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mlsum-fr-201
Il n’existe sûrement pas beaucoup d’émissions de radio aussi peu écoutées qui ont eu un tel retentissement politique et médiatique. Le soir du 28 juin 1979, le parti socialiste (PS), dirigé par François Mitterrand, brave la loi. Depuis son ancien siège, sis au 12, cité Malesherbes, à Paris, il diffuse sur la bande FM une émission « pirate » émanant d’une station éphémère baptisée « Radio Riposte » Cette décision combative a été prise quatre jours auparavant lors d’une convention nationale extraordinaire. Le secrétaire national au projet socialiste et aux études, Jean-Pierre Chevènement, qui s’est rallié à François Mitterrand au congrès de Metz d’avril, explique alors vouloir « attirer l’attention de l’opinion publique sur la situation scandaleuse de l’information audiovisuelle dans notre pays ». En cette fin des années 1970, la loi réserve en effet à l’Etat le monopole de la diffusion audiovisuelle, mais les moyens techniques permettent désormais de contourner cet interdit : les antennes et les émetteurs mobiles ouvrent la voie aux « radios libres », qui se heurtent à la répression et au brouillage par les autorités. En Lorraine, au mois de mars, a ainsi été lancée, avec le soutien de la CGT, Lorraine Cœur d’Acier. Cette radio, destinée à soutenir la lutte des sidérurgistes qui s’inquiètent de la disparition de cette industrie, émet jusqu’en juillet 1980. D’ailleurs, ce fameux 28 juin, Radio Riposte décide d’intégrer un duplex avec cette sœur de lutte. Est aussi prévue une table ronde dénonçant le projet de loi du ministre de l’intérieur Christian Bonnet sur l’immigration, qui restreint l’accès des étrangers au territoire français. Les forces de l’ordre délogent les responsables socialistes Mais, au bout de dix minutes, le brouillage vient tout perturber. Les forces de l’ordre interviennent et délogent sans ménagement, devant les caméras de télévision, les responsables socialistes, notamment Laurent Fabius, Paul Quilès, Lionel Jospin et Georges Sarre. Les autorités pensent peut-être trouver François Mitterrand, interviewé par Radio Riposte, mais son intervention a été enregistrée, tout comme l’ensemble du programme, du reste. Depuis Bruxelles, François Mitterrand dénonce la répression policière. La polémique se poursuit jusqu’à l’été, avec l’inculpation du numéro un du PS et de Laurent Fabius. Deux ans plus tard, en 1981, la victoire de la gauche à la présidentielle ouvre la voie à la légalisation des radios libres et au bouleversement du paysage audiovisuel français.
En 1979, avant la libéralisation des ondes, la police brouillait « Radio Riposte », émission créée par le PS pour attirer l’attention sur la situation de l’information audiovisuelle en France.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/12/la-redecouverte-miraculeuse-des-bandes-son-de-la-radio-pirate-de-francois-mitterrand_5488425_3232.html
mlsum-fr-202
IRM cérébrale. ANDREWBROOKES / CULTURA CREATIVE / AFP « Ce n’est pas moi, c’est mon cerveau ! » Depuis quelques années, ce singulier plaidoyer retentit dans les prétoires. Avec un enjeu capital, au sens propre du terme. Brandi par la défense, l’argument a déjà sauvé la tête de personnes accusées de crimes violents, aux Etats-Unis. A l’inverse, il lui est arrivé d’alourdir des peines d’emprisonnement. Une arme à double tranchant. Imaginez : un homme est accusé d’un meurtre avec préméditation. L’examen de son cerveau révèle, grâce à l’imagerie cérébrale, une variation de la « norme », en matière d’anatomie ou de fonctionnement. La découverte soulève un flot de questions, mêlant neurosciences et psychiatrie, philosophie et éthique. Qu’est-ce que « la norme », en matière de santé ou de psyché humaine ? Vieux serpent de mer. Et puis, ces « déviations de la norme », dans le cerveau d’un criminel, peuvent-elles influencer le verdict ? Si oui, dans quel sens ? Pour atténuer la responsabilité de l’accusé ? Ou pour souligner sa dangerosité ? L’étude publiée le 5 juillet, dans la revue Brain Imaging and Behavior, offre un nouvel éclairage sur ces questions sensibles. « Pour la première fois, [nous montrons] l’existence d’anomalies cérébrales qui distinguent les meurtriers des auteurs d’agressions violentes ou d’actes antisociaux non violents », résument les auteurs, des chercheurs de l’université d’Albuquerque (Nouveau-Mexique), ainsi que le professeur Jean Decety, de l’université de Chicago (Illinois). Ce travail a été mené aux Etats-Unis dans des prisons du Nouveau-Mexique et du Wisconsin. Après avoir obtenu l’autorisation des gouverneurs de ces Etats et le consentement écrit de chaque participant, les auteurs ont examiné les cerveaux de 808 détenus, à l’aide d’un appareil mobile d’imagerie par résonance magnétique (IRM) anatomique. Régulation des émotions Ils ont comparé trois groupes d’hommes, âgés en moyenne de 33 à 34 ans. Parmi eux, 203 avaient perpétré un homicide ; 475 avaient commis d’autres actes violents (coups et blessures volontaires, vols à main armée, violences domestiques, kidnapping…) ; et 130 étaient les auteurs de délits (possession ou trafic de drogue, conduite sous l’emprise d’alcool ou de drogues, trafic d’armes, possession de matériels pédopornographiques, fraudes, vols, proxénétisme…). Verdict : le cerveau des auteurs d’homicides, comparés à ceux des deux autres groupes, présentaient des déficits notables en « matière grise » (un tissu cérébral riche en neurones). Cela, dans de nombreuses régions du cortex qui jouent un rôle clé dans la prise de décision, le contrôle du comportement, la régulation des émotions et l’inhibition des réactions impulsives. Les deux autres groupes de détenus ne présentaient pas de différences entre eux.
Une étude en imagerie chez des détenus suggère un déficit de matière grise dans le cerveau des auteurs d’homicide. Des résultats à interpréter avec précaution.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/17/le-cerveau-des-meurtriers-sous-la-loupe-des-neurosciences_5490146_1650684.html
mlsum-fr-203
Dans une lettre adressée au bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris, dont dépend Me Eric Dupond-Moretti, Wojciech Janowski conteste avoir donné mandat à son avocat pour plaider coupable au procès de l’affaire Pastor, en octobre 2018. Le gendre de la milliardaire monégasque demande également la rétrocession partielle des honoraires versés à Me Dupond-Moretti – il évoque un virement bancaire de 215 000 euros – au motif que son avocat ne lui aurait rendu visite que deux fois pendant les cinq années de détention provisoire qui ont précédé son procès. Le 16 octobre 2018, au terme d’une audience de cinq semaines pendant lesquelles Wojciech Janowski n’avait cessé de clamer son innocence dans les deux crimes qui lui sont reprochés – la commandite de l’assassinat de sa belle-mère monégasque Hélène Pastor et celle de son chauffeur et majordome Mohamed Darwich à la sortie de l’hôpital de Nice le 6 mai 2014 –, Me Dupond-Moretti avait créé la surprise en ouvrant sa plaidoirie par ces mots : « Wojciech Janowski est coupable d’avoir commandité l’assassinat d’Hélène Pastor. J’entends vous dire pourquoi ces mots que vous attendiez de lui sortent de ma bouche. Wojciech Janowski a voulu s’expliquer mais il n’a pas été entendu. » « Ma seule motivation, c’était l’amour pour ma femme » Contrairement à ce qu’il avait initialement soutenu, l’avocat avait ensuite repris, pour les valider, à la fois les aveux passés par son client en garde à vue – dont l’enregistrement avait été diffusé dans la salle d’audience – et les explications alors données par Wojciech Janowski à cette commandite : la souffrance de sa compagne, Sylvia Ratkowski, face au harcèlement permanent de sa mère, Hélène Pastor, le cancer « lié au stress » que cette tension quotidienne aurait entraîné chez elle, et la volonté de « sauver » sa famille en « réglant le problème de sa belle-mère ». « Ma seule motivation, c’était l’amour pour ma femme et la souffrance de mes enfants », avait-il déclaré. « Voilà le mobile, voilà le crime de Wojciech Janowski ! La belle-mère, oui, sans équivoque, avait poursuivi Me Dupond-Moretti. Mohamed Darwich, non. Je vous demande de condamner Wojciech Janowski pour l’assassinat de sa belle-mère et de l’acquitter pour celui de Mohamed Darwich. » Le lendemain, juste avant que la cour ne se retire pour délibérer, l’accusé avait présenté ses « excuses » à sa compagne de vingt-cinq ans, à la fille de celle-ci, Olivia, et à leur fille commune, Lara. L’aveu partiel formulé par la bouche de Me Dupond-Moretti n’avait pas convaincu la cour et les jurés d’Aix-en-Provence qui ont condamné Wojciech Janowski à la réclusion criminelle à perpétuité pour les deux assassinats. Le gendre d’Hélène Pastor avait aussitôt interjeté appel de cette condamnation. Il a, depuis, changé de conseil et a fait appel à Me Jean-Jacques Campana, du barreau de Marseille.
Le gendre de la milliardaire monégasque assassinée, qui a fait appel de sa condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, a déposé une demande de mise en liberté.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/29/wojciech-janowski-conteste-avoir-donne-mandat-a-me-dupond-moretti-pour-plaider-coupable-au-proces-pastor_5494541_3224.html
mlsum-fr-204
L’IGPN a été saisie à la suite de la mort d’un homme de 52 ans, victime d’un arrêt cardiaque alors qu’il était expulsé avec sa famille de leur logement dans la cité HLM de Bellevue à Chambéry, a déclaré, jeudi 4 juillet, le parquet. Des policiers du commissariat de Chambéry sont venus mercredi assister l’huissier dans l’expulsion de cette famille qui ne payait pas son loyer, en application d’une décision de justice, a expliqué à l’Agence France-Presse le procureur de la République Thierry Dran, confirmant une information du Dauphiné libéré. Deux tentatives d’expulsion Il y avait déjà eu « deux vaines tentatives » d’expulsion les 3 et 14 juin, en vertu d’une décision judiciaire d’octobre dernier, a précisé le parquet de Chambéry jeudi soir. La famille occupait l’appartement « sans droit ni titre » depuis de nombreux mois, souligne le communiqué, et le père de famille « avait refusé toutes les propositions de logement qui lui avaient été faites depuis son arrivée à Chambéry au mois d’août 2017, choisissant de s’installer dans cet appartement inoccupé ». « Il avait également refusé l’aide des services sociaux et la famille était suivie par le juge des enfants de Chambéry. Il s’était déjà montré menaçant à plusieurs reprises envers le personnel du bailleur social et des travailleurs sociaux », insiste le parquet. Le père de famille a refusé d’obtempérer, s’est énervé, a commencé à insulter les fonctionnaires qui ont dû appeler des renforts, a affirmé M. Dran. Quand les policiers arrivent, « aucun incident n’est à déplorer » avec l’épouse. Mais Lakhdar B. se présente ensuite, « très énervé », « se montre insultant et menaçant envers l’huissier », et « se blesse en brisant une vitre », précise, en effet, le communiqué du parquet de Chambéry. Les policiers ont alors traîné l’homme, victime d’un malaise, jusqu’à la voiture. Il était en arrêt cardio-respiratoire à l’arrivée des pompiers, peu après 15 heures et est décédé peu après. Les inspecteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) étaient attendus sur place jeudi matin, a fait savoir M. Dran, qui a ouvert une enquête déterminer les causes de la mort. De lourds antécédents cardiaques Des témoins ont fait état d’une scène assez violente. Simone, 88 ans, la voisine du rez-de-chaussée dans ce petit immeuble qui compte sept appartements, a dit à l’AFP « avoir encore dans les oreilles les cris abominables » du père de famille et de la plus jeune de ses filles lors de la scène. Elle a également confirmé avoir croisé la mère de famille l’an dernier, qui lui avait dit que son mari était à l’hôpital, pour un problème cardiaque et qu’il était « très malade ». Selon elle, le dernier enfant de la famille est actuellement en couveuse à l’hôpital. Un voisin interrogé par Le Parisien assure, de son côté, que la victime « a dit qu’il ne se sentait pas bien » pendant l’expulsion. Selon le journal, des témoins rapportent que le père de famille a été traîné de force dans l’escalier, et qu’il avait déjà mentionné « porter un pacemaker » lors de deux précédentes expulsions. Un autre voisin a expliqué avoir prévenu les policiers que l’homme « avait déjà fait des crises cardiaques ». Une autopsie devait être réalisée dans la journée, selon M. Dran.
Le père de famille a succombé à une crise cardiaque durant cette intervention policière que des témoins ont trouvée « assez violente ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/04/l-igpn-saisie-a-la-suite-de-la-mort-d-un-homme-lors-d-une-expulsion-en-savoie_5485356_3224.html
mlsum-fr-205
MAÏA MAZAURETTE LE SEXE SELON MAÏA Actifs, passifs : comment se fait-il que notre vocabulaire sexuel ressemble à celui de la finance ? Comment se fait-il que « recevoir » implique une passivité, alors même qu’à l’école, on demande aux apprenants de recevoir activement le savoir dispensé par leurs professeurs ? « Faisons l’amour », synonyme de « je vais te faire l’amour »… c’est bizarre, non ? Bon. Au risque de démolir quelques millénaires de vision phallocentrée de la sexualité : pénétrer un/e partenaire n’est pas une position plus active que recevoir dans son corps un pénis (ou un doigt, ou un sextoy, ou une banane plantain). En l’occurrence, la « réceptivité » ne manque pas de complexité. Selon sa sensibilité, on peut percevoir la pénétration comme celle d’un organe de 13 cm, ou d’une personne d’1,83 m. Qu’est-ce qui entre en nous, précisément ? Des corps caverneux recouverts d’une membrane de latex, des sentiments, de la routine, une possible grossesse ? Perçoit-on la pénétration comme quelque chose qui va « rester » (« la semence est un déchet qui souille à tout jamais ses destinataires »), ou comme un état purement transitoire (« si on appelle ça des va-et-vient, c’est que ça s’en va ») ? La personne réceptrice reconnaît et gère ses signes d’excitation et de lubrification (le plus souvent, c’est elle qui s’occupe du lubrifiant). Si cette personne est une femme, elle est généralement en charge de la contraception. Pendant la phase d’intromission, il/elle maîtrise ses muscles vaginaux ou rectaux. Pendant la pénétration, il/elle peut modifier sa position pour limiter ou augmenter la profondeur des mouvements, il/elle utilise des techniques pour faciliter le plaisir (en se masturbant, en alignant son clitoris sur la base du pénis, etc.). Avec un périnée fonctionnel, on peut accélérer ou décélérer les orgasmes. Cette personne « passive » maîtrise ses fantasmes, sa concentration, son éventuelle simulation. Elle verbalise, suggère et communique. Elle participe aux baisers, caresses, stimulations des zones érogènes primaires ou secondaires, sur son corps ou le corps de ses partenaires… oh, et bien sûr, il/elle règle le niveau de vibration de son sextoy ! Ces compétences sont nombreuses, cruciales… et complètement zappées par l’imaginaire collectif. On les reconnaît seulement dans le cas de pratiques perçues comme extrêmes : la gorge profonde et le fist-fucking. Même dans le cas d’une pratique statistiquement douloureuse comme la sodomie hétérosexuelle (72 % des femmes ont mal, selon le Journal of Sex Medicine en 2015), on persiste à mettre l’homme aux responsabilités… tandis qu’aux femmes, on conseille de « se détendre » (avec des conseils pareils, on n’a pas besoin d’ennemis). « Lâcher prise », conseil couteau suisse En l’occurrence, recevoir une sodomie exige au moins autant de connaissances que la dispenser – sans même parler de l’importance de l’auto-exploration et de l’expérience. Outre la combinaison avec une stimulation clitoridienne (ça excite, ça distrait), la musculature entre en jeu. Le sphincter anal externe peut se contrôler : outre se détendre et se crisper, nous pouvons pousser pour faciliter une pénétration (le lien avec la défécation nous empêche d’en parler avec simplicité – pourtant, de même que nos mains peuvent jouer du piano et arroser un ficus, la zone anale est multitâche). (Soit dit en passant, ce conseil consistant à « lâcher prise » fait office de couteau suisse pour disqualifier les problèmes des femmes. Qu’on parle de rapports vaginaux, de charge mentale ou d’anorgasmie : quand on vous demande de penser « moins », mieux vaut y réfléchir à deux fois.) Bien sûr, pénétrer avec un pénis demande également des compétences (obtenir et maintenir une érection, percevoir quelle intensité et quelle profondeur sont souhaitables, poser un préservatif, se retirer avec élégance, etc.). Mais posséder un pénis ou une banane plantain ne demande pas plus de savoirs, ces organes ne sont pas plus complexes, la responsabilité sexuelle ne vous échoit pas naturellement (quoique dans le cas de la banane plantain, des savoirs sur la cuisine créole puissent se révéler utiles). Prétendre que certaines personnes seraient passives n’est qu’un moyen (grossier) de s’arroger le droit à disposer de leur corps. Nous sommes en 2019. Ça n’est pas acceptable. Il est plus que temps d’établir une cohérence entre nos actions, notre vocabulaire et notre système de représentations : le simple fait que nous parlions de « partenaires » implique une coopération. Tant mieux, parce que c’est exactement de cette manière que nous pourrons proposer une alternative aux rapports de domination qui constituent le socle de notre culture sexuelle (toute pénétration ne constitue pas une domination : c’est un pénis, pas un marteau, encore moins une férule papale). Si la coopération remplaçait le schéma pénétrant/pénétré, dominant/dominé, actif/passif, deux des frustrations les plus couramment répandues chez les hommes s’effaceraient : les partenaires inertes qualifiées d’« étoiles de mer », et le sentiment de devoir systématiquement prendre l’initiative (sentiment justifié puisque effectivement, 44 % des femmes ne prennent que rarement, ou jamais, l’initiative des rapports sexuels – selon les chiffres de l’Ipsos en 2014). En outre, en disposant d’un système mental leur permettant de développer leurs compétences, les personnes « réceptrices » amélioreraient leur expérience du sexe. Car si les prétendues passives (et prétendus passifs) se voyaient reconnaître le contrôle qu’elles/ils exercent sur leur réceptivité sexuelle, alors elles/ils auraient les moyens de rendre les rapports moins douloureux. Et ce n’est pas une mince affaire, quand on sait que 30 % des femmes ont eu mal pendant leur dernier rapport vaginal (Journal of Sex Medicine, 2015). « Partage de compétences » Bien sûr, les problèmes médicaux existent, les partenaires brutaux existent. Il n’est pas question d’accabler les personnes en souffrance à coups de résilience bon marché (« il suffit de traverser la rue pour trouver un job, et de maîtriser son périnée pour supporter un amant bourrin »). Mais quoi qu’en disent les partisans de l’omerta sexuelle, la transmission de connaissances et le sentiment d’avoir prise sur son environnement ne peuvent pas faire de mal (jamais). Et surtout, psychologiquement, ce « partage de compétences » change tout. En tant que femme, l’assignation à la passivité est incompatible avec mon caractère, ma dignité, et évidemment, ma libido. A quoi bon s’investir dans sa vie sexuelle, si c’est pour être reléguée au second rôle ? Si notre vocabulaire me coupe de ma créativité, de mon émancipation, de ma participation ? (Les étoiles de mer épanouies ont toute ma bienveillance, mais personnellement, je préfère me percevoir comme un barracuda ou un grand requin blanc.) Soyons donc clairs comme de l’eau de mer. Il n’existe que deux situations où une personne peut être qualifiée de passive : quand cette personne est inconsciente, ou quand elle est morte. Vous remarquerez que dans un cas comme dans l’autre, la qualification de « partenaire » devient aberrante. La passivité n’est pas une question d’anatomie : tout partenariat étant par définition actif, la passivité sexuelle n’existe pas. Retrouvez ici toutes les chroniques de Maïa Mazaurette dans « La Matinale ».
Non, il n’y a pas de passifs et d’actifs pendant une pénétration sexuelle, insiste la chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette, qui nous invite à être pleinement partenaires.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/09/sexualite-pour-en-finir-avec-la-norme-actif-passif_5473795_4500055.html
mlsum-fr-206
Il suffit de quelques instants sur Twitter, YouTube ou Facebook pour y croiser injures homophobes, banalisation du racisme et de l’antisémitisme. LIONEL BONAVENTURE / AFP Tribune. Internet a été créé comme un formidable espace de liberté et de diffusion du savoir. Pour partie, le rêve de ses fondateurs a été réalisé. L’accès à la connaissance n’a jamais été aussi aisé. Chaque jour, des milliards de personnes échangent, créent et apprennent en ligne. Le Web a aussi été un formidable levier de démocratie et d’émancipation. Sans lui, pas de « printemps arabe ». Sans lui, pas de mouvement #metoo. Mais l’idéal de liberté qui a présidé à sa création menace aujourd’hui son existence même. Car dans les replis de cette liberté se sont développés des abus chaque jour plus inquiétants. Internet, ce sont également les « infox », les tentatives de manipulation des masses, les cyberattaques ou l’émergence d’acteurs dont la taille et la complexité technique posent un défi inédit à la puissance publique. Les réseaux sociaux portent aussi leurs propres dérives. Leur invention a permis de nombreux partages – de vies, d’expériences, de savoirs. Mais ce qui est un temps apparu comme un nouvel horizon de la sociabilité et de l’échange nous montre aussi les faces les plus sombres de l’humain : il suffit de quelques instants sur Twitter, YouTube ou Facebook pour y croiser menaces de mort, injures homophobes ou sexistes, banalisation du racisme et de l’antisémitisme, harcèlement en meute… jusqu’à la diffusion en direct de la tuerie de Christchurch [perpétrée le 15 mars en Nouvelle-Zélande]. « Ce défi est mondial. Il est à la fois technologique, juridique et sociétal » Ce défi est mondial. Il est à la fois technologique – du fait de l’asymétrie entre les régulés et le régulateur et de la masse des contenus à gérer –, juridique – quelle juridiction appliquer à des acteurs transnationaux ? – et sociétal. Il suppose une humilité certaine du législateur : à ce jour, aucun pays démocratique n’a réussi à lutter efficacement contre ce phénomène aux contours gris que constitue la haine en ligne, qui couvre une vaste palette de comportements nocifs. Certains d’entre eux portent atteinte à la dignité humaine et à notre capacité à faire société, des injures discriminatoires au harcèlement sexuel en passant par les incitations à la violence. La puissance publique a pour autant une obligation de réussite en la matière. Car protéger ses citoyens, en ligne ou hors ligne, est l’une des missions premières de l’Etat. C’est pour répondre à ce défi que le gouvernement et la majorité ont engagé plusieurs chantiers. L’approche retenue par la France repose sur un triptyque clair : punir les auteurs de comportements illicites, responsabiliser les réseaux sociaux et améliorer l’éducation et la formation des citoyens, en premier lieu des plus jeunes. La proposition de loi visant à lutter contre la haine en ligne constituera la première pierre de cette stratégie.
Mercredi sera présenté en commission des lois le texte porté par la députée LRM Laetitia Avia. Un texte appuyé et expliqué notamment par Christophe Castaner, Nicole Belloubet et Jean-Michel Blanquer, dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/18/mettre-fin-a-l-impunite-sur-le-web-des-ministres-soutiennent-la-proposition-de-loi-avia_5478019_3232.html
mlsum-fr-207
« Del. & Sculp. », revue éditée par l’Art du timbre gravé, 16 pages. DR/Art du timbre gravé/Lazarevic L’Art du timbre gravé, association « créée pour défendre, maintenir et soutenir la gravure en taille-douce » en 2005, « forte de 700 membres dont 52 artistes du timbre, poursuit son rôle d’aiguillon », explique Pascal Rabier, son président, dans l’éditorial de Del. & Sculp., sa revue semestrielle. Avant de regretter la désaffection de La Poste pour cette technique d’impression : « Parmi les beaux timbres, vingt-quatre timbres et cinq blocs sont imprimés en taille-douce en 2017, mais seulement dix timbres et six blocs en 2018 »… La revue donne la parole aux femmes créatrices de timbres… L’illustratrice Florence Gendre rend hommage à son homologue brésilienne Margareth Mee (1909-1988) à l’occasion d’un voyage de dix jours au Brésil « sur les eaux noires du Rio Negro, ce fleuve immense [qui] se jette ensuite dans l’Amazonie (…). Notre guide, Gilberto, a fait plus de quarante voyages en Amazonie, dont quatre avec Margareth Mee ». Timbre dessiné par Florence Gendre. Florence Gendre décrit l’emploi du temps de la douzaine de dessinateurs à bord du bateau, à la recherche de plantes à dessiner, chacun avec sa technique… « Ma première peinture s’avère difficile à réaliser. Le papier et l’aquarelle ne réagissent pas comme d’habitude : l’hygrométrie avoisine les 80 %, il me faudra trois jours pour m’adapter ! » L’auteur se souvient des « dauphins qui plongent et s’amusent », de la « nature extraordinaire, lianes, troncs, broméliacées géantes », du ciel qui « s’embrase », de « la lune énorme »… Avant de conclure en évoquant la mémoire de Margareth Mee qui, entre 1960 et 1988, « n’a eu cesse de chercher la très rare fleur de lune du Selenicereus wittii, un cactus qui pousse sur les arbres et qui ne fleurit qu’une fois par an, la nuit ». Timbre dessiné par Sarah Lazarevic. DR/La Poste Sarah Lazarevic, aujourd’hui installée à Millau (Aveyron), est graveur, typographe, graphiste, pratique la taille-douce sur cuivre et acier et réalise des gravures numériques pour l’impression fiduciaire. Elle raconte son parcours artistique : atelier Joël Roche à Paris, Ateliers Beaux-Arts Montparnasse, dessinatrice de caractères typo et enseignante à l’Ecole professionnelle supérieure d’arts graphiques et d’architecture (EPSAA) de la Ville de Paris… Ce qui lui permet de dessiner son premier timbre paru en 2005 sur le viaduc de Millau, imprimé en héliogravure. Elle explique que son approche du dessin « consiste à dessiner en s’interrogeant sur les volumes qui composent le sujet, avec l’approche d’un sculpteur »… De la sculpture à la gravure, il peut n’y avoir qu’un pas... En 2013, elle obtient une bourse d’étude qui l’envoie à Urbino, en Italie, vivant « en face de la maison natale de Raphaël », où elle décide « de suivre une formation de quatre années en gravure manuelle et en gravure digitale » : « Mon expérience du dessin m’a donné les clefs pour la traduction des volumes du visage par la ligne, les traitillés et les points »… Une technique qu’elle maîtrise, et dont témoignent, par exemple, ses portraits de Menelas ou de Charles Garnier… Toque, cloche, haut-de-forme : ses premiers timbres gravés parus en 2018 portent sur les chapeaux. 39e Festival international du cirque de Monte-Carlo, 2015, création de Thierry Mordant. Monaco OETP / T. Mordant Rencontre enfin avec le peintre Thierry Mordant, créateur de timbres pour la France, la Belgique et, surtout, Monaco depuis une vingtaine d’années. Ce dernier explique, enthousiaste, que « l’art est là pour nous permettre de rêver… Je suis heureux de grandir dans un monde magique au travers de ces petites images qui reflètent notre histoire ». « Del. & Sculp. », revue éditée par l’Art du timbre gravé, 16 pages. Renseignements auprès de Joël Cavaillé, 21, rue de la Sente du Couvent, 78660 Boinville-le-Gaillard. Courriel : jj.ca@orange.fr. Site Internet : www.artdutimbregrave.com. L’adhésion annuelle à l’association coûte 20 euros. Une gravure numérotée (tirage 850 exemplaires) et signée est offerte à chaque adhérent.
La revue « Del. & Sculp. » fait la part belle aux créateurs de timbres, dessinateurs et graveurs, qui élèvent le timbre au rang d’œuvre d’art.
https://www.lemonde.fr/mondephilatelique/article/2019/09/01/florence-gendre-sarah-lazarevic-et-thierry-mordant-dans-le-journal-de-l-art-du-timbre-grave_5505064_5470897.html
mlsum-fr-208
Les actionnaires Nissan entrent en réunion à Yokohama le 25 juin pour valider un nouveau schéma de gouvernance. TOSHIFUMI KITAMURA / AFP C’est une assemblée générale (AG) de crise, mais, paradoxalement, aussi de sortie de crise, qui s’est déroulée, mardi 25 juin, à Yokohama, au sud de Tokyo. Les actionnaires de Nissan ont approuvé un nouveau schéma de gouvernance à trois comités (des rémunérations, des nominations et de l’audit), destiné à renforcer les contrôles internes après l’affaire Ghosn. Le patron exécutif du constructeur japonais, Hiroto Saikawa, qui a présenté l’AG comme une « étape majeure » vers le redressement du groupe, a par ailleurs été reconduit au conseil d’administration. Celui-ci a été profondément remanié, passant à onze membres, dont sept administrateurs indépendants. Si l’ensemble des résolutions ont été approuvées à la japonaise (par applaudissements), l’atmosphère pleine d’électricité, de cris et d’interpellations des dirigeants présents à la tribune n’avait rien à voir avec les AG précédentes, du temps où Carlos Ghosn, aujourd’hui poursuivi pour malversations financières au Japon, présidait Nissan. Pas moins de vingt-cinq questions ont pu être posées, contre seulement sept autorisées par M. Ghosn, en 2018. Sur le fond, la tension demeure vive entre Renault et Nissan. Et M. Saikawa n’a rien fait pour dissiper les doutes sur l’avenir de la première alliance automobile mondiale, qui inclut également Mitsubishi. La mésentente existe depuis le 19 novembre 2018 et l’arrestation de Carlos Ghosn, alors patron de Nissan, de Renault et de l’Alliance. La nomination de Jean-Dominique Senard comme président de Renault, en janvier, avait contribué à l’apaisement. Mais une offre de fusion formulée par le groupe français en avril, puis le projet avorté de rapprochement entre Renault et Fiat Chrysler (FCA), négocié depuis février sans que Nissan en soit informé, ont ravivé la crise. « Je n’avais aucune intention agressive » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Renault-Nissan : comment recoller les morceaux ? » La défiance est encore montée d’un cran, lorsque le constructeur français a menacé de ne pas voter la réforme de la gouvernance de Nissan si certains de ses représentants ne siégeaient pas dans les comités nouvellement créés. Le groupe nippon a fini par accepter que Jean-Dominique Senard fasse partie du comité des nominations et que Thierry Bolloré, le directeur général de Renault, fasse partie de celui de l’audit. Les questions des actionnaires ont souvent porté sur leurs interrogations à propos de l’Alliance, accompagnées parfois d’un discours à la tonalité xénophobe, accusant « les Français » d’hypocrisie et de double jeu. L’un d’entre eux a pris à partie M. Senard. « En tant qu’administrateur de Nissan, quelle est votre mission, M. Senard ?, s’est emporté le petit porteur. Les six premiers mois, vous auriez dû prendre le temps d’observer et de bâtir une relation de confiance. » Le responsable de Renault, courtois, mais ferme, a assuré de sa bonne foi, de sa volonté de tout faire « pour le bien » de la compagnie nippone, rappelant notamment avoir « abandonné son droit » à présider Nissan. Quant à une fusion avec FCA, « cela aurait été un projet formidable pour Nissan et pour l’Alliance », a estimé M. Senard, regrettant « cette occasion perdue ». « Je vous prie de me croire, je n’avais aucune intention agressive », a-t-il répété à plusieurs reprises. « Défiance de nombreux actionnaires de Nissan envers Renault » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Carlos Ghosn et Greg Kelly devant les juges, Hiroto Saikawa devant les administrateurs de Nissan De son côté, M. Saikawa, manifestement bien préparé à l’exercice, a eu beau jeu de s’en tenir à sa ligne en faveur de l’indépendance de Nissan. « Nissan sera toujours Nissan », a-t-il affirmé. Il est même apparu conciliant avec Renault, insistant sur l’importance d’une « relation gagnant-gagnant », qui pourrait vite se rompre en cas de changement. S’il a considéré que Nissan devait d’abord se focaliser sur son redressement, il n’a pas exclu de reprendre des discussions sur le renforcement des liens capitalistiques entre Renault et Nissan. « L’AG a démontré qu’il existe une défiance de nombreux actionnaires de Nissan envers Renault, affirme une source proche du constructeur japonais. Beaucoup considèrent qu’il y a eu double jeu, courtoisie en apparence et manœuvres en coulisses. Ils ne veulent pas brader les technologies de Nissan à FCA, ils ne veulent pas que les intérêts de Renault passent avant ceux de Nissan. Mais ils restent, malgré tout, très attachés à l’Alliance. » Le sujet sera, en tout cas, sur la table au cours de la rencontre à Tokyo, les 26 et le 27 juin, du président français, Emmanuel Macron, avec le premier ministre japonais, Shinzo Abe. « Ce sera l’occasion pour le président de réaffirmer l’attachement fort de la France à l’Alliance », a fait savoir l’Elysée. Pour ne rien manquer de l’actualité économique Cet article est paru dans notre newsletter « La lettre éco ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre quotidienne en suivant ce lien. Chaque jour à 12 h 30, vous y retrouverez les informations du Monde et son regard sur l’actualité économique, à travers notamment la chronique « Pertes & profits ».
Le groupe japonais a convoqué ses actionnaires mardi pour valider un nouveau schéma, aboutissement dans la douleur d’une réforme déclenchée par l’arrestation de son ancien patron.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/25/nissan-pret-a-discuter-avec-renault-de-la-structure-de-l-alliance_5481046_3234.html
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Une architecte irakienne rend hommage aux victimes des manifestations anti-gouvernementales dans la ville de Bassora (Irak), le 1er novembre. HUSSEIN FALEH / AFP Ses longs cheveux noirs cachés sous sa capuche et son visage masqué par un bandana, Arwa passe plusieurs heures par jour au milieu des jeunes hommes qui tiennent la ligne de front face aux forces de sécurité irakiennes sur le pont Sinak, près de la place Tahrir, à Bagdad. De longues heures à respirer les gaz lacrymogènes et à voir tomber les blessés, parfois à côtoyer les morts. « Je suis obligée de me camoufler, de me faire passer pour un homme, sinon les gars ne me laisseraient pas rester en première ligne. Ils disent que c’est trop dangereux pour une femme, qu’on est fragiles, mais moi, je ne le suis pas », raconte la jeune femme de 22 ans, les nerfs encore à vif des tensions accumulées pendant les affrontements. « Mon père croit que je vais travailler » – Arwa Loin des barricades, Arwa, originaire du quartier conservateur chiite d’Al-Kadhimiya, garde son bandana sur le visage pour ne pas être identifiée par les « espions de la sûreté nationale et des milices » ou être reconnue par des proches. « Mon père croit que je vais travailler. En fait, j’ai démissionné de la société où je travaillais car ils ne voulaient pas me donner de congés pour venir manifester. Les gens meurent ici, je ne vais pas rester les bras croisés ! », explique-t-elle. « Je ne crains personne, sauf mon père », ajoute-t-elle en riant. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’Arwa impose ses choix atypiques à son père. De 2015 à 2017, Arwa a été photographe militaire, embarquée avec les forces irakiennes dans la bataille contre l’organisation Etat islamique (EI), blessée deux fois, puis a fait une dépression. « Je vais en première ligne car je n’ai pas peur, je suis vide à l’intérieur. C’est ma force, je dois l’utiliser contre ce gouvernement. Ce qui a empêché les gens d’agir pendant toutes ces années, c’est la peur. Moi, je ne veux pas vivre en zombie, comme eux », ajoute-t-elle. « Avec ces jeunes hommes, on partage un même destin » Rares sont les Irakiennes qui, comme Arwa, tiennent les barricades sur la place Tahrir mais, depuis le 25 octobre, elles sont nombreuses à participer aux manifestations contre le gouvernement, chose inédite dans cette société conservatrice. Lycéennes, étudiantes, mères de famille et militantes de la société civile, etc., elles viennent exprimer leur soutien par leur simple présence ou rejoindre les équipes de bénévoles qui prennent en charge les blessés, la logistique et la coordination du sit-in, ou même encore les groupes de réflexion.
Pour la première fois dans ce pays conservateur, les Irakiennes sont nombreuses à prendre part aux rassemblements contre le pouvoir. En espérant que cela contribue à faire évoluer la place des femmes dans la société.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/06/etudiantes-meres-de-famille-militantes-en-irak-les-femmes-s-engagent-dans-les-manifestations_6018263_3210.html
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nine. Publié le 07 juin 2019 à 10h39 - Mis à jour le 07 juin 2019 à 15h31 Leur petit nom L’Albiceleste. Rapport aux couleurs des maillots, blanc et bleu – il fallait y penser. Calendrier 10 juin : Argentine - Japon 18 heures à Paris 14 juin : Angleterre - Argentine 21 heures au Havre 19 juin : Ecosse - Argentine 21 heures à Paris Historique en Coupe du monde Troisième participation à une phase finale, éliminée dès la phase de poule en 2003 et 2007. Classement FIFA : 37e L’équipe qui devrait jouer Solana Pereyra, Eliana Stabile, Aldana Cometti, Agustina Barroso, Adriana Sachs, Ruth Bravo, Vanesa Santana, Florencia Bonsegundo, Estefania Banini, Mariana Larroquette, Sole Jaimes. Le sélectionneur Carlos Borrello. C’est le retour de l’homme providentiel du football féminin argentin : Borrello, directeur technique de 2003 à 2012, a présidé aux meilleurs résultats de la sélection, vainqueure de la Copa America en 2006 et qualifiée pour les Jeux olympiques 2008 et les Coupes du monde 2003 et 2007, les seules auxquelles l’Argentine a participé. De retour à son poste depuis 2017, il a ressuscité la sélection et obtenu son ticket pour un troisième Mondial à l’âge de 63 ans. Dans l’intervalle, il a dirigé le meilleur club féminin du pays, l’UAI Urquiza. Bilan de compétences Pourquoi postulez-vous ? Parce qu’avouez qu’une Coupe du monde de football sans l’Argentine, ce n’est pas vraiment une Coupe du monde. De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? Aucune expérience récente, raison pour laquelle j’arrive avec beaucoup de fraîcheur. Je peux tout à fait vous expliquer ces deux ans de trou dans mon CV : entre 2015 et 2017, la sélection n’existait plus. Nous jouons à nouveau depuis l’été 2017, mais notre vétérane Mariela Coronel et notre sélectionneur ont de vieux souvenirs de Coupe du monde, en 2003 et 2007. Si vous deviez nous donner trois qualités ? Le football est un élément que l’on dira assez important de la culture et de la vie sociale en Argentine. La pratique féminine a néanmoins longtemps été méprisée par les instances, et nous avons donc une certaine habitude de l’adversité. Enfin, nous avons surpris tout le continent en prenant la troisième place de la Copa America 2018, avec au passage une victoire contre la Colombie. Et côté défauts ? Il faut le dire : a priori, nous sommes l’équipe la plus faible de notre groupe. Ces deux années sans jouer ont laissé des traces et nous n’avons plus affronté d’équipe européenne depuis… 2008. Et une courte majorité de nos joueuses évolue dans le championnat argentin, dont le niveau est très faible. La joueuse à suivre ESTEFANIA BANINI, en cinq dates : 1859 Jules Balloffet, architecte stéphanois doté d’une très belle barbe troisième République avant l’heure, embarque pour l’Amérique du Sud avec son ami l’ingénieur Auguste Bravard. Les deux hommes posent pied à Buenos Aires. 1861 La petite ville argentine de Mendoza est détruite intégralement par un tremblement de terre de 7,2 sur l’échelle de Richter, qui fait 4 000 morts environ, dont Auguste Bravard. Jules Balloffet propose à l’administration locale de l’aider à reconstruire la ville, un kilomètre au sud, et y consacre le restant de sa vie jusqu’à sa mort, à Mendoza, en 1897. 1990 La ville compte approximativement 759 000 habitants, et approximativement 759 001 le 21 juin, après la naissance d’Estefania Banini. 1995 Estefania Banini touche son premier ballon de football et montre de belles prédispositions, même si on ne l’appelle pas encore « La Messi de Mendoza », puisque Lionel Messi est lui-même âgé de huit ans et mesure environ 1 mètre, sans chiffre derrière la virgule. 2018 Capitaine et numéro 10 de la sélection argentine, Estefania Banini mène la révolte contre sa fédération et signe à Levante, club majeur de première division espagnole. Elle qualifie sa sélection pour la Coupe du monde, ce qui permettra à Banini d’avoir sa propre vignette adhésive. Figurez-vous Marinette… … que les récentes luttes féministes en Argentine ont connu un prolongement sur les terrains de football. En septembre 2017, les internationales se sont mises en grève en formulant des demandes concrètes à la fédération dans une lettre ouverte : versement et augmentation de l’indemnité journalière pour ces joueuses amateurs, alors de… 150 pesos (7 euros) ; mise à disposition d’un terrain d’entraînement en gazon, et non en synthétique ; réservation de nuits d’hôtel la veille des matches, alors que les joueuses dorment la plupart du temps dans le car qui les amène sur le lieu de la rencontre. La grève a cessé pour la Copa America 2018, où les joueuses ont continué de faire savoir leur colère en collant leurs mains derrière les oreilles sur la photo officielle, façon de dire à leurs dirigeants : « Ecoutez-nous ! » Depuis, la fédération s’active, un peu. Surtout, la population a pris conscience de l’existence d’une sélection féminine de football. Plateau télé Le vignoble de Mendoza, la région de Banini, produit en altitude 70 % des vins argentins, dont le rapport qualité-prix est souvent excellent. Avec cela, prévoir un repas plutôt solide, car le pourcentage d’alcool est équivalent à celui des pentes des routes de la cordillère des Andes. Notre conseil : un roboratif choripan, sandwich à la saucisse de porc, assaisonné de chimichurri mais pas trop, sinon vous ne sentirez plus le vin. Ceci juste le temps de patienter pendant la mise en route de l’asado, dont le fumet est inimitable. Allez, vous deviendrez végétarien plus tard.
Surnom, historique, joueuse à suivre... tout ce qu’il faut savoir sur l’équipe d’Argentine à la Coupe du monde féminine.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/coupe-du-monde-feminine-2019-argentine-groupe-d_5472817_3242.html
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L’écrivain américain Ryan Gattis, en 2015. Hilary Bader Après le formidable Six jours (2015) où alternaient les voix de dix-sept personnages pendant les émeutes de 1992 à Los Angeles, l’Américain Ryan Gattis demeure dans le quartier pauvre de Lynwood avec En lieu sûr (traduit de l’anglais par Nadège T. Dulot, Fayard, 352 p., 23 €). Un ­roman noir saisissant de réalisme et d’empathie, où il suit deux personnages : Glass, un gangster doublé d’un indic qui, devenu père de famille, voudrait abandonner son gang, et Ghost, perceur de coffre de génie, sorte de Robin des bois des temps modernes, pendant la crise de 2008. Rencontre avec l’un des auteurs invités du Marathon des mots. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Marathon des mots, à Toulouse, met les voix de l’Amérique à l’honneur Est-il vrai que vous avez ­commencé à écrire « En lieu sûr » après avoir reçu un appel téléphonique ? Oui. Je travaillais sur un roman différent lorsque j’ai reçu l’appel d’une connaissance très tôt le matin. Au bout du fil, juste une question : « Veux-tu voir percer un coffre-fort ? » Je n’ai pas hésité. Dans un garage, il y avait deux auxiliaires de justice qui collaboraient avec la DEA [Drug Enforcement Administration] et le FBI. J’ai eu le droit de leur demander tout ce que je voulais pendant qu’ils forçaient le coffre. Il était entendu qu’ensuite je ne les reverrais jamais. Avaient-ils été laissés seuls par les forces de l’ordre lorsqu’ils ouvraient un coffre-fort au cours d’une perquisition ? Bien sûr ! Arrivait-il que des criminels, de retour dans leur planque, surgissent pendant qu’ils travaillaient ? « Tout le temps, a dit l’un. On a encore pointé une arme sur moi la semaine dernière. » Sous le choc, j’ai cherché à savoir combien de fois ils avaient été menacés dans l’exercice de leurs fonctions. Ils avaient perdu le compte. Comment dissuadaient-ils quelqu’un de les tuer ? Là, ils ont posé leurs outils et se sont ­regardés. J’avais enfin posé une question digne d’intérêt. Leur ­réponse a changé ma façon de voir les gens et, plus important encore, m’a amené à créer le personnage de Ghost. J’ai commencé à écrire En lieu sûr ce soir-là. Avez-vous, par souci de réalisme, procédé selon la même méthodologie que pour « Six jours » : interroger des membres de gangs, écouter la musique qu’ils aiment, étudier la psychologie et la sociologie ? Mes deux protagonistes sont fondés sur une collection de personnes rencontrées au cours des neuf dernières années à Lynwood et dans le quartier de South Central. De nombreux gangs ont une identité « hyperlocale » : leur sentiment d’appartenance est défini par les frontières du territoire qu’ils contrôlent. La culture est un facteur d’unification, notamment chez les Bloods ou les Crips, dont les membres ne sont pas monolithiques sur le plan ethnique et peuvent être originaires d’un autre comté ou d’un Etat différent. La musique et la nourriture font partie intégrante du processus préliminaire à l’écriture.
L’Amérique est l’invitée d’honneur du Marathon des mots, du 25 au 30 juin à Toulouse, dont « Le Monde des livres » est partenaire. A cette occasion, l’écrivain Ryan Gattis, qui y est présent, évoque l’importance de la voix dans son travail.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/20/ryan-gattis-capter-l-oralite-est-la-question-centrale-de-mon-ecriture_5478935_3260.html
mlsum-fr-212
Manifestation d’urgentistes, le 6 juin à Paris. AURORE MESENGE / AFP Tribune. Loin de faiblir, le mouvement de grève entamé dans les services d’urgences au mois de mars n’a fait que s’amplifier ces dernières semaines. D’une dizaine de services, la mobilisation s’est étendue à plus d’une centaine aujourd’hui, d’après le collectif Inter-Urgences, et la motivation des soignants semble suffisamment robuste pour que le mouvement ne s’essouffle pas aussi facilement que l’espère le gouvernement. Le constat d’un hôpital à bout de souffle est partagé par la totalité des protagonistes : les grévistes bien sûr, les « experts » du système de santé également, mais aussi et surtout les responsables politiques au plus haut sommet de l’Etat. Le président de la République n’a-t-il pas déclaré, le 15 avril 2018, lors d’une interview face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, que l’hôpital était « étranglé » ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grève des urgences : le gouvernement change de ton L’exaspération des soignants grévistes est on ne peut plus nette. Elles (car ce sont majoritairement des femmes, faiblement rémunérées) expriment une souffrance jamais atteinte dans leur carrière, pour certaines longues de plus de vingt ans. Elles racontent les « pleurs dans les vestiaires », les collègues qui « tombent les unes après les autres », les arrêts maladie qui permettent à peine de récupérer de longues périodes d’épuisement physique et mental. Elles détaillent les épreuves quotidiennes : chercher des collègues dans d’autres services pour gérer les flux de patients, assurer l’organisation d’un service sans en avoir les moyens, répondre aux familles qui demandent des nouvelles, chercher du matériel en état de fonctionnement. « Nous avons demandé des pieds à perfusion, des brancards qui roulent, on nous les a refusés », peut-on entendre. La réalité cogne dur aux urgences. Les grévistes parlent aussi du mépris de leur ministre, Agnès Buzyn, qui aura du mal à faire oublier certaines déclarations, et principalement celle du 4 juin sur France Inter, où, d’un ton moralisateur, elle sermonne les soignants, expliquant qu’être mis en arrêt maladie, « ce n’est pas bien », « c’est dévoyer ce qu’est un arrêt maladie ». Ces soignants ne se sont pourtant pas « mis en arrêt » tout seuls ; ils et elles sont allés consulter des médecins qui ont jugé que leur épuisement professionnel était tel que retourner travailler mettait en cause leur sécurité et celle des patients. Alors qu’en temps « normal » le nombre d’arrêts maladie par an et par agent de la fonction publique hospitalière est à un niveau largement supérieur à la moyenne des autres secteurs (10,2 jours contre 7,9), et que les études du ministère du travail montrent que l’absentéisme pour raisons de santé est corrélé à la dégradation des conditions de travail.
