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mlsum-fr-301
Inès Madani (à gauche) et deux des autres accusées qui comparaissent pour « association de malfaiteurs terroriste » à Paris, le 23 septembre. BENOIT PEYRUCQ / AFP « Partir en Syrie m’intéressait, ça m’autorisait aussi au suicide. » Le visage fermé et la voix fluette, Inès Madani explique pourquoi elle a été séduite par la propagande de l’organisation Etat islamique (EI). Au troisième jour de son procès devant la cour d’assises de Paris pour « association de malfaiteurs terroriste », mercredi 25 septembre, la jeune femme de 22 ans a été interrogée par Laurent Raviot, le président de la cour, sur sa « radicalisation ». Cette période de « mal-être » et « d’isolement » durant laquelle elle a « commencé à adhérer aux thèses » djihadistes. Cheveux noirs coiffés en chignon et teint livide, Inès Madani encourt la perpétuité, tout comme sa complice Ornella Gilligmann – une mère de famille de dix ans son aînée –, pour avoir projeté de commettre un attentat, dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, en tentant vainement de mettre le feu à la Peugeot 607 de son père remplie de six bonbonnes de gaz, rue de la Bûcherie, près de Notre-Dame de Paris. La jeune femme a déjà été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris, en avril, à huit ans de prison, pour avoir incité des femmes et des hommes à partir en Syrie et à commettre des attentats en France entre mars 2015 et juin 2016. Inès Madani est également accusée d’avoir menacé un policier avec un couteau lors de son interpellation avec deux autres femmes radicalisées, Sarah Hervouët et Amel Sakaou, le 8 septembre 2016, à Boussy-Saint-Antoine (Essonne). Le fonctionnaire – qui s’est porté partie civile – a ouvert le feu, la blessant à deux reprises aux jambes. Des bouteilles vides servant à fabriquer des cocktails Molotov ont été retrouvées sur les lieux de l’arrestation. Le djihadiste et recruteur Rachid Kassim, dont la mort a été annoncée en février 2017 par les autorités américaines, l’exhortait à l’époque à commettre des attentats en France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rachid Kassim, le gourou des jeunes apprentis terroristes Rabatteuse de l’EI « Je reconnais les faits pour la voiture, mais pas les faits de complicité et de tentative d’assassinat, affirme-t-elle, impavide dans le box lorsque l’huissier présente à la cour le long couteau dont elle s’est servie. Je n’ai pas essayé de me jeter sur le policier. Je lui ai demandé de me tirer dessus. » De marbre face aux magistrats, Inès Madani reconnaît avoir eu, sur Internet, un rôle d’intermédiaire entre un djihadiste influent de l’EI, Oumar Diaw, surnommé Abou Barou, et les aspirants djihadistes d’une cellule franco-belge. En 2016, elle crée un personnage virtuel, dénommé Abou Souleyman, Abou Omar ou Abou Junayd, et se fait passer pour un homme, contrefaisant sa voix, et allant jusqu’à utiliser la photo de son beau-frère. Avec ces différents kunya (surnoms musulmans), elle en vient à jouer les rabatteuses pour l’organisation terroriste en passant par les réseaux sociaux ou les applications Telegram et Periscope.
Accusée entre autres d’avoir tenté d’incendier une voiture remplie de bonbonnes de gaz avec Ornella Gilligmann, en septembre 2016, la jeune femme de 22 ans encourt la perpétuité.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/26/proces-de-l-attentat-rate-pres-de-notre-dame-ines-madani-suicidaire-devenue-rabatteuse-pour-l-ei_6013072_3224.html
mlsum-fr-302
Une manifestation contre la xénophobie devant l’ambassade sud-africaine à Abuja, au Nigéria, le 5 septembre. KOLA SULAIMON / AFP Au moins dix personnes, dont un ressortissant étranger, ont été tuées dans les violences xénophobes cette semaine en Afrique du Sud, a annoncé jeudi 5 septembre le président sud-africain Cyril Ramaphosa, au moment où s’apaisent les tensions avec le Nigeria, qui s’est engagé à coopérer avec Pretoria. Signe de la gravité de la situation, Cyril Ramaphosa a pris la parole jeudi soir dans une intervention radiotélévisée à la nation. « Nous savons qu’au moins dix personnes ont été tuées dans ces violences, une d’entre elles est étrangère », a-t-il déclaré, sans préciser la nationalité. Ce sont les pires émeutes xénophobes en Afrique du Sud depuis 2008 quand 62 personnes avaient été tuées dans des circonstances similaires. L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, attire des millions d’immigrés africains à la recherche d’une vie meilleure. Mais le pays se débat avec un fort taux de chômage (29 %) et d’énormes disparités sociales et économiques, qui alimentent régulièrement un sentiment xénophobe dans la nation « arc-en-ciel » rêvée par l’ancien président Nelson Mandela. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Afrique du Sud en proie à une vague de violences xénophobes Ces violences ont éclaté dimanche soir à Johannesburg, la principale ville sud-africaine, avant de s’étendre à la capitale Pretoria. Des dizaines de magasins, appartenant principalement à des étrangers, ont été pillés, et des camions brûlés dans la province du KwaZulu-Natal (est). « Il ne peut pas y avoir d’excuse pour la xénophobie. Il n’y a aucune justification pour les pillages et les destructions », a-t-il réagi, alors que plus de 400 personnes ont été arrêtées. La nationalité des victimes n’a pas encore été communiquée. La situation continuait à se normaliser jeudi, après une nuit de mercredi à jeudi relativement calme. Le Nigeria s’engage à coopérer Sur le front diplomatique, l’heure était également à l’apaisement. Le Nigeria, théâtre de violences contre les intérêts sud-africains, en représailles aux attaques xénophobes, a annoncé sa volonté de trouver une solution, après des jours de tensions entre les deux grandes puissances économiques du continent. « Le Nigeria ne cherche pas à exacerber les tensions, a assuré jeudi un conseiller de la présidence nigériane. Nous allons travailler, entre frères, avec l’Afrique du Sud, pour trouver des solutions à leurs problèmes, qui sont devenus aussi les nôtres. » Des déclarations qui contrastent avec la veille, quand Abuja avait décidé de boycotter le Forum économique mondial Afrique, qui se tient cette semaine au Cap, la capitale parlementaire sud-africaine. Jeudi matin, Pretoria avait annoncé la fermeture « temporaire » de ses missions diplomatiques au Nigeria, à la suite de « menaces ». Une manifestation jeudi devant l’ambassade sud-africaine à Abuja n’a toutefois réuni qu’une vingtaine de personnes, laissant penser que le mouvement anti-sud-africain au Nigeria est en train de s’essouffler. Mercredi, Abuja avait décidé de boycotter le Forum économique mondial Afrique, qui se tient cette semaine au Cap, la capitale parlementaire sud-africaine. Match annulé Sur le reste du continent, la colère contre les intérêts sud-africains continuait à s’exprimer jeudi. En République démocratique du Congo (RDC), le consulat d’Afrique du Sud et un magasin d’une enseigne sud-africaine ont été attaqués à Lubumbashi (sud-est), la deuxième ville du pays. De son côté, l’équipe malgache de football a annoncé l’annulation du match amical prévu samedi en Afrique du Sud, compte tenu des inquiétudes sur « la sécurité de la délégation de Madagascar ». En Afrique du Sud, la police a encore renforcé ses effectifs pour tenter de mettre un terme définitif aux violences. « Le seul endroit où un groupe nous donne beaucoup de soucis est Katlehong », un township à une trentaine de kilomètres de Johannesburg, a déclaré le responsable de la région, David Makhura. La police y a dispersé jeudi, à coups de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes, des manifestants armés de pierres. « Fake news » Plusieurs pays et personnalités africains ont fait part de leur inquiétude, appelant aussi à l’apaisement. « Les incidents en cours en Afrique du Sud nous interpellent tous, a réagi le président sénégalais, Macky Sall. Pour l’unité du continent et par respect à la sagesse africaine, j’invite à l’apaisement entre pays et peuples africains. » Le milliardaire nigérian Aliko Dangote a appelé à rejeter « la haine et toute forme d’attaque violente sur nos frères africains », car « il ne peut y avoir de prospérité partagée et durable sans paix ». Les autorités sud-africaines ont par ailleurs dénoncé, jeudi, les nombreuses « fake news » qui circulent dans le pays et sur le continent et « alimentent beaucoup de panique ». L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29 %) et la pauvreté. En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.
Les attaques xénophobes qui ont éclaté dimanche en Afrique du Sud ont provoqué l’indignation dans plusieurs pays africains, où les violences contre les intérêts sud-africains se sont multipliées.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/05/violences-xenophobes-l-afrique-du-sud-ferme-son-ambassade-au-nigeria-par-crainte-de-represailles_5506831_3212.html
mlsum-fr-303
Après une folle semaine à Londres, qui a vu Boris Johnson faire passer en force une suspension du Parlement, se faire imposer une loi exigeant une demande d’extension de trois mois avant une sortie de l’Union européenne si aucun accord n’était trouvé à Bruxelles d’ici là, vingt et un parlementaires conservateurs modérés se faire exclure du parti et des démissions spectaculaires, dont celle du propre frère du premier ministre, Jo Johnson, l’incertitude sur ce qui pourrait se passer d’ici au 31 octobre reste entière. La tentative de coup de force du nouveau premier ministre, qui annonce vouloir sortir coûte que coûte, alors que le Parlement, divisé par ailleurs sur à peu près tout, a clairement fait savoir son opposition à une sortie sans accord, s’est en tout cas retournée contre lui. Du côté de Bruxelles, la volonté proclamée de renégocier l’accord conclu en novembre 2018 avec le gouvernement de Theresa May se heurte à la réalité répétée par les Vingt-Sept : il n’y a pas de solution alternative au « backstop », qui prévoit le maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière, le temps qu’un accord sur la relation future avec l’Union européenne soit conclu, pour empêcher le rétablissement d’une frontière en Irlande. Il n’y a donc à peu près aucune chance de percée significative à Bruxelles d’ici au prochain conseil européen le 17 octobre. « L’arrivée de Boris Johnson aux commandes est l’aboutissement logique de tendances politiques et sociétales lourdes réclamant des changements profonds » Dès lors, l’étau se resserre sur Boris Johnson, qui a essuyé six défaites à la Chambre des communes et n’a pas réussi à provoquer de nouvelles élections, faute de soutien de l’opposition (puisque depuis 2011 le Parlement ne peut être dissous avant terme que par une majorité des deux tiers des parlementaires). Les partis d’opposition veulent être certains qu’une éventuelle élection, devenue inévitable, aura bien lieu après le 31 octobre, ainsi qu’une nouvelle demande de report de la sortie de l’UE. Le Parti travailliste, par ailleurs, qui ne profite guère dans les sondages de la crise actuelle, aurait sans doute intérêt à éviter une campagne électorale qui se jouerait sur la seule question du Brexit. Rejetant pour le moment deux des options qui s’offraient à lui – soit une motion de défiance qu’il aurait incité à faire voter contre lui-même ou une démission qui l’aurait obligé à passer la main à un premier ministre par intérim –, Boris Johnson a fait le choix provocateur de passer outre le vote du Parlement sur le « no deal ». Il continue de clamer son refus absolu de demander un report, sous le prétexte d’une négociation en cours dont les partenaires européens s’accordent à dire qu’elle n’existe pas, et au risque de renforcer encore la crise constitutionnelle et de se mettre hors la loi. Sans oublier que, à défaut d’accord ou de demande de report acceptée par les Vingt-Sept d’ici là, il y aura toujours bien une sortie sans accord le 31 octobre…
Pauline Schnapper et Emmanuelle Avril, professeures de civilisation britannique, soulignent « l’absence de garde-fous efficaces pour contrer la dérive autoritaire du premier ministre ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/11/le-brexit-met-en-lumiere-les-faiblesses-du-systeme-politique-britannique_5508917_3232.html
mlsum-fr-304
Charles Ollivon le 17 août à Nice, pour le premier test estival contre l’Ecosse. PASCAL GUYOT / AFP Est réserviste toute « personne qui appartient à la réserve des forces armées ou à la réserve civile », selon le Larousse. En rugby, le mot est moins facile à définir, si l’on prend le cas de Charles Ollivon. Sur le papier, le troisième-ligne fait partie des six réservistes du XV de France, convoqués au cas où pour préparer la Coupe du monde avec le groupe principal de trente et un joueurs. Sur le terrain, il s’apprête pourtant à enchaîner son deuxième match de préparation comme titulaire, samedi 24 août à Edimbourg (à partir de 14 h 10), contre l’Ecosse. Ollivon, 26 ans, est déjà un revenant. Sa réaction après la large victoire de la semaine dernière sur l’Ecosse (32-3) et une belle prestation de sa part, à Nice : « C’est beaucoup pour moi, ça représente beaucoup de choses, c’est plus fort que ma première sélection, beaucoup plus même. C’est, je pense, un des plus beaux moments dans ma carrière. » Pensez : il y a une semaine, le Français disputait son premier match avec les Bleus depuis février 2017, et son septième seulement depuis ses débuts internationaux en novembre 2014. Entre-temps : des blessures, des opérations et la crainte de devoir arrêter sa carrière bien plus tôt que prévu. En avril 2017, le joueur du Rugby Club toulonnais se blesse à l’omoplate après un plaquage reçu contre Castres, en championnat. Quatre mois plus tard, nouvelle blessure au même endroit, en match amical contre Lyon. « Une fracture d’omoplate, ça n’arrive jamais. Si, chez les accidentés de la route avec des chocs ultraviolents. Moi, ce n’était pas un gros choc », estime le malheureux, dans un entretien au quotidien L’Equipe. « Je ne pouvais pas imaginer ça » En septembre 2018, le Toulonnais se pense tiré d’affaire. Erreur : une blessure à l’épaule gauche, à l’entraînement, le contraint à une nouvelle convalescence. Encore des mois et des mois sans jouer, jusqu’à son retour et ses huit matchs de championnat avec Toulon, depuis mars. Huit matchs, c’est peu. Mais déjà assez pour convaincre le sélectionneur Jacques Brunel et son adjoint Fabien Gathié (croisé à Toulon) de le convoquer, le 18 juin, parmi les six « réservistes » de l’équipe de France en vue de la Coupe du monde. « Quand je suis revenu en mars, je ne pouvais pas imaginer ça, reconnaît le joueur au bihebdomadaire Midi olympique. A l’époque, tout ce que j’espérais, c’était revenir sur les terrains et retrouver des sensations. » Charles Ollivon est peut-être maintenant en train de reconsidérer ses ambitions à la hausse. Ce samedi après-midi, pour son deuxième match, il démarrera cette fois aux côtés de Grégory Alldritt et d’Arthur Iturria. Une semaine plus tôt, profitant du forfait de Wenceslas Lauret et Yacouba Camara (ischio-jambiers), il composait une troisième ligne inédite avec Alldritt et François Cros, lui aussi réserviste. Une réussite : quatorze plaquages pour lui et une présence souveraine dans les airs. Rythme intense Comme François Cros (à présent blessé au mollet), le Basque peut toujours espérer finir dans les trente et un joueurs retenus pour la Coupe du monde 2019 au Japon. Ce qui se ferait forcément au détriment d’autres troisième-ligne : Louis Picamoles (78 matchs en équipe nationale, tout de même), Wenceslas Lauret, Yacouba Camara, Bernard Le Roux ou Arthur Iturria. Jacques Brunel donnera sa liste définitive le 2 septembre au soir, après un troisième test, contre l’Italie, et à trois semaines du début de la compétition. Entre-temps, Iturria pourrait peut-être bientôt libérer une place pour finalement occuper la deuxième ligne. Tout dépend des juges internationaux de World Rugby et de leur décision de maintenir ou non une sanction de six semaines de suspension à l’encontre de Paul Gabrillagues, pour un déblayage dangereux à Nice. La Fédération française a fait appel et attend désormais. En attendant, Charles Ollivon joue. « Je me suis senti bien, j’ai trouvé mes repères assez rapidement dans le match, déclarait-il la semaine dernière. Physiquement je me suis senti assez bien aussi, à part sur les fins de mi-temps. » Deux matchs de préparation en une semaine : rythme intense, surtout pour un revenant.
Malgré son statut de réserviste, le troisième-ligne sera de nouveau titulaire en Ecosse ce samedi, une semaine après son premier test-match avec les Bleus depuis février 2017.
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2019/08/24/xv-de-france-charles-ollivon-un-revenant-pour-preparer-la-coupe-du-monde_5502370_1616937.html
mlsum-fr-305
Opération de décontamination dans la cour de l’école primaire Saint-Benoît à Paris (6e), le 8 août. FRANÇOIS MORI / AP « Les enfants vont être un peu tristes, mais ils devront aller à l’école lundi car elles ouvriront toutes. » Mercredi 28 août, Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la Mairie de Paris, joue la carte de l’humour pour rassurer les parents d’élèves inquiets à l’idée que leurs enfants soient accueillis le 2 septembre dans des écoles potentiellement contaminées au plomb. L’élu affirme alors que tous les établissements scolaires publics ouvriront pour la rentrée, car « toutes les conditions de sécurité sont réunies ». C’est une histoire en plusieurs actes. Le 15 avril, la cathédrale Notre-Dame de Paris prenait feu, provoquant la fusion et la dispersion de près de 400 tonnes de plomb. Dans les jours suivants, l’agence régionale de santé (ARS) recommandait d’analyser les taux de ce polluant dans les lieux accueillant des enfants situés à 500 mètres autour de la cathédrale. Le risque d’un empoisonnement au plomb est plus élevé pour les petits, notamment de moins de 7 ans, qui jouent souvent à même le sol et portent parfois à la bouche des objets qui ont pu être contaminés. Une intoxication au plomb peut diminuer les performances cognitives et sensori-motrices des enfants. Les écoles, les crèches, et les logements d’assistantes maternelles situés dans le périmètre de 500 mètres ont donc fait l’objet de prélèvements. « Il n’y avait aucune anormalité détectée dans ce secteur », rappelle Emmanuel Grégoire. Locaux nettoyés « à de multiples reprises » Mais le 18 juillet, l’ARS a élargi le périmètre de sécurité à 300 mètres supplémentaires, autour des lieux où on observait, à l’extérieur, un taux de plomb supérieur à 5 000 µg/m². C’est là que le flou débute. D’une part parce qu’il n’existe pas de norme officielle de concentration extérieure du plomb. L’ARS a défini ce seuil de 5 000 µg/m² pour évaluer le « bruit de fond » parisien, c’est-à-dire les taux de plomb déjà présents dans l’environnement de la capitale (notamment à cause des bâtiments haussmanniens) sans tenir compte de l’incendie de Notre-Dame. D’autre part parce que trois établissements scolaires situés dans le nouveau périmètre ont alors affiché, à l’extérieur, des teneurs en plomb supérieures à la limite de 5 000 µg/m² : les écoles Saint-Benoît (6e), Saint-André-des-Arts (6e) et Verneuil (7e). L’ARS a demandé à la Ville de Paris de faire baisser ces teneurs à 1 000 µg/m².
La Mairie de Paris assure que tous les établissements scolaires publics peuvent accueillir les élèves. L’association Robin des bois dénonce toutefois un manque de mesures de décontamination.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/29/pollution-au-plomb-les-ecoles-autour-de-notre-dame-seront-elles-pretes-pour-la-rentree_5504261_3224.html
mlsum-fr-306
Un chirurgien retraité de Charente-Maritime va-t-il se retrouver au cœur d’une vaste affaire de pédophilie portant sur plusieurs décennies ? Alors qu’il doit être jugé dans les prochains mois pour viols et agressions sexuelles sur quatre mineures, de nouvelles plaintes ont été déposées contre l’homme de 68 ans, a-t-on appris jeudi 22 août de sources concordantes. « De nouveaux dépôts de plaintes ont eu lieu en juin et d’autres il y a à peine une semaine. J’ai été contactée par certaines familles, des victimes du nord de la France », a fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP) Me Francesca Satta, qui dit ne pas connaître le nombre total de plaintes déposées. « En plus de Loches (Indre-et-Loire), Vannes (Morbihan), des victimes commencent à remonter dans les hôpitaux où il est passé. » Le chirurgien avait été confondu à la suite de la plainte des parents d’une fillette de Jonzac (Charente-Maritime) au printemps 2017. Il avait été mis en examen en mai de cette même année et est depuis en détention provisoire. Près de deux ans après, le 25 mars 2019, il a été renvoyé aux assises pour des agressions sexuelles et des viols commis sur la jeune victime dont le récit a tout déclenché, mais également sur deux de ses nièces et une quatrième victime qui se sont manifestées ensuite. Les faits reprochés, a précisé le parquet de La Rochelle, courent de 1989 à 2017, période pendant laquelle le chirurgien a exercé en Bretagne, en Touraine et en Charente-Maritime, à l’hôpital de Jonzac. Plus de 200 noms d’enfants retrouvés dans un carnet Mais à côté de ce que le parquet de La Rochelle qualifie de « premier volet », l’enquête « se poursuit pour identifier et entendre d’autres éventuelles victimes » dans l’entourage proche ou professionnel de l’accusé. Car au cours d’une perquisition au domicile du suspect, un carnet a été retrouvé par les enquêteurs comprenant plus de 200 noms d’enfants. Il répertorie les garçons d’un côté, et les filles de l’autre avec les noms et les prénoms, et parfois les coordonnées, a-t-on précisé de source proche du dossier. Le travail des enquêteurs est désormais de déterminer si ces notes décrivent des agressions sexuelles ou viols qui se sont effectivement produits, ou s’il s’agit de simples descriptions de fantasmes. Ce qu’affirme l’avocat du suspect, Me Thibaut Kurzawa. Contacté par Le Monde, il rappelle que « les 200 noms ne font pas 200 faits » : « L’existence d’une déviance est incontestable, mais dans le carnet, certains des actes sont décrits au conditionnel ou au futur. Il faut prendre du recul et faire la part des faits et des fantasmes sans perdre de vue la présomption d’innocence. » Mais l’enquête a permis de retrouver des victimes potentielles, aujourd’hui adultes, dont certaines ont déposé plainte ces derniers mois. « Elles se souviennent parfaitement de ce qu’elles ont subi et n’en ont jamais parlé parce qu’elles ont eu peur. Elles racontent ce qui est mentionné dans le carnet », a précisé Me Francesca Satta, qui défend des victimes du procès charentais prévu en 2020. Par ailleurs, l’association de défense de l’enfance, La Voix de l’enfant, a annoncé qu’elle se constituerait partie civile pour le procès de 2020. Notamment pour demander si le chirurgien, déjà condamné en 2005 à Vannes pour détention d’images pédopornographiques, « avait fait l’objet d’une injonction de soin, comme nous le réclamons systématiquement dans de tels cas », a déclaré à l’AFP sa présidente, Martine Brousse. L’association veut aussi interroger le conseil de l’ordre, pour savoir s’il a porté cette condamnation à la connaissance des établissements où a exercé le médecin.
Alors qu’il doit être jugé à Saintes, dans les prochains mois, pour viols et agressions sexuelles sur quatre mineures, ce chirurgien à la retraite de 68 ans a été visé récemment par plusieurs nouvelles plaintes.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/22/de-nouvelles-plaintes-deposees-contre-le-chirurgien-accuse-de-pedophilie_5501743_3224.html
mlsum-fr-307
Usage du tabac en baisse, expérimentation de la cigarette électronique en hausse, consommation d’alcool stable… L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié, mardi 11 juin, les résultats d’une vaste enquête, baptisée EnCLASS, menée au printemps 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 20 000 collégiens et lycéens âgés de 11 à 18 ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le nombre de fumeurs en baisse, celui des vapoteurs en hausse Les usages du tabac en baisse Premier enseignement de cette étude : le recul généralisé des usages de tabac. Depuis la dernière enquête, en 2015, l’expérimentation recule de 8 points chez les lycéens (de 60,9 % à 53 %) et l’usage quotidien passe sous la barre des 20 % (de 23,2 % à 17,5 %). Chez les collégiens de 4e, le tabagisme quotidien a diminué de moitié par rapport à 2014, (de 5,6 % à 2,5 %). La baisse est d’une importance similaire chez ceux de 3e (de 12,3 % à 6,5 %). Pour expliquer ces bons chiffres, Julien Morel d’Arleux, le directeur de l’OFDT, met en avant « une politique publique cohérente et continue de lutte contre le tabagisme depuis une vingtaine d’années », avec notamment l’interdiction de fumer dans les bars et restaurants, l’interdiction de la vente aux mineurs, l’instauration du paquet neutre… « L’image du rebelle, cette façon de s’affirmer à travers le tabac est en train de s’estomper », ajoute Stanislas Spilka, le responsable du pôle enquête et analyse statistique à l’OFDT. Baisse moins nette pour le cannabis, e-cigarette en hausse Les chiffres du cannabis sont aussi en baisse, mais de façon un peu moins nette. Un tiers des lycéens l’a déjà expérimenté. Ils étaient 44 %, il y a trois ans. Le nombre d’usagers réguliers (au moins dix usages dans le mois) est en très légère baisse : 6,2 % des lycéens en 2018, contre 7,7 % en 2015. Lire aussi : Quelles vérités derrière les statistiques sur la consommation de drogues ? Phénomène notable, l’expérimentation de la cigarette électronique enregistre une forte hausse de 17 points. En 2018, un lycéen sur deux (52,1 %) a déjà vapoté au moins une fois, contre un tiers (35,1 %) d’entre eux en 2015. « L’expérimentation et la pratique du vapotage se développent nettement parmi des adolescents qui ne fument pas ou n’ont même jamais fumé de tabac », relèvent les auteurs de l’étude, qui s’interrogent « sur les motivations de l’utilisation de la cigarette électronique en population adolescente qui ne semble pas résulter d’une volonté de sevrage tabagique ». L’OFDT ne relève cependant pas d’usage régulier de l’e-cigarette chez les adolescents, seuls 16 % déclarant en avoir fait usage au cours du mois écoulé. Pas de rejet de l’alcool L’évolution du rapport à l’alcool est plus nuancée. La consommation du premier verre d’alcool, bien souvent du cidre ou du champagne lors d’une fête familiale, a lieu à un âge un peu plus avancé qu’il y a quelques années. En 2018, 44 % des élèves de 6e disent avoir déjà bu de l’alcool. Ils étaient 49 % en 2014, et 59,3 % en 2010. Une proportion d’une classe d’âge importante qui va très vite grimper au cours des années « collège » : plus de trois quarts des élèves de 3e (75,3 %) disent avoir déjà goûté une boisson alcoolisée. L’expérimentation de l’ivresse au collège enregistre un « recul significatif », 9,3 % des collégiens en ayant connu une en 2018, contre 13,4 % en 2014. Un bon chiffre qu’il faut toutefois nuancer tant les ivresses augmentent fortement entre le collège et le lycée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’alcool et les jeunes, un cocktail à risques Un lycéen sur deux (49,5 %) dit avoir déjà été ivre. Et un élève de terminale sur deux (52,2 %) dit avoir bu au moins cinq verres d’alcool lors d’une même occasion au cours du mois précédent le questionnaire, contre un sur trois (36,4 %) de 2de. L’année du bac, un quart des adolescents (24,4 %) disent avoir consommé au moins dix fois de l’alcool au cours des trente jours qui ont précédé. « S’il y a une vraie volonté de lutte contre le tabagisme depuis vingt ans, sur l’alcool, c’est plus ambigu, relève Stanislas Spilka. Il y a une image dégradée du tabac, mais il n’y a pas de rejet de l’alcool. » Aucune difficulté d’approvisionnement L’OFDT relève, enfin, qu’en dépit de l’interdiction de la vente de tabac et d’alcool aux mineurs, ceux-ci n’ont aucune difficulté à s’approvisionner de façon légale ; 77 % des lycéens – en majorité encore âgés de moins de 18 ans – fumant quotidiennement achètent personnellement leurs cigarettes « presque toujours » ou « souvent » chez un buraliste. « L’approvisionnement en alcool s’opère avec la même facilité », relève l’OFDT : 40,6 % des lycéens ayant bu de l’alcool disent avoir acheté des boissons alcoolisées dans un magasin, et 56,9 % d’entre eux ont consommé de l’alcool dans un bar, un restaurant ou une discothèque.
Si la plupart des collégiens n’ont jamais tiré sur une cigarette à leur arrivée en 6e, ils sont 37,5 % à l’avoir expérimentée en 3e.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/06/11/baisse-du-nombre-de-fumeurs-au-college-et-au-lycee-selon-une-etude_5474728_1651302.html
mlsum-fr-308
Le président du Parlement européen, David Sassoli, le 12 septembre, à Bruxelles. JOHN THYS / AFP Ancien journaliste, élu eurodéputé du Parti démocrate italien en 2009, David Sassoli, 63 ans, est devenu président du Parlement de Strasbourg en juillet. Il affirme vouloir renforcer le rôle de son assemblée face aux autres institutions de l’Union. Approuvez-vous l’intitulé du portefeuille sur « la protection de notre mode de vie européen » de la future Commission, qui est proposé à Margaritis Schinas et fait polémique ? J’ai eu une récente discussion avec Ursula von der Leyen sur ce sujet. Je crois qu’elle songe vraiment aux valeurs évoquées dans l’article 2 du traité de l’Union : dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, Etat de droit, respect des droits de l’homme, y compris des droits des minorités, etc. Le lien qu’elle a établi entre la migration et la « protection » n’était toutefois pas clair. Elle devrait, selon moi, réfléchir à une façon de mieux intégrer ces valeurs dans la définition du portefeuille du futur commissaire. Les thèmes de la recherche, de la culture, de la jeunesse devraient aussi être mis en évidence. Et le portefeuille du commissaire au travail aurait besoin d’être mieux défini autour des thèmes de l’Europe sociale. Certains groupes et élus proposent d’enlever l’idée de « protection »… La « protection » doit en tout cas concerner tous ceux qui vivent en Europe. Européens et non-Européens. Mme von der Leyen a-t-elle, selon vous, voulu faire un geste adressé à Budapest ou à Varsovie ? On a un peu oublié les conditions de la campagne électorale avant le scrutin de mai. Des forces politiques voulaient clairement l’utiliser pour détruire le système. Je crois que Mme von der Leyen a été fidèle à l’esprit du camp pro-européen. L’un des principaux engagements de la future Commission concerne l’environnement, mais on n’y retrouve aucun commissaire Vert… Beaucoup d’idées des Verts ont été reprises dans la déclaration de Mme von der Leyen, comme celle, partagée par le Parlement, de travailler pour la diminution des émissions de CO 2 de 55 % d’ici à 2030. Le mode de désignation des commissaires attribue un rôle-clé aux gouvernements nationaux et peu d’écologistes y sont actuellement représentés, mais il est positif que le portefeuille de l’environnement ait été donné à une commissaire proche des Verts, Virginijus Sinkevicius. Et le Parlement vient de proposer une conférence climatique à haut niveau qui se tiendra en 2020 pour lancer un signal fort. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Commission européenne : Ursula von der Leyen, entre équilibre et équilibrisme Comment se présente à vos yeux cette législature, qu’Ursula von der Leyen dit « géopolitique » ?
Le président italien du Parlement européen demande une clarification à la future présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur la migration.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/19/david-sassoli-la-protection-du-mode-de-vie-doit-aussi-concerner-les-etrangers-vivant-en-europe_5512420_3210.html
mlsum-fr-309
De gauche à droite : Jean-Louis Cousin, candidat RN aux municipales à Agde, Gilles Pennelle, délégué aux fédérations du RN, et Gérard Prato, candidat aux municipales à Frontignan, dans les locaux du RN à Béziers, en mai. RENE FERRANDO Le rideau qui se lève laisse apparaître deux portraits grandeur nature. Gérard Prato sur fond de vignes, côté droit de la vitrine. Gérard Prato face au canal de Frontignan, sur l’autre flan. Devant sa permanence de campagne, inaugurée le 28 septembre, le candidat aux élections municipales de Frontignan affiche son sourire le plus éclatant… mais aucun logo partisan. Un « Agir », tracé en bleu, blanc, rouge, laisse à peine deviner le mouvement pour lequel l’inspecteur des finances publiques se présente à la mairie de cette ville de l’Hérault de près de 23 000 habitants. A 57 ans, Gérard Prato n’est pas exempt de tout engagement. Ancien délégué départemental du Rassemblement national (RN), il est toujours conseiller régional RN d’Occitanie et siège depuis bientôt six ans au conseil municipal de Frontignan sous l’étiquette « bleu marine ». A moins de six mois du scrutin municipal, le voilà prendre ses distances avec son extrême droite d’origine. « Plus adhérent. » Et ce alors que Frontignan incarne justement l’archétype de ces villes moyennes accrochables par le parti de Marine Le Pen : une commune désindustrialisée à l’électorat anciennement ouvrier ancré plus à gauche que ses voisines, subissant la double périphérie de Sète et de Montpellier, où moins de la moitié de la population est imposable et où les fermetures en chaîne ont laissé place à un taux de chômage de plus de 12 %. Presque un copier-coller du bassin minier sous le soleil de la Méditerranée. Robert Ménard, son « exemple à suivre » Les scores parlent d’eux-mêmes : le Front national y a fini en tête à la présidentielle (51,2 %) ; même pole position aux européennes de mai (36,9 %), cette fois vingt points devant La République en marche (LRM)… Gérard Prato, encore lui, avait même bien failli ravir un siège de député en juin 2017, mais la vague macroniste avait sauvé le candidat de la majorité présidentielle, élu avec moins de trois points d’avance sur son rival frontiste. En mars 2020, le candidat Prato compte bien prendre sa revanche en s’appuyant sur deux modèles voisins : « la jurisprudence Aliot » – le député RN candidat à Perpignan ayant « jeté un pavé dans la mare » en se détachant de son étiquette – et l’écho du maire de Béziers, Robert Ménard, son « exemple à suivre » à une cinquantaine de kilomètres de là. L’équipe de campagne de Gérard Prato a bien reçu une ou deux critiques de cadres marinistes – « comme quoi on était un peu trop ménardisés » –, mais revendique tout de même l’investiture du parti lepéniste. Une marque à qui il doit tous ses mandats… mais désormais trop lourde pour briser le plafond de verre, qui l’avait stoppé à 43,1 % au second tour lors des municipales de 2014.
Pour tenter de briser le plafond de verre qui cantonnerait le Rassemblement national à la deuxième place, certains candidats aux municipales, comme Gérard Prato, optent pour une « liste d’ouverture ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/09/a-frontignan-l-extreme-droite-ne-dit-plus-son-nom_6014835_823448.html
mlsum-fr-310
France. Et avec vos Césars et vos Molières, vous prendrez bien un peu de Pégases ? Le Syndicat national du jeu vidéo (SNJV) a annoncé mercredi 5 juin la création en 2020 des « Pégases », un nouveau prix récompensant le meilleur de la production française. L’objectif de ces nouvelles récompenses est de donner ses lettres de noblesse au jeu vidéo, autant que de faire un peu de ménage dans une longue tradition française de prix différents, et souvent concurrents. Les Tilts d’or, à jamais les premiers La première récompense majeure est lancée par le magazine français pionnier du jeu vidéo, Tilt. Ces prix au prestige grandissant seront remis de 1984 à 1993. A chaque édition, un trophée est décerné au meilleur jeu dans chaque catégorie (aventure, animation, jeu de rôle, sport, etc.). Le palmarès sacre aussi bien des classiques du d’aventure jeu français des années 1980, comme L’Aigle d’or en 1984, Le Manoir de Mortvieille en 1987 et L’Arche du Captain Blood en 1988, que des succès planétaires étrangers comme The Adventure of Link en 1990, Civilization en 1991 et Street Fighter II en 1992. Les Tilts d’or, premier rendez-vous majeur de la création vidéoludique en France, sont lancés par le magazine « Tilt », puis repris par Canal+. Tilt n°85/Abandonware-magazine C’est la première tentative d’anoblissement du jeu vidéo. « Je m’étais pointé avec mon pull au lieu d’un costume cravate, je m’étais fait engueuler, tout le monde avait fait un effort sur la tenue », se souvient Emmanuel Forsans, organisateur de plusieurs prix français depuis les années 2000, et lauréat en 1987 du Tilt d’or du meilleur jeu éducatif pour Vie et mort des dinosaures. A l’époque, les créateurs venaient présenter leurs productions directement dans les locaux de la rédaction. Mais les Tilts d’or se sont professionnalisés avec le temps. A partir de 1987, ils sont co-remis par Tilt et la chaîne Canal+. En 1993, la cérémonie se tient même dans l’amphithéâtre de la Sorbonne, lors d’une Nuit des jeux vidéo de deux heures retransmise in extenso par France 3. Ce sera malheureusement leur dernière édition : pris à la gorge par de jeunes concurrents comme Consoles + et Joypad, le vétéran de la presse spécialisée cesse sa publication début 1994. Débute un long désert de plus d’une décennie sans prix français majeur. Les Milthons, une résurrection La tradition ne renaît qu’une quinzaine d’années plus tard, en 2007. En marge de feu le Festival de jeu vidéo de Montreuil, l’Agence française pour le jeu vidéo (AFJV), portail d’actualité et de bourses d’emploi créé par Emmanuel Forsans, décerne ses Milthons. En 2007, les Milthons ressuscitent l’idée de « César du jeu vidéo ». Milthon Centrés sur la production française et indépendante, ils consacrent tour à tour des jeux français audacieux comme eXperience 112, Soul Bubbles, et ColorZ, ainsi qu’en 2010 le danois Limbo, une année où les Milthons avaient voulu se positionner comme les « prix européens du jeu vidéo ». Ces prix, connus de l’industrie mais peu médiatisés, restent empreints d’un certain amateurisme. Comme le confiait à l’époque un des jurés, c’est en réalité le jeu français Heavy Rain qui avait été élu meilleur jeu de l’année en 2010, mais le trophée avait été remis au prétendant danois pour offrir une dimension plus internationale aux prix. Las, la Paris Games Week avale le Festival du jeu vidéo l’année suivante, mettant fin à ces récompenses. Les Micromania Games Awards, un prix de gros En parallèle au très artisanal Festival du jeu vidéo, l’enseigne de distribution spécialisée Micromania tient de 2006 à 2010 son Micromania Game Show, avec en marge ses récompenses, les Micromania Games Awards. « Le cinéma a ses Césars, le théâtre, ses Molières, Micromania se devait d’offrir au jeu vidéo une récompense digne de son imagination et de sa créativité », se félicite l’entreprise en 2009. En réalité, il n’y est pas question de récompenser les productions françaises ou européennes innovantes, mais les blockbusters à fort potentiel commercial comme Assassin’s Creed en 2007 ou Call of Duty : World at War en 2009. Le très éphémère « prix du jeu vidéo » Frédéric Mitterrand, Claudie Haigneré et les lauréats des prix du jeu vidéo 2012. Farida Bréchemier / MCC Jazz : Trump’s Journey n’est pas le plus connu des jeux vidéo. Mais il peut se prévaloir d’avoir été le lauréat du « prix du jeu vidéo » 2012, remis par Frédéric Mitterrand et Claudie Haigneré. Cette éphémère récompense avait été mise en place par le ministère de la culture et de la communication pour pallier la disparition des Milthons. Le lauréat devait avoir bénéficié d’une subvention du fonds d’aide au jeu vidéo ou du crédit d’impôt, écartant de fait de nombreux prétendants plus médiatiques mais autofinancés. Ce fut la première et unique édition de cette cérémonie. Récompenses entre éditeurs à la Paris Games Week Les prix Paris Games Week récompensaient les meilleurs blockbusters de l’année. Paris Games Week Dans la continuité des Micromania Games Award, à partir de 2011, la Paris Games Week délivre ses propres récompenses. L’ambitieux salon étant organisé par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), syndicat de défense des éditeurs, ce sont les blockbusters internationaux qui reçoivent les prix principaux. En 2015, il récompense ainsi Uncharted 4, la superproduction PlayStation 4 de Sony, un des membres les plus influents du syndicat. Une logique d’entre-soi a culminé cette année-là par la remise de trois trophées pour des jeux Xbox One à Jean-Claude Ghinozzi par lui-même, en sa double qualité, à l’époque, de directeur commercial et marketing de Microsoft France et de président du SELL. « Bienvenue en Union soviétique, nous sommes très heureux de recevoir ce prix, ce soir », avait-il commenté avec humour. Ce sera leur dernière année. Ping Awards, les résistants En parallèle, depuis 2013, l’AFJV d’Emmanuel Forsans et Capital Games, syndicat du jeu vidéo francilien, lancent les Ping Awards – la plus ancienne cérémonie française encore en activité. Ce sont les héritiers spirituels des Milthons. Ils récompensent exclusivement la création française, mais en prenant en compte leur stature internationale. Sont ainsi sacrés tour à tour Dishonored, Soldats inconnus : mémoires de la Grande Guerre, Life is Strange, Dishonored 2, Mario + The Lapins crétins : Kingdom Battle, et Detroid : Become Human. Leur notoriété peine à sortir du cercle de l’industrie et des passionnés, ce qui leur vaut parfois le dédain des grandes entreprises. En 2017, le jury prévoit de remettre son prix d’honneur à Yves Guillemot pour la résistance de sa société, Ubisoft, lors de la montée de Vivendi à son capital. Mais l’homme d’affaires breton ne donne pas suite. Le prix est finalement remis à un vétéran du game design, Paul Cuisset (Flashback, Moto Racer). Depuis 2013, les Ping Awards récompensent la création française. Ils seront désormais en concurrence avec les Pégases. Ping Awards Par ailleurs, la cérémonie, retransmise en direct sur Jeuxvidéo.com, se déroule à l’automne. En raison de ce calendrier, elle se heurte chaque année à un problème structurel : l’année n’étant pas finie, certains candidats à gros potentiel ne sont pas encore sortis. En 2016, les organisateurs ont décidé de passer outre en sacrant Dishonored 2, alors qu’en raison de sa sortie en novembre, celui-ci n’était pas éligible. Les Pégases, nouveaux venus et ambitieux De son côté, après plusieurs années de réflexion en interne, le SNJV – encore un autre organisme, celui chargé de la défense de la filière au niveau hexagonal – estime qu’il manque un prix créant l’unanimité autour de lui. C’est l’idée derrière les petits nouveaux, les Pégases. Comme l’explique au Monde son président, Lévan Sardjevéladzé : « On ne voulait pas quelque chose de connoté, qui puisse vieillir six mois plus tard, comme les manettes d’or ou un logo pixélisé. On voulait représenter l’élan du jeu vidéo, indépendamment de la dimension technologique. On cherchait quelque chose de classique et d’intemporel. Pégase symbolise la renommée et la création poétique, ainsi que l’innovation. » Leur originalité sera de s’appuyer non pas sur un jury, mais sur le vote d’une académie des arts et techniques du jeu vidéo constituée de plusieurs collèges de professionnels. Avec l’ambition de mettre peut-être, enfin, tout le monde d’accord. Ils ne seront pourtant pas seuls. « Eux essaient de faire le Festival de Cannes, moi les Césars », estime Emmanuel Forsans, qui compte bien continuer à remettre les Ping Awards. En 2019, leur cérémonie se tiendra d’ailleurs pour la première fois en début d’année suivante, soit au premier trimestre 2020… exactement comme les Pégases. « On sera vraiment en frontal », reconnaît-il.
Le Syndicat national du jeu vidéo a annoncé mercredi la création d’un nouveau prix se voulant prestigieux, prolongeant une longue tradition de récompenses remises en France.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/05/des-tilt-d-or-aux-pegases-l-histoire-cabossee-des-oscars-du-jeu-video-a-la-francaise_5471934_4408996.html
mlsum-fr-311
Des habitants de Rouen manifestent devant la préfecture de la Seine-Maritime, mardi 1er octobre. JULIEN PAQUIN POUR « LE MONDE » Le panache de fumée noire qui a envahi le ciel de Rouen, jeudi 26 septembre, au petit matin n’a pas fait qu’affoler les Rouennais, inquiets pour leur santé. Il a également grippé toute l’économie de la ville, et bien au-delà. Un impact que l’on commence à peine à chiffrer, trois semaines après le violent incendie à l’usine Lubrizol, classée Seveso, et chez son voisin Normandie Logistique. 700 000 litres de lait ont été jetés chaque jour jusqu’à la levée des restrictions, lundi 14 octobre Ce sont ainsi dans 216 communes touchées par les suies, de cinq départements (Seine-Maritime, Oise, Somme, Aisne, Nord), que des arrêtés préfectoraux ont, dès le 28 septembre, ordonné le confinement des bêtes, l’interdiction de toutes les récoltes (hors celles sous serres) ainsi que la collecte du lait, du miel et des œufs de poules élevées en plein air. Des mesures visant à protéger les consommateurs, lourdes de conséquences pour le secteur agricole et notamment la filière laitière : 700 000 litres de lait ont été jetés chaque jour jusqu’à la levée des restrictions, lundi 14 octobre. Face à l’urgence, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) a mis en place une avance exceptionnelle pour payer les éleveurs du lait non collecté pendant dix-huit jours. Mais si les vaches ont retrouvé leur champ mardi matin, les restrictions sur les récoltes étaient toujours en place, jeudi 17 octobre. Elles pourraient être levées d’ici la fin de la semaine. « On espère que cela va intervenir rapidement, car nous sommes toujours dans la gestion de crise ! », insiste Jérôme Auckenthaler, directeur général de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Et d’ajouter : « Nous effectuons un travail de fourmi pour évaluer les pertes au sein des filières moins structurées que la filière laitière : les maraîchers, les pisciculteurs, les arboriculteurs, les apiculteurs. » Chômage partiel et annulations Il est plus facile de chiffrer le manque à gagner pour un producteur bien installé, qui peut comparer avec l’année précédente, que pour un jeune qui débute. Et comment évaluer l’impact en termes d’image, qui pourrait affecter les ventes dans la durée ? « On a des céréales qui étaient stockées et n’ont pas été touchées par les suies. Mais, si le commanditaire dit “je ne veux pas de céréales de Seine-Maritime”, comment prend-on en compte ce préjudice ? », interroge Jérôme Auckenthaler. Le déficit d’image est aussi redouté par les professionnels de l’hôtellerie-restauration. « L’impact a été immédiat : le jour de l’incendie, on a constaté tout de suite des annulations de groupes, de conventions… Tous les bars et restaurants situés sur les quais sont restés fermés. Pour eux, c’est – 70 % de chiffre d’affaires la première semaine, et – 50 % la semaine suivante », détaille Philippe Coudy, président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) de Seine-Maritime.
Commercants et agriculteurs tentent, trois semaines après le sinistre, d’en mesurer les conséquences sur l’activité économique comme sur l’image de la région.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/17/lubrizol-l-economie-locale-fait-ses-comptes_6015858_3234.html
mlsum-fr-312
Plus de mille personnes participent chaque jour au Festival international de journalisme de Couthures-sur-Garonne. Ici, en 2018, place de la Calle, le public assiste à la pièce de théâtre « Mieux vaut en rire ». Camille Millerand pour Le Monde Pourquoi Couthures-sur-Garonne ? Un festival de journalisme dans un village du Lot-et-Garonne, à proximité de la ville de Marmande ? Cela peut paraître incongru, mais c’est justement ce qui fait l’esprit très particulier de ce festival, bien loin des rédactions parisiennes de la presse nationale. C’est dans ce village de 400 habitants que Philippe Chaffanjon, ancien directeur de France Info et directeur général adjoint de Radio France, décédé en 2013, avait acheté une maison. Et c’est là, de fil en aiguille, que le Festival international de journalisme a vu le jour en 2016. Est-ce un événement ouvert à tous ? Absolument. Le festival est même conçu pour toutes celles et tous ceux que passionnent l’actualité et l’information. Il s’agit d’un événement « grand public », absolument pas de rencontres professionnelles réservées aux journalistes. Le principe même du festival est justement de permettre aux lecteurs, auditeurs, internautes, téléspectateurs, étudiants de venir échanger avec des professionnels de l’information, sans filtre et sans tabou. D’où la multiplication de moments d’échanges, individuels ou collectifs. A Couthures, c’est le festivalier qui se trouve au cœur de l’événement. Lire aussi Au Festival international de journalisme, la confiance envers les médias en question Comment s’organiser pour venir ? L’entrée du festival est payante : il existe des passes pour un, deux ou trois jours, réservables sur le site du festival ou à acheter sur place. Le billet donne droit à une place au camping situé sur la rive de la Garonne. Il est possible de réserver une tente recyclable en carton, mais il existe aussi de nombreux gîtes et chambres d’hôtes dans la région. Marmande est à dix minutes, Bordeaux à une heure, Toulouse à une heure quarante de route, Paris à trois heures et demie de train (des navettes assurent la liaison entre la gare de Marmande et Couthures). Peut-on venir en famille ? Tout est prévu pour. L’entrée est gratuite jusqu’à l’âge de 12 ans, le site du festival est sécurisé, le festival junior accueille les 4-17 ans pour des demi-journées d’activités liées au journalisme, à la lecture et à l’écriture. On peut manger sur place – des producteurs locaux assurent la restauration des festivaliers –, faire une sieste entre deux activités sur les bords de la Garonne et même piquer une tête, puisque la rivière est exceptionnellement ouverte à la baignade, sous la surveillance de maîtres-nageurs. Billetterie et informations : https://festivalinternationaldejournalisme.com
Le Festival international de journalisme, du 12 au 14 juillet à Couthures-sur-Garonne, est un événement ouvert à tous et facile d’accès. Avec ses ateliers variés et son cadre exceptionnel, il se prête parfaitement à une sortie en famille.
