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mlsum-fr-401
Un nouveau terminal portuaire a été inauguré à Walvis Bay, en Namibie. La Namibie a inauguré un nouveau terminal portuaire, construit par la Chine, qui double sa capacité de conteneurs et donne un coup de pouce au tourisme. La plateforme de 40 hectares gagnés sur la mer à Walvis Bay, à quelque 400 km à l’ouest de Windhoek, est appelée à devenir une porte d’entrée stratégique vers les marchés émergents d’Afrique australe et d’Afrique de l’Ouest, selon les autorités namibiennes. Le terminal a été construit par la compagne publique chinoise China Harbour Engineering Company (CHEC), avec des financements du gouvernement namibien et de la Banque africaine de développement (BAD), pour un coût de 4,2 milliards de rands (265 millions d’euros). Selon un rapport du Walvis Bay Corridor Group, le nouveau terminal porte la capacité du port de 350 000 à 750 000 conteneurs par an, avec la possibilité de dépasser un million dans l’avenir. Paquebots de croisière « L’achèvement de l’agrandissement du terminal à conteneurs nous place sur une trajectoire solide vers la réalisation de notre rêve de transformer la Namibie en une plateforme logistique internationale », a déclaré le président, Hage Geingob, lors de la cérémonie d’inauguration, vendredi 2 août. « La Zambie, l’Angola, la République démocratique du Congo, le Botswana et le Zimbabwe comptent parmi les principaux marchés terrestres, désormais liés par la mer, pour les marchandises en transit par voie maritime qui transitent par le port de Walvis Bay », a ajouté le chef de l’Etat. Le terminal comprend également un poste d’amarrage réservé aux paquebots de croisière et un brise-lames de marina qui « renforcent notre capacité à attirer les touristes sur nos côtes », a souligné M. Geingob.
Les infrastructures construites par la Chine doublent la capacité de conteneurs de Walvis Bay et doivent renforcer la capacité du pays à attirer les touristes.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/05/avec-son-nouveau-terminal-portuaire-la-namibie-se-reve-en-plateforme-logistique-internationale_5496686_3212.html
mlsum-fr-402
Un an après avoir perdu la Ligue des champions, Konami a chipé l’exclusivité de la Juventus de Turin à son concurrent Electronic Arts. (Konami) Que préférez-vous ? Voir la Juventus de Turin remporter une compétition fictive, la Ligue des masters, ou que l’équipe imaginaire du Piemonte Calcio soulève la vraie Ligue des champions ? C’est le drôle de dilemme qui se pose aux joueurs de jeux vidéo pour la saison 2019-2020. Derrière ce micmac, une guerre de droits. Konami, l’éditeur japonais d’eFootball PES 2020, qui sort mardi 10 septembre, a obtenu cette année l’exclusivité les droits d’image de la Juventus de Turin. Ils s’ajoutent à ceux du Calcio et de l’Euro 2020, et à des partenariats clés avec le Bayern Munich, le Real Madrid et Manchester United. De son côté, Electronic Arts (EA), l’entreprise derrière le bulldozer FIFA 20, attendu le 27 septembre, offre la base de données la plus complète et sera pour la seconde année consécutive la seule à pouvoir faire résonner l’hymne de la Ligue des champions. En contrepartie, la Juve de Cristiano Ronaldo y est officiellement remplacée par un « Piemonte Calcio » au maillot déjà moqué sur les réseaux sociaux. Les tenues de la #Juventus dans #Fifa20 😱 Rappelons que Konami et #PES2020 ont acheté les droits de la vieille dame… https://t.co/yNplMABxx3 — Ziedjnb (@Zied Jendoubi) Changement de stratégie de Konami Œil pour œil, crampon pour crampon : la bataille d’exclusivité à laquelle se livrent les deux éditeurs historiques de simulations footballistiques n’a parfois pas grand-chose à envier aux chaînes de télévision. Ce chassé-croisé est la conséquence du virage entrepris il y a deux ans par Konami, après la perte des droits sur la coupe aux grandes oreilles au profit d’EA. « On s’est réunis avec nos antennes locales, et on est repartis de zéro », résume Jonas Lygaard, directeur de développement chez l’éditeur japonais. La nouvelle stratégie ? Miser sur des clubs phares dans chacun des quatre grands championnats. Dans un marché qui fonctionne en partie à l’affectif, le jeu PES, référence des années 2000 à l’aura vivace, a réussi à convaincre plusieurs grands clubs historiques. « On insiste sur l’héritage. On est là pour se développer sur le long terme, et de nombreux clubs veulent se développer avec nous, faire partie de ce voyage », veut croire M. Lygaard. Une version confirmée par le directeur financier de la « Vieille Dame », Giorgio Ricci, qui évoque un partenariat avec « une icône mondiale du divertissement ». De manière plus pragmatique, l’éditeur japonais jouit surtout d’une bonne réputation dans les affaires. « J’étais au Barça avant, et Konami est plus proche des fédérations et des clubs avec lesquels ils ont un partenariat », témoigne Juli Ferre Nadal, directeur commercial et marketing de l’AS Monaco, sous contrat depuis 2018 avec le japonais. Une manière pour l’éditeur de PES de compenser les nombreuses licences qui lui manquent, comme le championnat allemand ou la plupart des équipes anglaises, préemptés par le concurrent EA. « Nos fans ne comprennent pas toujours » Comment fonctionne cette course aux licences ? Prenez l’exemple de la Ligue des champions et de l’Euro 2020, deux compétitions chapeautées par l’UEFA. Konami et Electronic Arts ont été mis en concurrence lors de deux appels d’offres lancés par la fédération européenne, à l’issue desquels le mieux offrant a remporté le lot… privant l’autre de tout droit dessus. « On estime qu’il y a une prime à l’exclusivité, et c’est aussi une demande de nos partenaires, qui y voient un argument face à la concurrence. Sans cela, la valorisation ne serait pas la même », assume le directeur marketing de l’UEFA, Guy-Laurent Epstein. Cette guerre d’exclusivité se retrouve à de nombreux autres échelons, obligeant l’éditeur bredouille à une gymnastique délicate (faux noms de clubs, ligues fantaisistes, équipes manquantes, etc.) pour se débrouiller sans les licences officielles. EA – qui n’a pas donné suite à nos questions – a ainsi signé des accords d’exclusivité avec la Premier League anglaise, la Liga espagnole et la Bundesliga allemande. Le premier interdit à Konami d’employer le vrai nom, logo et maillot des clubs, mais lui permet depuis quelques années d’afficher les vrais noms de joueurs. « Nos fans ne comprennent pas toujours la complexité des problèmes de droits », soupire Jonas Lygaard : « Nous n’avons même pas le droit d’avoir un championnat allemand : nous pouvons choisir trois clubs de Bundesliga à intégrer dans PES, et c’est tout. » Des montants très éloignés des droits télé Pour les éditeurs, toutes ces licences ont un prix, même s’il est encore très loin de ceux payés par les diffuseurs télé. « Je ne vais pas donner de chiffres précis, mais un contrat mondial, ça se chiffre à plusieurs millions d’euros, que ce soit pour l’Euro 2020 ou la Ligue des champions », esquisse prudemment Guy-Laurent Epstein, de l’UEFA. A titre de comparaison, rien que pour la France, SFR dépense 350 millions d’euros par an pour diffuser en exclusivité la Ligue des champions et l’Europa League sur ses chaînes. Pour une compétition non exclusive comme la Ligue 1, selon des chiffres obtenus par Le Monde, la Ligue de football professionnel toucherait depuis plusieurs années un peu plus d’un million d’euros annuels par éditeur, un chiffre en hausse. Pour les droits de la Ligue 1, les deux éditeurs paient chacun un peu plus d’un million d’euros par an. (Konami) Au tarif des compétitions, il faut ajouter les partenariats avec les clubs pour pouvoir modéliser en détail leurs stades et leurs joueurs, et les mettre en avant dans la promotion, comme le Paris-Saint-Germain, l’Olympique lyonnais et l’Olympique de Marseille dans FIFA 20, ou l’AS Monaco dans eFootball PES 2020. « Certains clubs majeurs sont plus chers que des championnats mineurs », resitue Jonas Lygaard. Un contrat de ce type avec l’AS Monaco atteint par exemple plusieurs centaines de milliers d’euros. Accords limités dans le temps Ces accords ne portent toutefois que sur quelques années, permettant ainsi des revirements spectaculaires. Après dix ans d’exclusivité sur la Ligue des champions, Konami en a perdu les droits en 2018 au profit d’EA, à l’offre très agressive, les droits de l’Euro 2020 tombant eux dans l’escarcelle de Konami. « Ce qui nous va très bien, car être des deux côtés nous permet d’avoir une vue complète du marché », se félicite le directeur marketing de l’UEFA. Cette année, Konami a pris une mini-revanche en chipant à Electronic Arts les droits du Calcio. Mais l’accord ne porte que sur le logo, le nom et le trophée de la Serie A italienne. A part l’Inter, le Milan AC et la Juventus, avec qui l’éditeur japonais a signé des accords individuels, les clubs italiens porteront des noms fictifs. Dans de rares cas, la cohabitation entre les deux séries est pourtant possible. Ainsi de la Ligue 1, une des rares ligues présentes dans les deux jeux. « Nous avons opté pour une stratégie de non-exclusivité afin de toucher le plus grand nombre de fans et avoir le meilleur impact possible », explique-t-on du côté de la Ligue de football professionnel. « Ainsi, Electronic Arts et Konami disposent des mêmes droits sur nos compétitions : équipes, logos, protocole, identité visuelle et sonore, sponsors… » Seules subtiles différences, un partenariat avec PES pour la coupe de la Ligue et avec FIFA pour l’eLigue-1.
Juventus de Turin, Ligue des champions, Euro 2020… Konami et Electronic Arts redoublent d’efforts pour s’associer en exclusivité aux marques sportives les plus célèbres, et en priver le concurrent.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/10/jeux-video-entre-pes-2020-et-fifa-2020-une-guerre-de-licences-sans-pitie_5508647_4408996.html
mlsum-fr-403
COLCANOPA Le chiffre ne manquera pas d’alimenter les discussions dans les travées du Salon de Francfort, la grand-messe de l’automobile qui s’ouvre mardi 10 septembre. Il devrait aussi être brandi en France, sur les bancs de l’Assemblée nationale, où doit être discutée cette semaine la loi sur les mobilités. Et pour cause, il est faramineux : 4,8 gigatonnes. C’est la quantité de dioxyde de carbone (CO 2 ) que vont émettre les voitures vendues dans le monde en 2018 au cours de leur cycle de vie, selon un rapport inédit de Greenpeace auquel Le Monde a eu accès. C’est davantage que les émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) de tous les pays de l’Union européenne (UE), estimée à 4,1 gigatonnes d’équivalent CO 2 . Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un climat lourd de menaces au Salon automobile de Francfort Pour établir ce chiffre, l’ONG a évalué l’empreinte carbone des 12 premiers constructeurs mondiaux sur les cinq principaux marchés : Etats-Unis, UE, Chine, Japon et Corée du Sud. La palme du plus gros pollueur revient sans surprise au leader mondial Volkswagen, avec 582 millions de tonnes d’équivalent CO 2 émis par ses 10,8 millions de véhicules vendus en 2018. Il est suivi de près par le groupe Renault-Nissan (577 millions de tonnes). Le japonais Toyota complète le podium, avec un total de 562 millions de tonnes. Des émissions de GES bien supérieures à celles d’un pays comme l’Australie (533 millions de tonnes en 2018). Avec 878 millions de tonnes, l’empreinte carbone des trois marques allemandes (Volkswagen, Daimler et BMW) dépasse celle de l’Allemagne (866 millions de tonnes). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Volkswagen, une métamorphose électrique Fiat Chrystler, champion des émissions par véhicule Si on rapporte cette empreinte par véhicule, c’est cette fois la firme italo-américaine Fiat Chrysler qui occupe la tête du classement, avec 63,1 tonnes de GES en moyenne par voiture vendue, devant les américains Ford (61,4 tonnes) et General Motors (61,3 tonnes).
Greenpeace a évalué les gaz à effet de serre émis au cours de leur cycle de vie par les véhicules des douze principaux constructeurs mondiaux.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/10/les-voitures-vendues-en-2018-laisseront-une-empreinte-carbone-de-4-8-gigatonnes-de-co2_5508391_3244.html
mlsum-fr-404
Vente d’aliments en vrac. Guy Bouchet / Photononstop / Guy Bouchet / Photononstop L’adresse est connue de l’équipe de recherche et développement de L’Oréal. « Et de Danone aussi », rapporte Maria Mella, fondatrice de The Naked Shop, le « magasin nu » en anglais. Depuis son inauguration, en décembre 2018, rue Oberkampf, à Paris, dans le 11e arrondissement, cette petite boutique consacrée à la vente de produits liquides en vrac a vu défiler les dirigeants de plusieurs grands groupes de produits de grande consommation. Parfois en catimini. Tous sont venus ausculter cet espace d’une vingtaine de mètres carrés où, chaque jour, se pressent une cinquantaine de clients. « Cent cinquante, le samedi », observe Mme Mella. Cette jeune femme originaire de la République dominicaine et son mari, Nicolas Mathon, ont conçu ce point de vente de shampooing, liquide vaisselle et autres produits d’entretien « à faible empreinte écologique ». Celle qui, à titre personnel, s’est engagée voilà trois ans dans une démarche de consommation « zéro déchet » a contacté les fournisseurs des produits certifiés bio Ecocert qu’elle a éprouvés et bâti une offre à 95 % made in France. Le tout en puisant dans le catalogue de six cents professionnels du « sans emballage » répertoriés par l’association Réseau Vrac. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Déchets : un projet de loi pour mettre fin au gaspillage et renforcer la responsabilité des producteurs Ingénieur de formation, son mari a mis au point une fontaine qui permet au consommateur de se servir seul, à la manière d’une pompe à essence, en remplissant une bouteille de verre consignée. Un écran l’informe du volume et du prix en temps réel. L’ensemble permet de remplir des bouteilles de détergent, lessive, shampooing, gel douche et autres savons, sans faire appel à la méthode de pesée jugée trop chronophage, selon Mme Mella. Les prix sont « raisonnables » sans toutefois égaler « l’entrée de gamme d’un hypermarché », reconnaît cette dernière. Le liquide vaisselle est ainsi vendu 5,90 le litre, consigne de bouteille comprise. Prêts à changer leurs habitudes Tout le secteur de la grande consommation se prépare à une probable modification de la réglementation sur l’utilisation du plastique en magasin, dans la foulée de la loi sur l’économie circulaire. Et, manifestement, les Français sont prêts à changer leurs habitudes. Certains ont déjà renoncé aux emballages en se convertissant à l’achat en vrac de produits secs (céréales, fruits secs, etc.) dans les magasins de produits alimentaires bio ou conventionnels. L’épicerie Day by Day, spécialiste du « sans emballage », ouvre des franchises partout en France ; elle en exploite cinquante-deux. Et des pointures de la distribution proposent de la vente au millilitre. Au Drugstore parisien, ouvert à Paris en juin 2018, Casino et L’Oréal ont ainsi installé une fontaine qui débite du shampooing. The Body Shop devrait faire de même dans un nouveau concept qu’il inaugurera à Londres en septembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Economie circulaire : l’industrie du plastique sommée de se recycler Ce type de vente va se généraliser, juge Mme Mella, à la faveur d’une législation récemment assouplie. Depuis le printemps, les commerçants peuvent vendre des produits en vrac dans les contenants qu’apportent les clients, à condition de les réétiqueter, précise Mme Mella. Le prix en sera plus avantageux. Dès lors, le bassin de consommateurs prêts à acheter du vrac devrait s’élargir. A tel point que les fondateurs de Naked Shop envisagent d’ouvrir une deuxième boutique, cette fois dans le 9e arrondissement de la capitale.
Dans la foulée de distributeurs pionniers, de grandes marques testent la commercialisation sans emballage. Les Français semblent prêts à changer leurs habitudes.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/10/shampoings-lessive-liquide-vaisselle-de-plus-en-plus-de-produits-sont-vendus-en-vrac_5487620_3244.html
mlsum-fr-405
Photo Florent Tanet pour M Le magazine du Monde Avant d’écrire des livres jeunesse sur l’architecture, Didier Cornille était plutôt connu pour son activité de designer diplômé des Arts décoratifs de Paris. « Quand j’ai eu des enfants, j’ai voulu les intéresser à l’architecture, un sujet que l’on aborde souvent de manière trop sérieuse. Alors qu’un bâtiment est une aventure ! », confie-t-il. En 2012 est publié son premier ouvrage, Toutes les maisons sont dans la nature (Hélium), rapidement décliné (gratte-ciel, ponts). Deux ans plus tard, il signe Le Vaisseau de verre de Frank Gehry, sur la Fondation Louis Vuitton, puis La Ville, quoi de neuf ? l’an dernier, devenant l’auteur français de référence de cette nouvelle littérature jeunesse consacrée à l’architecture et au design, en pleine expansion. Des formats originaux Cet automne sortira chez Père Castor Ma ville à construire, un livre album qui propose aux enfants de positionner des stickers sur des fonds urbains. S’ils manquent d’inspiration, ils pourront toujours se plonger dans Habiter le monde (De La Martinière Jeunesse) ou Des architectures pas comme les autres (Palette…), qui recense les bâtiments les plus fous ; fondre sur 40 objets iconiques du design (bientôt chez Gallimard Jeunesse) ; dévorer le récit du séjour fondateur de l’architecte Charlotte Perriand au Japon, illustré par Charles Berbérian (Editions du Chêne). Conçus dans des formats originaux – pop-up (10 chaises, Les Grandes Personnes), roman graphique, encyclopédie –, ces livres sont souvent imaginés par des designers ou des auteurs versés dans les arts appliqués, comme Max Ducos (Le Royaume de minuit, Jeu de piste à Volubilis, Sarbacane), qui a été élevé par un père architecte et une mère antiquaire. « Les illustrateurs sont sensibles à ces disciplines car, souvent, ils les ont étudiées », avance Damien Tornincasa, responsable de Ricochet-jeunes, un site web dédié à la littérature jeunesse francophone. Florent Tanet pour M Le magazine du Monde Quant aux éditeurs, ce ne sont pas les mastodontes du secteur (eux préfèrent les histoires de sorcières et de dragons), mais des maisons indépendantes dirigées par des passionnés, dont Damien Tornincasa salue le mérite : « Parce qu’un dinosaure sera toujours plus vendeur qu’une chaise, lancer un livre de design est une vraie prise de risque. » Premiers consommateurs : les parents Comme toujours avec les succès commerciaux de produits pour enfants, l’explication vient d’abord des premiers consommateurs : les parents. Or les 30-40 ans sont très friands de design et d’architecture. « Ils sont demandeurs de ce type d’ouvrages initiatiques, car il n’existe pas d’éducation à ces disciplines à l’école primaire », estime Alexandra Midal, professeure à la Haute Ecole d’art et de design de Genève. « Bien sûr, ils achètent d’abord ces ouvrages pour eux, mais, en se faisant plaisir, ils les transmettent à leurs enfants », renchérit Corinne Dacla, fondatrice de la librairie parisienne Les Enfants sur le toit.
Sous l’influence d’auteurs pionniers et du jeu vidéo « Minecraft », le secteur de l’édition jeunesse s’intéresse de plus en plus à l’architecture et au design.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/26/des-livres-pour-enfants-qui-initient-a-l-architecture_5503018_4500055.html
mlsum-fr-406
L’autoroute A1 au niveau de Saint-Denis. LAURENT GRANDGUILLOT / REA Sanef invite les Jeux olympiques de 2024 dans la partie d’échecs qui oppose l’Etat et les gestionnaires d’autoroutes. Le directeur général de la troisième société autoroutière française, Arnaud Quémard, propose de se substituer à l’Etat pour rénover et moderniser la portion gratuite de l’autoroute A1, au nord de Paris, afin de rendre attractif et efficace cet axe très dégradé, appelé à jouer un rôle stratégique pendant les JO. En contrepartie de cette offre, détaillée dans Les Echos jeudi 25 juillet, Sanef demande un allongement de « moins d’un an » de sa concession, censée prendre fin le 31 décembre 2031. « Cette portion de l’autoroute resterait gratuite et les péages n’augmenteraient pas sur la partie payante », assure M. Quémard au Monde. Avec cette proposition, Sanef habille aux couleurs olympiques un vieux cheval de bataille des sociétés d’autoroutes : celui de l’adossement. En clair : confier aux concessionnaires les sections d’autoroutes gratuites à l’entrée des villes, des kilomètres de routes nationales que l’Etat peine à maintenir en bon état, et les rémunérer en prolongeant des concessions très rentables, dont l’arrivée à échéance dans une quinzaine d’années plonge ces sociétés dans une inconfortable incertitude. 800 kilomètres identifiés Les sociétés avaient identifié jusqu’à 800 kilomètres d’asphalte pouvant entrer dans ce cadre. L’exécutif dispose, depuis l’automne 2018, d’un rapport de l’Inspection générale des finances et du conseil général du développement durable qui propose de limiter ce transfert de compétences entre 200 et 300 kilomètres. Les « gilets jaunes », en s’attaquant aux péages, ont réveillé la polémique sur la privatisation Problème : le mouvement des « gilets jaunes », en s’attaquant aux péages, a réveillé la polémique sur la privatisation des autoroutes, dont les conditions ont été dénoncées à plusieurs reprises par la Cour des comptes et des rapports parlementaires. En avril, la juridiction financière soulignait encore, dans un sévère référé, la « faiblesse » des pouvoirs publics face aux sociétés lors de la négociation des différents plans de relance autoroutiers et la tendance à une « surcompensation » de leurs investissements par des allongements trop généreux de leurs concessions. Dans ce contexte, il est difficile pour le gouvernement d’assumer une décision politique qui pourrait être interprétée comme un nouveau « cadeau » aux sociétés d’autoroutes.
Sanef propose de moderniser la section gratuite de l’A1 à la place de l’Etat avant les Jeux olympiques de 2024, en échange d’une durée d’exploitation rallongée.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/27/autoroutes-l-extension-des-concessions-a-l-epreuve-des-jo_5494113_3234.html
mlsum-fr-407
Les San Francisco Shock célèbrent leur victoire 4-0 en finale de l’Overwatch League, un championnat de jeu vidéo annuel. (capture d'écran) La scène e-sport d’Overwatch, le jeu de tir multijoueurs d’Activision-Blizzard, a connu des matchs plus serrés. Mais San Francisco Shock n’a laissé aucune chance aux Vancouver Titans, dimanche 29 septembre, remportant le titre de champions (4-0), sous les acclamations du public au Wells Fargo Center de Philadelphie, à l’issue de la finale de l’Overwatch League, la compétition la plus importante du jeu. L’équipe de San Francisco a achevé les phases finales avec brio, en ne concédant aucun point au cours des cinq derniers matchs. Paris n’était pas en finale Cette grande finale achevait une nouvelle saison d’investissements dans la scène e-sport d’Overwatch, plus de trois ans après sa sortie en 2016. Son éditeur, l’américain Blizzard (World of Warcraft, Diablo, StarCraft…) a déjà organisé trois coupes du monde. Il a achevé ce dimanche la deuxième saison de sa « Ligue des champions » version Overwatch, lancée en 2018. Cette édition 2019 a été marquée par l’arrivée de huit nouvelles équipes, dont Paris Eternal, la première équipe française et la deuxième à représenter une ville européenne. Malgré un changement d’entraîneur au cours de l’année, les Franciliens n’avaient pas réussi à se qualifier pour les phases finales. Résultat : ils n’étaient que 25 000 Français à suivre la finale hier sur le stream Twitch francophone officiel. Un problème loin d’être local. MAX style points go to @dafran!! #OWL2019 WHAT IS THIS DUDE!? Live: https://t.co/U6dIipgQGs https://t.co/iPKwqpodC9 — overwatchleague (@Overwatch League) Des audiences qui plafonnent Les clameurs de la foule à Philadelphie dimanche soir et les applaudissements nourris pour Jeff Kaplan (« Papa Jeff », comme l’appellent les internautes sur Twitch), le responsable du jeu monté sur scène, n’effacent pas les doutes, tandis que les audiences peinent à se rapprocher de celles des géants du secteur. La saison 2 de l’Overwatch League a ainsi attiré une moyenne de 313 000 spectateurs par minute dans le monde entier (sans compter la finale, qui rehausse généralement la moyenne), selon les données de Nielsen. Ces audiences sont inférieures à celles de jeux concurrents, comme Counter Strike : Global Offensive, qui avait attiré une audience moyenne par minute de 860 000 spectateurs lors de l’évènement Intel Extreme Masters de mars, selon l’entreprise ESL. Overwatch est par ailleurs très loin des cadors du genre. L’éditeur Riot avait, en 2018, annoncé avoir rassemblé une audience moyenne par minute de plus de 19 millions de spectateurs lors de la finale des championnats du monde de League of Legends, le jeu le plus populaire de la scène e-sport. Un niveau très supérieur aux 861 205 spectateurs par minute annoncés par Blizzard en 2018 pour la finale de l’Overwatch League opposant Philadelphia Fusion à London Spitfire. Siphonné par Fortnite Pourtant, Blizzard a tout fait pour susciter l’engouement. Dès la création de l’Overwatch League, chaque équipe a été affublée d’un drapeau et de maillots virtuels pour chaque héros du jeu. Les joueurs peuvent acheter ceux-ci pour afficher leur soutien à telle ou telle équipe lors de leurs parties traditionnelles. Les joueurs sont même encouragés à regarder les matchs pour gagner des points qui leur permettent d’acheter les maillots de leur équipe favorite. Sabrolaser sur un cliché Kodak jauni, huile sur toile, 1853. (capture d'écran) Mais les efforts de démocratisation de Blizzard n’ont pas suffi à permettre l’envol d’Overwatch. Avec 40 millions de ventes, la franchise aux personnages colorés a atteint de très bons chiffres depuis son lancement, en 2016. Mais selon les informations du Monde, en dépit d’audiences respectables, son nombre d’utilisateurs mensuels actifs s’effrite, autant victime de la concurrence directe de Fortnite – 250 millions de joueurs inscrits en mars 2019, selon Epic – que du rythme plan-plan auquel du nouveau contenu lui est apporté, et il se trouve désormais loin des temps de passage escomptés. En cause, un système de jeu hybride entre deux des grands genres populaires, le tir à la Counter-Strike et le combat stratégique par équipe à la League of Legends. Un certain manque d’allant dans la mise à jour et l’enrichissement du jeu qui a pu laisser joueurs et spectateurs s’éloigner vers d’autres disciplines plus dynamiques. Et notamment le fameux ogre Fortnite, créatif, fédérateur et en perpétuelle mutation, qui, de l’avis de plusieurs cadres de Blizzard, a siphonné la clientèle d’Overwatch, l’un des rares jeux de tir à l’esthétique cartoon, comme la sienne. L’e-sport en crise chez Activision-Blizzard Cela dans un contexte où les différentes marques du groupe ont connu des résultats en deçà des espérances en 2018 et 2019. Au point que l’on apprenait cet été qu’Activision-Blizzard était frappé par un plan social massif, et par plusieurs départs stratégiques. Le 18 juin, la directrice mondiale de la division e-sport de Blizzard, Kim Phan, a annoncé avoir quitté ses fonctions après treize ans d’exercice. Avant elle, c’est Nate Nanzer, commissaire des compétitions du jeu de tir Overwatch, qui a été débauché par le concurrent Epic Games (Fortnite). À l’heure où se clôt la saison 2 d’Overwatch, Activision-Blizzard veut cependant relever la tête. Interrogé ce mois-ci par le Wall Street Journal, le nouveau responsable de la division e-sport du groupe, Peter Vlastelica, assure que la scène Overwatch va bientôt devenir bénéficiaire. Sous son impulsion, Activision Blizzard a décidé de se recentrer sur deux franchises, au détriment des autres marques du groupe jugées déclinantes ou confidentielles : Call of Duty et Overwatch, deux jeux de tir aux univers différents, Leur scène compétitive s’apparentera de plus en plus à celle d’une ligue sportive fermée traditionnelle, à l’américaine, avec des équipes devant s’acquitter d’un billet d’entrée pour participer à un championnat annuel qui captera tous les investissements du groupe. La sortie d’Overwatch sur Switch doit permettre de redynamiser sa scène e-sport. (Blizzard) De nouvelles échéances arrivent. Alors qu’Overwatch doit débarquer sur Switch, en novembre débutera la quatrième coupe du monde d’Overwatch, jusqu’ici marquée par une domination sud-coréenne. Pour la troisième saison de l’Overwatch League, en 2020, les matchs se disputeront désormais dans les villes participantes, avec des matchs à domicile et à l’extérieur. En France, le Zénith de Paris a été choisi pour accueillir plusieurs rencontres. Activision Blizzard planche par ailleurs sur une Call of Duty League créée sur un modèle similaire. Quant à la « bulle » de l’e-sport, que certains critiquent en interne (un cadre ayant évoqué au Monde une « niche », loin des audiences et de la rentabilité promises), Activision-Blizzard espère avoir la parade. Des entreprises du secteur de l’e-sport ont commencé à diffuser des données d’audience dites « d’average-minute audience », soit la moyenne des spectateurs à chaque minute de diffusion, un indicateur censé être plus fiable pour les annonceurs. Une manière de regagner la confiance des investisseurs et des sponsors.
San Francisco Shock a remporté la finale dimanche. Le spectacle, très travaillé, ne s’est pas traduit par des audiences à la hauteur des attentes.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/30/e-sport-l-overwatch-league-2019-se-termine-dans-la-liesse-et-les-doutes_6013631_4408996.html
mlsum-fr-408
Le pire est à craindre de la détention en Syrie par une milice kurde de centaines de combattants jihadistes et de leurs familles. Dans le camp d’al-Hol (Laurence Geai pour « Le Monde ») La France a changé deux fois de politique au sujet de la détention en Syrie de ses ressortissants liés à Daech. La question est d’autant plus sensible que, à la différence de l’Etat souverain qu’est l’Irak voisin, les prisonniers jihadistes sont dans leur écrasante majorité aux mains des Forces démocratiques syriennes (FDS), une milice structurée autour de la branche locale du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). En janvier 2018, le porte-parole du gouvernement français affirmait que ses compatriotes seront « jugés au Kurdistan syrien » (sic), si « les institutions judiciaires sont en capacité d’assurer un procès équitable ». L’inexistence d’un « Kurdistan syrien » en droit international, mais surtout l’annonce du retrait américain hors de Syrie, entraînèrent un premier basculement de la position française, officialisé en janvier 2019 par la ministre de la Justice. DES PRISONS A TRES HAUT RISQUE Ce revirement tenait moins à une conversion bien tardive aux vertus de l’Etat de droit qu’aux pressions exercées par Washington pour accélérer le retour des détenus jihadistes vers leur pays d’origine et soulager ainsi les FDS. Onze jihadistes français ont alors été transférés de la Syrie vers l’Irak, où ils ont depuis tous été condamnés à mort. Le quotidien « Libération » a révélé que, au début de mars dernier, le rapatriement de Syrie de 249 Français (37 hommes, 63 femmes et 149 mineurs) était programmé, avec répartition déjà prévue des adultes entre les différents services de l’appareil policier et judiciaire. L’hostilité de l’opinion française au principe même d’un tel rapatriement a amené l’Elysée à changer une nouvelle fois de posture. Seul le rapatriement des enfants est désormais envisagé par Paris, et encore seulement au cas par cas. Les missions de récupération des enfants ainsi sélectionnés s’apparentent à des opérations-commandos, compliquées par les réticences des FDS. La décision actuelle de laisser en Syrie les adultes français liés à Daech laisse cependant ouverte, au-delà du débat éthique, la question de leur maintien effectif en détention (l’éventualité d’un jugement sur place se heurtait à la réalité milicienne des FDS et à l’absence de structures judiciaires dignes de ce nom). Cette question est loin d’être rhétorique, du fait des risques sérieux d’échanges de prisonniers avec Daech, voire d’évasion collective. Le 5 avril, la prison de Derik, qui abrite environ 400 détenus jihadistes, dont une vingtaine de Français, non loin de la frontière syro-irakienne, a été ainsi le théâtre d’une vaste mutinerie. Il a fallu l’intervention en urgence de renforts des FDS, appuyés par les vols à basse altitude de deux chasseurs américains, pour ramener le calme. Un tel incident est très révélateur de la fragilité du système carcéral dans cette zone, surtout dans un contexte de désengagement des Etats-Unis et de relance de la guérilla de Daech. LA POUDRIERE D’AL-HOL Le ministre des Affaires étrangères a estimé à « à peu près 400 à 450 » le nombre total de Français aux mains de la principale milice kurde de Syrie. Alors que la plupart des hommes sont incarcérés à Derik, les femmes sont majoritairement rassemblées dans le camp d’Al-Hol, avec les enfants, dont de nombreux orphelins. Le président du Comité international de la Croix Rouge (CICR) a qualifié en mars dernier la situation à Al-Hol d’« intenable ». Trois mois plus tard, rien n’a évolué au sein de ce camp conçu pour 5.000 personnes, qui en accueille désormais quinze fois plus dans des conditions particulièrement précaires. Des militantes endurcies de Daech ont pris en charge une partie du camp, multipliant les incidents avec l’encadrement kurde et punissant les femmes qui refuseraient leurs diktats. L’absence de perspective pour les milliers d’étrangères, entre autres françaises, ne peut que favoriser l’emprise jihadiste sur l’ensemble de cette population. Al-Hol, véritable prison à ciel ouvert, est ainsi devenu un centre majeur d’endoctrinement et de mobilisation de militantes de Daech. Un tableau aussi préoccupant ne prend pourtant pas en compte les menaces sur le contrôle par les FDS du territoire où se situent les centres de détention: la Turquie n’a pas renoncé à frapper la guérilla kurde dans son sanctuaire syrien et le régime Assad continue de proclamer sa volonté de restaurer son autorité sur l’ensemble de la Syrie. Quant aux FDS, elles se sentent abandonnées par leurs partenaires occidentaux et considèrent légitime d’utiliser la carte de ces détenus jihadistes dans des tractations complexes. La décision de maintenir en Syrie les Français liés à Daech pourrait ainsi s’avérer très lourde de conséquences à terme, d’autant qu’elle introduit d’ores et déjà une incertitude dommageable à la sécurité nationale. La ministre des Armées vient d’alerter sur la bombe à retardement que représente à ses yeux la « prochaine génération de tueurs » : « Même lorsqu’elle croupit dans les prisons kurdes, ce n’est pas une armée qui se rend, c’est une armée en attente ». Une fois encore dans la lutte contre le terrorisme, une politique ancrée sur les principes du droit et les valeurs républicaines se serait avérée sur la durée plus efficace et plus protectrice que les dérives actuelles, supposées complaire à l’opinion.
La détention par une milice kurde de centaines de combattants djihadistes et de leurs familles n’est pas une solution satisfaisante, aux yeux de notre chroniqueur Jean-Pierre Filiu.
http://filiu.blog.lemonde.fr/2019/06/16/la-bombe-a-retardement-des-detenus-jihadistes-en-syrie/
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Jean-Paul Cavalieri, le chef de mission du HCR en Libye, à Tripoli, le 15 septembre 2019. MAHMUD TURKIA / AFP L’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a appelé dimanche 15 septembre à davantage de « solidarité internationale » pour permettre la réinstallation de réfugiés bloqués en Libye, qui endurent des conditions très difficiles notamment dans les centres de détention. « Nous continuons à appeler à la générosité de la communauté internationale pour permettre davantage d’opportunité de réinstallation » de réfugiés, a déclaré à l’AFP le chef de mission du HCR en Libye, Jean-Paul Cavalieri, à Tripoli. Sur les quelques 50 000 réfugiés enregistrés par le HCR en Libye, seuls quelque 4 600 ont été réinstallés dans des pays tiers – ni la Libye, ni leur pays d’origine – depuis novembre 2017, dont près de 3 000 transférés vers un centre de transit au Niger. Plus de 800 autres ont été réinstallés directement en Italie, 456 en Roumanie et 371 dans d’autres pays, selon les chiffres du HCR. M. Cavalieri s’est félicité de l’accord signé la semaine dernière par le Rwanda en vue d’accueillir temporairement des réfugiés et des demandeurs d’asile africains bloqués en Libye. Une situation devenue critique L’accord permettra « l’évacuation de réfugiés qui sont en danger, notamment dans les centres de détention, pour trouver refuge au Rwanda et à partir de là éventuellement trouver d’autres pays de réinstallation », a-t-il déclaré, précisant que le centre d’accueil au Rwanda ne pouvait accueillir plus de 500 personnes à la fois. « L’option rwandaise est une alternative de plus pour permettre de trouver des solutions sûres pour des réfugiés en situation compliquée, voire en grand danger », a-t-il ajouté. Il s’agit, selon lui, d’un « signe de solidarité de la communauté internationale envers la Libye qui est affectée et troublée par ce conflit armé ». Le chaos qui a suivi la chute de l’ancien dictateur Mouammar Kadhafi en 2011 a fait de la Libye la voie privilégiée pour les migrants originaires d’Afrique de l’Est, du Sahel et du Moyen-Orient cherchant à rejoindre l’Europe. Plusieurs milliers d’entre eux se trouvent bloqués dans ce pays, dans des conditions déplorables. Leur situation est devenue plus critique encore depuis le déclenchement début avril d’un nouveau conflit armé au sud de la capitale Tripoli. Et les pays occidentaux tardent à tenir leurs engagements à accueillir et réinstaller les réfugiés bloqués dans ce pays, a déploré vendredi l’envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale, Vincent Cochetel. Au 1er septembre, quatorze pays – le Canada, la France, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Finlande, l’Allemagne, l’Italie, le Luxembourg, l’Espagne et la Belgique – ont cependant promis d’accueillir certains de ces réfugiés et demandeurs d’asile.
Sur les 50 000 personnes enregistrées par l’agence onusienne en Libye, seules 4 600 ont été réinstallées dans des pays tiers depuis novembre 2017.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/16/libye-le-hcr-appelle-a-davantage-de-solidarite-internationale-envers-les-refugies_5510919_3212.html
mlsum-fr-410
Sarah Ourahmoune est la boxeuse la plus titrée de France. TWITTER.COM Quand on pense boxe, on pense généralement poids lourds. C’est la catégorie reine de la discipline. Celle de Mohamed Ali, Mike Tyson, Sonny Liston… Les boxeurs plus légers souffrent souvent d’un déficit médiatique. Alors quand on est une femme d’1,57 m et de moins de 51 kg, quelles chances a-t-on d’enchaîner les interviews, les conférences, et d’être reconnue dans la rue ? A priori peu. C’est pourtant le quotidien de Sarah Ourahmoune, 37 ans, qui reste à ce jour la boxeuse française la plus médaillée. Nombre de combats effectués : 265. Bilan : dix fois championne de France, triple championne de l’Union européenne, championne du monde en 2008 et vice-championne olympique à Rio en 2016. Cette médaille d’argent, c’est l’apothéose, et le point final de sa carrière. Mais l’ancienne poids mouche a gardé le noble art chevillé au corps. Dans la foulée des Jeux olympiques de Rio, Sarah Ourahmoune a ouvert son propre club, Boxer Inside, dans le sud de Paris, pour transmettre sa passion et les valeurs qui l’entourent. Elle et son compagnon, Francky, y proposent des cours pour enfants et adultes, mixtes ou réservés aux femmes. Depuis 2017, elle est aussi vice-présidente du Comité olympique chargé des mixités (elle concentre son action sur la féminisation des instances dirigeantes). Un parcours d’exception qui fait d’elle la principale ambassadrice de la boxe en France et une défenseuse acharnée de la place des femmes dans ce sport. Le chemin fut long. Du taekwondo à la boxe Née de parents algériens, élevée en banlieue parisienne au sein d’une famille nombreuse, Sarah Ourahmoune comprend vite qu’elle devra jouer des coudes pour se faire une place. A la maison, le goût de l’effort et du dépassement de soi sont des valeurs cardinales. L’adolescente, réservée, est bonne élève. A 14 ans, sa famille déménage de Clichy (Hauts-de-Seine) – où elle pratiquait le taekwondo – à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Le dojo est trop éloigné de son nouveau domicile, et la collégienne a besoin de se dépenser. Alors, « par hasard », elle pousse la porte du club de boxe d’Aubervilliers. « Je ne me suis pas dit : “Tu es une fille, tu ne peux pas boxer.” Ma mère a grandi en Algérie et a beaucoup souffert de la différence de traitement entre les filles et les garçons. Elle m’a élevée comme mes frères, en me disant : “Fais ce que tu veux, et si tu décides de le faire, fais-le bien” », explique-t-elle. Malgré tout, l’adolescente se prend « une grosse claque » en arrivant au Boxing Beats :
Médaille d’argent en boxe anglaise aux Jeux olympiques en 2016, la jeune femme a dû se battre pour vivre sa passion, et veut inciter les filles à dépasser les stéréotypes au moment de choisir un sport. Deuxième volet de notre série sur les nouveaux visages du féminisme.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/09/07/sarah-ourahmoune-medaillee-olympique-de-boxe-on-doit-prendre-notre-place-sans-attendre-qu-on-nous-la-donne_5507570_4415198.html
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Le cidre (normand) a été débouché. On parle du Havre (Seine-Maritime), de la beauté de ses quais – tout juste rénovés –, des projets à venir dans la ville. Ne manque plus que le cri des mouettes pour se croire sur le port face au ballet des porte-conteneurs. Mais c’est bien à Paris, sur la terrasse de l’hôtel de Matignon, que les membres de la majorité du conseil municipal du Havre se retrouvent, lundi 26 août, pour le rituel pot de rentrée organisé en leur honneur par le locataire des lieux. Edouard Philippe est certes premier ministre, mais c’est aussi un collègue, élu de la ville depuis 2001. Il a surtout été maire, entre 2010 et 2017, et ne cesse de répéter à quel point « sa » ville et « sa » Normandie lui manquent, parfois. M. Philippe a d’ailleurs planté un pommier (normand) dans le parc de Matignon. Les convives guettent chacune de ses paroles. Sera-t-il ou non candidat aux prochaines élections municipales, en mars 2020 ? Tête de liste ou simple colistier ? Ou bien choisira-t-il de tenter sa chance à Paris, dans une improbable opération de sauvetage de la majorité, plombée par ses divisions ? Pas de réponse, ni d’allusion ; il est trop tôt pour dévoiler son jeu. « C’est un Normand, il est taiseux… », soupire un participant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Paris, Edouard Philippe tente de calmer le jeu avant les municipales S’il en est un qui attend avec fébrilité que le premier ministre se détermine, c’est bien Jean-Baptiste Gastinne, l’actuel maire (LR) du Havre. Professeur d’histoire en lycée, cet échalas à la crinière argentée – une sorte de Dominique de Villepin de cité portuaire – se sait assis sur un strapontin. Il occupe le fauteuil seulement depuis le 30 mars, jour où il a fallu remplacer au pied levé Luc Lemonnier, un proche qu’Edouard Philippe avait désigné pour lui succéder. Empêtré dans une affaire de harcèlement présumé – il aurait envoyé des photos de lui nu à une femme –, M. Lemonnier a dû démissionner. Sur l’insistance de son ami « Edouard », qui ne pouvait pas se permettre de laisser grossir le scandale. « Le Havre chevillé au corps » Jean-Baptiste Gastinne nous fait visiter son bureau, dont une large baie vitrée ouvre sur la place de l’hôtel de ville, située en contrebas. Est-il vraiment chez lui, ce maire ? La décoration n’a pas changé depuis que le premier ministre a quitté les lieux, il y a un peu plus de deux ans. Les mêmes photos en noir et blanc habillent la pièce, celles représentant l’architecte Auguste Perret, le père du Havre de l’après-guerre, et les grues monumentales du port. Jean-Baptiste Gastinne a beau dire « on » plutôt qu’« Edouard » au moment d’attribuer les lauriers couronnant les maîtres d’œuvre de la mandature, il sait qu’il ne sera pas de taille à lutter en cas de retour dans son fief de l’ancien patron. « Je serai candidat aux municipales. Sauf si Edouard Philippe souhaite revenir au Havre », affirme-t-il.
Le premier ministre entretient le doute sur son intention de se présenter ou non aux municipales de 2020 dans la ville qu’il a dirigée jusqu’en 2017.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/31/l-ombre-d-edouard-philippe-plane-sur-le-havre_5504893_823448.html
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Le pont reliant La Rochelle à l’île de Ré, en mai 2018. XAVIER LEOTY / AFP Deux semaines avant l’effondrement meurtrier du viaduc Morandi, à Gênes, le maire de la petite commune de Beaumontel, dans l’Eure, a constaté au matin du 1er août 2018 qu’un des piliers du pont sur la Risle, entre la mairie et l’église, s’était affaissé et ne soutenait plus rien. Pont fermé, 250 000 euros de travaux. Un mois après la catastrophe italienne, c’est sur l’imposant viaduc de l’île de Ré qu’un câble précontraint rompait en raison de la corrosion. Circulation restreinte, 2 millions d’euros de réparations. La France n’est pas à l’abri d’un accident tragique : au moins 25 000 ponts sont « en mauvais état structurel » et « posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers », selon un rapport sénatorial rendu public jeudi 27 juin, qui réclame un « plan Marshall » pour « éviter le drame ». Dans la foulée de l’écroulement du viaduc italien, le Sénat avait lancé une mission d’information sur l’état des ponts en France, dirigée par le président de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, le centriste Hervé Maurey, et dotée des moyens d’une commission d’enquête. Le nombre de ponts en France est évalué entre 200 000 et 250 000 – une fourchette étonnamment large. C’est la première surprise du rapport : personne n’est capable de donner le nombre exact de ces ponts routiers, faute d’un recensement du patrimoine des collectivités locales. Une inconnue révélatrice « des lacunes de la politique de surveillance et d’entretien », estime la mission. L’Etat possède 24 000 ponts. La moitié, gérée par les sociétés concessionnaires d’autoroutes, est sans problème. Pour le reste, 7 % présentent des défauts de sécurité et 2 800 d’entre eux, construits après-guerre, arrivent en « fin de vie » et nécessitent une chirurgie lourde. Un audit externe, remis en juin 2018 au ministère des transports, estimait qu’un tiers des ponts de l’Etat avaient besoin de travaux, dont 7 % présentaient « un risque d’effondrement ». Le tableau est plus sombre encore du côté des collectivités territoriales, qui gèrent 90 % des ouvrages : entre 100 000 et 120 000 pour les départements, dont 8,5 % en mauvais état, et de 80 000 à 100 000 pour les communes, dont 18 % à 20 % présentent des défaillances. Des personnes visitent l’intérieur du pont reliant La Rochelle à l’île de Ré, en mai 2018. XAVIER LEOTY / AFP Réductions de circulation et coupures
Selon un rapport sénatorial, la dégradation de nombre d’ouvrages est le fruit d’un « sous-investissement chronique », posant « des problèmes de sécurité pour les usagers ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/27/au-moins-25-000-ponts-en-france-presentent-des-problemes-de-securite_5482062_3234.html
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Commémoration du vingt-sixième anniversaire des accords de paix ayant mis fin à la guerre civile au Salvador, en 1992. Le 16 janvier 2018, à San Salvador. MARVIN RECINOS / AFP Le Salvador va-t-il à nouveau amnistier les auteurs de crimes contre l’humanité commis pendant le conflit armé (1979-1992), dont on estime qu’il a fait 75 000 morts et disparus ? C’est en tout cas ce que craignent les Nations unies, la Cour interaméricaine des droits humains (CIDH), diverses ONG de la société civile et, surtout, les familles des victimes, à propos d’un projet de loi en cours d’examen à l’Assemblée législative. « C’est un retour en arrière » « Cette loi protège les criminels, c’est un retour en arrière pour que les coupables restent impunis », dénonce Maria Dorila Marquez, 62 ans, présidente de l’Association pour la promotion des droits humains d’El Mozote (APDHEM), du nom d’un village dans lequel l’armée, qui combattait la guérilla du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), a commis un massacre en 1981, dont Mme Marquez a réchappé « par miracle ». Ce n’est pas le cas du reste de sa famille. Jointe au téléphone à El Mozote, à 200 kilomètres au nord-est de San Salvador, elle ne peut s’empêcher de pleurer, même trente-huit ans après, en égrenant la liste de ses proches tombés sous les balles : « Mon père, ma mère, ma sœur enceinte de neuf mois, son mari, mon frère de 11 ans, une nièce de 7 mois… Si on ne compte que la famille proche, cinquante victimes. Si on élargit la liste aux cousins, une centaine. » Le bataillon Atlacatl, responsable du massacre, accusait les villageois d’être des terroristes marxistes. « Un enfant mort est un guérillero de moins », avaient-ils inscrit, en lettres de sang, sur les murs d’une maison. En tout, 539 enfants (dont 475 de moins de 12 ans) et 449 adultes ont été sauvagement assassinés, selon les chiffres officiels rendus publics à partir de 2017. Deux enfants lisent les noms des enfants tués au Salvador pendant la guerre civile, notamment lors du massacre du village d’El Mozote, à 200 kilomètres au nord-est de San Salvador. Le 9 décembre 2016. MARVIN RECINOS / AFP Officiers formés aux Etats-Unis Les officiers de ce bataillon avaient été formés aux techniques de contre-insurrection par les Etats-Unis, à l’Ecole des Amériques. Deux mois plus tard, lors d’une audience au Sénat, le sous-secrétaire d’Etat américain pour les droits humains de l’époque, Elliott Abrams, avait qualifié ces informations de « propagande communiste », et qualifié la politique américaine au Salvador de « réussite fabuleuse ». Plusieurs années plus tard, des documents déclassifiés ont montré que M. Abrams, aujourd’hui envoyé spécial de Donald Trump pour le Venezuela, était au courant des graves violations des droits humains commis au Salvador.
