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mlsum-fr-501
Vue aérienne du site d’Al-Ula, en Arabie saoudite, le 11 février 2019. FAYEZ NURELDINE / AFP Chronique. La date tombe mal pour l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris. Le 9 octobre, ce musée ouvre une exposition sur Al-Ula, un site dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, grand comme la Belgique, en plein désert et d’une richesse folle. Sept mille ans d’histoire. Qui risquent d’être brouillées par un événement survenu il y a un an, quand le régime saoudien a fait découper en morceaux l’opposant Jamal Khashoggi en son consulat d’Istanbul. Un télescopage entre beauté et sordide. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Arabie saoudite : un an après, le meurtre de Khashoggi hante toujours le prince héritier Ben Salman Voyons plus large. D’un côté, une monarchie ultra-religieuse, avec à sa tête le prince Mohammed Ben Salman, alias « MBS », qui jette en prison, torture parfois, réprime le moindre opposant, les femmes soumises à la tutelle mâle pour des gestes quotidiens (se marier, ouvrir un compte en banque, etc.), des militantes féministes emprisonnées, un Etat qui s’enlise dans une sale guerre au Yémen. De l’autre, un client richissime à qui l’on vend des tas de produits. Des armes. Beaucoup de culture aussi. L’assassinat de Khashoggi n’a en rien freiné la présence sur place de la France culturelle. C’est vrai dans l’archéologie, le cinéma, les arts, les festivals, la musique ou l’opéra. L’argent du royaume vient aussi chez nous. 17 millions d’euros au Louvre pour aménager, en 2005, son département des arts de l’islam. 5 millions pour rénover le bâtiment de l’IMA et notamment ses moucharabiehs. L’exposition Al-Ula est financée par le régime saoudien (1 million d’euros). « Nous avons travaillé en toute indépendance », jure Jack Lang, président de l’Institut. Quand on demande à cet ami du Golfe, que certains surnomment « Jack d’Arabie », si échanger avec ce régime lui pose problème, il reste fidèle à une réputation qui lui a réussi. « Je suis un optimiste indécrottable. » Ambivalence Donc Jack Lang dit que les échanges culturels sont un bon levier pour faire bouger les mœurs et qu’un « climat inédit » règne à Riyad depuis deux ans. Sentiment confirmé par des spécialistes. Les femmes, par exemple, peuvent conduire une voiture ou voyager seules à l’étranger. Mais nos mêmes spécialistes nuancent. Une femme doit apprendre à conduire avec une femme, ses leçons coûtent six fois plus cher que pour un homme, elle doit acheter une voiture à une femme avec de l’argent donné par un homme. Même ambivalence pour la culture. D’un côté, la création l’an dernier d’un ministère à part entière, dont le chef, le prince Badr, 34 ans, dispose de dizaines de milliards d’euros – quand on n’aura plus de pétrole, on aura la culture. C’est lui qui achète, en 2017, le tableau Salvator Mundi, dont l’attribution à Leonard de Vinci est plus incertaine que son prix, 450,3 millions de dollars (410 millions d’euros), soit le tableau le plus cher au monde. Mais c’est une culture festive ou contemplative qui est promue, sans place aucune pour le débat, et ne parlons pas de la contestation.
Pour Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », le milliard d’euros qu’Abou Dhabi a réglé pour avoir son Louvre « est de la rigolade » par rapport au site antique d’Al-Ula. Un projet sur lequel Riyad mise, avec l’aide de la France, pour ouvrir le pays au tourisme.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/04/l-assassinat-de-khashoggi-n-a-en-rien-freine-la-presence-de-la-france-culturelle-en-arabie-saoudite_6014140_3232.html
mlsum-fr-502
SEVERIN MILLET « Escroc », « fossoyeur », « machine à pognon »… Les noms d’oiseaux ont volé, le 4 septembre, au Palais des congrès de Perpignan. Lors d’un débat à Visa pour l’image, le festival de photojournalisme de la ville dont les expositions sont présentées jusqu’au 15 septembre, la start-up française Meero venait défendre son modèle et ses ambitions auprès des professionnels de la photographie, et l’accueil a été plutôt frais. Depuis juin, le nom de cette entreprise a fait couler beaucoup d’encre et suscité nombre d’inquiétudes, à la suite d’une levée de fonds record (230 millions de dollars, soit 208 millions d’euros) qui l’a fait entrer dans le cercle fermé des « licornes » françaises – start-up dont la valorisation dépasse un milliard de dollars. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’argent afflue dans la French Tech » Le principe de Meero, surnommée « l’Uber de la photo », est dans l’air du temps numérique : à travers son site, elle met en relation des photographes et des entreprises, en général des plates-formes de l’immobilier ou de la livraison de repas, comme Airbnb et Uber Eats, pour réaliser des photos immobilières ou culinaires uniformisées, en quelques clics et à bas prix – le client paie environ 90 euros pour une série de photos d’appartement. Les photographes sont des indépendants qui paient leurs propres charges et assurances et qui sont en concurrence pour répondre à des « missions » avec leur propre matériel. La postproduction automatisée est assurée par Meero, et la rétribution est faible : les prix commencent à 50 euros de l’heure pour le photographe, mais s’élèvent jusqu’à 200 euros pour des tâches plus complexes. L’entreprise ferait travailler 60 000 photographes dans le monde, 700 en France, qui gagnent « en moyenne 700 euros par mois », selon Maxime Riché, responsable de la photo chez Meero. Une fondation, des tutoriels, un magazine en projet Au palais des congrès, face aux photographes et aux éditeurs photo, il a défendu le rôle de Meero – « On offre un revenu complémentaire aux photographes » – et contesté que la start-up soit un concurrent pour la photo d’auteur : « Avant, les employés d’hôtels ou les chefs faisaient eux-mêmes ces photos. Nous répondons à un besoin éphémère d’un client, si c’est quelque chose de plus personnel qu’il veut, nous disons non ». Mais le photographe Pierre Morel, à ses côtés, a dénoncé avec virulence ce modèle « ubérisé » : « On revient des années en arrière, avec des travailleurs payés à la tâche. Les photographes, qui sont ceux qui apportent la valeur, sont laissés à la marge, n’ont aucune garantie sur l’avenir, aucun contrôle sur les tarifs, sur le capital ou sur la gouvernance de l’entreprise. Comme toutes les autres activités ubérisées, ça produit de la précarité… et Meero n’est pas rentable. »
La « licorne » française, qui propose des images à bas prix pour des services en ligne comme Airbnb, a été accueillie avec fraîcheur au festival Visa pour l’image de Perpignan.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/11/meero-se-defend-d-etre-l-uber-de-la-photo_5509087_3246.html
mlsum-fr-503
Roger Federer lors de la Laver Cup, à Genève, le 22 septembre. ROMAIN LAFABREGUE / AFP Il y a le Roger Federer tennisman, l’athlète, l’homme aux vingt Grands Chelems, qui génère, selon Forbes, 86 millions de dollars (78 millions d’euros) par an de sponsoring, et il y a aussi l’entrepreneur. Cette semaine, à Genève, le Suisse organisait la Laver Cup, compétition-exhibition qu’il a lancée en 2017 sous l’impulsion de son agent, Tony Godsick. Une épreuve par équipes, où les meilleurs joueurs européens défient « le reste du monde ». Beaucoup de spectateurs admettent qu’ils sont venus ce week-end surtout pour vous voir. Ne craignez-vous pas que l’épreuve ne survive pas à votre génération ? Je pense que c’est comme sur le circuit : à un moment donné, quand Rafa [Nadal], moi et Novak [Djokovic], on ne sera plus là, il y aura un petit ajustement à faire, une transition. La Laver Cup certainement aussi. Mais est-ce que c’est négatif pour autant ? Non. C’est juste qu’il va falloir commencer à soutenir d’autres joueurs, peut-être regarder le tennis un peu différemment. Je n’ai pas trop de craintes pour l’avenir de la Laver Cup, car le format ne repose pas sur un seul joueur. Quand j’ai fait la promotion de cette édition avec Björn Borg, nous n’étions que tous les deux, on savait juste que Rafa serait présent, mais on ne connaissait pas encore les dix autres joueurs et les billets se sont vendus en deux heures. Ça me donne des raisons d’être confiant pour la suite. La Laver Cup propose un format original. En parlant de changements, quels sont ceux que vous aimeriez voir opérés sur le circuit dans l’intérêt du jeu, des joueurs et du public ? Je pense que ce serait bien d’avoir plus de matchs disputés au meilleur des cinq sets. A une époque, quand je disputais des finales de Gstaad, de Bâle, c’était en cinq sets. Vers 2007, ils ont commencé à changer ça parce qu’ils trouvaient que ça exigeait un peu trop d’efforts physiques, ils préféraient que les meilleurs joueurs puissent disputer plus de tournois. Ça me manque un peu que la finale du Masters [dernier tournoi de la saison réunissant les huit meilleurs joueurs fin novembre à Londres] ne soit pas en cinq sets, certains Masters 1000 pourraient eux aussi les réinstaurer. Dans le jeu lui-même, ils sont en train d’essayer des choses. Je suis plus dans la tradition. Après, je pense qu’il y a de la place pour un nouveau format comme la Coupe Davis ou l’ATP Cup [une Coupe du monde du tennis où 24 nations s’affronteront en Australie début janvier 2020]. Mais, dans l’ensemble, je pense que les choses devraient rester telles qu’elles sont.
Dans un entretien, le joueur suisse se dit optimiste sur la relève après l’« ère Federer-Nadal-Djokovic » et pense pouvoir aborder la saison 2020 « avec pas mal de confiance ».
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/22/roger-federer-nadal-djokovic-et-moi-on-a-bloque-les-autres-a-cause-de-notre-domination-du-circuit_6012611_3242.html
mlsum-fr-504
vendredi 7 juin, un policier devant la porte de la résidence officielle du Premier ministre britannique, 10 Downing Street, à Londres. Les législateurs sont sur le point de réduire le nombre de candidats au leadership des partis conservateur et Premier ministre lors d’une série de votes à compter du lundi 17 juin 2019, les deux derniers noms étant soumis au vote des membres du parti conservateur à l’échelle nationale . Les six candidats au poste de Premier ministre, Theresa May, sont: Michael Gove, Jeremy Hunt, Sajid Javid, Boris Johnson, Dominic Raab et Rory Stewart. Matt Dunham / AP Professeure de civilisation britannique à l’université de Bourgogne, la politiste Agnès Alexandre-Collier est membre pour deux années de la délégation du CNRS à la Maison française d’Oxford. Elle est spécialiste du conservatisme britannique et ses recherches portent sur les stratégies mises en place par les partis conservateurs pour contrer l’ascension des partis populistes. Elle est notamment l’auteure, avec Emmanuelle Avril, d’une synthèse sur Les Partis politiques en Grande-Bretagne (Armand Colin, 2013). Theresa May, qui a annoncé le 24 mai qu’elle démissionnerait le 7 juin, reste à la tête du gouvernement jusqu’à la désignation de son successeur, d’ici à la fin juillet. Son échec à conclure un accord sur le Brexit explique-t-il la paralysie du Parti conservateur ? Absolument. Aucune ligne cohérente ne semble se dégager, d’une position intransigeante au début jusqu’à la volonté de négocier avec l’opposition, qui s’est elle aussi soldée par un échec. Certains observateurs s’échinent certes à relever ses efforts pour faire évoluer les tories sur d’autres sujets, mais de telles mesures sont totalement occultées par le Brexit. La sortie de l’UE polarise aujourd’hui tous les clivages, et la diversité des courants idéologiques propre au Parti conservateur semble totalement atone. On le voit bien avec les candidats au poste de premier ministre : on ne sait pas grand-chose de ce qu’ils préconisent hors de la question du Brexit, et c’est d’ailleurs la seule chose qui intéresse les adhérents du parti. Alors même que les tories sont historiquement ce que l’on appelle un « broad church party » (une « Eglise large »), qui s’appuie et prospère sur le pluralisme idéologique sans que cela ne soit un problème. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jours de haine au Royaume-Uni A cet égard, les positions et le style de Boris Johnson, principal candidat en lice, constituent-ils une nouveauté dans la tradition des tories ? Boris Johnson est une énigme pour les observateurs européens, qui le décrivent comme une girouette idéologique qui serait à l’origine d’une « radicalisation » d’une frange des tories. Il est vrai que son image à l’étranger a été complètement brouillée par sa campagne pour le Brexit, mais il faut rappeler que beaucoup de Britanniques gardent d’abord de lui l’image du maire réformateur de Londres, biographe de Churchill, se positionnant plutôt du côté des progressistes au sein de son parti, les « mods », et essayant d’imposer une vision plus sociale du conservatisme. Il se définit lui-même comme un « one-nation tory », dans la tradition de Disraeli, tout en assumant la volonté de faire de sa ville une capitale multiculturelle et compétitive. Dès lors, il est difficile de le rattacher à un courant idéologique bien défini.
Pour la politiste Agnès Alexandre-Collier, la crise du Brexit, qui bouscule le bipartisme traditionnel outre-Manche, oblige les conservateurs au pouvoir à redéfinir le fonctionnement interne de leur parti pour survivre.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/18/agnes-alexandre-collier-le-parti-conservateur-britannique-semble-au-bord-de-l-implosion_5477705_3232.html
mlsum-fr-505
La ville de Riomaggiore, dans la province de La Spezia, en Ligurie. La force d’attraction des grandes villes et l’attrait du littoral qui structurent le marché immobilier italien. TPG / Photononstop Vu de France, l’Italie a la réputation d’être un pays cher. Ce n’est pas forcément vrai puisque le prix moyen du mètre carré dans l’ancien y a baissé de 3,8 % en 2018, à 1 898 euros pour un appartement et à 1 780 euros pour une maison, selon les statistiques officielles. La crise des dettes souveraines a lourdement frappé le pays entre 2008 et 2015, si bien que la baisse des prix ressort encore à 6 % sur dix ans. Depuis 2015, les volumes de vente remontent, mais pas les prix. L’année 2019 sera ainsi la cinquième consécutive de hausse du nombre de transactions. L’institut Nomisma prévoit entre 570 000 et 580 000 ventes, un chiffre à comparer avec le point bas de 390 000 transactions en 2013. Comme en France, ce sont la force d’attraction des grandes villes et l’attrait du littoral qui structurent le marché. « Dans l’ensemble du pays, les prix devraient continuer à stagner en 2019. Il n’y a pas de pression à la hausse, sauf dans les villes et les zones touristiques. Dans le sillage de Milan, les prix devraient progresser dans les grandes villes comme Florence, Turin, Naples et Bologne », confirme Gian Battista Baccarini, président de la fédération italienne des agents immobiliers professionnels (FIAIP). A noter : selon le Quay-d’Orsay, environ 44 000 Français seraient expatriés en Italie. En 2018, les prix ont bondi de 20 % à Milan, qui est désormais un plus chère que Rome. Stefano Politi Markovina/John Warburton-Lee / Photononstop En Italie, le prix d’un appartement en centre-ville tourne autour de 3 500 euros par m². Une moyenne qui cache de très fortes disparités entre grandes et petites villes, et entre le littoral et l’intérieur des terres. Par exemple, les prix ont bondi de 20 % en 2018 à Milan, qui est désormais un peu plus chère que Rome. A Florence, qui plaît beaucoup aux acheteurs britanniques, le prix moyen du mètre carré ressort à 4 000 euros, ce qui correspond à une hausse de 8,6 % sur un an et de 15 % en 3 ans. A Venise, les prix oscillent entre 2 000 euros et 10 000 euros, avec une moyenne à 4 020 euros. « Les acheteurs français sont nombreux à Venise, notamment dans le Dorsoduro, précise Alain Hamon, fondateur du site destination-italie.net. Le marché vénitien est tranquille, il n’y a pas de grandes fluctuations ici. » A Venise, les prix oscillent entre 2 000 euros et 10 000 euros, avec une moyenne à 4 020 euros. Vue du canal de la Giudecca. Masci Giuseppe/AGF Foto / Photononstop Si le marché immobilier italien est aussi stable, c’est parce que la plupart des ménages (plus de 80 %) sont propriétaires de leur logement et parce que le nombre d’Italiens diminue en raison de la faiblesse du taux de natalité. Souvent, les jeunes couples restent chez leurs parents jusqu’à 30 ans, voire 35 ans, le temps d’économiser pour pouvoir acheter. De plus, la propriété immobilière reste très peu taxée dans la Botte, ce qui n’incite pas ceux qui ont hérité d’un important patrimoine à vendre. Les droits de succession sont très faibles, notamment parce qu’ils sont calculés sur la valeur cadastrale des biens, en moyenne six fois inférieure à leur valeur réelle. Il faut compter plusieurs millions d’euros pour une maison sur la plage sur la côte almafitaine. ac productions/Tetra Images / Photononstop En Calabre, dans les Pouilles, en Molise ou en Sicile, il est possible d’acheter pour moins de 1 000 euros par m². A l’autre bout du spectre, pour une maison sur la plage (elles peuvent être privatisées en Italie), il faut compter plusieurs millions d’euros sur la Riviera Italienne, près de Gênes (Ligurie), sur la côte amalfitaine et à Rimini, sur le littoral de l’Adriatique. De même Capri est depuis longtemps considérée comme une destination de luxe, comme les rivages des lacs du Nord, notamment ceux du lac Majeur et du lac de Côme. Vue du port de Naples. En arrière plan, le mont Vésuve. bestravelvideo/robertharding / Photononstop Pour l’instant, l’Italie n’a pas déclaré la guerre à Airbnb et consorts. « A Venise, il est possible d’acheter un logement de 60 m² pour 400 000 euros et de le louer toute l’année. A l’arrivée, même en reversant 15 % des recettes à une agence et en payant une taxe d’environ 20 % sur les loyers, il est possible d’obtenir une rentabilité nette de 8 % à 10 % », détaille M. Hamon. A savoir : à Venise, depuis le 1er mai, chaque visiteur de passage dans la ville doit payer une taxe (entre 2,50 euros et 10 euros par jour). Une mesure destinée à lutter contre la multiplication des navires de croisière dans la lagune : 600 auraient été recensés dans la lagune en 2018.
Les prix devraient stagner dans l’ensemble du pays en 2019, mais progresser de 1 % à 3 % dans les grandes villes, dans le sillage de Milan.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/08/02/acheter-a-l-etranger-l-italie-un-marche-a-plusieurs-vitesses_5495767_1657007.html
mlsum-fr-506
nine. Publié le 07 juin 2019 à 09h49 - Mis à jour le 07 juin 2019 à 15h50 Leur petit nom : 铿锵玫瑰 Soit les « roses d’acier », selon Wikipédia. Ou mot à mot, les « roses qui ont un fort caractère », selon notre dictionnaire. Calendrier 8 juin : Allemagne - Chine 15 heures à Rennes 13 juin : Afrique du Sud - Chine 21 heures à Paris 17 juin : Chine - Espagne 18 heures au Havre Historique en Coupe du monde Septième participation en huit éditions pour les Chinoises qui ont connu une finale en 1999, perdue face aux Américaines qui jouaient à domicile. Classement FIFA : 16e. L’équipe qui devrait jouer Peng Shimeng, Lou Jiahui, Lin Yuping, Wu Haiyan, Liu Shanshan, Yao Wei, Zhang Rui, Li Ying, Gu Yasha, Wang Shuang, Wang Shanshan. Le sélectionneur Depuis mai 2018, c’est l’ex-défenseur international chinois Jia Xiuquan qui est à la tête de la sélection féminine. Avant ce poste, il avait entraîné plusieurs clubs du championnat chinois et plusieurs équipes nationales jeunes, mais jamais des femmes. Le technicien a bien observé la scène internationale. Outre les grandes nations du football au féminin, il cite la France et les Pays-Bas comme modèles. Conscient que son équipe rivalisera difficilement techniquement et physiquement, il veut s’appuyer sur la jeunesse de son effectif pour prendre de vitesse les favorites. Bilan de compétences Pourquoi postulez-vous ? Je rêve de retrouver la gloire après ma grande décennie 1990, pendant laquelle j’ai régné sans partage en Coupe d’Asie, décrochant une médaille d’argent au tournoi olympique 1996 et une place en finale de la Coupe du monde 1999. Je fus la première équipe à valider mon ticket pour la Coupe du monde, en dehors de la France, automatiquement qualifiée bien sûr. Premières arrivées, premières servies ? De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? J’arrive cette année avec une nouvelle génération de joueuses qui se cherche encore. Mais j’ai fait forte impression l’été dernier aux Jeux asiatiques en faisant douter le Japon en finale. Les championnes du monde 2011 ne l’ont emporté que de la plus petite marge, et moi j’ai appris à profiter de mon statut d’outsider. Si vous deviez nous donner une qualité ? Mon duo d’attaquantes qui partagent le même nom, Wang, font des merveilles en Asie à chaque compétition. La première, Wang Shuang, sera en terrain connu en France car elle évolue au PSG. La deuxième, Wang Shanshan, a marqué les esprits aux Jeux asiatiques en marquant 12 fois en six matchs. Et côté défauts ? Je suis parfois lente au démarrage. J’encaisse beaucoup de buts en première mi-temps. Par ailleurs, 22 de mes 23 joueuses jouent en Chine et ne croisent pas les pointures mondiales du football au féminin souvent ce qui explique peut-être ma 16e place au classement FIFA féminin. La joueuse à suivre WANG SHUANG, en cinq dates : 1986 Seulement trois ans après la création de son équipe nationale féminine, la Chine remporte la Coupe d’Asie. Début d’une longue série de titres continentaux. Wang Shuang ne marque pas : elle n’est pas encore née. 1995 Le géant français de la distribution Carrefour s’installe en Chine. La même année, la petite Wang Shuang voit le jour et se destine à un autre type de grande surface. 2013 Après un parcours précoce chez les jeunes, elle fait ses premiers pas en sélection nationale. Elle n’est alors âgée que de 18 ans. 2018 A 23 ans, la Chinoise signe au Paris-Saint-Germain, et devient la première Chinoise en championnat de France. Elle est aussi désignée meilleure joueuse du continent asiatique. 2019 Avec huit buts en 24 matchs au PSG, Wang Shuang a pris ses marques à Paris, où les Chinoises joueront leur deuxième match de poule face à l’Afrique du Sud. Figurez-vous Marinette… … qu’avant de partir pour la France, les Chinoises ont pris des cours obligatoires de patriotisme. Les conférences ? intitulées « La patrie dans mon cœur », étaient censés leur inculquer l’amour du pays. « L’éducation patriotique revêt une grande signification pour nous qui allons nous battre pour notre pays », a déclaré par la suite la capitaine de l’équipe, Wu Haiyan. Alors, l’amour suffira-t-il pour triompher de l’Allemagne, premier adversaire des Chinoises en poule ? Pas sûr. Plateau télé Impossible de réduire la Chine à un seul plat tant ce pays continent présente une diversité de goûts sucrés, salés, épicés… Pour votre plateau, nous vous conseillons donc d’opter pour une diversité de goûts afin d’appliquer au mieux les anciennes croyances de la culture chinoise qui veulent que l’univers ait été créé par le mouvement des cinq éléments : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau. Ces cinq éléments sont présents dans les cinq goûts, selon la tradition. Misez donc sur plusieurs snacks avec du salé, du sucré, de l’amertume, de l’acidité, et de l’âcreté. Tout sauf des nems, une spécialité vietnamienne.
Surnom, historique, joueuse à suivre... tout ce qu’il faut savoir sur l’équipe de Chine pour la Coupe du monde féminine.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/coupe-du-monde-feminine-2019-chine-groupe-b_5472695_3242.html
mlsum-fr-507
Saki Kumagai, le 19 juin. CHRISTOPHE SIMON / AFP Inconsolable, Saki Kumagai sanglote dans les bras de la Néerlandaise Shanice Van De Sanden, sa coéquipière à l’Olympique lyonnais. Sur la pelouse du Roazhon Park de Rennes, la capitaine emblématique du Japon ressasse cette maudite action qui a scellé, mardi 25 juin, l’élimination de sa formation en huitièmes de finale de la Coupe du monde. Lire aussi : Revivez le huitième de finale entre le Japon et les Pays-Bas Sanctionnée d’un carton jaune pour avoir, en fin de match, détourné involontairement du bras un tir dans sa surface, la défenseuse de 28 ans a provoqué un penalty et envoyé, bien malgré elle, les Pays-Bas, en quarts. Comment la joueuse aux 107 sélections avec les Nadeshiko aurait-elle pu imaginer pareil scénario ? Elle qui avait inscrit le tir au but victorieux lors du sacre de son pays, en 2011, lors du Mondial en Allemagne. En larmes, la défenseuse de l’OL est devenue le symbole de la chute des Nipponnes, vice-championnes du monde en 2015, au Canada. Cette sortie de route précoce marque la fin d’un cycle pour les Nadeshiko, médaillées d’argent aux Jeux olympiques de 2012, à Londres, et victorieuses en Coupe d’Asie, en 2018. « Je suis triste, a soupiré la numéro quatre nipponne en zone mixte, l’espace dévolu aux échanges entre les joueuses et les journalistes. Nous avons eu beaucoup d’occasions, mais il a manqué quelque chose. » Le tournant de la 89e minute Victorieuses lors de l’Euro 2017 à la « maison », les Néerlandaises peuvent s’estimer heureuses. Si elles ont logiquement ouvert le score (18e) sur une talonnade de leur star Lieke Martens, les joueuses des Pays-Bas ont été dominées en deuxième période. Galvanisées par le but égalisateur signé (44e) Yui Hasegawa, les Japonaises ont vainement tenté de tromper la gardienne néerlandaise Sari Van Veenendaal. Au terme d’un joli slalom, Hina Sugita aurait pu offrir la victoire aux Nadeshiko (80e) mais sa frappe a heurté le dessous de la barre transversale. C’est finalement l’arbitre hondurienne Melissa Borjas qui, en faisant appel à l’assistance à l’arbitrage vidéo (VAR), va prendre une décision décisive en accordant un penalty litigieux aux Néerlandaises à la 89e minute. La sentence est transformée par Lieke Martens et propulse sa sélection en quarts de finale. Les Pays-Bas affronteront l’Italie, samedi 29 juin, à Valenciennes. La décision de Mme Borjas a provoqué l’ire du public rennais, qui a copieusement sifflé l’arbitre au coup de sifflet final. « Je n’ai pas vu l’action, a prudemment déclaré Lieke Martens, désignée joueuse du match, au terme de la rencontre. D’autres gens ont dit que c’était sévère, mais je ne l’ai pas vu sur le terrain. Ça a fait la différence, donc on est très heureuse et, parfois, on a besoin d’un petit coup de chance pour gagner. » « C’est vraiment un match qu’on aurait pu emporter. Nous avons su nous créer beaucoup d’occasions et c’était malheureux de ne pas les avoir concrétisées. Nous avons été battues et nous sommes très déçues, a maugréé la sélectionneuse japonaise, Asako Takakura, visiblement abattue. Je suis vraiment désolée pour mes joueuses. L’assistance à l’arbitrage vidéo existe. Parfois, des décisions cruelles ont été prises dans d’autres matchs. Aujourd’hui contre nous, j’en suis vraiment désolée. Il faut regarder de l’avant et accepter cette décision. » A la tête des Nadeshiko depuis 2016, Mme Takakura est d’ores et déjà tournée vers les Jeux olympiques de 2020, à Tokyo, et avait considérablement rajeuni son effectif en lançant des joueuses comme l’attaquante Jun Endo (19 ans). « On a beaucoup de jeunes joueuses, a observé Suki Kumagai. L’équipe n’est pas la même qu’en 2011 et 2015. On doit progresser l’an prochain dans l’optique des JO 2020 à Tokyo. » La décision controversée de Mme Borjas ne manquera pas d’alimenter la polémique liée à l’utilisation du VAR durant cette Coupe du monde. Ce penalty sévère accordé aux Pays-Bas devrait être au centre du point de presse de l’Italien Pierluigi Collina, président de la Commission des arbitres de la Fédération internationale de football (FIFA), organisé mercredi 26 juin au Parc des princes.
Les vice-championnes du monde ont été éliminées par les Néerlandaises (2-1) sur un penalty litigieux, mardi, en huitièmes de finale.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/26/coupe-du-monde-feminine-fin-de-cycle-pour-le-japon_5481468_1616938.html
mlsum-fr-508
Skid Row, un quartier du centre de Los Angeles (Californie) où se réfugient de nombreux sans-abri, le 16 septembre. MARIO TAMA / AFP LETTRE DE SAN FRANCISCO Donald Trump aime à apparaître comme un homme de solutions. Avant même d’avoir atterri en Californie, mardi 17 septembre, il se proposait de régler l’un des problèmes les plus frustrants de l’Etat : le nombre de sans-abri. La Californie est à la fois l’Etat le plus riche du pays – l’équivalent de la 5e économie mondiale – et celui où le taux de pauvreté, si on intègre le coût de la vie, est le plus élevé. Dans cet Etat progressiste, l’aggravation des inégalités – et de la crise des homeless – est vécue par beaucoup comme un crève-cœur. De là à recevoir des leçons d’un président qui a inscrit au budget 2020 une baisse de 18 % pour le logement social… M. Trump l’a expliqué à la presse dans l’avion qui faisait route vers la Silicon Valley, où il était attendu pour un déjeuner de collecte de fonds chez le cofondateur de Sun Microsystems Scott McNealy (50 000 dollars le couvert avec une photo). Le nombre de sans-abri nuit au « prestige » du Golden State. « On ne peut pas laisser Los Angeles, San Francisco et nombre d’autres villes s’autodétruire », a-t-il jugé, en assurant de sa sympathie les investisseurs étrangers qui « tout à coup voient des tentes » devant les propriétés huppées ou les bureaux pour lesquels ils paient des taxes foncières élevées. Raser les campements M. Trump croit aussi avoir vu flotter des seringues dans la baie de San Francisco. Il a même menacé la ville d’une mise à l’index pour violation des normes sur la qualité de l’eau. Une affirmation qualifiée de « bizarre » par la presse et de « ridicule » par la maire de San Francisco, London Breed. Certes, la municipalité distribue quelque 400 000 seringues chaque mois aux drogués pour éviter la propagation du HIV (selon un programme qui date de près de trente ans). Mais les deux tiers sont collectées après usage et aucune pollution maritime n’a été constatée, selon les services de retraitement des eaux usées. Ce n’est pas la première fois que M. Trump se dévoue pour essayer d’empêcher les cités américaines de « tomber en enfer ». Il a déjà proposé ses services pour régler la violence par armes à feu à Chicago et Baltimore. L’an dernier, il avait aussi émis quelques idées sur la manière de lutter contre les incendies en Californie (s’inspirer de l’exemple finlandais). Cette fois, il a délégué le ministre du logement, Ben Carson, à Skid Row, le bastion des homeless dans le Downtown de Los Angeles, l’agglomération aux 59 000 sans-abri. Selon la presse, la stratégie de l’administration consisterait à raser les campements de tentes, accroître le rôle de la police dans la surveillance des SDF et les reloger de gré ou de force dans des immeubles appartenant à l’Etat fédéral.
En campagne pour sa réélection, le président américain monte en épingle les problèmes sociaux dans le bastion progressiste de la côte Ouest.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/20/donald-trump-a-l-offensive-contre-la-californie-democrate-et-ses-sans-abri_6012329_3210.html
mlsum-fr-509
Utilisateur de cigarette électronique, à Portland (Maine). Robert F. Bukaty / AP Faut-il s’inquiéter de la cigarette électronique ? L’Inde vient d’annoncer l’interdiction de sa vente. Elle fait l’objet d’un durcissement réglementaire, notamment aux Etats-Unis, où certains Etats ont interdit la vente de produits aromatisés. L’Organisation mondiale de la santé l’a considérée, dans un rapport, en août, « incontestablement nocive ». En France, les autorités sanitaires vont surveiller les cas de maladie pulmonaire sévère pouvant être en rapport avec l’usage de la cigarette électronique, après le signalement de décès liés au vapotage, aux Etats-Unis. Santé publique France (SPF) nous a indiqué la mise en place, en lien avec la direction générale de la santé et d’autres agences sanitaires, « d’un dispositif de signalement des cas de pneumopathies sévères survenues chez des vapoteurs » , comme l’avait annoncé, jeudi 19 septembre, Le Parisien. Concrètement, les cliniciens regardent de près les signalements de pathologie pulmonaire grave. « Nous recherchons d’abord les germes, bactéries, virus, pour écarter une cause infectieuse, et ensuite un lien peut être évoqué avec le vapotage, en étudiant, si c’est possible, la composition des produits consommés », décrit Bruno Housset, président de la Fondation du souffle. « Le risque concerne l’utilisation de produits peu fiables, illégaux, vendus à la sauvette », poursuit le pneumologue. « Aucun décès, à ce jour » Interrogée dimanche 22 septembre, sur RTL, Agnès Buzyn, la ministre de la santé, a répondu : « Nous ne sommes pas dans la même situation qu’aux Etats-Unis. Nous n’avons pas d’alerte sanitaire particulière. » « Aucun décès n’a, à ce jour, été signalé, ni phénomène épidémique », précise Marie-Christine Delmas (SPF). SPF s’intéresse aussi au « dabbing ». Cette pratique de certains consommateurs de cannabis consiste à inhaler au moyen d’une pipe à eau de la vapeur issue d’une forme concentrée de cette drogue, chauffée avec un petit chalumeau. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sévère mise en garde de l’OMS sur la cigarette électronique Cette surveillance fait suite à l’alerte, en août, concernant la survenue de pathologies pulmonaires sévères chez des vapoteurs, lancée par les Centers for Diseases Control and Prevention (CDC), les centres de contrôle sanitaire américains. Au 17 septembre, 530 cas « confirmés et probables » étaient recensés, dont sept décès. Plus de la moitié des malades ont moins de 25 ans, les trois quarts sont des hommes, souligne le site des CDC. Un cas vient également d’être enregistré au Canada, le 18 septembre.
Après la survenue aux Etats-Unis de pneumopathies parfois mortelles, la France met en place un dispositif de signalement d’éventuelles atteintes pulmonaires liées au vapotage.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/23/la-cigarette-electronique-mise-sous-surveillance_6012698_1650684.html
mlsum-fr-510
Oly Ilunga, le 15 juillet dernier. FABRICE COFFRINI / AFP L’ancien ministre congolais de la santé Oly Ilunga a été arrêté, samedi 14 septembre, à Kinshasa. « La police lui reproche d’avoir détourné la somme totale d’environ 4,3 millions de dollars américains mise à [sa] disposition par le trésor public de la RDC pour lutter contre Ebola », écrivent ses avocats Guy Kabeya et Willy Ngashi, dans un communiqué. Selon la défense, « plus de 1,9 million de dollars américains de cette somme ont été décaissés en un mois après la démission du docteur Ilunga de manière qu’il ne peut nullement en répondre ». « Pour le reste, soit 2,4 millions de dollars (…), les pièces comptables attestent que cette somme a exclusivement été utilisée aux fins de la lutte contre la maladie à virus Ebola », ajoute le communiqué. Le docteur Ilunga a été placé en garde à vue, samedi, à Kinshasa. La police a indiqué qu’il serait présenté lundi au parquet général près la Cour de cassation. Visé par une enquête judiciaire, il avait été interpellé et entendu fin août par la justice avant d’être interdit de sortie du territoire de la RDC. La police l’a accusé de vouloir quitter le pays clandestinement en passant par le Congo-Brazzaville « aux fins de se soustraire des poursuites judiciaires », ce que ses avocats contestent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En République démocratique du Congo, le partage risqué du pouvoir Plus de 2 000 morts à cause du virus Ebola Nommé ministre de la santé par l’ancien président Joseph Kabila en décembre 2016, M. Ilunga a démissionné le 22 juillet 2019, en pleine crise liée à l’épidémie d’Ebola qui sévit en RDC depuis août 2018. Il s’estimait désavoué par le nouveau président, Félix Tshisekedi, qui lui avait retiré la conduite de la riposte contre le virus. M. Tshisekedi a confié la coordination de la lutte à Jean-Jacques Muyembe, directeur de l’Institut congolais de la recherche biomédicale de Kinshasa (INRB). Avant sa démission, M. Ilunga s’était aussi opposé à l’introduction d’un deuxième vaccin anti-Ebola, produit du laboratoire belge Janssen, filiale de l’américain Johnson & Johnson. L’épidémie, qui touche actuellement trois provinces de l’est de la RDC, a fait 2 071 décès pour 3 084 cas enregistrés, selon le dernier bilan, publié vendredi. Cette dixième épidémie d’Ebola sur le sol congolais depuis 1976 est la plus meurtrière.
L’ancien ministre de la santé de la RDC aurait détourné plus de 4 millions de dollars dévolus à la lutte contre l’épidémie d’Ebola, qui a déjà fait plus de deux mille morts.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/15/epidemie-d-ebola-un-ancien-ministre-congolais-soupconne-de-detournement-de-fonds_5510682_3224.html
mlsum-fr-511
Le prix du lingot d’or est passé de 35 990 euros à 43 100 euros entre le début de l’année et le 17 septembre 2019, soit une hausse de 19,80 %. Hans-Peter Merten/Sime / Photononstop L’or est brutalement sorti de sa torpeur cet été pour dépasser les 1 500 dollars (1 351,40 euros) l’once à la fin août, un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis avril 2013. La hausse atteint (au 19 septembre) désormais 17,08 % depuis le 1er janvier. Le coup de chaud provoqué en Bourse par des attaques de drones le 14 septembre contre des installations pétrolières saoudiennes n’a pas eu de répercussions sur le marché de l’or, où les prises de bénéfices l’ont emporté au cours des dernières séances. Pour l’instant, le métal jaune reste encore loin de son record historique de 1 921 dollars l’once atteint en septembre 2011. Mais la hausse est solide, en particulier pour les investisseurs européens qui bénéficient de la force actuelle du dollar par rapport à l’euro. Ainsi, le prix du lingot d’or est passé de 35 990 euros au 31 décembre 2018 à 43 100 euros au 17 septembre, soit une hausse de près de 19,80 %. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment financer ses études « L’or a battu son record historique de 2012 en euros. Cela a créé un fort regain d’intérêt des épargnants français pour l’or physique puisque nos ventes ont augmenté de 55 % par rapport à 2018 », précise François de Lassus, directeur de la communication de CPoR Devises, société spécialisée dans l’achat et la vente d’or pour les banques. Le catalyseur de l’euphorie récente est à chercher du côté des taux d’intérêt. « La forte contraction des taux d’intérêt nominaux et des taux réels, c’est-à-dire corrigés de l’inflation, a joué un rôle majeur dans l’envolée des cours. Le phénomène s’est accéléré cet été puisque les taux des emprunts d’Etat sont même passés en territoire négatif dans un certain nombre de pays », explique Arnaud du Plessis, gérant spécialisé sur l’or et les ressources naturelles chez CPR AM. « Pas d’achat compulsif » Le lien est logique : contrairement aux obligations, l’or ne délivre pas de rendement. Ce manque à gagner devient moins pénalisant lorsque les taux d’intérêt baissent. « Le métal jaune a aussi profité des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, qui font craindre des répercussions sur la croissance mondiale », commente Sophie Chardon, stratégiste chez Lombard Odier. Les moteurs de cette hausse ne devraient pas s’enrayer de sitôt. « Le risque d’une forte baisse de l’once est limité puisque l’environnement de taux d’intérêt bas, et la recherche de valeurs refuge qui en résulte, resteront d’actualité dans les prochains mois », indique Sophie Chardon, qui a relevé ses positions sur l’or pour ses clients de zéro à fin 2018 à 3 %.
Dans un contexte de baisse des taux d’intérêt, les cours du métal jaune bondissent de plus de 17 % depuis janvier. L’once flirte avec les 1 500 dollars.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/09/20/quand-l-or-joue-son-role-de-valeur-refuge_6012340_1657007.html
mlsum-fr-512
Le premier ministre, Edouard Philippe, lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale, à Paris, mercredi 12 juin 2019. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE » Editorial du « Monde ». Premier ministre depuis plus de deux ans, Edouard Philippe est passé maître dans l’art du « en même temps ». La déclaration de politique générale qu’il a prononcée mercredi 12 juin devant les députés pour se redonner de l’air après le mouvement des « gilets jaunes » était un modèle d’équilibre entre nécessaires correctifs et maintien du cap. L’ancien maire du Havre a mis en vedette l’écologie au quotidien pour tenter de faire oublier la démission de Nicolas Hulot. Puis il a insisté sur la justice sociale en annonçant que les 5 milliards d’euros de baisse d’impôt sur le revenu seraient exclusivement concentrés sur la première et la deuxième tranche. Révolue l’époque où seuls semblaient compter les « premiers de cordée » ! L’avertissement du ministre du budget, Gérald Darmanin, selon lequel « on ne gagne pas l’élection présidentielle sans le peuple », a porté. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ecologique et social : l’« acte II du quinquennat » promis par Edouard Philippe tire les leçons des européennes et des « gilets jaunes » Pour « répondre aux peurs », le chef du gouvernement a ensuite mis en vedette le régalien, en annonçant une nouvelle loi de programmation sur la sécurité intérieure, un débat annuel sur l’immigration et la stricte application des principes de la laïcité. L’aile gauche de la majorité n’a pas été oubliée : la procréation médicalement assistée (PMA) viendra en débat au Parlement en septembre, ce qui a valu au premier ministre d’être ovationné par le groupe majoritaire. Tout a été méticuleusement dosé, avec ce qu’il faut de modestie et de contrition. A chaque étape de son discours, Edouard Philippe a multiplié les mea-culpa, banni « l’arrogance » et « l’agressivité » mais, sur le fond, il est resté fidèle à ce qui constitue l’essence du macronisme : l’adaptation à la mondialisation va se poursuivre sur les décombres du vieux monde. Le « moment Philippe » Assurance-chômage, retraite, dépendance, le premier ministre a égrené les réformes à venir, sans dissimuler que les Français devront travailler plus longtemps ou que certains cadres verront leurs droits à l’assurance-chômage réduits. Pas plus que le président de la République le premier ministre n’a la réforme honteuse. Au contraire, il tire du résultat du scrutin européen la conviction qu’une partie de la droite est venue en renfort du gouvernement pour l’inciter à « tenir le cap ». Issu de ses rangs, il s’en félicite et pousse son avantage, tandis qu’Emmanuel Macron se met prudemment en retrait. C’est le « moment Philippe », à la fois fort et fragile, car trois zones d’ombre persistent comme autant de gros nuages : 17 milliards d’euros de dépenses nouvelles ont été engagées pour ouvrir l’acte II du quinquennat sans qu’on entrevoie les économies équivalentes. Soit celles-ci sont cachées, soit elles sont inexistantes. Dans les deux cas, elles relativisent l’ampleur du redressement annoncé. Le premier ministre s’est par ailleurs fermement engagé à répondre au besoin de proximité exprimé durant le grand débat. Or, depuis le début du quinquennat, la réforme de l’Etat avance à la vitesse de l’escargot. Promettant « un changement de méthode », Edouard Philippe doit enfin trouver des partenaires pour faire vivre la décentralisation, le droit à l’expérimentation et les nouvelles pratiques démocratiques. Or, il bute sur la résistance de la droite sénatoriale qui, se sentant menacée, songe à bloquer la révision constitutionnelle. Pour tenter de briser la résistance, le chef du gouvernement a brandi, à mots couverts, l’arme du référendum ou d’une réforme non négociée du mode de scrutin, mais sans trop d’agressivité car sinon comment croire à son nouvel art de gouverner ? Main de fer ou gant de velours, il faudra pourtant choisir. Le Monde
Editorial. Le premier ministre n’a pas la réforme honteuse, comme l’a prouvé sa déclaration de politique générale, mercredi 12 juin, à l’Assemblée nationale. Mais entre main de fer ou gant de velours, il faudra finir par choisir.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/13/acte-ii-du-quinquennat-l-exercice-d-equilibriste-d-edouard-philippe_5475729_3232.html
mlsum-fr-513
Depuis le 19 septembre, les possesseurs d’iPhone et amateurs de jeux mobiles peuvent être tentés par la nouvelle offre de jeu Apple Arcade. Elle s’affiche, en effet, après avoir fait la mise à jour de son système d’exploitation sur iOS 13, dans un nouvel onglet de l’AppStore, le gestionnaire d’applications du smartphone. N’écoutant que son courage, la rédaction de Pixels a donc installé la mise à jour iOS 13 sur divers modèles d’iPhone, puis a activé le premier mois d’utilisation offert d’Apple Arcade, afin de pouvoir en défricher le fonctionnement. Voici nos premières impressions et explications. Est-ce qu’Apple Arcade fonctionne bien ? Oui, car au fond, cela ne change pas grand-chose au modèle de l’AppStore (qui fonctionne déjà pas mal). En choisissant de souscrire à Apple Arcade, vous n’allez pas vous retrouver dans un nouveau portail spécifique consacré au jeu vidéo. Il s’agit seulement de pouvoir accéder à une liste de jeux à télécharger : leur accès est rendu possible une fois que vous êtes abonné. Ils s’installeront ensuite comme n’importe quelle autre application sur votre iPhone, et s’appuieront sur l’écosystème de jeu mobile Apple déjà existant (notamment les fonctionnalités Game Center). Exemples de jeux Apple Arcade en cours d’installation sur un iPhone. Le Monde La page de l’AppStore consacrée au catalogue Apple Arcade fonctionne à la fois comme une vitrine commerciale et un gestionnaire de téléchargement. La partie curation est similaire à celle proposée par Apple pour les autres types d’applications dans l’AppStore, avec des parties éditorialisées et des sélections de jeux mis en avant, comme les nouveautés, ou selon certaines thématiques. Rien de neuf de ce côté-là pour les utilisateurs de la marque à la pomme. Apple Arcade est avant tout un nouvel onglet dans l’AppStore. Le Monde Les habitués d’OCS, Netflix, PlayStation Now ou MyCanal seront, en revanche, peut-être désarçonnés de ne pas retrouver d’application, ni de bibliothèque claire et exhaustive de l’offre. Elle existe, mais dans un sous-onglet « Voir tous les jeux », caché tout en bas de la page d’accueil Apple Arcade. Nous avons ainsi failli ne pas trouver Mini Motorways, étrangement caché. Dois-je acheter un nouvel iPhone ? Pas forcément. Le plus important est qu’il puisse fonctionner sous iOS 13, la dernière version du système d’exploitation pour iPhone, disponible depuis le 20 septembre. Le site d’Apple (où vous trouverez les instructions pour l’installer) indique qu’iOS 13 est prévu pour les appareils listés ci-dessous. Apple Arcade et ses dizaines de jeux sont donc globalement prévus pour tourner sur les modèles d’iPhone sortis après les iPhone 6S, dont l’iPhone SE. D’une manière générale, si vous souhaitez profiter au mieux des jeux Apple Arcade, nous vous conseillons cependant une chose : les faire tourner sur un modèle d’iPhone à écran large (de type « Plus » ou « Max »), afin d’avoir plus de maniabilité et une meilleure visibilité. Un conseil qui vaut pour la majorité des expériences de jeux sur mobile. Mais selon nos premiers tests, la plupart des jeux Apple Arcade fonctionnent de manière fluide quel que soit le modèle d’iPhone. Bien sûr, les jeux sont plus beaux et s’affichent mieux sur les modèles les plus récents : mais cela est lié à la meilleure qualité d’écran de l’iPhone XS Max, comparé à celui d’un iPhone 6S, et non à des performances d’affichage de jeu. Pendants nos essais, les très rares bugs occasionnels ne semblent pas liés à la date de sortie du matériel. Le jeu Skate City est ainsi resté bloqué pendant le tutoriel sur iPhone XS Max (sorti en 2018). En parallèle, nous avons fait tourner plusieurs jeux Apple Arcade sur un iPhone 6S : tout s’est à peu près bien passé. Seul Hot Lava n’a pas fonctionné correctement – mais cela a été causé par un problème lié au gyroscope du smartphone, qui nous a empêchés de nous déplacer correctement. Peut-on télécharger l’intégralité du catalogue pour y accéder sans réseau ? Dans la plupart des cas, non, il va falloir choisir les jeux à télécharger, puis les supprimer ensuite. Certains jeux sont relativement volumineux (jusqu’à 1,21 Go pour Overland, 1,73 Go pour Shinsekai, 2,93 Go pour Hot Lava…), et il faut bien les télécharger un par un avant de pouvoir y jouer – avec ou sans réseau par la suite. Sur un iPhone de 64 Go, certes déjà bien encombré d’applications, de photos de chats et de vidéos de fin de soirée, il n’a été possible d’en télécharger qu’une vingtaine avant saturation. Le Monde Y a-t-il des services associés à Apple Arcade pour enrichir l’expérience de jeu ? Non, si ce n’est qu’Apple Arcade reprend les fonctionnalités déjà existantes du Game Center d’Apple. La sauvegarde dans le Cloud permettra également de reprendre sa partie sur n’importe quel appareil mobile (Apple) connecté sur le même compte. D’ici à octobre, le service doit être disponible sur iPadOS, tvOS et macOS Catalina, selon Apple. Ce qui sera pratique, par exemple, pour jouer une même partie sur plusieurs appareils, et terminer à la maison sur votre dernier iPad le niveau de Cat Quest II que vous aviez commencé sur iPhone dans les transports en commun. Apple Arcade est-il compétitif ? Moyennant 4,99 euros mensuels (hors premier mois, offert – ce qui fera près de 55 euros pour la première année d’utilisation), Apple Arcade donne accès à un catalogue qui doit, selon Apple, compter plus d’une centaine de jeux mobiles accessibles au joueur. Le jour du lancement, on en a compté plutôt 73, mais il semble que ce nombre va progressivement augmenter. « Dans les prochaines semaines, le catalogue passera à plus de 100 jeux, car de nouveaux titres seront ajoutés chaque mois », promet la marque à la pomme. Sur le papier, il s’agit à ce jour de l’une des offres par abonnement les moins chères parmi celles déjà en place chez les grands constructeurs. Chez Nintendo, il faut payer quatre euros par mois pour le catalogue rétro du Nintendo Switch Online. Chez Microsoft, il faut compter dix euros pour le Xbox Game Pass, et du côté de Sony, quinze euros pour le PlayStation Now. Ceci dans un contexte où cinq euros étaient jusqu’alors le prix moyen d’un gros jeu sur mobile, sans possibilité de se faire rembourser. Pour le même prix, Apple Arcade permet de tester, puis jouer, à des dizaines de jeux pendant un mois. Cet abonnement est sans engagement : il sera envisageable de ne payer Apple Arcade que pendant les vacances d’été, afin d’avoir des dizaines de jeux accessibles sur un iPad pour amuser les enfants. Puis de suspendre l’abonnement à la rentrée. Avec toutes ces possibilités, on peut dire que, oui, Apple Arcade est compétitif. Il faut toutefois garder à l’esprit qu’il s’agit techniquement d’un système de location : le jour où l’abonnement s’arrête, les jeux ne fonctionneront plus. Le genre de détail que l’on n’apprécie que dix ans plus tard, quand on retombe par hasard sur son vieil iPhone aux bords esquintés et à l’écran à demi brisé, et que l’on tente, en vain, de s’offrir un petit quart d’heure nostalgie. Que vaut le catalogue de jeux Apple Arcade ? Apple vise le haut du panier du jeu mobile, avec des créations originales, léchées, créatives, esthétiques. Comble du chic, ces jeux mobiles sont sans publicité et ne proposent pas d’achats en cours de partie pour augmenter ses capacités, ou autres raffinements payants qui ont peu à peu envahi les jeux mobiles ces dernières années. Lire aussi Avec Apple Arcade, le jeu vidéo mobile espère décrocher ses lettres de noblesse Certains se démarquent déjà, comme l’hilarant jeu What the Golf, parodie du sport du même nom… … ou l’hypnotisant Sayonara Wild Hearts, expérience pop rétinienne et entraînante. Dans le pire des cas, les titres se contentent d’être des valeurs sûres sans grande originalité, comme le jeu de réflexion Hexagon, le Rayman Mini d’Ubisoft, le jeu de course Sonic Racing, ou le jeu d’action LEGO Brawls. De nombreux registres sont présents, du simple casse-tête au jeu de stratégie, en passant par des jeux de course, de plate-forme, de combat, d’action. A noter, au registre des regrets, que tous les titres ne sont pas pensés pour une expérience tactile. C’est particulièrement vrai de quelques jeux d’action rétro qui sont plus jouables avec une bonne vieille manette à l’ancienne. Parmi les titres présents au lancement d’Apple Arcade, seule une douzaine est compatible avec une manette extérieure. Apple Arcade est-il le seul moyen d’accéder à ces jeux ? Apple parle beaucoup de jeux « exclusifs ». Mais de nombreux titres sont, en réalité, disponibles sur d’autres plates-formes, comme la Switch (Sayonara Wild Hearts), la PS4 (Mutazione) ou encore le PC (What the Golf). En revanche, ils sont bien exclusifs à Apple dans leurs versions mobiles, ainsi que tactiles, et absents sur les mobiles Android. En somme, il s’agit d’un catalogue exclusif… sur smartphone.
