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mlsum-fr-101
Free est présent en Irlande (GoMo) mais aussi en Suisse (Salt), à Monaco (Monaco Telecom), au Sénégal (Tigo), ou encore en Italie (Iliad). ERIC PIERMONT / AFP Couleurs vives, spots publicitaires télévisés et… une offre jusqu’à trois fois moins chère que certains de ses concurrents. Le débarquement, le 15 octobre, de GoMo sur le marché irlandais de la téléphonie mobile a des allures de déclaration de guerre. L’arrivée tonitruante de ce nouvel agitateur dans le pays n’est pas sans rappeler celle de Free Mobile en France en 2012. Et pour cause, cet air de déjà-vu est loin d’être une coïncidence : le patron de Free, Xavier Niel (actionnaire du Monde à titre individuel) est l’un des principaux propriétaires de l’opérateur historique Eir, maison mère de GoMo. Entré en avril 2018 au capital de la société irlandaise aux côtés d’Iliad, maison mère de Free, avec qui il détient au total une participation indirecte de 64,5 %, le magnat des télécommunications imprime sa marque au sein de l’opérateur, y appliquant les recettes qui ont fait le succès de Free dans l’Hexagone à ses débuts : un positionnement tarifaire agressif face à ses concurrents et une structure de coûts réduite à son minimum. GoMo ne s’appuie ainsi sur aucun réseau de magasins, proposant uniquement son offre en ligne, et ne vend pas de téléphones avec son forfait mobile. Le pari n’est pas sans risque. Le nouvel opérateur va devoir faire face à de sérieux concurrents déjà bien établis, le britannique Vodafone et Three, propriété du conglomérat hongkongais CK Hutchison. Car si Eir jouit d’une position très confortable de champion sur le très haut débit fixe, où il détient 40,7 % de parts de marché, il reste loin derrière sur le mobile avec à peine 17,6 % de part de marché. En misant sur Eir, le patron de Free, espère bien changer la donne afin de s’assurer, à terme, de confortables profits. Eir n’est pas la première aventure de M. Niel à l’international. L’homme d’affaires reste relativement discret sur ses activités hors des frontières de l’Hexagone. Ces dernières années, il a pourtant multiplié les investissements dans des opérateurs télécoms à l’étranger, par l’intermédiaire de sa holding personnelle NJJ ou d’Iliad, étendant peu à peu son empreinte à l’international. Expansion en Italie Il est ainsi aujourd’hui présent non seulement en Irlande mais aussi en Suisse (Salt), à Monaco (Monaco Telecom), au Sénégal (Tigo), ou encore en Italie (Iliad). « Avec le succès de Free Mobile, Xavier Niel a changé de statut. Il est entré dans la cour des grands entrepreneurs français milliardaires. Or, les grands industriels qui comptent ne cantonnent pas leur empire à l’intérieur de leurs frontières. Son rival, Patrick Drahi [patron d’Altice, maison mère de SFR], s’est, par exemple, attaqué au marché américain, ce qui a dû également nourrir la compétition entre les deux hommes », analyse Stéphane Beyazian chez MainFirst. En 2014, M. Niel avait d’ailleurs tenté de partir à la conquête de l’Ouest, en essayant de racheter l’opérateur américain T-Mobile. Sans succès.
L’entreprise poursuit sa stratégie de diversification à l’international et applique les recettes qui ont fait son succès en France, même si, dans ce cas, elle doit faire face à des concurrents bien établis.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/28/gomo-le-pari-risque-de-free-en-irlande_6017175_3234.html
mlsum-fr-102
Stéphane Lissner, à Paris, en octobre 2016. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP La nouvelle était un secret de Polichinelle depuis le début d’octobre en Italie : le conseil d’administration du Théâtre San Carlo de Naples a annoncé, lundi 7 au soir, la nomination de Stéphane Lissner à la tête du « plus vieil opéra du monde », en tout cas l’un des plus anciens théâtres lyriques d’Europe. Le Français de 66 ans, qui n’a pas été prolongé au terme de son mandat de sept ans à l’Opéra de Paris (la date butoir est fixée au 31 août 2021), tournera donc les talons pour la Botte. Il succède pour cinq ans à Rosanna Purchia, nommée en 2010, qui devait initialement quitter ses fonctions en avril 2020, mais qui a accepté de poursuivre une année supplémentaire afin de permettre au patron de la « Grande Boutique » de terminer sa mission en France. Lire le compte-rendu : Stéphane Lissner quittera l’Opéra de Paris en 2021 « Après Paris, je n’avais plus envie d’une grande maison d’opéra, confie Stéphane Lissner. Je souhaitais revenir à une dimension plus humaine et artisanale de mon métier. A Naples, le personnel, orchestre, chœur et ballet compris, n’excède pas 350 personnes et il n’y a pas de “stagione”, c’est-à-dire pas de productions en alternance. Outre son acoustique magnifique, le lieu et son histoire prestigieuse ont quelque chose d’inspirant. Et puis les grands artistes m’ont assuré qu’ils répondraient à l’appel. » L’Italie n’est pas, tant s’en faut, pour Stéphane Lissner, « terra incognita » : de 2005 à 2015, il a été surintendant et directeur artistique du Teatro alla Scala de Milan – le premier non-Italien à occuper ce poste –, une double casquette que coifferont ses successeurs Alexander Pereira et Dominique Meyer. A Naples, il cumulera également les fonctions de surintendant et de directeur artistique. Lire le décryptage : Les défis de Dominique Meyer à La Scala de Milan Stéphane Lissner a été choisi parmi 22 candidats déclarés, dont Luciano Messi, surintendant du Macerata Opera Festival ; Maurizio Roi, ancien directeur du Théâtre Carlo Felice à Gênes ; Maurizio Pietrantonio, ancien directeur du Lirico de Cagliari. Mais la partie s’est jouée entre lui et l’actuel directeur artistique du San Carlo, Paolo Pinamonti : face à cette figure locale très appréciée, le pari de l’international l’a emporté. « Un tourisme de qualité, culturellement élevé » « Accueillir l’homme qui a guidé la Scala et l’Opéra de Paris, c’est faire entrer définitivement Naples dans un circuit international du plus haut niveau », confiait, en effet, dès le 5 octobre, au Corriere della Sera Gianfranco D’Amato, directeur général du groupe Seda, leader des douze entrepreneurs napolitains qui ont financé le San Carlo pour un plan triennal 2018-2021. « Naples a un potentiel énorme et connaît un nouvel essor, mais le moment est venu de viser l’excellence avec un tourisme de qualité, culturellement élevé ».
A 66 ans, le Français, dont le mandat à l’Opéra de Paris court jusqu’à la fin d’août 2021, cumulera les fonctions de surintendant et de directeur artistique.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/08/stephane-lissner-nomme-au-theatre-san-carlo-de-naples_6014678_3246.html
mlsum-fr-103
Une militante colle l’affiche de campagne du candidat d’Ennahda, Abdelfattah Mourou, à Tunis, le 2 septembre. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS Une nouvelle fois, la Tunisie va attirer l’attention sur son chantier démocratique, cette singularité dans le monde arabo-musulman. La campagne en vue du scrutin présidentiel du 15 septembre, qui s’ouvre officiellement lundi 2 septembre, va permettre aux Tunisiens d’élire au suffrage direct leur chef d’Etat, pour la deuxième fois depuis la révolution de 2011. La tenue d’une telle consultation, qui confirme en elle-même l’inscription du pays dans une trajectoire démocratique, survient toutefois dans une atmosphère lourde et brouillée, où l’incertitude, voire l’inquiétude, tempère aux yeux de nombreux Tunisiens la fierté d’avoir ouvert une voie originale à l’échelle régionale. « Cette séquence électorale comporte un risque, celui de l’ingouvernabilité », résume Hatem M’rad, professeur de science politique à Tunis. La principale hypothèque concerne la stabilité d’un paysage politique en pleine reconfiguration. Le scrutin présidentiel du 15 septembre, qui sera suivi le 6 octobre d’élections législatives, va-t-il résorber ou au contraire aggraver la fragmentation de la scène partisane observée ces deux dernières années ? Parmi les vingt-six candidats à la présidence, la percée dans les sondages d’opinion de figures dites « populistes » ou « antisystèmes » sur fond de défiance à l’égard des deux partis établis – Nidaa Tounès (moderniste) et Ennahda (islamiste) – consacre la fin d’une période : celle où le clivage autour de l’islam politique structurait le champ politique tunisien. La donne préélectorale bouleversée La résurgence de la question sociale, notamment celle de la pauvreté, combinée au vent de fronde anti-élite, explique notamment l’essor de Nabil Karoui, flamboyant et controversé patron de la chaîne de télévision Nessma, qui a engrangé un capital de sympathie à travers ses activités caritatives auprès des villages pauvres de la Tunisie intérieure. L’arrestation le 23 août de M. Karoui, soupçonné de « blanchiment d’argent » et d’« évasion fiscale », a bouleversé la donne préélectorale. De sa prison de la Mornaguia, près de Tunis, le magnat de la télévision, souvent présenté comme le « Berlusconi tunisien », ne peut personnellement mener campagne, mais il reste toujours formellement en lice, selon l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). Son arrestation, dénoncée par ses partisans comme une « manœuvre politique » digne des « pratiques de l’ancien régime », a paradoxalement assis sa popularité, si l’on en croit les sondages, en confortant son statut de « victime de l’establishment ». L’irruption d’autres figures, tel l’universitaire Kaïs Saïed, tribun à la rhétorique ultraconservatrice, ou l’avocate Abir Moussi, qui cultive la nostalgie de l’ère Ben Ali – renversé en janvier 2011 par la révolution –, illustre également la quête d’alternatives aux formations qui ont dominé la scène depuis huit ans. « Quand on voit ces linéaments de régime autoritaire et cette fragmentation de la scène politique, on ne peut pas vraiment parler de consolidation de la démocratie en Tunisie », s’inquiète le politiste Hamadi Redissi.
La campagne en vue du scrutin présidentiel du 15 septembre démarre sur fond de désenchantement à l’égard de la classe politique qu’exploitent des candidats populistes.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/02/la-tunisie-face-au-risque-de-la-fragmentation-politique_5505281_3212.html
mlsum-fr-104
Pose d’affiches en faveur du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, en mars, à Soweto, près de Johannesburg. Siphiwe Sibeko / REUTERS Il est revenu, au mois de juillet, à l’ambassadeur de Chine en Afrique du Sud de dire crûment les choses. Lin Songtian, qui a été auparavant responsable des affaires africaines au ministère des affaires étrangères, à Pékin, donnant une inhabituelle interview à l’agence Reuters, avait déclaré : « [Le président sud-africain] Cyril Ramaphosa est la dernière chance de ce pays. » Ce faisant, il n’exprimait pas son enthousiasme pour l’actuel chef de l’Etat, mais signalait les craintes suscitées par la possibilité que ce dernier puisse ne pas accomplir son mandat jusqu’au bout, vaincu par une faction du pouvoir fidèle à l’ex-président Jacob Zuma. Ce risque est pris au sérieux par de multiples sources proches du pouvoir, dans les milieux d’affaires comme au sein de l’élite politique d’Afrique du Sud. Le constat est simple : au cœur de ce pouvoir, la bataille des factions fait rage, et elle est en train de fragiliser les institutions sud-africaines. A terme, elle menace aussi de préparer le terrain pour une mise en minorité du chef de l’Etat au sein des instances dirigeantes de son propre parti. Les fidèles de Jacob Zuma sont présents à tous les niveaux de l’Etat, unis par la peur de voir leurs détournements finir devant la justice Cyril Ramaphosa, qui a constitué une faction autour de lui, pouvait compter sur la moitié du « top 6 », le groupe des principaux dirigeants de l’ANC, et sur près de la moitié des 200 membres du Conseil national exécutif (NEC, le « comité central » du parti), ou encore du Comité national de travail (NWC), une structure réunissant les responsables deses différents organes. Mais dans chacune de ces instances, alors qu’il est arrivé au pouvoir en février 2018, il n’est pas parvenu à se tailler une majorité nette, et doit donc composer avec les fidèles de Jacob Zuma. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Afrique du Sud en proie à une vague de violences xénophobes A la tête de ces derniers, le secrétaire général de l’ANC, Ace Magashule, est la figure la plus visible, avec son adjointe, Jessie Duarte. Mais leurs alliés sont présents à tous les niveaux de l’Etat, unis, pour beaucoup, par la peur de voir leurs détournements de l’ère Zuma finir devant la justice. Le camp des pro-Ramaphosa, à l’inverse, semble vaciller. Certains de ses piliers, comme Paul Mashatile, le trésorier général, ou le vice-président, David Mabuza, semblent désormais attendre la suite. Dans le cas d’une destitution organisée au sein des instances de l’ANC, ce dernier serait appelé à remplacer le président. Réformes paralysées
Le président Cyril Ramaphosa est otage des luttes de clans au sein de l’ANC, le parti autrefois tout-puissant.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/14/en-afrique-du-sud-le-vide-s-installe-a-la-tete-de-l-etat_5510400_3212.html
mlsum-fr-105
crise. Tribune. Le directeur d’une grande maison d’édition britannique confiait récemment que, dans les sciences sociales, seuls les historiens atteignaient fréquemment les meilleures ventes car « tout le monde veut connaître le passé, c’est probablement une façon détournée de mieux comprendre le présent ». L’idée que le passé éclaire le présent est centrale aux sciences sociales, dont un axiome est que les comportements d’aujourd’hui s’expliquent par des structures inscrites dans la longue durée. Par exemple, dans un livre de 1993 resté fameux, Making Democracy Work, le politiste américain Robert Putnam et ses coauteurs, analysant les différences entre l’Italie du Sud et celle du Nord, y percevaient des causes remontant au Moyen Age : au XIe siècle déjà, le Nord avait une culture de l’engagement civique qui promouvait la confiance, alors que le Sud, clientéliste, décourageait la participation politique. « L’invocation du passé met en jeu une vision morale de l’avenir » Au-delà du point de vue propre aux sciences sociales, l’invocation du passé met en jeu une vision morale de l’avenir. « Jeune homme, étudiez l’histoire. C’est dans l’histoire que se trouvent tous les secrets de l’art de gouverner », aurait dit un jour Winston Churchill à l’adolescent James Humes, futur rédacteur des discours de plusieurs présidents des Etats-Unis. En d’autres termes, si les combinaisons de l’action et des motivations humaines sont en nombre fini, on devrait pouvoir, en étudiant le passé, reconnaître et déjouer les mauvaises. Tel est aussi le sens de l’aphorisme célèbre, tant de fois paraphrasé, de l’écrivain et philosophe américain George Santayana (1863-1952) : « Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le revivre ». Façonner une identité La psychanalyse a transposé sur le plan psychique individuel la même thèse, selon laquelle la compréhension du passé aide à mieux vivre le présent. En 1914, dans un essai dont le titre exprime bien cette vision – « Erinnern, Wiederholen und Durcharbeiten » (« se souvenir, répéter et travailler ») –, Freud établissait les fondements de sa discipline en notant que si le patient ne se souvenait pas de ce qu’il avait refoulé, ce passé devenait une série de symptômes. La névrose le condamnait à le répéter dans le présent. La méthode thérapeutique consistait donc à traquer le passé comme un détective, recueillir des indices et les interpréter pour identifier, nommer et rejouer les évènements traumatiques originels et leurs émotions.
Le passé éclaire-t-il le présent ? (3/6). Dans une tribune au « Monde », la sociologue Eva Illouz observe que si l’histoire est nécessaire pour comprendre le présent, elle n’est d’aucune utilité en temps de crise.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/17/vouloir-comprendre-le-present-a-l-aune-du-passe-c-est-eluder-la-responsabilite-qui-nous-incombe_5490463_4415198.html
mlsum-fr-106
AUREL En renonçant à supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat, comme l’a annoncé Gérald Darmanin en juillet, le gouvernement signe-t-il l’échec de la réforme de l’Etat ? « Ce sera sans doute autour de 15 000 suppressions sur le quinquennat, dont moins de 2 000 l’année prochaine, pour l’essentiel à Bercy », a précisé le ministre de l’action et des comptes publics dans une interview accordée à la presse régionale, le 24 juillet. L’objectif de réduire le nombre de postes dans la fonction publique territoriale est lui maintenu à 70 000. Or, le ministre de l’action et des comptes publics n’a cessé de le répéter : les suppressions d’emplois seraient le fruit de la transformation en profondeur du fonctionnement de l’Etat. « Nous n’allons avoir moins d’agents publics qu’après avoir fait des réformes. C’est la conséquence », avait-il expliqué en février. De là à penser qu’en renonçant à son objectif de suppressions de postes de fonctionnaire, le gouvernement manifeste qu’il ne croit plus à la réforme de l’Etat, il n’y a qu’un pas. Que Christine Lavarde, sénatrice Les Républicains (Hauts-de-Seine) et ancien membre du comité action publique (CAP 22) – installée au début du quinquennat, cette commission était chargée de proposer des pistes de réforme – franchit sans barguigner. « J’ai pris cet exemple de la baisse des fonctionnaires lors de ma dernière question au gouvernement, indique Mme Lavarde. La réponse n’a absolument pas été à la hauteur et n’a pas évoqué la baisse des fonctionnaires. C’est un aveu de l’échec des réformes structurelles. J’ai consulté toutes les fiches des 48 actions prioritaires du gouvernement. Il n’y a jamais d’impact en termes de dépenses publiques ou d’effectifs de fonctionnaires. A part dans le réseau de la DGFIP [direction générale des finances publiques], je ne vois rien qui évolue significativement. » « Aucun progrès » L’Union européenne semble partager le même scepticisme. Une recommandation du Conseil européen, datée du 5 juin, tance la France : « Il n’apparaît pas clairement comment, et dans quels délais, ce programme de réforme contribuera par des mesures concrètes (…) à l’objectif très spécifique de réduction du ratio des dépenses au PIB d’ici à 2022. » Dans un document de travail, en février, la Commission européenne se montrait encore plus sévère. Après un sec : « Aucun progrès », le professeur européen reprochait à l’élève français de n’avoir prévu dans son budget « aucune économie de dépenses significative ni aucun gain d’efficience notable découlant du programme Action Publique 2022 ».
Si la suppression de 50 000 postes de fonctionnaires n’est plus d’actualité, l’exécutif assure poursuivre la modernisation de l’Etat.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/05/reforme-de-l-etat-histoire-d-un-dossier-mine_5496697_823448.html
mlsum-fr-107
YASMINE GATEAU C’est à chaque fois le même sentiment brouillé. Ce plaisir inquiet. Cette joie soucieuse. Privilège que de partir pour la Libye post-Kadhafi plongée dans le tumulte, abcès géopolitique régional et peuple attachant. Et pourtant, au moment de boucler la valise, l’appréhension monte. On songe déjà aux multiples tracas sur place : la paperasse, le tampon, le contrôle des déplacements au nom de « la sécurité ». Le corset d’un système qui, malgré la révolution de 2011, a de beaux restes. Lire aussi Guerre en Libye : la chronologie des événements Etre correspondant à Tunis, c’est aussi couvrir la Libye voisine. Les deux pays, qui connurent une fusion éphémère en 1974, sont très liés. L’affinité est surtout forte avec la Tripolitaine (dans l’ouest), qui appartient au même espace humain et historique que la Tunisie. Avant la vague des « printemps arabes », la main-d’œuvre tunisienne était nombreuse à avoir migré en Libye, eldorado scintillant alors des mille feux de son pétrole. Mais durant l’insurrection libyenne de 2011, le flux s’est inversé : les Libyens fuyant les combats ont afflué en masse à Djerba, Sfax ou Tunis. Depuis, beaucoup sont retournés au pays mais le chaos libyen, qui s’éternise, impose des va-et-vient permanents. Tunis, antichambre diplomatique de Tripoli Dans la paisible atmosphère de Tunis, on prend – à distance – le pouls de Tripoli-la-fiévreuse. Le temps de quelques discrets conclaves, les chefs politiques ou militaires libyens embouteillent les lobbies d’hôtels de luxe de Gammarth, station balnéaire au nord de Tunis. La capitale tunisienne, théâtre de bien des médiations, est l’antichambre diplomatique de Tripoli. Toutes les factions rivales s’y croisent secrètement, s’évitent ostensiblement, et s’espionnent le plus souvent. Récemment, alors que je discutais dans un hôtel avec un « activiste de la société civile » venu de Benghazi, nous avons dû changer subitement de place à sa demande expresse. L’homme avait blêmi en voyant s’asseoir à nos côtés un autre visiteur libyen, issu d’une obédience adverse. Ces rencontres tunisoises sont précieuses entre deux séjours sur place qui, en ce qui me concerne, n’ont jamais excédé trois par an. L’obtention du visa relève de pratiques baroques et à l’issue souvent imprévisible, à l’image d’un pays sens dessus dessous. Dans cette Libye fracturée entre deux pouvoirs rivaux, il faut s’adresser à une autorité différente selon que l’on projette de se rendre en Cyrénaïque (Est) ou en Tripolitaine (Ouest).
Correspondants de presse (12/12). Pour le journaliste du « Monde » Frédéric Bobin, la capitale tunisienne est la porte d’entrée du conflit libyen. A son atmosphère paisible s’oppose un pays en guerre, où rien n’est jamais assuré…
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/10/de-tunis-on-prend-le-pouls-de-tripoli-la-fievreuse_5498417_4415198.html
mlsum-fr-108
Culture underground au Bensousan Han A l’intérieur du centre culturel alternatif Bensousan Han. Dimitris Doutsiopoulos Abandonné au mitan des années 1970, ce bâtiment de 1910 a été transformé il y a une dizaine d’années en centre culturel alternatif. Dans ce lieu superbement décati, on vient voir des expositions de photos, des installations d’art contemporain, des spectacles de danse, et écouter des concerts de piano. Un vestige à découvrir autant pour son atmosphère fantomatique que pour sa programmation. Du lundi au vendredi, de 11 h à 22 h ; les samedis et dimanches, de 11 h à 15 h. Edessis 6. Nuits blanches et bleues chez Bahar La façade du boutique hotel Bahar, dans la rue Edessis. Bahar Boutique Hotel C’est dans un immeuble bourgeois des années 1930 que ce boutique hotel a ouvert il y a un an. Dans les chambres, des pans de mur en brique dialoguent avec une décoration d’une sobriété contemporaine, portée par des teintes bleues et blanches typiques de la Grèce. L’hôtel se veut un symbole de cette ville multiculturelle : si Bahar signifie « épices » en grec, il veut aussi dire « renaissance » en turc… Chambre à partir de 90 € avec petit déjeuner. Edessis 10 & Katouni. baharboutiquehotel.com Cocktails en hauteur au Matute A la nuit tombée, sur la terrasse du Matute. Giannis Tserkezidis A l’intersection des rues Edessis, Agiou Mina et Katouni, ce rooftop est ouvert tout l’été. Pour y accéder, il faut emprunter un ascenseur au fond du couloir d’un immeuble d’habitation et monter jusqu’au troisième étage. On arrive alors sur une terrasse posée sur les toits où les barmen proposent une carte de cocktails à base de fruits frais. Vue unique sur la ville, le port et la mer Égée au loin. Cocktails entre 8 € et 10 €. Tous les jours de 20 h à 4 h. Agiou Mina 1. Paupiettes et saganaki chez Takadum C’est en partie grâce à lui que la rue Agiou Mina est aujourd’hui si festive. Le restaurant traditionnel Takadum étale sa terrasse colorée sur une agréable place au centre du quartier depuis vingt ans. Parmi ses spécialités locales, deux plats n’ont jamais quitté la carte : le saganaki aux fruits de mer – à base de sauce tomate, de vin blanc et de feta fondue – et les paupiettes de viande hachée. Authentique, sain et bon. A partir de 5 € à la carte. Tous les jours de 12 h à 2 h. Agiou Mina 1. Deux mille ans d’histoire au Musée juif A l’intérieur du Musée juif. Jewish Museum of Thessaloniki Jusqu’à la seconde guerre mondiale, une importante communauté juive peuplait Thessalonique. Ce musée tout juste rénové raconte ses deux mille ans d’histoire à travers des documents et des objets, parmi lesquels d’impressionnants cercueils antiques. Une partie de l’exposition est consacrée au génocide perpétré par les nazis, qui ont envahi le pays en 1941. Du lundi au vendredi, de 9 h à 14 h ; mercredi, de 9 h à 14 h et de 17 h à 20 h ; dimanche, de 10 h à 14 h. Agiou Mina 11. www.jmth.gr Cueillette familiale chez Votana Olympos L'herboristerie Votana Olympos, dans la rue Agiou Mina. Votana Olympos Herbes médicinales, thés, huiles essentielles et plantes aromatiques… Cette boutique discrète abrite une herboristerie familiale emblématique du quartier de gros, tel qu’il existait avant la gentrification. Sur les rayons, de l’origan, des savons végétaux mais surtout des bouquets de « thé des montagnes » ou Tsaï Vounou, une décoction de sideritis (la crapaudine), des plantes herbacées très populaires en Grèce. Du lundi au vendredi, de 7 h à 16 h ; samedi de 7 h à 15 h 30. Agiou Mina 18. Carnet de route Y aller : A partir de 190 € l’A/R Paris-Charles-de-Gaulle-Thessalonique avec Aegean Airlines. www.aegeanair.com Pus d’infos : Portail d’informations sur la Grèce : www.discovergreece.com Office de tourisme de Thessalonique : www.thessaloniki.travel/en
La cité grecque a été en grande partie ravagée par un incendie en 1917. Mais les rues Edessis et Agiou Mina, dans l’ancien quartier de négoce et d’huile d’olive, ont été épargnées. Restaurants et bars y côtoient des lieux culturels pétris de mémoire.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/06/thessalonique-la-belle-hellene_5472490_4500055.html
mlsum-fr-109
David Gallard Collection « Histoire & civilisations ». Musée d’histoire, le château des ducs de Bretagne présente des expositions de civilisation et teste, à Nantes, un mode de transmission actif et militant. Comme l’histoire, le musée est une matière vivante. Comme l’histoire, le musée se réécrit en permanence. A Nantes, la forêt d’Amazonie et la magie des chamanes font escale au château des ducs de Bretagne. Etrange mélange ? Pas vraiment. Consacré à son territoire, le musée embrasse l’histoire globale. Ses salles – présentant des collections permanentes comme des expositions temporaires – ont vocation à porter un regard sur l’autre : celui que l’on minore, que l’on oublie ou simplement ignore. Hier les Vikings, aujourd’hui les populations d’Amazonie, demain Gengis Khan… le musée oscille avec habileté entre histoire et civilisations. Sous la canopée, le cri d’un peuple Restituant l’atmosphère de la forêt, le chant des oiseaux et les incantations chamaniques, l’immersion que procure l’exposition « Amazonie » se nourrit de 350 œuvres, photographies et objets – couronnes et diadèmes de plumes chatoyantes, masques de rites de passage, figurines anthropomorphiques, parures magiques, lances enduites de curare, accessoires du quotidien… Mais ici l’exotisme n’a pas cours. Venue du Musée d’ethnographie de Genève (MEG), où elle a été conçue par son directeur, Boris Wastiau, avant d’être présentée à Montréal, l’exposition nantaise explore les traits, les usages, la spiritualité et les systèmes de pensée d’une culture immatérielle en danger. Au même titre que les conférences des ambassadeurs indiens qui arpentent le monde depuis 1920, cette « tournée internationale » met en lumière, dans un propos objectif, factuel et sensible, une quinzaine de peuples issus des 246 ethnies (soit 900 000 individus) en survie au Brésil. Rappelons que depuis le XVIe siècle, 80 % des populations indiennes ont été décimées. Telle est la veine qu’explore le Musée d’histoire de Nantes, nourrissant sa mission scientifique, muséale et culturelle d’une dimension citoyenne. Ainsi, au-delà des productions artistiques, rituelles et usuelles des Amazoniens, sont évoquées, dans le parcours de l’exposition, les spoliations et persécutions de tous ordres, soulignant le caractère génocidaire de la déforestation au terme de cinq siècles d’extermination. Et, dépassant la prise de conscience, le musée propose au public d’agir à sa mesure et concrètement en participant au don, destiné au peuple Ashaninka, d’une fontaine Safe Water Cube, capable de rendre tout type d’eau potable. Regarder l’histoire en face Cette démarche s’inscrit dans le droit-fil du projet scientifique du musée qui, s’appuyant sur l’histoire locale de la ville, ouvre sa réflexion – et celle du visiteur – sur l’autre, l’ailleurs, et les enjeux qui en découlent. Ainsi, au fil des 32 salles qui traversent le château et l’histoire nantaise, deux espaces, en constante évolution, s’arrêtent sans tabou, pathos ni posture sur la traite négrière et la seconde guerre mondiale. La période esclavagiste de la cité est traitée d’un point de vue factuel, mettant en regard les documents relatifs au commerce triangulaire, les développements économiques bénéficiant aux armateurs et négociants, ainsi que les moyens palpables d’entrave des esclaves. « Nous interdisant de juger l’histoire à rebours, nous rendons compte d’une complexité historique sans raccourcis ni partis pris. A l’instar de lectures contradictoires, nous proposons au visiteur de mener sa propre réflexion dans un rapport direct à l’œuvre, à l’objet, au document, afin qu’il reste un acteur conscient du quotidien », explique Krystel Gualdé, directrice scientifique du musée. De même, les salles dévolues à la seconde guerre mondiale écornent le mythe d’une ville qui se voyait avant tout résistante et martyre en soulignant – archives de délations à l’appui – l’élan collaborationniste qui l’anima aussi. « En suscitant la fugacité du doute, nous interrogeons les certitudes, nous ébranlons des pseudo-évidences qui masquent la réalité historique », poursuit-elle, rappelant notamment que, la veille de la rafle du Vél’d’Hiv, une rafle a eu lieu à Nantes. Avec la volonté de nourrir la curiosité publique dans l’échange, la rigueur et l’empathie, se déroule la biennale Expression(s) décoloniale(s), qui invite artistes et historiens d’Afrique à porter leur regard sur les collections du musée. Ainsi, par son histoire, l’identité multiple de la ville entre en résonance avec des enjeux qui dépassent son territoire. Par la mise en regard des complexités historiques, l’expérimentation du château des ducs – dont la fréquentation, en constante évolution, atteignait 430 000 visiteurs en 2018 – semble rejoindre un mouvement discret mais patent qui, comme aux Pays-Bas, en particulier au sein du département d’histoire du Rijksmuseum, invite à décrypter dans la peinture du XVIIe au XIXe siècle les stigmates de l’histoire globale. Actif, citoyen, inventif, le musée du XXIe siècle semble vouloir changer le cours des choses et, à cette fin, ne cesse de trouver à l’histoire de nouveaux attraits. Ainsi en ira-t-il, par exemple, des reconstitutions historiques, telle celle de la bataille de Waterloo à Hougoumont, en Belgique, ou au Clos-Lucé (Val-de-Loire) célébrant Léonard de Vinci incarnant l’histoire, une matière vivante à interroger et à transmettre. Retrouvez plus d’informations sur le site www.collection-histoireetcivilisations.fr
A Nantes, les chamanes d’Amazonie font escale au château des ducs de Bretagne. Le musée embrasse ainsi avec habileté l’histoire globale et ses complexités
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/21/quand-l-autre-et-l-ailleurs-font-l-histoire_5501193_3246.html
mlsum-fr-110
Le maire Roland Ries, qui fait partie des 75 signataires du manifeste, aux côtés d’Edouard Philippe à Strasbourg, le 11 avril. FREDERICK FLORIN / AFP Sa naissance était annoncée depuis plusieurs mois, sans jamais se produire. Elle est enfin actée officiellement : un pôle de gauche va voir le jour au sein de la majorité présidentielle. Soixante-quinze élus, anciens socialistes ou écologistes et sympathisants, ont publié le 20 octobre un « manifeste » dans Le Journal du dimanche pour annoncer la création d’un tel pôle, en faisant part de leur volonté de porter « une voix sociale et républicaine ». Ces responsables politiques, qui ont rallié Emmanuel Macron en 2017, entendent construire ce collectif indépendant de La République en marche (LRM) autour du ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et du secrétaire d’Etat à la fonction publique, Olivier Dussopt. Depuis plusieurs mois, ces deux membres du gouvernement s’activent en coulisses pour constituer une sensibilité de gauche à l’intérieur de la galaxie macroniste, qui serait le pendant à La République des maires de l’édile d’Angers, Christophe Béchu, orientée au centre droit. A l’instar de MM. Le Drian et Dussopt, la plupart des signataires sont issus du Parti socialiste, dont le maire de Strasbourg, Roland Ries, ou l’ancien secrétaire d’Etat François Loncle. Après avoir vécu « l’implosion » du PS et « la sanction électorale du grand écart de la gauche » lors du quinquennat de François Hollande, ils décident donc d’apporter leur soutien à Emmanuel Macron. « En tant que sociaux-démocrates longtemps marginalisés, nous nous sentons dépositaires d’une culture de gouvernement plus proche aujourd’hui du réformisme gouvernemental que de la dérive illibérale de la gauche protestataire », écrivent-ils, en disant vouloir « la réussite du quinquennat ». Aujourd’hui, « le cap est le bon et la France est gouvernée, jugent-ils, malgré de regrettables maladresses ». « Logique constructive et non contestataire » Leur soutien vaut autant pour les élections municipales de mars 2020 – souvent dans l’espoir de ne pas avoir de candidat LRM face à eux – que pour la présidentielle de 2022, dans l’optique d’un affrontement avec Marine Le Pen. Leur but étant d’« éviter que la France rejoigne les démocraties déstabilisées par les fausses solutions national-­populistes ». Sans surprise, l’annonce de la création de ce réseau d’élus de gauche a été applaudie par les responsables macronistes. « Cela renforce la majorité présidentielle, salue le délégué général de LRM, Stanislas Guerini. Le rassemblement des forces progressistes est essentiel pour la réussite du pays. » « Très heureux » de cette initiative, M. Dussopt y voit « la démonstration que la majorité a vocation à s’élargir et se rassembler autour du président de la République ». « Cette vague d’élus de gauche, qui aspirent à être dans une logique constructive et non contestataire, permet d’équilibrer avec la vague de soutiens issus de la droite républicaine après les élections européennes », souligne de son côté le numéro deux du parti présidentiel, Pierre Person. « Des préretraités en mal d’existence » La nouvelle a évidemment suscité moins d’enthousiasme au PS, où l’on fait tout pour minimiser la portée d’un tel appel, sur l’air du « même pas mal ». La direction du parti assure n’avoir « aucune surprise » dans la composition de la liste. « Ce sont des retraités ou des préretraités en mal d’existence qui pour la plupart étaient déjà partis chez Macron », assure ainsi Pierre Jouvet, porte-parole du PS. Cinglant, il dépeint les signataires comme « les idiots utiles de Macron qui s’agitent pour faire croire qu’il peut mener une politique de gauche ». La direction accuse notamment le maire socialiste d’Auxerre, Guy Férez, de s’être rallié à la Macronie pour bénéficier du soutien de LRM, après avoir échoué à obtenir l’investiture du PS. Le patron de la formation de gauche, Olivier Faure, n’y voit que des ralliements de circonstance. « C’est un effort un peu pathétique [des macronistes], selon lui. Juste une tentative de faire contre-feu à la séquence pitoyable qu’on vient de vivre sur l’immigration. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi De l’immigration au voile, comment le débat a échappé à Emmanuel Macron
75 personnalités, issues principalement du Parti socialiste, entendent porter « une voix sociale et républicaine », attentive à « la réduction des inégalités et à la laïcité ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/20/des-elus-et-anciens-elus-ps-souhaitent-creer-un-pole-de-gauche-dans-la-majorite-presidentielle_6016203_823448.html
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L’application Messages, deuxième à partir de la gauche, va utiliser le protocole RCS par défaut en France. NICOLAS SIX / LE MONDE La quasi-totalité des utilisateurs français de téléphones Android vont recevoir, dans les jours à venir, une notification leur demandant s’ils souhaitent changer la manière dont ils envoient et reçoivent des SMS. Le géant du numérique a en effet choisi de modifier la technologie utilisée dans l’application Messages, installée par défaut dans quasiment toutes les versions d’Android, qui gère les SMS, et qui utilisera désormais le standard RCS. Qu’est-ce que le RCS ? Le Rich Communication Services (RCS) est un protocole de communication qui permet d’échanger messages et fichiers entre utilisateurs. Conçu pour les téléphones mobiles, il n’utilise pas le même canal de transmission que les SMS, mais passe par Internet pour transmettre les données – il faut donc disposer d’un accès à la 3G, 4G ou au Wi-Fi pour envoyer ou recevoir les messages. Que cela va-t-il changer pour les utilisateurs ? Les principales fonctions du RCS vont permettre à l’application Messages de ressembler très fortement… à WhatsApp. Ce standard permet, pêle-mêle, les conversations de groupe, l’envoi de fichiers sans limite de taille, ou encore l’envoi de messages audio. Ces fonctions ne sont possibles qu’entre deux utilisateurs passant par le RCS : lorsque le correspondant utilise un téléphone non compatible (iPhone, smartphone Android non compatible, téléphone sans connexion Internet), la conversation passera automatiquement par le réseau SMS. Est-ce vraiment nouveau ? Pas du tout. Le RCS ne date pas d’hier, et certains opérateurs européens proposent déjà, comme SFR et Orange, des applications de tchat utilisant ce protocole. Mais ces applications étaient peu utilisées ; avec l’intégration du RCS dans Android, le recours au protocole va devenir beaucoup plus courant. Pour la première fois, une application de messagerie installée par défaut va l’utiliser. Est-ce sécurisé ? Comme les SMS, les messages RCS échangés via l’application Messages de Google ne seront pas chiffrés de bout en bout. Pour autant, Google promet que ni le contenu ni les métadonnées (heure d’envoi, numéro du correspondant, etc.) ne seront « utilisés pour personnaliser aucun produit Google. Nous nous contentons de délivrer le message et nous ne stockons aucune donnée », a expliqué Sanaz Ahari, directrice de produits chez Google, lors d’une conférence de presse téléphonique. Les messages envoyés par ce canal restent toutefois moins sécurisés que ceux échangés via WhatsApp, iMessage ou Signal par exemple, dont le chiffrement de bout en bout assure qu’ils ne peuvent pas être interceptés. Lire aussi WhatsApp généralise le chiffrement de son application Pourquoi Google fait-il cela ? Le créateur d’Android a expliqué avoir décidé de déployer le RCS sur l’ensemble des versions d’Android pour « améliorer l’expérience de ses utilisateurs » – et doter sa messagerie de base de fonctionnalités qui sont devenues omniprésentes, sur iMessage d’Apple comme sur WhatsApp ou Telegram. Mais l’entreprise espère aussi pouvoir proposer à terme des services de marketing, comme l’envoi de messages publicitaires, dans un format encore indéfini. Pour l’heure, Google a choisi de tester le déploiement à grande échelle du RCS dans deux pays uniquement, la France et le Royaume-Uni, avant d’étendre l’expérience au reste du monde si les tests sont concluants. Le déploiement en France devrait être complet d’ici à trois semaines. Lire aussi On a testé… les meilleurs smartphones à 500 euros
La France et le Royaume-Uni seront les pays-pilotes pour le RCS, un protocole permettant d’envoyer des fichiers sans limite de taille.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/19/google-va-deployer-un-nouveau-systeme-pour-l-envoi-de-sms-en-france_5478401_4408996.html
mlsum-fr-112
Arrêt imprévu, à l’anse de Buguélès dans les Côtes-d’Armor, en mai 2019. ALEXIS ARMANET Ça démarre comme un roman noir de Jean-Patrick Manchette, Le Petit Bleu de la côte Ouest (Gallimard, 1976), par exemple. Il est 2 h 30 ou peut-être 3 h 15. Ce matin, Louis ­Retiers, 50 ans, ne travaille pas. Alors, il conduit. Comme souvent, après un ou deux tours de périphérique parisien, à ­allure réglementaire, il va emprunter l’une des quatorze nationales qui s’offrent à lui. Cette fois, ce sera la N19 ou ce qu’il en reste. Sortie porte d’Ivry. Louis Retiers va rouler longtemps. Sûrement jusqu’à Fayl-Billot (Haute-Marne). Six cent vingt-six kilomètres aller-retour. « Je sais où je vais, mais je ne sais jamais quand je vais y arriver, dit-il. Le trajet m’intéresse plus que la destination. Je traverse des paysages. » Comme Louis Retiers, ils sont nombreux à circuler au gré des voies, livrés à eux-mêmes, guidés par des lignes blanches plus ou moins continues, à la poursuite d’un ­horizon sans borne, le jour, la nuit, avec le vent pour compagnon et la mélancolie pour carburant, emplis d’un puissant sentiment de liberté. Bien plus nombreux que vous le croyez. Le voyage est leur credo. La voiture, l’unique moyen de leur locomotion. « Mon plaisir, c’est de rouler dans Paris désert, un peu avant 6 heures, au volant d’une ancienne » Hermidas Atabeyki, PDG du bureau de design D3 « Il m’arrive de partir sans but, confie Régis Courtial, 62 ans, spécialiste de la communication sportive, enraciné en Normandie. Je veux savoir ce qu’il y a au bout de la route. » Comme un navigateur, il parle de « traversée ». En 2018, il a parcouru près de 45 000 km. Un peu plus que la circonférence de la Terre (40 075 km à l’équateur). Mais il n’a pas fait le tour de monde, simplement des détours en France. « J’aime me perdre, ­reconnaît-il. Ça me rend heureux. » Anne Blériot, 56 ans, publicitaire, installée dans le Pas-de-Calais, approuve : « En rentrant du travail, il m’arrive de prendre une départementale que je ne connais pas ou de m’arrêter en bord de mer, vers Le Crotoy (Somme). La voiture, c’est un sas. Quand j’en sors, je suis cool. » Pour Hermidas Atabeyki, 54 ans, PDG du bureau de design D3, qui a déjà signé 125 concept cars pour les plus grandes marques, et collectionneur d’automobiles, le bonheur ne dépend pas de la distance : « Mon plaisir, c’est de rouler dans Paris désert, un peu avant 6 heures, au volant d’une ancienne. J’admire la ville. Je m’arrête devant un café. Je m’assois en terrasse. Je regarde ma voiture. Je repars. Je recommence. Ça peut durer trois heures. Je n’ai pas d’itinéraire. » « Dès que je monte en voiture, j’ai envie de partir »,­ résume son ami Jean-Pierre Ploué, 57 ans, designer, responsable du style du groupe PSA, grand rouleur devant l’éternel, lui aussi amateur de voitures d’époque.
Le voyage est leur credo, la voiture leur unique moyen de locomotion. Rencontre avec ces hommes et ces femmes pour qui l’important n’est pas la destination, mais le parcours. Sans autre horizon que la ligne blanche.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/07/12/les-fous-du-volant_5488688_4497916.html
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Maisie Williams nommée, le 16 juillet, aux Emmy Awards dans la catégorie « Meilleur second rôle féminin dans une série dramatique » pour son rôle dans « Game of Thrones ». Helen Sloan / AP Les Emmy Awards (« Emmys »), qui ouvrent, le 22 septembre, la saison 2019-2020 des remises de prix aux Etats-Unis, ont annoncé mardi 16 juillet la pléthorique liste de leurs nominations pour l’année 2019. Les prix, qui récompensent différentes catégories télévisées mais dont la plus connue est celle des émissions de première partie de soirée (« Primetime Emmys »), concernent aussi bien les séries, les téléfilms que les documentaires, les émissions de divertissement, etc. Catégories artistiques et techniques confondues. Avec parfois des dénominations exotiques comme, par exemple, « Meilleure émission de télé-réalité non structurée » et « Meilleure émission de télé-réalité structurée » : à cette dernière appartient l’émission « Queer Eye » de Netflix, qui est « scriptée », tandis qu’à la première participe le concours de drag-queens animé par RuPaul Charles, « RuPaul’s Drag Race ». Cette émission remporte un succès grandissant à l’échelle internationale depuis qu’elle est disponible sur Netflix peu après sa diffusion sur la chaîne câblée nord-américaine VH1. Les quatorze nominations de « RuPaul’s Drag Race » concernent également les catégories « Meilleure série documentaire ou de réalité au format court » et « Meilleure émission de compétition ». Quatre des six actrices de « GoT » nommées Au chapitre très attendu des séries, Game of Thrones – dont la dernière saison s’est achevée le 19 mai, mettant un point final au cycle – domine la compétition avec trente-deux nominations. Ne serait-ce que dans la catégorie « Meilleur second rôle féminin dans une série dramatique », quatre des six actrices nommées sont au générique de la série : Gwendoline Christie, Lena Headey, Sophie Turner et Maisie Williams. The Marvelous Mrs. Maisel continue sa course aux prix avec pas moins de vingt nominations cette année (elle avait été récompensée par cinq statuettes aux « Emmys » 2018). Juste derrière, la minisérie de docu-fiction Chernobyl (HBO) rafle dix-neuf nominations dans le sillage de son extraordinaire succès international. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Chernobyl », la série télé qui vient talonner « Game of Thrones » Phoebe Waller-Bridge reçoit cinq nominations pour Fleabag (qu’elle a écrite et interprétée) et Killing Eve (dont elle est la créatrice). La Britannique est en lice dans la catégorie « Meilleure actrice dans une série comique » pour Fleabag, tandis que Sandra Oh et Jodie Comer, les deux premiers rôles de Killing Eve, sont en compétition pour l’Emmy de la « Meilleure actrice dans une série dramatique ». Une compétition dominée par HBO et Netflix Dans la catégorie « Meilleure actrice dans une série comique » est nommée, aux côtés de Christina Applegate (Dead to Me), Natasha Lyonne (Russian Doll), Phoebe Waller-Bridge (Fleabag), Catherine O’Hara (Schitt’s Creek), Rachel Brosnahan (The Marvelous Mrs. Maisel), Julia Louis-Dreyfus (Veep), revenue après un congé de plus d’un an pendant lequel elle a soigné un cancer. Elle pourrait bien emporter la mise une nouvelle fois par un vote qui saluerait probablement davantage son retour que la qualité de la septième saison de Veep. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Fleabag » : un théâtre du désir sexuel finement excentrique Quant à la série de Ryan Murphy et Steven Canals, Pose, qui retrace la scène des bals de « voguing » new-yorkais des années 1980-1990, elle se retrouve nommée dans six catégories, dont « Meilleure série dramatique », face à l’inévitable Game of Thrones. Billy Porter, formidable en « Monsieur Loyal » des soirées fréquentées par la communauté LGBTQ de couleur, mériterait grandement la récompense de « Meilleur acteur dans une série dramatique » face à Bob Odenkirk (Better Call Saul), Kit Harington (Game of Thrones), Jason Bateman (Ozark), Sterling K. Brown et Milo Ventimiglia, (tous deux dans This Is Us). Les deux géants HBO et Netflix dominent à nouveau la compétition : la chaîne câblée l’emporte avec 137 nominations, face à la plate-forme de visionnage à la demande qui en totalise 117, inversant la donne de 2018 : Netflix avait battu HBO avec 112 contre 108 nominations. La liste complète des nominations est disponible sur le site Internet des Emmy Awards.
Avec trente-deux nominations, « GoT » permet à HBO de reprendre l’avantage sur sa concurrente Netflix, perdu en 2018.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/17/game-of-thrones-fait-le-plein-de-nominations-aux-emmy-awards_5490476_3246.html
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Laurent Wauquiez, le 3 décembre 2018. Stephane Mahe / REUTERS En annonçant sa démission de la présidence des Républicains, dimanche 2 juin, une semaine après le scrutin des européennes, Laurent Wauquiez a pris de court sa famille politique. Mais ce chapitre clôt une présidence d’une année et demie, marquée par de nombreuses passes d’armes avec ses pairs et de fortes fractures dans la ligne du parti. 10 décembre 2017 : une élection confortable pour « tout reconstruire » Au terme d’une année de grand ménage politique après l’échec de son candidat à l’élection présidentielle, François Fillon, le parti Les Républicains (LR) doit choisir son nouveau président. Un affrontement entre trois héritiers revendiqués : la filloniste Florence Portelli, le sarkozyste Laurent Wauquiez et le juppéiste Maël de Calan. Fort de la participation de 99 597 adhérents à ce scrutin interne, un chiffre plus important qu’attendu, Laurent Wauquiez est élu le 10 décembre 2017 à 74,64 % des voix, dès le premier tour. Dans son discours, l’ancien ministre a d’emblée annoncé qu’« une nouvelle ère s’ouvre pour la droite ». « Nous allons tout reconstruire, tout renouveler, avec de nouveaux visages, a-t-il promis. Le vieux paysage politique s’est effondré. Tant mieux, car on va tout réinventer ! » 11 décembre 2017 : départ de Xavier Bertrand La lune de miel est de courte durée pour le nouveau président des Républicains. Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, annonce le 11 décembre qu’il quitte le parti de droite. « Je ne reconnais plus ma famille politique, donc j’ai décidé de la quitter », explique celui qui n’a jamais caché son animosité envers la ligne droitière de Laurent Wauquiez. « Il le dit lui-même et même Marion Maréchal-Le Pen se dit prête à travailler avec lui ! Mais il n’y a pas que ça : il est le candidat de Sens commun. J’ai du respect pour chacun, mais la laïcité dans les partis politiques aussi, ça ferait du bien », poursuit Xavier Bertrand. Laurent Wauquiez encaisse le coup. Il n’est « pas acceptable de claquer la porte de sa famille politique dans ces conditions », déplore cependant le nouvel homme fort de la droite. « C’est son choix. Je le respecte, mais je ne vais pas regarder dans le rétroviseur. » Une mise en garde qui vaut pour ceux qui entendraient remettre en cause sa ligne politique. 25 janvier 2018 : le « monopole de l’immigration » disputé à l’extrême droite C’est sa première grande émission de télévision depuis son accession à la tête des Républicains. Invité de L’Emission politique, Laurent Wauquiez est notamment interrogé sur les similitudes entre son discours sur l’immigration et celui du Front national : « Vous vous attendez à ce que, pour vous plaire, je fasse une droite qui ne parle pas d’immigration ? Que je laisse le monopole du discours sur l’immigration au Front national ? C’est hors de question. Je ne veux pas laisser le monopole du social à la gauche, je ne veux pas laisser le monopole du discours sur l’immigration à l’extrême droite. » Une sortie vivement critiquée, deux jours plus tard, lors du conseil national du parti de droite. La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, marque sa division stratégique, évoquant « deux droites » qui cohabitent. Une assertion contredite immédiatement par Laurent Wauquiez, qui réplique : « Il y a une droite. Elle peut être diverse, mais il y a une droite, une seule droite ». 16 février 2018 : enregistrement dans une école de commerce lyonnaise C’est la première atteinte sérieuse à l’image du président des Républicains. La diffusion, vendredi 16 février par l’émission Quotidien, d’un enregistrement d’un cours donné par Laurent Wauquiez devant des étudiants d’une école de commerce lyonnaise ne passe pas. Dans cet enregistrement, M. Wauquiez affirme notamment que, durant son mandat, Nicolas Sarkozy faisait placer ses ministres sur écoute ou encore qu’il était « sûr et certain » qu’Emmanuel Macron et ses équipes avaient participé à une « entreprise de démolition » durant la campagne contre François Fillon. Surtout, M. Wauquiez évoque le « bullshit » qu’il peut « sortir sur un plateau médiatique ». Laurent Wauquiez annonce vouloir porter plainte contre Quotidien après la diffusion de ces enregistrements. « J’ai des défauts, je suis sans doute un peu trop direct, pas assez dissimulateur », affirme M. Wauquiez, avant d’insister : « J’assume les propos qui ont été les miens ». 18 avril 2018 : un « référendum sur l’immigration » Restriction du droit du sol, expulsion de 300 000 clandestins, préservation de l’« identité » et de la « nature » française… Le président du parti Les Républicains veut montrer par ses propositions qu’il n’est pas homme à se laisser entraver par « la dictature des censeurs ». Ni à renoncer à son entreprise de reconquête des électeurs partis vers le Front national. C’est ainsi qu’il propose pour la première fois un « référendum sur l’immigration ». « Ce n’est pas aux passeurs, ce n’est pas aux juges de décider qui entre en France. C’est aux Français de le faire, c’est leur pays », justifie-t-il. Mais en essayant de se faire entendre, l’ancien maire du Puy-en-Velay renforce son image clivante. 17 juin 2018 : le limogeage de Virginie Calmels Après deux semaines de crise ouverte au sommet du parti, la vice-présidente des Républicains, Virginie Calmels, est limogée de ses fonctions dirigeantes. Quelques jours plus tôt, la juppéiste avait accordé un entretien au Parisien dans lequel elle tançait l’autoritarisme de Laurent Wauquiez, et la droitisation de son parti. « Depuis son élection, il démontre au fur et à mesure des jours qui passent qu’il semble être uniquement là pour défendre sa propre ligne. Il estime qu’il ne doit son élection qu’à sa seule présence. Je ne partage pas cette vision », y expliquait Virginie Calmels. Elle est remplacée par Jean Leonetti, maire d’Antibes et président du conseil national. 19 novembre : le périlleux soutien aux « gilets jaunes » Invité du journal de 20 heures de TF1, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’est posé comme un soutien sans faille du mouvement social naissant. « Le président [de la République] ne peut pas tourner le dos à cette France. Il faut annuler les hausses de taxe, c’est la seule solution qui permette de sortir de la nasse, juge M. Wauquiez. On ne leur demande pas de baisser les impôts, on leur demande juste de ne pas en prendre plus. Toutes ces taxes, trop c’est trop. Aujourd’hui, les Français ne s’en sortent plus. » Sauf que quelques jours plus tard, les « gilets jaunes » enflamment la préfecture de Haute-Loire au Puy-en-Velay. Laurent Wauquiez prend ses distances avec le mouvement, au point d’en oublier qu’il a été jusqu’à porter le gilet jaune, le 24 novembre. Soutenir sans aller trop loin : c’est le difficile équilibre que tente durant des semaines de trouver Laurent Wauquiez face au mouvement social. 11 janvier 2019 : le mea culpa Le président de la région Auvergne-Rhônes-Alpes donne une interview aux Echos centrée sur les questions économiques et sociales. Une façon de répondre à ceux qui l’accusent d’avoir déserté le sujet au profit des thématiques régaliennes, considérées plus droitières. Et de viser un public sensible à ces problématiques remises au cœur de l’actualité par les « gilets jaunes ». Mais il profite aussi de cet entretien pour esquisser un mea culpa. « J’ai parfois, par mes propos, prêté le flanc à des caricatures médiatiques et ça fait partie des choses qui doivent être corrigées », affirme-t-il. 29 janvier 2019 : Bellamy pour les européennes Laurent Wauquiez choisit François-Xavier Bellamy comme tête de liste pour les européennes, lors de la réunion de la commission nationale d’investiture. Elu à Versailles, ce professeur de philosophie âgé de 33 ans n’a jamais caché ses convictions personnelles sur les questions de société. Proche de La Manif pour tous, il a récemment réaffirmé sa position sur l’avortement qu’il considère comme un « drame ». « Cette question de l’IVG est une conviction personnelle que j’assume. Mais je comprends qu’elle ne soit pas partagée, et vous ne trouverez de ma part aucune parole offensante ni aucun jugement », a-t-il déclaré au Journal du dimanche. Un candidat choisi donc pour séduire la droite conservatrice. 31 janvier 2019 : Eric Zemmour, invité vedette Pour la première fois, le parti de droite accueille l’essayiste polémique à son siège du 15e arrondissement de Paris, lors du « Rendez-vous des idées ». « Eric est ici chez lui », lance dès le début M. Wauquiez, laissant penser à une communauté de vue surprenante avec l’un des penseurs star de la « droite hors les murs », avocat de thèses identitaires que d’aucuns n’hésitent pas à classer dans la partie la plus dure du spectre politique. Certes, M. Wauquiez rappelle que les deux hommes ont des « différences » et « ne sont pas d’accord sur tout », mais il loue la vision historique de M. Zemmour et sa capacité à rappeler que la France « n’a jamais été aussi grande que quand elle assumait les valeurs qui étaient les siennes ». 9 mars 2019 : une tribune pour « un autre chemin pour l’Europe » En réponse à la lettre et aux propositions du président Emmanuel Macron, le chef des Républicains considère, dans une tribune au Monde, que l’Union européenne a échoué. Aux nations de lui faire changer de cap, affirme-t-il, se rapprochant des slogans portés par Marine Le Pen. 26 mai 2019 : un « échec » électoral Jusqu’au bout, les militants ont cru pouvoir faire mentir les sondages qui les plaçaient à environ 13 %. Prouver que la famille LR pouvait incarner une alternative, être un parti capable, une fois reconstruit, de gouverner de nouveau. Mais il n’en fut rien. Au soir du scrutin des européennes, la formation n’arrive qu’en quatrième position, avec à peine plus de 8 % des voix. Après cette défaite historique, plusieurs personnalités de droite appellent au départ de Laurent Wauquiez. Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, affirme ainsi qu’« à la place » du chef de file de LR, elle aurait démissionné, tandis que Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, a confirmé avoir demandé au numéro un de LR de démissionner. « A échec exceptionnel, mesure exceptionnelle, sinon nous disparaîtrons », explique-t-il. 2 juin 2019 : la démission surprise « Cette élection est un échec ». C’est par ces mots, prononcés dimanche 2 juin sur le plateau de TF1, que Laurent Wauquiez a annoncé sa démission de la présidence des Républicains, une semaine après la déroute de son parti aux élections européennes. Interrogé sur son avenir politique, Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a affirmé qu’il allait poursuivre son mandat local : « Je me suis toujours construit par le terrain. Qu’est-ce que je vais faire ? Je vais m’y consacrer, à me battre pour ces habitants qui m’ont fait confiance. »
La démission du président du parti de droite LR clôt un chapitre d’un an et demi marqué par de nombreuses passes d’armes avec les poids lourds du parti.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/02/monopole-de-l-immigration-enregistrements-pirates-et-gilet-jaune-la-presidence-de-laurent-wauquiez-en-treize-dates_5470541_823448.html
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Les deux sucriers payent la chute brutale des cours du sucre. PHILIPPE HUGUEN / AFP La potion est amère pour les coopératives sucrières françaises. La chute brutale des cours du sucre et la disparition du filet de sécurité européen, après la fin des quotas, ont plongé Tereos et Cristal Union dans la crise. Tereos, connu pour ses marques La Perruche et Beghin Say, a annoncé, mercredi 12 juin, une perte de 242 millions d’euros pour l’exercice fiscal clos le 31 mars. Son chiffre d’affaires est, lui, en repli de 7 % à 4,43 milliards d’euros. Une semaine plus tôt, son rival Cristal Union dévoilait également un résultat négatif à hauteur de 99 millions d’euros pour un chiffre d’affaires 2018 en chute de 16 % à 1,7 milliard d’euros. Une première dans l’histoire de cette entreprise propriétaire de la marque Daddy. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La fin de l’âge d’or pour les betteraviers français C’est une véritable douche froide pour les agriculteurs, membres de ces coopératives. Chacun fait ses calculs pour savoir combien il sera payé pour les betteraves livrées à l’automne 2018. En 2017, lors de la première campagne après la fin des quotas, Tereos et Cristal Union s’étaient engagés sur des prix pour inciter les planteurs à accroître les surfaces. Cristal Union a donc versé 27 euros par tonne de betteraves, et Tereos 28,7 euros. De quoi satisfaire les 9 800 coopérateurs de l’un et les 12 000 de l’autre. Mais, au vu de la chute des cours mondiaux de près de 30 %, sous le poids des excédents, Cristal Union a décidé, il y a un an, de surseoir à son engagement de prix pour 2018 de 27 euros. Finalement, la coopérative a fixé le tarif à 22,9 euros. De son côté, Tereos n’a pas remis en question son prix minimal de 25 euros la tonne. Toutefois, dans les faits, il aura versé l’équivalent de 21,30 euros la tonne au 30 juin 2019, en incluant un dividende de 1,2 euro. Pour le solde, rien n’est encore tranché. « Le Conseil de surveillance décidera des modalités et du timing du paiement de la garantie de rémunération à 25 euros d’ici à fin septembre », affirme Alexis Duval, président du directoire de Tereos. En prise directe avec les fluctuations du marché européen Quant aux betteraves qui sont en train de pousser dans les champs et seront récoltées à l’automne 2019, elles ne bénéficient plus d’un prix garanti. L’agriculteur se retrouve en prise directe avec les fluctuations du marché européen, et donc mondial. Actuellement, le prix de la tonne de sucre se rapproche de la barre des 400 euros. L’ampleur de la crise rend les équations financières délicates. M. Duval le reconnaît, la dette nette de Tereos a encore augmenté pour atteindre 2,5 milliards d’euros. Le résultat d’exploitation (Ebitda) ayant été réduit de moitié, à 275 millions d’euros, le ratio dette sur Ebitda, scruté par les investisseurs, a bondi à 9,1 en 2018, contre 4 un an auparavant. Ce qui réduit d’autant la marge de manœuvre de la coopérative.
