exercices entre Séoul et Washington, semble hypothéquer un peu plus le processus diplomatique amorcé en 2018.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/16/la-coree-du-nord-tire-des-projectiles-non-identifies-pour-la-sixieme-fois-en-un-mois_5499899_3210.html
mlsum-fr-4965
Des lycéens au Soudan du Sud, en janvier 2019. ALEX MCBRIDE/AFP On passe le bac sous toutes les latitudes ! Alors que quelque 20 000 lycéens passent leur examen « made in France » au sein du réseau des lycées français de l’étranger, présent dans 93 pays, beaucoup de jeunes Africains passent un autre baccalauréat, marocain, burkinabé ou camerounais dans des pays qui se sont inspirés du système éducatif français. Et partout, ce diplôme phare est un moment clé dans une scolarité. Au Cameroun, c’est terminé ! Les épreuves écrites du baccalauréat général sont achevées depuis le 1er juin, dernier jour des épreuves. Les élèves attendent avec anxiété les résultats prévus au mois de juillet. Et ce sésame est précieux, puisqu’il ouvre la voie aux études supérieures. « Le bac est pour moi le must. C’est l’examen qui me permettra d’aller à l’université et de ne plus porter d’uniforme scolaire. C’est aussi celui qui me rapproche du monde de l’emploi. Au bout de trois années, je pourrai être indépendante, gagner mon propre argent », assure Bania, élève en classe de terminale A (littéraire). Durant l’examen, elle a rencontré des difficultés en mathématiques, sa « bête noire ». Au Maroc, la triche s’est invitée Au total, 150 personnes ont pour l’instant été arrêtées pour fraude à l’examen national qui s’est déroulé du 11 au 13 juin. L’épreuve a réuni 441 065 candidats, dont le plus âgé est une dame de 70 ans de la région Tanger-Tétouan-Al-Hoceima. La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) indique dans un communiqué que 138 candidats ont été pris en flagrant délit et douze autres personnes interpellées pour leur implication dans des affaires de crimes de droit commun, notamment pour le port d’objets interdits. Les opérations de la police ont notamment permis de récupérer trois chemises équipées d’écouteurs sans fils et d’autres écouteurs reliés à des équipements informatiques. Du matériel mis en vente sur Internet, a précisé la DGSN. La police a aussi identifié 81 personnes ayant ouvert des comptes sur les réseaux sociaux pour faciliter la fraude. Dès le premier jour de l’épreuve nationale, des sujets de l’examen ont été publiés sur Facebook. « Ce n’est pas une fuite puisque les gens ont partagé les épreuves une fois que l’examen avait commencé. Mais des candidats ont bien réussi à introduire leurs téléphones portables dans les salles d’examen », nous précise une source au ministère marocain de l’éducation. « En plus d’une campagne de sensibilisation, nous avons renforcé les sanctions depuis la promulgation de la loi anti-triche en 2016 », assure-t-elle. Outre une interdiction de passer l’examen pendant un ou deux ans, les fraudeurs risquent entre six mois et cinq ans de prison et une amende allant de 5 000 dirhams à 100 000 dirhams (460 euros à 9 220 euros). En Côte d’Ivoire, on a frôlé l’année blanche Les grèves, suivies sur l’ensemble du territoire ivoirien par 82 % des enseignants selon la Cosef-CI, le syndicat à l’initiative du mouvement, ont duré au total plus de deux mois, paralysant de nombreux établissements à partir du mois de février. Les lycéens ont dû se débrouiller chez eux, avec des camarades de classe ou des professeurs particuliers pour les plus aisés afin de réviser leurs examens blancs en mars et en avril. Les professeurs réclamaient le paiement d’arriérés, une meilleure indemnité logement et globalement une vie moins précaire. Durant le mouvement, certains lycées ont tenté d’organiser des cours et des examens blancs, ce qui n’a pas été du goût de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), l’un des plus influents syndicats étudiants ivoiriens. Certains de ses membres ont délogé les élèves durant leur composition. « La FESCI veut que tous les élèves soient solidaires et que tout le monde en soit au même niveau d’apprentissage, et c’est un combat juste », jugeait à l’époque Mohamed Ouattara, professeur de mathématiques, non gréviste, au Lycée moderne de Cocody. Avec ces perturbations, les élèves et leurs parents craignaient une année blanche, c’est-à-dire l’annulation de tous les examens à la fin de l’année. Les syndicats et le gouvernement ont finalement trouvé un terrain d’entente et le baccalauréat aura bien lieu du 8 au 12 juillet comme prévu. Plus de 200 000 élèves devraient se rendre dans les salles d’examen et s’activent donc pour terminer le programme. En 2018, le taux de réussite était de 46,09 %, ce qui constituait une légère augmentation par rapport à 2017. Au Mali, le bac au mois d’août Les élèves vont devoir patienter encore un mois et demi pour passer les épreuves écrites. Initialement prévues pour la fin juin, elles ont été reportées à début août. Le 12 juin, le ministère de l’éducation nationale et les syndicats ont annoncé le prolongement de l’année scolaire jusqu’au 31 juillet. « Nous étions en grève depuis décembre 2018. Sans ce prolongement, on risquait une année blanche », explique Amadou Coulibaly, secrétaire général du Syndicat national de l’éducation de base (Syneb). Pendant cinq mois, la grève des enseignants, réclamant notamment une revalorisation de certaines primes d’équipement et de logement, a fortement perturbé la tenue des cours. Mais en mai, le mouvement de protestation a été interrompu par la signature d’un accord partiel entre les syndicats et le gouvernement. « Huit de nos dix points de revendication ont été concédés par les autorités», souligne M. Coulibaly. Rendez-vous à la rentrée, à la mi-septembre, pour une première réunion chargée de vérifier la mise en application des promesses gouvernementales. Au Burkina Faso, les révisions continuent Cette année 110 000 candidats, dont 40 % de filles, sont inscrits aux épreuves du baccalauréat qui devraient se dérouler du 21 juin au 9 juillet. L’examen reste très redouté par les étudiants burkinabés. En 2018, 60 % ont échoué au bac. Le problème : des classes en sureffectifs, un manque d’enseignants et de matériel pédagogique. Au Burkina, les familles doivent aussi payer les frais d’inscription à l’examen, entre 15 000 et 20 000 francs CFA par candidat (entre 20 et 30 euros). Lire aussi Au Burkina Faso, la dégradation de la situation sécuritaire gagne du terrain De plus, l’inquiétude et l’incertitude règnent dans certains lycées du nord du pays, exposé à la menace terroriste. Dans ce climat délétère, les syndicats de l’éducation craignent pour la sécurité des élèves et des enseignants. Et dans les lycées français, on planche Pour la seule Afrique, 37 pays comptent un enseignement français et fournissent une bonne partie des quelque 17 000 bacheliers de l’étranger que la France produit chaque année. Des diplômés, qui chaque année pulvérisent les records de réussite avec, en 2018, 97,3 % de reçus, dont 76 % avec mention.
Les lycéens français ne sont pas les seuls à plancher. Sur le continent, l’examen est aussi le rendez-vous phare des jeunes et un sésame pour l’université.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/18/l-afrique-a-l-heure-du-bac_5477938_3212.html
mlsum-fr-4966
« Mieux vaut mettre la barre haut si l’on veut que l’intéressé s’attelle sérieusement à la tâche. » Mike Kemp/Tetra Images / Photononstop Quand Sunny George Verghese se rase, il ne laisse plus couler l’eau du robinet. Le dirigeant d’Olam, entreprise de négoce de denrées alimentaires, basée à Singapour, désire être un exemple aux yeux de ses 39 000 employés. Le patron économise son eau. Tout un symbole pour cette multinationale qui se veut à l’avant-garde de l’économie durable, même si elle est mise en cause par certaines ONG dans la déforestation du Gabon. « Nous devons réimaginer l’agriculture, afin de nourrir une population croissante sans détruire la planète », déclare-t-il, de passage à New York, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies ouverte le 17 septembre. M. Verghese affiche des objectifs écologiques et sociaux très ambitieux, applicables à chaque salaire, à chaque usine et à l’ensemble des 4,7 millions d’agriculteurs qui travaillent avec Olam. Afin de transmettre le message, le PDG lie la rémunération de 1 500 cadres supérieurs aux progrès réalisés en matière d’émissions de carbone, de réduction des déchets ou encore d’utilisation des énergies renouvelables : 10 % à 20 % de leurs revenus dépendent de la réalisation de cet objectif. C’est ainsi que l’irrigation des vergers d’amandiers en Australie est en train de se convertir à l’énergie éolienne. De même, le groupe encourage, depuis plus de dix ans, ses partenaires paysans à produire des denrées de meilleure qualité, grâce à des formations et à des microcrédits. Et Olam est dorénavant capable d’offrir à ses clients une information détaillée sur l’impact environnemental de ses produits, de la ferme aux rayons des magasins. Mettre la barre haut Selon M. Verghese, l’écologie n’est pas une préoccupation « après coup », c’est toute une culture dont il veut imprégner le groupe. D’où la mise en place d’une incitation financière particulièrement efficace avec les salariés d’un certain âge. « Les jeunes comprennent, ils savent bien qu’ils vont hériter de cette planète, avoue le PDG. Mais les employés matures n’ont pas cette sensibilité. Ma génération a besoin d’un coup de pouce financier pour s’aligner. Il faut que les cadres sentent que la réussite écologique a un impact sur leur carrière. » Cette approche n’est pas encore très répandue dans les entreprises. « Moins de 5 % des groupes incluent le critère environnement dans l’évaluation des performances », assure Jenny Davis-Peccoud, l’experte en économie durable du groupe consultant Bain & Co. « La première fois que j’en ai parlé aux conseils d’administration, tout le monde s’en fichait, renchérit Blair Jones, de la société de conseil Semler Brossy. Il y a cinq ans, dans le secteur de l’énergie et des mines, les administrateurs étaient beaucoup plus sensibles aux risques encourus par les personnels. Ils voulaient éviter les poursuites en justice. »
Pour montrer qu’elles prennent au sérieux les besoins de l’économie durable, des multinationales intègrent des objectifs chiffrés écologiques dans le calcul des rémunérations.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/11/06/quand-les-entreprises-choisissent-de-verdir-les-salaires-pour-afficher-leur-exemplarite_6018187_1698637.html
mlsum-fr-4967
La police canadienne a annoncé avoir retrouvé mercredi 7 août les corps de deux hommes dans le nord du Manitoba, et s’est dite « confiante » qu’il s’agisse bien des deux jeunes fugitifs recherchés depuis plus de deux semaines pour un triple meurtre. « Aujourd’hui, vers 10 heures, les policiers de la GRC (police fédérale) ont trouvé les corps de deux hommes » à 8 km de l’endroit où le véhicule des deux suspects avait été retrouvé fin juillet, a annoncé Jane MacLatchy, porte-parole de la police, lors d’une conférence de presse. « Nous sommes confiants que ces corps sont ceux des deux suspects recherchés en lien avec les homicides survenus en Colombie-Britannique » le mois dernier, a-t-elle poursuivi. « Une autopsie sera pratiquée à Winnipeg pour confirmer leur identité et déterminer la cause de la mort », a-t-elle dit. Trois semaines de chasse à l’homme La veille, les enquêteurs avaient annoncé avoir retrouvé dans la zone de Gillam, épicentre des recherches depuis deux semaines, « plusieurs objets directement liés » aux deux adolescents, Kam McLeod et Bryer Schmegelsky. Ils avaient également retrouvé une embarcation endommagée au bord du fleuve Nelson, dont une portion a été fouillée par des plongeurs de la police dimanche, sans résultats. La découverte des corps des deux fugitifs, si elle est confirmée par l’autopsie, mettra fin à une chasse à l’homme de près de trois semaines dans tout le Canada, une cavale en voiture de plus de 3 000 km à partir de la Colombie-Britannique. Amis d’enfance Les deux suspects ont échoué dans la région de Gillam, située à plus de 1 000 km au nord de Winnipeg, la capitale du Manitoba – une région très inhospitalière infestée d’animaux sauvages et d’insectes piqueurs. Les deux amis d’enfance sont formellement accusés du meurtre sans préméditation d’un professeur de botanique de 64 ans, Leonard Dyck, qui enseignait en Colombie-Britannique. Son corps avait été retrouvé le 19 juillet. Ils sont également soupçonnés d’avoir tué un Australien de 23 ans, Lucas Fowler, et son amie américaine, Chynna Deese, 24 ans, là aussi pour une raison inconnue. Leurs corps avaient été retrouvés le 15 juillet le long d’une route dans le nord de la Colombie-Britannique.
La police canadienne pense avoir retrouvé dans le nord du Manitoba les cadavres de deux adolescents recherchés depuis près de trois semaines dans le pays pour le meurtre de trois personnes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/07/traque-au-canada-deux-corps-retrouves-sans-doute-ceux-des-fugitifs_5497502_3210.html
mlsum-fr-4968
Anne Hidalgo, alors candidate à la mairie de Paris, et Ian Brossat, qui deviendra adjoint au logement, le 22 octobre 2013. Benoit Tessier / REUTERS Plus de 10 000 euros le mètre carré ! Le prix stratosphérique atteint en moyenne par les logements anciens à Paris fait la joie des propriétaires qui ne cessent de s’enrichir, et de ceux qui y voient une conséquence de l’attractivité de Paris. Mais aux yeux de nombre de Parisiens, il marque plutôt un échec, celui de la politique menée par la Mairie en matière de logement. Ou au moins un constat d’impuissance. Malgré le volontarisme affiché par les élus, le marché l’a emporté. Et contrairement à ce que prônaient les ambitions initiales, il devient de plus en plus difficile de se loger dans la capitale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Paris, le mètre carré a dépassé les 10 000 euros en moyenne Le sujet fait déjà partie des dossiers au cœur de la campagne pour les prochaines élections municipales, en mars 2020. « Dans le bilan d’Anne Hidalgo, il y a du positif, mais aussi du très négatif, à commencer par la spéculation immobilière qu’elle a laissé filer », juge ainsi son allié écologiste David Belliard, qui dirigera les listes Europe Ecologie-Les Verts au premier tour. La République en marche (LRM) et la droite classique comptent également attaquer la maire socialiste sur le sujet, tout en avançant prudemment tant la question est complexe : peut-on vraiment contrer les forces du marché immobilier ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Paris, les fractures sociale et politique se creusent « Nous avons fait le maximum » « En fait, nous avons fait le maximum, plaide-t-on à l’Hôtel de ville. Il n’y a que deux leviers que nous n’avons pas pu actionner, parce que l’Etat nous a mis des bâtons dans les roues : la lutte judiciaire contre les excès d’Airbnb et l’interdiction des résidences secondaires inoccupées. » Les élus estiment avoir obtenu de vrais succès en matière de lutte contre l’habitat insalubre, d’hébergement des sans-abri, et de maintien d’une certaine mixité sociale. « Mais bloquer les prix, ça, c’est difficile… » En 2014, lors de la campagne précédente, Anne Hidalgo avait hissé le logement au rang de « priorité des priorités » et fixé un horizon : « Je veux qu’en 2020 les Parisiens puissent plus facilement se loger selon leurs besoins », et en particulier « entrer dans un logement plus grand quand leur famille s’agrandit ». Cet objectif n’a clairement pas été atteint. Les prix d’achat dans le neuf comme dans l’ancien se sont envolés. Les loyers dans le parc privé ont eux aussi bondi. Et de plus en plus d’appartements sont destinés aux touristes par l’intermédiaire de sites comme Airbnb.
En 2014, Anne Hidalgo avait promis qu’avec elle les Parisiens pourraient plus facilement se loger. Ses efforts n’ont pas suffi.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/29/le-marche-immobilier-plus-fort-que-le-volontarisme-politique_5504106_3234.html
mlsum-fr-4969
Le chef de file du Brexit Party, Nigel Farage, lors d’une interview accordée à la BBC, le 2 novembre. JEFF OVERS - BBC/ AFP Après sept tentatives, toutes ratées, pour décrocher un poste de député à Westminster, Nigel Farage pourrait faire sourire. L’ex-président du UKIP, devenu chef de file du Brexit Party (BP), a annoncé, dimanche 3 novembre, qu’il renonçait à se présenter une huitième fois, afin, assure t-il, de pouvoir mieux se consacrer aux « 600 candidats » qu’il compte aligner partout « en Angleterre, au Pays de Galles et en Ecosse », en vue des élections générales du 12 décembre. Mais les gesticulations du patron du BP n’amusent pas du tout du côté des conservateurs. Car elles pourraient leur coûter cette majorité absolue, perdue par Theresa May lors des élections générales de juin 2017 et qu’ils comptent bien reconquérir. C’est dans ce but que Boris Johnson a décroché de haute lutte ces élections anticipées en plein mois de décembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : les élections du 12 décembre, un pari risqué pour Boris Johnson « J’ai vraiment beaucoup réfléchi à la question. Est-ce que je me trouve une circonscription pour essayer d’entrer au Parlement ou est-ce que je sers mieux la cause en sillonnant le Royaume-Uni pour soutenir les 600 candidats [du BP] ? J’ai décidé que la deuxième option était la bonne », a assuré M. Farage, 55 ans, sur le plateau de la BBC. Le promoteur de longue date du Brexit aurait-il du mal à céder ce poste d’eurodéputé qu’il occupe depuis vingt ans, malgré le fait qu’il vomit l’Union européenne (UE) dès qu’il arrive à Strasbourg ? « C’est le seul moyen d’obtenir le Brexit » Les élections parlementaires britanniques obéissant à un scrutin uninominal majoritaire à un tour (le député élu dans une circonscription est celui qui récolte le plus de votes), le BP n’a presque aucune chance d’envoyer des élus à la Chambre des communes. A en croire un sondage YouGov publié dans le Sunday Times dimanche, il n’est plus crédité que de 7 % des voix, contre 12 % avant l’annonce de la campagne électorale. Or, avec 13 % des voix lors des élections générales de 2015, le UKIP – dont M. Farage fut un des membres fondateurs – avait terminé deuxième dans 120 circonscriptions, mais premier nulle part. Le message électoral du camp conservateur est clair : Boris Johnson, grâce à son accord négocié mi-octobre avec Bruxelles, est le seul capable de faire aboutir le Brexit rapidement, car cet accord « est prêt », a affirmé le premier ministre, dimanche, dans une interview à Sky News. Pour, enfin, pouvoir passer aux vraies préoccupations des Britanniques : la préservation de leur système de santé publique, la sécurité, etc.