Avec iOS 13, Apple lance un nouveau système vidéoludique par abonnement : pour cinq euros par mois, elle permet de jouer à des dizaines de jeux en illimité sur son iPhone. La rédaction de Pixels a testé le service.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/20/apple-arcade-sept-questions-pour-comprendre-la-nouvelle-offre-de-jeux-en-illimite-sur-iphone_6012475_4408996.html
mlsum-fr-514
C’est la patate chaude que chaque gouvernement se refile depuis trente ans. Elle risque de brûler les doigts d’Emmanuel Macron si le projet de loi sur la dépendance, annoncé pour l’automne, n’est pas à la hauteur des enjeux et des attentes, en dépit des 10 milliards d’euros de déficit de la Sécurité sociale attendus en 2019-2020. Cet introuvable « cinquième risque » s’ajoutant à la vieillesse, la maladie, les accidents du travail et les charges familiales, les « pères » de la « Sécu » n’y avaient pas songé dans la France de l’après-guerre, où la priorité allait à la reconstruction et aux forces vives. Il s’impose désormais tant la donne démographique a changé. Et plus qu’on ne l’imaginait depuis la publication, fin juillet, de prévisions inattendues de l’Insee : au milieu du siècle, le pays comptera 4 millions de personnes dépendantes ; et non 2,2 millions, un nombre jusqu’à présent retenu par le ministère des solidarités et de la santé sur la base des seuls bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui seraient plus nombreux si tous ceux qui y ont droit la demandaient. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dépendance : pressions sur le gouvernement pour obtenir des fonds pour la prise en charge des personnes âgées Il fut un temps où la droite et les économistes libéraux jugaient qu’au-delà de cette allocation, la prise en charge du grand âge relevait de la responsabilité individuelle. Une assurance privée, le soutien de la famille, voire la récupération sur succession en cas d’aide publique, feraient l’affaire. Il est désormais acquis – et d’abord pour le président de la République – que c’est un risque social dont le financement doit être en grande partie solidaire. « C’est la collectivité nationale qui va devoir prendre ce financement à charge. C’est un nouveau risque qu’il nous faut construire », affirme M. Macron. Le coût doublera d’ici à 2060 La dépendance ne se résume pas à un problème de gros sous. Edouard Philippe plaide pour que l’« on voit aussi nos aînés comme une source de richesse ». Mais on y revient toujours. Car il faudra financer le nouveau congé indemnisé pour les proches, revaloriser les métiers du grand âge, créer des dizaines de milliers d’emplois dans les Ehpad et réduire la facture des familles. Les chiffres sont en effet sans appel : un hébergement en Ehpad dépasse en moyenne 2 500 euros quand la pension moyenne ne dépasse pas 1 330 euros net par mois. L’Etat, les départements et l’Assurance-maladie consacrent déjà 25 milliards d’euros à un risque dont le coût doublera d’ici à 2060. Il pèsera alors 2,8 points de PIB. Question à 50 milliards d’euros : comment accompagner la croissance de ce besoin sans alourdir outre mesure les prélèvements obligatoires, dont la France est championne du monde ? La « patate chaude » mérite un peu de cuisine (financière). Et tout le monde s’est mis aux fourneaux pour trouver la meilleure recette.
Financer ce « cinquième risque », une gageure pour Emmanuel Macron, dont le projet de loi intervient dans un contexte où toute mesure touchant le grand âge doit être pesée au trébuchet politique, estime Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/30/la-dependance-merite-un-peu-de-cuisine-financiere_6013613_3232.html
mlsum-fr-515
Image extraite du documentaire de Tommy Gulliksen, « La Corée du Nord et l’art ». TOR JORUND F. PEDERSEN / ARTE ARTE - MERCREDI 14 AOÛT À 22 H 55 - DOCUMENTAIRE Quoi de plus banal qu’un séminaire d’art contemporain dans la société mondialisée d’aujourd’hui ? Mais un séminaire d’art contemporain organisé à Pyongyang, capitale nord-coréenne, voilà qui change les perspectives et constitue une grande première. Organisé après de longues tractations, en août 2017, par l’artiste norvégien Morten Traavik, habitué des voyages en République démocratique de Corée, ce rassemblement pour le moins baroque et inhabituel est au cœur de ce documentaire. Pour les autorités locales, inviter des artistes étrangers doit permettre de montrer au monde extérieur que la Corée du Nord est un pays ouvert Durant une semaine, sept artistes n’ayant jamais mis les pieds auparavant sur le sol nord-coréen vont tenter de présenter leurs œuvres et d’échanger avec des artistes locaux. Pour les autorités locales, inviter des artistes étrangers doit permettre de montrer au monde extérieur que la Corée du Nord est un pays ouvert et propice à la créativité artistique. Le réalisateur Tommy Gulliksen filme au plus près les échanges entre ces artistes (peintre, photographe, réalisatrice, graphiste) venus de Paris, Londres, Oslo ou Pékin, et leurs guides accompagnateurs, anglophones et zélés. Pas question de sortir du programme établi, de faire un pas de côté. L’incompréhension grandit. A tel point que Morten Traavik, se faisant le porte-parole du groupe, lance à l’un des guides : « Vous tenez tout le groupe en laisse, et vous serrez autant que vous pouvez ! Dès que l’un d’entre-nous veut faire quelque chose, il se fait rappeler à l’ordre. Tout pose problème, vous ne nous faites pas confiance ! » Quelques tentatives d’échanges La colère a été entendue. Plutôt que de risquer l’incident, les autorités lâchent un peu de lest. A l’Université des arts, au Conservatoire, quelques tentatives d’échanges entre artistes étrangers et nord-coréens ont lieu. Le hasard veut que cette réunion ait lieu au moment même où la Corée du Nord vient de provoquer la colère de Donald Trump en ayant procédé, avec succès, à un essai nucléaire. En écoutant les menaces du président américain, les artistes invités sont inquiets. Et lorsqu’ils demandent à leurs homologues nord-coréens ce qu’ils pensent de la situation, il est question de fierté, non de peur. A la fin du court séjour, artistes étrangers et locaux échangent enfin leurs impressions devant des photos, des peintures, un enregistrement sonore. Le début d’une nouvelle aventure ? « Au moins, on s’est parlé, regardé dans les yeux. On a eu un vrai échange entre artistes. » Mission presque accomplie. La Corée du Nord et l’art, documentaire de Tommy Gulliksen (Nor., 2017, 55 min). www.arte.tv/fr/videos/075812-000-A/la-coree-du-nord-et-l-art
Le réalisateur Tommy Gulliksen suit au plus près durant une semaine des artistes étrangers invités à assister à un séminaire d’art contemporain.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/14/la-coree-du-nord-et-l-art-chocs-culturels-a-pyongyang_5499439_3246.html
mlsum-fr-516
Chemnitz, rebaptisée Karl-Marx-Stadt jusqu’à la fin de la RDA, fut le théâtre de manifestations hostiles aux migrants en 2018. TOMMASO RADA C’est un mur de 3 mètres de haut et 100 mètres de long, bordé d’un côté par un ruisseau et de l’autre par une petite route de campagne. A l’endroit du cours d’eau, un écriteau indique que celui-ci servait jadis de tracé à la frontière séparant la République fédérale d’Allemagne (RFA) et la République démocratique allemande (RDA). Sur la route, on pouvait encore voir, il y a quelques jours, une série d’affiches électorales accrochées aux lampadaires ou posées à même le sol. Toutes étaient à l’effigie du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), en campagne pour les élections régionales du 27 octobre en Thuringe. Toutes évoquaient la « révolution pacifique » de 1989, dont l’Allemagne, cet automne, célèbre le trentième anniversaire. L’occasion pour l’AfD de se présenter comme le porte-parole des Allemands de l’Est en colère, de dénoncer les engagements non tenus de la réunification et de promettre d’« achever le tournant » amorcé en 1989. L’un des slogans du parti d’extrême droite : « Aujourd’hui comme hier : la liberté plutôt que le socialisme ». Klaus Grünzner et Marcel Zapf ne s’en ­cachent pas : ils sont atterrés par la façon dont le parti d’extrême droite instrumentalise l’histoire de l’Allemagne à des fins électoralistes. Les deux hommes ont grandi de part et d’autre de ce mur de béton qui, de 1966 à 1989, coupait en deux Mödlareuth, village de 40 habitants surnommé le « petit Berlin » au temps de la guerre froide et où s’est rendu le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo jeudi 7 novembre, deux jours avant de participer aux cérémonies du 30e anniversaire de la chute du Mur dans la capitale allemande. Les deux Allemagnes ont parfois tant de mal à se comprendre Aujourd’hui, Klaus Grünzner est le maire de Töpen, la partie bavaroise de Mödlareuth jadis en Allemagne de l’Ouest ; Marcel Zapf, lui, est le maire de Gefell, la moitié du village autrefois en RDA et désormais dans le Land de Thuringe. De sensibilité conservatrice, les deux hommes reconnaissent volontiers que des erreurs ont pu être commises lors de la réunification. Mais ils ne comprennent pas qu’un parti comme l’AfD puisse en faire son fonds de commerce électoral, ni que, dans l’espace public, les discours négatifs l’emportent parfois sur les jugements positifs. Surtout, ils s’inquiètent de constater que, trente ans après, les deux Allemagnes ont parfois tant de mal à se comprendre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rattrapages et divergences, l’Europe au milieu du gué Pour les deux maires, en effet, l’histoire a définitivement tranché : « Il faut se souvenir de ce qu’était notre vie à l’époque. Ici, nous avons été élevés avec l’idée que nos voisins de l’Ouest, de l’autre côté du Mur, étaient les méchants. Bien sûr, la réunification a pu déstabiliser. Mais à trop parler des ratés, certains oublient l’essentiel, à savoir cette liberté que nous avons gagnée, nous, les gens de l’Est », explique Marcel Zapf. Klaus Grünzner, lui, se souvient de « la joie incroyable » qui a explosé le 9 décembre 1989 quand, un mois après celui de Berlin, le mur de Mödlareuth s’est ouvert à son tour. Un mur dont 100 mètres (sur 700) ont été conservés en guise de mémorial. Un mur dont le vestige, selon les deux maires, devrait inciter les quelque 80 000 visiteurs de passage chaque année à Mödlareuth à se féliciter du chemin parcouru plutôt qu’à ruminer les frustrations nées de la réunification.
La revendication d’une identité distincte de celle de l’Ouest est de plus en plus présente à l’Est où une majorité d’Allemands se considèrent comme des citoyens de seconde zone.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/08/en-allemagne-la-double-vie-de-l-ex-rda_6018521_3210.html
mlsum-fr-517
Le Congrès péruvien, le 1er octobre à Lima. GUADALUPE PARDO / REUTERS Mardi 1er octobre, les députés de la majorité parlementaire fujimoriste se sont présentés au Congrès, pourtant dissous la veille par le président Martin Vizcarra, comme si de rien n’était. Ils en ont été empêchés par les forces de police. Lundi soir, ils avaient dénoncé un « coup d’Etat » et, passant outre la dissolution du Parlement, avaient suspendu pour un an le chef de l’Etat et nommé la vice-présidente de la République, Mercedes Araoz, présidente par intérim. Cela créait, de fait, un pouvoir parallèle au chef de l’Etat. Mais Mme Araoz a renoncé à sa nomination dans la nuit de mardi à mercredi. Selon le politologue Fernando Tuesta, la suspension du président n’est de toute façon qu’un « acte symbolique » destiné à « rester sans effet » car, assure-t-il, « M. Vizcarra jouit du soutien des forces armées et de la police, ainsi que de l’opinion publique ». Un jugement que ne partagent pourtant pas tous les analystes politiques, d’aucuns considérant discutable la « constitutionnalité » de la dissolution du Congrès. Lundi soir, au milieu d’une grave crise politique et institutionnelle, Martin Vizcarra a en effet annoncé cette dissolution et appelé à des élections législatives anticipées, fixées au 26 janvier 2020. Un acte prévu, selon lui, par l’article 134 de la Carta Magna. L’épilogue d’un long bras de fer entre exécutif et législatif qui s’enlisait au point qu’un tel scénario semblait inéluctable. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Pérou, les procureurs sous pression de l’affaire Odebrecht « Opposition systématique » Lors de son allocution télévisée à la nation, le 30 septembre, Martin Vizcarra a présenté cette décision comme « la solution démocratique aux problèmes du pays depuis trois ans [date des dernières élections générales] ». Depuis lors, le gouvernement fait face à la fronde permanente de la majorité fujimoriste (du nom de l’ex-président Alberto Fujimori, en prison pour corruption et crimes contre l’humanité) et de ses alliés de droite, notamment ceux de l’APRA, le parti de l’ex-président Alan Garcia, qui s’est suicidé le 17 avril au moment de son arrestation. Le chef de l’Etat a ainsi dénoncé « l’opposition systématique [du Congrès] à la réforme de la justice et à la réforme politique », entreprises par son gouvernement dans sa lutte contre la corruption, dont il a fait son cheval de bataille. Le système judiciaire, en effet, a été secoué en 2018 par un scandale impliquant des membres de la magistrature et des personnalités politiques liées notamment au principal parti d’opposition, Fuerza Popular (fujimoristes). De même, la classe politique est rattrapée depuis cinq ans par l’affaire Odebrecht – du nom du géant du BTP accusé de versements de pots-de-vin à de nombreux dirigeants latino-américains. Quatre ex-présidents péruviens ont été mis en examen ou incarcérés.
Les députés de l’opposition s’opposent à la dissolution du Parlement par Martin Vizcarra, qui a fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/02/crise-politique-majeure-au-perou-entre-le-president-et-le-congres-fujimoriste_6013915_3210.html
mlsum-fr-518
« Ils seront ainsi presque 145 000 jeunes à s’y être engagés en 2019 » (Photo : maison de retraite. Jeune femme effectuant un service civique). Philippe Turpin / Photononstop Tribune. « Petit miracle républicain » voté à l’unanimité en 2010, le service civique était alors plein de promesses : sécuriser l’engagement des jeunes, le développer, le valoriser. « Le service civique, c’est un engagement volontaire au service de l’intérêt général ouvert aux 16-25 ans. Accessible sans condition de diplôme, le service civique est indemnisé », écrit sur son site l’Agence du service civique. « Le service civique a pour objet de renforcer la cohésion nationale et la mixité sociale et offre à toute personne volontaire l’opportunité de servir les valeurs de la République et de s’engager en faveur d’un projet collectif en effectuant une mission d’intérêt général », selon le code du service national. Un marqueur générationnel Aujourd’hui, le service civique est devenu un marqueur générationnel phare pour les jeunes Français, résultat d’une politique du chiffre assumée. Ils seront ainsi presque 145 000 jeunes à s’y être engagés en 2019. Un remarquable succès quantitatif, gagné à la force d’un branle-bas de combat ministériel et associatif, qui mobilise aujourd’hui une très large frange d’acteurs autour de l’engagement de la jeunesse. Le service civique est fondé sur le volontariat, sur la progression personnelle dans le cadre d’un projet au moins en partie défini par le jeune lui-même, sur la montée en compétences dans le cadre d’une citoyenneté exercée librement. S’il est vrai que beaucoup de jeunes ne s’y engagent pas par fibre militante a priori, tous découvrent au cours de leur mission les notions d’intérêt général et de citoyenneté. Le service civique est une belle école de l’engagement, tout comme une formidable opportunité de renouvellement pour les associations et institutions publiques qui accueillent les volontaires. Le service civique comprend bien sûr des marges de progression, et des points de vigilance. L’annualité désormais routinière de l’accueil des volontaires, le nombre des cohortes, le manque de formation des tuteurs, tendent à réduire la part d’engagement personnel pourtant prépondérante dans ce que doit être la mission d’un volontaire. Mais est surtout dénoncé le risque croissant d’une collusion du service civique avec l’emploi, surtout dans un contexte de fort chômage des jeunes et de fragilisation généralisée du monde associatif et de l’administration publique. Dégradation Pourtant le service civique a réussi le pari d’un équilibre fragile : atteindre l’universalité – offrir une mission à chaque jeune volontaire – et un effet générationnel massif, sans le caractère obligatoire de l’engagement, et en préservant une forte identité citoyenne. Plébiscité par les jeunes comme par les associations et institutions, il mérite désormais qu’on y investisse massivement pour améliorer sa qualité.
Dans une tribune au « Monde », un collectif emmené par des élus en charge de politiques de la vie associative et de la jeunesse estime que le service civique est aujourd’hui directement menacé par le service national universel.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/05/il-faut-sauver-le-service-civique_6018114_3232.html
mlsum-fr-519
Un drone d’UPS transportant des produits médicaux à Raleigh, en Caroline du Nord. UPS / via REUTERS Acceptation sociale problématique, concentration accélérée du secteur et concentration des usages sur quelques domaines d’activité spécifiques… La déferlante que certains entrevoyaient ne s’est pas produite. Pour les drones, l’atterrissage est un peu rude, même si la plupart des experts considèrent que cette phase était inévitable et que ces appareils vont s’inscrire dans le cours de l’histoire. L’avènement du drone de loisirs, dont certains entrevoyaient qu’il rencontrerait la même popularité que les action cameras de GoPro, a fait long feu. Le marché a brutalement cessé sa croissance mi-2018, au grand préjudice du français Parrot, mais aussi du numéro un chinois DJI, contraint de recentrer ses activités, notamment vers la fabrication de caméras portables stabilisées. Le rythme de lancement de nouveautés, autrefois frénétique, s’est singulièrement ralenti, et la clientèle se limite dorénavant aux amateurs de photos aériennes de qualité et aux tenants d’une forme d’aéromodélisme sans chichi. Performant mais encore complexe à utiliser par le grand public, trop masculin dans son approche de la technologie, en butte à une législation plus contraignante et encore loin d’être accessible à tous (le prix d’un drone de qualité commence aux alentours de 400 euros), le quadricoptère du dimanche ne s’est pas imposé comme un équipement indispensable aux loisirs familiaux. Tout juste lancé au prix de 999 dollars aux Etats-Unis, le Skydio 2, qui peut évoluer en vol automatique et filmer tout en évitant les obstacles, se présente comme le modèle qui peut relancer le drone de loisirs. Mais peut-être est-il trop tard. Faillites en série Le drone continue de souffrir d’une image brouillée. Le bruissement de ses hélices ne plaît guère au voisinage. Ses frasques supposées, notamment fin 2018 à proximité de l’aéroport de Gatwick, au Royaume-Uni – où les éléments formels attestant de la présence de tels engins à proximité des pistes manquent – le désignent comme un élément perturbateur potentiellement dangereux. D’où l’avenir radieux promis aux systèmes antidrones… Lego commercialise d’ailleurs un hélicoptère-jouet pourvu d’un filet pour faire la chasse aux vilains drones, clin d’œil peu apprécié par DJI, qui dénonce un fantasme collectif. La firme chinoise a d’ailleurs fort à faire. Le numéro un mondial se plaint aussi d’être accusé par l’armée américaine de permettre la transmission aux autorités chinoises de données stockées par ses objets connectés volants. Vingt-cinq start-up ont mis la clé sous la porte après avoir brûlé 183 millions de dollars L’heure est aussi au retour sur terre pour de multiples start-up et sociétés-champignons constituées dans le sillage de l’enthousiasme initial apparu autour des drones, au milieu des années 2010. Depuis quelques mois, un vaste mouvement de concentration s’est cristallisé, y compris en Chine. Le signe que la bulle de la « drone economy » a définitivement éclaté (bulle dans laquelle les fonds d’investissements avaient mobilisé 2,6 milliards de dollars entre 2012 et 2019, selon l’institut de recherche Teal Group). Selon Crunchbase, vingt-cinq start-up ont mis la clé sous la porte après avoir brûlé 183 millions de dollars. Les fabricants de drones américains ont disparu, Parrot négocie âprement son recentrage sur les activités professionnelles et les sociétés chinoises tentent elles aussi de s’adapter à la nouvelle donne. Désormais, le business réside moins dans la collecte des données que dans leur valorisation, et l’utilité d’un drone dépend des performances des capteurs qu’il transporte, surtout ceux qui analysent des images en recourant à l’intelligence artificielle. Un panneau interdisant les vols de drone près du site touristique de Gullfoss, en Islande. CHRIS HELGREN / REUTERS Des usages professionnels avant tout Ce passage à vide renvoie, selon nombre d’experts, au fameux « cycle de la hype » établi par le cabinet Gartner, qui pose le principe que toute nouvelle technologie démarre en flèche avant de connaître un brutal coup d’arrêt puis retrouve son souffle pour prendre enfin son essor. En France, quelques PME bien installées sur leur créneau comme Delair (fabrication de drones et traitement de données), Airspace Drone (gestion du trafic aérien), Sterblue (inspection d’éoliennes) ou DroneVolt (fabrication de drones et conception de services) tiennent le cap. Le drone n’a encore percé que dans une poignée de domaines d’activité Désormais tenu d’assurer un retour sur investissement, le drone n’a encore véritablement percé que dans une poignée de domaines d’activité. Les opérations d’inspection des grandes infrastructures (lignes à haute tension, éoliennes, voies ferrées, pipelines, bâtiments industriels…) ou les carrières et mines à ciel ouvert qui mesurent le volume de matériaux extraits grâce aux relevés numériques opérés depuis le ciel. L’audiovisuel continue de consommer du drone à haute dose, comme en témoigne la multiplication – pour ne pas dire le trop-plein – des reportages réalisés avec leur aide. Autre secteur propice à l’usage de drones, le bâtiment consomme toujours plus de relevés numériques qui permettent, en un tournemain, de cartographier un terrain ou de suivre au plus près l’évolution quotidienne d’un chantier. L’agriculture de précision, domaine d’application a priori prometteur (le drone permet d’ajuster au strict nécessaire les traitements insecticides ou de quantifier précisément les dégâts provoqués par un événement météorologique), ne s’est pas vraiment ouverte aux drones. Sauf aux Etats-Unis, où la mécanisation est depuis longtemps un impératif. Assister police et pompiers Deux drones appartenant aux pompiers de Los Angeles. ROBYN BECK / AFP A contrario, le drone semble en voie de s’enraciner dans les activités liées à la sécurité, au sens large. Les services d’urgence y recourent pour évaluer la situation sans exposer les secouristes. On se souvient que l’incendie de Notre-Dame a été filmé en direct par des drones dont les images ont contribué à guider l’action des pompiers. Les forces de l’ordre les utilisent pour surveiller les manifestations. Aux Etats-Unis, les services de police font couramment voler des quadricoptères (chinois, n’en déplaise à l’US Army) pour procéder à des interpellations ou reconstituer des scènes de crime, les pompiers, pour lutter contre les incendies de forêt et les rangers, pour veiller sur les parcs nationaux. Sans compter les propriétés privées et les sites industriels qui y voient un moyen d’assurer leur sécurité. Il va sans dire que cette capacité technologique à tout scruter exige, en retour, de faire l’objet d’une grande vigilance, compte tenu des risques d’atteinte aux libertés. La vocation la plus pérenne du drone n’est pas de s’imposer comme un divertissant joujou technologique, mais comme un outil dédié à la numérisation de l’économie. On n’en trouvera plus guère au pied du sapin, mais on ne devrait sans doute plus beaucoup attendre pour en voir voler dans la vraie vie.
Image brouillée et émergence moins rapide que prévu des usages professionnels, l’essor de ces engins volants a pris du retard.
https://www.lemonde.fr/la-foire-du-drone/article/2019/10/10/retour-sur-terre-pour-les-drones_6014968_5037916.html
mlsum-fr-520
Après l’élimination des Pays-Bas en huitièmes de finale au Canada, lors du Mondial 2015, Sarina Wiegman a transformé son équipe en « bulldozer », s’appuyant sur le plan de développement de la pratique féminine lancé par la fédération des Pays-Bas (KNVB). ALESSANDRA TARANTINO / AP A force d’enchaîner les exploits aux commandes de l’équipe des Pays-Bas, Sarina Wiegman va bien finir par disposer d’une statue à son effigie à La Haye, sa ville natale. A 49 ans, la sélectionneuse des Lionnes oranje a parfait sa réputation de « faiseuse de miracles » en hissant ses joueuses, qualifiées seulement pour la deuxième fois au tournoi, en finale de la Coupe du monde. Moins de deux ans après avoir décroché l’Euro 2017, à domicile, la technicienne est en lice, dimanche 7 juillet, à Lyon, pour réaliser un improbable doublé. Le défi est de taille : il s’agit désormais de se mesurer aux Américaines, championnes du monde en titre, et impitoyables (24 buts inscrits pour trois encaissés) depuis l’entame de la compétition. Le gouffre semble béant entre les deux finalistes. Les coéquipières d’Alex Morgan et de Megan Rapinoe ont d’ailleurs dû se frotter les mains en assistant, devant leur télévision, à la prestation décevante des Néerlandaises lors de leur demi-finale soporifique face à la Suède. Sitôt acquise la qualification de ses protégées, Sarina Wiegman s’est muée en paratonnerre, esquissant un large sourire. L’heure est à l’optimisme. Et qu’importe si ses joueuses ont dû s’arracher en prolongation pour venir à bout (1-0) des Scandinaves et bénéficient d’un jour de repos en moins que leurs prochaines adversaires. « Qui pourrait nous arrêter ? Tout peut arriver sur un match », a déclaré la technicienne, qui s’est décrite comme une « joueuse combattante ». Cette hargne, l’ex-capitaine des Lionnes oranje (104 sélections de 1987 à 2001) l’a manifestement transmise à ses joueuses depuis son arrivée comme sélectionneuse adjointe, en 2014. Après l’élimination en huitièmes de finale au Canada, lors du Mondial 2015, elle a transformé son équipe en « bulldozer », s’appuyant sur le plan de développement de la pratique féminine lancé par la fédération des Pays-Bas (KNVB). « La culture a changé, tout comme les mentalités. Que ce soit au stade ou chez les joueuses, par rapport au don de soi », estime Sarina Wiegman, intronisée à la tête de la sélection en 2017. « Grand sens du collectif » Cette année-là, la victoire bluffante des coéquipières de la buteuse Vivianne Miedema à l’Euro 2017, organisé à domicile, provoque un engouement historique aux Pays-Bas, où le public se passionne soudainement pour les joueuses. Désignée entraîneuse de l’année par la Fédération internationale de football (FIFA), Sarina Wiegman devient une figure respectée et le symbole de l’essor récent du football féminin dans son pays.
Sacrée championne d’Europe en 2017, à domicile, la sélectionneuse néerlandaise a réussi à hisser ses joueuses en finale du Mondial, ce dimanche.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/06/coupe-du-monde-2019-sarina-wiegman-la-faiseuse-de-miracles-des-pays-bas_5486138_3242.html
mlsum-fr-521
Donald Trump, lors d’un meeting à Lake Charles, en Louisiane, le 11 octobre. LEAH MILLIS / REUTERS « Laisser Trump être Trump » a longtemps été une martingale, la garantie d’une différence, l’assurance d’une liberté qui permettait de renverser les certitudes. « Laisser Trump être Trump » reste la ligne, mais jusqu’où ? Au fil des derniers jours, peut-être sous la pression de sa mise en accusation par la Chambre des représentants qui le soupçonne d’avoir sollicité un gouvernement étranger, en l’occurrence ukrainien, pour enquêter sur la famille d’un adversaire politique, l’ancien vice-président Joe Biden, Donald Trump s’avance toujours un peu plus dans la vulgarité et la grossièreté. Son parler vrai glisse vers le caniveau : « Conneries », « fils de pute », « lèche-cul ». Les optimistes estimeront que le lexique présidentiel américain s’en trouve renouvelé. L’escalade de Donald Trump ne se limite pas à l’injure. Jeudi soir 10 octobre, Donald Trump était en meeting à Minneapolis, dans le Minnesota. L’occasion de haranguer comme jamais sa base électorale. Jusqu’au malaise. La dénonciation d’un « Etat profond » constitue toujours un moment de bravoure des discours du président. Il se présente en justicier, cerné par les ennemis intérieurs incapables cependant de l’empêcher de triompher. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump se déchaîne contre les démocrates à Minneapolis « Deep State » Il prête régulièrement à ce « Deep State » les traits d’un ancien responsable du FBI, Peter Strzok, qui ne cachait pas sa détestation du milliardaire dans des messages intimes envoyés à sa maîtresse, Lisa Page, membre également de la police fédérale. Messages qui ont entraîné leur limogeage. Sur scène, ce jeudi, Donald Trump s’écarte de son texte et mime une conversation entre les deux amants. « Oh Lisa, je t’aime tant. » Face à lui, la foule gronde. Le président des Etats-Unis en rajoute, lourdement. Très lourdement. « Oh, Lisa », ne cesse-t-il de répéter, glapissant presque, laissant toute latitude à l’imagination de son public. Un peu plus tard, cette même imagination est à nouveau mise à contribution à propos d’un sujet cette fois-ci dramatique, le rapatriement des dépouilles des soldats tombés au combat. Le président des Etats-Unis, qui met d’ordinaire en avant le coût financier des interventions militaires américaines, tente de justifier depuis trois jours sa décision de laisser le champ libre à la Turquie contre les Kurdes syriens, décisifs dans la bataille contre l’organisation Etat islamique. Lire aussi Kurdes : la honte et la guerre Aucun président n’a pu se dispenser de la cérémonie d’accueil à l’aéroport militaire de Dover, dans le Delaware, ni de la visite au centre hospitalier militaire Walter-Reed de Bethesda (Maryland) où les médecins prennent en charge les gueules cassées et les corps brisés des combattants américains. Cette émotion-là ne se feint pas. Mais Donald Trump choisit d’en montrer les moindres recoins, d’exposer par son récit à la lumière crue d’une réunion publique l’effondrement d’une famille face à l’arrivée d’un corps sans vie, pour son profit politique.
Sous la pression de la procédure de destitution, le président américain s’enfonce chaque jour un peu plus dans la vulgarité et l’agressivité.
https://www.lemonde.fr/chroniques-de-la-presidence-trump/article/2019/10/13/president-trump-an-iii-en-surchauffe-jusqu-ou_6015302_5077160.html
mlsum-fr-522
Elle les avait appelés à statuer en leur « âme et conscience ». Cela n’aura pas suffi. Le Parlement européen a rejeté, jeudi 10 octobre, à une large majorité la candidature de Sylvie Goulard, ex-ministre désignée pour siéger dans la future Commission européenne par le président français, Emmanuel Macron, qui devra donc lui trouver un remplaçant après ce revers. Mme Goulard a été recalée (82 voix contre, 29 pour et une abstention) par les eurodéputés des commissions du Parlement qui l’avaient auditionnée pour la seconde fois, expose le décompte du vote fourni par des sources parlementaires. « Je prends acte de la décision du Parlement européen, dans le respect de la démocratie. Je remercie le président de la République [français] et [la présidente de la Commission européenne] Ursula von der Leyen pour leur confiance et tous les députés qui ont voté pour moi », a réagi l’intéressée dans un message publié sur son compte Twitter. Je prends acte de la décision du Parlement européen, dans le respect de la démocratie. Je remercie le Président de… https://t.co/8X0zsbciEH — GoulardSylvie (@Sylvie Goulard) C’est la première fois qu’un candidat présenté par la France pour un poste de commissaire est recalé par le Parlement européen. D’un ton acerbe, Emmanuel Macron a déclaré « ne pas comprendre » les raisons du rejet de cette candidature. « Je me suis battu pour un portefeuille, j’ai soumis trois noms. On m’a dit : “Votre nom est formidable, on le prend” et puis on me dit finalement : “On n’en veut plus” », a-t-il commenté lors d’une conférence de presse à Lyon. Selon lui, Ursula Von der Leyen l’aurait assuré avoir obtenu l’accord des groupes PPE (centre-droit), PSE (social-démocrate) et Renaissance (centriste et libéral) à la candidature de Mme Goulard. « Je ne comprends pas comment, quand la présidente de la Commission nommée a une discussion avec les trois présidents de groupe et [qu’ils] se mettent d’accord sur quelque chose, ça peut bouger comme ça », a-t-il poursuivi. « J’ai besoin de comprendre ce qui s’est joué de ressentiment, peut-être de petitesse », a insisté le président français. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le difficile accouchement de la Commission von der Leyen Réactions politiques en chaîne Les réactions politiques n’ont pas tardé à affluer. « Ceux qui se partagent l’Europe et la paralysent depuis des décennies ont une fois de plus préféré les enjeux politiciens aux intérêts de l’UE », a déploré Stanislas Guerini, délégué général de La République en marche (LRM) sur Twitter. D’autres députés LRM ont pointé les « intérêts partisans » et les « jeux politiques » au sein de la Commission dont Mme Goulard a, selon eux, fait les frais. « Comment le président Emmanuel Macron a-t-il pu faire le choix d’affaiblir à ce point la position de la France en Europe et d’ignorer avec autant d’arrogance l’indispensable éthique qui doit guider nos institutions ? », s’est interrogé Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie-Les Verts (EELV), en référence à l’affaire d’emplois fictifs présumés dans le parti de Sylvie Goulard, le MoDem. Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), voit, elle, dans le rejet de sa candidature « un désaveu cinglant » pour le président français. Emmanuel Macron « inflige à la France une terrible humiliation sur la scène européenne », a tweeté Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat. « La France ridiculisée par les choix de Macron », a tweeté Jean-Luc Mélenchon, député et chef de file de La France insoumise (LFI). Les élus français du groupe Renew Europe, soutiens de Sylvie Goulard, ont accusé le chef du groupe PPE, l’Allemand Manfred Weber, d’être à l’origine de cet échec, dénonçant une « attitude revancharde ». La candidature de M. Weber à la présidence de la Commission avait été refusée par M. Macron. Deux enquêtes en cours Sylvie Goulard avait été désignée par Ursula von der Leyen pour un important portefeuille regroupant le marché intérieur, l’industrie, la défense, l’espace, le numérique et la culture. Elle est la troisième candidate recalée par les députés européens après le conservateur Hongrois Laszlo Trocsanyi (PPE) et la socialiste roumaine Rovana Plumb. Le Parlement européen devait décider si Sylvie Goulard avait toutes les compétences requises pour son portefeuille et si elle présentait toutes les garanties d’intégrité personnelle et d’indépendance. Les doutes exprimés sur son intégrité et son indépendance lui ont imposé de répondre à des question écrites après sa première audition, le 2 octobre. Elles ont été jugées insuffisantes et l’ont obligée à se soumettre à l’épreuve d’une seconde audition. Deux enquêtes sont en effet en cours, l’une par la justice française, l’autre par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF), sur sa participation à un système d’emploi fictif présumé pour le MoDem, en rémunérant un assistant parlementaire en France avec les fonds européens accordés aux députés par le Parlement européen. « Mme Goulard doit expliquer pourquoi une enquête qui l’a contrainte à démissionner de son poste de ministre en France ne l’empêcherait pas de devenir commissaire européen », avait expliqué le chef d’un groupe politique avant l’audition. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Assistants parlementaires : les soupçons s’accumulent contre le MoDem Des interrogations ont également été émises sur les activités ayant justifié d’importantes rémunérations obtenues entre 2013 et 2016 de l’Institut Berggruen, fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, alors qu’elle était députée européenne. L’OLAF a confirmé enquêter sur d’« éventuelles irrégularités concernant les activités que Mme Goulard a menées pour l’Institut Berggruen alors qu’elle était députée européenne ». Sylvie Goulard a rappelé jeudi qu’elle n’avait pas été mise en examen et a invoqué la présomption d’innocence pour refuser de retirer sa candidature. Elle a insisté sur la confiance que lui avait accordée Ursula von der Leyen et a déclaré que si elle venait à être mise en examen, elle démissionnerait dès lors que Mme Von der Leyen l’exigerait. « C’est maintenant à vous de prendre votre décision en votre âme et conscience, en garantissant la présomption d’innocence », a-t-elle conclu. Mme Von der Leyen a pressé jeudi la France, la Hongrie et la Roumanie de lui donner de nouveaux noms. « Nous devons maintenant organiser sans délai la suite du processus avec le Parlement afin que l’Europe soit rapidement en mesure d’agir », a-t-elle déclaré, sans commenter la déclaration du président français. Le Parlement européen doit voter l’investiture de la nouvelle Commission le 24 octobre lors de sa session plénière à Strasbourg. Goulard s’« engage à démissionner » en cas de condamnation Visée par une enquête dans le cadre des emplois fictifs du MoDem, Sylvie Goulard a essayé, lors de sa première audition par les eurodéputés, le 2 octobre, d’expliquer pourquoi elle avait démissionné en juin 2017 de son poste de ministre des armées d’Emmanuel Macron, et pourquoi elle ne voyait pas de raison de refuser l’offre d’Ursula von der Leyen d’être commissaire au marché intérieur. « Si je suis confrontée à des décisions judiciaires, telles qu’une mise en examen, je me demanderai si je peux continuer à exercer efficacement mon mandat », assure Mme Goulard, mardi 8 octobre, dans les réponses écrites qu’elle a transmises au Parlement européen, à la suite des questions qui lui ont été adressées. « Je consulterai ensuite, conformément au code de conduite de la Commission, la présidente [de la Commission européenne, Ursula von der Leyen] sur les mesures à prendre », poursuit la Française, qui néanmoins s’« engage à démissionner » si elle était « condamnée par un jugement définitif pour une infraction relevant de l’exercice d’une fonction publique ». Un point de vue qu’elle aura tout loisir de justifier lors de sa seconde audition par les eurodéputés, jeudi 10 octobre.
La Française n’est pas parvenue jeudi à convaincre les eurodéputés de son intégrité à l’issue d’une seconde audition.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/10/la-candidature-de-sylvie-goulard-a-la-commission-europeenne-rejetee-par-les-eurodeputes_6014982_3210.html
mlsum-fr-523
Le pôle « centriste et macroniste » distribue des tracts pour le maire sortant Manuel Aeschlimann, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), le 2 novembre. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Tous les six ans à Asnières-sur-Seine, le schéma se répète. A l’approche des élections, le climat de cette ville des Hauts-de-Seine s’alourdit, les rivalités s’aiguisent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la campagne pour les municipales de mars 2020 ne semble pas déroger à la règle. Depuis plusieurs semaines, une sorte de dispute familiale se joue sous les yeux des habitants de cette commune de 86 000 habitants. Un règlement de comptes en place publique entre d’un côté, Alexandre Brugère, investi par La République en Marche (LRM), et de l’autre, le maire sortant (Les Républicains, LR) Manuel Aeschlimann, soutenu par un pôle « centriste et macroniste » dirigé par l’adjoint à la culture UDI Thierry Sellier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Paris, Lyon, Besançon… LRM confrontée à de multiples dissidences pour les élections municipales Pourtant, jusqu’en février, tous travaillaient ensemble. En 2014, Alexandre Brugère, alors adhérent LR, rejoint l’équipe municipale de Manuel Aeschlimann en tant qu’adjoint chargé de la sécurité. Cinq ans plus tard, il claque la porte du conseil municipal en faisant « le pari un peu fou de porter un projet de transformation pour la ville », considérant « qu’il faut faire plus pour Asnières », selon ses mots. Un départ qui laisse perplexe ses anciens collègues : « C’est assez surprenant de voir quelqu’un quitter l’équipe pour se présenter contre elle alors qu’il a toujours tout voté avec nous sans jamais émettre aucune critique », constate le maire actuel. Juste après son retrait, l’ex-élu adhère à LRM et lance « Asnières et vous », un collectif citoyen qui vise « à réfléchir et à proposer des idées nouvelles pour la ville ». Soutenu par l’ensemble des comités locaux LRM de la commune, il est investi, en septembre, par le parti présidentiel, en vue des municipales de mars. Le tract de la discorde Depuis, la campagne bat son plein. Sur le terrain, les équipes des deux candidats accélèrent et multiplient les porte-à-porte et tractages en tous genres. Au lendemain du long week-end de la Toussaint, les deux équipes se retrouvent à tracter au même moment devant la gare, où les badauds doivent slalomer entre la trentaine de militants des deux camps. Parmi eux, le secrétaire d’Etat à la protection de l’enfance, Adrien Taquet, élu député à Asnières-sur-Seine en 2017, est venu donner un coup de main à Alexandre Brugère. Tractage des dissidents devant la gare, à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), le 2 novembre. CYRIL BITTON / DIVERGENCE POUR « LE MONDE » Jusqu’au scrutin, l’enjeu pour le candidat investi par LRM, qui se présente pour la première fois en son nom, est de se faire connaître des Asnièrois. Du côté de la majorité sortante, on cherche à mettre en avant le bilan de Manuel Aeschlimann. Un bilan loué notamment par un curieux tract, distribué par le pôle « centriste et macroniste » d’Asnières-sur-Seine, qui se revendique à la fois soutien du maire sortant et de son équipe à forte dominante LR mais, en même temps, de l’action du président de la République Emmanuel Macron.
Dans cette ville des Hauts-de-Seine, un groupe de « centristes et macronistes » s’oppose au candidat investi par La République en marche.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/07/municipales-a-asnieres-sur-seine-les-macronistes-se-font-la-guerre_6018342_823448.html
mlsum-fr-524
A la foire de Des Moines (Iowa), le 8 août. CHIP SOMODEVILLA / AFP La vache grandeur nature sculptée chaque année dans une montagne de beurre est la seule à ne pas souffrir de la chaleur, retranchée dans le confort d’une vitrine réfrigérée. Tout autour d’elle, la foule débonnaire de la foire annuelle de l’Iowa s’écoule péniblement dans les allées, samedi 10 août. De loin en loin, des barbecues géants grésillent sous un soleil accablant. On mastique en flânant des lanières de lard grillé entortillées sur des bâtonnets ou d’imposantes cuisses de dindes. Sur la petite scène en plein air que le Des Moines Register, le principal quotidien de l’Etat, dresse chaque année présidentielle, les candidats à la primaire d’investiture démocrate se succèdent, le front perlé de sueur. La foire organisée dans le premier Etat à se prononcer en 2020 ne fait pas une élection, mais elle peut contribuer à défaire ou à faire une réputation. Dans cet enfer pour diététicien, le très raisonnable jus de fraise commandé par le candidat démocrate John Kelly, en 2004, avait été considéré comme une faute politique. En 2015, Donald Trump avait, au contraire, marqué les esprits en offrant des baptêmes de l’air à des enfants à bord de son hélicoptère personnel évidemment frappé de son nom. Le sondage publié par la Monmouth University, à la veille de l’ouverture de la foire, témoigne de l’importance de l’enjeu. Certes, l’ancien vice-président Joe Biden fait toujours la course en tête avec 28 % des intentions de vote, mais la sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren (19 %) effectue une percée qui la place nettement devant ses collègues Kamala Harris (Californie, 11 %) et Bernie Sanders (Vermont, 9 %), en net repli. Le jeune maire de South Bend, dans l’Indiana, Pete Buttigieg (8 %) ferme la marche. Tous les autres candidats, dont l’ancien représentant du Texas Beto O’Rourke, sont largement distancés. Des candidats « trop nombreux » L’avance de Joe Biden n’a rien cependant d’irrémédiable, à six mois des votes de l’Iowa. L’ancien sénateur du Delaware a commis lors de son déplacement, jeudi 8 août, l’une de ces gaffes qui ont longtemps fait sa réputation. Il a en effet assuré avoir reçu comme vice-président des rescapés de la fusillade de Parkland, en Floride, perpétrée en février 2018, alors qu’il avait quitté ses fonctions depuis plus d’un an. Autant dire que la course reste ouverte. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Etats-Unis : Joe Biden s’impose au centre lors du deuxième débat de la primaire démocrate Elle reste également riche de prétendants. Au total, vingt-trois démocrates ont prévu de faire le déplacement de Des Moines jusqu’au 18 août. Un chiffre sans précédent qui explique en partie le relatif manque de mobilisation dont de bons spécialistes du Parti démocrate se font l’écho. « Ils sont encore bien trop nombreux », confirme le responsable de terrain pour la région de Dubuque, dans l’est de l’Etat, d’un candidat qui figure dans le peloton de tête. « Dans mes campagnes de porte-à-porte, je ne cesse de me heurter à des gens qui refusent pour l’instant de s’impliquer ou de verser de l’argent, et qui se justifient en disant qu’ils veulent y voir plus clair », assure-t-il.
Vingt-trois prétendants à l’investiture pour la présidentielle de 2020 ont prévu de venir à l’incontournable foire de Des Moines.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/12/dans-l-iowa-les-electeurs-democrates-sont-las-de-la-profusion-de-candidats_5498734_3210.html
mlsum-fr-525
L’explosion du camion-citerne a eu lieu samedi 10 août au matin dans la commune de Msamvu, dans l’immédiate périphérie de Morogoro, en Tanzanie. Stringer / AP Au moins 64 personnes ont été tuées et plus de 70 ont été blessées dans l’explosion samedi 10 août matin d’un camion-citerne accidenté dont elles tentaient de siphonner le carburant, en périphérie de Morogoro, en Tanzanie. Les faits se sont déroulés vers 8 h 30 (7 h 30 en France) sur la commune de Msamvu, dans l’immédiate périphérie de Morogoro, à près de 200 km à l’ouest de Dar es Salaam. Peu après qu’un camion se soit renversé sur la chaussée, des conducteurs de « boda-boda » – des moto-taxis – ont afflué sur les lieux pour tenter de récupérer du carburant, tout comme des habitants de la commune. Une vidéo postée sur les réseaux sociaux montre ainsi des dizaines de badauds affairés à tenter de récupérer du carburant dans des jerricanes jaunes : Sixty people confirmed dead, 70 others seriously wounded after an overturned petroleum truck burst into flames at M… https://t.co/Rp3V0mIzxg — Sang_254 (@Augustine Sang 🇰🇪) Puis l’essence s’est embrasée. Sur une vidéo tournée peu après, on aperçoit des corps de victimes carbonisés, comme pétrifiés, côtoyant au sol des effets personnels et autres carcasses de moto. Le gouverneur de Morogoro, Stephen Kebwe, a précisé que tous les médecins de l’hôpital régional avaient été mobilisés et que des patients dont l’état n’inspire pas d’inquiétude avaient été transférés dans d’autres établissements pour faire de la place aux victimes de l’explosion. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Tanzanie, la liberté de la presse malmenée « Une personne tentait d’arracher la batterie » M. Kebwe a expliqué qu’au moment où les habitants remplissaient leurs bidons de carburant, un homme a tenté d’arracher la batterie du camion, provoquant ainsi la déflagration, ce que des témoins ont semblé corroborer. « Nous sommes arrivés sur les lieux, avec deux voisins, juste après que le camion se soit renversé. Pendant que certains bons samaritains essayaient de sortir du camion le chauffeur et les deux autres personnes qui se trouvaient à bord, d’autres se bousculaient, munis essentiellement de jerricanes, pour recueillir de l’essence », a rapporté January Michael, un jeune enseignant interviewé par l’Agence France-Presse (AFP). « Au même moment, une personne tentait d’arracher la batterie du véhicule. Nous avons averti que le camion pouvait exploser à tout moment mais personne n’a voulu nous entendre. Nous avons alors poursuivi notre chemin. Mais à peine avions tourné les talons que nous avons entendu l’explosion », a ajouté ce témoin. « Arrêtons cette habitude, je vous en prie » Le drame a suscité une vive émotion dans le pays, artistes, sportifs, politiques et de nombreux citoyens multipliant les messages de compassion aux victimes. « J’adresse mes condoléances à tous ceux qui sont affectés, en particulier aux familles des victimes et je prie Dieu pour que ces victimes reposent en paix et que les blessés se rétablissent vite », a réagi le président tanzanien, John Magufuli. Le chef de l’Etat s’est aussi dit « très choqué que les gens se ruent sur des véhicules accidentés pour piller leur cargaison ». « Il y a des véhicules qui transportent du fuel dangereux comme dans ce cas, à Morogoro. Il y en a d’autres qui transportent des produits chimiques toxiques ou encore des explosifs. Arrêtons cette habitude, je vous en prie », a plaidé M. Magufuli. Ce type de tragédie n’est pas rare sur le continent. Début juillet, dans le centre du Nigeria, au moins 45 personnes étaient mortes et plus de 100 blessées lors du pillage par la population d’un camion-citerne accidenté qui avait explosé. Début mai, une catastrophe similaire a tué près de 80 personnes au Niger. Parmi les plus meurtrières de ces catastrophes figurent celle de Maridi, au Soudan du Sud, qui avait fait 203 morts en 2015 et celle de Sange dans l’est de la République démocratique du Congo où 292 personnes avaient été tuées en 2010.