Les deux coopératives sucrières affichent des pertes importantes pour l’exercice clos fin mars. Les cours chutent sous le poids des excédents.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/12/tereos-et-cristal-union-affectes-par-la-crise-du-sucre_5475132_3234.html
mlsum-fr-116
Lors d’un rassemblement contre la haine, à El Paso, le 4 août. JOSE LUIS GONZALEZ / REUTERS On a eu droit à des violons tristes ; à un chant joyeux en espagnol ; à la chorale presbytérienne a cappella, à des danses costumées mexicaines ; et avant les prières, au défilé des prélats de toutes les religions du Livre, une bougie à la main. Ce fut une fête émouvante, mais joyeuse. C’est ainsi que la communauté d’El Paso (Texas), ville frontière de 680 000 habitants le long du Rio Grande, jumelle de la mexicaine Ciudad Juarez, a répondu dans la soirée du dimanche 4 août, dans un parc de la ville, à la tuerie vraisemblablement orchestrée par un suprémaciste blanc venu d’Allen, dans la banlieue de Dallas. Une tuerie qui a fait 20 morts et 26 blessés, la veille, dans le supermarché Walmart où la population, majoritairement hispanique, se pressait pour bénéficier des promotions à l’approche de la rentrée scolaire. Les centaines d’habitants ont été « forts », comme le proclame le slogan de la ville. « Cela rapproche la communauté, se console Michael Adjemian, président de l’association de voisinage du lieu de la tuerie. Il fallait que ce soit quelqu’un de l’extérieur qui essaye de nous diviser et de changer notre mode de vie. Il a échoué. » C’est effectivement le sentiment qu’on a en interrogeant le responsable des musulmans d’origine turque Bilal Acikgoz – « El Paso est unique, nous allons la conserver comme un symbole de paix » – ou l’hispanique Desiree Rey, 25 ans : « Cela fait du bien de voir tout le monde comme cela. Il y a de l’amour ici. El Paso est un bel endroit, nous ne sommes pas racistes. » De l’unité sans nationalisme, puisqu’on n’a aperçu qu’un seul drapeau américain. A El Paso (Texas), le 4 août. JOSE LUIS GONZALEZ / REUTERS Les Texans d’El Paso n’en sont pas moins déterminés. Le matin, la justice de l’Etat annonçait qu’elle requérait la peine de mort contre le suspect, Patrick Crusius, âgé de 21 ans – le Texas est en la matière l’Etat le plus expéditif du pays – tandis que le représentant de la police fédérale, le FBI, annonçait qu’il considérait le crime comme relevant du terrorisme intérieur. Mais la communauté semble essayer d’éviter de se déchirer, comme le reste de l’Amérique qui attribue la tuerie à la poussée de l’extrême droite, le laxisme permanent sur les armes et le terreau raciste et incendiaire entretenu par le locataire de la Maison Blanche, Donald Trump. Un président qui a assuré, dimanche, en fin de journée, devant une poignée de journalistes que « la haine » n’avait pas sa place aux Etats-Unis. « Invasion hispanique du Texas »
Un homme de 21 ans a tué vingt personnes dans un centre commercial, un massacre que le FBI considère comme relevant du terrorisme intérieur.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/05/apres-la-fusillade-el-paso-est-unique-nous-allons-la-conserver-comme-un-symbole-de-paix_5496622_3210.html
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Ce rocher pyramidal de 25 mètres de large, situé à 300 kilomètres à l’ouest des côtes écossaises, appartient officieusement au Royaume-Uni. Paulo de Oliveira/Biosphoto Coordonnées GPS : 57° 35’ 48” N 13° 41’ 19” O Des richesses sous-marines Situé à 300 kilomètres à l’ouest des côtes écossaises, ce rocher pyramidal de 25 mètres de large appartient officieusement au Royaume-Uni. Ballotté par les vagues, Rockall n’a qu’un intérêt économique : les eaux qui entourent ce gros caillou sont riches en cabillauds, en haddocks et en calamars, sans oublier le pétrole dans les fonds marins. L’Écosse défend donc vigoureusement ses droits de pêche et sa zone économique exclusive (ZEE) autour du rocher britannique. Fiona Hyslop, la ministre des affaires étrangères, a même indiqué cet été que son pays serait prêt à envoyer des navires pour protéger ses eaux. Un conflit larvé Quelques bateaux de pêche irlandais trop aventuriers ont suffi pour relancer le conflit autour de Rockall qui agite depuis près de cinquante ans les deux pays voisins. Car si le Royaume-Uni défend sa souveraineté sur le rocher, l’Irlande, qui ne l’a jamais reconnue, considère que les eaux alentour appartiennent à tous les membres de l’Union européenne. « Les tensions sont redescendues », a indiqué mi-septembre Leo Varadkar, le premier ministre irlandais. Mais en cas de « no deal » sur le Brexit, la question de la pêche dans les eaux de Rockall reviendrait au premier plan. Sans compter que l’Islande et le Danemark (dont les îles Féroé sont tout près) se tiennent en embuscade. Un caillou inhospitalier La zone économique exclusive autour de Rockall a été remise en question une première fois en 1982 par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, ratifiée par le Royaume-Uni. Un rocher inhabitable ne peut pas prétendre à une ZEE, explique le texte. Tom McClean, un ancien de l’armée britannique et expert en survivalisme, a bien tenté de prouver que Rockall était vivable en s’y installant pendant quarante jours en 1985. Il avait prévu d’y passer six mois. Depuis, les Britanniques utilisent l’île la plus proche (à 300 kilomètres de là) pour revendiquer malgré tout leur souveraineté sur le rocher. Un enjeu écologique En 1997, trois militants de Greenpeace ont réussi à battre le record du vétéran. Ils ont occupé le rocher pendant quarante-deux jours, grâce à une capsule à énergie solaire. Le but de ce siège : protester contre l’exploitation pétrolière. Les manifestants ont même renommé le rocher Waveland et en ont fait une micronation. La citoyenneté était ouverte à toutes les personnes qui défendaient la nature pacifiquement. L’ONG avait reçu 15 000 candidatures.
Perdu au milieu de l’Atlantique Nord, le rocher Rockall est la source d’accrocs réguliers entre Écossais et Irlandais. Des tensions que le Brexit pourrait raviver.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/18/un-lieu-dans-l-actu-le-rocher-rockall_6016048_4500055.html
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La plupart des professionnels se montrent prudents sur l’évolution des marchés actions pour les mois à venir sur toutes les zones géographiques. BRYAN R. SMITH / AFP L’été a été agité sur les places financières, avec un retour de la volatilité sur les principaux indices boursiers mondiaux, y compris en France. Le CAC 40, l’indice phare de la Bourse de Paris, affiche une progression de 18,9 % depuis le début de l’année, mais de seulement 1,70 % depuis trois mois. Il faut dire que les incertitudes sont nombreuses en cette rentrée, ce qui rend les investisseurs nerveux. La défiance reste de mise chez les professionnels car « les investisseurs ont pris davantage conscience que la confiance des agents économiques diminuait réellement et que cela commençait à affecter l’économie réelle, avec une baisse de la croissance en zone euro, en particulier en Allemagne et en Chine », comme le précise une récente note de recherche publiée par Federal Finance Gestion, filiale du Crédit mutuel Arkéa. Pour ne rien arranger, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine renforce ce climat général d’incertitudes quant à la croissance économique mondiale. Prudence sur les actions Dans ce contexte globalement plus risqué qu’accoutumé et peu lisible, la plupart des professionnels interrogés se montrent prudents sur l’évolution des marchés actions pour les mois à venir sur toutes les zones géographiques. C’est notamment le cas de Jean-Marie Mercadal, directeur général délégué en charge des gestions chez OFI Asset Management, qui recommande de se concentrer sur la sélection de titres individuels. En clair, dans un environnement aussi incertain, la stratégie à suivre serait donc de faire du « stock-picking » c’est-à-dire de prendre en compte la qualité intrinsèque des entreprises au-delà de toute approche sectorielle ou géographique. « Aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, cette année 2019 devrait se solder par une quasi-stabilité ou une légère progression des bénéfices des entreprises par rapport à 2018. Dans ces conditions, il est difficile d’anticiper une reprise boursière significative. Sur le long terme, la croissance des bénéfices est l’un des principaux moteurs de la hausse des cours des entreprises cotées », ajoute-t-il. Néanmoins, certains secteurs sont à éviter. Par exemple, Alexandre Hezez, directeur des investissements chez Richelieu Gestion, conseille de faire preuve de prudence sur les banques européennes, dont la rentabilité est fragilisée par « les niveaux de taux d’intérêt négatifs observés en zone euro, notamment en France et en Allemagne ». Signe de défiance, les établissements bancaires cotés en Europe affichent des valorisations correspondant en moyenne à la moitié de leurs fonds propres.
La prudence reste de mise sur les marchés actions. Petit tour d’horizon des ajustements à opérer sur ses investissements pour traverser des semaines qui s’annoncent agitées.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/09/30/bourse-quelles-strategies-suivre-pour-bien-terminer-l-annee_6013558_1657007.html
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Les enjeux de l’après-bac sont-ils en train d’éclipser le bac ? La question peut sembler abrupte, à deux jours de l’ouverture de la session 2019 de l’examen de fin de lycée. Elle s’impose pourtant, à écouter ceux qui sont pris entre ces deux étapes. Mercedes, 19 ans, en terminale littéraire, en convient. Le « vrai coup de stress », elle l’a ressenti il y a tout juste un mois, à l’annonce des premiers résultats sur Parcoursup, la plate-forme d’admission dans l’enseignement supérieur. Son acceptation en droit, à l’université parisienne d’Assas, a « soulagé » la lycéenne de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). « Depuis, le bac n’est pas une obsession. » Yann, lycéen marseillais, confie lui aussi avoir « moins d’intérêt pour le bac », mais pour une tout autre raison. Ce que le jeune homme en terminale technologique veut « à tout prix », c’est un DUT. Depuis le 15 mai, il a progressé dans la liste d’attente de la 60e place à la 29e. Mais ces derniers jours, sa position stagne et son inquiétude se concentre là-dessus. « Evidemment, je ne suis pas très motivé pour le bac », s’énerve ce jeune homme de 17 ans. Pour libérer l’esprit des candidats, il a été décidé de mettre à l’arrêt la machine Parcoursup durant une semaine, jusqu’à la fin des épreuves écrites. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Victimes de leur succès sur Parcoursup, les écoles d’infirmiers doivent gérer de longues listes d’attente Le verdict des formations « Parcoursup, pour moi, c’est vraiment le plus important, témoigne aussi Sandy, lycéenne en Seine-Saint-Denis, qui a obtenu sa place en licence d’administration économique et sociale. Cela détermine ce que tu vas faire de ta vie. » Chez Mercedes comme chez Yann ou Sandy, le même constat : le mois qui vient de passer représente le moment d’évaluation le plus éprouvant de leur scolarité. Quatre semaines durant lesquelles ils se sont interrogés face au verdict des formations : « admis », « en liste d’attente », « refusé ». « Suis-je assez autonome pour réussir à l’université ? Est-ce que je ne préférerais pas le cadre d’une prépa ? », se demande Mercedes, qui maintient, en plus de la fac, ses vœux en attente en classes préparatoires. « Pourquoi, avec 13/20 de moyenne générale, n’ai-je pas obtenu la formation de mes rêves quand un camarade avec des moins bonnes notes l’a décrochée ? », s’interroge Yann. « Pourquoi ne suis-je pris nulle part ? » : cette question résonne chez certains lycéens. Ils étaient, à la veille du bac, environ 15 % des 640 000 lycéens inscrits sur la plate-forme à n’avoir reçu aucune réponse favorable. Soit près de 100 000 jeunes, refusés partout ou sur liste d’attente. Ce chiffre ne prend en compte que les élèves de terminale, pas les étudiants en réorientation ou les candidats en reprise d’études.
La session 2019 de l’examen de fin de lycée commence lundi. Mais la vraie étape de l’évaluation, pour les élèves de terminale, est désormais le sort fait à leurs vœux pour la suite de leurs études.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/15/le-vrai-coup-de-stress-c-est-parcoursup-plus-le-bac_5476663_3224.html
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Le palais des festivals, à Cannes, où s’est tenue, du 14 au 17 octobre, la 34e édition du Mipcom, le marché international des contenus audiovisuels. VALERY HACHE / AFP Pour sa 34e édition, le Mipcom, marché international des contenus audiovisuels (qui ferme ses portes jeudi 17 à Cannes), avait pour thème principal « l’offensive du streaming », et prenait ainsi acte des bouleversements entraînés par la consommation de contenus à la demande. A côté des leaders mondiaux de la vidéo à la demande par abonnement (SVOD) – Netflix, Hulu, Amazon Prime –, Tubi, Roku, Rakuten ou encore Pluto TV proposent de l’AVOD (« Advertising Supported Video on Demand ») aux Etats-Unis et/ou en Europe. Le principe est simple et bien connu : contre le visionnage de publicités, le spectateur accède gratuitement à des films, séries et d’autres types d’émissions. Sur ce modèle, qui ressemble à s’y méprendre à ce que proposent les chaînes privées de télévision, l’américain Tubi revendique 20 millions d’utilisateurs actifs par mois, et prévoit de se positionner début 2020 au Royaume-Uni. Rakuten TV, présent dans 42 pays, va lancer « d’ici à la fin de l’année » une dizaine de chaînes AVOD. Quant à la société américaine Pluto TV, qui diffuse aux Etats-Unis et en Europe, elle a été rachetée 340 millions de dollars en janvier par le géant des médias américains Viacom. « Quand on a débuté, en 2014, on nous a pris pour des fous, se souvient Olivier Jollet, directeur Europe de Pluto TV. Nous proposions un produit gratuit et “linéaire” en plein essor de la vidéo à la demande sur abonnement. » Présente aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse et en Autriche, la plate-forme affirme compter aujourd’hui 18 millions d’utilisateurs actifs par mois et compte sur les porte-monnaie limités des consommateurs pour se faire une place. « Des études montrent déjà que les consommateurs se limiteront à deux ou trois services payants, soutient le responsable. L’AVOD peut être un produit complémentaire à la SVOD. » Un « lien affectif » Une vision que partage Farhad Massoudi, le jeune PDG de Tubi. « En quatre mois, le nombre d’heures de visionnage sur notre plate-forme est passé de 94 millions à plus de 130 millions, soit une augmentation de 40 % », a-t-il annoncé à Cannes. On est encore très loin du milliard d’heures de vidéos vues chaque jour à travers le monde sur YouTube ou chaque semaine sur Netflix. Mais il y a de la place pour tout le monde, estime le chef d’entreprise. « YouTube, mais aussi Facebook, Instagram ou Snapchat, distribuent des formats courts, viraux et des contenus générés par les utilisateurs. De son côté, Netflix est obligé de justifier sa facture avec des contenus originaux. Tubi propose tout autre chose : on rassemble gratuitement quantité de contenus longs d’abord passés par la télé ou par le cinéma, partout dans le monde. »
Face aux grandes plates-formes de vidéo à la demande sur abonnement, les acteurs de l’AVOD, services de streaming gratuits financés par la publicité, se posent en alternative.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/17/au-mipcom-le-contre-modele-du-streaming-gratuit_6015901_3246.html
mlsum-fr-121
La rentrée radiophonique 2018 a privé du plaisir d’entendre sur France Inter sa voix enthousiaste à accent de la Nouvelle-Angleterre et ses émissions qui surent explorer comme nulle autre les arcanes de l’industrie musicale avec Système disque. Du coup, c’est le passé, enfance comprise, de Valli qui a récemment ressurgi à la faveur d’un livre, British Invasion – Pop Save the Queen, conversation libre avec Stephen Clarke, écrivain britannique aussi francophile qu’elle – il est l’auteur du roman humoristique A Year in the Merde (2004) – autour du génie d’Albion, des Beatles à Damien Hirst en passant par James Bond et J. K. Rowling. Et surtout de la réédition en vinyle (disponible sur les plates-formes numériques) de l’album contenant le mégatube qui a changé sa vie, quelques mois seulement après son arrivée à Paris, le 13 mai 1981. Celui du duo Chagrin d’amour (nom piqué à un bouquin de Jean Edern-Hallier), dont le fameux Chacun fait (c’qui lui plaît) devint numéro 1 national, après une rotation maximale sur NRJ. Ce hit est perçu comme léger et distrayant alors qu’il est « sordide et que mon personnage est celui d’une pute » Rétrospectivement, ce hit perçu comme léger et distrayant alors qu’il est « sordide et que mon personnage est celui d’une pute », rappelle-t-elle abruptement, serait entré dans l’histoire en tant que premier rap français. « En tout cas le premier qui ait marché à ce point », corrige son interprète, pas peu fière que « MC Solaar et Joey Starr [aient] rappé sur “5 heures du mat’j’ai des frissons” ». Un écho horaire au « Ring Ring 7 AM » ouvrant Magnificent Seven, de The Clash, une des premières appropriations du hip-hop new-yorkais par un groupe de rock. « Les gens étaient convaincus que j’étais noire », s’amuse Valli. Ils découvrirent à la télévision – « On est passé chez Michel Drucker à Champs-Elysées en même temps que Michèle Torr ! » – une fille diaphane de 22 ans au blond brushing, cousin de celui de Lady Diana, qui venait d’épouser le prince Charles. Son partenaire, le chanteur Grégory Ken (1947-1996), n’était pas un inconnu puisqu’il avait chanté en 1979 dans la première représentation scénique de Starmania. Avedon, afro-pop et funk Mais la star consacrée était surtout l’auteur de la pochette de l’album : le photographe new-yorkais Richard Avedon, dont la collaboration fut facilitée par le million d’exemplaires que ses clients venaient d’écouler de Chacun fait (c’qui lui plaît) : « Il y avait chez lui une photo immense de Dovima et les Elephants, et celles de Chaplin et de Marilyn, raconte Valli, encore éblouie. On est Adam et Eve, avant et après la pomme, avec un verso diabolique. Pour couvrir ma poitrine, j’ai pincé le téton de Grégory. On quitte le studio, et qui entre ? Isabella Rossellini. »
Alors qu’est réédité l’album qui l’a fait connaître en 1981 avec le duo Chagrin d’amour, la chanteuse et animatrice publie un livre, « British Invasion », accompagné de DVD.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/27/musiques-valli-une-americaine-anglophile-a-paris_6013347_3246.html
mlsum-fr-122
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, à Nouakchott, le 2 juillet 2018. Ludovic Marin / REUTERS Longtemps, personne n’a voulu croire aux promesses de l’ancien putschiste. Il avait beau répéter – et cela depuis plusieurs années déjà – qu’il respecterait la loi, qu’il quitterait la présidence de la République islamique de Mauritanie à l’issue de son deuxième mandat, rien n’y faisait. Une question de confiance rompue, sans doute. L’opposition, évidemment, était convaincue que le tout puissant général – celui qui avait brutalement interrompu le 6 août 2008 la première transition démocratique – piétinerait de nouveau la Constitution. Et pourtant. Mohamed Ould Abdelaziz, le rigide et cassant militaire, ne sera pas candidat à la présidentielle du 22 juin, après avoir remporté celles de 2009 et de 2014. On pourra inscrire à son bilan – en demi-teinte – qu’il fut, depuis l’indépendance de 1960, le premier chef de l’Etat mauritanien à transmettre le pouvoir à l’issue d’une élection pluraliste, à défaut d’offrir les mêmes chances aux candidats étrangers au pouvoir. Son successeur désigné par le parti dirigeant, Mohamed ould Ghazouani, fait ainsi figure de favori du scrutin face à cinq autres candidats. Si l’ancien militaire a remisé son uniforme et ses rangers depuis sa première campagne électorale, ses deux mandats resteront marqués d’une forte empreinte sécuritaire qui a permis au pays de ne plus connaître d’attentats depuis 2010, malgré un environnement régional hautement instable. Lorsqu’il prend le pouvoir avec d’autres militaires en 2008, son pays est alors la cible d’opérations menées par des mouvements djihadistes descendus d’Algérie et regroupés depuis peu au sein d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Plafonds de verre communautaires Assauts contre des militaires, enlèvements d’étrangers, explosions de voitures piégées se succèdent. Parallèlement, des dizaines de Mauritaniens rejoignent les rangs des groupes armés établis au-delà des frontières, ces lignes virtuelles tracées, sur des milliers de kilomètres, dans les dunes d’un désert ouvert, notamment sur le Mali et l’Algérie, et alors franchies par des trafiquants en tous genres. La première tâche de Mohamed Ould Abdelaziz sera de réorganiser ses forces armées, avec l’aide technique, matérielle et opérationnelle de la France et des Etats-Unis principalement. Le nouveau pouvoir mauritanien consacre ainsi une large part de son budget à son effort de défense nationale. Un effort qu’il maintiendra d’autant plus que le Mali voisin – dont une grande partie du territoire était tombée, en 2012, sous la coupe d’une coalition de groupes touareg indépendantistes et de djihadistes – est toujours aspiré dans une spirale de violence. Mohamed Ould Abdelaziz sécurise ses frontières et se fait également l’un des plus fervents avocats de la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad), embryon de force régionale pour lutter contre des périls communs (trafics et extrémisme violent). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mohamed Ould Abdelaziz : « La force conjointe permettra de combattre efficacement le terrorisme » L’édifice tient, mais la restructuration de l’armée n’ira pas jusqu’à briser les plafonds de verre communautaires qui compartimentent dangereusement la société mauritanienne. « Les trente-quatre généraux mauritaniens sont des Maures, mis à part deux Haratines [descendants d’esclaves], aucun Noir », rappelle Baba Hamidou Kane, l’un des six candidats à la présidentielle de juin et représentant de la communauté négro-africaine. « En dix années de présidence, rien n’a changé alors qu’une gouvernance intelligente aurait dû lui permettre de faire un rattrapage », ajoute-t-il. « Une situation sociale détériorée » Quelques clans arabo-berbères tiennent en effet les rênes de l’armée. Mais aussi de l’administration et de la politique au sein d’une population diverse (Maures, Haratines, Soninké, Wolof, Peuls…). Idem dans les principaux secteurs de l’économie. « Par exemple, il n’y a aucun management autre que maure dans les vingt banques du pays et les privatisations se sont faites sur des bases tribales », ajoute Baba Hamidou Kane, qui sent poindre « le ras-le-bol des Négro-Africains et des Haratines urbains vis-à-vis des notables et des représentants du système maure ». « La jeunesse est de plus en plus révoltée et l’on peut craindre des réactions sur des bases communautaires », avertit le candidat. « La situation sociale s’est détériorée au sein d’un système quasiment organisé par caste », juge également la sociologue Dieynaba Ndiom. « Ce climat de méfiance généralisé débouche sur le repli sur soi, alors que les problèmes sont énormes pour les familles », ajoute-t-elle. Car si le bilan économique des années Ould Abdelaziz a des aspects positifs, tout le monde, loin de là, n’en profite pas. Certes, un accord a été trouvé avec le Fonds monétaire international (FMI) en 2017 pour contenir un endettement qui frôle les 100 % du PIB. Des programmes de développement ont permis d’équiper ce pays désertique grand comme une fois et demie la France (pour 4 millions d’habitants) d’infrastructures (routes, ports, aéroports, électricité, eau). Les exportations de minerai de fer, de produits agricoles et d’élevage ont été relancées. La croissance, assez vigoureuse (4 %), devrait s’envoler avec le début de l’exploitation, d’ici à deux ans, du gisement gazier prometteur de Grand Tortue découvert au large de la Mauritanie et du Sénégal. Mais pour Biram Dah Abeid, le plus bruyant et virulent des opposants au chef de l’Etat, le cœur du pouvoir serait affaibli. « Le champ de redistribution de la manne financière s’est refermé sur un petit groupe autour du président, ce qui mécontente une partie de la communauté d’affaires pourtant issue du même groupe ethnique. Le système est usé, il ne protège même plus assez les siens. Il faut en changer sous peine de voir les revendications devenir plus véhémentes et violentes », affirme cet agitateur, passé plusieurs fois par les geôles du pouvoir contre lequel il se dresse. Lutte contre la corruption des élites Autre candidat de l’opposition à la présidentielle de juin, Sidi Mohamed Ould Boubacar partage cette analyse. « Le président a totalement négligé, pire oublié, l’aspect social du développement, affirme-t-il. L’école républicaine et l’accès à la santé ont été sacrifiés. Les services de base sont aujourd’hui inexistants ». Cet ancien premier ministre est soutenu par la branche mauritanienne des Frères musulmans, Tawassoul, principale formation de l’opposition qui s’est solidement enracinée sur le champ social déserté par l’Etat. Et sur celui de la lutte contre la corruption des élites. Même si ses adversaires reconnaissent au président d’avoir remis de l’ordre dans les finances publiques, on touche ici un paradoxe. Le ménage a été fait dans l’administration, mais les pires rumeurs courent les rues de Nouakchott sur le clan présidentiel. « Ils ont mis la main sur des écoles et des hôpitaux pour les transformer en commerce et une partie de la Société nationale industrielle et minière, la première entreprise du pays, est entre leurs mains. L’immobilier, la pêche, les douanes… Ce ne sont que quelques exemples », énumère un avocat de la capitale sous couvert d’anonymat. Car le sujet est sensible. Pour preuve, Abderrahmane Weddady et Cheikh Ould Jiddou, deux blogueurs bien connus pour dénoncer les atteintes aux droits humains dans leur pays, dorment depuis le 22 mars en prison. « Ils ont critiqué la corruption qui régnerait au sein du gouvernement dans des commentaires sur Facebook. Leurs allégations se fondaient sur des articles de presse, selon lesquels les Emirats arabes unis avaient gelé des comptes bancaires, dotés d’environ deux milliards de dollars américains [1,8 milliard d’euros], appartenant à des proches du pouvoir mauritanien », explique Amnesty International qui qualifie leur détention « d’illégale ». « La stabilité de la Mauritanie à moyen terme ne repose pas seulement sur celle de l’appareil sécuritaire, des tribus ou de l’administration, mais également sur l’aspect social qui a été délaissé et crée un environnement explosif », s’inquiète un diplomate occidental en poste à Nouakchott. C’est surtout cela l’héritage que Mohamed Ould Abdelaziz laissera à son successeur.
Après deux mandats, le chef de l’Etat ne sera pas candidat à l’élection présidentielle du 22 juin, comme le veut la Constitution.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/21/mauritanie-le-bilan-en-demi-teinte-des-deux-quinquennats-de-mohamed-ould-abdelaziz_5479545_3212.html
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LASSE RUSSE En ces temps de mea culpa généralisé, il est important de savoir faire son autocritique. Oui, je l’avoue, il m’arrive souvent de ne pas me lever la nuit lorsqu’un de mes fils se met à geindre parce qu’il a fait pipi au lit. Dit comme ça, ça paraît horrible, je sais. Mais, pour ma défense, je préciserais qu’en général, je n’entends même pas cette plainte qui monte de la chambre voisine. Parce que mon système de vigilance auditive est comme mis en veille, je dors aussi sereinement qu’un bienheureux alors que ma femme s’affaire en coulisses, douche le petit, change les draps, met parfois une machine à tourner, avant de reprendre discrètement sa place sous la couette… Le matin, avec une absolue délicatesse et des cernes sous les yeux, elle me demande parfois : « Tu n’as rien entendu ? » A vrai dire, je me pose moi-même la question. N’ai-je réellement rien entendu ou me suis-je habitué à ne pas avoir à entendre, sachant pertinemment que quelqu’un assure l’intendance pendant que je continue à me pelotonner tranquillement dans les bras de Morphée ? C’est un débat difficile à trancher. Une chose est sûre, même si nous vivons au XXIe siècle et que nous travaillons tous les deux, une grande part de la charge mentale relative à l’éducation de nos enfants pèse sur les épaules de ma compagne. Machines, rendez-vous médicaux, inscription aux activités, achat de vêtements : en l’absence de ce courant continu qu’elle distribue sans compter et qui permet de répondre à tout un tas de micro-impératifs, la vie de famille serait sans doute beaucoup plus chaotique. Déséquilibre dans nos missions respectives A la lecture de ce récit implacable, il ne faudrait pas en conclure non plus que je sois un monstre d’indifférence qui ne lève jamais le petit doigt. Dès qu’il y a des trucs lourds à porter, un poulet au curry à préparer ou des étagères à poser, c’est pour ma pomme. Dans l’économie du foyer, je suis un mélange d’animal de trait, de cuistot dévoué, d’artisan tous corps d’état et de gentil animateur. Dimanche dernier, j’ai par exemple emmené mes enfants au parc et joué au foot avec eux pendant que ma femme faisait « des trucs dans l’appartement » (je n’ose même pas prononcer le mot de ménage, de peur d’être conduit à l’échafaud numérique). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Repasser, c’est dépassé Ce déséquilibre dans la répartition de nos missions respectives, qui est tout autant quantitatif que qualitatif, ne concerne pas que mon foyer. D’après une enquête de l’Insee, en 2010, les femmes assumaient encore 65 % des tâches parentales. Après avoir passé au crible des milliers de données relatives à l’éducation et au soin des enfants, une étude américaine publiée dans le Journal of Family Issues en juillet est venue souligner – sans surprise – que les pères étaient généralement moins stressés et moins fatigués que les mères.
L’éducation est une science (moyennement) exacte. Cette semaine, Nicolas Santolaria se penche sur la charge mentale et le fameux partage des tâches.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/05/parentologie-pourquoi-les-peres-ne-se-reveillent-ils-pas-la-nuit_6014295_4497916.html
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Anne Hidalgo lors de l’inauguration d’une nouvelle piste cyclable, à Paris, le 4 septembre. BENOIT TESSIER / REUTERS Officiellement, elle est maire à temps plein, surtout pas une candidate en campagne. C’est donc en simple citoyenne amie qu’Anne Hidalgo a prévu de déjeuner dimanche 15 septembre avec ses partisans réunis au sein de l’association Paris en commun. Mais à six mois jour pour jour du premier tour des élections municipales, personne n’est dupe. Même si elle ne l’affiche pas, la maire de Paris fera tout pour être réélue en mars 2020. Deux livres à paraître, un micro-parti sur les rails, une liste de candidats presque bouclée, des militants prêts à entamer le porte-à-porte : l’édile socialiste procède actuellement aux derniers ajustements de sa machine électorale. Avec beaucoup d’espoir. Il y a un an, la démission fracassante du premier adjoint Bruno Julliard marquait l’apogée d’une crise majeure, après le fiasco de Vélib’, l’arrêt brutal d’Autolib’ et une violente polémique sur la fermeture des voies sur berge aux automobiles. A présent, le souvenir de ces difficultés s’éloigne. Et les chances d’Anne Hidalgo remontent au gré des déchirements au sein des deux partis qui semblaient les plus à même de la déloger de l’Hôtel de Ville, Les Républicains et surtout La République en marche. « L’affrontement entre Benjamin Griveaux et Cédric Villani, nous regardons ce feuilleton avec gourmandise », confie un des adjoints de l’édile socialiste. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le « dissident » Cédric Villani lance sa candidature à la Mairie de Paris Anne Hidalgo ne devrait pas se déclarer candidate avant novembre ou décembre. Plutôt que de plonger dans la mêlée, elle veut profiter le plus longtemps possible de son statut de maire. Etre celle qui ne lâche pas de petites phrases, mais agit. Et dont les projets se concrétisent : le Théâtre du Châtelet a rouvert vendredi après deux ans de travaux, le Bouquet de tulipes de Jeff Koons sera inauguré le 4 octobre, la rénovation des places de la Bastille et de la Madeleine sera bientôt achevée, etc. Un local de campagne bientôt choisi Deux livres permettront aussi à l’équipe municipale de se mettre en avant. D’abord, Le Lieu des possibles, l’ouvrage qu’Anne Hidalgo a peaufiné durant l’été avec sa « plume », Antoine Leiris – l’auteur de Vous n’aurez pas ma haine (Fayard, 2016) écrit après la mort de son épouse, lors de l’attentat au Bataclan, en 2015. Sa parution, le 25 septembre aux éditions de l’Observatoire (144 p., 14 euros), sera l’occasion d’au moins une interview, et de quelques signatures dans des librairies. Puis le premier adjoint, Emmanuel Grégoire, prendra la relève début 2020, avec lui aussi un essai politique sur Paris.
Deux livres, un micro-parti, des candidats déjà choisis, des militants prêts à entamer le porte-à-porte… Même si elle ne l’affiche pas, la maire socialiste de la capitale fera tout pour être réélue lors des prochaines municipales .
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/14/a-paris-anne-hidalgo-ajuste-les-derniers-rouages-de-sa-machine-electorale_5510304_823448.html
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Qu Dongyu, à Rome, lors de son élection, le 23 juin 2019, à la tête de la FAO. VINCENZO PINTO / AFP Editorial du « Monde ». Le 1er août, un Chinois prendra pour la première fois la tête de la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Dimanche 23 juin, Qu Dongyu, un biologiste de 55 ans, a largement remporté le vote des pays membres qui l’opposait à Catherine Geslain-Lanéelle, la candidate française soutenue par l’Europe, ainsi qu’à Davit Kirvalidze, un Géorgien soutenu par Washington. Qu Dongyu succédera à un Brésilien, José Graziano da Silva. Acquise au terme d’une campagne entachée par des rumeurs selon lesquelles certains pays membres de la FAO auraient vu leurs arriérés de paiement au budget ou des dettes disparaître juste avant le scrutin, la victoire du candidat chinois s’inscrit néanmoins dans une certaine logique. Lire aussi Le Chinois Qu Dongyu élu à la tête de la FAO La FAO est dirigée depuis un quart de siècle par le représentant d’un pays émergent et il n’y avait aucune raison de revenir sur cette tradition encore trop rare au sein des organisations internationales. Surtout, non seulement Pékin s’investit depuis des années dans la FAO, y compris sur le plan financier, mais la Chine peut aussi se prévaloir de réels succès dans la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. A titre personnel, Qu Dongyu, dernièrement vice-ministre de l’agriculture, met en avant l’engagement qui a été le sien, notamment dans deux domaines essentiels, la recherche scientifique et le microcrédit. Il a indiqué qu’il maintiendrait « les principes d’équité, d’ouverture, de justice, de transparence », qui caractérisent les missions de la FAO. Qu Dongyu sera pris au mot, car il porte une grande responsabilité sur ses épaules. Alors que les dossiers de la FAO sont d’une importance majeure pour une bonne partie de l’humanité, la Chine peut faire valoir son expérience, mais ne peut pas prétendre imposer son modèle. D’abord, elle est le pays où les scandales dus au non-respect des normes sanitaires sont les plus nombreux. Par ailleurs, son succès dans la lutte contre l’insécurité alimentaire repose aussi sur le développement d’une agriculture non durable. La Chine est ainsi l’une des régions les plus affectées par la désertification, l’épuisement des ressources et la pollution des sols. Pékin doit profiter de son accession à la tête de la FAO pour faire évoluer ses propres pratiques agricoles. Mais l’enjeu de l’élection de Qu Dongyu dépasse la seule FAO. Depuis plusieurs années, la Chine tente, non sans succès, d’accroître son rôle au sein des institutions internationales. Rien que de plus normal au regard de son poids dans l’économie mondiale. Le problème est qu’elle ne respecte pas toujours les règles du jeu définies par la communauté internationale et que l’on ne sait trop si ses représentants, une fois nommés à la tête de ces institutions, se considèrent comme au service de celles-ci ou aux ordres du Parti communiste chinois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Chine à l’assaut des Nations unies On l’a vu en 2018, lorsque la Chine a ordonné au président chinois d’Interpol de rentrer à Pékin afin d’y être arrêté et détenu au secret. Ce faisant, la Chine a nui gravement à la fois à sa réputation, mais aussi à celle d’un organisme dont la mission consiste à faciliter la coopération internationale entre les polices. Alors que les Etats-Unis de Donald Trump font de plus en plus cavalier seul, la Chine rêve de se présenter comme le nouveau champion du multilatéralisme. Mais, pour le moment, tout porte à croire qu’il s’agit surtout de promouvoir un multilatéralisme aux couleurs chinoises. Il revient à Pékin de laisser Qu Dongyu prouver le contraire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean-Pierre Cabestan : « La Chine veut modifier l’ordre mondial à son avantage » Le Monde
Editorial. Elu à à la tête de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, le Chinois Qu Dongyu va devoir montrer que Pékin ne cherche pas à promouvoir un multilatéralisme aux couleurs chinoises.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/26/la-fao-un-test-pour-la-chine_5481723_3232.html
mlsum-fr-126
Li Peng, le 24 octobre 2017 à Pékin. Ng Han Guan / AP Il était entré dans l’histoire comme « le boucher de Tiananmen ». L’ancien premier ministre chinois Li Peng, qui avait ordonné en 1989 la répression sanglante du soulèvement étudiant à Pékin, est mort lundi 22 juillet à l’âge de 90 ans, ont rapporté les médias officiels chinois. Saluant un « membre exceptionnel du Parti communiste chinois » (PCC), qui s’est « toujours montré fidèle », l’agence de presse officielle Chine nouvelle a rendu un hommage appuyé à un « remarquable révolutionnaire prolétarien ». Li Peng est mort « des suites d’une maladie dont le traitement s’est révélé inefficace », a écrit ce média d’Etat, sans autres précisions. Le destin de Li Peng avait basculé le 20 mai 1989, près d’un an après son arrivée à la tête du gouvernement chinois. Ce jour-là, ce partisan de la ligne dure au sein du Parti communiste chinois (PCC) avait proclamé la loi martiale. Deux semaines plus tard, dans la nuit du 3 au 4 juin, l’armée mettait fin par les armes au mouvement des étudiants qui réclamaient depuis un mois et demi, sur la place Tiananmen, la démocratie. Officiellement, le bilan de cet épisode sanglant de l’histoire chinoise est de 300 morts, et en grande majorité des soldats, mais les défenseurs des droits de l’homme l’estiment en réalité à plusieurs milliers. Trente ans plus tard, le sujet demeure tabou en Chine. Longévité politique Si la décision de recourir à la force fut collective, soutenue notamment par le numéro un du parti, Deng Xiaoping, Li Peng est toujours resté l’incarnation de cette répression meurtrière. L’étiquette le poursuivra jusqu’à la fin de sa carrière politique officielle en 2003, ses déplacements à l’étranger suscitant des manifestations, comme à Paris en 1996. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ils ont tiré sur tout ce qui bougeait » : le récit du massacre de Tiananmen dans « Le Monde » du 6 juin 1989 Li Peng n’en sera pas moins resté quinze ans membre permanent du bureau politique du PCC, l’instance dirigeante du pays, occupant dans les années 1990 le rang de numéro deux, juste derrière le président Jiang Zemin. Quittant la tête du gouvernement en 1998, il sera encore président du Parlement chinois jusqu’en 2003. L’origine de cette exceptionnelle longévité politique se trouve peut-être dans sa jeunesse, passée dans l’ombre du plus fin responsable politique qu’ait connu le PCC. Né en octobre 1928 dans une famille originaire du Sichuan (sud-ouest), Li Peng est en effet recueilli à l’âge de trois ans par le dirigeant communiste Chou Enlai, futur premier ministre de la République populaire, après la mort de son père en « martyr de la Révolution ». Le jeune homme adhère au PCC à l’âge de 17 ans et part à Moscou en 1948, pour y faire des études d’ingénieur en hydroélectricité. Après sept ans d’absence, il rentre en Chine, afin de travailler dans le secteur de l’énergie. Il sera d’ailleurs – beaucoup plus tard – le père du barrage des Trois Gorges, sur le Yangtsé, le plus grand du monde au moment de sa mise en service en 2009. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour l’avocate chinoise Wang Yu, « la situation des droits de l’homme ne fait qu’empirer » Pendant la tourmente de la Révolution culturelle (1966-76), l’influence de sa famille adoptive lui évite d’être jeté en pâture aux gardes rouges. Son ascension dans la hiérarchie du parti et du gouvernement débute ensuite en 1979, et est couronnée de succès, au point qu’il devient ministre de l’énergie électrique, puis premier ministre en 1987. « Soldat loyal du communisme » Dans les années qui suivront la répression, Li Peng s’efforcera de relativiser son rôle, se présentant en simple exécutant des ordres de Deng Xiaoping, mort en 1997, si l’on en croit des extraits d’un journal intime parus en 2010. Mais dans des documents secrets du PCC rendus publics en 2001 aux Etats-Unis sous le titre de Tiananmen Papers, Li Peng était apparu au contraire comme l’instigateur de la répression, s’efforçant de convaincre Deng Xiaoping d’envoyer les chars à Tiananmen. L’authenticité de ces documents n’a jamais été prouvée. Lire aussi Trente ans après Tiananmen, une place sous étroite surveillance L’agence Chine nouvelle a salué mardi la mémoire de Li Peng, qui « a pris des mesures décisives pour stopper le désordre et apaiser les troubles contre-révolutionnaires ». « Il a stabilisé la situation intérieure et joué un rôle important dans cette lutte majeure pour l’avenir du parti et du pays », a estimé l’agence, reprenant le point de vue du PCC selon lequel la stabilité était indispensable au développement économique. Décrit par Chine nouvelle comme un « soldat loyal du communisme », il demeure assez populaire au sein de la classe ouvrière chinoise en raison de sa réticence à mener les réformes économiques que son successeur, Zhu Rongji, a finalement mises en œuvre. Cette décision avait provoqué de nombreuses suppressions d’emplois et une mutation du modèle productif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Teng Biao : « Avec le massacre de Tiananmen, le Parti communiste chinois a promu l’économie de marché »
Partisan de la ligne dure au sein du Parti communiste chinois, il avait proclamé la loi martiale le 20 mai 1989, permettant l’arrivée des chars contre les étudiants.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/07/23/mort-de-l-ancien-premier-chinois-li-peng-le-boucher-de-tiananmen_5492561_3382.html
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Emmanuel Macron, le 16 octobre, à Toulouse (Haute-Garonne). PASCAL PAVANI / AFP Lever les ambiguïtés et en même temps fermer le chapitre. C’est ce qu’a essayé de faire Emmanuel Macron, mercredi 16 octobre, au sujet de la laïcité, qui divise son gouvernement et la majorité depuis près d’une semaine. Le chef de l’Etat a d’abord cherché à faire dévier cette question clivante. Interrogé lors de la conférence de presse qui clôturait le conseil des ministres franco-allemand, à Toulouse, il a notamment pointé du doigt l’« irresponsabilité » de « certains commentateurs politiques » qui amalgament dans ce débat des problématiques distinctes. « Vous voudriez me mettre le singe sur l’épaule, je crois qu’il est sur la vôtre, a répondu M. Macron à un journaliste. Tout a été confondu dans le débat et les commentaires. » « Le communautarisme, ce n’est pas le terrorisme, il faut distinguer ces deux notions, a-t-il encore ajouté. [Le communautarisme], c’est la volonté de faire sécession dans la République, au nom d’une religion, mais en la dévoyant. » Refus de trancher En rebondissant de la sorte, le président de la République a tenu à rappeler le sens de son discours prononcé dans la cour de la Préfecture de police (PP), à Paris, le 8 octobre. Il avait alors appelé à construire une « société de vigilance » face à « l’hydre islamiste », cinq jours après l’attentat qui a causé la mort de quatre fonctionnaires de la PP, poignardés par leur collègue Mickaël Harpon, manifestement radicalisé. « N’oubliez pas tout ce que j’ai dit : faire bloc. Etre vigilant contre toutes celles et ceux qui se radicalisent dans notre société. Faire bloc, et le faire avec tous nos concitoyens, quelle que soit leur confession. (…) Ne stigmatisons pas nos concitoyens [musulmans]. » « Il ne veut pas qu’on mélange l’antiterrorisme, la laïcité, le voile, l’immigration, etc. Tout ça fait un shaker dangereux », estime un de ses proches. Seulement, aux yeux d’une partie de l’opposition, le bartender serait Emmanuel Macron lui-même. « Je partage l’inquiétude, mais du coup je m’interroge : pourquoi le chef de l’Etat, au moment où les personnels de santé, de l’enseignement, les pompiers, s’inquiètent et sont dans la rue pour réclamer des moyens, nous pose son débat sur l’immigration ? », a fait remarquer, jeudi 17 octobre, le député européen (Europe Ecologie-Les Verts) Yannick Jadot, fustigeant une attitude de « pyromane qui se dresse en pompier ». Au-delà de cet aspect, le locataire de l’Elysée a refusé de trancher le débat qui oppose, entre autres, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, et la porte-parole du gouvernement ,Sibeth N’Diaye, sur la question des mères voilées accompagnatrices de sorties scolaires. Le premier considère que « le voile n’est pas souhaitable dans notre société » alors que la seconde n’a « pas de difficultés à ce qu’une femme voilée participe à des sorties scolaires ». « La synthèse macroniste met du temps à se faire… » « Je ne suis pas là pour donner les bons points et les mauvais points, a évacué M. Macron. J’ai parlé des dizaines de fois de ces sujets. » Une manière de renvoyer vers ses précédentes déclarations, du temps où il n’était pas encore président de la République. Mais aussi de souligner, sans le dire, sa position actuelle. « Je ne crois pas, pour ma part, qu’il faille (…) aller traquer dans les sorties scolaires celles et ceux qui peuvent avoir des signes religieux », avait déclaré, le 12 juillet 2016, celui qui était encore ministre de l’économie de François Hollande. Des mots qu’il refuse, pour l’heure, de prononcer de nouveau. Le premier ministre, Edouard Philippe, a rappelé, pour sa part, qu’il n’était pas dans les projets du gouvernement de changer la législation en la matière. La pression reste pourtant forte du côté de la droite sur le sujet, le nouveau président du parti Les Républicains (LR), Christian Jacob, réclamant la fin de l’« ambiguïté » et l’interdiction du port du voile dans le cadre des sorties scolaires. « Comment vous allez expliquer que le voile est autorisé pour accompagner des enfants à la cantine s’ils sortent des murs de l’école, et qu’en revanche dans l’école il n’est pas accepté ? », s’est-il interrogé jeudi. Mais l’Elysée ne veut pas agir sous la pression. Pas question de revenir sur ce principe, ni de dessiner la perspective d’un grand discours sur la laïcité, pourtant promis depuis des mois. « Nous attendons sur ce sujet la parole du président de la République, qui l’a reportée moult fois », a estimé, mercredi, le président (LR) du Sénat, Gérard Larcher. Un proche d’Emmanuel Macron veut néanmoins croire que les choses viendront en leur temps, d’« un pas cadencé ». Comme le reconnaît un soutien du chef de l’Etat : « La synthèse macroniste met du temps à se faire… » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Voile : l’exécutif en quête d’une position d’équilibre
A propos de la polémique des mères voilées accompagnatrices, il a refusé de « donner les bons points et les mauvais points » aux membres de sa majorité.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/16/communautarisme-terrorisme-emmanuel-macron-pointe-l-irresponsabilite-de-certains-commentateurs-politiques_6015785_823448.html
mlsum-fr-128
Le ministre de l’action et des comptes publics a présenté, mardi 3 septembre, aux syndicats de Bercy une réforme de la collecte de l’impôt. Ce projet de Gérald Darmanin, publié par Les Echos, consiste à transférer le recouvrement d’un certain nombre de taxes actuellement assumé par les douanes à la Direction générale des finances publiques (DGFiP), qui recouvre déjà 80 % du produit des prélèvements fiscaux. Le gouvernement suit donc scrupuleusement les préconisations du Comité action publique 2022 (CAP22). Ce groupe d’experts et d’élus appelé par le gouvernement à formuler des propositions pour réformer l’Etat avait préconisé, en juin 2018, de rassembler « progressivement » les 250 entités qui gèrent l’ensemble des prélèvements fiscaux et sociaux. Et ce, afin « de réduire les coûts de recouvrement et les effectifs qui y sont consacrés ». CAP22 proposait de commencer par « rapprocher les différents organismes en charge du recouvrement fiscal, d’un côté, et social, de l’autre, préalable à une fusion à long terme ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Une énorme simplification pour l’administration » : le satisfecit de Bercy sur le prélèvement à la source Le premier pan de la réforme (le fiscal) devrait donc être opéré d’ici 2024. Cela concerne une douzaine de taxes, telles la TVA importation, celles sur les tabacs et alcools, les amendes ou la taxe spéciale sur certains véhicules routiers. Le projet de loi de finances pour 2020 contiendra un certain nombre de dispositions à cette fin. Les douanes perdront à peu près la moitié des fonds collectés chaque année, soit 75 à 80 millions d’euros. La CGT-Douanes craint que cela ne s’accompagne de la perte du contrôle des marchandises sur lesquelles les droits sont perçus. « Nos missions de contrôle des boissons non alcoolisées sont transférées à la Direction des finances publiques, rappelle Manuelle Dona, secrétaire générale du syndicat. Et c’est bien dommage, car nous avons fait de magnifiques affaires douanières dans ce domaine, en débusquant des contrefaçons de Coca-Cola, par exemple. Or, si ce n’est pas la douane qui effectue ces contrôles sanitaires, personne ne le fera, car la DGFiP n’a ni les effectifs ni la culture pour les mener. » Le syndicat estime que le transfert de la collecte se soldera par la perte de « 500 à 600 emplois » et celui du contrôle, s’il est décidé, par « 3 000 à 4 000 » suppressions. Appel à la grève des agents le 16 septembre Or, outre la réforme du recouvrement, Gérald Darmanin et son secrétaire d’Etat, Olivier Dussopt, ont également précisé aux organisations que 5 800 postes seraient supprimés d’ici 2022 à Bercy. Ce n’était pas vraiment une surprise puisque les documents distribués par le gouvernement en juillet, lors du débat d’orientation des finances publiques, indiquaient que le ministère de l’action et des comptes publics perdrait « 10 000 emplois sur la durée du quinquennat ». Cela n’empêche pas l’amertume. Solidaires-Finances publiques, le premier syndicat du secteur, dénonce « une annonce brutale » et rappelle que la DGFiP a déjà subi « 20 000 suppressions de postes en dix ans », selon Anne Guyot-Welke, porte-parole du syndicat. Sur les 15 000 emplois dont le gouvernement envisage de se séparer dans la fonction publique d’Etat (après qu’Emmanuel Macron en eut préalablement promis 50 000), 10 000 seront donc supprimés à Bercy. Or, insiste Mme Guyot-Welke, « nous ne sommes pas le gros mammouth qu’il faut dégraisser [allusion à la déclaration polémique faite en 1997 par l’ancien ministre Claude Allègre à propos de l’éducation nationale]. Nous sommes aujourd’hui à l’os, alors que les sollicitations des usagers ont augmenté de 40 % sur dix ans ». L’intersyndicale des agents des impôts (Solidaires, CGT, FO et CFDT-CFTC) appelle à une grève nationale le 16 septembre. Lire aussi Près de 6 000 postes seront supprimés au ministère des comptes publics d’ici à 2022
Le projet de loi de finances pour 2020 prévoit une forte réorganisation de la collecte des taxes, incluant des suppressions de postes. Les douanes vont devoir transférer une partie de leurs missions à l’administration fiscale.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/04/collecte-des-impots-le-gouvernement-chamboule-tout_5506429_823448.html
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Des habitants de la capitale zimbabwéenne Harare font la queue pour s’approvisionner en eau, le 24 septembre 2019. JEKESAI NJIKIZANA / AFP L’inflation annuelle au Zimbabwe, plongé dans une crise économique depuis vingt ans, s’est envolée à près de 300 % en août, a annoncé jeudi 26 septembre le Fonds monétaire international (FMI), faisant planer le retour de l’hyperinflation des années 2000. Depuis février, la monnaie zimbabwéenne s’est fortement dépréciée. Le taux de change est passé de « 1 dollar zimbabwéen pour 1 dollar américain à 16,50 dollars zimbabwéens pour 1 dollar américain [en date du 23 septembre], entretenant une forte inflation qui a atteint près de 300 % en août », selon le FMI. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Zimbabwe, pays en plein naufrage, s’apprête à descendre dans la rue « Les difficultés économiques se sont poursuivies au cours de l’année 2019, exacerbées par des chocs météorologiques graves », a ajouté dans un communiqué l’organisme international, dont des membres reviennent d’une mission dans le pays. « La croissance du PIB en 2019 devrait être très négative dans la mesure où les effets de la sécheresse sur les productions agricole et électrique, l’impact du cyclone Idai et la consolidation fiscale (…) tirent la croissance vers le bas », a-t-il ajouté. Départ de millions d’habitants En mars, le passage du cyclone Idai avait fait plus de 300 morts au Zimbabwe. « Les conditions sociales se sont détériorées rapidement, avec plus de la moitié de la population (8,5 millions de personnes), selon les Nations unies, en situation d’insécurité alimentaire », a précisé le FMI, qui a appelé à des mesures « urgentes pour s’attaquer aux causes de l’instabilité économique ». Le Zimbabwe, ancien grenier à céréales de l’Afrique australe, est empêtré dans une crise économique et financière qui a provoqué le départ de millions d’habitants. Le président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé fin 2017 à Robert Mugabe, aux commandes du pays pendant trente-sept ans, s’est engagé à relancer l’économie, jusqu’à présent en vain. Le pays est confronté à des pénuries régulières de carburant et d’électricité pouvant aller jusqu’à dix-neuf heures par jour. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Robert Mugabe, une mort solitaire loin du Zimbabwe Dernier avatar de la catastrophe économique qui ronge le pays, la capitale, Harare, est menacée de manquer d’eau potable à cause des difficultés financières de son unique usine de traitement. Fin juin, le gouvernement avait pris la décision surprise d’interdire les transactions courantes en devises étrangères, énième tentative d’assécher le marché noir des devises et d’éviter le retour de l’hyperinflation. Depuis 2009, il était possible de régler ses dépenses (supermarché, essence, factures à l’hôpital…) en monnaies étrangères, notamment en dollars américains.