En annoncant qu’il ne se présenterait pas aux législatives, afin de soutenir les candidats de son parti, Nigel Farage risque de diviser le vote pro-Brexit.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/04/les-conservateurs-britanniques-face-au-danger-du-brexit-party_6017909_3210.html
mlsum-fr-4970
Tariq Ramadan quitte le palais de justice de Paris, le 30 août 2019. MARTIN BUREAU / AFP L’enquête visant l’islamologue suisse Tariq Ramadan, mis en examen pour les viols de deux femmes entre 2009 et 2012, a été élargie à des faits survenus à Paris en 2015 et 2016, selon des informations du Journal du dimanche confirmées par l’Agence France-Presse (AFP). Le parquet de Paris a étendu, le 10 septembre, la saisine du juge d’instruction en charge de l’enquête « à deux nouvelles potentielles victimes », indique une source judiciaire. La saisine porte sur des témoignages recueillis par les policiers de la brigade criminelle auprès de deux femmes, identifiées sur des documents retrouvés dans les ordinateurs de l’intellectuel musulman, a précisé une source proche du dossier. Ces deux femmes, qui n’ont pas porté plainte, assurent avoir été entraînées dans une relation sexuelle brutale par l’intellectuel musulman, l’une en novembre et décembre 2015 et l’autre en mars 2016. Toutes deux ont évoqué une « emprise ». « Je lui demandais d’être plus doux, mais il me disait : “C’est de ta faute, tu le mérites” (…) et qu’il fallait obéir, ce que j’ai fait », a rapporté l’une de ces femmes, dont le témoignage a pu être consulté par l’AFP. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand Tariq Ramadan se compare au capitaine Dreyfus « C’est d’un autre ordre qu’un viol physique, cela va au-delà, (…) il y a un viol moral », a expliqué la seconde. « Il a une telle emprise sur vous qu’on fait tout ce qu’il nous demande (…). Mais cette relation a été consentie, oui », a-t-elle précisé. Un « traquenard » Figure longtemps influente, mais controversée, de l’islam européen, Tariq Ramadan, 57 ans, est mis en examen depuis février 2018 pour le viol de deux femmes en France entre 2009 et 2012. Remis en liberté en novembre après dix mois de détention provisoire, M. Ramadan a d’abord nié tout rapport sexuel avec ces femmes avant d’évoquer des « relations consenties ». Deux autres plaintes pour viol avaient déjà été déposées, en mars 2018 et juillet 2019, et font l’objet d’investigations. M. Ramadan est, par ailleurs, accusé de viol par une femme en Suisse et doit être entendu sur cette affaire dans les prochaines semaines, à Paris. L’élargissement de l’enquête sur ces nouveaux soupçons de viols intervient alors que Tariq Ramada a engagé, mi-septembre, une contre-offensive médiatique, avec la publication d’un livre (Devoir de vérité), qui dénonce un « traquenard » et dément toute « emprise » sur ses partenaires sexuelles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’affaire Ramadan disséquée
L’intellectuel musulman est déjà mis en examen pour deux viols et fait l’objet d’une enquête pour deux autres. Lui parle de relations consenties.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/29/l-enquete-sur-tariq-ramadan-elargie-a-de-nouveaux-soupcons-de-viol_6013513_3224.html
mlsum-fr-4971
« Avis d’expulsion. Enquête sur l’exploitation de la pauvreté urbaine » (Evicted. Poverty and Profit in the American City), de Matthew Desmond, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Paulin Dardel, Lux, 540 p., 23 €. Le sociologue Zygmunt Bauman (1925-2017) a décrit notre ère comme celle de sociétés liquides ballottant les êtres dans tous les sens sous la pression de l’incertitude générée par le système écono­mique. De cette instabilité chro­nique, le sociologue américain Matthew Desmond met en évidence la puissance dévastatrice dans Avis d’expulsion, poignante étude sur la précarité des locataires pauvres aux Etats-Unis. Mais plutôt que de soumettre le lecteur à un rude traité de sociologie, il écrit sur le mode plus accessible du récit, en empruntant au style de la non-fiction narrative, pour s’approcher au plus près de la ­réalité vécue par les personnes qu’il a rencontrées au cours de son investigation. Il nous emmène à Milwaukee, dans le Wisconsin, ville où règne une forte ségrégation. C’est là qu’habite Arleen, l’un des nombreux personnages du livre. Cette mère célibataire a deux garçons à sa charge alors qu’elle est sans emploi et ne dispose que de 628 dollars d’aide sociale par mois pour subvenir à leurs ­besoins. L’appartement qu’elle loue engloutit près de 90 % de son budget. L’équilibre est impossible à tenir. La propriétaire de l’appartement en rez-de-chaussée qu’elle occupe, Shereena, semble néanmoins compréhensive au premier abord. Alors qu’Arleen est en train d’emménager, elle vient la saluer en lui offrant de quoi remplir le frigo. Un système qui favorise les privilégiés Mais ce capital de sympathie est rapidement englouti par les factures qui s’accumulent et l’impitoyable fin du mois. Bientôt, ­Arleen est chassée de son ­domicile, cruelle expérience dont elle a malheureusement l’habitude. A la sortie du tribunal, où une rapide audience a confirmé que la jeune femme serait bientôt sans domicile, Shereena trouve malgré tout le moyen de se plaindre : « Arleen, un conseil : si jamais tu veux devenir propriétaire, franchement, ne le fais pas. C’est pas un bon plan. T’es jamais du bon côté du manche. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux Etats-Unis, des parkings pour les victimes de la crise du logement A travers ce type d’échanges, Matthew Desmond approfondit le regard sur la misère en analysant le cadre dans lequel elle se niche : les relations entre possédants et dépossédés, dont il montre la complexité. Le rapport de force n’est pas toujours tendu, mais la négociation est constante, au sein d’un système qui favorise les privilégiés. Par exemple, la justice et la police, surchargées de travail par le durcissement du code pénal, ont en quelque sorte externalisé certaines de leurs missions, accordant davantage de pouvoirs et de facilités aux propriétaires pour se débarrasser des locataires gênants.
Dans son livre, prix Pulitzer de l’essai 2017, le sociologue Matthew Desmond expose crûment la vie impossible des Américains les plus démunis.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/26/avis-d-expulsion-le-sociologue-matthew-desmond-au-chevet-des-locataires-pauvres-d-une-ville-du-midwest_6013174_3260.html
mlsum-fr-4972
Un agriculteur récolte son champ de betteraves à sucre, à Tilloy-lez-Cambrai (Nord), en septembre 2018. Pascal Rossignol / REUTERS Au Splendid de Saint-Quentin, dans l’Aisne, les spectateurs vont habituellement applaudir des artistes comiques. Rien de tel, mercredi 26 juin. L’heure sera grave pour les 12 000 actionnaires de la coopérative sucrière Tereos. L’assemblée générale annuelle, convoquée dans cette enceinte, devrait donner lieu à l’affrontement entre « frondeurs » et soutiens de la direction. Les uns soucieux de prendre le pouvoir, les autres de le garder. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La crise du sucre secoue la filière betteravière française Les 181 conseillers régionaux déjà désignés par les coopérateurs devront élire le tiers sortant des membres du conseil de surveillance, tous agriculteurs betteraviers comme eux. Et se prononcer sur le premier point à l’ordre du jour : l’exclusion de trois frondeurs, Gérard Clay, Gilles Bollé et Xavier Laude. Ultime duel ? En tout cas, épisode majeur de la crise de gouvernance qui secoue Tereos depuis plus d’un an. Internationalisation en question C’est, en effet, en juin 2018, lors de la précédente assemblée générale, que le conflit a éclaté au grand jour. Ce jour-là, M. Clay et un autre membre du conseil de surveillance ne sont pas réélus. Dans la foulée, cinq membres démissionnent, dévoilant ouvertement la scission opérée au sein du conseil. Une fracture déjà visible, en décembre 2017, lors de l’élection du président du conseil de surveillance, qui opposait François Leroux et M. Clay. M. Leroux était sorti vainqueur, avec 11 voix contre 10. En fait, les prémices de la crise de gouvernance remontent à près de deux ans. Courant 2017, M. Clay, alors vice-président du conseil de surveillance, appuyé par d’autres membres, dont Xavier Laude et Gilles Bollé, demande au directoire des précisions sur la situation financière de la coopérative. Ils s’interrogent sur la stratégie d’internationalisation de l’entreprise, sur la rentabilité des filiales internationales ainsi que sur l’endettement, et ils réclament des chiffres. Des questions posées au président du directoire, Alexis Duval, et à son équipe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le pari brésilien du sucrier Tereos La tension monte encore d’un cran lors de la présentation du projet de création du Campus Europe. Le sucrier souhaite regrouper 500 salariés à Moussy-le-Vieux (Seine-et-Marne), un site racheté à la Française des jeux, dont c’était le siège historique. Ce projet est adopté par 11 voix contre 10. Une courte victoire, qui fait voler en éclats le consensus prévalant jusqu’alors pour l’approbation des décisions du directoire.
La coopérative sucrière est secouée par une crise de gouvernance sans précédent. Une assemblée générale doit se dérouler mercredi 26 juin.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/22/du-rififi-chez-les-betteraviers-de-tereos_5480073_3234.html
mlsum-fr-4973
Les camions arrivent au port de Douvres lors d’un essai sur la façon dont la route sera gérée en cas de « non-accord » Brexit, Kent, Grande-Bretagne, 7 janvier. Peter Nicholls / REUTERS Chronique. Au Royaume-Uni, les opposants au Brexit sont en train de faire la même erreur que pendant la campagne du référendum, il y a trois ans. A force de hurler au loup, et d’annoncer une catastrophe économique en cas de sortie de l’Union européenne (UE) sans accord, ils exagèrent tellement leurs arguments qu’ils ne convainquent plus qu’eux-mêmes. Pendant le référendum, ils parlaient d’une récession dès le lendemain du vote. Ils ont eu tort. Trois ans plus tard, le ralentissement économique est réel : la croissance britannique a perdu trois points par rapport à ce qu’elle aurait été si les Britanniques avaient voté pour rester dans l’UE, selon les calculs de la Banque d’Angleterre. C’est beaucoup, mais l’effet est tellement graduel qu’il est difficile de le percevoir. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Boris, Jo, Rachel et les autres... L’incroyable famille Johnson Il y va de même avec les risques du « no deal », une sortie sans accord. Jamais un pays n’a ainsi coupé tous les ponts. Le choc serait majeur. Mais de là à parler de pénuries généralisées de médicaments et de nourriture ? D’imaginer les Britanniques faisant face à la famine et aux épidémies ? Evidemment pas. Même les experts pro-européens le reconnaissent. C’est le cas de Sam Lowe, un spécialiste des relations commerciales au Centre for European Reform, un groupe de réflexion. « En cas de “no deal”, les opposants au Brexit vont subir un contrecoup. Ce ne sera pas l’apocalypse. On trouvera à manger. » De longs embouteillages de camions Reprenons. Pour comprendre les effets du « no deal », il faut décortiquer ses effets étape par étape, à commencer par ce qu’il se passerait entre Douvres et Calais, où transitent la majorité des importations et exportations du pays. Du jour au lendemain, le Royaume-Uni deviendrait un pays tiers. Les camions britanniques arrivant en France devraient faire des déclarations douanières et, s’il s’agit d’agroalimentaire ou d’animaux vivants, les contrôles phytosanitaires seront importants. Ces contrôles supplémentaires pourraient provoquer dans le Kent de longs embouteillages de camions attendant leur tour pour passer la frontière. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au nom de la reine et du Brexit Selon les prévisions officielles du gouvernement, publiées dans le fameux dossier « Yellowhammer », le flot de camions serait réduit de « 40 % à 60 % » par rapport au trafic normal. C’est énorme. Simplement, il s’agit là des exportations vers le continent européen. Inversement, les Britanniques ont annoncé qu’ils laisseraient initialement entrer les camions comme si rien n’avait changé. Pas de contrôle supplémentaire, au moins dans un premier temps. S’il faut faire venir d’urgence de la nourriture, ou des médicaments, ce sera possible.
Un Brexit sans accord serait un choc économique sévère pour le Royaume-Uni, mais l’impact sera plus graduel et limité que le clament les pro-européens.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/24/no-deal-l-apocalypse-n-aura-pas-lieu_6012772_3232.html
mlsum-fr-4974
« Le Règlement Général de Protection des Données (RGPD) en vigueur depuis 2018, est en passe de devenir la référence mondiale pour la protection des données personnelles, constitue un exemple d’adaptation du droit commun au numérique » Andrew Brookes/Westend61 / Photononstop Tribune. La régulation des grandes plates-formes numériques et la place de l’Europe dans une économie numérisée feront partie des priorités du nouveau Parlement européen et de la future Commission européenne. Chacun constate que la transition numérique en Europe s’opère sur quelques grandes plates-formes américaines. Prévenir ou corriger les distorsions de différentes natures au détriment des Européens pouvant résulter de cette situation, sans se priver de l’efficacité des services que ces plateformes fournissent, constitue un premier enjeu pour l’Europe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emmanuel Combe : « Face aux GAFA, les autorités antitrust ont un rôle essentiel pour s’assurer que la compétition reste ouverte » Faut-il créer ex nihilo une régulation spécifique de la puissance des plates-formes, en marge du droit commun ? L’entreprise n’est pas crédible, manquant de fondements économique ou juridique autant que d’un périmètre fonctionnel ou géographique clair. Faut-il élargir au numérique du droit sectoriel des télécommunications ? Cette option séduisante mène à l’impasse, car le droit sectoriel s’étendrait progressivement à tous les secteurs, à mesure de la transformation numérique de l’économie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Innovation : inverser la tendance Plutôt que de créer un droit numérique, il faut numériser le droit dont les différentes composantes, concurrence, fiscalité, travail, vie privée et données personnelles, consommation, contrats, propriété intellectuelle, etc., doivent intégrer les effets de la numérisation. Saluons à ce titre le bilan européen. Le Règlement Général de Protection des Données (RGPD), adopté en 2016, en vigueur depuis 2018, en passe de devenir la référence mondiale pour la protection des données personnelles, constitue un exemple d’adaptation du droit commun au numérique L’Europe précurseur dans le numérique Couvrant tous les secteurs, ce règlement fixe des règles rigoureuses, cohérentes et équilibrées, protectrices des individus comme de l’innovation et évite la confusion et les distorsions qu’induiraient des approches sectorielles. A l’actif de l’Europe figurent aussi des textes adaptant à la numérisation le droit de l’audiovisuel, le droit d’auteur, ou fixant des exigences de transparence aux fonctions d’intermédiation en ligne. De plus, la Commission européenne s’est efforcée de relancer les négociations internationales sur l’adaptation de la fiscalité des entreprises aux modèles économiques du numérique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Actionnaires et annonceurs commencent à s’interroger sur l’autorégulation des réseaux sociaux » Elle apparaît, enfin, comme précurseur dans l’adaptation du droit de la concurrence aux modèles d’affaires des plates-formes numériques, par ses jugements concernant Apple et Google. Et des réflexions sur la régulation des géants du numérique émergent désormais aux Etats-Unis. Mais l’ambition européenne en matière d’innovation et de leadership numérique ne saurait se limiter à la régulation.
Il faut relever les défis du numérique en Europe pour ne pas laisser aux réseaux sociaux et aux plates-formes, le monopole des effets de réseaux, estimentl’ingénieur Yves Gassot et l’économiste Marc Lebourges.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/27/l-ecart-de-croissance-et-de-competitivite-entre-l-europe-et-les-etats-unis-dans-le-numerique-fait-reflechir_5482199_3232.html
mlsum-fr-4975
M Le magazine du Monde Tous les milieux ont leurs imposteurs et ceux qui tentent de les démasquer. Rares sont ceux où cette chasse est aussi présente que le milieu de l’intelligence artificielle (IA). Bidon ou non ? La question se pose d’autant plus fréquemment que chaque jour que Dieu fait, un colloque ou une conférence sur le sujet se tient quelque part. Et, quand des chercheurs en IA se retrouvent, une grande partie de leur attention va à chercher à mesurer à qui ils ont affaire. « Vous travaillez dans quel labo ? » « Avec qui ? » « Avec untel, mais je croyais qu’il ne s’intéressait pas à l’intelligence artificielle face aux émotions… » « Si, si, maintenant, il s’y intéresse… » Récemment, un journaliste ayant contribué à un numéro de Sciences et Avenir consacré au sujet tweetait : « Un numéro garanti 100 % sans Laurent Alexandre [entrepreneur et personnalité médiatique] ni Idriss Aberkane [chercheur et consultant] », et était instantanément retweeté par d’autres passionnés. La semaine dernière, la crème de la recherche était rassemblée au Global Forum on AI for Humanity à Paris. Quand ces scientifiques parlent d’avenir, la fracture ne se situe pas entre ceux s’exclamant que « c’est génial » et ceux évoquant des dystopies dans lesquelles des machines prennent le contrôle sur les humains, mais entre ceux redoutant les dégâts d’une IA forte qui tourne mal (vision Bill Gates) et ceux craignant les dégâts causés par une IA pas si sophistiquée (celle de maintenant) mise entre les mains de n’importe qui sans transparence ni contrôle. « Y réfléchir n’est pas une question d’éthique mais de sécurité, un peu comme pour la construction des ponts », indiquait Stuart Russell, auteur de Human Compatible : Artificial Intelligence and the Problem of Control (Viking, non traduit) et professeur à l’université de Berkeley. A quoi on les reconnaît Si quelqu’un porte un costume impeccable, c’est sans doute celui qui a été propulsé responsable de l’intelligence artificielle dans un ministère ou une institution. Si quelqu’un porte un K-way ou une barbe hirsute, c’est probablement un puits de science, comme Marc Schoenauer, directeur de recherche à l’Inria. Si quelqu’un porte une araignée à la boutonnière, c’est probablement Cédric Villani, qui n’a jamais travaillé dans le secteur mais que ses anciens confrères en mathématiques connaissent pour ses travaux sur le transport optimal. Et si quelqu’un porte un col romain, c’est le frère Éric Salobir, un dominicain qui dirige un think tank catholique s’intéressant à la tech. Etre spécialiste de l’IA n’empêche pas d’avoir un comportement d’humain. De temps en temps, quelqu’un est quelqu’une. « Les conférences sur l’intelligence artificielle sont un des rares endroits où la file d’attente pour les toilettes est plus longue côté hommes que côté femmes », m’a fait remarquer une chercheuse alors que nous nous lavions les mains. La « crise de la diversité », selon l’expression de Kate Crawford, professeure à l’université de New York, fait partie des sujets qui tracasse le secteur. « Quatre-vingt-dix pour cent des profs d’intelligence artificielle sont des hommes. Ce n’est pas un problème technique, c’est une industrie qui reproduit une perception biaisée du monde… » La chercheuse Laurence Devillers voudrait qu’on lui explique pourquoi les assistants vocaux ont tous des voix de femmes et s’appellent Alexa, Sophia ou Samantha. Etre spécialiste de l’IA n’empêche pas d’avoir un comportement d’humain. En conférence, les chercheurs aussi sont en retard le dernier jour, répondent à leurs e-mails pendant les discours des ministres et prennent trop de viennoiseries aux pauses-café. Comment ils parlent « Comment un système d’intelligence artificielle peut-il éviter de faire du tort s’il ne sait pas ce qui fait du tort ? » « Amazon a mis deux ans à se rendre compte que, si son système d’analyse des CV ne faisait remonter que des CV masculins, c’est parce qu’ils avaient mis en référence d’embauches réussies les premières embauches, des hommes à 80 %. » « Les assistants vocaux ne sont ni régulés ni évalués. » « Le piège sur ces questions, c’est l’argument de la concurrence, se dire « oui, il y a des problèmes éthiques, mais si on ne le fait pas, les Chinois le feront… » » « On s’occupe trop des tuyaux mais pas assez de la structure du pouvoir. » « Même nous, ici, dans cette communauté, on a nos biais, par exemple dans la façon dont on parle de la Chine. » « Si vous restez sur des rails, vous ne réussirez pas. Personne ne réussit en restant sur les rails. » « On raisonne comme des ingénieurs en se demandant comment régler tel ou tel problème de l’intelligence artificielle, mais on ne réfléchit pas au-delà. Quel est l’impact social qui va avec le sentiment de perdre le pouvoir sur le monde qui nous entoure ? » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment les Etats-Unis veulent « développer l’IA à grande échelle » Leurs poncifs Il faut encourager l’intelligence artificielle, mais une IA responsable. Il faut être vigilant. Mais il faut l’encourager. Mais il faut être vigilant. Leurs questions existentielles Où va-t-on trouver des profs de maths pour les universités maintenant que tous les étudiants en maths se font financer leur thèse par des grandes entreprises ? Quand la respectée Kate Crawford, de l’université de New York, travaille aussi pour Microsoft, quand Joëlle Pineau, professeure à l’université McGill, consacre l’essentiel de son temps à Facebook, peut-on reprocher aux meilleurs d’aller travailler pour des géants du privé qui leur donnent tous les moyens ? Quel impact cela va-t-il avoir sur la recherche en IA ? Leur graal Enchaîner une grande école, un excellent master en machine learning de type MVA, une thèse en IA dans un bon laboratoire et atterrir avec un salaire prodigieux chez Google ou Facebook. La faute de goût Nommer la conférence Global Forum on AI for Humanity et se rendre compte qu’il n’y a ni Africains ni Chinois.