Les victimes sont principalement des conducteurs de moto-taxis et des habitants qui étaient accourus pour récupérer du carburant qui s’échappait de la citerne.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/10/tanzanie-au-moins-60-morts-dans-l-explosion-d-un-camion-citerne-accidente_5498411_3212.html
mlsum-fr-526
Une agence BNP Paribas, à Paris. LOIC VENANCE / AFP Les banques n’ont pas la réputation d’être exemplaires dans la lutte contre le changement climatique ou pour la protection de l’environnement, loin s’en faut. Mais la suppression du plastique est une cause que BNP Paribas a décidé d’embrasser, en fixant à ses salariés des objectifs au-delà des obligations légales. La loi française relative à la transition énergétique pour la croissance verte interdit la vente et la distribution des gobelets, verres et assiettes en plastique, au 1er janvier 2020. A l’échelle européenne, la vaisselle, mais aussi les couverts, les tiges pour ballon de baudruche et les Coton-Tige en plastique à usage unique seront bannis d’ici à 2021. L’objectif est de protéger les océans, sur lesquels flottent 5 000 milliards de particules de plastique, selon l’océanographe François Galgani. Les articles en plastique à usage unique représentent en nombre près de la moitié de tous les déchets retrouvés sur les plages européennes. Prenant les devants, BNP Paribas a envoyé ce mois-ci un document à ses équipes, dans les soixante-douze pays où la banque est présente, fixant le plan pour supprimer le plastique à usage unique dans l’environnement de travail de ses 200 000 employés d’ici à 2020 (en 2019 pour la France). Utiliser des produits « écolabellisés » Non seulement les restaurants d’entreprise et les cafétérias devront être vidés de tous les produits à usage unique contenant du plastique, gobelets comme bouteilles, mais le ménage devra également être fait dans les machines automatiques. « La gamme de produits de snaking contenue dans les distributeurs (ex : barres énergétiques) doit être revue pour proposer exclusivement des produits sans emballage ou éco-emballés », stipule le document. Les salariés sont appelés à utiliser « des mugs », à offrir aux visiteurs extérieurs des gobelets compostables ou biodégradables, à boire l’eau du robinet ou des fontaines – dans les pays où l’eau courante n’est pas potable, l’entreprise se dotera de bonbonnes ou de filtres spécifiques. Pour les plateaux-repas servis pendant les réunions, « la recommandation est de faire appel aux prestataires qui utilisent et récupèrent les contenants réutilisables ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment l’Europe a adopté la directive anti-plastique Côté fournitures de bureau, la banque va utiliser autant que possible des produits écolabellisés et « écoconçus ». Enfin, les équipes ne disposeront plus d’objets promotionnels en plastique à durée de vie très limitée. Interrogé, BNP Paribas n’a pas été en mesure de chiffrer les volumes de plastique qui ne seront plus consommés. Pour ne rien manquer de l’actualité économique Cet article est paru dans notre newsletter « La lettre éco ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre quotidienne en suivant ce lien. Chaque jour à 12 h 30, vous y retrouverez les informations du Monde et son regard sur l’actualité économique, à travers notamment la chronique « Pertes & profits ».
La chasse au plastique commence cette année auprès des 200 000 salariés du groupe, dans les soixante-douze pays où la banque est présente.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/28/bnp-paribas-bannit-le-plastique-jetable_5482611_3234.html
mlsum-fr-527
« Orange Is the New Black » saison 7. NETFLIX LA LISTE DE LA MATINALE Cette semaine, cap sur le continent américain avec trois séries féminines et féministes. Big Little Lies accueille, dans sa saison 2, l’immense talent de Meryl Streep, Orange Is the New Black fait ses adieux avec une septième saison en demi-teinte et Workin’ Moms reprend du poil de la bête après une première saison trop lisse. « Big Little Lies », une saison 2 autour de Meryl Streep Depuis son prologue, on sait que Big Little Lies, la série créée par David E. Kelley d’après le roman (2014) de Liane Moriarty, réalisée (en saison 1) et produite par Jean-Marc Vallée, fait de sa fin son commencement : une scène de crime lors d’une soirée costumée de levée de fonds dans une école fréquentée par la société huppée de Monterrey, sur la côte californienne. Le récit va aller par cercles concentriques se rapprochant petit à petit de la nature, de l’objet et des circonstances de la disparition du mari (Alexander Skarsgard) de Celeste (Nicole Kidman). En saison 2, tandis que l’étau de l’enquête resserre son joug, le récit circulaire continue, avec de nombreux flash-back, alors que la vie personnelle des cinq femmes suit son cours plus ou moins chaotique, entre secrets intimes, faillites financières et couples en déroute. Un tour d’écrou supplémentaire est apporté, qui, complétant la circularité du récit, opère une sorte de double révolution jugulante : Meryl Streep, mère du mari de Celeste, vient progressivement instiller un poison à dispersion lente mais certaine dans la vie de sa belle-fille et celle de ses amies. Son personnage est nulle part et partout et susurre les pires vacheries avec un sourire torve et des yeux de biche myope (Meryl Streep y réalise l’une de ces métamorphoses physiques dont elle a le secret). Et finit, c’était prévisible, et peut-être voulu, par être le centre de tout et faire oublier tout ce qui l’entoure. Si cette saison 2 convainc moins que la première, on avouera n’avoir pas boudé son plaisir à la regarder semaine après semaine. Renaud Machart Big Little Lies, saison 2, série créée par David E. Kelley. Avec Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Shailene Woodley, Zoë Kravitz, Laura Dern, Meryl Streep (Etats-Unis, 2019, 7 × 52 mn). Les saisons 1 et 2 sont intégralement disponibles à la demande sur OCS. « Orange Is the New Black » se fait la belle après 7 saisons Disponible depuis juillet 2013 aux Etats-Unis, et quatorze mois plus tard en France, la série Orange Is the New Black, créée par Jenji Kohan (auteure de la décoiffante Weeds), a connu un succès qui s’est annoncé, puis vite confirmé, grâce à un très épicé parfum de scandale. On se souvient avec plaisir et intérêt des premières saisons sexualo-rocambolesques de cette série et des thèmes sociopolitiques abordés (notamment le système des prisons privées aux Etats-Unis). Mais Orange Is the New Black a sûrement eu tort, en raison de son succès, de jouer trop longtemps les prolongations – comme Weeds d’ailleurs, qui a connu huit saisons. Depuis la saison 5, les personnages, hauts en couleur, commençaient d’ailleurs à faire du surplace et les situations à frôler le ridicule. La septième et dernière saison abuse de scènes intercalaires qui délayent trop le propos, de flash-back biographiques des personnages principaux qui n’apportent pas toujours grand-chose. Et l’on regrette la grande scène condescendante et moralisante que fait à Piper un être autrefois proche. Quant à la conclusion aigre-douce un peu téléphonée, elle aura pour seule vertu de faire passer la pilule auprès des fans désolés de voir certaines de leurs héroïnes favorites disparaître, reproduire les mêmes erreurs ou sombrer dans la folie. Celles-ci leur font cependant un joli et émouvant salut au moment des crédits finaux. R. Ma. « Orange Is the New Black », saison 7, série créée par Jenji Kohan. Avec Taylor Schilling, Laura Prepon, Uzo Aduba, Kate Mulgrew (Etats-Unis, 2019, 13 x 55-90 mn). Netflix, vidéo à la demande. « Workin’ Moms » : mères au bord de la crise de nerfs La « ménagère de moins de 50 ans » ayant plus ou moins disparu du discours des publicitaires, semble avoir été remplacée par la « femme au bord de la crise de nerfs », cumulant emploi exigeant, maternité peu épanouie, couple bancal et ami(e)s tyranniques. Workin’ Moms, dont la deuxième saison vient d’arriver sur la plate-forme de VOD, est le « bébé » de la Canadienne Catherine Reitman, fille et sœur des réalisateurs Ivan (SOS Fantômes) et Jason Reitman (Thank you for Smoking). Productrice et scénariste, elle interprète également le rôle principal, celui de Kate, professionnelle des relations publiques, mariée à un bellâtre et mère d’un petit garçon. La série a pour nœud central un groupe de parole réservé aux jeunes mamans, dans lequel Kate retrouve chaque semaine son amie de jeunesse, Anne, ainsi que d’autres femmes toutes plus ou moins équilibrées. Après une première saison aussi lisse que les brushings des actrices principales, le propos de Workin’ Moms s’est, dans sa deuxième saison, considérablement assombri. Placardisée pour avoir fui une présentation PowerPoint, préférant se rendre au chevet de son fils malade, Kate se retrouve à jongler entre deux jobs à mi-temps, une nounou vénéneuse, une meilleure amie perturbée par le retour de son ex-mari, et la mort soudaine de son père. On peut regretter la durée des épisodes – une vingtaine de minutes – qui oblige le scénario à enchaîner les rebondissements (dont beaucoup sont superflus) et laisse quelques personnages intéressants sur le bord de la route. Le tout se regarde néanmoins avec plaisir, notamment grâce à un ton libre et cru, et à quelques scènes fort drôles. Audrey Fournier Workin’ Moms, saison 2, série créée par Catherine Reitman. Avec Catherine Reitman, Dani Kind, Juno Rinaldi (Canada, 13 x 20 mn). Disponible à la demande sur Netflix.
« La Matinale » vous propose une sélection de séries à (re)voir sur petit écran. Cette semaine, « Big Little Lies », « Orange Is the New Black » et « Workin’ Moms ».
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/29/femmes-entre-elles-en-prison-en-souffrance-trois-series-feminines-et-feministes_5494742_3246.html
mlsum-fr-528
Laurent Wauquiez, le 26 mai, à Paris. JACQUES DEMARTHON / AFP « Cette élection est un échec. » C’est sur ces paroles, prononcées dimanche 2 juin sur le plateau de TF1, que Laurent Wauquiez a annoncé sa démission de la présidence des Républicains (LR), une semaine après la déroute de son parti aux élections européennes. « Les victoires sont collectives, les défaites sont solitaires. Il faut que je prenne mes responsabilités : (…) je vais prendre du recul. Je me retire de mes fonctions de président de LR », a déclaré M. Wauquiez. « Il faut que la droite se reconstruise » et « je ne veux pas être un obstacle, à aucun prix », a-t-il justifié, parlant d’une décision « mûrement réfléchie ». Plusieurs appels à la démission Voilà une semaine que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ancien ministre lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy, était sous le feu des critiques au sein de son parti. C’est lui qui avait choisi, dans un scepticisme général, de désigner François-Xavier Bellamy, enseignant en philosophie de 33 ans, pour conduire la liste LR aux élections européennes. Le résultat fut catastrophique : la formation n’est arrivée qu’en quatrième position du scrutin européen, avec à peine plus de 8 % des voix. Après cette défaite historique, plusieurs personnalités de droite avaient appelé au départ de M. Wauquiez. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, a affirmé qu’« à la place » du chef de file de LR, elle aurait démissionné, tandis que Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, a confirmé avoir demandé à M. Wauquiez de démissionner. « A échec exceptionnel, mesure exceptionnelle, sinon nous disparaîtrons », avait-il expliqué. Enfin, dans un appel lancé jeudi 30 mai, onze députés LR réclamaient la création d’un « comité de renouvellement » pour porter « la voix de la nouvelle génération de la droite française ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections européennes 2019 : le « tout sauf Wauquiez » se met en place chez LR M. Wauquiez avait convoqué lundi soir un bureau politique exceptionnel. Une réunion durant laquelle il a estimé qu’un changement en « profondeur » était nécessaire, mais a mis en garde contre « des solutions simplistes qui ne résoudront rien ». Comprendre : sa simple éviction du commandement du parti ne résoudrait rien à l’affaire. Face à la fronde, Le président de la région Auvergne-Rhônes-Alpes a tenté de gagner du temps en proposant de « tout remettre à plat » grâce à des « états généraux » tenus à la rentrée. Une proposition qui n’a apparemment pas suffi. « Je me suis toujours construit par le terrain » L’ex-député de Haute-Loire et ancien maire du Puy-en-Velay, 44 ans, avait été confortablement élu à la tête de LR en décembre 2017, avec environ 75 % des voix, quelques mois après la défaite de François Fillon à la présidentielle. Depuis son élection, M. Wauquiez faisait l’objet de nombreuses critiques sur sa ligne droitière et sur une gouvernance jugée « solitaire » à la tête du parti. Souvent accusé d’« insincérité », il avait écorné son image en 2018 avec la révélation de propos chocs, enregistrés à son insu, tenus devant des étudiants lyonnais, dans lesquels il multipliait les critiques contre différents responsables politiques. « Pourquoi cet écart entre ce que je suis et l’image qui est donnée ? Sans doute que, parfois, je suis trop dur. C’est comme ça en tout cas que les gens l’ont perçu », a expliqué M. Wauquiez dimanche. Cette démission ajoute un nouvel épisode dans l’histoire très mouvementée du parti de droite, après deux élections présidentielles perdues par Nicolas Sarkozy en 2012 et François Fillon en 2017, et le départ de plusieurs cadres ralliés à Emmanuel Macron, à commencer par l’actuel premier ministre, Edouard Philippe. Interrogé sur son avenir politique, M. Wauquiez a affirmé qu’il allait poursuivre son mandat local : « Je me suis toujours construit par le terrain. Qu’est-ce que je vais faire ? Je vais m’y consacrer, à me battre pour ces habitants qui m’ont fait confiance. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Geoffroy Didier : « A droite, rien ne serait pire qu’une nouvelle guerre des chefs » « L’espace politique existe-t-il encore ? » Reste à savoir qui viendra le remplacer à la tête de LR. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a initié une « démarche » pour construire « un projet rassemblant la droite et le centre ». Il a convié, mardi, à Paris les présidents des groupes parlementaires Christian Jacob (Assemblée nationale) et Bruno Retailleau (Sénat), les présidents des grandes associations d’élus François Baroin (maires), Dominique Bussereau (départements) et Hervé Morin (régions), ainsi que les présidents de régions LR dont Valérie Pécresse (Ile-de-France), M. Wauquiez ou encore Renaud Muselier (Provence-Alpes-C^te d’Azur). Trouveront-ils un nouveau candidat pour conduire le mouvement ? Selon les statuts de LR, en cas de vacance, la présidence est assurée par le vice-président délégué, Jean Leonetti.
Une semaine après les élections européennes, le dirigeant du mouvement a tiré le bilan de cet « échec » électoral et a dit vouloir « prendre ses responsabilités ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/02/laurent-wauquiez-demissionne-de-la-presidence-des-republicains_5470534_823448.html
mlsum-fr-529
San Salvador, le 9 septembre. Des féministes manifestent devant le siège du parquet pour exiger l’abandon des charges contre Evelyn Hernandez. REUTERS/Jose Cabezas JOSE CABEZAS / REUTERS La justice salvadorienne s’acharne sur Evelyn Hernandez. Condamnée une première fois à trente ans de prison en 2017 pour homicide alors qu’elle avait été victime d’une fausse couche, blanchie lors de son procès en appel le 19 août après presque trois ans derrière les barreaux, la jeune femme de 21 ans risque d’affronter un troisième procès, après que le procureur général a fait appel, vendredi 6 septembre, de son acquittement. « Cet appel est la manifestation de la protection légale du bien juridique principal, qui est la vie d’un être sans défense qui dépend absolument du soin de sa mère », a affirmé le parquet. « Evelyn Hernandez n’est victime de rien du tout, au contraire, la seule victime est son fils », a ajouté l’institution, répondant aux critiques d’acharnement judiciaire contre la jeune femme. Une peine de quarante ans de prison est requise contre elle. Quartier contrôlé par les gangs Le 6 avril 2016, Evelyn Hernandez, qui était encore une adolescente, avait été retrouvée baignant dans son sang dans les toilettes de son domicile. Emmenée à l’hôpital de Cojutepeque, à 40 kilomètres à l’est de la capitale, San Salvador, elle avait été dénoncée par les médecins, qui suspectaient un avortement. Les autorités avaient retrouvé le corps sans vie d’un bébé dans la fosse septique de sa maison. Après six jours à l’hôpital, elle avait alors été arrêtée et inculpée pour homicide. Dans un premier temps, il avait été dit qu’Evelyn Hernandez était tombée enceinte après un viol, mais son avocate a expliqué préférer ne plus évoquer ces circonstances à la demande de la jeune femme, qui habite dans un quartier contrôlé par les gangs et aurait pu faire l’objet de représailles. Evelyn Hernandez a toujours dit qu’elle ignorait qu’elle était enceinte au moment de la fausse couche. Le code pénal salvadorien prévoit une peine de deux à huit ans de prison dans tous les cas d’avortement, même lorsque la vie de la femme enceinte est mise en danger par la grossesse. Mais, dans les faits, les juges considèrent toute perte du fœtus comme un « homicide aggravé », puni de trente à cinquante ans de réclusion. San Salvador, le 9 septembre. Une militante féministe répand de la peinture rouge à l’entrée du siège du parquet pour dénoncer un acharnement judiciaire contre Evelyn Hernandez. REUTERS/Jose Cabezas JOSE CABEZAS / REUTERS « C’est une honte que l’on continue de poursuivre pénalement une femme sans preuves », a tweeté une des avocates de la jeune femme, Bertha Maria Deleon. « Cet appel est un autre exemple de la tendance discriminatoire des procureurs du Salvador, a dénoncé Astrid Valencia, chercheuse pour l’Amérique centrale au sein de l’organisation Amnesty International. C’est épouvantable que, malgré un verdict qui a confirmé l’innocence d’Evelyn, l’Etat continue de vouloir la poursuivre. » « Pays machiste » Lundi 9 septembre, des féministes se sont rassemblées devant le siège du parquet pour exiger l’abandon des charges contre la jeune femme. Déguisées en clowns, des militantes ont barbouillé de peinture rouge l’entrée de l’immeuble. « Nous sommes ici parce que nous croyons en l’innocence d’Evelyn, nous n’allons pas la laisser seule, nous sommes ici aujourd’hui et nous reviendrons demain, jusqu’à ce que justice soit faite », a assuré une féministe, tandis que les autres manifestantes scandaient : « Le féminisme vaincra, le patriarcat tombera ! » On n’accuse pas la jeune fille « d’avortement, mais d’homicide d’une personne », a répété, lundi, le procureur général, Raul Melara. « Certains groupes ont intérêt à ce qu’on ait l’impression qu’il s’agit d’une persécution de la pauvreté, d’une femme qui a eu une urgence hospitalière, mais les preuves accablantes démontrent que ça n’a pas été le cas », a-t-il insisté devant la presse locale, justifiant la tenue d’un troisième procès et fustigeant la « violence » des manifestantes. Lire aussi : Le prix Simone de Beauvoir remis à une Salvadorienne pour son combat pour le droit à l’avortement « Tu sais que tu vis dans un pays machiste quand le centre de l’attention est focalisé sur des taches sur un mur et non sur la violence subie par une femme injustement poursuivie », a tweeté la militante féministe Sara Garcia Gross, membre de l’Association citoyenne pour la dépénalisation de l’avortement, qui a présenté en 2016 un projet de loi pour dépénaliser l’avortement en cas de viol, de situation de traite des femmes, de danger pour la vie de la femme enceinte et de malformation grave du fœtus. Actuellement, seize femmes sont en prison au Salvador pour des avortements. La plupart d’entre elles viennent de milieux ruraux et pauvres. Au cours des derniers mois, cinq femmes condamnées pour des cas similaires ont été remises en liberté.
Evelyn Hernandez a été condamnée à trente ans de prison en 2017, puis acquittée en août. Le procureur général a fait appel.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/10/au-salvador-une-femme-jugee-pour-homicide-apres-une-fausse-couche-risque-un-troisieme-proces_5508689_3210.html
mlsum-fr-530
Les voitures essence d’avant 1997, et diesel d’avant 2001, ne peuvent désormais plus circuler en région parisienne. GERARD JULIEN / AFP Baisse des tarifs réglementés du gaz, renforcement du contrôle technique pour les véhicules diesel, prime de risque revalorisée à 100 euros net pour 30 000 personnels des urgences, plafonnement des frais d’incidents bancaires pour certains clients, encadrement des loyers et interdiction du stationnement des trottinettes sur les trottoirs à Paris… Voici ce qui change, lundi 1er juillet, en France. Une baisse de 6,8 % pour les tarifs du gaz Appliqués par Engie à quelque 4,3 millions de foyers, ces tarifs réglementés sont toutefois appelés à disparaître progressivement d’ici à 2023, car jugés contraires au droit européen. Les allocations-chômage revalorisées de 0,7 % L’indemnité minimale passe de 29,06 euros à 29,26 euros par jour. Cette hausse concerne environ 2,6 millions de personnes, soit près de 94 % des demandeurs d’emploi indemnisés par l’assurance-chômage. Le contrôle technique renforcé pour les véhicules diesel Afin de mieux lutter contre les particules fines, les tests antipollution des véhicules diesel immatriculés après 2005 sont renforcés lors des contrôles techniques. Pour passer ce nouveau test, un véhicule sera déclaré apte s’il n’émet pas plus de fumée que lorsqu’il était neuf. Annoncée en janvier, la mesure avait été repoussée lors de la crise des « gilets jaunes ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Contrôle technique : les prix se sont envolés depuis la réforme de mai 2018 Un congé de trente jours pour les pères d’un nouveau-né hospitalisé dans une unité de soins spécialisés Ce nouveau droit s’ajoute aux congés de naissance (trois jours) et d’accueil de l’enfant (onze jours). Il s’agit d’un congé de trente jours calendaires consécutifs, à prendre dans les quatre mois suivant l’accouchement. Une indemnité revalorisée à 100 euros net pour les infirmiers, aides-soignants et ambulanciers Environ 30 000 agents hospitaliers bénéficieront de ce coup de pouce, principale mesure annoncée à la mi-juin par la ministre de la santé Agnès Buzyn pour désamorcer un mouvement de grève national entamé mi-mars. Les frais d’incidents bancaires plafonnés à 200 euros par an (20 euros par mois) pour les personnes « en fragilité financière » Fin 2018, 3,4 millions de personnes étaient potentiellement éligibles à cette « offre spécifique », garantissant des services de base pour 3 euros maximum par mois. Toutefois, seulement 348 000 personnes en bénéficiaient, de sorte que le montant moyen des frais acquittés par ces clients « fragiles » pour des dépassements de découvert ou des rejets de prélèvement s’est élevé à 300 euros en 2018. Retour de l’encadrement des loyers à Paris Les bailleurs ne devront pas dépasser de plus de 20 % des « prix de référence » variant selon les quartiers, sous peine d’encourir une amende de 5 000 euros à 15 000 euros. Après une première tentative entre 2015 et 2017, annulée par la justice, ce deuxième plafonnement des loyers dans la capitale doit durer cinq ans « à titre expérimental » et s’applique à tous les baux signés ou renouvelés à partir de ce lundi. Les voitures essence d’avant 1997, et diesel d’avant 2001, interdites de circuler en région parisienne Les voitures classées Crit’Air 5 ou non classées ne peuvent plus circuler dans une « zone à faible émission » délimitée par l’A86, qui forme une boucle autour de Paris. Dans la capitale, où ces véhicules étaient déjà bannis depuis 2017, la restriction est désormais étendue aux vignettes Crit’Air 4 (diesel avant 2006), du lundi au vendredi de 8 heures à 20 heures. Lire aussi Le vrai du faux sur la pollution des voitures au diesel Les trottinettes ne pourront plus être stationnées sur les trottoirs et dans les parcs à Paris PHILIPPE LOPEZ / AFP Le 6 juin, la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé l’interdiction du stationnement des trottinettes sur les trottoirs ; elles doivent être placées « sur les places de stationnement situées sur la chaussée et déjà utilisées par les voitures et les deux-roues motorisés ». Elles sont interdites dans les parcs et leur vitesse est limitée (20 km/h dans la capitale et 8 km/h sur les aires piétonnes). En cas de non-respect de ces règles, les opérateurs s’exposent à une amende de 49 euros par engin, auxquels s’ajouteront les frais de fourrière. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Eric Clairefond : « les réglementations des trottinettes sifflent enfin la fin de la récréation » L’éco-prêt à taux zéro étendu à tous les logements achevés depuis plus de deux ans. Il était jusqu’alors réservé aux résidences principales construites avant 1990. Autres nouveautés : la durée maximale d’emprunt est relevée de dix à quinze ans et les travaux d’isolation des planchers bas (rez-de-chaussée) deviennent éligibles à ce financement.
Comme chaque année à cette date, tarifs et allocations sont revalorisés. Nous faisons le point sur ces changements.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/01/frais-bancaires-encadrement-des-loyers-trottinettes-controle-technique-ce-qui-change-le-1er-juillet_5483536_3234.html
mlsum-fr-531
Pochette de l'album de José Curbelo "Wine, Women and Chacha" (1958, Fiesta Record) Fiesta Records New York à l’aube des années 60. Ambiance fin de règne pour le mambo. Dans sa quête permanente de nouvelles tendances, le public succombe à de nouvelles sirènes. C’est l’explosion du boogaloo, entre rhythm and blues et rythmes latinos, chanté en anglais, et surtout beaucoup plus facile à danser. Le latin soul fait bang bang sur les pistes de danse et fédère les audiences. Les big bands, au premier rang desquels ceux de Machito, Tito Puente, Tito Rodríguez, s’apprêtent à tirer leur révérence, et avec eux le mythique dancing Le Paladium. Une nouvelle génération est prête à prendre la relève. Ils s’appellent Cal Tjader, Ray Barreto, Mongo Santamaria, Charlie et Eddie Palmieri. Le jazz afro-cubain est désormais latin. Bientôt ces mouvements seront eux-mêmes poussés vers la sortie par une nouvelle révolution dénommée salsa. Quand la contrainte devient gageure La maison de disques Wagram a proposé à Osman Jr, leader du groupe de latin soul Setenta, de devenir conseiller du label dans le registre des musiques latines et lui a commandé deux sélections latin jazz/latin soul. La contrainte était forte : Les titres devaient être rares, antérieurs au début des sixties, et leur droits accessibles. Comment dénicher des morceaux d’un genre musical à une époque où il n’était pas né ? Le chanteur, DJ à ses heures, a relevé le défi avec brio. Le résultat, Rare Latin Jazz/Rare Latin Soul est une jolie collection de pépites et de titres oubliés, précurseurs du latin soul et du latin jazz new-yorkais des années 60. « Le jazz et la salsa » a demandé à Osman Jr de présenter trois titres tirés de chaque sélection. Rare Latin Jazz Candido - Big Noise from Winnetka (1962, Roulette) « Candido est un de ceux qui ont révolutionné et anobli la percussion afro-cubaine grâce à la mise en lumière dont il a bénéficié chez Dizzy Gillespie ou Machito. J’ai mesuré le poids qu’il avait eu dans notre histoire musicale lorsque je l’ai rencontré en 2018 à l’occasion des 50 ans de Latin Percussion au Pregones Theater dans le Bronx. Ce monsieur, âgé de plus de 97 ans a montré un charisme, un charme même, incontournable, à la hauteur du respect que tous lui manifestaient. Je ne m’étais pas encore penché sur sa discographie lorsque je suis tombé sur ce titre qui fait la part belle aux bongos et fait un clin d’œil au Milestones de Miles Davis. » Joe Lustig and his Orchestra - Mambo Matinée (1957, Tico) « En tant que créateur d’un label latin [Latin Big Note] qui a pour principale ambition l’innovation, je me suis penché sur la genèse des labels historiques new-yorkais dont Tico a fait partie, avec à sa tête des entrepreneurs tels que Joe Lustig. Mambo Matinée est un 45 t distribué en 1957 jusqu’aujourd’hui indisponible sur les plateformes. Le master que nous avons retrouvé comportait même le countdown du producteur. C’est un bijou, une pierre précieuse à l’état brut, avec une prise de son rudimentaire, le craquement du vinyle qui ajoute à son charme, une orchestration typique mambo avec des arrangements de cuivres resserrés et le swing d’une campana dont l’harmonique ajoute encore au côté roots du titre. » Juan Amalbert’s Latin Jazz Quintet - Star Eyes (1962, Tru-Sound) « Voilà un titre qu’aurait pu produire Mongo Santamaria, mais c’est bien ici un percussionniste afro-américain du Black Harlem, Juan Emmanuel Amalbert (plus tard appelé Abdul Rahim), plus discret, diplômé d’un PhD, qui fait ici parler ses congas. A certains moments, le güiro chante littéralement, le mix original et avant-gardiste lui déléguant le swing du morceau à un point que je n’avais pas souvent entendu dans une production discographique. Juste à côté du güiro, le sax de Bobby Capers est d’un son remarquable empreint de Charlie Parker, avec une ligne mélodique des plus efficaces sur un subtil tapis cha-cha de Willie Gardner au piano. Une masterpiece. » Rare Latin Soul Steve Lawrence - To Close for Comfort (1960, United Artists) « Ce chanteur est pour moi l’incarnation de la classe. Sinatra lui-même a dit qu’il s’agit du meilleur chanteur qu’il ait jamais entendu. C’est un titre qu’aurait pu chanter Jimmy Sabater et cela me ramène à ce qu’il a enregistré plus tard avec Joe Cuba. Sur ce thème chanté en anglais, ce qui le rattache pour moi au genre latin soul, Steve Lawrence pose avec tranquillité sa voix sur une orchestration magistrale qui sonne New York à souhait, grâce à un mambo qui swingue et des arrangements de soufflants qu’aurait pu écrire le jeune Quincy Jones. » Carlos Argentino con la Sonora Matancera - New York (1959, Seeco) « Ce titre pourrait être la BO d’un film évoquant la vie d’un immigré hispanique en 1959, une fois n’est pas coutume, d’une façon positive, telle une renaissance, avec un air de Summertime, chanté avec une voix de baryton tel un blues man, avec une émotion qui donne à ce titre des accents de soul music mêlés aux trompettes de la Matancera qui sonnent à la fois Cuba et la Gran Manzana. Carlos Argentino, un chanteur pourtant né à Buenos Aires en Argentine et dont le vrai patronyme est Israel Vitenszteim Vurm. En un mot, New York ! » Roger King Mozian - Changa Hop (1961, MGM) « Pour son côté cross-over, avec un rifle de guitare irrésistible que je trouve innovant dans l’approche, mêlé à des rifles de soufflants très traditionnels (réponses des trompettes aux sax ténors), des mèches de percussions et mises-en place très boogaloo, avec un güiro qui marque la rythmique de sorte qu’au final, le morceau se danse tel une pachanga. Roger King Mozian est un genre de génie, fils d’immigrés turcs, qui aura par ailleurs composé Asia Minor enregistré par Machito. Je suis heureux de pouvoir le mettre à l’honneur car j’ai redécouvert un musicien que trop peu connaissent et qui incarne ce que New York représente pour moi. » A la shortlist d’Osman Jr, nous pourrions ajouter le Latin Twist chanté en anglais par Tito Rodríguez, une reprise savoureuse de What a Différence a Day Makes, une version inénarrable de Makin’ Whoopee, les torrides Agua ! et Alfredito’s Mambo, mais aussi Mr Bones et Oye Men, étonnants précurseurs de I Like It Like That de Pete Rodríguez et Otra Oportunidad de Jimmy Bosch. A côté des grandes signatures que sont Candido, Tito Rodríguez, Mon Rivera, Johnny Pacheco, Charlie et Eddie Palmieri, cette double sélection ravive le souvenir de musiciens plus ou moins oubliés : Noro Moralés, José Curbelo, Joe Loco, René Hernández, Pupi Campo, Juan Amalbert, Sabú Martínez, dont le titre Jazz Espagnole aurait donné naissance au terme latin jazz, selon Luc Delannoy dans son ouvrage « ¡Caliente! ». Les sélections Rare Latin Jazz/Rare Latin Soul sont disponibles sur les plateformes numériques. On espère une sortie physique et, pourquoi pas, un pressage des pistes les plus rares ?
La maison de disques Wagram réédite une sélection d’enregistrements rares, à l’avant-garde des mouvements latin jazz et latin soul.
https://www.lemonde.fr/le-jazz-et-la-salsa/article/2019/10/16/rare-latin-jazz-rare-latin-soul-a-la-recherche-des-sons-perdus_6015677_5324427.html
mlsum-fr-532
Il s’agissait du cinquième cas en l’espace de quatre jours. Mardi 30 juillet à Roanne (Loire), un jeune homme de 17 ans a été hospitalisé après avoir fumé une cigarette offerte par deux inconnus dans la rue, rapporte France Bleu. Après avoir pris quelques bouffées, il a perdu connaissance. A son réveil, son téléphone n’était plus là. Un scénario également vécu ces derniers jours par quatre autres jeunes de 16 à 20 ans dans cette ville de moins de 35 000 habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le site de la radio publique France Bleu rapporte que les victimes ont été retrouvées soit apathiques, soit dans un état de surexcitation. L’une d’elles était en train de manger du gravier par poignées, l’autre a attaqué un pompier tentant de la secourir. Une enquête ouverte Mercredi matin, un sixième jeune a été hospitalisé dans un état similaire. Une enquête a été ouverte, a précisé le parquet de Roanne. « On comptabilise depuis samedi quatre faits distincts sur Roanne et Le Coteau qui ont fait six victimes en quatre jours », a déclaré à l’AFP le procureur de la République de Roanne, Abdelkrim Grini. Certaines d’entre elles ont été conduites à l’hôpital, d’où elles sont ressorties depuis. Cette investigation, qui serait, selon le magistrat, « une première à l’échelle de la France métropolitaine », porte sur des faits de « vols aggravés avec violence et en réunion et par l’administration de substances nuisibles ». Ce phénomène « assez inquiétant a fait l’objet d’un précédent sur l’île de La Réunion », a-t-il précisé. Analyses en cours Le tabac de ces cigarettes roulées était apparemment vaporisé d’un puissant produit ayant pour effet de les plonger dans un état de délire, comateux ou léthargique. Quant à la nature de la drogue employée, « nous n’avons que des hypothèses à ce stade », rapporte la police au Monde. Celle-ci a pu analyser un morceau de cigarette trafiquée, laissée sur les lieux. « Cela peut être soit une très forte concentration de résine de cannabis, soit un produit de synthèse », poursuit la police. Selon France Bleu, les effets sur les victimes sont proches de ceux produits par « l’herbe chamanique », une drogue de synthèse faisant des ravages à La Réunion. « Pour identifier le produit en cause, des analyses sont en cours à partir de résidus de mégots récupérés et d’analyses sanguines des victimes », précise le parquet, qui privilégie la piste de la délinquance locale. En attendant d’arrêter les responsables, la police nationale a appelé à la vigilance : ne pas accepter de cigarettes d’inconnus et protéger son téléphone pour le rendre inopérant en cas de vol. Dimanche 28 juillet à 23h00 à @VilledeRoanne deux adolescents sont abordés par des jeunes leur proposant des cigare… https://t.co/Tect1Sh0Fg — PoliceNat42 (@Police Nationale 42)
A Roanne, six jeunes ont été hospitalisés en quatre jours après avoir fumé du tabac offert par des inconnus. A leur réveil, leurs effets personnels avaient été dérobés.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/31/cigarettes-trafiquees-apres-plusieurs-hospitalisations-la-police-nationale-appelle-a-la-vigilance_5495287_3224.html
mlsum-fr-533
Des neurologues et neuropsychologues néerlandais rapportent le cas d’un patient de 64 ans qui, après avoir subi un accident vasculaire cérébral, présente un trouble de la perception visuelle : il voit les objets plus petits qu’ils ne le sont en réalité. Ceux-ci ne sont pas déformés. Cet homme souffre de micropsie. Son cas est rapporté dans le numéro d’octobre 2019 de la revue en ligne Neurocase. Tout commence lorsque cet homme est admis à l’hôpital pour un déficit moteur du bras gauche. Onze jours plus tôt, il s’était plaint d’une perte temporaire de la vision, ce qui avait motivé une imagerie par résonance magnétique (IRM). Cet examen avait montré un infarctus du lobe droit occipital et pariétal. Réalisé une dizaine de jours plus tard, un scanner montre une extension des lésions. Celles-ci se sont étendues dans l’hémisphère droit en en arrière et latéralement (région droite occipito-pariétale). Une localisation en grande partie conforme à celle décrite dans des études antérieures portant sur des patients souffrant de micropsie et de métamorphopsie (trouble de la vision caractérisé par une déformation des images). Une seconde IRM, réalisée près de deux mois après la première, confirme l’extension des lésions cérébrales. Il se voit plus petit A ce stade, ce patient déclare qu’il voit tout à une taille réduite, correspondant à 70 % de la taille réelle. La micropsie est constante. Elle n’est pas influencée par la position de la tête ou par la distance à laquelle le patient se trouve des objets ou des personnes qu’il voit. En se regardant dans le miroir, il se voit également à 70 % de sa taille réelle. L’estimation de 70 % se fonde sur la connaissance qu’il avait des objets avant son AVC. Il se rend d’autant compte de sa micropsie qu’il observe des objets dont il connaît les dimensions réelles. C’est notamment le cas quand il pense que ses vêtements ne lui vont plus, les percevant plus petits qu’ils ne le sont en réalité. Dans un magasin de prêt à porter, il aura tendance à choisir des vêtements de taille XL plutôt que M (sa taille réelle) lorsque l’étiquette n’est pas visible. Selon les chercheurs, il se trouve sans doute déstabilisé lorsqu’il s’empare d’une chemise qu’il considère ne pas pouvoir lui aller parce que trop petite, avant de réaliser qu’elle est en réalité plus grande et à sa taille. Peur de se cogner en empruntant un couloir La micropsie génère chez le patient un sentiment d’insécurité. Il perçoit tout plus petit, y compris les distances et les lieux, allant parfois jusqu’à se demander s’il peut emprunter un couloir sans risquer de se cogner contre les murs. Malgré tout, il n’a pas de difficultés à faire du vélo ou à saisir des objets du quotidien. Le patient perçoit les couleurs normalement. Peu après son AVC, il a pourtant eu l’impression que les couleurs de son poste de télévision étaient moins vives. En y réfléchissant, il en a conclu que cela tenait au fait que la télévision lui paraissait beaucoup plus petite qu’avant. Il avait donc moins de plaisir à la regarder. Le sexagénaire s’aperçoit parfois lorsqu’il lit que des mots manquent dans une phrase. Il se rend alors compte qu’il a sauté les premiers mots du côté gauche de la page, ce qui dénote une attention réduite dans son champ visuel gauche. A l’exception de ce trouble visuel, le patient va plutôt bien, les choses s’améliorant au niveau de son bras gauche. Les tests d’évaluation neuropsychologique attestent d’une altération des processus impliqués dans la perception et la reproduction de dessins (tâches de visuo-perception et de visuo-construction). Les autres fonctions cognitives sont normales. Son évaluation était la bonne Les chercheurs confirment les dires du patient qui affirme tout percevoir à une taille réduite à 70 %. Des examens visuels sensoriels indiquent en effet qu’il perçoit des cubes à 73 % de la taille estimée par des sujets sains évalués en parallèle. Cela montre que le patient a une bonne compréhension de ce qu’était sa vision avant son AVC et de celle qu’elle est devenue. Les scientifiques estiment nécessaires d’évaluer les capacités de préhension du patient. Ils s’attendent en effet à ce qu’il n’ouvre pas sa main assez largement pour saisir des objets du fait qu’il les perçoit plus petits. C’est paradoxalement l’inverse qui se produit. De façon constante, il exagère l’ouverture de sa main, même lorsque les cubes ne mesurent que quelques centimètres de côté. Interrogé à ce sujet, il déclare qu’il compense ainsi son incertitude sur la dimension exacte des cubes. Un monde rétréci Chez ce patient, les lésions cérébrales droites provoquées par l’AVC ont entraîné une altération de la perception visuelle du côté opposé (forme, localisation, mouvement). Les chercheurs émettent l’hypothèse que son cerveau tente de corriger ces perturbations unilatérales en ignorant les altérations de ce champ visuel et en créant une toute nouvelle construction reposant sur les informations visuelles restantes. Avec pour conséquence, la représentation d’un monde extérieur cohérent mais de taille proportionnellement réduite. « En résumé, nous estimons que l’infarctus unilatéral dans la région occipito-pariétale a provoqué chez notre patient un déficit visuo-sensoriel contro-latéral qu’un processus inconscient de niveau supérieur tente de compenser au prix de la création d’un monde rétréci », concluent Nils S. Van Den Berg et ses collègues de l’université d’Amsterdam et du centre médical universitaire de Groningue. Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook) Toute reproduction interdite. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle. Pour en savoir plus : Van Den Berg NS, Huitema RB, Spikman JM, Van Laar PJ, De Haan EHF. A shrunken world – micropsia after a right occipito-parietal ischemic stroke. Neurocase. 2019 Oct;25(5):202-208. doi: 10.1080/13554794.2019.1656751 Ceriani F, Gentileschi V, Muggia S, Spinnler H. Seeing objects smaller than they are: micropsia following right temporo-parietal infarction. Cortex. 1998 Feb;34(1):131-8. doi: 10.1016/S0010-9452(08)70742-1 Brumm K, Walenski M, Haist F, Robbins SL, Granet DB, Love T. Functional magnetic resonance imaging of a child with Alice in Wonderland syndrome during an episode of micropsia. J AAPOS. 2010 Aug;14(4):317-22. doi: 10.1016/j.jaapos.2010.03.007 Cohen L, Gray F, Meyrignac C, Dehaene S, Degos JD. Selective deficit of visual size perception: two cases of hemimicropsia. J Neurol Neurosurg Psychiatry. 1994 Jan;57(1):73-8. doi: 10.1136/jnnp.57.1.73 LIRE aussi : L’homme qui regardait tous les autres de travers L’étrange syndrome d’Alice au pays des merveilles La femme qui voyait des têtes de dragon à la place des visages
Sur son blog, Marc Gozlan revient sur le cas d’un patient de 64 ans, rapporté par des neurologues et neuropsychologues néerlandais, qui souffre de micropsie après un accident vasculaire cérébral.
https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2019/09/23/il-voit-tout-a-70-de-la-taille-reelle/
mlsum-fr-534
Les statues de Nils Alix-Tabeling sont installées square Planchon dans le cadre de la manifestation « 100 artistes dans la ville » (jusqu’au 28 juillet). MARC DOMAGE C’était en 1970, du 5 au 20 mai. En ce temps-là, il y avait encore des groupes sur le modèle des avant-gardes historiques, et ils organisaient des manifestations collectives. A Montpellier, quatre artistes – Tjeerd Alkema, Jean Azémard, Vincent Bioulès et Alain Clément – avaient fondé ABC Productions en 1969 et décidé de transformer l’espace public en lieu d’exposition pour le plus grand nombre, pour celles et ceux qui n’allaient pas au musée mais qui passaient par la place de la Comédie, le square de Palavas ou les environs de la gare. Parmi les invités : Christian Boltanski, Marc Devade, Noël Dolla, Annette Messager, Jean-Pierre Pincemin, Sarkis, Ben Vautier ou Claude Viallat. La manifestation s’appelle « 100 artistes dans la ville ». La première exposition du groupe Supports/Surfaces – nom trouvé par Bioulès – a lieu trois mois plus tard. Aujourd’hui, ce dernier est le sujet d’une rétrospective de grande ampleur au Musée Fabre, et il y a de nouveau 100 artistes dans la ville, invités non plus par leurs pairs mais par les institutions, à l’occasion de l’ouverture du Mo.Co. Il y a donc 100 œuvres, à chercher principalement dans le centre historique de la ville, de la gare, au sud, à l’Ecole des beaux-arts, au nord, en passant par les alentours du Mo.Co, de La Panacée et du Musée Fabre. Il est prudent de se munir du dépliant à fond vert fluo produit par l’organisation pour composer son itinéraire et ne rien manquer. Parmi les interventions, certaines sont des reprises d’œuvres bien connues – les enseignes de néon atteintes de tremblote de Franck Scurti, le Jardin suspendu en sacs de sable de Mona Hatoum. D’autres sont des commandes de la ville, passées à Abdelkader Benchamma, Dominique Figarella et Lili Reynaud Dewar. Mais il a suffi de quelques jours pour que l’œuvre murale de Figarella, Le Triomphe de Gilgamesh, soit recouverte de graffitis et que la statue de Reynaud Dewar soit vandalisée et décapitée. Parce que ce moulage du corps de l’artiste en aluminium la montre en figure androgyne ? Si elle n’était placée à l’intérieur de l’apothicairerie de la Miséricorde, on craindrait le même sort pour le Veau d’or, de Yann Dumoget, dans lequel il n’est pas difficile de déceler une satire du mercantilisme généralisé ou, tout à côté, dans la chapelle de la Miséricorde, la molécule géante façon boule à facettes de Jeanne Susplugas : psychotropes ou manipulations génétiques ? Ou, si elle n’était dans une cour du Musée Fabre, pour la reprise électrifiée et pixélisée du célèbre Bonjour Monsieur Courbet, l’une des gloires du musée, par Ei Arakawa. Autre œuvre parfaitement à sa place : les quatre planches de surf amollies, percées et tordues de Sylvain Grout et Yann Mazéas dans un grand magasin de vêtements, comme autant de dérisions du culte du corps et du sport. Ou, dans la fontaine de l’esplanade Charles-de-Gaulle, le groupe de sculptures de Gloria Friedmann. Le titre – Oiseaux de paradis – est trompeur : il y a bien des têtes d’oiseaux en latex vivement colorées, mais elles sont portées par des squelettes de métal, danse burlesque et macabre à la fois. Bar à chicha, magasin de bonneterie, tour astronomique… Toute la ville joue le jeu. Dans les marchés, Bruno Serralongue a disposé les éditions du journal qu’il a conçu avec le club photo des cheminots ; dans les vitrines d’un Monoprix, Clémentine Mélois a imaginé sa drôle de bibliothèque idéale, tout en détournement de titres, du « Crépuscule des idoles des jeunes », d’après Nietzsche, à « Maudit Bic », d’après Herman Melville. Les artistes, qui ont, pour la moitié d’entre eux, un lien avec la ville, composent ainsi un jeu de piste à ciel ouvert. Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Mo.Co. Le Mo.Co en pratique MoCo Hôtel des collections, 13, rue de la République. Tél. : 04-34-88-79-79, Moco.art. Du mardi au dimanche, de 12 heures à 19 heures, jusqu’à 22 heures de juin à août. Exposition « Distance Intime. Chefs-d’œuvre de la collection Ishikawa », du 29 juin au 29 septembre. Entrée : 8 €, tarif réduit : 5 €, gratuit -18 ans. Entrée gratuite les 29 et 30 juin. MoCo Panacée, 14, rue de l’Ecole de pharmacie. Tél. : 04-34-88-79-79. Du mercredi au dimanche, de 12 heures à 19 heures, jusqu’à 20 heures de juin à août. Exposition « La Rue. Où le monde se crée », jusqu’au 18 août. Accès libre. MoCo ESBA (Ecole supérieure des beaux-arts), 130, rue Yéhudi-Ménuhin. Tél. : 04-99-58-32-85. Exposition « 100 artistes dans la ville » (13e édition de Zone artistique temporaire), jusqu’au 28 juillet dans le centre-ville historique de Montpellier. Parcours en accès libre, à retrouver sur Zat.montpellier.fr
Dans la cité héraultaise, pour toucher le public en masse, cent œuvres d’artistes contemporains sont installées dans la rue, jusqu’au 28 juillet, dans le cadre de la 13e édition de la Zone artistique temporaire. Toute la ville s’est mise au diapason, ou presque.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/29/100-artistes-dans-la-ville-un-jeu-de-piste-a-ciel-ouvert-dans-montpellier_5483232_3246.html
mlsum-fr-535
Le compositeur Ivo Malec dans un studio du Groupe de recherches musicales (GRM), en mars 1966. LASZLO RUSZKA / INA Ivo Malec, compositeur français d’origine croate, est mort le 14 août à Paris, à l’âge de 94 ans. Etabli en France depuis 1959, il se fit connaître comme membre historique du Groupe de recherches musicales (GRM), fondé par Pierre Schaeffer en 1958, avant de tracer son sillon sur le terrain alors en devenir de la « musique mixte ». Légitime pour désigner des œuvres associant l’activité instrumentale en direct et le produit enregistré d’un travail en studio, le terme sonne presque comme une injure à l’adresse d’Ivo Malec, dont la musique est bien plus que le résultat d’une mixité ou d’un mélange. Animée d’une flamme toujours vive, sa musique témoigne d’une quête de soi, dont ont su profiter maints compositeurs (d’Edith Canat de Chizy à Eric Tanguy, de Philippe Leroux à Frédéric Durieux) passés dans sa classe au conservatoire de Paris. Ses premiers essais de compositeur le conduisent d’une « Sonate » pour piano (1949), plutôt classique, à une « Symphonie » (1951), ouverte sur une citation de Stravinsky Né le 30 mars 1925, à Zagreb (Croatie), Ivo (prénommé officiellement Ivan) Malec aborde le piano à 6 ans, en cours particuliers, mais doit l’abandonner lors de son entrée au séminaire, à l’âge de 10 ans. Le retour au clavier s’effectue quatre ans plus tard, au sortir de l’institution religieuse, et se double bientôt de cours d’écriture, en privé. Une fois le baccalauréat en poche (1943), le jeune homme s’oriente vers les arts (pratique du théâtre et cursus d’histoire de l’art à l’université) et plus particulièrement vers la musique en entrant, en 1945, au conservatoire de Zagreb, et en se lançant, au même moment, dans la critique musicale. Ses premiers essais de compositeur le conduisent d’une Sonate pour piano (1949), plutôt classique, à une Symphonie (1951), ouverte sur une citation de Stravinsky, en passant par un Trio, qui trahit l’influence de Chostakovitch. Travailler comme chef lyrique (à l’Opéra de Rijeka) ne l’empêche pas d’obtenir, en 1953, ses diplômes de composition et de direction d’orchestre. Pierre Schaeffer, « seul véritable maître » Deux ans plus tard, une bourse lui permet d’effectuer un séjour de six mois à Paris et d’aller à la rencontre des principaux acteurs de la vie musicale tels André Jolivet, Darius Milhaud et Pierre Schaeffer auprès duquel il découvre la musique concrète. De retour à Zagreb, Ivo Malec organise une conférence (en 1956) sur le sujet et compose plusieurs musiques de scène à base de « sons fixés » sur bande magnétique. Il retourne à plusieurs reprises en France avant de s’installer définitivement à Paris, en 1959, et d’intégrer le GRM, en 1960.