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2019/06/12/festival-international-de-journalisme-mode-d-emploi_5475255_3236.html
mlsum-fr-313
La mâalema Asma Hamzaoui et son groupe exclusivement féminin. CC 2.0/YouTube Des percussions de rumba cubaine mêlées aux mélopées suaves des rythmes gnaoua. Un ensemble de notes produisant une musique étonnante, applaudie à tout rompre par les 100 000 à 150 000 spectateurs venus assister, jeudi 20 juin au soir, à l’ouverture du Festival gnaoua et musiques du monde d’Essaouira. Sur la scène installée place Moulay-Hassane, au cœur de la médina de la cité marocaine au bord de l’Atlantique, une première fusion s’opère entre le groupe Osain del Monte, venu de La Havane, et la troupe du Mâalem Hassan Boussou. Deuxième plateau, deuxième fusion, tout aussi survoltée que la première. Il s’agit de la rencontre entre le Guinéen Moh Kouyaté, jeune chanteur de jazz mandingue, et Mâalem Omar Hayat. Le maître gnaoui s’est fait remarquer avec une troupe impressionnante d’une trentaine de jeunes, tous âgés de moins 30 ans. Lire aussi Au Festival gnaoua d’Essaouira, des fusions musicales tous azimuts Cette affiche, qui a tenu le public jusque très tard dans la nuit, a sans doute été imaginée pour rappeler la démarche du festival, sa mission qui est d’assurer une relève à la musique gnaouie. Car « tous les plus grands mâalems y ont joué plusieurs fois. Et certains commencent à nous quitter », explique Karim Ziad, codirecteur artistique du festival. Et comme le veut la tradition, ces grands maîtres ont préparé la relève. Une jeune garde qui affirme vouloir rester fidèle au patrimoine. Mais les spectateurs et les amoureux du gnaoua la découvrent assoiffée de nouvelles influences. Rencontre avec trois de ces mâalems révélés lors de ce festival qui se poursuit jusqu’au dimanche 23 juin. Mâalem Houssam Gania, le guembri en héritage Il l’admet au travers d’un sourire timide. Le mâalem Houssam Gania, 23 ans et une bouille d’adolescent, porte la lourde responsabilité de faire perpétuer le prestige dont jouit sa famille, connue pour être l’une des plus emblématiques de la musique gnaoua au Maroc. Son père, Mahmoud Guinea, dont il est le benjamin, a connu ses heures de gloire dès le début des années 1980 avant de s’éteindre en 2015. Mokhtar, son oncle, maître respecté de l’art tagnaouite, multiplie les tournées à travers le monde. « Les Enfants Guinea », comme se nomme cette petite tribu de frères, cousins, petits-fils et oncles, est une confrérie à elle toute seule. Lire aussi A Essaouira, les Gnaouas rêvent de faire entrer leur musique au patrimoine mondial immatériel Houssam Gania a donc tout naturellement grandi en son sein, s’est formé à tous les secrets des lilas, les rituels ésotériques menés par les maîtres gnaoua, avant d’en prendre la succession. « Mon père m’a remis le guembri [luth, joué par le chef du clan] sur scène, donc devant tout le monde. Un fait rare. Cela donne le tournis », se souvient, ému, le jeune natif de Marrakech. Mais avant, il avait été bien préparé puisque ? dès 2012, il accompagne la troupe de feu Mahmoud Guinea à Londres, Tokyo, Amsterdam ou en Azerbaïdjan. « Houssam est ouvert sur le monde tout en s’inscrivant dans la plus pure tradition tagnaouite », estime Karim Ziad. Cette démarche éclectique s’observe dans son premier album, Mosawi Swiri, sorti en février 2019, ou son subtil jeu de guembri fusionne avec de puissantes notes de guitare électrique. Asma Hamzaoui, un vent de fraîcheur Asmaa Hamzaoui n’a pas encore acquis le titre de « mâalema », grande maîtresse de l’art gnaoua. A l’inverse de nombreux hommes de sa génération, à qui elle n’a pourtant rien à envier. Depuis 2018, date où elle a été révélée au public d’Essaouira, Asmaa Hamzaoui est « un phénomène, une révolution », pour reprendre les termes de Simo Katim, un trentenaire, fidèle spectateur du festival gnaoua. De fait, la jeune femme de 21 ans, native de Casablanca, est la seule à jouer du guembri dans cet univers très masculin. Une passion forgée au côté de son père Rachid Hamzaoui, qui lui transmet les rudiments. « Son talent et sa curiosité ont fait le reste », confie le mâalem, pas peu fier d’avoir « contribué à bousculer les codes ». Asmaa Hamzaoui fait désormais partie de la relève gnaoui, même si certains « traditionnalistes » la regardent encore un peu de travers. Qu’importe ! Après une fusion mémorable avec la chanteuse malienne Fatoumata Diawara et un album, Ouled Laghba, elle se produit en juillet au Roskilde Festival au Danemark, où là-bas aussi, elle va régaler le public de sa voix profonde et maîtrisée. « Ma musique repose sur les mêmes bases que celle des autres. La seule différence est que je joue accompagnée d’un groupe exclusivement féminin », explique l’artiste, qui refuse justement d’être perçue comme un « phénomène ». Mâalem Issam Art, la relève de Rabat Lui n’est pas un descendant de mâalem, comme la plupart des maîtres de la musique gnaoua. Dans la médina de Rabat, où il naît en 1985, la maison de ses parents est voisine d’une zaouïa, une salle où se pratiquent les rituels. Tôt, le petit Issam est attiré par les notes de guembri, le son des qraqeb, les castagnettes en métal, et la voix chaude et puissante du Mâalem Mohammed El-Asri. C’est auprès de ce dernier qu’il commence son initiation en 1994. « J’ai été formé à toutes les étapes, en commençant par la fabrication des instruments », raconte celui qui a fondé sa propre troupe après avoir fait le tour de plusieurs confréries. Celles de Rabat, bien sûr, mais aussi celles de Tanger et d’Essaouira. C’est Mâalem Hamid El-Kasri, descendant d’un ancien esclave soudanais, qui le pousse sur le devant de la scène. « Un puriste qui m’encourage à rester fidèle à l’esprit originel du gnaoua », raconte Issam Art, plutôt réticent à introduire d’autres influences musicales à son art. Un choix qui se démarque ostensiblement de la tendance générale, qui est plutôt marquée par des fusions en tout genre. Sa proposition a été applaudie par le public du festival, qu’il connaît bien, mais devant lequel il se produisait cette année pour la première fois en tant que mâalem. « Signe que le classicisme garde toute sa place. »
Garçons ou filles, ils ont été formés par les anciens pour prendre la relève de la musique traditionnelle marocaine et aussi inventer les fusions de demain.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/21/une-nouvelle-vague-de-maalems-deferle-sur-le-festival-gnaoua-d-essaouira_5479909_3212.html
mlsum-fr-314
Le 24e Salon international du livre d’Alger, début novembre 2019. AGER OUESLATI « Ce qui est génial, c’est de voir cette conscientisation accélérée chez les gens, et pas seulement à Alger ! Dans toutes les wilayas [préfectures] ». Au Salon international du livre d’Alger (SILA), un jeune militant est venu saluer Mohamed Anis Saidoun, 27 ans, en pleine dédicace d’un recueil qui publie une de ses nouvelles. Déjà primé, le jeune auteur y raconte l’histoire de deux militants algériens « blasés » par la paralysie des années Bouteflika, persuadés que rien ne bougerait, jusqu’à cette journée du 22 février, point de départ des manifestations contre le régime. Evénement culturel le plus important du pays, qui se tient jusqu’au 9 novembre à la Safex, le palais des expositions de la capitale, le SILA n’échappe pas au mouvement de contestation qui secoue l’Algérie depuis près de neuf mois. Des hommes repartent les bras chargés de sacs plastiques remplis de livres. Des cars venus d’autres régions se gardent autour du rond-point de l’entrée. Des groupes d’enfants, en blouses roses et bleues, casquettes sur la tête, marchent en rang vers le pavillon central. Le salon est une fête où les Algériens trouvent livres religieux, romans, ouvrages universitaires que la faiblesse du secteur de distribution et les restrictions d’importation ne leur permettent pas d’acheter dans leurs régions tout au long de l’année. C’est aussi la rentrée littéraire. Et aux côtés des nouveaux romans, presque une dizaine de livres sont consacrés au Hirak. Sur le stand des éditions Koukou, Bariza, 73 ans, achète le dernier roman de Mohamed Benchicou, Casa del Mouradia. « On a peur pour le pays. J’espère que les jeunes ne vont pas se taire. Et s’il faut remonter dans les montagnes comme pendant la guerre de libération, on remontera », affirme cette habitante de Constantine venue à Alger pour l’occasion. Pourquoi le choix du livre de l’ancien directeur du quotidien d’opposition Le Matin ? « Je veux savoir ce que mes compatriotes écrivent. Je cherche aussi un livre sur Abdelaziz Bouteflika qui vient de sortir », explique-t-elle. Envie et besoin de citoyenneté De l’autre côté de la table, Mohamed Mebtoul, sociologue, fondateur du département d’anthropologie de la santé à l’université d’Oran, dédicace son livre Libertés, dignité, algérianité, écrit à partir de six mois d’observation de terrain. Son livre souligne l’envie et le besoin de citoyenneté exprimés par les manifestants. Preuve en est, selon l’universitaire, l’utilisation massive du drapeau, qui l’a frappée dès le mois de février : « La mise en mouvement des drapeaux dans l’espace public représente un acte sociopolitique majeur. Il renforce la cohésion et la fraternité entre les différents manifestants. Le drapeau est plus qu’un simple objet. Le porter signifie que l’Algérie en tant que nation ne peut être privatisée, qu’elle appartient à tous les Algériens. » Sur le stand des éditions Chihab, deux hommes regardent attentivement les ouvrages Aux sources du Hirak, de Rachid Sidi Boumedine, et La Révolution du 22 février, de Mahdi Boukhalfa placés côte à côte. « On s’intéresse à ce que nos confrères ont écrit », explique Halim, sociologue comme les deux auteurs. Il repart finalement avec un livre du sociologue Nacer Djabi sur les difficultés de vivre sa citoyenneté, publié en 2006. Ce dernier vient de présenter un nouvel essai sur l’histoire des mouvements amazigh en Afrique du Nord, publié en 2018. Un ouvrage qui provoque la discussion, alors que les autorités ont arrêté et maintenu en détention provisoire plusieurs dizaines de manifestants qui portaient des drapeaux berbères depuis le mois de juin. « On sent de l’inquiétude avec l’approche de l’élection, raconte Nacer Djabi. Ceux qui ont acheté le livre m’interrogeaient sur les possibles scénarios. Ils craignent que des choses négatives n’arrivent. » Expériences de démocratie participative Quelques allées plus loin, la délégation de l’Union européenne présente l’un de ses projets de coopération, le Programme de renforcement des capacités des acteurs du développement local, qui s’appuie sur des expériences de démocratie participative dans plusieurs communes pilotes. Assise sur un tabouret, Leïla, 59 ans, salariée de la fonction publique hospitalière en France, s’interroge sur les défis de demain : « Comment amène-t-on les personnes à participer à un projet ? A participer pour de vrai ? Parce que souvent, sous couvert de démocratie participative, c’est un groupe qui décide pour les autres finalement. » Mardi 5 novembre, la visite de parlementaires algériens provoque un malaise. « Ils ne sont pas censés être au Parlement pour la loi sur les hydrocarbures ? », interroge une journaliste. « On fait notre travail, parce qu’on accepte que le salon soit un événement étatique et non lié au gouvernement, mais il ne faut pas pousser », souffle un employé, visiblement agacé par la présence de la délégation, accompagnée de caméras. La question du boycott de cet événement, organisé par l’Etat, s’est posée. « Je n’y suis pas favorable, explique Salah Badis, 25 ans, poète, auteur et traducteur. La Safex est à nous, les livres sont à nous. Des gens viennent à Alger uniquement pour le SILA, ils ont besoin de lire et d’avoir des livres. » Le jeune homme, dont le deuxième ouvrage est sorti aux éditions italiennes Al-Mutawassit, a aussi publié un texte dans l’ouvrage collectif Marcher !, réalisé sous la direction d’Amin Khan : « Je voulais parler du pouvoir des réseaux sociaux, des statuts, des punchlines, qui sont de nouveaux poèmes pour notre époque. » Il dit être mal à l’aise avec l’écriture immédiate, celle qui « pousse à analyser après seulement quelques mois ». « Le Hirak n’est pas seulement dans les foules », rappelle-t-il. Il est aussi dans les maisons, les familles, les rapports entre les citoyens et l’Etat, dans l’intimité de chacun… Le comprendre et l’écrire prendra du temps.
L’événement culturel le plus important du pays est lui aussi inspiré par le mouvement de contestation que traverse le pays depuis le mois de février.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/08/au-salon-international-du-livre-d-alger-une-rentree-litteraire-sous-le-signe-du-hirak_6018553_3212.html
mlsum-fr-315
s sexes. Le mot a longtemps senti le soufre, mais voilà qu’il s’impose, s’affiche, se revendique. Voilà que des femmes au sommet s’en réclament, comme des lycéennes, des écrivaines, des écolos, des artistes... Voilà que surgissent des grèves dites « féministes » en Espagne et en Suisse, des « marches féministes » au Pakistan et en Afrique du Sud, des rassemblements « éco-féministes » en Inde ou au Pérou, des cortèges « féministes-LGBT » lors des Marches des fiertés. Voilà que le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, se présente à la « une » du Monde comme « féministe et fier de l’être », que la ministre suédoise des affaires étrangères, Margot Wallström, développe le concept de « diplomatie féministe », en expliquant qu’il s’agit de « s’opposer à la subordination systémique et mondiale des femmes », et que le président Macron promet un « G7 féministe », du 24 au 26 août à Biarritz, car l’égalité femmes-hommes doit devenir « grande cause mondiale ». Rendez-vous au Monde Festival : Rencontre avec la féministe américaine Eve Ensler Le mot s’impose et une vague déferle, amplifiée par les réseaux sociaux qui orchestrent de nouvelles solidarités. Des femmes relèvent la tête, dénoncent, exigent, désormais impatientes, conscientes que l’instant est historique et qu’il faut le saisir. Nous sommes dans l’après-Weinstein, l’après-#metoo. Et la dynamique engendrée, malgré des résistances, ne semble pas près de faiblir. « Oui, j’ai bien dit “révolution” ! » Alors, avant d’aller rencontrer sur d’autres continents cinq combattantes de cette cause, nous avons eu envie d’interroger l’une des plus grandes actrices de l’époque – et de l’ère Weinstein –, la Britannique Emma Thompson, la seule à avoir été récompensée à la fois par l’Oscar de la meilleure actrice (Retour à Howards End, de James Ivory, en 1993) et par celui du meilleur scénario adapté (Raison et sentiments, d’Ang Lee, en 1996), et dont les personnages de femmes incarnées au cinéma (y compris celui de Late Night, de Mindy Kaling, qui sort en France le 21 août) sont d’une force étonnante. Le moins que l’on puisse dire est que le sujet lui plaisait : « Le féminisme ? C’est l’engagement fondamental de ma vie. Je suis une féministe militante, m’exprimer là-dessus est un devoir. Car ça bouge en ce moment, ça vibre, même si nous ne sommes qu’aux prémices de ce qui devrait être une révolution. Oui, j’ai bien dit “révolution” ! » Elles ne sont pas si nombreuses, les actrices à clamer aussi nettement leur engagement. Mais Emma Thompson embrasse le sujet avec fougue. Elle est là, dans un hôtel londonien, la soixantaine splendide dans une longue robe à pois, fendue sur le côté, les sandales plates argentées (« Fini, la torture des talons ! »), et elle entend prendre tout son temps pour évoquer cette cause qui lui importe depuis tant d’années.
Féministes ! (1/6). Alors que les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans ce combat à travers la planète, « Le Monde » est allé à la rencontre de six d’entre elles. En commençant par l’actrice britannique, qui appelle à une « révolution » dans les relations entre les sexes.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/19/emma-thompson-le-feminisme-comme-un-devoir_5500569_4415198.html
mlsum-fr-316
A Cannes, en 2010. La redevance audiovisuelle a rapporté 3,2 milliards d’euros nets en 2018. ERIC GAILLARD / REUTERS C’est un serpent de mer qui risque de revenir dans l’actualité. Alors qu’un rapport sur la réforme de la contribution à l’audiovisuel public émanant du ministère de la culture et de Bercy doit être remis dans les prochains jours, le devenir de la redevance audiovisuelle semble plus incertain que jamais. Le ministre de la culture, Franck Riester, a pourtant assuré à plusieurs reprises que cette taxe – mal comprise par les Français, qui souvent ne savent pas qu’elle finance France Télévisions, Radio France, Arte ou France Médias Monde (France 24, RFI…) – serait pérennisée. Mais sa réforme prend l’allure d’un casse-tête. Aujourd’hui, sa perception auprès de 28 millions de foyers est couplée à celle de la taxe d’habitation : les deux impôts figurent sur un même avis envoyé chaque année à l’automne, et payable avant la mi-novembre. Ce mode de collecte avait été choisi afin de réduire le coût de perception et de toucher un maximum de foyers. Montant en fonction de la taille du foyer fiscal Mais la taxe d’habitation, supprimée par tiers depuis 2018, doit disparaître totalement l’an prochain pour 80 % des Français, et d’ici 2023 pour les 20 % les plus aisés. Comment, dès lors, préserver la perception de la redevance sans faire exploser son coût ? Parmi les pistes de réflexion, le gouvernement songe à adosser cette taxe à l’impôt sur le revenu. Problème : moins de la moitié des foyers fiscaux y est assujettie. En outre, au sein d’un même foyer, les individus – des concubins, des colocataires, etc. – peuvent déclarer séparément leurs revenus. Le rapport, qui devait à l’origine être rendu le 30 juin, doit proposer des pistes évitant cette double taxation, et tous les effets de bords qui pourraient naître de la réforme. « On n’a aucun projet de moduler le paiement de la redevance en fonction de la composition de la famille » Enfin, le gouvernement ne profiterait-il pas de cette réforme pour modifier le mode de calcul de la redevance, en fixant par exemple son montant – aujourd’hui de 139 euros par an, et de 138 euros en 2020 – en fonction de la taille du foyer fiscal (célibataire ou avec enfants) ? Politiquement explosive, cette piste, évoquée par Le Figaro du 6 novembre, a été démentie par le premier ministre, Edouard Philippe, mercredi soir. « On n’a aucun projet de moduler le paiement de la redevance en fonction de la composition de la famille », a indiqué le premier ministre sur BFM-TV. Pour concocter cette réforme, Bercy et le ministère de la culture regardent ce qui se fait à l’étranger. En Allemagne, tous les foyers sont taxés, même ceux qui ne possèdent pas de téléviseur. Une source d’inspiration pour tous ceux – plusieurs rapports du Sénat ont plaidé en ce sens – qui militent depuis longtemps pour l’élargissement de cet impôt au-delà des propriétaires de petit écran, un média qui perd du terrain face aux tablettes et autres smartphones. En Suède, l’impôt est proportionnel aux revenus, et en Italie, il est associé à la facture d’électricité.
La perception de la taxe qui finance l’audiovisuel public était couplée à la taxe d’habitation, appelée à disparaître progressivement d’ici 2023.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/07/avec-la-fin-de-la-taxe-d-habitation-incertitudes-sur-l-avenir-de-la-redevance-audiovisuelle_6018294_823448.html
mlsum-fr-317
Au lycée Janson-de-Sailly, à Paris, pendant l’épreuve de philosophie, le 17 juin. DOMINIQUE FAGET / AFP « La dernière ligne droite… » : il n’est pas sûr que l’expression survive à la réforme du baccalauréat. A la même date dans deux ans, ce n’est pas une semaine d’épreuves qui attendra les candidats de la session 2021, la première du bac « nouvelle formule » promis par le candidat Macron. Arrivés en juin, pour valider le précieux sésame, les lycéens de terminale n’auront plus qu’à réussir l’écrit de philosophie – épreuve maintenue pour tous les candidats de la voie générale et technologique – et un « grand oral » de trente minutes (échanges avec le jury compris). Ces deux épreuves, les lycéens les aborderont avec 80 % du stress (et 80 % de la note globale) « déjà derrière eux », disent les professeurs. L’évaluation en contrôle continu introduite par la réforme (à hauteur de 40 % de la note finale) ne compte pas que des défenseurs chez les enseignants : beaucoup mettent en garde contre la complexité de sa mise en œuvre. Beaucoup, aussi, pronostiquent l’explosion du nombre d’épreuves organisées en cours d’année, à raison d’une session en classe de première et de deux sessions en terminale. « A mille lieues du choc de simplification promis par le tandem Macron-Blanquer », glisse le proviseur d’un grand lycée parisien. Des écrits anticipés en mars Il n’empêche : quitte à bouleverser l’architecture de l’examen bicentenaire, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de la logique et caler le calendrier de toutes les épreuves sur celui de la plate-forme d’orientation Parcoursup ? C’est la direction déjà prise, semble-t-il, pour les deux écrits des enseignements de spécialité : ceux-ci devraient être anticipés au mois de mars en terminale pour peser dans l’affectation vers le supérieur. C’est, en tout cas, ce qu’a proposé le ministère de l’éducation aux syndicats d’enseignants, fin mai. Dans ce scénario, une partie du contrôle continu serait, à l’inverse, reportée au troisième trimestre. « La logique de la réforme n’a jamais été de faire disparaître les épreuves terminales », explique l’universitaire Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, dont le rapport « Baccalauréat 2021 », remis il y a dix-huit mois, a servi de colonne vertébrale à la réforme lancée par le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer. « Dès les premières discussions avec Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer, il a été acté la nécessité de maintenir ce qui passe pour la garantie du caractère national du baccalauréat », explique-t-il. Un baccalauréat « modèle » N’en déplaise à ceux qui estiment l’examen démodé, le bac à la française, avec ses épreuves standardisées externes aux établissements scolaires, fait en effet plutôt figure de modèle. Depuis quinze ans, ce type de certification est « devenu dominant dans les pays de l’OCDE, sous la pression des universités, des entreprises mais aussi des familles », explique la sociologue Nathalie Mons. Certains pays continuent de s’en passer (à l’image des Etats-Unis ou du Japon) ; beaucoup l’ont adopté et adapté à leur culture scolaire (comme la Norvège, l’Autriche ou la Belgique francophone). « Aucun pays n’a fait le choix de supprimer les épreuves finales, reprend Nathalie Mons. S’aventurer sur ce terrain-là reviendrait à aller à contre-courant de la tendance générale. » D’autant que la recherche a démontré les effets bénéfiques du baccalauréat sur les apprentissages, dès lors que les épreuves sont passées dans un cadre large et réglementé, et qu’elles portent sur des compétences complexes. Elles peuvent même diminuer « significativement » les inégalités sociales à l’école, peut-on lire dans un dossier que le Conseil national d’évaluation du système scolaire (le Cnesco, que Mme Mons préside) a consacré au sujet en juin 2016. A l’époque, le quinquennat de François Hollande touchait quasi à sa fin, sans que le chantier explosif du baccalauréat ait été ouvert. Tout juste Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’éducation, avait-elle glissé au terme de la session 2016 du bac qu’il faudrait « un jour » procéder à un « toilettage » de l’examen. Avant elle, Vincent Peillon avait réussi le tour de force d’écrire une loi d’orientation et de programmation sur l’école (2013) en omettant le sujet. Stratégie et « recette » Jean-Michel Blanquer a rompu avec la stratégie de ses prédécesseurs en faisant de ce nouveau bac, inscrit parmi les engagements présidentiels de La République en marche, un enjeu de tout début de quinquennat. Sur le fond, en revanche, il n’a rien inventé : réduire (à quatre ou cinq) le nombre d’épreuves terminales pour augmenter la part de contrôle continu était déjà peu ou prou la « recette » de Xavier Darcos (ministre de l’éducation de 2007 à 2009) et, avant lui, de François Fillon (2004-2005). Eux aussi avaient rêvé d’un lycée construit autour de « majeures » et de « mineures », dépassant la logique des séries (L, S et ES). Un vent de contestation avait eu raison de leur projet. « Sans doute que l’opinion publique n’était pas prête », souffle un proche de l’actuel ministre de l’éducation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La réforme du lycée professionnel vide les enseignements de leur richesse » Si l’opinion publique a fini par se laisser convaincre – au moins en partie – de la nécessité de réformer un examen coûteux, chronophage et complexe, dont la « valeur symbolique » est saluée mais la « valeur réelle » sujette à discussion, elle n’est pas prête à voir l’année de terminale s’achever au printemps. C’est aussi pour cette raison que la suppression des épreuves finales ne semble pas une option valable pour bon nombre d’observateurs de l’école. « On ne peut quand même pas lâcher dans la nature, fin mars, 650 000 lycéens de terminale », fait valoir Martin Andler. Ce mathématicien a cosigné, en 2016, une note du think tank Terra Nova intitulée « Comment sauver le bac ? ». Il y défendait, entre autres, la validation des acquis en cours de scolarité, adossée à deux journées d’épreuves seulement, une en classe de première et une autre en terminale. La réforme actuelle ne va pas aussi loin.
En 2021, l’architecture de l’examen sera bouleversée, avec 40 % de contrôle continu et seulement deux épreuves en juin.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/17/coup-d-envoi-de-l-avant-dernier-bac-avant-la-reforme_5477111_4401467.html
mlsum-fr-318
en 2011. Wassima ­Al-Khatib, employée d’une entreprise publique, au Caire, le 29 avril. Elle a manifesté place Tahrir pendant trois ans. DAVID DEGNER POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Les scènes de manifestants ensanglantés, pourchassés dans les rues de Khartoum, le 3 juin, par des forces de sécurité venues démanteler leur sit-in, tournent en boucle sur le fil Twitter de la contestation soudanaise. Parmi les centaines de commentateurs désespérés de voir s’éloigner une transition démocratique négociée entre civils et militaires, des Égyptiens partagent leur amertume et leur sentiment de déjà-vu. Huit ans après la révolution du 25 janvier 2011, à laquelle l’armée et son homme fort, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, ont mis un coup d’arrêt à l’été 2013, les anciens révolutionnaires de la place Tahrir suivent, dans un mélange de pessimisme et d’espoir, les soubresauts de ce soulèvement, avec le sentiment de revivre, en spectateurs, leur propre révolution et ses errements. Courte euphorie Le 11 avril, quand les réseaux sociaux ont bruissé de la nouvelle que le président Omar Al-Bachir, au pouvoir depuis trente ans au Soudan, venait de démissionner sous la pression de la rue, Ahmed Bahgat a ouvert un nouveau compte Facebook. Jadis volubile sur le réseau social, cet Egyptien de 35 ans, ancien révolutionnaire de 2011 et commentateur à l’humour acerbe de la contre-révolution en marche dans son pays, n’avait plus posté depuis un an. Facebook avait fermé son ancien compte, sans explication. Euphorique d’assister à cette chute, épilogue de plusieurs mois de mobilisation dans ce pays riverain de l’Egypte, il écrit alors : « Le véritable printemps arabe a commencé. » « Rien ne se passera en Egypte tant qu’il n’y aura pas une étincelle en interne qui mettra le feu aux poudres. » Wassima Al-Khatib, employée « Quand c’est arrivé, ça a été pour moi comme le début de la révolution en Tunisie, en 2011. J’ai pensé que cela pourrait influer sur la situation de l’Égypte au moment même où le régime s’apprêtait à changer la Constitution afin d’assurer le maintien au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi jusqu’en 2030 », commentait le chargé de ressources humaines, marié et père de deux enfants, rencontré fin avril autour d’un thé dans le quartier d’Héliopolis, au Caire. L’annonce, un mois plus tôt, qu’Abdelaziz Bouteflika avait renoncé à la présidence algérienne, face à la contestation contre sa candidature à un cinquième mandat, confortait son optimisme. L’euphorie d’Ahmed Bahgat a été de courte durée. Après trois jours d’un référendum vécu dans la plus grande apathie par les Égyptiens, du 22 au 24 avril, la réforme de la Constitution est passée sans que personne ne s’en émeuve. Alors que l’Algérie et le Soudan venaient de donner un sérieux coup de griffe à la figure du président à vie, l’Egypte soldait, dans l’indifférence, les derniers acquis de la révolution du 25 janvier 2011 et liait, pour de longues années encore, son destin à celui de l’ancien homme fort de l’armée, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, président depuis 2014.
Alors qu’au Soudan l’armée réprime les manifestants, de l’autre côté de la frontière, des Egyptiens retiennent leur souffle. Anciens de la place Tahrir, eux aussi ont cru changer le cours de leur histoire en 2011.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/07/des-anciens-de-la-place-tahrir-entre-espoir-et-inquietude-face-au-printemps-soudanais_5473103_4500055.html
mlsum-fr-319
Pour Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, l’argent des baisses d’impôts prévues dans le projet de loi de finances pour 2020 « pourrait permettre de répondre à des besoins sociaux concrets ». Pour l’exécutif et la majorité, le budget 2020 est celui du pouvoir d’achat. Faut-il y voir un « virage social » après la crise des « gilets jaunes » ? Ce budget n’a rien de social, car il n’est pas tourné vers des réponses aux besoins sociaux. A part dans le domaine de la santé, avec le reste à charge zéro sur les soins dentaires et l’optique. En masse, la structure de dépense du budget de l’Etat (près de 400 milliards d’euros) nourrit un modèle social français plutôt plus performant que celui des autres pays (qualité des soins, de l’éducation, des transports, etc.). Mais, même si ce modèle fonctionne bien, il reste des champs avec des besoins considérables, comme la transition écologique ou l’éducation – le dédoublement de classes de CP et de CE1, par exemple, aurait pu encore être élargi. A cette aune, le budget 2020 est d’abord militaire : le ministère des armées est l’un des ministères dont les crédits augmentent le plus (+ 1,7 milliard d’euros, soit un peu plus de 2 % avec l’inflation). Le budget de l’éducation nationale, lui, va quasiment stagner, si l’on tient compte de l’inflation. L’orientation centrale de la France aujourd’hui, c’est son armée, pas son école ! Autrement dit, il n’y a pas de volonté forte d’amener le pays vers la transition écologique ou vers une société des savoirs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Impôt sur le revenu, taxe d’habitation, fiscalité verte… Les principales mesures du budget 2020 Pourtant, l’impôt sur le revenu va baisser de 5 milliards d’euros en 2020 pour 17 millions de ménages… Cette baisse d’impôts contraint complètement les marges d’investissement budgétaire qui pourraient permettre de répondre à des besoins sociaux concrets. II y a un décalage entre le discours et les pratiques budgétaires. Ce n’est pas récent. Cela fait vingt ans qu’en France les gouvernements se coupent de marges de manœuvre d’action publique. C’était déjà le cas sous Jospin-Fabius au début des années 2000, dans un contexte de très forte reprise économique, avec la « cagnotte fiscale ». Au lieu d’utiliser des moyens pour moderniser la France, Laurent Fabius [ministre de l’économie et des finances du gouvernement Jospin] avait dit : « La gauche ne risque pas d’être battue par la droite, mais elle risque d’être battue par les impôts et les charges. » Il a baissé les impôts, et Jospin a été éliminé au premier tour de l’élection présidentielle de 2002. La majorité actuelle n’a pas retenu les leçons économiques et fiscales.
Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, critique le budget préparé par l’exécutif, regrettant le manque de réponses aux besoins sociaux.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/27/budget-2020-il-n-y-a-pas-de-volonte-forte-d-amener-le-pays-vers-la-transition-ecologique-ou-vers-une-societe-des-savoirs_6013342_823448.html
mlsum-fr-320
Pochette de l’album « Two Hands » du groupe américain Big Thief. 4AD / BEGGARS LA LISTE DE LA MATINALE Chaque fin de mois, nous revenons sur quelques albums récents qui ont reçu un accueil positif des critiques de la rubrique musiques du Monde. Au programme : le retour d’Alain Souchon, l’album posthume de Rachid Taha, le groupe rock Big Thief… « Ame fifties », d’Alain Souchon Pochette de l’album « Ame fifties », d’Alain Souchon. PARLOPHONE/WARNER MUSIC Dix chansons pour retrouver avec plaisir le sens de la phrase juste, du mot exact, qui caractérisent Alain Souchon. Auteur unique de sept d’entre elles dans ce nouvel album Ame fifties, il a trouvé aussi dans la collaboration avec Edouard Baer pour Presque et David McNeil pour Debussy Gabriel Fauré d’exacts compagnons d’écriture et emprunte, à mi-parcours, quelques vers d’un poème de Ronsard pour la chanson Ronsard Alabama. Joliment ouvragées, les chansons de Souchon évoquent des souvenirs d’enfance et d’adolescence des années 1950 (Ame fifties) et 1960, lors d’un séjour en Angleterre (On s’ramène les cheveux), l’émoi amoureux à plusieurs reprises (Presque, aux atours pop, Irène, musique de l’ami Laurent Voulzy, en ambiance un peu country, On s’aimait), et notre monde et ses questions sociales par quelques phrases, sans slogan (Ici et là, Un terrain en pente). Aux musiques toute d’évidence mélodique, Souchon, et pour certaines, ses fils Pierre et Charles (dit Ours) et Voulzy donc. S. Si. « Ame fifties », 1 CD Parlophone/Warner Music (sortie le 18 octobre). « Wave », de Patrick Watson Pochette de l’album « Wave », de Patrick Watson. DOMINO/PIAS Départ des batteur (Robbie Kuster) et guitariste (Simon Angell) qui, depuis leur rencontre avec Patrick Watson à l’école de jazz, avaient construit avec lui une complicité instrumentale unique ; séparation avec la mère de ses enfants ; maladie et mort de sa maman… Si une « vague » d’événements a submergé la vie du musicien canadien avant l’enregistrement de Wave, les frémissantes chansons de ce sixième album évoquent moins la puissance dévastatrice d’une tempête, que l’étrange calme qui la suit. Quelle plus belle voix que celle de Patrick Watson pour évoquer ce flottement existentiel et transcender l’onde de ces chagrins ? Depuis ses débuts phonographiques, au début des années 2000, ce cousin de Thom Yorke et Jeff Buckley envoûte en cernant ses émotions par la grâce d’un falsetto en apesanteur, tutoyant autant les fantômes que les anges. On retrouve dans Wave cet art hanté et sacré de la mélancolie suspendue, guidé par un piano et des arrangements, mêlant jeu impressionniste et entêtantes trouvailles mélodiques. Stéphane Davet « Wave », 1 CD Domino/PIAS (sortie le 18 octobre). « Je suis Africain », de Rachid Taha Pochette de l’album « Je suis africain », de Rachid Taha. NAÏVE/BELIEVE Nous l’aimions bien, Rachid Taha. Sa belle impertinence, ses rimes à l’endroit et ses rimes à l’envers, son côté brouillon, non conventionnel, provoc et décalé, son humour subversif et militant, son allure de punk écorché, sa manière d’être romantique. Ce onzième album solo, paru un peu plus d’un an après sa mort, dans la nuit du 11 au 12 septembre 2018, rappelle tout ce dont il était pétri. C’est un vrai condensé de ses humeurs, mentales et musicales (violons orientaux, mandole, rock’n’roll, chaâbi, sons d’Afrique et beaucoup plus encore). Conçu avec Toma Feterman (chanteur et leader du groupe La Caravane passe), un de ses potes de virées dans les nuits parisiennes, qui en a également assuré la direction artistique, écrit et chanté en arabe, en français, en anglais de cuisine, parfois mélangés, il prête à sourire, à danser (Ansit, le premier titre, a des allures de tube en puissance). Et Taha se montre franchement bouleversant quand il se « met à poil » (Striptease). Patrick Labesse « Je suis Africain », 1 CD Naïve/Believe (sortie le 20 septembre). « Two Hands », de Big Thief Décidément, la prolificité des Brooklynois Big Thief contraste avec le tempo modéré de leurs douces chansons – à peine six mois séparent Two Hands de son prédécesseur, le déjà encensé U.F.O.F. En l’espace de trois ans, après quatre albums et une tournée jusqu’ici ininterrompue, la formation emmenée par la captivante Adrianne Lenker (28 ans, chant et guitare), Buck Meek (guitare), Max Oleartchik (basse) et James Krivchenia (batterie) s’impose désormais parmi les plus excitantes de la scène folk rock indépendante. Si les titres de U.F.O.F. et Two Hands ont été composés au cours de la même période, la méthode d’enregistrement et l’environnement diffèrent sensiblement : à rebours du premier, d’obédience acoustique et peaufiné dans un studio de Seattle (Etat de Washington), ce second acte, produit à El Paso (Texas), s’oriente délibérément vers l’aridité, l’électricité et la spontanéité. Shoulders et Not traduisent ainsi la formidable intensité scénique du groupe, tout en réactualisant la mélancolie rugueuse de Neil Young période Zuma (1975). Encore une réussite à leur actif. Franck Colombani « Two Hands », 1 CD 4AD/Beggars (sortie le 11 octobre. « Symphonic Tales », de Samy Thiébault Pochette de l’album « Symphonic Tales », de Samy Thiébault GAYA MUSIC/L’AUTRE DISTRIBUTION Avec son nouvel album, Symphonic Tales, le saxophoniste et compositeur Samy Thiébault trouve son inspiration du côté des musiques de l’Inde et réussit ce délicat exercice qu’est l’alliance d’une grande formation (ici l’Orchestre symphonique de Bretagne dirigé par Aurélien Azan Zielinsky) avec un ensemble de jazz (le quartette du saxophoniste avec Adrien Chicot au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Philippe Soirat à la batterie). La couleur qu’apportent cordes, flûtes, hautbois, clarinettes et cors, la présence fine des tablas (Mossin Kawa), sont valorisées par une écriture qui ne sert pas qu’à densifier la mélodie, mais vient la prolonger, par des interventions autonomes, des contre-chants. Que cela soit dans l’exposé des thèmes ou les parties solistes, principalement par Thiébault, dans l’évocation du lyrisme de John Coltrane. Sur le site de Samy Thiébault, un feuilleton en onze courtes vidéos, permet d’en savoir plus sur les différentes étapes de la conception et l’enregistrement de l’album. Sylvain Siclier « Symphonic Tales », 1 CD Gaya Music/L’Autre Distribution (sortie le 20 septembre). « Passions – Venezia 1600-1750 », par Les Cris de Paris Pochette de l’album « Passions – Venezia 1600-1750 », par Les Cris de Paris. HARMONIA MUNDI Panorama de la musique à Venise entre 1600 et 1750 sur le thème de la Croix : le principe fondateur de cet ambitieux programme pourrait passer pour l’intitulé d’une thèse de musicologie. Son illustration par une vingtaine de pièces aussi fascinantes les unes que les autres n’a, heureusement, rien de doctoral. Articulé autour de cinq versions du Crucifixus, ce parcours d’un siècle et demi de création dans un lieu historique rassemble des pages vocales (madrigaux, motets, entre autres) et des partitions instrumentales (extraites d’un opéra, d’une cantate ou d’une musique de chambre) pour décliner la « passion » au-delà des limites entre sacré et profane. La lancinante berceuse de Merula, qui ouvre le disque, en témoigne de manière exemplaire. Elle est supposée sortir de la bouche de la Vierge mais elle pourrait convenir à toutes les mères, avec parfois des accents de chanteuse populaire. D’une même puissance expressive, les autres œuvres en imposent également par leur humanité. Certains compositeurs (Cavalli, Lotti) ont l’allégresse communicative et d’autres (Monteverdi, Legrenzi), la déploration fusionnelle. Geoffroy Jourdain les défend tous avec l’engagement et la dévotion d’un croisé. Pierre Gervasoni « Passions – Venezia 1600-1750 », 1 CD Harmonia Mundi (sortie le 20 septembre). « L’Impatiente », de Joseph Haydn par le Concert de la Loge Pochette de l’album « L’Impatiente », de Joseph Haydn, par Le Concert de la Loge. APARTÉ On chercherait en vain dans le catalogue de Joseph Haydn une symphonie surnommée L’Impatiente. Elle concrétise toutefois le quatrième volet de l’intégrale des symphonies dites « parisiennes » du compositeur viennois que Le Concert de la Loge réalise depuis 2016. A la différence des trois symphonies déjà enregistrées (La Reine, La Poule et L’Ours), la 87e était dépourvue d’accroche imagée. Julien Chauvin (violon et direction) lui en a trouvé une à partir des propositions adressées par le public après l’exécution de l’œuvre en tournée. « Impatiente » avec éclat, au vu de son alerte premier mouvement, la Symphonie no 87 de Haydn aurait pu être qualifiée d’« Impulsive » sur la base d’une rythmique qui démarre au quart de tour et tient magnifiquement en haleine. En complément, des scènes d’opéra permettent à la soprano Sophie Karthäuser d’enchaîner avec brio les monologues de femmes au bord de la crise de nerfs (entre autres Chimène, Eurydice et Phèdre). Pour refermer le rideau, une anonyme symphonie de Louis-Charles Ragué qui, pour ne jamais s’attarder en chemin, aurait bien mérité le surnom… d’« Impatiente ». Pierre Gervasoni « L’Impatiente », 1 CD Aparté (sortie le 4 octobre).
Le lundi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de « La Matinale » un choix de concerts, de festivals, de clips, de disques…
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/28/chanson-rock-jazz-classique-sept-sorties-d-albums-a-ne-pas-rater_6017128_3246.html
mlsum-fr-321
Pour Marc Julienne, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique et doctorant à l’Inalco (Institut national des langues et civilisations orientales), et spécialiste des politiques de sécurité et de défense en Chine, Pékin doit effectuer un « calcul coût/bénéfice » dans sa façon de répondre au mouvement de contestation qui secoue Hongkong depuis deux mois. Si ce mouvement constitue une « défiance intolérable » pour le chef du Parti, Xi Jinping, aucune solution ne permettra à Pékin de sortir gagnant, estime-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Chine dénonce une situation instable et très grave à Hongkong Pékin a adressé, mardi 6 août, son plus ferme avertissement à ce jour aux manifestants hongkongais qui défient depuis deux mois le régime communiste, les mettant en garde contre « la puissance immense » du gouvernement central. Comment analyser ces menaces ? Marc Julienne : Les déclarations des porte-parole du Bureau des affaires de Hongkong et Macao (ou HKMAO, pour Hong Kong and Macau Affairs Office, en anglais) s’inscrivent dans la continuité des propos tenus lors de la première conférence de presse du 29 juillet. Mais les mises en garde lancées contre les manifestants hongkongais ont monté d’un cran. Le HKMAO avait déjà fixé trois lignes rouges, relativement floues, qui pousseraient Pékin à prendre des mesures fermes : la mise en péril de la sécurité nationale, la défiance de l’autorité de Pékin et de la loi constitutionnelle de Hongkong, et l’utilisation de Hongkong par des forces étrangères pour nuire à la Chine. Deux de ces lignes rouges semblent aujourd’hui franchies pour Pékin. Le gouvernement central estime que les « émeutiers » s’attaquent à la Chine populaire et au principe d’« un pays, deux systèmes » en prenant pour cible les symboles de la République populaire, notamment son drapeau, qui a été décroché et jeté à la mer. Les officiels chinois ont aussi réitéré leurs accusations d’ingérences étrangères dans l’organisation des manifestations. Le discours s’est également fortement durci, appelant instamment les manifestants à « ne pas sous-estimer la ferme détermination et l’immense puissance du gouvernement central et de la population chinoise pour maintenir la prospérité et la stabilité à Hongkong et pour préserver les intérêts fondamentaux de la Chine ». Une intervention de l’armée chinoise à Hongkong est-elle toujours possible ? Une intervention par la force est de plus en plus probable. Le ministère de la défense chinois avait déjà suggéré en juillet que l’Armée populaire de libération (APL) pouvait intervenir à Hongkong, conformément aux dispositions du droit hongkongais. Il faudrait pour cela que le gouvernement de Hongkong demande le renfort de Pékin pour assurer le maintien de l’ordre. Le cas échéant, la garnison de l’APL de Hongkong, dotée de 5 000 hommes, interviendrait sous les ordres de Pékin. Ces deux dernières semaines, des signaux clairs ont été envoyés à la population hongkongaise pour convaincre de la détermination de Pékin. Le commandant de la garnison de Hongkong s’est dit prêt le 31 juillet à « protéger la souveraineté nationale, la sécurité et la prospérité » de la cité. Trois exercices antiémeute de grande envergure ont également eu lieu dans la province du Guangdong, voisine de Hongkong. Enfin, des vidéos de propagande ont été largement diffusées, montrant des simulations de manifestations violentes dont les protagonistes, en tee-shirts noirs et casques de chantier, ressemblent en tout point aux manifestants hongkongais. Lors de la conférence de presse du 6 août, le porte-parole du HKMAO, Yang Guang, a insisté sur trois points. Premièrement, l’APL, du haut de ses 92 ans d’existence, est la force la plus puissante pour sauvegarder la souveraineté nationale. Deuxièmement, l’APL exécute les ordres du gouvernement central et agit dans le strict cadre de la loi. Enfin, comme pour brouiller les pistes, Yang Guang a précisé que la police de Hongkong avait toute la capacité et toute la confiance du gouvernement central pour « mettre un terme aux émeutes et restaurer l’ordre ». Ce discours a pour objectif d’afficher le soutien sans faille de Pékin aux autorités hongkongaises afin de légitimer une éventuelle intervention chinoise, qui s’effectuerait conformément à la législation hongkongaise. Il vise aussi à dissuader les manifestants en les menaçant d’un « retour de flamme » inéluctable. D’autres scénarios d’intervention sont-ils envisageables, notamment par le biais des forces antiémeute chinoises qui se sont livrées mardi à un exercice à Shenzhen, largement médiatisé par la Chine, dans lequel les policiers s’entraînaient contre des hommes vêtus de noir et portant des casques jaunes ? Pékin dispose de diverses possibilités d’action. La plus simple serait de mobiliser les troupes de la garnison de l’APL de Hongkong en raison de la législation qui l’autorise. Toutefois, l’armée n’étant pas formée aux missions de maintien de l’ordre, faire intervenir l’APL risquerait de remuer les mauvais souvenirs de Tiananmen. Une autre option serait de faire intervenir les troupes paramilitaires de la Police armée du peuple (PAP), plus adaptées au maintien de l’ordre. Cependant, celles-ci, comme l’APL, sont placées sous l’autorité de la Commission militaire centrale, le plus haut organe militaire chinois, et leurs missions sont aussi principalement des missions de combat. Enfin, Pékin pourrait envoyer en nombre les forces antiémeute de la sécurité publique (la Police du peuple), qui ne sont pas dotées d’armement létal, pour renforcer les effectifs hongkongais. La Chine réduirait ainsi, peut-être, les critiques de la communauté internationale, par rapport à une opération militaire. Toutefois, l’intervention de forces de police « continentales » à Hongkong n’est pas prévue par la loi constitutionnelle de Hongkong. La Chine devra alors faire valoir que « le gouvernement central est responsable de la défense de la Région administrative spéciale de Hongkong », comme le prévoit l’article 14, pour justifier cette intervention. La Chine a tenu mardi 6 août un exercice réunissant 12 000 de ces policiers à Shenzhen, de l’autre côté de la frontière avec Hongkong. Quel que soit le scénario, il est aussi hautement probable que le Comité central du Parti communiste déclare l’état d’urgence à Hongkong, ou que le gouvernement hongkongais impose une interdiction de manifestation, voire un couvre-feu, en amont d’une telle opération. Ainsi, une intervention de police, avec le soutien éventuel de forces armées de garnison de Hongkong, constitue aujourd’hui un scénario plausible. Quels risques prendrait Pékin en intervenant directement dans le maintien de l’ordre à Hongkong ? Une intervention par la force serait en effet très risquée. Il y a d’abord un coût politique important. La Chine subirait une vague de critiques, voire de sanctions, de la part des démocraties occidentales. Son image en serait sérieusement égratignée, a fortiori dans un contexte international déjà tendu. Elle se trouve notamment au milieu d’une guerre commerciale avec les Etats-Unis et est accusée de violation des droits de l’homme contre la minorité ouïgoure du Xinjiang. En outre, nul ne peut anticiper les conséquences d’une telle opération. Un conflit entre la jeunesse hongkongaise et les forces de l’ordre de Chine continentale pourrait lui-même s’enliser. Cela nous amène au coût économique d’une intervention. Il existe un risque élevé de perturbation économique durable à Hongkong qui s’avérerait également néfaste pour la Chine continentale. C’est un calcul coût/bénéfice que Pékin doit effectuer dans cette crise. Aucune solution ne permettra à Pékin de sortir gagnant, il choisira donc l’option la moins mauvaise pour sauvegarder ses intérêts prioritaires. Depuis les événements de la place Tiananmen, en juin 1989, Pékin voit dans toute forme de contestation une menace pour la stabilité du Parti communiste. La République populaire est un régime léniniste qui ne souffre aucune remise en question de l’autorité et de l’idéologie du Parti. C’est pourquoi le mouvement hongkongais, qui lutte contre l’influence de Pékin et pour le développement de la démocratie, constitue une défiance intolérable pour le chef du Parti, Xi Jinping. De plus, Pékin navigue dans un contexte politique sensible. Le 1er octobre sera célébré le 70e anniversaire de la République populaire de Chine, un marqueur historique dans le « renouveau de la puissance chinoise » de Xi Jinping. Et en janvier 2020 se tiendront les élections présidentielles à Taïwan. C’est donc un contexte ambigu pour la République populaire, entre démonstration de la puissance recouvrée d’un côté, et opposition radicale au régime de l’autre, à Hongkong et Taïwan. Lire aussi la tribune : « Dans la crise à Hongkong, la Chine ne reculera pas »
Marc Julienne, chercheur spécialiste des politiques de sécurité et de défense en Chine, analyse l’avertissement lancé par les autorités chinoises aux manifestants hongkongais mardi.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/06/a-hongkong-une-intervention-par-la-force-est-de-plus-en-plus-probable_5497189_3210.html
mlsum-fr-322
Titi-Floris est spécialisée dans le transport de personnes à mobilité réduite. TITI FLORIS Créée en 2006, cette société coopérative de production (SCOP), spécialisée dans le transport de personnes à mobilité réduite, a connu un fort développement. Il s’agit de répondre à la demande d’un accompagnement personnalisé, ce qui n’est pas toujours le cas des services de transport classiques. Lire aussi Dix ans de Grands Prix de la finance solidaire Titi Floris est désormais présente sur toute la façade ouest, de Caen à Pau, à travers douze agences départementales. « Il est plus facile de répondre à une demande si l’entreprise est présente localement, surtout avec le public que nous accueillons », juge Boris Couilleau, PDG de la SCOP, qui compte aujourd’hui plus de 2 200 utilisateurs réguliers : personnes en fauteuil roulant, élèves ou adultes handicapés, malades d’Alzheimer accueillis en journée dans des structures spécialisées. Services à la personne La société a obtenu l’agrément ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale) pour son implication dans l’emploi des seniors et des personnes handicapées. Plus de deux cents salariés de Titi Floris sont en effet reconnus travailleurs handicapés, beaucoup de conducteurs ont été recrutés après avoir été licenciés par des sociétés de transport concurrentes, alors que d’autres sont en emploi-retraite. L’entreprise est aussi vigilante sur la pollution qu’entraîne son activité et renouvelle régulièrement ses véhicules, dont plus d’une trentaine sont électriques. Titi Floris étend progressivement ses domaines d’activité. Elle a créé une SCOP de services à la personne. En 2006, les deux SCOP ont emménagé dans de nouveaux locaux, à Orvault, dans la banlieue de Nantes (Loire-Atlantique), dont une partie est louée à d’autres SCOP, des associations, des structures orientées dans les services aux personnes âgées ou en situation de handicap… Des espaces de coworking et des salles destinées à la location sont aussi disponibles. Titi Floris a par ailleurs cofondé l’association Hacoopa, qui a pour objectif de créer des maisons partagées et des habitats groupés pour personnes âgées. Enfin, la société porte un projet de restaurant solidaire et inclusif, La Fraterne, qui ouvrira début 2020. Activité : Société de transport coopératif spécialisée dans les personnes à mobilité réduite Chiffre d’affaires 2018 : 22 145 779 euros Salariés : 1 046 Financeurs :Club Cigales, Crédit coopératif, Esfin, France Active, Fonds solidaires de BNP Paribas, société financière coopérative La Nef Grands Prix de la finance solidaire 2019 A l’occasion de la Semaine de la finance solidaire, qui a lieu cette année du 4 au 11 novembre, Le Monde et l’association Finansol organisent chaque année, depuis dix ans, un concours qui récompense des structures à fort impact social et ou environnemental qui ont bénéficié du soutien de la finance solidaire pour se développer. Les lauréats Prix Activités écologiques : Minéka, société de valorisation et réemploi de matériaux de construction société de valorisation et réemploi de matériaux de construction Prix Technologies et solidarités : Commown, location longue durée d’appareils électroniques écoresponsables location longue durée d’appareils électroniques écoresponsables Prix Lutte contre les exclusions : L’Atelier Remuménage, service de déménagement destiné aux populations précaires service de déménagement destiné aux populations précaires Prix Solidarité internationale : Kmerpad, production et distribution de serviettes hygiéniques réutilisables production et distribution de serviettes hygiéniques réutilisables Prix des Territoires : Titi Floris, transport de personnes à mobilité réduites Un prix spécial a été remis à L’Atelier paysan, coopérative d’autoconstruction
Cette SCOP s’est spécialisée dans le transport des personnes en situation de handicap et dans l’emploi des séniors. Elle couvre aujurd’hui 17 départements en Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine et Normandie.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/11/04/grands-prix-de-la-finance-solidaire-2019-titi-floris-laureat-du-prix-des-territoires_6018015_1657007.html
mlsum-fr-323
Le bush du nord du Kalahari, dans l’est de la Namibie, en août 2019. Chloé Sartena Pas une seule goutte d’eau depuis deux ans. Dans la région d’Omaheke, dans l’est de la Namibie, les couleurs anciennement verdoyantes du bush du nord du Kalahari n’oscillent désormais plus que du marron au jaune terne. Au sud de Buitepos, à la frontière avec le Botswana, une cinquantaine de fermiers occupent ces vallées sableuses, allouées par l’ancien occupant sud-africain. L’air est sec, le silence mortuaire. Les carcasses de bétails ont remplacé les hautes herbes argentées et les fleurs habituellement si nombreuses après les pluies de l’été austral. Thereza, 27 ans, détient avec sa mère Christina Benares, 67 ans, un campement de 300 hectares. Y errent vaches, bœufs, moutons, chèvres, ânes et chevaux. « On a perdu plus de 90 % de nos animaux », témoigne Thereza, le visage sombre. Accoudée à la clôture d’un enclos d’une quinzaine de chèvres, la jeune mère observe ses cabris encore sur pattes. Depuis quelque temps, les propriétaires ne découvrent que des os en parcourant leurs terres fantômes. Il est 10 heures tapantes. Le thermomètre, qui frôle zéro degré les nuits d’hiver, grimpe en flèche. Avec la chaleur, le cheptel sort des buissons. « Avant, les bêtes passaient une semaine sans venir, commente Christina, veuve depuis trois ans. L’assèchement des points d’eau naturels et leurs estomacs vides les poussent à se diriger vers la ferme. » « On n’a presque plus d’animaux » Herbes, feuilles… Tout a été décimé. Affamés, les animaux en viennent à manger les multiples détritus en plastique abandonnés aux pieds des broussailles. Il incombe à la famille d’acheter du fourrage et assez de pétrole pour pomper l’eau du puits. Mais les 80 euros de pension de retraite de Christina, ancienne cuisinière, permettent déjà difficilement de vivre. Et pour Thereza, infirmière de formation, il est impossible de trouver un emploi dans une région frappée par le chômage. La région d’Omaheke, dans l’est de la Namibie. Google Maps Amie de la famille, Lucie, 35 ans, allume le feu de cuisine. Au dîner, le pap (bouillie de farine de maïs) sera servi seul. La viande n’est plus un aliment journalier « On n’a presque plus d’animaux. Ils ne valent rien. Personne ne veut les acheter », soupire Christina. Il faut faire une croix sur les revenus de l’élevage, comme sur ceux de la culture. « Carottes, choux, patates : mon potager regorgeait de trésors. Les arbres offraient des mangues, des citrons », se souvient la vieille dame. La ribambelle d’enfants qui courent sous ses jupons – progéniture de certains des vingt-cinq orphelins qu’elle a pris sous son aile tout au long de sa vie – ne mange plus à sa faim chaque jour. Désemparée, la grand-mère s’entête à semer dans le sable des graines qui ne produisent que de maigres pousses. Un manque de nourriture qui leur fait presque oublier l’absence d’eau courante et d’électricité dont elles pâtissent pourtant au quotidien. Dans certaines régions, selon la météo locale, la Namibie souffre de la pire sécheresse depuis soixante à quatre-vingt-dix ans. Les autorités ont déclaré en mai l’état de catastrophe naturelle et sollicité l’aide internationale. « Les moyens de subsistance d’une majorité de Namibiens sont menacés, notamment ceux qui dépendent des activités de l’agriculture », avait alors déploré publiquement la première ministre Saara Kuugongelwa-Amadhila, tandis que son gouvernement annonçait le déblocage d’une enveloppe équivalant à 35 millions d’euros pour venir en aide aux agriculteurs et aux populations affectées par le manque de précipitations. Un village himba près des chutes d’Epupa, dans la région de Kunene, dans le nord-ouest de la Namibie, en août 2019. Chloé Sartena Mais un sentiment d’abandon unit les fermiers. « Le gouverneur nous répète sans cesse que nous devons encore patienter pour recevoir du fourrage », raconte, désœuvré, Simon Richter, 64 ans, voisin des trois femmes. « On est dans le noir complet, confirme Joseph Jagger, 27 ans. On entend à la radio que de l’herbe est acheminée dans le pays. Mais nous n’avons rien. » Dans la plaine, une dizaine de jeunes trentenaires ont fait une croix sur un métier en ville pour protéger leurs aînés. « Poussés par la faim et la soif, lions et oryx cassent nos barrières et se rapprochent », s’enflamme Joseph. Ces hommes qui survivent grâce aux pensions des retraités s’emploient surtout à des travaux de réparation. « Nous avons remis en état un puits, mais un deuxième est cassé depuis un an. Le gouvernement n’a soi-disant plus d’argent pour le réparer. Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. » Forcés d’abandonner l’élevage, ces fermiers ont besoin en urgence d’infrastructures pour se lancer dans la culture. Sans un apport technique de la part de l’Etat, ils se savent condamnés. « Toutes les rivières du nord du pays s’assèchent » A plus de 1 000 kilomètres de là, dans le creux des montagnes de la région du Kunene, les Himba, peuple éleveur de bétails semi-nomade, souffrent aussi de la sécheresse. Aux confins de la Namibie et de l’Angola, à 1 200 mètres d’altitude, se loge le village Epupa. Malgré leur proximité avec les chutes du même nom, les habitants vivent « une année particulièrement rude, affirme Fanuel Kapunda Akatunovandu, 37 ans. La rivière Kunene s’assèche, comme toutes les rivières du nord du pays. Ceux qui sont près des chutes y emmènent leur bétail. Mais, même ici, il n’y a plus assez d’herbe. » Là aussi, l’aide se fait attendre. « Seuls les fermiers à l’agriculture intensive reçoivent du fourrage. Et ils doivent glisser un petit billet en échange à la fin du mois », ironise Utjindisa Hembida Tjovijo, surnommé « James ». Les chutes d’Epupa, dans la région de Kunene, dans le nord-ouest de la Namibie, en août 2019. Chloé Sartena « Chaque foyer recevait au moins une fois par an de la nourriture. Cette année, on n’a rien eu », s’étonne Barnabas Tjindunda Kapeï, 32 ans, qui rédige des rapports sur l’état de santé de ses confrères. Des comptes rendus envoyés aux ministères de la santé et de l’égalité des genres, toujours plus nombreux au fil des mois. « Les cas de malnutrition augmentent. Des cas de famine sont à prévoir », annonce le fonctionnaire. L’urgence sanitaire rapportée au gouverneur par Ombara Hikumuine Kapika, le très influent chef du village d’Otjomazava, à une dizaine de kilomètres d’Epupa, ne suscite que peu de réactions. « Nous votons pour le parti de l’opposition et non pour le parti présidentiel. Les efforts sont concentrés dans la région centrale et du nord, où se trouve son socle électoral », suggère Kapeï avant d’évoquer des détournements d’argent récurrents. Une trentaine de femmes ont décidé de migrer vers Swakopmund, ville embrassant l’océan à 700 kilomètres au sud, pour vendre leurs bijoux sur une esplanade touristique. « Le cheptel de mes parents se réduit comme peau de chagrin. Je suis venue ici, car le marché d’Opuwo [capitale de la région] est saturé », explique Rashida, 25 ans. Elle loge dans un vaste ghetto sans eau ni électricité, à la périphérie de la ville. « Mes parents ne vendent rien, soupire-t-elle. Ils ne font que prier pour que la pluie revienne. » Chloé Sartena (Windhoek, correspondance)
Alors qu’aucune pluie n’est tombée en deux ans, les fermiers, en première ligne, attendent avec angoisse l’aide promise par le gouvernement il y a plusieurs mois.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/11/dans-l-est-de-la-namibie-une-secheresse-historique-affame-hommes-et-betes_5509118_3212.html
mlsum-fr-324
A Karen, quartier chic de Nairobi, les habitants attendent de pouvoir voter aux élections générales kényanes de mars 2013. PHIL MOORE / AFP A l’entrée de certaines rues de Karen, un tableau noir alerte les résidents sur les « affaires de voisinage » en cours. Inattendues parfois, comme ces « lionnes vues aujourd’hui à 14h10 dans l’allée, soyez prudents », inscrit par un voisin bienveillant. Le quartier, l’un des plus anciens de Nairobi, la capitale kényane, regorge d’histoires rocambolesques. Mais celles de sa faune sauvage font partie des plus extraordinaires. En 2012, des lionnes et leurs petits, échappés du parc national de Nairobi, avaient terrorisé les résidents qui n’osaient plus sortir de chez eux à la nuit tombée, l’heure de la chasse pour les fauves. Autrefois faubourg éloigné du centre, Karen s’est vu peu à peu englobé dans le « Grand Nairobi », métropole d’Afrique de l’Est en plein boom, avec plus de 5 millions d’habitants. Mais, bordé d’enclaves de nature protégée (un parc national à l’est, une forêt au nord, les collines de Ngong au sud), le quartier reste peu urbanisé, verdoyant et sauvage. Unique. Le 7 juin, des rangers récupèrent l’un des lionceaux du parc national égarés avec leur mère à Karen, quartier de Nairobi encore préservé. SIMON MAINA/AFP Nulle part ailleurs dans la capitale on ne découvre, au bout d’une allée émeraude desservant des demeures aux jardins immenses, les pâturages d’une ferme laitière ou des manèges d’entraînement pour chevaux. La ville croule sous des chantiers interminables et un trafic frénétique ? Karen respire le calme. Un détail de tuyauterie en dit long sur sa singularité : cette zone très aisée – sans être aujourd’hui la plus huppée – est le seul quartier formel à n’avoir jamais été relié au tout-à-l’égout. « Le gouvernement l’a longtemps ignoré car les gens possédaient d’immenses terrains, la densité était très basse », explique Rose Karobia, qui travaille pour l’Association des résidents. Alors les belles maisons d’inspiration anglaise ont toujours aujourd’hui leur fosse septique. « Expression de l’échelle des classes » Touristes et aventuriers de tout poil raffolent de cette enclave préservée. « Karen a cette capacité étrange à attirer des gens très différents. Des journalistes de guerre revenant de Somalie, des hommes d’affaires, des environnementalistes, des pilotes de bush aux affaires pas toujours nettes, des chasseurs de retour de Tanzanie », raconte Calvin Cottar, lui-même actif dans le tourisme et la protection de l’environnement avec un lodge très haut de gamme au Masai Mara, Cottar’s 1920s. « Et tout ce monde-là se retrouve au bar du Tali », sourit-il en citant le Talisman, un restaurant parmi les meilleurs de la ville où bat le cœur de Karen. Ce cinquantenaire blanc à la carrure imposante nous a donné rendez-vous au mythique café Karen-Blixen. Le nom de cette baronne danoise est indissociable de la mythologie du quartier : celle qui vivait à deux pas de là dans les années 1920 et dont la maison a été transformée en musée, a raconté son aventure kényane dans La Ferme africaine, roman entré dans la légende hollywoodienne lorsqu’il a été incarné en 1986 par Meryl Streep et Robert Redford dans Out of Africa, de Sydney Pollack. L’acception populaire veut que l’écrivaine ait laissé son prénom au quartier – ce que contredit le musée. Qu’importe, l’idée est belle. La maison de Karen Blixen, dans le quartier de Karen, à Nairobi. AFP Karen n’est jamais vraiment parvenu à se défaire de cet esprit suranné de l’époque coloniale. Il fut et resta longtemps le fief des anciens colons britanniques. La famille de John Githongo y acheta une maison avant l’indépendance. « Nous étions les seuls Africains à Karen, hormis les gardes et les cuisiniers », se souvient avec amusement cette figure kényane de la lutte anti-corruption. De ce point de vue, ajoute-t-il, le quartier a « énormément » changé, mais reflète aujourd’hui un autre Kenya puisqu’« une bonne part de l’élite, des politiciens – dont le vice-président William Ruto –, des avocats, des docteurs, y vivent et que le quartier est plus devenu une expression de l’échelle des classes ». Les Noirs sont désormais largement majoritaires au très sélect Karen Country Club, un lieu où, dans la plus pure tradition anglaise, on vient autant pour exercer son swing que pour siroter un whisky avec des puissants. A la vie à la mort Mais ceux qu’on appelle les Kényans blancs, et pour certains les « KC » (Kenyan Cow-boys), continuent de forger une bonne part de son identité. Une élite qui reste comme hors sol, un pied à Karen, un autre dans une ferme des alentours du mont Kenya, parfois convertie en « conservancy », (comme ces parcs naturels privés) et rallie ces deux fiefs en pilotant elle-même son petit coucou privé le week-end. Une élite née au Kenya, parlant couramment swahili, mais n’ayant, parfois, jamais pris la nationalité kényane. Heather Campbell, 90 ans, s’étonne de la question : « Pourquoi faire ? Je suis née ici et de nationalité britannique, et alors. Voter ? Je ne suis pas dans ces choses-là, moi je suis une outsider, ici et là-bas », balaye-t-elle, gardant l’œil fixé sur son magnifique jardin, vue sur les collines de Ngong. Aujourd’hui encore, les familles se connaissent toutes, les enfants grandissent dans les mêmes écoles. Il n’y en a que deux : Prembroke et Banda. « C’est vrai, cette quatrième génération de Kényans blancs continue d’être extrêmement proche. Une proximité à la vie à la mort. Cela forme une culture, une communauté », poursuit Calvin Cottar, dont l’aïeul est arrivé des Etats-Unis au tout début du XXe siècle. Une « famille élargie » qui ne se défait pas d’une réputation sulfureuse. Dans le Kenya des années 1930, un cercle de colons friands de parties fines et de paradis artificiels fit scandale jusqu’en Angleterre. Cette « tradition » de la Happy Valley, période longuement dépeinte par Joseph Kessel dans La Piste fauve, continuerait de se perpétuer à l’abri des regards, dans l’intimité de soirées privées. Lorsque survient un crime passionnel ou une fusillade, les journaux kényans comme britanniques aiment à revenir sur ces histoires romanesques à souhait, riches de tromperies, de braquages, et de colts glissés dans la ceinture. Les armes, il est vrai, semblent circuler ici encore plus qu’ailleurs. « Cette année, quand le gouvernement a obligé tous les détenteurs d’armes à renouveler leur licence, le téléphone ici n’arrêtait pas de sonner ! Ils voulaient tous savoir où il fallait aller s’enregistrer », s’amuse Rose Karobia, de l’Association des résidents. Vue aérienne du quartier de Karen, à Nairobi, prise le 1er février 2018. Thomas Mukoya/REUTERS Mais, pour cette organisation créée en 1940, il y a bien plus urgent à régler. Karen est rattrapé par le développement immobilier frénétique de Nairobi, malgré un plan d’urbanisme très protecteur. « Il y a beaucoup d’abus. Les agences para-étatiques ne respectent pas ce plan approuvé par l’Etat », s’agace cette dernière, évoquant la spéculation foncière et la corruption. En pleine nuit, il y a quelques semaines, des résidents ont entendu des bruits de pelleteuses dans la forêt protégée qui borde leur allée. « Elles étaient en train de creuser, et toutes les plaques d’immatriculation étaient cachées au sparadrap noir. Un projet immobilier était en cours, nous avons réussi à le stopper, pour le moment », ne décolère pas Romi Grammaticas, une docteure, éleveuse de vaches et de chevaux, qui habite la zone. L’avenir dira si, dans vingt ans, dix peut-être, Karen et ses mythes appartiendront au passé ou encore au présent.