Les familles des victimes de la guerre civile des années 1980 dénoncent un projet de loi en cours d’examen qui permettrait, de fait, d’amnistier les responsables de crimes contre l’humanité.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/13/au-salvador-les-familles-de-victimes-craignent-l-amnistie-des-crimes-commis-durant-la-guerre-civile_5475659_3210.html
mlsum-fr-414
Le président iranien, Hassan Rouhani, visite l’usine nucléaire de Bushehr (Iran), le 13 janvier 2015. MOHAMMAD BERNO / AP Les autorités iraniennes font monter la pression sur le dossier du nucléaire en annonçant que leurs réserves d’uranium enrichi passeraient d’ici dix jours au-dessus de la limite prévue par l’accord conclu en 2015 à Vienne. Le but est clairement de répondre aux Etats-Unis, mais aussi de creuser les divisions entre l’administration Trump, qui a quitté le traité en mai 2018, rétablissant ses propres sanctions, et les trois pays européens signataires de ce texte entre l’Iran et les « 5 + 1 » – les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), plus l’Allemagne. Paris, Londres et Berlin veulent préserver cet accord laborieusement négocié pendant une décennie, qui met le programme iranien sous contrôle international, et éviter que Téhéran ne le dénonce à son tour, engendrant une crise majeure avec un rétablissement des sanctions internationales, voire des frappes américaines. « Le compte à rebours pour passer au-dessus des 300 kilogrammes pour les réserves d’uranium enrichi a commencé et, dans dix jours, c’est-à-dire le 27 juin, nous dépasserons cette limite », a déclaré, lundi 17 juin, Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique. L’annonce survient dans un contexte de très fortes tensions entre l’Iran et les Etats-Unis. Ces derniers ont renforcé leur présence militaire au Moyen-Orient face à une « menace iranienne » présumée et accusent Téhéran des récentes attaques contre des pétroliers dans le golfe d’Oman, ce que la République islamique dément. Le département d’Etat américain a appelé lundi à « ne pas céder au chantage nucléaire » de l’Iran. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après l’attaque de pétroliers en mer d’Oman, les options limitées de Washington face à l’Iran Ce compte à rebours d’ici au 27 juin a, de fait, été déjà entamé il y a un mois avec l’accumulation des stocks d’uranium enrichi que Téhéran ne peut envoyer en Russie à cause des sanctions et qui donc vont dépasser les 300 kg autorisés. Le stock d’eau lourde dépassera quant à lui rapidement les 130 tonnes permises. « Encore le temps » de sauver l’accord En même temps que la République islamique annonçait, en mai, ces mesures de rétorsion face au durcissement des sanctions américaines, elle menaçait aussi de s’affranchir de deux autres de ses engagements d’ici au 7 juillet. Le président Hassan Rohani a fait savoir que son pays cesserait à cette date d’observer les restrictions consenties « sur le degré d’enrichissement de l’uranium » limité à 3,67 % par l’accord et qu’il reprendrait son projet de construction d’un réacteur à eau lourde à Arak (centre du pays). Dans le même temps, le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique assurait qu’« aucune décision n’avait encore été prise ». En recevant l’ambassadeur de France, Philippe Thiébaud, le président iranien assurait que Paris avait « encore le temps », avec les autres parties, de sauver l’accord.
Téhéran a menacé de dépasser les stocks d’uranium enrichi autorisés par l’accord de 2015. Les Européens cherchent à temporiser.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/17/nucleaire-iranien-teheran-souffle-le-chaud-et-le-froid_5477614_3210.html
mlsum-fr-415
Entretien de l’Ofpra, à Nice, le 26 septembre. Laurent Carré pour " Le Monde" « Si vous deviez retourner en Albanie, quels sont les problèmes que vous rencontreriez ? » D’abord, le silence. Puis la jeune fille explique qu’elle n’a pas les mots. Et pleure. Voilà une heure qu’elle répond aux questions d’un agent de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui examine sa demande d’asile. Elle a parlé de sa famille, de ses relations avec ses frères et sœurs, de son pays… Elle va maintenant expliquer qu’elle a été violée par son patron, sous la menace d’un couteau. Qu’elle a continué de subir son harcèlement téléphonique et son chantage, même après avoir quitté son travail. « Tu as un mois pour revenir », l’a-t-il sommée. Elle a quitté le pays. Dans les locaux de la préfecture des Alpes-Maritimes, à Nice, d’ordinaire dévolus aux entretiens de naturalisation, une équipe de l’Ofpra examine des demandes de protection de ressortissants albanais, géorgiens et serbes. Ce genre de mission délocalisée, loin du siège de l’office à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), est fréquent. Cela permet de traiter plus rapidement un afflux de demandes sur un territoire. Celles en provenance de Géorgie et d’Albanie se rangent aujourd’hui au second et troisième rang de la demande d’asile en France, derrière la demande afghane. Ces deux nationalités représentent depuis le début de l’année environ 4 800 demandes chacune (respectivement 6 160 et 5 609, si on y inclut les mineurs). Pourtant, les deux Etats sont dits « sûrs », c’est-à-dire qu’ils veillent au respect de l’Etat de droit, ainsi que des droits de l’homme et des libertés fondamentales. « Contournement » Cette situation nourrit depuis plusieurs années une suspicion à l’égard du bien-fondé des demandes d’asile. Devant le Conseil de l’Europe, à Strasbourg, mardi 1er octobre, Emmanuel Macron a pointé du doigt des « pays profondément sûrs qui sont, pour certains, en train de vouloir ouvrir des négociations avec l’Union européenne, ou avec lesquels nous avons la liberté de circulation complète [les ressortissants albanais et géorgiens sont exemptés de visas de court séjour dans l’espace Schengen] ». Pour le chef de l’Etat, « la demande d’asile est l’objet, de manière évidente, d’un contournement, si ce n’est un détournement ». Les autorités tentent d’en diminuer la portée. Depuis la loi asile et immigration de 2018, un ressortissant d’un pays d’origine sûr peut être expulsé dès sa demande rejetée, nonobstant un éventuel appel de la décision. De même, un texte à l’étude au Conseil d’Etat prévoit une diminution de 25 % de leur allocation pour demandeur d’asile dès le rejet en première instance. Le gouvernement réfléchit enfin à réformer la couverture maladie des demandeurs d’asile, alors qu’il considère qu’une partie d’entre eux – et notamment les Géorgiens – viennent en France pour bénéficier de soins médicaux.
Alors qu’un débat sur l’immigration est prévu lundi à l’Assemblée, « Le Monde » a assisté à des entretiens de l’Ofpra avec des ressortissants géorgiens et albanais qui représentent 10 % de la demande d’asile en France et pour lesquels le gouvernement veut juguler la demande.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/06/demandes-d-asile-a-l-office-francais-de-protection-des-refugies-on-cherche-a-creuser-les-recits_6014426_3224.html
mlsum-fr-416
L’ex-Leith Central Station, Edimbourg, en 2015. Un des lieux de « Trainspotting », que revisite aujourd’hui Irvine Welsh. Clive G'/Domaine public « DMT » (Dead Men’s Trousers), d’Irvine Welsh, traduit de l’anglais (Ecosse) par Laetitia Devaux, Au diable vauvert, 528 p., 23 €. Ils étaient cinq au début de Train­spotting (L’Olivier, 1996) : Mark Renton, Franco Begbie alias Jim Francis, Simon alias Sick Boy, Spud et Tommy. Ils n’étaient plus que quatre à la fin de ce roman culte, vendu à plus de 1 million d’exemplaires au Royaume-Uni, adapté au cinéma par Dany Boyle en 1996 et désigné comme le 10e meil­leur livre du XXe siècle par un sondage de la chaîne de librairies britannique Waterstones. Au terme de DMT, dont le titre fait référence à une drogue hallucinogène, ils ne seront plus que trois. Après Porno, Skagboys et L’Artiste au couteau (Au diable vauvert, 2007, 2016, 2018), voici le cinquième volet du roman-feuilleton que consacre Irvine Welsh à cette bande d’amis d’enfance issus de la classe ouvrière et portés sur les excès. Un quart de siècle est passé depuis Trainspotting et le « Leith Walk », l’artère principale de Leith, le quartier portuaire d’Edimbourg, en Ecosse, où les protagonistes ont grandi, est devenu le « vieux boulevard des rêves brisés ». Pas pour tous. Car, si Tommy est mort, Renton est à présent un prospère manageur de DJ voyageant entre Amsterdam et Los Angeles, et ­Begbie un artiste à succès qui habite à Santa Monica, en Californie, avec femme et enfants. Quant à Sick Boy le pervers et Spud le candide, respectivement proxénète et clochard, ils végètent toujours à Leith, où tous vont se croiser pour le meilleur et pour le pire. Flambées de violence DMT reprend exactement là où L’Artiste au couteau s’était arrêté, lors de la rencontre inopinée de Bebgie et de Renton lors d’un vol transatlantique. Vingt ans que ces deux ex-meilleurs amis ne se sont pas revus, depuis que le second a dérobé 16 000 livres, l’argent de la ­revente de 2 kg d’héroïne. Si Renton est bien décidé à payer ses dettes, Begbie, psychopathe toujours sujet à des flambées de violence, souffle à son endroit le chaud et le froid. Entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde, entre son passé criminel et son statut de plasticien courtisé par les collectionneurs d’art, il est, dit-il, dans « des putains d’limbes ». L’une des scènes les plus cocasses de DMT est d’ailleurs un vernissage de ses œuvres à Leith. « Ces deux Edinburgh ne se retrouvent que très rarement au même endroit, et jamais assez longtemps pour qu’advienne une pollinisation interculturelle digne de ce nom. »
Retour orageux à Edimbourg avec le cinquième titre de la série commencée avec « Trainspotting ». Un roman sordide et comique, tendre et brutal.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/09/20/dmt-irvine-welsh-bat-a-nouveau-le-pave-du-leith-walk_6012483_5473203.html
mlsum-fr-417
u vidéo. Kazuko Shibuya, directrice artistique et graphiste, est spécialiste du « pixel art », le dessin sous forme de pixels, qui a connu son âge d’or au début des années 1990. Son nom comme son visage sont inconnus du grand public, mais ses créations ont bercé plusieurs générations de joueurs et de joueuses : depuis son premier épisode en 1987, Kazuko Shibuya est la graphiste attitrée de la vénérée série de jeux de rôle Final Fantasy, et notamment des six premiers, ceux en deux dimensions. Sa spécialité, c’est le « pixel art », le dessin sous forme de pixels, qui a connu son âge d’or au début des années 1990. Son travail est longtemps resté dans l’ombre, alors que la plupart de ses collègues de cette époque sont devenus des sommités du jeu vidéo (Hironobu Sakaguchi au scénario, Nobuo Uematsu à la musique, Yoshitaka Amano aux illustrations…). Kazuko Shibuya, elle, n’apparaissait même pas dans les crédits. Trois décennies plus tard, le livre illustré FF PIXEL, l’Art du pixel dans Final Fantasy, sorti le 18 juin aux éditions Kurokawa, répare enfin cette injustice, à travers une plongée dans ses réalisations à la fois menues, minutieuses et évocatrices. Chevaliers ou mages hauts de quelques pixels, petits guerriers déterminés aux gros poings anguleux, mondes oniriques esquissés en quelques tuiles… autant de tremplins visuels vers un imaginaire de bips-bips entêtants. Kazuko Shibuya donne vie aux personnages à travers de fins assemblages de pixels. Square Enix Binôme de l’artiste Yoshitaka Amano Kazuko Shibuya n’est pas une joueuse, et n’a jamais feint de l’être. Elle se destine d’ailleurs à l’origine à l’animation. Mais au milieu des années 1980, après un stage qui la laisse sur sa faim, c’est la jeune société japonaise de jeux vidéo Square qui parvient à la débaucher à la sortie de ses études. Yoshitaka Amano dessine pour « Final Fantasy » des illustrations complexes, qu’elle doit rendre en un nombre limité de pixels. Kazuko Shibuya a 22 ans quand sort le premier Final Fantasy. « Mon travail, raconte-t-elle avec modestie, était de mettre en pixels les dessins extraordinaires de Yoshitaka Amano », artiste japonais mêlant peaux diaphanes, esthétique gothique et peinture à l’aquarelle. Kazuko Shibuya se présente volontiers comme une exécutante, une petite main – à cette époque, l’industrie du jeu de rôle japonais recrute volontiers des pointures, comme Akira Toriyama (Dragon Ball), côté Dragon Quest. Tandis que Yoshitaka Amano drape le programme d’illustrations amples, lyriques et vénéneuses, elle les traduit en mosaïques minimalistes en prise avec les limites technologiques des consoles de l’époque. « Ses dessins étaient extrêmement complexes, je devais les simplifier, mais je lui ai dit de ne surtout pas se brider pour ça », explique-t-elle. En jouant sur des couleurs proches, sur des postures, elle parvient à atteindre une virtuosité rare dans la restitution des personnages et des créatures. « Moi, je ne triche pas ! », écarte-t-elle en référence à la célèbre moustache de Mario, née de l’impossibilité de dessiner une bouche à une époque où la définition d’image est encore trop sommaire. « J’ai toujours fait en sorte de pouvoir dessiner tous les détails », se félicite-t-elle. Certains de ses designs sont iconiques, comme Bibi le mage noir au chapeau pointu. Square Enix L’inspiration au défi de la technologie Son autre particularité est de n’accorder aucun intérêt au jeu vidéo. Son travail n’est donc inspiré par aucune autre œuvre concurrente, juste par son propre sens de l’observation : « C’est ce que je dis aujourd’hui aux petits jeunes. Marche ! Regarde autour de toi ! Tout est inspiration, ce n’est pas qu’Internet, c’est les cinq sens. » La collaboration avec les programmeurs de l’équipe n’est pas toujours évidente. Mme Shibuya veut pouvoir aller au plus précis dans son travail ; mais il lui faut composer avec les restrictions techniques de la NES, puis de la Super Nintendo, et elle doit débattre tous les jours avec les informaticiens pour glaner un peu de mémoire informatique et faire des personnages plus gros. « Il y a eu des bagarres. Nous avions chacun notre manière de voir. C’était parfois houleux ! », se souvient-elle. Au contraire des monstres et boss, les personnages étaient limités en taille pour des raisons de mémoire. Square Enix De ces six épisodes de Final Fantasy, et des nombreuses nuits de travail, notamment en période de bouclage, à traquer les derniers bugs, elle veut toutefois retenir le positif, et notamment ces moments de communion presque éthérés, en fin de projet, quand le sommeil manque. Ainsi d’une nuit passée au bureau, alors que Tokyo était sous la neige et les routes bloquées. « En allant aux toilettes, j’ai vu Sakaguchi jouer dans son coin, sur un projecteur, et je n’ai pas eu envie de revenir à mon poste. Je l’ai regardé jouer, puis quelqu’un d’autre est venu se joindre à moi, et quand M. Sakaguchi est arrivé au boss final, toute la boîte était là, à le regarder. » Le générique de fin se met à défiler, tandis que la neige cesse de tomber par la fenêtre. « C’était un moment très fort. Tout le monde était épuisé, mais soudain c’était le matin, il faisait beau, et j’avais l’impression que mon âme avait quitté mon corps. » La célèbre scène de l’opéra, dans « Final Fantasy VI » Square Enix « J’ai réussi ma mission » A la sortie de Final Fantasy VI, sa carrière prend un tournant. L’arrivée des consoles 3D rend le métier de pixeliste obsolète. Alors, elle se met à modéliser des personnages en trois dimensions. Le personnage de Terra, dans « Final Fantasy VI », du concept art au portrait de pixels. Square Enix Désormais à la supervision de la direction artistique de la série, elle contrôle la qualité graphique des jeux pour smartphones qui sont faits à l’extérieur. Ses journées sont souvent interrompues par de nombreuses sollicitations d’employés ou employées en demande de validation. « Comme directrice artistique, je suis très exigeante, vraiment dure », prévient-elle. Grâce à l’essor des jeux pour smartphones, elle s’est retrouvée ces dernières années à renouer avec le pixel art, quinze ans après avoir arrêté. « Je trouve que je suis meilleure qu’avant, grâce aux différents métiers que j’ai faits après, se félicite celle qui estime être la meilleure dans son domaine. Je suis du genre à me dire que ce que je fais aujourd’hui est mieux qu’hier. Je ne me perds pas en tergiversations. » Récemment, elle a entièrement refait le personnage inspiré de la chanteuse Katy Perry, dans Final Fantasy Brave Exvius – elle n’était pas contente du résultat de son sous-traitant. Sans jamais non plus prétendre réaliser des prouesses. « J’ai réussi ma mission, mais je n’ai pas vraiment fait de l’art », écarte-t-elle. Pour « Final Fantasy Brave Exvius », Kazuko Shibuya a repris le pixel art – pour un résultat d’une rare finesse. Square Enix Membre d’honneur de Women in Games Ce que Kazuko Shibuya n’avait toutefois pas anticipé, c’est que sa médiatisation nouvelle – elle a donné une conférence à la Japan Expo et participé à une table ronde à la Salle de billard, annexe de l’Olympia – serait reçue en 2019 sous le prisme de la mise en avant des femmes de l’industrie du jeu vidéo. L’association Women in Games en a fait sa membre d’honneur. Mais elle repousse ce rôle qu’on lui tend : « Est-ce que j’aurais voulu être davantage médiatisée dans les années 1980 pour servir de rôle modèle aux femmes ? Non. Je suis d’une génération qui a appris à faire du jeu vidéo à une époque où il n’y avait personne pour nous apprendre. Nous n’avions pas de maître, pas de modèle. Donc non, je n’en vois pas la nécessité. » Aussi unique soit-elle, Mme Shibuya préfère faire de sa carrière une victoire personnelle. « Tout ce que j’ai eu dans ma vie professionnelle, c’est grâce à mes résultats. Je n’ai jamais été bridée en tant que femme », assure celle qui est longtemps restée la seule employée de Square – les autres ayant renoncé à leur carrière pour se consacrer à leur mariage ou à leurs enfants. « Mais aujourd’hui, il y a plein de femmes chez Square Enix », pointe-t-elle. A son niveau de responsabilité et d’ancienneté, elle reste malgré tout une exception.
Longtemps restée dans l’ombre, la directrice artistique de Square Enix a donné vie à tout un monde imaginaire en adaptant en pixels les créations graphiques des six premiers opus du jeu vidéo.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/09/kazuko-shibuya-la-reine-des-pixels-des-premiers-final-fantasy_5487205_4408996.html
mlsum-fr-418
Un lycéen regarde les résultats du bac 2019 à Tours, le 5 juillet. GUILLAUME SOUVANT / AFP Ce devait être l’épilogue d’une session du baccalauréat qui a tangué plus qu’aucune autre depuis des décennies. Une journée de « rattrapage », mais pas seulement pour les 103 800 candidats qui, avec une note comprise entre 8 et 10 sur 20, sont convoqués pour les oraux dits du « second groupe » : pour le gouvernement aussi, engagé dans une épreuve de force avec des enseignants retenant notes et copies, un retour au calme était escompté lundi 8 juillet. Et il a bien eu lieu, en tout cas pour le ministre de l’éducation nationale. « La journée s’est passée conformément à ce qu’on souhaitait, dans des circonstances un peu exceptionnelles », a d’abord affirmé Jean-Michel Blanquer, accueilli près de Bordeaux, sous les huées de manifestants. « A cette heure, on parle en centaines de copies non rendues et non plus en milliers », précisait-il en milieu d’après-midi. Le « compteur » des copies manquantes a bien atteint, lundi soir, le « zéro » attendu – quand 10 000 étaient encore retenues vendredi 5 juillet, 35 000 le 4 juillet, et même plus de 100 000 quelques jours plus tôt. Lire aussi Bras de fer entre les correcteurs et le ministère de l’éducation sur les copies du bac Un « petit point » qui manque Fin de crise ? « Fin d’une session difficile à vivre », lâche Sofia (son prénom a été modifié à sa demande), 17 ans, lycéenne bordelaise qui, avec une moyenne au bac « frôlant 9/20 », espérait bien, lundi, gagner ce « petit point » qui lui manque pour pouvoir décrocher le bac. « J’ai essayé de ne pas trop m’angoisser avec tout ce qu’on entend dire… J’espère seulement que le bac cette année n’aura pas moins de valeur ! » Sofia n’était pas la seule, en cette première des trois journées du « rattrapage », à exprimer son émotion face au changement des règles dans l’évaluation. Devant les centres d’examen, les lycéens, plutôt silencieux depuis le début de cette session, n’hésitaient pas à prendre la parole pour commenter la « solution technique » préconisée, face à la grève, par M. Blanquer : en cas de notes manquantes, celles du contrôle continu doivent être prises en compte. Et si la note de l’épreuve finale, une fois connue, s’avère meilleure, celle-ci peut être conservée. « Même si je ne trouve pas ça égalitaire, c’est finalement une chance, pour moi, cette grève, souffle Nancy, 18 ans, qui passe un bac technologique à Paris. Grâce à la note de contrôle continu, j’ai pu atteindre 8,7/20 de moyenne et prétendre au rattrapage. » « Autrement », avec une moyenne générale de 7,8/20 et une note manquante, la jeune fille n’aurait probablement pas bénéficié d’une « seconde chance ».
Les critiques sur la gestion de cette session du bac continuent, même si toutes les copies ont été rendues par les enseignants grévistes.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/07/09/bac-2019-les-profs-nous-emmenent-dans-un-combat-qui-ne-nous-regarde-pas_5487114_4401467.html
mlsum-fr-419
« Il semble aujourd’hui urgent de s’inspirer du concept et du mécanisme de neutralité carbone pour aborder la question du plastique. » PHILIPPE TURPIN / PHOTONONSTOP Tribune. Longtemps le concept de « neutralité carbone », né au début des années 1990, a été critiqué. Associé aux « permis de polluer » et à la compensation carbone, consistant à neutraliser symboliquement les émissions de CO 2 en finançant des économies de CO 2 en quantité équivalente, il a été comparé par les activistes au commerce des indulgences de l’Eglise catholique, qui permettait aux pêcheurs d’acheter leur place au paradis. Mais les temps changent. Face à l’urgence climatique, tous les experts s’accordent à dire que, pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C, il faut à la fois réduire drastiquement nos émissions et viser la neutralité carbone en multipliant les puits, naturels ou technologiques, qui captent ou séquestrent le CO 2 . Le sujet avance : vingt-deux pays se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en 2050. Lire aussi Les études de plasturgie bousculées par les aspirations écologiques des étudiants Certains acteurs privés sont dans cette dynamique, comme les entreprises engagées autour du groupe Danone dans le fonds Livelihoods, qui finance des puits de carbone et permet à La Poste, Voyageurs du monde ou Evian de revendiquer la neutralité carbone. Les initiatives se multiplient, et il y a enfin consensus autour du fait que la compensation contraint l’entreprise qui s’y engage à payer un coût additionnel, une sorte de taxe volontaire proportionnelle à son impact climatique, ce qui l’incite à réduire ce dernier. Il semble aujourd’hui urgent de s’inspirer du concept et du mécanisme de neutralité carbone pour aborder la question du plastique, l’autre défi que nos sociétés et nos entreprises doivent relever de manière rapide et efficace. Depuis que la Chine refuse de recycler nos déchets plastique, nous sommes confrontés à la double et impérieuse nécessité de réduire à la fois les quantités déjà présentes dans l’environnement et, à la source, celles que nous continuons à déverser dans la nature à un rythme effrayant. Le compte n’y est pas De nombreuses initiatives volontaires vont déjà dans le sens de la réduction, comme le Pacte national sur les emballages plastiques, lancé en février par le gouvernement avec des entreprises françaises et des associations. Mais le compte n’y est pas. Alors que la Semaine du développement durable permet de braquer les projecteurs sur le sujet, des organisations non gouvernementales (ONG), comme No Plastic in My Sea, militent auprès des entreprises et des citoyens pour rappeler que l’heure n’est plus aux réflexions et aux déclarations mais bien à l’action.
Sur le modèle de la « compensation carbone », les entreprises peuvent compenser par des actions diverses leur utilisation de matière plastique, observe la consultante Elisabeth Laville dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/09/comment-engager-les-entreprises-sur-la-voie-de-la-neutralite-plastique_5473925_3232.html
mlsum-fr-420
Le spectacle que nous donne le Royaume-Uni laisse chaque jour plus perplexe. Le Brexit y a déclenché une crise constitutionnelle et politique qui s’accentue et se complexifie sans discontinuer, confirmant ou mettant à rude épreuve – c’est selon – les mécanismes de la démocratie britannique, preuve s’il en est qu’on ne sort pas de l’Union comme d’une simple organisation internationale. Face à ce tumulte et à cette confusion, l’Union donne, pour l’instant au moins, l’apparence d’un ensemble ordonné et cohérent. Cette stabilité étonne. Elle aurait pu être mise à mal dès l’origine, ce qu’escomptait, non sans un certain pragmatisme, le Royaume-Uni : écueil, les négociations sur le retrait ; écueil encore, les Conseils européens consacrés au Brexit, et notamment à la question du report de la sortie britannique. Contre toute attente, donc, l’Union européenne ne s’est pas fracassée sur ce qui est une des plus grandes crises de son histoire. La première question que l’on peut se poser est pourquoi ? Sans doute faut-il trouver un début de réponse dans l’article 50 du traité de Lisbonne, entré en vigueur en 2009, qui définit les modalités d’un retrait volontaire de l’Union. Non seulement dans cet article en tant que tel, mais aussi, par comparaison avec l’article 49, qui gouverne, quant à lui, la procédure d’adhésion à l’Union. C’est l’Union qui négocie Si le principe de l’adhésion doit être accepté par l’Union, en revanche, les conditions de celle-ci ainsi que les adaptations des traités doivent être négociées dans le cadre d’un accord entre l’Etat candidat et les Etats déjà membres (article 49, alinéa 2). La prévalence est donc celle des Etats. Rien de tel dans l’article 50. Le choix de sortir de l’Union est, certes, un droit de l’Etat, qui l’exprime dans une décision unilatérale, laquelle s’impose à l’Union qui n’a ni à la discuter, ni à la refuser, ni à l’accepter. Mais cet article 50 européanise la procédure : c’est l’Union qui négocie et qui conclut l’accord. La Cour de justice ne pourrait que le constater, si par hasard elle était saisie de l’interprétation de ce point de l’article 50, et de ce fait de la régularité de la procédure – et de l’accord – de retrait. Lire aussi Les principaux points du traité de Lisbonne Ce bloc qu’est l’Union se retrouve également à propos de la prorogation du délai de retrait décidée à l’unanimité du Conseil européen, ce que le Parlement britannique pourrait ne pas avoir envisagé ces derniers jours. Pourtant, ce qui tend à se transformer en un Brexit « permanent », statut persistant et instable pour le Royaume-Uni, est dangereux pour l’Union européenne, pour sa structure interne, pour sa légitimité politique, son efficacité économique et enfin pour son image diplomatique. Certes, pour répondre à ces risques, le traité prévoit la sortie à défaut d’accord, passé certains délais, solution que personne ne peut raisonnablement souhaiter.
Si le choix de sortir de l’Union est un droit de l’Etat et une décision unilatérale, ce retrait, dont les modalités sont définies par le traité de Lisbonne, est l’affaire des deux parties, estime, dans une tribune au « Monde », Hélène Gaudin, professeure de droit public.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/18/brexit-l-union-europeenne-est-en-droit-de-demander-des-clarifications-au-royaume-uni_5511715_3232.html
mlsum-fr-421
Le premier ministre pakistanais, Imran Khan, lors d’une réunion au Kirghizistan, le 14 juin 2019. ALEXEY DRUZHININ / AFP L’ennemi public numéro un de l’Inde est à nouveau sous les verrous. Hafiz Saeed, militant islamiste pakistanais de 69 ans, désigné « terroriste international » par les Etats-Unis et considéré par New Delhi comme « le cerveau » des attentats de Bombay de novembre 2008 qui avaient fait près de 180 morts, a été arrêté mercredi 17 juillet au Pakistan. Ce sont les forces antiterroristes de la province du Pendjab qui l’ont interpellé, près de la ville de Gujranwala. Un porte-parole du groupe islamiste Jamaat-ud-Dawa (JuD) que dirige Hafiz Saeed et qui est considéré comme la vitrine du groupe armé Lashkar-e-Toiba (LeT), en lutte pour le rattachement du Cachemire indien au Pakistan, a confirmé l’arrestation du dirigeant. Il lui est reproché de continuer à « collecter des fonds pour financer des organisations terroristes interdites », selon les autorités locales. Hafiz Saeed, dont la tête avait été mise à prix par Washington en 2012 pour 10 millions de dollars (9 millions d’euros), était libre de ses mouvements depuis sa remise en liberté en novembre 2017, au terme de onze mois de placement en résidence surveillée. En 2018, il a participé aux élections législatives de son pays en soutenant activement un parti religieux, le Allah-o-Akbar Tehreek, qui n’a obtenu aucun député. Son arrestation est le dernier épisode d’une série de décisions prises ces derniers mois par le Pakistan, sous la pression de la communauté internationale, pour répondre aux accusations de soutien au terrorisme portées contre lui. En février, Islamabad a interdit le JuD ainsi que la fondation Falah-e-Insaniat, une autre organisation de la nébuleuse LeT qui avait lui-même été interdit dès 2002. Plus d’une centaine d’extrémistes présumés ont en outre été arrêtés et plus de deux cents écoles coraniques fermées. Début mai, le Pakistan a par ailleurs promis de prendre des sanctions contre Masood Azhar, l’autre bête noire de l’Inde, après l’inscription de celui-ci sur la liste mondiale des terroristes tenue par les Nations unies, la Chine ayant fini par lever son veto à une telle décision. Masood Azhar est à la tête du Jaish-e-Mohammed, un autre groupe armé également interdit depuis 2002, que New Delhi considère comme l’auteur de l’attentat perpétré en 2001 contre le Parlement indien, et qui a revendiqué plus récemment deux attaques contre l’armée indienne, en janvier 2016 à Pathankot, au Pendjab indien, et en février 2019 à Pulwama, dans l’Etat indien du Jammu-et-Cachemire.
L’interpellation de Hafiz Saeed, cerveau présumé des attentats de Bombay en 2008, intervient avant une visite du premier ministre à Washington.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/18/au-pakistan-le-premier-ministre-imran-khan-fait-arreter-un-terroriste-de-premier-plan_5490769_3210.html
mlsum-fr-422
Filipe Nyusi (à gauche), le président du Mozambique, et le leader de la Renamo, Ossufo Momade, montrent l’accord de cessez-le-feu signé à Gorongosa, le 1er août 2019. STRINGER / AFP La Résistance nationale du Mozambique (Renamo), ancienne rébellion devenue le principal parti d’opposition au Mozambique, a signé mardi 6 août un traité de paix définitif avec le gouvernement de Maputo, vingt-sept ans après la fin de la première guerre civile. Le président, Filipe Nyusi, et le chef de la Renamo, Ossufo Momade, ont signé le document sur la place de la Paix, à Maputo, en présence de responsables venus de tout le continent, dont les présidents sud-africain, Cyril Ramaphosa, et rwandais, Paul Kagame, et sous les applaudissements de milliers de spectateurs. « C’est un jour vraiment historique. Cet accord va apporter définitivement la paix à un pays qui a connu suffisamment de souffrances (…) car il s’agit d’un accord conclu par des Mozambicains et pour des Mozambicains », a commenté l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies (ONU) pour le Mozambique, Mirko Manzoni. Il s’agit pour les deux rivaux de la troisième tentative de conclusion d’un accord de paix définitif. La Renamo n’a en effet jamais totalement désarmé et a maintenu une partie de ses combattants dans les montagnes du centre du Mozambique. Le parti accusait le gouvernement de ne pas respecter ses engagements. Jeudi, Filipe Nyusi et Ossufo Momade, avaient déjà signé un accord sur la cessation des hostilités, dans le Parc national de Gorongosa, dans le centre du Mozambique. Mais Ossufo Momade est contesté en interne par un groupe affirmant représenter l’aile militaire de la Renamo. Cet accord met un terme à un long processus de négociations lancé par le leader historique de la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), Alfonso Dhlakama, mort en mai 2018, et survient à quelques mois des élections générales, prévues le 15 octobre. « La signature de l’accord ouvre la voie à des élections pacifiques », a souligné mardi Cyril Ramaphosa. « Cet accord, fruit d’un long processus de négociation, représente un progrès fondamental dans la construction de la paix », s’est félicité le ministère des affaires étrangères du Portugal, l’ancienne puissance coloniale, dans un communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Mozambique empêtré dans la renégociation de sa dette Nouvelle loi d’amnistie La Renamo s’était transformée en parti politique à l’issue d’une guerre civile de seize ans (1976-1992), mais elle avait repris les armes en 2013 contre le gouvernement dirigé par le Front de libération du Mozambique (Frelimo). Un cessez-le-feu avait été déclaré en 2016, suivi de négociations de paix. En vertu du fragile accord de paix conclu après ces négociations, certains des combattants désarmés de la Renamo doivent intégrer l’armée et la police nationale, d’autres être réinsérés dans la vie civile grâce à une aide financière. L’ex-rébellion a commencé au début d’août le désarmement de ses membres armés. Au total, 5 221 combattants de la Renamo doivent remettre leurs armes au gouvernement, ce qui devrait mettre un terme à un processus de négociations lancé par le leader historique de la Renamo, Afonso Dhlakama, mort en mai 2018, et repris par son successeur, Ossufo Momade. M. Momade a été élu député de la province de Nampula (nord) en 2015, mais il n’a assisté qu’à quelques sessions parlementaires durant les premiers mois de son mandat. Le 29 juillet, le Parlement avait approuvé une nouvelle loi d’amnistie pour tous les crimes commis durant le conflit entre le gouvernement et la Renamo depuis 2014. Elle concerne les combattants de la Renamo qui ont attaqué des civils et des équipements gouvernementaux. Elle ouvre aussi la voie à un départ de M. Momade de son repaire dans la montagne.
L’ex-rébellion, devenue un parti politique dans les années 1990, doit désarmer 5 221 combattants, dont certains seront intégrés à l’armée ou à la police.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/06/mozambique-signature-d-un-accord-de-paix-defintif-entre-le-pouvoir-et-la-renamo_5497157_3212.html
mlsum-fr-423
Les législatures passent, mais les mêmes sempiternelles polémiques collent à l’extrême droite européenne. Ainsi recroise-t-on à Bruxelles le nom de Guillaume Pradoura, l’ancien assistant parlementaire de Nicolas Bay, suspendu puis exclu par le Rassemblement national en mai après l’exhumation d’une photographie antisémite. En ce début de neuvième législature au Parlement européen, Guillaume Pradoura y a en effet retrouvé un poste d’assistant parlementaire. Sur le site du Parlement européen, on le découvre reconverti auprès de Maximilian Krah, député de l’AfD. Donc auprès du parti d’extrême droite allemand allié du Rassemblement national (RN) : les deux partis siègent au sein du même groupe, Identité et Démocratie, dans l’hémicycle européen. Le 15 mai, soit onze jours avant le scrutin européen, l’ex-députée frontiste européenne Sophie Montel, qui ne manque jamais une occasion de cogner sur le parti pour lequel elle a milité trente ans, publiait ce message sur Twitter, photographie à l’appui : « Voilà donc l’assistant de toujours de @NicolasBay_ : Guillaume Pradoura, qui a des amis du KKK et aime faire ce genre de photo. Visiblement intouchable puisqu’il est encore là… » Sur le cliché en question, Guillaume Pradoura apparaît grimaçant, mimant des doigts crochus et affublé d’un chapeau noir de rabbin et de fausses papillotes. Tout l’attirail de la caricature antisémite. « Monsieur Guillaume Pradoura est immédiatement suspendu du Rassemblement national et convoqué devant la commission des conflits en vue de son exclusion », avait rapidement réagi le vice-président du parti, Steeve Briois, sur le même réseau social. Seulement, la photographie était déjà connue en interne, selon le député européen pour qui il travaillait alors, Nicolas Bay. Ce dernier, membre du bureau exécutif du parti lepéniste et aujourd’hui vice-président du groupe Identité et Démocratie, évoquait une histoire datant de « 2012 ou 2013 » et en minimisait sa portée : « De l’humour de très mauvais goût », mais « dans un cadre privé ». « Ce n’est pas de “l’humour” et c’est tout sauf drôle. C’est de l’antisémitisme », avait répliqué le rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène. Profil plus que gênant D’autant que Guillaume Pradoura n’en était pas à son coup d’essai. En 2016, Mediapart révélait déjà une partie de la correspondance de celui qui était l’un des colistiers de Marion Maréchal-Le Pen aux régionales de 2015. Ces échanges datant de 2010 témoignaient d’une relation très amicale entre un skinhead français, alors en cavale et proche du Ku Klux Klan, et Guillaume Pradoura, qui l’avait même aidé à trouver un point de chute en Bulgarie et à éviter de se faire « choper par la police ». Interrogé par Mediapart, M. Pradoura était loin de nier, et confiait même avoir « voulu l’aider, dans une sorte de réflexe paternaliste ».
Guillaume Pradoura est l’assistant parlementaire d’un député européen de l’AfD, parti d’extrême droite allemand allié du Rassemblement national.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/06/suspendu-pour-une-photo-antisemite-un-ex-membre-du-rn-recycle-par-l-extreme-droite-allemande_5507315_823448.html
mlsum-fr-424
La ministre des sports, Roxana Maracineanu avait assuré, en mai, devant les députés, qu’« aucun cadre technique » dépendant du ministère des sports « ne sera détaché d’office » vers une fédération sportive. THOMAS SAMSON / AFP La ministre Roxana Maracineanu l’avait assuré, en mai, devant les députés : « Je ne passerai jamais en force, aucun cadre technique » dépendant du ministère des sports « ne sera détaché d’office » vers une fédération à la faveur de la réforme envisagée des relations entre l’Etat et le monde du sport. Les sénateurs ont préféré prendre leurs précautions. Dans le cadre de l’examen du projet de loi relatif à la « transformation de la fonction publique », jeudi 27 juin, ils ont exclu ces cadres d’Etat (directeurs techniques nationaux, entraîneurs nationaux, conseillers techniques nationaux ou régionaux) du dispositif permettant un détachement d’office. Le Sénat, à majorité de droite, a en l’occurrence adopté un amendement qui annule pour partie une disposition introduite par le gouvernement dans le texte du projet de loi et qui aurait pu conduire à un transfert obligatoire des conseillers techniques sportifs (CTS) aux fédérations sportives. La promesse de la ministre « n’engage qu’elle », a fait remarquer le sénateur Michel Savin (LR) estimant, comme nombre de ses collègues, que la concertation doit s’engager dans un climat « apaisé ». Mme Maracineanu a promis une « large période de concertation » avant tout « arbitrage ». Le Sénat a en revanche rejeté les amendements visant à supprimer dans son ensemble l’article permettant le détachement d’office des fonctionnaires. Cette suppression était souhaitée par les groupes PS, CRCE à majorité communiste et Indépendants. Le Sénat doit achever jeudi l’examen du projet de loi
Les sénateurs ont adopté, jeudi, un amendement qui exclut la possibilité d’un transfert obligatoire des conseillers techniques sportifs (CTS) vers les fédérations sportives.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/27/reforme-de-la-fonction-publique-les-conseillers-techniques-ne-pourront-pas-etre-detaches-d-office_5482218_3242.html
mlsum-fr-425
Le ministre indonésien de la défense, Prabowo Subianto (à gauche), le président indonésien, Joko Widodo, et son épouse, Iriana Widodo, au à Jakarta, le 23 octobre 2019. ANTARA FOTO / REUTERS Analyse. L’intronisation du président Joko Widodo pour un deuxième mandat, le 20 octobre, vient de relancer le débat sur le déclin de la démocratie indonésienne : ce chef de l’Etat de 58 ans à la réputation d’« homme du peuple », par ailleurs symbole de la tolérance interconfessionnelle dans un archipel travaillé par l’islamisme et menacé par la violence djihadiste, est sous la pression d’une oligarchie conservatrice, qui domine la scène politique. C’est cette élite qui menace les acquis démocratiques arrachés de haute lutte lors des manifestations populaires qui précipitèrent la chute du dictateur Suharto, en 1998. C’est elle aussi qui pousse au raidissement autoritaire cet archipel de 260 millions d’âmes, puissance émergente de l’Asie et archipel à la position stratégique entre océans Indien et Pacifique. Les experts relèvent que, sous la présidence de Susilo Bambang Yudhoyono (2004-2014), la démocratisation avait commencé à opérer un certain recul. Avec pour conséquence l’érosion de certaines libertés citoyennes. La dérive ne cesse de s’accentuer : « la démocratie libérale est en état de siège face aux élites politiques liées aux principaux partis en cheville avec les oligarques et les barons des médias », estime Tim Lindsey, directeur du Centre de recherche sur l’Indonésie, à l’université de Melbourne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Indonésie, Joko Widodo débute un mandat dans un climat de défiance Alors même qu’il démarre un second mandat de cinq ans après sa victoire sans conteste lors de la présidentielle d’avril, « Jokowi », (le surnom du président) ne peut ignorer le pouvoir de ces élites, dont les affidés trustent la majorité des sièges à la Chambre des représentants (Assemblée nationale). Ces derniers sont à l’origine d’une concession majeure de M. Widodo : le président n’a rien fait pour s’opposer à une loi passée récemment au Parlement, qui affaiblit considérablement les pouvoirs de l’agence anticorruption, la très populaire « KPK », dont l’entêtement à punir les hommes d’affaires corrompus menaçait les intérêts des oligarques. « Jokowi », dont le libéralisme sociétal se conjugue avec le pragmatisme économique, a dû céder. Il n’a pas utilisé un décret présidentiel pour amender cette loi. Donnant l’impression de se plier aux desiderata d’un monde des affaires aux pratiques souvent douteuses. Tout cela au grand dam de certains de ses partisans, qui l’ont réélu à 55,5 %, le 17 avril. « Les droits de l’homme ne sont pas sa priorité », regrette Dian, 37 ans, de retour à Djakarta après des études de sciences politiques aux Etats-Unis et qui a voté pour le président lors des deux élections de 2014 et 2019 ; « Jokowi ne semble pas non plus désireux d’empêcher les partis conservateurs et islamistes de défendre au Parlement des positions très réactionnaires ». La jeune femme reproche au président de ne pas suffisamment s’opposer à un projet de réforme du code pénal qui inclut une loi prévoyant plusieurs mois d’emprisonnement en cas de relations sexuelles hors mariage.
La réélection du président Joko Widodo, personnalité libérale, n’empêche pas le plus grand pays musulman du monde, déjà aux prises avec un islamisme virulent, de dériver vers l’illibéralisme politique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/28/la-democratie-indonesienne-en-question_6017145_3232.html
mlsum-fr-426
La nomination a été publiée au Journal officiel mardi 30 juillet et, en Italie, elle n’est pas passée inaperçue. A compter de cette date, l’ancien secrétaire d’Etat italien aux affaires européennes Sandro Gozi (Parti démocrate, centre-gauche) a rejoint le cabinet du premier ministre français, Edouard Philippe, en tant que chargé de mission aux affaires européennes. Le poste est modeste et d’ordinaire, les personnes qui l’occupent sont peu exposées à la lumière. Mais ce renfort est, pour Matignon, une prise de choix. D’ailleurs la nouvelle, dans le contexte de refroidissement des relations franco-italiennes des derniers mois, ne pouvait être perçue comme autre chose qu’une provocation par l’actuel gouvernement italien. Les accusations de trahison, plus ou moins directement formulées, ne se sont pas fait attendre. Pour Luigi Di Maio, vice-président du conseil et leader du Mouvement 5 étoiles, « on doit évaluer s’il faut lui retirer la nationalité italienne : il devient une personnalité d’un autre gouvernement après avoir travaillé pour le gouvernement italien. Il trahit l’Italie. C’est inquiétant ». Lire aussi Un ex-ministre italien devient chargé de mission à Matignon et la classe politique italienne crie à la trahison Le ministre de l’intérieur et chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, n’a pas surenchéri sur cette proposition – parfaitement inapplicable –, mais il n’a pas manqué de relever : « Imaginez de qui ce personnage faisait les intérêts quand il était au gouvernement italien… c’est dingue, c’est ça le Parti démocrate (PD) ! » Poste de courte durée Certains des amis politiques de Sandro Gozi se sont montrés très sévères. Ainsi de l’ancien ministre du développement économique Carlo Calenda (PD), pour qui « on n’entre pas dans un gouvernement étranger. Ça n’existe simplement pas ». Mais beaucoup d’autres ont souligné qu’il ne s’agit que d’un poste de chargé de mission, qui plus est de courte durée. A 51 ans, Sandro Gozi a derrière lui une grande expérience politique, italienne et européenne. Député de 2006 à 2018, il a été secrétaire d’Etat à la présidence du conseil italien sous les gouvernements Renzi et Gentiloni, de 2014 à 2018. Ses liens avec la France et son engagement européen sont anciens, et profonds : il a étudié plusieurs années à Sciences Po Paris, et ne rate pas une occasion de rappeler à ses interlocuteurs français qu’il était dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne le soir du débat ayant opposé François Mitterrand et Philippe Séguin, en septembre 1992, à quelques jours du référendum sur le traité de Maastricht.
L’ex-ministre italien, élu aux européennes sur la liste LRM, rejoint le cabinet d’Edouard Philippe. Il se voit accusé de trahison par Luigi Di Maio.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/02/la-nomination-de-sandro-gozi-a-matignon-fait-des-vagues-a-rome_5495841_823448.html
mlsum-fr-427
Dans un verger près de Château-du-Loir (Sarthe), premier jour de cueillette pour un groupe de 25 migrants, le 5 septembre. FREDERIC POTET Chronique. La cueillette de la pomme vient de commencer dans le sud de la Sarthe, cœur d’une des principales régions de production de fruits à pépins en France. Pour la troisième année consécutive, une petite partie de la récolte est faite par des migrants, dans le cadre d’une opération visant à mettre ceux-ci sur un chemin auquel ils ont difficilement accès : celui de l’emploi. Originaires du Soudan, d’Erythrée, du Tchad, de Somalie, du Yémen et d’Ethiopie, une cinquantaine d’hommes, payés au smic, travaillent dans les vergers de deux exploitations, au contact de variétés (gala, golden, elstar…) dont ils ignoraient le nom jusque-là. C’est en lisant les « unes » de la presse locale alertant sur les difficultés de la filière à recruter des saisonniers chaque année à pareille époque que Brigitte Coulon-Marques, la présidente de Tadamoon, une association d’aide aux demandeurs d’asile, a eu l’idée de rapprocher les deux mondes, en 2017. Le secteur de la pomme cherchait des bras ; ceux des migrants ne demandaient qu’à se rendre utiles : l’évidence a sauté aux yeux de cette professeure de droit du Mans. « J’ai pris les Pages jaunes de l’annuaire à la recherche d’arboriculteurs, et j’ai téléphoné », se souvient-elle. Après un certain nombre de refus, la présidente de Tadamoon (« solidarité », en arabe phonétique) a réussi à convaincre plusieurs exploitants agricoles des environs de Château-du-Loir de l’accompagner dans son projet. Un obstacle important s’est alors vite dressé devant elle : comment acheminer les travailleurs, hébergés dans des foyers du Mans (quand ils ne dorment pas dans la rue), jusqu’à la zone de production, située à 50 kilomètres ? « Certains étaient prêts à prendre le train et à marcher 12 km jusqu’aux vergers, et autant pour le retour. J’ai imaginé la scène dans ma tête : 50 Africains sur le bord d’une route, au milieu de la Sarthe… Je me suis que non, cela n’allait pas le faire. » « Bosser est capital pour eux » Un bus a finalement été affrété par l’association. Celui-ci part tous les matins à 6 h 15 du centre-ville du Mans et revient le soir, le boulot terminé. La location du véhicule (485 euros par jour) est financée par plusieurs collectivités : l’Etat (par la direction départementale de la cohésion sociale), la ville du Mans et le conseil départemental de la Sarthe. Une participation de 3 euros par jour est demandée à chaque saisonnier, manière « de rappeler que rien n’est gratuit », insiste Brigitte Coulon-Marques. « Bosser est capital pour eux, poursuit la militante. D’abord parce que leur famille crève de faim. Ensuite parce qu’ils culpabilisent d’être aidés, ou de toucher le RSA pour certains, sans rien pouvoir donner en échange. »
Devant les difficultés des arboriculteurs à recruter, Tadamoon, une association d’aide aux demandeurs d’asile, a convaincu plusieurs exploitants de la Sarthe de faire appel à des réfugiés, raconte dans sa chronique Frédéric Potet, journaliste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/07/le-secteur-de-la-pomme-cherchait-des-bras-ceux-des-migrants-ne-demandaient-qu-a-se-rendre-utiles_5507520_3232.html
mlsum-fr-428
Ces trains de moyenne et longue distance remplaceront les rames Corail, dont certaines ont plus de quarante ans. JEAN AYISSI / AFP La SNCF a annoncé, mercredi 18 septembre, qu’elle allait commander vingt-huit rames automotrices Intercités au constructeur espagnol CAF, malgré l’intense lobbying de son concurrent français Alstom. Ces trains de moyenne et longue distance remplaceront les rames Corail, dont certaines ont plus de quarante ans, sur les lignes Paris-Clermont-Ferrand et Paris-Limoges-Toulouse. Un choix validé par l’Etat, qui devra encore être approuvé, le 24 octobre, par le conseil d’administration de SNCF Mobilités. Cette commande, d’un montant de 700 millions d’euros, pourra être complétée par un maximum de 75 rames livrées par tranches optionnelles ; 15 d’entre elles pourraient desservir l’axe Bordeaux-Marseille. « L’offre de CAF s’est avérée être la meilleure sur les critères de performance technique, d’innovation et de coût », explique la SNCF, qui prévoit leur mise en service à partir de 2023. Ces automotrices électriques, dont la vitesse maximale atteint 200 km/heure, sont spécialement conçues pour les lignes classiques du réseau ferré national. Baptisées « trains d’équilibre du territoire » (TET, Intercités), elles doivent améliorer la desserte des régions privées de TGV. Ces rames disposeront, selon la SNCF, d’« un haut niveau de confort et d’équipement », avec des sièges ergonomiques, un accès autonome pour les personnes à mobilité réduite depuis les quais et, à l’intérieur du train, la Wi-Fi, des prises et ports USB, des espaces pour dix vélos, et une zone logistique pour « une restauration ambulante de qualité ». Ce choix va immanquablement relancer le débat sur l’avenir du secteur ferroviaire français. Consciente que sa décision sera critiquée, la SNCF précise que cette commande permettra la création de 250 emplois sur le site de CAF, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), dont les effectifs passeraient de 100 à 350 salariés. Une partie de la fabrication sera assurée par le site de Beasain, au Pays basque espagnol. Lire aussi L’Etat ouvre la concurrence dans les lignes ferroviaires Intercités La concurrence existe bel et bien en Europe De plus, la SNCF indique que l’usine française, rachetée en 2008 par CAF, deviendrait un véritable « campus industriel », composé à la fois d’une usine moderne et d’un centre de formation. Et qu’au total, l’investissement de 30 millions de CAF générerait plusieurs centaines d’emplois indirects. Les syndicats d’Alstom, très critiques, soulignent que l’usine française ne sera chargée que de l’assemblage et que le groupe français ne pourra pas mettre à profit tous ses savoir-faire, de la conception à la fabrication. Si cette décision représente un revers pour Alstom, il n’y a pas danger pour autant. Pour son exercice avril 2018-mars 2019 décalé, en effet, le groupe dirigé par Henri Poupart-Lafarge a affiché un chiffre d’affaires en hausse de 10% (à 8,072 milliards d’euros) et un carnet de commandes de plus de 40 milliards. Cette préférence accordée à un groupe espagnol très offensif sur les marchés internationaux prouve que la concurrence existe bel et bien en Europe, en dépit du poids énorme des deux mastodontes du ferroviaire, Alstom et l’allemand Siemens. Leur projet de mariage avait été refusé, début 2019, par la Commission européenne, qui s’inquiétait pour la concurrence sur le Vieux Continent. Elle ne considérait pas la concurrence chinoise comme sérieuse dans l’immédiat. Celle-ci va pourtant s’intensifier, notamment avec la montée en puissance du groupe CRRC, qui pèse quatre fois Alstom en matière de ventes. Il s’est déjà implanté en Europe de l’Est, et l’une de ses filiales doit racheter Vossloh, un constructeur allemand de locomotives. Il ne s’agit pas d’un poids lourd du secteur, mais son acquisition par CRRC confirme les ambitions de Pékin dans le secteur ferroviaire européen.