Notre chroniqueuse Guillemette Faure s’est introduite parmi les experts de l’intelligence artificielle réunis à Paris pour un forum.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/10/a-la-rencontre-des-gars-de-l-ia_6018675_4500055.html
mlsum-fr-4976
C’est aujourd’hui Nouveau jour sans le moindre match de rugby en ce mardi. Il va falloir encore attendre 72 heures pour la petite finale entre Néo-Zélandais et Gallois, vendredi (10 heures). En attendant, trois clubs de Ligue 1 font leur entrée dans la dernière Coupe de la Ligue de l’histoire (attention, c’est seulement si vous êtes vraiment en manque de foot). Nîmes (L1) reçoit Lens (L2) à 18 h 45, tandis que Bordeaux accueille Dijon (21 h 05). Et si vous préférez le basket, sachez que l’Asvel affronte les Espagnols de Vitoria pour la cinquième journée de l’Euroligue (20 h 45). C’est raté Lors du match entre l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande, le 26 octobre. Mark Baker / AP Coup dur pour TVNZ. La principale chaîne néo-zélandaise va devoir se passer de la petite finale entre les All Blacks et le XV du Poireau, assurent les médias néo-zélandais, lundi. « Nous avons eu le droit de retransmettre douze matches, et malheureusement, le match pour la troisième place n’en fait pas partie. Ce n’est pas notre choix », se défend la chaîne. Le match sera bien diffusé, mais sur une chaîne payante, Spark Sport. Selon une porte-parole de Spark, cette situation n’est pas gravée dans le marbre. Mais, pour l’instant, les téléspectateurs néo-zélandais de TVNZ devront se contenter du feuilleton « Coronation Street ». C’est classé Allez hop, merci, mais la première place c’est pour nous. Christophe Ena / AP Il y a du changement en tête du nouveau classement World Rugby. Après les demi-finales de Coupe du monde de ce week-end, c’est désormais l’Angleterre, qui est en tête devant l’Afrique du Sud, qui gagne deux places. Les deux prochains finalistes devancent Les Néo-Zélandais (qui perdent deux places), et les Gallois (qui en perdent une). New Zealand drops to their lowest World Rugby Ranking in 5819 days, after they fail to reach the World Cup Finals.… https://t.co/LLmJLnRDpv — LineBreak_ (@LineBreakSARugbyNews) Puisque le classement évolue au fil des rencontres entre les différents protagonistes, il n’est pas très étonnant de retrouver les deux finalistes aux deux premières places. Classés troisièmes et quatrièmes avant le début du Mondial, les Anglais et les Sud-Africains ont donc fait légèrement mentir les pronostics. Les Irlandais sont tombés de haut, passant de premiers avant la Coupe du monde, à cinquièmes neuf semaines plus tard. La France, qui n’a plus joué, depuis la semaine dernière et son élimination en quarts par les Gallois, conserve sa septième place. C’est vu Listen in as @TigerWoods and @McIlroyRory discuss the Rugby World Cup and the commitment it takes from players, all… https://t.co/IDmwDtiktc — rugbyworldcup (@Rugby World Cup) Quelques heures avant de remporter son 82e titre du circuit PGA à Inzai, au Japon, Tiger Woods s’était lancé dans une conversation rugbystique avec l’Irlandais Rory McIlroy à propos de la Coupe du monde. Et l’Américain a visiblement été surpris par la durée de la compétition, lui qui a passé cinq jours sur les greens japonais pour égaler le record de victoires en PGA de Sam Snead. « Ils sont là pendant combien de temps ? » « Entre les phases de préparation, et la compétition, c’est trois mois. Mais ils ont dû arriver une semaine avant le début des matches. Donc un mois et demi à peu près. » « Wow. C’est un sacré engagement. » Plus qu’une semaine, Tiger. Plus qu’une semaine… C’est dit « A cet instant de la partie, nous étions dans un contexte favorable. Je me suis dit : “Punaise, c’est l’occasion de marquer et de peut-être tuer le match.” J’étais plein d’énergie, plein d’agressivité, d’envie. Et tout a débordé. J’ai perdu le contrôle et c’est parti… Jusque-là, j’avais le sentiment d’être dans mon match, de faire une bonne partie. Et j’ai tout gâché. » Le coup de coude de Sébastien Vahaamahina sur Aaron Wainwright, lors du quart de finale entre la France et le pays de Galles, le 20 octobre 2019. CHARLY TRIBALLEAU / AFP Sébastien Vahaamhina est revenu sur son coup de coude, qui a amené à son exclusion et joué un tournant lors du quart de finale entre la France et le pays de Galles, dimanche 20 octobre. Dans un entretien accordé au Midi Olympique, le joueur de l’ASM explique également que la raison de l’annonce de sa retraite internationale est purement personnelle, et qu’elle avait été prise avant cet incident.
Pas de match mardi, mais pas de match non plus vendredi pour beaucoup de Néo-Zélandais, alors que les All Blacks doivent affronter le pays de Galles pour la troisième place.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/29/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-de-rugby-2019-rate-neo-zelandais-perte-de-controle-et-angleterre-numero-un-mondial_6017276_3242.html
mlsum-fr-4977
Les aubergines des deux rives de Nadia Sammut. La Fenière Ingrédients pour 4 personnes 200 d’amandes entières 2 g de ferments lactiques (ou probiotique naturel) 2 aubergines blanches rondes 2 aubergines violettes longues 1 c. à c. de pâte miso (de soja ou pois chiche) Huile d’olive extra vierge 1 noix de gingembre 100 g de graines de courge 1 pomme de terre type bintje Fleur de sel de Camargue 20 g de câpres en saumure 30 g de pistaches de Sicile 1 petite cébette 20 g de raisins de smyrne réhydratés dans l’eau tiède Quelques pousses de menthe et de pourpier, du sumac Etape 1 : la préparation du caillé d’amande Deux jours à l’avance, préparer le caillé d’amande : mettre les amandes à tremper une nuit. Le lendemain, égoutter et jeter l’eau de trempage, retirer la peau des amandes (elle s’enlèvera toute seule), puis passer les amandes au mixeur avec un demi-verre d’eau pour obtenir une texture crémeuse. Ajouter les ferments lactiques, couvrir et laisser fermenter pendant 6 h à 40 °C, puis réserver au frais. Etape 2 : la préparation des légumes Piquer les aubergines blanches à la fourchette, et cuire au four à 180 °C jusqu’à ce que le cœur soit fondant (environ 20 min). Mettre la pomme de terre à cuire au four au même moment. Cuire les aubergines violettes directement sur une flamme (pour obtenir un petit goût fumé), en brûlant toutes les faces. Extraire la chair et l’écraser en caviar, avec une noix de gingembre râpé, une pincée de fleur de sel et un filet d’huile d’olive. Etape 3 : la sauce miso, le pesto de courge et la mousseline Sauce miso : monter la pâte miso à l’huile d’olive (environ 4 c. à s.), jusqu’à obtenir une texture crémeuse. Pesto de courge : faire torréfier les graines de courge à la poêle, puis les écraser au pilon avec un filet d’huile d’olive et une pincée de fleur de sel. Mousseline : retirer la peau de la pomme de terre cuite et passer la chair au presse-purée. Ajouter le caillé d’amande, mélanger le tout dans une casserole sur feu doux (n’excédant pas 90 °C). Mettre cette préparation dans un siphon ou l’émulsionner. Mixer ensemble les câpres et les pistaches pour faire une crème. Etape 3 : le dressage Déposer le pesto de courge surmonté du caviar d’aubergine et de cébette ciselée. Disposer quelques raisins secs, l’aubergine blanche taillée en fines tranches, la sauce miso, la crème câpre-pistache et une belle cuillérée de mousseline de pommes de terre saupoudrée de sumac. Parsemer de quelques feuilles ou sommités de menthe fraîche et de pourpier acidulé.
La chef compose ses plats « en partant du fade, puis en venant poser des souvenirs dessus ». A l’instar de cette aubergine « souvenir d’Istanbul », où la fadeur d’une mousseline au miso donne vie aux subtiles saveurs d’ici et d’ailleurs.
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/08/16/les-aubergines-des-deux-rives-la-recette-de-nadia-sammut_5500046_4497540.html
mlsum-fr-4978
COLCANOPA Le remariage n’aura pas lieu. Philip Morris International et Altria ont annoncé, d’un commun accord, mercredi 25 septembre, l’abandon de leur projet de fusion. L’idylle entre les deux mastodontes américains, qui ont en garde partagée la marque de cigarette emblématique Marlboro, aura été de courte durée. Les bans avaient été publiés mardi 27 août et l’opération présentée comme une fusion entre égaux pour former un ensemble pesant 55 milliards de dollars (50 milliards d’euros). L’ambition était alors de rapprocher deux entreprises qui avaient choisi de se séparer en 2008, Altria portant la marque au cow-boy aux Etats-Unis, quand Philip Morris International la commercialisait hors des frontières américaines. Au moment même où le mariage partait en fumée, une tête roulait dans la poussière. En l’occurrence, celle du PDG de Juul, Kevin Burns. La publication quasi simultanée des deux communiqués n’a rien d’une coïncidence. Juul est, en effet, passé, en quelques mois, du statut de start-up enviée de la Silicon Valley à celui d’entreprise critiquée pour les risques liés au vapotage. Un véritable retournement de situation pour ce spécialiste de l’e-cigarette. Or, en décembre 2018, Altria avait marqué les esprits en déboursant 12,8 milliards de dollars pour acquérir 35 % du capital de Juul. Lancées en 2015, les vapoteuses de Juul ont connu un succès foudroyant outre-Atlantique. Une véritable traînée de poudre… Leur design en forme de clé USB, les parfums des recharges, au goût de mangue, de fraise ou de menthe, un fort dosage en nicotine et un marketing puissant ont séduit les foules, et en particulier les adolescents. Résultat, le chiffre d’affaires a dépassé le milliard de dollars sur les douze derniers mois. Un développement fait sous la houlette de M. Burns, un ancien dirigeant du fabricant de yaourt américain Chobani, qui avait rejoint l’aventure en 2016. Mais l’engouement pour l’e-cigarette a commencé à sentir le roussi. Enquêtes Lire aussi Les sociétés mères de Marlboro prêtes à se remarier L’attrait de ces vapoteuses auprès des lycéens a suscité la controverse, les autorités de santé américaines parlant même d’une « épidémie ». Elles ont mis en exergue le risque de dépendance à la nicotine, mais aussi à d’autres drogues consommées par ce biais. Dans ce contexte, la ville de San Francisco a voté, en juin, une ordonnance visant à interdire la vente de cigarettes électroniques à partir de 2020. D’autres Etats américains ont, eux, décidé, de bannir les versions aromatisées, à l’exemple du Michigan ou de New York. La plus grande chaîne de distribution américaine, Walmart, a, elle, annoncé qu’elle cesserait de commercialiser l’e-cigarette après avoir écoulé ses stocks.
Le projet de fusion entre les fabricants de tabac américains est abandonné, au moment où la polémique sur l’e-cigarette prend de l’ampleur.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/26/le-mariage-des-cigarettiers-altria-et-philip-morris-part-en-fumee_6013104_3234.html
mlsum-fr-4979
Verida Beitta Ahmed Deiche dans « Le Mariage de Verida », de Michela Occhipinti. VIVO FILM L’AVIS DU « MONDE » - À VOIR La première image du Mariage de Verida est une grande coupelle de lait qu’une femme dépose avec délicatesse devant le lit de sa fille. En l’espace de quelques secondes, beaucoup de choses sont dites sur la complexité de la relation qui unit cette mère à son enfant. On peut voir dans ce geste une tendre attention maternelle ou au contraire la violence symbolique de la gamelle que l’on tendrait à un animal. Dans les faits, la jeune fille, prénommée Verida, n’est plus une enfant. Elle apprend qu’elle a été promise à un homme sans qu’on lui demande son avis. Elle doit démarrer le rite du « gavage » afin de prendre la vingtaine de kilos supposés lui manquer. « Elle sera comme tu veux », promet-on au futur époux qui rend visite aux parents. La scène se passe à Nouakchott, capitale de la Mauritanie. La réalisatrice italienne Michela Occhipinti a pris du temps pour enquêter sur cette coutume peu défrichée au cinéma, et toujours en cours en Mauritanie – elle concernerait environ 40 % des femmes. Dans ce premier long-métrage très documenté, sous la forme d’une fiction, la comédienne principale, non professionnelle, Verida Beitta Ahmed Deiche, a elle-même pratiqué le gavage. La coutume est décrite avec précision : les noces approchant, le rythme des repas s’intensifie (jusqu’à dix par jour), un mélange de viande, de féculents, de laitages, toujours joliment présentés. Une surabondance de nourriture pour le bien de la future mariée, lui dit-on, qui dispose de plusieurs semaines pour ingurgiter cette grande bouffe. Pas qu’une histoire ancienne A l’époque de la grand-mère de Verida, la jeune épouse devait dévorer un animal entier durant sa nuit de noces. Le titre international du film, Flesh Out, plus percutant que le titre français, évoque l’« étouffement » ou l’« épaississement » de la chair que la pratique entraîne. L’apparition de vergetures et le craquement des tissus sont considérés comme les signes ultimes de la beauté. L’intérêt du film réside moins dans sa mise en scène, un peu linéaire, et dans sa belle image que dans le point de vue ouvert et nuancé de Michela Occhipinti. Plutôt que de filmer à la campagne, et de donner le sentiment que le gavage est le fruit d’une histoire ancienne en voie de déshérence, elle a posé sa caméra dans une grande ville où Verida jouit d’une certaine autonomie. Avec son foulard et sa grande tunique qui cache ses formes, elle travaille dans un salon d’esthétique et partage des moments d’insouciance avec ses deux meilleures amies : une jeune femme noire à l’état d’esprit que l’on dirait « occidental », et une étudiante en foulard qui rêve de partir au Caire et tente de « réveiller » la colère de Verida. Entre consternation et fatalisme, elle observe, médusée, le destin de son amie.
Michela Occhipinti décrit une coutume persistante en Mauritanie, qui veut qu’une jeune femme prenne du poids pour plaire à son futur mari.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/04/le-mariage-de-verida-le-gavage-en-cadeau-de-noces_5506173_3246.html
mlsum-fr-4980
« Mégafeu » près de Big Bend, dans le nord de la Californie, en novembre 2018. JOSH EDELSON / AFP Philosophe, maîtresse de conférences à l’université de Provence Aix-Marseille-I, spécialiste de philosophie politique et du pragmatisme, Joëlle Zask vient de publier Quand la forêt brûle. Penser la nouvelle catastrophe écologique (Premier Parallèle, 208 pages, 17 euros). En quoi les gigantesques incendies, comme celui observé en Amazonie, constituent-ils une nouveauté ? Cela apparaît comme une nouveauté dans l’opinion, mais pas dans les faits, car des feux de cette amplitude existent depuis une vingtaine d’années. Longtemps, ce phénomène est passé relativement inaperçu. Des chercheurs américains, témoins des feux à répétition en Californie, ont contribué à une prise de conscience. Jerry Williams, ancien responsable du United States Forest Service, le service américain des forêts, a inventé le terme « megafires », que je reprends à mon compte en parlant de « mégafeux ». Par leur intensité, leurs conséquences, leur durée et leurs dimensions, ces feux hors normes, de plus en plus incontrôlables, sont à la fois un effet et une cause du réchauffement climatique. Ils ravagent l’Amazonie, bien sûr, mais sévissent aussi en Sibérie, dans toute l’Indonésie, en Afrique, en Australie, en Europe du Nord, y compris près du cercle polaire… Lire aussi La Californie désarmée face aux incendies géants La focalisation récente sur la seule forêt amazonienne occulte le fait qu’ils existent sur tous les continents. De ce point de vue, il reste un écart entre la réalité et sa perception par l’opinion publique. Même l’incendie baptisé « Camp Fire » qui, en Californie, a duré du 8 novembre au 3 décembre 2018 et a détruit la ville de Paradise, faisant 85 victimes, a été perçu de manière relativement biaisée. La fuite éperdue des habitants et le caractère héroïque du combat contre les flammes ont transformé l’événement en une série à suspense, occultant sa dimension écologique. De plus, l’idée que ces incendies, tout en étant terrifiants, sont « naturels », voire bons pour la régénération de la forêt, perdure dans l’esprit d’une partie des citoyens. Elle tend à sous-estimer cette nouvelle réalité des « mégafeux », que je traite, pour ma part, comme une alerte et un « accélérateur d’opinion » en faveur d’une action pour la sauvegarde de nos conditions d’existence. « Moins il y a de gens dans les forêts pour s’en occuper, plus elles sont encombrées et plus elles brûlent » Le lien entre la crise climatique et la multiplication des « mégafeux » qui, en outre, concourent à l’aggraver, est aujourd’hui totalement établi. Le réchauffement accroît mécaniquement le stress hydrique de la plupart des forêts, excessivement inflammables du fait qu’elles sont défrichées, fragilisées par des monocultures ou des nuisibles, et encombrées de matières sèches. Par exemple, dans la Drôme, les forêts de buis sont dévastées par la pyrale du buis, et personne ne ramasse le bois mort. D’autres causes viennent encore s’y ajouter, en particulier l’amenuisement du pastoralisme et des activités forestières en général. Moins il y a de gens dans les forêts pour s’en occuper et, en quelque sorte, les cultiver, plus elles sont encombrées et plus elles brûlent.
Les incendies hors normes sont désormais une réalité planétaire, et la protection de nos forêts exige de retrouver un rapport de bonne intelligence avec la nature, plaide la philosophe Joëlle Zask.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/07/les-megafeux-sont-l-effet-et-la-cause-du-rechauffement-climatique_6014464_3232.html
mlsum-fr-4981
David Cicilline, le président démocrate du sous-comité sur la concurrence de la Chambre des représentants des Etats-Unis, mardi 16 juillet, lors de l’audition de représentants de Google, Facebook, Amazon et Apple. Patrick Semansky / AP « Cette audition a pour objectif de créer les conditions pour que puissent émerger les prochains Google, Facebook, Amazon ou Apple », a prévenu David Cicilline, le président du sous-comité sur la concurrence de la Chambre des représentants des Etats-Unis, qui a convoqué, mardi 16 juillet, des représentants des quatre géants du numérique. Né il y a trente ans, le Web a « révolutionné nos vies » et « lancé la croissance » de ces quatre entreprises « nées dans des garages » et « devenus des symboles de la grandeur de notre pays », a rappelé l’élu démocrate, avant de durcir le ton. « Aujourd’hui, nous nous inquiétons de plus en plus que des pratiques anticoncurrentielles du secteur mettent en danger les PME de ce pays », a-t-il déclaré, soulignant qu’aucun des 436 rachats d’entreprises par ces quatre grands groupes n’avait été interdit et aucune enquête antitrust n’a abouti à des sanctions, depuis le cas Microsoft, en 1998. « Les Etats-Unis risquent de perdre leur capacité d’innovation », a-t-il mis en garde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Concurrence et antitrust : que reproche-t-on à Facebook, Google, Amazon et Apple ? Malgré ce préambule, l’audition parlementaire s’est révélée un peu décevante : certaines questions ont montré une méconnaissance de la part des élus – « Pourquoi un enfant de 9 ans préfère-t-il regarder une vidéo de quelqu’un jouant à Fortnite plutôt que de jouer lui-même ? », a demandé l’un d’eux. Peu d’éléments nouveaux ont émergé, ainsi que peu de solutions législatives concrètes. Mais la session de près de deux heures a permis de mesurer le degré d’hostilité – bipartisan, mais un peu plus élevé chez les démocrates – des représentants et leurs points d’inquiétude. De plus, cette audition n’est que le début de l’enquête du sous-comité. Surtout, celle-ci s’accompagne d’autres enquêtes et réflexions sur le droit de la concurrence appliqué au numérique. « Amazon n’est-elle pas en conflit d’intérêts ? », a demandé M. Cicillin, sous-entendant que l’entreprise de Jeff Bezos pouvait utiliser les données à sa disposition pour favoriser ses produits par rapport à ceux d’autres marchands aussi distribués sur son site. « Je ne suis pas d’accord. Nous ne nous servons pas des données sur des marchands individuels », a répondu Nate Sutton, conseiller d’Amazon pour les questions de concurrence. Vendre ses propres produits en tant que distributeur est courant dans la grande distribution, a-t-il ajouté. « Oui, mais vous pouvez manipuler vos algorithmes et vous avez accès à une quantité incroyable d’informations sur ce qui se vend sur votre plate-forme, vous ne vous en servez pas ? », a riposté M. Cicilline.