Quartiers d’Afrique (13/13). Entre bush verdoyant et urbanité chic, le quartier historique de la capitale kényane regorge d’histoires rocambolesques.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/27/a-nairobi-les-rues-de-karen-se-conjuguent-au-passe-recompose_5494187_3212.html
mlsum-fr-325
« Tout le monde déteste la trêve internationale. » Le slogan ne défile pas encore au-devant de cortèges de supporters excédés, mais une simple recherche sur Twitter indique le niveau massif de cette détestation, devenue une figure obligée depuis quelques années. D’où vient tant de haine ? Une courte et pénible victoire sur penalty, contre un adversaire recroquevillé dans un stade moche : Islande-France (0-1) n’a pas contribué à apaiser ces sentiments, ni contredit l’idée que les éliminatoires (ici pour l’Euro 2020) sont une fastidieuse formalité qui ne peut réserver que de mauvaises surprises. Privés de nombreux talents (Mbappé, Pogba, Kanté, Hernandez…), les Bleus sont allés prendre trois points sans soigner leur note artistique. Griezmann et les commis d’office comme Digne, Sissoko ou Tolisso ne seront pas crédités de leur modeste (mais indispensable) victoire. En état de manque Hélas, il n’y a pas de barde pour chanter ce genre d’âpre exploit en consacrant des couplets à Andorre-France 1999 et aux déplacements bucoliques dans les îles Féroé. Au contraire, le verdict tombe : c’est « une purge », et c’est honteux. La victoire aurait dû être belle, même si le plan de jeu islandais avait pour premier objectif qu’elle ne puisse pas l’être. Le désir de football ne naît plus de l’attente et de la rareté, il est devenu un besoin assuré par perfusion. On serait de tout cœur avec les romantiques si l’on était sûr qu’ils salueraient une défaite concédée avec panache, voire pardonneraient une non-qualification à l’Euro. De toute façon, cette exaspération envers la trêve internationale n’est pas réellement liée à la qualité du jeu : il y a eu de beaux matchs ce week-end, et les compétitions de clubs infligent aussi des « purges ». D’abord, cette hostilité tient à une question de quantité, et exprime un état de manque. L’amateur de football, habitué à un flux continu de matches qui n’épargne plus aucun jour de la semaine, est soudainement sevré. Le désir de football ne naît plus de l’attente et de la rareté, il est devenu un besoin assuré par perfusion. Dévalorisation des sélections Il y entre une autre frustration : une exigence de divertissement insatisfaite, qu’est tenu de fournir le football-spectacle. Le consommateur de football réclame son dû, il en veut pour son argent – celui que le foot-biz lui ponctionne. Aussi les rencontres ternes, les contre-performances, les victoires étriquées ne sont-elles plus supportées. Le football ne peut plus être le sport des 0-0, qui fait payer de cent déceptions ses moments de grâce, il est celui de la satisfaction immédiate. Pourtant, personne ne songerait à tirer d’un indigent Manchester United-Arsenal (1-1, le 1er octobre) des généralités déplaisantes sur la Premier League. Aux sélectionneurs de se débrouiller avec des temps de préparation réduits, des internationaux plus ou moins motivés, des effectifs exténués... La détestation de la trêve est en réalité le symptôme le plus explicite de la perte de prestige du football de sélection et de l’hégémonie du football de clubs. Il s’agit bien moins de qualité objective que des statuts actuels de l’un et l’autre, résultats d’une ample et ancienne entreprise de dévalorisation des sélections. Depuis le début des années 2000, le lobbying des clubs les plus puissants a remporté des victoires concrètes. La FIFA et l’UEFA ont consenti une réduction des temps de rassemblement des sélections et des indemnités de mise à disposition des internationaux – un mécanisme de plus pour enrichir les plus riches. Spectacle premium Les clubs du Gotha européen ont aussi remporté une victoire symbolique. On retrouve aujourd’hui leurs éléments de langage : les blessures sont de la faute des équipes nationales, pas des clubs qui emmènent les joueurs en tournée estivale sur un autre continent avant de les aligner à plus de cinquante reprises dans la saison. Sergio Busquets et le trophée de la Rakuten Cup à Kobe, au Japon, le 27 juillet 2019. Kazuhiro Nogi / AFP Aux sélectionneurs de se débrouiller avec des temps de préparation réduits, des internationaux plus ou moins disponibles et motivés, des forfaits diplomatiques négociés avec les clubs, des effectifs exténués au moment des phases finales. Les sélections y ont évidemment perdu en qualité et en importance. C’était l’objectif. Le football « élitiste » encourage la relégation symbolique des équipes nationales, des compétitions « inférieures » et des clubs de second rang. Le show hollywoodien de la Premier League, de la Ligue des champions et des « classicos » nationaux impose ses standards. Aussi, détester la trêve internationale, c’est servir l’agenda des clubs riches. Ceux-ci ne cherchent pas seulement à ringardiser le football de sélection, mais aussi à s’imposer comme le seul spectacle premium digne de satisfaire les consommateurs qu’ils ont eux-mêmes formés. Et ils y parviennent. Lire aussi RMC Sport et Mediapro prêts à se disputer la Ligue des champions de football
Les matchs des équipes nationales, notamment lors des phases de qualification pour les compétitions internationales, sont souvent considérés comme des « purges ». Un symptôme de l’hégémonie des clubs, écrit notre chroniqueur Jérôme Latta.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/14/football-detester-la-treve-internationale-c-est-servir-l-agenda-des-clubs-riches_6015446_3242.html
mlsum-fr-326
« On n’a pas de quoi se flageller », a répété à plusieurs reprises Cyril Chabanier en prononçant le discours de clôture du 53e congrès confédéral, vendredi 8 novembre à Marseille. Elu jeudi soir à la présidence de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), par son conseil confédéral (avec quarante-deux voix sur quarante-sept), le président de 46 ans veut impulser un nouveau souffle pour accroître la représentativité de sa centrale. Il a mis l’accent sur sa volonté de travailler en équipe et de poursuivre la féminisation et le rajeunissement des instances de direction. La féminisation progresse lentement : sur les quinze membres du bureau confédéral, il y a désormais six femmes au lieu de trois. Par ailleurs, 50 % ont moins de 48 ans, alors que précédemment il n’y en avait qu’un (M. Chabanier). Lors de la séance de clôture, vendredi, la CFTC a accueilli Patrick Bernasconi, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui a présenté son assemblée comme « la maison de la démocratie sociale ». Il a estimé que la réforme voulue par Emmanuel Macron qui doit faire du CESE « le conseil de la participation citoyenne » était « une urgence démocratique » dont le Parlement devait se saisir au plus vite. « Les corps intermédiaires sont indispensables à la démocratie sociale », a insisté M. Bernasconi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi CFTC-CFDT, un centenaire à deux têtes M. Chabanier, qui succède à Philippe Louis, qui présidait la CFTC depuis 2011, a pris l’engagement de « rester fidèle à l’héritage » de ses prédécesseurs et de « tenir le cap – la défense des travailleurs et de leur famille, la justice et la paix sociales, l’accomplissement de la personne – et de [se] référer à la même boussole, les valeurs sociales-chrétiennes ». Mais soucieux d’adapter ces valeurs « à notre temps », il a souligné que l’« enseignement social-chrétien ne [devait] pas être une fin en soi, mais une boussole ». « Cette boussole nous permet donc de fixer un cap quand d’autres, qui en sont dépourvus ou ont perdu la leur, se voient contraintes de voguer au fil des modes, a-t-il ajouté. Une boussole qui peut être partagée par tous, croyants ou non, ce n’est pas le problème. » L’ancien délégué syndical de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) a énuméré ces valeurs fortes : « Le respect de la dignité de chaque personne, mais aussi la solidarité, la liberté, la responsabilité, la justice sociale, la participation démocratique, l’exigence d’un développement durable. »
Elu à la tête de la centrale chrétienne qui fêtait son centenaire à Marseille, son nouveau président veut impulser un nouveau souffle.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/08/cyril-chabanier-veut-developper-la-cftc-en-la-modernisant_6018529_823448.html
mlsum-fr-327
L’aviation civile est responsable de 4,9 % du réchauffement climatique, selon les calculs du GIEC. Ici, un avion quitte l’aéroport d’Ajaccio en juin 2019. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP De 1,5 à 18 euros sur un billet au départ de la France métropolitaine – sauf pour la Corse ou les départements ultramarins –, c’est le montant de l’écotaxe présentée mardi 9 juillet par la ministre des transports, Elisabeth Borne. La ministre défend sa mesure pour contrecarrer le « sentiment d’injustice chez nos concitoyens sur la fiscalité du transport aérien ». Selon les calculs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le transport aérien est « à l’origine de 4,9 % du réchauffement climatique mondial ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi « la honte de prendre l’avion » inquiète les compagnies aériennes Rapporté au montant d’un billet pour se rendre à l’autre bout de l’Europe ou du monde, cette taxe représente une faible contribution. Elle s’ajoute toutefois à d’autres taxes, comme celles destinées à financer la sécurité, l’entretien des aéroports ou les institutions du secteur de l’aviation (comme la Direction générale de l’aviation civile). En France, le montant de ces taxes est fixé annuellement par arrêté interministériel, et il est le plus souvent fixe, en fonction du besoin de financement sur chaque aéroport. Un faible effet sur les prix des billets Ce graphique en barres représente la composition de deux billets d'avion aller-retour (simulation réalisée le 10 juillet 2019 en ligne) : un Paris-Stockholm (Suède) en « classe affaire » chez Air France ; un Paris-Vancouver (Canada) en « classe économique » chez Air Transat. Dans le premier cas, l'écotaxe proposée par Elisabeth Borne s'élèverait à 9 euros, soit 1,33 % du prix total du billet. Dans le second, c'est trois euros, soit 0,66 % du total. Sources : Ministère de l'écologie , Air France, Air Transat Un montant trop faible pour avoir un effet Selon une étude publiée en octobre 2018 par la Fédération européenne pour le transport et l’environnement (une ONG basée à Bruxelles), cette taxe est trop faible pour faire atteindre 150 euros la tonne de CO 2 émise. A ce tarif – elle est aujourd’hui à un peu plus de 28 euros –, l’étude rapporte que l’on peut faire baisser de 8,9 % toutes les émissions européennes, pas simplement celles de l’aviation civile et, dans le même temps, financer les alternatives comme le train à l’échelle du continent. L’Etat estime pouvoir collecter 180 millions d’euros par an avec cette écotaxe. A titre de comparaison, le Royaume-Uni a mis en place une taxe semblable depuis 1994, dont le montant varie entre 14 et 86 euros par billet, la Air Passenger Duty, qui a permis à Londres de collecter 3,34 milliards d’euros par an, et de réduire – selon les estimations du ministère des finances britanniques – d’environ 300 000 tonnes les émissions de CO 2 chaque année en décourageant l’usage de l’avion. De la même manière, l’Autriche, la Norvège, l’Allemagne ou la Suède ont mis en place une législation semblable. En Suède, une taxe sur les billets d’avion est entrée en vigueur en avril 2018 : 60 couronnes (5,65 euros) pour un vol intérieur, 250 couronnes (23,60 euros) à destination de l’Europe, 400 couronnes (37,75 euros) pour un vol vers des destinations plus lointaines. Et, dès novembre, de la même année, les vols intérieurs ont vu une baisse de fréquentation de 188 000 passagers, soit 3 % de baisse, « ce qui suggère que la taxe fonctionne », selon le journal en ligne The Local. Les Suédois, qui prennent l’avion cinq fois plus que la moyenne mondiale, sont à l’origine du sentiment de « la honte de prendre l’avion » ou flygskam.
EN UN GRAPHIQUE – La ministre des transports, Elisabeth Borne, a annoncé la mise en place d’une « écotaxe » sur les billets d’avion plafonnée à 18 euros. Un montant trop faible pour avoir un réel effet.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/11/ecotaxe-sur-l-avion-une-goutte-d-eau-dans-le-prix-des-billets_5488274_4355770.html
mlsum-fr-328
Betterave crapaudine et pluches (si affinités). CHANG-KI-CHUNG La polysémie est source d’ambiguïté, parfois de franche confusion, voire d’incompréhension. Mais aussi source d’inspiration, pourquoi pas ? Prenons le terme de parure, qui évoque au sens propre la splendeur et l’apparat, par le biais de vêtements, bijoux et ornements divers. Au sens culinaire, le plus souvent au pluriel, les parures désignent les parties écartées lors de la préparation d’un aliment soit parce qu’elles sont non comestibles, soit parce qu’elles sont jugées indésirables pour l’apprêt en cours. Bien moins clinquantes, ces parures-là se nomment aussi rognures, pelures, épluchures et même rafraîchissures (dans le Lexique culinaire de l’école de gastronomie Ferrandi, éd. Hachette, 2015). Et finissent la plupart du temps à la poubelle, ou, avec un peu de chance, dans un bac à compost. Eloge de la chute Pourtant, il y a tout lieu de redonner un peu de noblesse et de panache à ces chutes alimentaires, surtout quand elles sont végétales. Au nom de la lutte contre le gaspillage en cuisine, d’abord – légumes et fruits figurent en tête des aliments les plus gâchés. Mais aussi par bon sens et souci d’économie : nous sommes de plus en plus nombreux à faire une place croissante au végétal dans nos assiettes, et à opter pour des produits bio ou non traités. Autant les consommer dans leur intégralité, en n’éliminant plus d’un geste machinal, par habitude, méconnaissance ou paresse, ces parures précieuses pour leurs éléments nutritifs et qui, pour l’essentiel, peuvent trouver un emploi alternatif. Côtes, pelures, feuilles, fanes, trognons et tiges, tenez-vous prêts, l’heure de la revanche a sonné : fini l’exclusion, on va vous cuisiner aux petits oignons. « Le respect du produit (…), explique Romain Meder, cela implique aussi de ne rien en gâcher, d’explorer toutes ses potentialités, au-delà des emplois habituels » Voici qu’un chef de palace nous montre le chemin, pour aller au-delà de la soupe de fanes de radis – la plus populaire des recettes antigaspi. Dans un livre qu’il présente comme une « boîte à outils », Romain Meder partage la cuisine d’instinct qu’il pratique au quotidien, apôtre de la naturalité érigée en dogme au Plaza Athénée d’Alain Ducasse, à Paris, où il officie. Approvisionné chaque jour en légumes frais et fringants issus du potager de la reine, au château de Versailles, il leur réserve le meilleur usage, à savoir le plus total. « Le respect du produit, c’est bien sûr une intransigeance sur sa qualité, sa source, sa saisonnalité, sa maturité, explique le chef. Mais cela implique aussi de ne rien en gâcher, d’explorer toutes ses potentialités, au-delà des emplois habituels. »
Légumes et fruits figurent en tête des aliments les plus gâchés. Mais l’heure de la revanche a sonné pour ces rebuts alimentaires que sont les parures ou autres pelures. Mode de réemploi avec le chef Romain Meder.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/27/cuisine-l-ecole-des-fanes_6017059_4497916.html
mlsum-fr-329
La crise de 1929 aux Etats-Unis. TOUTE L'HISTOIRE TOUTE L’HISTOIRE - JEUDI 10 OCTOBRE À 20 H 40 - DOCUMENTAIRE Personne mieux que Ken Burns ne sait montrer et expliquer l’Amérique d’hier au grand public. A travers ses séries documentaires formidablement mises en images et en sons (de la guerre de Sécession à la seconde guerre mondiale en passant par l’« âge du jazz » et la Prohibition), il reste une référence absolue. Sylvain Desmille tente, lui aussi, de raconter l’Amérique. Avec moins de moyens que Burns mais en s’appuyant également sur des documents d’archives d’une grande richesse, notamment photographiques, Desmille parvient à construire des documentaires de qualité. En 2015, My American Way of Life s’intéressait à la culture américaine depuis 1945. En 2016, My American Way of War retraçait l’histoire du pays entre 1918 et 1945. Cette fois, c’est l’Amérique des années 1930 qui est dans son viseur. Fidèle à sa trouvaille narrative, Desmille fait intervenir en voix off Jeff Stryker, personnage fictif mais qui participe de fait aux grands bouleversements de son pays. Pour évoquer les terribles conséquences de la crise de 1929, le narrateur choisit le mode intime et souligne les répercussions concrètes de la récession sur sa vie d’étudiant, puis de jeune homme marié et embauché par l’administration fédérale. Modernité des problématiques Commissionnés par la Farm Security Administration, organisme chargé de dresser un tableau de la situation des principales victimes de la Grande Dépression (des fermiers aux ouvriers en passant par les prolétaires des grandes villes), les plus grands photographes de l’époque sillonnent le pays. Les clichés de Dorothea Lange, Walker Evans, Carl Mydans, John Vachon ou Arthur Rothstein, largement exposés dans le documentaire, expliquent l’Amérique en crise mieux que de longs discours. Mais ce qui frappe dans ce programme, c’est aussi la modernité des problématiques. On y parle de spéculateurs, de faillites des banques, de crise industrielle. On évoque des fermiers ruinés, des ouvriers virés en masse, des salaires arbitrairement baissés. A cela s’ajoutent les délicates questions raciales (avec notamment des photos d’une force inouïe prises dans des bidonvilles à Washington). Sans oublier l’inquiétante popularité du national-socialisme dans certains milieux. Les images du 20 février 1939 au Madison Square Garden de New York où 20 000 sympathisants américains font le salut hitlérien constituent un moment fort de ce documentaire instructif. Une dépression américaine, de Sylvain Desmille (Fr., 2 019, 55 min). toutelhistoire.com
Le documentariste Sylvain Desmille s’inspire notamment du travail des grands photographes de l’époque pour raconter la crise de 1929.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/10/une-depression-americaine-photographies-d-un-pays-en-detresse_6014993_3246.html
mlsum-fr-330
La Néerlandaise Sherida Spitse à la lutte avec la Suédoise Lina Hurtig. C’est finalement la première qui l’a emporté, le 3 juillet à Lyon. JEAN-PIERRE CLATOT / AFP C’était hier Suède - Pays-Bas : 0-1. Elle porte le numéro 14, cher à Johan Cruyff et à n’importe quel supporteur des Pays-Bas. Mercredi soir, d’une frappe croisée, Jackie Groenen a rendu un fier service à son pays natal : son but en prolongation (99e minute) contre la Suède, l’unique du match, a offert aux Néerlandaises la première qualification de leur histoire pour la finale de la Coupe du monde. Les championnes d’Europe en titre affronteront dimanche les Etats-Unis – qualifiés depuis leur victoire de mardi sur l’Angleterre – qui, pour leur part, comptent déjà trois couronnes mondiales (dont celle de 2015, la dernière en date). Le match aura lieu au « grand stade » de Lyon, comme les demi-finales. Mais que ce fut long, mercredi soir à Lyon, pour ne pas dire franchement ennuyeux par moments ! Autant la demi-finale de mardi fut spectaculaire, autant celle de mercredi fut assoupie. Un sommet de l’ennui, même, selon certains observateurs. C’est aujourd’hui Jeudi est un jour de repos – tout comme vendredi – pour les quatre équipes qui restent encore en lice, avant de disputer, pour les unes, la « petite finale », samedi, pour les autres, la finale, dimanche. C’est dit « Je me sens profondément américaine. » C’est l’attaquante des Etats-Unis, Megan Rapinoe, qui estime nécessaire de le rappeler. « Si vous voulez parler de ce sur quoi nous [et notre pays] avons été fondés, de nos chansons et de notre hymne, je suis terriblement américaine », a dit mercredi la joueuse, qui, par ailleurs, boycotte l’hymne national pour protester contre les violences policières visant les Noirs. L’attaquante avait déjà récemment pris position contre Donald Trump en annonçant qu’elle ne se rendrait pas à la Maison Blanche en cas de titre dimanche, car, a-t-elle déclaré, le chef de l’Etat ne « se bat pas pour les mêmes choses que nous ». Forfait en demi-finales mardi contre l’Angleterre, pour cause de blessure aux ischio-jambiers, Megan Rapinoe espère maintenant être rétablie pour la finale de dimanche. Megan Rapinoe à l’échauffement, le 2 juillet à Lyon. Francisco Seco / AP C’est vu Même en l’absence de l’équipe de France, les matchs de la Coupe du monde continuent de susciter l’intérêt des téléspectateurs français. La preuve, les chiffres d’audience enregistrés mardi soir pour le match entre l’Angleterre et les Etats-Unis (le quart de finale France - Etats-Unis avait été suivi par 11,8 millions de téléspectateurs). Record d'audience historique pour un match de football féminin sans l’Équipe de France ! La demi-finale Angleterre… https://t.co/nADG6uUwab — MediaSportif (@MediaSportif) C’est noté Avec les buts qu’elles ont inscrits, mardi soir en demi-finales, l’Américaine Alex Morgan et l’Anglaise Ellen White se sont installées en tête du classement des meilleures buteuses de ce Mondial, avec six réalisations chacune. Elles devancent une autre Américaine, Megan Rapinoe, ainsi que l’Australienne Sam Kerr (cinq buts chacune).
Les Pays-Bas se sont qualifiés pour la première fois en finale, après leur victoire sur la Suède, et y retrouveront les Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/04/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-feminine-les-neerlandaises-innovent-les-americaines-attendent_5485177_3242.html
mlsum-fr-331
Peng Wan Ts dans son atelier à Paris, le 26 octobre. THOMAS FLICHE POUR "LE MONDE" Il y a dans le nouvel accrochage du Musée d’art moderne de la Ville de Paris une salle surprenante. On y découvre une vingtaine de toiles du peintre Peng Wan Ts, dont Le Banquet, qu’il a donnée au musée. Le centre de l’œuvre est occupé par une femme d’un certain âge, comme on dit, au vaste décolleté orné de deux rangées de perles. Un teckel lui lèche les seins. Elle est encadrée de deux admirateurs de son âge, chauves, gras comme elle, et hilares. Deux bouteilles, trois verres, une sorte de pâté et plusieurs couteaux sont sur la table. Un ballon de baudruche flotte à gauche. Tout cela est peint avec une précision extrême, jusqu’aux motifs floraux de la robe et du papier peint ; et une irréalité absolue puisqu’il n’y a guère que deux couleurs, un blanc qui s’assombrit jusqu’à des gris et un rouge sombre qui glisse au violet. Le cartel précise les dates : 1981-2006, vingt-cinq ans donc. « Le Banquet », 1981-2006, huile sur toile, 130 x 162 cm, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, don de l’artiste. Peng Wan Ts / Philippe Wang Lire aussi Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris offre un nouvel écrin à ses collections Des œuvres accrochées tout autour, la plus ancienne est de 1968 : une vaste surface blanche et deux têtes d’enfants dont ne se distinguent que les deux tiers supérieurs. Qui peignait ainsi en 1968 ? On ne voit pas. On ne voit pas mieux à quoi comparer, dans l’art actuel, la toile achevée cette année, L’Enfant au chat, dont le titre est trompeur car il n’y a rien de tendre dans cette jeune fille au regard suspicieux ni dans ce chat méchant. Des toiles partout Première évidence donc, Peng Wan Ts compose depuis un demi-siècle une œuvre singulière, que le monde de l’art en France n’avait jusqu’à présent guère regardée. Or, il vit à Paris depuis 1965. Il a eu un atelier à la Cité internationale des arts, quitté pour celui où il travaille depuis longtemps, dans le 13e arrondissement. Le dire encombré serait un euphémisme. Du côté de la verrière, il y a des chevalets et, sur l’un d’eux, un portrait en cours. Contre le mur, il y a un grand quadriptyque dessiné sur toile : des mécaniques démesurées, la tête d’une sorte d’ogre et, au centre, un corps masculin renversé, scène de torture ou de mort. On voit mal la partie inférieure, cachée par les toiles retournées – la plupart proprement emballées dans du papier – qui s’accumulent et réduisent considérablement les possibilités de circulation. Voir aussi Un aperçu des toiles de Peng Wan Ts exposées au Musée d’art moderne à Paris Plus tard, on s’apercevra qu’il y en a autant, sinon plus, dans la partie arrière de l’atelier, plus basse de plafond. En fait, il y en a partout, sauf là où Peng Wan Ts dispose sa collection : de petites sculptures bouddhiques polychromes, crucifix et reliquaires chrétiens, statuettes anciennes d’Asie du Sud-Est, moulage de Michel-Ange, archéologie du Moyen-Orient, masque africain. « Je suis toujours allé aux Puces. Je voulais constituer une collection universelle, pour montrer aux Chinois des œuvres originales, pas des reproductions. »
L’artiste d’origine chinoise, en France depuis 1965, accueille dans son atelier du 13e arrondissement, alors que le Musée d’art moderne de la Ville de Paris lui consacre une exposition.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/28/rencontre-avec-le-peintre-peng-wan-ts-un-ermite-a-paris_6017139_3246.html
mlsum-fr-332
Le 3 novembre 2018, la statue de bronze de Jean-Bédel Bokassa continue de veiller sur la tombe de l’ancien empereur, dans le palais de Bérengo. Gaël Grilhot C’est là, derrière de hauts murs d’enceinte gris, au milieu de bâtiments en ruines qui s’étalent sur une dizaine d’hectares, que repose aujourd’hui la dépouille de l’ancien empereur. Son tombeau y est toujours protégé par une imposante statue de bronze à son effigie. Seuls des tentes militaires et quelques bâtiments réhabilités rappellent que depuis janvier 2018, ce sont des instructeurs privés russes qui ont pris possession des lieux, pour former les Forces armées centrafricaines (FACA). L’affaire avait même provoqué une petite crise politique qui avait abouti au limogeage de l’un des fils du défunt, Jean Serge Bokassa, alors ministre de l’intérieur. Lire aussi En Centrafrique, le secteur forestier relève doucement la tête Nous sommes ici à 2 ou 3 km de la localité de Pissa, à 70 km de Bangui, en plein territoire des Mbaka, l’ethnie des Bokassa. Dans ce petit hameau, Bérengo, se trouvait la résidence personnelle du président, arrivé au pouvoir par un putsch en 1966. Une grosse exploitation agricole, dont le destin allait être d’accueillir la cour impériale de Bokassa Ier, jusqu’à la chute du dictateur il y a tout juste quarante ans, le 21 septembre 1979. « Activités subversives » En 1970, Bokassa n’est pas encore empereur, mais son pouvoir s’affermit. Il réside de plus en plus souvent dans sa résidence, à Bérengo, où il donne des fêtes et accueille les dignitaires étrangers. Dans le bâtiment principal, une jeune fille s’ennuie. Mariée de force à Jean-Bedel Bokassa, Marie-Reine Hassen a alors à peine 16 ou 17 ans : « De temps en temps, il décidait que j’allais passer une semaine ou dix jours à Bérengo, témoigne-t-elle aujourd’hui sans jamais nommer le dictateur. Je ne me sentais pas séquestrée, mais je n’étais pas libre, bien sûr. Des femmes militaires étaient là pour me surveiller. Je restais là le temps qu’il voulait, et ensuite, on me ramenait à Bangui. » A Bérengo, la vie est alors austère. « J’étais interdite de lectures, alors que j’adore lire. Je ne pouvais pas écouter la musique que je voulais. Il considérait toutes les activités culturelles comme des activités subversives. » Feignant la folie, Marie-Reine réussit à fuir la Centrafrique pour Paris quelques mois plus tard, laissant ses tristes souvenirs d’adolescente dans les couloirs du palais. Le 4 décembre 1977, Jean-Bedel Bokassa, à l’instar de Napoléon qu’il admirait, se sacre lui-même empereur de Centrafrique dans le palais de Bérengo, à 70 km de Bangui. PIERRE GUILLAUD / AFP Avec le temps, celle qui fut l’une des 18 épouses de Bokassa, se veut « objective » et reconnaît des qualités à son ancien geôlier. En Centrafrique, il n’est pas rare d’entendre vanter les mérites de cet homme qui a fini par incarner une caricature du despote africain. La nostalgie des années Bokassa résonne comme la nostalgie d’un Etat qui existait encore. « Il » était très tourné vers l’agriculture, assure Marie-Reine Hassen. Bérengo était une ferme modèle, comme il en avait développé à travers tout le pays. C’était un homme d’affaires, qui savait faire appliquer la discipline : « Personne n’osait le gruger. » Bérengo produit alors du manioc, du maïs ou encore de la coco, une feuille de liane finement hachée et mise sous sachet au sein même de ces bâtiments. Le maire actuel de Pissa, Roger Okoapenguia, est resté fidèle à « ce grand chef d’Etat ». Originaire de la région, il était étudiant à Bangui quand il a été recruté par Bokassa pour recouvrer l’ensemble des recettes de l’exploitation de Bérengo. Selon lui, le domaine rapportait alors « entre 70 et 80 millions de francs CFA par mois (260 000 à 300 000 euros). C’était une grande entreprise. Il employait des gens, il y avait des menuisiers, des maçons, des charpentiers, électriciens. Il avait transformé Bérengo en une ville. » Claquement de doigts En décembre 1976, le changement de Constitution met en place l’empire centrafricain. Le palais prend plus d’ampleur politique. Un an plus tard, après son couronnement, Bokassa Ier en fait même par décret le centre du pouvoir. Le gouvernement officiel à Bangui se double désormais d’une foule de ministres et de conseillers à Bérengo, « gouvernement impérial », aux prérogatives plus importantes. Des dizaines de véhicules, immatriculés en rouge « CI », pour « cour impériale », circulent alors dans l’enceinte. Pourtant, même du temps de sa splendeur, Bérengo n’a rien d’un château fastueux, se souvient Manoel Mageot, alors responsable des services techniques de la Télévision centrafricaine (RTCA). « Le côté bureau, très bien aménagé, était au fond de la cour, face au chalet de Bokassa, décrit-il avec précision. Au fond à droite se dressait la résidence de l’impératrice, à deux niveaux, avec des dorures. Il y avait une piscine, un studio d’enregistrement, une salle de spectacle et des petites résidences qui servaient à recevoir les invités. » Le palais est également doté d’« une piste d’atterrissage qui était très bien entretenue. Il avait son propre avion Caravelle ». Dans l’enceinte du palais de Bérengo, détail de la statue à l’effigie de Jean-Bedel Bokassa, érigée devant le tombeau de l’ancien empereur de Centrafrique, déchu le 21 septembre 1979. Siegfried Modola / REUTERS Pour son travail, le responsable de la RTCA s’est rendu à de nombreuses reprises à Bérengo, lors de célébrations, ou pour accompagner des journalistes qui venaient faire des interviews. « J’ai même accompagné Alain Duhamel et Jean-Pierre Elkabbach », se souvient-il en souriant. Les deux journalistes étaient alors venus interviewer Bokassa dans sa résidence peu avant son sacre. Mais comme le maître des lieux, le palais avait une autre facette, plus sombre et plus secrète. Faute d’avoir été un témoin direct, Marie-Reine Hassen ne souhaite pas s’exprimer sur les opposants, dont beaucoup seraient morts à Bérengo, sous la torture. « C’était dans une autre partie du palais, à laquelle je n’avais pas accès », évoque-t-elle sobrement. Mais plus le pouvoir autocratique de Bokassa se renforce, plus la réputation de Bérengo s’assombrit. Selon Henri Gouandja, alors opposant en exil à Dakar, « on racontait que l’on y jetait aux crocodiles les corps des opposants ». Avant d’ajouter : « Pour les Centrafricains, Bérengo était un lieu de fierté, mais aussi un lieu de crainte. Il représentait la puissance d’un empire respecté, mais aussi la peur. Il suffisait d’un claquement de doigts pour que votre sort soit scellé. » « Le casse des archives » Manoel est à l’époque particulièrement attentif à ces échos. Et pour cause. Il faisait alors partie d’une organisation clandestine d’opposition, mais lui agit depuis l’intérieur. « C’était une période particulièrement angoissante. A chaque fois que nous recevions la convocation pour aller à Bérengo, nous vérifiions si c’était essentiellement les membres de ce groupe qui étaient convoqués. » Avec le temps, Manoel – comme les autres témoins – estime cependant que nombre de ces rumeurs étaient infondées ou exagérées. Il remet même en cause aujourd’hui l’histoire des crocodiles. Un ancien membre de l’escorte impériale, qui préfère garder l’anonymat, appuie d’ailleurs ces doutes. « A l’époque où je travaillais pour lui, je n’ai jamais vu ça », dit-il, même s’il nuance aussitôt : « Il y avait plusieurs services, tout pouvait se passer, tout dépendait de l’humeur de l’empereur. » En août 2018, des soldats des Forces armées centrafricaines (FACA) s’entraînent dans les ruines du palais de Bérengo, devenu un camp d’entraînement. Gaël Grilhot Pour Manoel, on a délibérément voulu salir l’image de Bokassa. Celui-ci est alors décrit par la presse française comme l’« Ogre de Bérengo », et même accusé d’anthropophagie. « C’est une pure invention qui devait servir à le renverser », s’insurge-t-il, tout comme la plupart des témoins rencontrés. S’il ne nie pas la dureté d’un régime qu’il a combattu et qui a fait tuer de nombreux opposants ou supposés tels, il estime que beaucoup d’histoires ont été fabriquées de toutes pièces. Lire aussi Ces autres affaires qui ont miné des campagnes présidentielles Le palais renferme bien des secrets, que d’aucuns souhaitaient certainement ne pas voir dévoilés. Le 21 septembre 1979, immédiatement après la destitution de l’empereur, des membres de « Barracuda » (l’opération militaire française qui a suivi l’intervention « Caban ») s’y sont rendus. « Toutes les archives impériales étaient là-bas, souligne Manoel Mageot. Un jour, nous avons vu arriver à Bangui des hélicoptères avec des malles suspendues, qui venaient du palais. » Qu’y avait-il dedans ? Nul ne le sait exactement. Trois semaines plus tard, le 10 octobre, Claude Angeli révélait dans le Canard enchaîné « pourquoi Giscard a[vait] organisé le casse des archives de Bokassa », signant le début de « l’affaire des diamants ».
Quarante ans après la chute du dictateur centrafricain, le « palais impérial », qui fut le centre du pouvoir, est toujours l’objet de fantasmes.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/20/l-ombre-de-bokassa-plane-toujours-sur-les-ruines-de-berengo_6012479_3212.html
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A Kulusuk, au Groenland, le 16 août. JONATHAN NACKSTRAND / AFP Stupéfaction, haussements de sourcils inquiets, abattement. Les Danois sont passés par toutes les phases de la surprise vendredi 16 août, en découvrant l’article du quotidien américain The Wall Street Journal. Celui-ci affirmait que le président américain, Donald Trump, aurait demandé à plusieurs occasions à ses conseillers s’il serait possible d’acheter le Groenland, un territoire danois. Une information non confirmée par la Maison Blanche. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec le réchauffement, les temps changent au Groenland « Le Groenland n’est évidemment pas à vendre », a réagi de ­manière succincte le gouvernement groenlandais. L’ancien premier ministre libéral danois Lars Lokke Rasmussen a été plus imagé : c’est « un poisson d’avril avant l’heure ». Martin ­Lidegaard, ancien ministre radical danois des affaires étrangères, penche aussi pour une plaisanterie. Mais si ça ne l’est pas, cela pourrait faire courir le risque d’une militarisation du Groenland, alerte-t-il. Aaja Chemnitz Larsen, députée groenlandaise, met en garde : les inégalités ne feraient que grossir ­encore sur cette île, qui en souffre déjà beaucoup. « Je ne sais pas comment on peut, en 2019, avoir l’idée d’acheter 50 000 citoyens danois. La preuve ultime que Donald Trump est devenu fou », s’est offusqué Soren Espersen, porte-parole du parti danois d’extrême droite DF. Avant d’ajouter un peu plus tard : « C’est une façon grossière de traiter un allié fidèle et le peuple groenlandais. » Photomontages Les internautes aussi se sont emparés du sujet. « Trump veut acheter le Groenland ? Voyons voir d’abord s’il le trouve sur une carte », a écrit la comédienne américaine Bette ­Midler sur Twitter. Des photomontages ont commencé à fleurir, comme cette Trump Tower dorée au milieu d’un village inuit. Le Groenland, territoire danois depuis le XVIIIe siècle, doté d’une vaste autonomie, grand comme quatre fois la France et peuplé de 56 000 habitants, est à ce jour la seule fenêtre de l’Union européenne – à laquelle il est associé par un partenariat – sur la zone arctique. Mais géologiquement parlant, la grande île fait partie du continent américain. Selon la doctrine américaine Monroe, qui remonte à 1823, le Groenland appartient d’ailleurs à la sphère sécuritaire des Etats-Unis. En 1946, le président Harry Truman avait déjà proposé d’acheter l’île, et les Américains y entretiennent une base aérienne à Thulé, dans le Nord-Ouest. Leur intérêt s’est renforcé face au regain de militarisation de la Russie dans l’Arctique et à l’influence accrue de la Chine. Le sous-sol groenlandais est aussi censé être l’un des plus riches en terres rares, dont la Chine est aujourd’hui le plus gros producteur. Ce n’est sûrement pas un hasard du calendrier : Donald Trump doit se rendre au Danemark les 2 et 3 septembre, où il rencontrera la première ministre sociale-démocrate, Mette Frederiksen, et le chef du gouvernement, Kim Kielsen, pour parler notamment de questions arctiques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Groenland, en attendant l’indépendance
Les autorités de ce territoire autonome sous souveraineté danoise ont dû rappeler au président des Etats-Unis que les 56 000 habitants qui y vivent ne constituaient pas un bien immobilier.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/16/trump-voudrait-acheter-le-groenland-l-ile-retorque-qu-elle-n-est-pas-a-vendre_5500098_3210.html
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Stéphanie Le Quellec et Amandine Chaignot ont fait carrière dans des palaces. Chacune a ouvert son premier restaurant en octobre à Paris dans deux styles très différents. La Scène Qui ? Stéphanie Le Quellec, 37 ans, a inauguré La Scène le 9 octobre. Avant cela, elle a passé sept ans à diriger le restaurant gastronomique du palace parisien Prince de Galles, où elle a obtenu deux étoiles. Aujourd’hui, elle se lance sans investisseurs. « Je ne crois pas trop aux associations. Je n’ai pas envie qu’on m’explique que j’ai payé trois euros de trop mes filets de bar. » Stéphanie Le Quellec. Stéphane de Bourgies Où ? La Scène est située avenue Matignon, près de l’Elysée, dans un quartier très chic, où l’on croise une clientèle d’affaires. Au rez-de-chaussée, un premier espace propose de quoi grignoter. Le restaurant gastronomique est au sous-sol, éclairé par une verrière, organisé autour de la cuisine ouverte. Le lieu est luxueux (velours, cuivre, marbre), mais aussi intimiste et pas guindé. La chef veut rendre le gastro cool, « on doit pouvoir y rigoler ». Quoi ? Une carte courte construite autour de quelques plats qui vont droit au but avec des produits nobles. Stéphanie Le Quellec rejoue ses classiques, histoire de renouer avec la clientèle qui l’a accompagnée pendant ses années palace. « J’ai envie de raconter la même histoire, mais d’aller plus loin dans la simplification des assiettes et la concentration des goûts. » En entrée, le pain mi-perdu mi-soufflé déborde de caviar ; en plat, le ris de veau laqué de harissa est dodu ; en dessert, la crème brûlée est incroyablement riche en vanille. Les assiettes peuvent décontenancer par leur dépouillement et le peu d’éléments. C’est un parti pris ; la justesse des goûts et la qualité des produits sont indéniables. La crème brûlée à la vanille de La Scène. Benoît Linéro Menu déjeuner à 75 ou 95 euros, dîner à 145 et 195 euros. 32, avenue Matignon Paris 8e. Pouliche Qui ? Amandine Chaignot, 40 ans, a ouvert Pouliche le 21 septembre. La Parisienne a enchaîné les postes dans les palaces : Plaza Athénée, Bristol, Meurice, Crillon… Ces trois dernières années, elle était « executive chef » du Rosewood à Londres, un gros paquebot où elle gérait une brigade de 120 personnes. « J’avais fini par me couper de ce que j’aime dans ce métier : voir les clients, avoir les mains dans les girolles, écouter le bruit du beurre crépiter… » Pour Pouliche, elle s’est associée avec deux amis, Grégory et Pierre-Julien Chantzios, qui ont lancé la marque d’huile d’olive Kalios. Amandine Chaignot. Benedetta Chiala Où ? Sa table est située dans un quartier encore assez populaire, près de la gare de l’Est. Passé un premier espace (non utilisé) donnant sur la rue d’Enghien, étroite et sombre, on découvre la salle ouverte sur une jolie cour arborée. Sans fioritures avec ses murs nus et son sol en pierre, elle est animée par la cuisine ouverte. Quoi ? C’est vraiment un restaurant du quotidien, ouvert sept jours sur sept, à des prix raisonnables. « J’avais envie de spontanéité, que ce soit vraiment convivial. » Il faut accepter de se laisser guider : on ne choisit ni les entrées (qui arrivent toutes sur la table pour être partagées) ni le dessert. Le mercredi, c’est 100 % végétarien, et le dimanche, un plat unique. Mais tout ce qu’on a goûté était délicieux : des grains de maïs en tempura à la galette de blé noir aux cèpes avec une sauce au cresson, jusqu’au biscuit à la noisette et huile d’olive avec une crème vanille. Saveurs originales, technique précise : un sans-faute. Les entrées à partager de Pouliche. Benedetta Chiala Menu déjeuner à 23 ou 28 euros, dîner à 55 euros. 11, rue d’Enghien Paris 10e.