Les sociologues Fanny Vincent et Pierre-André Juven remarquent, dans une tribune au « Monde », que, si l’ampleur de la grève dans les urgences est sans précédent, les revendications que portent les soignants n’ont rien de nouveau. Il est temps de les entendre.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/aux-urgences-les-soignants-grevistes-expriment-une-souffrance-jamais-atteinte-dans-leur-carriere_5476029_3232.html
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Laurent Garnier, sur le chemin du travail, entre Louverné et Laval. FP Aussi saugrenu que cela puisse paraître, il existe une Journée internationale du hamburger. Il n’y a pas de journée internationale de l’œuf mimosa, ni de journée internationale du bœuf miroton, mais du hamburger, si. Promue par les professionnels de la restauration rapide, cette célébration du sandwich rond garni de steak haché se déroule chaque année le 13 octobre. On ignore l’impact d’une telle opération sur une ville comme Laval (Mayenne), mais il n’est pas impossible qu’elle apporte pas mal de boulot supplémentaire à Laurent Garnier, ces prochains jours. Ce cycliste amateur de 55 ans n’a qu’une idée en tête : ramasser, sur le chemin du travail, les déchets d’une célèbre enseigne de fast-food abandonnés le long de la route. Triste butin Laurent Garnier habite à Louverné (Mayenne), où il anime un club de VTT. Tous les matins, il enfourche l’un de ses quatre vélos pour rejoindre Laval, à huit kilomètres de là, et son job de ­« réceptionneur » dans un garage, ­consistant à diagnostiquer des pannes de camions. Dépité de voir les fossés jonchés de détritus, il s’est mis en tête, en début d’année, de récolter « au moins un déchet par jour ». Très vite, son initiative a gagné en volume, l’obligeant à s’équiper de sacs de plus en plus en grands pour entasser son triste butin. Après sept mois d’activité, Laurent Garnier a fini par se focaliser sur les emballages jetables des deux restaurants McDonald’s de Laval, pourtant situés à deux extrémités de l’agglomération. L’homme n’en est pas resté là : il a rapporté le produit de sa moisson au McDo de l’avenue du Maréchal de Lattre-de-Tassigny, dans le quartier de Grenoux. Une vidéo réalisée sur le parking de l’établissement atteste de son action : devant un amoncellement de rebuts (gobelets en plastique, sacs en papier…), l’Eddy Merckx du papier gras s’entretient vivement avec la patronne du lieu, laquelle ne peut que renvoyer le problème vers « l’incivisme » des consommateurs. « Vous n’avez qu’à les sensibiliser au tri sélectif », proteste le président de Mayen’propre, un collectif anti-déchets créé pour l’occasion. Ce jour-là, Laurent Garnier a laissé son numéro de téléphone et son e-mail aux responsables du fast-food, dans l’espoir d’organiser conjointement des ­actions vertueuses en matière de recyclage. Las, un mois plus tard, personne ne l’a encore contacté. « Vous croyez que c’est mort ? », nous demande-t-il. « Il y a des chances », hasarde-t-on. Alors Laurent Garnier entend bien renouveler son opération de « retour à l’envoyeur » ; il vient même de lancer, sur la page Facebook de son association, un « grand concours national » visant à « rapporter le plus de déchets McDo dans les magasins ». « J’ai bien ­conscience que ce n’est pas forcément aux citoyens de faire cela. Mais vu que personne ne le fait » Et qu’importe si la collecte à vélo s’avère, certains matins, quelque peu désespérante. Un fossé remis à neuf le lundi sera en effet de nouveau souillé dès le mercredi. « J’ai bien ­conscience que ce n’est pas forcément aux citoyens de faire cela. Mais vu que personne ne le fait, ni les entreprises concernées, ni les services de nettoyage qui ont bien du boulot par ailleurs, il faut prendre ses responsabilités », explique le ramasseur volontaire. Souvent, des automobilistes s’arrêtent à côté de lui, alors qu’il est en pleine ­action, pour lui glisser un mot, ­fenêtre baissée. « Certains se fichent de moi en me disant que je suis bien con de me substituer aux employés municipaux, raconte-t-il. D’autres me félicitent, mais s’empressent de redémarrer sous prétexte qu’ils n’ont pas le temps de me filer un coup de main. Moi non plus, je n’ai pas le temps, mais je le fais quand même. » Lire aussi En voiture Mauricette, ou le permis de conduire à 75 ans
Chaque semaine, Frédéric Potet sillonne la France pour relater les petits et grands événements. En Mayenne, il a rencontré Laurent Garnier, qui retourne à l’envoyeur les emballages de fast-food récoltés sur la route.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/13/a-louverne-l-eddy-merckx-du-papier-gras_6015344_4497916.html
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Le chef de fil du parti Droit et Justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski (à droite) et le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, après les premiers résultats des élections législatives qui donne le PiS gagnant, le 13 octobre à Varsovie. WOJTEK RADWANSKI / AFP Il aura fallu comme un rappel de ses supporteurs qui scandaient « Jaroslaw ! Jaroslaw ! » pour que le chef du parti Droit et justice (PiS) revienne sur scène avec un bouquet à la main et un sourire aux lèvres. Le premier discours de Jaroslaw Kaczynski, tout au conditionnel, était beaucoup plus mesuré. « Nous avons des raisons d’être heureux, nous avons gagné malgré l’énorme front constitué contre nous (…) mais nous sommes une formation qui mérite plus, lançait-il au soir des élections législatives, dimanche 13 octobre. Si nous gouvernons encore quatre ans, nous devons commencer par une réflexion sur ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas marché. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi La stratégie payante du « saucisson électoral » des ultraconservateurs polonais A cet instant, dans les coulisses du siège du parti, rue Nowogrodzka, à Varsovie, chacun sait que, malgré la victoire imposante du PiS proclamée par les sondages sortie des urnes, la majorité absolue n’est pas garantie. En écho, sur les plateaux de télévision, le vice-premier ministre Jaroslaw Gowin ajoute : « Plus de la moitié des Polonais ont voté contre nous malgré une excellente conjoncture économique. C’est un message que nous devons analyser. » Au pouvoir depuis 2015, les ultraconservateurs remportent malgré tout une victoire historique avec 43,6 % des suffrages – selon les résultats définitifs communiqués lundi 14 octobre par la Commission électorale nationale –, ce qui devrait lui assurer 235 sièges sur 460 à la Diète, la chambre basse du Parlement. Le PiS réalise ainsi le plus gros score jamais atteint par un parti depuis la chute du communisme en 1989, dans un contexte de participation record de 61,74 % inégalée depuis cette date. De quoi assurer au président Andrzej Duda (PiS) une position archifavorite pour sa réélection lors de la présidentielle de mai 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Poznan, le PiS à la conquête des terres libérales Du côté de l’opposition, la Coalition civique (KO), qui réunit autour de la Plate-forme civique de centre-droit, les Verts et un mouvement féministe, a obtenu 27,4 % des voix (134 députés) après une campagne calamiteuse. La gauche unie fait son grand retour à la Diète après quatre ans d’absence, avec 12,6 % des suffrages (49 députés). Quant aux conservateurs paysans du PSL, ils obtiennent un score inattendu (8,6 %, 30 députés), tandis que l’extrême droite de Konfederacja (6,8 %) devrait envoyer pour la première fois onze députés au Parlement. Bipolarisation Ces résultats dessinent un paysage politique radicalement différent de celui en place ces quatre dernières années. La bipolarisation de la Pologne, à laquelle Jaroslaw Kaczynski tenait tant, laisse place à une opposition qui redresse la tête. Grâce au « pacte » de non agression passé entre les partis d’opposition, le PiS a en effet perdu la majorité absolue au Sénat, dont le renouvellement se jouait le même jour, en n’obtenant que 48 sièges sur 100. Une nouvelle donne qui risque de ralentir le rythme jusqu’ici très rapide de l’adoption de ses réformes.
A l’issue d’une participation électorale record, le PiS renouvelle son mandat mais sera confronté à une opposition renforcée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/14/en-pologne-les-ultraconservateurs-remportent-les-legislatives-sans-triompher_6015440_3210.html
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Le juge Thad Balkman a estimé que le groupe Johnson & Johnson avait adopté des pratiques « trompeuses de marketing et de promotion des opiacés » afin de créer une dépendance, lundi 26 août, à Norman (Oklahoma). Sue Ogrocki / AP C’est une première juridique aux Etats-Unis. Un tribunal a condamné lundi 26 août le groupe Johnson & Johnson à payer 572 millions de dollars (environ 515 millions d’euros) à l’Etat de l’Oklahoma pour sa responsabilité dans la crise des opiacés. Jamais auparavant un jugement civil n’avait condamné un laboratoire pour cette affaire d’ampleur qui a fait des dizaines de milliers de morts par overdose. « La crise des opiacés est un danger imminent pour l’Oklahoma et ses habitants », a déclaré le juge Thad Balkman lors d’une audience lundi à Norman, à l’issue de deux mois de procès. Le juge a estimé que le laboratoire Janssen, division pharmaceutique de Johnson & Johnson, avait adopté des pratiques « trompeuses de marketing et de promotion des opiacés », causant une crise de la dépendance à ces médicaments antidouleurs, ainsi que des morts par overdose et une hausse des syndromes d’abstinence néonatales dans l’Etat – c’est-à-dire quand un bébé naît dépendant à la drogue du fait d’y avoir été exposé pendant la grossesse. « La crise des opiacés a ravagé l’Etat de l’Oklahoma. Elle doit être contenue immédiatement », a poursuivi le juge, fondant son jugement sur une loi contre les « nuisances publiques ». Le demi-milliard de dollars demandé à Johnson & Johnson servira à financer des programmes dans l’Etat pour remédier à la crise. Une « pseudo-addiction » Le groupe pharmaceutique a immédiatement fait savoir qu’il ferait appel. « Janssen n’a pas provoqué la crise des opiacés dans l’Oklahoma », a déclaré Michael Ullmann, vice-président et directeur juridique de Johnson & Johnson. L’entreprise estime avoir respecté la loi et rappelle que ses médicaments ne représentaient que 1 % du marché des opiacés. Janssen distribue les cachets Nucynta et le patch Duragesic, qui contient du fentanyl, l’un des opiacés de synthèse les plus puissants, et que le laboratoire a inventé. Initialement, le patch était prescrit aux malades du cancer pour des douleurs aiguës. Mais le laboratoire est accusé d’avoir créé la demande via une grande campagne auprès des médecins, par des moyens marketing, des financements de recherche et des événements « d’éducation » et de formation. Le laboratoire a, au fil des années, cherché à les convaincre, apparemment avec succès, que ses médicaments ne créaient pas de dépendance. L’industrie « utilisait le terme de “pseudo-addiction” pour persuader les médecins que les patients qui présentaient des signes d’addiction, par exemple en demandant des doses d’opiacés de plus en plus fortes ou en revenant chez le médecin avant l’épuisement théorique de l’ordonnance précédente, ne souffraient pas réellement d’addiction, mais en fait de sous-traitement de la douleur », a conclu le juge. « La solution, selon le marketing des prévenus, était de prescrire au patient plus d’opiacés », a-t-il écrit dans son jugement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Opiacés : portrait d’une Amérique à la dérive Quarante-sept mille morts par overdose en 2017 Plusieurs laboratoires étaient poursuivis par l’Etat, mais les autres avaient préféré régler l’affaire à l’amiable, en particulier le groupe au cœur de l’épidémie : Purdue Pharma, vendeur du notoire OxyContin. Purdue a réglé 270 millions de dollars avant le procès. Un autre laboratoire, l’Israélien Teva, a aussi négocié un règlement à 85 millions de dollars. Le procès était comparé aux actions en justice contre les fabricants de tabac qui se sont soldées par un accord de plus de 200 milliards de dollars en 1998. Les opiacés furent responsables de 47 000 morts par overdose en 2017 aux Etats-Unis. Mais alors que l’Etat avait demandé 17 milliards de dollars, le juge a accordé une somme plus modeste. Au-delà de cette procédure, près de 2 000 autres plaintes ont été déposées contre les fabricants de médicaments opiacés par diverses juridictions aux Etats-Unis.
L’entreprise pharmaceutique Johnson & Johnson est accusée d’avoir favorisé la dépendance à des médicaments antidouleurs au moyen de campagnes de promotion trompeuses.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/27/crise-des-opiaces-572-millions-de-dollars-d-amende-pour-le-groupe-johnson-johnson_5503124_3210.html
mlsum-fr-216
L’écrivain Sylvain Pattieu, en 2017. Sylvain Cherkaoui « Forêt-Furieuse », de Sylvain Pattieu, Rouergue, 654 p., 23 €. Tout commence à la Colonie (dont le vrai nom est Melkisédek, comme le roi de Salem dans la Genèse), asile des « strongues » et des « bitches » : orphelins et orphelines, malades, abandonnés ou estropiés, reclus en lisière de forêt, à quelques kilomètres d’un village qui ressemble à n’importe quel village, avec ses riches et ses pauvres, ses puissants et ses exploités. Et ses guerres de religion, car au ­village cohabitent « christian » et « muslim » dans une harmonie un peu électrique, certes, mais sans plus – sauf que tout ça, c’était avant que les purs, les vrais, les « supermuslim » n’arrivent, un califat à fonder dans ce coin de vallée entre les montagnes. Et le lecteur de se demander ce que c’est que ce roman… Sylvain Pattieu, né en 1979, historien et enseignant à l’université Paris-VIII, s’en explique beaucoup, à la fois en amuse-bouche et en pousse-café de ce livre replet de 650 pages. Il dit les strates de quatre années d’écriture entre banlieue parisienne et Pyrénées, il rappelle le travail avec ses étudiants, un viaduc de lectures (dont la première pile serait probablement Sa Majesté des mouches, de William Golding, Gallimard, 1956), l’attentat du Bataclan, et aussi l’enfance, les arbres, etc. Mais l’écrivain, déjà auteur d’une demi-douzaine de fictions et non-fictions, n’épuise probablement pas le bazar des origines, la jungle des inspirations de cette entreprise ­littéraire démesurée et ambitieuse. Car Forêt-Furieuse est un cap qu’il lui fallait franchir lourdement chargé, comme l’un des pick-up remplis à ras bord de la « Grande-Caravane » du « Grand-Voyage » final des enfants vers la mer. Lire aussi cette tribune de Sylvain Pattieu, enseignant : « Cette réforme du bac est une machine de guerre » Seine-Saint-Denis en Ariège L’époque et le lieu sont indéfinis, on l’aura compris. Les personnages ont tous des noms à coucher dehors avec pas mal de traits d’union et beaucoup de références au football. L’intrigue est un mélange de roman épique, de suite d’anecdotes et de récits fragmentés, entrelardé de poèmes et de chansons. La forêt est là, juste à côté, mais on s’en méfie – on apprend à l’occasion un peu de botanique – et puis on s’y cache. Forêt-Furieuse est une chambre d’écho déroutante, on a cette impression persistante d’avoir déjà lu ça quelque part et pourtant le texte de Sylvain Pattieu ne ressemble à rien de connu. On ­dirait le Sud ou le Nord ou ailleurs, et c’est tant pis – ça marche parce qu’on est déboussolé, justement. Forêt-Furieuse est un roman monté à l’envers, sens dessus dessous, Seine-Saint-Denis en Ariège, un sacré pavé de littérature crue qui scande et qui frappe fort.
En un temps et un lieu indéfinis, des enfants sont livrés à eux-mêmes. Le nouveau roman de Sylvain Pattieu scande et frappe fort.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/08/23/foret-furieuse-de-sylvain-pattieu-pendant-que-le-loup-y-est_5502223_5473203.html
mlsum-fr-217
ce épuré. Une galerie d’art ? Des bureaux ? Une boutique ? Difficile de savoir ce que cache cette austère devanture aux contours sombres, derrière laquelle se devinent des piliers blancs. Difficile, sauf pour les aficionados, qui ont reconnu le logo noir : un carré surmonté d’un triangle, symbole de Dover Street Market. Déjà décliné à Londres, New York, Singapour ou Los Angeles, ce concept store pointu propose une sélection de marques de luxe et de jeunes créateurs mise en scène dans des espaces dont la logique défie celle du commerce traditionnel. A l’origine de l’idée, mais aussi de l’architecture intérieure de ces boutiques connues des amateurs de mode, la Japonaise Rei Kawakubo, créatrice de la griffe Comme des garçons et personnage aussi mutique que vénéré. Au sujet de l’antenne parisienne, qui a ouvert le 2 octobre, on n’obtiendra d’elle que cette phrase, envoyée par e-mail : « J’ai eu envie de créer une forêt de piliers pour encourager le client à faire un voyage, une découverte, à l’opposé de ces espaces dédiés à la beauté où tout est étalé de façon linéaire. » Car ce premier Dover Street Market français est aussi le seul au monde à ne vendre que des parfums et des produits cosmétiques. Stock bien dissimulé « Nous cherchions un bâtiment pour ouvrir un Dover Street Market à Paris et, en parallèle, un lieu pour accueillir une boutique consacrée aux parfums Comme des garçons, explique, plus disert, Adrian Joffe, le collaborateur et mari de Rei Kawakubo. Quand nous avons trouvé cet espace, rue Elzevir, dans le 3e arrondissement, nous avons décidé de mêler ces deux idées. Ainsi est né Dover Street Parfums Market. » Avec une intention : prendre le contre-pied des supermarchés de la beauté à la profusion de couleurs, d’images, de produits et d’odeurs. Ici, pas de photos en gros plan de paupières maquillées, de rayonnages horizontaux couverts de flacons ni de chansons à la mode, mais un espace blanc de 200 mètres carrés avec sol brut, escalier en métal pour accéder au sous-sol et une bande-son composée par l’artiste sonore Calx Vive, collaborateur régulier de Dover Street Market, pour « favoriser l’immersion ». La colonne des parfums Bottega Veneta. Julie Lansom pour M Le magazine du Monde D’autres éléments parleront aux habitués, comme la cabane en bois et tôle ondulée qui héberge la caisse, la grande colonne un peu difforme habillée d’une œuvre en crochet de l’artiste Magda Sayeg et cette devanture inhospitalière, qui n’invite décidément pas au lèche-vitrines. Pour ce premier concept store beauté, Rei Kawakubo a fait fabriquer au Japon de longues structures verticales en forme d’œuf allongé, aux textures différentes, dans lesquelles sont exposés les testeurs – le stock, lui, est bien dissimulé pour ne pas nuire à l’épure. L’escalier en métal et la colonne habillée d’une œuvre en crochet de l’artiste Magda Sayeg. Julie Lansom pour M Le magazine du Monde Cette « forêt de piliers », comme elle l’appelle donc, semble pousser sur le sol en béton. Celui qui abrite les bougies (Monocle, Carrière Frères…) est recouvert d’un carrelage blanc aussi froid que les œuvres en céramique du plasticien Jean-Pierre Raynaud. Un autre pilier, consacré à la première ligne de jus du créateur de mode Thom Browne, est recouvert de flanelle grise. Pour essayer cette nouveauté, présentée ici en exclusivité, des mouillettes papier coniques ont été dispersées, une recommandation de Christian Astuguevieille, le nez des parfums Comme des garçons. Tourner autour des piliers Aux clients de déambuler entre les piliers, de leur tourner autour, d’en trouver le sens. « Pour ne pas disparaître, les grands magasins doivent proposer des choses que l’on ne peut pas faire en ligne. Le futur du commerce, c’est de donner le goût de la découverte », analyse Adrian Joffe. Et, au Dover Street Parfums Market, le client découvre. Des parfums mais, plus encore, une scénographie. Adrian Joffe ne s’en cache pas : ni lui ni son épouse ne sont « des experts du secteur de la beauté », leur travail est d’abord « visuel ». Des réalisations de Julien d’Ys, le coiffeur des défilés Comme des garçons. Julie Lansom pour M Le magazine du Monde Une affirmation qui fait écho au Colorama des vernis allemands Uslu Airlines (dont une couleur, noire, créée pour le lieu), à la coiffeuse pavée de miroirs et au siège à franges qui meublent l’espace réservé aux parfums Gucci ou encore aux chics blushs en stick de Westman – des marques choisies avec l’aide de Sarah Andelman, fondatrice du concept store parisien Colette, fermé il y a deux ans. « Quelques jours avant l’ouverture, nous trouvions qu’il manquait quelque chose au sous-sol, ajoute Adrian Joffe. Nous avons confié un espace à Julien d’Ys, qui réalise les coiffures des défilés Comme des garçons. » Ce dernier y a installé quelques-unes de ses spectaculaires réalisations, comme cette perruque-couronne confectionnée pour le défilé printemps-été 2017 ou cette volumineuse fausse choucroute pour un gala au Metropolitan Museum, à New York. Lire aussi Dover Street Market, la référence des concept stores En allant chez Dover Street Parfums Market, on pourra donc regarder de près ces perruques, s’offrir un savon pour les mains Dr. Bronner’s à 5 euros, essayer le premier parfum « non binaire » de Suigeneris, se faire tatouer par les artistes de MAC Cosmetics ou bien obtenir des conseils sur l’utilisation de la poudre de micronutriments Daluma. Mais encore faudra-t-il oser pousser la porte.
Après Londres, Pékin ou Tokyo, Rei Kawakubo, la créatrice de Comme des garçons, vient d’ouvrir son premier concept store français dans le Marais, à Paris. Pour ce lieu consacré aux parfums et à la beauté, la Japonaise a imaginé un espace épuré.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/18/dover-street-market-un-immacule-concept-store-a-paris_6016088_4497319.html
mlsum-fr-218
« La loi du 15 mars 2004 a finalement réglé une fois pour toutes la question, en interdisant aux élèves le port de signes religieux ostensibles » (Photo : explication du fait religieux et des signes ostentatoires). Godong / Photononstop Tribune. L’affaire récente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté et la polémique suscitée par les affiches électorales de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) ont ravivé le débat sur le port du voile islamique lors de l’accompagnement de sorties scolaires, débat dans lequel le droit s’est largement invité. En prélude à chaque discussion publique sur le sujet, il est répété à l’envi que la loi autorise cette pratique. En réalité, l’état du droit sur ce point précis n’est pas issu d’une loi mais d’une simple « étude » du Conseil d’Etat rendue sur saisine du Défenseur des droits le 23 décembre 2013. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ne pas confondre la haine des femmes voilées et la critique du voile » Or ce texte, qui se présente comme une étude globale sur la portée de l’exigence de neutralité religieuse dans les services publics, est loin de trancher la question de manière aussi claire et définitive. En ce qui concerne les sorties scolaires, il tient en substance à ceci : les parents accompagnants sont des usagers du service public, qui, en tant que tels, ne sont pas soumis à l’obligation de neutralité ; toutefois, pour des raisons tenant à l’ordre public ou au bon fonctionnement du service public, l’autorité compétente peut leur interdire de manifester leurs croyances religieuses. Quelles conclusions faut-il en tirer ? Lire aussi Au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, un responsable du RN agresse une femme voilée Dans la lignée de sa jurisprudence traditionnelle, le Conseil d’Etat s’efforce de concilier deux principes de valeur équivalente : la neutralité de l’enseignement public et la liberté de manifester ses croyances, laquelle doit prévaloir à l’égard de tout individu qui n’est qu’usager du service public de l’éducation. La qualité d’usager est donc un préalable indispensable à l’exercice de cette liberté, ce qui déjà pose une difficulté. Notions sujettes à interprétation S’il n’est pas tout à fait dans la même situation que l’enseignant, le parent qui accompagne une sortie scolaire participe bien le temps de cette mission à l’exercice du service public, en étant notamment chargé de la surveillance des enfants. Or le droit jurisprudentiel, lui-même fixé par le Conseil d’Etat lorsqu’il statue en tant que juridiction, admet depuis longtemps que le collaborateur occasionnel du service public doit être assimilé, le temps de sa collaboration, à un agent public. Le Haut Conseil à l’intégration, s’appuyant sur cette jurisprudence, recommandait d’ailleurs, en 2010, « de faire respecter le principe de laïcité à tous les collaborateurs occasionnels du service public ». Dans son étude de 2013, le Conseil d’Etat entend cependant limiter les effets de la qualité de collaborateur occasionnel à la réparation par l’Etat des préjudices qui seraient causés ou subis par les accompagnateurs à l’occasion de la sortie scolaire. Autrement dit, le parent accompagnant est un usager du service public, mais il est traité comme un collaborateur s’il est responsable ou victime d’un dommage.
Le statut juridique des parents lors des sorties scolaires n’étant pas clairement établi, cela fait peser sur chaque directrice ou directeur d’école une responsabilité trop lourde, souligne, dans une tribune au « Monde », le juriste David Bailleul.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/30/pour-clarifier-la-situation-des-accompagnatrices-voilees-de-sorties-scolaires-une-loi-est-necessaire_6017456_3232.html
mlsum-fr-219
NICK SHEPHERD / IKON IMAGES / PHOTONONSTOP Chronique « Carnet de bureau ». « Fais confiance et vérifie (doveriai no proveriai) », ce proverbe russe très prisé en son temps par Ronald Reagan (« Trust but verify ») n’a certainement pas échappé à Google. Les salariés du géant numérique accusent leur employeur d’avoir installé un « mouchard » sur le logiciel de réservation de salle pour repérer tout regroupement de plus de cent personnes, révélait Bloomberg le 24 octobre. Le droit du travail a beau tenter d’adapter la protection des salariés à l’évolution technologique, les outils numériques permettent une surveillance toujours plus précise et plus discrète des salariés. De quoi tenter les employeurs qui pensent que la croissance de leur entreprise passe par un contrôle toujours plus accru des collaborateurs. Les entreprises dites « libérées » ont fait le pari inverse pour un succès circonscrit à quelques pionniers, mais durable. Quand, en 2009, Alexandre Gérard, le PDG de Chronoflex, se retrouve au bord du gouffre, menacé de faillite, il décide de « lâcher les rênes », et de relancer son projet en misant tout sur la confiance accordée aux collaborateurs, dans une vision partagée. Pour changer la donne : il supprime les symboles du pouvoir et bannit le contrôle. L’organisation est restructurée pour « coconstruire ». Tout se décide par équipe. « L’entreprise libérée est une entreprise dans laquelle les productifs ont pris le pas sur les non-productifs, explique le PDG de Chronoflex. On a demandé à chacun : où est-ce que vous vous sentez contrôlés ? Et imaginez des processus d’auto-contrôle. Les manageurs sont passés de “je prends toutes les décisions” à “je n’en prends plus aucune”. Le vrai sujet est de concilier confiance et liberté. » La confiance prônée par les entreprises libérées repose sur l’autonomie du salarié au service de l’intérêt général de l’entreprise. Alexandre Gérard en a fait le quotidien du site de Saint-Herblain, en Loire-Atlantique. Et ça marche. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chrono Flex, le pari gagnant de l'autonomie et de la coordination Autocontrôle Pour les salariés « tout va bien » et le chiffre d’affaires augmente de 10 % en moyenne annuelle (33 millions d’euros, contre 22 millions il y a cinq ans). La logique de contrôle a laissé sa place à celle de l’autocontrôle. Evaluation et règlements de conflits n’ont pas disparu, mais sont gérés par le collectif. Ce qui n’est pas sans risque. « Il y a de plus en plus d’entreprises qui s’engagent sur le sujet, mais 90 % vont à l’échec par manque de préparation du dirigeant et de la culture d’organisation. Ils ne travaillent pas assez sur le rapport au pouvoir et sur le lâcher-prise », tranche M. Gérard.
La confiance accordée aux salariés peut parfois dissimuler un objectif de surveillance accrue, explique la journaliste du « Monde » Anne Rodier.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/11/06/entreprises-liberees-sous-etroite-surveillance_6018182_1698637.html
mlsum-fr-220
Biographe de Dean Martin et de Jerry Lee Lewis, historien du rock et écrivain déjanté, auteur de polars et fou de poésie, Nick Tosches est mort dimanche 20 octobre à l’âge de 69 ans, à son domicile de Manhattan, à New York, a annoncé le New York Times, citant un proche de l’auteur. Fils d’un patron de bar du New Jersey, Nick Tosches s’est imposé comme une des plumes les plus érudites, prestigieuses et drôles de la critique rock américaine. « Moi j’ai fait mon éducation tout seul, en dehors de l’école. J’ai pris sur moi d’apprendre tout seul le grec ancien, par exemple. J’ai été cireur de chaussures, livreur de journaux, grouillot de bar, et ensuite l’écriture m’a pris tout mon temps », expliquait-il au Monde en 2001. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nick Tosches : "La musique populaire était meilleure avant les années 1960" « La jeunesse, pour moi, fut une période très déprimante, je n’avais pas vraiment de chez moi, ma famille s’étant désunie à la mort de ma grand-mère quand j’étais encore petit garçon. Pour le reste, j’ai passé ma jeunesse à boire, prendre des drogues et baiser à droite, à gauche. J’ai commencé à fumer des clopes et à boire à la même époque, vers douze ans. Ensuite je suis passé à l’herbe et aux cachets. J’alternais les amphétamines et les calmants, j’adorais tous les trucs qu’on ne trouve plus aujourd’hui. Je ne prends presque plus d’héroïne, pas plus de trois fois par an », nous racontait-il alors. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Plumes électriques Le rock’n’roll « a simplement toujours été là » Le rock’n’roll « a simplement toujours été là », disait l’auteur, qui commence à écrire sur la musique à la fin des années 1960, notamment pour les magazines Rolling Stone, Creem et Fusion. Il casse les codes, au point d’être surnommé, avec d’autres jeunes journalistes, les « braillards ». En 1977, il publie son premier ouvrage, Country, les racines tordues du rock’n’roll (qui paraît en France en 2000 chez Allia), sur les personnalités méconnues de la country, puis Hellfire, consacré au chanteur Jerry Lee Lewis (1982, paru en 2001 en France, également chez Allia). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une précieuse histoire orale de la critique rock américaine On lui doit aussi Héros oubliés du rock’n’roll, les années sauvages du rock avant Elvis (Allia, 2000) et Dino, la belle vie dans la sale industrie du rêve (Rivages, « Ecrits noirs », 2001), une biographie de Dean Martin, ou encore Réserve ta dernière danse pour Satan, sur l’industrie naissante du rock (Allia, 2012). Nick Tosches est également l’auteur de polars, dont Trinités (Gallimard, « La Noire », 1996) et La Religion des ratés (Gallimard, « Série noire », 1996) et de nombreux articles, notamment pour le magazine Vanity Fair. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le printemps du rock fleurit sur l’édition
L’auteur a notamment publié des biographies de Jerry Lee Lewis et Dean Martin, et s’est penché sur les précurseurs méconnus du rock’n’roll.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/10/21/biographe-et-historien-du-rock-l-ecrivain-americain-nick-tosches-est-mort-a-69-ans_6016273_3382.html
mlsum-fr-221
Le ministre indien de l’intérieur, Amit Shah, arrive au Parlement, à New Delhi, le 5 août. Stringer . / REUTERS Dès le matin du lundi 5 août, les caméras de la télévision indienne ont suivi les déplacements d’Amit Shah, le ministre de l’intérieur, qui a présenté le coup politique le plus audacieux – et dangereux – du deuxième mandat, commencé en mai, du premier ministre, Narendra Modi : la révocation de l’autonomie du Cachemire indien, le Jammu-et-Cachemire. Veston marron sur chemise blanche, collier de barbe grise et crâne lisse, le corpulent et énergique quinquagénaire a annoncé à la Rajya Sabha, la Chambre haute du Parlement, le projet de son parti d’abroger l’autonomie du seul Etat indien peuplé en majorité de musulmans. Il justifie la remise en cause des droits préférentiels dont pouvaient se prévaloir ses habitants en matière d’accès à la propriété, d’emploi dans la fonction publique et de bourses. Ceux-ci n’ont fait qu’« entraver le développement et favoriser la corruption », a-t-il crié. Quant à l’autonomie, elle serait « la cause », selon lui, du « terrorisme et de ses 41 400 victimes ». Un chiffre sous-évalué, selon les organisations des droits de l’homme, qui estiment que la majorité des morts est due aux abus des forces de l’ordre indiennes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cachemire : l’Inde prend le risque de l’embrasement Les membres de l’opposition ont rugi, tambouriné sur les tables. Les représentants du Bharatiya Janata Party (BJP, nationaliste), majoritaire dans les deux chambres, ont applaudi. M. Shah a élevé la voix. On lui décrit l’apocalypse ? « Rien ne va arriver », rassure-t-il. Le Cachemire « ne se transformera pas en Kosovo ». Ce rôle de premier plan n’est pas un hasard pour un homme considéré comme essentiel dans l’ascension du premier ministre : bras droit de ce dernier, Amit Shah est aussi le président du BJP, qui a porté Narendra Modi au pouvoir en 2014, puis en mai 2019. De quinze ans plus jeune que M. Modi, il le seconde depuis les premières années de celui-ci à la tête de l’Etat du Gujarat (ouest), où il exerça le rôle de secrétaire d’état à l’intérieur à partir de 2002 et jusqu’en 2014. Il s’y distingua par son rôle trouble dans les massacres de musulmans en 2002. Il fut arrêté en 2010, mais jamais condamné, à la suite de la multiplication, dans l’Etat, de meurtres d’opposants maquillés en gestes de légitime défense par la police. Un homme « aux deux facettes » « En Inde, Amit Shah est vu par certains comme l’exécuteur des basses œuvres de Modi, et par d’autres comme son éminence grise, celui qui aurait “inventé” Modi. La vérité, c’est que Modi et Shah forment un tandem, un duo, depuis près de vingt ans – au service de l’idéologie suprémaciste hindoue incarnée par le BJP », explique Christophe Jaffrelot, directeur de recherches au CERI Sciences Po et au CNRS et auteur de L’Inde de Modi. National-populisme et démocratie ethnique (Fayard, 352 pages, 25 euros).
Le ministre de l’intérieur du nouveau gouvernement, qui a présenté lundi le projet de loi révoquant le statut d’autonomie du Jammu-et-Cachemire, a été essentiel dans l’ascension du premier ministre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/06/en-inde-amit-shah-le-bras-droit-sans-scrupule-de-narendra-modi_5497049_3210.html
mlsum-fr-222
Une particule du virus de la rougeole. KATERYNA KON/SCIENCE PHOTO LIBRARY Il y avait déjà d’excellentes raisons de prôner la vaccination contre la rougeole, mais deux publications simultanées viennent renforcer son intérêt, au-delà de la seule protection contre cette maladie hautement contagieuse qui a fait plus de 100 000 morts dans le monde en 2017, principalement des enfants de moins de 5 ans. Responsable de l’infection, le virus de la rougeole ne se contente pas d’entraîner des symptômes (fièvre, rhinite, toux, éruption cutanée…), il provoque aussi une sorte d’amnésie du système immunitaire : les anticorps déjà créés qui se mobilisent lors d’une nouvelle infection disparaissent en grande partie. Le système immunitaire doit alors réapprendre à protéger l’organisme contre les infections. « La puissante activation du système immunitaire par la rougeole engendre une immunité pour toute la vie à l’égard de cette maladie mais, en même temps, une profonde immunosuppression », soulignent Velislava Petrova (Wellcome Trust Sanger Institute, Cambridge, Royaume-Uni) et ses collègues dans un article publié jeudi 31 octobre dans Science Immunology. Responsable au CHU de Caen du centre national de référence des virus de la rougeole, rubéole et oreillons, la professeur Astrid Vabret confirme ce « paradoxe immunitaire de la rougeole », connu depuis quelques années : « La durée de cette immunodépression n’est pas encore consensuelle : de 5 à 6 mois ? 5 ans chez 10 à 15 % de la cohorte des enfants infectés. Il ne semble pas y avoir de retour à l’état antérieur (une sorte de “guérison”, si cela existe vraiment) et la reconstitution du répertoire d’anticorps réclamerait la réexposition au pathogène. » Sur un autre plan, « des études épidémiologiques ont montré l’association entre la rougeole et une morbidité et une mortalité accrues des années après l’infection, mais les raisons en sont mal connues. Le virus de la rougeole infecte les cellules immunitaires et provoque une immunosuppression aiguë », rappellent pour leur part dans Science, le 31 octobre également, Michael Mina (Brigham and Women’s Hospital, Harvard Medical School, Boston) et ses collègues. A cela s’est ajoutée la notion selon laquelle la vaccination antirougeoleuse protégerait contre cette maladie mais aussi contre d’autres infections sur le long terme. Serait-ce dû à une stimulation globale du système immunitaire ou bien cet effet du vaccin résulterait-il de l’absence d’infection par la rougeole elle-même ? Les deux équipes de Velislava Petrova et de Michael Mina ont chacune levé le voile sur les mécanismes faisant pencher la balance en faveur de la seconde explication.
Le virus morbilleux réinitialise les défenses de l’organisme et le rend plus vulnérable à d’autres infections. La vaccination contre la rougeole prévient ce « paradoxe immunitaire ».
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/11/04/la-rougeole-provoque-une-amnesie-immunitaire-globale_6017911_1650684.html
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Marine Le Pen, entourée de journalistes, le 8 septembre à Hénin-Beaumont. FRANCOIS LO PRESTI / AFP Ce n’est pas la première fois que le Rassemblement national (RN) refuse une accréditation à un journaliste ou un média. Depuis 2012, le parti d’extrême droite refuse continuellement de délivrer des accréditations aux journalistes de Mediapart et de l’émission « Quotidien » quand ils veulent assister à leurs conférences de presse et leurs réunions. Ce week-end, ils ont retiré l’accréditation du journaliste de Libération Tristan Berteloot. Plusieurs de ses collègues journalistes ont protesté contre cette décision et dénoncé une « atteinte grave à la liberté de la presse ». Au point que samedi, après la publication d’une dépêche de l’AFP, le parti a fait machine arrière et lui a rendu son accréditation. Le RN rétropédale et réaccrédite notre confrère. https://t.co/95Hu7KDkah — LucieSoullier (@Lucie Soullier) Notre confrère de Libération s’est vu retirer son accréditation à l'université d'été du RN à Fréjus en raison de ce… https://t.co/rf6ozwTEWa — Alexsulzer (@Alex Sulzer) Quand le journaliste de Libération Tristan Berteloot avait demandé au RN pourquoi son accréditation lui avait été retirée, le service de presse du parti avait répondu : « En raison de votre article sur le maire de Fréjus », un portrait titré « David Rachline, du petit chose au grand fayot » – qui est par ailleurs membre du bureau exécutif de la direction du RN. « Le RN, comme le FN, continue à avoir un problème avec la liberté de la presse », a réagi Paul Quinio, directeur délégué de la rédaction de Libération. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les communes que le Rassemblement national est en mesure de gagner De nombreux précédents En avril, une journaliste de Mediapart avait été refoulée d’un meeting de la présidente du RN, Marine Le Pen, près de Rennes, au motif que les journalistes du site d’informations étaient « des militants politiques, pas des journalistes ». Mediapart avait dénoncé un parti d’extrême droite « hostile à la liberté de la presse ». Pendant la campagne présidentielle de 2017, les sociétés de journalistes de près d’une trentaine de médias, dont l’AFP, avaient signé une pétition pour protester contre une décision du FN de « choisir les médias autorisés à suivre Marine Le Pen » et dénoncé « une entrave à la liberté » d’informer. Au second tour de la présidentielle, en 2017, une quinzaine de médias avaient été interdits d’assister à la soirée électorale du parti, provoquant par solidarité le « boycott » d’autres médias. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Municipales à Paris : le RN doit choisir entre ouverture ou empreinte du parti
Le parti d’extrême droite a justifié le retrait de son accréditation – rendue après un début de polémique – en pointant du doigt le portrait du maire de Fréjus publié dans le quotidien ce samedi 14 septembre.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/14/le-rn-retire-temporairement-l-accreditation-d-un-journaliste-de-liberation-a-son-universite-d-ete_5510444_823448.html
mlsum-fr-224
C’est un dispositif encore méconnu, mais qui a déjà rapporté gros à Bercy. Depuis deux ans, le principe des « aviseurs fiscaux » permet au fisc de rétribuer des informateurs qui portent à sa connaissance des affaires de fraude fiscale internationale. Adopté fin 2016 à titre expérimental, dans le sillage des révélations des « Panama Papers », le dispositif a été pérennisé à l’automne dernier, dans le cadre de la loi de lutte contre la fraude. Fin avril, un rapport du ministère de l’action et des comptes publics, révélé par Le Monde, chiffrait à plus de 95 millions d’euros les sommes en passe de revenir à l’Etat grâce aux renseignements fournis par deux aviseurs fiscaux – notamment une liste de plusieurs dizaines de personnes diposant d’actifs à l’étranger. Les députés souhaitent désormais étendre le dispositif à la fraude à la TVA, l’un des domaines les plus complexes et les plus lucratifs de contournement de l’impôt, qui générerait 10 à 20 milliards d’euros de manque à gagner pour l’Etat, a annoncé la députée socialiste Christine Pirès-Beaune, mercredi 5 juin, en présentant les conclusions d’une mission parlementaire d’évaluation du dispositif. Rétribution fixée au cas par cas « Le système des aviseurs fiscaux est aujourd’hui jugé indispensable par le fisc, tant les schémas de fraude se complexifient et évoluent en permanence. On est loin d’un système où chacun viendrait dénoncer son voisin », a défendu la députée, à l’origine de l’amendement sur les aviseurs en 2016. La pratique est courante à l’étranger, notamment en Allemagne, et Bercy réalise d’abord une enquête sur l’aviseur, a-t-elle rappelé. Un satisfecit unanime à la commission des finances de l’Assemblée, puisque la mission d’information allait du parti Les Républicains (LR) au Parti communiste en passant par La République en marche et Libertés et territoires. Les députés ont également préconisé de renforcer la confidentialité des éléments permettant l’identification des aviseurs, de mieux protéger les agents publics traitant les dossiers, et de favoriser la coopération entre les investigations de la direction nationale d’enquêtes fiscales et le nouveau service d’enquêtes judiciaires créé à Bercy à l’automne dernier. Seule une préconisation fait débat : la suppression du plafond applicable à l’indemnité versée aux aviseurs. Ajouté in extremis par Bercy lors de la promulgation du dispositif, début 2017, ce plafond d’un million d’euros n’avait pas été souhaité par Mme Pirès-Beaune. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grâce aux rémunérations, les « indics » du fisc font rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat « Nous sommes favorables au maintien du plafond, a indiqué Marie-Christine Dalloz (LR). Soit on instaure un barème et, à ce moment-là, on peut se passer d’un plafond. Soit il n’y a pas de barème, et il faut laisser un plafond. Un million d’euros, c’est déjà conséquent. » « C’est moins de 1 % des sommes aujourd’hui recouvrées par l’Etat. Si on fixait un barème, on serait rapidement sur des sommes inconsidérées – les taux vont de 15 % à 30 % aux Etats-Unis par exemple. De plus, avec ce plafond, on risque de se priver de renseignements utiles », répond Mme Pirès-Beaune. Aujourd’hui, la rétribution des informateurs – non communiquée, contrairement à ce que prévoyait la loi – est fixée au cas par cas par le fisc, en fonction de ce que rapporte l’affaire dénoncée, du risque pris par l’aviseur, ou de la complexité du schéma révélé. Les sommes qu’il est possible de recouvrer restent très difficiles à évaluer. Une trentaine d’affaires sont en cours d’instruction par le fisc. Les députés espèrent inscrire l’extension du dispositif à la TVA dans le budget 2020, Bercy y étant favorable.
Les « aviseurs fiscaux » ont permis à Bercy de récupérer près de 100 millions d’euros en deux ans.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/06/les-informateurs-du-fisc-bientot-retribues-sur-la-fraude-a-la-tva_5472229_823448.html
mlsum-fr-225
La lote de rivière, autrefois commune dans les bassins du Rhin, du Rhône et le la Saône, est en régression du fait de la disparition de ses zones de fraie ainsi que du réchauffement climatique, cette espèce se reproduisant à très basse température. Henri Persat L’esturgeon européen, la grande alose, l’anguille européenne et le chabot du Lez en danger critique d’extinction. La loche léopard, la lamproie marine, l’omble chevalier ou l’apron du Rhône en danger. Le brochet aquitain, la lote de rivière ou l’ombre commun en situation de vulnérabilité… Au total, 15 des 80 espèces de poissons d’eau douce présentes en France métropolitaine, soit près d’une sur cinq, sont menacées de disparition. C’est ce que révèle la « liste rouge » publiée, jeudi 11 juillet, par le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature et le Muséum national d’histoire naturelle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Biodiversité : une espèce sur huit, animale et végétale, risque de disparaître à brève échéance Par rapport à la précédente évaluation, réalisée voilà neuf ans, le bilan s’est encore aggravé puisque, si l’on y ajoute 16 espèces classées comme « quasi menacées » (barbeau méridional, vairon basque, saumon atlantique…), le pourcentage total d’espèces en péril est passé de 30 % à 39 %. « La destruction et la dégradation des milieux naturels constituent les principales menaces », indiquent les auteurs. C’est ainsi que la loche d’étang pâtit de l’assèchement des zones humides et de la présence de digues sur les cours d’eau. Le drainage agricole des prairies humides affecte les conditions de reproduction du brochet commun, tandis que l’extraction de granulats met à mal l’habitat de la lamproie de rivière ou du toxostome. Le brochet commun est menacé par le drainage agricole des prairies humides. MNHN/EFeunteun A cette pression s’ajoute la pollution des milieux d’eau douce, lacs ou rivières, notamment par les pesticides. Cette mauvaise qualité des écosystèmes aquatiques a pour effet de fragiliser les défenses immunitaires de certaines espèces, comme l’anguille européenne. La situation des poissons migrateurs amphihalins (qui effectuent une partie de leur cycle de vie en eau douce et une autre partie en mer) est jugée particulièrement « inquiétante ». Aux menaces déjà citées s’ajoutent, pour ces migrateurs, les barrages qui compromettent leur périple vers leurs zones de reproduction. L’anguillle européenne, qui se reproduit en mer des Sargasses avant de coloniser les eaux douces continentales, a vu ses stocks s’effondrer depuis les années 1980. Elle bénéficie d’un plan de gestion dans tous les pays de l’Union européenne. MNHN/EFeunteun Par rapport à la liste rouge d’il y a neuf ans, sept espèces de poissons d’eau douce ont vu leurs effectifs se redresser : le spirlin, le mulet porc, le chabot fluviatile, le vairon commun, la bouvière, la blennie fluviatile et l’ide mélanote.