Les représentants des GAFA ont été entendus par la Chambre des représentants. Les élus s’inquiètent des pratiques anticoncurrentielles des géants du numérique.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/17/antitrust-la-pression-monte-d-un-cran-sur-google-apple-amazon-et-apple_5490412_3234.html
mlsum-fr-4982
L’écrivain Jean-Paul Dubois, à Paris, en 2011. Patrice Normand/Leextra Tous les écrivains n’appréhendent pas la rentrée littéraire de la même façon. Prenez Jean-Paul Dubois et le regard (gris-vert) gentiment perplexe qu’il pose sur toute cette agitation. Dans les bureaux des éditions de l’Olivier, il se montre affable au possible, disponible, souriant, mais vous ne lui retirerez pas de l’esprit qu’on marche un peu sur la tête, à publier 524 livres d’un coup, et à faire tant d’histoires autour. Présentement, ce qui le préoccupe est que l’un de ses chiens est en train de mourir chez lui, à Toulouse. Ça, ça le dévaste ; le reste, et il semble sincère, il s’en moque un peu. Enfin, non. Il ne se fiche pas d’être loyal à l’égard de son éditeur, Olivier Cohen, et de sa maison, dont il remercie les ­employés passés et présents, vivants et morts, à la fin de son nouveau roman, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. « Ici, c’est la famille », dit-il avec un sourire, en décortiquant délicatement son mini-pain au chocolat. A l’écouter, on en viendrait même à se demander si le romancier de 69 ans n’écrit pas, désormais, en premier lieu, pour faire plaisir à ceux qui, depuis 1997 (et son treizième livre, Je pense à autre chose), l’ont accompagné, soutenu, et dont il est devenu l’un des auteurs les plus célèbres. L’habile et discrète insistance d’Olivier Cohen Si ça n’avait tenu qu’à lui, Jean-Paul ­Dubois doute qu’il se serait mis au ­travail. Il a fallu l’habile et discrète insistance d’Olivier Cohen, suggérant qu’il serait peut-être temps de donner un successeur à La Succession (2016), ajoutant que l’écrivain, lors de leurs échanges, lui racontait de plus en plus d’histoires – « Ce qui est, selon lui, toujours un signe ». « A quoi je lui ai répondu, comme d’habitude, que je n’avais pas envie, que j’étais déprimé, malheureux. Il m’a envoyé des lettres marrantes. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de raconter la vie de Serge. » Serge (transformé en Paul dans le roman, comme tous les héros de Dubois) est un « mec incroyable », l’intendant de l’immeuble montréalais où habitait la belle-mère de l’écrivain. Son quotidien consiste à aider les gens et à réparer des choses, deux activités pour lesquelles Dubois professe le plus grand respect. Lire aussi, sur « Le Cas Sneijder » : Les lois de la gravité Afin de donner de l’ampleur à son futur roman, il imagine envoyer son personnage en prison, d’où il va raconter son histoire. Il en fait le fils, né à Toulouse, d’un pasteur danois et d’une femme française programmatrice d’une salle de ­cinéma, résolument athée. Ainsi, il tient son point de départ, avec la vie de Serge, qui la lui a racontée au téléphone « deux jours entiers » ; il a ses marottes, avec la question de la foi (son éducation chez les jésuites l’a traumatisé) et de la famille, son grand sujet ; il a des lieux auxquels il est attaché : Toulouse, sa ville natale qu’il n’a jamais quittée malgré une brillante carrière dans la presse parisienne, la Scandinavie, qu’il « adore », et le Canada, sa « deuxième maison », d’où vient sa compagne, Hélène. Nous sommes alors fin février (2019, oui !). Selon un rituel bien rodé depuis trente ans, ­devenu sa marque de fabrique, presque un élément de « storytelling », Jean-Paul Dubois se donne le mois de mars, qui a le double avantage de compter trente et un jours et d’afficher une pluviométrie peu propice aux activités extérieures, pour écrire son livre. Objectif : tomber huit pages par jour, au moins, avec interdiction d’aller se coucher avant de les avoir écrites.
Le romancier n’écrit, quand il écrit, qu’au mois de mars. « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon », son nouveau livre, comme les précédents. Le reste du temps ? Il vit sa vie.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/08/jean-paul-dubois-proprietaire-de-son-temps_5507871_3260.html
mlsum-fr-4983
La France connaît une sécheresse qui risque de s’aggraver lors du nouvel épisode de canicule commençant le 22 juillet. DENIS CHARLET / AFP La France va connaître, à partir de ce lundi 22 juillet, un nouvel épisode de canicule qui risque d’aggraver la sécheresse que connaît le pays – soixante-treize départements sont déjà soumis à des restrictions d’eau. Dans un entretien au Parisien, le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, annonce un « plan de mobilisation générale » : une série de mesures pour venir en aide aux cultivateurs et éleveurs, principales victimes de cette aridité. « Nous devons aider les agriculteurs en difficulté à passer ce cap difficile, notamment ceux qui ont du mal à nourrir leurs bêtes ou utilisent déjà les stocks de foin qui devaient être gardés pour cet automne et cet hiver », a déclaré M. Guillaume. Parmi les principales annonces du ministre, figure une demande de déblocage anticipé d’une partie des aides européennes, pour accorder « un milliard d’euros d’avance de trésorerie ». La France va ainsi solliciter l’Union européenne pour que 70 % des aides attribuées dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) soient versées à la mi-octobre, au lieu de 50 % habituellement. Le dispositif de calamité agricole, qui avait permis l’année dernière de « débloquer 196 millions d’euros en faveur des exploitants », sera à nouveau activé, a ajouté M. Guillaume. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La dégradation des terres est un enjeu vital pour l’humanité » Clause de force majeure JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP Autre aide d’urgence : neuf départements supplémentaires seront concernés par la clause de force majeure « pour permettre aux éleveurs de faucher les jachères, pour pouvoir nourrir leurs animaux, car il n’y a tout simplement plus d’herbe dans les pâturages pour les alimenter ». Il s’agit du Cantal, des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, du Loiret, de la Haute-Savoie, du Jura, de la Nièvre, du Haut-Rhin et du Loir-et-Cher, où doit se rendre Didier Guillaume lundi. Vingt-quatre départements du centre et du sud du pays étaient déjà concernés depuis le 1er juillet par cette mesure exceptionnelle, acceptée par l’Union européenne : Cher, Indre, Ain, Allier, Ardèche, Drôme, Isère, Loire, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Rhône, Ariège, Aude, Gard, Haute-Garonne, Gers, Hérault, Pyrénées-Orientales, Tarn, Tarn-et-Garonne, Creuse, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La France n’est pas préparée au « choc climatique » qu’elle subira d’ici à 2050 Le gouvernement veut aussi mettre en place des « flux de solidarité » entre départements disposant de fourrage et ceux menacés par la pénurie. Les chambres d’agriculture seront chargées de coordonner cette solidarité, mais la logistique et le transport des fourrages seront financés par l’Etat. Ces mesures sont prises pour tenter d’éviter une « décapitalisation » face à la pénurie de nourriture, a expliqué M. Guillaume : « En clair, les exploitants vendront leurs bêtes et les enverront à l’abattoir, comme c’est arrivé l’an dernier. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Canicule : « En ville, planter des arbres est la solution la plus intéressante pour éviter la montée des températures »
Le gouvernement a déclenché le dispositif de calamité agricole et promis « un milliard d’euros » pour les cultivateurs et éleveurs. 73 départements sont soumis à des restrictions d’eau.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/22/face-a-la-secheresse-le-gouvernement-annonce-des-aides-aux-agriculteurs_5491976_3244.html
mlsum-fr-4984
Vue d’ensemble de la foire d’art contemporain Artissima à Turin, du 1er au 3 novembre. PEROTTINO-PIVA-BOTTALLO/ARTISSIMA 2019 Et encore une foire d’art contemporain ! Après Frieze à Londres, la FIAC à Paris, c’est au tour d’Artissima, à Turin. Pourtant, celle-ci a quelque chose de spécial : malgré ses 208 galeries – une dizaine de plus qu’à la FIAC –, on n’y ressent pas ce syndrome déplaisant que les Anglo-Saxons nomment la « fair fatigue ». Les mauvaises langues et fins palais diront que c’est parce qu’elle coïncide avec la saison des truffes blanches d’Alba, ce qui n’est peut-être pas pour rien dans le succès d’une manifestation où on croise un nombre particulièrement dense de conservateurs de musées. Mais c’est surtout une autre caractéristique qui les attire : ici, on parle plus d’art que d’argent. Et on y fait des découvertes : le galeriste parisien Jocelyn Wolff en donne une raison. Présent à la FIAC, il y a exposé des artistes consacrés, et chers, car les frais étaient élevés. Ici, ils sont bien moindres, et il peut venir avec ses jeunes talents, plus accessibles. Et comme ceux-ci sont moins connus, les visiteurs se renseignent, non pas sur les montants, mais sur la démarche artistique. Cela fait plaisir à entendre. Même son de cloche chez son confrère Lily Robert, qui ose l’exposition monographique, toujours risquée commercialement dans une foire, montrant un ensemble mêlant dessins, vidéo et sculptures de Josefin Arnell, une jeune artiste terrorisée par les tiques suceuses de sang. Dracula, à côté, c’est un gentil garçon. Lire le compte-rendu : Barbe à papa qui vole et ventes qui s’envolent à la FIAC de Paris On y fait aussi des redécouvertes, la foire ayant même conçu un secteur pour ça, intitulé « Back to the Future ». On y expose des artistes un peu oubliés, dont il est heureux qu’on nous rappelle l’existence : c’est ce que fait par exemple GB Agency, laquelle transpose ici le travail constant qu’elle effectue autour de l’Américain Robert Breer (1926-2011), un précurseur dans bien des domaines. On y ose également des rapprochements saugrenus, comme la juxtaposition chez l’Autrichien Hubert Winter des vases de porcelaine aux décors gentiment pornographiques du Chinois Lei Xue, né en 1974, et les textes-peintures conceptuelles de l’Américain Lawrence Weiner, né en 1942. On y ose enfin des performances, œuvres d’art invendables, comme celle, très élaborée et très applaudie jeudi 31 octobre, jour du vernissage, de Tomaso Binga, née Bianca Pucciarelli Menna à Salerne en 1931, et figure du féminisme italien. Censure et algorithmes Bref, une foire à visiter les yeux grands ouverts, ce que nous rappelle un artiste italien taquin, Cristian Chironi, qui a eu la charmante idée d’offrir une paire de lunettes conçues par lui aux critiques présents. Comme, après essai, on y voyait encore plus flou que de coutume, on les a laissées au vestiaire, mais le geste dit bien en quelle estime est tenue la profession, ou quel regard on voudrait qu’elle porte sur les œuvres…
A Turin, la manifestation d’art contemporain privilégie les découvertes et les rencontres plutôt que les grands noms et les gros prix.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/01/a-la-foire-artissima-des-truffes-et-des-pepites-artistiques_6017734_3246.html
mlsum-fr-4985
Marie est psychologue dans une association qui recrute des familles d’accueil et assure le suivi des parents et des enfants par une équipe d’éducateurs, de psychologues et de psychiatres. Chaque enfant est porteur d’une histoire qui doit se concilier avec celle de la famille qu’il intègre. Suite à la décision judiciaire de placement, les services sociaux (Aide Sociale à l’Enfance) recherchent – directement ou par l’intermédiaire d’associations et fondations privées – des solutions d’accueil temporaire ou à long terme pour les jeunes de 0 à 21 ans. Une fois agréé par les services, l’ « assistant familial » suit une formation et est embauché par l’ASE ou par l’organisme privé. La loi protège le lien parental, les géniteurs gardent généralement l’autorité parentale et ce sont eux qui autorisent les soins médicaux, les voyages scolaires etc. L’assistant familial peut accueillir jusqu’à trois enfants (sauf dérogation) et est rémunéré au minimum 1200 euros par enfant, auxquels s’ajoutent des indemnités.Les jeunes qui doivent être placés en foyer ou en famille sont environ 170.000. Il y a environ 45.000 familles d’accueil qui accueillent quelque 70.000 jeunes, il en faudrait plus mais leur nombre est en baisse et les départements ont du mal à recruter. Je suis un auteur de BD indépendant et pas une journaliste du Monde, si ce blog vous plaît, partagez-le. Vous pouvez me suivre sur Twitter, Facebook, Instagram . La femme qui prenait son mari pour un chapeau est mon dernier livre. POUR ALLER PLUS LOIN https://www.onpe.gouv.fr/chiffres-cles-en-protection-lenfance https://www.onpe.gouv.fr/system/files/publication/20150710_af_web_0.pdf https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche17-7.pdf https://www.anpf-asso.org/ https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/07/24/pour-les-enfants-places-des-familles-d-accueil-en-penurie-poussees-a-l-epuisement_5335263_3224.html https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1260 https://www.franceculture.fr/emissions/grand-reportage/famille-daccueil-une-vocation-en-crise https://www.lemonde.fr/blog/jprosen/2019/01/17/pour-la-cause-des-enfants-places-mais-pas-a-nimporte-quel-prix/
Le quotidien en BD d’une psychologue travaillant dans une association qui recrute des familles d’accueil et assure le suivi des enfants qui y sont placés.
https://www.lemonde.fr/blog/lavventura/2019/10/24/trouve-moi-des-parents-le-difficile-metier-de-famille-daccueil/
mlsum-fr-4986
Le nouveau maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu à son arrivée à une rencontre avec la presse étrangère le 28 juin 2019, à Istanbul. BULENT KILIC / AFP Rencontre Recevant la presse étrangère, vendredi 28 juin, au pavillon des Vanniers, une ancienne demeure ottomane du quartier de Sirkeci, à Istanbul, Ekrem Imamoglu, le nouveau maire, a dévoilé ses plans pour améliorer le quotidien de ses 16 millions d’administrés. « Je serai exemplaire », a promis l’édile d’un ton solennel depuis la pièce vitrée où il accueillait les journalistes, avec, pour toile de fond, une vue à 180 degrés sur le Bosphore, ses ponts, ses mouettes, ses navires. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Istanbul, fief perdu d’Erdogan Muni de son mandat officiel depuis jeudi,l’élu, étoile montante du Parti républicain du peuple (CHP, opposition), est apparu sûr de lui. Oublié « le sentiment de colère et d’injustice » qui l’a envahi lorsque sa victoire du 31 mars a été confisquée par l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir, pressé de faire annuler le premier scrutin pour en convoquer un second le 23 juin. Oubliées les allusions de la presse progouvernementale à des origines grecques qu’il n’a pas, dans le but de le présenter comme un agent de l’étranger.« Brocarder quelqu’un sur ses origines ethniques n’est pas normal », explique-t-il. Maintenant qu’il est solidement installé aux manettes, Ekrem Imamoglu se dit prêt, « pour le bien de la cité », à coopérer avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. Quelques jours avant le scrutin du 23 juin, le numéro un turc l’avait menacé de poursuites judiciaires. Le ton est devenu plus conciliant depuis. Dans un discours prononcé jeudi à Osaka (Japon) où il assiste au sommet du G20, M. Erdogan s’est dit favorable « aux projets réalistes à condition qu’ils bénéficient à Istanbul ». Bâtons dans les roues La rancune n’est pas le fort du maire d’Istanbul, il préfère tendre la main. En cas de refus, il est paré « à toutes les éventualités, y compris les plus risquées », ce qui, il espère, « ne se produira pas ». Le camp adverse n’a pas renoncé à lui mettre des bâtons dans les roues. « Une circulaire vient de me priver de mon pouvoir de nommer les chefs des entreprises municipales. Désormais, cette prérogative revient au conseil municipal », explique-t-il. Venue du gouvernement de M. Erdogan, qui est président et chef du gouvernement depuis juin 2018, la circulaire en question concerne uniquement les municipalités d’Istanbul et d’Ankara, passées récemment à l’opposition. Les conseils municipaux, dominés par des élus AKP, se voient ainsi confier certains des pouvoirs du maire, contrairement à ce que prévoit la loi. « A Ankara, la cir­culaire a été annulée après un recours de la municipalité auprès de la justice », souligne-t-il.
Ekrem Imamoglu, triomphalement élu le 23 juin, veut s’attaquer « au gaspillage des fonds, à la corruption ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/29/le-nouveau-maire-d-istanbul-promet-la-transparence_5483113_3210.html
mlsum-fr-4987
nine. Leur petit nom Les Blågult, les « Bleues et Jaunes ». Les Suédoises n’ont jamais manqué une édition de la Coupe du monde, mais ne sont jamais parvenues à soulever le trophée. Elles seront aux prises avec les Etats-Unis, le Chili et la Thaïlande dans un groupe F à leur portée. Calendrier 11 juin : Chili – Suède 18 heures à Rennes 16 juin : Suède – Thaïlande 15 heures à Nice 20 juin : Suède – Etats-Unis 21 heures au Havre Historique en Coupe du monde Huitième participation, finaliste en 2003, troisième en 1991 et 2011, quart de finaliste en 1995 et 1999, huitième de finaliste en 2015, premier tour en 2007. Classement FIFA : 9e L’équipe qui devrait jouer Hedvig Lindahl, Hanna Glas, Linda Sembrant, Nilla Fischer, Jonna Anderson, Caroline Seger, Elin Rubensson, Fridolina Rolfö, Kosovare Asllani, Sofia Jakobsson, Stina Blackstenius. Le sélectionneur Peter Gerhardsson, 59 ans, est à la tête de la sélection suédoise depuis 2017. L’ex-international espoir, qui a succédé à la légendaire footballeuse et sélectionneuse Pia Sundhage, n’avait connu qu’une seule expérience à la tête d’une équipe féminine, avec le club suédois de Bälinge IF en 1997. Il a également dirigé les sélections masculines des moins de 16 et moins de 17 ans de 2002 à 2004. Avant de prendre en main la sélection féminine, il est resté sur le banc du BK Häcken de 2009 à 2016. Bilan de compétences Pourquoi postulez-vous ? Pour enfin remporter la Coupe du monde, alors que je n’ai jamais manqué une édition. Avec trois podiums, je suis souvent passé tout près. Neuvième du dernier classement FIFA, j’arrive en France avec l’ambition de réaliser un exploit. De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? Quart de finaliste de l’Euro 2017, finaliste des Jeux olympiques 2016, je suis toujours placé mais jamais gagnant. Cela fait 35 ans que je n’ai pas remporté une compétition internationale (Euro 1984), la seule à mon palmarès à ce jour. Une statistique à laquelle j’ai envie de remédier cette année. Si vous deviez nous donner une qualité ? J’ai un collectif solide et expérimenté qui a l’habitude des grands rendez-vous. Dans ce groupe à ma portée, je pourrai me tester face aux Etats-Unis avant le début des choses sérieuses et de la phase à élimination directe. Et côté défauts ? Nous devons prouver que nous avons suffisamment de mental pour enfin aller au bout de la compétition. Toujours classé parmi les favoris, j’ai souvent déçu. La joueuse à suivre CAROLINE SEGER, en cinq dates 2005 Caroline Seger fait ses débuts professionnels avec le club suédois de Linköpings FC à l’âge de 20 ans. Elle y reste cinq saisons, remporte un championnat (2009) et trois coupes de Suède (2006, 2008, 2009). La même année, elle fait ses débuts avec la sélection et participe à son premier Euro. 2009 Après trois compétitions internationales décevantes (élimination au premier tour du Mondial 2007, quarts de finale des JO 2008 et de l’Euro 2009), elle est nommée co-capitaine de la sélection avec Lotta Schelin. Elle compte aujourd’hui 193 apparitions avec la Suède (27 buts), ce qui en fait la seconde joueuse la plus capée de la sélection, derrière Therese Sjogrän (214 sélections) mais devant Lotta Schelin (185). 2010 Un an après la création de la Ligue féminine de football professionnel américaine (WPS), Seger rejoint l’Independence de Philadelphie en 2010, puis les Flash de Western New York l’année suivante, avec qui elle remporte le championnat. Elle revient en Suède quelques mois à Malmö, puis à Tyresö FF (2012-2014). 2014 Elle signe au Paris-Saint-Germain en 2014 et y restera deux saisons. Avec le club de la capitale, elle termine deux fois deuxième du championnat de Division 1 derrière Lyon et perd la finale de Ligue des champions contre Francfort en 2015 (2-1). Elle débarque à l’OL à l’intersaison 2016 et réalisera le triplé championnat-Coupe de France-Ligue des champions. 2017 Caroline Seger quitte la France et revient dans le championnat local, au FC Rosengard, à 34 ans. Celle qui a été nommée cinq fois meilleure milieu de terrain suédoise de l’année a fait du Mondial en France son grand objectif, après la médaille d’argent de la Suède lors des Jeux de Rio en 2016. Figurez-vous Marinette… … que Lotta Schelin, meilleure buteuse de la sélection (88 buts en 185 apparitions), sera la consultante du Monde pour ce Mondial. L’occasion pour l’ancienne fer de lance de l’attaque lyonnaise (2008-2016) de faire partager son expérience et sa connaissance des grands rendez-vous. Elle compte trois participations dans la compétition (2007, 2011, 2015). Plateau télé Le köttbullar, boulettes de viande servies avec de la purée de pommes de terre, est le plus incontournable des plats suédois. Impossible non plus de passer à côté du knäckebröd, l’équivalent du « pain Wasa » dont l’origine est bel et bien suédoise, que l’on peut tartiner avec du beurre salé ou du fromage. Enfin, le kanelbullar, un roulé à la cannelle qui possède même son jour national (le 4 octobre), sera parfait pour terminer le repas, accompagné d’un bon café !