Auteur d’une musique éruptive et voluptueuse, l’artiste a appartenu au Groupe de recherches musicales de Pierre Schaeffer. Il s’est éteint le 14 août à Paris, à l’âge de 94 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/09/03/le-compositeur-ivo-malec-est-mort_5505967_3382.html
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Dans le nord de l’Ouganda. Frédéric Noy « Kintu », de Jennifer Nansubuga Makumbi, traduit de l’anglais (Ouganda) par Céline Schwaller, Métailié, 472 p., 22 €. La genèse de Kintu est à l’image de sa forme. Un balancement constant entre passé et présent. Entre l’Ouganda, où est née Jennifer Nansubuga Makumbi et où elle ­situe l’intrigue de son premier roman, et le Royaume-Uni, l’ancien pays colonisateur, où l’un des héros étudie et où l’auteure est partie écrire. Entre les tragédies de Shakespeare que son père lui a fait découvrir à 8 ans et les contes ­traditionnels ougandais que son grand-père lui racontait enfant. Des histoires de filles fières qui ne veulent pas se marier, ou de petits animaux qui en défient de bien plus grands. « Quand j’allais en ville, je racontais ces contes dans ma langue natale. Je crois que c’est de là qu’est née mon envie d’être écrivain », se souvient-elle lorsqu’on la rencontre à Paris. Autre va-et-vient dans l’histoire de ce livre : alors que Makumbi était partie en Angleterre pour être plus facilement repérée et publiée, son roman est distingué dans un concours de manuscrits au Kenya, en 2013. Quatre ans plus tard, il paraît aux Etats-Unis, remportant le prix Windham-Campbell, puis en 2018 à Londres. Elle sourit. Et parle de la proximité ­entre le début de l’intrigue et ce qui l’a inspirée : une malédiction qui poursuit une famille sur plusieurs générations. L’Afrique, continent malade ? Kintu s’ouvre en effet en 1750, quand le héros éponyme, gouverneur d’une province du Buganda (dans l’actuel Ouganda), gifle mortellement Kalema, son fils adoptif. « Cette histoire m’est venue au début des années 2000 sous la forme d’une phrase, dit-elle : “Il était une fois un homme qui adopte un enfant, le tue accidentellement, puis s’en trouve maudit, et sa descendance hérite de cette malédiction”. » A l’époque, la jeune femme vient de quitter Kampala, la capitale ougandaise, pour se lancer dans une thèse de littérature à Manchester. Une chose l’étonne. « Partout à la télévision, dans les journaux, l’Afrique était dépeinte comme un continent malade. » L’adjectif « malade » touche une corde sensible chez l’écrivaine. Le souvenir de son père banquier, arrêté sous la dictature d’Idi Amin Dada (1971-1979) et brutalisé au point qu’il souffrira de graves troubles psychiques toute sa vie. Pour ses proches, cependant, son état n’a rien à voir avec la violence subie. Son sang en est la cause. La folie court dans la famille depuis des siècles. Une malédiction. C’est ainsi que vient à Makumbi l’idée d’écrire sur le thème de la folie dans une famille et dans une nation.
Histoire d’un livre. La jeune écrivaine ougandaise a écrit « Kintu » avec l’idée de rendre à son pays sa profondeur historique. Elle a réussi.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/22/kintu-de-jennifer-nansubuga-makumbi-l-ouganda-au-dela-d-amin-dada_6012596_3260.html
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hez elle. Sur la route qui serpente jusqu’à la ligne de crête du mont Sinjar, des centaines de tentes en bâche blanche rompent le charme bucolique des collines flanquées de petites maisons de pierre et de chardons bleus. A l’extrémité nord-ouest de l’Irak, à la frontière avec la Syrie, 2 300 familles yézidies ont trouvé un refuge temporaire sur ce massif montagneux qui sépare en deux le district du Sinjar qui, avec celui de Cheikhan, rassemble la majorité de cette minorité qui a payé un terrible tribut à l’organisation Etat islamique (EI). INFOGRAPHIE LE MONDE A la suite de l’attaque éclair de Sinjar par les djihadistes, le 3 août 2014, et du retrait des forces de sécurité kurdes, des femmes yézidies ont été réduites à l’état d’esclaves sexuelles, leurs enfants séquestrés et « élevés » pour devenir combattants, des familles massacrées. Des centaines de milliers d’habitants, en majorité yézidis, ont alors pris la fuite. Depuis 2015, le nord du district a été libéré ; le sud a dû attendre 2017. Les réfugiés attendent aujourd’hui un hypothétique retour sur leurs terres. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Juliette Duclos-Valois : « Les yézidis ont vécu le départ des peshmergas comme une trahison » Cinq hivers et cinq étés se sont déjà succédé depuis que Kheiro Ketcho, berger yézidi de 32 ans originaire du village de Wardiya, situé au sud-est du district, s’est installé avec sa femme et ses deux enfants dans une tente équipée de matelas et d’une télévision. Ses quatre frères et leurs familles habitent des tentes mitoyennes. Entre petits boulots pour une organisation humanitaire internationale et l’épicerie qu’il tient en bord de route, Kheiro Ketcho peine à joindre les deux bouts. Cet homme longiligne aux grands yeux bleus exclut pourtant de rentrer à Wardiya. Seule une vingtaine de familles de bergers s’y est risquée. « A part les voies principales, le village n’est pas déminé. Notre maison n’a plus de fenêtres, pas d’électricité. Personne ne nous aide à reconstruire », explique-t-il, le regard voilé de tristesse. Un homme, qui s’est évadé après être resté caché un an et demi dans la maison d’un ami arabe musulman, retrouve son frère, à Sherfadin. MICHEL SLOMKA Un tiers seulement des 400 000 habitants de Sinjar sont revenus, soit 19 000 familles, en majorité yézidies : 4 500 dans le sud ; 15 000 dans le nord, dont 8 000 sont originaires du sud. Au nord du mont Sinjar, la vie reprend son cours. Grâce à l’aide d’une vingtaine d’ONG internationales, l’électricité a été rétablie presque partout, ainsi que l’eau, dans la moitié des quartiers et localités. Des centres de soin ont rouvert, mais, malgré la relative sécurité qui règne à Sinoni, chef-lieu du nord du district, le personnel qualifié est rare. « Les spécialistes viennent de Mossoul. Il y a des médecins yézidis, mais surtout des novices. Les plus expérimentés restent à Dohouk [dans le Kurdistan irakien] : pour eux, Sinjar, c’est loin et ils restent inquiets après les massacres en 2014 », confie un acteur humanitaire.
Chassé de la région du Sinjar en 2017, l’Etat islamique a laissé ce territoire stratégique en proie aux règlements de compte entre milices et à la rivalité opposant Bagdad au Kurdistan d’Irak. Entre destructions et insécurité, rien n’incite la population à retourner chez elle.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/20/irak-le-perilleux-retour-des-yezidis-au-sinjar_6012417_3210.html
mlsum-fr-538
Guillaume Martin, lors de la présentation des équipes à Bruxelles. JEFF PACHOUD / AFP CHRONIQUE. Mieux vaut ne pas avoir cycliste à sa table. Tout hôtelier accueillant une équipe du Tour vous le dira. Imaginez : plus de 6 000 calories consommées lors de certaines étapes ; de quoi faire avaler sa toque à n’importe quel chef coq. La journée gastronomique du cycliste commence vers 8 heures, pour le petit déjeuner. En vérité, ce dernier n’a rien de petit. Au menu : omelette, jambon, une baguette par athlète, un saladier de flocons d’avoine par champion – parfois déjà des pâtes. S’ensuit, pendant trois quatre heures, un relatif moment de repos gastrique, avant que la course débute et que soient ingurgités à cadence régulière barres énergétiques, gels et autres petits pains. L’arrivée franchie, vient le temps de la collation. Le coureur trouve son réconfort dans un bol de compotes et de céréales, dans un sandwich, ou bien (encore !) dans une assiette de pâtes. Deux ou trois heures plus tard, c’est déjà l’heure du dîner, le repas le plus complet de la journée. Crudités riches et variées en entrée ; un demi-poulet en plat, accompagné – vous l’aurez deviné – de ses traditionnelles et orgiaques pasta (ou du riz pour les plus audacieux) ; yaourt et tarte aux pommes pour conclure – le coureur est enfin régénéré, prêt à repartir pour un tour, pour une nouvelle journée au régime identique. La tentation du paris-brest J’ai pris 3 kg lors de mon premier Tour de France. Vous comprenez désormais pourquoi. Le cycliste est un ventre qu’il faut remplir aussitôt qu’il se vide. Les forçats de la route, les géants du Tour, sont les Gargantua des temps modernes. La grande crainte : la fringale, l’hypoglycémie, le coup de bambou, le trou noir. Souvent on mange trop, de peur de manquer. Le rapport du cycliste à la nourriture est particulier, entre excès et frustration, à la fois plaisir et devoir. Car manger pour un sportif fait partie du temps de travail. On dit d’ailleurs « faire le métier », à propos de ces longues semaines de préparation, où l’on surveille son alimentation afin de ne pas charrier un kilo en trop dans les montées de juillet. Ainsi, la vie du coureur n’est pas constituée que de rabelaisienne goinfrerie, elle est même la plupart du temps une vie de stoïque abstinence. D’où l’obsession des cyclistes pour la nourriture, fruit défendu, perpétuelle tentation, objet secret de désir. On aime ce dont on manque. Tartelettes, éclairs, paris-brest, baba au rhum… je vous adore ! Parfois, une fois l’objectif passé, ou en guise de récompense après une dure étape, nous nous autorisons un écart à notre régime millimétré. Vous ne pouvez pas imaginer le plaisir que représentent quelques frites après des semaines de diète, après des heures de souffrance. Ce bâtonnet de pomme de terre délicieusement imbibé de gras, subtilement enrobé de sel, savamment parfumé de sauce, que ne l’avons-nous fantasmé !
Dans sa chronique pour « Le Monde », le coureur Guillaume Martin, qui dispute le Tour de France, revient sur l’art de la démesure culinaire des cyclistes, qui « peuvent passer à table à l’envi, ou tout aussi bien jeûner pendant des semaines ».
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/26/tour-de-france-2019-les-gargantua-des-temps-modernes_5493638_3242.html
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« Erection de l’obélisque de Louxor place de la concorde » (à Paris, le 25 octobre 1836), de Francois Dubois. Josse/Leemage/Paris, Musée Carnavalet « Les Méandres du Nil », de Robert Solé, Seuil, 336 p., 19,50 €. Au cours des trois dernières décennies, Robert Solé a publié une vingtaine d’ouvrages. Dans cette bibliographie, essais et romans alternent à un rythme parfaitement régulier. « Un genre me repose de l’autre, explique-t-il au “Monde des livres”. L’essai exige un colossal travail de recherche, mais on sait ce que vaut ce que l’on écrit. On devient compétent. Le roman, c’est plus prenant, plus excitant, mais on ne peut jamais estimer la qualité de ce que l’on fait. » Les Méandres du Nil appartient à la deuxième catégorie. Retraçant l’expédition française chargée de rapporter l’obélisque du temple de Louxor, en Egypte, jusqu’à la place de la Concorde à Paris, cadeau du vice-roi Mehmet Ali au roi Charles X, il est, en quelque sorte, un pendant fictionnel de son essai Le Grand Voyage de l’obélisque (Seuil, 2004). Le sujet est le même, ancré dans des éléments historiques tout aussi exacts, Les Méandres du Nil prenant essentiellement appui sur les recherches entreprises pour Le Grand Voyage… « Mon imagination a besoin de s’adosser à des faits avérés. ­Ensuite, je peux m’évader et bâtir des personnages de pure fiction », ­confie Robert Solé. Adolescent, Robert Solé campait au pied des pyramides Le journaliste, qui fit toute sa carrière au Monde entre 1969 et 2011, du service société au « Monde des livres » en passant par les correspondances de Rome et Washington, a attendu d’atteindre la cinquantaine pour s’autoriser la fiction. Elle lui est venue d’une manière qu’il peut préci­sément restituer, un matin de ­février 1988. Il était assis face au massif alpin de la station de sports d’hiver de Val-Thorens. De la légère réverbération du soleil sur la neige, il vit monter la figure familière d’un homme qui, sans en avoir les traits, lui évoquait son grand-père. Ainsi naquit le personnage de Georges bey Batrakani, dont il a fait le héros de son premier roman, Le Tarbouche (Seuil, 1992), saga d’une famille chrétienne du Levant. « Une famille qui n’est pas la mienne, mais qui aurait pu l’être », précise-t-il. Robert Solé ­appartient à la ­communauté de chrétiens proche-orientaux, majoritairement originaires de Syrie et du Liban, ayant trouvé ­refuge en Egypte à la suite des ­conflits confessionnels qui déchiraient leurs pays dans les années 1860. Robert Solé a vu le jour au Caire en 1945. Il a quitté le pays en 1964, pour étudier en France.
Histoire d’un livre. Le monument de la place de la Concorde est aussi franco-égyptien que l’est Robert Solé, auteur il y a quinze ans d’un essai sur le sujet, et aujourd’hui d’un roman.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/01/les-meandres-du-nil-robert-sole-romance-l-obelisque-trait-d-union-entre-egypte-et-france_5470190_3260.html
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Fresque de l’église grecque orthodoxe de l’Annonciation, à Nazareth, Israël. Philippe Lissac/Godong/Photononstop « Pérégrinations (1723-1747) » (Stranstvovanïa), de Vassili Grigorovitch-Barski, traduit du russe par Myriam Odaysky, Les Syrtes, 560 p., 25 €. En 1723, un jeune Ukrainien, Vassili Grigorovitch-Barski (1701-1747), quitte Kiev, sa ville natale, pour parfaire son instruction dans la Lvov voisine. Il ne se doute guère que cette destination ne constituera pour lui que la ­première étape d’un périple qui durera vingt-cinq ans. Et il imagine encore moins qu’il ne retournera à Kiev que pour y mourir, tout le reste de sa vie n’ayant été finalement qu’une longue ­itinérance. La Hongrie, l’Autriche, l’Italie, les îles grecques, la Palestine, la Syrie, le Liban, l’Egypte… D’un lieu saint à un autre, le plus souvent à pied, Vassili Barski sillonne ces pays, poussé par deux passions d’une puissance égale : la foi et la curiosité. Emerveillé par ce qu’il voit, il remplit carnet après carnet et, submergé par ses impressions, se met à dessiner – une partie de ses croquis, ­conservés dans des archives russes et ukrainiennes, est d’ailleurs reproduite ici. Le fil conducteur de ce récit est ce qui compte le plus aux yeux de Barski : son expérience religieuse, les lieux saints, les offices. Mais un texte narratif a ses propres lois. Ce qui est essentiel pour un pèlerin du XVIIIe siècle devient pour le lecteur moderne, surtout s’il est laïque, une sorte d’arrière-fond sur lequel se détachent des épisodes plus profanes – épreuves endurées, descriptions des lieux et des mœurs, rencontres. Ses portraits, Barski les brosse le plus souvent avec bienveillance, à l’égard des individus comme de leurs croyances. Il fait montre d’une tolérance étonnante au sujet de tous : catholiques, uniates, musulmans, juifs. Il est reçu en audience par le pape, se fait ­passer pour un « hadji » pour entrer, à Damas, dans une église transformée en mosquée, au grand dam de ses coreligionnaires intransigeants. Mais peu lui importe. Couleurs et saveurs Au cours de ces pages, la personnalité de l’auteur émerge et s’affirme, faisant de son récit la première autobiographie – au sens moderne du terme – due à un pèlerin slave. Toutefois, on y cherchera en vain le souci d’introspection propre au genre : c’est le monde extérieur qui fascine Barski et dont il cherche à rendre les couleurs et les saveurs. Pour y parvenir, l’auteur recourt notamment à une large ­palette linguistique. Il choisit d’écrire en slavon, la langue ­sacrée de l’Eglise orthodoxe, toujours utilisée dans la liturgie et qui à l’époque coexistait avec la langue vernaculaire, le russe. Sa fringale linguistique se remarque non seulement par la présence de nombreux ukraïnismes, mais aussi par l’incorporation de mots des différentes langues qu’il entend autour de lui – ou qu’il maîtrise déjà, à l’instar du grec et du latin qu’il connaissait avant son départ de Kiev, et qu’il avait même enseignés. En résultent un savoureux mélange, un délice pour le lecteur, et un redoutable défi pour la traductrice.
Au XVIIIe siècle, le pieux et curieux Vassili Grigorovitch-Barski a parcouru l’Europe et l’Orient d’un lieu saint à l’autre. Voici son récit traduit.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/07/peregrinations-1723-1747-de-vassili-grigorovitch-barski-l-ukrainien-que-la-foi-poussait-devant-lui_5473309_3260.html
mlsum-fr-541
La maire de Barcelone, Ada Colau, le 25 mai 2015. EMILIO MORENATTI / AP C’est un phénomène qui a pris une dimension incontrôlée à Barcelone. En moins d’une minute, les manteros (drapiers), nom donné aux vendeurs à la sauvette en référence aux tissus qu’ils déplient, exposent à même le sol leurs marchandises. Contrefaçons de maillots du FC Barcelone, de lunettes de soleil de marque, porte-clés, bijoux, films piratés… Une corde relie les quatre coins de leur « drap », ce qui leur permet de fuir en quelques secondes dès que les mossos (police catalane) arrivent. Après des années de laisser-faire, la Mairie de Barcelone a décidé de s’attaquer au problème. Depuis lundi 29 juillet, elle a déployé trois forces de polices conjointes (la guardia urbana, les mossos et la police portuaire) pour empêcher les vendeurs ambulants de s’installer sur la voie publique. Les manteros ont été pris par surprise. Le nouvel adjoint au maire à la sécurité, Albert Batlle, a affirmé qu’il s’agissait d’« éradiquer » le « top manta », le nom donné à cette activité illicite et repris par un « syndicat des vendeurs ambulants » créé en 2015 pour tenter de légaliser leur travail. Renoncement Cette politique marque un renoncement pour Ada Colau, maire de Barcelone depuis 2015 et proche du parti de gauche radicale Podemos. Lors de son premier mandat, terminé en mai, cette ex-militante du droit au logement avait voulu adopter une autre méthode à l’égard des manteros que celle de ses prédécesseurs. La maire avait demandé à la police de limiter le nombre d’interventions en journée, pour n’en faire qu’au petit matin. Elle avait également mis en place des plans de reconversion et attribué aux vendeurs à la sauvette 1,1 million d’euros d’aide. Elle invoquait leur « vulnérabilité ». La plupart sont d’origine africaine et en situation irrégulière sur le territoire espagnol. Les commerçants, les restaurateurs barcelonais et les associations de voisins locales ont alors accusé la maire de laxisme. Lors de sa campagne de réélection, Mme Colau a été attaquée par tous ses opposants : le Parti populaire (PP, conservateur) et Ciudadanos (Cs, centre droit). Manuel Valls, dont la candidature était soutenue par Cs, affirmait qu’il en finirait avec ce phénomène « en trois mois ». Arrivée deuxième aux élections municipales du 26 mai, la dirigeante n’a pu conserver son poste que grâce aux voix des socialistes et celle de l’ancien premier ministre socialiste français pour faire barrage au nationalisme catalan. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Manuel Valls contribue au maintien d’Ada Colau à la mairie de Barcelone « Criminaliser la pauvreté » Alors que les sondages de la mairie indiquent que l’insécurité est devenue la première préoccupation des Barcelonais, le poste d’adjoint à la sécurité a été attribué à Albert Batlle, un socialiste réputé pour sa tolérance zéro. Il compte déployer une centaine d’agents de 10 heures à 22 heures. Ce patrouillage intensif aura lieu dans plusieurs zones touristiques de la zone portuaire, véritables points chauds de la vente ambulante : le paseo (promenade) Joan de Borbó, sur le port, mais aussi la place de Catalogne, la Rambla ou le paseo de Gracia. « Nous sommes satisfaits parce que les lois qui existent contre la vente illégale sont appliquées », salue Fermin Villar, président de l’association des Amis de la Rambla et porte-parole de la Plate-forme des personnes touchées par la vente illégale. Même si, pour lui, cette réponse vient « trop tard pour la ville », car il affirme que le nombre de vendeurs ambulants est passé de près de 400 en 2015 à 2 000 actuellement. La mairie estime plutôt qu’ils sont entre 600 et 700, avec des pics à 800 pendant les périodes touristiques. De leur côté, les vendeurs ambulants s’inquiètent du virage d’Ada Colau. « C’est très triste de voir qu’une municipalité de gauche met en place les mesures dont rêve la droite du pays », déplore un porte-parole de « Top Manta », qui souhaite rester anonyme par peur de représailles judiciaires. Il voit dans ce dispositif une façon de « criminaliser la pauvreté ». Près de 350 manteros du syndicat et sympathisants ont réagi, en manifestant le 2 août au cri de « personne n’est illégal ! » devant la mairie de Barcelone. Visiblement gênée, Ada Colau n’a pas encore donné suite à leur demande de rendez-vous.
Critiquée pour son laxisme, la maire de gauche, Ada Colau, envoie désormais les forces de l’ordre expulser les vendeurs.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/07/la-mairie-de-barcelone-s-attaque-aux-vendeurs-a-la-sauvette_5497466_3210.html
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Lors d’une manifestation de l’opposition à Moscou, le 27 juillet. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP Tribune. Depuis le début du mois de juillet, les incendies de forêt ravagent la Sibérie orientale. Au 30 juillet, plus de 3,3 millions d’hectares s’étaient envolés en fumée, et plusieurs districts ont été classés en zone « ciel noir », quand la quantité de particules toxiques dépassait de deux fois les normes autorisées. Selon le site indépendant Meduza, le smog couvrait les villes de toute la Sibérie occidentale et au-delà, jusqu’en Oural. Des pétitions circulent, appelant les autorités à lutter vraiment contre ces feux : moins de 5 % sont combattus, car le règlement dispense les pouvoirs locaux d’agir si aucun village n’est menacé et si le coût des interventions dépasse la valeur économique des forêts concernées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’est de la Russie suffoque dans la fumée des incendies Pourtant, c’est un tout autre type d’incendie qui partage la « une » des médias. Le 16 juillet, la commission électorale de Moscou a rejeté l’inscription d’une trentaine de candidats de l’opposition « hors système », la nébuleuse de mouvements qui n’ont aucun élu, ni à la Douma d’Etat ni au Parlement de la ville, les empêchant de participer aux élections municipales du 8 septembre. Les protestations n’ont pas manqué, organisées en deux temps. Le 20 juillet, une première manifestation, autorisée, a réuni près de 20 000 personnes ulcérées par cette décision. Faute de réponse satisfaisante à leur demande d’annulation, plusieurs des candidats ont appelé alors à une seconde manifestation, non autorisée, le 27 juillet, lors de laquelle les forces de l’ordre ont battu le record d’arrestations, plus de 1 300, selon certaines sources. Outre Alexeï Navalny, le plus en vue des opposants, condamné à un mois de prison pour avoir appelé à ce rassemblement interdit, la plupart des candidats rejetés ont été arrêtés la veille ou le jour de la manifestation. La dérive autoritaire du régime Les médias officiels ont imputé aux opposants la faute des incidents, n’hésitant pas à les accuser de provocation soutenue depuis l’étranger. Mais cet argument ne convainc personne et plusieurs commentateurs s’interrogent sur le bien-fondé d’une stratégie qui mise uniquement sur l’action des siloviki – les structures de maintien de l’ordre –, confirmant la dérive autoritaire du régime. Le comité d’enquête de Moscou a ouvert une affaire pénale à propos des incidents du 27 juillet aux termes de l’article 212 du code pénal, qui sanctionne « l’organisation de désordres de masse ». En 2012, la justice russe avait traité de la même manière les manifestants de la place du Marais, qui avaient vu la condamnation de deux des organisateurs à de lourdes peines de prison.
De toutes parts, les incendies couvent en Russie, estime l’universitaire Jean Radvanyi dans une tribune au « Monde ». A quelques semaines des élections municipales qui auront lieu en septembre, les Russes expriment de plus en plus leur mécontentement.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/01/en-russie-le-niveau-d-insatisfaction-s-est-renforce_5495385_3232.html
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Des combattants séparatistes du « Cordon de sécurité », soutenus par les Emirats arabes unis, patrouillent à Aden, le 10 août. FAWAZ SALMAN / REUTERS Déjà ravagé par cinq années de guerre civile, le Yémen s’est enfoncé encore davantage dans le chaos, samedi 10 août, avec la prise du palais présidentiel à Aden par des combattants séparatistes, après plusieurs jours d’affrontements dans la grande ville du sud du pays. S’il s’agit d’une prise surtout symbolique – le président Abd Rabbo Mansour Hadi se trouve en Arabie saoudite –, elle n’en marque pas moins un tournant dans les affrontements qui secouent Aden depuis mercredi. « Nous avons pris le palais aux forces de la garde présidentielle sans combat », a assuré à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole d’une force militaire séparatiste appelée « Cordon de sécurité ». Selon des sources militaires, des combattants séparatistes s’étaient déjà emparés, plus tôt dans la journée, de trois casernes des forces gouvernementales à Aden, où le pouvoir loyaliste avait établi son siège depuis que la capitale historique du pays, Sanaa, dans le Nord, est aux mains des rebelles houthistes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Yémen : les rebelles houthistes renforcent leur arsenal Depuis mercredi, ces affrontements opposent les combattants séparatistes aux soldats du gouvernement, et cela alors que tous sont, en théorie, alliés depuis 2015 au sein d’une coalition emmenée par le pouvoir saoudien à Riyad et les Emirats arabes unis. Cette coalition arabo-sunnite hétéroclite lutte dans le nord du pays contre les rebelles chiites houthistes, soutenus par l’Iran. Les combats à Aden entre éléments séparatistes du « Cordon de sécurité » (soutenus par les Emirats arabes unis) et troupes du gouvernement ont fait au moins dix-huit morts – combattants et civils –, selon des médecins et des sources de sécurité. Selon l’organisation Médecins sans frontières (MSF), plus de 75 blessés ont été soignés dans un hôpital relevant de cette ONG depuis vendredi. Le gouvernement yéménite accuse les Emirats arabes unis Le ministère yéménite des affaires étrangères a pour sa part accusé samedi les Emirats arabes unis d’être « responsables du coup d’Etat » des séparatistes à Aden. « Nous demandons aux Emirats de cesser immédiatement leur soutien matériel et militaire aux groupes qui se sont rebellés contre l’Etat », est-il précisé dans un tweet du ministère. Avant même que le palais présidentiel ne tombe, le ministre émirati des affaires étrangères, Abdallah ben Zayed, s’était pourtant déclaré « très inquiet » et avait affirmé « mettre en œuvre tous les efforts possibles pour calmer la situation et aboutir à une désescalade ». Il avait appelé l’envoyé spécial des Nations unies (ONU) pour le Yémen, Martin Griffiths, à faire de même, selon une déclaration à l’agence de presse officielle émiratie WAM. « L’important, c’est d’intensifier les efforts de toutes les parties sur le front principal », celui contre les houthistes, avait-il ajouté. Jeudi, le gouvernement yéménite avait appelé l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis à « faire pression de manière urgente » sur ces partisans d’un Yémen du Sud indépendant « pour empêcher » toute escalade militaire. En vain. Accord pour un cessez-le-feu Depuis la prise du palais samedi, la coalition dirigée par les Saoudiens a appelé à un cessez-le-feu « immédiat » à Aden et à une « réunion d’urgence » des parties en conflit dans cette ville. « La coalition affirme qu’elle utilisera la force militaire contre quiconque le violerait », a déclaré un porte-parole cité par l’agence de presse officielle saoudienne. Le ministère saoudien des affaires étrangères a également demandé sur Twitter la tenue rapide d’une réunion d’apaisement : « Le Royaume (d’Arabie Saoudite) invite le gouvernement du Yémen et toutes les parties au conflit à Aden à une réunion d’urgence (…) en Arabie Saoudite pour discuter de leurs différends, pour laisser une chance à la sagesse et au dialogue, pour renoncer aux divisions, pour mettre fin au conflit et pour s’unir ». Dimanche matin, les séparatistes ont abondé. Le Conseil de transition du sud (STC), qui inclut les forces du « Cordon de sécurité », « approuve le communiqué de la coalition et assure s’engager pleinement dans le cessez-le-feu », a-t-il écrit sur son site internet. « Le STC se félicite de l’invitation des frères d’Arabie saoudite à dialoguer et assure y être disposé », ajoute-t-il dans son bref communiqué. Le gouvernement yéménite a publié un communiqué quasiment dans les mêmes termes : il salue le cessez-le-feu immédiat dans la capitale temporaire Aden, s’engage à le respecter et soutient la perspective d’une réunion dans le royaume saoudien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ONU cherche à préserver le Yémen des tensions régionales « Guerre civile dans la guerre civile » Le Yémen du Sud était un Etat indépendant jusqu’en 1990. Dans le Sud, le ressentiment est fort contre leurs compatriotes du Nord, accusés d’avoir imposé par la force l’unification du pays. A cette hostilité Nord-Sud s’ajoute donc désormais le conflit au sein de la coalition hétéroclite formée au départ pour défendre le gouvernement. Ce n’est pas la première fois que les séparatistes du Conseil de transition du Sud (STC) – qui incluent les forces du « Cordon de sécurité » – s’opposent aux unités loyales au président Hadi. En janvier déjà, des combats avaient fait au moins 38 morts ; la situation ne s’était apaisée qu’après une intervention concertée saoudo-émiratie. Les affrontements à Aden rendent encore un peu plus inextricable la situation d’un pays où des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, ont déjà trouvé la mort à la suite de la guerre civile, selon diverses organisations humanitaires. Le Yémen est à présent confronté au risque d’une « guerre civile dans la guerre civile » ravageant déjà le pays, a estimé dans un rapport l’ONG International Crisis Group (ICG). Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance, selon l’ONU.
Membres de la même alliance pour lutter contre les rebelles houthistes soutenus par l’Iran, séparatistes et troupes gouvernementales s’affrontent à Aden depuis mercredi.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/10/yemen-le-palais-presidentiel-a-aden-aux-mains-des-separatistes-le-pays-s-enfonce-toujours-plus-dans-le-chaos_5498433_3210.html
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COLCANOPA C’est peu de dire que les comptoirs qui fleurissent depuis quelque temps dans le hall des hôpitaux vendent du rêve. Des hôtes et hôtesses, tout sourire, proposent au futur patient d’enregistrer sa demande de chambre individuelle. A celui hospitalisé de se faire livrer des sushis, ou de réserver une coupe-brushing. En appelant Marielle ou Angélique, le personnel soignant peut, lui, commander du pain, déposer son pressing, et même s’épargner l’achat des fournitures scolaires de la rentrée. On privilégie évidemment les commerçants locaux, les prix sont alignés sur ceux de l’extérieur. Du rêve… Ce service de conciergerie 5 étoiles « qui fait du bien à tout le monde » et « apporte de la douceur » gagne aussi les maisons de retraite. Happytal, une start-up lancée en 2013 par deux anciens du cabinet de conseil McKinsey, en a fait sa carte de visite. Présente dans une centaine d’établissements de santé et une poignée d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), la société, qui annonçait, il y a six mois, une levée de fonds de 23 millions d’euros, projette d’occuper 700 lieux d’ici 2023. Chaque inauguration de comptoir s’accompagne d’une petite réception à laquelle sont conviés le maire de la ville, le député et les photographes locaux. Mais ce que ne dit pas la belle histoire, c’est que derrière le sourire des polos roses une autre réalité se dessine : celle d’un business florissant qui heurte les défenseurs de l’hôpital public. Des témoignages de patients, de soignants mais aussi d’anciens salariés recueillis par le Monde interrogent sur des pratiques commerciales menées directement auprès de personnes fragiles. Et ce, alors que la coopérative hospitalière UniHA a lancé un nouvel appel d’offres pour signer un accord-cadre avec une conciergerie. Les candidats ont jusqu’à la fin de l’été pour se manifester. Patients démarchés dans leur chambre Le modèle économique d’Happytal ne repose en réalité pas tant sur la conciergerie que sur l’optimisation de la facturation des chambres individuelles. En France, l’Assurance-maladie ne finance la chambre particulière que pour raisons médicales. Dans les autres cas, les hôpitaux peuvent facturer les lits, à condition que le patient en ait fait la demande par écrit. Derrière, c’est la complémentaire santé qui paie. Si le patient en a une. Pendant des années, les établissements n’ont pas vraiment couru après cet argent : ça n’était pas la priorité du personnel, qui estime d’ailleurs que la chambre seule fait partie des soins et revient à tous. Mais quand Happytal a présenté aux hôpitaux les gains potentiels qu’apporterait une politique active de récupération des consentements, les directions se sont peu à peu laissé convaincre. D’autant que la carte-cadeau (15 à 30 euros) à valoir sur la conciergerie que la société propose d’offrir pour chaque signature rend l’établissement attractif.
Cette start-up promet d’« apporter de la douceur » aux patients. Mais son vrai business est l’optimisation de la facturation des chambres individuelles.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/13/hopital-public-les-vraies-motivations-de-la-conciergerie-happytal_5498887_3224.html
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Parmi les nombreuses mesures préconisées par Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, c’est l’une de celles qui va causer les plus gros remous : la fin des départs anticipés pour les salariés des régimes spéciaux (SNCF, RATP…) et pour certains fonctionnaires relevant des catégories dites « actives ». A l’heure actuelle, toutes ces personnes peuvent demander, suivant les cas, le versement de leur pension à partir de 52 ou 57 ans, suivant les cas, contre 62 ans pour les autres travailleurs soumis au droit commun de l’âge légal. A l’avenir, ces dérogations, accordées du fait de la pénibilité ou de la dangerosité des métiers exercés, seront supprimées – sauf pour les agents publics exposés à des risques particulièrement élevés (policiers, pompiers…). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Retraite : la bataille à venir de l’âge de départ Toutefois, ceux qui perdent un tel avantage pourront, en contrepartie, bénéficier de dispositifs réservés jusqu’à maintenant au privé : il s’agit notamment du compte professionnel de prévention (C2P), mis en place pour les salariés soumis à des conditions de travail éprouvantes ; ces derniers accumulent des points qui, à terme, leur donnent des droits (formation, cessation précoce de carrière…). « Nous allons payer un lourd tribut » L’entrée en application de ces nouvelles règles sera étalée sur de longues périodes de transition. Ne seront concernées que les personnes n’ayant pas atteint, à la fin décembre 2024, une certaine durée de service (de dix-sept ou vingt-sept ans selon les cas). Celles-ci auront la possibilité de faire valoir leurs droits à la retraite à un âge qui sera progressivement relevé. Ainsi, les premiers à devoir partir à 62 ans sont ceux nés en 1982 (s’agissant des fonctionnaires et salariés qui pouvaient jusqu’alors réclamer leur pension à 57 ans). L’impact de ces nouvelles dispositions sera particulièrement fort dans les hôpitaux publics, avec leurs bataillons d’aides-soignants (près de 207 000 personnes) et d’agents de service hospitaliers (61 000), qui ne pourront donc plus, à terme, partir à 57 ans, comme aujourd’hui. Un tel changement, qui survient dans un contexte social déjà troublé au sein de ces établissements, est critiqué. « Nous y sommes défavorables », confie Mireille Stivala (fédération CGT santé-action sociale). La législation actuelle constitue « une reconnaissance de la pénibilité de ces métiers, qu’il fallait étendre aux salariés du privé », ajoute-t-elle. Bien souvent, les personnes touchées arrivent « cassées » en fin de carrière, avant même de pouvoir liquider leur pension. Ce sont, qui plus est, des emplois « hautement féminisés et mal rémunérés ». « Une fois de plus, les femmes seront pénalisées », déplore Mme Stivala.
Avec l’entrée en vigueur des nouvelles règles concernant l’âge légal de départ, de nombreux travailleurs de l’hôpital public ne pourront plus, à terme, partir à 57 ans, comme aujourd’hui.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/19/les-metiers-hospitaliers-particulierement-touches-par-la-reforme_5491105_823448.html
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François Hollande arrive à l’Elysée, le 30 septembre. LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE » Tribune. Qui peut nier le malaise qui s’est installé dans la démocratie ? Il n’est pas une singularité française. Les Etats-Unis, comme souvent, en sont l’expression la plus criante et la plus désolante, avec un président qui bouscule toutes les règles. En Europe, les extrémistes font vaciller les régimes parlementaires qui paraissaient les plus robustes. Ils prétendent au pouvoir, comme en Italie, et, quand ils ne l’occupent pas, ils perturbent la formation des gouvernements. Au Royaume-Uni, la bataille sur le Brexit a fini par déstabiliser la Chambre des communes, pourtant jugée comme étant le Parlement le plus puissant du monde. A l’Est, l’indépendance de la justice et la liberté sont de plus en plus mises en cause. Apparente stabilité Partout, les grands partis reculent. Partout, les citoyens expriment leurs exaspérations face à l’impuissance des gouvernants devant les défis les plus urgents. Partout, la défiance se cristallise sur les élus, leur nombre, leurs prétendus avantages et, au bout du compte, sur la démocratie elle-même. Il en est même qui, au nom de la survie de la planète, appellent à instaurer des solutions autoritaires pour sauver l’espèce humaine. Certains vont jusqu’à vanter, dans le concert des nations, la supériorité de la Chine ou de la Russie, dont l’avantage majeur serait de ne pas être embarrassées par les contraintes du pluralisme. « Si la personnalisation du pouvoir est nécessaire et même impérieuse dans une démocratie, elle a pris des formes qui, loin de convaincre le citoyen, stimulent sa colère » La France n’échappe pas à ce mouvement général. Elle l’a même précédé. C’est dans notre pays que l’extrême droite a jailli au milieu des années 1980. C’est en France que la protestation se traduit par des mobilisations de rue, des violences urbaines ou des grèves plutôt que par l’ouverture de grandes négociations. Cette réalité a été longtemps occultée par l’apparente stabilité que confère à nos institutions la Ve République. La place prééminente du président de la République et son élection au suffrage universel, la discipline majoritaire au sein de l’Assemblée nationale ont pu donner l’illusion que le système tenait bon alors qu’il craquait de toutes parts. Redonner confiance aux citoyens dans leurs élus Pour colmater les brèches, chaque président a tenté de moderniser nos institutions. Mais les réformes successives n’ont pas changé profondément la relation entre le pays et ses représentants et le « dégagisme » menace ceux-là mêmes qui l’avaient convoqué.
L’ex-chef de l’Etat plaide, dans une tribune au « Monde », pour un président chef du gouvernement, avec un mandat de six ans.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/21/francois-hollande-instaurer-un-veritable-regime-presidentiel-avec-un-parlement-plus-fort_6016380_3232.html
mlsum-fr-547
L’association propose un service de déménagement à des populations précaires. Atelier remuménage Cette association bordelaise, née en 2001, propose un service de déménagement à des populations précaires, avec des tarifs modulés en fonction du revenu et du quotient familial. Elle contribue ainsi à l’intégration économique et à l’amélioration des conditions de vie des citoyens les plus fragiles. « Pour eux, le déménagement était un frein à la mobilité et à l’intégration d’un nouveau logement, car ils n’ont pas les moyens de le payer et ils ne disposent pas toujours de véhicule ni d’un entourage qui peut les aider », souligne sa présidente, Wiame Benyachou. Lire aussi Dix ans de Grands Prix de la finance solidaire Plus de 1 200 personnes ont bénéficié du service de déménagement en 2018, et près de 65 % d’entre elles étaient allocataires des minima sociaux. Au total, un peu moins de 20 000 familles ont fait appel à l’association depuis sa création. « Atelier et chantier d’insertion » La vocation sociale de L’Atelier Remuménage est double puisqu’il aide également 16 personnes éloignées du monde du travail à s’insérer dans la vie professionnelle et sociale. En 2015, il a été reconnu par l’Etat « atelier et chantier d’insertion ». En 2017, l’association a ajouté aux volets social et solidaire une dimension écologique en proposant un service de déménagement et de livraison durable à vélo, ainsi que la collecte et la revalorisation des cartons usagés. Elle participe également à la gestion des encombrants dans la ville de Bordeaux, et effectue des livraisons au dernier kilomètre pour le compte de La Poste. L’association, qui connaît un fort développement depuis trois ans, vient de créer une entreprise d’insertion. Opérationnelle depuis début 2020, elle proposera des activités commerciales à des entreprises. Activité : Service de déménagement destiné aux populations précaires Chiffre d’affaires 2018 : 817 498 euros Salariés : 26 Financeurs :France Active, Fonds solidaires d’AG2R La Mondiale Grands Prix de la finance solidaire 2019 A l’occasion de la Semaine de la finance solidaire, qui a lieu cette année du 4 au 11 novembre, Le Monde et l’association Finansol organisent chaque année, depuis dix ans, un concours qui récompense des structures à fort impact social et ou environnemental qui ont bénéficié du soutien de la finance solidaire pour se développer. Les lauréats Prix Activités écologiques : Minéka, société de valorisation et réemploi de matériaux de construction société de valorisation et réemploi de matériaux de construction Prix Technologies et solidarités : Commown, location longue durée d’appareils électroniques écoresponsables location longue durée d’appareils électroniques écoresponsables Prix Lutte contre les exclusions : L’Atelier Remuménage, service de déménagement destiné aux populations précaires service de déménagement destiné aux populations précaires Prix Solidarité internationale : Kmerpad, production et distribution de serviettes hygiéniques réutilisables production et distribution de serviettes hygiéniques réutilisables Prix des Territoires : Titi Floris, transport de personnes à mobilité réduites Un prix spécial a été remis à L’Atelier paysan, coopérative d’autoconstruction
Implantée à Bordeaux, l’association propose des services de déménagement à des personnes en situation de précarité et d’isolement, à des tarifs personnalisés.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/11/04/grands-prix-de-la-finance-solidaire-2019-l-atelier-remumenage-laureat-du-prix-lutte-contre-les-exclusions_6018014_1657007.html
mlsum-fr-548
Des avocats du Mexique en vente dans un magasin de Washington, le 6 juin. ANNA-ROSE GASSOT / AFP Matières premières. L’avocat, victime des droits ? Des droits de douane, s’entend… La récente offensive de Donald Trump vis-à-vis de son voisin mexicain a fait s’envoler les prix du fruit vert. Ce produit agricole aurait pu être taxé à 25 % à la frontière, si le président des Etats-Unis avait mis à exécution la menace qu’il a brandie le 30 mai – ce à quoi il a finalement renoncé, vendredi 7 juin. Une barrière douanière qui se serait appliquée à toutes les exportations du Mexique vers les Etats-Unis, et donc, aussi, à la tequila. Avocat, tequila : même combat ! Mais c’est bien l’électeur américain qui risquait d’être lésé par ce nouveau coup de sang du locataire de la Maison Blanche, recevant les hausses de tarif comme un boomerang. D’autant que, de New York à San Francisco, le consommateur raffole de l’avocat et de la tequila. On se souvient qu’en juin 2017 George Clooney a cédé au britannique Diageo, pour un milliard de dollars (environ 889 millions d’euros), sa marque de tequila, Casamigos, quatre ans à peine après sa création. Que ce soit sous forme de cocktails margarita ou de « shots », l’eau-de-vie d’agave mexicaine s’écoule à 80 % dans les gosiers américains, souvent accompagnée d’« avocado toasts » ou de tacos garnis de guacamole. Les Américains sont, en effet, devenus accros à l’avocat. La consommation du fruit vert a plus que doublé en cinq ans, pour frôler le million de tonnes. Une progression fulgurante qui doit beaucoup au rouleau compresseur marketing du Hass Avocado Board (HAB). « Le HAB regroupe les producteurs californiens et les importateurs. Chacun verse 5 cents par colis pour financer la promotion. Aujourd’hui, les volumes sont tels qu’ils disposent de 70 millions de dollars par an pour leurs campagnes publicitaires », explique Eric Imbert, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Les avocats ont les moyens de plaider leur cause… Lire aussi L’avocat du diable Des dessous pas toujours blancs Parallèlement, les producteurs d’avocats du Mexique, mais aussi du Pérou, ont mis les bouchées doubles, et leurs exportations atteignent 1,5 million de tonnes. Une partie de la récolte s’offre une traversée en bateau vers l’Europe, deuxième grand bassin de consommation, avec près de 500 000 tonnes, en croissance exponentielle. Une fois débarqués, les avocats font un séjour en chambre de mûrissement avant de s’exposer dans les rayons des supermarchés. Au prix fort. En Europe, la World Avocado Organization est le bras armé des grands producteurs soucieux de convaincre les consommateurs des bienfaits de la chair verte, riche en fibres, vitamines, minéraux et… matières grasses.
La récente offensive commerciale de Donald Trump contre le Mexique, à laquelle il a finalement renoncé, a fait s’envoler les prix de l’avocat. Le consommateur américain, qui raffole du fruit vert, risquait d’être lésé, explique Laurence Girard, journaliste au « Monde », dans sa chronique hebdomadaire.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/08/avocat-tequila-meme-combat_5473515_3234.html
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ocence. En terre indienne, le drame n’est jamais loin des épisodes festifs. Au lendemain du 143e anniversaire de la victoire de Little Big Horn, Pine Ridge commémore un événement plus sombre : la fusillade du 26 juin 1975 au cours de laquelle un militant indien a été tué, ainsi que deux agents du FBI. Un fait d’armes pour lequel Leonard Peltier, 74 ans, le héraut de l’American Indian Movement (AIM), est toujours emprisonné. Après quarante-trois ans sous les verrous, Peltier est, selon Amnesty International, le plus ancien « prisonnier politique » des Etats-Unis. Ce 26 juin a été proclamé « Journée de Leonard Peltier » à Pine Ridge. Au bord du cimetière de la famille Little, où reposent les militants de l’AIM tués dans le tumulte des années 1970, quelques fidèles forment un cercle de prière : des anciens du mouvement Red Power, quoiqu’ils disparaissent inexorablement, comme Russell Means et Dennis Banks, morts en 2012 et 2017. Des proches, vêtus du tee-shirt distribué par l’AIM. Et des enfants qui attendent sans impatience le goûter sur la propriété de la famille Jumping Bull, au bord du ruisseau où a eu lieu la fusillade. Comme chaque année, ils savent qu’ils vont recevoir des cadeaux, des ballons, des sacs à dos et des fournitures scolaires de la part de Leonard Peltier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La mort de Dennis Banks, militant des droits amérindiens La loi du silence « Nous croyons à l’innocence de Leonard, lance l’officiant, Fred Cedar Face, un ancien juge tribal. Et pourtant, il croupit en prison. » L’atmosphère est lourde, plombée par le poids du passé. L’orateur déplore les divisions qui continuent sur la réserve, la loi du silence, la « négativité ». Si Leonard Peltier n’est pas coupable, alors il doit se trouver quelqu’un à Pine Ridge qui sait la vérité, quelqu’un qui n’a pas témoigné. Qui a tiré à bout portant sur les deux agents du FBI ce 26 juin 1975 ? Leonard Peltier l’a écrit dans ses mémoires. Il aurait préféré « ne pas se trouver » à Pine Ridge ce jour-là. Mais les dirigeants de l’AIM cherchaient à attirer l’attention du monde et ils avaient choisi la réserve lakota. Dans le monde indien, Pine Ridge est le symbole du traumatisme, le Ground Zero de la tragédie. C’est là que reposent les victimes du massacre de Wounded Knee, l’affrontement qui a conclu la résistance des Sioux le 29 décembre 1890. C’est l’inspiration du best-seller qui reste le livre « indien » le plus vendu dans le monde, bien qu’il ait été écrit par un bibliothécaire de l’Arkansas : Bury My Heart in Wounded Knee (Enterre mon cœur à Wounded Knee, Albin Michel, 2009). L’auteur, Dee Brown, y fait la chronique de l’extinction amérindienne. Publié en 1970, le livre a désespéré les tribus.
Indiens d’Amérique (6/6). En 1977, le militant de la cause indienne est condamné à la perpétuité pour le meurtre de deux policiers. Devenu le symbole de l’acharnement du FBI contre les Amérindiens, il continue de clamer son innocence.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/09/leonard-peltier-l-indien-rebelle-plus-ancien-prisonnier-politique-des-etats-unis_5498224_4415198.html
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Photo d’un studio de BFM Business prise lors de l’inauguration du groupe Media Campus Altice à Paris le 9 octobre 2018. ÉRIC PIERMONT / AFP L’opérateur Free, filiale du groupe Iliad, s’apprête à ne plus diffuser la chaîne d’info en continu BFM-TV, ainsi que ses chaînes sœurs RMC Découverte et RMC Story, à compter du 16 août, a annoncé mercredi 4 août le groupe Altice, propriétaire des chaînes. « Ils nous ont informés qu’il n’y avait plus d’accord entre nous, et qu’à partir du 16 août nos chaînes pourraient ne plus être diffusées. Nous avons donc l’obligation d’en informer nos téléspectateurs », a expliqué le patron d’Altice France, Alain Weill, lors d’une conférence de presse téléphonique. En cause, l’accord de diffusion signé entre les deux groupes, qui est arrivé à échéance le 20 mars. Or, les négociations pour nouer un nouvel accord ont échoué en raison de positions apparemment irréconciliables : Altice entend être rémunéré pour la diffusion de ses chaînes et des services associés (comme les programmes disponibles en replay ou rattrapage), sur le même modèle que les accords conclus entre Free et les groupes TF1 et M6, alors que Free estimait ne pas avoir reçu de proposition commerciale valable de la part d’Altice. Accords à 4 millions d’euros Altice a déjà conclu des accords de rémunération avec Bouygues Telecom, Canal+ ou encore SFR (opérateur qui fait partie du groupe de Patrick Drahi). De source proche du dossier, un montant de 4 millions d’euros est évoqué pour la diffusion par Free des trois chaînes. « Dans les discussions que nous avons pu avoir, on a trouvé un accord financier, a assuré mercredi M. Weill, mais c’est surtout au sujet des aléas juridiques du contrat que nous n’avons pas d’accord aujourd’hui. » Selon Altice, Iliad souhaite rémunérer les services délinéarisés (télévision de rattrapage, vidéo à la demande, programmes en avant-première notamment) mais pas la diffusion en linéaire. « Séparer les deux contrats n’a pas de sens, on ne veut pas séparer les deux services, l’abonné ne le comprendrait pas, ça n’aurait pas de sens de proposer un service sans l’autre », a néanmoins insisté M. Weill. Lire aussi Le CSA autorise Free à ne pas diffuser les chaînes du groupe Altice Le CSA autorise Free à ne pas diffuser BFM Au début d’août, le CSA a rendu un jugement estimant que si Altice est en droit d’exiger d’Iliad une rémunération en échange de la diffusion de ses chaînes, ce dernier pouvait toutefois refuser « librement » de les diffuser. Cette décision suit celle du tribunal de grande instance de Paris, à la fin de juillet, qui a considéré que « Free n’a pas le droit de diffuser sans autorisation » les trois chaînes sur ses réseaux, et lui a ordonné de « cesser cette diffusion, sous astreinte de 100 000 euros par jour de retard et par chaîne à compter du 27 août » — décision dont Iliad a fait appel. Cette épreuve de force fait écho à la bataille qui avait éclaté, en 2018, entre les opérateurs de téléphonie et les groupes audiovisuels, dont notamment TF1 et M6, qui souhaitaient obtenir une rétribution pour la diffusion de leurs chaînes. Malgré la résistance des opérateurs, qui s’indignaient de devoir mettre la main au portefeuille pour des chaînes qui font partie du bouquet gratuit de la TNT, le conflit s’était finalement soldé par la signature de nouveaux accords de distribution. Faute d’accord, 6,5 millions d’abonnés Free, qui reçoivent aujourd’hui la télévision par le biais de leur box ADSL ou fibre, qui ne pourront plus zapper sur BFM-TV, BFM Business, RMC Découverte ou RMC Story.