Selon le Fonds monétaire international, le risque d’un retour de l’hyperinflation des années 2000 est réel, avec une monnaie fortement dépréciée.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/27/au-zimbabwe-l-inflation-s-envole-a-pres-de-300-sur-un-an_6013282_3212.html
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Annonce du recours à l’assistance vidéo (VAR) lors du match Australie-Italie, à Valenciennes (Nord) le 9 juin. PHIL NOBLE / REUTERS « Elles ont l’impression d’être victimes d’une injustice terrible, mais non, la VAR [arbitrage vidéo] a fait son boulot », proteste Christian Jeanpierre au commentaire d’Angleterre-Cameroun (3-0) sur TMC, en voyant, dimanche 23 juin, les joueuses africaines refuser de reprendre le match à cause de l’annulation de leur but. Les larmes de la buteuse virtuelle, Ajara Nchout Njoya, ne pouvaient l’émouvoir : justice était rendue. On n’avait à cet instant vu aucune image indiquant le motif, qui ne tarda pas à venir : c’est le hors-jeu du talon d’une attaquante – en train de revenir vers son camp, dans une position totalement excentrée – qui a valu à ce très beau but d’être annulé, privant les Camerounaises de la réduction du score. Pour dix ou vingt centimètres, la sanction est tombée. Dix ou vingt centimètres, c’est aussi la mesure de l’écart du pied de la gardienne nigériane à sa ligne de but, qui a permis à Wendie Renard de retirer (et réussir) le penalty qu’elle venait de rater. Scénario qui avait déjà profité à l’Italie face à la Jamaïque. C’est encore au double-décimètre que l’Angleterre bénéficia d’un penalty au détriment du Chili, ou que la Française Griedge Mbock se vit refuser un (superbe) but contre la Corée du Sud. Logique binaire « Mesurer au millimètre, ce n’est pas du foot », a déploré l’ancienne joueuse Lotta Schelin. Mais c’est la logique de la VAR. Réduire l’arbitrage à des décisions binaires, à un processus administratif qui annihile l’esprit au profit de la règle. Le hors-jeu a, par exemple, été conçu pour éviter que des attaquants ne campent devant le but, et il s’agirait de se demander si la position de l’attaquant lui octroie un quelconque avantage sur les défenseurs. Durant des années, les télévisions nous ont accablés de « révélateurs », en transformant d’infimes positions illicites en drames établissant l’absolue nécessité de l’arbitrage vidéo… Dans ce registre, la dérive la plus emblématique est celle de la sanction des fautes de main. D’Ivan Perisic en finale du Mondial jusqu’à Moussa Sissoko en finale de la Ligue des champions, on a constaté que la notion d’intentionnalité disparaissait, et que presque tout contact du ballon avec la main dans la surface était puni d’un penalty. Surprise : les images, dont on a voulu croire qu’elles révéleraient une vérité indiscutable, sont d’une piètre utilité quand il s’agit d’interpréter (le caractère volontaire d’une main, le caractère illicite d’un tacle, etc.). Elles ont même tendance à brouiller la vision par l’abus de ralentis et d’images arrêtées. La solution ? Réécrire les règles pour les adapter à la VAR, à l’image de l’action de l’International Board, qui change la règle sur les fautes de main… Tant pis si la volonté de « simplifier » va de pair avec une application aveugle et l’abolition de tout discernement. Double impasse On se rend compte tardivement que si l’arbitrage vidéo semblait une panacée, c’est parce qu’on ne considérait alors que les situations limpides, pas toutes celles pour lesquelles il serait difficile de trancher. « Il ne faut aller voir la VAR que si l’arbitre se trompe », a-t-on écrit sur Twitter, dans un élan d’humour involontaire. La FIFA avait évité le pire lors de la Coupe du monde 2018. Ce Mondial 2019 marque une inflation des interventions, près d’une trentaine en quarante matchs à ce jour. Autant de chutes d’intensité durant les minutes que dure l’examen, au détriment du rythme des rencontres et de l’attention des spectateurs. L’arbitrage vidéo suit son inclination naturelle : puisque les « erreurs » sont devenues intolérables – encore plus depuis que l’outil est en place –, la logique est de faire appel à la VAR au moindre doute. La barrière qui devait limiter les interventions aux « erreurs manifestes » de l’arbitre central a été enfoncée. Et l’idée que celui-ci conserverait la main, démentie. Les arbitres vidéo ont pris le pouvoir et décident du sort des rencontres en tranchant des faits de jeu de la plus… arbitraire des façons. Le football est pris au piège d’une double impasse. Trop de VAR tue la VAR, pas assez de VAR tue ses prétentions à rendre la justice. Mais de quelle sorte de « justice » s’agit-il ? Pour quelques erreurs patentes corrigées (c’est bien le minimum), on constate un lot croissant de décisions absurdes, incomprises ou contestées. Le temps des désaveux On annonçait une nouvelle dramaturgie, du suspense et des rebondissements, on assiste à un piètre vaudeville ou au mauvais spectacle d’un magicien qui sort des décisions de son chapeau. Echec complet, aussi, quant à la promesse qu’il y aurait moins de contestations, de polémiques et d’accusations de favoritisme. Au bout d’une saison qui fut celle de la généralisation de l’arbitrage vidéo, la Coupe du monde 2019 sonne l’heure d’une prise de conscience douloureuse : impossible, désormais, de nier toutes les impasses auxquelles mène cette expérience. Une somme de difficultés dont les partisans de la vidéo n’avaient pas anticipé le dixième malgré leur caractère prévisible. Pour l’heure, la FIFA maintient sa posture de déni, admettant à peine les plus exorbitants des problèmes soulevés – elle a ainsi été contrainte de suspendre l’application de la nouvelle règle sur la position des gardiens lors du tir de penalty. Vendredi 21 juin, Pierluigi Collina, président du comité de l’arbitrage de la confédération, s’est dit « ravi que la VAR ait si bien fonctionné jusqu’à présent ». Lire aussi Le guide de la Coupe du monde féminine 2019 Acculés, les partisans de l’arbitrage vidéo se replient derrière une ligne de défense de plus en plus fragile : tout serait « la faute aux arbitres » et à la mauvaise utilisation d’un outil vertueux. Combien de temps leur faudra-t-il, cette fois-ci, pour comprendre que la VAR est dans le fruit ?
Conception administrative des règles, décisions incomprises, polémiques : notre chroniqueur Jérôme Latta revient sur les travers de la VAR.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/24/arbitrage-video-la-coupe-du-monde-son_5480797_3242.html
mlsum-fr-131
« La carte des départs de feux en Amazonie recoupe sans surprise les bordures entre forêt, champs mis en culture et surtout aires de reproduction des troupeaux de plus de 100 000 têtes » (photo : Incendie, près de Porto Velho, Etat du Rondônia, partie haute du bassin de l’Amazone, le 29 août 2019). RICARDO MORAES / REUTERS Tribune. Alors que, face aux incendies se déroulant en Amazonie, beaucoup déclarent sur les réseaux sociaux « prier pour l’Amazonie », nul doute qu’une action politique pourrait être plus efficace. L’augmentation actuelle de plus de 80 % du nombre de départs de feu par rapport à 2018 n’est pas un hasard. Depuis l’accès au pouvoir de Jair Bolsonaro, soutenu par un groupe parlementaire « bœuf, bible, et munitions », les propriétaires de ranchs et grands agriculteurs ont pu bénéficier d’un sentiment d’impunité. La carte des départs de feu en Amazonie recoupe sans surprise les bordures entre forêt, champs mis en culture et surtout aires de reproduction des troupeaux de plus de 100 000 têtes. Le ministre finlandais des finances, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a annoncé sa volonté d’interdire l’importation de bœuf brésilien en Europe pour protester contre la politique de déforestation du gouvernement brésilien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendies : l’Amazonie paie la politique du président brésilien Emmanuel Macron, soutenu par son homologue Angela Merkel, s’est opposé dans ces conditions à l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Et ce serait une excellente chose s’il tenait parole. Car tant que nos pays seront les commanditaires des incendiaires, par nos importations de viande ou de soja destinés aux élevages, nous serons coresponsables de ce qui arrive au Brésil. Une trop grande dépendance au soja Comme l’a souligné l’ONG Greenpeace cet été dans son rapport Mordue de viande – L’Europe alimente la crise climatique par son addiction au soja : « Avec près de 33 millions de tonnes de soja [sous toutes ses formes] importées chaque année, l’Union européenne [UE] est le deuxième importateur mondial de soja, derrière la Chine. Cette dépendance est imputable à l’élevage industriel : 87 % du soja utilisé dans l’UE est destiné à l’alimentation animale. Si une partie de la production européenne de viande et de produits laitiers est exportée, la plupart restent dans nos frontières pour satisfaire notre appétit insatiable. En Europe de l’Ouest, une personne consomme en moyenne 85 kg de viande et 260 kg de lait [ou produits laitiers équivalents] chaque année – soit plus du double de la moyenne mondiale. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, la mise en place d’une politique de destruction de l’environnement Les auteurs Hussel Kroes et Barbara Kuepper, ayant cartographié la chaîne d’approvisionnement du soja en Europe, ont estimé l’impact de l’élevage intensif : sur ce soja destiné à fournir les élevages, 50 % sont dédiés aux élevages de poules, 24 % aux élevages de cochons et 23 % aux élevages bovins.
Dans une tribune au « Monde », Elodie Vieille Blanchard et Frédéric Mesguich, de l’Association végétarienne de France, considèrent que nous sommes également responsables des incendies en Amazonie, car la viande que nous mangeons provient d’animaux nourris au soja produit au Brésil.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/30/la-foret-amazonienne-brulee-par-l-industrie-de-l-elevage_5504493_3232.html
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Les Camerounaises éliminées par l'Angleterre, dimanche 24 juin. Denis Charlet / AFP C’était hier France-Brésil : 2-1 Dans un stade Océane du Havre qui n’avait sans doute jamais autant vibré, les Bleues se sont offert un troisième quart de finale consécutif en Coupe du monde, au terme d’un match asphyxiant. Tout avait pourtant bien commencé pour les Françaises. Mais le but refusé à Gauvin pour une faute sur la gardienne Barbara, auteure d’une sortie ratée, leur a coupé les jambes. En face, les Brésiliennes ont su imposer le rythme, casser le jeu avec de nombreuses fautes, et profiter de leurs rares occasions pour mettre en danger Bouhaddi. Au retour des vestiaires, les Françaises ont enfin pu développer leur jeu. Et Gauvin, servie par une Diani intenable sur son côté droit a ouvert le score (52e). Mais alors qu’on s’attendait à ce que les Françaises tuent le match, ce sont les Brésiliennes qui ont repris le dessus. Si Bouhaddi a bien envoyé une tête de Cristiane sur la barre (55e), elle n’a rien pu faire dix minutes plus tard, quand les Brésiliennes ont égalisé sur une frappe de Thaisa oubliée dans la surface française (64e). En prolongation, Debinha a bien failli devenir sauveuse de la nation brésilienne. Son déboulé et sa frappe ont été sauvés sur la ligne par Mbock, dont le tacle lui vaudra peut-être une statue dans sa ville de Brest (105e). Quelques secondes plus tard, les Bleus reproduisaient le coup franc victorieux des garçons en 2006 pour prendre les devants grâce à Majri et Henry dans le rôle de Zidane et… Henry. Henry 2006/Henry 2019 #FRABRA https://t.co/JBBG6a0WfO — Eurosport_FR (@Eurosport.fr) Angleterre Cameroun : 3-0 Sûrement l’un des matches les plus étranges de cette Coupe du monde : l’Angleterre, sans briller, a infligé une raclée aux Camerounaises, sorties sur le même score que les Nigérianes la veille contre l’Allemagne. Les Lionnes Indomptables se sont surtout illustrées par leur obstination à contester les décisions de l’arbitre, qui a fait régulièrement appel à l’arbitrage vidéo. A deux reprises, elles ont envisagé de ne pas reprendre la partie, après un but encaissé - elles réclamaient un hors-jeu - et un autre annulé - pour hors-jeu. Les Anglaises ont gardé la tête froide dans la fournaise de Valenciennes, bien aidées par l’ouverture du score précoce, sur un coup franc indirect dans la surface après que la gardienne camerounaise a pris à la main un ballon offert par sa défenseuse. Les buts anglais sont signés Houghton, White et Greenwood. L’opposition sera plus relevée au prochain tour, face aux Norvégiennes. C’est aujourd’hui Espagne-Etats-Unis (18 h 00, à Reims, en direct sur Le Monde. fr) : Voilà un huitième de finale qui donne envie, et que les Françaises regarderont avec attention puisqu’il désignera leur prochain adversaire. L’Espagne s’attaque à la montagne américaine, impressionnante en phase de poules. Mais, à l’exception de la Suède, leurs adversaires étaient jusqu’à présent très loin d’être à leur niveau. L’Espagne, 13e nation mondiale, réalise des progrès énormes et ne s’était inclinée face à elles que sur un score de 1 à 0 en janvier. Les joueuses de Jorge Vilda ont déjà montré dans ce Mondial qu’elles pouvaient rivaliser avec les meilleures, notamment face à l’Allemagne. On les imagine mal, toutefois, parvenir à déstabiliser les Etats-Unis, dont la buteuse Alex Morgan va mieux. Suède-Canada (21 heures, à Paris, en direct sur Le Monde. fr) : A l’image de Norvège-Australie, ce huitième de finale entre deux outsiders de la compétition semble très équilibré. Comme le bilan de leurs huit rencontres, avec 2 victoires pour les « Canucks » contre 3 pour les Suédoises, avec 3 matches nuls. Quart de finaliste du dernier Mondial, les Canadiennes ont terminé 2e de leur groupe, battues par les Pays-Bas, tandis que la Suède ne s’est inclinée que face aux Etats-Unis. Les joueuses de Peter Gerhardsson partent toutefois avec un petit avantage : le sélectionneur suédois a fait tourner son effectif au dernier match de poules et son équipe type va se présenter plus fraîche que les Canadiennes. Ce qui pourrait peser, alors que la température annoncée sera de 30 degrés au coup d’envoi au Parc des Princes. C’est dit « Dans la Coupe du monde masculine, les arbitres étaient autorisés à prendre des décisions et on leur faisait confiance. Dans cette Coupe du monde, aucune décision des arbitres n’est jugée crédible, chaque décision est remise en cause et considérée comme si, par principe, elle était erronée. La dynamique est complètement différente. » Analyse de la joueuse galloise Jessica Fishlock, prêtée cette saison à l’Olympique lyonnais, au sujet de l’inflation de recours à l’arbitrage vidéo depuis le début de la Coupe du monde. Il faut préciser que l’ensemble des arbitres de champ sont des femmes, quand les VAR, dans leur camion, sont des hommes. @DiCiccoMethod @Yael_Averbuch For me. It’s because in the Men’s WC, the referees were allowed to make calls & the c… https://t.co/et631vjnuR — JessFishlock (@Jessica Fishlock MBE) C’est vu Ce qu’il y a de rafraîchissant dans cette Coupe du monde féminine, c’est ce respect de l’arbitre et des adversaires que l’on ne trouve plus chez ces messieurs. 😮 – Juste avant le but d’Houghton, Duggan a été victime d’un crachat sur son bras de la part d’Ejangue !… https://t.co/Ifk5CT3lgY — telefoot_TF1 (@Téléfoot) 🎥 – 45’+4’ – Scène incroyable à Valenciennes ! ❌ Les Camerounaises refusent de reprendre le jeu !… https://t.co/4xPhbYnLNO — telefoot_TF1 (@Téléfoot) 😠 – 50' – Les Camerounaises sont hors d’elles après leur but refusé ! https://t.co/FQ1rIygEGo 🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿 2 – 0 🇨🇲… https://t.co/lKrRFop3ac — telefoot_TF1 (@Téléfoot) No context required https://t.co/u5dd7gl26W — FourFourTwo (@FourFourTwo ⚽️) https://t.co/8BeO2vIhBD — JacquiOatley (@Jacqui Oatley) C’est lu L’après-midi de huitième de finale à Valenciennes a moins été le théâtre de la victoire des Anglaises que des manifestations des Camerounaises, y compris vu d’Angleterre. Le correspondant du Sunday Times décrit des faits « d’une terrible laideur ». « Le résultat laisse à penser que ce fut confortable, mais ce fut chaotique et incendiaire », écrit Matt Dickinson. Phil Nevill, le sélectionneur des Three Lionesses, n’a même pas réussi à se réjouir de la qualification de ses joueuses : « Ce n’est pas un match de Coupe du monde, en termes de comportement que l’on voudrait voir de la part des joueuses. Tout le monde va voir ces images. » C’est bonus "Il faut pleurer avant pour sourire à la fin..." Marta, très émue, a un message pour la relève de la sélection "Au… https://t.co/RPn15XuMCv — CanalFootClub (@Canal Football Club) « Il faut pleurer au départ pour sourire à la fin. En vouloir plus, s’entraîner plus, en vouloir plus. Être prête à jouer autant que possible. C’est ce que je demande aux filles. Il n’y aura pas de Formiga, de Marta, ou de Cristiane éternellement. Le football féminin a besoin de vous pour survivre. Pleurez au début pour sourire à la fin. » Message envoyé par Marta dans son interview d’après-match à la télévision brésilienne.
Après l’étouffant France-Brésil, la gazette revient sur le psychodrame d’Angleterre-Cameroun, l’adresse de Marta aux jeunes Brésiliennes et se projette sur l’alléchant Etats-Unis-Espagne.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/24/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-var-a-gogo-camerounaises-en-colere-et-le-message-de-marta_5480504_3242.html
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Coup de froid sur la smart city ? La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) vient de sévèrement tacler deux projets sécuritaires : le premier concernant des portiques biométriques destinés à deux lycées à Nice et à Marseille, le second au sujet d’un réseau de micros déployés dans les rues de Saint-Etienne. Le gendarme des données personnelles a d’abord fait parvenir, vendredi 25 octobre, une missive aux rectorats de Marseille, de Nice ainsi qu’au président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur (PACA). Dans son courrier, révélé par Mediapart, la commission étrille le projet d’équiper le lycée des Eucalyptus, à Nice, et Ampère, à Marseille, de portiques de reconnaissance faciale destinés à filtrer à l’entrée les élèves volontaires. Même si elle peut prendre des sanctions une fois le projet lancé, la CNIL n’avait pas à l’autoriser formellement en amont. Elle a cependant été destinataire du rapport établi par la région PACA détaillant le projet et estimant les dégâts potentiels en matière de vie privée. Elle a donc pu évaluer si ce projet était, ou non, dans les clous du droit. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La reconnaissance faciale progresse, sous la pression des industriels et des forces de l’ordre Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas été convaincue. Elle estime même que, si la région persistait, ce projet serait illégal au regard du droit européen sur les données personnelles. Signe que la CNIL souhaite peser dans un débat de plus en plus brûlant autour de la reconnaissance faciale, la commission a assorti son courrier d’un communiqué, publié mardi 29 octobre. Des données extrêmement sensibles Dans ce texte, elle explique que le projet de la région PACA est « disproportionné », et même « contraire aux grands principes de proportionnalité et de minimisation des données » garantis par les textes européens. Elle y rappelle aussi le caractère extrêmement sensible des données biométriques, surtout lorsqu’elles sont utilisées à des fins de contrôle ou de surveillance. Ces données sont d’autant plus sensibles qu’elles sont, en la matière, celles d’élèves mineurs. Pour la CNIL, le simple contrôle d’accès d’un établissement scolaire ne mérite pas qu’on manipule de telles données. « Les objectifs de sécurisation et la fluidification des entrées dans ces lycées peuvent être atteints par des moyens bien moins intrusifs (…) comme par exemple un contrôle par badge », écrit la commission. « Il appartient désormais à la région et aux lycées concernés, responsables du dispositif envisagé, d’en tirer les conséquences », conclut la CNIL. « Cette décision a un siècle de retard ! », s’est étranglé, en réponse, Renaud Muselier, le président (Les Républicains, LR) de la région PACA. « Dans un monde où la reconnaissance faciale fait le quotidien de centaines de millions d’usagers de smartphones, il est incompréhensible de refuser des dossiers aussi simples et ambitieux que le nôtre », a-t-il regretté dans un communiqué. Il s’est aussi engagé à déposer un nouveau dossier auprès de la CNIL « dans les plus brefs délais ». « Je m’engage personnellement à aller le défendre auprès des dirigeants de cette instance », a-t-il promis. Le courrier de la CNIL a en revanche été beaucoup plus apprécié du côté des opposants au projet. « Cette première victoire contre la reconnaissance faciale en France ne peut que nous rendre optimistes dans la lutte qui nous oppose aux systèmes déjà existants », s’est réjouie La Quadrature du Net. Saint-Etienne également recadrée La CNIL a également recadré par courrier du 25 octobre la métropole de Saint-Etienne concernant son projet d’équiper certaines rues de micros destinés à alerter les autorités en cas d’anomalie. Contrairement à la région PACA, qui avait transmis un dossier à la CNIL, c’est ici la commission elle-même qui a pris l’initiative de contrôler le projet. Et ce qu’elle a trouvé ne lui a pas plu. Selon elle, le dispositif envisagé ne respecte pas le droit en vigueur en matière de données personnelles, écrit-elle dans un courrier révélé par Télérama et dont Le Monde a également eu connaissance. Le fonctionnement de ce système est relativement simple : un quartier stéphanois sera équipé de petits micros destinés à la détection de certains éléments sonores anormaux (accidents, klaxons, bruits de choc, crépitements, explosions…) pour en alerter le centre de supervision urbaine, lequel pourrait braquer les caméras de vidéosurveillance sur la zone et ainsi décider de la marche à suivre, y compris d’alerter les secours ou les forces de l’ordre. En l’état, ce projet « ne peut pas être légalement mise en œuvre », tacle la commission, relevant notamment la « captation continue, systématique et indifférenciée des sons dans l’espace public » et donc le risque de « capter des conversations privées ». La CNIL va plus loin et craint que ce système de micros malmène « d’autres droits fondamentaux des citoyens, et plus particulièrement la liberté d’expression, de réunion, de manifestation, d’association et d’aller et venir ». En effet, poursuit-elle, « les personnes concernées pourraient être amenées à altérer leur comportement, par exemple en censurant elles-mêmes leurs propos tenus sur la voie publique ou en modifiant leurs déplacements ». La présidente de la CNIL, Marie-Laure Denis, a donc décidé d’adresser un avertissement à la métropole de Saint-Etienne. C’est d’ailleurs la première fois que la commission fait usage de ce mécanisme. La CNIL appelle, à nouveau, à un débat La CNIL profite de ces deux courriers pour relancer, une nouvelle fois, le débat autour du cadre légal applicable aux nouveaux dispositifs de surveillance biométrique. Ainsi, dans son communiqué portant sur les lycées niçois et marseillais, la commission explique avoir lancé des « travaux » au sujet de la reconnaissance faciale. A Saint-Etienne, la CNIL a aussi noté que la loi était muette sur l’appariement de capteurs sonores à la vidéosurveillance. « Un encadrement législatif », autorisant spécifiquement ce dispositif était donc « indispensable », écrit la commission, « tout comme le législateur est d’ailleurs intervenu pour poser des garanties en matière de vidéoprotection dans l’espace public ». « Une telle loi apparaît nécessaire », selon la CNIL. Cela fait plusieurs mois que la CNIL appelle à un débat législatif sur la question. La situation pourrait évoluer prochainement : le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, appelait dans nos colonnes à davantage d’expérimentations en matière de reconnaissance faciale.
La Commission de l’informatique et des libertés a estimé illégaux deux projets, l’un de reconnaissance faciale destinée à des lycées et l’autre de micros dans la rue, et appelle de nouveau à un débat public.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/29/marseille-nice-saint-etienne-les-semonces-de-la-cnil-face-a-des-nouveaux-projets-securitaires_6017341_4408996.html
mlsum-fr-134
Ursula Von der Leyen a été invitée à participer à la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi 17 et vendredi 18 octobre. JOHN THYS / AFP C’était son premier sommet européen. Ursula von der Leyen n’a pas encore pris la tête de la Commission, mais elle avait été invitée à participer à la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement, jeudi 17 et vendredi 18 octobre. Une première immersion pour celle qui, d’ici quelques semaines, remplacera Jean-Claude Juncker. Mais les Etats membres en ont aussi profité pour entendre Mme Von der Leyen sur la manière dont elle voit ses cent premiers jours à la tête de l’exécutif communautaire. Car ses débuts n’ont pas été convaincants et ils avaient sans aucun doute des messages à lui faire passer pour la suite. Alors que le Parlement européen n’a validé sa nomination qu’à une très courte majorité le 16 juillet, elle a par ailleurs dû renoncer à trois de ses commissaires – le Hongrois Laszlo Trocsanyie, la Roumaine Rovana Plumb et la Française Sylvie Goulard –, après l’examen de leur candidature par les eurodéputés. En ces deux occasions, la majorité politique que Mme Von der Leyen pensait avoir constituée autour de trois groupes politiques – les conservateurs du PPE, les sociaux-démocrates des S&D et les libéraux de Renew (dont la liste macroniste Renaissance constitue la première formation politique) – est apparue très faible. « Crise institutionnelle » La nomination de l’ex-ministre de la défense d’Angela Merkel a été particulièrement mal vécue au Parlement européen, où le PPE et, dans une moindre mesure, les S&D revendiquaient la présidence de l’exécutif européen pour leur tête de liste. Le conservateur allemand Manfred Weber, aujourd’hui président du groupe PPE à l’Assemblée législative, et le travailliste néerlandais Frans Timmermans, nommé vice-président de la Commission, ont encore du mal à digérer l’épisode. « Les trois groupes [du Parlement européen] ont commencé un processus physico-chimique qui s’appelle la pyrolyse » et qui a pour effet de « tout détruire », a expliqué M. Macron, vendredi, à l’issue du conseil européen. « Ça a marché, on a trois commissaires en moins, un dans chaque groupe. Mais ça ne permet pas d’avoir une Commission forte avec une majorité forte et un projet ambitieux », a-t-il poursuivi, évoquant une « crise institutionnelle ». Au-delà de cette analyse, M. Macron est revenu sur la responsabilité de Mme Von der Leyen, dans l’éviction de Mme Goulard. Il a évoqué les assurances que lui avait données la présidente de la Commission, pour qui les risques liés à la nomination de la Française (visée par une enquête dans l’affaire des emplois fictifs du MoDem), a-t-il rapporté, étaient « encadrables ».
La future présidente de la Commission européenne multiplie les contacts avec le Parlement européen pour essayer de construire une majorité stable.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/18/l-operation-reconquete-de-von-der-leyen_6016113_3210.html
mlsum-fr-135
C’est aujourd’hui Toujours pas de rugby en ce mercredi 30 octobre. Mais, réjouissez-vous puisqu’il n’y a plus que quarante-huit heures avant la petite finale entre les Néo-Zélandais et les Gallois. Pas de Top 14 non plus, ce qui veut dire qu’il va donc falloir se contenter de football ou plutôt de Coupe de la ligue : Monaco reçoit Marseille à 21 h 5. Un peu plus tôt, Lyon devrait tranquillement valider sa qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions féminine. Les Lyonnaises reçoivent le Fortuna Hjörring (16 h 30), qu’elles ont battu 4 à 0 à l’aller. C’est vu England prop Joe Marler & his giant travel-pillow arrive with a bump at the team’s Tokyo city centre hotel ahead of… https://t.co/j3wo3ipdqB — danroan (@Dan Roan) Le sommeil est l’une des clés de la réussite dans le sport. Pour essayer de l’optimiser, l’Anglais Joe Marler a trouvé une bonne solution en se greffant un immense oreiller autour du cour pour pouvoir piquer un somme n’importe où. Et en plus, cela lui permet de faire une blague au cameraman qui tente de filmer l’arriver des joueurs à leur hôtel. Le tout sans prendre aucun risque de blessure. C’est dit « Les membres de ma famille essaient de nous donner des astuces sur comment jouer au rugby. Ma tata est géniale pour ça. Elle essaie de me dire comment jouer no 8 et elle essaie aussi de donner des conseils à mon frère [Mako]. » Billy Vunipola contre la Nouvelle-Zélande, le 26 octobre 2019. CHRISTOPHE ÉNA / AP Le troisième-ligne anglais Billy Vunipola est très content d’avoir beaucoup de ses proches au Japon. En revanche, il a un peu plus de mal avec tous les conseils qu’ils peuvent donner. « Leur soutien est énorme, mais ça peut devenir une distraction », assure-t-il. Désolé tata, mais Billy ne va peut-être pas t’écouter cette fois-ci. C’est dit (bis) « Je transmets mes meilleurs vœux à Warren Gatland. J’espère qu’il profitera à fond de ce match pour la troisième place. » Eddie Jones, le sélectionneur anglais, le 29 octobre. ODD ANDERSEN / AFP Comme à chaque fois, Eddie Jones a fait le show en conférence de presse, lundi. Le sélectionneur australien de l’Angleterre a répondu à son homologue néo-zélandais qui s’occupe de la sélection galloise et qui l’avait gentiment taclé après la qualification anglaise pour la finale : « On a déjà vu des équipes jouer leur finale en demi-finale et passer à côté ensuite. Ce sera intéressant de voir comment l’Angleterre réagira la semaine prochaine. » Eddie Jones n’a forcément pas attendu le match le plus attendu de l’année pour répondre avec un petit tacle à la gorge. Le protocole commotion devrait bientôt être activé pour Warren Gatland. C’est la première La France est en finale de la Coupe du monde de rugby ! Jérôme Garcès arbitrera la rencontre entre l’Angleterre et l’Afrique du Sud (samedi à 10 heures), une première pour un arbitre français. Jusque-là, deux Sud-Africains (dont André Watson à deux reprises), deux Gallois, un Australien, un Anglais et un Irlandais avaient été au sifflet pour ces matchs. 👏 Félicitations à Jérôme Garcès qui va devenir samedi le premier français de l'histoire à diriger la finale de la C… https://t.co/Iwb2lUHsLN — FranceRugby (@France Rugby) Jérôme Garcès sera d’ailleurs accompagné par un autre Français, Romain Poite, qui sera son assistant. Le dernier arbitre français en lice dans cette Coupe de monde, Pascal Gaüzère, sera, lui, l’assistant de Wayne Barnes pour la petite finale entre la Nouvelle-Zélande et le pays de Galles, vendredi (10 heures). L’autre assistant de cette rencontre sera Jaco Peyper, l’arbitre sud-africain du match entre la France et le pays de Galles, qui avait dû s’excuser pour avoir pris une photo au milieu de supporteurs gallois où il mimait le geste de Sébastien Vahaamahina qui avait coûté son exclusion et marqué un tournant dans cette rencontre. C’est la première (bis) Alors que la Coupe du monde 2019 est sur le point de s’achever, Word Rugby vient d’annoncer que celle de 2022, en rugby à VII, se déroulera pour la première fois sur le continent africain, puisqu’elle aura lieu au Cap, en Afrique du Sud. 💥 HOT NEWS JUST IN 🏆 Cape Town to host RWC 7s in 2022 ✅ First-time ever in Africa 🔗 https://t.co/9wzhK57azD https://t.co/mroKkbtSvD — Springboks (@Springboks) Vingt-quatre équipes masculines et 16 équipes féminines seront attendues pour lutter pendant trois jours (c’est légèrement plus court qu’en rugby à XV) pour remporter la huitième édition de cette compétition. Quarante équipes pour succéder aux rugbymen et rugbywomen néo-zélandais, qui sont tous les deux doubles champions du monde en titre.
Toujours pas de rugby en ce mercredi, mais en attendant la finale, samedi, les Anglais essaient de ne pas trop écouter les conseils de leurs proches et appuient leurs sorties.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/30/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-de-rugby-2019-un-francais-en-finale-meilleurs-v-ux-et-gros-oreiller_6017407_3242.html
mlsum-fr-136
« Les philosophes Rousseau et Voltaire, de l’au-delà, éclairent le peuple. » Allégorie anonyme du XIXe siècle Selva/Leemage « L’Héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité », d’Antoine Lilti, EHESS/Gallimard/Seuil, « Hautes études », 416 p., 25 €. Qu’est-ce que les Lumières ? Pour Kant, en 1784, elles consistent dans le processus qui permettra à chacun d’oser penser par lui-même. Le siècle n’est pas encore éclairé mais en marche vers un temps où, libérés de leurs tuteurs anciens, tous les hommes pourront faire un usage libre et savant de leur raison devant le public qui lit. Foucault, commentant deux siècles plus tard le texte de Kant, définit le temps des Lumières comme la première époque historique qui s’est nommée elle-même et qui a fait de son présent l’objet même de l’interrogation philosophique. Dans L’Héritage des Lumières, ­livre ambitieux, qui questionne les idées trop hâtivement reçues, Antoine Lilti leur emboîte le pas, tout en s’écartant parfois de leurs grandes ombres. Pour l’historien, les Lumières ne sont pas un corps d’idées ou de théories, mais un « courant intellectuel et poly­phonique, articulé à un ensemble de pratiques sociales, dont le point commun est de promouvoir l’usage public de la raison, c’est-à-dire une discussion ouverte sur un grand nombre de sujets jusque-là réservés au secret de l’Etat ou de l’Eglise ». Cette volonté d’émancipation suppose une prise de conscience de soi qui constitue « l’intuition inaugurale d’un rapport critique d’une société à elle-même ». C’est une semblable ­attitude qui conduit Antoine Lilti à revisiter l’immense bibliothèque des écrits consacrés aux ­Lumières. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Un tour de France littéraire », les Lumières au marché noir Les mots qui reviennent le plus souvent dans son livre sont « ambivalence », « ambiguïté », « contradiction ». Ses Lumières sont résolument plurielles : « L’histoire des Lumières n’est pas celle d’un héritage qui s’imposerait à nous comme une évidence, mais celle d’une longue transmission faite de réinterprétations, de contresens, de redéfinitions. » Le constat récuse ainsi les visions globales des Lumières qui ont nourri aussi bien les enthousiasmes de leurs thuriféraires que les procès de leurs accusateurs, « l’adhésion à un héritage dont l’universalisme n’est même pas interrogé » et « le rejet en bloc des Lumières au nom d’une vision caricaturale de leurs liens avec le colonialisme ». Les jeux de la mondanité Appuyé sur ses précédents ouvrages, Le Monde des salons et Figures publiques (Fayard, 2005, 2014), Antoine Lilti discute les ­interprétations devenues classiques après L’Espace public, d’Habermas (1962 ; Payot, 1997). La notion de « société », définie comme « un intense réseau d’interactions sociales » situé entre l’intimité familiale et l’espace public, lui permet une profonde réévaluation des sociabilités du siècle. Les salons, les cafés, les clubs et même les loges maçonniques ne sont pas tant des lieux de l’exercice philosophique que des occasions de partager les plaisirs et les jeux de la mondanité.
Rendez-vous de l’histoire. Antoine Lilti souligne la complexité du XVIIIe siècle intellectuel et lui rend son actualité critique dans son nouvel essai.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/03/l-heritage-des-lumieres-d-antoine-lilti-les-lumieres-resolument-plurielles_6014045_3260.html
mlsum-fr-137
La décision a été prise lors d’un vote du conseil de santé publique et de planification sanitaire de l’Etat de New York. NAM Y. HUH / AP New York est devenu, mardi 17 septembre, le deuxième Etat des Etats-Unis, après le Michigan, à interdire la commercialisation des cigarettes électroniques aromatisées, accusées d’inciter les jeunes à vapoter avec, à la clé, un fort risque de dépendance à la nicotine. La décision a été prise lors d’un vote du conseil de santé publique et de planification sanitaire de l’Etat de New York, convoqué à la demande du gouverneur démocrate, Andrew Cuomo, qui avait réclamé dimanche des mesures d’urgence. Elle prend effet immédiatement, même si les contrôles ne démarreront que dans deux semaines. Ce qui fait de New York le premier Etat à mettre en œuvre la mesure, le Michigan attendant encore la publication des textes applicables. L’interdiction survient quelques jours seulement après que le président américain, Donald Trump, a annoncé, le 11 septembre, qu’une mesure similaire serait prise dans les prochains mois au niveau fédéral. « New York n’attend pas le gouvernement fédéral pour agir », a déclaré Andrew Cuomo, cité dans un communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le nombre de fumeurs en baisse, celui des vapoteurs en hausse Crise sanitaire ? « En interdisant les cigarettes électroniques aromatisées, a-t-il poursuivi, nous prenons une mesure de santé publique et nous contribuons à empêcher un nombre incalculable de jeunes gens de contracter une accoutumance à vie, coûteuse, mauvaise pour la santé et potentiellement mortelle. » Selon les chiffres du département de la santé de l’Etat de New York, près de 40 % des élèves de terminale vapotent. Les cigarettes électroniques sont pourtant interdites à la vente aux mineurs aux Etats-Unis, l’âge de la majorité se situant entre 18 et 21 ans selon les Etats. En juin, la ville de San Francisco (Californie) était devenue la première ville américaine à interdire la vente de cigarettes électroniques dans les magasins. L’ordonnance, adoptée à l’unanimité des onze élus, bannit aussi leur distribution à une adresse locale et leur fabrication. Elle entrera en application au début de 2020. Lire aussi San Francisco interdit la vente de cigarettes électroniques pour restreindre le vapotage chez les jeunes En dehors du problème de l’accoutumance, les politiques, au niveau local comme au niveau fédéral, ont été poussés à agir par ce qui s’apparente désormais à une crise sanitaire. Plus de 380 personnes ont présenté récemment de sérieux problèmes pulmonaires après avoir vapoté et six en sont mortes, selon les derniers chiffres du centre de contrôle des maladies. Mardi, une septième personne est morte, en Californie. L’enquête n’a pas encore permis de déterminer la cause précise de leur décès, mais l’hypothèse qui se dessine est qu’un grand nombre d’entre eux étaient des consommateurs de liquides artisanaux ou de contrebande contenant du tétrahydrocannabinol (THC), la substance active du cannabis. Des produits différents, donc, des cigarettes électroniques aromatisées interdites dans l’Etat de New York. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sévère mise en garde de l’OMS sur la cigarette électronique
La mesure d’interdiction pourrait être prise au niveau fédéral après la mort liée au vapotage de sept personnes aux Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/09/18/l-etat-de-new-york-interdit-les-cigarettes-electroniques-aromatisees_5511677_1651302.html
mlsum-fr-138
Une équipe vêtue de bleu a soulevé, dimanche 29 septembre, le trophée européen sous les confettis de Bercy. Mais l’équipe de France de volley, qui avait tant rêvé d’un sacre à domicile, n’aura été que spectatrice du triomphe des Serbes. Après avoir brisé le rêve français, vendredi en demi-finales, la Serbie s’est adjugé le titre de championne d’Europe en prenant le meilleur sur la Slovénie en quatre manches (19-25, 25-16, 25-18, 25-20). Petric at the double, Serbia at the double... after their women's team in Turkey it is their men's team in Paris! A… https://t.co/SRm9GTTOo6 — CEVEuroVolley (@EuroVolley) Comme face aux Bleus, les Serbes ont été dominés dans le premier set par le coorganisateur de la compétition, qui disputait son premier match hors de ses bases. Mais portés par leur pointu, Aleksandar Atanasijevic, les hommes de Slobodan Kovac ont par la suite été supérieurs dans tous les domaines. Et décrochent sans trembler leur troisième couronne continentale, après 2001 et 2011. Lire aussi Euro de volley : la Serbie brise le rêve doré des Bleus Bercy fait le plein Déjà battus en 2015, en finale de l’Euro remporté par les Français, les Slovènes doivent se contenter de l’argent continental. Incapables de rééditer une performance à la hauteur de celles les ayant vu éliminer successivement la Russie, championne d’Europe (alors), et la Pologne, championne du monde, la Slovénie n’a pas du profiter du fort contingent de supporteurs vêtus de vert venu les encourager à Paris. Dans un Palais omnisport de Paris-Bercy ayant fait le plein (12 654 spectateurs), l’Euro 2019 de volley s’est achevé sous les cris de joie des joueurs serbes. Nouveaux champions d’Europe, comme leur équipe féminine sacrée il y a peu, les Serbes n’ont pas pour autant décroché un ticket pour les prochains Jeux olympiques. Dès janvier, ils devront ferailler à Berlin pour le dernier billet pour Tokyo. Face à eux, leur victime du soir slovène, mais aussi les Allemands ou la Bulgarie. Et la France, qui pourra tenter de consoler ses rêves déchus en se disant qu’ils ont rendu les armes face aux futurs vainqueurs, invaincus lors de la compétition.
Tombeurs des Bleus en demi-finales de la compétition, les Serbes ont battu la Slovénie dimanche, et remportent le troisième titre européen de leur histoire.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/29/euro-de-volley-la-serbie-sacree-a-bercy_6013535_3242.html
mlsum-fr-139
« L’expérience politique d’Ursula von der Leyen en dit peu quant à sa capacité à affronter les défis du moment, de l’immigration au réchauffement climatique, en passant par le Brexit. » Photo : Ursula von der Leyen, à Bruxelles, le 10 juillet 2019. FRANCOIS LENOIR / REUTERS Tribune. Après plus de cinq semaines de discussions difficiles, les leaders européens sont arrivés, le 2 juillet, à un accord surprenant quant aux noms à désigner aux postes-clés de l’Union européenne. Cet accord est en réalité une gifle au Parlement européen et aux 51 % d’électeurs européens qui ont pris la peine d’aller voter en mai dernier. Il met à mal, s’il est approuvé par le Parlement européen, le pouvoir grandissant de ce dernier, que ce soit pour déterminer l’agenda européen ou tenir pour responsables de leurs actes les dirigeants de l’Union. De ce point de vue, il peut être considéré comme une atteinte à notre démocratie parlementaire européenne, encore embryonnaire. Un premier ministre belge, Charles Michel, sur le départ et ne bénéficiant plus du soutien de son propre Parlement pour le Conseil européen, un ancien ministre espagnol, Josep Borrell, âgé et éclaboussé en 1999 par un scandale de fraude fiscale impliquant deux de ses anciens collaborateurs au secrétariat d’Etat aux finances… Article réservé à nos abonnés Lire aussi UE : le cordon sanitaire contre les candidats d’extrême droite reste solide au Parlement Les Européens auraient pu rêver d’un meilleur casting. Ils pouvaient d’ailleurs légitimement espérer d’autres noms en se rendant aux urnes. Les candidats ne manquaient pas. Mais le nom le moins attendu est celui de l’actuelle ministre fédérale allemande de la défense et alliée de longue date d’Angela Merkel, Ursula von der Leyen. Alors que le Parlement doit se prononcer, celle-ci fait déjà l’objet de vives critiques, en grande partie justifiées. Une logique transnationale qui heurte la majorité parlementaire Après une élection qui a dévoilé pour la première fois une logique transnationale, le choix – plutôt de nature intergouvernementale – visant à imposer Ursula von der Leyen ne peut que heurter l’actuelle majorité parlementaire, pro-européenne et progressiste, ainsi qu’une bonne partie de l’opinion publique. Bien qu’elle appartienne au même groupe politique du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), c’est Manfred Weber et non Ursula von der Leyen qui a fait campagne pour la présidence de la Commission. Il l’a fait comme Spitzenkandidat, affrontant ainsi Frans Timmermans (du groupe S&D, l’alliance des socialistes et démocrates) et Margrethe Vestager (du groupe libéral auquel appartient LRM). En vertu du système des Spitzenkandidaten, la présidence de la Commission revient aux candidats mis en avant par leurs groupes respectifs. Ce système, visant à permettre aux électeurs de choisir en connaissance de cause entre plusieurs plates-formes politiques pour l’Europe, plutôt que de se prononcer sur des bases exclusivement nationales, a été lancé en 2014.