Surnom, historique, joueuse à suivre... tout ce qu’il faut savoir sur l’équipe de Suède à la Coupe du monde féminine.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/coupe-du-monde-feminine-2019-suede-groupe-f_5472924_3242.html
mlsum-fr-4988
Les 1083 sont fabriqués en France, dans la Drôme. 1083 « Non, un vêtement écolo, ce n’est pas forcément un bonnet coloré péruvien ! » C’est avec cette conviction chevillée au corps que Thomas Huriez a ouvert la boutique Modetic, en 2007, à Romans-sur-Isère (Drôme). Six ans plus tard, afin de compléter son activité, il créait 1083, une marque de jeans made in France. 1083 ? « Il s’agit de la distance entre les deux villes de France les plus éloignées l’une de l’autre, Porspoder [Finistère] et Menton [Alpes-Maritimes] », explique l’entrepreneur, qui se bat au quotidien pour recréer une filière textile dans l’Hexagone. Bien que positionné sur un créneau envahi par les importations de prêt-à-porter, le trentenaire rencontre un joli succès. Sur la plate-forme de financement participatif Ulule, « dès les deux premiers mois, nous avons reçu 1 000 précommandes à 100 euros le jean », se félicite celui qui pensait en vendre seulement 100. A ce jour, Thomas Huriez a commercialisé plus de 100 000 pantalons. La société génère un chiffre d’affaires de 8 millions d’euros, pour un résultat net de 2 % à 8 % suivant les années. Le dirigeant distribue ses articles sur Internet, une centaine de revendeurs dont Le Bon Marché, à Paris, et à travers ses boutiques Modetic à Grenoble, Lyon, Nantes, Romans-sur-Isère et Paris. Il agrandit ses locaux Tissage, confection, lavage… « En six ans, nous avons relocalisé toute la production en France, à l’exception du coton bio, que nous achetons en Tanzanie, des boutons et des rivets », confie le patron, qui ne compte pas s’arrêter là. En 2020, il va démarrer dans l’Hexagone la production de coton issu du recyclage de vieux jeans. Sur sa lancée, il est même allé jusqu’à reprendre à la barre du tribunal de commerce l’un de ses partenaires, l’une des dernières filatures de coton, implantée à Rupt-sur-Moselle (Vosges), qu’il a rebaptisée « Tissage de France ». Aujourd’hui, Thomas Huriez se prépare à racheter des bâtiments de l’ancienne usine romanaise de chaussures Charles Jourdan, qui avait mis la clé sous la porte il y a une dizaine d’années : en 2021, une fois rénovés, ils accueilleront les ateliers de jeans. Parmi les financiers qui le soutiennent dans cette aventure à 10 millions d’euros, il peut compter sur le fonds d’investissement INCO, le Crédit agricole ou encore la Caisse des dépôts. Et au quotidien, son besoin en fonds de roulement est assuré par France Active, à hauteur de 150 000 euros. Le jean made in France a de beaux jours devant lui. Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec France Active Conférence « Accélérons l’engagement des entrepreneurs de demain », 52 ter, rue des Vinaigriers, 75010 Paris . le 3 octobre à 17 heures
Désireux de donner du sens à son travail, un ancien ingénieur produit avec succès des jeans au succès fulgurant.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/03/1083-des-jeans-ecologiques-made-in-france_6014014_1657007.html
mlsum-fr-4989
Le gouvernement a lancé une consultation sur les distances à respecter entre habitations et zones d’épandage de pesticides. PHILIPPE HUGUEN/AFP Paris, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lille et Nantes, mais aussi Langouët (Ille-et-Vilaine), Puy-Saint-André (Hautes-Alpes), Villeneuve-d’Ascq (Nord), Antony (Hauts-de-Seine), Murles (Hérault) et Saint-Genis-Pouilly (Ain), entre autres. Une cinquantaine de maires, de villages comme de grandes villes – ainsi que le département du Val-de-Marne –, ont décidé de protéger leurs concitoyens des pesticides de synthèse. Les uns ont tranché pour des zones tampons sans épandage, d’au moins 150 mètres, autour de toute habitation, les autres veulent bannir complètement l’usage de ces produits chimiques dans leur commune. L’initiative fait chaque jour des émules depuis le revers juridique essuyé par l’écologiste Daniel Cueff, élu de Langouët. Attaqué par la préfecture, son arrêté municipal a été suspendu par le tribunal administratif de Rennes, le 27 août. Jeudi 12 septembre, cinq grandes villes ont choisi de communiquer ensemble sur leur détermination à en finir avec « l’usage des produits phytosanitaires chimiques sur l’ensemble de leurs territoires », au nom du « principe de précaution ». « Notre première idée était de manifester notre solidarité avec les maires ruraux, puis nous nous sommes dit que nous serions plus efficaces ensemble pour faire modifier la loi, témoigne Olivier Bianchi (PS), maire de Clermont-Ferrand. Ouvrir le débat, changer de paradigme, c’est ce qui m’anime. Pour notre part, nous n’utilisons plus ces produits dans les espaces publics, y compris dans les cimetières, depuis 2012. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Daniel Cueff, le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole Un simple « coup de com » ? La question des pesticides est évidemment plus prégnante dans les zones rurales agricoles. Au demeurant, deux lois récentes limitent grandement leur usage en milieu urbain. La première, dite « loi Labbé », bannit, depuis le 1er janvier 2017, leur emploi dans l’entretien des espaces verts ouverts au public (jardins, parcs, forêts, promenades, voiries). La seconde étend cette interdiction aux jardiniers amateurs : depuis le 1er janvier 2019, ces derniers ne doivent plus employer chez eux que des phytosanitaires d’origine naturelle. Du coup, l’initiative des cinq grandes villes n’est-elle qu’un « coup de com », comme a ironisé la ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne ? D’autant que leurs arrêtés municipaux risquent fort d’être à leur tour attaqués par l’Etat, comme une quinzaine d’autres avant eux. Les cinq élus rétorquent que leur démarche n’est pas seulement symbolique, elle est aussi motivée par les lacunes de l’actuelle réglementation. « Il y a des trous dans la raquette », assurent en chœur M. Bianchi, son homologue de Nantes, Johanna Rolland (PS), et Pénélope Komitès (PS), adjointe chargée des espaces verts à Paris. « Si des copropriétaires font appel à une entreprise privée pour entretenir leur jardin, celle-ci n’est pas concernée par l’interdiction, précise Mme Rolland. En outre, les villes ont toutes, sur leurs territoires, d’anciennes parcelles de la SNCF ou d’entreprises, qui ne sont pas tenues par ces restrictions. Nos services municipaux ont commencé à se passer de pesticides dès 2008. Cependant, en parallèle, nous accompagnons les agriculteurs en transition. Nous préparons un projet alimentaire territorial et l’installation de fermes, bio, dans le quartier Doulon-Gohards. » Le mouvement gagne : La Chapelle-sur-Erdre, l’une des vingt-quatre communes de Nantes Métropole que préside Mme Rolland, vient de prendre un arrêté comparable, de même que Ceyrat, près de Clermont-Ferrand. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pesticides : bataille autour des zones de protection entre cultures traitées et habitations « Il n’est plus temps de prendre des demi-mesures » « A Paris, nous travaillons beaucoup sur la biodiversité. Nous avons fait de l’information auprès des particuliers pour leur montrer comment prendre soin de leurs plantes de manière plus écologique, rapporte Mme Komitès. Mais cela ne suffit pas : environ 600 hectares dans la capitale échappent à l’interdiction d’utiliser ces substances toxiques. » Cependant, dans les campagnes françaises, plus rien ne protège légalement les riverains des pesticides, car l’arrêté national encadrant les épandages a été annulé en juin par le Conseil d’Etat. Le gouvernement veut encourager les agriculteurs à s’engager volontairement dans des chartes locales et a mis en consultation, jusqu’au 1er octobre, un texte imposant une distance minimale des habitations de 5 à 10 mètres selon les cultures, du moins « pour les substances les plus dangereuses ». « Chacun sait qu’elles sont volatiles, c’est n’importe quoi », juge Mme Komitès. « Nous en savons désormais suffisamment sur les effets des pesticides sur la santé et l’environnement, estime pour sa part Martine Aubry (PS), maire de Lille. Nous, élus, n’aimons pas prendre des arrêtés qui n’entrent pas légalement dans nos compétences. Si nous l’avons fait tous les cinq, c’est pour dire ensemble au gouvernement : il faut y aller, il n’est plus temps de faire semblant de prendre des demi-mesures à 5 ou 10 mètres. » Lire aussi Comprendre le débat autour de l’épandage des pesticides
Paris, Lille, Nantes, Grenoble et Clermont-Ferrand interdisent les pesticides sur leur territoire. « Une démarche concertée pour faire changer la loi », affirment ces villes.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/12/paris-lille-nantes-grenoble-et-clermont-ferrand-interdisent-les-pesticides-sur-leur-territoire_5509486_3244.html
mlsum-fr-4990
Le ministre chinois de la défense, Wei Fenghe, au Shangri-La Dialogue, à Singapour, le 2 juin. Yong Teck Lim / AP Deux visions du monde, deux idéologies s’affrontent, sans partager la moindre expression commune. Les Etats-Unis et la Chine se sont livrés à un violent exercice de confrontation stratégique sur la scène du Shangri-La Dialogue, à Singapour, du 31 mai au 2 juin. Ce forum réunissant des responsables de la défense d’Asie et du Pacifique se déroule habituellement dans un subtil équilibre régional, entre la dépendance économique chinoise et la protection sécuritaire américaine. En pleine guerre commerciale entre Pékin et Washington, la réunion a été marquée par l’inquiétude. La Chine avait dépêché son ministre de la défense, le général Wei Fenghe, un des six membres de la commission militaire centrale, le plus haut représentant jamais venu au Shangri-La Dialogue. Il y a tenu un discours des plus orthodoxes sur les intérêts fondamentaux chinois. « Comme les récentes frictions commerciales ont été lancées par les Etats-Unis, si les Etats-Unis veulent parler, nous garderons la porte ouverte. S’ils veulent un combat, nous combattrons jusqu’à la fin. » La veille, le secrétaire à la défense américain par intérim Patrick Shanahan a eu beau jeu d’énoncer, dans un discours où la Chine n’a pas été nommée, que « la compétition n’est pas le conflit ». C’était pour ajouter aussitôt après dans les échanges : « L’attitude qui érode la souveraineté d’autres pays et sème la méfiance sur les intentions chinoises doit cesser. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Défense : la Chine réaffirme sa détermination face aux Etats-Unis Les deux ministres s’étaient rencontrés vendredi, lors d’une entrevue « constructive », selon le Pentagone. Pour M. Shanahan, le « théâtre indopacifique est prioritaire » et il doit être « ouvert et libre ». Mais la compétition américaine, « économique et sécuritaire », s’entend comme celle « que tout le monde joue dans le cadre de règles internationales établies ». Ces règles n’apparaissaient pas dans les propos du général Wei Fenghe. Au droit international rappelé par tous, il a opposé la nécessité « de s’accommoder des préoccupations sécuritaires de chacun ». Et si le représentant de Pékin a assuré qu’avec les Etats-Unis, « les relations d’Etat à Etat, les relations de militaires à militaires restaient stables », il a multiplié les avertissements. Liberté de navigation En comparant l’unification des Etats-Unis par Abraham Lincoln à la détermination chinoise d’inclure Taïwan, Wei Fenghe a indiqué : « La partie américaine a mentionné dans son discours le Taïwan Relations Act [loi de 1979 qui définit les relations entre les Etats-Unis et Taïwan, après la reconnaissance de la Chine par Washington]. S’agit-il de Taïwan ou des Etats-Unis ? Est-ce la loi chinoise ou la loi internationale ? Nous ne trouvons aucune justification au fait que les Etats-Unis interfèrent dans la question taïwanaise au moyen de leur loi nationale. »
Au forum sur la sécurité de Singapour, le ministre de la défense chinois promet de « combattre » « si quelqu’un osait séparer Taïwan de la Chine ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/02/les-etats-unis-et-la-chine-installent-une-nouvelle-guerre-froide_5470523_3210.html
mlsum-fr-4991
Laura Gonzalez, en avril à Paris. AMBROISE TEZENAS Le Bus Palladium, l’Alcazar, la Coupole, le restaurant Noto de la célèbre Salle Pleyel, ou la boutique Cartier de la place Vendôme… C’est à croire que pas un coin du Paris glam’ n’échappe à Laura Gonzalez, 37 ans. Cette décoratrice au style solaire, capable de réveiller des lieux endormis, a été élue architecte d’intérieur de l’année par le salon professionnel Maison & Objet qui se tiendra à Paris-Nord Villepinte, du 6 au 10 septembre. « Dans la déco comme dans la mode où l’on porte une robe Zara sous une veste Gucci, on doit mélanger. Mes objets sont dépareillés, mais ils marchent ensemble », Laura Gonzalez, architecte d’intérieur Grande jupe colorée, longs cheveux châtain foncé, sourire ravageur : sous ses allures décontractées, cette trentenaire est une fonceuse. A 24 ans, encore étudiante à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais, elle fonde son agence baptisée Pravda Arkitect. « Un nom rigolo, décalé, et qui aurait pu être collectif car je n’étais pas arrêtée sur ce que j’allais faire. » A l’époque, elle rénove déjà une vingtaine de magasins Rodier en France. A 26 ans, elle remporte son premier grand chantier : le Bus Palladium, haut lieu des nuits parisiennes. « C’était Noël, les architectes de renom avaient quitté la capitale pour les fêtes, d’où cette proposition inouïe pour une jeune diplômée : j’ai eu trois mois pour rénover le lieu de 700 m2 sur trois étages et je ne me suis pas démontée », se souvient-elle. La jeune femme file à Londres d’où elle rapporte des lés de papiers peints : elle marie une vingtaine de motifs différents, installe des meubles chinés et remet le laiton au goût du jour. La Gare, restaurant brasserie XXL du 16e arrondissement parisien. Jérôme Galland « C’est le début de mon style », reconnaît Laura Gonzalez. Et celui d’une carrière fulgurante. Les propositions s’enchaînent et la décoratrice prouve qu’elle peut déployer une large palette. A La Gare, restaurant brasserie du 16e arrondissement, elle s’inspire de voyages sur toutes les rives de la Méditerranée, tandis que pour Cartier place Vendôme, c’est un appartement féminin, écrin poudré, ouaté, « mais avec du caractère » qu’elle met en scène. Pour le restaurant Lapérouse, monument historique, elle marie un travail de restauration des plafonds peints, stucs et autres froufrous (respectant l’esprit d’une demeure XVIIIe-XIXe siècle), avec « une touche romantique décalée », à coups de soieries et damas aux couleurs sourdes et de chaises aux courbes féminines. Elle résume son style par « éclectique, au classique revisité ». Il est chaleureux et métissé à l’image de cette jeune créatrice – sa mère est galicienne et son père, pied-noir italo-espagnol –, et mêle dans un joyeux carambolage artisanat, art contemporain et esthétique néoclassique. Laura Gonzalez se suspend à la frontière du mauvais goût et de la saturation visuelle, grâce à des lignes épurées et un talent de coloriste. Il faut voir pour le croire, à La Gare, ce télescopage réussi de chaises en bois coloré, de zelliges verts fabriqués à Fèz, de lampions XXL en tissu ikat et de décors panoramiques de la manufacture Zuber, vieille de plus de deux siècles. Nouvelle vague « J’ai besoin que les endroits aient une âme », lâche-t-elle. A voir son univers chamarré, on a du mal à imaginer la pensionnaire des maisons d’éducation de la Légion d’honneur qu’elle fut – son grand-père s’était illustré pendant la guerre d’Algérie – avec nattes sur la tête et mocassins aux pieds. « Mon enfance dans le Sud, avec les papiers peints à fleurs de Pierre Frey dans la maison et l’artisanat provençal tout alentour, m’a inspirée plus que je ne saurais dire, confie-t-elle. Jusqu’à l’âge de 12 ans, j’ai grandi à Cannes, et comme j’étais fille unique, mes parents m’emmenaient partout avec eux, chez les antiquaires, à la Fondation Maeght, auprès des verriers de Biot ou des potiers de Vallauris… » Laura Gonzalez appartient à cette nouvelle vague d’architectes d’intérieur au féminin – Sarah Lavoine, Emilie Bonaventure, Dorothée Meilichzon… – qui a émergé en France après la grande époque des décorateurs Jacques Garcia et Jacques Grange. Elle, plus que personne, est dans la lignée de la flamboyante décoratrice Madeleine Castaing (1894-1992), qui admettait « faire de la poésie avec du mobilier », et avait aménagé la maison de Jean Cocteau à Milly-la-Forêt, dans l’Essonne, ouverte aujourd’hui au public. A la différence de Madeleine Castaing, les établissements « revampés » par Laura Gonzalez gagnent vite en notoriété à l’heure d’Internet. Chaleureux, hauts en couleurs et en motifs grâce à son intervention, ils sont directement « instagrammables » ce qui fait la (bonne) fortune de leur propriétaire. Pravda Arkitect, constituée désormais d’une trentaine de personnes, a ainsi réalisé 150 chantiers en dix ans. « J’ai toujours su convaincre les gens, reconnaît Laura Gonzalez. En usant d’un ton ferme et d’un peu de gentillesse. » Son nouveau défi ? Lancer sa propre ligne de mobilier. Sa collection de canapés, luminaires et tables sera présentée pour la première fois au salon Maison & Objet, sur un espace de 300 m2 qui lui est réservé. En plus d’y installer un café « gourmand » (en collaboration avec Pierre Hermé), elle met en scène, comme dans un appartement, une vingtaine de pièces : des chevets, des poufs, des fauteuils très ronds, des appliques en céramique, des chaises en bois laqué d’inspiration indienne, etc. « Ce sont des pièces intemporelles que je ne trouve pas moi-même, donc je les dessine. Je crois que dans la déco comme dans la mode où l’on porte une robe Zara sous une veste Gucci, on doit mélanger. Mes objets sont dépareillés, mais ils marchent ensemble. » L’audacieuse Laura Gonzalez proposera également, dès mercredi 4 septembre sur son site Internet, ses produits made in France. Fauteuil Madras. ROMAIN LAPRADE Restaurant Lapérouse à Paris dans le 6e arrondissement. Matthieu Salvaing Canapé Salvadore, en velours de mohair. ROMAIN LAPRADE Chez Cartier, place Vendôme, à Paris. ROMAIN LAPRADE La Gare, restaurant brasserie XXL du 16e. Jérôme Galland Lire aussi A la Paris Design Week, des créations et des installations pour tous
Du Bus Palladium à la Coupole, à Paris, cette architecte d’intérieur opère un chaleureux carambolage entre artisanat, art contemporain et esthétique néoclassique. Un style et une carrière couronnés par le salon Maison & Objet du titre de designer de l’année 2019.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/09/04/laura-gonzalez-l-alchimiste-du-glam-chic_5506057_4497319.html
mlsum-fr-4992
Des représentants de 48 associations, ONG ou syndicats étaient reçus à Matignon, le 27 août. Au premier plan, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Tristan Reynaud/Sipa L’exécutif avance désormais à pas comptés sur le dossier miné des retraites. Et compte bien mettre toutes les chances de son côté pour tenter de faire passer ce projet que beaucoup de macronistes décrivent comme « la réforme phare de la deuxième moitié du quinquennat ». En annonçant de manière inattendue, lundi 26 août sur France 2, qu’il préférait « un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge » pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein, Emmanuel Macron a rebattu les cartes d’une partie qui pouvait apparaître relativement fermée depuis la présentation, le 18 juillet, d’un rapport sur le sujet de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé d’élaborer la réforme. « Rien n’est décidé », a martelé le chef de l’Etat. Et d’ajouter : « On va construire cela tous ensemble. Il faut partager les contraintes, qu’il y ait une solidarité. Il y aura une grande négociation, un grand débat. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Laurent Berger : « Tant mieux si nous sommes écoutés » Si Edouard Philippe doit désormais reprendre la main en recevant les 5 et 6 septembre syndicats et patronat, pour beaucoup, c’est un signal envoyé à la CFDT qui était opposée, comme la plupart des autres confédérations, à l’une des principales propositions formulées par M. Delevoye : l’instauration d’un âge pivot à 64 ans, également appelé « âge d’équilibre », identique pour tous et assorti d’une décote financière pour ceux qui choisiraient de partir avant. Si la piste de la durée de cotisation était également mentionnée dans le rapport de M. Delevoye, celle de l’âge pivot était présentée par l’ancien ministre de Jacques Chirac comme « socialement juste » et « budgétairement et financièrement solide ». Mais elle ne semble pas avoir les faveurs du chef de l’Etat qui, selon plusieurs sources bien informées, n’a pas pris la peine d’informer au préalable le haut-commissaire du contenu de son intervention sur France 2. Pas question pour autant de parler de « changement de pied » au sommet de l’Etat. « Ce n’est pas un virage sur l’aile », a assuré Bruno Le Maire, ministre de l’économie, mardi, sur LCI. Le gouvernement « ne passer[a] en force sur rien ». « On a toujours veillé à ce que le rapport Delevoye ne ferme pas de portes, fait-on valoir dans l’entourage d’Edouard Philippe. La durée de cotisation individualise le départ à la retraite, quand l’âge pivot est plus uniforme. » Un député de la majorité juge cependant qu’il y avait « un problème » avec le mécanisme tel que présenté. « De fait, c’était un nouvel âge de départ à la retraite si jamais la décote était forte », estime-t-il.