Le conflit qui oppose les deux groupes depuis de longs mois concerne la rémunération pour la diffusion des chaînes d’Altice sur les box de Free, après l’expiration, le 20 mars, d’un accord liant les deux groupes.
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2019/08/14/free-s-apprete-a-ne-plus-diffuser-bfm-tv-a-compter-du-16-aout_5499388_3236.html
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Une publicité Amul, avec sa mascotte, en référence au projet du gouvernement nationaliste d’imposer l’enseignement de l’hindi dans toute l’Inde. Amul Le décryptage de l’info passe par la motte de beurre. Jusqu’à cinq fois par semaine, de l’Himalaya à la côte de Coromandel et du désert de Kutch à la jungle du Nagaland, les réclames de la marque de produits laitiers Amul font un clin d’œil humoristique aux nouvelles politiques, culturelles et sportives du sous-continent. La régularité de parution des publicités est telle qu’elles font non seulement partie du quotidien, mais sont attendues avec impatience lorsqu’un événement d’importance survient dans le pays. Et cela dure depuis maintenant un quart de siècle. La petite fille aux cheveux bleus et à la robe à pois rouges qui sert de mascotte à la coopérative Amul, établie à Kheda, dans le Gujarat, est apparue pour la première fois dans les années 1960. Ce, grâce à la volonté de l’homme d’affaires Verghese Kurien, que l’on désignait de son vivant comme « le père de la révolution blanche », en raison de sa contribution pour rendre autosuffisante la production laitière indienne, et afin de barrer la route aux prédateurs occidentaux, comme Nestlé ou GlaxoSmithKline. Manier la dérision C’est Advertising and Sales Promotion (ASP), une agence de Bombay, qui lui a donné naissance, porté par l’imagination de ses dirigeants, Sylvester da Cunha et Eustace Fernandes. La petite fille s’est rapidement installée dans le paysage publicitaire avec ses blagues maniant savamment la dérision et racontant, comme le souligne l’Hindustan Times, « le parcours d’une Inde passant d’un pays recroquevillé sur lui-même à un pays confiant quant à sa place dans le monde ». Mais c’est à compter de 1994 que son regard aux longs cils a pris une dimension nationale, lorsque Rahul da Cunha, fils de Sylvester, a repris le flambeau du département création d’Amul. Celui-ci a alors fait équipe avec le rédacteur Manish Jhaveri et le dessinateur Jayant Rane, un trio qui vient de fêter ses 25 ans d’existence. Leur recette ? Trouver un titre qui commente un fait d’actualité, un slogan afin d’établir un rapport avec le beurre et un dessin pour rassembler le tout. « Un concept génial », estime Kunal Vijayakar, ancien publicitaire devenu critique gastronomique. Comme des journalistes En juin, par exemple, Amul a rebondi sur la démission annoncée du président du Parti du Congrès, Rahul Gandhi, à la suite de sa déculottée aux législatives, en publiant un croquis représentant le leader de l’opposition assis à son bureau et piochant dans un jeu de cartes aux effigies de ses successeurs potentiels (ci-contre, en bas). Au-dessus, un titre – « Qui va jouer au nouveau chef ? » – avec un jeu de mots entre le pronom interrogatif « qui » (khon, en hindi) et le surnom du Parti du Congrès (« Cong »). Au-dessous, un slogan : « Amul, toujours leader ! ». La publicité Amul qui met en scène la démission annoncée du président du Parti du Congrès, Rahul Gandhi, en juin 2019. Quelques jours plus tôt, la petite brune dans sa robe à pois avait réagi au projet du gouvernement nationaliste d’imposer l’enseignement de l’hindi dans toute l’Inde, et notamment dans le Sud, où cette langue n’est pas du tout pratiquée. La mascotte est apparue en maîtresse d’école devant un tableau, en train de tourner les pages d’un manuel scolaire (ci-contre). Titre : « Différentes langues maternelles, une langue de beurre commune ». Slogan : « Amul parle votre langue ! » Une publicité Amul, avec sa mascotte, en référence au projet du gouvernement nationaliste d’imposer l’enseignement de l’hindi dans toute l’Inde. Amul Le timing des pubs est déterminant pour frapper les esprits des citoyens consommateurs. Rahul da Cunha raconte d’ailleurs que ses deux compères et lui travaillent comme des journalistes : « Tous les lundis, nous examinons les sujets qui préoccupent les Indiens et nous les classons. » Il y a ceux qui sont d’une actualité brûlante, ceux qui vont assurément tenir un certain temps et ceux qui vont probablement changer dans les jours qui suivent. « Nous piochons les nouvelles dans les journaux, mais nous recueillons les réactions du pays et les tendances de fond sur les réseaux sociaux », explique-t-il. Lire aussi En Inde, un trésor disco oublié L’an dernier, Amul a célébré l’anniversaire de Narendra Modi en diffusant sur Twitter une vidéo faisant défiler toutes les pubs ayant utilisé la représentation du chef du gouvernement nationaliste, lequel s’est empressé de remercier la marque de beurre en saluant « son sens de l’humour ». On frisait alors le léchage de bottes. #Amul wishes the Hon. PM Narendra Modi a very happy birthday. https://t.co/aOogZgGfRR — Amul_Coop (@Amul.coop) La petite fille aux cheveux bleus, il est vrai, n’a jamais cherché malice. En ces temps de populisme exacerbé, elle est de moins en moins téméraire. « Aujourd’hui, l’Inde est tellement polarisée qu’il est plus facile de savoir quels thèmes éviter, justifie Rahul da Cunha. La politique est devenue une source de division, le marketing une source d’unification. » Et de profits : Amul prévoit une croissance de son activité de 20 % cette année.
La marque indienne propose depuis 25 ans des réclames humoristiques commentant les grands événements du pays. Sans adopter de position politique, notamment face à la montée du populisme.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/19/le-lait-amul-fait-sa-publicite-avec-l-actualite-en-inde_5491231_4500055.html
mlsum-fr-552
Gaël Monfils lors de son deuxième tour face au Roumain Marius Copil, le 29 août. Jerry Lai / USA TODAY Sports « Y a-t-il quelqu’un pour sauver le tennis français ? », interrogions-nous il y a un an pile, lorsque aucun joueur français, hommes et femmes confondus, ne s’était qualifié en deuxième semaine de l’US Open. Les mots « marasme », « déconvenue » ou « fiasco » fleurissaient alors un peu partout dans les médias français. Quels qualificatifs employer douze mois plus tard pour décrire un (mauvais) événement qu’à force on attend presque avec autant de suspense que la chute des feuilles à l’automne : la déception de l’escadron tricolore en Grand Chelem, rendez-vous majeurs de la saison ? Cette année, à New York, il n’y avait qu’un seul représentant au stade du troisième tour, Gaël Monfils – qui doit affronter lundi 2 septembre l’Espagnol Pablo Andujar huitièmes de finale –, le plus mauvais bilan des Bleus depuis 2003. Avec quatorze joueurs sur la ligne de départ, on frôle le désastre. Encore plus quand on sait que la France est arrivée à Flushing Meadows avec le plus fort contingent figurant dans le Top 100 : 11 joueurs (12 si on inclut Antoine Hoang, qui a glissé cette semaine du 98e rang au 104e), devant l’Espagne (10) et les Etats-Unis (7). Tsonga « joue bien », Paire fait la tournée des boîtes de nuit Les contre-performances des uns et des autres – et leurs réactions – ont parfois de quoi estomaquer, à l’image de Jo-Wilfried Tsonga (65e), qui menait deux sets à zéro face à l’Américain Tennys Sandgren (72e) avant de prendre la porte dès le premier tour. « Je suis déçu, triste parce que j’ai fait un bon match malgré tout, analysait Tsonga. Je n’ai pas grand-chose à me reprocher même s’il y a toujours des choses qu’on peut faire un peu mieux. Mais je suis vraiment déçu parce que je joue bien au tennis et que j’aurais aimé gagner ce match. » CQFD. Attitude encore plus accablante, celle de Benoît Paire. Au deuxième tour, il avait deux sets d’avance et même trois balles de match sur son service à 5-3. Mais, face à Aljaz Bedene (80e), l’Avignonnais (26e) a visiblement préféré réciter la définition du verbe « vendanger ». Une balle de 5-1 à nouveau gâchée dans le dernier set, il s’est finalement incliné 4-6, 6-7, 6-2, 7-5, 7-6. Sorti du court sans serrer la main du Slovène, qu’il accuse de l’avoir insulté lors d’un changement de côté, Paire a quitté New York la tête basse, lui qui restait sur deux huitièmes de finale à Roland-Garros et à Wimbledon. Mais il a une méthode toute personnelle pour y remédier : « Je vais bien couper. Je vais faire une ou deux semaines bien “off”, on ne me verra pas sur un court de tennis, ça c’est sûr. Plus dans les boîtes de nuit. » Eliminée d’entrée par la Tunisienne Ons Jabeur (7-6, 6-2), la numéro un française, Caroline Garcia, a pourtant l’impression de voir le bout du tunnel. Et mise, elle, sur la méthode Coué : « Ça ne se voit pas, mais depuis Cincinnati, c’est beaucoup plus positif pour moi. Même si ce match ne prouve rien du tout. On va dire : “Elle est complètement cinglée !’’ Mais ce n’est pas grave. Ça va doucement dans la bonne direction. » Quant à Lucas Pouille, il a fait preuve en sortant du court d’une lucidité qui lui a manqué sur le terrain, battu au deuxième tour par le Britannique Daniel Evans (6-4, 6-3, 6-7, 6-4) : « C’était nul du premier au dernier point, dans tous les domaines. » La relève (Ugo Humbert, Corentin Moutet, Antoine Hoang, Fiona Ferro) semble avoir pris un tel retard sur les joueuses et joueurs de la nouvelle génération (Stefanos Tsitsipas, Félix Auger-Aliassime, Naomi Osaka, Cori Gauff…) que l’unique chance tricolore réside donc encore en Gaël Monfils, 33 ans ce dimanche 1er septembre. Un boulevard pour « la Monf’» ? New York a toujours réussi au numéro un français (13e mondial) dans sa carrière : demi-finaliste en 2016 (défaite face à Novak Djokovic), quart-de-finaliste en 2014 (battu par Roger Federer) et en 2010 (défaite contre Djokovic). Cette année, il bénéficie d’un parcours ouvert depuis que son quart de tableau s’est dépeuplé au niveau des têtes de série. Les trois membres du Top 10 qui y figuraient ont été battus : Dominic Thiem (4e), Stefanos Tsisipas (8e) et Roberto Bautista Agut (10e). Avec, en prime, les défaites de Félix Auger-Aliassime (18e) et Kyle Edmund (30e). Monfils est déjà certain de ne pas avoir à affronter un joueur classé mieux que 25e avant une éventuelle demi-finale. Au 3e tour, le jeune Denis Shapovalov (33e), qui a retrouvé ces dernières semaines son tennis offensif, représentait néanmoins une menace. Face au Français, il en a encore fait la preuve. Monfils s’en est finalement sorti après un spectaculaire combat en cinq sets (6-7, 7-6, 6-4, 6-7, 6-3). Son huitième de finale l’opposera lundi à un néophyte à ce niveau malgré ses 33 ans : l’Espagnol Pablo Andujar (70e), facile vainqueur d’Alexander Bublik (6-4, 6-3, 6-2). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Roland-Garros : Denis Shapovalov, l’ode au tennis vintage « Quand on me dit que le tableau est ouvert, c’est rare que je déçoive », assurait-il après son premier tour. Après tout, comme le disait Gilles Simon (qui a abandonné lors de son deuxième match face au Russe Andrey Rublev pour cause de blessure au cou) cette semaine au micro de RMC : « Si on a un Français en demi-finale, on aura oublié qu’il n’y en avait qu’un au troisième tour. » Monfils sait ce qu’il lui reste à faire pour sauver l’honneur de la patrie. And the award for most dramatic match point reaction of the week goes to... 🤣 @Gael_Monfils | #USOpen https://t.co/36I9vCRTMg — usopen (@US Open Tennis)
Le numéro un français, dernier représentant tricolore en lice, affronte lundi en huitièmes de finale l’Espagnol Pablo Andujar.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/31/us-open-gael-monfils-derniere-chance-d-une-patrie-en-detresse_5504993_3242.html
mlsum-fr-553
Louis de Funès et Noëlle Adam dans « L’Homme-orchestre », de Serge Korber (1970). Gaumont On ne sait plus qui est Serge Korber, cinéaste déconcertant au parcours en dents de scie. Agé de 83 ans, il est venu au festival de La Rochelle pour accompagner L’Homme-Orchestre (1970), l’un des films les plus atypiques de la carrière de Louis de Funès, avec Sur un arbre perché (1971), dont il se trouve être également l’auteur. On découvre en cet homme une ligne de vie hasardeuse et extravagante. Serge Korber égrène les miracles comme d’autres les banalités, évoquant une réalité à ce point arrangeante qu’on pourrait parfois la croire arrangée. Le charme équivoque d’une époque cinématographique révolue. Qu’est-ce qui vous a conduit au cinéma ? Ma mère, tous les jeudis, au cinéma Jeanne d’Arc, boulevard Saint-Marcel, à Paris. L’affiche importe peu, c’est un délice à chaque fois. Sinon, je suis autodidacte. Enfant caché durant la guerre au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), je reprends une scolarité normale à l’âge de 10 ans, et je l’arrête à 14 parce que dans un foyer de 9 enfants et avec un père cordonnier, il faut se mettre au boulot. Plus tard, j’ouvre, avec une bande d’amis, un cabaret à la Contrescarpe à Paris, Le Cheval d’or. Bruno Coquatrix m’y remarque, et m’engage comme homme à tout faire à l’Olympia. J’y tourne bientôt un petit film pour introduire sur scène Jean-Marie Proslier qui a son petit succès. Jacques Tati, qui l’a vu, m’approche pour que je participe au spectacle qu’il met en scène à l’Olympia à partir de son film Jour de fête (1949). Votre vie ressemble à un écheveau miraculeux. Et le cinéma là-dedans ? J’y viens. C’est encore une histoire de rencontres. Dans les années 1950, je fréquente assidûment la Cinémathèque française, je deviens rapidement copain avec Truffaut et Chabrol. Truffaut m’engage plus tard dans sa maison de production, Les Films du Carrosse, comme assistant-réalisateur, puis me présente au producteur Pierre Braunberger, qui accepte de produire mes courts-métrages. Arrive évidemment le jour où il refuse. Alors que je redescends de chez lui, je tombe sur Marin Karmitz, auquel je raconte ma mésaventure en même temps que l’histoire du film. Il décide de le produire. Même chose avec Agnès Varda. Je passe des vacances à Sète, je sympathise avec elle, elle m’engage comme stagiaire sur La Pointe courte, puis m’offre un rôle dans Cléo de 5 à 7… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival de La Rochelle : Louis de Funès et Jim Carrey, l’art de la mimique Après l’échec commercial de votre premier long-métrage, « Le 17e ciel », vous choisissez assez vite, encouragé par Michel Audiard, la voie de la comédie populaire…
Le cinéaste, âgé de 87 ans, est venu à La Rochelle pour la rétrospective consacrée à l’acteur, avec qui il a tourné notamment « L’Homme-Orchestre ».
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/06/serge-korber-je-suis-tombe-sous-le-charme-de-louis-de-funes_5486154_3246.html
mlsum-fr-554
Laurent Wauquiez, Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy lors d’un hommage aux résistants tués sur le plateau des Glières (Haute-Savoie), le 31 mai. LUDOVIC MARIN / AFP Comme d’habitude, il aura suffi de quelques appels du pied, comme celui du maire de Nice, Christian Estrosi, ou celui du fidèle Brice Hortefeux, pour que le nom de l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy résonne de nouveau au sein du mouvement Les Républicains (LR). Dans ce parti en mal d’homme providentiel après la déroute des européennes et le vide relatif laissé par la démission de Laurent Wauquiez, certains tentent de réactiver le désir autour de l’ancien président de la République. « Autorité morale », « leader naturel », « figure tutélaire »… Les éloges pleuvent sur l’ancien chef de l’Etat, dont l’ombre n’en finit pas de planer sur LR, sur fond de sondages flatteurs à son égard et malgré les multiples affaires judiciaires dans lesquelles il est soit renvoyé devant un tribunal, soit mis en examen – Bygmalion, les écoutes, le financement libyen… Au risque d’enfermer une formation en déroute dans une nostalgie peu propice à l’émergence de nouvelles figures. « Il y a une autorité morale au-dessus de toute légitimité dans notre mouvement, c’est Nicolas Sarkozy », a lancé, mercredi 12 juin, Christian Estrosi, appelant à reporter la désignation d’un président du parti, prévue en octobre, après les élections municipales de 2020. « Je considère que nous pourrions parfaitement faire appel à lui pour qu’il soit une sorte de juge de paix », a-t-il encore ajouté. Dans le cycle de l’éternel retour de Nicolas Sarkozy, les dernières rumeurs remontent à décembre 2018. « Je vais peut-être être obligé de revenir », aurait-il dit selon Le Parisien à un élu anonyme, peu après le début du mouvement des « gilets jaunes ». En mai 2013, les mêmes propos avaient fuité dans ce journal. Comme il y a six ans, son entourage dément toute velléité. Aujourd’hui, « il n’a aucune intention d’entrer dans le jeu politique, de se mêler de questions partisanes ». « Il ne veut pas donner le sentiment de peser comme une ombre portée sur cette famille politique », précise-t-on. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Laurent Wauquiez s’en va, la droite en lambeaux Consulté de toutes parts Mais plusieurs enquêtes d’opinion entretiennent l’idée d’un retour sur le devant de la scène. Le tableau de bord IFOP-Fiducial pour Paris-Match et Sud Radio le place ainsi à la deuxième place des personnalités préférées des Français, derrière Nicolas Hulot et en hausse de six points, un niveau inédit même pendant sa présidence. Et selon un sondage Elabe pour BFM-TV publié le 5 juin, il est le premier cité pour incarner le leadership en vue des prochaines échéances électorales par les électeurs de la droite et du centre, qui sont 46 % à encourager sa démarche, juste devant le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand (41 %).
Entretenue par les sondages, la nostalgie de l’ancien chef de l’Etat, souvent consulté, reste présente chez Les Républicains.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/13/l-ombre-de-nicolas-sarkozy-plane-sur-la-reconstruction-a-droite_5475496_823448.html
mlsum-fr-555
Le quotidien Nice-Matin se déchire autour de son rachat. Le feuilleton, dans lequel s’opposent Xavier Niel, fondateur de Free et actionnaire à titre individuel du Monde, et Iskandar Safa, propriétaire des chantiers navals CMN et du magazine Valeurs actuelles, a connu un nouveau rebondissement, vendredi 12 juillet. Au terme d’une assemblée générale (AG) mouvementée, les 456 salariés actionnaires du groupe de presse régionale, détenteurs de 66 % de son capital par l’intermédiaire d’une coopérative, ont voté à 60 % en faveur du rachat de leurs parts par M. Safa. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’épreuve de force se poursuit pour le contrôle de « Nice-Matin » Or, M. Niel a déjà un pied bien établi dans le quotidien azuréen. L’industriel des télécoms s’est mis d’accord avec le groupe belge Nethys, actionnaire à 34 % du journal, pour lui racheter la majorité de sa participation, puis la totalité, lui donnant de facto le droit d’acquérir les 66 % de la coopérative d’ici à février 2020, comme s’y était engagé Nethys. En annonçant par un communiqué, alors même que l’AG commençait, avoir pris officiellement le contrôle de ces 34 %, le patron de Free a semblé vouloir rappeler qu’il était le seul repreneur envisageable. En vain. Le choix fait par la coopérative implique de dénoncer ce pacte d’actionnaires. Ce qui place le titre niçois au cœur d’une « bataille judiciaire longue, périlleuse et à l’issue très incertaine », s’est inquiété Jean-François Roubaud, le président du conseil de surveillance, à la sortie de l’AG. Quelques jours avant le vote, l’administrateur judiciaire a mis en garde la coopérative sur le « lourd contentieux et les dégâts économiques et sociaux très importants » qui pourraient en découler. Comprendre : un redressement judiciaire, la trésorerie du journal étant tendue. Atmosphère houleuse Sur les rangs depuis décembre 2018 pour mettre la main sur Nice-Matin, M. Safa a abattu une nouvelle carte lundi, en s’engageant à assumer les frais de justice d’un tel contentieux. Présent lors de l’AG, il a même promis de soutenir la trésorerie du titre et d’investir dans son développement le temps de la procédure. L’homme d’affaires franco-libanais s’est très tôt attiré les faveurs du PDG du quotidien, Jean-Marc Pastorino, et, par l’intermédiaire de cet ancien ouvrier de l’imprimerie, celles de la CGT du livre, très influente auprès des personnels techniques et administratifs. Pourra-t-il toutefois mener son projet sans le soutien de la rédaction ? Les journalistes, qui ne représentent que 20 % de la coopérative, ont voté à 94 % pour l’offre de M. Niel, et ont décidé la non-parution du quotidien samedi 13 juillet. Entré dans le jeu à la mi-juin, ce dernier a pourtant placé ses pions ces derniers jours pour obtenir l’adhésion de la coopérative. Alors qu’une partie des salariés lui reprochait de ne pas avoir suffisamment détaillé son offre, il a commencé à le faire lundi, lors d’une visite au siège du journal, au cours de laquelle il en a profité pour balayer certaines rumeurs. A un an des municipales, ce supposé proche d’Emmanuel Macron a été soupçonné par une partie des salariés d’intervenir pour protéger Christian Estrosi, le maire de Nice étiqueté « Macron-compatible », d’une reprise par M. Safa, ce dernier étant lié à des soutiens de son rival, Eric Ciotti. « Je suis camarade des trois derniers présidents de la République. J’ai vu M. Estrosi trois fois dans ma vie. (…) C’est pas mes sujets, je m’en moque », a alors assuré M. Niel. Face au risque grandissant que le vote ne lui échappe, le milliardaire a joué son va-tout dans un courrier envoyé la veille aux salariés. Dedans, une offre de 10 millions d’euros à la coopérative pour ses parts – sur laquelle M. Safa s’est aligné pendant l’AG, alors qu’il en proposait deux fois moins initialement – et un engagement à ne pas procéder à des licenciements contraints et à investir 20 millions d’euros dans l’entreprise, dont 12 millions d’euros pour l’apurement du passif. Cela n’aura pas suffi à convaincre les salariés actionnaires acquis à M. Safa. Signe des tensions parcourant le quotidien, le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail de Nice-Matin a alerté vendredi la direction dans un courriel que des salariés avaient été « menacés et bousculés sur leur lieu de travail (…) par des élus CGT » avant l’AG. L’incertitude dans laquelle est désormais plongé le journal n’est pas de nature à apaiser cette atmosphère houleuse.
Dans une ambiance tendue, les salariés actionnaires ont voté en faveur d’une reprise par Iskandar Safa, le propriétaire de « Valeurs actuelles », plongeant le quotidien dans l’incertitude
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/12/le-fondateur-de-free-xavier-niel-prend-le-controle-de-34-de-nice-matin_5488781_3234.html
mlsum-fr-556
L’écrivain Patrick Modiano. Damien Cuypers pour M Le magazine du Monde Et soudain, une odeur de cartable et de feuilles mortes, une légère tristesse… Normal, c’est la rentrée, ça pince toujours un peu – et Patrick Modiano s’apprête à publier, à 74 ans, début octobre, son 29e roman, Encre sympathique, chez Gallimard, comme tous les autres. Tous les deux ans ou presque, sa nostalgie donne rendez-vous à la nôtre. Un nouveau roman ? On en entend certains ricaner : « C’est toujours le même… L’histoire d’un type qui arpente les rues désertes de Paris, qui s’interroge sur son identité et qui fuit devant tout risque d’identification. » C’est vrai, il y a de ça. Depuis La Place de l’étoile en 1968, chacun de ses livres s’arrime au précédent pour tenter de sécuriser un édifice fragile comme un château de cartes. Il faut aussi compter avec les étais de dimensions inférieures (quatre pièces de théâtre, quatre scénarios, deux dizaines de chansons, des préfaces). « Another brick in the wall », chantaient les Pink Floyd. « Encore une petite briquette », se dit le Prix Nobel de littérature 2014 à chaque nouvelle livraison d’un ouvrage aussi mince et élancé que lui. Cependant, on voit bien que le sens est de plus en plus ténu, que le ressassement guette, que l’inattention parfois nous détourne. Mais nous sommes incapable de nous en passer. Son style à la limite de la dissolution Modiano, ou la drogue douce de nos automnes. Le récit s’effiloche, la trame se détend ; on voit le jour au travers. Il faut tendre l’oreille pour percevoir la fameuse « petite musique ». En 1969, il y a cinquante ans, il parlait déjà dans le Magazine littéraire du « sentiment qu’[il] a toujours eu de ne pouvoir s’accrocher à quelque chose de stable ». C’est un peu notre cas, mais c’est notre kif ! Qui peut dire du tac au tac dans quels romans il a croisé Mickey du Pam-Pam ? Et Henri de la Palmira ? Et Béjardy ? Ah, zut, on le savait ! Mais c’est comme ces rêves dont on croit qu’on s’en souviendra et qui – pfuitt ! – s’évaporent au réveil comme une goutte d’eau sous le cagnard. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Il est comme ça… Matteo Salvini Encre sympathique… Déjà ce titre ! Etrange qu’il ne l’ait pas trouvé plus tôt, tant il illustre son style à la limite de la dissolution, à moins qu’il ne le gardât comme un atout dans sa manche pour couronner une œuvre dont les contours se diluent. Le sens s’est fait buée comme dans le bain turc de La Grande Vadrouille. A présent nos souvenirs de ses romans sont comme les siens : tranchants comme un silex ou évanescents comme du tulle. Caramba, nous voici modianisés !
Chaque semaine, notre journaliste Philippe Ridet croque une personnalité qui fait l’actualité. Comme l’écrivain français et prix Nobel de littérature qui publie à 74 ans son 29e roman, « Encre sympathique ».
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/30/il-est-comme-ca-patrick-modiano_5504617_4500055.html
mlsum-fr-557
Tous les indicateurs économiques britanniques virent les uns après les autres à l’orange. L’évolution du produit intérieur brut (PIB) du deuxième trimestre va probablement être négative. Les économistes de Barclays prévoient – 0,2 %, ceux du National Institute for Economic and Social Research – 0,1 %, et ceux de Nomura 0 %. Dans tous les cas, la croissance a quasiment disparu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Europe : les menaces qui planent sur la croissance En grande partie, ce coup de frein est la conséquence mécanique d’un Brexit qui n’a pas eu lieu. Au premier trimestre, pensant que la sortie de l’Union européenne se ferait le 29 mars, comme prévu initialement, les entreprises ont accumulé les stocks, pour être prêtes à faire face au chaos aux douanes. Cela a dopé la croissance, qui a atteint 0,5 % de janvier à mars. Désormais, les mêmes entreprises écoulent leurs stocks, ce qui a l’effet inverse. Effets de yoyo Pour la même raison, plusieurs usines de voitures ont préféré fermer en avril plutôt que de risquer le dysfonctionnement en plein Brexit. Elles ont donc décidé de réaliser leur maintenance annuelle, au lieu de la faire comme d’habitude durant l’été. La production automobile s’est ainsi effondrée de façon spectaculaire (– 24 %) en avril, avant de rebondir en mai. Lire le récit : Au Royaume-Uni, les entreprises souffrent d’une grande fatigue du Brexit Derrière ces effets de yoyo artificiels – excellent premier trimestre, très mauvais deuxième trimestre – se cache une croissance britannique médiocre, mais maintenue. Sur douze mois glissants, de juin 2018 à mai 2019, elle a été de 1,5 %, selon les statistiques officielles publiées mercredi 10 juillet. La consommation est, aujourd’hui, son principal moteur. Les signaux d’un ralentissement progressif se font pourtant sentir. « Il est difficile d’y voir clair à cause des effets liés au Brexit, mais la tendance sous-jacente est assez molle, estime Chris Hare, économiste à HSBC. On pense que le Royaume-Uni fait face à une combinaison d’une croissance mondiale plus faible et d’une incertitude liée au Brexit pour son économie intérieure. » Suspension des investissements Beaucoup d’entreprises ont suspendu leurs investissements, en attendant d’en savoir plus sur la sortie de l’Union. L’impact n’est pas immédiat, de nombreuses décisions pouvant être reportées. C’est par exemple le cas d’Airbus (aviation) ou d’AstraZeneca (pharmacie), qui ont annoncé qu’elles gelaient leurs investissements, mais qui n’ont, de toute façon, pas de décision majeure à prendre au Royaume-Uni en ce moment. Si la situation s’éternise trop, cela pourrait finir par se ressentir.
Le PIB du deuxième trimestre sera en léger recul, les entreprises écoulant les stocks opérés au premier trimestre en vue du Brexit.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/11/l-economie-britannique-s-essouffle_5488117_3234.html
mlsum-fr-558
Des manifestations se protègent avec des parapluies, dimanche 28 juillet à Hong Kong. TYRONE SIU / REUTERS Le gouvernement chinois a appelé, lundi 29 juillet, l’exécutif de Hongkong à sanctionner les auteurs de violences et à « rétablir l’ordre au plus vite », au lendemain de nouvelles manifestations dans l’ex-colonie britannique. L’agence ministérielle chargée des affaires de Hongkong et Macao s’est exprimée pour la première fois, lundi après midi (lundi matin à Paris), lors d’une conférence de presse. Son porte-parole, Yang Guang, a tenu un langage plutôt modéré, tout en renouvelant le « soutien très fort » du gouvernement central à la chef de l’exécutif Carrie Lam et aux forces de police. « La violence reste de la violence et ce qui est illégal est illégal », a-t-il déclaré, appelant « au respect des lois ». « Nous pensons que, pour l’heure, la tâche prioritaire de Hongkong est de sanctionner les actions violentes et illégales en conformité avec la loi, de rétablir l’ordre au plus vite et de maintenir un environnement propice pour les affaires », a déclaré la porte-parole de ce Bureau, Xu Luying. Des protestataires « de plus en plus violents » Dimanche soir, des manifestants prodémocratie ont, pour la deuxième journée consécutive, affronté la police à Hongkong, ce qui a donné lieu aux scènes les plus violentes observées à ce jour sur le territoire. Les échauffourées se sont produites dimanche près du Bureau de liaison chinois, qui représente l’autorité de Pékin dans la région semi-autonome. Dans un communiqué, la police a annoncé, lundi matin, que 49 « manifestants radicaux » avaient été arrêtés pour diverses infractions la veille et affirmé que les protestataires étaient « de plus en plus violents ».
La mobilisation partie du projet d’autoriser les extraditions vers la Chine, aujourd’hui suspendu, s’est durcie au fil du temps.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/29/pekin-demande-a-hongkong-de-durcir-le-ton-envers-les-manifestants-violents_5494591_3210.html
mlsum-fr-559
Lors d’une manifestation de « gilets jaunes », à Montpellier, le 7 septembre. PASCAL GUYOT / AFP Après un été sous les radars médiatiques, à l’exception de quelques coups d’éclat, comme le 14 juillet sur les Champs-Elysées à Paris ou lors du G7 fin août à Biarritz, le samedi 7 septembre devait marquer la « rentrée » des « gilets jaunes » – le routier Eric Drouet, figure du mouvement, utilisant lui-même ce terme dans ses dernières vidéos. Il y eut certes un léger regain comparé au milieu de l’été, mais la mobilisation fut comparable à celle des plus faibles samedis de juin. Quelques milliers de manifestants ont fait leur retour dans le centre des grandes villes, selon le décompte des préfectures : plus de 16 000 en France, selon le « nombre jaune », un décompte mis en place par les « gilets jaunes ». Ils étaient entre 2 000 et 5 000 à Montpellier, plusieurs centaines à Rouen, Bordeaux, Lille, Strasbourg, Dijon… A Paris, le préfet de police, Didier Lallement, a compté « plus de 800 manifestants », « soit un chiffre assez bas mais très nettement supérieur à celui de la semaine dernière ». Eric Drouet a concédé dimanche soir en vidéo que ce n’était pas le « nombre » espéré. Cela n’a pas empêché de renouer, notamment à Montpellier et à Rouen, avec les nuages de lacrymogènes et les scènes de heurts entre manifestants et forces de l’ordre. Plus d’une centaine de « gilets jaunes » ont été interpellés. Mais l’on était loin de l’amorce d’un « septembre noir pour le gouvernement » que nombre de « gilets jaunes » annoncent ces dernières semaines dans les médias et sur les réseaux sociaux, invitant à s’inspirer des manifestants de Hongkong. « Nous serons là » Pour contrer la décrue des mobilisations amorcée depuis le printemps, les délégués de groupes locaux de « gilets jaunes », réunis fin juin à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), avaient appelé à converger avec d’autres luttes. « A chaque fois que les revendications seront communes, allant dans le sens d’en finir avec la misère, la précarité, la casse sociale, ou pour gagner de nouvelles conquêtes, nous serons là », indiquait le texte voté en assemblée, qui appelait entre autres à soutenir les personnels des urgences et à rejoindre la mobilisation contre la réforme des retraites à la rentrée. En ce début de semaine, sur les principaux réseaux sociaux « gilets jaunes », on ne trouvait cependant guère d’appel à soutenir la journée d’action de la CGT pour la défense des hôpitaux le 11 septembre.
Plusieurs groupes appellent à rejoindre le mouvement contre la réforme des retraites, mais la mobilisation reste faible pour l’instant.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/10/les-gilets-jaunes-font-une-rentree-timide-dans-la-rue_5508601_823448.html
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Philippe Madrelle, à Bordeaux, le 28 novembre 2014. MEHDI FEDOUACH / AFP Figure emblématique de l’univers politique bordelais pendant plus d’un demi-siècle, d’une fidélité sans faille à sa famille politique, le Parti socialiste, Philippe Madrelle est mort le 27 août, à l’âge de 82 ans. Celui qui a consacré sa vie aux combats politiques laisse en Gironde une marque indélébile. Affichant 185 ans de mandats électifs – on était à l’époque du cumul – il n’avait, depuis 1968, jamais échoué à l’une des 25 élections auxquelles il avait participé. Maire de la commune girondine de Carbon-Blanc pendant vingt-cinq ans, conseiller général de la Gironde (quarante-sept ans), il fut également président du conseil régional de Gironde (trente-six ans), président du conseil régional d’Aquitaine pendant quatre ans… seulement (1981-1985), et député (douze ans). Depuis 1980, il était sénateur, systématiquement réélu jusqu’à sa mort. Fils de Jacques Madrelle, militant de la SFIO, Philippe Madrelle grandit au cœur d’une famille engagée qui lui donnera le goût des affaires publiques. Né le 21 avril 1937 dans la commune blayaise de Saint-Seurin-de-Cursac où il a été enterré, Philippe Madrelle fait ses classes à Blaye, avant de devenir professeur d’anglais à Cartelègue et à Ambarès-et-Lagrave. C’est dans cette commune qu’il obtient, à 28 ans, son premier mandat en tant que conseiller municipal puis député suppléant de René Cassagne, figure du socialisme girondin, et ami de son père. A son décès, il devient député de la 4e circonscription de la Gironde, où il siégera de 1968 à 1980. Il est alors le plus jeune député de France, à seulement 32 ans. Il inscrit sa marque au cœur du canton de Carbon-Blanc, une commune de l’Entre-deux-Mers, dont il devient maire en 1976. C’est ensuite en 1981 qu’il poursuit sa course effrénée. Il soutient alors la décentralisation, dont il sera un acteur majeur en Gironde. Elu président de la région Aquitaine, il s’entoure d’une équipe jeune, constituée d’Alain Anziani, aujourd’hui maire de Mérignac, et d’Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine. Défenseur de la ruralité Mais c’est comme président du conseil général de Gironde qu’il déploie toute sa passion pour son territoire. Il accède au poste en 1976, et se met à la tâche. Il crée le Fonds départemental d’aide à l’équipement des communes (FDAEC), attribué à chaque conseiller général qui est libre ensuite de le redistribuer, déploie les contrats de développement social urbain (CDSU) et rural (CDSR), pour soutenir les zones rurales et les communes sensibles. Engagé dans l’équité territoriale, il se résignera pourtant à quitter ce poste qui lui tient tant à cœur, en 2015.
Maire, conseiller régional, député, sénateur et ancien conseiller général socialiste, il avait occupé le devant de la scène politique de la région Aquitaine depuis 1968, sans interruption. Il est mort le 27 août, à l’âge de 82 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/09/06/la-mort-de-philippe-madrelle-senateur-de-la-gironde_5507202_3382.html
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En 2018, 201 000 Européens se sont installés au Royaume-Uni (la moitié pour y travailler) et 127 000 en sont partis. JUSTIN TALLIS / AFP La scène se passe début juin, lors d’un cocktail à l’ambassade de France à Londres, après une remise de décoration. Un groupe d’expatriés de longue date discute. Rapidement, la conversation dérive vers les départs que chacun voit autour de soi. « Ceux qui sont dans de grandes entreprises ne bougent pas vraiment, mais ceux qui sont à leur compte, ou qui peuvent se le permettre, commencent à partir, témoigne une Française installée à Londres depuis trente ans. Avec le Brexit, tout le monde se pose la question. » Depuis le référendum sur la sortie de l’Union européenne, en juin 2016, le Royaume-Uni attire moins. S’il n’y a pas eu d’exode, des expatriés commencent à quitter le pays au compte-gouttes. Aujourd’hui, pour eux, c’est une histoire de verre à moitié plein ou à moitié vide. Avec ses salaires intéressants, son cadre de vie agréable, son chômage au plus bas et sa langue anglaise, le pays demeure l’un des plus attractifs au monde. Mais il l’est beaucoup moins qu’autrefois. Les statistiques sur Indeed.fr, un site de recherche d’emploi, sont parlantes. L’an dernier, 10,9 % des recherches effectuées en France pour un poste à l’étranger se dirigeaient vers le Royaume-Uni, plaçant le pays en troisième position (loin derrière la Suisse, à 32 %, et juste derrière les Etats-Unis, 11,9 %). Il s’agit néanmoins d’un recul d’un demi-point par rapport à l’année précédente. « Le Royaume-Uni voit son attractivité se réduire et les recherches sont de plus en plus limitées au domaine de la finance et aux contrats de stage », note Alexandre Judes, d’Indeed. Le Bureau britannique des statistiques confirme cette tendance de fond. En 2018, 201 000 Européens se sont installés au Royaume-Uni (la moitié pour y travailler) et 127 000 en sont partis. Le solde net, soit 74 000 personnes, est deux fois et demie moindre qu’au moment du référendum et atteint son plus bas niveau depuis 2012, quand le pays se remettait à peine de la crise financière. Un solde migratoire historiquement élevé La tendance est donc à un fort ralentissement. Il s’agit néanmoins d’un flux positif vers le Royaume-Uni. En ajoutant les non-Européens, le solde migratoire du pays était de 258 000 personnes en 2018, ce qui reste un niveau historiquement élevé et… quatre fois et demie plus haut qu’en France. Le réseau social LinkedIn fait le même constat. Depuis mi-2017, le nombre d’Européens membres du réseau qui ont quitté le Royaume-Uni équilibre le nombre d’arrivées. Inversement, il reste un flux positif de non-Européens. « Notre analyse est que le Royaume-Uni est devenu un endroit moins attirant qu’autrefois pour les chercheurs d’emploi qui habitent dans les autres pays de l’Union européenne », conclut LinkedIn. Lire aussi Les réseaux sociaux ont changé la vie des expatriés Le tarissement des expatriés européens ne vient toutefois pas d’un quelconque ralentissement du marché de l’emploi. Outre-Manche, le chômage n’a jamais été aussi bas depuis quarante ans, désormais à 3,8 %, un point de moins qu’au moment du référendum. En revanche, la chute de la livre sterling, de 15 % par rapport à l’euro depuis trois ans, rend les salaires beaucoup moins compétitifs. L’impact est particulièrement fort pour les Européens de l’Est, arrivés en très grand nombre depuis l’entrée de huit pays de cette zone dans l’UE, en 2004. Pour les Polonais notamment, qui travaillent en grand nombre dans les exploitations agricoles, les usines et les maisons de retraite, le Royaume-Uni est désormais moins intéressant. Des incertitudes sur le statut des travailleurs européens L’incertitude qui entoure le statut des Européens post-Brexit pèse aussi lourdement. Tous les citoyens des Vingt-Sept membres de l’UE résidant actuellement au Royaume-Uni conserveront en principe les mêmes droits. Mais les hésitations à répétition du gouvernement britannique sur le sujet, qui a soufflé le chaud et le froid, n’ont pas aidé à rassurer. Ces aléas pourraient cependant n’être que temporaires. Le Brexit n’est pas encore effectif (son entrée en vigueur, déjà repoussée deux fois, doit en principe avoir lieu le 31 octobre) et sa forme reste à déterminer. S’il se passe bien, le pays pourrait rapidement redevenir attirant. Une étude de HSBC publiée en janvier plaçait même le Royaume-Uni en troisième position des pays les plus plébiscités par les expatriés en quête de nouveaux défis professionnels, derrière l’Allemagne et le Bahreïn. Etrangement, il s’agissait d’une forte progression par rapport à la neuvième place des années 2016 et 2017. Si le résultat de ce genre de sondage (auprès de 22 000 expatriés dans 168 pays) est à prendre avec des pincettes, il prouve que les forces du Royaume-Uni dépassent largement la conjoncture politique actuelle. Plus de 5 000 personnes attendues au Forum Expat 2019 Le Forum Expat se tiendra les 12 et 13 juin au Carreau du Temple, à Paris. Cet événement créé par Le Monde en 2013 réunit des acteurs économiques, universitaires et diplomatiques pour répondre aux enjeux de la mobilité internationale : comment préparer son départ et surtout son retour ? A quelle protection sociale se vouer ? Comment construire son patrimoine ? Cette 7e édition organisée autour de trois thématiques – mobilité professionnelle, gestion de patrimoine et vivre au quotidien – décryptera l’expatriation selon les motivations de départ : pour se former en Allemagne, pour travailler au Canada, pour investir à l’île Maurice. Le Forum fera deux focus sur l’Europe, destination privilégiée pour plus de 50 % des expatriés français : l’un sur la République tchèque et l’autre sur l’impact du Brexit. Une dizaine de destinations seront dûment représentées : l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, la République tchèque, l’île Maurice, les Etats-Unis, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Lire aussi Forum Expat: à l’heure du Brexit, le lent effritement de l’attractivité britannique Lire aussi Forum Expat: l’Equateur, un pays où l’on s’expatrie pour le travail… et la qualité de vie Lire aussi L’international, une niche du marché de l’emploi très appréciée par les professionnels du numérique Le mercredi 12 juin de 10 heures à 21 heures et le jeudi 13 juin de 10 heures à 18 heures. Au Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller, 75003 Paris. Entrée gratuite, inscription sur www.leforumexpat.com
A l’occasion du Forum Expat, les 12 et 13 juin à Paris, « Le Monde » s’est penché sur la vie et les aspirations des Français de l’étranger. Le Royaume-Uni, toujours dans le top 3 des candidats au départ dans les enquêtes d’opinion, voit de plus en plus d’expatriés rentrer au pays.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/06/08/a-l-heure-du-brexit-le-lent-effritement-de-l-attractivite-britannique_5473432_1698637.html
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A la Bourse de Séoul, le 23 septembre 2019. Lee Jin-man / AP Tribune. L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) vient d’abaisser de 0,4 point de pourcentage sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial pour 2020. La variation ne paraît pas énorme, mais cela représente tout de même 340 milliards de dollars, soit plus de deux fois le montant annuel de l’aide publique au développement dans le monde. Le pessimisme de l’OCDE vient en partie de la montée du protectionnisme. Selon le décompte réalisé chaque mois par le Peterson Institute for International Economics, les Etats-Unis ont, en moins de deux ans, relevé de 3 % à 24 % le droit de douane moyen sur leurs importations en provenance de Chine ; en rétorsion, la Chine a augmenté ses droits sur les produits américains en moyenne de 8 % à 26 %. Ces taxes à l’importation affaiblissent le pouvoir d’achat des consommateurs dans chacun des deux pays, détruisent les chaînes de valeur internationales, déplacent des productions vers des pays moins efficaces, créent de l’incertitude nuisible à l’investissement, etc. La moindre augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui accompagne le ralentissement économique n’est pas une consolation ; il vaut bien mieux taxer les émissions liées au commerce que le commerce lui-même, sans oublier au passage de taxer les émissions locales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La chute du yuan secoue les marchés financiers Comme si cela ne suffisait pas, Donald Trump cherche aussi la bagarre sur le terrain monétaire. Il a accusé, en août, la Chine de manipuler sa monnaie, et a vigoureusement protesté, sur Twitter, après l’annonce d’un nouvel assouplissement de la politique monétaire européenne, accusant la BCE de vouloir faire baisser l’euro pour nuire aux exportateurs américains. European Central Bank, acting quickly, Cuts Rates 10 Basis Points. They are trying, and succeeding, in depreciating… https://t.co/VtA2cMv6fm — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Depuis le début de l’année 2018, le yuan s’est affaibli d’environ 9 % par rapport au dollar. C’est peu, comparé aux 21 points de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois. Surtout, le commerce est bien plus sensible aux droits de douane qu’aux taux de change (Trade and currency weapons, Agnès Benassy-Quéré, Matthieu Bussière, Pauline Wibaux, Ecole d’économie de Paris, 2019). Selon nos calculs, si la Chine voulait compenser les barrières érigées à l’entrée du territoire américain, il lui faudrait déprécier sa monnaie non pas de 9 %, mais de plus de 60 %. Monnaies privées L’arrivée promise des « monnaies stables » privées, comme le Libra, pourrait-elle nous éviter la guerre monétaire, après la guerre commerciale ? En apparence, oui. Quel bonheur de réaliser des transactions internationales dans une seule monnaie dont la valeur resterait stable par rapport à un panier de monnaies souveraines (dollar, euro, yen…). Cependant, sans même entrer dans des considérations sur la protection de la vie privée ou la position dominante des géants du numérique, un tel scénario priverait les Etats d’une variable essentielle pour compenser la non-synchronisation des différentes économies. Quand un pays fait une relance budgétaire alors que son économie est au plein-emploi, il est normal que ses prix augmentent par rapport au reste du monde.
L’économiste Agnès Bénassy-Quéré démontre, dans une tribune au « Monde », que si la stabilité des changes a des vertus, elle a surtout un coût.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/27/le-commerce-est-bien-plus-sensible-aux-droits-de-douane-qu-aux-taux-de-change_6013301_3232.html
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L’acteur Rutger Hauer au Festival du film Sundance en 2013. VICTORIA WILL / INVISION /AP Il y a eu plusieurs vies dans la carrière cinématographique de Rutger Hauer, des vies correspondant à des géographies, des périodes, des humeurs diverses. L’acteur est mort le 19 juillet à Beetsterzwaag (Pays-Bas). Il était né à Breukelen, petite ville de la province d’Utrecht, le 23 janvier 1944. Ses deux parents étaient eux-mêmes comédiens et dirigeaient une école d’art dramatique. Cela ne l’empêcha pas d’avoir une jeunesse tumultueuse, d’être expulsé régulièrement de diverses institutions scolaires, de partir plusieurs mois sur un cargo, de revenir, de tenter de s’engager dans la marine, d’écrire des poésies à longueur de journée dans les cafés d’Amsterdam. Jusqu’à ce qu’il reprenne des courts d’art dramatique et débute à la télévision. Les spectateurs français l’avaient découvert dans ce qui semblait un étrange objet venu des Pays-Bas, une œuvre portée par l’énergie de son temps, le début des années 1970, moment d’utopies et de libérations en tout genre. Turkish Délices (aussi appelé Turkish Delight), qui atterrit dans les salles en France à l’automne 1973, est un drôle de mélo sexuel et hippie, le récit d’une histoire d’amour torride entre un homme et une femme, cherchant à fuir la société dans l’épuisement d’une passion érotique, une passion condamnée par la mort. L’homme, c’était Rutger Hauer, un grand blond aux yeux bleus relevant avec une force et une déconcertante aisance le défi d’un rôle désinhibé, cru, trivial, une véritable puissance physique (« Je baise mieux que Dieu », clamera son personnage). Le film était signé Paul Verhoeven qui l’avait fait débuter à la télévision dans le rôle principal du feuilleton dont il réalisait les épisodes, Floris, en 1969. Rôles de méchants psychopathes On découvrira, bien plus tard, que Rutger Hauer fut bien plus qu’un comédien de circonstance pour le cinéaste néerlandais, mais un double, un alter ego, un médium incarnant des personnages très différents. Il est un banquier dans la Hollande du XIXe siècle (Katie Tippel, 1975), un résistant à l’occupation nazie (Soldier of Orange, 1977), un cynique coureur de moto-cross (Spetters, 1980), un mercenaire plongé au cœur d’une Europe à feu et à sang au début du XVIe siècle (La Chair et le Sang, 1985). Cette production internationale sera le passeport de Verhoeven pour Hollywood. Le comédien, lui, y est déjà depuis quelques années. Hollywood offre à Rutger Hauer des rôles de « heavy », de méchants volontiers psychopathes. C’est un terroriste qui affronte Sylvester Stallone dans Les Faucons de la nuit, de Bruce Malmuth en 1981. Il est surtout l’androïde traqué par Harisson Ford dans le Blade Runner, de Ridley Scott en 1982, alliage paradoxal d’une matérialité charnelle et d’une inhumanité mécanique. Hitcher, de Robert Harmon, en 1986, lui donne l’occasion d’un autre rôle marquant et inoubliable, celui d’un dangereux psychopathe faisant de l’auto-stop et s’en prenant, insensible et implacable, à ceux qui le laissaient monter dans leur voiture.