Le choix de la ministre allemande de la défense pour la présidence de la Commission européenne, s’il était approuvé par le Parlement, porterait une atteinte à notre démocratie européenne, estime, dans une tribune au « Monde », Alberto Alemanno, professeur en droit européen à HEC Paris.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/15/approuver-le-choix-de-mme-von-der-leyen-serait-une-atteinte-a-notre-democratie-parlementaire-europeenne_5489549_3232.html
mlsum-fr-140
Le PER « assurance » dispose d’un intérêt supplémentaire face au PER « compte-titres » : un abattement sur les sommes qui seront transmises aux bénéficiaires en cas de décès du souscripteur. Randy Faris/CORBIS/GraphicObsession Les futurs souscripteurs d’un PER individuel (PERin, successeur du PERP et du contrat Madelin) seront bientôt face à un choix nouveau : celui entre le PER « assurance » (pour « assurance-vie ») ou le PER « compte-titres ». La loi Pacte (plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) offre en effet ces deux possibilités, qui se traduisent par quelques différences financières et fiscales. Sur le plan financier, le PER « assurance » permettra, comme les contrats d’assurance-vie et les PERP actuels, de choisir entre différents supports financiers, dont un fonds en euros garanti. C’est un argument qui compte, pour de nombreux souscripteurs (ce type de fonds capte en effet plus de 70 % des versements réalisés en assurance-vie), mais les rendements des fonds en euros étant désormais très bas, à cause des taux négatifs sur les marchés obligataires, ses perspectives ne sont guère étincelantes. « Le fonds en euros est nécessaire pour sécuriser l’épargne à l’approche de la retraite, explique Olivier Mariée, directeur commercial d’Axa France. Mais les épargnants devront comprendre que d’autres supports, sans garantie, sont mieux adaptés à l’horizon du long terme. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec le PER, l’épargne-retraite prend un nouveau départ D’autres assureurs évoquent la possibilité que le fonds en euros du PER rapporte davantage que celui de l’assurance-vie, car il pourra bénéficier d’une gestion plus diversifiée et plus offensive, en raison de la longue durée des engagements. En revanche, le PERin ne profitera plus du petit bonus dont bénéficiait le PERP, où les rétrocessions de commissions sur les unités de compte (une part des frais prélevés sur les fonds sans garantie) sont créditées sur le fonds en euros. Avec le PER, elles pourront être encaissées par l’assureur et les distributeurs, et ne viendront plus apporter un élément de rendement supplémentaire aux épargnants. Dans un PER « compte-titres », ce compartiment spécifique à l’assurance-vie ne sera donc pas présent. L’épargne y sera intégralement investie dans des sicav et des fonds communs de placement, dont la valeur n’est pas garantie. La sécurité sera apportée par les fonds monétaires et obligataires de court terme, mais avec un risque de baisse modeste si les taux d’intérêt des marchés financiers restent durablement bas. Les frais font la différence Ce sont les frais qui, finalement, pourraient faire la différence entre ces deux produits. Dans le PER « assurance », les frais des fonds et ceux du contrat s’additionnent, et, dans la mesure où ils sont calculés en pourcentage de l’épargne, ils sont d’autant plus importants que les montants sont conséquents. Avec le PER « compte-titres », l’épargnant supportera les frais des fonds plus, éventuellement, des frais liés au plan, mais, selon les professionnels, ceux-ci pourraient être fixes, ce qui favoriserait les plus gros investisseurs. Concernant la fiscalité sur les revenus, les deux types de plans seront logés à la même enseigne. Mais le PER « assurance » dispose d’un intérêt supplémentaire, avec un abattement sur les sommes qui seront transmises aux bénéficiaires en cas de décès du souscripteur. Un avantage qui pourrait convaincre un bon nombre de choisir cette formule plutôt que le compte-titres qui, lui, n’aura aucun atout de ce type. Actuellement, un choix similaire existe avec le plan d’épargne en actions, qui peut être souscrit sous forme de compte-titres ou d’assurance-vie. Et si les épargnants ont massivement opté pour le premier, les professionnels estiment que le PER « assurance » a de fortes chances de l’emporter, d’autant qu’il devrait être présent dans bien plus de réseaux (assureurs, mutuelles, banques, conseillers en gestion de patrimoine) que le PER « compte-titres », qui sera surtout proposé par les sociétés de gestion d’actifs ou par des banques à l’intention des entreprises. « Le choix entre les deux formules méritera d’être étudié », estime Philippe Crevel, délégué général du Cercle des épargnants. Bilan dans quelques années…
Les souscripteurs du nouveau plan épargne-retraite individuel pourront opter pour la formule « assurance » ou « compte-titres ». On vous explique la différence.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/11/05/epargne-retraite-quelle-version-du-per-individuel-choisir_6018042_1657007.html
mlsum-fr-141
NINI LA CAILLE C’est la dernière tendance à la mode chez les défenseurs de l’environnement : le « flight shaming », autrement dit « la honte de prendre l’avion ». Très médiatisé ces derniers mois, ce mouvement apparu en Suède revient à privilégier les transports ferroviaires plutôt qu’aériens afin de réduire son empreinte carbone. Alors que, selon l’Insee, 40 % des vols intérieurs en France sont des déplacements professionnels, la clientèle « business » commence-t-elle à être gagnée par ce mouvement ? Diminution des vols intérieurs Une chose est sûre : contrairement aux touristes, les voyageurs d’affaires sont de moins en moins nombreux à débarquer dans les aéroports européens. La tendance n’est pas nouvelle : entre 2012 et 2017, les voyages d’affaires ont diminué de 30 % pour les vols intérieurs et de 9 % sur l’ensemble des vols, selon les données compilées par Eurostat. « La baisse des trajets en avion s’explique en partie par le déploiement d’autres alternatives, comme la visioconférence », relativise Laurent Bensaid, directeur « Program Management » France chez BCD Travel. Mais, de son point de vue, le train séduit aussi un nombre croissant de voyageurs d’affaires sur les trajets domestiques : « Grâce à la réduction des durées sur certaines lignes, les comportements évoluent au profit du train », observe-t-il. « La baisse des trajets en avion s’explique en partie par le déploiement d’autres alternatives, comme la visioconférence » Cette tendance est confirmée par les chiffres transmis par la SNCF fin mai 2019 : les ventes affaires sur ses lignes ont progressé de 9,5 % entre 2016 et 2018. Des résultats que la SNCF attribue d’abord au lancement de ses nouvelles lignes à grande vitesse en 2017. « Depuis le lancement de la LGV qui met Bordeaux à moins de trois heures de Paris, l’avion est nettement moins plébiscité par les voyageurs d’affaires se rendant sur cette destination », confie un connaisseur du dossier. Des entreprises qui préfèrent le rail Chez Accenture, depuis plusieurs années les voyages d’affaires inférieurs à trois heures quinze doivent être faits en train plutôt qu’en avion. Une règle mise en place pour des raisons environnementales, mais aussi pratiques. « Sur les courtes distances, le train permet de gagner du temps par rapport à l’avion, entre le passage de la sécurité et l’attente dans les salles d’embarquement », fait valoir Alexandra Melville, responsable Mobilité et flottes d’entreprise chez Accenture. La Caisse des dépôts a aussi mis en place une charte qui demande à ses collaborateurs de privilégier le train pour les trajets réalisables en moins de trois heures. Idem pour la Banque de France : afin de réduire ses émissions de CO 2 , dans le cadre de son plan de déplacements entreprises (PDE), ses agents sont priés de recourir au train dès lors que la durée du trajet est inférieure à trois heures trente. Chez Egis, une entreprise d’ingénierie, la politique voyage du groupe incite les collaborateurs à ne pas utiliser l’avion pour des déplacements en métropole. Et pour cause : en 2017, 83 % des émissions de dioxyde de carbone émises par cette société étaient issues des déplacements de ses collaborateurs, dont près de la moitié concerne l’aérien et la voiture. Pour le moment, rares sont les entreprises qui se sont positionnées sur le sujet des déplacements de ses employés Pour le moment toutefois, rares sont les entreprises qui se sont positionnées sur le sujet. De l’avis de Pascal Valendru, responsable des partenariats au sein de la société de gestion des déplacements professionnels Travelys, l’arbitrage entre train et avion reste d’abord guidé par des considérations pragmatiques. « Les voyageurs d’affaires choisissent d’abord la solution la plus pratique pour eux et qui prend le moins de temps possible », fait-il valoir. La dimension « coût » intervient également, en particulier au sein des PME. Néanmoins, Laurent Bensaid observe une évolution des mentalités : « Il y a davantage d’attentes de la part de nos clients depuis quelques années sur les questions environnementales. Les entreprises se montrent concernées par la réduction de leur empreinte carbone. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi La révolution verte à la peine dans le voyage d’affaires Ecotaxe et bilan carbone De l’avis de Michel Dieleman, le président de l’AFTM, un changement d’état d’esprit commence à apparaître chez les voyageurs eux-mêmes : « En matière environnementale, les comportements vertueux sont de plus en plus plébiscités, notamment par les plus jeunes. » Toutefois, pour un chef d’entreprise, « il y a aussi une question d’image en jeu », nuance-t-il. « En matière environnementale, les comportements vertueux sont de plus en plus plébiscités, notamment par les plus jeunes » Une évolution également poussée par la législation. Depuis 2012, les entreprises de plus de 500 salariés doivent réaliser un bilan carbone, mais sans obligation de prendre en compte les déplacements professionnels de leurs collaborateurs. Dans le cadre du projet de loi d’orientation sur les mobilités (LOM), plusieurs amendements visant à taxer davantage l’avion ou interdire certains vols intérieurs ont été âprement discutés. Finalement, la ministre de la transition écologique et solidaire et des transports, Elisabeth Borne, a annoncé en juillet la mise en place d’une écotaxe sur les trajets aériens. Trajets sur lesquels risque aussi de se répercuter la hausse du prix du baril de pétrole. Lire aussi Le gouvernement met en place une écotaxe sur les billets d’avion Le changement de comportement pourrait également venir des compagnies aériennes elles-mêmes. KLM a annoncé en septembre dernier qu’elle remplacera dès mars 2020 une de ses cinq liaisons quotidiennes entre Bruxelles et Amsterdam par le train, à travers un partenariat avec Thalys et la NS Dutch Railways. Si le train gagne du galon chez les voyageurs d’affaires, il sera néanmoins difficile d’inverser la tendance au niveau mondial : selon l’IATA, l’Association internationale du transport aérien, le nombre de passagers aériens dans le monde devrait doubler d’ici à 2037 pour atteindre 8,2 milliards.
Les vols pour motif professionnel ont tendance à diminuer au profit du rail, les entreprises se disant de plus en plus concernées par la réduction de leur impact carbone.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/25/train-ou-avion-les-entreprises-a-l-heure-du-choix_6013000_3234.html
mlsum-fr-142
Ce guide a été rédigé par la rédaction de Wirecutter (groupe New York Times) et traduit par Le Monde. Les produits sont sélectionnés de manière indépendante. Le Monde et Wirecutter perçoivent une rémunération lorsqu’un de nos lecteurs procède à leur achat en ligne. En savoir plus Ce test a été réalisé aux États-Unis et a été initialement publié en anglais sur le site Wirecutter. Vous pouvez le lire ici en version originale. ARTICLE MIS À JOUR LE 20 NOVEMBRE 2018 : Nous avons ajouté des notes sur l’utilisation au long cours de notre premier choix, le Seed de Nixplay. Après avoir mené des recherches et essais pendant dix-huit heures, nous estimons que le Seed 10 pouces de Nixplay est le meilleur cadre photo numérique pour la plupart des utilisateurs et utilisatrices qui souhaitent exposer des photos, qu’ils pourront transférer sans fil depuis leur smartphone, leur disque dur, leurs comptes sur les réseaux sociaux, ou leur stockage en ligne. Son affichage est d’une qualité supérieure et son installation est simple, le plaçant devant la concurrence. Et puisqu’on peut envoyer des photos au cadre via les services cloud ou e-mail de Nixplay, ou indirectement depuis un dossier Dropbox partagé, on peut offrir le cadre en cadeau, puis partager des photos avec la personne qui le reçoit, même si elle habite à l’autre bout du monde. L’affichage IPS haute définition du Nixplay Seed offre des couleurs agréables et un large angle de vue : les photos sont superbes quel que soit le coin de la pièce depuis lequel vous les contemplez. Son format 4/3 lui permet d’afficher les photos de smartphone en plein écran, sans bandes noires, et d’être positionné en paysage ou portrait. On trouve un mode d’emploi étape par étape sur le site de Nixplay, pour une connexion au réseau wifi et un chargement des photos rapide et infaillible. Les images peuvent provenir d’un téléphone ou d’un ordinateur, d’un compte de réseau social comme Instagram ou d’un stockage sur le cloud tel Dropbox. Un capteur de mouvement permet d’économiser de l’énergie, puisqu’il met l’appareil en veille quand on quitte la pièce. Le câble d’alimentation USB est intelligemment conçu : il sert aussi de pied pour le cadre, qui peut ainsi être positionné en mode portrait ou paysage, avec une multitude d’angles de vue. Le Seed se contrôle à distance avec la télécommande incluse ou avec son application gratuite sur iOS et sur Android. Ses 8 Go d’espace interne permettent de stocker environ 25 000 photos de smartphone. Il ne s’agit pas là du cadre numérique le moins cher du marché, mais le Seed offre une variété de fonctionnalités, d’options de personnalisation, une facilité d’utilisation et une qualité d’image que ses rivaux ne peuvent égaler. On recommande aussi Le Nix Advance Si vous n’avez pas besoin d’une connexion wifi Le Nix Advance de Nixplay ne dispose pas du wifi, ce qui lui permet d’être proposé à un prix très concurrentiel. Il conserve néanmoins toutes les autres qualités de notre premier choix et existe en formats variés. Acheter sur Amazon* *Au moment de la publication, le prix était de 109,99€ Si vous préférez charger vos photos depuis une carte SD ou une clé USB, le Nix Advance de Nixplay vous fera économiser une somme non négligeable, tout en offrant les mêmes avantages que notre premier choix (à part la connexion sans fil). Il propose en effet les mêmes très bons écran, détecteur de mouvement et télécommande, et s’avère tout aussi simple à installer et utiliser. Nixplay fournit même une clé USB de 8 Go très pratique pour démarrer. Ce modèle n’étant cependant pas doté du wifi, si vous l’offrez à quelqu’un, cette personne devra se charger de transférer les photos elle-même. L’Advance est le cadre numérique le mieux noté sur Amazon, avec 4,5 étoiles attribuées par plus de 530 utilisateurs à l’heure actuelle. Parmi tous les modèles d’autres fabricants, c’est également celui qui existe en la plus grande variété de tailles. Le test complet • Pourquoi me faire confiance • Comment nous avons fait nos choix et nos essais • Notre premier choix • Ses défauts qui ne sont pas rédhibitoires • Notes sur l’utilisation au long cours • Le meilleur choix si vous n’avez point besoin du wifi • Des alternatives (potentiellement) gratuites • La concurrence • Prochainement • Récapitulatif Pourquoi me faire confiance Je couvre le matériel photo pour The Wirecutter depuis 2013 et cela fait quinze ans que je travaille comme photographe professionnel et consultant en image numérique. J’ai également dirigé ma propre boutique d’impression numérique pendant près de dix ans, produisant des tirages grand format de très haute qualité, dignes d’être exposés, avec des imprimantes à jet d’encre. Je fais partie de l’équipe pédagogique du Centre international de la photographie de New York et je donne des cours de photo aux quatre coins des États-Unis. Pour préparer ce guide, nous avons comparé huit cadres photo numériques en vis-à-vis et testé ces mêmes modèles en conditions réelles à domicile. Nous avons testé huit cadres photo à la maison pendant plusieurs jours. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Nous avons trié les quelque 1 600 cadres numériques en vente sur Amazon en nous reposant sur plusieurs critères fondamentaux. Dans un sondage auprès de plus de 200 lecteurs et lectrices de Wirecutter, les deux tiers des participants se sont dits intéressés par des formats de cadre entre 8 et 11 pouces. De plus, même un appareil photo compact à petit prix offre maintenant des images de 20 mégapixels, les cadres basse définition ne présentent donc guère plus d’intérêt. Nous avons ainsi sélectionné les écrans avec une résolution d’au moins 1 024 × 768 pixels. Les smartphones (et plusieurs appareils photos) capturant des images en 4/3, nous avons écarté les cadres avec un affichage 16/9. En effet, ils obligent à rogner la photo ou à l’afficher avec de larges bandes noires sur deux côtés. En respectant ces conditions, il ne restait plus que dix cadres à examiner et nous en avons testé huit. Certains, tels que le Micca Neo, ont une qualité d’écran fort mauvaise. D’autres, comme le très onéreux Aura Frame, sont compliqués à utiliser. Pour tout savoir des modèles que nous avons écartés et comprendre pourquoi, rendez-vous dans la rubrique La concurrence. J’ai transféré sur chaque cadre les mêmes photos, provenant d’appareils variés, du smartphone au reflex numérique. J’ai comparé la qualité de l’image, la fonctionnalité et la facilité d’utilisation, sur plusieurs jours et dans plusieurs pièces de la maison. Notre premier choix Le Seed de Nixplay affiche des photos superbes, offre une installation facile et permet de gérer les images efficacement. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Placez le Seed de Nixplay en position portrait et les photos s’inclinent également. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Après avoir passé dix-huit heures à faire des recherches et des tests pour déterminer les qualités essentielles d’un cadre photo numérique, et après avoir pratiqué huit modèles à domicile, nous estimons que le Seed de Nixplay est la meilleure option pour la majorité des utilisateurs et utilisatrices. Son écran 10 pouces produit des couleurs et contrastes agréables à l’œil, avec un ratio de 4/3 idéal pour les photos prises avec un smartphone. L’installation est rapide et facile. Son wifi intégré permet d’importer des photos depuis votre e-mail, le cloud ou un réseau social. Et un câble ingénieux, servant également de portant, soutient le cadre dans le sens portrait ou paysage. Si vous offrez le Seed en cadeau à quelqu’un, songez qu’il peut afficher les photos que vous envoyez à un compte email dédié : il suffit d’adresser une nouvelle photo dans un message électronique et elle s’affichera automatiquement sur le cadre. L’installation est rapide et facile. Son wifi intégré permet d’importer des photos depuis votre e-mail, le cloud ou un réseau social. Nous avons testé la version 10 pouces du Seed (qui existe aussi en 7 ou 8 pouces) et avons constaté que son affichage IPS offre des résultats agréablement précis, avec un grand angle de vue : le rendu est optimal quel que soit le coin de la pièce depuis lequel vous y jetez un œil. Son format 4/3 est parfait pour les photos de smartphone (et les optiques Micro 4/3), ainsi exposées en plein écran. Les capteurs de reflex numériques, comme nombre d’appareils compacts, ont un rapport légèrement différent, de 3/2. Ces images-ci seront donc bordées de bandes noires sur deux côtés. Cependant, ce décalage est assez subtil et tout le monde ne le remarque pas. Dans tous les cas, ce cadre est plus adapté qu’un écran au format 16/9. Les photos prises avec un reflex ou un appareil APS-C ont un format de 3/2. Donc à moins de les rogner, elles seront affichées avec des bandes noires sur deux côtés (comme ici). WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Tout comme les autres cadres Nixplay connectés au cloud, le Seed charge vos photos sur les serveurs de la marque avant de les envoyer vers le cadre. Ce fonctionnement permet de gérer le cadre depuis le site bien organisé de Nixplay mais requiert donc se connecter à son réseau wifi et à Internet. On peut piloter le téléchargement des photos et créer des playlists pour le cadre numérique depuis un navigateur web. Un mode d’emploi étape par étape, disponible sur le site de Nixplay, permet une connexion rapide et infaillible du cadre au wifi. Un mode d’emploi étape par étape sur le site de Nixplay permet une connexion rapide et infaillible du cadre au wifi. Au regard des attaques récentes sur Internet s’appuyant sur des objets connectés au réseau domestique comme serveurs proxy malgré eux, nous avons interrogé Nixplay sur ses protocoles de sécurité. « Contrairement à la plupart des appareils qui sont vendus dans le commerce et qui n’ont pas été sécurisés, nous ne nous exposons pas à un accès public via le routeur de l’utilisateur », précise le responsable logiciel chez Nixplay. « Autrement dit, il faudrait d’abord que le routeur ou le PC de l’utilisateur ait été compromis avant que notre cadre puisse être attaqué. Nous avons notre propre protocole bidirectionnel (via WebSockets) qui est crypté et nous n’ouvrons pas l’accès au système d’exploitation de nos cadres. » Le Seed ne possède pas de port USB ou de fente pour une carte SD. Il faut donc transférer les images via un compte Nixplay, soit depuis leur site, soit depuis leur appli. Lorsque le cadre est connecté au wifi, on peut ajouter des photos directement depuis la galerie d’un téléphone vers un compte Nixplay grâce à l’application gratuite de l’entreprise. On peut aussi utiliser le site bien conçu de Nixplay pour charger des photos depuis un ordinateur, un compte de réseau social ou un dossier de stockage sur le cloud (Facebook, Instagram, Google Photos, Flickr et Dropbox). Synchroniser ces comptes est très simple : il suffit de cliquer sur le bouton pour s’identifier et autoriser l’accès, et vos photos apparaissent automatiquement sur la page web de Nixplay. Le service cloud de Nixplay offre un espace de stockage de 10 Go (et on peut acheter de l’espace supplémentaire). Cette limite ne s’applique toutefois qu’aux photos chargées depuis le disque dur d’un ordinateur ou un téléphone. Les fichiers synchronisés avec les services cloud tels que Facebook, Google Photos ou Flickr ne comptent pas. Une fois identifié sur le site Nixplay, on peut transférer des images dans un album (au centre). On peut ensuite glisser ces photos sur une liste de lecture (à droite) pour les envoyer vers le cadre numérique. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Le Seed de Nixplay dispose d’un stockage interne de 8 Go, suffisant pour contenir environ 25 000 photos de smartphone. Il y a donc peu de chances que vous manquiez d’espace. Le Seed continuera à afficher les photos déjà chargées, même s’il est déconnecté d’Internet. Mais il faut se reconnecter au site de Nixplay pour ajouter de nouvelles photos ou modifier vos listes de lecture. On peut commander les opérations du Seed grâce à la télécommande fournie avec, ou depuis l’appli dédiée. Nixplay permet d’organiser ses photos en albums, que l’on peut ensuite combiner en listes de lecture et envoyer au cadre. Si l’on envoie plusieurs listes vers le cadre numérique, on peut choisir d’afficher les images d’une sélection spécifique, ou l’ensemble des photos. Autre option : on peut simplement lancer la lecture des photos récemment ajoutées. Et si l’on possède plusieurs cadres Nixplay, on peut adresser des listes de lecture différentes vers chaque appareil. Si vous possédez plusieurs cadres numériques Nixplay, vous pouvez envoyer des listes de lecture distinctes à chacun. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO On peut aussi afficher les photos envoyées par des amis ou membres de la famille. En effet, lorsque l’on crée un compte Nixplay, on reçoit une adresse mail @mynixplay.com. Ajoutez des contacts à votre liste d’amis dans l’application, et toute photo qu’ils enverront à cette adresse s’affichera sur le site Nixplay (de même que les dossiers partagés par les services cloud comme Dropbox), d’où vous pourrez l’ajouter à une liste de lecture. Par défaut, Nixplay empêche l’arrivée de photos envoyées par des personnes qui n’auraient pas été ajoutées à votre liste de contacts. Une fois les photos transférées sur votre cadre numérique, vous pouvez personnaliser la durée d’affichage de l’image et l’effet de transition pour votre diaporama. Les clichés qui ne sont pas en 4/3 peuvent être affichés au choix dans leur entièreté avec des bandes noires sur deux côtés, ou rognées afin d’occuper tout l’écran. Depuis l’appli Nixplay (version iOS ici), vous pouvez ajuster les réglages du cadre numérique, tels que les modes playblack ou veille (à gauche), ou bien utiliser votre smartphone en guise de télécommande (à droite). WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Le Seed utilise un câble d’alimentation USB semi-rigide, très bien pensé puisqu’il sert également de portant. Ainsi, le cadre peut être posé avec une orientation portrait ou paysage pour s’adapter à vos images (chose impossible avec les cadres dont le pied est fixe). Un détecteur de mouvement permet d’économiser de l’énergie en mettant l’objet en veille lorsque l’on quitte la pièce. De surcroît, on peut configurer un rythme de veille et de marche pour l’écran, bien pratique lorsque le cadre est posé dans une chambre et que l’on ne veut pas être gêné par sa lumière la nuit. Le Seed de Nixplay est doté d’un câble d’alimentation semi-rigide qui lui sert de portant et permet d’ajuster l’angle du cadre, et d’alterner entre un affichage portrait et paysage. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Ses défauts qui ne sont pas rédhibitoires Les cadres de Nixplay ne peuvent afficher les diaporamas automatiques de réseaux sociaux. Les anciennes versions n’étaient d’ailleurs même pas compatibles avec des dossiers partagés, mais récemment, Nixplay a ajouté la synchronisation avec les dossiers Google Photos et Dropbox. Bien qu’il faille gérer la synchronisation avec Google Photos par l’application mobile de Nixplay, et celle avec Dropbox par le site nixplay.com, on apprécie malgré tout cette amélioration. Si vous souhaitez ajouter manuellement des photos depuis Facebook, Instagram ou Flickr, il faut vous identifier via nixplay.com, choisir l’onglet « Photos », puis le sous-onglet « Social Media » dans lequel vous entrez vos comptes de réseaux sociaux. Vous verrez alors vos photos et pourrez les ajouter à une ou plusieurs de vos listes de lecture. Nixplay affirme travailler à davantage de synchronisation avec les réseaux sociaux à l’avenir. Notes sur l’utilisation au long cours Plusieurs collègues de l’équipe Wirecutter et des membres de leur famille possèdent un Seed de Nixplay et l’utilisent sans problème majeur. La grand-mère de l’un d’entre eux a tout de même observé pendant un temps une lumière anormale dans l’un des coins de l’écran, mais ce défaut a disparu de lui-même peu après et ne s’est pas présenté à nouveau depuis. Elle a également précisé que trop de photos se répètent lorsque la lecture est en mode aléatoire. Le meilleur choix si vous n’avez point besoin du wifi On recommande aussi Le Nix Advance Si vous n’avez pas besoin d’une connexion wifi Le Nix Advance de Nixplay ne dispose pas du wifi, ce qui lui permet d’être proposé à un prix très concurrentiel. Il conserve néanmoins toutes les autres qualités de notre premier choix et existe en formats variés. Acheter sur Amazon* *Au moment de la publication, le prix était de 109,99€ Si vous pouvez vous passer du côté pratique d’un transfert de photos sans fil, le Nix Advance de Nixplay vous fera faire des économies significatives, tout en offrant les mêmes avantages que notre premier choix. Il est doté du même très bon écran, des mêmes détecteurs de mouvement et télécommande, et il est tout aussi facile à installer et à utiliser. L’Advance est le cadre numérique le mieux noté sur Amazon à l’heure où nous écrivons ces lignes, avec 4,5 étoiles sur plus de 530 avis d’utilisateurs. Nous avons testé le modèle 10 pouces, mais il existe aussi en 8, 12, 15 et 18 pouces (ce dernier ayant un ratio 16/9). L’absence de wifi nécessite de charger les photos depuis une carte SD ou via le port USB. Contrairement à notre premier choix et notre sélection petit budget, l’Advance n’est pas doté d’espace de stockage interne. Mais Nixplay fournit une clé USB de 8 Go, bien pratique pour démarrer. Si vous possédez un Mac, notez qu’il vous faudra formater vos cartes SD dans votre appareil photo (plutôt que sur l’ordinateur) pour que l’Advance parvienne à les lire. Et si vous optez pour votre propre clé USB, elle doit être au format MS-DOS (FAT). L’Advance de Nixplayest est doté d’une entrée pour carte SD, d’un port USB et d’un jack pour les écouteurs. Nixplay fournit une clé USB de 8 Go que l’on voit ici. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Si vous possédez un Mac, notez qu’il vous faudra formater vos cartes SD dans votre appareil photo (plutôt que sur l’ordinateur) pour que l’Advance parvienne à les lire. Et si vous optez pour votre propre clé USB, elle doit être au format MS-DOS (FAT). À l’exception de l’absence de wifi et, bien entendu, de l’impossibilité d’utiliser l’appli Nixplay pour contrôler les listes de lecture des photos, l’Advance garantit une offre quasiment identique à celle de notre premier choix. Nous n’avons pas testé tous les cadres de la marque, mais notre expérience jusqu’à présent montre bien que Nixplay a prêté une attention toute particulière à la satisfaction client, avec une installation simple même pour les plus récalcitrants à la technologie. Les modèles Nixplay devraient être, à nos yeux, le point de départ pour tout acheteur de cadre numérique. Des alternatives (potentiellement) gratuites Si vous avez une vieille tablette rangée au fond d’un tiroir, cette option gratuite est plutôt imbattable. Si vous possédez une tablette iOS ou Android dont vous vous servez peu, alors vous détenez déjà, de fait, un cadre photo numérique, à condition de prendre le temps de comparer les différentes applis de diaporama qui existent et de trouver le pied adéquat. Nous avons fait le test avec une nouvelle tablette Amazon Fire (l’une des tablettes de marque les moins chères du marché), pour voir si la conversion était facile. L’écran de 7 pouces est plus petit que ceux que nous avons essayés et son affichage 16/9 nécessite une modification significative des photos prises avec un téléphone ou un appareil classique si l’on veut qu’elles occupent le plein écran. Le format 16/9 de l’Amazon Fire est particulièrement peu adapté à la plupart des photos. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Ce format 16/9 de la tablette Amazon Fire implique que vos photos ne remplissent pas le cadre (à moins d’être nettement coupées), arborant plutôt d’épaisses bandes noires sur deux des côtés. La tablette Fire n’a pas de fonction diaporama intégrée et la boutique d’applis Amazon est bien plus limitée que celles de Google et d’Apple. Mais nous avons testé les deux applis de diaporama les plus populaires sur l’App Store d’Amazon et avons passé une bonne heure à chercher, en vain, à connecter ces applis au service de stockage cloud Prime Photos d’Amazon, avant de finalement utiliser un compte Flickr pour pouvoir créer un diaporama de base. On perd certaines fonctions de notre premier choix, tel que le capteur de mouvement pour éteindre l’appareil, un transfert d’images en une étape depuis un téléphone, et un partage facile avec les amis et la famille. Mais si vous avez une vieille tablette rangée au fond d’un tiroir, cette option gratuite est plutôt imbattable. Et si vous ne vous servez d’un cadre numérique qu’occasionnellement, comme par exemple pour les repas de famille pendant les fêtes, l’Amazon Fire peut se montrer à la hauteur, à peu de frais, tout en conservant ses fonctions de liseuse ou de navigateur web le restant de l’année. La concurrence Le domaine des cadres avec une définition d’au moins 1 024 × 768 pixels et un format de 4/3 mieux adapté aux photos est assez restreint. D’autant que les diverses fonctions et qualités d’écran varient amplement, ce qui nous a facilité la tâche quand il a fallu écarter nombre de modèles. Nous étions décidés à recommander l’Ever Frames V08 comme option épurée et petit budget, mais il a rencontré des problèmes d’approvisionnement et de distribution le rendant moins disponible. Si vous en trouvez un, c’est une alternative aux Nixplay plus abordable, mais avec quelques défauts : il ne fonctionne qu’en orientation paysage, et son système de menu ainsi que sa télécommande évoquent l’informatique des années 90. Mais l’Ever Frames V08 offre une bonne qualité d’image, et coûte trois fois moins cher que notre premier choix. Il n’est pas doté d’une connexion wifi et il vous faudra donc transférer vos photos depuis une entrée de carte SD ou le port USB (mais l’un des deux seulement à la fois). L’Ever Frames V08 a une fente pour carte SD, une entrée pour les écouteurs, un port USB ainsi qu’un port mini USB pour les appareils photo. Comme tout cadre doté d’un pied, le V08 ne peut être posé qu’en format paysage. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO L’écran du V08 est plus petit que celui de notre premier choix et fonctionne avec la technologie TFT plus ancienne : il ne jouit donc pas des couleurs aussi éclatantes et des contrastes aussi riches que les cadres Nixplay, mais demeure toutefois suffisant pour la plupart des utilisateurs. L’installation et l’utilisation sont simples, mais lentes du fait d’une interface datée, qui requiert de passer par des étapes supplémentaires (comme appuyer sur le bouton « OK » pour passer d’un menu principal à une sous-rubrique). Le V08 peut afficher des images qui ne sont pas en 4/3, avec des bandes noires ou taillées pour remplir l’écran. On peut choisir la durée d’affichage des photos dans le diaporama, de trois secondes à une heure. Mais, contrairement à notre premier choix, il n’y a pas de détecteur de mouvement qui active le mode veille automatiquement. Ceci dit, on peut régler une heure de début et une heure de fin. L’arrière du cadre en forme de L recèle les divers ports et sert également de pied, ce qui signifie que le V08 ne peut être posé que dans le sens paysage. La télécommande de l’Ever Frames V08 semble tout droit sortie du passé. Mais elle fonctionne. WIRECUTTER / AMADOU DIALLO Le Joy est un cadre numérique haut de gamme dont la sortie a été annoncée et que l’on peut, en attendant, précommander. La possibilité de l’ôter de sa base pour s’en servir comme d’une tablette semble pratique. De même pour ses collages automatiques, alliant vidéos et photos. Mais son prix de 500 euros et son format 16/9 l’ont exclu de la course dans ce guide. Le Loop est un cadre haut de gamme plus abordable. Il sera en vente au prix de 300 euros au moment de son lancement. Nous sommes intrigués et avons hâte de voir comment il permet d’organiser différents canaux de contenus depuis Facebook, Instagram, Dropbox et les images partagées en privé. Mais sa forme malcommode et son incapacité à fonctionner en mode portrait nous suffisent pour établir qu’il ne vaudra probablement pas son coût nettement supérieur. Le cadre photo numérique Alutarek Slim nous a déçus. Sa forme et son design sont pratiquement identiques à ceux de notre choix petit budget, mais la qualité de l’écran est visiblement inférieure, avec des couleurs passées et un angle de vue étroit. Plus surprenant : contrairement à notre choix petit prix, il n’est pas fourni avec une télécommande. On est contraint de naviguer sur le menu de réglages à l’écran, en appuyant à l’aveugle sur les boutons situés à l’arrière de l’appareil. C’est très agaçant ! Le Micca Neo mesure 15 pouces, est vendu avec une carte SD de 8 Go et s’appuie sur le même logiciel d’interface menu que l’Ever Frames V08. Cependant, l’affichage nous a déçus. Celui que nous avons commandé a été livré avec un pixel mort vers le centre de l’écran. Et pour des raisons indéterminées, certaines photos de notre clé USB ont arboré d’étranges distorsions (alors que la même clé fonctionnait très bien sur tous les autres modèles que nous avons testés). Même si l’on présume être tombé sur un exemplaire défectueux, l’angle de vue très restreint de l’affichage TFT du Neo est rédhibitoire. Dès que le cadre est penché de quelques degrés à la verticale, il est pratiquement impossible de voir la photo. Si ce cadre est posé sur un manteau de cheminée par exemple, un petit enfant qui le regarderait d’en bas n’y verrait vraiment pas grand-chose. Nous avons tenu compte de deux cadres Electric Objects, même si la production a été interrompue. Electric Objects a conçu l’EO1 et son successeur l’EO2 pour les férus d’art, plutôt que les amateurs de photo. Les immenses écrans HD (21 × 13 pouces) sont prévus pour être accrochés au mur et ne fonctionnent qu’en mode portrait. Ce cadre de luxe peut certes afficher vos propres réalisations, mais également faire défiler une sélection d’œuvres de musées comme la National Gallery of Art, moyennant un abonnement mensuel. C’est une manière intéressante de faire entrer l’art dans la maison, mais ce cadre tient du produit de niche, et est trop onéreux pour la plupart des utilisateurs. Nous attendions beaucoup de l’Aura Frame, avec sa promesse alléchante de sélectionner automatiquement les photos à afficher depuis la galerie iPhone, mettant de côté les clichés flous ou basse définition, les yeux rouges ou les nus. Dans un élégant cadre en aluminium anodisé, l’écran (2 048 × 1 536 pixels) est magnifique. Au cours de nos essais, il affichait sans peine les photos les plus claires et nettes de tous les cadres numériques que nous avons testés. Nos images avaient ainsi la clarté et l’éclat de diapositives contre une table lumineuse. Toutefois, nous regrettons son manque de fonctionnalités. Quand nous avons rédigé la version initiale de ce guide, nous avons été étonnés de découvrir que l’Aura n’offrait même pas l’option diaporama. Peu après la publication de notre dossier, cette fonction a été ajoutée : bravo à la marque, qui sait tenir compte des retours critiques ! Pour changer les photos manuellement, il faut passer par l’appli sur iPhone (donc il faut avoir votre téléphone avec vous), ou bien se poster à environ 60 cm du cadre et agiter le bras en l’air. Cette dernière méthode est un peu laborieuse quand il s’agit de rechercher une image en particulier et en plus on a l’air ridicule. Aura se vante de sa capacité à afficher une nouvelle photo à chaque fois que l’on entre dans la pièce, grâce à son capteur de mouvement. Une prétention mensongère : certes, l’Aura montre une nouvelle photo à chaque fois qu’il se rallume du mode veille, mais l’écran ne se met pas en mode veille, même quand il n’y a personne dans la pièce, à moins que la lumière ne soit tamisée. Dans mon bureau chez moi, il y a trois grandes fenêtres… l’Aura ne s’est ainsi mis en veille que le soir. Dans la pratique, la fonction de sélection intelligente s’est avérée plus problématique qu’intéressante. J’ai passé vingt minutes à attendre que l’appli analyse un album de 365 photos, ce qui est bien plus long que si j’avais choisi les photos manuellement. Et, si l’on opte pour un cliché carré ou orienté en sens portrait alors que le cadre est en position paysage par exemple, il n’est pas possible d’ajuster la photo à l’écran. Le cadre affiche automatiquement l’image en plein écran et donc rognée. Les bandes noires sur les côtés ne sont pas toujours idéales, certes, mais c’est toujours mieux que de couper la tête de quelqu’un ! Or, tous les autres cadres que nous avons testés offrent de choisir comment gérer ces divergences de format. L’Aura nous a offert la plus jolie image comparée à tous les autres cadres, mais ses défauts ergonomiques sont trop nombreux pour que l’on puisse le recommander, surtout qu’il coûte deux fois plus cher que notre premier choix. Cela étant, la marque semble réactive sur les inquiétudes ergonomiques et peut les régler par des mises à jour de l’appli et du logiciel. Nous garderons donc à l’œil les prochaines améliorations et nous adapterons nos recommandations si nécessaire. L’Edge de Nixplay est semblable à notre premier choix avec wifi, mais avec des ports USB et SD en plus, la possibilité de diffuser des vidéos et un pied traditionnel (qui peut tenir le cadre en mode portrait ou paysage). Son écran est un peu moins lumineux que celui du Seed cependant, et il n’existe qu’en deux tailles (contre trois pour le Seed). La version 8 pouces est la seule à avoir un format 4/3. L’Iris de Nixplay est le produit phare de la gamme, différent de notre premier choix seulement en quelques points mineurs. Un cadre en métal (et non en plastique) offre une allure plus élégante et l’Iris adapte la luminosité de l’écran en fonction de celle de la pièce, grâce à un capteur d’ambiance. Il est également doté d’un détecteur de son (plutôt que de mouvement) qui déclenche le mode veille. Mais, à l’heure où nous écrivons, le modèle 8 pouces coûte quelques dizaines d’euros de plus que notre premier choix 10 pouces. Nous ne considérons pas que les fonctions en plus valent la dépense supplémentaire, surtout pour un écran plus petit. Le cadre PhotoSpring possède un écran tactile 10 pouces et offre deux fois plus de stockage interne (16 Go) que notre premier choix. Il est compatible avec des formats de vidéo courants et comporte une batterie rechargeable interne. Malheureusement, elle ne tient que quatre heures, donc il faut la laisser branchée la plupart du temps, sauf occasionnellement lorsque vous voulez feuilleter les photos manuellement. Le principal reproche que nous ayons à lui formuler est que son écran 16/10 n’est pas adapté aux photos de smartphone ou d’appareil classique, ce qui est particulièrement décevant venant d’un modèle qui se targue de sa compatibilité avec iPhone et Android. Les photos de smartphone non redimensionnées sont agrandies pour remplir l’écran, donc on perd des bouts de l’image sur les côtés. C’est un défaut auquel notre premier choix échappe, grâce à son format 4/3. Et contrairement à notre recommandation, qui offre une connexion directe avec de nombreux services du cloud tels que Facebook, Google Photos et Flickr, le cadre PhotoSpring ne semble fonctionner qu’avec iCloud et encore, un iCloud déjà installé sur votre appareil iOS. Prochainement Aluratek projette de sortir sa propre option sans fil, le WiFi Digital Photo Frame. Ce modèle promet un écran de meilleure qualité que ceux des modèles actuels de la marque, ainsi qu’un stockage interne et une compatibilité avec les applis des réseaux sociaux et vos comptes de stockage cloud. Le nouveau cadre devrait sortir mi-novembre, au prix d’environ 150 euros. Nous garderons l’œil ouvert, pour voir s’il manie ces fonctions avec autant d’habileté que notre premier choix. Ever Frames a posté le cahier des charges d’un nouveau Q-series 8 pouces à venir, avec un écran LED, du stockage interne et le wifi intégré. Il serait également compatible avec des fichiers son et vidéo. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la marque n’a pas annoncé de prix ni de date de sortie (définie simplement comme « prochaine »). Nous mettrons à jour ce guide lorsque nous en saurons davantage. Récapitulatif • Notre premier choix : le Seed de Nixplay • Le meilleur choix si vous n’avez point besoin du wifi : le Nix Advance de Nixplay • Des alternatives (potentiellement) gratuites : la tablette Fire d’Amazon… • Quelques modèles concurrents : le Ever Frames V08, l’Aura Frame, le PhotoSpring…
Comparatif « Wirecutter ». Ils font inlassablement défiler vos photos préférées, que vous en ayez une dizaine ou une centaine. Nous avons testé huit cadres numériques connectés, ou au contraire dépourvus de connexion Internet, en comparant leur qualité d’image, leur simplicité d’usage, leur système de transfert des photos. Voici nos choix.
https://www.lemonde.fr/guides-d-achat/article/2019/06/09/quel-cadre-photo-numerique-choisir_5473890_5306571.html
mlsum-fr-143
Talid Ariss (Ali) dans « La Fin de l’été » (2018), d'Hélène Angel. JÉRÔME PRÉBOIS ARTE - VENDREDI 4 OCTOBRE À 20 H 55 - TÉLÉFILM Trois garçons – à peine des ados – reluquent des boîtes de préservatifs, se vannent. L’un, un peu frimeur, lance : « Moi, cet été, j’déglingue tout ce qui bouge. » Avant de s’enfuir, boîtes volées, sur une musique joyeusement enlevée – même si, on le sent, elle sonne déjà la fin de l’enfance. Et c’est d’ailleurs ça, au fond, le cœur du beau téléfilm d’Hélène Angel, réalisatrice et scénariste de documentaires – Hôtel des longues peines – et de longs-métrages – Peau d’homme, cœur de bête (Léopard d’or au Festival de Locarno) ou encore Primaire. Ali (merveilleusement interprété par Talid Ariss) doit passer l’été en compagnie de son petit frère chez ses grands-parents. Autant dire un cauchemar à l’âge où perdre son pucelage est l’unique objectif, et où vivre, ne serait-ce que quelques heures, sans Wi-Fi ressemble à la pire des punitions. Avec autant de justesse que de délicatesse, Hélène Angel filme le corps qui change, les coups de gueule typiques d’un adulte en devenir, la honte que lui inflige le petit frère – lequel, encore bien dans ses baskets et définitivement dans son époque, passe autant de temps à vivre qu’à filmer ce qu’il vit. Tout ce qui dit notre époque Hélène Angel saisit aussi la vie au village, les gamins qui zonent, l’ennui – « toujours les mêmes têtes, les mêmes meufs », comme le dit Pierre (très bon Corentin Jamet), copain d’enfance retrouvé le temps d’un été et qu’Ali regarde avec admiration : Pierre est baraqué et, surtout, il n’est plus puceau, lui. Et c’est ce qu’Hélène Angel réussit à capter : à la fois, tout ce qui dit notre époque (et, notamment, l’addiction à l’image et aux écrans) et, tout en même temps, ce qui est immuable : les premiers émois, les premières bêtises, les virées en mob. La vie, et donc le reste aussi : quand Ali comprend que sa grand-mère est atteinte d’Alzheimer, son rapport au monde change inévitablement. Plus responsable, il en vient à porter un regard plus compréhensif sur son grand-père (Bernard Le Coq, épatant comme souvent) et l’amour que ce dernier porte à sa femme (Christiane Millet) – notamment dans une scène particulièrement émouvante, où il l’aide à se sécher au sortir de la douche. Et c’est ainsi que cette Fin de l’été est autant la chronique des premières que des dernières amours, ce qui est ici plutôt réjouissant. Téléfilm d’Hélène Angel. Avec Bernard Le Coq, Christiane Millet, Talid Aris (France, 2018, 92 min).
Hélène Angel propose un récit d’initiation pudique et délicat sur le passage à l’âge adulte, les premières amours et les mauvais tours de la vie.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/04/la-fin-de-l-ete-la-saison-de-l-adieu-a-l-enfance_6014248_3246.html
mlsum-fr-144
Isabel Espanol Décrocher un doctorat, diplôme le plus élevé de l’université, devrait ouvrir grand les portes des emplois hautement qualifiés et bien rémunérés à des postes à responsabilité, tant dans les entreprises privées que dans la fonction publique. C’est bien le cas en ce qui concerne l’accès à l’emploi : 90 % des lauréats sont en poste trois ans après leur thèse, estiment nombre d’enquêtes. On trouve donc encore 10 % de chômeurs, un taux supérieur, par exemple, à celui des infirmiers. Les rémunérations, elles, sont correctes dans le privé, mais l’écart avec celles d’un ingénieur recruté à bac + 5 n’est pas toujours au niveau de l’écart de qualification et d’expérience. Et les salaires d’entrée dans l’enseignement supérieur et la recherche publique restent modestes, à peine supérieurs à 2 000 euros mensuels. Surtout, c’est là que l’on trouve l’essentiel des 33 % d’emplois précaires trois ans après obtention du doctorat, une proportion en hausse constante, puisqu’ils n’étaient que 24 % en 2004, d’après le rapport 2018 sur « L’état de l’emploi scientifique en France » du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (Mesri). Cette précarité est souvent liée aux contrats « post-doctoraux », une main-d’œuvre décisive de la recherche publique censée déboucher sur l’emploi pérenne (universitaires, chercheurs ou ingénieurs). Mais la raréfaction des recrutements ces dernières années provoque des évictions douloureuses à 35 ans passés, absentes des statistiques, qui ne considèrent guère le devenir des docteurs au-delà de trois ans après la thèse. Précarité confirmée pour les LSHS Des chiffres « surprenants » pour Sylvie Pommier, directrice du collège doctoral de l’Université Paris-Saclay (UPS). Une enquête sur les docteurs de l’UPS révèle un pourcentage de chômeurs moitié moindre. Et de bien meilleurs salaires dans le privé. Effet d’une enquête plus fine ? Ou d’une université qui, avec celle de Paris-Sud à Orsay notamment (qui représente la moitié des docteurs de l’UPS), peut opérer une sélection drastique chez les candidats et offrir un encadrement parmi les meilleurs de France ? Sylvie Pommier note que son université produit peu de docteurs en lettres et sciences humaines et sociales, catégorie qui rencontre le plus de difficultés d’insertion, et admet une « difficulté en droit, biologie et sciences de l’environnement ». Et une précarité confirmée, avec des contrats de travail de durée limitée fréquents : 75 % à l’étranger, où sont 36 % des docteurs ayant soutenu de 2015 à 2017 et 45 % en France, surtout des contrats post-doctoraux dans la recherche publique, un sas obligatoire avant d’accéder à un poste pérenne, en France comme à l’étranger. Les 55 % d’emplois permanents en France relèvent surtout du privé.
Baisse de l’attractivité chez les étudiants, hausse de la précarité de l’emploi, désintérêt de l’administration, rareté des embauches dans la recherche publique… Soutenir une thèse aujourd’hui vaut-il encore la peine ?
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/24/le-doctorat-un-diplome-qui-ne-tient-pas-toutes-ses-promesses_5480818_4401467.html
mlsum-fr-145
A Antibes (Alpes-Maritimes), sur le port Vauban, surnommé le « quai des milliardaires ». GOUHOURY / ALPACA / ANDIA.FR Même le Forum économique de Davos (Suisse), temple des puissants de ce monde, n’est plus hermétique au grand débat du moment sur l’utilité des grandes fortunes et le bien-fondé d’une taxation massive des ultrariches. Au cours d’une conférence organisée lors de la dernière édition, en janvier, le patron du géant informatique Dell fustigeait l’idée d’un impôt à 70 % sur les revenus de plus de 10 millions de dollars (9 millions d’euros), proposée par une parlementaire américaine, la démocrate Alexandria Ocasio-Cortez. Un tel niveau de prélèvement ne pourrait « pas aider la croissance américaine ». « Citez-moi un seul pays où cela a jamais marché ? », a-t-il lancé, narquois… « Aux Etats-Unis », a rétorqué son voisin de gauche, l’économiste américain Erik Brynjolfsson, jetant ainsi un froid dans l’assistance. Ce professeur à la MIT Sloan School of Management (Cambridge, Massachusetts) a alors rappelé que « des années 1930 aux années 1960, le taux moyen des taxes approchait les 70 % (…) et c’était une bonne période pour la croissance économique ». Les échanges sur la concentration de la richesse, atout ou obstacle pour l’économie, agitent ces derniers mois la société française, depuis les « premiers de cordée » vantés par Emmanuel Macron, la controverse française sur la théorie du ruissellement (selon laquelle les revenus des plus riches, réinvestis dans l’économie, contribuent à la croissance et à l’emploi), jusqu’au large écho autour du nouveau livre de l’économiste Thomas Piketty, Capital et idéologie (Seuil, 1 232 pages, 25 euros), manifeste pour un nouvel horizon égalitaire. Comme un écho à la colère des « gilets jaunes », qui se retrouvaient tous autour de la nécessité de rétablir en totalité l’impôt sur la fortune en France. Infographie Le Monde Qu’est-ce qu’être riche ? Un écueil fondamental mine toutefois le débat : personne en France ne s’accorde sur la définition de la richesse. « Cette question-là n’intéresse personne, souligne Louis Maurin, le directeur de l’Observatoire des inégalités. Il existe des tonnes de littérature sur le seuil de pauvreté, mais l’Insee [Institut national de la statistique] ne calcule pas de seuil de richesse. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de demande sociale forte. Les riches n’ont pas intérêt à dire qu’ils le sont : pour ne pas avoir à faire preuve de solidarité, mieux vaut se dire de la classe moyenne supérieure. »
Si l’épargne des personnes les plus aisées est l’un des moteurs de la croissance, leur contribution à l’accroissement des inégalités met en danger la cohésion sociale.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/27/a-quoi-servent-les-riches_6017100_3234.html
mlsum-fr-146
Défilé à Pyongyang, en 2015. ED JONES / AFP La Corée du Nord est dans une mauvaise passe : limogeage, voire exécution des diplomates qui ont mené les négociations avec les Etats-Unis, annoncés le 31 mai par le quotidien de droite sud-coréen, Chosun Ilbo ; piqûre de rappel idéologique de l’organe du Parti du travail, Rodong Sinmun, qui condamne « les forces qui perturbent le développement économique » ; aggravation, enfin, de la situation alimentaire. Tous ces éléments donnent une image assez sombre de la situation en République populaire démocratique de Corée (RPDC), quelques mois après le sommet qui a tourné court à Hanoï entre Donald Trump et Kim Jong-un. A en croire le Chosun Ilbo, la purge aurait frappé cinq diplomates dont Kim Hyok-chol, négociateur dans les pourparlers nucléaires avec les Etats-Unis, qui aurait été exécuté avec quatre autres collègues pour avoir « trahi la confiance du dirigeant ». Kim Yong-chol, ancien chef des services de renseignement, vice-président du comité central du Parti du travail et principal interlocuteur du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, aurait été envoyé dans un camp de travail ainsi que Shin Hye-yong, l’interprète du dirigeant, pour avoir « rapporté des propos de manière inexacte ». L’échec du sommet de Hanoï, en février, dû apparemment à une préparation insuffisante de part et d’autre, s’est traduit par un fiasco personnel pour le dirigeant nord-coréen. Les deux principaux négociateurs ne seraient plus apparus en public depuis février : ils étaient absents de la rencontre entre le dirigeant nord-coréen et Vladimir Poutine fin avril. « Maîtres en monnaie » Bien qu’en RPDC le pire ne soit jamais à exclure, l’information du Chosun Ilbo suscite le scepticisme parmi les observateurs à Séoul et à Washington : le quotidien de droite a annoncé plusieurs fois par le passé des purges et des exécutions de personnalités du régime que l’on a vu réapparaître quelques mois plus tard. C’est le cas une nouvelle fois : Kim Yong-chol est apparu dimanche lors d’un spectacle d’artistes amateurs en compagnie du dirigeant et d’autres personnalités officielles. Une photographie a été diffusée par l’agence de presse nord-coréenne KCNA. S’il est probable que Kim Yong-chol a été remplacé à la suite de l’échec du sommet d’Hanoï, il conserve son rôle de vice-président du comité central. La plupart des observateurs depuis la Corée du Sud, ainsi que le porte-parole de la présidence, estiment qu’il est prématuré de spéculer sur une purge de grande ampleur.
Des négociateurs auraient fait l’objet de purges après l’échec du sommet d’Hanoï entre Kim et Trump, alors que la Corée du Nord connaît des difficultés économiques.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/03/les-signes-de-tensions-se-multiplient-en-coree-du-nord_5470733_3210.html
mlsum-fr-147
stiques. Jérôme Fourquet n’est pas de ces sondeurs tirés à quatre épingles et au verbe haut qui distillent leurs punchlines tout en ménageant la chèvre et le chou. Lui cultive le look passe-muraille et n’est pas du genre à faire son show. Il court les plateaux de télévision, de « C dans l’air », sur France 5, où il a son rond de serviette, à BFM-TV, mais n’intervient que lorsqu’on le sollicite. « On ne m’a pas appris à couper la parole », se justifie-t-il. Le directeur du département opinion de l’IFOP est devenu la coqueluche des médias en passant au gant de crin la société française avec une absolue placidité, assénant des vérités pas toujours agréables à entendre d’une voix toujours posée. Prix du livre politique 2019, son ouvrage L’Archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée (Le Seuil), diffusé à près de 70 000 exemplaires depuis le printemps, est devenu la bible de ceux qui ont affaire avec le suffrage universel. Près de 400 pages constellées de cartes et de courbes, qui détaillent l’éclatement d’un pays en multiples îlots qui s’ignorent, voire se dédaignent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’Archipel français » : une nation multiple et divisée Depuis la sortie de son livre, Jérôme Fourquet s’est découvert une vocation de parraineur de controverses, même s’il jure n’y prendre aucun plaisir particulier. Si ce politologue de 46 ans, réservé mais empathique, fait autant jaser, c’est qu’il s’aventure, entre autres sujets, sur le délicat terrain du rapport de la société française à l’islam. Il l’a abordé en épluchant sans tabou la prévalence croissante de prénoms d’origine arabo-musulmane donnés aux nouveau-nés, constat qui reflète selon lui une « réaffirmation identitaire ». Ses recherches font apparaître une proportion de 18,8 % d’enfants de sexe masculin nés en 2016 en France avec un tel prénom. Un pourcentage qui grimpe à 30 % en Seine-Saint-Denis. En affinant encore ces données, il observe aussi que la fréquence des mariages mixtes s’inscrit en recul. Ces travaux, menés avec son acolyte Sylvain Manternach, un as de la cartographie, sont le fruit d’un long travail de fourmi. Il leur a fallu lister les prénoms les plus représentatifs (d’où la décision de s’en tenir aux garçons, les noms de filles comme Sarah, par exemple, pouvant prêter à confusion), dépouiller l’historique de l’état-civil, analyser les données par département. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Yanis, Sarah ou Inès : quand l’intégration se lit dans les prénoms des petits-enfants d’immigrés « Lorsque l’on a vu émerger les fameux 18 %, on s’est dit que ce chiffre allait faire du bruit mais on n’allait quand même pas refermer le couvercle par crainte de la récupération politique », soupire le sondeur. Il n’a pas été déçu. Devant cette statistique, Éric Zemmour jubile, saluant un travail « remarquable et hardi ». « Sa découpe sociologique de la France par l’analyse des prénoms va révéler ce que dissimulent obstinément nos élites universitaires, politiques, médiatiques », s’enthousiasme en mars le polémiste sur FigaroVox. Retour de flamme le 19 septembre lorsque Fourquet apparaît, bras croisés, à la « une » du Point consacrée à « ce que pensent les musulmans en France ».