Toutes deux ont officié dans les plus grands restaurants d’hôtel de la capitale. Ces jeunes chefs tentent une nouvelle aventure en ouvrant chacune leur propre adresse, La Scène pour Le Quellec et Pouliche pour Chaignot.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/31/stephanie-le-quellec-et-amandine-chaignot-la-vie-de-chef-apres-le-palace_6017594_4497319.html
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A Toulouse, le 16 octobre, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont confirmé leur position en matière de défense commune. RÉGIS DUVIGNAU / REUTERS Rendez-vous en janvier 2020. Malgré les avancées célébrées par Emmanuel Macron et Angela Merkel à l’issue du conseil des ministres franco-allemand qui s’est tenu à Toulouse, mercredi 16 octobre, la course de haies de la coopération entre les deux pays en matière de défense n’est pas terminée. Si l’Elysée affiche un triomphalisme certain, comme en témoigne le choix de son service de presse de citer les sujets de l’armement en tête du communiqué envoyé aux journalistes, la réalité est plus mesurée : dans la déclaration commune des gouvernements français et allemand, la coopération de défense n’est abordée qu’en cinquième position, après le climat, l’économie, l’intelligence artificielle et la politique spatiale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La défense européenne crispe la relation entre Washington et Bruxelles Un « accord juridiquement contraignant » Concernant les exportations d’armement, que Berlin peut bloquer quand des équipements français contiennent des composants allemands, Paris annonce avec satisfaction un « accord juridiquement contraignant » par lequel les deux partenaires ne se gêneront plus sur les marchés étrangers. Mais il est précisé, dans la déclaration commune, que « les dernières étapes vont être mises en œuvre dès que possible ». Autrement dit, depuis l’accord politique scellé par Angela Merkel et Emmanuel Macron en marge du G7 de Biarritz, en août, le texte est toujours « à la signature ». Le sujet est devenu un verrou symbolique. Sur le « système de combat aérien du futur », qui doit remplacer les avions de chasse actuels à l’horizon 2040, le cabinet de la ministre française des armées, Florence Parly, se réjouit qu’une longue réunion improvisée avec son homologue allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer, ait permis de lever les inquiétudes. Les rivalités entre les motoristes français (Safran) et allemand (MTU) ne bloqueront pas le projet, assure-t-on notamment à Paris. Mais là encore, rendez-vous en janvier 2020 pour signer le contrat de réalisation d’un prototype d’avion, attendu pour 2026. Lire aussi Le premier avion de chasse franco-allemand en vedette au Salon du Bourget Sur le « système principal de combat terrestre », ou char de combat du futur, objet d’une complexe bataille industrielle animée par Rheinmetall, la « lettre d’intention » qui lancera le programme est elle aussi attendue en janvier 2020. En clair, depuis l’accord politique scellé lors du conseil des ministres franco-allemand du 13 juillet 2017 sur ces deux projets très importants, les industriels français estiment que la communication occupe le devant de la scène, mais que c’est bien la situation politique interne en Allemagne qui continue de dicter les avancées et les reculs des discussions, au risque de faire glisser le calendrier.
Les deux pays ont annoncé le 16 octobre le lancement des projets d’avion et de char de combat pour janvier 2020. D’ici là, les sociaux-démocrates allemands, dont l’électorat est pacifiste, devraient dire s’ils restent dans la coalition de Mme Merkel.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/17/a-toulouse-la-france-et-l-allemagne-font-un-nouveau-pas-vers-une-defense-commune_6015872_3210.html
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Des bombes sont larguées en mer d’Arabie, le 4 juillet, pour montrer la puissance des Etats-Unis en cette période de tension avec l’Iran. JEFF SHERMAN / AP La France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, trois parties à l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, ont appelé dans un communiqué commun diffusé dimanche 14 juillet à « arrêter l’escalade des tensions et à reprendre le dialogue ». Dans ce texte diffusé par la présidence française, Paris, Londres et Berlin se disent préoccupées par « le risque que le JCPoA [l’accord de 2015 limitant le programme nucléaire iranien] ne se défasse, sous la pression des sanctions imposées par les Etats-Unis et à la suite de la décision de l’Iran de ne plus appliquer plusieurs des dispositions centrales de l’accord ». Conclu après des années d’efforts diplomatiques, cet accord prévoit une limitation du programme nucléaire iranien en échange de la levée des sanctions internationales. Les trois gouvernements se sont déclarés par ailleurs « profondément troublés » par les attaques dans le Golfe et au-delà ainsi que par la détérioration de la sécurité dans la région. « Nous pensons que le moment est venu d’agir de façon responsable et de rechercher les moyens d’arrêter l’escalade des tensions et de reprendre le dialogue », ajoutent-ils. Téhéran passé « de la patience à la revanche » Pour la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, « les risques sont tels qu’il est nécessaire que toutes les parties prenantes marquent une pause et envisagent les conséquences possibles de leurs actions ». Les tensions dans la région du Golfe n’ont fait que s’intensifier depuis que les Etats-Unis se sont retirés, en mai 2018, de l’accord nucléaire signé entre l’Iran et les grandes puissances en 2015 et ont rétabli de lourdes sanctions contre Téhéran. Un an après ce retrait unilatéral, l’Iran a décidé de cesser de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi. Jusqu’ici la République islamique avait respecté les termes de l’accord, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui vérifie les engagements pris. Téhéran a aussi annoncé, le 8 juillet, produire de l’uranium enrichi à au moins 4,5 %, un niveau prohibé. « Nous avons changé notre stratégie en passant de la patience à la revanche (…) nous répondrons à chaque action prise par l’autre partie », a déclaré le président Hassan Rohani dimanche, selon le site du gouvernement iranien. « S’ils diminuent leurs engagements dans l’accord, nous les diminuerons aussi. S’ils respectent pleinement leurs engagements, nous ferons de même », a-t-il ajouté. « Alors que nous continuons de soutenir le JCPoA, sa poursuite dépend du plein respect par l’Iran de ses obligations », écrivent, dimanche, les trois Etats européens, pour lesquels « des signes de bonne volonté sont nécessaires de toute urgence, de la part de toutes les parties ». Les Européens tentent aussi depuis des mois de mettre en place un mécanisme permettant des échanges économiques avec l’Iran malgré les sanctions américaines. Quant à la Chine et la Russie, elles sont toujours parties à l’accord sur le nucléaire. Lire le grand récit: Golfe Persique : le détroit d’Ormuz, au centre du monde
De son côté, le président iranien Hassan Rohani a prévenu que Téhéran répondra à « toute action prise par l’autre partie. »
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/14/nucleaire-iranien-paris-londres-et-berlin-appellent-a-arreter-l-escalade-des-tensions_5489375_3210.html
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Sonny Coops van Utteren et Josephine Arendsen. LES FILMS DU PRÉAU L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR Joyeux comme on peut l’être dans une famille aimante qui vous entoure et vous aide à grandir, Sam (Sonny Coops van Utteren), 11 ans, pense à la mort. Craignant qu’elle le surprenne, il s’astreint chaque jour, et sur une durée qu’il consigne dans un carnet, à rester seul pour, plus tard, être prêt et aguerri quand tout le monde autour de lui sera parti. C’est dans un trou, de la dimension d’une tombe, qu’on le découvre d’ailleurs, en plan serré, au début du film. Il l’a creusé lui-même, sur une grande plage de l’île néerlandaise où il vient de débarquer avec ses parents et son frère aîné pour une semaine de vacances. Il s’y est allongé, laissant autour de lui le monde s’agiter. La mer, les dunes, le ciel bleu, le cri des autres enfants, le vol d’un cerf-volant nous apparaissent alors dans un mouvement ascensionnel qui finit par réduire le corps du jeune garçon à la taille d’une fourmi. Minuscule dans l’immensité d’une vie qui rayonne, Tom, joyeux, pense à la mort. Et s’y prépare avec l’assiduité d’un bon élève. La caméra accrochée aux basques des gosses Adapté du roman éponyme d’Anna Woltz (édité en France par Bayard), Ma folle semaine avec Tess élève, à la hauteur des adultes que nous sommes devenus, un monde de l’enfance où légèreté et gravité s’accordent sans heurt, emportées toutes deux dans l’énergie vitale de la jeunesse. C’est cette dualité harmonieuse et dynamique que met en scène, avec une intelligence émotionnelle rare, Steven Wouterlood dans son premier long-métrage. Le réalisateur filme les jeux de gosses avec sérieux et saisit les pensées sombres avec gaieté, fait sourire ses personnages quand les traverse le chagrin, et sèche leurs larmes dans un rayon de soleil. La caméra prend le temps de s’arrêter sur ces instants mais, la plupart du temps, vive, alerte, en mouvement, elle file à toute allure, accrochée aux basques des gosses qui courent, et aux roues de leurs vélos qui sillonnent les dunes. Ce rythme rapide qui donne l’énergie au film provoque une succession de rencontres. En premier lieu, celle qui met Tom en présence de Tess (Josephine Arendsen). Approximativement du même âge que lui, la jeune fille vit sur l’île avec sa mère, une ravissante médecin qui fait tanguer l’esprit des hommes, sans céder à aucun d’entre eux. Vite fasciné par Tess, Tom ne tarde pas à se laisser entraîner dans une aventure qui fournit au film matière à quiproquos et à suspense, sur laquelle va s’épanouir une romance enfantine, à la fois émouvante et drôle. Car la gamine s’est mise dans de sales draps, en retrouvant le nom et la trace de son père qu’elle n’a jamais connu et qui ignore, lui-même, tout de son existence. Puis en décidant de lui envoyer un courrier dans lequel était stipulé qu’il avait gagné, sur tirage au sort, un séjour d’une semaine pour deux personnes sur l’île néerlandaise.
Le premier long-métrage de Steven Wouterlood évoque les émois, légers comme graves, de deux adolescents. Un film sensible et exaltant adapté d’un livre d’Anna Woltz.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/18/cinema-ma-folle-semaine-avec-tess-le-portrait-d-une-enfance-au-c-ur-battant_5511755_3246.html
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Mélissa Plaza est une ex-joueuse professionnelle de football. Diplômée d’un doctorat en psychologie du sport, elle est spécialiste de la question des stéréotypes de genre. PIERGAB Stupéfiant comme certains stéréotypes ont la dent dure ! Il nous semble encore trop souvent « logique » que les femmes s’investissent moins que les hommes dans les pratiques sportives, du fait de leurs prédispositions biologiques (supposées) plus faibles ou d’une inappétence (supposée) naturelle. Mais ce qui apparaît comme logique est-il pour autant juste, équitable, voire fondé ? Peut-être serait-il temps de secouer ces croyances, lorsqu’on constate qu’en France les maladies cardio-vasculaires représentent toujours la première cause de mortalité féminine. Si la pratique sportive régulière est un moyen efficace de prévenir ces pathologies chroniques, la part des femmes physiquement actives n’a cessé de diminuer ces dix dernières années (− 16 % selon l’étude Esteban). Le sport contemporain était conçu à l’origine comme un outil d’apprentissage et d’expression de la virilité et de la masculinité. Autant dire que, dans ce cadre, mesdames, circulez, il n’y a rien à voir ! Derrière ce triste constat, s’érigent certes un enjeu de santé publique majeur mais surtout une sempiternelle entrave : la difficulté des femmes à disposer librement de leur corps et à s’affranchir des rôles traditionnels féminins. Il faut le rappeler, le sport contemporain était conçu à l’origine comme un outil d’apprentissage et d’expression de la virilité et de la masculinité. Autant dire que, dans ce cadre, mesdames, circulez, il n’y a rien à voir ! L’accession des femmes au monde sportif moderne s’est en premier lieu soldée par une exclusion, puis par une éviction des pratiques compétitives au profit de pratiques plus naturalistes et hygiénistes. Arguments pseudo-médicaux, réticences et indignations citoyennes, ou encore interdictions politiques et sportives, tout est bon pour empêcher ces dames de s’adonner au sport compétitif et à l’exhibition qu’il engendre. Du sport, oui, pour rester en forme et procréer, mais sans excès et surtout sans compromettre la « féminité ». Sommées d’être « féminines » Mais nul régime prohibitif n’empêche la dissidence. Ainsi, elles seront nombreuses à s’essayer secrètement aux compétitions masculines, travesties en homme ou profitant de certaines brèches juridiques dans le règlement. Certaines figures de proue du féminisme, comme Alice Milliat, décident même de créer leurs propres fédérations et compétitions. Cette courageuse remise en cause des assignations genrées n’est pas sans conséquence pour ces pionnières. De la stigmatisation aux procès en virilisation en passant par les violences sexistes, on ne lésine pas sur les moyens d’entériner ces interdictions.
Les femmes sportives sont aujourd’hui certes plus médiatisées mais jugées sur leur « féminité », estime Mélissa Plaza, ex-joueuse professionnelle.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/06/en-finir-avec-la-misogynie-dans-le-sport_5472443_3242.html
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Le premier ministre italien, Giuseppe Conte, à son arrivée au palais du Quirinal à Rome, le 29 août. FRANCESCO AMMENDOLA / PALAIS PRESIDENTIEL / via REUTERS Le chapitre de la crise politique italienne, provoquée au cœur de l’été par le ministre de l’intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), s’est refermé. Jeudi 29 août le président de la République, Sergio Mattarella, a reçu le premier ministre sortant Giuseppe Conte au palais du Quirinal pour le charger officiellement de former un nouveau gouvernement. Selon la formule, Conte a accepté sa charge « avec réserve », le temps de mettre sur pied un programme de gouvernement avec sa nouvelle équipe, qui rassemblera le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et le Parti démocrate (PD, centre gauche). Cette crise aura duré trois semaines qui auront vu se succéder coups de théâtre, coups bas et coups de bluff. C’est dans la matinée de mercredi que le dernier verrou, qui empêchait la mise en place d’une nouvelle coalition, a sauté. Les discussions bloquaient en effet sur la reconduction de Giuseppe Conte à la tête du gouvernement, que le M5S estimait non négociable. Dans la matinée, le secrétaire général du PD, Nicola Zingaretti, annonçait que sa formation se rangeait derrière ce choix, ouvrant ainsi la voie à des tractations officielles. En échange, le PD devrait obtenir le poste de vice-président et envoyer un des siens à Bruxelles pour occuper le poste de commissaire européen réservé aux Italiens. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Italie, les partis politiques à la recherche d’un front anti-Salvini Vers un retour à plus de stabilité ? Jusqu’au dernier moment, la Ligue aura tout tenté pour que le M5S, son ancien allié de coalition, ne fasse alliance avec le centre gauche. Quelques minutes après avoir rencontré le président Mattarella, Luigi Di Maio, le chef politique du M5S, a confié aux journalistes que le parti de Matteo Salvini lui avait en effet proposé le poste de président du Conseil si celui-ci renonçait à faire un pacte avec le centre gauche. Un comble alors que M. Salvini n’a cessé de dénoncer « ceux qui s’accrochent à leurs fauteuils ». « Je m’intéresse à ce qu’il y a de mieux pour mon pays et non pour ma personne », a expliqué M. Di Maio. Le spectre d’élections anticipées – réclamées à cor et à cri par Matteo Salvini et ses alliés de Fratelli d’Italia (post-fasciste) et de Forza Italia (droite) – repoussé, s’ouvre désormais une nouvelle séquence dont beaucoup espèrent qu’elle sera un retour à plus de stabilité. Pour autant, cet accord politique entre le mouvement populiste, majoritaire dans les deux chambres, et le parti de l’ex-premier ministre Matteo Renzi, troisième force du pays, reste plein d’incertitudes. La Péninsule semble avoir pris l’habitude de coalitions pour le moins déroutantes ces derniers mois, et celle qui se dessine ne déroge pas à la règle. Il y a deux semaines encore, tout opposait les deux partis : les grands travaux comme le Lyon-Turin (le M5S avait voté contre, accélérant la chute du gouvernement précédent), la politique sécuritaire ou encore le rapport aux institutions européennes en qui le PD a toujours eu confiance.
Les deux partis doivent désormais, malgré leurs divergences politiques, s’accorder sur un programme de gouvernement à soumettre au président Sergio Mattarella.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/29/en-italie-l-accord-politique-entre-le-m5s-et-le-parti-democrate-reste-plein-d-incertitudes_5504005_3210.html
mlsum-fr-340
Des Boeing 737 MAX stationnent à l’aérodrome de Moses Lake, état de Washington, le 16 septembre. LINDSEY WASSON / REUTERS La crise du Boeing 737 MAX s’est aggravée, vendredi 18 octobre. La Federal Aviation Administration (FAA), l’agence fédérale américaine chargée de la réglementation et des contrôles concernant l’aviation civile aux Etats-Unis, accuse l’avionneur de lui avoir caché des documents importants, notamment un échange entre employés révélant que le système antidécrochage MCAS – qui devait empêcher l’avion de partir en piqué –, le rendait difficile à piloter en simulateur. Dans cette conversation sur messagerie instantanée qui date de 2016, soit un an avant la certification du 737 MAX, Mark Forkner, à l’époque un pilote de Boeing, disait à un collègue à propos du MCAS : il « déraille dans le sim [le simulateur] ». « Bon, je t’accorde que je suis nul en pilotage, mais ça, c’était scandaleux », poursuivait le pilote dans son message destiné à Patrik Gustavsson. Ce dernier faisait remarquer qu’il allait falloir actualiser les instructions dans le manuel de vol. Cloué au sol De fait, huit mois avant les échanges rendus publics vendredi, M. Forkner avait d’abord demandé à la FAA s’il pouvait ne pas faire mention du MCAS dans le manuel de vol, et le régulateur, convaincu que le dispositif informatique n’était ni dangereux ni susceptible d’être souvent sollicité, avait donné son feu vert. Une porte-parole de l’agence fédérale a précisé que l’autorisation du régulateur n’était pas requise. « En gros, ça veut dire que j’ai menti aux régulateurs (sans le savoir) », poursuit alors M. Forkner lors de sa conversation avec son collègue, ce dernier ajoutant : « Ce n’était pas un mensonge, personne ne nous avait dit que c’était comme ça. » Le MCAS a depuis été mis en cause dans l’accident d’un 737 MAX d’Ethiopian Airlines, qui s’est écrasé le 10 mars au sud-est d’Addis-Abeba quelques minutes après le décollage, provoquant la mort des 157 personnes. Il est également montré du doigt dans le crash, le 29 octobre 2018, d’un 737 MAX de Lion Air en Indonésie ayant fait 189 morts. Le 737 MAX, qui avait été homologué et autorisé à voler en mai 2017 par la FAA, a depuis été cloué au sol à travers le monde et des incertitudes entourent son retour en service. Boeing sommé de s’expliquer « Tard hier soir [jeudi], Boeing a alerté le département des transports de l’existence de messages instantanés entre deux employés, discutant de certains éléments de communication avec la FAA lors de la certification initiale du 737 MAX en 2016 », écrit la FAA. « Boeing a expliqué au département qu’il a découvert ces documents il y a plusieurs mois », a regretté le régulateur, qui a sommé Dennis Muilenburg, le patron de Boeing, de s’expliquer. « J’attends vos explications immédiatement concernant le contenu de ce document et les raisons pour lesquelles Boeing en a retardé la divulgation à son régulateur chargé de la sécurité », y écrit Steve Dickson, un des responsables de la FAA. Le régulateur, dont la proximité avec Boeing a été dénoncée de toutes parts depuis les accidents et qui avait notamment confié à l’avionneur l’inspection du MCAS lors du processus de certification selon des sources proches du dossier, a promis de prendre des sanctions contre Boeing. Lire aussi Boeing envisage pour la première fois un arrêt temporaire de la production du 737 MAX Dans un bref communiqué vendredi, Boeing assure simplement qu’il continuera à collaborer à l’enquête menée par une commission de la Chambre des représentants : « Nous allons continuer à suivre les instructions de la FAA et d’autres régulateurs dans le monde, pendant que nous travaillons à faire revoler le 737 MAX en toute sécurité. »
Des échanges entre employés de l’avionneur américain révèlent qu’ils savaient que le système antidécrochage MCAS rendait l’appareil difficile à piloter en simulateur.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/18/boeing-737-max-les-dysfonctionnements-avaient-ete-reperes-par-des-pilotes-de-boeing_6016114_3234.html
mlsum-fr-341
La jeune militante suédoise Greta Thunberg arrive au port de New York, le 28 août. MIKE SEGAR / REUTERS Chronique. Peu à peu, au cours des dernières années, la fin de l’été est devenue à l’hémisphère Nord ce que la fin de la saison des ouragans est traditionnellement au golfe du Mexique : le moment de faire le bilan des dégâts. C’est l’heure des comptes. En une décennie à peine, le dérèglement climatique a changé notre perception des saisons. Dans le monde riche et tempéré, l’été n’est plus exclusivement la saison des vacances, de l’insouciance, du farniente et des voyages, il est aussi celle des canicules à répétition, de la sécheresse, des incendies. Même en France – dont la situation géographique n’en fait pas un pays en première ligne face au réchauffement – le péril apparaît désormais accessible aux sens de chacun. Songeons que, selon Météo France, on comptait moins de deux épisodes caniculaires par décennie entre 1950 et 1990 sur le territoire métropolitain, alors qu’on en dénombre déjà seize entre 2010 et 2019. C’est huit fois plus. En très peu de temps, le changement climatique a cessé de n’offrir aux citoyens occidentaux que le spectacle des malheurs de pays pauvres et lointains, voire la possibilité de dommages éventuels dans un futur distant. Fin juillet, la température a dépassé 40 °C dans plus d’une cinquantaine de villes françaises – avec près de 46 °C à Gallargues-le-Montueux, dans le Gard, et plus de 42 °C à Paris. Chacun peut désormais comprendre qu’il se passe quelque chose. Lire aussi Une agence américaine confirme que le mois de juillet 2019 a été le plus chaud jamais observé Pourtant, malgré le caractère plus que tangible du changement en cours, la conversation publique est toujours envahie par de nouvelles formes de déni. Souvenez-vous. Lorsque la question climatique a commencé à se frayer une petite place dans les grands médias, la première forme de scepticisme a consisté à en nier la réalité. De véritable réchauffement, il n’y avait pas : les mesures étaient prétendument imprécises et les stations météorologiques, gagnées par l’urbanisation, affichaient toutes des températures exagérées. C’était bien évidemment faux. Campagne de dénigrement contre Greta Thunberg Cet argument tombé, il fallut en trouver un autre. Certes, le réchauffement était réel, mais il n’était pas le fait des activités humaines, ou alors de manière marginale. La preuve, selon les sceptiques ? Alors que les émissions de gaz à effet de serre se poursuivaient à bride abattue, ne voyait-on pas une stagnation des températures à partir de 1998 ? S’il n’y avait même plus corrélation, comment pouvait-il y avoir causalité ? Ce nouveau sophisme mis à bas, il fallut chercher autre chose. Certes, le réchauffement était réel, certes il était bien le fait des activités humaines, mais il était sans gravité. Cet élément de langage a aussi fait long feu.
Ce ne sont plus des arguments contre le réchauffement climatique qui sont attaqués, mais les personnalités qui incarnent et portent la mobilisation, dénonce, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/31/climat-les-habits-neufs-du-scepticisme_5504773_3232.html
mlsum-fr-342
Tribune. Le hashtag #prayforamazonia, en présentant les incendies des dernières semaines comme un événement exigeant une empathie et une inquiétude universelles, a eu le mérite d’attirer l’attention des opinions occidentales sur le Brésil. Pourtant, l’appel à « prier » a initialement laissé entendre, surtout dans notre Europe sécularisée, que la propagation des flammes était une catastrophe naturelle, due à la sécheresse et au réchauffement climatique. La dimension politique de ce drame environnemental n’est apparue que dans un second temps. On a d’abord soupçonné le président brésilien, Jair Bolsonaro, très occupé à ses rodomontades habituelles, d’aveuglement et d’inconséquence face à l’ampleur du problème. Puis a émergé une autre interprétation : la complicité du gouvernement brésilien à l’égard de la déforestation du bassin amazonien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendies : l’Amazonie paie la politique du président brésilien Les dizaines de milliers de départs de feu ne sont en effet ni des accidents ni des initiatives individuelles d’agriculteurs pratiquant la culture sur brûlis ou désireux d’étendre leurs pâturages. Il s’agit d’une logique collective, à l’appui d’un projet politique. Depuis l’élection de Bolsonaro, des milliers de prédateurs de la forêt (orpailleurs, producteurs de bois et propriétaires terriens) se sentent autorisés à ignorer les réglementations en vigueur, y compris en menaçant les rares agents encore disposés à les faire appliquer. Le gouvernement leur facilite la tâche de deux manières. D’une part, il démembre les instances de contrôle, notamment l’Institut brésilien de l’environnement (Ibama), privé de la moitié de son budget cette année. De l’autre, il discrédite les ONG travaillant pour la protection de l’Amazonie et des populations indigènes, faisant du discours écologiste le fruit d’un « complot mondialiste » visant à priver le Brésil de son droit d’exploiter ses ressources naturelles. « L’Amazonie n’est pas présentée comme un territoire à protéger, mais à développer » L’Amazonie n’est pas présentée comme un territoire à protéger, mais à développer, c’est-à-dire à cultiver, percer de mines et de carrières, et garnir d’infrastructures autoroutières et hydroélectriques. Ce projet a pour préalable indispensable une accélération des défrichements, que le gouvernement attise sans nécessairement les contrôler, par conviction néolibérale que cette « libération des énergies » ne pourra que servir l’économie de la région. C’est ce climat qui explique que les surfaces défrichées aient été en juillet trois fois supérieures par rapport à juillet 2018, selon les chiffres de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), dont la divulgation a tant contrarié le président Bolsonaro qu’il en a licencié le directeur. C’est ce climat qui a incité des orpailleurs à envahir la réserve des Indiens wayapi à la fin juillet, et en assassiner le cacique.
Les feux qui ravagent la forêt amazonienne sont une conséquence directe du projet politique incarné par le président populiste, estime l’historienne spécialiste du Brésil Maud Chirio dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/27/incendies-en-amazonie-le-bolsonarisme-apparait-dans-toute-sa-puissance-destructrice_5503203_3232.html
mlsum-fr-343
Gilles Bourdouleix n’est pas économe quand il s’agit de manier l’invective. Lundi 8 juillet, le maire de Cholet a ainsi consacré une longue diatribe à son voisin d’Angers, Christophe Béchu, le qualifiant en préambule de « candidat sérieux au concours Lépine de la bêtise ». La brouille entre les deux maires a commencé trois semaines plus tôt. Le 17 juin, lors de la réunion de la communauté d’agglomération du Choletais, qu’il préside, Gilles Bourdouleix s’emporte, devant ses collègues, contre l’irruption de gens du voyage dans sa ville et la faiblesse des effectifs policiers qui n’ont pu s’y opposer. Pour protester contre l’incurie de l’Etat, il annonce qu’il suspend ses fonctions d’élu et quitte la salle, tandis que son premier vice-président s’empresse d’écourter la séance. Au même moment, Christophe Béchu anime, de son côté, le conseil d’Angers Loire Métropole. Averti par les réseaux sociaux du nouvel emportement de son voisin choletais, il s’en amuse à la faveur d’une délibération relative à l’accueil des gens du voyage. « Dans d’autres collectivités, le président suspendrait ses fonctions et un premier vice-président compréhensif ferait voter l’ajournement de la séance, mais je ne prendrai pas ce risque. » La blague fait rire les élus angevins, mais pas le bouillant maire de Cholet, qui rumine sa réponse. Vichy et la collaboration, thème récurrent Lundi soir, M. Bourdouleix se venge devant un auditoire habitué à ses sorties de route : « Je savais que M. Béchu était un grand spécialiste de la girouette, je savais aussi que c’était un danger public pour les finances, mais je le prenais pour quelqu’un d’intelligent. C’était un vote sur des travaux [à Angers], ça n’avait aucun rapport. » Celui qui fut condamné, en 2014, à 3 000 euros d’amende pour apologie de crimes contre l’humanité après avoir estimé « qu’Hitler n’avait peut-être pas tué assez » de Tsiganes – une peine confirmée en appel en 2014, mais annulée en 2015 par la Cour de cassation – ajoute : « Nous sommes exemplaires en matière de gens de voyage. (…) Ils sont locataires de Sèvre Loire Habitat [l’organisme de logement social], à ma connaissance ça n’existe pas à Angers. » Gilles Bourdouleix poursuit, cinglant : « M. Béchu devrait regarder ses élus à lui. Il faut aimer avaler des couleuvres pour être dans sa majorité. Quand je vois ceux qui viennent de Sens commun, notamment… » Il fait là référence à l’appel des 72 maires en faveur d’Emmanuel Macron, publié début juin dans Le Monde, dont Christophe Béchu est l’instigateur.
Gilles Bourdouleix s’en est pris à Christophe Béchu lors du conseil municipal de Cholet, le 8 juillet. Il a notamment brocardé l’appel des 72 maires en faveur d’Emmanuel Macron, dont son voisin est l’instigateur.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/11/le-maire-de-cholet-pourfend-son-voisin-d-angers_5488051_823448.html
mlsum-fr-344
EDF et les partisans du nucléaire font de longue date la promotion du chauffage électrique. PHILIPPE HUGUEN / AFP C’est une intense bataille de lobbying qui se joue en coulisses, mais cette fois-ci, elle concerne un objet du quotidien de tous les Français : le radiateur. Ces derniers mois, les partisans de l’électrique et du gaz démultiplient leurs efforts pour tenter de convaincre les pouvoirs publics. En ligne de mire : la nouvelle réglementation environnementale, dite RE 2020, qui doit définir quel mode de chauffage sera privilégié dans les bâtiments neufs. Alors que la précédente réglementation faisait la part belle au gaz, les pouvoirs publics semblent prêts à revenir en arrière et privilégier le tout-électrique dans les nouveaux bâtiments. Derrière son aspect anodin, le sujet est central pour les énergéticiens. D’un côté, EDF et les partisans du nucléaire font de longue date la promotion du chauffage électrique. Avec désormais un argument nouveau : installer des radiateurs électriques serait meilleur pour le climat, puisque l’électricité produite en France émet très peu de gaz à effet de serre. De l’autre, Engie (ex-GDF Suez) et la filière gazière estiment que multiplier les radiateurs électriques augmenterait la consommation d’énergie du pays – et serait donc une mauvaise nouvelle pour le climat. Problème d’efficacité du radiateur électrique Le sujet est central pour la politique climatique : le bâtiment représente environ 20 % des émissions de CO 2 de la France, et une part importante est liée directement ou indirectement au chauffage. Historiquement, l’Hexagone a connu un développement des radiateurs électriques sans égal en Europe. Plus de 9 millions de logements sont chauffés ainsi, soit quasiment autant que dans le reste de l’Europe. L’installation massive de ces convecteurs a répondu à la mise en place d’un parc nucléaire surdimensionné. Dans les années 1970, EDF se fait ainsi l’avocat des bénéfices du chauffage électrique, présenté comme moins cher à l’installation et meilleur pour la santé. Mais le radiateur électrique a un problème d’efficacité : il a un rendement énergétique médiocre et nécessite une grosse production d’énergie pour pouvoir produire de la chaleur. D’autant que, dans de nombreux logements, les appareils installés sont peu efficaces, et alourdissent la facture des ménages – il est souvent mentionné comme l’une des causes de la précarité énergétique. La présence très forte de radiateurs électriques pose un autre problème, qui se révèle un peu plus chaque hiver : lors des épisodes de grand froid, la consommation d’électricité augmente de manière considérable, et dépasse les capacités de production du pays.
Le gouvernement prépare une réglementation pour les bâtiments neufs. Partisans du tout-électrique et défenseurs du gaz se livrent une guérilla acharnée
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/electricite-ou-gaz-la-bataille-du-radiateur-echauffe-les-esprits_5507502_3244.html
mlsum-fr-345
Des lycéennes consultent leur résultat au baccalauréat, à Tours, le 5 juillet. GUILLAUME SOUVANT / AFP Camille et ses parents en sont sûrs : cette session du baccalauréat 2019 les a placés dans une « situation d’injustice ». La lycéenne bordelaise, candidate malheureuse au bac économique et social (ES), est venue l’exposer au cabinet de Florent Verdier, avocat à Bordeaux, qui vient de déposer un recours au tribunal administratif pour « rupture d’égalité ». « On nous raconte qu’on est tous égaux à l’école, tous égaux face au bac… Qu’il y a des règles, et que les élèves doivent les respecter. Et les adultes, alors ? », interroge la jeune fille. Camille ne fait pas partie des quelque 53 000 élèves (selon le décompte ministériel) dont la copie a été retenue par des enseignants grévistes. Mais elle aurait préféré « en être », dit-elle : une note « étonnamment basse » dans l’une de ses matières « à gros coeff » lui a coûté son bac. « On a refait le calcul en tenant compte de ses résultats au contrôle continu, comme l’a autorisé l’éducation nationale pour les candidats qui n’avaient pas leur note finale, explique Me Verdier. Si Camille avait eu un enseignant gréviste, elle aurait au moins décroché le rattrapage. » L’adolescente voudrait qu’on lui permette de repasser les épreuves en septembre, pour ne pas perdre la place en licence de droit qu’elle avait obtenue sur Parcoursup. « Notre fille a été assidue toute l’année malgré des soucis de santé, souffle sa mère, gérante de société ; elle avait obtenu un avis favorable en conseil de classe… Quand on entend tout ce qui s’est dit sur les dysfonctionnements des jurys, les délibérations faussées, le rattrapage qui aurait été bradé, on se demande : pourquoi pas elle ? » 20 000 appels reçus en 48 heures Difficile d’estimer le nombre de familles qui, comme celle de Camille, seraient prêtes à saisir le tribunal administratif. Une poignée de recours ont été enregistrés à Lille, Toulouse, Montreuil (Seine-Saint-Denis)… Mais pour la fédération de parents d’élèves FCPE, qui en appelle au Défenseur des droits, leur nombre pourrait s’envoler. En se basant sur les 20 000 appels reçus, en quarante-huit heures, sur la plate-forme d’assistance juridique ouverte après le 5 juillet (date des résultats du bac), la fédération estime à 1 500 le nombre de recours possibles. « On en saura plus fin août, observe Carla Dugault, sa coprésidente. En attendant, on a demandé au ministère de l’éducation de réétudier les cas litigieux pour ne pas sanctionner les élèves dans la suite de leur parcours. »
Des centaines de familles de lycéens « collés » à l’examen sollicitent un avis juridique, et n’excluent pas de saisir le tribunal administratif.
https://www.lemonde.fr/education/article/2019/07/22/apres-une-session-chaotique-le-baccalaureat-a-l-epreuve-du-droit_5491947_1473685.html
mlsum-fr-346
Des deux côtés des Alpes, la perspective d’un mariage PSA-Fiat Chrysler ne suscite pas de levée de boucliers. La preuve sans doute que, dans ce secteur, gourmand en investissements pour faire face aux défis de la mobilité (connectée, électrifiée, autonome), chacun paraît convaincu que la taille est un gage de survie. Lire aussi PSA et Fiat Chrysler annoncent officiellement leur projet de fusion A l’annonce de l’opération, les exécutifs français et italien ont adopté un ton sobre et prudent, soucieux visiblement de ne pas hypothéquer le « deal ». « Nous suivons les derniers développements Fiat Chrysler avec beaucoup d’ouverture », a commenté mercredi 30 octobre la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye. L’Etat français détient 12 % de PSA par l’intermédiaire de la banque publique BPI. Le ministre italien de l’industrie, Stefano Patuanelli, a, de son côté, déclaré que l’Italie, qui ne détient aucune participation dans Fiat Chrysler (FCA), suivrait de près l’évolution des discussions tout en disant ne pas souhaiter commenter davantage une « opération de marché ». Lire aussi Le conseil d’administration de PSA valide le mariage avec Fiat Chrysler Dans les deux pays, la principale préoccupation est celle de l’emploi. En Italie, Fiat Chrysler emploie 58 000 salariés dans des usines, en surcapacité chronique. « Il est vital de préserver les sites » FCA en Italie, a souligné le vice-ministre de l’économie, Antonio Misiani, mercredi, lors d’un forum de l’agence italienne spécialisée sur les questions économiques et financières, RadioCor, après l’annonce des négociations entre les deux groupes. PSA emploie dans sa division automobile (hors l’équipementier Faurecia) 117 000 salariés dans le monde, dont 53 000 en France. Dans l’Hexagone, PSA compte 5 usines de production de voitures et 12 sites de production de composants et fonderies. Dans le communiqué commun publié jeudi 31 octobre, les deux groupes se veulent rassurants, affirmant que les synergies attendues de cette fusion « ne sont pas fondées sur des fermetures d’usine ». « Dynamique industrielle positive » Du côté syndical, les premières réactions en Italie ont été plutôt encourageantes, malgré les craintes concernant le coût social de l’opération. « Il pourrait y avoir des “superpositions”, mais un bon plan industriel peut dépasser ces difficultés tout en garantissant l’emploi en Italie », veut ainsi croire Marco Bentivogli, dirigeant de la branche métallurgie du syndicat FIM-CISL.
Des deux côtés des Alpes, autorités publiques et syndicats sont conscients de la nécessité de nouer des alliances pour peser face à la concurrence.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/31/mariage-psa-fiat-chrysler-paris-et-rome-affichent-une-bienveillante-neutralite_6017564_3234.html
mlsum-fr-347
Extraire, fabriquer, consommer, jeter : l’économie circulaire veut rompre avec ce modèle linéaire. Pour accélérer cette transition, un projet de loi, actuellement en discussion au Parlement, entend mobiliser et responsabiliser davantage les producteurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Déchets : un projet de loi pour mettre fin au gaspillage et renforcer la responsabilité des producteurs Mais l’économie circulaire ne se résume pas à la question des déchets. La transition passe aussi par la sobriété (lutte contre le gaspillage alimentaire, réhabilitation des bâtiments…), la substitution de ressources finies par des renouvelables et l’évitement des déchets (allongement de la durée d’usage, réparation, réemploi…). Comment mobiliser les citoyens, transformer les habitudes et les usages ? Comment, en matière d’urbanisme, faire évoluer les pratiques, passer de la destruction à la déconstruction, favoriser le réemploi de matériaux ? Ces questions seront au cœur des débats organisés par Le Monde Cities le mercredi 27 novembre, de 8 h 30 à 10 h 30, à la serre du Jardin des plantes, place du Jardin-des-plantes, à Orléans (Loiret). 8 heures Café d’accueil 8 h 30 L’économie circulaire, outil efficace pour lutter contre le réchauffement climatique ? Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement 9 heures Retours d’expériences – Comment mobiliser les citoyens, transformer les habitudes et les usages ? Le supermarché des déchets recyclés, par Eric Buffo , directeur du développement du Syndicat mixte intercommunal de collecte et de valorisation du Libournais (Smicval) , directeur du développement du Syndicat mixte intercommunal de collecte et de valorisation du Libournais (Smicval) Le vide-grenier virtuel entre voisins, par Hélène Peroceschi , chargée de mission Réduction des déchets à Orléans métropole , chargée de mission Réduction des déchets à Orléans métropole Une tarification incitative dans la collecte des déchets, par Marie-Laure Journet Bisiaux, directrice Gestion des déchets du Grand Besançon 9 h 30 Présentation de la « déconstruction » de la Plateforme Industrielle Courrier (PIC) de la Poste à Nice 9 h 40 Table ronde – Quand le bâtiment va, tout va ! Pour un urbanisme durable et résilient Julien Choppin , architecte de l’agence Encore heureux , architecte de l’agence Encore heureux Stéphanie Anton , adjointe au maire d’Orléans et président d’Orléans Métropole, chargée du développement durable , adjointe au maire d’Orléans et président d’Orléans Métropole, chargée du développement durable Thierry Laquitaine, président de Circolab, réseau de professionnels du bâtiment engagés dans l’économie circulaire 10 h 10 Grand Témoin – Et si la solution était de produire moins de déchets ? Bénédicte Moret, mère de la famille Zéro Déchet 10 h 25 Conclusion Charles Fournier , vice-président de la région Centre-Val de Loire, délégué à la transition écologique , vice-président de la région Centre-Val de Loire, délégué à la transition écologique Ludovic Provost, délégué régional du Groupe La Poste en Centre-Val de Loire Inscription en ligne (gratuite), dans la limite des places disponibles RÉSERVEZ VOS PLACES Cette conférence est conçue et organisée par Le Monde avec le soutien de La Poste
Comment mettre en pratique l’économie circulaire, dans la vie des citoyens comme dans la construction de la ville ? Le Monde Cities s’interroge, dans le cadre d’une conférence, mercredi 27 novembre de 8 h 30 à 10 h 30 à Orléans.
https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2019/10/22/economie-circulaire-et-climat-nouveaux-usages-nouvelle-economie-une-conference-le-monde-cities-a-orleans_6016489_4811534.html
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La journaliste Léa Salamé signe huit épisodes de la nouvelle saison de « Stupéfiant ! », sur France 5. NATHALIE GUYON/FTV FRANCE 5 - MERCREDI 16 OCTOBRE À 20 H 50 - MAGAZINE L’annonce, avant l’été, de laisser filer « Stupéfiant ! » sur la 5 avait surpris. D’autant qu’en trois ans le magazine avait su fédérer quelque 700 000 téléspectateurs en moyenne, ce qui, pour une émission culturelle programmée un lundi en deuxième partie de soirée sur France 2, était plutôt mieux que bien. Mais l’heure n’est plus à pleurnicher puisque « Stupéfiant ! » revient donc, et en très grande forme. Tout comme Léa Salamé, pas mécontente d’être désormais programmée en prime time et d’alléger sa contribution (elle a signé pour huit émissions cette année), et ce d’autant qu’elle est également à la tête non seulement de la matinale de France Inter avec Nicolas Demorand mais aussi de « Vous avez la parole » (ex-« L’Emission politique » sur France 2), avec Thomas Sotto. Le challenge est néanmoins double. Comme le souligne Léa Salamé, il s’agit « de faire basculer le public de France 2 sur France 5 et de le convaincre de regarder ce qui est désormais conçu comme un film documentaire de 90 minutes » – dans lequel elle intervient à quelques reprises, notamment pour mener les interviews. Ce qu’elle fait très bien, comme en témoigne l’épisode 1 de cette nouvelle formule emmenée, elle tient à le souligner, par Jérôme Bermyn, le rédacteur en chef de l’émission, et réalisée par Aurélia Perreau et Julien Beau, les « bébés », dit-elle, de son producteur : Laurent Bon. La place centrale des femmes de joie Des bébés majeurs, puisque le thème du premier « Stupéfiant ! » nouvelle formule est… le bordel. A l’occasion des expositions Toulouse-Lautrec au Grand Palais et Degas au Musée d’Orsay, le documentaire montre la place centrale qu’ont jouée les femmes dites « de joie » dans le développement de la peinture et de la littérature modernes. Lire aussi Il y a 60 ans, la fermeture des maisons closes Pour Léa Salamé, raconter l’art du bordel permet surtout d’interroger la condition même de la femme et sa place dans la société. C’est aussi se demander pourquoi, longtemps, cette histoire a été racontée par des hommes (Maupassant en tête). L’occasion d’aller interroger Emma Becker, dont le remarquable La Maison vient de paraître aux éditions Flammarion. La jeune femme, qui s’est prostituée pendant deux ans et demi à Berlin, explique à Léa Salamé avoir voulu « apporter une perspective de femme sur ce sujet ». Promesse tenue, et pari réussi pour ce changement de format. « Le Doc Stupéfiant ! L’art du bordel », réalisé par Aurélia Perreau et Julien Beau (Fr., 2019, 90 min).
Déplacée en prime time sur France 5, l’émission culturelle « Stupéfiant ! » revient avec un numéro consacré à l’art du bordel
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/16/lea-salame-ouvre-la-porte-des-maisons-closes_6015774_3246.html
mlsum-fr-349
Le livre. Connaissez-vous l’amphisbène, la chèvre-souris, le choristodère, la conure veuve, l’hydromante de Strinati, le mégaloceros, l’ours-chien, le toast du Botswana, le titanosaure ou le wisent ? Ces animaux, dont certains pourraient passer pour mythiques, fruits de l’imagination d’un zoologiste exubérant, ont vécu ou vivent dans notre vieille Europe. Ils peuplent les pages du livre Le Supercontinent, du paléontologue australien Tim Flannery, qui retrace une formidable histoire naturelle de l’Europe sur 100 millions d’années d’évolution géologique, biologique et climatique – des dimensions indissolublement liées. La machine à remonter le temps de Tim Flannery nous permet d’aborder sur les rivages changeant d’un continent dont les contours ont tardé à se dessiner, au gré des chocs des plaques tectoniques. Tantôt chaudes et humides, tantôt mangées par les glaces, jadis reliées à l’Amérique, mais toujours ou presque en contact avec l’Afrique et l’Asie, ces terres sont un carrefour pour nombre d’espèces végétales et animales, et un lieu de métissage sans pareil. Portraits de scientifiques extravagants Le talent de Tim Flannery est d’enrichir ce qui n’aurait pu être qu’un catalogue des flux et reflux de la biodiversité dans nos contrées par une foule de détails sur cette vie toujours changeante et les écosystèmes qu’elle constitue. Et aussi de brosser quelques portraits de scientifiques souvent extravagants, comme Franz Nopcsa von Felso-Szilvas, baron de Sacel et découvreur de dinosaures nains européens. Ou glaçant, comme l’exécrable Richard Owen, aussi venimeux que sa vipère géante Laophis. Sans parler des frères Lutz et Heinz Heck, nazis obsédés par la ressuscitation de races primitives de bovins propres à être chassés par de fiers guerriers aryens… L’érudition de Tim Flannery est étourdissante, son livre fourmille d’anecdotes, cite les plus récentes études et propose une vision panoptique vertigineuse de l’évolution. Celle-ci est faite de crises, et les perdants sont légion, balayés par les cataclysmes ou par des concurrents mieux adaptés à de nouvelles conditions de vie. Mais un petit mammifère au destin singulier est venu ces dernières dizaines de millénaires précipiter encore ce jeu de massacre. Homo sapiens, avec ses armes de destruction massives – une pierre bien taillée fait toute la différence –, n’a cessé d’affermir son emprise sur la nature. Chez Tim Flannery, le scientifique et le militant écologiste ne font qu’un. En 2011, il a été nommé chef de la commission climat du gouvernement australien, avant d’être « démissionné » sans égard, en 2013, par un ministre de l’environnement conservateur. Les derniers chapitres du livre évoquent la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité, et s’interrogent sur les projets de réintroduction d’espèces et de « réensauvagement » du Vieux Continent : les lions, les hyènes et les éléphants, qui naguère vivaient ici, auront-ils à nouveau droit de cité sur des terres bientôt brûlées par le réchauffement climatique ?