Acteur fétiche du cinéaste néerlandais Paul Verhoeven, il a incarné un androïde terrifiant face à Harrison Ford dans « Blade Runner » en 1982. Il est mort le 19 juillet, à l’âge de 75 ans.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/26/la-mort-de-l-acteur-rutger-hauer_5493669_3246.html
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Viviane Asseyi, qui fête ici sur le dos d’Elise Bussaglia la victoire des Bleues face à la Corée du Sud, pourrait être l’une des nouvelles joueuses à obtenir du temps de jeu lundi contre le Nigeria. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS Selon le bon sens populaire, une Coupe du monde se gagne à vingt-trois joueuses. Dans les faits, c’est souvent l’équipe type, soit les onze titulaires, agrémentée de quelques remplaçantes, qui fait la différence. Lors des deux premiers matchs, la sélectionneuse, Corinne Diacre, n’a d’ailleurs effectué qu’un seul changement entre ses deux premières compositions alignées face à la Corée du Sud et face à la Norvège : Valérie Gauvin à la place de Delphine Cascarino. Ce sont pour le moment quinze tricolores qui ont participé aux deux victoires des Bleues (4-0 et 2-1). Un nombre qui devrait pourtant augmenter avec le troisième match de l’équipe de France, prévu à Rennes, lundi 17 juin contre le Nigeria. En effet, forte de 6 points en tête de la poule A, la France est dans une situation plus que confortable : la qualification pour les 8es de finale en poche, un match nul suffit pour assurer la première place. Mais la question de la gestion de groupe est toujours primordiale lors du troisième match d’un grand tournoi, celui où l’on peut – lorsque tout s’est bien passé – concerner le maximum de joueuses, le fameux match « des coiffeurs ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine : Valérie Gauvin, la forte tête « Un, deux, trois (…) Je ne vous le dirai pas » En conférence de presse, maniant le sarcasme et désireuse de cacher son jeu, Corinne Diacre est restée secrète sur le nombre de changements qu’elle allait effectuer ce soir. « Oui, il y aura quelques changements. Maintenant, on ne va pas changer toute l’équipe non plus. Comme l’objectif est d’aller chercher une troisième victoire, il faut qu’on reste sur la logique qui est la nôtre. Un, deux, trois, je ne sais pas, cinq, six, onze… Je ne vous le dirai pas. L’idée, c’est de rester compétitif », a-t-elle lâché dans un sourire. Au rayon des Bleues qui pourraient cette fois débuter, on pense au choix à la latérale droite Eve Perisset, entrée en jeu en ouverture, à la milieu de terrain Charlotte Bilbault, entrée en jeu face aux Norvégiennes, mais aussi à la défenseuse centrale Aïssatou Tounkara, à la latérale gauche Sakina Karchaoui ou à l’attaquante Viviane Asseyi, qui n’ont, elles, pas encore quitté le banc des remplaçantes. Valérie Gauvin et Delphine Cascarino ont chacune joué un match depuis le début de la Coupe du monde. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS Buteuse des Girondines de Bordeaux, 4es de Division 1 cette saison, boute-en-train de l’équipe, Viviane Asseyi, 25 ans, incarne typiquement le genre de joueuses importantes dans la bonne marche d’un collectif. A deux semaines du début de la compétition, elle était parfaitement consciente de son rôle à venir. « Je me dis que peu importe le nombre de minutes que je vais jouer, il faut toujours donner le maximum et être prête, confiait au Monde cette joueuse au style spectaculaire, dont le retourné est le geste de prédilection. Nous formons une équipe, peu importe qui est titulaire ou non, nous sommes prêtes à nous entraider. On compte les unes sur les autres. » A l’image de la campagne victorieuse de leurs homologues masculins l’an passé en Russie, où l’ambiance était saine et où les joueurs, qui n’ont peu ou pas joué, ont gardé leurs états d’âme pour eux, l’atmosphère semble également propice à la cohésion d’équipe chez les Bleues. Maéva Clemaron, qui sera certainement l’une de celles qui aura le moins de temps de jeu durant ce mois de compétition, voire pas du tout, rapportait simplement deux jours avant la rencontre l’enthousiasme qui habite les remplaçantes : « Franchement, je n’avais jamais vécu ces émotions-là jusqu’à aujourd’hui. Sur chaque action, nous sur le banc, on est à deux cents pour cent. En plus avec l’engouement, le public, le son… Tout résonne dans le stade. On le vit au moins autant que les collègues sur le terrain. » Gestion de l’état de forme En dehors de la nécessité d’impliquer toutes ses protégées, la sélectionneuse doit également gérer leur fatigue et leur condition physique. Cela concerne surtout les sept Lyonnaises qui ont rejoint le stage de préparation après les autres, à cause de leur victoire en Ligue des champions. Certaines, comme Amandine Henry, Griedge Mbock et Eugénie Le Sommer, ont même subi depuis quelques légères blessures ou inquiétudes quant à diverses douleurs. « On prend en compte l’état de forme des joueuses. Surtout, on pense malgré tout un petit peu à la suite de la compétition, pas très loin, mais tout simplement aux 8es de finale puisqu’on est qualifiées », a confirmé Diacre. Enfin d’autres, les plus âgées, ont peut-être besoin de ménager leur monture, même si une footballeuse veut en général jouer tous les matchs. « Ce n’est pas moi qui vais choisir, c’est la coach. C’est bien de pouvoir garder le rythme et rester en jambes. Mais c’est bien aussi que d’autres filles prennent le relais, a analysé Elise Bussaglia, la milieu de terrain de 33 ans. Si on veut aller au bout de la compétition, il faut compter sur les 23. Personnellement, je sais que si je ne démarre pas ou si je ne joue pas du tout, je travaillerais à l’entraînement pour garder le rythme. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine : « Jouer vite, presser haut, ces Bleues évoluent à la française » Logiquement supérieures à la 38e nation au classement FIFA, qui n’a franchi qu’une fois la phase de groupes d’une Coupe du monde en sept participations (en 1999), quels que soient les choix de Corinne Diacre, les Bleues devraient confirmer leurs bons débuts sans trop de difficulté, ni de suspense. En avril 2018, même si les conditions n’étaient pas optimales pour les Nigérianes, la dernière rencontre entre les deux équipes s’était soldée par un sévère 8 à 0 en faveur des coéquipières de la capitaine Amandine Henry. Lundi soir, les spectateurs du Roazhon Park se satisferaient amplement d’une victoire plus modeste. Coupe du monde féminine 2019 : plus de 10 millions de téléspectateurs pour l’équipe de France Pour son deuxième match de la Coupe du monde de football, face à la Norvège mercredi 12 juin, l’équipe de France féminine a confirmé sa cote auprès des téléspectateurs avec 9,4 millions de personnes sur TF1 et 892 000 sur Canal+, selon des données de Médiamétrie communiquées jeudi. « Après le record historique du match d’ouverture, ce match est un nouveau carton d’audience », s’est félicité TF1, qui avait attiré en moyenne 9,8 millions de téléspectateurs, soit 44,3 % de l’audience avec le premier match. Mercredi, TF1 a enregistré un pic d’audience à 11 millions de téléspectateurs durant la rencontre. Le match a particulièrement bien marché auprès des hommes de moins de 50 ans (54 % de part d’audience) et des moins de 14 ans (59 % de part d’audience). Sur Canal+, un pic de plus d’un million de personnes a été enregistré en fin de match. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine 2019 : à Nice, les Bleues testent leur esprit d’équipe
Victorieuse de ses deux premiers matchs, l’équipe de France doit valider lundi la première place de son groupe face au Nigéria. Une rencontre qui devrait être l’occasion d’impliquer plusieurs remplaçantes.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/17/coupe-du-monde-feminine-des-bleues-peuvent-en-cacher-d-autres_5477147_1616938.html
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L’écrivain Patrick Modiano, à Nice, en 2015. LEA CRESPI / PASCO « Encre sympathique », de Patrick Modiano, Gallimard, 144 p., 16 €. Mais où peut-il bien caser ses longues jambes ? Assis chacun à une extrémité de l’immense canapé rouge de son bureau, cette pièce dont les hauts murs sont couverts de livres, et dont le sol accueille aussi son lot de dictionnaires, annuaires anciens et usuels en tout genre, on fait face à ce qui doit, selon toute logique, être la table de travail de Patrick Modiano. Sur le plateau en cuir, il y a des photos de famille, des dessins d’enfants. En dessous, des dossiers, des caisses de rangements, qui ne laissent certainement pas la place pour que le (très) grand écrivain installe ses presque 2 mètres. Et en effet, ce n’est pas là qu’il écrit, privilégiant les endroits qui n’y sont pas destinés. « Comme c’est une activité ­assez difficile, ingrate pour moi, je préfère le faire à la dérobée, ­confie-t-il. Un bureau, c’est solennel, c’est mieux qu’il n’y ait pas de cérémonie. » Et puis, ajoute-t-il en désignant les étagères, « avec tous ces livres sous vos yeux, c’est un peu décourageant ». Sa belle voix basse et comme nimbée de brume Où l’on voit que le prix Nobel de littérature reçu en 2014 n’a pas converti Patrick Modiano au péché d’orgueil, et n’a rien changé à sa timidité – pas plus qu’à son attentive gentillesse. De sa belle voix basse et comme nimbée de brume, il multiplie les « c’est ­confus ce que je dis », « c’est idiot », ne perd pas une occasion de débiner « les fautes d’orthographe ­lamentables » qu’il lui arrive de faire, n’affirme une chose que pour se contredire immédiatement ou apporter une nuance. Dans son discours de réception, à Stockholm, il parlait du rapport « difficile » à l’expression orale que peut entretenir un écrivain : « Il a une parole hésitante à cause de son habitude de raturer ses écrits. Bien sûr, après de multiples ratures, son style peut paraître limpide. Mais quand il prend la parole, il n’a plus la ressource de corriger ses hésitations. » De ces ratures, il dit : « C’est pratiquement le travail le plus important que je fais. » Avant d’expliquer en quoi elles sont irrémédiablement liées à son choix de tracer ses textes au stylo : « Ça a quelque chose de très abstrait, d’écrire, alors j’ai l’impression qu’en le faisant à la main, et en raturant à la main, quelque chose de physique se passe. » L’expression « écrire noir sur blanc » revient du reste à plusieurs reprises dans Encre sympathique, son vingt-neuvième roman.
Le prix Nobel de littérature qu’il a reçu il y a cinq ans n’a pas changé l’écrivain. En atteste son nouveau roman, « Encre sympathique », qui paraît jeudi 3 octobre, avec lequel il poursuit, comme il dit, sa « fuite en avant ». Rencontre à Paris.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/02/patrick-modiano-je-prefere-ecrire-a-la-derobee_6013960_3260.html
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« Un siècle après, ne pas se tromper sur les causes des catastrophes politiques n’est pas seulement une question académique alors que s’installe partout en Europe la menace de pouvoirs nationalistes plus ou moins « illibéraux ». DR Tribune. Il y a un siècle, le 28 juin 1919, dans cette galerie des glaces du château de Versailles, où la République aime impressionner ses hôtes étrangers, l’Allemagne signait un mauvais traité de paix que lui imposaient ses vainqueurs. Cette signature et celles qui suivront avec les autres belligérants étaient indispensables pour mettre un point final à la Grande Guerre que les armistices, dont celle du 11 novembre 1918, avaient seulement suspendue. Les Alliés qui avaient négocié entre eux pendant les cinq mois de la conférence de Paris, ne savaient évidemment pas qu’ils contribuaient fortement à l’arrivée au pouvoir de Mussolini, quatre ans plus tard, en 1922, dans un des pays vainqueurs et à celle d’Hitler en 1933 dans un des pays vaincus. Que pouvons-nous voir de plus qu’eux avec le recul du temps ? Un siècle plus tard, ne pas se tromper sur les causes de ces deux catastrophes politiques n’est pas seulement une question académique alors que s’installe partout en Europe la menace de pouvoirs nationalistes plus ou moins « illibéraux ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La véritable innovation de longue durée née de la première guerre mondiale est que la société doit réparer les malheurs qu’elle engendre » La lecture « moderne » que l’on a inculquée à la plupart d’entre nous au cours de nos études impute la responsabilité principale des bouleversements politiques de l’entre-deux-guerres (on dit parfois les « années trente ») à l’économie. John Maynard Keynes, le futur grand économiste, impose cette grille de lecture dès la fin de l’année 1919 dans un best-seller mondial qu’il publie, alors que le traité de Versailles n’est même pas ratifié partout, notamment aux Etats-Unis où il ne le sera jamais. Les forces déstabilisatrices pas seulement économiques Titre : Les Conséquences économiques de la paix. Ce petit livre qui est un formidable coup éditorial annonce des catastrophes à venir (il aura raison) qui s’expliqueront, assure-t-il, par le montant excessif des réparations financières exigées de l’Allemagne (il aura tort). Dans la même logique, prétendument moderne, on a pris l’habitude d’expliquer l’arrivée au pouvoir du fascisme, du nazisme et de biens d’autres régimes autoritaires dans l’entre-deux-guerres par la grande crise, dite « de 1929 ». Et on produit toujours à l’appui le même graphique montrant les montées parallèles du taux de chômage et du pourcentage de votes pour le parti nazi en Allemagne entre 1930 et 1933. Quelques objections simples peuvent amener à s’interroger. L’Italie devient fasciste sept ans avant le « jeudi noir » de Wall Street. Franco et d’autres généraux espagnols déclenchent la guerre civile en 1936 dans un des pays les moins touchés par la récession.
Le principal ressort de l’arrivée au pouvoir d’Hitler et de Mussolini n’a pas été la crise économique, mais plutôt le poison toujours actuel que représente le ressentiment nationaliste, estime dans une tribune au « Monde » l’historien Jean-Claude Hazera.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/26/un-siecle-apres-le-traite-de-versailles-ne-pas-se-tromper-sur-les-causes-du-fascisme-et-du-nazisme_5481703_3232.html
mlsum-fr-567
Portrait non daté de Simon Gautier fourni par son entourage à l’Agence France-Presse. HELOISE GREGOIRE / AFP Les recherches se poursuivent sans discontinuer dans le sud de l’Italie pour retrouver la trace d’un jeune randonneur français blessé, Simon Gautier, introuvable depuis sept jours dans une vaste zone rocheuse, ont indiqué les carabiniers. « Nous n’avons pas encore de nouvelles. Les recherches se poursuivent sans discontinuer », ont-ils indiqué à l’Agence France-Presse vendredi 16 août, précisant que les deux équipes de recherches mobilisées comptent également des alpinistes et des pompiers. Le Français de 27 ans, qui vit depuis deux ans à Rome où il prépare une thèse en histoire de l’art, randonnait près de Policastro, à 200 kilomètres au sud de Naples. Vendredi 9 août, vers 9 heures du matin, M. Gautier avait appelé les secours avec son portable. « Il a dit qu’il était confus, qu’il avait les deux jambes cassées, qu’il avait mal », rapporte à l’Agence France-Presse une amie française, se référant à l’enregistrement de l’appel. L’amie de Simon Gautier précise que celui-ci, très sportif et organisé, était vraisemblablement parti la veille, avec un sac contenant de l’eau et des vivres pour quelques jours, mais sans doute pas pour une semaine entière, estime-t-elle, en s’inquiétant de l’intense chaleur sévissant dans cette région. Une source du Quai d’Orsay citée par l’AFP indique que Paris suit de près les efforts déployés par les autorités italiennes pour retrouver la trace du jeune homme. « Il faut qu’on nous aide » Cette même amie estime que les autorités italiennes « déploient d’importants moyens matériels et humains, qui sont renforcés, afin de retrouver Simon Gautier dans une zone étendue et difficile d’accès ». Ces opérations mettent en œuvre se traduisent « des survols par hélicoptère et drones, le recours à des équipes de spéléologues, la mobilisation de volontaires, et de la reconnaissance depuis la mer ». Sur place, la mère du randonneur juge cependant que les effectifs déployés sont insuffisants. « Il nous faut de l’aide, nous sommes à plus de sept jours, c’est insupportable », a-t-elle confié à RTL : « Le terrain est très difficile d’accès et ils ne sont que douze pompiers à pouvoir accéder, c’est absolument insuffisant. (…) Il faut que la France ou l’Italie envoient des pompiers formés à la haute montagne, des spéléologues… Il faut beaucoup plus d’équipes que ça. Même avec la meilleure volonté du monde, les équipes en place, qui travaillent beaucoup, ne peuvent pas couvrir toute la zone. » Une quinzaine d’amis de l’étudiant sont également arrivés sur place pour participer aux recherches « On fait tout ce qu’on peut mais là, on est bloqués. Il faut vraiment qu’on nous aide », implore-t-elle.
La famille du jeune homme de 27 ans, Simon Gautier, demande que des moyens supplémentaires soient déployés par les autorités italiennes et françaises afin de pouvoir le retrouver.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/16/italie-un-randonneur-francais-introuvable-sept-jours-apres-son-appel-a-l-aide_5500063_3224.html
mlsum-fr-568
Le président français, Emmanuel Macron, sur l’île de Grande Glorieuse, dans l’océan Indien, le 23 octobre 2019. JACQUES WITT / AFP « Ici c’est la France, c’est notre fierté, notre richesse. Ce n’est pas une idée creuse. Les scientifiques et militaires qui sont là le rappellent. La France est un pays archipel, un pays monde […] On n’est pas là pour s’amuser, mais pour bâtir l’avenir de la planète. Ce que nous préservons ici aura des conséquences sur les littoraux, y compris dans l’Hexagone. » Cette déclaration du président français, Emmanuel Macron, mercredi 23 octobre sur la plage de Grande Glorieuse, n’en finit pas de faire réagir à Madagascar. Antananarivo revendique en effet depuis 1973 les îles Eparses, dont Grande Glorieuse fait partie. Marotte du débat public malgache, le petit archipel inhabité, qui compte aussi les îles Europa, Bassas da India, Juan de Nova et Tromelin, déchaîne les passions. Regardez ce paysage de l’île Glorieuse. Ce haut-lieu de notre biodiversité est en danger. À nous de le protéger : https://t.co/sUiAHPGaKg — EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron) En mai, après avoir reçu le président Andry Rajoelina à l’Elysée, Emmanuel Macron s’était montré disposé à « un dialogue pour aboutir à une solution commune » ; mais ses derniers propos referment pour l’heure le débat, du moins côté français. Car le gouvernement malgache, lui, persiste et signe. « Tout ce qui compte, c’est l’échéance du 26 juin 2020 que les présidents Macron et Rajoelina se sont fixée en mai [pour parvenir à un accord]. On a bon espoir que ça avance », affirme Lalatiana Rakotondrazafy, porte-parole du gouvernement. Les ministres restent toutefois prudents voire hésitants, conscients que le terrain peut être glissant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les îles Eparses : des confettis administrés par la France en contentieux avec Madagascar « Madagascar est le sanctuaire de la biodiversité mondiale. Le respect de l’intégrité territoriale et la défense de nos intérêts passent par le dialogue. Une commission mixte sur les îles Eparses sera en place le 18 novembre. Ayez confiance en notre détermination et notre patriotisme ! », a tweeté, jeudi, Andry Rajoelina depuis Sotchi, où il s’est rendu à l’occasion du sommet Afrique-Russie. Un peu plus tôt dans la journée, le premier ministre Christian Ntsay a rencontré Emmanuel Macron sur l’île française de la Réunion, dernière étape de son voyage dans l’océan Indien après Mayotte et le crochet par Grande Glorieuse. #Madagascar est le sanctuaire de la biodiversité mondiale. Le respect de l’intégrité territoriale & la défense de n… https://t.co/GVygZK7F3R — SE_Rajoelina (@Andry Rajoelina) La mise en place d’une commission mixte franco-malgache est une idée de l’ex-président Hery Rajaonarimampianina remise au goût du jour par Andry Rajoelina lors de son investiture. Sa composition n’est pas officielle, et même si Marcel Escure, ancien ambassadeur et fonctionnaire au Quai d’Orsay, serait fortement pressenti pour mener la délégation côté français, « les tractations sont en cours », indique une source diplomatique.
Antananarivo revendique depuis 1973 ce petit archipel inhabité sur lequel le président français, en voyage dans l’océan Indien, a fait escale.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/24/macron-aux-iles-eparses-un-affront-pour-les-malgaches_6016784_3212.html
mlsum-fr-569
Contenus réalisés par les équipes de M Publicité, la régie publicitaire du Monde. La rédaction n’a pas participé à leur réalisation. djama - stock.adobe.com Une barrière de sécurité virtuelle générée grâce à des balises intelligentes, c’est la solution développée par la start-up XP Digit dans le but de prévenir les accidents survenant sur les chantiers. Les chantiers sont souvent le terrain de nombreux accidents, générés la plupart du temps par des erreurs humaines. Dans le but de les prévenir, XP Digit, start-up basée à Lille et à Rennes, a créé Kypsafe, un kit intelligent doté de balises émettrices et réceptrices communicantes, reliées à une application mobile. Quand les premières sont posées sur la zone du chantier que l’on souhaite sécuriser, les secondes sont portées par les techniciens. Dès qu’ils franchissent la zone, ils sont alertés par un signal sonore et vibratoire, relayé par leur smartphone. Le tout grâce à un signal de localisation disposant d’une précision de 50 centimètres et d’une réactivité de 500 millions secondes. >>> Lire aussi : Marseille expérimente l’intelligence artificielle pour optimiser la fréquentation des plages La géolocalisation comme point fort Spécialisée dans les technologies de géolocalisation de proximité, la start-up déploie ses ailes en 2014, plaçant initialement ses compétences dans le secteur du tourisme connecté, avant de les transposer à celui de la maintenance industrielle, grâce au concours Enedis Innovation où elle se distingue en 2015. A partir de là, XP Digit peut compter sur le soutien et le rayonnement d’Enedis, avec qui elle codéveloppe la technologie Kypsafe, permettant la mise en place d’un système nomade, tout terrain, et qui s’installe en un quart d’heure sur le modèle du « plug and play », tout en permettant d’analyser les comportements des usagers. De l’énergie à d’autres secteurs Déployée depuis au sein de plusieurs directions régionales d’Enedis, Kypsafe a pu se frayer une place dans le secteur énergétique. Ses ambitions pour l’année en cours étant d’étendre son kit intelligent aux chantiers du BTP, de l’industrie, de la chimie, du nucléaire ou encore du ferroviaire, des routes et autoroutes, des bases militaires… Soit à tous ces secteurs où la sécurité des hommes est au cœur même de l’activité. De nouvelles fonctionnalités devraient par ailleurs s’ajouter à cette solution de base, comme la signalisation des engins mobiles. >>> Aller plus loin : Ces innovations qui fluidifient le trafic auto
La barrière de sécurité virtuelle mise au point par la start-up XP Digit entend prévenir au maximum les risques d’accident.
https://www.lemonde.fr/la-france-connectee/article/2019/08/21/quand-la-technologie-securise-les-chantiers_6011952_35.html
mlsum-fr-570
Marie-Eve Gahié lors de sa victoire, le 29 août. ISSEI KATO / REUTERS Alors que les judokas français tombaient les un après les autres sur le tatami tokyoïte depuis le début des Mondiaux de judo, les médailles s’accumulent enfin. Vingt-quatre heures après le sacre mondial historique de Clarisse Agbegnenou, Marie-Eve Gahié (or), Margaux Pinot (bronze) et Axel Clerget (bronze) ont amené, jeudi 29 août, trois médailles supplémentaires à la délégation française, qui en compte, désormais, quatre. « Je suis trop contente, je n’y crois pas, je ne sais pas quoi dire, a lâché, émue, Gahié qui devient la 19e judokate française sacrée championne du monde. J’ai repensé à la finale perdue l’an dernier, mais ce n’était pas la même finale, pas la même fille… Mais oui, j’y ai repensé et, aujourd’hui, je voulais rigoler ; ce n’était pas une vengeance, mais il fallait que je le fasse. » Les deux jeunes femmes de 22 et 25 ans incarnent la relève jeune et ambitieuse du judo tricolore, derrière les valeurs sûres que sont Teddy Riner (décuple champion du monde) et Clarisse Agbegnenou (quadruple championne du monde). Clerget, 32 ans, sauve, lui, l’honneur de l’équipe de France masculine jusque-là bredouille. Rivalité olympique entre Gahié et Pinot La première médaille de la journée a été décrochée par Margaux Pinot, qui a su se remobiliser après sa défaite en demi-finales contre la Portugaise Barbara Timo. Pinot est montée sur son premier podium mondial en dominant sur ippon la Suédoise Anna Bernholm. Quelques secondes plus tard, sa compatriote Marie-Eve Gahié remportait en moins d’une minute sa finale face à Timo, la tombeuse de Pinot. Elle poursuit sa progression constante : médaillée de bronze européenne en 2017, puis médaillée d’argent mondiale en 2018 et donc championne du monde en 2019. Les deux jeunes femmes, combattantes de la catégorie des moins de 70 kg, sont à la fois coéquipières mais aussi adversaires. L’an prochain, dans cette même salle mythique du Nippon Budokan, il n’y aura qu’une judokate française au départ de cette catégorie. La course à la qualification olympique promet d’être ardue. « Ce titre est un pas en avant sur la route de Tokyo 2020, c’est beau et il fallait marquer les esprits. J’espère revenir ici dans un an et faire pareil », a déclaré la nouvelle championne du monde. Axel Clerget, qui a éclos au plus haut niveau sur le tard, réussit l’exploit de monter pour la deuxième fois d’affilée sur un podium mondial, un an après les Mondiaux 2018 à Bakou. Pour ce faire, il a dominé le Suédois Nyman grâce à un magnifique ippon.
L’équipe de France de judo compte une deuxième championne du monde grâce au titre de la judokate, âgée de 22 ans, dans la catégorie des moins de 70 kg.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/29/mondiaux-de-judo-marie-eve-gahie-en-or-margaux-pinot-et-axel-clerget-en-bronze_5504184_3242.html
mlsum-fr-571
Camille Cottin reprend le rôle de la Britannique Phoebe Waller-Bridge. PASCAL CHANTIER Canal+, lundi 3 juin à 21 heures, série Curieux exercice que de transposer en français – et quasiment plan par plan – la très réussie série Fleabag, de la Britannique Phoebe Waller-Bridge, dont la deuxième saison, disponible depuis quelques jours sur Amazon Prime, fait l’objet de critiques dithyrambiques. Le projet, porté par Canal+ et confié à la scénariste et réalisatrice Jeanne Herry (Elle l’adore, Pupille), évite non seulement la catastrophe, mais s’en sort plutôt très bien, même s’il risque de diviser les fans de l’original. Lire la critique de « Fleabag » : Un théâtre du désir sexuel finement excentrique « Mouche », trentenaire plus ou moins célibataire et sans enfant, est en train d’à peu près tout rater. Son bar à thé, dont elle tient les rênes seule depuis la mort de sa meilleure amie et associée, Nini (formidable India Hair, vue entre autres dans Camille redouble), peine à attirer le client ; elle navigue entre un ex-amoureux bébête et des aventures sans grand lendemain avec des amants réduits à leurs caractéristiques les plus triviales (gros pénis, dents de castor…), et entretient des rapports rugueux avec un père mutique et lâche, une sœur flippée et une belle-mère odieuse. Mouche ne prend rien au sérieux, se moque de tout, provoque tout le monde – surtout ceux qu’elle aime –, refuse de grandir. Et puis, Mouche trimballe une profonde tristesse, dont on ne saura l’origine qu’à la fin de la saison. Loin de plomber l’ambiance, ce fil rouge mélancolique donne une densité et une profondeur intéressantes à ces six épisodes de trente minutes qui contiennent, pour autant, leur dose de poilade. Finement trash La rigueur de la mise en scène, qui colle au texte (à l’origine écrit pour le théâtre) et au ton de Fleabag, est pour beaucoup dans la réussite de cette adaptation, et fournit un riche terrain de jeu aux acteurs pour reprendre ce texte finement trash, qui élève la blague scato ou sexuelle à un niveau rarement atteint. Et ses acteurs s’en tirent haut la main, à commencer par Camille Cottin, qui a la finesse de ne pas chercher à reproduire les mimiques de Phoebe Waller-Bridge et développe sa propre palette. Elle excelle notamment dans l’exercice qui consiste à « briser le quatrième mur » : Fleabag/Mouche s’adresse à la caméra le temps de brefs apartés souvent désopilants, qui sont pour elle autant d’occasions de recréer avec le public la complicité qu’elle a perdue depuis la mort de sa mère, d’un cancer, et de Nini, qui s’est suicidée. La relation passive-agressive qu’elle entretient avec sa sœur, jouée par Suliane Brahim – qui surjoue brillamment la normalité et le self-control, jusqu’à paraître folle (on osera dire qu’elle surpasse Sian Clifford, l’actrice qui interprète le rôle dans la version originale) –, fournit les meilleures scènes et livre une anatomie touchante, et souvent très drôle, des rapports entre sœurs. On adorera également détester Anne Dorval, dans le rôle archétypal de la belle-mère poison, un choix aussi judicieux que celui d’Olivia Colman (La Favorite) pour la version anglaise. Les fans purs et durs crieront sans doute au scandale, ou en tout cas à l’inutilité de cette adaptation pour Canal+. C’est oublier que le public français, en dehors des spécialistes, connaît peu l’original, uniquement diffusé sur Amazon Prime et dont la première saison remonte à 2016. Pour ceux qui seraient passés à côté, Mouche offre une belle session de rattrapage. Pour les autres, rien n’empêche d’aimer les deux. « Mouche », adapté et réalisé par Jeanne Herry, avec Camille Cottin (France, 2019 6 x 28 min). Mycanal.fr/series
« Mouche » est l’adaptation de la série à succès de Phoebe Waller-Bridge, dont le rôle est repris par Camille Cottin.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/03/serie-fleabag-traverse-la-manche_5470563_3246.html
mlsum-fr-572
Des policiers anti-émeute arrêtent un participant à un rassemblement non autorisé appelant à des élections équitables, à Moscou, le 3 août. SHAMIL ZHUMATOV / REUTERS L’opposition russe appelait à nouveau à manifester, samedi 3 août, pour dénoncer le refoulement de ses candidats aux élections locales de septembre. Le rassemblement – non autorisé – était surveillé par un important dispositif policier. En fin de journée, 828 personnes avaient été interpellées, selon l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des arrestations. L’opposition avait pourtant relativement peu mobilisé samedi, réunissant environ 1 500 personnes, selon la police, dans le centre de Moscou sous une pluie fine. Et pour cause : la manifestation se déroule sans leader puisque les arrestations et les condamnations se sont multipliées depuis la manifestation du week-end dernier, qui s’était soldée par près de 1 400 interpellations. Un chiffre inédit depuis le retour du président Vladimir Poutine au Kremlin en 2012. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nouvelles « purges » politiques dans les hautes sphères de la Russie Opposants en prison Les autorités semblent cette fois déterminées à tuer dans l’œuf le mouvement de contestation. Dernière opposante d’envergure encore en liberté, Lioubov Sobol, une avocate de 31 ans, a été interpellée quelques minutes avant le début de la manifestation. « Les autorités font tout ce qu’elles peuvent pour essayer d’intimider l’opposition, pour s’assurer que les gens ne sortent pas dans la rue pour protester pacifiquement », a-t-elle déclaré avant son arrestation. En grève de la faim depuis trois semaines, elle a jusqu’ici échappé à la prison, notamment parce qu’elle a un enfant en bas âge. Samedi soir, elle a été frappée d’une amende de 300 000 roubles (4 130 euros) pour participation à un rassemblement le 15 juillet, selon ses proches. La police bloque une rue lors d’un rassemblement non autorisé à Moscou, le 3 août 2019. Au moins 600 personnes auraient été arrêtées. ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP Selon les médias qui couvrent la manifestation, l’acteur Alexander Pal et le candidat à la Douma de Moscou, Andrei Orel, font aussi partie des personnes arrêtées. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient la violence des forces de l’ordre. Here’s another angle looking at the Moscow riot cop today who really hates legs. https://t.co/0iXv1DGxwE — KevinRothrock (@Kevin Rothrock) Amnesty International a condamné un « usage non nécessaire et excessif de la force » ainsi que des tentatives « non fondées » de présenter des manifestations pacifiques comme une insurrection. L’organisation de Navalny visée Le principal opposant au Kremlin, le blogueur anticorruption Alexeï Navalny, est aussi derrière les barreaux depuis le 24 juillet et pour une durée de trente jours. Hospitalisé le week-end dernier pour une « grave réaction allergique », avant d’être renvoyé en cellule, il a saisi la justice pour un possible « empoisonnement ». Resserrant l’étau autour de M. Navalny, la justice russe a annoncé samedi l’ouverture d’une enquête pour « blanchiment » contre son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption, à l’origine de nombreuses enquêtes sur le train de vie et les combines des élites. L’homme est accusé d’avoir utilisé le Fonds pour toucher près d’un milliard de roubles (13,8 millions d’euros). La plupart de ses alliés et des autres meneurs de la contestation ont eux aussi écopé de courtes peines de détention, comme plusieurs candidats de l’opposition refoulés des élections locales de septembre tels qu’Ilia Iachine, Ivan Jdanov et Dmitri Goudkov. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « En Russie, le niveau d’insatisfaction s’est renforcé » Accusations de corruption Cette vague de contestation a démarré après le rejet des candidatures indépendantes aux élections locales du 8 septembre, qui s’annoncent difficiles pour les candidats soutenant le pouvoir. Privée de participation à des scrutins plus importants comme la présidentielle, l’opposition s’était fortement mobilisée pour ces élections à Moscou, espérant ainsi avoir son mot à dire dans la gestion de la tentaculaire capitale russe. Si toutes les principales figures de l’opposition libérale ont été refoulées, 233 candidats, dont 62 indépendants, sont en lice pour 45 sièges de députés locaux. Selon l’opposition, la détermination des autorités à barrer l’entrée de ses candidats au Parlement de Moscou s’explique par le fait qu’ils pourraient découvrir et dénoncer en cas de victoire les nombreux circuits de corruption et de détournement dans la gestion d’une ville au budget annuel faramineux de 38 milliards d’euros. Dans sa dernière enquête diffusée jeudi, M. Navalny a ainsi accusé l’adjointe du maire de Moscou, Natalia Sergounina, d’avoir détourné des milliards de roubles d’argent public dans la gestion du parc immobilier de la mairie. Après une première manifestation durement réprimée le week-end dernier, les tribunaux russes ont placé 88 personnes en détention provisoire et condamné 332 autres à des amendes. Trois enquêtes pour « violences » à l’encontre de la police ont été lancées, un délit passible de cinq ans de prison.
Une semaine après un rassemblement qui s’était soldé par l’interpellation de 1 400 personnes dont les principales figures du mouvement, l’opposition ne désarme pas.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/03/pres-de-90-opposants-ont-ete-arretes-lors-d-une-manifestation-a-moscou_5496296_3210.html
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Une équipe de scientifiques a distillé la première vodka sans radioactivité de la zone d’exclusion de Tchernobyl. HO / AFP Une vodka artisanale made in Tchernobyl. C’est l’étonnant breuvage proposé par une équipe de scientifiques, la Chernobyl Spirit Company, constituée de chercheurs britanniques et ukrainiens. Fabriqué à partir de grains de seigle et d’eau provenant de la zone d’exclusion autour de la centrale nucléaire V.I. Lénine, cet alcool est le premier produit de consommation provenant des environs immédiats du réacteur qui avait explosé le 26 avril 1986, rapporte, jeudi 8 août, la BBC. L’équipe de chercheurs a travaillé plusieurs années dans la zone d’exclusion pour étudier comment l’environnement avait évolué depuis la plus grave catastrophe nucléaire du XXe siècle. C’est ainsi que le projet Atomik a débuté, avec le lancement d’une plantation dans une ferme située dans la zone. Lire aussi Les funestes séquelles des photographes de Tchernobyl Après avoir distillé des grains de seigle légèrement radioactifs et de l’eau provenant de l’aquifère de Tchernobyl, des tests ont été conduits sur le résultat par l’Institut hydrométéorologique d’Ukraine, les laboratoires géologie des universités de Southampton et de Portsmouth, ainsi qu’un laboratoire indépendant de tests de vin et d’alcool, précise l’université de Pothsmouth sur son site Internet. Résultat ? « Il n’y a pas plus de radioactivité que dans n’importe quelle autre vodka », se félicite le professeur Jim Smith, de l’université de Portsmouth, membre de la Chernobyl Spirit Company : « N’importe quel chimiste vous le dira : quand vous distillez quelque chose, les impuretés restent dans les déchets. Nous avons donc pris du seigle légèrement contaminé et de l’eau provenant de l’aquifère de Tchernobyl, et l’avons distillée. Nous avons demandé à nos amis de l’université de Southampton […] de voir s’ils trouvaient une trace de radioactivité. Ils n’ont rien trouvé : tout était en dessous de leur limite de détection. » La « vodka sociale » des chercheurs L’expérience, qui visait à étudier si ces terres étaient à nouveau cultivables, est une réussite. « Nous n’avons pas à abandonner cette terre, explique le docteur Gennady Laptev, de l’Institut hydrométéorologique d’Ukraine. Nous pouvons l’utiliser de différentes manières et pouvons produire quelque chose qui est complètement débarrassé de résidus radioactifs. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tchernobyl : trente ans après, des plaies à vif Selon le professeur Smith, le projet de la Chernobyl Spirit Company ne vise pas uniquement à faire du profit en vendant de la vodka artisanale « de Tchernobyl ». L’essentiel des profits sera redistribué aux habitants vivant autour de la zone d’exclusion, qui souffrent d’une situation économique toujours difficile. Il est encore interdit, trente-trois ans après la catastrophe, de reprendre la culture de la terre autour de la zone d’exclusion. Le reste des profits sera réinjecté dans le développement de l’entreprise et aux chercheurs qui pourront continuer de travailler sur leur « vodka sociale ». « Il y a encore aujourd’hui des lieux de radiation dans la zone d’exclusion, mais la plupart présentent un taux de contamination plus bas que dans d’autres endroits de la planète avec un taux relativement haut de radioactivité naturelle, assure le chercheur britannique, qui travaille à Tchernobyl depuis les années 1990. Aujourd’hui, je pense que la chose la plus importante pour cette zone est le développement économique, pas la radioactivité. » A ce jour, une seule bouteille a été produite, mais l’équipe espère atteindre les cinq cents flacons cette année. La vodka Atomik sera en premier lieu vendue aux touristes, toujours plus nombreux à visiter la zone d’exclusion, dont le contingent a encore crû avec le succès mondial de la mini-série Chernobyl, qui revient sur la catastrophe nucléaire de 1986. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Chernobyl », la série télé qui vient talonner « Game of Thrones »
C’est le premier produit de consommation conçu à partir de matières premières issues des abords de la centrale de Tchernobyl, trente-trois ans après l’explosion d’un de ses réacteurs.
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/08/08/atomik-vodka-la-premiere-vodka-made-in-tchernobyl_5497776_4832693.html
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Charlotte des Georges dans « La Reine des abeilles ». Svend Andersen Les parlementaires feraient peut-être bien d’aller au théâtre avant d’entamer, en septembre, le débat sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples de femmes. Sur un sujet qui risque fort de déclencher batailles politiques et contestations multiples, la nouvelle création de Charlotte des Georges, La Reine des abeilles, présentée dans le festival « off » d’Avignon, tombe à point nommé. Qu’est-ce qui se cache donc derrière ce désir de maternité en dehors du schéma normatif une maman-un papa ? Pourquoi et comment des femmes sont-elles prêtes à braver la loi et à partir à l’étranger pour obtenir ce que la France leur refuse ? Sur un ton à la fois humoristique et pédagogique, cette comédienne quadragénaire a décidé de raconter son vécu : un « road-movie hormonal », semé d’embûches et de doutes, où l’espérance succède à l’épuisement, et inversement. « Il y avait là tous les ingrédients pour une comédie humaine », résume-t-elle. Charlotte des Georges fait partie de cette génération de femmes qui n’a pas vu le temps passer, qui a étudié, travaillé, aimé sans trouver l’âme sœur, qui s’est retrouvée à 40 ans bien tassé célibataire et sans enfant et a toujours eu en tête le slogan « Un enfant si je veux quand je veux ». Restent alors « deux options : la résignation ou l’exil », observe cette ancienne chroniqueuse sur France Inter, puis RTL. Elle a choisi la seconde. « Je vis en dehors de la loi, je me cache pour tenter de donner la vie », assume-t-elle. « Décalage phénoménal » Sans pathos ni impudeur, mais écrit avec finesse et drôlerie, La Reine des abeilles raconte une aventure émotionnelle et organique en forme de marathon pour arrêter le tic-tac de l’horloge biologique. Piqûres d’hormones, congélation d’ovocytes à Barcelone, deal avec un copain pour éviter le catalogue de donneurs de sperme, fécondation in vitro à Stockholm… en parallèle de cet incroyable périple, la comédienne fait vivre les réactions dubitatives de son entourage familial et amical. L’humour permet alors de désamorcer les souvenirs douloureux et de mieux appréhender la réalité de la PMA. Grâce à la mise en scène épurée de Marie Guibourt, le spectateur est tenu en haleine dans cette course folle vers la maternité. Au point qu’il serait dommage d’en dévoiler l’issue. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival d’Avignon : le bouleversant récit d’émancipation d’Elise Noiraud « Quand je suis entrée en PMA, je ne l’ai d’abord dit à personne. Autour de moi, j’ai découvert des couples homosexuels, des femmes célibataires, des couples infertiles qui tous faisaient ça dans leur coin, comme si c’était une honte. Pourquoi une telle omerta sur le sujet ? Pourquoi être obligé de partir en Espagne ou en Suède ? », raconte, hors scène, Charlotte de Georges. Cette chape de plomb l’a poussée à créer ce spectacle : « II s’agissait de montrer le décalage phénoménal entre ce que certains considèrent comme un caprice et la méconnaissance de ce que le corps et le mental subissent. »
Dans un seule-en-scène fin et drôle, la comédienne quadragénaire raconte son expérience de la PMA, de Barcelone à Stockholm.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/24/la-course-folle-vers-la-maternite_5492808_3246.html
mlsum-fr-575
Karine Tuil. BERTRAND LANGLOIS / AFP « A l’adolescence, j’utilisais mon argent de poche pour acheter Le Monde – sans le lire évidemment. Mon exemplaire froissé sous le bras, j’avais le sentiment de me donner une contenance comme on fume en public, à 13 ans, pour épater la galerie. Ma mère affirmait, péremptoire (s’était-elle chronométrée, lisant Le Monde, comme un sportif de haut niveau ?), qu’il fallait deux heures pour le lire intégralement : c’était trop pour une jeune fille qui découvrait le rock et le slow (je renvoie tous les lecteurs au meilleur article jamais écrit sur ce désespoir qui se piétine : « Le slow est mort, vive le slow ! », de Philippe Ridet). « J’aimais quand ça saignait » Las ! Il a fallu attendre l’année du bac pour que je commence à lire vraiment Le Monde, mais par intérêt seulement, dans l’espoir d’acquérir une culture générale (une expression à la mode dans les années 1990). Plus tard, je me suis abonnée au journal pour le simple plaisir de le trouver au milieu des prospectus et des factures. Parfois, il n’y était pas. C’était l’époque bénie où les gens volaient encore les journaux dans les boîtes aux lettres. J’aimais Le Monde quand ça saignait, quand ses contributeurs s’écharpaient par tribunes interposées comme s’ils jouaient leur vie, portant haut une vitalité démocratique à laquelle j’étais farouchement attachée. Mais Le Monde a ceci de commun avec Proust qu’on ne peut pas l’apprécier pleinement avant la trentaine. Il faut avoir un peu roulé sa bosse, connu quelques échecs et un ou deux chagrins. Les reportages et les affaires judiciaires, notamment, me passionnaient. Je traquais les articles des grandes plumes comme un toxicomane sa coke. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Karine Tuil : « La démocratie n’est jamais acquise » Et puis, un jour, je suis passée de l’autre côté. Un matin de mars 2019, appliquant la méthode de Joan Didion [journaliste et écrivaine américaine] – « Vois ce qu’il faut voir et écris-le » –, je me retrouvais dans le box affecté à la presse au procès en appel d’Abdelkader Merah au Palais de justice de Paris, pas très loin d’un journaliste du Monde. Je vivais l’article en train de s’écrire. Je découvrais l’impact que les articles du Monde pouvaient avoir sur les parties présentes. Chacun les lisait au sortir de la salle d’audience et les commentait le lendemain. Avocats, parties civiles interpellaient le journaliste, le félicitant pour un papier, lui reprochant d’avoir écrit ceci ou cela, en fonction de son camp et de sa sensibilité. Et puis, tout à coup, au cours du procès, Le Monde est devenu pièce à charge. C’était maître Dupond-Moretti qui brandissait à la face de Bernard Squarcini, le directeur central du renseignement intérieur, en 2012, une interview du Monde dans laquelle il avait défendu la thèse du loup solitaire – qu’il reniait à présent. Mais l’article n’avait pas été versé au dossier. Il y eut quelques invectives. L’audience fut levée. Il fallait donc faire attention à ce qu’on avait dit, un jour, dans Le Monde. Le temps a passé, je lis maintenant la presse sur mon téléphone, La Matinale notamment, qui me procure un plaisir enfantin avec ses fonctions « passer » ou « garder » – la vie devrait offrir des choix aussi simples. Parfois, j’ai la nostalgie du papier, alors je m’offre un exemplaire en kiosque. Mais le portable a ses avantages : on peut désormais lire Le Monde en dansant le slow. » Karine Tuil, romancière française, auteure notamment de « L’Insouciance » (Gallimard, 2016). Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019
Série « Le Monde » et moi. A l’occasion des 75 ans du quotidien, la romancière française se souvient d’un procès au cours duquel un article du « Monde » avait pris une place exceptionnelle.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/14/karine-tuil-avec-le-portable-on-peut-le-lire-en-dansant-le-slow_5499224_4415198.html
mlsum-fr-576
MAIA MAZAURETTE LE SEXE SELON MAÏA Alors, camarades ? Comment se passent ces semaines de farniente ? Votre beach body a-t-il rempli son office ? Avez-vous perdu trois kilos, bronzé sans marques, trouvé un slip de bain flatteur ? Couper vos poils vous a-t-il fait pousser des ailes ? Mais surtout : au lit, est-ce que ces efforts ont fait une différence ? S’il faut aimer son prochain comme soi-même, alors la question du narcissisme constitue la base de notre rapport aux autres. Nous entrons là au royaume des paradoxes… et du parasitage. Pourquoi cette focalisation sur l’apparence, quand l’activité sexuelle est essentiellement tactile ? Pourquoi concentrons-nous nos efforts sur la désirabilité (« ayons les cheveux soyeux et la truffe brillante, les partenaires accourront ») mais si peu sur l’appréciation charnelle (« cette année, pour mieux profiter de mes chatoyants partenaires, je développe ma sensibilité testiculaire ») ? Attendez, ce n’est pas terminé : comment peut-on souscrire aux mantras du mouvement « body-positif » (« aimez-vous comme vous êtes ! ») tout en multipliant les parades numériques (« montre-toi comme tu es, mais avec des oreilles de chat, une peau parfaite et une lumière dorée ! ») ? Au premier abord, face à ces injonctions narcissiques, on aurait envie de partir en courant : c’est bien joli d’appeler à la bienveillance, mais l’enfer est pavé d’exactement ce genre d’excellentes intentions. Dans son essai Chairissons-nous (Favre, 217 pages, 22 euros), Stéphanie Pahud rappelle que « s’accepter comme on est » est une « injonction piégeuse » : « Notre configuration corporelle n’est pas constituée une fois pour toutes et en autonomie ; elle se dessine au fil de nos expériences, de leur réception et de leur digestion. [Le mouvement “body-positif”] ne propose aucune carte du monde alternative, aucune relecture de la nôtre, il nous fait tourner en rond (eurs) dans celle qu’il dénonce. » Faire la paix avec notre « outil de travail » De fait, si se plaire devient une fin plutôt qu’un moyen, nous tournons en rond. De même que si se plaire devient une condition du désir, alors qu’on sait pertinemment que la majorité d’entre nous ont des complexes, ça ne fonctionnera pas. Sauf pour le compte bancaire des grosses entreprises de sport et de cosmétique. Du coup, quitte à remettre un peu de bon sens dans cette histoire : rappelons que vous désirer, c’est le boulot de votre partenaire. Pas le vôtre. Mieux encore : si votre image de vous-même est dégradée, la sexualité peut constituer une passerelle (voire une forme de compensation) pour vous réapproprier votre corps – de manière intime, charnelle, pas seulement dans le miroir. Bien sûr, s’accorder un minimum de bienveillance permet d’avancer sereinement dans sa sexualité… d’autant que sur ce point précis, il y a du boulot. En effet, 80 % des femmes et 60 % des hommes citent l’apparence comme facteur de timidité dans leurs interactions sexuelles (enquête Zava, 2018). Ces complexes portent essentiellement sur le poids et les parties génitales – dont, en l’occurrence, nous avons quand même plutôt besoin pendant les rapports sexuels. A ce titre, faire la paix avec notre « outil de travail » sexuel comporte des avantages à tous les niveaux : nous sommes plus enclins à séduire, plus confiants dans nos élans, plus susceptibles de placer nos intérêts au premier plan (par exemple en posant des limites). De manière pratique, nous nous facilitons la tâche : nous pouvons nous révéler, y compris en pleine lumière. A l’inverse, quand les partenaires essaient de cacher tout ou partie de leur anatomie, on a vite fait de ne plus comprendre où on a mis les doigts. En outre, l’effort de (re) narcissisation a le mérite de nous remettre aux commandes de la très instable barque du désir. Si nous ne pouvons pas contrôler la manière dont les autres nous perçoivent, nous pouvons peut-être, avec bienveillance, changer de regard sur nous-mêmes : il est plus réaliste, et peut-être plus efficace, de commencer par là. D’autant que poser le narcissisme comme condition de la communication vers l’autre constitue une stratégie moins absurde qu’on le penserait. Entre égocentrisme et altruisme, les oppositions ne sont pas binaires. Ainsi, comme le note le sociologue Jean-François Amadieu dans La Société du paraître (Odile Jacob, 2016) : « Les couples se forment plutôt entre personnes dont les visages sont semblables, selon l’adage voulant que qui se ressemble, s’assemble. Une tête familière crée une miraculeuse proximité et surtout inspire confiance. » Estime de soi multidimensionnelle En somme : chez l’autre, on aime aussi soi-même – de même que s’aimer soi-même permet de se rassurer sur l’amour que nous porteront (si tout se passe bien) les autres. Ces attachements ne sont pas mutuellement exclusifs : au contraire, nous faisons face à un empilement de rapports dynamiques et imbriqués. Alors d’accord. Aimons-nous… mais pas n’importe comment. Par exemple, aimons-nous hors des codes de la marchandisation, qui nous poussent à nous considérer comme des produits (un peu rapiécés) qu’il faudrait vendre en les segmentant par catégories sociologiques – la sportive, le gars rigolo, le vieux beau, la bourgeoise, etc. Aimons-nous en réconciliant l’érotique et l’organique – donc au-delà des images de papier glacé. Sous peine de tomber dans les travers que dénonce Bernard Noël dans L’Outrage aux Mots (Fayard, 1975), cité par Stéphanie Pahud dans Chairissons-nous : « L’érotisme n’est pas un retour au corps, il n’est qu’une intensification narcissique de son image. Et cette image censure, dans le corps, tout ce qui est organique, tout ce qui est physique. On n’a jamais autant montré de corps, et ceux-ci n’ont jamais été aussi peu des corps. Ce sont des objets, toujours neufs, toujours beaux, et qui paupérisent le désir en le stylisant. » Aimons-nous sous toutes les coutures, même et surtout non stylisées. Car finalement, c’est cette multidimensionnalité qui passe à la trappe dans l’injonction à s’aimer soi-même : cet amour porte uniquement sur l’extériorité. Il n’y a pas d’injonction à aimer sa capacité pulmonaire, sa souplesse, l’amplitude de ses papilles gustatives, la profondeur de ses orgasmes ou même ses compétences sexuelles. Il se joue pourtant, dans une estime de soi multidimensionnelle, une chance de reprendre de l’espace. Une chance, aussi, de s’émanciper d’attentes esthétiques déraisonnables. Nous en avons bien besoin. S’aimer, oui. Mais en se tournant vers la fenêtre plutôt que vers le miroir. Retrouvez ici toutes les chroniques de Maïa Mazaurette dans La Matinale.