L’entreprise publique ferroviaire a annoncé la commande de 28 rames automotrices au constructeur ibérique, en dépit du lobbying exercé par le groupe d’Henri Poupart-Lafarge, pour un coût de 700 millions d’euros.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/18/intercites-la-sncf-prefere-l-espagnol-caf-a-alstom_5512061_3234.html
mlsum-fr-429
Valentino. Valentino Pour la fashion week parisienne, le mercredi n’est pas le jour des enfants mais celui de l’expérimentation. Et les créateurs expérimentateurs venus du monde entier s’amusent comme des gamins, manipulant les codes du vestiaire masculin classique pour un public jeune, curieux et avide d’originalité. Détourner, fusionner, découper, conceptualiser, enrichir… Avec eux, tout est possible. Ils n’hésitent jamais à faire appel à des artistes contemporains pour soutenir leurs propos avant-gardistes. Cela fonctionne à condition de trouver un équilibre : trop d’expérimentations et on tombe dans l’incompréhension et le « jus de crâne » (non, le pull à trois manches n’est vraiment pas une bonne idée), pas assez et on risque de s’ennuyer. Off-White. Thibault Camus/AP Ce mercredi 19 juin a commencé avec la star actuelle du concept expérience, Virgil Abloh. Le créateur d’Off-White doit son succès à une formule simple : prendre des basiques et des codes reconnus du look de la rue (quitte à se faire parfois accuser de plagiat) et les décaler avec des détails signatures, un anneau en plastique orange sur des baskets, son logo (quatre flèches concentriques dont les pointes forment les angles d’un carré) et des mots utilisés comme des slogans surréalistes (« made for walking » sur des bottes, par exemple). Autour du designer s’est créé un culte qui a déjà provoqué des émeutes d’adolescents à l’entrée de ses défilés. Cette saison, l’ambiance est beaucoup plus calme, moins fiévreuse à l’intérieur du Carreau du Temple où a lieu le show. Dans un champ d’œillets blancs (qui finira piétiné sans véritable raison par les mannequins) s’est perdue une sculpture de personnage très « manga abstrait », signée de l’artiste graffeur américain Futura 2000. Off-White. Thibault Camus/AP Celui-ci a aussi posé ses dessins multicolores sur une partie de la collection. Ils accompagnent les traditionnels mots slogans, des effets javellisés ou tie & dye, des polos zippés, des blousons matelassés XXL, des pantalons façon jogging. Soit la panoplie idéale d’un fan de streetwear dans les années 1990-2000, l’époque où il fallait avoir un bob Kappa, un jogging complet Tacchini, un jean Diesel bien délavé et pour les plus fortunés des pièces de marques lancées par des rappeurs comme Jay Z (Rocawear) ou Puff Daddy (Sean John). Mais, en 2019, en quoi la version Off-White est-elle particulièrement pertinente ? L’expérience Abloh semble s’essouffler. Les rappeurs français de PNL ont beau fumer un joint au premier rang, cela ne rend pas l’histoire plus cool. JW Anderson est un amateur d’art contemporain qui est aussi créateur de mode. Il mêle volontiers les deux : sa boutique de Londres est également une galerie d’art, ses défilés accueillent souvent les œuvres d’artistes. L’espace Lafayette Anticipations – un lieu ouvert par les Galeries Lafayette pour recevoir des expositions d’avant-garde – sert d’écrin idéal pour son show. Dans la salle, le designer a installé des œuvres de Kate Newby, Harry Kramer et Paul Thek. Mais rien ne détourne le regard d’une collection très arty qui confronte coupes tailleurs strictes subtilement décalées, effets de textures savants, mosaïques de maille et un mélange masculin-féminin que le designer pratiquait bien avant l’ère du gender-fluid. Ici, le geste expérimental est naturel, instinctif, nourri par la culture personnelle et l’insatiable. Les silhouettes ont une grâce surprenante qui assume de ne pas s’adresser à tous les publics. La marque suédoise Acne a dû subir en France toutes les blagues sur les boutons. Mais son nom est surtout l’acronyme d’« Ambition to Create a Novel Expression » (« ambition de créer une nouvelle expression »). Chaque collection est l’occasion de répondre à cette profession de foi. Collage de maille rétro, dentelle anglaise, organza pastel, treillis de ruban, vestes et pantalons aux coupes épurées, la collection possède une poésie étrange. Le sens de la sobriété et la retenue propres à la culture scandinave assurent la bonne tenue de cet ovni qui ne porte aucune trace de snobisme. Valentino. Valentino Chez Valentino, l’expérience est liée au voyage. L’artiste britannique Roger Dean a créé pour l’occasion des motifs de paysages exotiques et fictifs qui animent un vestiaire urbain traditionnel (trench, pantalon droit, chemisette, baskets, bob). Pour cette maison romaine très classique, c’est déjà une aventure expérimentale. Pour le dernier show de la journée, rendez-vous à 21 heures sur le campus d’une école d’ingénieurs à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Le Belge Raf Simons a choisi d’expérimenter non pas la mode mais la loyauté de son public après une longue journée étouffante. La sélection est biaisée car elle est avant tout d’ordre pratique : la majorité de ceux qui n’ont pas de véhicule à la journée a choisi de passer leur tour. Pour les autres, cela commencera par un petit périple sur le périph bouché et sous l’averse bien drue qui menaçait depuis quelques heures. A l’arrivée, on découvre une moquette mauve Milka sous la voûte d’un gymnase et des fauteuils drapés de plastique noir, ambiance « serial killer qui ne veut pas salir ». Raf Simons. FRANCOIS GUILLOT / AFP Une partie de la presse et quelques VIP inattendus (Laura Dern, Takashi Murakami, le directeur artistique de Valentino, Pierpaolo Piccioli) ont fait le déplacement. En blouse d’école ou de laboratoire portée à l’envers, bottes de caoutchouc noires, traînant des sacs à queue de ratons laveurs, les mannequins ont l’air sortis d’une dystopie un peu inquiétante. Le créateur semble s’être contenté de faire une compilation de ses obsessions : streetwear, looks de rave années 1990, culte de la jeunesse et de l’underground, bizarrerie arty. La mode rejoint ici la problématique de l’art contemporain, lorsqu’on ne sait plus si on est devant une véritable œuvre ou une banalité qui flirte, peut-être, avec l’escroquerie. A ce moment-là, on peut toujours compter sur les plus snobs pour applaudir très fort, au cas où…
D’Off-White à Raf Simons, en passant par JW Anderson, les créateurs ont choisi l’expérimentation artistique. Pour le meilleur du vestiaire masculin… ou pas.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/06/20/paris-fashion-week-jour-2_5479078_4497319.html
mlsum-fr-430
Alice Zeniter sur la plage de Bréhec, à Plouézec (Côtes d’Armor), le 6 juin. THIERRY PASQUET / SIGNATURES POUR « LE MONDE » Vent du sud-ouest. Du continent déboulent d’anarchiques nuages découvrant tour à tour, en haut des falaises verdoyantes qui calfeutrent le petit port, une déchirure bleue ou l’obscurité triomphante des ciels d’orage. A quelques minutes d’intervalle, vous voilà sous l’averse ou à musarder sur le sable que la marée descendante découvre peu à peu. Bréhec. Breheg en breton. Côtes-d’Armor. Quelque part entre Paimpol et Saint-Brieuc. C’est ici qu’Alice Zeniter, 33 ans, tour à tour du soleil dans les yeux et l’orage également, déjà six romans multiprimés à son actif (et autant de textes pour le théâtre ou la jeunesse), finaliste du Goncourt des lycéens pour L’Art de perdre (Flammarion, 2017), a trouvé un refuge à sa plume. Enfin, pas sur la bande côtière, mais là-haut, sur le plateau, du « mauvais côté de la départementale », laquelle délimite une frontière marquée par le prix du mètre carré entre riches et pauvres. « Au début, je pouvais écrire partout, dans les cafés, les trains, les avions, je pouvais voler des demi-heures. Maintenant, j’ai besoin de temps longs de concentration » « Je voulais partir de Paris parce que je n’arrivais plus à écrire, explique la jeune femme en chassant une boucle brune que le vent rebelle. Au début, je pouvais écrire partout, dans les cafés, les trains, les avions, je pouvais voler des demi-heures. Maintenant, j’ai besoin de temps longs de concentration. Ça fait chier, je vieillis. Et puis, j’ai aussi besoin de m’isoler parce que quand ça ne va pas bien, je peux être lourde. Dans les romans américains écrits par des hommes, on lit souvent à la fin : “Je remercie ma femme pour sa patience et sa compréhension.” Ça veut dire que tu as été un tel connard ! Pas du tout envie de ça. » Elle ne veut pas d’enfants. Elle le revendique La première fois qu’Alice Zeniter débarque ici, c’est en 2015. A Binic, au Lynceus Festival, où avec sa compagnie de théâtre, L’Entente cordiale, elle présente une pièce revisitant le mythe du pirate (« C’est quoi politiquement ? Il y a quoi au-delà du cache-œil et de la jambe de bois ? »). Elle trouve une maison à louer à Saint-Quay-Portrieux, puis avec l’argent de Sombre dimanche (Albin Michel, prix du livre Inter 2013) elle achète la maison. « J’ai rêvé un truc à la Jim Harrison, ou à la John Gardner. L’écrivain solitaire, la cabane… » Elle en rit. Mais le fait est : la maison se chauffe au bois. Tous les matins, il faut fendre les bûches, raconte ce grand brin de femme en déployant son corps. « Ma vie est une lutte constante pour l’organisation de mon temps. J’ai besoin d’un temps pour écrire, un temps amoureux avec mon mec pour que ce soit beau, un temps de socialisation, un temps pour le théâtre… »
L’auteure de « L’art de perdre » a choisi les Côtes d’Armor pour écrire en solitaire. Près de la mer, forcément.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/08/17/un-chateau-de-sable-avec-alice-zeniter-j-aime-l-idee-qu-on-puisse-se-choisir-des-pays_5500156_4497916.html
mlsum-fr-431
Après une manifestation d’indépendantistes à Barcelone (Espagne), le 17 octobre. JON NAZCA / REUTERS Un bruit sourd, comme un coup de tonnerre, résonne dans la nuit : une benne à ordures vient d’être jetée au sol, vomissant sur la chaussée ses sacs-poubelles, dans le quartier bourgeois de l’Eixample, en plein cœur de Barcelone. Un groupe de jeunes, visage caché par un foulard et capuche sur la tête, y met le feu et regarde ce spectacle avec satisfaction. D’autres recommencent l’opération un peu plus loin. A une fenêtre, une femme sort sa tête et constate les dégâts. « Fascistes ! », crie-t-elle en direction des jeunes en leur reprochant leur comportement. Ils lui répondent par des insultes. Lorsque les pompiers arrivent, ces derniers sont applaudis – en octobre 2017, nombre d’entre eux avaient aidé à la tenue du référendum illégal –, ce qui ne manque pas d’ajouter une touche de surréalisme aux débordements. Quand la police débarque, ils se cachent dans les halls d’immeuble, le temps que la voie redevienne libre, puis ils reprennent leur rituel incendiaire un peu plus loin. Lire notre éditorial : Catalogne, sortir de l’impasse Mercredi 16 octobre, les manifestations contre l’arrêt de la Cour suprême espagnole, qui a condamné des figures indépendantistes catalanes à des peines allant de neuf à treize ans de prison, se sont terminées une nouvelle fois dans la violence. Celle-ci est encore montée d’un cran, avec une dizaine de voitures brûlées, des feux d’artifice lancés sur un hélicoptère de la police, en plus des jets de pierres et des barricades en feu déjà vus ces derniers jours. Une trentaine de personnes ont été arrêtées et une cinquantaine de blessés étaient à déplorer. Quelque 200 agents de la police nationale espagnole sont annoncés en renfort des Mossos d’Esquadra, les forces de l’ordre catalane, dans les prochains jours. Le mouvement indépendantiste, qui s’est caractérisé ces dernières années par la non-violence, est-il en train de se métamorphoser ? La tentation est là, chez une partie des manifestants. « Les plus grandes révolutions ne se sont pas faites avec des fleurs, en manifestant pacifiquement », assure une jeune fille de 17 ans, qui se fait appeler Kollontaï, en référence à la féministe et communiste russe. Avec deux autres amies, elles regardent brûler la rue Consell de Cent, le visage caché par un foulard. Féministes, anticapitalistes et communistes, elles disent vouloir l’indépendance « mais pas celle que demande la bourgeoisie catalane. Nous voulons une indépendance faite par la classe ouvrière, pour que les femmes aient les mêmes droits que les hommes, que les familles puissent avoir une maison, que les gens ne dorment pas dans la rue ».
Après les lourdes peines infligées par la Cour suprême à d’anciens dirigeants catalans, les violences restent minoritaires mais viennent ponctuer chaque journée de manifestation.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/17/en-catalogne-une-partie-du-mouvement-independantiste-se-radicalise_6015884_3210.html
mlsum-fr-432
L’incendie de Lubrizol à Rouen le 26 septembre. PHILIPPE LOPEZ / AFP Tribune. Derrière les fumées noires de Lubrizol, derrière les termes « installations classées » et « sites classés Seveso », se dévoile au grand public l’opacité des industries à risque. Le terme d’installations et de sites classés regroupe les principales usines potentiellement dangereuses allant des établissements industriels classés Seveso – du nom du village italien où une usine chimique a rejeté accidentellement un nuage de dioxine en 1976 avec des répercussions sanitaires sur des générations d’Italiens – aux incinérateurs, en passant par de nombreuses usines chimiques en tout genre. L’accident de Lubrizol, qui est loin d’être un cas isolé, est pour nous médecins, scientifiques et ONG, l’occasion d’alerter sur l’insuffisance des contrôles qui sont imposés à ces industries. Ces accidents ne sont que la partie visible du risque sanitaire et environnemental. L’autre risque potentiellement bien plus dangereux, bien plus opaque, concerne les émissions quotidiennes de ces industries : particules ultrafines recouvertes d’hydrocarbures aromatiques polycycliques et de métaux lourds, perturbateurs endocriniens, qui, années après années, augmenteront le risque de cancers, de maladies cardiovasculaires et respiratoires chez les riverains, avec un risque encore plus important lorsque ces industries sont en zone urbaine. Des dérogations A haut risque de pollution, ces installations classées bénéficient pourtant d’un système de contrôle pour le moins complaisant et extrêmement tolérant au vu des risques sanitaires encourus. En effet, ces industries bénéficient de dérogations méconnues du grand public, un régime d’autodéclaration qui autorise les industriels à déclarer eux-mêmes leurs émissions de polluants, sans qu’aucune agence indépendante, aucune agence agréée de surveillance de la qualité de l’air n’ait le droit, en routine, d’effectuer des mesures de polluants autour ou dans l’enceinte de ces industries. Il en résulte une opacité quant aux émissions réelles de ces industries. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « C’est peu de dire que les leçons de Seveso n’ont guère été retenues » « L’autosurveillance repose sur la confiance accordée à l’exploitant » : cette phrase figure en toutes lettres sur le site du ministère de la transition écologique et solidaire. De nombreux scandales, dont celui du dieselgate, nous ont amèrement rappelé que cela ne fonctionnera jamais. Certes, les contrôles existent mais, par manque de moyens, les contrôles préfectoraux sont rares, allant d’une fois par an à tous les cinq ans. Seulement un tiers des 44 000 établissements les plus dangereux sont contrôlés tous les ans, et le nombre des visites d’inspection a diminué de 36 % en dix ans. De plus, les établissements sont prévenus à l’avance de la survenue d’un contrôle.
Un collectif de médecins et de scientifiques spécialistes des impacts sanitaires de la pollution de l’air dénoncent, dans une tribune au « Monde », l’insuffisance des contrôles sur les sites industriels à risque.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/18/incendie-de-rouen-l-autre-risque-de-pollution-potentiellement-bien-plus-dangereux-concerne-les-emissions-quotidiennes-de-ces-industries_6015949_3232.html
mlsum-fr-433
Legends ». Du tir (« Project A »), du combat (« Project L »), des cartes à jouer (Legends of Runeterra), de l’action (« Project F ») et même un jeu de gestion (LoL Esports Manager)… Il ne manquait guère qu’un jeu de kart, et presque tous les genres du jeu vidéo auraient été couverts, mercredi 16 octobre, lors des annonces des futures productions de Riot Games. L’éditeur du jeu-phare de la scène e-sport, League of Legends (LoL) était jusqu’à présent monoproduit, monosuccès ; intouchable sur son créneau, absent sur tous les autres. Pour la première fois depuis sa fondation en 2006, l’entreprise sise à Los Angeles, propriété de Tencent depuis 2015, vient d’abattre de nouvelles cartes. Nicolas Laurent, dit Nicolo, inscrit les annonces de Riot dans une stratégie de diversification à long terme. (Riot Games) La sortie de ces nouvelles productions, qui s’étalera sur plusieurs mois voire années, pourrait même n’être qu’un simple avant-goût d’une stratégie de diversification encore plus large. « Nous avons d’autres projets qui ne sont pas encore annoncés, car ils sont encore à un stade trop embryonnaire », explique au Monde Nicolas Laurent, dit Nicolo, le PDG français du groupe américain, rencontré, jeudi 17 octobre, au siège parisien de Riot France. « Briguer la première place » La concurrence s’annonce rude, face aux surpuissants américains Valve (DotA 2, Counter-Strike) et Blizzard (Hearthstone, Overwatch). Des « dieux », selon le boss de Riot, qui assume s’en inspirer, que ce soit pour le game design ou la communication. Et qu’il va s’agir de détrôner dans des genres déjà saturés, comme le jeu de tir (FPS). « Riot lance cinq titres, statistiquement, il y a peu de chances que les cinq s’imposent », prévient Nicolas Cerrato, fondateur du site de monitoring du marché de l’e-sport, Gamoloco. « La principale question, c’est : les joueurs s’amuseront-ils dessus ? League of Legends c’est un excellent jeu dans un style que Riot maîtrise. On peut en revanche s’interroger sur leur connaissance des FPS. » Nicolas Laurent n’espère pas le même succès phénoménal que League of Legends, « une anomalie », mais ne veut pas se contenter de jouer les seconds rôles pour autant. Dans l’e-sport, explique-t-il, il existe une règle : « the winner takes it all » – le numéro 1 raffle tout. « Ce n’est pas comme dans la restauration, où même la cinquième plus grosse chaîne peut dégager d’importants bénéfices. Si Riot se lance dans un marché, c’est pour briguer la première place. » Le manque d’originalité, « une critique recevable » Certains observateurs se sont plaints du manque d’audace de Riot, qui est venu se positionner sur presque chacun des genres majeurs de l’e-sport avec des productions en apparence très génériques. Réponse à « Counter-Strike » et « Overwatch », le jeu de tir de Riot ne brille pas par son originalité. (Riot Games) « C’est une critique recevable, assume Nicolas Laurent. C’est vrai que nous ne révolutionnons pas le jeu vidéo. Mais des titres qui créent un nouveau genre, il n’en sort pas chaque année ! Nous avons par ailleurs des projets plus loufoques, mais que nous annoncerons plus tard. » Lui-même rêverait que Riot se lance dans une simulation de football – une perspective qui n’a l’air d’intéresser que lui au sein de cette firme américaine. Et pourquoi pas un battle royale à la Fortnite ? « Les gens en interne qui essayent de me vendre un jeu de ce type, je leur demande : “Qu’est-ce qu’on peut faire qui soit mieux qu’ailleurs ?” On n’écarte pas l’idée, le battle royale, c’est du multijoueur, intense, compétitif, tout ce qui est dans l’ADN de Riot. Mais si on en fait un, il faut le faire bien. » « Régler les problèmes » des jeux de cartes Nicolas Laurent aime répéter qu’un nouveau jeu doit « régler les problèmes » du genre, sans quoi il ne mérite pas d’exister. Ainsi de Legends of Runeterra. Déjà accessible sur invitation, le premier jeu de cartes de Riot se veut simple, profond, basé sur le bluff. Si les premiers retours sont positifs, c’est que le développement a été repris plusieurs fois. « Quand on s’apprêtait à l’annoncer pour la première fois, Blizzard nous a pris de court en lançant Hearthstone [en 2015]. Quand on a vu ce concurrent, on s’est dit qu’il fallait qu’on reprenne tout à zéro », confesse-t-il. Pour offrir un jeu plus compétitif, et qui, à son tour, « règle les problèmes » du genre : « Aujourd’hui [dans les jeux concurrents], le joueur dépense de l’argent pour acheter des paquets de cartes, et il n’est même pas sûr d’avoir la carte qu’il veut. C’est un modèle économique scandaleux. Dans “Legends of Runeterra”, si après une partie il estime qu’il manque une carte précise pour renforcer son deck, il pourra l’acheter directement. » « Legends of Runeterra » défie frontalement « Hearthstone », mais avec un modèle économique qui se veut moins basé sur le hasard et la frustration. (Riot Games) Une manière, aussi, de s’éviter les foudres des autorités de régulation, très sévères contre ce type de pochettes-surprises, considérées dans certains pays comme des jeux d’argent déguisés. L’autre raison de ce développement à rallonge, c’est la volonté d’offrir un produit qui fasse référence sur le long terme. « Cela peut paraître arrogant, mais à Riot, notre objectif, c’est de faire des jeux qui durent une décennie. Des jeux de cartes comme Magic sont joués depuis 25 ans, alors pourquoi pas ? » Lire aussi De la cour de récré aux compétitions, un champion raconte 25 ans de cartes Magic 10 ans après, « LoL » encore en croissance La longévité exceptionnelle de League of Legends est sa principale raison d’y croire. Lancé en 2009, ce jeu de batailles tactiques en équipe n’a cessé de croître depuis ses débuts. En 2016, Riot Games annonçait 100 millions de joueurs mensuels. L’éditeur n’a plus communiqué sur sa fréquentation mensuelle depuis, mais Nicolas Laurent l’assure, elle n’a pas baissé, avec même plusieurs records enregistrés en 2019. Dans certains pays comme la Corée du Sud, la Chine ou, plus étonnant, la Grèce, ce serait près de 10 % de la population qui jouerait à LoL. Et le championnat du monde de League of Legends, qui s’est ouvert, samedi 12 octobre, à Berlin, est parti sur des bases d’audience historique, se félicite Nicolo. « En termes d’audience, Fortnite a baissé un peu cette année, malgré leur coupe du monde et les millions injectés, alors que League of Legends, lui, est remonté, et a repris la première place au classement des jeux les plus vus depuis peu », corrobore Nicolas Cerrato. Début octobre, Riot Games évoquait même 8 millions de joueurs simultanés en moyenne. « J’ai vécu à Hongkong, je comprends » Le PDG de Riot, qui a vécu personnellement à Hongkong, est plus embarrassé quand on l’interroge sur la polémique qui a récemment frappé Blizzard. L’éditeur de Hearthstone a provoqué un tollé en Occident après avoir annulé les gains et exclu un joueur hongkongais pro-démocratie. Trois autres joueurs ont depuis été sanctionnés pour la même raison. « C’est une question difficile. A Riot, nous avons tous des opinions politiques très fortes, et nous encourageons les joueurs à en avoir, mais nous pensons que nos compétitions ne sont pas le lieu pour les partager. Je comprends que l’on puisse ne pas être d’accord, mais c’est ainsi, je n’ai pas envie d’avoir des débats sur la procédure d’empeachment de Trump ou des soutiens à la politique de Poutine durant les mondiaux de LoL. Mais j’ai vécu à Hongkong, je comprends. » Des jeux compétitifs, mais… « Project F » est le premier projet non-compétitif présenté par Riot Games. Signe que l’e-sport n’est pas l’unique voie possible pour le studio créateur de « League of Legends ». Un autre défi consistera à mieux encadrer le comportement des joueurs, alors que la communauté de League of Legends a longtemps été réputée pour sa toxicité en ligne. « Une part de cette toxicité vient de l’aspect compétitif, reconnaît Nicolo. Surtout en équipes. Quand on perd, le cerveau humain préfère accuser l’autre que de se remettre en question. Et puis, l’anonymat en ligne n’aide pas. Mais dans Legends of Runeterra, qui se joue en un contre un, on constate beaucoup moins ces comportements. » Il prévoit des mécanismes récompensant les bonnes conduites et punissant les écarts pour assurer un environnement de jeu agréable. Pas question en revanche de renoncer au format e-sport quand il est possible. « On vise des jeux qui s’inscrivent dans la durée, les jeux compétitifs s’y prêtent bien. » Ce qui n’a pas empêché l’entreprise américaine d’annoncer « Project F », un jeu d’action coopératif à la Diablo. Riot ne s’interdit vraiment rien.
Nicolas Laurent, PDG de l’entreprise à l’origine du phénomène de l’e-sport, explique au « Monde » sa stratégie pour se diversifier, après dix ans de « League of Legends ».
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/18/riot-games-roi-de-l-e-sport-veut-faire-des-jeux-video-qui-durent-des-decennies_6016069_4408996.html
mlsum-fr-434
Colette, romancière et journaliste La 106e édition du Tour de France a débuté le 6 juillet à Bruxelles, en Belgique, une terre de cyclisme qui a vu naître nombre de vainqueurs de la Grande Boucle : Eddy Merckx, cinq fois victorieux (de 1969 à 1972, puis en 1974), Lucien Van Impe (1976) ou encore le Bruxellois Philippe Thys (1889-1971), qui fut le premier coureur à remporter trois fois l’épreuve (en 1913, 1914 et 1920). En 1913, à l’orée de la première victoire de ce cycliste aujourd’hui oublié, le quotidien Le Matin dépêche, dans l’ultime étape qui s’achève au Parc des Princes, à Paris, la romancière Colette (1873-1954). Après avoir fait ses débuts journalistiques sous la houlette de son premier mari, c’est au Matin, à partir de 1910, qu’elle fait son apprentissage avec Henry de Jouvenel, qui est à la fois le rédacteur en chef du journal et son second époux. Reportage, compte rendu de procès, chronique, billet, conte : quel que soit le genre auquel elle s’adonne, l’auteure des « Claudine » fait montre d’un don aigu de l’observation, d’un souci du détail et d’un sens de la formule qui font le sel de ses articles. Dans l’article consacré au Tour de France de 1913, le regard de la romancière se pose moins sur l’événement proprement dit que sur le spectacle populaire qu’il suscite. Que ce spectacle ait lieu sur la route, où les coureurs pédalent « dos noir et jaune chiffrés, l’échine en arceau, la tête dans les genoux » et où les « petits jeunes du dimanche » à bicyclette s’amusent à lancer des nouvelles alarmantes sur le peloton ; au milieu du ballet chaotique des voitures suiveuses, auquel elle assiste juchée sur le siège de l’une d’entre elles ; ou dans la foule « claire, endimanchée », « cordiale », « joviale », qui est de plus en plus dense à mesure que l’arrivée approche. Colette excelle à dépeindre cette foule – au risque de s’y fondre et de n’apercevoir du « triomphateur » que « ces deux jambes menues ». La « une » du journal « Le Matin » daté du lundi 28 juillet 1913. BNF Ensemble réalisé en partenariat avec Retronews, le site de presse de la Bibliothèque nationale de France (BNF). « – En allez-vous de d’là, bon Dieu ! Ils viennent, ils viennent ! Nous ne bougeons pas. Nous restons muets et dédaigneux dans l’automobile, rangée au bord de la route près du passage à niveau de Villennes. Une heure d’attente nous a édifiés sur la valeur de cet avertissement, jeté en passant par des bicyclistes. Ils sont rouges, excités, suants ; ils arborent de petits drapeaux à leur guidon et pédalent très vite, en criant des choses péremptoires. Ce ne sont pas des éclaireurs, ce sont des petits jeunes gens du dimanche, qui jouent à troubler le calme du paysage maraîcher et n’y arrivent pas. De Poissy à Villennes, les marges poussiéreuses de la route servent de tapis à des familles paisibles, à des cyclistes sans prétention guêtrés de ficelles, à quelques poivrots dominicaux. Il y en a qui déjeunent en attendant, comme nous, le retour des « Tour de France ». Le vent léger balance les graines d’asperges, les fleurs d’oignons et les épis encore debout, portant avec lui l’abominable odeur des épandages nourriciers. De temps en temps, un adolescent dévale sur deux roues, les basques au vent, et crie, les yeux hors de la tête, des nouvelles dramatiques, inventées, tout exprès : – Y en a un qui vient de se tuer !… – I’ sont plus que trois de l’équipe Peugeot ! Tout le restant a crevé !… Mais voici d’autres gens, également montés sur deux roues ; non plus rouges, mais d’un jaune étrange, ils semblent appartenir à une autre race. Un maquillage de sueur et de poussière les masque, empâte leurs moustaches ; leurs yeux caves entre des cils plâtreux leur donnent un air de puisatiers rescapés. – Ça, c’est les amateurs sérieux, dit mon compagnon. Les coureurs ne sont pas loin… « Nous sommes aveuglés, suffoqués ; nous démarrons à tâtons ; une voiture-pilote hurle à nos trousses comme la sirène d’un navire perdu » Il parle encore qu’un nuage bas blanchit au détour de la route et roule sur nous. Nous sommes aveuglés, suffoqués ; nous démarrons à tâtons ; une voiture-pilote hurle à nos trousses comme la sirène d’un navire perdu, une autre nous frôle et nous dépasse, d’un élan hardi et onduleux de poisson géant ; un fretin affolé de cyclistes aux lèvres terreuses, entrevus dans la poussière, s’agrippe aux ailes des automobiles, dérape, s’écrase… Nous suivons, engrenés dans la course. J’ai vu passer devant nous, tout de suite avalés par des tourbillons lourds, trois coureurs minces : dos noir et jaune, chiffrés de rouge, trois êtres qu’on dirait sans visage, l’échine en arceau, la tête vers les genoux, sous une coiffe blanche… Ils ont disparu très vite, eux seuls muets dans le tumulte ; leur hâte à foncer en avant, leur silence semblent les isoler de ce qui se passe ici. On ne dirait pas qu’ils rivalisent entre eux, mais qu’ils nous fuient et qu’ils sont le gibier de cette escorte où se mêlent, dans la poussière opaque, des cris, des coups de trompe, des vivats et des roulements de foudre.
Alors que les coureurs entament leur deuxième semaine sur la Grande Boucle, « Le Monde » publie un reportage de la romancière paru dans « Le Matin » en 1913, dans lequel elle relate de l’intérieur la dernière étape de l’édition remportée par le Belge Philippe Thys.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/13/colette-en-1913-la-fin-d-un-tour-de-france_5488910_3232.html
mlsum-fr-435
« Mass Game » (spectacle de masse) à Pyongyang, le 4 juin 2019 (photo AFP/agence de voyages Koryo Tours). HANDOUT / AFP La nouvelle saison des « jeux de masse » n’aura pas duré bien longtemps à Pyongyang. Inspirés de la Chine maoïste et de la Russie stalinienne, ces spectacles de grande ampleur qu’écoliers et étudiants doivent répéter durant des mois théâtralisent le pouvoir en place, avec pour but de nourrir la ferveur nationaliste. A la différence des parades militaires, cet événement mise sur l’art pour incarner les événements historiques majeurs de la Corée du vingtième siècle, depuis l’occupation japonaise (1910-1945) jusqu’au rapprochement entre les deux Corées entamé l’an dernier. Des milliers d’étudiants exécutent des danses et acrobaties à la gloire du système nord-coréen. Au centre du stade, des milliers d’étudiants sont mobilisés pour exécuter des figures, danses et acrobaties, à la gloire du système nord-coréen. Une longueur entière des gradins est occupée par des jeunes munis chacun d’un grand livre. Lorsqu’ils tournent les pages, un nouveau tableau vante les accomplissements du pays sous le pouvoir des Kim. Mais la dernière édition du spectacle n’a pas été du goût de Kim Jong-un. Présent lundi 4 mai aux côtés de son épouse Ri Sol-ju à la grande première de « La terre du peuple » au stade du 1er mai, à Pyongyang, le dirigeant, qui, l’année précédente, applaudissait en souriant, a cette fois « vivement critiqué » les créateurs du spectacle, mardi, selon la très officielle agence de presse KCNA. Les raisons du courroux présidentiel Les raisons invoquées ? Un esprit de création « erroné » et une attitude de travail « irresponsable ». On ne sait avec certitude quel tableau a suscité cette crispation, mais elle a entraîné la suspension, à compter du 10 juin, de toutes les représentations du spectacle, qui devait initialement se jouer jusqu’en octobre, selon l’agence de voyage Koryo Tours. Kim Jong-un a ordonné aux concepteurs d’apporter des « ajustements » et « modifications » au spectacle afin de « réimplanter correctement la politique révolutionnaire du parti dans l’art et la littérature », avant qu’il ne puisse reprendre. Cinq ans après leur suspension pour une raison inexpliquée, le jeune dirigeant Kim Jong-un avait relancé ce type d’événement l’année précédente. L’édition 2018 mettait en avant le rapprochement intercoréen en cours et l’apaisement avec les Etats-Unis, et avait été montrée au président sud-coréen Moon Jae-in lors de sa visite à Pyongyang en septembre. Les différentes scènes illustraient le basculement d’alors : la priorité donnée au développement de l’économie et non plus à la course à l’armement nucléaire, synonyme de sanctions internationales.
« La terre du peuple », dernière édition du « spectacle de masse » visant à asseoir la légitimité de la dictature, a contrarié le dirigeant nord-coréen. Il annonce sa suspension à compter du 10 juin.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/07/contrarie-kim-jong-un-suspend-les-spectacles-de-masse_5473193_3210.html
mlsum-fr-436
ntoure. La Casa de Ferro, une bâtisse en plaques de fer, est une curiosité de Maputo, au Mozambique. Selon la légende locale, c’est Gustave Eiffel lui-même, l’ingénieur et constructeur français, qui aurait dessiné la maison à la fin du XIXe siècle. Le génie du fer répondait au désir du gouvernement colonial portugais de faire un cadeau à Rafael Jacome de Andrade, gouverneur général du Mozambique, qui se devait d’avoir une résidence digne de ce nom à Maputo, qui s’appelait alors Lourenço Marques. Mais en 1892, après le long acheminement de plaques les unes après les autres depuis l’Europe, la bâtisse est terminée. Mais elle révèle une grosse anomalie : impossible d’y habiter, tellement la température est élevée à l’intérieur. Implantée près d’un marais infesté de moustiques, elle aura du mal à occuper une fonction pérenne. Propriété du ministère du tourisme et de la culture, elle finira même par être déplacée, en 1972, ailleurs dans Maputo. La cocasserie de la genèse de la Casa de Ferro intrigue : Eiffel a-t-il vraiment signé cette maison ? Comment le surdoué français n’a-t-il pas anticipé que le fer ne conviendrait pas au climat tropical du Mozambique ? Bien sûr, il est possible aussi que l’ingénieur, en pleine gloire à l’époque, ait pu céder au caprice d’un gouverneur désireux de s’offrir un « morceau » de la tour construite à 9 000 kilomètres de là… A l’exposition universelle de Paris de 1889, Eiffel avait dévoilé son incroyable réalisation, dont la réputation a vite franchi les frontières de l’Europe. Il avait aussi présenté, au même moment, une maison de fer, prouvant ainsi que son système d’assemblage métallique pouvait s’adapter à toute forme de construction. La piste belge La Casa de Ferro viendrait donc s’ajouter aux nombreux ponts construits par Gustave Eiffel en Afrique et ailleurs (notamment au Portugal). L’ingénieur serait aussi l’auteur de la gare de la ville, chef-d’œuvre en fer forgé, et le lycée français de Maputo porte son nom. Néanmoins, sur les murs de la Casa de Ferro, pas de plaque commémorative revendiquant la « paternité » de la maison. Et pour cause : aucun document officiel n’atteste la filiation directe avec Eiffel, et la Casa de Ferro ne figure pas dans la plupart des biographies consacrées au constructeur français. « Ici, on a toujours dit que Gustave Eiffel avait conçu la maison… mais elle est, certainement, plus largement de l’école Eiffel », explique, depuis Maputo, Emanuel Dionisio, historien en charge du patrimoine culturel. Pour Bertrand Lemoine, architecte et spécialiste d’Eiffel, aucun doute n’est permis. « La Casa de Ferro de Maputo n’est absolument pas l’œuvre de Gustave Eiffel, affirme-t-il. Tout comme beaucoup des maisons dites “Eiffel” construites à travers le monde ! » Selon le spécialiste, la Casa de Ferro serait le fait d’un ingénieur et constructeur belge, Joseph Danly, qui a exporté à l’étranger, et principalement en Amérique du Sud, beaucoup de constructions préfabriquées en métal à la fin du XIXe siècle. Dès les années 1960, le journaliste et historien mozambicain Alfredo Pereira de Lima atteste lui aussi, sans équivoque, l’origine belge – et non française – de la Casa de Ferro, puisqu’il écrivait dans un de ses ouvrages sur la ville de Maputo : « A la fin du siècle dernier, la Belgique teste au Congo un nouveau système de maisons préfabriquées en acier, avec de bons résultats. » La technique du rivet Dès lors, comment une telle confusion a-t-elle pu ainsi perdurer ? « Je me suis moi-même trompé sur une autre “maison Eiffel” qui existe à Poissy (Yvelines), avoue Bertrand Lemoine. Je pensais que celle-ci était réellement de Gustave, mais c’était aussi une erreur. » Au terme de l’enquête, c’est donc bien Joseph Danly qui semble avoir signé la Casa de Ferro : le travail des plaques de fer, similaire, indique la filiation entre les maisons de Maputo et de Poissy (détruite par la tempête de 1999, la reconstruction à l’identique de cette dernière devrait être achevée fin 2019). « En réalité, c’est l’ingéniosité du système Eiffel, basé sur la technique du rivet, qui a été copiée. C’était l’époque de l’avènement du fer », rappelle Martin Peter, conservateur au laboratoire aérodynamique Eiffel, qui conduit des études auprès d’industriels. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La villa Planchart, l’Italie de Gio Ponti sur une colline de Caracas Philippe Coupérie-Eiffel, l’arrière-arrière-petit-fils de Gustave, président de l’association des amis de l’ingénieur, s’amuse presque de cette énième « naissance sous X » : « Que voulez-vous, c’est le mythe Eiffel ! La notoriété et l’empreinte de mon aïeul sont telles qu’elles ont depuis longtemps dépassé sa propre œuvre, pourtant déjà très prolifique… » Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde Kent Andreasen pour M Le magazine du Monde
La Casa de Ferro aurait été construite par l’ingénieur français, en 1892, à Maputo. Mais cette demeure est inhabitable par un climat aussi chaud. Une erreur qui incite à remettre en doute cette paternité. Le Sud-Africain Kent Andreasen a photographié cette bâtisse et capté l’atmosphère qui l’entoure.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/08/09/au-mozambique-la-mysterieuse-maison-de-fer-attribuee-a-gustave-eiffel_5498126_4497319.html
mlsum-fr-437
Le chef de file des partis arabes, Ayman Odeh, le 17 septembre à Haïfa. Ariel Schalit / AP Il faut voir les responsables des partis arabes rayonner dans les médias israéliens depuis mercredi 18 septembre, au lendemain des législatives israéliennes, pour prendre la mesure d’un moment, probablement éphémère : les voilà qui s’extirpent des marges de la vie politique israélienne. Contre toute attente, la seconde liste unie de leur histoire, après celle de 2015, a mobilisé un électorat qui demeurait confus et apathique, notamment les plus jeunes : ils obtiennent 13 sièges au Parlement, selon des résultats encore non définitifs. Ils peuvent désormais jouer un rôle important, en recommandant au président, Reuven Rivlin, le candidat qui leur paraît le plus à même de former un gouvernement. Ce ne sera pas M. Nétanyahou, a prévenu leur leader, Ayman Odeh, qui s’emploie à rendre au premier ministre les coups de sa campagne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Benny Gantz, en position de force après les élections législatives en Israël M. Nétanyahou a trop usé de la peur du vote arabe pour mobiliser sa base. Cette tactique a fini par pousser ses boucs émissaires vers les urnes. « L’incitation à la haine a un prix, Abou Yair », lançait M. Odeh, mercredi, au père du jeune Yair Nétanyahou, dont les provocations dépassent régulièrement celles du premier ministre. Lire aussi Yair Nétanyahou dans la droite ligne du père La recommandation d’un premier ministre ne va pas de soi, pour les partis arabes : ils ne l’ont jamais fait que pour Yitzhak Rabin, en 1992, avant les accords de paix d’Oslo. Ils demeurent par ailleurs échaudés par le refus du principal rival de M. Nétanyahou, Benny Gantz, de les inclure dans un gouvernement d’union, après l’ouverture inédite que M. Odeh lui avait adressée, à la fin août. Accès aux comptes rendus de sécurité Une telle association demeure radioactive pour M. Gantz, même si les deux hommes ont convenu de se rencontrer. « Après les précédentes élections d’avril, j’ai contacté [M. Gantz] et je lui ai dit qu’il menait une campagne raciste, lorsqu’il affirmait qu’il ne siégerait pas avec des Arabes. Je lui ai demandé de changer de direction. La vérité est qu’il l’a fait », constatait mercredi M. Odeh, conciliant. Envisageant de longue date un gouvernement d’union sans les partis arabes, M. Odeh nourrit une autre ambition : « Nous serons le plus large groupe d’opposition, et je deviendrai le premier parlementaire arabe à diriger l’opposition », prédisait-il au Monde, dès le 11 septembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, Nétanyahou échoue à imposer des caméras dans les bureaux de vote arabes Ce statut officiel impose des consultations mensuelles avec le premier ministre, et de rencontrer les officiels étrangers en visite. « C’est un palier significatif, sans précédent pour nous », affirmait M. Odeh, mercredi, à la radio de l’armée. « Quand les présidents du monde entier viendront, ils nous rencontreront aussi. » Si le décompte final des votes ne ramène pas son score à la baisse, et si un vote du Parlement ne le prive pas de cette position, M. Odeh recevrait également des comptes rendus de sécurité de la part des services de renseignement, une perspective qu’il juge « intéressante ».
En cas de gouvernement de coalition excluant la liste Ayman Odeh, celui-ci, fort de ses 13 députés, pourrait devenir le premier parlementaire arabe à diriger l’opposition.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/19/forts-de-leur-union-les-partis-arabes-pourraient-prendre-la-tete-de-l-opposition-israelienne_5512327_3210.html
mlsum-fr-438
Un hoazin (« Opisthocomus hoazin »), au Pérou, en octobre 2009. BILL BOUTON / CC BY-SA 2.0 Au firmament des animaux bizarres trône, chacun le sait, l’ornithorynque. Mammifère et ovipare, bec de canard et queue de castor, pattes postérieures de loutre munies d’aiguillons venimeux, la bestiole reste imbattable. Pourtant, un drôle de volatile sud-américain pourrait presque lui contester le titre. A première vue, le hoazin pourrait passer pour un vulgaire faisan. A première vue… Car en réalité, de son mode de vie à son métabolisme en passant par son anatomie, l’animal défie toutes les catégories. Constamment installé dans les arbres, il boude les fruits et se nourrit exclusivement de feuilles, toxiques de préférence… qu’il rumine. Comme les vaches, cerfs, girafes et autres buffles, il opère ainsi une première digestion prégastrique avant de définitivement assimiler les aliments. Une exception parmi les volatiles herbivores, qu’il accompagne de délicats dégagements gazeux. Patte gauche, aile droite, patte droite, aile gauche « L’oiseau puant », comme le surnomment les Britanniques, ne s’en tient pas là. Lorsqu’un prédateur s’approche de son nid, dissimulé dans les épineux au-dessus des rivières du bassin amazonien, les petits se jettent à l’eau. Déjà bons nageurs, ils regagnent sans peine le bord. Et c’est là qu’intervient le plus étonnant. Pour remonter sur la rive, les oisillons profitent des griffes disposées au bout de leurs ailes, et marchent. Patte gauche, aile droite, patte droite, aile gauche, de façon coordonnée, tel le pas d’un cheval. « Ou plutôt la marche d’une salamandre », corrige Anick Abourachid, qui a publié cette découverte, le 22 mai, dans la revue Science Advances. Professeure d’anatomie fonctionnelle au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, elle se passionne depuis toujours pour les liens entre forme et fonction. Depuis vingt-cinq ans, elle rêvait d’examiner la locomotion de cet étonnant animal. En 1888, un ornithologue du Musée d’ethnologie de Leyde (Pays-Bas) avait bien décrit un oisillon sortant d’une calebasse à quatre pattes « mais personne n’avait vérifié », raconte la chercheuse. Non que l’animal soit introuvable. « Dans certaines régions, ils sont aussi courants que les pigeons à Paris. Sauf que ces régions sont souvent reculées. Quant aux nids, cachés dans les épineux au-dessus des rivières, ils sont inaccessibles. » Une première tentative de l’équipe française, en Guyane, a échoué. Et c’est finalement au Venezuela, au bord du Rio Cojedes, à 300 km de Caracas, qu’Anick Abourachid a trouvé le site idéal. Quatre oisillons ont été prélevés et placés dans une piscine transparente. Leur nage comme leur déplacement sur plan incliné ont été filmés et analysés. Avec une conclusion sans appel : « Il ne s’agit pas de battements symétriques des ailes, comme le font de nombreux oisillons pour favoriser leur adhérence, ni de mouvements hasardeux ou spontanés, comme un bébé qui agripperait un doigt, mais bien d’actions coordonnées, même si l’on constate des irrégularités », conclut la chercheuse. Sérieuses questions évolutives Cette grande première ouvre de sérieuses questions évolutives. On pensait en effet que la coordination quadrupède s’était envolée, ou plutôt qu’elle avait disparu lorsque les théropodes, ces dinosaures bipèdes parents des oiseaux, avaient perdu l’usage locomoteur de leurs membres antérieurs. Les hoazins l’ont-ils en réalité conservé ? Ou cette compétence est-elle réapparue chez ses ancêtres, après la disparition des dinosaures il y a 66 millions d’années ? « On ne dispose pas de fossiles exploitables pour nous aider à trancher », regrette la biologiste. Son équipe va donc poursuivre les investigations. Les données déjà accumulées permettront ainsi de conduire des analyses anatomiques et génétiques. De quoi lever peut-être un autre mystère, à savoir sa place exacte dans l’arbre des espèces. Un programme d’études comportementales était aussi prévu, mais la situation politique et économique au Venezuela l’a renvoyé à des temps meilleurs.