La destruction des milieux naturels et la pollution des cours d’eau sont les principales causes du déclin des populations.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/11/une-espece-de-poissons-d-eau-douce-sur-cinq-menacee-en-france_5488191_3244.html
mlsum-fr-226
Le vin rouge, le thé, le cassis, la framboise, l’épinard ou encore l’abricot contiennent des composés astringents. BENJAMIN SCHMUCK & NICOLAS MUR L’astringence est plus une sensation qu’une saveur. Il n’en reste pas moins qu’elle est indissociable de l’univers gustatif, des mécanismes du goût et de tout ce qu’il se passe entre nos mâchoires, nos papilles et nos neurones. Dans la définition du Grand Robert, l’adjectif « astringent » est d’ailleurs assimilé « par extension » à une saveur : « Méd. Qui exerce sur les tissus vivants un resserrement, une sorte de crispation plus ou moins sensible. Remède astringent : astrictif (vieilli), hémostatique, styptique. Par extension (en parlant du goût, de l’odeur, d’une plante, d’une substance). Saveur âpre et astringente : acerbe, âpre, austère. Par métaphore. Fig. Une parole astringente. “Tout petits baisers astringents” (L’Impénitent, Paul Verlaine). » Sur le plan physiologique, le ressenti « astringent » dans la bouche est lié au nerf trijumeau, le plus grand des nerfs crâniens, composé de neurones moteurs et de neurones sensitifs. C’est une réaction aux tanins végétaux, aussi appelés polyphénols ou composés phénoliques, qui ont la capacité de précipiter les protéines, en l’occurrence celles contenues dans la salive. Dans le corps, sur la peau, les composés astringents, antioxydants naturels, ont de nombreuses vertus médicinales : ils resserrent les pores, assèchent les tissus et peuvent faciliter la cicatrisation. Les tanins, on le sait, sont traditionnellement utilisés pour tanner, à savoir nettoyer les peaux de bêtes et les rendre imputrescibles. Baies et plantes aromatiques Tout comme l’amertume, l’astringence se niche partout dans le monde végétal : dans les baies comme les myrtilles, les groseilles à maquereau ou les cassis bourrés d’anthocyane (pigment bleu sombre) ; dans les plantes aromatiques comme l’achillée millefeuille, la pimprenelle, le basilic ou le cannabis ; dans le raisin, ses peaux et ses pépins ; dans le vin rouge et autres alcools élevés en fût ; dans le thé, la chicorée ou le café vert ; dans les chénopodes comme la blette, l’épinard ou l’arroche ; mais aussi dans les agrumes, les noix, le gingembre et le curcuma, la nèfle, la prunelle, le coing, la poire ou encore le kaki. Ce dernier fruit est d’ailleurs l’objet de toutes les attentions de Ryoko Sekiguchi, dans son ouvrage L’Astringent (éditions Argol). « Lorsqu’on croque dans un kaki astringent, écrit-elle, c’est toute la bouche, comme du cuir, qui est “tannée”. » L’écrivaine et gastronome nippone révèle à quel point le mot shibui, que le dictionnaire traduit par « astringent », a des significations bien plus amples en japonais.
Cet été, « M » part à la découverte des goûts en cuisine. Les composés astringents, antioxydants naturels, ont de nombreuses vertus médicinales. Ils permettent aussi de réaliser de subtils contrastes en gastronomie.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/08/02/toutes-les-nuances-de-l-astringence_5495982_4497319.html
mlsum-fr-227
Le Conseil supérieur de la magistrature a décidé jeudi 17 octobre de proposer pour la nomination du prochain président du tribunal de grande instance de Paris, Stéphane Noël, l’actuel président de Créteil. L’information ne sera officielle que dans une dizaine de jours, passé le délai d’examen d’éventuelles contestations. Sa rivale la plus sérieuse dans cette course à la présidence de la plus grande juridiction du pays était Isabelle Gorce, présidente du tribunal de Marseille et ex-directrice de l’administration pénitentiaire. Depuis quatre ans à la tête du tribunal de Créteil, M. Noël est parvenu à améliorer le fonctionnement de cette grosse machine francilienne, tout en n’hésitant pas à innover comme dans le développement volontariste de la médiation judiciaire ou dans la prise en charge des victimes de violences conjugales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le tribunal de Créteil réussit à développer la médiation Dans le cadre du Grenelle des violences conjugales en septembre, Créteil a ainsi été désigné comme site pilote en vue de généraliser les circuits courts mis en place par le tribunal avec le parquet et les associations pour un traitement rapide des demandes d’ordonnance de protection du conjoint victime. Ancien conseiller de Dominique Perben à la chancellerie (2004-2006), Stéphane Noël a laissé un souvenir amer dans le monde judiciaire en ayant piloté au cabinet de Rachida Dati la douloureuse réforme de la carte judiciaire de 2008. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment la justice adapte ses procédures face aux violences conjugales Création du Parquet national financier Hasard du calendrier, c’est ce même 17 octobre que Jean-Michel Hayat faisait son pot de départ au tribunal de Paris. Celui qui a piloté cette juridiction pendant le délicat et titanesque déménagement dans le nouveau tribunal de la porte de Clichy a déjà rejoint la vieille île de la Cité où il a pris, mardi 15 octobre, ses nouvelles fonctions de premier président de la cour d’appel de Paris. Il succède à Chantal Arens, partie présider la Cour de cassation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coûts exorbitants, dialogues de sourds... Enquête sur l’ubuesque gestion privée du Palais de justice de Paris La présidence de M. Hayat a surtout été marquée par l’irruption du terrorisme de masse en 2015 avec les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher puis ceux du Bataclan et des terrasses. Un dédoublement de la 16e chambre correctionnelle a été nécessaire pour faire face au volume des procès sur les délits terroristes comme de ceux des candidats au djihad en Syrie. M. Hayat ne va pas quitter cette matière puisque les crimes sont jugés aux assises qui relèvent de la cour d’appel, et les procès-fleuves des attentats de Paris et de Nice sont annoncés pour 2020 et 2021. Ces dernières années ont aussi été marquées par la création du Parquet national financier (PNF) en 2014. Pour juger ce nouveau flux d’affaires souvent techniques, M. Hayat a créé la 32e chambre au tribunal de Paris, devant laquelle se sont tenus par exemple les deux procès des époux Balkany dont le second jugement est attendu vendredi. Dans une entente avec Eliane Houlette, première procureure financière, le président de la juridiction a permis l’émergence du nouvel instrument du PNF qu’est la convention judiciaire d’intérêt public, une procédure qui permet de négocier une sanction rapide des personnes morales (les sociétés). Changement complet de casting Jean-François Bohnert, qui a pris ses fonctions à la tête du PNF lundi 14 octobre, a indiqué lors d’une réunion avec la presse qu’il inscrirait son action dans la continuité de Mme Houlette. Mais avec 584 dossiers en cours (+ 9 % en dix mois) suivis par une équipe de dix-huit magistrats, le nouveau procureur national financier compte obtenir de la chancellerie des effectifs supplémentaires. L’ancien procureur général de Reims, qui était le candidat de la France pour diriger le futur parquet européen, ne sera finalement pas si éloigné de cette matière de la fraude aux intérêts communautaires, car le PNF pourrait bien abriter les deux délégués du parquet européen pour la France. Avec la création en juillet du parquet national antiterroriste, confié à Jean-François Ricard, et la nomination il y a onze mois de Rémy Heitz comme procureur de la République, c’est donc un changement complet de casting qui a eu lieu à Paris. Mais, dans une magistrature très majoritairement composée de femmes, quatre hommes, un président du tribunal et trois procureurs, ont été choisis pour piloter cette juridiction emblématique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean-François Ricard, un procureur antiterroriste taillé pour les assises
Stéphane Nöel va présider la plus grande juridiction du pays désormais dotée de trois procureurs. Que des hommes, dans une magistrature où les femmes sont majoritaires.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/10/18/un-nouveau-president-a-la-tete-du-tribunal-de-grande-instance-de-paris_6015987_1653578.html
mlsum-fr-228
La marche silencieuse en hommage aux trois sauveteurs de la SNSM, le 10 juin aux Sables-d’Olonne. SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP Une marche silencieuse pour rendre hommage aux trois sauveteurs de la SNSM morts vendredi en portant assistance à un chalutier a rassemblé 15 000 personnes, aux Sables-d’Olonne, selon la préfecture de Vendée, lundi 10 juin. Vers 10 h 30, dans une ambiance empreinte de recueillement, la foule a commencé à marcher le long de la plage des Sables-d’Olonne. Certains, tenant des fleurs blanches, ont applaudi des sauveteurs en mer qui défilaient en polaire orange. Des sauveteurs ont également déployé un drapeau portant le logo de la SNSM. ⚫️🇫🇷LE RECUEILLEMENT - 15.000 personnes sont réunies aux Sables-d’Olonne, en Vendée, pour rendre hommage aux trois… https://t.co/3Fk5zfRfbZ — LeGlobe_info (@🌐Le Globe) Trois sauveteurs en mer sont morts vendredi au large des Sables-d’Olonne, victime du chavirage de leur bateau, sorti en pleine tempête Miguel pour porter assistance à un bateau de pêche, dont le marin est porté disparu. Quatre autres sauveteurs, qui étaient présents sur le Jack Morisseau, ont pu regagner le rivage à la nage. 8 000 bénévoles du sauvetage en mer Samedi, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé qu’il nommait, à titre posthume, chevaliers dans l’ordre national de la Légion d’honneur les trois sauveteurs de la SNSM qui ont péri vendredi. Née en 1967, la SNSM rassemble 8 000 bénévoles du sauvetage en mer formés au secourisme. C’est la seule organisation agréée pour le sauvetage en mer en France qui intervient sous la coordination des centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (CROSS). En 2017, environ 9 000 personnes ont été secourues par ses sauveteurs.
15 000 personnes se sont réunies lundi en Vendée. Les trois sauveteurs morts vendredi ont été nommés chevaliers de la Légion d’honneur à titre posthume.
https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/06/10/des-milliers-de-personnes-rendent-hommage-aux-trois-sauveteurs-de-la-snsm-des-sables-d-olonne_5474168_1652612.html
mlsum-fr-229
Des aides financières existent pour contribuer au maintien des personnes âgées à leur domicile. Doug Ogden/Design Pics / Photononstop L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA). Cette aide départementale est versée aux personnes dépendantes de plus de 60 ans pour financer le maintien à domicile ou l’accueil en établissement. Si elle est accordée sans conditions de ressources, son montant dépend du degré de dépendance, du mode d’hébergement et des revenus. En 2019, cette aide oscille entre 672,26 et 1 737,14 euros par mois (à domicile). En 2015, un peu plus de 1,2 million de personnes percevaient cette allocation. Où s’informer ? Auprès du Conseil général, de la mairie ou au Centre local d’information et de coordination (Clic). Les aides sociales départementales. Réservées aux personnes de plus de 65 ans (plus de 60 ans en cas d’inaptitude au travail) avec une légère perte d’autonomie et qui ne touchent pas l’APA, elles sont versées à celles dont les ressources sont modestes (868,20 euros par mois pour un célibataire et 1 347,88 euros par mois pour un couple). Elles financent partiellement une aide ménagère à domicile avec un plafond de 30 heures par mois pour un célibataire (48 heures par mois pour un couple devant être aidé). Ces allocations sont d’un montant variable selon les départements. Où s’informer ? Auprès du Centre communal d’action sociale (CCAS) du domicile du proche aidé. Les aides de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), des caisses de retraite complémentaires et de mutuelles. Attribuées sous conditions de ressources et de patrimoine aux personnes légèrement dépendantes qui ne touchent pas l’APA. Selon les cas, elles prennent la forme d’un capital de plusieurs milliers d’euros, ou d’une prise en charge partielle des frais liés à l’aide à domicile (soins, toilette, ménage, cuisine…). Où s’informer ? Directement auprès des caisses de retraite et des mutuelles. L’Allocation pour adulte handicapé (AAH). Cette aide financière est versée aux personnes dont le taux d’incapacité permanente est au moins égal à 80 %, ou à celles qui justifient d’un taux d’incapacité permanente compris entre 50 % et 79 % et connaissent une restriction substantielle et durable d’accès à un emploi. Pour la percevoir, il faut avoir plus de 20 ans (ou 16 ans dans certains cas), résider en France et, que ses ressources ne dépassent pas certains plafonds (10 320 euros en 2019 pour une personne seule). Son montant sera porté à 900 euros dès le 1er novembre prochain mais elle est réduite si son bénéficiaire perçoit des revenus imposables. Où s’informer ? Auprès des Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) Lire aussi Dépendance : les aidants enfin mieux reconnus
Des allocations existent pour aider au quotidien les personnes qui peinent à assumer les tâches du quotidien seules. Voici les principales et les conditions pour les toucher.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/04/quelles-aides-financieres-pour-les-personnes-dependantes-ou-handicapees_6014225_1657007.html
mlsum-fr-230
Un ancien ministre burundais et diplomate à l’Unesco est jugé lundi 9 septembre aux côtés de sa femme à Nanterre. Le couple est soupçonné d’avoir exploité pendant dix ans un Burundais qui travaillait dans leur maison des Hauts-de-Seine. Ce sont des ouvriers intervenant dans la maison de Gabriel Mpozagara à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) qui ont signalé, en juillet 2018, la situation de cet homme. Aujourd’hui âgé de 39 ans, ce dernier est arrivé de Bujumbura en 2008, initialement pour une période de trois mois. Selon les parties civiles, il a alors dû travailler dix-neuf heures par jour, sept jours sur sept, s’occupant du ménage, du jardin, de la cuisine, de la lessive, ainsi que des soins d’un des enfants du couple, un adulte souffrant de handicap. L’homme était « insulté » et « rabaissé », dormait dans la cave sans conditions d’hygiène basiques, son passeport lui ayant été enlevé, décrivent les parties civiles, qui ajoutent qu’il devait recevoir environ 50 euros de rémunération par mois – une somme qui n’a, de plus, pas été versée en intégralité. Les deux prévenus, qui contestent toute infraction, comparaissent pour « traite d’être humain », « travail dissimulé », « emploi d’un étranger sans titre » et « aide au séjour irrégulier ». Déjà condamnés dans un dossier similaire Le diplomate « a été meurtri et très peiné » de « cette dénonciation qu’il considère comme calomnieuse et nous ferons en sorte de faire éclater la vérité », a déclaré Me Dominique Naveau-Duschesne, son avocate. « Les pièces du dossier montrent les contradictions qu’il y a entre (les) déclarations (du plaignant) et la réalité », a-t-elle assuré, ajoutant qu’il s’agissait d’un « ami de la famille, qui était traité comme un membre de la famille ». Le couple avait été condamné en 2007 à Nanterre dans un dossier similaire, puis ils avaient été relaxés en appel. A l’époque, ils avaient été accusés « d’avoir maintenu dans des conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité humaine » deux jeunes parentes, indique dans un communiqué le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), partie civile au procès de lundi. Les deux sœurs, qui étaient orphelines, ont poursuivi la procédure jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a condamné la France en octobre 2012 pour avoir failli dans sa lutte contre le travail forcé. En juillet 2013, le Parlement français a introduit dans le code pénal le travail forcé, la réduction en servitude et la réduction en esclavage. Lire la tribune d’un professeur d’histoire et de droit : L'esclavage moderne n'est pas différent de celui pratiqué il y a 150 ans
Les deux prévenus comparaissent pour traite d’être humain, travail dissimulé, emploi d’un étranger sans titre et aide au séjour irrégulier.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/09/un-diplomate-et-sa-femme-soupconnes-d-avoir-exploite-un-burundais-pendant-dix-ans_5508081_3224.html
mlsum-fr-231
Il fait nuit noire lorsque les gendarmes découvrent sur une plage d’Escalles (Pas-de-Calais) des gilets de sauvetages et des vêtements mouillés, ainsi qu’un bateau pneumatique de 4 mètres échoué sur le sable, numéro de série élimé, dans la nuit du 27 au 28 mars. A la barre du tribunal de Boulogne-sur-Mer, lundi 3 juin, deux prévenus : l’acheteur de cette embarcation, Mouhamed Wagui, 29 ans, et Mohammad Baraeikechighaleshi, 37 ans, de nationalité iranienne et imam d’une mosquée de la banlieue de Rouen. Son numéro de téléphone figure sur l’historique des appels reçus par le vendeur. Il a mené les négociations pour permettre à son ami d’acheter le bateau qui a, cette nuit-là, servi à des migrants dans leur tentative de traverser la Manche en direction du Royaume-Uni. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les pays de l’UE se déchirent sur le sort des migrants « dublinés » Les noms des deux hommes, jugés pour aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée, figurent à sept reprises dans des ventes de bateaux suivies par les enquêteurs. Dès le 26 décembre 2018, une embarcation achetée par l’imam résidant à Petite-Couronne (Seine-Maritime) est livrée sur une plage où seront, quelques heures plus tard, interceptés dix-sept migrants iraniens. Le 27 mars, dix-neuf migrants présents à bord d’un bateau pneumatique surchargé finiront par se jeter à l’eau peu après leur départ. Cinq d’entre eux seront retrouvés sur la plage par les gendarmes, au bord de l’hypothermie. Au total, une seule embarcation aura réussi la traversée. Les autres ont été interceptées, par les marines britannique et française, ou sont revenues à leur point de départ. « J’ai honte, j’ai hésité » Devant les magistrats, M. Baraeikechighaleshi refuse catégoriquement l’étiquette de « passeur ». « Je n’ai pas demandé à quoi allaient servir les Zodiac », plaide-t-il d’une voix basse, jurant n’avoir appris qu’au bout de quatre mois après le premier achat l’utilisation faite des bateaux. Un ami, prétextant « parler mal le français », lui aurait demandé de mener les acquisitions avant qu’il n’y entraîne à son tour M. Wagui, fidèle de sa mosquée, qu’il considère comme son « meilleur ami » depuis son arrivée en France, en 2016. L’imam a touché près de 1 300 euros sur l’ensemble des transactions. Son coprévenu était rémunéré 250 euros par livraison, puis il a demandé 500 euros à partir du moment où les deux hommes disent avoir compris l’illégalité de l’opération. « Pourquoi n’avez-vous pas tout arrêté à ce moment-là ? », demande le président du tribunal. « La nuit où je l’ai appris, j’ai dit à ma femme que j’arrêtais, puis je me suis excusé auprès de Wagui », répond M. Baraeikechighaleshi. Les gendarmes retrouveront deux embarcations pneumatiques lors de la perquisition à son domicile, une troisième étant en cours de commande. « J’ai honte, j’ai hésité, j’ai pensé qu’on pouvait mieux les revendre », concède l’imam, qui touche chaque mois le revenu de solidarité active en attendant de finir ses études de médecine, entamées peu après son arrivée en France.
Devant les magistrats, M. Baraeikechighaleshi a refusé catégoriquement l’étiquette de « passeur ». Il a été condamné à une peine de trois ans de prison, dont un avec sursis.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/06/04/un-imam-condamne-pour-avoir-fourni-des-bateaux-pneumatiques-a-des-migrants_5471046_1653578.html
mlsum-fr-232
Manifestation à Béjaïa, en Kabylie (Algérie), le 5 avril. SOFIANE BAKOURI / HANS LUCAS Cinq, six, sept… Il faut attendre le huitième kilomètre pour voir à nouveau la lumière et être bien certain que « El Ghoul » (« l’ogre »), comme on l’appelle ici, ne vous engloutira pas. Voies mal éclairées et mal ventilées, le plus long tunnel d’Afrique semble ne jamais se terminer. S’il n’est pas le tronçon le plus agréable de la route qui relie Béjaïa à Kherrata, 65 kilomètres plus loin, c’est la promesse qu’on y est presque. Que cela en est bientôt fini de cette nationale 9, empruntée chaque jour par 25 000 véhicules, dont une moitié de poids lourds, cahotants ou freins sifflants, selon qu’ils montent ou descendent les monts des Babors. Le paysage a beau être spectaculaire, avec ses forêts de sapins, ses brumes et ses cîmes, apercevoir la silhouette de Kherrata, dès la sortie du tunnel, reste un soulagement. Avec ses 40 000 habitants, cette ville montagneuse de Petite Kabylie, dans la wilaya (préfecture) de Béjaïa, est un autre monde. C’est d’ailleurs là, au milieu des pins, que le torrent de contestation qui balaie l’Algérie dans tous les sens depuis plus de trois mois a pris sa source. Le 10 février, en début d’après-midi, Abdelaziz Bouteflika avait fait annoncer sa candidature à un cinquième mandat présidentiel par l’agence de presse officielle et la télévision publique. En réaction, des affiches avaient été placardées en ville et dans les villages environnants. « Nous appelons toute la population à assister à une marche pacifique contre le cinquième mandat et contre le système en place. Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent faire, sans réagir. » Rendez-vous était donné pour le 16 février. « Pouvoir assassin » A Béjaïa, qu’on appelle encore volontiers Bougie dans le coin, Abdenour Ziani n’a pas oublié cette date. Figure de la gauche associative et politique locale, il connaît la région mieux que quiconque et n’aurait franchement pas parié sur cet appel. « J’étais un peu sceptique, avoue-t-il, en évoquant les échos qui lui parvenaient de la petite ville. Pourtant, le 16, un ami m’a appelé de là-bas en me disant qu’il y avait un monde fou. Je me souviens très bien de ses mots : “Je n’ai jamais vu ça” ». Ce matin-là, tous s’étaient levés. Et ils étaient des milliers à déferler dans les rues au cri de « pouvoir assassin ». Une semaine plus tard, le 22 février, c’est la contagion nationale. Les milliers de marcheurs de Kherrata deviennent des millions d’Algériens descendus dans les rues des grandes villes pour s’opposer eux aussi à un cinquième mandat du vieux président. Entre ces deux dates, les images des rues de Kherrata ont fait le tour du pays via les réseaux sociaux. Les médias classiques, eux, s’étaient laissé surprendre, ne couvrant que de loin, sans s’arrêter vraiment sur cette manifestation qu’ils qualifiaient de « spontanée ».
Partie d’une petite ville de Kabylie, en février, la contestation contre le système a essaimé dans tout le pays. A la manœuvre, trois jeunes, des militants, des associatifs...
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/08/a-kherrata-aux-sources-du-soulevement-algerien_5473351_3212.html
mlsum-fr-233
Boris Johnson à Londres (Royaume-Uni), le 30 mai. TOLGA AKMEN / AFP Le calendrier ne peut pas être plus lourd de sens. Alors que Theresa May devait, comme promis, démissionner, vendredi 7 juin, de son poste de leader du Parti conservateur, officialisant ainsi le début de la course pour sa succession, les électeurs de Peterborough ont donné, la veille, un nouveau coup de semonce à la formation de la première ministre et accru les chances du champion du Brexit dur : Boris Johnson. Certes, contrairement aux prédictions des bookmakers, le Parti du Brexit n’a pas gagné, jeudi, son premier député à Westminster. Mais il s’en est fallu de peu. Dans cette ville en difficulté située au nord de Londres, le vote conservateur s’est littéralement effondré à l’occasion d’une élection législative partielle organisée jeudi 6 juin, passant de 46,8 % en 2017 à 21,4 %. Le principal bénéficiaire de cette nouvelle débâche, après celle des européennes, n’est autre que le parti lancé voici tout juste deux mois par le leader d’extrême droite, Nigel Farage, et qui prospère sur l’idée d’une « trahison du Brexit » par Mme May et les tories. Dans cette cité vue comme un bon baromètre électoral du pays, car elle balance depuis longtemps entre les conservateurs et les travaillistes, ces derniers ont conservé leur siège avec une avance réduite à moins de 700 voix sur le parti de M. Farage. Il s’agit d’une divine surprise pour Jeremy Corbyn qui, contre la majorité des adhérents Labour, refuse d’abandonner la défense du Brexit. A Peterborough, tout s’est passé comme si pouvait fonctionner la stratégie ambiguë du chef du Parti travailliste, destinée à ne pas s’aliéner les circonscriptions populaires ayant voté au référendum de 2016 en faveur d’un divorce d’avec l’Union européenne (UE) – le Brexit avait alors été soutenu par 61 % des électeurs de Peterborough. Mais la colère liée au Brexit a fait perdre au Labour la moitié de ses électeurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les travaillistes britanniques sans position claire sur le Brexit Symbole et avertissement Le vote de Peterborough survenait à la suite de la révocation par les électeurs (une procédure utilisée pour la première fois au Royaume-Uni) d’une députée Labour, Fiona Onasanya, condamnée pour « entrave à l’action de la justice » après avoir menti afin d’échapper à une amende pour excès de vitesse. Au lendemain de la visite à Londres de Donald Trump, au cours de laquelle il a couvert d’éloges et même rencontré M. Farage, le scrutin prend des allures de symbole et d’avertissement : l’impasse du Brexit mène les conservateurs à une débâcle électorale. Un sondage publié vendredi 7 juin par le Times place les tories en quatrième position à 18 % d’intentions de vote et le parti de M. Farage en tête avec 26 %, en cas de législatives anticipées.
Alors que les tories ont subi, jeudi, une débâcle lors d’une législative partielle, l’ancien ministre des affaires étrangères apparaît le mieux à même d’endiguer la montée en puissance du Parti du Brexit de Nigel Farage.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/07/le-depart-de-theresa-may-de-la-direction-du-parti-conservateur-ouvre-la-voie-a-boris-johnson_5472592_3210.html
mlsum-fr-234
Stanley Johnson, père de Boris Johnson, le 23 juillet à Londres. HENRY NICHOLLS / REUTERS Même touffe de cheveux en bataille, même diction faussement hésitante, même sens de l’humour : l’air de famille avec son fils Boris est frappant chez Stanley Johnson. Le père de l’actuel premier ministre britannique, « first father », comme il se surnomme, a cependant un point de vue diamétralement opposé sur la question européenne. Fonctionnaire européen dès 1973, au moment où le Royaume-Uni a intégré la Communauté économique européenne (CEE), il a fait partie, six ans plus tard, du premier contingent britannique d’eurodéputés, membre du Parti conservateur, une formation alors pro-Union européenne (UE). Et pendant la campagne du référendum de juin 2016, il a activement fait campagne contre le Brexit. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Boris Johnson et son gouvernement de combat pour un Brexit en 99 jours Aujourd’hui, il soutient son fils, par fierté familiale bien sûr, et par respect pour le résultat du vote des Britanniques. Mais il reconnaît que la victoire politique de Boris Johnson a un goût « aigre-doux ». « Je suis personnellement très content mais c’est quand même ironique », confie-t-il à un groupe de journalistes européens, dont Le Monde. Dialogue de sourds Son appel aux Européens à faire un geste dans les négociations du Brexit n’en a que plus de poids. « Il me paraît évident que l’accord de retrait n’est pas acceptable pour le Royaume-Uni, explique-t-il. Personne ne veut aller au “no deal”. Mais je crois que l’UE nous pousse vers le “no deal”. Il est prioritaire que nos partenaires européens comprennent qu’ils ont une énorme responsabilité. Ils n’ont pas besoin de choisir cette voie. » Son appel a peu de chances d’être entendu. Son fils a commencé son mandat toutes sirènes hurlantes, exigeant que Bruxelles supprime le fameux « backstop » – clause qui permet d’empêcher le retour d’une frontière physique entre les deux Irlandes – comme précondition à l’entame de négociations. La réponse de Michel Barnier, le négociateur européen, ne s’est pas fait attendre : « Inacceptable ». Mais le point de vue de Stanley Johnson est assez représentatif du dialogue de sourds qui règne entre Londres et Bruxelles. S’il entrait en vigueur, le « backstop » obligerait le Royaume-Uni – ou au moins l’Irlande du Nord – à rester dans l’union douanière européenne et à conserver les réglementations de l’UE. Cela constituerait une vraie perte de souveraineté économique. Dans les milieux du Parti conservateur, dont Stanley Johnson a fait partie toute sa vie, le « backstop » est désormais non négociable. Qu’un europhile comme lui tienne de tels propos permet de mesurer combien il est désormais difficile pour Boris Johnson de faire des compromis : son propre parti aurait du mal à l’accepter.
Ancien fonctionnaire européen et eurodéputé, Stanley Johnson estime que l’attitude de l’UE « précipite le Royaume-Uni du haut de la falaise ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/31/le-pere-de-boris-johnson-supplie-les-vingt-sept-de-faire-un-geste_5495107_3210.html
mlsum-fr-235
Ursula von der Leyen, le 3 juillet à Strasbourg. Vincent Kessler / REUTERS A Berlin, ils siègent à ses côtés à la table du conseil des ministres. A Bruxelles, ils semblent prêts à tout pour l’empêcher de devenir présidente de la Commission européenne. En prévision du vote au Parlement européen sur la candidature d’Ursula von der Leyen, fixé au mardi 16, les eurodéputés du Parti social-démocrate allemand (SPD) ont rédigé un argumentaire au vitriol listant les raisons pour lesquelles la ministre de la défense d’Angela Merkel ne mérite pas, selon eux, de succéder à Jean-Claude Juncker. Au risque de fragiliser un peu plus la « grande coalition » de la chancelière allemande, au sein de laquelle le SPD cohabite avec les conservateurs de l’Union chrétienne-démocrate et de l’Union chrétienne-sociale (CDU-CSU). « Pourquoi Ursula von der Leyen est une candidate inadéquate et inappropriée » : tel est le titre de ce document de deux pages, en anglais, que le chef des députés SPD au Parlement européen, Jens Geier, a diffusé, mercredi 10 juillet, auprès de ses collègues de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates. Au sein de ce groupe, qui comprend 154 élus, les sociaux-démocrates allemands sont au nombre de 16. Ils y constituent la troisième délégation nationale par ordre d’importance, après les Espagnols (20) et les Italiens (19). Qu’est-il reproché à Mme von der Leyen ? D’abord, le fait que sa candidature « porte atteinte à la démocratie en Europe ». En ne choisissant pas le futur président de la Commission parmi les têtes de liste (Spitzenkandidaten) aux européennes du mois de mai, les chefs d’Etat et de gouvernement européens ont « flanqué une gifle au Parlement européen », estiment les eurodéputés SPD. Le SPD aurait préféré soutenir le travailliste néerlandais Frans Timmermans, chef de file des sociaux-démocrates proposé un temps par Berlin et Paris, mais bloqué par de nombreux dirigeants conservateurs et-ou d’Europe centrale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ursula von der Leyen en mission de déminage à Bruxelles La suite de l’argumentaire vise la personne même de Mme von der Leyen, et en particulier son bilan au ministère de la défense, où elle a été nommée en 2013. Est ici d’abord mentionnée « l’affaire des consultants », qui agite les médias allemands depuis plusieurs mois. « Le Bundestag est en train de procéder à des auditions après que le cabinet de von der Leyen a été accusé de violer les règles d’attribution des emplois publics en proposant des contrats très lucratifs à des consultants externes », rappelle le document, qui pointe également le « manque de soutien » de la ministre de la part de l’armée. D’autres éléments plaidant contre la désignation de Mme von der Leyen sont enfin mentionnés. Parmi eux figurent notamment les accusations de plagiat ayant visé la ministre concernant sa thèse de doctorat, sa faible cote de popularité dans les sondages, ou encore le fait qu’elle soit « la candidate voulue par [le premier ministre hongrois] Viktor Orban ». Merkel joue l’apaisement Jeudi 11 juillet, la révélation par plusieurs médias allemands de ce document, destiné à rester confidentiel, a clairement mis dans l’embarras la direction du SPD. Ou plutôt sa direction provisoire, le parti ayant à sa tête trois « présidents intérimaires » depuis la démission surprise de sa chef, Andrea Nahles, après la débâcle des sociaux-démocrates allemands aux élections européennes du 26 mai (15,8 % des voix, le pire score de leur histoire). « Les trois présidents intérimaires ne donnent pas des consignes disant comment il faut se comporter. Ils n’ont pas commandé cet argumentaire et n’ont pas l’intention d’en commander d’autres du même type », a ainsi assuré l’un d’eux, Thorsten Schäfer-Gümbel, interrogé, jeudi, par la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Alors que plusieurs élus de la CDU sont montés à la charge pour fustiger vertement l’attitude du SPD, expliquant que le torpillage de la candidature de Mme von der Leyen était une atteinte aux « intérêts de l’Allemagne », Mme Merkel a, de son côté, préféré jouer l’apaisement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ursula von der Leyen, une fidèle de Merkel désignée à la tête de la Commission européenne « Cette situation au sein de la coalition n’est évidemment pas simple. Il est important, et sur ce point je suis d’accord avec la direction du SPD, que l’on se comporte convenablement avec Ursula von der Leyen en tant que personne. De ce point de vue, je ne rangerais pas ce qui s’est passé hier à Bruxelles dans cette catégorie », a commenté la chancelière allemande, jeudi, lors d’un point presse aux côtés de la nouvelle première ministre danoise, Mette Frederiksen. Laquelle en a profité pour se démarquer des eurodéputés SPD, affirmant qu’« en tant que sociale-démocrate, [elle] apport[ait] son soutien à Ursula von der Leyen pour la présidence de la Commission européenne ». Afin d’assurer la survie de sa coalition, la chancelière a tout intérêt à jouer des divisions qui traversent le SPD et à ménager la direction provisoire du parti, qui a décidé de ne pas faire de la nomination de von der Leyen un motif de rupture du contrat de coalition. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Derrière les nominations à la tête de l’UE, le duo France-Allemagne à la manœuvre Afin d’obtenir les 376 voix nécessaires à la validation de sa candidature, Mme von der Leyen sait que le soutien du PPE (auquel est affilié son parti, la CDU) et des libéraux-centristes de Renew Europe ne suffira pas. Or, les Verts ayant annoncé mercredi leur intention de voter contre sa nomination, la ministre allemande de la défense doit pouvoir compter sur le soutien d’une partie des sociaux-démocrates (environ 90 voix) pour obtenir une majorité. Certains, comme les Espagnols et les Scandinaves, sont d’ores et déjà favorables à sa nomination. S’il s’avère que le SPD a contribué à l’échec d’une des ministres les plus proches de Mme Merkel, les sociaux-démocrates pourront-ils continuer à faire partie de la « grande coalition » au pouvoir à Berlin ?
Au risque de fragiliser encore la coalition d’Angela Merkel, les eurodéputés sociaux-démocrates multiplient les critiques contre la présidente désignée de la Commission européenne.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/12/nomination-d-ursula-von-der-leyen-le-jeu-a-double-tranchant-des-sociaux-democrates-allemands_5488582_3210.html
mlsum-fr-236
« La BCE, même si elle est sur le plan légal la banque centrale la plus indépendante au monde, reste en définitive « politique », au sens où elle doit toujours préserver l’intégrité de la zone euro » (Photo: la Banque centrale européenne, à Francfort, en 2018). Michael Probst / AP Tribune. L’indépendance des banques centrales est désormais derrière nous. Ceci est non seulement vrai pour les pays émergents tels que la Turquie, où le président Erdogan vient de limoger le gouverneur de la banque centrale car il avait maintenu les taux d’intérêt à un niveau trop élevé pendant trop longtemps, mais également pour des nations riches telles que les Etats-Unis. Encore tout récemment, le président Donald Trump a poursuivi ses attaques contre la Réserve fédérale (Fed) en la qualifiant de « notre problème le plus difficile » et en tweetant « notre Réserve fédérale n’a pas la moindre idée ». Ces attaques doivent être prises au sérieux car elles sont le symptôme d’une tendance sous-jacente : dans un monde marqué par la montée du populisme, des pressions désinflationnistes, des taux bas voire négatifs et des bilans gonflés des banques centrales, une politique monétaire indépendante ressemble de plus en plus à un modèle dépassé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Turquie : le président Erdogan fait main basse sur la politique monétaire En réalité, le défi posé par l’indépendance des banques centrales existe depuis un certain temps et il est antérieur à la présidence Trump. Il est facile d’oublier que pendant la majeure partie de leur histoire, les banques centrales n’ont pas été libres de mener la politique monétaire. Au contraire, le concept d’indépendance est un concept relativement nouveau. Dans la grande majorité des cas, les banques centrales au sein du monde développé ont gagné la liberté de fixer les taux d’intérêt seulement à partir des années 1980, voire aussi récemment que dans les années 1990. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Wall Street dévisse, Donald Trump attaque la Réserve fédérale L’objectif poursuivi en rendant les banques centrales indépendantes était d’améliorer la crédibilité du ciblage de l’inflation, devenu le pivot de la politiq ue monétaire après l’abandon de l’étalon-or et la grande inflation qui a sévi dans les années 1970 et le début des années 1980. Une inflation élevée et volatile était devenue l’ennemie principale de l’économie et la solution était d’axer la politique monétaire exclusivement sur la stabilisation de l’inflation à des niveaux bas, l’indépendance rendant cet objectif plus facile à atteindre. Le principal ennemi Depuis une douzaine d’années, cependant, le principal ennemi n’est plus l’inflation, mais les pressions déflationnistes, le surendettement et l’instabilité financière. Dans un tel environnement, le besoin, ou le désir, de défendre leur indépendance a, sans doute, souvent empêché les banques centrales de résoudre rapidement ces problèmes de la façon la plus directe et efficace possible en coopération avec les gouvernements, sous forme d’« helicopter money » [distribution de monnaie par « hélicoptère »] ou d’action manifeste de prêteur de dernier ressort pour financer les institutions financières ou les états en difficulté.
Dans une tribune au « Monde », l’analyste économique Joachim Fels constate que l’indépendance des banques centrales ressemble à une parenthèse historique qui a culminé à la fin du XXe siècle.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/31/la-perception-que-les-banques-centrales-ne-sont-plus-independantes-risque-d-affaiblir-l-efficacite-de-leur-politique_5495132_3232.html
mlsum-fr-237
Iñigo Errejon, le 25 septembre à Madrid. SERGIO PEREZ / REUTERS La recomposition de l’espace politique n’en finit pas en Espagne. Alors qu’auront lieu, le 10 novembre, les quatrièmes élections législatives en quatre ans, un nouveau parti promet de faire une entrée remarquée sur la scène politique nationale. Mas Pais (« plus de pays ») est le nom de la plate-forme menée par l’ancien numéro deux et cofondateur du parti de la gauche radicale Podemos, Iñigo Errejon, dans le but affiché de « mobiliser les abstentionnistes progressistes ». De quoi fracturer un peu plus la gauche, alors même que l’incapacité des partis politiques espagnols à gérer la fragmentation du Parlement depuis l’irruption de Podemos et du parti libéral Ciudadanos, en 2014, puis de la formation d’extrême droite Vox, en 2018, a empêché la formation d’un gouvernement à l’issue des élections du 28 avril. Lundi 30 septembre, M. Errejon a enregistré les coalitions avec lesquelles il entend se présenter au scrutin de novembre. Dans la région de Valence, il s’alliera avec la formation de la gauche alternative Compromis, qui s’était associée avec Podemos en 2016. En Aragon, il se présentera avec le parti régionaliste de la Chunta Aragonesista. Et, dans le reste de l’Espagne, il pourra concourir avec le parti écologiste Equo, qui faisait jusque-là partie de la coalition Unidas Podemos, formée par Podemos et les néocommunistes de la Gauche unie. Trahison Cependant, Mas Pais doit encore dévoiler les circonscriptions dans lesquelles il se présentera. « Nous ne nous présenterons que là où nous ajoutons des voix au bloc progressiste, a déclaré M. Errejon. Nous connaissons bien le système, nous n’allons pas jouer avec les sièges. » Afin d’éviter que le bloc de gauche soit affaibli par son irruption – du fait du système électoral proportionnel suivant la méthode d’Hondt, qui avantage les grands partis dans les petites circonscriptions –, il ne se présentera que dans les plus grandes provinces, celles par exemple dans lesquelles sept sièges ou plus sont en jeu au Parlement. Son irruption n’en devrait pas moins coûter des voix à Podemos, mais aussi au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui se renvoient mutuellement la responsabilité de l’échec des négociations pour former un gouvernement, dans un contexte de désenchantement de la gauche. Lire aussi L’Espagne, en route pour de nouvelles élections législatives « Tant que nous ne savons pas où Mas Pais va se présenter, il est prématuré de faire des pronostics. Mais Errejon a l’opportunité de faire un bon résultat du fait du niveau élevé de mécontentement des électeurs de gauche après le blocage politique auquel ils ont assisté, souligne Pablo Simon, professeur de sciences politiques à l’université Carlos-III de Madrid. Il est probable qu’il puisse récupérer facilement une partie des électeurs qui avaient choisi Podemos en 2016 et ont ensuite opté pour Pedro Sanchez, soit 20 % de l’électorat socialiste. Et qu’il provoque une saignée chez Podemos, comme il l’a fait dans la région de Madrid. »
Iñigo Errejon, l’ex-numéro deux de la formation de gauche radicale Podemos, présente des candidats pour les législatives du 10 novembre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/01/en-espagne-un-nouveau-parti-vient-bousculer-les-socialistes-et-podemos-a-gauche_6013763_3210.html
mlsum-fr-238
Les abeilles, ça rapporte plus que les pesticides. Si vous pensez au miel, vous avez tout faux. Il s’agit de colza et de rendements agricoles. Et non de théorie, ou d’expériences contrôlées, mais d’observations sur 294 parcelles agricoles de 142 exploitations dans une plaine des Deux Sèvres. Scrupuleusement observées, quant à leurs récoltes, méthodes et résultats économiques par une équipe du Centre d’études biologiques de Chizé, un laboratoire du CNRS. Et publiées hier dans une revue de la Royal Society (1). Le service de pollinisation gratuit que rendent les abeilles et d’autres insectes, sauvages, est bien connu en son principe par les agriculteurs. Il vient compléter et accroître les auto-pollinisations ou les pollinisations dues au vent. Des plantes cultivées peuvent afficher des rendements plus élevées si elles ont leur compte de pollinisateurs. Mais il faut aussi faire avec les insectes ravageurs, ou lutter contre des plantes adventices (les « mauvaises herbes), les champignons etc… Or, les moyens de lutte chimique contre ces derniers ont des effets négatifs sur l’ensemble des insectes – en les tuant directement ou en les privant de nourriture – qu’ils soient nuisibles ou auxiliaires de l’agriculture. Un effet massif, qualifié de « grand massacre » mis en évidence par les comptages d’insectes et la diminution des populations d’oiseaux insectivores. Quelle est la balance entre des effets négatifs et positifs des intrants chimiques pour les agriculteurs ? Pour répondre à cette question, l’équipe de Vincent Bretagnolle et Sabrina Gaba, met à profit une « zone atelier » qui permet aux chercheurs (CNRS et INRA) d’observer sur la durée les pratiques agricoles et leurs interactions avec les écosystèmes naturels et cultivés. Entre 2011 et 2016, les scientifiques ont collecté des informations de toutes natures sur les pratiques des agriculteurs : variétés de colza, engrais et pesticides utilisés par parcelles, types des sols, résultats économiques. Un comptage minutieux des insectes pollinisateurs (abeilles domestiques et insectes sauvages) par différentes méthodes a permis d’établir des indices d’abondance pour chaque parcelle. Objectif : mesurer les effets sur les rendements de colza et sur le produit économique final pour l’agriculteur des différentes situations observées afin d’isoler l’effet pesticides/pollinisateurs des autres facteurs (comme la fertilité du sol, les engrais ou les variétés). L’analyse des résultats se fait à l’aide d’un appareil statistique sophistiqué, afin de trouver des tendances derrières des dispersions importantes et effacer les effets des variétés ou des sols. Elle enfonce d’abord une porte ouverte. Les agriculteurs ont effectivement le choix entre deux stratégies pour obtenir des rendements plus élevés : soit ils font confiance aux pollinisateurs et donc réduisent le plus possibles les pesticides , soit ils s’appuient sur ces pesticides (les fongicides semblent les plus efficaces) pour réduire les attaques des ravageurs de toutes sortes, au prix d’un affaiblissement de la pollinisation. D’un point de vue des rendements, les deux stratégies ne présentent pas de différences majeures en moyenne. Même si la comparaison de parcelles presque dénuées de pollinisateurs et des parcelles les mieux dotées montre un écart de rendement qui peut monter à 40%. En revanche, le résultat économique plaide en faveur d’une protection des pollinisateurs, car la diminution des coûts en pesticides se traduit par une marge brute supérieure en moyenne de 119€ par hectare pour l’agriculteur. Les auteurs de l’étude avertissent toutefois que certaines particularités de la zone (beaucoup d’abeilles domestiques, assez peu d’insectes ravageurs) peuvent avoir influencé les résultats. Mais ses résultats confirment que la voie « agro-écologique » peut être explorée bien plus vigoureusement et à une large échelle dans la transformation vers une agriculture moins dépendante des intrants et pesticides. Cette étude qui vient après d’autres de grand intérêt de l’équipe du Centre d’études biologiques de Chizé démontre également, une nouvelle fois, la pertinence d’observatoires territoriaux de long terme. Des observatoires qui ne sont possibles que si la recherche publique est organisée et financée pour cet objectif et cette méthode de travail. Il y faut donc de la pérennité des financements (et pas sur appel à projets en compétition), des postes d’ingénieurs et techniciens en nombre suffisant, de la vision à long terme mêlant problématiques scientifiques et enjeux de société. Sylvestre Huet (1) Rui Catarino et al. Proceedings of the Royal Society London B le 9 octobre 2019.