Portrait d’une société fragmentée et déboussolée, son ouvrage, « L’Archipel français », prête le flanc à la récupération politique. Le directeur du département opinion de l’IFOP le déplore, mais préfère être instrumentalisé qu’ignorer les vérités, parfois dérangeantes, des statistiques.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/05/jerome-fourquet-l-esprit-sondeur_6014301_4500055.html
mlsum-fr-148
C’était hier Angleterre – Nouvelle-Zélande (19-7). Le choc était annoncé dès le tirage au sort de la Coupe du monde, et a rendu grâce à cette attente : les deux équipes ont livré un match intense, que les Anglais ont finalement maîtrisé grâce à leur défense très agressive. Une entame canon avec un essai dès la deuxième minute de Manu Tuilagi, un demi d’ouverture George Ford qui a fait le travail en convertissant les pénalités et revoilà les Anglais en finale, douze ans après leur dernière contre l’Afrique du Sud en France (15-6). L’humiliation de 2015, où l’Angleterre, pays hôte du Mondial, n’avait pas passé le cap des poules, commence à s’atténuer. Le Néo-Zélandais Beauden Barrett est taclé lors du match contre l’Angleterre, à Yokohama (Japon), le 26 octobre. CHARLY TRIBALLEAU / AFP C’est aujourd’hui Pays de Galles – Afrique du Sud (10 heures, à Yokohama). Les Gallois, tombeurs de la France en quarts de finale, ont fort à faire face aux Sud-Africains qui ont survolé tous leurs matchs à l’exception de la défaite inaugurale face à la Nouvelle-Zélande. Huit ans après la demi-finale perdue face à la France et quatre ans après la défaite en quarts contre ces mêmes Springboks, les Gallois vont, eux, tenter d’aller chercher leur première finale de Coupe du monde, pour offrir une première affiche inédite 100 % européenne en finale d’un Mondial de rugby. C’est noté 4/14 L’arbitre français de la seconde demi-finale Jérôme Garcès sera particulièrement sous pression, notamment de la part des Sud-Africains. En quatorze rencontres qu’il a dirigées avec les Springboks, ceux-ci ne l’ont emporté que… quatre fois. Le bilan sur les onze derniers matchs est pire encore : une seule victoire ! L’arbitre français Jérôme Garcès, lors du match Angleterre-Australie, à Oita (Japon), le 19 octobre. Christophe Ena / AP La dernière défaite remonte au match d’ouverture dans ce Mondial contre la Nouvelle-Zélande (23-13), au cours de laquelle les décisions de Jérôme Garcès, notamment sur le travail au sol des Sud-Africains, avaient été fortement critiquées en Afrique du Sud. @rugbyworldcup Garces?? That means Springboks are heading home no matter what happens on the field😑 https://t.co/yWfWzNkpDO — tadeuszpik (@Tadeusz Pik) C’est (très très) peu Samedi, l’animation offensive de la Nouvelle-Zélande a tourné au calvaire face au pressing anglais. A la mi-temps, les All Blacks n’avaient toujours pas glané le moindre point, une première en Coupe du monde depuis une autre demi-finale de Mondial perdue, en 1991, contre l’Australie (16-6). Il faut également remonter à ce match pour voir les Néo-Zélandais marquer aussi peu de points lors d’une rencontre de Coupe du monde. Et en plus, l’unique essai de Savéa a été marqué à la suite d’une erreur des Anglais sur un lancer en touche… C’est dit « Ce ne sera pas le plus beau match du monde » Le sélectionneur du pays de Galles, Warren Gatland, a prévenu : il ne faut pas s’attendre aux grandes envolées des matchs du Japon ou de la première demi-finale. « Je suis probablement plus confiant sur ce match que je ne l’étais avant d’affronter la France », a-t-il toutefois assuré. Les Sud-Africains, qui ont axé leur jeu sur la puissance pendant ce Mondial, sont aussi de l’avis de Gatland. « Cela va être un match tactique, où chacun va se jauger pendant les 20-30 premières minutes », a averti le demi d’ouverture Handre Pollard, prédisant un match « suffoquant ». Aussi accrochée que soit cette rencontre, on espère qu’elle se finira dans le même esprit de fair-play que celui montré par la légende néo-zélandaise Sonny Bill Williams, entré en cours de jeu face aux Anglais. Congratulations to the @englandrugby team. Too good tonight lads, good luck at the big dance next week. ✊🏽 — SonnyBWilliams (@Sonny Bill Williams) C’était entreprenant L’issue du combat entre l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande s’est peut-être jouée dès le haka des All Blacks. Le Kapa o Pango a donné l’occasion aux Anglais de montrer leur agressivité avant même le coup d’envoi : aligné en « V » (celui de la victoire), les joueurs aux extrémités se sont même installés dans le camp néo-zélandais. L’arbitre a dû les faire reculer pour que les Blacks puissent effectuer leur chant traditionnel guerrier. .@EnglandRugby's incredible response to an intense @AllBlacks Haka #ENGvNZL #RWC2019 #WebbEllisCup https://t.co/pXOw7v01df — rugbyworldcup (@Rugby World Cup) C’est un habitué Le capitaine gallois Alun Wyn Jones, lors d’un entraînement le 25 octobre à Yokohama, tente de montrer la voie à ses coéquipiers avant la demi-finale face à l’Afrique du Sud. MATTHEW CHILDS / REUTERS Déjà devenu le joueur qui a disputé le plus de matchs avec les Gallois lors de la victoire en phase de poules contre l’Australie, Alun Wyn Jones va égaler un nouveau record de longévité. Avec 142 matchs internationaux (133 avec le Pays de Galles, 9 avec les Three Lions britanniques), le deuxième ligne de 34 ans, meilleur joueur du Tounoi des six nations 2019, reviendrait à hauteur de l’Italien Sergio Parisse, et le dépassera s’il joue en finale ou pour le match de la troisième place. Le recordman du nombre de matchs internationaux est le Néo-Zélandais Richie McCaw, avec 148 capes.
Dimanche, à partir de 10 heures, les Gallois espèrent se qualifier aux dépens des Sud-Africains pour la première finale de leur histoire. Ce qui constituerait aussi une affiche inédite 100 % européenne.
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2019/10/27/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-de-rugby-2019-reve-gallois-arbitre-chat-noir-et-longevite_6017072_1616937.html
mlsum-fr-149
La question reste en suspens. Pour l’heure, impossible de déterminer avec précision les éléments pouvant provoquer les cas de cancers pédiatriques recensés dans le secteur de Sainte-Pazanne, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Nantes. Depuis 2015, dix-sept cas de cancers chez des enfants, adolescents et jeunes adultes ont été signalés à l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire. Trois personnes sont mortes depuis. Réuni jeudi 29 août pour la troisième fois depuis sa mise en place en mai, le comité de suivi du dossier – regroupant notamment l’ARS, l’agence Santé publique France, le collectif de parents Stop aux cancers de nos enfants, la préfecture, les professionnels de santé et la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) – promettait pourtant de faire le point sur les causes potentielles de maladie communes aux enfants. Quatre des jeunes atteints de cancer ont fréquenté ou fréquentent toujours l’établissement scolaire Notre-Dame-de-Lourdes, l’école privée de Sainte-Pazanne, située devant un ancien site industriel. Des investigations ont été menées pendant l’été pour « lever le doute » sur cette exposition environnementale. Radon et traces de formaldéhyde dans l’école A quatre jours de la rentrée scolaire, il fallait s’assurer que l’école Notre-Dame-de-Lourdes pourrait accueillir les enfants dans des conditions de sécurité satisfaisantes. C’est le cas, affirme Nicolas Durand, directeur général adjoint de l’ARS des Pays de la Loire : « Plus de cent cinquante prélèvements et mesures ont été faits sur l’eau, l’air, le sol, le radon [un gaz naturel radioactif], les champs électromagnétiques (…). Il n’y a pas de risques qui dépassent les valeurs de référence. » M. Durand convient que des « concentrations importantes de radon » ont été mesurées dans certaines parties de l’école, mais ces premières mesures ne sont qu’indicatives puisqu’elles ont été faites sur une période de trois semaines en été dans des classes fermées, alors qu’elles doivent normalement être effectuées pendant deux mois en hiver. Une nouvelle campagne de contrôles par l’ARS aura donc lieu plus tard dans l’année. Des traces de formaldéhyde et de lindane, un insecticide classé cancérogène par l’Organisation mondiale de la santé, ont aussi été détectées dans l’établissement. Les investigations menées par la DREAL ne permettent pas, pour le moment, d’affirmer qu’une éventuelle pollution proviendrait de l’ancien site industriel, une usine à bois, situé à proximité de l’école. Dans les semaines à venir, les logements où vivent les enfants malades seront l’objet de contrôles. Une réunion publique fin octobre En attendant, l’ARS recommande à l’établissement scolaire de « prendre immédiatement des mesures simples et systématiques » d’aération des locaux, et de réaliser un diagnostic complet du système de ventilation. « Tous les investissements qu’il faudra faire, nous les ferons », garantit Frédéric Delemazure, directeur diocésain de l’enseignement catholique de Loire-Atlantique, chargé de la gestion de l’école. L’ARS s’engage pour sa part à transmettre rapidement l’intégralité des données brutes collectées cet été puis à répondre aux questions du comité de suivi jeudi 5 septembre. Elle promet également de restituer ces premiers résultats au personnel de l’école Notre-Dame-de-Lourdes. Une réunion publique, avec l’ensemble des habitants de Sainte-Pazanne et des alentours, est annoncée fin octobre, « afin de faire un point d’étape sur nos investigations, à la fois la levée de doutes et l’enquête épidémiologique », affirme Nicolas Durand. L’étude épidémiologique, menée par Santé publique France, constitue en effet le deuxième volet des investigations. Un questionnaire d’une cinquantaine de pages a été envoyé aux familles des enfants malades pour identifier des causes de maladie communes. Les interrogations portent sur la période de grossesse de la mère, l’environnement des enfants, leurs habitudes de vie, leur lieu de scolarisation… « Un effet cocktail » « Nous avons à ce jour rencontré onze des quatorze familles [l’ARS prend en compte les dix-sept cas recensés mais Santé publique France exclut les trois cas des jeunes personnes majeures] », précise Lisa King, responsable de Santé publique France Pays de la Loire. Le collectif de familles estime que les recherches ne vont pas assez loin. « On a très peu parlé de choses sur le long terme, de ce que peut donner l’exposition d’un enfant dans une école, toute la journée, au milieu d’une cour avec quatre lignes électriques autour, un peu de radon », proteste Johann Pailloux, membre du collectif Stop aux cancers de nos enfants. « Je suis intimement convaincue qu’il y a un effet cocktail, un cumul des facteurs de risque », enchérit Marie Thibaud, fondatrice du collectif. Marie Thibaud regrette qu’une grande partie des questions proposées à Santé publique France (sur les produits cosmétiques utilisés par la mère pendant la grossesse, les perturbateurs endocriniens, le bisphénol…) n’aient pas été intégrées à l’enquête épidémiologique. « Nous n’avons pas intégré la totalité des questions parce que certaines questions, à nos yeux, avaient un objectif de recherche et nous sommes plutôt dans le cadre d’investigations d’un cluster [occurrence de cancers supérieure à la normale au sein d’une population donnée] », justifie Mme King. Sans attendre la réunion publique annoncée par les autorités de santé, certaines familles comptent faire expertiser les données transmises par l’ARS par des scientifiques ou des entreprises qui soutiennent bénévolement le collectif. Car l’inquiétude demeure. « Mon enfant entre à l’école Notre-Dame-de-Lourdes lundi, soupire Johann Pailloux. Je ne suis pas plus rassuré que ça. » Les Décodeurs : La mortalité des cancers pédiatriques continue de décliner
L’enquête menée par les autorités de santé à la suite du signalement de dix-sept cas de cancers chez des mineurs et jeunes adultes dans le secteur de Sainte-Pazanne écarte la piste d’une contamination au sein de l’école de la commune.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/30/cancers-pediatriques-en-loire-atlantique-l-ecole-de-sainte-pazanne-restera-ouverte-a-la-rentree_5504470_3224.html
mlsum-fr-150
A l’entrée, l’affiche annonce un atelier « jeux de rôle », qui peut sembler inattendu dans un très sérieux Forum BIOTechno destiné à aider les étudiants en biologie à choisir une carrière. En poussant la porte, on découvre une dizaine de jeunes gens, âgés de 25 à 30 ans, tous sur leur trente et un, extrêmement concentrés, maniant un langage pas forcément accessible pour le commun des mortels, où l’on capte qu’il est question de « paillasses », de « patents » ou de « biomarqueurs ». Ici ce ne sont pas des batailles ou des grands faits historiques que l’on simule, mais des entretiens d’embauche. Et c’est dans la peau de recruteurs et de candidats qu’on se glisse. Ces jeunes font partie du fleuron de l’université française dans le domaine de la biologie. Ils sont doctorants (en cours de thèse), docteurs (titulaires d’un doctorat, bac + 8) ou postdocs (jeunes chercheurs diplômés, embauchés en CDD dans un laboratoire de recherche). Ils viennent de consacrer trois années ou plus de leur vie à la recherche scientifique. Mais s’ils sont dans cette pièce en ce vendredi de juin, c’est qu’ils envisagent, comme disent certains, de « passer du côté obscur » : quitter le monde académique – parcours considéré comme classique, menant à des carrières de chercheur et d’enseignant – et entrer dans celui de l’entreprise. Pour cela, ils doivent apprendre à « se vendre », et ce n’est pas une évidence. « Les doctorants et docteurs sont extrêmement capés, ce sont de vrais spécialistes de leurs thématiques de recherche, explique Charlène Planchenault, animatrice de cet atelier et consultante chez Kelly Scientifique, un cabinet de recrutement. En revanche, ils ne vont pas naturellement mettre en avant leurs compétences transversales, tout simplement parce qu’ils n’en sont absolument pas conscients. Alors qu’en trois ans ou plus de doctorat ils ont acquis d’énormes qualités, notamment en gestion de projet et en recherche de partenaires. On leur apprend à s’en prévaloir face aux recruteurs. » « Les années de thèse sont aujourd’hui considérées comme de réelles expériences professionnelles. » Charlène Planchenault, animatrice de cet atelier et consultante chez Kelly Scientifique Perles rares Depuis quelques années, la cote des bac + 8 a explosé sur le marché du travail. Eux que les entreprises ont souvent vus comme des rats de laboratoire inadaptés aux contraintes du privé sont aujourd’hui de plus en plus recherchés. « Ce sont vraiment des profils très complets, très autonomes et très créatifs, assure Charlène Planchenault. Les années de thèse sont aujourd’hui considérées comme de réelles expériences professionnelles. » Les employeurs potentiels viennent donc courtiser les docteurs dans les événements qui leur sont consacrés. Au Forum BIOTechno, entre les ateliers de CV et d’entretiens et les tables rondes sur les différents métiers accessibles, une dizaine d’entreprises ont décidé d’investir dans des stands – payants – pour avoir accès à ces perles rares. Les deux cofondateurs de Neoplants, « jeune pousse » en biologie synthétique des plantes, espèrent bien y recruter plusieurs de leurs futurs collaborateurs. « Nous allons embaucher six personnes, dont quatre docteurs, explique Patrick Torbey, lui-même docteur de l’Ecole normale supérieure. C’est un vrai choix stratégique. Ils sont les meilleurs pour innover, pour résoudre des problèmes qui n’ont jamais été résolus jusque-là. Et ils sont très curieux, y compris dans les domaines qui ne sont pas les leurs. » « Quand on crée une petite entreprise, on passe son temps à devoir résoudre des problèmes, renchérit son associé Lionel Mora. Or 90 % du temps d’une thèse consiste à être confronté à des embûches. Ça a une valeur inestimable ! Mais tout le monde n’est pas adapté au monde de l’entreprise. Les échéances sont beaucoup plus agressives, ce n’est pas la même gestion du temps. Moi qui ne suis pas issu de ce milieu, ça m’a toujours fasciné de voir à quel point les chercheurs ont besoin de temps pour lire de la bibliographie et pour penser, tout simplement. Il faut juste réussir à combiner cela avec la réalité du privé. » Nouvelle mentalité L’intérêt est réciproque. Ce jour-là, les jeunes chercheurs font la queue, CV en main, discours de motivation en tête, pour essayer de séduire ces employeurs potentiels. Maya (les prénoms ont été changés à la demande des intéressés), qui a soutenu sa thèse sur le diagnostic des maladies infectieuses il y a cinq mois, s’en explique : « Je veux changer le monde, participer à l’innovation concrète, faire des découvertes qui vont révolutionner la vie des gens. Et je ne pense pas que ce soit dans l’académique que je peux y parvenir. On perd trop de temps avec toutes les contraintes administratives et de publications. C’est dans le privé qu’on a réellement les moyens et le contexte propices à la découverte. Mais, attention, pas n’importe quel privé ! Je suis très attachée à l’éthique, je ne veux pas être une machine à produire de l’argent. » Pour Allan, spécialisé dans les prothèses, ce sont des considérations pragmatiques qui ont guidé son choix : « En continuant dans l’académique, je me préparais à quatre, dix, voire quinze ans de CDD, d’incertitude, de précarité et de pression avant, peut-être, d’obtenir un poste. Ce n’est pas ma conception de l’existence. J’adore la science et la recherche mais ce n’est pas toute ma vie. Je veux construire une famille, profiter et non m’imposer encore des années de sacrifices. Et je pense qu’on peut faire un travail tout aussi passionnant en entreprise. Evidemment, je ne vais pas me précipiter. Je choisirai le poste qui me fera vibrer. » Parmi les ateliers les plus prisés, ceux de l’Association Bernard Gregory (ABG), qui accompagne les docteurs dans leurs évolutions de carrière depuis près de quarante ans. Et a vu émerger, ces dernières années, cette nouvelle mentalité. « Pendant longtemps, le renoncement à une carrière académique était considéré comme un échec, reconnaît Vincent Mignotte, directeur d’ABG. Aujourd’hui, le privé n’est plus nécessairement un choix contraint. Certains commencent même leur thèse en sachant déjà qu’ils ne resteront pas dans la recherche fondamentale. Ils sont de plus en plus conscients des débouchés intéressants qui peuvent exister dans le monde de l’entreprise. C’est évidemment le cas pour les sciences dures et naturelles, mais également pour les sciences humaines et sociales. Par exemple, pour le développement de la voiture autonome ou des objets connectés, on a besoin de sociologues et d’anthropologues pour travailler sur les réactions de la population. » Sarah doit soutenir sa thèse d’immunologie à la fin de l’année et sait depuis plus d’un an qu’elle rejoindra ensuite le secteur privé. Mais elle redoute d’informer son directeur de thèse… Reste à convaincre les plus récalcitrants : les encadrants des jeunes chercheurs. Sarah doit soutenir sa thèse d’immunologie à la fin de l’année et sait depuis plus d’un an qu’elle rejoindra ensuite le secteur privé. Mais elle redoute d’informer son directeur de thèse : « Deux de mes camarades ont été transparents avec leurs directeurs. Ceux-ci, bien plus âgés, avec une mentalité “à l’ancienne”, ont été choqués par ce choix et se sont totalement désintéressés d’eux pour la fin de leur doctorat. Ça a été très violent. J’admire beaucoup mon encadrant et je ne veux vraiment pas le décevoir. L’informer va être une épreuve. Rien que d’y penser, j’ai une boule au ventre ! Mais je ne peux quand même pas choisir ma carrière en fonction de lui… » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le doctorat, un diplôme qui ne tient pas toutes ses promesses Cet article fait partie d’un dossier réalisé en partenariat avec l’Institut Pasteur.
Les diplômés d’un bac + 8 envisagent de plus en plus de faire carrière dans le secteur privé, qui leur ouvre ses portes depuis quelques années. A l’instar du Forum BIOTechno qui s’est tenu à Paris, le 14 juin.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/24/forum-biotechno-une-operation-seduction-entre-chercheurs-et-entrepreneurs_5480572_4401467.html
mlsum-fr-151
L’économiste américain Jeremy Rifkin, à Rome, le 24 mai 2016. SAMANTHA ZUCCHI / INSIDE / PANORAMIC Alors que l’accélération du réchauffement climatique incite au pessimisme, il est encore possible d’éviter le pire. Dans son nouvel ouvrage publié le 16 octobre, Le New Deal vert mondial (Les Liens qui libèrent, 304 pages, 21,80 euros), le célèbre économiste américain Jeremy Rifkin décrit comment construire en quelques années une société fonctionnant à 100 % grâce aux énergies renouvelables. A condition que les gouvernements soutiennent plus activement la transition… Votre nouvel ouvrage affirme que la civilisation fondée sur les énergies fossiles va s’effondrer d’ici à 2028. Pourquoi cette date ? Nous sommes à l’aube d’une transformation majeure au sein de nos infrastructures, relevant de la « destruction créatrice » décrite par l’économiste Joseph Schumpeter [1883-1950]. Beaucoup n’en ont pas pris encore la mesure, car les énergies solaires et éoliennes ne comptaient que pour 3 % de la capacité énergétique mondiale en 2017. C’est encore peu au regard des énergies fossiles, mais c’est là que se situe désormais la plus forte croissance de la demande, attirant de plus en plus d’investisseurs. Résultat : ce secteur va grandir jusqu’à atteindre le point de bascule où la transition sera enclenchée pour de bon, marquant l’effondrement de la civilisation fossile, que les investisseurs délaisseront alors en nombre. Selon Carbon Tracker Initiative, un think tank britannique, ce point de bascule sera atteint lorsque 14 % de l’électricité sera fournie par le soleil et le vent. L’Europe y est déjà. Au niveau mondial, nous devrions l’atteindre autour de 2028. N’est-ce pas optimiste de penser que les marchés, très imparfaits, porteront cette transition énergétique ? Je ne pensais pas le dire un jour, mais dans ce cas, je suis convaincu que les marchés seront en effet les alliés de la transition énergétique. La question est de savoir d’où viendra l’argent qui financera les investissements nécessaires à ce « new deal vert mondial ». La source proviendra, en grande partie, des fonds de pension, qui gèrent l’épargne-retraite de millions de travailleurs dans le monde. Ils pèsent aujourd’hui plus de 37 000 milliards d’euros, dont 22 300 milliards pour les seuls Américains. Or, ces investisseurs de long terme ont déjà commencé à se détourner des industries fossiles pour miser sur les énergies renouvelables. C’est un levier de transformation et de financement puissant. Ne sous-estimez-vous pas la résistance des lobbys, sans parler de celle des chefs d’Etat climatosceptiques, comme le président américain Donald Trump ?
Pour l’économiste américain, dont le nouveau livre « Le New Deal vert mondial » sort mercredi, les marchés seront les alliés de la transition énergétique.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/16/jeremy-rifkin-la-survie-de-notre-espece-depend-de-la-transformation-de-nos-modes-de-production_6015648_3234.html
mlsum-fr-152
de l’EI. Bardarash, le 16 octobre, Irak : une dizaine de bus, avec 277 réfugiés, viennent d'arriver au camp de réfugiés de Bardarash (Kurdistan irakien). LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE" Au point de contrôle de l’entrée ouest de Kamechliyé, le regard s’accroche à une colonne de fumée noire qui s’élève depuis un point inconnu, quelque part dans le centre-ville. « Ce sont les camarades qui brûlent des pneus », a assuré le planton en faction. Depuis l’offensive turque du 9 octobre contre les villes syriennes de Tall Abyad et Ras Al-Aïn, tenues par les forces kurdes, et les volées de tirs d’artillerie qui frappaient jusqu’à Kamechliyé, il arrivait en effet aux « camarades », ainsi que se nomment entre eux les combattants du mouvement kurde, de brûler des pneus. Pour aveugler les drones dans une tentative dérisoire de lutter contre la mort tombant du ciel ? Pour donner à cette ville encore attachée à la paix, avec ses pâtisseries pleines de gâteaux au miel, les atours plus réalistes d’une cité en guerre ? Soline, 15 ans, originaire de Kamechliyé (Nord-Est syrien), pose avec son luth, instrument traditionnel kurde, le 21 octobre, au camp de réfugiés de Bardarash (Kurdistan irakien). Elle a fui la Syrie avec sa mère et son frère trois jours auparavant. Sur les quelques photos qu’elle a emportées, on peut voir les autres membres de sa famille restés en Syrie. C’est la deuxième fois qu’ils viennent se réfugier en Irak. Ils étaient déjà là en 2014. Nadja, la mère de Solin, nous dit : « Le Rojava, c’est notre maison, on a jamais voulu la quitter. » LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE" Le planton se trompait. Après quelques minutes d’un trajet bringuebalant dans des rues désertes, couvertes des slogans révolutionnaires kurdes et de fresques représentant des combattantes, une odeur différente de celle du caoutchouc brûlé racontait une autre histoire. C’était le 11 octobre et, parmi une foule angoissée, filmant l’incendie grâce à une noria de téléphones portables, des hommes et des femmes armés vaquaient, impuissants. Les traits du visage tirés, mais le pas aussi assuré que s’il s’agissait d’un jour de marché, une cadre du mouvement kurde a lâché deux mots : « Voiture piégée. » Un véhicule chargé d’explosifs avait sauté, tuant cinq personnes. Quelques heures plus tard, l’attentat était revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI). Alors que le conflit qui opposait depuis 1984 le mouvement kurde à Ankara a débordé en Syrie, la lutte que l’on croyait gagnée par les Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde) contre l’EI montrait là des signes dévastateurs de résurgence. Deux guerres, l’une ancienne, l’autre récente, venaient de s’entrechoquer après que Washington, qui avait soutenu militairement les FDS contre les djihadistes, avait ouvert la voie à l’armée turque et à ses supplétifs arabes en retirant ses forces de deux points de la frontière. Trois conflits superposés Une troisième guerre se profile encore un peu plus à l’est. Près d’un rond-point surmonté d’une statue d’Hafez Al-Assad, fondateur de l’Etat de terreur en place en Syrie et père du dictateur actuel, derrière les murs aveugles du quartier sécuritaire dont le régime ne s’est jamais départi malgré le retrait de ses forces, en 2012, du reste de Kamechliyé, Damas prépare son retour.
Après quarante ans de conflit avec le peuple apatride, la Turquie se lance dans un nouvel acte en attaquant le Nord-Est syrien. Le projet politique kurde pour une plus grande autonomie commençait à s’organiser. Mais, avec l’offensive d’Ankara, l’heure du reflux est venue, au risque d’une résurgence de l’EI.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/25/sur-les-ruines-des-reves-kurdes_6016918_3210.html
mlsum-fr-153
Après la lutte contre les paradis fiscaux eux-mêmes, les militants anti-évasion fiscale se mobilisent aujourd’hui contre les « facilitateurs » : fiscalistes, avocats, auditeurs... Dado Ruvic / REUTERS Quand l’association Tax Justice Network (TJN) a été créée à Londres en 2003, pour lutter contre l’évasion fiscale, le combat semblait une montagne impossible à gravir. Seize ans plus tard, à la faveur de la crise financière de 2008, des progrès autrefois inimaginables ont été accomplis. Sous l’égide de l’Organisation de coopération et le développement économiques (OCDE), l’échange automatique de données fiscales entre les pays a permis de réduire la fraude, à tel point que les dépôts bancaires dans les paradis fiscaux sont en recul de 34 % sur dix ans. Le travail est cependant loin d’être terminé. Les Etats-Unis ont refusé de faire partie de l’accord d’échange automatique et il reste plus de 1 000 milliards de dollars (892 milliards d’euros) de dépôts bancaires offshore, un chiffre qui exclut de nombreux actifs financiers. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les « Panama Papers » ont permis de récupérer plus d’un milliard d’euros en impôts dus et pénalités Pour sa conférence annuelle, les 2 et 3 juillet, TJN a donc décidé de braquer son projecteur sur l’autre facette de l’évasion fiscale, à savoir ses facilitateurs : grandes banques, cabinets d’audit, fiscalistes, avocats, fonds spéculatifs… « Nous avons beaucoup dénoncé les pays qui pratiquent l’évasion fiscale, mais nous nous concentrons maintenant plus sur les entreprises qui la rendent possible, explique James Henry, professeur à l’université Yale et conseiller de TJN. Ces facilitateurs représentent une véritable industrie. » Beaucoup sont des multinationales, qui se jouent des frontières, et dont la taille gigantesque rend les Etats démunis. Une étude suggère que ces immenses cabinets mondiaux encouragent le contournement des règles fiscales Pendant les deux journées de la conférence, les quatre grands cabinets d’audit mondiaux (KPMG, PwC, EY et Deloitte) sont sans cesse revenus dans la discussion. « Ils ont d’une part de l’influence sur les lois, à travers leur lobbying, et d’autre part ils aident à la contourner », dénonce John Christensen, le président de TJN. Article réservé à nos abonnés Lire aussi John Christensen, la bête noire des évadés fiscaux C’est particulièrement vrai au Royaume-Uni, comme le prouve l’incroyable histoire des « patent box » (littéralement, boîte à brevets). Cet avantage fiscal censé encourager la recherche a été créé par le gouvernement de David Cameron, au début des années 2010. Qui était le conseiller spécial embauché par le fisc britannique pour mettre au point cette innovation fiscale ? Un certain Jonathan Bridges, de KPMG. Une fois son travail fini, l’homme est retourné à son cabinet, qui s’est mis… à promouvoir ses services pour utiliser au mieux la « patent box ». Le conflit d’intérêts peut difficilement être plus évident : voilà le conseiller fiscal de grandes multinationales qui non seulement aide à rédiger la loi, mais ensuite retourne voir ses clients pour l’utiliser au mieux.
Au Royaume-Uni, associations et militants pointent du doigt le rôle des grandes banques, des cabinets d’audit et des avocats fiscalistes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/09/mobilisation-contre-les-facilitateurs-de-l-evasion-fiscale_5487230_3234.html
mlsum-fr-154
Agendas, cartables ou trousses « pour filles » en rose et « pour garçons » en bleu dans des rayons que certaines enseignes persistent à séparer… La rentrée est, comme Noël ou la Fête des mères, un moment fort de l’année de Marion Vaquero. Cette jeune femme de 27 ans, parisienne depuis peu, n’est ni élève, ni prof, ni parent. Si elle surveille les rayons de fournitures scolaires, c’est pour dénoncer les stéréotypes de genre qu’elle traque et affiche sur les réseaux sociaux depuis un an et demi. Rendez-vous au Monde Festival : Rencontre avec la féministe américaine Eve Ensler Marion est la créatrice du compte Twitter @PepiteSexiste, et de ses homologues sur Facebook et Instagram. Derrière ce compte anonyme à la bannière bleue et rose, elle épingle, inlassablement, toutes les opérations marketing reposant sur des stéréotypes de genre et diffusant des messages sexistes. A raison de plusieurs signalements par jour, elle a permis le retrait de 40 « pépites sexistes », reçu plusieurs messages d’excuses des marques, et a forgé sa réputation de vigie sur les réseaux sociaux. Cet été, elle a obtenu des excuses de Cultura, qui a retiré la différenciation entre des agendas dans l’un de ses magasins concernés. Pour d’autres, il faudra en revanche être encore patient. Dis-moi @LeclercBonPlan c’est quoi la différence entre un « agenda garçon » et un « agenda fille » ? Je croyais que… https://t.co/mrVMURlolK — BatVLT (@Baptiste Vlt) Jouer sur l’image publique des marques Le compte @PepiteSexiste est né un 9 mars, le lendemain de la Journée internationale des droits des femmes. La veille, Marion n’avait pas pu passer à côté des campagnes de promotions pour des produits de beauté, vêtements, accessoires de cuisine réalisées à l’occasion de « la journée de la femme ». « Qu’une journée comme celle-là soit encore l’occasion pour le marketing de véhiculer des stéréotypes sexistes en 2018… C’était trop », explique-t-elle. #8mars : La journée des droits des femmes est une nouvelle fois l’occasion pour les marques de nous bombarder de me… https://t.co/PEroEkLqWT — PepiteSexiste (@Pépite Sexiste) L’idée avait déjà germé dans son esprit lors de ses études de marketing, terminées deux ans plus tôt. On ne lui y a pourtant jamais appris à éviter les stéréotypes. Ce sont les discussions avec sa sœur jumelle qui lui « ouvrent les yeux sur les problèmes de la séparation genrée des produits et l’impact des stéréotypes » véhiculés par le marketing. « C’est elle la féministe de nous deux, elle m’a un peu tout appris ! », plaisante Marion. Son diplôme en poche après un mémoire sur le sujet, elle cherche un moyen d’agir à son échelle. Des associations comme Les Chiennes de garde ont déjà fait du sexisme dans la publicité leur cheval de bataille mais, l’après-#metoo aidant, la jeune femme est convaincue que les réseaux sociaux sont une arme puissante dont il faut se servir pour dénoncer d’une même voix un certain marketing, qu’elle qualifie volontiers de fainéant.
Diplômée en marketing, cette femme de 27 ans a créé le compte @PepiteSexiste et épingle depuis un an et demi les publicités sexistes ou stéréotypées sur les réseaux sociaux. Premier volet de notre série sur les nouveaux visages du féminisme.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/31/marion-vaquero-la-traque-aux-pepites-sexistes-du-marketing_5504855_4415198.html
mlsum-fr-155
Article de Jean Nau publié en 1960 dans le mensuel « Miroir du rugby ». A la Coupe du monde de rugby, les Russes ont aujourd’hui un entraîneur gallois (Lyn Jones). Mais ils ont aussi un lointain aïeul français. L’histoire remonte au début de l’URSS. Car Jean Nau avait une autre particularité que celle d’être « le plus ancien des journalistes français de Moscou », correspondant de l’Agence France-Presse (AFP) et du quotidien L’Equipe. « Passionné de sport, il avait contribué à introduire le rugby en Union soviétique », d’après la brève du Monde publiée lors de ses obsèques moscovites, en juin 1981, à l’âge de 76 ans. Correspondant local C’est donc l’histoire d’un sport britannique développé par un Français. Un comptable de formation, Jean-Baptiste, de son prénom complet, précise Le Maitron. Selon le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, il se rend au pays des Soviets dès 1928. L’ancien secrétaire de la section nantaise des Jeunesses communistes a alors 24 ans. Il se présente « en qualité de secrétaire de l’Internationale sportive rouge », censée coordonner les diverses organisations de sportifs communistes (1921-1937). Un temps, le jeune homme envisage un retour en France. « Un télégramme précise qu’il veut quitter l’URSS alors qu’il a perdu sa place à l’Internationale sportive rouge et qu’il semble emporter une impression plutôt fâcheuse sur le pays », nous informe Rachel Mazuy, chercheuse à l’Institut d’histoire du temps présent, qui a eu accès aux archives du ministère français des Affaires étrangères. Finalement, Jean Nau s’installe bien. Se marie deux fois, dont une avec une ballerine du Bolchoï. Et se tourne donc vers le journalisme. En 1960, c’est en tant que correspondant local de l’AFP qu’il signe une contribution pour Miroir du rugby, mensuel proche du Parti communiste français. Titre de la double page assortie de photos : « Où en est le rugby en URSS. » Le magazine présente l’auteur comme un homme « féru de rugby (…) qui lança là-bas les premiers rudiments du ballon ovale ». Un sport proscrit par Staline Dans son texte, que Le Monde a consulté, Jean Nau privilégie une approche chronologique. Sans mentionner les rencontres jouées au temps de l’Empire russe, il rappelle que « le rugby était pratiquement inconnu en URSS avant 1930 ». Le « premier essai véritable » pour populariser la pratique se situerait en « l’an 1933 ». Cette année-là, le Dynamo Moscou affronte l’Institut d’éducation physique pour célébrer le dixième anniversaire de la société Dynamo, émanation du ministère de l’Intérieur. « Bien qu’une propagande intensive eût été organisée autour de cette rencontre, elle n’obtient qu’un succès d’estime. » L’année suivante, Jean Nau revendique son rôle d’entraîneur lors d’un déplacement en Biélorussie. Loin de la capitale russe, il dit avoir encadré une sélection moscovite partie affronter une formation de Minsk. Mais il faut encore attendre deux ans, en 1936, pour que se lance le premier championnat d’URSS. La compétition comprend quatre équipes et tourne à l’avantage du Dynamo Moscou. « Les représentants français de la Fédération sportive et gymnique du travail furent de bons avocats du rugby, dont ils surent faire apprécier le caractère de sport complet, éducatif, collectif. » Jean Nau Sept ans après la mort de Staline, et quatre ans après le rapport de Khrouchtchev sur le bilan sanglant de son prédécesseur, Jean Nau fait une impasse importante dans le récit. Il attribue à la Seconde guerre mondiale le ralentissement de la pratique du rugby, en omettant toutefois les années suivantes. Celles durant lesquelles Staline a proscrit ce sport d’origine bourgeoise. Sous Khrouchtchev, le rugby rebondit. Là encore, avec l’aide de Français, selon Jean Nau. En 1957, Moscou organise le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants. « Les représentants français de la Fédération sportive et gymnique du travail, au comité d’organisation, furent de bons avocats du rugby dont ils surent faire apprécier le caractère de sport complet, éducatif, collectif, le faisant admettre parmi les sports adaptés au festival. » Le mini-tournoi met aux prises des représentants de la Roumanie, de la Tchécoslovaquie… et l’équipe galloise de Llanelly, « forte de nombreux internationaux », assure-t-il. Conclusion du texte, en 1960 : « Les rugbymen d’URSS pourront fort bien figurer dans des rencontres internationales avec les Roumains, Polonais, Tchécoslovaques, avant de pouvoir s’opposer aux Français et Britanniques. » Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : victoire poussive des Japonais contre la Russie en ouverture du Mondial Un demi-siècle plus tard, en ouverture de la Coupe du monde 2019 au Japon, les « Ours » russes ont chuté face au pays hôte (30-10). Puis face aux Samoa (34-9). Jeudi 3 octobre, à Kobe, ils se mesureront cette fois à encore plus fort, face aux Irlandais. Toujours en quête d’une victoire depuis leur première participation de 2011. Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : groupe A comme attrayant
Les Russes, qui disputent leur deuxième Mondial, affrontent l’Irlande ce jeudi. C’est un ancien journaliste français à Moscou qui a contribué à la pratique de ce sport au temps de l’URSS.
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2019/09/24/coupe-du-monde-de-rugby-2019-le-rugby-sovietique-et-son-aieul-francais_6012890_1616937.html
mlsum-fr-156
L’écrivaine Françoise Sagan, à Paris, en 1986. ESTATE JEANLOUP SIEFF « Les Quatre Coins du cœur », de Françoise Sagan, Plon, 224 p., 19 €. Ça pourrait être l’histoire d’un homme qui, pour que son garçon reprenne vie, l’emmène au bordel. Ça pourrait être une affaire de notables de province avec sa bande d’affreux : Henri, le patriarche, l’industriel tourangeau qui a fait fortune dans l’importation de cresson ; sa deuxième femme, neurasthénique, « laide et idiote », toujours flanquée de son pique-assiette de frère ; le fils, Ludovic, qui a survécu contre toute attente à un effroyable accident de voiture et que tout le monde croit maintenant « détraqué » (pourtant jusque-là il avait eu un côté « tout-va-bien » qui avait fait tourner les têtes d’une flopée de jeunes filles du 16e arrondissement) ; Marie-Laure, l’épouse de celui-ci, une garce « sophistiquée et sans culture » et sa mère, Fanny, connue pour « son charme, son courage et son cœur », qui va s’émouvoir du sort de son gendre et tenter de le réhabiliter… Lire aussi l’entretien avec le fils de Françoise Sagan : Denis Westhoff: « C’est tout à fait la voix de Sagan que l’on entend » Parce que, chez ces gens-là, voyez-vous, on débat au dîner sur la fourberie des Bourbon, on conduit des cabriolets, on vient prendre de bons conseils auprès des mères maquerelles, les femmes ont « l’entrain définitif », on a, selon les jours, « la fierté ou le regret d’avoir été bel homme », les domestiques ont de ces phrases énigmatiques et parfaites (« Monsieur vient chercher Monsieur ») et les médecins ont une vilaine tendance à préférer « leurs diagnostics à leurs ­patients » (d’où leur agacement face à la survie miraculeuse du pauvre Ludovic). Perce à tout moment, sous la plume saignante de Sagan, une compassion sincère pour les petits animaux inconsolables et agités que nous sommes Ce sont des gens de chez Sagan. En droite ligne. Quel cadeau de les retrouver dans Les Quatre Coins du cœur, ce texte inédit, quinze ans presque jour pour jour après la disparition de l’écrivaine. C’est comme de recroiser d’anciens voisins, d’anciens collègues, d’anciens camarades (qui voudrait des amis de ce genre ?) qu’on croyait morts et de se rendre compte qu’ils n’ont pas changé et qu’ils sont intacts dans leur exactitude. Chez ces gens-là, l’absence d’argent est une maladie, on est balzacien par nature, puisqu’il y a, dans cette vie, vous ne l’ignorez pas, les « petits ambitieux » et les « grands débiles fortunés », on est soit « victime » soit « goujat ». Ici les couples sont souvent affligés par le veuvage, parce qu’on a tendance à mourir en couches, en avion ou à toute allure encastré dans un platane – il y a d’ailleurs des pages magnifiques sur le deuil, sur ses étapes, l’hébétude dans lequel il nous laisse, qui se transforme en deuil de nous-même qu’il nous faut bien finir par supporter, « cette machine à souffrir qui redevient, la nuit, bête gémissante sous les draps, et le jour, visage anonyme qui refoule les larmes ».
L’humour, le détachement et l’élégance de l’écrivaine sont au rendez-vous de ce livre, qui paraît jeudi, quinze ans après sa mort. Lecture de Véronique Ovaldé et extraits exclusifs.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/09/18/les-quatre-coins-du-c-ur-un-roman-inedit-pour-retrouver-francoise-sagan_5511997_5473203.html
mlsum-fr-157
La façade de la gare du Nord, à Paris, le 10 octobre. PHILIPPE LOPEZ / AFP C’est l’autre bataille du groupe Ceetrus pour s’affirmer comme un acteur du Grand Paris : la transformation de la gare du Nord. Après l’abandon par le gouvernement, jeudi 7 novembre, du projet EuropaCity, la foncière commerciale d’Auchan doit désormais préserver son projet pour la première gare d’Europe, lui aussi très polémique. Une opération de rénovation et d’agrandissement à 600 millions d’euros, censée incarner les nouvelles ambitions de Ceetrus dans l’aménagement urbain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi EuropaCity : le projet de mégacomplexe définitivement abandonné L’enquête publique sur le permis de construire doit débuter le 20 novembre, alors que la Ville de Paris s’oppose à plusieurs volets du projet porté par la SNCF et Ceetrus, jugé trop dense, trop commercial, irrespectueux du patrimoine et négligeant les fonctions d’une gare multimodale. Après une réunion de médiation, le 18 octobre, sous l’égide du préfet de région, la SNCF et la Ville de Paris sont convenues de travailler à une amélioration des plans de l’agence d’architectes Valode & Pistre, en nommant des architectes urbanistes conciliateurs. Lire aussi Gare du Nord, les plans de la discorde Le 4 novembre, la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a missionné pas moins de quatre experts pour imaginer, d’ici au 19 décembre, comment amender le projet. Il s’agit de deux titulaires du Grand Prix de l’urbanisme, Pierre Veltz et Jean-Louis Subileau, cosignataires de tribunes parues ces dernières semaines contre le projet, et de deux architectes et urbanistes, Anne Mie Depuydt et Caroline Poulin. « Du grain à moudre » Le fruit de leurs réflexions sera versé à l’enquête publique. Car c’est bien le projet contesté, portant sur « la création nette d’une surface de plancher de 61 515 mètres carrés sur l’emprise de la gare du Nord », qui est soumis à consultation jusqu’au 8 janvier 2020. Qu’en retiendra le commissaire-enquêteur dans son rapport attendu vers la mi-février ? Quelles modifications les porteurs du projet accepteront-ils d’appliquer ? A la préfecture de région, on veut croire qu’il y a « du grain à moudre » sur un certain nombre de points. L’intermodalité avec les bus et les vélos, l’aménagement des accès et les liaisons avec le quartier pourraient ainsi être revus. Quelques milliers de mètres carrés – pourquoi pas un niveau entier – pourraient être retranchés du futur bâtiment censé s’élever sur cinq étages, 300 mètres de long et 50 mètres de large, pour accueillir ces dizaines de milliers de mètres carrés de bureaux, équipements, commerces et restaurants au-dessus d’un nouveau hall de départ.
La filiale d’immobilier commercial du groupe Auchan veut préserver son projet de transformation de la première gare d’Europe, contesté notamment par la Mairie de Paris.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/07/la-gare-du-nord-sous-le-feu-de-l-enquete-publique-et-d-un-quatuor-d-urbanistes_6018356_3234.html
mlsum-fr-158
A la sortie de la rocade qui entoure Johannesburg, on retient sa respiration : il faut bien regarder, à droite, à gauche, à mesure que les entrepôts décatis défilent, et guetter d’éventuelles ombres menaçantes. Même le chauffeur Uber dissimule son smartphone, de peur de voir sa vitre brisée et son précieux engin arraché. Un dernier feu tricolore, et on y est : dans un contraste saisissant dont l’Afrique du Sud a le secret, la rue s’anime, les places de parking deviennent introuvables, et surtout la musique s’échappe de plusieurs endroits à la fois. Bienvenue à Maboneng, un îlot hipster et branché, situé au beau milieu d’un océan de délabrement et de criminalité. Maboneng, « lieu de lumière » en sotho, est sorti en 2007 de l’imaginaire d’un jeune entrepreneur sud-africain vertueux, Jonathan Liebmann. A 24 ans seulement à l’époque, il y installe sa compagnie immobilière Propertuity. Le centre-ville de Johannesburg était alors abandonné aux criminels et aux dealeurs de drogue. A la fin de l’apartheid, avec l’abolition des lois racistes restreignant la circulation des Noirs, les Sud-Africains blancs ont préféré se replier vers les banlieues verdoyantes et bourgeoises du nord de la capitale économique. A Sandton, ils ont même bâti un nouveau centre d’affaires où le mètre carré est désormais le plus cher d’Afrique. A Maboneng, une fresque murale représentant Nelson Mandela (à gauche) et une habitante du quartier. Lindokuhle Sobekwa / Magnum Photos pour Le Monde 30 km plus au sud, M. Liebmann, lui, jette son dévolu sur la frange industrielle du vieux centre-ville laissé à l’abandon. Son concept : racheter des hangars délabrés pour une bouchée de pain et les transformer en lieux mixtes, des endroits où « vivre, travailler et se divertir », propose t-il alors. Pari réussi : en dix ans, plus de 10 000 personnes ont élu domicile dans l’enclave bouillonnante, qui s’est hissée en tête des recommandations touristiques pour la mégapole économique sud-africaine. Ultime consécration, en 2018, le magazine américain Forbes a classé Maboneng parmi les douze quartiers « les plus cool de la planète », détrônant même New York et Londres. Les cultures du monde entier Croisé sur l’artère principale, Fox Street, Israel Nkomphela, 29 ans, en parle avec fierté. « Maboneng, c’est une nouvelle époque. Voilà ce que veut être la nouvelle Afrique du Sud. Il y a des gens de partout, de toutes les classes et de toutes les races. Ici, un clochard peut croiser un businessman », explique ce photographe de rue, originaire de Mthatha, le village de Nelson Mandela. A l’origine, le projet se voulait avant tout une expérience sociale et culturelle, dans une société sortie profondément divisée par les années d’apartheid. Sous l’impulsion de M. Liebmann, une communauté d’artistes et de créateurs ont pris leurs quartiers, comme en témoignent les multiples fresques murales et graffitis dont les couleurs vives réaniment l’ensemble industriel grisâtre.
Quartiers d’Afrique (2/21). Ce quartier, au milieu d’une ville parmi les plus dangereuses du pays, fait partie des recommandations touristiques.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/16/maboneng-va-t-il-sauver-johannesburg_5489813_4415198.html
mlsum-fr-159
Ai-je bien entendu ? Des haut-parleurs crachotent un message étrange, qui presse l’assistance de laisser nourriture et peluches au vestiaire. Ma pratique du russe étant très imparfaite, je me fais répéter la consigne. Oui, c’est bien cela : il faut déposer tout un tas d’objets hétéroclites qui abondent par ici, dans l’enceinte de ce complexe international planté le long de la Moskova, au centre de Moscou. Mon interlocutrice trimballe avec elle un charmant Culbuto dodelinant sur sa base arrondie mais que, pour rien au monde, elle n’abandonnera – elle l’a amené tout exprès de sa région de Tambov, à 400 kilomètres au sud de Moscou. YASMINE GATEAU Les portes de l’immense salle s’ouvrent enfin. Dans un joyeux brouhaha, plusieurs centaines de journalistes russes et étrangers prennent d’assaut les fauteuils, après avoir franchi un dernier contrôle. Ce 18 décembre 2014, six mois après mon installation à Moscou comme correspondante du Monde, je vais enfin voir Vladimir Poutine en chair et en os, pour sa traditionnelle conférence de presse organisée une fois par an. Un porte-parole à la langue acérée Le voici. Démarche carrée, bras balancés le long du corps. Vêtu d’un costume sombre et d’une cravate lilas, le chef du Kremlin s’installe sur la scène derrière un bureau. A ses côtés, son fidèle porte-parole, Dmitri Peskov, joue les Monsieur Loyal. Affable sous sa moustache blonde, ce diplomate de formation parle couramment le turc, l’anglais… et la langue de bois. Il me revient brusquement en mémoire qu’il lui arrive aussi de dire des horreurs, tel ce commentaire rapporté par l’ex-député Ilia Ponomarev à propos des manifestations anti-Poutine de l’hiver 2011-2012 : « Pour un OMON [forces antiémeute] blessé, il faut éclater le foie des manifestants sur l’asphalte. » Lire aussi En pleine crise, Vladimir Poutine affiche son optimisme pour la Russie M. Peskov distribue les questions. Sauf si Vladimir Poutine repère quelque chose d’intéressant dans la salle (d’où les peluches et pancartes brandies à bout de bras). Dans ce cas, c’est lui qui donne la parole. Cette fois, c’est un tee-shirt portant le mot « Oukrop » qui retient son attention. Cela signifie « aneth », une façon plutôt péjorative de désigner les Ukrainiens, un peu comme « rosbifs » pour les Anglais vus de France, ou froggies (« grenouilles ») en sens inverse. Invité à poser sa question, le journaliste ukrainien qui s’est présenté ainsi attaque bille en tête : combien de soldats russes dans le Donbass, combien de prisonniers ukrainiens ?
Correspondants de presse (1/12). A son arrivée en 2014, Isabelle Mandraud trouve un pays en pleine guerre, abreuvé de propagande anti-occidentale.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/29/en-russie-je-deviens-une-ennemie_5494439_4415198.html
mlsum-fr-160
La ministre française de la défense, Florence Parly, et son homologue allemande Annegret Kramp-Karrenbauer, le 24 octobre à Bruxelles. JOHN THYS / AFP Mi-septembre, ce fut un coup de tonnerre de plus dans une relation franco-allemande déjà bien orageuse sur les sujets de défense. Sous la pression de Donald Trump pour augmenter son budget militaire, Berlin venait de négocier avec Washington une nouvelle répartition des budgets de fonctionnement de l’OTAN à son profit, sans avertir Paris. Historiquement, les dépenses de l’organisation (ses quartiers généraux et ses frais courants), sont partagées par tous, selon la richesse des Etats membres. La clé de répartition prévoit que les Etats-Unis paient 22 % de ce budget commun de fonctionnement, l’Allemagne 13 %, la France 11 %, etc. Berlin a proposé de baisser la part américaine à 15 %, d’augmenter un peu la sienne (de 13 % à 15 %), tout en postulant que les autres alliés combleraient le manque à gagner. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’OTAN en crise face à Trump et Erdogan Ce dernier se monte à 100 millions d’euros, l’affaire est symbolique. Dans les faits, les Etats-Unis apportent, avec leurs forces armées et leur budget militaire à 750 milliards de dollars, plus de 70 % des moyens de la défense collective dans l’OTAN. Ciblée par Donald Trump au nom du « partage du fardeau », la chancelière Angela Merkel se voit depuis deux ans reprocher de refuser d’atteindre à échéance raisonnable un effort de défense de 2 % du PIB. En tentant d’échapper à la vindicte américaine par ce biais, Berlin a exaspéré son allié français, par ailleurs soucieux de voir les Etats-Unis de Trump rester bien installés dans leur position d’allié fondamental. « On ne paiera pas » « On ne paiera pas », a dit, mercredi 23 octobre, la ministre Florence Parly à son homologue allemande, Annegret Kramp-Karrenbauer (« AKK »). L’initiative, jugée comme un facteur de division de plus par Paris, vient au pire moment. La ministre allemande a aussi provoqué des tensions politiques jusqu’au sein de son propre gouvernement, en proposant une zone de sécurité sous contrôle international dans le nord-est de la Syrie, sans même prévenir son collègue des affaires étrangères. Les Français ont compris que le modèle visé par « AKK », sans concertation avec Paris, là encore, était celui de la Minusma au Mali, un dispositif qu’ils jugent complètement inadapté au terrain syrien. Pour le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, un tel plan devrait être « discuté plus en détail » et l’Allemagne s’est finalement fait discrète sur le sujet avec ses alliés, jeudi soir. Mais le secrétaire à la défense américain, Mark Esper, s’est montré plus allant, estimant que la proposition allait dans le sens d’une prise de relais des Européens sur un terrain que les Etats-Unis quittent.