Dans « Le Supercontinent », le paléontologue australien Tim Flannery retrace brillamment l’histoire naturelle de l’Europe qui a été et reste un carrefour pour toutes les formes de vie.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/26/l-europe-100-millions-d-annees-de-migrations-et-de-metissages_6013079_1650684.html
mlsum-fr-350
Remco Evenepoel a pris, à 19 ans, la deuxième place dans la catégorie Elite au championnat du monde contre-la-montre, mercredi 25 septembre. Manu Fernandez / AP International belge chez les moins de 16 ans, Remco Evenepoel n’a, finalement, pas fait carrière dans le football ; il y a tout de même un peu de Kylian Mbappé chez lui. Le champion du monde commentait ainsi sa période de purgatoire, à ses débuts professionnels, sur le banc de touche de l’AS Monaco : « Dès que j’entendais “l’âge”, j’avais les sourcils qui se fronçaient. Moi, tu me parles pas d’âge. » Ne parlez pas d’âge à Remco Evenepoel. On se contentera de dire du Belge qu’il n’a pas 20 ans et a décroché, mercredi 25 septembre dans le Yorkshire, la médaille d’argent du championnat du monde contre-la-montre. Auparavant, il avait, en une semaine, début août, enfilé le maillot de champion d’Europe du contre-la-montre et remporté la Clasica San Sebastian. Il sera l’un des candidats à la victoire dans la course en ligne du Mondial dimanche. Le favori, lui, étant bien plus « expérimenté » : Mathieu Van der Poel, un vieillard de 24 ans, quatre courses World Tour sur route seulement disputées dans sa carrière, dont deux gagnées cette année. C’est une perte de repères pour le monde du vélo, qui a grandi dans l’idée qu’on avait l’avenir devant soi jusqu’à 25 ans. C’était l’âge maximum, jusqu’en 2006, des participants au justement nommé Tour de l’Avenir, désormais abaissé à 23 ans. II était entendu que les participants étaient peut-être les vedettes de demain, mais pas d’aujourd’hui. Un siècle de préjugés La saison 2019 a fait voler en éclats un siècle de préjugés. Du cursus honorum du jeune cycliste, on connaissait ces quelques règles intangibles : laisser passer un an avant de l’aligner sur un grand tour, deux ans au moins avant le Tour de France ; lui faire porter des bidons quelques saisons ; le préserver des duretés du World Tour – le plus haut niveau mondial –, cela afin qu’à 28 ans, le prodige soit fort et frais pour conquérir le maillot jaune ou les grandes classiques. Le cyclisme a-t-il fait fausse route ? Cyrille Guimard le pense, lui qui géra prudemment les débuts de Bernard Hinault mais fit de Laurent Fignon son leader sur le Tour de France à 22 ans. « On a le poids de notre histoire. Mais il n’y a aucune raison que le cyclisme soit un sport à maturité tardive, estime l’ex-directeur sportif aux sept Tours de France. Le vieillissement commence à 22 ans, pourquoi serait-on plus fort physiquement à 30 ? » Pour l’ancien sélectionneur français, aujourd’hui consultant sur RMC Sport, les aspirants cyclistes des pays de forte tradition vélocypédique ont été freinés par une politique de gestion excessive, incarnée par la limitation des braquets jusqu’à la catégorie juniors. « On se limite dans les résultats quand on limite sa formation. Dès que l’on fait abstraction du présupposé que l’on va cramer les jeunes, on développe de vrais athlètes. » Le Colombien Egan Bernal (22 ans), le Slovène Tadej Pogacar (21), le Belge Remco Evenepoel (19) et le Néerlandais Van der Poel, par leurs origines géographiques ou sportives – le Belge s’est consacré au football jusqu’en 2017, le Néerlandais a d’abord pratiqué le cyclo-cross où il est multi-titré –, ont-ils grandi libérés de ces préjugés ? Leurs résultats, en tous cas, rajeunissent les records. Bernal est le plus jeune vainqueur du Tour de France depuis François Faber, il y a 110 ans. Le Slovène Pogacar a pris la troisième place du Tour d’Espagne en remportant trois étapes, du jamais-vu à son âge depuis Giuseppe Saronni il y a 40 ans. Des méthodes de pro La jeunesse n’a pas attendu 2019 pour poser sa patte glabre sur le cyclisme mondial mais le phénomène a pris de l’ampleur. Les coureurs de 23 ans ou moins totalisent 93 places dans les dix premiers sur les courses du World Tour cette année, contre 72 l’an dernier et 40 en 2017. Dans les 100 premiers mondiaux, un coureur sur dix a 23 ans ou moins − dont les Français de la Groupama-FDJ David Gaudu et Valentin Madouas. Tadej Pogacar, pour sa première saison professionnelle, pointe au 14e rang mondial. Alvaro Barrientos / AP Parmi eux, Pavel Sivakov, Russe né en France, vainqueur du Tour des Alpes et du Tour de Pologne cette année, neuvième du Giro pour sa première participation à 22 ans. Il est le premier surpris de voir sa génération prendre le pouvoir. Lui qui dominait, il y a deux ans, la catégorie Espoirs, s’attendait à devoir attendre au moins un an de plus chez les professionnels avant de s’illustrer au haut niveau. Il parle d’émulation : « Le fait de voir des jeunes coureurs performer, ça motive encore davantage. Je me dis que si je veux qu’on me considère comme un très bon, il va falloir que je me bouge, pas de temps à perdre. Il y a deux ans, je courais en espoirs avec Egan Bernal et maintenant il gagne le Tour ! Cela me fait dire que je peux le faire aussi, un jour. » Quant aux explications plus rationnelles, Pavel Sivakov cite en premier lieu la professionnalisation plus précoce, grâce aux réseaux sociaux et aux équipes réserves des grosses formations. Lui-même est arrivé dans l’équipe de développement de la BMC à l’âge de 18 ans. « Très tôt, j’ai eu conscience que pour briller il fallait tout faire à 100 %. Chez les espoirs, j’appliquais les mêmes méthodes que dans le World Tour, avec le même entraîneur, Marco Pinotti, que les professionnels. Avec les réseaux sociaux comme Strava, les entraînements des professionnels, les méthodes de nutrition, sont aussi accessibles dès le plus jeune âge. » Une génération exceptionnelle Julien Pinot, entraîneur de la Groupama-FDJ qui a veillé à l’éclosion de son frère Thibaut, dixième du Tour de France à l’âge de 22 ans, en 2012, tempère ce jugement : « Les espoirs, à l’époque, avaient déjà des méthodes de professionnels. Je n’ai pas d’autre explication que l’émergence d’une génération exceptionnelle, à une époque où le niveau est plus élevé et homogène que jamais. Ce que je trouve impressionnant, c’est qu’ils ne soient pas du tout écrasés par la pression, à l’image de Tadej Pogacar qui n’a eu aucun mauvais jour sur la Vuelta. Ce sont des mecs qui gagnent tout depuis les juniors. Ils ont un sens du leadership plus développé que Thibaut lorsqu’il est passé professionnel. » L’entraîneur de la Groupama-FDJ se veut prudent sur la longévité de ces phénomènes, qui ont subi très jeunes la pression du professionnalisme. Les exemples existent de champions ayant admis des difficultés psychologiques après un début de carrière météorique − Andy Schleck, Tejay Van Garderen, Janez Brajkovic. Pour l’heure, les problèmes sont pour leurs aînés, souffle Julien Pinot : « Pour les gars de 26-28 ans, c’est perturbant. Ils se disent : “Dans cinq ans, je suis bon pour la casse.” »
L’avènement de jeunes coureurs comme Egan Bernal, Remco Evenepoel ou Tadej Pogacar brise le cliché d’un sport à maturité tardive. Au point que Mathieu Van der Poel, 24 ans, est considéré comme le favori du championnat du monde.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/28/le-cyclisme-fait-sa-crise-d-adolescence_6013402_3242.html
mlsum-fr-351
« Alors que les taux d’intérêt sont bas depuis dix ans, des pays très divers connaissent une prospérité économique longue. » Jacques Loic / Photononstop Tribune. A l’heure où les taux d’intérêt sont durablement bas, voire négatifs, nombre d’économistes s’alarment des risques d’une telle situation. Si l’on résume leur pensée, les taux d’intérêt bas rongeraient les marges des banques, stimuleraient la spéculation, notamment immobilière, et inciteraient les Etats à s’endetter, alors que les épargnants seraient, eux, lessivés par des taux inférieurs à l’inflation. Il est étonnant que ces économistes n’intègrent cet événement majeur et inédit qu’est la valeur quasi nulle du placement de l’argent que pour en dénoncer les dangers anachroniques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Et si les taux étaient devenus simplement insignifiants ? » Car l’observation des faits contredit cet alarmisme et devrait plutôt susciter le renouveau des débats sur les dettes, les déficits, la création et la répartition des richesses, en faisant l’hypothèse que nous vivons un changement d’ère radical. D’une part, alors que les taux d’intérêt sont bas depuis dix ans, des pays très divers connaissent une prospérité économique longue – Etats-Unis, Chine, Canada, Afrique de l’Est – avec un chômage bas ou en forte décroissance. Certains sont peu endettés, voire en excédent budgétaire – Allemagne, Pays-Bas, Norvège. Lire aussi La BCE baisse ses taux et relance son aide monétaire D’autre part, les deux plus grandes crises mondiales, en 1929 et en 2008, se sont déroulées dans un contexte de taux d’intérêt élevés, de l’ordre de 5 à 6 %, ce qui n’avait pas empêché l’endettement excessif de certains Etats, tels que la Grèce, ni les activités spéculatives, en particulier dans l’immobilier, aux Etats-Unis et en Espagne. Comment expliquer cette survivance des modèles économiques obsolètes au regard du taux d’intérêt ? Imperfections Dès 1922, l’économiste espagnol German Bernacer (1883-1965), précurseur puis critique de Keynes, a expliqué que le taux d’intérêt était un obstacle à l’investissement et à la consommation, puisqu’il représentait un revenu pour les rentiers passifs qui ne prennent pas de risque. Bernacer a montré que l’origine du taux d’intérêt est l’existence de biens productifs de rente tels que la terre, l’immobilier ou certaines œuvres d’art. Ces biens attirent les capitaux dans ce marché financier pour spéculer sur les différences de prix. La rente est ainsi alimentée soit par des biens relativement stables – la terre – soit par la spéculation – sur les marchés à terme. Ce circuit concurrence le circuit productif de l’économie réelle et assèche ce dernier, le privant de capitaux et provoquant in fine un chômage évitable. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Mario Draghi, général désabusé par un combat sans gloire et sans fin » C’est pourquoi plus les taux d’intérêt sont élevés, plus ils stimulent la spéculation, qui débouche fatalement sur une crise financière. Inversement, lorsque les taux d’intérêt sont bas, ceux qui ont de l’argent disponible, sauf à en perdre en le thésaurisant, n’ont d’autre choix s’ils veulent en gagner que d’investir dans des activités productrices de biens ou services, source de prospérité et d’emploi. Les bénéficiaires de taux d’intérêt bas sont aussi les Etats, qui peuvent financer des réformes et baisser les taux d’imposition, ce qui renforce, de façon vertueuse, la consommation, l’investissement et la croissance.
Les taux négatifs présentent plus d’avantages que de dangers, plaident les professeurs d’économie Laurent Cappelletti et Henri Savall dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/26/un-scenario-du-taux-d-interet-bas-peut-favoriser-la-prosperite_6013122_3232.html
mlsum-fr-352
Image affichée sur les ordinateurs piratés, montrant l’ancien président pro-occidental, Mikheïl Saakachvili, accompagné de la phrase : « je reviendrai ! » Capture d'écran Il y eut d’abord un écran noir. Puis ces mots : « I’ll be back ! » (« je reviendrai ! ») accompagnés de la photo de l’ancien président pro-occidental, Mikheïl Saakachvili, auquel ne manquait qu’un rire sardonique. Vingt-quatre heures après l’étrange cyberattaque qui a frappé près de 2 000 sites, des serveurs d’ONG et deux chaînes de télévision, paralysant jusqu’aux systèmes de la présidence géorgienne, les spéculations fourmillaient à Tbilissi. Qui pouvait être derrière ce piratage massif ? L’ancien chef d’Etat Mikheïl Saakachvili ou ses affidés ? Trop grossier, sans doute. L’ex-dirigeant, exilé en Ukraine, a beau être le « coupable idéal » régulièrement brandi par l’actuel gouvernement, l’hypothèse que l’ancien chef d’Etat ait signé son propre méfait a vite été évacuée. La Russie ? Le souvenir de la cyberattaque d’août 2008, quarante-huit heures avant le déclenchement de la deuxième guerre d’Ossétie du Sud, où se sont affrontées l’armée géorgienne et les troupes russes, affolait les esprits. Mais « le Kremlin n’a aucune raison d’être en colère contre le pouvoir en place », estime Tornike Sharachenidze, professeur au Georgian Institute of Public Affairs de Tbilissi. « Représailles » de hackeurs Le pouvoir en place a multiplié les gestes d’apaisement envers le Kremlin, vantant ici le commerce avec le voisin russe, ou acceptant l’extradition de criminels présumés. Le hackeur Yaroslav Sumbayev, arrêté en Georgie en 2018 et suspecté d’être à l’origine de l’assassinat du colonel Yevgenia Shichkina, enquêtant sur les crimes économiques et les délits de corruption, a été remis aux autorités russes le 24 octobre, bien que son avocat ait évoqué le risque d’un « traitement inhumain ». A en croire M. Sharachenidze, la gigantesque attaque du lundi 28 octobre pourrait être des « représailles » venues de la communauté des hackeurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Europe et les Etats-Unis dénoncent d’une même voix la cyberguerre russe L’agression, qualifiée à première vue par les experts de « peu sophistiquée », a surtout mis en évidence la vulnérabilité des systèmes informatiques géorgiens. Maladroitement, le ministère de l’intérieur confessait mardi que l’attaque pouvait provenir tant « de l’intérieur que de l’intérieur ». Une illustration de l’« inefficacité du gouvernement à se protéger d’éventuelles menaces provenant, entre autres, de la Russie », selon Thornike Gordadze, ancien ministre du gouvernement de Saakachvili et universitaire.
Environ 2 000 sites Internet géorgiens, parmi lesquels ceux de la présidence, de tribunaux et de médias, ont été ciblés lundi par des hackeurs.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/30/l-etrange-cyberattaque-qui-affole-la-georgie_6017435_3210.html
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Jeremy Corbyn, le leader du Parti travailliste, à Londres le 18 mai, est régulièrement confronté à des accusations d’antisémitisme. Neil Hall / REUTERS Un documentaire de la BBC, diffusé mercredi 10 juillet au soir, a relancé les accusations d’antisémitisme au sein du Labour, principale formation de l’opposition au Royaume-Uni. De hauts responsables travaillistes y sont accusés d’ingérence dans la gestion des affaires d’antisémitisme alors que l’équipe chargée de gérer les conflits au sein du parti est censée fonctionner indépendamment des structures politiques du mouvement, y compris du bureau de son chef de file, Jeremy Corbyn. Sam Matthews, ancien responsable de cette structure interne au Labour, a cependant expliqué aux équipes de l’émission « Panorama », qu’il avait considéré comme un « ordre » un courriel envoyé en mars 2018 par Seumas Milne, responsable de la communication de M. Corbyn, dans lequel celui-ci réclamait de revoir la manière dont les plaintes étaient traitées. La secrétaire générale du Parti travailliste, Jennie Formby, est aussi mise en cause pour ses interventions dans le processus disciplinaire. Le Labour a nié toute ingérence et a reproché à la BBC son traitement « injuste » et « déséquilibré » du sujet. « Nous rejetons toute affirmation selon laquelle le parti est antisémite. Nous sommes solidaires du peuple juif et nous prenons des mesures décisives pour éliminer le cancer social de l’antisémitisme de notre mouvement et de notre société », a réagi mercredi soir le service de presse de la formation sur son compte Twitter et sur son site Internet. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le Labour a un réel problème d’antisémitisme » Les accusations d’antisémitisme empoisonnent le Parti travailliste depuis plusieurs années, soulignant de profondes divisions entre ceux qui dénoncent la complaisance de Jeremy Corbyn à l’égard de ces faits et l’aile gauche, qui défend son chef. Lire aussi : Le leader travailliste britannique Jeremy Corbyn à nouveau dans la tourmente Un parti « institutionnellement raciste envers les juifs » Pour son émission, la BBC a interrogé huit anciens responsables travaillistes, dont sept ont œuvré au sein du département chargé des plaintes et des conflits du parti. Le documentaire laisse aussi la parole à des membres du Labour de confession juive, qui témoignent des insultes qui leur ont été adressées. Selon l’émission, plus d’un millier de plaintes pour antisémitisme s’accumulaient au printemps, mais seulement quinze personnes avaient été exclues. Interrogé à ce sujet, Andrew Gwynne, chargé des communautés au sein de la formation, a expliqué qu’il y avait « beaucoup d’affaires en cours » et que certaines personnes qui faisaient l’objet d’une enquête avaient choisi de quitter le parti de leur plein gré. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au nord de Londres, les militants du Labour effarés et meurtris par les accusations d’antisémitisme Réagissant mercredi soir, le Jewish Labour Movement (JLM), qui représente les adhérents juifs, a estimé qu’« après avoir vu ce programme, personne ne peut douter que le Parti travailliste soit institutionnellement raciste ». Le JLM a espéré que « des mesures soient prises », comme des suspensions ou des exclusions, envers ceux reconnus responsables d’actes répréhensibles.
Des responsables travaillistes seraient intervenus pour influencer le travail de l’équipe chargée de gérer les conflits liés aux affaires d’antisémitisme au sein du parti.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/11/antisemitisme-au-labour-un-documentaire-de-la-bbc-relance-les-accusations_5487923_3210.html
mlsum-fr-354
s par an. Depuis plusieurs jours, la question de savoir pourquoi la Suisse abrite le gratin des écoles les plus chères du monde, loin devant le Royaume-Uni, la France ou Dubaï, titillait l’esprit sans que l’attirance des milliardaires pour les paradis fiscaux arrive à convaincre tout à fait. Et puis, dans le TGV pour Lausanne, à quelques minutes de l’arrivée, une conversation saisie à la volée entre deux voyageurs accros à la pédagogie, met la puce à l’oreille : « Tu te trompes, Piaget était plus un clinicien du développement de l’enfant qu’un philosophe. Rien à voir avec Rousseau », disait la femme, à qui l’homme répondait : « Mais enfin, Piaget était un disciple de Kant. » Voilà une hypothèse à approfondir : et si le rayonnement éducatif du petit pays s’était construit au fil des ans sous la double tutelle de Jean-Jacques Rousseau, né en 1712, à Genève, et de Jean Piaget, né en 1896, à Neuchâtel, dont la méthode d’apprentissage a guidé des générations d’instituteurs ? En voiture sur la route en lacets qui surplombe le lac Léman et mène à Villars-sur-Ollon, charmant village du canton de Vaud, on regrette de ne pas avoir relu Emile ou De l’éducation avant de rencontrer l’équipe du collège alpin international Beau Soleil, membre du top 10 des internats les plus prestigieux de la planète. Rousseau aurait aimé se promener sur le campus agrippé au flanc de la montagne, à 1 300 mètres d’altitude. L’air y est si pur que, jusque dans les années 1950, l’établissement accueillait des enfants malades. Citoyens du monde Depuis, l’atmosphère a bien changé. Installés sur la terrasse orientée plein sud, emplacement rêvé pour admirer au loin les sommets enneigés, les pensionnaires en train de déjeuner font plutôt envie que pitié. Jeunes, entre 11 et 18 ans, ils sont riches et, oui, plutôt beaux. Leurs patronymes resteront confidentiels. L’anglais leur vient naturellement, même si le français est aussi utilisé en classe. « Oh moi, je parle aussi grec, russe et arabe, avoue timidement Catherine, 17 ans. Mon père est grec, ma mère est russe et on habite au Caire, alors, c’est normal. » Raphaël, un copain du même âge, père espagnol, mère allemande, vit, lui, entre Paris et Londres. Quant à Lorène, leur voisine de table, elle est française, mais sa famille réside au Mexique. Si jeunes et déjà citoyens du monde. Christophe Clivaz, le patron de Swiss Learning, une plate-forme qui vante les mérites de l’enseignement local, nous avait raconté, depuis Genève, ce choc précoce des cultures, lui qui fut élevé au Collège du Léman, présent aussi dans le top 10. « Dans la chambre, nous étions trois : un Tunisien qui priait cinq fois par jour, un Japonais qui mangeait les nouilles à la baguette et moi, le Suisse, qui voulais dormir la fenêtre ouverte. Ah, ça ouvre l’esprit, je vous le promets… »
Sur la planète des ultrariches (3/5). Les enfants de milliardaires débordés sont internes dans des écoles où les frais de scolarité peuvent dépasser 100 000 euros par an.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/14/internats-5-etoiles-pour-filles-et-fils-de_5499205_4415198.html
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« Cash Investigation » s’attarde longuement sur la situation des livreurs à vélo d’Uber Eats ou de Deliveroo. PREMIÈRES LIGNES TV france 2 – mardi 24 septembre à 21 h 05 – magazine « Je fais partie d’une classe de travailleurs invisibles. (…) Et tous ensemble, on entraîne des machines qui vont finir par faire le job et nous remplacer. » Jared Mansfield vit dans l’Oregon, aux Etats-Unis, et classifie des images sur Internet pour 30 cents de dollar de l’heure. Il fait partie de ces innombrables « microtravailleurs », tâcherons du clic, qui, partout dans le monde, à distance, effectuent à la chaîne de minuscules actions, pour des employeurs qu’ils ne connaissent pas toujours. Le nouveau numéro de « Cash Investigation » va à la rencontre de ces travailleurs mal connus, qui incarnent la face la moins reluisante d’Internet et de ses géants Le nouveau numéro de « Cash Investigation » va à la rencontre de ces travailleurs mal connus, qui incarnent la face la moins reluisante d’Internet et de ses géants. Quand Google s’enorgueillit d’offrir à ses salariés des conditions de travail paradisiaques, il passe sous silence le fait que certaines de ses technologies, notamment d’intelligence artificielle, reposent sur ces milliers de petites mains sous-payées, sans statut, tout au bout de la chaîne. Les invisibles du Web, ce sont aussi les modérateurs des grandes plates-formes comme Facebook, payés pour supprimer les contenus les plus atroces du réseau, qu’ils regardent tout au long de la journée dans des open spaces. Muselés par des clauses de confidentialité, rares sont ceux qui osent témoigner – ce qui rend précieux cet épisode de « Cash Investigation », qui en a rencontré plusieurs. « J’ai vu des choses qui seront en moi pour toujours », confie l’un d’entre eux, qui a fini par abandonner ce travail, payé 800 euros au Portugal (un peu plus du salaire minimum). « On ne vous y prépare pas psychologiquement. (…) Si vous me donnez 1 million d’euros, même 1 milliard d’euros, je ne le referai pas. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Meurtres, pornographie, racisme… Dans la peau d’un modérateur de Facebook Eviter le contrat de travail Mais les nouveaux travailleurs de l’ère des algorithmes ne sont pas toujours invisibles. « Cash Investigation » s’attarde ainsi longuement sur la situation des livreurs à vélo d’Uber Eats ou de Deliveroo et fait embaucher un de ses journalistes. Ou presque : les livreurs sont en fait autoentrepreneurs. « On ne “recrute” jamais », souligne un ancien manageur d’Uber Eats, détaillant la novlangue de l’entreprise. « On “met en place un partenariat”. » Les enquêteurs de l’émission ont même mis la main sur un document interne de Deliveroo listant les termes à bannir (« travail », « CV », « ancienneté »…) et ceux à privilégier (« shift », « fiche de présentation », « durée de prestation »…), pour éviter le spectre du contrat de travail – et les droits et devoirs qui en découlent. Les livreurs parcourent ainsi les villes au gré des propositions de l’algorithme, qui, en cas de forte demande, les incite, à coups de bonus, à travailler plus vite – comprendre griller les feux et risquer sa vie. « Cash Investigation » soulève une autre pratique bien embarrassante pour Deliveroo. Après une mobilisation des livreurs, place de la République, à Paris, un responsable a indiqué, dans un mail interne que les journalistes se sont procuré, avoir identifié certains des manifestants grâce au service de géolocalisation de l’application. Le magazine affirme que l’entreprise a ensuite tenté de monter des dossiers contre eux. Face à ces graves accusations, le responsable de la communication envoyé par l’entreprise devant Elise Lucet n’en mène pas large. Eléments de langage fumeux, bégaiements, sourire narquois de la journaliste, attachée de presse zélée qui met fin à l’interview : la recette « Cash Investigation », bien rodée, est toujours aussi efficace. Lire l’enquête : Un livreur de Deliveroo radié après avoir organisé une grève C'est une exclusivité L'équipée sauvage, @EliseLucet nous dévoile le thème du prochain #CashInvestigation, bientôt… https://t.co/IrWB3uAKKb — Europe1 (@Europe 1 📻) « Au secours, mon patron est un algorithme », enquête réalisée par Sandrine Rigaud, dans « Cash Investigation », magazine présenté par Elise Lucet (France, 2019, 140 min). Francetvpro.fr/france-2, France.tv/france-2/cash-investigation et Francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/cash-investigation
Livreurs à vélo, tâcherons du clic, modérateurs… La nouvelle enquête du magazine de France 2 présenté par Elise Lucet s’intéresse mardi à ces nouvelles formes de travail.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/24/television-cash-investigation-a-la-rencontre-des-nouveaux-proletaires-du-web_6012758_3246.html
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Ainsi, dans un savant et éclectique mélange des gens et des genres, l’ancienne garde des sceaux Christiane Taubira et l’académicienne Barbara Cassin liront et commenteront les Feuillets d’Hypnos, de René Char, fragments écrits entre 1943 et 1944 lors des années de résistance du poète dans le maquis des Alpes-de-Haute-Provence ; le comédien Pierre Richard fera, sous la direction de l’auteur et metteur en scène Gérald Garutti, une traversée de la nuit grâce à la poésie d’Henri Michaux et de Robert Desnos ; les philosophes Michaël Fœssel et Barbara Stiegler se demanderont si nous ne vivons pas le grand retour des années 1930 et pourquoi ces années-là, sans répéter l’histoire ni rejouer le passé, éclairent notre présent. Philosophe de la vie des plantes et du monde sensible, Emanuele Coccia évoquera la grande métamorphose en cours qui abolit les frontières entre nature et culture ; écrivaine, Joy Sorman proposera, avec le musicien Florentin Ginot et le compositeur Jérôme Combier, une lecture musicale d’un récit littéraire auquel elle travaille actuellement nourri d’une plongée dans l’univers de la psychiatrie et de sa rencontre avec un schizophrène ; elle dialoguera avec Olivier Zabat, réalisateur d’Arguments, documentaire récemment présenté au Festival international du film de Locarno, sur les « entendeurs de voix », qui en révélera quelques extraits ; la philosophe des épreuves de la vie Claire Marin abordera l’imaginaire de la rupture à l’aide des plus grands écrivains ; essayiste, Marielle Macé convoquera l’imaginaire des rivières qui, comme celui des cabanes, réenchante l’urbain, et dialoguera avec l’architecte Anna Chavepayre sur les nouvelles manières d’habiter une maison, un pays, une terre ; le comédien Jacques Bonnaffé dira les poètes qui donnent langue et vie à des mondes imaginables ; enchevêtrant paroles et musiques, Bertrand Belin, auteur d’Hypernuit et récemment de l’album Persona, viendra chanter son envoûtante et énigmatique poésie pop rock ; ancien musicien de Rachid Taha, Hakim Hamadouche fera vibrer, avec son art endiablé du mandoluth électrique, l’espoir algérien et l’imaginaire méditerranéen ; la chanteuse Marion Rampal et le pianiste Pierre-François Blanchard qui viennent de sortir leur nouvel album, Le Secret, feront partager leur amour de la musique noire américaine, des racines folks et classiques européennes et accompagneront, avec une formation élargie, la Nuit du Monde jusqu’au petit matin. Un programme imaginé et présenté par Nicolas Truong (grand reporter au Monde chargé de la vie intellectuelle au sein des pages Idées) et Isabelle Régnier (journaliste au service Culture du Monde et spécialiste de l’architecture).
« Le Monde » vous invite dans le cadre du Monde Festival à passer une nuit entière à penser le présent et à imaginer l’avenir, à revisiter le passé, à rêver d’autres mondes et à éprouver le passage du jour au lendemain. La veillée aura lieu samedi 5 octobre de 22 heures à 6 heures du matin, au Théâtre des Bouffes du Nord.
https://festival.lemonde.fr/programmation/la-nuit-du-monde-festival/
mlsum-fr-357
Abdelaziz Rahabi à Alger, le 6 juillet 2019. Batiche Farouk/DPA/ABACA / Batiche Farouk/DPA/ABACA Ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi a dirigé en juillet les travaux de la conférence nationale de dialogue dite de Aïn Benian, au cours de laquelle une plate-forme de revendications a été adoptée par plusieurs partis politiques, personnalités et associations de la société civile. Les Algériens ont chassé Abdelaziz Bouteflika et manifestent depuis trente-cinq semaines. Qu’est-ce qui a changé en Algérie ? Abdelaziz Rahabi Le Hirak [mouvement populaire] a surpris tout le monde. Par sa cohérence, par son caractère massif, national, pacifique. Ce n’est pas l’expression d’un ras-le-bol du système Bouteflika, c’est l’expression de l’accumulation de toutes les frustrations politiques et des aspirations à la justice sociale depuis des décennies. Le peuple s’est réapproprié l’espace public et politique. Ce mouvement transcende les idéologies, il veut rompre avec le système autoritaire, la corruption, c’est ce qui fait son caractère éminemment politique. C’est aussi une opportunité historique dans un pays qui procède et n’avance que par ruptures violentes. La colonisation a été une très grande violence. L’indépendance a été marquée par la violence de la lutte pour le pouvoir. Puis vint le coup d’Etat de Houari Boumediene en 1965. La nationalisation des terres agricoles, qui a été une forme de violence économique. Le printemps berbère de 1980, les émeutes d’octobre 1988, le mouvement civique en Kabylie de 2001… Pour la première fois, nous envisageons de sortir d’un système non démocratique de façon pacifique. C’est une immense avancée. Une sorte de coup d’Etat civil, un coup d’Etat de la société contre ses propres institutions, incapables de se réformer, de se mettre en rapport avec le temps réel. Comment expliquer cette surdité et cette résistance du pouvoir ? C’est le pays le plus fermé de la Méditerranée alors que le peuple est mondialisé. Il y a un décalage profond entre la société, en lien avec le temps réel, et la structure gouvernementale, le fonctionnement de l’Etat, qui est archaïque et qui manifeste une très forte résistance au changement. Soit parce qu’il n’a aucune vision de l’avenir, soit par crainte de perdre sa rente, ses intérêts. Il est incapable d’accompagner la transformation de la société sans vouloir en contrôler tous les tenants et aboutissants. Prenons Bouteflika. Pendant vingt ans, il n’a pas construit un Etat, il a construit un pouvoir. C’était un président omnipotent qui décidait de tout, qui a construit son pouvoir à coups de complicités étrangères, en dépensant la rente… Or il s’est effondré en une semaine, car il n’a pas construit d’Etat. Il a neutralisé toute forme d’intermédiation entre lui et le peuple. Son pouvoir ne reposait que sur des allégeances.
Cette figure de l’opposition, qui a connu le système de l’intérieur, estime que l’Algérie a, pour la première fois, l’opportunité d’une transition démocratique pacifique.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/18/abdelaziz-rahabi-il-faut-que-nos-dirigeants-admettent-que-le-systeme-actuel-a-fait-son-temps_6016103_3212.html
mlsum-fr-358
Le sujet est hautement sensible. Selon le député français Meyer Habib, la France aurait voté au sein des Nations unies deux textes désignant « Israël comme seul pays violateur des droits de la femme et de l’homme ». L’élu franco-israélien a exprimé sa « honte » dans un Tweet publié le 28 juillet : Pas une blague : La France vote avec Pakistan Yémen Arabie Saoudite & Iran!! Israel seul pays violateur des droits… https://t.co/lFOMDfL4TL — Meyer_Habib (@Meyer Habib) Deux jours auparavant, on retrouvait cette même information dans un article du site d’i24news avec ce titre : « Deux résolutions à l’ONU désignent Israël comme le seul pays violateur des droits de la femme ». Cette assertion reprise de nombreuses fois sur les réseaux sociaux tend donc à affirmer que la France, au sein des Nations unies, aurait désigné l’Etat d’Israël comme étant le « seul pays » au monde à violer les droits des femmes, ce qui peut sembler surprenant. POURQUOI C’EST PLUS COMPLIQUÉ L’information circule via des canaux pro-israéliens Meyer Habib est un député franco-israélien encarté à l’UDI (Union des démocrates et indépendants), élu de la 8e circonscription des Français de l’étranger qui recouvre des pays tels que l’Italie, la Grèce et Israël. Ami du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, M. Habib est connu pour ses positions proches de la droite israélienne et sa défense acharnée de ce pays sur les réseaux sociaux comme à l’Assemblée nationale. Dans son Tweet, le député reprend quasiment mot pour mot le titre d’un article publié en anglais sur le site d’UN Watch, le 24 juillet (et repris en français par i24news, la chaîne d’information internationale basée en Israël) : « L’ONU choisit Israël comme seul violateur des droits des femmes au monde. L’Iran, l’Arabie saoudite et le Yémen parmi les votants. » Selon cet article : « L’Iran, l’Arabie saoudite, le Yémen et le Pakistan faisaient partie des 54 pays du Conseil économique et social de l’ONU (…) qui ont voté hier pour qu’Israël soit désigné comme le seul pays au monde qui viole les droits des femmes. L’Etat juif a été sévèrement et à plusieurs reprises condamné dans une résolution, adoptée 40 à 2 avec 9 abstentions et 3 absents, pour avoir prétendument été le “principal obstacle” pour les femmes palestiniennes en ce qui concerne leur avancement, l’autonomie et l’intégration dans le développement de leur société. » UN Watch, qui se présente comme une « ONG dont le mandat est d’assurer que l’ONU respecte sa propre charte et que les droits de l’homme soient accessibles à tous », n’est pas impartiale quand il s’agit d’Israël. Et elle le revendique. Selon elle, Israël souffre aux Nations unies d’une « attention disproportionnée » et d’un « traitement déséquilibré » en sa défaveur. En 2013, un article du journal suisse Le Temps s’interrogeait sur les méthodes et la réelle indépendance de cette ONG. Les résolutions ne disent pas qu’Israël est le seul pays à violer les droits des femmes Que contiennent précisément les textes incriminés ? Les deux résolutions dont il est question ont été adoptées le 23 juillet par le Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc). La première résolution, intitulée « La situation des Palestiniennes et l’aide à leur apporter », « réaffirme que l’occupation israélienne continue de constituer un obstacle majeur pour les femmes et les filles palestiniennes en ce qui concerne l’exercice de leurs droits ». Une seconde résolution sur les « répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé » a également été adoptée. Elle pointe aussi la situation dramatique des femmes : « Cette violence, qui se produit dans les rues et au sein des communautés, compromet la sécurité des femmes dans leur propre environnement, fait obstacle à l’exercice de leurs droits au quotidien et renforce le stéréotype selon lequel elles ont constamment besoin de protection et de supervision. » Mais il n’est nullement mentionné que l’Etat d’Israël est le seul pays au monde à bafouer les droits des femmes. Joint par Le Monde, Meyer Habib assume pourtant son Tweet et met en avant « l’obsession anti-israélienne à l’ONU » alors qu’« Israël est l’unique démocratie du Moyen-Orient ». Le député UDI estime qu’il « est décevant que la France, le pays des droits de l’homme, s’associe avec des pays tels que l’Iran ou le Pakistan qui bafouent massivement les droits des femmes ». M. Habib insiste aussi sur le caractère « absurde » de ces résolutions adoptées par la France et réfute toute violence côté israélien : « Je vois surtout que ces résolutions ne font pas du tout mention des exactions commises par l’Autorité palestinienne, en particulier contre les femmes. » La France a bien voté en faveur de ces deux résolutions, comme l’a confirmé une source diplomatique auprès du Monde, mais elle ne s’est pas associée seulement à l’Iran ou au Pakistan, puisque d’autres pays de l’Union européenne ont aussi approuvé les textes. Cette même source souligne que la résolution demande aussi aux Palestiniens d’appliquer la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qu’ils ont ratifiée en 2014. Une résolution qui ressurgit tous les ans L’article d’UN Watch dénonce aussi le fait qu’Israël ait été le seul pays « visé en particulier » lors des discussions menées au sein de ce Conseil. L’ONG a en partie raison. Depuis 2000, l’Ecosoc publie en ligne les principaux thèmes des débats abordés lors des sessions. On constate dans l’agenda que le point sur « les répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe du Golan syrien occupé » figure chaque année dans le programme de travail (par exemple en 2000, en 2006, en 2013). Pourquoi cette question est-elle reconduite annuellement ? Joan Deas, doctorante en science politique à Sciences Po Grenoble et spécialiste du conflit israélo-palestinien, rappelle d’abord que « le point ne concerne pas Israël en tant qu’Etat mais qu’il analyse l’impact de l’occupation israélienne sur le peuple palestinien, ce qui est différent ». Elle estime que cette récurrence dans les débats du Conseil économique et social traduit le fait qu’Israël « n’applique pas les résolutions des Nations unies » : « Cette occupation israélienne est l’un des plus longs cas d’occupation militaire de l’histoire contemporaine, et est considérée par une majorité d’Etats membres de l’ONU comme un cas de décolonisation non achevée. C’est la durée et la singularité de cette occupation qui peuvent expliquer pourquoi le point est reconduit car les résolutions votées ne sont pas appliquées sur le terrain et l’occupation se poursuit, voire s’accentue. » Ces résolutions ne sont pas contraignantes L’argument repris çà et là affirmant que la France au sein des Nations unies aurait condamné uniquement Israël occulte le fait que parler des Nations unies comme d’une seule entité est réducteur. L’ONU est constitué de six organes principaux, dont l’Ecosoc. Il est « le principal organe chargé de la coordination et du dialogue et de la prise de recommandations sur les questions économiques, sociales et environnementales ». Au total, 54 membres en font partie, dont 18 sont élus annuellement par l’Assemblée générale pour des mandats de trois ans. En 2019, la France y siège aux côtés de nations telles que l’Iran, le Pakistan, l’Arabie saoudite et le Yémen. Joan Deas précise que « les résolutions adoptées par l’Ecosoc ne sont pas juridiquement contraignantes tout comme celles adoptées par l’Assemblée générale. Seules les résolutions du Conseil de sécurité ont un aspect contraignant ». En résumé, il est incorrect de dire que la France a voté un texte condamnant Israël comme étant le seul pays au monde à bafouer les droits des femmes. Mais ces deux résolutions non contraignantes, adoptées par un organe consultatif de l’ONU, appellent le pays à mettre fin aux violations constatées des droits humanitaires au sein de la population palestinienne, en particulier chez les femmes.
Sur les réseaux sociaux, des pro-Israéliens dénoncent un vote de la France à l’ONU, aux côtés de l’Iran et de l’Arabie saoudite, sur la condition des femmes dans les Territoires occupés. Mais la réalité est plus nuancée.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/08/01/la-france-a-t-elle-reellement-vote-une-resolution-de-l-onu-designant-israel-comme-seul-violateur-du-droit-des-femmes_5495662_4355770.html
mlsum-fr-359
Concert de Kristiina Poska, le 21 août à La Côte-Saint-André (Isère). ©Bruno Moussier/Festival Berlioz Directeur du Festival Berlioz depuis 2009 et chargé de la commémoration en 2019 du 150e anniversaire de la mort du compositeur, Bruno Messina jubile. La manifestation organisée à La Côte-Saint-André (Isère), jusqu’au 1er septembre, suscite une « liesse populaire » qu’il n’attendait pas. « Songez, dit-il, que du vivant de Berlioz personne n’a jamais entendu ici, dans son village natal, la moindre note de lui et qu’en ouverture du festival plus de 5 000 personnes se sont massées dans les rues pour le fêter. » La raison de cet attroupement ? Un grand cheval de bois d’où allaient sortir, au terme du parcours, dans le château Louis XI, une dizaine de musiciens appelés à sonner les trois coups du festival. Plus qu’un clin d’œil aux Troyens, le célèbre opéra d’Hector Berlioz, dont deux actes seront donnés le 25 août à proximité de cette reconstitution du cheval de Troie, une conception panoramique de la programmation, bien dans la manière de Bruno Messina. Deux concerts en témoignaient, mercredi 21 août, au piano puis à l’orchestre. Placer un récital de piano sous l’égide de Berlioz, qui n’a jamais écrit pour cet instrument, en rassemblant des œuvres qui rejoignent les principales orientations de son catalogue, voilà qui est futé. Encore plus quand chaque programme est censé évoluer dans le registre d’un des mouvements de la Symphonie fantastique. Ainsi dans l’église Saint-André, le récital de Jean-Baptiste Fonlupt était-il associé au deuxième volet, « Un bal », de la référence berliozienne pour se cantonner au domaine de la danse, investi par Chopin et par Ravel. Une rareté Du premier, entre autres, une barcarolle et trois valses qui laissent perplexe. Yeux fermés, des murmures sur les lèvres, Fonlupt semble avoir l’émotion à fleur de peau. Or le piano ne s’en fait pas écho. Neutre, parfois terne, l’activité sonore ne séduit que lors de rares îlots de douceur. Tout aussi intermittente, la restitution des pages de Ravel invite à penser à une interprétation plus instinctive que réfléchie. Le soir, au château, le concert débute par une rareté de Berlioz, Rêverie et caprice op. 8 (1841), pour violon et orchestre, qui confie au soliste le dessin d’un idéal partant de l’intime pour atteindre l’infini. Renaud Capuçon, lignes incisives et timbre chaleureux, endosse si bien le rôle du héros romantique qu’il en arrive à intimider l’Orchestre national de Lyon (ONL), il est vrai, limité à quelques variations d’éclairage de l’acteur principal.
Le festival, organisé dans le village natal du compositeur, favorise la mise en perspective de ses œuvres, de Ravel à Dutilleux.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/23/genealogie-musicale-d-hector-berlioz-sur-ses-terres_5501898_3246.html
mlsum-fr-360
L’été est propice aux grandes décisions. Tout juste un an après avoir été attaqué par des fonds spéculatifs lui reprochant son endettement en cascade, le groupe de distribution Casino a décidé d’accélérer son programme de cessions d’actifs, pour le porter dans sa globalité à 4,5 milliards d’euros d’ici à mars 2021. Il a annoncé, mardi 20 août, que son conseil d’administration avait identifié de nouvelles opportunités d’arbitrage, en France, pour un montant cible de 2 milliards d’euros d’ici la fin du premier trimestre 2021. Celles-ci viennent s’ajouter à une première phase de cessions d’actifs non stratégiques, annoncée en juin 2018, de 2,5 milliards d’euros qui doit être réalisée d’ici le premier trimestre 2020. Un peu plus de 2 milliards d’euros ont déjà été signés. Parmi lesquels, la vente des murs d’hypermarchés et de supermarchés desquels Casino est devenu locataire, auprès des fonds d’investissements Apollo Global Management et Fortress, ainsi qu’aux groupes Generali et AG2R La Mondiale. Mais aussi sa filiale spécialisée en restauration collective, R2C, vendue à Compass Group, et Vindémia, l’entité regroupant ses activités dans l’océan Indien cédée à GBH, un groupe familial d’outre-mer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi Rallye, la maison mère de Casino, est en grande difficulté En parallèle, Casino s’est lancé fin 2018 dans un grand nettoyage de ses magasins déficitaires. Nom de code : « Plan Rocade ». Fin juin, 56 magasins avaient été cédés dont 15 hypermarchés, et 118 magasins fermés. Ceci afin de redresser l’activité globale du parc de magasins et financer la dette nette de Casino en France, point d’inquiétude des marchés financiers. De 4 milliards d’euros en juin 2018, elle est déjà passée à 2,9 milliards en juin. Moins de 1,5 milliard d’ici fin 2020 est l’objectif ambitieux que s’est fixé le groupe, espérant « la maintenir durablement sous ce niveau, grâce à l’achèvement du plan de cession de 2,5 milliards d’euros », a-t-il indiqué lors de ses résultats semestriels. Le temps presse Toutes ces coupes ont néanmoins creusé ses pertes semestrielles à 232 millions d’euros (64 millions au premier semestre 2018) en raison de charges exceptionnelles liées aux cessions. Au premier semestre, Casino a enregistré un chiffre d’affaires de 17,8 milliards d’euros. L’accélération des cessions est néanmoins une bonne nouvelle pour sa maison mère Rallye, la holding de son PDG, Jean-Charles Naouri, car le produit de la vente pourrait faire remonter du cash à brève échéance dans ses caisses. C’est l’un des scénarios envisagé par certains analystes financiers. Car le temps presse. Sous procédure de sauvegarde depuis mai, les administrateurs judiciaires sont à la manœuvre et explorent plusieurs pistes pour assainir la structure, dont un étalement de sa dette. Rallye affichait une dette financière nette de 2,9 milliards d’euros au 30 juin.
Le bénéfice engrangé permettrait de renflouer les caisses de Rallye, la maison-mère des deux enseignes, fortement endettée et en procédure de sauvegarde depuis mai.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/21/apres-de-nouvelles-cessions-d-actifs-chez-casino-go-sport-bientot-en-vente_5501253_3234.html
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Des élèves de 6e au collège Georges Clemenceau, dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris, le 29 mai 2015. JOEL SAGET / AFP Il y a des rituels parfois angoissants. « Sortez une feuille, inscrivez-y votre nom, votre prénom, votre classe, votre adresse… : c’est à ce moment-là que ça coinçait pour moi », raconte Laura, 29 ans. A chaque rentrée, « entre la 2de et la terminale », la jeune Bordelaise (qui a requis l’anonymat) se souvient d’avoir « très mal vécu » sa première heure de cours. Pas parce qu’elle n’aimait pas le lycée – Laura est devenue enseignante. Non : son « problème, dit-elle, c’était les mauvais souvenirs que le flot des questions faisait ressurgir ». « J’avais des camarades qui refusaient de préciser le métier de leurs parents. Moi, je bloquais dès qu’on me parlait “d’adresse”. Le mot me ramenait au divorce de mes parents, à la vente de notre maison, au changement de quartier, de copains… » Avec ses élèves, aujourd’hui, Laura s’efforce de faire « différemment » : « Pour démarrer l’année, une brève présentation à l’oral me suffit. J’essaie de porter un regard neuf sur chacun, sans les mettre dans une case parce qu’ils sont enfant de cadres sup ou enfant d’ouvriers. » « J’ai un peu honte qu’on juge mes parents » Et pourtant, les fiches de renseignements continuent, souvent, d’occuper la première heure de cours. On les pensait remplacées par le « dossier » ou le « livret scolaire ». Ce n’est manifestement pas le cas : à l’heure où il est demandé aux professeurs, dans le cadre de la réforme du lycée et de Parcoursup, de s’impliquer davantage dans l’orientation, beaucoup d’entre eux, en 1re et en terminale notamment, mais parfois aussi dès le collège, confient en faire encore usage. Une majorité en retire de la « gêne », au point que « près des trois quarts, a estimé la chercheuse, déploient des stratégies pour ne pas dire toute la vérité ». Or leurs élèves ne le vivent pas toujours bien : en enquêtant auprès de lycéens principalement de Haute-Garonne et du Vaucluse, Audrey Murillo, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Toulouse, a mis au jour un « embarras massif, plus ou moins vif selon les élèves » suscité par ces questionnaires. Ainsi, 90 % des lycéens qu’elle a sondés disent avoir dû se plier à l’exercice (dans trois ou quatre matières par an en moyenne, mais jusqu’à dix pour certains) ; plus des deux tiers estiment qu’on leur en demande trop ; une majorité en retire de la « gêne », au point que « près des trois quarts, a estimé la chercheuse, déploient des stratégies pour ne pas dire toute la vérité ».
Situation familiale, loisirs, parcours scolaire, projet d’orientation… Les questionnaires auxquels les enseignants soumettent leurs élèves, rentrée après rentrée, sont parfois source d’embarras pour les enfants.
https://www.lemonde.fr/education/article/2019/09/16/la-fiche-de-renseignements-ce-rituel-scolaire-controverse_5511059_1473685.html
mlsum-fr-362
La première des deux étapes de transition, entre Nîmes, dans le Gard, et Nîmes, dans le Gard, a été animée par l’échappée de cinq hommes repris à deux kilomètres de l’arrivée et remportée par le sprinteur australien Caleb Ewan, qui a tiré profit du travail de la Deceuninck-Quick Step pour Elia Viviani avant de devancer l’Italien sur la ligne. Pour le peloton, l’étape n’a pas été de tout repos. Plus qu’une journée avant le bouquet final. Il faisait une chaleur à se balancer en slip dans le Gardon, mais les 163 coureurs du Tour de France ont préféré rouler 176 kilomètres à vélo, tout ça, qui plus est, pour arriver à deux kilomètres de leur point de départ. La 16e étape proposait mardi une boucle de Nîmes à Nîmes, entre les majestueuses arènes des temps anciens et l’un peu moins majestueuse arène des temps modernes qu’est le stade des Costières, dont la comparaison permet de douter des progrès effectués par l’humanité en dix-neuf siècles, mais ce n’est pas le débat. Après les trois étapes étourdissantes de Pau, du Tourmalet et de Prat d’Albis, et avant trois étapes qui nous donnent déjà le vertige dans les Alpes, à partir de jeudi, l’insolation était a priori le seul danger qui guettait les coureurs au fil de leur virée gardoise par 35° à l’ombre. Les restrictions d’eau imposées dans une partie du département ne concernaient heureusement pas le peloton, qui ne s’est pas privé d’en faire usage tout au long d’un après-midi rendu plus chaud encore que prévu par les faits de course. Lire aussi Tour de France 2019 : le classement par étape A la journée de repos devait succéder une journée de transition typique, aux airs de « journée de repos bis » : belles images pour France Télévisions, échappée de Stéphane Rossetto, retour du peloton à deux kilomètres et sprint massif. La trame générale a été respectée, à quelques détails près, même si l’on suppose que Geraint Thomas, Nairo Quintana et Jakob Fuglsang ne seront pas d’accord avec notre conception du détail. Troisième chute pour Thomas Le Britannique s’est dévoué pour être le premier animateur de la journée, en allant visiter pour la troisième fois le bitume des routes du Tour, après sa chute dans le final à Bruxelles (1ère étape) et son vol plané sur le chemin de Saint-Etienne (8e). C’était après 50 bornes, et le tenant du titre s’en est tiré avec quelques éraflures : « Je ne pense pas que cela m’affectera dans les montagnes. » Le grimpeur colombien, lui, a abandonné ses ambitions au général, qu’il avait en réalité déjà abandonnées dans les Pyrénées, lâché dans les derniers kilomètres après avoir été bloqué par une chute devant lui : une minute de perdue sur la concurrence. Le voilà 12e, à 9 minutes de la tête, et au service de ses coéquipiers Mikel Landa et Alejandro Valverde (qui sont aussi ses amis, selon cette vidéo officielle de la Movistar, mais permettez-nous de hurler à la mise en scène). Des glaçons dans le casque Quant au Danois, présenté comme un candidat à la victoire finale au départ, il l’est un peu moins désormais, dans la mesure où il ne l’est plus du tout. Le leader d’Astana avait lancé son Tour par une méchante chute près de Bruxelles dès la première étape, il l’achève de la même manière, 27 kilomètres avant Nîmes, et quitte la course, main gauche bousillée. Fuglsang, 34 ans, était en larmes en entrant dans le camion médical à l’arrivée. Encore un rendez-vous manqué entre lui et le Tour, où il n’a jamais fait mieux que 7e, en 2013. Au sujet des chutes, Mikaël Chérel (AG2R), coéquipier chez AG2R de Romain Bardet, avançait une explication : « Il n’a pas dû pleuvoir depuis longtemps ici, et dans les villages il y avait un peu de carburant sur la route, je pense, un peu d’huile, et c’est à l’origine des chutes. C’était glissant dans les virages. » Il n’a pas plu, mais les routes ont été copieusement arrosées par les coureurs, qui ont tous battu leur record de bidons vidés dans le gosier ou sur la tête. « Trois par heures », soit 12 pour Guillaume Martin. « Deux par demi-heure », soit 16 pour le combatif du jour Alexis Gougeard. « Une dizaine, plus deux ou trois pour s’arroser, plus les petits glaçons glissés dans le casque », pour Roger Kluge, équipier du vainqueur du jour, Caleb Ewan, que l’Allemand promet de remettre dans de bonnes conditions pour le sprint final à Paris dimanche, « si on survit d’ici là ». 36° degrés sont prévus au départ du Pont du Gard, mercredi. Il est censé faire moins chaud les jours suivants dans les Alpes, mais Météo France n’a sans doute pas intégré dans ses prévisions que le Tour viendrait y faire grimper dangereusement la température. #TDF2019 S16 was a little hot. ☀️🔥 https://t.co/dziirB7fXP — TrekSegafredo (@Trek-Segafredo) Le Tour du comptoir : Nîmes Après chaque étape, « Le Monde » vous envoie une carte postale depuis le comptoir d’un établissement de la ville de départ. Où l’on n’a pas vu Nairo Quintana. Federico et Ana ont sorti le drapeau tricolore, le jaune-rouge-bleu, et les petits fanions qui donnent un air de fête foraine. Midi, on sirote une bière colombienne sur les tables posées dans la ruelle. A 50 mètres, les barrières qui bloquent l’accès aux cars de Nairo Quintana, Rigoberto Uran, Egan Bernal et Sergio Henao, les quatre Colombiens du Tour qui sont si beaux dans l’esprit de Federico qu’ils les pensaient huit. C’est un peu triste : Federico doit tenir le comptoir et ne peut aller saluer ses compatriotes, alors qu’une idole nationale est là, dans la rue perpendiculaire. Ana tentera sa chance avec un maillot de la sélection nationale qui a bien servi pour soutenir les Cafeteros il y a un an. Ils regrettent l’époque de Cafe de Colombia ou Postobon Manzana, les équipes colombiennes qui s’alignaient sur les grands tours et damaient parfois le pion aux Européens, première pierre de l’internationalisation du vélo. Maintenant, les Colombiens sont parfois obligés de se rouler dessus, cela n’a pas de sens. Et puis, Nairo l’a déçu : « Je pensais qu’il allait donner plus, mais depuis qu’il a gagné le Giro en 2014, on n’en entend plus parler. » Federico et Ana sont arrivés en France il y a 30 ans, à la moitié de leur vie. « En 1989, je suis parti de Colombie comme n’importe quel jeune part à l’aventure, chercher sa vie. Je visais l’Angleterre, mais on ne m’a pas laissé entrer. Je suis retourné à Paris, mais au bout d’un mois, je n’ai pas supporté. Ma cousine habitait à Nîmes, elle m’a dit de la rejoindre. Ici, c’est bien pour nous. Une ville tranquille, la chaleur, plein de fêtes..» Dans le Gard, Federico peint et maçonne, gagne sa croûte et s’abîme la santé. Le genou et le dos couinent de plus en plus fort. « Il y a quelques années, le docteur m’a dit que je n’allais pas durer longtemps si je continuais. » Enfant, à Cali, il regardait sa mère cuisiner, posait des questions, versait la farine. A Nîmes, il est devenu celui à qui la communauté colombienne commandait des empanadas, sa spécialité. Pourquoi ne pas y gagner sa retraite ? Federico avise un local, refait tout, monte une gargotte, une poignée de tables à l’intérieur, davantage sur le pavé. Il sert les Nîmois de Colombie et les Colombiens de Nîmes, mais pas que, puisqu’à Montpellier, il n’y a, paraît-il, nul restaurant colombien : la petite communauté montpelliéraine traverse donc le Vidourle pour retrouver le pays chez Federico. Pour les fortes chaleurs, il conseille des tostadas, c’est léger. Les Colombiens de la Légion étrangère (2e régiment étranger d’infanterie, stationné à Nîmes), dont les rations sont rikiki, commandent quoi qu’il arrive une bandeja paisa, car ça remplit bien. Et pour Quintana ? « S’il passe, je lui prépare un tamal, ça lui redonnera un peu de forces. »
Chute de Geraint Thomas, abandon de Jakob Fuglsang, chaleur de four… Le peloton a vécu autour de Nîmes une journée plus animée que le scénario de l’étape ne le suggère.
https://www.lemonde.fr/blog-du-tour-de-france/article/2019/07/23/tour-de-france-2019-une-transition-dans-la-douleur_5492632_5326505.html
mlsum-fr-363
Se promener dans les allées de l’IFA, le grand salon de l’électronique grand public, c’est prendre une grande rasade de Retour vers le futur. Sur son stand, Sony présente une réédition, en série limitée et numérique, du Walkman, qui fête cette année ses 40 ans. Plus loin, on tombe sur une réédition de la mythique enceinte LE1 de 1959. La marque, tombée dans le giron de Procter & Gamble, n’avait plus fabriqué ce type de produit depuis le milieu des années 1980. Aux côtés d’acteurs traditionnels, surgissent de toutes jeunes sociétés ou des enseignes qui paraissent moins légitimes dans le secteur Dans un marché de l’électronique grand public à la peine, les consommateurs sont manifestement friands de vintage. Et de son, plus encore. Qu’ils l’écoutent allongés sur leur canapé avec la platine du salon ou avec des oreillettes fichées dans les oreilles pendant leur jogging. Un engouement bien compris par les marques : sur le stand de Sony, près d’un tiers de la surface est consacré à l’audio. Mais surtout, c’est la multiplication des marques qui frappe. Aux côtés d’acteurs traditionnels, surgissent de toutes jeunes sociétés ou des enseignes qui paraissent moins légitimes dans le secteur (marque de sport, etc.). « Le nombre de marques de casques est hallucinant », témoigne Olivier Depoilly, qui dirige la filiale française du distributeur spécialisé Aqipa, Ce dynamisme tient en partie au renouvellement technologique que connaît le monde du son. « La dématérialisation de la musique a beaucoup fait évoluer le secteur : chacun a dû avancer sa propre proposition », explique Christophe Sicaud, le dirigeant de Focal, une marque française audio de luxe. Capacités de miniaturisation L’arrivée des enceintes connectées de Google et Amazon – permettant d’interagir par la voix avec le terminal – est ensuite venue rebattre les cartes. Grâce à des capacités de miniaturisation inédites, le traditionnel casque audio est désormais concurrencé par des oreillettes sans fil avec réducteur de bruit qui permettent de profiter de sa musique sans être gêné par le bruit environnant. « En 2-3 ans, on a vu beaucoup d’innovations arriver », confirme Olivier Depoilly. Selon une étude GfK révélée à l’IFA, « entre janvier et juin 2019, le marché mondial de l’audio (hors Amérique du Nord) a enregistré un chiffre d’affaires total de 7,9 milliards d’euros, soit une augmentation de 15 %. Les écouteurs et les casques sont les principaux moteurs de la croissance, avec les enceintes Bluetooth portables et les enceintes intérieures. » A eux seuls, les écouteurs intra-auriculaires pèsent déjà pour 70 % des ventes de casques en valeur.