Pour gravir une pente ou monter aux arbres, les poussins de ce volatile exotique utilisent les griffes disposées au bout de leurs ailes et progressent comme un quadrupède.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/02/le-hoazin-cet-oiseau-qui-rumine-et-marche-a-quatre-pattes_5470492_1650684.html
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Isabelle Autissier reproduisant le geste de l’offrande à Neptune, un rituel marin. A Saint-Malo, le 10 juin 2019. THIERRY PASQUET POUR LE MONDE Navigatrice célèbre pour avoir participé à de nombreuses courses à la voile, aujourd’hui écrivaine, Isabelle Autissier consacre également beaucoup de son temps à WWF France, une des plus influentes ONG de défense de l’environnement, dont elle est la présidente. A 62 ans, installée à La Rochelle, elle n’a pas une minute à elle. Nous l’avons rencontrée durant le festival Etonnants Voyageurs, qui a eu lieu du 8 au 10 juin à Saint-Malo, où elle dédicaçait son dernier roman, Oublier Klara (Stock, 320 p., 20 €). La première femme à avoir réalisé un tour du monde à la voile, en course et en solitaire, a bien voulu mettre un peu de vin dans son eau quotidienne. Que représente le vin pour une navigatrice comme vous ? Lorsqu’il s’agit d’une course en mer, je n’emporte ni alcool ni vin. On est en compétition ! Mais c’est différent dans le cas d’une expédition de recherches avec un équipage de non-professionnels. Avec Erik Orsenna, qui s’y connaît bien en matière de vin, je suis partie en Antarctique, notamment pour écrire notre livre Salut au Grand Sud (Stock, 2006). Tous les jours, sur le bateau, vers midi et demi, Erik rappelait que c’était l’heure de l’apéro. C’est sympa de partager un verre. Moi, je n’ai pas la culture du vin et je n’ai pas le temps de me balader dans les vignobles. Mais je reconnais que le vin favorise des moments uniques de convivialité, et je ne les néglige pas. Prévoyez-vous toujours un stock de vin pour vos expéditions ? Quand je ne suis pas en course, j’essaie d’avoir du vin à bord. Lors d’une étape, à quai, on ouvre toujours une bouteille, mais jamais quand on est en pleine mer, et que certains dorment pendant que d’autres font des quarts. En Amérique du Sud, lorsqu’on passe sur les côtes du Chili ou de l’Argentine, c’est assez facile de s’approvisionner. Dans le nord, c’est plus dur. Je pars bientôt avec un équipage en Norvège, un pays qui nous autorise à emporter quatre bouteilles par personne. Chacun des six membres de mon équipage, qui ne sont pas des professionnels de la mer, va donc apporter son quota. D’habitude, c’est moi qui m’occupe de l’approvisionnement en vin pour tout le monde… Mais le moment du vin restera le même : un moment réconfortant au milieu d’une vie de promiscuité. Le soir, alors que nous sommes au bout du monde, que les membres de l’équipage se sentent loin de chez eux, loin de leurs habitudes, où l’on ne mange pas pareil, où l’on n’a pas le confort, où l’on ne peut pas toujours se laver comme on veut, le vin nous rapproche. Vous savez, tout change quand nous sommes en voyage… Avec une bouteille pour six, on n’est pas pompette non plus, mais on papote. C’est important.
La navigatrice publie un nouveau roman, « Oublier Klara » (Stock). Le temps d’une escale littéraire au festival Etonnants Voyageurs, à Saint-Malo, elle évoque sa préférence pour les vins rouges et ses petits rituels en mer.
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/06/23/isabelle-autissier-en-franchissant-l-equateur-le-marin-doit-offrir-du-vin-a-neptune_5480328_4497540.html
mlsum-fr-440
Le roi Juan Carlos (à gauche) et le nonce apostolique d’Espagne, Renzo Fratini (à droite), lors de la réception annuelle du corps diplomatique, à Madrid, le 5 février 2014. JUAN CARLOS ROJAS / AFP A deux jours de prendre sa retraite, le nonce apostolique en Espagne, Renzo Fratini, a provoqué un début d’incident diplomatique entre l’Espagne et le Vatican. Au point que l’ambassadrice d’Espagne près le Saint-Siège, Carmen Peña, a émis une plainte formelle au Vatican, jeudi 4 juillet, lors d’une réunion avec le secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Paul Gallagher. A 75 ans, et après dix ans comme « ambassadeur du pape » en Espagne, M. Fratini a accusé le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez de « ressusciter Franco » en voulant l’exhumer de son mausolée-monument de Valle de los Caidos, à 50 kilomètres de Madrid. « Sincèrement, il y a tant de problèmes dans le monde et en Espagne. Pourquoi ressusciter Franco ?, a affirmé le nonce italien le 30 juin à l’agence Europa Press. Il valait mieux le laisser en paix. Il a fait ce qu’il a fait. Dieu le jugera. Cela n’aide pas à mieux vivre que de rappeler quelque chose qui a provoqué une guerre civile. » « Franco, certains l’appellent dictateur, d’autres disent qu’il a libéré l’Espagne d’une guerre civile. » Ses critiques à la politique de mémoire entreprise par les socialistes sont allées jusqu’à assurer que « certains veulent de nouveau diviser l’Espagne », avant d’ajouter que « Franco, certains l’appellent dictateur, d’autres disent qu’il a libéré l’Espagne d’une guerre civile et résolu un problème : ne continuons pas à nous battre sur s’il avait raison ou tort ». Enfin, il a souligné que si l’objectif était d’éviter l’apologie du dictateur, c’était un échec : « Les visites ont augmenté, le problème est revenu, alors que beaucoup de gens ne savaient pas où se trouvait le Valle de los Caidos. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’initiative de l’exhumation de Franco est saluée et exigée. C’est une reconnaissance » Propos récurrents de la droite Ces propos, qui reprennent les arguments récurrents de la droite espagnole, ont provoqué une controverse en Espagne et la colère de la vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo. Elle a aussitôt annoncé son intention de se plaindre formellement devant le Vatican pour ces déclarations qu’elle a qualifié d’« inacceptables ». « J’ai déjà eu des conversations difficiles avec le nonce. Il va avoir une réponse nette de la part de l’Etat espagnol, a-t-elle assuré. Il n’a pas à entrer dans les affaires internes d’un Etat. » La numéro deux de l’exécutif en a profité pour rappeler l’intention du gouvernement de revoir la fiscalité de l’Eglise catholique en Espagne, très avantageuse. Cette dernière n’est pas assujettie à l’impôt foncier et bénéficie de nombreux avantages, le principal étant que tous les contribuables peuvent lui verser 0,7 % de leurs impôts.
L’Espagne proteste auprès du Vatican après des propos controversés du nonce apostolique en Espagne, Renzo Fratini, sur l’ancien dictateur Franco.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/04/debut-d-incident-diplomatique-entre-l-espagne-et-le-vatican-sur-fond-d-exhumation-de-franco_5485437_3210.html
mlsum-fr-441
Le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue américain, Donald Trump, le 28 juin à Osaka (Japon). Susan Walsh / AP Fidèles à leur habitude, le président américain, Donald Trump, et son homologue russe, Vladimir Poutine, ont joué les perturbateurs en chef avant même d’arriver au G20 d’Osaka, au Japon, vendredi 28 et samedi 29 juin. Dans un entretien au Financial Times du 28 juin, M. Poutine a pourfendu l’ordre libéral, autrefois défendu par cette réunion multilatérale des dirigeants des dix-neuf premières économies mondiales et de l’Union européenne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les grandes leçons illibérales de Vladimir Poutine au « Financial Times » Donald Trump avait pris soin, avant son arrivée jeudi soir au Japon, d’assaillir de critiques plusieurs pays amis ou alliés – avant de se répandre en amabilités dans la journée de vendredi. En eurent pour leur grade l’Union européenne – à cause de ses projets de taxer les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) –, le Japon – qui profiterait du traité de sécurité avec les Etats-Unis tout en y exportant à tour de bras ses véhicules –, ou encore l’Inde – qui a récemment décidé de taxer des importations américaines en représailles à la taxation de son acier et de son aluminium sur le marché américain. Vendredi, M. Trump promettait, après avoir vu d’abord le premier ministre japonais, Shinzo Abe, l’hôte du sommet, puis le premier ministre indien, Narendra Modi, de « bientôt annoncer de très grosses choses, de très grosses affaires » avec l’un et l’autre. Il faut dire que M. Abe avait préparé pour son entretien avec le président américain une présentation de choc : un graphique et une carte tenant sur une page et disant que le Japon avait réalisé « cinq nouveaux investissements en juste un mois » dans plusieurs Etats américains. Ce qui conduira le président américain à déclarer, selon les propos relayés par la Maison Blanche, que « le pays le plus convoité au monde ces temps-ci, ce sont les Etats-Unis et tout le monde en veut un morceau ». Minimiser les accords de Paris, « ligne rouge » de Macron Régulièrement critiquée, Angela Merkel s’est vue décrite comme une « grande amie », « une personne fantastique, une femme fantastique » par M. Trump au début de son entretien avec la chancelière allemande. Les Européens, eux, cherchent à opposer un front uni, au côté du Canada, aux tentatives américaines de minimiser la question climatique et les accords de Paris de 2015 dans la déclaration finale du G20, attendue samedi : les dirigeants de plusieurs pays, aux penchants illibéraux affirmés, comme la Turquie, l’Arabie saoudite et le Brésil, tous trois signataire des accords de Paris, seraient ainsi sous la pression de M. Trump pour aller dans ce sens. Au grand dam d’Emmanuel Macron, le président français, qui en a fait dès son arrivée à Tokyo le 26 juin une « ligne rouge » à ne pas franchir, sans quoi la France ne signerait pas la déclaration finale.
Les présidents américain et russe ont multiplié les sujets de préoccupation avant leur arrivée au Japon, où ils ont montré une attitude plus conciliante.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/28/trump-et-poutine-soufflent-le-chaud-et-le-froid-au-g20-d-osaka_5482927_3210.html
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Theresa May à la Chambre des communes, le 12 juin à Londres. HO / AFP/ PRU Qui succédera à Theresa May ? Jeudi 13 juin, les députés conservateurs britanniques ont voté une première fois pour sélectionner sept candidats parmi les dix candidats au poste de chef du Parti conservateur britannique. Sans surprise, c’est l’ancien maire de Londres et fervent partisan du Brexit Boris Johnson qui est arrivé largement en tête du premier tour de scrutin, réunissant sur son nom les voix de 114 des 313 députés conservateurs britanniques ayant pris part au vote. Trois des dix candidats, eux, n’ont pas obtenu les 16 voix nécessaires pour se maintenir et sont éliminés de la course : il s’agit de Mark Harper, d’Andrea Leadsom, ancienne ministre chargée des relations avec le Parlement, et d’Esther McVey. Exit donc les deux tenantes du « no deal », défendant une rupture nette avec l’UE. Les sept candidats encore en lice seront soumis à un deuxième tour, mardi prochain, où le seuil passera à 32 voix. D’autres tours de scrutin sont programmés les mercredi et jeudi suivants. Les deux derniers candidats encore en lice seront ensuite départagés par les adhérents du parti conservateur, avec résultat de ce vote par voie postale attendu dans le courant de la semaine du 22 juillet. Le vainqueur accédera du même coup au 10 Downing Street, le poste revenant au chef de la formation qui réunit une majorité parlementaire suffisante pour gouverner. Il aura la délicate mission de mener à bien la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, ce que Theresa May n’a pas réussi, contrainte de repousser au 31 octobre la date du Brexit, qui devait avoir lieu le 29 mars. Tour d’horizon des positions des sept candidats sur le Brexit : Les avocats d’un « no deal » le 31 octobre Le favori, Boris Johnson : 114 voix Trois ans après le référendum du 23 juin 2016, par lequel les électeurs britanniques ont voté à 52 % pour une sortie de l’Union européenne, Boris Johnson, 54 ans, se rapproche du 10, Downing Street. Fort de son score et de sa popularité parmi les militants, il est désormais donné à 70 % vainqueur de la « primaire » par les bookmakers. « Merci à mes amis et collègues conservateurs et du parti unioniste pour votre soutien. Je suis ravi de remporter ce premier tour, mais nous avons un long chemin à parcourir », a réagi Boris Johnson. Ancien ministre des affaires étrangères de Theresa May, il n’a eu de cesse de critiquer sa stratégie dans les négociations avec Bruxelles, avant de quitter le gouvernement. Il est partisan d’un départ de l’UE le 31 octobre, accord renégocié ou pas. Johnson menace également de ne pas payer la facture du Brexit – un montant évalué entre 40 et 45 milliards d’euros – si l’UE n’accepte pas de meilleures conditions pour son pays. M. Johnson prévoit aussi des baisses d’impôts, qui seraient en partie financées par l’argent mis de côté dans l’éventualité d’un Brexit sans accord, selon le Daily Telegraph. Une renégociation semble cependant improbable. Les Vingt-Sept ont répété qu’ils ne toucheraient pas à l’accord de sortie de l’UE conclu en novembre entre Londres et Bruxelles, et rejeté à trois reprises par les députés britanniques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le départ de Theresa May de la direction du Parti conservateur ouvre la voie à Boris Johnson Dominic Raab : 27 voix Nommé ministre du Brexit en juillet 2018, Dominic Raab a démissionné quatre mois plus tard, opposé à l’accord de Mme May. Ancien avocat spécialisé en droit international, ce député ultralibéral et eurosceptique de 45 ans est l’une des figures de la nouvelle garde des conservateurs. Sajid Javid : 23 voix Nommé en 2018 à la tête du ministère de l’intérieur, Sajid Javid, 49 ans, est un ancien banquier d’affaires, fils d’un chauffeur de bus pakistanais. Il s’était prononcé contre le Brexit au moment du référendum de juin 2016, mais défend désormais des positions eurosceptiques. Il est soutenu par la populaire dirigeante du Parti conservateur en Ecosse, Ruth Davidson. Les opposants à un « no deal » le 31 octobre Le principal rival de Johnson, Jeremy Hunt : 43 voix Le ministre des affaires étrangères, 52 ans, avait soutenu le maintien dans l’UE avant de changer d’avis, déçu par l’approche « arrogante » de Bruxelles dans les négociations. Si cet ancien homme d’affaires, parlant couramment le japonais, a dit qu’un « no deal était mieux que pas de Brexit », il estime désormais que chercher à obtenir une sortie sans accord en octobre serait « un suicide politique » pour les conservateurs au pouvoir et pense pouvoir renégocier avec l’UE. A la suite du vote de jeudi, Hunt a ainsi averti ses collègues des Communes que les enjeux avaient « rarement été aussi élevés » dans l’histoire du Royaume-Uni. « Cette période grave réclame un dirigeant sérieux », a-t-il tweeté. Michael Gove : 37 voix Ministre de l’environnement et pourfendeur du plastique, cet eurosceptique de 51 ans a joué le rôle de caution pour les partisans du Brexit dans le gouvernement May. Si Bruxelles accepte de renégocier, il est prêt à demander un nouveau report du Brexit pour éviter une sortie sans accord le 31 octobre. Considéré comme l’un des favoris, il fait l’objet d’une polémique pour avoir admis avoir consommé de la cocaïne il y a vingt ans. Assailli de questions à ce sujet au lancement de sa campagne, le candidat a dit « regretter » cette « erreur », et assuré qu’il croyait toujours en ses chances : « Je suis là pour gagner », a-t-il affirmé. Les anti- « no deal » Matt Hancock : 20 voix Ancien économiste de la Banque d’Angleterre, le ministre de la santé Matt Hancock, 40 ans, a d’abord été chargé du portefeuille du numérique. Rory Stewart : 19 voix Le ministre du développement international, Rory Stewart, 46 ans, a affiché son optimisme sur la suite de sa candidature, malgré son faible nombre de voix. « Il est de plus en plus évident, a-t-il dit, que c’est moi contre Boris. » L’ancien secrétaire au Foreign Office, qui lançait officiellement sa campagne mercredi, a promis de respecter l’échéance du 31 octobre pour la rupture avec l’Union européenne. « Après trois ans et le report de deux dates limites, nous devons quitter l’UE le 31 octobre », a-t-il déclaré. Rory Stewart est notamment connu pour avoir servi en Irak comme gouverneur adjoint de la coalition après l’invasion américaine en 2003 et traversé seul l’Afghanistan pendant un mois en 2002. Notre sélection d’articles pour comprendre le Brexit Six mois après le refus du Parlement britannique de ratifier l’accord entre Theresa May et l’Union européenne sur le Brexit, un nouvel accord a été négocié par le premier ministre Boris Johnson. Ce texte, qui reprend l’essentiel de l’« accord de retrait » en novembre 2018, supprime notamment l’existence du « backstop » à la frontière entre les deux Irlandes. En voici les points-clés. Comprendre : le schéma qui résume les options possibles (daté d’octobre 2019), alors que les parlementaires doivent valider l’accord de Boris Johnson pour officialiser le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Retrouvez tous nos articles sur le Brexit dans cette rubrique.
Le successeur de la première ministre Theresa May sera choisi d’ici fin juillet. Boris Johnson est arrivé largement en tête du scrutin, avec 114 voix sur 313.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/13/qui-sont-les-sept-pretendants-restants-au-poste-de-theresa-may_5475923_3210.html
mlsum-fr-443
Ensemble vocal Les Métaboles : des chanteurs professionnels spécialisés dans le répertoire pour chœur a cappella des XXe et XXIe siècles. Elsa Laurent L’abbaye de Royaumont (Val-d’Oise) est gorgée de soleil, en cette matinée de septembre, et pourtant, dans le parc, il n’y a pas âme qui vive. De la majestueuse allée de marronniers au plan d’eau intimiste, le silence est total. Etonnant dans la mesure où la règle du moment n’invite pas les occupants de l’édifice cistercien à s’adonner à la vie contemplative. De jeunes compositeurs venus du monde entier mettent la dernière main à une œuvre qui sera créée, dans le cadre de l’académie Voix nouvelles, les 7 et 8 septembre, en ouverture du Festival de Royaumont, qui s’y tient jusqu’au 6 octobre. Lire aussi Sept jardins potagers exceptionnels à visiter dès le printemps « Je construis une communauté », résume Jean-Philippe Wurtz en nous accueillant à proximité du cloître. Vêtu d’un jean et d’une veste bleue à motifs très « seventies », le responsable depuis 2015 de la session de composition fondée en 1983 confirme que l’habit ne fait pas le moine. S’il n’a pas endossé la robe de bure du père supérieur, il en a adopté l’attitude inflexible. Les quatorze compositeurs (autant d’hommes que de femmes mais un seul Français dans le groupe) retenus parmi 140 candidatures ont dû témoigner régulièrement de l’avancée de leur travail. 50 % de la partition devait être achevée le 23 juillet, 75 % le 8 août et 100 % lors de l’arrivée à l’abbaye, le 24 août. « J’ai pourri leur été, reconnaît Jean-Philippe Wurtz, chef de l’Ensemble Linea basé à Strasbourg, mais le respect des deadlines constitue l’un des impératifs du métier de compositeur. » Ici, à plus d’un titre, puisque la partition est soumise pendant une semaine à deux maîtres (les compositeurs Franck Bedrossian et Mark Barden) avant d’être travaillée, lors de la semaine suivante avec les interprètes qui vont en assurer la création (l’ensemble vocal Les Métaboles, le quatuor à cordes Mivos et le contrebassiste Florentin Ginot). Duos, trios et quatuor L’heure de vérité sonne enfin pour Juta Pranulyte, dont la pièce est déchiffrée dans l’ancien réfectoire des moines. « Les basses, un peu plus, pour une fois », demande Léo Warynski, le chef des Métaboles, en déchaînant l’hilarité des autres chanteurs. De son côté, le contrebassiste propose deux types de vibrato à la compositrice qui opte pour le premier. « C’est plus vocal », approuve son aîné et professeur du moment, Frank Bedrossian, lequel explique, en aparté, que son rôle consiste à mettre les étudiants en confiance : « Avec eux-mêmes, avec ceux qui les encadrent et avec les interprètes. »
L’académie Voix nouvelles met en relation de jeunes compositeurs et des musiciens chevronnés. Reportage dans les coulisses de ces rencontres musicales, avant les concerts des 7 et 8 septembre donnés en ouverture du Festival de Royaumont.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/05/compagnonnage-musical-de-haut-vol-a-l-abbaye-de-royaumont_5506853_3246.html
mlsum-fr-444
Anne Vanderlove à Vannes, le 7 juillet 2012. Yorgos Kourtakis / CC BY-SA 4.0 Dès ses débuts, en 1967, avec Ballade en novembre, au succès paradoxal en pleine période yé-yé, Anne Vanderlove fut surnommée « la Joan Baez française ». Sa voix cristalline, ses yeux clairs, ses longs cheveux bruns, sa guitare en bandoulière, ses refrains surgis des brumes pouvaient effectivement susciter la comparaison avec la chanteuse américaine. Dimanche 30 juin, après une vie pleine d’accidents, d’incidents et de tourments, mais aussi de chansons et de musique, très loin des projecteurs médiatiques, Anne Vanderlove est morte, à l’âge de 76 ans, auprès des siens, dans le Finistère. Née au Pays Bas, le 11 décembre 1943, d’une mère bretonne et d’un père artiste peintre néerlandais, elle connaît très vite l’exil et la séparation. Son père, résistant, est déporté à Buchenwald, survit mais, à son retour, ne reprend pas contact avec sa fille. Sa mère fuit les Pays-Bas et abandonne la petite fille chez ses parents, en Bretagne, à Arradon, afin de refaire sa vie avec un soldat allemand. A Penboc’h, au bord du golfe du Morbihan, solitaire et mystérieuse, Anne grandit comme une sauvageonne, privée d’école et d’amour. A 20 ans, elle entreprend des études de philosophie à Paris, où elle devient institutrice. En 1965, elle tombe, en plein quartier Latin, sur des chanteurs des rues aux terrasses des cafés. Séduite, elle court s’acheter une guitare et commence à composer des chansons qu’elle interprète, elle aussi, devant les terrasses. L’heure est à « la chanson de qualité », mélange de poésie et de mélodie folk, défendue dans son émission de radio, La Fine Fleur de la chanson française, par un poète comme Luc Bérimont. Hélène Martin, Colette Magny, Jacques Douai et Jacques Bertin en sont les principaux représentants. Très vite, Anne Vanderlove les rejoint et entame la tournée des cabarets de la rive gauche, Chez Georges, le Cheval d’or, la Méthode, la Contrescarpe. Influencée tout autant par Bob Dylan que par la chanteuse amérindienne Buffy Sainte-Marie, le Québécois Jean-Pierre Ferland ou le très français George Brassens, elle compose des chansons hors du temps, dont les principaux thèmes sont l’amour, la mer, les racines. Repérée par un directeur artistique de Pathé-Marconi, elle enregistre, en 1967, La Ballade de novembre, qui se vend à un million d’exemplaires… Un hymne à la jeunesse révoltée Mais Anne Vanderlove n’est pas la jeune fille romantique et fragile souhaitée par le show-business. Elle refuse de refaire son nez jugé trop proéminent et de mettre une perruque blonde… En plein Mai-68, elle est une des rares à chanter dans les usines en grève. Sa chanson, Ballade au vent des collines, hymne à la jeunesse révoltée, démarre tous les soirs l’émission Campus de Michel Lancelot, très écoutée sur Europe 1. En 1970, elle est la voix féminine de La Mort d’Orion, l’opéra rock de Gérard Manset. Ses chansons jugées trop contestataires disparaissent des antennes et elle se fâche avec sa maison de disques. En 1972, elle s’installe en Bretagne, décide de s’autoproduire et ne chante plus que dans les écoles, les prisons, les maisons de la culture. Bien que continuant à enregistrer des disques mélancoliques et révoltés (Lady Jane en 1972, La Sirène en 1978, La vie s’en va en 1981, Partir en 1984…), elle s’évapore lentement des radars médiatiques. Sa vie prend une drôle de tournure. D’amour braque en amour fou, elle se marie quatre fois, sans vraiment trouver une épaule sur laquelle se reposer. La cinquième fois, elle touche le fond, en épousant, en 1991, un habitué des centrales pénitentiaires, un dur de 49 ans, qui lui envoyait des poèmes de sa cellule. En 1993, Anne, l’amoureuse branque, l’aide à braquer une agence du Crédit agricole à Laon, avec quatre autres malfrats marseillais… Arrestations en flagrant délit. Procès. Au juge, elle explique : « J’écoute trop mon cœur. Au fond, je suis restée une petite fille qui croit au Père Noël. » Verdict : un an de prison avec sursis… Elle retourna ensuite à ses premières amours, les chansons (Bleus en 1997, Silver en 1999, Escales en 2000, Femme de légende en 2003, La Renverse en 2007, Rue Colombus en 2010, Libertés assassinées en 2015). Toujours aussi à part. Mystérieuse et engagée. Généreuse et prête à défendre les enfants du Cambodge, d’Haïti ou d’ailleurs. Avec, jusqu’à la fin, en dépit de sa longue maladie, le vague à l’âme d’une Bretonne têtue.
Sa chanson « Ballade en novembre », sortie en 1967, s’est vendue à un million d’exemplaires. Elle est morte à 76 ans dans le Finistère.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/07/04/anne-vanderlove-la-joan-baez-francaise-est-morte_5485466_3382.html
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Cinq fédérations d’associations gestionnaires de la quasi-totalité des 880 centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) qui accueillent 44 000 sans-abri, organisent la riposte face aux restrictions budgétaires. Le 25 juillet, elles ont saisi le Conseil d’Etat pour annuler un arrêté du 13 mai qui fixe les prix de journée plafond pour ces structures, arguant de l’impossibilité, à ce prix-là (en moyenne 16 000 euros par an et par place, soit 44 euros par jour), d’assumer leur mission fixée par le code sanitaire et social. Une trentaine de recours locaux ont aussi été formés. Les CHRS sont les structures d’accueil les plus qualitatives en direction des publics vulnérables avec, comme leur nom l’indique, une mission d’insertion. Ce sont donc aussi les plus chères si on les compare aux centres d’hébergement d’urgence, dont la vocation est restreinte à la mise à l’abri. Le gouvernement a, dès 2018, entamé un plan d’économie sur quatre ans, de 57 millions d’euros sur un budget total de 640 millions d’euros. Une première coupe de 20 millions d’euros, en 2018, a été suivie, en 2019, d’une autre de 12 millions d’euros, atténuée par le versement de 10 millions d’euros de subventions dans le cadre du plan pauvreté et précarité dont la pérennité, les années suivantes, n’est cependant pas assurée. Pour 2020 et 2021, c’est l’incertitude. Deux postes supprimés sur huit « En 2018, notre dotation globale de fonctionnement a chuté de 4 %, raconte Michel Gocel, directeur d’Est accompagnement qui gère trois CHRS en Moselle avec 120 salariés. Nous avons réagi sans délai en fermant le CHRS d’Ars-sur-Moselle pour le regrouper avec celui de Metz et sans supprimer de places car nous en avons ouvert, pour le public le plus autonome, dans des appartements en ville, à Metz. Elles sont moins coûteuses car nous n’y assurons pas les repas et l’accompagnement social y est plus léger. Quant aux subventions plan pauvreté perçues en 2019, elles sont précaires et compter dessus pour les années suivantes est un pari dangereux. » La purge a été plus rude pour le CHRS Le Cap, de l’Association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte de la Manche (Adseam), à Cherbourg : 8 % des crédits de fonctionnement, soit 77 000 euros en moins, l’ont obligée à supprimer deux postes d’éducateurs sur huit. « C’est énorme et, depuis, on survit, explique Stéphane Malherbe, son directeur. Les éducateurs travaillent désormais seuls alors que nous accueillons un public qui souffre de troubles psychiatriques, d’addictions et nécessite un accompagnement long. Mais l’Etat nous oblige à restreindre la durée des séjours et à justifier, tous les six mois, les prolongations. »
Cinq fédérations ont saisi le Conseil d’Etat. Elles estiment ne pas pouvoir assumer leur mission en raison de restrictions budgétaires.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/01/la-riposte-des-associations-contre-un-plan-d-economie-pour-les-centres-d-hebergement_5495509_3224.html
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A l’écouter, on croirait que Michel Platini a apprécié ces quatre dernières années. « Je suis revenu à un monde normal, ce n’est pas désagréable, j’ai découvert un moment de liberté », confie-t-il au Monde. L’ex-président de l’Union des associations européennes de football (UEFA) avait été suspendu en octobre 2015 par le comité d’éthique de la Fédération internationale de football (FIFA) dans l’affaire du paiement de deux millions de francs suisses (1,8 million d’euros) que lui a versé, en 2011, l’ancien patron de la FIFA, Sepp Blatter. « A un certain moment, certains courtisans se sont dits : “Oh, ça lui fait pas de mal, il a tout eu ce garçon, il a tout réussi, ça lui fait pas mal d’avoir un peu de merde.” Tu écartes les courtisans, pas un ami ne m’a quitté, la famille a été soudée », poursuit l’ex-numéro 10 des Bleus, attablé dans un hôtel de Genève, à quelques kilomètres de son domicile. Ce lundi 7 octobre, date du terme de sa radiation, constitue « un non-événement » à ses yeux. « Je n’ai jamais eu l’impression d’être suspendu. Car je ne comprends pas pourquoi je suis suspendu. Je ne me suis jamais senti interdit de travailler, ironise-t-il. Les gens ne m’ont pas demandé de travailler car ils se sont dits que j’étais suspendu. » C’est pour empêcher « les institutions comme la FIFA d’abuser de tous leurs pouvoirs, d’éliminer des candidats et d’avoir un droit de vie et de mort professionnelles » que le sexagénaire, contraint de renoncer à se présenter à la présidence de la FIFA, a déposé une requête auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) de Strasbourg, en décembre 2017. « J’aimerais bien créer une jurisprudence Platini, explique-t-il. Comment peuvent-ils empêcher quelqu’un de travailler dans le football ? » Mis hors de cause par le parquet suisse en mai 2018, le Français sourit à l’évocation de la procédure ouverte contre lui, en 2015, par le comité d’éthique de la FIFA. « Tout ce qui concerne l’éthique doit sortir des mains de cette mafia bureaucratique. La part sombre de la FIFA, c’est la partie juridique, éthique, disciplinaire. » Michel Platini « Je serais pour mettre en place une police du sport indépendante, une forme de surveillance extérieure, qui dépende de l’ONU mais pas de la FIFA. La FIFA doit gérer le disciplinaire, mais tout ce qui concerne l’éthique doit sortir des mains de cette mafia bureaucratique, développe-t-il. La part sombre de la FIFA, c’est la partie juridique, éthique, disciplinaire. » Début novembre, Michel Platini sort un livre. Une façon de tourner la page. « Je voulais qu’il y ait un écrit. Car ça reste davantage que les articles de presse. J’avais fait un livre sur ma carrière de footballeur. Là, je fais un livre sur ma carrière politique, confie-t-il. Pas sur l’affaire. C’est sur les vingt dernières années. Cela commence par un flash-back sur 2007 quand je deviens président de l’UEFA. Ce n’est pas un bilan politique. » Comment envisage-t-il son avenir, à 64 ans ? « J’ai reçu beaucoup de propositions, des appels du pied, pour être consultant, pour faire l’Euro, la Coupe du monde. J’ai fait un film sur la Ligue des champions et je vais faire un film sur l’histoire de l’Euro, les 60 ans, détaille-t-il. La sortie de mon livre va me prendre un peu de temps, il va aussi sortir en Italie. » « Je ne m’interdis rien, tout est ouvert » Alors que son nom revient avec insistance dans les couloirs de la Fédération française de football (FFF), Michel Platini ne souhaite pas se prononcer quant à un éventuel retour dans l’arène. « Les échéances sont loin (en décembre 2020 à la FFF, en 2023 à la FIFA). Il y a les clubs, il y a plein de possibilités. J’ai le temps. Les gens disent : “Michel, tu es la voix du football.” Il n’y a plus beaucoup d’anciens crédibles et Cruyff est parti. Je vais voir en fonction. Je ne m’interdis rien, tout est ouvert. » Interrogé sur la fin de la suspension et un possible retour de Platini dans le football français, Didier Deschamps a déclaré, jeudi 3 octobre en conférence de presse au siège de la FFF : « Je ne connais pas ses intentions, ça a toujours été un homme qui aime le football et qui va dans le sens du football. » Et le sélectionneur de l’équipe de France d’ajouter, un brin gêné : « Après il a été jugé, il a été sanctionné, je n’ai pas à rentrer là-dedans. Qu’il retrouve sa liberté de pouvoir choisir à nouveau, tant mieux pour lui, je suis content pour lui. » Michel Platini souhaite-t-il prendre sa revanche et détrôner Gianni Infantino, son ex-numéro 2 à l’UEFA, élu à sa place à la présidence de la FIFA en février 2016 ? « La revanche est persuasive mais on n’est pas épanoui dans la revanche. Je lutte contre l’injustice, martèle-t-il. Cela fait quarante ans que les gens me connaissent. Beaucoup disent “Battez-vous, on sait que vous êtes clean, revenez et cassez-les.” » A l’UEFA, on voit d’un assez bon œil le retour de l’ex-numéro 10. « Je veux qu’il revienne par la grande porte. Qu’il prenne sa revanche plus tard, quand il sera prêt », confie un haut dirigeant de la Confédération européenne. « La garde à vue du 18 juin m’a fait du mal. Tu vas à un déjeuner pour dire à un président pour qui tu vas voter. Et tu te retrouves en garde à vue dix ans après. » Michel Platini Le 18 juin 2019, Michel Platini a été mis en garde à vue, à Nanterre, dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Il a été auditionné dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte par le Parquet national financier (PNF) pour « corruption privée », « association de malfaiteurs », « trafic d’influence et recel de trafic d’influence » autour de l’attribution du Mondial 2022 au Qatar. Le PNF s’intéresse notamment à un déjeuner à l’Elysée le 23 novembre 2010. Ce jour-là, Michel Platini, l’actuel émir du Qatar et son premier ministre étaient réunis autour de Nicolas Sarkozy. Lors de sa garde à vue, l’ex-président de l’UEFA, qui a reconnu avoir voté pour le Qatar lors du vote d’attribution de 2010, a été confronté à Sophie Dion, l’ex-conseillère sports de Nicolas Sarkozy, et Claude Guéant, ancien secrétaire général de l’Elysée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde de football 2022 au Qatar : la garde à vue de Michel Platini levée « La garde à vue du 18 juin m’a fait du mal. Tu vas à un déjeuner pour dire à un président pour qui tu vas voter. Et tu te retrouves en garde à vue dix ans après », soupire-t-il. « M. Sarkozy ne m’a jamais demandé de voter pour le Qatar. J’ai cru comprendre, puisqu’il y avait les Qataris, qu’il voulait que je le fasse, ajoute-t-il. Je ne peux pas regretter ce déjeuner car je croyais que je serais en tête à tête avec lui. C’est mon initiative. Il y avait Obama, Poutine parmi les candidats… C’était normal, en tant que représentant de la France à la FIFA, que je dise pour qui j’allais voter. Comme Chirac savait que je votais pour le Maroc (pour le Mondial 2010). C’était de mon devoir de Français de lui dire pour qui j’allais voter. » S’il reconnaît avoir « au début » voulu « voter Angleterre et Etats-Unis », le Français assure avoir dit à l’émir du Qatar : « Je vote pour toi, mais il faut que la Coupe du monde soit organisée dans le [entre tous les pays du] Golfe. » Avant d’aborder une nouvelle phase de sa carrière, M. Platini affiche sa sérénité : « Entre les journalistes d’investigation, les Suisses, les Américains, les Français qui ont fouillé mes comptes, s’il y avait quelque chose, ça se saurait. »
L’ancien président de l’UEFA Michel Platini, dont la suspension de quatre ans par la FIFA se termine lundi 7 octobre, revient sur sa chute pour « Le Monde » et évoque son avenir.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/03/michel-platini-j-aimerais-bien-creer-une-jurisprudence-platini_6014098_3242.html
mlsum-fr-447
Un oursin rouge « Strongylocentrotus franciscanus » dans les eaux canadiennes du Pacifique. FRANCO BANFI / BIOSPHOTO Zoologie. En février 2018, nous écrivions dans une précédente chronique que, « de lui, on ne connaît souvent pas grand-chose », hormis peut-être ses redoutables piquants et son délicieux goût marin, cible favorite des homards, loutres et autres gourmets des bords de mer. Au menu ce jour-là, nous ne suivions pas les pas des généticiens, toxicologues, écologues ou embryologistes pour qui l’oursin – car c’est de lui qu’il s’agit – constitue une source permanente de connaissance. Plutôt ceux d’un groupe de biologistes américains qui venaient de découvrir comment les « hérissons des mers » grattaient les roches les plus dures afin de faire leur trou. Le premier niveau d’ignorance passé, imitons l’animal et creusons un peu plus loin. Un article publié mercredi 18 septembre, dans la revue Matter, en fournit une parfaite occasion. Ses rédacteurs sont également américains, essentiellement issus de l’université Northwestern, à Evanston (Illinois), près de Chicago. Mais, ingénieurs ou physiciens eux, consacrent leur vie à étudier les matériaux. Par une série d’observations et d’expériences, ils sont parvenus à montrer que les oursins conservaient des dents acérées non pas grâce à l’extrême résistance de leur émail, comme chez l’humain et la plupart des mammifères, ou par le remplacement des dents usées, comme chez certains poissons, mais par un processus d’ébréchage régulier qui leur tient lieu d’aiguisage. Adepte de la symétrie d’ordre cinq Des dents, donc. Pour être plus précis cinq dents, installées dans cinq mâchoires. C’est que, comme l’étoile de mer, le concombre de mer et quelques autres espèces rassemblées dans la famille des échinodermes, l’oursin est un adepte de la symétrie d’ordre cinq. Son squelette, son appareil digestif, son système nerveux ou encore ses redoutables pointes respectent scrupuleusement cette propriété. Sa bouche, tout autant. Une véritable mécanique de précision baptisée « lanterne d’Aristote » par les naturalistes du XVIIIe siècle, en hommage à leur illustre prédécesseur grec, le premier à avoir décrit l’animal. Vingt-quatre siècles plus tard, les chercheurs de Northwestern ont utilisé des technologies un peu plus poussées pour expliquer comment l’animal conservait ses crocs acérés. En couplant des tests mécaniques in situ et de la microscopie électronique, ils ont décrit l’ensemble du système masticatoire de l’oursin. « D’abord, ses dents ne cessent jamais de pousser, explique Horacio Espinosa, qui a coordonné l’étude. C’est ce qui lui permet de les user tout en en conservant le tranchant. Pour cela, il utilise une stratégie de fracture contrôlée, qui fait une synergie entre l’architecture de la dent, sa composition chimique et ses diverses propriétés mécaniques. » Dans la bouche de l’oursin, cinq machoires et cinq dents HORACIO ESPINOSA Un mystère, au demeurant. La plupart des matériaux, notamment les céramiques, s’ébrèchent de façon incontrôlée. Il fallait ainsi toute la science des hommes préhistoriques pour tailler dans les silex des outils tranchants. Chez les oursins, l’évolution a réglé le problème en dotant ses dents de deux faces de nature différente, mais qui se complètent parfaitement. Du côté concave, la « pierre » est formée d’une structure fibreuse protégée par une gaine ultrarésistante, mais qui pèle lorsqu’elle est endommagée. Côté convexe, la couche extérieure est composée de cristaux de calcite, qui s’écaillent dès qu’ils sont directement au contact des éléments extérieurs, autrement dit à mesure que l’autre face s’use. « Ça ressemble un peu à l’aiguisage d’un couteau : on obtient le tranchant par retrait de matière », conclut le chercheur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment l’oursin, ce rongeur marin, fait-il pour creuser son trou ? Des couteaux high-tech, justement, ou encore de nouveaux dispositifs de forage ou d’extraction, qui s’aiguisent quand on s’en sert : là réside le but ultime d’Horacio Espinosa. « Mais, malgré toutes les avancées de la science des matériaux, nous ne pouvons pas rivaliser avec la nature et ses millions d’années d’évolution », admet le scientifique américain. Ni même, pour l’heure, avec l’oursin.
Les quenottes de l’animal poussent et s’aiguisent en permanence. Une source potentielle d’inspiration pour les outils de demain.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/22/le-tranchant-permanent-des-dents-d-oursin_6012609_1650684.html
mlsum-fr-448
Dario Benedetto contre Strasbourg, le 20 octobre 2019. JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS C’était il y a tout juste trois ans : le 17 octobre 2016, Frank McCourt devenait le nouveau propriétaire de l’Olympique de Marseille (OM). Six jours plus tard, après des discours pleins de promesses, son nouveau club allait chercher un match nul quasi inespéré au Parc des Princes, contre Paris (0-0). De quoi nourrir les espoirs d’un club sevré de titres depuis sept ans. Trois ans plus tard, l’OM n’a toujours pas gagné de titres. Ni de matchs contre le PSG. Et alors que le club phocéen occupe la quatrième place du classement de la Ligue 1, le voici à l’aune d’une série de matchs compliqués, qui débute par le « classique » entre Parisiens et Marseillais, dimanche 27 octobre (21 heures), en clôture de la 11e journée du championnat de France. C’est peu dire que l’OM ne part pas vraiment favori. « Paris est une équipe qui n’est pas de cette Ligue, a d’ailleurs prévenu la semaine passée André Villas-Boas, le nouvel entraîneur olympien. On va essayer, mais ce n’est pas un match qui compte trop pour moi. » « Etre dans le top 3 tous les ans » Depuis leur victoire 3-0, en novembre 2011, les Olympiens restent sur seize défaites et trois matchs nuls face à leurs rivaux préférés, qui sortent d’une victoire 5-0 en Ligue des champions, contre Bruges. Une compétition à laquelle l’OM ne participe plus depuis six saisons et une élimination piteuse à l’issue de la phase de groupes. Le bilan est donc loin des promesses émises par Frank McCourt à son arrivée, en octobre 2016. « Mon but numéro un, c’est d’être dans le top 3 de la Ligue 1 tous les ans, avançait-il alors. Le but numéro deux est de gagner le Championnat plus souvent qu’on ne le perd. Le but numéro trois, c’est gagner la Ligue des champions. On doit y parvenir dans l’ordre. » 🗣 «On ne va pas à Paris pour participer à la fête du PSG. On y va avec nos armes. On peut gagner mais les statistiq… https://t.co/f43dkRfa5I — OM_Officiel (@Olympique de Marseille) En trois saisons, l’OM n’a pas fini une seule fois sur le podium du championnat et n’a jamais joué la Ligue des champions. Contre les équipes qui ont fini sur le podium (Monaco, Paris et Nice en 2017, Paris, Monaco et Lyon en 2018, et Paris, Lille et Lyon en 2019), le bilan est famélique : une victoire, trois nuls et quatorze défaites. Sa meilleure expérience européenne s’est terminée sur une claque reçue en finale de la Ligue Europa (3-0 contre l’Atletico Madrid en 2018), et aujourd’hui le club phocéen n’est engagé dans aucune campagne européenne. 200 millions d’euros dépensés Frank McCourt a vite regretté ses sorties initiales. Mais trop tard. Ses premières déclarations ont placé un peu trop haut les espoirs des observateurs et des supporteurs olympiens qui rêvent d’un nouveau titre depuis 2012. Ce ne sera probablement pas pour cette saison, en championnat tout du moins. L’objectif, aujourd’hui, c’est le podium. André Villas-Boas a cependant dû se contenter d’un mercato limité. Car les 200 millions d’euros promis sur quatre ans par Frank McCourt à son arrivée ont été dilapidés en trois ans sous Rudi Garcia, l’entraîneur précédent, avec des transferts pas toujours réussis. Tout cet argent dépensé, ainsi que le peu reçu en retour et le manque à gagner avec les non-qualifications européennes, font que l’OM est aujourd’hui surveillé de près par l’UEFA et son fair-play financier en raison de comptes « largement déficitaires ». Cela explique notamment pourquoi le club a « dégraissé » cet été. Des joueurs comme Mario Balotelli, Lucas Ocampos, Luiz Gustavo, Clinton Njie, Rolando, Aymen Abdennour ou encore Adil Rami sont notamment allés voir ailleurs. « Fair-play financier ou pas, notre trajectoire financière n’était plus soutenable. Un club n’est pas une danseuse ou un gadget, c’est une entreprise. » Jacques-Henri Eyraud, président du club « Fair-play financier ou pas, notre trajectoire financière n’était plus soutenable sur un cycle aussi long, un club n’est pas une danseuse ou un gadget, c’est une entreprise », estimait Jacques-Henri Eyraud, le président du club, en juillet. « On n’a pas d’argent », avait d’ailleurs regretté l’entraîneur marseillais en début de saison. Accoutumé à animer les mercatos, l’OM s’est contenté de trois recrues cet été (dont un prêt) et doit désormais composer avec un effectif limité. D’autant que Florian Thauvin, son meilleur joueur depuis deux saisons, est blessé à la cheville droite depuis le mois d’août et ne devrait pas être de retour avant le début de l’année 2020. A cette absence se sont ajoutées celles de Dimitri Payet (suspendu quatre matchs) et du jeune Boubacar Kamara (suspendu trois matchs), qui est devenu un titulaire indiscutable en défense centrale. Lire aussi Ligue 1 : Marseille et les mal classés se rebiffent Dans de telles conditions et après dix journées, l’OM ne s’en sort pas si mal. Si le club phocéen compte déjà huit points de retard sur le PSG, il n’avait, à l’entame de la onzième journée, qu’une longueur de retard sur Reims, troisième, et trois sur Nantes, deuxième. Mais le calendrier s’annonce compliqué. Après Paris, les Marseillais iront à Monaco en Coupe de la Ligue, avant de recevoir Lille, puis Lyon en championnat : un premier test dans la course au podium. PSG - Marseille, dimanche 27 octobre à 21 heures (Canal+ et en direct sur LeMonde.fr)
Proches du podium du championnat de France, les Marseillais se déplacent, dimanche soir, au Parc des Princes, pour un « classique » qui s’annonce une nouvelle fois déséquilibré.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/27/ligue-1-trois-ans-apres-le-champions-project-l-om-redescend-sur-terre-avant-d-affronter-le-psg_6017075_3242.html
mlsum-fr-449
Le siège du constructeur automobile Renault, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 11 octobre. ERIC PIERMONT / AFP Pertes et profits. Chacun de nous l’a expérimenté : la nervosité pousse à surréagir. Un pas de souris réveille l’inquiet en sursaut. C’est le cas des marchés financiers, cyclothymiques par nature, qui sont en train de passer de l’euphorie à l’angoisse. Ils mêlent soucis immédiats (de protection de leur capital) et préoccupations de long terme face à une conjoncture internationale qui se dégrade à grande vitesse. Et sabrent à tout vent. La saison des résultats trimestriels en France en apporte une nouvelle preuve. Cela a commencé avec Publicis qui a averti, jeudi 10 octobre, que ses ventes seraient inférieures aux attentes. Sanction immédiate en Bourse le lendemain : − 12 %. La semaine suivante, Renault délivrait un message similaire et chutait également de 12 %. Dans la foulée, Danone a trébuché sur ses ventes d’eau et de yaourts et a perdu instantanément 8 % de sa valeur. Thales, le groupe de défense, sur des marchés pourtant plus prévisibles que celui des desserts lactés, a cédé 4 %. Et, cette semaine, les résultats d’autres poids lourds du CAC40 comme Carrefour pourraient, eux aussi, mettre à l’épreuve les nerfs fragiles des opérateurs de marché. Bien sûr, la situation est très différente entre un Danone et ses marges confortables ou un Thales et son épais carnet de commandes et un Renault toujours empêtré dans les suites de l’affaire Ghosn. D’autant qu’il se trouve de surcroît confronté, comme Publicis, à un changement structurel de son métier. Mais ils entonnent tous en chœur une petite musique qui heurte les oreilles sensibles des investisseurs. Climat d’incertitude Ils confirment d’abord concrètement le ralentissement de la croissance mondiale que prévoit le Fonds monétaire international dans ses dernières prévisions. Les Américains achètent moins de yaourts, les Chinois, moins d’automobiles et les Européens, de satellites. Un mouvement qui est autant structurel que conjoncturel. On veut du yaourt sans lait, de l’eau sans bouteille plastique et des voitures sans essence. Enfin... pas tout à fait car, dans le même temps, les rois du low cost, pas toujours très vertueux, font aussi carton plein dans un monde où les considérations de pouvoir d’achat rivalisent, dans la tête des consommateurs, avec celles de santé et de protection de la planète. Tout cela alimente un climat d’incertitude. La France, qui semblait pour l’instant un peu à l’abri de la dégradation de la conjoncture européenne et internationale, est progressivement rattrapée par cette inquiétude. Bien sûr, comme une hirondelle ne fait pas le printemps, un dérapage boursier ne fait pas l’hiver, mais il annonce la fin de l’été indien qui jette ses derniers feux sur le paysage économique français.