La France reproche à l’Allemagne d’avoir tenté de s’entendre directement avec Washington sur une nouvelle répartition des budgets de fonctionnement de l’OTAN.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/25/paris-exaspere-par-les-initiatives-de-berlin-en-matiere-militaire_6016875_3210.html
mlsum-fr-161
Tribune. « Dans les banlieues, nous ne devons plus avoir la main qui tremble » : le titre de la tribune de Valérie Pécresse, publiée dans Le Monde du 10 septembre, affiche un parti pris méprisant et menaçant à l’égard de territoires et de populations qu’elle a, en principe, la charge de défendre et de représenter. Assumant l’objectif de « détruire résolument nos grands ensembles », la présidente de la région Ile-de-France défend la priorité du rétablissement de l’autorité, la fin du bracelet électronique ou la création de nouvelles places de prison. Après tant d’autres, elle propose un axe majeur pour répondre aux profondes difficultés rencontrées par les habitants de banlieues populaires : la répression. Maintenant qu’Emmanuel Macron s’est installé sur ses terres, la droite, même quand elle se veut plus sociale et plus moderne, semble courir après l’extrême droite qui lui tond la laine sur le dos. Dans cette course électoraliste, ce sont les termes du débat qui se trouvent dangereusement infléchis. Même les efforts conduits depuis vingt ans pour transformer les quartiers populaires sont rabaissés à du « ripolinage des murs et des façades ». Améliorer le bâti grâce à la rénovation urbaine ne change pas toute la vie, mais permet souvent de vivre dans un cadre plus agréable. Ce n’est pas rien. Et c’est précisément ce fil de progrès qu’il faut aujourd’hui tirer résolument. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Fondation pour l’école dans la discorde L’ignorance à l’égard des quartiers populaires est trop souvent portée en bandoulière par une droite sûre d’elle-même, guidée par le mépris de classe et le rejet de l’altérité. Ces banlieues ne seraient que désespoir, solitude, ghetto, trafic, violence et islamisme. Comme si les visites officielles ou le prisme des seules images vues à la télévision empêchaient de mesurer la richesse du tissu associatif, la créativité, l’énergie, la solidarité qui font aussi partie du quotidien de ces quartiers, cibles d’une stigmatisation aux effets désastreux. Il y a bien plus de finesse du regard dans le film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir qui triomphe sur nos écrans : La Vie scolaire nous immerge dans un collège de Saint-Denis où les élèves se débattent avec malice et ténacité, soutenus par l’humour, l’entraide et la compréhension. L’inégalité au cœur des difficultés Députée de Seine-Saint-Denis, je peux témoigner de l’engagement de ses habitants pour construire une vie digne dans un climat qui ne leur facilite vraiment pas la tâche. Le rapport des députés François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo remis l’an dernier sur ce département pointe le grave et constant défaut des moyens que l’Etat y consacre. Un exemple : « Le moins bien doté des établissements scolaires parisiens reste mieux doté que le plus doté des établissements de la Seine-Saint-Denis », soulignait le sociologue Benjamin Moignard, interrogé pour ce rapport.
La députée (LFI) de Seine-Saint-Denis répond, dans une tribune au « Monde », au texte de la présidente de la région Ile-de-France publié dans ces colonnes le 10 septembre, qu’elle considère comme motivé par « le mépris de classe et le rejet de l’altérité ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/17/clementine-autain-valerie-pecresse-affiche-un-parti-pris-meprisant-et-menacant-a-l-egard-des-banlieues_5511224_3232.html
mlsum-fr-162
Alain Larribet, musicien et chanteur, et Yannick Jaulin dans « Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour ». EDDY RIVIERE Qu’on se le dise, Yannick Jaulin est de retour sur scène à Paris, et ce jusqu’au samedi 26 octobre, avec non pas un mais deux spectacles à la suite, Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour et Causer d’amour, sur les planches du théâtre des Bouffes du Nord (Paris 10e) qui l’avait déjà accueilli en mars 2016 avec sa précédente création, Comme vider la mer avec une cuiller (que j’avais chroniquée sur ce blog). L’occasion pour ceux et celles qui ne connaîtraient pas encore cet orfèvre de la parole (dont un portrait détaillé était paru dans Le Monde en mai 2014) de le découvrir au mieux de sa forme dans un efficace diptyque consacré à l’un de ses thèmes de prédilection, les langues régionales, en particulier le patois de sa Vendée natale, le poitevin-saintongeais, ou parlanjhe. Après avoir décortiqué avec habileté, dans son précédent spectacle, Comme vider la mer avec une cuiller, les mécanismes à l’œuvre dans les trois grandes religions monothéistes, Yannick Jaulin reprend dans le premier volet de son diptyque, Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour, la forme de la conférence contée. En mêlant des extraits d’ouvrages, de rapports officiels, de documents d’époque sur la question, avec des bribes de récit de vie et des histoires transmises de génération en génération, le conteur s’interroge, souvent avec justesse, sur le sort réservé aux langues régionales au cours des siècles et sur le devenir de notre société qui, au nom de la mondialisation, a toujours eu tendance à vouloir uniformiser les choses et éradiquer les particularités locales. Et ce au risque d’y perdre ce qui faisait sa richesse et son identité. Musicalité de la langue Tour à tour sérieux, limite pince-sans-rire, lorsqu’il chausse les lunettes du professeur pour consulter des textes sur son ordinateur portable, et plein d’humour, débordant d’énergie, quand il incarne toute une galerie de personnages hauts en couleurs, il mène son spectacle de main de maître. Accompagné en fond sonore par les arrangements musicaux composés par Alain Larribet, le « berger des sons », (que j’ai eu la chance de pouvoir découvrir sur scène lors d’un concert improvisé à Malakoff, le 9 octobre) avec ses multiples instruments venus des quatre coins de la planète, et ses émouvants chants en béarnais, Yannick Jaulin explore avec jubilation toute la musicalité de sa langue natale et donne à entendre l’immense richesse sémantique et la puissance évocatrice de mots qui ont traversé les siècles de génération en génération. Le second volet du diptyque, Causer d’amour, plonge le public dans un récit de vie beaucoup plus intime, autour du thème de l’incapacité d’aimer. Yannick Jaulin y prend un malin plaisir à mélanger les histoires : celle de sa propre famille, en particulier de ses parents, mais aussi des bribes de contes célèbres comme La Barbe bleue (d’après Charles Perrault). Partant d’un constat d’échec avec deux mariages « ébouillés », pour reprendre son expression, il se livre à une véritable introspection de ses sentiments et lève le voile, entre pudeur et impudeur, sur sa vie amoureuse. Avec toujours comme fil rouge, et point commun avec le premier spectacle, le mélange entre le français et le patois de sa Vendée natale. Joachim Florent (contrebasse), Yannick Jaulin et Morgane Houdemont (violon) dans « Causer d’amour ». FLORENCE HOUCHOT/RENAUD VEZIN Installés derrière deux grands écrans au fond de la scène, comme une sorte de chœur antique, les musiciens Morgane Houdemont (au violon) et Joachim Florent (à la contrebasse) accompagnent et rythment le récit en y introduisant des pauses sonores, comme autant de respirations dans la densité du spectacle. Des deux volets, Causer d’amour est sans doute le plus riche mais aussi le plus complexe et difficile d’accès. Il n’est pas toujours aisé pour le spectateur de s’y retrouver entre les différents niveaux de narration (le fictif et le réel), dans les allers-retours constants entre le français et le poitevin-saintongeais. Mais, en s’accrochant un peu, on se laisse embarquer par la poésie du texte, par la puissance des images, par l’émotion des sentiments, notamment quand Yannick Jaulin évoque ses quatre filles, dont la présence positive constitue une lueur d’espoir dans un récit plutôt sombre. Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour, de et par Yannick Jaulin. Collaboration à l’écriture : Morgane Houdemont et Gérard Baraton ; accompagnement musical et composition : Alain Larribet ; regards extérieurs : Gérard Baraton et Titus ; création lumière : Fabrice Vétault ; création son : Olivier Pouquet. Causer d’amour, de et par Yannick Jaulin. Mise en scène : Philippe Delaigue ; accompagnement musical et composition : Morgane Houdemont (violon) et Joachim Florent (contrebasse) ; collaboration à l’écriture : Valérie Puech et Marie-Odile Sansault ; scénographie : Alain Burkarth ; constructeur : Vincent Gadras ; lumières : Guillaume Suzenet et Fabrice Vétault ; son : Fabien Girard et Jean-Bertrand André. Théâtre des Bouffes du Nord, 37bis, boulevard de La Chapelle, Paris 10e. Réservations au 01-46-07-34-50. Jusqu’au samedi 26 octobre, du jeudi au samedi à 19 heures (Ma langue maternelle…), du mardi au samedi à 21 heures (Causer d’amour). Après Paris, les deux spectacles sont en tournée à travers la France, les dates des représentations sont disponibles sur le site de Yannick Jaulin, dans la rubrique « La Tournée ».
Accompagné par Alain Larribet puis par Morgane Houdemont et Joachim Florent, l’artiste présente des spectacles en diptyque autour des langues régionales, de leur survie, et de son histoire familiale.
https://www.lemonde.fr/contes/article/2019/10/13/aux-bouffes-du-nord-yannick-jaulin-conte-son-amour-des-mots-et-ses-maux-d-amour-en-musique_6015316_5470962.html
mlsum-fr-163
Adam Scott dans l’épisode « Cauchemar à 30 000 pieds ». CBS CANAL+ - JEUDI 10 OCTOBRE À 21 HEURES - SÉRIE « Apprêtez-vous à entrer dans une nouvelle dimension, qui ne se conçoit pas seulement en termes d’espace, mais où les portes entrebâillées du temps peuvent se refermer sur vous à tout jamais… La quatrième dimension ! » La série The Twilight Zone (La Quatrième Dimension) de Rod Serling reste à ce jour mythique. Au fil de cinq saisons, entre 1959 et 1964 – soit 156 épisodes en noir et blanc, indépendants les uns des autres –, son créateur déguisa sa critique des tabous de la société américaine sous la forme de récits de science-fiction, fantastiques, horrifiques ou absurdes, pour endormir la censure. Leur dénouement, toujours surprenant, s’accompagnant d’une sorte de morale sur la nature humaine ou un point aveugle de la société. Les abonnés de Canal+ pourront juger de la qualité de son écriture, du sens aigu du suspense et de l’instillation de la terreur qui en sont la marque en visionnant la première saison, disponible via MyCanal ou C + Séries dès ce jeudi. A titre personnel, s’il fallait n’en voir qu’un, on ne peut que recommander son épisode 8, Time Enough at Last. Aujourd’hui considéré comme un maître de la satire horrifique, après avoir remporté l’Oscar 2018 du meilleur scénario pour le film Get Out, Jordan Peele s’est vu confier la production d’une version moderne de La Quatrième Dimension par les studios du network CBS – qui, à l’époque, diffusa l’anthologie originelle. Jordan Peele n’a ni écrit ni réalisé ces dix nouveaux épisodes, mais en a assuré avec d’autres la production exécutive et y interprète le rôle (souvent réduit à une minute) du narrateur ou de celui qui dévoile, sans humour, la substantifique moelle de l’histoire que l’on vient de suivre. Vieillotte nouvelle mouture Dans L’Homme flouté, seul épisode où son personnage est partie prenante du récit, Jordan Peele rend un hommage appuyé au créateur de la série : « Rod Serling a révolutionné un genre qui s’adressait aux enfants : il en a fait de l’art pour adultes. Il apparaissait dans sa série pour rappeler que la quatrième dimension n’est pas une dimension parallèle, que l’important de la série n’est pas son genre, la science-fiction, mais son message. » Or quel(s) « message(s) » Jordan Peele et ses coproducteurs ont-ils à apporter, soixante ans plus tard ? Aucun qui nous ait frappés… Si l’on peut sauver (à grand-peine) les épisodes Replay et Cauchemar à 30 000 pieds, le remake d’un épisode de 1963, cette version dite moderne de Twilight Zone, dont l’inanité prête souvent à l’ennui ou au rire, fait avant tout penser à de vieux vêtements imprégnés de naphtaline. Même les épisodes les plus ennuyeux de Black Mirror, la véritable héritière de l’anthologie des années 1960, se montrent plus ambitieux et intrigants que cette vieillotte nouvelle mouture. Exemple de « morale » que Jordan Peele livre sentencieusement à la fin de l’épisode Un voyageur : « Les mensonges les plus dangereux ont l’apparence de jolis cadeaux » ; ou encore, en conclusion de L’Humoriste : « Il a appris à ses dépens que parfois, pour obtenir ce que l’on veut, il faut renoncer à ce que l’on aime » ! Mais que les amateurs se rassurent, une deuxième saison a d’ores et déjà été commandée. Cette série sera multidiffusée en couleur sur Canal+ et en noir et blanc sur Canal+Séries. La Quatrième Dimension, série produite par CBS Television Studios. Avec Jordan Peele, Adam Scott, Ike Barinholtz, John Cho, Lucinda Dryzek, Taissa Farmiga, Greg Kinnear, etc. (EU, 2019, 10x 35 à 51 min). L’intégralité sur MyCanal et C + Séries dès ce jeudi.
Malgré Jordan Peele à la production, cette version moderne de la série culte « The Twilight Zone » déçoit.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/10/la-quatrieme-dimension-egaree-dans-l-espace-temps_6014995_3246.html
mlsum-fr-164
Des migrants traversent le Rio Grande entre Ciudad Juarez (Mexique) et El Paso (Etats-Unis), le 29 avril. PAUL RATJE / AFP Un fort vent d’incertitude souffle sur Ciudad Juarez (Etat de Chihuahua). La ville frontalière mexicaine, aussi exotique qu’un parking d’autoroute, est séparée de sa flamboyante jumelle américaine, El Paso (Texas), par un canal asséché. Au milieu, une barrière métallique rouillée bloque le passage des clandestins qui rêvent d’une vie meilleure. Et chaque matin, les salariés de Ciudad Juarez découvrent avec angoisse les nouveaux tweets de Donald Trump. Le locataire de la Maison Blanche a fait de cette agglomération industrielle de 1,3 million d’habitants une des principales cibles de ses pressions douanières et migratoires sur son homologue, Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO »). Au point de contraindre le président mexicain de gauche à renoncer à sa politique humaniste. Chaque jour, vers 15 heures, une étrange valse d’anciens bus scolaires débute aux abords des parcs industriels de Ciudad Juarez. Pas d’élèves à l’intérieur, mais des ouvriers des maquiladoras, ces usines tournevis qui alimentent à bas coût le marché américain. C’est la relève devant le gigantesque hangar de Ledvance, leader asiatique de l’éclairage qui produit ici plus de six millions d’ampoules par an. Le va-et-vient des entrées et des sorties donne le tournis. Certains ouvriers discutent autour des deux glacières d’une vendeuse de sandwichs et de boissons fraîches. « On l’a échappé belle », lâche Filipo Garcia, opérateur de 45 ans, en référence à l’accord arraché, vendredi 7 juin, entre Washington et Mexico. Il a levé la menace d’un droit de douane de 5 % que M. Trump faisait peser, depuis huit jours, sur tous les produits en provenance du Mexique. Cette taxe devait progresser chaque mois, jusqu’à atteindre 25 % en octobre, si le gouvernement mexicain ne stoppait pas l’immigration clandestine. « On aurait perdu notre boulot », renchérit Jésus Regalado, technicien de 31 ans. Ces taxes auraient immédiatement fait perdre au Mexique sa compétitivité, faisant fondre les carnets de commande au bénéfice notamment de l’Inde. Selon le gouvernement, 1,2 million d’emplois ont ainsi été sauvés dans un pays où 80 % des exportations sont destinées aux Etats-Unis (près du tiers du produit intérieur brut, PIB). « C’est juste un répit » Mais dans les bureaux de Ledvance, Velia Lopez, responsable des ressources humaines, ne partage pas le soulagement de ses salariés : « C’est juste un répit. Trump reste imprévisible. A quand sa prochaine attaque contre nous ? » La question hante aussi Pedro Chavira, président de l’Association locale des maquiladoras : « Trump a compris l’intérêt d’associer l’immigration à l’économie. On est pris en otage par ce levier politique qui mobilise ses électeurs avant le scrutin américain de 2020. »
La ville frontière avec les Etats-Unis craint l’imposition de droits de douane si la politique migratoire mexicaine n’est pas assez répressive aux yeux du président américain.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/12/au-mexique-ciudad-juarez-otage-des-pressions-de-donald-trump_5474930_3210.html
mlsum-fr-165
Attraper des chips sans se salir les mains et en même temps utiliser le stylet à l’autre bout pour surfer sur le Net. JEAN-BAPTISTE TALBOURDET-NAPOLEONE Le Japon ne fait pas exception. Comme partout ailleurs, la fête d’Halloween y a pris une énorme importance. A l’approche du 31 octobre, les foules à la recherche d’une fausse toile d’araignée, d’une trousse de maquillage pour se transformer en zombie ou d’un costume de diablesse affluent vers un lieu incontournable : Tokyu Hands. Une chaîne de 49 grands magasins présente dans tout le pays. En cette fin d’année, on y propose aussi un service de préparation des traditionnelles cartes de vœux et de calendriers personnalisés dont les Japonais raffolent. Avec son logo vert sur fond blanc figurant deux mains – symboles de sa philosophie do it yourself et bricolage –, Tokyu Hands est une institution, comme le BHV parisien. Le plus emblématique de ses magasins est sans conteste celui de Shibuya, à Tokyo. Sa notoriété en a fait l’un des points de rendez-vous les plus importants du vibrionnant quartier de la capitale, avec la célèbre statue du chien Hachiko, à la sortie de la gare. Un marteau en bois, pour les tâches délicates de menuiserie, un pied à coulisse et une brosse antirouille en métal. JEAN-BAPTISTE TALBOURDET-NAPOLEONE « Tokyu Hands est un grand magasin du style one stop shop [où l’on peut tout acheter en une fois], qui propose tout ce que vous pouvez imaginer, des produits pour le bricolage, des bibelots, de la vaisselle, des bagages », résume bien Those Who Wandr, l’un des nombreux blogs de voyage sur le Japon. L’enseigne s’adresse aux particuliers comme aux petits entrepreneurs, qui y trouvent n’importe quel modèle de carnets à souche ou de factures aux formats officiels. Concept inédit Ses ateliers découverte d’activités, qui vont de la calligraphie au cirage de chaussures, sont courus, et le personnel a la réputation de savoir répondre aux demandes les plus pointues. Une recette qui fonctionne : en 2018, le chiffre d’affaires a atteint 97,4 milliards de yens (816 millions d’euros). Si un client demande : « Vous n’auriez pas tel couteau ? », le vendeur ne doit jamais répondre « non ». Née pendant les années 1970 dans un Japon qui connaissait alors un dynamisme économique sans précédent, cette société a une histoire particulière. À l’époque, la compagnie ferroviaire privée Tokyu, qui dessert la métropole de Tokyo, est présente dans l’immobilier, l’hôtellerie et la distribution. Le propriétaire du groupe, Noboru Goto (1916-1989), cherche à se diversifier et à investir dans un nouveau projet. Il contacte Yasuhiro Hamano, créateur de l’agence de design Team Hamano et auteur d’ouvrages sur le bien-être, la mode et l’environnement. Celui-ci expliquait, en 2016 sur Tokyo FM, que l’homme d’affaires lui avait lancé : « Au lieu de vendre des terrains et des maisons, pourquoi ne pas chercher quelque chose qui rende la vie plus agréable ? »
Vaisselle, costumes, papeterie, objets de la vie quotidienne et articles insolites, on trouve de tout dans les grands magasins Tokyu Hands. Créée dans les années 1970, cette enseigne qui compte 49 points de vente est une véritable institution au Japon.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/18/tokyu-hands-le-temple-japonais-de-la-bricole_6016052_4497319.html
mlsum-fr-166
Emmanuel Macron annonce la création d’un commandement militaire de l’espace, au ministère des armées, à Paris, le 13 juillet. POOL / REUTERS Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé, samedi 13 juillet, la création d’un commandement militaire dédié à l’espace, lors d’un discours au ministère des armées à la veille du défilé du 14-Juillet. « Pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’espace sera créé en septembre prochain » au sein de l’armée de l’air qui « deviendra à terme l’armée de l’air et de l’espace », a-t-il déclaré devant la communauté militaire à la veille de la parade sur les Champs-Elysées. Qualifiant l’espace de « véritable enjeu de sécurité nationale, par la conflictualité qu’il suscite », le président avait assuré en 2018 vouloir doter la France d’« une stratégie spatiale de défense », qui est désormais prête, a-t-il affirmé samedi. « La nouvelle doctrine spatiale et militaire qui m’a été proposée par la ministre des armées, que j’ai approuvée, permettra d’assurer notre défense de l’espace et par l’espace », a-t-il souligné. « Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protégerons mieux nos satellites, y compris de manière active », a promis le chef de l’Etat, en assurant que « les nouveaux investissements indispensables seront décidés ». Course à l’espace Dans un entretien accordé au Monde vendredi 12 juillet, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées avait indiqué l’importance à venir du domaine spatial pour la défense nationale : L’espace (…) Jusqu’à présent, nous le pensions comme l’endroit à partir duquel on applique des effets sur la Terre. Maintenant nous pensons l’action dans l’espace. Il est un champ de manœuvre, non de bataille. La France se refuse à l’arsenalisation et continuera à militer, dans les enceintes internationales, pour la prévenir. Mais elle va se défendre et développe ses capacités de détection des menaces sur ses satellites. Espionnage, brouillage, attaques cyber, armes antisatellites… L’espace, indispensable aux opérations militaires, est devenu un champ de confrontation entre nations, mettant la France au défi de muscler ses capacités dans ce théâtre hautement stratégique et de plus en plus militarisé. Les grandes puissances spatiales mondiales, Etats-Unis, Chine et Russie, sont engagées depuis plusieurs années dans une course pour la domination de l’espace. La loi de programmation militaire française (LPM) 2019-2025 prévoit un budget de 3,6 milliards d’euros pour le spatial de défense, qui doit notamment permettre de financer le renouvellement des satellites français d’observation CSO et de communication, de lancer en orbite trois satellites d’écoute électromagnétique (CERES) et de moderniser le radar de surveillance spatiale GRAVES. Programme « Celeste » Au Salon aéronautique du Bourget, en juin, la ministre des armées Florence Parly avait annoncé que la France allait lancer des études portant sur les prochaines générations de satellites militaires d’observation optique et de renseignement électromagnétique. « Nos opérations ne peuvent plus se passer de nos capacités spatiales qui contribuent de façon décisive à notre autonomie d’appréciation, de décision et d’action », avait-t-elle alors souligné en évoquant le lancement de deux programmes. L’un d’entre eux, baptisé « Iris », aura vocation à succéder aux satellites d’observation optique CSO dédiés à la défense et à la sécurité, dont le premier a été mis en orbite en décembre 2018. La ministre avait par ailleurs évoqué le lancement d’un autre programme, du nom de « Céleste », destiné à succéder aux satellites CERES de renseignement d’origine électromagnétique (ROEM). Lire aussi La France accuse la Russie de tentative d’espionnage par satellite
Le chef de l’Etat a décrit, samedi, le domaine spatial comme un « véritable enjeu de sécurité nationale ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/13/armees-macron-annonce-la-creation-d-un-commandement-militaire-de-l-espace_5489134_3210.html
mlsum-fr-167
Le Raspberry Pi 2. LE MONDE Tribune. Dérèglement climatique, épuisement des ressources, des espèces et de la biodiversité, mais aussi fragilité du système social et économique : pour les collapsologues, l’ère industrielle a atteint ses limites. Ils y voient un impératif de décroissance, à l’opposé de l’approche « techno-solutionniste », et prônent notamment l’adoption des low-tech. La collapsologie est une approche transdisciplinaire développée en France par l’Institut Momentum, créé par Yves Cochet, mathématicien et ancien ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnement. Elle a été promue par Pablo Servigne, agronome et biologiste, et Raphaël Stevens, expert en résilience des systèmes socio-écologiques via leur essai Comment tout peut s’effondrer (Seuil, 2015). Elle englobe l’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle, aussi appelée « anthropocène », et de ce qui pourrait lui succéder. Si la théorie de l’effondrement est nouvelle, les angoisses que suscite la crise environnementale ne le sont pas. Et notre époque n’est pas la première à réveiller sa conscience écologique (Introduction à l’histoire environnementale, par Jean-Baptiste Fressoz, Frédéric Graber, Fabien Locher, Grégory Quenet, La Découverte, 2014). Au XVIIIe siècle, on s’inquiétait déjà de l’impact de la déforestation sur le climat ; et au XIXe siècle, avant la mondialisation agricole, de l’épuisement des sols et des risques de famine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le succès inattendu des théories de l’effondrement C’est au milieu du XXe siècle que le constat de l’effondrement de la civilisation industrielle émerge. Des experts publient des essais qui se vendent à des millions, voire des dizaines de millions d’exemplaires pour certains : La Planète au pillage, du naturaliste Fairfield Osborn (Our Plundered Planet, 1948, Actes Sud, 2008), La Faim du monde de l’écologue William Vocht (Road to Survival, 1948), La Bombe P du biologiste Paul Erlich (The Population Bomb, 1968 ; Fayard, 1970), ou encore le rapport Meadows (publié en français sous le titre Halte à la croissance ?, Fayard 1972) commandé par le groupe de réflexion international le Club de Rome à des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Vision « cornucopienne » Aujourd’hui, face à la crise écologique, de nombreux scientifiques voient dans l’innovation et les nouvelles technologies la solution. Mais ce n’est pas l’avis de Philippe Bihouix, ingénieur, membre du conseil d’administration de l’Institut Momentum, auteur de Le Bonheur était pour demain (Seuil, 384 pages, 19 euros), qui dénonce les promesses de « techno-solutionnistes béats ». Il critique cette vision « cornucopienne » – du latin cornu copiae, corne d’abondance – selon laquelle le progrès et l’innovation technologique doivent permettre à l’humanité de subvenir indéfiniment à tous ses besoins.
Face à l’hypothèse d’un effondrement de la civilisation industrielle, de plus en plus d’experts proposent d’utiliser des technologies moins gourmandes, et surtout plus simples que les promesses sophistiquées de la high-tech, observe la consultante Claire Gerardin.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/21/le-low-tech-pour-vivre-mieux-avec-moins_6012508_3232.html
mlsum-fr-168
Alors que les tensions s’accumulent entre Inde et Pakistan, quels seraient les dégâts d’un conflit nucléaire entre les deux puissances ? Une question dont l’acuité est soulignée par la menace nucléaire agitée par le premier ministre Pakistanais Imran Khan récemment à l’ONU. C’est l’objet d’une recherche publiée hier dans Science Advances. Calculs faits, les scientifiques concluent qu’un conflit où les deux pays ne mettraient en jeu ne serait-ce qu’un tiers de leurs arsenaux nucléaires provoquerait une dévastation régionale, avec entre 50 et 125 millions de morts immédiates. Mais également un mini-hiver nucléaire planétaire d’environ dix ans, accompagné d’une chute des précipitations, aux conséquences dramatiques sur les productions agricoles. Un rappel de la menace que fait peser sur toute l’Humanité les stocks gigantesques d’armes nucléaires des Etats-Unis et de la Russie. 13 900 armes nucléaires Si les deux géants de l’arme nucléaire ont des milliers d’armes (93% des 13.900 existantes), six pays ont en chacun entre 100 et 300, rappellent les auteurs. Le Royaume-Uni, la France, la Chine, Israël, l’Inde et le Pakistan. Les mauvaises relations entre les deux derniers pays, qui s’accusent mutuellement d’occuper une partie de leurs territoires, sont notoires. Le Pakistan est soupçonné d’armer et soutenir des mouvements terroristes agissant au Cachemire voire sur des cibles ailleurs en Inde (1). Des raisons suffisantes, pour une équipe de physiciens et spécialistes de l’atmosphère, d’explorer les conséquences d’un conflit entre deux ennemis qui augmentent leurs arsenaux nucléaires. L’Inde et le Pakistan n’ont pas seulement les armes nucléaires mais aussi les « vecteurs » sans lesquels elles ne servent à rien : missiles et avions (plus navires pour l’Inde). Ces armes affichent des puissances entre 5 et 12 kt pour le Pakistan, et entre 12 et 40 kt pour l’Inde (la bombe d’Hiroshima faisait environ 15 kt). Des niveaux de puissance qui pourraient augmenter jusqu’à 200 kt d’ici 2030. Ce sont de « simples » bombes à l’uranium enrichi, utilisables soit sur un champ de bataille contre une armée ennemie… soit pour bombarder une ville. Déjà quatre conflit conventionnels Bien sûr, les dirigeants des deux pays ont toujours dit qu’ils n’utiliseraient pas en premier l’arme nucléaire… sauf s’ils subissaient une attaque chimique ou biologique. Comme ces deux pays se sont déjà affrontés avec des armes conventionnelles à quatre reprises (1947, 1965, 1971 et 1999), l’idée d’un conflit entre eux n’a rien de théorique. Les scientifiques passent en revue quelques scénarios possibles de conflits entre les deux puissances, mais l’intérêt de leur recherche est ailleurs : dans l’études des conséquences de l’usage, même limité aux tiers des arsenaux nucléaires à l’horizon 2025. Entre 50 et 125 millions de morts Le scénario étudié est simplifié et n’explore que les conséquences de l’usage « stratégiques » – la destruction des plus grandes cités adverses – des armes. Ainsi, l’Inde est censée tirer 150 armes, mais 15% d’entre elles ne vont pas fonctionner (un scientifique met toujours une barre d’erreur à ses calculs…) et les 25 utilisées pour cibler des sites militaires ne sont pas incluses dans le calcul des dégâts. Toujours sérieux, les auteurs montent à 20% le taux d’échecs des armes « tactiques », utilisées contre l’armée indienne, par le Pakistan. Et ne considèrent pour leurs calculs des dégâts que ses 200 armes stratégiques tirées soit contre des sites militaires et industriels soit vers des villes indiennes (150 armes dont 15% ne vont pas fonctionner). Résultats ? Des dizaines de millions de morts – entre 50 et 125 millions en fonction des puissances des armes nucléaires utilisées, entre 15 et 100 kt – qui surviennent lors des tirs et de la dévastation totale des zones ciblées. Les Indiens sont plus nombreux à mourir… parce qu’ils sont plus nombreux. Mais le Pakistan perd une part plus grande de sa population. Tempêtes incendiaires Mais l’horreur ne s’arrêterait pas là. Si des physiciens de l’atmosphère, spécialistes des modèles numériques utilisés pour la météo et la climatologie sont impliqués dans l’étude, c’est que ces dévastations provoqueraient l’émission massive de particules de suie. Ces scientifiques ont déjà alerté en simulant une guerre nucléaire généralisée entre les Etats-Unis, la Russie, l’Europe et la Chine. Un tel conflit pourrait propulser dans la stratosphère 180 millions de tonnes de particules de suie. De quoi provoquer un hiver nucléaire planétaire, destructeur de la plupart des productions agricoles. Mais que se passerait-il pour un « petit conflit régional » ? Les scientifiques se sont lancés dans des calculs savants pour estimer la quantité de fumée et de particules de suie qu’impliquerait leur scénario, en particulier les incendies massifs – des « tempêtes incendiaires » – dans les villes. Ils parviennent à une fourchette entre 16 et 36 millions de tonnes injectées dans l’atmosphère où elles se dispersent (les unes montent dans la stratosphère et vont très loin, d’autres redescendent au sol sous l’effet des pluies). Enfin, un modèle numérique de climat mis au point pour simuler les conséquences du choc avec l’astéroïde qui a déclenché l’extinction de masse d’il y a 66 millions d’années a été utilisé pour simuler l’effet climatique de ces injections massives. Hiver nucléaire Les effets sont moins spectaculaires en terme de sévérité de l’hiver nucléaire – le refroidissement planétaire qui découle de l’interruption du flux solaire par les suies – que pour le choc avec un astéroïde ou une guerre nucléaire totale. Mais ils demeurent énormes, notamment par la durée nécessaire au retour à la « normale » pour l’éclairement de la Terre. L’un des résultats les plus importants est qu’il faut environ dix ans pour ce retour à la normale, quelque soit l’ampleur du choc initial. Avec la diminution de l’énergie solaire arrivant sur le sol et les océans, la température de l’air chute, l’évaporation et les pluies également. Un phénomène planétaire mais fortement hétérogène géographiquement. Si le scénario « optimiste », avec une émission limitée à 5 millions de tonnes, se traduit par des effets majeurs mais gérables, ce n’est pas le cas dès les scénarios où plus de 16 millions de tonnes sont émises et dont le choc climatique semble sans parade possible. Les effets sont régionalisés : l’hémisphère nord est beaucoup plus touché que l’hémisphère sud. L’Amérique du Nord ou l’Europe voient leurs températures moyennes chuter jusqu’à 10°C de moins dans le scénario 27,3 millions de tonnes. Quant aux précipitations, elles diminuent drastiquement en Inde et en Chine, de moitié en Amérique du nord-est. Effet secondaire contre-intuitif : la stratosphère se réchauffe (l’inverse de la situation actuelle due au réchauffement des basses couches de l’atmosphère par l’injection de CO 2 ), ce qui entraîne une destruction de l’ozone stratosphérique nous protégeant des ultraviolets solaires. «toutes les autres nations de la Terre…» Ce choc climatique se traduit avant tout par un affaiblissement de la production végétale sur les continents et les océans (phytoplancton), le premier maillon de la chaîne alimentaire. Ce qui déclenche une réaction en chaîne dévastatrice, tant pour les flores et faunes sauvages que pour l’agriculture, l’élevage et la pêche. Dans les régions les plus impactées, Inde, Chine, Asie du Sud-est, les récoltes sont quasi nulles les deux années qui suivent le choc, ce qui correspondrait à un collapse cataclysmique de ces sociétés, avec des effets planétaires. Comme l’écrivent les auteurs en conclusion : si les leaders Indiens et Pakistanais prenaient la décision «d’utiliser les armes nucléaires toutes les autres nations sur Terre seraient sérieusement affectées». La conclusion logique : que font ces autres nations pour éviter un tel conflit ? Pour l’instant… elles leur vendent des armes (parfois avec des rétrocommissions, voir l’affaire Balladur/Léotard). Sylvestre Huet (1) voir La maison Golden de Salman Rushdie pour la perception littéraire des attentats de Bombay en 1993.
Une étude parue dans « Science Advances » évalue les conséquences environnementales, à l’échelle de la planète, qu’aurait un conflit entre ces deux puissances nucléaires asiatiques.
https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/10/03/menace-mondiale-pour-un-conflit-nucleaire-inde-pakistan/
mlsum-fr-169
L’école gratuite a un coût… Cette information n’étonnera pas les parents d’élèves, qui, rentrée après rentrée, ont pris l’habitude de calculer l’évolution du prix des cahiers, classeurs et autres fournitures scolaires. L’enquête que rend publique mardi 25 juin, lors d’un colloque à Paris, le Comité national d’action laïque (CNAL), fédération de cinq organisations impliquées de longue date sur le terrain de l’éducation, montre que la rentrée n’est en réalité qu’un avant-goût de ce qui pèse, concrètement, sur les familles tout au long de l’année. L’état des lieux du CNAL porte sur le primaire (1 022 réponses) et le secondaire (230 réponses). Il s’adosse à un sondage de l’IFOP centré, lui, sur les parents d’élèves (échantillon représentatif de 603 personnes). L’ensemble est éclectique, il mêle des coûts réels, des estimations, du ressenti… Mais « il éclaire une zone grise de l’école », souligne le secrétaire général du CNAL, Rémy-Charles Sirvent, par ailleurs secrétaire national du syndicat SE-UNSA. Plus de la moitié des directeurs d’école indiquent qu’une participation financière pour l’achat de fournitures est demandée aux familles. Dans le secondaire, ils sont plus de neuf répondants sur dix à le souligner. Cette contribution s’établit à 25 euros en moyenne par enfant et par an à l’école, contre 135 euros en collège et lycée. Et elle peut placer des familles en difficulté : plus du quart des répondants le disent au primaire, plus de 8 sur 10 en collège et lycée. Lire aussi Une maternelle plus exigeante à partir de la rentrée « Petits coûts qui pèsent » Autre champ d’investigation, ressenti peu différent : plus de 4 directeurs d’école sur 10 témoignent d’une mise à contribution des parents pour les sorties scolaires (coût moyen : 13,50 euros par écolier et par an). Dans le secondaire, ils sont plus de la moitié à le dire aussi (29 euros). La demande pose problème pour près de 4 répondants sur 10 au primaire, mais pour plus de 8 sur 10 dans le secondaire. « On parle de petits coûts, certes, mais accumulés, ils pèsent sur des enfants qui n’ont pas la réussite scolaire en héritage », résume M. Sirvent. Voyages scolaires et « classes transplantées » ont aussi été passés au crible des questions. Leur prix est souvent « modulable » (adapté aux revenus, au nombre d’enfants), et, pourtant, même avec les subventions des collectivités, il peut mettre des familles à la peine. « Arrive-t-il que des élèves ne participent pas à un voyage scolaire pour des raisons financières ? » : dans le secondaire, plus d’un participant à l’étude sur deux (59 %) a répondu par l’affirmative.
Fournitures, voyages scolaires… le Comité national d’action laïque (CNAL) recense tous ces frais parfois lourds pour les parents.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/25/une-enquete-sur-le-vrai-cout-de-l-ecole-gratuite-pour-les-parents-d-eleves_5481200_3224.html
mlsum-fr-170
Une usine de miel à Mekele, le 30 mars 2017. ZACHARIAS ABUBEKER / AFP Une décision « historique ». Le 21 mars, le Parlement éthiopien approuvait l’adhésion du pays à la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), dont le lancement opérationnel est prévu dimanche 7 juillet lors du sommet de l’Union africaine (UA) à Niamey. Un pari audacieux pour le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, dont l’économie est étroitement contrôlée par l’Etat. « Nous avons été réticents dans le passé », admet Mamo Mihretu, jeune conseiller du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, et négociateur en chef sur le commerce. Pour soutenir son industrie naissante, et se concentrer sur le renforcement de ses capacités de production, l’Ethiopie avait plutôt fait le choix du protectionnisme. Elle bénéficiait toutefois d’un accès en franchise de droits de douane sur de nombreux marchés, notamment européen et américain, souligne le consultant indépendant Melaku Desta. Lire aussi Le marché commun africain : un immense potentiel mais encore beaucoup de travail Mais, depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018, Abiy Ahmed a manifesté le souhait d’accélérer le processus de libéralisation économique doucement amorcé par son prédécesseur, Hailemariam Desalegn. Sa volonté de renforcer l’intégration régionale a rendu la situation favorable à la ratification d’un accord, présentée par M. Mamo comme « une extension de notre politique étrangère panafricaniste ». Celle-ci remonte au règne du dernier empereur d’Ethiopie, Hailé Sélassié, l’un des pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine, qui devint plus tard l’Union africaine, et dont le siège se trouve à Addis-Abeba. Grâce à cet accord censé ouvrir un vaste marché de 1,2 milliard de personnes, l’ancienne Abyssinie espère attirer davantage d’investissements directs étrangers et augmenter ses recettes d’exportations. Pour l’instant, seul un cinquième des produits éthiopiens vendus à l’étranger sont destinés à l’Afrique, tandis que les importations en provenance du continent ne représentent que 4 % du total. Flexibilités sur l’accord L’Ethiopie a participé activement aux négociations, pour tenter de « façonner la nature de l’accord », poursuit M. Mamo. « Ils ont négocié durement, car ils voulaient que (ce dernier) soit conforme à leurs intérêts nationaux », ajoute le consultant Melaku Desta. Si le pays possède de nombreux atouts, à commencer par sa main-d’œuvre abondante et bon marché, il est pauvre et enclavé, et ses performances industrielles sont bien en deçà de ses ambitions. L’Ethiopie n’a rempli que 62 % de ses objectifs d’exportations au deuxième semestre 2018, qui s’élevaient à 1,96 milliard de dollars (1,74 milliard d’euros). D’où une certaine frilosité et quelques relents protectionnistes. Alors que l’accord sur la Zlecaf engage les pays africains à supprimer 90 % des droits de douane sur les marchandises, « ils ont demandé un certain nombre de dérogations, par exemple sur certaines lignes tarifaires au-delà des 10 % », raconte Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) de l’ONU. En manque de devises, les Ethiopiens ne se précipiteront pas pour supprimer les taxes astronomiques sur l’importation de véhicules – jusqu’à 329 % par exemple sur une Toyota Vitz 2003, selon une étude réalisée par Deloitte en 2018. « Mais des produits seront ouverts à la suppression des droits de douane, par exemple l’importation d’engrais, de carburant », assure Mamo Mihretu. Lire aussi En Afrique de l’Ouest, un projet risqué de monnaie commune L’Ethiopie et ses camarades d’un groupe de sept pays (comprenant Djibouti, le Malawi, Madagascar, le Soudan, la Zambie et le Zimbabwe) demandent quelques flexibilités sur l’accord. « Ils pourraient avoir droit à des périodes transitoires plus longues, explique Guillaume Gérout, consultant auprès de la CEA. Il est préférable pour l’Ethiopie d’adopter une approche incrémentale, permettant à toutes les parties prenantes de gagner confiance petit à petit dans le processus de libéralisation et assurer une certaine progressivité dans l’ouverture économique du pays au reste du monde. » Ces négociations sont en tout cas une « excellente plateforme d’apprentissage », selon Mamo Mihretu, tandis que l’Ethiopie vient de relancer son processus d’accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), débuté il y a plus de quinze ans et interrompu depuis six ans.
Addis-Abeba a adhéré à la zone de libre-échange panafricaine et participé activement aux négociations pour s’aménager un certain nombre de dérogations.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/05/l-ethiopie-membre-prudent-du-nouveau-marche-commun-africain_5485901_3212.html
mlsum-fr-171
Manifestation dans les rues de Hongkong, dimanche 16 juin. VINCENT YU / AP La « marche noire » du dimanche 16 juin a fait descendre dans la rue deux millions de personnes, selon les estimations des organisateurs en fin de journée. Il s’agissait pour les participants à cette nouvelle marche de réitérer la demande de retrait total du projet de loi d’extradition, notamment vers la Chine continentale, qui avait déjà mobilisé plus d’un million de personnes, dimanche 9 juin. Les manifestants demandent désormais aussi et avant tout la démission de leur chef de l’exécutif, Carrie Lam, en poste depuis deux ans pour un mandat de cinq. Cette participation bat tous les records des manifestations de l’histoire de Hongkong, qui compte à peine plus de 7 millions de personnes mais où, depuis une quinzaine d’années, manifester est presque devenue une tradition. Quand la nuit est tombée sur les grandes artères qui longent, d’est en ouest, la rive nord de l’île de Hongkong, entièrement vidées de trafic mais bien éclairées par la quasi-pleine lune, ils étaient encore des dizaines de milliers de jeunes à ne pas vouloir rentrer chez eux, mais à prendre leurs quartiers comme il y a cinq ans, autour du tunnel de Harcourt Road qui sépare la mer des immeubles du gouvernement, dans une ambiance de festival d’été plutôt que de coup d’Etat, même si la principale revendication des participants est désormais bel et bien de faire tomber leur leader. Dans les rues de Hongkong, dimanche 16 juin. DALE DE LA REY / AFP A 23 heures, le Front civil des droits de l’homme (CHRF), organisateur de la manifestation, a annoncé le taux de participation historique et a moqué les excuses de Carrie Lam, transmises par un laconique communiqué quelques heures plus tôt. « Elle a même insisté sur le fait qu’elle continuerait de servir les Hongkongais ! C’est une insulte totale ! Les Hongkongais ne vont pas accepter cela », a déclaré, tonitruant, Jimmy Sham, le délégué général du CHRF. Appel à la grève générale lundi Le front a alors réitéré ses exigences : l’abandon total et définitif du projet de loi d’extradition – que l’exécutif a décidé, samedi, de « suspendre » –, un rapport sur la prise de décision de tirer sur les manifestants lors des rassemblements du mercredi 12 juin, la libération et l’annulation des charges pour tous les manifestants arrêtés à la suite des mêmes événements, la rétraction du terme d’émeutiers pour les manifestants et, surtout, la démission de Carrie Lam. Porté par le succès populaire de cette journée historique, le front a relancé l’idée de la grève générale pour lundi 17 juin alors qu’il l’avait annulée samedi, estimant alors que son but initial – bloquer le Parlement – n’avait plus lieu d’être, puisque le Parlement ne toucherait plus à ce texte dans les semaines, voire mois ou années à venir. Le nouvel objectif de cette révolte étant désormais de faire tomber Carrie Lam, tous les modes d’action disponibles ont été reconsidérés…
Un nombre record de manifestants s’est mobilisé, dimanche, pour réclamer le retrait total du projet de loi d’extradition qui a été simplement « suspendu » et le départ de Carrie Lam.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/16/dans-les-rues-de-hongkong-on-veut-desormais-faire-tomber-la-chef-de-l-executif_5477050_3210.html
mlsum-fr-172
Tribunal du district de Karkh, à Bagdad le 29 mai. SABAH ARAR / AFP Editorial du « Monde ». Les condamnations à mort par des tribunaux irakiens, ces derniers jours, de onze djihadistes français transférés à Bagdad depuis le Kurdistan syrien embarrassent Paris. Le président Emmanuel Macron plaide pour une abolition mondiale de la peine capitale – il en fait même une cause symbolique. Or, même s’ils ont rejoint les rangs de l’organisation Etat Islamique (EI) et pris les armes contre leur propre pays, ces jeunes restent français. Traditionnellement, les autorités nationales se démènent pour rapatrier leurs ressortissants condamnés à mort ou sauver leur tête quand il s’agit de trafic de drogue ou d’autres forfaits de droit commun. Aucun citoyen français ne peut être extradé vers un pays où il risque la peine capitale. Sur ce dossier hautement sensible, la France, non sans hypocrisie, fait le choix de se défausser sur l’Irak en lui laissant la gestion pénale de ses ressortissants, plutôt que d’affronter les risques sécuritaires de leur rapatriement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La condamnation à mort de djihadistes français en Irak met la position de Paris à l’épreuve L’Elysée, comme le Quai d’Orsay, assure n’avoir aucune responsabilité dans les transferts décidés entre les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) et les services secrets irakiens. Il est néanmoins difficile de croire que cela ait pu se faire à l’insu de Paris, qui dispose d’un réel pouvoir d’influence au Kurdistan syrien, où les forces spéciales françaises ont participé à la formation des FDS aux côtés des Américains. Nul ne pouvait imaginer que les juges irakiens renoncent aux peines capitales réclamées par une population qui a subi des années de guerre et de terreur. Même si le nombre de pendaisons a baissé en 2018 (52 contre 125 l’année précédente), l’Irak n’en figure pas moins dans le peloton de tête des pays ayant recours à la peine de mort. Longtemps, Paris a préféré éluder Le ministère des affaires étrangères français s’active auprès de Bagdad pour que ces peines de mort ne soient pas appliquées. Du fait des bonnes relations entre les deux pays, ce point de vue sera pris en compte, à la faveur, sans doute, des procédures d’appel. Des jeunes Français n’en vont pas moins demeurer dans les couloirs de la mort sans que Paris, au-delà de la protection consulaire, notamment sur la régularité du procès et les conditions de détention, veuille et puisse faire grand-chose pour les en sortir. Dans une tribune rendue publique lundi 3 juin, une quarantaine d’avocats français ont dénoncé « un immense déshonneur » – sans pour autant proposer de solution. Le sort des quelque 450 combattants français de l’EI, dont la dangerosité n’est pas à démontrer, est un casse-tête sécuritaire, juridique et politique. Longtemps, Paris a préféré l’éluder, un certain nombre de djihadistes ayant été éliminés dans les combats ou par des drones. Pour les prisonniers, le principe, déjà affirmé par François Hollande, était que les adultes, hommes ou femmes, soient jugés sur place. Pour ceux qui ont combattu en Irak, cela ne pose pas de problème juridique, au-delà du caractère expéditif des procédures et de l’existence de la peine capitale. Pour ceux détenus par les forces kurdes syriennes, la confusion est totale : le Kurdistan syrien n’est pas un Etat. Afin de sortir de cette impasse, Paris, comme Londres et Berlin, réfléchit à la mise sur pied d’un mécanisme judiciaire international installé en Irak, dont les statuts excluraient la peine capitale. Sa mise en œuvre s’annonce longue et complexe. D’ici là, de jeunes Français courent le risque, au moins théorique, d’être exécutés, même si, jusqu’ici, l’Irak n’a pendu aucun djihadiste étranger. Le Monde
La condamnation à la peine capitale de citoyens français lors d’une série de procès en Irak relance le débat, alors que la France se défausse sur Bagdad en lui laissant la gestion pénale de ses ressortissants.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/04/condamnation-a-mort-de-djihadistes-francais-le-casse-tete-franco-irakien_5471164_3232.html
mlsum-fr-173
Les panneaux solaires chez soi: comment devenir producteur d’énergie renouvelable et s’orienter dans l’univers du photovoltaïque Le photovoltaïque représente 2,1% de l’électricité consommée en France en 2018 https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/etat-photovoltaiquefrance-nsr-2018.pdf La France est loin derrière l’Allemagne, elle occupe le 4e rang européen en termes de capacité installée (2018). 2 En moyenne, on consomme environ 30-40% de l’énergie produite par ses panneaux (jusqu’à 70% si on dispose d’un système de stockage/batterie). On peut revendre le surplus (arrêté 9/5/2017): •si son installation est agréée, l’état s’oblige à le racheter pendant 20 ans à 0,1 euro le KWH pour des puissances jusqu’à 9 KWcrête. De 9 à 100 KWcrête le tarif tombe à 0,06 euros. •si l’installation est non agréée, certains fournisseurs d’énergie rachètent le surplus. (ekWateur, par exemple, propose 0,042 euro le KWH) Installation agréée = faite par un installateur qualifié/certifié et respectant les conditions fixées par l’arrêté 9/5/2017. Le tarif « obligation d’achat » a baissé par rapport aux installations plus anciennes, suivant la baisse des coûts de la filière. 3 L’état offre une prime à l’investissement en installations solaires répondant à l’arrêté du 9/5/17. Pour le 2ème trimestre 2019 la prime était, selon la puissance de l’installation : •< ou égale à 3 kWc : 400 € par KWcrête •Entre 3 et 9 kWc : 300 € par KWc •Entre 9 et 36 kWc : 190 € par KWc •Entre 36 et 100 kWc : 90 € par KWc 4 Plusieurs technologies de panneaux sont disponibles, mais plus de 90% du marché repose sur la technologie des panneaux cristallins. Leur structure est expliquée ici : https://photovoltaique.info/fr/realiser-une-installation/choix-du-materiel/caracteristiques-des-panneaux-photovoltaiques/les-technologies-de-cellules-solaires-photovoltaiques/ Pour résumer, un panneau est généralement constitué de : •une couche de verre (78%) •une couche de cellules de Silicium avec des rubans de cuivre et d’argent conducteurs pour les relier •une couche de plastique (7%) •une boîte de jonction pour connecter les 2 câbles •un cadre en aluminium (10%) Pas de terres rares ou très peu, il s’agit de quelques milligrammes d’argent, de bore ou de phosphore par centaine de kilos de panneaux. Ces éléments sont utilisés pour doper le silicium ou améliorer sa conductivité. 5 Les panneaux les plus performants disponibles sur le marché sont composés de cellules de silicium monocristallin, ils ont un rendement de 16-20%, ils offrent un des meilleurs compromis entre prix et performance. La structure du cristal de silicium est plus pure et il y a donc moins de résistance et de pertes d’électrons. Tous les panneaux, quelle que soit la technologie, ont des durées de vie de 25 à 30 ans mais leur performance diminue avec le temps. La performance au bout de 25 ans est généralement garantie et atteint 80% de la performance initiale. 6 Les modules cristallins sont recyclables à 95% environ. En France il y a l’obligation légale de recyclage depuis août 2014. Selon les études et selon le niveau d’ensoleillement, l’analyse du cycle de vie donne une période d’environ 3 ans pour compenser les émissions de CO2 nécessaires à produire et acheminer les panneaux solaires (l’empreinte carbone des panneaux a grandement baissé ces dernières années). 7 Le coût d’une installation particulière agréée tourne autour de 10 – 15.000 euros pour installation de 3 KWcrête, il faut 10-15 ans pour l’amortir. Depuis 2007 le prix d’un panneau s’est divisé par 7. 8 Le dumping chinois a contribué a rendre la Chine le 1er producteur au monde de panneaux solaires, suivi d’autres pays asiatiques. La très grande majorité des producteurs européens a mis la clé sous la porte. Notez qu’une grande partie de ces fournisseurs européens bénéficiaient d’une politique de soutien surdimensionnée, avec un tarif d’achat très généreux, qui s’est arrêtée brutalement. 9 Les kits solaires ont une puissance moyenne de 300Wcrête, de quoi alimenter (plus ou moins) un frigo et les appareils en veille. Leur prix est d’environ 650-900 euros. Pour voir comment ils fonctionnent et comment s’installent: https://ekwateur.fr/kit-solaire-autoconsommation/ Les économies réalisées grâce à un kit solaire sont d’environ 44-67 euros par an (selon ekWateur). 10 Problématique administrative en ville Pour une véritable installation il faut affronter un vrai parcours du combattant, les difficultés réglementaires sont nombreuses, pour Paris lire par ex. https://www.liberation.fr/france/2018/02/22/a-paris-une-toiture-sous-contrainte_1631704 Un projet de panneaux en toiture doit obtenir une autorisation d’urbanisme (déclaration préalable ou plus occasionellement permis de construire) et – dans un site protégé – cette autorisation est soumise à l’avis des Architectes des bâtiments de France: l’avis est négatif s’ils jugent que le projet porte atteinte au patrimoine et il est généralement suivi par la Mairie (voir par exemple https://www.lemoniteur.fr/article/panneaux-solaires-et-protection-du-patrimoine-une-conciliation-a-trouver.1950969 ou encore https://www.forumconstruire.com/guides/guide-architecte-batiments-france/). En revanche le kit solaire est considéré comme un objet amovible (comme une jardinière) • Sur les sols des cours / balcon / terrasse etc : aucune autorisation à demander • Sur le toit ou au-dessus de 180 cm du sol : il faut faire une déclaration à la mairie et attendre son avis de non opposition. POUR ALLER PLUS LOIN https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/04/01/autoconsommation-d-electricite-nous-nageons-en-pleine-schizophrenie_5444287_3232.html https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/01/30/le-solaire-sort-de-l-ombre_5071456_3234.html https://www.lemonde.fr/economie/article/2017/01/30/solaire-un-essor-conforte-par-des-progres-techniques-continus_5071460_3234.html https://theconversation.com/lavenir-du-solaire-est-il-dans-le-flottant-123245?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20du%20week-end%20de%20The%20Conversation%20France%20-%201414913344&utm_content=La%20lettre%20du%20week-end%20de%20The%20Conversation%20France%20-%201414913344+CID_216d1c5a69f69294b5056e2f7c944b20&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Lavenir%20du%20solaire%20est-il%20dans%20le%20flottant https://www.greenpeace.fr/impact-environnemental-solaire/ https://www.nature.com/articles/ncomms13728 https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/avec-ces-tuiles-solaires-toues-la-toits-pourront-produire-de-l-energie-992901.html https://sciencepost.fr/toits-solaires-de-tesla-seront-garantis-leternite/ Mille mercis à Redwane Marie – Consultant Energie – , à Samy Engelstein – responsable filière Solaire et des Régions UltraMarines au Syndicat des Energies Renouvelables – et à Marine Le Bihan, Chloé Joly et Cécile Philippon d’ekWateur. Je suis un auteur de BD indépendant et pas une journaliste du Monde, si ce blog vous plaît, partagez-le. Vous pouvez me suivre sur Twitter, Facebook, Instagram . La femme qui prenait son mari pour un chapeau est mon dernier livre.