Une étude au long cours menée sur près de 300 parcelles agricoles françaises montre les bénéfices que l’agriculture retire à avoir beaucoup de pollinisateurs.
https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/10/10/plus-dabeilles-moins-de-pesticides-colza-rentable/
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Le président malgache, Andry Rajoelina à Antananarivo, le 29 avril 2019. MAMYRAEL / AFP Les exploits des Zébus à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) ont quelque peu éclipsé la nouvelle dans la presse locale. Mardi 2 juillet, la Haute-Cour constitutionnelle (HCC) de Madagascar a pourtant mis fin à deux longues semaines d’attente en confirmant la victoire absolue de la plateforme présidentielle rassemblée au sein de l’IRD aux élections législatives du 27 mai. Elle a rejeté presque intégralement les quelque 680 requêtes mettant en cause le scrutin. Le nouveau président Andry Rajoelina, élu en janvier, débute donc son mandat avec l’assurance d’avoir les coudées franches à l’Assemblée pour dérouler le programme promis aux Malgaches pendant la campagne. Lire aussi CAN 2019 : le président malgache affrète un avion spécial pour les supporteurs des Zébus Quant au Sénat, faute d’avoir pu obtenir l’aval de la HCC pour organiser un référendum devant se prononcer sur sa suppression, M. Rajoelina avait décidé dès le mois de mai de ramener le nombre de ses membres de 63 à 18. « Le président reçoit un chèque en blanc pour cinq ans, explique Toavina Ralambomahay, analyste politique indépendant et auteur de l’ouvrage Le Statut de l’opposition, un mal nécessaire. Il rafle la majorité absolue malgré un taux d’abstention très fort. Et il n’a face à lui aucun vis-à-vis structuré, ni projet de société alternatif. » Cette majorité devrait en outre offrir une stabilité parlementaire qui a tant fait défaut à son prédécesseur, Hery Rajaonarimampianina. Taux d’abstention de 60 % Selon les résultats définitifs, l’IRD obtient 84 sièges sur 151 à l’issue d’un scrutin marqué par un taux d’abstention atteignant 60 %, selon la Commission nationale électorale indépendante (CENI). Les candidats indépendants recueillent 46 sièges et le parti TIM dirigé par l’ancien chef de l’Etat, Marc Ravalomanana et adversaire de M. Rajoelina au second tour de la présidentielle, seulement 16. Le TIM entend cependant jouer son rôle d’opposant et s’est en tout cas déclaré comme tel mardi. Ce statut de parti d’opposition lui permettra de bénéficier de financements officiels, selon M. Ralambomahay. Un avantage à ne pas négliger au lendemain d’élections où les fortunes respectives des candidats semblent avoir eu autant de poids que leurs idées. Lire aussi Elections législatives à Madagascar : un essai à transformer pour Andry Rajoelina Christian Ntsay conservera-t-il son poste de premier ministre ? Issu des rangs du Mapar, le parti d’Andry Rajoelina, il satisfait à la règle constitutionnelle selon laquelle il revient au groupe majoritaire à l’Assemblée de proposer le nom du chef du gouvernement. Il avait été nommé par M. Rajaonarimampianina en juin 2018 pour sortir de la crise constitutionnelle menaçant de le destituer. Christian Ntsay, avec son gouvernement d’union, avait pour mission de mener le pays jusqu’à l’élection présidentielle. Reconduit par M. Rajoelina juste après son investiture, il peut déjà être crédité des premières mesures adoptées comme la hausse du salaire minimum à 200 000 ariarys (49 euros) ou la légère baisse du prix des carburants. La date du prochain remaniement où sera révélé le nom du futur premier ministre reste pour l’heure inconnue. Selon le calendrier imposé par la Constitution, le futur Parlement devrait se réunir le 16 juillet pour désigner son président, qui devrait logiquement lui aussi être issu des rangs de la majorité. Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 et l’équipe Malgache sur WhatsApp
La Haute-Cour constitutionnelle a confirmé les résultats des législatives du 27 mai et rejeté presque les 680 déposées par l’opposition.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/03/a-madagascar-andry-rajoelina-disposera-d-une-majorite-absolue-a-l-assemblee-nationale_5484874_3212.html
mlsum-fr-240
Sexiste, la carte de paiement d’Apple ? Des accusations de discrimination contre le géant des technologies et la banque Goldman Sachs, partenaire de sa carte de paiement Apple Card, ont conduit à l’ouverture d’une enquête à New York, a confirmé samedi 9 novembre le régulateur des services financiers de l’Etat américain. « L’Apple Card est vraiment un putain de programme sexiste », a tweeté jeudi un entrepreneur américain, David Heinemeier Hansson, avant de continuer : « Ma femme et moi-même déclarons nos impôts conjointement et nous sommes mariés depuis très longtemps. Et pourtant l’algorithme “boîte noire” d’Apple pense que j’ai le droit à une limite de crédit 20 fois plus élevée qu’elle. » Apple and Goldman Sachs have both accepted that they have no control over the product they sell. THE ALGORITHM is i… https://t.co/MIAWvyxcsn — dhh (@DHH) La qualification de « boîte noire » désigne des systèmes d’intelligence artificielle dont on ne parvient pas à expliciter les raisons ayant conduit aux décisions qu’ils prennent. Lire aussi Apple délivre ses premières cartes de crédit aux Etats-Unis Discussions infructueuses avec le service client L’entrepreneur a depuis tweeté une série de messages, racontant ses discussions infructueuses avec le service client d’Apple et pestant contre l’impossibilité à expliquer pourquoi l’algorithme a décidé que sa femme était moins éligible à des crédits que lui. Nous allons « mener une enquête pour déterminer si la loi de New York a été enfreinte et nous assurer que tous les consommateurs sont traités de manière égale quel que soit leur sexe », a déclaré un porte-parole de Linda Lacewell, directrice du département des services financiers de New York. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La vertigineuse transformation de l’industrie du paiement Apple propose depuis mars l’Apple Card avec deux partenaires, Mastercard et la banque Goldman Sachs. « Nos décisions en termes de crédit sont fondées sur la solvabilité des clients et non pas sur le genre, la race, l’âge, l’orientation sexuelle ou tout autre facteur interdit par la loi », a déclaré de son côté Andrew Williams, porte-parole de Goldman Sachs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les algorithmes ne font que vous appâter »
Un entrepreneur américain a pu obtenir une limite de crédit vingt fois supérieure à sa femme, pestant contre l’incapacité de la marque à le justifier.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/11/10/la-carte-de-paiement-d-apple-accusee-de-sexisme_6018683_4408996.html
mlsum-fr-241
Le camp de Roj, dans le nord-est de la Syrie où sont retenues des femmes djihadistes étrangères et leurs enfants, le 29 septembre 2018. DELIL SOULEIMAN / AFP Le gouvernement britannique a déchu de sa nationalité Jack Letts, un jeune homme de 24 ans surnommé « Jihadi Jack » qui avait rejoint l’Etat islamique en Syrie en 2014, selon des informations publiées dimanche 18 août par le journal Mail on Sunday. Jack Letts, qui avait la double nationalité britanno-canadienne, relève de « la responsabilité du gouvernement canadien », écrit le journal britannique. Ce serait « l’une des dernières actions » du gouvernement de Theresa May, qui a été remplacé par celui de Boris Johnson le 24 juillet. Le ministère de l’Intérieur britannique, cité par l’Agence France-presse n’a pas confirmé l’information, indiquant ne « pas faire de commentaire sur des cas individuels ». « Les décisions de retirer la citoyenneté à un individu de double nationalité se fondent sur des conseils avisés d’officiels, d’avocats et des agences de renseignement ainsi que toutes les informations disponibles », a toutefois précisé un porte-parole. C’est « un moyen de contrer la menace terroriste posée par des individus des plus dangereux et de garder notre pays en sécurité », a-t-il expliqué. Le Canada « déçu » par le Royaume-Uni Selon The Mail on Sunday, « la décision a suscité la fureur à Ottawa (…) alors que le premier ministre canadien doit rencontrer Boris Johnson au sommet du G7 en France le week-end prochain ». Ottawa estime que Jack Letts a « très peu à voir avec le Canada » d’après une source diplomatique citée dans l’article. Le gouvernement canadien a fini par réagir officiellement suite à ces informations parues dans la presse, dimanche, par voie de communiqué. « Le Canada est déçu que le Royaume-Uni ait pris cette mesure unilatérale pour se décharger de ses responsabilités », a indiqué dimanche un porte-parole du ministère canadien de la Sécurité publique. Ottawa n’a pas fourni plus de détails sur Jack Letts, précisant ne pas pouvoir « commenter des cas spécifiques ou des questions opérationnelles de sécurité nationale ». « Bien que nous soyons déçus par leur décision, nous ne menons pas une diplomatie de représailles », a souligné le porte-parole, en réponse à une « fausse » réaction d’Ottawa rapportée par des médias britanniques. Le poison du quinquennat de François Hollande Alors que le premier ministre canadien, Justin Trudeau, doit rencontrer son homologue britannique Boris Johnson au sommet du G7 en France le week-end prochain, les deux pays continuent « de collaborer étroitement sur un certain nombre de questions, notamment la situation à Hong Kong », a-t-il indiqué. « Le gouvernement est conscient que des citoyens canadiens sont actuellement détenus en Syrie. Il n’y a aucune obligation légale de faciliter leur retour », peut-on lire également dans le communiqué. En France, la question de la déchéance de nationalité, proposée par le gouvernement de l’ancien président François Hollande avait suscité un tollé après les attentats de 2015, empoisonnant la fin de son quinquennat. Le précédent Shamima Begum Jack Letts, converti à l’islam, avait quitté son domicile familial dans le comté d’Oxfordshire dans le centre de l’Angleterre en mai 2014. De Jordanie, il s’est alors rendu au Koweit puis s’est marié en Irak avant d’aller en Syrie. Letts a par la suite été capturé en mai 2017 par des forces kurdes syriennes quand il essayait de fuir vers la Turquie et est depuis détenu dans le nord du pays. Lire aussi Les députés néerlandais votent la déchéance de nationalité pour les djihadistes Dans une interview à ITV en février, Jack Letts avait dit vouloir rentrer au Royaume-Uni. « Je ne vais pas dire que je suis innocent. Je ne suis pas innocent. Je mérite ce qui m’arrive. Mais je veux juste que ce soit… approprié… pas une punition “freestyle” en Syrie », avait-il déclaré. Ses parents, reconnus coupables en juin de financement du terrorisme pour lui avoir envoyé de l’argent en Syrie, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis. « Jihadi Jack » est le dernier cas connu de déchéance de nationalité britannique en lien avec des départs pour rejoindre l’Etat islamique. Le gouvernement a notamment été fortement critiqué pour avoir déchu de sa nationalité en février Shamima Begum, une jeune Britannique d’origine bangladaise mariée à un djihadiste en Syrie, qui avait demandé à rentrer au Royaume-Uni et dont le bébé est mort en Syrie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La déchéance de nationalité d’une djihadiste britannique vire à la polémique politique
Ce membre de l’Etat islamique, détenu en Syrie, conserve sa nationalité canadienne. Ottawa a fait part de sa déception après la décision du gouvernement britannique, révélée par la presse.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/18/jihadi-jack-dechu-de-sa-nationalite-britannique_5500531_3210.html
mlsum-fr-242
Le gouvernement prend plus que jamais la question environnementale au sérieux. Alors que le président Emmanuel Macron assure avoir « changé » et opéré une conversion écologique, Edouard Philippe a confirmé, à l’issue du séminaire gouvernemental de rentrée mercredi 4 septembre, que l’environnement était l’une des principales priorités de l’exécutif. « Nous avons rappelé (…) que la transition écologique, ça n’était pas l’affaire de la seule ministre chargée de ces transitions, mais bien l’affaire de chacun des ministres, de tous les membres du gouvernement, qui doivent inscrire leur action dans cet objectif », a assuré le premier ministre lors d’un point de presse à l’Elysée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour la rentrée, le gouvernement veut « pousser les feux sur l’écologie » L’une des traductions concrètes de la volonté d’accélérer la transition écologique réside dans la saisine du Haut Conseil pour le climat (HCC). Dans une lettre datée du 22 août, que Le Monde a pu consulter, la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, demande à l’instance indépendante, lancée fin novembre 2018 par Emmanuel Macron, de se pencher sur trois questions. Le HCC devra tout d’abord évaluer, avant juin 2020, comment l’action de la France se situe par rapport à d’autres pays, en particulier l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Suède. « Cette analyse devra porter en premier lieu sur les politiques et mesures en matière de rénovation thermique des bâtiments », précise la lettre, qui indique également que pourront être examinées « les politiques relatives à la mobilité des biens et des personnes », ainsi que « les mesures d’accompagnement des ménages pour mener leur transition, et en particulier des foyers à faibles revenus ». L’instance devra également proposer au gouvernement, avant décembre, des méthodes d’évaluation des politiques publiques au regard de leur impact climatique. Enfin, le Haut Conseil sera chargé de « mieux déterminer », d’ici à juin 2020, l’empreinte carbone des produits importés par la France, afin de la « réduire d’une manière efficace et durable ». Cette dernière a doublé depuis 1995, de sorte que l’empreinte carbone totale des Français atteint 11 tonnes équivalent CO 2 par habitant, près de deux fois plus que les 6,6 tonnes comptabilisées dans les émissions nationales. « Les questions sont bonnes et vont nous permettre d’avancer sur la situation de la France, en particulier l’évaluation des politiques publiques avant, pendant et après leur mise en place, se félicite la climatologue Corinne Le Quéré, de l’université britannique East Anglia, qui préside le HCC. L’objectif est d’obtenir des politiques efficaces, qui mènent à une réduction d’émissions. »
L’instance indépendante devra comparer la politique climatique française avec celles d’autres pays, au moment où le premier ministre appelle tout son gouvernement à agir pour l’écologie.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-gouvernement-donne-trois-missions-au-haut-conseil-pour-le-climat_5506460_3244.html
mlsum-fr-243
Le président Emmanuel Macron rencontre le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, à l’Elysée, le 28 octobre. LUDOVIC MARIN / AFP Spécialiste des musulmans en Europe, Jonathan Laurence est professeur associé de sciences politiques au Boston College, aux Etats-Unis, et auteur de The Emancipation of Europe’s Muslims (Princeton University Press, 2012). Dans cet entretien, il analyse les débats sur l’islam qui secouent la France et porte un regard très critique sur la façon dont les politiques gèrent la question depuis trente ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment l’islamophobie déchire la gauche française Selon vous, la France a-t-elle une difficulté particulière à gérer sa relation avec la religion musulmane ? En faisant de l’islam un sujet éminemment et exclusivement politique, les hommes politiques créent les conditions de l’échec de l’utopie universaliste française. Si vous voulez faire à la française, alors il faut accepter d’intervenir de manière équitable pour toutes les religions et traiter l’islam comme les autres, de manière administrative, et surtout pas politique ! La France n’accepte pas l’idée que l’exercice du culte musulman puisse être apolitique. Il existe de multiples raisons de porter le voile – personnelles, spirituelles, familiales, sociologiques… La classe dirigeante s’obstine à la réduire à une seule. Parce que certains veulent en faire un sujet politique – les islamistes et l’extrême droite –, on croit l’islam forcément chargé de significations politiques. Or, on peut tout simplement croire en Dieu sans que ce soit politique. Mais en politisant l’islam – principalement par opportunisme électoral – les hommes politiques français font le jeu des extrêmes qu’ils dénoncent. Et rendent dès lors impossible une intégration qu’ils disent pourtant souhaiter. Sur le voile en particulier, pourquoi le débat est-il aussi vif en France ? Cela fait trente ans que vous discutez et que vous consultez sans jamais arriver nulle part. En 1989, lors de l’affaire du collège de Creil [dont le principal avait exclu trois collégiennes qui refusaient d’ôter leur foulard], Lionel Jospin et le Conseil d’Etat ont laissé la main aux directeurs d’établissements. En 2010, vous avez fini par interdire la burqa. Tous ces débats pour une loi finalement très limitée, qui ne s’applique qu’à quelques cas. « Ça tourne en rond pour une raison simple : le message de l’Etat n’est pas clair. » Même surplace concernant la question de la formation des imams : cela fait vingt-cinq ans que le sujet est sur la table et il ne se passe presque rien. Et aujourd’hui, on délibère encore pour savoir si l’espace public est un espace républicain au même titre que l’école.
Spécialiste des musulmans en Europe, le chercheur américain Jonathan Laurence souligne que l’Etat français ne parvient pas à intervenir de manière équitable pour toutes les religions, et à traiter l’islam comme les autres.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/10/jonathan-laurence-la-france-cree-les-conditions-de-l-echec-de-son-utopie-universaliste_6018653_823448.html
mlsum-fr-244
L’humoriste Dieudonné M’Bala M’Bala lors de son procès pour fraude fiscale et blanchiment d’argent, à Paris le 1er avril. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP La fraude fiscale est une infraction grave et n’a plus droit de cité. Quand cette faute est commise de façon répétée, délibérée, sur de longues périodes, elle doit être sévèrement sanctionnée. C’est en substance ce qu’a expliqué, vrendredi 5 juillet, la présidente de la 11e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris, Caroline Viguier, pour condamner Dieudonné M’Bala M’Bala, 53 ans, à deux ans de prison ferme et 200 000 euros d’amende dans son procès pour « fraude fiscale, blanchiment, abus de biens sociaux et organisation frauduleuse d’insolvabilité ». Ni le polémiste, ni ses avocats, ni sa compagne, Noémie Montagne, n’étaient présents à l’audience. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dieudonné muré dans le silence à son procès Pour motiver sa décision, la présidente a également rappelé le lourd casier du polémiste avec le fisc, de « très nombreux antécédents, vingt condamnations », preuve qu’il « ne se conforme pas aux décisions antérieures de la justice ». La fraude, le blanchiment, l’abus de biens sociaux, l’organisation d’insolvabilité ont été constitués « pendant cinq ans, au préjudice de six parties civiles ». L’importance des sommes détournées – plus de 1 million d’euros – envoyées en France, au Cameroun, en Chine, aux Emirats arabes unis, en Belgique, en Suisse, en Chine, justifie aussi la peine prononcée. La perquisition qui a eu lieu, début 2014, au domicile du couple, avait permis de saisir 657 000 euros et 15 200 dollars en liquide. La recette déclarée au Trésor public des spectacles donnés par Dieudonné, condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale, est sans proportion avec cet argent en espèces. Quant aux sommes présentées comme des « dons » du père du polémiste, elles ne peuvent justifier les transferts de fonds à l’étranger, signalés plusieurs fois par Tracfin, a considéré la présidente. Elle a ordonné la confiscation des espèces saisies en euros et en dollars, placées sous scellés. « Il y aura appel » Toutes les procédures soulevées par les avocats ont été rejetées. L’ordonnance de renvoi qu’ils contestaient pour « insuffisance de motivation » ? « Le juge a répondu à l’essentiel des questions. » L’absence de mise en examen préalable ? Les prévenus ont pu s’expliquer sur les faits. Le supplément d’information demandé ? « Le tribunal s’estime suffisamment informé. » Dieudonné M’Bala M’Bala est en revanche relaxé pour la fraude fiscale à l’impôt de solidarité sur la fortune. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le procès Dieudonné s’enlise dans les questions de procédure La compagne du polémiste, Noémie Montagne, condamnée à dix-huit mois de prison avec sursis et dix ans d’interdiction d’exercer une profession commerciale ou industrielle, est reconnue coupable de fraude fiscale et d’omission d’écriture comptable, en tant que gérante de droit de leur société Les Productions de la plume. La SARL est condamnée à une amende de 50 000 euros. Le couple est solidairement tenu au paiement des impôts fraudés. La direction générale des finances publiques obtient 80 000 euros en réparation du préjudice subi par l’Etat français, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, 4 000 euros pour préjudice moral, l’Union des étudiants juifs de France, 1 000 euros. L’avocate de Mme Montagne, Me Isabelle Coutant-Peyre, seule présente au tribunal, a annoncé à la sortie de l’audience : « Bien entendu, il y aura appel. » « Pot de terre contre pot de fer », « David contre Goliath », elle a multiplié les clichés pour présenter sa cliente et son compagnon comme les victimes d’une revanche politique. « Il s’agit d’empêcher son activité d’artiste car il dit des choses qui déplaisent. » L’appel n’empêchera pas le paiement des amendes, car la présidente a prononcé l’exécution provisoire du jugement. Autrement dit, Dieudonné M’Bala M’Bala est obligé de payer maintenant, sans avoir récupéré l’argent sous scellés.
Le polémiste Dieudonné M’Bala M’Bala, soupçonné notamment d’avoir détourné plus d’un million d’euros de recettes non comptabilisées, a été condamné à trois ans de prison, dont un avec sursis, et 200 000 euros d’amende.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/05/dieudonne-condamne-a-deux-ans-de-prison-ferme-pour-fraude-fiscale-blanchiment-et-abus-de-biens-sociaux_5485800_3224.html
mlsum-fr-245
Geraldine Aresteanu Un immense toboggan comme une vague noire s’abattant sur scène. Une rampe de glisse de huit mètres de haut et onze de large hypnotique comme un miroir sombre. Un pan d’obscurité dressé soudain à la verticale comme un mur infranchissable. Ce dispositif est celui du spectacle Requiem Mozart, mis en scène par Yoann Bourgeois sous la direction musicale de Laurence Equilbey. Vingt-deux choristes, quatre solistes et huit acrobates prendront d’assaut cette masse brillante dont les reflets sont autant de pièges. Yoann Bourgeois et Laurence Equilbey se sont rencontrés il y a environ trois ans et rêvaient de faire œuvre commune. Il lui a confié que le Requiem de Mozart le « touchait profondément ». Elle était partante ! Ensemble, ils ont choisi les fragments originaux écrits par le compositeur lui-même, et non la version finalisée « à la manière de » par son élève Süssmayr. « C’est une partition rarement présentée comme telle, commente Yoann Bourgeois. Mozart est mort en la composant. Son inachèvement est pour moi une source d’inspiration. Il permet d’ouvrir le sens autour de la question du vide. » « Ces fragments qui durent vingt-cinq minutes au total sont très variés, ajoute Laurence Equilbey. Le plus long, le Recordare, dure 5’30’’ et le plus court, le Lacrimosa, n’est composé que de huit mesures sur à peine une minute et je pense qu’on se permettra de le jouer deux fois. Seuls deux morceaux sont finis, le reste n’est pas orchestré. Les parties vocales sont là mais il manque tellement de choses ! C’est précisément sur ce manque et cette suspension que Yoann et moi avons travaillé. » Carrefour de la danse et du cirque Depuis 2010, Yoann Bourgeois s’est imposé comme l’une des figures du spectacle vivant au carrefour de la danse et du cirque. Passé par le Cirque Plume à Besançon à l’âge de 17 ans, puis par l’école de cirque à Lyon, il intègre l’Ecole nationale des arts du cirque de Rosny-sous-Bois, puis le Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne en suivant parallèlement les cours du Centre national de danse contemporaine d’Angers. Il codirige depuis 2016, avec Rachid Ouramdane, le Centre chorégraphique national de ­Grenoble. La chef d’orchestre Laurence Equilbey, à la tête depuis 1993 de l’ensemble Accentus, chœur de chambre, et de l’orchestre Insula Orchestra monté en 2012, aime se confronter à des projets hors cadre. Elle vient de collaborer avec la compagnie de magie nouvelle 14:20 dirigée par Raphaël Navarro pour l’opéra Freischutz, de Weber, créé en mars dans le cadre du festival de cirque Spring, en Normandie.
L’acrobate a conçu, avec la chef d’orchestre Laurence Equilbey, un spectacle à la frontière du cirque et du concert classique. Sur la scène du Grand Théâtre de Lyon, les 10 et 11 juin.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/09/nuits-de-fourviere-yoann-bourgeois-met-le-requiem-de-mozart-en-suspension_5473936_3246.html
mlsum-fr-246
Des enfants de Bambali jouent sur le terrain du village où Sadio Mané a fait ses premiers dribbles. Matteo Maillard Piste en latérite bordée de manguiers, poules et moutons dans les cours, maisons aux toits de tôle ou de chaume. Bambali ressemble a priori aux autres villages sénégalais avec ses grappes d’enfants pieds nus dans la poussière. Pourtant, à y regarder de plus près, il y a aussi ce lycée flambant neuf, cette grande bâtisse à colonnes et moulures, et surtout tous ces maillots au numéro 10 écarlate de Liverpool… Bienvenue sur les terres de Sadio Mané. Aujourd’hui, en pleine Coupe d’Afrique des nations, la star de l’équipe nationale est pressentie pour le Ballon d’or. Ce serait le deuxième Africain à l’obtenir après George Weah. « Tout ce qu’il sait aujourd’hui, il l’a appris ici, à Bambali », lance Ibrahim Touré, l’oncle de l’international sénégalais, en sirotant son thé devant l’imposant manoir offert aux quarante-cinq membres de la famille Mané. Le vainqueur cette année de la Ligue des champions avec Liverpool et meilleur buteur de la Première ligue ex aequo avec vingt-deux buts « a développé son talent sur ce terrain derrière la maison », rappelle M. Touré, pointant vers une étendue de terre où dribblent quelques enfants perdus dans leurs maillots trop grands. Ibrahim Touré, oncle de Sadio Mané, devant la maison qu'a construite l'international sénégalais pour quarante-cinq membres de sa famille. Matteo Maillard Ibrahim a dû très tôt s’occuper de Sadio, dont le père, imam du village, est décédé précocement. Ses plus jeunes années, le footballeur les a passées entre l’école coranique et les champs de mil ou d’arachide. « Un jour qu’il refusait de se lever pour la récolte, je lui ai crié dessus », se souvient Ibrahim. « Il m’a dit : “Toi, mon oncle, tu me fatigues. Je vais devenir un footballeur international et je ferai en sorte que vous ne travaillez plus aux champs.” Je lui ai dit merde ! Comment tu veux réussir ? Je ne suis pas un richard, je n’ai pas d’argent pour t’envoyer en formation. Je ne croyais pas en son rêve… », confie l’oncle, aujourd’hui rattrapé par la réalité. Sur les fugues du jeune Mané, parti dès 15 ans vivre sa passion, la famille ne s’attarde pas. Il y a un peu prescription. Mais à l’ombre de sa villa rénovée par le neveu prodigue, la tante conteste. « Certaines personnes disent qu’on l’a empêché de jouer au foot, mais ce n’est pas vrai », rétorque Tiana Cissé. Evidemment, elle aurait aimé le voir entrer en religion mais, sous le portrait du patriarche, l’imam Fodé Mama Mané dans la grande mosquée de Bambali, qu’un financement de Mané a permis d’achever, elle estime que « c’est très certainement Dieu qui l’a envoyé jusqu’en Europe ». Pour elle, Sadio « a toujours été un enfant gentil, timide qui respecte sa famille ». A peine se souvient-elle avoir dû le gronder lorsqu’il roulait ses chaussettes en boule pour jongler sur le chemin de la boutique, tardant à lui rapporter les courses. « Son regret d’avoir arrêté l’école en 3e » A Bambali, la famille Mané n’est pas la seule à bénéficier du succès du prodige casamançais. Depuis son 4 x 4 rutilant, Modou Ndiaye, le maire, raconte aussi les grands projets qu’il nourrit pour le lieu, un œil sur les ouvriers de la compagnie nationale d’électricité qui dressent des poteaux de raccordement pour le lycée que Sadio Mané a fait construire en 2015. « Dans dix ans, je veux que Bambali soit connu partout !, lance-t-il. Nous avons des arbres fromagers centenaires et le fleuve Casamance. Nous cherchons des investisseurs pour construire des hôtels. » Avec près de 2 000 habitants, Bambali n’est pas encore une station touristique mais affiche déjà le visage de Sadio Mané partout, sous-titré « La fierté de toute une nation ». Le footballeur a déjà posé la première pierre d’un stade et d’un hôpital qui servira les villages environnants. « J’espère qu’il nous aidera aussi pour bituminer la route », glisse le maire qui se décrit comme « le premier nanti ». Omar Abdou Mendy, ancien professeur d’espagnol de Sadio Mané, devant le nouveau lycée ouvert en 2015 par son ancien élève. Matteo Maillard Dans la cour de l’établissement scolaire, les filles bavardent pendant que les garçons rejoignent les terrains de foot. De quoi agacer Omar Abdou Mendy, l’ancien professeur d’espagnol de Sadio Mané, qui regrette que « trop d’élèves ont du retard car ils veulent faire comme lui », certains préférant les terrains aux cours. Plus Sadio Mané gagne en prestige international, plus le phénomène s’amplifie. « L’année passée, il a pourtant précisé à tous les élèves l’importance d’étudier et dit son regret d’avoir arrêté l’école en 3e, soutient M. Mendy. En plus du talent, Sadio a eu de la chance. Tous n’en auront pas, mais ils veulent quand même tenter. » A Bambali comme ailleurs, c’est « Barça ou Barzakh » (« Barcelone ou la mort »). Le rêve de réussite prime sur tout. Moussa Ndione a conscience du destin hors normes de Mané. Professeur d’EPS, il est aussi depuis 2018 l’entraîneur du FC Mansacounda de Bambali, le premier club dans lequel l’international a évolué. « Mané est l’exception, mais il faut d’abord parler de la règle. Sur cent footballeurs de sa génération, il est le seul qui a réussi. Mon but ici, c’est que 90 % réussissent. Et le secret du sport, ce sont les infrastructures. On ne peut pas prospérer sans, martèle-t-il. Ici, le travail est difficile. On a un terrain accidenté traversé par les enfants, les vaches et réquisitionné pendant les périodes de circoncision. » La région est productrice de talents. « S’il y avait plus de moyens, on verrait d’autres Sadio Mané, Krépin Diatta ou Jules Bocandé », jure-t-il. Moussa Ndione, professeur d’EPS, est aussi depuis 2018 l’entraîneur du FC Mansacounda de Bambali, le premier club dans lequel Sadio Mané a évolué. Matteo Maillard Pour l’oncle de Mané, ce qui a forgé son ambition, c’est justement cette rusticité. « Nous sommes des campagnards. C’est de là qu’il tient sa force de caractère, appuie Ibrahim Touré. Il a dû souffrir pour en arriver là. Quand il revient, une fois par année, il me sert le thé en guise de respect. C’est son humilité et sa générosité dans le collectif qui font qu’il est le plus grand joueur du monde devant Messi et Ronaldo. » « 2019 sera l’année Sadio Mané, clame son cousin Babacar Cissé, au sortir du premier match de la CAN où les Lions de la Teranga ont battu Madagascar 2-0, malgré l’absence de leur attaquant star resté sur le banc à cause d’un carton. Je pense que le Sénégal a la meilleure équipe d’Afrique, mais il faut que les joueurs s’entendent entre eux. Si Sadio Mané réussit à les guider, nous gagnerons cette compétition. » Comme tous les jeunes du village, il espère avoir l’occasion de féliciter en personne « l’enfant de Bambali » et, pourquoi pas, caresser la coupe de la CAN après celle de la Ligue des champions, comme on caresserait un rêve matérialisé. Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
L’attente est forte que l’attaquant de Liverpool et des Lions de la Teranga sorte son meilleur jeu pour la finale.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/01/can-2019-en-casamance-a-bambali-dans-le-village-de-sadio-mane_5483914_3212.html
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Le siège du « Guardian », à Londres, le 20 août 2013. SUZANNE PLUNKETT / REUTERS Les deux principaux actionnaires du groupe Le Monde, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, se sont engagés à commencer des discussions en vue de placer leurs actions dans une fondation. La forme que celle-ci prendrait n’est pour l’instant pas définie, mais la comparaison la plus évidente est avec celle du Guardian. Dans un modèle quasiment unique, le quotidien britannique est détenu depuis 1936 par le Scott Trust, une structure dont le seul but est d’assurer « l’indépendance financière et éditoriale du Guardian à perpétuité », tout en surveillant qu’il poursuive sa « tradition libérale » (au sens anglais du terme, c’est-à-dire de gauche). Cela rend impossible la vente ou le transfert de la propriété du Guardian. Le modèle est difficilement copiable, parce que le Scott Trust est à la tête d’un fonds évalué à 1,01 milliard de livres (1,14 milliard d’euros) au 31 mars. En tablant sur un taux d’intérêt de 3 % par an, « nous pouvons perdre environ 30 millions de livres par an », résume Alan Rusbridger, qui a été rédacteur en chef du quotidien entre 1995 et 2015. « C’est une protection fantastique » Le Guardian ne s’en prive pas. Pour l’année 2017-2018, Guardian Media Group a perdu 29 millions de livres (33 millions d’euros) de trésorerie. Ce qui serait ailleurs une mauvaise nouvelle a été dignement célébré comme l’aboutissement d’un redressement mené sur trois ans, après une perte abyssale de 86 millions de livres en 2014-2015. « Nous sommes maintenant dans une situation financière viable », se félicitait Katharine Viner, sa rédactrice en chef, lors de la publication des comptes en mai. M. Rusbridger estime cependant que, même en l’absence d’un pactole financier, un trust peut avoir du sens. « C’est une protection fantastique [pour le journal]. » Puisqu’il n’y a plus de propriétaire à proprement parler, et qu’il devient impossible de vendre le journal, le quotidien est protégé des éventuelles ambitions financières ou politiques de ses actionnaires. L’ancien rédacteur en chef du Guardian en est persuadé, une telle structure change la dynamique interne du journal : « Le Guardian n’a jamais été géré dans un but commercial et il existe depuis plus de deux cents ans. » Le Scott Trust a été créé en 1936 par John Scott, alors propriétaire du journal. Son père, le légendaire C. P. Scott, qui avait été rédacteur en chef pendant cinquante-sept ans et qui était devenu le propriétaire en 1907, était décédé quatre ans auparavant. Son frère était également mort dans un accident. Inquiet de l’avenir du journal, et craignant une énorme facture fiscale pour les droits de succession, John Scott a transféré la propriété du journal à un trust. Il s’agissait autant de garantir l’avenir du quotidien, alors installé à Manchester, que d’échapper au fisc.
Le quotidien britannique est détenu depuis 1936 par un « trust » doté d’un fonds de 1,1 milliard d’euros.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/28/comment-le-scott-trust-garantit-l-independance-du-guardian_6013429_3234.html
mlsum-fr-248
Des partisans du président sortant Mauricio Macri brandissent un ballon représentant Cristina Fernandez en uniforme de détenue, le 24 octobre à Cordoba. CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS Treize mises en examen. Sept demandes de prison préventive. Un procès en cours. Des dizaines d’autres enquêtes la touchant de près ou de loin. Des milliers de manifestants exigeant qu’elle aille en prison. Rien de tout cela n’a empêché l’ex-chef de l’Etat Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015) de se présenter à la vice-présidence du pays. Tous les sondages annoncent une victoire dès le premier tour, dimanche 27 octobre, du ticket présidentiel qu’elle partage avec le péroniste Alberto Fernandez. Les principales enquêtes la visant concernent des affaires de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite, notamment dans l’attribution de contrats de travaux publics dans la province de Santa Cruz, son fief de Patagonie. Sa toute première mise en examen remonte à mai 2016, pour préjudice à l’Etat. La justice l’accuse d’avoir réalisé une opération de spéculation sur les taux de change dans les derniers mois de son mandat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Argentine, le probable retour au pouvoir de Cristina Fernandez de Kirchner Elue sénatrice en octobre 2017, elle bénéficie d’une immunité parlementaire qui l’empêche d’être arrêtée. En tant que vice-présidente, il faudra les deux tiers des députés et des sénateurs pour lever cette immunité, une éventualité hautement improbable. Un premier procès a débuté le 21 mai, mais il n’aboutira certainement pas de sitôt, les temps de la justice argentine s’étirant souvent de manière infinie jusqu’à l’épuisement de tous les recours. « Enquêtes sont politiquement biaisées » « Les procès n’auront aucune incidence sur son travail si elle est élue, estime la journaliste Maria O’Donnell. Mais c’est au minimum inhabituel de voir une vice-présidente devoir se rendre régulièrement au tribunal. » Cependant, être mis en examen au moment de prendre le pouvoir n’est pas réservé à Cristina Kirchner : le président actuel et candidat à sa réélection, Mauricio Macri, l’était lui aussi en 2015, dans une affaire d’écoutes illégales, avant de bénéficier d’un non-lieu en octobre 2018, pour vice de forme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Argentine, les électeurs prêts à tourner la page de l’ère Mauricio Macri « Certaines enquêtes contre elle sont complètement farfelues, estime l’analyste Sergio Berensztein, comme celles sur le taux de change du dollar, qui relève d’une politique monétaire parfaitement légitime de la Banque centrale. » L’analyste va plus loin : « La justice en Argentine n’est pas impartiale, et les enquêtes sont politiquement biaisées. » La plupart des douze juges fédéraux de la ville de Buenos Aires, qui sont chargés des affaires de corruption, touchent des salaires mirobolants et ne paient pas d’impôts sur le revenu. Ils sont eux-mêmes parmi les plus corrompus, s’accrochant à leur poste et tâchant au passage de placer des membres de leur famille dans le système judiciaire. « La vie des juges fédéraux de la ville, c’est survivre à leur position et s’enrichir, accuse Andrés Malamud, chercheur en sciences sociales à l’Université de Lisbonne. Ça n’a pas toujours été le cas. La justice argentine, avec les procès contre les militaires accusés de crimes contre l’humanité pendant la dictature, a démontré qu’elle était capable de juger le pouvoir. »
L’ancienne chef d’Etat, qui se présente comme candidate à la vice-présidence aux élections du 27 octobre, a toujours clamé son innocence contre les accusations de corruption.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/25/argentine-treize-fois-mise-en-examen-cristina-kirchner-devrait-echapper-a-la-prison_6016933_3210.html
mlsum-fr-249
Un homme attend le bus dans une rue polluée de New Delhi, le 4 novembre. PRAKASH SINGH / AFP LETTRE DE NEW DELHI Quand New Delhi a atteint un pic de pollution historique, dimanche 3 novembre, avec plus de 1 000 microgrammes de particules fines par mètre cube d’air, Sanjana et son frère se sont postés, comme chaque jour, au milieu de la circulation. Dans un air littéralement irrespirable, elle a continué à slalomer entre les voitures arrêtées au feu rouge, pour mendier quelques roupies. Sa vie se résume à un carrefour. La petite fille a 7 ans. Elle a échoué là avec sa famille, sur un trottoir de la capitale indienne, à côté d’un entrelacs de voies fréquentées chaque jour par des millions de véhicules. Ses poumons sont sans doute ceux d’un gros fumeur. Elle n’en sait rien, n’a jamais vu de médecin. L’atmosphère est une puanteur, saturée de polluants, qui agresse les yeux, la gorge, les poumons et suscite des maux de tête fréquents. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Touffeur et pollution extrêmes, New Delhi suffoque Inégalités sociales Comme Sanjana, ils sont des milliers de sans-abri à vivre au ras du bitume de l’une des villes les plus polluées au monde. Des paysans des Etats voisins, obligés de quitter leurs lopins de terre, des orphelins, des malades en attente d’une prise en charge par l’hôpital public. Les carrefours, les trottoirs et les couloirs qui séparent les axes de circulation sont parsemés de matelas de fortune, d’habits accrochés au grillage. Les plus pauvres respirent les particules à pleins poumons. Dans la mégapole de vingt millions d’habitants, la pollution est un démultiplicateur d’inégalités sociales. Il suffit de se balader dans les rues pour visualiser les strates de la société. Les rickshaws, les vendeurs de rue, les ramasseurs d’ordures, les gardiens d’immeubles vivent en permanence en extérieur, sans aucune protection. Un masque de moyenne qualité coûte 300 roupies (3,80 euros), une fortune pour ceux qui vivent avec moins de 4 000 roupies (50 euros) par mois. Les riches Delhiites respirent le même air, mais habitent les quartiers verts de New Delhi, dessinés par les Britanniques, bordés de parcs, équipent leurs appartements de purificateurs et portent des masques. Ils évitent les exercices en extérieur et fréquentent les salles de sport, travaillent dans des bureaux où l’air est filtré, et s’échappent en week-end. Si la réponse des autorités est indigente, c’est sans doute que la pression de l’opinion est trop faible. Les habitants qui manifestent pour exiger des mesures ne sont qu’une poignée. Le 6 novembre, alors que la ville suffoquait dans le smog, ils étaient tout juste 1 000 devant la Porte de l’Inde (Gate of India), non loin des centres de décision, pour demander au gouvernement d’agir.
Dans la capitale indienne, l’une des plus polluées au monde, les plus pauvres vivent au milieu de la circulation automobile, le nez dans les gaz d’échappement.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/12/a-new-delhi-une-vie-dans-la-pollution_6018805_3210.html
mlsum-fr-250
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, le 27 juillet 2019. RUI VIEIRA / AP A quel jeu se livre Boris Johnson avec les Européens ? Le premier ministre britannique, en poste depuis à peine un mois, souhaite-t-il sérieusement renégocier un accord de divorce avec Bruxelles, celui conclu entre les Vingt-Sept et Londres ayant été rejeté trois fois par les députés britanniques ? Ou, plus perturbant, est-il effectivement prêt à aller au « no deal », le 31 octobre, pour, enfin, réaliser ce Brexit pour lequel les Britanniques ont voté il y a plus de trois ans maintenant ? Impossible de trancher à ce stade même si, au Royaume-Uni comme à Bruxelles, de plus en plus d’experts penchent désormais pour la deuxième option. La lettre de Boris Johnson à Donald Tusk, le président du Conseil européen, lundi 19 août, leur a donné des arguments supplémentaires. Pour la première fois depuis sa prise de poste, le dirigeant britannique a couché noir sur blanc une position de négociation, considérée comme inacceptable, voire fantaisiste par les Vingt-Sept. Lire aussi Pour le sommet du G7 de Biarritz, 13 200 policiers et gendarmes mobilisés Elément controversé du traité de retrait, le « backstop », cette assurance destinée à prévenir le retour d’une frontière physique en Irlande, est « antidémocratique », assure le premier ministre britannique. Il risque de coincer le Royaume-Uni, « possiblement indéfiniment », dans une union douanière avec l’UE. Il pourrait aussi, toujours à en croire M. Johnson, « affaiblir » les accords de paix nord-irlandais. En conclusion, il réitère sa demande que le « backstop » soit abandonné, pour de vagues « solutions alternatives » censées éviter la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande après le Brexit. « Peu à gagner d’une poignée de main » Donald Tusk a répondu mardi de manière cinglante : « Ceux qui sont contre le “backstop” et ne proposent pas de solutions alternatives soutiennent en réalité le retour d’une frontière en Irlande. Même s’ils ne veulent pas l’admettre. » Downing Street ne peut ignorer la position des Européens sur l’accord de retrait et le « backstop » : ils répètent en effet depuis des mois qu’il est le résultat de deux longues années de négociation avec Londres et qu’il est indispensable. Angela Merkel, que Boris Johnson devait rencontrer à Berlin mercredi 21 août au soir, devrait rester sur cette ligne. Tout comme Emmanuel Macron, que le Britannique voit le lendemain. L’Elysée a d’ailleurs fait savoir mercredi après-midi que « le “backstop” est une police d’assurance » et « un élément indispensable d’un accord », car il s’agit d’« assurer la paix et la stabilité en Irlande, et l’intégrité du marché européen ». « Aujourd’hui, le scénario central du Brexit est celui du “no deal” », a également dit la présidence française.
Le premier ministre britannique rencontre Angela Merkel mercredi, puis Emmanuel Macron jeudi, avant le G7, qui se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/21/boris-johnson-prepare-l-ue-et-le-royaume-uni-a-un-no-deal_5501285_3210.html
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Si, lors de la création du Musée des Beaux-Arts du Canada en 1880, la collection se limitait à un seul paysage, aujourd’hui, 75 000 œuvres la composent. L’imposante structure de verre et de granite du musée en fait l’un des bâtiments les plus spectaculaires du pays. Du Grand Hall Banque Scotia, on aperçoit la rivière des Outaouais, les collines de Gatineau et les édifices du Parlement à travers les immenses fenêtres. Les collections mettent particulièrement en valeur l’art canadien et indigène. Des créations d’artistes métis, inuits et des Premières Nations – surtout contemporaines -, offrent un aperçu de la diversité culturelle du pays. Issus de l’Arctique, l’art inuit fait partie des incontournables du musée. Sculptures, dessins et autres estampes illustrent les préoccupations identitaires des créateurs des Territoires-du-Nord-Ouest, du Nunavut, du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador. Musée des Beaux-Arts du Canada Nature et art contemporain Premier musée national à avoir vu le jour au pays, le Musée canadien de la nature s’intéresse de son côté à tout ce qui touche de près ou de loin à l’environnement et à l’histoire du monde. Entre les squelettes de baleines et les activités interactives pour mieux comprendre les volcans, on traverse le temps dans un bâtiment à l’architecture exceptionnelle. Inauguré en 2018, l’édifice qui abrite la Galerie d’art d’Ottawa est cinq fois plus grand que l’ancien. Ici, ce sont les œuvres d’art contemporain de la région qui sont en vedette. Non loin du Centre Rideau, lieu de prédilection des amateurs de shopping, la galerie se trouve aussi à deux pas du nouvel hôtel Le Germain, à la fois chic et sobre, comme les cinq autres établissements de la chaîne canadienne. On en profite pour goûter la cuisine inspirée du restaurant Norca, qui mise sur les ingrédients locaux et l’influence nordique. Aussi à proximité du marché By et du Parlement, le secteur se découvre aisément à pied. Musée canadien de la nature Côté Québec Il suffit de traverser le pont qui enjambe la rivière des Outaouais pour se retrouver au Québec, là où le Musée canadien de l’histoire a été érigé en 1982. Il faut prendre le temps de visiter la salle de l’histoire canadienne pour mieux comprendre les événements et les courants qui ont façonné le pays. Peu importe votre âge, une escale au fantastique Musée des enfants, qui propose un tour du monde hors du commun, s’impose avant de quitter les lieux. Et si la faim vous tenaille, le Bistro Boréal est parfait pour goûter des saveurs du pays. Alors, burger de bison ou poutine au bœuf braisé ? Musée canadien de l’histoire Carnet de route Y aller L’aéroport international d’Ottawa est desservi par plusieurs compagnies internationales depuis de nombreuses villes françaises, avec escale à Montréal ou Toronto. L’aéroport est à 15 mn du centre-ville, qui se découvre facilement à pied. Ottawa est également relié par le train à Montréal, Québec et Toronto. Se loger Fairmont Château Laurier, 1 Rideau St. Bien situé, cet hôtel de luxe permet de visiter la ville à pied. L’établissement a été inauguré en 1912, quelques semaines après que Charles Melville Hays, directeur de la compagnie de chemin de fer Grand Trunk Pacific Railways of Canada, aussi propriétaire de l’hôtel, eût péri lors du naufrage du Titanic. Alt Hotel Ottawa, 185 Slater St. Cet établissement moderne propose le confort d’un hôtel de luxe, mais à moindre coût. Alt est la version abordable du groupe Germain, réputé pour ses hôtels boutiques raffinés et à échelle humaine. Planifiez votre voyage à Ottawa, la capitale canadienne, avec Les Maisons du Voyage.
Plus tranquille que la cosmopolite Toronto, Ottawa n’en est pas moins enivrante. La capitale du Canada se démarque notamment par ses musées exceptionnels.
https://voyage-canada.lemonde.fr/ontario-ottawa/viree-musees-a-ottawa/
mlsum-fr-252
Une centaine de personnes se sont rassemblées samedi 17 août à Rennes devant la préfecture de Bretagne pour soutenir le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), convoqué devant la justice pour un arrêté interdisant l’utilisation des pesticides près des habitations. « Madame la préfète, laissez nos maires nous protéger », « Pesticides, riverains, agriculteurs, tous victimes », « Stop pesticides, nous voulons des coquelicots », pouvait-on lire sur des banderoles. Les participants répondaient à l’appel du collectif Nous voulons des coquelicots de Langouët, village de 602 habitants situé à une vingtaine de kilomètres de Rennes. Retrouvez le portrait de Daniel Cueff : Le maire breton qui invente le village de l’après-pétrole « Carence de l’Etat » « J’habite à Langouët dans une longère au milieu des champs, et ça fait très longtemps que les pesticides m’inquiètent, aussi bien pour mes enfants que pour mes petits-enfants », témoigne Nicole Duperron-Anneix, membre du collectif. « Les enfants de Langouët mangent bio à la cantine, habitent dans des bâtiments écoconçus mais ils se déplacent et vivent près des champs et on a retrouvé des taux de glyphosate très élevés dans les urines de deux d’entre eux », ajoute-t-elle. « J’ai deux filles et je n’ai pas envie qu’elles tombent malades, on a des taux élevés de glyphosate dans nos urines alors qu’on mange bio et qu’on cultive notre jardin », abonde Hélène Heuré, employée communale. Le maire de Langouët, Daniel Cueff, a pris le 18 mai un arrêté interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». « Il est légitime qu’un maire agisse face à une carence de l’Etat », avait-il déclaré, mettant en avant une « problématique de santé publique ». L’élu est convoqué jeudi devant le tribunal administratif de Rennes à la demande de la préfecture, qui exige l’annulation de l’arrêté. « Un héros » Classé comme « cancérigène probable » depuis 2015 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’herbicide est utilisé sous diverses marques depuis que le brevet détenu par l’américain Monsanto est tombé dans le domaine public en 2000. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Glyphosate : une étude montre une nette augmentation du risque de lymphome « La décision du maire est une décision de rupture », déclare Michel Besnard, président du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, tout en rappelant que le Conseil d’Etat a partiellement annulé le 26 juin un arrêté réglementant l’utilisation des pesticides au motif qu’il « ne protégeait pas suffisamment la santé des riverains ». « Le maire de #Langouet a entièrement raison. Dans quelques années, il sera reconnu comme un héros », a affirmé Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement. « Nous sommes contaminés, les abeilles disparaissent, les algues vertes pullulent mais l’Etat et sa préfète préfèrent s’acharner sur un maire responsable et autoriser les pires élevages industriels. Lamentable ! », a renchéri sur Twitter Yannick Jadot, député européen écologiste.