Les dérapages boursiers de grosses valeurs du CAC40 comme Publicis, Danone ou Renault témoignent de la nervosité des marchés, à l’heure où les doutes sur l’économie mondiale s’amplifient, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/21/a-la-bourse-la-fin-de-l-ete-indien_6016311_3234.html
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Manifestation de soutien à la journaliste Hajar Raissouni devant le tribunal de Rabat, le 9 septembre 2019. FADEL SENNA / AFP La justice marocaine répondra, jeudi, à la demande de mise en liberté d’une journaliste poursuivie pour « avortement illégal » et « débauche », c’est-à-dire relations sexuelles hors mariage, la défense ayant dénoncé, lundi 16 septembre, de nombreux « vices de forme » dans la procédure. Hajar Raissouni, 28 ans, journaliste au quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, risque jusqu’à deux ans de prison en vertu du Code pénal marocain, qui sanctionne les relations sexuelles hors mariage et l’avortement quand la vie de la mère n’est pas en danger. Pour la deuxième audience, devant une salle comble, les avocats de la défense ont à nouveau plaidé pour sa remise en liberté en soulignant les nombreux « vices de forme » et en dénonçant des « preuves fabriquées » en l’absence d’un flagrant délit au moment de son arrestation. « Son interpellation ne peut être le fruit du hasard, elle était espionnée », « ce qu’elle a subi pendant l’enquête préliminaire était une humiliation qui relève de la torture », « on a introduit des appareils dans son corps pour fabriquer des preuves », « tout cela montre un climat de terreur » : l’équipe de la défense a multiplié les attaques en appelant le tribunal à « montrer que la justice est indépendante et peut stopper les abus ». Le procès doit reprendre le 23 septembre, mais les juges ont décidé de se prononcer dès jeudi sur cette nouvelle demande de mise en liberté. « Affaire politique » L’affaire a suscité colère et indignation dans les médias et sur les réseaux sociaux, soulevant des débats sur les libertés individuelles au Maroc et sur les poursuites judiciaires visant les voix critiques. Lundi, des militants pour la défense des droits humains et des féministes étaient présents au tribunal en signe de soutien, mais en nombre bien moindre que lors de la manifestation organisée le 9 septembre avant l’ouverture du procès, selon un journaliste de l’AFP. Placée en détention après son arrestation fin août devant un cabinet médical de Rabat, la journaliste assure avoir été soignée pour une hémorragie interne. Elle dénonce depuis son arrestation une « affaire politique ». Pour Reporters sans frontières (RSF), elle est « victime de l’acharnement judiciaire contre les journalistes ». Amnesty International a dénoncé des « accusations forgées de toutes pièces » en appelant à envoyer massivement des demandes de libération au chef du gouvernement marocain. Face au tollé, le parquet de Rabat a assuré dans un communiqué que son arrestation n’avait « rien à voir avec sa profession de journaliste », mais était intervenue dans le cadre d’une enquête judiciaire plus globale visant le cabinet médical. « L’acharnement de médias proches des renseignements, avec des articles sales et diffamatoires, montre que c’est une affaire politique », a déclaré à l’AFP son oncle, Souleymane Raissouni, un éditorialiste engagé du quotidien Akhbar Al-Yaoum. Selon lui, « on veut régler son compte avec un parti, le PJD (parti islamiste, à la tête de la coalition gouvernementale) et avec le journal Akhbar Al-Yaoum, en utilisant une journaliste qui n’a rien à voir avec tout ça, c’est lâche et immoral ». Soutien au gynécologue La journaliste a été arrêtée le 31 août, en même temps que son fiancé, un universitaire soudanais qu’elle devait épouser mi-septembre. Interpellés au même moment, le gynécologue qui l’a soignée, un infirmier et une secrétaire sont jugés en même temps. La défense a plaidé pour la remise en liberté de tous les prévenus, après un premier rejet la semaine dernière. Des organisations de médecins ont affirmé leur soutien au gynécologue et demandé une « révision de la réglementation portant sur la relation entre le médecin et ses patients dans le cadre du secret médical ». Une révision du Code pénal – y compris les dispositions concernant l’avortement – figure à l’ordre du jour des débats parlementaires. Depuis l’arrestation de Hajar Raissouni, de nombreuses voix, y compris dans les rangs des islamistes du PJD, se sont élevées pour demander de décriminaliser l’interruption volontaire de grossesse. Entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc, selon des estimations d’associations.
Les avocats de la journaliste, aussi poursuivie pour relations sexuelles hors mariage, dénoncent la fabrication de preuves et des vices de forme.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/17/avortement-illegal-au-maroc-la-defense-de-hajar-raissouni-demande-sa-remise-en-liberte_5511349_3212.html
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L’égyptien Mahmoud Hassan, lors de l’élimination de l’Egypte samedi 6 juillet au Caire. Hassan Ammar / AP Au coup de sifflet final, la vie s’est arrêtée. En une seconde, les cris, les chants, les danses, qui avaient commencé sous un soleil de plomb en début d’après-midi, ont brutalement cessé. Dans la nuit bouillante, une chape de silence s’est abattue sur le stade du Caire et ses 77 000 supporteurs pétrifiés. Il était 22 h 52, et l’Egypte venait de perdre sa Coupe d’Afrique. Sa Coupe ! Moins de dix minutes plus tôt, sur une contre-attaque parfaitement menée, Thembinkosi Lorch trompait le gardien égyptien Mohamed El Shenawy. Mais ils étaient où les « pharaons » ? Ces joueurs qui avaient suscité les espoirs de tout un peuple en enchaînant trois victoires sans encaisser de but lors des phases de poule ? Démission et limogeage Dans le silence de la nuit, certains se sont pris le visage entre les mains ; d’autres se sont effondrés à terre. Mo Salah, héros national, a traversé le terrain la tête basse et s’est engouffré dans les vestiaires sous les insultes et les quolibets. Il a été transparent pendant ce match. Lui, l’homme admiré pour son humilité et sa générosité a-t-il fait preuve de trop de suffisance face aux Sud-Africains ? Après deux défaites au premier tour, les Bafana Bafana, qui affronteront le Nigeria en quart de finale, faisaient figure de miraculés en se qualifiant en 8e de finale au bénéfice d’une place de meilleur troisième. « Mo Salah n’était vraiment pas au mieux de sa forme, déplore Ahmed Hesham, un supporteur égyptien à la sortie du stade. Avec Liverpool, il brille et il gagne la Ligue des Champions. Mais avec l’équipe égyptienne, on dirait qu’il a peur de se blesser. Ma déception est immense, il me faudra du temps pour m’en remettre. » Omar Addin, un Cairote d’une trentaine d’années, rappelle qu’il « n’était pas prévu de quitter la compétition aussi rapidement ». Et d’ajouter, encore incrédule : « Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Ce que je sais, c’est que les Egyptiens n’ont plus d’espoir, qu’ils n’ont plus rien à quoi se raccrocher. La prochaine grande compétition est dans trois ans, il va falloir être très patient. » Le séisme a fortement ébranlé la Fédération égyptienne de football. Hani Abou Rida, président de la EFA, a présenté sa démission et limogé toute l’équipe technique de la sélection nationale. « Une obligation morale », selon un communiqué, « après avoir déçu les Egyptiens ». Le sélectionneur mexicain Javier Aguirre avait fait son mea culpa quelques heures auparavant, se disant « responsable du résultat » au terme « d’une nuit triste ». « Vous nous avez fait honte ! » Au lendemain de la défaite, la presse égyptienne n’était pas tendre avec l’équipe des Pharaons. « Vous nous avez fait honte ! », s’emporte le quotidien étatique Al-Akhbar, qui dénonce « les absurdités » du sélectionneur et « l’incapacité des joueurs », avec une photo de la star Mohamed Salah au bord des larmes. « Le sélectionneur Javier Aguirre doit être considéré comme le premier responsable de cette sortie humiliante », selon le grand quotidien gouvernemental Al-Ahram, qui déplore la sélection de joueurs n’ayant pas le niveau international. Pour le journal égyptien Al-Wafd, organe du parti politique du même nom, proche du gouvernement, la chute de l’Egypte « est un désastre qui devait arriver à un moment donné », estimant que ni les joueurs ni l’équipe technique des Pharaons n’étaient au niveau pour un couronnement lors de cette édition de la CAN. Le journaliste Amir Farag rappelle que les trois victoires des Pharaons en phase de qualification étaient plus que décevantes. « C’est un véritable désastre, un scandale qui ne peut être ignoré », martèle le journaliste, qui accuse tout d’abord l’EFA qui n’a pas su tirer les leçons de la déroute égyptienne à la Coupe du Monde en Russie en 2018. Il jette ensuite le blâme sur l’entraîneur mexicain Javier Aguirre qui n’a pas su développer un véritable jeu au sein de la sélection, ni offensif ni défensif. Enfin, l’attaquant-vedette Mohamed Saleh, « présent-absent » durant la compétitition, a déçu. Le site de la chaîne Sada El-Balad estime lui aussi que « Mohamed Salah a été hors contrôle », passant « 10 jours de congés en camp d’entraînement sans se rendre compte qu’il était en mission nationale ». Le soutien apporté par Mo Salah et ses coéquipiers à Amr Warda, écarté par l’EFA puis réintégré sous leurs pressions après des accusations de harcèlement sexuel, laisse aussi un petit goût amer. « Au lieu de s’unir pour améliorer leurs performances faibles et médiocres pendant le tournoi, les joueurs se sont unis pour soutenir leur collègue qui a fait du tort à tous (...) », estime ainsi le journaliste d’Al-Wafd dans une critique par ailleurs très partagée sur les réseaux sociaux, où les Pharaons sont désignés sous le quolibet « l’équipe des harceleurs ». Certains supporteurs placent dorénavant leurs espoirs sur d’autres équipes. Chaimaa El Matrabi est marocco-égyptienne. « Après l’élimination du Maroc vendredi, c’est l’Egypte qui sort de la compétition, regrette-t-elle en quittant les tribunes du stade du Caire. Je vais me consoler en supportant l’Algérie… ». Car avec ou sans la puissance invitante, la compétition continue. Ce dimanche, deux rendez-vous de poids : Madagascar, une des belles surprises de la compétition, sera opposé à la RDC et l’Algérie à la Guinée.
Au lendemain du coup de tonnerre, la presse et les supporteurs sont très sévères avec Mo Salah et ses partenaires.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/07/can-2019-l-egypte-eliminee-de-sa-coupe-d-afrique_5486492_3212.html
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« Vous êtes sûr qu’on ne peut pas bannir Trump de Twitter ? » A chaque écart de langage encore un peu plus ahurissant que le précédent, les suppliques arrivent au PDG de la plate-forme, Jack Dorsey. Il est vrai qu’il y a de quoi être stressé. Donald Trump tweete de plus en plus. En 2017, son record était de 100 messages par semaine, selon la radio publique NPR. Après la publication du rapport Mueller, en avril, il était monté à 200. Le 11 octobre, les internautes ont compté 33 Tweet et Retweet présidentiels en l’espace de vingt-cinq minutes. La sénatrice démocrate de Californie, Kamala Harris, a interpellé à son tour le PDG de la plate-forme le 1er octobre : « Hey Jack. Il est temps de faire quelque chose. » L’ex-procureure, prétendante à la Maison Blanche, faisait référence au message dans lequel M. Trump déclame qu’une « tentative de coup d’Etat » se dissimule derrière la procédure d’impeachment qui le vise. Il retweete les propos d’un de ses admirateurs – un pasteur – sur la « guerre civile » qui menace si les démocrates persistent dans leur procédure en destitution. Les réseaux sociaux sont des compagnies privées, ils ne sont pas tenus au respect du premier amendement de la Constitution sur la liberté d’expression Pour la candidate, M. Trump viole le règlement de la plate-forme, qui interdit les incitations à la violence. « Aucun usager, quels que soient son emploi, sa richesse ou sa stature, ne devrait être dispensé des termes d’utilisation de Twitter, pas même le président des Etats-Unis », écrit-elle dans une lettre de deux pages à Jack Dorsey. « Soyons honnêtes. Le compte @realDonaldTrump devrait être suspendu. » Lire aussi Twitter précise comment il modère les messages des dirigeants politiques Rien, légalement, n’empêcherait Twitter de bouter Trump hors de la plate-forme. Ou au moins de censurer quelques-unes de ses outrances. Les réseaux sociaux sont des compagnies privées, ils ne sont pas tenus au respect du premier amendement de la Constitution sur la liberté d’expression. Twitter a d’ailleurs accepté de suspendre les comptes de quelques figures du mouvement suprémaciste blanc. En juin, la plate-forme a aussi promis d’accompagner d’un « avertissement » les messages des dirigeants transgressant ses règles de conduite. Elle n’a encore jamais osé passer à l’acte. Jack Dorsey, qui est un grand adepte du jeûne et de la méditation, n’a pas jugé bon de se précipiter pour répondre à la sénatrice. Il faut comprendre son dilemme. Twitter – que ni Disney ni Salesforce ne s’étaient décidés à racheter en 2016 quand sa cote était au plus bas – est maintenant cité urbi et orbi grâce aux interventions du président des Etats-Unis. Et la plate-forme ne peut être tenue responsable du contenu, en vertu de l’article 230 de la loi sur la décence dans les communications de 1996.
Le président américain tweete de plus en plus frénétiquement. Certains candidats démocrates veulent que son compte soit suspendu, mais Twitter ne semble pas prêt à censurer un chef d’Etat.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/22/un-impeachment-numerique-pour-donald-trump_6016398_3232.html
mlsum-fr-453
Un trader à la Bourse de New York, le 15 août. DREW ANGERER / GETTY IMAGES VIA AFP L’économie mondiale est-elle sur le point de sombrer dans une nouvelle récession ? Alors que les inquiétudes sur le sujet ont encore monté d’un cran ces derniers jours, nul doute que la question s’invitera à la table des dirigeants du G7 (Etats-Unis, Canada, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni, Japon), réunis du 24 au 26 août à Biarritz. Et pour cause : le ralentissement de l’activité mondiale observé depuis plusieurs mois est en grande partie dû à l’escalade des tensions commerciales entre l’un des participants, Washington, et Pékin. « C’est la grande angoisse, le sujet sera omniprésent en coulisses, confie une source européenne. Face à l’imprévisibilité de Donald Trump, il est peu probable que les incertitudes se dissipent rapidement. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avant le G7 de Biarritz, officiels et contre-manifestants sont dans les starting-blocks Or, celles-ci ont déjà coûté cher à l’économie. Depuis la première hausse des tarifs douaniers imposée par les Etats-Unis sur leurs importations d’acier et d’aluminium en provenance de Chine, en mars 2018 – suivie par une escalade de ripostes entre Pékin et Washington –, les grandes organisations internationales révisent leurs prévisions à la baisse, tout en dénonçant les effets néfastes de la guerre commerciale. Report des investissements En juin, la Banque mondiale a ainsi réduit son estimation pour la croissance mondiale cette année de 2,9 % à 2,6 %, et celle de la zone euro, de 1,6 % à 1,2 %. En juillet, le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé sa prévision pour la Chine à 6,2 % en 2019 et 6 % en 2020 (contre 6,3 % et 6,1 % auparavant), soit son rythme de croissance le plus faible depuis deux décennies. « Au total, nous estimons que la hausse des droits de douane entre les Etats-Unis et la Chine, y compris celle appliquée en 2018, pourrait réduire le PIB mondial de 0,5 point en 2020, expliquait en juin Christine Lagarde, sur le point de quitter la direction générale du FMI pour prendre la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi l’industrie européenne est quasiment à l’arrêt Au-delà de l’incidence des tarifs douaniers eux-mêmes, la guerre commerciale pèse également sur l’activité par des canaux indirects, aux effets parfois plus puissants encore. Exemple : face aux incertitudes, les entreprises reportent leurs investissements, tandis que nombre de ménages privilégient l’épargne de précaution sur la consommation. Selon la société d’assurance-crédit française Euler Hermes, la hausse des tarifs américains a ainsi amputé la croissance du commerce mondial de 0,3 point en 2018, et les effets collatéraux qu’ils ont soulevés, de 0,5 point.
Le risque d’une récession engendrée par la guerre commerciale sera en toile de fond des discussions de la réunion des grandes puissances du G7, du 24 au 26 août à Biarritz.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/19/g7-une-reunion-sur-fond-d-inquietudes-pour-l-economie-mondiale_5500558_3234.html
mlsum-fr-454
Fini la « déclaration anticipée de volonté » et bienvenue à la « reconnaissance conjointe de l’enfant à naître ». Auditionnée lundi 9 septembre dans la soirée par la commission spéciale chargée de la loi de bioéthique avec Agnès Buzyn (santé) et Frédérique Vidal (recherche), la ministre de la justice, Nicole Belloubet, a précisé les nouveaux contours de l’un des points les plus discutés du texte : le mode d’établissement de la filiation prévu pour les enfants des couples de lesbiennes ayant eu recours à une procréation médicalement assistée (PMA) avec tiers donneur. Avec l’extension aux couples de femmes et aux femmes seules de l’accès à ces techniques, consacrée dans l’article premier du projet de loi, se pose en effet la question du lien qui unira juridiquement un enfant né dans ce cadre à ses deux mères. Preuve que le sujet est éminemment sensible, deux options avaient été soumises au Conseil d’Etat, qui a tranché en faveur d’un mode d’établissement spécifique pour les futures mères lesbiennes concernées. Le mécanisme, décrit dans l’article 4 du projet de loi présenté le 24 juillet en conseil des ministres, reposait dans sa version initiale sur la signature commune, devant notaire, d’une « déclaration anticipée de volonté », devant être transmise à l’officier d’état civil pour inscription sur l’acte de naissance intégral de l’enfant. Reconnaissance commune Cette formalité, décriée par les associations LGBT et contestée par plusieurs parlementaires – qui voyait en elle une rupture d’égalité –, devait permettre que, à la naissance, les deux mères soient déclarées légalement les parents de l’enfant. Elle est écartée au profit d’une « reconnaissance conjointe » anticipée, laquelle « traduira un engagement mutuel entre les deux mères et sécurisera la filiation de l’enfant à naître », a précisé la garde des sceaux. C’est cette reconnaissance commune, enregistrée devant notaire au même moment que le consentement obligatoire au don de gamètes, qui apparaîtra finalement sur l’acte de naissance intégral de l’enfant, de la même façon que pour les enfants nés d’un couple hétérosexuel non marié. Deuxième modification, d’ordre plutôt symbolique : contrairement à ce qui était prévu initialement, cette disposition ne fera pas l’objet d’un titre à part dans le code civil, mais sera intégrée dans le titre VII relatif à la filiation. Revendiquant un « mode d’établissement tout à fait novateur » avec ce régime qui repose sur « le projet parental et l’engagement du couple », Mme Belloubet a salué à plusieurs reprises, pendant les quatre heures d’audition, ce « double mouvement de nature à rendre ce mode d’établissement plus simple, plus sécurisant, et encore plus banal pour les couples auxquels nous ouvrons ce droit ».
La ministre de la justice a proposé deux modifications du projet de loi bioéthique pour établir la filiation des enfants de couples de femmes nés par PMA.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/10/loi-de-bioethique-le-gouvernement-revoit-l-epineux-sujet-de-la-filiation_5508561_3224.html
mlsum-fr-455
Ibeyi, le samedi 6 juillet 2019 au festival Jazz à Vienne S.Bianchetti/Jazz à Vienne Samedi 6 juillet 2019. Les loges du festival Jazz à Vienne. J’explique à mes interlocutrices l’origine du Questionnaire de Proust, sa re-création par Bernard Pivot à la télévision, sa popularisation aux Etats-Unis par James Lipton dans l’émission « Inside The Actors Studio ». Je leur raconte comment je l’avais adapté. Je sens Lisa intéressée. Plus réservée, Naomie semble se méfier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ibeyi, les Mystic Sisters 1. Quelle est votre chanson préférée ? Naomi se décompose : « Je ne sais pas faire ça, moi. Il y en a trop ! » C’est Lisa s’y colle. « Nina Simone : Wild Is The Wind. A chaque fois que je l’écoute, j’ai la même émotion. C’est tout de même fou de pouvoir écrire une chanson dont on ne se lasse jamais... » 2. Quel est votre album préféré ? Lisa poursuit : « Je ne sais pas si c’est mon album préféré, mais il me donne une énergie incroyable : Homecoming, l’album-live de Beyonce. Je l’ai écouté en boucle. » Beyonce est une sorte de marraine pour Ibeyi. La star internationale les a intronisées au moment où les deux sœurs sont apparues dans son film Lemonade. THANK YOU Queen @Beyonce for having us ! ❤️👯 pic.twitter.com/xSgdSVkE4m — Ibeyi (@IbeyiOfficial) 24 avril 2016 Naomie : « On est obsessionnelles avec les albums. » Lisa poursuit. « Je pense que la raison pour laquelle on est obsédées par les CD, c’est parce que notre père nous avait acheté un Walkman lecteur de CD quand on était petites. C’est comme ça qu’on a appris à écouter la musique, avec un CD qu’on écoutait en boucle. Et au bout de deux semaines, quand on en avait assez, on passait au suivant. » 3. Quel est l’artiste qui vous a le plus inspirées ? Naomi : « Je n’y arriverai pas. » Sa sœur la gronde : « Mais vas-y, donne des noms ! » « Mon père », finit par lâcher Naomi. Je valide. Lisa-Kaindé et Naomi sont les filles du percussionniste cubain Angá Díaz, bien connu des amateurs de musique cubaine, subitement disparu en 2006. L’histoire raconte que Naomi, qui n’avait jamais touché un tambour, le jour de la mort d’Angá s’est assise sur le cajón de son père et s’est mise à jouer. Depuis, elle ne s’est plus arrêtée. Lisa : « Une des artistes qui m’a le plus inspirée est Me’Shell Ndegeocello. Chaque album est différent, chaque album me parle, chaque album est beau. Elle réussit quelque chose de très difficile : garder son identité tout en changeant de style. C’est une des plus grandes musiciennes du monde. Elle a inventé la neo soul ! » 4. Quelle est la chanson dont vous êtes les plus fières ? « Il y en a plusieurs. J’aurais envie de dire Mama Says, parce que c’était la première… » « River, parce qu’elle nous a ouvert toutes les portes… » « Deathless, parce qu’elle a accompagné les gens pendant des moments difficiles… » Lisa conclut : « Peut-être Oya, parce qu’aujourd’hui je ne sais pas comment j’ai pu écrire une chanson comme ça. » Naomi acquiesce : « J’étais là : Elle l’a écrite en un jet. » « Je ne me suis rendu compte de rien. » « Un peu comme ces artistes qui racontent que certaines chansons leur ont été inspirées par quelque chose de divin ? » « C’est tout à fait ça. Elle m’a été soufflée dans l’oreille. » 5. Quel est l’artiste que vous aimeriez soutenir ? L’échange semble avoir détendu Naomi. Les deux sœurs parlent désormais d’une seule voix, l’une prenant la suite de l’autre. « Sudan Archives. C’est une violoniste qui a fait une de nos premières parties. Elle fait tous ses beats avec son violon. On a adoré son univers. » « Il y a une artiste plasticienne qui fabrique des masques que j’adore qui n’est pas assez connue et qui s’appelle Magnhild Kennedy. Elle en a fait pour Erykah Badu. Elle est in-cro-yable ! » « Il y a aussi Burneece qui fait de la photographie documentaire dans le milieu de la nuit des communautés noire et gay. Je suis allé voir son exposition à Londres. J’ai trouvé ça absolument magnifique. » 6. Quelle a été votre plus forte émotion sur scène ? Naomi : « Le Brésil. Le public connaissait toutes les chansons par cœur, même celles qui n’étaient encore pas sorties. On y retourne bientôt pour Rock in Rio ! » Lisa : « Notre premier Olympia. Il y avait notre mère, notre grand-mère, la moitié du public faisait partie de votre famille. » « T’exagère ! », se moque sa sœur. « C’est vrai que vous avez été portées par votre public », leur fais-je. « Notre public est beau. Il est divers, de toutes les couleurs, brésilien, japonais, chinois, américain, australien. » Ibeyi, le samedi 6 juillet 2019 au festival Jazz à Vienne S.Bianchetti/Jazz à Vienne 7. Quel est votre plus grand regret ? « Pour le moment, on n’a pas vraiment de regret », répond Naomie de sa voix voilée. « On a toujours fait de notre mieux » « Même pas d’avoir franchi les étapes trop vite ? » Tentative vouée à l’échec. Lisa-Kaindé et Naomi se défendent ardemment : « Non, on n’est pas monté si vite ! On a tourné pendant tellement longtemps… On tournait en van. » Objection : « Vous avez eu le soutien du métier... » « C’est vrai, mais on a sacrément bossé ! » Je leur reconnais un véritable saut qualitatif entre la première et la deuxième tournée. « On avait dix-huit ans… On était des enfants. » Je souris. « Maintenant on en a vingt-quatre. Quand on reviendra, on en aura vingt-sept. Ce sont différentes étapes de la vie. » 8. Quel est le musicien avec lequel vous aimeriez travailler ? Les noms fusent. « James Blake. » « Franck Ocean. » « J’adorerais écrire pour Beyoncé », lance Lisa. « Jack White : Tout ce qu’il touche devient de l’or. » « On a fait Kamasi Washington, Me’Shell Ndegeocello, Chilly Gonzales… C’était des gens qu’on avait sur nos listes depuis longtemps. » Lisa : « D’Angelo : C’est mon rêve. » « Rosalía, ce serait chouette ! » Je fronce les sourcils. « Rosalía ? » « Mais si, elle est partout ! Il faut absolument que tu écoutes. C’est la chanteuse du moment. Ce qu’on a fait avec les chants yoruba, elle l’a fait avec le flamenco. » « On vient d’apparaître dans l’album de Haydée Milanés, la fille de Pablo Milanés. On a repris une très belle chanson de Pablo qui s’appelle Identidad. » 9. Quel est le projet que vous aimeriez réaliser ? « On rêvait de jouer avec un orchestre. Ça va se faire en novembre. Ils vont réarranger notre musique. On est très heureuse de ça. » La formation en question n’est autre que le prestigieux Metropole Orkest avec lequel a travaillé notamment Snarky Puppy. « La prochaine étape, c’est une tournée avec des musiciens. On n’est que deux sur scène. On imagine faire un vrai show de dingue ! » 10. Si Dieu existe et que vous le rencontriez, que lui demanderiez-vous ? « Je lui demanderais si tout était écrit. » C’est Lisa qui a répondu. « Dans la religion Yoruba, il y a une légende qui dit qu’avant de rentrer dans nos corps, qui sont des poteries envoyées sur Terre, on nous demande d’accepter notre destinée. Non seulement c’était écrit, mais on l’a accepté. Notre rôle sur la planète est de retrouver cette destinée. » « Et donc j’aimerais savoir si tout était écrit, s’il y a un but à tout ça, le mauvais comme le bon. » Ibeyi, le samedi 6 juillet 2019 au festival Jazz à Vienne S.Bianchetti/Jazz à Vienne C’est dans la boîte. Je prends conscience du caractère fugitif de mes réponses. A un autre endroit, à un autre moment, le résultat aurait certainement été très différent. Là n’est pas l’essentiel. Ce questionnaire n’est qu’un prétexte pour capturer la vérité d’un moment, un instantané. Il m’a permis de toucher du doigt une des raisons de la relation incroyable qu’entretiennent Noémie et Lisa avec leur public : leur authenticité. Une relation construite à la force du poignée. Comme ce samedi soir à Vienne. Telle des guerrières yoruba, les sœurs Díaz sont se sont battues pour aller chercher un public rincé par les trombes d’eau, se sont données avec cœur pour que retentisse dans les travées du théâtre romain un tonitruant We Are Deathless ! Lire aussi Le questionnaire illustré de Bomba Estéreo
Lisa-Kaindé et Naomi Díaz, le casting idéal pour le Questionnaire de Proust ? L’idée me démangeait depuis longtemps. Forcément, rien ne se déroulera comme prévu.
https://www.lemonde.fr/le-jazz-et-la-salsa/article/2019/07/13/le-questionnaire-illustre-d-ibeyi_5489051_5324427.html
mlsum-fr-456
Manifestation contre le franc CFA à Dakar en septembre 2016. SEYLLOU / AFP Le Sénégal s’est lancé dans la publication d’une volumineuse Histoire générale du Sénégal, un projet éditorial sans précédent soutenu par l’Etat qui a pour vocation de « décoloniser » la vision du passé de cette ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest. Les cinq premiers volumes de cette somme, qui doit en compter 25 au total, ont été présentés, mardi, au président Macky Sall, qui avait souligné l’importance de ce projet lors de sa prestation de serment pour un second mandat le 2 avril, a-t-on appris, mercredi 17 juillet, auprès de la présidence sénégalaise et de la communauté des chercheurs. « Il y a une impérieuse nécessité de décoloniser notre Histoire en la maîtrisant et en reconstituant par nous-mêmes et pour nous-mêmes le récit authentique de notre passé », a déclaré à cette occasion Macky Sall. L’une des « finalités essentielles » de ce travail est de servir de base à une refonte des programmes scolaires, selon le président : « Au lieu de nous apprendre les Charlemagne et autres, ça sera l’occasion de faire connaître cette histoire dans les écoles primaires, les collèges et les universités. Ne l’oublions pas, l’esclavage et la colonisation ont eu comme soubassement la négation de l’Histoire, de l’âme et de la raison du peuple noir. » « Approche critique » Les premiers volumes publiés portent sur la préhistoire, l’Antiquité, la construction de l’espace territorial sénégalais entre le XIe et le XVIe siècle, l’action des rois et des marabouts entre le Xe et le XXe siècle, les luttes coloniales et la consolidation du pouvoir colonial entre 1817 et 1914 ou encore la grève des cheminots de 1938, durement réprimée. Les 20 autres volumes doivent être publiés d’ici à 2024, à raison de cinq tomes par année, a expliqué à l’AFP Mor Ndao, chef du département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et membre de la commission de rédaction. Ce projet fait « l’état des lieux explorés par l’historiographie » et permettra de « décoloniser une partie de l’histoire », jusqu’ici extrêmement « tributaire des archives écrites laissées par les colonisateurs français », a souligné M. Ndao. L’exercice de réécriture s’appuie sur des sources multiples, dont « les traditions orales et familiales, la toponymie, l’archéologie et les épopées, à travers une approche critique », a-t-il ajouté. Le projet, initié en 2013, est dirigé par le professeur agrégé d’histoire Iba Der Thiam, également ancien ministre et ancien député. Soutenu par l’Etat et bénéficiant du concours de chercheurs parfois bénévoles, son coût n’a pas été rendu public.
Le projet d’une encyclopédie, initié en 2013, ambitionne d’écrire « un récit authentique », distancié « des archives laissées par les colonisateurs français ».
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/18/une-histoire-generale-du-senegal-en-25-volumes-pour-decoloniser-le-passe_5490722_3212.html
mlsum-fr-457
Ruth Chepngetich a triomphé au marathon à Doha, samedi 28 septembre. Petr David Josek / AP Des conditions attendues, mais néanmoins dantesques : la chaleur étouffante de Doha (environ 32 degrés et 73 % d’humidité) a vu triompher la Kényane Ruth Chepngetich au marathon féminin des Mondiaux, dans la nuit de vendredi à samedi 28 septembre. Il est un peu plus d’une heure du matin sur le front de mer de Doha, et c’est la panique devant la tente médicale. Allongées sur des brancards, assises dans des fauteuils roulants, les corps meurtris, le regard hagard, de nombreuses coureuses ont abandonné et les prises en charge médicale se succèdent à la mi-course. Dans la cohue, les équipes médicales s’agitent, les encadrements se pressent dans la zone pour retrouver une athlète qui vient d’abandonner quelque part sur le bitume de la Corniche à Doha. Les images risquent d’alimenter la polémique née de l’attribution des Mondiaux d’athlétisme au Qatar et à son climat extrêmement chaud. Même fin septembre, même à minuit passé. Plusieurs dispositifs avaient bien été mis en place en conséquence : des volontaires de la Croix-Rouge postés tous les 200 m de cette boucle de 7 km, une dizaine d’athlètes ayant accepté d’ingérer des gélules qui permettaient aux médecins de surveiller en temps réel leur température corporelle, des points de ravitaillement en eau multipliés. Malgré les éponges gorgées d’eau avec lesquelles les athlètes s’aspergeaient, malgré les serviettes fraîches qu’elles s’enroulaient autour du cou, beaucoup de ces marathoniennes de haut niveau ont fortement souffert. « C’est le marathon le plus dur de ma vie, ils n’auraient jamais dû donner le départ », s’est insurgée la Croate Bojana Bjeljac, qui a abandonné au 17e kilomètre. Une préparation dans une région chaude du Kenya Sur les 68 partantes, 28 ont abandonné, la dernière finissant à plus de trois quarts d’heure de la médaillée d’or. Si les abandons sont courants sur les 42,195 km du marathon, l’édition de Doha établit un nouveau « record » en la matière pour les Mondiaux (23 abandons à Moscou en 2013, seulement 13 à Londres en 2017 sur 92 partantes). « On voyait des filles abandonner au bord de la route. C’était effrayant, ça pouvait très bien être moi au prochain kilomètre », a rapporté la Canadienne Lyndsay Tessier, 9e au final. La hiérarchie mondiale a été respectée avec les meilleures devant : la Kényane Ruth Chepngetich a remporté le premier titre de ces Mondiaux 2019, en 2 h 32 et 43 secondes, elle qui était la plus rapide cette année et avait établi le 3e meilleur chrono de tous les temps à Dubaï en janvier (2 h 17 et 08 secondes). « J’ai couru avec ma tête, ce n’était pas simple. Je me suis préparée dans une région chaude du Kenya pour cela, et Dieu merci ma tactique a fonctionné », a-t-elle déclaré. Une minute et trois secondes après elle, la tenante du titre, la Bahreïnie Rose Chelimo, a pris la médaille d’argent, puis la Namibienne Helalia Johannes le bronze (à 1 min 32). « Les conditions étaient très particulières mais les meilleures sont devant. Il était possible de courir ce marathon avec une préparation très particulière, une hydratation parfaite », estime pour sa part le directeur de l’équipe italienne, Antonio La Torre. Les athlètes n’ont pas fini de transpirer : hommes et femmes ont rendez-vous ce soir à 23 h 30 locales (22 h 30 en France), au même endroit, pour le 50 km marche. Le marathon homme se tiendra quant à lui dans la nuit du 5 au 6 octobre.
La chaleur a forcé plusieurs dizaines d’athlètes à jeter l’éponge. Cela risque d’alimenter la polémique née de l’attribution des Mondiaux d’athlétisme au Qatar.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/28/mondiaux-de-doha-la-kenyane-ruth-chepngetich-sort-victorieuse-d-un-jeu-de-massacre_6013398_3242.html
mlsum-fr-458
La bataille de la mise en accusation (impeachment) de Donald Trump promet de tester la solidité d’une défense, la sienne. Mais la soudaineté de la saga ukrainienne, qui a débuté il y a tout juste deux mois par une conversation téléphonique dans laquelle le président des Etats-Unis a demandé à son homologue Volodymyr Zelensky d’enquêter sur le fils de l’un de ses opposants, Joe Biden, a pour l’instant mis en évidence ses limites. Elles sont symbolisées pour l’instant par l’ancien maire de New York, Rudy Giuliani, devenu le conseil du président des Etats-Unis et qui s’est impliqué publiquement dans le dossier ukrainien. Omniprésent sur les écrans de télévision depuis la publication d’un article du Washington Post qui a révélé l’affaire, le 18 septembre, l’ancien procureur, âgé de 75 ans, a multiplié les embardées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Procédure de destitution : la contre-attaque laborieuse de Donald Trump Dans un entretien accordé à la chaîne CNN, le lendemain, il a ainsi spectaculairement confirmé avoir demandé aux autorités ukrainiennes d’enquêter sur la famille Biden, quelques secondes seulement après l’avoir nié avec énergie. Quatre jours plus tard, face à une animatrice de Fox News éberluée, Laura Ingraham, Rudy Giuliani a assuré qu’il avait fait cette démarche à la demande de l’administration. « Je n’ai jamais parlé à un responsable ukrainien jusqu’à ce que le département d’Etat m’appelle et me demande de le faire », a-t-il affirmé, avant de brandir un téléphone portable contenant à l’en croire les preuves de ces communications. Une affirmation qui pourrait laisser entendre, si elle devait être confirmée, que son client, Donald Trump, a mobilisé les services de l’Etat fédéral, et donc l’argent du contribuable, à des fins politiques. « Fermez-la ! » Mardi soir 24 septembre, de nouveau invité par Laura Ingraham, Rudy Giuliani s’est emporté contre un contradicteur, le traitant de « crétin ». « Fermez-la ! », a-t-il répété à plusieurs reprises, indifférent aux rappels à l’ordre de son hôte. Le Washington Post avait décrit, dans un article publié un peu plus tôt, l’activisme de l’avocat du président et notamment ses démarches pour obtenir l’éviction de l’ambassadrice des Etats-Unis à Kiev, Marie L. Yovanovitch, une diplomate de carrière relevée de ses fonctions en mai. Il a accusé cette dernière d’avoir participé, selon lui, à une conspiration visant à nuire à Donald Trump. « Elle devrait faire partie de l’enquête dans le cadre de la collusion », a déclaré au Washington Post l’ancien maire qui a affirmé, contre toutes évidences, que la diplomate « travaille maintenant pour [le philanthrope George] Soros », une cible fréquente du président des Etats-Unis.
L’ancien maire de New York, devenu conseil de Donald Trump, a multiplié les embardées sur plusieurs affaires d’Etat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/26/rudy-giuliani-l-imprudent-avocat-de-donald-trump_6013128_3210.html
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Plus de cent femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon en France depuis le début de l’année 2019. Un chiffre qui souligne l’importance de la tâche qui attend les élus, associations, magistrats, proches de victimes ou juristes qui participent au Grenelle des violences conjugales, qui a débuté, mardi 3 septembre, à Matignon. La notion de « féminicide », ces meurtres dont sont victimes les femmes ou jeunes filles parce qu’elles sont des femmes, continue pourtant de susciter des réactions partagées. L’éditorialiste de Sud Radio Elisabeth Lévy a ainsi qualifié le terme de « mensonge » lundi 2 septembre. A tort ou à raison ? Ce qu’elle a dit Dans son éditorial, Elisabeth Lévy est revenue sur le chiffre de plus d’une centaine de femmes tuées par leur conjoint depuis le début de l’année 2019 : « Ces cent femmes, et toutes les autres, méritent évidemment justice. » Elle récuse, en revanche, le terme « féminicide » en lui-même, qui constituerait, selon elle, un « mensonge ». L’expression et les statistiques publiques seraient trompeuses, car elles enfermeraient « toutes ces tragédies individuelles sous un même vocable », estime-t-elle. Pour étayer son point de vue, Elisabeth Lévy met notamment en avant le fait que « dans les cas recensés comme féminicides, il y a un nombre significatif de messieurs âgés, très âgés, qui mettent fin aux souffrances de leur compagne. Est-ce que c’est un féminicide ? », lance-t-elle. Un propos qui laisse entendre qu’une partie des féminicides pourraient relever, au moins en partie, d’une forme d’altruisme, et pas seulement d’un geste criminel. POURQUOI C’EST TROMPEUR Les « féminicides » conjugaux sont un phénomène en tant que tel La loi française traite les violences à l’encontre des deux sexes avec la même sévérité. De même, les statistiques publiques étudient le phénomène des violences conjugales dans son ensemble. Mais force est de constater que les femmes en sont les premières victimes. Ainsi, 149 morts violentes au sein du couple ont été recensées au cours de l’année 2018 dans l’étude nationale réalisée par le ministère de l’intérieur. Parmi les victimes, 121 (soit 81 %) sont des femmes. Les hommes tués par leur compagne sont moins nombreux, et étaient le plus souvent violents L’existence de 28 cas de victimes masculines rappelle que des hommes sont également touchés, une réalité parfois méconnue, sur laquelle pèse, comme pour les femmes victimes de violences, une forme de tabou. L’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) estimait ainsi en 2012 que seulement 10 % des femmes victimes de violences déposent plainte et, pis encore, seulement 3 % des hommes concernés. Lorsque l’on s’intéresse au détail des cas de violences conjugales mortelles, on s’aperçoit cependant que les féminicides se distinguent en tant que tels. Qu’ils soient tueurs ou tués, les hommes sont proportionnellement beaucoup plus violents que les femmes dans ces dossiers. Par exemple, les hommes tués par leur compagne avaient commis des violences sur celle-ci par le passé dans 48,4 % des cas, contre seulement 6 % des femmes dans des cas équivalents. Sans nier l’existence des hommes battus ni la nécessité de libérer leur parole comme celle des femmes, ces éléments montrent que les violences conjugales sont en grande partie un sujet qui relève des inégalités entre les deux sexes. « Mettre fin aux souffrances », ou tout simplement tuer ? L’enquête nationale de 2018 est également riche en enseignements quant aux motifs des morts violentes au sein du couple. Hommes et femmes confondus, les disputes (40 % des cas) et les séparations (19 %) arrivent en tête des motivations des tueurs : Disputes et séparations en tête des motifs de féminicides Motifs des morts violentes au sein du couple en 2018. Source : Source : Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple, 2018 Derrière, un troisième motif se distingue : la maladie ou la vieillesse de la victime, qui apparaît dans 13 % des cas. Cela représente bien un nombre « significatif » d’affaires, comme le note Elisabeth Lévy. Peut-on pour autant les résumer à des histoires de « messieurs âgés, très âgés, qui mettent fin aux souffrances de leur compagne », qui n’auraient pas grand-chose à voir avec des féminicides ? Le détail de certaines affaires laisse peu de doute sur le caractère violent des actes commis. Le Parisien relatait, par exemple, en juillet deux affaires récentes de ce type : « Un octogénaire qui étouffe son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer » ; « Un autre, âgé de 71 ans, qui tire sur sa femme gravement malade, avant de retourner l’arme contre lui ». Seize hommes ont tué leur partenaire pour des raisons liées à la maladie ou à la vieillesse en 2018, contre seulement deux femmes Par ailleurs, il s’agit là aussi d’un phénomène essentiellement masculin : en 2018, seize hommes ont tué leur partenaire pour des raisons liées à la maladie ou la vieillesse de celle-ci, quand seulement deux femmes ont fait de même. Toujours selon l’étude nationale de 2018, seule une assez faible minorité des hommes ont tué leur compagne par des « coups » en tant que tels (15 en 2018) et des « strangulations » (20). Dans les trois quarts des situations, les auteurs ne sont pas dans un affrontement au corps-à-corps, mais ont recours à une arme : une arme blanche (38 cas), une arme à feu (29) ou une arme par destination (9). Lire aussi Trois graphiques sur les féminicides et violences conjugales
L’éditorialiste de Sud Radio Elisabeth Lévy s’est opposée lundi à l’emploi du terme « féminicide », affirmant que les chiffres sur le sujet seraient mensongers. Vraiment ?
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/04/le-terme-feminicide-est-il-trompeur_5506348_4355770.html
mlsum-fr-460
Simon Tanguy évolue parmi les spectateurs dans « Inging ». ELIAN BACHINI Le silence. D’un coup, d’un seul, énorme, comme on laisse tomber une pierre dans le vide en écoutant sa chute. Très émouvant, il clôt la performance Inging, du chorégraphe Simon Tanguy, à l’affiche du Théâtre de L’Oulle, à Avignon, depuis le 5 juillet. Le silence donc. Comme si on avait débranché le danseur sous perfusion de paroles pendant quarante-cinq minutes et, soudain, encéphalogramme plat d’un cerveau en roue libre qui se plante net. Il est d’abord assis à son bureau, devant son ordinateur, sur le plateau que les spectateurs partagent avec lui. Il édicte la règle du jeu : parler et bouger non-stop. La petite leçon de philosophie du quotidien peut commencer, rebondissant au gré de télescopages de sujets, de changements de braquet selon l’inspiration, de bégaiements comiques, béquilles rythmiques pour rabouter des idées qui ne se précipitent pas toujours. « Je n’ai pas encore raté une représentation, affirme le danseur-chorégraphe, attablé mercredi 17 juillet, place Crillon. Je le voulais, ce marathon de 19 dates. Jouer aussi longtemps n’arrive jamais en danse contemporaine. Et Inging est très agréable à faire. » Prédisposé à la logorrhée Simon Tanguy, 35 ans, Breton de Saint-Brieuc, où il a implanté sa compagnie en 2013, petit-fils d’agriculteurs, est aussi bavard en privé que sur scène. Prédisposition naturelle à la logorrhée, accentuée par un show comme Inging qui colonise méchamment. « Jusque sur mon vélo, je continue à le faire, glisse-t-il. C’est une performance qui a été créée en 2010 par l’artiste new-yorkaise Jeanine Durning. J’en ai payé les droits et j’ai travaillé avec elle pendant deux semaines. Je reprends le dispositif mais avec mon propre contenu. » Autrement dit, des thèmes sociétaux, des commentaires sur la « visibilité » à Avignon, des confidences sur sa maman, sur sa grand-mère – « sans doute le sujet qui revient le plus souvent depuis le début », s’amuse Marion Cachan, administratrice de la compagnie. Mais encore des questions comme « La culture protège-t-elle ? ». « J’ai plein de tiroirs d’idées, par exemple l’infini, le couple, la question du visage chez Emmanuel Levinas… Il faut aussi accepter de parler de soi. C’est très psychanalytique comme pratique. » La philo est la formation initiale de Simon Tanguy, avant qu’il découvre la danse contemporaine, à 21 ans, et renoue avec son rêve de devenir jongleur en intégrant l’école du Samovar, à Bagnolet (93), spécialisée dans le clown. Il intègre ensuite en 2007 la School for New Dance Development à Amsterdam, où il rencontre Jeanine Durning. On le découvre en 2010 dans le trio délirant Gerro, Minos and Him, avec Aloun Marchal et Roger Sala Reyner. Après différentes pièces, dont Japan (2011), sur le thème de l’agonie, il fonde sa compagnie, Propagande C. Actuellement, il finalise le texte en français et en anglais de son nouvel opus, Fin et suite, pour quatre interprètes, sur le thème de la fin du monde. « J’aime beaucoup les fins, précise Simon Tanguy. Elles sont toujours intéressantes. J’ai beaucoup lu pour ce spectacle sur le transhumanisme, l’appauvrissement du langage… »
Le chorégraphe présente « Inging » dans le « off » d’Avignon, monologue improvisé et ininterrompu entre philosophie et psychanalyse.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/26/au-festival-d-avignon-simon-tanguy-danse-sur-le-flot-des-mots_5493630_3246.html
mlsum-fr-461
« On devient dirigeant par le prestige (en partageant son savoir-faire, ses compétences) ou par la domination (en s’imposant par l’intimidation, par la coercition ou la peur). Diriger en dominant est commun au règne animal » Photo : Jack Ma, fondateur du groupe Alibaba lors d’une présentation à Bangkok de son entreprise en octobre 2016. DPA / Photononstop Tribune. L’ex-ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy aura démissionné pour rien : ses dîners étaient aussi professionnels que nécessaires pour tenir son rang de président de l’Assemblée nationale (on ne l’imaginerait tout de même pas commander des plateaux-repas pour ses visiteurs !). Les dépenses pour le logement de fonction étaient aussi justifiées. La pression publique l’aura emporté sur les faits. Etonnamment, on n’a pas plus évoqué, même au Parlement européen, le CV approximatif de Ursula Von der Leyen qui fit scandale en 2015. On n’a pas évoqué non plus l’implication pour négligence de la future présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, dans l’affaire Tapie. A l’époque non plus, elles ne furent pas inquiétées. Ici, la compétence a pris le dessus face à des « fautes » ambiguës. Là-bas, non. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Procès France Télécom : « Faut-il pénaliser l’incompétence managériale ? » Selon les cas, la carrière de certains dirigeants s’arrête net pour des écarts qu’on pardonne à d’autres. Lorsque, en 2009, deux candidats de Barack Obama aux postes de secrétaire au Trésor et à la santé furent mis sur la sellette pour des oublis dans leurs impôts, personne ne comprit pourquoi l’un fut nommé (Timothy Geithner) tandis que l’autre (Tom Daschle) dut se retirer. Diriger en dominant est commun au règne animal On devient dirigeant par le prestige (en partageant son savoir-faire, ses compétences) ou par la domination (en s’imposant par l’intimidation, par la coercition ou la peur). Diriger en dominant est commun au règne animal (Two ways to the top : Evidence that dominance and prestige are distinct yet viable avenues to social rank and influence. Cheng, J. T Journal of Personality and Social Psychology, 104 (1), 2013). On évite des conflits sans fin pour les ressources, les partenaires sexuels, etc., qui sont d’un coût élevé pour la survie de l’espèce. Diriger par le prestige est, en revanche, unique à l’homme : une communauté survit mieux en organisant efficacement la diffusion des compétences du plus brillant individu, c’est-à-dire en lui donnant le pouvoir. Les dirigeants populistes, agressifs, à l’éthique douteuse sont un exemple de la voie « domination » pour arriver au pouvoir. Elle a du succès quand les électeurs ont le sentiment de ne plus avoir leur destin en main, en période d’incertitude (mutation technologique, mondialisation). Ils préfèrent un profil autoritaire qui décide pour eux, d’après une expérience menée en 2017 (When the appeal of a dominant leader is greater than a prestige leader Hemant Kakkar and Niro Sivanathan, PNAS, 2017 11).