Pas facile de s’orienter dans l’univers du photovoltaïque quand on est un simple particulier. Quelques explications en BD avec la blogueuse Fiamma Luzzati.
https://www.lemonde.fr/blog/lavventura/2019/10/03/le-solaire-pret-a-porter-comment-produire-son-energie-renouvelable/
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Philippe Petitcolin, le directeur général de Safran, lors de la présentation des résultats annuels 2018 du groupe, à Paris, le 27 février. ERIC PIERMONT / AFP Qui pour diriger Safran, l’un des fleurons de l’aéronautique française ? Si Philippe Petitcolin, 67 ans, à la tête du motoriste depuis mai 2015, doit achever son mandat le 31 décembre 2020, la recherche de son successeur avance vite. Le conseil d’administration de Safran avait annoncé, le 5 septembre, avoir lancé le processus de sélection d’un nouveau directeur général, sous l’égide de Ross McInnes, président du conseil d’administration. Une mission de recherche et d’évaluation a été confiée au cabinet de chasseurs de têtes Spencer Stuart, déjà sollicité en 2008 par Airbus pour organiser le remplacement de l’ex-directeur général, Tom Enders. Selon nos informations, une short list devrait être présentée dans les prochains jours au comité des nominations et des rémunérations. A ce stade, une demi-douzaine de dauphins potentiels, venus du groupe ou de l’extérieur, ont été identifiés. Côté Safran, Olivier Andriès, chargé de l’activité moteurs d’avions, le cœur du groupe, que dirigeait précédemment M. Petitcolin, Jean-Paul Alary, responsable des trains d’atterrissage, et Martin Sion, à la tête de l’électronique et défense, paraissent les plus en vue. En externe, le nom de Bruno Even, ex-Safran devenu en avril 2018 PDG d’Airbus Helicopters, revient avec insistance. Ce choix d’un cadre dirigeant du plus grand concurrent de Boeing pourrait toutefois déplaire à l’avionneur américain, principal client de Safran qui lui fournit en exclusivité les moteurs du 737 MAX. Autre polytechnicien évoqué, Benoît Ribadeau-Dumas, le directeur de cabinet du premier ministre, Edouard Philippe. Lire aussi Les déboires du Boeing 737 MAX ne freinent pas l’essor de Safran « Muet comme une carpe » Avant de rejoindre Matignon en mai 2017, cet ancien de Thales dirigeait une filiale de Zodiac, l’équipementier aéronautique en difficulté repris la même année par Safran. M. McInnes, qui avait soutenu Alain Juppé lors de la primaire de la droite, connaît bien M. Philippe et son bras droit. A Matignon, on indique toutefois que le directeur de cabinet est « indispensable » où il est. En début d’année, déjà, l’hypothèse de l’arrivée de M. Ribadeau-Dumas chez Naval Group avait circulé. Finalement, il semble qu’aucun candidat ayant déjà dirigé un groupe n’ait été retenu dans le processus de sélection pour piloter ce fleuron industriel, numéro dix français par sa capitalisation boursière. En particulier, ni Fabrice Brégier, l’ancien directeur général d’Airbus, qui a rejoint le groupe américain Palantir en septembre 2018, ni Alexandre de Juniac, ex-PDG d’Air France-KLM et ex-directeur général adjoint de Thales, n’apparaissent dans la short list. Selon nos informations, ces deux poids lourds de l’aéronautique figuraient bien pourtant parmi les successeurs potentiels identifiés par M. Petitcolin.
Fabrice Brégier et Alexandre de Juniac, poids lourds de l’aéronautique, ont été écartés du processus de sélection du nouveau directeur général.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/16/safran-une-succession-sous-haute-surveillance_6015712_3234.html
mlsum-fr-175
Les propriétaires du Loft ne pouvaient pas dormir le week-end, à cause du bruit de la boîte de nuit. GO Stock / GraphicObsession En 2001, M. et Mme A, professionnels de l’immobilier, achètent un hangar, dans une impasse du Mans (Sarthe), pour le transformer en loft. Bien que le hangar se trouve derrière une discothèque, et qu’il soit séparé d’elle par un simple mur en moellon, ils n’envisagent pas de faire construire un deuxième mur séparatif, et l’architecte auquel ils font appel pour déposer le permis ne le leur suggère pas. Le 27 mai 2008, M. et Mme A revendent le loft à M. et Mme B, au prix de 470 000 euros. Les B ne savent pas qu’il est contigu à une discothèque, l’entrée de cet établissement se faisant par une autre rue, et les A se gardant bien de le leur dire. Dès qu’ils emménagent, ils constatent qu’ils ne peuvent pas dormir le week-end, à cause du bruit de la boîte de nuit. Ils obtiennent en référé la désignation d’un expert judiciaire. Expertise judiciaire L’expert, qui dépose son rapport le 7 juin 2013, constate que le bruit de la discothèque entraîne chez les B des émergences (différence entre le bruit sans la musique et le bruit avec la musique) bien supérieures à celles, de 3 décibels (dB), qui sont autorisées en période nocturne par l’article R48-4 du code de la santé publique : 8 dB dans le séjour, 13 dB dans une chambre, « les bruits entendus étant des rythmes de musique centrés en basses fréquences, d’autant plus perceptibles la nuit que le niveau du bruit de fond est faible ». Lire aussi Le bar en-dessous de chez moi fait du tapage L’expert identifie deux causes à la gêne sonore que subissent les B : premièrement, le mauvais réglage du limiteur de pression de la discothèque, en raison d’un mauvais entretien de celui-ci et d’un mauvais positionnement de son micro ; deuxièmement, le fait que la discothèque et la maison ne soient séparées que par un mur en moellon. Il estime que, pour ne pas gêner les B, le gérant devrait baisser le volume à un point tel qu’il ne pourrait plus exploiter sa discothèque. Il préconise donc la construction du mur, dont le coût est évalué par un autre expert à 99 400 euros hors taxe. Forts de ce rapport, M. et Mme B assignent les vendeurs, mais aussi l’architecte, et le gérant de la discothèque. Ils demandent que ces trois parties soient jugées responsables de leurs préjudices et condamnées à les indemniser. Assignation des vendeurs C’est sur le fondement de la garantie des vices cachés que M. et Mme B attaquent les A. Ils font valoir que le vice (la gêne sonore) a pour origine un défaut de conception de l’immeuble, qu’il existait avant la vente, et qu’il n’était pas décelable lorsqu’ils ont visité, puisque c’était en dehors des horaires de fonctionnement de la discothèque.
Des promoteurs rénovent un hangar contigu à une discothèque, sans construire de mur propre. Les acheteurs, qui souffrent du bruit, les assignent en justice. Ils attaquent aussi l’architecte et le gérant de la boîte de nuit.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/26/quand-le-loft-vit-au-rythme-de-la-discotheque_6016983_1657007.html
mlsum-fr-176
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, et son homologue chinois, Xi Jinping, à la Grande Halle du peuple, à Pékin, en novembre 2017. Damir Sagolj / REUTERS Pertes & profits. Les touristes sont une arme. Les étudiants aussi. Et les personnes en général, dès qu’on limite leur libre circulation. Dans la guerre commerciale et technologique que les Etats-Unis et la Chine se livrent depuis des mois, les restrictions aux échanges de produits manufacturés à coups de hausses des tarifs douaniers ne suffisent plus. Pour protester contre le protectionnisme américain et l’exclusion de Huawei du marché américain des télécoms, Pékin a menacé, mardi 4 juin, de restreindre les flux touristiques. Rien de coercitif, en apparence, juste de sages conseils de prudence des autorités. Tout est parti d’un communiqué du ministère de la culture et du tourisme relayé par les médias : « Récemment, des fusillades, des vols et des cambriolages se sont fréquemment produits aux Etats-Unis. » Juste au moment de la fusillade en Virginie, qui a fait 12 morts, le 31 mai. Pour sa part, le ministère des affaires étrangères a dénoncé « le harcèlement » dont certains Chinois auraient été victimes de la part des agences de sécurité. Le ton des autorités chinoises se veut alarmiste, et pourrait être le prélude à une limitation des visas. Elles n’ont pas hésité à le faire ces dernières années : pour Hongkong, en 2014, lors du « mouvement des parapluies » en faveur de la démocratie ; pour la Corée du Sud, en 2017, après l’installation par Séoul d’un système américain de détection de missiles ; pour le Canada, fin 2018, après l’arrestation d’une dirigeante de Huawei (et fille de son fondateur) à Vancouver. L’objectif est clair, même si Pékin réagit par orgueil nationaliste plus que par volonté d’accroître la tension : priver les Etats-Unis d’une partie des 36 milliards de dollars (32 milliards d’euros) dépensés par ses trois millions de touristes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Entre les Etats-Unis et la Chine, une guerre douanière qui dépasse les enjeux commerciaux Vers un nouveau rideau de fer ? Les tensions politico-commerciales risquent de ralentir aussi le flux des étudiants vers les Etats-Unis. Le ministère chinois de l’éducation s’est plaint, lundi, d’importantes tracasseries sur les visas, et de contrôles très intrusifs, tout en reconnaissant que la situation des jeunes étudiants outre-Pacifique était pour l’instant encore « stable ». Jusqu’à quand ? Donald Trump dit vouloir réduire leur nombre. Et des élus républicains viennent de présenter au Congrès un projet de loi prévoyant de priver de visa chercheurs et étudiants liés à l’armée chinoise. Mais les touristes chinois, c’est du business. Ils dépensent plus que les autres étrangers, selon l’administration américaine du commerce. Leurs étudiants sont aussi une importante source de revenus pour le commerce et les universités, qui en ont souvent besoin pour équilibrer leur budget. Les familles de Pékin ou Shanghaï sont en effet prêtes à casser leur tirelire pour offrir les meilleurs campus à leur enfant : 363 000 sont entrés aux Etats-Unis en 2018, à un rythme moins soutenu depuis 2017. Sachant qu’un étudiant attire en moyenne trois visiteurs, qui dépenseront chacun 2 000 dollars par séjour…
Dans le contentieux qui oppose Washington et Pékin, les hausses mutuelles de tarifs douaniers ne suffisent plus. Désormais, les flux touristiques et d’étudiants pourraient aussi être touchés. Des restrictions de circulation qui rappellent l’ère de la guerre froide, note le journaliste du « Monde » Jean-Michel Bezat dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/05/l-escalade-commerciale-sino-americaine-pourrait-priver-les-etats-unis-de-la-manne-touristique_5471786_3234.html
mlsum-fr-177
AUREL Depuis que la nomination du producteur Dominique Boutonnat à la tête du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a été officieusement évoquée, à la mi-juillet, soixante-dix cinéastes – de Jacques Audiard à Rebecca Zlotowski –, quatorze associations professionnelles du cinéma, des directeurs de la photographie aux scriptes, et les étudiants de la Fémis, la plus prestigieuse école française de cinéma, ont fait connaître leur opposition à cette éventualité. En vain. Le producteur, entre autres, de Eyjafjallajökull (Alexandre Coffre, 2013, avec Dany Boon et Valérie Bonneton) ou de My Zoë (Julie Delpy, 2019) est devenu, mercredi 24 juillet, le premier représentant de sa profession à prendre la tête du CNC, l’institution qui régule et finance le cinéma français. Jusqu’ici, le poste avait été occupé par des hauts fonctionnaires, dont certains sont devenus producteurs. Lire aussi la tribune : La France : le seul pays au monde qui pense avoir trop de cinéma d’auteur ! Juriste et économiste de formation, Dominique Boutonnat, 49 ans, est venu au cinéma sur le tard, en 2005. Ses sociétés sont au générique de dizaines de films – le premier, Jacquou le Croquant (2017), a été réalisé par son frère, Laurent Boutonnat, collaborateur de Mylène Farmer – en tant que coproducteur. La principale, Chaocorp Développement, a pour but – selon le prospectus déposé auprès de l’Autorité des marchés financiers en 2012 – la « production et le développement de films français de langue française au fort potentiel ». Chaocorp a contribué au financement de comédies grand public (L’Arnacœur, Intouchables) et de productions indépendantes (Et maintenant on va où ? Les Combattants)… En 2017, il compte parmi les premiers contributeurs au financement de la campagne d’Emmanuel Macron. L’année suivante, il se voit confier, par sa prédécesseure à la tête du CNC, Frédérique Bredin, la rédaction d’un « Rapport sur le financement privé de la production et de la distribution cinématographiques et audiovisuelles », qu’il a remis le 13 mai lors du Festival de Cannes. Souci de la performance Si certains opposants à sa nomination ont mis en avant la proximité de Dominique Boutonnat avec Emmanuel Macron, tous lui tiennent rigueur du contenu de son rapport. Sa principale proposition concrète, la création d’un fonds de 225 millions d’euros en provenance d’investisseurs privés, géré par des institutions financières publiques et destiné – selon les termes du rapport – « à faire émerger quelques champions nationaux » dans la filière cinématographique, a été immédiatement suivie d’effet.
Le producteur a fait l’objet d’une tribune de réalisateurs hostiles à sa nomination, dont Michel Hazanavicius, qui dirigera la Fémis
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/25/dominique-boutonnat-a-la-tete-du-cnc-malgre-l-opposition-du-milieu-du-cinema_5493157_3246.html
mlsum-fr-178
Un Rafale sur la base Prince-Hassan, en Jordanie, le 31 décembre 2018. DAPHNE BENOIT / AFP Quand on évoque les cinq ans de l’opération française « Chammal » lancée le 19 septembre 2014 en Irak, puis en Syrie douze mois plus tard, un commentaire revient dans la bouche des militaires français : « On a réussi à très bien travailler avec les Américains. » Intégrée à la coalition internationale dirigée par Washington contre l’organisation Etat islamique, la France estime que sa modeste participation – 1 000 hommes actuellement – est payée de retour. En dépit des errements stratégiques de la présidence Trump et de la résistance de l’ennemi djihadiste, la relation militaire avec le grand allié a été consolidée, estime-t-on à Paris. « La caractéristique de cette opération est qu’on s’est aligné sur les modes de fonctionnement américains, avec un modèle alliant frappes aériennes et forces spéciales, en favorisant les appuis indirects aux forces locales pour une empreinte légère au sol », résume l’historien militaire Michel Goya. Cet ancien colonel note que, « cinq ans, cela commence à être une des guerres les plus longues que la France aie mené. Si on voulait un rapport coût humain/efficacité correct, cela a été réussi. Mais l’objectif qui était de vaincre Daech n’est pas atteint ». Selon les éléments collectés par Le Monde, l’armée française, qui a participé à quelque 2 500 bombardements aériens, a tiré 100 missiles de croisière Scalp et 3 000 bombes. Au sol, les canons Caesar ont lancé 18 000 obus de 155 mm. Un bilan à la fois faible – 5 % des frappes de la coalition – et significatif – seuls la France et le Royaume-Uni ont participé durablement à la campagne aérienne de l’opération « Inherent Resolve » (OIR). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Florence Parly : « La maîtrise des armements concerne tous les Européens » Tournant en 2016 La France commence ses opérations sur le théâtre irako-syrien en 2014. Elle installe son Transall Gabriel bourré de capteurs sur la base Prince-Hassan de Jordanie, ainsi que des opérateurs à Bagdad et des forces spéciales à Erbil. Elle déploie ses moyens propres de renseignement, dont des avions légers de surveillance. Mais elle occupe, avec ses officiers dans les états-majors d’OIR au Qatar, à Koweit et à Bagdad, une place de simple exécutant dans la coalition, un « coéquipier », selon le langage officiel. Les Mirage 2000 basés en Jordanie volent d’abord hors des zones de combat. Après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, le président François Hollande promet qu’il mettra « tous les moyens » pour détruire l’EI, qui a organisé le carnage depuis Rakka. Et, le 15 novembre 2015, Paris lance un raid sur la ville syrienne avec dix avions. Mais les « raids massifs contre l’EI » promis à l’opinion ne se sont pas répétés. L’état-major français a voulu préserver les moyens de son opération majeure, « Barkhane », au Sahel. Et le porte-avions, envoyé sur zone à partir de fin 2015, ce qui permet de « tripler » l’effectif français engagé, dépend des ravitailleurs américains. Selon les informations du Monde, à l’automne 2016, l’état-major d’OIR refuse tout net les tankers indispensables pour mettre en œuvre ses 24 Rafale embarqués depuis Toulon. L’affaire se règle, après discussion.
Alors que Paris estime avoir consolidé sa relation avec son allié américain, l’armée française est toujours confrontée à la résistance de l’ennemi djihadiste.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/18/cinq-ans-d-engagement-francais-en-irak-et-en-syrie_5511864_3210.html
mlsum-fr-179
Des membres de Médécins sans frontières à Goma, en République démocratique du Congo, le 4 août 2019. Baz Ratner / REUTERS L’Organisation mondiale de la santé (OMS) accuse la Tanzanie de ne pas avoir fourni d’informations sur des suspicions de cas d’Ebola dans le pays, au risque d’entraver la lutte contre la propagation du virus qui a fait plus de 2 000 morts dans la région. Dans un communiqué publié samedi 21 septembre, l’OMS déclare avoir appris le 10 septembre qu’un cas présumé d’Ebola avait été signalé à Dar es-Salaam. Selon des informations non confirmées de source officielle, ce patient aurait été testé positif à Ebola et certains de ses proches auraient été placés en quarantaine, ajoute l’OMS. L’organisation a précisé que deux autres cas suspects avaient été signalés officieusement. « Malgré plusieurs demandes, l’OMS n’a reçu des autorités tanzaniennes aucun autre détail sur ces cas », regrette le communiqué. Le 14 septembre, les autorités tanzaniennes ont officiellement assuré qu’il n’y avait pas d’Ebola dans le pays, tout en refusant un « test de confirmation secondaire » dans un centre de l’OMS, selon l’organisation de l’ONU. Puis, le 19 septembre, l’OMS a été informée qu’un contact du patient était malade et hospitalisé. Quatre morts en Ouganda « A ce jour, les détails cliniques et les résultats de l’enquête, y compris les tests de laboratoire effectués pour un diagnostic différentiel de ces patients, n’ont pas été communiqués à l’OMS. L’insuffisance des informations reçues par l’OMS ne permet pas de formuler des hypothèses sur la cause possible de la maladie », rapporte le communiqué. « Le peu d’informations officielles disponibles auprès des autorités tanzaniennes représente un défi pour évaluer le risque posé », regrette l’OMS. Le fait que « le patient initial a beaucoup voyagé en Tanzanie et l’incertitude et le manque d’informations entourant ces cas qui, s’ils étaient confirmés, représenteraient la toute première épidémie d’Ebola dans le pays, font que le risque a été jugé très élevé au niveau national », souligne le communiqué. L’OMS juge « ne pas être au courant de signes d’une transmission étendue de maladies quelconques liées à ces cas », mais elle estime que des enquêtes, y compris avec le soutien de ses centres de coopération, « devraient se poursuivre pour parvenir à un diagnostic et préciser l’évaluation du risque ». Les pays d’Afrique de l’Est sont en état d’alerte à la suite de l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo (RDC), voisine de la Tanzanie, qui a fait plus de 2 100 morts en un peu plus d’un an. Quatre personnes ont été diagnostiquées comme porteuses du virus en Ouganda et sont mortes par la suite. L’épidémie d’Ebola qui sévit actuellement en RDC est la deuxième plus grave de l’histoire, derrière celle qui a tué plus de 11 000 personnes en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia entre 2014 et 2016. La lutte contre sa propagation est gênée par les conflits dans l’est de la RDC, ainsi que par les attaques contre les équipes médicales.
L’Organisation mondiale de la santé accuse les autorités locales de rétention d’information, alors que le virus a fait plus de 2 000 morts en RDC voisine.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/23/ebola-l-oms-s-inquiete-de-cas-suspects-en-tanzanie_6012707_3212.html
mlsum-fr-180
Le navire « Ocean-Viking » en mer Méditerranée juste après son départ de Marseille, le 7 août. SOS MEDITERRANEE VIA AP Le navire Ocean-Viking a rejoint jeudi 8 août l’Alan-Kurdi dans la zone des secours sans avoir pu se ravitailler à Malte, l’Open Arms s’organise avec 121 migrants bloqués à bord : les ONG de secours en Méditerranée font de la résistance. Le même jour, le président du Parlement européen, l’Italien David Sassoli, a adressé un courrier à la Commission européenne pour lui demander d’intervenir en faveur des migrants secourus les 1er et 2 août par l’Open-Arms. « Si l’Europe ne peut pas protéger ceux qui sont en difficulté (...), qui ont pris la mer à la recherche d’une vie meilleure, elle aura perdu son âme, en plus de son cœur. » En Italie, la fédération des Eglises protestantes et l’Eglise vaudoise, engagées dans l’accueil des migrants via des « couloirs humanitaires », ont proposé de les prendre en charge, de la même manière que l’Eglise catholique italienne a accueilli près de la moitié des rescapés bloqués pendant une semaine fin juillet sur Gregoretti, un navire des gardes-côtes italiens. Mais Malte, qui avait accueilli dimanche 40 migrants de l’Alan Kurdi après un accord de répartition, a refusé de laisser débarquer les passagers de l’Open-Arms. Et en Italie, le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), campe sur ses positions : « Le navire est espagnol et les immigrés à bord sont sous la responsabilité directe de Madrid. » M. Salvini accuse également l’ONG de fabriquer des conditions d’urgence en refusant de se rendre en Espagne : « Peut-être que ces messieurs veulent faire une provocation politique. De toute évidence, la vie des gens à bord n’est pas leur vraie priorité, mais ils veulent à tout prix transférer des clandestins dans notre pays. » Jusqu’à un million d’euros d’amende En Espagne, le navire de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms risque une amende pouvant aller jusqu’à 900 000 euros pour s’être dérouté vers la zone de secours au large de la Libye alors qu’il avait été autorisé uniquement à se rendre en Grèce. En vertu de la nouvelle loi anti-migrants adoptée, lundi, par le Parlement italien, l’ONG espagnole pourrait aussi subir la confiscation de son bateau et jusqu’à un million d’euros d’amende si elle pénètre dans les eaux territoriales italiennes comme l’avait fait en juin le Sea-Watch 3 commandé par l’Allemande Carola Rackete. L’ONG a cependant saisi le tribunal des mineurs de Palerme (Sicile) pour réclamer que la trentaine de mineurs à bord – une poignée de jeunes enfants, dont des jumelles de 9 mois et leur mère camerounaise, et un grand nombre d’adolescents voyageant seuls – soient accueillis et confiés à des tuteurs. « C’est prévu par les articles 6 et 11 de la convention de La Haye [sur la protection de l’enfance]. Nous respectons la loi », a insisté Proactiva Open Arms. Après une semaine à bord, les réserves d’eau et de vivres s’amenuisent, ont expliqué les secouristes. Selon la presse italienne, le voilier Astral de l’ONG, pourrait quitter Barcelone pour aller ravitailler l’Open-Arms. Des réserves pour huit à dix jours d’opérations L’Ocean-Viking a lui aussi connu des soucis de ravitaillement : le nouveau bateau de secours de SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) n’a pas pu s’arrêter jeudi soir au large de Malte pour faire le plein de carburant et d’eau. Selon l’équipage, La Valette le lui a refusé au dernier moment, comme c’était déjà arrivé à l’Open-Arms l’an dernier. Interrogées par un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP), les autorités maltaises n’ont ni confirmé ni démenti et se sont refusées à tout commentaire. Le bâtiment de 69 mètres battant pavillon norvégien, qui avait quitté Marseille dimanche soir, a donc poursuivi sa route directement vers la zone des secours au large de la Libye, en réduisant légèrement sa vitesse à 8 nœuds pour économiser le carburant. « Mais on est prêt à accélérer si un bateau [à secourir] est repéré », a expliqué le coordinateur des secours, Nicholas Romaniuk, qui estime avoir encore suffisamment de réserves pour huit à dix jours d’opérations. Jeudi à l’aube, l’équipage a commencé ses tours de veille sur la passerelle : armés de puissantes jumelles, les secouristes scrutent les flots, se relayant toutes les 90 minutes environ. Et la consigne a été donnée à chacun d’être désormais chaussé de manière à pouvoir sauter à tout moment dans les canots prévus pour aller au secours des embarcations en détresse.
L’« Ocean-Viking » l’« Alan-Kurdi » ou l’« Open-Arms » s’organisent, en dépit des risques d’amendes et des ports qui se ferment.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/09/malgre-les-obstacles-les-ong-de-secours-resistent-en-mediterranee_5497916_3210.html
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Une raffinerie de la Bharat Petroleum Corporation, à Bombay, en 2008. Punit Paranjpe / REUTERS Durant son premier quinquennat (2014-2019), le premier ministre indien Narendra Modi a souvent déclaré que « le business de l’Etat n’est pas de faire du business ». Sous entendu : les fleurons de l’industrie nationale ont vocation à être privatisés. Mais cet objectif a buté sur une réalité plus complexe que prévu, et le gouvernement d’alors a dû se contenter de céder quelques participations minoritaires ici ou là. Et il a échoué à vendre Air India, qui était pourtant sa priorité. Le leader nationaliste hindou, réélu triomphalement le 23 mai, entend profiter de son deuxième mandat pour changer cette donne, et même battre le record réalisé au début des années 2000 par le précédent premier ministre nationaliste, Atal Bihari Vajpayee. Rien que pour l’année fiscale en cours, M. Modi espère faire entrer 1 050 milliards de roupies (13,3 milliards d’euros) de recettes dans les caisses de l’Etat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Inde tente de relancer une économie en berne Le 30 septembre, son administration a ouvert la voie à la privatisation du groupe pétrolier Bharat Petroleum Corporation Ltd (BPCL), opération qui, à elle seule, pourrait représenter le tiers de cette somme, espère le service de gestion des actifs publics (Department of Investment and Public Asset Management, Dipam) du ministère des finances, soit au moins 4,4 milliards d’euros, sachant que la participation de l’Etat au capital s’élève à 53,3 %. A la Bourse de Bombay, les analystes financiers sont encore plus optimistes. Au regard du cours de l’action, ils valorisaient, ces derniers jours, la part de l’Etat entre 6,8 et 7,6 milliards d’euros. BPCL, qui emploie 12 000 personnes et a réalisé en 2018 un chiffre d’affaires de 43 milliards d’euros pour un bénéfice légèrement supérieur à 900 millions d’euros, est la sixième plus grosse entreprise de l’Inde en volume d’activité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Inde face au ralentissement brutal de son économie Dossier stratégique Sa capacité de raffinage annuelle approche les 40 millions de tonnes, avec quatre usines majeures situées à Bombay (ouest), Cochin (sud), Numaligarh (nord-est) et Bina (centre). Elle possède un réseau de 15 000 stations-service de carburant (25 % du marché) et de 6 000 stations de distribution de gaz de pétrole liquéfié. D’après le cabinet ICICI Securities, plusieurs géants mondiaux du secteur auraient d’ores et déjà pris contact avec Delhi pour se positionner sur ce dossier stratégique. Parmi eux, Total, arrivé en Inde en 1993 et partenaire, depuis un an, du conglomérat indien Adani dans le domaine du gaz naturel. De passage à Delhi le 14 octobre, le PDG du groupe français, Patrick Pouyanné, a souhaité « stopper cette rumeur », précisant ne pas être intéressé par le métier de raffinage dans le sous-continent. Dans le cadre de son alliance avec Adani, a-t-il ajouté, Total a déjà prévu « 600 millions de dollars [538 millions d’euros] de coûts d’acquisition sur les années 2019-2020 » dans le pays.
Plusieurs acteurs mondiaux du secteur pourraient être intéressés par la reprise de l’indien Bharat Petroleum Corporation, entreprise cotée dont la part détenue par l’Etat est estimée entre 4,4 et 7,6 milliards d’euros.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/22/en-meme-temps-qu-air-india-le-gouvernement-modi-veut-privatiser-le-petrolier-bpcl_6016444_3234.html
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L’ancien chancelier autrichien et leader du Parti populaire ÖVP, Sebastian Kurz, salue ses partisans à Vienne, le 29 septembre. MATTHIAS SCHRADER / AP C’est une victoire encore plus large que ce que prévoyaient les sondages. Le chancelier conservateur sortant, Sebastian Kurz, est arrivé largement en tête des élections législatives autrichiennes organisées dimanche 29 septembre, avec 37,1 % des voix, selon des projections calculées sur environ 80 % des bulletins dépouillés. Avec ce score, il arrive loin devant ses opposants sociaux-démocrates, qui obtiennent à peine 21,7 % des voix. Il est assuré de garder son poste, même s’il devra former une coalition avec au moins un autre parti. Les Verts, qui signent un retour en force au Parlement avec un score historique de 14 %, font figure de partenaire privilégié. Mais, dimanche soir, le chancelier sortant a refusé de donner des indications sur son choix, alors que les négociations devraient durer plusieurs mois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Autriche, Sebastian Kurz flirte toujours avec l’extrême droite malgré les scandales A seulement 33 ans, Sebastian Kurz remporte son deuxième scrutin législatif en moins de deux ans, en mettant en avant sa jeunesse, son image de gendre idéal et un programme ultraconservateur. En 2017, il avait choisi de gouverner avec l’extrême droite du Parti de la liberté (FPÖ). Emaillé de scandales, le gouvernement de coalition n’a tenu que dix-huit mois, en raison de la publication en mai d’une vidéo tournée en secret à Ibiza (Espagne) dans laquelle le chef du FPÖ et ancien vice-chancelier, Heinz-Christian Strache, se montrait prêt à accepter de l’argent d’une personne qu’il croyait être une oligarque russe proche du président Vladimir Poutine. Le scandale avait provoqué une crise politique inédite en Autriche et la convocation d’élections anticipées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’extrême droite autrichienne rattrapée par les mystères de l’enquête sur l’« Ibizagate » L’extrême droite s’effondre Le FPÖ a particulièrement souffert, et s’effondre à 16,1 % des voix, soit 10 points de moins qu’en 2017. En plus de la « vidéo Ibiza », ce parti prorusse, anti-immigration et anti-islam a dû faire face pendant la campagne à des affaires de détournements de fonds et de « dérapages » racistes qui ont fini par plomber sa popularité. « C’est mieux que nous allions dans l’opposition pour nous reconstruire », a expliqué le chef de la section viennoise du parti, alors que le FPÖ avait fait toute sa campagne en plaidant pour poursuivre la coalition avec la droite. Dérouté, son électorat a préféré soutenir Sebastian Kurz, qui a fait campagne en promettant une lutte impitoyable contre « l’immigration illégale » et « l’islam politique », le cœur du programme de l’extrême droite autrichienne. La télé autrichienne montre la chute de l’extrême droite dans les communes rurales où les résultats sont déjà parve… https://t.co/RAgbXS1S9Q — jbchastand (@JB Chastand) Cependant, en raison de cette campagne menée très à droite, il ne sera pas évident pour le chef des conservateurs de convaincre les Verts de gouverner avec lui. Ce type de coalition existe déjà au niveau régional, mais n’a jamais été testé au niveau national. Les Verts ont profité du mouvement pour le climat Fridays for Future, qui a réussi à réunir 65 000 personnes dans les rues autrichiennes vendredi à l’avant-veille des élections, un chiffre historique pour un mouvement écologiste. Dimanche soir, parmi les militants réunis autour d’un buffet en grande partie végétarien et d’un ballon « nous n’avons pas de Planète B », nombreux étaient ceux qui avaient peur de décevoir ces électeurs. « Cela nous ferait perdre toute crédibilité, Sebastian Kurz est beaucoup trop à droite, il y a trop de différence entre nos programmes économiques », lâche Daniel, consultant de 29 ans portant un tee-shirt marqué « Antibasti », pour « Anti-Sebastian », et habitant Vienne, où les Verts, plus à gauche que le reste du parti, ont obtenu 20 % selon les projections. « Kurz ne défend pas une société ouverte, il est réactionnaire, il n’a jamais rien fait pour les droits des homosexuels », fustige, sur la même ligne, Magareta Neumann, formatrice de 57 ans et ouvertement lesbienne. « Dans l’air du temps » Les cadres, à l’image du très centriste président écologiste autrichien Alexander Van der Bellen, sont moins radicaux dans leur refus, mais restent très prudents. Ulrike Lunacek, ex-chef de file pour le parti aux législatives de 2017, avertit : « Kurz a fait de l’ÖVP (« Parti populaire autrichien ») un parti de droite populiste, il faut voir s’il est capable de faire une politique de centre droit ». Pour elle, il faudra qu’il soit notamment prêt à se montrer « fermement proeuropéen et qu’il prenne au sérieux la question climatique ». Les Verts sont aussi favorables au mécanisme européen de répartition des migrants sauvés en Méditerranée qui a été ébauché à Malte le 23 septembre, mais Sebastian Kurz a fermement rejeté cette idée pendant la campagne. S’il s’est dit favorable à la lutte contre le réchauffement climatique, il a systématiquement précisé qu’il était hors de question de « taxer le carburant des Autrichiens qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler ». Réunis sous les ors d’un des palais du centre de la capitale autrichienne, autour d’un traditionnel « bière saucisses », les militants conservateurs penchaient toutefois sans trop d’hésitation pour une alliance avec les Verts. « Le thème de la protection de l’environnement prend de plus en plus de place », lâche Andreas Wiegert, même si l’option n’enchante visiblement pas ce grossiste de 55 ans, qui appréciait la coalition avec l’extrême droite. Selon un sondage réalisé à la sortie des urnes, les Verts ont obtenu 24 % des voix des moins de 30 ans, contre 27 % pour les conservateurs. « Gouverner avec les Verts est dans l’air du temps, ils sont soutenus par les jeunes et notre chancelier est jeune, je crois qu’on peut bien s’entendre avec eux », estime ainsi, plus optimiste, Renate Hecht, retraitée de 60 ans, tout en admettant que la question de la « migration » ne sera pas facile à régler entre les deux partis. Mais chez les conservateurs, les militants viennois sont réputés moins à droite que ceux des campagnes, et une alliance avec les écologistes ne sera clairement pas évidente. Aussi bien devant ses partisans que sur les plateaux de télévision, Sebastian Kurz s’est d’ailleurs gardé de donner la moindre indication sur sa préférence, se contentant de dire « qu’il étudierait soigneusement chaque étape ». Son entourage explique qu’il est trop tôt pour fournir un indice. Il faudra visiblement beaucoup d’efforts au probable prochain chancelier pour faire passer son pays du statut de laboratoire européen de l’alliance droite-extrême droite à celui de laboratoire d’une alliance droite-écologistes.
Crédité de quelque 37,2 % des voix, le leader du parti ÖVP est bien placé pour revenir au pouvoir, quatre mois après avoir été renversé par le scandale de l’Ibizagate.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/29/en-autriche-les-conservateurs-de-sebastian-kurz-remportent-les-legislatives_6013525_3210.html
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Des manifestants s’entretiennent avec des membres de la police à Sadr City (Irak), une ville à majorité chiite, le 7 octobre 2019. AHMAD AL-RUBAYE/AFP Les lamentations des femmes s’élèvent depuis la cuisine, de longs pleurs inconsolables qui résonnent dans la maison en deuil du quartier de Sadr-City, à Bagdad. « Le gouvernement, les partis au pouvoir : avant, ce n’était que des voleurs, ce sont désormais des criminels. Ils ont tué nos enfants qui manifestaient pacifiquement », accuse le cheikh Djalal Abdel-Nabi, le chef du clan tribal Al-Freijat. Assis autour de lui sur des matelas au sol, les hommes de la famille Muttar acquiescent en silence. Le fils de la famille, Sajad, un lycéen de 17 ans et chauffeur de tuk-tuk, est l’un des sept membres du clan à avoir été tués dans les manifestations contre le gouvernement irakien, place Tahrir. Il a reçu une balle dans le cœur, le 5 octobre. « C’était un garçon aimant et altruiste. Il n’était pas armé. Il voulait seulement un avenir meilleur », raconte l’oncle Hassan Muttar Obeid, un ouvrier de 52 ans. « On n’a pas de services publics, pas d’hôpitaux, des écoles déplorables », commente l’ouvrier Hassan Muttar Obeid Comme Sajad, des centaines de jeunes hommes de Sadr-City ont rejoint la place Tahrir, dans le centre de Bagdad, malgré la répression inédite contre ce mouvement de contestation, qui a déjà coûté la vie à plus de 270 personnes depuis le 1er octobre. Liée par les solidarités tribales, la banlieue ouvrière, qui compte 3 millions d’habitants, n’a rien à offrir à cette jeunesse. Tout y respire la misère : les rues défoncées, les maisons exiguës, les câbles électriques ballants, entremêlés. « On n’a pas de services publics, pas d’hôpitaux, des écoles déplorables. Tout va de mal en pis : 90 % des gens n’ont pas de véritable emploi, ici », commente Hassan Muttar Obeid. Les portraits de l’imam Hussein flottent à chaque coin de rue aux côtés de ceux de l’ayatollah Ali Al-Sistani, la plus haute autorité chiite du pays, et du chef populiste chiite Moqtada Al-Sadr. Dans ce bastion traditionnel du courant sadriste, nombreux ont mis leur destin entre les mains du fils de l’ayatollah Mohamed Sadeq Al-Sadr, tué par Saddam Hussein en 1999. Ils ont été des milliers à rejoindre son Armée du Mahdi en 2004, faisant du quartier l’un des plus féroces foyers de résistance à l’invasion américaine. Une myriade de milices chiites, proches de l’Iran, ont depuis prospéré dans ces rues pauvres, notamment à la faveur de la guerre contre l’organisation Etat islamique (EI) en 2014. Désillusion croissante
Depuis le 1er octobre, la répression a fait plus de 270 morts. Les protestataires réclament notamment la chute du régime dominé par les partis chiites et leurs bras armés, soutenus par Téhéran.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/05/irak-a-bagdad-la-soif-de-vengeance-des-familles-de-martyrs-de-sadr-city_6018083_3210.html
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Dans le South Side, quartier noir de Chicago (Illinois), en 1941. Universal History Archive/Universal Images Group via Getty « Les Noirs de Philadelphie. Une étude sociale » (The Philadelphia Negros. A Social Study), de W. E. B. Du Bois, traduit de l’anglais (Etats-Unis) et édité par Nicolas Martin-Breteau, La Découverte, 582 p., 27 €. Faut-il réécrire l’histoire de la sociologie américaine ? C’est en somme l’argument qu’avançait en 2015 Aldon Morris, dans un ouvrage consacré à William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963), The Scholar Denied (« Le Savant dédaigné », non traduit). Du Bois, un des principaux militants de la cause noire des années 1890 aux années 1960, aurait dû occuper, selon Morris, une place bien plus éminente dans le panthéon sociologique américain. Peut-être même la première, s’il n’avait été victime de discrimination de la part d’autres sociologues, notamment les fondateurs de l’école de Chicago, comme Robert Park (1864-1944), qui occupent aujourd’hui cette place. Le livre, on le comprend aisément, a créé un choc aux Etats-Unis, et il n’a pas fini de produire des effets. La publication en français des Noirs de Philadelphie, 120 ans après sa parution originale, en est un. L’historien Nicolas Martin-Breteau, qui a assuré l’édition et la traduction du livre, s’inscrit en effet directement dans le sillage de Morris. « Si Du Bois avait été blanc, explique-t-il au “Monde des livres”, il aurait été embauché dans une des plus grandes universités américaines de l’époque. Le fait qu’il était noir, qu’il ait travaillé sur la communauté noire et qu’il ait eu la réforme sociale à l’esprit a fait de lui quelqu’un de peu fréquentable, y compris pour les sociologues de l’époque, qui se sont inspirés de ses travaux sans le citer. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Un autre tambour » : comment l’écrivain afro-américain William Kelley sort de l’indifférence W. E. B. Du Bois était apparenté par sa mère aux esclaves émancipés du Massachusetts et avait par son père un peu du sang d’anciens propriétaires d’esclaves huguenots, qui lui avaient donné ce nom. Premier Noir à obtenir un doctorat de l’université Harvard, il fut recruté en 1896 par l’université de Pennsylvanie afin de mener une enquête empirique sur la communauté noire de Philadelphie. Le livre qu’il en tira trois ans plus tard, Les Noirs de Philadelphie, est devenu aujourd’hui un classique des sciences sociales. Pourtant Du Bois ne fut pas recruté de manière définitive et dut se rabattre sur des universités noires de second rang, comme celle d’Atlanta. Il y dirigea un temps, avec des étudiants, un projet consistant à multiplier les monographies documentant la vie des Noirs américains, comme il l’avait fait à Philadelphie.
Histoire d’un livre. En 1899 paraissait « Les Noirs de Philadelphie », modèle d’enquête sociale signé de l’intellectuel afro-américain et désormais un classique. 120 ans plus tard, le voici traduit.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/27/les-noirs-de-philadelphie-le-livre-qui-pose-w-e-b-du-bois-en-fondateur-oublie-de-la-sociologie-americaine_6017087_3260.html
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« Des formes subtiles de censure continuent de guetter au Canada tout intellectuel qui s’aventure à étudier de près le dossier social et écologique des sociétés minières enregistrées au pays. » Photo : mine d’or de Obuasi dans la région Ashanti au Ghana. Max Milligan/John Warburton-Lee / Photononstop Tribune. Des formes subtiles de censure continuent de guetter au Canada tout intellectuel qui s’aventure à étudier de près le dossier social et écologique des sociétés minières enregistrées dans le pays. C’est une des raisons qui expliquent que le Canada accueille toujours sur son territoire les sièges sociaux et principales filiales d’une majorité de sociétés minières dans le monde. La pression se fait très grande sur quiconque s’enquiert des façons qu’ont ces firmes de s’enrichir dans ce domaine à l’étranger. L’enjeu est majeur : la législation fédérale et celles des provinces favorisent la mise en valeur des titres boursiers en permettant des formes de publicité sur les gisements plus souples qu’ailleurs. Elles soutiennent également sur un plan fiscal l’achat d’actions à la bourse de Toronto dans le secteur minier, tout en mobilisant elles-mêmes des fonds publics pour s’en porter acquéreurs. Du reste, le réseau diplomatique canadien couvre politiquement à l’étranger toute société minière inscrite au pays. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le secteur minier, en proie à l’opacité et au lobbying L’Etat canadien peut ainsi se donner des airs bonhommes sur la scène diplomatique, alors que se dissimulent, derrière sa représentation politique tout en sourire, les entités d’une des filières d’activité les plus violentes et polluantes du monde. L’histoire de la présence canadienne en Tanzanie s’impose comme un exemple de choix. Stephen Kerr et Kelly Holloway du journal étudiant officiel de l’université de Toronto The Varsity, ainsi que le journaliste américain Greg Palast, notamment à partir du travail de l’avocat Tundu Lissu sont difficilement parvenus à se documenter sur un des sites miniers de la Tanzanie, Bulyanhulu, au sujet de l’expropriation en 1996 de milliers de personnes dans des circonstances atroces. Une enquête difficile Le site était alors la propriété d’une société d’exploration, la Sutton Mining. Le gouvernement du Canada lui-même, par l’entremise de son Haut-Commissariat, avait mis sous pression les autorités tanzaniennes pour qu’elles fassent place nette sur le site, afin que la firme puisse annoncer à ses actionnaires, avant une certaine date, le début de ses travaux. Trois ans plus tard, la société Barrick Gold s’est portée acquéreur de la Sutton Mining. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Extraction minière : « C’est un secteur où l’opacité et les pratiques de corruption ont longtemps été perçues comme inévitables voire acceptables » Après avoir repris ces allégations dans un ouvrage, Noir Canada, qui faisait la synthèse d’une documentation critique sur l’action des sociétés minières canadiennes en Afrique, l’éditeur et l’auteur (moi-même) de ce livre ont été poursuivis en justice pour « diffamation » par Barrick Gold. Plusieurs chercheurs avaient dû auparavant goûter à cette médecine. Le procès portait sur des réclamations de six millions de dollars canadiens.
L’universitaire québécois Alain Deneault dénonce, dans une tribune au « Monde », des pratiques de censure mais aussi de complicité de la part des autorités gouvernementales au Canada face à l’activité des sociétés minières.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/26/industrie-miniere-l-etat-canadien-se-donne-des-airs-bonhommes-mais-couvre-une-des-filieres-d-activite-les-plus-violentes-et-polluantes-du-monde_5481490_3232.html
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Le posdast « DreamStation », sur France Culture. France Culture / Séverin Millet France Culture - Podcast à la demande - fiction Si vous aimez Black Mirror, il y a de fortes chances pour que vous puissiez goûter à DreamStation. Cette série de science-fiction, en cinq épisodes d’une demi-heure environ, emmène les auditeurs dans le monde pas si merveilleux du « rêve à la demande ». Le récit commence par deux délicieuses réclames. Une pour « DreamStation », une société qui propose des « rêves dont vous êtes le héros ». La suivante pour « iWake 4 », « l’implant anti-sommeil nouvelle génération », qui vous permettra de gagner « jusqu’à vingt minutes de sommeil en moins » pour « vivre plus ». Toute ressemblance avec un fabricant de téléphones intelligents bien connu est bien sûr fortuite… Ce qui n’est en revanche pas fortuit, c’est la conformité de cette promesse avec les désirs de nos contemporains, votre servante incluse. Qui n’a jamais souhaité décider du contenu de ses rêves ? Ou « perdre moins de temps » à dormir ? Mais dans la fiction de Sebastian Dicenaire, douze rêveurs sont tombés dans une sorte de bug du système et ne se sont jamais réveillés. Pour s’épargner un scandale, DreamStation confie la mission de ramener les rêveurs parmi les vivants à Sismo. Ce jeune homme a été exposé sans son consentement à cette technologie le temps d’un essai « gratuit » et « offert » par sa compagne, et il a réussi l’incroyable exploit d’en revenir. Dérives du « tout, tout de suite » De là, vous imaginez bien que l’utopie va virer au cauchemar. Car l’auteur utilise de jolies mises en abyme pour anticiper un monde où les nouvelles technologies se mêlent des besoins fondamentaux de l’être humain : dormir, manger, être en sécurité, aimer. Et met en garde l’auditeur sur les dérives du « tout, tout de suite » et de la toute-puissance des GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft –, ces firmes qui dominent le marché du numérique et investissent des millions de dollars dans le développement de l’intelligence artificielle. Lire aussi Crimes et châtiments : six podcasts judiciaires à savourer La narration de Dreamstation saisit et retranscrit à merveille ce que les rêves peuvent avoir de réel et d’étrange. D’abord parce que la mise en scène des séquences oniriques, teintées de psychanalyse, n’est pas dénuée d’humour. Ensuite, parce que la réalisation en son binaural – la 3D sonore – par le créatif Benjamin Abitan, auteur entre autres de la drôlissime fiction La Dernière Séance, est excellente. L’auditeur est immédiatement immergé dans le récit et se positionne parfaitement entre rêve et monde réel. Pour profiter au maximum de l’expérience, casque audio obligatoire ! DreamStation, sur France Culture. 5 × 24 à 37 minutes, Franceculture.fr.
L’appel à projets de France Culture et de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a donné naissance à une belle série de science-fiction en cinq épisodes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/16/dreamstation-bienvenue-dans-le-monde-des-reves-a-la-demande_5490032_3246.html
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Des voitures BMW, assemblées aux Etats-Unis, sont stationnées sur le port de Charleston (Caroline du Sud) pour être exportées à l’international. Bloomberg / Bloomberg via Getty Images Pour sa première visite destinée à vanter le « made in America », Donald Trump avait choisi, en février 2017, l’usine de Boeing en Caroline du Sud. Le nouvel élu aurait mieux fait de se rendre à 350 kilomètres de là sur un site deux fois plus important : 10 milliards de dollars d’investissements cumulés (8,85 milliards d’euros), 11 000 salariés, 70 % de la production exportée. Bienvenue sur l’implantation BMW de Spartanburg, première usine au monde du fabricant bavarois, et moteur de la Caroline du Sud, avec ses 400 000 véhicules produits par an. En arrivant, on comprend tout de suite qu’on est dans le Sud profond : des panneaux interdisent d’entrer avec des armes mais on peine à trouver des traces germaniques. Pas de drapeau allemand, juste un centre d’accueil baptisé « Zentrum » et un coin cuisine bavaroise dans la cantine. Nous sommes au cœur de l’industrie américaine et pourtant, Donald Trump ne cesse d’entraver l’entreprise : en taxant l’acier importé, en perturbant l’approvisionnement de pièces détachées à la frontière mexicaine, en déclarant la guerre aux Chinois qui frappent en représailles les exportations américaines de voitures. Lire le décryptage : Entre les Etats-Unis et la Chine, une guerre douanière qui dépasse les enjeux commerciaux « Une poule aux œufs d’or » Résultat, l’usine qui exportait 82 000 BMW vers la Chine en 2017 n’en a vendu que 48 000 l’an dernier. Tout n’est pas dû aux droits de douane : l’économie chinoise ralentit et BMW a commencé à y assembler son « petit » modèle X3. Il n’empêche, la guerre commerciale a fait perdre, en 2018, 270 millions de dollars à l’exportateur américain – puisqu’il faut parler ainsi de BMW. David Britt, vice-président du comté de Spartanburg, ne décolère pas. « BMW a sauvé la Caroline. C’est une poule aux œufs d’or », explique ce républicain, qui s’est déplacé pour témoigner au Congrès et a écrit à M. Trump pour l’inviter à visiter et comprendre la région. Sans succès. Pendant un siècle, après la guerre de Sécession, la région s’était spécialisée dans le textile : bas salaires et absence de syndicats. « Mes parents, les parents de mes amis, tout le monde travaillait dans le textile », se souvient le maire de la ville voisine de Greenville, Knox White. Les élus ont opéré une diversification salutaire en attirant General Electric, suivie du français Michelin, en 1975. L’arrivée de BMW, en 1992, entraîne la bascule de la région dans la modernité. « BMW a complètement changé la donne. Ils sont venus au moment où le textile déclinait », se réjouit John Lummus, qui promeut les comtés et les entreprises du nord-ouest de l’Etat.
A Spartanburg, la guerre commerciale pénalise la plus grande usine au monde du fabricant automobile qui emploie 11 000 salariés et porte toute une région.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/13/la-caroline-du-sud-et-bmw-font-front-commun-face-a-trump_5475706_3234.html
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Quand l’hémorragie s’arrêtera-t-elle ? A Paris, le parti Les Républicains (LR) ne cesse de voir des élus le lâcher depuis le fiasco des élections européennes. A l’approche du prochain conseil municipal, quatre conseillers de Paris ont encore décidé de quitter le navire et de rejoindre le groupe créé début juin par le député (Agir) Pierre-Yves Bournazel, en campagne pour les élections municipales de 2020 hors de tout parti. « Nous aurons ainsi vingt conseillers de Paris », se réjouit cet ancien juppéiste séduit par Emmanuel Macron. Son groupe deviendra ainsi clairement la troisième force du conseil, derrière les socialistes et LR. Le ralliement le plus spectaculaire est celui de Florence Berthout, la maire du 5e arrondissement. Elle présidait jusqu’à présent le groupe réunissant les élus LR et apparentés, et constituait à ce titre la figure de proue de l’opposition à la maire socialiste Anne Hidalgo. Début juin, elle avait annoncé quitter « la famille Les Républicains », en critiquant le « rétrécissement idéologique » du parti sous la présidence de Laurent Wauquiez. Après quelques semaines de flou, elle se rapproche de Pierre-Yves Bournazel, une personnalité qui « participe activement à la recomposition du paysage politique français », comme elle l’a récemment glissé au Figaro. Trois autres conseillers LR suivent le même chemin : Pierre Gaboriau, Nathalie Fanfant et Anne-Constance Onghena. Le premier est une vieille figure de la droite, ancien adjoint au maire du 16e arrondissement, et président de la commission des finances à l’Hôtel de ville. Depuis plusieurs mois, il ne cachait pas son ambition de se présenter à la mairie du 16e en 2020, éventuellement sous ses propres couleurs. « Il a un rôle majeur à jouer dans le 16e », opine Pierre-Yves Bournazel. Les deux autres transfuges « représentent la nouvelle génération », et viennent de gros arrondissements de gauche : Nathalie Fanfant du 20e, Anne-Constance Onghena du 19e. Rachida Dati favorite Avec cette vague de départs vers la galaxie macroniste, LR se retrouve encore plus affaibli à Paris. Et ses militants ont bien du mal à s’imaginer battre Anne Hidalgo en 2020. D’autant que le parti en pleine crise n’entend pas accorder d’investiture pour les municipales avant octobre, le temps que Laurent Wauquiez ait été définitivement remplacé. « Ce sera très tard, on ne peut pas attendre si longtemps pour lancer la campagne », se désespère Alexandre Arnould, un militant qui se verrait bien remplacer Florence Berthout à la mairie du 5e arrondissement.