L’élu de Langouët passera jeudi devant le tribunal administratif de Rennes à la demande de la préfecture, qui souhaite l’annulation de son arrêté. Un rassemblement de soutien a été organisé samedi.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/17/un-maire-convoque-devant-le-tribunal-apres-avoir-interdit-l-usage-des-pesticides-pres-des-habitations_5500332_3244.html
mlsum-fr-253
Dans les locaux du studio Animax FYB, à Accra, en septembre 2019. DYLAN GAMBA « Nous voulons faire du cinéma d’animation qui raconte des histoires africaines et qui diffuse notre culture. » Sarpei Kwadei, jeune producteur de films d’animation, a cofondé en 2015 le studio Indigene Bros. Les modestes locaux de l’entreprise se trouvent à quelques centaines de mètres de Circle, une immense gare routière située au cœur de la capitale ghanéenne Accra. « Nous avons commencé par produire, au moment de la présidentielle de 2016, des spots animés diffusés à la télévision qui appelaient la population à se rendre aux urnes », poursuit Sarpei Kwadei. Après ce coup d’essai, le studio, qui compte sept salariés, se lance dans la réalisation d’un court-métrage. Son thème : le match de boxe ayant opposé en 1982 le champion du monde en titre mexicain des poids plumes Salvador Sanchez au Ghanéen Azumah Nelson. Le film de treize minutes, intitulé Azumah : the Ghanaian Hero, se focalise sur ce combat mythique conclu après quinze rounds qui s’est tenu au Madison Square Garden de New York. « Nous avons fait un film patriotique qui souligne la bravoure d’Azumah durant ce duel », poursuit Sarpei Kwadei. Le court-métrage retrace également la jeunesse du boxeur ghanéen à Jamestown, un quartier pauvre d’Accra. « Je n’étais pas né au moment de ce combat, mais mes parents m’en ont beaucoup parlé, se remémore Sarpei Kwadei. Dans les années 1990, lorsqu’il y avait un combat du “Professeur” [le surnom d’Azumah Nelson], les rues étaient désertes et tout le monde était devant la télévision. » Une fierté pour l’équipe Le film, sorti en 2019, est sélectionné au Festival international du film d’animation d’Annecy. « C’était une première pour un film d’Afrique de l’Ouest », s’enorgueillit le producteur. Le court-métrage, qui a nécessité six mois de travail, est produit en ga, la langue la plus courante à Accra. Une volonté affichée de l’équipe et du réalisateur. « Nous ne voulions pas le faire en anglais et cela est une manière de défendre notre culture », explique Nii Ofei-Kyei Dodoo. Le film a également été récompensé au Black Star International Film Festival. Une fierté pour l’équipe, malgré les nombreuses difficultés. « Nous ne sommes pas soutenus par les autorités qui ne comprennent pas du tout l’importance du soft power, estime Sarpei Kwadei. C’est l’ambassade de France au Ghana qui a financé notre séjour à Annecy. » « La formation n’est pas suffisante dans le pays et seuls cinq ou six animateurs sont diplômés chaque année », analyse de son côté Francis Y. Brown. Le trentenaire a fondé en décembre 2014 le studio Animax FYB. Les locaux sont situés dans une maison de plain-pied à East Legon, un quartier couru d’Accra. Entre 2010 et 2014, Francis Y. Brown est étudiant au National Film and Television Institute (Nafti). A la fin de son cursus, il doit réaliser un film. « Ce travail m’a pris deux ans de recherche, notamment dans la région de la Volta, du Nigeria et du Bénin », confie-t-il. En 2014, il sort Agorkoli, un court-métrage d’animation de onze minutes qui retrace l’histoire vraie d’un roi tyrannique qui a sévi à l’est du Ghana dans la période précédant la traite négrière. « J’ai tout réalisé moi-même, depuis le script, le storyboard ou bien encore la réalisation, précise Francis Y. Brown. Parfois, je travaillais 48 heures d’affilée. » Le court-métrage, multirécompensé, obtient notamment une distinction en 2015 au festival international du film africain. « Les talents sont là » Lorsqu’on lui demande quelles sont ses références en matière d’animation, Francis Y. Brown répond : « J’aime beaucoup ce que font Disney, Ghibli ou Pixar. Mais je ne veux pas être considéré comme le Disney ghanéen. Je veux garder ma propre identité, ghanéenne et africaine. » Cinq ans après la création de son studio, Francis Y. Brow est épaulé par sept animateurs. « Nous sommes actuellement sur un projet de série en trois saisons avec 13 épisodes d’environ 22 minutes », avance-t-il, précisant être en discussion avec des plates-formes de streaming comme Hulu, Netflix et Amazon. « C’est un projet qui me tient vraiment à cœur de pouvoir raconter l’histoire d’un royaume africain oublié », poursuit-il. Mais le projet est pour l’instant bloqué, faute de financement. « Les talents sont là, avec de nombreux studios qui émergent depuis cinq ans. Mais nous sommes sans cesse en train de chercher de l’argent pour produire de nouveaux films », affirme de son côté Sarpei Kwadei. Malgré les difficultés, Francis Y. Brown reste optimiste pour l’avenir. Le jeune animateur a récemment investi dans une salle insonorisée entièrement tapissée de vert pour pouvoir s’adonner aux effets spéciaux. Et rêve un jour de pouvoir produire un long-métrage. « Après tout, les plus grands studios d’animation ont commencé un jour petit comme nous », sourit-il. Dylan Gamba (Accra, correspondance)
En 2019, un court-métrage ghanéen a été sélectionné au festival d’Annecy, une première pour un pays d’Afrique de l’Ouest. Et à Accra, des petits studios émergent.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/16/au-ghana-le-cinema-d-animation-fait-un-cartoon_5511130_3212.html
mlsum-fr-254
Un homme se recueuille devant la mosquée de Bayonne, vendredi 1er novembre, quelques jours après l’attaque qui a fait deux blessés graves. GAIZKA IROZ / AFP « L’islamophobie en France est une réalité. » Une cinquantaine de personnalités ont lancé un appel à manifester le 10 novembre à Paris pour dire « STOP à l’islamophobie » et à la « stigmatisation grandissante » des musulmans, après l’attaque d’une mosquée à Bayonne et d’énièmes débats autour du voile. « Depuis des années, la dignité des musulmanes et des musulmans est jetée en pâture, désignée à la vindicte des groupes les plus racistes qui occupent désormais l’espace politique et médiatique français », écrivent les signataires de cette tribune publiée vendredi 1er novembre sur le site Web de Libération. Citant l’« attentat » contre la mosquée de Bayonne ayant fait lundi deux blessés graves, « l’humiliation d’une maman et de son enfant par un élu RN [Rassemblement national] au conseil général de Bourgogne-Franche-Comté », ou les « discours racistes qui se déversent sur nos écrans à longueur de journée, dans l’indifférence générale », ils appellent à mettre fin aux « violences et aux agressions contre les musulmanes et les musulmans, qui se retrouvent progressivement déshumanisés et stigmatisés ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après l’attaque de Bayonne, l’inquiétude des musulmans français « Il en va de notre unité à tous » Parmi les personnalités appelant à défiler à Paris, on trouve le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, la journaliste et réalisatrice Rokhaya Diallo, l’avocat Arié Alimi, le rappeur Fianso, le « gilet jaune » Jérôme Rodrigues, ou encore Esther Benbassa, sénatrice Europe Ecologie-Les Verts de Paris. « Le 10 novembre à Paris nous marcherons pour dire (…) STOP aux discriminations qui visent des femmes portant le foulard, provoquant leur exclusion progressive de toutes les sphères de la société », précisent-ils, appelant « toutes les organisations », « toutes les associations », à les rejoindre. « Il en va de notre unité à tous, contre le racisme sous toutes ses formes qui, aujourd’hui, menace une nouvelle fois la France », concluent-ils. Le 27 octobre, plusieurs centaines de personnes s’étaient déjà rassemblées à Paris pour dénoncer « l’islamophobie » et la « stigmatisation des musulmans » par des responsables politiques et dans les médias.
Après l’attaque d’une mosquée à Bayonne, des figures politiques, syndicales et culturelles veulent défiler à Paris face à une « stigmatisation grandissante » des musulmans.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/01/une-cinquantaine-de-personnalites-appellent-a-manifester-le-10-novembre-contre-l-islamophobie_6017752_3224.html
mlsum-fr-255
« Voyage au pays des jardins. L’art du paysage raconté en timbres », de Stéphane Bern. Le cherche-midi, 50 pages, 8 euros. « Voyage au pays des jardins. L’art du paysage raconté en timbres ». Avec Voyage au pays des jardins. L’art du paysage raconté en timbres (le cherche-midi, 50 pages, 8 euros), Stéphane Bern est l’auteur d’un livre destiné aux plus jeunes pour s’initier à la philatélie à travers la thématique des jardins. La sélection d’une quarantaine de timbres – qui permettent de découvrir un olivier pour le Sommet de Paris pour la Méditerranée, la tapisserie du XVe siècle de « La Dame à la licorne », le festival des jardins de Chaumont, la villa gallo-romaine de Montmaurin… – promène le lecteur à travers le monde entier à la découverte des jardins de Villandry, des Tuileries, des parcs Borély à Marseille ou de la Tête d’Or à Lyon, des jardins d’Asie, etc. Cette sélection montre que jardins et histoire de France (à travers des chapitres « Jardins au château », « André Le Nôtre », etc.) et expression artistique (« Nymphéas, effet du soir », de Claude Monet) font bon ménage et qu’ils sont indissociables de la faune qu’ils abritent – oiseaux, insectes. Claude Monet timbré par La Poste en 1999. DR/La Poste Enfin, l’auteur sensibilise son lecteur aux dangers encourus par la société face au changement climatique. Une pochette de timbres est fournie avec l’ouvrage édité en partenariat avec l’Association pour le développement de la philatélie (Adphile). « Paroles de facteurs. Eloge sentimental de la lettre et de son messager », de Jean-Pierre Guéno. Hugo Doc, 264 pages, 17,50 euros. « Paroles de facteurs. Eloge sentimental de la lettre et de son messager ». Jean-Pierre Guéno est l’auteur de Paroles de facteurs. Eloge sentimental de la lettre et de son messager (Hugo Doc, 264 pages, 17,50 euros), ouvrage qui a bénéficié du soutien de la Fondation d’entreprise La Poste. Jean-Pierre Guéno, dont l’« arrière-grand-père bourguignon fit valoir ses droits à la retraite le 1er avril 1914 alors qu’il était facteur rural depuis trente-quatre ans », entend défendre le métier de facteur, cet « homme de lettres », corporation à laquelle appartint le philosophe Gaston Bachelard. Un choix de textes – l’auteur n’hésitant pas à faire revivre « ses » facteurs, à leur donner la parole, et à se mettre en scène dans des entretiens imaginaires - fait défiler le facteur Cheval, Henri Guillaumet « facteur des Andes », avant de recenser quelques facteurs de la littérature et de la chanson (Maupassant, André Breton, Charles Trenet, Bourvil, Calogero, etc. sans oublier Paulette, « la fille du facteur » (Yves Montand)… Les chapitres défilent : éloge de la lettre ; éloge du facteur… et lettres de facteurs, ces « porteurs de messages (…) descendants des messagers de l’Antiquité »… Un livre un peu fourre-tout, réjouissant, en hommage à une profession malmenée par le numérique, même si « les robots et le big data (…) ne pourront jamais remplacer le contact humain : ce lien qui devient indispensable pour garantir la cohésion sociale ». « L’Enveloppe mystérieuse d’Arthur le facteur ». Format Editions, 38 pages, 18,90 euros. « L’Enveloppe mystérieuse d’Arthur le facteur ». Arthur le facteur commence sa tournée par la rue du Chêne doré. Au fur et à mesure qu’il distribue le courrier et les colis, on découvre la vie des habitants de la rue, leur rapport au monde, immense ou étriqué, leurs amours, leurs querelles de voisinage et leur petite vie, solitaire ou grande ouverte sur le monde. Mais comment Arthur va-t-il livrer sa dernière lettre dont personne ne connaît le destinataire ? Gérard Moncomble est l’auteur d’un livre pour enfants, L’Enveloppe mystérieuse d’Arthur le facteur (Format Editions, 38 pages, 18,90 euros), illustré par Paweł Pawlak. Le livre a été fabriqué entièrement à la main, au moyen de collages et de découpages en 3D. L’illustrateur s’est servi de vrais timbres postaux (du monde entier) et de cachets de la poste. Le lecteur pourra créer une enveloppe ou une carte postale originale sur laquelle il pourra coller un timbre tiré de la collection d’Arthur le facteur, le tout agrémenté de 67 timbres stickers offerts avec le volume. « L’Enveloppe », deJan Kepons. 180° Editions, format Kindle, 9,99 euros. « L’Enveloppe ». En faisant son jogging dans un quartier résidentiel de Genève, Paul tombe par hasard sur une enveloppe au contenu fort mystérieux… Le début d’une aventure policière aux prémices postales signée Jan Kepons (180° Editions, format Kindle, 9,99 euros). « Rêve plus vite camarade », d’Iegor Gran avec la contribution de François-Xavier Nerard. Les Echappés, 144 pages, 2017, 34 euros. « Rêve plus vite camarade. L’industrie du slogan en URSS de 1918 à 1935 ». Avec Rêve plus vite camarade (d’Iegor Gran avec la contribution de François-Xavier Nerard, Les Echappés, 144 pages, 2017, 34 euros), l’écrivain franco-russe Iegor Gran et l’historien François-Xavier Nérard, spécialiste de la Russie, commentent les supports des slogans – timbres, cartes postales, vignettes de cotisation et de bienfaisance, enveloppes de propagande, etc. - diffusés dans la Russie des années 1930, censés éduquer un nouvel homme russe. « Mâche soigneusement la nourriture », « Organise l’engraissement correct et l’élevage des porcs », « Et avec son sang le héros a tracé : longue vie à la Rouge armée »… illustrent les différents chapitres qui composent l’album (santé, défense nationale, transports, l’étranger, la collectivisation). « L’Appartement. Un siècle d’histoire russe, d’Ania Desnitskaïa et Alexandra Litvina. Louison Editions, 58 pages, 2018, 17,50 euros. « L’Appartement. Un siècle d’histoire russe ». L’album L’Appartement. Un siècle d’histoire russe (d’Ania Desnitskaïa et Alexandra Litvina, Louison Editions, 58 pages, 2018, 17,50 euros), raconte cent ans d’histoire d’un appartement dans un vieil immeuble de Moscou (Russie) où se succèdent plusieurs générations de Mouromtsev, entourées de leurs amis et de leurs voisins, qui reflètent « l’histoire de la Russie au XXe siècle ». Cette histoire est aussi « racontée par leurs affaires : les meubles, les vêtements (…), et autres objets de la vie quotidienne »… qui en sont les témoins. Parmi ces objets, le lecteur attentif découvrira du courrier (cartes postales, enveloppes), des pièces de monnaie, quelques timbres… « République française. Capitale Alger. 1940-1944. Souvenirs de jeunesse », d’Yves-Maxime Danan. L’Harmattan, 240 pages, 21,50 euros. « République française. Capitale Alger. 1940-1944. Souvenirs de jeunesse ». Yves-Maxime Danan, de l’Académie de philatélie, collaborateur de longue date des mensuels Timbres magazine et L’Echo de la timbrologie, président d’honneur de la Société française de philatélie fiscale, auteur de nombreux ouvrages d’histoire postale et de philatélie fiscale, est aussi professeur émérite à la Sorbonne où il a enseigné le droit public et la science politique, et publié, dans ce cadre, divers ouvrages historiques ou juridiques, réussissant à associer ses deux passions à travers un livre sur l’Histoire postale et libertés publiques (1965). C’est un témoignage plus personnel qu’il livre avec République française. Capitale Alger. 1940-1944. Souvenirs de jeunesse (L’Harmattan, 240 pages, 21,50 euros), qui rappelle qu’Yves-Maxime Danan (neveu de José Aboulker) publia déjà en 1963 La Vie politique à Alger de 1940 à 1944 (Librairie générale de droit et de jurisprudence). L’auteur, adolescent à Alger pendant la seconde guerre mondiale, est le témoin de l’application des lois vichystes et des actions de résistance qu’elles suscitent. Les anecdotes postales émaillent, avec discrétion, l’ouvrage : émission de timbres à l’effigie de Pétain en 1942 ; slogan « Un seul but la victoire » qui « se glissa jusque dans l’intimité des familles par l’intermédiaire de nouveaux timbres figurant sur les lettres d’Afrique du Nord » ; rencontres de Jean-Pierre Bloch - « qui rendit visite au grand-père de Max, celui-ci eut la grande surprise de voir son petit-fils discuter d’égal à égal avec ce ministre, lui aussi philatéliste (…) » -, de René Pleven, de Bosman, le vice-président de l’Assemblée consultative avec pour effet d’obtenir quelques raretés philatéliques, « quelques timbres des colonies françaises libres ou de la Corse libérée »…
L’édition met à l’honneur, à travers des parutions récentes, le timbre et l’histoire postale. Pour les plus jeunes collectionneurs, Stéphane Bern retrace à travers les vignettes postales l’histoire des jardins du monde entier.
https://www.lemonde.fr/mondephilatelique/article/2019/10/05/les-jardins-timbres-de-stephane-bern_6014362_5470897.html
mlsum-fr-256
SEVERIN MILLET Pernod Ricard, Suez, Lagardère, Scor : de mois en mois, la liste des grandes entreprises françaises mises sous pression par des fonds activistes va s’allongeant. Le 25 août, l’agence Reuters a révélé que l’américain Third Point, l’un de ces acteurs vedettes, venait d’entrer au capital du leader de l’optique EssilorLuxottica. On appelle ces actionnaires « activistes » car ils militent auprès des dirigeants et des conseils pour que soient appliquées leurs préconisations, nouvelle gouvernance, rachats d’actions, voire cession de l’entreprise. Nombre de financiers préférant, dans un premier temps, engager ces discussions derrière les portes closes du conseil d’administration, leur présence n’est pas toujours connue du public. Selon plusieurs sources, le britannique TCI – autre trublion notoire – détient ainsi en toute discrétion quelque 2 % du capital de Vinci. A ce stade, le fonds créé par Chris Hohn se comporte comme un investisseur passif. Mais Xavier Huillard, le PDG du spécialiste des infrastructures, est prévenu : le financier était actionnaire de Safran depuis des années lorsque le projet du motoriste de racheter Zodiac Aerospace, annoncé en janvier 2017, a déclenché sa fureur et s’est ensuivie une bataille homérique au terme de laquelle Safran a finalement repris l’équipementier aéronautique mais à des conditions plus favorables. « Il y a des progrès à faire en France » Les patrons, on s’en doute, détestent ces empoignades avec des investisseurs rugueux, parfois agressifs, dont la première revendication consiste bien souvent à… changer le capitaine. Y a-t-il pour autant un risque de déstabilisation des fleurons tricolores ? Faut-il entraver ces acteurs interventionnistes ? Ce sont les questions auxquelles Eric Woerth, le président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, a voulu répondre à travers une mission parlementaire « flash » sur l’activisme actionnarial dont les conclusions devaient être présentées mercredi 2 octobre. « Sur le plan de la gouvernance, il y a des progrès à faire en France », reconnaît M. Woerth, « la culture d’actionnaires dormants et de conseils d’administration dont les membres se connaissent depuis longtemps a produit une certaine langueur. » Et d’ajouter : « Il est naturel que des investisseurs se posent des questions sur l’utilisation de leur argent. Que certains sortent de la tranchée est plutôt bien mais il y a un supplément de régulation à mettre en œuvre » pour limiter certains excès.
Une mission parlementaire menée par l’ex-ministre Eric Woerth émet 13 recommandations pour mieux encadrer l’action des fonds activistes qui entendent influer sur la stratégie et la gouvernance des groupes français.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/02/le-capitalisme-francais-secoue-par-les-fonds-activistes_6013931_3234.html
mlsum-fr-257
Simon Landrein Premier jour Je participe à un stage de cadres au château de Bonnelles, dans un grand parc, en vallée de Chevreuse. Pendant cinq semaines réparties sur six mois, on nous offre le café le matin, la cuisine est excellente et nous dégustons de bons vins. Nous prenons tous trois kilos. Bien entendu, il y a une dominante masculine. Douze hommes pour quatre femmes. Un garçon manqué, une ultra-féministe qui emmerde tout le monde avec l’accord des adjectifs aux deux genres et une mère de famille. Je suis la seule à être vraiment libre, libérée mais pas vulgaire. J’approche de la quarantaine, je suis célibataire, je l’ai toujours été. Provocatrice, je ne laisse jamais passer une occasion de dire un mot pour le plaisir de choquer. « Je ne peux pas l’encaisser, il m’horripile » Le premier matin, on nous donne un cas de management à résoudre en petits groupes autour d’une table ronde. Lui a déjà la réponse. Pas de discussion possible. J’en fais une question de principe et je m’insurge : « Moi, monsieur, j’ai besoin d’être convaincue ! Il faut qu’on me le démontre ! » L’après-midi, je ramène encore ma fraise et il me fait le signe de la boîte à camembert : « Ça ne durera pas comme ça cinq semaines, madame ! », coupe-t-il court. Je ne peux pas l’encaisser, il m’horripile. Je ne supporte pas ses cheveux blonds un peu crépus ni ses yeux bleus prétendument verts. Je n’aime que les bruns bien bruns aux yeux noirs, il ne répond absolument à aucun critère physique de mes préférences. Ni aucun critère intellectuel. J’ai l’habitude de fréquenter des gens brillants, des créateurs sinon des créatifs. Lui, ce n’est pas le style brillant, c’est le style sérieux qui porte des chemises blanches. Les fines rayures qu’on ne voit pas de loin, ça lui est impossible. Heureusement, le hasard fait que nous sommes toujours placés côte à côte : je n’ai même pas besoin de le regarder. « Quarteron africain, il a alors cet attrait de l’étranger qui suscite en moi l’envie de le connaître » En troisième semaine, le voilà assis face à moi pour la première fois. Le thème communication de la session nous pousse à faire preuve d’imagination et les traits de caractère des uns et des autres se révèlent peu à peu au-delà de la première apparence. Je l’entends dire des choses sensées et même belles. Je ne m’attendais pas à ce qu’il puisse dire des choses aussi profondes. Puis il évoque ses origines, pas de façon claire, mais je comprends que ses cheveux crépus viennent du fait qu’il est sang-mêlé. Quarteron africain. Il a alors cet attrait de l’étranger qui suscite en moi l’envie de le connaître. Le soir, il joue au jacquet avec une fille. Je ne sais pas jouer, je n’aime pas les jeux de société mais je me glisse derrière lui et passe la main dans ses cheveux, comme ça. Je m’attends à sentir du crin, je découvre qu’il a les cheveux très doux. Il semble apprécier…
« S’aimer comme on se quitte » : deux jours dans la vie des amoureux. Le premier parce que tout s’y joue, le dernier parce que tout s’y perd. A chacun de deviner ce qui s’est passé entre-temps. Cette semaine, Françoise, 72 ans.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/28/je-me-suis-unie-a-lui-et-nous-serons-un-couple-jusqu-au-bout_6017191_4497916.html
mlsum-fr-258
Ce guide a été rédigé par la rédaction de Wirecutter (groupe New York Times) et traduit par Le Monde. Les produits sont sélectionnés de manière indépendante. Le Monde et Wirecutter perçoivent une rémunération lorsqu’un de nos lecteurs procède à leur achat en ligne. En savoir plus Ce test a été réalisé aux États-Unis et a été initialement publié en anglais sur le site Wirecutter. Vous pouvez le lire en version originale ici. Nous avons porté des dizaines de montres et bracelets connectés pendant nos journées de travail, nos séances de sport, nos vacances et autres moments de la vie quotidienne, afin de déterminer quels produits assuraient le mieux le suivi de notre activité physique, l’affichage des notifications et l’accès aux applications sans que nous ayons besoin de sortir le téléphone de notre poche. L’Apple Watch Series 5 (qui ne marche que sur iPhone) offre la meilleure alliance de style, gestion des messages, consultation des applications, autonomie de batterie, suivi de l’activité physique, tout en proposant un bon rapport qualité prix. Nous proposons toutefois aussi une sélection de produits à ceux qui possèdent un téléphone Android ou qui accordent plus d’importance au suivi de l’activité physique qu’au look, à la présentation des notifications et aux applications. Le guide complet La meilleure montre connectée pour iPhone : l’Apple Watch Series 5 Le meilleur bracelet connecté pour les gens qui veulent se mettre au sport ou rester en forme : le Fitbit Charge 3 La meilleure montre connectée pour Android : la Sport de Fossil La meilleure montre pour coureur ou triathlète : la Forerunner 645 de Garmin Notes La meilleure montre connectée pour iPhone : l’Apple Watch Series 5 À qui cette montre s’adresse-t-elle ? Aux personnes qui possèdent un iPhone et qui souhaitent le laisser dans leur poche mais être tenues au courant des messages et notifications, gérer leurs objets connectés, obtenir un itinéraire et suivre leurs efforts sportifs. Pourquoi nous l’apprécions : Les Apple Watch se classent au premier rang des montres connectées car elles facilitent plus que n’importe quel appareil l’interaction avec les messages et notifications provenant de l’iPhone. La Series 5 est clairement plus rapide que la Series 2017, sortie en 2017, et pratiquement identique à la Series 4. Ainsi, Siri est plus fiable et les détails (comme la couronne numérique haptique améliorée et les cadrans spéciaux qui affichent plus d’informations sur le nouvel écran) améliorent l’expérience par rapport à la Series 3. La Series 5 a meilleure allure que la plupart des montres et bracelets connectés, que ce soit sur poignet fin ou plus volumineux, grâce à ses deux tailles et à un vaste choix de revêtements et de bracelets (tant en propre que provenant d’autres marques). Bien que les applications principales Apple n’aient pas toutes d’équivalent sur Apple Watch, c’est le cas pour beaucoup d’entre elles. La plupart de celles-ci réagissent rapidement et sont optimisées pour le petit écran de la montre, contrairement à beaucoup d’applis disponibles pour les montres sous Android. De plus, l’Apple Watch est relativement efficace dans le suivi automatique de la plupart des types d’entraînement pour lequel le suivi précis des distances n’est pas essentiel¹. Elle encourage aussi l’activité « non sportive » (comme le fait de se lever et de bouger toutes les heures). Nous apprécions également le fait que l’Apple Watch permette d’effectuer des paiements sans contact via Apple Pay. Par ailleurs, si vous possédez un Mac, il suffit de s’en approcher avec l’Apple Watch pour le déverrouiller. L’Apple Watch Series 5 ressemble comme deux gouttes d’eau à la Series 4. WIRECUTTER/SARAH KOBOS. WIRECUTTER/SARAH KOBOS. WIRECUTTER/SARAH KOBOS. Des défauts non rédhibitoires : Il faut un iPhone pour utiliser l’Apple Watch. Pas de chance pour ceux qui possèdent un autre type de smartphone ! Même si les applications Apple Watch sont meilleures que celles que proposent les montres connectées sous Android, un grand nombre d’entre elles sont encore limitées, comparées à leurs équivalents sur téléphone. Vous pourriez être déçus des versions Apple Watch de vos applis iPhone préférées. En effet, même avec les améliorations de la Series 5, elles ne sont pas aussi rapides que smartphone. En résumé : n’achetez pas d’Apple Watch si vous comptez vous servir essentiellement d’applis tierces. Si vous en achetez une, faites-le pour ses propres capacités et ne voyez les applis que comme un bonus. L’Apple Watch survit aisément à une journée d’utilisation normale après un chargement complet mais si vous l’utilisez pour une action gourmande en batterie (utilisation du réseau LTE, navigation avec Maps sur une longue période, suivi d’un entraînement long…), il se peut que votre montre se trouve en mode « économie de batterie » dès la fin d’après-midi. Tailles disponibles : 40 mm et 44 mm Coloris : argent, gris foncé, doré et noir Retrouvez notre critique complète de ce produit dans le guide Les meilleures montres connectées pour les détenteurs d’iPhone (en anglais). Le meilleur bracelet connecté pour les gens qui veulent se mettre au sport ou rester en forme : le Fitbit Charge 3 WIRECUTTER / SARAH KOBOS À qui ce bracelet s’adresse-t-il ? Aux personnes qui s’intéressent davantage au suivi de leur activité physique, de leur sommeil, de leur rythme cardiaque et de leurs déplacements quotidiens qu’aux applis et aux notifications, à condition qu’ils n’aient pas besoin de toutes les fonctionnalités offertes par une montre sportive haut de gamme dotée d’un GPS. Pourquoi nous l’apprécions : De tous les bracelets que nous ayons testés, le Fitbit Charge 3 est le plus simple à utiliser et parmi les plus précis dans la mesure des pas et de la fréquence cardiaque (même si la précision ne fait pas tout). Il détecte l’activité avec fiabilité, l’identifie correctement et commence à enregistrer la séance (de course, de marche ou de vélo) après environ dix minutes de mouvement. Ses menus sont faciles à utiliser grâce à l’alliance d’un écran tactile, d’un « bouton » tactile sur le côté, et d’icônes clairement étiquetées dans les menus de navigation. Particulièrement ergonomique, l’application donne accès à un solide réseau d’utilisateurs Fitbit, qui peut aider à se motiver. Elle peut aussi être utilisée pour sélectionner les notifications reçues du smartphone et choisir celles qui feront vibrer le poignet. De plus, le Charge 3 surveille la durée et la qualité du sommeil la nuit et peut même repérer les siestes, contrairement à la plupart de ses concurrents. La durée de vie de sa batterie est plus élevée que la moyenne, ce qui permet de porter le bracelet plus longtemps. Des défauts non rédhibitoires : Le Charge 3 peut enregistrer jusqu’à vingt types d’activité différents, mais on ne peut visualiser sur son écran que six d’entre-elles. Par ailleurs, même si le bracelet a bien capturé mes données en mode natation, il n’affiche pas les longueurs en temps réel lorsqu’on est dans le bassin, contrairement à plusieurs autres modèles. Il est aussi limité à un objectif de temps pour la natation, sans possibilité de régler un objectif de distance (notre autre recommandation permet de le faire). Le bracelet standard en plastique vendu avec le Charge 3 ne m’est pas apparu aussi confortable que d’autres modèles testés. On peut le remplacer assez facilement. Enfin, quelques commentaires sur Amazon (surtout parmi les plus anciens) se plaignent de problèmes de synchronisation avec le téléphone (ceci est arrivé occasionnellement avec l’un de nos téléphones Android, mais il a toujours suffi d’éteindre et de rallumer le portable pour régler le problème), voire d’un appairage impossible, ce que nous n’avons pas connu du tout. Le service clients de Fitbit est toujours très efficace pour remplacer les modèles défectueux. Toujours est-il que nous garderons ces soucis à l’œil pour notre test au long cours du Charge 3. Autonomie : Jusqu’à sept jours Suivi du sommeil : Oui, dont les siestes Waterproof : Oui, jusqu’à 50 mètres Suivi du rythme cardiaque : Oui GPS : Seulement quand il est connecté à un téléphone Retrouvez notre critique complète de ce produit dans le guide Les meilleurs bracelets connectés à s’offrir en 2019. La meilleure montre connectée pour Android : la Sport de Fossil À qui cette montre s’adresse-t-elle ? Aux détenteurs d’un téléphone sous Android qui souhaitent répondre aux notifications, utiliser des applications domotiques, obtenir un itinéraire, et de façon générale, moins sortir le téléphone de leur poche. Ce modèle décompte efficacement les pas, encourage l’activité physique et suit correctement les longues balades à pied ou à vélo. Toutefois, si vous jugez important de suivre vos performances en course ou sur un vélo, procurez-vous plutôt une montre GPS. De même, si le suivi et l’amélioration de votre activité physique et de votre sommeil sont une priorité, un bracelet connecté vous conviendra peut-être plus. Pourquoi nous l’apprécions : La Sport de Fossil est la meilleure montre connectée sous Wear OS de Google, système d’exploitation conçu pour fonctionner avec les téléphones sous Android. Ce modèle intègre Google Assistant, ce qui permet d’envoyer des messages ou de programmer des rappels, Google Fit pour les sessions de sport, et le Play Store pour les applis et les watchfaces, les cadrans virtuels de Wear Os. La Sport est équipée de la nouvelle puce mobile 3100 de Snapdragon, ce qui lui confère une meilleure autonomie que les montres Wear OS plus anciennes. Par ailleurs, elle dispose d’un mode « économiseur de batterie » qui lui permet d’afficher l’heure sur une période allant jusqu’à un mois. Légère et confortable grâce à ses matériaux en nylon, elle est proposée dans de nombreuses couleurs et en tailles 43 mm et 41 mm. Des défauts non rédhibitoires : Cela dit, son allure décontractée qui pourrait ne pas convenir à tout le monde. Par ailleurs, même la version la plus petite est plus large et imposante que la plupart des montres « conçues pour les femmes ». Enfin, Wear OS souffre encore de problèmes de performances et d’une gestion des notifications assez étrange. Tailles disponibles : 41 mm et 43 mm Coloris : (41 mm) : vert, rose, noir, gris, bleu et rouge ; (43 mm) : bleu et noir Retrouvez notre critique complète de ce produit dans le guide Les meilleures montres connectées pour smartphone Android. La meilleure montre pour coureur ou triathlète : la Forerunner 645 de Garmin La Forerunner 645 est assez élégante pour ne pas paraître disgracieuse sur les petits poignets. WIRECUTTER / SARAH KOBOS À qui cette montre s’adresse-t-elle ? Aux utilisateurs qui courent de façon soutenue ou participent à des triathlons, qui ont besoin de boutons sur lesquels appuyer en pleine action, ou souhaitent suivre leurs performances et progresser grâce à des données plus riches et précises. Pourquoi nous l’apprécions : La Forerunner 645 de Garmin, élégante et fine, est la favorite de nos testeurs sur pratiquement tous les plans. Son relevé de fréquence cardiaque au poignet, extrêmement précis, en fait la seule montre à laquelle nous accordons notre entière confiance pour un entraînement cardio sans recourir à un capteur logé dans une ceinture thoracique. Son interface, régie par des boutons, est facile à utiliser et plus personnalisable que celle de tous les autres modèles que nous avons testés — on peut modifier tous les éléments de l’affichage, du cadran aux widgets, en passant par les profils d’activité et l’affichage des données de course. Cette montre est suffisamment utile pour être portée 24/24h grâce à son excellent relevé de l’activité tout au long de la journée, son suivi détaillé du sommeil et ses notifications type montre connectée, d’autant qu’elle est confortable et agréable à l’œil. Des défauts non rédhibitoires : À part son prix élevé, notre seule préoccupation porte sur le manque de précision du GPS, que nous avons détecté lors de nos sorties à New York. Cependant, puisque nos experts déconseillent de se fier au GPS pour évaluer la vitesse de course exacte, nous n’avons pas considéré ce défaut comme rédhibitoire. Coloris : noir, ardoise, grès, cerise et rose doré Retrouvez notre critique complète de ce produit dans le guide Les meilleures montres de running connectées. Notes 1. Lorsque vous utilisez une Apple Watch connectée avec un iPhone, la montre peut utiliser les fonctionnalités GPS du téléphone pour plus de précision. Même les modèles d’Apple Watch équipés d’une GPS sont plus précis avec un téléphone non loin. Cela ne veut pas pour autant dire que vous avez besoin de transporter votre téléphone sur vous quand vous vous entraînez. Revenir au texte.
Comparatif « Wirecutter ». Quel type de montre ou de bracelet mérite de figurer à votre poignet ? Nous avons testé de dizaines de produits Garmin, Apple, Samsung, Fitbit et autres, destinés à afficher vos notifications, suivre votre activité physique et éventuellement votre pratique sportive. Voici nos préférés, accompagnés d’une description de leurs talents.
https://www.lemonde.fr/guides-d-achat/article/2019/11/08/les-meilleurs-montres-connectees-bracelets-connectes-et-montres-de-running_6018557_5306571.html
mlsum-fr-259
Richard Yu, le directeur exécutif de Huawei, vendredi 9 août. FRED DUFOUR / AFP HarmonyOS : tel est le nom du nouveau système d’exploitation (OS) pour mobile que Huawei a présenté vendredi 9 août, lors d’une conférence à Songguan, en Chine. « Nous voulons apporter davantage d’harmonie dans le monde », a déclaré Richard Yu, le directeur exécutif de la marque chinoise, comme un pied de nez aux sanctions américaines qui visent le constructeur chinois. Les Etats-Unis soupçonnent Huawei d’être exploité par Pékin à des fins d’espionnage, et l’ont placé sur une liste noire d’entreprises, auxquelles les entreprises américaines ne peuvent plus vendre de produits technologiques. Résultat, Google avait dû couper les ponts en mai avec Huawei, et ainsi mettre un terme aux accords qui les liaient concernant Android, le système d’exploitation développé par Google, qui équipe la plupart des smartphones du monde. Lire aussi Huawei poursuit sa croissance malgré les sanctions américaines Washington leur a finalement accordé un délai de trois mois, qui doit prendre fin la semaine prochaine. Si les téléphones de Huawei déjà sur le marché n’ont pas été touchés, la suite s’annonce donc potentiellement plus difficile pour les futurs modèles, qui pourraient être privés d’Android. En cas de coupure d’Android, Huawei pourra réagir Huawei n’a pas caché travailler sur un nouvel OS, qui pourrait équiper ses appareils s’il devait se passer entièrement d’Android. L’entreprise en a dévoilé les premiers contours vendredi, mais n’a pas fait de démonstration de son interface. Nommé HongmengOS pour sa version chinoise, ce système d’exploitation sera open source, à l’instar d’Android. Ce qui signifie que d’autres acteurs peuvent le modifier et l’utiliser, sur d’autres marques de smartphones par exemple. Il fonctionnera dans un premier temps sur mobiles, mais est conçu pour marcher, dans les mois et années à venir, sur différents objets connectés : téléviseurs, voitures, enceintes intelligentes, etc. Pour autant, il n’est pas prévu pour le moment qu’il équipe tous les futurs smartphones de Huawei, qui compte s’en tenir encore à Android, tant que cela reste possible. Mais en cas de coup dur, laisse entendre l’entreprise, elle sera prête à faire basculer immédiatement ses appareils sous HarmonyOS.
Le constructeur chinois, victime des sanctions américaines, risque de perdre son accès à Android, l’OS pour smartphones le plus utilisé au monde.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/09/huawei-devoile-un-nouveau-systeme-d-exploitation-pour-mobile-harmonyos_5498007_4408996.html
mlsum-fr-260
2019 : le téléphone chinois de Jean-Louis Borloo L’ancien ministre Jean-Louis Borloo, lors d’une conférence donnée par le président de Huawei à l’occasion du salon VivaTech, en mai 2019 à Paris. Bruno Levy/divergence-images Pour l’instant, rien d’officiel. Mais Jean-Louis Borloo serait sur le point de prendre la tête du conseil d’administration (CA) de Huawei France. Banni des Etats-Unis, car suspecté d’être à la solde du renseignement chinois avec son réseau 5G, le fabricant de smartphones cherche une pointure de la politique française pour redorer son blason et éviter les mêmes sanctions dans l’Hexagone. Et l’ex-ministre connaît bien l’entreprise, lui qui a déjà siégé au CA de la multinationale de 2016 à 2018. 2017 : Accor à l’amiable pour Nicolas Sarkozy Nicolas Sarkozy lors d’une assemblée générale du groupe Accor Pascal Sittler/REA Battu aux primaires de la droite, Nicolas Sarkozy rebondit chez Accor, sixième groupe hôtelier mondial. L’ex-président est nommé administrateur indépendant. Une indépendance qui fera fi de sa vieille amitié avec le PDG Sébastien Bazin, née à la suite de la prise d’otages par « Human Bomb » dans une école maternelle à Neuilly en 1993. En mai 2019, Nicolas Sarkozy est réélu à son poste avec 99,38 % des voix. Un mois avant, il avait rejoint le CA du groupe concurrent Barrière. 2016 : Fleur Pellerin amie de la finance… participative Fleur Pellerin lors de son départ du ministère de la culture, le 12 février 2016. Lionel Bonaventure/AFP Lors du remaniement gouvernemental de 2016, Fleur Pellerin, alors ministre de la culture, est priée de quitter le navire. Elle rejoint quelques mois plus tard le conseil d’administration de la start-up KissKissBankBank, une plateforme de crowdfunding. La connaissance des marchés français et asiatique de l’ex-ministre déléguée chargée de l’économie numérique séduit aussi le groupe Schneider Electric, implanté en Asie, dont elle intègre le CA en avril 2018. 2015 : Arnaud Montebourg déménage chez Habitat Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, au côté du président d’Habitat, Hervé Giaoui, pendant une visite du studio de design du fabricant de meubles, en 2014. Xavier Popy/REA L’histoire aura duré dix-huit mois. Après sa première retraite politique, Arnaud Montebourg entreprend un virage surprenant en proposant ses services au spécialiste de l’ameublement Habitat. Le porte-parole du made in France est nommé vice-président du conseil de surveillance. Mais, en août 2016, l’ancien ministre quitte le groupe avec un bilan mitigé pour se lancer dans les primaires de la gauche avant l’élection présidentielle. Pour un résultat tout aussi mitigé. 2010 : Bernadette Chirac, luxe et trahison Bernadette Chirac et le PDG de LVMH, Bernard Arnault, lors d’un dîner de gala à Paris, le 3 octobre 2006. Villard/SIPA En avril 2010, François Pinault a la tristesse d’apprendre que Bernadette Chirac, épouse de son grand ami Jacques, entre au conseil d’administration de LVMH, groupe détenu par Bernard Arnault, son rival. À peine un mois plus tard, Claude, la fille de l’ex-président, quitte le groupe Pinault-Printemps-Redoute (Kering) pour lequel elle travaillait au département communication. Mais l’amitié Pinault-Chirac survivra à ces péripéties. Robin Richardot
L’ancien ministre Jean-Louis Borloo pourrait prendre la présidence du conseil d’administration de la division française du constructeur chinois Huawei. Une reconversion lucrative qui a séduit plus d’une personnalité politique avant lui.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/06/borloo-sarkozy-montebourg-des-jetons-pour-les-rejetes-de-la-politique_5486147_4500055.html
mlsum-fr-261
Des militants marocains manifestent en signe de solidarité avec Hajar Raissouni, journaliste inculpé de fornication et d’avortement, lors d’une manifestation organisée devant le tribunal de Rabat, au Maroc, le 9 septembre 2019. YOUSSEF BOUDLAL / REUTERS Tribune. [Elles sont chefs d’entreprise, universitaires, femmes de ménage, artistes, professeures de lycée, mères de famille, banquières, etc. Ces femmes marocaines signent ensemble, et avec des hommes, un texte écrit en réaction au récent durcissement de la répression sexuelle dans leur pays. Ainsi la journaliste Hajar Raissouni fait actuellement l’objet de poursuites pour relations sexuelles hors mariage. Une ressortissante suédoise et son amant marocain ont également été arrêtés début septembre et risquent deux ans de prison pour adultère. En juillet, la presse révélait que l’actrice Najat El Ouafi avait été arrêtée pour le même motif. Contre le contrôle des mœurs, et pour la légalisation de l’avortement, ce collectif demande aux législateurs et aux gouvernants marocains d’ouvrir un débat sur les libertés individuelles et la dépénalisation des relations sexuelles.] Nous, citoyennes et citoyens marocains, déclarons que nous sommes hors la loi. Nous violons des lois injustes, obsolètes, qui n’ont plus lieu d’être. Nous avons eu des relations sexuelles hors mariage. Nous avons subi, pratiqué ou été complices d’un avortement. Nous avons appris à feindre, à composer, à faire semblant. Pour combien de temps encore ? Chaque jour, chaque heure, en secret, en cachette, des femmes comme moi, des hommes comme toi, conservateurs ou progressistes, personnalités publiques ou anonymes, de tous les milieux et de toutes les régions, osent et s’assument, jouissent et existent par eux-mêmes, brisent des chaînes et bafouent des lois. Parce qu’ils aiment. Chaque jour, je me rends coupable d’aimer et d’être aimée. Chaque fois qu’une femme est arrêtée, je me rends complice. Je me dis : ça aurait pu être moi… Puis je me tais, je passe mon chemin, je m’efforce d’oublier… Mais je n’y arrive plus. Je n’en peux plus. Car mon corps m’appartient, il n’appartient ni à mon père, ni à mon mari, ni à mon entourage, ni aux yeux des hommes dans la rue, et encore moins à l’Etat. Je ne veux plus avoir honte Aujourd’hui, je ne veux plus avoir honte. Moi qui aime, avorte, ai des relations sexuelles sans être mariée. Moi qui me cache. Moi qui risque le déshonneur, l’infamie, la prison. Cette culture du mensonge et de l’hypocrisie sociale génère la violence, l’arbitraire, l’intolérance. Ces lois, liberticides et inapplicables, sont devenues des outils de vengeance politique ou personnelle. C’est une épée de Damoclès qui nous menace et nous rappelle que notre vie ne nous appartient pas. Comment l’accepter ? Pourquoi l’accepter ? Encore et encore…
Contre le contrôle des mœurs, et pour la légalisation de l’avortement, plus de 470 Marocains signent une tribune, rédigée par la romancière Leïla Slimani et la réalisatrice Sonia Terrab, pour encourager leurs dirigeants à ouvrir un débat sur les libertés individuelles et la dépénalisation des relations sexuelles.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/23/nous-citoyennes-et-citoyens-marocains-declarons-que-nous-sommes-hors-la-loi_6012648_3232.html
mlsum-fr-262
Hongkong : une mobilisation record malgré un recul partiel de l’exécutif sur la loi sur l’extradition Des participants à la « marche noire » du dimanche 16 juin à Hongkong. Vincent Yu / AP Deux millions de personnes, selon les organisateurs, ont défilé dimanche lors d’une « marche noire » pour demander le retrait total de la loi d’extradition, notamment vers la Chine, un projet qui a provoqué une mobilisation record dans l’archipel. Les manifestants demandent désormais aussi la démission de leur chef de l’exécutif, Carrie Lam, en poste depuis deux ans. Celle-ci a annoncé, samedi, la suspension de l’examen de ce projet de loi par le Parlement, puis présenté ses excuses, dimanche, sans parvenir à apaiser la rue. Le Front civil des droits de l’homme (CHRF), organisateur de la manifestation, a appelé à une grève générale, lundi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans les rues de Hongkong, on veut désormais faire tomber la chef de l’exécutif Municipales : montée de tension chez LRM sur l’investiture à Paris Benjamin Griveaux assiste à la déclaration de politique générale du Premier ministre, Edouard Philippe, à l'assemblée nationale à Paris, mercredi12 juin 2019 - 2019©Jean-Claude Coutausse pour Le Monde JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE » Ça tangue chez LRM à l’approche du choix du candidat à la mairie de Paris prévu en juillet : des prétendants à l’investiture concurrents de Benjamin Griveaux, qui fait figure de favori, contestent le mode de désignation, plaidant pour une « consultation citoyenne ». Les divisions, palpables depuis l’installation début juin de la commission nationale d’investiture (CNI) qui désignera l’heureux élu, ont éclaté avec la publication coup sur coup, samedi, de deux tribunes, l’une de quatre candidats contestant le mode de désignation, l’autre des 15 responsables LRM d’arrondissements défendant le processus. De quoi pousser le chef de file des députés de la majorité Gilles Le Gendre à crier « halte au feu » face à « une affaire qui prend un très vilain tour ». La publication des deux textes intervient alors que la CNI, placée sous la houlette de la députée Marie Guévenoux et du sénateur Alain Richard, doit dévoiler lundi ses premiers candidats dans les villes de France pour les municipales de 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Paris, les rivaux LRM de Griveaux s’unissent pour bloquer sa désignation Violents orages et état de catastrophe naturelle en Auvergne-Rhône-Alpes Des abricots détruits par les précipitations près de Romans-sur-Isère. PHILIPPE DESMAZES / AFP L’état de catastrophe naturelle sera pris « dans les deux jours qui viennent », a annoncé dimanche le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, après les violents orages qui ont touché samedi la région, faisant un mort et de nombreux dégâts. « C’est catastrophique, j’ai rarement vu des épisodes comme celui-ci, la situation est vraiment dramatique. En termes agricoles, la Drôme et l’Isère sont les départements les plus touchés », a indiqué le ministre qui s’est rendu sur place. En Haute-Savoie, une touriste allemande de 51 ans est décédée dans un camping, écrasée par un arbre tombé sur son camping-car. Dans la Drôme, les pompiers sont intervenus à près de 380 reprises dans le département, dont plus de 200 rien qu’à Romans-sur-Isère, où la grêle n’est tombée qu’un quart d’heure mais l’épisode a été « d’une violence inouïe, accompagné de vents très forts tourbillonnants », a souligné la mairie dans un communiqué. Le monde de la culture pleure le maestro Franco Zeffirelli, mort à 96 ans A New York en 1974. Jerry Mosey / AP Le réalisateur italien Franco Zeffirelli est mort samedi à l’âge de 96 ans dans sa résidence de Rome, suscitant une vague d’émotion dans sa ville natale de Florence mais aussi dans le milieu du cinéma et de la culture dont il était une figure marquante. « La mort de Franco Zeffirelli laisse un grand vide dans le monde du spectacle et de la culture italienne et internationale », a déclaré le président de la République italienne, Sergio Mattarella, qui a salué dans un communiqué « le talent extraordinaire et la profonde sensibilité esthétique » du cinéaste. Dès l’annonce de sa mort, les médias du monde entier ont tenu à rendre hommage au réalisateur de légende. La BBC rappelle qu’il avait dirigé des stars comme Elizabeth Taylor et Maria Callas et les grandes scènes italiennes, de la Scala de Milan à la Fenice de Venise font part de leur émotion sur leur compte Twitter. La dernière œuvre du metteur en scène, un rêve nourri depuis plus de dix ans, aura été la mise en scène d’une nouvelle « Traviata » qui ouvrira la saison du festival d’opéra dans les Arènes du Vérone le 21 juin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le cinéaste italien Franco Zeffirelli est mort Rugby : Toulouse domine de nouveau le rugby français Les Toulousains et le bouclier de Brennus, samedi Francois Mori / AP Le Stade toulousain a conquis samedi son 20e titre de champion de France en battant Clermont en finale du Top 14. Point d’orgue d’une année parfaite, où il a survolé la saison régulière, terminée 15 points devant Clermont, après avoir établi un record d’invincibilité (14 matchs entre octobre et avril), de points de classement (98) et d’essais (102). Et comme lors de l’époque Novès (1994, 1999, 2001 et 2008), présent en tribunes samedi, il a battu en finale l’ASM, qui devra repasser pour garnir son armoire à trophée d’un troisième Bouclier de Brennus, après 2010 et 2017. Et d’un deuxième titre cette saison après le Challenge européen conquis le 10 mai contre La Rochelle (36-16).