En se prononçant de manière inattendue pour un accord sur la durée de cotisation, le chef de l’Etat cherche à séduire la CFDT et à ne pas brusquer les Français, pour une réforme cruciale de son quinquennat.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/08/28/retraites-la-prudence-tactique-de-macron_5503693_1698637.html
mlsum-fr-4993
Tribune. Le très controversé projet de mines de charbon de Carmichael, au Queensland, (Australie) [autorisé mi-juin par l’Etat du Queensland], opéré par la société indienne Adani, prévoit une production de 25 millions de tonnes par an, pouvant évoluer à 60 millions de tonnes, exportées vers les centrales électriques indiennes, qui émettront ainsi 150 millions de tonnes de CO 2 par an. Soit 0,3 % des émissions mondiales et 5 % de celles de l’Inde. On craint, par ailleurs, de nombreuses pollutions des sols et des eaux locales, ainsi que de la Grande Barrière de corail, toute proche. Qui est responsable de ces pollutions ? Le gouvernement australien ? Les actionnaires et les banquiers d’Adani ? Les producteurs d’électricité indiens, qui se moquent de l’efficacité énergétique de leurs vieilles centrales, étant donné le bas prix du charbon ? L’artisan indien qui, grâce à son unique ampoule électrique, travaille jour et nuit sur sa machine à coudre ? Le riche Indien qui climatise un palais de 30 pièces alors que c’est une passoire thermique ? Le gouvernement indien ? « Les responsables ultimes sont toujours les Etats, car il y a très peu à attendre du comportement spontané des firmes » Les responsables sont les acteurs qui, compte tenu de leurs objectifs, de leurs pouvoirs et des contraintes qui pèsent sur eux, pourraient faire quelque chose et cependant ne font rien. Certains ont espéré que le seul fonctionnement des marchés, accompagné de la pression d’ONG combatives, pourrait inciter les firmes productrices d’énergie à s’engager dans la transition. Ce sont des illusions. Les responsables ultimes sont toujours les Etats, car il y a très peu à attendre du comportement spontané des firmes et de celui des citoyens les plus vertueux, quand bien même ils en ont les moyens financiers. Les Etats doivent les y inciter ou les y contraindre. Les compagnies minières et pétrolières ont déjà découvert quatre fois plus de réserves de carbone fossile, exploitables au prix actuel, que nous pouvons nous permettre d’en brûler. La tendance des prix sur des « marchés libres » de carbone fossile sera stable, voire décroissante, dans les décennies à venir. Ils resteront longtemps inférieurs à ceux des solutions décarbonées, sauf exceptions locales et limitées. Les « signaux prix » qu’envoient les marchés de l’énergie fossile les rendent donc totalement inefficaces pour orienter les choix vers des énergies propres. Il faut que les Etats corrigent ces signaux par une combinaison de taxes, de normes et d’organisation de marchés de permis d’émissions. Ils doivent aussi agir du côté de l’offre en investissant dans des infrastructures zéro carbone et dans la recherche.
Ni le fonctionnement des marchés, ni le « signal prix », ni la finance verte, ni la pression de l’opinion ne suffiront pour faire changer de modèle les géants du pétrole et du charbon, affirme l’économiste Pierre-Noël Giraud, dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/21/extraction-miniere-les-entreprises-anticipent-la-transition-mais-elles-attendent-d-etre-contraintes-par-les-etats_5479742_3232.html
mlsum-fr-4994
eux pays. Aucune scène de crime n’a été balisée. La trace de sang, nettoyée à la va-vite, a laissé une large marque blanche sur le sol de la case. A l’extérieur, une dizaine de douilles de différents calibres jonchent encore le sol sableux d’Heremakono. Treize habitants ont été tués dans ce village peul de la région de Ségou, le 13 mai, dans le centre du Mali. « Vers 7 heures du matin, un groupe de dozos a attaqué le village. Trois hommes sont entrés chez moi. Je me suis caché sous mon lit. Ils ont mis le feu. Je ne pouvais plus respirer, je suis tombé dans le coma », raconte Brahima Sidibé (son nom a été changé), un vieil homme au visage brûlé, la chair encore à vif par endroits. De sa maison, il ne reste que quatre murs et un épais matelas de cendres. Il témoigne lors d’une grande réunion organisée, le 18 mai, par le préfet de la ville voisine de Niono, pour accueillir la division des droits de l’homme et de la protection de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), venue enquêter sur l’attaque. « Chercher la vérité » « Nous sommes là pour documenter ces incidents et chercher la vérité, parce qu’il faut bien que quelqu’un fasse ce travail », annonce Christian Lumbala, le responsable des investigations. Au fond de la salle, une vingtaine de dozos, une confrérie de chasseurs traditionnels dogon, dont les membres sont supposés détenir les secrets de la faune, de la flore et des pouvoirs surnaturels, écoutent en silence. Puis quittent les lieux, sous le regard méfiant des Peuls assis aux premiers rangs. Selon les Peuls, ce sont des chasseurs qui ont attaqué leur village. Cependant, « les tueurs n’appartiennent pas à la confrérie traditionnelle », précise un leader religieux. « Il faut que les autorités déterminent l’identité de ces groupes ! », ajoute-t-il en fixant le préfet et les agents de la Minusma. Dans l’assemblée, des larmes coulent sur les visages meurtris. Les dozos multiplient eux aussi les appels au secours. « Nos vêtements, n’importe qui peut les acheter au marché ! Des gens s’habillent comme nous pour commettre des bêtises. Un chasseur qui tire sur autre chose que du gibier n’est pas un chasseur ! » « L’Etat doit renforcer la sécurité, car cette situation crée des problèmes entre nous et les Peuls », alerte un dozo. Il clame l’innocence des siens : « Nos vêtements, n’importe qui peut les acheter au marché ! Des gens s’habillent comme nous pour commettre des bêtises. Un chasseur qui tire sur autre chose que du gibier n’est pas un chasseur ! » A l’instar des Peuls, ­confondus avec les djihadistes ou accusés d’être les complices de ces derniers, les dozos estiment êtres victimes d’un amalgame qui les assimilerait à des miliciens tueurs. Les civils dogon sont, eux aussi, victimes d’attaques de la part de groupes armés peuls. Le massacre du village dogon de Sobame Da, dans la nuit du 9 au 10 juin, au cours duquel au moins trente-cinq habitants ont été tués, selon un bilan provisoire, l’a rappelé. Si les autorités maliennes privilégient la piste terroriste, le mode opératoire, similaire à celui des groupes d’auto­défense sévissant dans la région, entretient le doute sur l’identité des auteurs de cette énième tuerie perpétrée au centre du Mali. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ils ont brûlé vif les habitants dans leurs maisons » : massacre d’un village dogon au centre du Mali Faible pression militaire Dans cette partie du pays, les conflits opposant des groupes armés, tantôt peuls, tantôt bambaras et dogon, aux villageois désarmés de l’autre communauté, augmentent depuis 2015. Lorsque l’armée française et ses alliés sont intervenus, début 2013, pour chasser les groupes islamistes du nord du Mali, la région de Ségou était encore calme – du moins en apparence. Une vue aérienne du camp de déplacés de Faladié, près de Bamako, le 18 mai. 800 Peuls se sont installés sur une décharge, après avoir fui les violences intercommunautaires du centre du Mali. MICHELE CATTANI / AFP Les opérations étant concentrées dans le nord du Mali, les djihadistes ont alors profité de la faible pression militaire sur le centre du pays pour y engager leurs forces. Dans une stratégie d’ancrage local qui a déjà fait ses preuves dans le Nord avec certaines communautés touareg et arabes, ils ont cherché à recruter en priorité au sein de la population peule. Issu de cette communauté, le prédicateur Amadou Koufa est ainsi devenu le visage et la voix d’une insurrection islamiste qui a su tirer profit des frustrations et des ressentiments propres à la région. Déclenchées sur fond de rivalités, de règlements de comptes familiaux et de litiges fonciers ancestraux, les violences intercommunautaires ont été exacerbées par la montée en puissance des djihadistes. Avec la prolifération des armes de guerre en provenance du Nord, les affrontements sont devenus plus meurtriers, accélérant la dégradation des relations entre voisins. La plupart des agents de l’Etat, souvent perçus par la population comme des prédateurs économiques, ont fui pour échapper aux ­assassinats ciblés commis par les islamistes. Les tentatives de rétablir l’administration ont échoué, et la présence de l’Etat continue de reculer au nord et au centre. Maigres espoirs dans la justice Selon deux rapports des Nations unies, datés du 26 mars et du 31 mai, seuls 34 % des administrateurs civils de ces zones étaient encore à leur poste en décembre 2018. Ils n’étaient plus que 31 %, fin mai. Au fur et à mesure de l’affaiblis­sement du pouvoir central s’est propagé un sentiment d’impunité. Le centre du Mali est entré dans une spirale de violences : depuis 2016, plus de 3 500 personnes y ont été tuées, selon l’ONG Acled. Face à l’insécurité galopante et dans un contexte où règne la plus grande confusion entre actes terroristes, affrontements intercommunautaires et attaques de milices, les autorités maliennes sont dépassées. Les maigres espoirs que placent dans la justice les parents de victimes et les survivants sont le plus souvent déçus. « Après l’attaque d’Heremakono, aucun dossier judiciaire n’a été formellement ouvert, déplore un observateur étranger. Il n’y a pas eu d’enquête approfondie, seules quelques notes prises sur un carnet. Or, on parle quand même de treize personnes tuées ! L’Etat est dans le déni : il banalise la ­situation au détriment des populations. » « Le sang continue à couler, et cela ne choque plus personne. Nous sommes délaissés. Au lieu de désarmer les milices, les autorités les laissent faire », un responsable d’une association de défense des Peuls Un peu plus d’un mois avant le drame ­d’Heremakono, le 23 mars, dans la même région, un massacre avait frappé le village d’Ogossagou. Plus de 167 habitants peuls y ont été tués, sur la base de leur appartenance communautaire, par des hommes identifiés par la ­Minusma comme des dozos, accompagnés de miliciens et de civils. L’ampleur du drame a provoqué une onde de choc dans le pays. Mais, au-delà de l’émoi exprimé par le pouvoir malien et hormis quelques remaniements gouvernementaux, rien n’a changé. Dans les deux mois qui ont suivi le massacre, au moins 145 personnes ont été tuées dans le centre du Mali au cours de plus d’une soixantaine d’incidents, selon Acled. Une liste macabre à laquelle s’est encore ajoutée la centaine de civils tués à Sobame Da, le 10 juin. « Le sang continue à couler, et cela ne choque plus personne. Nous sommes délaissés. Au lieu de désarmer les milices, les autorités les laissent faire. On ne fait que compter les morts, c’est inadmissible ! », s’insurge un responsable local de Tabital Pulaaku, l’association de défense des Peuls. Manque d’équipement A ces récriminations, l’armée malienne objecte son manque d’équipement, qui la réduirait à l’impuissance. « Dès que nous sommes informés d’une attaque, nous envoyons une patrouille. Mais ces bandits circulent rapidement, à moto, sur un territoire immense, beaucoup trop vaste pour les faibles moyens dont nous disposons », se désespère un soldat rencontré à Niono. Depuis le premier assaut djihadiste dans le centre du pays, le 5 janvier 2015, qui avait ciblé le camp militaire de Nampala et au cours duquel une dizaine de militaires maliens avaient été tués, l’armée accumule défaites et pertes humaines. Débordés, les soldats déployés à Niono et dans d’autres localités de la région ont fini par s’associer à des volontaires dozos. Des enfants jouent au football dans le camp de déplacés de Faladié, au Mali, le 18 mai. MICHELE CATTANI / AFP « En brousse, ils ne peuvent pas se déplacer sans nous. C’est nous qui savons où sont les terroristes et les bandits », se vante un chasseur, machette sur l’épaule. Cette alliance avec les autorités, fait remarquer un autre dozo, a pourtant des conséquences funestes pour la confrérie : « C’est parce que nous sommes avec l’Etat en brousse que les djihadistes nous tuent ! » La puissante confrérie traditionnelle des chasseurs est divisée. L’assassinat d’un grand chef dozo, en octobre 2016, probablement par des sicaires d’Amadou Koufa, a provoqué la scission. « Certains chasseurs n’ont pas pardonné ce meurtre, ils se sont alors détournés de leur mission de protecteurs de la brousse pour se constituer en milices et lutter contre les djihadistes. Ils ont continué à se faire appeler ­“dozos” pour inspirer la peur, car les Maliens craignent ces chasseurs », explique un observateur. Ce sont ces groupes d’autodéfense armés qui sont régulièrement accusés d’exactions à l’encontre des Peuls. « L’Etat a perdu le contrôle de ces milices : il y en a des centaines ! Elles enrôlent les villageois, vivent dans des camps et s’entraînent au maniement des armes, poursuit la même source. C’est très inquiétant ! » Alliances inattendues A ces groupes armés se sont inévitablement greffés des profiteurs de guerre, appâtés par les butins de pillages. « Ce sont des bandits ! Ils nous tuent pour voler nos biens et nos animaux », dénonce un rescapé peul d’Heremakono. Le chef du village, tué lors de l’attaque du 13 mai, avait alerté les autorités des menaces pesant sur sa localité, dès la fin 2018. Pourtant, déplore un survivant, « personne n’a rien fait ! » Outre le danger que représentent les milices, poursuit-il, « les Peuls ont les mêmes problèmes que les autres. Nous aussi, les djihadistes nous mettent à genoux et nous tuent ! » D’autant que sont apparues de nouvelles alliances, inattendues. A une soixantaine de kilomètres d’Heremakono, assure une personnalité locale, « les combattants d’Amadou Koufa ont signé un pacte de non-agression avec des chasseurs, fin 2017. Ces derniers ont accepté de ne pas dénoncer et de ne pas attaquer les djihadistes, en échange des mêmes garanties ». Un éleveur déplace son troupeau, près du camp de Faladié et non loin de Bamako, le 19 mai. MICHELE CATTANI / AFP Après le massacre d’Ogossagou, la commission nationale Désarmement démobilisation et réinsertion (DDR) du Mali a annoncé que toute arme portée sera confisquée. En attendant, les populations du centre du Mali fuient vers le sud. Dans les régions de Mopti et de Ségou, plus de 60 000 personnes ont déjà abandonné leur village pour se réfugier en ville, provoquant d’autres tensions entre les déplacés et les habitants, qui perçoivent ces nouveaux venus comme une source d’insécurité. Face à cette contagion, le pessimisme grandit. Le responsable local de l’association peule Tabital Pulaaku file une ultime métaphore : « Tous ces conflits, c’est comme un feu : il a été allumé ailleurs, mais il prend, petit à petit, tout autour. » Tout autour et, notamment, de l’autre côté de la frontière. Au Burkina Faso, longtemps considéré comme un pôle de stabilité, le feu djihadiste puis la défiance intercommunautaire se sont étendus comme au Mali, mais à une vitesse bien supérieure. Le premier groupe islamiste armé local, Ansaroul Islam, apparu en 2016, recrute lui aussi largement – mais pas exclusivement – au sein de la communauté peule. Le profil de son fondateur, Ibrahim Malam Dicko, un imam peul qui a un temps combattu au côté des hommes d’Amadou Koufa, a suffi à créer l’amalgame. « Le ­sentiment anti-peul s’est généralisé, explique Boureima Barry, du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés. Les Peuls sont accusés d’avoir apporté le terrorisme dans le pays et d’en être les complices. » En réaction, comme au Mali, des milices dites « d’autodéfense » ont prospéré. « Gardiens de la brousse » Avec son long boubou traditionnel et son chapeau rouge, Rassam Kandé Naaba porte les attributs des grands chefs mossis, l’ethnie majoritaire au Burkina Faso. Son conseiller lui a remis une pile de documents : vingt nouvelles demandes d’adhésion à des koglweogo, des associations de groupes d’autodéfense villageois. « Nous sommes de plus en plus nombreux, nos membres sont présents partout sur le territoire ! », se félicite le chef devant son palais de la commune de Kombissiri, à 40 km de Ouagadougou, la capitale. C’est ici qu’est née, en 2013, cette « initiative populaire » à l’origine destinée à assurer la sécurité des villageois, en palliant « la défaillance des autorités ». Souvent armés d’un fusil de chasse, reconnaissables à leur tenue ocre agrémentée d’amulettes, les koglweogo ou « gardiens de la brousse », en langue moré, se sont renforcés au point de défier aujourd’hui l’autorité de l’Etat. Des enfants attendent la distribution d’eau et de nourriture au camp de Faladié, au Mali, le 18 mai. MICHELE CATTANI / AFP « Nous combattons les voleurs et les braqueurs. Il n’y a pas de mystère, les gendarmes et les policiers luttent grâce à leurs armes et à leur uniforme. Nous aussi ! », défend Rassam Kandé Naaba. « Nos wigsé [« soldats »] attrapent les coupables, les punissent et les fouettent jusqu’à ce qu’ils avouent et soient jugés », précise Boukary Kaboré, le « chef d’état-major » de la milice, ancien colonel à la retraite, qui aime à se faire surnommer « le lion ». Déjà critiqués pour les sévices que certains de leurs membres infligent aux délinquants présumés, les koglweogo sont désormais ­accusés de mener des exactions contre la communauté peule dans le nord du Burkina. « Faux !, rétorque M. Kaboré, mis à l’écart des interventions publiques par le mouvement à cause de ses prises de position jugées trop « radicales ». Il y a des dérapages, des règlements de comptes parfois, mais cela n’arriverait pas si le gouvernement nous donnait un cadre légal. » Justiciers autoproclamés Le Burkina Faso est en proie aux