La chroniqueuse de « La Matinale » Maïa Mazaurette s’interroge : l’été, on a tendance à surveiller de près son apparence, mais nos ébats en profitent-ils ?
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/04/vous-desirer-c-est-le-boulot-de-votre-partenaire-pas-le-votre_5496356_4500055.html
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Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, à Valenciennes (Nord), le 21 juin. FRANCOIS LO PRESTI / AFP Le 21 juin, à Valenciennes (Nord). Au côté du président (Les Républicains, LR) du Sénat Gérard Larcher, Xavier Bertrand prend la lumière des caméras. Le président de région s’agace des questions de « petite politique » qu’on lui pose mais n’a pourtant aucun mal à évoquer en une pirouette le scénario d’un retour sur la scène nationale. « Ce matin encore, quand je suis descendu de chez moi, il n’y avait pas de manifestation avec des banderoles “Xavier, reviens”. » A défaut de banderoles, le nom du président des Hauts-de-France, qui a délaissé les états-majors parisiens, suscite un fort assentiment au sein d’une droite déchiquetée après les élections européennes. A deux ans d’une élection présidentielle qu’il se garde d’évoquer, il engrange dans les sondages les opinions favorables, entretient une image de provincial providentiel, et savoure l’étiquette de « présidentiable » qu’on lui colle facilement à LR, même si c’est avec un peu de regret, compte-tenu des distances considérables qu’il a mises entre lui et le parti en 2017, après l’élection de Laurent Wauquiez. Lire aussi Elections européennes 2019 : Les Républicains placent la droite à son plus bas niveau « Il a une ambition présidentielle dont il ne se cache pas. S’il était chez nous ça faciliterait les choses, estime ainsi le député et président de la fédération LR du Nord Sébastien Huyghe. Quand on est candidat à l’élection présidentielle, on a besoin d’une formation politique avec des militants qui défendent les positions du candidat. Ce serait une bonne chose à la fois pour notre formation mais aussi pour lui, qu’il puisse revenir. » « Il fait partie de ceux qui ont la solidité nécessaire. A l’échelle régionale, il fait un travail énorme », souligne Valérie Létard, sénatrice (Union des démocrates et indépendants) du Nord. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : Xavier Bertrand, le plus audible à droite La Manufacture, avant-poste de la méthode Bertrand Fort de son capital à droite, Xavier Bertrand épure son opposition à Emmanuel Macron. Au printemps, il a balayé les rumeurs d’un ralliement à la majorité en assurant à Corse Matin qu’il refuserait « évidemment ! » de devenir premier ministre d’Emmanuel Macron. « Les gens ont compris que j’étais en opposition, que je ne rejoindrai pas Macron, justifie-t-il. Mais il n’empêche qu’il y a quelque chose qui est plus important que les positionnements d’opposition politique, l’intérêt général. C’est pour ça que, quand il le faut, je mets des idées dans le débat. » Depuis son départ de LR, Xavier Bertrand compte ses incursions dans le débat national et s’affiche en pionnier du « bottom-up », selon une expression chère à Emmanuel Macron. Après le chèque carburant et la prime de pouvoir d’achat, deux mesures expérimentées dans les Hauts-de-France et reprises par l’Elysée pendant la crise des « gilets jaunes », il a proposé fin mars dans Le Journal du dimanche (JDD) un « contre-projet » de réforme des retraites et avancé l’idée qu’« aucune pension ne puisse être inférieure à 1 000 euros ».
Contre Emmanuel Macron mais pour « l’intérêt général », le président de la région Hauts-de-France, qui a pris ses distances avec Les Républicains, n’exclut pas un retour sur la scène nationale.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/12/xavier-bertrand-un-presidentiable-providentiel-pour-la-droite_5498605_823448.html
mlsum-fr-578
Appartement à vendre à Caen, dans le Calvados, en novembre 2008. MYCHELE DANIAU / AFP Un immigré originaire du Maroc, de Tunisie ou d’Algérie vivant en France aura nettement moins de chance qu’un individu né en France de devenir propriétaire d’un bien immobilier dans ce même pays. C’est le constat saisissant d’une étude publiée en juin par Matthieu Solignac, chercheur à l’université de Bordeaux ainsi qu’à l’Institut national d’études démographiques, et Laurent Gobillon, directeur de recherche au CNRS. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Logement social : « Un nouveau moyen d’abaisser considérablement le coût d’accès à la propriété » Même si les dernières données analysées datent de 1999, ce sujet ne pouvant être étudié que sur le temps long, les chiffres les plus récents fournis par l’Insee confirment bien la tendance : fin 2008, seulement 25 % des immigrés originaires du Maghreb, âgés de 18 à 50 ans, étaient propriétaires de leur logement en France, contre 55 % des natifs de la même tranche d’âge. Comment avez-vous réalisé cette étude ? Matthieu Solignac : Nous avons analysé le taux de propriétaires chez les natifs et les immigrés d’Afrique du Nord sur la base des recensements de la période de 1975 à 1999. Chez les natifs, la proportion de propriétaires passe de 40 % en 1975 à 50 % en 1999, tandis que pour les immigrés d’Afrique du Nord, le taux débute à 8 % en 1975 et n’atteint même pas 20 % en 1999 ! Cela s’explique pour partie par les flux migratoires tout au long de cette période, car certains immigrés sont repartis en Afrique du Nord et de nouveaux se sont installés en France. Parmi ceux qui sont restés en France entre 1975 et 1999, la proportion de propriétaires passe de 10 à 34 %, mais l’écart avec les natifs présents aux deux dates s’accroît de dix points. Vous avez fait le choix de ne pas étudier de données postérieures à 1999. Est-ce dû à un manque de statistiques ? Non, il existe des données couvrant la période d’après 1999, mais nous avons décidé d’étudier la période antérieure car les recensements de cette époque sont exhaustifs. Ils ont permis de s’intéresser aux mêmes individus d’un recensement à un autre et d’avoir un échantillon représentatif de la population. A l’inverse, les recensements effectués depuis 2004 ne permettent plus un suivi aussi systématique des trajectoires individuelles, notamment des sorties du territoire français. Quelles sont les raisons qui expliquent le faible accès à la propriété des Africains du Nord ? Elles sont évidemment nombreuses. Il existe toute une série d’éléments, que j’appelle « caractéristiques individuelles », comme le niveau d’études, les ressources financières et la maîtrise de la langue française. Historiquement, les immigrés originaires du Maghreb sont généralement arrivés jeunes en France avec peu ou pas de diplôme, accèdent plus difficilement au marché du travail que les natifs et à des emplois moins valorisés. Durant la période 1975-1999, leurs salaires étaient dans l’ensemble moins élevés. Leur revenu d’activité inférieur rend plus délicat l’achat d’un bien immobilier, surtout qu’ils ne bénéficient souvent pas d’une aide financière de leur famille, contrairement aux natifs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des milliers de réfugiés sans solution de logement en France La moins bonne maîtrise de la langue française peut aussi jouer en défaveur des immigrés sur le marché de l’emploi, bien qu’on s’attende à ce que cet effet joue moins pour ceux originaires de pays francophones. Enfin, au lieu de devenir propriétaires en France, certains immigrés préfèrent épargner dans le but d’acquérir un bien immobilier dans leur pays d’origine. Dans le cadre de notre étude, nous nous sommes concentrés sur la propriété en France, mais le phénomène d’achat dans le pays d’origine est relativement important. C’est aussi une stratégie d’investissement, notamment liée au caractère temporaire d’une part importante de l’immigration en France. Parmi les différentes générations d’immigrés que vous avez étudiées, les jeunes deviennent-ils plus facilement propriétaires en France ? Pas immédiatement, car si les nouveaux arrivants ont un meilleur diplôme que les immigrés plus anciens, ils accèdent cependant moins à la propriété que les plus âgés, qui ont eu le temps de se constituer un patrimoine en vue de devenir propriétaire. Le temps de présence sur le territoire est donc un facteur important. D’autre part, les jeunes vont souvent s’installer en grande ville, là où l’accès à la propriété est moins facile, en partie à cause des prix de l’immobilier plus élevés. Mais les difficultés que vous décrivez ne sont-elles pas aussi rencontrées par de nombreux natifs français ? Oui, une partie de ces difficultés sont semblables à celles rencontrées par les natifs. Si les ouvriers accèdent moins à la propriété que les cadres, une proportion plus forte d’ouvriers parmi les immigrés peut suffire à générer une différence de taux de propriétaires entre immigrés et natifs. Cependant, on observe tout de même qu’à caractéristiques individuelles semblables, l’accès à la propriété en France reste moindre pour les immigrés d’Afrique du Nord. Comment expliquer cette différence entre les deux groupes ? Plusieurs facteurs peuvent apporter une explication. Par exemple, la reconnaissance des diplômes acquis à l’étranger demande parfois du temps. Aux yeux d’un employeur français, un diplôme étranger peut être initialement moins valorisé qu’un diplôme français. L’acquisition d’informations sur le fonctionnement et les opportunités disponibles sur les marchés du travail, du crédit et du logement en France peut aussi être plus difficile pour les immigrés. D’autre part, il ne faut pas oublier les phénomènes de discrimination, qui existent sur ces différents marchés. Les immigrés d’Afrique du Nord ont quelquefois des difficultés à contracter un crédit. Dans cette analyse, nous ne nous sommes pas directement intéressés à ces discriminations contrairement à d’autres chercheurs qui l’ont étudiée en détail, notamment aux Etats-Unis. Il est évident que ces obstacles nuisent à l’accumulation de richesse, étape pourtant nécessaire à l’achat d’un bien immobilier.
Une récente étude menée par deux universitaires analyse les causes des inégalités entre Français natifs et immigrés nord-africains pour devenir propriétaire.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/08/l-acces-a-la-propriete-en-france-reste-moindre-pour-les-immigres-d-afrique-du-nord_6014723_3212.html
mlsum-fr-579
Tribune. A la suite de la publication, le 18 septembre, du rapport parlementaire « La santé mentale en France à l’horizon 2022 », le Collectif Schizophrénies, en tant que représentant des usagers et de leur entourage, salue le travail accompli par Mmes les députées Martine Wonner [LRM] et Caroline Fiat [France insoumise]. Nous les remercions pour leur engagement dans cette mission et pour la fermeté avec laquelle elles soulignent les défaillances choquantes de la prise en charge psychiatrique dans notre pays. Nous retenons deux pistes d’actions en particulier. D’abord, en finir avec l’argument selon lequel la psychiatrie serait une discipline d’exception et que la démarche d’évaluation des résultats, prévalant partout en médecine, ne pourrait s’y appliquer. Le constat n’est pas nouveau, l’hétérogénéité de l’offre de soins engendre de fortes inégalités au sein du service public et des pertes de chance pour les patients. La Haute Autorité de santé encourage les psychiatres à adopter les bonnes pratiques qui consistent à placer le patient au centre des soins et qui ont fait leurs preuves dans le monde. Cependant, il s’agit d’incitations et non d’obligations. Nombre d’indicateurs avaient été évoqués en 2017 par un groupe de travail comprenant des chercheurs. Le principe même de ces indicateurs avait alors été rejeté par le Conseil national de santé mentale. « Virage ambulatoire » Ensuite, accélérer ce fameux « virage ambulatoire » visé depuis des décennies, en redéployant 80 % du personnel sur l’ambulatoire à l’horizon 2030. Cela passe par un effort de financement et par une réallocation vigoureuse des moyens. Le rapport souligne que c’est possible, comme à Lille, par exemple, avec des équipes pluridisciplinaires dont le travail en réseau permet de prendre en charge des urgences à domicile, d’obtenir en 48 heures un rendez-vous d’une heure et demie avec un infirmier en centre médico-psychologique, d’avoir seulement dix lits d’hospitalisation avec une durée moyenne de séjour de six jours… Pourquoi, avec les mêmes moyens, la majorité des établissements hospitaliers continue-t-elle de privilégier le financement de l’hospitalisation au détriment de l’accompagnement vers le rétablissement ? Est-ce, comme le suggère l’Inspection générale des affaires sociales dans un rapport de novembre 2017, parce que la psychiatrie, toujours empreinte d’aliénisme, ne conçoit pas l’ambulatoire autrement qu’en dessinant une forme « d’asile dans la ville » où elle devrait gérer tous les besoins du patient ?
Le Collectif Schizophrénies plaide, dans une tribune au « Monde », pour que la psychiatrie prenne en compte le « savoir expérientiel ». Et insiste sur la nécessité d’évaluer les bonnes pratiques dans ce domaine.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/08/en-psychiatrie-il-est-urgent-d-accelerer-le-virage-ambulatoire-vise-depuis-des-decennies_6014681_1650684.html
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A Nice, le 26 juin. VALERY HACHE / AFP Alors que les fortes chaleurs s’installent dans de nombreuses régions, certains parents d’élèves risquent de faire face à une préoccupation supplémentaire, outre celle de rester au frais : plusieurs centaines d’écoles n’accueilleront pas leurs enfants jeudi 27 et vendredi 28 juin, à cause de la canicule. Les écoles maternelles et primaires fermées par arrêté municipal sont les plus nombreuses – seuls quelques collèges resteront porte close, selon les informations du Monde. De Poitiers à Forbach (Moselle) et de Tours à Toulon, les mairies ont parfois adopté la méthode forte, en fermant tous les établissements scolaires (c’est le cas du chef-lieu de la Vienne, par exemple) ou seulement certains, en fonction de la « configuration » du bâtiment : la ville d’Aulnay-sous-bois, en Seine-Saint-Denis, conserve par exemple quelques écoles ouvertes. Les départements de la petite couronne parisienne, où les « îlots de chaleur » sont les plus nombreux, ont souvent suivi cette voie, avec 51 écoles fermées dans l’Essonne et au moins une soixantaine dans le Val-de-Marne ainsi qu’en Seine-et-Marne… mais aucune dans les Hauts-de-Seine et moins d’une dizaine dans le Val-d’Oise. La règle du « cas par cas » voulue par l’éducation nationale semble avoir fonctionné à plein. « Passoires thermiques » Dans certaines communes, un accueil en centre de loisirs disposant de pièces climatisées est assuré, mais ce n’est pas le cas partout. A Melun, la piscine municipale est gratuite pour tous les enfants scolarisés dans la ville et un accompagnateur. Mais ailleurs, les familles seront sans solution. A Gières (Isère), le maire a décidé la fermeture des deux écoles pour les journées de jeudi et de vendredi, après trois « coups de chaud » d’enfants lundi sur le temps périscolaire. Les élèves ne pourront pas être pris en charge, même en centre aéré. « Cela représente 600 enfants, nous ne pouvons pas les accueillir tous, surtout si l’on prend la décision le lundi soir pour le jeudi matin », regrette l’édile. La principale école de la ville est un « bâtiment des années 1960, avec une façade au sud, décrit l’élu. Dès lundi en fin de journée, les enseignants nous ont dit que ce ne serait pas tenable ». Lire aussi : Les gestes pour réduire la température chez soi sans climatisation Ailleurs, des fermetures d’école sont parfois réclamées, sans succès. Des élus Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Marseille ont ainsi rédigé un communiqué réclamant la fermeture des 444 écoles de la ville, arguant du fait que « beaucoup de bâtiments scolaires sont de véritables passoires thermiques ». Pour Hervé Menchon, signataire de ce communiqué et conseiller d’arrondissement du 4e secteur, la cité phocéenne ne peut tout simplement pas mettre en œuvre les directives envoyées en début de semaine par le ministère de l’éducation nationale, qui enjoignait à ses personnels de « garder les enfants dans une ambiance fraîche ». « Dans certains groupes scolaires, le constat est alarmant, s’inquiète l’élu. Il y a encore des écoles sans double vitrage ! »
Ces établissements garderont portes closes les 27 et 28 juin. Derrière ces décisions « au cas par cas » se joue la question du bâti scolaire et de l’organisation des journées, peu adaptés l’un comme l’autre aux fortes variations thermiques.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/27/plusieurs-centaines-d-ecoles-fermees-pour-cause-de-canicule_5481959_3224.html
mlsum-fr-581
Le site de l’usine chimique Lubrizol à Rouen. LOU BENOIST / AFP Des systèmes d’alertes obsolètes, des mesures d’information préventive qui n’atteignent pas leurs objectifs, des commissions de suivi de site qui ne parviennent pas à jouer leur rôle, des blocages techniques et financiers… c’est peu dire que la France n’est pas préparée aux risques industriels, selon un rapport de l’Association nationale des collectivités pour la maîtrise des risques technologiques majeurs (Amaris). Présenté mardi 5 novembre, ce livre blanc consacré à la « mise en protection des activités riveraines des sites Seveso seuil haut » prend une résonance particulière, un peu plus d’un mois après l’incendie qui a ravagé l’usine chimique Lubrizol et les entrepôts de l’entreprise Normandie Logistique à Rouen. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lubrizol : des normes et des contrôles en régression pour les sites industriels à risque L’Amaris regroupe une centaine de collectivités locales accueillant sur leur territoire au moins un site Seveso seuil haut tel que Lubrizol. On en recense 744 en France en 2019. A partir de témoignages et de retours d’expérience, l’association dresse un constat sévère : « Près de vingt ans après la catastrophe d’AZF, la mise en protection des activités riveraines des sites Seveso seuil haut reste une étape à franchir », voire à engager, étant donné le « très faible niveau » de la culture du risque en général, pointe son président, Yves Blein, député du Rhône (La République en marche). Institués en 2003 après l’accident de l’usine AZF (31 morts à Toulouse, le 21 septembre 2001), les plans de prévention des risques technologiques (PPRT) sont la pierre angulaire des politiques publiques. Au total, 380 PPRT – sur 388 à réaliser – ont été approuvés. Mais leur mise en œuvre, censée « protéger les populations présentes et futures s’installant à proximité des sites Seveso seuil haut », ne suit pas le même rythme. Sur 16 000 logements concernés par des travaux de mise en protection (installation de système anti-incendie, doublage ou triplage du vitrage face au risque d’explosion…), seuls 600 ont été traités, relève l’étude. Principal frein : le coût financier (10 % du montant des travaux) restant à la charge des propriétaires. Une communication de crise dépassée A la différence des particuliers, les « milliers d’entreprises » riveraines de sites Seveso ne bénéficient d’« aucun accompagnement technique, financier et administratif » pour mettre en œuvre les mesures que leur imposent les PPRT. Résultat : « Très peu d’acteurs économiques se sont engagés concrètement dans les démarches destinées à protéger leurs salariés et visiteurs (…) lorsque celles-ci n’affichent pas une réelle ignorance. » Dans les zones les plus exposées, les entreprises sont soumises à des mesures foncières d’expropriation ou de délaissement. Sur 300 mesures foncières prescrites, seules 24 ont été menées à terme.
Moyens d’alerte « obsolètes », communication de crise « dépassée »… L’association des collectivités accueillant des sites Seveso donne l’alarme après l’incendie de Lubrizol.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/05/la-france-n-est-pas-preparee-aux-risques-industriels-alerte-un-rapport_6018073_3244.html
mlsum-fr-582
Manifestation devant le Capitole, à Washington, le 17 juillet 2017. SAUL LOEB / AFP Tribune. Les candidats à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2020 se sont affrontés à Detroit les 30 et 31 juillet 2019. Le premier débat, opposant les sénateurs Elizabeth Warren (Massachusetts) et Bernie Sanders (Vermont) à leurs rivaux modérés, s’est cristallisé autour des questions de santé. Bernie Sanders et Elizabeth Warren sont favorables à l’instauration d’un système de santé universel (Medicare for All) qui ne ménagerait aucune place aux compagnies d’assurances privées. Leurs opposants « modérés » les ont attaqués sur ce front, arguant qu’une telle proposition assurerait la victoire des républicains en 2020. Tim Ryan, représentant de l’Ohio, n’a cessé d’invoquer l’exemple de son père, ancien ouvrier syndiqué et attaché à sa couverture de santé privée. En opposant ainsi solidarité nationale et syndicalisme, Tim Ryan incarne une position modérée que Bernie Sanders et Elizabeth Warren ont attaquée de concert, invoquant le réalisme et l’audace de leur proposition. Medicare for All révolutionnerait le système de santé américain, mais son adoption est loin d’être acquise. Elle suppose la victoire des candidats progressistes qui sont, à l’heure actuelle, nettement devancés par Joe Biden dans les sondages. Ce dernier est l’un des principaux architectes de l’Obamacare, qu’il n’a nulle envie de voir disparaître. Son abrogation pourrait toutefois se confirmer par voie législative ou judiciaire, et ce, de manière imminente. Lire aussi L'Obamacare passe sur le gril de la Cour suprême Sur le plan législatif, les conseillers du président Trump élaborent actuellement une nouvelle loi de santé, avec, pour objectifs, le renforcement de la transparence des prix des médicaments et prestations de santé, la possibilité d’importer des médicaments canadiens aux tarifs canadiens… Ces propositions aux tonalités démocrates sont décriées par de nombreux républicains. Donald Trump veut toutefois en faire l’un des instruments de sa réélection en 2020. Sur le plan judiciaire, l’avenir de l’Obamacare, ou Affordable Care Act (ACA), se jouait dans une cour fédérale de La Nouvelle-Orléans le mardi 9 juillet 2019. Cette cour d’appel devait confirmer ou invalider une décision contestée du 14 décembre 2018, dans laquelle le juge du Texas Reed O’Connor a déclaré inconstitutionnel le système de couverture maladie universelle instauré en 2010. Si les magistrats donnent raison au juge texan et déclarent inconstitutionnelle la loi de 2010, l’affaire est susceptible d’être portée devant la Cour suprême. La question de l’abrogation totale de l’ACA pourrait donc occuper le devant de la scène politique lors des élections de 2020, au bénéfice du camp démocrate, qui se poserait alors en protecteur d’une loi désormais populaire.
Sarah Rozenblum, spécialiste de la santé publique aux Etats-Unis, explique, dans une tribune au « Monde », que l’Obamacare, mesure phare de l’ancien président, est au cœur des débats des primaires démocrates mais aussi des projets politiques de Donald Trump.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/03/etats-unis-les-questions-de-sante-pourraient-occuper-le-devant-de-la-scene-politique-lors-des-elections-de-2020_5496147_3232.html
mlsum-fr-583
LA LISTE DE LA MATINALE Adeptes du camping sauvage, mais confortable ? Direction les Cévennes et une forêt privée de 30 hectares. Plutôt cabanon en rondins de bois ? Rendez-vous dans un petit coin des Higlands aux airs de bout du monde. Des écolodges dans une pinède, au Portugal Dix-sept maisonnettes sont sur pilotis et amovibles. COCOON LODGES Voilà un projet de tourisme rural où tout a été pensé pour respecter la nature. Nous sommes à une heure de Lisbonne, près de Comporta, à vingt minutes de la très belle plage de Prego. Dans un magnifique domaine protégé de 30 hectares, dix-sept lodges en bois et verre s’intègrent parfaitement à la pinède. Construits sur pilotis et totalement amovibles, ils sont spacieux et lumineux grâce aux immenses baies vitrées. On aimera se poser sur la terrasse avec vue sur la piscine biologique, ou se laisser bercer par le chant des oiseaux… dans un hamac. Ici, l’énergie est fournie par des panneaux solaires, les ressources en eau bien gérées, la flore locale respectée et les déchets compostés. Les visiteurs peuvent cueillir leurs légumes dans le jardin bio, observer les oiseaux en kayak ou participer à un atelier nettoyage des plages. Cocoon Eco Design lodges, Herdade da Comporta, parcela 105 - Quinta do Sossego, 7570-377 Muda, Portugal, de 90 € à 220 € le lodge selon la saison. Un village de tipis, en Haute-Savoie Cinq lodges sont installés sur le camp. ALTIPIK Obélix aurait sans doute adoré. Sous ses allures de petit village, Altipik offre aux irréductibles du camping et aux allergiques à la toile de tente l’occasion de passer quand même des vacances ensemble. Installé sur l’alpage de Morsullaz, à vingt minutes de Cluses, en Haute-Savoie, à 1 200 m d’altitude, le camp dispose de cinq lodges au confort plus proche de celui d’une chambre d’hôtel que de la tente Quechua : literie tout confort, décoration soignée, plancher et poêle à bois – le camp est ouvert été comme hiver. Mais, respect de l’environnement oblige, ni eau courante ni électricité sous la tente. L’éclairage se fait à la lanterne et à la bougie. Les toilettes sont sèches et, à l’extérieur, la douche aussi. A noter que l’eau n’est chaude que du 15 avril au 15 octobre, le reste de l’année, un grand Thermos est à votre disposition… Si profiter simplement du cadre verdoyant à l’ombre des hêtres et des épicéas ne vous suffit pas, des activités adaptées aux grands et aux petits sont proposées : balades à dos d’âne, randonnées, pêche en rivière, escalade, etc. Côté ravitaillement, Altipik propose une « restauration typique de nos grands-mères des Alpes » sous un tipi ! Au menu : fondue, évidemment, charcuterie de pays, salade de fruits frais, c’est quand même l’été, le tout accompagné de vins de Savoie. Autant de raisons de tomber dans la marmite (savoyarde). Altipik, Mont-Saxonnex (Haute-Savoie), lodge couple, à partir de 159 € la nuit, lodge famille six personnes, à partir de 217 €. Privatisation totale du camp, cinq lodges, vingt et un couchages, à partir de 989 €. Un écogîte fleuri et gourmand, en Isère La bâtisse a été retapée avec des matériaux locaux et des peintures naturelles. LA BICYCLETTE FLEURIE En Isère, c’est le seul gîte à disposer de l’Ecolabel européen, particulièrement exigeant. Bienvenue à la Bicyclette fleurie et ses cinq jolies chambres d’hôtes, installée tout près de Crémieu, dans un cadre de verdure. Depuis quinze ans, les propriétaires, Nathalie et Richard Kozik, s’efforcent d’avoir une démarche « environnementale et sociale » et de ne rien laisser au hasard. La vieille bâtisse en bois et pierre a été retapée avec des matériaux locaux et des peintures naturelles. « Nous avons aussi choisi de nous fournir uniquement en énergie renouvelable, via Enercoop », affirme Nathalie Kozik. On profitera d’autant plus de la piscine, avec vue sur les collines de Crémieu et la vallée des Granges, qu’elle est traitée au sel, et seulement chauffée par les rayons du soleil. Dans l’assiette, des produits bio ou locaux – « On essaye au maximum de s’approvisionner à vélo chez les paysans du coin » – et une cuisine légère, qui propose plats végétariens, poisson et pain maison cuit au four à bois. Un pied-à-terre idéal pour découvrir les balcons du Dauphiné, pédaler sur la voie verte qui rejoint la Via Rhôna, découvrir la superbe ville médiévale de Pérouges, les grottes de la Balme et le parc ornithologique de Villars-les-Dombes. La Bicyclette fleurie, 2, chemin de traverse, Villemoirieu (Isère), chambre double à partir de 125 €. Des tentes tout confort, dans les Cévennes Les hébergements sont au cœur d’une forêt privée de 30 hectares. BIVOUAC NATURE Vous rêvez de faire du camping sauvage sans renoncer à un peu de confort ? Tel est le concept de Bivouac nature, installé sur un site naturel époustouflant dans les Cévennes, près de Saint-Jean-du-Gard. Au cœur d’une forêt privée de 30 hectares, ni mobile homes ni caravanes, mais vingt et une tentes équipées – avec lit, cuisine, WC, douche – démontables et transportables, pour une empreinte écologique minimale. L’endroit, tout près d’une rivière, est 100 % piéton, et donc idéal pour les familles – une voiturette électrique viendra chercher vos bagages à l’arrivée. Bivouac nature coche toutes les cases du « tourisme durable » : les tentes sont démontables, fabriquées avec des toiles made in France, et du bois douglas issu des forêts françaises ; pas de branchement EDF, si ce n’est une prise pour recharger les téléphones dans le lieu de vie du camping ; l’éclairage est réalisé par des panneaux solaires ; la végétation alentour préservée. Mais l’esprit « nature », c’est aussi des activités chouettes, comme des jeux de piste dans la forêt, un espace « construction de cabanes » que les enfants adorent, mais aussi des visites de bergerie pour découvrir le pélardon ou de ferme apicole pour goûter le miel des Cévennes. Bivouac nature, lieu-dit Graousse, Saint-Jean-du-Gard (Gard), tente safari, baroudeur, canadienne ou cabane, de 75 € à 130 € la nuit. Des chalets au bout du monde, en Ecosse Un havre de paix... EAGLE BRAE En avançant sur le petit sentier qui chemine entre les bosquets et mène jusqu’à Eagle Brae, au fin fond d’une vallée des Higlands, on a l’impression d’aller toucher le bout du monde. Au milieu des champs, entre rivières et lochs, s’élèvent une dizaine de chalets en bois que Mike et son épouse, Pawana, ont dessinés et construits eux-mêmes, sur une terre familiale. Des cabanons en rondins de bois et toits végétaux, où l’on se sent tout de suite bien, face aux immenses baies vitrées qui donnent sur la nature. Le domaine est, chose rare dans la région, autosuffisant en énergie : l’électricité vient d’un système d’hydroliennes, le chauffage de chaudières à bois. Les propriétaires sensibilisent les visiteurs pour que leur comportement soit en phase avec l’endroit : ne pas gâcher l’eau, recycler ses déchets et utiliser son véhicule le moins possible. De toute façon, une fois à Eagle Brae, qui aurait envie d’en partir ? Le soir, on se balade dans cet espace presque sauvage à la lueur d’une bougie, accompagnés par des biches et des cerfs. Le ciel rose, les Highlands à perte de vue… Magique. Eagle Brae, Struy IV4 7LE, Ecosse, Royaume-Uni, chalets de deux à six personnes, à partir de 750 € pour un long week-end, 1 500 € la semaine.
Cet été, « La Matinale » vous propose de faire rimer vacances avec respect de l’environnement. Cette semaine, on dort dans des gîtes pas comme les autres, de l’Ecosse au Portugal, qui prônent économie d’énergie et protection de la nature.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/07/28/on-se-met-au-vert-cinq-hebergements-ecolos-en-europe_5494227_4497319.html
mlsum-fr-584
Vaillant, Vincenzo Nibali a gagné l’étape miniature entre Albertville et Val Thorens. Egan Bernal a gagné le Tour de France. Julian Alaphilippe a disparu du podium, ce qui était prévu. Romain Bardet est sacré meilleur grimpeur, ce qui ne l’était pas. Plus que 128 kilomètres de parade entre Rambouillet et Paris dimanche, et 300 mètres de sprint entre la place de la Concorde et la ligne d’arrivée sur les Champs-Elysées, et c’en sera fini d’une 106e Grande Boucle mémorable. Passation des pouvoirs entre le vainqueur du Tour 2018 Geraint Thomas (à droite) et l’actuel porteur du maillot jaune Egan Bernal. CHRISTOPHE ENA / AP L’avant-dernière étape du Tour a été l’anti-climax attendu, et il est vrai qu’on ne pouvait pas monter beaucoup plus haut dans les pulsations que la veille. Les scénaristes voulaient nous faire redescendre doucement vers le critérium des Champs-Elysées et nous ont tout de même offert Vincenzo Nibali pour nous accompagner vers les vacances, ce qui est chic. Lire aussi Tour de France 2019 : le classement par étape Il y avait, tout en haut de la station de Val Thorens (Savoie), déjà un air de vacances pour les coureurs du Tour, soudain plus légers, moins soucieux de protéger leurs gorges, de savoir où se trouvait leur bus. On était à 2 365 mètres d’altitude, mais l’oxygène semblait moins rare qu’à Valloire, deux jours plus tôt et 1 000 mètres plus bas. La réduction de l’étape à une course de cote – mais quelle cote ! – avait évité aux coureurs des descentes stressantes et une lutte épuisante pour finir dans les délais, à la veille des Champs-Elysées. « On pouvait profiter des fans, des Colombiens fous, prendre ce col à la cool, sourit Toms Skuijns, le grimpeur de la Trek-Segafredo. Grâce à ce qui s’est passé hier et à Julian Alaphilippe, c’est un Tour dont les gens se souviendront longtemps, dans dix ans on en parlera encore. » Tout le monde a semblé se désintéresser de cette étape atypique, mais son mérite est de sacrer un coureur qui, chaque fois qu’il est venu, a honoré le Tour de France. De cette absence de course – notamment de la part d’Egan Bernal, sans doute soucieux de préserver la deuxième place de son coéquipier Geraint Thomas –, Romain Bardet hérite d’un maillot à pois curieux. Echappé dans la dernière étape des Pyrénées et la première des Alpes, il est passé une fois au sommet d’un col de première catégorie (le port de Lers), deux fois deuxième dans des cols hors catégorie où les points étaient doublés (Izoard et Galibier), et l’absence de concurrent sérieux lui a tricoté un maillot qui ne lui épargnera pas la remise en question. Dans sa tête, elle a déjà commencé. Alaphilippe rend les armes On pouvait s’en douter : c’est quand les deux lampions de ce Tour de France sont arrivés au bout de la pile que la course s’est éteinte. Car Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe auront été – sans doute est-ce un point de vue cocardier – les deux animateurs de cette Grande Boucle et aucun ne sera sur le podium sur les Champs-Elysées, même si le mousquetaire de la Deceuninck-Quick Step s’y glissera sans doute au titre de super-combatif du Tour, récupérant ainsi l’un des trophées les plus laids de l’histoire du sport. Julian Alaphilippe, c’était attendu, a rendu les armes, plus tôt que d’habitude, à 13 kilomètres du sommet et alors qu’une vingtaine d’hommes restaient dans le peloton essoré par la Jumbo-Visma. L’équipe néerlandaise n’avait d’autre ambition que de faire rendre gorge au Français, et Steven Kruijswijk n’eut jamais à passer à l’attaque. L’équipe Ineos, qui n’a jamais semblé aussi vulnérable que dans ce Tour de France, prend les deux premières places du classement final, et Egan Bernal finit en jaune sans avoir gagné d’étape, le huitième dans ce cas dans l’histoire de la Grande Boucle. C’est peut-être Geraint Thomas qui a le mieux résumé ce Tour : « On nous a pas mal tapé dessus en nous disant que notre façon de gagner était chiante, donc on a fait ce qu’il fallait pour que ce soit un petit peu plus fun, tout en gagnant à la fin. » Un jeune Colombien pleure devant un écran géant de Zipaquira, ville natale d’Egan Bernal, qui est au même moment, à 9 000 kilomètres de là, en train de remporter le Tour de France. Allez petit, dans dix ans, c’est ton tour. LUISA GONZALEZ / REUTERS Le Tour du comptoir : Albertville Après chaque étape, « Le Monde » vous envoie une carte postale depuis le comptoir d’un établissement de la ville de départ. Où le « Tour de France blues » nous guette. Dans quelques minutes, le peloton s’élancera vers Val Thorens en passant par la Nationale 90, que les Albertvillois appellent « la 2-2 », sans doute parce qu’elle compte deux fois deux voies, et permet de rallier très rapidement les stations de ski alentour. A moins qu’il ne s’agisse d’une référence au jeune âge du vainqueur du Tour, Egan Bernal, 22 ans, ce qui serait quand même étonnant : la route est un héritage des Jeux olympiques de 1992, qui continuent de faire la renommée de la ville. Colette se souvient très bien du jour de leur inauguration : « Le 8 février 1992, il faisait un temps superbe. » Impressionnant. Dans vingt-sept ans, se souviendra-t-elle de la grisaille du 27 juillet 2019, le jour où Albertville a accueilli son sixième départ d’étape du Tour, même si ça ne vaut pas tout à fait une cérémonie d’ouverture de JO d’hiver ? « Oui, je me souviendrai de la météo, je me souviendrai que j’ai discuté avec vous, et je me souviendrai que j’ai vu Thomas Voeckler dans ce café. » La preuve. Albertvilloise de longue date (on peut aussi dire « Albertvillaine », mais elle ne l’est pas du tout), Colette n’est pas originaire de Savoie, mais de Haute-Savoie, ce qui ne pose pas de problème : les relations sont cordiales entre Savoyards et Haut-Savoyards (faut-il un “s” à “Haut” en pareil cas ? Nous faisons appel aux linguistes). En revanche, il paraît que les habitants de la vallée de la Tarentaise où nous sommes ce matin, et ceux de la vallée de la Maurienne où nous étions vingt-quatre heures plus tôt, ne s’apprécient guère. « On dit que la Tarentaise nage comme ça, et que la Maurienne nage comme ça. » Le « comme ça » tarentais = un mouvement de brasse traditionnel. Le « comme ça » mauriennais : un mouvement de brasse inversé, comme pour ramener l’eau vers son buste. « C’est pour dire qu’ils prennent tout l’argent pour eux » (quelqu’un pourrait-il nous en dire plus ? Nous faisons appel aux autochtones). Colette a beaucoup regardé le Tour : « Surtout l’émission avec Laurent Huya, il est tellement sympa », même s’il s’appelle Laurent Luyat. Elle a été très émue par Thibaut Pinot : « J’ai versé ma petite larme, il m’a fait de la peine. » En ce qui concerne l’analyse tactique de la course, bon, voilà : « Par rapport aux sportifs, je ne suis pas trop. C’est surtout l’atmosphère du Tour que j’aime. Et puis c’est beau de les voir courir, ils font un bel effort. Là, je pense qu’ils en ont un peu marre, ils doivent être fatigués. » Plus que vingt-quatre heures d’effort pour eux, et de bonheur pour Colette. Lundi, c’en sera terminé. « Qu’est-ce que je vais faire maintenant l’après-midi ? » Chère Colette, on se pose tous la question.
Vincenzo Nibali a remporté samedi à Val Thorens une étape qui tranchait avec la folie du reste de l’épreuve. Julian Alaphilippe a quitté le podium, et Ineos a signé un doublé avec Egan Bernal et Geraint Thomas.
https://www.lemonde.fr/blog-du-tour-de-france/article/2019/07/27/tour-de-france-2019-a-val-thorens-le-peloton-eteint-la-lumiere_5494203_5326505.html
mlsum-fr-585
Le procureur Robert Mueller après sa courte intervention au ministère de la justice à Washington, le 29 mai. Carolyn Kaster / AP L’ancien procureur spécial Robert Mueller, qui a mené l’enquête pendant près de deux ans sur l’ingérence russe lors de la présidentielle de 2016 aux Etats-Unis, témoignera, finalement, en public. Des élus démocrates ont annoncé, mardi 25 juin, qu’il avait reçu une citation à comparaître, et qu’il serait auditionné devant le Congrès le 17 juillet. Voir aussi : Comprendre les derniers épisodes de l’enquête russe Robert Mueller sera par ailleurs interrogé par des membres de la commission du renseignement de la même chambre, dont le président, le démocrate Adam Schiff, a estimé : « La Russie a attaqué notre démocratie pour aider Trump à gagner. Trump a favorablement accueilli cette aide et l’a utilisée. Comme Mueller l’a dit, cela devrait inquiéter tous les Américains. Et maintenant, tous les Américains vont pouvoir entendre Mueller, directement. » Des élus républicains ont, de leur côté, critiqué ce dernier développement. « Deux ans d’enquête n’étaient pas suffisants, [les démocrates] veulent plus (…). Ceci n’est pas une tentative de parvenir à la vérité. C’est une tentative de lancer une opération de communication, rien de plus », a lancé sur Twitter Mark Meadows, membre de l’aile conservatrice du Parti républicain. Des pressions troublantes Dans son rapport d’enquête de plus de 400 pages, Robert Mueller avait détaillé les multiples contacts entre Moscou et l’équipe de campagne de Donald Trump, mais avait conclu ne pas avoir de « preuves suffisantes » d’une quelconque entente. Le milliardaire républicain s’était immédiatement jugé « exonéré ». Du côté démocrate, plusieurs voix s’étaient élevées pour réclamer l’ouverture des démarches en vue de destituer M. Trump, car Robert Mueller avait aussi fait état de pressions troublantes exercées sur son enquête par le locataire de la Maison Blanche. Fin mai, le procureur spécial était sorti de son silence, à la surprise générale, pour expliquer que ses investigations tentaculaires n’avaient pas lavé Donald Trump de tout soupçon, et que seul le Congrès était en mesure de poursuivre un président en exercice. « Un président ne peut être poursuivi pour une infraction fédérale tant qu’il est en fonction, c’est anticonstitutionnel, a rappelé le procureur spécial. Si nous avions eu la conviction que le président n’avait clairement pas commis un délit, nous l’aurions dit », avait-il notamment affirmé. « Les Américains méritent de vous entendre directement » M. Mueller souhaitait que son intervention publique mette un point final à son travail. Lorsque les parlementaires démocrates ont évoqué l’idée de l’auditionner, il a « espéré » ne pas avoir à le faire. Jerry Nadler et Adam Schiff ont dit comprendre ses réserves, mais ont jugé, dans une lettre qu’ils lui ont envoyée mardi, que son témoignage était nécessaire. « Nous comprenons que votre témoignage en public présente certains aspects sensibles (…). Vous avez aussi expliqué que vous préfériez que le travail écrit du bureau du procureur spécial parle de lui-même. Toutefois, les Américains méritent de vous entendre directement parler de votre enquête et de vos conclusions. » Les deux responsables démocrates ont donc promis de travailler avec M. Mueller « pour préserver l’intégrité » de son travail. Forts de leur majorité à la Chambre basse du Congrès, dotée de puissants pouvoirs d’investigation, les démocrates ont lancé une série d’enquêtes visant le président. En revanche, la question d’entamer ou non une procédure de destitution contre M. Trump les divise et compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, elle est, en effet, quasiment sûre d’échouer. Les leadeurs du parti d’opposition sont donc réticents à emprunter cette voie. A l’approche du scrutin de 2020, ils craignent qu’elle n’assourdisse leur message de campagne sur les questions qui préoccupent vraiment les électeurs, lassés des guerres politiques à Washington. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les démocrates divisés sur la destitution de Trump
Les présidents démocrates de la commission judiciaire et du renseignement ont précisé que l’audition se déroulerait le 17 juillet, en public.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/26/enquete-russe-le-procureur-mueller-va-temoigner-devant-le-congres_5481453_3210.html
mlsum-fr-586
Tout en poursuivant sa conquête des hôpitaux, la société de conciergerie Happytal s’attelle à proposer ses services aux maisons de retraite. C’est ainsi qu’en 2018 elle s’est rapprochée du groupe Korian, champion européen du grand âge. Des expérimentations sont menées à Paris et Nice, un projet est en cours sur trois établissements, à Tours. Mais cette expansion inquiète les mêmes syndicats et soignants qui s’interrogent à l’hôpital sur des pratiques commerciales menées auprès de personnes fragiles. Le Monde a justement recueilli le témoignage d’Isabelle Moreau, 58 ans, ancienne de la communication reconvertie dans l’accompagnement des seniors, et qui, au printemps, a postulé pour un CDD de « chargée de clientèle en Ehpad [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes]». Il s’agissait justement du projet Korian-Happytal à Tours. Recrutée en mai, elle a mis fin à sa période d’essai au bout de dix-sept jours. Pour des désaccords sur le contrat, explique-t-elle, mais aussi parce qu’elle « ne [se] voyait pas extorquer une prestation à une dame de 90 ans avec des troubles cognitifs. On démarche dans les chambres, sans témoin. Il ne faudrait pas être poursuivi pour abus de faiblesse ». En répondant à l’annonce, elle pensait bien que maison de retraite et commerce ne faisaient pas forcément bon ménage, mais elle voulait croire « que ça allait améliorer les conditions de vie des résidents ». Elle a vite déchanté. « Ma semaine de formation fut une remise en cause de ma relation d’accompagnante auprès du grand âge. Là, on m’explique qu’il y a une mécanique, des codes, et qu’il faut aboutir à une vente. Tout est calcul, rien n’est naturel. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les vraies motivations de Happytal, service de conciergerie de luxe pour hôpitaux Au concierge, ou plutôt au « référent confort de Korian », tel qu’elle devait se présenter aux familles, revient le soin de proposer aux résidents et à leurs proches la possibilité de faire livrer des fleurs, d’appeler une personne pour les accompagner faire des courses, une promenade, de réserver une séance de réflexologie plantaire. Construire une base de données Un cas pratique effectué lors de son dernier jour de formation a particulièrement marqué Isabelle Moreau. « Une nouvelle résidente arrivait. Ses deux filles n’étaient pas d’accord sur le mode d’accompagnement. Celle qui vivait dans le Sud, pleine de culpabilité, voulait savoir en quoi consistait la conciergerie. Comme je devais vendre de la prestation, on me laisse en tête-à-tête avec cette femme. Elle voulait tout prendre. Même une dame de compagnie, deux fois par semaine, alors que l’établissement propose des animations. A la fin, elle veut me présenter sa mère. Et dans la chambre je découvre ma formatrice Happytal aux côtés du gendre, ce dernier “tout heureux de savoir notre mère avec des gens d’une telle qualité relationnelle…” ».
Isabelle Moreau a travaillé pour Happytal qui propose des services de conciergerie dans des Ehpad. Elle dénonce les pratiques commerciales agressives de la start-up auprès des personnes âgées et de leur famille.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/13/conciergerie-dans-les-maisons-de-retraite-ne-jamais-oublier-de-vendre-de-la-prestation_5498994_3224.html
mlsum-fr-587
Donald Trump (à gauche) et l’ex-secrétaire au travail Alexander Acosta à la Maison Blanche, à Washington, le 12 juillet. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP Nouvelle démission dans l’administration Trump : le partant est le secrétaire au travail Alexander Acosta, qui était en poste depuis février 2017. En deux ans et demi, les deux tiers des portefeuilles ministériels ont changé de titulaire à Washington. Donald Trump a lui-même annoncé sur Twitter la démission offerte « gracieusement », a-t-il dit, par son secrétaire au travail. Il a rendu hommage à l’« énorme talent » de M. Acosta. Le secrétaire au travail est une victime collatérale de l’affaire de mœurs à rebondissements qui a ressurgi le 6 juillet avec l’arrestation du milliardaire Jeffrey Epstein, 66 ans, déjà poursuivi en Floride en 2008 pour abus sexuels sur plusieurs dizaines de mineures. Le dossier avait été jugé mais de nouvelles accusations ont été portées à New York. Alexander Acosta, qui était à l’époque procureur du district sud de Floride, est sur la sellette pour avoir négocié avec l’accusé un accord jugé des plus accommodants par les victimes. Au terme de ce marché, Jeffrey Epstein avait échappé aux poursuites fédérales. Seule la justice de Floride l’avait condamné – à dix-huit mois de prison. Il n’y était resté que treize mois et avait bénéficié de conditions de détention privilégiées. L’accord n’avait pas été communiqué aux victimes. Il n’a été révélé qu’en novembre 2018 par le Miami Herald. Juste après ces révélations, Epstein a versé de l’argent – un total de 350 000 dollars (310 000 euros) – à deux témoins susceptibles de le compromettre en cas de procès, a affirmé vendredi le New York Times. Système bien rodé Le 8 juillet, Jeffrey Epstein a été de nouveau inculpé, cette fois à New York, et écroué pour exploitation sexuelle de dizaines de mineures entre 2002 et 2005. Il encourt jusqu’à quarante-cinq ans de prison. L’accusation a mis en lumière un système bien rôdé de recrutement de très jeunes femmes, souvent de milieux modestes, et d’intimidation pour les faire taire. Les mineures étaient attirées par la perspective d’une rétribution de quelques centaines de dollars, en échange, leur était-il dit, de simples massages effectués en sous-vêtements. Il leur était aussi demandé de recruter des camarades. Plusieurs ont affirmé avoir été violées. Le financier opérait sur son île privée des Caraïbes, Little Saint James, qu’il appelait « Little Saint Jeff » mais que les résidents locaux avaient pris l’habitude de qualifier de « Pedophile Island » ou « Orgy Island ». Un paradis tropical – et fiscal – de 30 hectares, acheté 7,95 millions de dollars en 1998, situé à proximité de Saint-Thomas, dans les îles Vierges américaines, où il avait transféré ses sociétés.