Vous avez décroché de l’actualité pendant le week-end ? Voici les principaux titres à retenir des samedi 15 et dimanche 16 juin.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/16/hongkong-municipales-a-paris-orages-les-cinq-infos-a-retenir-du-week-end_5477068_4355770.html
mlsum-fr-263
Un manifestant anti-gouvernement masqué se dresse devant une barricade en feu à Santiago du Chili, le lundi 28 octobre 2019. De nouvelles manifestations et attaques contre des entreprises ont éclaté au Chili lundi, malgré le remplacement par le président Sebastián Piñera de huit importants ministres du Cabinet dotés de personnalités plus centristes. ses tentatives pour assurer au pays qu’il avait entendu des appels en faveur d’une plus grande égalité et de meilleurs services sociaux. Rodrigo Abd / AP Tribune. Contre toute attente, après trente ans d’apathie, le peuple chilien s’est réveillé. Pour de nombreuses personnes il s’agit d’un choc, tant la société chilienne avait semblé jusque-là se conformer sans faire de vagues aux règles du libéralisme économique et à celles d’une démocratie représentative de notables. L’apathie du peuple chilien avait une explication : une sorte de pacte de silence visant à éviter de rouvrir les plaies d’une dictature militaire qui a régné au Chili de 1973 à 1989. Mais, au fil du temps, le coût de cette transition « pactée » devenait de plus en plus exorbitant pour la société chilienne : une éducation publique en lambeaux, un système de santé inaccessible, des pensions de retraite faméliques et, la goutte qui fit déborder le vase, un transport en commun de plus en plus cher. Lire aussi Le président chilien remplace un tiers de ses ministres pour tenter d’apaiser la crise sociale Plus d’un million de personnes dans les rues : est-ce pour réclamer uniquement la baisse du ticket de métro de Santiago ? Bien sûr que non : ce mouvement social demande à remettre à plat tout l’héritage non soldé de la dictature militaire, aussi bien dans le domaine économique, que politique et même juridique. Le Chili a rendez-vous avec sa propre histoire. Une Constitution d’origine dictatoriale Du point de vue de la France, nous serions tentés de scruter les événements chiliens avec un certain détachement, en se disant qu’il s’agit de leur propre histoire. Pourtant, le printemps chilien peut et devrait avoir une résonance en France et dans bien d’autres pays européens. Que nous apprennent ces Chiliennes et Chiliens ? Ils nous apprennent tout simplement que les structures, qu’elles soient économiques, militaires ou juridiques, doivent être faites pour les individus et non contre les individus. Voilà pourquoi une des principales revendications des manifestants est celle visant à faire adopter une nouvelle Constitution. Non pas une modification de la Constitution, mais bien une toute nouvelle Constitution. Un manifestant anti-gouvernement masqué se dresse devant une barricade en feu à Santiago du Chili, le lundi 28 octobre 2019. De nouvelles manifestations et attaques contre des entreprises ont éclaté au Chili lundi, malgré le remplacement par le président Sebastián Piñera de huit importants ministres du Cabinet dotés de personnalités plus centristes. ses tentatives pour assurer au pays qu’il avait entendu des appels en faveur d’une plus grande égalité et de meilleurs services sociaux. Rodrigo Abd / AP L’actuelle Constitution chilienne est celle que fit adopter Augusto Pinochet en 1980. Certes, elle a été épurée de ses principales enclaves autoritaires en 1989 puis en 2005, mais elle reste marquée par cette origine dictatoriale. D’une part, elle consacre des pouvoirs d’exception extrêmement liberticides, que l’on a pu voir à l’œuvre ces jours-ci, qui donnent à l’armée un pouvoir discrétionnaire excessif au regard des standards démocratiques internationaux (zones placées directement sous le contrôle de l’armée, couvre-feu, limitations fortes des libertés de circulation). D’autre part, elle établit les fondements d’une économie néolibérale, en accordant une protection accrue des droits économiques, et en empêchant ainsi juridiquement la mise en place de toute réforme économique. En ne changeant pas de Constitution au sortir de la dictature, le Chili pensait pouvoir faire une transition en douceur.
Le mouvement social, qui secoue le pays depuis deux semaines, réclame rien de moins qu’une remise à plat de tout l’héritage non soldé de la dictature militaire : à commencer par la constitution, analyse la juriste, dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/30/carolina-cerda-guzman-le-chili-a-rendez-vous-avec-sa-propre-histoire_6017387_3232.html
mlsum-fr-264
Le Sud-Ouest ? C’est d’abord une facilité de langage pour désigner une géographie. Des paysages magnifiques aussi, une gastronomie. Mais est-ce une région viticole ? La réponse est complexe. Les appellations y sont multiples, les cépages nombreux, les goûts variés, les histoires différentes. Les vins sont également de plus en plus contemporains, plus bio, plus frais. Voilà une région qui bouge ! Pour s’y retrouver dans ce kaléidoscope viticole, nous répondons à dix questions. Bonne découverte ! Quelle est l’identité de ce vignoble ? Le Sud-Ouest est une région viticole difficile à cerner dans sa géographie : contrairement à d’autres, il n’est ni un département, ni fédéré autour d’un fleuve, ni une région au nom historique. C’est un label un peu fourre-tout, qui désigne des vignobles aussi éloignés les uns des autres que le Gaillaicois, près d’Albi, le Jurançonnais, près de Pau, ou le Bergeracois, en Dordogne. Cinq cents kilomètres séparent l’Aveyron du Pays basque, mais c’est toujours le même vignoble. Cette géographie a en fait été construite en opposition essentiellement au Bordelais. Le vignoble du Sud-Ouest est celui qui, depuis des siècles, côtoie son prestigieux voisin sans en être. Du XIIe au XVIIe siècle, les négociants bordelais tenaient les viticulteurs du « Haut-Pays » sous le boisseau et utilisaient leurs vins pour renforcer la quantité des leurs. Ensuite, ils leur interdisaient de quitter le port de Bordeaux avant Noël, c’est-à-dire avant que les vins de Bordeaux n’aient d’abord été vendus. De même, on imposait aux vignerons de Cahors de transporter leur vin dans des fûts plus petits que ceux de Bordeaux. Lionel Osmin et Olivier Bourdet-Pees dans les vignes du madiran. Le 14 juin 2019. Markel Redondo pour Le Monde Finalement, le Sud-Ouest a fait d’une faiblesse un atout. Plutôt que de s’être fragmenté par ses différences (il couvre tout de même treize départements : Ariège, Aveyron, Corrèze, Dordogne, Haute-Garonne, Gers, Landes, Lot, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne), plutôt que d’avoir mis en exergue ses rivalités internes, il affiche des appellations distinctes mais qui ont eu l’intelligence de se présenter sous une même bannière. « Cette diversité est une chance », affirme le négociant Lionel Osmin, qui a réuni sous une marque unique, Lionel Osmin & Cie, toutes les appellations du vignoble. « Notre ADN est de respecter les cépages de chaque lieu de notre région. C’est la condition de notre pérennité. » Existe-t-il un goût commun ?
La région viticole est difficile à cerner mais un point commun fait sa force : la quête de vins moins lourds, bio et contemporains.
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/06/19/appellations-prix-gouts-le-vin-du-sud-ouest-en-dix-questions_5478545_4497540.html
mlsum-fr-265
Ex-voto à la mémoire du jeune Kenzo près du croisement entre la D938 et la D158. CYRIL CHIGOT / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Au sud de Saumur, la D347 fait une entaille dans le sud du département du Maine-et-Loire, qui, vu du ciel, ressemble à une de ces patates dont les professeurs de mathématiques modernes des années 1970 gavaient les collégiens éberlués du haut de leur estrade. A la sortie de Montreuil-Bellay, une fois passé le rond-point de la route de Thouars, elle se change en D938 pour fendre le rectangle des Deux-Sèvres dans le sens de la longueur jusqu’à Saint-Maixent-l’Ecole. C’est une voie fréquentée par des poids lourds remontant du Sud-Ouest, des véhicules utilitaires, des voitures de société ou bien particulières et des deux-roues en tout genre. Le trafic y est, jour et nuit, d’une étonnante régularité. Une étude de la Ligue contre la violence routière, qui a recensé le nombre de personnes tuées lors d’accidents de la route en France, hors centre-ville et hors autoroute entre 2006 et 2015, la signale comme particulièrement meurtrière. Des données implacables, bordées de noir comme les faire-part de deuil. D347 : 74 km, 19 morts ; 0,26 mort au kilomètre. D938 : 164 km, 20 morts ; 0,12 mort au kilomètre. Pour 2019, la tendance nationale est à la hausse. En huit mois, la Sécurité routière a déjà compté 2 133 morts (+ 1,7 % par rapport à la même période 2018). Fragiles vigies du souvenir En hommage à Chris, à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire). CYRIL CHIGOT / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » C’est pourquoi, dans l’herbe des bas-côtés, continuent de pousser de curieux monuments, modestes et fragiles vigies du souvenir : des cénotaphes dédiés aux victimes de la circulation. Ils sont repérés sous le nom de « mémoriaux de bord de route ». Faits de bric, de broc et de pièces de carrosserie. Parfois simples bouquets ficelés aux poteaux de panneaux indicateurs. Assez souvent, ils sont de guingois. Entre art naïf et art brut. Hors la loi mais tolérés par ceux qui la font respecter. Tout près, de l’autre côté de la vie, sur la route, les moteurs vrombissent comme si de rien n’était. A la périphérie de Saumur, juste après le rond-point de Pocé, kilomètre zéro de notre périple, on entretient le souvenir de Popof. C’était un motard. En contrebas de la chaussée, ses amis ont édifié une croix verte, couleur Kawasaki. Aux branches, pendent deux lumignons. Au centre, le portrait de Popof. Comme cadre, un pneu avant de marque Dunlop. Popof, casqué, visière relevée, vous regarde droit dans les yeux. Il devait avoir la trentaine bien tassée. On n’en saura pas plus. Enfin, une plaque « A notre Popof », des pensées, des crocus d’automne, des roses séchées forment de minuscules taches de couleurs dans un carré de prairie tondu comme un jardin. Chez les motards, « jardiner » signifie quitter la route.
En 2019, encore plus qu’en 2018, la route tue. A ses abords et partout en France, fleurissent des ex-votos improvisés, fragiles et émouvants mémoriaux de vies brisées.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/27/commemorer-les-morts-sur-les-routes-de-france-les-balises-du-chagrin_6017068_4500055.html
mlsum-fr-266
Vue d’artiste de la future « Google City » à Toronto (Ontario, Canada). PICTURE PLANE LTD / SIDEWALK LABS Sur la friche portuaire qui borde le lac Ontario, coincée le long des voies surélevées de la Gardiner Expressway, d’austères silos à soja à l’abandon dressent leur profil de béton. Difficile de croire que pourrait germer sur cette frange poussiéreuse du centre-ville de Toronto, au Canada, un concentré de ville durable et futuriste, la première « smart city » conçue et développée en direct par un géant du numérique. Depuis deux ans, la genèse de « Google City » a braqué sur la métropole de l’Ontario les regards des amateurs de villes et de nouvelles technologies. Décidées à transformer en quartier exemplaire les cinq hectares de Quayside, idéalement situés en front de lac et à proximité du cœur de la métropole, les autorités canadiennes ont cliqué avec enthousiasme, en octobre 2017, sur le projet proposé par Google. Ou plus exactement par Sidewalk Labs (le « laboratoire du trottoir »), une société new-yorkaise filiale comme Google de la maison mère Alphabet. Son ambition : rien de moins que « créer le quartier du futur » et « établir de nouveaux standards pour une planète plus saine », selon les mots de son directeur général, Daniel Doctoroff. Deux ans après, rien ne va plus. Débordés par l’insatiable appétit de leur partenaire, les Canadiens se demandent s’ils peuvent encore remettre le diable new-yorkais dans sa boîte. Rêve ou cauchemar Waterfront Toronto, l’autorité qui réunit la Ville, la province et l’Etat fédéral pour aménager les bords du lac, a sommé la firme d’éclaircir ses intentions et s’est donné jusqu’au 31 octobre pour poursuivre l’aventure ou prononcer un retentissant divorce. « Nous voulons un quartier à la pointe de l’innovation dans tous les domaines, et c’est Google qui a fait la meilleure proposition. Mais aujourd’hui ils vont trop loin », admet la conseillère municipale Ana Bailao, responsable de l’urbanisme, rencontrée à l’occasion d’un voyage d’études du think tank La Fabrique de la cité, auquel Le Monde était invité. Vue d’artiste de la future Google City à Toronto. PICTURE PLANE LTD / SIDEWALK LABS Depuis des mois, Sidewalk Labs égrène ses esquisses et ses idées pour l’aménagement de Quayside. Emerge l’image d’un écoquartier aux énergies vertes et aux espaces publics attrayants et facilement modulables, des rues chauffées l’hiver et donnant la priorité aux piétons ; des bouquets d’immeubles écologiques en bois, un programme souple, mêlant étroitement commerces, équipements collectifs, logements et bureaux. Côté technologies, des voitures autonomes évoluent en surface, des robots évacuent les déchets et livrent des colis à travers des tunnels… Surtout, la ville « physique » est doublée d’une véritable « couche » numérique : des batteries de capteurs enregistrent en temps réel le moindre mouvement dans le quartier, des systèmes d’intelligence artificielle analysent comportements et usages, donnant corps au rêve – ou au cauchemar – d’une ville intégralement administrée grâce à ses données.
Les projets du géant du numérique pour aménager un quartier futuriste inquiètent. La métropole a jusqu’à la fin octobre pour poursuivre ou non l’aventure.
https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2019/10/11/a-toronto-google-city-a-quitte-ou-double_6015035_4811534.html
mlsum-fr-267
Au ministère de l’économie et des finances, le 26 septembre 2019. BERTRAND GUAY / AFP Le projet de loi de finances pour 2020 dont la discussion a commencé lundi 14 octobre à l’Assemblée nationale comporte un volet majeur : la suppression de la taxe d’habitation sur les résidences principales et la réforme du financement des collectivités territoriales qu’elle entraîne. Un seul article (l’article 5), qui compte pas moins de vingt-cinq pages et monopolisera de longues heures de débat. La fiscalité locale est une matière complexe et rarement analysée sur la durée. Aussi l’étude réalisée par La Banque postale Collectivités locales fin juin, « Regards sur la fiscalité locale (1986-2018) », apporte-t-elle un regard précieux sur ce « chantier perpétuel » qui va connaître un nouveau bouleversement. Au fil des ans, la composante locale des prélèvements obligatoires a sensiblement augmenté. Entre 1986 et 2018, sa part dans l’ensemble des prélèvements obligatoires est passée de 10,4 % à 14,3 %. En 1986, les ressources fiscales des collectivités territoriales s’élevaient à 32 milliards d’euros et représentaient 57 % de leurs recettes de fonctionnement. Trente-deux ans plus tard, elles atteignent 150 milliards d’euros et constituent 66 % des recettes de fonctionnement. En 2018, les trois taxes directes locales dites « impôts ménages » (taxe d’habitation, taxe foncière sur les propriétés bâties, taxe foncière sur les propriétés non bâties) ont rapporté 57 milliards d’euros, soit 38 % des recettes fiscales des collectivités. Taxe d’habitation La taxe d’habitation (TH) est donc désormais en sursis, du moins pour les résidences principales puisqu’elle sera maintenue sur les résidences secondaires. Elle est intégralement perçue par le bloc communal, pour un montant de 22,7 milliards d’euros en 2018 : 15,5 milliards pour les communes, 7,1 milliards aux intercommunalités. La cotisation sur les résidences secondaires représente plus de 2 milliards d’euros, soit 10 % de la TH globale. Selon l’Insee, la France comptait plus de 3,5 millions de biens recensés en 2018. L’impact de la suppression à venir de la TH sera donc plus fortement amorti dans les zones comptant une forte présence de résidences secondaires, principalement des zones littorales ou de montagne. Là où la part de résidences secondaires est faible, les communes concernées seront fortement pénalisées. Le pourcentage de résidences secondaires dans un département varie de 0,9 % en Seine-Saint-Denis à 45,1 % dans les Hautes-Alpes.
Taxe d’habitation, taxe foncière, taxe professionnelle… la composante locale des prélèvements obligatoires a été profondément modifiée ces dernières décennies.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/15/fiscalite-locale-en-trente-ans-plus-d-impots-et-plus-d-inegalites_6015591_823448.html
mlsum-fr-268
Elles sont l’emblème de la ville de Montecatini. Venues des profondeurs après avoir traversé des couches calcaires et argileuses, les eaux se jettent à Tettuccio dans de superbes vasques en marbre. Ici, le regard se perd entre colonnades de travertin et fresques, céramiques ou vitraux Liberty, dans un mélange de styles néoclassique et Art nouveau. Déjà prisées par les Romains pour leurs vertus curatives, les sources – d’où jaillissent aujourd’hui quatre eaux différentes, chacune possédant des qualités propres – ont fait la gloire de la cité devenue à la fin du XIXe siècle un centre mondain et culturel de premier plan. Giuseppe Verdi, Marie Curie, Giorgio De Chirico, mais aussi plus tard Audrey Hepburn, Roberto Rosselini, Ingrid Bergman, Vittorio Gassman, Truman Capote, Alberto Moravia ou Pier Paolo Pasolini l’ont fréquentée. Federico Fellini y a tourné quelques scènes de son film 8 1/2, dans lequel Marcello Mastroianni erre parmi la faune qu’attiraient jadis les villes thermales… Contemplation aux thermes Tettuccio Les superbes thermes Tettuccio, qui ont fait la réputation de Montecatini. Michele Borzoni/TerraProject La cure « de boisson » étant passée de mode, on fait moins la queue au Tettuccio mais, à la belle saison, de la musique résonne toujours sous la coupole du pavillon abritant une scène destinée aux musiciens. Et si de nombreux établissements thermaux ont fermé, d’autres se sont modernisés. L’Excelsior, bâtiment composite où l’architecture Belle Époque et néogothique côtoie le design italien des années 1960, abrite ainsi un centre de bien-être. Il propose des massages, traitements minceur ou soins spécifiques utilisant l’eau Leopoldina riche en sulfate et douce pour la peau, mais aussi la précieuse boue du cru… Une boue que Madonna a introduite dans la composition de sa récente ligne cosmétique, MDNA Skin. Thermes Tettuccio, Piazza Domenico Giusti. 6 €. Thermes Excelsior, Viale Giuseppe Verdi, 63. Massage sous pluie d’eau thermale : 67 € les 40 minutes. Emballage visage et corps à la boue et eau thermale : 120 € les 110 minutes. Tél. gén. : + 39-0572-7781. Bouquet spirituel au jardin de Santa Maria Novella Le jardin de Santa Maria Novella est composé d’une cinquantaine d’essences de plantes officinales. Michele Borzoni/TerraProject A une demi-heure de voiture de Montecatini, ce jardin de 15 000 m2 surplombant Florence s’épanouit au pied de la villa médicéenne La Petraia. Sa visite permet de découvrir les plantes – près de 2 500, issues de 50 espèces différentes – à l’origine des produits de la célèbre pharmacie-parfumerie Santa Maria Novella, créée en 1612 par les moines dominicains. Parmi ces plantes, le très précieux Iris florentina, dont le rhizome réduit en poudre s’utilise comme exfoliant pour le corps.
Lieu de cure, de détente et d’histoire, cette ville italienne réserve de multiples bienfaits à qui prend le temps de s’y attarder. Elle permet aussi d’explorer les secrets de beauté de la Toscane, de ses fleurs ­précieuses à ses eaux miraculeuses.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/02/a-montecatini-aux-sources-du-plaisir-thermal_6017816_4500055.html
mlsum-fr-269
A Islamabad, pendant l’allocution du premier ministre pakistanais Imran Khan, le 27 septembre. AAMIR QURESHI / AFP Les habitants confinés dans leur vallée l’ont-ils entendue ? L’intervention du premier ministre pakistanais était en tout cas redoutée par les autorités indiennes, qui avaient renforcé le matin même les mesures de confinement imposées au Cachemire depuis près de deux mois. Vendredi 27 septembre, de la tribune des Nations unies, Imran Khan a haussé le ton pour tenter de mobiliser une communauté internationale atone et aphone sur la question de cette région himalayenne, maintenue sous une chappe de plomb depuis le 5 août, date à laquelle l’Inde a révoqué l’autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire qu’elle contrôle. Des milliers de militaires ont été déployés par New Delhi, les communications ont été totalement coupées pendant plusieurs semaines et plus de 4 000 personnes ont été arrêtées, dont les leaders et chefs de partis locaux. « Quand le couvre-feu sera levé, ce sera un bain de sang », a averti Imran Khan, avant de brandir le risque d’une guerre nucléaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un prix décerné à Narendra Modi par la Fondation Gates suscite la controverse « Si une guerre commence entre nos deux pays, tout peut arriver », a-t-il prévenu, en soulignant que le Pakistan, « sept fois plus petit que son voisin », aurait un choix difficile : « Soit la reddition, soit la lutte pour la liberté jusqu’à la mort. Que ferons-nous ? Nous nous battrons », s’est-il enflammé, en précisant que cela dépasserait les frontières, et qu’il ne s’agissait pas de menaces, mais d’une mise en garde. « Cela pourrait avoir des conséquences pour le monde entier. C’est pour cela que je suis venu ici vous alerter, pas pour vous menacer », a-t-il insisté. Viols, tortures et enlèvements Les deux puissances nucléaires ennemies se disputent le Cachemire depuis la partition de l’Inde, en 1947, et le départ des Britanniques. Elles se sont déjà trois fois fait la guerre pour le contrôle de la région. Mais la pression de New Delhi pour mettre en coupe réglée ce territoire à majorité musulmane est sans précédent. Dans son discours enflammé, le premier ministre pakistanais a évoqué viols, tortures et enlèvements. La situation au Cachemire, a-t-il affirmé, va radicaliser une nouvelle génération. « Que vont penser les 180 millions de musulmans d’Inde de ces Cachemiris enfermés depuis cinquante-cinq jours ? » Lire aussi Un leader politique de premier plan arrêté au Cachemire Aux portes de l’ONU, sur la 42e rue, une poignée d’« Américains pour le Cachemire » ont manifesté bruyamment pour le droit du territoire à l’autodétermination, associant, sur leurs tee-shirts rouges, Narendra Modi à Adolf Hitler.
Le premier ministre pakistanais a profité de la tribune des Nations unies pour tenter de mobiliser la communauté internationale sur le sort de la vallée himalayenne.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/28/cachemire-imran-khan-brandit-le-risque-d-une-guerre-nucleaire_6013438_3210.html
mlsum-fr-270
« L’homme, écrivait André Malraux, est ce qu’il cache : un misérable petit tas de secrets. » Dans ce cas, le Sénat est un modèle du genre, un cachottier hors pair. Pour le comprendre, il faut pousser les portes du palais du Luxembourg, s’intéresser à son passé enfoui. Qui a déjà soulevé ses tentures pourpres pour voir ce qu’elles dissimulent ? Qui inspecte les coulisses de cette bâtisse du XVIIe siècle ? Qui sait qu’un buste d’Adolf Hitler de 35 centimètres de haut est caché au sous-sol, sans être répertorié ? Qu’un drapeau nazi de deux mètres sur trois y est conservé depuis la seconde guerre mondiale ? Que le personnel du Sénat aurait travaillé jusqu’à récemment sur des bureaux ornés de l’aigle du IIIe Reich ? Une poignée d’initiés, pas plus. Quelques gardiens d’un secret transmis de génération en génération depuis soixante-quinze ans. Des hommes et des femmes qui consentent parfois à soulever la couverture cachant le buste en question, rien que pour voir le frisson s’afficher dans le regard de l’ami, du collègue, du visiteur privilégié. Partir sur les traces de cette relique est une aventure à la Indiana Jones, où de paisibles sénateurs remplacent les serpents et les chausse-trappes. Pour dénouer les fils de l’histoire, on se dit d’abord qu’il faut appeler les questeurs du palais. De par leur position, ils sont censés tout savoir de l’administration et du patrimoine de l’auguste assemblée. Un buste du Führer se cacherait-il sous leurs pieds ?, demande-t-on. « Vous me l’apprenez, répond Vincent Capo-Canellas, sénateur (UDI) de Seine-Saint-Denis et aujourd’hui un des trois questeurs du Sénat. On doit bientôt faire une visite du bunker avec mes collègues. Cet endroit était resté un peu dans son jus, c’est peut-être l’explication. » Il faut préciser, à ce moment du récit, pourquoi notre interlocuteur évoque l’existence d’un « bunker ». Le buste en métal d’Adolf Hitler, caché dans une réserve du Sénat. CÉCILIA LEROUGE / SÉNAT Ancien QG de la Luftwaffe Soignons le vocabulaire, d’abord. Au Sénat, on parle d’un « abri de défense passive » pour qualifier ce bloc de béton aménagé en 1937 sous le jardin du Petit Luxembourg, le siège de la présidence. A l’époque, l’idée était de protéger les élus d’éventuels bombardements. Au début de notre enquête, une fausse piste nous a guidés là-bas. Nous croyions y trouver le fameux buste. Raté. Elargissons le spectre. Après tout, le sénateur Capo-Canellas, 52 ans, ne siège dans la maison « que » depuis 2011 ; il est peut-être encore un peu vert pour connaître tous les secrets de famille de l’institution. Allons plutôt toquer à la porte d’un ancien questeur. Gérard Miquel, par exemple, socialiste de 73 ans, qui a foulé la moquette du palais de 1992 à 2017. « C’est peut-être quelque chose que je n’ai pas vu, souffle-t-il au téléphone, scié par la nouvelle. Conserver un buste d’Hitler, ça ne me serait pas venu à l’esprit. Si j’avais découvert ça, j’aurais dit ce que j’en pensais… »
Une enquête du « Monde » a poussé son administration à lever en partie le voile sur ce déroutant secret.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/03/a-la-recherche-des-reliques-nazies-du-senat_5505992_823448.html
mlsum-fr-271
Mardi 17 septembre, veille d’entrée en Ligue des champions pour le Paris-Saint-Germain face au Real Madrid, il est un mot de français que Thomas Tuchel n’a pas compris dans la question d’un journaliste. L’entraîneur allemand s’est tourné, ses sourcils toujours froncés, vers l’attaché de presse du PSG ; le mot était « sérénité ». Depuis 2011 que le Paris-Saint-Germain clame ses ambitions de gagner un jour la Ligue des champions, jamais il n’a semblé aborder la compétition dans un tel état de fragilité. Les conquérants d’hier sont dans leurs petits souliers, quand la lecture de l’effectif, équilibré, talentueux et expérimenté, devrait inviter aux espoirs les plus fous. Pas de quoi avoir honte : Manchester City, seul club d’Europe ayant davantage investi dans la construction de son effectif - plus d’un milliard d’euros -, vit avec le même mal de ventre, à la recherche de la recette dans cette compétition qui confine parfois au paranormal. Paris, lui, aimerait juste découvrir le dernier carré, afin que les esprits taquins cessent de rappeler que Canal Plus fit mieux que le Qatar et que Michel Denisot était d’une autre trempe que Nasser Al-Khelaïfi, en rappelant la campagne 1994-1995, achevée en demi-finales contre le Milan AC. « Tout ça ne crée par une atmosphère positive » En achetant le même été Neymar et Kylian Mbappé, il y a deux ans, Paris pensait avoir acquis du même geste un coupe-file pour la table des grands. Mais chaque hiver, l’enfant tombe de sa chaise haute en huitièmes de finale. La cabriole n’en finit plus de faire rire l’Europe du foot, qui aime les très riches à condition qu’ils aient déjà quelques Ligues des champions dans la vitrine. Jeté par-dessus bord au Parc des Princes, l’an dernier, par un Manchester United si faible, au bout d’une double confrontation dominée dans les grandes largeurs par l’effectif parisien, le PSG s’avance six mois plus tard avec ce « traumatisme » à l’esprit - le mot était de Nasser Al-Khelaïfi dans une interview militaire à France Football en juin. « L’issue de ce match a révélé certaines de nos faiblesses en termes d’engagement, d’implication, de motivation, de mentalité des joueurs, analysait alors le président parisien. En fait, tout ça ne crée pas une atmosphère positive pour aller tous ensemble vers les sommets. (…) Face à Manchester, je suis convaincu que nous n’étions pas ceux qui voulions le plus la qualification. Est-ce que nous étions prêts, notamment mentalement ? J’ai des doutes… » L’été, pollué par la telenovela Neymar, n’a pu lever les doutes de Nasser Al-Khelaïfi ni de son ami intime, l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani, qui sera au Parc mercredi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nasser Al-Khelaïfi, le patron fantôme du PSG « On doit sortir de la peur » Ramené à Paris par l’émirat pour que l’on arrête de rire du club et, par extension, du Qatar, le directeur sportif Leonardo a fait passer un message lundi sur RMC, après six mois sous haute tension. « Au niveau général on doit se calmer. Cette équipe a besoin de sérénité, d’avoir un peu de temps, de reconstruire un jeu. » « Il y a autre chose dont on doit sortir, c’est la peur. Comme Paris n’a jamais gagné, il y a la peur que, une année de plus, cela n’arrive pas. On doit sortir de ça. On a tellement de bonnes choses. » Le discours du Brésilien respire la confiance comme celui de Jacques Brunel avant d’envoyer ses ouailles au casse-pipe contre l’Angleterre, dans trois semaines au Japon. Le terrain ne rassure pas non plus, malgré la qualité objective du mercato : Paris a doublé tous les postes et, avec Idrissa Gueye, enfin recruté le milieu récupérateur qui lui manquait depuis le départ de Blaise Matuidi il y a deux saisons. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Feuilleton Neymar Jr : du casse du siècle à l’exfiltration avortée « On ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé, que tout va bien, que c’est tranquille. Il y a eu beaucoup de changements, dit Leonardo. On a besoin de temps. Je ne dis pas ça pour nous protéger. Mais je pense que cette année ce sera une saison difficile, il faudra être attentifs, ça risque d’être vraiment serré. Ce qu’il y a aujourd’hui est encore fragile. » Puis, pour ne pas offrir un blanc-seing à l’entraîneur Thomas Tuchel : « On ne part pas du tout comme grand favori, mais on a quand même un grand effectif. Honnêtement, c’est difficile de dire que c’est une saison de transition. » Tuchel l’optimiste A défaut d’une saison entière, Tuchel pourra toujours plaider le match de transition si Paris ne s’impose pas contre le Real Madrid : Kylian Mbappé et Edinson Cavani convalescents, Neymar suspendu pour ses insultes à l’arbitre du match de Manchester United la saison dernière, Paris est privé de ses trois attaquants. Contraint d’aligner un attaquant loin du niveau européen - Eric-Maxim Choupo-Moting - ou un autre en manque de rythme - Mauro Icardi - face à un favori de la compétition, Tuchel a pourtant maintenu la ligne résolument optimiste qui est la sienne depuis la fin du mercato. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mauro Icardi, nouvel attaquant du PSG, à la fois forte tête et buteur en série « Oui, nous sommes calmes. C’est clair que des joueurs manquent mais c’est la même chose pour le Real Madrid (Sergio Ramos, Marcelo, Modric, Asensio, Isco, N.D.L.R.). L’état d’esprit est bon, on a gagné cinq de nos six premiers matches, quatre fois sans encaisser de but. Ça va s’améliorer, je suis convaincu et je suis patient. » L’ennui, pour Thomas Tuchel, est que cette vertu est rarement partagée dans les grands clubs européens. Et que Paris aspire toujours à en être.
Avant d’affronter le Real Madrid pour son entrée dans la compétition, le Paris-Saint-Germain, privé d’attaquants, vit dans la « peur » et le « traumatisme » de ses dernières déconvenues.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/18/ligue-des-champions-le-psg-dans-ses-petits-souliers_5511778_3242.html
mlsum-fr-272
A Quito, le 13 octobre, une femme et son enfant près le Maison de la Culture où les Indiens venus de tout le pays avaient installé leur quartier général. MARTIN BERNETTI / AFP Au terme de douze jours d’une mobilisation qui a paralysé le pays et de quatre heures de négociations, les Indiens équatoriens ont obtenu gain de cause dimanche soir. Le président Lenin Moreno a en effet accepté de retirer le décret 883 qui, supprimant les subventions publiques aux carburants, avait provoqué une hausse du prix du diesel à la pompe de plus de 100 % et la colère populaire. Quito a immédiatement explosé de joie. Le chef de l’Etat avait proposé vendredi « un dialogue direct » pour tenter de mettre un terme à la crise. Les dirigeants de la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur (Conaie) avaient exigé, samedi, que le dialogue soit « public ». Tenu sous l’égide des Nations unies et de la Conférence épiscopale, il a donc été retransmis dimanche, en direct à la télévision, et suivi comme un match de football. « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ! » Les parties sont convenues de « concerter un nouveau décret annulant le 883 », a annoncé le fonctionnaire onusien Arnaud Peral. Le président de la Conaie, Jaime Vargas, a immédiatement donné ordre à ses camarades de lever des barrages qui bloquaient les routes partout dans le pays. Les classes devaient reprendre dès lundi, l’activité économique et la production de pétrole aussi. A l’annonce de la concession gouvernementale, la liesse a éclaté aux abords de la Maison de la culture, dans le centre de Quito, où les Indiens venus de tout le pays avaient installé leur quartier général. Les rues de la capitale, désertes depuis l’instauration, samedi après-midi, d’un couvre-feu général, ont alors ressuscité en quelques instants. Le bruit des feux d’artifices fusant dans la nuit fraîche a remplacé celui des bombes lacrymogènes qui résonnait encore quelques heures plus tôt. Les Indiens ont scandé le traditionnel slogan latino-américain : « Le peuple uni ne sera jamais vaincu ! » « Merci nos frères », ont crié les manifestants qui déferlaient à pied, en voitures, en camions. Tous brandissaient des drapeaux équatoriens. Les klaxons sonnaient joyeusement : « Je suis tellement heureuse, expliquait de sa voix douce Maria, chapeau de feutre sur la tête. On a gagné et on peut rentrer chez nous, avec dignité ». Entre 7 000 et 10 000 Indiens ont occupé la capitale. Actes de vandalisme inédits « La raison et le bon sens ont gagné et nous en somment heureux, s’est félicité, dans la ville de Cuenca, le leader indien Yaku Perez. Mais nous sommes tristes aussi parce que nous n’oublions pas nos morts. » Selon la Defensoria del Pueblo, l’organisme public chargé de veiller au respect des droits de l’homme, sept personnes ont été tuées et plus d’un millier a été blessé au cours des affrontements avec les forces de l’ordre.
Le président Lenin Moreno a renoncé à sa décision d’augmenter le prix de l’essence qui avait déclenché la colère populaire.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/14/en-equateur-les-indiens-font-ceder-le-gouvernement_6015444_3210.html
mlsum-fr-273
Ferdinand Piëch était né en 1937, la même année que le constructeur automobile. HERIBERT PROEPPER / AP C’est un industriel emblématique qui vient de partir. L’un de ceux qui ont contribué à ramener leur pays aux premiers rangs de la scène mondiale. Volkswagen, la firme dont Ferdinand Piëch fut à la fois l’héritier et le bâtisseur, lui avait rendu une forme d’hommage en se hissant, en 2016, au rang de numéro un mondial de l’automobile, en dépit du « dieselgate ». Ferdinand Piëch est mort, dimanche 25 août, à l’âge de 82 ans, a annoncé sa femme lundi 26 août. « Mon mari (…) est décédé subitement et de manière inattendue », écrit Ursula Piëch dans un bref communiqué, confirmant des informations de presse et évoquant « une vie marquée par la passion pour l’automobile et les employés qui les construisent ». Le tout-puissant patriarche se serait bien vu rester au volant de Volkswagen jusqu’à ses 80 ans, qu’il comptait célébrer en installant au sommet ce constructeur né la même année que lui (1937). Mais il fut poussé vers la sortie en mai 2015, quatre mois avant les révélations des tricheries délibérées, lors des tests d’émissions polluantes des moteurs diesel du groupe. Nul ne saura jamais comment « l’homme qui a de l’essence dans les veines », ainsi que l’avait surnommé Die Zeit en 1993, aurait géré cette crise sans précédent. Il mènera sa carrière, sa famille et ses collaborateurs à la baguette. Sans jamais lever le pied de l’accélérateur, sa passion pour « das Auto » chevillée au corps Un allemand devant un japonais (Toyota) et un américain (General Motors), soixante et onze ans après la fin de la seconde guerre mondiale… Un point d’orgue « historique » à tous égards pour le petit-fils de Ferdinand Porsche (1875-1951), concepteur de la « voiture du peuple » (Volkswagen) voulue par Hitler. Une filiation d’autant plus lourde à porter pour « Ferdinand le Petit » qu’il était aussi le fils d’Anton Piëch (1894-1952), premier patron, de 1941 à 1945, de l’usine installée en Basse-Saxe par le régime nazi. La « Coccinelle » devenue star dans l’Amérique des sixties finira par redorer le blason (et les comptes) de la firme allemande, détrônant en 1972 la Ford T comme voiture la plus vendue de tous les temps. Ferdinand Piëch, lui, gravira une à une les marches vers le sommet. Né le 17 avril 1937 à Vienne, en Autriche, ce petit Mozart de l’automobile – il dessinait ses premières voitures dès l’âge de 4 ans, raconte la légende familiale – va se révéler un redoutable chef d’orchestre. Il mènera sa carrière, sa famille et ses collaborateurs à la baguette. Sans jamais lever le pied de l’accélérateur, sa passion pour « das Auto » chevillée au corps.
L’ingénieur, resté plus de vingt ans à la tête du groupe, a hissé le constructeur automobile allemand parmi les premiers mondiaux. Il est mort le 25 août, à l’âge de 82 ans.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/27/ferdinand-piech-ancien-patron-de-volskwagen-est-mort_5503131_3234.html
mlsum-fr-274
ncontré. Bien sûr, ce n’est encore qu’un chantier encombré d’outils, mais on discerne bien les amples proportions de la pièce, qui offre une vue apaisante sur un coin de verdure. Au plafond, des fresques témoignent de ce que l’endroit a été, dans le passé : l’hôtel particulier d’un de ces grands bourgeois piémontais de la fin du XIXe siècle qui ont construit l’Italie contemporaine. Ici vivait, il y a un siècle, « le Sénateur », Giovanni Agnelli (1866-1945), fondateur mythique de la Fabbrica italiana automobili Torino – autrement dit du groupe FIAT, en 1899. Et c’est au rez-de-chaussée de ce bâtiment chargé d’histoire, devenu le siège de la Fondation Agnelli, que son arrière-arrière-petit-fils, John Elkann, désormais à la tête de l’empire, a décidé d’installer ses bureaux dans les prochaines semaines. En 1997, dans le box Ferrari, Gianni Agnelli avec Luca di Montezemolo, président de Ferrari et futur directeur de Fiat, et John Elkann, âgé de 21 ans. FARABOLA / LEEMAGE « La fondation existe depuis 1966, mais au départ celle-ci remplissait toute une série de missions philanthropiques très différentes, explique Andrea Griva qui, après avoir travaillé pendant quinze ans comme porte-parole de John Elkann, a rejoint la fondation en 2018. John Elkann a voulu se concentrer sur un seul sujet, l’école, et y consacrer toutes les énergies. Le bâtiment a été repensé dans cet esprit. » Des espaces de détente comme dans une start-up, une cafétéria ouverte sur la rue et truffée d’objets connectés, une œuvre de l’artiste islandais Olafur Eliasson dans le grand escalier… C’est dans ce phalanstère pour geeks, tourné vers la recherche et l’innovation et imaginé par lui, que l’héritier de la plus vénérable fortune industrielle du pays présidera aux destinées du groupe. Sans pour autant perdre le fil avec l’histoire centenaire de sa famille. Le Lingotto, lieu de production historique Pour prendre conscience de la portée de ce changement, il faut faire un saut de quelques kilomètres en direction d’un autre lieu saturé de symboles. Si la villa de la via Giuseppe Giacosa est le berceau de l’aventure industrielle des Agnelli, le Lingotto en est le cœur et le symbole le plus pur. Lieu de production historique de la Fiat et véritable monument à la gloire du taylorisme. Le Lingotto a cessé d’être une usine en 1982, et a été progressivement requalifié, sous le patronage de l’architecte génois Renzo Piano. Il abrite désormais un centre de congrès, un auditorium, une galerie commerciale, deux hôtels et une pinacothèque, mais reste le siège historique de la marque. L’actuel bureau de John Elkann se trouve au quatrième étage de cette immense construction, au bout d’un large couloir un peu austère décoré de boiseries et de photographies en noir et blanc. On a pu l’y croiser quelques minutes, le temps d’évoquer les mutations de la presse écrite. On lui parle de notre projet de portrait pour M Le magazine du Monde. Avec son sourire timide, il nous répond qu’il n’accorde que de très rares entretiens. Ce n’est pas faute d’aimer les journaux.