attaques de différents groupes djihadistes – le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans, dirigé par le Touareg malien Iyad Ag Ghali, auquel s’est rattaché le groupe d’Amadou Koufa ; Ansaroul Islam ; et l’Etat islamique dans le Grand Sahara. Après la chute du président Blaise Compaoré, en 2014, et le coup d’Etat raté, mené en 2015 par la garde prétorienne du régime déchu, l’appareil sécuritaire du Burkina Faso avait été disloqué. Pour combler cette faiblesse, les nouvelles autorités avaient fait preuve de tolérance envers les « gardiens de la brousse », les intégrant même au dispositif de police de proximité en 2016. Pour autant, l’action de ces justiciers autoproclamés dans le combat antiterroriste est controversée. Si beaucoup de Burkinabés se déclarent satisfaits de l’action des koglweogo dans la lutte contre le banditisme, plusieurs voix au sein de la société civile s’élèvent désormais pour réclamer le démantèlement des quelque 4 000 groupes armés que compterait le pays. Interrogée, une source au sein de la présidence balaye cette question d’un simple « ce n’est pas à l’ordre du jour ». Selon les termes d’un observateur, les koglweogo sont « une bombe à retardement », mais aussi des figures de la dégradation sécuritaire au Burkina En laissant proliférer les milices, le pays a pourtant créé « un monstre », s’inquiète le politologue Thomas Ouedraogo, directeur du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). « Les koglweogo ont réussi à s’implanter et à gagner en légitimité aux yeux de la population, analyse-t-il. Pour le pouvoir, il n’est donc pas question de se les mettre à dos. Avec l’élection présidentielle de 2020 qui se profile, les ­désarmer va devenir de plus en plus difficile. » Selon les termes d’un autre observateur, les koglweogo sont « une bombe à retardement », mais aussi des figures de la dégradation sécuritaire au Burkina, où les violences entre communautés ont pris une ampleur affolante depuis le début de l’année 2019. « L’insécurité est telle que personne n’est à l’abri », s’est alarmé le ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale, Siméon Sawadogo, début avril, au lendemain d’affrontements à Arbinda, dans le nord du pays, qui ont fait au moins 62 morts. Le 9 juin, 19 personnes ont été tuées lors d’une nouvelle attaque. Conflits entre agriculteurs et éleveurs Trois mois plus tôt, les 1er et 2 janvier, à Yirgou dans le Centre-Nord, une « chasse aux Peuls » menée par des villageois et des membres présumés des koglweogo avait fait 49 victimes selon un bilan officiel, plus de 200 d’après des organisations de la société civile. A l’origine de ces violences, la même étincelle : l’assassinat d’un chef traditionnel par des « terroristes » déclenchant la colère de la population et une vendetta meurtrière contre les « coupables » désignés. Au Sahel, les conflits entre agriculteurs et éleveurs, principalement peuls, suscitent régulièrement des flambées de violence, mais, avec la multiplication des actes de vengeance, la communauté peule – 8 % de la population et deuxième plus importante du Burkina Faso – se sent abandonnée. « Il y a des localités où les Peuls se retrouvent pris en étau entre les militaires, les milices et les combattants islamistes, analyse l’expert Oumarou Paul Koalaga, du Réseau de réflexion stratégique sur la sécurité au Sahel (2R3S). Les djihadistes instrumentalisent leurs frustrations pour les recruter, en surfant sur la fibre ethnique, avec un objectif clair : diviser la population pour mieux régner. » Résultat, souligne l’ONG ­Human Rights Watch, dans un rapport publié en mars : « une augmentation dramatique et dangereuse des tensions » entre les Peuls – ciblés pour leur soutien supposé aux djihadistes – et les Mossis, les Foulsé et les Bella, que les islamistes perçoivent comme des indicateurs à la solde de l’Etat. « Les Peuls ne savent plus à quel saint se vouer. S’ils continuent à être maltraités, ils chercheront un moyen de se protéger, et, là, ça peut devenir explosif », Boubakary Diallo, secrétaire général de l’Union nationale des rugga du Burkina Avec plus de 400 morts enregistrés depuis 2015, les autorités redoutent un embrasement. Selon nos informations, des actes de représailles contre les populations peules se poursuivent dans la région du Centre-Nord, où plus de 30 000 déplacés ont fui leur village. « Ils ne savent plus à quel saint se vouer. S’ils continuent à être maltraités, ils chercheront un moyen de se protéger, et, là, ça peut devenir explosif », prévient Boubakary Diallo, secrétaire général de l’Union nationale des rugga du Burkina, une association de défense des droits des populations pastorales. Comme un écho à ces sombres prédictions, le témoignage de cet homme, dont trois cousins « ont été tués par des militaires » en février, dans leur village situé près de la frontière malienne : « Je suis en colère et j’ai perdu confiance en la justice. Je suis prêt à me ranger du côté des djihadistes et à prendre les armes pour me défendre ! » 900 écoles fermées Cinq mois après la « chasse aux Peuls » de ­Yirgou, aucun des 180 suspects – principalement « des membres d’un groupe d’auto­défense et des membres de l’ethnie mossie » –, identifiés par le procureur du tribunal de Kaya, Abdoul Kader Nagalo, n’a été arrêté. « L’insécurité empêche les agents de procéder aux interpellations : on craint des accro­chages, et les groupes armés guettent », justifie le magistrat. « Le manque de sanctions exemplaires constitue un grand danger, alerte, pour sa part, le chercheur Thomas Ouedraogo. Si rien n’est fait, les populations risquent de recourir encore plus à la violence pour se faire justice. » Un homme nettoie sa tente après une inondation dans le camp de déplacés de Faladié, où des centaines de Peuls se sont installés, le 18 mai. MICHELE CATTANI / AFP Alors que le pays compte actuellement plus de 130 000 déplacés et près de 900 écoles fermées, plane le spectre d’un glissement vers un conflit interconfessionnel et d’une extension de la zone d’instabilité. Entre le 28 avril et le 26 mai, quatre attaques, non revendiquées, mais imputées aux groupes islamistes, ont visé des messes ou des processions chrétiennes pour la première fois. Depuis janvier 2016, la capitale, Ouagadougou, a été visée par trois attentats djihadistes d’envergure, causant la mort d’une soixantaine de personnes. Si les opérations militaires, lancées dans le nord et l’est du pays ont permis de « neutraliser » des combattants islamistes, elles contribuent par ailleurs à déplacer la menace vers les Etats voisins : Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin… En novembre, quelques jours avant d’être donné pour mort par les autorités françaises et maliennes, et avant de réapparaître dans une nouvelle vidéo, Amadou Koufa en avait appelé « aux Peuls, où qu’ils se trouvent : au Sénégal, au Mali, au Niger, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Nigeria, au Ghana et au Cameroun ». Un message d’expansion de la lutte, portée par les frustrations locales, nourrie de la faiblesse des Etats et de leur violence. Une stratégie qu’avaient déployée, au début des années 2000, les pères fondateurs du djihad au Sahel, venus d’Algérie. Avec un succès certain.
Les islamistes armés ont élargi leur ancrage dans le centre du Mali et au Burkina Faso et exacerbé les violences entre communautés, fondées sur des litiges fonciers ancestraux. Les attaques djihadistes et celles des milices d’autodéfense gangrènent les deux pays.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/14/au-sahel-l-engrenage-des-conflits-communautaires-et-le-poison-djihadiste_5476238_3210.html
mlsum-fr-4995
idique. « De superbes prix et une joie continuelle », proclame la devanture d’un négociant en huiles végétales. La déclamation tranche avec le paysage environnant. En entrant à Semmar, le principal marché de gros d’Alger, à 15 kilomètres à l’est du centre-ville, on est d’abord saisi par un décor de fin du monde avec son enchevêtrement d’habitations en brique rouge aux murs dénudés et câbles électriques apparents. Et pourtant, ici s’échangent chaque jour des centaines de millions de dinars et de devises. Un endroit comme posé là, dans un entre-deux précaire, entre un passé douloureux – la zone a été profondément meurtrie pendant les années 1990 de terrorisme – et un avenir incertain. On vient de tout le pays faire des affaires dans ces rues défoncées, sans bitume, où des dizaines de camionnettes de marques chinoises slaloment entre les nids-de-poule. La seule lecture des plaques d’immatriculation est une invitation au voyage. Venu de Sétif, à 300 kilomètres à l’est de la capitale avec un chargement de cartons de biscuits, Mohamed, la quarantaine, s’enquiert avec inquiétude de l’absence d’un cafetier. Malgré l’heure matinale, on est loin de la ruche souvent décrite lorsque l’on évoque Semmar. Les entrepôts débordent pourtant de marchandises et nulle pénurie n’est à craindre. Les marchés « possèdent des stocks quasiment pour toute l’année s’agissant des denrées non périssables », affirme d’ailleurs l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), tout en faisant savoir que les marchés de gros d’Alger font face à un recul de 30 % à 40 % de leur activité commerciale ces derniers mois. Le marché de Semmar, à 15 kilomètres à l’est d’Alger, le 9 octobre. Ce quartier tentaculaire abriterait entre 800 et 1 200 entrepôts. FETHI SARAHOUI Pour Le Monde Les hydrocarbures représentent 95 % des exportations du pays La faute au marasme économique qui ravage le pays depuis la chute des cours du pétrole il y a cinq ans. Car les hydrocarbures représentent 95 % des exportations. Depuis février, le Hirak, mouvement de contestation contre la classe dirigeante, qui secoue l’Algérie chaque semaine n’arrange rien aux dires de certains. Cependant, aucun commerçant croisé à Semmar n’a voulu confirmer les chiffres. Ici, où toutes les transactions sont effectuées en espèces, on ne parle pas ouvertement de ses affaires. La résilience dont font preuve les grossistes aux tentatives désordonnées de l’administration fiscale ou de celle du ministère du commerce de mettre un peu d’ordre dans ce quartier tentaculaire, qui abriterait entre 800 et 1 200 entrepôts, est d’ailleurs légendaire. « C’est très calme », consent cependant Hamid, un grossiste en produits ménagers qui, calepin à la main, surveille le chargement de la camionnette d’un gérant d’une supérette algéroise. « Tu serais venu il y a quelques mois, tu n’aurais même pas pu mettre un pied devant l’autre. Regarde, un hangar sur trois est fermé, il y a peu de clients. » Fin avril, 3 650 entreprises du BTP ont cessé leur activité, provoquant ainsi la destruction de 275 000 emplois C’est la même atmosphère de calme qu’offre la banlieue voisine d’Aïn Naadja, et ses cités résidentielles sans âme construites par les entreprises chinoises. Ça et là, des carcasses de béton brut témoignent de chantiers à l’arrêt et jamais finies. Planté au milieu d’un terrain vague, un panneau rouillé par le temps et les éléments annonce l’édification prochaine d’une mosquée… Le secteur du bâtiment et des travaux publics subit de plein fouet les coupes drastiques dans les budgets d’équipements de l’Etat, en pleine déconfiture financière. Fin avril, 3 650 entreprises du BTP ont cessé leur activité, provoquant ainsi la destruction de 275 000 emplois, selon les chiffres avancés en septembre par l’Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). Et 175 000 autres postes pourraient disparaître dans les mois à venir. C’est le contrecoup des déficits abyssaux auxquels fait face le Trésor algérien depuis la chute des cours des hydrocarbures. Le pays ne peut couvrir ses dépenses qu’à partir d’un prix de 114 dollars le baril de brent, alors qu’il oscille actuellement autour de… 60 dollars. « En quatre mois, nous avons consommé 7,4 milliards de dollars [6,6 milliards d’euros] des réserves de change. Cela veut dire qu’en plus de consommer les recettes pétrolières, et les milliards de dinars de financement non-conventionnel [planche à billets], on a dû recourir aux réserves de change pour gérer les déficits des balances. La balance commerciale et la balance des paiements », rappelle l’économiste Smaïl Lalmas. Autrement dit, le pays a dilapidé le pécule accumulé pendant la décennie d’or (2005-2014), quand les cours des hydrocarbures étaient au plus haut. Les camions viennent de tout le pays. FETHI SARAHOUI Pour Le Monde Frein à l’investissement De 200 milliards de dollars en 2013, les réserves de change de l’Algérie ont reculé à 72,6 milliards de dollars à la fin du mois d’avril 2019. Plus de 130 milliards ont ainsi été consommés pour combler les déséquilibres de la balance commerciale et les déficits. L’hémorragie a également emporté le Fonds de régulation des recettes (FRR), un fonds souverain créé en 2000 pour gérer les excédents budgétaires liés aux exportations d’hydrocarbures. Les 55 milliards de dollars accumulés aux beaux jours ont tous été consommés ces dernières années. « Ce qui nous amène à près de 200 milliards. C’est énorme et insensé, ce sont sept années de recettes des hydrocarbures aux cours actuels ! », calcule M. Lalmas. Lire aussi Des Algériens dans la rue contre une loi sur les hydrocarbures Pour certains entrepreneurs, le mouvement de contestation n’aide pas. « “Yetnahaw gaâ” [“Ils dégagent tous”, le slogan des manifestations], c’est bien gentil. Mais on fait quoi, on les remplace par qui ? Ce n’est pas comme cela qu’un pays se gouverne », s’agace un chef d’une petite entreprise du secteur de l’immobilier (qui requiert l’anonymat). Ce n’est pas tenable. La fonction présidentielle est sacralisée et importante en Algérie, on peut le regretter, mais c’est un fait. Même avec une légitimité imparfaite, il nous faut quelqu’un qui prenne des décisions. » Tous ne partagent pas ces craintes. Et l’armée avec son obstination à ne rien concéder aux opposants, accentuerait même le marasme économique en prolongeant une crise politique pour l’instant sans issue. L’offensive judiciaire déclenchée par l’état-major contre les chefs d’entreprise liés à l’ancien président Bouteflika, les fameux « oligarques » comme Ali Haddad, un magnat du BTP, à la tête du deuxième groupe privé algérien, ou les frères Kouninef, envoyés en prison, tétanise aussi les petits patrons. « Je ne travaille qu’avec des gens que je connais depuis des années. Je ne vais pas prendre le risque de me voir, mes collaborateurs ou mes intermédiaires être inquiétés par la justice », explique le gérant d’une entreprise de travaux agricoles, un secteur qui affiche pourtant des taux de croissance annuels soutenus. « Il n’y a plus de liquidités sur le marché, plus de crédit. Les banques sont abonnées absents, poursuit-il. Les personnels des banques publiques ne veulent pas finir devant un procureur parce qu’un juge d’instruction aura mal interprété un prêt consenti à une entreprise visée par une enquête. » Dans ces rues défoncées, sans bitume, où des dizaines de camionnettes de marques chinoises slaloment entre les nids-de-poule. FETHI SARAHOUI Pour Le Monde L’insécurité juridique et l’arbitraire de l’administration refroidissent les investisseurs. « On vous dit, il faut que ce soit fait comme ça. Dans une autre ville, la même administration vous dira le contraire. Nous, on jongle, on interprète. C’est du sur-mesure. Mais mettez-vous à la place d’un investisseur étranger ? Qui va risquer son argent dans cette jungle ? », s’interroge un patron, qui accueille avec scepticisme les récentes annonces gouvernementales, dont la levée des restrictions prévues dans le cadre de la règle 49 %-51 %. Mise en place en 2009, cette règle fixe la part de participation d’un investisseur étranger dans une société de droit algérien à 49 % et oblige les grandes entreprises comme Renault ou PSA à s’allier à des groupes locaux afin de produire sur place. L’abandon de cette mesure, critiquée par les milieux d’affaires qui y voient un frein à l’investissement, ne réglera rien tant « l’écosystème dans son ensemble est nocif et anxiogène », estime ce chef d’entreprise. Un gouvernement discrédité D’ailleurs, dans le dernier classement Doing Business établi par la Banque mondiale, l’économie algérienne occupe la peu flatteuse 157e position, elle figure à la 150e pour ce qui est de la création d’entreprise, la 178e dans l’obtention de prêts, la 168e dans la protection des investisseurs minoritaires et la 112e dans l’exécution des contrats. « Un gouvernement qui est discrédité et qui n’a pas la confiance de son peuple, qui n’a pas de programme et qui n’est doté des compétences nécessaires pour faire face à la situation ne pourra jamais réussir, quel que soient les lois et quelles que soient les décisions prises », juge également l’économiste Smaïl Lalmas, qui réfute la thèse selon laquelle la crise politique serait la source de tous les ennuis de l’économie. Le marché de Semmar déborde de marchandises. FETHI SARAHOUI Pour Le Monde Le think tank Nabni, un groupe de réflexion né en 2011 de la rencontre entre chefs d’entreprise, économistes et universitaires, a lui décidé de reprendre à son compte la formule « dégagiste » – vis-à-vis du système en place – de la rue pour en faire la pierre angulaire d’un programme de sortie de crise. « Pour maintenir sa nature rentière et clientéliste, le pouvoir réduit la concurrence et l’émergence d’acteurs économiques autonomes et indépendants pouvant inquiéter les clientèles du régime et les entreprises qui lui sont liées », souligne le think tank. Pour s’en sortir, Nabni appelle donc à réduire et encadrer le contrôle du pouvoir sur l’économie et demande la « déconstruction du système ». Bref, il milite pour mettre fin aux « racines du régime autoritaire et corrompu, c’est-à-dire les mécanismes de prédation, de clientélisme, d’opacité et de répression des libertés qui le fondent ».