Le professeur de communication Charles Cuvelliez explique, dans une tribune au « Monde », pourquoi un dirigeant autoritaire dure moins longtemps à son poste.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/28/la-faute-d-un-dirigeant-risque-d-impacter-plus-ou-moins-severement-son-entreprise-selon-son-profil-autoritaire-ou-prestigieux_5494267_3232.html
mlsum-fr-462
Le sélectionneur français Alain Giresse lors d’un entraînement de l’équipe de Tunisie à Suez, en Egypte, le 27 juin 2019. FADEL SENNA / AFP Il y aura forcément un peu de nostalgie dans l’air, vendredi 28 juin, au moment où Alain Giresse croisera ses anciens joueurs avant le coup d’envoi du match de Coupe d’Afrique des nations (CAN) entre la Tunisie et le Mali à Suez, en Egypte. Le Français a passé quatre ans de sa vie à Bamako, de 2010 à 2012 puis de 2015 à 2017. Amadou Pathé Diallo, qui fut son adjoint à deux reprises, l’assure : « C’est un Peul, comme moi. Il s’est très rapidement adapté au Mali. Avant d’arriver chez nous, il venait de passer quatre ans au Gabon. Alain a appris à connaître l’Afrique et à l’apprécier. » Alain Giresse, 66 ans, compte 47 sélections en équipe de France de football, avec laquelle il a composé le carré magique des années 1980 aux côtés de Michel Platini, Luis Fernandez et Jean Tigana. Il a aussi été l’une des figures légendaires des Girondins de Bordeaux (1970-1986), qu’il quittera pour un dernier tour de piste à Marseille version Bernard Tapie. A 50 ans, il s’expatrie au Maroc et plus précisément aux FAR Rabat (2001-2003), le club de l’armée, après deux expériences sur les bancs du Paris Saint-Germain et de Toulouse. Ce premier contact avec l’Afrique dure deux saisons, le temps de remporter la Coupe du trône. « Ce fut une bonne expérience, dit-il aujourd’hui. Mais j’ignorais que je reviendrais plus tard sur le continent, dans sa partie subsaharienne. » « Rigoureux et exigeant » En 2006, après un passage en Géorgie, il file au Gabon, où la sélection n’intéresse plus personne : « Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi désorganisé. Pas de programme pour la sélection, et donc des joueurs guère concernés, pas d’Internet, une ligne téléphonique restreinte… » A cette époque, le Gabon lambine à la 140e place du classement FIFA et la plupart des joueurs évoluant à l’étranger se détournent des Panthères. « Cela faisait des années que la sélection n’avait plus de résultats. Giresse s’est impliqué pour que ce soit mieux organisé. C’est quelqu’un de rigoureux et d’exigeant », estime Paul Kessany, l’ancien capitaine du Gabon. Installé à Libreville, « Gigi » supervise quatre à cinq matchs de championnat chaque week-end, encourage certains joueurs à s’expatrier en Europe et fait parfois appel au système D pour améliorer le quotidien de la sélection. « Grâce à mes relations avec une entreprise française, on avait récupéré un conteneur pour mettre les équipements. On l’avait installé dans le jardin de la mère de l’intendant. Il y est toujours », s’amuse t-il. Lire aussi Football : le printemps des sélectionneurs africains Sur le terrain, le Gabon décroche une qualification pour la CAN 2010 et rate de peu celle pour la Coupe du monde la même année. Pourtant, un soir de mai 2008 à Libreville, une défaite face au Cameroun, en match de qualification pour le Championnat d’Afrique des nations 2009, provoque la colère de plusieurs supporteurs gabonais. « Son intégrité physique avait été menacée. Il voulait partir », se souvient Paul Kessany. Mais sur la demande du ministre des sports et des joueurs, il reste. Le départ définitif interviendra après la CAN 2010 en Angola, achevée au soir du premier tour à cause d’un nombre de buts marqués moins important que le Cameroun et la Zambie. Le Français reviendra deux ans plus tard à Libreville, une ville où il a conservé de nombreuses attaches, pour y éliminer son ancienne équipe avec le Mali en quarts de finale de l’édition 2012, que les Aigles termineront à la troisième place. « Tout le contraire d’un mercenaire » Son premier séjour à Bamako s’achève trois mois plus tard, mais pas à cause du coup d’Etat du 21 mars durant lequel il est resté bloqué chez lui plusieurs jours, « à manger des pâtes », avant de pouvoir partir. « On entendait tirer, les frontières étaient fermées », se souvient-il. En mai, alors que son contrat est terminé, la fédération le fait revenir à Bamako pour lui dire… qu’il ne sera pas renouvelé ! En janvier 2013, la fédération sénégalaise le préfère à Aliou Cissé et à l’Allemand Volker Finke pour sortir les Lions de la Teranga d’une mauvaise passe. « La sélection restait sur une CAN 2012 ratée, une absence à celle de 2013, et pour nous il avait le meilleur profil, se rappelle Augustin Senghor, le président de la Fédération sénégalaise de football. Lors des discussions avec lui, j’ai compris qu’il avait une passion pour l’Afrique, un projet. Giresse est tout le contraire d’un mercenaire. C’est un bosseur qui était tous les jours dans nos locaux. » A peine nommé, le sélectionneur s’installe à Dakar et s’attelle à bâtir une équipe. La Coupe du monde 2014 lui échappe, mais pas la CAN 2015. Fidèle à ses principes, le Français n’accorde aucun passe-droit, même aux cadres, et écarte de la sélection l’attaquant franco-sénégalais Demba Ba. « Il n’hésite pas à trancher, mais toujours pour le bien de l’équipe », intervient Paul Kessany. La CAN 2015 organisée en Guinée équatoriale se termine mal pour les Lions, éliminés au premier tour. Et Giresse est la cible d’attaques d’une rare violence de la part de certains journalistes. « Il n’a pas su gérer cette relation avec la presse. Tout est parti d’un conflit avec une minorité et cela a pris beaucoup d’ampleur », observe Augustin Senghor. « J’ai eu des torts dans mes rapports avec une partie des journalistes, avec qui c’était la guerre », reconnaît Alain Giresse, qui demande à son président de ne pas lui proposer de nouveau contrat. Son retour au Mali, scellé quelques mois plus tard, intervient dans un contexte sécuritaire très éloigné de ce qu’il avait connu entre 2010 et 2012. « Je lui avais dit que le pays n’était plus le même. Cela ne l’a pas découragé, contrairement à d’autres candidats », assure Amadou Pathé Diallo, son ancien adjoint. « Le climat était différent, il y avait plus de militaires dans les rues mais cela n’était pas trop pesant », assure Giresse. Mais après une double confrontation avec le Maroc en qualifications pour la Coupe du monde 2018 (0-6, 0-0), il démissionne en expliquant craindre pour sa sécurité. Il attendra seize mois avant de signer un nouveau contrat avec la Tunisie, le temps de se consacrer à sa famille et à ses activités de consultant pendant la Coupe du monde en Russie. Dix-huit ans après le Maroc, Giresse est donc de retour au Maghreb après un long voyage et quelques péripéties. Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
Avant les Aigles de Carthage, le Français a entraîné de nombreuses équipes africaines : le Maroc, le Gabon, le Sénégal et le Mali, que son équipe affronte ce vendredi en Coupe d’Afrique des nations.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/28/can-2019-tunisie-mali-le-match-retour-d-alain-giresse_5482724_3212.html
mlsum-fr-463
Le corps est immobile, suspendu juste sous la surface de l’eau. Les huit bras sont enroulés sur eux-mêmes, disposés harmonieusement autour de la tête penchée vers le fond de l’aquarium. Heidi dort. Mais le sommeil de cette pieuvre cyanée, que le biologiste marin américain David Scheel a recueillie chez lui, est loin d’être un moment d’inactivité : enregistrée par une caméra pour un documentaire de la chaîne américaine PBS (Octopus : Making Contact, « pieuvre, établir le contact »), on voit la peau d’Heidi passer, en quelques secondes, du blanc immaculé au jaune souffre, du brun foncé au gris cendré, du kaki profond à l’orange cuivré. Pour David Scheel, aucun doute : Heidi rêve. De quoi ? Les marqueurs colorimétriques laissent à penser que la pieuvre pourrait revivre une scène de chasse au crabe, dont la traque nécessite tous les atours de son camouflage. Est-ce possible ? Les images, inédites, de cette sieste agitée n’ont pas manqué de faire réagir la communauté scientifique. Comme le rappelle le New York Times, savoir si un invertébré comme Heidi peut rêver engendre de multiples questions sur les compétences cognitives des non-mammifères. Les facultés d’intelligence des pieuvres ont déjà fait l’objet de maintes études. Doté d’un supercerveau diffus comptant quelque 500 millions de neurones – soit autant qu’un chien – répartis dans son encéphale, ses lobes optiques et ses huit tentacules, l’Octopus vulgaris a déjà fait la preuve de sa grande capacité d’apprentissage. Fait unique dans le monde des invertébrés, elle peut même utiliser des outils, comme le montre cette vidéo d’une pieuvre se déplaçant avec une noix de coco qui lui servait de refuge en cas de danger. Mais affirmer qu’une pieuvre peut rêver constituerait une nouvelle étape : la reconnaissance qu’un invertébré pourrait, à l’image des mammifères, expérimenter différentes phases de sommeil, dont une paradoxale, et qu’il disposerait des capacités cérébrales et cognitives pour se projeter dans un espace onirique. Une hypothèse qui bousculerait la classification traditionnelle des intelligences animales. « Pénétrer sur une scène de crime » Interrogé par le New York Times, le chercheur Alex Schnell, qui étudie l’intelligence des céphalopodes, met toutefois en garde contre des conclusions hâtives. Les transformations spectaculaires d’Heidi durant son sommeil pourraient tout aussi bien correspondre à des réflexes musculaires incontrôlés qui agissent sur les organes responsables du changement de couleur. Ainsi, rappelle le chercheur, un homme qui rêve peut avoir les joues qui rougissent, mais il ne s’agit que d’une manifestation physique de la chaleur que ressent son corps endormi – et pas nécessairement d’un rêve lui faisant piquer un fard. Cette séquence vidéo constitue toutefois une base de travail exceptionnelle pour les chercheurs. « C’est un comportement très inhabituel de voir les couleurs aller et venir comme ça sur son manteau et clignoter les unes après les autres », s’enthousiasme David Scheel, le biologiste qui vit donc avec Heidi depuis près d’un an. Interrogée par le New York Times, la psychologue Nicola Clayton, qui étudie la cognition comparée à l’université de Cambridge, y voit aussi une opportunité pour pousser les recherches. Observer le comportement d’Heidi, c’est « un peu comme pénétrer sur une scène de crime » : « Il y a des indices devant vous, mais il faudra tellement plus d’études pour comprendre ce qui a causé ce comportement. »
Les images inédites de la sieste d’un céphalopode, qui change de couleur à de nombreuses reprises, posent question sur la faculté des invertébrés à rêver.
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/10/10/ne-reveillez-pas-le-poulpe-qui-dort_6014986_4832693.html
mlsum-fr-464
Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, le 23 août à Paris. JULIEN DANIEL / MYOP Un an après la démission du gouvernement de Nicolas Hulot, le 28 août 2018, qui dénonçait la politique des « petits pas » en matière écologique, Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat auprès de la ministre chargée de la transition écologique et solidaire, défend l’idée que les changements « prennent du temps ». Le gouvernement s’est-il remis du traumatisme causé par la démission de Nicolas Hulot il y a tout juste un an ? Nicolas Hulot, c’est un lanceur d’alerte, une grande voix de l’écologie. Il avait accepté l’aventure gouvernementale, mais participer à cette aventure suppose de savoir se coltiner le réel, de faire des compromis, d’avancer étape par étape. Il avait beaucoup plaidé pour que son ministère s’appelle transition écologique et solidaire, or, l’idée même de transition, c’est d’y aller progressivement. Lui est dans une posture qui consiste à dire que ça ne va jamais assez vite ou assez fort. Il faut que nous arrivions à montrer que, de façon plus pragmatique, plus collective, on sait faire avancer les grands dossiers et mener les indispensables transformations de notre société. L’ambition du président de la République et du premier ministre est intacte, et même renforcée. Nicolas Hulot s’est confronté avec Emmanuel Macron sur le CETA en juillet. Est-il en train de devenir un opposant ? Cela marque en tout cas un infléchissement de son positionnement. J’ai été surprise, car c’est un sujet auquel il a contribué positivement : il s’était impliqué dans l’obtention d’un veto climatique. Autant on peut avoir beaucoup d’inquiétudes sur l’accord de libre-échange avec le Mercosur, autant le CETA avait été fortement amélioré. Sa position pose la question de savoir si la transition écologique est compatible ou non avec le libre-échange et l’économie de marché. Ma réponse est oui. Dire que l’on va fermer les frontières à tout n’est pas la solution. Nous n’avons pas d’alternative à l’économie de marché en tant que système. Elle a sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté dans le monde pendant les trente dernières années. Mais il faut passer à une nouvelle phase de son développement, que tous les acteurs économiques soient comptables des impacts sociaux et environnementaux de leur action. Emmanuel Macron accuse le président brésilien, Jair Bolsonaro, d’avoir « menti » sur ses engagements en faveur du climat et dit s’opposer « en l’état » à un traité de libre-échange avec le Mercosur. Cet accord est-il mort ?
La secrétaire d’Etat auprès de la ministre chargée de la transition écologique et solidaire souligne que « les changements profonds de politiques publiques prennent du temps ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/26/emmanuelle-wargon-l-idee-meme-de-transition-ecologique-c-est-d-y-aller-progressivement_5502794_3224.html
mlsum-fr-465
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, à Fréjus (Var), le 15 septembre. Cyril Bitton / Divergence pour Le Monde Comme s’ils rêvaient d’un nouveau second tour… Les élections européennes du mois de mai à peine oubliées, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont retrouvé leurs habitudes électorales : à près de trois ans de l’échéance, ils semblent déjà rêver de transformer la prochaine présidentielle en un nouvel affrontement. Et hors de question de laisser quiconque s’immiscer dans leur mano a mano. Lundi 16 septembre, devant les parlementaires de la majorité, le chef de l’Etat a d’ores et déjà désigné l’extrême droite comme son unique adversaire. « Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain : c’est le Front national. Il faut confirmer cette opposition, car ce sont les Français qui l’ont choisie », a-t-il lancé à ses troupes réunies dans les jardins du ministère chargé des relations avec le Parlement. La patronne du Rassemblement national (RN, ex-FN), elle, s’est déjà déclarée « sur la ligne de départ » pour 2022, mardi sur BFM-TV, après avoir lâché « on ne va pas le laisser faire campagne tout seul », samedi, en marge de l’université d’été de son parti à Fréjus (Var). Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Fréjus, Marine Le Pen entre en campagne… présidentielle « Dépasser les clivages et les tabous » L’arène a été choisie par Emmanuel Macron lui-même : l’immigration. Convaincu que les sujets régaliens seront clés à l’aube du scrutin municipal de mars 2020, le président de la République a demandé aux parlementaires de son camp d’aborder le débat sur l’immigration prévu à l’Assemblée nationale, le 30 septembre, avec l’idée de « dépasser les clivages et les tabous ». « Les classes populaires vivent avec ce problème, c’est la raison du vote FN », a-t-il martelé. Après la crise des « gilets jaunes », M. Macron ne veut pas voir La République en marche (LRM) devenir « un parti de bourgeois » indifférent aux préoccupations des « classes populaires ». Parmi lesquelles figurerait donc, à ses yeux, l’immigration. Marine Le Pen a saisi la balle au bond, et la renvoie volontiers. « Qu’[Emmanuel Macron] voit qu’il y a un problème avec l’immigration, je veux bien le croire. Mais je ne crois pas à ses solutions pour une simple et bonne raison : il faut du courage », a tancé la patronne de l’ex-FN, samedi. Ravie de la tournure des événements, la députée du Pas-de-Calais balaye d’un revers de la main le reste du spectre politique. « Notre projet et celui d’Emmanuel Macron sont clairs, et contradictoires. Ont vocation à disparaître les autres mouvements, comme Les Républicains, qui naviguent à vue et n’ont plus de convictions », soutenait-elle encore, mardi matin sur BFM-TV, résumant le paysage politique à un face-à-face entre son mouvement et celui du président de la République.
Le chef de l’Etat a encore une fois désigné la présidente du Rassemblement national comme son unique adversaire. Marine Le Pen espère profiter de cette stratégie du face-à-face.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/18/macron-et-le-pen-eternels-meilleurs-ennemis_5511926_823448.html
mlsum-fr-466
Jean-Paul Delevoye (au centre), nouveau haut commissaire aux retraites, le 4 septembre, à l’Elysée. LUDOVIC MARIN / REUTERS Chronique. Même si le calendrier reste flou et les modalités incertaines, le gouvernement semble maintenant décidé à se lancer dans une vaste réforme du système de retraites, avec à la clé l’unification des règles actuellement appliquées dans les multiples régimes en vigueur (fonctionnaires, salariés du privé, collectivités locales, indépendants, régimes spéciaux, etc.). Disons-le clairement : la mise en place d’un système universel est en soi une excellente chose, et une telle réforme n’a que trop tardé en France. Les jeunes générations, et en particulier tous ceux qui ont connu de multiples changements de statut (salariat privé et public, autoentrepreneur, passages par l’étranger, etc.), n’ont souvent aucune idée des droits à la retraite qu’ils ont accumulés. Cette situation produit des incertitudes insupportables et renforce l’anxiété économique, alors même que notre système de retraites est globalement bien financé. Lire aussi Réforme des retraites, le choix du temps long Mais, une fois que l’on a proclamé cet objectif de clarification et d’unification des droits, la vérité est que l’on n’a pas dit grand-chose. Il existe en effet de multiples façons d’unifier les règles. Or rien ne garantit que le pouvoir en place soit en capacité de dégager un consensus viable à ce sujet. Le principe de justice évoqué par le gouvernement paraît simple et plausible : un euro cotisé doit donner lieu aux mêmes droits à la retraite, quels que soient le régime et le niveau de salaire ou de revenu d’activité. Le problème est que ce principe revient à sacraliser les inégalités salariales telles qu’elles existent, y compris lorsqu’elles prennent des proportions abyssales (du travail émietté et sous-payé pour certains, des rémunérations excessives pour d’autres), et à les perpétuer à l’âge de la retraite et de la grande dépendance, ce qui n’a rien de particulièrement « juste ». Un débat public et citoyen essentiel Conscient de la difficulté, le projet Delevoye annonce qu’un quart des cotisations continuera d’être consacré à la « solidarité », c’est-à-dire, par exemple, aux bonifications pour enfants et interruptions de carrière ou pour financer une retraite minimale pour les plus bas salaires. La difficulté est que la façon dont ce calcul a été effectué est très contestable. En particulier, cette estimation ignore purement et simplement les inégalités sociales d’espérance de vie. Par exemple, si un salarié modeste passe dix ans à la retraite alors qu’un super-cadre en passe vingt, alors on oublie de prendre en compte qu’une large part des cotisations du premier sert en pratique à financer la retraite du second (ce que la maigre prise en compte de la pénibilité ne suffit nullement à compenser).
Le gouvernement aura beaucoup de mal à convaincre du bien-fondé de sa réforme des retraites s’il ne demande pas un effort significatif aux plus favorisés, estime l’économiste dans sa chronique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/07/thomas-piketty-qu-est-ce-qu-une-retraite-juste_5507490_3232.html
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Pour le premier rendez-vous, elle s’est carrée dans son fauteuil, encadrée par deux collaboratrices, comme le font certains grands patrons qui débarquent en interview bardés d’avocats. Sa tenue était des plus chics, probablement pour la photographe du Monde, le sourire avenant mais le regard un peu dur. Pendant le premier quart d’heure, on a cru qu’elle avait définitivement adopté cette langue de bois qu’on lui connaît sur les plateaux télévisés. « D’ailleurs, je sais très bien faire ça », a-t-elle confirmé en riant. Bref, ce n’était pas de très bon augure. Pour le deuxième rendez-vous, trois jours plus tard, Sibeth Ndiaye a tout changé. Plus de chaperons. Une petite robe jaune de pique-nique champêtre. On n’a même pas reconnu son bureau, au cœur du charmant hôtel particulier qui abrite son ministère : au milieu des boiseries XVIIIe où l’on avait noté plus tôt l’ameublement Louis XV trônait désormais un incroyable meuble en cuir jaune, très moderne, déniché l’avant-veille au Mobilier national. Sur quel pied voulait-elle donc danser cette nouvelle porte-parole de 39 ans dont tout le monde a vu le visage sans vraiment la connaître ? C’est une drôle de fille. On devrait dire femme, mais il y a chez elle quelque chose de juvénile et sans apprêt qui trompe ses interlocuteurs. Avant de la retrouver dans son ministère, on a rencontré ses amis les plus chers. Que des militants de gauche. « Au premier tour de la présidentielle, je crois qu’aucun d’entre nous n’a voté pour Emmanuel Macron », a prévenu Gweltaz Frigout, un ancien de l’UNEF et des années où Sibeth Ndiaye et ses camarades de fac et de syndicat vivaient en Seine-Saint-Denis. Même Patrice Roques, le mari de la nouvelle porte-parole du gouvernement, a reconnu avoir opté en 2017 pour Benoît Hamon plutôt que pour le patron – le héros, pourrait-on dire – de son épouse. Une communication tranchante Pour les élections européennes, le 26 mai, la petite bande a remis ça. Une voix pour le communiste Ian Brossat, le gros des troupes pour Benoît Hamon – dont, encore une fois, le mari de Sibeth – ou pour les socialistes alliés à Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann. Puis, ils ont regardé leur amie batailler sur les plateaux télé pour défendre le score de La République en marche (LRM), désormais consolidé par l’afflux d’électeurs venus de la droite. Sibeth Ndiaye, dans son bureau rue de Grenelle, à Paris, le 28 mai. MARION BERRIN POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Aucun d’entre eux n’ignore comme Sibeth Ndiaye s’est battue pour rester dans le premier cercle présidentiel. A l’intérieur de l’Elysée, elle a de solides rivaux au cœur de l’équipe de Brigitte Macron, dont Pierre-Olivier Costa, qui aurait voulu la remplacer à la tête du service communication. Plusieurs conseillers du président ont gardé un souvenir mitigé de la façon dont elle a souvent exigé d’assister à leurs interviews, même les plus « capés », passant ensuite la durée de l’entrevue à pianoter sur son portable.
La nouvelle porte-parole du gouvernement a mis entre parenthèses ses engagements passés à gauche pour se consacrer entièrement à la défense du macronisme.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/07/de-l-unef-a-macron-l-aventure-politique-de-sibeth-ndiaye_5472562_4500055.html
mlsum-fr-468
Mark Zuckerberg à San Jose en Californie, le 30 avril. AMY OSBORNE / AFP « Nous voulons créer une entité indépendante, respectueuse des différentes cultures et des continents, qui soit capable de juger les conflits sur les contenus », a expliqué Nick Clegg, le responsable des affaires publiques de Facebook, lundi 24 juin, à Berlin, en ouverture d’une réunion de consultation consacrée à ce « comité de supervision » (« Oversight Board », que Facebook traduit par « conseil de surveillance »), un projet de cour d’appel que le fondateur du réseau social, Mark Zuckerberg, a même comparée à une « cour suprême ». Ce séminaire – auquel Le Monde a pu assister – était le dernier d’une vingtaine de sessions d’échanges organisées dans le monde entier depuis novembre 2018 par Facebook, qui publie ce jeudi une synthèse. « La chose est facile à décrire mais très difficile à mettre en pratique », a souri M. Clegg, tout en assurant que la structure serait créée avant la fin de l’année. Un comité d’une quarantaine de membres chargés de trancher les cas de modération les plus contestés des plates-formes Facebook et Instagram, qui comptent près de 2,7 milliards de membres et 30 000 modérateurs ? L’équation proposée pour l’instant par Facebook – qui rappelle que toutes ses pistes sont encore ouvertes au débat – n’est pas simple. Parmi la petite cinquantaine de juristes, membres d’ONG et universitaires appelés à plancher deux jours à Berlin, le sujet a suscité deux interrogations principales, presque opposées : le comité ne sera-t-il qu’une entité sans pouvoir ? Ou cet objet juridique non identifié va-t-il bousculer l’ordre international et poursuivre la contestation des pouvoirs des Etats par Facebook, qui vient justement de créer la polémique en annonçant une monnaie, le Libra ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nick Clegg : « Nous ne pensons pas que Facebook joue le rôle d’un Etat » « Facebook a encore beaucoup de questions à régler. Les débats sont un peu vertigineux », sourit l’Américaine Katie Klonick, professeure de droit invitée par Facebook à passer une semaine en immersion avec l’équipe chargée de créer la structure, après avoir écrit une tribune sur le sujet dans le New York Times. « Mouvement préventif » Sur la portée réelle de la nouvelle entité, certains experts présents à Berlin ne se disent pas dupes des motivations du premier réseau social mondial : « Le conseil servira à Facebook pour dévier l’attention », pense une participante qui ne souhaite pas être nommée. En effet, la plate-forme, régulièrement accusée de censure ou de laxisme comme avec la récente vidéo trafiquée de la démocrate américaine Nancy Pelosi, assure ne plus vouloir trancher elle-même les cas les plus litigieux. « C’est aussi un mouvement préventif pour éviter une régulation trop stricte par les gouvernements », ajoute un autre expert, alors qu’en France arrive ce 3 juillet à l’Assemblée nationale la proposition de loi sur la cyberhaine, inspirée d’une loi déjà votée en Allemagne.
La plate-forme de Mark Zuckerberg a testé auprès d’experts réunis à Berlin l’idée de créer d’ici la fin 2019 une structure chargée de juger les litiges sur les contenus publiés par les membres du réseau social.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/27/le-vertigineux-projet-de-cour-supreme-de-facebook-sur-la-moderation-des-contenus_5482281_3234.html
mlsum-fr-469
Le premier chantier de l’autoroute urbaine de Bombay, le 9 mai. HINDUSTAN TIMES / GETTY IMAGES Les météorologues l’avaient prédite « déficitaire », ce qui, en Inde, signifie qu’il ne va pas pleuvoir suffisamment. Raté : la mousson 2019 s’est déchaînée sur la côte ouest du sous-continent et Bombay (Mumbai), sa capitale économique. Entre le 25 juin, date des premières averses, et le 25 août, il est tombé 2,527 mètres de précipitations sur la ville, provoquant inondations et noyades, effondrements d’immeubles vétustes et interruptions des trafics ferroviaire et aérien. Sur le littoral ouest de la mégapole péninsulaire de 21 millions d’habitants, de part et d’autre d’Haji Ali, la « mosquée sur l’eau », des pelles hydrauliques, des foreuses et des grues sont en train de rouiller à grande vitesse. Plus au nord, sur le front de mer résidentiel de Worli, des palissades métalliques battent sous les bourrasques de vent et les cabanes de chantier gardent les lumières éteintes à la nuit tombée. Le 16 juillet, le tribunal administratif de Bombay a ordonné l’arrêt des travaux de la Coastal Road sur laquelle les engins de génie civil s’affairaient fébrilement depuis un peu plus de six mois. La Coastal Road est la solution magique que le gouvernement de l’Etat du Maharashtra a trouvée, au début des années 2010, pour « mettre fin à la congestion automobile ». Juste devant les plages L’idée, soutenue au départ par le Parti du Congrès (centre gauche), a été reprise à son compte par le Parti du peuple indien (BJP, droite nationaliste) après l’alternance politique survenue dans la région en 2014. Elle consiste à déporter la circulation en mer, en faisant rouler les voitures sur un viaduc maritime comptant huit voies en largeur, et qui longera le littoral sur une trentaine de kilomètres. A lui seul, le premier tronçon de 10 kilomètres est évalué à 140 milliards de roupies (1,8 milliard d’euros). Un énorme ruban de béton et de bitume ponctué de trois ou quatre échangeurs pour assurer des entrées dans la ville, le tout sous les fenêtres des riverains. Et devant les plages. Les familles des quartiers huppés du sud de la péninsule pourront rejoindre l’aéroport en vingt minutes, au lieu d’une heure et demie actuellement Fini les promenades languissantes à l’heure où le soleil se couche sur la mer d’Arabie : les vagues viendront s’échouer sous les piles du pont. Les familles des quartiers huppés du sud de la péninsule pourront rejoindre l’aéroport en vingt minutes, au lieu d’une heure et demie actuellement, ou se rendre en quarante minutes, contre deux heures minimum actuellement, dans les quartiers d’Andheri et Versova où vit la crème de Bollywood.
La construction de la Coastal Road, immense infrastructure côtière destinée à alléger la circulation automobile dans la mégapole indienne, a été gelée en juillet par la justice. Au cœur de la polémique : la sauvegarde du front de mer sur 30 kilomètres.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/27/l-autoroute-urbaine-qui-dechire-bombay_5503118_3234.html
mlsum-fr-470
Même si notre système d’aides sociales assure un revenu minimum aux personnes handicapées ou dépendantes, ce dernier n’est quasiment jamais suffisant pour assurer un train de vie raisonnable. Au cas où vous perdriez tout ou partie de votre autonomie, ou pour protéger un proche fragile, il existe des placements dédiés qui versent un complément de revenus. Tour d’horizon rapide. Les assurances dépendance Ce type d’assurance permet à un souscripteur de se couvrir contre le risque de dépendance, moyennant le paiement d’une cotisation annuelle. S’il perd en autonomie, il recevra une rente viagère, dont le montant est garanti à l’ouverture du contrat, et parfois un petit capital pour faire face aux besoins urgents (adaptation du domicile…). Dans le cas contraire, le capital accumulé est perdu pour lui, car conservé par l’assureur. Le montant de la cotisation dépend de son âge et du montant de la rente garantie au moment de l’ouverture du contrat. Attention, ces assurances ne sont plus accessibles après un certain âge (70 ou 75 ans en général) et fermées à ceux qui ont déjà perdu en autonomie. Les contrats avec rente survie Ces contrats sont souscrits par le proche d’une personne handicapée (physique, psychique ou mentale). Moyennant un versement annuel, ils ont pour but de garantir à la personne fragile une rente viagère après le décès du titulaire du contrat. La souscription peut être réalisée par un parent en ligne directe (ascendant ou descendant), en ligne collatérale jusqu’au 3e degré (frère, tante, nièce…), ou par des personnes à charge ou vivant sous le même toit. Les contrats rente survie offrent un avantage fiscal : les versements effectués dessus ouvrent droit à une réduction d’impôt annuelle de 25 % de leur montant, plafonné à 1 525 euros (+ 300 euros par enfant à charge), soit une réduction maximale de 381,25 euros par foyer fiscal. Bon à savoir : si la personne handicapée décède avant le souscripteur, le code des assurances prévoit que ce dernier récupère les primes versées (article L132-3). Les contrats épargne handicap Concrètement, ces contrats sont des placements d’épargne et fonctionnent exactement comme des assurances-vie. Ils sont réservés aux personnes justifiant d’un handicap qui les empêche de travailler dans des conditions normales. A l’ouverture, ils offrent le même avantage fiscal que le contrat rente survie (voir plus haut). Ils doivent être souscrits au moins pendant 6 ans pour ne pas perdre la réduction d’impôts et impérativement avant la liquidation des droits à retraite. Attention, en cas de souscription d’un contrat de rente survie et d’un contrat d’épargne handicap, le plafond de déduction s’applique à l’ensemble des contrats conclus. Bon à savoir : l’option épargne handicap peut être activée sur une assurance-vie classique.
Pour vivre dignement en cas de dépendance ou protéger un proche en cas de perte d’autonomie, il existe des solutions individuelles d’assurance.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/07/les-placements-qui-existent-pour-la-dependance_6014550_1657007.html
mlsum-fr-471
« Salir est un acte de méchanceté qui n’a rien à voir avec la justice » François Jost est sémiologue et professeur émérite en sciences de l’information et de la communication à Paris-3. Dans La méchanceté en actes à l’ère numérique (CNRS, 2018), il s’intéresse au spectacle de la cruauté qui tous les jours se joue dans les médias et sur les réseaux sociaux. Comment analysez-vous la banalisation du « name and shame » (« nommer et faire honte »), jusque-là rarissime en France ? Avec la téléréalité, des anonymes sont devenus en quelques semaines des gens célèbres. Cela a été vécu comme une sorte de revanche sociale, comme une victoire contre les élites. Les réseaux sociaux ont ouvert une nouvelle ère où il ne s’agit plus seulement de concurrencer les élites mais de les faire tomber de leur piédestal. Il s’agit de s’en prendre au nom et à l’éthos d’une personne, de détruire son e-réputation. Comme le dit le philosophe Vladimir Jankélévitch : « Le moyen le plus radical de vérifier le pouvoir que nous avons sur une chose ou un être, c’est d’obtenir de cet être sa propre destruction. » Et cette destruction passe par l’exposition publique d’un acte considéré comme honteux. Peut-on parler de méchanceté ? Dans le cas de la dénonciation des chasseurs, par exemple, ceux qui participent à ces campagnes semblent animés par un désir de justice. La méchanceté est un terme un peu enfantin, mais il a l’avantage de recouvrir toute une gradation d’actes méchants, de la médisance à la haine. Ce qui fait du name and shame un acte méchant, c’est qu’au lieu de lutter au niveau des idées, d’entrer dans un débat, il s’en prend violemment à l’énonciateur et qu’il recourt aux regards des autres. Il a besoin d’un tiers, qui est représenté par les internautes ou les auditeurs-spectateurs des médias. Salir est un acte de méchanceté, qui n’a rien à voir avec la justice qui mérite au moins une défense possible. Peut-on se prémunir de ces mouvements ? Pour cela, il faudrait des modérateurs, comme cela existe sur certains sites. Mais la rapidité de Twitter ou de Facebook ne permet pas de bien contrôler de tels actes. Une solution serait que les internautes réfléchissent un peu à ce qu’ils font avant de relayer des propos dégradants. Comme on sait de la calomnie, il reste toujours quelque chose.
Pour un selfie inopportun ou un tweet malheureux, n’importe qui peut être cloué au pilori sur les réseaux sociaux. Difficile ensuite de reprendre le cours normal de sa vie.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/09/13/lynchage-en-ligne-comment-vivre-apres-l-opprobre_5510023_4497916.html
mlsum-fr-472
Le président brésilien, Jair Bolsonaro, à Brasilia, le 24 juillet. EVARISTO SA / AFP A la diplomatie, Jair Bolsonaro préfère la provocation, mais à la confrontation, le chef d’Etat brésilien privilégie l’humiliation de l’adversaire. Lundi 29 juillet, quelques minutes après avoir annulé « pour des raisons d’agenda » une rencontre avec le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, actuellement en tournée en Amérique latine, le président d’extrême droite s’est affiché sur les réseaux sociaux en train de se faire couper les cheveux, plongeant le Quai d’Orsay dans la stupéfaction. « Le président [Bolsonaro] commence à travailler à 4 heures du matin et termine à minuit. Il faut bien qu’il trouve le temps de se couper les cheveux entre 4 heures du matin et minuit », a affirmé un porte-parole du gouvernement en guise d’explication. L’empressement du chef de l’Etat à soigner sa raie sur le côté ne doit rien au hasard. En s’affichant publiquement chez le coiffeur plutôt qu’aux côtés d’un des poids lourds du gouvernement français, Jair Bolsonaro affirme autant son souverainisme que son mépris envers le discours moralisateur de Paris vis-à-vis de l’environnement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jair Bolsonaro face à la presse étrangère : « L’Amazonie est au Brésil, pas à vous ! » « La soumission n’existe plus » Un peu plus tôt dans la journée, le président brésilien avait déjà évoqué la rencontre prévue avec le chef de la diplomatie française en des termes peu amènes, parlant d’un entretien avec « le premier ministre français, si je ne me trompe pas, pour traiter de problèmes tels que l’environnement ». Irrité et comminatoire, il avait ajouté : « Il ne devra pas me manquer de respect. Il devra comprendre que le gouvernement au Brésil a changé. La soumission des précédents chefs d’Etat envers le premier monde n’existe plus. » Jean-Yves Le Drian lors d’une conférence de presse à Brasilia, le 29 juillet. EVARISTO SA / AFP Jair Bolsonaro a peu goûté de se faire tancer lors du G20 d’Osaka (Japon), en juin. Le président français, Emmanuel Macron, lui avait fait jurer de respecter l’accord de Paris signé en 2015, faisant de cet engagement une condition sine qua non de la conclusion du traité de libre-échange entre les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay) et l’Union européenne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mercosur : « Cet accord participerait au démantèlement des politiques d’intérêt général brésiliennes » Depuis, Jair Bolsonaro semble avoir oublié sa promesse, indifférent, voire complaisant envers les acteurs de crimes environnementaux. Selon les estimations de l’Institut de recherches spatiales, fondées sur des images satellites, quelque 6 352 km2 de forêt auraient été détruits au Brésil depuis son investiture en janvier, l’équivalent des deux tiers de la Corse. Plus proche de Washington que de Paris
Le président brésilien a multiplié paroles et actes de défiance envers le ministre français des affaires étrangères pour affirmer son indépendance vis-à-vis de Paris.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/31/jair-bolsonaro-annule-une-rencontre-avec-jean-yves-le-drian-pour-une-coupe-de-cheveux_5495059_3210.html
mlsum-fr-473
Gaëlle Arquez dans « Iphigénie en Tauride », de Gluck, dans une mise en scène de Robert Carsen, au Théâtre des Champs-Elysees, à Paris, le 12 juin. VINCENT PONTET Voix de feu et de velours, tout en souplesse et puissance, port de déesse et silhouette forgée à la danse contemporaine, la mezzo Gaëlle Arquez s’est imposée en quelques années sur la scène internationale, intégrant en 2017 le carré VIP des artistes signés par Deutsche Grammophon. Son répertoire va de la musique baroque (Lully, Rameau, Haendel) à l’opéra français (Carmen et Mélisande), en passant par Mozart et Rossini. En attendant sa prise de rôle, cet été, en magicienne sarrasine dans le rare Fervaal, de Vincent d’Indy, au Festival de Radio France Occitanie Montpellier, puis ses débuts au Metropolitan Opera de New York, à l’automne, en Cherubino mozartien, la chanteuse française de 36 ans incarne le rôle-titre d’Iphigénie en Tauride, de Gluck, au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris, du 22 au 30 juin, dans une mise en scène de Robert Carsen. Quelle est la place de Gluck dans votre répertoire ? Récente. Gluck est un compositeur charnière entre Rameau et Mozart. Il réunit l’art de la déclamation du premier, le naturel de l’expressivité du second. J’ai d’abord abordé le rôle-titre d’Armide en 2016, à l’Opéra de Vienne, puis en version de concert à la Philharmonie de Paris. Bien que celui d’Iphigénie, plus tendu sur le plan de la tessiture, soit radicalement différent psychologiquement, il a été écrit pour la même chanteuse, Rosalie Levasseur, que Gluck avait formée. A Paris, vous avez chanté à l’Opéra Bastille (Zerlina dans « Don Giovanni », Drusilla dans « Le Couronnement de Poppée »), au Théâtre du Châtelet (« La Belle Hélène ») et, récemment, à l’Opéra-Comique (Isolier dans « Le Comte Ory », de Rossini). Mais c’est votre premier opéra au Théâtre des Champs-Elysées ? L’enjeu est certes important pour moi, mais je me sens ici un peu comme à la maison. Et puis je suis entourée de chanteurs français, comme Stéphane Degout, ce qui m’arrive peu, car jusqu’à présent j’ai surtout chanté à l’étranger. C’est vrai que beaucoup de vos premiers rôles, dont Carmen, vous ont été offerts par l’Allemagne… L’Opéra de Francfort, notamment, m’a tendu la main très tôt. Partir m’a permis de me développer sans la pression qu’on a, à commencer dans son propre pays. J’étais une inconnue. Je pouvais essayer des rôles et prendre confiance en moi. J’ai chanté dans sept productions : trois rôles-titres dans la même saison, dont une première Carmen. Vous avez profité de cette période pour changer de voix. Comment êtes-vous passée de soprano à mezzo ?
La mezzo-soprano française incarne la nouvelle « Iphigénie en Tauride », de Gluck, mise en scène par Robert Carsen au Théâtre des Champs-Elysées, du 22 au 30 juin.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/21/gaelle-arquez-on-me-disait-que-carmen-etait-faite-pour-moi_5479472_3246.html
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Démantèlement du mur de Berlin, vu du côté ouest, à proximité de la porte de Brandebourg, dans la nuit du 9 novembre 1989. Gilles Peress / Magnum Photos Les anniversaires du 9 novembre 1989 ne se ressemblent pas. Dix ans après la chute du Mur, l’heure était à l’optimisme. L’Europe vivait dans la perspective de l’élargissement de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN. L’Occident savourait encore la fin de la guerre froide, avant les attaques du 11-Septembre et l’invasion de l’Irak en 2003, même si la guerre en Bosnie (1992-1995) avait douché l’enthousiasme d’une sortie heureuse du communisme. L’Europe de Maastricht filait vers la monnaie unique. La réunification se mettait en place, dans la douleur des restructurations économiques à l’Est, mais ­entraînée par les promesses de prospérité et de démocratie. Le politologue Pierre Hassner avait pourtant mis en garde, dans un entretien au Monde en 1999, contre « l’ère d’imprévisibilité » qui s’ouvrait dans le monde, mais, ajoutait-il, « pour certains(Etats-Unis, Europe), la fourchette d’incertitude est étroite ». L’ère de l’imprévisibilité Depuis, les Etats-Unis et l’Europe sont à leur tour entrés dans l’ère de l’imprévisibilité. La guerre du Golfe a sapé les fragiles fondations européennes un an avant l’élargissement de 2004, opposant les pays hostiles à l’intervention américaine (France, Allemagne) à ceux qui l’ont soutenue, comme le Royaume-Uni et les pays de l’Est. Ces derniers « ont manqué une occasion de se taire », avait lancé, méprisant, Jacques Chirac, nourrissant les premières incompréhensions et fissures européennes. Trente ans plus tard, ce n’est plus la même histoire. En 1989, les pays de l’ancien bloc communiste, de Varsovie à Berlin, avaient percé le rideau de fer pour se diriger vers la démocratie, la ­liberté et la société de consommation inspirées par l’Occident. Le miroir ne s’est peut-être pas cassé, mais il s’est ­déformé. Et les deux Europe ont l’air de se regarder de nouveau par-dessus un mur de malentendus. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rattrapages et divergences, l’Europe au milieu du gué Bien sûr, le niveau de vie a considérablement augmenté dans les anciens pays de l’Est, sans atteindre celui de leurs voisins européens. La cure de rigueur imposée dans la gestion désastreuse de la crise grecque a fait des victimes à l’Est, alors que les réformes économiques pour rejoindre l’Union européenne avaient déjà été douloureuses. Bien sûr, les libertés ont été conquises, mais on voit aussi leurs revers. La possibilité de circuler dans toute l’Europe a provoqué un déficit démographique considérable à l’Est, qui entraîne un vieillissement de la population et empêche le renouvellement des élites de ces pays. Ce phénomène a également été perçu comme une menace à l’Ouest, avec le fantasme du « plombier polonais » en France, et l’afflux, bien réel, des travailleurs de l’Est instrumentalisé par les partisans du Brexit.
L’anniversaire des révolutions pacifiques de 1989 survient dans une Europe en plein doute existentiel, après la crise de l’euro et les vagues migratoires.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/08/trente-ans-apres-la-chute-du-mur-les-fractures-de-l-europe_6018528_3210.html
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Les footballeuses de la sélection américaine, plus tout à fait imbattables. KIRBY LEE / USA TODAY SPORT « Vous pensez vraiment que David peut vaincre Goliath ? » Ce n’est pas le cas des footballeuses américaines. Dans la publicité diffusée en boucle avant chacun de leurs matchs de préparation sur la chaîne Fox, elles se comparent au géant du fameux épisode de la Bible. Invincible, selon elles. Mais au vu de la concurrence qui s’est présentée au Mondial, dont la finale se tiendra le 7 juillet, les championnes du monde en titre risquent de devoir réviser leurs cours de catéchisme. Car dans ce récit, à la fin, c’est David qui l’emporte. L’adjectif « géant » qualifie bien les Etats-Unis dans le monde du football… au féminin. Depuis trois décennies, les Américaines, qui entrent dans la compétition mardi soir 11 juin, face à la Thaïlande, écrasent la concurrence, fortes d’un réservoir de joueuses talentueuses dans un pays où le ballon rond est vu comme un sport de femmes. Avec trois Coupes du monde remportées en sept éditions et quatre médailles d’or en six tournois olympiques – l’autre compétition féminine majeure – leur palmarès est démesuré. En France, cet été, elles rêvent d’un quatrième sacre mondial qui les ferait entrer un peu plus dans l’histoire. Les Bleues en embuscade Mais les joueuses de Jill Ellis vont devoir s’y faire, elles n’ont plus le monopole. « Les Françaises, de toute évidence, sont parmi les favorites, si ce n’est les favorites, comme ça se passe en France », a concédé la championne du monde Megan Rapinoe, juste avant de perdre face aux Bleues en match amical (1-3), en janvier. Les Françaises, quatrièmes mondiales au classement FIFA, mais qui doivent encore se constituer un palmarès, sont très attendues à domicile. Un an après le sacre de leurs homologues masculins, elles aimeraient imiter l’Allemagne, seul pays à avoir été sacré à la fois chez les femmes et chez les hommes. Mais, depuis 1999 et le titre des Américaines à domicile, en Californie, aucune équipe hôte du Mondial n’a remporté le tournoi sur son sol. « Je vois au moins quatre ou cinq favorites, je ne suis pas sûre qu’il y en avait autant avant. » Sandrine Soubeyrand, ex-capitaine des Bleues Si l’ex-capitaine des Bleues, Sandrine Soubeyrand, qui détient le record de sélections en équipe de France (198), place aussi les Françaises parmi les favorites, elle met en garde : « Toutes les autres nations travaillent, il y a aussi d’autres favorites. J’en vois au moins quatre ou cinq, je ne suis pas sûre qu’il y en avait autant avant ».
La sélection américaine, qui dispute son premier match mardi, devra composer avec plusieurs sélections qui ont les moyens d’entrer au panthéon du football.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/les-americaines-ne-sont-plus-les-seules-favorites-de-la-coupe-du-monde-feminine_5473040_3242.html
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M Le magazine du Monde Des udons à la maison C’est l’une des institutions japonaises les plus connues de Paris. Disposant de deux adresses dans la rue Villedo, au 1 et au 5 (en plus d’une au Japon), Kunitoraya voit se presser les amateurs de cuisine nippone qui savent quoi y commander : des udons, ces nouilles de blé tendre. Depuis quelques mois, l’enseigne commercialise des pâtes instantanées, au goût miso, pour 5 euros. De quoi apporter un peu de l’Archipel chez soi, sans le bruit des bouches se délectant des udons. Udon instantané, Kunitoraya, 5 €. 1 et 5, rue Villedo, Paris 1er. Et à l’épicerie Kioko, 46, rue des Petits-Champs, Paris 2e. kunitoraya.com Du shiatsu dans un ryokan Moins connu, et encore plus dépaysant, l’institut Suisen, dans le Marais, permet lui aussi d’aller au Japon sans quitter Paris. Ce salon de massage shiatsu, ouvert l’an dernier, a été aménagé dans l’esprit des ryokans, les auberges traditionnelles nippones. Plafonds en bambou, papier washi mural, tatamis, il ne manque que le jardin zen pour faire totalement illusion. Pratiqués selon des techniques de pressions, percussions, étirements et effleurages de tout le corps, les massages (habillés) sont réalisés par des Japonaises délicates et très énergiques. Moins cher qu’un Paris-Tokyo, mais un petit budget quand même : à partir de 105 € pour une heure (avec le thé). Maison Suisen, 7, rue de Thorigny, Paris 3e. Tél. : 01-57-40-62-44. suisen.fr Des collages riches en symboles Des grues sur un billet de banque japonais pour illustrer des migrations. Ou une mappemonde allemande de 1898 figurant la colonisation. Les collages de l’artiste d’origine malgache Malala Andrialavidrazana, qui expose du 21 octobre au 10 novembre à Citéco (Cité de l’économie, Musée de la Banque de France), à Paris, et simultanément dans le cadre de la foire internationale Paris Photo, sont à double ou triple fond. En 2003, elle a entrepris un tour du monde, accumulant des cartes et des billets de banque sans trop savoir quoi en faire. En 2014, un déclic se produit. Elle décide de mixer ces archives en faisant se télescoper les lieux et les époques pour « déconstruire les stéréotypes » véhiculés par ces documents. Il lui faudra six mois avant de trouver sa méthode, le collage numérique. Tout commence par une lecture attentive d’un planisphère ancien, dont elle « essaie de comprendre les dessous, les références, tout en les mettant en écho avec les enjeux de notre époque », avant de le prendre en photo. Elle décrypte tout aussi patiemment la symbolique des billets de banque, avant de zoomer sur des éléments qu’elle incorpore aux cartes grâce à Photoshop. « C’est comme des feuilles de calque dans les dessins d’architecture qu’on bouge et rebouge en réfléchissant à différents scénarios », explique-t-elle. Si ses agencements exigent du temps, c’est que Malala Andrialavidrazana tient « à ne pas heurter tel ou tel groupe de population ». Elle le sait, les symboles sont polysémiques et les sensibilités toujours à cran. Malala Andrialavidrazana, au café de Citéco, 1, place du Général-Catroux, Paris 17e. Du 21 octobre au 10 novembre. citeco.fr Une archi et un archipel Dans son dernier album, l’auteur de BD Charles Berberian explore lui aussi un sujet sensible : la personnalité de l’architecte et designer Charlotte Perriand, dont il raconte le séjour au Japon, entre 1940 et 1942. Ces deux ans ont eu une influence considérable sur son parcours, jusqu’à sa maison de thé dessinée en 1993. Avec ce roman graphique, Berberian dresse le portrait d’une femme libre, obstinée et courageuse, servi par des dessins d’une grande finesse et d’une légèreté qui saisissent aussi bien l’énergie de la jeune architecte, que la puissance de son expérience, et la beauté du Japon. « Charlotte Perriand, une architecte française au Japon », de Charles Berberian, Chêne. 128 P., 19,90 €. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans l’atelier de Charlotte Perriand Le prestige de l’uniforme Au pays du Soleil-Levant, il n’est pas rare que les créateurs de mode puisent leur inspiration dans le style des soldats de l’armée impériale ou des Forces d’autodéfense. Là-bas comme ici, l’uniforme militaire est un vêtement d’apparat, auquel le Musée de l’armée, à Paris, consacre sa nouvelle exposition. Vestes brodées et boutonnées, casques à plumes, glaives et baudriers, hausse-cols et gibernes témoignent du soin apporté, de tout temps, à l’allure des belligérants. Des atours quelquefois si richement décoratifs qu’ils dessinent une sorte de dandysme martial luxueux. Pour les plus férus d’histoire, l’accrochage donne à voir quelques œuvres d’exception. La grande armure d’Henri II voisine ainsi avec une épée sertie de diamants ayant appartenu à Louis XVI ; des bâtons à insignes de monarques et républicains côtoient un poignard sophistiqué offert au président Sarkozy par un certain Mouammar Kadhafi… « Les Canons de l’élégance », au Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, Paris 7e. Jusqu’au 26 janvier 2020. musee-armee.fr Une expo olympique Il a un passeport brésilien, mais est d’origine japonaise. Oscar Oiwa, artiste dont l’univers mêle fantastique et réalisme, est exposé à la Maison de la culture du Japon à Paris. Le plasticien y présente de la peinture et des dessins consacrés à trois villes hôtes des JO : Rio, Tokyo et Paris. Des œuvres en noir et blanc pointant la collision entre sport et politique. Et qui soulignent l’écho laissé par les olympiades sur les psychés collectives, le Japon vivant encore avec le souvenir des Jeux de 1964, et se préparant à ceux de 2020. « Rio, Tokyo, Paris : des villes, des jeux », Oscar Oiwa. Maison de la culture du Japon à Paris, 101 bis, Quai Branly, Paris 15e. Jusqu’au 14 décembre. mcjp.fr Des vins post-champagne À supposer que les Japonais qui suivent la Coupe du monde de rugby aient descendu quelques flûtes après la victoire de l’équipe nationale contre l’Écosse (après tout, ce sont les troisièmes plus gros consommateurs de champagne à l’étranger), ont-ils poursuivi la soirée avec du saké ou du vin ? En tout état de cause, les bulles vives du champagne mettant les papilles en appétit, un vin nourrissant et structuré s’impose. Situé dans l’Entre-Deux-Mers, le petit domaine Château Le Pin Beausoleil produit un cru à dominance de merlot souple, velouté, crémeux et subtil, aux saveurs d’épices et de cèdre bienvenues. Dans le Saint-Émilion, le Château Petit Figeac succédera pour sa part au raffinement d’une coupe de champagne en élevant le palais vers de nouveaux sommets gustatifs. Ce rouge magnifique offre à la fois un côté alimentaire, riche en oligo-éléments de son terroir unique, mais aussi un côté luxueux et élégant. À une condition : le préparer en le carafant. Le temps de déguster quelques bulles… Château Le Pin Beausoleil, Bordeaux supérieur, rouge 2015. 15,50 €. Tél. : 05-57-84-02-56. Château Petit Figeac, Saint-Émilion, rouge 2016. 80 €. Tél. : 05-57-24-72-26.