En proposant fin mai une fusion entre son groupe, Fiat Chrysler, et Renault, avant de retirer son offre, l’héritier du flamboyant Gianni Agnelli est apparu pour ce qu’il est désormais : un capitaine d’industrie qui décide seul. Nos journalistes l’ont rencontré.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/05/heritier-des-agnelli-president-de-fiat-john-elkann-l-eclosion-d-un-patron_5485517_4500055.html
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Lucette Destouches, à Meudon, le 21 février 1969. KEYSTONE-FRANCE/GAMMA-RAPHO Leur rencontre remonte à 1936. Elle a lieu chez Blanche d’Alessandri, une ancienne « étoile » de l’Opéra, qui dirige une des écoles de danse les plus réputées de Paris, du côté de Pigalle. Lucie Almansor, morte dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 novembre à l’âge de 107 ans, fait alors partie des élèves. C’est là que la jeune femme de 23 ans est repérée par Louis-Ferdinand Destouches, un médecin généraliste de dix-huit ans plus âgé qui, fasciné par les danseuses, a obtenu l’autorisation d’assister à quelques cours. Elle tombe vite sous le charme. « Un Gatsby nonchalant, habillé avec soin, d’une beauté incroyable », se souviendra-t-elle, des décennies plus tard, pour décrire celui qui s’apprêtait alors à sortir son deuxième roman, Mort à crédit, quatre ans après avoir fait une entrée retentissante en littérature avec Voyage au bout de la nuit, prix Renaudot 1932, publié sous le pseudonyme de Céline, le prénom de sa grand-mère maternelle. Leur vie commune durera vingt-cinq ans. Elle s’ouvre dans le Paris de l’avant-guerre et de l’Occupation, où Céline s’épanouit désormais dans la rédaction de pamphlets antisémites. Elle bascule le 17 juin 1944, onze jours après le Débarquement allié en Normandie, quand les deux époux – ils se sont mariés un an plus tôt – sautent dans un train, gare de l’Est, pour se réfugier en Allemagne avec les derniers rescapés de la collaboration. Elle se prolonge au Danemark, où le couple reste près de six ans, dont dix-huit mois en prison pour l’écrivain. Elle s’achèvera en France, où ils rentrent en 1951 à la faveur d’une loi d’amnistie, et où Céline passera ses dix dernières années. Années d’exil et d’opprobre « Je l’ai suivi, j’ai partagé son sort sans réfléchir », dira Lucette Destouches à propos de ces années d’exil et d’opprobre, auxquelles elle ne s’était pas préparée. La réduire à ce rôle subalterne de « femme de » serait pourtant injuste. Car Lucette Destouches, durant ses vingt-cinq années passées au côté d’un des plus grands écrivains du XXe siècle, continua une carrière de professeure de danse. Ce fut notamment le cas à Sigmaringen, d’octobre 1944 à mars 1945, lors de ce « pittoresque séjour » dans le sud de l’Allemagne raconté par Céline dans D’un château l’autre, pendant lequel elle s’évertua à partager sa passion pour les danses orientales avec quelques épouses et filles de gloires déchues de la collaboration. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Témoignage : « La vie de Lucette Destouches fut un roman » C’est cependant à Meudon, près de Paris, dans le pavillon de la route des Gardes où le couple s’installe au début des années 1950, que Lucette Destouches s’épanouira le plus. Certes, elle comprend qu’elle ne réalisera jamais son rêve d’être engagée à l’Opéra, malgré l’insistance de son mari, qui ira jusqu’à solliciter le cabinet d’André Malraux, alors ministre des affaires culturelles, pour plaider la cause de son épouse. Mais ses « cours de danse classique et de caractère », comme on peut le lire sur leur boîte aux lettres, attirent du monde. Adepte des réveils tardifs, « Madame Céline » est souvent encore dans son bain moussant quand débarquent ses élèves. Parfois, celles-ci croisent le regard de son mari, qui les guette « au bas des marches », tel un « Cerbère dévorant », comme celui-ci le confiera dans une lettre à l’éditeur Claude Gallimard. Œuvre profuse et sulfureuse Après la mort de l’écrivain, le 1er juillet 1961, une nouvelle vie commence pour celle dont le veuvage sera plus long que le mariage. Unique ayant droit d’une œuvre aussi profuse que sulfureuse, Lucette Destouches en sera la parfaite gardienne du temple. Dans les années 1960, elle participe ainsi, avec l’avocat François Gibault, à l’édition de Rigodon, manuscrit inachevé qui sera publié en 1969. Fidèle à la promesse de son mari, elle veillera également à empêcher les tentatives de réédition des écrits antisémites de celui-ci, ce qui lui vaudra d’être qualifiée de « veuve pilon » par le quotidien Libération… Bagatelles pour un massacre (1937), L’Ecole des cadavres (1938), Les Beaux Draps (1941) ? Des textes qui « ne nous ont apporté que des malheurs », « n’ont plus de nos jours de raison d’être » et « détiennent un pouvoir maléfique », dira-t-elle pour justifier son refus de les republier. Fidèle à la promesse de son mari, elle veillera à empêcher les tentatives de réédition des écrits antisémites de celui-ci, ce qui lui vaudra d’être qualifiée de « veuve pilon » par le quotidien « Libération »… « Tout au long de ma vie sans Céline, j’ai voulu le défendre, et ça a été mon unique et immense force », expliquera Lucette Destouches, au soir de sa vie. Souvent méfiante à l’égard des journalistes, celle que son époux compara un jour à une « Ophélie dans la vie » et à une « Jeanne d’Arc dans l’épreuve » se faisait un plaisir, en revanche, à ouvrir ses portes et ses souvenirs à des artistes ou des passionnés de l’œuvre de Céline avides de confidences. Autour d’une coupe de champagne ou d’un homard, son péché mignon, elle reçut ainsi, jamais loin de son perroquet, tout un aréopage hétéroclite allant des réalisateurs Abel Gance, Sergio Leone ou Christophe Malavoy à l’acteur Jean-François Stévenin, en passant par les chanteurs Georges Moustaki, Charles Aznavour, Françoise Hardy et même, une fois, les membres du boys band 2Be3… Lire aussi Gallimard suspend son projet de réédition des pamphlets antisémites de Céline Interrogé par Le Journal du dimanche, en 2012, sur le rôle qu’elle joua dans la vie de Céline, l’académicien Frédéric Vitoux, biographe de l’écrivain, répondit ceci : « Elle l’équilibrait. Elle était la femme de silence qui le rattachait au réel, au-delà de la création cauchemardesque. (…) Lucette l’a suivi au bout de l’enfer avec un amour, une admiration et une affection absolus. Elle était un contrepoint à son voyage au bout de la nuit, un pôle de grâce et de poésie, (…) un miracle de lucidité dans un océan de mensonges. » A la même question, Lucette Destouches aimait répondre : « Je ne cherchais pas le bonheur avec lui, j’aspirais simplement à le rendre moins malheureux. » Lucette Destouches en quelques dates 20 juillet 1912 Naissance à Paris 1936 Rencontre avec Louis-Ferdinand Céline, qu’elle épousera en 1943 1944-1951 Fuite en Allemagne, exil au Danemark puis retour en France 1er juillet 1961 Mort de Louis-Ferdinand Céline 8 novembre 2019 Mort à 107 ans à Meudon
Elle était la veuve la plus célèbre de la scène littéraire française. Près de soixante ans après l’écrivain Louis-Ferdinand Céline, qu’elle avait épousé en 1943, la danseuse Lucette Destouches est morte à l’âge de 107 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/11/08/lucette-destouches-veuve-de-celine-est-morte_6018517_3382.html
mlsum-fr-276
Sur le site de l’entreprise Triadis, à Rouen, flotte toujours une entêtante odeur que les brumisateurs géants dont la préfecture a ordonné l’installation, mi-octobre, peinent à dissiper. Depuis vingt-trois ans, cette plate-forme de tri et de gestion de déchets industriels dangereux, filiale du groupe Séché Environnement et classée Seveso seuil bas, traitait bidons, palettes, pots de peinture et emballages industriels souillés. Jusqu’au gigantesque incendie des entreprises voisines, Lubrizol et Normandie Logistique, qui a réduit en fumée 9 505 tonnes de produits chimiques, aux petites heures du matin, jeudi 26 septembre. « Chez nos voisins, c’est un champ de bataille », prévient René Donat en se dirigeant vers le vestiaire réservé à la cinquantaine d’employés de Triadis, où il travaille depuis août 1997 et dont il a gravi les échelons jusqu’au poste de responsable de laboratoire et référent qualité-santé-sécurité-environnement (QSSE). A gauche, le mur qui sépare l'usine Lubrizol et Triadis s'est partiellement effondré. JULIEN PAQUIN POUR « LE MONDE » Depuis cette pièce située au troisième étage, par-delà un mur partiellement détruit qui a miraculeusement fait rempart aux flammes et à la coulée d’hydrocarbures, surgit une mer de ferrailles calcinées. Quand le feu s’est déclenché, Jérôme Ménard, 37 ans, chef de quart de la plate-forme, qui fonctionne sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, était aux premières loges. C’était peu avant 3 heures du matin et sa réactivité a contribué à contenir l’« effet domino » tant redouté par les pompiers. « L’ombre [que les enquêteurs ont brièvement soupçonnée d’être celle d’un incendiaire] sur les vidéosurveillances, c’est moi, sourit-il. Dès que j’ai aperçu les flammes qui gagnaient du terrain vers notre incinérateur, je l’ai éteint, puis j’ai couru fermer la vanne d’arrivée du gaz qui sert à l’alimenter et qui longe le mur mitoyen entre Triadis et Normandie Logistique pour éviter le suraccident. » Jérôme Ménard, qui a donné l'alerte aux pompiers la nuit de l'incendie, chez lui, le 7 octobre. JULIEN PAQUIN POUR « LE MONDE » « Le pire a été évité » De ce sinistre dont l’origine demeure inconnue, Yann Hauchecorne, directeur adjoint des opérations industrielles chez Triadis, dit que « le pire a été évité ». Mais l’accident a modifié la donne. « Comme notre site avait été préservé, nous avons invité les inspecteurs des directions régionales de l’environnement et des entreprises à venir constater que nos installations étaient conformes et que nous étions en mesure de reprendre notre activité sous quinzaine, explique M. Hauchecorne. Mais, une fois sur place, nous avons constaté que le toit en fibrociment de l’entrepôt de Normandie Logistique, en brûlant, avait répandu des fragments d’amiante partout chez nous. »
Le site de traitement de déchets dangereux, où flotte toujours une entêtante odeur, n’a pas repris son activité depuis l’incendie.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/06/chez-triadis-la-vie-chaotique-apres-l-incendie-de-lubrizol_6018222_3244.html
mlsum-fr-277
La ministre de la justice Nicole Belloubet quittant le conseil des ministres, à l’Elysée, le 22 juin. CHARLES PLATIAU / REUTERS Tribune. Dans une trop rapide interview donnée au Journal du dimanche, le 15 juin, la garde des sceaux, Nicole Belloubet, a annoncé qu’une réflexion serait envisagée afin de retirer l’injure et la diffamation de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, une des grandes législations de la IIIe République, un des plus solides piliers de notre démocratie depuis près de cent cinquante ans. C’est cette loi qui permet aux journalistes de travailler librement, aux citoyens de s’exprimer sans crainte et à la société de respirer le bon air des opinions divergentes. C’est cette même loi qui prévoit un arsenal répressif, qui n’a cessé de s’enrichir, contre les dérapages des uns et les abus des autres, en particulier pour lutter contre les messages de haine et de violence. C’est en application de cette loi que les tribunaux assurent l’équilibre fragile entre droits et devoirs des journalistes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nicole Belloubet assume d’ouvrir le débat sur la loi de 1881 sur la liberté de la presse On n’ose croire que la volonté du gouvernement serait d’en finir avec cette vénérable institution ; ce qui serait pourtant le cas avec une telle suppression, puisque les délits de diffamation et d’injure représentent 90 % du contentieux des délits de presse, qui ne seraient donc plus… des délits de presse. « La régulation des contenus de haine sur le Net, en particulier sur les réseaux sociaux, est un vrai sujet, mais désigner la loi sur la presse comme responsable de l’impunité est une monumentale hypocrisie » Pour quelles raisons le gouvernement entend-il remettre en cause cette vieille dame ? Il l’exprime sans faux-fuyants : pour réprimer plus facilement, car moins de garanties, moins de prescriptions, c’est plus de répression. S’insurger contre une telle volonté n’est pas uniquement dicté par le souhait de voir protéger les médias ou une corporation quelconque, mais c’est défendre une liberté fondamentale dont dépendent toutes les autres, « le droit le plus précieux de l’homme », dit la Déclaration des droits de l’homme de 1789. Ce sont en effet toutes les libertés démocratiques qui dépendent du bon usage de cette liberté. Une monumentale hypocrisie Ne lui faisons pas non plus de procès d’intention. Cette volonté gouvernementale semble mue par une méconnaissance coupable de la matière davantage que par une volonté de museler la presse. Mais une telle réforme n’en fournirait pas moins les instruments à d’autres, plus mal intentionnés, qui n’auraient plus à se préoccuper de supprimer ce garde-fou, s’ils devaient accéder au pouvoir…
Modifier cette loi dans le sens évoqué par Nicole Belloubet mènerait à l’« abolir de fait », ce qui serait une « grave régression démocratique », estiment, dans une tribune au « Monde », Basile Ader, Christophe Bigot et Richard Malka, avocats spécialisés dans le droit de la presse.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/02/la-loi-de-1881-impose-une-rigueur-de-jugement-qui-permet-d-eviter-l-arbitraire_5484006_3232.html
mlsum-fr-278
Le joueur américain Kemba Walker lors du quart de finale perdu par les Etats-Unis face à la France, à Dongguan (Chine) le 11 septembre. YE AUNG THU / AFP A exploit historique des uns, défaite inédite des autres. Pour la première fois depuis 2006, l’équipe de basket-ball des Etats-Unis est tombée de son piédestal en compétition internationale officielle. « Team USA », double championne du monde en titre, a été éliminée en quarts de finale du Mondial-2019, mercredi 11 septembre à Dongguan (Chine), par les Français (89-79). Une première pour les Bleus. Pour mesurer l’ampleur de la désillusion américaine, le site du New York Post rappelle l’impressionnante série de 58 victoires d’affilée engrangées par l’équipe des Etats-Unis en compétition internationale depuis sa dernière défaite il y a treize ans. Elle « était en course pour gagner trois Coupes du monde consécutives après avoir remporté trois médailles d’or de suite aux Jeux olympiques dans cette même période », rappelle-t-il. « Mais le mieux que les Américains puissent espérer en Chine est une cinquième place », ajoute-t-il pour souligner le contraste entre ambition et réalité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde de basket 2019 : Vincent Collet, sélectionneur et passeur de générations « A qui la faute ? » « A qui la faute ? », s’interroge le site d’informations sportives The Bleacher Report. Bien sûr, l’absence des stars du très médiatique championnat américain NBA – LeBron James, Stephen Curry ou James Harden entre autres – prend une place majeure dans l’analyse de cette historique défaite. Le site APNews a trouvé une formule choc pour atténuer la déception : « Le meilleur a gagné. Mais la meilleure équipe était à la maison. » Un argument balayé d’un revers de main par l’entraîneur américain, Gregg Popovich. « Vous allez continuer à parler des absents, pourquoi ne pas se concentrer sur ceux que l’on a ? », a lancé aux journalistes l’ancien mentor de Tony Parker aux Spurs de San Antonio. « Ils n’ont jamais joué ensemble mais ils sont entrés dans l’arène et ont joué. Ils méritent d’être félicités pour cela, tout comme la France mérite sa victoire », a-t-il ajouté pour défendre son équipe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde de basket 2019 : la « pire équipe » américaine reste peut-être la meilleure mondiale Si les absents ont leurs torts, certains pointent du doigt le calendrier et le choix de la fédération internationale d’avoir déplacé cette Coupe du monde dans une année impaire, précédant les Jeux olympiques. « Vous demandez aux joueurs de jouer la Coupe du monde, puis la saison NBA et puis ensuite les Jeux olympiques. Je pense que cela incite beaucoup de joueurs à faire des choix », avait ainsi avancé David Stern, l’ancien patron de la NBA, au site theundefeated.com. Rudy Gobert, homme du match et figure de la NBA Les joueurs français, dont cinq évoluent en NBA, ont, eux, justifié leur présence. Et Rudy Gobert, pivot des Jazz de l’Utah, élu meilleur défenseur de la ligue américaine deux années consécutives, récolte les lauriers d’un match plein. Avec 21 points et 16 rebonds contre « Team USA », il a dominé ses adversaires. « Trop fort pour eux », avance le site Espn.com. « Impressionnant », pour APNews qui encense toute la défense française qui « a constamment contrecarré les Etats-Unis aux moments les plus importants du match ». L’impact de Rudy Gobert sur le match n’est pas une surprise selon The Bleacher Report. « Si l’on regarde les statistiques NBA et les performances, Gobert était le meilleur joueur avant même le début du match. (…) Personne dans la “Team USA” n’avait de meilleurs chiffres que lui. » CQFD ! Les Etats-Unis vont maintenant reporter leurs espoirs vers Tokyo, où auront lieu en 2020 les Jeux olympiques, à l’aura bien plus forte que les mondiaux. « La bonne nouvelle dans la défaite de mercredi, c’est que l’on n’y portera probablement pas énormément d’attention. C’est aussi la mauvaise nouvelle. La vérité est que, pour la plupart des joueurs, voire tous, une médaille d’or olympique brille bien plus que celle de la Coupe du monde. Et c’est la même chose pour un titre NBA », souligne APNews. Sans compter que l’onde de choc a déjà été atténuée par une actualité sportive qui s’est déplacée sur le toujours très populaire football américain. Dans la journée, Antonio Brown, star de la National Football League (NFL), a été accusé de viol par une ancienne préparatrice physique. La révélation a fait l’effet d’une bombe et éclipsé la défaite des basketteurs américains.
« La meilleure équipe était à la maison » : pour la plupart des analystes, l’équipe des Etats-Unis, dont les meilleurs joueurs étaient absents, a logiquement été battue par la France.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/12/coupe-du-monde-de-basket-2019-la-presse-americaine-fataliste-apres-la-defaite-de-team-usa_5509404_3242.html
mlsum-fr-279
POOL / REUTERS A en croire Donald Trump, le Brexit serait une affaire classée depuis bien longtemps si Theresa May avait suivi ses conseils. « Je lui ai dit comment faire, mais elle ne m’a pas écouté », avait-il déclaré en juillet 2018, lors d’une première visite au Royaume-Uni au cours de laquelle il n’avait épargné aucune humiliation à la dirigeante britannique. Lundi 3 juin, le président américain commencera au palais de Buckingham une visite d’Etat de trois jours avant de participer aux cérémonies commémorant le Débarquement allié en Normandie. Il n’a changé ni d’avis ni de méthode. Piétinant tous les usages diplomatiques, Donald Trump fait de nouveau irruption dans la vie politique britannique avec la même extrême finesse. Ouvertement, il fait cette fois la promotion du « no deal », la rupture radicale avec l’Union européenne (UE). Selon le président, Theresa May a négocié la sortie de l’UE en dépit du bon sens : les Européens « n’avaient rien à perdre » car elle leur a « laissé toutes les cartes » en main, a-t-il estimé dans un entretien au Sunday Times du dimanche 2 juin. Non content d’enfoncer une première ministre démissionnaire dont il va être l’hôte, Donald Trump adoube celui qui n’a cessé de lui planter des banderilles et fait figure de favori pour sa succession, Boris Johnson. Un « ami » qui « ferait du très bon travail », a-t-il insisté dans une autre interview au tabloïd The Sun, en pleine course à la succession, qui doit permettre de désigner d’ici à la fin juillet un nouveau chef du gouvernement. Provocation Toby Melville / AP M. Johnson, qui a eu la nationalité américaine jusqu’à ce qu’il y renonce en 2017, est idéologiquement proche de M. Trump. Ultralibéral, il promet un redéploiement planétaire au Royaume-Uni et un « no deal » avec l’UE compensé par des accords de libre-échange, notamment avec les Etats-Unis. Un accord que Donald Trump lui promet « très rapidement » mais qui contrevient au maintien transitoire dans l’UE accepté par Theresa May. Comme si sa bénédiction à M. Johnson ne suffisait pas, le président américain gratifie un futur premier ministre britannique de ses conseils pour une négociation que l’UE considère en réalité comme close. « Si [les Britanniques] n’obtiennent pas l’accord qu’ils souhaitent, [à leur place], je quitterais » la table des négociations, déclare-t-il encore au Sunday Times. En outre, alors que Theresa May s’est engagée à acquitter la somme correspondant aux engagements budgétaires pris par Londres à l’égard de l’UE, M. Trump poursuit : « Si j’étais eux, je ne paierais pas 50 milliards de dollars [45 milliards d’euros]. C’est un chiffre énorme. » Ultime provocation, le visiteur estime que le gouvernement britannique a commis « une erreur » en n’associant pas aux négociations de Bruxelles Nigel Farage, leader du Parti du Brexit (extrême droite), vainqueur, au Royaume-Uni, des élections européennes et en tête des intentions de vote pour d’éventuelles législatives. « J’aime beaucoup Nigel. Il a beaucoup à offrir », estime-t-il. « Il est très astucieux » et permettrait à Londres de « réussir » à Bruxelles. En réalité, M. Farage se présente comme le champion du « no deal », la sortie de l’UE sans accord considérée comme dévastatrice à court terme pour le pays, et M. Johnson lui emboîte le pas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections européennes 2019 : au Royaume-Uni, le triomphe du Parti du Brexit renforce les partisans d’une sortie de l’UE sans accord Politiquement, la visite fracassante de M. Trump a lieu au pire moment de faiblesse des autorités britanniques. Theresa May, qui doit s’entretenir avec lui, mardi 4 juin, n’est plus véritablement aux commandes du pays puisqu’elle a promis de démissionner le 7 de la présidence du parti conservateur. Trois ans après le référendum sur le Brexit, le Royaume-Uni est dans une impasse totale et son système politique se trouve menacé à la fois par la polarisation sur le Brexit, qui divise autant les tories que le Labour, et par la montée du parti de M. Farage. Alors que l’influence du Royaume-Uni est liée à sa capacité à servir de passerelle entre l’Europe et les Etats-Unis, le Brexit et les choix diplomatiques de M. Trump, que Londres ne partage ni sur le climat, ni sur l’Iran, ni sur le Proche-Orient, l’isolent. Le successeur de Theresa May cèdera-t-il aux sirènes du président américain qui enjoint à Londres de couper les ponts avec l’UE pour renforcer ses liens avec les Etats-Unis en négociant un accord commercial ? « En redevenant indépendante, la Grande-Bretagne peut encore élargir son influence sur le monde », a fait miroiter John Bolton, conseiller de Donald Trump pour la sécurité nationale. La visite à Londres sera l’occasion de pressions pour faire renoncer les Britanniques à leur décision de braver les Américains en autorisant la firme chinoise Huawei à participer au déploiement de la 5G. Dans le Sunday Times, M. Trump menace Londres de cesser le partage privilégié de renseignements sur la sécurité s’ils persistaient. La reine en a vu d’autres Les fastes que la monarchie britannique sait réserver aux chefs d’Etat seront déployés en l’honneur de M. Trump : déjeuner avec la reine et le prince Harry (mais sans son épouse, Meghan Markle, qui a autrefois qualifié le président américain de misogyne et a pris prétexte de sa maternité pour décliner) ; banquet royal avec la reine, le prince Charles et Camilla, William et Kate mais sans Jeremy Corbyn, le chef du Labour. Ce dernier boycotte le dîner et soutient les appels à manifester mardi contre le locataire de la Maison Blanche. Notre sélection d’articles pour comprendre le Brexit Six mois après le refus du Parlement britannique de ratifier l’accord entre Theresa May et l’Union européenne sur le Brexit, un nouvel accord a été négocié par le premier ministre Boris Johnson. Ce texte, qui reprend l’essentiel de l’« accord de retrait » en novembre 2018, supprime notamment l’existence du « backstop » à la frontière entre les deux Irlandes. En voici les points-clés. Comprendre : le schéma qui résume les options possibles (daté d’octobre 2019), alors que les parlementaires doivent valider l’accord de Boris Johnson pour officialiser le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Retrouvez tous nos articles sur le Brexit dans cette rubrique.
Le président américain s’est une nouvelle fois affranchi des usages diplomatiques en s’immisçant dans la vie politique britannique avant son départ.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/03/donald-trump-arrive-a-londres-en-pronant-un-brexit-dur-et-en-adoubant-boris-johnson_5470643_3210.html
mlsum-fr-280
Village Pierre & Vacances à cap Esterel, dans le Var. www.pierreetvacances.com La résidence touristique n’a pas dit son dernier mot. Malgré la fin programmée pour 2021 du dispositif Censi-Bouvard, qui offrait aux investisseurs des déductions fiscales importantes, l’attrait pour un appartement en bord de mer géré par un exploitant demeure. « Non seulement les investisseurs se constituent un patrimoine immobilier, mais ils occupent le bien durant plusieurs semaines par an, tout en dégageant de solides revenus », constate Antoine Kieffer, directeur général adjoint du groupe Odalys. La rentabilité sur ce type d’actif va, selon l’emplacement, de 3 % à 5 %, d’après les spécialistes. Sans compter qu’avec le statut de loueur en meublé non professionnel l’investisseur amortit son bien et perçoit des revenus en grande partie défiscalisés. Le rendement dépend du taux d’occupation de la résidence par l’investisseur. Plus il est présent, surtout en haute saison, et plus il diminue. « En moyenne, les particuliers viennent deux semaines par an, ce qui impacte faiblement leur rentabilité. Par exemple, pour notre Center Parcs Les Landes de Gascogne, en Lot-et-Garonne, le taux de rentabilité moyen est estimé à 4 %. Les investisseurs perdent 0,5 % à chaque semaine occupée en saison haute », précise Dominique Ménigault, directeur général de Pierre & Vacances Conseil immobilier. Une gestion locative simplifiée Une perte en revenu sans réelle importance pour ces acheteurs à la recherche d’une destination de rêve qui ne nécessite aucune gestion locative. C’est le cas de Claire Pellerej, qui, il y a neuf ans, a investi dans un village Pierre & Vacances à Cap Esterel, dans le Var, avec son mari : « Nous sommes tombés amoureux de l’endroit. Il y a des activités pour les enfants. Ce qui nous a séduits, avant le niveau de rentabilité, c’est de n’avoir à nous préoccuper de rien. Lorsqu’on achète une résidence secondaire, il faut l’entretenir, sans oublier la gestion locative, le cas échéant. Là, tout est organisé, propre et il n’y a jamais de retard sur le paiement de loyer. » Lire aussi Les bons conseils pour rentabiliser une résidence secondaire La plupart des structures proposent également des bourses d’échange. Un système qui permet, à investissement équivalent, d’échanger son appartement en bord de mer contre un chalet dans les montagnes pendant l’hiver. Mais la prudence est de mise avant d’acheter. Les investisseurs doivent veiller à ce que l’emplacement du bien attire assez de touristes pour que le logement soit occupé à l’année. Pour le bail commercial qu’ils signeront, d’autres points nécessitent une grande vigilance, comme l’explique Karl Toussaint du Wast, cofondateur de Netinvestissement : « Certains jours sont parfois exclus de l’occupation, durant la saison haute. Il faut que ce soit clairement spécifié dans le bail commercial. L’investisseur ne doit pas hésiter à demander si le montant du loyer qui apparaît sur le contrat tient compte du fait qu’il occupe en partie le bien. Attention à la répartition des charges ! En théorie, les frais d’entretien courants sont portés par l’exploitant et les gros travaux, comme le ravalement de façade, dépendent de l’investisseur. » Des prix en baisse L’autre aspect essentiel concerne la solidité de l’exploitant. Durant les années 2000, le marché de la résidence touristique a connu un boom grâce aux dispositifs de défiscalisation. Mais, avec l’effondrement de bon nombre d’exploitants et les procédures judiciaires en cascade, les investisseurs sont devenus méfiants. Pour Olivier Bernadat, directeur commercial de Cerenicimo, le marché serait plus sûr désormais : « Ceux qui produisent aujourd’hui le font sans se reposer sur la défiscalisation. Seules les sociétés solides ont survécu à cette crise. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Résidences secondaires : un regain d’intérêt avant la hausse des prix ? Les prix de ces logements ont fortement baissé, et ce, même si le marché monte en gamme depuis peu : « Aujourd’hui, vous achetez du neuf au prix de l’ancien, affirme Olivier Bernadat. Les appartements sont 30 % moins chers que ce que l’on pouvait trouver il y a dix ans. » Ainsi, le directeur général adjoint du groupe Odalys nous assure que les T2 neufs sur l’île de Ré (Charente-Maritime) se vendent aujourd’hui à moins de 200 000 euros. Dans l’ancien, les prix sont encore plus bas et le niveau de rendement plus élevé, selon les régions, avec des tickets d’entrée à 40 000 euros pour les studios. « Ces biens ont été construits il y a une dizaine d’années. Ils sont donc plus petits, dans des résidences avec moins de services et ou des travaux seront à faire bientôt », précise Alexandre Teitgen, directeur général de LB2S. Mais on y trouve aisément des T2 à 100 000 euros avec des taux de rendements de 5,5 % », conclut-il.
Véritable alternative à la résidence secondaire, l’appartement en club touristique permet aux investisseurs de profiter d’une destination de rêve tout en se créant du patrimoine sans les aléas de la gestion locative.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/07/11/la-residence-touristique-un-patrimoine-immobilier-qui-rapporte_5487955_1657007.html
mlsum-fr-281
Simone Biles lors de la finale du concours général au sol. Elle décroche le titre, devant la Chinoise Tang Xijing et la Russe Angelina Melnikova. LIONEL BONAVENTURE / AFP Il y en a une qui n’a pas manqué ses Mondiaux. Simone Biles, la superstar américaine a raflé 5 médailles d’or, ce qui fait d’elle la gymnaste la plus titrée de tous les temps avec 25 médailles mondiales, dont 19 du métal doré. Elle co-détenait jusqu’à hier ce record avec le Biélorusse Vitaly Scherbo. Rien n’aurait pu empêcher « La Biles » et son sourire envoûtant de remporter une nouvelle fois la couronne de l’épreuve la plus prestigieuse en gymnastique, le concours général, ni de repartir avec les titres au sol, au saut, à la poutre et par équipes. Si l’Américaine a encore une fois réussi ses Mondiaux, on ne peut pas en dire autant de l’équipe de France, repartie avec une seule médaille, en bronze aux anneaux, pour Samir Aït-Saïd, et surtout, sans qualification olympique pour les hommes. Quant à la jeune Mélanie De Jesus Dos Santos, double championne d’Europe au sol et au concours général, en qui de nombreux espoirs étaient placés, elle a fini cinquième à la poutre et au sol. « Je suis très déçue, je savais que je pouvais viser des médailles » a-t-elle soufflé en sortant de sa compétition. Le bronze de Samir Aït-Saïd sauve les hommes Le podium de la finale des anneaux : le Turc Ibrahim Colka a pris l’or, devant l’Italien Marco Lodadio et le Français Samir Aït-Saïd. LIONEL BONAVENTURE / AFP Ce n’était plus arrivé depuis 2014 et la médaille de Cyril Tommasone en bronze aux arçons. Samir Aït-Saïd est allé chercher le bronze en finale des anneaux, qualification olympique à la clé et a mis fin à cette série noire. Il avait déjà participé à cinq finales mondiales, sans jamais monter sur la boîte. « S’il n’y a qu’une chose à retenir des Mondiaux, c’est cette médaille », a confié Yann Cucherat, directeur sportif de l’équipe de France de gymnastique artistique masculine. Car, pour le reste de la compétition, les Bleus n’ont pas été à la hauteur : pour la première fois depuis 1992, ils n’ont pas décroché leur billet par équipe pour les Jeux olympiques de Tokyo. Ils ont fini quatorzièmes des qualifications, il fallait être dans le top 12 pour y prétendre. « On était venu pour qualifier la France aux Jeux, c’est une frustration collective énorme a reconnu le patron des Bleus. On vit un moment compliqué avec de nombreux blessés, des forfaits. On a de très bons anciens et une génération jeune à fort potentiel, mais il faut du temps. Tous les gymnastes ont réalisé de très belles performances, mais pas assez élevées au vu de la concurrence. » Les Tricolores ont quand même décroché trois tickets individuels pour Tokyo : Loris Frasca au concours général, Cyril Tommasone aux arçons et Samir Aït-Saïd aux anneaux. « On va mettre l’accent sur leurs trois agrès, a souligné Yann Cucherat. Et commencer à préparer Paris 2024. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gymnastique : Aït-Saïd, le retour du grand blessé des JO Les filles, cinquièmes par équipes On espérait aussi beaucoup pour les Françaises par équipes, 5es des derniers Mondiaux. Cette année, Aline Friess et Claire Pontlevoy, toutes deux âgées de 16 ans, ont remplacé Juliette Bossu, qui a mis un terme à sa carrière, et Louise Vanhille, reconvertie avec le Cirque du Soleil. Marine Boyer, Lorette Charpy et Mélanie De Jesus Dos Santos complétaient le groupe. « On a le potentiel, les filles ont beaucoup progressé, donc on est forcément déçues. » Véronique Legras-Snoeck, directrice du haut niveau féminin Quatrièmes des qualifications, les Bleues ont malheureusement manqué de précision en finale : Claire Pontlevoy a chuté sur un lâcher de barre aux asymétriques et s’est assise en réception. Avec cette erreur, la médaille était encore à leur portée, mais la chef de file De Jesus Dos Santos est tombée à son tour de la poutre. Les Françaises ont fini une nouvelle fois à la cinquième place, qui, si elle les avait plus qu’enchantées l’an dernier, n’était que déception à Stuttgart : « On a le potentiel, les filles ont beaucoup progressé, donc on est forcément déçues », a avoué Véronique Legras-Snoeck, directrice du haut niveau féminin. La France n’a plus connu de réussite collective aux Mondiaux depuis l’argent en 1950. Bonne nouvelle cependant, la cinquième place des Françaises leur assure leur billet pour Tokyo, contrairement à leurs homologues masculins. « C’était l’objectif principal et il a quand même été accompli d’une très belle manière », a reconnu Véronique Legras-Snoeck. Mélanie De Jesus Dos Santos, la perle française perdue dans l’océan Mélanie De Jesus Dos Santos lors de la finale du sol, dimanche 13 octobre. WOLFGANG RATTAY / REUTERS On pensait que Mélanie De Jesus Dos Santos, du haut de ses 19 ans, pourrait réaliser ce qu’aucune gymnaste n’avait fait au concours individuel lors d’un Mondial, à savoir décrocher une médaille. Troisième des qualifications, sacrée championne d’Europe en avril sur cette épreuve, la Martiniquaise avait toutes ses chances. Un premier saut de cheval très bien réussi la classe quatrième, idéal pour un podium. Mais une faute puis une chute aux barres asymétriques, son deuxième agrès, lui coûtent sa potentielle médaille. « Il faut que j’augmente mes notes de départ, que j’y aille à la niaque. Je ne referais plus jamais ces erreurs-là. » Mélanie De Jesus Dos Santos La suite de son concours se passe dans l’ombre : une poutre et un sol simplifiés, et le moral dans les chaussons. 20e de son concours, dépassée par sa compatriote Aline Friess, 11e, la déception est immense : « J’ai loupé, complètement loupé », regrette l’intéressée, sans vouloir se replonger dans les détails. Deux autres finales, à la poutre et au sol, son agrès fétiche, l’attendent. Elle réalise deux beaux passages, étant même en tête après trois filles sur le sol. Mais la concurrence est rude et elle termine finalement cinquième sur ces deux agrès, remportés par l’Américaine Simone Biles. « Je suis sortie sur une réception, ça m’a coûté cher », relate Mélanie De Jesus Dos Santos. « Les autres gymnastes ont bien plus d’expérience que Mélanie, commente Véronique Legras-Snoeck. Elle prépare un élément pour les Jeux, mais je n’ai pas de doute qu’elle va y arriver. » Déçue, mais pas abattue, Mélanie De Jesus Dos Santos pense déjà à se remettre au travail en vue de Tokyo. « Il faut que j’augmente mes notes de départ, que j’y aille à la niaque. Je ne referais plus jamais ces erreurs-là. »
La semaine de compétition s’est achevée dimanche à Stuttgart. Pour la France, le bilan est loin d’être celui escompté : une seule médaille et une qualification olympique ratée pour les hommes.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/13/mondiaux-de-gymnastique-la-france-revient-avec-une-seule-medaille-et-le-c-ur-lourd_6015357_3242.html
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A Paris, lors des élections européennes, le 26 mai. CYRIL BITTON POUR "LE MONDE" Mine de rien, le réveil a été douloureux. Quand Edouard Philippe s’est présenté devant les députés, mercredi 12 juin, pour prononcer son discours de politique générale, il n’a pu que faire part de son effroi face aux résultats des élections européennes. « Le 26 mai, l’extrême droite est arrivée en tête des suffrages en France. Comme dans beaucoup de démocraties occidentales, la radicalité politique, nourrie de l’obsession du déclin et de la peur de l’autre, structure désormais une part de notre vie démocratique », a souligné le premier ministre. Ses contempteurs pourraient rétorquer que La République en marche (LRM) et Emmanuel Macron ont aussi contribué à la victoire du Rassemblement national (RN) en l’érigeant comme leur principal adversaire. « Progressistes » contre « nationalistes » a été leur créneau de campagne. Le chef de l’Etat a « choisi Marine Le Pen », selon le président du Sénat, Gérard Larcher, et entretiendrait ainsi « un jeu de rôle dangereux pour le pays ». A tel point qu’il commence même à inquiéter en Macronie. Au soir du scrutin, certains membres de la majorité se réjouissaient pourtant de voir caracoler en tête LRM et RN, loin devant les vieilles gloires que représentent Les Républicains (LR) et le Parti socialiste. Un second tour face au RN lors de la prochaine présidentielle, en 2022, ne représente-t-il pas l’assurance d’une réélection pour le chef de l’Etat ? « Beaucoup, chez nous, sont convaincus que 2022 répétera le scénario de 2017, avec une victoire de Macron face à Le Pen au second tour, confie un poids lourd de la majorité. C’est une stratégie mortifère d’intégrer ce duel comme une fatalité. Nous devons tout faire pour l’éviter en faisant baisser l’extrême droite. » Virage sur l’aile préconisé Au-delà de l’aspect moral, les considérations tactiques jouent aussi. Certes, Marine Le Pen trouve face à elle un chemin semé d’embûches, notamment politico-judiciaires. Certes, sa crédibilité a été en partie abandonnée sur le plateau de son débat raté de l’entre-deux-tours, en 2017. Mais l’ancrage de l’extrême droite dans le pays est bien réel. « Il ne faut pas partir du principe qu’il y a un plafond de verre. Le RN représente un vrai danger pour 2022, prévient le député LRM des Deux-Sèvres Guillaume Chiche. Le vote en faveur de ce parti se banalise et devient de plus en plus décomplexé. » « Ce qui me fait peur, c’est la trajectoire : Jean-Marie Le Pen a eu 18 % des voix au second tour en 2002. Marine Le Pen, 34 % en 2017 », ajoute un de ses collègues. Et demain ? Dans un paysage marqué par la déliquescence de LR, plus rien ne semble impossible. « Quand Marion Maréchal va revenir dans le jeu, la poutre va bouger à droite. Elle va garder le socle RN et aura un pouvoir d’attraction à droite », craint-on à Matignon.
Une partie de la majorité veut construire un front républicain pour éviter le tête-à-tête avec le Rassemblement national aux élections municipales.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/15/la-grande-peur-de-la-republique-en-marche-face-au-danger-du-rassemblement-national_5476625_823448.html
mlsum-fr-283
Folamour au festival Cabourg mon amour, le 28 juin. ©Jacques-Henri Heim Du 28 au 30 juin, tous les musiciens du festival Cabourg mon amour en ont rêvé. Jésus l’a fait. Quoi ? Marcher sur l’eau. Où plutôt s’y précipiter avec délice, au bout de quarante-cinq minutes de concert déchaîné donné dimanche 30 juin, avec son groupe Poudre noire. Depuis la plus petite des deux scènes de ce festival, le chanteur Antoine « Jésus » Clément-Bollée n’avait, après tout, que 50 mètres à sprinter sur le sable avant de se rafraîchir dans la Manche, acclamé par des spectateurs ravis d’une conclusion aussi joyeusement balnéaire. Rarissimes sont, en France, les festivals pop-rock organisés sur une plage. Calvi on the Rocks est de ceux-là. Romain Renou a travaillé trois ans pour cet événement corse. « Cela m’a donné l’idée de tenter quelque chose à Cabourg », nous explique ce jeune homme, à propos de son traditionnel lieu de vacances familiales. En 2012, Romain n’a que 20 ans quand il lance l’aventure de Cabourg mon amour. Si cette première édition propose des DJ sets sur la plage, les concerts ont alors lieu au casino. Organisée, à partir de 2014, avec Super !, l’un des principaux producteurs français sur le créneau de l’indie-rock, la manifestation vouée aux artistes émergents pose deux scènes en plein air. L’une est montée à même le sable, l’autre sur la promenade Marcel-Proust, surplombant la plage. Charmante maladresse Divorcés d’avec Super !, Renou et la municipalité se tournent, en 2019, vers un autre producteur de spectacles : Astérios (Petit Biscuit, Maxime Le Forestier, Orelsan…). Sans changer le credo « artistes découvertes », la jauge (2 500 spectateurs par jour espérés), ni ce principe de boutique festival, qui est aux gros rassemblements musicaux ce que les boutique hôtels sont aux grandes chaînes hôtelières. A l’épreuve de la canicule, cette première collaboration a sans doute sous-estimé le besoin d’ombre des festivaliers (venus à plus de 65 % de Paris). Tout en continuant de faire confiance à leur curiosité, en misant cette fois sur les ressources de jeunes talents 100 % made in France. « L’idéal est de pouvoir programmer chaque année des artistes que s’arracheront les autres festivals l’année d’après », espère Romain Renou. A l’affiche en 2018, Angèle ou Clara Luciani ont, en effet, connu ce type de destin. A qui le tour cette fois ? Yseult ? The YD ? Miel de Montagne ? Tessa B. ?
Consacrée aux promesses de la chanson et de la pop, la manifestation a déployé pour son édition 2019 une affiche 100 % française.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/01/cabourg-mon-amour-festival-rafraichissant_5483674_3246.html
mlsum-fr-284
C’est une démarche inédite. L’annonce officielle, dimanche 6 octobre, par le premier ministre, Edouard Philippe, dans les colonnes du Journal du dimanche, du lancement de deux missions confiées à l’inspection des services de renseignement (ISR) – suite à la tuerie du 3 octobre commise dans les locaux de la direction du renseignement de la Préfecture de police (DRPP) par un de ses propres agents – est assez peu académique. L’ISR est un service actif seulement depuis 2014. Jusque-là, l’exécutif n’avait pas d’outil à sa disposition pour contrôler la communauté du renseignement. Il n’existait pas d’inspection interservices comme il y en a pour la police, la justice ou l’armée. Chacun œuvrait dans son coin. Si, au regard de la gravité des faits, la saisine de l’ISR, placée sous l’autorité directe de Matignon, apparaît donc comme logique, le fait que l’annonce soit publique l’est moins. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attaque au couteau : le spectre d’un radicalisé de l’intérieur ébranle la Préfecture de police D’autant que l’ISR, jusqu’à présent, a connu des débuts plutôt timides. Dénuée de fonctionnaires à plein temps, elle peut seulement compter sur des personnels habilités, détachés lors de la commande d’une mission. Tout l’inverse de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) – chargée du contrôle de la légalité des techniques de renseignement (écoutes, captations de données, etc.) – qui n’a eu de cesse pour sa part, ces dernières années, d’imposer ses garde-fous. Resserrer les mailles du filet Les missions confiées aujourd’hui à l’ISR sont de deux ordres. La première vise à évaluer les « contrôles internes » à la DRPP. En clair, à vérifier si les signes de radicalisation de Mickaël Harpon, informaticien à la DRPP et auteur de l’attaque, ont échappé en raison d’erreurs d’appréciation individuelles ou de la faiblesse générale du système. La DRPP étant un petit service de renseignement, son contrôle interne est moins sophistiqué qu’à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ou à la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s’accordent à dire les spécialistes. La seconde mission de l’ISR a des ambitions plus larges. Elle a pour projet de plonger dans tous les grands services de renseignement du « premier cercle » (DGSI, DGSE, direction du renseignement militaire, etc.) et dans quatre du « second cercle » (DRPP, service central du renseignement territorial – ex-renseignements généraux ; service national du renseignement pénitentiaire et sous-direction de l’anticipation opérationnelle de la gendarmerie). Objectif : passer en revue tous les cas de fonctionnaires ayant pu poser un problème de radicalisation, réévaluer certaines situations, et resserrer les mailles du filet dans la mesure du possible.
Matignon a annoncé dimanche le lancement de deux missions d’évaluation après la tuerie survenue le 3 octobre au sein de la direction du renseignement de la Préfecture de police de Paris.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/07/la-saisine-officielle-de-l-inspection-des-services-de-renseignement-une-demarche-inedite_6014471_3224.html
mlsum-fr-285
La chef de l’exécutif de Hongkong, Carrie Lam, lors d’une conférence de presse à Hongkong, le 9 août 2019. Kin Cheung / AP Deux mois jour pour jour après le début du mouvement de contestation pro-démocratie à Hongkong, la chef de l’exécutif, Carrie Lam, a exclu vendredi 9 août toute « concession » politique aux manifestants, mobilisés contre l’influence grandissante de Pékin sur le territoire. « En ce qui concerne une solution politique, je ne crois pas que nous devrions faire des concessions dans le but de faire taire les manifestants auteurs de violences », a déclaré Carrie Lam lors d’une conférence de presse tenue sans avoir été annoncée, vendredi. Le territoire au statut spécial, rétrocédé à la Chine par le Royaume-Uni en 1997, connaît sa plus grave crise politique depuis cette date avec des manifestations et des actions presque quotidiennes, qui ont à plusieurs reprises dégénéré en violences entre activistes radicaux et forces de l’ordre. Plusieurs défilés sont encore prévus dans la ville, samedi 10 et dimanche 11 août. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hongkong sous le choc après les attaques des triades Baisse de la fréquentation touristique S’exprimant après une réunion avec les milieux d’affaires, la dirigeante hongkongaise a par ailleurs averti que l’impact économique du mouvement social pourrait être pire que celui de l’épidémie du Syndrome respiratoire aigu (SRAS) sévère en 2003. « Le ralentissement cette fois est intervenu très rapidement. Certains l’ont comparé à un tsunami. » « La reprise économique prendra très longtemps », a-t-elle assuré, en écho aux inquiétudes du secteur privé, en particulier celui du tourisme. La compagnie hongkongaise Cathay Pacific a annoncé une chute des réservations, et les agences de voyage ont rapporté des baisses allant jusqu’à 50 % pour les visites de groupe. Plusieurs pays ont mis en garde leurs ressortissants en partance pour Hongkong, en particulier Washington, qui a exhorté cette semaine ses citoyens à « faire preuve d’une prudence accrue ». Carrie Lam, à qui les protestataires demandent de démissionner, a reçu dans cette crise un soutien total de Pékin, qui a musclé son discours et intensifié ses menaces à l’égard des manifestants, ce qui n’a pas éteint la mobilisation pour autant. Vendredi, des milliers de manifestants ont lancé un sit-in à l’aéroport international – l’un des plus actifs au monde – pour sensibiliser les visiteurs étrangers à leur cause. « Pas d’émeutiers, que de la tyrannie », scandaient les manifestants, dont certains portaient des masques et des casques jaunes de chantier. Leur action, non autorisée, est censée se poursuivre samedi et dimanche. Pour la plupart vêtus de noir, leur couleur emblématique, ils se sont assis sur le sol, dans le hall des arrivées, brandissant des pancartes condamnant en chinois et en anglais les violences policières. Mobilisation élargie Née du rejet d’un projet de loi controversé de l’exécutif hongkongais pro-Pékin, qui voulait autoriser les extraditions vers la Chine, la mobilisation s’est depuis considérablement élargie, avec en ligne de mire le pouvoir central chinois. Les manifestants réclament ainsi l’élection d’un successeur de Carrie Lam au suffrage universel direct, et non sa désignation par Pékin, comme c’est le cas actuellement. Ils exigent aussi une enquête sur les violences dont ils accusent la police et l’abandon pur et simple du projet de loi controversé, actuellement suspendu.
Les opposants, mobilisés depuis deux mois contre l’influence de la Chine sur leur territoire, ont plusieurs fois réclamé le départ de la dirigeante hongkongaise.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/09/hongkong-la-chef-de-l-executif-refuse-toute-concession-apres-deux-mois-de-manifestations_5498162_3210.html
mlsum-fr-286
Un établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sitié à Nantes. Alain Le Bot / Photononstop Sur le ring, ils sont plusieurs à se disputer le cœur des investisseurs. Les résidences services comprennent les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les résidences tourisme et les deux chouchous du moment : les résidences étudiantes et les résidences seniors. L’objectif est souvent le même : profiter de la défiscalisation. Trois stratégies sont possibles. La première, s’appuyer sur le Censi-Bouvard. Ce dispositif, prolongé jusqu’au 31 décembre 2021, offre à l’investisseur une déduction fiscale à hauteur de 11 % du coût de son acquisition dans la limite de 300 000 euros, à répartir sur neuf ans. L’acheteur récupère dans le même temps la TVA à 20 % sur le prix du logement (à condition de conserver le bien au moins vingt ans) et bénéficie de la déduction sur ses revenus locatifs de l’ensemble des charges. La seconde vise à profiter des avantages du statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP). Là, tout comme avec le Censi-Bouvard, l’investisseur profite de la récupération de la TVA, de la déduction des loyers de l’ensemble de charges et il amortit la valeur du bien immobilier sur vingt-cinq à trente ans, hors foncier (qui représente entre 15 % et 20 % du prix du bien). Enfin, certains se tournent vers certains programmes éligibles au dispositif Pinel. Là, les investisseurs bénéficient d’une baisse d’impôt équivalente à 12 %, 18 % ou 21 % sur le montant de leur achat dans la limite de 300 000 euros, à condition de louer le bien six, neuf ou douze ans à un loyer plafonné. Lire aussi La résidence touristique, un patrimoine immobilier qui rapporte « Les opportunités de ce type restent assez rares, indique Karl Toussaint du Wast, cofondateur de Netinvestissement.fr. Pour faire un Pinel, le bien doit être loué nu en tant que résidence principale du locataire ; or, les résidences services sont généralement calibrées pour de la location meublée. » La résidence étudiante, jeune et dynamique Pour la plupart des experts, le placement le plus sûr est la résidence étudiante. « Le marché est fluide et les biens sont faciles à vendre si l’exploitant de la résidence vient à se retirer. En vous positionnant dans une grande ville étudiante, vous louerez sans problème à un autre étudiant », explique M. Toussaint du Wast. La demande est d’autant plus forte pour ces logements que le manque de lits pour les étudiants est criant en France. Selon les projections de BNP Paribas Real Estate, le nombre de jeunes scolarisés dans le supérieur dépassera les 2,7 millions d’ici à 2020. Lire aussi Comment profiter du dispositif Pinel Avant d’investir, il est recommandé d’enquêter sur les références de l’exploitant, en vérifiant non seulement son ancienneté sur le marché, mais aussi la qualité de son parc. A vérifier également, le taux d’occupation de l’immeuble dans lequel le particulier compte investir. S’il est inférieur à 85 %, mieux vaut ne pas acheter. « Un bon exploitant prévoit également ce qu’il adviendra du logement durant les périodes de vacances scolaires. Pour éviter de perdre des loyers, le logement peut être loué à des touristes », insiste Laurent Jourda, directeur du développement commercial pour le groupe Réside Etudes. Attention toutefois à ne pas acheter trop cher. Le ticket d’entrée en résidence étudiante est de 50 000 euros pour un studio, mais, dans certaines grandes villes, comme Lyon, il n’est pas rare de trouver des programmes hors de prix à 6 000 euros/m². Les rendements sont alors inférieurs à 3 %. Sortir des métropoles peut être judicieux. A Brest, par exemple, où les prix sont plus doux (3 200 euros/m² pour ce type d’habitat), les rendements sont meilleurs (4,3 %). La résidence seniors en quête de maturité Plus récent, le marché de la résidence seniors n’en est pas moins attractif, à condition de savoir où investir. « Je conseillerai plutôt l’Aquitaine ou le bassin d’Arcachon. En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les prix sont trop élevés », conseille M. Toussaint du Wast. Pour Benjamin Misery, directeur général des Senioriales, le marché est également « saturé à Montpellier, ville historique de la résidence seniors ». Le secteur, pourtant, a de l’avenir. Selon les projections de l’Insee, 29,4 % de la population française aura plus de 60 ans en 2035. C’est pourquoi les promoteurs investissent massivement : Eiffage lancera dans quelques mois sa filiale consacrée aux résidences seniors. Les perspectives de rendements avoisinent les 4 % brut pour des prix qui oscillent en moyenne aux alentours de 3 000 euros/m² dans les grandes villes. « Mieux vaut privilégier les résidences seniors proches des commerces et transports un commun, avec un parking, au cœur d’une ville d’au moins 100 000 habitants. Pour assurer la revente, il faut s’assurer de la réalité de la demande, comme pour tout investissement immobilier », recommande M. Misery. Sécuriser le bail commercial pour l’avenir Reste à l’investisseur à sécuriser son acquisition en s’attardant sur le bail commercial. Le document recense les informations essentielles comme le montant du loyer, sa revalorisation dans le temps, le taux de rendements, le niveau des charges… « Il existe encore des exploitants qui ne fournissent qu’un spécimen au moment de la réservation et ne montre le vrai bail commercial que chez le notaire. Fuyez-les ! », alerte Laurent Jourda. Lire aussi Les bons conseils pour rentabiliser une résidence secondaire Les négociations autour du bail commercial seront capitales au moment de la revente du bien. « Sur le marché secondaire, ce que veulent les acheteurs c’est uniquement du rendement, d’où l’importance de l’emplacement et de la solidité de l’exploitant et d’un contrat bien négocié », constate Alexandre Teitgen, directeur de LB2S, spécialisé dans la revente de résidences services. Il n’est alors pas interdit de rêver, pour le vendeur, d’une plus-value proche des 10 %.