Vintage, connectés, luxueux,... le marché mondial des appareils audio a augmenté de 15 % au cours des six premiers mois de l’année et aiguise les appétits.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/07/a-berlin-les-specialistes-du-son-veulent-faire-entendre-leurs-differences_5507599_3234.html
mlsum-fr-364
Boris Johnson le 24 juillet 2019. PETER NICHOLLS / REUTERS C’est une journée qui avait le parfum des fins d’époque. Theresa May a fait tour à tour ses adieux, mercredi 24 juillet, à Westminster, Downing Street et Buckingham pour laisser la place au nouvel homme fort du Royaume-Uni, Boris Johnson. Pour commencer cette journée marathon, les députés britanniques ont assisté, en début d’après-midi, à la dernière intervention de Mme May en tant que première ministre, lors de la traditionnelle séance des questions au gouvernement. Celle qui n’a pas su convaincre son camp de voter son accord de Brexit a ensuite fait une courte allocution devant Downing Street, là même où elle avait annoncé sa démission, fin mai, en confiant son « profond regret » d’avoir échoué à mettre en œuvre le Brexit, pour lequel ont voté 52 % des Britanniques lors du référendum de juin 2016. « Les Britanniques en ont assez d’attendre » « Beaucoup reste à faire », a affirmé l’ancienne chef de file des conservateurs, souhaitant « bonne chance » à Boris Johnson et à ses équipes. « Leur réussite sera notre réussite », a répété Theresa May, rappelant que « rien ne peut être fait seul ». « Le Brexit doit être conclu d’une manière qui fonctionne pour tout le Royaume-Uni », a-t-elle lancé, avant de remercier ses équipes et les Britanniques qui ont « placé leur confiance » en elle. « J’espère aussi que les jeunes filles ont vu à travers mon parcours qu’il n’y a rien qu’elles ne puissent atteindre si elles le veulent. » Theresa May s’est ensuite rendue au palais de Buckingham pour présenter sa démission à Elizabeth II. Après son passage, la souveraine a reçu Boris Johnson – dont l’arrivée a été brièvement retardée par des manifestants de Greenpeace – et l’a invité à former un gouvernement. A sa sortie, le nouveau chef de file des conservateurs était officiellement le nouveau premier ministre – le quatorzième sous Elizabeth II. C’est fort de ce nouveau rôle que Boris Johnson s’est ensuite rendu au 10 Downing Street pour prononcer son premier discours. « Nous allons remplir la promesse faite par le Parlement à la population et sortir de l’UE le 31 octobre, point à la ligne », a déclaré M. Johnson, évoquant « la possibilité éloignée » d’une sortie sans accord. Trois ans après le référendum de juin 2016 qui a vu les Britanniques voter à 52 % pour le Brexit, « les Britanniques en ont assez d’attendre », a martelé Boris Johnson, « il est temps d’agir ». Un gouvernement très attendu Le nouveau gouvernement aura fort à faire pour mener à bien cette promesse. Boris Johnson a choisi Dominic Raab, un eurosceptique issu de la nouvelle garde des conservateurs, pour prendre la tête de la diplomatie britannique. M. Raab, 45 ans, avait démissionné l’an dernier du gouvernement de Theresa May pour marquer son opposition à sa stratégie sur le Brexit, qu’il jugeait trop conciliante avec l’Union européenne. Il remplace Jeremy Hunt, rival malheureux de Boris Johnson pour remplacer Theresa May, contraint au départ. « J’aurais été honoré de poursuivre mon travail au ministère des affaires étrangères, mais je comprends le besoin du nouveau premier ministre de choisir son équipe », a déclaré M. Hunt sur Twitter, expliquant que Boris Johnson lui avait « gentiment offert un autre rôle » mais qu’il avait décliné. Certains ministres de Theresa May n’ont pas attendu d’être remerciés par le nouveau premier ministre pour faire leurs valises. C’est le cas notamment de Philip Hammond, ministre des finances. « J’ai remis ma démission à Theresa May. Cela a été un privilège de servir comme chancelier de l’Echiquier ces trois dernières années », a-t-il écrit à la mi-journée sur Twitter. Il avait annoncé qu’il ne laisserait pas le plaisir à Boris Johnson de le démettre de ses fonctions et s’opposerait au Brexit sans accord auquel le nouveau chef du gouvernement se montre prêt. A ce poste stratégique, c’est l’ancien banquier Sajid Javid qui a été nommé mercredi. Le rôle sera crucial, en particulier en cas de sortie sans accord de l’Union européenne, qui pourrait générer de fortes turbulences économiques. Il était jusqu’à présent ministre de l’intérieur, portefeuille récupéré par Priti Patel, 47 ans, dont les parents sont d’origine indienne et qui est une ardente avocate du Brexit. Boris Johnson a aussi nommé Michael Gove chancelier du duché de Lancastre. Même s’il n’a pas de portefeuille en particulier, celui qui était chargé de l’environnement dans le gouvernement de May devient, de fait, le bras droit du nouveau premier ministre. Steve Barclay est, lui, maintenu à son poste de ministre chargé du Brexit et sera l’interlocuteur des équipes de négociations de l’UE. Le reste du gouvernement devrait être dévoilé sous peu. D’après la presse britannique, il y aura plus de femmes et plus de représentants des minorités ethniques dans l’équipe du nouveau premier ministre. On parle aussi sérieusement de la nomination comme conseiller de Dominic Cummings, mauvais génie de la campagne du Brexit en 2016, que l’ancien premier ministre David Cameron a traité de « psychopathe de carrière ». L’une des phrases fétiches de M. Cumings est : « La vérité est un élixir pour femmelette. » Il est le héros d’un film de Channel Four sur la campagne du référendum de 2016, incarné par l’acteur Benedict Cumberbatch. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Versatile, pragmatique et opportuniste : les Européens appréhendent l’arrivée de Boris Johnson au pouvoir
Le nouvel homme fort du Royaume-Uni a été reçu en fin de journée par la reine Elizabeth II, qui l’a invité à former un gouvernement.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/24/beaucoup-reste-a-faire-les-derniers-mots-de-theresa-may-a-boris-johnson_5492977_3210.html
mlsum-fr-365
Les impacts de balles encerclent le portrait du candidat depuis ce week-end. Dans la nuit de samedi à dimanche 20 octobre, des coups de feu ont été tirés sur la vitrine de la permanence de Malik Benakcha, 30 ans, entrepreneur et candidat Les Républicains (LR) investi pour les prochaines élections municipales à Blois. « Il n’y a pas eu de blessés et je pense que ce n’était pas l’intention, mais on a retrouvé des bouts de verre jusqu’au fond de notre local de campagne », explique M. Benakcha, debout face à la devanture. Une enquête policière est en cours. Quarante-deux impacts ont été comptabilisés : deux cartouches de chevrotine remplies de plomb ont vraisemblablement été tirées depuis un véhicule. Dimanche, en début de soirée, le maire socialiste de la ville, Marc Gricourt, candidat pour un troisième mandat, a fermement condamné des « actes de dégradation ». Son communiqué, jugé euphémique par certains commentaires, a été rapidement retiré de la plate-forme Facebook. « Ce n’était pas un simple graffiti tout de même ! J’ai failli répondre que ce n’était pas loin d’être un attentat », a réagi l’un des sept bénévoles de la permanence LR présents lundi midi, affairés à remplir des centaines d’enveloppes de leur prochain tract. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ce climat de violence est inacceptable » : les députés LRM inquiets après de nouvelles dégradations de permanences « Actes barbares » Un nouveau message a été publié par le maire, lundi matin de bonne heure, où le mot « dégradation » était remplacé par « tir à arme à feu » et où l’expression « condamne fermement » laissait place à « condamne très fermement ». Dans un tweet, la fédération PS du Loir-et-Cher a « condamné fermement ces actes barbares » et apporté à M. Benakcha son « soutien républicain ». Le 20 août, des tags avaient été découverts sur la permanence blésoise du Parti socialiste. En février, une trentaine de croix gammées et symboles nazis avaient été peints dans un immeuble de logements sociaux en construction, suscitant alors l’émoi parmi toutes les formations politiques. Un petit commerçant de la rue où se sont produits les tirs se demande ainsi si cette vitrine criblée de balles n’est pas un nouvel acte xénophobe. « Il y a sans doute des gens à Blois qui ne sont pas très heureux d’être représentés par quelqu’un qui n’a pas les mêmes origines », soupire-t-il avant de rappeler que les partisans de Nicolas Sarkozy avaient été chahutés, le soir de la victoire de François Hollande en 2012 : « Je me souviens de voitures dont les pneus crissaient devant leur local de campagne, des jeunes qui klaxonnaient et hurlaient pour effrayer les gens à l’intérieur. La politique ici, c’est toujours un peu électrique. » M. Benakcha estime qu’il s’agit uniquement d’un acte d’intimidation politique. « Cela ne fait que renforcer ma détermination. Il faut faire de Blois une ville en ordre », répète-t-il. Son programme pour les prochaines élections est particulièrement axé sur la sécurité. Le candidat souhaite multiplier par trois le nombre de caméras de surveillance dans la ville, armer les policiers municipaux et faire instaurer des peines plancher de travail d’intérêt général pour les actes de délinquance.
La vitrine des locaux de Malik Benakcha a été visée par des tirs dans la nuit de samedi à dimanche.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/21/municipales-a-blois-la-permanence-du-candidat-les-republicains-criblee-de-balles_6016349_823448.html
mlsum-fr-366
Doublé de l’attaquant lyonnais Memphis Depay (à gauche) pour permettre à l’OL de s’imposer à Toulouse (3-2), samedi 2 novembre. LAURENT CIPRIANI / AP Après l’étonnante défaite du Paris-SG, double champion en titre, vendredi face à Dijon (1 - 2), la 12e journée de Ligue 1 a apporté, samedi 2 novembre, son lot de surprises sportives et climatiques. Lyon en a profité pour s’offrir un peu plus d’air, après une période de troubles qui a conduit, le 7 octobre, au licenciement de son entraîneur novice Sylvinho, remplacé par Rudi Garcia. Pour la première fois depuis plus de deux mois, l’OL a enchaîné deux victoires successives en allant s’imposer sur le fil à Toulouse, après avoir battu Metz le week-end précédent. Les Lyonnais peuvent remercier Memphis Depay : le Néerlandais, auteur d’un doublé, a illuminé la fin de rencontre en sauvant les siens au bout du temps additionnel. Cela fait quatre buts en trois matchs pour le feu follet « oranje », qui masque a lui seul pas mal de carences dans le jeu lyonnais. « On a eu du caractère. On s’en est bien sorti en équipe », a déclaré Lucas Tousart, le milieu de terrain lyonnais. « C’est la victoire de tout un groupe, de toute une équipe. Tout le monde a apporté sa pierre à l’édifice. C’est important pour nous d’avoir un leader [Memphis Depay]. Il nous aide et nous délivre à la fin », a-t-il ajouté. Car la défense de l’OL est retombée dans ses travers, entre un Jason Denayer, capitaine d’un soir, apathique sur les deux buts toulousains, et un Anthony Lopes auteur d’un but contre son camp après avoir été déjà coupable d’une boulette fatale sur le terrain de Benfica en Ligue des champions (défaite 2-1). Trois jours avant de défier de nouveau les Lisboètes à domicile, Rudi Garcia se contentera, lui, du résultat, et de son classement : 8e, à seulement trois points du podium. « J’espère que c’est un acte fondateur », a déclaré l’entraîneur lyonnais. « Ça doit faire prendre conscience à mes joueurs qu’il ne faut jamais rien lâcher. Même quand on a été menés deux fois au score j’ai senti qu’il y avait du caractère dans cette équipe. J’ai bien aimé ce scénario car il prouve que les joueurs ont refusé la défaite », s’est-il félicité avant de se tourner vers l’avenir : « On vient de prendre sept points sur neuf et ça va nous permettre de travailler avec un peu plus de sérénité. On est toujours en convalescence mais on est moins crispé. » Eclaircie sur Angers Et revoilà Angers en haut du classement ! Le SCO a déjà connu le rang de dauphin du Paris-SG cette saison, mais revivre cette situation après douze matchs est un signe positif. Certes, il n’y a qu’un point d’avance sur la doublette Nantes-Marseille, mais l’équipe de Stéphane Bahoken, buteur sur penalty avant de sortir sur blessure, s’en satisfera au sortir d’un match maîtrisé contre Strasbourg (1-0). « C’est un bon résultat au terme d’un match solide. Nous sommes deuxièmes ce soir. C’est anecdotique parce que ce championnat est très serré, mais au soir de la 12e journée, avec six victoires, c’est plus parlant. Cette victoire valide notre bon premier tiers de championnat », a analysé l’entraîneur angevin, Stéphane Moulin. Les Brestois, eux, auraient aussi pu rêver au podium, après trois victoires successives en Ligue 1, mais à Amiens, ils n’ont rien pu faire, battus après un but de Juan Otero (1-0) au cours d’une rencontre marquée par la chute d’un supporteur depuis une tribune du stade. Blessé, l’homme a été évacué sur une civière avant d’être transporté au CHU Amiens-Picardie, selon le speaker du stade. Le promu Metz a vu Montpellier le rejoindre en fin de rencontre (2-2), et reste relégable (19e). Les joueurs locaux avaient ouvert le bal avec Habib Diallo (26e) et Opa Nguette (47e), avant de se faire rattraper en deuxième période par Montpellier, avec Andy Delort (72e) et Junior Sambia (78e). « Le coach nous a bien bougés à la mi-temps et il avait raison parce qu’en première période on s’est fait bouger dans tous les duels », a expliqué le Montpellierain Andy Delort. « C’est ce qui a fait la différence en deuxième mi-temps : on est rentés, on a changé de système et la différence on l’a vue tout de suite. On aurait pu gagner ce match, ça n’aurait pas été choquant », a-t-il même estimé. Impossible de jouer à Nîmes, où des trombes d’eau se sont abattues sur le stade des Costières avant le match contre Rennes, samedi 2 novembre. PASCAL GUYOT / AFP Déluge sur les Costières « En raison de l’état d’impraticabilité du terrain, gorgé d’eau, j’ai décidé de ne pas autoriser le coup d’envoi. Nous avons procédé à plusieurs tests, le rebond du ballon était impossible, la sécurité des joueurs non garantie. » La déclaration est signée Willy Delajod, arbitre de Nîmes-Rennes. La décision est tombée à quelques instants du coup d’envoi : la rencontre n’aura pas lieu ce week-end. La faute à d’immenses flaques sur le stade des Costières, formées par des heures de déluge ininterrompu, qui ont rendu l’échauffement des gardiens pas loin d’être cocasse, tant la pelouse gorgée d’eau empêchait toute tentative sérieuse de plongeon. La rencontre est reportée à une date ultérieure, qui ne sera pas dimanche, ont précisé les deux clubs. Un jour sera choisi par la commission des compétitions de la Ligue, probablement en 2020, selon l’entraîneur rennais, Julien Stéphan. Jordan Amavi (OM), Duje Caleta-Car (OM) et Jonathan Ikone (OL) au Stade-Vélodrome, samedi 2 novembre 2019. DANIEL COLE / AP Marseille relancé Un peu plus tôt dans l’après-midi, l’Olympique de Marseille a assuré l’essentiel en battant Lille au Stade-Vélodrome (2-1). L’entraîneur portugais de l’OM, André Villas-Boas a savouré l’embellie : il avait demandé de l’intensité, après les revers à Paris (4-0) et à Monaco (2-1 en Coupe de la Ligue), il a été servi. Face à Lille, tout n’a pas été probant – c’est un but contre son camp du Nordiste Gabriel qui offre la victoire –, mais les efforts ont payé : Marseille est un étonnant 4e de Ligue 1. Idéal avant de recevoir Lyon dans un duel très attendu dimanche 10 novembre. « On est rentré dans le match avec le bon état d’esprit, alors que ça faisait deux matchs qu’on ne jouait pas, c’est important », a réagi le coach. Pour son homologue lillois, Christophe Galtier, c’est la tornade inattendue. Privé de son meilleur buteur, Victor Osimhen, trop juste pour débuter la rencontre, le LOSC a pataugé au Vélodrome alors qu’il semblait avoir trouvé la clé la semaine dernière en deux matchs contre Valence (1-1), puis Bordeaux (3-0). Cela fait désormais quatre défaites à l’extérieur pour les Dogues, et deux matchs nuls hors de leurs terres cette saison. Pour aucune victoire… Dimanche pour la suite de cette 12e journée, Nantes, désormais 3e, aura l’occasion à Bordeaux, de reprendre son rang de dauphin du Paris-SG. Nice, qui n’a plus gagné depuis six matchs, tentera de sortir de la crise en accueillant Reims, tandis que Saint-Etienne et Monaco, en net rebond, s’affrontent pour clôturer un week-end pluvieux sur les pelouses.
L’Olympique lyonnais a battu Toulouse dans le temps additionnel (3-2) grâce à Depay lors de la 12e journée, alors qu’Angers a battu Strasbourg (1-0) pour redevenir dauphin du PSG, avant le match de Nantes dimanche.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/02/ligue-1-les-resultats-de-la-12e-journee_6017829_3242.html
mlsum-fr-367
A Paris, en avril. ÉRIC PIERMONT / AFP « Bouygues Telecom, réseau numéro un en zones rurales », « Free est l’opérateur qui offre le meilleur débit en FTTH [fibre très haut débit] », « Orange est le réseau mobile numéro un », « SFR, leader du très haut débit ». A en croire les opérateurs, lorsqu’il s’agit de la qualité de service de leurs réseaux, tout le monde fait la course en tête. Pour s’y retrouver, les abonnés se tournent de plus en plus vers les comparateurs en ligne et autres tests de mesure de débits qui pullulent sur la Toile. Mais, d’un outil à l’autre, les résultats peuvent parfois considérablement varier, les critères et paramètres n’étant pas tous les mêmes. Une cacophonie à laquelle entend remédier le régulateur des télécoms. Une liste des tests de mesure conformes Au terme d’une concertation menée avec les opérateurs (Orange, SFR, Free, Bouygues Telecom), des professionnels de la mesure, des acteurs académiques et des organismes de protection des consommateurs, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), a mis en place un code de bonne conduite. Objectif : uniformiser la méthodologie utilisée par les spécialistes de la mesure pour que les utilisateurs de tests de débit disposent d’une information la plus fiable et la plus complète possible. « Les opérateurs relaient parfois par de la publicité des tests que nous considérons comme discutables. A la fin, tout le monde est numéro un. Nous avons l’ambition de faire un peu le ménage », expliquait Sébastien Soriano, le patron du gendarme des télécoms, le 21 mai. Parmi les impératifs listés par l’Arcep, l’obligation de réaliser des mesures de débits de plus de sept secondes avec un téléchargement supérieur à 100 mégaoctets de données. Le régulateur a dévoilé, pour la première fois, jeudi 27 juin, une liste des tests qui se sont déclarés conformes à ses recommandations. Seuls cinq outils de mesure, dont trois concernant à la fois la connexion fixe et mobile, y figurent : nPerf, Speedtest UFC-Que Choisir, le testeur de connexion de 60 Millions de consommateurs, DébiTest 60, 4GMark et IPv6-test. « Toutes les publicités ou communications d’opérateurs qui utilisent d’autres tests doivent être regardées avec la plus grande circonspection », avait prévenu M. Soriano, en mai. Le régulateur des télécoms a également décidé d’intégrer dans les box des utilisateurs une interface logicielle commune à tous les opérateurs, qui permettra d’envoyer aux outils de mesure, lorsqu’un test est lancé par l’utilisateur, des informations techniques plus précises, comme le type de connexion Internet de l’abonné (ADSL, câble, fibre…), le débit qu’il a souscrit ou la qualité du Wi-Fi. Par souci de confidentialité, aucune information personnelle sur l’identité de l’utilisateur ne sera divulguée. Un « projet pionnier », selon l’Arcep, qui ne devrait toutefois pas voir le jour avant de longs mois.
Le gendarme des télécoms a publié, pour la première fois, une liste des outils de mesure déclarés conformes à son code de conduite. Objectif de l’opération : garantir une information plus fiable pour le consommateur.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/28/grand-menage-dans-les-tests-de-debits-internet_5482835_3234.html
mlsum-fr-368
Angela Merkel, à Leipzig, le 31 août. Jens Meyer / AP Editorial du « Monde ». Tabou depuis plusieurs années en Europe, le concept de relance budgétaire est en train de revenir au centre du débat économique. L’explosion des dettes publiques dans la foulée de la crise de l’euro de 2011 avait conduit à disqualifier l’idée même que les Etats puissent dépenser davantage pour soutenir leur économie. Huit ans plus tard, alors que la croissance au sein de la zone euro flanche et que l’efficacité de l’action de la Banque centrale européenne (BCE) atteint ses limites, il est indispensable que la politique budgétaire prenne le relais. C’est ce qu’a rappelé Emmanuel Macron, lors du dernier G7, à Biarritz, en évoquant la nécessité d’une relance coordonnée de l’économie avec de « nouveaux outils ». Alors que la conjoncture s’assombrit, la part des investissements publics et privés dans le produit intérieur brut européen est passée en dix ans de 22 % à 20 %, selon la Commission européenne, et ce malgré la politique monétaire très expansionniste menée par la BCE depuis 2014. C’est un échec dont il faut tirer les leçons en utilisant désormais le levier budgétaire. Excédents gigantesques Evidemment, tous les regards se tournent vers l’Allemagne. La première économie européenne, qui représente un tiers du PIB de la zone euro, est quasiment à l’arrêt. Heurtée de plein fouet par le ralentissement du commerce mondial, conséquence des tensions entre les Etats-Unis et la Chine, l’industrie allemande accuse une chute de 7,5 % de son activité en dix-huit mois. Son secteur phare, l’automobile, est revenu à son niveau de 2009, au plus fort de la crise financière. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le débat sur la relance budgétaire monte en Europe Dans le même temps, l’Allemagne a accumulé ces dernières années des excédents budgétaires et commerciaux gigantesques, qui lui offrent des marges de manœuvre que d’autres pays, à commencer par la France, n’ont pas. Alors que la dette publique allemande devrait repasser sous les 60 % du PIB cette année (contre près de 100 % en France) et que les taux d’intérêt réels sont inférieurs au taux de croissance, Berlin reste accroché à son sacro-saint équilibre budgétaire. Même si cette rigueur a constitué la pierre angulaire de la puissance de l’économie allemande ces dernières années, elle semble de moins en moins adaptée à la situation. La puissante Fédération de l’industrie allemande (BDI) multiplie les appels pour que l’Allemagne change de cap. Les Pays-Bas aussi Les économistes estiment à plusieurs centaines de milliards d’euros les investissements nécessaires pour remettre à niveau les infrastructures du pays et assurer la transition énergétique. Un tel plan pourrait d’autant plus avoir un effet d’entraînement au niveau européen que les Pays-Bas, qui disposent, eux aussi, de marges de manœuvre budgétaires, sont sur le point de débloquer 50 milliards pour financer les infrastructures et l’intelligence artificielle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les banquiers centraux (presque) désarmés pour soutenir l’économie Toutefois la fragilité de la coalition au pouvoir en Allemagne ne favorise pas les prises de décision courageuses. Il est assez peu probable qu’Angela Merkel obtienne de son aile conservatrice le feu vert pour assouplir les règles budgétaires. Pire, il n’est pas impossible que, pris à la gorge sur le plan industriel, Berlin décide de mener, comme entre 2000 et 2008, une stratégie non coopérative vis-à-vis du reste de l’Europe. Pour restaurer sa compétitivité et relancer ses exportations, l’Allemagne pourrait ainsi opter pour une baisse des coûts de production, au moyen d’une baisse des charges, voir d’une austérité salariale. Un tel choix, dont la France et l’Italie seraient les premières victimes, serait mortifère pour l’économie européenne. Le Monde
Editorial. Au moment où la croissance au sein de la zone euro flanche et où l’efficacité de l’action de la Banque centrale européenne atteint ses limites, un changement de cap de Berlin est souhaitable.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/03/relance-budgetaire-l-allemagne-doit-prendre-une-initiative_5505821_3232.html
mlsum-fr-369
Deux ans de prison avec sursis et 70 000 euros de dommages et intérêts pour avoir exploité pendant dix ans un homme à leur domicile de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine). Le tribunal correctionnel de Nanterre a condamné Gabriel Mpozagara, ancien ministre au Burundi et ex-ambassadeur de l’Unesco, ainsi que son épouse, Candide Mpozagara, notamment pour « soumission à un travail forcé » et à des « conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité ». Methode Sindayigaya, un ancien cultivateur burundais de 39 ans, avait raconté à l’audience comment il avait été « réduit en esclavage » pendant dix ans dans la maison du couple avant que des ouvriers intervenant dans le domicile n’alertent les autorités, en juillet 2018. Pendant dix-neuf heures par jour, il faisait la lessive, le repassage, la cuisine, le ménage, le jardinage, et prenait soin d’un des fils du couple, qui souffre de handicap, avait-il narré. Couchant près d’une chaudière au sous-sol, il se lavait « au robinet avec un seau », avait-il décrit, ajoutant qu’il vivait loin de sa famille et que ses employeurs lui avaient confisqué son passeport. Lire notre archive : Encore 36 millions d’esclaves sur la planète Le couple va « en toute hypothèse » faire appel « Je suis très content, la justice m’a entendu », a-t-il déclaré lundi après le délibéré. « Le tribunal a pris la mesure du dossier et de la gravité des faits », a estimé son avocat, Alexandre Reynaud. « Le message est clair : quel que soit votre statut, votre position, il n’y a pas d’impunité. » Le tribunal correctionnel est cependant resté en deçà des réquisitions du ministère public, qui avait demandé trois ans dont un ferme, estimant que M. Syndayigaya était « le serf de la maison et l’esclave à tout faire ». Le couple de septuagénaires, qui avait clamé son innocence à l’audience, va « en toute hypothèse » faire appel, a précisé l’avocate de la défense, Dominique Naveau-Duchesne. « On fera ce qu’il faut pour que la vérité éclate », a-t-elle déclaré. Les époux Mpozagara avaient déjà comparu en 2007 dans ce même tribunal : ils avaient été condamnés mais relaxés ensuite en appel dans un dossier similaire qui concernait deux jeunes nièces venues du Burundi. Ces dernières ont plaidé leur cause auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a condamné la France en octobre 2012 pour avoir failli dans sa lutte contre le travail forcé. En 2013, le Parlement français a introduit dans le code pénal le travail forcé, la réduction en servitude et la réduction en esclavage. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le calvaire de Chantal Nsamirizi, esclave moderne, reconnu par la Cour européenne
Gabriel et Candide Mpozagara ont été condamnés lundi à deux ans de prison avec sursis pour avoir forcé un de leurs compatriotes à travailler dix-neuf heures par jour.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/21/un-ex-ministre-burundais-et-sa-femme-reconnus-coupables-d-avoir-exploite-pendant-dix-ans-un-homme-a-leur-domicile_6016362_3224.html
mlsum-fr-370
Abdelmadjid Tebboune, en 2017, alors premier ministre, à Alger. RYAD KRAMDI / AFP Le slogan phare de la contestation qui a provoqué la chute de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika a fait sa réapparition dans les manifestations, vendredi 27 septembre : « Non au cinquième mandat ! » A Alger, où une foule compacte a protesté pour la 32e semaine d’affilée, les candidats déclarés à la prochaine élection présidentielle, accusés de vouloir « perpétuer le système » de l’ancien chef de l’Etat de 82 ans, contraint à la démission le 2 avril, alors qu’il voulait se représenter, étaient ainsi ­particulièrement visés par les manifestants. Moins de deux semaines après la convocation de l’élection, prévue le 12 décembre, le casting électoral proposé aux Algériens ressemble pour l’instant à un conseil des ministres du président sortant. Jeudi 26 septembre, deux personnalités nationales sont entrées en lice : deux anciens premiers ministres ayant tous deux servi l’ex-président : Ali Benflis, 75 ans, et Abdelmadjid Tebboune, 73 ans. Premier ministre de 2000 à 2003, sous le premier mandat de M. Bouteflika, Ali Benflis avait ensuite été son principal adversaire aux présidentielles de 2004 et 2014. Il avait alors dénoncé une fraude massive. Homme issu du sérail, M. Benflis aurait-il cette fois obtenu des garanties sur ses chances d’accéder au palais d’El Mouradia, le siège de la présidence ? Cet été, le chef du parti Avant-garde des libertés a accepté la décision du chef de l’état-major de l’armée et dirigeant de facto du pays, le général Ahmed Gaïd Salah, de tenir une élection présidentielle dans les plus brefs délais. Construire « un rassemblement » Ali Benflis a fait part, jeudi, de son ambition de construire « un rassemblement pour une sortie de crise ouvrant la voie à un changement démocratique qui intègre la totalité des revendications et des aspirations de la révolution démocratique pacifique ». Il estime que les conditions d’un scrutin transparent sont désormais réunies depuis la mise en place expresse d’une autorité électorale indépendante présidée par Mohamed Charfi – qui fut deux fois ministre de la justice de M. Bouteflika, avant d’être limogé en 2013. « Ce que demande le hirak, j’ai été le premier à le demander. Et j’ai souffert » Son principal adversaire à cette heure, Abdelmadjid Tebboune, six fois ministre sous les quatre mandats d’Abdelaziz Bouteflika, a aussi été le chef de gouvernement à la longévité la plus éphémère qu’a connue le pays : 81 jours. Nommé, puis débarqué à l’été 2017, il n’avait pas survécu au bras de fer qu’il avait engagé avec des hommes d’affaires proches de Saïd Bouteflika, le frère de l’ex-président, qui vient d’être condamné à quinze ans de prison. Une expérience malheureuse qu’Abdelmadjid Tebboune met aujourd’hui en avant pour endosser les habits d’un opposant au système. « Ce que demande le hirak [le mouvement de contestation populaire], j’ai été le premier à le demander. Et j’ai souffert. J’ai été personnellement puni, mon fils a été puni. Ce n’est pas suffisant ? », s’exclamait-il jeudi. Dans le sillage de ces deux favoris, le Rassemblement national démocratique (RND), l’un des deux anciens piliers de la majorité gouvernementale, a annoncé qu’il se lançait dans la course. Il devrait introniser son secrétaire général par intérim, Azzedine Mihoubi, lui aussi ancien ministre de Bouteflika. Les formations islamistes devraient se positionner avant la fin du mois. L’ex-premier ministre algérien Ali Benflis, en février à Alger. RYAD KRAMDI / AFP Plusieurs figures de l’opposition ont fait savoir que les conditions d’une élection transparente n’étaient pas réunies, car l’offre politique se résume sans surprise à un « système qui cherche à se maintenir par la fraude », selon les mots de nombreux opposants. Mais partis politiques et société civile peinent toujours à dessiner les contours d’une alternative au pouvoir, au risque que la lassitude gagne la population, alors que l’appareil sécuritaire resserre son étau sur les contestataires. Discours menaçant Jeudi, le général Ahmed Gaïd Salah avait mis en garde contre toute « entrave » au processus électoral et brandi la menace d’une « sanction juste et rigoureuse, voire dissuasive, conformément à la loi ». Ce discours menaçant, qu’accompagne le bouclage la capitale par les forces de sécurité chaque vendredi, se traduit par des arrestations, toujours plus nombreuses, qui ciblent les animateurs du hirak. Selon le Comité national pour la libération des détenus, plus de 90 personnes ont été placées en détention provisoire. La plupart pour « incitation à attroupement » ou « atteinte à la sécurité de l’Etat ». Libéré mercredi, l’opposant Karim Tabbou, une figure de la contestation arrêtée le 12 septembre et poursuivie pour « atteinte au moral de l’armée », a été de nouveau interpellé, moins de vingt-quatre heures plus tard. Vendredi après-midi, ses défenseurs ignoraient toujours les motifs de cette nouvelle arrestation. « Karim Tabbou a été présenté hier soir devant le tribunal qui a ordonné sa mise en détention provisoire. Nous n’avons aucune information sur les charges retenues contre lui », dénonce l’un de ses avocats, Mustapha Bouchachi, autre figure de la société civile. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mustapha Bouchachi, figure de la contestation algérienne Dans ce climat, si la campagne électorale exigée par le général Ahmed Gaïd Salah semble bel et bien lancée, il ne reste qu’un peu plus de deux mois au chef de l’état-major et aux candidats pour convaincre les Algériens d’aller voter. Pour les partisans de l’élection, le plus dur commence peut-être.
L’opposition algérienne, ciblée par des arrestations, craint que le scrutin du 12 décembre ne serve à la perpétuation du régime.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/28/deux-ex-premiers-ministres-de-bouteflika-candidats-a-la-presidentielle_6013437_3212.html
mlsum-fr-371
Si le héros se perd dans l’espace à la recherche de réponses, ses congénères préfèrent simplement se griller de la guimauve. Annapurna Interactive C’est quoi le principe de ce jeu vidéo ? Un défi à surmonter, un match à remporter, un « high score » à battre ? Ou alors une expérience narrative, sorte de film interactif qui ne chercherait pas à mettre le joueur en difficulté, mais à lui raconter une histoire ? Les deux propositions existent, cohabitent, se mélangent souvent. Mais une troisième facette existe, du moins en théorie : le jeu vidéo en tant qu’espace virtuel, un monde alternatif régi par sa propre logique, ses propres lois, que le joueur est libre d’explorer. Rares sont les jeux à assumer de n’être que des mondes virtuels, sans combat, sans objectif clair et surtout, sans règle du jeu apparente. C’est pourtant le parti pris du fantastique Outer Wilds, sorti le 30 mai sur l’Epic Games Store et Xbox One. Archéologie spatiale Notre héros aux quatre yeux et à la peau squameuse appartient à la race des pionniers : c’est l’un des premiers représentants de son peuple à avoir le privilège de s’élancer à bord de son vaisseau bricolo à la découverte du système solaire, avec ses six planètes et sa cohorte de satellites plus ou moins naturels. Il ne va pas tarder à le découvrir : un autre peuple aujourd’hui disparu a précédé le sien dans ce petit coin d’univers. D’où venaient-ils ? Que cherchaient-ils ? Qu’ont-ils fait, et où sont-ils passés ? C’est le genre de questions auxquelles le joueur va devoir répondre, à force de tomber sur des ruines, de lire leurs écrits, ou en tentant de se servir des quelques machines fonctionnelles qu’ils ont laissées derrière eux. Outer Wilds est un jeu d’exploration, mais aussi d’archéologie spatiale. Il ne nous dit jamais si on est sur la bonne piste, il ne vérifie pas qu’on a bien compris ce qui est en train de se jouer, nous laissant seul avec nos déductions. Il ne relie pas les points pour nous : c’est au joueur de mettre en perspective les indices avant de comprendre le dessein ici à l’œuvre. En cela, il est un proche cousin du jeu d’enquête Return of the Obra Dinn – deuxième meilleur jeu de 2018 d’après l’équipe de Pixels, excusez du peu. Un vaisseau de bric et de broc peut-être, mais un vaisseau capable de traverser le système solaire en une ou deux minutes chrono. Annapurna Interactive L’œil de l’univers Mais on pourra très bien voir le bout de l’aventure sans vraiment avoir tout compris de l’histoire de nos glorieux prédécesseurs. Le but véritable, c’est en réalité de trouver (désolé pour le spoiler) un mystérieux « œil de l’univers ». Une tâche finalement assez simple sur le papier : tous les indices sont là, dès le départ, pile sous les yeux du joueur. Encore faut-il qu’il les voie… Il va avoir vingt-deux minutes pour ça ; vingt-deux minutes, répétées à l’infini. Car on ne tardera pas à s’en rendre compte, Outer Wilds commence, pour une raison bien précise, vingt-deux minutes avant la fin du monde. Alors il faudra au joueur revivre ces vingt-deux minutes encore et encore, accumulant à chaque fois de nouveaux indices, comprenant peu à peu en quoi toutes ces planètes sont liées. Surtout, il faudra assimiler les lois physiques qui régissent ce système solaire miniature, et exploiter des anomalies au départ incompréhensibles, voire invisibles, à son avantage. Ce n’est qu’au bout de vingt, cinquante, sans doute cent morts même, et autant de séquences d’exploration de vingt-deux minutes, que le chemin vers la conclusion se dessinera. Les indices importants sont consignés dans le journal de bord du vaisseau, outil fort pratique pour s’y retrouver. Annapurna Interactive Des îles dans l’espace Alors on meurt, d’avoir trop attendu, ou d’avoir mal piloté, et on revit, se réveillant toujours au même moment, au même endroit, dans son sac de couchage près du pas de tir, alors qu’un éclair bleu zèbre la surface de la planète Leviathe qui passe au-dessus de notre tête. Les planètes, ce sont les vraies réussites d’Outer Wilds. Il y a Leviathe déjà, gigantesque planète aquatique, parcourue de tornades qui expédient régulièrement ses (rares) îles dans l’espace. Il y a les Sablières aussi, deux planètes jumelles, reliées par un gigantesque siphon de sable, tandis que le désert de l’une remplit lentement mais sûrement la surface (et les cavernes) de l’autre. Il y a aussi Cravité, planète creuse menacée par sa lune en éruption, et dont les villes abandonnées sombrent les unes après les autres dans le trou noir qui lui sert de cœur. Bref, impossible d’en dire plus sans dilvulgâcher ce qui fait l’intégralité du plaisir du jeu : celui de la découverte. Disons simplement que chaque astre, chaque objet stellaire, regorge de détails, de bonnes idées, de phénomènes météorologiques ou cosmologiques qu’on découvrira et qu’on apprendra à comprendre. Mais Outer Wilds est loin de n’être qu’un casse-tête : c’est une balade. Leviathe est une planète menaçante… et pourtant riche en indices. Annapurna Interactive La poésie des boules de gaz Parce qu’elles sont toutes petites (les planètes font, à la louche, un kilomètre de diamètre en moyenne), et que tous ces phénomènes se déroulent à une échelle compréhensible par le cerveau humain, Outer Wilds est ainsi un jeu qui ouvre des perspectives inédites, réservant des moments de vertiges authentiques. Il faut avoir vu le soleil se lever sur les canyons de Sablière Rouge avant de passer juste au-dessus de sa tête pour prendre conscience de la dimension poétique de ces grosses boules de gaz, d’eau et de roches. Alors oui, on meurt, on recommence, mais ce n’est pas grave. Outer Wilds est de toute façon un jeu de sale gamin qui aime faire des bêtises, mettre les doigts dans la prise de l’univers, sauter à pieds joints dans des trous noirs ou tordre à son avantage les lois de la physique quantique, comme ça, juste pour le plaisir d’expérimenter et de voir où cela le mène. Un jeu de poète d’abord, un jeu de gamin donc, mais surtout un jeu de scientifique, en somme. En bref On a aimé : comprendre ses lois physiques astucieuses ; explorer ses planètes fascinantes ; découvrir le passé de la race extraterrestre qui nous y a précédés ; l’excellente version française. On n’a pas aimé : la prise en main du vaisseau demande un peu de doigté ; une énigme ou deux un peu tirées par les cheveux à la fin. C’est plutôt pour vous si… vous avez toujours rêvé d’être cosmonaute ; vous n’avez jamais rêvé d’être cosmonaute (pas d’inquiétude, le jeu vous fera changer d’avis) ; l’idée d’un mélange entre Return of the Obra Dinn et The Legend of Zelda Majora’s Mask provoque chez vous un certain nombre de picotements plutôt agréables. Ce n’est plutôt pas pour vous si… vous êtes malade en voiture ; vous êtes malade en avion ; vous êtes malade tout court (auquel cas prenez plutôt un Doliprane). La note de Pixels Un petit pas pour l’homme/un bond de géant pour l’humanité.
Avec son système solaire de poche, et son enquête de vingt-deux minutes mille fois recommencée, ce jeu offre une expérience inédite et inoubliable.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/18/le-fascinant-voyage-d-outer-wilds-jeu-video-d-exploration-et-d-archeologie-spatiale_5478101_4408996.html
mlsum-fr-372
Le président du Soudan du Sud Salva Kiir (à droite) et l’ancien vice-président et principal opposant Riek Machar à Juba, le 9 septembre 2019. Jok Solomun / REUTERS Les sourires et les poignées de main chaleureuses échangés par les deux rivaux du Soudan du Sud, le président Salva Kiir et son principal opposant et ancien vice-président Riek Machar, sur le parvis du palais présidentiel à Juba, le 11 septembre, augurent-ils d’un nouveau souffle pour la mise en œuvre de l’accord de paix censé mettre fin à une guerre civile de plus de cinq ans, mais très en retard sur son calendrier ? La scène s’est déroulée à la suite de deux réunions en tête-à-tête des dirigeants ayant pour objectif, selon la présidence, « d’accélérer » la mise en œuvre de cet accord. Signé le 12 septembre 2018, celui-ci doit permettre de résoudre un conflit ayant fait près de 400 000 morts et plus de 4 millions de déplacés depuis 2013. Un premier accord avait échoué en juillet 2016, avec l’affrontement entre les forces armées de l’opposition et celles du gouvernement, au cœur de la capitale, après le retour de Riek Machar à son poste de vice-président. Ce dernier avait sauvé sa peau de peu et fui, à pied, jusqu’à la République démocratique du Congo. L’accord « revitalisé » de 2018 prévoit le cantonnement des troupes rebelles et la création d’une nouvelle armée unifiée, ainsi que la formation d’un gouvernement d’unité nationale initialement prévue pour le mois de mai, puis reportée de six mois. A l’issue de leur rencontre, les deux dirigeants se sont engagés à respecter l’échéance du 12 novembre pour former le gouvernement transitoire d’unité. A Juba, l’envoyé spécial pour le Soudan du Sud du bloc régional d’Afrique de l’Est IGAD, Ismail Wais, s’en félicite et explique que « toutes les questions en suspens ont été discutées : les arrangements sécuritaires, le nombre d’états [régionaux], la formation du gouvernement et la dissémination de l’accord de paix. C’est la première d’une série de réunions pour débloquer le processus ». « Nous avons tiré les leçons du passé » Lors d’un briefing le 12 septembre pour la communauté diplomatique à Juba, la ministre des affaires étrangères sud-soudanaise, Awut Deng, a aussi loué « l’état d’esprit, l’atmosphère décontractée » des rencontres, et souligné « l’immense progrès accompli » dans la mise en œuvre de l’accord. « Le cantonnement a déjà commencé, l’enregistrement [des soldats] s’est très bien passé dans certains sites », a-t-elle indiqué. Selon les données disponibles à ce jour, le progrès accompli ces derniers mois est indéniable, mais reste bien en deçà des ambitions fixées. Sur les trente-cinq sites de cantonnement identifiés, seuls dix sont opérationnels, c’est-à-dire équipés en électricité, en nourriture ou encore en services médicaux, pour accueillir les combattants de l’opposition, ainsi que deux casernes, pour ceux du gouvernement. Un nombre important de troupes de l’opposition aurait déjà été cantonné, mais aucun chiffre n’est pour l’instant connu. L’objectif fixé par l’IGAD est d’avoir au moins 50 % des 83 000 soldats de la future armée unifiée non seulement cantonnés (ou casernés), mais aussi sélectionnés, formés et redéployés d’ici à fin septembre. « Le calendrier ne sera probablement pas tenu, mais cela n’empêche pas la formation d’un gouvernement », considère Alan Boswell, de l’International Crisis Group, qui ajoute que « former une nouvelle armée pour novembre est impossible ». Celui-ci prévient cependant du potentiel explosif de la coexistence de troupes ennemies dans la capitale : « Il faudra que les leaders prennent des mesures pour éviter que les forces entrent en confrontation. » Autrement, le risque est de voir le Soudan du Sud se diriger vers la répétition du scénario de 2013 et 2016, lorsque les rivalités entre Salva Kiir et Riek Machar ont dégénéré en combats entre leurs troupes respectives, plongeant dans la guerre le pays tout entier. « Nous avons tiré les leçons du passé », assure M. Wais, l’envoyé spécial de l’IGAD. « Il va y avoir une unification des forces, pas une intégration, nuance-t-il. Elles répondront à une seule chaîne de commandement. » Il se réjouit de la reconstitution récente de la commission pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR), chargée des soldats qui doivent retourner à la vie civile. Enfin, souligne-t-il, « de l’aide arrive ». L’Egypte a récemment fait don de tentes et d’uniformes, la Chine a fourni de la nourriture et d’autres pays « explorent » des façons de soutenir le processus. Le cessez-le-feu semble tenir bon « Le manque de ressources affecte tous les mécanismes de mise en place de l’accord », estime Rajab Mohandis, de l’Organization for Responsive Governance et représentant de la société civile dans la commission RJMEC, qui supervise le processus. Il témoigne cependant des « excellentes interactions » entre les militaires du gouvernement et ceux de l’opposition au sein des différentes commissions en charge de la mise en œuvre de l’accord, qui travaillent depuis près d’un an à Juba. « Du côté militaire, les commandants coopèrent très bien, et il n’y a pas eu d’incident de harcèlement de l’opposition à Juba comme cela avait été le cas en 2016 ». Après les rencontres de cette semaine entre Riek Machar et Salva Kiir, il croit donc fermement qu’il faut « conserver cet élan ». Au-delà de la démonstration de bonne volonté des deux dirigeants, très peu de détails ont filtré sur le contenu précis de leurs discussions en tête-à-tête. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Soudan du Sud, signer la paix et puis la faire Sur le terrain, le cessez-le-feu semble tenir bon. Mais des incidents impliquant les non-signataires de l’accord se sont produits récemment, avec notamment l’attaque de positions gouvernementales près d’Aweil, dans le nord du pays, par des forces du général Paul Malong, l’ancien chef de l’armée sud soudanaise, entré en rébellion en 2018. Début septembre, des affrontements près de la ville de Yei, dans le sud, ont par ailleurs provoqué la fuite de plus de 230 habitants, selon les autorités locales. Malgré l’incertitude, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) observe une tendance au retour des réfugiés. Au mois d’août, 15 944 personnes sont revenues spontanément au Soudan du Sud, majoritairement du Soudan et de l’Ouganda voisins. Un total de 209 071 personnes sont, selon les rapports, revenues d’exil ces derniers mois. Florence Miettaux (Juba, correspondance)
Le président Salva Kiir et son principal opposant Riek Machar se sont dits prêts à former un gouvernement d’union en novembre.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/16/au-soudan-du-sud-la-mise-en-uvre-laborieuse-de-l-accord-de-paix_5510988_3212.html
mlsum-fr-373
Une spirale de représailles et de trahison dans le Naples des années 1970. Nour Films L’AVIS DU « MONDE » - POURQUOI PAS On dirait que son nez a été confectionné par l’un des maquilleurs du Dick Tracy de Warren Beatty. Même avec cet appendice géométrique incongru, on reconnaît Toni Servillo. On dirait que les lumières et la palette ont été empruntées à un film noir américain des années 1990. Même avec ces reflets de réverbères dans des flaques d’eau sale, on reconnaîtra Naples. Adapté par son auteur, Igort, d’un album bichrome (bleu et gris), 5 est le numéro parfait souffre de quelques-uns des maux qui affectent souvent la transposition d’une bande dessinée à l’écran. Le découpage en cases n’est pas toujours celui qui fait les bons plans, la stylisation graphique devient une simplification de mise en scène. Une vengeance qui sent le réchauffé Mais il y a Toni Servillo et Naples. Le premier tient le rôle de Peppi Lo Cicero, spadassin à la retraite qui a laissé à son fils son petit commerce d’exécuteur au service d’une famille du crime organisé napolitain. Lorsque cet enfant unique et chéri est victime d’un accident du travail (la cible a préféré le tuer avant d’être tuée), Peppi se voit forcé de reprendre du service, mobilisant en chemin un vieux complice (Carlo Buccirosso) et une ancienne maîtresse (Valeria Golino) Cette histoire de vengeance sent le réchauffé et il faut les yeux tristes de Servillo pour que l’on y trouve un peu d’émotion. D’autant que la mise en scène distanciée d’Igort appuie un peu lourdement sur l’ironie macabre des situations. Reste le plaisir qui vient à la vue des rues de Naples traitées comme celles de Little Italy, des Fiat 500 filmées comme si elles s’étaient faites aussi grosses que des Cadillac.