La maire du 5e arrondissement Florence Berthout et trois autres conseillers de Paris rejoignent le député de centre-droit Pierre-Yves Bournazel, qui veut battre Anne Hidalgo en 2020.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/27/de-nouveaux-elus-de-paris-lachent-le-parti-les-republicains_5482330_823448.html
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Des yachts en mai lors du festival international du film de Cannes. LAURENT EMMANUEL / AFP Joël Giraud veut absolument connaître le fin mot de l’histoire. Le rapporteur général de la commission des finances de l’Assemblée nationale se rendra donc à Bercy, le 18 septembre, pour effectuer « un contrôle sur pièces et sur place » à la direction des douanes. Ce que veut comprendre le député La République en marche (LRM) des Hautes-Alpes, c’est pourquoi la surtaxation des yachts, votée en 2017 dans le sillage de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), rapporte beaucoup moins que prévu. Les documents budgétaires, dit-il, prévoyaient que cela permettrait à l’Etat d’empocher 10 millions d’euros. Or, à ce jour, cette taxe n’a rapporté que 288 000 euros pour 2019. Bercy espère cependant monter jusqu’à 530 000 euros avant la fin de l’année. Quoi qu’il en soit, l’écart entre le « prévu » et le « perçu » est substantiel. Et incompréhensible. C’est ce que M. Giraud notait dans son rapport sur l’application des mesures fiscales, en juillet : « les explications pour le moins obscures » de la douane ne permettent pas d’expliquer le « rendement très décevant » de cette mesure. Même perplexité à propos de la taxe sur les « voitures de sport puissantes ». Egalement décidé en 2017, l’alourdissement de cette fiscalité ne rapporte que 15 millions d’euros contre 30 millions annoncés. Marquer l’opinion Ce dispositif est né dans les premiers mois du mandat d’Emmanuel Macron, au moment où le nouveau président entamait un de ses chantiers les plus symboliques : la réforme de l’ISF. Lorsque la majorité s’attaque à ce dossier, à la rentrée 2017, l’opposition s’en donne à cœur joie. Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de La France insoumise, interpelle « le président des riches » : pour ceux-ci, écrit-il, « la suppression de l’ISF sera l’équivalent d’une réduction d’impôt annuelle de 170 000 euros. Le montant de ces cadeaux donne le vertige ! » Pour répondre à ces critiques et marquer l’opinion, les députés de la majorité proposent donc de taxer les signes extérieurs de richesse. « La plupart des yachts sont détenus par des sociétés, explique M. Giraud, ce qui a traditionnellement permis à leurs propriétaires de les louer, d’une part, et de les exclure de l’assiette de l’ISF, d’autre part. » Lire aussi Collecte des impôts : le gouvernement chamboule tout Au moment de la suppression de l’ISF, dit-il, il ne s’agissait donc pas de compenser une taxation des navires de luxe qui aurait été supprimée dans le sillon de l’ISF, mais de « taxer des biens de luxe qui ne l’étaient guère jusque-là, étant la plupart du temps détenus par des entreprises à travers des montages fiscaux complexes ». Dans l’esprit de la loi de finances pour 2018, poursuit-il, les navires battant pavillon étranger (pour des considérations fiscales), bien qu’appartenant à des Français, seront dorénavant taxés à travers la hausse du droit annuel de francisation et de navigation et du droit de passeport.
Pensé en 2017 pour atténuer le coût politique de la réforme de l’ISF, le dispositif n’a pour l’instant rapporté que 288 000 euros pour 2019, loin des 10 millions annoncés.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/07/taxe-sur-les-yachts-histoire-d-un-naufrage-fiscal_5507594_823448.html
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L’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié à Abidjan en février 2015. AFP Ce n’est pas une déclaration de candidature formelle, mais à 85 ans, et 86 ans quand aura lieu de la présidentielle prévue en octobre 2020, Henri Konan Bédié n’a pas enterré son ambition de revenir aux commandes de la Côte d’Ivoire. Dans un entretien accordé au Monde Afrique, jeudi 1er août, l’ancien chef de l’Etat ivoirien (1993-1999), actuellement à Paris, envisage de se présenter à la magistrature suprême… si les militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) le sollicitent. En rupture avec le président Alassane Ouattara, avec lequel il avait fait alliance entre 2005 et 2018, le « Sphinx de Daoukro » est allé, lundi, rencontrer Laurent Gbagbo à Bruxelles avec lequel il tente d’opérer un rapprochement politique. En Côte d’Ivoire, les alliances se font et se défont, mais toujours autour des mêmes acteurs. Rencontre avec le plus âgé mais pas le moins virulent d’entre eux. Un homme qui fut au milieu des années 1990 le promoteur de l’ivoirité, un concept proche de la préférence nationale, qui permit d’écarter Alassane Ouattara de la course à la présidence et contribua à la crise politique des années 2000. Aujourd’hui, Henri Konan Bédié ne regrette rien et reprend les thèmes qu’il avait un temps délaissés. Vous avez 85 ans aujourd’hui. Qu’est-ce qui anime encore votre engagement politique ? Henri Konan Bédié J’estime que quand on est un homme politique, on ne s’appartient pas, on appartient à la communauté dont on gère la destinée. Je suis président du PDCI-RDA. Ce parti a survécu à toutes les épreuves et vit encore. Par conséquent, tant qu’il me reste les forces physiques et intellectuelles, je continue le travail. Quelles sont vos intentions pour la présidentielle d’octobre 2020 ? Toute intention de militant doit être raisonnable et soumise aux instances dirigeantes du parti. C’est le PDCI qui désigne le candidat. Dans la tradition du PDCI, on ne sollicite pas, ce sont les militants qui le font. Le parti décidera entre octobre et le premier semestre 2020. Votre parti se prononcera dans quelques mois mais, en votre for intérieur, souhaitez-vous briguer la présidence de la République ? Si on me le demande, je suis un homme de service, un homme qui a suivi une tradition de don de soi, mais nous n’en sommes pas encore là. Vous aurez 86 ans au moment de la prochaine élection. Est-ce encore un âge pour briguer la présidence de la République ? Je suis un jeune parmi d’autres. En Afrique, il y a des présidents plus âgés que moi et si vous regardez à l’échelle du monde, ils sont encore plus nombreux. Le dirigeant de la Malaisie a plus de 90 ans. Tant que l’on a les ressources intellectuelles et physiques, je crois qu’il n’y a pas d’âge pour diriger un pays. Etes-vous inquiet pour l’échéance de 2020 ? Nous avons de sérieuses appréhensions compte tenu de ce qui s’est passé lors des récentes municipales et régionales (en octobre 2018) où il y a eu morts d’hommes (au moins 5) et trop de violences de la part de ceux qui sont au pouvoir actuellement. La tentation de la tricherie est telle que l’on peut craindre des élections calamiteuses. Lundi, vous avez rencontré Laurent Gbagbo à Bruxelles. Quel homme avez-vous retrouvé ? J’ai retrouvé en Laurent Gbagbo le combattant que j’ai toujours connu. Il est en bonne santé et je crois qu’il a encore des projets pour l’avenir. Vous aviez eu tous les deux par le passé des mots très durs l’un envers l’autre. Tout est oublié aujourd’hui ? Il faut bien que la vie se fasse. On ne peut pas toujours s’arc-bouter sur le passé. J’étais au pouvoir et lui dans l’opposition, puis il a été au pouvoir pendant que j’étais en exil à Paris, nos échanges ne pouvaient donc pas être mielleux. Aujourd’hui, les choses ont changé, nous ne sommes plus au pouvoir et donc toutes les raisons sont réunies pour que, selon la tradition ivoirienne, nous échangions, sympathisions. Pourriez-vous nous livrer quelques informations sur votre tête-à-tête ? Ce n’est pas encore le moment, mais sachez que nous avons décidé de commencer à travailler ensemble sur le terrain. Vous souhaitez aujourd’hui que vos deux partis partent alliés à l’élection de 2020 mais sous quelle formule ? Nous n’avons pas parlé de cela mais nous estimons que, dans la perspective de 2020, chaque parti doit avoir un candidat et en cas de second tour les autres se rangeront derrière le mieux placé. C’est la formule qui convient lorsque l’on est plusieurs partis à se présenter. Que répondez-vous à ceux qui jugent que votre rapprochement avec M. Gbagbo comme votre dénonciation actuelle du régime sont purement opportunistes ? Ce que je dis a trait à des réalités vécues en Côte d’Ivoire. Par le passé, je n’étais pas dans l’opposition et forcément, dans une alliance, on est astreint à certaines choses. Cependant, tous ces problèmes qui menacent aujourd’hui la vie des Ivoiriens n’étaient pas aussi manifestes quand j’étais dans l’alliance [avec le pouvoir en place]. Quels sont, selon vous, les dangers les plus graves qui planent sur votre pays ? L’invasion massive de toute la Côte d’Ivoire par de soi-disant orpailleurs armés, la fraude massive sur la nationalité ivoirienne sur laquelle le gouvernement ne mène aucune enquête pour arrêter le phénomène, le refus de réformer la Commission électorale indépendante pour que celle-ci soit impartiale, autonome et disposant d’une police pour appliquer ses décisions. Vous considérez que, par le biais de l’orpaillage clandestin, la présidence d’Alassane Ouattara permet une colonisation de la Côte d’Ivoire par des ressortissants de la région ? La Côte d’Ivoire subit une invasion massive, incontrôlée, de gens venus principalement des pays environnants. Le gouvernement ne fait rien pour arrêter cela. Ces problèmes dus à l’orpaillage sont répandus sur tout le territoire et bénéficient de complicités locales. A Ouagadougou, le président Ouattara a d’ailleurs reconnu jeudi que l’orpaillage est un vrai problème pour notre pays. Quand vous dites en juin qu’il faudra agir « pour empêcher un hold-up sur la Côte d’Ivoire » ou bien encore qu’« il faut que nous réagissions pour que les Ivoiriens ne soient pas des étrangers chez eux », ne risquez-vous pas de mettre le feu aux poudres ? Pourquoi voulez-vous que cela mette le feu aux poudres ? Nous n’avons pas dit cela pour exclure qui que ce soit. Nous le faisons pour que ceux qui veulent vivre en Côte d’Ivoire et même prendre la nationalité ivoirienne fassent cela en suivant les procédures. J’ai été le chef de l’Etat ivoirien qui a naturalisé le plus d’étrangers, particulièrement des Burkinabés et des Maliens. Mais il vaut mieux que l’on parle de ce qui se passe dans le pays. La population autochtone est d’accord avec ce que je dis. C’est si l’on n’en parle pas qu’il pourrait y avoir un jour une réaction contre ces étrangers. Vous ne craignez pas que vos propos réveillent les vieux démons de la division apparus avec l’ivoirité ? Le mieux est déjà de se charger du démon actuel qui rôde autour des Ivoiriens. Pourquoi cette immigration massive, incontrôlée, armée, menacerait-elle la sécurité des Ivoiriens sans que l’on puisse rien dire ? En quoi l’ivoirité est-elle un démon ? Vous ne parlez pas de francité ? D’arabité ? D’american way of life ? Quel pays n’a pas d’identité ? Laissons là ce débat de mauvaise foi qui ne prospère plus. Pendant un temps, on s’est servi de notions émotionnelles en parlant de xénophobie, de haine des étrangers. Cela ne prend plus en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens sont mûrs. Un certain nombre de cadres importants du PDCI vous ont tourné le dos pour rejoindre la formation voulue par Alassane Ouattara. N’êtes-vous pas politiquement affaibli ? Le PDCI, depuis sa création en 1946, a vu bien des départs et des trahisons. Au temps colonial, il y avait déjà le groupe des partis alliés à la puissance coloniale qui se présentaient comme les « progressistes ». Plus tard, en dehors du Front populaire ivoirien, tous les partis qui sont apparus avec l’arrivée du multipartisme sont issus du PDCI. Le départ de quelques éléments ne peut donc pas nous inquiéter. Pour dix qui partent, nous en avons 10 000 qui entrent. Avez-vous tiré un trait sur le coup d’Etat du 24 décembre 1999 qui vous a chassé du pouvoir ? Oui bien sûr, depuis longtemps. Qui en étaient les commanditaires ? Les responsables se connaissent et je les connais aussi. Je leur ai pardonné et je leur laisse le temps de demander pardon à la nation. Ils m’ont personnellement demandé pardon. Il leur reviendra de le faire publiquement lors des séances de Réconciliation nationale que nous souhaitons organiser si nous gagnons les élections. Lire aussi En Côte d’Ivoire, les divisions politiques inquiètent Depuis le milieu des années 1990, la Côte d’Ivoire a connu de violentes crises. Avez-vous des regrets ? Je ne regrette rien, sauf ce que je n’ai pas pu faire. Je n’ai pas de sang sur les mains. Parmi les dirigeants de Côte d’Ivoire et même au monde, je suis l’un des rares à ne pas avoir versé le sang d’autrui. Je n’ai pas de sang sur les mains. Je ne suis pas riche. Je ne me suis pas « servi » lorsque j’étais au pouvoir. Je suis donc en paix avec ma conscience. La rupture avec le président Ouattara est-elle définitive ? Avec son parti oui, mais nous nous parlons toujours, entre hommes. D’ailleurs, il me considère toujours comme le chef de sa famille, ce qui signifie que nous n’avons pas d’inimitiés personnelles.
Aujourd’hui âgé de 85 ans, celui qui a dirigé le pays entre 1993 et 1999 n’a pas enterré toutes ses ambitions politiques et s’en explique au « Monde Afrique ».
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/01/henri-konan-bedie-pret-a-aller-a-la-presidentielle-ivoirienne-de-2020-si-le-parti-me-le-demande_5495644_3212.html
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François Morel, au bar Aristide du Lutetia, à Paris, le 17 octobre. EDOUARD CAUPEIL POUR « LE MONDE » Au bar Aristide de l’Hôtel Lutetia, à Paris, un verre de pessac-leognan du Château Latour-Martillac à la main, François Morel savoure l’instant et le breuvage. Après avoir redécouvert le goût du Campari pour les besoins de la séance photo, le comédien se régale de ce grand cru classé. Mais pourquoi cet ancien Deschiens, devenu depuis onze ans chroniqueur incontournable de la matinale de France Inter, choisit-il ce bar feutré, caché au premier étage d’un palace ? « Je n’y étais pas revenu depuis que l’hôtel a été rénové. J’étais simplement curieux de le revoir, et puis, mon dernier souvenir ici, c’est d’avoir croisé Juliette Gréco. » François Morel a eu 60 ans et se réjouit d’être à une période foisonnante de sa vie. Il « papillonne » – un verbe qu’il affectionne – comme jamais. A partir du 5 novembre, l’humoriste sera sur la scène de La Scala, à Paris, pour la reprise de J’ai des doutes, son excellent spectacle dédié à Raymond Devos. « J’aime sa capacité à faire rire de sa propre angoisse », résume cet amoureux de l’absurde et de la poésie. « La tête un peu ailleurs » Une compilation de ses chroniques douces-amères, Je n’ai encore rien dit (Denoël, 352 p., 19,90 euros) vient de sortir en librairie. « C’est un livre qui s’est écrit tout seul », fait-il dans un sourire. Un documentaire lui sera aussi ­consacré le 14 décembre sur France 5. Ce n’est pas pour lui déplaire. Et il vient de finir le tournage de la saison 3 de Baron noir, dans laquelle il interprète Michel Vidal, leader d’un parti de gauche radicale. « Un gros boulot de concentration qui m’a enthousiasmé », se réjouit ce fan de la série Downton Abbey. « J’aime bien jouer, je ressens rarement de la lassitude. » Confortablement installé dans un fauteuil club, il justifie en toute tranquillité sa suractivité : « J’aime bien jouer, je ressens rarement de la lassitude. » Il aime tellement cela qu’il rêve déjà de son prochain spectacle. Mais à quoi rêve François Morel ? « A la Bretagne et à l’œuvre d’Yves-Marie Le Guilvinec, un chanteur marin poète tombé dans l’oubli », qu’il a découvert au hasard d’un vide-greniers à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine). « Ce sera comme une conférence-chantée », explique-t-il, avec deux musiciens, dont son comparse de toujours Antoine Sahler, et des textes de ­Gérard Mordillat. Les chansons sont déjà enregistrées (pour le futur disque), dont un duo avec Bernard Lavilliers. Le spectacle s’appellera Tous les marins sont des chanteurs.
Chaque semaine, « L’Epoque » paie son coup. A 60 ans, le comédien et chroniqueur papillonne de projet en projet. Décontracté mais organisé.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/02/un-apero-avec-francois-morel-les-gens-sont-devenus-paranoiaques_6017764_4497916.html
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Cristiana Girelli, Laura Giuliani et leurs coéquipières en pleine célébration après le match face au Brésil à Valenciennes. REUTERS/Phil Noble PHIL NOBLE / REUTERS Le 18 juin, la pelouse du stade du Hainaut à Valenciennes a été le terrain d’une liesse bleu azur ; au coup de sifflet final, les joueuses italiennes se sont livrées à une chorégraphie maîtrisée, comme portées par toute l’énergie d’une victoire. Elles venaient pourtant de s’incliner (0-1) face au Brésil. Mais peu importe : elles finissaient première du groupe C et avaient déjà tout gagné, ou presque. Mardi 25 juin à 18 heures, elles affronteront la Chine en huitièmes de finale de la Coupe du monde. Une issue inespérée pour cette équipe, qui n’avait pas passé le premier tour d’un Mondial depuis 1991. Autre surprise pour les Azzurre : leur dernier match en phase de groupe a tenu en haleine 7,32 millions de téléspectateurs italiens, un record. Et pour la première fois, la Rai 1, plus grande chaîne publique italienne, a diffusé un match de football joué par des femmes. Une médiatisation inédite Cette programmation historique s’inscrit dans un mouvement de mise à l’honneur du football féminin par les médias italiens. Le phénomène est tout nouveau en Italie, comme l’explique Giulio Saetta, journaliste à la Gazetta dello Sport, principal média de sports italien. « C’est énorme ce qui se passe en Italie. A la Gazetta dello Sport, on n’avait jamais consacré un seul article au football féminin. Avec la Coupe du Monde, on y consacre des doubles pages. C’est du jamais vu, on a même mis l’équipe féminine en une pour leur match contre le Brésil. C’est extraordinaire ». 📢 🗞️ Le #Azzurre finiscono in prima pagina! Dopo la qualificazione agli Ottavi come prime del girone i quotidiani s… https://t.co/Ato1fLBzfI — AzzurreFIGC (@Nazionale Femminile di Calcio) Pour Giulio Saetta, la couverture médiatique de l’événement a un impact indéniable auprès du grand public. « Un exemple tout simple : ma belle-mère n’avait jamais regardé de match de football de sa vie. Mais là, elle adore la compétition et est passionnée par les Azzurre ! », explique-t-il en souriant. Au-delà de ce nouveau public davantage familial, l’engouement touche aussi les supporters de toujours, qui suivent la sélection masculine et le championnat italien. Alessio T. vient de Sardaigne. Pour ce passionné de football, la couverture médiatique du Mondial rend le football féminin beaucoup plus accessible : « Ce sont les médias qui ont finalement fait monter ce phénomène. Ici, en Italie, les gens vivent de pain et de foot. Avec les femmes au Mondial, ils peuvent une nouvelle fois supporter une équipe italienne en Coupe du monde ». Des bons résultats fédérateurs En filigrane, Alessio fait référence à la non-qualification de l’équipe masculine pour le Mondial en Russie. La compétition féminine et la belle aventure des Italiennes sont « une sorte de revanche » pour le journaliste Giulio Saetta. Selon lui toutefois, l’engouement qui se crée en Italie est avant tout dû à l’énergie des joueuses, qui sont parvenues renverser tous les pronostics : « elles jouent avec amour et passion, leur style de jeu rassemble les gens ! ». Alessio T., qui vient du Sud de l’Italie, a commencé à s’intéresser récemment au football pratiqué par les femmes grâce aux bons résultats de l’équipe nationale : « Je les regarde pour voir de beaux matches. Je pense que plus le football féminin continuera sur cette lancée, plus il gagnera de supporters. Un bon niveau de jeu a été atteint, à l’exception de la qualité des gardiens de but, qui doit encore être améliorée », analyse le passionné de football. Un sexisme persistant Alessio T. concède bien volontiers que son point de vue n’est pas partagé par tous ses compatriotes. Un rapide tour sur les réseaux sociaux suffit à en apporter la preuve. Les commentaires sexistes y sont légion, à l’image de la récente polémique créée par le post Facebook de Cristian Panarari, ancien conseiller du Mouvement Cinq Étoiles. Panarari a partagé une photo de Laura Giuliani, la gardienne de l’équipe nationale, accompagné d’un délicat commentaire : « La préparation athlétique dans ce Mondial de football fait la différence… Allez les Azzurre, offrez des “nuits magiques” à tous les Italiens ». Rien de surprenant pour Alessio T. : « Le sexisme dans le football est fort en Italie, en particulier dans le sud du pays, où persiste une mentalité fortement dominée par les hommes. Ça se reflète dans les jugements sur le football féminin, où l’on pense qu’étant donné les qualités physiques et anatomiques du genre, ce n’est pas un sport qui convient aux femmes, en raison de la force physique requise. C’est considéré comme un sport de contact », déplore l’Italien. L’ouverture d’une ère nouvelle pour les footballeuses Mais l’engouement autour des footballeuses de la sélection en Italie est indéniable. Preuve en est, les différents réseaux sociaux de l’équipe féminine italienne ont gagné une flopée d’abonnés à la veille du Mondial : son compte Twitter est passé de 1 700 abonnés à 13 900, son compte Facebook de 12 500 à 44 000 et Instagram de 7 000 à 64 000. Si la discipline au féminin parvient à se faire une place chez un public élargi, la prochaine étape est de renforcer les rangs des pratiquantes. Le nombre de licenciées en Italie n’est que de 24 000, soit sept fois moins qu’en France. Mais pour Giulio Seatta, c’est certain : « Elles ne vont pas tarder à franchir la barre des 30 000. Et la compétition va créer une nouvelle ère pour les footballeuses en Italie, c’est indéniable. » Sarah-Lou Bakouche
L’Italie, équipe surprise de la compétition, s’apprête à rencontrer la Chine mardi à 18 heures en huitièmes de finale d’un Mondial suivi par un public italien grandissant.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/25/coupe-du-monde-2019-les-footballeuses-italiennes-trouvent-leur-public_5481059_3242.html
mlsum-fr-193
Adèle Haenel, lors d’une conférence de presse au Festival de Cannes, en 2017. LAURENT EMMANUEL / AFP Chronique. Allez voir l’actrice Adèle Haenel au cinéma, vous serez frappé par cet alliage de fragilité et de brutalité, par sa présence à la fois brûlante et froide. En découle une carrière fulgurante : 30 ans, vingt-trois films, deux Césars, la confiance de cinéastes réputés. Ce diamant déboule sur la question des abus sexuels qu’elle dit avoir subis alors qu’elle était encore une enfant et ses mots feront date. On n’a jamais entendu une telle parole depuis que le mouvement #metoo a été lancé aux Etats-Unis, il y a deux ans, à la suite du scandale Harvey Weinstein. Pourquoi ? Elle parle d’elle mais surtout elle s’adresse à nous. Elle nous interroge. Elle interroge la société. En un mot, elle est politique. Le témoignage d’Adèle Haenel, publié sur le site de Mediapart, est une fusée à deux étages. Le 3 novembre, dans une enquête fleuve de la journaliste Marine Turchi, l’actrice accuse le cinéaste Christophe Ruggia de harcèlement sexuel et d’attouchements. Le lendemain, 4 novembre, elle donne un entretien filmé, mené par Edwy Plenel, le président de Mediapart. Les abus auraient eu lieu après la sortie du film Les Diables (2002). Il avait de 36 à 39 ans, elle de 12 à 15 ans. « Il m’avait à disposition tous les week-ends », confie-t-elle. Un cri glaçant d’une heure L’enquête et la vidéo sont inédits par leurs formes. Depuis deux ans, des médias du monde entier accumulent les récits de femmes dénonçant un harcèlement – 80 témoignages contre Weinstein par exemple. L’enquête de Mediapart inverse la proposition : une seule actrice mais une trentaine de témoins qui disent ce qu’ils ont vu lors du tournage des Diables. On comprend pourquoi. Faire parler une « victime » induit le « parole contre parole ». Faire parler des témoins donne corps aux allégations. Avec cette limite : si beaucoup ont constaté l’emprise de Christophe Ruggia sur Adèle Haenel durant le tournage, un facteur repéré et analysé maintes fois depuis que le cinéma existe, et qui dit la frontière fragile entre création et oppression, personne ne sait ce qui s’est passé entre l’adulte et l’enfant après la sortie des Diables, dans l’appartement du cinéaste ou dans des hôtels. On revient alors au parole contre parole – Christophe Ruggia regrette son rôle de « pygmalion » mais nie les accusations d’attouchements. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mis en cause par Adèle Haenel, Christophe Ruggia exclu de la Société des réalisateurs de films C’est là que l’entretien vidéo avec Adèle Haenel prend sa force. Il faut la regarder, cette vidéo. C’est un cri glaçant d’une heure. Il faut voir comment l’actrice, crispée, tient son corps avec ses yeux grands ouverts, emboîte un torrent de mots d’une voix nette pour échapper au pathos, y compris à la fin, quand elle lit la lettre qu’elle a envoyée à son père, qui lui conseillait de se taire avant de changer d’avis.
Avec cette parole nouvelle et forte qu’elle porte dans son entretien vidéo à « Mediapart », l’actrice relance le mouvement #metoo, relève Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/08/adele-haenel-parle-d-elle-mais-surtout-elle-s-adresse-a-nous-en-un-mot-elle-est-politique_6018416_3232.html
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100 « internats d’excellence » - au moins un par quartier prioritaire et dans les territoires labellisés « cités éducatives » - vont être déployés. ROMAIN LAFABREGUE / AFP Il y a des mots qui ressuscitent les souvenirs – bons… ou moins bons. « Internat » en fait partie : synonyme de « mise à l’isolement », de « punition », pour certains, il est, pour d’autres, un vecteur de « réussite » et d’« émancipation ». En présentant, lundi 1er juillet, son plan internat reposant sur la relance de 240 établissements d’ici à la fin du quinquennat, Jean-Michel Blanquer a convoqué une référence parlant d’abord aux élèves de ce siècle : Harry Potter, le jeune sorcier « pensionnaire » de Poudlard. « Il faut susciter le désir, l’appétit d’internat chez les jeunes d’aujourd’hui », a fait valoir le ministre de l’éducation nationale en ouverture de la conférence de presse qu’il a tenue Rue de Grenelle, à Paris. Pas de sorcellerie parmi les sept thématiques autour desquelles les internats nouvelle génération devront bâtir leur projet éducatif : le ministère a retenu les arts, le sport, le numérique, l’ouverture internationale, l’environnement, la biodiversité et les sciences. De quoi développer une offre éducative « nouvelle » dans cent établissements « pas tous nouveaux » : c’est ce qu’a reconnu M. Blanquer, plaidant d’abord pour une transformation et une revitalisation de « l’existant ». De fait, dans les zones rurales et de haute montagne où les internats ont connu leur âge d’or à la fin du XIXe et jusqu’au début du XXe siècle, on compte aujourd’hui les lits vacants. Sur les 222 400 places disponibles un peu partout en France dans les collèges et les lycées publics, 182 600 sont occupées. Soit 40 000 qui attendent un pensionnaire. Coût prohibitif A cet « axe ruralité » s’adosse un « axe quartiers » : cent « internats d’excellence » (au moins un par quartier prioritaire et dans les territoires nouvellement labellisés « cités éducatives ») doivent être déployés, à la même échéance. Ceux qui ont suivi le parcours de M. Blanquer comme recteur de Créteil, puis comme directeur général de l’enseignement scolaire, savent que ce type d’établissement correspond à son « utopie éducative ». Portés aux nues sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, avant d’être ramenés dans le rang des établissements ordinaires par la gauche, ces internats sont censés bénéficier aux élèves méritants issus de milieux défavorisés et leur garantir un développement culturel, une ouverture au monde et une pratique sportive d’excellence. Leur coût a été reconnu comme prohibitif dans plusieurs rapports. Interrogé sur ce point, le ministre de l’éducation, qui a encore visité, samedi 28 juin, l’internat d’excellence de Sourdun (premier du genre), en Seine-et-Marne, qui célébrait ses dix ans, a estimé ce « surcoût » à 2 000 euros par élève et par an. Une somme « pas si importante que ça », selon lui, pour assurer la réussite scolaire des élèves de l’éducation prioritaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Brique après brique », la stratégie Blanquer pour bâtir une éducation « à sa façon » Le troisième volet du plan internat concerne la voie professionnelle, en pleine refonte : M. Blanquer a promis la « rénovation » ou le « développement » de quarante « internats des campus professionnels ». Leur originalité : garantir un hébergement plus souple, avec un accueil trimestriel ou mensuel (voire plus court), à la suite d’événements familiaux ou pour des périodes de préparation d’examens par exemple. « Levier de justice sociale » En termes d’effectifs, l’objectif que s’est fixé le ministre est « mesuré » : 13 000 élèves supplémentaires, sur un total de 5,6 millions de collégiens et de lycéens scolarisés dans le public, doivent pouvoir être accueillis. « Avec quels moyens ? », s’interrogent déjà les syndicats d’enseignants. C’est sur les collectivités, départements et régions, que l’éducation nationale s’appuie pour développer les nouveaux bâtiments. La Banque des territoires se voit dotée d’un fonds de 1 milliard d’euros pour financer des prêts à leur intention. « Mais qu’en est-il des emplois ? », demandent-ils encore. « Au vu de l’ambition affichée, si on veut développer autre chose que quelques vitrines, il faudrait recruter des enseignants et des encadrants », souligne Catherine Nave-Bekhti, du SGEN-CFDT. Ce plan est en tout cas soutenu jusqu’au plus haut niveau de l’Etat : en déplacement à Laval pour la rentrée des classes en septembre 2018, le président de la République avait expliqué voir les internats comme « une chance offerte à toute notre jeunesse ». M. Blanquer en fait un « levier de justice sociale ». Quelques semaines après son installation Rue de Grenelle, en 2017, il lançait l’expression d’« internat liberté ». En mars 2018, il confiait une mission sur le sujet à Jean-Yves Gouttebel, président du conseil départemental du Puy-de-Dôme, ainsi qu’à l’inspecteur général Marc Foucault. Tous deux étaient présents à ses côtés lundi, pour défendre ce « modèle ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Education : « Il faut sauver le soldat Blanquer » « Un cadre, la règle, l’autorité... » « J’ai fait toutes mes études secondaires comme interne, a confié à cette occasion M. Gouttebel, par ailleurs vice-président de l’Assemblée des départements de France. L’entrée en internat a été difficile : j’ai dû redoubler ma 6e. C’est ce qui m’a donné envie de contribuer à en faire quelque chose qui donne envie. » « Il fut un temps où l’internat s’imposait, dans certains territoires, si l’on voulait poursuivre ses études, pointe le psychologue Didier Pleux. Dans mon cabinet aujourd’hui, ce n’est pas la problématique de la proximité que les familles évoquent : pour des parents un peu débordés, l’internat symbolise un cadre, la règle... » Une image pas si éloignée, somme toute, de celle du « pensionnat » des années 1960.
Jean-Michel Blanquer promet de développer trois catégories d’internats d’ici à 2022, au bénéfice des élèves des territoires ruraux et de l’éducation prioritaire notamment.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/01/l-education-nationale-veut-relancer-240-internats_5483901_3224.html
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Un fantôme. Gravure sur bois du XVIIe siècle. Mary Evans Picture Library/Photononstop « Le Temps des fantômes. Spectralités de l’âge moderne (XVIe-XVIIe siècle) », de Caroline Callard, Fayard, « L’épreuve de l’histoire », 368 p., 23 €. Caroline Callard traque les paradoxes aussi subtilement qu’elle révèle les fantômes. On pouvait penser que l’entrée dans l’âge moderne, cartésien, voyait, entre Renaissance et classicisme, la ­disparition des spectres, grande opération d’exorcisme menée par un catholicisme qui reprend ses ouailles en main. Tout au contraire, les fantômes foisonnent, peuplant les ima­ginations mais également les sciences et les arts : cadavres sans sépultures, gardiens de trésors, de ruines, enfants mort-nés, ancêtres protecteurs, autant d’apparitions effrayantes ou apaisantes qui dessinent un « moment spectral » jusqu’alors mal repéré. Ainsi, en 1697, la cour de France est agitée par l’histoire d’un ­simple habitant de Salon, en Provence, qui détient un message transmis par un fantôme, dont le roi serait le seul destinataire. Ce n’est qu’un maréchal-ferrant, mais Louis XIV le reçoit à deux ­reprises. Faut-il que la croyance en la vérité des spectres soit grande pour que le Roi-Soleil ­accueille les confessions d’un homme du peuple ? Organiser une cohabitation avec des êtres intempestifs Ce que cherchent les élites, ­savantes, ecclésiastiques, juridiques, consiste moins à éradiquer une « superstition » qu’à organiser une cohabitation avec des êtres intempestifs, à les retenir et à les rendre utiles. Dans Discours et histoires des spectres (1605), le juriste Pierre Le Loyer établit son savoir, classifié, historicisé, exemplarisé, sur une véritable science encyclopédique mise au service de la société. Les fantômes, en effet, permettent de faire l’histoire – leurs apparitions sont au fondement des Etats, de leurs origines mythiques à leurs conquêtes (il n’est pas rare qu’une guerre se gagne lorsqu’un fantôme guide une ­armée) –, donnent des conseils et se constituent en instruments de travail : les académies leur consacrent de multiples séances et ils sont conviés dans les débats théologiques, éthiques, comme dans les procès. Eux seuls, si on les interprète avec justesse, sont capables de dire le droit et de ­résoudre des conflits, même violents, exigeant des punitions ou imposant des amnisties. Il faut lire cet ouvrage pour une dernière raison, qui pourrait être la première : toute apparition spectrale relève d’un art du récit, d’un savoir-faire littéraire, d’une capture de l’esprit du lecteur. Or cette histoire de fantômes est ­admirablement écrite.
Caroline Callard convoque dans son essai les fantômes de la Renaissance et du classicisme, bien plus présents qu’on ne l’imaginait.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/03/le-temps-des-fantomes-de-caroline-callard-apparitions-esprits-revenants-et-spectres-oublies-des-temps-modernes_6014044_3260.html
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skabarcat/Westend61/Photononstop « Les Simples », de Yannick Grannec, Anne Carrière, 368 p., 22 €. A la sortie du Bal mécanique (Anne Carrière, 2016), Yannick Grannec confiait au « Monde des livres » son projet d’écrire « pour faire quelque chose qu’[elle] ne sai[t] pas encore faire » et de ne jamais cesser d’apprendre. Afin d’y rester fidèle, celle qui avait consacré son premier roman au mathématicien Kurt Gödel (La Déesse des petites victoires, Anne Carrière, 2012) et le deuxième au Bauhaus s’aventure encore une fois en terre inconnue. Une terre, même, passablement exotique pour le lecteur contemporain : celle des « simples », ces « plantes médicinales utilisées telles qu’elles sont fournies par la nature », rappelle la ­définition placée en ouverture de ce troisième roman. Ni herboriste ni botaniste, la romancière a assurément acquis pour l’occasion un savoir d’une remarquable étendue sur les vertus et les dangers des plantes. Mais à elle seule, on s’en doute, cette érudition ne saurait constituer une matière romanesque. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’herboristerie entre en résistance Quoiqu’elle s’en défende dans sa postface, Yannick Grannec doit bien être un peu « sorcière », puisqu’elle réussit à attiser notre ­curiosité pour les aventures d’une communauté religieuse de femmes au XVIe siècle, laquelle doit son autonomie et sa prospérité aux talents d’herboriste de sœur Clémence, sa doyenne. Une communauté qui vivrait paisiblement, régulant elle-même les tensions et conflits qui ne manquent pas de surgir dans un tel huis clos, si ne surgissait un nouvel évêque, désireux de mettre la main sur les ressources de l’abbaye. Yannick Grannec met en place les éléments d’une intrigue qu’elle conduit avec assurance à sa résolution désastreuse. Une ­galerie de personnages diablement humains Sans doute abuse-t-elle un peu des dialogues, qui donnent son alacrité au récit mais lui font parfois perdre en densité. Le lecteur est pourtant contaminé dès les premières pages par l’évident plaisir que prend l’écrivaine à mettre en branle la machine ­fictionnelle, et à inventer une ­galerie de personnages diablement humains. A commencer par « Mère Marie-Vérane », à la foi inébranlable, qui sait bien, malgré tout, que « [Le Malin] est partout. (…) Dans l’œil torve d’une poule. (…) Dans l’ombre derrière la porte. Dans la fuite d’un cloporte entre les lattes. Dans les fissures des murs et les vacances de la prière. Le Malin colonise chaque interstice, chaque être ou chose que la lumière divine n’atteint pas ».
Tumulte au couvent autour du pouvoir des plantes guérisseuses. Quoiqu’elle s’en défende la romancière doit bien être un peu « sorcière ».
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/09/27/les-simples-yannick-grannec-herboriste-des-passions-humaines_6013251_5473203.html
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Au bureau (New York, 1997). Lars Tunbjörk/Agence VU « Cora dans la spirale », de Vincent Message, Seuil, 464 p., 21 €. On aura beau lui poser la question plusieurs fois, la réponse ne ­variera pas : Vincent ­Message n’a jamais travaillé pour une compagnie d’assurances, sous quelque forme que ce soit. Pas davantage dans une tour ni dans un open space. Laissant échapper un demi-sourire, l’écrivain, maître de conférences en ­littérature et création littéraire à Paris-VIII, avoue qu’il ne savait même pas, quand il a commencé à constituer la matière de ce roman, il y a dix ans, « quelle langue on parlait dans les couloirs d’une grande entreprise ». Pourtant, la précision exceptionnelle qu’il déploie, et son narrateur avec lui, au fil de Cora dans la spirale, est telle que le lecteur se demande parfois si tout cela n’est pas vrai. Cela, c’est le corps-à-corps où s’affrontent les deux véritables héroïnes du roman : Cora, la salariée, et Borélia, la ­compagnie d’assurances qui ­l’emploie. La première vient de donner naissance à une fille, la seconde a été rachetée par un grand groupe. Au tournant des années 2010, Cora et Borélia luttent et plongent ensemble, perdent pied jusqu’au drame final. Toutes sortes d’interlocuteurs « Je voulais tenter quelque chose et reprendre le dispositif narratif de la non-fiction dans un roman, explique Vincent Message. Celui qui raconte, Mathias, pourrait être un écrivain de narrative non-fiction. Il écrit quelques années après les faits, il mène des entretiens, il se documente, se met en scène. En même temps, je ne voulais pas que le lecteur doute que Cora Salme soit une héroïne fictive. » Car si Vincent Message a lui aussi effectué un réel travail de recherche, il n’a jamais écrit ici autre chose qu’une fiction – une démarche qui lui a paradoxalement ouvert des portes. Ainsi, de 2009 à 2016, il a rencontré toutes sortes d’interlocuteurs, de tous âges, employés, cadres ou patrons : « Y compris des gens très occupés qui m’accordaient du temps parce que ça les changeait de ce qu’ils ­faisaient… et que je n’étais pas ­journaliste. Je n’allais pas les citer, je leur disais que tout serait transformé. Mais je reprenais leurs manières de raconter, leurs mots. » Pendant un septennat, il écoute les voix du monde de l’entreprise, d’une grande ville, d’un moment de bascule, mais aussi, tout simplement, la musique universelle « du métro et du boulot ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Procès France Télécom : « On aimerait entendre les explications de ceux qui ont décidé de mener la libéralisation du secteur avec autant de brutalité » A l’origine de ce texte, il y a un étonnement : à quelques exceptions notables, comme Extension du domaine de la lutte, de Michel Houellebecq (Nadeau, 1994), ­l’entreprise moderne, tertiaire, est étonnamment peu présente en littérature, alors qu’elle structure nos sociétés et nos discours. « Tout se passe dans beaucoup de romans comme si on l’éludait, note l’auteur des Veilleurs (Seuil, 2009). Les personnages travaillent mais on ne sait pas trop ce qu’ils font. » De fait, une société contemporaine de services ne paraît pas romanesque : complexe, apparemment figée, plus « difficile à représenter » en tout cas que les classes laborieuses tradition­nelles mises en valeur par le ­XIXe siècle. Abstractions faites de la ­finance et de « son grand délire », bien sûr.
Histoire d’un livre. La vie quotidienne d’une salariée d’un grand assureur peut donner lieu à une fiction prenante. Vincent Message le démontre dans son nouveau roman.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/14/cora-dans-la-spirale-de-vincent-message-ou-comment-ecrire-un-roman-sur-l-entreprise_5510450_3260.html
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Le « hirak », le mouvement populaire algérien né le 22 février 2019. Lotfi Mokdad « Les Algériens ! » Lotfi Mokdad le dit lui-même : photographier l’Algérie aurait pu se résumer à immortaliser la vue plongeante de la baie d’Alger, une porte ancienne de la Casbah ou la façade blanche de la grande poste. Après tout, les vestiges de l’architecture coloniale, les paysages grandioses et la lumière changeante de la Méditerranée font aussi partie du charme du pays. Lui, le photographe et réalisateur, a décidé de raconter ses habitants. De plonger son regard, « les yeux dans les yeux des héros tranquilles, femmes, hommes, enfants (…) », comme l’écrit le journaliste et écrivain Adlène Meddi dans sa préface. Un pont réservé aux piétons enjambe l’oued qui traverse la ville de Ghardaïa. Lotfi Mokdad Lotfi Mokdad, Algérien par son père, a voyagé régulièrement dans le pays pendant sept ans. Il en tire un récit du quotidien plein de douceur. Ces enfants espiègles sur le chemin de l’école, ces jours de marché, ces dimanches en famille dans les ruines de Tipasa ou ces heures passées à discuter au café. Car derrière cette apparence de normalité, pointe en permanence l’attente d’un pays empêché depuis si longtemps d’avancer. L’attente de ces habitants de bidonvilles pour accéder aux logements d’Etat. Autant de cités sorties de terre au milieu de nulle part dont on ne sait ce qu’elles deviendront dans une dizaine d’années, mais qui ont le mérite d’avoir procuré des logements en dur à ceux qui n’en avaient pas. Une forme d’attente aussi dans les régions peu accessibles de Ghardaïa et du grand Sud durement frappé par la chute du tourisme. Dans toutes les villes du monde, nous croisons des gens qui rêvent en fumant une cigarette. Lotfi Mokdad Toutes ces rencontres auraient certainement mérité une édition plus aérée sur papier, mais elles donnent à voir ceux que l’on ne voyait pas, qui ont fait irruption dans l’actualité internationale. Ces Algériens qui, depuis le 22 février, date de la première manifestation d’ampleur nationale contre le cinquième mandat du président Bouteflika, « éblouissent le monde par leur détermination sans faille et leur pacifisme de guerriers qui s’économisent », poursuit Adlène Meddi. « Algérie, chronique photographique 1990-1995 » Un autre ouvrage, publié en février, dévoile aussi une Algérie peu photographiée, mais il aura cette fois certainement valeur de document d’histoire. Photographe et plasticien, Ammar Bouras est passionné dès l’adolescence par la photographie. En 1988, à 24 ans, il intègre l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger où il prépare un diplôme en communication visuelle. On est alors quelques mois avant le début des émeutes de 1988. Durement réprimées, elles vont toutefois obliger le pouvoir à ouvrir le jeu politique, à accorder des libertés. Défilé de mode à l’hôtel El-Aurassi, à Alger le 20 mai 1992. Ammar Bouras Pendant quelques années, le pays vit un bouillonnement intellectuel, politique et artistique. C’est cette période que raconte la chronique photographique d’Ammar Bouras. Une centaine de clichés pris entre 1990 et 1995, dont les négatifs ont été scrupuleusement conservés par l’artiste, et qui montrent l’effervescence avant le basculement dans la décennie noire. Il ressort de ces images rares une tension, une énergie. Ammar Bouras travaille alors pour le journal Alger républicain. Il prend des photos d’actualité, pour son travail, mais aussi ses propres clichés « à côté ». « Ce qui frappe dans les photographies, c’est l’ébullition et l’omniprésence des corps dans la rue. Elles nous en font même entendre les voix. Ordonnée ou joyeuse, en deuil lors d’un enterrement, en colère, la foule est partout », écrit l’historienne Malika Rahal dans la préface. Hocine Aït Ahmed, leader du FFS, à une fenêtre de l’hôtel Essafir (ex-Aletti), à Alger, le 31 mai 1990. Ammar Bouras Il y a cette photo d’Hocine Aït Ahmed, leader du Front des forces socialistes (FFS), de retour d’exil, haranguant la foule à la fenêtre de ce qui était l’hôtel Aletti, au bord du vide. Les visages tendus de ces Algérois venus accueillir Ahmed Ben Bella, revenu en Algérie par bateau après dix ans d’exil. En janvier 1991, la guerre du Golfe exacerbe les débats politiques. Le Front islamique du salut (FIS), qui a remporté les élections municipales de l’été 1990, va se poser en grand défenseur du peuple irakien. Le 31 janvier, 100 000 manifestants défilent à l’appel du parti islamiste. En décembre 1991, alors qu’il est sur le point de l’emporter à nouveau au deuxième tour du scrutin législatif, l’armée décide d’interrompre les élections. Ammar Bouras photographie les marches et les meetings des partis. Lire aussi En Algérie, le procès à huis clos du régime Bouteflika Il montre aussi le bouillonnement intellectuel, la vie qui continue. Celle des étudiants de l’Ecole des beaux-arts d’Alger, les pièces de théâtre, mais aussi le sport, les matchs des joueuses de volley, les défilés de mode, les débats dans la presse. La violence se fait progressivement plus présente avec ces clichés du président Mohamed Boudiaf tournant la tête quelques secondes avant son assassinat, le 29 juin 1992, les photos de l’enterrement de Djilali Liabès, universitaire tué par balles le 16 mars 1993, ou celles de l’Ecole des beaux-arts en deuil après la mort de son directeur Ahmed Asselah et de son fils Rabah assassinés le 5 mars 1994. Enterrement de Djilali Liabès, figure intellectuelle respectée, le 17 mars 1993 à Alger, assassiné la veille devant chez lui. Ammar Bouras Avec ce très beau livre, Ammar Bouras offre un apport précieux à l’histoire, mais aussi un témoignage vibrant de cette période décisive pour l’Algérie. Dans un long entretien qui conclut l’ouvrage, il explique : « Il serait anachronique, aujourd’hui, de dire que mon obsession de l’époque pour conserver, archiver et classer venait du fait que j’anticipais le chaos et l’oubli qui se profilaient, que j’avais une conscience aiguë de ce qui allait advenir. Non, ça ne serait pas juste de dire ça. Mais j’avais cette sorte d’intuition, de prémonition peut-être, je ne sais pas… Je me disais : je garde mes négatifs, je les classe, parce que, un jour ou l’autre, j’en aurai besoin (…). » Les Algériens !, de Lotfi Mokdad (éd. Pera Melana) et Algérie, chronique photographique 1990-1995, d’Ammar Bouras (éd. Barzakh).
Lotfi Mokdad raconte le quotidien de la fin des années Bouteflika, tandis qu’Ammar Bouras donne à voir l’effervescence intellectuelle et politique du début des années 1990.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/04/deux-livres-de-photos-sur-l-algerie-comme-on-la-voit-peu_6014288_3212.html
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L’exposition qui s’ouvre au Louvre le 24 octobre donne l’occasion de revenir, en images, sur la vie de l’artiste italien. ERIC FEFERBERG / AFP HISTOIRE - JEUDI 24 OCTOBRE - 20 H 40 - DOCUMENTAIRE Serge Bramly connaît son Léonard par cœur. Auteur en 1988 d’une biographie de l’artiste italien qui fait référence (JC Lattès, 500 p.), il lui voue une passion toujours intacte trente ans et un prix Interallié plus tard (Le Premier Principe, le second principe, 2008, JC Lattès). L’exposition qui s’ouvre au Louvre le 24 octobre lui donne l’occasion de revenir, en images, sur la vie d’un homme qui « a pu faire tant de choses » mais dont la peinture est restée « l’activité maîtresse ». Le sujet est d’emblée recadré. Dans une mise en scène classique, assis dos à une bibliothèque, Serge Bramly regarde le téléspectateur droit dans les yeux. Avec bienveillance, il va lui raconter son « Léonard », depuis sa naissance le 15 avril 1452 à Vinci, en Toscane. Ce fils illégitime d’un notaire, autodidacte élevé chez son grand-père, a fait preuve d’une « curiosité absolue » qui le portera « au-dessus » de tous, y compris de Raphaël et de Michel-Ange, pour atteindre l’« universalité », son objectif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Louvre montre Léonard de Vinci au-delà de « La Joconde » Plusieurs spécialistes tout aussi passionnés témoignent. L’historien Pascal Brioist explique que l’enfant écrivait de droite à gauche, avant d’être mis en apprentissage à Florence chez Andrea del Verrocchio, autre artiste pluridisciplinaire (peintre, sculpteur, musicien, architecte). Paolo Galluzzi, directeur du musée Galilée de Florence, aide à reconstituer l’atelier de Verrocchio, un vaste hangar équipé d’un four et de poulies, où Léonard a étudié les drapés. Une galerie imaginaire en 3D sert ponctuellement de salle d’exposition virtuelle. Des images d’un ruisseau illustrent ses études sur l’eau. Une analyse précise et accessible Comme tout artiste de son temps, Léonard de Vinci a besoin de protecteurs. Ce sera, à Milan, Ludovic Sforza. Pour lui, Léonard travaillera près de dix ans à la réalisation d’un monumental cheval sculpté. Puis il sera ingénieur militaire pour les Borgia avant de rencontrer l’autre grand mécène de sa vie, François Ier, qui l’invitera à résider au Clos Lucé d’Amboise – un lieu à visiter. Serge Bramly insiste sur la révélation de Léonard au sujet de l’analogie entre la nature et l’ingénierie, d’où ses études connues sur le vol des oiseaux, des chauves-souris ou sur le cœur. Mais c’est sur l’analyse, précise et très accessible, de certaines toiles que le documentaire est le plus remarquable. Ainsi pour Le Baptême du Christ, réalisé par Verrocchio et Vinci, œuvre charnière tant pour le jeune élève que pour le maître. De même pour La Vierge aux rochers, dont deux versions ont été réalisées. Pourquoi, dans l’une, l’ange regarde-t-il le public et pas dans l’autre ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Infrarouges, ultraviolets, fluorescence : l’imagerie révèle la genèse des peintures de Léonard de Vinci Autre énigme autour de La Bataille d’Anghiari, pensée comme une dénonciation des horreurs de la guerre et finalement inachevée. Alors que, dans le même temps, Léonard travaille à La Sainte Anne – « avant tout trois sourires » – et à La Joconde. Cette dernière toile est présentée comme un aboutissement. Vincent Delieuvin, conservateur du Louvre à Paris, raconte sa première fois avec Mona Lisa, l’histoire derrière la peinture et la « liberté d’invention » enfin atteinte. Peu de propos ici, on l’a compris, pour égratigner le mythe. Si ce n’est l’évocation de l’affaire Saltarelli, pour laquelle l’artiste fut accusé de sodomie, et envoyé deux mois en prison à 24 ans ; ou encore les premiers dessins de chars qui ne pouvaient pas rouler à cause de leurs engrenages inversés. La preuve est aussi apportée que Léonard de Vinci n’est pas mort dans les bras de François Ier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A l’université de Tours, retour vers le futur « Léonard de Vinci, l’homme universel », de François Bertrand, écrit par Serge Bramly (Fr., 2019, 97 min).
Le romancier raconte le cheminement du peintre italien vers l’universalité. Une manière d’humaniser certaines toiles, y compris « La Joconde »
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/24/leonard-de-vinci-l-homme-universel-serge-bramly-raconte-son-leonard-homme-universel_6016801_3246.html
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SERGIO AQUINDO Entretien. Professeur d’économie à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, au Sénégal, Felwine Sarr, 46 ans, est également éditeur et musicien. Il a été, avec l’historienne de l’art Bénédicte Savoy, chargé de rédiger un rapport sur la restitution des œuvres d’art africaines spoliées lors de la colonisation, remis à Emmanuel Macron en novembre 2018. Convaincu que l’Afrique doit renouer avec le sens qui est le sien et perdre l’habitude de systématiquement vouloir copier l’Occident, Felwine Sarr est l’un des plus dynamiques représentants du renouveau de la pensée critique africaine. Avec le philosophe Achille Mbembe, il a lancé en 2016 les Ateliers de la pensée (« Penser l’Afrique-monde ») qui réunissent chercheurs et penseurs du continent et de la diaspora et cherchent à réfléchir à une nouvelle approche épistémique. La troisième édition de ce rendez-vous désormais incontournable aura lieu du 30 octobre au 2 novembre prochain à Dakar autour du thème de la vulnérabilité. A partir de la restitution des œuvres d’art et de culte volées lors de la colonisation, Felwine Sarr dessine une nouvelle éthique relationnelle entre l’Occident et l’Afrique. Ethique qui nous permettrait d’habiter spirituellement le monde et de transformer notre lien au vivant. La spoliation des œuvres d’art, dites-vous, a privé l’Afrique de nourritures spirituelles. Quelles en sont les séquelles ? Felwine Sarr : La colonisation a d’abord été une entreprise de conquête du territoire et de spoliation de richesses. Mais elle visait aussi à capter les ressources et les biens culturels des nations colonisées. L’absence de ces derniers entrave la reconstruction de ces sociétés d’un point de vue spirituel. Tous les peuples du monde transmettent une histoire à travers des archives immatérielles et matérielles. Les individus frappés d’amnésie ont du mal à se construire et à se projeter dans un avenir. Pour les sociétés, le processus est le même. « En Afrique, des objets de culte assuraient l’équilibre de la société, la place de l’invisible dans le visible. Certaines communautés disent que leur départ les a déséquilibrées » Un nombre absolument significatif des artefacts, des œuvres d’art et des objets de culte africains s’est retrouvé dans les musées occidentaux ; ce qui a altéré la transmission intergénérationnelle de la mémoire, de l’histoire et du capital culturel et cognitif de ces sociétés dont les sujets ont dû se construire sur des fondements déficients. Il y a là une perte incommensurable.
Pensées d’Afrique (1/6). L’économiste sénégalais Felwine Sarr, coauteur du rapport sur la restitution des œuvres d’art africaines remis en 2018 à Emmanuel Macron, réfléchit à la transmission de la mémoire culturelle et à une nouvelle éthique fondée sur le respect mutuel entre Afrique et Occident.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/12/felwine-sarr-en-finir-avec-le-musee-ethnographique-qui-fabrique-un-discours-sur-les-autres_5498649_4415198.html