Le secrétaire au travail Alexander Acosta a démissionné. Il avait négocié, lorsqu’il était procureur en Floride, un accord trop favorable avec le milliardaire Jeffrey Epstein, accusé d’abus sexuels sur mineures.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/13/l-affaire-epstein-destabilise-encore-un-peu-plus-l-administration-trump_5488891_3210.html
mlsum-fr-588
On n’avait jamais observé une telle évolution végétale sur un laps de temps aussi court : en dix ans, la flore sauvage a déjà changé sous l’effet du dérèglement climatique, « sur toute la France, tous milieux confondus ». « Depuis 2009, il y a un réarrangement au sein des communautés végétales. Les espèces qui préfèrent des températures élevées s’installent [dans de nouveaux territoires] ou augmentent en abondance », explique à l’Agence France-Presse (AFP) Gabrielle Martin du Muséum national d’histoire naturelle, coautrice de l’étude publiée mercredi 10 juillet dans la revue Biology Letters. A l’origine de cette découverte, un programme de sciences participatives : Vigie Flore rattaché à l’établissement. Depuis son lancement en 2009, 321 botanistes amateurs ou professionnels ont noté chaque année la présence (ou l’absence) d’environ 2 500 espèces végétales (les plus communes des 6 000 présentes en France). Ces données ont permis à une équipe de chercheurs du Centre d’écologie et des sciences de la conservation, de l’ISEM Montpellier et de l’IEES Paris, d’établir l’évolution de 550 espèces. Flore de 3 118 sites sur une période de neuf ans Garrigue, prairie ou encore milieu urbain, chaque « vigie-floriste » a sa ou ses parcelles (de 1 km2 chacune) à explorer, toutes choisies par les chercheurs pour leur représentativité. « La plupart des parcelles se trouvent dans des milieux ouverts », avec des typologies différentes : terres agricoles pour certaines, surfaces modifiées par l’action humaine pour d’autres, mais aussi forêts, prairies, etc., précise l’étude. En y consacrant en moyenne un à deux jours par an (d’avril à août), les bénévoles ont permis de « caractériser la flore de 3 118 sites sur une période de neuf ans (2009-2017) », précise un communiqué du Muséum. En parallèle, précipitations et températures étaient récoltées par les chercheurs amateurs. Conclusion : les sites où la température a le plus augmenté sont ceux où la végétation a le plus changé. « Change les interactions entre les espèces » « C’est la première fois qu’une réponse de la flore est détectée à l’échelle nationale sur un temps aussi court », note Gabrielle Martin. Une réponse qui diffère selon les espèces : certaines s’épanouissent, d’autres déclinent, certaines se déplacent vers le Nord, d’autres prennent de la hauteur. Selon la spécialiste, « les espèces annuelles [qui vivent moins d’un an] arriveraient à s’adapter plus rapidement au changement climatique que les espèces pérennes ». Et les espèces tolérant bien les températures élevées, notamment certaines graminées comme l’Avoine barbue ou le Brome de Madrid prendraient le dessus sur celles préférant les climats plus frais comme la Renouée faux liseron ou le Cerfeuil sauvage. Bonne ou mauvaise nouvelle ? « Difficile de répondre », pour Gabrielle Martin. Car si ces travaux prouvent que certaines plantes peuvent rapidement s’adapter au changement climatique, ce n’est pas le cas pour toutes les espèces. La diversité végétale s’en trouve modifiée. « Les changements observés ont forcément un impact sur ceux qui vivent de ce milieu, les pollinisateurs, les oiseaux… » Et même si ces modifications ne sont pas forcément synonymes de baisse de diversité, elles auront forcément des conséquences sur les interactions entre espèces. « Quand de nouvelles espèces [à la recherche de conditions plus favorables] s’installent dans une communauté déjà en place, elle change les interactions entre les espèces et notamment les interactions de compétitions », explique Mme Martin. Des bouleversements qui, à leur tour, ne seront pas anodins sur l’évolution de ces espèces.
Une étude publiée mercredi met en lumière le réarrangement des communautés végétales en France entre 2009 et 2017.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/10/les-plantes-deja-sous-l-influence-du-changement-climatique_5487483_3244.html
mlsum-fr-589
Plus de 400 000 personnes ont été déplacées en près de trois mois de violences dans le nord-ouest de la Syrie, où la province d’Idleb et ses environs dominés par les djihadistes sont la cible de bombardements du régime et de son allié russe, a annoncé, vendredi 26 juillet, l’ONU. La province d’Idleb, qui échappe au pouvoir de Bachar Al-Assad, est contrôlée en grande partie par les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaida). D’autres factions rebelles et djihadistes y sont présentes. Soutenu par l’aviation russe, le régime syrien pilonne quasi quotidiennement depuis la fin d’avril cette province, ainsi que les zones adjacentes dans les provinces limitrophes d’Alep, de Hama et de Lattaquié. Selon un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), David Swanson, « plus de 400 000 personnes ont été déplacées depuis fin avril ». « Des villes et des villages entiers ont été apparemment vidés de leurs habitants qui ont fui (…) à la recherche de sécurité et des services de base », souligne l’organisation dans un communiqué. Ces déplacés quittent surtout le sud de la province d’Idleb et le nord de la province de Hama, et se rendent généralement dans des secteurs relativement épargnés, plus au nord, ralliant parfois des régions proches de la frontière avec la Turquie voisine et qui accueillent des camps de déplacés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Syrie : l’ordre djihadiste de Hayat Tahrir Al-Cham règne à Idlib Camps de déplacés surpeuplés Des Syriens qui ont fui les bombardements dans la province d’Idlib ont trouvé refuge dans une oliveraie près du village d’Aqrabat, à la frontière turque, le 31 mai 2019. NAZEER AL-KHATIB / AFP « Les camps de déplacés sont surpeuplés, et beaucoup de gens sont obligés de s’installer en plein air », ajoute le communiqué d’OCHA, qui estime qu’« environ deux tiers des déplacés se trouvent à l’extérieur des camps ». « Dans la seule province d’Idleb, environ 100 écoles accueillent maintenant des déplacés, a déploré l’organisation. La majorité de ceux qui fuient ont été déplacés à l’intérieur du gouvernorat d’Idleb, tandis qu’un nombre plus réduit s’est rendu dans le nord du gouvernorat d’Alep. » Près de la moitié des trois millions d’habitants d’Idleb et de sa région sont déjà des déplacés qui ont fui par le passé les combats dans d’autres zones de la Syrie en guerre ou ayant refusé de rester dans des localités rebelles reconquises par le régime. Les violences interviennent malgré un accord conclu en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie, marraine de certains groupes rebelles, visant à éviter à Idleb une offensive d’envergure des forces prorégime. En près de trois mois, plus de 730 civils, dont plus de 180 enfants, ont été tués dans les bombardements du régime ou son allié russe sur Idleb, selon un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 370 000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.
Les Syriens fuient la province d’Idleb, contrôlée en grande partie par les djihadistes et bombardée par les forces du régime et leurs alliés russes, selon l’ONU.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/26/syrie-plus-de-400-000-personnes-deplacees-en-trois-mois-d-escalade-dans-le-nord-ouest_5493713_3210.html
mlsum-fr-590
A Marseille, l’équipage français de SailGP évolue à domicile, pour la finale de la saison inaugurale du circuit de ces bolides des mers. Eloi Stichelbaut / Sail GP « C’est comme s’il fallait piloter une Formule 1, mais avec cinq personnes à bord. » Les yeux de Billy Besson scintillent alors qu’il dissèque son rôle. A 38 ans, le skipper dirige l’équipage français de SailGP, le circuit de catamarans F50 issus des modèles de la dernière Coupe de l’America, dont l’étape finale se disputait à Marseille, du vendredi 19 au dimanche 22 septembre. Des « Formule 1 » des mers volantes, capables de filer à plus de 50 nœuds (autour des 100 km/h) lors de spectaculaires régates. Pari du milliardaire américain Larry Ellison, fondateur d’Oracle, SailGP se veut - à terme - l’équivalent de la Formule 1 ou de la Moto GP. Un circuit de courses « hyperproches du bord », très spectaculaires et empruntant des lieux mythiques - de la baie de San Francisco au port de Marseille, en passant par Sydney ou New York. Qui plus est, la course est simple à comprendre pour le grand public : les bateaux étant strictement les mêmes et partageant intégralement leurs données, la différence se fait uniquement par l’équipage, course après course. Un retour à l’humain dans des embarcations, concentrées de technologie. « C’est l’avenir de la voile, assurait au Monde, en mai, Larry Ellison. Une technologie incroyable. Des courses très serrées, de vrais combats sur l’eau. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi La « formule 1 des mers », le défi du fondateur d’Oracle Septième fortune mondiale, ce passionné de voile a œuvré pour ramener la Coupe de l’America aux Etats-Unis, a laissé carte blanche à Russell Coutts, quintuple vainqueur du prestigieux trophée pour organiser ce circuit sorti des eaux après la décision de la Nouvelle-Zélande de revenir aux monocoques en Coupe de l’America - privilège du vainqueur, il fixe le format de la course suivante. Simulateur et « vaisseau fantôme » A la pointe de l’évolution de la voile, Sail GP puise dans les technologies développées par Oracle pour améliorer ses navires. Ainsi, tous les équipages ont pu s’entraîner à plusieurs reprises au cours de l’année sur un simulateur reproduisant complètement le bateau et ses performances en vol. « Avec à peine cinq jours d’entraînement en moyenne sur chaque site de course, ça nous permet d’accumuler les heures de navigation », pointe Marie Riou, partenaire de Billy Besson. Quand ce dernier s’est vu proposer par Russell Coutts de prendre les commandes de « Team France », le skipper tahitien a naturellement pensé à celle qui navigue avec lui depuis 2013 sur un Nacra 17 (la catégorie olympique) pour l’accompagner dans cette nouvelle aventure - avec trois autres équipiers. A l’instar de la formule 1, les six équipages disputent des courses sur un « circuit ». JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS Leur premier contact avec leur nouvelle monture s’est fait à Londres, dans le simulateur. Quelques mois à peine avant le lancement du circuit, et la première des cinq étapes (Sydney, San Francisco, New York, Cowes et Marseille). « Evidemment, il n’y a pas les embruns, ni l’eau, s’amuse Billy Besson. Mais les sensations sont vraiment très proches. » Les heures de simulateur ont permis à l’équipage français de réduire son appréhension à prendre en main ces bolides, plus gros que ceux sur lesquels ils naviguent d’ordinaire. Equipés de capteurs, les six navires de la flotte SailGP connaissent en temps réel la marche qu’il leur faut suivre. Oracle a notamment développé un « vaisseau fantôme », simulation de la meilleure trajectoire sur chaque course, que les équipages peuvent tenter de suivre. « C’est une ligne parfaite, créée en utilisant toutes les données qu’on récolte, explique John Abel, qui dirige l’antenne britannique Cloud et Technologie dans la multinationale de l’informatique. A San Francisco, sur l’une des courses, l’équipe japonaise n’est pas passée loin de la trace parfaite. » Pointe de la technologie oblige, les skippers ont également dû s’adapter à recevoir en permanence, via une oreillette, des informations sur la marche à suivre et l’état du bateau en temps réel. Tout en frôlant les 100 km/h, en équilibre sur ses foils. Un million de dollars « Peut-être que dans trente ans, même les bateaux de croisière auront des foils », anticipe Marie Riou. A bord du bolide F50, la navigatrice est en charge de ces appendices sur lesquels les navires se dressent pour se libérer du « frein de la mer » et voler au dessus. de celle-ci Contrôleuse de vol, intitulé de son poste, implique de régler en permanence les foils pour maintenir le bateau le plus stable possible. Seul contact avec la surface, les foils doivent s’adapter à ses aspérités (creux, vagues…) pour éviter de ralentir le bateau. « Le foil est très sensible, et la concentration est primordiale à ce poste, souffle Billy Besson. Car plus on vole haut, moins il y a de contact avec la surface, et moins c’est stable. » Comme le formule le navigateur François Gabart, dont le trimaran Ultim Macif est équipé de ces appendices volants, « c’est comme si on conduit une Formule 1, mais sur un terrain de rallye ! » Néophytes sur ces bolides des mers, là où certains de leurs concurrents s’y sont essayés lors de la dernière Coupe de l’America, les Français ne concouraient pas pour la victoire finale cette saison, et le million de dollars promis par Larry Ellison à l’équipage vainqueur. La dernière régate, dimanche, finalement remportée par les Australiens, leur a permis de débouler une dernière fois à toute vitesse devant leur public (ils ont fini à la 5e place). Avant de retourner en classe olympique, pour préparer les Jeux de Tokyo. « Avec moins d’appréhension, grâce à l’expérience acquise sur ces bolides » que sont les SailGP, souffle Billy Besson.
Les catamarans volants du circuit imaginé par Larry Ellison, le fondateur d’Oracle, disputaient, dimanche, leur ultime régate de l’année. L’équipage français a fini à la 5e place.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/22/voile-derniers-vols-au-large-de-marseille-pour-les-sailgp-les-formule-1-des-mers_6012594_3242.html
mlsum-fr-591
Le réalisateur Mohammad Rasoulof en 2017, à Cannes. ALBERTO PIZZOLI / AFP Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, primé à Cannes, a été condamné, mardi 23 juillet, dans son pays à un an de prison ferme, a dénoncé mercredi le distributeur de son œuvre en France, en exigeant sa libération « sans plus tarder ». Le réalisateur était déjà privé, depuis septembre 2017, de la possibilité de « circuler » librement, de « travailler » et de se rendre à l’étranger, son passeport lui ayant été « confisqué », selon Michèle Halberstadt, dirigeante d’ARP Sélection, distributeur en France d’« Un homme intègre ». Et, après avoir été soumis à de « nombreux interrogatoires », il a été condamné mardi « à un an de prison ferme, suivi de deux ans d’interdiction de sortie du territoire et d’interdiction de se livrer à la moindre activité sociale et politique », a-t-elle dénoncé dans un communiqué transmis à l’AFP. « Rasoulof est un artiste. Il est absurde de l’accuser de porter “atteinte à la sécurité” d’un Etat avec pour tout moyen une palette d’ombres et de lumières », a-t-elle ajouté. « Nous demandons instamment à ce que sa liberté lui soit rendue sans plus tarder afin qu’il puisse continuer à créer », a-t-elle conclu. Un film qui dénonce la corruption des policiers iraniens M. Rasoulof a obtenu le prix Un certain regard au 70e Festival de Cannes, en 2017, pour Un homme intègre (Lerd, soit « La lie », en persan). Ce long-métrage est inspiré d’une anecdote personnelle. Le réalisateur a subi un contrôle policier de routine qui s’est mué en demande de pot-de-vin. Il a été emprisonné quand il a porté plainte, preuves à l’appui, contre les fonctionnaires corrompus. Le film raconte l’histoire d’un homme à la vie simple qui tente de se battre contre la corruption d’une compagnie privée poussant des villageois à vendre leurs biens. En 2011, M. Rasoulof avait déjà remporté le prix Un certain regard pour son film Au revoir. La récompense lui avait été décernée en son absence, alors qu’il lui était interdit de quitter son pays. Et, dans la foulée, en octobre 2011, le réalisateur avait été condamné à un an de prison pour « activités contre la sécurité nationale et propagande », alors que le cinéaste Jafar Panahi recevait une condamnation à six ans de réclusion pour le même motif. La condamnation des deux hommes avait provoqué une vague de réprobation en Occident. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cannes 2017 : pour Mohammad Rasoulof, « l’ère Rohani n’a pas encore commencé »
L’Etat iranien estime que son film « Un homme intègre », primé à Cannes, est une « propagande contre le régime iranien » et porte « atteinte à la sécurité » du pays.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/24/le-realisateur-iranien-mohammad-rasoulof-condamne-a-un-an-de-prison_5493083_3210.html
mlsum-fr-592
Le Stade Rennais se retrouve dans un groupe plutôt relevé, comportant les Italiens de la Lazio Rome, les Ecossais du Celtic Glasgow et les Roumains de Cluj. VALERY HACHE / AFP Après la Ligue des Champions hier, c’était au tour des clubs de football qualifiés pour la Ligue Europa d’être fixés sur leurs futurs adversaires avec le tirage au sort, vendredi 30 août, des phases de poule. Le Stade Rennais se retrouve dans un groupe plutôt relevé, comportant les Italiens de la Lazio Rome, les Ecossais du Celtic Glasgow et les Roumains de Cluj. Pour Saint-Etienne, le tirage a été plus clément, puisque les Verts vont affronter les Allemands de Wolfsburg, les Belges de La Gantoise et le club ukrainien d’Olexandriya. A noter que plusieurs autres groupes pourraient être délicats. Le F notamment, composé d’Arsenal, finaliste la saison dernière, de l’Eintracht Francfort, du Standard de Liège et des Portugais de Vitoria Guimaraes. Le groupe J, avec l’AS Rome, Mönchengladbach, Istanbul Basaksehir, Wolfsberger sera également à suivre. La liste complète des groupes : Groupe A FC Séville (ESP), APOEL Nicosie (CHY), Qarabağ (AZE), Dudelange (LUX) Groupe B Dynamo Kyev (UKR), Copenhague (DAN), Malmö (SUE), Lugano (SUI) Groupe C Bâle (SUI), Krasnodar (RUS), Getafe (ESP), Trabzonspor (TUR) Groupe D Sporting CP (POR), PSV Eindhoven (P-B), Rosenborg (NOR), LASK (AUT) Groupe E Lazio (ITA), Celtic (ECO), Rennes (FRA), CFR Cluj (ROU) Groupe F Arsenal (ANG), Eintracht Francfort (ALL), Standard Liège (BEL), Vitória SC (POR) Groupe G Porto (POR), Young Boys (SUI), Feyenoord (P-B), Rangers (ECO) Groupe H CSKA Moscou (RUS), Ludogorets (BUL), Espanyol (ESP), Ferencváros (HUN) Groupe I Wolfsburg (ALL), La Gantoise (BEL), Saint-Étienne (FRA), Olexandriya (UKR) Groupe J AS Roma (ITA), Borussia Mönchengladbach (ALL), Istanbul Başakşehir (TUR), Wolfsberg (AUT) Groupe K Beşiktaş (TUR), Braga (POR), Wolverhampton (ANG), Slovan Bratislava (SLOV) Groupe L Manchester United (ANG), Astana (KAZ), Partizan Belgrade (SERB), AZ Alkmaar (P-B)
Le tirage au sort des phases de poule de la compétition européenne de football a été effectué vendredi.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/30/ligue-europa-rennes-herite-de-la-lazio-rome-saint-etienne-de-wolfsburg_5504614_3242.html
mlsum-fr-593
du Nord. Jerry Smith entraîne les joueuses du club universitaire de Santa Clara depuis 1987. Ici en plein débrief post-match, le 18 avril 2019. Christie Hemm Klok pour «Le Monde» Plongées dans l’obscurité, une vingtaine d’étudiantes californiennes scrutent un grand écran. A l’image, ce n’est pas le dernier blockbuster hollywoodien, mais un match de football. Tenue décontractée, paire de claquettes aux pieds, les jeunes spectatrices, membres de l’équipe de football de l’université de Santa Clara, débriefent leur victoire 2-1 face à leurs homologues de Caltech (California Institute of Technology). A Santa Clara, les étudiantes footballeuses bénéficient d’installations modernes, qui feraient pâlir de jalousie certains clubs professionnels. Au mur de la salle s’affichent les photos des célébrités du soccer qui les ont précédées dans cette prestigieuse université jésuite fondée en 1851, en pleine ruée vers l’or : les ex-internationales Aly Wagner et Leslie Osborne, vainqueures du titre universitaire national (National Collegiate Athletic Association, NCAA) des Broncos en 2001, ou encore l’icône locale Brandi Chastain, double championne du monde et olympique. En poste depuis 1987, l’emblématique coach Jerry Smith, mari de Chastain, distribue les bons et les mauvais points. « Don’t get pinned wide [“ne vous laissez pas enfermer”] », lance-t-il à ses joueuses en décryptage d’une situation délicate de relance. Ultraprécise, la séance vidéo se prolonge pendant une heure et demie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine : les Américaines ne sont plus les seules favorites de la compétition féminine Dehors, la température frôle déjà les 30 degrés en cette fin de matinée d’avril. A une heure de route de San Francisco, la région est l’épicentre de la Silicon Valley. Le campus respire la prospérité. A Santa Clara, les étudiantes footballeuses bénéficient d’installations modernes, qui feraient pâlir de jalousie certains clubs professionnels : un stade de 7 000 places, un terrain d’entraînement et un bâtiment tout entier pour elles. Ce confort n’a pas toujours existé. Dans son bureau, au milieu des trophées, le coach Smith se souvient de ses débuts en 1987 : « Je ne gagnais que 2 500 dollars à l’année. Je n’avais aucune bourse à offrir aux meilleures joueuses ; j’en ai 14 désormais. J’étais seul alors que j’ai maintenant un vrai staff… Dans tout le pays, il n’y avait que 72 équipes en divisions 1 et 2. Aujourd’hui, on en compte 350 rien qu’en division 1… » Un membre de l’équipe à l’entraînement, après avoir visionné des extraits de son dernier match, à Santa Clara, le 18 avril. Christie Hemm Klok pour «Le Monde» La révolution « Title IX » Dès 1972, les Etats-Unis s’étaient pourtant déjà dotés d’un outil législatif qui allait permettre, des années plus tard, la domination de leurs footballeuses sur la scène internationale. En adoptant la loi « Title IX », le gouvernement fédéral américain interdisait toute forme de discrimination liée au sexe dans les programmes éducatifs soutenus par l’Etat. Et obligeait, de facto, les universités recevant de l’argent public à financer de manière égale les clubs et associations universitaires des filles comme des garçons.
S’il a longtemps permis aux Américaines d’étouffer la concurrence, le football universitaire est désormais un frein à la discipline aux Etats-Unis. Reportage en Californie et en Caroline du Nord.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/06/le-soccer-americain-un-eternel-etudiant_5472319_1616938.html
mlsum-fr-594
A Srinagar, dans le Cachemire indien, le 18 août. DAR YASIN / AP Au moins 4 000 personnes ont été interpellées dans le Cachemire indien depuis la révocation de l’autonomie de ce territoire par New Delhi le 5 août, d’après des sources gouvernementales citées par l’Agence France-Presse (AFP). Ce chiffre donne une première idée de l’ampleur des mesures prises par les autorités pour empêcher toute manifestation. Ces personnes ont été interpellées en vertu de la loi sur la sécurité publique, a précisé par ailleurs à l’AFP un magistrat s’exprimant sous couvert de l’anonymat. Cette loi controversée permet aux autorités d’emprisonner une personne pour une durée qui peut aller jusqu’à deux ans sans accusation ni procès. « La plupart ont été évacuées par avion du Cachemire parce que les prisons n’ont plus de place », a précisé le magistrat. Il a ajouté qu’il avait eu recours à un téléphone satellitaire qui lui avait été attribué pour collecter les chiffres auprès de ses collègues à travers le territoire. Les autorités n’ont jamais indiqué officiellement combien de personnes ont été placées en détention depuis le début de cette crise. Elles se sont contentées de confirmer l’arrestation d’une centaine de responsables politiques locaux, de militants et d’universitaires lors des tout premiers jours. INFOGRAPHIE « LE MONDE » Retrouvez notre infographie: Le Cachemire, zone géopolitique sensible Blocage des communications Elles ont expliqué ne pas disposer de bilan global des arrestations et ont justifié « les quelques mises en détention préventives » par la nécessité d’éviter « que la paix ne soit troublée » dans ce territoire à majorité musulmane revendiqué par le Pakistan, et théâtre depuis des décennies d’une rébellion séparatiste. Mais, d’après l’AFP, l’ampleur des rafles a été confirmée par de nombreux responsables du gouvernement local à Srinagar, principale ville du Cachemire indien, y compris par des membres de la police et des forces de l’ordre. Ainsi, un policier, souhaitant garder l’anonymat, estime qu’à Srinagar « 6 000 personnes environ avaient subi un examen médical après avoir été détenues (…). Elles sont d’abord envoyées à la prison centrale de Srinagar et ensuite transportées ailleurs par avion militaire. » Un autre membre des forces de sécurité fait état de « milliers de personnes emprisonnées », mais ajoute que ce chiffre ne tenait pas compte d’autres habitants détenus dans des postes de police sans y être enregistrés. Les tensions demeurent vives dans ce territoire depuis le 5 août, date à laquelle l’Inde a révoqué l’autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire qu’elle contrôle. Un blocage des communications et de fortes restrictions à la circulation avaient été imposés par les autorités indiennes la veille de l’annonce, le 5 août, de la révocation de l’article 370 de la Constitution, qui conférait le statut d’autonomie spéciale à cette région himalayenne. Tensions avec le Pakistan Vendredi, l’Inde avait commencé à assouplir certaines de ces restrictions. Mais des heurts ont été signalés en plusieurs endroits autour de Srinagar, faisant huit blessés, selon les autorités locales. Les restrictions ont été rétablies à la suite de ces incidents, a rapporté l’agence de presse indienne Press Trust of India (PTI), citant des fonctionnaires parlant sous couvert d’anonymat. Un haut fonctionnaire du gouvernement a déclaré dimanche à l’AFP que des centraux téléphoniques reprendraient leurs activités normales d’ici la fin de la journée. Les autorités avaient précédemment nié ou minimisé des informations faisant état de violences, et souligné au contraire que la majeure partie de la vallée du Cachemire était restée pacifique. Par ailleurs, l’armée indienne a confirmé qu’un soldat avait été tué samedi lors d’un intense échange de tirs transfrontaliers avec le Pakistan. Quelque 80 000 paramilitaires indiens supplémentaires ont été déployés dans le Cachemire indien. Un demi-million de soldats s’y trouvent déjà en temps normal. L’Inde et le Pakistan, qui se sont partagé le territoire du Cachemire après leur indépendance en 1947, se sont depuis livrés trois guerres, dont deux étaient liées à la question du Cachemire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le dangereux « coup de maître » de Narendra Modi au Cachemire
Les tensions demeurent vives dans ce territoire désormais coupé du monde et privé par New Delhi de son autonomie, tandis que la zone frontalière a été le théâtre de violents accrochages entre les armées indienne et pakistanaise.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/18/cachemire-4-000-personnes-interpellees-en-deux-semaines_5500495_3210.html
mlsum-fr-595
Devant le bar Au Cuba Libre, à Rouen, au lendemain de l’incendie, le 6 août 2016. MATTHIEU ALEXANDRE / AFP Les deux gérants du bar rouennais Au Cuba Libre, dont l’incendie avait coûté la vie à 14 personnes en août 2016, ont été condamnés, mardi 22 octobre, à cinq ans de prison, dont trois ferme, par le tribunal correctionnel de Rouen. Nacer et Amirouche Boutrif, deux frères âgés de 48 et 40 ans, « ont violé plusieurs obligations de prudence ou de sécurité imposées par la loi et le règlement. Ces violations sont à l’origine de l’incendie qui est la cause directe et certaine » des décès, a estimé la présidente du tribunal. Lors du procès, en septembre, le parquet avait requis quatre ans de prison ferme à l’encontre des deux gérants, estimant que leur établissement n’était « qu’une somme de manquements en matière de sécurité ». Le procureur de Rouen, Pascal Prache, avait évoqué « l’association de deux cogérants qui ont essayé de se faufiler entre les dispositions réglementaires selon le principe du “pas vu, pas pris” ». Issue de secours verrouillée Dans la nuit du 5 au 6 août 2016, un incendie s’était déclaré dans ce bar où les victimes fêtaient les 20 ans d’une jeune femme. Dans le sous-sol de l’établissement, aménagé sans autorisation en boîte de nuit, deux bougies du gâteau d’anniversaire, des fontaines à étincelles, avaient enflammé le plafond de l’escalier. L’incendie avait provoqué la panique dans ce sous-sol de 24 m2 où l’unique issue de secours était verrouillée. Les plafonds de cette cave, où avaient régulièrement lieu des fêtes d’anniversaire, étaient recouverts de plaques de mousse en polyuréthane insonorisante, matière extrêmement inflammable, ce qui avait entraîné une propagation rapide des flammes. Les deux prévenus, Nacer et Amirouche Boutrif, sans casier judiciaire, avaient comparu libres lors du procès, qui s’est tenu du 9 au 16 septembre. Lors des audiences, trois jeunes survivants de l’incendie ont témoigné sur l’horreur qu’ils ont vécue dans ce qui est apparu comme une souricière et ont raconté les cauchemars qui les poursuivent depuis. Deux mois après le drame, la ville de Rouen avait décidé la fermeture totale ou partielle d’une dizaine de bars musicaux pour non-respect des normes de sécurité les plus élémentaires.
Nacer et Amirouche Boutrif ont été condamnés pour homicide involontaire dans le cadre de l’incendie de leur établissement en août 2016, où 14 personnes avaient été tuées.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/22/proces-du-cuba-libre-cinq-ans-de-prison-dont-trois-ferme-pour-les-deux-gerants-du-bar-de-rouen_6016477_3224.html
mlsum-fr-596
Le maxi-trimaran Sodebo, comme ses adversaires, risque d’entamer la course « Brest Atlantiques » plus tard que prévu. Eloi Stichelbaut Quelle malédiction a frappé les géants des mers ? Alors que la première édition de la Brest Atlantiques, premier affrontement réservé aux maxi-trimarans Ultim, devait s’élancer dimanche 3 novembre, les conditions météorologiques en ont décidé autrement. Le départ de la course a été reporté. « Un fort coup de vent est attendu à partir de vendredi soir et jusqu’à dimanche après-midi, générant une mer très formée dans le Golfe de Gascogne avec des creux de 8 mètres, il n’était pas raisonnable de lancer les Ultim dans ces conditions », a indiqué dans un communiqué, le directeur de course Jacques Caraës, évoquant une « fenêtre potentielle » pour un départ mardi. Selon nos informations, plusieurs équipes avaient insisté pour anticiper l’appel, et sauter sur le seul créneau disponible : quitter Brest dès jeudi, avec quatre jours d’avance. Et ainsi franchir le cap Finisterre, en Espagne, avant l’arrivée de la dépression, avec des vents de 30 à 40 nœuds et une mer démontée (de 6 à 9 mètres de creux). Mais, même avec quatre équipages en lice – Macif (François Gabart-Gwénolé Gahinet), Actual Leader (Yves Le Blevec-Alex Pella), Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas-Charles Caudrelier) et Sodebo 3 (Thomas Coville-Jean-Luc Nélias) –, difficile de s’entendre. Faute d’accord et dans l’espoir d’une hypothétique amélioration du temps, tout départ anticipé a été exclu, la direction de la course réservant sa décision finale à jeudi midi. « C’est impossible de partir en l’état actuel. » Une équipe Formule 1 des mers de plus de 30 m de long, capables de voler sur leurs foils, ces appendices qui soulagent la coque en la soulevant au-dessus du niveau de la mer et réduisent le contact avec l’eau, les maxi-trimarans Ultim sont rapides, très rapides. Mais également fragiles. « Je ne lancerai la course que si les conditions ne mettent pas les bateaux en difficulté sur les premières quarante-huit heures. L’état de la mer primera plus que le vent, au-delà de 5 mètres de creux, ce ne serait pas raisonnable », prévenait en septembre le directeur de la course, Jacques Caraës. En l’état, les bolides restent à quai en attendant le bon créneau. « C’est impossible de partir en l’état actuel », explique-t-on dans l’une des équipes. La tempête qui s’annonce pourrait même forcer les navires à quitter Brest pour s’abriter, le temps du week-end. Première confrontation réservée aux Ultim Sortie du chapeau des organisateurs après que la Route du rhum, cuvée 2018, a sacrément secoué la flotte (perte de Banque populaire, étrave arrachée sur Gitana et bras de liaison fissuré sur Sodebo notamment), la course Brest Atlantiques remplace le premier tour du monde en solitaire sur ces bateaux géants initialement prévu dès cette année. Afin de reconstituer la flottille – la nouvelle monture d’Armel Le Cléac’h ne sera pas mise à l’eau avant la fin 2020 – et ne pas empiéter sur d’autres courses, ce « Brest Oceans » n’aura pas lieu avant 2023. « Ces bateaux qui allongent la foulée ont besoin d’un terrain de jeu très vaste », assurait Emmanuel Bachellerie, directeur général de Brest Ultim Sailing, en septembre. Capables, lorsque les conditions sont réunies, de filer à des allures dépassant les 40 nœuds (plus de 80 km/h), les quatre navires s’affronteront sur une boucle équivalant à un demi-tour du monde, avec des points de passage au large de Rio de Janeiro (Brésil) et de Robben Island (Afrique du Sud). Une « première confrontation longue, rugueuse et aux atmosphères météorologiques extrêmement variées » devant permettre « de jauger, à l’échelle de l’immensité atlantique, les différentes forces en présence », estime M. Bachellerie. Le 3 Novembre 2019 à 13H02, 4 Ultims prendront le départ d'un parcours triangulaire de 14 000 milles nautiques sur… https://t.co/3jxMtPXzFA — Batlantiques (@Brest Atlantiques) Dans une catégorie en quête de fiabilité après le « crash-test » de la Route du rhum – finalement remportée par le seul bateau non volant, l’Idec de Francis Joyon –, pas question d’envoyer skippeurs et navires au casse-pipe dans un golfe de Gascogne où des creux de 9 mètres sont prévus. Un « tour du monde où l’on fait demi-tour » « Aucun bateau de ce niveau n’a, jusque-là, fini une course avec un plan porteur et une dérive qui vole », constate Thomas Coville, le skippeur de Sodebo, dont le navire, tout récent, disputera sa première grande course. « Sur le Rhum [la Route du rhum], ils ont tenu une nuit, là il y en a trente », assène son partenaire, Jean-Luc Nélias. Entre vingt-huit et trente et un jours, suivant les conditions, pour opérer ce « tour du monde où l’on fait demi-tour juste avant l’océan Indien », comme l’image Gwénolé Gahinet, qui embarque à bord du trimaran Macif de François Gabart. Un galop d’essai grandeur nature sur un rythme plus proche du tour du monde que de la transatlantique, qui sollicitera les hommes comme leurs montures. « Notre objectif à tous, conclut François Gabart, c’est d’être capables de tourner autour de la planète à toute vitesse sur ces bateaux-là. » Avant cela, les quatre navires doivent franchir le golfe de Gascogne. Au vu de la météo prévue, « l’envol des géants » pourrait attendre.
La course entre les géants des mers sur tout l’océan Atlantique devait s’élancer dimanche 3 novembre. Mais le départ a été reporté à cause des mauvaises conditions météorologiques.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/29/voile-avis-de-tempete-sur-la-brest-atlantiques-l-affrontement-entre-les-trimarans-ultim-en-suspens_6017352_3242.html
mlsum-fr-597
De gauche à droite : Reda Kateb, un jeune homme et Vincent Cassel dans « Hors normes » d’Olivier Nakache et Eric Toledano. L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR Quelque chose d’américain travaille de longue date le cinéma d’Olivier Nakache et Eric Toledano. Célébration de l’individualisme, méfiance de l’institution, éloge des hommes de bonne volonté, hymne à la gentillesse et au souci d’autrui, amour invétéré des acteurs, diffusion de larges brassées de réconfort. A une époque aussi conflictuelle que la nôtre, ces valeurs simples sont âprement recherchées, même une heure et demie au cinéma, ça détend. Ce qui était déjà vrai de leurs premiers films (leur premier long-métrage, Je préfère qu’on reste amis, date de 2005) l’est plus encore depuis Intouchables (2011), soudaine cristallisation de qualités qui n’existaient qu’en puissance, et qui les a propulsés au nirvana du cinéma français. Faisant suite à Samba (2014) et au Sens de la fête (2017) – sur un terrain de plus en plus marqué par la tentation d’une réduction des fractures de la société française –, ces docteurs « feelgood » du cinéma hexagonal proposent avec Hors normes un jeu délicat entremêlant trois sujets qu’on qualifiera de sensibles. Les adolescents autistes ; les jeunes des quartiers ; les relations judéo-arabes. Rien de moins. Donc, pour commencer, un tandem archi-complémentaire (cela vous rappelle quelque chose ?). D’un côté, Bruno (Vincent Cassel), juif observant, gros tchatcheur, gros fonceur, gros embrouilleur ; de l’autre, Malik (Reda Kateb), musulman sans ostentation, carré, direct, solide. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vincent Cassel, un éruptif qui se soigne Educateurs, le premier dirige une structure d’accueil pour jeunes autistes en bout de parcours institutionnel, le second une association pour des jeunes en demande de réinsertion. Ils étaient donc faits l’un pour l’autre, l’amitié en sus. Et leurs ouailles itou. Les uns s’occupant des autres, les autres occupant les uns, le pari étant que cela fait du bien à tout le monde. Le travail et le stress – inspecteurs des affaires sociales tatillons, police peu amène, corde raide des comportements – étant par ailleurs si intenses qu’on en oublie les prédéterminations : juif, musulman, fou, normal, délinquant… Cela s’appelle un projet, mené avec le cœur et la passion, parfois aux franges du cadre légal. Le challenge consistant évidemment pour les réalisateurs – partant d’une telle souffrance humaine – d’instiller sans obscénité les ingrédients propres à tirer le film du côté de la comédie sociale. Psychopathe du bien La finesse du tandem y pourvoie. Avec le funambulisme de Bruno, psychopathe du bien, célibataire incasable car aliéné à sa cause, animateur d’une association sans agrément, concepteur quotidien de plans sur la comète, dépositaire légal du mantra « on va trouver une solution », là où 99 % de ses semblables ont déjà baissé les bras. Mais aussi bien avec le personnage de Joseph, véritable autiste touché par la grâce, bien qu’il soit régulièrement tenté de frapper sa mère, et qui gagne sans effort les suffrages du spectateur en faisant peser sur chaque trajet en métro la menace d’un signal d’alarme dont on sait qu’il ne pourra pas ne pas le tirer.
La nouvelle comédie d’Olivier Nakache et Eric Toledano met en scène un tandem d’éducateurs confrontés à des adolescents aussi attachants qu’imprévisibles.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/23/les-docteurs-feelgood-du-cinema-francais-s-emparent-avec-succes-du-theme-de-l-autisme_6016551_3246.html
mlsum-fr-598
Boris Johnson a deux semaines pour se justifier auprès de l’Autorité du Grand Londres concernant les soupçons de favoritisme. TOLGA AKMEN / AFP Comme si une défaite historique face à la Cour suprême, un Parlement vent debout contre sa politique et un Brexit à délivrer dans un mois ne suffisaient pas… Boris Johnson est désormais sous le coup d’une enquête de police pour des soupçons de conflit d’intérêts et de favoritisme. En cause, son amitié, ou plutôt, comme l’avance le Sunday Times, premier à révéler l’histoire, sa « sexual affair » avec Jennifer Arcuri, une Californienne de 34 ans, presque aussi blonde que le premier ministre. Et les avantages financiers qui auraient pu en résulter. Ex-mannequin, la jeune femme rencontre pour la première fois Boris Johnson en 2012. Il est alors maire de Londres. Elle vient d’emménager dans la capitale britannique et s’est reconvertie en entrepreneuse dans le secteur des technologies. Elle lance notamment un salon de l’innovation, Innotech, auquel M. Johnson participe plusieurs fois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : la montée de la violence verbale inquiète les responsables politiques Ses sociétés ont bénéficié, à en croire le Sunday Times, de plus de 115 000 livres de subventions, provenant essentiellement de la mairie de Londres. Mme Arcuri, qui est repartie vivre aux Etats-Unis, disposait, au début des années 2010, d’un appartement dans le quartier branché de Shoreditch, et M. Johnson, à l’époque marié à sa seconde épouse (il a divorcé depuis), « était un visiteur régulier ». Photo non datée de Jennifer Arcuri, qui aurait bénéficié d’avantages financiers grâce à ses liens avec Boris Johnson, au début des années 2010. GUY LEWIS / AFP « Il est féministe » « Tout a été fait dans les règles » a assuré le premier ministre dimanche 29 septembre à Andrew Marr, l’intervieweur vedette de la BBC, à propos des subventions dont a bénéficié Mme Arcuri. M. Johnson a deux semaines pour se justifier par écrit à l’Autorité du Grand Londres. A t-il un problème, plus généralement, avec les femmes ? Dimanche, toujours dans le Sunday Times, une journaliste de l’hebdomadaire, Charlotte Edwardes, révélait que le premier ministre lui avait pincé la cuisse sous la table, lors d’un dîner privé au siège du Spectator, dont il était alors le rédacteur en chef à la fin des années 1990, et qu’il avait fait la même chose à sa voisine de droite. « Cette allégation est fausse » a fait savoir un porte-parole du 10 Downing Street dimanche. « Je connais Charlotte et je fais parfaitement confiance à ce qu’elle dit » a pourtant affirmé Matt Hancock, le secrétaire à la santé du gouvernement Johnson. Au congrès des conservateurs, à Manchester, deux députées tories ont pris la défense de leur premier ministre : « il est féministe », a affirmé Rachel Maclean. « C’est une personne honnête même s’il peut parfois paraître comme Frank Spencer dans un magasin de porcelaine [un personnage particulièrement maladroit, d’une sitcom des années 1970] », a nuancé pour sa part Penny Mordaunt, ex-ministre de la défense.
Le premier ministre britannique doit s’expliquer sur des subventions accordées à une jeune entrepreneuse alors qu’il était maire de Londres.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/30/boris-johnson-sous-le-coup-d-une-enquete-pour-favoritisme_6013607_3210.html
mlsum-fr-599
Tribune. La nomination de Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) a donné lieu à des commentaires quelque peu désobligeants sur ses capacités : elle n’aurait pas les connaissances en matière de théorie et de pratique monétaires qui distinguaient tant, dit-on, ses deux prédécesseurs, Jean-Claude Trichet et Mario Draghi. Mme Lagarde manquerait donc de l’autorité nécessaire pour assumer le destin de l’euro dans les temps difficiles qui s’annoncent à l’horizon de la monnaie européenne. Ce procès en légitimité n’a pas grand sens. Pour le dire en quelques mots, MM. Trichet et Draghi, tout connaisseurs qu’ils prétendent être de la chose monétaire, n’ont fait que soumettre la BCE à la norme de l’inflation à 2 % (faire en sorte que les prix augmentent de 2 % par an même en cas de déflation). Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La perception que les banques centrales ne sont plus indépendantes risque d’affaiblir l’efficacité de leur politique » Ce « 2 % standard », qui a succédé subrepticement au Gold Exchange Standard, s’est répandu en un quart de siècle sur la surface de la terre, y compris dans les pays les plus rétifs aux facilités de la création de monnaie ex nihilo. Il n’a, faut-il le dire, aucun fondement ni théorique ni pratique (Brendan Brown, The Case Against 2 Per Cent Inflation. From Negative Interest to a 21st Century Gold Standard, Palgrave Macmillan, 2018, non traduit). Et il conduit à de nouvelles catastrophes. Diktats allemands En réalité, c’est la nationalité de Mme Lagarde qui va créer un problème. En étant après Jean-Claude Trichet la deuxième personnalité française à diriger la BCE, elle risque, par sa nomination même, de faire apparaître au grand jour ce qui devait rester caché, à savoir que l’euro est une ruse française. Or, cette ruse ne peut fonctionner que si elle reste cachée. Et, jusqu’à maintenant, on y a réussi puisque la vulgate fait croire aux Français et aux Européens que l’euro serait soumis aux « diktats » de Berlin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les quatre défis qui attendent Christine Lagarde à la BCE Pour comprendre cette finasserie, il suffit de se remémorer les dernières décennies du franc français et du Deutsche Mark. S’il y a eu des diktats allemands en matière monétaire, c’est bien à cette époque qu’ils auraient été émis. Il suffisait que la Bundesbank hausse ou baisse ses taux d’intérêt pour que la Banque de France dans la minute soit obligée de suivre. Bien sûr, le terme de diktat est impropre. La France subissait seulement les effets de ses sempiternelles inconséquences financières. Il n’en était pas moins humiliant pour l’aristocratie financière de notre pays d’être aux ordres de la finance allemande. Une note confidentielle du Trésor français, datée du 13 février 1992 et reproduite dans mes Nouvelles Leçons d’économie contemporaine (Folio, 2018) est très explicite à ce sujet.
A la tête de la BCE, Christine Lagarde risque de devoir éventer la ruse française de l’euro, qui consistait à faire croire que l’Allemagne dictait les choix de politique monétaire, explique l’économiste Philippe Simonnot dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/04/les-citoyens-des-pays-de-la-zone-euro-ont-decouvert-que-la-monnaie-pouvait-ne-pas-etre-un-attribut-regalien_5496394_3232.html
mlsum-fr-600
Ue boîte de Mediator. FRED TANNEAU / AFP Certains témoins arrivent à la barre à reculons, bouche cousue, et ne pensent qu’à abréger. Gilles Bardelay, lui, serait resté là toute la nuit s’il y avait été autorisé par la présidente du tribunal, qui a fait ce qu’elle a pu pour canaliser la parole débordante de ce médecin généraliste à la retraite de 72 ans venu des Ardennes, et manifestement content d’être là. Gilles Bardelay avait mille choses à dire au sujet du Mediator. Beaucoup ont déjà été écrites dans la revue médicale Prescrire, qu’il a fondée en 1981. C’est en lisant un article de ce mensuel sans publicité, financé uniquement par ses 30 000 abonnés, qu’Irène Frachon a commencé à faire un lien, en 2007, entre Mediator et maladies mortelles. Prescrire informe de nombreux professionnels du secteur. Ce mercredi 9 octobre, c’est la justice française qu’il s’agit d’informer. « Etes-vous allié ou au service des parties ? » Devant la traditionnelle question préalable de la présidente, Gilles Bardelay semble d’abord décontenancé, presque outré qu’on ose s’interroger, et met donc des points d’exclamation à sa réponse : « Euh… Indépendance totale ! Depuis le début de mon existence ! Totale ! » Commence alors un véritable réquisitoire contre Servier, six mois avant celui des procureurs, prévu pour avril 2020. Le médicament « sur la sellette » dès sa naissance En 1975, six ans avant Prescrire, et un an avant la mise sur le marché du Mediator, Gilles Bardelay avait lancé la revue Pratiques, dont l’objet était déjà de passer en revue les nouveaux médicaments arrivant en pharmacie. « Certains disent qu’on est des ayatollahs, mais non : quand un médicament apporte quelque chose, nous applaudissons, dit-il, joignant l’applaudissement à la parole. Quand il n’apporte rien, nous le disons. Et quand il apporte moins que rien, nous le disons aussi. » Le Mediator faisait manifestement partie de cette dernière catégorie à ses yeux, puisqu’il eut sa place, en février 1977, dans la rubrique intitulée « Sur la sellette », signe des réserves qu’il suscitait déjà, trente-deux ans avant l’alerte d’Irène Frachon. Il ne s’agissait pas tant, alors, de dénoncer sa dangerosité, qui sera établie de manière incontestable en 1999 – et Prescrire multipliera les alertes –, que son inutilité. « Prescrire le Mediator pour le diabète, ça ne servait à rien du tout ! Pour nous, ce médicament n’a strictement aucun intérêt », s’enflamme Gilles Bardelay, alors que le numéro de Pratiques en question est projeté sur l’écran géant de la salle d’audience. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Procès du Mediator : « Georges, il faut retirer ton signalement ! » On comprend que la méfiance était déjà de mise, à la lecture de ces lignes prémonitoires : « Les antidiabétiques oraux [c’est ainsi que le Mediator était présenté] sont prescrits en grande quantité depuis vingt ans, ils font régulièrement baisser la glycémie, mais il semble de plus en plus probable qu’en fin de compte, ils augmentent la mortalité des diabétiques par maladie cardiovasculaire. Alors, pour Mediator, on n’est pas pressé… On attendra encore quelques années... Mais dans quelques années, quand on commencera à savoir un petit bout de la vérité, ça en fera déjà, des millions de boîtes de Mediator vendues ! » Certains médecins « méritent des coups de pied au cul » Gilles Bardelay dénonce ensuite « la méthode Servier » : « Falsification, demi-vérité, mensonge par omission. C’est essayer d’orienter la pensée du prescripteur par un mirage biologique, en fonction d’un imaginaire, sans preuves cliniques. Tous les médicaments de Servier, tous, n’ont jamais été positionnés dans leur véritable famille pharmacologique ou chimique. » Le Mediator, catalogué anorexigène (coupe-faim) par l’Organisation mondiale de la santé, sera ainsi présenté au moment de sa mise sur le marché comme un antidiabétique par Servier, ce qui lui permettra de rester sur le marché lorsque les anorexigènes en seront retirés dans les années 1990. Gilles Bardelay a trouvé un surnom à Jacques Servier : « Le grand illusionniste. » Sale quart d’heure pour le laboratoire Servier, mais pas uniquement. « Un laboratoire n’est jamais fautif tout seul », explique l’ancien généraliste, qui en profite pour étriller l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), également prévenue dans ce procès, en dénonçant « la cécité des autorités de contrôle du médicament ». Les médecins en prennent aussi pour leur grade, du moins ceux qui, en bout de chaîne, ont prescrit le Mediator sans s’informer : « Toute personne qui voulait vraiment savoir ce qu’était le Mediator le pouvait dès 1977. Les médecins qui n’ont pas assez de recul sur eux-mêmes méritent des coups de pied au cul. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Procès du Mediator : l’étude de 1995 qui aurait dû alerter Servier Quand vient leur tour d’interroger le témoin, les avocats de Servier rament contre le courant. « Etre indépendant, ça ne veut pas dire être neutre. Peut-on rester indépendant en étant institutionnel ? », tente Me Christian Saint-Palais, rappelant que Prescrire a été financé par l’Etat dans ses premières années. « Personne n’est neutre, rétorque Gilles Bardelay sans se démonter. On choisit son camp. On choisit l’intérêt du malade ou l’intérêt exclusif du laboratoire. Je n’ai jamais été neutre. Je suis du côté de la qualité des soins. » Me François de Castro prend le relais : « Saviez-vous qu’une enquête de pharmacovigilance a été lancée par les laboratoires Servier en 1995, et étendue jusqu’à la fin de la commercialisation du médicament en 2009 ? » Réponse : « Mais combien de gens sont morts pendant ce temps ? Le système de M. Servier, c’était de rester jusqu’au bout, jusqu’au bout, jusqu’au bout sur le marché. Vous me dites : “Il y a eu des études.” Je vous dis : “Des gens sont morts.” » Voilà plus de quatre heures que le témoin se tient à la barre. Il est temps de céder la parole au suivant. « Merci d’être venu des Ardennes », dit la présidente. « Bon courage ! », répond Gilles Bardelay. La tornade est passée.
Le fondateur de la revue médicale indépendante « Prescrire » témoignait le 9 octobre. Dès 1977, il soulignait l’inutilité du médicament.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/10/29/ce-medicament-n-a-strictement-aucun-interet-au-proces-du-mediator-la-tornade-gilles-bardelay_6017335_1653578.html