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https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/18/des-udons-du-shiatsu-et-une-architecte-francaise-au-japon-les-7-idees-de-la-semaine_6016044_4500055.html
mlsum-fr-477
Lors d’une marche pour le climat à Nicosie (Chypre), vendredi 27 septembre 2019. Petros Karadjias / AP Chronique. Le 18 septembre, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, déclarait « savoir que, dans le futur, l’évolution du monde, (…) le réchauffement climatique conduiront à ce que de nouvelles vagues migratoires aient lieu ». Conclusion, face à ce futur menaçant : « Nous devons armer notre pays. » La prescience de Mme Ndiaye est assez extraordinaire. Car les démographes ont, quant à eux, beaucoup de mal à estimer les conséquences d’un monde à + 3 ou + 4 °C sur les migrations internationales. Tout d’abord, il est très difficile d’isoler le facteur climatique dans les causes des migrations. Ensuite, l’essentiel des déplacements est interne aux pays, et donc difficile à recenser. Enfin, migrer coûtant cher, l’appauvrissement consécutif au réchauffement pourrait tout aussi bien réduire les flux migratoires internationaux. Comme l’a montré le démographe François Héran, les flux migratoires importants concernent des pays moyennement riches, alors que les pays les plus pauvres ont à l’inverse très peu de migrants dans les pays développés (« L’Europe et le spectre des migrations subsahariennes », Population et sociétés n° 558, 2018). Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Herat, en Afghanistan, les déplacés climatiques sont réduits à la misère Le spécialiste des migrations François Gemenne a aussi montré combien les chiffres discordants sur les « réfugiés climatiques » n’ont guère de fondements scientifiques et ont surtout servi à appeler l’attention médiatique sur le sujet (« Why the numbers don’t add up : a review of estimates and predictions of people displaced by environmental changes », Global Environmental Change n° 21/1, 2011). Pour les spécialistes, la notion de « réfugié climatique » est tout simplement une mauvaise notion, qui naturalise les causes sociopolitiques des migrations. Par exemple, en cas de catastrophe, les personnes migrent ou non en fonction de leurs conditions socio-économiques, de leur vulnérabilité et des réponses institutionnelles à la catastrophe. Influence anglo-saxonne Comment alors expliquer son extraordinaire succès ? Le personnage clé de cette affaire s’appelle Norman Myers. Au milieu des années 1990, c’est sous sa plume et avec ses chiffrages fantasques (50 millions de réfugiés climatiques en 2010, 250 millions en 2050) que la hantise des migrants climatiques commence à infuser dans l’espace médiatique et politique. Ancien administrateur colonial britannique au Kenya, devenu écologue sur le tard, M. Myers est consultant indépendant auprès d’institutions allant de l’armée américaine à la Banque mondiale en passant par le pétrolier Shell. Et il murmure à l’oreille de Bill Clinton, d’Al Gore ou de Tony Blair. En 1991, il dirige un think tank néomalthusien, Optimum Population Trust (rebaptisé depuis « Population Matters »), selon lequel, pour freiner la croissance démographique des pays riches, il faut promouvoir « l’immigration zéro », ce qui incitera les pays pauvres privés d’exutoire à restreindre leur propre fertilité…
Il est très difficile d’isoler le facteur climatique dans les causes des migrations. Dès lors, craindre des vagues migratoires dues au réchauffement tient plus du fantasme que de la science, détaille l’historien dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/02/jean-baptiste-fressoz-pour-les-specialistes-la-notion-de-refugie-climatique-est-tout-simplement-une-mauvaise-notion_6013853_3232.html
mlsum-fr-478
Fred Forest, le 28 octobre 2000, à Drouot, à Paris, lors de la mise en vente en première mondiale d'un site Internet. PHILIPPE DESMAZES / AFP « Cette folle aventure vécue avec Le Monde a démarré le 27 septembre 1970 pour se finaliser le 12 janvier 1972. Durant ces longs mois, je me suis consacré à faire aboutir, au titre de l’art, un projet singulier : obtenir du journal un encart blanc de 14,5 cm x 10,2 cm, soit 150 cm2 , qui serait offert à ses lecteurs comme surface de libre expression. Cette intention relevant d’un art de participation qui, deux ans plus tard, se concrétisait par la formation du Collectif d’art sociologique. Il m’a fallu seize mois pour voir enfin mon espace blanc, œuvre que j’ai intitulée Space media, se concrétiser dans les pages du Monde ! J’avais jeté mon dévolu à l’époque sur la « une », où une publicité était réservée à des produits de luxe en bas de page à droite. Malheureusement, même si j’avais eu le financement pour le retenir, j’ai appris que cet espace faisait l’objet d’une réservation près d’un an à l’avance. Et comme je n’avais pas le commencement d’un sou, j’ai dû à mon grand regret me replier sur la page réservée aux arts… Projet maudit Désormais, mes espoirs de faire aboutir mes desseins reposaient sur le critique d’art qui en était responsable. Il enfouissait mes dossiers successifs dans ses tiroirs et je n’en entendais jamais plus parler. Je suis parti à la recherche d’un budget en m’adressant alors au Centre national des arts plastiques, où j’ai été reçu par un jeune fonctionnaire. Ma demande d’un financement pour une intervention médiatique lui a paru assez incongrue pour qu’il me raccompagne à la porte avec les égards que l’on doit à un grand malade. Lire aussi Beaubourg expose Fred Forest, son meilleur ennemi En désespoir de cause, je m’adresse avec mon projet maudit au service de la publicité du Monde. L’accueil fut collectif et enthousiaste ! Mon dossier gravit enfin les étages du vieil immeuble de la rue des Italiens pour atterrir sur le bureau du directeur administratif, Jacques Sauvageot. Ce dernier, comme un gros matou complice, me poussa par la porte entrebâillée dans le bureau du directeur, Jacques Fauvet. En deux temps trois mouvements, l’affaire fut réglée. Juste un dernier conflit opposa Jacques Sauvageot au directeur de la rédaction au prétexte que Le Monde est un journal sérieux qui ne peut s’adonner à de telles fantaisies. « Le “Space media” est bien là ! » J’ai dû faire une nouvelle fois preuve d’imagination en démarchant Jacques Paoli, qui avait une émission sur Europe n° 1, obtenant de lui que le vernissage du Space media, œuvre exposée dans un journal, ait lieu simultanément sur une radio ! La participation d’Europe n°1 a fait disparaître comme par enchantement tous les problèmes en suspens… Le 12 janvier, à 13 heures, heure de la mise en kiosque, je me présente pour acheter Le Monde. Je l’ouvre et cherche fébrilement la page des arts. Le Space media est bien là ! Je n’en crois pas mes yeux… Dans les jours qui suivent, plus de 900 participations atterrissent dans ma boîte à lettres. Flot inattendu qui redouble la suspicion du concierge à mon égard. La presse française se déchaîne, la presse internationale en parle, des instituts de recherche prennent contact avec moi. Sans être passé par les réseaux institutionnels, du jour au lendemain, me voilà consacré comme un artiste reconnu. » Fred Forest, 86 ans, est un artiste pionnier de l’art participatif. Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019
Série « Le Monde » et moi. A l’occasion des 75 ans du quotidien, l’artiste pionnier de l’art participatif, 86 ans, évoque le projet qu’il réalisa en 1972 : offrir aux lecteurs une surface de libre expression dans le journal.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/07/fred-forest-j-ai-obtenu-un-encart-blanc-de-150-cm2-dans-le-journal_5497216_4415198.html
mlsum-fr-479
La droite républicaine croyait avoir touché le fond, le 26 mai, lorsque la liste Les Républicains (LR), conduite pas François-Xavier Bellamy, s’est retrouvée sensiblement en dessous de la barre des 10 %, son plus mauvais score sous la Ve République. A deux années d’intervalle, elle a eu l’impression de vivre le même scénario-catastrophe : fuite des électeurs, démission du chef, panne de ligne. Tout était à reconstruire mais rien n’était encore perdu. Elle se trompait, elle n’avait pas encore bu le calice jusqu’à la lie. C’est désormais chose faite, au terme d’une semaine horribilis au cours de laquelle elle a vu ses derniers oripeaux partir en lambeaux dans une concomitance d’événements puissamment symboliques. Mardi 18 juin, la Cour de cassation a rejeté l’ultime recours formé par Nicolas Sarkozy dans l’affaire dite « des écoutes ». Soupçonné d’avoir tenté d’obtenir des informations secrètes auprès d’un haut magistrat dans une procédure concernant la saisie de ses agendas en marge de l’affaire Bettencourt, Nicolas Sarkozy devrait comparaître dans les prochains mois devant un tribunal correctionnel pour corruption. Une première pour un ancien président de la République, un coup dur pour « le parrain » de la droite, qui, à défaut de pouvoir revenir au premier plan, aimait tirer les ficelles en coulisse. Lire aussi Affaire des écoutes : Nicolas Sarkozy sera bien jugé pour corruption Nostalgie Pour les militants de LR, « Sarko » était la dernière idole, celui qui, en 2007, avait réussi à faire vibrer toutes les cordes de son camp sur les décombres du chiraquisme. Malgré ses mises en examen et son retour raté en 2016, il restait l’incarnation d’une période magique, celle au cours de laquelle l’UMP était parvenue à incarner le renouveau de la vie politique française. Mais, cette fois, le « parrain » est atteint. Ses proches sentent le soufre, les époux Balkany sont en procès, et aux yeux mêmes de la droite, les années Sarkozy ne font plus rêver. La nostalgie, ces derniers jours, a pris un autre visage : celui de Georges Pompidou. Jeudi 20 et vendredi 21 juin, un colloque à Paris était organisé pour célébrer le cinquantième anniversaire de son élection avec deux témoins annoncés – Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy – mais c’est Emmanuel Macron qui, mercredi, a capté l’héritage. Depuis l’Elysée, le président a rendu hommage au président des « trente glorieuses », voyant en lui l’incarnation d’« une modernité de conquête » capable de « penser à la fois vieille France et nouvelle France ». Lire aussi A l’Elysée, Emmanuel Macron célèbre la figure mythologique de Georges Pompidou C’est comme si un passage de relais s’opérait naturellement entre le pompidolisme et le macronisme par la seule grâce de la modernité. Après cela que reste-t-il à la droite ? Rien, pas même quelques sous. La semaine dernière, Brigitte Macron a pris la présidence de la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France qui collecte les pièces jaunes au profit des enfants hospitalisés. C’est Bernadette Chirac en personne qui a suggéré le nom de la première dame pour lui succéder. La boucle est bouclée.
Le renvoi de Nicolas Sarkozy devant le tribunal correctionnel ébranle davantage le parti Les Républicains après son mauvais score aux élections européennes du 26 mai.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/22/la-semaine-ou-la-droite-a-perdu-ses-derniers-oripeaux_5480061_823448.html
mlsum-fr-480
Rendez-vous à Biarritz, du 24 au 26 août : c’est à l’occasion du sommet des pays membres du G7 que, peut-être, un progrès significatif sera enregistré pour éviter une sortie sans accord (« hard Brexit ») du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Le nouveau premier ministre conservateur, Boris Johnson, devrait, sur la côte basque, avoir des discussions avec le président Emmanuel Macron, la chancelière Angela Merkel et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. A condition toutefois qu’il réponde aux invitations qui lui ont été adressées, ce qu’il n’a pas fait jusqu’ici. La venue à Bruxelles, mercredi 31 juillet et jeudi 1er août, de David Frost, le principal conseiller de M. Johnson, n’a, quant à elle, rien résolu : des deux côtés de la table de négociation – et de la Manche –, on considère dès lors que l’hypothèse la plus vraisemblable est, en l’état, celle d’un « hard Brexit ». Avec des conséquences dommageables, en partie prévues, en grande partie imprévues, pour Londres et les pays de l’UE. A Bruxelles, la toute première rencontre entre des responsables européens et le nouveau négociateur en chef britannique n’a, en tout cas, laissé entrevoir aucune solution. Même si elle était initialement présentée par le quotidien britannique The Guardian comme le contact « le plus significatif » depuis l’arrivée au pouvoir de M. Johnson. Selon Downing Street, David Frost était envoyé à Bruxelles pour réclamer « en personne » l’abolition du « backstop » irlandais, ce « filet de sécurité » censé éviter que le Brexit entraîne le retour d’une frontière physique entre les deux Irlandes. L’une – l’Irlande – membre de l’UE, l’autre – l’Irlande du Nord – province britannique. Avec, à la clé, l’éventuelle remise en cause d’un accord de paix acquis en 1998 après trois décennies d’un conflit meurtrier entre républicains catholiques et unionistes protestants. Pour les pro-Brexit, il s’agit d’éviter absolument le « piège » d’un maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière européenne et ses règles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Boris Johnson dans l’impasse nord-irlandaise M. Johnson a fait campagne en expliquant qu’il préférait un « hard Brexit » au 31 octobre plutôt que d’accepter cette fameuse assurance de dernier recours, incorporée dans l’accord de retrait conclu en novembre 2018 avec Theresa May. Selon le successeur de celle-ci, le Royaume-Uni ne peut rester arrimé à l’UE et à son union douanière pendant la période de transition, le temps qu’un accord sur la relation future soit trouvé. Cela empêcherait, en effet, son pays de conclure, pendant cette période, des traités commerciaux avec d’autres pays.
David Frost, le principal conseiller de Boris Johnson, s’est heurté au refus de l’UE de modifier sa position sur la frontière irlandaise.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/02/brexit-bruxelles-inflexible-apres-la-visite-du-negociateur-britannique_5495843_3210.html
mlsum-fr-481
Une enfant fait ses devoirs, en Bourgogne, en 2015. CYRIL ENTZMANN / DIVERGENCE Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous avez écrit à la main, où vous avez saisi un stylo et noirci une feuille de papier ? « Quelle drôle de question ! », se serait exclamé votre interlocuteur, au siècle dernier. Désormais, le silence se fait. Puis l’effort de mémoire. « Ah si, je sais ! J’ai laissé un mémo sur le frigo, samedi, pour les courses… » Pas de doute, l’écriture manuscrite figure sur la liste « Tout se perd » ­tenue par les nostalgiques de l’ère prénumérique. Que reste-t-il, dans nos vies d’adultes, de cette pratique ancestrale ? La signature, éventuellement précédée d’un « Lu et approuvé », le formulaire administratif, les dix interminables lignes à recopier pour se porter caution, l’adresse sur l’enveloppe, la somme en lettres sur le chèque, l’info vite notée, au téléphone. Et le mot d’excuse sur le carnet de correspondance, rare occasion, pour un parent, d’exhiber ses compétences en graphie fine. Les lettres, les cartes ? Remplacées par des prospectus au fond des boîtes, elles ne représentent plus que 4 % de l’activité postale. Les vœux, les condoléances, les félicitations, les joyeux anniversaires ? Expédiés par courriel ou SMS. Plus rapide, plus facile, plus amusant, l’on ajoutera une image animée. Les listes de tâches à accomplir ? Sur l’application Notes du smartphone. Lui, au moins, on ne l’oublie pas sur la table de la cuisine… La réunion au bureau ? S’y présenter sans ordinateur ni tablette, simple carnet en main, c’est passer pour un rétrograde dilettante, peu pressé d’agir et de communiquer. « Mon neveu de 16 ans ne sait pas envoyer une lettre. Où noter l’adresse sur l’enveloppe, où coller le timbre ? » Vanessa Mahabo, auteure du blog « N’oublie pas d’écrire » « Nous continuons d’écrire beaucoup, mais différemment, sur outils numériques. Désormais, l’écriture la plus ­répandue est dactylographique », pose Jean-Luc Velay, chercheur CNRS au laboratoire de neurosciences cognitives de l’université d’Aix-Marseille. Le clavier évince papier et stylo, qui « semblent incompatibles avec les nouvelles dimensions spatiale et temporelle de la communication écrite », poursuit-il. « Nous écrivons souvent simultanément à plusieurs personnes dans le but d’acheminer un message très rapidement. » Evidemment, les plus jeunes sont d’emblée pointés du stylo. Pour eux dont les doigts, la voix, sont devenus commandes numériques, l’écriture manuelle n’est plus qu’attendrissant vestige d’une époque révolue. Dans les chambres d’enfants, l’on ne piétine plus ni crayons, ni feutres, ni pastels. Les petits carnets, les journaux intimes se font plus rares dans les grottes adolescentes. « Mon neveu de 16 ans ne sait pas envoyer une lettre. Où noter l’adresse sur l’enveloppe, où coller le timbre ? Lors d’une commande sur Internet, il a indiqué son mail comme adresse de livraison », s’affole ­Vanessa Mahabo, 30 ans, auteure du blog « N’oublie pas d’écrire », qui tisse des correspondances entre particuliers.
Oubliés les pleins et les déliés ? Alors que l’expression manuscrite se fait de plus en plus rare au profit de la dactylographie, la pratique de l’écriture à la main reste essentielle pour le bon fonctionnement des méninges.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/08/30/le-stylo-symbole-d-une-ecriture-en-voie-de-disparition_5504596_4497916.html
mlsum-fr-482
Les tracts ont très vite fait office d’éventails. Alors que Paris est une fournaise à 40 °C ce mercredi 24 juillet, en fin d’après-midi, une trentaine d’élus et de militants socialistes s’est donné rendez-vous au pont de la Concorde. Une fois les drapeaux et les pin’s du parti distribués, le groupe rejoint les berges. L’objectif est simple : amasser le plus possible de signatures en soutien au référendum contre la privatisation des aéroports de Paris (ADP). Les militants sont équipés d’une poignée de tablettes connectées pour avoir accès directement au formulaire en ligne. « Encore faut-il qu’elles tiennent avec cette chaleur », rigole Dorine Bregman, co-secrétaire de la section du PS pour le centre de la capitale. Cela fait un mois et demi que ce dispositif inédit a été mis en place. Le 9 mai, le Conseil constitutionnel a validé l’initiative de 248 parlementaires, de gauche surtout mais aussi de droite, pour organiser un référendum d’initiative partagée (RIP) et défendre le caractère public de Groupe ADP. Mais pour qu’un vote soit potentiellement organisé à l’échelle nationale, 4,7 millions de signatures doivent être enregistrées avant le 15 mars 2020. Le ministère de l’intérieur ne communique aucun chiffre officiel sur le nombre de signataires actuels. Certains sites spécialisés avancent plus de 550 000 soutiens. « Les plus motivés » Le gouvernement ne met pas non plus en avant cette initiative sur les sites officiels. « La hausse des signatures passera par une campagne militante puisqu’il n’y a pas de campagne institutionnelle », regrette le sénateur Rémi Féraud, président du groupe socialiste au Conseil de Paris. Les militants anti-privatisation doivent donc braver la chaleur pour faire campagne dans la rue. Car dans l’ensemble, si une majorité des personnes rencontrées a entendu parler de cette privatisation, certains ne savent pas qu’ils peuvent tenter de modifier la donne, au moyen du référendum. A Calais (Pas-de-Calais), c’est un groupe d’action de La France insoumise (LFI) qui a investi le petit marché de la rue du Commandant-Mangin, ce jeudi 25 juillet. Sylvie Ghemmouri sort trois tables pliables de sa voiture. Des flyers pour le référendum sont collés sur les vitres arrière. Avec quatre autres « insoumis », elle installe un ordinateur portable relié à une clé 4G pour engranger les signatures. « Là vous avez les plus motivés, lance Grégory. Eté comme hiver, on n’arrête pas. »
Alors que le recueil des signatures marque le pas en cette période estivale, des militants PS ou LFI font campagne dans la rue.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/27/les-militants-du-referendum-contre-la-privatisation-d-adp-battent-le-pave_5494094_823448.html
mlsum-fr-483
[En mémoire de Guy Carcassonne, professeur de droit public et constitutionnel, le Club des juristes, la revue Pouvoirs et Le Monde ont créé un prix récompensant un ou plusieurs auteurs d’un article portant sur une question juridique liée à l’actualité française ou internationale. La 6e remise a eu lieu mercredi 19 juin au Conseil constitutionnel en présence de son président, Laurent Fabius.] Samira, un ressortissant belge marié à Français un membre de l’Etat islamique, Karam El-Harchaoui, marche avec leur fils au Camp Roj dans le nord de la Syrie le 27 mars. Maya Alleruzzo / AP Ils sont communément appelés : « enfants de djihadistes ». Derrière ce terme se cache une catastrophe humaine dont on ne mesure que très moyennement l’ampleur. Il faut dire qu’à leurs sujets, les chiffres sont approximatifs. On parle d’une centaine d’enfants dans le Kurdistan irakien. 80, dit-on parfois, seraient recueillis par les forces arabo-kurdes. Leur nombre est encore moins précis en Syrie ou en Irak. On estime que plus de 70 % d’entre eux sont des mineurs âgés de moins de 7 ans. Ce sont des enfants français en situation de détresse à l’étranger et qui posent aujourd’hui la question de leur retour. Les enquêtes d’opinions effectuées montrent que les Français sont, pour une large majorité d’entre eux, opposés à leur rapatriement. C’est une question qui interroge nos consciences, mais au-delà, il s’agit aussi, et peut-être surtout, d’une question juridique. Celle-ci se pose, pour ainsi dire, sur deux niveaux. D’abord, le niveau international, eu égard aux engagements internationaux de la France. Ensuite, le niveau interne, eu égard aux principes généraux de notre droit et, notamment, ceux garantis par la Constitution. En ce qui concerne les engagements internationaux de la France, ceux-ci sont pour le moins assez clairs. La Convention internationale des droits de l’enfant dispose bien dans son article 2 que pour toutes les décisions concernant les enfants, « l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale ». La nature de l’autorité concernée importe peu. Qu’elle soit publique ou privée, l’enfant doit se voir accorder une protection spéciale. Le non-rapatriement de ces enfants pourrait également contrevenir aux obligations conventionnelles de la France au regard de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). En effet, ces enfants vivent dans des conditions précaires qui, selon l’Organisation mondiale de la santé, auraient déjà occasionné la mort d’une trentaine d’entre eux. Ils sont pour la plupart sujets à des risques liés à la guerre qui prévaut dans ces pays. Certains sont blessés et d’autres menacés par les maladies. Dans ces conditions, ne pas organiser leur retour serait les exposer à des traitements inhumains et dégradants au sens de l’article 3 de la CEDH.
Le non-rapatriement de ces enfants contrevient aux engagements internationaux de la France mais aussi, sur le plan interne, aux principes de notre droit garantis par la Constitution, estime Hassani Mohamed Rafsandjani, lauréat du prix Guy-Carcassonne 2019 dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/20/hassani-mohamed-rafsandjani-enfants-de-djihadiste-mais-enfants-de-la-republique_5478788_3232.html
mlsum-fr-484
Le 14 novembre 2015, des fleurs et des bougies sont placées près du Bataclan, dans le 11e arrondissement de Paris. KENZO TRIBOUILLARD / AFP Historien des guerres de religion, directeur du Centre européen des études républicaines (Cedre) et professeur à l’université de Neufchâtel (Suisse) et à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), Olivier Christin a dirigé le Dictionnaire des concepts nomades en sciences humaines, dans lequel était analysée l’évolution du sens des mots dans l’histoire. Face à la difficulté d’utiliser les termes d’« attentat » et de « terrorisme » après certaines attaques, il souligne l’illusion de tenter d’en trouver une définition objective, ainsi que la rupture constituée dans ce domaine par l’émergence de l’organisation Etat islamique (EI). Pourquoi y a-t-il un débat autour de la qualification de « terroristes » pour les auteurs des attaques contre la mosquée de Bayonne et de la Préfecture de police ? Olivier Christin : D’abord, parce qu’il n’y a pas de définition objective de ce que serait un attentat ou le terrorisme, mais des définitions concurrentes, qui sont toutes problématiques. Comme le dit le philosophe anglais Quentin Skinner, les mots sont des « conflits congelés » : le mot terrorisme porte en lui-même l’histoire des conflits autour de ce qu’est le terrorisme. Au XVIIIe siècle, le terrorisme, c’est d’abord la Terreur, mais la Terreur vue et pensée comme instrument de protection de la liberté contre les séditieux, la terreur de la loi. La Constitution doit terrifier les ennemis de la Révolution, de la liberté, donnant une définition presque aux antipodes de ce que nous imaginons aujourd’hui et qui permet de voir la trajectoire du mot et du concept à travers les siècles. Je crois donc qu’une définition précise et partagée du terrorisme est une illusion. Elle est nécessaire pour la justice, qui doit décider précisément des poursuites à engager, mais nous ne trouverons pas une définition commune, claire et objective, qui pourrait aller du droit aux règles qu’applique Facebook pour censurer certains types de messages. Nous ne trouverons pas de définition parce que le terrorisme change : le terrorisme d’aujourd’hui n’est pas le même que celui des mouvements de libération nationaux dans les années 1960 et 1970. Ce qu’on désigne comme terrorisme change de nature, d’objectifs, d’acteurs. En voulant avoir une définition trop large, nous risquons de laisser en dehors des actes qui peuvent être considérés comme terroristes ou, a contrario, de faire entrer des formes de protestation qui sont des mouvements de résistance, comme certains mouvements de l’écologie radicale. Les grands mots au cœur des luttes politiques sont d’abord le produit et l’instrument de ces luttes, avant d’être des boîtes dans lesquelles on voudrait faire entrer des faits. Vos recherches sur les guerres de religion vous ont amené à travailler sur l’évolution du concept de « martyrs ». En quoi est-elle pertinente pour analyser le débat sémantique sur le terrorisme ? En 2017, une exposition à Berlin intitulée « Musée des martyrs » ambitionnait, selon le discours des organisateurs, de rassembler des portraits de gens ayant donné leur vie pour une cause. Elle a fait scandale en mettant côte à côte Socrate, Martin Luther King et Mohammed Atta, le chef du commando du 11-Septembre, ou Ismaël Omar Mostefaï, l’un des trois terroristes qui ont attaqué le Bataclan. C’était un discours qui se voulait provocateur et relativiste, emblématique de cette tension sur le choix des mots et qui tentait, de manière sous-jacente, d’illustrer l’idée selon laquelle « le terrorisme des uns est une résistance pour les autres ». Mais le concept était profondément choquant : contrairement aux terroristes, Martin Luther King ou Socrate ne sont jamais allés au-devant de la mort pour servir leur combat, et n’ont jamais voulu entraîner un maximum de gens avec eux. Dire qu’une définition précise du terrorisme est difficile, ce n’est pas basculer dans un complet relativisme : il y a des critères objectifs, moraux ou éthiques pour déterminer ce qui est du ressort du terrorisme. Nous sommes tous, journalistes, intellectuels ou juristes, dans cette question de comment qualifier ces événements auxquels nous sommes confrontés, et nommer le terrorisme, c’est participer aux luttes autour et contre le terrorisme lui-même. On le voit bien sur les luttes farouches autour de la laïcité, du débat sur l’amalgame entre islam et islamisme : une grande partie de nos luttes politiques les plus dures sont sur les mots, les concepts et la qualification. Dans le cas du terrorisme et des attentats, qualifier tout le monde de martyr, c’est un choix politique extrêmement violent. Il y a une opposition entre des axes de lecture politique et historique d’un côté, et juridique de l’autre, avec un décalage des temporalités qui joue beaucoup. Qu’est-ce que l’émergence de l’organisation Etat islamique a changé dans la manière de percevoir ce qu’est le terrorisme ? L’EI a décidé une stratégie d’exportation hors des territoires qu’il contrôlait et, pour l’exprimer de manière triviale, d’un système de « franchises », en endossant la responsabilité d’actes qu’il n’a pas organisés directement. C’est une méthode très différente des formes utilisées par Al-Qaida ou des mouvements de libération nationaux plus anciens, organisés et revendicateurs. En substance, l’Etat islamique dit à tous ses partisans dans le monde : « Commettez un crime et nous viendrons donner raison à votre acte, le justifier et l’intégrer à la diffusion de notre message. » Cette stratégie a suscité un certain nombre d’actes de terrorisme de loups isolés, « low cost », avec des outils à la portée de tout le monde, et vient systématiquement poser la question du partage de responsabilité entre les auteurs et l’organisation. La définition de l’attentat a aussi été perturbée par l’Etat islamique dans son indifférenciation des victimes visées. Une catégorie de population ou un symbole institutionnel ne sont pas ciblés spécifiquement, et il y a des victimes musulmanes d’attentats commis au nom de l’islam radical. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attaque à la Préfecture : l’onde de choc d’une tuerie au cœur de l’Etat Si l’usage du mot « terrorisme » provoque une controverse sémantique, c’est aussi parce que son emploi est devenu un marqueur de l’importance de l’événement. Parler de terrorisme induit des enjeux juridiques, sur le type de procédure à appliquer, ou encore sur la saisie du parquet antiterroriste. Mais aussi sur la reconnaissance du statut des victimes et sur la possibilité, par exemple, d’indemnisation. L’enjeu est également politique : qualifier une action revient aussi à disqualifier ceux qui la commettent. Dire qu’un tel est populiste par exemple, c’est bien sûr le décrire, mais aussi le disqualifier. Combattre le terrorisme ne passe pas que par la politique ou la justice, il passe aussi par la morale et la philosophie, qui sont d’abord des luttes de langage. A Bayonne, à Paris ou à Nice, la question de la capacité de discernement des auteurs est un critère dans la qualification d’une attaque comme étant, ou non, terroriste. Au-delà du droit, cette question s’est-elle posée historiquement ? Le premier cas que j’ai rencontré en étudiant les guerres de religion en France est l’histoire d’un jeune homme qui, en 1533, entre dans une église au moment de la messe et fait tomber une statue de la Vierge. Il la casse, est arrêté et explique son geste en prétextant qu’il voulait seulement « la remplacer par une autre statue ». Quelle que soit l’intention, c’est un geste de terreur religieuse, iconoclaste, exécuté en public pour frapper les esprits, mais en même temps les observateurs de l’époque émettent des doutes sur la santé mentale de l’auteur, qui est incapable de donner une raison rationnelle et solide de son acte. Est-ce qu’il est un dévot, qu’il n’aime juste pas la statue ? On ne le sait pas, et c’est le premier acte iconoclaste en France dans un siècle qui va en connaître des millions. Le suspect de l’attaque de la mosquée de Bayonne a dit avoir voulu venger l’incendie de Notre-Dame. Il est persuadé que la cathédrale a été l’objet d’une attaque de musulmans ou de criminels hostiles à la foi du peuple français, alors qu’il n’y a aucune raison factuelle de le penser. Si la caractérisation juridique du discernement ou non de l’auteur va être essentielle dans la suite de cette affaire, la folie d’une personne n’écarte pas d’emblée la caractérisation d’un événement comme étant un attentat : il me semble qu’on peut être à la fois totalement séduit par des thèses complotistes et être en même temps engagé dans une entreprise raciale, suprémaciste, islamophobe : on peut être fou, dangereux et criminel.
Le débat sur le caractère « terroriste » de l’attaque de Bayonne rappelle, pour l’historien Olivier Christin, que tout usage du terme relève d’un choix politique.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/01/une-definition-precise-et-partagee-du-terrorisme-est-une-illusion_6017701_3224.html
mlsum-fr-485
Ellen Wille, chez elle, à Oslo, le 7 juin. Ilja C. Hendel pour «Le Monde» Ellen Wille se souvient que le micro était placé trop haut. Elle avait serré la pointe de ses petits pieds, gagné quelques centimètres et commencé : « Messieurs… » Du reste, elle n’a gardé aucune trace. Elle sait simplement qu’il n’y avait que des messieurs face à elle, et que ce fut « le discours le plus difficile de [sa] vie ». Dans l’immense salle de réunion d’un hôtel d’affaires de Mexico, en 1986, cette Norvégienne à l’anglais hésitant est la première femme à s’exprimer lors d’un congrès de la FIFA. Elle n’est pas montée à la tribune pour rien : Ellen Wille réclame la création d’une Coupe du monde pour les femmes et leur inscription aux Jeux olympiques. Les héroïnes sont anonymes. Mme Wille, 64 ans, vit dans un grand deux-pièces de la banlieue d’Oslo, au rez-de-chaussée d’un immeuble qui a des airs de résidence de station de ski. L’ancienne professeure de sciences prépare un café, s’enfonce dans un profond fauteuil pivotant en cuir et croise ses pantoufles en fourrure synthétique sur le repose-pieds : « Je suis une retraitée heureuse. Je marche beaucoup et, parfois, je déjeune avec mes anciennes copines du comité des femmes de la Fédération norvégienne de football [NFF]. » Elle rougit un peu et sourit beaucoup de raconter ses souvenirs. Lire aussi notre portrait : Marinette Pichon, libérée par le football Adolescente, elle a préféré le handball – à haut niveau – au football, ignorant que le sport roi était autorisé aux jeunes filles. A 16 ans, lorsqu’elle a compris, il était un peu tard pour faire carrière. Alors Ellen Wille s’est investie hors du terrain, dans les années 1970. La Norvège, constatait-elle, était à la traîne par rapport à ses voisines, qui organisaient déjà des matchs internationaux quand sa fédération ne jugeait pas utile d’avoir une équipe nationale. La NFF est loin d’être une pionnière lorsqu’elle accepte, en 1975, de finalement reconnaître l’existence de clubs féminins : deux Coupes du monde non officielles ont déjà eu lieu, en 1970 et 1971, et l’UEFA s’est doté d’un comité spécifique. Le retard de la Fédération norvégienne fait écho aux récriminations de sa vedette Ada Hegerberg qui, près d’un demi-siècle plus tard, boycotte le Mondial 2019 pour réclamer davantage de considération. Lire aussi notre interview de Ada Hegerberg : « Impossible d’être footballeuse sans se battre pour l’égalité » « Les hommes pensaient qu’on allait leur piquer leurs ressources, c’est ce qui les obsédait, se souvient Ellen Wille. Ils ne comprenaient pas que si 50 % de personnes en plus réclamaient aux élus la construction de terrains, ça servirait tout le monde, et qu’ils auraient bientôt plus d’entraîneurs et d’arbitres si toute la population était concernée par le football. » « Notre stratégie, c’était la provocation » La dirigeante du club de Frigg, dans son quartier de Majorstuen à Oslo, comprend que les patrons de la NFF ne feront durablement de la place aux femmes que sous la pression médiatique. Le quotidien Dagbladet est un allié précieux, de même que les résultats prometteurs de l’équipe nationale féminine. Sous son impulsion, le cancre scandinave qu’était la Norvège devient un fer de lance. Le pays organise le deuxième championnat d’Europe féminin à partir de 1984 – et le gagnera en 1987. La fédération a appliqué aux femmes les mêmes règles que les hommes (taille du ballon, durée des matchs…) et mis en place des formations d’arbitres et d’entraîneuses. Elle a aussi réformé ses statuts pour imposer la présence d’une femme au moins dans chacune de ses instances. A 31 ans, Ellen Wille intègre le comité exécutif. Et, avec elle, la fédération veut pousser son avantage en s’attaquant à l’institution la plus conservatrice qui soit : la FIFA. Elle raconte : « Les membres du comité exécutif ont été géniaux. Tout le monde voulait aller à Mexico, en 1986, où devait se dérouler le congrès de la FIFA. Mais nous n’avions que trois places… » Ils lui donnent alors sa chance. « On s’est dit que ce serait bien plus fort qu’une femme prenne la parole, plutôt que le président de la fédération. Et mon idée, c’était qu’il fallait prendre la FIFA par surprise : demander la création d’une Coupe du monde au micro, pour qu’ils n’aient pas le temps de se retourner. Notre stratégie, c’était la provocation. Et c’était la seule chance que ça marche. » Faute d’images et de souvenirs précis d’Ellen Wille, on ne peut qu’imaginer le visage, défait ou incrédule, des quelque 200 délégués des fédérations nationales voyant monter, pour la première fois en quatre-vingt-deux ans d’existence, une femme à la tribune d’un congrès de la FIFA ; et plus encore, la surprise de Joao Havelange, président, et Sepp Blatter, secrétaire général, aucun n’étant connu pour être un farouche avocat de la cause féministe. Il y a bien d’autres femmes dans la salle, mais elles sont derrière une vitre : ce sont les traductrices qui parlent aux oreilles des messieurs. Lire aussi : La footballeuse Lily Parr, à jamais la première La promesse de Sepp Blatter Ellen Wille se base sur un fait : l’épais rapport annuel de la FIFA, qui a été distribué aux délégués, ne comporte qu’une demi-page sur le football féminin. « J’étais choquée. Je le leur ai dit. » Dans la foulée, elle réclame que les règles chez les femmes soient les mêmes – ballon de taille 5, mi-temps de quarante-cinq minutes – et, surtout, qu’elles disposent de compétitions leur permettant de s’opposer, la Coupe du monde et les Jeux olympiques. Habilement, Joao Havelange, alors président de la FIFA depuis douze ans, renvoie la patate chaude à Sepp Blatter, rédacteur du rapport annuel. « Le président Joao Havelange m’a critiqué, racontait Sepp Blatter en 1999. Il m’a dit : “Désormais, souviens-toi du football féminin !” » Blatter, décontenancé, répond en substance : « Chiche ! » Et promet de créer une Coupe du monde féminine, ce qui sera fait cinq ans plus tard. Ellen Wille n’en revient pas. Et pense que cette décision instinctive n’avait pas grand-chose à voir avec un quelconque intérêt pour le football pratiqué par les femmes. « Mon impression, c’est qu’ils se sont dit qu’il était temps. Une Coupe du monde non officielle avait déjà été organisée à deux reprises. Je pense que la FIFA avait pris trop de retard et que leurs dirigeants ont estimé qu’il était temps de se rattraper. » Au sortir de la réunion, Ellen Wille se souvient pêle-mêle des demandes d’autographe de ses pairs, d’une interview avec la télévision brésilienne et de la colère des Suédois et Danois, qui se disent que l’initiative aurait dû venir d’eux, les vrais précurseurs du football féminin. Jusqu’en 2011, aucune nouvelle de la FIFA Après ce moment fondateur, la carrière d’Ellen Wille dans les instances aurait dû être météorique. Mais elle s’écrase dès l’année suivante : en 1987, un scandale financier provoque le renversement du bureau exécutif de la Fédération norvégienne. Ellen Wille, en parallèle de sa carrière de professeure, ne quitte pas pour autant le monde du football et s’investit dans le plus grand club féminin de Norvège, Asker. Mais la FIFA va vite l’oublier. « J’étais très malheureuse après 1987. J’avais l’impression d’avoir lancé un mouvement sans avoir pu le mener à son terme. » Malgré ses demandes, les femmes joueront des mi-temps de quarante minutes. Et la FIFA, par crainte de saper l’image de marque de la Coupe du monde, baptise la compétition « Championnat du monde de football féminin pour la Coupe M&M’s ». Ellen Wille n’est pas conviée à la compétition et n’entendra pas parler de la FIFA jusqu’en 2011, lorsqu’elle est invitée à assister au match d’ouverture de la Coupe du monde, à Berlin. Lors d’un dîner de gala, Sepp Blatter salue sa présence. « Il a dit : “Cette femme m’a défié.” C’est ce que j’ai fait, oui ! » La retraitée norvégienne a les yeux qui pétillent. Cet été, faute d’invitation à la Coupe du monde en France, elle a préféré les charmes de Salamanque (Espagne).
En 1986, pour la première fois, une femme prend la parole au congrès de la FIFA et réclame la création d’un Mondial féminin. Rencontre avec cette téméraire oubliée de tous, à Oslo.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/20/ellen-wille-la-norvegienne-qui-a-defie-la-fifa_5478814_1616938.html
mlsum-fr-486
Peggy’s Cove, l’une des destinations les plus populaires de la Nouvelle-Écosse, est un pittoresque village de pêcheurs aux allures de carte postale. Mieux vaut se rendre tôt sur place, afin d’admirer le phare et se balader sur les rochers avant l’arrivée des groupes. À environ une heure d’Halifax, Lunenburg charme avec ses façades colorées et ses histoires de marins. Le Fisheries Museum of the Atlantic propose une immersion dans la vie de ces derniers et relate certains naufrages marquants. Saviez-vous que non loin de là, Oak island, l’une des 350 îles de la baie, attire des chercheurs de trésors depuis le milieu des années 1790 ? Pirates ou templiers – les hypothèses sont nombreuses -, ceux qui l’auraient caché ont réussi leur mission puisque qu’aucune des équipes qui se sont relayées au fil des années n’est parvenue à mettre la main sur le butin. Même Franklin D. Roosevelt a pris part aux fouilles en 1909 ! On raconte que les légendaires acteurs américains Errol Flynn et John Wayne ont aussi fait escale sur l’île mystérieuse. Lunenburg À la conquête des vignobles Préférez-vous la bière, le cidre, les spiritueux ou le vin ? Si vous avez répondu « l’ensemble de ces réponses », vous adorerez la Good Cheer Trail, une autre sorte de chasse au trésor. Lors de chacune des visites de vignoble, brasserie, cidrerie ou distillerie, le visiteur reçoit un timbre. Une fois son passeport complété, il court la chance de remporter un grand prix. Les amateurs de vin à la recherche d’une manière décalée de découvrir les vignobles opteront quant à eux pour le Wolfville Winery Magic Bus, à bord d’un bus à deux étages. Le concept est simple : le véhicule suit un itinéraire d’une soixantaine de minutes, et les passagers descendent et montent aux vignobles de leur choix, au moment qui leur convient. ©Tourism Nova Scotia / Acorn Art Photography Sur les traces des autochtones À environ une heure au nord d’Halifax, le Millbrook Heritage Centre offre une immersion dans l’univers des Mi’kmaqs grâce à une présentation multimédia, des artéfacts et des activités. Il est notamment possible de fabriquer son propre tambour. Si vous filez plutôt vers le Sud, à moins de deux heures de route, la Sipuke’l Gallery de Liverpool expose les œuvres d’artistes autochtones de la Nouvelle-Écosse, mais aussi du reste du Canada. On peut également fabriquer son propre capteur de rêves, objet d’artisanat qui, selon la croyance, filtre les songes afin de laisser passer seulement les bons. Le Parc national et lieu historique national Kejimkujik recèle sa part d’aventures hors du commun qui allient culture et nature. En plus des excursions en canot ou en kayak – accessibles à tous les niveaux de pagayeurs -, de la pêche et du camping, il est possible de partir à la découverte de certains des 500 pétroglyphes du site, qui témoignent des 4000 ans d’histoire des Mi’kmaqs. Ces scènes gravées dans la pierre, qui représentent notamment des chasseurs de marsouins en canot à voile, peuvent être vues le long des rives de Kejimkujik. Kejimkujik ©Tourism Nova Scotia / Acorn Art Photography Le soir venu, il suffira de lever les yeux pour assister au plus beau des spectacles. Kejimkujik abrite une réserve de ciel étoilé, ce qui en fait un site de choix pour scruter le ciel sans pollution lumineuse. Des randonnées de nuit sont même organisées pour profiter pleinement de l’expérience. Impossible de ne pas faire de beaux rêves après de pareilles aventures ! ©Tourism Nova Scotia Envolez-vous de Paris à Halifax avec WestJet pour explorer la Nouvelle-Écosse et le Canada atlantique.