Cette adaptation de la bande dessinée sur grand écran par Igort, son auteur, tombe dans les écueils propres à ce genre d’exercice. Mais le charme de Toni Servillo et des décors napolitains opère malgré tout.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/23/5-est-le-numero-parfait-naples-filme-comme-little-italy_6016560_3246.html
mlsum-fr-374
Livre. Au printemps 2018, une manifestation avait lieu au zoo d’Anvers (Belgique) pour demander la fin des spectacles avec otaries. Quelques mois plus tard, le feu était mis au Safari de Peaugres, en Ardèche. Fin 2018, une pétition demandait le transfert d’un éléphant du zoo de Johannesburg (Afrique du Sud) dans une réserve naturelle. En avril, l’association Wolf Eyes obtenait des pouvoirs publics belges un contrôle au sein du parc animalier wallon de Bouillon… Le mouvement anti-zoos, qui dénonce à juste titre des conditions de détention parfois scandaleuses, se porte bien. Mais ce combat ne passe-t-il pas à côté de l’essentiel ? N’empêche-t-il pas de voir et d’encourager la révolution effectuée par nombre de ces établissements, au cours des dernières décennies, en faveur de la conservation des espèces en voie d’extinction? Telle est la conviction de Laurence Paoli, qui signe, avec Zoos. Un nouveau pacte avec la nature, un vigoureux plaidoyer pour que les parcs animaliers aient les moyens de remplir pleinement cette mission, rendue essentielle par la perte accélérée de la biodiversité. Ces institutions communiquent peu Laurence Paoli a longtemps travaillé au Muséum national d’histoire naturelle, où elle était chargée de la communication. Elle a ensuite collaboré, en France et ailleurs, avec plusieurs parcs zoologiques – des lieux qui, tels le Bioparc de Doué-La-Fontaine (Maine-et-Loire), le zoo de Beauval (Loir-et-Cher) ou celui de Thoiry (Yvelines), sont à la pointe en matière de bien-être animal et de stratégie conservatoire. Ce parcours d’exception fait à la fois la force et la faiblesse de son propos. Sa faiblesse, car il donne à voir une version par trop idyllique de ce secteur d’activité : il reste encore bien des établissements dont la priorité est d’exposer des animaux spectaculaires à des fins mercantiles. Sa force, car il dessine par là-même ce que devront être les parcs de demain s’ils veulent survivre : des lieux d’expertise penchés au chevet de la nature, avec un triple objectif de sauvegarde de la biodiversité, de recherche et de pédagogie – ce que l’auteure appelle « le cercle vertueux de la conservation ». « Trop fréquemment, l’image de la bête exploitée, rentabilisée, continue de l’emporter sur toutes les avancées positives obtenues grâce aux zoos. Une infime partie seulement du travail essentiel qu’ils accomplissent est reconnue », affirme-t-elle. A découvrir les principes éthiques de ces nouveaux lieux de vie animale, à parcourir les règles édictées par l’Association européenne des zoos et aquariums (410 membres de 47 pays) pour gérer la reproduction des espèces menacées d’extinction, on pressent qu’elle dit vrai. Pourquoi, alors, le sait-on si peu ? Parce qu’à quelques exceptions près, répond Laurence Paoli, ces institutions communiquent d’abord sur le divertissement, ensuite seulement sur la conservation, puis sur l’éducation. Quant à la recherche, elle n’est pratiquement jamais évoquée. Une image superficielle qui empêche les visiteurs comme les pouvoirs publics de prendre conscience de leur rôle réel, et de les soutenir dans ce qu’elles ont de plus louable.
Le grand public ne le sait pas forcément, mais les zoos évoluent et deviennent essentiels pour la recherche, la reproduction des espèces menacées d’extinction et la biodiversité. Les brocarder est une erreur pour l’auteure, Laurence Paoli.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/05/zoos-un-nouveau-pacte-avec-la-nature-la-face-cachee-positive-des-parcs-animaliers_5471544_3232.html
mlsum-fr-375
Une borne de recharge à La Roche-sur-Yon (Vendée). Alain Le Bot / Photononstop / Alain Le Bot / Photononstop La faible densité du réseau public de bornes de recharge constitue l’un des principaux freins à une conversion massive aux véhicules électriques et hybrides rechargeables. Selon l’Association nationale pour le développement de la mobilité électrique, Avere-France, la France comptait, au 10 avril dernier, 25 880 points de recharge accessibles au public, soit une progression de 29 % sur un an et une prise pour 6,8 voitures électriques. L’Ile-de-France est la mieux dotée, avec 3 823 points de charge, suivie par l’Occitanie (3 255) et la Nouvelle-Aquitaine (3 024). Fort de ce résultat, le gouvernement se félicite d’être en avance sur l’objectif d’une borne pour dix véhicules. Mais la France compte seulement 250 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables alors que le gouvernement table sur 1 million d’unités à l’horizon 2022. Pour tenir leur cap d’un point de charge pour 10 véhicules, les autorités publiques visent 100 000 points ouverts à tous à l’horizon 2022. En parallèle, Enedis estime à 180 800 le nombre de prises privées d’ores et déjà installées dans les maisons et les immeubles d’habitation ou de bureaux et le gouvernement estime que 12 millions de ménages ne disposent pas de places de parking privatives. Selon différentes estimations, entre 80 % et 90 % des recharges se font au domicile ou au travail et 10 % sur les infrastructures publiques. Une offre d’installation d’une borne sera systématiquement proposée lors de l’achat d’un véhicule électrique ou hybride Pour accélérer le déploiement des bornes, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures. Tout d’abord, une offre d’installation sera systématiquement proposée lors de l’achat d’un véhicule. Parallèlement, dans les copropriétés, le délai d’installation devra passer de six à trois mois. Les entreprises peuvent, quant à elles, offrir gratuitement la recharge à leurs salariés. Et sur le marché des flottes, les règles fiscales de l’avantage en nature vont évoluer (la batterie sera exclue de l’assiette de calcul) pour renforcer l’attractivité des véhicules électriques. D’autres dispositions visent à faciliter et à multiplier les accès publics, comme l’obligation d’itinérance et d’interopérabilité entre les bornes. Malgré ces mesures, le Conseil national des professions de l’automobile critique sévèrement le projet de loi de finances 2020 et demande l’instauration d’un dispositif de soutien pour aider les entreprises à s’équiper d’infrastructures. Vingt minutes sur une aire d’autoroute Car parmi les différents axes de progrès de la mobilité électrique, la recharge est sans doute le plus prometteur. Parmi les premiers chantiers en cours, la recharge rapide sur autoroute : lorsque le futur standard de borne à 350 kW sera généralisé, l’autonomie complète pourra être récupérée en une vingtaine de minutes. En France, Ionity, le consortium créé par BMW, Daimler, Ford et Volkswagen, a déjà commencé à équiper le réseau Vinci Autoroutes de telles infrastructures. Pas moins de 400 points de charge de ce type vont être installés en Europe d’ici à 2020. Dans un futur plus lointain, l’induction permettra au véhicule de se recharger automatiquement en roulant A plus long terme, les véhicules électriques pourront se passer de câble pour récupérer de l’énergie, grâce à la technologie de l’induction et sans lien filaire : l’électricité passera d’une plaque spécifique installée au sol ou sur la voie publique à une autre plaque fixée sous le véhicule. Selon Renault, le surcoût de cette technologie atteint encore 5 000 euros par voiture. Ce montant élevé peut s’amortir sur une berline de luxe facturée plus de 60 000 euros mais l’opération est nettement moins envisageable sur une citadine comme la Renault Zoe, dont le prix de vente s’élève à 25 000 euros. Les ingénieurs de Renault cherchent aujourd’hui à ramener le coût à 1 000 euros pour une commercialisation possible à l’échelle du grand public. Dans un futur plus lointain, l’induction permettra au véhicule de se recharger automatiquement en roulant. Renault mène des expérimentations avec un Kangoo lancé à 50 km/h. Mais si le coût d’installation sur le véhicule va devenir compatible avec une commercialisation en masse dans un avenir proche, l’importance des investissements nécessaires à l’équipement des autoroutes, des routes et des rues repoussent la mise en œuvre de cette technologie. Lorsque le déploiement commencera, taxis, voitures en autopartage et véhicules électriques lambda pourront se recharger à un feu rouge, sur un parking spécifique, dans une rue spécialement équipée ou sur une portion d’autoroute aménagée. La consommation domestique alimentée par la voiture ? La recharge intelligente est tout aussi prometteuse. En France, un parc roulant de 1 million de véhicules électriques mobiliserait seulement 1 % de la consommation d’électricité. Seules les périodes de pics de consommation pourraient poser problème. Pour y remédier, la recharge intelligente permettrait de solliciter le réseau pendant les heures creuses, quand l’énergie est disponible et les prix au plus bas. Les ingénieurs envisagent d’ores et déjà la prochaine étape, quand les échanges se feront du réseau domestique au véhicule comme du véhicule au réseau domestique. A titre d’exemple, dans cette configuration de recharge bidirectionnelle ou V2G (vehicle to grid, « véhicule au réseau »), la batterie de la voiture conserve 20 kWh d’autonomie pour alimenter la maison pendant les heures de pointe de la soirée (une famille de 4 à 5 personnes consomme en moyenne moins de 10 kWh par jour) et récupère toute son énergie au cours de la nuit. Le gain financier peut atteindre 200 à 250 euros par an. « Grâce à cette technologie, les électriciens ne considèrent plus le véhicule électrique comme un risque mais comme une opportunité pour stabiliser les réseaux », remarque Gilles Normand, directeur de la division électrique du groupe Renault. Cette vision positive devra être partagée par les conducteurs et les entreprises pour que le véhicule électrique s’impose enfin à une grande échelle.
Les réseaux de bornes se développent et les avancées technologiques permettent de « faire le plein » plus rapidement. Un élément important pour les gestionnaires de flottes d’entreprise.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/22/la-recharge-n-est-plus-un-frein-a-l-essor-de-l-electrique_6016467_3234.html
mlsum-fr-376
A Villacoublay, le 10 juin. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP C’est jusqu’ici le plus gros rapatriement en France d’enfants de djihadistes « orphelins, isolés et particulièrement vulnérables », acheminés depuis les camps de déplacés du nord-est de la Syrie sous contrôle kurde. Douze mineurs, pour la plupart en bas âge, présumés de nationalité française, et deux néerlandais, sont arrivés dans un avion militaire, le 10 juin, à la mi-journée, à l’aéroport de Villacoublay (Yvelines). Selon la procédure qui a été mise en place pour le retour d’un premier contingent de cinq enfants orphelins de djihadistes français, en mars, ils ont été remis aux services de protection à l’enfance, sous l’autorité du procureur de la République et de la protection judiciaire de la jeunesse. Lire aussi La France a rapatrié de Syrie cinq enfants orphelins de djihadistes Les deux enfants en bas âge néerlandais, rapatriés à la demande des autorités de leur pays, ont été confiés dès leur arrivée à un représentant des autorités d’Amsterdam. Les Pays-Bas ont été jusqu’ici le seul pays européen à s’adresser à la France pour un tel retour. Les mineurs français, dont le plus âgé a 10 ans, vivaient dans deux des camps tenus par les forces kurdes, Al-Hol et Roj, où ont été accueillies des dizaines de milliers de personnes ayant fui les offensives contre le dernier bastion de l’organisation Etat islamique (EI). Dix d’entre eux sont des orphelins, deux vivaient avec leur mère, Saïda El-Ghaza, une Franco-Marocaine de 32 ans qui a accepté d’être séparée d’eux, la France s’opposant au retour des mères parties rejoindre l’EI. L’opération a été menée par le directeur du centre de crise du Quai d’Orsay, Eric Chevallier. Selon Abdel Karim Omar, un haut responsable des affaires étrangères de l’administration autonome kurde, non reconnue par la communauté internationale, les enfants ont été remis à des représentants français dimanche dans la localité syrienne d’Ayn Issa, près de la frontière avec la Turquie. Une troisième opération similiaire pourrait avoir lieu prochainement si, selon le Quai d’Orsay, « d’autres enfants répondant aux mêmes critères de vulnérabilité sont identifiés ». « Au cas par cas » Cinq mineurs avaient déjà été rapatriés le 15 mars. Une fillette de 3 ans dont la mère avait été condamnée à la prison à perpétuité en Irak est arrivée en France le 27 mars. La doctrine française en la matière n’a pas changé, et reste celle d’une approche « au cas par cas ». La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a réaffirmé la « position constante » de la France : elle ne rapatrie que des orphelins ou des enfants avec l’accord de leur mère, comme le stipulent les règles du droit international. Quelque 450 ressortissants français ont été identifiés dans les camps du Nord-Est syrien. Plus de la moitié d’entre eux sont des mineurs en bas âge, nés le plus souvent sur place, ce qui complique leur identification. « Quand ils sont un peu plus âgés, et arrivés avec leurs parents, cela est plus simple, autrement nous nous basons sur un faisceau d’indices en fonction de l’âge, d’où ils viennent, des parents présumés », explique une source diplomatique proche du dossier, soulignant que le choix se fait aussi en tenant compte du critère de « vulnérabilité » de l’enfant. Le gouvernement, soumis à la pression des familles, a été sommé, fin mai, par le Défenseur des droits, Jacques Toubon, de venir en aide aux enfants de djihadistes français retenus en Syrie, en faisant cesser les « traitements inhumains et dégradants » qu’ils subissent dans les camps et « de mettre fin aux atteintes aux droits et à l’intérêt supérieur de l’enfant ». L’avis n’exigeait pas explicitement le rapatriement, même s’il appelait « à des mesures effectives permettant de faire cesser la détention arbitraire des enfants français et de leur mère ». La Commission nationale consultative des droits de l’homme, dépendant du premier ministre, Edouard Philippe, a, quant à elle, explicitement demandé le 29 mai le retour « sans condition » des enfants détenus dans ces camps, appelant la France à abandonner sa politique de rapatriement « au cas par cas » jugée « contraire à la simple humanité, comme aux obligations auxquelles [la France] a souscrit ». Les avocats des familles s’appuient sur ces deux avis pour augmenter la pression sur Paris. Les autorités restent très prudentes et hésitent même à rapatrier des enfants avec l’accord de la mère, craignant de voir ensuite le tribunal, saisi par les familles, exiger, « au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant », le retour de la mère, voire, à terme, du père. Rapatriement organisé dans le plus grand secret Le communiqué du Quai d’Orsay remercie les « responsables locaux du nord-est de la Syrie de leur coopération ». Les Kurdes syriens du Parti de l’union démocratique (PYD), qui contrôlent le Rojava (le Kurdistan syrien), jouent un rôle-clé dans ces rapatriements. Les détails de l’opération n’ont pas été divulgués. Comme la précédente, en mars, elle s’est déroulée dans le plus grand secret, après avoir été préparée depuis plusieurs mois. « Il faut éviter les fuites, afin que des enfants destinés à être rapatriés ne soient pas soustraits, au dernier moment, par tous ceux qui, dans ces camps où sont les femmes et les enfants, s’opposent à leur départ », explique notre source diplomatique. A cela s’ajoutent toutes les incertitudes de la situation sur le terrain. Les autorités kurdes veulent désengorger les camps qui sont surpeuplés et où les conditions de vie sont très précaires. Elles réclament aussi le rapatriement des femmes et des enfants de djihadistes étrangers, quelque 12 000 personnes – soit 4 000 femmes et 8 000 enfants – provenant de trente à quarante pays. Deux Américaines et six enfants, issus de familles liées à l’EI en Syrie, ont été récemment ramenés aux Etats-Unis. Les rapatriements les plus importants de familles de djihadistes ont concerné jusqu’à présent le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Kosovo.
Douze enfants français et deux néerlandais, qui vivaient dans des camps du nord-est de la Syrie, ont atterri lundi 10 juin à l’aéroport de Villacoublay.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/10/les-kurdes-de-syrie-remettent-a-la-france-12-orphelins-de-familles-djihadistes_5474162_3210.html
mlsum-fr-377
« Les Justes », d’après Albert Camus, mise en scène d’Abd Al Malik. JULIEN MIGNOT JoeyStarr aux Folies Bergère, Abd Al Malik au Châtelet : en ce mois d’octobre, le théâtre donne la vedette à des rappeurs, qui franchissent les frontières de leur discipline. Pour Abd Al Malik, c’est une grande première : il signe la mise en scène des Justes, d’Albert Camus (1913-1960), dans une version musicale. JoeyStarr, lui, poursuit la carrière de comédien qu’il a commencée il y a une quinzaine d’années, au cinéma, mais il endosse son premier grand rôle sur scène en jouant le rôle-titre d’Elephant Man, de Bernard Pomerance (1940-2017), adapté et mis en scène par David Bobée, avec Béatrice Dalle dans le rôle de Madge Kendal. Elephant Man et Les Justes se fondent sur des histoires vraies. Elephant Man s’inspire de la vie du Britannique Joseph Merrick (1862-1890), exhibé dans les foires à cause des difformités physiques qui lui valurent son surnom, avant d’être pris en charge par un médecin, Frederick Treves. Les Justes reviennent sur les circonstances de l’assassinat du grand-duc Serge, par un groupe de socialistes-révolutionnaires, à Moscou, en 1905. Trente ans et deux traditions, l’une américaine, l’autre française, séparent les deux pièces – Les Justes ont été créés à Paris en 1949, Elephant Man a triomphé à New York en 1979 –, mais Albert Camus et Bernard Pomerance font le même choix d’un théâtre engagé qui s’empare de thèmes lourds, l’injustice et la révolution. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Abd Al Malik : « J’ai eu la chance d’avoir l’école pour passion » En France, c’est par le film-culte de David Lynch, sorti en 1980, que l’on connaît Elephant Man : jusqu’à aujourd’hui, la pièce n’a jamais été représentée, en tout cas sur une grande scène. Quand on la voit, aux Folies Bergère, on comprend que David Lynch s’en soit scrupuleusement démarqué : appuyée, puritaine, correcte, cette pièce n’a aucune des qualités du film. David Bobée, le directeur du centre dramatique national de Normandie-Rouen, l’a choisie parce qu’elle pose la question du « refus de l’altérité ». Il s’en explique longuement dans le dossier de présentation du spectacle. Des répliques coulées dans le béton Comme le voulait l’auteur – et comme l’a joué David Bowie, à Broadway, en 1980 –, il n’a pas déformé le visage et le corps de JoeyStarr, qui se déplace volontairement d’une manière empêchée, bancale, mais sans les prothèses qui rappelleraient l’aspect de Joseph Merrick, l’homme-élephant, prénommé John dans la pièce : le monstre est dans le regard de l’autre, qui le rejette en raison de sa différence. Cela, on l’a compris dès les premières scènes, mais on nous l’assène pendant trois heures, à grands coups de marteau sur la conscience, et avec des répliques coulées dans le béton, à l’image de l’affreux décor.
Les rappeurs JoeyStarr et Abd Al Malik sont en vedette aux Folies Bergère et au Théâtre du Châtelet.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/09/theatre-elephant-man-et-les-justes-un-combat-inegal_6014780_3246.html
mlsum-fr-378
Echoué sur une plage près de Dunkerque (Nord), ce bébé phoque a été mortellement blessé par un pêcheur, le 15 septembre. PHOTOPQR / VOIX DU NORD / MAXPPP Ce dimanche 15 septembre au matin, des dizaines de badauds assistent au sauvetage d’un bébé phoque sur la plage de Malo-les-Bains, à Dunkerque. L’animal, affaibli, sans doute piégé par la marée haute de la nuit, n’a pas pu rejoindre l’eau à temps. Echoué sur cette grande étendue de sable fin, il saigne au niveau de la bouche. Quelques heures auparavant, des témoins ont tenté d’arrêter un pêcheur à pied en train de lui asséner des coups de bottes dans la tête. Recueilli par la Ligue de protection des animaux (LPA) du Calaisis, le veau marin âgé de trois mois meurt six jours plus tard. Gabrielle Paillot, militante, soutien de la LPA, met alors en ligne une pétition pour réclamer « l’application stricte de l’article 521-1 du code pénal à l’encontre du pêcheur qui a assassiné ce pauvre bébé phoque ». En moins de quinze jours, elle a déjà recueilli plus de 95 000 signatures. La LPA du Calaisis et Sea Shepherd ont déposé une plainte commune pour atteinte à une espèce protégée. Le suspect, identifié par la police, risque trois ans de prison et 150 000 euros d’amende. « L’enquête est en cours au commissariat de Dunkerque, confie le procureur Sébastien Piève. Des témoins ont été entendus, nous en sommes au stade de l’identification. » 750 tonnes de poissons englouties En Manche nord-est, le long de la côte de Dunkerque jusqu’à la baie de Somme, la population du phocidé n’a cessé de croître ces dix dernières années, au grand dam des pêcheurs qui l’accusent d’engloutir soles, plies et flets. Selon le rapport Eco-phoques, étude scientifique financée par la région Hauts-de-France et le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale, le nombre maximal de ce mammifère recensé de la baie de Somme à Dunkerque a été de 709 phoques veaux marins (présents depuis plusieurs décennies) en juillet 2017, et 402 phoques gris (arrivés plus récemment et dont les effectifs ont augmenté exponentiellement depuis une décennie) en juillet 2016. Des chiffres en hausse régulière, même s’ils restent stables depuis 2015 dans certaines colonies précise le rapport. L’animal a boosté le tourisme local. Mais les pêcheurs sont à bout de nerfs. « Deux pans de notre économie sont en train de tomber : la pêche professionnelle et la pêche de loisir, explique Fabrice Gosselin, président du comité anti-phoques et des pêcheurs à pied. Les phoques et les cormorans ont vidé les stocks de poissons. » Selon ce farouche opposant à la prolifération de la bête, l’activité des pêcheurs est en train de mourir à cause des quantités de poissons avalées par les veaux marins.
Les professionnels accusent le mammifère marin, dont la population n’a cessé de croître ces dernières années, de piller les réserves de poissons et n’hésitent pas à les tuer.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/04/les-pecheurs-de-la-cote-d-opale-disent-phoques-off_6014236_4500055.html
mlsum-fr-379
Le fils (17 ans) et la mère (52 ans) ont six doigts à chaque main. Ils présentent ce que les spécialistes appellent une polydactylie. Ils ont un doigt supplémentaire, complètement développé, situé entre le pouce et l’index. Une équipe de chercheurs internationaux a examiné les conséquences de cette anomalie sur les capacités de manipulation de ces deux personnes. Ce type d’étude n’avait jamais été mené à ce jour. Des chercheurs internationaux se sont posé de nombreuses questions, en termes de neuromécanique et de fonctionnalité, concernant cette polydactylie. Ainsi, les mouvements du doigt surnuméraire dépendent-ils des muscles des autres doigts ou sont-ils sous le contrôle de muscles et de nerfs dédiés ? Ce doigt supplémentaire est-il indépendant des autres ? Quand il bouge, cela implique-t-il que les autres doigts bougent également ? Dans la mesure où les mouvements manuels requièrent la participation d’une vaste zone du cortex sensitif et moteur, qu’en est-il lorsqu’une personne possède un sixième doigt à chaque main ? En d’autres termes, le cerveau peut-il commander une telle main, dotée de degrés supplémentaires de liberté ? Ces doigts surnuméraires sont-ils fonctionnels ? Offrent-ils un avantage pour les capacités de manipulation ? Les résultats de cette étude, publiée le 3 juin 2019 dans la revue en ligne Nature Communications, révèlent que des muscles, des nerfs et des ressources cérébrales dédiées sous-tendent l’augmentation des capacités de manipulation de ces sujets polydactyles. Ce travail a été dirigé par des chercheurs de l’université de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), de l’hôpital universitaire de Lausanne (Suisse), de l’Imperial College of Science, Technology and Medicine de Londres (Royaume-Uni), en collaboration avec des spécialistes italiens, israéliens et singapouriens, en anatomie, physiologie, microchirurgie, imagerie médicale, neurosciences, bioingénierie et robotique. Des muscles et des nerfs indépendants Il apparaît que la main polydactyle est contrôlée par un plus grand nombre de muscles et nerfs qu’une main normale et que le doigt surnuméraire possède trois phalanges. Sur le plan biomécanique, la force maximale exercée par le doigt supplémentaire est similaire à celle des autres doigts. Par ailleurs, celui-ci est indépendant des autres doigts, avec seulement une faible dépendance avec le pouce. Les autres doigts montrent une interdépendance normale entre eux. La capacité à mouvoir le doigt supplémentaire indépendamment des autres est notamment illustrée par le fait que ces deux sujets parviennent à exécuter des mouvements de pince entre leur sixième doigt et tous les autres. Une zone corticale dédiée Les chercheurs ont également étudié en imagerie par résonance magnétique (IRM) l’organisation fonctionnelle du cortex moteur du jeune homme polydactyle. Les résultats montrent que la représentation du doigt surnuméraire au sein du cortex sensorimoteur primaire (impliqué dans la réalisation d’un mouvement volontaire) est distincte de celles des autres doigts. En d’autres termes, l’aire corticale allouée à la motricité du sixième doigt occupe une place à part de celles réservées aux autres doigts. Des ressources neuronales différentes sont donc utilisées par le cerveau de cet homme pour contrôler les mouvements du doigt surnuméraire. Ces travaux montrent ainsi pour la première fois que le système nerveux humain est capable de développer, assimiler et contrôler des multiples degrés de liberté supplémentaires et de les intégrer dans des mouvements coordonnés, sans que cela ne génère un déficit moteur ou ne provoque des conflits au niveau sensorimoteur ou des représentations mentales. Une représentation mentale correcte Les chercheurs ont également étudié la représentation mentale de mains en demandant à ces personnes d’indiquer sur une grille où se trouvaient leurs doigts en utilisant les doigts de la main opposée. Il ressort que l’emplacement perçu du sixième doigt correspond à son anatomie et que ces sujets le perçoivent comme effectivement placé entre le pouce et l’index. Des capacités de manipulation augmentées Les capacités motrices de ces deux personnes ont été évaluées lors de tâches consistant à manipuler librement de multiples objets de taille très différente. Les résultats indiquent que la mobilité et la dépendance du doigt surnuméraire ne sont pas entravées lors des manipulations. De fait, les mouvements des six doigts sont associés à un plus grand nombre de degrés de liberté efficaces que des mains normales. La plupart du temps, le sixième doigt bouge en coordination à la fois le pouce et l’index, plutôt que tout seul ou de concert avec le pouce ou l’index. Les chercheurs soulignent que l’indépendance du doigt supplémentaire ne consiste donc pas seulement à remplacer le pouce ou l’index, mais se traduit concrètement par le fait que ce sixième doigt permet d’exécuter des mouvements uniques de la main impliquant les trois doigts en même temps (pouce, 6e doigt, index). Tout cela sans que la rapidité d’exécution ne soit affectée. En effet, les mouvements se produisent à une vitesse comparable à celle d’une main à cinq doigts. Au total, il apparaît donc que les mouvements des mains de ces sujets polydactyles sont plus complexes que ceux effectués par des mains normales. Cette étude indique donc que la présence d’un doigt supplémentaire, pleinement fonctionnel, a permis à ces sujets d’une même famille d’acquérir d’incroyables capacités de manipulation pouvant se révéler fort utiles. Les expériences montrent que ces personnes n’ont pas de difficulté à contrôler le doigt surnuméraire indépendamment ou non des autres doigts et sans que cela implique un déficit de mouvements pour la main. Bien au contraire, leur sixième doigt, de concert avec les autres, leur permet de réaliser des manipulations plus complexes que celles pouvant être exécutées par des personnes ayant des mains normales, et ce à une vitesse comparable. Jeu vidéo pour six doigts De fait, les chercheurs ont conçu des taches impossibles à réaliser pour une personne ne possédant que cinq doigts. Ils ont ainsi développé un jeu vidéo nécessitant une coordination très rapide des mouvements des doigts. Le jeu figure six boîtes qui montent et descendent à un rythme variable sur un écran d’ordinateur. Chaque fois qu’une boîte atteint une zone cible située en bas de l’écran, le sujet doit presser une touche avec le doigt correspondant. Au fur et à mesure du jeu, le degré de difficulté augmente, les boîtes se déplaçant plus rapidement. Le jeu impose alors d’effectuer des mouvements des doigts de plus en plus précis. Les résultats montrent que les sujets sont parvenus avec les six doigts d’une main au même niveau de performance que celui qui aurait été atteint avec deux mains normales. Ces personnes présentent donc indéniablement une augmentation de leurs capacités de manipulation par rapport à des personnes ayant des mains normales. Mains robotiques intelligentes Selon les auteurs, les étonnantes capacités de manipulation de ces personnes nées avec un doigt supplémentaire bien développé semblent indiquer qu’il conviendrait d’évaluer complètement la fonctionnalité du doigt surnuméraire avant de décider de l’amputer. De fait, la possibilité de disposer d’un doigt artificiel supplémentaire à chaque main est étudiée depuis plusieurs années par des roboticiens. Les données obtenues par cette étude pourraient permettre aux spécialistes en bioingénierie de développer des mains robotiques polydactyles. Les auteurs soulignent néanmoins qu’il reste à savoir comment contrôler en temps réel et intégrer plusieurs degrés de liberté supplémentaires pour disposer à l’avenir de capacités de manipulation augmentées. Des travaux qui nécessiteront assurément beaucoup d’intelligence et de doigté. Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook) Toute reproduction interdite. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle. Pour en savoir plus : Mehring C, Akselrod M, Bashford L, Mace M, Choi H, Blüher M, Buschhoff AS, Pistohl T, Salomon R, Cheah A, Blanke O, Serino A, Burdet E. Augmented manipulation ability in humans with six-fingered hands. Nat Commun. 2019 Jun 3;10(1):2401. doi: 10.1038/s41467-019-10306-w
Une équipe de chercheurs internationaux décrit les incroyables capacités de manipulation d’un fils et de sa mère présentant un sixième doigt à chaque main.
http://realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr/2019/06/04/les-etonnantes-capacites-motrices-de-mains-a-six-doigts/
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femmes. Il suffit d’évoquer la journée du 8 mars 2019 dans les rues de Lahore, deuxième ville du Pakistan et centre universitaire et culturel qui abrite la plus grande mosquée d’Asie, pour allumer des braises dans les yeux de l’avocate Nighat Dad. « Comment vous dire ? C’était… lumineux ! Grisant, intense, joyeux. Quatre mille femmes défilaient de concert. Quatre mille Pakistanaises ! Vous imaginez ? La rue et la ville étaient à nous. Et c’était un sentiment inédit. La police nous protégeait alors que nous criions des slogans jamais entendus auparavant sur la voie publique. C’était si puissant ! Regardez. » Sur l’écran de son téléphone portable, défilent photos et vidéos de cette aurat march (marche des femmes) d’anthologie où des hordes de femmes, en jean ou en sari, cheveux au vent, défilent avec bannières et pancartes artisanales, écrites en anglais ou en ourdou : « Allergique au patriarcat », « Si tu aimes tant le foulard, noue-le sur tes yeux », « Chauffe toi-même ton dîner », « Trouve tout seul tes chaussettes », « Touche pas à mes droits », « Mon corps, mon choix ». Il y avait aussi « Marre du harcèlement » et « Garde pour toi les photos de ta bite » car au Pakistan aussi, les femmes reçoivent ce type de clichés non désirés. Et il y avait un immense : « Divorcée et heureuse ». Celui-là, c’est Nighat Dad qui le brandissait, quand elle relâchait quelques instants son porte-voix tendu bien haut par une main aux ongles peints. Sacrilège ! « Vous ne soupçonnez pas combien c’était subversif. Ici, une femme divorcée est une honte et elle devrait pleurer. Elle ne doit pas être heureuse sans la protection d’un mari tout puissant. » Renez-vous au Monde Festival : Rencontre avec la féministe américaine Eve Ensler Mais Nighat Dad, 38 ans, mère divorcée d’un garçon de 12 ans, n’a plus peur de rien. De cette marche, de cette « amorce prometteuse » d’une révolte des Pakistanaises qu’attendent tant d’activistes, elle ne veut retenir que l’affluence et une sorte d’allégresse. Après la vague #metoo de 2017, les Pakistanaises voulaient montrer qu’elles aussi refusaient le destin assigné par leur genre. Pourtant le contrecoup fut terrible. Manifestantes lors de la « Marche des femmes » à Lahore, le 8 mars 2018. ARIF ALI / AFP Un espace de liberté parfois illusoire Publiées à la « une » des journaux, relayées sur YouTube, Facebook, Twitter, les photos des marcheuses ont stupéfié et choqué les gouvernants, les élus, les édiles, les religieux. On a parlé de vulgarité, de négation des valeurs culturelles pakistanaises, d’offense à tout un pays. Un prédicateur islamique a même affirmé que si les femmes réclament un droit sur leur corps, alors les hommes peuvent aussi exiger un droit à les violer. Photos et vidéos ont permis d’identifier des manifestantes. Leurs noms et visages ont circulé sur les réseaux sociaux, avec insultes (« prostituées », « salopes »), invectives, menaces de viol et de mort. Menaces qui n’ont rien de symbolique dans un pays où plusieurs centaines de crimes « d’honneur » sont perpétrés par an et où l’un d’eux, celui dont fut victime une jeune femme qui s’était fait connaître sur Internet par sa liberté sexuelle proclamée, ses audaces de langage et ses provocations à l’égard des religieux, a bouleversé le pays. C’était en 2016.
Féministes ! (3/6). Cette Pakistanaise a bravé l’hostilité d’une partie de sa famille pour devenir avocate. Elle défend aujourd’hui ses compatriotes victimes de harcèlement sur Internet. Un « outil de libération » qu’elle veut contraindre à protéger les femmes.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/21/nighat-dad-en-premiere-ligne-pour-tisser-une-toile-feministe_5501142_4415198.html
mlsum-fr-381
Lycéens en cours à Bischwiller (Bas-Rhin), en septembre 2017. PATRICK HERTZOG / AFP Cet article est paru dans « Le Monde de l’éducation ». Si vous êtes abonné au « Monde », vous pouvez vous inscrire à cette nouvelle newsletter hebdomadaire en suivant ce lien. De tous les débats qui agitent régulièrement les salles des professeurs, celui sur l’utilisation du numérique en classe est un de ceux qui ne manquent jamais de susciter simultanément craintes et enthousiasme démesurés. De l’arrivée de la calculatrice en cours de mathématiques au milieu des années 1980 aux tableaux blancs interactifs, en passant par les logiciels en tous genres, les manuels ou cahiers de texte numériques, les tablettes et les smartphones aujourd’hui utilisés en classe ; chaque nouveauté relance la querelle des anciens et des modernes. Alors même qu’« entre ces deux minorités, la majorité des enseignants sont neutres et ont simplement besoin de temps et des conditions adéquates pour s’approprier, ou non, ces outils numériques », souligne le psychologue cognitiviste et spécialiste du numérique éducatif André Tricot. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans les lycées, le passage aux manuels scolaires numériques inquiète les enseignants « Il faut du temps pour s’approprier un outil numérique en classe », confirme Sophie Guichard, professeure agrégée de mathématiques dans un lycée lyonnais, créatrice de mathenvideo.fr, site qui propose des révisions en mathématiques par des vidéos. Le temps, d’abord, de « trouver celui qui convient à notre besoin pédagogique ». Mais aussi celui de « tâtonner pour l’adapter à chaque contexte de classe », et d’« arrêter de justifier son utilisation auprès des uns et des autres, parents, collègues, etc. ». « Pas d’outil magique » C’est en 2012, après une dizaine d’années d’exercice, que Sophie Guichard a sauté le pas. « Je me suis mise au numérique toute seule, parce qu’une classe trop hétérogène de BTS me faisait faire le grand écart pédagogique. Je devais trouver une solution pour accompagner les élèves plus fragiles sans freiner ceux qui étaient en avance. » Elle décide alors d’ouvrir sa chaîne YouTube pour y déposer de courtes vidéos où ses élèves, selon leur avancement dans le programme, peuvent découvrir, chapitre après chapitre, les principales notions de son cours de mathématiques. Le succès est au rendez-vous bien au-delà de sa classe. Sept ans plus tard, sa chaîne compte plus de 27 000 abonnés et ses centaines de vidéos sont désormais accessibles depuis son site Internet. La recette de cette réussite ? « Il n’y a pas d’outil magique, répond-elle immédiatement. Le numérique ne doit pas être une fin en soi. Il faut systématiquement se demander : quelles sont les difficultés de mes élèves ? Existe-t-il un moyen, numérique ou pas, d’y répondre ? »
En matière de numérique éducatif, le temps long de l’appropriation pédagogique des outils par les enseignants s’oppose à celui, plus court, des politiques publiques et des acteurs économiques du secteur.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/07/numerique-educatif-le-temps-de-l-appropriation-chez-les-enseignants_6014562_3224.html
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Tribune. Entre le 19 août et le 14 septembre 2019, Le Monde a consacré une quinzaine d’articles à la question de l’homophobie dans le football. Une telle fréquence révèle que ce qui se passe dans les stades interroge la société. En l’occurrence, des questions simples peuvent être posées : le football véhicule-t-il oui ou non les valeurs qu’on lui prête, notamment celle du respect ? A quelle socialisation et à quelle éducation participe-t-il ? Et quel rôle joue à cet effet ce qui se passe dans les stades ? A l’évidence, les chants, insultes et banderoles homophobes gênent, et pas seulement la ministre des sports, Roxana Maracineanu. Le 13 mai 2019, Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue du football professionnel (chargée d’organiser les championnats de football professionnel), a présenté un plan d’action contre l’homophobie, articulé en trois volets : sensibilisation, formation, sanctions. Parmi ces dernières, l’arrêt des matchs par les arbitres en cas de propos homophobes venant des tribunes, consigne appliquée par les Français depuis le mois d’août et la reprise des championnats de France de football. Il en a résulté plusieurs rencontres arrêtées, des sanctions contre certaines équipes, des arbitres en difficulté… et un emballement médiatique conduisant, le 10 septembre, sur Franceinfo, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football (FFF), à revenir avec maladresse sur les effets de la proposition la plus médiatisée du plan de lutte contre l’homophobie annoncé en mai. La manière dont le président de la puissante et riche FFF est intervenu est symptomatique de la difficulté avec laquelle le football français s’interroge sur lui-même. Elle atteste également de ses résistances à se saisir d’un problème pourtant clair, celui de l’usage récurrent de propos à caractère homophobe. Une phrase illustre à elle seule l’incompréhension du président de la FFF : « Je ferai arrêter pour des cris racistes, ça c’est clair. » Pour ce qui est des cris homophobes, on le voit, les choses sont moins claires pour lui. Sur le coup, la fédération – dont le président n’a de cesse de rappeler qu’elle est la plus riche de toutes – fait preuve d’une absence patente de professionnalisme. Néanmoins, l’arrêt des matchs a eu le mérite de faire parler, et pas seulement dans les bars des sports. Les télévisions, les radios, la presse ont contribué à poser (souvent mal) le problème. Tout cela a permis de rappeler que la sanction est éducative en ce qu’elle fixe le seuil de l’inacceptable et en ce qu’elle conduit à interroger les limites des comportements individuels et collectifs aussi bien que leur justification morale.
Une société qui affiche « des valeurs de respect des différences » ne peut se contenter de demi-mesures et se doit de s’opposer à « la culture de l’humiliation », estime, dans une tribune au « Monde », l’anthropologue Philippe Liotard.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/20/foot-et-homophobie-la-sanction-est-educative-car-elle-fixe-l-inacceptable_6012324_3232.html
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Greta Thunberg accompagnée de militants français du mouvement Youth for Climate, à l’Assemblée nationale à Paris, le 23 juillet. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS Tribune. L’image dominante de l’adolescence est aujourd’hui représentée par des jeunes de 12 à 25 ans qui traversent une crise. Apathiques, repliés sur eux-mêmes, critiques envers leurs parents : la vision d’une adolescence « canapé-selfie » inquiète, et plus personne ne sait exactement à quel âge ce stade de développement est censé se terminer. Activisme idéologique et engagement politique paraissent loin de cette construction de l’adolescence occidentale des trente dernières années, qui a plutôt été l’objet d’une médicalisation à l’excès. Pourtant, la génération Z, née après 2000, nous montre que cette époque est en train d’être révolue. Brutalement, en 2018, une mobilisation citoyenne émerge chez les jeunes, qui ne sont plus appelés adolescents. Greta Thunberg, 15 ans à ce moment, engage une grève étudiante qui mobilise des centaines de milliers de participants à travers le monde. En fait, elle semble surtout avoir rendu visible un mouvement qui avait démarré quelques années plus tôt, une mobilisation croissante des jeunes pour la survie de l’espèce : en marge de la COP21, le mouvement COY (Conference of Youth) avait par exemple mobilisé des milliers de jeunes venant de nombreux pays pour la défense du climat. Leur organisation très précise incluait des méthodes collaboratives de travail et de modération de réunions inspirées des Nations unies, signant là une forme de maturité inédite. Ils montraient d’ores et déjà leur volonté d’accomplir une transition citoyenne aux côtés des nombreux adultes engagés dans cette voie. Une bascule individuelle Au-delà de la jeune Greta, qui a la particularité de questionner sans détour la lucidité et la culpabilité des adultes, les poussant ainsi à se mobiliser dans l’action ou à se replier dans le discrédit, cette nouvelle génération sollicite directement la fonction de « contenance » du monde adulte : il s’agit de la façon dont celui-ci est capable de répondre, de reformuler, d’agir et non seulement de réagir à cette jeunesse qui l’interroge et avance vite. Mais comment est-on passé si rapidement d’une adolescence assise à une jeunesse en action ? Au premier plan, il existe une bascule individuelle : la conscience d’un danger a produit un passage à l’action en lieu et place de la dépression liée à une impuissance défaitiste (que peut-on faire face au système ?), d’un doute obsessionnel (une issue est-elle possible ?) ou d’un déni de la réalité (ça n’existe pas). Pour cela, il a fallu contenir individuellement les angoisses de mort, les dégager d’un sentiment de devoir et d’une culpabilité devenus paralysants.
« Au-delà de la jeune Greta », écrit Marion Robin, psychiatre d’adolescents, c’est une « nouvelle éthique du rapport à l’autre qui permet aux jeunes de sortir d’une société qui les a façonnés dans l’impuissance acquise comme certitude ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/29/greta-thunberg-symbole-d-une-jeunesse-qui-ne-peut-plus-se-permettre-de-rester-en-adolescence_5494436_3232.html
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Manifestation devant l’ambassade du Japon en Corée du Sud après l’annonce de Séoul de rompre un accord de partage de renseignements militaires existant avec Tokyo, le 22 août. Lee Jin-man / AP La tension monte entre les deux alliés asiatiques des Etats-Unis. Le Pentagone s’est dit, jeudi 22 août, « très inquiet et déçu » par la décision de Séoul de rompre un accord de partage de renseignements militaires existant avec Tokyo. « Nous sommes fermement convaincus que l’intégrité de notre défense mutuelle et de nos liens de sécurité doit être maintenue, malgré les frictions dans d’autres secteurs des relations entre la Corée du Sud et le Japon », a déclaré un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Dave Eastburn. « Nous maintiendrons une coopération de défense bilatérale et trilatérale, lorsque cela sera possible », a-t-il conclu. Lire aussi : Donald Trump impuissant face à la crise entre Tokyo et Séoul En déplacement au Canada, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a, lui, appelé les deux pays à « maintenir le dialogue ». « Nous exhortons chacun des deux pays à continuer à coopérer », a-t-il réagi lors d’une conférence de presse avec son homologue canadienne, Chrystia Freeland. « Il est certain que les intérêts communs du Japon et de la Corée du Sud sont importants, notamment pour les Etats-Unis. Nous espérons que ces deux pays vont pouvoir remettre leur relation là où elle doit être. » Geste « extrêmement regrettable » « Nous avons décidé qu’il n’était pas dans l’intérêt national de maintenir l’accord qui a été signé avec l’objectif d’échanger des renseignements militaires sensibles », a annoncé, jeudi, Kim You-geun, le directeur adjoint du bureau de la sécurité nationale de la « Maison bleue », le siège de la présidence sud-coréenne, en référence à un pacte connu sous le nom de GSOMIA. Le ministre japonais des affaires étrangères a qualifié ce geste d’« extrêmement regrettable » : « Je dois dire que la décision de mettre fin à ce pacte par le gouvernement sud-coréen est une totale erreur de jugement sur la situation de la sécurité régionale. » Les relations entre Tokyo et Séoul sont plombées depuis des décennies par des contentieux hérités de l’époque où la péninsule était une colonie nippone (1910-1945). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Entre Séoul et Tokyo, une guerre de la mémoire La brouille a connu une nette aggravation ces dernières semaines, après que des tribunaux sud-coréens eurent exigé d’entreprises japonaises qu’elles dédommagent des Sud-Coréens qui avaient été forcés de travailler dans leurs usines durant l’occupation japonaise jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Tokyo a riposté le 2 août en décidant de rayer la Corée du Sud d’une liste d’Etats bénéficiant d’un traitement de faveur, mesure perçue comme une sanction par Séoul qui a répliqué aussitôt avec une radiation similaire. Lire aussi : Le torchon brûle entre le Japon et la Corée du Sud sur le commerce Ce conflit latent est un casse-tête pour Washington, qui compte sur la coopération entre le Japon et la Corée du Sud pour appuyer sa politique dans une région particulièrement tendue du fait de la menace nucléaire nord-coréenne et de la montée en puissance de la Chine.
Le Pentagone s’est déclaré « très inquiet » par la décision de Séoul, dans un contexte de tensions accrues entre les deux alliés de Washington dans la région.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/23/la-coree-du-sud-rompt-un-accord-de-partage-de-renseignements-militaires-avec-le-japon_5501798_3210.html
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Calvin Sprague La condition pour réussir la réforme des retraites ? Prendre le temps, a martelé le premier ministre, mi-septembre, dans un discours au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Du temps pour « examiner chaque situation », « faire converger les régimes de manière très progressive », « lever les inquiétudes, les malentendus ». « Ce temps long, nous l’assumons », car « on ne réforme pas un système vieux de soixante-dix ans en quelques semaines », « nous prendrons tout le temps nécessaire », a fortement insisté Edouard Philippe, tout en annonçant un nouveau décalage du calendrier. Remplacer le dispositif actuel relève autant du défi technique que de la gageure politique. Ce n’est pas la première fois que l’exécutif décide de s’accorder du rab de temps sur ce dossier phare du quinquennat. Prévue initialement au premier semestre 2018, la loi a été repoussée à plusieurs reprises. Le vote de la réforme interviendra, au final, d’ici à la fin de la session parlementaire, a précisé le chef du gouvernement devant les membres du CESE. Ce qui signifie en juin ou juillet 2020. La présentation du projet de loi est donc désormais attendue en début d’année prochaine. Un délai guère surprenant. Si le chantier a été officiellement lancé il y a un peu plus de deux ans déjà, avec la nomination de Jean-Paul Delevoye au poste de haut-commissaire à la réforme des retraites en septembre 2017, il est en effet loin d’être bouclé. Il faut dire que le projet est aussi titanesque qu’explosif. Remplacer le dispositif actuel, composé d’une quarantaine de régimes appliquant des règles de calcul des pensions différentes, par un « système universel où un euro cotisé donnerait les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé », comme promis par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, relève autant du défi technique que de la gageure politique. Lire aussi La retraite en dix mots Age de la retraite, réversion, calcul des pensions, niveau des cotisations, solidarité, pilotage, etc. : comment fonctionnerait le futur système ? Les vingt-quatre derniers mois ont été riches en concertations sur le sujet, des partenaires sociaux comme des citoyens. Ils ont abouti, le 18 juillet, à la remise par Jean-Paul Delevoye d’un rapport de 132 pages, dans lequel ce dernier dessine le système à points qu’il préconise. Il ne s’agit toutefois que de recommandations, « la réforme n’est pas écrite », a rappelé Edouard Philippe, mi-septembre. Avant de lancer un nouveau cycle de concertations comportant trois volets, à mener sur la base des propositions inscrites dans le rapport. Après la crise des « gilets jaunes », la plus grande prudence est de rigueur…
Age du taux plein, cotisations des indépendants, régimes spéciaux : les sujets de crispation liés à la réforme des retraites ne manquent pas, et le calendrier s’étire.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/08/retraites-une-reforme-qui-cristallise-les-inquietudes_6014618_1657007.html
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et 2020. Parmi l’incroyable diversité des propositions du Festival d’Avignon, dans le « in » comme dans le « off », côté danse ou côté théâtre, nos journalistes ont fait une sélection de spectacles qu’elles ont le plus aimés et qui sont programmés à travers toute la France dans des tournées en 2019 et 2020. « Le Syndrome du banc de touche » de et par Léa Girardet Léa Girardet dans la pièce « Le Syndrome du banc de touche ». PAULINE LE GOFF Comment résister quand on ne réussit pas dans le métier qu’on a choisi ? Léa Girardet en sait quelque chose : elle a connu l’humiliation de s’entendre dire, par les agents artistiques ou Pôle emploi, qu’elle était une comédienne « moyenne », et qu’elle devait peut-être envisager une reconversion. Elle aurait pu s’effondrer, elle a tenu, en pensant à l’entraîneur de football Aimé Jacquet, qui, lui aussi, s’est fait humilier avant de mener l’équipe de France à la victoire, lors du Mondial 1998. Et ce sont ces deux histoires parallèles qu’elle raconte dans Le Syndrome du banc de touche. Seule en scène, drôle, énergique et émouvante, Léa Girardet prouve que, oui, tout espoir n’est jamais perdu. Le message a rempli d’enthousiasme la salle du Théâtre du Train bleu, dans le « off » d’Avignon, où le spectacle a été joué, et Léa Girardet le fera entendre dans plus de 25 villes françaises à partir de la rentrée. Brigitte Salino Laval, le 18 septembre. Brest, du 15 au 19 octobre. Beauvais, du 4 au 9 novembre. San Francisco (Californie), du 17 au 23 novembre. Saint-Quentin (Aisne), du 19 et 20 décembre. www.scene2-productions.fr « Phèdre ! » de François Gremaud Romain Daroles interprète le texte de François Gremaud, qui est lui-même une réinterprétation de la pièce de Jean Racine. CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE Oui, c’est bien Phèdre, celle de Racine. Mais telle que vous ne l’avez jamais entendue. Si elle s’appelle Phèdre ! avec un point d’exclamation, qui autrefois était appelé « point d’admiration », c’est parce qu’elle est vue par le Suisse François Gremaud. Cet as du théâtre décalé imagine un conférencier fou d’amour pour la tragédie, qui vient faire partager sa passion au public. Il est tellement pris par son sujet qu’il en oublie les règles de l’art : il use de jeux de mots à la noix de coco et de citations de refrains de chansons populaires (« Colchique dans les prés, c’est la fin de Médée », « Alexandrin, Alexandrie, Alexandra »), et affiche une fausse naïveté à la Bourvil. Dans ce rôle, le comédien Romain Daroles fait merveille : les rires fusent dans la salle, mais cela n’empêche pas sa Phèdre ! d’offrir une connaissance magnifique de Phèdre à tous, et à tous les âges. Un régal, à voir en France et en Suisse en 2019-2020. B. Sa
Dans le « in » comme dans le « off », les journalistes du « Monde » qui ont couvert la 73e édition du festival ont sélectionné des œuvres marquantes, à découvrir partout en France en 2019 et 2020.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/26/theatre-et-danse-vingt-spectacles-d-avignon-a-voir-ailleurs_5493976_3246.html
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Lors d’un exercice de la force « fer de lance » de l’OTAN, le 20 mai à Munster. FABIAN BIMMER / REUTERS Les chefs d’états-majors des vingt-neuf pays de l’OTAN ont actualisé, fin mai, leur stratégie militaire face aux menaces sécuritaires, dans un document à vocation secrète. Le général André Lanata, 57 ans, « commandant suprême allié Transformation » (SACT) de l’OTAN, basé à Norfolk, aux Etats-Unis, répond aux questions du Monde sur sa vision de l’Alliance, un an après sa prise de fonctions le 7 juin 2018. Cet ex-chef d’état-major de l’armée de l’air française est le responsable de l’adaptation des forces à moyen terme, tandis que le commandant suprême des forces alliées en Europe (Saceur) dirige les opérations militaires en cours depuis le quartier général de Mons, en Belgique. L’OTAN travaille à une nouvelle stratégie, mais elle est soumise à forte pression de la part du président américain Trump. Comment voyez-vous son avenir ? Quand on parle des grandes organisations de sécurité aujourd’hui, c’est toujours pour soulever des problématiques. Faute de se rappeler les effets positifs que ces organisations continuent de produire, qu’il s’agisse de l’OTAN, de l’UE ou de l’ONU, le risque est que les citoyens se disent un jour qu’il ne reste plus qu’à s’en débarrasser, et le chaos sera garanti. Nous avons besoin de faire face, ensemble, à des enjeux de sécurité qui dépassent les nations isolées. Même les plus grandes ont besoin d’alliés pour y répondre. Les commémorations du 75e anniversaire du Débarquement ont rappelé que lorsque surgissent des difficultés majeures en Europe, cela affecte la prospérité des Etats-Unis. Aujourd’hui, quand on parle de cyberdéfense, de terrorisme, de climat, comment imaginer pouvoir faire face seul ? Comment penser que ce n’est pas au service de tous que se réunissent des forums où existe une règle de consensus indispensable ? Malgré les débats, légitimes, qui touchent l’OTAN, je voudrais passer un message positif sur l’Alliance. Elle apporte de la stabilité. Quand on s’oblige à réfléchir à vingt-neuf sur des sujets communs de sécurité, cela produit de la stabilité. Votre commandement est chargé de penser l’avenir de l’OTAN et ses équipements futurs. Comment ce travail militaire est-il influencé par les tensions politiques entre alliés ? La coopération militaire est imperméable aux aléas politiques. Notre enjeu, c’est la défense du milliard de citoyens des pays de l’Alliance. Je ne porte pas de jugement sur la conduite des opérations et leurs effets militaires à long terme, ce n’est pas mon rôle. De mon point de vue, l’Alliance est une force intégratrice. Elle constitue une référence sur le plan technique, mais aussi pour l’entraînement, les concepts et les doctrines, le commandement et contrôle, la logistique commune… L’interopérabilité entre nos armées avance et sa dimension est vaste. Aujourd’hui, nous concevons dès l’origine nos systèmes d’armements pour qu’ils soient interopérables.