Dans un pays marqué par cinq ans de crise économique et le mouvement de contestation depuis février, les milieux d’affaires s’exaspèrent de l’instabilité politique et de l’insécurité juridique.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/24/en-algerie-la-lassitude-des-entrepreneurs_6016744_3234.html
mlsum-fr-4996
« En 2019, on compte plus de 1,5 million d’associations, 22 millions de bénévoles et 1,8 million de salariés. » Olivier Bonhomme La 14e édition du Forum national des associations & fondations, qui se tient le 16 octobre, sera axée sur la problématique de la santé et de l’alimentation et reviendra également sur l’innovation sociale et la transition numérique, sujets désormais récurrents. Avec 5 000 visiteurs attendus, 350 experts, 90 partenaires et exposants et 80 conférences et ateliers, l’événement ne déroge pas au rituel du rendez-vous du Palais des congrès de Paris : « A l’exception de la première manifestation, en 2005, qui avait pour cadre le Sénat, le Palais des congrès est devenu notre point de ralliement naturel avec les dirigeants et responsables associatifs, rappelle Sophie Rouxel, commissaire générale du forum. « La grande force du forum est d’avoir des partenaires actifs et fidèles qui permettent de réunir sur un même lieu et en un jour des experts afin que les dirigeants d’association trouvent des solutions pour la gouvernance et le pilotage de leur organisation. » Alors que, en 2019, on compte plus de 1,5 million d’associations, 22 millions de bénévoles et 1,8 million de salariés, le principe de l’association traduit au plus près les préoccupations et les attentes des citoyens dans leur vie de tous les jours. Elles sont le reflet de la société – parfois même anticipatrices –, « font remonter les problèmes et trouvent des solutions », souligne Christophe Itier, haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale. Et de rappeler le rôle capital et pionnier de certaines d’entre elles dans des domaines aussi divers que la grande solidarité avec Emmaüs ou les Restos du cœur, la prévention avec Act Up, l’humanitaire avec la Croix-Rouge ou encore le handicap avec les Papillons blancs ou l’Association France Handicap (APF). Renouveau de la démocratie Selon Christophe Itier, elles sont « à la fois de véritables chevaux de Troie qui font bouger les lignes des politiques publiques, et les actrices de la politique du dernier kilomètre au plus près des besoins des citoyens ». Ainsi, l’essor des associations sur l’écologie émerge au début des années 1970 et recouvre une grande variété de structures tant sur le fond que sur la forme de leurs actions. Ce rôle de vigie de la société civile tenu par l’association est développé dans le livre Réinventer l’association (Desclée de Brouwer, 240 p., 16 €), de Jean-Louis Laville, titulaire de la chaire d’économie solidaire, chercheur au LISE (CNRS-CNAM). Ce dernier replace l’association comme élément de renouveau de la démocratie pour combattre « les dégradations écologiques qui atteignent un niveau inédit et les problèmes sociaux qui restent le scandale des sociétés actuelles ».
La 14e édition du Forum national des associations et des fondations rappelle l’importance du maillage associatif français qui, bien que disparate, garantit l’expression et la vitalité démocratique de la société.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/15/les-associations-relais-sociaux-indispensables_6015582_3234.html
mlsum-fr-4997
storique. Les Maldiviens ne se lassent pas du spectacle. Jeté au-dessus de l’océan Indien, l’ouvrage de béton et de bitume est immense : quatre voies longues de 2,1 km pour les voitures, deux autres pour les piétons, une vingtaine de piliers massifs sur lesquels les vagues viennent se fracasser… En fin d’après-midi, lorsque la chaleur retombe, ils viennent en groupes s’installer sur les gradins érigés à l’entrée du pont, profiter du réseau Wi-Fi ou siroter une boisson non alcoolisée – l’islam est la religion d’Etat, et l’alcool illégal –, admirer les avions qui décollent en frôlant l’édifice ou, tout simplement, attendre la nuit, le regard parcourant l’océan. Difficile d’ignorer à qui l’archipel doit ce Sinamalé Bridge, ou « pont de l’Amitié Chine-Maldives » : l’inscription trône en lettres lumineuses et en trois langues – mandarin, anglais et divehi – sur la porte d’entrée de l’édifice, une imposante arche bleue et blanche à l’architecture d’inspiration islamique. Sur la jetée, des pancartes jaunies et maltraitées par le vent font l’apologie – en mandarin et en anglais seulement – des travaux titanesques entrepris par Pékin aux Maldives. Ici, un programme de logements sociaux ; là, une nouvelle île gagnée sur les eaux. Une carte du monde vient aussi rappeler que les Maldives sont une pièce essentielle des « nouvelles routes de la soie », une étape incontournable de la liaison maritime que la Chine s’emploie à établir avec l’Europe. Même si, finalement, il est surtout question du pont, des exploits des ouvriers et des prouesses techniques des ingénieurs. A l’exception de quelques surfeurs qui ont vu leur spot favori dénaturé, on chercherait en vain, ici, un badaud pour critiquer ce monstre de béton. Ce pont est le premier, et l’unique, que compte l’archipel, cette myriade d’atolls et de lagons qui s’étend, océan compris, sur presque 90 000 km2, pour environ 420 000 habitants. Les touristes qui affectionnent le pays connaissent surtout les îles-hôtels de luxe construites à l’écart de la population, où ils paient plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’euros par nuit pour admirer les eaux turquoise et les récifs coralliens. Le pont de l’Amitié Chine-Maldives, une révolution Ce pont, la plupart des visiteurs étrangers ne l’emprunteront jamais. Ils rejoindront directement leur « resort » depuis l’aéroport, en bateau à moteur ou en hydravion. Pour les 153 000 habitants de Malé, l’étouffante et minuscule capitale des Maldives, et d’Hulhumalé, l’île artificielle abritant sa « banlieue », cet ouvrage est en revanche une révolution. Il y a encore un an, il fallait emprunter un ferry hors d’âge pour se rendre de l’une à l’autre. Désormais, il suffit de monter dans un des bus climatisés à deux étages, de marque chinoise, où l’on paie son trajet avec un système de carte magnétique dernier cri, ou de prendre un taxi pour la somme fixe de 100 rufiyaas (5,70 euros).
En 2013, Pékin a pris pied dans la république de l’océan Indien, créant des infrastructures démesurées, éclipsant New Delhi et générant une dette colossale. Mais depuis l’élection de 2018, Malé se détourne des appétits de la Chine, au profit de l’Inde, son allié historique.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/09/ping-pong-diplomatique-aux-maldives_5498042_3210.html
mlsum-fr-4998
« Marie-Antoinette en veuve, au Temple », d’Alexandre Kucharski (vers 1815). Musée Carnavalet, Paris. Philippe Lissac/Godong/Photononstop « Le Corps de la reine. Engendrer le prince », d’Isabelle de Hainaut à Marie-Amélie de Bourbon-Sicile, de Stanis Perez, Perrin, 472 p., 25 €. L’historien Stanis Perez poursuit son enquête sur l’incarnation de la monarchie française. Après Le Corps du roi (Perrin, 2018), voici Le Corps de la reine, volet complémentaire, attendu et tout à fait stimulant. Si le corps du roi, incarnation de l’Etat, est la plus puissante expression de la continuité du pouvoir, celui de la reine est d’abord l’instrument d’une fécondité : il « produit » la descendance ; la survie d’une dynastie passe avant tout par cet engendrement multiple et légitime d’un couple dûment marié. La loi salique imposait de concevoir un maximum d’enfants pour être certain de disposer d’un héritier mâle le jour de la mort du roi, meilleur moyen d’éviter le fractionnement du domaine. Sans oublier un autre atout essentiel de ce corps féminin procréateur : pouvoir disposer également de filles en bonne santé à marier aux quatre coins du continent afin de négocier des alliances avec les royaumes voisins, amis ou ennemis – ce grand marchandage des princesses de l’ancienne Europe. La place de l’organe de procréation Avec une constante ambition synthétique, Stanis Perez montre bien la place de l’organe de procréation dans toutes les représentations de la reine et dans l’ensemble des rites qui fondent son existence, qu’elle soit quotidienne ou rendue publique par l’étiquette de cour. Cependant, l’enquête souligne également les évolutions du corps de la reine de France, en fonction des contextes et surtout des personnalités de ces princesses, pour la plupart d’origine étrangère, d’Isabeau de Bavière, à la fin du ­XIVe siècle, à Marie-Antoinette, en passant par Marie de Médicis, Anne d’Autriche ou Marie Leszczynska de Pologne. Et il apparaît vite qu’une reine de France ne se réduit pas à un organe reproducteur. Les « gilets jaunes » auraient en commun d’être des « entravés », dont la mobilité spatiale ne recoupe plus aucune mobilité sociale Car le féminin s’invente un pouvoir monarchique, parfois politique dans le cas de ruptures historiques (régence en 1610 pour Marie de Médicis, ou Révolution de 1789 pour Marie-Antoinette), le plus souvent courtisan – la Maison de la reine emploie des dizaines de « demoiselles aristocratiques », véritable Etat féminin dans l’Etat masculin –, ou encore artistique et culturel. La reine peut légitimement revendiquer la haute main sur l’art, par ses images, ses goûts et les moyens dont elle dispose. Elle devient en quelque sorte le « ministre de la beauté », ce qui est essentiel dans une monarchie française d’apparat et de prestige culturel.
L’historien enquête sur l’incarnation de la monarchie française : après les rois, voici les reines de France, qui inventent l’exercice du pouvoir féminin.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/01/le-corps-de-la-reine-de-stanis-perez-six-siecles-d-epouses-royales-entre-rites-et-fantasmes_5505204_3260.html
mlsum-fr-4999
Une publicité pour Huawei au Caire, en Egypte, en août 2016. Amr Abdallah Dalsh / REUTERS Chronique. Chassé des Etats-Unis, où Donald Trump l’a placé sur la liste noire des entreprises mettant en danger la sécurité nationale, Huawei a trouvé en Afrique une terre d’accueil plus conciliante. Le géant chinois des télécoms vient ainsi de prolonger pour trois ans sa coopération avec l’Union africaine (UA), faisant de la marque au lotus rouge le partenaire principal de l’Afrique dans le domaine des nouvelles technologies et des télécoms. Un accord surprenant, si l’on tient compte de deux éléments essentiels. D’abord la fragilité de Huawei, qui va devoir continuer ses opérations sans l’aide des sociétés américaines, qui n’ont plus le droit de lui fournir des composants et des applications comme celles proposées par Google sur les téléphones portables. L’entreprise se Shenzhen cherche des alternatives, mais pour l’instant, les utilisateurs de Huawei devront se passer du célèbre système Android. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Chine se prépare à une longue guerre froide technologique Le deuxième élément touche à la sécurité des serveurs de l’UA. Quand Le Monde avait révélé, en 2018, que le siège de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba avait pu être espionné par la Chine entre 2012 et 2017, l’intégralité du contenu des serveurs étant transféré à Shanghai, les regards se sont immédiatement tournés vers Huawei, dont les ingénieurs ont construit une partie des installations et du réseau de communication de l’UA. L’entreprise a toujours démenti ces accusations, affirmant que ses équipes n’ont pas accès au « data center » de l’UA et assurant qu’elle fournit des équipements aux « normes irréprochables ». Rien ne permet de mettre directement en cause l’entreprise, mais Washington s’est appuyé en partie sur ces accusations pour bannir Huawei de ses marchés nationaux. Intelligence artificielle et vidéosurveillance L’UA ne semble en revanche pas douter de l’innocence du groupe chinois, puisque le protocole d’accord qui vient d’être signé place Huawei au cœur des nouveaux systèmes d’information et de communication en Afrique. Philippe Wang, le patron de Huawei en Afrique du Nord, espère que cet accord mettra un terme aux « rumeurs » d’espionnage et fera de Huawei « un partenaire stratégique » de l’Afrique. Contrairement aux Etats-Unis, la grande majorité des Etats africains ont pris fait et cause pour la Chine. Huawei est installé depuis vingt ans en Afrique. Il a installé plus de 70 % des capacités 3G et 4G du continent dans 36 pays via une cinquantaine d’opérateurs. La poursuite de la collaboration de Huawei avec l’UA pour trois ans devrait permettre d’accélérer le processus de numérisation de l’économie africaine, notamment dans le secteur stratégique de la 5G et de l’intelligence artificielle. Lire aussi 6 questions pour comprendre les accusations d’espionnage contre Huawei Dans ce domaine, Huawei est déjà largement présent en Afrique, non seulement dans les télécoms mais aussi dans les réseaux fibrés et la vidéosurveillance. Des caméras pilotées par les serveurs de Huawei sont installées en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud, au Zimbabwe et au Kenya. Le système est le plus souvent couplé à des réseaux d’identification numérique gérés là encore par la marque au lotus. Rien évidemment ne peut permettre d’assurer que les données qui transitent via les serveurs de l’entreprise seront surveillées en dehors des réglementations locales africaines, mais les questions de cybersécurité doivent être prises au sérieux. La souveraineté numérique des pays africains est à ce prix. Avec un budget de 10 millions de dollars (environ 9 millions d’euros) alloué à l’informatique, la cybersécurité de l’UA est une passoire qui ne compte que sur le soutien financier de la Banque mondiale et sur les technologies chinoises pour fonctionner. La Chine experte dans le filtrage d’Internet Mais les citoyens africains ont d’autres raisons de s’inquiéter, car l’espionnage n’est pas le seul danger qui pèse sur les réseaux. Il faut également prendre en compte la liberté de l’information et, dans ce domaine aussi, la Chine apporte son expertise et ses capacités de contrôle des réseaux. Le pays commémore cette semaine le 30e anniversaire du massacre de Tiananmen. Or, dans les médias chinois contrôlés par l’Etat comme sur Internet, rien ne filtre sur les milliers de morts du 4 juin 1989. La Chine est experte dans le filtrage d’Internet. Certains pays africains pourraient avoir la tentation de faire de même. Rien qu’en avril, cinq pays ont temporairement coupé l’accès à Internet. Il s’agit du Zimbabwe, du Cameroun, de la République démocratique du Congo (RDC), du Soudan et du Gabon. Pékin pourrait aussi être tenté de contrôler ce que les réseaux africains disent d’elle. Récemment, un producteur français nous racontait que son documentaire consacré au Prix Nobel de la paix Liu Xiaobo (mort en 2017), qui revient largement sur les événements du 4 juin, a été refusé par toutes les télévisions africaines par peur de froisser la Chine. Le contrôle de l’information, sur Internet comme dans les médias traditionnels, est un enjeu majeur de cette révolution numérique qui se joue en ce moment en Afrique. Des entreprises aussi puissantes que Huawei ne doivent pas seulement fournir des équipements de qualité à des prix bas, mais aussi la garantie que ces technologies seront utilisées librement et sans risque d’être surveillées. Une gageure sans doute. Un accès insuffisant à l’Internet mobile L’Afrique est le continent le moins avancé en termes de nouvelles technologies et la Chine a pris une sérieuse longueur d’avance dans le développement des réseaux numériques. S’il n’est pas question pour l’Afrique de prendre position dans la guerre commerciale qui oppose Pékin et Washington, elle ne doit pas non plus écarter les risques d’avoir un monopole chinois dans ce secteur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Non, Huawei n’est pas une entreprise comme les autres » La réponse doit venir à la fois des législateurs africains et des partenaires étrangers. Nokia, Ericsson, Samsung, Cisco… Eux aussi doivent proposer au continent des solutions clés en main pour l’accès à l’Internet fixe et mobile à des tarifs adaptés aux marchés locaux. Les premiers réseaux 5G sont déjà testés en Afrique du Sud, au Lesotho et en Algérie, mais la route est encore longue. En Afrique subsaharienne, seulement 21 % de la population est couverte par un réseau télécoms connecté, et l’accès reste parmi les plus chers au monde. Dans la guerre froide du numérique qui oppose la Chine et les Etats-Unis, l’Afrique doit faire les bons choix. Sébastien Le Belzic est installé en Chine depuis 2007. Il dirige le site Chinafrica.info, un magazine sur la Chinafrique et les économies émergentes.
Alors que Huawei a été banni des Etats-Unis, l’Union africaine a prolongé de trois ans son contrat avec le géant chinois des télécoms, observe notre chroniqueur.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/03/dans-la-guerre-du-numerique-qui-oppose-pekin-et-washington-l-afrique-doit-faire-les-bons-choix_5470982_3212.html
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Un vaccin dans un hôpital de Seattle en mars. LINDSEY WASSON / REUTERS Au cours des six premiers mois de 2019, 89 994 cas de rougeole ont été recensés en Europe, soit plus qu’au cours de 2018, où l’on dénombrait 84 462 cas. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde, jeudi 29 août, en indiquant que la région Europe – qui compte 53 Etats dans la définition de l’OMS – perd du terrain dans les efforts visant à éliminer cette maladie très contagieuse. Le nombre de pays ayant éliminé de manière durable la rougeole a en effet régressé. Quatre pays européens – Royaume-Uni, Grèce, Albanie et République tchèque – ne sont désormais plus considérés comme débarrassés de cette infection pour la prévention de laquelle existe un vaccin efficace et peu onéreux. Lire aussi Les cas de rougeole ont bondi de 300 % dans le monde au premier trimestre 2019 « La reprise de la transmission de la rougeole est préoccupante. Si l’on ne parvient pas à une couverture vaccinale élevée et durable dans chaque communauté, tant les enfants que les adultes en pâtiront inutilement et pour certains auront une mort tragique », a averti Günter Pfaff, président de la Commission régionale de vérification de l’élimination de la rougeole et de la rubéole. Endémique en France Au cours du premier semestre, 37 décès dus à la rougeole ont été comptabilisés dans la région Europe. En 2018, ce nombre s’élevait à 74. L’élimination est définie comme l’absence de transmission continue pendant douze mois. Trente-cinq des 53 Etats de la région Europe ont réussi à atteindre cet objectif. Entre le 1er janvier 2018 et le 30 juin 2019, 49 pays des 53 de la région ont notifié 174 000 cas et plus de 1 090 décès. Sans surprise, les pays où la rougeole est éliminée possèdent une couverture vaccinale élevée, à l’inverse de ceux qui sont les plus atteints. Au niveau mondial, le taux de 95 % de vaccination de la population est recommandé. Ce taux devrait remonter, en dépit de l’action de mouvements antivaccins, notamment avec l’inclusion du vaccin contre la rougeole dans la liste des vaccinations obligatoires pour les enfants, comme c’est le cas depuis le 1er janvier 2018 en France. Mais le cas du Royaume-Uni, ainsi que les poussées de la maladie ailleurs dans le monde, comme aux Etats-Unis, montrent que les pays pâtissant de systèmes de santé faibles ne sont pas les seuls concernés. L’Europe fait partie des régions où l’augmentation du nombre de cas est la plus importante. La maladie est d’ailleurs considérée comme endémique en France et dans onze autres pays européens, dont l’Allemagne. « Défis » Au 21 août, la France comptait pas moins de 2 381 cas depuis le début de l’année (contre 2 671 sur la même période de 2018), selon Santé publique France, qui précise que le pic épidémique est passé et que le nombre de cas diminue. L’élimination est confirmée pour l’Autriche, le Danemark, la Hongrie ou la Suisse. Quatre foyers de contagion prédominaient en Europe ces six premiers mois de 2019 et concentrent 78 % des cas recensés en Europe : l’Ukraine, le Kazakhstan (10 %), la Géorgie (4 %) et la Russie (3 %). « Les gros efforts afin de contrôler cette maladie hautement contagieuse nous ont fait faire de grands pas vers son élimination régionale, souligne Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de la région Europe de l’OMS. C’est le moment et une occasion de s’attaquer aux défis en matière de système de santé, de déterminants sociaux et sociétaux qui ont permis à ce virus de persister dans cette région. » « Je pense que c’est un signal d’alarme pour le monde entier : il ne suffit pas de parvenir à une couverture vaccinale élevée, il faut le faire dans chaque communauté et dans chaque foyer », estime Kate O’Brien, directrice du département vaccination à l’OMS.
L’OMS fait état de 89 994 cas dans 48 Etats européens au premier semestre 2019, plus du double par rapport à la même période de l’an dernier.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/08/29/flambee-de-rougeole-en-europe-ou-elle-ressurgit-dans-quatre-pays-dont-le-royaume-uni_5504009_1651302.html