Poser ses valises à Halifax est idéal pour explorer les environs, que l’on souhaite découvrir des villages de pêcheurs, déguster des vins locaux ou s’initier à la culture autochtone.
https://voyage-canada.lemonde.fr/nouveau-brunswick-nouvelle-ecosse/escapades-dun-jour-depuis-halifax/?utm_source=inflow_halifax_escapadesdunjourdepuishalifax
mlsum-fr-487
Anne Hidalgo, la maire de Paris, avec Patrice Vergriete, son homologue de Dunkerque, la veille du lancement des DK’Bus, 30 octobre 2018. PHILIPPE HUGUEN / AFP Dans la communauté d’agglomération de Dunkerque, le transport en bus est gratuit depuis un an et les conséquences sont assez spectaculaires. Entre le 1er septembre 2018 et le 31 août 2019, la fréquentation a bondi de 65 % en semaine et 125 % le week-end, soit une moyenne de 85 %. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dunkerque, plus grande collectivité d’Europe à adopter la gratuité des transports En devenant, le 1er septembre 2018, la plus grande agglomération de France et d’Europe à instaurer la gratuité pour tous sur l’ensemble de son réseau de bus, Dunkerque a modifié en profondeur les habitudes des 200 000 habitants des 17 villes de sa communauté urbaine. Une étude des chercheurs de l’association VIGS (Villes innovantes et gestion des savoirs) a permis de quantifier le nombre de nouveaux usagers : 50 %, dont 48 % ont abandonné la voiture, notamment des retraités ou des cadres. « C’est inouï ce report modal, explique le président de la communauté urbaine de Dunkerque, Patrice Vergriete, aussi maire de la ville. Et même si nous ne pouvons pas mesurer précisément l’impact sur la pollution de l’air [du fait de la présence d’ArcelorMittal, considéré comme le plus gros pollueur industriel des Hauts-de-France], la question environnementale est un succès. » « On a gagné 20 % de clients en plus » Certains parkings du centre, habituellement complets, sont désormais vides pour un tiers. Une opportunité unique pour l’équipe municipale qui y imagine déjà des constructions de logements, de commerces ou des aménagements de parcs. Chercheur et président du comité scientifique de l’Observatoire des villes du transport gratuit, Maxime Huré explique : « La particularité de Dunkerque, c’est qu’il s’agit d’un projet politique. La gratuité s’insère dans un projet plus général de réattractivité du centre-ville : c’est une politique urbaine globale. » En 2014, le choix d’abandonner le projet de construction d’une salle de sport et de spectacle de 8 000 places, souhaité par le précédent maire, au profit d’une nouvelle offre de transports gratuits, a permis de réaliser 65 millions d’euros de travaux dans un lifting complet du réseau de bus. L’ensemble du cœur de ville a bénéficié de ces aménagements. Après deux années difficiles, à subir les travaux, la gérante du bar L’Eclipse a le sourire : « La place et les trottoirs ont été refaits et, maintenant, avec les deux arrêts de bus en face de notre commerce, on a gagné 20 % de clients en plus. » Marilyne Gore faisait pourtant partie des sceptiques : « Je n’y croyais pas mais c’est vraiment une révolution, ce bus. »
Depuis la mise en place de cette mesure en septembre 2018, la fréquentation des bus a bondi de 65 % en semaine, et de 125 % le week-end. D’autres villes pourraient également se lancer dans la gratuité totale des transports publics.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/04/a-dunkerque-la-gratuite-du-transport-public-est-plebiscitee_6017944_3234.html
mlsum-fr-488
Des débris de pierres jonchent la rue à Le Teil, à l’ouest de Montélimar, touché par le séisme de magnitude 5, lundi 11 novembre. JEFF PACHOUD / AFP Lundi 11 novembre, un séisme de magnitude 5 sur l’échelle de Richter a touché la Drôme et l’Ardèche, provoquant quatre blessés et des dégâts matériels importants. Pour Martin Vallée, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris, le phénomène n’est pas une surprise, même s’il est relativement important pour la France, une zone sismique peu active. Le séisme de lundi est-il un phénomène nouveau et surprenant ? Martin Vallée : Pas vraiment. Il a eu lieu dans une zone sismique qui est modérément active dans un pays qui est lui-même peu actif. Donc un séisme de magnitude 5 sur l’échelle de Richter est relativement fort pour la France mais n’a rien d’exceptionnel. De plus, on savait que le risque n’était pas nul, et des séismes de cette magnitude touchent notre pays tous les cinq ou dix ans, en moyenne. L’épicentre se trouve d’ailleurs assez proche de la faille des Cévennes. Cependant, comme ces failles produisent peu de séismes, il est difficile d’obtenir une garantie de leur activité dans les derniers milliers d’années et donc de savoir s’il peut se produire un séisme dans les années qui viennent. C’est assez hasardeux, contrairement au cas des zones sismiques actives où les séismes, fréquents, sont plus faciles à prédire. Les risques sismiques sont-ils en augmentation en France ? Ce n’est pas parce qu’on a eu un séisme en Ardèche que cela va donner lieu à une augmentation de la sismicité en France ! Il n’y a pas plus de risque après un séisme que le risque aléatoire. En revanche, il y a un risque de réplique, qui est généralement deux niveaux en dessous du séisme originel, donc on pourrait s’attendre à des répliques de niveau trois autour du séisme d’hier. Pour le moment, ce n’est pas le cas. A une échelle plus globale, il n’y a pas de recrudescence des séismes dans le monde. Les problèmes planétaires comme le dérèglement climatique n’ont, à notre connaissance, aucune conséquence sur l’activité sismique. En revanche, quand on chatouille la Terre, il y a des conséquences. L’extraction des ressources pétrolières non conventionnelles, aux Etats-Unis, a eu une conséquence sur l’activité sismique autour de l’Oklahoma. Ils ont pris des mesures, mais l’activité a considérablement augmenté parce qu’ils réinjectaient des fluides très profondément dans le sol. Des pratiques que l’on n’a pas en France. Quelles sont les infrastructures les plus sensibles aux risques sismiques ? Les centrales nucléaires sont très protégées face au risque de séismes. Les spécialistes évaluent à quelle magnitude et à quelle distance de la centrale peut se produire un séisme et appliquent ensuite une marge de sécurité additionnelle. Le risque est largement pris en compte, surtout depuis Fukushima, où le risque avait été sous-évalué. Une marge est toujours appliquée, et ce même face à un événement déjà improbable en lui-même. Si, malgré tout, un scénario hors norme se produisait, le séisme pourrait fissurer des éléments de la centrale. Les autres infrastructures pour lesquelles les risques sismiques sont très pris en compte sont les barrages. Il existe un protocole à suivre en cas de séisme à proximité, notamment pour l’évacuation des habitants. Les sites Seveso ont aussi des normes largement plus restrictives que celles des maisons individuelles. On ne peut pas protéger toutes les constructions au niveau maximal. Quand le risque est très grand, la construction le prend en compte, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il est jugé comme minime.
Pour le sismologue Martin Vallée, le séisme qui a touché l’Ardèche et la Drôme « n’a rien d’exceptionnel » et les risques sismiques n’ont pas augmenté en France ou dans le monde ces dernières années.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/12/un-seisme-comme-celui-de-montelimar-touche-notre-pays-tous-les-cinq-ou-dix-ans_6018903_3244.html
mlsum-fr-489
Lors de l’assemblée générale du groupe Orange, à Paris, le 21 mai. ERIC PIERMONT / AFP Le gendarme des télécoms sera-t-il bientôt privé de son sifflet ? Le risque pour l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) est réel. Selon nos informations, Orange a déposé, jeudi 29 août, une requête devant le Conseil d’Etat pour une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) ciblant le régulateur des télécoms. L’ex-France Télécom y conteste une mise en demeure reçue du régulateur le 18 décembre 2018, qu’il souhaite faire annuler, estimant que les principes de séparation des pouvoirs et d’impartialité garantis par la Constitution ne sont pas respectés au sein de l’Arcep. Si Orange obtient gain de cause, le gendarme des télécoms pourrait perdre son pouvoir de sanction vis-à-vis des opérateurs. Une décision qui pourrait alors, par voie de conséquence, menacer le respect des engagements pris par les opérateurs sur le déploiement de la 4G et du très haut débit. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Télécoms : après Orange, l’Arcep rappelle à l’ordre SFR sur la qualité de ses services Un précédent en 2013 Concrètement, Orange reproche à l’Arcep d’être à la fois juge et partie, jugeant que les trois formations de l’Arcep, l’une ayant pour mission d’édicter des normes pour le marché, une autre de contrôler et d’enquêter et la dernière de sanctionner, ne seraient pas aussi étanches entre elles qu’elles devraient l’être selon le respect de la Constitution. Chargée d’assurer la régulation du secteur des télécoms, en définissant entre autres des règles de jeu communes à l’ensemble des acteurs du marché pour garantir une saine concurrence, l’Arcep dispose également dans ses attributions, en tant qu’autorité administrative indépendante, de pouvoirs d’enquête et, le cas échéant, de sanction. Des attributions qui lui permettent de délivrer des cartons rouges aux opérateurs lorsque ces derniers ne respectent pas leurs obligations. Orange en a notamment fait les frais, écopant depuis octobre de trois mises en demeure : la première sur ses obligations de qualité de service liée au service universel de téléphonie fixe, la deuxième sur ses obligations d’ouverture de son réseau cuivre sur le marché des entreprises, et la troisième sur la tenue de ses engagements de déploiement de la fibre dans les villes moyennes. Autant de décisions qui ont irrité l’opérateur historique. Il ne s’agit pas d’une première pour le régulateur. Un précédent avait déjà eu lieu le 18 février 2013. A l’époque, le câblo-opérateur Numericable, qui a depuis fusionné avec SFR après le rachat de ce dernier, avait saisi le Conseil d’Etat d’une question prioritaire de constitutionnalité à la suite d’une sanction de 5 millions d’euros infligée par l’Arcep en décembre 2011 dans le cadre, ironie du sort, d’un conflit avec France Télécom.
Le régulateur pourrait perdre son pouvoir de sanction sur les opérateurs télécoms, notamment concernant la couverture réseau dans le déploiement de la 4G.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/03/orange-veut-museler-l-arcep_5505712_3234.html
mlsum-fr-490
Mounir Baatour, le 8 août. HASSENE DRIDI / AP L’avocat tunisien Mounir Baatour, qui affiche son homosexualité et se présente comme défenseur des droits des LGBTQ même s’il est contesté au sein de cette communauté, a déposé jeudi 8 août sa candidature pour la présidentielle en Tunisie, une première dans le monde arabe. Lire aussi En Tunisie, le premier ministre Youssef Chahed se présente à la présidentielle Pour sa formation, le Parti libéral, cette candidature est « une première qui fera, nul doute, référence dans l’histoire : un candidat ouvertement gay se déclare candidat à l’élection présidentielle tunisienne ». Au sein de l’association de défense des LGBTQ Shams (« soleil », en arabe), dont il est cofondateur, M. Baatour réclame depuis des années l’abrogation de l’article 230 du code pénal qui punit de trois ans de prison la sodomie. Pour en savoir plus sur « Shams » : En Tunisie, une ONG s’engage publiquement pour défendre les droits des homosexuels « Le fait que je sois homosexuel ne change rien du tout. C’est une candidature comme les autres qui n’a rien d’unique. J’ai un programme économique, social, culturel et éducatif de tout ce qui intéresse les Tunisiens dans leur vie quotidienne », a déclaré M. Baatour à l’Agence France-Presse (AFP). Opposition d’associations LGBTQ Toutefois, près d’une vingtaine d’associations défendant les droits des personnes homosexuelles et trans en Afrique du Nord et sur le pourtour méditerranéen ont estimé dans une pétition que M. Baatour représente un « danger » pour la communauté LGBTQ. Cet avocat à la Cour de cassation, également président du Parti libéral, avait purgé en 2013 trois mois de prison pour « sodomie » avec un lycéen de 17 ans, des faits qu’il a toujours niés. En Tunisie, la sodomie est réprimée par la loi. Les candidatures de personnes condamnées pénalement peuvent être acceptées en Tunisie, sauf si les jugements sont assortis d’une peine d’interdiction à se présenter. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Tunisie, le combat fragile des homosexuels pour la reconnaissance En juillet, plusieurs associations LGBTQ avaient déjà exprimé leur opposition à la candidature de l’avocat. « Nous ne soutenons pas la candidature de M. Baatour (…) qui ne représente en aucun cas la communauté LGBTQ, ni notre mouvement en Tunisie », ont écrit les auteurs de cette pétition transmise à l’AFP. « Nous considérons que M. Baatour représente non seulement une menace mais aussi un énorme danger pour notre communauté », ont-ils ajouté. Parmi les dix-huit signataires, figurent onze associations tunisiennes, comme Chouf, Mawjoudin ou Queer of the Bled, association enregistrée en France dont le but est de rendre plus visibles les personnes LGBTQ migrantes et des pourtours de la Méditerranée. L’Instance indépendante chargée des élections (ISIE) annoncera le 31 août quelles candidatures elle valide pour l’élection du 15 septembre.
En juillet, plusieurs associations LGBTQ avaient cependant exprimé leur opposition à cette candidature. M. Baatour avait en effet été condamné en 2013 pour « sodomie » avec un mineur, des faits qu’il a toujours niés.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/08/l-avocat-mounir-baatour-ouvertement-homosexuel-se-presente-a-la-presidentielle-tunisienne-une-premiere-dans-le-monde-arabe_5497828_3212.html
mlsum-fr-491
[Vendredi 28 juin, l’Espagne a demandé officiellement à la France l’extradition deJosu Urrutikoetxea, dit « Josu Ternera », ex-dirigeant de l’organisation séparatiste basque ETA. Arrêté en mai, à Sallanches (Haute-Savoie), après dix-sept ans de cavale et de clandestinité, l’ancien « etarra » était recherché notamment pour son implication présumée dans l’attentat commis, en 1987, contre une caserne de la garde civile à Saragosse, qui avait coûté la vie à onze personnes, dont cinq enfants. Pour l’heure, Josu Ternera est en détention provisoire à la prison de la Santé, à Paris, en attente de la décision de la Cour d’appel de Paris sur une possible libération conditionnelle et sur les mandats d’arrêts émis par l’Espagne. Le 22 mai, Le Monde publiait une tribune de l’ex-dirigeant du Sinn Féin irlandais Gerry Adams et de l’ancien responsable de l’ANC sud-africaine Ronnie Kasrils, qui appelaient à soutenir Josu Urrutikoetxea, qui a, selon eux, « joué un rôle crucial dans l’élaboration du processus de paix au Pays basque ».] Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gerry Adams et Ronnie Kasrils : « Il faut soutenir Josu Urrutikoetxea, artisan de la paix » La mémoire n’est pas solide. Pas plus la mémoire personnelle que celle des communautés. Cependant la justice ne peut être liquide. Nous savons, nous savons bien pour en avoir souffert avant, que, lorsque la morale courante est subvertie par la peur ou par la propagande, la perception des seuls innocents – les victimes – peut se dégrader au point que l’opinion commune les considère comme moins innocents. Et qu’elle considère comme moins coupables leurs assassins et prédateurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le gouvernement espagnol demande l’extradition de Josu Urrutikoetxea C’est en ce moment, tout spécialement, que nous avons besoin de nous armer contre l’impunité et le négationnisme des grands crimes ou criminels. Josu Urrutikoetxea – « Josu Ternera » – a dirigé, plus de vingt ans durant, la stratégie du groupe terroriste ETA d’assassinats de centaines de personnes, dont ceux, délibérés, d’enfants : il est le responsable direct de la persécution de milliers de familles. Le responsable d’une stratégie de persécution totale incluant le silence imposé, l’interdiction du droit de penser librement, la traque, l’extorsion, la violence physique et l’expulsion des réfractaires à ses critères identitaires exclusifs. Je ne le sais que trop pour être née et avoir grandi dans l’épicentre de la culture nationaliste exclusive et totalitaire, rendue obligatoire en tous lieux. Une pathologie national-populiste très agressive s’est développée parmi les terroristes et la branche politique d’ETA, sous l’autorité de Josu Urrutikoetxea. On prétend aujourd’hui blanchir ces actes, façon la plus commode mais la moins utile à long terme, d’affronter ce passé.
En réponse à la demande de libération de l’ancien leader de l’organisation séparatiste formulée par des intellectuels et des hommes politiques français et étrangers, la députée européenne rappelle que la justice doit être la même pour tous.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/04/maite-pagazaurtundua-contre-l-impunite-de-l-ex-dirigeant-d-eta-josu-urrutikoetxea_5485169_3232.html
mlsum-fr-492
Quelque peu éclipsé par l’emblématique ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, l’accès aux origines prévu dans le projet de loi de révision de bioéthique a été adopté mercredi 2 octobre à l’Assemblée, par 57 voix 16 contre, et 10 abstentions. L’article 3 qui le consacre permet aux personnes nées au terme d’une PMA avec tiers donneur d’accéder, à leur majorité et à la double condition qu’elles en aient connaissance et le souhaitent, à des informations non identifiantes et à l’identité de leur géniteur, ce qui est actuellement impossible. Bien que la loi ne soit pas rétroactive, que pensent de ce nouveau droit d’accès aux origines ceux qui, un jour, ont donné leur sperme pour aider un couple infertile à concevoir un enfant ? Les lecteurs qui ont répondu à l’appel à témoignages diffusé fin septembre sur le site du Monde n’apportent pas, loin s’en faut, une réponse unanime à cette question. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Moi, Rémi, 38 ans, né d’un don de sperme et donneur à mon tour Leurs motivations apparaissent en réalité comme le seul terreau commun. A l’exception de ceux qui ont effectué ce geste à une époque où il pouvait être rémunéré (avant la première loi de bioéthique, en 1994) – « 400 francs l’acte pour un maximum de trois actes espacés de quinze jours », se souvient l’un d’eux – la plupart des répondants ont simplement donné pour aider. Un acte de générosité souvent lié à la découverte de la situation de couples proches concernés par des situations d’infertilité. « L’anonymat était pour moi une évidence » Pour Amaury, le passage à l’éprouvette a ainsi été provoqué par les confidences d’un couple d’amis en procédure de PMA. « Mon don leur a permis de réduire de six mois leur délai d’attente » pour accéder à des gamètes, se réjouit-il. Dans certains centres d’études et de conservation des œufs et du sperme (Cecos), un donneur qui signale être envoyé par un couple en parcours de PMA permet à ce couple de remonter dans la file d’attente des dons. Le fait de devenir parents apparaît aussi souvent comme un déclencheur. Ce fut le cas pour Bruno Delaunay, sensibilisé aux problèmes d’infertilité après la naissance de ses jumeaux, grands prématurés, en 1994. « Avec mon épouse, nous avons croisé beaucoup de parents autour des couveuses, concernés par des difficultés de conception », se rappelle-t-il. La proximité du Cecos, situé dans l’enceinte de l’hôpital, a facilité sa démarche. A l’époque, « l’anonymat était pour moi une évidence et je ne l’aurais pas fait si ce n’avait pas été le cas, ajoute ce fonctionnaire de 56 ans. Je n’ai aucune envie qu’un jeune adulte me contacte aujourd’hui parce que j’aurais été à l’origine de sa naissance. Je me considère comme un simple instrument de “remplacement” ». Sur cet aspect, beaucoup lui font écho. Pour Jacques C., qui a franchi le pas il y a bien des années en se rendant au Cecos de Bordeaux, « il était en effet impensable que je puisse un jour avoir des contacts avec le “produit de ma semence” ». Tous en sont convaincus et le disent peu ou prou dans les mêmes termes : « Est père celui qui élève les enfants, et non celui qui est le simple géniteur. »
L’Assemblée nationale a voté, mercredi, le droit d’accès aux origines pour les personnes nées d’une PMA avec don de gamètes. Une mesure qui fait craindre une chute des dons.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/03/dons-de-sperme-l-anonymat-etait-pour-moi-une-evidence_6014068_3224.html
mlsum-fr-493
Jean-Luc Mélenchon, lors de la marche « Stop à l’islamophobie », à Paris, le dimanche 10 novembre. FRANCE KEYSER POUR « LE MONDE » Si le succès d’une manifestation se mesure au nombre de participants, il s’évalue également aux leaders d’opinion qui font le déplacement. A cette aune, la manifestation « Stop à l’islamophobie » du dimanche 10 novembre a réussi son pari. Plusieurs figures de la gauche ont bravé le froid et le crachin de novembre pour faire partie des 13 500 personnes venues défiler contre la stigmatisation des Français de confessions musulmanes. Un seul parti manquait à l’appel de cette initiative inédite lancée dans les colonnes de Libération le 1er novembre : le Parti socialiste. Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, ne souhaite pas, en effet, associer son parti à un rassemblement « initié par le Collectif contre l’islamophobie en France et des individus qui ont des revendications qui ne sont pas les nôtres ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment l’islamophobie déchire la gauche française Si certains comme François Ruffin et Adrien Quatennens (La France insoumise, LFI) ainsi que Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts, EELV), s’étaient excusés, on pouvait ainsi croiser, entre gare du Nord et Nation, Olivier Besancenot (Nouveau Parti anticapitaliste, NPA), Ian Brossat (Parti communiste français, PCF), Benoît Hamon, incognito, et Guillaume Balas (Génération. s), Esther Benbassa, sénatrice EELV de Paris, et de nombreux « insoumis », dont Jean-Luc Mélenchon. La présence du député des Bouches-du-Rhône, militant républicain et laïc revendiqué, a étonné jusque dans ses propres rangs. L’un de ses proches, Benoît Schneckenburger, a ainsi dressé une critique longue et argumentée de la position de l’ancien candidat à l’élection présidentielle, sans toutefois le nommer. « Ambiance de haine » Par ailleurs, une scène qui eut lieu dimanche après-midi devrait laisser des traces chez les « insoumis », peu enclins aux démonstrations publiques de la foi : l’un des initiateurs de la manifestation, Marwan Muhammad, a lancé sur un camion sono plusieurs « Allahou Akbar [ “Dieu est grand”] », repris par la foule. « On dit “Allahou Akbar” parce que l’on est fiers d’être musulmans et on est fiers d’être citoyens français. (…) Parce qu’on en a marre que des médias fassent passer cette expression religieuse pour une déclaration de guerre. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Madame, vous ne partirez pas avec votre foulard » en sortie scolaire Face aux interrogations, M. Mélenchon a tenu à s’expliquer avant la manifestation, lors d’une conférence de presse. Pour lui, il était inenvisageable de ne pas répondre à « l’ambiance de haine contre les musulmans » qui s’exprime en France de façon exacerbée, selon lui, depuis l’arrivée d’Eric Zemmour sur CNews et l’attaque de la mosquée de Bayonne par un militant du Rassemblement national, fin octobre. « Nous devons entourer d’affection et de fraternité ceux qui sont montrés du doigt. Il faut faire bloc, serrer les rangs autour des victimes, a-t-il ainsi souligné. La patrie devient républicaine à partir du moment où chacun peut trouver sa place. » « Fraternel, sans provocation » L’ancien sénateur socialiste estime ainsi que la cause de la lutte contre l’islamophobie dépasse les différends sémantiques à propos des « lois liberticides » – les rédacteurs de l’appel visent, sous ce vocable, les textes de 2004 (sur les signes religieux à l’école) et de 2010 (sur l’interdiction de la burqa) – et également la présence de certains religieux parmi les signataires de l’appel. « Notre parole, celle des militants laïcs, a au moins autant de poids que la leur [celle des religieux] », a répondu M. Mélenchon. Une chose est sûre : l’accueil du parlementaire par les manifestants fut plus que cordial, beaucoup se félicitant de sa présence. L’ambiance dans la foule était, il est vrai, bon enfant et familiale, pacifique. On pouvait aussi voir plusieurs drapeaux tricolores. « De ce que j’ai vu de cette manifestation, c’était fraternel, sans provocation. Cela faisait plaisir. Je n’ai entendu que des chants républicains comme “Laïcité, on t’aime”, La Marseillaise. Des chants d’unité et de solidarité », avance le député LFI de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Histoires de voiles, des femmes témoignent
Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et plusieurs autres figures de la gauche ont participé au défilé, qui a rassemblé 13 500 personnes, dimanche à Paris.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/10/la-gauche-presque-au-complet-a-la-manifestation-contre-l-islamophobie_6018705_823448.html
mlsum-fr-494
Une richesse pétrolière convoitée par l’Australie Entre l’Australie et le Timor oriental, les relations sont complexes, du fait de la présence d’immenses réserves de gaz et de pétrole dans la mer de Timor, qui sépare les deux Etats. Longtemps exploitée au profit de l’Australie, cette richesse est essentielle pour le Timor oriental. Infographie Le Monde Des relations apaisées avec l’Indonésie Les relations avec l’Indonésie,ancienne puissance occupante, sont aujourd’hui apaisées, après de longues années de conflit qui ont fait entre 100 000 et 200 000 morts dans un pays comptant à l’époque 700 000 habitants. Voisin direct, il est devenu le partenaire économique essentiel. Infographie Le Monde Une implantation chinoise croissante Comme partout dans la région, la Chine investit et s’implante dans un contexte de confrontation avec les Etats-Unis qui s’inquiètent pour leurs intérêts. Infographie Le Monde XVIe siècle. Les Portugais colonisent l’île de Timor. Les Portugais colonisent l’île de Timor. 1859. Le Portugal cède la partie occidentale de l’île aux Hollandais. Elle deviendra indonésienne lors de l’indépendancede l’Indonésie, en 1945. Le Portugal cède la partie occidentale de l’île aux Hollandais. Elle deviendra indonésienne lors de l’indépendancede l’Indonésie, en 1945. 1975. Le 28 novembre, le Front révolutionnaire du Timor oriental indépendant déclare l’indépendance du pays. Le 7 décembre, l’Indonésie envahit le territoire. Le 28 novembre, le Front révolutionnaire du Timor oriental indépendant déclare l’indépendance du pays. Le 7 décembre, l’Indonésie envahit le territoire. 1976. L’ Australie reconnaît l’annexion par l’Indonésie et bloque les motions sur l’autodétermination du Timor oriental à l’ONU, jusqu’en 1998. L’ Australie reconnaît l’annexion par l’Indonésie et bloque les motions sur l’autodétermination du Timor oriental à l’ONU, jusqu’en 1998. 1989. L’Australie signe avec l’Indonésie le traité du Timor Gap, instaurant l’exploitation commune des hydrocarbures, très largement en sa faveur. L’Australie signe avec l’Indonésie le traité du Timor Gap, instaurant l’exploitation commune des hydrocarbures, très largement en sa faveur. 1991. L’armée indonésienne massacre 250 personnes à Dili, dans le cimetière de Santa-Cruz. L’armée indonésienne massacre 250 personnes à Dili, dans le cimetière de Santa-Cruz. 1999. 78,50 % des Timorais votants se prononcent pour l’indépendance lors d’un référendum sous l’égide de l’ONU. 78,50 % des Timorais votants se prononcent pour l’indépendance lors d’un référendum sous l’égide de l’ONU. 2002. Le Timor oriental devient indépendant. Le Timor oriental devient indépendant. 2011. Le Timor oriental demande à rejoindre l’Asean. Ses pays membres sont réticents, en raison de sa fragilité économique et de l’influence de la Chine sur le pays. Le Timor oriental demande à rejoindre l’Asean. Ses pays membres sont réticents, en raison de sa fragilité économique et de l’influence de la Chine sur le pays. 2018. Traité avec l’Australie sur l’exploitation des hydrocarbures et la délimitation de la frontière internationale.
La situation stratégique et les richesses en pétrole et en gaz de cette moitié d’île de l’Asie du Sud-est suscite l’appétit des puissances indonésienne, australienne et chinoise.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/06/timor-oriental-un-territoire-convoite_5507291_3210.html
mlsum-fr-495
Une femme brandit une banderole indiquant « Libérez les prisonniers politiques » devant la prison de Lledoners, à Sant Joan de Vilatorrada (Catalogne), où des dirigeants catalans emprisonnés attendent le verdict de leur procès, le 14 octobre 2019. JON NAZCA / REUTERS Entre 9 ans et 13 ans de prison pour sédition, malversation de fonds publics et désobéissance. Le verdict du procès des dirigeants indépendantistes catalans est tombé lundi 14 octobre à Madrid. Deux ans après la tenue du référendum illégal d’autodétermination du 1er octobre 2017 et de la déclaration d’indépendance unilatérale qui a suivi, la Cour suprême a rendu ses conclusions. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La fin sous tension du procès des Catalans indépendantistes A l’unanimité, les sept magistrats ont rejeté le très contesté chef d’accusation de « rébellion », défendu par le parquet général de l’Etat, passible de vingt-cinq ans de prison. Il n’avait été appliqué qu’une fois depuis le retour de la démocratie : contre le général Tejero pour la tentative de coup d’Etat du 23 février 1981. Ils lui ont préféré celui de sédition. Alors que la rébellion est définie pénalement comme « un soulèvement violent contre l’ordre constitutionnel », la sédition est « un soulèvement public et tumultueux pour empêcher par la force ou en dehors des voies légales l’application des lois ». Les peines n’en restent pas moins lourdes. L’ancien vice-président du gouvernement catalan, Oriol Junqueras, de la Gauche républicaine catalane (ERC), écope de treize ans de prison et d’inéligibilité. « Il n’y a pas d’autre option que de construire un nouvel Etat pour fuir celui-ci qui pourchasse des démocrates », a réagi M. Junqueras dans une lettre écrite aux militants depuis sa cellule. Lire aussi A Barcelone, les indépendantistes entre démonstration de force et impuissance Cinq anciens ministres conseillers catalans ont été condamnés à des peines allant entre dix et douze ans de prison et d’inéligibilité. L’ancienne présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, écope d’une peine de onze ans et demi. Quant aux présidents des deux puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural, Jordi Cuixart et Jordi Sanchez, leur peine s’élève à neuf ans de prison. Trois autres ministres-conseillers catalans, ayant joué un rôle secondaire dans les faits reprochés, sont condamnés à de simples amendes. Clore le chapitre judiciaire Puisque neuf des condamnés ont déjà passé près de deux ans en prison préventive, certains devraient pouvoir bénéficier de permis de sortie dès les prochains mois, grâce au système espagnol d’aménagement de peines, qui permet des remises en liberté surveillée une fois purgé un quart de la durée de la peine. Depuis des jours, l’Espagne retenait son souffle dans l’attente de ce verdict considéré comme historique avant même qu’il ne soit rendu. Il tombe en pleine campagne électorale avant les législatives du 10 novembre. Pour certains analystes, il risque de ranimer un mouvement indépendantiste apathique et d’entériner la rupture sentimentale entre une partie de la Catalogne et le reste du pays. Pour d’autres, il permettra de clore le chapitre judiciaire et de remettre au premier plan la recherche de solutions politiques à la crise territoriale de la part du gouvernement de Pedro Sanchez. « L’Etat de droit a fonctionné avec transparence », a souligné le porte-parole du Parti socialiste, José Luis Abalos, en réponse aux avocats des dirigeants indépendantistes, qui entendent porter l’affaire devant le Tribunal supérieur de justice de l’Union européenne. A court terme, le pessimisme domine. Dans l’attente de possibles réactions violentes en Catalogne, des renforts de plusieurs centaines de policiers ont été envoyés récemment à Barcelone. Et l’incertitude demeure quant à la réaction institutionnelle que le gouvernement indépendantiste catalan entend déployer. « Aujourd’hui, nous sommes tous condamnés », a réagi le président du Parlement catalan, Roger Torrent, quelques minutes après que les peines ont été connues, alors que de petites manifestations spontanées commençaient à se former dans les rues de Barcelone. La Généralité de Catalogne a multiplié ces derniers jours les appels enflammés à la désobéissance civile, tout en respectant les lois et les décisions de la justice espagnole. Ces dernières semaines, la réaction au verdict a commencé à s’organiser sur les réseaux sociaux. Une nouvelle plate-forme, appelée « Tsunami démocratique », est née sur Telegram pour coordonner les manifestations et autres possibles actions de protestation. Elle devait dévoiler lundi à 13 heures sa première action. De Bruxelles, où il a fui la justice espagnole, l’ancien président catalan Carles Puigdemont a quant à lui appelé tous les élus locaux indépendantistes à une réunion visant à définir une réaction conjointe au verdict. Lundi, la Cour suprême a annoncé qu’un nouveau « mandat d’arrêt européen et international » avait été lancé contre lui. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Catalogne, la dérive intolérante des indépendantistes
Douze dirigeants catalans étaient jugés en Espagne pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/14/neuf-dirigeants-catalans-condamnes-a-des-peines-de-prison_6015398_3210.html
mlsum-fr-496
Une « bakfietsmoeders », ou « mère à vélo-cargo », avec ses enfants dans une rue d’Amsterdam, en 2012. AMAURY MILLER / HH-REA Les promeneurs étourdis se laissent chaque fois surprendre. Deux fois par jour, avec la régularité d’un métronome, des centaines de vélos de toutes les couleurs envahissent les rues d’Amsterdam, de Rotterdam et d’Utrecht. Nombre de ces deux-roues sont équipés de longues caisses où s’agrippent un, deux, voire trois bambins en bas âge, devant lesquels pédalent – le plus souvent – des femmes. Aux Pays-Bas, on surnomme celles-ci les bakfietsmoeders, les « mères à vélo-cargo », et elles font couler beaucoup d’encre dans la presse locale. Pour certains, elles incarnent la gentrification des centres-villes. Pour d’autres, elles illustrent surtout cette spécificité néerlandaise, autre que la passion pour la bicyclette : la part très élevée du temps partiel féminin. Vu de Paris, de Londres ou de Stockholm, le chiffre a en effet de quoi dérouter : début 2019, selon Eurostat, 75,5 % des Néerlandaises occupaient un temps partiel (soit plus du double du taux des hommes, à 27,5 %), contre 28,5 % des Françaises (7,8 %), 32,8 % des Suédoises (13,6 %) ou encore 35,5 % pour la moyenne de la zone euro (9,4 %). Un chiffre à première vue paradoxal, lorsque l’on sait que, face au faible taux de chômage – 3,4 % seulement en juillet, selon les chiffres publiés vendredi 30 août par Eurostat –, de plus en plus d’entreprises se plaignent de la pénurie de main-d’œuvre. Pourtant, très peu envisagent d’offrir davantage de temps pleins aux femmes… « C’est d’autant plus étonnant que les Pays-Bas figurent parmi les champions européens de l’égalité des genres, remarque Blandine Mollard, de l’Institut européen pour l’égalité des genres (EIGE). Mais, dans le détail, ils affichent un retard persistant dans certains domaines, notamment sur le marché du travail. » Lire aussi En Europe, la lutte pour les droits des femmes peine à avancer Une arrivée tardive sur le marché du travail Pour le comprendre, un petit zoom en arrière s’impose. Si la patrie de Vermeer jouit aujourd’hui d’un marché de l’emploi et d’une conjoncture florissante (0,5 % de croissance au deuxième trimestre), cela tient beaucoup aux accords de Wassenaar, signés en 1982 entre le gouvernement et les partenaires sociaux. A l’époque, l’économie était engluée dans le marasme. « Pour regonfler la compétitivité, les syndicats ont accepté une longue période de modération salariale et le développement du temps partiel », détaille Paul de Beer, économiste à l’université d’Amsterdam. Au sein des ménages, la stagnation des salaires masculins fut compensée par l’entrée progressive des femmes dans l’emploi à temps partiel. Celui-ci était alors vu comme un outil d’émancipation, leur permettant de combiner vie professionnelle et familiale…
Aux Pays-Bas, les trois quarts des femmes occupent un temps partiel. Le pays souffre d’une pénurie de main-d’œuvre, mais beaucoup mettent en avant la qualité de vie que cela permet.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/31/heureuse-comme-une-neerlandaise-a-temps-partiel_5504786_3234.html
mlsum-fr-497
Lors de l’annonce, à Washington, mercredi 4 septembre, de l’amende de 170 millions de dollars infligée à YouTube, la filiale de Google, pour avoir exposé les enfants à des vidéos inappropriées et collecté des données personnelles les concernant. MANDEL NGAN / AFP Pertes & profits. Dorian n’est pas la seule menace climatique qui rôde en ce moment le long des côtes américaines. Lundi 9 septembre, un ouragan d’un autre genre devrait atteindre les rivages californiens. Ce jour-là, près d’une trentaine de procureurs généraux d’autant d’Etats américains devraient annoncer le lancement d’une enquête coordonnée sur les pratiques antitrust de Google. Une pratique qui permet aux justices des Etats de combiner leurs forces et de faire pression sur les autorités fédérales pour qu’elles lancent à leur tour une enquête approfondie. C’est ce qui s’était passé dans les années 1990 autour du cas Microsoft, accusé d’utiliser son monopole sur Windows pour entrer sur de nouveaux marchés. C’est la saison des intempéries à Mountain View, le siège de Google. La firme n’arrête pas d’empiler les sacs de sable face aux vagues qui déferlent. Elle a déjà été touchée par la tornade Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la concurrence, qui a infligé plus de 8 milliards d’euros d’amendes à la firme et entame une nouvelle enquête. Aux Etats-Unis, sa filiale YouTube va devoir payer 170 millions de dollars (154 millions d’euros) pour avoir exposé les enfants à des vidéos inappropriées et collecté des données personnelles les concernant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Concurrence, taxe GAFA : « Pour les grandes plates-formes Internet, le temps des explications approche » Victime de son succès Enfin, le Financial Times a soulevé un nouveau lièvre, mercredi 4 septembre, avec l’accusation d’un concurrent qui a porté plainte en Irlande, en affirmant que la firme exploitait les données de particuliers à des fins publicitaires sans les prévenir, ce qui est contraire au règlement général sur la protection des données européen. Bien sûr, Google n’est pas la seule victime de cette nouvelle météo politique. Facebook avait essuyé les premiers vents de la tempête avec les scandales à répétition sur la protection des données privées et Amazon est également dans le collimateur des autorités pour son appétit sans limites. Google apparaît de plus en plus victime de son succès. Sa réussite, dans le domaine de la publicité sur le Net, est tellement éclatante que toute tentative pour sortir de cette prison dorée est interprétée comme un abus de position dominante. Et les politiques, comme les cyclones, finissent toujours par s’attaquer aux îles les plus paradisiaques. Lire aussi Amende record mais indolore pour Facebook
Après l’Europe, une trentaine de procureurs généraux américains s’apprêtent à lancer une enquête coordonnée sur les pratiques antitrust de la firme. Les nuages s’accumulent sur un groupe victime, comme Facebook, de son succès planétaire, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/05/concurrence-ouragan-en-vue-sur-google_5506689_3234.html
mlsum-fr-498
La réforme en cours de préparation va-t-elle pousser les Français à retarder leur départ à la retraite ? « Rien n’est décidé », a assuré Emmanuel Macron lundi 26 août sur France 2. Le chef de l’Etat a loué le travail « remarquable » de Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire chargé du dossier qui a rendu ses recommandations en juillet, tout en indiquant que la réforme fera l’objet d’une vaste négociation avant son vote. Si le gouvernement s’est jusqu’ici engagé à ce qu’il reste possible de prendre sa retraite à 62 ans, il s’est aussi fixé comme objectif de mettre en place un régime équilibré sur le plan budgétaire. L’introduction d’un âge pivot en dessous duquel le montant des pensions de retraite ferait l’objet d’un « malus » répondait à cette priorité, mais ce point fait déjà l’objet de nombreuses critiques. C’est pourquoi Emmanuel Macron a laissé entendre que la réforme pourrait encore évoluer. Derrière des termes et mécanismes qui peuvent paraître techniques, ce débat est en fait tout ce qu’il y a de plus concret pour les salariés. Un nouveau système qui rendrait les anciennes règles obsolètes Dans le système actuel, il existe deux âges pour partir à la retraite : L’âge légal du départ en retraite (62 ans dans le cas général), à partir duquel il est possible de toucher une pension ; L’âge de la retraite à taux plein, en dessous duquel il est possible de partir, mais avec une pension réduite. Ceux qui ont cotisé moins longtemps que ne le prévoit la loi (172 trimestres, soit quarante-trois ans, pour les personnes nées après 1973) subissent en effet une décote jusqu’à l’âge de 67 ans, où le taux plein devient systématique. La réforme qui vise à mettre en place un régime « par points » change cette logique. L’âge légal du départ à 62 ans est conservé dans la formule proposée par le rapport de Jean-Paul Delevoye, mais l’âge de la pension à taux plein disparaît. Dans le système, le montant de la retraite est, en effet, calculé en fonction des points accumulés au cours de sa carrière. Plus on travaille, plus l’on cotise, et la notion de « taux plein » s’efface. Avec la réforme voulue par le gouvernement, le travailleur ne suit plus l’évolution de son nombre de trimestres validés, mais plutôt celle de son nombre de points, qui correspond à ses cotisations. C’est à partir de cette cagnotte virtuelle que le montant de sa pension sera calculé. L’âge pivot, une incitation à travailler plus longtemps Mais le rapport Delevoye dévoilé au début d’été va plus loin encore. Il introduit, en effet, un nouveau repère temporel dans le calcul du montant des retraites : le fameux « âge pivot », qui serait fixé à 64 ans en 2025 et évoluerait ensuite en fonction de l’espérance de vie. Concrètement, ceux qui partent en retraite à 62 ans dans un tel régime voient leur pension doublement pénalisée par ce système : Ils ont accumulé moins de points dans leur cagnotte virtuelle, ce qui correspond à une retraite plus faible ; Ils subissent une décote, qui serait de 5 % par année d’anticipation par rapport à l’âge pivot. A l’inverse, le système incite à partir au moins à l’âge pivot, voire même plus tard encore puisque les années de travail supplémentaire permettent de bénéficier d’un bonus de 5 % par an dans le calcul de sa retraite. En creux, cela incite les futurs retraités à prolonger leur carrière, sans que cela soit une obligation. Le système proposé par le haut-commissaire laisse tout de même la possibilité de partir à la retraite à 60 ans pour les carrières longues, dans les mêmes conditions de durée de travail qu’actuellement. Privilégier la durée de cotisation individualiserait la règle Interrogé sur France 2 au sujet de ce mécanisme, Emmanuel Macron a laissé entendre qu’une autre option pourrait encore être retenue : « Je préfère qu’on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge. Parce que si vous avez un accord sur la durée de cotisations, quand vous rentrez tard dans la vie professionnelle, vous finissez plus tard. Et quand vous commencez tôt, vous cotisez plus longtemps donc vous partez plus tôt. » Le rapport Delevoye mentionnait lui aussi cette possibilité, laissant entendre qu’il serait possible d’introduire un âge pivot qui ne serait pas le même pour tous les travailleurs, en le calculant de manière individuelle en fonction de la durée de cotisation. Concrètement, cela voudrait dire qu’en dessous d’une certaine durée de cotisation, la pension de retraite serait frappée d’une décote. Mais le haut-commissaire avait écarté cette piste pour des raisons « d’équité » et « de solidarité ». Prenons plusieurs cas fictifs pour comprendre la différence entre les deux options. Par exemple celui d’Aurélie, une ingénieure née en 1975 qui aurait commencé à travailler à 24 ans : Avec un âge pivot fixé à 64 ans pour tous, elle pourrait théoriquement prendre sa retraite en 2039 sans subir de décote ; elle pourrait théoriquement prendre sa retraite en 2039 sans subir de décote ; Avec un âge pivot fixé de manière individuelle pour une durée de quarante-trois ans de cotisations, Aurélie pourrait toujours théoriquement partir en 2039, mais avec une décote. Pour percevoir une pension sans malus, elle devrait travailler quatre ans de plus. A l’inverse, cette option serait plus avantageuse pour Maxime, un employé de banque né en 1975 qui aurait commencé à travailler à 20 ans : Avec un âge pivot fixé à 64 ans pour tous , il devrait attendre 2039 pour partir sans décote ; , il devrait attendre 2039 pour partir sans décote ; Avec un âge pivot fixé de manière individuelle, il pourrait partir dès 2038 sans décote. Comme le montrent ces exemples théoriques, le fait d’opter pour une durée de cotisation en lieu et place d’un l’âge pivot unique soulève de nombreuses questions sur les durées de cotisations à retenir et les garde-fous à mettre en place pour que, par exemple, un actif qui a commencé à travailler tardivement ou a eu une carrière « hachée » ne soit pas contraint de cotiser bien au-delà de 67 ans. Ce qui pourrait notamment passer par une meilleure prise en compte des stages et emplois saisonniers des étudiants. Autant de questions qui inquiètent tout autant les syndicats que l’âge pivot en lui-même.
Emmanuel Macron a laissé entendre lundi que la notion d’« âge pivot » pourrait être remplacée par une durée de cotisation. Un débat qui n’est pas seulement sémantique.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/08/30/reforme-des-retraites-comprendre-le-debat-sur-l-age-pivot-et-la-duree-de-cotisation_5504545_4355770.html
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Nicolas Sarkozy prononce un discours à l’occasion du 50e anniversaire de l’élection de Georges Pompidou à la présidence, à Paris, le 21 juin. THOMAS SAMSON / AFP « Les caractères et les tempéraments que je décris le seront dans le seul souci d’éclairer une décision ou un événement. Je n’ai aucun plaisir à détruire. Je n’ai jamais éprouvé de haine pour quiconque. » C’est là la deuxième page du nouveau livre de Nicolas Sarkozy, et non l’incipit des Confessions de Rousseau, avec lequel l’ex-chef de l’Etat partage au moins un certain souci de soi dans ses Passions, parues jeudi 27 juin aux Editions de l’Observatoire, son troisième ouvrage en trois ans. En 2016, l’ancien chef de l’Etat avait déjà publié deux livres coup sur coup. A l’époque, il s’agissait de marquer son retour à la vie politique et d’animer sa candidature à la primaire de la droite. Cette fois-ci, pas de programme ni de projet, mais une compilation de moments importants de la vie de l’ancien président de la République, comme une autobiographie qui ne dirait pas son nom. Ne pas régler de comptes, relater « sans acrimonie et sans méchanceté » la trentaine d’années qui ont séparé son premier discours de jeune militant de l’UDR à Nice en 1975 de son entrée à l’Elysée en mai 2007. Voilà l’exercice auquel l’ancien président de la République promet de s’astreindre au fil des 368 pages de cet ouvrage imprimé à 200 000 exemplaires. De fait, l’ancien président de la République n’épargne ni François Fillon ni François Hollande, à qui il n’a pas pardonné sa « brutalité » lors de la passation des pouvoirs en 2012, et il dresse un portrait acéré de sa relation avec Jacques Chirac. Mais il s’abstient de commentaires trop négatifs à l’égard d’Emmanuel Macron, dont l’épouse reçoit même ses compliments. « J’ai été sensible à la sincérité et la simplicité de Brigitte Macron. C’est une femme de qualité. J’apprécie son engagement auprès de son mari, et la conscience avec laquelle elle remplit son rôle », écrit-il, évoquant son invitation à l’Elysée avec Carla Bruni-Sarkozy mais aussi « l’attention » et la « délicatesse » de l’actuel président le jour du décès de sa mère. « En fin de compte, si la jeunesse est un grand atout pour conquérir le pouvoir, elle est une faiblesse au moment de l’exercer », lance-t-il aussi à Emmanuel Macron, lui souhaitant de mieux résoudre cette contradiction « que ses prédécesseurs ont pu le faire, moi compris ». Une soif enfin étanchée en 2007 Dans le récit de son ambition bouillonnante, les entrevues avec Jacques Chirac – la première à Nice comme jeune militant, mais aussi en septembre 1997 à l’Elysée dans une atmosphère toujours glaciale deux ans après la défaite d’Edouard Balladur à la présidentielle, la passation des pouvoirs de 2007 – sont autant de morceaux de bravoure. « Sans doute inconsciemment ai-je toujours voulu impressionner Jacques Chirac ! », reconnaît-il.
L’ex-chef de l’Etat publie jeudi « Passions », qui retrace sa carrière politique, de son premier discours de jeune militant en 1975 à son entrée à l’Elysée en 2007.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/27/j-etais-porte-pousse-hisse-sarkozy-raconte-une-trentaine-d-annees-de-passions-politiques_5481964_823448.html
mlsum-fr-500
Deux semaines après le rejet de la candidature de Sylvie Goulard, Emmanuel Macron a proposé Thierry Breton, 64 ans, actuel PDG du groupe Atos et ex-ministre de l’économie, comme nouveau membre français de la Commission européenne, a annoncé l’Elysée, jeudi 24 octobre. Principal enjeu pour Paris, le vaste portefeuille obtenu pour le commissaire français – politique industrielle, marché intérieur, numérique, défense et espace – restera bien inchangé. Emmanuel Macron en a obtenu l’assurance d’Ursula von der Leyen, a précisé la présidence. « Ce qui m’importe, c’est le portefeuille ! Je me suis battu pour un portefeuille », s’était écrié le chef de l’Etat, apprenant avec agacement l’éviction de Sylvie Goulard, le 10 octobre, vécue comme un camouflet infligé par le Parlement européen. Lire notre analyse : Pourquoir Emmanuel Macron a choisi Thierry Breton La candidature de l’éphémère ministre des armées d’Emmanuel Macron, gênée par l’affaire des emplois présumés fictifs du MoDem et par son poste de « consultante » pour l’Institut Berggruen alors qu’elle siégeait à Strasbourg, a été rejetée par les eurodéputés. La future présidente de la Commission a déjà approuvé le nouveau choix du président français. Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen « se sont mis d’accord sur ce profil après une discussion en amont. Si nous proposons ce candidat, c’est qu’il convient », commente l’Elysée. Parcours qui mêle public, privé et politique Avec son parcours qui mêle public, privé et politique, ainsi que sa connaissance de l’industrie, cet ami de Jacques Chirac coche en effet de nombreuses cases. « Thierry Breton a des compétences solides dans les domaines couverts par ce portefeuille, en particulier l’industrie et le numérique, car il a été ministre de l’économie [sous Jacques Chirac] entre 2005 et 2007, avec tutelle sur l’industrie. Il a aussi été PDG de grands groupes industriels et du secteur de la défense (Thomson, France Télécom, Atos) et bénéficie d’une réputation solide d’homme d’action », fait valoir la présidence. C’est lui qui, appelé à la tête de France Télécom lourdement endetté, avait redressé le groupe en réduisant ses coûts et avait conduit à sa privatisation. Il est aussi Macron-compatible, « aligné » avec les positions du chef de l’Etat. Il s’était rallié à sa candidature dès avant le premier tour, après le retrait d’Alain Juppé. « C’est aussi un européen convaincu, qui a conduit de nombreux projets franco-allemands », ajoute l’Elysée, en particulier à la tête d’Atos, qui a un siège en France et un à Munich. Thierry Breton est un ardent défenseur du développement en Europe de supercalculateurs capables de rivaliser avec la Chine et les Etats-Unis. En prime, il connaît Ursula von der Leyen, avec qui il a travaillé lorsqu’elle était ministre de la défense, sur la création d’un fonds européen de la défense et de la sécurité, pour doper les investissements européens dans ces domaines. C’est, enfin, un ancien élu de terrain, qui a été conseiller régional de Poitou-Charentes de 1988 à 1992. Préparation des auditions Thierry Breton se « consacre dès à présent à la préparation des auditions auprès des commissions compétentes du Parlement européen », a-t-il indiqué jeudi dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse. « Je suis très honoré de la confiance qui m’est accordée par le président de la République M. Emmanuel Macron et par la présidente élue de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen », a-t-il ajouté. « Je mesure, pour l’Europe et pour tous nos concitoyens européens, l’importance des enjeux associés à ce portefeuille pour l’avenir de notre continent. » D’ici fin novembre, le candidat doit convaincre des eurodéputés particulièrement soucieux de transparence. Il devra d’abord passer devant la commission parlementaire des affaires juridiques, chargée de se prononcer sur les éventuels conflits d’intérêts des futurs commissaires, qui a déjà évincé le Hongrois Laszlo Trocsanyi et la Roumaine Rovana Plumb. Puis il sera soumis, comme avant lui Sylvie Goulard, à l’audition des eurodéputés qui doivent donner leur aval. Atos a d’ores et déjà annoncé jeudi que M. Breton serait remplacé à partir du 1er novembre comme directeur général par l’actuel directeur général délégué Elie Girard.
L’ex-ministre de l’économie sous Chirac prend la suite de Sylvie Goulard, dont la candidature pour le poste de commissaire a été rejetée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/24/commission-europeenne-macron-propose-thierry-breton-a-la-place-de-sylvie-goulard_6016705_3210.html