Le général André Lanata, commandant pour la transformation de l’Alliance, insiste sur la « force intégratrice » que constitue l’organisation.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/11/la-cooperation-militaire-des-pays-de-l-otan-est-impermeable-aux-aleas-politiques_5474753_3210.html
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Kakora, jeune fille mariée à l’âge de 13 ans au Burkina Faso, témoigne sous une fausse identité, le 5 juillet 2019. Sophie Douce La vie de Kakora* bascule il y a deux ans. Un jour de janvier, son père décide de la marier à l’époux polygame de sa tante. Elle n’a que 13 ans. Lui, plus de 40. « Sans rien me demander ni même m’expliquer, on me force alors à quitter le village du jour au lendemain pour aller vivre chez cet inconnu », témoigne-t-elle en langue nouni, les yeux baissés. Dans sa famille, la coutume veut que la nièce ou la petite sœur d’une femme épouse le même mari. « Nos ancêtres avaient instauré cela, pour garantir la stabilité des ménages, et si tu refuses, tu es bannie », déplore sa grand-tante, chez qui l’adolescente a trouvé refuge il y a quatre mois à Léo, dans le sud du pays. Lire aussi Les mariages précoces ruinent l’Afrique Echange de filles entre deux familles, « rapt » pour forcer une union ou encore « sororat » – le remariage d’un veuf avec la sœur de son épouse défunte –, le mariage d’enfants a la vie dure au Burkina Faso, qui enregistre le cinquième taux le plus élevé au monde. Une fillette sur deux y est contrainte avant ses 18 ans et une sur dix avant ses 15 ans, selon les chiffres du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Et si rien n’est fait, le nombre de « filles-épouses » devrait doubler dans le monde d’ici à 2050, alerte l’agence onusienne. « Fille maudite » Faute d’argent pour pouvoir s’enfuir, Kakora a vécu deux ans de calvaire à Fada N’Gourma, à plus de 300 kilomètres à l’est de Tabou, son village natal. « Je vivais la peur au ventre, il m’enfermait pour m’attraper [me violer] et me frappait avec un bâton ou avec une corde si je n’obéissais pas. Ma tante aussi me battait et m’insultait parce que j’essayais de résister », confie la jeune fille qui, prise au piège et terrorisée, subit donc en silence. On lui interdit d’aller à l’école, d’avoir des amis et même de jouer. A la place, elle doit faire le ménage et s’occuper de l’enfant de sa tante avant de tomber elle-même enceinte et d’accoucher difficilement d’un bébé qui meurt à seulement quatre mois. Là, le cercle de violence aurait pu se remettre en place. Mais, endurcie par cette grossesse très prématurée et ce décès, Kakora trouve la ressource pour tenir tête. Le « refus de trop » pour sa tante et coépouse, de quinze ans son aînée, qui préfère la mettre à la porte, la transformant du même coup en « fille maudite » qui déshonore sa famille. Des histoires comme celle de Kakora, Ablassé Koanda, enseignant au collège de Neboun, à une trentaine de kilomètres de Léo, en connaît des dizaines. A la rentrée dernière, deux élèves de cinquième ont encore disparu. Et c’est chaque fois le même scénario. « Les parents profitent des grandes vacances et, après trois ou quatre mois de mariage, il est trop tard pour intervenir », regrette-t-il. « Du jour au lendemain, les filles ne viennent plus en classe, leurs camarades nous avertissent qu’elles sont enlevées par des villageois pour être mariées, et on n’a plus de nouvelles », poursuit ce professeur de français, qui avoue avoir abandonné les recherches pour éviter de s’attirer « des problèmes ». A la direction provinciale du ministère de la femme, de la solidarité et de la famille de la commune, les dossiers s’empilent tristement. Déjà neuf fillettes mariées de force depuis le mois de janvier, 26 en 2018, selon ses recensements. « Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg !, explique Eric Somda, qui dirige la structure. Celles-ci ont pu être retrouvées parce que les familles nous ont appelés. On estime [que] le nombre de victimes [est] quatre fois plus élevé sur le terrain. Mais il nous est difficile d’accéder aux villages et de repérer les cas qui n’ont pas été signalés. » Pour les six enquêteurs de la province de la Sissili, qui regroupe près de 200 communes et villages, la mission relève parfois de l’impossible. « On interroge les proches et les chefs coutumiers, mais on manque d’effectifs et même de moyens pour se déplacer. Souvent on arrive trop tard, les filles ont coupé leur téléphone et ont déjà disparu dans la nature », regrette le directeur, qui travaille en coopération avec la gendarmerie et la police locale. Lire aussi Au Burkina Faso, des serviettes hygiéniques lavables pour faciliter la vie des femmes La structure ne dispose pas non plus de lieu d’hébergement pour accueillir les victimes, reniées par leur famille une fois récupérées. « Il existe quelques familles d’accueil, mais elles sont déjà débordées, alors on se débrouille. Une collègue accepte quelquefois d’en loger une, on est devenus des travailleurs sociaux !, souligne le commissaire Boureima Ouedraogo, de la gendarmerie de Léo. Pour les autres, pas de solution, si bien que « certaines se retrouvent livrées à elles-mêmes, à la merci des hommes, et tombent parfois dans la prostitution pour survivre. » Séquelles psychologiques Au Burkina Faso, où l’âge légal de l’union civile est fixé à 17 ans pour les filles et où le mariage de mineurs est théoriquement passible d’un à trois ans de prison, le phénomène perdure. « Dans certains villages, cela reste une norme sociale. Dès qu’une fillette est pubère, elle doit se marier parce que les parents craignent par-dessus tout une grossesse hors mariage, considérée comme une honte. » « A cette peur s’ajoute la consolidation des liens entre familles par l’échange d’enfants », explique Eric Somda, qui tente pourtant de faire changer les mentalités par le moyen de médiations. Dans les foyers les plus modestes, la dot versée par le fiancé peut aussi être déterminante. « Quand on a déjà trop de bouches à nourrir, on préfère parfois vendre sa fille contre des bœufs et plusieurs centaines de milliers de francs CFA », précise-t-il. Pauvreté, manque d’éducation, espoir d’une vie meilleure poussent même certaines adolescentes à se résigner, voire à aspirer au mariage. Avant les désillusions… Lire aussi Les mariages d’enfants concernent aussi des millions de garçons Très vite, en effet, ces jeunes filles, isolées, la plupart du temps déscolarisées, voient leur vie menacée par les grossesses précoces et les accouchements à risque, les violences et l’exploitation domestiques. « Le plus dur, c’est quand on voit partir des élèves qui avaient des bonnes notes et un avenir prometteur, elles se retrouvent dépendantes financièrement de leur époux et sont condamnées pour le reste de leur vie », s’attriste l’enseignant Ablassé Koanda. D’autant que, même si elles se sortent de cette situation, les séquelles psychologiques restent profondes. La grand-tante de la jeune Kakora, qui l’héberge dans une petite case en terre cuite au toit de tôle avec quatre autres orphelins, a été confrontée à ce drame psychologique. « C’était très difficile pour elle au début, se souvient-elle. Elle ne mangeait pas, ne parlait pas, elle faisait beaucoup de cauchemars et pleurait souvent. » Aujourd’hui encore, la « honte » et les souvenirs hantent l’adolescente de 15 ans. « Je ne sais pas ce que je vais faire, mon père ne veut plus de moi, ma mère me manque, et c’est trop tard pour retourner à l’école », estime celle qui rêve de devenir coiffeuse. En attendant, elle ne sait trop quoi faire, elle aide sa « tantie » à la production de soja. Une façon de sentir la liberté et de reprendre goût à la vie. * Le prénom a été changé.
La moitié des jeunes Burkinabées sont contraintes à l’union avant leurs 18 ans et une sur dix avant ses 15 ans, selon l’Unicef.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/15/kakora-mariee-a-13-ans-au-burkina-je-vivais-la-peur-au-ventre-il-m-enfermait-pour-m-attraper_5489734_3212.html
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Vous avez craqué pour une maison au cœur de l’Algarve, un trullo dans les Pouilles ou un appartement à Barcelone. Reste à passer du rêve à la réalité. Car financer un achat à l’étranger est plus complexe qu’emprunter pour acquérir une résidence secondaire sur les côtes françaises. « Toutes les banques ne le proposent pas », précise Maël Bernier, porte-parole du courtier en crédit Meilleurtaux.com. Les filiales françaises de banques étrangères comme la BCP portugaise sont particulièrement actives, tout comme BNP Paribas, BRED, Caisse d’épargne, Banque populaire et HSBC. Bien entendu, tout dépend de la stabilité du pays concerné. « Il n’y a pas de pays interdits, mais l’opération est plus simple dans la zone euro qu’au Maghreb ou en Israël, zones dans lesquelles les acheteurs ont plutôt tendance à acheter sans emprunter, en puisant dans leur épargne », ajoute Maël Bernier. Première étape, direction votre banque et un courtier en crédit pour faire le point. « Nous conseillons à nos clients de prendre un avocat spécialisé en droit local pour les accompagner dans les démarches juridiques. Il fera aussi traduire les documents, ce qui nous permettra d’étudier correctement le dossier de financement », indique Philippe Moro, directeur des crédits patrimoniaux de HSBC. Ce conseil juridique vous permettra aussi de vous familiariser avec les subtilités locales du droit immobilier. Emprunter par un réseau français Côté crédit, vous pouvez emprunter par un réseau français ou par une banque locale. En France, les banques n’acceptent pas de prendre le bien immobilier que vous achetez comme garantie. Elles exigent une garantie sur place. La solution la plus fréquente est le prêt hypothécaire : la banque prend une hypothèque sur un bien immobilier dont vous êtes propriétaire en France. Il peut s’agir de votre résidence principale, d’une résidence secondaire ou d’un bien locatif. Pour limiter le risque, la banque vous prêtera entre 60 % et 80 % de la valeur de ce bien, nette des éventuels crédits restant à rembourser. Autre possibilité, vous pouvez nantir des placements financiers à hauteur du crédit demandé. Cette fois, donc, inutile d’être propriétaire en France. Idéal pour ceux qui se sont constitué un beau capital, généralement sur un contrat d’assurance-vie, mais qui ne souhaitent pas le vendre pour acheter le bien de leurs rêves à l’étranger. « Cela permet de laisser fructifier son épargne tout en conservant l’antériorité fiscale de son contrat », détaille Philippe Moro, chez HSBC. Cette fois, la banque prête 100 % de la somme obtenue en garantie s’il s’agit du fonds en euros de l’assurance-vie, et moins s’il s’agit d’épargne risquée, comme des actions. « Le taux proposé par la banque est identique à celui d’un financement pour un bien situé en France. C’est logique, puisque l’opération n’est pas plus risquée pour la banque grâce à l’hypothèque ou au nantissement », ajoute Maël Bernier, chez Meilleurtaux.com. Emprunter localement Enfin, il est aussi possible d’obtenir un prêt auprès d’une banque locale. Cette solution s’adresse à ceux qui ne peuvent pas fournir de garantie en France. Ce type de prêt est généralement plus onéreux car les pays de destination du client pratiquent, dans la grande majorité des cas, des taux de crédit supérieurs. « Comptez entre 2,5 et 3 % pour emprunter auprès d’une banque portugaise, et autour de 3,5 % au Maroc contre moins de 2 % pour le même dossier en France », précise Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi, qui a ouvert des agences au Portugal et au Maroc. A noter, les banques locales prêtent dans la devise du pays. A l’inverse, les banques en France octroient un prêt en euros, dont le montant est ensuite converti en devises locales pour financer l’opération le jour J. Lorsqu’on emprunte auprès d’une banque locale, il faut disposer d’un apport de 30 %, plus les frais liés à l’opération. « Notre service international peut négocier, depuis la France, un crédit à l’étranger auprès de banques locales au Canada, en Espagne, au Portugal et bientôt en Italie », explique Philippe Taboret. Lire aussi Comment réussir sa retraite à l’étranger Reste, une fois l’étape de l’achat immobilier finalisée, à organiser votre vie sur place du point de vue financier. Les problématiques fiscales ou celles liées à l’assurance-santé doivent être analysées bien en amont de votre projet. Le premier réflexe consiste à se renseigner auprès de votre banque, mais également auprès de l’Union des Français de l’étranger (UFE). Les banques en ligne plus compétitives Quant à la gestion de votre argent au quotidien, plusieurs options sont possibles. « Il n’est pas forcément indispensable d’ouvrir un compte dans une banque locale lorsqu’on s’installe dans un pays de la zone euro car les tarifs des opérations par carte bancaire sont identiques à ceux pratiqués en France », remarque Laurent Monet, responsable marketing de la banque de détail de BNP Paribas, notamment présente au Maroc avec la banque BMCI, en Italie avec la BNL et aux Etats-Unis avec la Bank of the West. Utiliser votre carte pour régler un achat ne vous coûte donc pas plus cher à Santorin, ou Minorque, qu’à Marseille. En revanche, si vous prenez votre retraite en dehors de la zone euro, il est plus simple d’ouvrir un compte sur place. « Les frais seront limités puisque le client utilise une carte bancaire rattachée à un compte local dans la devise du pays. Précisons par ailleurs que les cartes sont gratuites dans la plupart des autres pays », ajoute Julien Delorme, chez HSBC. Cet établissement a des agences dans quarante pays. Cependant, les clients des banques en ligne comme Boursorama et Fortuneo sont mieux lotis que ceux des réseaux. En effet, ces établissements affichent des tarifs plus compétitifs sur les opérations par carte en devise à l’étranger. De leur côté, les néobanques N26 et Revolut pratiquent même la gratuité pour les paiements par carte en devises. Un vrai plus pour les Français résidant en dehors de la zone euro. A noter, chez HSBC, « le client peut consulter sur son appli à la fois son compte en France et ses comptes à l’étranger. De plus, les virements internationaux de compte à compte sont gratuits, instantanés et en trois clics », annonce Julien Delorme. Car, si ouvrir un compte local permet de limiter les frais liés à vos dépenses quotidiennes sur place, le transfert d’argent à l’international coûte cher. Ainsi, il faut compter plusieurs dizaines d’euros par virement en devises en dehors de la zone SEPA (l’espace unique des paiements en euros), d’après Meilleurebanque.com. « Notre service monde expat, gratuit, permet de bénéficier de 50 % de remise sur les virements effectués à l’international », précise Laurent Monet, de BNP Paribas.
Il est plus compliqué d’ouvrir un compte et d’emprunter pour financer un achat immobilier à l’étranger qu’en France. Mais des solutions existent.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/07/02/comment-choisir-une-banque-a-l-etranger_5484079_1657007.html
mlsum-fr-390
« Sous d’autres cieux », d’après L’Enéide de Virgile, mise en scène par Maëlle Poésy. . Christophe Raynaud de Lage L’histoire humaine est un exil sans fin, que raconte cette 73e édition du Festival d’Avignon, de spectacle en spectacle. Après les odyssées menées par Christiane Jatahy et Blandine Savetier, inspirées d’Homère, c’est Maëlle Poésy, 34 ans, qui entre en scène, au Cloître des Carmes, avec Sous d’autres cieux. Elle a choisi de partir de L’Enéide, de Virgile, parce que dans le poème épique latin, qui est une sorte de double inversé de l’Odyssée, d’Homère, l’histoire qui suit la chute de Troie est racontée du point de vue des vaincus, et non pas des vainqueurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un château de sable avec Clémence et Maëlle Poésy : « Lire et voir la mer, c’est le principe même des vacances » Le périple d’Enée, qui durera des années avant qu’il ne finisse par arriver dans le Latium pour y fonder la nouvelle Troie, autrement dit l’Italie, renvoie bien sûr avec force aux odyssées des réfugiés d’aujourd’hui. Mais Maëlle Poésy ne tire pas sur cette corde-là, pour ramener de manière volontariste le radeau d’Enée vers nos rivages contemporains. C’est bien la première partie de L’Enéide qu’elle met en scène, dans la traduction et adaptation du jeune dramaturge Kevin Keiss : après sa fuite de Troie en flammes, Enée part vers l’Afrique et la Sicile, au gré de tempêtes et d’épreuves sans nom. Puis il y aura Carthage et sa rencontre avec la reine Didon, leur fol amour, et la fuite à nouveau, sous l’injonction des dieux, et la descente aux enfers, pour retrouver son père Anchise. Allers-retours temporels Cette épopée, Maëlle Poésy la raconte au fil d’une narration éclatée, et dans un geste de mise en scène fort, où la danse, la scénographie, la lumière, la vidéo, le son concourent tout autant que les mots à l’avancée du récit. La jeune femme s’y entend pour créer une atmosphère, un monde instable, nocturne, entre rêve et cauchemar, à l’image de son décor comme un chaos de radeaux perdus et clignotant dans la nuit (scénographie signée par Damien Caille-Perret). Il y aurait donc là de quoi signer un spectacle parfaitement réussi, si l’ensemble n’était un peu aplati par la traduction sans grand relief de Kevin Keiss Elle a fait ses classes notamment avec le chorégraphe israélien Hofesh Shechter, et cela se sent dans le spectacle, où les épisodes de traversée sont pris en charge par la danse, une danse heurtée, saccadée, haletante, qui dit l’humain réduit à sa seule survie. Les hommes et les dieux, les hommes jouets des dieux et du destin, les allers-retours temporels, la présence du temps et des mythes, les morts qui se mêlent aux vivants, tout est là et bien là, dans la nuit du Cloître des Carmes, un des plus beaux lieux d’Avignon.
La metteuse en scène propose une adaptation de « L’Enéide », de Virgile, tout en narration éclatée, avec de la danse et de la vidéo.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/10/des-hommes-et-des-dieux-sur-le-chemin-de-maelle-poesy_5487602_3246.html
mlsum-fr-391
Le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a défendu le CETA à la tribune, mercredi 17 juillet. Kamil Zihnioglu / AP Le gouvernement a donné, mercredi 17 juillet, le coup d’envoi des débats à l’Assemblée sur la ratification du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA). Les discussions vont se terminer par un vote, initialement prévu ce mercredi soir. Mais le vote simple d’abord envisagé a fait bondir l’opposition, qui a obtenu son report à mardi. Des députés, notamment socialistes, ont commencé à dénoncer le fait que le traité serait alors ratifié par l’Assemblée nationale « en catimini ». « Ça aurait été désastreux », confie une députée de La République en marche (LRM). En urgence, mercredi après-midi, la conférence des présidents, l’organe de l’Assemblée nationale qui décide de l’ordre du jour, a donc décidé d’organiser un vote solennel mardi prochain. Un petit répit pour la majorité, dont une partie des troupes n’est pas encore totalement convaincue par le traité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Faut-il ratifier ou non le CETA ? L’heure du choix pour les députés A la tribune, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a plaidé en faveur du texte : « Dans un monde incertain (…), les liens profonds et anciens qui unissent l’Europe et le Canada sont particulièrement précieux. » Il a défendu un « accord important » face à « un climat préoccupant » dans les échanges entre Etats, vantant le bilan « positif » de son application provisoire depuis près de deux ans. CETA : @JY_LeDrian dresse un "premier bilan positif". > "La balance commerciale avec le Canada a progressé de 400 m… https://t.co/E3HDvDr6tG — LCP (@LCP) Réticences dans la majorité Le texte controversé, qui concerne 510 millions d’Européens et 35 millions de Canadiens, supprime notamment les droits de douanes sur 98 % des produits échangés entre les deux zones. Il doit être ratifié par les 38 assemblées nationales et régionales d’Europe, d’où son examen au Palais-Bourbon puis au Sénat, à une date qui reste à définir. Les députés de la majorité, notamment le rapporteur Jacques Maire (LRM), n’ont cessé ces derniers jours de défendre un accord « gagnant pour la France » avec un pays ami qui « n’est pas le Far West ! », selon Roland Lescure (LRM). Mais malgré leurs efforts, le texte suscite des réticences jusque dans la majorité LRM-MoDem, où des abstentions sont probables. Les oppositions sont également très remontées. Le groupe Les Républicains (LR) a ainsi déposé une quarantaine d’amendements de suppression des deux articles du projet de loi et va demander un « ajournement » du vote via une motion. Manifestation contre le CETA à Paris, le 16 juillet. PHILIPPE LOPEZ / AFP L’accord est aussi combattu par les agriculteurs comme par les écologistes, au nom notamment des risques sanitaires. Des organisations de la société civile se sont mobilisées encore mardi aux abords de l’Assemblée, comme une centaine d’agriculteurs mercredi, alertant contre la « malbouffe » qui finirait par se retrouver dans l’assiette des Français. Même des personnalités canadiennes, dont des députés, ont pressé les Français de rejeter l’accord. « Carabistouilles » Les élus LR entendent s’y opposer si le volet agricole est maintenu, au nom d’un « double risque » sur la viande bovine : « sanitaire » et de « déstabilisation de la filière ». Le groupe accuse gouvernement et majorité de « mensonge » sur les farines animales, alors que leur utilisation « est autorisée dans l’alimentation des bovins au Canada ». « Seule l’utilisation des farines issues des ruminants est interdite pour les ruminants », relèvent-ils. Les élus UDI et indépendants soulignent aussi des « dangers » et devraient majoritairement voter contre. Le vote « montrera clairement » qui « est véritablement du côté de nos agriculteurs, de l’écologie et de la santé des Français », a écrit sur Twitter Marine Le Pen pour le Rassemblement national. Même hostilité des groupes de gauche – Parti socialiste, Parti communiste, La France insoumise –, qui dénoncent un texte « incompatible avec les accords de Paris », dont un « veto » climatique « introuvable » malgré les affirmations de la majorité. Aussi, Boris Vallaud (PS) a-t-il affirmé : « [Celui] qui peut prétendre qu’on peut à la fois défendre l’environnement, défendre nos paysans, nos éleveurs et ratifier le CETA vous raconte des carabistouilles. » « On joue sur les peurs » Comme LR, François Ruffin (LFI) estime que le gouvernement n’a « cessé de mentir » sur les farines animales. Restent possibles, selon lui, des viandes nourries à la « farine de sang d’animaux, du sang d’animaux déshydraté, des poils d’animaux hydrolysés », un « énorme talon d’Achille » pour le gouvernement. Pour les viandes, « ce sont les normes européennes qui s’appliquent », a insisté mercredi M. Le Drian. « La vérité, je le conçois, fait mal, mais c’est la vérité ! », a-t-il clamé alors que des députés d’opposition protestaient. « On joue sur les peurs », estime aussi Roland Lescure, qui rappelle que seules 36 fermes canadiennes peuvent exporter dans le cadre des normes européennes. Il a évoqué mercredi un maximum de « 100 g de viande par habitant et par an », « un tout petit steak », les porte-parole du MoDem criant aussi aux « fake news ».
Les députés s’exprimeront sur le traité de libre-échange lors d’un vote solennel prévu mardi. La gauche et la droite sont opposées au texte, tout comme une partie de la majorité.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/17/vote-repousse-et-oppositions-remontees-les-debats-sur-le-ceta-ont-commence-a-l-assemblee_5490505_823448.html
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enturier. Entretien. Sylvain Tesson est géographe, journaliste et écrivain. Il est notamment l’auteur de Sur les chemins noirs (Gallimard, 2016) ; Un été avec Homère (France Inter-Ed. des Equateurs, 2018), et a obtenu en 2011 le prix Médicis essai pour Dans les forêts de Sibérie (Gallimard). Il partage sa vie entre les expéditions au long cours, l’écriture et la réalisation de documentaires d’aventure. Une expérience qui le conduit à alerter ses contemporains sur la dégradation de la Terre et la « starbuckisation du monde ». Dans quelle mesure est-on passé de « l’usage du monde », tel que l’écrivain et voyageur Nicolas Bouvier pouvait en faire l’expérience, à l’usure du monde que vous observez ? « C’est une révolte ? », demandait Louis XVI. « Non Sire, une révolution ! » Pour le monde, ce n’est pas une usure, c’est une dégradation. Les rapports scientifiques se succèdent, formels : les espèces animales disparaissent, les sols s’érodent, les eaux s’acidifient. Parallèlement, les langues s’éteignent, les villes s’étendent, similaires. Dégradation d’un côté. Uniformisation de l’autre. « Le divers décroît », s’inquiétait l’écrivain Victor Segalen il y a 100 ans. La seule statistique qui prospère, c’est la démographie humaine. Notre espèce a pris le contrôle de la Terre, il y a 70 millions d’années. La mondialisation historique a sa chronologie : industrialisation, massification, accélération, hypertrophie. S’ajoute un phénomène qui est l’effet des précédents : uniformisation des modes de pensée, des comportements, des formes urbaines, des paysages et des moyens de communication. Internet a constitué la parousie de ce mouvement globalisant. Il manquait une machine capable de réaliser la conformation absolue de l’homme à un modèle unique, rêve universaliste. Nous y sommes. Le digital est le doigt d’honneur de la technologie à la variété des cultures humaines. L’usure du monde, c’est cela : indifférenciation, fin du chatoiement, effacement de la mosaïque, règne de l’Unique, reproduction du même. Appelons cela la starbuckisation du monde. Ce que chantait Nicolas Bouvier dans L’Usage du monde (Droz, 1963), c’était le contraire. La route de Bouvier offre ses présents : on se met au volant d’une voiture, sur un cheval, on part à la rencontre de ce qui n’est pas soi-même. Dans le monde de Bouvier, on rentre dans un paysage, on découvre des hommes, on respire un autre air, on ne soupçonnait rien. Le voyage, c’est l’expérience de l’autre, contraire de moi. L’autre véritable vous heurte, vous emporte ou vous indigne, mais au moins n’est-il pas votre reflet !
Vivre avec la fin du monde 6/6. C’est un phénomène inédit dans l’histoire humaine : la vie s’invente à présent en faisant des pas de côté, loin de la modernisation, explique l’écrivain et aventurier.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/27/sylvain-tesson-vivre-mieux-aujourd-hui-consiste-a-echapper-aux-developpements-du-progres_5493986_4415198.html
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Yannick Jadot, leader d'Europe Écologie Les Verts et Robert Habeck, le chef de file des Verts allemands, à Paris, le 2 octobre. Julien Daniel / MYOP pour Le Monde Les deux dirigeants écologistes, le Français Yannick Jadot et l’Allemand Robert Habeck, plaident pour « verdir » au maximum les politiques européennes, quitte à revoir en profondeur certaines dépenses, agricoles en particulier. Quelles leçons tirez-vous du succès de vos idées, en particulier lors des européennes ? Robert Habeck : Bien sûr, tout le monde attend que nous plaidions pour un agenda plus écologiste entre nos deux pays et pour le continent. Nous avons besoin d’investissements plus importants pour cela. Nous faisons face à différentes crises : climatique, économique et mondiale. Nous pouvons et nous devons prendre la crise climatique comme une opportunité pour reconstruire notre force économique afin d’aller vers une tout autre forme de croissance sans détruire la nature et sans pétrole. Yannick Jadot : Il existe une urgence énorme en Europe. L’été l’a rappelé de nouveau sur le plan climatique. Le Brexit peut survenir dans les pires conditions. Nous sommes confrontés à une instabilité internationale, avec Donald Trump ou le Proche-Orient. Nous devons orienter notre économie vers un projet vert de civilisation : il s’agit de construire un horizon commun autour du climat, mais aussi de la justice sociale, de la solidarité, prenant en compte nos terroirs, notre « Heimat » comme on dit en Allemagne. Etre bien là où on vit, en étant engagé pour un monde ouvert. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Commission européenne : Ursula von der Leyen, entre équilibre et équilibrisme Si Ursula von der Leyen est prête à vous écouter, voterez-vous pour sa Commission ? RH : Cela dépendra du résultat des auditions qui sont en cours. Ursula von der Leyen a disposé d’une coalition de trois partis avec une petite majorité de neuf voix, lors de son élection en juillet. Cela ne constitue pas une garantie. Elle doit prendre une décision stratégique pour élargir sa majorité en y intégrant les Verts. Et nous sommes prêts à contribuer au programme de travail s’il y a une offre du dialogue. YJ : Nous avons voté contre von der Leyen en juillet. Nous voulons toujours être constructifs mais nous sommes exigeants. Nous avons essayé de négocier une feuille de route après les élections, qui serait un contrat pour la nouvelle législature. Sans succès. Nous avons dix ans pour changer le système. Il faut donc agir dès maintenant. Nous nous battrons sur chaque dossier. Climat, agriculture, pollution, Etat de droit… les dossiers ne manquent pas !
Le coprésident des Verts allemands, Robert Habeck, et le chef de file des écologistes français, Yannick Jadot, posent leurs conditions à un éventuel soutien à la future Commission von der Leyen.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/08/un-couple-franco-allemand-ecologiste-serait-un-formidable-levier-de-transformation-de-l-europe_6014710_3210.html
mlsum-fr-394
Des familles centraméricaines relâchées après avoir été en détention à McAllen, au Texas, le 12 juin. LOREN ELLIOTT / AFP C’est un nouveau bras de fer engagé par la Maison Blanche avec la justice des Etats-Unis. Le gouvernement de Donald Trump a annoncé, mercredi 21 août, qu’il allait retirer les strictes limites régissant le temps passé en centres de rétention par les enfants migrants, afin d’autoriser la détention illimitée des familles entrées illégalement aux Etats-Unis. Avec cette décision, le ministère de la sécurité intérieure américain veut mettre un terme à une décision judiciaire de 1997, dites « Flores ». Cette dernière impose aux autorités fédérales de ne pas maintenir en détention les enfants plus de vingt jours. Une contrainte que le président Donald Trump cherche à contourner depuis son élection à la tête du pays, dans le cadre de sa politique de fermeté face à l’immigration clandestine. Lire aussi Donald Trump ou la politique de l’outrage permanent « Envoyer un message fort » Avec cette nouvelle disposition législative, l’administration américaine serait libre d’envoyer les familles entrées illégalement sur le territoire américain dans des centres de rétention pour la durée nécessaire au traitement de leur dossier d’immigration. Mardi, un porte-parole du ministère a expliqué aux médias américains, dont le New York Times, que cette décision avait pour but d’« envoyer un message fort sur le fait qu’immigrer illégalement aux Etats-Unis avec des enfants n’est pas un “passeport” pour éviter la détention ». Le ministère de la sécurité intérieure affirme que cette nouvelle mesure donnerait lieu à une détention moyenne de trois mois. Mais les associations de défense des droits de l’homme et de l’enfant craignent de leur côté des durées de détention bien plus longues, dans des structures souvent en mauvais état ou pas adaptées à l’accueil de jeunes enfants. De nombreuses enquêtes menées ces derniers mois ont en effet révélé des conditions de détention précaires pour les mineurs migrants, dans des cellules surpeuplées, parfois sans accès à une douche, à du dentifrice ou à des plats chauds. Dans le centre de Clint, au Texas, dont la capacité d’accueil officielle est de 105 enfants, ils étaient 676 au 1er juin, rappelle l’agence de presse Associated Press. Souffrances physiques et émotionnelles La limite de vingt jours de détention avait d’ailleurs été fixée en 2015, pour compléter la réglementation de 1997, après une vaste action collective de justice pour faire valoir les souffrances physiques et émotionnelles ressenties par des enfants migrants lors de longues périodes de détention. La nouvelle législation décidée par la Maison Blanche risque d’ailleurs d’être à nouveau farouchement combattue devant les tribunaux. Officiellement, le gouvernement a affirmé que la mesure entrerait en vigueur dans les soixante jours après sa publication au registre fédéral, qui devrait être programmé dans la semaine. Mais selon les termes de la décision de 1997, la mesure doit d’abord être approuvée par le juge qui avait initialement conduit à ce verdict. Il s’agit de la juge Dolly M. Gee, qui siège dans le district central de Californie, rappelle le New York Times. Le gouvernement a désormais sept jours pour lui transmettre son nouveau texte pour approbation. Si la juge refuse de le faire, l’administration devra interjeter appel, et la décision pourrait alors être repoussée à plusieurs mois, voire plusieurs années. L’été dernier, Donald Trump avait déjà tenté de contourner le décret Flores, en décidant de la séparation des enfants et de leurs parents lors de leur arrestation pour immigration illégale, afin de maintenir plus longuement en détention les adultes. Plus de 2 900 enfants avaient été alors placés en détention. Devant le tollé provoqué par cette mesure, et les images des enfants arrachés aux bras de leurs parents, le président des Etats-Unis avait fait marche arrière. Un juge avait prononcé l’impossibilité de séparer les enfants de leurs parents. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le long du Rio Grande, le mur de la discorde
Depuis son élection, Donald Trump cherche à contourner le règlement « Flores », qui fixe à vingt jours la durée maximale de la détention des enfants migrants.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/21/les-etats-unis-vont-autoriser-la-detention-illimitee-d-enfants-migrants_5501399_3210.html
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Sur la via Appia. Lineair Fotoarchief/Ron Giling/Biosphoto « Appia », de Paolo Rumiz, traduit de l’italien par Béatrice Vierne, Arthaud, 528 p., 22,50 €. Livre après livre, le grand écrivain voyageur Paolo Rumiz traque les traces et ressuscite les mémoires enfouies. De l’absence, l’Italien aime à faire ressurgir la présence de ce qui fut. Appia, son nouveau récit, en témoigne. Il s’agit d’un périple pédestre le long de ce qui fut la plus célèbre des voies romaines, reliant l’Urbs à Brindisi, dans le talon de la botte, le port ouvert vers l’Orient. Tout au long des 612 kilomètres de cette route, on croise le souvenir de beaucoup de hauts faits de l’histoire romaine et de nombreux personnages mythologiques. Ainsi du lac de Nemi, juste au sud de la capitale, sur lequel plane l’ombre d’Artémis. Ou de Santa Maria ­Capua Vetere, l’antique Capoue au cœur d’une Campanie jadis définie comme « heureuse », et dont les délices causèrent la perte des troupes d’Hannibal : « On les entend encore (…), les cris des gladiateurs égorgés sur la terre battue et les hurlements des rebelles de Spartacus. » Lire aussi, sur « Via Appia », de Jacques de Saint Victor : Rome-Brindisi, la voie de l’Histoire Pour Paolo Rumiz, cela ne fait aucun doute, « l’Appia surclassait [les chemins de] Saint-Jacques ». « Nous l’avons recouverte de périphériques, parkings, supermarchés, champs à labourer, carrières, aciéries ; nous l’avons barrée par des grilles, camouflée sous cent autres noms ; nous l’avons parfois attaquée à coups de pioche plus sauvagement que des djihadistes (…). Mais elle résistait, avec opi­niâtreté », écrit Rumiz dès les premières lignes de son livre, qui est un chant d’amour. « La via Appia est une drogue puissante », dit l’un des personnages rencontrés durant cette longue marche. Mais rien mieux que l’Appia ne montre aussi l’ampleur des dévastations infligées au patrimoine, le saccage, l’incurie, « l’indifférence d’un pays cynique soumis aux pouvoirs forts et pourtant capable de grands élans hospitaliers et d’extra­ordinaires actes de résistance “partisane” contre le délabrement ». Pour l’écrivain voyageur, marcher reste le meilleur moyen de vraiment sentir un territoire. Quitte à susciter la méfiance « Dans chacun de mes voyages en Italie, je suis divisé entre l’indignation et ­l’émerveillement », explique Paolo Rumiz au « Monde des livres », relevant que « quand il y a préservation, c’est le résultat de la résistance de quelques-uns et pas un mouvement collectif ou institutionnel ». Le sort du très riche patrimoine qui borde la via Appia est à cet égard révélateur. « Au milieu des merveilles oubliées, nous rencontrions des échangeurs routiers terrifiants qu’il fallait contourner, des montagnes entières bradées à des multinationales de l’eau ou du vent, des mers de béton disséminées au milieu de nulle part, des sentiers envahis de roselières, des fontaines et des pistes cyclables tout juste inaugurées et déjà en miettes », écrit-il. Un exemple parmi tant d’autres est la ­petite ville de Calatia, où les pylônes du futur TGV Rome-Bari passent au milieu des fouilles archéologiques de cette ­ancienne cité des Osques, désormais condamnées.
L’écrivain voyageur traverse le sud italien le long de l’antique voie romaine et laisse libre cours, dans « Appia » à ses émerveillements – comme à ses indignations.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/09/22/paolo-rumiz-fait-le-pelerinage-de-la-via-appia_6012618_5473203.html
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« Le budget participatif ouvre le droit de vote à des habitants qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales : étrangers hors Union européenne, jeunes de moins de 18 ans, etc. » FSR / GraphicObsession Tribune. « Mascarade démocratique », « paravent pour masquer l’inaction », « simulacre », « foire à l’argent public », « instrumentalisation des citoyens », « coup de communication » : depuis plusieurs semaines, les attaques contre le budget participatif se font de plus en plus fréquentes, alors que les échéances électorales municipales se rapprochent et que se tiennent à Paris les 7 et 8 novembre des Rencontres nationales consacrées à ce sujet. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Paris va tester des « conseils municipaux citoyens » Chercheurs spécialistes de la démocratie et de la participation citoyenne, nous tenons à rappeler les vertus politiques du budget participatif. Ce dispositif pionnier, né à la fin des années 1980 en Amérique latine, est le symbole de l’entrée des citoyennes et des citoyens dans les politiques publiques. En effet, lorsqu’il est mis en place sérieusement, il permet à ces derniers de déposer des projets, qui sont ensuite instruits par les services de la collectivité, puis soumis au vote des habitants. Les projets arrivés en tête de ces votes sont par la suite réalisés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La démocratie participative, un marché convoité Le budget participatif s’est développé dans le monde entier. En France, son déploiement s’est accru dès 2014, notamment sous l’impulsion de la Ville de Paris qui a décidé d’y consacrer 5 % de son budget d’investissement (500 millions d’euros sur la mandature) et de mettre en place un fonctionnement de grande ampleur, avec des exigences en matière d’inclusion de tous les publics, d’accompagnement à l’élaboration, d’information et de suivi des projets, etc. Les dix raisons pour défendre le budget participatif Actuellement, près de 200 collectivités y ont recours dans notre pays. Universités, bailleurs sociaux, écoles ou entreprises, nombreuses sont les structures qui en ont perçu l’intérêt. Les locataires, étudiants et salariés sont de plus en plus invités à prendre part à la transformation concrète de leur lieu de vie. Au-delà de cette diversité d’expériences menées, voici dix raisons qui nous conduisent à défendre ce dispositif : 1. Il est l’un des seuls outils qui permet aux citoyens d’intervenir sur une question cruciale : le budget de la collectivité. 2. Il permet potentiellement à des citoyens éloignés des institutions de participer au processus de décision. A Grenoble, l’exemple emblématique est celui d’Apache, un sans-abri qui a déposé un projet de création d’un lieu regroupant des permanences sociales et juridiques pour les personnes précaires. 3. Il ouvre le droit de vote à des habitants qui ne sont pas inscrits sur les listes électorales : étrangers hors Union européenne, jeunes de moins de 18 ans, etc. C’est l’un des seuls dispositifs qui permet à ces groupes de participer à la gestion de leur ville en déposant des projets et en votant en faveur de leur réalisation. Il reconnaît là leur expertise et leur « droit à la ville ».
Trois professeurs d’université et un expert des budgets participatifs s’élèvent dans une tribune au « Monde » contre le dénigrement de ce nouveau mode d’intervention des citoyens dans la décision publique, en un temps où celle-ci est plus que jamais nécessaire.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/08/rappelons-les-vertus-politiques-du-budget-participatif_6018424_3232.html
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« Le temps où les fonctionnaires faisaient barrage aux forces antirépublicaines a structurellement disparu. La destruction des institutions qui ont bâti la République entraînera l’édifice en son entier dans sa chute. » Oivind Hovland / Ikon Images / Photononstop Tribune On croit toujours que les grands basculements historiques se révèlent dans le fracas des événements, à travers le surgissement de la violence et l’avènement de nouveaux acteurs. L’histoire, cependant, suit rarement cet enchaînement inspiré de la tectonique des plaques : les bouleversements profonds se préparent bien longtemps avant que l’on en prenne conscience, comme les plaques se meuvent sous terre avant d’apparaître par des tremblements de terre ou de fulgurants volcans. Les réformes de M. Blanquer s’inscrivent dans cette dynamique : on les regarde avec distance, sans comprendre que l’anéantissement de l’instruction prépare de terribles éruptions. Voilà où en sont les enseignants : leur métier a subi un profond et interminable déclassement ; leur idéal de transmission et d’émancipation a été périodiquement ruiné par d’apprentis idéologues aux objectifs contestables et douteux ; quant aux titres qu’ils ont obtenus par concours et dont ils s’enorgueillissent, ceux-là ne vaudront plus grand-chose devant les armées de contractuels précaires qui viennent détruire leurs statuts ; enfin, l’introduction des dispositifs gestionnaires vient clore ce mirage de « serviteurs au service de l’Etat » : les voilà devenus des employés mis en concurrence, amenés à être sans cesse évalués par leur direction, les élèves et leurs parents. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le « bac Blanquer » bouscule aussi les prépas A cela s’ajoute une perte brutale d’autonomie pédagogique. L’enseignant n’est plus qu’un travailleur isolé et soumis à des process dont les résultats conditionnent la survie de son service. Le deal initial est rompu : le concours ne protège plus de la précarité, il n’est plus au service d’un idéal de transmission et d’émancipation, et les sacrifices demandés n’induisent plus aucune contrepartie. Fin de la « société des concours » Nous assistons ainsi à la fin de la « société des concours », à la mise à mort des statuts : au renversement des intentions de l’Etat vis-à-vis de ses propres fonctionnaires. Or, comme le rappelle Jean-Claude Milner dans Existe-t-il une vie intellectuelle en France ? (Verdier, 2002), la IIIe République avait façonné ces corps de fonctionnaires afin d’assurer le maintien de la République dans une France qui n’en voulait pas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nouveaux territoires, nouveaux étudiants : l’enseignement supérieur privé gagne du terrain L’école républicaine devait jouer un triple rôle : républicaniser la France ; assurer l’émergence d’une petite bourgeoisie intellectuelle dépendante du salaire versé par l’Etat et non de rentes privées ; garantir contre l’Ancien Régime le retour des travers de la société d’ordres – ou plutôt, remplacer l’idée que c’est le sang qui fait le rang par l’idée de mérite.
L’éducation est prise dans un processus de marchandisation universelle des services où l’enseignant devient un employé soumis à la concurrence, s’indigne, dans une tribune au « Monde », Gabriel Perez, professeur de philosophie à Paris.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/26/les-dernieres-reformes-de-l-education-montrent-que-l-etat-veut-detruire-lui-meme-ce-qu-il-a-bati_5481647_3232.html
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« Ici, tout le monde me connaît. Voilà quarante-six ans que je vends Le Monde à Saint-Germain-des-Prés. Je suis le dernier crieur de journaux à Paris, le seul depuis quinze ou vingt ans. On a été jusqu’à quarante, il y a cinquante ans. Mais c’est bien fini. Personnellement, je n’ai pas le temps de lire le journal, je regarde la « une ». Ma marque de fabrique, ce sont mes blagues. Je regarde le titre – souvent il n’est pas très bon, voire un peu nul – et j’en fais une caricature, c’est ce qui fait mon succès. Le deuxième livre écrit par Ali Akbar (édit. Jean-Claude Gawsewitch, 2009). L’autre fois, pour l’affaire Balkany, j’ai crié : « Ça y est, Balkany a tout remboursé. Isabelle arrête les médicaments ! » J’aime bien provoquer aussi. Au moment de l’arrestation de Dominique Strauss-Khan à New York, j’ai dit : « Ça y est, Strauss-Khan arrêté au Maroc avec une chèvre ! » Il y a vingt ans, j’arrive au dépôt pour récupérer les journaux, et je vois en « une » le divorce entre Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen. J’entre aux Deux Magots, et je lance : « Ça y est, Jean-Marie Le Pen assassiné ! » Des clients me croient, me prennent le journal et me demandent : « Où ça, où ça ? » Je m’adapte à mon public. Un jour, j’entre dans un restaurant pas très chic de la rue Gosselin, plutôt pour les ouvriers. Je leur dis : « Ça y est, Baroin est fauché ! » Ma journée commence à 12 h 30 et s’arrête à 19 heures. Hier, j’ai même terminé à 21 h 30 car mes habitués sont en vacances. Je récupère mes exemplaires au kiosque à côté de la place Saint-Germain-des-Prés. Et je commence ma tournée dans les restos du quartier : Les Deux Magots, La Société, Le Flore, Le Récamier, Lipp… J’ai des clients célèbres. Bernard Debré [professeur de médecine, ex-ministre] et sa famille continuent de m’acheter des journaux. Ils demandent toujours de mes nouvelles. Des verres avec Michel Rocard Dans le passé, il m’est arrivé de boire des verres avec Michel Rocard chez Lipp. J’ai aussi connu Raymond Barre. Emmanuel Macron me prenait Le Monde quand il était à Sciences Po, c’était un garçon sympathique. Ah ! Sciences Po, j’en ai connu des générations d’élèves ! Du temps d’Alain Lancelot [directeur de 1987 à 1996], il y avait des grèves. J’entrais dans les classes pour vendre le journal en criant aux étudiants : « Ça y est, la retraite à 35 ans ! » En 2016, quand Le Monde a voulu arrêter la vente à la criée, l’association des anciens élèves a fait une pétition. Et j’ai finalement trouvé un arrangement avec le journal. Maintenant que je touche le minimum vieillesse, je ne vends plus Le Monde pour gagner ma vie, mais pour le plaisir. J’anime le quartier, et cela me maintient en forme. Aujourd’hui, j’écoule difficilement 50 exemplaires chaque jour pour 64 euros. A la grande époque, il y a vingt ou trente ans, quand je travaillais aussi les jours fériés, je pouvais vendre jusqu’à 1 000 exemplaires. Je laissais des paquets de 80 journaux sur la place Saint-Germain-des-Prés, avec un cendrier pour que les gens puissent payer. Hier, j’étais à la mairie parce que je veux ouvrir avec mon fils un tuk-tuk électrique au jardin du Luxembourg. Là, il s’agira de gagner de l’argent. Le Monde, je le garde pour mon image. » Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019
Série « Le Monde » et moi. A l’occasion des 75 ans du quotidien, le dernier crieur de journaux à Paris évoque son expérience originale acquise au cours des quarante-six années passées à côtoyer des lecteurs, célèbres ou inconnus.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/13/ali-akbar-la-caricature-de-la-une-c-est-ce-qui-fait-mon-succes_5498915_4415198.html
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Guillaume Larrivé, Julien Aubert et Christian Jacob, candidats à la présidence du parti, à l’université d’été des Républicains, à La Baule (Loire-Atlantique), le 31 août. SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP « Nous avons tous des doutes, des doutes qui subsistent ou des convictions qui s’affinent, mais chacun sera, je le sais, respectueux de la contradiction », a lancé Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, auditionnée lundi 9 septembre à l’Assemblée sur le projet de loi bioéthique. Rien n’est moins sûr pour la droite, partagée entre une jeune garde favorable et une majorité « anti », écartelée entre la volonté de tirer les leçons des débats autour du mariage pour tous en 2013, de renouveler un logiciel politique éprouvé par les échecs et un conservatisme intimement ancré. Le débat sur la révision de la loi de bioéthique promet des éclats de voix, voire des protestations au mégaphone. Après deux semaines d’audition, les 72 députés de la commission spéciale entament mardi l’examen du texte. Au sein du parti Les Républicains, les promesses de « ne pas refaire le match » du mariage pour tous ressemblent de plus en plus à un vœu pieux : les débats, centrés sur l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA), seront houleux et descendront dans la rue, préviennent certains. Organisée par un collectif d’associations comprenant La Manif pour tous et Les Veilleurs, la manifestation parisienne du 6 octobre s’annonce paradoxalement comme l’horizon des débats des députés : débattu une semaine en commission, le texte en passera au moins deux dans l’Hémicycle à compter du 24 septembre, soit a priori jusqu’au 5 octobre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi PMA pour toutes les femmes, filiation, accès aux origines : ce que contient le projet de loi de bioéthique « Le 6 octobre, je serai là où je suis le plus utile » Au jeu des déclarations de manifestations, l’eurodéputé François-Xavier Bellamy a ouvert le bal fin août sur Franceinfo et prévenu qu’il serait « le 6 octobre prochain avec La Manif pour tous et avec d’autres ». « Que je sache, aller manifester n’est pas contraire à la démocratie », s’est défendu l’ancien professeur de philosophie. La campagne interne des Républicains, dans laquelle les trois candidats ont dit leur opposition à l’extension de la PMA, a été aussi l’occasion de raviver la contestation. A la rentrée du parti à La Baule (Loire-Atlantique), le député de Vaucluse Julien Aubert a proposé aux adhérents, s’il était élu, de les consulter sur une remise en cause du volet filiation de la loi Taubira (l’adoption plénière accordée aux couples homosexuels), vu comme point de départ d’une évolution inéluctable menant à la gestation pour autrui (GPA) en passant par la procréation médicalement assistée. Le candidat – dans la rue en 2013 – envisage d’aller manifester « par esprit de contradiction et de défense de la liberté ».
Après deux semaines d’audition, les 72 députés de la commission spéciale entament, mardi, l’examen du projet de loi bioéthique. Au Parlement et dans la rue, en dépit de divisions, la droite n’est pas près de déposer les armes.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/10/contre-la-pma-l-opposition-s-aiguise-a-droite_5508410_823448.html
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Le ministre de la culture Franck Riester à La Rochelle, le 13 septembre 2019. XAVIER LEOTY/AFP Emmanuel Macron l’a affiché comme « priorité des priorités » dans son programme culturel, Françoise Nyssen, l’ex-ministre de la culture, en avait fait son dada martelant que « la culture à l’école relève d’une exigence d’égalité républicaine », et Franck Riester, son successeur, jure que « la dynamique est lancée ». D’ici à la fin du quinquennat, 100 % des élèves de 3 à 18 ans devraient bénéficier tout au long de leur scolarité d’une éducation artistique et culturelle (EAC) « ambitieuse », jure-t-on de concert à l’Elysée, Rue de Valois et dans l’entourage de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale. Lire le reportage : Un laboratoire en faveur de l’éducation artistique et culturelle Les mauvaises langues diront que l’EAC est la tarte à la crème, depuis plusieurs décennies, des discours d’intention pour lutter contre les inégalités sociales et contribuer à l’émancipation des jeunes. Et que ce n’est pas une « rentrée en chorale » qui fait une politique. Alors où en est-on de ce serpent de mer piloté par deux ministères, de ces promesses d’orchestres, de ciné-clubs, de troupes de théâtre, de « quart d’heure de lecture silencieuse » pour tous ? « Nous sommes sur un sillon long », reconnaît Emmanuel Ethis, vice-président du Haut Conseil de l’EAC et recteur de l’académie de Rennes. Mais, c’est promis, la Rue de Grenelle et la Rue de Valois sont « main dans la main ». Dix villes, trois piliers La preuve ? Un outil d’évaluation (le logiciel Adage) sera mis en place pour suivre le parcours des enfants, région par région, académie par académie, afin de « voir ce qui est fait et avec qui ». Parce que, pour viser le 100 %, encore faut-il savoir d’où on part. Un Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle (Inseac) ouvrira ses portes en 2022, à Guingamp (dans une ancienne prison), dans les Côtes-d’Armor, pour former enseignants, éducateurs et artistes. Et la nouvelle direction, qui doit être créée début 2020 au sein du ministère de la culture, comptera l’EAC parmi ses missions. Elle devra, notamment, « encourager le partage des bonnes pratiques ». « Nous devons muscler notre politique en faveur de l’EAC : à la fois rendre des comptes en comptabilisant les actions menées, s’organiser pour être plus efficace – d’où une réorganisation du ministère – et réfléchir à un carnet EAC, à l’image du carnet de santé, qui suivrait les élèves tout au long de leur scolarité », explique Franck Riester.
A terme, la totalité des élèves devraient bénéficier du nouveau parcours d’éducation artistique tout au long de leur scolarité.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/20/education-la-priorite-culturelle-du-quinquennat_6012359_3246.html