L’immobilier de services géré procure de nombreux avantages, notamment sur le plan fiscal, à condition de choisir le bon créneau.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/25/residences-seniors-ou-etudiantes-quel-est-le-meilleur-placement_5481016_1657007.html
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Le réalisateur Xavier Dolan sur la terrasse MK2 au Festival de Cannes, le 23 mai 2019. PAOLO VERZONE/AGENCE VU POUR « LE MONDE » Xavier Dolan a 30 ans et il n’est plus seul. Dans la vraie vie, il est entouré de cette bande d’amis québécois qui peuplent son dernier film, Matthias et Maxime. Il vient de les quitter, à regret, pour venir en France et accompagner la sortie en salle de son huitième long-métrage, le 16 octobre. Quand il parle de ses 20 ans – « ma vingtaine » –, c’est pour évoquer avec ses mots et son accent du Québec sa solitude et son « esseulement », lorsqu’il enchaînait les films et le reste – Xavier Dolan est aussi acteur et fait du doublage (Harry Potter, Twilight, Hunger Games…). Lire la critique de « Matthias et Maxime » : Deux trentenaires à l’heure des choix Qui pourrait croire que ce garçon au visage juvénile, en jean et blouson, a réalisé huit longs-métrages depuis J’ai tué ma mère, en 2009 ? Il écrit le scénario de ses films, en assure le montage, souvent les produit, s’occupe des costumes… Il y a eu le triomphe de Mommy (2014) et l’échec de Ma vie avec John F. Donovan (2018), avec les stars américaines Natalie Portman et Susan Sarandon. Xavier Dolan traverse les hauts et les bas, se ronge les ongles tandis que sa main gauche promet de dire la vérité – il s’y est fait tatouer en petits caractères I must tell the truth. Alors on le croit quand il nous dit qu’aujourd’hui il ne sait plus où il en est. Lire la critique de « Matthias et Maxime » (lors du Festival de Cannes 2019) : Xavier Dolan à l’heure des choix « Matthias et Maxime » est peut-être le film le plus intimiste de votre carrière… Je voulais combiner deux désirs : j’avais envie d’écrire une histoire d’amour entre deux hommes, et je voulais aussi rendre hommage à mes amis qui m’ont donné tant d’apaisement dans les cinq dernières années de ma vie. J’ai toujours eu des amis, mais, de plus en plus, je les voyais seul à seul, ou je les voyais moins. Votre métier vous a-t-il isolé ? Oui, vous êtes en tournage avec une « famille » de gens pendant quarante jours, puis chacun part sur d’autres projets et vous vous retrouvez seul avec le montage. Ça accentue énormément ce sentiment d’« isolation ». Et puis finalement, lentement, des gens ont fait leur apparition ou leur réapparition dans ma vie. On est devenus une espèce de bande. J’avais envie de parler de ça, de cette collectivité d’amis, de ce que ça fait à la vie : la façon dont ça la structure ou ça la déstructure, la façon dont on existe à travers cette bande, que l’on a envie d’impressionner et à qui on a envie de plaire. J’avais envie d’une expérience qui allait être heureuse du début à la fin. Je me suis dit, si ça pouvait être deux hommes de cette bande qui soient les acteurs principaux du film ? Deux hommes hétérosexuels, amis d’enfance, vont échanger un baiser pour les besoins d’un court-métrage. A partir de là, le regard et l’imaginaire des deux personnages vont s’ouvrir.
Après huit longs-métrages, dont le triomphe « Mommy », le réalisateur âgé de 30 ans dit qu’il se cherche un peu, comme son personnage Maxime dans son dernier film en salles le 16 octobre.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/16/xavier-dolan-cineaste-je-suis-dans-une-periode-de-doutes_6015672_3246.html
mlsum-fr-288
Des manifestants à Alger, dimanche 13 octobre. RAMZI BOUDINA / REUTERS Massées dans une étroite impasse, des dizaines de passants observent. A quelques mètres du siège de l’Assemblée nationale algérienne, des policiers des forces anti-émeutes, casqués et armés d’un bouclier tentent de repousser plusieurs centaines de manifestants. « Allez, venez, c’est aujourd’hui le jour de notre indépendance ! », harangue un vieil homme. Le cortège finit par forcer le passage, aux cris d’« Ils ont vendu le pays, les traîtres ! ». Dans les rues d’Alger, dimanche 13 octobre, ils étaient des milliers, venus protester contre l’avant-projet de loi sur les hydrocarbures, après appel sur les réseaux sociaux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Algérie, une colère aux racines profondes Un tel appel était inédit. Dans un climat politique tendu, à deux mois de l’élection présidentielle du 12 décembre, l’opacité et la teneur de la nouvelle loi – dont le texte n’a pas été rendu public mais qui est censé ouvrir davantage le secteur aux investisseurs étrangers – a exacerbé la colère de la rue. « Ils hypothèquent notre avenir » Malgré un important dispositif de sécurité déployé dans le centre d’Alger, pendant plusieurs heures, les manifestants ont réussi à défiler au cœur de la ville, de la Grande Poste à l’Assemblée. Nombreux portaient des pancartes proclamant « Mon pays n’est pas à vendre ». Kamel, la quarantaine, s’est même absenté de son poste de travail pour venir : « Il ne faut pas laisser cette mafia vendre ce qu’il reste de notre pays. On vit grâce au pétrole et au gaz. Avec cette loi, ils hypothèquent notre avenir et celui de nos enfants. » En remettant en cause le texte, les manifestants critiquent aussi ceux qui l’ont écrit. Ils dénient le droit à un gouvernement jugé illégitime et considéré comme une survivance du système Bouteflika d’engager l’avenir du pays. Les hydrocarbures représentent plus de 95 % de ses recettes extérieures, et contribuent pour 60 % au budget de l’Etat. « Le problème n’est pas tant le contenu du texte, souligne d’ailleurs un quadragénaire croisé dans la foule. Vous trouvez ça normal toute cette opacité ? On parle de souveraineté et personne ne sait ce qu’il y a dans la loi. » Drapeau sur des épaules, Kheira, fonctionnaire du ministère de l’agriculture aujourd’hui retraité, tente de se protéger des mouvements de foule en grimpant quelques marches. « Le vendredi, ce n’est plus suffisant. Il faut manifester tous les jours. Ces gens n’ont pas honte, ils n’ont pas peur de Dieu », clame-t-il, alors que les manifestants entonnent « Le peuple veut la chute du Parlement » dans un climat très insurrectionnel où le mot « traîtres » fuse plusieurs fois à l’encontre des policiers. « On ne veut pas que les Français et les Américains viennent exploiter le gaz de schiste ici, c’est dangereux. Qu’ils aillent le faire dans leurs pays, s’emporte aussi Fahima. C’est à nous aujourd’hui de dire oui ou non aux lois ! » Cette cheffe d’entreprise raconte avoir souffert, dans son activité, des restrictions d’importation instaurées par les autorités. Elle n’accepte pas que des « cadeaux » soient faits aux étrangers par « un système mafieux ». D’autant que certains pensent qu’en plus de « brader les richesses du pays » plane l’ouverture de la voie à une exploitation future de gisements non conventionnels : gaz et pétrole de schiste. Suspicion des manifestants Le 7 octobre, le ministre de l’énergie, Mohamed Arkab, avait annoncé que « les grandes compagnies classées parmi les cinq meilleures compagnies dans le monde » avaient été consultées pour cet avant-projet de loi et que ces consultations avaient amené à modifier le « cadre réglementaire » et le « système fiscal ». Cette tentative de défense du texte a encore contribué la semaine passée à renforcer la suspicion des manifestants qui la lisent comme une manœuvre du pouvoir destinée à s’assurer des soutiens à l’étranger. « Le secteur des hydrocarbures, comme les autres richesses du pays, ne peut plus servir pour l’achat de soutiens étrangers dans la nouvelle Algérie », a dénoncé dimanche le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti de l’opposition démocrate. En fin de journée, l’ancien chef de gouvernement et candidat à la présidentielle, Ali Benflis, a rompu le silence qu’il observe depuis l’annonce de sa candidature, fin septembre, pour demander le report du texte. Et désormais les critiques émanent même des plus proches partisans du pouvoir. Le Rassemblement national démocratique (RND), le parti de l’ancien premier ministre aujourd’hui en détention, Ahmed Ouyahia, a également appelé à reporter l’adoption du texte. « Il s’agit de la principale ressource de l’économie, qui couvre l’essentiel des besoins du pays. Rien ne justifie l’application de ce texte dans l’immédiat. Il échoit au président élu d’ouvrir le débat sur le dossier des hydrocarbures et la diversification de l’économie (…) Tel qu’il a été adopté, il ligote le futur président », a réagi le mouvement dans un communiqué. Ces protestations n’ont pas empêché le gouvernement d’adopter le projet de loi en conseil des ministres, selon un communiqué de la présidence de la République. Avant un vote hasardeux à l’Assemblée sur fond de manifestations.
Les contestataires reprochent à cette nouvelle loi de brader le pays et au gouvernement de le « vendre » aux multinationales étrangères.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/13/des-algeriens-dans-la-rue-contre-une-loi-sur-les-hydrocarbures_6015345_3212.html
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Au Salon de l’automobile, le 5 octobre 1949. - / AFP Le premier Congrès international d’histoire des entreprises à Paris Le premier Congrès international d’histoire des entreprises se tiendra à Paris, du 11 au 13 septembre 2019. Quarante sessions sont organisées autour de trois grands axes : le rôle des entreprises dans l’émergence d’un capitalisme « à la française » ; les défis de la mondialisation et de la modernité ; écrire aujourd’hui l’histoire des entreprises. La conférence inaugurale « A quoi sert l’histoire des entreprises ? » sera présentée à la Sorbonne par les professeurs Liliane Hilaire-Perez (EHESS) et Matthias Kipping (université York de Toronto). Trois tables rondes se dérouleront à l’ESCP Europe : « Les entreprises racontent-elles des histoires » (avec Corinne Lepage, ancienne ministre) ; « La fabrique de l’histoire des entreprises » ; « La place des femmes dans l’entreprise » (avec Nicole Notat et Danièle Fraboulet). Retrouvez le programme détaillé sur le site du congrès, organisé par l’ENS, le CNRS, les universités Paris-Dauphine, Paris-Nanterre et Evry, l’Ecole Polytechnique, la BNF, le CNAM, etc., avec le soutien d’entreprises (Saint Gobain, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Renault, etc). Tribune. Les femmes ont toujours travaillé. Mais cela n’a pas toujours été visible, ni admis. Gourmandes en main-d’œuvre, les entreprises de la seconde révolution industrielle ont recouru au travail des femmes, le salariat le rendant visible. On se souvient des conditions de travail imposées aux femmes dans les mines, symbolisées par Catherine Maheu dans le Germinal, d’Emile Zola. La loi du 19 mai 1874 prohibe le travail au fond. Pourtant, l’apport du travail des femmes dans certaines professions, à certaines périodes ou encore comme complément salarial, est indispensable. Les femmes travaillent donc aussi dans les entreprises… Mais, comme se demande Danièle Fraboulet, professeure émérite d’histoire contemporaine à Paris-XIII, dans ses travaux sur les organisations patronales, y ont-elles vraiment leur place ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Talons au travail : la haute lutte des femmes Si les femmes ont toujours exercé des activités débordant la sphère domestique – agriculture, industrie rurale à domicile, ateliers urbains –, l’essor de l’industrialisation et de l’urbanisation impose le travail des femmes dans les usines, minoritaires jusqu’en 1914. L’hostilité du mouvement ouvrier au travail des femmes reflète alors les représentations sociales du travail féminin, où sont exaltées les vertus féminines (modestie, habileté…), jugées souvent peu compatibles avec un travail salarié. Mobilisées pour l’effort de la première guerre mondiale dans les emplois les moins qualifiés, remplaçant les hommes partis au front, elles ont été priées de regagner leur foyer dès la fin du conflit, afin de repeupler le pays, de s’occuper des enfants, de reprendre leurs activités non rémunérées. Il fallait limiter toute concurrence avec les hommes pour l’accès à l’emploi ou le niveau des rémunérations. Longue attente Durant l’entre-deux-guerres, en liaison avec l’essor du secteur tertiaire qui suit celui de l’appareil productif, elles investissent certains emplois dans l’administration – les demoiselles des Postes – et dans les services généraux des entreprises, où elles occupent parfois des postes à responsabilité pour les plus diplômées, même si la majorité reste cantonnée aux emplois peu qualifiés. La crise des années 1930 stoppe ce mouvement. Leur présence dans l’entreprise s’accentue avec la reconstruction. Le contexte social et politique évolue avec l’octroi du droit de vote en avril 1944 et la suppression en 1946 de la notion de « salaire féminin », inférieur à celui des hommes. Si au cours des « trente glorieuses » le travail des femmes croît fortement, les qualifications, les rémunérations, les perspectives de carrière sont toujours moindres que celles des hommes et leurs trajectoires professionnelles demeurent discontinues. Les politiques publiques oscillent entre mesures de soutien aux travailleuses et incitations à rester chez soi pour élever les enfants.
Le travail féminin a surtout intéressé les sociologues, les spécialistes du travail et du genre. Les historiens de l’entreprise doivent s’y mettre aussi, suggère l’historienne Muriel Le Roux dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/06/les-femmes-invisibles-dans-l-entreprise_5507282_3232.html
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Cérémonie commémorative en l’honneur des enfants tués lors d’une attaque contre le village dogon de Sobane Da, au Monument de la paix à Bamako (Mali), le 15 juin 2019. ANN RISEMBERG / REUTERS Au moins vingt-trois civils ont été tués dimanche dans l’attaque de villages du centre du Mali par des hommes armés près de la frontière burkinabée, a-t-on appris, lundi 1er juillet, auprès du maire d’une localité des environs et d’une source de sécurité malienne. Depuis l’apparition, en 2015, dans le centre du Mali, du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambaras et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ». « Dimanche, et dans la nuit de dimanche à lundi dans les villages de Bidi, Sankoro et Saran, des hommes armés ont attaqué des civils, tuant vingt-trois personnes », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Cheick Harouna Sankaré, maire de la localité voisine d’Ouenkoro, faisant état de nombreux blessés et des déplacés. « La situation est grave, l’armée doit agir pour sécuriser les populations. Nous sommes actuellement en réunion pour voir ce qu’il faut faire. » Ce bilan a été confirmé par une source de sécurité. Lire aussi Au Mali, des massacres impunis Conflits intercommunautaires Par ailleurs, dans le cercle de Koro, dans la même région, « onze personnes à bord d’une moto tricycle ont été tuées par un engin explosif à 7 kilomètres de la frontière du Burkina Faso dimanche », a affirmé à l’AFP sous couvert de l’anonymat un élu de la localité de Guiré. Le 17 juin, une attaque visant les villages de Gangafani et de Yoro, près de la frontière burkinabée, imputée à « des éléments peuls », avait fait quarante et un morts, selon un document interne des Nations unies. Les violences qui déchirent cette région depuis quatre ans ont culminé avec le massacre, le 23 mars, attribué à des chasseurs dogon, de quelque cent soixante Peuls dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso. Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a récusé toute notion de « conflit interethnique », a nommé le 20 juin « haut représentant du président de la République pour le centre » un de ses proches, l’ancien président du Mali par intérim (2012-2013) Dioncounda Traoré. Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes djihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit. Malgré la signature en 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes, des zones entières du pays échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’Organisation des Nations unies (ONU). Depuis 2015, ces violences se sont propagées du nord du pays vers le centre, voire parfois le sud, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins. Lire aussi Du Mali au Burkina Faso, une spirale de violence
L’attaque a été commise dimanche par des hommes armés dans le centre du pays, où les violences se multiplient.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/01/centre-du-mali-au-moins-vingt-trois-civils-tues-dans-l-attaque-de-villages_5483972_3212.html
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« Face à l’émergence aussi rapide d’une toute nouvelle catégorie d’engins et d’usagers de la route, il est légitime que la réglementation prenne le temps de l’analyse et de la concertation » DPA / Photononstop Tribune. Trottinettes, gyroroues, gyropodes, overboards… Les engins de déplacement personnels électriques (ou « e-EDP ») ont le vent en poupe. Moyens de locomotion doux, verts et connectés, ils s’accordent aux usages et aux préoccupations d’aujourd’hui tout en s’insérant parfaitement dans la ville de demain. Symbole de cette révolution des micro-mobilités, la trottinette électrique a vu en 2018 ses ventes en France bondir de 129 %. Légère, maniable, rapide, elle séduit des publics de plus en plus larges, conquis par sa commodité et le plaisir qu’elle procure à se déplacer en ville. Mais ce plaisir ne saurait perdurer sans sécurité ni un minimum de règles, et il appartient à tous les acteurs concernés de s’atteler ensemble à créer ces conditions favorables. Évacuons d’emblée une critique fréquente : non, les micro-mobilités électriques ne sont pas un phénomène de mode réservé à quelques parisiens branchés. Deux ans à peine après sa création, la start-up Lime, qui opère des flottes d’engins de mobilité en libre-service, est implantée dans plus de cent villes situées dans vingt-quatre pays. Ses clients ont effectué 50 millions de trajets, souvent pour des déplacements relativement longs (1,5 km en moyenne) et en remplacement de véhicules plus lourds. Nouvelle solution à la mobilité Partout dans le monde, les e-EDP connaissent la même adoption fulgurante car ils satisfont un besoin universel de solutions de mobilité individuelle rapides, autonomes, économiques et écologiques dans des villes congestionnées. Convaincus par la qualité de l’expérience, ceux qui s’y essayent en deviennent aussitôt des utilisateurs assidus et de fervents ambassadeurs. Pourtant, personne n’anticipait un tel raz-de-marée et même les plus optimistes ont été pris de court. La rupture est brutale – en un an, pas moins de douze opérateurs ont déployé leur flotte de trottinettes électriques à Paris – et, comme toujours en pareilles circonstances, cela ne va pas sans frictions. L’espace urbain, déjà très encombré, n’est pas extensible et l’arrivée massive de nombreux engins crée fatalement des conflits d’usage, exacerbés, il faut le reconnaître, par des comportements parfois imprudents ou incivils. Face à l’émergence aussi rapide d’une toute nouvelle catégorie d’engins et d’usagers de la route, il est légitime que la réglementation prenne le temps de l’analyse et de la concertation. Actuellement en discussion, la loi d’orientation des mobilités (LOM) devrait établir le cadre qui permettra une cohabitation sûre et harmonieuse sur la voie publique. Mais au-delà de la nécessaire évolution réglementaire, tous les acteurs ont aussi conscience d’avoir un rôle à jouer pour éduquer et protéger les utilisateurs et faire en sorte que les micro-mobilités restent un plaisir et puissent continuer à se développer.
Si les opérateurs de trottinettes, gyropodes, overboards etc. ne peuvent prévenir les comportements dangereux d’utilisateurs, ils peuvent les sanctionner, ou mieux, récompenser les comportements civils, plaide dans une tribune au « Monde » le dirigeant de start-up Romain Afflelou.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/11/transport-securiser-les-micro-mobilites-est-une-responsabilite-collective_5474758_3232.html
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La militante suédoise pour le climat, Greta Thunberg, à bord du voilier « Malizia II » dans la marina Mayflower de Plymouth, dans le sud-ouest de l’Angleterre, le 13 août 2019, avant son voyage de l’Atlantique à New York. BEN STANSALL / AFP Greta Thunberg, jeune égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, met le cap sur New York mercredi 14 août à bord d’un voilier de course zéro carbone, skippé par un membre de la famille princière monégasque. Une traversée de deux semaines qui doit lui permettre d’assister au sommet mondial de l’ONU, prévu en septembre dans la mégalopole américaine. La Suédoise de 16 ans, à l’origine d’un mouvement mondial de grève de l’école en faveur du climat, avait en effet refusé de s’y rendre en avion à cause des émissions de carbone que ce mode de transport génère. Pierre Casiraghi, fils de la princesse Caroline de Monaco, avait alors proposé de mettre gratuitement à sa disposition un bateau pour parcourir les 3 000 milles nautiques, et ainsi lui permettre de porter son message outre-Atlantique. Aux Etats-Unis, « beaucoup de gens ne comprennent pas et n’acceptent pas la science », a dit avant son départ à l’Agence France-Presse l’adolescente, que ses longues tresses font paraître plus jeune que son âge. « Je devrais simplement faire ce que j’ai toujours fait : les ignorer et juste dire ce que la science dit. » Son objectif : « créer un mouvement d’opinion mondial, pour que les gens se rassemblent et fassent pression sur les dirigeants ». Un voilier écolo, mais… Le Malizia II, voilier de 18 mètres de long dirigé par Pierre Casiraghi et le skipper allemand Boris Herrmann, est équipé de panneaux solaires et de turbines sous-marines permettant de générer l’électricité qui alimente les instruments de navigation, le pilote automatique, les dessalinisateurs et un laboratoire destiné à tester le niveau de CO 2 des eaux. Le seul consommateur d’énergie fossile qui se trouve à bord est un petit réchaud à gaz, qui sert à chauffer l’eau nécessaire à la nourriture vegan lyophilisée. Une controverse a toutefois émergé au sujet du choix de ce voilier, habituellement sponsorisé par des entreprises qui n’incarnent pas des valeurs écoresponsables. Mis à l’eau en 2015, et depuis rattaché au Yachting Club de Monaco, Le Malizia II, qui a participé à plusieurs régates, comme le Vendée Globe et la Transat Jacques Vabre, est généralement sponsorisé par de grandes entreprises, par exemple le constructeur automobile allemand BMW. Contactée par LCI, l’entreprise assure qu’elle ne participera pas au financement de la traversée de Greta Thunberg, qui n’aura aucun sponsor commercial. Conçu pour la course, le bateau peut aller jusqu’à 35 nœuds (70 km à l’heure), mais le capitaine compte naviguer plus lentement. « L’objectif est d’arriver sains et saufs à New York », a dit à l’AFP Herrmann alors qu’il s’occupait des derniers préparatifs dans le port de Plymouth, d’où le Malizia II largue mercredi les amarres. Il est également peu probable que le bateau, équipé d’une quille de 4,5 mètres, se retourne. Avant cette aventure, Greta Thunberg n’avait jamais navigué. Pour sa première fois, lundi, elle a eu le mal de mer au large de Plymouth – mais l’activiste ne nourrit pas d’inquiétude quant à sa traversée, au confort pourtant basique. A bord du voilier étroit, un seau en plastique fait office de toilettes. Quatre lits, superposés, ont été installés pour Greta, son père et un cinéaste qui réalise un documentaire sur son combat. Herrmann et Casiraghi dormiront à tour de rôle dans le quatrième. « On ne peut pas vraiment demander beaucoup quand on traverse gratuitement l’Atlantique », a fait remarquer celle qui a déjà passé des heures en train à sillonner l’Europe pour répandre son message. « Je suis reconnaissante de ce que j’ai. »
La jeune Suédoise, égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, se rend au sommet mondial sur le climat, organisé par le secrétaire général de l’ONU, le 23 septembre.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/14/greta-thunberg-met-le-cap-sur-new-york-a-bord-d-un-voilier-zero-carbone_5499361_3244.html
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nne Roth. Climatologue mondialement reconnu, Jean Jouzel est, à 72 ans, un acteur majeur du débat sur le changement climatique. Couvert de prix scientifiques, médaille d’or du CNRS, élu aux Académies des sciences française, européenne et américaine, membre du Conseil économique, social et environnemental, il peut même s’enorgueillir d’avoir reçu une partie du prix Nobel de la paix attribué en 2007 au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), puisqu’il fut vice-président de son groupe scientifique de 2002 à 2015. Je ne serais pas arrivé là si… Si Etienne Roth, un scientifique hors du commun, ne m’avait pas proposé un sujet de thèse complètement inattendu. Un concours de circonstances. J’avais fait maths sup, maths spé, puis l’école de chimie de Lyon. Je savais que je voulais faire de la recherche, mais pas du tout dans quoi. Et Roth est arrivé. Il était responsable du service des isotopes stables au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), à Saclay (Essonne). Sa tâche consistait à suivre l’enrichissement de l’eau lourde utilisée dans les réacteurs nucléaires, mais il avait compris qu’il pouvait faire bien d’autres choses avec les noyaux des atomes. Or il se trouve que pendant la guerre, quand l’Ecole polytechnique s’était repliée sur Lyon, il avait été protégé, lui l’étudiant juif, par un enseignant devenu directeur de l’école de chimie de Lyon. Alors chaque année, comme marque de reconnaissance, il venait proposer un sujet de thèse aux jeunes de Chimie Lyon. Je voulais me rapprocher de ma Bretagne natale. La région parisienne, c’était plus près. Le sujet portait sur les isotopes du soufre : j’ai dit oui. Mais quand je suis arrivé à la rentrée, il avait complètement oublié et il m’a dit que j’allais travailler sur la formation des grêlons. Il vous a convaincu ? Il était tellement passionné qu’il aurait pu me faire faire n’importe quoi. En plus, il avait rapporté du Canada une collection de gros grêlons, de 6 à 8 centimètres, qu’il conservait depuis cinq ans au froid. Des pièces impressionnantes. Je suis donc entré dans l’univers de la glace. Claude Lorius travaillait chez nous. A l’époque, il avait un petit labo sur une péniche, mais il venait analyser ses échantillons au CEA. C’est la deuxième rencontre qui a déterminé le reste de ma vie. Tout ça par le hasard d’un sujet de thèse ? C’est toujours déterminant pour un chercheur, le sujet de thèse, et c’est souvent choisi un peu par hasard. Beaucoup d’étudiants viennent chez nous parce qu’ils rêvent d’aller au Groenland ou en Antarctique, pas forcément plus.
Je ne serais pas arrivé là si… Le climatologue relate pour « Le Monde » son parcours, ses choix, et évoque son mentor, Etienne Roth.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/02/jean-jouzel-l-effondrement-n-est-pas-imminent-je-nous-vois-griller-a-petit-feu_5470360_3244.html
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L’acteur Patrick Chesnais dans « Square Artiste ». ARTE ARTE - DIMANCHE 1er SEPTEMBRE À 1 H 30 - DOCUMENTAIRE Cela aurait pu s’appeler « Carte blanche ». Arte a préféré « Square Artiste » pour son émission de toute fin de soirée au concept basique : un artiste, écrivain, musicien… réalise le portrait d’une ou d’un « non-artiste » qu’il admire. Après le beau film de Maryline Canto sur Ofer Bronchtein, cofondateur du Forum international pour la paix au Proche-Orient, ou l’engagé Moustache Gracias, d’Yvan Le Bolloc’h sur Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, Patrick Chesnais a choisi cette fois l’ambiguïté d’un nom pour mettre en avant un « personnage », une femme investie « d’énormes responsabilités » : Françoise Hardy, non pas la chanteuse, mais la commissaire, contrôleuse générale, sous-directrice régionale de la circulation et de la sécurité routières, à la Préfecture de police de Paris. Une ambiguïté qui en amène d’autres, en tête desquelles Mon amie la rose, chanson interprétée par la mère de Thomas Dutronc. Utilisée ici comme bande originale, elle délivre ses messages : « On est bien peu de chose », « Moi, j’ai besoin d’espoir/Sinon je ne suis rien ». Et forme un tout compréhensible à la lumière tamisée d’un drame, évoqué d’une phrase par Patrick Chesnais : « J’ai créé une association qui s’occupe de sécurité routière (…) après la disparition de mon fils. » Ferdinand, 20 ans, s’est tué le 13 octobre 2006 en rentrant avec un ami en voiture d’une soirée. « Un portrait bienveillant » Aujourd’hui, la commissaire Françoise Hardy se surcharge de travail pour que ce genre d’accidents ne se reproduise pas. Patrick Chesnay l’a suivie pendant quinze jours lors de ses multiples réunions ou au PC de surveillance des manifestations. « Depuis les attentats de 2015, on n’arrête pas », dit-elle. Mais aussi lors d’une de ses rares sorties, comme pour assister à une représentation du Malade imaginaire joué par Daniel Auteuil. Rentrée chez elle, on la voit boire une mixture dans un bol, seule, dans une petite cuisine mal équipée. Patrick Chesnay avait prévenu : « On n’est pas journaliste. On fait un portrait bienveillant d’une femme dans ses activités ». Pas un mot, donc, sur les mesures mises en place lors des manifestations des « gilets jaunes », sur l’accidentalité des trottinettes, ou tout autre sujet d’actualité lié à la sécurité. Ce que l’on peut regretter. A moins que, gagné par la mélancolie ambiante, on n’en voit plus l’utilité : « On est bien peu de chose. » « Square Artiste. Carte blanche à Patrick Chesnais : Notre Dame », réalisé par Patrick Chesnais (Fr., 2019, 28 min). www.arte.tv/fr/videos/073049-039-A/square-artiste
Pour sa « carte blanche », l’acteur a suivi la commissaire à la sécurité routière de Paris, homonyme de la chanteuse.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/31/square-artiste-l-autre-francoise-hardy-de-patrick-chesnais_5504977_3246.html
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Laetitia Dosch dans « Jeune Femme », de Léonor Serraille. PLAYTIME CINÉ+ CLUB - JEUDI 31 OCTOBRE À 20 H 50 - FILM Tout commence sur un coup de tête : celui que Paula (Laetitia Dosch) envoie à tout rompre contre la porte trop stoïque d’un appartement clos, avant de s’écrouler au sol. Elle en conservera tout au long du film la marque en haut du front, une petite virgule de sang séché qui signale d’emblée la fêlure de cette héroïne extravagante. Arrive ensuite sa confession face caméra (en fait, face à un médecin), qui nous place dans un rapport frontal à sa démence, légère, à sa ­colère, immense, mais surtout à sa détresse, celle d’une femme qui vient de se faire jeter à la rue par son compagnon. Le monde s’effondre autour de Paula, et sa parole, furibonde, décousue, semble chercher à combler les gouffres insondables qui s’ouvrent sous ses pieds. L’on mesurera sans doute la beauté de Jeune femme à la distance parcourue par son héroïne ; comme elle, le film n’aura cessé de se ­déplacer et s’achève très loin de son point de départ. Ecriture fine et fluide Ce premier long-métrage de ­Léonor Serraille, récompensé par la Caméra d’or à Cannes en 2017, réactive avec un engagement remarquable l’art du portrait, ici celui d’une trentenaire à la dérive, lâchée dans un Paris hostile, sans autre ressource que son émotivité débordante et sa capacité à se réinventer. Le film s’inscrit ainsi pleinement dans la tradition d’un cinéma de personnage, à l’écriture fine et fluide, faisant corps avec la singularité excentrique et imprévisible de sa protagoniste. S’il touche juste, c’est parce que cette singularité ne vaut pas pour elle-même, mais sert avant tout de rampe de lancement vers les autres. Pour donner vie à cette héroïne hors normes, Léonor Serraille reste ombilicalement vissée à son interprète, l’extraordinaire Laetitia Dosch, filmée avec une déférente admiration. Si le parcours de Paula est bien celui d’une émancipation, celle-ci passe par ce transformisme, ce sens du déguisement, qui la voit endosser une série de costumes et de maquillages (tenue de vendeuse avec bandeau rose, tenue de soirée échancrée pour vernissage) pour mieux changer de peau. Le plus étonnant étant que cette émancipation ne se traduit pas, pour une fois, par une ascension sociale mais par un déclassement bel et bien assumé. Paula dévale les échelons, de la muse des beaux quartiers à la vendeuse en centre commercial. Et c’est sur ce chemin qu’elle conquiert les vertus de l’anonymat : la possibilité offerte à chacun de pouvoir devenir n’importe qui. Film français de Léonor Serraille. Avec Laetitia Dosch, Nathalie Richard (1 h 37).
Caméra d’or à Cannes en 2017, le premier long-métrage de Léonor Serraille est porté par l’actrice Laetitia Dosch.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/31/jeune-femme-ou-le-portrait-d-une-trentenaire-a-la-derive-a-rebours-du-conte-de-fee_6017635_3246.html
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L’année dernière, un patient ivre a attrapé à la gorge Florian Brunet. « Ça a duré deux secondes, mais ça fait un choc », raconte l’infirmier de 24 ans, devenu représentant du collectif Inter-Urgences dans le Grand-Est pour pouvoir « agir sur les conditions de travail de son service ». Depuis deux ans, ce jeune délégué Force ouvrière (FO) travaille aux urgences de l’hôpital de Hautepierre, qui compte plus de 800 lits, à Strasbourg. Aux abords de l’immense bâtiment, ni banderole ni affiche ne rappellent le mouvement massif de grève qui touche les services d’accueil des urgences en France depuis le mois de mars. Les syndicats ont en effet signé avec la direction le 10 juillet un protocole d’accord prévoyant notamment « le recrutement de 150 soignants sur l’ensemble de l’établissement » et la « poursuite de l’ouverture de 40 lits de médecine ». Mais une partie du personnel s’inquiète pour sa sécurité et un nouveau préavis de grève a été déposé par Force ouvrière, à la suite d’un grave incident provoqué par un jeune aux urgences de Hautepierre, le 23 août. Amené par les pompiers, il mord « deux médecins », « crache du sang au visage d’une infirmière » et s’en prend à plusieurs autres soignants, raconte Christian Prudhomme. Secrétaire général de FO aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), il précise que plusieurs plaintes ont été déposées. Le cas est « lié à la prise en charge d’un patient présentant une pathologie », souligne néanmoins Christophe Gautier, le directeur général des CHU de Strasbourg. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Urgences : une crise inédite par son ampleur et sa durée Surcharge des urgences Plusieurs mesures ont été annoncées depuis, dont l’extension des horaires des vigiles qui veillaient jusqu’alors de 20 heures à minuit sur les urgences. Ils devraient désormais être présents en permanence pour « un coût de 600 000 euros sur un an », précise M. Gautier – les dépenses des HUS ayant représenté un peu plus d’1 milliard d’euros en 2018. Les personnels devraient aussi bénéficier de systèmes d’alarme, de formations aux gestes de contention et de mise à disposition de matériel. Des mesures saluées par Florian Brunet, qui évoque une « avancée » et précise que le personnel va être consulté sur le maintien du préavis de grève. Aux yeux de plusieurs soignants rencontrés mercredi 28 août, le dernier incident a rendu visible le climat quotidien d’incivilités qu’ils subissent. Selon eux, il est lié à un problème de fond : la surcharge des urgences. En février, la Cour des comptes avait d’ailleurs souligné la longueur de la durée médiane d’attente à Strasbourg – comptez quatre heures quinze. « Cet engorgement crée de l’attente et du stress », regrette Raphaël Bouvier, secrétaire adjoint de la CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. Il dénonce en outre la pénurie de personnel soignant, issue notamment de difficultés de recrutement.
Des vigiles devraient bientôt être mobilisés en permanence aux urgences de Strasbourg. Les personnels dénoncent des incivilités fréquentes.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/29/c-est-quand-que-tu-vas-t-occuper-de-mon-pere-a-strasbourg-les-soignants-face-aux-incivilites_5504173_3224.html
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Christian Jacob lors d’un meeting à Saint-Etienne, le 21 juin. ROMAIN LAFABREGUE / AFP Après Nicolas Sarkozy à Nice, la droite s’est à nouveau mise en scène, mardi 27 août, dans sa première fédération, les Alpes-Maritimes. Christian Jacob a choisi le village de Villeneuve-Loubet, entre Nice et Antibes, pour lancer la première étape de sa campagne officielle en vue de l’élection à la présidence des Républicains (LR), les 12 et 13 octobre. Entouré des ténors de la région, le favori, opposé aux députés Julien Aubert et Guillaume Larrivé, a dessiné une candidature de rassemblement pour un parti qui joue sa survie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chez Les Républicains, trois candidats pour tenter de sauver la droite Parmi ses parrains, Eric Ciotti, président de la fédération, a donné le ton du meeting dans un discours offensif sur l’immigration, riche en piques envers son adversaire, le maire de Nice Christian Estrosi, dont il a dénoncé sans le citer la « Macron-compatibilité ». Ce dernier est resté assis au premier rang sans prendre la parole et s’est éclipsé avant la fin. « Je sais que tu sauras remettre en place toutes les pièces du puzzle, a dit M. Ciotti à Christian Jacob. On voit des hommes et des femmes se déchirer, certains ministres de Nicolas Sarkozy rejoindre le RN [Le Rassemblement national, extrême droite], on en voit d’autres rejoindre La République en marche, on en voit certains dans l’entre-deux. Il faut de la loyauté et de la clarté. » Evoquant l’échéance des municipales de mars 2020, il a lancé : « Il nous faudra être en ordre de bataille mais pas en ordre de marche, c’est important. Il ne faudra pas tomber dans le nouveau piège tendu par Macron, cette tambouille politicienne qui propose des alliances en forme de reniement. » Christian Jacob a rappelé sa position « très ferme » sur le sujet : « Il ne peut pas y avoir d’accord avec qui que ce soit au-delà de nos alliés centristes traditionnels. On ne peut pas avoir d’accord avec La République en marche. » En matière d’organisation interne, le chef du groupe LR à l’Assemblée nationale a promis plus d’intégration aux militants dans les événements nationaux et souhaité de « faire entrer puissamment les élus locaux dans notre équipe dirigeante », sans toutefois s’avancer sur la suppression de la primaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Municipales : la droite pro-Macron fait sa rentrée « Avant de récolter, il faut d’abord semer » Assumant d’être sans ambition présidentielle face à des militants pourtant avides du retour d’un chef providentiel, l’ancien syndicaliste agricole a filé une métaphore de cultivateur. « Le temps des ambitions personnelles viendra, et il est légitime en politique, simplement il faut respecter le temps. La lucidité du paysan que je suis, c’est de savoir respecter le temps des saisons, avant de récolter il faut d’abord semer », a-t-il dit.
Pour sa rentrée à Villeneuve-Loubet, le chef du groupe LR à l’Assemblée, candidat à la présidence du parti, a mis l’accent sur le rassemblement.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/28/les-republicains-en-campagne-christian-jacob-bat-le-rappel-des-troupes-de-droite_5503506_823448.html
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Au siège de Total, à La Défense, en mai 2018. REUTERS/Charles Platiau Le logo de Total ne devrait pas flotter sur les sites des Jeux olympiques de Paris en 2024. Selon les informations du Monde, le groupe pétrolier français aurait finalement décidé de renoncer à son projet de devenir partenaire des JO, après y avoir songé sérieusement. La décision a été prise par le président de Total, Patrick Pouyanné, à la suite d’une rencontre avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, organisée mercredi 29 mai dans son bureau de l’Hôtel de Ville. Contacté par Le Monde, le groupe, qui n’a pas encore rendu publique sa décision, n’a pas souhaité faire de commentaires. Avant de rencontrer Anne Hidalgo, Patrick Pouyanné avait laissé entendre que la participation de son groupe au plus grand événement sportif planétaire dans la capitale était plutôt en bonne voie. Mercredi 29 mai, lors de l’assemblée générale des actionnaires de Total, M. Pouyanné a assuré avoir eu « des échanges très constructifs avec le comité d’organisation des Jeux olympiques [COJO] et Tony Estanguet [son président] qui ont conduit à la définition d’un cadre possible d’intervention ». C’est le COJO qui avait pris l’initiative d’approcher Total, espérant pouvoir compter sur une manne de plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour boucler son budget de 3,8 milliards d’euros, le comité d’organisation est en effet à la recherche d’un portefeuille de sponsors à hauteur de 1,2 milliard d’euros. Une gageure. Lire aussi Le budget des Jeux olympiques 2024 officiellement revisité Devant ses actionnaires, le patron de Total a toutefois souligné un obstacle à la finalisation de ce partenariat. « J’ai aussi noté que la maire de Paris a des doutes sur le fait que Total puisse contribuer à ces Jeux olympiques », a-t-il confessé. C’est peu dire qu’Anne Hidalgo avait fraîchement accueilli la perspective de voir associés le nom – et l’argent – de Total et Paris 2024. Le groupe pétrolier incarne ce que la maire de Paris a décidé de combattre au nom de la préservation du climat et de la santé des Parisiens : les énergies fossiles. Entre autres mesures contre la pollution de l’air, elle a ainsi prévu d’interdire la circulation des voitures diesel dans Paris d’ici à… 2024. Associer Total à Paris en pleine campagne pour les municipales de 2020 aurait également fait tache pour la maire et ses alliés écologistes. « Cloué au pilori » Aussi, fin mars, Mme Hidalgo a pris soin d’écrire à Tony Estanguet pour lui demander d’être très vigilant dans le choix des sponsors de la compétition, afin qu’ils soient en cohérence avec l’engagement, pris durant la candidature, de Jeux exemplaires sur le plan environnemental et neutres en carbone. « Il serait très difficilement compréhensible pour nos concitoyens que soient retenues des entreprises dont l’activité aurait un lourd impact sur l’environnement, en se fondant notamment sur le recours massif à des énergies carbonées », a notamment alerté la maire dans sa missive.
Selon les informations du « Monde », le groupe pétrolier a décidé de ne pas sponsoriser l’événement sportif, alors que la maire de la capitale veut des JO neutres en carbone.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/04/total-ne-sera-pas-partenaire-des-jeux-olympiques-en-2024-a-paris_5471167_3242.html
mlsum-fr-299
Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, le 17 juin. JACQUES DEMARTHON / AFP Nul doute que le document final sera très attendu. Le ministère de l’intérieur a lancé, lundi 17 juin, les bases d’une grande réflexion sur le maintien de l’ordre « à la française », qui doit aboutir, en septembre, à la publication d’un nouveau « schéma national ». Bousculées depuis sept mois par le mouvement des « gilets jaunes », les forces de l’ordre entendent profiter du relatif répit laissé par l’étiolement de la mobilisation pour mener un travail d’introspection sur leurs pratiques – fortement remises en cause – et pour faire le bilan des importantes évolutions tactiques adoptées ces derniers mois. « Nos méthodes et nos outils de maintien de l’ordre doivent évoluer », a lancé Christophe Castaner, lors de son discours introductif au séminaire de lancement, seule partie de cette journée ouverte à la presse. Le ministre de l’intérieur a appelé les participants aux tables rondes – membres des forces de l’ordre et intervenants extérieurs – à apporter au débat « une liberté de ton totale, de la franchise, des idées, surtout si elles sont disruptives ou audacieuses ». La composition des tables d’experts a néanmoins soulevé des critiques : aucune voix réellement dissonante, notamment sur la question des violences policières, n’avait été conviée Place Beauvau. Outre des représentants de la police et de la gendarmerie, on retrouvait notamment le procureur de la République adjoint au parquet de Paris, Olivier Christen, le sociologue Patrick Bruneteaux, l’ancien patron du RAID – l’unité d’intervention de la police nationale – Jean-Michel Fauvergue, la directrice de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice Hélène Cazaux-Charles, le président de l’Institut Léonard-de-Vinci chargé de la formation de cadres de la sécurité Driss Aït Youssef, trois représentants des polices néerlandaise, espagnole et allemande, et, plus surprenant, deux journalistes d’Europe 1 et de TF1, Guillaume Biet et Georges Brenier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Je ne l’excuse pas, mais je comprends le craquage » : les policiers face à leur propre violence Pas une catharsis Pas question, de toute façon, pour la Place Beauvau de faire de ce séminaire une catharsis sur les éventuelles mauvaises pratiques policières. Christophe Castaner a bien enjoint aux intervenants de donner leur « perception sur l’usage de la force, sur nos armements et sur ce que certains appellent les violences policières ». Mais il a aussi rappelé avec fermeté sa propre position : « On ne répond pas à des cocktails Molotov avec des bons sentiments, on ne protège pas l’ordre républicain avec des mots doux. On peut faire croire que tirer au LBD [lanceur de balles de défense] serait une violence policière, que lancer une grenade de désencerclement serait une violence policière, utiliser une matraque serait encore une violence policière, mais ce serait oublier les circonstances et le cadre d’emploi. »
Une quinzaine d’experts sont réunis au ministère de l’intérieur pour réfléchir à la doctrine et aux méthodes utilisées en France après le mouvement des « gilets jaunes ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/17/christophe-castaner-lance-sa-grande-introspection-sur-le-maintien-de-l-ordre_5477611_3224.html
mlsum-fr-300
Un groupe de chercheurs qui avaient été sélectionnés pour étudier l’impact de Facebook sur les processus démocratiques et électoraux, en partenariat avec le réseau social, ont posé un ultimatum au 30 septembre. Si à cette date Facebook ne leur a pas fourni l’ensemble des données issues de la plate-forme promises dans le cadre de ce partenariat, ils menacent d’arrêter purement et simplement le projet, unique en son genre. En avril 2018, Facebook avait pourtant annoncé être prêt à fournir à ces groupes de chercheurs des données très détaillées sur l’utilisation de sa plate-forme, afin qu’ils puissent en étudier l’impact sur les processus électoraux. Facebook s’était notamment engagé à leur fournir des données normalement non publiées. Ces données devaient servir de base à différents projets permettant de mieux mesurer comment le réseau social est utilisé en matière de politique, qu’il s’agisse de désinformation, de polarisation ou de mobilisation électorale. Quatre-vingt-trois chercheurs, financés par des organisations à but non lucratif situées des deux côtés de l’échiquier politique, avaient été sélectionnés pour mener ces projets. Difficultés plus grandes que prévu Mais une partie des données promises n’a toujours pas été transmise. Dans un communiqué publié mardi 27 août, les chercheurs expliquent notamment ne pas savoir si les informations liées au partage de contenus, cruciales pour les besoins de leurs projets de recherche, leur seront un jour transmises. Ils expliquent que faute d’avancées sur ce point, ils se retireront du projet au 30 septembre. Selon le communiqué publié, Facebook s’est notamment rendu compte que « les difficultés techniques et légales liées au partage de ces données sont plus grandes qu’initialement estimé ». Les données doivent en effet être anonymisées et leur accès strictement contrôlé, pour éviter toute violation de la vie privée, une tâche complexe pour des ensembles de données importants. Dans un texte transmis à l’agence de presse Reuters, Facebook a toutefois répondu « rester pleinement engagé dans ce projet » et qu’il continue « à fournir l’accès aux données et à des outils à tous les chercheurs sélectionnés ».
Des équipes sélectionnées pour étudier des données exclusives de Facebook se plaignent de n’avoir toujours pas reçu les informations promises.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/28/des-chercheurs-en-partenariat-avec-facebook-posent-un-ultimatum_5503821_4408996.html